HISTOIRE
GENERALE
DE LANGUEDOC
ÉDITION
ACCOMPAGNEE
DE DISSERTATIONS & NOTES NOUVELLES
CONTENANT
LE RHCUEIL DES INSCRIPTIONS DE LA PROVINCE
ANTIQUES ET DU MOYEN AGE
DES PLANCHES, DES CARTES GÉOGRAPHIQUES ET DES VUES DE MONUMENTS
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE
M. Edouard DULAURIER, membre de l institut
ANNOTEE PAR
M. Auguste MOLINIER
M. Edward BARRY
ANCIEN ELEVE h E L ECOLE DES CHARTES PROFESSEUR D HISTOIRE A LA FACULTE DES LETTRES
1 DE TOULOUSE
CONTINUÉE JUSQUES EN 1790
PAR
M. Ernest ROSCHACH
CORRE3!-ONI>lNr DU MINISTÈRE DE l'iNSTRUCTION PUBLIQ'JE POUR LES TRAVAUX HISTORIQUES
Tous droits réservés pour ce qui concerne la nouvelle rédaction,
même partiellement.
HISTOIRE
GENERALE
DE LANGUEDOC
AVEC DES NOTES ET LES PIÈCES JUSTIFICATIVES
DOM CL. DEVIC & DOM J. VAISSETE
RELIGIEUX BÉNÉDICTINS DE LA CONGRÉGATION DE SAINT-MALR
TOME TREIZIEME
lADDITION DES NOUVEAUX EDITEURS)
TOULOUSE
EDOUARD PRIVAT- LIBRAIRE-ÉDITEUR
MDCCCLXXVI
59GG54
15-- II- 54
Ml
ÉTUDES HISTORIQUES
SUR LA
PROVINCE DE LANGUEDOC
LA RÉGENCE DANNE DAUTRICHE JUSCLUA LA CRÉATION
DES DÉPARTEMENTS
(1643-1790)
Par E. ROSCHACH
OUVRAGE COURONNE PAR I. INSTITUT
(«CADiMlE DES INSCRIPTIONS ET BELtES-LETTRES)
XIII
PRÉFACE
NOUS avons donné au travail qu'on va lire, 8c qui doit prendre rang
après le quarante-troisième livre de la nouvelle édition des Béné-
dictins, le simple titre d'Etudes historiques, afin de marquer plus
exactement le caractère & les limites de notre entreprise. Il nous a semblé
qu'il n'était ni modeste ni sincère d'abriter sa prose sous le pavillon d'auteurs
illustres, & de s'insinuer subrepticement dans le cadre d'un livre achevé
depuis plus d'un siècle. La contrefaçon littéraire est toujours un mauvais
genre, & l'on ne soutient pas un pastiche pendant douze cents pages.
h'Histoire générale des Bénédictins est une œuvre terminée. Dom Vaissete,
qui la finissait en 1742, n'avait pas l'intention de la pousser plus loin. On
s'en apercevrait aux dernières phrases du livre, si l'auteur n'avait pas pris la
peine de s'en expliquer formellement lui-même dans sa préface. « Nous
« avons cru, dit-il, devoir terminer nos travaux à la mort de Louis XIII,
« tant parce que l'histoire ne nous fournit depuis rien de fort intéressant ou
« qui ne soit connu, que parce ({u'il est difficile de parler de ses contempo-
« rains avec la liberté convenable. »
Cent quarante-sept ans se sont écoulés depuis la mort de Louis XIII
jusqu'à la suppression des provinces & quatre-vingt-six ans depuis la Révo-
lution; à la distance où nous sommes des événements, les considérations qui
arrêtaient la plume du savant bénédictin n'existent plus. Nous avons pensé
que la meilleure manière d'imiter nos devanciers était de s'inspirer de leur
viij PRÉFACE.
honnêteté & de leur franchise, d'écrire simplement d'après les témoignages
authentiques, 8c de ne pas plus faire d'archaïsme au dix- neuvième siècle
qu'ils n'en ont fait au dix-huitième.
Cela posé, nous ne nous sommes pas préoccupé de copier servilement les
procédés & les dispositions matérielles; nous avons tenté de remplir, du
mieux que nous avons pu, le programme développé devant les Etats de Lan-
guedoc par l'instigateur du premier projet d'histoire provinciale, l'archevêque
Le Goux de la Berchère qui, dans la séance du 24 janvier 1708, exprimait le
vœu de voir composer un livre » où, en détaillant tous les faits, on n'oublie-
« roit rien de ce qui concerne les mœurs, les coutumes & le gouvernement
« politique. »
En un mot, notre but a été de présenter au lecteur un tableau aussi
exact 8t aussi complet que possible des événements Si de l'état du pays dépuis
la régence d'Anne d'Autriche jusqu'à la création des départements, terme
nécessairement imposé à notre étude, puisque la province de Languedoc,
moins homogène & moins naturelle que beaucoup d'autres anciennes cir-
conscriptions territoriales, a disparu tout entière avec les institutions qui en
faisaient l'originalité.
Cette période n'est pas, du reste, aussi dépourvue d'intérêt que donnerait
lieu de le penser le jugement un peu sommaire de dom Vaissete ou la chro-
nologie très-insuffisante des historiographes officiels venus après lui.
Dès la mort de Louis XIII on peut suivre, le conflit des grandes oligarchies
locales, États & Parlement, avec les agents du pouvoir ministériel ; on assiste
à un réveil de féodalité favorisé par les troubles de la Fronde, aux dernières
agitations d'une vie municipale encore émue des guerres du seizième siècle,
& l'on voit le pouvoir des intendants s'élever 8i grandir, en acquérant de
jour en jour des attributions plus vastes & plus précises. La tentative de
convocation des Etats généraux du royaume, le mouvement d'opinion qu'elle
détermina 8c les intrigues qui la firent avorter marquent une phase intéres-
sante de notre livre premier consacré au ministère de Mazarin.
Sous l'administration de Colbert, la scène change; l'autorité royale s'est
consolidée, en domptant l'orgueil des compagnies privilégiées. L'assemblée
provinciale n'est ni plus ni moins représentative qu'elle ne l'était aupara-
vant; mais, à défaut d'indépendance, elle donne, sous l'impulsion d'un
ministre éminent, une direction tout à fait nouvelle à son activité, inaugure
l'ère des travaux & des créations utiles, 81, réduite au rôle de simple rouage
PRÉFACE. xj
administratif entre les mains de l'intendant, contribue au progrès écono-
mique de la Province.
A la fin du dix-septième siècle, le tableau s'assombrit; les querelles reli-
gieuses, longtemps évitées par la prudence & la modération de Mazarin,
s'aigrissent & s'enveniment. La révocation de l'édit de Nantes exaspère des
haines que l'on avait pu croire assoupies, & fait éclater, dans les Cévennes,
cette funeste insurrection des camisards, où tant de sang a été inutilement
versé. Le contre-coup des campagnes malheureuses, la progression des mesures
de fiscalité nécessitées par des dépenses de guerre, S< le régime de persécution
continue contre les protestants attristent les dernières années du règne de
Louis XIV.
La réaction aristocratique de la régence, les difficultés du ministère avec
le clergé au sujet de la question des protestants, la contradiction, chaque
jour plus frappante, entre les lois 8c les mœurs, l'accroissement démesuré de
l'arbitraire ministériel 8c de l'esprit de réglementation sous le règne de
Louis XV forment la matière du livre quatrième. On y peut observer pièce
à pièce la décomposition de l'ancien régime, dont la ruine est désormais
inévitable 8i que l'on cherche vainement à dissimuler par des appels mala-
droits à la tradition. La renaissance du culte réformé en Languedoc, la
recrudescence momentanée des persécutions Se les tragédies judiciaires qui
en furent la suite, la singulière velléité de résistance des États aux exigences
du pouvoir central, les actes d'autorité du ministère contre le Parlement de
Toulouse 8c les réformes avortées du chancelier Maupeou forment, avec la
propagation des nouvelles maximes économiques 8c l'essor donné aux travaux
publics dans les intervalles de paix, les traits les plus saillants de cette
période.
Dans notre livre cinquième, comprenant les temps écoulés depuis l'avéne-
ment de Louis XVI jusqu'à la création des départements, on pourra suivre
les développements de l'esprit nouveau, le perfectionnement des organes
administratifs, l'action de plus en plus sensible des principes philosophiques
8c de l'amour du bien public sur les hommes mêlés aux affaires; progression
consolante qui faisait naître 8c qui justifiait de généreuses illusions. La résis-
tance aveugle des compagnies privilégiées aux intentions de réforme du gou-
vernement jette un intérêt pénible sur cette dernière partie du drame, où
l'on voit tout s'abîmer à la fois dans une commune catastrophe.
Notre étude s'arrête au moment où, l'Assemblée nationale ayant supprimé
les intendances 8c les parlements 8c décrété une nouvelle division géogra-
phique du royaume, la province de Languedoc perd jusqu'à son nom, cesse
XIII. a*
X PREFACE.
d'avoir une existence distincte, & se laisse totalement oublier au milieu des
commotions de l'Europe.
Nous avons naturellement tiré parti de tous les ouvrages antérieurs qui
pouvaient nous donner quelque lumière, sans jamais négliger de citer les
auteurs au bas des pages ; mais nous nous sommes surtout attaché à remon-
ter aux sources originales & à n'accepter jamais sans contrôle les témoignages
de seconde main. Les grands dépôts d'archives de Paris 8c de la Province
nous ont fourni beaucoup de documents ignorés que nous avons exploités de
notre mieux, & dont les plus importants forment la matière d'un second
volume, à titre de pièces justificatives.
Il nous a paru convenable d'accompagner notre récit d'une chronologie
détaillée; il y a une foule de particularités locales Se de précisions que le
lecteur s'attend à rencontrer dans une histoire provinciale étendue & qui
doivent en eftet s'y trouver, mais qu'on ne peut mêler à la narration sans
l'alourdir & l'allonger démesurément. Ainsi les dates de chaque session
d'Etats, les noms des commissaires principaux, la désignation des lieux
d'assemblée, qu'il est utile de faire connaître, mais dont le retour périodique,
sous forme d'annales, est d'une monotonie mortelle, les mentions d'ouvrages
publics intéressant diverses parties de la Province, rejetées dans cette table,
ont laissé plus de liberté à notre plan sans diminuer la somme d'informa-
tions.
Etranger à tout sentiment de haine & de prévention, nous n'avons mis
dans notre ouvrage d'autre passion que celle du vrai, mais nous l'y avons
mise entière. Comme nous ne cherchons à flatter ni à blesser qui que ce
soit, nous attendons avec confiance le jugement du lecteur impartial. Nos
informations peuvent avoir été incomplètes, & nous rectifierons avec empres-
sement les erreurs qui nous seront démontrées, mais nous croyons être en
droit d'espérer qu'après nous avoir lu personne ne suspectera notre bonne foi.
SOMMAIRES DES CHAPITRES
LIVRE PREMIER
MINISTÈREDEMAZARIN
CHAPITRE PREMIER
Situation du pays à la mort de Louis XIII. — Alarmes des infendants. — Premières
démonstrations du parlement de Toulouse. — Cérémonies funèbres. — Conflits de
juridiction. — Dispositions des Etats. — Misère causée par la guerre de Catalogne.
— Elections de Toulouse. — Affaire du franc-salé. — Démarches des protestants;
instructions de Mazarin sur la conduite à tenir à leur égard P^ge 1 3i
CHAPITRE II
Le gouvernement provincial. — Gaston d'Orléans & sa cour. — L'abbé de la Rivière. —
Le comte d'Aubijoux. — Nouveau titre de Schomberg. — Réveil féodal. — Procès
d'un conseiller duelliste. — Rencontre de gentilshommes en Vivarais. — Affaire
des tailles. — Le vœu de saint Edmond. — Elections municipales supprimées. —
Droit de confirmation. — Lutte du parlement & du conseil d'Etat p. i8o
CHAPITRE ni
Désertions dans l'armée de Catalogne. — Misère publique. — Le quartier d'hiver
refusé. — Violation des coutumes électorales de Montpellier. — Lutte du Parle-
ment contre les capitouls. — Journée du i6 juin. — Députations parlementaires &
municipales à la Cour de France. — Intervention du conseil d'Etat. — La cour des
comptes, aides & finances. — Sédition de Montpellier. — Affaire du chevalier de
Roquelaure. — Elections de Toulouse. — Troubles du 2 avril p. 208
CHAPITRE IV
Mort du poète François Maynard. — Vieillesse de Pierre Goudelin. — Le prince de
Condé traverse la Province. — Désordres des chevau-légers. — Entreprise du mar-
quis de Rabat contre l'évêque de Rieux. — Intervention de l'épiscopat languedo-
cien. — Démarches du clergé de France. — Conversion du marquis de Malause. —
L'affaire de l'évêque de Rieux terminée par lettre de cachet p. 24^
xij SOMMAIRES DES CHAPITRES.
CHAPITRE V
Union des cours supérieures. — Suppression des intendants. — Convocation des États
généraux du royaume. — Affaire de l'équivalent. — Manœuvres électorales. —
Assemblée de Gaillac. — Affaires de religion. — L'évêque du Puy. — Chute de
l'abbé de La Rivière. — Troubles de Nimes. — Lutte entre le Parlement & les
États. — Arrêts contre Mazarin. — Commissions extraordinaires. — Plaintes du
clergé de France. — Montchal & Marca. — Guerre de Guienne. — Accord des
États & du Parlement. — Désordres locaux, — Peste. — Mouvements militaires.
— Disgrâce du duc d'Orléans p. 266
CHAPITRE VI
Démolition du château de Termes. — Mort du premier président Jean de Bertier. —
Désordres dans les pays de montagnes. — Le baron de Léran. — Affaire de l'étape.
— Mouvements militaires. — Les frères Aostène. — Troubles de Carcassonne. —
Mort du comte d'Aubijoux. — Pierre de Marca & François Fouquet. — Voyage
de Louis XIV en Languedoc. — Séjour à Toulouse. — Mort de Gaston d'Orléans.
— Rectification de la frontière de Catalogne. — Agitation de Nimes. — Traité
des Pyrénées. — Canal ce Beaucaire. — Fêtes de la paix. — Mort du cardinal
Mazarin p. 843
LIVRE DEUXIEME
ADMINISTRATION DE COLBERT
CHAPITRE PREMIER
Gouvernement du prince de Conti. — La Grange des Prés. — Voyages d'Alet. — Assises
du Puy. — Commission des frontières. — Elévation & mort de Pierre de Marca. —
Episcopat de Nicolas Pavillon. — Ses missions de femmes. — • Ses luttes avec les
gentilsliommes & les réguliers de son diocèse. — Affaire de la commutation de
Toulouse. — Droit d'asile réclamé par les parlementaires p. 398
CHAPITRE n
Affaires de religion. — Démarches de l'épiscopat. — Remontrances de l'évêque de
Niâmes. — Commission de l'édit de Nantes. — Le prince de Conti théologien. —
Lutte de l'archevêque de Toulouse & de l'évêque d'Albi aux États. — Souscription
pour la compagnie des Indes. — Suppression des évocations générales. — Testa-
ment & mort du prince de Conti p. 419
SOMMAIRES DES CHAPITRES. xiii
CHAPITRE III
Le duc de Verneuil. — Recherche des faux nobles. — Bezons à Toulouse. — Affaire
des lépreux. — Le canal des deux mers. — Proposition de Riquet. — Résistance
des Etats. — Adjudication & commencenient des travaux. — Réformation des
forêts. — Nouvelles divisions territoriales. — Chemin d'Auvergne. — P^tudes du
cours supérieur de la Loire p. 446
CHAPITRE IV
Les biens de mainmorte. — Le droit d'asile. — Pierre Bouzi. — Intendance d'Henri
d'Aguesseau. — Querelle de la régale. — Mort de Nicolas Pavillon. — Guerre
d'Espagne. — Affaire du Valespir. — Mort de Riquet. — Ouverture du canal à
la navigation. — Voyage de Louvois. — Mort du duc de Verneuil. — Le duc
du Maine. — Commandement de Noaillcs. — Mesures de rigueur contre les
protestants. — Première prise d'armes en Vivarais. — Découragement & rappel de
d'Aguesseau p. 492
LIVRE TROISIEME
REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES
CHAPITRE PREMIER
Situation des protestants. — Lois restrictives de la liberté de conscience. — Conver-
sions par logements militaires. — Lamoignon de Bàville. — Abjurations générales
en Languedoc. — Missions de Noailles. — Edit de révocation. — Edit de Postdam.
— Emigration des réformés en Allemagne, en Suisse, en Hollande, en Angleterre.
— Statue équestre de Louis XIV. — Affaire des filles de l'Enfance. — L'archevêque
Montpezat de Carbon & le Saint-Siège. — Mort du premier président Fieubet. —
Révolution municipale à Toulouse p. 543
CHAPITRE II
Construction des forts de Nimes, d'Alais & de Saint-Hippolyte. — Chemins royaux des
Cévennes. — Réformes administratives. — Nouvelle organisation des milices. —
Prophètes du Vivarais. — Répression militaire. — Astier, Vivens, Brousson. —
Mesures fiscales. — Epreuves des anoblis municipaux de Toulouse. — Création des
mairies. — Erection de l'évêché d'Alais p. 098
xiv SOMMAIRES DES CHAPITRES.
CHAPITRE III
Création de l'académie des jeux floraux. — Tentatives de mouvement littéraire à Tou-
louse. — Nouvelles charges fiscales. — Établissement de la capitation. — Taxes
de l'armoriai général. — Mémoire de Bâville sur la province de Languedoc. —
L'archevêque de Narbonne & l'évêque de Montpellier. — Particularités écono-
miques P" "53
CHAPITRE IV
Premiers troubles dans les Cévennes. — Assemblées & prophètes. — Violence de la
répression. — Rôle du clergé. — Événements du Pont-de-Montvert. — Insurrec-
tion générale. — Attentats contre les prêtres & les catholiques. — Commandement
du comte de Broglie. — Roland & Cavalier. — Intrigues des puissances étrangères.
— Le maréchal de Montrevel. — Massacre de Nimes. — Dévastation des hautes
Cévennes. — Défaites des troupes de la marine. — Commandement du maréchal
de Villars. — Nouveau plan de conduite. — Soumission de Cavalier. — Pacification
de la Province p. 73o
CHAPITRE V
Faits d'administration intérieure. — Gabelles. — Conseil de commerce. — Impôts sur la
boucherie. — Vins de Dauphiné. — Mystères des États. — Projets du marquis de
Miremont. • — Complot de Nimes. — Querelles ecclésiastiques. — Droit d'aubaine.
— Hiver de 1709. — Troubles de Vivarais. — Débarquement des Anglais à Cette.
— Établissement du dixième. — Travaux publics. — Mort de Louis XIV. . p. 848
LIVRE aUATRIEME
LA REGENCE ET LOUIS XV
CHAPITRE PREMIER
Philippe d'Orléans, régent du royaume. —Espérances des protestants & des jansénistes.
— Retraite de Bâville. — Louis de Bernage, intendant de Languedoc. — Conspi-
ration de Cellamare. — Guerre d'Espagne. — Conséquences du système de Law
dans la Province. — Peste de Marseille. — Échanges du comte de Belle-Isle. —
Epidémie en Gévaudan. — Cordon sanitaire. — Majorité du roi p. 918
SOMMAIRES DES CHAPITRES. xv
CHAPITRE li
Invasion de sauterelles. — Les multipliants. — Charges municipales. — Echange d'Uzès.
— Affaires de Nimes. — Mémoire de l'évêque d'Alais. — Déclaration de 1724. —
M. de Saint-Maurice. — Règlement pour les assiettes. — Orages & inondations.
— Plaintes des rentiers de la Province. — La légende de Grégoire VII & l'évêque
de Montpellier p. 972
CHAPITRE HI
Le prince de Dombes & le duc de Richelieu. — Travaux publics. — Affaires de religion.
— Jean Le Nain. — Mémoire de l'évêque de Saint-Pons. — Suspension des Etats.
— La justice en Vivarais & en Vêlai. — M. de Saint-Priest. — Rétablissement des
Etats. — Conférence épiscopale. — Richelieu à Toulouse. — Le comte d'Eu. —
Les maréchaux de Mirepoix & de Thomond. — Malheurs publics & misère de la
Province p. io58
CHAPITRE IV
Lutte du Parlement & des Etats. — Travaux publics. — Procès des jésuites. — Affaire
Calas. — Rochette & les frères Grenier. — Le duc de Filz-James au Parlement. —
Le comte d'Eu. — Réforme communale. — Enquête judiciaire en Vivarais. —
Réorganisation de la magistrature par le chancelier Maupeou. — Rétablissement
des offices municipaux. — Paroisses créées dans la banlieue de Toulouse. — Mou-
vement économique. — Mort de Louis XV p. 1 157
LIVRE CINaUIEME
LOUIS XVI ET LA REVOLUTION
CHAPITRE PREMIER
Avènement de Louis XVI. — Épizootie. — Mesures administratives & militaires. —
Reconstitution du Parlement. — Le maréchal de Biron. — Navigation de la
Garonne. — Etat major des places. — Réformes de Turgot. — Houillères des
Cévennes. — Concession Tubœuf. — Le comte de Saint-Haon. — Réorganisation
de la municipalité de Toulouse. — Réunion du comté de Caraman à la province
de Languedoc p. i23i
XV) SOMMAIRES DES CHAPITRES.
CHAPITRE II
Progrès de l'efprit de réforme. — Séiiéch.iiissée de Villeneuve-de-Berg. — Troubles
eu Viv.irais. — Commission extraordinaire. — Ballainvilliers. — Assemblée des
notables. — Réforme judiciaire. — Le comte de Périgord à Toulouse. — Résis-
tance du Parlement. — Réunions de la noblesse. — Arrêts de la cour des comptes
de Montpellier contre l'assemblée provinciale. — Mouvement de l'opinion. —
Derniers travaux des Etats ■! ]). 1297
CHAPITRE III
Assemblées des sénéchaussées. — Election des députés aux Etats généraux. — Cahiers
de doléances des trois ordres. — Caractère de cette enquête : vœux particuliers. —
États généraux. • — Assemblée nationale. — Abolition du régime féodal. — Sup-
pression des Parlements & des intendances. — Division de la Province en départe-
ments. — Arrêtés de la chambre des vacations. — Commissariat provisoire. — Fin
de la Province p. i373
CHRONOLOGIE
DE L'HISTOIRE DE LANGUEDOC
LA DECLARATION DE REGENCE D'ANNE D'AUTRICHE
JUSQU A
LA FORMATION DES DEPARTEMENTS
(1643- 1790)
1643, 18 mni Déclaration de régence d'Anne d'Autriche.
27 nuii Le Conseil d'État défend à la Cour des comptes de Montpellier
de prendre aucune connaissance des comptes d'étapes, milices
& autres maniements de deniers faits par les syndics & députés
des diocèses,
mai Édit créant quatre lettres de maîtrise dans chaque corporation
d'arts & métiers, à l'occasion du joyeux avènement.
i3 juin Le Parlement de Toulouse enregistre la déclaration de régence
d'Anne d'Autriche.
i5 juin Service funèbre en l'honneur du roi Louis XIII à l'église Saint-
Etienne de Toulouse.
8 juillet .... Déclaration du roi portant confirmation de l'édit de Nantes.
24 juillet Le Parlement de Toulouse interdit l'accaparement & l'exporta-
tion des grains.
juillet Le titre de baronnie des Etats est rendu à la terre de Castries.
29 août Emotion à Toulouse causée par la nouvelle du décri des doubles
tournois. Le Parlement défend de refuser cette monnaie.
30 septembre. Arrêt du Conseil d'État maintenant les anciennes formes usitées
en Languedoc pour la levée des tailles.
18 octobre ... La direction du collège de Limoux est donnée aux doctrinaires.
XIII. ■
2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1643, 21 octobre ... Ouverture des Etats de Languedoc par le maréchal de Schom-
berg, dans la grand'salle de l'hôtel de ville de Montpellier.
(Clôture le 27 novembre.)
octobre Confirmation des exemptions de taxes anciennement accordées
à la terre privilégiée de Mirepoix.
i3 novembre. Les États décident que les trésoriers de la bourse ne pourront
assister à leurs assemblées, s'ils n'y sont pas appelés.
23 novembre . Les Etats font célébrer un service funèbre en l'honneur du roi
Louis XIII dans l'église Saint-Pierre de Montpellier.
1644, 4 janvier ,,. Arrêt du Parlement de Toulouse concernant le cours des mon-
naies dans le ressort.
25 janvier ... Le Parlement de Toulouse interdit les bals de nuit, à cause d'un
assassinat commis la veille.
17 février La fabrication de l'huile de hêtre est autorisée dans le ressort
du Parlement.
21 février. . . . Privilège accordé au eîeur de Lacam pour la fabrication des cris-
taux & de l'émail.
17 mars Le Parlement de Toulouse défend aux marchands de bétail de
passera moins de huit lieues de la ville sans présenter leurs
bêtes à deux marchés & défend aux particuliers de faire des
achats au-dessus de leurs besoins.
mars Privilège accordé à Jacques Brun pour la canalisation du bas
Rhône & le dessèchement des marais.
6 avril Arrêt du Conseil sur le franc salé de la Cour.
20 avril Le Conseil de ville de Toulouse accorde des lettres de bour-
geoisie à Joseph Balsamo.
25 aviil Gaston d'Orléans est nommé gouverneur de Languedoc.
27 :ivril Le Conseil d'Etat défend à la Cour des comptes de Montpellier
de connaître des délibérations prises par les États de Langue-
doc & par les Assiettes diocésaines.
4 "1'"^' Le Conseil d'État établit la solidarité des habitants de Toulouse
en matière de tailles.
(' "lai Lettres patentes nommant Schoraberg seul lieutenant général
en Languedoc,
2^' '"*'»"' Le Parlement de Toulouse interdit l'exportation des grains.
23 nnù Arrêt du Parlement de Toulouse ordonnant de vendre le pain
_^ par morceaux, afin de permettre au menu peuple d'en acheter.
"'"' Erection du marquisat de Calvisson. — Amnistie du sieur do
Saint-Aunez.
2 J juillet .... Le Conseil d'État défend au Parlement de Toulouse de connaître
du fait des tailles, s'en réserve la connaissance & renvoie au
Parlement de Bordeaux fous les procès des capitouls & con-
seillers de ville de Toulouse.
24 septembre. Lo Conseil d'État condamne les huissiers du Parlement de Tou-
louse à payer les tailles.
25 septembre. Émotion à Toulouse causée par le refus des pièces d'argent
courtes. La Chambre des vacations ordonne d'accepter ces
monnaies selon leur poids.
CHRONOLOGIE. 3
1644, 8 octobre .,, Arrêt du Conseil d'État ordonnant par provision l'élargissement
des personnes arrêtées & des marchandises saisies à cause des
frais d'étape dus par la ville de Toulouse,
12 octobre... Le Conseil décharge un étapier de Bourg-Saint-Andéol des
poursuites de la Cour des comptes de Montpellier.
8 novembre . Le Parlement de Toulouse autorise l'ordonnance de l'arche-
vêque pour la procession de Saint-Edmond.
13 novembre. Exaltation des reliques de saint Edmond, dans l'église Saint-
Sernin de Toulouse, en présence du Parlement.
20 novembre. Grande procession à Toulouse, à laquelle prennent part toutes
les corporations,
164';, 2 janvier ... Délibération des États contre les donneurs de faux certificats
d'étape,
17 janvier . . . Ouverture des États par le maréchal de Schomberg, dans le cou-
vent des Cordeliers de Narbonne. (Clôture le 23 mars,)
27 janvier . . . Privilège au sieur de Lacani pour la fabrication des glaces do
Venise.
6 février,... Le Conseil d'État confirme la nomination des capitouls de Tou-
louse faite par lettres patentes du roi.
mars Érection du marquisat do Castries,
16 mai Les capitouls de Toulouse défendent aux écoliers de porter des
armes & de sortir de nuit,
3i mai Reddition de Roses, assiégée par le comte du Plessis-Praslin c[ui
y gagne son bâton de maréchal,
8 juin Le marquis d'Ambres est nommé sénéchal de Lauragais.
16 juin Scènes violentes à l'hôtel de ville de Toulouse, entre les com-
missaires du Parlement 8c les capitouls.
3 juillet Émeute à Montpellier, à cause du droit de confirmation.
27 juillet L'archevêque de Narbonne harangue Anne d'Autriche à Paris,
au nom de l'assemblée du clergé de France.
23 août Arrêt du Conseil d'État réglant le différend du Parlement do
Toulouse 8c des capitouls.
octobre Érection du comté de Lussan,
28 novembre. Ouverture des États par le maréchal de Schomberg, dans la
grand'salle de l'hôtel de ville de Pézénas, (Clôture le 9 mars
1646.)
i3 décembre . Arrêt du Conseil d'État prorogeant les capitouls de Toulouse.
1646, 9 février. . , , Le Conseil d'État casse l'élection des capitouls, faite le 28 no-
vembre 1645.
28 février. ... Le viguier de Toulouse est mené dans les prisons du palais par
M. de Gargas, commissaire du Parlement.
3 mars Le Parlement de Toulouse Interdit l'entrée de la Cour au con-
seiller Tolosani.
22 mars Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse du
3 mars, au sujet des élections municipales, ajourne le prési-
dent de Donneville & l'avocat général 8c suspend sept con-
seillers; ordonne la mise en liberté du viguier de Toulouse,
4 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
interdit les capitouls nommés par le Parlement & suspend le
conseiller de Gargas.
1646, II avril Le Parlement de Toulouse interdit aux capitouls nommés par le
roi l'exercice de leurs charges.
19 avril Harangue de l'évéque d'Uzès devant la reine Anne d'Autriche.
10 mai Le Conseil d'Etat supprime les délibérations du Parlement de
Toulouse au sujet des élections capitulaires, suspend le pré-
sident de Gragnague & les conseillers Gargas & Dumay &
ordonne l'incarcération du chevalier du guet aux prisons du
Fort l'Evêque.
16 juin L'intendant de Guienne, Laisné de la Marguerie, commissaire
pour l'exécution de l'arrêt du 10 mai, le fait enregistrer à
l'hôtel de ville de Toulouse & condamne à mort par contu-
mace Alexandre Salavert & Bernard Lanes, comme auteurs de
la sédition.
14 juillet Le Conseil d'Etat décharge les trésoriers de Languedoc Le Secq
& Massia des poursuites de la Chambre des comptes de Mont-
pellier.
juillet Confirmation des privilèges de la ville de Nimes.
juillet Suppression de la généralité de Beaucaire.
17 août Le Parlement de Toulouse défend le port d'armes à feu & en
ordonne la recherche.
17 novembre . Le Conseil d'État confirme ses précédents arrêts contre les pré-
tentions de la Cour des comptes de Montpellier.
21 novembre . Le comte d'Harcourt est battu eu Catalogne & forcé de lever le
siège de Lérida.
1647, 18 janvier ... Le Parlement de Toulouse défend le port d'armes & ordonne
des patrouilles de nuit.
12 février Le duché de Joyeuse est donné par le roi à Louis de Lorraine.
27 février Le Conseil d'État ordonne la saisie des gages de la Cour des
comptes de Montpellier au profit des trésoriers des États jus-
qu'à remboursement de 20000 livres.
26 mars Les capitouls de Toulouse ordonnent d'enfermer les mendiants
à l'hôpital de la Grave.
3o mars Le sol & les ruines de l'ancien château de Nimes sont donnés
aux dominicains pour y bâtir leur couvent.
3 avril ; . Ouverture des États par le maréchal du Plessis, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 7 juillet.)
5 avril Les États demandent la construction d'un pont sur l'Hers à Cas-
telnau d'Estrètefons.
9 ^^'"'1 Les États décident que les quatre nouveaux barons ne pourront
donner procuration à des envoyés.
ï" i"^' Les Etats délibèrent qu'il sera fait des poursuites devant les tré-
soriers de France contre les personnes d'autorité qui refusent
de payer leurs tailles.
2' '"^i Les évêques de Languedoc, présents aux États, écrivent à la
Cour pour se plaindre des violences du marquis de Rabat
contre l'évéque de Rieux.
CHRONOLOGIE.
1647, 8 juin Transaction entre la province de Languedoc & la ville de Tou-
louse au sujet des frais d'étape,
17 juin Le prince de Condé est forcé de lever le siège de Lérida.
3 octobre . . . Abjuration du marquis de Malause.
21 novembre . Le Conseil d'État casse les procédures faites par le sénéchal de
Toulouse contre un commis des tailles qui réclamait le paye-
ment des arrérages dus par un conseiller.
27 novembre . Le Conseil d'Etat interdit au lieutenant criminel de Loppes
l'entrée aux assemblées de ville de Toulouse.
28 novembre . Le Conseil d'Etat défend aux trésoriers de France de connaître
des comptes rendus par les syndics diocésains,
novembre .... Érection de la baronnie de Montégut.
16 décembre . Arrêt du Parlement de Toulouse concernant le domicile des
capitouls.
1648, 5 janvier. ,
23 janvier
i3 février
i3 mars . .
22 mai.
I" juillet
10 juillet
18 juillet
14 août
29 août
août
9 septembre
14 octobre . .
23 décembre
Le Parlement de Toulouse défend, sous peine de mort, de por-
ter des armes à feu par la ville & de faire porter aucune
espèce d'armes aux laquais.
Le roi Louis XIV adresse une lettre de cachet à l'évêque de
Rieux pour terminer son affaire avec le marquis de Rabat.
Ouverture des États par le comte d'Aubijoux, dans la grand'-
salle de l'hôtel de ville de Carcassonne. (Clôture le 28 mai.)
Délibération des États de Languedoc portant que les protestants
ne pourraient entrer aux Assiettes des diocèses.
Arrêt du Conseil d'État cassant la délibération des États de Lan-
guedoc du l3 mars.
Arrêt du Parlement de Toulouse concernant les honneurs dus
a la Cour.
Le maréchal de Schomberg prend Tortose.
Le Parlement de Toulouse défend aux intendants de procéder
à la levée des tailles.
Le Parlement de Toulouse réclame la réunion de la Chambre
de l'édit de Castres.
Arrêt du Parlement de Toulouse concernant la Chambre de
l'édit.
Suppression du présidial d'Albi.
Le Parlement de Toulouse ordonne information contre les pro-
pagateurs de fausses nouvelles.
Arrêt du Conseil ordonnant aux trésoriers provinciaux des
ponts & chaussées de remettre aux syndics généraux de Lan-
guedoc la somme de 3oooo livres pour les réparations des
ponts & chemins.
Arrêt du Conseil portant que, sur les 40000 livres levées annuel-
lement en Languedoc pour les réparations des ponts & chaus-
sées, les receveurs des tailles en payeront les trois quarts, sur
l'ordre des États.
1649, 3 janvier. .
Le comte du Roure est nommé lieutenant général en Languedoc
pour le Vivarais & le Vêlai.
6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1649, 24 janvier ... Convocation des États généraux de France à Orléans pour le
i5 mars.
5 mars Réunion de l'Assiette diocésaine de Toulouse pour députer à
l'assemblée électorale de la sénéchaussée.
l3 mars L'assemblée de la sénéchaussée de Toulouse se réunît à Gaillac
pour nommer ses députés aux États généraux de France.
18 mars Le vicaire général de l'archevêque de Toulouse proteste contre
l'assemblée de Gaillac.
avril Suppression du siège de Privas.
1" juin Ouverture des États par le comte du Roure, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 28 novembre.)
17 juin Le Parlement de Provence demande assistance aux États de Lan-
guedoc contre les entreprises du comte d'Alais.
20 juin Iléponse des États de Languedoc au Parlement de Provence.
25 juin Les États de Languedoc donnent leur avis sur l'édit de Béziers.
10 juillet Une députation des États de Languedoc au Parlement part pouf
Toulouse.
28 juillet Arrêt du Parlement concernant l'abonnement de la ville de
Toulouse pour les impôts.
11 août Le Parlement de Toulouse autorise la réduction d'un cinquième
des impositions, votée par le conseil de bourgeoisie le
19 juillet.
1" octobre ... Le président de Donneville harangue les États de Languedoc au
nom du Parlement de Toulouse.
octobre Révocation de l'édit de Béziers.
octobre Suppression des offices de trésoriers de la bourse de Languedoc.
27 novembre . Le Parlement de Toulouse ordonne information des brigues &
malversations commises en l'élection des capitouls.
I" décembre . Confirmation des officiers du bailliage de Gévaudan siégeant à
Mende & à Marvéjols.
décembre .... Don do la citadelle de Gignac à Jougla du Frêne.
i65o, 18 janvier ... Le Conseil d'État Ordonne l'élargissement d'un bourgeois de
Toulouse arrêté par ordre du Parlement & confirme, en faveur
de la ville, le privilège d'évocation générale.
9 mars Le Parlement de Toulouse interdit le port d'armes à tous ceux
qui ne font pas profession de guerre.
26 avril Émotion à Toulouse, au sujet de l'enlèvement de plusieurs galé-
riens.
5 mai. ...... Le Parlement de Toulouse défend à M. de Morant d'exercer les
fonctions d'intendant en Guienne.
7 mai Le Parlement de Toulouse casse une ordonnance de M. de Bre-
teuil, intendant en Languedoc.
8 mai Sédition dans la ville d'Albi.
16 mai Le Parlement de Toulouse nomme deux commissaires pour
informer à Montauban contre l'intendant.
27 mai Arrêt du Parlement de Toulouse contre le duc de Bouillon.
21 juin Le Parlement de Toulouse lance un décret de prise de corps
contre l'intendant Morant.
CHRONOLOGIE,
1 1 août .
19 août ,
i65o, 2$ juin Le Parlement de Toulouse casse une ordonnance du duc d'Éper.
non, gouverneur de Guienne. — Le Conseil d'Etat condamne
les habitants de Montpellier solidairement à dédommager le
fermier du droit de confirmation des pertes causées par la
sédition de 1645.
28 juillet.... Le marquis des Oiiches, capitaine des gardes suisses du duc
d'Orléans, harangue le Conseil de ville de Toulouse.
Le Parlement de Toulouse interdit les levées de gens de guerre.
. . Arrêt du Conseil d'Etat autorisant l'exercice du culte réformé
hors l'enceinte de Saint-Gilles.
4 septembre. Émeute à Mimes contre l'évèque, dirigée par le ministre Baudan.
10 septembre. L'exercice du culte catholique cesse à Mimes.
12 septembre. Le Parlement de Toulouse se proroge.
4 octobre . . . L'évèque de Castres, Fossé, adresse ses plaintes à l'assemblée du
clergé de France contre les jésuites & le comte de Bioules.
24 octobre . . . Ouverture des États par le comte de Bioules, dans la grand'salle
de l'hôtel de ville de Pézénas. (Clôture le 14 janvier i65i.)
16 novembre. Les États reçoivent diverses plaintes sur les progrès du culte
réformé en Languedoc.
28 novembre. L'assemblée du clergé de FratiCe invite les prélats de Languedoc
à réconcilier l'évèque de Castres avec le comte de Bioules.
1" décembre . Le Parlement de Toulouse permet à Pierre Elandinlères de
débiter leâ lettres de maîtrise d'arts & métiers dont il est
acquéreur.
2 décembre . Les États de Languedoc décident l'installation des archives pro-
vinciales dans une salle voûtée de l'hôtel de ville de Mont-
pellier & la création d'archives à Toulouse, Carcassonne,
Mimes & Marbonne.
16 décembre . Henri de Lévis est nommé sénéchal de Carcassonne.
23 décembre . Vœu des États de Languedoc en faveur de la liberté du com-
merce. — Arrêt du Parlement de Toulouse contre les inten-
dants de justice, police & finances.
24 décembre . Le Parlement de Toulouse prononce neuf condamnations à
mort, à l'occasion des troubles d'Albi.
i6ji, 5 janvier
10 janvier
6 février.
16 février.
20 février.
î5 fé
vner.
Délibération des États de Languedoc pour le maintien de leur
autorité dans la Province.
Les États de Languedoc demandent la réunion des États géné-
raux du royaume.
Le Parlement de Toulouse ordonne des remontrances au roi sur
l'emprisonnement des princes.
Le Parlement de Toulouse casse trois délibérations des États de
Languedoc.
Arrêt du Parlement de Toulouse contre le cardinal Mazarin. —
Le Parlement de Toulouse modifie le système des élections
consulaires de Koquemaure.
Le chapitre Salnt-Étlenne de Toulouse demande que les évêques
n'aient pas seuls le privilège d'entrer aux États de Languedoc
& que le second ordre du clergé y soit admis.
8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
l65i, 4 mars Le duc d'Orléans demande aux capitouls d'envoyer une députa-
fion pour aviser aux moyens de pacifier la Province.
6 mars La Chambre de l'édit envoie le conseiller Pierre de Carlot dans
les pays protestants du bas Languedoc, le Vivarais & les Cé-
vennes, pour y veiller au maintien de l'ordre.
27 mars Arrêt du Parlement de Toulouse contre le gouverneur de Nar-
bonne.
18 avril Nouvel arrêt du Parlement de Toulouse contre le cardinal
Mazarin.
24 avril Le conseiller Pierre de Montcalm est adjoint à Pierre de Carlot,
commissaire de la Chambre de l'édit.
29 avril Le Conseil d'Etat casse les délibérations du chapitre Saint-
Etienne de Toulouse.
4 mai Le Parlement de Toulouse lance un décret de prise de corpi
contre l'archevêque de Narbonne.
22 mai Le Parlement de Toulouse autorise l'assemblée de la noblesse.
24 m;ii Le Parlement de Toulouse enjoint aux évêques de Lavaur & de
Montauban de résider en leurs diocèses.
12 juin Le Conseil d'Etat interdit l'assemblée de la noblesse, autorisée
par le Parlement de Toulouse.
i3 juin Le Parlement de Toulouse nomme des commissaires extraordi-
naires pour visiter la Province.
21 juin La Chambre de l'édit permet à la noblesse protestante de prendre
part aux assemblées de Toulouse pour la réformation des
États.
22 juin Arrêt du Parlement de Toulouse concernant la marque des cuirs
au logis de l'Écu.
23 juin Le Conseil d'État casse la nomination de commissaires extraor-
dinaires du Parlement.
27 juin Assemblée de la noblesse de Languedoc.
28 juin Le Parlement de Toulouse ordonne des remontrances au roi.
5 juillet Les capitouls de Toulouse donnent une collation au comte
d'Aubijoux dans l'hôtel de ville.
12 juillet Le Parlement de Toulouse ordonne que la noblesse de chaque
diocèse enverra aux États un député électif.
i5 juillet.... Le Parlement de Toulouse demande le retour du prince de
Condé & l'éloignement de Mazarin.
Si juillet Remontrances du Parlement de Toulouse au roi. — Ouverture
des États par le comte d'Aubijoux, dans la grand'salle de
l'hôtel de ville de Carcassonne. (Clôture le 10 janvier i652.)
7 août Discours de l'évêque de Grasse, Godeau, contre divers arrêts du
Parlement de Toulouse.
8 août Le Parlement de Toulouse interdit l'exportation des blés hors
du ressort de la Cour.
I" septembre. Les États de Languedoc protestent contre les actes du Parlement
de Toulouse.
4 septembre. Le Conseil d'État défend au Parlement de Toulouse d'envoyer
des commissaires dans les villes du ressort à l'occasion des
élections municipales.
CHRONOLOGIE.
i65i, 4 septembre.
6 septembre.
i5 septembre,
septembre
2 octobre . . .
5 octobre
12 octobre . . .
9 novembre.
23 novembre .
24 novembre .
25 novembre .
l5 décembre .
23 décembre .
29 décembre .
Le Conseil permet aux États d'imposer annuellement 3oooo livres
pour les réparations des ponts & chemins. — Le Conseil d'État
défend au Parlement de Toulouse, à la Cour des comptes de
Montpellier, aux trésoriers de France & autres officiers de
connaître des Assiettes diocésaines. — Le Conseil d'État défend
de recevoir les appels d'élections consulaires en Languedoc,
s'ils ne sont formés par la majorité des principaux habitants de
la commune.
La majorité de Louis XIV est reconnue par les États de Lan-
guedoc.
Arrêt du Parlement de Toulouse contre les marchands qui
exportent des grains.
Révocation des édits portant création de messagers royaux en
Languedoc.
Le Parlement de Toulouse lance un décret de prise de corps
contre M. de Breteuil, intendant en Languedoc.
Le Parlement de Toulouse prescrit des mesures de sûreté, à
cause de la défection de Marchin.
Le Parlement de Toulouse envoie des commissaires dans l'Albi-
geois.
Troubles à Montpellier.
Le Parlement de Toulouse ordonne des remontrances au roi sur
l'arrêt du 4 septembre. — Arrêt du Parlement de Toulouse
sur les élections consulaires de Béziers.
Commission du Parlement de Toulouse au conseiller Laroche,
pour procéder aux élections consulaires de Béziers.
Le Parlement de Toulouse ordonne de courir sus au sieur de
Guionet, conseiller du Parlement de Bordeaux.
Le Parlement de Toulouse lance plusieurs décrets de prise de
corps contre les gentilshommes attroupés.
Le Parlement de Toulouse transfère le siège du sénéchal de
Querci à Moissac.
Nouvel arrêt du Parlement de Toulouse contre le cardinal
Mazarin.
i652, 12 janvier . .
17 janvier . .
i5 février. . .
17 février. . .
27 février . . .
18 mars
23 mars
Le Parlement de Toulouse met à prix la tète du cardinal Ma-
zarin.
Le Parlement de Toulouse lance un décret de prise de corps
contre le sieur de Pibrac.
Le Parlement de Toulouse réclame l'élargissement du conseiller
Bitaud.
Arrêt du Parlement de Toulouse sur les désordres des gens de
guerre.
Remontrances du Parlement de Toulouse contre le retour du
cardinal Mazarin.
Les États particuliers de Vivarais excluent le clergé de leurs
assemblées.
Le Parlement de Toulouse renouvelle ses instances pour l'éloi-
gnement du cardinal Mazarin.
lo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
i6j2, 21 mai Déclaration du roi portant confirmation de l'édit de Nanfes.
9 août Le Parlement de Toulouse se prononce contre le duc d'Orléans.
l5 aoiit Troubles à Carcassonnc, au sujet des élections municipales.
9 septembre. Le Parlement de Toulouse ratifie les conventions des villes de
Beaumout & Grenade avec le prince de Conti & le comte
d'Harcourt.
23 scptembi'e. Commission du Parlement de Toulouse au capitoul d'Espaigne,
pour saisir les grains destinés à l'exportation, dans tous les
lieux du ressort.
17 octobre... Le vicomte de Léran passe la Garonne à Pinsaguel, avec deux
Cents chevaux.
21 octobre . . . Gaston d'Orléans est exilé à Blols.
24 octobre... Le Parlement de Toulouse accorde privilège d'hypothèque à
l'évéque de Valence sur tous Créanciers, à cause du prêt de
deux mille setiers de blé par lui fait à la ville de Toulouse.
26 novembre . Le Parlement de Toulouse nomme les capitouls par arrêt.
i653, 2 janvier ... Le Conseil d'État casse la nomination capitulaire faite par le
Parlement de Toulouse.
i3 mars Lettres patentes attribuant exclusivement aux États de Lan-
guedoc la connaissance des différends survenus dans leurs
assemblées & dans les Assiettes diocésaines.
i5 mars L'intendant Boucherai interdit l'exercice du culte réformé à
Florensac.
17 mars Ouverture des États par le comte du Roure, à l'hôtel de ville de
Pézénas. (Clôture le 2 juin.)
21 mars Les États de Languedoc prennent fait & cause pour les catho-
liques de Lunel contre les protestants, dans la querelle du
■ consulat.
24 mars Le bourg de Banne (Vivarais) est érigé en ville, à la requête du
comte du Roure.
28 mars Les États demandent la retraite des gens de guerre. — Mort du
premier président Bertîer de Montrabe.
5 avril Le Parlement de Toulouse interdit les logements de gens de
guerre dans le ressort, sans ordre du roi, des gouverneurs ou
lieutenants généraux.
21 juin Gaspard de Fieubet est reçu premier président au Parlement de
Toulouse. — Le Parlement de Toulouse interdit les perqui-
sitions des évéques chez les bénéficiers malades.
Juillet Érection du marquisat de Servies.
23 août Le Parlement de Toulouse envoie deux commissaires dans les
Cévennes pour surveiller les assemblées.
29 août Établissement d'une taxe de charité à Toulouse.
10 septembre. Le Parlement autorise l'établissement de droits de subvention à
Toulouse.
23 septembre. Le Parlement de Toulouse enjoint aux maîtres des ports de faire
leurs chevauchées pour la vérification des chemins & aux con-
suls d'exécuter les réparations nécessaires.
Septembre. . . . Amnistie du prince de Conti.
CHRONOLOGIE.
II
i653, 4 octobre... Confirmation des privilèges de l'Université de médecine do
Montpellier.
■^ octobre Déclaration du roi en faveur des protestants du bas Languedoc,
Dauphiné, Vivarais & basses Cévennes.
8 novembre . Le Parlement de Toulouse prononce plusieurs condamnations à
mort pour faits de brigandage armé en Gévaudan, & ordonne
de raser le château de Montjusieu & la tour de Saint-Germain.
16 décembre . Ouverture des Etats par le comte de Bioules, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 3i mars 1654.)
18 décembre . Le Parlement de Toulouse casse les économes d'évêché nommés
par la Cour des comptes de Montpellier.
1654, 14 janvier ... Les États de Languedoc réclament pour le vicaire général do
Viviers le droit d'entrer aux Etats particuliers de Vivarais.
21 janvier ... Le Parlement de Toulouse condamne le vicomte de Léran à
perdre la tête.
i3 mars LeS États de Languedoc prennent fait & cause pour les catho-
liques de Bédarieux contre les protestants.
24 mars Le Parlement de Toulouse ordonne la démolition des travaux de
fortification entrepris au château de Castelfranc.
mars Érection du marquisat de Monfrin.
14 mai Nouvelle transaction entre les Etats de Languedoc & la ville de
Toulouse, au sujet des frais d'étape.
18 mai Arrêt du Conseil d'État réglant la condition des protestants de
Nimes*
27 mai L'exercice du culte réformé à Florensac est interdit par arrêt du
Conseil d'État.
8 juin L'évêque de Montauban, Bertier, prononce une harangue à
Reims, après le sacre du roi.
3 juillet ... Le Parlement de Toulouse défend d'acheter des objets mobiliers
quelconques aux gens de guerre.
18 août Le Conseil d'État proroge pour deux ans l'évocation des procès
des réformés de Languedoc au Parlement de Grenoble.
24 août Le baron de Clermont est nommé sénéchal & bailli de Vêlai.
août Érection du marquisat de VignoHes.
20 septembre. Le Conseil d'État évoque au Parlement de Grenoble toutes les
affaires que les protestants de Languedoc pourraient avoir au
Parlement de Toulouse durant six mois.
15 octobre ... Le Conseil d'État interdit la connaissance des étapes à la Cour
des comptes de Montpellier.
17 octobre . . . Prise de Puycerda par le prince de Conti.
7 novembre. Le Parlement de Toulouse ordonne la révision d'un jugement
capital prononcé par un maître des requêtes de l'Hôtel.
7 décembre . Ouverture des États par le prince de Conti, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 14 mars i655.)
10 décembre . Arrêt du Conseil établissant une taxe sur la boucherie dans les
diocèses de Nimes, Viviers, Uzcs & Mcnde, pour la recons-
truction des églises démolies.
22 décembre . Le Parlement de Toulouse ordonne l'émission de petite monnaie.
12 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
i655, 8 février. . . . Les religieuses du couvent des Casses acceptent la translation de
leur monastère à Toulouse.
27 février.... Les Etats de Languedoc accordent un secours de i5ooo livres à
la reine d'Angleterre, veuve de Charles I".
2 mars Les États exigent quatre générations de noblesse paternelle &
maternelle pour donner l'entrée aux acquéreurs ou héritiers
de baronnies.
4 mars Les États sollicitent la prohibition de l'indigo. — Additions aux
règlements des États.
23 mars Don de la châtellenie de Buzet à Jean de Gineste.
12 avril Le Parlement de Toulouse ordonne l'expulsion de réfugiés cata-
lans.
17 avril Arrêt de partage de la Chambre de l'édit de Castres, les con-
seillers protestants opinant pour la cassation de certaines
délibérations des États favorables aux catholiques.
20 mai Don du domaine de Saint-Lieux à l'évêque de Lavaur.
27 mai Prise de Cap de Quiers par le prince de Conti.
26 juin L'archevêque de Toulouse autorise l'établissement des augustins
déchaussés à Toulouse. — Le Parlement de Grenoble décharge
les habitants de Montpellier de toute indemnité envers le fer-
mier du droit de confirmation.
5 juillet .... Le Parlement de Toulouse nomme cinq commissaires pour la
vérification des cours d'eau.
10 juillet .... Le prince de Conti prend Castillon.
14 août Le Parlement de Toulouse enregistre avec réserves l'édit portant
aliénations du domaine.
27 août Le Conseil d'État interdit à la Chambre de l'édit de Castres
toute connaissance des délibérations prises par les États.
septembre Lettres de grâce accordées au baron de Bousols pour duel.
4 novembre. Ouverture des États par le prince de Conti, dans la grand'salle
de l'hôtel de ville de Pézénas. (Clôture le 22 février i656.)
i5 novembre . Les États combattent le projet du canal de Beaucaire.
i656, 18 mai Toutes les évocations générales dans le ressort de la Cour sont
abrogées.
9 juin Le Conseil d'État attribue aux consuls de Montpellier la con-
naissance des affaires de police en première instance, sauf
appel au Parlement de Toulouse.
18 juillet .... Déclaration du roi concernant l'observation de l'édit de Nantes.
28 août Arrêt du Conseil d'État ordonnant que tous les consuls & offi-
ciers politiques de Montpellier seront catholiques.
17 novembre . Ouverture des États par le comte de Bioules, dans le réfectoire
des carmes de Béziers. (Clôture le i" juin 1657.)
25 novembre . Le duc d'Arpajon est nommé lieutenant général en Languedoc.
20 décembre . Le présidial de Carcassonne est transféré de la cité dans la ville
basse.
1657, 8 janvier ... Le président de la Terrasse harangue les États au nom du Parle-
ment de Toulouse.
CHRONOLOGIE.
i3
1657, II janvier
i3 janvier
17 février.
26 mars. . .
27 mars.
avril ,
i3 mai.
i3 juin
25 juin
juin
i3 juillet . . .
i5 août
8 octobre . .
22 octobre . .
7 décembre
10 décembre
Si décembre
décembre . . .
Arrêt du Conseil d'Etat rétablissant les catholiques de Réalmont
en possession de l'église paroissiale.
Le Conseil d'Etat casse l'évocation accordée aux protestants de
Languedoc, haute Guienne & Foix.
Le Conseil d'Etat ordonne l'enregistrement de la déclaration du
18 juillet i656 par la Chambre de l'édit de Castres.
>.Le comte de la Serre, commandant les troupes royales, demande
aux Etats les moyens de payer ses hommes.
Arrêt du Conseil interdisant le consulat mi-parti dans les villes
qui ont été rebelles. — Arrêt du Conseil privé portant que
tous les consuls & conseillers politiques de Bédarieux devront
être catholiques.
Création de la sénéchaussée de Gévaudan & siège de Mende. —
Création de la sénéchaussée de Vivarais & siège de Villeneuve
de Berg.
Le marquis de Saint-Abre fait lever le siège d'Urgel aux Espa-
gnols.
Translation du couvent Sainte-Claire des Casses à Toulouse.
Troubles à Nimes.
Erection du marquisat de Nabassan & Saint-Gervais.
Le Parlement de Toulouse interdit aux maisons religieuses de
donner asile aux criminels & banqueroutiers.
Le conseiller Delong, commissaire du Parlement, est mandé à la
Cour par lettre de cachet.
Ouverture des Etats par le duc d'Arpajon, dans la chapelle des
pénitents noirs de Pézénas. (Clôture le 22 février i658.)
L'évêque de Nimes obtient, par arrêt du Conseil, confirmation
du droit d'entrer, comme premier opinant, dans les assemblées
politiques de sa ville épiscopale.
Arrêt du Conseil d'Etat défendant de prendre le second consul
d'Alais parmi les habitants appartenant à une autre classe que
la seconde. — Le Conseil d'Etat ordonne que la cloche placée
dans la tour de ville du 'Vigan annoncera les fêtes catholiques.
L'emplacement du château royal de Verdun est donné à l'abbaye
du Mas-Grenier.
Le comte de Bioules & l'intendant sont accueillis à coups de i'cu
par les insurgés de Nimes.
Edit portant faculté d'anoblir à prix d'argent des terres de Lan-
guedoc, jusqu'à concurrence de 170000 livres de tailles. —
Amnistie pour les attroupements du Puy & pays de Vêlai. —
Erection du marquisat d'Avèze.
i658, 23 janvier . . . Règlement général pour la tenue des Assiettes de Languedoc.
4 mai Vincent Bosside est nommé inquisiteur de la foi à Carcassonne.
28 juillet .... Transaction entre le chapitre Saint-Just 5k la ville de Narbonne,
concernant l'allivrement du moulin du Gua.
11 septembre. Aoustène, juge-mage de Limoux, est condamné à mort pour ses
concussions.
12 septembre. Le Conseil d'Etat charge le Parlement de Toulouse de juger le
«4
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ministre de Florac & les auteurs des violences commises
contre les capucins de la Mission royale.
l658, 19 septembre. Le Parlement de Toulouse autorise la ville d'Agde à interdire
l'entrée du vin étranger.
17 octobre... Le roi Louis XIV annonce aux États son prochain voyage en
Languedoc & les convoque à Beaucaire.
21 octobre... Ouverture des États par le comte du Roure, dans la grand'sallo
de l'hôtel de ville de Narbonne. (Clôture le 23 mars 1659.)
10 novembre . Les États sont maintenus à Narbonne, à cause de l'indisposition
de l'archevêque.
19 novembre. La députation des Etats de Languedoc est admise à l'audience
du roi à Lyon.
décembre .... Amnistie de l'insurrection de Nimes. — Amnistie de l'insurrec-
tion d'Uzès.
1659, 17 janvier
29 janvier
II février.
14 février.
25 juin
3 juillet
I" octobre . . ,
14 octobre . . .
16 octobre . . ,
22 octobre . . .
octobre
7 novembre .
25 novembre ,
12 décembre ,
19 décembre ,
24 décembre .
26 décembre .
Les officiers du présidial de Toulouse réclament auprès des
États de Languedoc contre la création du présidial de Foix.
Les États réclament contre les exactions commises par les gou-
verneurs de places frontières.
Les États demandent la réunion du comté de Caraman à la pro-
vince de Languedoc.
Les États accordent un secours de 6000 livres à la maison des
nouveaux convertis, dirigée à Toulouse par l'abbé de Ciron.
Le Parlement de Toulouse condamne à mort par contumace le
ministre François Sauvage & neuf habitants de Florac.
Le Conseil d'État défend au Parlement de Toulouse & autres
compagnies de la Province de connaître des délibérations des
États.
Ouverture des États par le comte de Bioules, dans le réfectoire
du grand couvent des augustins de Toulouse. (Clôture le
7 décembre.)
Entrée du roi Louis XIV & de la reine Anne d'Autriche à Tou-
louse.
Les États de Languedoc sont reçus par le roi Louis XIV, dans le
palais de l'archevêché de Toulouse.
Le projet de rétablir l'édit de Béziers est notifié aux États.
Antoine Lefevre, huissier de la Chambre, & Gaspard Rome,
valet de chambre du roi, obtiennent le monopole de la glace
en Languedoc.
Paix des Pyrénées.
Les capitouls de Toulouse sont nommés par lettre de cachet.
Le roi ordonne la translation de l'académie protestante de Mon-
tauban à Puylaurens.
Le cardinal Mazarin donne audience aux capitouls & bourgeois
de Toulouse.
Les Etats consentent au dédoublement du diocèse civil d'Alet &
Limoiix.
Les Etats font opposition au rétablissement du gouvernement
de Cintegabelle.
CHRONOLOGIE.
1659, 28 décembre
décembre . . .
Transaction entre le roi & les Etats,
vlmposition sur les fers de Languedoc. — Suppression des
sénéchaussées de Mende & de Villeneuve de Berg, — La
compétence des États de Languedoc en matière d'étapes est
reconnue.
1660, 8 janvier , ,
9 janvier . .
10 janvier . ,
12 janvier . ,
2 février . . .
î6 février . . ,
1" avril
21 avril
4 août
10 septembre.
i5 septembre.
septembre. . . .
octobre
24 novembre ,
i8 décembre .
décembre .
1661, 24 janvier
7 février .
3 mars. . .
17 mars.
24 mars.
Pluie torrentielle à Nimes. Arrivée de Mazarîn. La cour couche
à Lunel.
Entrée de Louis XIV & d'Anne d'Autriche à Nimes.
Louis XIV visite le pont du Gard, l'amphithéâtre & les autres
antiquités de Nimes.
La Cour part de Nimes par la route de Tarascon.
Mort de Gaston d'Orléans au château de Blois.
• Le prince de Conti est nommé gouverneur de Languedoc,
Louis XIV & Anne d'Autriche repassent à Nimes, venant d'Avi-
gnon.
Les anciennes fortifications de Lombers sont données aux capu-
cins de Castres pour bâtir leur couvent.
Le Parlement de Toulouse envoie un commissaire à Castres,
pour informer contre les ministres protestants.
Le Conseil d'Etat donne la préséance aux officiers catholiques
du présidial de Nimes sur les officiers protestants.
Le Conseil d'Etat casse les délibérations du synode des Cévcnnes
tenu au Vigan & défend d'en prendre, à l'avenir, sans la pré-
sence du commissaire royal.
Lettres patentes ordonnant que les communes du comté do
Caraman feront partie du gouvernement & taillable de Lan-
guedoc. (Demeurée sans exécution.)
Etablissement d'un service de bateaux de poste sur la Garonne.
Le Parlement de Toulouse nomme sept commissaires pour véri-
fier l'état des collèges.
Le Conseil d'ïltat maintient à l'évéque de Lavaur le droit d'assis-
ter en personne ou par ses vicaires généraux à foutes les
assemblées de la commune. — Le Parlement de Toulouse
annule les contrats do louage d'offices de conseillers.
Amnistie des habitants de Viviers,
Ouverture des États par le prince de Conti, dans l'église des
pénitents noirs de Pézénas. (Clôture le 10 avril.)
L'évéque de Lavaur harangue le roi au nom de l'assemblée du
clergé.
Les États accordent un secours de 6000 livres à la maison du
Refuge de Narbonne.
Le Conseil d'État casse les délibérations du colloque d'Uzès &
défend de tenir pareilles assemblées.
Arrêt du Conseil d'État défendant au seigneur de la Vérune de
placer en sa maison aucune marque d'exercice public du culte
réformé. — Arrêt du Conseil d'État réglant le nombre des
notaires protestants de Montpellier. — Le Conseil d'État
i6
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ordonne la démolition du temple de Saint-Bausile, ce lieu
étant du domaine de l'évêché de Montpellier.
1661. 3i mars Le Parlement de Toulouse interdit l'usurpation des titres de
noblesse.
niars Le marquis de Cornusson est nommé sénéchal de Toulouse.
I«r avril Transaction entre les États de la Province & les propriétaires
du monopole de la glace en Languedoc.
15 avril Commission du roi à M. de Bezons, intendant, & de Peyremales,
lieutenant particulier au présidial de Nimes, pour informer
des contraventions à l'édit de Nantes.
3o avril Le Conseil d'État défend aux protestants de Castres de faire
aucune assemblée pour imposition de deniers, sans la présence
du juge royal.
|er juin Le Parlement de Toulouse prescrit l'observation de l'usage des
reddes.
14 juillet .... Le Parlement de Toulouse interdit l'exportation du merrain
hors du ressort.
juillet Règlements pour la navigation de la Garonne, du Tarn, de
l'Aveyron, &c.
5 août Le Conseil d'État casse une délibération du synode de Nimes &
bannit le ministre Claude, modérateur, hors de la province de
Languedoc.
g août Le Conseil d'État décide que les consuls de métier de Mont-
pellier seroiit tous catholiques.
18 août ^Défense est faite aux communes de Languedoc d'établir des
droits sur les denrées & marchandises, sans le consentement
des États & la permission du roi.
3 septembre. La Chambre des francs-fiefs de Languedoc décharge les habitants
de Blanzac des droits qui leur étaient demandés.
II septembre. L'évêque d'Alet excommunie Henry du Vivier, seigneur de Rasi-
guières.
3o septembre. Le Conseil d'État casse les délibérations du synode d'Anduze &
bannit le ministre Rossel, modérateur, hors de la province de
Languedoc.
21 novembre. Le Conseil d'État décide que les enfants trouvés de Nimes ne
pourront être reçus à l'hôpital protestant.
16 décembre . Le Conseil d'État défend à la Chambre de l'édit de Castres
d'envoyer une députation particulière au roi. — Le Conseil
d'État, vidant un arrêt de partage de la Chambre de l'édit de
Castres, interdit absolument le chant des psaumes.
20 décembre . Le Conseil d'État ordonne que le premier consul catholique
d'Uzès aura seul l'administration de l'hôpital Saint-Sauveur.
1662, 3 janvier
7 janvier
23 février.
Ouverture des États par le prince de Conti, dans le couvent des
religieux réformés de Béziers. (Clôture le 3 février.)
Le Parlement de Toulouse ordonne la saisie des revenus de
l'archevêché d'Auch, l'archevêque n'ayant pas offert à la cour
les bouquets de fleurs qu'il lui devait.
Le Conseil d'État interdit le chant des psaumes dans les rues &
CHRONOLOGIE. 17
défend à la Chambre de l'édit de Castres de rendre arrêt de
partage sur matière déjà réglée par le roi.
1662, 6 mars Les États de Languedoc réclament l'observation de l'édit de
Nantes.
10 mars Établissement d'une commission mixte pour régler les dépenses
ordinaires des communes de Languedoc & réformer les abus,
sous la présidence du prince de Couti; (connue sous le nom
de Commission de 1662.)
28 mars Règlement d'attributions entre les officiers du bailliage de Viva-
rais & ceux du présidial de Nimes.
A mai Le Conseil d'État renvoie à la Cour des aides de Montpellier les
procès concernant le département des dettes des protestants
de Languedoc.
14 juin Le Conseil d'État ordonne prise de corps contre Jean Dupuy,
fermier du droit de confirmation.
19 juin Le Parlement de Toulouse règle les étoffes & parures qui doi-
vent être portées par les femmes de diverses conditions.
7 août Arrêt du Conseil d'État, portant que les enterrements de protes-
tants à Clermont-Lodève ne pourront être faits qu'à la pointe
du jour ou à la tombée de la nuit. — . Le Conseil d'Etat décide
que l'exercice du culte réformé à Saint-Dezery doit être
prouvé par actes & non par témoins.
23 août Le Conseil d'État casse une délibération de la commune de
Cordes d'Albigeois.
I" septembre. Le Conseil d'État assigne les officiers de la Chambre de l'édit de
Castres, sur la demande en réunion de cette Cour au Parle-
ment de Toulouse faite par les députés des États de Lan-
guedoc.
11 septembre. Règlement des commissaires du roi & des Etats pour la conser-
vation des archives communales.
l3 novembre. Le Conseil d'Etat étend à toutes les villes sans exception les
prohibitions d'heure & de cortège portées pour les enterre-
ments protestants de Clermont-Lodève.
26 novembre. /Première lettre de Riquet à Colbert, proposant la création d'un
canal en Languedoc pour la communication des deux mers.
4 décembre . Le Parlement réduit à 600 livres la dépense des festins capitu-
laires de l'hôtel de ville de Toulouse.
Le comte d'Armagnac, grand écuyer de France, obtient le don
de l'établissement des litières.
i663, II janvier ... Le Conseil d'État décharge les catholiques & nouveaux convertis
de Sumène & Senilhac des dettes des réformés.
18 janvier ... Arrêt du Conseil, renvoyant le projet de Riquet aux commis-
saires du roi aux États.
29 janvier ... David Derodon, professeur au collège de Nimes, auteur d'un
livre intitulé le Tombeau de la messe, est condamné au bannis-
sement perpétuel, & son ouvrage au feu, par arrêt du Conseil
d'État.
I" février Accord entre les États & le prévôt général de Languedoc.
XIII. »
i8 È
1663, 26 février. ...
9 mars.
17 mars.
19 mars.
2 avril.
II avril.
23 mai. .
10 luia
i5 juin
3o juin . .
4 juillet
9 juillet
10 juillet
20 juillet
27 juillet . . . .
août
i5 septembre,
5 octobre , . .
rUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le ministre Jeau Bruguier de Nimes & le libraire Edouard Ra-
ban, imprimeur de deux Discours sur le chant des Psaumes,
sont condamnés au bannissement, 8c leurs ouvrages au feu,
par arrêt du Conseil d'Etat.
. Privilège à Lacan de Ventajon pour la fabrication du cristal de
roche.
La Cour des aides de Montpellier prononce trois condamnations
à mort par contumace, pour violences commises contre le col-
lecteur des tailles de Saint-Naufary.
Le Conseil d'Etat défend d'enterrer les protestants à Castres en
autre moment que la pointe du jour ou l'entrée de la nuit.
Le Conseil d'Etat déplace cinq ministres de Castres, accusés
d'avoir pris part à des cabales.
Ordonnance de l'évêque de Nimes, interdisant d'enterrer les
protestants dans les cimetières catholiques.
Le synode protestant de Saint-André de Valborgne ordonne un
serment de soumission aux ministres & un jeûne géjiéral dans
la province des Cévenues.
Le ministre Serville fait prêter aux réformés du Vigan le serment
prescrit par le synode de Saint-André de Valborgne.
Le Conseil d'Etat ordonne la démolition du temple de Mon-
tagnac.
Olympe de Favarel est banni à perpétuité pour avoir empêché la
perception des tailles.
Troubles dans le cimetière catholique de Clarensac, à l'occasion
de l'enterrement d'une fille protestante.
Le Conseil d'État casse comme séditieuse la délibération du
synode protestant de Saint-André de Valborgne.
^Le collège de Castelnaudary est donné aux doctrinaires.
Le Conseil d'Etat ordonne des poursuites contre le ministre
Camps de Mazamet, pour n'avoir pas salué le Saint-Sacrement
en passant devant en pleine rue.
Plusieurs gentilshommes du diocèse d'Alet s'organisent en syn-
dicat contre leur évêque.
Edit portant nouvelle réunion du comté de Caraman à l'élection
de Lomagne.
Le Conseil privé interdit à la Chambre de l'édit de Castres de
prendre connaissance de l'affaire de Clarensac,
Le Parlement de Toulouse ordonne information contre les gen-
tilshommes du diocèse d'Alet. — Le Conseil d'État vide qua-
rante-six avis de partage, soumis par les commissaires de l'édit
de Nantes eu Languedoc. — Le Conseil d'État supprime plu-
sieurs délibérations des synodes protestants du bas Languedoc
& des Cévennes Le Conseil d'État ordonne la fermeture
provisoire des temples de Ribaute, Saint-Côme & Générac.
— Le Conseil d'Etat ordonne la démolition des temples de
Bouysset, Saint-Martin de Campcelade, Taraux & Fontarè-
ches; des temples de Saint-Julien de la Nef, Saint-Jean de
Roques, la Rouvière & la Brugièrej des temples de Belle-
CHRONOLOGIE.
19
garde, Parignargues, Colorgues, Lascours, Cruviers, Gajaii,
Crespian, Vie, Saiizet, Rochegude, Seynes & Aiimessargues; de
quatre-vingt-neuf temples dans les diocèses de Nimes, d'Uzès
& de Mende.
1663, 5 octobre... Arrêt du Conseil d'Etat, réglant la composition des conseils
mi-partis du Vigan ik de Marvéjols, en Gévaudan, & défen-
dant l'exercice du culte réformé à Saint-Jean de la Blaquière.
2-3 octobre ... Le Conseil d'Etat ordonne la démolition des temples de Mon-
redon, Leques, Salinelle, le petit Galargues, Asperes, Buzi-
gnargues & Villatelle.
19 novembre . Le comte de Grignan nommé lieutenant général en Languedoc.
23 novembre. Le Conseil d'Etat défend aux ministres de prêcher à la cam-
pagne, sous des arbres, comme ils faisaient dans les Boutières,
en Vivarais & Cévennes.
6 décembre . Ouverture des Etats par le prince de Conti , dans l'église des
pénitents noirs de Pézénas. (Clôture le 6 février 1664.)
22 décembre . Démolition du temple de Bouillargues.
1664, i5 janvier ... Le Conseil d'État défend au Parlement de Toulouse de connaître
des différends de révêc(ue d'Alet avec la noblesse & le clergé
régulier de son diocèse.
22 février. . . . Arrêt du Conseil d'Etat, défendant l'exercice de la religion réfor-
mée dans la ville & le terroir de Privas. — Arrêt du Conseil
privé défendant au ministre Reboulet, de Ciiomeyrac, en
Vivarais, de faire le prêche dans plusieurs lieux.
25 février.... Arrêt du Conseil d'Etat, réglant les préséances des officiers
catholiques sur les protestants à la Cour des comptes de
Montpellier.
II mars Arrêt du Parlement de Toulouse, condamnant les habitants de
Gatuzières à faire les charrois de matériaux pour le rétablisse-
ment de l'église Notre-Dame, démolie pendant les guerres
civiles, & à bâtir la maison presbytérale,
29 mars Le comte de Grignan, lieutenant général en Languedoc, interdit
les levées de gens de guerre faites pour le comte de Chalais.
mai Erection du comté de Latour.
17 juin Arrêt de la Chambre de l'édit de Castres, défendant aux protes-
tants de chanter leurs psaumes dans les temples pendant le
passage des processions du Saint-Sacrement. — Le Conseil
privé casse le testament de Pierre de Portes en faveur des
anciens du consistoire protestant de Béziers.
29 juillet .... Arrêt du Conseil privé, portant que les biens confisqués sur les
rebelles de Privas serviront à rétablir les églises catholiques
par eux démolies en 1622 dans le pays avoisinant. — Arrêt du
Conseil privé, ordonnant que les dettes de la commune de
Privas seront payées sur les biens confisqués des protestants.
— Le Conseil privé ordonne que les biens des communes
appartiendront par moitié aux catholiques, même dans les
lieux du Vivarais & des Cévennes où les protestants se trou-
vent en grande majorité.
20 ETUDES mSTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1664, 26 août Lettre de l'évèque d'Alet au roi sur le formulaire.
20 septembre. Arrêt du Conseil, défenflant de saisir, sous aucun prétexte, les
deniers de l'équivalent de Languedoc & de toutes les impo-
sitions.
3o septembre. Arrêt du Conseil d'Etat, ordonnant que les protestants de Privas
sortiront de cette ville & n'y pourront plus habiter.
3 novembre . Le Conseil d'Etat ordonne la remise à M. de Bezons de l'état des
sommes imposées par les réformés depuis dix ans. — Le Conseil
d'État ordonne la démolition des temples d'Uchau, Vestric &
Millau, & maintient l'exercice du culte réformé à Soustelle
& Fraissinet de Lozère. — Le Conseil d'Etat décide que le
concierge des jirisons de Castres sera toujours catholique.
7 novembre . Les commissaires du roi & des Etats pour l'examen du projet de
Riquet se réunissent à Toulouse.
17 novembre . Le Conseil d'État établit les jésuites dans le collège de Castres.
28 novembre . Le Conseil d'État remet les jésuites en jiossession du collège
royal de Nimes. — Le Conseil d'Etat ordonne la démolition
du petit temple de Nimes aux frais des réformés.
4 décembre . Ouverture des États par le comte du Roure, dans le réfectoire
des dominicains de Béziers. (Clôture le i3 février i665.)
décembre .... Union de la maladrerie de Nimes à l'hôpital Saint-Jacques.
i665, 19 janvier ... Avis des commissaires sur le projet de Riquet.
21 janvier ... Le Parlement de Toulouse supprime la lettre de l'évèque d'Alet.
5 février .... Arrêt du Parlement de Toulouse, ordonnant aux seigneurs justi-
ciers de nommer seulement des catholiques aux charges de
juges bannerets.
5 mai Le Parlement de Toulouse interdit aux religieux les acquisitions
d'immeubles dans les environs de Toulouse.
25 mai -i Lettres patentes autorisant Riquet à faire creuser la rigole
d'essai du canal de Languedoc.
mai Commencement de la rigole d'essai du canal de Languedoc, ter-
minée en octobre.
juillet Erection du marquisat de Montpezat.
septembre.... Union du collège Saint-Nicolas de Toulouse au séminaire du
faubourg Saint-Michel.
6 octobre .... L'évèque d'Uzès harangue le roi Louis XIV, au nom de l'assem-
blée du clergé de France.
23 novembre. Ouverture des Etats par le prince de Conti, assisté des inten-
dants Bezons & Tubeuf, dans la grand'salle des dominicains
de Béziers. (Clôture le 27 février 1666.)
novembre .... Etablissement d'une maison d'ursulines à Nimes.
1666, 22 mars Le duc de Verneuil nommé gouverneur de Languedoc.
2 avril Déclaration du roi, évoquant de la Chambre de l'édit de Castres
au Parlement de Grenoble les affaires des protestants convertis
au catholicisme.
22 mai Le Parlement de Toulouse adjuge aux chartreux de Valbonne le
domaine du Mas de Saint-Paulet, saisi sur le seigneur.
CHRONOLOGIE.
21
1666, 26 mai Le Parlement de Toulouse nomme un galérien bourreau.
23 juillet .... Le Conseil d'Etat règle les différends de l'évêque d'Alet avec la
noblesse & le clergé régulier de son diocèse.
2g juillet .... Arrêt du Conseil privé contre le ministre de Privas.
16 août Arrêt du Conseil d'Etat, donnant aux nouveaux convertis de
Languedoc trois ans de délai pour le payement du capital de
leurs dettes.
23 août Lettres patentes ordonnant la tenue des grands jours de Vêlai.
27 août L'intendant Bazin de Bezons arrive à Toulouse, où il tient plu-
sieurs conférences.
7 septembre. Déclaration du roi, portant que les tailles doivent être payées
par provision, sauf remboursement au cas de nobilité prouvée.
5 octobre ... Le chevalier de Clerville signe, à Vincennes, le devis du canal.
14 octobre . . . Riquet devient adjudicataire des travaux du canal de Languedoc
entre Toulouse & Trèbes.
octobre Edit pour la jonction de la Méditerranée à l'Océan par un canal.
— Union du prieuré de la Ramière au noviciat des jésuites de
Toulouse.
18 novembre . Lettres patentes sur le bail du canal, avec relief de noblesse.
20 novembre . Lettres patentes ordonnant la tenue des grands jours de Nimes.
29 novembre. Ouverture des Etats parle duc de Verneuil, dans la grand'salle
de la maison de ville de Carcassonne. (Clôture le 7 mars 1667.)
26 décembre . La baronnie de Sénaret, en Gévaudan, est vendue par le comte
de Saint-Priest au marquis de Beaufort.
1667, 16 février. .
20 juillet . .
28 juillet .,
24 octobre ,
octobre ,
17 novembre .
5 décembre
6 décembre ,
décembre . . . .
Nomination de commissaires des domaines en Languedoc.
Commission donnée au comte du Roure pour l'enregistrement
des déclarations du roi.
Condamnation du marquis deGanges au bannissement perpétuel.
Le Conseil d'Etat ordonne la vérification des abus dans les uni-
versités de Toulouse 8c de Montpellier & dans les collèges en
dépendant.
La compétence des Etats de Languedoc en matière de finances
diocésaines est réglée par lettres patentes. — La connaissance
des impositions & emprunts résolus dans les assemblées d'As-
siette est attribuée aux Etats de Languedoc, avec défense aux
autres compagnies d'en connaître.
Les premières pierres de l'écluse du canal à son embouchure
dans la Garonne sont posées avec grande cérémonie.
Ouverture des Etats par le duc de Verneuil, dans la grand'salle de
la maison de ville de Montpellier. (Clôture le 24 février 1668.)
Arrêt du Parlement de Toulouse pour la réformation des ordres
religieux.
Union du prieuré Saint-Pierre de Meyrueis au noviciat des
jésuites de Toulouse.
1668, 9 janvier . . ,
24 janvier . . .
L'évêque de Pamiers suspend plusieurs jésuites de son diocèse.
La baronnie d'Aps est vendue par le comte de Suze au vicomte
de Beaune.
2 2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1668, 5 février.... L'évêque de Paniiers excommunie les jésuites.
21 février. . . . Circulaire de l'évêque de Pamiers à tous les évêques de France.
9 avril Décret du pape Clément IX, ordonnant de brûler le rituel d'Alet.
20 août „ Bail de l'entreprise du canal de Languedoc à Pierre-Paul Riquet.
août Union du prieuré Saint-Sauveur de Chirac au collège des jésuites
de Rodez.
26 octobre ... • Le marquis de Castries nommé lieutenant général en Languedoc.
1669, 21 janvier ... Edit portant suppression des Chambres mi-parties, où siégeaient
des officiers protestants.
29 janvier ... Le comte du Roure nommé lieutenant général en Languedoc.
II février Ouverture des Etats par le duc de Verneuil, dans la chapelle
des pénitents noirs de Pézénas. (Clôture le i3 avril 1670.)
2 mars Les Etats prêtent leur crédit au roi pour un emprunt de
700000 livres.
9 mars Approbation des statuts des chirurgiens de Saint-Pons.
mai Translation du chapitre de Burlats à Lautrec.
9 juin - Commission du roi au sieur de La Feuille pour visiter les tra-
vaux du canal de Languedoc, du port de Cette & des mines.
10 octobre ... Le Parlement de Toulouse condamne les protestants de Mei-
rueis à rebâtir l'église catholique à leurs frais.
26 novembre. - Ouverture des Etats par le duc de Verneuil, dans la grand'salle
des dominicains de Béziers. (Clôture le 3o janvier 1670.)
6 décembre . Le marquis de Calvisson nommé lieutenant général en Lan-
guedoc.
décembre.... Union des prieurés de Castelnau d'Estrètefonts & de Sainte-
Foy de Peyrolières au collège des jésuites de Toulouse. —
M. de Castelpers nommé sénéchal de Castres.
1670, 28 février Union du prieuré de Teissan au noviciat des jésuites.
avril Sédition en Vivarais; surprise du château d'Aubenas. — Soulève-
ment de Jacques Roure en Vivarais. — Union du prieuré de
Saint-Denys au noviciat des jésuites de Toulouse.
19 mai Le tarif du sel au pays de Sault est élevé de trente sols.
i3 juin Assassinat de l'abbesse de Rieunette.
16 juillet Le Parlement de Toulouse ordonne que les élections munici-
pales de Saint-Esprit n'auront lieu que tous les deux ans.
5 août - Riquet achète au marquis de Sourdis le comté de Caraman & la
baronnie de Saint-Félix.
août Amnistie des insurgés de Vivarais.
8 septembre. L'évêque d'Uzès harangue le roi Louis XIV, au nom de l'assem-
blée du clergé de France.
29 octobre . . . Supplice de Jacques Roure à Montpellier.
30 octobre . . . • Translation de la Chambre de l'édit de Castres à Castelnaudary.
18 novembre . Arrêt du Conseil d'Etat, ordonnant la démolition du petit temple
de Montpellier. — Arrêt du Conseil d'État, ordonnant la dé-
molition du temple de Melgueil, avec interdiction du culte
public. — Mêmes mesures à l'égard des temples de Poussan,
Pignan Si Cournonterrail.
CHRONOLOGIE. • 23
1670, 19 novembre . Arrêt du Conseil d'État, enjoignant aux protestants de Privas de
quitter la ville & le taillable ainsi que le lieu de Tournoii,
avec défense d'y habiter à l'avenir.
27 novembre . - Ouverture des États par le duc de Verneuil, dans la grand'salle
de la maison de ville de Montpellier. (Clôture le 20 février
1671.) — Le marquis de Saint-Sulpice est reçu aux États
comme baron de Castelnau de Bonnafous.
28 novembre . Le Conseil d'Etat décide que les consuls de Cournonterrail
devront être tous catholiques.
décembre -érection de la baronnie de Saissac, avec entrée aux États à la
place de Couffoulens.
1671, 1" janvier ... La baronnie de Saissac est vendue par le comte de Clermont au
marquis de Saissac, son frère.
7 mars Arrêt du Conseil, fixant le ressort de la grande maîtrise des eaux
& forêts de Toulouse.
24 mai -i-La ville de Castelnaudary donne une indemnité de 3oooo livres
pour faire passer le canal près de ses murs.
3 juin -^Le Conseil d'État interdit à la Chambre de l'édit de Castelnau-
dary toute connaissance des élections consulaires de cette ville.
16 juillet .... Le Parlement de Toulouse prohibe l'entrée du vin étranger à
Salnt-Chinian, quand le vin du cru n'excède pas quatre sols
le pot.
24 juillet Le père Bayar nommé inquisiteur de la foi à Carcassonne.
août Sécularisation des chanoines de Saint-Papoul.
9 décembre . Ouverture des États par le marquis de Castries, dans l'hôtel de
ville de Montpellier. (Clôture le i" février 1672.)
19 décembre . Le vicomte de Beaune prend place aux États comme baron d'Aps.
1672, 20 janvier ... La commission des domaines règle la forme des aveux & dénom-
brements.
21 janvier ... Le marquis de Monfanègue prend place aux États comme baron
de Servies.
3o janvier . . . L'évêque de Saint-Pons porte plainte aux États sur les désordres
commis dans le marquisat de Roquefeuil.
octobre La juridiction criminelle du pays de Vivarais est rendue au pré-
sidial de Nimes.
l5 novembre. Ouverture des Éta's par le duc de Verneuil, à Montpellier.
(Clôture le 22 février 1673.)
20 décembre . Les Etats consentent à un nouvel emprunt de i 3ooooo livres
pour les travaux du canal,
décembre .... Les biens de l'ordre du Saint-Esprit do Montpellier sont unis h
ceux de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel 84 de Saint-
Lazare.
1673, i3 février Louis de Froidour nommé grand maître des Eaux & forêts do
Languedoc, Béarn, Navarre, Soûle & Labour.
4 mars La baronnie de Villeneuve la Crémade est adjugée à M. de
Pujol, par arrêt du Parlement de Grenoble.
24
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1673, avril Le cardinal de Bonsy est autorisé à couper le bois de Balma.
28 juin Arrêt du Parlement de Toulouse, étendant aux territoires de son
ressort compris dans la province de Guienne la défense de
nommer des juges bannerets non catholiques.
3o septembre. Il est permis à tous artisans de s'établir à Cette & d'y ouvrir
boutique, sans payer aucun droit.
i5 octobre . . . Déclaration de guerre de l'Espagne à la France.
16 novembre . Ouverture des Etats par le comte du Roure, dans la chapelle des
pénitents noirs de Pézénas. (Clôture le 20 janvier 1674.)
1674, juin Translation à Montpellier de l'hospice des Pères de l'Oratoire
de Frontignan.
i5 novembre . Ouverture des Etats par le duc de Verneuil, à Montpellier. (Clô-
ture le 16 février 1670.)
17 novembre . Érection de la terre de Pezens en baronnie des États, à la place
de Saissac, sous le titre de baronnie de Voisins.
3 décembre . M. d'Alzau prend place aux Etats comme baron de Voisins.
17 décembre . Accord entre les commissaires du roi & des États, au sujet des
taxes d'industrie.
1675, 22 janvier . .
26 janvier . . ,
3 mai
9 août
14 novembre ,
20 novembre ,
17 décembre ,
1676, 3 janvier
16 avril, . .
2 mai.
septembre. ,
9 octobre .
Délibération des États pour la surveillance des troupes canton-
nées en quartier d'hiver dans la Province.
Les États décident la construction d'un pont sur la Garonne,
dans le diocèse de Rieux.
Le Conseil d'État règle la forme des élections consulaires en
Languedoc.
Règlement de préséance entre le commandant militaire & le
premier président du Parlement.
Ouverture des États par le duc de Verneuil, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 8 février 1676.)
La maîtrise des eaux & forêts de Saint-Pons est transférée à
Saint-Amans.
Suppression de la commission de 1662 pour la réforme de l'admi-
nistration des communes. — Les commissaires du roi & des
États sont chargés de la vérification des rôles des impôts de
chaque commune. — Les frais des appels d'élections consulai-
res en Languedoc sont rejetés sur les appelants. — M. de Gra-
mont prend place aux États comme baron de Lanta.
Addition au règlement des États pour les vicaires généraux &
envoyés des barons.
Dix communes d'Albigeois sont condamnées à payer au fermier
du domaine la moitié du droit de pezade.
Première délibération du conseil de ville de Montpellier pour la
conduite des eaux de Saint-Clément sur la place du Peyrou.
Etablissement de l'hôpital général de Montauban.
Les nouveaux convertis de Languedoc sont déclarés exempts des
charges de séquestres, tuteurs, curateurs & commissaires,
pendant les trois années qui suivront leur abjuration.
CHRONOLOGIE. 25
1676, 23 novembre . Ouverture des Etats par le comte du Rourc, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 8 février 1677.)
i677> 9 J3'ivier . . . ■ Les Etats consentent à la levée d'un régiment de dragons.
2 avril Adjudication à Riquet des travaux du port de Cette, de l'étang
de Thau & des canaux du Rhône.
17 novembre . Ouverture des Etats par le duc de Verneuil, dans la chapelle des
pénitents noirs de Pézénas. (Clôture le i5 janvier 1678.)
19 novembre . Le marquis de Saint-Point prend place aux Etats comme baron
de Sénaret, en Gévaudan.
5 décembre , Le cardinal de Bonsy consacre l'évéque de Saint-Papoul, dans
l'église des cordeliers de Pézénas, en présence des États.
1678, i5 janvier ... Le bureau de franc-fief de la généralité de Toulouse décharge
des taxes les habitants de la terre privilégiée de Mirepoix.
25 janvier ... La vérification des dettes des communes est rendue aux commis-
saires du roi & des Etats.
8 mars La Cour des aides de Montpellier autorise la ville de Castres à
prohiber l'entrée du vin étranger.
28 avril Les députés du pays de Vivarais tiennent une assemblée extraor-
dinaire à La Voulte.
mai Etablissement de l'hôpital général de Montpellier.
18 juillet .... Ordonnance de l'intendant d'Aguesseau pour la conservation des
grands chemins.
17 novembre. Ouverture des Etats par le marquis de Calvisson, à l'hôtel de
ville de Montpellier. (Clôture le 19 janvier 1679.)
5 décembre . Règlement sur les fonctions des lieutenants généraux dans la
Province.
7 décembre . Le sieur de Gramont est reçu aux Etats comme baron de Lanta.
1679, 18 janvier ... Le pape Innocent XI reproche à l'archevêque de Toulouse ses
procédés à l'égard des religieuses de Sainte-Claire.
19 janvier . . . Emprunt de 3ooooo livres pour les travaux du canal.
mars Translation du monastère de Salenques à Toulouse.
avril Règlement pour le serment des archevêques & évêques reçus au
Parlement de Toulouse.
juillet -*• La Chambre de l'édit de Castelnaudary est supprimée.
25 septembre. Le Conseil d'Etat casse les délibérations des Etats de Vivarais.
9 octobre Le Conseil d'Etat casse les délibérations de l'assemblée de La
Voulte.
5 novembre . L'exercice du culte réformé est autorisé à Portet, avec réserves.
20 novembre . Les protestants sont exclus du consulat & du conseil politique
d'Anduze.
27 novembre . Ouverture des États par le duc de Verneuil, dans la chapelle des
pénitents noirs de Pézénas. (Clôture le i5 janvier 1680.)
29 novembre . Le marquis de Polignac prend place aux Etats comme baron de
Châteauneuf de Randon, en Gévaudan.
5 décembre .-rLe roi ordonne la mise eu état des chemins de Limoux & Mire-
poix à Montlouis.
26 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
1679, 14 décembre . Les Etats accordent une subvention annuelle de 400 livres à
l'académie de peinture, gravure, sculpture & architecture de
Montpellier.
1680, janvier Erection de la baronnie de Rouairoux avec entrée aux Etats,
à la place de Servies,
février Erection du marquisat de Puivert.
18 mars Querelle à l'Assiette du diocèse de Mirepoix, à Fanjaux, entre
l'évèque & le marquis de Mirepoix.
2 avril Etablissement d'une subvention à Narbonne.
1" octobre . . . Mort de Riquet.
7 novembre . Ouverture des États par le marquis de Monfanègue, à l'hôtel de
ville de Montpellier. (Clôture le 22 décembre.)
9 novembre . Le marquis de Caylus est reçu aux États comme baron de Rouai-
roux.
14 décembre . - Le roi demande un nouvel emprunt de 400000 livres pour les
travaux du canal.
19 décembr . Règlement des États pour l'entretien des ponts à construire sur
le canal de Languedoc.
1681, 24 février Arrêt du Conseil d'État ordonnant la démolition du temple de
Saint-Hippolyte.
avril Union du collège des jésuites de Toulouse à l'Université. —
Règlement de l'hôpital général de Toulouse.
2 mai D'Aguesseau, La Feuille & le père Mourgues partent de Béziers
pour visiter à sec le canal de Languedoc.
i5 mai Premier essai de navigation sur le canal de Languedoc.
mai Érection du marquisat de Montégut.
23 septembre. Campredon, ministre du Pont de Larn, est condamné à l'amende
pour avoir prié à haute voix & devant témoins pendant l'ago-
nie d'un enfant d'Aumontel.
20 novembre . ^Ouverture des États par le duc de Verneuil, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 19 janvier 1682.)
1" décembre . Le Conseil d'État règle la composition du conseil politique de
Rabastens.
11 décembre . Le Parlement de Toulouse condamne les réformés de Caraman à
céder leur cimetière.
12 décembre . Le Parlement de Toulouse condamne le consistoire protestant
de Montpellier à céder à l'hôpital toutes les donations ou legs
faits en faveur des pauvres réformés.
17 décembre . Les États accordent une subvention de i 5oo livres à l'académie
d'équitation de Carcassonne.
29 décembre . > Le Parlement de Toulouse défend l'exercice du culte réformé
dans les temples éloignés de moins de cent pas des églises
paroissiales.
1682, 29 mai Le duc du Maine nommé gouverneur de Languedoc. — Le duc
de Noailles nommé pour trois ans commandant en chef en
Languedoc.
CHRONOLOGIE.
27
1682, i3 juillet.... L'exercice du culte réformé est interdit à Saint-Amans & La
Bastide.
l" août Concession au duc de Vendôme d'un pont de bateaux à cons-
truire sur le Rhône, entre Beaucaire & Tarascon.
août Le Conseil d'Etat ordonne de démolir le temple de Caraman.
août Création de l'académie royale de Nimes. — Union du prieuré do
Saint-Priest au séminaire de Mende.
3 septembre. Les consuls de Montpellier achètent aux professeurs en droit les
collège & maison de Sainte-Anne, pour y installer les officiers
du petit scel.
septembre.... Lettres patentes confirmant les statuts de la communauté des
fabricants & ouvriers en étoffes de soie de Nimes.
16 octobre ... Le Parlement de Toulouse interdit le culte protestant h Mont-
pellier.
22 octobre . . . Ouverture des États par le duc de Noailles, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 12 décembre.)
24 octobre... Philippe de Beaufort, marquis de Canillac, prend place aux
Etats comme baron de Canillac, en Gévaudan.
16 novembre . Le Parlement de Toulouse interdit l'exercice du culte réformé à
Montpellier & ordonne la démolition du temple.
2 décembre . Démolition du temple de Montpellier.
7 décembre . Les Etats font célébrer un service funèbre en l'honneur du duc
de Verneuil, dans l'église Notre-Dame des Tables de Mont-
pellier.
i683, 29 mai
II juillet . . ,
18 juillet . .
19 juillet . . ,
29 juillet . . . .
6 septembre.
26 septembre.
27 septembre.
7 octobre . . .
20 octobre . . .
23 octobre . . .
28 octobre . . .
22 novembre .
Ordonnance de M. de Froidour, portant translation à Mazamet
du siège de la maîtrise particulière des eaux & forêts de
Castres.
Assemblée des protestants à Saint-Hippolyte.
Assemblée des protestants du 'Vivarais.
La baronnle de Saint -Félix est vendue par Riquet fils à
M. de Mongeix.
Assemblée protestante à Chalencon.
Assemblée des protestants des Cévennes à Colognac.
Le duc de Noailles attaque les protestants attroupés de Vivarais
sur la montagne de l'Herbasse. — Combat de Pierrcgourde,
en Vivarais.
Démolition du temple de Chalencon.
Ouverture des États par le duc de Noailles, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 23 novembre.)
Supplice d'Isaac Homel, pasteur de Soyon, en Vivarais, exécuté
à Tournon.
Les Etats font célébrer, dans l'église Notre-Dame des Tables de
Montpellier, un service funèbre en l'honneur de la reine
Marie-Thérèse.
Entrée des dragons à Nimes & à Uzès; mesures d'intimidation à
l'égard des protestants.
Avis des États pour déterminer les conditions de nobilité des
terres en Languedoc.
28 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1684, 26 juin Jugement de l'intendant de Languedoc, condamnant à mort par
contumace les ministres Icard, Peyrol & Laborie, & pronon-
çant diverses peines contre neuf autres ministres.
3 juillet .... Trois ministres des Cévennes sont condamnés à être roués vifs
& dix à être pendus.
J^ juillet L'exercice public du culte réformé est interdit à la Salle, Saint-
Roman, Gros, Colognac, Manoblet & Valestalières, & les
ministres de Molezon, Genouillac, Barre, Saint-Etienne,
Saint-Germain, Saint-André & le Pompidou sont décrétés de
prise de corps.
3i juillet .... L'exercice public du culte réformé est interdit à Mazamet.
12 septembre. Règlement pour l'élection du syndic diocésain d'Uzès : il doit
être nommé à la pluralité des suffrages & alternativement
agréable à l'évêque & au comte du Roure.
g octobre . . . Déclaration du roi, réglant les maximes sur lesquelles les biens
de Languedoc doivent être reconnus nobles ou roturiers.
II octobre... La baronnie de Couffoulens est cédée par M'"" de Calvière au
marquis de Murviel, en échange de la terre d'Assas.
3o octobre... Lettre de cachet reléguant à Toulouse le sieur del Giargues,
gentilhomme protestant de Vivarais.
27 novembre . Le droit d'entrée aux Etats est rendu à la terre de Couffoulens.
i685, 5 mars L'académie protestante de Puylaurens est supprimée par arrêt
du Conseil d'Etat,
mars Édit réglant les droits des seigneurs péagers le long du canal de
Languedoc.
3o avril Interdiction du culte réformé à Uzès.
21 mai Condamnation du temple de la Crouzette (Castres).
28 mai Condamnation du temple de Saint-André (Lodève).
8 juin Condamnation des temples de la Gorce & Salavas, en Vivarais.
25 juin Arrêt du Conseil d'Etat, ordonnant aux conseillers protestants
du Parlement de Toulouse de se dessaisir de leurs charges
dans trois mois. — Condamnation du temple de Portet.
3q juillet .... L'exercice public du culte réformé est interdit à Nimes. — Con-
damnation des temples de Saint-Martin de Bobaux, Saint-
Flour de Pompidou & Bédarieux.
■7 août Impôt diocésain pour la construction d'une église cathédrale à
Montauban.
i3 août Commissions royales rappelant d'Aguesseau au Conseil d'Etat &
nommant Lamoignon de Bâville à l'intendance de Languedoc.
9 septembre. Le Conseil d'État ordonne la démolition du temple de Puylau-
rens & l'emploi des matériaux à la reconstruction de l'église
catholique.
l5 septembre. Ordonnance du roi, donnée à Chambord, prescrivant à tous les
protestants qui étaient venus s'établir à Toulouse d'évacuer
cette ville dans le délai de huit jours. — Le Conseil d'Etat
décide que les hommages des fiefs de dignité de Languedoc
seront reçus par la Cour des comptes de Montpellier.
22 septembre. Le débit du sel de Peccais est interdit dans le haut Languedoc,
CHRONOLOGIE. 2C)
sous peine d'amende & de confiscation. — Le marquis de
Montanègue, lieutenant de roi, fait fermer le temple de
Nimes.
1685, 23 septembre. Le temple d'Alais est fermé.
6 octobre . . . Condamnation du temple de Lunel.
25 octobre . . . Ouverture des Etats par le duc de Noailles, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le lo décembre.)
27 octobre... Le marquis de Saint-Point prend place aux États comme baron
de Sénaret, en Gévaudan, Alexandre de La Tude comme baron
de Ganges, & le marquis de Murviel comme baron de Couf-
foulens.
29 octobre... Nouveaux règlements pour l'ordre & la discipline des États. —
Règlement pour les évèques & barons qui ont droit d'entrer
aux Etats.
octobre Révocation de l'édit de Nantes.
25 novembre f Le roi confisque l'artillerie municipale de Toulouse.
I" décembre . Les Etats votent l'imposition annuelle de 20000 livres pendant
cinq ans, pour la construction du pont de Coursan & des
chaussées de Montagnac.
4 décembre . Les États accordent 6000 livres aux jésuites de Montpellier,
pour la construction de leur église.
7 décembre . Le Conseil d'État termine en faveur du Parlement de Toulouse
\x\\ conflit de juridiction avec celui de Grenoble, relativement
au procès des îles de Donzère.
1686, 5 février.... La marquis de la Trousse, commandant en Languedoc, prescrit
une recherche à domicile de tous les livres appartenant aux
nouveaux convertis.
19-20 février." Assemblée protestante nocturne, surprise dans les Céveniies,
entre Durfort & Saint-Félix.
12 mai Suppression de l'institut des filles de l'Enfance, par arrêt du
Conseil d'État.
i3 mai Règlement des dépenses de la ville de Montpellier.
2 juillet .... Arrêt du Conseil, autorisant la construction d'un canal de jonc-
tion entre la robine de Narbonne ik le canal de Languedoc.
août Érection du marquisat de Villeneuve la Crémade.
17 octobre... • Ouverture des États parle duc de Noailles, dans la grand'salle
des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 2 décembre.)
19 octobre... Le marquis du Tournel prend place aux États comme baron du
Tournel, en Gévaudan, & le marquis de Foix comme baron
de La Gardiole.
octobre Troubles du Vigan.
7 décembre . Ordonnance du roi, cassant une délibération de l'hôtel de ville
de Toulouse,
décembre .... Edit pour l'amortissement des biens communaux en Languedoc.
1687, mars Erection du marquisat de Fourquevaux.
i" mai M. de Morant nommé premier président du Parlement de Tou-
louse.
3o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1687, i5 juillet Lettre de reproches du pape Innocent XI à l'archevêque de
Toulouse-
juillet Les Etats de Languedoc rachètent au comte d'Armagnac le privi-
lège des litières.
29 septembre. Le Conseil d'Etat donne la préséance à l'archevêque de Tou-
louse sur celui d'Albi dans l'assemblée des Etats.
29 octobre... Ouverture des Etats parle duc du Noailles, dans la grand'salle
des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 11 décembre.)
3i octobre . . . François de Vabres prend place aux Etats comme baron de Cas-
telnau d'Estrètefonts.
octobre Etablissement de l'hôpital général de Carcassonne.
i3 novembre . Règlement pour les fils des barons.
25 novembre . Le Parlement de Toulouse est maintenu au droit de connaître
des contestations en matière d'impôts dans le pays de Foix.
l5 décembre . L'intendant promet une prime à quiconque livrera des guides
ou complices de religionnaires fugitifs.
1688, 10 février.... Les commissaires du roi réunissent la baronnie de Saint-Félix
au domaine, à titre d'assisej origine d'un procès qui dure
vingt ans.
juin Voyage de Bâville à Toulouse, où il séjourne quinze jours.
2 août Arrêt du Conseil d'Etat, portant règlement des assemblées de
l'hôtel de ville de Toulouse,
septembre. . . . Lettres d'amortissement des biens de la ville de Montpellier.
25 octobre... Ouverture des États par le duc de Noailles, dans la grand'salle
des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 11 décembre.)
26 octobre ... Le comte de Grizac prend place aux Etats comme baron de Flo-
rac, en Gévaudan.
1689, 29 mars Le Conseil d'État défend aux officiers de la temporalité de l'ar-
chevêché de Narbonne & autres bannerets de connaître du
fait des tailles & des contestations entre les collecteurs & les
taillables.
23 mal Prise de Campredon par le duc de Noailles.
7 juin Établissement d'un droit de subvention à Gignac.
12 juillet - Établissement d'un droit sur les huiles étrangères importées en
Languedoc.
août Union de trois chapellenies au collège des jésuites de Nimes.
7 novembre . Ouverture des États par le duc de Noailles, dans la grand'salle
des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 19 décembre.)
2 décembre . Traité entre les commissaires du roi & des États pour l'emprunt
d'un million, destiné aux travaux du canal.
1690, 23 février Règlement pour l'Université de Toulouse.
28 mars Règlement général pour l'adjudication des biens abandonnés
dans les communes de Languedoc.
20 septembre. Arrêt du Conseil d'État concernant la perception des tailles.
25 octobre . . . Ouverture des États par le duc de Noailles, à l'hôtel de ville de
Montpellier, (Clôture le 16 décembre.)
CHRONOLOGIE. 3i
1690, octobre \ Création d'un office de garde des archives dans chaque commune
de Languedoc.
novembre.... Edit sur la compétence des juridictions de Languedoc. — Edit
portant création d'offices en la Cour des comptes de Mont-
pellier. — Les affaires des domaines & la réception des aveux
& dénombrements sont attribuées à la Cour des comptes, aides
& finances de Montpellier.
i3 décembre . Accord entre les commissaires du roi & de la Province pour les
travaux du port de Cette.
1691, 9 janvier . . . < Défense est faite aux habitants du haut Languedoc d'user d'autre
sel que de Peiriac, Mandirac & Sigean.
avril Création d'amirautés dans la province de Languedoc.
1 1 juillet .... Le duc de Noailles prend la Seu d'Urgel.
20 août Arrêt du Conseil d'Etat concernant la levée des tailles.
28 août La saisie des bestiaux est interdite en Languedoc.
29 octobre . . . Ouverture des Etats par le duc de Noailles, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le i5 décembre.)
30 octobre ... Le marquis de Polignac prend place aux Etats comme vicomte
de Polignac.
l3 décembre .L'intendant ordonne le défrichement de la montagne de Saint-
Amans, pour y empêcher les assemblées protestantes.
1692, février Suppression des amirautés de Toulouse & de Frontignan.
septembre.... Confirmation du privilège de noblesse des capitouls de Tou-
louse.
20 novembre . Ouverture des Etats par le comte de Peyre, dans la chapelle des
pénitents noirs de Pézénas. (Clôture le 16 janvier 1693.)
i3 décembre . Réclamation des États contre l'édit de novembre 1690.
1693, janvier Les assemblées diocésaines de Languedoc sont maintenues au
droit d'élire leurs syndics,
mars Les biens de l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier sont désunis
de l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel & de Saint-Lazare,
avril Les nobles de Languedoc sont déchargés des offices créés pour
l'arrière-ban. — Etablissement d'un hôpital général à Saint-
Didier en Vêlai.
9 juin Prise de Roses par le maréchal de Noailles.
24 juillet .... Le grand maître des eaux & forêts ordonne aux riverains du
Girou d'élargir le lit de cette rivière.
août Edit pour l'affranchissement des failles en Languedoc.
6 octobre . . . Etablissement d'une subvention à Lunel pour le rachat des cen-
sives, lods & ventes du domaine.
19 novembre. Ouverture des Etats par le marquis de Calvisson, à l'hôtel de
ville de Narbonne. (Clôture le 23 janvier 1694.)
1694, 2 juin La Cour des aides de Montpellier règle les droits à payer pour
la confection du papier terrier.
21 juin Arrêt du Conseil portant que, suivant l'usage du Languedoc,
32 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les collecteurs des tailles doivent être préférés à tous autres
créanciers.
1694, 3o juin Le sieur de Marliave, acquéreur de l'office de maire d'Albi,
cède la mairie à l'archevêque Le Goux de la Berchère, au prix
de 3oooo livres.
Juin Établissement de l'hôpital du Puy en Vêlai. — Lettres patentes
confirmant les bulles d'érection de l'évêché d'Alais. — Erec-
tion de la terre de Tornac en baronnie des Etats.
i3 juillet .... L'office de maire d'Albi est uni à l'archevêché.
29 juillet .... Prise de Girone par le maréchal de Noailles.
juillet Établissement de l'hôpital général d'Albi.
17 août Confirmation du franc-alleu de Languedoc : le Conseil d'État
décide que les possesseurs de fonds roturiers en Languedoc
les possèdent allodialement, sauf production de titres contrai-
res, & maintient les possesseurs de fîefs nobles de l'ancienne
sénéchaussée de Toulouse dans l'exemption des droits de lods
& autres profits de fiefs aux mutations.
4 octobre . . . Règlement du Conseil d'État pour la direction de l'hôpital Saint-
Eloi de Montpellier.
25 novembre . Ouverture des États par le comte du Roure, à l'hôtel de ville de
Narbonne. (Clôture le 19 janvier 1695.)
27 novembre . Le comte de Calvisson est reçu aux États comme baron de Cal-
visson. — Le comte du Tournel prend place aux Etats comme
baron du Tournel, en Gévaudan. — Le marquis de Tornac
prend place aux États comme baron de Tornac.
10 décembre . La proposition d'établir un impôt de capitation est faite aux
États de Languedoc.
i6o5 25 janvier ... Le Conseil d'État désigne les villes d'Alais, Anduze, le Vigan,
Sauve & Sainl-Hippolyte pour la tenue de l'Assiette diocésaine.
22 avril Union des maladreries de Castanet & Portet & des hôpitaux de
Pibrac & d'Escalquens à l'hôpital de Castanet.
avril Édit réglant la compétence de l'intendant de Languedoc dans les
matières d'administration provinciale.
10 juin Les maladreries de Baillargues, Fabrègues & Mauguio, & les
hôpitaux de Lattes, Castelnau, Le Crès ik Saint-Siméon de
Salafons sont unis à l'hôpital général de Montpellier.
juillet Établissement de l'hôpital général des incurables de Toulouse.
3i août Le Conseil d'État défend aux agents du comte d'Armagnac de
troubler les entreprises de litières de Languedoc à Paris.
10 septembre. L'hôpital de Sainte-Radegonde & les maladreries d'Arnaud-Ber-
nard, de Saint-Cyprien & de Saint-Michel sont unis à l'hôpi-
tal des incurables de Toulouse.
septembre.... Érection de la baronnie du Roure, en Gévaudan, avec entrée
aux États, à la place de Chàteauneuf de Randon.
19 octobre . . . Ouverture des États par le comte de Peyre, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 24 décembre.)
22 octobre ... Le marquis de Bouzols prend place aux Etats comme baron d'Aps,
ik le marquis de Mériuvillc comme baron de Ricux.
CHRONOLOGIE. 33
1690, 24 octobre... Le comte du Roure prend place aux Etats comme baron du
Roure, en Gévaudan.
12 décembre . Le bailliage de Gévaudan obtient le pouvoir de juger en dernier
ressort la compétence du prévôt des maréchaux.
1696, mars Union des maladreries & de l'hôpital d'Albi.
22 avril j^ La maladrerie de Villefranche de Lauragais est unie à l'hôpital.
8 mai La Province obtient rang de créancier privilégié sur les offices
de receveurs des tailles.
niai Création des offices de prévôts diocésains.
juin Union des hôpitaux de Miramont & du Vernet à celui de Murer,
— de Bouloc, Saint-Alban, Castelginest, Gargas & Vacquiers
à celui de Castelnau d'Estrètefonts, — du Bourg Saint-Ber-
nard à celui d'Auriac, — de Saint-Sulpice de la Pointe, Bes-
sières & Montastruc à celui de Verfeil. — Union de la maison
Saint-Lazare de Baziége à l'hôpital du lieu. — Le marquis
d'Ambres achète le domaine de Giroussens.
îi septembre. Henri-Jules de Bourbon, prince de Conti, obtient le comté
d'Alais, en suite d'un acte de partage.
octobre -^ Création de la manufacture de la Trivalle.
i5 novembre. Ouverture des Etats par le marquis de Calvisson, à l'hôtel de
ville de Montpellier. (Clôture le 22 janvier 1697.)
26 novembre. Les Etats nomment Claude-Gilles Lecamus inprimeur de la
Province.
3i décembre . Les Etats réclament contre l'application de la coutume de Paris
aux fiefs de Languedoc, non compris dans les inféodations de
Simon de Montfort.
1697, 3o avril Déclaration du roi, portant règlement pour le payement des
dettes diocésaines & communales en Languedoc. — Règle-
ment pour les affaires des communes de Languedoc.
avril Erection du comté de Brassac.
12 août Organisation du conseil politique de Béziers.
août Approbation des statuts du chaiiitre Saint-Sernin de Toulouse.
22 octobre ... Le Conseil d'Etat maintient aux consuls de Montpellier la con-
naissance des affaires de police en première instance. — Rè-
glement du Conseil d'Etat pour la fabrication des draps du
Levant.
octobre Privilège accordé à Chamberlin, pour l'établissement d'une
fabrique de filelles d'étoffes appelées Maroc.
20 novembre . Ouverture des Etats par le comte du Roure, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 27 janvier 1698.)
23 novembre . Déclaration du roi portant défense aux protestants de Langue-
doc de s'établir à Orange.
1698, 10 février.... Le Conseil d'Etat fixe dans la ville d'Alais la tenue annuelle de
l'Assiette diocésaine.
5 mai Le roi fait dou aux habitants de Revel de l'emplacement du
'temple pour y construire une église.
XIII. 3
34 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1698, i'' juin Incendie de l'église de Lauuaguet, près Toulouse.
i3 juin Union de la maladrerie de Montpezat à l'Hôtel-Dieu de Soni-
mières.
16 octobre Les jésuites établissent trois chaires de théologie au Puy.
OLtobre Etablissement de l'hôpital général de Pézénas.
4 novembre . Le ministre Claude Brousson est condamné à mort.
20 novembre . Ouverture des Etats par le comte de Peyre, à l'hôtel de ville de
Narbonne. (Clôture le 10 janvier 1699.)
1C99, février Union de la mairie de Monestier à l'archevêché d'Albi.
14 avril La commune de Lunel emprunte pour racheter la baronnie de
Lunel, acquise par M. de Calvisson.
4 mai Tous les propriétaires de biens roturiers sont soumis à l'imposi-
tion des gages des maîtres & maîtresses d'école.
1 1 août Arrêt du Conseil d'Etat, concernant la levée des tailles.
17 octobre... Règlement pour la culture & l'apprêt du pastel en Languedoc.
18 novembre. Ouverture des Etats par le marquis de Calvisson, à l'hôtel de
ville de Montpellier. (Clôture le iZ janvier 1700.)
1700, 25 janvier ... Le duc d'Uzès est débouté de sa prétention d'entrer à l'Assiette
diocésaine.
4 mars Arrêt de la Cour des comptes de Montpellier, réglant la percep-
tion des droits forains sur les eaux-de-vie.
22 mars Le Conseil d'Etat ordonne que la place de premier consul de
Montpellier sera toujours remplie par un gentilhomme ou
noble faisant profession des armes.
3o mars Les communes de Languedoc sont autorisées à faire des imposi-
tions ou des emprunts pour rembourser les acquéreurs d'offices
municipaux.
ninrs » Suppression des offices de commissaires enquêteurs & examina-
teurs en Languedoc. — Edit supprimant les offices de substi-
tuts des avocats & procureurs du roi dans les juridictions
subalternes de Languedoc & attribuant aux substituts des
Cours supérieures les fonctions d'adjoints aux enquêtes.
10 mai Le Conseil d'État déclare l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier
purement régulier & hospitalier.
17 juin La baronnie de Montlor est vendue par le prince d'Harcourt au
marquis de Vogué.
9 juillet Le Parlement de Toulouse défend de siffler à l'opéra.
27 juillet .... Arrêt du Conseil d'État, réglant la fonction des prévôts diocé-
sains de Languedoc & le commandement des maréchaussées
en l'absence du prévôt général.
7 septembre. Les Etats de Languedoc sont autorisés à nommer tous les ans un
marchand pour entrer au conseil de commerce.
2 octobre ... Le Conseil d'État casse un arrêt de la Cour des comptes de
Montpellier & lui défend de connaître des ordonnances de
l'intendant.
9 novembre. Arrêt du Conseil d'État, déterminant l'application du droit de
franc-fief en Languedoc.
CHRONOLOGIE. 35
1700, 23 novembre. Le Conseil d'Etat défend à la Cour des aides de Montpellier de
connaître des indemnités accordées par les États à l'occasion
du canal de Languedoc.
25 novembre . Ouverture des Etats par le comte du Roure, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 10 janvier 1701.)
1701, février Arrêt du Conseil d'Etat, réglant le prix de la poudre & du ploml)
en Languedoc.
22 mars Le Conseil d'Etat ordonne la remise aux archives de la Chambre
des comptes de Montpellier des titres recueillis dans les archi-
ves des sénéchaussées de Languedoc & en retient un certain
nombre pour le trésor des chartes.
3o mars Règlement des préséances entre les officiers royaux & les consuls,
dans les assemblées & cérémonies publiques.
avril Louis de Beaumont obtient le monopole de la glace en Lan-
guedoc.
3 mai Les communes do Languedoc sont autorisées à rembourser les
offices d'assesseurs des maires.
14 mai Le commerce des blés de Languedoc est déclaré libre, & l'entrée
de la Province défendue aux blés étrangers.
17 mai Règlement pour les vins de Languedoc voitures à Bordeaux.
Si mai Le Conseil d'Etat ordonne l'élargissement du Girou & de ITtcrs.
5 juillet .... Suppression des offices de contrôleurs aux saisies réelles.
14 juillet .... Règlement dressé par la Cour des aides de Montpellier pour la
commune de Grisolles.
16 août Le Conseil d'Etat ordonne que les adjudications d'ouvrages
publics payés par la Province seront faites par les commis-
saires du roi 8c par ceux des Etats. — Le Conseil d'État per-
met d'entreposer les denrées & marchandises au port de Cette
& d'y convertir les vins en eau-de-vie, sans payer aucun droit
de sortie.
3i août ' Ouverture des États par le comte de Peyre, à l'hôtel de ville de
Carcassonne. (Clôture le 24 octobre.)
9 septembre. Supplice du prédicant Daniel Raoul, de Vagnas.
14 septembre. Assemblée protestante surprise au creux de Vaie, près les Ou-
lières, en Vivarais.
3 octobre... 4 Défense est faite aux gouverneurs d'assister aux assemblées des
hôtels de ville & de s'immiscer dans les élections consulaires
& autres affaires des communes.
6-7 novembre. Assemblée protestante surprise à Tornac, dans les Cévennes,
pendant la nuit.
20 décembre . Le Conseil d'État règle la levée des taxes de la capitation en
Languedoc.
1702, janvier Concession au duc de Noailles des travaux de dessèchement des
marais du bas Languedoc, & de l'établissement d'un canal entre
Aigues-mortes & Beaucaire.
14 mars Le monopole de la glace est suspendu pendant la durée de la
foire de Beaucaire.
36
1702,
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
i5 mars ^ Les droits de sortie sur les fers de Languedoc transportés en
Provence sont rétablis d'après l'ancien tarif de la foraine.
22 mars Surprise d'une assemblée protestante dans les garrigues de Vau-
vert.
5 avril Gouze, de Pignan, est pendu à Villemagne, pour avoir assisté à
une assemblée protestante.
22 avril Supplice de Montbonnoux, de Bernis, pendu pour avoir assisté
à une assemblée protestante.
9 mai y L'établissement d'entrepôts particuliers est autorisé sur les bords
du canal de Cette aux étangs, ainsi que la fabrication de l'eau-
de-vie.
ij mai La Cour des aides de Montpellier liquide à 21992 livres les
arrérages des tailles dus pour la terre de Rieux par la succes-
sion de la comtesse de Mérinville.
mai Création des offices de conseillers de ville, auditeurs, exami-
nateurs & rapporteurs des comptes d'impositions en Lan-
guedoc.
Le règlement de préséance du 3o mars 1701 est déclaré applicable
aux officiers des justices seigneuriales.
Débordement du Sor qui détruit nombre de maisons & de mou-
lins & ravage un vaste terroir.
Addition au règlement pour l'administration des biens abandon-
nés dans les communes de Languedoc.
Surprise d'une assemblée protestante à Peyremale des Cévennes;
le prédicant y est tué.
Ordonnance de l'intendant, réglant la marche des officiers
royaux & des maires & consuls dans les processions.
Arrêt du Conseil d'État, concernant le passage des carrosses &
des charettes sur le pont Saint-Esprit.
Assemblée protestante sur la montagne du Bougés.
Assassinat de l'abbé du Chayla, au Pont de Montvert, & du curé
de Frugères.
Incendie de l'église de Saint-André de Lancise; assassinat du
curé & du maître d'école.
Massacres, pillage, incendie au château de La Cam de Ladevèze.
Combat de Fontmorte, près Florac.
Supplice d'Esprit Séguier, de Nouvel & de Bonnet, premiers chefs
des attroupés des Cévennes.
Assassinat de M. de Saint-Cosme, sur la route de Vauvert à Cou-
dougnan.
Le Conseil d'État casse un arrêt de la Cour des aides de Mont-
pellier & lui interdit toute connaissance de la capitation.
Supplice de Pierre Bousanquet, du Cayla, roué à Nimes.
Combat de Chanip-Domergues,
Défense est faite pour dix ans aux créanciers des communes &
aux collecteurs des tailles de faire saisir les bestiaux. — Dé-
fense d'établir des pêcheries dans les canaux faits par la pro-
vince de Languedoc. — Le Conseil d'État déclare que les ports
de Languedoc demeureront ouverts pour le commerce de la
12
juin
16
juin
27
juin
lui
n
8
juillet
17
juillet
23
juillet . . . .
24
juillet
25
juillet
27
juillet
jui
llet
12
août
i3
août
5
septembre.
7
septembre.
II
septembre.
3
octobre . . .
CHRONOLOGIE.
37
1702, 10 cctobre . , ,
17 cctobre . . ,
22 octobre . .
28 octobre . . ,
octobre
9 novembre ,
23 novembre .
novembre . . .
5 décembre
24 décembre
27 décembre
3i décembre
Province & que le munitionnaire des armées du roi aura la
condition des autres marchands étrangers.
Suppression de l'office de substitut de l'avocat & procureur du
roi au siège de Villeneuve de Berg.
Suppression de l'office d'enquêteur & commissaire examinateur
au siège royal d'Espéraza.
La Porte, chef camisard, est pris & tué à Montlezon.
Exposition de tètes de camisards à l'Esplanade de Montpellier.
Nouvel édit pour l'affranchissement des tailles en Languedoc.
Ouverture des États par le comte de Calvisson, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le i5 janvier 1703.)
Les officiers des maîtrises des ports de Languedoc sont mainte-
nus dans la fonction d'expédier les acquits, obligations &
décharges.
Incendies d'églises & de presbytères par la troupe de Cavalier.
Le roi d'Espagne passe à Montpellier. — Combat du bois de
Vaquières.
Combat dans les prairies d'Alais; défaite du chevalier d'Aiguines.
Roland & Cavalier occupent Sauve par surprise.
Onze curés se réfugient à Saint-Hippolyte.
1703, 12 janvier... Combat du Val de Bane ; défaite du comte de Broglie.
i3 janvier . . . Les camisards incendient le village de Pouls.
23 janvier . . . Surprise d'un convoi du' régiment de Marcilly.
26 janvier . . . Concentration des bandes de Castanet, de Joany & de Moulines
à Saint-André de Valborgne.
27 janvier . . . Roland incendie le château de Saint-Félix.
3o janvier ... Le maréchal de Montrevel nommé commandant en chef.
10 février.... Combat de Vagnas.
11 février Second combat de Vagnas, où Cavalier est défait. — Assemblée
de Vébron, où Castanet fait assister le baron de Saïgas.
17 février.... La bande de Joany occupe Genouillac; massacre des catholiques
dans les environs.
20 février. . . . Combat du Mas de Seirieres, près Nimes ; défaite de Ravanel.
23 février. . . . Ordonnance du roi contre les attroupements. — Ordonnance du
maréchal de Montrevel contre les camisards pris les armes à
la main.
24 février Ordonnance du maréchal de Montrevel contre les fanatiques.
■i5 février Le maréchal de Montrevel fait brûler le village de Marvéjols-
lès-Gardon.
4 mars Combat de Saint-Mamet.
6 mars Combat de Pompignan ; défaite des camisards.
l5 mars Les camisards brûlent l'église de Saint-Laurent d'Aigouse.
27 mars Enlèvement des habitants de Mialet par un détachement du
régiment de Hainaut.
I" avril Massacre des protestants assemblés au moulin du faubourg des
Carmes, près Nimes.
3 avril Règlement du Conseil d'Etat pour les visites des gardes des ga-
belles & la pénalité des faux-sauniers domiciliés en Languedoc.
38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1703, 10 avril Désarmement des protestanls de Nimes.
i3 avril .- Les blés de Languedoc sont déchargés des droits de sortie jus-
qu'au V juillet suivant.
17 avril Les quatre offices d'auditeurs des comjJtes créés à Toulouse sont
réunis au corps de ville.
21 avril Cavalier attaque un convoi d'argent entre Durfort & Anduze.
29-30 avril . . . Surprise nocturne des camisards à la tour de Billot, par le briga-
dier de Planque.
i" mai Bulle du pape Clément XI contre les camisards.
8 mai • Tous les propriétaires de biens roturiers sont soumis à l'imposi-
tion pour construction & réparation des églises & presbytères.
Tous les habitants de Languedoc, domiciliés ou forains, sont
soumis aux impositions faites pour la construction des églises,
cimetières & maisons presbytérales.
12 mai Arrestation du baron de Saïgas.
18 mai Combat de Brueis.
iç juin La province de Languedoc est déchargée du droit de banvin.
28 juin Le baron de Saïgas est condamné aux galères perpétuelles.
juin La reine Anne d'Angleterre envoie un émissaire dans les Cé-
vennes.
17 juillet Les communes de Languedoc qui ont acheté les cens & rentes
sont affranchies des droits de nouvel acquêt & d'amortissement.
27 juillet.... Combat de Serignac.
7 août Le syndic de la province de Languedoc est admis dans la
Chambre de commerce, pendant son année de députa tion à
la Cour.
14 août Les blés de Languedoc exportés à l'étranger obtiennent libre
sortie.
21 août Suppression des offices de conseillers de ville & auditeurs des
comptes en Languedoc. ■ — Suppression des offices d'auditeurs
des comptes communaux en Languedoc.
26 août Combat de la Combe de Bisoux, près Anduze.
28 août Arrêt du Conseil d'Etat, pour le creusement des rivières de
l'Hers & du Girou.
août Nombreuses exécutions capitales à Nimes.
1"^' septembre. Massacre d'un détachement du régiment de La Fare près Saint-
Hippolyte.
6 septembre. Lettre pastorale de Fléchier aux ecclésiastiques de son diocèse,
sur les désordres des camisards.
II septembre. Ordonnance du roi, défendant de circuler dans la Province sans
passeport.
14 septembre. Ordoiinance du maréchal de Montrevel pour la destruction des
paroisses condamnées dans les hautes Cévennes.
îo septembre. Ordonnance du maréchal de Montrevel, indiquant des villes do
retraite aux anciens catholiques des Cévennes pendant la dé-
vastation du haut pays.
22 septembre. Surprise de Saint-Cériez &; de Saturargues par les camisards.
26 septembre. Le maréchal de Montrevel part d'Alais pour commencer la dévas-
tation des hautes Cévennes.
CHRONOLOGIE. ^
1703, 29 septembre. Commencement de la dévastation des hautes Cévenues par le
brigadier Julien.
2-3 octobre . . Cavalier attaque Sommières pendant la nuit.
23 octobre... Révocation du privilège de Chamberlin pour les filelles do
Maroc, à cause de non-exécution d'engagements. — Règle-
ment des droits de la foraine & de la douane de Lyon sur l'eau
de la reine de Hongrie, l'eau de Cette, l'eau de thym, les sirojis
de grenade & autres liqueurs fabriquées à Montpellier.
28 octobre... Combat de Fan.
12 novembre . Combat de Nages.
23 novembre . Combat de Vergèse. — Assassinat de M"" de Miraman, sur un
grand chemin.
28 novembre . "Ouverture des Etats par le maréchal de Montrevel, à l'hôtel de
ville de Montpellier. (Clôture le 8 janvier 1704.)
I" décembre . Le comte de Florac prend place aux Etats comme baron du
Koure, en Gévaudan.
5 décembre . Le marquis de Saint-Sulpice est reçu aux États comme baron de
Castelnau de Bonnafous.
14 décembre . Fin de la dévastation des hautes Cévenues.
17 décembre . Combat des Roques d'Aubais.
20 décembre . Combat de Tornac.
29 décembre . Établissement d'une Chambre de commerce à Toulouse.
1704, i5 janvier ... Établissement d'une Chambre de commerce à Montpellier.
18 janvier ... Combat du pont de Vallongue.
30 janvier ... Les États accordent un secours de 6000 livres aux catholiques
des Cévennes.
3 février.... Traité entre les commissaires du roi & ceux des États de Lan-
guedoc pour l'affranchissement de 100 000 livres de tailles, au
prix de 1 200000 livres.
19 février.... Soulèvement en Vivarais. Incendies d'églises.
6 mars Supplice de la grande Marie, prophétesse des Cévennes, & du
camisard Jonquet. — Les protestants de Nimes présentent un
placet au maréchal de Montrevel.
i5 mars Combat des Devois de Martignargues; défaite des troupes de la
marine.
3o mars Le maréchal de Villars nommé commandant en chef en Lan-
guedoc.
i3 avril Cavalier occupe Saint-Génies.
16 avril Combat de Caveirac. — Combat de Nages. Défaite de Cavalier
par le maréchal de Montrevel.
18 avril Le maréchal de Montrevel quitte la Province.
19 avril Conjbat du bois d'Yeuzet.
20 avril Arrivée du maréchal de Villars en Languedoc.
22 avril Les protestants de Nimes présentent une requête au maréchal
de Villars.
4 '"•■''' Commission du maréchal de Villars au baron d'AignlIiers.
12 niiii Conférence du pont d'Avènes, entre Cavalier & le marquis de
la Lande. — Combat de Fontmorte.
40 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1704, 16 mai Entrevue du maréchal de Villars & de Cavalier.
j^ mai Cavalier entre avec sa troupe à Calvissoii. — Reddition de Ca-
valier.
28 mai Soulèvement de Ravanel contre Cavalier.
29 mai Ordonnance du maréchal de Villars contre les assemblées.
3 juin Concentration des camisards soumis à Vallabrègues, dans une île
du Rhône.
10 juin L'importation en Vivarais des vins du Dauphiné, du comtat
d'Avignon & de la principauté d'Orange est interdite de])uis
la fête de Noël jusqu'aux vendanges.
15 juin Embarquement à Nice de secours destinés aux camisards par le
duc de Savoie.
ly juin Ordonnance du maréchal de Villars contre les parents des in-
soumis.
22 juin Départ de Cavalier pour Neu-Brisach.
26 juin L'escadre du duc de Savoie est dispersée par la tempête.
28 juin Enlèvement de familles des insoumis.
30 juin Le Conseil d'État interdit l'entrée des États de Languedoc aux
gentilshommes envoyés de la noblesse qui auront fait des con-
trats pour obtenir leur procuration.
16 juillet .... Attaque de Pont de Montvert par les bandes de Ravanel & de
Joany.
29 juillet .... Conférence du baron d'Aigalliers avec Roland, dans le château
de Durfort.
juillet Suppression de l'office de second président au bureau des finan-
ces de Toulouse.
14 août Roland est surpris & tué au château de Castelnau.
19 août Les trente-deux communes de Gévaudan brûlées par ordre du
roi sont déchargées de la taille & de la capitation pour les
années 1701, 1702 & 1708.
30 août Conférence du baron d'Aigalliers avec les camisards de Roland,
au château de Toi ras.
6 septembre. Soumission de Castanet, chef camisard.
14 septembre. Surprise des camisards de Ravanel dans les bois de Saint-Rénézet
& de Vaquières.
19 septembre. Soumission du camisard Catinat. — Assassinat du seigneur de
Saint-André de Valborgne.
23 septembre. Le baron d'Aigalliers, banni du royaume par lettre de cachet, se
retire à Genève.
25 septembre. Soumission du camisard Beulaygue de Rochegude.
3o septembre. Les communes brûlées de Gévaudan sont déchargées de la taille
& de la capitation pour l'année 1704. — Les États généraux
des Provinces-Unies autorisent l'envoi de loooo florins aux
camisards.
4 octobre... Le camisard Joany se rend avec sa troupe au marquis de la
Lande.
9 octobre ... Soumission des camisards La Rose, Valette, La Forêt, Salomon,
Moulières, Salles, Abraham & Marion.
11 octobre... Le Conseil d'Etat, cassant deux arrêts de la Cour des aides de
CHRONOLOGIE. 41
Montpellier, décharge les receveurs des tailles de l'obligation
de nourrir les collecteurs & cautions qu'ils auront fait empri-
sonner.
1704, II octobre... La Province obtient rachat du droit de deux deniers pour livre
sur la viande de boucherie.
16 octobre... Défense est faite aux trésoriers de France & aux officiers des
sénéchaussées de Languedoc de faire aucune poursuite pour
l'enregistrement des acquisitions du domaine & des provisions
d'offices.
18 octobre... Les habitants de Saint-Series & de Saturargues sont déchargés
de la taille de 1704.
20 octobre...- Règlement pour la fabrication des serges impériales en Lan-
guedoc.
21 novembre. Les biens incendiés de Saint-Etienne de Valfrancisque sont
déchargés de la taille.
4 décembre . Ouverture des Etats par le maréchal de Villars, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 19 février 1705.)
1705, 6 janvier ... Le maréchal de Villars quitte la Province.
i3 janvier ... Le maréchal de Berwick est nommé commandant en chef.
I" février.... Isaac Nolibé & Jacques Durant traitent avec cinquante potiers
de terre de Saint-Quentin Se de Saint-Victor des Ouïes, pour
établir le monopole de la poterie.
3 mars Le sieur de Pennautier est subrogé à la Province pour la levée
du droit de deux deniers sur la viande de boucherie.
17 mars Capture de Castanet dans les bois de Céze.
26 mars Supplice de Castanet, rompu vif à Montpellier.
Il avril / L'intendant annule les traités tendant à établir le monopole de
la poterie.
14 avril Rachat par les Etats de Languedoc, au prix de Sooooo livres, des
offices municipaux invendus, des taxes sur les arts & métiers
& cabaretiers & pour la confirmation de l'hérédité des offices,
& des essayeurs d'eau-de-vie.
19 avril Capture de Ravanel dans une maison de Nimes.
22 avril Supplice des quatre camisards Ravanel, Catinat, Jonquet & Vilas.
mai Suppression des offices de visiteurs des gabelles de Languedoc,
créés en décembre 1704, & rétablissement des anciens visiteurs
généraux & autres officiers des gabelles de la Province.
7 juillet .... Les marchands saleurs de Cette sont déchargés du droit de deux
sols pour livre, établi sur le prix du sel.
18 juillet .... Brillante retraite de M. de Caraman sur Louvain.
21 juillet Le Conseil d'Etat décide que les receveurs & collecteurs pour-
ront être contraints personnellement pour le paiement de la
capitation.
27 juillet . Dix-sept camisards se sauvent de la tour de Constance.
II août Le Conseil d'Etat décharge le diocèse d'Uzès des tailles & de la
capitation de Saint-Maurice de Ventalon, Castagnols & Bla-
naves, paroisses détruites & dépeuplées des hautes Cévennes.
25 août Les serges impériales de I-anguedoc à destination d'Espagne &
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1705, !"■'■ septembre.
4 septembre.
6 octobre . . .
17 octobre . . .
20 octobre . . .
d'Italie sont assimilées, pour la réduction des droits de sortie,
aux bayettes, sempiternes & anacostes.
La sortie des grains de Languedoc est autorisée jusqu'au i''' sep-
tembre 1706, sauf à destination des pays ennemis.
Le diocèse d'Uzès est déchargé de 5 000 livres pour la taille & la
capitation de particuliers ruinés par les camisards.
Les lieux de Saint-Sériès & de Saturargues sont déchargés de la
capitation de 1704 & 1705 & de la taille de 1705.
Les habitants de plusieurs communes de Vivarais sont déchargés
de la taille & de la capitation. — Plusieurs particuliers du
diocèse de Nimes sont déchargés de la taille de 1703 & 1704.
Les huiles employées aux manufactures de Toulouse & de Mont-
pellier sont déchargées du droit de six deniers pour livre. —
Le Conseil d'Etat ordonne aux propriétaires des salins de Lan-
guedoc de faire sauner leurs marais tous les ans. — Le Conseil
d'Etat déclare qu'il ne sera donné aucune permission de faire
des bourdigues & madragues sur les côtes de Languedoc.
Ouverture des Etats par le comte de Calvisson, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 8 février 1706.)
Vingt-sept communes du diocèse d'Alais, pillées ou brûlées pen-
dant la guerre des camisards sont déchargées d'une partie des
arrérages de la taille & de la capitation.
La Province est maintenue en la propriété du droit de deux
deniers sur la viande de boucherie.
Remise est faite de 60000 livres sur la capitation à plusieurs
communes des diocèses de Mirepoix, Narbonne, Saint-Pons,
Castres, Rieux, le Puy & Mende, atteintes par la grêle & la
gelée.
1706, janvier Débordement du Rhône; les salins de Peccais sont submergés.
23 février. . . . Rachat par les Etats de Languedoc, au prix de 700000 livres, des
offices de présidents des Assiettes, commissionnaires des rou-
liers, courtiers de change, de banque 8t de marchandises, com-
missionnaires des vins & eaux-de-vie, contrôleurs de voitures
contrôleurs des greffes de l'hôtel de ville, de l'écritoire & des
commissaires aux revues, de contrôleurs des huiles, des entrées
des eaux-de-vie & des vins & de contrôleurs des matériaux des
bâtiments. — Réduction du prix du sel dans le pays de Cor-
bières & autres lieux des diocèses de Narbonne, Alet, Limoux
, & Mirepoix.
3 mars Supplice de Salomon Couderc.
4 mai Remise est faite de 3974 livres sur la taille & la capitation de
particuliers des diocèses de Nimes, Alais & Lodève, incendiés
par les camisards.
l5 mai Le Parlement de Toulouse déclare meubles les rentes consti-
tuées à prix d'argent appartenant aux communes & aux parti-
culiers de la Province.
16 mai Ordonnance de Bâville pour la fabrication des étoffes dans les
Cévennes.
10 novembre .
17 novembre .
novembre ....
22 décembre .
CHRONOLOGIE.
43
1706, 18 mai Les communes de Virac, Gropière, Vagnas, Sampson, Franchas-
sis & Saint-Fortuiiat, en Vivarais, sont déchargées de la taille
& de la capitation de lyoS.
8 juin Le prédicant Nicolas Moyse est rompu vif à Montpellier.
22 juin Le Conseil d'Etat défend à la Cour des aides de Montpellier de
connaître des contestations qui arrivent sur le fait de l'entrée
aux Etats.
juin ^ Suppression des offices de lieutenant de maire & assesseurs non
vendus au 12 février 1704, des offices d'essayeurs d'eau-de-vie,
de consuls & capitouls perpétuels non vendus au i" février
i7o5j des offices de contrôleurs des poids & mesures, visiteurs
des porcs, trésoriers des communautés des marchands, arts 8c
métiers.
6 juillet La Cour des comptes de Montpellier déclare imprescriptible
l'étendue du taillable des communes & diocèses.
21 juillet .... Lettre pastorale de Fléchier sur la croix de Saint-Gervasi.
9 août Le Conseil d'Etat décide que le droit d'entrée aux États, attaché
à la baronnie de Rieux, sera compris dans la vente par décret
de ce domaine.
4 septembre. Arrêt du Conseil pour la réparation des chaussées des salins de
Peccais.
11 septembre. Le Conseil d'Etat, statuant sur l'affaire des marchands de Gi-
gnac, défend à la Cour des aides de Montpellier de connaître
des ordonnances rendues par l'intendant.
18 septembre. Ordonnance de Bâville, portant règlement pour la fabrication
des draps du Levant.
21 septembre. Les sommes dues encore à la Province pour fourniture de trans-
ports à la suite du roi d'Espagne, en 1702, sont portées en
déduction des versements à faire au trésor royal par le tréso-
rier de la bourse de Languedoc.
5 octobre . . . Remise est faite de 1 14783 livres sur la capitation aux communes
des diocèses de Narbonne, Agde, Béziers, Montpellier, Alais,
Uzès, Mende, Viviers & Alet, atteintes par la grêle & les
inondations.
12 octobre... Les communes de Languedoc sont déchargées des taxes du
sixième denier, de l'amortissement & du nouvel acquêt pour
les abonnements des censives, lods & autres droits seigneu-
riaux.
î6 octobre... Les vins & eaux-de-vie de Languedoc sont déchargés du quart
des droits de sortie & du droit de fret. — Les étrangers qui
viendront s'établir en Languedoc pendant vingt ans sont dé-
chargés du droit d'aubaine.
7 novembre . Le Conseil d'Etat déclare que les adjudications de biens aban-
donnés en Languedoc ne pourront être cassées par voie de
nullité, & décharge les adjudicataires des arrérages des tailles.
9 novembre . Validation des quittances d'affranchissement des tailles en faveur
de cinquante-deux fonds roturiers.
25 novembre . Ouverture des États par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 24 janvier 1707.)
44 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1706, 26 novembre. Le comte de Chadenac prend place aux Etats comme baron de
Chalancon, en Vivarais, & le comte de La Pare comme baron
de Tornac.
27 novembre . Le marquis de Mirepoix est reçu aux États comme baron de
Mirepoix.
1707, 26 janvier ... Le Conseil politique de la ville de Rieux est réduit à vingt-
quatre personnes.
9 mai Le marquis de Vogué obtient l'entrée aux assemblées générales
& Assiettes de Vivarais, comme bailli & commissaire ordinaire,
& il est exclu de toutes les autres assemblées du pays.
mai Grêles & inondations en Vivarais.
I" juin La Cour des comptes de Montpellier charge les juges royaux de
la recherche des contraventions en fait de contrôle.
2 juin La grêle ravage quinze communes du diocèse d'Alet.
4 juin La grêle ravage plusieurs communes du diocèse de Mirepoix.
14 juin Remise est faite de 5oooo livres sur la taille & la capitation aux
communes du Velai, grêlées ou inondées en 1706. — Arrêt du
Conseil attribuant à l'intendant la nomination des consuls &
collecteurs de Rieux, jusqu'à l'adjudication définitive du comté
saisi.
21 juin Le Parlement de Paris adjuge à Samuel Bernard la baronnie de
Rieux, avec l'entrée aux Etats.
3 juillet .... Orage de grêle dans le diocèse de Mirepoix.
12 juillet .... Autorisation à la Province d'emprunter un million à Gènes, par
l'intermédiaire de Jean-Baptiste Cambiazo, à sept & demi pour
cent. — Autorisation du traité fait par les États le 17 janvier
pour emprunter deux millions, au profit du roi, à la banque
de Saint-Georges de Gênes.
26 juillet .... Les blés de Languedoc destinés à l'exportation sont affranchis
des droits de sortie jusqu'au i" septembre 1708. — Les com-
munes de Languedoc sont déchargées de l'augmentation du
quart des octrois & subventions en payant looooo livres & les
deux sols pour livre.
2 août Le Conseil d'État renvoie à l'intendant la connaissance des mal-
versations commises dans la fourniture des étapes.
9 août Le droit d'entrée sur les dentelles du Velai dans l'étendue des
cinq grosses fermes est réduit à cinq sols par livre.
16 août Les communes de Saint-Sériès & Saturargues sont déchargées de
la moitié de la taille & de la capitation pour 1707.
3o août Déclaration du roi permettant aux communes de Languedoc de se
pourvoir parrequête civile contre tous arrêts donnés en matière
de nobilité, sans condition de délai ni consignation d'amende.
6 septembre. Remise est faite de'SSooo livres à trente-cinq communes du dio-
cèse de Narbonne, ruinées par les grandes pluies de l'hiver
précédent. — Les draps destinés au commerce du Levant sont
déchargés du droit prétendu par les marchands de Carcas-
sonne. — Remise est faite de i5ooo livres à vingt & une com-
munes du diocèse de Mirepoix, ravagées par la grêle.
CHRONOLOGIE.
45
1707, 10 septembre.
17 septembre.
27 septembre.
I" octobre . . .
10 octobre . . .
18 octobre . .,
i5 novembre ,
24 novembre
29 novembre .
6 décembre .
20 décembre ,
1708, 4 janvier . . ,
i3 janvier . . .
17 janvier . ..
Tous les possesseurs de biens roturiers, sans distinction, sont
déclarés soumis aux impôts faits dans les communes pour
recrues, armement des compagnies bourgeoises, réparations,
fortifications des portes & murailles, ustensiles & frais des
corps de garde.
Remise est faite de la somme de 5 000 livres aux communes
d'Agne, Azillanet, Cesseras & Olargues, ruinées par les pluies
d'hiver.
Arrêt du Conseil, permettant aux seigneurs de Languedoc de
faire procéder à la confection de leurs papiers terriers, après
avoir rendu hommage au roi.
Remise est faite de i5ooo livres à quinze communes du diocèse
d'Alet, ravagées par la grêle.
Le Conseil d'Etat déclare que les îles de Donzère font partie de
la province de Languedoc.
Règlement fait par le Conseil d'Etat pour le tirage de la soie en
Languedoc. — Le Conseil d'Etat ordonne le remboursement à
la Province des dépenses d'étape occasionnées par le passage
des troupes espagnoles en 1702. — Les vins & les eaux-de-vie
de Languedoc, à destination de France, sont déchargés des
droits attribués aux essayeurs & inspecteurs. — Les vins &
eaux-de-vie de Languedoc sont déchargés de la moitié des
droits de sortie & de fret. — La nomination du député de
Languedoc au Conseil de commerce est attribuée aux États.
— Le Conseil d'Etat casse la prohibition du vin étranger, por-
tée par la ville d'Annonay.
La réduction du prix du sel, accordée au pays des Corbières &
lieux voisins, est prorogée pour deux ans. — Les communes de
Languedoc sont déchargées du droit d'amortissement pour les
acquisitions qu'elles ont faites du domaine depuis l'année 1695.
Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 24 janvier 1708.)
Arrêt du Conseil d'Etat, portant que les possesseurs de biens
nouvellement assujettis à la taille payeront, par provision, sur
l'évaluation des experts nommés par les communes.
Remise est faite de 20000 livres à trente & une communes de
Vivarais, ravagées par la grêle & l'inondation.
Remise est faite de 6000 livres à quatorze communes du diocèse
de Carcassonne, désolées par les pluies.
Le Conseil d'Etat ordonne le rétablissement de l'hospitalité dans
la commanderie générale du Saint-Esprit de Montpellier &
maintient à cette maison la jouissance des revenus de celles
de l'Isle-en-Jourdain, Largentière & Mèze.
Condamnation, par jugement souverain de l'intendant, des con-
suls & du greffier consulaire de Mèze, pour malversations dans
les étapes & logements de troupes.
Rachat des offices de contrôleurs des tailles par les États de
Languedoc, au prix de 600000 livres.
46
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1708, 20 janvier
22 janvier
24 janvier
14 février
28 février,
27 mars.
14 avril.
avril.
i" mai.
l5 mai.
l5 juin
17
19
j6
17
23
uillet
uillet
uillet
18 août.
21 août.
Règlement fait par les Etats pour la levée de la capitation.
. . . Le Conseil d'Etat autorise l'acquisition du château de Ferrières
par les Etats de Languedoc.
Les États de Languedoc aliènent en faveur d'Alexis Sabatier, au
prix de 600000, deux deniers trois quarts pour livre de toutes
les impositions. — L'archevêque de Narbonne, Le Goux de la
Berchère, propose aux États de faire écrire l'histoire générale
de la province de Languedoc.
. . . Arrêt du Conseil pour le remboursement des offices de consuls
perpétuels de Lodève, Tournon, Saint-Hippolyte & Sigean.
Déclaration du roi, portant règlement sur la manière de pro-
céder à l'allivrement des biens sujets à la taille & sur la pré-
somption de nobilité. — Approbation de l'aliénation faite par
les États de deux deniers trois quarts pour livre des imposi-
tions. — Autorisation du rachat des offices d'inspecteurs des
bâtiments, fait par les États au prix de 33 000 livres.
. . . Le Conseil d'État casse un arrêt de la Cour des aides de Mont-
pellier & défend les visites pour recherches de contraventions
en fait de contrôle. — Déclaration du roi, portant règlement
pour la levée de la capitation en Languedoc.
. .. Prorogation de la levée des cinq sols par minot de sel pour les
réparations des chaussées du Rhône & de l'enclos de Peccais,
& attribution des dépenses ultérieures d'entretien aux com-
munes riveraines & aux propriétaires des salins.
Les offices de contrôleurs des tailles sont unis à la province de
Languedoc.
. . , Le Conseil d'État ordonne que les religieux de Boulbonne paye-
ront par provision leurs tailles à Cintegabelle.
Le Conseil d'État charge Bâville de faire les adjudications des
fermages de la ville de Toulouse.
La Cour des comptes de Montpellier interdit les hommages pour
les censives & rentes foncières, s'il n'y a titre ou présomption
de nobilité.
. .. Le roi fait don aux jésuites de Montpellier de la maison du
Petit-Scel.
Remise est faite de 8000 livres à la commune de Valabrègues,
désolée par six débordements successifs du Rhône.
Ordonnance de l'intendant, réglant la composition du bureau de
santé établi au port de Cette.
Les lieux de Pouls & de Vestric sont déchargés des arrérages de
la capitation.
Ordonnance de l'intendant pour l'entretien des chaussées du
Rhône de Beaucaire à Sylveréal.
. .. Défense est faite aux commis de la ferme du tabac établis au
pont de Castelnau de faire aucune visite.
. .. Les habitants de Saint-Seriès & Saturargues sont déchargés de
la moitié de la taille & de la capitation. — Les communes de
Saint-Etienne de Valfrancisque & de Saint-Germain de Cal-
berte sont déchargées des arrérages de la capitation.
CHRONOLOGIE.
47
1708, 8 septembre.
25 septembre.
16 octobre . . .
20 octobre . . .
23 octobre . ,
3o octobre . ,
17 novembre ,
20 novembre .
22 novembre ,
23 novembre .
27 novembre .
4 décembre .
21 décembre
La caisse du receveur des tailles du Puy est enlevée à main
armée sur la route de Lyon.
L'intendant ordonne l'emploi de la balance, au lieu de la
romaine, pour le pesage des soies & autres marchandises pré-
cieuses.
Le Conseil d'État décide que la Province sera remboursée en
quatre ans de la somme de 25 000 livres, avancée pour les for-
tifications de la citadelle de Saint-Esprit.
Règlement pour la fabrication des cadis d'Aubenas en plusieurs
lieux du Vivarais. — Règlement pour la fabrication des serges
& cadis du Gévaudan.
Remise est faite de 8072 livres aux incendiés du diocèse d'Uzès.
-Le droit sur la viande de boucherie établi à Gignac est prorogé
pour huit ans. — Remise est faite de 200000 livres aux com-
munes des diocèses de Toulouse, Albi, Lavaur, Mirepoix,
Mende, Castres, Limoux, Alet, Rieux, le Puy, Viviers & Nar-
bonne, désolées par les grêles & les inondations.
Le Conseil d'Etat règle la manière de faire payer la faille aux
gens de main-forte, & la publication de la levée de la taille.
Règlement pour la fabrication des draps du Levant. — Règlement
pour la fabrication des draps destinés à l'exportation eu Orient.
Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 5 février 1709.)
Le marquis du Bourg est reçu aux Etats comme baron d'Arqués.
Déclaration du roi sur la manière de faire lever la taille aux
gens de main-forte & de publier la levée de la taille.
Les droits sur les vins de Languedoc expédiés à Paris par le
Rhône & par Bordeaux sont modérés jusqu'au 3i mars 1709.
— Les vins de Languedoc exportés à l'étranger sont déchargés
de la moitié des droits de sortie & du droit de fret jusqu'au
3o septembre 1709.
Ordonnance de l'intendant pour l'entretien des chaussées & des
entrepôts des salins de Peccais.
1709, 5 janvier ... Le marquis du Roure est reçu aux Etats comme baron de Barjac.
19 janvier ... La concession du pont de Beaucaire au duc de Vendôme est
prorogée pour quinze ans.
janvier Création d'offices de police alternatifs.
4 février.... Nouveau règlement des Etats pour les réparations des chemins,
ponts & chaussées de la Province.
9 mars M. de Bâville règle, par ordonnance, les dépenses de la ville de
Toulouse.
avril Suppression de la maréchaussée du Puy.
12 mai Manifeste d'Abraham Mazel, au nom des insurgés de Vivarais.
mai Soulèvement en Vivarais. — Création d'un office de procureur
général & d'un office de substitut près les commissaires du roi
aux Etats.
II juin Engagement à Gilhoc, entre les Suisses de Courten & les
insurgés.
48
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1709, i5 juin . . .
2 juillet .
8 juillet .
19 juillet .
23 juillet .
août
Bâville & Roquelaure partent pour le Vivarais.
Amortissement des biens communaux de la ville de Beaucaire.
Combat de la montagne de Leiris, en Vivarais.
Combat de Fontréal, près Chalencon.
Les vins de Languedoc sont déchargés de plusieurs droits.
Création d'offices de jurés-gardes des archives près les corpora-
tions d'arts & métiers.
Suppression du droit d'importation sur les huiles étrangères.
23 septembre."* Etablissement d'un conseil politique à Castelnaudary.
24 septembre. Transaction entre la ville de Montpellier & l'abbé d'Aniane, au
sujet de la boucherie du roc de Pézénas.
Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 25 janvier 1710.)
Arrêt du Conseil d'Etat, concernant la levée des tailles. — Rè-
glement pour la nomination des collecteurs forcés.
17 septembre.
21 novembre
28 novembre
1710, i3 Janvier . .
22 janvier . .
3 juin
7 juillet . . .
i2-i3 juillet
24 juillet . . .
25 juillet . . .
27 juillet . . .
29 juillet . . .
17 octobre , . ,
21 octobre . . ,
25 octobre . . .
27 novembre .
30 décembre
1711, 25 janvier
3 février . ,
20 mars.
14 avril.
Traité de la Province avec les frères Castanier & Gally pour
l'achat de blés du Levant.
Traité entre les syndics généraux de Languedoc & les receveurs
des tailles pour la levée de la capitation.
Rétablissement de la subvention sur le blé levée à Toulouse.
Le Conseil d'Etat décharge le comte de Peyre des accusations
portées contre lui.
Assemblée nocturne de protestants surprise à Millerines, dans
les Cévennes.
Démonstration de la flotte des alliés sur la côte de Languedoc.
Saissan, général au service d'Angleterre, occupe Cette avec un
corps de débarquement.
Les ducs de Roquelaure & de Noailles dégagent Agde, à l'aide
de quelques troupes rassemblées à la hâte.
Evacuation de Cette par les troupes alliées. — Le Conseil d'État
augmente les droits d'entrée de Toulouse & supprime plu-
sieurs dépenses municipales.
Capture d'Abraham Mazel & de Claris au mas de Coutau. Mazel
est tué.
Etablissement d'un lazaret au port de Cette.
Supplice de Claris à Montpellier.
Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 27 janvier 1711.)
Règlement pour la fabrique des couvertures de laine de Mont-
pellier.
Prise de Girone par le duc de Noailles.
Les biens abandonnés, adjugés pour le payement de la taille,
sont déchargés de plusieurs droits.
Le dixième des biens fonds & maisons est réduit à deux sols pour
livre de toutes les impositions de Languedoc.
La Province rachète, au prix de i 200000 livres, l'augmentation
des droits d'octroi.
CHRONOLOGIE. 4g
1711, 5 mai M. de Bâville nomme les membres du conseil politique de Vala-
brègues.
19 mai Ordonnance pour la solde des milices employées à la garde des
côtes.
9 juin Suppression des offices de regrattiers des gabelles en Languedoc.
3 juillet .... Règlement pour le salage des sardines au port de Cette.
16 septembre. Prise de Vénasque par le marquis d'Arpajon.
26 novembre . Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 3i janvier 1712.)
1712, 16 janvier ... Les Etats assistent à un service funèbre en l'honneur du dau-
phin, dans l'église Notre-Dame de Montpellier.
22 janvier .. . Les Etats accordent une subvention de 3oo livres à Brueys, pour
son Histoire des- fanatiques,
i5 mars Les droits seigneuriaux payables en huile sont convertis en
argent, par suite de la perte des oliviers en 1709.
1 1 mai Le prince de Dombes nommé gouverneur de Languedoc en sur-
vivance.
20 septembre. Réduction de 35oooo livres sur les impositions de la Province,
à cause de la perte des oliviers.
22 novembre . Le dixième du revenu des biens roturiers est abonné en Lan-
guedoc, au prix de 780000 livres par an.
24 novembre . Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 25 janvier 1713.)
26 novembre . La province de Languedoc traite avec Duclos pour la fourniture
de cinq cents mulets à l'armée de Roussillon.
22 décembre . Le comte de Chambonas prend place aux Etats comme baron de
Saint-Félix.
3i décembre . Les marchands & artisans de Languedoc sont frappés d'une taxe
de looooo livres pour la réunion des offices de jurés-gardes
des archives.
1713, 19 janvier . . . M. de Maillebois nommé lieutenant général en Languedoc.
10 février .... Convention entre les fabricants de Nimes & ceux de Saint-Hip-
polyte, Anduze, Ganges, La Salle, Sauve, Le Vigan, Monoblet
& autres lieux des Cévennes, autorisant ces lieux à travailler
en entrant dans la jurande de Nimes.
mars Suppression des offices de trésoriers des corporations d'arts oC
métiers en Languedoc.
9 mai Les Etats rachètent le droit de quatre deniers par livre de viande
de boucherie.
16 mai Suppression des offices de conservateurs des domaines en Lan-
guedoc. — Le Conseil d'Etat règle la répartition des imposi-
tions de la ville de Toulouse.
29 mai Le droit d'entrée aux assemblées diocésaines est maintenu aux
barons du diocèse de Toulouse c(ui entrent aux Etats.
17 août Jugement souverain de l'intendant Bàville, condamnant plusieurs
commis de Montpellier pour malversations commises dans la
fourniture de l'étape.
XIII.
oo
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
171 3, 29 août ■
5 septembre.
19 septembre.
23 septembre.
septembre. . . .
octobre
9 novembre .
1 1 novembre .
5 décembre .
19 décembre .
3o décembre .
Le prix du sel est réduit à vingt livres le miaot.
Etablissement d'une subvention à Cette.
Surprise d'une assemblée protestante dans une bergerie, près le
Cayla,
Déclaration du roi, exigeant des preuves par titre de la nobilité
des terres en Languedoc.
Suppression des offices de procureur général & de substitut prcs
les commissaires du roi aux États.
Érection de la baronnie de Vogué, en Vivarais, avec entrée aux
Etats à la place de Saint-Rémèze.
Ouverture des États par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 11 janvier 1714.)
Le marquis de Ganges est reçu aux Etats comme baron de Gan-
ges, & le marquis de Murviel comme baron de Murviel.
Les États rachètent la taxe des marchands & artisans pour la
réunion des offices de jurés-gardes des archives.
Règlement pour la fabrique des serges impériales des Cévennes
& du Gévaudan.
Les États rachètent les taxes sur l'affranchissement des tailles &
l'acquisition des rentes de 1710.
1714, 16 janvier ... Déclaration du roi pour encourager la culture des biens aban-
donnés en Languedoc.
23 janvier ... Le syndic du diocèse du Puy obtient l'entrée aux États do Lan-
guedoc comme diocésain.
3o janvier . . . Ordonnance de l'intendant sur la fabrication des cadis de Viva-
rais.
12 février.... Les chartreux de Toulouse sont condamnés à payer leur part
pour l'abonnement du dixième du revenu des biens roturiers.
7 avril ' L'exportation des laines de Languedoc est interdite.
i5 mai Le prix du sel de Peyriac est réduit à six livres le minot en
faveur des marchands saleurs de Cette.
16 mai Etablissement d'une inspection générale des draps du Levant à
Montpellier.
26 juin Établissement d'une diligence de Montpellier à Lyon.
août Création de iSoooo livres de rentes perpétuelles sur les impôts
royaux de Languedoc.
4 septembre. Règlement pour le lavage des laines.
7 septembre. Les États votent un emprunt de 2400000 livres pour le compte
du roi.
i3 septembre. Conventions entre la Province & le vice-légat d'Avignon, pour
l'entretien des chaussées du Lauzon.
28 septembre. L'intendant prescrit des précautions contre l'épizootie régnant
en Camargue.
25 octobre... Ouverture des États par le duc de Roquelaure, dans la grand'-
salle des audiences du palais de Niniçs. (Clôture le 17 dé-
cembre.)
novembre.... La Province est déchargée de l'acquisition de 120000 livres de
rentes.
CHRONOLOGIE. 5i
1714, 7 décembre . Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'affranchissement de la capifation.
29 décembre . Les Etats rachètent les offices de commissaires aux prisées &
ventes des meubles.
1715, 12 janvier ... La Cour des aides de Montpellier ordonne aux emphytéotes du
roi de remettre leurs titres.
29 janvier ...,, Le Conseil d'Etat détermine les lieux de Languedoc où la fabri-
cation des draps est permise.
25 février.... Les offices de police alternatifs sont réunis aux communes de
Languedoc.
19 mars Les statuts des marchands de bas de Beaucaire sont confirmés
par le Conseil d'Etat.
8 juin La Cour des comptes de Montpellier enjoint aux vassaux du roi
de présenter leurs hommages & dénombrements. — M. de Bâ-
ville abaisse le cens d'éligibilité pour le corps municipal de
Koquemaure.
16 juillet .... Le doublement des droits sur le canal de Languedoc est interdit.
— L'exportation des grains de Languedoc est affranchie de
tout droit jusqu'au i" avril.
30 juillet .... Suppression des offices d'avocats du roi près les hôtels de ville
& sièges de police en Languedoc.
8 août La pêche aux moules est interdite près de la jetée du grau
d'Agde.
21 août Réunion d'un synode protestant dans les environs de Nimes. —
Antoine Court réunit les prédicants des Cévennes & du bas
Languedoc.
1" septembre. Mort de Louis XIV.
i5 octobre .. .-i-Le trésor rembourse aux Etats les frais d'étapes des troupes
■«vallonnés du roi d'Espagne, qui avaient traversé la Province
en 1713, venant des Flandres & d'Allemagne.
26 octobre... Les privilèges des habitants de Languedoc sont confirmés en
termes généraux, à l'occasion de l'avènement du roi Louis XV.
id novembre . ■ Suppression de l'impôt des industries à Toulouse, établissement
d'un droit sur les farines.
11 novcn.bre. M. de Bàville est chargé, par commission du grand sceau, de
recevoir les hommages & dénombrements des vassaux du roi
en Languedoc.
26 novembre . Le prix du sel dans le pays des Corbières est réduit à seize livres
le minot. — Confirmation générale des privilèges de la Pro-
vince,
12 déconibrc . Ouverture des États par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 12 février 1716.)
18 décembre . La Cour des comptes de Montpellier proteste contre la récep-
tion des hommages par M. de Bàville.
1716, 4 janvier ... Le Conseil d'État casse la protestation de la Cour des comptes de
Montpellier contre la réception des hommages par M. de Bà-
ville.
1716, 22 janvier
I" février.
4 février.
20 lUlll
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les Etats assistent à un service funèbre en l'honneur du roi
Louis XIV, dans l'église Notre-Dame des Tables de Mont-
pellier.
Règlement pour la fabrique des cordelats.
Le Conseil d'Etat défend à la Cour des comptes de Montpellier
de recevoir des soumissions d'adjudicataires de la taille, passé
le i5 avril.
8 février .... La commission de M. de Bâville pour les hommages est révoquée,
8c le délai des vassaux prolongé d'un an. — Règlement fait par
les Etats, concernant la députation des communes.
II février.... La libre exportation des grains de Languedoc est prorogée jus-
qu'au I"' juillet.
21 mars L'exportation des fèves, pois & autres légumes secs est permise
jusqu'au 1" juillet.
19 mai Le recouvrement des tailles dues par les seigneurs de paroisse,
gentilshommes, officiers de robe & d'épée & gens de main-
forte du diocèse de Narbonne, est confié au receveur dio-
césain. — Le Conseil d'Etat réglemente les prêts de grains
pour semences dans le diocèse de Narbonne, afin d'éviter les
fraudes.
La commune de Gras, en Vivarais, est autorisée à rentrer en
possession de ses biens aliénés en remboursant les acquéreurs
du prix d'achat & des frais de culture. — Le Conseil d'Etat
proroge les consuls de Valabrègues.
Les biens abandonnés du diocèse d'Albi que les communes s'obli-
geront à mettre en culture sont dégrevés des tailles pour cinq
ans.
3 octobre... Le Conseil d'État règle les différends survenus entre les mar-
chands & les fabricants de soie de Nimes.
24 octobre... Les diocèses du bas Languedoc obtiennent une remise sur leurs
impositions, à cause de la sécheresse.
26 octobre Le baron de Saïgas sort des galères, sur l'intercession de la prin-
cesse de Galles.
5 novembre . La baronnie de Largentière est vendue au marquis de Brison
par M. de Ratabon, évêque de Viviers.
14 novembre, -i Les droits de sortie des petites étoffes de laine de Languedoc
sont diminués.
21 novembre . Les biens abandonnés du diocèse de Narbonne que les communes
s'obligeront à mettre en culture sont dégrevés des tailles pour
cinq ans.
I" décembre . Le Conseil d'État décide que la construction du pont de Cazères
& les réparations du pont de Toulouse seront supportées moi-
tié par la province de Languedoc, moitié par les généralités
de Montauban & d'Auch. — Les négociants de Languedoc fai-
sant le commerce des îles françaises d'Amérique par le port de
Cette obtiennent les avantages accordés au même commerce
dans les autres villes du royaume.
10 décembre . Ouverture des États par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le i3 février 1717.)
8 août ,
CHRONOLOGIE.
1717, 9 janvier ... ^ La Province obtient remise de 996000 livres sur le don gratuit
& la capitation.
23 janvier ... Le Conseil d'Etat casse quatre arrêts de la Cour des aides de
Montpellier, au sujet du bail de la taille de Labruguière.
3o janvier ... Le trésorier de la Province est déchargé de toute taxe & re-
cherche de la Chambre de justice.
i5 février. . . . Traité pour l'établissement d'une raffinerie de sucre à Cette par
les frères Gilly.
2 mars Synode des protestants de Languedoc.
5 mars Les évéques de Mirepoix & de Montpellier appellent de la cons-
titution de Clément XI au futur concile général.
i3 mars Déclaration du roi sur l'abonnement du dixième en Languedoc.
6 avril Déclaration du roi, soumettant à l'autorisation préalable de l'in-
tendant les appels d'élections consulaires faits au nom des
communes.
23 avril La baronnie d'Apcher, en Gévaudan, est vendue au marquis de
Roquelaure par Pierre Bouniol, écuyer du duc d'Orléans.
24 avril Les propriétaires des droits de péage du Rhône sont tenus de
présenter leurs titres devant l'intendant & le grand maître des
eaux & forêts.
5 juin Défense est faite au prévôt des marchands & aux échevins de
Lyon d'établir en Languedoc des bureaux pour la perception
des droits de tiers-sur-taux & de quarantième.
7 juin Le comte de Mérinville obtient prorogation pour cinq ans de la
faculté de racheter la terre de Rieux, avec jouissance du droit
d'entrée aux Etats jusqu'à ce terme.
17 juin Règlement des droits de contrôle des procès-verbaux de nomina-
tions consulaires.
juin Suppression de tous les offices municipaux.
17 juillet .... Le Conseil de régence décharge les capitouls de Toulouse des
taxes de la confirmation de noblesse. — Les élections munici-
pales sont rétablies aux époques accoutumées.
21 août Le Conseil d'Etat défend aux trésoriers de France de Toulouse
d'exiger des consuls de la généralité la prestation du serment
de fidélité & la déclaration des biens communaux. — Les com-
munes de Mauguio, Vie, Assas, Beaujieu, Avignonnet, Moiit-
saunès & Mazères obtiennent une réduction de taille pour
quatre ans, à cause du grand nombre de biens abandonnés.
août Suppression du dixième sur les biens fonds.
11 septembre. Règlement pour l'entrée des consuls aux États de Languedoc.
28 septembre. Les diocèses de Narbonne, Albi & Lavaur obtiennent remise de
158428 livres pendant cinq ans, à raison des biens aban-
donnés.
septembre.... Les privilèges des capitouls & habitants de Toulouse sont con-
firmés.
23 octobre . . . Règlement pour la fabrication des draps de Carcassonne, Mont-
réal, Montoulieu, le Mas Cabardès, Limoux, Chalabre.
16 novembre . Le prix du sel est réduit à seize livres le minot en faveur des
habitants des Corbières.
-+-
04 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1717, 20 novembre . Annulation du traité conclu par les Etats pour la suppression du
dixième.
9 décembre . Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le i5 février 1718.)
14 décembre . Extension à la raffinerie de Cette des privilèges fiscaux accordés
aux raiffineries de Bordeaux, La Rochelle, Rouen & Dieppe.
1718, 5 janvier . . . M. de Bâville nomme, par ordonnance, les membres des conseils
électifs de Ninies.
22 janvier ... Supplice du pasteur Etienne Arnaud, pendu à Alais. — La capi-
tation de Languedoc est réglée à un million de livres, avec
remise de Sooooo.
26 janvier . . . Une commission de dix conseillers d'État est nommée pour régler
les différends pendants au Conseil entre le Parlement de Tou-
louse, la Cour des comptes de Montpellier, les trésoriers de
France, les sénéchaux & les États de Languedoc,
29 janvier ... Les États sont déchargés du rachat des offices de commissaires
aux prisées & ventes des meubles.
6 février. . . . Bail de la ferme des droits d'équivalent à Jean Thomas.
7 février. . . . Synode protestant du bas Languedoc & des Cévennes.
27 avril La Cour des comptes de Montpellier casse les nominations de
collecteurs forcés insolvables, faites par le diocèse de Nar-
bonne.
14 juin ...... Le viguier d'Albi est exclu de toutes les assemblées du diocèse
autres que celles de l'Assiette.
23 juin Troubles à Villemur, à l'occasion des élections municipales.
5 août Règlement pour la fabrication des étamines ou burates de Gé-
vaudan.
19 août Règlement pour les petites étoffes de Nimes.
4 novembre. La Province obtient remise de 820000 livres sur ses impositions,
à cause des pertes causées par la grêle & la sécheresse.
14 novembre. Les loueurs de chaises roulantes de Languedoc sont autorisés à
prendre les bagages des voyageurs,
novembre.... Rétablissement des offices de maires, lieutenants de maires &
consuls perpétuels en Languedoc.
II décembre . Prorogation pour dix ans de la conversion en argent des droits
seigneuriaux payables en huile.
, i5 décembre . Ouverture des États par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 18 février 1719.)
1719, 3 février.... Les États de Languedoc avancent les frais d'armement de deux
pinques pour le transport de munitions en Roussillon. — La
seigneurie de Saint-Chély est vendue par Pierre Bouniol au
marquis de Roquelaure.
j3 février.... Etablissement d .1 conseil politique d'Agde.
6 avril Le Conseil d'État confirme les élections municipales d'Anduze
d'où les nouveaux convertis étaient exclus.
4 mai Le Conseil d'État condamne la ville de Saint-Esprit à payer le
droit d'amortissement pour les bâtiments des casernes.
CHRONOLOGIE. 55
1719, 21 mal Agitation électorale à Pépieiix.
23 mai Le Conseil d'Etat fixe à 3oooo livres le dédommagement dû par
la Province aux héritiers de Jacques Brun, aucien entrepre-
neur du canal de Beaucaire à Aigues-mortes.
niai La justice de Carbonne est engagée à M. de Laroque.
12 août Les droits sur les huiles du cru sont abonnés par la Province au
prix de 100000 livres. ,
août Erection de la baronnie de Jaugeac, avec entrée aux Etats de
Vivarais.
22 septembre. . Règlement pour la teinture des draps de Carcassonne, Saptes &
Conques.
14 décembre . Ouverture des États par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 7 février 1720.) — Le vicomte de
Beaune prend place aux Etats comme baron d'Aps, en Vivarais,
& le baron de Sorgues comme baron de MurvieL
1720, 18 février.... Le Conseil d'Etat détermine les qualités de draps dont la fabri-
cation est autorisée à Saint-Chinian.
23 février.... Le Conseil d'Etat confirme les élections municipales de Villc-
neuve-lès-Avignon.
6 mirs Arrestation des multipliants à Montpellier.
mars Réorganisation générale de la maréchaussée.
25 juin La Cour des comptes de Montpellier enjoint aux collecteurs Se
receveurs des tailles de tenir bordereau des sommes payées en
espèces & en billets de banque.
juin Confirmation du paréage de Gévaudan, entre le roi & l'évèque.
I''' juillet .... Le Conseil de marine ordonne la réparation du chemin de la
forêt de Léran au canal de Languedoc.
1721, 23 janvier ... Défense est faite aux communes de cotiser à la taille les biens
fondés en présomption de nobilité, sans production de titres
de roture à la Cour des comptes de Montpellier.
3o janvier . . . Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le i3 mars.)
I" février. . . . Les Etats confirment l'exclusion de tous officiers royaux de leur
assemblée.
18 mars 1^ Les navires de commerce revenant du Levant sont autorisés à
faire leurs retours par le port de Cette, à cause de la peste de
Marseille.
28 avril Contrat d'échange entre le roi & le duc d'Uzès,
nvi il La peste pénètre en Gévaudan.
17 mai -La foire de Beaucaire est interdite, à cause de la peste.
I" juillet .... Le Conseil d'État maintient le statu quo, selon les usages parti'
culiers dès communes, pour l'assistance des curés aux assem-
blées municipales.
4 juillet .... Le Parlement de Toulouse renouvelle les défenses d'exportation
du merrain.
12 août .4- Établissement d'une subvention à Castres !k d'un emprunt de
5oooo livres pour frais de précautions sanitaires.
56 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1721, i5 août Le duc de Roquelaure & l'intendant réunissent à Florac les
commissaires du diocèse, à l'occasion de l'épidémie.
28 août La fabrication des bas à deux fils est autorisée dans les diocèses
de Toulouse, Carcassonne, Castres, Béziers, Agde, Montpel-
lier, Nimes, Uzès & Alais pour l'exportation en Italie, en
Espagne & autres pays méridionaux.
10 septembre. La ville de Beaucaire obtient remise de 10000 livres sur les impo-
sitions de l'année, à raison des dépenses causées par la peste.
22 septembre. Assemblées protestantes surprises à Castres & à Saint-Hippolyte.
18 octobre ... La remise faite sur les impôts aux diocèses de Narbonne, d'Albi
& de Lavaur est prorogée pour trois ans. — Les villes de Lan-
guedoc sont déchargées du droit d'amortissement pour les
bâtiments des casernes.
14 novembre. Établissement d'une subvention à Carcassonne, pour la cons-
truction des casernes. — Les membres du Conseil politique
ordinaire & du Conseil extraordinaire de Nimes sont nommés
par arrêt du Conseil d'Etat.
3o décembre . Établissement d'une quarantaine à Béziers.
1722, 8 janvier ... Ouverture des États par le duc de Roquelaure, dans la grand'-
salle de l'hôtel de ville de Narbonne. (Clôture le 19 mars.)
16 janvier ... Le droit de cottimo sur les marchandises du Levant est établi
dans le port de Cette, comme il l'était précédemment à Mar-
seille.
23 janvier ... La commune de Valabrègues obtient remise de i 200 livres sur
ses impositions, à cause de l'interruption des travaux agricoles
dans l'Ile-Bertrand, par suite de la suppression du bac.
24 janvier ... M. de Bernage nomme les consuls de Bédarieux, la ville se
trouvant coupée par la ligne de l'Orb.
10 février. . . . Établissement à Narbonne d'une inspection & visite générale
des draps destinés au commerce du Levant.
22 février.... La Province obtient remise d'un million sur le don gratuit, à
cause des dépenses du cordon sanitaire.
17 avril Le Conseil d'État casse trois arrêts du Parlement de Toulouse,
concernant le procès du pays de Vivarais avec le comte du
Roure.
12 juin ...... Les marchands de Languedoc sont autorisés à faire descendre h
Bordeaux les eaux-de-vie fabriquées avec les vins de la Pro-
vince, pendant les mois de juin, juillet, août & septembre.
23 juin Le commerce des étoffes & toiles peintes des Indes, de la Chine
& du Levant est interdit en Languedoc sous peine de mort.
21 juillet .... Troubles électoraux à Lansargues.
29 juillet .... Le Parlement de Toulouse défend aux valets & domestiques de
quitter leurs maîtres qu'à la fin de l'année, suivant les usages
locaux.
30 juillet.... Établissement d'un conseil politique à Durban, au lieu de
l'assemblée générale de la commune.
4 août La ville de Beaucaire obtient remise de 6000 livres sur les
impôts.
I
CHRONOLOGIE. • 57
1722, II août La Province obtient remboursement du prix de 9189 fusils des
milices bourgeoises, cédés pour l'armée d'Espagne en 1709.
.22 août La ficulté de théologie de Montpellier, l'évèque en tète, or-
donne de signer le formulaire, par soumission & en observant
la paix de Clément XL — M. de Bernage règle les fournitures
dues par.les communes aux corps de garde du cordon sanitaire.
août ^ Rétablissement des offices municipaux.
14 septembre. Déclaration interprétative pour le rétablissement des offices
municipaux en Languedoc.
22 septembre. La commune de Brousse obtient remise de i 5oo livres d'impôts
pendant six ans, pour l'aider à remettre en culture les biens
abandonnés. — Suppression du bureau de visite des draps éta-
bli à Narbonne.
6 octobre... Le Conseil d'Etat casse un arrêt du Parlement de Toulouse sur
les élections consulaires de Rabastens, avec défense de casser,
à l'avenir, les ordonnances de l'intendant.
9 novembre . M. de Bernage casse l'élection consulaire de Chalabre.
7 décembre . Démolition des barrières & corps de garde du cordon sanitaire.
19 décembre . Le premier consul de Nimes est nommé syndic diocésain par
arrêt du Conseil d'État. — M. de Bernage détermine les lieux
où les fabricants de Lodève & ceux de Clermont doivent faire
travailler pour leur compte.
29 décembre . Ordonnance pour la fabrication des toiles rousses, crues & grises
du diocèse d'Albi.
1723, 5 janvier
14 janvier
16 janvier
26 janvier
23 février
24 février
Tous les propriétaires de biens roturiers sont tenus de contri-
buer aux dépenses faites à l'occasion de la peste.
Ouverture des Etats par le duc de Koquelaure, dans la grand*-
salle des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 3 mars.)
Le marquis de Mirepoix prend place aux Etats comme baron de
Mirepoix.
Les diocèses de Toulouse, Lavaur, Alet, le Puy, Albi, Rieux,
Nimes, Montpellier, Uzès, Béziers, Comminges, Mirepoix,
Mende & Viviers obtiennent remise de 104000 livres sur les
impositions, à cause de la grêle & cas fortuits.
La foire de Beaucaire est rétablie & fixée au 22 juillet.
M. de Bernage prescrit la deistruction des œufs de sauterelles.
28 juin Nouveau règlement pour les élections municipales de Roque-
maure.
5 juillet Etablissement d'une crue de 5 sols par minot de sel, en Langue-
doc & provinces voisines, pour payer les travaux du canal des
Losnes, en Provence.
21 juillet .... La pèche aux moules est interdite près de la jetée du grau d'Agde.
19 août Le Conseil des affaires ecclésiastiques renvoie au procureur
général du Parlement de Paris un mémoire de l'évèque d'Alais
intitulé : Réflexions sur l'état présent de la religion dans les
Cévennes.
23 novembre . ^- Les impositions seront réduites d'un tiers pour deux ans aux
communes atteintes de la peste.
58 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1723, 10 décembre . L'établissement de pêcheries est prohibé dans les canaux des
étangs de Languedoc.
16 .décembre . Ouverture des Etats par le duc de Roquelaure, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 21 février 1724.)
17 décembre . Le marquis de Roquelaure prend place aux États comme baron
d'Apcher, en Gévaudan.
18 décembre , Le comte de Lautrec prend place aux Etats comme baron d'Am-
bres, & Jacques de Gramont comme baron de Lanta.
1724, 25 janvier . . , Suppression des offices municipaux créés en Languedoc par l'édit
d'aoîlt 1722, & rétablissement des offices supprimés par l'édit
de juin 1717, non encore remboursés.
24 février..., -Les membres des conseils politiques des communes sont tenus
d'assister à ces assemblées, sous peine d'amende.
2 mai L'évêque de Montpellier adresse des remontrances au roi sur le
formulaire.
14 mai Édit renouvelant toutes les mesures de rigueur contre les pro-
testants.
4 juin Lettre pastorale de l'évêque de Montpellier, expliquant ses
principes contre l'acceptation du formulaire
12 juin Le Parlement de Toulouse, renouvelant un arrêt de 1601, élève
à quarante le nombre des conseillers politiques de la ville de
Rieux (Volvestre).
26 juin Le Conseil d'État déclare que les îles du Rhône appartiennent à
la Province de Languedoc,
|8 juillet La construction de l'évèché d'Alais est autorisée.
27 juillet .... Une commission de quatre conseillers d'État & de six maîtres
des requêtes est chargée de régler les contestations entre les
États, les diocèses & les communes de Languedoc & leurs
créanciers, au sujet des offres & dépôts de billets de banque
destinés à leur remboursement & convertis en rentes provin-
ciales,
i"' septembre. Incendie à Castres.
12 septembre. Établissement d'une subvention à Lodève.
20 septembre. Second incendie à Castres.
21 septembre. Le Conseil d'État condamne les remontrances de l'évêque de
Montpellier & ordonne la saisie de son temporel,
16 octobre... Le Conseil d'État attribue à l'intendant la connaissance des
contestations, concernant la construction & l'entretien des
grands chemins.
24 octobre .. . Les droits de courtiers-jaugeurs, inspecteurs aux boucheries
& aux boissons sont rachetés par la Province, au prix de
800000 livres,
î5 octobre ... Le Parlement de Toulouse casse une ordonnance de M, de Ber-
nage sur les élections consulaires de Lauran.
3o octobre ... -i Cent mille livres sont remises aux communes de Languedoc
ravagées, en 1723, par la grêle & par les inondations.
4 novembre. Nouveau règlement du Conseil d'État pour le Conseil poliliquo
& les élections consulaires de Rabastens.
CHRONOLOGIE.
5g
1724, 7 novembre ,
4 décembre ,
8 décembre
14 décembre ,
16 décembre ,
26 décembre .
Le diocèse de Mande obtient une indemnité de 720CO livres
pour les dépenses de l'épidémie.
Le Conseil d'Etat casse deux arrêts du Parlement de Toulouse
sur les élections consulaires de Lauran.
Etablissement d'un Conseil politique à Montagnac.
■ Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Narbonne. (Clôture le 7 février 1725.)
Le comte de Peyre prend place aux États comme baron de Peyre,
en Gévaudan.
Le Conseil d'Etat règle l'entrée aux Assiettes des officiers ducaux
& des officiers épiscopaux d'Uzès. — Le Conseil d'État main-
tient le Conseil politique de la ville de Rieux au nombre de
vingt-quatre membres.
1725, 16 janvier ... Les communes d'Avignonnet, Montsaunès, Mazères, Beaufort &
Puicheric obtiennent diverses remises pour trois ans. — La
f;ibrique de faïence, établie à Montpellier par Jacques Olivier,
est érigée en manufacture royale. — Défense est faite aiix
, juges des manufactures de Carcassonne de recevoir aucun
maître drapier drapant durant le délai de trois années.
3o janvier ... Le Conseil d'État publie un nouveau règlement pour les assem-
blées des Assiettes diocésaines. — Les diocèses & communes
de Languedoc atteints par la grêle & les inondations obtien-
nent 200000 livres de remise, & la ville de Castres 16000, à
cause de ses deux incendies. — Maintien pour six ans du droit
de subvention, levé dans le consulat d'Albi & Castelviel.
II février. . . . Bornage remet l'intendance de Languedoc à son fils Saint-Mau-
rice.
14 février Établissement d'une subvention à Agde, pour la construction
d'un pont de bateaux.
17 février.... Le Conseil d'État attribue à M. de Saint-Maurice le jugement
de toutes les querelles de préséance entre les officiers royaux
?<: les consuls des villes.
27 février.... Jean & Antoine AUuz sont autorisés à bâtir sur le Lez, près
Montpellier, une fonderie & laminerie de cuivre pour la
fabrication du vert de gris.
16 mars L'Assiette de Béziers accorde i5o livres par an au sieur Bouillet,
chargé d'un cours gratuit de mathématiques.
24 mars • Le Parlement de Toulouse défend aux habitants du plat pays
d'entretenir des troupeaux de boucs, chèvres & menons.
25 mars Arrêt du Parlement de Toulouse, portant règlement pour les
pâturages.
27 mars Le Parlement de Toulouse renouvelle les anciennes défenses de
laisser paître le bétail dans les enclos, olivettes, vignes, bois
& vergers.
18 avril Transaction entre le marquis de Calvisson & la commune de
Massillargues, pour le défrichement des palus rehaussés de
l'Albriiguière & Tamerlet.
22 avril Les fabricants de Languedoc sont autorisés à teindre au rouge
6o
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de Brésil, au bois de campêche & à l'orseille les cadis de Gé-
vaudan & des Cévennes, les cordelats de Mazamet, de Dourgne
& de Boissezon, débités dans la rivière de Gênes & recherchés
des peuples d'Italie.
1725, 29 mai --Le Conseil d'Etat défend de tenir des chèvres en Languedoc
& d'arracher des arbres ou arbustes dans les bois, garrigues
& bruyères.
5 juin Établissement du cinquantième à lever sur le revenu de tous les
biens pendant douze ans.
18 juin L'intendant ordonne de faire sortir dans quinzaine toutes les
chèvres hors de la Province.
24 juillet .... Les trois subventions de Nimes sont prorogées jusqu'en lySS.
7 août Le Conseil d'État ordonne la translation des verreries de Rouet,
Cazenove, Baume, Aumelas, Petrilles, Valbonne & Arques sur
les montagnes de l'Esperou & de Laigoal.
14 août La crue de cinq sols par minot de sel est prorogée, pour subve-
nir aux frais d'ouverture du grau d'Aigues-mortes.
4 septembre. La subvention de Montpellier est prorogée pour dix ans.
19 octobre . . . Les diocèses de Narbonne, Albi & Lavaur obtiennent remise de
loSooo livres d'impôts pendant trois ans. — Les vins de Lan-
guedoc portés à Paris par le Rhône sont déchargés de la moitié
des droits de douane de Valence, de subvention par double-
ment & de tous les péages riverains.
3o octobre . . . Les tailles sont remises pour cinq ans aux incendiés de Castres.
6 novembre . Déduction du poids des étoffes d'emballage accordée aux den-
telles du Puy pour la perception des droits de douane en
Lyonnais, Provence & Dauphiné.
l3 novembre . Remise est faite de 200000 livres d'impositions aux communes
de Languedoc affligées par la grêle.
2 décembre . Les vins de Languedoc, portés à Paris de Cette ou d'Agde par le
Havre ou Rouen, sont déchargés temporairement des droits
d'entrées des cinq grosses fermes & de la subvention par dou-
blement.
3i décembre . Règlement pour la fabrication des droguets façon d'Angleterre.
1726, 8 janvier
10 janvier
12 janvier
22 janvier
26 janvier
26 février.
Remise est faite de looooo livres d'impositions aux communes
inondées.
Ouverture des États par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Narbonne. (Clôture le 2 mars.)
Les marquis de Mérinville & de Chambonas prennent place aux
États comme barons de Rieux & de Saint-Félix.
Au sujet d'un différend de la commune des Angles avec celle
d'Avignon, le Conseil d'État maintient le roi de France dans
l'ancien droit & possession immémoriale de la souveraineté &
de la propriété du Rhône, d'un bord à l'autre, dans tout son
cours.
Remise est faite au Languedoc de 5ooooo livres sur le don gra-
tuit.
La subvention de Chalabre est prorogée pour trois ans.
CHRONOLOGIE. 6l
1726,. 5 mars Les paroisses de Saiiit-Nazaire de la Roque & de Saint-Martin
d'Urbains sont érigées en consulats & distraites de celui de
Puycelsi.
7 mars La charge de syndic de Vivarais, de perpétuelle qu'elle était,
devient annuelle & élective.
16 mars Le diocèse d'Albi obtient l'entrée d'un quatrième député aux
Etats, en la personne du second ex-consul d'Albi.
3o juin L'exportation des grains, sauf l'avoine, est permise par les ports
de Narbonne, Agde & Cette & par la Garonne.
21 octobre... Engagement du comté de Lauragais au duc de Villars-Brancas.
12 novembre. La manufacture de draps fins d'Auterive, établie par Jean Mar-
cassus, est érigée en manufacture royale.
10 décembre . Le Conseil d'Etat casse les ordonnances des trésoriers de France
de Toulouse concernant les chemins, & maintient aux Etats
de Languedoc la direction de ces ouvrages.
1727, 16 janvier ... Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, dans la grand'-
salle des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 3 mars.)
18 janvier ... Le marquis de Choisinet prend place aux Etats comme baron de
Jaugeac, en Vivarais.
25 février .... L'impôt sur la viande de boucherie, établi par la ville de Mont-
pellier, est prorogé pour dix ans. — Le droit de confirmation
des usages des communes est acquitté en bloc par la Province.
21 avril Règlement pour la fabrication des draps gris-blanc de Lodève,
destinés à l'habillement des troupes.
20 mai Etablissement d'une subvention à Lavaur, pour la construction
d'un hôpital général.
10 juin Rachat parla Province des offices de receveurs & contrôleurs
municipaux.
5 août Abonnement du cinquantième par la Province.
12 août La commune de Lunel obtient réunion, par remboursement, des
offices de maire ancien & de maire alternatif.
16 septembre. Etablissement d'un professeur de philosophie à Limoux,
19 septembre. La direction des travaux de construction, réparation & entretien
des chemins, ponts & chaussées de la Province est maintenue
aux Etats,
septembre.... Grandes inondations à Toulouse; débordement de la Garonne,
de l'Hers, de l'Agout, du Tarn & de l'Aude.
i3 octobre ... Le droit de committimus & d'évocation générale est maintenu aux
Etats de Languedoc.
14 octobre... Etablissement d'une subvention à Lodève, pour la conduite des
eaux & le renouvellement du cadastre.
16 octobre . . . Ordonnance de l'intendant sur les transports militaires.
27 octobre... Les droits de sortie & de fret sur les vins & eaux-de-vie de
Languedoc à destination des pays étrangers sont réduits d'un
tiers,
octobre Confirmation des exemptions de taxes anciennement accordées
à la terre privilégiée de Mirepoix.
4 novembre . Etablissement d'un impôt sur la viande de boucherie à Alais.
62 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1727, 9 décembre . -.Le Conseil d'Etat ordonne la visite du canal de Languedoc,
II décembre . Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, dans la grand*-
salle des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 3 février
1728.)
i3 décembre . Le marquis de Brison prend place aux Etats comme baron de
Largentière, en Vivarais.
3o décembre . Règlement pour la fabrication des cardes à laine en Languedoc.
I7z8, 6 janvier ... Le payement du droit de nouvel acquêt pour les usages des com-
munes est fixé à loooo livres par an.
8 janvier ... Assemblée de commerce tenue dans l'hôtel de ville de Toulouse.
10 février. Le Conseil d'Etat déboute les chartreux de Villeneuve d'Avignon
de leurs prétentions sur les atterrissements du Rhône. — La
fabrique de draps fins pour le Levant, établie à Pennautier,
est érigée en manufacture royale.
i5 mars Remise est faite de 248000 livres d'impositions à la ville de Tou-
louse & aux diocèses de Toulouse, Carcassonne, Albî, Rieux,
Limoux, Lavaur, bas Montaubau & Mirepoix, à cause des
Inondations de septembre 1727.
16 mars - Établissement d'un cours de théologie à Castelnaudary.
17 mars La Cour des aides de Montpellier déclare roturière la métairie
des Enclauses, ainsi que le bois de Sérignan & autres lieux
appartenant au chapitre de Saint-Pons de Thomières.
20 mars Le Conseil d'État nomme cinq arbitres pour juger les différends
de la marquise de Toiras avec la commune de Vezenobrc,
relativement à la qualité de certaines terres.
23 mars Le Conseil d'État, à l'occasion d'un différend de la commune de
Vacquiers avec son curé, défend au Parlement de Toulouse
de casser les ordonnances de l'intendant.
i3 avril Le droit du cinquantième est abonné par la Province au prix de
220000 livres, à lever sur tous biens, nobles & ruraux. — Rè-
glement pour la tenue de l'Assiette d'Albi.
20 avril La subvention d'Agde est prorogée pour trois ans.
j" juin Autorisation aux frères Sartre d'établir à Cette une manufacture
royale de verres à vitre, de cristaux & d'émaux.
20 juin Lettre de l'évèque de Montpellier au roi.
10 août Déclaration du roi, portant règlement pour les biens abandonnés
en Languedoc.
23 août Déclaration du roi, réglant la pêche du poisson de mer sur les
côtes de Languedoc.
5 septembre. Défense est faite aux fabricants des Cévennes de contrefaire les
molletons de Sommières.
14 septembre. Le Conseil d'État casse les statuts des tonneliers de Cette, comme
contraires aux privilèges de la ville, & défend à tous artisans
d'y former corps de maîtrise,
18 septembre. Le Conseil d'État nomme cinq commissaires pour juger définiti-
vement les différends du comte de Montpeyroux avec la com-
mune, au sujet de la qualité de ses biens.
5 octobre ... La subvention de Saint-Esprit est prorogée pour douze ans.
CHRONOLOGIE. 66
1728, 25 octobre... Remise est faite de 90000 livres par an, pendant deux années,
aux diocèses de Narbonne, d'Albi & de Lavaur. — L'entrée
des drogueries & épiceries du nord par le port de Cette est
autorisée.
26 octobre ... Le délai de remboursement des charges municipales en Langue-
doc est prorogé pour trois ans. — Les comptes des communes
du diocèse de Narbonne, depuis vingt-neuf ans, sont soumis à
une révision générale.
28 octobre . . . Les évêques de Montpellier, de Montauban & de Castres signent
la lettre au roi sur le concile d'Embrun.
2 novembre . Etablissement d'une subvention à Beaucaire, pour dix ans.
23 novembre . La subvention de Béziers est prorogée pour six ans.
3o novembre . Les excédants de la capitation du diocèse d'Uzès sont affectés au
remboursement des créanciers du diocèse habitant Avignon.
— Le corps des marchands fabricants d'étoffes de laine de
Nimes obtient réunion de l'office de courtier des étoffes de
laine & de soie. — Supplice d'Alexandre Roussel, ministre
d'Uzès, pendu à Montpellier.
7 décembre . Règlement pour les laines qui doivent être employées dans les
manufactures du Gévaudan.
14 décembre . Le Conseil d'Etat ordonne la nomination d'un inspecteur du
pastel dans les diocèses d'Albi & de Lavaur.
16 décembre . Ouverture des États par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Narbonne. (Clôture le 3 février 1729.)
18 décembre . Le marquis du Roure prend place aux Etats comme baron de
Florac, en Gévaudan.
28 décembre . Agitation électorale à Espéraza.
3o décembre . Les consuls de Gaillac sont autorisés à interdire l'entrée du vin
étranger, suivant les anciens privilèges de cette ville.
1729, 25 janvier Remise est faite de 200000 livres sur les impositions aux com-
munes de Languedoc, à cause des mauvaises récoltes de
l'année. — Les communes affligées de grêle & d'inondations
obtiennent 25oooo livres de remise sur les impositions.
10 avril La fabrication des draps Londres-larges, Londres & seizains est
interdite à Carcassonne, Clermont & Saint-Chinian.
19 avril Établissement d'une subvention à Puylaurens, pour dix ans.
21 avril Bail à Pierre Roche des travaux du port de Beaucaire.
3i mai Le Conseil d'Etat confirme la nomination du premier consul de
Saint-Ambroix, faite d'office par l'intendant.
7 juin Remise est faite de 1000 livres par an, pendant quatre années,
à la commune de Brousse, à cause du mauvais état de ses cul-
tures.
14 juin La conversion en argent des droits seigneuriaux payables en
huile est prorogée pour six ans.
21 juin Le Conseil d'État fixe à 6 livres 10 sols le minot le tarif spécial
du sel de Peccais pour les habitants du pays de Sault.
3o juin Le Conseil de ville de Montpellier décide la démolition de la
porte de Lattes.
64
E'I
1729,
12
juillet
i5
juillet . . . ,
lO
septembre
i3
septembre
20
septembre
27
septembre
i8
octobre . .
20
octobre . .
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Défense est faite aux fabricants de pastel des diocèses d'Albi &
de Lavaur de moudre leur pastel pendant la nuit pour échap-
per aux vérifications des inspecteurs.
Défense est faite aux compagnons tisseurs de quitter un atelier
en laissant une pièce de drap inachevée.
Confirmation du traité de 1634, attribuant 6 deniers par livre aux
receveurs des tailles de Languedoc pour toutes les impositions.
La saisie du bétail est interdite en Languedoc.
La subvention de Cette est prorogée pour huit ans.
Règlement pour la fabrication des tonneaux à vin & à eau-de-
vie en Languedoc.
L'augmentation de subvention de Montpellier est prorogée pour
quatre ans.
Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, dans la grand'-
salle des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 14 dé-
cembre.)
26 novembre. Remise est faite d'une somme de 800000 livres sur les imposi-
tions, pour servir à l'acquittement des dettes de la Province.
— Le droit d'équivalent est augmenté pour douze ans.
i3 décembre . La subvention d'Uzès est prorogée pour quinze ans.
14 décembre . Bail à Joseph Charavel de la continuation des travaux du port
de Beaucaire.
27 décembre . Les droits de l'équivalent de Languedoc sont augmentés pour
douze ans.
1730, 25 janvier . . . Emeute des revendeuses de porc à Montpellier.
3o avril Remise est faite à la Province des sommes avancées pour l'arme-
ment de bâtiments croiseurs, destinés à protéger la navigation
contre les corsaires de Tripoli.
2 mai Le Conseil d'État maintient aux consuls de Montpellier la con-
naissance des affaires de police, même en matière criminelle.
16 mai Etablissement de trois foires à Saix.
■7 juin La Cour des comptes de Montpellier défend aux officiers de la
temporalité de l'archevêque de Narbonne de connaître du fait
des tailles en première instance.
27 juin Établissement d'une subvention à Sommières, pour six ans. —
Établissement d'une subvention à Pézénas, pour six ans.
1" août Le Conseil d'État casse trois arrêts du Parlement de Toulouse
sur les élections municipales d'Espéraza, & un quatrième sur
les querelles de préséance entre le viguier & les consuls de
Saint-Hippolyte.
10 août Synode provincial des Cévennes.
22 août Le Conseil d'État ordonne la vérification des comptes commu-
naux du diocèse de Saint-Pons depuis vingt-cinq ans.
29 août j. Établissement de la loterie de Languedoc, pour le rembourse-
ment des dettes de la Province.
5 septembre. Établissement d'une subvention à Puyvert, pour dix ans.
11 septembre. L'assemblée du clergé de France écrit au rot contre l'évêque de
i'4ontpellier & demande un concile pour le juger.
CHRONOLOGIE. 65
lySo, 19 septembre. Les emprunts de grains pour semailles dans le diocèse de Saint-
Pons sont soumis à l'approbation préalable d'un des commis-
saires ordinaires.
26 septembre. Etablissement d'une subvention à Frontignan, pour cinq ans. —
La subvention de Lunel est prorogée pour douze ans.
3i octobre . . . Remise est faite de goooo livres par an, pour deux ans, aux dio-
cèses de Narbonne, Albi & Lavaur. — Etablissement d'une
subvention à Clermont-Lodève, pendant douze ans, pour rem-
bourser les engagistes des fours banaux. — La Province obtient
remboursement des sommes avancées pour les travaux du port
de Beaucaire. — Arrêt du Conseil défendant de mettre le feu
aux chaumes, landes, bruyères & garrigues. — Le Conseil
d'Etat casse les élections consulaires d'Auterive. — Le Conseil
d'Etat attribue à l'intendant la connaissance des baux de bou-
cheries municipales.
octobre Confirmation des privilèges de la ville de Nimes. — Erection de
la baronnie de Saint-Remèze, avec entrée aux Etats, à la place
de la baronnie d'Aps.
14 décembre . Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, dans la grand'salle
des audiences du palais de Nimes. (Clôture le 3 février lySi.)
i5 décembre . Le comte du Bourg prend place aux Etats comme baron d'Arqués.
19 décembre . Le Conseil d'Etat défend de recevoir à Carcassonne aucun maître
drapier pendant trois années.
lyBr, 4 mars Maintien du droit de souquet, levé par la ville de Nimes,
27 mars La subvention établie à Narbonne est prorogée pour douze ans.
22 mai Les impositions ordinaires sont rétablies dans les communes des
Cévennes qui avaient été détruites en 1708.
3 juillet .... Incendie à Montpellier, causé par l'imprudence des tonneliers.
7 juillet .... Le Conseil d'Etat approuve les plans du sieur de Lablottière
pour la place du Peyrou, à Montpellier, & ordonne la démo-
lition du couvent de la Merci.
3i août Le Conseil d'Etat maintient l'usage des élections municipales
annuelles à Saint-Esprit.
4 septembre. Etablissement d'une subvention sur la farine à Pézénas. — Le
Conseil d'État casse les statuts des boulangers & droguistes
d'Alais.
9 septembre. Les contestations entre officiers royaux & municipalités, tant
pour assemblées que pour juridiction, sont renvoyées à l'in-
tendant.
16 octobre . . . Arrêt du Conseil sur le transport du minerai de fer de Vicdessos.
17 novembre. Déclaration du roi établissant l'impôt du dixième de tous les
revenus.
20 novembre . Etablissement d'une subvention à Saint-Chinian.
novembre.... Edit portant rétablissement des offices de gouverneurs, lieute-
nants de roi, majors, maires, lieutenants de maires & autres
officiers des hôtels de ville.
29 décembre .La manufacture de Montoulieu est autorisée à fabriquer des
draps fins pour le Levant.
XIII. 5
66 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE -LANGUEDOC,
1702, 6 janvier ... Le Conseil d'Etat enjoint aux communes de Languedoc de repré-
senter leurs titres h la prohibition des vin.s étrangers. — Le
Conseil d'Etat ordonne que, dans les paroisses com])Osées de
plusieurs taillables, tous les habitants contribueront à l'entre-
tien des églises, cimetières & presbytères.
14 janvier ... L'intendant défend aux juifs de séjourner & de trafiquer en
Languedoc.
15 janvier ... Règlement du Conseil d'Etat sur l'aunage des draps destinés au
Levant.
17 janvier . . . Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 3 mars.)
19 janvier ... Le comte de Rochepierre prend place aux Etats comme baron
de Saint-Remèze, en Vivarals.
6 février. . . . Déclaration du roi, défendant de Saisir les feuilles de mûrier en
Languedoc.
12 février Les sucres raffinés à Cette exportés à l'étranger, en Franche-
Comté ou en Alsace, sont déchargés des droits de douane de
Lyon & de Valence.
8 avril Le délai de remboursement des charges municipales est prorogé
pour trois ans.
22 avril Supplice du pasteur Pierre Durand, exécuté à Montpellier.
3 mai Etablissement d'un corps de garde & d'une chaîne pour fermer
le canal du port de Cette.
10 juin Imposition diocésaine pour l'achèvement de la cathédrale de
Montauban.
2r) juin Le Conseil d'Etat casse un arrêt du Parlement de Toulouse sur
l'adjudication de certains biens abandonnés dans la commune
de Montels.
2 août Les diocèses d'Alet 8c de Limoux obtiennent le droit d'envoyer
chacun annuellement aux Etats un député diocésain.
2 août Etablissement d'une subvention à Mazamet, pour le rachat d'une
censivç due au comte de Belle-Isle,
11 septembre. La terre d'Arqués perd la qualité de baroiiilie des États par
démission de la marquise du Bourg.
6 octobre... Evasion du pasteur Barthélémy Claris, prisonnier dauS la ciia-
delle d'AIais.
J4 octobre,., La subvention de Clermont-Lodêve est prorogée pour neuf ans,
avec nouveau tarif, — Le Conseil d'Etat confirme les préséan-
ces du juge royal d'Aigues-mortes dans les assemblées de ville.
octobre Érection de la baroaaie d'Avéjan avec entrée aux États, à la
place de la baronnie d'Arqués.
24 novembre . Ordonnance de l'intendant, portant règlement pour l'adminis-
tration des affaires de la ville de Montpellier.
27 novembre . Ouverture des États par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 8 janvier 1730.)
9 décembre . Installation de Jean-Louis Favier, syndic général au départe-
ment de la sénéchaussée de Toulouse.
12 décembre . Installation de René-Gaspard Joubert, syndic général au dépar-
tement de là sénéchaussée de Beaucaire & Nimes.
1732, 3o décembre
CHRONOLOGIE.
67
Remise est faite de 47000 livres sur les impositions de lySi aux
diocèses de Narboitiie, Albi & Lavaiir.
1733, 10 janvier ... La Cour des aidés de Montpellier règle la compétence des offi-
ciers royaux de la vîguerie de Narbonne & des officiers de la
temporalité archiépiscopale, en fait de tailles.
16 janvier ... La Cour des aides de Montpellier défend d'exiger un droit
d'équivalent sur le poisson, aux portes de Toulouse.
22 janvier ... La Cour des aides de Montpellier déclare que toutes les commu-
nautés régulières & séculières de Languedoc sont soumises au
droit d'équivalent.
!'■' février. . . . Instruction pastorale de l'évêqiie de Montpellier sur les miracles
du diacre Paris.
7 février.... Le Conseil d'Etat renvoie par provision, au sénéchal de Nimes,
l'appel des jugements rendus par les officiers des justices
épiscopales Ou capitulaires d'Uzès & des seigneuries dans la
mouvance de l'évêché.
8 février. ... Le Conseil d'Etat ordonne la révision des comptes du clavaire de
Montpellier.
10 février.... La ville de Montpellier obtient prorogation pour dix ans des
droits de courtage.
17 mars La Cour des aides de Moritpellier autorise la perception du droit
d'équivalent sur le poisson,
28 mars La réduction des droits de sortie, accordée aux petites étoffes
de laine, est étendue aux couvertures fabriquées à Montpel-
lier.
i'' mai Le Conseil d'Etat supprime l'instruction pastorale de l'évêque
de Montpellier sur les miracles du diacre Paris.
18 juin La Cour des aides de Montpellier déclare les habitants de Nimes
exempts des droits de péage, contre les prétentions du baron
de Manduel & de Lamothe.
jcj juin Les consuls de Perols, Villeneuve & Frontignan sont tenus de
fournir hommes, bateaux & outils pour nettoyer le canal des
étangs, en payant les journées de gré à gré.
27 juin La fabrique de draps fins pour le Levant, établie à Bise, est
érigée en manufacture royale.
7 juillet .... La subvention de Carcassonnc est prorogée pour six ans.
25 août Liquidation de l'emprunt de 1714.
4 octobre . . . Prétendu miracle de la Vérune.
17 octobre ... Le Conseil d'État casse un arrêt de la Cour des aides de Mont-
pellier sur la nortiination du Conseil politique de Lésignan.
27 novembre . Remise est faite de 40000 livres aux diocèses de Narbonne, Albi,
& Lavaur.
17 décembre . Ouverture des États par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 6 février 1784.)
18 décembre . Le comte d'Avéjall est reçu aux Etats comme baron d'Avéjan.
19 décembre . Le marquis de Nisas est reçu au.f États comme baron de Mur-
viel.
3o décembre . Remise est faite de iSoooo livres sur la capitation de Languedoc.
58
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1734, 14 janvier Le Parlement de Toulouse enregistre la déclaration du dixième,
avec remontrances au roi.
28 janvier ... La baronnie de Privas, en Vivarais, est vendue par la duchesse
d'Aiguillon au marquis de Gerlande.
3o janvier ... Établissement d'une commission pour la réformation des abus
introduits dans l'administration des communes de Languedoc.
janvier Création de la manufacture royale de Montoulieu.
5 février. . . . Règlement des Etats sur l'établissement des subventions.
16 mars Le Conseil d'État déclare que le village de Monteils-Rivals,
situé sur la frontière du Forez, fait partie du Vêlai, en Lan-
guedoc.
26 mars Toutes les élections municipales en Languedoc sont suspen-
dues.
3i mars Les anciens pourvus d'offices municipaux non remboursés sont
maintenus en jouissance, à charge de payer dans un mois la
moitié de la nouvelle finance.
i3 avril Le Conseil d'État ordonne que les étoffes fabriquées en Lan-
guedoc seront mesurées à l'aune de Paris.
21 avril Instruction pastorale de l'évêque de Montpellier sur le miracle
de la Vérune.
II juillet .... La fabrique de draps d'Aubenas est érigée en manufacture royale.
29 juillet La ville de Montpellier obtient continuation pour cinq ans du
droit d'un denier par livre de viande.
3i juillet Le Conseil d'État règle l'abonnement du dixième à i 35oooo li-
vres par an.
24 août La taxe des biens nobles de Languedoc pour le dixième est fixée
aux cotes de 1712, augmentées d'un tiers. — La moitié des
frais de la commission de 1734 est mise à la charge du trésor
royal.
28 août Arrêt du Conseil d'État pour la conservation des eaux minérales
de Saint-Laurent, en Vivarais.
21 septembre. Le Conseil d'État nomme une commission de six membres pour
étudier les contestations des États de Languedoc, du Parle-
ment de Toulouse, de la Cour des aides de Montpellier, des
trésoriers de France & des présidiaux de la Province.
19 octobre ... La subvention de Béziers est prorogée pour trois ans.
20 novembre . Le Conseil d'État accorde un an de délai aux seigneurs riverains
du canal pour remise de leurs titres,
20 novembre. Une somme de 4600 livres est accordée à la Province, en rem-
boursement des frais de voitures fournies aux troupes espa-
gnoles. — Remise est faite de 40000 livres aux diocèses de
Narbonne, Albi & Lavaur.
16 décembre . Ouverture des États par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Montpellier (Clôture le 7 février 1735.)
18 décembre . Le marquis de Morangiès prend place aux États comme baron
du Tournel, en Gévaudan.
Si décembre . Ordre de remboursement de iio3i4 livres à la Province, pour
louage de cinq cents mulets fournis par les communes de Lan-
jjuedoc à l'armée d'Italie.
CHRONOLOGIE. 6g
1735, i5 janvier ... Règlement nouveau pour la juridiction consulaire de Toulouse,
avec restriction du nombre des électeurs.
22 janvier ... Le diocèse de Lodève est autorisé à emprunter 5oooo livres, pour
la construction de l'évéché.
26 février. . . . Mandement de l'évéque de Saint-Papoul, qui adhère à l'appel.
24 mars Le Conseil d'Etat permet de tenir l'Assiette diocésaine de Mire-
poix dans l'une des quatre villes de Mirepoix, Fanjaux, Cinte-
gabelle & Laroque d'Olmes, au choix des commissaires.
28 mars Le marquis de Gerlande, baron de Privas, se démet du droit
d'entrer aux Etats fous les vingt-quatre ans en faveur du mar-
quis de la Tourrette, baron de Chalencon.
3o mars Assemblée de la province ecclésiastique de Narbonne : elle
rejette la demande d'un concile contre l'évéque de Mont-
pellier, faite par les évéques de Nimes & de Saint-Pons.
I" avril Instruction pour la levée du dixième.
2 avril ^-Le Conseil d'Etat supprime le mandement de l'évéque de Saint-
Papoul.
4 avril Livres protestants brûlés à Beaucaire, devant l'hôtel de ville.
14 mai Établissement d'un marché à Narbonne, le jeudi de chaque
semaine.
4 septembre. Le Parlement de Toulouse condamne au feu l'Histoire de la con-
grégation, des filles de l'Enfance.
septembre. Erection de la baronnie de La Tourrette, en Vivarais, avec
entrée aux Etats, à la place de Privas.
15 décembre . Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Narbonne. (Clôture le 3 février 1736.)
26 décembre . Les agents du fermier des domaines sont soumis à l'obligation
de prendre un permis de l'intendant pour réclamer le paye-
ment des droits de contrôle, insinuation & centième denier, à
cause d'actes passés avant le 1" janvier 1727.
1736, 10 janvier ... La subvention de Montpellier est prorogée pour dix ans.
14 janvier ... Le comte de Lautrec prend place aux Etats comme baron de
Villeneuve.
16 janvier ... Déclaration du roi, réglant les adjudications par décret en Lan-
guedoc.
20 janvier . . . Déclaration du roi, réglant la compétence du Parlement de Tou-
louse, de la Cour des comptes de Montpellier & des autres
tribunaux de Languedoc.
janvier Lettre de l'évéque de Montpellier au pape, au sujet d'un man-
dement apocryphe condamné en cour de Rome.
l3 mars Le Conseil d'Etat règle l'exploitation du bois de Valeine, appar-
tenant à la ville de Montpellier.
4 avril Le curé de Lansargues est relégué au séminaire de Béziers, par
lettre de cachet.
24 avril , L'exportation des grains de Languedoc est autorisée par les ports
de Cette, Agde, la Nouvelle & Aigues-mortes.
29 mai Etablissement d'une nouvelle subvention à Carcassonne, pour
six ans. — La subvention du Fuy est prorogée pour neuf ans.
70 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1736, 27 juin Honoré Quiqueran de Beaujeu, évêqiie de Castres, meurt à
Arles. L'archevêque lui fait refuser les derniers sacrements.
20 juillet .... Arrêt du Parlement de Toulouse en faveur des jésuites, ([ui
deviennent professeurs royaux & inamovibles.
4 septembre. Renouvellement, pour six ans, de l'interdictioix de saisir le
bétail eu Languedoc. — La Cour des comptes de Montpellier
déclare roturiers les biens possédés à Ventenac par Joseph do
Lordat, abbé de Montoulieu,
8 septembre. L'évêque de Lodève est autorisé à emprunter 25ooo livres, paya-
bles en dix ans sur les revenus épiscopaux, pour la construc-
tion de l'évêché.
5 novembre . Les habitants de la rue de la Saunerie du Puy sont maintenus au
privilège de vendre le sel à grandes & petites mesures.
II novembre. Instruction pastorale de l'évêque de Montpellier, en réponse à
celle de l'archevêque de Sens contre les miracles.
l3 novembre. Le Conseil d'Etat déboute le chapitre cathédral d'Uzès, appuyé
par les agents généraux du clergé de France, de sa deniaiiiie
en exemption des droits de subvention perçus à Uzès.
27 novembre . La députation aux Etats de Languedoc est déférée aux soumis-
sionnaires d'offices qui auront payé en espèces le tiers de la
finance avant l'ouverture de l'assemblée.
i3 décembre . . Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Montpellier, (Clôture le 4 février ijSj.)
1737, 1" janvier . . , Suppression de l'impôt du dixième. — Le prix du sel est réduit
en faveur des habitants du Gévaudan, dans les Chambres de
Mende, Marvéjols & Langogne,
19 janvier . . . Règlement pour la vente du sol des anciens chemins.
21 janvier ... Les États de Languedoc transigent ayec les propriétaires du
monopole de la glace. — Délibéraliçji des États sur la répara-
tion & l'entretien des chemins en Languedoc.
22 janvier ... Arrêt du Conseil d'État pour la vérification des dettes des com-
munes contractées du i" janvier 1721 au i*"' janvier 1736.
26 janvier . . . Bail de la ferme générale de l'étape à Jean Margouet, de Mont-
pellier.
1" mars Surprise d'une assemblée protestante dans une grange, en Vivarais.
19 mars Les vins de Languedoc & de Roussillon destinés à l'approvision-
nement de Paris sont déchargés des droits de raassicault & de
moitié des autres droits dus à Rouen & au Havre.
24 mars..,.,, La commission de 1734 règle les drçits de quittance des rece-
veurs & contrôleurs des tailles,
2 avril,,.,,. Le Conseil d'État déclare roturiers tous les biens possédés par
les bénédictins d'Aniane, dans le taillable de la commune.
7 mai Le Conseil d'État défend d'acheter les laines avant le mois de
mai, & de vendre celles du Carcasses, du Narbonnais & du
Biterrois autrement qu'en suint.
21 mai Le diocèse de Mende est autorisé à emprunter 40000 livres,
pour acheter des grains & pour construire ou r.épsrer Jtjs che-
mins en Gévaudan.
CHRONOLOGIE, • 71
1737, 18 juin Défense est faite aux agents du prince Je Rohnn de saisir, sous
prétexte de péage, les grains portés en Vivarais par le Khône,
sauf déclaration des voituriers à Lavoûte & à Tournon.
15 juin ^ Instruction pour la fourniture des étapes en Languedoc.
28 juin La Cour des comptes de Montpellier condamne le maire do
Saint-AmbroiXj pour prévarications & malversations.
I*' juillet .... Ordonnance de l'intendant pour le pliage des toiles de l'Albi-
geois.
2 juillet .... Etablissement de nouveaux droits de subvention à Pézénas.
16 juillet .... Les habitants de Portiragnes sont autorisés à planter en vignes
sept cent quatre-vingt-biiit sélerées de terres en friche.
i3 août La subvention d'Alais est continuée pour neuf ans.
27 août Le comte du Pujol s'empare des titres de cette commune.
3 septembre. Le droit de petit-blanc sur les sels de Peyriac & de Peccais est
doublé, pour la réparation des chaussées du Rhône.
16 septembre. Défense est faite de recevoir aucun maître drapier drapant ri
Saint-Chinian & Clermont, pendant six ans.
9 octobre ... Le Conseil d'Etat ordonne la démolition des moulins de l'Hers,
depuis le territoire de Villefranche.
i5 octobre . . . Règlement pour le contrôle des actes des hôtels de ville de Lan-
guedoc.
24 octobre . . . Ouverture des Etats par le marquis de La Fare, à l'hôtel de ville
de Montpellier, (Clôture le 5 décembre.)
3i octobre,.. Le marquis de Caylus prend place aux États comme baron de
Rouairoux.
26 novembre . La subvention de Béziers est prorogée pour six ans.
4 décembre . ^ Remise est faite de 200000 livres sur le don gratuit aux com-
munes de Languedoc affligées par la grêle & la sécheresse.
7 décembre . M. de Montgeron, conseiller au Parlement de Paris, est relégué
à Viviers par lettre de cachet.
29 décembre . - Les élections municipales sont rétablies en Languedoc, à comp-
ter du 1" janvier 173B.
173s, 21 janvier ... La subvention levée à Revel est prorogée pour douze ans.
4 mars MM. de Barillon & de la Salle sont subroges aux droits ilii
maréchal de Noailles pour le dessèchement des marais du luis
Languedoc.
6 mars La Cour des comptes de Montpellier casse le nouveau comj oix
de Graulhet & prescrit d'en dresser un autre.
8 avril Mort de M. de Croissy, évoque de Montpellier.
i5 avril Le diocèse de Lodève emprunte 42000 livres pour les travaux des
chemins.
10 juin Les acquéreurs d'offices municipaux non remboursés sont main-
tenus en fonctions.
24 juin Modération des droits de sortie sur les draps nims destinés au
commerce du Levant.
7 juillet M. de Saint-Jal, évoque de Castres, ordonne la construction
d'une catliédrale. — L'intendant ordonne la démolilion des
moulins sur l'ilcrs.
72
ÉTUDES PilSTORlQUES SUR LE LANGUEDOC.
1738, 29 juillet La fabrication des bas & autres ouvrages de boiinetterie au
métier est autorisée à Lunel. — Règlement pour le commerce
des cuirs à Toulouse.
6 août Arrêt du Conseil sur le rachat des censives fait par la commune
de Saint-Hippolyte au sieur Decroye.
6 septembre. Le Conseil d'Etat attribue, pour cinq ans, à l'intendant de
Languedoc la connaissance des vols de laine faits dans les
fabriques de draps.
16 septembre. La subvention d'Albi est prorogée pour six ans.
28 septembre. L'ingénieur en chef Thiery est chargé de vérifier la possibilité
de joindre le canal royal à la robine de Narbonne.
21 octobre . . . Établissement d'une subvention à Limoux, pour dix ans.
28 octobre ... Le Conseil d'État confirme la transaction de 1725, entre le mar-
quis de Calvisson & la commune de Massillargues, pour le
défrichement des marais.
15 novembre . Arrêt du Conseil d'État sur la vérification des dettes des
communes. — Le Conseil d'État ordonne la démolition des
moulins de Saint-Rome & de Mourvilles, sur le ruisseau de
Marcaissonne.
25 novembre. Remise de 120000 livres est faite aux communes de Languedoc,
à cause des dommages causés aux récoltes par la grêle, la
sécheresse & les brouillards. — Remise est faite de 40000 li-
vres aux diocèses de Narbonne, d'Albi & de Lavaur.
27 novembre . Ordonnance de M. de Bernage pour l'entretien du canal des
Étangs.
2 décembre . Le Conseil d'État autorise le marquis de Léran à rétablir ses
forges.
II décembre . Ouverture des Etats par le duc de Richelieu, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 3 février 1739.)
i3 décembre . Règlement des États pour la production des preuves généalogi-
ques exigées des envoyés de la noblesse.
16 décembre . La capitation de Languedoc est réduite à 1620000 livres pour
l'année 1738.
23 décembre . Les nouveaux droits de subvention de Montpellier sont prorogés
jusques en 1745. — Etablissement d'une nouvelle subvention
à Aigues-mortes, pour douze ans.
1739, 27 janvier .
28 janvier . ,
29 janvier . .
janvier .
7 mars.
Règlement des États pour la vérification des espèces dans les
caisses de la Province.
Conventions entre les commissaires des États & les propriétaires
du canal, au sujet de l'entretien des épanchoirs, aqueducs &
rigoles.
Les États approuvent les conventions passées entre les députés
des diocèses de Lavaur & de Saint-Papoul & les propriétaires
du canal.
Le titre de barounie de tour de Vivarais est rendu à la terre de
Tournon.
Mandement de M. de Charency, évéque de Montpellier, ordon-
nant kl signature pure & simple du formulaire.
CHRONOLOGIE. 73
1739, 24 mars Le Conseil d'Etat maintient les préséances des consuls de Saint-
Esprit contre les prétentions des officiers de la justice royale.
7 avril Etablissement d'une subvention à Ganges, pour douze ans.
14 avril Etablissement d'une nouvelle subvention à Saint-Hippolyte, pour
douze ans.
18 avril Règlement pour la fabrication des métiers à bas.
27 avril Le Parlement de Paris remet le comte de Mérinville en posses-
sion de la baronnie de Rieux, sauf remboursement de l'adjudi-
cataire.
28 avril Ordonnance de l'intendant pour l'entretien des fossés des grands
chemins & chemins de traverse.
3o avril Le curé de Sainte-Anne de Montpellier est dépouillé de son
bénéfice comme appelant.
5 mai Etablissement d'une imposition de 6000 livres à Montpellier,
pour neuf ans, en faveur de l'hôpital Saint-Eloy.
12 mai Les droits de subvention de Nimes sont prorogés pour neuf
ans.
i3 mai Arrêt du Conseil d'Etat pour le remboursement des créanciers
de la Province.
19 mai La commune de Nimes est autorisée à nommer ses conseils poli-
tiques suivant les anciens usages.
16 juin Etablissement d'une subvention à Castres, pour huit ans. — La
subvention de Cette est prorogée pour huit ans.
18-19 juin... Un orage nocturne dévaste quatre-vingt-quinze paroisses de
Gévaudan.
3o juin M. de la Blottière, directeur des fortifications, est chargé de
vérifier les marais du bas Languedoc, entre Aigues-mortes,
Beaucaire & l'étang de Pérols. — Etablissement d'une subven-
tion à Réalmont, pour dix ans.
2 juillet .... L'ancien octroi de la ville de Saint-Esprit est continué pour
neuf ans.
20 juillet .... Le Conseil d'Etat annule les statuts des pareurs de Saint-Chi-
nian & casse un arrêt du Parlement de Toulouse qui en
ordonnait l'exécution.
9 août 800000 livres sur la capitation sont affectées au remboursement
des créanciers de la Province.
II août Le Conseil d'Etat confirme aux consuls de Frontignan leurs
anciennes préséances, sur rachat de la mairie fait par la com-
mune.
14 août Le Conseil d'Etat défend de faire aucun entrepôt de laine à
Tarascon pendant la foire de Beaucaire.
26 août Le diocèse de Nimes vote un emprunt de 5oooo livres pour
indemnités aux communes dévastées par l'orage.
22 septembre. MM. de Pontmartin & Durand, ingénieurs, sont désignés pour
vérifier les marais à dessécher dans le bas Languedoc.
29 septembre. La subvention d'Anduse est prorogée pour neuf ans.
3û septembre. \La commission de 1734 demande à toutes les communes de Lan-
guedoc un état de leurs dettes.
16 octobre ... La Cour des comptes de Montpellier casse l'allivreiaent fait par
74
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1739, 17 octobre . ,
12 novembre ,
17 décembre .
19 décembre .
les consuls de Montlaur du domaine de Roquenégade, appar-
tenant au marquis de Pins.
Le Conseil d'Etat ordonne la vérification des rôles dressés ])ar
les collecteurs des tailles. — Les adjudicataires & agents de
l'équivalent de Languedoc sont exemptés des charges person-
nelles. — Remise est faite de 40000 livres aux diocèses de
Narbonne, Albi & Lavaur. — Remise est faite de 160000 livres
sur le don gratuit, à répartir entre les diocèses de Mende,
Viviers, Uzès, les communes d'Avignonnet, Capestan, Vie, Si
Candillargues.
Arrêt du Conseil d'Etat pour la reddition des comptes des com-
munes de Languedoc.
Ouverture des Êlats, à Montpellier, par le duc de Richelieu.
(Clôture le 1" février 1740.)
Le marquis d'Avéjan prend place aux États comme baron d'Avé-
jan.
1740, iç) jaijvier ... Règlement des États pour l'exécution des conventions passées
entre la Province & les propriétaires du canal de Languedoc,
concernant l'entretien des divers ouvrages.
1" février La municipalité de Nimes vote des secours aux ouvriers sans
travail.
27 févriçr,,., Le diocèse de Montpellier est déchargé du droit de centième
(jçnier des fonds de terre pris pour emplacement ou agrandis-
sement des chemins.
lî mars La commission de 1734 nomme un auditeur des comptes commu-
naux dans chaque diocèse de Languedoc.
16 mars..,,,. Le Conseil d'État charge le subdélégué de l'intendant de procé-
der à l'adjudication des fermages communaux de Toulouse.
I" ftvrij, . . ,, . Ordonnance du rpi, réglant le nombre & la qualité des voitures
à fournir aux troupes de passage eu Languedoc.
j3 gyril, Un délai de six mpis est accordé aux créanciers des communes
de Languedoc pour faire valoir leurs droits.
23 avril Remise est faite de 5oooo livres sur le don gratuit aux communes
de Capestan, Fleury, Armissan & autres lieux du diocèse de
Narbonne désolés par les inondations.
10 mai....... Une pension annuelle de 5oo livres, en faveur du collège des
doctrinaires de Narbonne, est assise sur le diocèse & sur la
ville.
27 juin , Le commission de J734 permet de poursuivre, par garnisons, la
reddition des comptes communaux.
5 juillet .,,. Les droits sur la boucherie, établis à Narbonne en faveur do
l'hôpital, sont prorogés pour quatre ans. — Établissement
d'une subvention à Saiute-Colombe.
20 août.,..,! Ordonnance de l'intendant pour la fabrication des étoffes des
Cévennes.
|5 septembre. La commission de 1734 annule les comptes communaux réglés
par les auditeurs ordinaires depuis 1703 & les renvoie aux
coiinuiL,sairt;a auùitcuia. — Les religiou.t de la Merci dt- Mont-
CHRONOLOGIE,
75
1740, 18 octobre . , .
î5 octobre . .
8 novembre ,
novembre .. .
6 décembre
i5 décembre
J7 décembre
20 décembre
pellier achètent, aux frais de la Provincç, l'enclos de Triu-
quère & obtiennent 40000 livres pour y bâtir leur couvent.
Arrêt du Conseil d'Etat, concernant les ouvriers employés par
les fabricants de Carcassonne,
La subvention de Puylaurens est prorogée pour dix ans.
La levée des droits de petit blanc est prorogée jusqu'à rem-
boursement de 00000 livres, avancées pour les réparations
du pont & des chaussées de Saint-Esprit. — Le Conseil d'État
ordonne l'élargissement du Girou, aux frai? des communes
riveraines.
La barpn.nje de Rieux reçoit le nom de baronnie de Mérinville.
Le diocèse de Saint-Papoul est autorisé à faire un nouvel em-
prunt pour les travaux du Tréboul & du Fresquel,
Ouverture des Etats, à Montpellier, par le duc de Richelieui
(Clôture le 6 février 1741.)
Le marquis de Brison prend place aux États comme baron de
Tornac.
Règlement du Cpnseil d'État pour les assemblées & conseils
politiques des communes & le mode de convocation des juges.
— Les consuls de Languedoc sont déclarés exempts, pendant
leur consulat, des charges de commissaires & séquestres aux
saisies.
'741» 4 janvier... Le Parlement de Toulouse attribue aux officiers de l'abbé
(J'Aniane la préséance sur les consuls.
21 janvier . . . Remise est faite de 80000 livres sur la capitation.
25 janvier , . . Remise est faite de 70000 livres sur le don gratuit.
4 février.,,, L'Assiette de Nimes est maintenue au droit de choisir le syndic
diocésain,
14 wars -....# Le Conseil d'État fixe le droit de subvention levé à Narbonne.
28 mars Le Conseil d'Etat maintient la préséance des consuls d'Aniane
dans les iissemblées de U commune, contre les prétentions de
l'abbé,
p mai,,. .... La commission de 1734 règle la forme des comptes d'Impositions.
10 m;ii Le Conseil d'État règle la descente des vins 8c eaux-de-vie de
Languedoc à Bordeaux.
20 mai Les minimes de Toulouse sont déboutés de leur demande en
exemption des droits municipaux de commutation & d'entrée.
14 juiii Règlement pour la fabrication des draps destinés au commerce
du Levant,
18 juillet .... Ordonnance de l'intendant & du grand maître des eaux 8: forêts
pour la conservation des bois 8c la police des verreries.
20 juillt-'t ,.,. L'intendant défend aux pécheurs & mariniers de dégrader les
digues de l'étang de Thau.
29 août Déclaration du roi pour la levée du dixième du revenu des biens
du royaume.
6 septembre. Arrêt du Conseil pour le payement des arrérages de la capitation
dus par ja ville de Toulouse à la Province depuis 1^35,
ij septembre. Débordement du Gardon dans le territoire d'Alais.
76
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1741, 17 octobre . . .
7 novembre .
14 décembre ,
16 décembre .
29 décembre ,
3i décembre .
Déclaration du roi, interprétant celle du 28 février 1708, pour
la nobilité & roture des fonds de terre en Languedoc.
L'augmentation des droits d'équivalent est continuée pour douze
ans.
Ouverture des Etats, à Montpellier, par le duc de Richelieu.
(Clôture le 8 février 1742.)
Le marquis de Saint-Point prend place aux Etats comme baron
de Sénaret, en Gévaudan.
Règlement des Etats pour la ferme & exploitation du droit
d'équivalent.
Arrêt du Conseil d'Etat, réglant la levée de la capitation en Lan-
guedoc.
1742, 9 janvier .... Le dixième est abonné en Languedoc, au prix de i Sooooo livres
par an.
19 janvier ... Les Etats accordent 4000 livres au diocèse de Montauban pour
les travaux du Tescou.
3i janvier . . . Bail de l'équivalent de Languedoc à Jean Perette.
28 février. . . . Transaction entre les consuls de Cette & de Frontignan, portant
fixation des limites des deux communes.
5 mars Etablissement d'un inspecteur des manufactures à Saint-Gau-
dens, avec ressort dans le petit Comminges & attribution des
lieux de Camarès, Saint-Afrique, Saint-Félix & Cormes à l'ins-
pection de Lodève; de Saverdun & Cintegabelle à l'inspection
de Toulouse; de Castelsarrasin, Montech & Villemur à l'ins-
pection de Montauban.
10 mars Instruction pour la levée du dixième en Languedoc.
i3 mars Toutes les élections municipales sont interdites.
24 avril Règlement pour le lavage des laines de Languedoc.
12 mai Une commission de conseillers d'Etat est chargée de vérifier les
titres de l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier.
14 mai Remise est faite de iSoooo livres, sur le don gratuit, aux commu-
nes de Languedoc affligées par les grêles ou les inondations.
21 mai La subvention de Mazamet est continuée pour six ans : cons-
truction d'une nouvelle église paroissiale.
20 juin Devis général pour la construction des nouveaux chemins, dressé
par l'ingénieur de Carney.
17 juillet La ville de Montpellier obtient continuation du droit de cour-
tage & des droits sur la viande de boucherie. — Etablissement
de nouveaux droits de subvention à Carcassonne. — La ville
de Sommières est autorisée à lever des droits de subvention
pendant douze ans.
14 août Une somme de 65 700 livres est prélevée sur le fonds d'amortis-
sement pour la fortification des côtes de Languedoc.
20 août La commission de 1734 règle l'honoraire des juges royaux &
bannerets pour l'assistance aux élections consulaires 8c pres-
tation de serment des consuls.
12 septembre. La défense de saisir les bestiaux en Languedoc est renouvelée
par déclaration du roi.
CHRONOLOGIE.
77
1742, 18 septembre.
I" octobre . . .
7 novembre .
28 novembre .
i5 décembre ,
20 décembre
22 décembre
23 décembre
3i décembre
Établissement d'une subvention à Mirepoix, pour vingt ans.
Le Conseil d'Etat ordonne la construction d'une nouvelle église
à Nimes.
Le diocèse de Montauban est autorisé à emprunter 20000 livres
pour les travaux du Tescou.
Remise est faite de 60000 livres à la Province sur la capitation.
Les habitants de Blanzac sont déchargés du droit de franc-fief,
leurs terres n'étant pas exemptes des tailles comme nobles,
mais comme stériles.
-Ouverture des États, à Montpellier, par le duc de Richelieu.
(Clôture le i" février 1748.)
Le comte de Rochechouard prend place aux États comme baron
de la Gardiole.
Remise est faite aux communes de Languedoc de 184000 livres
sur le don gratuit.
Traité de l'emprunt de 3 000000 fait par la Province pour le
compte du roi.
1748, 21 janvier ... Approbation des devis de Pitot pour l'alignement & l'élargisse-
ment du Gardon aux environs d'Alais.
22 janvier ... Le Conseil d'État ordonne que les habitants des îles du Rhône
payeront leur capitation en Languedoc.
26 janvier . . . Les commissaires du roi & des États ordonnent aux communes
d'imposer les sommes dues pour intérêts à leurs créanciers.
17 février. . . . Les États sont autorisés à employer une partie du prix de l'équi-
valent à la construction des ponts de Remoulins, Villedagne
& Villefalce.
19 février.... L'imposition du diocèse de Montpellier au profit de l'hôpital
général est continuée pour dix ans.
20 mars Établissement d'un droit sur la boucherie, à Lodève, en faveur
de l'hôpital.
26 mars La subvention de Narbonne est prorogée pour douze ans.
28 mars Les États particuliers du Vêlai arrêtent la forme des preuves de
noblesse que doivent fournir les nouveaux acquéreurs de
baronnies.
28 avril Établissement d'une subvention à Bédarieux, pour dix ans.
24 avril Ordonnance des commissaires du roi & des États pour la levée
du dixième en Languedoc.
10 juillet .... La levée des soldats de milice est ordonnée en Languedoc.
11 juillet Le Conseil d'État déboute les gentilshommes verriers de la
généralité de Montpellier de leur opposition contre les or-
donnances de translation de verreries.
l3 juillet .... Isnel, Prades & Senard-Paquier sont autorisés à établir une
manufacture à Montpellier, pour l'impression des étoffes de
laine.
19 août Le Conseil d'État ordonne la vérification du cours de la Lèze &
la démolition du moulin d'Eaunes.
i5 octobre... Arrêt du Conseil d'État sur les différends entre fabricants &
ouvriers en étoffes de soie de la communauté de Nimes. —
78 ^TUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
s Défense est faite de tuer des agneaux en Languedoc, sauf dans
la ville & viguerle de Toulouse.
17^3, i9 novembre. Remise est faite de 134000 livres sur le don gratuit aux com-
munes de Languedoc.
29 novembre . Découverte d'un trésor, à Narbonno, dans un terrain apparte-
nant h l'hôpital.
7 décembre . n.emlse est faite à la Province de 494300 livres sur la capitation.
— La moitié des frais de construction d'un magasin d'artillerie
dans le fort Brescou est mise à la charge du Trésor.
10 décembre . Les consuls de Narbonne sont autorisés à percevoir le droit de
robinage Sur les sels voitures par la robine.
19 décembre . Ouverture des États, à Montpellier, par le duc de Richelieu.
(Clôture le 5 février 1744.)
3i décembre . Traité entre les commissaires du roi & ceux des Etats pour
l'emprunt de Soooôoo.
1744, 20 janvier ... Devis général pour l'entretien des chemins de la sénéchaussée
de Carcassonne, dressé par M. de Carney.
21 janvier ... Règlement pour la fabrication du vert-de-gris à Montpellier &
autres lieux de Languedoc.
3i janvier ... Le grand Conseil décide que la première prébende vacante du
chapitre Saint-Pierre de Montpellier ne sera pas remplie &
cjue le revenu en sera employé pour l'entretien d'un précep-
teur, chargé d'instruire gratuitement les enfants abécédaires.
I" février. .. . Les Etats de Languedoc votent un emprunt pour la levée !k
l'entretien d'un régiment de dragons.
6 février.... Bail à Jacques Nogaret de la construction des trois grandes
redoutes à batterie d'Agde, la Nouvelle & Aigues-mortes &
autres ouvrages défensifs.
12 février..,. Le Conseil d'Etat approuve les travaux proposés par Garipuy
])Our l'amélioration du Girou.
19 février. . , . Approbation des devis de Pitot pour le recreusement du Lauzon.
I"' mars -i Création d'un régiment de dragons de sept cent cinquante hom-
mes, à lever en Languedoc,
4 mars Ordonnance du roi, portant qu'il sera tiré au sort huit hommes
sur chaque compagnie des garde-côtes de Languedoc pour for-
mer un régiment de dragons,
10 mars Le diocèse de Carcassonne est autorisé à faire un emprunt de
iSooo livres, pour les travaux du Fresquel.
17 mars L'octroi de Saint-Esprit est continué pour neuf ans,
3o .mars Ordonnance du roi, réglant le tirage au sort pour remplacer les
soldats garde-côtes hors d'état de servir dans le régiment do
dragons.
9 avril Le Conseil d'Etat déboute le sénéchal de Toulouse de sa préten-
tion d'entrer à l'Assiette diocésaine, eu qualité de commissaire
ordinaire,
ij mai La province do Languedoc est autorisée à prendre sur le fonds
d'amortissement 75780 livres, pour les travaux de fortification
des côles.
CHRONOLOGIE.
79
I7.J4, 21 mai L'îii fendant défend aux bergers de marquer les bêtes à laine avec
des substances gluantes.
3o mai Le Conseil d'État ordonne l'alignement de l'Hers & de la Thé-
sauque, dans les forêts de Saint-Rome & de Baziége.
19 juin --K Le diocèse de Saint-Papoul est autorisé à emprunter 20000 livres
pour les travaux du Tréboul & du Fresquel,
juin Érection du comté de Faret, en faveur du marquis de Fournès.
3 juillet .... Lettre apologétique des protestants du haut Languedoc à M. de
la Devèze, lieutenant général commandant.
10 juillet .... Les possesseurs d'offices municipaux non remboursés sont som-
més de payer leurs taxes, sous peine de déchéance. — Arrêt
du Conseil d'État, concernant les incendies qui arrivent dans
la ville de Toulouse,
17 juillet .... Les habitants de Charmes, en Vivaraîs, sont punis d'amende pour
avoir refusé d'assister aux assemblées de la commune. — La
police urbaine est maintenue à la municipalité de Carcas-
sonne, à l'exclusion du viguier & autres officiers royaux.
18 août Synode national protestant au Désert, dans le bas Languedoc.
26 août Les augmentations d'allivrement des maisons de Marvéjols sont
autorisées.
18 septembre. ^-L'intendant prescrit des mesures de précaution contre l'épizootie
qui règne en Provence.
19 septembre. Règlement du Conseil d'État pouf les marchands tuiliers, cana-
bassiers & dentelliers de Nimes.
10 octobre ... La subvention d'Uzès est prorogée pour quinze ans. — La sub-
vention d'Albi, en faveur de l'hôpital, est prorogée pour six
ans.
17 octobre... Précautions contre l'épizootie des bêtes à cornes régnant en
Lyonnais & Dauphiné.
18 octobre ... Le siège de la maîtrise particulière des eaux 8i forêts de Castres
est transféré de Mazaniet à Saint-Pons.
26 octobre... Le Conseil d'Etat ordonne l'exécution des plans dressés par
Maréchal pour la fontaine de Nimes, (Daté du camp devant
Fribourg.)
16 novembre . - L'intendant défend de couper les arbrisseaux appelés garroullles.
18 novembre , Les communes riveraines de l'Hers sont tenues de pourvoir aux
frais de recreusement.
19 novembre. Ouverture des Etats, k Montpellier, par le duc de RichelieUi
(Clôture le 2 janvier 1745,)
25 novembre . Bénédiction des étendards dU régiment de Septimanie, en pré-
sence des États, dans l'église Notre-Dame de Mon(pellior.
1" décembre . La subvention de Montpellier est prorogée pour dix ans, &
affectée à divers travaux publics.
10 décembre . Règlement pour le jaugeage des futailles fabriquées à Roque-
maure & autres lieux de la côte du Rhône,
29 décembre . Le Conseil d'Etat approuve la création de la place aux herbes &
de la place de la poissonnerie à Montpellier.
30 décembre . Autorisation de deux loteries pour le remboursement des deux
emprunts provinciaux. — Remise est faite aux communes de
8o
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Languedoc de 134000 livres sur le don gratuit & de 60000 li-
vres sur la capitation.
1744, décembre Érection de la baronnie de Puymaurin.
1745, 23 février.... Arrêt du Conseil d'État, ordonnant la translation de plusieurs
verreries sur les montagnes.
février Confirmation des privilèges du Cabardès.
17 mars Surprise d'une assemblée protestante par les dragons de la reine,
près Mazamet.
20 avril Règlement des droits de subvention dus à Montpellier par les
fermiers de l'évèque, du chapitre & de l'abbé d'Aniaiie.
i5 mai La subvention de Narbonne est prorogée pour quatre ans, en
faveur de l'hôpital. — Établissement d'une subvention à La-
vaur, pour douze ans.
iç mai Ordonnance de l'intendant pour le logement & le casernement
des troupes en Languedoc.
24 mai L'emploi de la poix est autorisé pour marquer les bêtes à laine,
dans le cas de compascuité seulement.
I" juin Règlement dressé par l'intendant pour établir le bon ordre dans
la foire de Beaucaire.
12 juin La commission de 1734 défend aux communes de faire les frais
des croix de mission.
16 juin Règlement de l'honoraire des juges royaux & bannerets en Lan-
guedoc pour l'assistance aux élections consulaires & la récep-
tion du serment des consuls. — La boucherie du roc de
Pézénas est supprimée à perpétuité, sauf indemnité annuelle
payable par la ville de Montpellier à l'abbé d'Aniane.
20 juin Le Conseil d'État règle les différends des maîtres tanneurs &
cordonniers de Montpellier.
3i juillet Règlement pour la perception des droits de traite foraine &
domaniale sur les marchandises originaires de Languedoc ou
qui traversent cette province.
7 août Le Conseil d'État déboute l'évèque de Montpellier de son appel
contre l'affectation d'une prébende à l'enseignement gratuit.
20 septembre. La Cour des comptes de Montpellier déclare exemptes des droits
de leude & péage, dans le gardiage de Toulouse, les marchan-
dises voiturées par le canal de Marseille à Bordeaux & de
Bordeaux à Marseille.
24 septembre. La commune de Clermoiit-Lodève est déchargée du droit d'amor-
tissement, à l'occasion des fours banaux dont elle avait fait le
rachat.
i*' novembre . Colloque protestant à Mazamet.
24 novembre . M. de Sauvages est envoyé en Vivarais pour y étudier la maladie
des boeufs.
12 décembre . Massacre de Vernoux.
20 décembre . Mémoire de M. de Sauvages sur la maladie des bœufs du Viva-
rais.
28 décembre . Avis de l'Université de médecine de Montpellier sur la maladie
des bœufs.
CHRONOLOGIE.
8î
1746, M
janvier . . .
20
janvier . . .
26
janvier . . .
27
janvier . . .
2
février
8
février
10
février . . . .
16 février
28 février
2
mars
22
mars
6
aviil
7
mai
25
mai
27
mai
II
juin
3
juillet
12
juillet
19 juillet
9 août.
20 août .
24 septembre.
24 octobre . . ,
7 novembre .
8 novembre .
La subvention de Pézénas est prorogée pour neuf ans.
Ouverture des Etats, à Montpellier, ])ar l'intendant Le Nain.
(Clôture le 2 mars.)
Le marquis de Calvisson est reçu aux Etats comme baron de Cal-
visson.
Le marquis de Castries prend place aux Etats comme baron de
Castries.
Supplice du ministre Desubas, exécuté à Montpellier.
Ordonnance de l'intendant & du grand maître des eaux & forêts,
concernant les nouveaux emplacements des verreries.
Bail à Gabriel Leblanc & Henri Sibille de la fourniture des voi-
tures aux troupes de passage.
La ville de Nimes est autorisée à réduire la taille de 8000 livres,
en prélevant cette somme sur les impôts indirects.
-- Règlement des Etats pour l'entretien des chemins dans les séné-
chaussées de Toulouse & de Carcassonne.
Le Conseil d'Etat ordonne une nouvelle vérification du lit de la
Lèze.
Le Conseil d'Etat maintient les droits appartenant à divers parti-
culiers sur les actes expédiés dans la maîtrise des ports de Cette.
Le marquis de Villeneuve remplace le marquis de Calvisson dans
la commission de 1784.
Le denier par livre levé h Montpellier sur la viande de bouche-
rie est prorogé pour six ans.
Arrêt du Conseil d'Etat, portant règlement pour le recouvrement
des impositions de la ville de Toulouse.
■•Remise est faite de Sooooo livres sur les impositions, à cause des
inondations & de l'épizoofie.
Le Conseil d'Etat maintient à la ville de Beaucaire l'exemption
des droits d'équivalent pendant la durée de la foire.
.Défense aux mendiants, vagabonds & gens sans aveu de fréquen-
ter la ville de Beaucaire pendant la tenue de la foire.
Le droit de petit blanc sur les sels de Peccais, Narbonne, Sigean
84 Peiriac est prorogé pour neuf ans & affecté aux réparations
du Pont-Saint-Esprit.
Etablissement d'une subvention à Lodève, pour six ans. — La
subvention du Puy est prorogée pour neuf ans.
La subvention d'Alais est prorogée pour neuf ans.
Arrêt du Conseil, portant règlement pour la réédification des
maisons ruinées ou incendiées dans la ville de Toulouse.
Le Conseil d'Etat annule les articles du compoix cabaliste de
Carcassonne, concernant les fabricants de draps du Levant.
Remise est faite à la Province de 60000 livres.
Le Conseil d'Etat accepte la remise du don des marais, faite par
le sieur de Barrillon au roi, moyennant indemnité.
La propriété des marais du bas Languedoc entre Beaucaire,
Aigues-mortes & l'étang de Pérols est donnée aux États, avec
faculté d'établir un canal de navigation & des travaux de des-
sèchement.
XIII.
6*
82 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1746, i5 novembre . Création d'une commission, présidée par Tixitendant, pour juger
les contestations relatives au don des marais.
22 novembre . Le Conseil d'Etat évoque l'affaire de la commune de Villeneuve-
Tolosane avec les prêtres de Saint-Lazare de Toulouse.
24 novembre. Ouverture des Etats, à Montpellier, par l'intendant Le Nain.
(Clôture le 2 janvier 1747.)
29 novembre . Arrêt du Conseil pour l'adjudication des ouvrages de la fontaine
de Nimes. — La levée des droits de petit blanc est prorogée
jusques à concurrence de 28000 livres, pour les travaux du
poxit Saint-Esprit.
I" décembre . Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'emprunt de 6000000.
12 décembre . Le comte de Faudoas prend place aux États comme baron de la
Gardiole.
i5 décembre . Remise est faite de 184000 livres, pour les accidents des saisons.
27 décembre . Le Conseil d'État autorise l'acquisition de terrains & de maisons
pour la création de trois marchés à Montpellier. — La sub-
vention de Béziers est continuée pour trois ans. — La subven-
tion de Cette est prorogée pour huit ans.
1747, 10 janvier ... La subvention de Mèze est prorogée pour neuf ans.
I4 janvier ... Ordonnance de l'intendant, portant règlement pour la fabrica-
tion des serges d'Alais, appelées polilaires.
17 janvier — Arrêt du Conseil, autorisant la délimitation des communes de
Cette & de Frontignan. — Le Conseil d'État casse un arrêt du
grand Conseil relatif au procès de la commune de Mauguio avec
les commandeurs de l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier.
21 février.... Le Conseil d'État ordonne la préparation d'un règlement sur
l'exploitation des bois communaux de la généralité de Mont-
pellier. — Approbation des projets de travaux, dans les forêts
royales de Saint-Rome & de Baziége, pour la canalisation de
l'Hers & de la Thesauque.
7 mars La subvention de Castres est prorogée pour huit ans.
8 mars , Ordonnance pour les cardeurs de laine du diocèse de Lodève. —
Ordonnance concernant la marque des draps fabriqués en
Languedoc pour les troupes du roi.
17 mars La Cour des comptes de Montpellier condamne le chapitre de
Saint-Pons de Thomières à payer à la commune les arrérages
des tailles dues pour des terres déclarées roturières en 1728.
10 juin ^ Jean Andrieu & Simand, fabricants de Carcassonne, sont interdits
pour un an par arrêt du Conseil, à cause de défectuosités
constatées à Constantinople dans leurs envois.
12 août Arrêt du Conseil pour le remboursement par loterie de l'emprunt
de 6000000.
18 août Ordonnance concernant la teinture & les marques des draps des-
tinés aux échelles du Levant.
26 août François Goucîar, entrepreneur de la manufacture d'Aubenas,
obtient privilège pour la teinture du coton, du lin & du
chanvre en rouge ou cramoisi, façon d'Andrinople.
CHRONOLOGIE.
83
1747, i" septembre.
19 septembre.
29 septembre.
6 octobre , . .
23 novembre ,
27 novembre ,
28 novembre ,
5 décembre ,
Règlement pour la fabrique des draps d'Aulas.
Contrat d'échange du comté de Pézénas entre le roi & le prince
de Conti.
Guillaume Sabatier, propriétaire de la raffinerie de sucre de
Montpellier, obtient restitution des droits payés à l'entrée
des sucres bruts arrivés par Cette & expédiés à l'étranger après
avoir été raffinés.
Le Conseil d'État ordonne aux commandeurs & religieux de
l'ordre du Saint-Esprit de Montpellier de représenter leurs
titres de fondation & de propriété.
Ouverture des Etats, à Montpellier, par l'intendant Le Nain.
(Clôture le i3 janvier 1748.)
Le comte de Roquelaure prend place aux États comme baron
d'Apcher, en Gévaudan.
Remise est faite de 284000 livres à la Province.
Règlement pour l'exploitation de la ferme de l'équivalent.
1748, 6 février. ... Le Conseil d'État ordonne l'exécution des travaux de la Lèze.
21 mars -L'intendant défend de fumer les vignes.
24 mars Extinction du monastère Sainte-Croix d'Aubenas & union de ses
biens à ceux de la Visitation du Bourg-Saint-Andéol.
3 avril Ordonnance de l'intendant sur le commerce des grains.
3o avril La province de Languedoc rachète, au prix de 3oooooo, les
augmentations de capitation portées par l'arrêt du 18 dé-
cembre 1747.
II mai Le Conseil d'F^tat ordonne l'exécution des plans de Pitot pour le
recreusement du canal de la Robine, de Beaucaire à l'étang
d'Escamandre.
23 mai Les officiers du bailliage de Gévaudan, séant à Mende & à Mar-
véjols, sont maintenus, pendant l'année de leur exercice alter-
natif, dans le droit de juger la compétence du prévôt des
maréchaux, pour captures faites dans le haut Gévaudan, au-
dessus de Florac, Barre & le Pont de Montvert.
28 mai La subvention de Carcassonne est continuée & doublée pour
six ans,
18 juin Les droits de subvention & de souquet de Nimes sont prorogés
pour neuf ans.
25 juin Le Conseil d'Etat ordonne le recreusement du lit de la Saune.
2 juillet .... Rétablissement d'une foire franche à Nimes, du 8 au 28 février.
3o juillet .... Le Conseil d'Etat casse un arrêt de la Cour des aides de Mont-
pellier, qui exemptait des droits de subvention l'évêque & le
chapitre de Lodève pour les vins de leurs rentes.
21 août L'île de Cette est déclarée intégralement roturière par la Cour
des comptes de Montpellier.
24 août La défense de saisir le bétail en Languedoc est renouvelée pour
six ans.
3i août Les laines d'Espagne, entrant en Languedoc par Toulouse, soit
qu'elles descendent la Garonne en venant de Cierp & Luchon,
soit qu'elles la remontent en venant de Pampelune, Bayonne
34
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
& les Landes, demeurent déchargées des droits de la douane
de Lyon.
1748, 5 septembre. --L'achat de grains par commissionnaires pour le compte de mar-
chands étrangers ou de provinces voisines est interdit, sous
peine de confiscation.
10 septembre. Le doublement des droits de petit blanc est continué pour les
travaux du Rhône.
23 octobre... Le Conseil d'Etat interdit le déplacement des actes conservés
aux archives communales de Boissezon & casse les arrêts de la
Cour des comptes de Montpellier qui l'avait ordonné,
octobre Érection de la baronnie d'Aureville, avec entrée aux États, à la
place de la baronnie de La Gardiole.
11 novembre. Arrêt du Conseil d'État, concernant les travaux du Girou & le
moulin de Masseribaut. — Remise est faite de 3ooooo livres
sur le don gratuit aux diocèses de Narbonne, Albi, Lavaur & à
diverses communes de Languedoc, pour dépenses extraordi-
naires.
21 novembre. Ouverture des États, à Montpellier, par le duc de Richelieu.
(Clôture le 4 janvier 1749.)
3 décembre . Le droit sur la viande de boucherie, levé à Carcassonne au béné-
fice de l'hôpital général, est continué pour neuf ans.
12 décembre . Bail général des étapes de Languedoc à Pierre Chamand.
i3 décembre . Règlement pour la fabrication des ratines d'Albi, Réalmont,
Graulhet, Lombers & la Fenasse,
16 décembre . Bail général des transports militaires à Jacques Gaillard.
19 décembre . Les États de Languedoc votent une somme de dooooo livres en
huit ans, pour la construction du chemin d'Auvergne.
3o décembre . L'imposition levée à Montpellier au profit de l'hôpital Saint-
Éloy est continuée pour six ans.
décembre .... Déclaration attribuant au bailliage de Gévaudan la connaissance
des crimes commis dans le haut Gévaudan.
1749, II février.... Règlement pour les manufactures de savon de Languedoc.
23 mars Lettre de cachet envoyant M. de Paleville au fort de Brescou 8f
sa femme dans un couvent de Montpellier, pour s'être mariés
au Désert,
avril ■• Suppression des prévôtés, vigueries & autres juridictions royales
subalternes, avec union aux bailliages & sénéchaussées des
lieux. — Suppression de la viguerie de Toulouse par édit
royal.
20 mai La contestation de limites entre les communes de Fousseret &
de Montoussin est renvoyée aux intendants de Languedoc &
de Guienne.
mai Suppression du dixième, établissement du vingtième, destiné à
l'amortissement des dettes de l'État.
23 juin La subvention de Narbonne, au bénéfice de l'hôpital, est conti-
nuée pour quatre ans.
juin Lettres patentes, portant statuts pour l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques
de Toulouse.
CHRONOLOGIE. 85
1740, 14 juillet .... Emotion populaire à Lavaur, occasionnée par les funérailles du
protestant Claude Cabanis, d'Alais.
juillet Union de l'abbaye de Saint-Hilaire au séminaire de Carcassonne.
12 août Etablissement d'une subvention à Pradelles, en Vivarais, pour
neuf ans.
août Edit concernant les acquisitions des gens de mainmorte. — La
baronnie de Rouairoux prend le nom de baronnie de Caylus.
2 septembre. Arrêt du Conseil d'Etat pour la construction du chemin de Lan-
guedoc en Auvergne 5 M. Pollart, inspecteur général des ponts
& chaussées, chargé des devis.
7 octobre ... La subvention de Mazamet est prorogée pour neuf ans.
13 novembre . Le Conseil d'État ordonne de dresser un plan d'alignement des
rues de Montpellier.
3o décembre . Remise est faite de Sooooo livres sur le don gratuit aux com-
munes de Languedoc.
lySo, 7 janvier ... L'hôpital général de Carcassonne est débouté de sa demande en
décharge des droits de subvention.
29 janvier ... Ouverture des Etats, à Montpellier, par le maréchal duc de
Richelieu.
17 février. ... Le maréchal de Richelieu sépare les Etats.
28 février Les Etats de Languedoc sont suspendus par arrêt du Conseil.
30 février. . . . Dom Vaissete propose au contrôleur général une solution amiable
de l'affaire des Etats,
avril Erection du marquisat de Gléon.
10 mai Règlement pour la fabrication des toiles dans l'Albigeois.
juin Suppression de la juridiction du petit scel de Montpellier.
I" juillet .... Ordonnance de l'intendant Le Nain pour établir le bon ordre
dans la foire de Beaucaire.
28 juillet .... Les droits de subvention d'Albi, en faveur de l'hôpital, sont pro-
rogés pour six ans.
2 août -• Débordement de la Garonne à Toulouse.
11 août Règlement pour les cadis, sargues & cotonines de Castres, La
Bruguière, Vabres, Ferrières, Vais, Castelnau, Labessonié,
Montredon & lieux voisins. — Etablissement d'une subven-
tion à Saint-Esprit, pour douze ans.
16 août -^Nouvelles inondations à Toulouse.
1" septembre. La subvention de Béziers est prorogée pour six ans.
10 septembre. Arrêt du Conseil, réglant la fabrication des cordelats & redins
de Mazamet, Boisseson, Cambonet, Brassac, Pont de Larn,
Dourgne, Sorèze, Massaguel, Castres, la Bruguière, Escous-
sens.
i3 octobre ... Le Conseil d'Etat autorise la vente de l'ancien hôtel de la séné-
chaussée à l'académie des sciences de Toulouse.
26 novembre . L'académie des sciences de Toulouse achète au domaine, pour y
faire sa résidence, l'ancien hôtel de la sénéchaussée.
29 novembre . Transaction entre le diocèse d'Agde & les communes de Mèze &
de Loupian, au sujet des frais de construction des casernes.
novembre .... Création de la noblesse militaire.
86
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1700, i5 décembre
décembre
La Province obtient remise de 400000 livres sur les impositions
de l'année. — Les droits sur la viande de boucherie levés à
Montpellier sont prorogés pour dix ans. — La subvention de
Saint-Hippolyte est prorogée pour douze ans.
Erection de l'académie royale de peinture, sculpture & architec-
ture de Toulouse.
1751, 28 mars Surprise d'une assemblée protestante à Lezan.
3o mars Rétablissement des foires & marchés de Saint-Hippolyte, inter-
rompus depuis la guerre des camisards.
27 avril Le Conseil d'Etat ordonne une enquête sur le projet de jonction
de la robins de Narbonne au canal de Languedoc.
9 niai Le marquis de Sillery nommé lieutenant général en Languedoc.
niai Création de la sénéchaussée de Castres. — Union de l'Université
de Cahors à celle de Toulouse.
2 iuin Ordonnance du vicomte de Saint-Priest, concernant la filature
des soies.
7 juillet . Le Conseil d'État casse un bail à locatairie perpétuelle, fait par
un nouveau converti, sans permission. — L'intendant prescrit
des mesures de précaution contre une épizootie de morve,
déclarée à Lîmoux.
16 octobre . . . Les fonds de terre achetés par les villes pour l'élargissement des
rues sont déclarés exempts du droit de centième denier.
i3 décembre . Le Conseil politique de Montpellier décide de faire conduire
les eaux des fontaines de Saint-Clément & du Boulidou sur la
place du Peyrou.
23 décembre . Ordonnance de l'intendant, avec mémoire instructif, pour l'ap-
plication de la roulette à la filature des soies.
1752, 27 janvier ... Bail de la ferme générale de l'équivalent, passé à Pierre Saint.
27 mars Supplice du ministre François Benezet, exécuté à Montpellier.
II avril Le Conseil d'État autorise les travaux de la fontaine du Peyrou,
à Montpellier, & affecte divers fonds à l'exécution de ces
ouvrages.
10 août Troubles à Lédignan des Gévennes; meurtres des curés de Ners
ScdeQuillan.
22 août Le Conseil d'État liquide à 5 000 livres l'indemnité due pour
l'office de juge conservateur du petit scel de Montpellier, sup-
primé.
6 septembre. Établissement d'une prime de 25 livres par cent pieds de mûriers
plantés en Languedoc.
19 septembre. Le ministre Paul Rabaut présente une requête en faveur des
protestants au marquis de Paulmy, sur la route de Montpellier
à Nimes.
3 octobre... Les droits de courtage de Montpellier sont prorogés pour dix
ans.
26 octobre... Ouverture des États, à Montpellier, par le maréchal de Riche-
lieu. (Clôture le 4 décembre.)
27 octobre ... Le marquis de Villeneuve prend place aux États comme baron
CHRONOLOGIE.
1752, 25 novembre
26 décembre ,
de Villeneuve, le vicomte de Lordat comme baron de Bram, &
le marquis de Calvisson comme baron de Calvisson.
Établissement d'une commission mixte pour toutes les affaires
relatives à la levée du vingtième en Languedoc.
La commission du vingtième de Languedoc est charjjée d'arrêt'"''
les rôles des deux sols pour livre du dixième.
1753, 23 janvier
12 février.
Remise est faite à la Province de 3ooooo livres sur les inpo-
sitious.
Ordonnance du vicomte de Saint-Priest, concernant l'apprêt des
cuirs en Languedoc.
10 avril L'académie des sciences de Toulouse est déchargée du droit
d'amortissement pour l'acquisition de l'hôtel de la séné-
chaussée.
4 août M. de Boynes, maître des requêtes, est chargé du rapport sur les
contestations pendantes entre le Parlement de Toulouse, la
Cour des comptes de Montpellier, les trésoriers de France, les
présidiaux & sénéchaux, & les Etats de Languedoc.
5 novembre. L'augmentation des droits d'équivalent, ajjpartenant à In Pro-
vince, est maintenue pour six ans.
27 novembre. Le Conseil d'Etat décharge la commune de Marquefave des assi-
gnations données contre elle, au sujet de l'adjudication des
vacants.
28 novembre . Ordonnance du vicomte de Saint-Priest, concernant le logement
des troupest
1754, 3i janvier ... Ouverture des Etats, à Montpellier, par le maréchal de Riche-
lieu. (Clôture le i3 mars.)
2 février Le marquis de Ganges prend place aux États comme baron de
Ganges.
9 février.... Les Etats de Languedoc dressent un règlement pour le fermage
& l'exploitation du droit d'équivalent.
16 février Ordonnance du maréchal de Richelieu, prescrivant des disposi-
tions militaires contre les assemblées des protestants. — Sur-
prise d'une assemblée protestante à la Calmette, près Dions,
12 mars Bail de la ferme générale de l'équivalent à Pierre Saint.
3o mars Voyage du maréchal de Richelieu à Toulouse.
29 avril Bail de l'entretien des lits & autres ustensiles fournis aux tr.ij-
pes, passé à Jean Soulliet, de Lunel.
19 mai Les États particuliers de Vivarais prêtent leur crédit à Dtnoyer,
créateur d'une fabrique de faïence à Toulaud.
20 mai L'Assiette du diocèse de Castres accorde 2000 livres au colIé';e
des jésuites, pour réparation des bâtiments.
30 juillet .... Abonnement de la Province pour le rrchat des offices mui.iji-
paux invendus de 1783, au prix de iioooocode livres.
17 août Supplice du ministre Lafage, exécuté à Montpellier.
19 août Le Parlement de Toulouse déclare sujets à la taille divers 1 .icic
du chapitre Saint-Étienne, situés à Braqueville.
16 septembre. Règlement pour la maîtrise des eaux & forêts de Quillaîi.
88 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1754, 17 septembre. L'exportation des grains de Languedoc & des généralités d'Auch
& de Pau à l'étranger est permise par les ports d'Agde & de
Bayonne.
14 octobre . . . Les fonctions de l'office de maire alternatif de Montpellier sont
réunies à l'office de maire ancien.
i5 octobre... Révocation des défenses faites aux drapiers de Carcassonne,
Clermont & Saint-Chinian de recevoir à la maîtrise d'autres
sujets que des fils de maîtres.
3o octobre... Le Conseil d'Etat réforme plusieurs points de l'arrêt du 10 oc-
tobre 1752 sur le rétablissement des Etats de Languedoc.
5 novembre . Remise est faite de Sooooo livres sur la capitation, en faveur des
diocèses de Narbonne, d'Albi, de Lavaur, de Toulouse & de
Carcassonne & de plusieurs communes de Languedoc.
II novembre. Débordement du Vidourlej dégradation du pont de Sommières.
— L'inondation ravage les chemins d'Uzès à Nimes, Alais,
Beaucaire, Bagnols par le Pin, de Villeneuve-lès-Avignon à
Remoulins, &c. — Autorisation d'emprunts des diocèses de
Lavaur, Rieux, Mirepoix, Castres, Uzès, Mende, Saint-Pons
& Alais, pour les travaux des chemins.
28 novembre. Ouverture des Etats, à Montpellier, par le maréchal de Riche-
lieu. (Clôture le 7 janvier 1755.)
3o novembre . Le marquis de Nizas prend place aux Etats comme baron de
Murviel.
novembre .... Orages & inondations dans les diocèses de Viviers, Uzès, Nimes,
Montpellier, Saint-Pons & Narbonne.
28 décembre . La commission de 1784 est chargée, en l'absence des Etats, de
vérifier les préambules des rôles d'impositions & les requêtes
en rétablissement de dettes.
1755, 2 janvier
6 janvier
4 février.
8 mars.
Bail général pour la fourniture des étapes & voitures de trans-
port passé à Jacques-Hyacinthe Dupuy.
Arrêt du Conseil d'Etat, réglant le remboursement des créanciers
de la province de Languedoc par voie de loterie.
Le Conseil d'Etat autorise l'emprunt de 3ooo livres par le pays
de Vivarais, en faveur de la faïencerie de Toulaud. — Le dio-
cèse de Nimes est autorisé à emprunter 36ooo livres pour
réparation des chemins. — Autorisation d'emprunt de 14000 li-
vres par le diocèse de Béziers pour réparer le chemin de Béda-
rieux. — Le diocèse de Castres est autorisé à faire un nouvel
emprunt de 3oooo livres pour continuer le grand chemin de
Castres à Toulouse par Guitalens. — Autorisation d'emprunt
de i5ooo livres par le diocèse de Saint-Pons pour les travaux
des chemins. — Autorisation d'emprunt de 12000 livres par le
diocèse de Toulouse pour les travaux du Girou. — Le diocèse
d'Uzès est autorisé à emprunter 3oooo livres pour réparation
de chemins. — Le diocèse du Puy est autorisé à emprunter
3oooo livres pour continuer les trois routes principales du pays.
Règlement fait par les commissaires du roi & des Etats pour les
préambules d'impositions dans les mandements du Vêlai.
CHRONOLOGIE. 89
1755, 18 mars Déclaration du roi, concernant les adjudications de biens aban-
donnés en Languedoc.
1" avril La subvention de Montpellier est prorogée pour dix ans.
22 juin Autorisation d'emprunt de 12000 livres par le diocèse bas Mon-
tauban pour les travaux du Tescou.
12 août Le Conseil d'Etat ordonne la réparation du pont de Toulouse &
l'établissement d'un pont en maçonnerie à Cazères, la généra-
lité d'Auch contribuant pour 40000 livres à la dépense de ces
deux ouvrages.
22 août Les propriétaires de moulins sur le Sor & le Laudot reçoivent
l'ordre de les démolir dans trois mois.
21 octobre Le Conseil d'Etat défend aux habitants de Chusclan de prohiber
le vin étranger sur leur terroir & leur permet seulement
d'adopter une marque particulière pour les tonneaux de vin
de leur cru.
23 octobre ... Le comte d'Eu est nommé gouverneur & lieutenant général en
Languedoc.
28 octobre Arrêt du Conseil sur la manière dont il doit être pourvu aux
fonctions des offices municipaux par les communes qui en ont
obtenu la réunion.
18 novembre . Remise est faite à la Province de 40G000 livres sur le don gra-
tuit, en faveur de plusieurs diocèses & communes.
29 novembre. Débordement du Rhône; les chaussées sont percées sur trois
points,
novembre.... Débordement du Rhône; dommages à la route riveraine du
Vivarais.
1" décembre .S^ Le comte de Maillebois nommé lieutenant général en Languedoc.
10 décembre . Le comte d'Eu &, en sou absence, le duc de Mirepoix, coniiiian-
dant en chef, sont nommés membres de la commission de 1734.
11 décembre . Le duc de Mirepoix remplace le maréchal de Richelieu à la
commission du vingtième.
16 décembre . L'office de maire alternatif d'Albi est réuni à perpétuité à
l'archevêché,
23 décembre . La Cour des aides de Montpellier déclare roturier le domaine
de Saint-Pierre d'Apullo, appartenant au chapitre Saint-Na-
zaire de Béziers.
1756, 1" janvier
22 janvier
24 janvier
17 février.
26 février.
, . Surprise d'une assemblée protestante. Capture de Jean Fabre,
« l'honnête criminel. »
, . ..Ouverture des États, à Montpellier, par le duc de Mirepoix.
(Clôture le 3 mars.)
, . ^ Les Etats de Languedoc défendent aux députés de faire aucune
convention pour le partage des émoluments attachés à leur
députation.
Règlement des États pour la reddition des comptes de subven-
tions.
Conventions entre les commissaires du diocèse de Lavaur & Jac-
ques Reboul, d'Avignon, pour l'établissement d'une manufac-
ture de soieries à Lavaur.
QO ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1766, I" mars Délibération des Etats, concernant l'exploitation de la ferme de
l'équivalent.
24 avril Autorisation d'emprunt de SyôSo livres par le diocèse de Nimes,
pour les travaux des chemins de Saint-Vincent à Beaucaire, de
Nimes à Uzès & de la chaussée de la Tour Carbonnière. —
Autorisation d'emprunt de 3oooo livres par le Vêlai, pour con-
tinuer le chemin de Lyon, entre Yssingeaux & Monistrol. —
Autorisation d'emprunt de 17 100 livres par le diocèse de Bé-
ziers, pour le chemin de Bédarieux. — Autorisation d'emprunt
de 46000 livres par le Vivarais, pour réparer les dommages
de l'inondation du Rhône. — Autorisation d'emprunt de
iSooo livres par le Gévaudan, pour les travaux du pont de
Langogne & des chemins de Florac à Lacan de l'Espitalet,
Chanac à Marvéjols & Florac à Chanac. — Autorisation d'em-
prunt de 17 100 livres par le diocèse de Béziers, pour le chemin
de Bédarieux.
4 mal Autorisation d'emprunt de 3oooo livres par les sénéchaussées de
Toulouse & de Carcassonne, pour le chemin de Mirepoix à
Saint-Rome.
25 mai La défense de saisir les bestiaux en Languedoc est prorogée pour
huit ans.
I" juin La subvention de Mèze est prorogée pour neuf ans.
i5 juin Arrêt du Conseil, réglant les conditions d'éligibilité des prieur
& consuls de la bourse de Toulouse.
29 juin Les manufactures de soie fondées à Aubenas par Deydier & au
Puy par Servan , la manufacture de mousseline & la filature de
coton créées au Puy par Grenus obtiennent divers encourage-
ments, autorisés par arrêt du Conseil.
7 juillet .... Etablissement du second vingtième.
8 août Surprise d'une assemblée protestante dans la Vannage, entre
Saint-Cosme & Marvéjols. — Surprise d'une assemblée pro-
testante aux environs de Fons, par un détachement du régi-
ment de Brissac.
10 août Le nouveau règlement des États pour les chemins de Languedoc
est autorisé par arrêt du Conseil.
5 septembre. Le diocèse de Narbonne est autorisé à imposer une somme
annuelle pour secourir les communautés de filles lésées par la
réduction des anciennes dettes diocésaines.
septembre. . . . Érection du marquisat de Duroc.
12 octobre . . . Remise est faite à la Province de 3ooooo livres sur le don gra-
tuit.
28 octobre... Ouverture des États, à Montpellier, par le duc de Mirepoix.
(Clôture le II décembre.)
29 octobre... Le marquis de la Tourrette prend place aux États comme baron
de la Tourrette, en Vivarais.
30 octobre... Les États décident que les députés des communes, nommés à
défaut des maires ou consuls en titre, produiront un certificat
d'allivrement de leurs biens. — Règlement des États pour la
députation des communes.
CHRONOLOGIE.
9»
1706, i3 novembre
20 novembre ,
8 décembre ,
21 décembre .
1757, II janvier
24 janvier
3 février
i5 février
8 mars. .
i5 mars. .
19 mars. .
4 avril. .
10 mai. . .
juin
19 juillet
Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour l'em-
prunt de cinq millions.
Abonnement des deux vingtièmes par la province de Languedoc,
au prix de i iSoooo livres par an.
Règlement des commissaires du roi & des Etats pour la réception
des ouvrages que font faire les communes de Languedoc.
Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse
relatif à l'adjudication des bois communaux de Cazillac. —
Arrêt du Conseil d'État, modérant les conditions d'éligibilité
des prieur & consuls de la bourse de Toulouse.
Autorisation d'emprunt de 40000 livres par le diocèse de Nimes,
pour les travaux des chemins. — Autorisation d'emprunt de
20000 livres par le diocèse de Castres, pour travaux au grand
chemin de Toulouse. — Autorisation d'emprunt de 20000 li-
vres par le diocèse de Carcassonne, pour travaux au chemin
de Montréal. — Autorisation d'emprunt de 14000 livres par
le Gévaudan, pour travaux aux chemins de Saint-Roman, de
Pompidour, & du Causse de Sauveterre à Chanac. — Autorisa-
tion d'emprunt de 8871 livres par le Vivarais, pour les répa-
rations des chemins. — Autorisation d'emprunt de 4000 livres
par le diocèse d'Alaîs, pour travaux au chemin de Nimes, au-
dessous de Larnac. — Autorisation d'emprunt de 3 000 livres
par le diocèse de Saint-Papoul, pour réparer le chemin de la
Lauragaise.
Instruction pour la levée des deux vingtièmes, d'après la nature
des biens & des revenus.
Ordonnance du roi, réglant le nombre & la qualité des voitures
à fournir aux troupes de passage en Languedoc.
Lettres patentes portant règlement pour l'élection des prieur &
consuls de la bourse de Toulouse.
Le prince de Soubise cède à la princesse de Marsan, sa sœur, le
duché de Joyeuse, baronnie de tour de Vivarais.
Les droits de subvention & de souquet de Nimes sont prorogés
pour dix ans.
Règlement fait par les commissaires du roi & des États pour les
gardes-terres en Languedoc.
Le marquis de Villeneuve remplace le marquis de Mérinville à
la commission de 1784.
Arrêt du Conseil exceptant les communes de Languedoc des
clauses de l'édit de 1755, qui réunissait les offices de procu-
reurs du roi des hôtels de ville aux offices de procureurs du
roi des justices ordinaires. — Le Conseil d'Etat détermine les
villes de Languedoc qui ont le privilège d'interdire l'entrée
des vins étrangers.
La place de l'abbé de Saint-Sernin au Parlement de Toulouse
est réglée.
Le Conseil d'État casse la concession faite par la ville de Nar-
bonne au marquis de Crillon du canal de la Robine de Narbonne.
92
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1757, 25 juillet .... Érection de la manufacture royale d'étoffes de soie de Lavaur.
juillet Érection du marquisat de Dulac.
août Érection du comté de Boissezon.
8 octobre ... La commission de 1734 défend aux communes de payer les curés
& vicaires qui font les fonctions de régents sur les fonds des
écoles 8c d'établir des régents sans l'autorisation de l'évéque
diocésain.
14 octobre ... Le marquis de Gontaut nommé lieutenant général en Languedoc.
I" novembre. Le maréchal de Thomond nommé commandant en chef en Lan-
guedoc. — Le Conseil d'État, contrairement à l'arrêt du Par-
lement de Toulouse, confirme une ordonnance de l'intendant
relative à la construction de l'église de Puechauriol (Castres).
10 novembre. Transaction entre les Etats de Languedoc & l'adjudicataire de
l'équivalent.
29 novembre . Le Conseil d'État liquide l'abonnement des deux vingtièmes par
la Province à i 25oooo livres par an. — Remise est faite à la
Province de 234000 livres sur le don gratuit.
i5 décembre . Ouverture des États, à Montpellier, par le maréchal de Tho-
mond. (Clôture le 3 février 1758.)
16 décembre . Le marquis de Rochemore prend place aux États comme baron
de Saint-Remèze, en Vivarais.
22 décembre . Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'emprunt de looooooo de livres.
23 décembre . Règlement pour la ferme de l'équivalent.
1758, 21 janvier
10 mars.
Bail général pour la fourniture des étapes & voitures d'équipage
passé à François Parlier.
Autorisation d'emprunt de 56200 livres par le diocèse de Nimes,
pour les travaux des chemins. — Autorisation d'emprunt de
48000 livres par le diocèse d'Uzès, pour travaux aux chemins
de Bagnols, Anduze, Beaucaire, Nimes à Alais. — Autorisation
d'emprunt de Soooo livres par le diocèse du Puy, pour les tra-
vaux de la route de Lyon & du chemin d'Issingeaux à Saint-
Benoît le Froid. — Autorisation d'emprunt de 16243 livres
par le diocèse de Béziers, pour travaux au chemin de Béda-
rieux. — Autorisation d'emprunt de i5ooo livres par le Gévau-
dan, pour la construction d'un pont sur le Lot & les travaux
de la côte de Moulines, ligne d'Auvergne au bas Languedoc.
— Autorisation d'emprunt de 14409 livres par le diocèse
d'Alais, pour les travaux des chemins. — Autorisation d'em-
prunt de 14331 livres par le Vivarais, pour les travaux du
pont de Desaignes. — Autorisation d'emprunt de 12000 livres
par le diocèse de Castres, pour les travaux du chemin de Tou-
louse, par Guitalens. — Le diocèse de Lavaur est autorisé à
prêter son crédit aux communes riveraines du Sor & du Lau-
dot pour un nouvel emprunt de 12000 livres, destiné à l'in-
demnité des propriétaires de moulins démolis. — Autorisation
d'emprunt de 4000 livres par le diocèse de Saint-Papoul, pour
les travaux des chemins.
CHRONOLOGIE.
93
1758, i8 mars Instruction pour la levée des deux vingtièmes.
2 mai Les surtaxes de la capitation sont abonnées par la Province, au
prix total de Soooooo de livres.
6 juin Les habitants de Tarascon, en Provence, sont déboutés de leur
opposition à l'arrêt du 24 aoiit 1756.
12 juin Arrêt du Conseil d'État, concernant la justice de Saint-Chapte.
21 juin Les États votent un emprunt de 200000 livres pour les travaux
du canal des Étangs.
12 août Autorisation d'emprunt de 5 000 livres par le Vêlai, pour la
manufacture de soieries fondée au Puy par Servan.
10 novembre . Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse,
concernant le différend des consuls & des officiers royaux de
Réalmont.
5 décembre . Prorogation du droit de petit blanc pour les travaux du Rhône
& le chemin du Pont Saint-Esprit à la ligne de poste Lyon-
Marseille.
7 décembre . Déclaration du roi, servant de règlement entre les États de Lan-
guedoc & la Chambre des comptes de Montpellier.
1759, 4 janvier . . . Roudil de Berriac achète à Ranchin de Montaran ses droits sur
l'étang de Marseillette.
i5 janvier . . . Les négociants de Languedoc sont maintenus au droit d'expédier
directement leurs draps du port de Cette aux Échelles du
Levant.
25 janvier ... Ouverture des États, à Montpellier, par le maréchal de Tho-
mond. (Clôture le 5 mars.)
27 janvier ... Le comte de Peyre prend place aux États comme baron de Peyre,
en Gévaudan.
1" février. , . . Traité entre les commissaires du roi & des États pour l'emprunt
de 9000000 de livres au nom de la Province. — Les États de
Languedoc abonnent, au prix de 180000 livres, les nouveaux
dons gratuits créés par l'édit d'août 1758.
24 février.... Les États de Languedoc font un règlement pour les assemblées
diocésaines d'Albi, restreignant le nombre des communes re-
présentées.
5 mars Accord entre les États de Languedoc & la Chambre des comptes
de Montpellier pour le règlement des épices des comptes
d'impositions.
6 avril Remise est faite à la Province de 76000 livres sur le don gratuit.
7 avril Instruction pour la levée des deux vingtièmes.
i5 avril Don de la jouissance du pont de Beaucaire, pendant vingt ans,
au comte de Saint-Florentin.
20 avril Autorisation d'emprunt de 150724 livres par le diocèse de Mont-
pellier, pour les travaux du chemin des Cévennes & le nouveau
chemin d'Aniane. — Autorisation d'emprunt de 120000 livres
par le diocèse du Puy, pour les travaux du chemin d'Issingeaux
à Saint-Bonnet le Froid, par Montfaucon. — Autorisation
d'emprunt de 20000 livres par le diocèse de Toulouse, pour
les travaux du chemin de Pinsaguel à Auterive.
94 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
17J9, 20 avril Autorisation d'emprunt de i6853 livres par le diocèse de Mende,
pour les travaux des côtes de Malzieu, de ChalJecoste & de
Pathers. — Autorisation d'emprunt de 16200 livres par le dio-
cèse de Mimes, pour les travaux du chemin de Beaucaire. —
Autorisation d'emprunt de i5ooo livres par le diocèse de Car-
cassonne, pour les travaux du chemin de Montréal & du
chemin de Cannes, par Villalier & Villegly. — Autorisation
d'emprunt de 4778 livres par le Vivarais, pour les travaux du
pont de Ginestelle, des chemins de Mesilhac & Vais & des
précipices de Rodes. — Autorisation d'emprunt de 3 000 livres
par le diocèse de Saint-Papoul , pour les travaux du chemin
de la Laurngaise. — Autorisation d'imposition de 2000 livres
par le diocèse de Narbonne, pour réparations au collège des
doctrinaires. — Autorisation d'emprunt de i o5o livres par le
diocèse de Béziers, pour les travaux du chemin de Pézénas,
par le Larzac.
î7 avril Les commissaires du roi & des États ordonnent aux receveurs
des tailles de rendre compte de toutes les restitutions faites
depuis 1752.
8 mai Arrêt de la Cour des comptes de Montpellier, portant règlement
pour tous les comptables de son ressort.
18 mai Le Parlement de Toulouse défend aux habitants du diocèse
d'Alais de faire paître leur bétail dans les châtaigneraies en
aucune saison.
17 juin Le diocèse de Castres est autorisé à servir une pension viagère à
son ancien syndic, Boutellier.
3 juillet .... Arrêt du Conseil, relatif au bac de Villeneuve-lès-Avignon, pos-
sédé par le duc d'Ancesune.
17 août Traité entre les commissaires du diocèse de Narbonne & Jean
Pascal, pour l'établissement d'une manufacture d'étoffes de
sole à Narbonne.
2 octobre ... La fabrique d'étoffes de soie, fondée à Narbonne par Jean Pascal,
est érigée en manufacture royale.
22 octobre . . . Remise est faite de 75000 livres à la province de Languedoc sur
le don gratuit.
9 novembre . Le Conseil d'Etat casse les délibérations prises par les communes
de Gaillac, Cordes & Rabastens pour se pourvoir contre un
règlement des États de Languedoc.
29 novembre. Ouverture des États, à Montpellier, par le maréchal de Tho-
mond. (Clôture le 7 janvier 1760.)
ji décembre . l,es États de Languedoc accordent au roi le troisième vingtième.
17 décembre . Le Conseil d'État règle les dépenses ordinaires ou frais d'Assiettes
des sept diocèses de la sénéchaussée de Toulouse, des sept
diocèses de la sénéchaussée de Beaucaire & Nimes & des dix
diocèses de la sénéchaussée de Carcassonne.
1760, 2 janvier ... Arrêt du Conseil, portant réduction sur les trois vingtièmes en
faveur de la Province.
21 janvier . . . liistiu. tion pour la levée des trois vingtièmes.
CHRONOLOGIE. ç)5
1760, 28 février — Reboul est autorisé à établir à Lavaur, avec titre do manufacfiiro
royale, un tirage, moulinage & organcinage des soies, suivant
le système Vaucanson, — Autorisation d'emprunt de 9258 livres
par le diocèse d'Alais, pour adoucir la montée d'Anduze. —
Autorisation d'emprunt de 2000 livres par le Vêlai, pour le
chemin du Puy à la houillère du sieur de Chamberlac. —
Autorisation d'emprunt de i 463 livres par le diocèse d'Uzès,
pour la construction du pont de Vagnas. — Autorisation d'em-
prunt de 3926 livres par le diocèse de Montpellier, pour tra-
vaux aux casernes de Lunel, ponts de Gassac & de Candil-
largues. — Autorisation d'emprunt de 28312 livres par le
Vivarais, pour les ponts du Coulais & du Pontet & pour divers
chemins de traverse.
21 mars Le Conseil d'Etat reconnaît les privilèges des Etats de Langue-
doc en matière d'impositions, à l'occasion de la levée du troi-
sième vingtième.
7 avril Le Vivarais est autorisé à servir une pension viagère à l'ancien
inspecteur des travaux publics Vivien.
mai Erection du marquisat de Saint-Génies.
5 août Le Conseil d'Etat permet à Roudil de Berriac de dessécher
l'étang de Marseillette.
3o septembre. Nomination de commissaires par le Conseil d'Etat, pour juger
les oppositions faites au dessèchement de l'étang de Mar-
seillette par les *bbayes de La Grasse & de Caunes.
25 octobre... Le Conseil d'Etav casse les arrêts du Parlement de Toulouse du
24 mars & du 7 mai.
17 novembre . Remise est faite de iSoooo livres à la Province sur le don gratuit.
27 novembre . Ouverture des Etats par le maréchal de Thomond, à l'hôtel de
ville de Montpellier. (Clôture le 7 janvier 1761,)
28 novembre . Synode provincial des églises réformées du haut Languedoc.
i3 décembre . Le* Conseil d'Etat casse l'arrêt du Parlement de Toulouse du
17 novembre.
20 décembre . Autorisation de démolir l'abbaye de Jaussels.
23 décembre . Les taxes doubles de capitation sont abonnées par la Province
au prix de 800000 livres. — Le vingtième des droits levés sur
les denrées & marchandises est abonné par la Province au jirix
de 90000 livres par an. — Les Etats modifient les frais d'As-
siette pour les diocèses de Viviers, Castres, Agde & Lodève.
1761, 21 janvier
3i janvier
27 février.
Instruction pour la levée des trois vingtièmes.
Arrêt du Conseil, maintenant aux matelots classés de Villeneuve-
lès-Avignon le privilège de tenir bateaux sur les deux bords
du Rhône.
Les commissaires du diocèse de Narbonne sont autorisés à payer
à Jean Pascal 35ooo livres en sept ans, pour tenir lieu du loyer
de la manufacture, promis par les premières conventions. —
Autorisation d'emprunt de 26547 livres par le diocèse de
Béziers, pour le chemin de Gignac h. Montagnac & la jetée de
l'Or!) à Béziers.
96
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1761, 27 février.... Autorisation d'emprunt de 17600 livres par le diocèse de Carcas-
sonne, pour les travaux du chemin de Montréal & du chemin
de Caunes, par Villalier & Villegly. — Autorisation d'emprunt
de 12000 livres par le diocèse de Mirepoix, pour les chemins
de Bélesta & de Labastide à Lagarde,
6 mars Autorisation d'emprunt de 3oooo livres par le Vêlai, pour la
route du Puy au bas Vivarais, par Brève, le Monestier & le
pont Chabanis. — Autorisation d'emprunt de 2o3o5 livres par
le diocèse d'Uzès, pour les travaux du chemin de Bagnols, par
Saint-Hippolyte de Montégut. — Autorisation d'emprunt de
9712 livres par le Vivarais, pour ponts & chemins. — Autori-
sation d'emprunt de 8600 livres par le diocèse de Nimes, pour
les travaux du chemin d'Alais. — Autorisation d'emprunt de
8 3oo livres par le Gévaudan, pour les travaux de la côte de
Chabrits, sur la route de Mende à Marvéjols. — Autorisation
d'emprunt de 3076 livres par le diocèse d'Alais, pour ponts &
chemins.
10 mars Arrêt du Conseil, portant règlement pour la vente des coupes
ordinaires de la baronnie de Caravettes.
i5 niai Les droits d'équivalent augmentés son prorogés jusqu'au 3i dé-
cembre J769.
3o mai Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse du
17 janvier.
21 août La subvention d'Uzès est prorogée pour quinze ans.
3i août Autorisation d'emprunt de 20D000 livres par la Province, pour
les travaux du canal des Étangs.
août Érection du marquisat du Sumène.
3o septembre. Le duc de Fitz-James, commandant en chef, est nommé président
de la commission de 1734.
2 octobre... Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse du
21 juin.
i3 octobre . . . Mort violente du fils Calas.
22 octobre . . . Ouverture des États, à Montpellier, par le duc de Fitz-James.
(Clôture le i*''' décembre.)
27 octobre... Remise est faite à la Province de 75000 livres sur le don gratuit.
20 octobre. . . Le marquis de Crussol est reçu aux États comme baron de Cas-
telnau de Bonnefous.
19 novembre. Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'emprunt de 6000000 de livres.
26 novembre.- Les Etats de Languedoc offrent au roi un vaisseau de ligne de
quatre-vingts canons.
1762, 8 janvier
Il janvier
Autorisation d'emprunt de 20400 livres par le diocèse d'Alais,
pour les travaux du chemin de Nimes, sous la montagne de
Conillière. — Autorisation d'emprunt de 6944 livres par le
Vivarais, pour réparations de chemins & digues. — Autorisa-
tion d'emprunt de 3410 livres par le diocèse de Nimes, pour
les ponts du chemin de Montpellier à Saint-Hippolyte.
Arrêt du Conseil, autorisant abonnement des trois vingtièmes.
CHRONOLOGIE. 97
1762, 16 janvier . . . Auforîsafîon d'emprunt de 19 200 livres par le diocèse de Béziers,
pour le chemin de Gignac à la chaussée de Montagnac. —
Autorisation d'emprunt de i5ooo livres par le diocèse de Saint-
Pons, pour les réparations des chemins. — Autorisation d'em-
prunt de 14000 livres par le diocèse de Carcassonne, pour les
chemins de Montréal & de Caunes. — Autorisation d'emprunt
de 12000 livres par le diocèse de Mirepoi.x, pour les chemins
de Bélesta & de la Garde. — Autorisation d'emprunt de
10 000 livres par le diocèse de Lavaur, pour les travaux du
chemin de l'étape, de Lavaur à Montauban. — Autorisation
d'emprunt de loooo livres par le diocèse bas Montauban, pour
les travaux du ruisseau de Sanguinenc. — Autorisation d'em-
prunt de I 760 livres par le diocèse de Comminges, pour les
travaux du chemin de Saint-Martory à Saint-Lizier & de la
rampe de Mellet.
12 février.... Arrêt de la Cour des comptes, portant que les procès de roture
ou nobilité ne sont pas sujets à péremption.
i5 février.... Lettres patentes concernant l'entrée des vins étrangers dans les
villes de Languedoc.
19 février. . . . Supplice du ministre Rochette & des trois frères Grenier, sur la
place du Salin, à Toulouse.
27 février La Commission de 1734 ordonne que les communes du diocèse
de Carcassonne exemptes de tailles suivront les règles ordi-
naires de comptabilité municipale.
i" mars Acceptation de loooo livres offertes par la ville de Pézénas au
roi pour la marine.
i5 mars Le Conseil d'État ordonne le rapport des motifs des arrêts ren-
dus au Parlement de Toulouse sur les affaires de Castres & de
Béziers. — Le Conseil d'Etat confirme deux ordonnances de
l'intendant sur l'affaire de La Grasse, cassées par arrêt du Par-
lement de Toulouse.
21 avril ; Autorisation d'emprunt de 700000 livres par la Province, pour
l'armement du vaisseau de ligne Le Languedoc.
20 juillet Déclaration du roi, interprétative de l'édit de 1749 concernant
les gens de mainmorte.
4 août Le Conseil d'Etat décharge la Province des demandes d'indemnité
pour destruction d'une pêcherie dans l'étang de Mauguio.
17 août Suppression de l'abbaye de Salenques de Toulouse.
27 octobre . . . Remise est faite de 65 000 livres sur le don gratuit.
28 octobre... Ouverture des États par le duc de Fitz-James, à l'hôtel de ville
de Montpellier. (Clôture le 6 décembre.)
6 novembre . Règlement fait par les États pour la ferme de l'équivalent.
4 décembre . Bail de l'équivalent à Jacques Bourrely.
l5 décembre . Érection du marquisat de Montferrier.
1763, 6 janvier ... Autorisation d'emprunt de 65o65 livres par le Vivarais, pour
travaux des ponts & chemins. — Autorisation d'emprunt de
34000 livres par le diocèse de Rieux, ])our la construction du
chemin de Saint-Girons à Pamiers.
XIII. 7
98 ÉTUDES x4IST0RIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1763, 6 janvier ... Autorisation d'emprunt de 3oooo livres par le diocèse d'Alet,
-*■ pour les travaux de la route d'étape entre Caudiès & Estagel.
Autorisation d'emprunt de Soooo livres par le diocèse de
Narbonne, pour le chemin de Narbonne à Saint-Pons, par
Saint-Marcel & Bize. — Autorisation d'emprunt de 3oooo li-
vres par le diocèse d'Uzès, pour les travaux du chemin do
Nimes à Alais, par la Calmette, Boucoiran & Ners. — Auto-
risation d'emprunt de 23478 livres par le Vêlai, pour les che-
mins du Puy à Pont-Salomon & d'Issingeaux à Saint-Bonnet
le Froid. — Autorisation d'emprunt de 20000 livres par le
diocèse de Castres, pour le chemin de Labessonié & celui de
Lautrec & Graulhet. — -Autorisation d'emprunt de 19200 livres
par le diocèse de Béziers, pour les travaux du chemin de
Gignac à la chaussée de Montagnac. — Autorisation d'emprunt
de i5ooo livres par le diocèse de Carcassonne, pour la cons-
truction du chemin de Lagrasse. — Autorisation d'emprunt
de 35oo livres par le diocèse d'Alais, pour les travaux du
chemin de Nimes, & de 29302 livres pour diverses répara-
tions.
25 mai Déclaration du roi, autorisant la libre circulation des grains.
i" juin Ouverture du synode national des églises réformées de France,
tenu au Désert, dans le bas Languedoc. (Clôture le 10 juin.)
10 juillet Déclaration du roi, portant que le payement de la taille pendant
trente années, consécutives ou interrompues, rend roturiers
les fonds nobles de Languedoc.
9 septembre. Arrivée du duc de Fitz-James à Toulouse,
10 septembre. Le Conseil d'État renouvelle la surséance de toutes poursuites
& jugements accordée aux membres des États de Languedoc
pendant la session.
13 septembre. Le duc de Fitz-James occupe militairement le palais du Parle-
ment de Toulouse.
14 septembre. Le Parlement de Toulouse se proroge.
18 septembre. Arrestation des membres du Parlement de Toulouse.
19 septembre. Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse du
14 septembre.
3 décembre . Les arrêts des officiers du Parlement de Toulouse sont levés.
9 décembre , Le Parlement de Toulouse proteste contre la radiation de ses
arrêts par le duc de Fitz-James.
10 décembre . Le roi permet de démolir la maison abbatiale de Mazan.
17 décembre . Arrêt du Parlement de Toulouse contre le duc de Fitz-JameSi
176.), 1" janvier
16 janvier
25 janvier
26 janvier
28 janvier
9 février.
Lettre du Parlement de Grenoble au Parlement de Toulouse.
Remise est faite à la Province de 25oooo livres sur le don gra-
tuit.
Lettre du Parlement de Besançon.
Ouverture des États, à Montpellier, par le vicomte de Saint-
Priest. (Clôture le 7 mars.)
Lettre du Parlement de Dijon.
Lettre du Parlement de Pau.
CHRONOLOGIE.
99
1764, II février Traité entre les commissaires du roi & des États pour le rachat,
ail prix de i 200000 livres, des dons gratuits à payer pendant
cinq ans par toutes les villes & bourgs.
23 février Les États de Languedoc décident la reconstruction du pont do
Valentine.
25 février. . , . Lettres patentes du roi, imposant un silence absolu sur l'affaire
du Parlement de Toulouse,
février Extinction du titre abbatial de Fontfroide, avec union des biens
à l'évêché de Perpignan.
5 mars Lettres patentes maintenant les droits d'octroi sur les grains,
farines & légumes.
7 mars Bail de l'étape à François Parlier.
17 mars Remise est faite à la Province de looooo livres sur l'abonnement
du second vingtième. — Suppression de cinq canonicats du
chapitre d'AIais.
24 mars Le Parlement de Toulouse enregistre les lettres patentes du
25 février.
3i mars Instruction pour la levée des deux vingtièmes.
10 avril Arrêt de la Cour des comptes de Montpellier, portant règlement
des droits d'octroi perçus au profit de la ville de Montpellier
dans le bureau du poids du roi. — Autorisation d'emprunt de
58000 livres par le diocèse de Carcassonne, pour les travaux
du chemin de La Grasse & ceux des casernes. — Autorisation
d'emprunt de 33 8o5 livres par le diocèse de Béziers, pour les
travaux du chemin de Gignac à Montagnac & d'Agde à Béziers.
Autorisation d'emprunt de 24000 livres par le diocèse d'Albi,
pour les travaux du chemin d'Albi h Carmenel. — Autorisation
d'emprunt de 24000 livres par le diocèse d'Agde, pour les tra-
vaux du chemin de Gignac. — Autorisation d'emprunt de
20000 livres par le diocèse de Castres, pour les travaux des
chemins de La Bessonié, de Lautrec !k de Graulhet. — Auto-
risation d'emprunt de 12000 livres par le diocèse de Mirepoix,
pour les travaiix des chemins de Mirepoix à Bélesta & de
Labastide à Lagarde.
16 avril Le produit des vingtièmes de Languedoc est affecté au rembour-
sement des emprunts faits par les États pour le trésor royal.
— Le Conseil d'État maintient les maîtres tisserands de Car-
cassonne dans la liberté d'avoir tel nombre de compagnons
qu'ils jugent à propos.
il avril Acceptation do l'abonnement du nouveau vingtième par la Pro-
vince, au prix de 90000 livres par an.
6 mai Guignard de Saint-Priest fils, intendant adjoint, est nommé
membre de la commission de 1734.
7 mai La sénéchaussée de Carcassonne est autorisée à emprunter an-
nuellement 3oooo livres, pour les travaux du chemin de Cas-
tres à Albi & de Castres à Saint-Pons.
5 juin Arrêt du Conseil, portant que les pères spirituels nommés par
les religieux de Saint-François & de la Merci demeurent assu-
jettis aux charges publiques.
lOO
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1764, 6 juillet
Le Parlement de Toulouse juge qu'il n'est point dû de lods des
sous-inféodations faites à prix d'argent.
II juillet .... Le prince de Soubise acquiert l'office de maire de Tournon.
24 octobre... La maîtrise des eaux & forêts de Saint-Pons est transférée à
Castres.
6 novembre . Arrêt du Conseil, comprenant le port de la Nouvelle parmi ceux
où l'exportation des grains est autorisée.
8 novembre . Remise est faite à la Province de 25oooo livres sur le don gratuit.
29 novembre. Ouverture des Etats par le comte d'Eu, à l'hôtel de ville de
Montpellier. (Clôture le 7 janvier 1765.)
1" décembre . Le comte de Morangiès prend place aux Etats comme baron de
Saint-Alban, en Gévaudan.
28 décembre . Délibération des États pour le perfectionnement des races de
chevaux, mulets, taureaux & béliers.
1765, 7 janvier
5 février. ,
9 février.,
19 février.
26 février.
5 mars. . .
mai.
Les États prescrivent une enquête sur les inconvénients & les
avantages de la compascuité usitée dans les diocèses de Nimes,
Montpellier, Alais, Uzès, Mende & le Puy.
Autorisation d'emprunt de 51428 livres par le diocèse d'Alais,
pour les travaux des chemins de Nimes, Montpellier & Anduze.
— Autorisation d'emprunt de 37780 livres par le Vivarais,
pour les travaux des chemins. — Autorisation d'emprunt de
I2i53 livres par le Gévaudan, pour les travaux des chemins
de Bagnols & de Montpellier. — Autorisation d'emprunt de
1 1 619 livres par le diocèse du Puy, pour les travaux du chemin
de Lyon & le remboursement des achats de grains faits en
1750 pour la subsistance des habitants. — Autorisation d'em-
prunt de I 575 livres par le diocèse d'Uzès, pour la reconstruc-
tion du pont de la Calmette.
Autorisation d'emprunt de 60000 livres par le diocèse de Tou-
louse, pour les travaux du chemin de Pinsaguel à Auterive, de
Toulouse à Revel par Caraman, & de Toulouse à Lavaur par
Verfeil. — Autorisation d'emprunt de 3oooo livres par le dio-
cèse de Narbonne, pour les travaux du chemin de Saint-
Pons par Saint-Marcel & Bize. — Autorisation d'emprunt de
20000 livres par le diocèse de Castres, pour les travaux des
chemins de La Bessonié & de Lautrec à Graulhet. — Autorisa-
tion d'emprunt de 19200 livres par le diocèse de Béziers, pour
les travaux du chemin de Gignac à la chaussée de Montagnac.
— Autorisation d'emprunt de i5ooo livres par le diocèse de
Carcassonne, pour les travaux du chemin de La Grasse.
Lettres patentes concernant la nomination des procureurs du roi
de police près les hôtels de ville de Languedoc.
Autorisation d'emprunt de 6000 livres par le diocèse de Mont-
pellier, pour les travaux du chemin du Pont-Juvénal.
Le Conseil d'État casse un jugement de la Chambre des eaux &
forêts de Toulouse, concernant les officiers de la justice de
Caravettes & bois de Valence.
Erection du comté de Tournemire.
CHRONOLOGIE.
lOI
1765, 29 juin . .
16 juillet
i8 juillet
20 août
3, septembre.
I" octobre . . .
1" novembre .
2 novembre .
28 novembre .
novembre . . . .
6 décembre .
19 décembre .
21 décembre .
28 décembre .
Le Conseil d'État supprime deux mémoires relatifs au procès du
chapitre de Béziers avec la ville pour une question de nobilité
de terres, & condamne l'imprimeur à l'amende.
Arrêt du Conseil, attribuant à chaque capitoulat de Toulouse
séparément les frais de construction & réparation des églises
de paroisse, cimetières & maisons presbytérales situés dans
son territoire.
Suppression du péage perçu au pont de Valentine.
Arrêt du Conseil d'Etat, concernant des projets de travaux sur
le Tarn, près le moulin d'Albarèdes, signalés comme nuisibles
à la navigation.
Le roi est déclaré quitte envers la Province & la Province en-
vers les créanciers des deux emprunts de Soooooo de livres,
faits en 1748 & 1744.
Suppression des maisons de Saint-Ruf, au diocèse de Nimes.
Le prince de Beauvau nommé commandant en chef en Lan-
guedoc.
Remise est faite de Sooooo livres sur le don gratuit.
Le prince de Beauvau, commandant en chef, remplace le duc
de Filz-James comme président de la commission de 1784.
Liquidation des dettes de l'hôpital Saint-Joseph de la Grave à
Toulouse.
Le Conseil d'État ordonne le remboursement des emprunts faits
par la Province pour le roi, ou la réduction des rentes au
denier vingt-cinq.
Ouverture des Etats, à Montpellier, par le prince de Beauvau.
(Clôture le 3o janvier 1766.)
Le marquis de Lordat est reçu aux États comme baron de Bram.
Traité entre les commissaires du roi & ceux des États, pour
l'emprunt de 10 000000 de livres.
Érection du comté de Deyme.
décembre . .
1766, 29 janvier . . . Délibération des Etats sur les ouvrages décoratifs de la place du
Peyrou & la distribution des eaux de la fontaine Saint-Clé-
ment.
janvier Érection du comté de Frégeville.
5 mars Arrêt du Conseil, ordonnant le remboursement ou la réduction
au denier vingt-cinq des rentes d'emprunts faits par les États
de Languedoc pour le compte du roi.
10 mars Autorisation d'emprunt de 60000 livres par le diocèse de Tou-
louse, pour les travaux des chemins d'Auterive, de Revel par
Caraman, & de Lavaur par Verfeil. — Autorisation d'em-
prunt de 40000 livres par le diocèse de Montpellier, pour les
travaux des chemins d'Aniane, de Sommières & de Lancize. —
Autorisation d'emprunt de 3i 387 livres par le Vivarais, pour
les travaux des rivières, ponts & chemins. — Autorisation
d'emprunt de 26200 livres par le diocèse d'Uzès, pour les
travaux du chemin d'Alais ik de celui des Vans à Peyre, en
Vivarais.
I02
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1766, 10 mars Autorisation d'emprunt de 20000 livres par le diocèse de Cas-
tres, pour les travaux des chemins de la Bessonié, de Lautrec
& de Graulhet. — Autorisation d'emprunt de 20000 livres par
le diocèse de Lodève, pour les travaux du chemin de Cartels
à l'Héraut. — Autorisation d'emprunt de 19417 livres par
le diocèse de Béziers, pour divers travaux de voirie. — Auto-
risation d'emprunt de 18000 livres par le diocèse de Carcas-
sonne, pour le chemin de La Grasse. — Autorisation d'emprunt
de 17000 livres par le diocèse de Montpellier, pour les travaux
du chemin de Ganges. — Autorisation d'emprunt de i5ooo li-
vres par le diocèse de Saint-Pons, pour les chemins de la mon-
tagne par Angles & la Salvetat. — Autorisation d'emprunt de
14493 livres par le Gévaudan, pour les ponts & chemins. —
Autorisation d'emprunt de i3 65o livres par le diocèse d'Alais,
pour les travaux du chemin de Nimes. — Autorisation d'em-
prunt de 12000 livres par le diocèse de Mirepoix, pour les
travaux des chemins de Bélesta & de Labastide à La Garde. —
Autorisation d'emprunt de 10 000 livres par le diocèse de
Lavaur, pour les travaux du chemin de l'étape par Saint-
Sulpice, — Autorisation d'emprunt de loooo livres par le dio-
cèse de Montauban, pour le chemin de la Ville-Dieu. —
• Autor'sation d'emprunt de 8000 livres par le diocèse du Puy,
pour le chemin d'Auvergne par la Salvetat.
21 mars La Cour des comptes de Montpellier ordonne d'établir un écor-
choir public à Annonay, pour la conservation du droit d'équi-
valent.
mars Erection du marquisat de Portalès.
6 mai Arrêt du Conseil, ordonnant le remboursement ou la réduction
au denier vingt-cinq de l'emprunt de 1757.
mai Édit portant règlement pour l'administration des communes de
Languedoc.
21 juin Le Parlement de Toulouse défend la compascuité générale dans
tous les diocèses du bas Languedoc où il l'avait permise par
son arrêt du 27 mars 1725.
23 juin Le Conseil d'Etat évoque toutes les contestations relatives à la
construction de l'église de la Daurade & aux ouvrages de la
Garonne à Toulouse.
Ordonnance du prince de Beauvau, concernant le droit de port
d'armes dans la Province.
Arrêt du Parlement de Toulouse, portant règlement pour les
élections municipales de Limoux.
Arrêt du Conseil, ordonnant le remboursement ou la réduction
au denier vingt-cinq des rentes de 1769 & de 1762.
Le Parlement de Toulouse dénie aux bénédictins le droit d'évo-
cation générale.
Le Conseil d'Etat casse un arrêt du Parlement de Toulouse sur
l'élection consulaire de Notre-Dame de Laval, — Le Conseil
d'État casse deux arrêts du Parlement de Toulouse, concernant
les élections consulaires de Saint-Jean de Fos.
1" juillet
7 juillet
21 juillet
1" août.
26 août.
CFIRONOLOGIE. io3
1766, 27 août Arrêt du Conseil, portant règlement pour les travaux publics on
Languedoc.
28 août Déclaration du roi, fixant les cas où les conseils politiques ren-
forcés des villes de Languedoc devront être convoqués.
81 août Lettres patentes commettant trois conseillers du Parlement de
Toulouse pour se transporter en Vivarais & en Gévaudan, à
l'effet de s'enquérir des abus intéressant la justice criminelle,
avec pouvoir d'évoquer & de juger en dernier ressort. — Les
émoluments du grand bailli d'épée de Vivarais sont augmentés
d'un quart, à cause de son assistance à l'Assiette.
18 octobre . . . Arrêt du Conseil, autorisant les projets de décoration du Peyrou.
7 novembre. Arrêt du Conseil d'Etat, portant règlement pour les élections
consulaires de Montpellier. — Rétablissement du tirage des
loteries pour le remboursement des emprunts.
20 novembre. Ordonnance des commissaires du Parlement de Toulouse en
Vivarais, concernant les condamnations par contumace.
27 novembre . Ouverture des Etats, à Montpellier, par le prince de Beauvau.
(Clôture le 5 janvier 1767.)
28 novembre . Le comte de Noailles prend place aux Etats comme baron d'Am-
bres.
2 décembre . Le Conseil d'Etat casse une ordonnance de la maîtrise de Ville-
neuve de Berg sur la coupe des bois communaux de Saint-
Kemèze & Bidon, & renvoie l'affaire à la commission de 1734.
6 décembre . Traités entre les commissaires du roi & ceux des Etats pour
l'emprunt de 17 200000 livres.
18 décembre . Les Etats sont autorisés à employer le fonds réservé sur l'équi-
valent au remboursement des sommes dues pour l'acquisition
des offices municipaux & pour la dépense du vaisseau offert
au roi. — Ordonnance des commissaires en Vivarais, prescri-
vant l'exécution de quinze sentences par contumace.
24 décembre . L'ingénieur Darles de Chamberlin est condamné à mort, pour
prévarications dans la conduite des ouvrages publics à la
charge du roi & de la Province. — Remise est faite à la Pro-
vince d'une somme de Sooooo livres sur le don gratuit.
1767, 11 février.... Ordonnance de la commission des vingtièmes, portant modifica-
tion des instructions de 1765.
10 mars Arrêt du Conseil d'Etat, concernant les travaux du Gardon, dans
le diocèse d'Alais.
25 avril La commission des marais défend d'établir des pêcheries dans les
marais de Vauvert, le Cayla & Saint-Laurent.
avril Edit du roi, portant règlement sur l'administration de la justice
dans le Vivarais & le Gévaudan.
8 juin i Lettres patentes exceptant les greffiers des communes de Lan-
guedoc des règles posées ^our la durée des fonctions munici-
pales. — Les syndics des habitants forains sont autorisés à
prendre part aux assemblées des communes.
I" juillet .... Jugement de la commission des marais, ordonnant le bornage.
14 juillet .... Les notaires du Puy obtiennent la préséance sur les procureurs.
I04 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
17,67, 16 juillet .... Arrêt de la Cour des comptes de Montpellier, réglant la manière
de procéderai! compoix cabaliste.
21 juillet .... La Cour des comptes de Montpellier défend aux juges de surseoir
aux exécutions faites par les collecteurs contre les contri-
buables.
18 août Le Conseil d'Etat déboute les religieux de La Caune & de La
Grasse de leur opposition au dessèchement de l'étang de Mar-
seillette.
26 août -Arrêt du Parlement de Toulouse, confirmant l'inéligibilité des
célibataires au consulat dans la ville de Carcassonne.
6 septembre. Arrêt du Conseil, défendant de cultiver les francs-bords de
l'Hers & d'y faire paître le bétail.
' II septembre. Le Parlement de Toulouse ordonne, d'après les anciens statuts,
que le premier consul de Carcassonne sera pris alternative-
ment parmi les avocats & parmi les marchands fabricants.
13 septembre. Don aux Etats de Languedoc du pont de bateaux de Beaucaire,
avec faculté d'établir des moulins,
septembre Union des abbayes de la Sauve ik de Clavas. — Erection du mar-
quisat de Cassagnols.
18 octobre... Lettres patentes déclarant inéligibles au consulat dans la ville
de Montpellier les pâtissiers, rôtisseurs, hôtes, cabaretiers,
vendeurs de vin, cafetiers & billardiers.
19 novembre . Arrêt du Conseil, portant ampliation de pouvoirs à la commission
des marais.
26 novembre . Ouverture des Etats, à Montpellier, par le prince de Beauvau.
(Clôture le 5 janvier 1768.)
28 novembre. Le comte du Roure prend place aux Etats comme baron de
Barjac.
II décembre . Remise est faite à la Province de 400000 livres sur le don gratuit.
i3 décembre . Le pont de Beaucaire est concédé à la Province,
28 décembre . Les Etats votent quelques modifications à leurs règlements, au
sujet des preuves de noblesse exigées des nouveaux barons. —
Les Etats décident qu'il sera procédé au bornage du canal de
Languedoc.
1768, 14 février. ... Le diocèse de Béziers est autorisé à imposer 85oo livres en deux
ans, pour les réparations du collège. — Le Gévaudan est auto-
risé à imposer i 200 livres par an, pour le collège de Mende.
4 mars Arrêt de la Cour des comptes de Montpellier, portant rétroacti-
vité de la roture jusqu'à l'introduction d'instance. — La Cour
des comptes de Montpellier met à la charge des communes les
frais d'arrêts de roture obtenus par elles.
17 mars Instruction sur la levée des vingtièmes.
26 mars La manufacture de soieries de Lavaur est saisie.
14 avril Lettres patentes interprétatives de l'édit de 1766, réglant l'admi-
nistration des communes de Languedoc.
16 avril Arrêt de la Cour des comptes de Montpellier sur la subvention
de Marseillan.
19 avril Arrêt du Conseil, renvoyant à l'intendant les différends de la
CHRONOLOGIE.
io5
commune de Tournefeuille avec les décimafeiirs, au sujet des
frais de construction d'une nouvelle église paroissiale.
1768, 3 mai Le diocèse de Lavaur est autorisé à louer les machines de la
manufacture de soieries.
10 juin Lettres patentes portant règlement pour les élections munici-
pales de Limoux.
20 juin Arrêt du Conseil autorisant l'augmentation des droits d'équiva-
lent jusqu'au 3i mars 1776.
i3 août Arrêt du Parlement de Toulouse, portant règlement pour les
élections municipales de Carcassonne.
23 août La Cour des comptes de Montpellier obtient attribution exclu-
sive des poursuites de contraintes générales & solidaires à
exercer contre les communes de la Province,
août Erection du marquisat de Lespinasse.
18 septembre. ' Les élections municipales de Carcassonne sont cassées, les con-
suls & conseillers politiques nommés par lettres patentes, le
procureur du roi & le greffier de l'hôtel de ville révoqués.
21 septembre. Arrêt du Conseil renvoyant à l'intendant les contestations de
limites entre les communes de Saint-Amans, Castan, Pradelles
& Lespinassière. — Le Conseil d'Etat évoque les contestations
relatives aux travaux de la Louge.
22 octobre... Arrêt du Conseil autorisant le plan des alignements & décora-
tion des places de Montpellier.
24 octobre... Autorisation d'emprunt de 3704 livres par la ville de Carcas-
sonne, pour achats de blé faits en janvier 1767.
octobre Inondations du Gardon ; chute du pont d'Anduze.
19 novembre . La commission des marais déboute le grand prieur de Saint-
Gilles & les commandeurs de Malte de leur opposition au
dessèchement.
22 novembre . Remise est faite à la Province de 400000 livres sur le don gratuit.
24 novembre . Ouverture des Etats, à Montpellier, par le prince de Beauvau.
(Clôture le 3 janvier 1769.)
3 décembre . Règlement faif par les États pour la ferme de l'équivalent.
22 décembre . Les Etats consentent à l'abonnement des quatre sols pour liyre
sur la capitation, au prix de 3odoooo de livres.
28 décembre . Nouvelle collection de règlements pour l'ordre & la discipline
des Etats de Languedoc.
3o décembre . Bail de l'équivalent à François-Joseph Marcilly.
3i décembre . Le Conseil d'Etat casse plusieurs arrêts du Parlement de Tou-
louse & confirme les attributions de l'intendant & de la com-
mission de 1734 sur la vérification des dettes communales.
décembre .... Edit portant prorogation du second vingtième jusqu'au 1" juillet
de l'année 1772.
1769, 3 janvier
18 février.
20 mai.
Ordonnance de la commission de 1734, portant règlement pour
la reddition des comptes communaux.
Lettres patentes ordonnant la levée des droits d'équivalent sur
tous les habitants de la Province, sans exception.
Autorisation d'emprunt de 3oooo livres par le diocèse de Saint-
io6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Pons, pour les travaux du chemin de communication avec la
montagne.
1769, 3 juin Le Parlement de Toulouse enregistre, avec réserves, l'édit de
mai 1768, portant fixation des portions congrues.
i3 juillet .... Arrêt du Conseil portant nouvelle attribution & ampliation de
pouvoirs à la commission des marais.
28 juillet Arrêt du Conseil autorisant la nouvelle collection de règlements
des Etats.
12 août Arrêt du Conseil concernant les contestations survenues entre
la ville de Montpellier & Hilaire Ricard, entrepreneur des
travaux de la fontaine.
5 septembre. Arrêt du Conseil sur le différend des payeurs des gages du Par-
lement avec les officiers de cette Cour, la Chambre des comp-
tes & les trésoriers de France de Montpellier.
septembre. ... Le Parlement de Toulouse valide un mariage célébré au Désert
par le pasteur Paul Rabaut.
n octobre . . . Roudil de Berriac obtient un nouveau délai de huit ans pour le
dessèchement de l'étang de Marseillette.
8 novembre. Le doublement du droit de petit blanc est prorogé, avec affecta-
tion aux travaux du Rhône & du chemin de Pont-Saint-Esprit
à la route de Provence.
3o novembre. Arrêt du Conseil pour l'adjudication des octrois & revenus
patrimoniaux de la ville de Toulouse. — Ouverture des Etats,
à Montpellier, par le prince de Beauvau. (Clôture le 8 jan-
vier 1770.)
7 décembre . Le marquis de Banne de Montgros prend place aux États comme
baron d'Avéjan.
9 décembre . Traité entre les commissaires du roi & des États pour continuer
l'abonnement des dons gratuits.
21 décembre . Les États se chargent de l'entière exécution des travaux de la
route d'Auvergne, à condition d'en avoir la direction.
décembre .... Érection du marquisat de Ginestous.
1770, 6 janvier ... Établissement des frères des écoles chrétiennes à AigueS-mortes.
janvier Extinction du chapitre de Marsac.
19 février Autorisation d'emprunts des diocèses de Toulouse, Comminges,
Montauban, Carcassonne, Mirepoix, Castres, Béziers, Agde,
Montpellier, Nimes, Alais, Viviers & Mende, pour travaux
des ponts & chemins. — Les diocèses de Toulouse & Com-
minges sont autorisés à servir une pension viagère aux sieurs
de Montcabrié & Peyrade, anciens syndics.
8 mars Ordonnance de la commission de 1756, portant modification à
l'instruction de 1768 pour la levée des deux vingtièmes.
26 mars Les droits d'équivalent perçus dans la cité de Carcassonne &
châtellenie des tours de Cabardès sont réduits au tiers.
9 avril Le Conseil d'État autorise la Province à se charger de la route
d'Auvergne. — Le Conseil d'État permet le taux du denier
vingt pour les emprunts de diocèses autorisés le 19 février,
19 avril La justice de Chalencon est transférée à Vernoux.
CHRONOLOGIE.
107
23 mai.
10 juin
1770, 27 avril Le faux du denier vingt est autorisé pour les emprunts des dio-
cèses non couverts.
M. de Falguerolles nommé lieutenant général en Languedoc.
Autorisation d'emprunt de 6202 livres par le diocèse d'Uzès,
pour le prix d'un moulin destiné à la cartonncrie de Gentil.
i5 juin La commission de 1784 réglemente les droits dus aux procureurs
qui instrumentent pour les communes de Languedoc.
5 juillet .... Déclaration du roi, concernant le défrichement des terres incul-
tes dans la province de Languedoc.
8 juillet .... L'intendant liquide l'indemnité des droits de directe sur les terres
cédées aux religieux de la Merci de Montpellier pour y réta-
blir leur couvent.
10 juillet ... . Le Conseil d'Etat évoque le procès des fermiers du domaine
avec le comte de Noailles, relativement aux droits de relief ou
rachat du marquisat d'Ambres, de la vicomte de Lautrec & des
seigneuries de Brosses, Cabanes & autres terres provenant de
la succession du maréchal de Lautrec.
11 juillet .... Arrêt du Conseil permettant à Tubeuf d'exploiter les mines de
houille dans un rayon de deux lieues autour de Saint-Esprit.
14 juillet .... Suppression de la maison de Saint-Orens, à Toulouse. — Le
Parlement de Toulouse annule deux articles de la nouvelle
collection des règlements des États faite en 1768.
4 août Déclaration du roi, portant règlement pour le payement des
dettes diocésaines & communales en Languedoc. — Le Conseil
d'État liquide à 719640 livres l'indemnité due à la Province
pour divers offices de gouverneurs & lieutenants de roi.
8 août Attribution est donnée à l'intendant de Languedoc sur le cours
de la Garonne & du Tarn, dans l'étendue de sa généralité.
Concession de la forêt de la Grésigne au comte de Maillebois.
M. de Niquet nommé premier président du Parlement de Tou-
louse.
Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse relatif
aux règlements des États.
Ordonnance de l'intendant pour la conservation des chemins
dans le diocèse de Montpellier.
Ouverture des États, à Montpellier, par le prince de Bcauvau.
(Clôture le 7 janvier 1771.)
Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'emprunt de 7000000 de livres.
Règlement pour les élections municipales de Vallabrègues.
Autorisation d'emprunt de 60000 livres par le diocèse de Tou-
louse, pour les travaux des chemins. — Autorisation d'em-
prunts des diocèses de Toulouse, Montauban-, Carcassonne,
Limoux, Mirepoix, Narbonne, Béziers, Agde, Lodève, Nimes,
Alais, Uzès, Vivarais & Vêlai, pour les travaux des ponts &
chemins.
17 février. . . . Autorisation d'emprunt de 4000 livres par le diocèse de Saint-Pa-
poul, pour les travaux du chemin de Castelnaudary à Mirepoix.
26 août
29 septembre
i3 octobre . .
26 octobre . .
29 novembre
7 décembre
1771, 25 lanvier
i5 février.
I08 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1771, 3 mars Garipuy & Saget sont chargés de vérifier le cours de la Lèze, de
sa source à son embouchure.
26 mars La levée des droits d'octroi & courtage de Montpellier est pro-
rogée pour dix ans.
ly mai Contrat d'échange entre le roi & le marquis de Bernis.
mai Suppression des chanoines réguliers de Saint-Orens.
20 juin Ordonnance de l'intendant pour la conservation des travaux de
la plaine de Coursan.
26 juin Les forges de Languedoc sont déchargées des droits de réal &
d'impériage pour le minerai du Confient & du Roussillon.
14 juillet .... La Province est indemnisée de l'abonnement des vingtièmes dû
pour les anciens péages du prince de Soubise.
15 juillet .... Les péages appartenant au maréchal prince de Soubise sont réu-
nis au domaine du roi.
20 août Le comte de Périgord est nommé commandant en chef en Lan-
guedoc.
22 août Le roi cède au comte de Clarac les seigneuries de Buzet, Bes-
sières, Montastruc, Génies & la Roquette, en échange de
cinquante-six arpents de bois dans la forêt de Senonches.
3i août Protestation du Parlement de Toulouse contre le projet de
suppression des Cours souveraines,
août Edit portant suppression de tous les offices du Parlement de
Toulouse.
8 septembre. Autorisation des travaux à faire sur la Mouillonne.
10 septembre. Le comte de Périgord remplace le prince de Beauvau comme
président de la commission de 1734.
24 octobre... Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 2 décembre.)
5 novembre . Les États consentent à l'établissement de deux nouveaux sols
pour livre sur tous les droits non compris dans les fermes
du roi.
26 novembre . Les États fixent la quote-part des petites communes, des villes
& gros bourgs, & des diocèses dans les dépenses des ponts &
chaussées,
novembre.... Édit portant rétablissement des offices municipaux perpétuels.
8 décembre . Le roi & les États sont déclarés quittes de l'emprunt de
II 400000 livres fait en 1754, & de l'emprunt de 6000000 de
livres fait en 1746.
23 décembre . La levée des deux vingtièmes & sols pour livre est prorogée,
avec abonnement, au prix de 2800000 livres. — Remise est
faite aux États de 100 000 livres sur le don gratuit.
1772, 18 février.... Le Conseil d'État ordonne la vente des moulins & tours de la
manufacture de soieries établie à Lavaur, & permet à la Pro-
vince de disposer du cylindre.
I" avril Ordonnance de l'intendant pour la conservation des chemins
dans le diocèse de Narbonne.
5 avril La subvention de Narbonne est continuée en faveur de l'hôpital
des malades.
CHRONOLOGIE.
109
1772 10 mai Déclaration du roi sur la portion congrue des curés dans le
ressort du Parlement de Toulouse. — La levée du double
droit de petit blanc est prorogée jusqu'à concurrence de
20000 livres, pour les travaux du Rhône.
I, niai Déclaration du roi, concernant 1 administration des communes
de Languedoc.
16 juin La Cour des comptes de Montpellier déclare roturières les terres
des domaines de Castelnau & Saint-Bausile de Claissan, dans
le taillable de Vendres. — Arrêt du Conseil d'État, concernant
le droit de relief & autres droits de mutation sur les terres
nobles.
8 juillet Ordonnance de l'intendant pour la conservation des chemins
dans le diocèse de Lodève.
5 aoiit Les intendants de Languedoc & de Guienne sont commis pour
connaître de l'instance en règlement des limites de la Pro-
vince vers Moissac, Verdun & le Mas-Grenier.
y août La Province obtient sur la crue du sel iSoooo livres par an, pour
le canal de Beaucaire, le dessèchement des marais, & 5oooo li-
vres pendant dix ans, pour les travaux de la haute & de la
basse Garonne.
17 septembre. : Inondation de la Garonne à Toulouse.
3o septembre. Les capitouls originaires de Toulouse, ou y résidant, sont
exemptés de la taxe d'anoblissement.
2 octobre ... Le Conseil d'État autorise le rachat par la ville de Toulouse, au
prix de 400000 livres, des huit offices de capitouls créés par
ï'édit d'avril 1771.
5 novembre . Ouverture des États, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 14 décembre.)
10 novembre. La Cour des comptes de Montpellier règle la forme d'allivre-
ment des rentes foncières portant lods & ventes.
14 novembre . Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'emprunt de i 200000 livres, à cause des inondations.
28 novembre . Autorisation d'emprunt de Soooooo de livres par les États, pour
les travaux du canal de Beaucaire & le dessèchement des
marais.
24 décembre . La commission de 1734 condamne les consuls de Marseillan de
plusieurs années pour détournement des revenus de la com-
mune.
1773, 26 janvier
27 janvier
3i janvier
II février.
26 mars. . .
, . La ville de Montpellier est autorisée à couper le quart de réserve
du bois de Valenne.
L'office de procureur du roi en l'hôtel de ville de Narbonne est
réuni à celui de procureur du roi en la viguerie.
. . Le Conseil d'État autorise les modifications d'allivrement faites
dans la ville d'Annonay.
Ordonnance de la commission de 1734 pour la conservation des
archives communales.
Le Conseil d'État nomme les consuls & conseillers politiques de
Frontigiian.
IlO ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1773, 28 mars Le Conseil d'Etat casse deux arrêts du Parlement de Toulouse,
concernant les archives de Vias.
i5 avril La commission des marais établit les droits des propriétaires c[ui
ont représenté leurs titres.
17 avril ' Le Conseil d'Etat ordonne que les archives du diocèse de Mire-
poix seront transférées de Fanjaux à Mirepoix. — Concession
trentenaire à Tubeuf des mines de houille de Saint-Ambroix,
Alais & du pays compris entre Saint-Esprit, Laudun, Uzès,
Anduze, Villefort, Aubenas 8c Viviers.
2rj avril Le Conseil d'Etat autorise l'acquisition de terrains pour les ave-
nues du Peyrou.
26 août Nouvelle ordonnance de la commission de 1734 pour la conser-
vation des archives communales.
12 septembre. Le diocèse de Nimes est déchargé de la capitation du marquis
d'Entraigues & du marquis de Clauzonnettes, exempts comme
ministres plénipotentiaires près l'électeur de Mayence & près
le duc de Wittenberg & Cercle de Souabe.
13 septembre. Arrêt du Parlement de Toulouse, portant règlement sur les
droits respectifs des officiers de justice & des consuls de
Saint-Thibéry.
i5 octobre... Nomination des consuls & conseillers politiques de Valros, par
arrêt du Conseil d'Etat.
•29 octobre . . , Arrêt du Conseil d'État, approuvant le bornage du canal de Lan-
guedoc.
4 novembre . Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le i3 décembre.)
2 décembre . Les Etats consentent au rachat des charges municipales de 1771.
3 décembre . Le Conseil d'Etat casse l'arrêt du Parlement de Toulouse con-
cernant la députation de Lombers à l'Assiette d'Albigeois,
avec défense de connaître des affaires relatives aux assemblées
diocésaines.
4 décembre . Bail de l'étape à François Parlier.
7 décembre . Les États établissent un droit provisoire de vingt sols par muij
de vin recueilli en 1774.
n décembre , Union de l'abbaye de Saint-Polycarpe au séminaire de Narbonne.
1774, 3o janvier ... Le Conseil d'Etat autorise le nouveau droit de vingt sols par
muid de vin.
6 février. . . . Remise est faite à la Province de 200000 livres.
7 février, . . . Les habitants de Chalabre, Puivert, Nebias & autres lieux de la
terre privilégiée de Mirepoix sont déchargés du droit d'équi-
valent & des dons gratuits municipaux, au prix d'un abonne-
ment annuel de 8400 livres.
6 mars La Province est autorisée à prélever iSoooo livres sur la remise
de la capitation, pour le remboursement des offices supprimés
du Parlement de Toulouse & les gages du Parlement & du
Conseil supérieur de Nimes.
17 mars La commission des marais ordonne le bornage & l'arpentage des
marais d'Aigucs-mortes & de Lunel, concédés à la Province.
CHRONOLOGIE. , m
1774, 2 avril Le Conseil d'Etat casse deux arrêts de la Cour des comptes ilo
Montpellier contre la commune de Casfelnau de Brassac.
23 avril Déclaration du roi pour le remboursement des finances d'offices
supprimés au Parlement de Toulouse.
14 mai L'intendant ordonne la destruction d'ouvrages & de plantations
faits sur l'Aude dans le terroir de Cuxac.
27 mai Ordonnance de l'intendant pour la conservation des digues du
Livron.
4 août Le colloque général des églises réformées du haut Languedoc
adresse un mémoire au roi Louis XVI, à l'occasion de son
avènement.
i3 août Ordre aux corps de métiers de remettre annuellement leurs
comptes devant le juge de police & d'en fournir un double à
l'intendant, avec défense d'établir des cotisations sans permis-
sion du Conseil d'État.
26 août Ordonnance de la commission de 1784, concernant l'administra-
tion municipale d'Aniane.
i3 septembre,- La liberté du commerce des grains & farines est établie à l'inté-
rieur du royaume.
27 octobre... Le Conseil d'État fixe à 4066487 livres le rachat des charges
municipales de 1771 & en règle les conditions.
23 octobre ... ^ Confirmation générale des privilèges de la province de Langue-
doc, à l'occasion de l'avènement de Louis XVL
9 novembre . Défense est faite aux bateliers de la Garonne & du Tarn d'intro-
duire en Languedoc des bétes à cornes provenant du Béarn
ou de la généralité d'Auch.
12 novembre. L'intendant prescrit des précautions contre l'épizootie des bêtes
à cornes, déclarée dans une commune du Comminges.
27-28 novembre. "'Sept bateaux du pont de Beaucaire sont emportés par les glaces
pendant la nuit.
28 novembre . Ordonnance de la commission de 1784 sur les affaires munici-
pales d'Aniane.
I" décembre . Ouverture des États, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 9 janvier 1775.)
4-5 décembre. Inondations du Rhône; dommages au pont de Beaucaire.
7 décembre . Le vicomte de Bernis prend place aux États comme baron de
Pierre-Bourg,
12 décembre , Arrêt du Parlement de Toulouse, prescrivant des précaution»
contre l'épizootie,
24 décembre , La levée des droits d'équivalent est prorogée jusqu'au 3i mars
1782.
a5 décembre . Lettre de l'archevêque de Toulouse au clergé de son diocèse,
concernant l'épizootie.
3g décembre , Consultation de l'Université de médecine de Montpellier sur
l'épizootie.
1775, 5 janvier ... Les États de Languedoc votent une augmentation des droits
d'équivalent. — Les Etats votent le rachat du monopole de la
glace.
m , ÉTUDFS IIISTOIUQUKS SUll I,K i-AN(;ur,no(\
1775, 7 jnHvIor ... I.o cointo ilt> Cnrnman iu)iiim('« lliufi-nant gén^-rnl fi\ Langui'doc.
9 janvier ... Iiistnictloii!) ndrciis/'us pur les i'it.it.s aux LOiiiniuiics do I.anfjucdoc
|>(>iii' le rachat des charges niiiiiiclpalcs.
iB jaiivlor ... Union du priuurâ du Pliiol nu s/<ininairu Saint-Chnrlus du Tou-
loii.'i».
^ f6vrtor.,.. Le ('oniioil il'l'',t.it lixc la luintcnr dci constructions de la jtlaco
royalo du i'cyrou, à Miuilpcllitr, & cède à la i'rovinc(.' lo
ciiainp do la lU'lnc.
r^'vrlor l'.dlt du roi, portant rétnbllssnnicnt d'offtccx dans lo l'a ri 0 m ont
de 'roulDusc — Snp])rossi()n du ('onsoil suprriour do Ninics.
U inaiv l.c l'ai leiiicnt do Toulouso «rdoiino dos rc^'jouissancos puhli-
quoi. — Le Conseil d'I-ltat casso la nomination do trois réKonts,
fallo par In vif;ul<>r do ('lorinnnt-I,()d(""vo pour tenir lieu do
consuls.
16 mors Autorisation d'oinprunf do ïoooo livres jiar lo diocèse d'Alals,
pour la roconsiruction du pont d'Andu/.o. — Le dioct'-so do
Monlpollioi' <<st anloris/' l\ imposer i!\on livres jH^ndant huit
nns, pour l'iirtpllal g^nZ-ral. — l^o diocèse de Monde est auto-
risé A imposer annuelleinont 1 'ioo livres, jionr ronireticn do
six lnsonst''S.
18 mars ArrM Intorprt'-tatil du C'onseil d'Ktaf sur lo rachat dos charges
municipales.
i'.\ mars Onlonnanci" tlo rai'clu>vè<iue de Toulouse, défendant les sépul-
tures dans les o)<lisos.
j^ mars Hévocatlon do toutes les nominations municipales <aite.s par
arrêts du (lonsoil ou ordres du roi, sauf celle de M. de Cam-
hacérès, maire ilo Montpellier.
1" avril la (!our dos comptes de Montpellier déclare inlmièies plusieurs
possessions du chapitre de Saint-Pons.
1^ avril 1.0 l'arlonient <lo 'riuihMiS(< est réinstallé.
li mai 1.0 i'arlomont de Toulouse rèi;lo les droits honoriliiiuos du Sel-
^Mienr d(i Salssac.
l5 mal Nomination d'une commission du f. onsoil d'Klat pour étuilier le
procès pondant entre le cliapilio & la ville île Hé/.iors. — I.o
Conseil d'Ktat maintiont les consuls de Kédarleux d»os l'exer-
cice do la p(^lico.
iH mai Arièt du (Conseil réglant la (|ii,ililo du second député dos villes
(|ui en eitvolent doux aux Klats de Lnnguodoc.
J7 mal Uèj'Iomont |iour la formation du Conseil ]ioliti(|ne !\' le.> lîei.-
tions consulaires do Kioux.
3o mal I.os capitaines des navires mouillés dans lo port de Marseille
sont autorisés i\ Caire consommer par leurs énuipages du vin
do toute provenance.
JO juillet Ln l'ahrltpio do soieries l'ondée t\ 'l'oulouso, par la lamille Lio-
tard, est érigée on manufacture royale.
lH juillet .... Lo maréchal duc de Hlron est nommé gouverneur & lieutenant
j;énéral en Languedoc.
Jij iuillei .... Arrêt du l'arlonient do Toulousi', |>iiil.uii ièi;K imiii sur l.i (orme
des élections consulaires.
CHRONOLOGIE. ii3
1775, 3t juillet Le Conseil d'État maintient la coniniune de Montcsquieu-Vol-
vestre dans le droit de nommer ses consuls.
7 août Le Conseil d'État ordonne la destruction des moulins do la Poy-
rinade & de Rouzilles, sur le Fresquel.
iS août Arrêt du Conseil d'État, suspendant les privilèges de la ville do
Bordeaux pour la vente des vins,
26 août Les élections municipales de Gignac sont cassées par arrêt du
Conseil.
29 août Le comte de Provence achète lo comté de l'Isle-en-Jourdain.
9 septembre. Le roi cède au diocèse do Lavaur ses droits sur les moulins,
tours 2k effets de la manufacture de soieries.
12 septembre. La réunion des offices de procureur du roi en l'hôtel de ville do
Narbonne & de procureur du roi en la viguerie est annulée.
29 septembre. Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse sur les
élections consulaires.
21 octobre... L'ingénieur en chef de la généralité d'Auch est commis pour
vérifier le cours de la Louge en Guienne.
24 octobre . . . Défense aux collecteurs & autres agents des impositions de saisir
le bétail en Languedoc pendant dix ans.
29 octobre Le Conseil d'Etat casse les élections municipales do Cette. — Lo
Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse en
faveur des officiers du sénéchal de Béziers.
28 décembre . Jugement souverain de la commission des marais, autorisant les
travaux do bornage dans les terroirs d'Aigues-mortes & do la
baronnic de Luiiel.
1776, 6 janvier ... Lettres patentes accordant aux syndics généraux, greffiers 8: tré-
sorier de la province do Languedoc le droit de commhtlmus &
d'évocation en première instance aux requêtes du palais à
Toulouse, & en appel aux parlements de Pau & de Dijon. —
Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse,
concernant les élections municipales de Gignac. — Le Conseil
d'État casse les élections consulaires de ("astres.
9 janvier ... Le grand Conseil du roi casse un arrêt du Parlement de Tou-
louse relatif à l'enregistrement des édits.
25 janvier ... Ouverture des États, à Montpellier, par le comte do Périgord.
((-lôture le 4 mars.)
janvier Erection de la baronnio de Eriges, en Gévaudan, avec entrée aux
États à la place de Morcoeur.
3 février.... Règlement fait par les Étals pour l'exploitation de la ferme do
l'équivalent. — Traité entre les commissaires du roi & des
Etats pour l'emprunt de iSoooooodc livres par la Province,
au profit du trésor royal. — Les Étais de Languedoc sont
autorisés à emprunter, au denier vingt-cinq, les sommes
nécessaires au remboursement des emprunts au denier vingt
faits pour le roi.
to février.... Déclaration du roi, permettant la libre exportation des grains à
l'étranger. — Les États décident l'augmentation des appointe-
ments des syndics diocésains, l'inlerdiction du suffrage des
XIII. 8
11^ ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
officiers royaux dans les assemblées des commissaires ordinai-
res & le dépôt des anciens cadastres & des copies des nou-
veaux dans les archives diocésaines.
1776 î4 février Les États de Languedoc décident de concourir, pour iSoooo li-
vres au remboursement des offices supprimés du Parlement
de Toulouse. — Bail de la ferme de l'équivalent à Pierre
Coustou.
(■^■vrier Édit portant suppression des corvées. — Édit portant suppression
des jurandes & maîtrises d'arts & métiers.
2 mars Règlement fait par les États pour les adjudications d'ouvrages
publics des diocèses & le payement des indemnités aux pro-
priétaires des terres occupées.
jpr ;^vril Autorisation d'emprunt de 3oooo livres parle diocèse de Tou-
louse, pour les travaux de la Rize. — Autorisation d'emprunts
des diocèses de Toulouse, Lavaur, Rieux, Montauban, Saiat-
Papoul, Albi, Alet, Limoux, Castres, Saint-Pons, Narbonne,
Béziers, Agde, Lodève, Montpellier, Nimes, Alais, Uzès,
Viviers, le Puy & Mende, pour les travaux des chemins. —
Les diocèses de Lavaur, Alet & le Puy sont autorisés à aug-
menter les appointements de leurs inspecteurs des chemins.
< — Le diocèse de Saint-Papoul est autorisé à imposer 700 livres
par an, pour le collège des doctrinaires de Castelnaudary. —
Le diocèse de Toulouse est autorisé à imposer les intérêts de
l'indemnité accordée au marquis de Castelnau, pour la démo-
lition de son moulin.
j. avril Ouverture de la navigation sur le canal Saint-Pierre, à Tou-
louse.
23 avril Synode des églises réformées du bas Languedoc.
26 avril A l'occasion d'un conflit avec la comtesse de Poitiers, les consuls
& conseillers politiques de Castelnau de Brassac sont nommés
par arrêt du Conseil d'État.
avril ■ Édit pour la libre circulation des vins.
21 juin Arrêt du Conseil d'État, concernant l'élection consulaire & la
formation du Conseil politique de Montagnac. — Suppression
du prieuré de Saint-Pierre d'Arlemps, en Vivarais.
4 juillet .... Rétablissement du siège de la maîtrise des eaux & forêts à Tou-
louse.
i5 juillet .... Liquidation du monopole de la glace à ii3o62 livres.
16 août Le Conseil d'État prescrit le dépôt, dans les archives diocésaines,
des anciens cadastres & de la copie des nouveaux.
3i août Approbation des nouveaux alignements tracés par Giral pour
former les avenues de la place du Peyrou, à Montpellier. —
Ordre est donné au trésorier des États de Languedoc de sus-
pendre l'emprunt.
spptembre. . . . Naturalisation & reconnaissance de noblesse du comte Mac-
Carthy.
21 octobre... Confirmation des privilèges de l'ordre de Saint-Jean de Jéru-
salem.
7 novembre. Le Parlement de Toulouse adjuge l'élection des consuls de
CHRONOLOGIE. ii5
Montgaillard au sous-engagiste du domaine & au syndic de
Eoulbonne.
1776, 8 novembre. Union de l'abbaye de Saint-Chaff're le Monastier à l'archevêché
de Vienne.
9 novembre . - Rétablissement des droits sur les grains, farines & pain, au
profit des villes de Languedoc.
18 novembre. Le Conseil d'Etat autorise les travaux du canal de Narbonne &
du réservoir de Lampy.
28 novembre . Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 4 janvier 1777.)
5 décembre . Les Etats de Languedoc ordonnent l'impression des procès-ver-
baux de leurs séances.
14 décembre . - Les Etats augmentent les appointements des syndics diocésains.
i5 décembre . L'emprunt de i5oooooo de livres est réduit à 6000000.
21 décembre . Rétablissement des loteries pour le remboursement des emprunts
à cinq pour cent.
3i décembre . Union du prieuré Notre-Dame de Borieu au chapitre de Lodève.
I 7, 29 janvier ... Le Parlement de Toulouse casse les élections consulaires de
Castres.
5 février Le diocèse d'Albi est autorisé à imposer i 5oo livres, pour
l'entretien de six insensés.
14 février. . . . Remise est faite de 400000 livres sur le don gratuit. — Arrêt du
Conseil, réglant les droits à percevoir sur le canal Saint-
Pierre, à Toulouse.
i3 mars Les diocèses de Languedoc sont autorisés à faire au denier vingt
les emprunts qu'ils n'ont pu effectuer au denier vingt-cinq.
27 mars Le marquis de Castries achète le comté d'Alais au prince de
Conti.
16 avril Autorisation d'emprunt de loooo livres par le diocèse de Mire-
poix, pour le chemin de Pamiers. — Le Conseil d'État autorise
les diminutions d'allivrement faites dans la commune de
Saint-Esprit.
4 mai Lettres patentes pour tenir lieu de provisions à ceux qui seront
commis par les communes de Languedoc pour exercer les
offices municipaux rachetés par les États.
6 juin Le doublement du droit de petit blanc est prorogé jusques à
concurrence de 57000 livres, pour les travaux du Rhône.
i3 juin Arrêt du Conseil d'État, concernant l'élection consulaire & la
formation du Conseil politique d'Agde.
i5 juin Arrêt du Conseil d'État, concernant l'achat des maisons à démolir
pour la construction du quai de Toulouse.
6 juillet Union du prieuré Saint-Médard de Fenouillet au séminaire dio-
césain de Toulouse.
18 juillet .... La Cour des aidei de Montpellier déclare immunes de tailles les
fonds acquis par les États pour former les promenades basses
de la place du Peyrou & les chemins d'avenue.
i5 noût Le Conseil d'État, cassant des ordonnances du sénéchal de Cas-
telnaudary, attribue au premier consul présent la présidence
ii6
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des assemblées municipales dans toutes les communes de la
Province.
1777, 16 août. ..... Suppression des bénéfices de Saint-Ruf, au diocèse de Viviers.
3o août Le Conseil d'État évoque l'affaire des élections de la Salvetat
(Saint-Pons).
août Confirmation des privilèges des cordeliers de Languedoc.
6 septembre. Arrêt du Conseil, enjoignant aux consuls de Béziers d'appeler
aux assemblées communales les officiers de justice de l'évèque.
— Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse
contre les élections consulaires de Castres.
9 septembre. Le Conseil d'Etat évoque l'affaire du comte de Clarac avec les
communes de Bessières & Montastruc."
18 octobre . . . Arrêt du Conseil, portant règlement sur la formation du Conseil
politique & l'administration de la ville de Nimes.
29 octobre . . . Accord entre l'évèque d'Agde & les consuls de Cette, concernant
la police & les droits honorifiques.
21 novembre . La forêt de Claris est donnée au comte d'Eu.
27 novembre . Ouverture des États, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 5 janvier 1778.)
29 novembre . Le marquis de Castries prend place aux États comme comte
d'AIais, & le marquis de Brison comme baron de Tornac.
9 décembre . Traité entre les commissaires du roi & ceux des Etats pour
l'emprunt de Soooooode livres destinées au rachat des sur-
taxes de la capifation.
30 décembre . Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'emprunt de i3i6oi2 livres, à cause des dépenses de l'épi-
zootie.
1778, 6 janvier ... Le Conseil d'État évoque les contestations du chapitre Saint-
Just avec la ville de Narbonne.
25 janvier Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'emprunt de 12000000 de livres,
janvier 1 Etablissement des frères des écoles chrétiennes dans le ressort
du Parlement de Toulouse.
18 février La commission de 1784 est chargée de reviser les comptes du
trésorier-clavaire de Montpellier depuis 1752.
5 mars La commission des marais autorise les traités conclus entre les
Etats, les communes de la baronnie de Lunel & les villes
d'Aigues-mortes & de Beaucaire, au sujet des indemnités pour
privation d'usages.
16 avril Suppression des carmes de Montréal.
24 avril Le Conseil d'État fixe les droits respectifs de l'évèque d'Agde &
des consuls de Cette.
26 mai Les emprunts diocésains pour travaux publics sont exempts de
la retenue des vingtièmes.
26 juin Le Conseil d'Etat rejette l'appel des élections consulaires de
Castres, fait sans autorisation de l'intendant. — Arrêt du
Conseil d'État, portant règlement pour l'administration muni-
cipale de Toulouse. — Le roi nomme, par ordonnance, les
CHRONOLOGIE.
117
1778, 22 juillet . . ..
29 août
29 septembre.
29 octobre . . .
8 novembre .
novembre . . . .
16 décembre .
24 décembre .
capitouls & autres membres de la nouvelle organisation muni-
cipale de Toulouse.
Règlement arrêté par le roi, concernant la construction & l'en-
tretien des fortifications & ouvrages publics en Languedoc.
Le Conseil d'Etat casse deux arrêts du Parlement de Toulouse
concernant l'élection consulaire de Saint-Amans Villemage.
Arrêt du Conseil d'Etat, concernant le différend du chapitre
Saint-Just & des consuls de Narbonne, au sujet de la nobilité
des biens.
Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 7 décembre.)
Traité entre les commissaires du roi & ceux des Etats pour
l'emprunt de 12000000 de livres.
Le prieuré Notre-Dame de Laval est uni au séminaire de Chirac.
Remise est faite de 200000 livres à la Province.
Ordonnance du comte de Périgord, concernant le port d'armes.
1779, 18 février.... Le diocèse de Limoux est autorisé à imposer 600 livres de plus,
en faveur du collège. — Le diocèse du Puy est autorisé à
augmenter de 5oo livres l'imposition annuelle, en faveur de
l'hôpital général.
26 mars Le Conseil d'Etat autorise l'achat de maisons pour l'alignement
de la nouvelle rue & porte Saint-Cyprien, à Toulousi. — Le
Conseil d'Etat casse l'arrêt du Parlement de Toulouse pour le
seigneur de Saissac & confirme les attributions de la commis-
sion de 1734.
mars Confirmation des privilèges de la cité de Carcassonne.
i5 avril Le contingent des diocèses dans les dépenses des ponts est fixé à
4000 livres par ouvrage.
4 mai Le diocèse de Commiiiges est autorisé à racheter les offices de
receveurs des tailles.
19 mai Le diocèse du Puy est déchargé de la capitation du vicomte de
Polignac, exempt comme ambassadeur de France auprès des
cantons suisses.
mai Edit portant réunion du comté de Caraman à la province de
Languedoc. — Réunion du comté de Caraman au taillable du
diocèse de Toulouse.
i5 juin La commission des marais ordonne le partage de ceux de Saint-
Laurent d'Aigouze & règle les contestations de cette commune
avec l'évêque & le chapitre d'Alais. — La commission des
marais règle les possessions des Etati, du comte de Bernis &
du marquis de Pierre-Bourg dans le terroir d'Aigues-mortes.
— La plage comprise entre la Méditerranée & l'étang deThau,
jusqu'au promontoire d'Agde, est donnée à Serene, Castilhon
& Rey, pour y établir des salins destinés à l'exportation. —
La commission des marais règle les possessions des États dans
le terroir de Beaucaire.
25 juin Arrêt du Parlement de Toulouse, concernant le glanage.
juillet Création du petit séminaire de Toulouse.
I!8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
1779, i3 août La commission des marais confirme les traités passés entre les
Etats & les communes de la baronnie de Lunel, — La com-
mission des marais autorise le bornage de la partie du marais
de l'Alloua cédée à MM. de Bernis & de Pierre-Bourg.
29 août La sénéchaussée de Toulouse est chargée de construire à ses
frais une portion de chemin depuis le ruisseau de Saint-Béar
jusqu'à Moissac.
II septembre. L'exercice de la police est maintenu aux consuls de Montfaucon,
2 octobre... Le Conseil d'Etat décide que les communes où la justice est
royale pourront seules nommer un procureur de roi à l'hôtel
de ville & bureau de police, le ministère public appartenant
dans les autres aux procureurs fiscaux des justices seigneu-
riales.
3i octobre... Arrêt du Conseil, défendant d'élever sous les promenades basses
du Peyrou des constructions qui dépassent le niveau du pa-
rapet.
octobre Translation de la justice de Saint-Roman h Beaucaire.
25 novembre . Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 3 janvier 1780.)
27 novembre. Le vicomte de Paulin est reçu aux Etats comme baron de Mur-
\'\e\. — Le marquis de Lordat prend place aux Etats comme
baron de Bram.
5 décembre . Traité entre les commissaires du roi & des États pour l'emprunt
de 8000000 de livres.
14 décembre . Arrêt du Conseil d'État sur le différend des chartreux de Val-
bonne avec la commune de Saint-Paulet, concernant la nobi-
lité prétendue de leurs fonds.
1780, 3 janvier ... Bail de la fourniture de l'étape à André Boulabert, de Mont-
pellier.
6 janvier . . . Autorisation d'établissement d'un bac sur la Garonne à Portet &
fixation du tarif.
23 janvier ... Le Conseil d'État liquide les sommes dues par la province de
Languedoc à raison de l'annexion du comté de Caraman.
18 février.... La Cour des aides, le bureau des finances & le présidial da
Montpellier sont déboutés de leurs prétentions sur la nomi-
nation du Conseil politique.
mai Édit du roi, portant création de la sénéchaussée royale de Ville-
neuve de Berg & suppression du bailli de Vivarais.
7 juillet .... Arrêt du Conseil d'État, portant règlement pour l'administration
. municipale de Castelnaudary.
4 août Le Conseil d'État confirme les droits du prince de Conti sur les
élections consulaires de Monfagnac.
6 septembre. Le Parlement de Toulouse règle les droits honorifiques du sous-
engagiste de Villasavary.
26 septembre. Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse
contre la ville de Rieux.
10 octobre . . . Suppression de deux prébendes du chapitre de Saint-Félix de
Caraman.
CHRONOLOGIE.
119
1780, 21 octobre... Suppression du couvent de la Merci à Carcassomie.
18 novembre . Arrêt du Conseil d'Etat, réglant les préséances des officiers do
justice de l'abbé de Villemagne, seigneur de Bédarieux.
20 novembre . Les fonctions de ministère public à l'hôtel de ville d'Agde sont
attribuées au procureur fiscal de la justice épiscopale.
3o novembre . Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 6 janvier 1781.)
10 décembre . Traité entre les commissaires du roi & ceux des Etats pour
l'emprunt de looooooo de livres.
23 décembre . Les Etats consentent à la continuation du second vingtième jus-
qu'au 3i décembre 1790.
3o décembre . Règlement fait par les États pour la ferme de l'équivalent.
17S1, II février. ... Le diocèse de Limoux est autorisé à faire une nouvelle imposi-
tion annuelle pour son hôpital.
février Edit du roi, portant création de la sénéchaussée royale d'Anno-
nay pour le haut Vivarais.
avril Suppression de l'abbaye de Saint-Chaffre.
19 mai Le Conseil d'Etat casse deux ordonnances du juge-mage concer-
nant l'élection consulaire de Plaisance.
8 juin Le Conseil d'Etat autorise l'acquisition par les communes des
Lois municipales d'Albisson.
17 juin Le roi & les Etats sont déclarés quittes de l'emprunt de 6000000
de livres fait en 1761, & de l'emprunt de looooooo de livres
fait en 1766.
21 juin La démolition des moulins de Rives, Ventenac, Lasseigne &
Villaudy, sur le Fresquel, est ordonnée.
4 août Arrêt du Conseil d'Etat, concernant la nomination des conseillers
politiques de Montpellier. — Le Conseil d'Etat déboute les
religieux de la Merci de leurs prétentions envers la Province.
6 octobre... La levée des droits d'équivalent est prorogée jusqu'au 3i mais
1788.
i3 octobre... Le Conseil d'Etat casse un arrêt du Parlement de Toulouse,
concernant une querelle de préséance arrivée à la distribu-
tion des prix du collège du Puy. — Le Conseil d'Etat casse un
arrêt du Parlement de Toulouse, concernant les préséances
entre la sénéchaussée & la municipalité de Castelnaudary.
3i octobre ... Le don de Soooo livres fait aux Etats, sur le prix du sel, pour les
travaux de la Garonne est prorogé pour dix ans. — Le péage
du pont de Beaucaire est prorogé pour douze ans. — Révoca-
tion de l'arrêt du 10 mai 1757, qui autorisait la ville de Bcziurs
à prohiber l'entrée du vin étranger.
29 novembre. Ouverture des Étals, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 7 janvier 1782.)
1" décembre . Le comte de Nogaret prend place aux États comme baron de
Calvisson.
18 décembre . Nouveaux articles pour la ferme de l'équivalent.
îi décembre , Traité entre les commissaires du roi & ceux des États pour
l'emprunt de i5oooooo de livres.
I20 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1782, 4 janvier .., Bail de l'équivalent à Jean-François Salvy.
5 janvier . . . Les Etats décident l'établissement de chaires de physique expé-
rimentale & de chimie docimastique à Toulouse & à Mont-
pellier.
22 janvier . . . L'appel des ordonnances de l'intendant en matière d'ouvrages
publics est renvoyée au Conseil royal des finances.
7 février.,.. Le diocèse de Montpellier est autorisé à imposer annuellement
2 5oo livres, pendant dix ans, pour l'hôpital général & maison
de charité de Montpellier. — Remise est faite à la Province
de Sooooo livres.
tl février.... Autorisation d'emprunt de 294000 livres par la Province, pour
les travaux de la route de poste entre Narbonne & Coursan.
10 avril Traité entre les commissaires du diocèse de Toulouse & les offi-
ciers de l'élection de Lomagne, concernant l'annexion du
comté de Caraman.
25 avril Arrêt du Conseil d'Etat, autorisant la création des chaires de
physique & de minéralogie par la Province.
16 mai Arrêt du Conseil, ordonnant la vente des bois compris dans
l'alignement de la route de Revel à Carcassonne par la forêt
de l'Eguille.
5 juillet .... Le Conseil d'Etat casse un arrêt du Parlement de Toulouse,
concernant les préséances dans la ville de Castelnaudary.
17 juillet .... Règlement pour la navigation de la Garonne.
2 août Le Conseil d'Etat casse une ordonnance du bureau des finances
de Montpellier, concernant les prises d'eau de la robine de
Narbonne.
21 novembre . Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 3o décembre.)
I" décembre . Traité entre les commissaires du roi & des Etats pour l'emprunt
de 9000000 de livres.
7 décembre . Abonnement des trois vingtièmes par les États.
18 décembre . M. de Portes nommé sénéchal d'épée de Toulouse.
23 décembre . Les Etats de la sénéchaussée de Toulouse votent l'ouverture de
la route de Toulouse à Castres par Puylaurens.
3o décembre . Ordonnance de la commission de 1784 pour l'administration de
la commune de Tence.
1783, 25 janvier
14 février.
22 février.
Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse
contre les consuls de Revel. — Le Conseil d'État casse une
. sentence du sénéchal de Béziers contre les consuls d'Aniane,
Le Conseil d'Etat sépare la caisse des impositions de celle des
revenus patrimoniaux de la ville de Toulouse. — Autorisation
d'emprunts diocésains pour les travaux des chemins. — Auto-
risation d'emprunt de 4o53 livres par le diocèse de Commin-
ges, pour les frais de provision & de réception de l'office de
receveur des tailles du diocèse.
. Autorisation d'emprunt de 200000 livres par la sénéchaussée de
Toulouse, pour la construction du chemin de Toulouse à
Castres par Puylaurens.
CHRONOLOGIE. I2ï
1783 i" mars Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse,
concernant la commune de Sauve.
II niars Le Conseil d'Etat interdit tous travaux qui pourraient nuire aux
bains de Balaruc.
16 mars Lettres patentes portant règlement des preuves dues par les
gros décimateurs pour justifier la possession de la dîme du
gros millet & autres fruits.
21 mars Arrêt du Conseil d'État, portant règlement pour les élections
consulaires d'Albi.
i3 avril Les taxations du receveur des impositions de Toulouse sont
fixées à six deniers par livre.
8 mai Le Conseil d'État annule les réserves portées par l'arrêt d'en-
registrement de la déclaration du 16 mars au Parlement de
Toulouse.
i3 mai Les consuls de Béziers sont maintenus en l'exercice du droit de
police dans la ville & la banlieue.
i^ mai Union du prieuré de Giroussens à l'église collégiale Saint-Salvi
d'Albi.
6 juin Règlement fait au Conseil d'État pour l'adjudication de la four-
niture des boucheries d'Albi & du Castelviel.
18 juillet Le Conseil d'État casse une ordonnance & un arrêt du Parle-
ment de Toulouse contre la commune de Fanjaux.
22 juillet .... Lettres patentes commettant quatre conseillers du Parlement de
Toulouse pour s'enquérir des abus relatifs à l'administration
de la justice dans les Cévennes, le Vivarais & le Gévaudan. —
Le Conseil d'État réduit à vingt-neuf ans un bail à locatairie
perpétuelle fait par la commune de Villeneuve-Tolosane.
5 août La commission de 1784 publie un état des pièces requises pour
la vérification des emprunts ou avances faits par les com-
munes.
8 août Création du taillable de Saint-Simon, démembré du territoire de
Portet.
23 août Le contingent de la Province pour la dépense des milices est
fixé à 412670 livres, avec remise de 112570 livres pour les
ateliers de charité.
26 août Le Conseil d'État interdit au juge-mage du Puy de participera
la répartition des vingtièmes d'industrie.
3i août Lettres patentes portant ampliation de pouvoirs pour la com-
mission du Vivarais.
20 septembre..- Le Conseil d'État casse deux arrêts du Parlement de Toulouse
relatifs au différend du présidial & de la municipalité de Car-
cassonne. — Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de
Toulouse contre les consuls de Casteliiaudary.
septembre. . . . L'abbaye Saint-Guillem du Désert est unie à l'évéché de Lodève.
II octobre... Le Conseil d'État valide les dépenses irrégulières, mais utiles,
faites par le pays de Gévaudan pendant la gestion du syndic
Lafont.
25 octobre Arrêt du Conseil d'État, concernant l'administration de la ville
de Toulouse.
Ijî ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1783, 8 novembre . Le Conseil d'État maintient les consuls de Bédarieux au droit
exclusif de rendre les ordonnances sur l'inhumation des per-
sonnes auxquelles la sépulture ecclésiastique est refusée.
i3 novembre. Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 20 décembre.)
29 novembre . Accord entre les barons annuels & les barons de tour du Viva-
rais.
décembre .... Anoblissement de Montgolfier, inventeur des aréostats.
1784, 10 janvier ... Déclaration du roi, portant règlement pour la confection des
cadastres en Languedoc. — Le Conseil d'Etat ordonne la
reprise par le trésor royal de la taille des bois de Sérenac.
28 janvier ... Ordonnance des commissaires du Parlement de Toulouse, con-
cernant les devoirs & les fonctions des procureurs postulants
& des notaires dans le Gévaudan, le Vivarais & les Cévennes.
20 janvier ... Ordonnance des mêmes commissaires, concernant les devoirs &
les fonctions des juges & autres officiers de justice.
8 février. ... Le diocèse Bas-Montauban est autorisé à servir une pension via-
gère à la veuve du syndic Galibert. — Les diocèses de Castres
& de Mende sont autorisés à servir une pension viagère à
Merlac & Boissonade, anciens inspecteur & directeur de tra-
vaux publics.
14 février.... Arrêt du Conseil, concernant les préséances dans la ville de
Cahuzac.
21 février.... Autorisation d'emprunt de 180000 livres par la Province, pour
la construction du chemin de Narbonne au Roussillon. —
Autorisation d'emprunt de i3oooo livres par la sénéchaussée
de Carcassonne, pour les travaux du chemin de Castres à
Saint-Pons. — Autorisation d'emprunt de 91 3o3 livres par la
Province, pour les travaux du pont de Mirepoix.
20 mars Arrêt du Parlement de Toulouse, portant règlement pour l'admi-
nistration de la justice dans les juridictions inférieures, tant
royales que seigneuriales.
3 avril Arrêt du Conseil, réglant les préséances dans la commune de
Bérat.
19 mai Autorisation d'emprunt de 200000 livres par la sénéchaussée de
Toulouse, pour les travaux de la route de Castres par Puy-
laurens.
25 mai Les droits de leude appartenant au prince de Soubise dans la
ville d'Annonay sont convertis en imposition sur les maisons.
25 juin Arrêt du Conseil d'Etat, portant règlement pour l'exercice de la
police à Langogne.
3i juillet .... Le Conseil d'Etat casse deux arrêts du Parlement de Toulouse
en faveur du sous-engagiste de la seigneurie de Villasavary.
17 septembre. Le Conseil d'Etat casse l'arrêt du Parlement de Toulouse du
5 juin 1784. — Le Conseil d'Etat autorise la convention passée
entre les barons de tour & les barons annuels relativement au
compte à rendre de la députation à la cour.
28 septembre. Arrêt du Coiiseil, portant que les pièces relatives au recouvre-
CHRONOLOGIE.
173
1784, 4 octobre ,
24 octobre . . ,
octobre
2 novembre ,
21 novembre .
î5 novembre .
27 novembre .
28 novembre ,
28 décembre .
ment des impositions seront écrites sur papier libre & dispen-
sées Ju contrôle.
Le contingent de la Province pour la dépense des milices est
fixé à 412070 livres, avec remise de 206285 livres pour les
ateliers de charité.
Arrêt du Conseil d'État, concernant la vente des draps fabriqués
en Languedoc à destination du Levant.
Suppression du prieuré de Saint-Paul d'Auterive & d'Aiguesvives.
Le doublement du droit de petit blanc, affecté aux ouvrages du
Rhône, est prorogé jusqu'à concurrence de 78600 livres.
Les greniers à sel du haut Vivarais sont distraits des gabelles de
Lyonnais & unis à celles de Languedoc.
Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 3i décembre.)
Le comte de Vogué prend place aux Etats comme baron d'Aube-
nas, en Vivarais.
Une remise annuelle de 76000 livres sur la crue du sel est
accordée aux États de Languedoc pour le canal de Beaucaire
& le dessèchement des marais.
Traité entre les commissaires du roi & des États pour l'emprunt
de i5oooooo de livres.
178:"!, 10 février.... Remise est faite à la Province de looooo livres sur les vingtièmes
de l'industrie.
14 février. . . . Autorisation d'imposition annuelle de i 5oo livres par le diocèse
d'Uzès, pour l'entretien des insensés. — Le diocèse de Tou-
louse est autorisé à imposer i 200 livres par an, pour le cours
d'accouchements. — Le Vivarais est autorisé à servir une pen-
sion viagère au chevalier de la Cosfe, commandant à Pradelles.
17 février.... Traité entre les États & les propriétaires du canal, concernant
le canal de jonction de la robine de Narbonne.
10 mars Autorisation d'emprunt de 3oo 000 livres parla sénéchaussée de
Toulouse, pour les travaux du chemin de Castres par Puylau-
rens. — Autorisation de l'établissement d'une chaire de chimie
docimastique à Toulouse.
3i mars Révocation de l'arrêt du 26 juin 1771 pour l'abonnement des
droits de réal & d'impériage à Perpignan.
6 avril Autorisation d'emprunt de 40233 livres par la Province, pour les
travaux du pont de Mirepoix. — Autorisation d'emprunt de
Soooo livres par la sénéchaussée de Carcassonne, pour le
chemin de Castres h Saint-Pons.
7 avril Le centième denier des offices municipaux remboursés est réglé
à 10839 livres.
16 avril Le Conseil d'État règle les lieux d'assemblée des communes unies
de Masmoiène & de la Capelle.
12 mai Autorisation d'emprunt de 120000 livres parle diocèse de Tou-
louse, pour les travaux des chemins communaux. — Autorisa-
tion d'emprunt de looooo livres par la Province, pour la route
du Puy à I^odcz & de Millau h Saint-Flour par Marvéjols.
124 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
1785, 18 juin Le Conseil d'Etat casse un. arrêt du Parlement de Toulouse,
concernant les différends du prieur & des consuls de Vagnas.
— Le Conseil d'Etat casse un arrêt du Parlement de Toulouse
sur le différend du seigneur & des consuls de Tharaux.
28 juin Le bureau des finances de Montpellier est maintenu dans la
connaissance exclusive de tout ce qui concerne l'exécution
des états du roi & distributions de fonds.
29 juin Le roi & les États sont déclarés quittes de l'emprunt de
17 200000 livres fait en 1767.
4 août Arrêt du Conseil d'État sur le conflit de la Chambre des comptes
& du bureau des finances de Montpellier, relativement à la
production des dénombrements.
12 août Les nouveaux convertis sont admis pour un tiers au nombre des
conseillers politiques de Valleraugue.
19 août Le baron de Castille nommé lieutenant de roi au département
d'Uzès & bas Vivarais.
7 septembre. L'intendant défend aux travailleurs de Couiza de molester les
ouvriers étrangers employés à la construction du pont.
I" octobre ... Le nombre des conseillers politiques de la ville de Rieux est
réduit à douze.
9 octobre ... Le Conseil d'État ordonne l'exécution des travaux de redresse-
ment de la Lèze. — L'ingénieur Ofarel est chargé de lever le
plan du Sor, du Laudot & de tous les vallons contigus.
1786, 12 janvier ... Ouverture des États, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 18 février.)
14 janvier ... Le comte d'Avéjan prend place aux États pour la baronnie de
son nom.
14 février Les États de Languedoc offrent iSoooo livres pour la restaura-
tion des Arènes de Nimes. — Bail de la fourniture de l'étape à
Pierre-André Dolbe.
22 février. . . . Remise est faite à la Province de 400000 livres sur le don gratuit.
24 février.... La ville de Nimes offre iSoooo livres pour la restauration des
Arènes.
22 mars Autorisation d'emprunts des diocèses, pour les travaux des che-
mins. — Autorisation d'imposition annuelle de 400 livres par
le diocèse de Saint-Papoul, pour l'école gratuite des frères de
Castelnaudary. — Autorisation d'impositions diocésaines, pour
la dépense des sages-femmes de la campagne suivant les cours
d'accouchement à Toulouse, Castres, Limoux, Narbonne & le
Puy.
5 avril Autorisation d'emprunt de 420000 livres par la sénéchaussée de
Toulouse, pour les travaux du chemin de Toulouse à Castres
par Puylaurens. — Autorisation d'emprunt de 160000 livres
par la sénéchaussée de Carcassonne, pour les travaux des che-
mins d'Albi à Castres, de Castres à Saint-Pons, de Saint-Pons
à Béziers & d'Agde à Pézénas.
8 avril La Cour des comptes de Montpellier déclare les bacs de Tour-
non & Serrières libres & ouverts pour le passage du Rhône.
CHRONOLOGIE.
125
1786, 26 avril Autorisation d'imposition annuelle de 26000 livres par le diocèse
& la ville de Carcassonne, pour les travaux du canal.
10 juin Le Conseil d'État, cassant un arrêt du Parlement de Toulouse,
rétablit l'ancienne forme des élections consulaires de Mont-
gaillard.
i5 juin Le Conseil d'État répartit sur les quatre provinces formant le
ressort du Parlement de Toulouse (Languedoc, généralités
d'Auch & de Montauban & pays de Foix) les frais de recons-
truction des prisons de la Conciergerie. — Autorisation d'éta-
blissement à Béziers par les États d'un inspecteur des vins &
eaux-de-vie.
2 juillet ..... Lettres patentes pour la production des preuves de noblesse par
les nobles de Languedoc. — Le Conseil d'État maintient,
contre les prétentions d'un sous-engagiste du domaine, les
anciennes formes d'élections consulaires de Villasavary.
5 juillet Arrêt du Conseil, concernant les impositions des communes
d'Alban, Fauch, Réalmont, Trebas & Gayeré, en Albigeois.
17 juillet .... Ordonnance de l'intendant pour la conservation des plantations
de tamaris & pins maritimes faites sur la plage d'Agde.
23 juillet .... Ordonnance de l'intendant pour la conservation des chemins de
la forêt de Mazan.
28 août Arrêt du Conseil d'État, concernant la restauration des Arènes
de Nimes; le roi donne iSoooo livres.
4 septembre. Ordonnance de l'intendant, concernant le lestage & le délestage
des bâtiments au port de la Nouvelle.
5 septembre. Le Conseil d'État ordonne la démolition des murs d'enceinte de
Nimes & saj projets d'embellissements dressés par Raymond.
22 septembre. Arrêt du Conseil d'État, concernant les élections municipales de
Beauchastel.
14 octobre... Le Conseil d'État ordonne que, selon l'ancien usage, un des
consuls de Saint-Béat sera pris du quartier de Languedoc,
21 octobre... Le Conseil d'Etat casse un arrêt du Parlement de Toulouse
concernant les préséances dans la commune de Salles.
18 novembre . L'intendant défend d'enlever les sables & graviers sur les berges
de l'Hérault, entre Agde & la mer.
novembre .... Établissement de deux foires par an à Toulouse, pour le com-
merce de la draperie.
6 décembre . Ouverture des États, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le i3 janvier 1787.)
16 décembre . Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse
concernant les élections do Lautrec & lui défend de connaître
des élections consulaires en Languedoc autrement que par
appel.
17 décembre . Traité fait parles commissaires du roi & des États pour l'em-
prunt de I 000000 de livres.
1787, 8 janvier
i5 janvier
Rèj^lement fait par les États pour l'exploitation de la ferme de
l'équivalent.
Débordement de l'Aude.
126 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1787, i3 mars Arrêt du Conseil d'État, portant règlement pour l'administration
municipale de Montréal.
16 mars Autorisation d'emprunt de 118000 livres par la sénéchaussée de
Carcassonne, pour les travaux des chemins. — Le diocèse do
Carcassonne est autorisé à imposer 600 livres par an, pour
l'école gratuite des frères de Carcassonne. — Le diocèse de
Castres est autorisé à servir une pension viagère à son ancien
syndic Azémar. — Autorisation d'emprunts par les diocèses de
Toulouse, Lavaur, Rieux, Montauban, Saint-Papoul, Albi,
Carcassonne, Alet, Mirepoix, Castres, Saint-Pons, Béziers,
Agde, Lodève, Montpellier, Nimes, Alais, Uzès, Viviers, le Fuy
& Mende, pour les travaux des chemins.
28 mars La connaissance des crimes & délits relatifs au dessèchement
des marais est attribuée à la commission de 1746.
3o avril Ordonnance de l'intendant pour la conservation des canaux de
Capestang & de Narbonne.
4 mai Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse
concernant la commune de Bezousse, comme contraire au
droit public de la Province. — Le Conseil d'État évoque
l'affaire des élections de Peyrens.
6 mai Le port de Cette est ouvert à l'entrée des marchandises d'Angle-
terre.
II mai Le Parlement de Toulouse casse une ordonnance de l'intendant
concernant le premier consul d'Anduze.
25 mai Arrêt du Conseil d'État, fixant l'emplacement du marché aux
bestiaux de Lavaur. — Le Conseil d'État casse les élections
municipales de Saint-Gervais.
Il juin Autorisation d'emprunt de 100 000 livres par les États, pour les
travaux des routes du Puy à Rodez & de Millau à Saint-Flour.
• — Autorisation d'emprunt de 1 20000 livres par les États, pour
les ateliers de la route du Vivarais le long du Rhône. — Auto-
risation d'emprunt de 60000 livres par les États, pour les tra-
vaux du pont de Ners sur le Gardon.
16 juin Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse
concernant la commune de Saint-Félix & ses différends avec
le seigneur,
29 juin Le Conseil d'État casse deux arrêts du Parlement de Toulouse
relatifs aux conflits de la commune du Pouget avec son sei-
gneur.
14 juillet La levée des droits d'équivalent est prorogée jusqu'au 3i mars
1794-
24 juillet Arrêt de la chambre des eaux & forêts du Parlement de Toulouse,
portant règlement pour foutes les maîtrises du ressort.
11 août Autorisation d'emprunt de 3ocoo livres par le diocèse d'Albi,
pour les travaux destinés à rendre le Tarn navigable.
i3 août Les franchises de la draperie aux foires de Toulouse sont éten-
dues à fous les objets de commerce.
août Suppression de quatre canonicats du chapitre de Viviers.
12 septembre. L'intendant défend de pécher les moules dans le canal de Cette.
CHRONOLOGIE.
127
1787, 24 septembre.
3i octobre . . .
3 novembre .
3o novembre .
novembre . . . .
i3 décembre .
22 décembre .
23 décembre
24 décembre
29 décembre
Le Parlement de Toulouse rend un arrêt favorable aux préten-
tions du seigneur de Saint-Michel de Vax.
Remise est faite à la Province de 25ooo livres sur l'abonnement
des vingtièmes de 1786.
Le Conseil d'État casse un arrêt du Parlement de Toulouse en
faveur d'Oreilly, premier consul d'Anduze, & défend aux com-
munes de continuer leurs consuls.
Arrêt du Conseil, affranchissant le commerce des suifs & cornes
provenant des boucheries de Toulouse.
Édit du roi, concernant les non-catholiques.
Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le i5 janvier 1788.)
Les États de Languedoc consentent à la prorogation du second
vingtième portée par l'édit d'octobre. — Arrêt du Conseil,
portant règlement pour l'administration municipale de Mont-
pellier.
Traité entre les commissaires du roi & des États pour l'emprunt
de 3 000 000 de livres.
Établissement d'une nouvelle foire franche à Toulouse.
Arrêt du Conseil, concernant l'administration du produit des
coupes de bois communaux.
1788, 8 janvier . . . Établissement d'un emprunt indéfini à quatre & demi pour cent,
destiné à rembourser les capitaux déjà empruntés pour le
compte du roi. — Traité entre les commissaires du roi & des
États pour l'emprunt de iSoooooo de livres à cinq pour cent.
i5 janvier . . . Bail de la ferme générale de l'équivalent à Pierre de Bellocq.
18 janvier ... Nomination par les États d'une commission extraordinaire pour
étudier les moyens d'améliorer l'administration.
8 février. ... Le Conseil d'État défend aux trésoriers de France de Montpellier
de rendre des ordonnances pour les alignements des chemins
provinciaux ou diocésains.
i5 février.... Approbation des plans de Leclerc pour la construction du canal
de Nimes à Aigues-mortes par le Cayla. — Le Parlement de
Toulouse rend un arrêt favorable aux prétentions du marquis
de Baschy dans la commune du Cayla (Nimes).
29 février.... Autorisation d'impositions annuelles par les diocèses de Mont-
pellier & Castres, pour les cours gratuits d'accouchement.
8 mars Le comte de Périgord arrive à Toulouse pour faire enregistrer
l'édit du second vingtième.
10 mars Enregistrement forcé de l'édit du second vingtième par le Par-
lement, avec un grand déploiement de troupes.
22 mars Arrestation de M. de Catelan, avocat général, transporté au
château de Lourdes, pour s'être associé à l'opposition du Par-
lement. — Autorisation d'emprunt de 940000 livres, accordées
par les États à titre de secours extraordinaire.
4 avril Autorisation d'emprunt de 56 175 livres par la sénéchaussée de
Carcassonne, pour les travaux des chemins de Castres .î Saint-
Pons & d'Agde à Pézénas.
128 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1788, 5 avril Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse du
27 mars, concernant la levée des vingtièmes. — Le Conseil
d'État casse l'arrêt de la Cour des comptes de Montpellier du
II mars, sur le même sujet. — Le Conseil d'État supprime les
remontrances imprimées de la Cour des comptes de Mont-
pellier sur redit de prorogation du second vingtième.
21 avril Le Parlement de Toulouse maintient son arrêt du 10 mars.
3o avril La Cour des comptes de Montpellier maintient son arrêt du
II mars.
3 mai Le Parlement de Toulouse proteste contre la nouvelle ojganisa-
tion de la magistrature. — Les officiers du Parlement de Tou-
louse prêtent un serment secret.
i3 mai Le Parlement de Toulouse prend plusieurs arrêtés contre la
création des grands bailliages.
24 mai Le Conseil d'État défend au Parlement de Toulouse & autres
juges en Languedoc de connaître de l'inventaire des archives
communales.
3i mai Arrêt du Conseil, concernant les abonnements des vingtièmes.
mai - Création des grands bailliages de Toulouse, Auch, Carcassonne,
Nimes & Villefranche de Rouergue.
6 juin Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse du
21 avril. — Le Conseil d'État casse le nouvel arrêt de la Cour
des comptes de Montpellier. ,
•j juin Le Conseil d'État casse l'arrêt du Parlement de Toulouse sur les
affaires du Cayla.
i3 juin Autorisation d'emprunt de 190000 livres par les États de Lan-
guedoc, pour les travaux de la route du Vivarais le long du
Rhône. — Autorisation d'emprunt de 80000 livres par les
Etats, pour les travaux de la route du Puy à Rodez, de Millau
à Saint-Flour.
20 juin... Le Conseil d'État supprime toutes les protestations des Cours
contre la réforme judiciaire. — Le Conseil d'État casse l'arrêt
du Parlement de Toulouse sur l'affaire de Saint-Michel de
Vax, & renvoie à l'intendant & à la commission de 1784.
5 juillet . .... Le Conseil d'Etat ordonne des recherches sur le mode de convo-
cation des États généraux.
9 juillet .... Le comte de Périgord interdit la convocation du Conseil général
de la ville do Toulouse.
17 juillet Traité entre le diocèse de Nimes, l'evêque d'Alais & la marquise
de Calvisson, concernant le dessèchement des marais de Saint-
Laurens.
26 septembre. Le diocèse do Carcassonne est autorisé à établir une caisse' de
prêt pour les travaux communaux.
octobre Erection de la baronnie de Margueriltes.
i3 décembre . Le vicomte de Monteil nommé sénéchal d'épée du Vivarais.
22 décembre . Arrêté de la Cour des comptes de Montpellier contre Us Etats
de Languedoc. — Une assemblée des trois ordres, tenue dans
le couvent des carmes du Puy, proteste contre l'organisation
des États de Languedoc & de ceux du Vêlai.
CHRONOLOGIE.
I2C
1789, 9 janvier
i5 janvier
19 janvier
21 janvier
5 février.
9 février.
12 février.
i3 février.
16 février.
17 février.
19 février.
21 février.
i
I
Nouvel arrêté de la Cour des comptes de Montpellier contre les
Etats de Languedoc.
Ouverture des Etats, à Montpellier, par le comte de Périgord.
(Clôture le 21 février.)
Le duc de Castries prend place aux Etats comme baron de Cas-
tries.
. Arrêt du Parlement de Toulouse, concernant les États de Lan-
guedoc.
Les Etats décident que la carte du canal & de la robine de Nar-
bonne sera gravée par Berthault.
Traité entre les commissaires du roi & ceux des Etats pour
l'emprunt de 12000000 de livres.
Les Etats votent un emprunt de 3oooo livres pour les travaux de
la route de Montpellier à Saint-Flour par Marvéjols.
Le Conseil d'Etat casse les arrêtés de la Cour des comptes de
Montpellier contre les Etats de Languedoc.
Les Etats votent un emprunt de 120000 livres, pour les travaux
de la grand'route du Vivarais.
. Les protestations des municipalités de Toulouse, Montpellier,
Béziers, Pézénas & Saint-Hippolyte contre la constitution des
Etats sont signifiées aux syndics généraux.
. . . Démission de M. de Montferrier, syndic général de la Province,
pour la sénéchaussée de Carcassonne.
Les Etats réunissent provisoirement la sénéchaussée de Carcas-
sonne à celle de Toulouse.
. . . Extinction du couvent de la Merci, à Toulouse.
. . . Motion de Rabaut Saint-Etienne à l'Assemblée nationale en
faveur de la liberté de conscience.
... Décret ordonnant la division du territoire français en départe-
ments, districts, cantons & municipalités.
Création du département maritime du bas Languedoc. (Hérault).
Création du département de Toulouse. (Haute-Garonne.)
Création du département de Foix. (Ariége.)
. . . Création des départements de Carcassonne & du Velai. (Aude &
Haute-Loire.)
Création du département de Nimes. (Gard.)
... Création des départements de l'Albigeois & du Gévaudan. (Tarn
& Lozère.)
. . . Création du département du Vivarais. (Ardèche.)
... Décret fixant la circonscription des quatre-vingt-trois départe-
ments & leurs noms définitifs.
3o mars Lettre de l'archevêque de Narbonne au contrôleur général, en
faveur des anciens officiers de la Province.
7 i"'" Décret modifiant les anciennes circonscriptions ecclésiastiques.
'9 ]"•" Suppression des titres de noblesse, des ordres militaires, des
livrées, des armoiries & de toutes les distinctions honorifiques.
7 septembre. Suppression des Parlements & des Cours de justice par. décret
de l'Assemblée nationale.
XIII. g
4 août.
23 août.
1790, i5 janvier
22 janvier
23 janvier
27 janvier
29 janvier
3 février.
5 février.
7 février.
26 février.
i3o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1790, 25-27 septemb. La Chambre des vacations du Parlement de Toulouse proteste
contre les actes de l'Assemblée nationale.
29 septembre. Apposition des scellés sur les greffes du Parlement de Toulouse.
2 octobre... Le baron de Ballainvilliers, dernier intendant de Languedoc,
cesse ses fonctions.
8 octobre... . Le prince Victor de Broglie présente un rapport à l'Assemblée
nationale sur les arrêtés publiés par la Chambre des vacations
du Parlement de Toulouse & obtient que les auteurs en soient
poursuivis comme criminels de lèse-nation. — Première réu-
nion des commissaires départementaux chargés de liquider les
affaires de la Province.
17 novembre . Apposition des scellés sur les greffes du sénéchal, de la connéta-
blie, de la prévôté, de la monnaie, du bureau des finances &
de l'officialité de Montpellier.
18 novembre . Dernière audience de la Cour des comptes, aides & finances de
Montpellier.
ÉTUDES HISTORIQUES
SUR LA PROVINCE
DE LANGUEDOC
LIVRE PREMIER
MINISTÈRE DE MAZARIN
CHAPITRE PREMIER
situation du pays à la mort de Louis XIII. — Alarmes des intendants. — Premières démonstrations du
Parlement de Toulouse. — Cérémonies funèbres. — Conflits de juridiction. — Dispositions des
Etais. — Misère causée par la guerre de Catalogne. — Elections de Toulouse. — Affaire du Franc-
Sali. — Démarches des protest.ints ; instructions de Mazarin sur la conduite à tenir à leur égard,
IL n'y avait pas de pays en France où l'avènement d'un roi de quatre
ans Si la régence d'une princesse espagnole dussent causer plus d'appré- ' ^
hensions qu'en Languedoc. L'énergie de caractère 8t le puissant esprit
national de Richelieu avaient seuls empêché, lors de l'échauftburèe de
Gaston d'Orléans, le réveil des guerres civiles & des passions religieuses
dans cette féconde Si malheureuse contrée, où la Réforme Si la Ligue sem-
blaient n'être qu'une résurrection de la turbulence féodale Si démagogique
du moyen âge. Ce n'était pas trop du sentiment dominateur de l'Etat qui
animait le grand cardinal, pour contenir les éléments tumultueux d'une
organisation politique très-complexe, dont les vices d'origine se trouvaient
singulièrement aggravés par un siècle de luttes sanglantes, favorables aux
licences Se aux usurpations des oligarchies locales. La Province avait assisté
aux dernières manifestations de la volonté de Richelieu. « Narbonne l'a vu,
« dit le maréchal de Schoraberg aux États, réduit à l'extrémité, abandonner
« le soin de sa vie mourante, pour soutenir, tout abattu qu'il était, le faix
« des affaires publiques, pourvoir aux projets, à l'économie Si au maintien de
1643
i32 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« tant de diverses armées, découvrir les plus secrètes pratiques qui se faisaient
« dans l'État contre l'État même, & conclure en même temps le traité des
« princes de Savoie, qui se peut remarquer comme le plus important 8<. le
« plus difficile que la France ait vu de nos jours'. »
Dès que le cardinal eut fermé les yeux, des avertissements arrivèrent à la
Cour sur les dangers qui menaçaient la paix publique; mais la Cour, livrée
tout entière aux intrigues des favoris, surveillant déjà l'agonie du roi comme
celle du ministre, n'avait guère prêté l'oreille à ces avis importuns. L'homme
qui les donnait, observateur sagace autant qu'orateur disert, était François
Bosquet, l'un des intendants de Languedoc.
Les intendances territoriales ne dataient pas de loin. Richelieu venait de
les léguer à la France comme une personnification vivante de son système
d'administration unitaire^.
Si la plupart des contemporains n'ont point paru comprendre tout ce que
la création des intendants promettait de force à l'autorité royale, on ne peut
reprocher à François Bosquet d'avoir méconnu l'importance de sa mission.
Dans son premier discours aux Etats, harangue très-étudiée, toute semée de
réminiscences classiques & trahissant le légiste littérateur, il se comparait
lui-même au préteur romain, faisant porter devant lui, à son entrée dans sa
province, le texte des lois qui devaient diriger sa conduite, Si, tout en faisant
appel aux sentiments de sympathie naturelle qui le rapprochaient de ses
compatriotes^, il accentuait, en termes véhéments, la subordination de toute
affection particulière aux souveraines exigences de l'Etat.
' Procès-verbal des États. Séance du 19 novem-
bre 1642.
' Les désordres de tout genre produits en Lan-
guedoc par les guerres civiles Se religieuses avaient
été le premier prétexte de l'envoi d'intendants de
justice, police & finances dans la Province. Leur
titre, comme leurs fonctions, ne furent pas d'abord
identiques; mais ils commencèrent par servir à la
suite des armées. Faute, Nesmond, se qualifiaient
intendants de justice près le duc de Montmorency
& le prince de Condé. Charles de Machault s'in-
titulait dans les procès-verbaux des Etats « inten-
dant de la justice, police & finances près la per-
sonne de Monseigneur le prince en ses armées de
Languedoc » , tandis qu'Hercule de Vauquelin,
sieur des Yveteaux & André de Ranse, sieur de la
Perche, nommés après lui sur la liste des commis-
saires du Roi, portaient le titre d'intendants de
justice, police & finances en Languedoc. » Ainsi,
l'intendance territoriale commençait à se consti-
tuer parallèlement à l'intendance d'armée qui gar-
dait encore une sorte de prééminence au n.oins
honorifique. Plus tard, ces rapports se modifiè-
rent, puisque Claude Bazin de Bezons avait long-
temps servi comme intendant en Catalogne auprès
du prince de Conti, lorsqu'il vint exercer les fonc-
tions d'intendant territorial en Languedoc, —
L'institution nouvelle avait, dans la Province,
deux raisons d'être & tendait à deux buts dis-
tincts ; faire échec au Parlement & faire échec
aux Etats, c'est-à-dire dégager l'action souveraine
des embarras que lui causaient ces deux intermé-
diaires peu sûrs.
Les intendants recevaient des pouvoirs spéciaux
pour assister aux Etats en qualité de commissaires
du rot, ils y prenaient rang à la suite du com-
missaire principal &, quand il y en avait un, du
conseiller d'Etat en mission extraordinaire, mais
avant les deux trésoriers de France de Toulouse &
de Montpellier.
La gratification qu'ils recevaient de la Province
était de trois raille livres, celle des trésoriers de
douze cents & celle de l'envoyé extraordinaire de
six mille.
' François Bosquet, né à Narbonne le 28 mai
i6o5, fils du juge mage Durand Bosquet & d'Anne
Le Noir, élevé par les jésuites de Béziers, était
venu suivre ses cours d'humanités à Toulouse,
dans le collège de Foix, où il fut l'ami de Pierre
de Marca, le collaborateur de l'évêque de Pamiers
Henri de Sponde & l'élève hébraïsant de Rosenbach.
Sa première œuvre d'érudition fut une traduc-
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN.
i33
164'!
Deux causes principales excitaient les inquiétudes de l'intendant : d'une
part, la tendance du Parlement de Toulouse à détruire les nouveaux pouvoirs
administratifs 8c à reconquérir l'omnipotence factieuse dont il avait joui pen-
dant les troubles de la Ligue, 81 d'autre part, les conflits multipliés auxqviels
donnait lieu l'autorité des évêques, « maîtres absolus de leurs diocèses'. »
Ces difficultés, sensibles au lendemain de la mort du cardinal, ne pou-
vaient manquer de s'accroître par la disparition du monarque dont il avait
si longtemps conduit la politique. Il ne faudrait pas, en effet, mesurer à la
valeur personnelle du prince les conséquences de la mort de Louis XIII en
Languedoc. Quelque faible 8c flottante que fût la volonté du fils d'Henri IV,
il était roi, 8c le caractère d'autorité dont il se trouvait revêtu prêtait au
pouvoir de ses ministres une force que l'événement du 14 mai ruina com-
plètement. A défaut de grandes vues, Louis XIII avait encore des rancunes
8c des méfiances qui pouvaient préserver le royaume de l'influence espa-
gnole d'Anne d'Autriche 8c de l'ambition brouillonne de Gaston d'Orléans.
D'ailleurs, grâce à la fiction qui plaçait dans le souverain la source du
droit, mille intérêts étaient tout à coup remis en question par la dispari-
tion de l'homme dont la signature en faisait l'unique garantie.
Au point de vue des grands seigneurs, des évêques, des fonctionnaires
élevés, il y avait, pour ainsi dire, déplacement du pôle, 8c tout un boulever-
sement des courants d'attraction qui régnaient depuis plusieurs années j pour
tion latine du poëme grec de Psellos, précepteur
de l'empereur Michel Ducas, sur la jurisprudence
romaine.
A vingt ans, il eut l'heureuse fortune de retrou-
ver, dans la bibliothèque du collège de Foix, où
ils sommeillaient ignorés, quatre livres des Lettres
d'Innocent III, & il entreprit, en 1627, de publier
ces précieux documents de la chancellerie du Saint-
Siége, dont Guillaume Sirlet, garde de la biblio-
thèque du Vatican, avait en 1643, donné un avant
goiît au monde lettré. « Bos<juetui, ijuam^uam ju-
yen'ii aimodum, incemus tamen amore ep'utolarum
Innocenta, cum î'ihros quatuor antea ineditos repe-
rissct Tolosae in hiiliotheca collegii Fuxensis,eos suh
praelum misit anno Domini 1617 ac demum emisit
anno |635 '. «
En t63i, il publia un volume d'histoire galli-
cane, oii il se donne le titre de jurisconsulte nar-
bonnais : Eeelesiae Gall'tcanae kistoriarum tomus
primas a. primo Christi in Galliis Evangello ad
datam Eeelesiae pacem, opéra & studio Francisci
Bos^ueti Narhonensis I. C. Paris, Sébastien Cra-
moisy, i632. Dans cet ouvrage, portique d'un édi-
fice qui ne fut jamais construit, il cherchait à
restituer l'histoire de l'Eglise de France à ses ori-
■ Baluze, Epistolarum Innocenta lit Romani pontificit
libri undecim. Paris, Muguet, l68j.
gines, depuis les premiers apStres du christianisme
en Gaule jusqu'au règne de Constantin.
Il composa aussi une histoire des papes d'Avi-
gnon qui a été rééditée par Baluze : Pontijjcum
Romanorum ^ui e Gaîliâ oriundi in eâ sederunt his-
toria. Paris, Jean Camusat, i636.
Il débuta dans la vie publique en exerçant une
charge de judicature à Narbonne. Ses travaux
d'avocat l'ayant appelé ii Paris, il y fut distingué
par le président de Mesme. M. de la Chambre le
fit valoir auprès du chancelier Séguier. On lui
donna en 1639 une place de conseiller ordinaire
au conseil du roi, puis on l'envoya en Norman-
die où il exerça, par commission, la charge de
procureur général. C'est en 1641 qu'on le fit en-
trer dans les intendances; il débuta parla Guienne,
d'où, après un an de service, de nouveaux ordres
le ramenèrent dans son pays natal '.
Le premier collègue de François Bosquet dans
l'intendance de Languedoc fut Nicolas Bretel, sieur
de Grémonville, plus tard intendant de l'armée
d'Italie. En 1643, c'était Jean Balthazar, sieur de
Malherbe.
' Bibliothèque nationale. Languedoc, ^5. Lettre
de Bosquet au chancelier de France : Montpellier,
22 juin 1643.
' Voyez le Journal det Savants, 3i aofit 1676.
I
1643
K.4
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les corporations, villes, compagnies judiciaires, êtres collectifs quelconques,
interruption soudaine des privilèges. Si, en conséquence, obligation d'y
pourvoir sans délai, en sollicitant au plus tôt ces lettres de confirmation qui
se renouvelaient à chaque règne, amplifiées ou réduites selon les temps, 8t
que le fisc atteignait de lourdes taxes.
Malgré les centaines de lieues qui la séparaient de Saint-Germain, la pro-
vince de Languedoc n'était nullement étrangère au mouvement politique de
la Cour. Chaque année, la députation des États faisait le voyage de France ',
beaucoup de prélats y résidaient; tous les personnages notables du Parlement
avaient des correspondances suivies avec le monde parlementaire ou des
intelligences dans le cabinet du roi; & le nombre toujours croissant des
affaires qui se décidaient au Conseil d'État obligeait les villes à entretenir
des avocats auprès de cette juridiction supérieure 8< à se faire représenter par
délégués. Ainsi, toutes les intrigues qui s'agitaient autour du lit de mort
de Louis XIII ne pouvaient manquer d'avoir un rapide contre-coup dans les
cités populeuses du Languedoc 81 jusque dans la solitude des Cévennes. Un
va-Si-vient perpétuel entretenait dans les divers milieux une ardeur d'espé-
rances St de craintes contradictoires, déterminées par les oscillations des
influences rivales.
Un baron des États de Languedoc, le duc d'Uzès, accompagnait la reine
Anne d'Autriche, en qualité de chevalier d'honneur, à l'audience du Parle-
ment de Paris, où, le jeune Louis XIV tenant son lit de justice, les pouvoirs
de la régence furent proclamés, en contradiction flagrante avec le testament de
' La députation à la Cour, pour présenter au
roi le cahier des doléances était une des grandes
préoccupations de l'assemblée. On y envoyait cha-
que année quatre membres des Etats; un évéque,
un baron & deux consuls. La nomination s'en
faisait par les trois ordres réunis, au scrutin de
liste & par vote secret.
Chaque membre des Etats écrivait les quatre
tloms sur un bulletin qu'il fermait à la cire &
qu'il cachetait du sceau de ses armes; puis l'un
des trois syndics généraux faisait le tour des hauts
bancs & du parterre, tendant le bonnet aux élec-
teurs. Sa quête achevée, il en apportait le produit
sur la grande table à tapis vert armorié autour de
laquelle siégeaient deux greffiers & les syndics qui
mettaient les billets dans un sac de velours noir.
Trois inspecteurs, pris dans le clergé, dans la no-
blesse & dans le tiers état, présidaient au dépouil-
lement & surveillaient l'inscription des voix que
les greffiers pointaient par colonnes. Le résultat
de l'élection proclamé, on brûlait tous les billets
au milieu de la salle, « afin, dit un contempo-
rain ', que l'on ne vît pas l'écriture des votants, car
' Description mamiscrita de la Province de Languedoc
en 1674, p. 29. Bibliothèque de Toulouse.
il arrive souvent que l'on promet à un & que l'on
en nomme un autre. »
Outre les quatre députés élus, il partait chaque
année un des syndics généraux, les trois roulant
par tour. C'était l'homme d'affaires de l'ambas-
sade, celui qui dressait les mémoires, qui conférait
avec l'avocat de la Province & qui faisait tout le
détail.
La Province payait huit mille livres d'indem-
nité à l'évêque, autant au baron & la moitié de
cette somme à chacun des consuls & au syndic
général, ce qui élevait les frais annuels du voyage
à la somme totale de vingt-huit mille livres.
Cette largesse, jointe au plaisir de paraître à la
Cour avec un caractère officiel excitaient singuliè-
rement l'ambition des prélats, des gentilshommes
& de» magistrats municipaux qui entraient aux
États. Aussi les candidats y étaient nombreux &
les sollicitations ardentes. Presque toujours des re-
commandations impérieuses arrivaient directement
du ministère. L'honneur de haranguer le souve-
rain, dans un discours d'apparat, en présence des
grands officiers de la couronne, appartenait de
droit à l'évêque, chef de la députation, qui était
aussi chargé d'en présenter le rapport aux Etats
de l'année suivante.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN.
loa
Louis XIII '. Les ducs de Ventadour & de Lesdiguières, possesseurs de riches
domaines dans la Province, avaient assisté à la séance de grand'chambre
du 2 1 avril; le comte d'Aubijoux était capitaine des gardes du duc d'Orléans.
Le comte de Caraman, jeté à la Bastille par ordre de Richelieu, n'attendait
que la mort du roi pour en sortir.
La première nouvelle de l'événement paraît être arrivée à Toulouse
le 24 mai, par lettre du délégué de la ville à Paris. Le lendemain, le premier
président, Bertier de Montrabe, recevait les dépêches de Saint-Germain ^.
i6^i
* Aubery, Histoire du cardinal Ma^arirt, I, p. 223.
" Voici la lettre du roi au Parlement de Tou-
louse :
« De par le Roi.
« Nos amés & féaux, ayant plu à Dieu d'appe-
ler à soi le défunt Roi notre très-honoré Seigneur
& Père, nous vous écrivons cette lettre pour vous
donner avis de cette perte que la France a faite
avec nous. Elle eut eu besoin que ta vie eut été
aussi longue qu'elle a été pleine de piété 8c de
gloire, & qu'elle nous eût donné moyen de parve-
nir à un âge plus propre pour lui succéder; mais
sa divine bonté en a disposé autrement, & a voulu
lui donner un repos perpétuel après tant de tra-
vaux & de fatigues dans lesquelles il a passé son
règne pour mettre cet État au plus haut point
qu'il ait été depuis l'établissement de la monar-
chie, 8c pour essayer de lui acquérir une paix
ferme & stable, & à toute la chrétienté. Nous vou-
lons espérer de la même bonté divine qu'elle achè-
vera cette oeuvre, 8( que nous recueillerons tout le
fruit de tant de peines, de victoires & d'autres
grandes 8c royales actions qui signaleront à jamais
la mémoire du défunt Roi notre très-honoré Sei-
gneur & Père. C'*st (e que nos sujets doivent at-
tendre dans la suite de la bonne administration
des affaires de notre Royaume sous la régence de
la Reine notre très-honorée Dame 81 Mère que
Dieu bénira sans doute, puisque sa principale
confiance est en lui, & que chacun sait que ses
bonnes intentions sont accompagnées de toutes les
qualités nécessaires pour loutenir le faix de toutes
les affaires. On le doit aussi espérer de la fidélité
8c des conseils qui lui seront donnés par notre
très-cher & très-araé oncle le Duc d'Orléans 8i par
notre très-cher St. amé cousin le Prince de Condé.
Cependant, comme la justice est un des princi-
paux remèdes pour conserver la grandeur de cet
Etat 8c maintenir nos peuples dans l'obéissance
qu'ils nous doivent, nous vous ordonnons 8c exhor-
tons, autant qu'il nous est possible, qu'après les
prières que vous devez pour le salut de notre feu
Roi Seigneur 8c Père notre bon Maître, vous aytz,
nonobstant cette mutation, à continuer la séance
de notre Parlement 8c l'administration 8( distri-
bution de la justice, ainsi que l'intégrité de vos
consciences 8c les devoirs de vos charges vous y
obligent, attendant que vous Nous ayez fait les
soumission» en tel cas requises 8c accoutumées,
vous assurant que vous Nous trouverez toujours tel
envers vous en général 8c en particulier qu'un
bon Roi 8c un bon Prince doit être envers ses
bons 8c fidèles sujets 8c serviteurs.
o Donné à Saint-Germain en Laye, le 1^'' jour
de mai 1643.
R Lotis.
« PlIELYFEAUX.
« A nos amés 81 féaux les Gens tenant notro
Cour de Parlement de Toulouse. »
Voici la lettre de la régente :
Il Messieurs, la lettre du Roi Monsieur mon fils
vous apprendra le décès arrivé de la personne du
Roi, mon très-cher époux, 8c le sensible déplaisir
qui nous demeure d'un si déplorable accident 8c
tant préjudiciable à la France. Pour prévenir les
mauvaises suites qui pourroient arriver de cette
perte, il exhorte, comme je fais, les compagnies
souveraines de continuer l'administration de la
justice à ses sujets nonobstant cette mutation. Se
ses principaux serviteurs, qui ont l'autorité dans
ses provinces, de contribuer ce qui est du pouvoir
de leurs charges pour les maintenir en repos 8c
tranquillité sous son obéissance. Je vous prie de
f.iire de votre part en cela tout bon devoir, 8c vous
assurer qu'aux occasions qui s'offriront de vous
favoriser soit en général ou en particulier, vous
trouverez le Roi Monsieur mon fils 8c moi dispo-
sés à vous témoigner notre bienveillance. Cepen-
dant, je prierai Dieu vous avoir. Messieurs, en sa
sainte garde.
« Écrit à Saint-Germain, le 14" jour de mai
1643.
« A Messieurs les Gens tenant la Cour de Par-
lement de Toulouse '. »
La lettre du roi aux magistrats municipaux des
' Malenfant, Collections & remarques du palais, t. Il,
p. 297.
1643
i36
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les Chambres du Parlement se réunirent seulement le 28 mai pour en
recevoir communication. Leur premier soin fut d'interdire toute espèce d'as-
semblée.
Les officiers de la sénéchaussée, de la maîtrise des ports, de la viguerie,
& quatre capitouls, sommés par huissier, durent venir au Palais écouter une
grave remontrance du premier président 81 prendre part à la publication de
l'arrêt à travers les rues. On suspendit les audiences de la cour jusqu'après
la célébration du service funèbre, 8c, pendant quarante jours de deuil, toute
sorte de jeux ou de spectacles publics fut prohibée '.
La cour nomma ensuite la députation chargée d'aller saluer le roi. Elle
se composait du premier président, du président Garaud de Donneville, du
sous-doyen Pierre d'Agret 8<. du président Balthazar de Fraust.
Le 3i mai, deux lettres étaient adressées à Louis XIV Si à la régente, au
nom de la cour.
Ces lettres contenaient les protestations de zèle 81 de fidélité accoutumées
en pareilles circonstances, mais n'oubliaient pas de réclamer protection pour
la compagnie : « Il ne tiendra pas à nos soins que les peuples ne bénissent
le règne de Votre Majesté 81 ne se puissent dire heureux, pourvu qu'il lui
plaise de protéger son Parlement, lui donner l'autorité nécessaire 8<. nous
honorer toujours de ses commandements. »
« Lui donner l'autorité nécessaire », telle était, en effet, la préoccupation
dominante, exclusive du Parlement. La cour souveraine s'était habituée à
principales villes reproduisait toute la première
partie de la lettre au Parlement, sau{ la formule
(t Nos amés & féaux » remplacée par « Très-chers
& bien amés, « & quelques détails insignifiants de
rédaction. Le dernier paragraphe était modifié de
la manière suivante : « Cependant, comme un des
plus assurés moyens pour parvenir à un sy bon
effet dépend de la bonne union & concorde qui
doit estre entre nos subjets, nous vous avons voulu
faire cette lettre semblable à celle que nous escri-
vons aux principales villes de notre Royaume
pour vous mander 8c ordonner de la maintenir
entre vous & veiller à vostre seureté & conserva-
tion soubs nostre obéissance, nous rendant en
toutes occasions les tesmoignages de vosire fidélité
& affection au bien de nostre service, ainsy que
vous y estes obligés; en faisant en cela tout bon
devoir, vous devez croire que vous nous trouverez
bien disposés à vous faire ressentir les effets de
nostre bienveillance. »
« A nos très-chers Se bien amés les Capitouls,
manans & habitans de nostre ville de Toloze '. n
' Il y avait en ce moment, à Toulouse, une
troupe de comédiens ambulants dont les représen-
tations se trouvèrent interrompues par le deuil
officiel, & qui sollicitèrent l'intervention du con-
seil de ville pour les reprendre.
Voici ce qu'en disent les procès-verbaux capitu-
laires :
•I Du îo' juin 1645, dans le consistoire des
Conseils de l'hostel de ville, &e.
« Seroit entré dans ledit consistoire
chef de la bande des comédiens, lequel auroit re-
monstré comme depuis trois mois ils sont dans
cette ville avec grande incommodité & despense &
pendant leur séjour, ils ont esté nécessités de s'en-
gager en plusieurs & diverses sommes & attendu
qu'après les quarante jours de deuil que la ville a
faits pour la mort du Roy demain la reconnois-
sance se fera, ils ont supplié l'assemblée leur vou-
loir permettre l'ouverture de leur théâtre & leur
donner la taxe convenable; sur quoy après estre
sorti dudit consistoire les voix recueillies,
« Arresté qu'il est permis auxdits comédiens
d'ouvrir leur scène lundy prochain, 22' de ce
moys, à la charge de garder la décence & modestie
requise, & qu'il leur sera permis de prendre huit
sous de chacun de ceux qui vouldront entrer ou
assister à la comédie sans qu'il leur soit loisible
d'augmenter ledit droit à peine de concussion '. »
" Arcliives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIV, p. 44. ' Arcliivcs de Toulouse. Livre des Cotiseils, XXIV, p. 66.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN.
i37
1643
se considérer comme la représentation vivante du pouvoir royal, comme
l'intermédiaire obligatoire & universel par où devaient passer les volontés
du monarque pour arriver à ses sujets. Elle prenait au sérieux les flatteries
hyperboliques dont chaque année le chef du consistoire de l'hôtel de ville
venait, à l'occasion de l'entrée en charge des nouveaux capitouls, lui pré-
senter le tribut, dans des harangues émaillées des plus beaux traits de
mythologie '. Mais elle était forcée de reconnaître que, depuis le dernier
règne, le pouvoir ministériel avait une tendance marquée à rétablir l'ordre
dans la compétence des juridictions, à remettre chacun à sa place, & à res-
treindre de plus en plus au simple exercice de leurs fonctions judiciaires des
corps dont l'importance politique 81 administrative ne se pouvait qualifier
que d'usurpation.
Malgré les mesures prises en divers temps pour empêcher les offices parle-
mentaires de se concentrer dans un petit nombre de familles rattachées
entre elles par les liens du sang, la plupart des membres de la cour se trou-
vaient parents, 8c des exceptions de faveur, obtenues par le crédit d'hommes
influents, les affranchissaient même des obligations qu'une sage prévoyance
avait édictées '■.
L'esprit de corps 8c les intérêts particuliers avaient pris un empire absolu
sur la conscience des parlementaires. Il semblait que le pouvoir royal eût
créé ces compagnies pour leur propre grandeur, non pour le bien des peu-
ples à qui elles avaient charge de rendre la justice. On trouve, entre mille,
une marque bien frappante de cette déviation dans les raisons que firent
' La salutation au Parlement était le premier
usage que les nouveaux Capitouls dussent faire de
leur autorité. Après avoir entendu la messe du
Saint-Esprit dans la chapelle de l'hôtel de ville &
reçu le serment de leurs officiers, ils se rendaient
au palais en grande po'npe, à cheval, vêtus de
leurs livrées capitulaires; on les introduisait dans
la chambre dorée où les présidents & conseillers
de grand chambre étaient réunis, & le chef du
consistoire, qui, par profession, appartenait au
monde judiciaire, y récitait son compliment.
On y entendait tour à tour les Capitouls se
comparer à " l'aigle, cet oiseau royal & courageux
qui, en commençant de naître, tourne ses yeux du
côté du soleil levant' »; n à la pierre précieuse
que le naturaliste appelle phengite, & qui, bien
que très-belle & éclatante, demeure sombre & obs-
cure si le soleil ne l'éclairé; à la lune & autres
petits astres qui ne reluisent que de la clarté du
soleil'; » & qualifier le Parlement de « soleil de
justice, verge veillante de l'Ecriture, œil qui ac-
compagne le sceptre, lion qui tient toujours les
yeux ouverts, » âme infuse au corps de la Répu-
blique'; » appeler le Palais « le temple des dieux
tutélaires, le domicile saint où réside le bon génie
de la ville, le Capitole du Languedoc. »
X Vous êtes, disait un de ces enthousiastes ora-
teurs aux conseillers, les esprits mouvants, les
cieux, les soleils, les intelligences & les petits
dieux de la Province. »
'( Tout cela, dit bonnement un annaliste, n'était
que devoir & compliment. »
' En i553, les Etats de Languedoc obtinrent la
permission de faire informer au conseil du roi
des parentés & alliances qui étaient entre les di-
vers officiers du Parlement de Toulouse.
Il résulte des informations recueillies par leurs
soins que le premier président Jehan de Mansen-
cal se trouvait allié avec tous les présidents, avo-
cats 8t procureurs généraux de la Cour & que les
principales familles parlementaires se rattachaient
les unes aux autres par un grand nombre de ma-
riages '. Depuis le seizième siècle, ces liens n'avaient
fait que se resserrer.
' Harangue de Pierre d'Espaigne, le i3 décembre 1642.
Ann. ms. VII, p. 35o.
" Harangue de Pierre d'Aure, le i3 décembre 1634.
Ann. ms. Vil, p. 8.
' Harangue de Pierre Pol de Martres, i636.Ann. ms. Vil,
p. 104.
' Archives de Toulouse. A/s. 1S6. Actes politiques a
administratifs, p. 102.
~ i38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
valoir les députés de la cour auprès du roi Louis XIII pour s'opposer à la
création d'un nouveau parlement projeté à Nimes. Cette mesure, qui n'était
qu'une application nouvelle du principe suivi par les rois en multipliant les
grands corps judiciaires, afin de mettre le tribunal d'appel plus à portée des
justiciables, fut représentée par les magistrats toulousains comme « la perte
& l'ignominie de la plus vertueuse compagnie du royaume. » Ils ne crai-
gnaient pas d'ajouter que « si l'on retranchait la moitié de son ressort, le
Parlement se verrait peut-être contraint d'augmenter de moitié les épices
des procès, ce qui rendrait la justice tellement chère que les sujets du roi ne
pourraient plus la demander 8c la poursuivre sans ruiner leurs familles '. »
Le Parlement de Toulouse oubliait qu'il avait été lui-même, dans l'origine,
un démembrement du Parlement de Paris Se que la royauté obéissait à une
pensée très-logique & très-équitable en rapprochant de plus en plus les juges
des plaideurs, suivant le vœu exprimé par les populations dans leurs cahiers
de doléances.
Ils dénonçaient toute nouvelle création de ressorts comme un mauvais
traitement, & s'excusaient de n'avoir commis aucune faute pour le mériter,
comme si les institutions judiciaires avaient pour but principal la satisfaction
personnelle des magistrats ^.
Avec ces dispositions, il n'est pas surprenant que le Parlement se crût en
droit d'attendre beaucoup de l'inévitable réaction d'une régence, & qu'il se
rencontrât ainsi, dans ses espérances démesurées, avec le parti féodal, malgré
la contradiction fondamentale de leurs visées.
En attendant que le nouveau roi les honorât, comme ils disaient, de ses
commandements, les parlementaires eurent d'abord à cœur de faire sentir
leur autorité au corps de ville de Toulouse. Cette municipalité, placée direc-
tement sous la main de la cour, n'était pas, comme celles des autres villes
de la Province, protégée par la distance contre l'action d'un patronage
tracassier, &t c'est à ses dépens que s'exerçait la mauvaise humeur de la
compagnie, trop dépourvue de moyens d'action extérieurs pour imposer la
soumission en dehors de sa résidence. Le Conseil de ville, à la première
nouvelle de la mort du roi, n'avait pas perdu un moment pour s'inquiéter
de la confirmation de ses privilèges 3, « grandement ébréchés par les malheurs
' Malenfant, Collections & remarques du palais, étaient attachés à la qualité d'habitant de la ville,
II, p. 117. d'autres appartenaient au corps entier de la bour-
' « Qu'il plaise à Votre Majesté de ne permet- geoisie, tenant la place de l'ancienne commune,
tre pas que, par cet établissement qui n'a point & les derniers se restreignaient aux seuls capi-
d'exemple & qui semble être une peine, on veuille touls.
ôter à votre Parlement l'honneur d'avoir toujours Les premiers comprenaient le droit de n'être
bien servi '. « jamais cité en justice hors de la ville, la dispense
' Parmi les privilèges de Toulouse, lei uns de l'impôt de circulation connu sous le nom de
leude & péage, l'exemption des tailles, moyen-
nant une somme annuelle de deux mille cinq
' Harangue du premier président au Roi Louis XIII en _„„ r - „ j ,« .'^..i u Ji
,,„ ,, ," r . ii ,, ,' ,. . , ■ If cents francs pour marque de souveraineté, la de-
l538. Malcnfant, Collections 4- remarques au palais, II, r n '
p. i3i. charge du taillon & l'exemption du service de
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. . i3n 7T
/ 1643
des guerres, « suivant l'expression du capitoul Pierre d'Espaigne. Mais pour
nommer les six députés qui devaient, au nom de la commune, « aller saluer
le roi, lui faire l'hommage Se prêter le serment de fidélité, » il fallait rassem-
bler le conseil général, ce que les capitouls ne pouvaient faire sans permis-
sion de la cour, le Parlement s'étant arrogé, par amplification de pouvoirs,
ce droit d'autorisation que possédaient autrefois les sénéchaux, agents plus
directs 8t plus sûrs de l'autorité royale. Par trois fois, à plusieurs jours d'in-
tervalle, les magistrats municipaux durent se rendre processionnellement au
palais, d'où l'on se plaisait à les renvoyer, sans solution, après de longues
attentes sur le palier, 81 des refus majestueux, prononcés en audience, dans
la chambre dorée.
Le Parlement avait fixé au i5 juin la grande solennité des honneurs
funèbres de Louis XIII j mais il n'attendit pas d'avoir accompli cette céré-
monie, où toutes les corporations de la ville devaient figurer, pour entre-
prendre une attaque en règle contre l'héritage importun de Richelieu,
l'institution des intendants.
Le principal défaut des intendants, aux yeux de la cour souveraine, était
d'avoir été précisément créés pour restreindre l'autorité envahissante dont les
compagnies judiciaires disposaient depuis les guerres civiles, d'exercer leurs
fonctions en vertu d'une simple commission royale, d'être entièrement affran-
chis de la tutelle Sx. du contrôle parlementaire. Se de prendre, dans l'adminis-
tration de la Province, le rôle prépondérant que remplissaient les ministres
dans la gestion des affaires générales de l'État.
Il était depuis longtemps d'usage que des maîtres des requêtes, envoyés en
chevauchée à travers le royaume, obtinssent du roi une compétence d'excep-
tion dans les ressorts judiciaires qu'ils visitaient. Les cours souveraines en
étaient toujours émues, mais la haute situation des personnages St surtout
le caractère accidentel St purement transitoire de leur mission faisaient
accepter cette dérogation au droit commun que l'on pouvait, dans une cer-
baii & arr'ière-lan pour les propriétaires de fiefs ils s'appliquaient soit à leurs fonctions soit à
nobles, ou du moins la conversion de ce devoir leurs personnes. Les premiers étaient le droit de
en un (impie service de garde urbaine en cas de garde de la ville, la juridiction civile & crimi-
gucrre. nelle dans les limites du gardiageou banlieue, les
Comme privilèges du corps de ville ou de bour- pouvoirs de police, la surveillance du commerce
geoisie, on comptait la propriété du consulat, des vivres & des denrées, le scel rigoureux, la fa-
c'est-i-dire d'une magistrature municipale élec- culte d'entretenir huit sergent» pour l'exécution
tive, le droit d'exiger le serment des sénéchaux, des actes judiciaires & une petite troupe armée
juges-mages & viguiers lors de leur entrée en pour le maintien de l'ordre.
chargcj la propriété des droits d'encan & de poids Les privilèges personnels comprenaient l'ano-
public, de commutation ou d'octroi, de visite des blissement héréditaire résultant de la charge même
draps, de quart du vin; le pouvoir de lever des de capitoul, le droit de n'être pas soumis à la
impôts sur les habitants sous l'autorisation du question, étendu aux femmes & enfants des ma-
Parlement en l'absence du gouverneur, & enfin la gistrats municipaux, le droit de ne pouvoir être
faculté d< produire en justice de simples colla- incarcéré pour les dettes de la ville 8c celui de
tionnés des titres anciens (oui la signature d'un faire juger let affaires particulières à la grand-
secrétaire du Roi. chambre & non à la tournelle, comme le commun
Quant aux pritilégts particuliers des capitouls, des plaideurs, pendant l'exercice du capitoulat.
~^ 140 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC. ,
talne mesure, considérer comme une intervention personnelle du roi , venant
s'assurer par lui-même de l'exécution de ses ordonnances.
La nouveauté parut autrement dure & difficile à supporter aux officiers
du Parlement, lorsque ces fonctions furent devenues permanentes, Se qu'au
lieu d'une sorte d'inspection ambulatoire on vit naître un pouvoir territorial
ayant son ressort déterminé.
Le Parlement, qui comprenait toute la gravité de l'innovation, fit des
efforts désespérés pour la combattre. Usant de son procédé ordinaire, il
comptait soumettre la commission royale de l'intendant de justice aux for-
malités de l'enregistrement, ce qui était une manière de lui dénier indéfini-
ment la liberté d'agir; sous prétexte de la transcription dans ses registres,
qui n'était d'abord qu'une constatation de publicité, le Parlement avait fini
par s'attribuer un droit de contrôle sur les actes du pouvoir souverain. Il en
discutait le texte, en pesait les clauses, 8c ne se faisait pas faute de suspendre
l'effet de la volonté royale par un refus d'enregistrement, lorsque les intérêts
particuliers de la cour lui semblaient lésés.
On ne manqua pas d'user de cette méthode à l'encontre des intendants;
mais ni les mémoires, ni les remontrances, ni les députations de présidents
& de conseillers n'avaient pu prévaloir contre la volonté arrêtée du gouverne-
ment, tant que Richelieu en dirigea la politique. Le cardinal avait résolu de
cantonner étroitement les cours dans le domaine de la justice distributive,
& il voulait à tout prix avoir directement sous la main du roi des agents
révocables, non propriétaires de leurs charges, & non liés par des intérêts
collectifs.
Comme la misère du pays était grande, que les nécessités de la guerre
imposaient d'énormes dépenses, que les levées des impôts se faisaient avec
une rigueur impitoyable, les sujets de mécontentement ne manquaient pas;
8c, sans s'inquiéter si ses propres privilèges, réels ou faux, dont il était très-
jaloux, ne contribuaient pas à rendre les charges publiques plus lourdes, le
Parlement s'empressa de tirer parti du malheur des temps pour renouveler
contre les nouveaux pouvoirs administratifs la lutte qu'avaient découragée les
invincibles résistances de Richelieu. Les désordres survenus à Villefranche
de Rouergue 8c dans quelques autres lieux du ressort, à propos de la per-
ception des tailles, lui en fournirent l'occasion. Ce furent les officiers des
enquêtes qui donnèrent le branle dès le 4 juin. Deux de ces conseillers,
Julliard 8c Vedelly, vinrent ce jour-là demander l'assemblée des chambres,
pour y traiter « d'affaires importantes au service du roi, au bien de ses
sujets 8c au soulagement de la Province. »
« L'assemblée des chambres, » c'est toujours par là qu'avaient préludé
les coups d'État parlementaires au temps des guerres civiles, c'était le mot
d'ordre des ligueurs de Toulouse quand ils réclamaient de la cour, en
hurlant devant l'hôtel du président Duranti , une sorte d'oracle politique
contre les droits d'Henri III à la couronne. Dans ces réunions solennelles,
lorsqu'elles n'étaient pas de pures cérémonies décoratives, comme il arri-
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 141
vait le plus souvent, les officiers du Parlement oubliaient, plus aisément
qu'ailleurs, leurs rôles de juges, pour jouer aux États généraux en perma-
nence 8c se poser en conseil de gouvernement.
L'assemblée fut tenue le lendemain. Julliard, qui était le plus ancien con-
seiller des enquêtes, exposa l'objet de la réunion, bien que, d'après l'usage,
ce fût aux présidents de porter la parole en pareilles circonstances. « Mes-
sieurs des enquêtes avaient, dit-il, estimé qu'il était de l'honneur du Parle-
ment &. digne de la protection due par la cour à ses ressortables, de faire
des supplications 8c remontrances au roi sur les oppressions que reçoivent ses
sujets. » Il rappela les exécutions à main armée qui se faisaient dans la Pro-
vince pour la levée des tailles, les traités que certains partisans avaient conclus
avec le roi au prix de cinquante mille livres pour des arrérages de quatre
années dont la somme totale s'élevait à plus de douze cent mille. 11 rejeta
sur les intendants la responsabilité des désordres qui se produisaient en
diverses régions, affectant de croire que l'exécution des arrêts du Conseil,
des commissions extraordinaires 8c des édits non vérifiés en parlement, cau-
sait seule le malaise 8c le mécontentement des peuples. Il qualifia de voleries
les perceptions qui étaient faites par les commissaires du grand sceau. Les
extorsions qui se renouvelaient chaque jour mettaient le pays dans l'im-
puissance de payer la taille royale 8c les autres sommes nécessaires pour la
subsistance des troupes. En vue de remédier à ces maux, il demandait que
le Parlement suspendît l'exercice de toutes les commissions 8c de tous les
édits non vérifiés, 8c jusqu'à nouvel ordre ce qui restait encore à faire de
l'exécution des édits vérifiés.
Le but avoué de cette mesure était d'empêcher la propagation des sou-
lèvements qui venaient d'éclater à Villefranche de Rouergue 81 dans les
environs.
La cour ne se dissimula point la gravité de la décision qu'on lui pro-
posait 8c ne fit pas, sans de longues hésitations, le premier pas dans la voie
périlleuse des extensions de pouvoir. Les débats furent très-vifs Se remplirent
quatre matinées.
Les magistrats les plus audacieux faisaient valoir l'opportunité de la
régence : un roi de quatre ans, une femme à la tête des affaires, tous les
princes du sang dans le Conseil ; quel moment mieux choisi pour faire
arriver au pied du trône le bruit des souffrances du peuple? Il était temps de
révéler à Leurs Majestés ce que la puissance des ministres n'avait pas permis
de faire entendre au roi Louis XIII. On ne devait point laisser échapper
l'occasion qui s'offrait d'aborder le souverain sans avoir à craindre les empri-
sonnements. Mais comme l'effet des remontrances demandait du temps, on
ne voulait pas s'en tenir aux supplications 8c, en attendant, on réclamait que
toutes les levées d'impôts extraordinaires fussent interrompues.
La vérification des commissions par la cour était déclarée indispensable
8c conforme à l'ordre ancien. C'est « seulement depuis quelques années »
qu'il avait été contrevenu à ce principe salutaire « par des gens de peu, qui
1643
~^ 142 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
se prévalaient de la nécessité de l'État pour extorquer de la bonté du roi St
de son Conseil, par d'abominables & damnables inventions, w des arrêts,
édits ou commissions qui ruinaient le royaume.
On s'apitoyait sur la détresse des campagnes qui était véritablement
aft'reuse. L'émigration les dépeuplait journellement j la misère des villes,
où l'on multipliait les taxes, n'était pas moins déplorable. On accusait les
traitants de lever cinquante écus à leur profit particulier pour en faire peut-
être entrer un dans les coffres du roi. Aussi, non-seulement voulait-on sus-
pendre tout ce qui se faisait en vertu d'édits non vérifiés, mais interrompre
l'exécution des édits enregistrés par la cour.
On faisait valoir, pour expliquer la hardiesse du procédé, qu'après la mort
d'Henri IV, en 1610, la régente supprima d'un seul coup cinquante-quatre
édits ou commissions extraordinaires en cours d'exécution.
D'autres conseillers, plus prudents, combattaient l'idée d'un arrêt de sur-
séance. Ils ne méconnaissaient pas les souffrances éprouvées par les peuples 8c
partageaient le désir d'y remédier; mais ils n'ignoraient pas les besoins de
l'État : la nécessité d'y maintenir plusieurs armées sur pied, l'épargne vide.
N'avait-on pas lieu de craindre qu'en telle conjoncture une suspension des
levées d'impôt ne fût fâcheusement interprétée à Paris? Ne suffirait-il pas de
confier aux députés chargés de présenter au roi les soumissions de la cour le
soin d'obtenir, par leurs supplications, le soulagement des peuples & la révo-
cation des commissions extraordinaires?
Le Parlement n'avait pas rendu d'arrêt, lorsque le jeune roi Louis XIII
& la reine Marie de Médicis annulèrent de leur plein gré les cinquante-
quatre édits dont on citait l'exemple.
Le premier président Bertier de Montrabe, formé à l'école de Richelieu,
& peu favorable aux coups de tête des compagnies judiciaires, parla forte-
ment, & avec de savantes raisons, pour limiter l'action de la cour à des
remontrances, sans aucun arrêt suspensif.
Mais ses arguments ne prévalurent pas contre l'emportement de la majorité,
& l'arrêt de surséance fut rendu le 8 juin.
L'exposé des motifs mentionnait d'abord les attroupements de Villefranche
de Rouergue, « ces esprits factieux prétextant leurs entreprises sur les indues
« vexations, foules & oppressions qu'ils disent souffrir de l'exécution de
« divers édits, commissions extraordinaires St taxes faites en conséquence,
<( pour lesquelles on exerce toute sorte de violences sur eux 5i sur leurs biens,
<( ils se disent ainsi rendus impuissants de payer les deniers royaux nécessaires
« pour entretenir les armées 8c pour parvenir à la conclusion de la paix. »
Le rédacteur ajoutait que ces commissions non vérifiées ne donnaient au
roi aucun secours considérable, 8c retardaient seulement la levée des deniers
ordinaires, 8c qu'il fallait ôter prétexte aux autres villes du ressort de suivre
l'exemple pernicieux donné par le Rouergue, en sollicitant du roi la révo-
cation de tous les édits ou arrêts non vérifiés, 8c suspendant les opérations
commencées.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 143
On n'osa pas inscrire dans l'arrêt que la cour interrompait môme l'exécu-
tion des édlts vérifiés par elle. Mais on en fit l'objet d'un retentum ou article
secret, que le greffier Malenfant appelle en son langage u un tacite sénatus-
consulte. »
Bertier de Montrabe signa l'arrêt, mais avec la formule ex deliberatïone
curiae, qui marquait son obéissance & dégageait sa responsabilité.
La pièce fut immédiatement imprimée & envoyée dans tous les bailliages
Si. judicatures du ressort, où elle causa une véritable révolution. Des soulè-
vements populaires se produisirent sur plusieurs points'. Un collecteur fut
égorgé à Toulouse; un autre, à Lavaur, n'échappa qu'avec peine aux ressen-
timents de la foule. La perception des impôts se trouva partout suspendue;
les commis, effarés, menacés de mort, sollicitaient de tous côtés des lettres
de sauvegarde de l'intendant. Le bruit se répandait que toutes les commis-
sions extraordinaires étaient révoquées, 61 que le Parlement allait redevenir
l'unique dominateur de la Province.
Le i3 juin, la cour résolut d'enregistrer, sans observations, les lettres-
patentes du 3i mai qui confirmaient, d'une façon indirecte, la cassation du
testament de Louis XIII, tout en invoquant, dans le préambule, « la volonté
du défunt roi, » confiaient à la reine Anne d'Autriche le soin 8c l'éducation
de la personne du jeune prince, avec « l'administration absolue, libre &
entière des affaires du royaume pendant sa minorité, » nommaient le duc
d'Orléans lieutenant général en toutes les provinces & chef de tous les
conseils, lui substituant, en cas d'absence, le prince de Condé, avec faculté
pour la régente de choisir elle-même ses conseillers, « sans être obligée de
suivre la pluralité des voix ^. »
Le service funèbre prescrit par le Parlement fut célébré à Toulouse avec
un grand déploiement de magnificence.
Ces sortes de cérémonies n'étaient pas seulement pour les compagnies qui
les ordonnaient un moyen de faire valoir leur zèle auprès du nouveau mo-
narque expressément informé de la richesse des apprêts; c'était aussi une
occasion recherchée de faire étalage de puissance & d'affirmer, par une mani-
festation publique, l'autorité plus ou moins effective que chaque corps exer-
çait sur une certaine clientèle.
Aussi ne vit-on jamais pareille solennité sans querelle de préséance; 8<
le cas en était si bien prévu, que durant les préparatifs du cortège, la
grand'chambre du Parlement se tenait en audience, prête à rendre arrêt
entre les plaignants.
' « Del brouillons le sont servis d'un arrêt du doit reconnoître d'autres ordres que ceux du Par-
Parlement pour animer 8i soulexer le peuple & le lement '. »
porter à refuser le paiement des impositions, prin- ' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par-
cipalement au haut Languedoc Le peuple croit lement de Toulouse. Affaira du Rot & du puilie,
qu'en vertu d« cet arrêt il n'est obligé qu'au paîfr- I, p. 38.^.
ment de l'ancienne taille royale, que les commis-
lions extraordinaires 8c celles mêmes des inten- . i .. j o . l ,• •• . n- ■ ■„
' Lettre de Bosquet au chancelier. Montpclhcr, 22 )um
dantt sont révoquées, & que, dans la suite on ne 1 5(3. (Bibliothèque nationale. A/s. Languedoc, p. gS.)
1643
—^ 144 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les dispositions à prendre pour l'ordre du cortège, les places à donner aux
assistants dans le chœur & dans la nef de l'église Saint-Etienne, la répar-
tition des chaises hautes, des chaises basses, des simples sièges parés de drap
noir firent l'objet de longues conférences entre les commissaires du Parle-
ment, ceux de la ville &. les membres du chapitre métropolitain '.
On avait voulu prendre pour règle le procès-verbal des honneurs funè-
bres d'Henri IV, dressé par Rudelle & Vedelly, mais nombre d'officiers s'en
montrèrent mécontents. Les secrétaires de la chancellerie se firent incorporer
dans le cortège de la cour, après les secrétaires évangélistes, à la suite des
trésoriers de France Si avant les receveurs généraux des finances. L'Univer-
sité, qui marchait primitivement derrière les trésoriers de France Si devant
les officiers du sénéchal, fut réduite à se contenter de la droite, sauf une
avance de deux pas du recteur sur le juge-mage 81 le privilège d'occuper
toujours la place d'honneur, de quelque façon que l'on dût tourner dans les
rues. Il fut également accordé qu'aux portes le corps de l'Université passerait
en entier avec celui du sénéchal. Les maîtres des eaux &. forêts, & des
ports, 8t le viguier formèrent trois groupes distincts, chacun avec ses subal-
ternes, au lieu d'avoir, comme autrefois, leurs lieutenants confondus dans
l'ordre des avocats. Pour éviter de régler la question entre les procureurs du
sénéchal Si les clercs du greffe, ces derniers ne furent pas admis.
Il fut arrêté qu'il y aurait trois deuils, c'est-à-dire trois troupes de cent
vingt pauvres chacune, habillés de drap gris Si portant des cierges armoriés j
le deuil du Parlement, le deuil des officiers du domaine. Si le deuil de la
ville, chacune de ces trois corporations fournissant aux dépenses du cortège.
Dès cinq heures du matin, les bailles ou régents de chaque corps de métier,
assistés des six plus anciens maîtres de leur corporation, se rendirent à l'hôtel
de ville, chacun portant un flambeau de cire jaune du poids de quatre livres,
auquel était attaché un écusson blasonné des armes du roi Si des « douze
points de Toulouse^. »
Le point de concentration de tous les corps laïques était l'enclos du palais;
les corporations ecclésiastiques se réunissaient à Saint-Etienne.
Les capitouls, jaloux d'affirmer leurs prétentions nobiliaires, n'avaient pas
manqué de convoquer tous les propriétaires de fiefs qui jouissaient du pri-
vilège de Toulouse, c'est-à-dire de l'exemption du service militaire, pour
figurera leur tête dans la grande revue ^j mais, malgré les termes commina-
' Les commissaires de la cour étaient les con- de ville, la croix de Toulouse, à douze perles, hé-
leillers d'Agret & Frezals, ceux de la ville, les ritage héraldique de la maison de Saint-Gilles,
capitouls d'Espaigne & Fermât qui se firent don- ' Un arrêt du Conseil privé, donné à Paris le
ner quatre aides de cérémonie d'une compétence z juillet 1641, à la suite d'une grande querelle de
éprouvée pour l'organisation des tentures, Canac la municipalité toulousaine avec le juge-mage,
& Soleilhavolp, marchands de soie, Faure & Pois- confirmait expressément aux capitouls, lorsque le
son, marchands drapiers'. btn Sa l'arrière-ban de la sénéchaussée de Toulouse
' On appelait ainsi, dans le langage de l'hôtel était-convcqué par le sénéchal, le droit de rendre
ordonnance, n de par le roi & d'autorité des ca-
■ Archives de Toulouse. /l;i/i(i;« )H(!K«scn7<?s, VII, p. 357. pitouls, » invitant tous les nobles ou propriétaires
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 146
toires de l'ordonnance qui menaçait les absents de « les rayer de la matricule
des nobles » 8c de les déclarer déchus du privilège, très-peu d'anoblis se mon-
trèrent exacts au rendez-vous. Les gentilshommes n'avaient garde d'accepter
pour chefs de file de simples magistrats municipaux; sans s'inquiéter des
conclusions que le syndic de la ville prenait contre eux, ils allèrent grossir
la suite du marquis d'Ambres, l'un des trois lieutenants généraux de Lan-
guedoc.
Par raffinement de dignité, ou peut-être par prudence, le Parlement
n'avait pas fait ouvrir la grande porte, mais un simple guichet. Le marquis
d'Ambres lui-même se contenta de cette modeste entrée & dut laisser tous
ses gentilshommes au dehors, la cour ne lui ayant permis d'introduire avec
lui qu'un écuyer & un page '. Mais lorsqu'arriva la procession de la ville,
les capitouls prétextèrent du poêle de velours noir, dont ils tenaient les cor-
dons, pour demander l'ouverture du portail. L'argument ne paraissait pas
décisif; mais pour écarter une occasion de tumulte, les deux commissaires de
la cour allèrent en robe rouge Si chaperon fourré terminer la querelle. La
porte s'ouvrit à deux battants 5c le cortège passa ^.
La nef Se le chœur de l'église Saint-Etienne avaient été tendus de drap
noir avec un lé de velours où étaient attachés des cartouches de carton peint
8c doré aux armes de France 8c de Navarre : à l'entrée du sanctuaire s'éle-
vait une chapelle ardente, dont les pauvres firent le tour, en y déposant
leurs flambeaux. Sur le cénotaphe, on étendit le poêle de velours noir, croisé
de moire d'argent, avec armoiries brodées de soie Se d'or, qui avait été porté
par les capitouls. Tous les ornements du clergé étaient aussi de velours noir
croisé de moire blanche avec les mêmes écussons en broderie. Ce fut l'évcque
de Rieux, Jean-Louis de Bertier, qui célébra la messe; l'oraison funèbre fut
prononcée par le chanoine Dutour.
Le marquis d'Ambres, drapé d'un grand manteau noir, 8c portant le collier
d'orfèvrerie de l'ordre du Saint-Esprit, avait pris place entre le premier 8c le
second président.
1643
de fiefs, qui habitaient la ville, à présenter les
aveux & dénombrements de leurs biens féodaux à
l'hôtel de ville pour y voir déierminer la nature
du service militaire auquel leurs possessions Us
obligeaient. Ils devaient aussi venir en équipage
de guerre, chacun selon ses obligations, dans la
cour de la maison commune pour y être passés en
revue '.
' Les lieutenants généraux étaient aux yeux du
Parlement, une puissance rivale; ce qui leur res-
tait de caractère féodal les rendait suspects, & le
droit qu'ils avaient de représenter la personne du
roi excitait bien des jalousies. La Cour de Tou-
louse qui affectait de se considérer comme déposi-
taire exclusive du pouvoir souverain n'avait pu
souffrir sans amertume des aphorismes dans le goût
de ceux que le capitoul d'Aure adressait, en 1634,
au marquis d'Ambres :
« Lei lieutenants généraux sont les yeux par
lesquels le roy voit à plein Testât de ses provinces,
la nécessité de ses sujets, & les trésors qui lui sont
inconnus.
Cl Ils sont la langue de sa bouche sacrée, & la
voix immortelle qui fiiit résonner les monuments
de sa grandeur, la justice de ses actions & les mi-
racles de ses vertus '. »
Les trois lieutenants généraux de Languedoc
étaient en 1643 le comte de Tournon, le vicomte
d'Arpajon & le marquis d'Ambres.
' Annules manuicrites^ VII, p. 362.
Annales manuscrites, VII, p. 3i2.
XIII.
' Ann:ttei ni.in:iscrilcs, VI, p. 1 1
,^3 '4^ ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le lendemain de cette cérémonie, la déclaration de régence d'Anne d'Au-
triche fut enregistrée au Parlement avec grande pompe, en présence de tous
!c3 ordres de la ville. Si l'on chanta le Te Deum, après vêpres, à la cathé-
drale.
Le 2 1, il y eut nouvelle procession en l'honneur du joyeux avènement.
L'évêque de Rieux était sous le dais dont les capitouls portaient les bâtons.
Toutes les châsses de Saint-Sernin sortirent. Pendant que les bourgeois du
corps de ville attendaient les religieux dans la sacristie de l'église abbatiale,
arriva un gentilhomme en poste avec des lettres du maréchal de Schomberg.
Le bruit courait à Paris que Toulouse était révoltée, & le gouverneur de la
Province demandait aux capitouls ce qu'il en devait croire. On décida séance
tenante qu'il serait écrit à Ta reine, au duc d'Orléans & au maréchal, & la
cérémonie continua. Un feu de joie termina la fête; pendant la nuit, les
fenêtres furent illuminées. On promena l'envoyé du maréchal à travers les
rues, oîi des flammes brillaient devant toutes les portes, afin qu'il pût rendre
témoignage de la fidélité du pays '.
La précaution n'était point inutile, car les premières démarches du Parle-
ment de Toulouse avaient produit à Paris la plus mauvaise impression; & la
foudre venait d'éclater au Conseil d'État.
L'intendant de Montauban, La Perrière, maître des requêtes, & les divers
commissaires du grand sceau dans le ressort de la cour, s'étaient empressés
d'écrire aux ministres & de leur dénoncer l'attitude séditieuse des parlemen-
taires; un mémoire très-violent contre leurs prétentions circulait dans le pays.
Le i8 juin, le Conseil du roi, où siégeaient le jeune prince & la reine-mère,
décida de couper court aux entreprises par une action d'éclat, cassa l'arrêt
du 8 juin S<. détendit à la cour de se mêler à l'avenir des affaires d'impôts,
avec ordre aux intendants de continiier leur service.
Les termes de l'arrêt étaient très-sévères. Le Conseil du roi reprochait
« aux gens tenant le Parlement de Toulouse « d'avoir formé des assemblées
pour traiter du fait des tailles & de la levée de divers impôts extraordinaires
& d'avoir, en essayant de les arrêter, commis une entreprise manifeste &
agi au préjudice de son autorité. 11 les accusait de retarder le payement des
tailles, « ce qui est de très-mauvais exemple 5i de dangereuse conséquence;
« outre que sous tels prétextes les peuples sont excités à s'émouvoir & s'éloi-
« gner de l'obéissance qu'ils doivent à Sa Majesté Si de l'obligation qu'ils
« ont de contribuer aux charges publiques & aux nécessités de l'État. »
Par un article spécial, défense était faite à tous agents de l'autorité d'obéir
aux arrêts que le Parlement de Toulouse pourrait donner en matière d'impôts.
Cet arrêt, que La Perrière fit signifier au Parlement, fut lu devant les
chambres assemblées le i5 juillet. La cour répliqua immédiatement, en
ordonnant des remontrances particulières pour le fait même de l'acte qui
venait de la frapper.
■ Malenfant, Collections & remarques du palais, II, p. 3o5.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN.
147
1643
Comme d'habitude, elle supposa que la religion du Conseil avait été sur-
prise, attribuant sa mésaventure à « certain libelle diffamatoire, injurieux
Se contraire à son honneur. » Elle se déclarait surtout blessée du reproche
d'avoir excité les peuples à sédition. « Ses délibérations & arrêts n'ont jamais
été noircis de mouvements & desseins si pernicieux & si damnables, tous ses
officiers ayant au contraire exposé leur vie pour réprrmer les séditions 8<.
punir l'audace des coupables, »
Le 3o juillet, la cour se vengea sur le « libelle diffamatoire » en le faisant
brûler par la main du bourreau, avec l'assistance des capitouls. Elle prescrivit
une enquête pour en connaître l'auteur, par publication de chefs de moni-
toire dans les églises de Toulouse, de Montauban 8c d'autres villes, 8c
enjoignit à tous les détenteurs de la pièce de la déposer au greffe, sous peine
d'être punis comme s'ils l'avaient faite. Le Parlement attachait tant d'impor-
tance à faire disparaître les copies de ce document que l'annaliste du palais,
Malenfant, ne crut pas pouvoir se permettre de le reproduire'.
Tandis que ces tentatives de réaction parlementaire s'accomplissaient dans
le Midi, de violents efforts étaient faits auprès de la régente pour l'entraîner
dans une politique absolument contraire à celle de Richelieu.
Le jour même où le Parlement de Toulouse, en robes de cérémonie, célé-
brait les funérailles de Louis XIII, Conrart signait, au Conseil du roi, un
privilège en faveur de Simon du Cros, de Béziers, qui avait composé une
biographie du dernier duc de Montmorency*.
Cet ouvrage, qui existait en manuscrit depuis près de dix ans, ayant été
commandé à l'auteur par la veuve de l'illustre supplicié^, demeura, jusqu'à
la mort de Louis XIII, comme pièce de cabinet, entre les mains de la
duchesse, avec les autres souvenirs qu'elle conservait de son mari.
Quand le cardinal Se le roi eurent expiré. Madame de Montmorencv
fit présenter à la reine les vœux qu'elle faisait pour la prospérité de sa
régence. Anne d'Autriche, cjuc l'événement de Toulouse avait beaucoup
émue, répondit au gentilhomme qui lui apportait ce message : « Je pren-
drais grand plaisir de témoigner mon affection à Madame de Montmorencyj
' II Et parce qu'il a été fait mention ci-dessus
d'un libelle diffamatoire contre l'honneur du Par-
lement, lequel j'eusse ici inséré quoique très-mal
fait & mal dressé par quelque personne ignorante,
mais pleine de malice, n'était que par l'arrêt de la
Cour qui fut rendu sur le sujet d'icelui il est dé-
fendu d'en garder aucune copie ' ».
• Histoire de la vie de Henry, dernier dvc de
Montmorency , contenant tout ce ju'il a fait de
plus remarquable depuis sa naissance jusque; a sa
mort. A Paris, chez Antoine de Sommaville, en la
galerie des Mercier», à l'Escu de France, & Avgvs-
■Malenfant, Collections & remarques du palais, II,
p. 340.
tin Covrbé, en la mesme galerie, à la Palme (au
Palais. M. DC. XLIII).
' Simon du Cros qui avait été attaché à la per-
sonne de Montmorency pendant les quatre der-
nières années de sa vie, composa son histoire, tant
sur les notes qu'il avait rédigées lui-même, au
jour le jour, en Languedoc & en Piémont, que sur
les témoignages des gentilshommes qui vivaient
dans l'intimité de l'amiral, ayant eu même, de la
main d'un des principaux officiers de l'armée, le
journal des événements militaires devant la Ro-
chelle, outre la collection complète des lettres mis-
sives & des papiers d'affaires qui lui fut remise
par le secrétaire de l'amirauté.
—^ 148 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
mais en l'état où elle est, tout le monde a besoin d'elle, & elle n'a besoin de
personne. »
Le premier usage que fit la duchesse de cette faveur royale qui semblait
s'offrir en s'humiliant, fut d'obtenir la publication de l'œuvre inédite de
du Gros.
Cette apparition tardive était un symptôme des changements qui se prépa-
raient dans l'Etat. Pendant dix années, la mémoire d'Henri de Montmorency,
que le prestige de la noblesse, de la vaillance & du malheur devait embellir
d'un charme légendaire, était restée sous le poids d'une condamnation capi-
tale pour crime de haute trahison. Il fallait que les fantômes importuns du
ministre & du roi eussent disparu, pour qu'une plume amie Si dévouée'
osât ramener l'attention du public sur cette brillante carrière si durement
tranchée, exposer le détail des campagnes de Vivarais, dé Querci , des
Cévennes, & raconter, sur le ton du panégyrique*, l'histoire d'un gouver-
neur qui n'avait pas craint de mettre l'autorité de sa charge au service d'une
faction, d'emprisonner le président des Etats & de souscrire aux conditions
d'un traité secret avec le roi d'Espagne.
En parlant de la grande affaire des élus qui avait été le principal prétexte
de l'insurrection, au point de vue de la Province, l'écrivain se défendit de
vouloir être l'avocat du peuple pour rapporter les raisons qu'avait le pays de
repousser l'innovation; mais il n'oublia point de glorifier les vieilles tradi-
tions représentatives des trois ordres & le prétendu contrat d'après lequel le
vote des impôts aurait été une des conditions fondamentales de l'union du
Languedoc au domaine de la couronne.
(c De cette sorte, disait-il, les sommes que le roi en retirait, semblaient
être des présents, par lesquels la Province croyait témoigner la grandeur de
son affection à mesure qu'elle était obligée de les augmenter, 8<., avec ce mot
' Une gravure allégorique, signée Dnrel, sert par Mellan. Le jeune duc est vu de trois quarts,
de frontispice à l'ouvrage. Elle représente la Re- revêtu de son armure, avec la croix du Saint-t!s-
nommée, dans les airs, portant un cartouche où prit sur la poitrine ; le visage, encadré d'une
est inscrit le titre du livre, au-dessus d'une nn- abondante chevelure bouclée, a un caractère d'élé-
celle cjui fend les vagues, & dont l'Amour agite les gance & de douceur qui s'accorde avec le témoi -
rames, tandis que la Vérité dirige le gouvernail. gnage des contemporains.
On lit sur le bordage de la barque cette légende " Le biographe termine le récit des dernières
qui est l'âme de la devise : journées de Montmorency, abrégé à dessein, n son
discours, dit-il, devenant serré comme son cœur, »
L'un me pousse, l'autre me guide, en décrivant les marques d'attachement presque
superstitieux que les soldats & le peuple avaient
Dans son avis au lecteur, du Gros explique lui- laissé voir au pied de l'échafaud & mentionne l'es-
même son allégorie ; « Si vous avez pris garde à pèce de consécration solennelle que les chanoines
cette première feuille, vous estes instruit de mon de Saint-Sernm avaient donnée « aux merveilles
principal dessein qui est de vous dire que, bien de cette mort » en décidant, d'un consentement
que j'aye entrepris cet ouvrage par les mouvemens unanime, que le cadavre serait déposé dans leur
de mon affection, la vérité néantmoins m'a tou- église où « depuis que Charlemagne a fait porter
jours servy de conduite. » les corps des apôtres, personne n'avait jamais eu
En tête des cinq livres de VH'tstoire de Montmo- cet honneur que les martyrs & les saints cano-
rency, figure aussi un portrait du maréchal, gravé nisés. »
LIV, I. MINISTERE DE MAZARIN. 149
d'octroi qu'il lui était permis de mettre dans ses délibérations, ce grand corps,
composé du clergé, de la noblesse & du peuple, se laissait agréablement
ouvrir toutes les veines, lorsque le service du roi en avait besoin. »
Ainsi c'est encore à la faveur d'une protestation indirecte contre l'édit de
Béziers que la douloureuse image de Montmorency était présentée à la Pro-
vince', comme pour prendre place dans le cortège de revenants que la cour
d'Anne d'Autriche voyait affluer de tous les chemins de l'exil.
Il y eut encore assemblée des chambres au Parlement de Toulouse,
le 27 juin, pour une affaire qui passionnait grandement le pays Se qui
avait failli mettre en teu la capitale de la Province. Voici quelle en était
l'origine :
Dans les premiers jours d'avril 1643, un libertin de famille noble, connu
par ses débordements, ayant violé une pauvre fille, le chef du consistoire,
Pierre d'Espaigne, parvint à s'emparer de sa personne, au sortir de la comédie,
S<. l'enferma provisoirement dans une boutique de la maison Fermât, des
embarras de carrosses ne permettant pas d'arriver à l'hôtel de ville. La troupe
du guet, mandée à la hâte, n'était pas encore rendue, qu'une bande de jeu-
nesse turbulente, appartenant aux meilleures maisons de la ville & conduite
par deux conseillers de la cour, Pierre de Terlon St Guillaume de Puy-
misson, vint secouer les portes de la boutique, sous prétexte de disputer le
coupable à la justice capitulaire. Le capitoul, acculé dans le corridor, tenait
le captif étroitement embrassé. Trois soldats du guet ayant pénétré dans la
maison, un jeune homme hardi, drapé d'un manteau rouge à passementeries
d'argent, — c'était le fils du président Puget, — se glissa adroitement der-
rière eux. On referma la porte sur lui, mais il paya d'audace, demanda
arrogamment son nom au capitoul, 8c lui prédit qu'on ne le verrait pas deux
années en charge. Plus de deux cents jeunes gens, l'épée à la main, s'étaient
amassés devant la maison 8c y faisaient un affreux vacarme. La porte finit
par voler en éclats, 81 au milieu des forcenés qui se précipitèrent sur la garde
municipale, on vit paraître le sieur de Loppes, juge criminel de la séné-
chaussée, qui réclama le captif au nom du droit de sa charge. D'Espaigne 8c
son collègue Fermât qui était venu lui prêter main-forte, furent violemment
enlevés &c durent lâcher le coupable : la plupart des soldats de la ville étaient
blessés ou estropiés.
Le bruit de cette aventure, où deux membres de la cour souveraine
venaient de jouer un si triste rôle, arriva jusqu'à Paris, le conseil de robe-
longue, c'est-à-dire les avocats de la bourgeoisie, ayant expédié tous les détails
de l'attentat au député de Toulouse.
Devant le scandale public, le Parlement ne put s'empêcher de faire réta-
blir le coupable dans les prisons de l'hùtel de ville, 8c lança même un décret
de prise de corps contre six personnages compromis dans le mouvement.
Quant aux deux conseillers qui avaient pris la tête de cette petite émeute,
' L'impression de l'ourrage fut achevée le iz septembre, un mois avant l'ouverture de» États.
1643
"77^ l'o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ils comparurent à la barre, devant les chambres assemblées, & remirent un
procès-verbal des événements qu'ils avaient dressé eux-mêmes 8<. tait signer
par cinq ou six personnes de qualité. On lut la procédure des capitouls, on
écouta les dépositions de quelques témoins j le procureur général prononça
une longue harangue & déclara, pour toutes conclusions, que « les sieurs de
Puymisson & de Terlon eussent mieux fait de ne pas se trouver là. » Au prix
de cette légère mercuriale, les magistrats étaient hors de cour'.
Cet épisode instructif, qui devait donner lieu, à un interminable procès
juridictionnel devant le Conseil du roi, montre bien quels dangers courait
journellement l'ordre public par suite des conditions particulières où une
longue période de discordes civiles & une superposition de magistratures mal
coordonnées avaient placé le pays de Languedoc. A voir deux cents jeunes
gens armés, conduits par des officiers royaux, se ruer contre des magistrats
municipaux exerçant la justice au nom du roi, l'on se croit ramené au temps
de la Ligue.
Grâce à la vénalité des offices de judicature Si à l'hérédité qui en était
presque toujours la conséquence, une révolution considérable s'était pro-
duite dans le monde des magistrats. Les habitudes turbulentes & guerrières
n'étaient plus le privilège exclusif de la noblesse de race; la possession du
sol, ordinairement associée à celle des charges, suffisait à développer des
instincts belliqueux dans les familles de robe ou de négoce aussi bien que
dans les vieilles lignées féodales. On avait créé une expression pour désigner
les membres de cette nouvelle aristocratie foncière, issue du comptoir ou du
greffe, qui n'étaient ni plus respectueux envers la loi, ni plus soumis aux
obligations fiscales que les anciens seigneurs bannerets. On les appelait les
gens de main-fbrte, parce que l'autorité empruntait généralement chez eux
les formes de la violence. Chevaux d'Espagne, épées, plumets, manteaux à
couleur voyante, tout l'attirail des gens de guerre leur était familier, & ce
n'était pas un médiocre souci pour les magistrats de la vieille école parle-
mentaire, fidèles à la vie austère Se aux fortes études de la vieille bourgeoisie,
que de voir envahir les sièges de la cour par une foule de jeunes officiers
presque entièrement dépourvus de préparation professionnelle.
« La cour, très-mal satisfaite de vos réponses, disait le président Ciron à
« l'un de ces jeunes intrus, nouveau conseiller, qui avait subi les examens
« sans aucun succès, a pitié de vous, & espérant que vous tâcherez à l'avenir
« de réparer ce grand manquement par vos études & bonnes actions, vous
<(. reçoit par grâce & non par justice en la charge de conseiller dont il a plu
« au roi de vous pourvoir^, n On ne se contentait pas dé faire des conseillers
de ces jeunes gens sans expérience. Les fils des présidents, en dépit des
' Malenfant, Collections & remarques du palais, ' Malenfant, Collections & remarques Ju palais,
m, p. 5. — Archives de Toulouse. Livre des Con- III, p. 12. La chronique du greffier Malenfant est
seils, XXIV, pp. 2i-3t). — Conseil de bourgeoisie, une source unique pour ces détails intimes de la
séances du 14 & 27 avril & du i3 mai. — Consis- vie parlementaire dont on chercherait vainement
toire du 5 mai 1643. la trace dans les documcuts officiels.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. un
ordonnances, réussissaient à se taire pourvoir des charges de leurs pères sans
avoir atteint l'âge de quarante ans ni avoir exercé pendant dix ans l'office de
conseillers.
Outre ces changements opérés dans les mœurs, l'incertitude des attribu-
tions entre les divers dépositaires des pouvoirs publics, caractère distinctif de
l'époque, était une des principales causes de l'état d'antagonisme où vivaient
entre elles des autorités à limites mal définies, entraînant dans leurs conflits
particuliers toute une clientèle d'agents subalternes qui faisaient ressentir le
contre-coup de leurs divisions jusque dans les derniers rangs du peuple.
Cette indécision de compétence provenait surtout de la dittérence d'âge &
d'origine de magistratures que le hasard des temps avait condamnées à vivre
côte à côte 8<. qui ne tiraient pas leur principe d'un même système gouverne-
mental. L'absence d'un plan d'ensemble qui seul aurait pu faire éclater aux
yeux les lacunes, les superfluités & les doubles emplois d'une organisation
aussi compliquée, & l'esprit de transaction qui avait été une nécessité poli-
tique de la monarchie, lors de l'annexion des dittérentes provinces, prolon-
geaient encore la coexistence d'éléments contraires, destinés à disparaître
dans une refonte inévitable de l'administration.
En attendant, chaque personnalité officielle cherchait à tirer parti de
l'obscurité ou du silence des textes pour accroître son importance. Les éter-
nelles querelles de préséance, qui tiennent une si grande place dans cette
histoire, n'étaient pas de vaines démonstrations d'amour-propre; elles ne fai-
saient que traduire, d'une façon matérielle Si souvent plaisante, une opposi-
tion d'intérêts tout à fait sérieuse, où les profits n'étaient pas moins débattus
que les honneurs.
La tradition monarchique apprenait à considérer les fonctions comme des
délégations du prince; la tradition féodale, au contraire, persistait à n'y voir
qu'une forme du droit de propriété. Certaines institutions de nature mixte,
comme celle des sénéchaux & des viguiers, où les deux principes semblaient
se confondre, prêtaient à d'éternels conflits.
Il y avait double personnage dans le viguier, un officier militaire, subor-
donné du sénéchal, & un président de cour judiciaire au nom duquel se
rendaient les arrêts. Mais il arrivait souvent que ce rôle de pure dignité ne
suffisait pas au titulaire. Il disputait au juge royal, son lieutenant, lé droit
de rendre personnellement la justice en robe longue & d'en percevoir les
émoluments. De là, grande résistance des magistrats effectifs que cette exi-
gence menaçait de frustrer de leurs bénéfices. Ils étaient en instance au
Conseil du roi poui* obtenir un règlement de charges, demandant à con-
server « les fonctions & les émoluments de la justice distributive, » tandis
que « l'honneur, la force & les armes » demeureraient au viguier. La Pro-
vince avait pris parti dans la querelle & faisait soutenir par son avocat la
prétention des juges royaux'.
' Procès-yerbal des Etats de Languedoc. Séance du 19 décembre 1642. Rapport do M. de L.iinnmyc.
164.1
~^ i52 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Brouillés entre eux dans l'exercice de leur propre juridiction, les viguiers
& leurs lieutenants se retrouvaient d'accord pour amoindrir la compétence
des juges bannerets. Ils contestaient à ces magistrats le droit de juger en pre-
mière instance les différends survenus, en matière de taille, entre les contri-
buables & les collecteurs, dans les territoires appartenant à des seigneurs
justiciers. La jurisprudence admettait que les affaires d'impôts entre collec-
teurs 8i receveurs fussent vidées en premier ressort par les officiers de la
justice royale; mais l'extension de ce droit au jugement des procès particu-
liers soulevait d'énergiques réclamations, & comme, parmi les membres des
Trois Ordres siégeant aux États, il se rencontrait un très-grand nombre de
seigneurs justiciers, la Province n'avait pas manqué d'accorder aux juges
bannerets l'intervention de son syndic général, les propriétaires fonciers
grands ou petits ne pouvant voir sans effroi une tentative d'usurpation qui
tendait à diminuer le chiffre des causes plaidées en leurs sièges patrimoniaux
8c par suite la recette annuelle des droits de justice '. Ils ajoutaient d'ailleurs
que la soustraction de ces sortes d'affaires aux juges de paroisse aurait pour
effet d'entraîner le menu peuple en des frais considérables, soit par le fait de
déplacements onéreux, soit par la nécessité de recourir aux avocats toujours
plus exigeants des Cours de justice royale.
ainsi, de quelque côté que l'on considère le monde déjà très-nombreux
des gens investis de fonctions, depuis les plus grands jusqu'aux plus modestes,
on se heurte à des rivalités, à des luttes d'une âpreté singulière, £<. l'on
devine combien la tâche de modérateur St de justicier qui revenait naturel-
lement au pouvoir central, était difficile, surtout quand la misère épouvan-
table du peuple, résultat de longues années de guerre, fournissait des sujets
de mécontentement si légitimes & une prise si aisée aux ambitieux.
Les Etats de Languedoc ne pouvaient échapper à l'illusion que tous les
corps du royaume partagèrent à la mort de Louis XIII. Les membres de
cette grande assemblée, si rudement éprouvée par la main de Richelieu
après la folle entreprise de Montmorency, caressèrent l'espoir de reconquérir,
grâce à la minorité du roi, les pouvoirs étendus que le cardinal leur avait
ravis. Aussi le point essentiel de leurs préoccupations fût-il, dès la première
heure, la suppression de cet édit de Béziers, monument d'autorité & de
colère, qui avait changé la forme des impositions provinciales, diminué le
prestige des Etats & substitué aux gestions locales l'action directe du pouvoir
ministériel.
Le second objet de leur ambition était la suppression des intendants, cette
« nouveauté odieuse à la Province, « comme ils le prétendaieut dans leurs
harangues, ou, pour mieux dire, odieuse aux puissantes oligarchies qui, sous
prétexte de représentation provinciale, s'étaient habitués à une domination
presque absolue.
Il ne faut pas se méprendre en effet sur la valeur réelle des privilèges que
' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance du 12 décembre 1642, Rapport de M. de Lamamye.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. i53
la volonté de Richelieu avait détruits 8t dont la revendication fut poursuivie
par les Etats avec une ténacité infatigable St réclamée quelquefois dans un
langage plein de grandeur.
Si l'on pouvait prendre à la lettre les revendications de libertés tradition-
nelles dont les Etats retentirent pendant la régence d'Anne d'Autriche, il
serait difficile de souhaiter à une Province de plus zélés défenseurs que
n'affectaient de l'être les membres de cette assemblée. Malheureusement, si
l'on rapproche de leurs déclarations oratoires les vœux exprimés dans les
instructions particulières données par les conseils des villes à leurs députés,
on s'aperçoit que, le plus souvent, ces vœux n'arrivaient même pas à leur
adresse. Aucune proposition n'était permise, en séance, aux délégués du
tiers état, les deux premiers ordres se réservant l'initiative & les évêques
l'exerçant presque seuls; & comme les intérêts de la bourgeoisie & ceux des
ordres privilégiés n'avaient guère de points communs, il fallait un concours
de circonstances bien particulières pour que les doléances les plus dignes de
mémoire obtinssent l'honneur d'une simple transmissison. De sorte qu'en
réalité, aux Etats comme au Parlement, l'esprit oligarchique régnait sans
partage.
A serrer la question de près, à voir ce que devait produire dans les faits,
cette suppression de l'édit de i632, qui fut, pendant bien des années, la
demande capitale des cahiers de doléance, à discerner, surtout dans le détail
des événements, les mobiles spéciaux qui dirigeaient tous les acteurs, il faut
bien reconnaître que l'on combattait surtout pour des intérêts particuliers &
que, formalisme à part, les libertés séculaires de Languedoc, si vigoureuse-
ment réclamées, n'étaient que le masque brillant de réalités beaucoup moins
nobles.
A le dire vrai, ce n'est pas l'indépendance de la Province que Richelieu
avait frappée. Cette indépendance n'existait déjà plus qu'à l'état de légende;
elle se perpétuait à peine, toute morte qu'elle tût, par une sorte de céré-
monial traditionnel dont la majesté décorative pouvait imposer encore. Le
cardinal, aimant les vérités pratiques & franches, n'avait fait que détruire un
fantôme, il avait cru pouvoir supprimer d'un trait, en vue d'établir un sys-
tème administratif plus net & plus simple, cette habitude de façons 8<. de
doux nennis, véritable manège de galanterie politique aboutissant à une
capitulation certaine. Ce n'est pas la liberté de la Province, depuis longtemps
détruite, c'est l'autorité des Etats que le grand ministre avait atteinte, parce
que cette autorité s'était mise à la merci d'une faction de Cour, 8c avait été
exploitée par une poignée d'ambitieux Si d'étrangers.
La liberté des peuples n'était point intéressée dans la querelle, parce que,
depuis longtemps, grâce aux développements démesurés du pouvoir royal, 8c
à ces lentes évolutions qui altèrent incessamment l'essence des institutions
humaines, le divorce était complet entre la Province 8c sa représentation
officielle, ou plutôt cette représentation n'était qu'illusoire, 8c sous ombre de
votes, de suttragcs, de majorités, la direction des affaires appartenait, dans le
1643
"JJ"^ 104 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
fait, à quelques personnalités remuantes, qui, d'après leurs attaches indivi-
duelles, recevaient l'impulsion des divers partis de la Cour.
Une situation aussi étrange résultait surtout de ce fait capital, que le corps
même, chargé de la représentation provinciale, au lieu d'émaner du pays,
dont il devait se faire l'interprète, émanait presque entièrement du pouvoir
royal.
Au temps où les évêques sortaient de l'élection des chapitres, on pouvait,
dans une certaine mesure, les considérer comme les représentants légitimes de
la société ecclésiastique; leur naissance, leurs études, leur confraternité avec
les membres des clergés locaux, pouvaient concourir à leur donner un carac-
tère vraiment provincial; mais, depuis que le concordat de François I"' avait
mis leur nomination dans la main du roi, & que des influences de cour &c
des considérations d'intérêts temporels les allaient recruter sur tous les points
du territoire & même dans les grandes familles étrangères, la délégation du
clergé provincial devenait tout à fait fictive. D'ailleurs, le gouvernement
central avait soin, dans le choix qu'il faisait de ses évêques, de tenir grand
compte des votes qu'il avait lieu d'en espérer, & de réserver pour les pays
d'Etats les hommes dont le dévouement lui inspirait le plus de confiance. Le
principe de cette sorte d'obligation était si bien reconnu, que les prétendants
ambitieux ne se faisaient aucun scrupule d'étaler au rang de leurs titres la
promesse d'une soumission parfaite aux volontés du roi dans les assemblées
provinciales où ils seraient appelés à siéger.
Richelieu, dont les pensées tendaient surtout à l'ordre 8c à la bonne admi-
nistration du royaume, avait été frappé des dangers que pouvait créer à la
monarchie l'élévation à l'épiscopat d'hommes de haute naissance, redoutables
par leurs parentés Si naturellement attachés aux devoirs de quelque puis-
sante clientèle, surtout dans une province où le corps épiscopal, par suite
de son caractère religieux qui commandait le respect des peuples, & de là
supériorité de culture intellectuelle qui l'élevait au-dessus de la noblesse,
exerçait une suprématie incontestée. Aussi avait-il pris à tâche de poser la
mitre sur la tête d'ecclésiastiques sans nom, mais intelligents 8c laborieux,
dont l'activité devait seconder ses desseins, 8t dont il considérait la médio-
crité originelle comme une garantie de dévouement'.
A l'exception d'un petit nombre de choix que des influences de cour ou
des engagements antérieurs lui avaient imposés, tous les évêques nommés en
Languedoc, sous le ministère de Richelieu, étaient des théologiens, des
érudits ou des orateurs connus.
Il en avait pris quelques-uns dans la chapelle royale : l'évêque de Nimes,
' « Il (Richelieu) avoit encore une pratique prélats auxquels la naissance Étant le courage, la
pour se rendre maître du clergé : c'étoit de rem- reconnoissance du bienfait reçu de sa main, leur
plir les sièges vacans d'hommes de basse naissance, ôtoit la volonté de lui contredire '. u
sous prétexte ou qu'ils étoient prédicateurs, ou en
réputation de grande probité, quoiqu'il fît peu de . ,,, ■ j ». j ,, . l , ^ . , ~^ ,
^ ° . "^ ^. . '. ' Mémoires de M. de Montcnal, archevêque de Toulouse,
cas de ces deux parties Et ainsi il trouvoit des p. 27.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. i55
Colion, docteur de Sorbonne, s'était fait connaître, dès sa jeunesse, en prê-
chant devant le roij Nicolas Grille, évêque d'Uzès, était prédicateur d'Anne
d'Autriche.
A Lodève, Plantavit de la Pause, ancien aumônier de Marie de Médicis
& de sa fille Elisabeth, était allé remplacer un gentilhomme de la maison de
Lévis, évêque à seize ans, qui, suivant l'exemple de son frère, avait brusque-
ment quitté la vie ecclésiastique pour partir en guerre Si se faire tuer d'un
coup de canon devant la Rochelle '.
L'évêque d'Alet, Nicolas Pavillon, dont le nom devait tenir une si grande
place dans les controverses du temps, n'était qu'un simple prêtre de la Mission
de Paris.
Les évêques & les barons ne devant leur entrée aux États qu'à leur
bénéfice ou à leur terre domaniale, n'avaient à recevoir de délégation de
personne. Convoqués à l'assemblée par lettres individuelles du roi & du
gouverneur, ils n'y apportaient ni mandat ni programme politique. Il n'en
était pas ainsi du tiers état. Les députés de cet ordre, qui n'avaient aucun
droit par eux-mêmes, tiraient seuls leurs pouvoirs de l'élection 6c pouvaient
plaider la cause des groupes collectifs dont ils émanaient.
Mais cette représentation n'était guère plus complète ni plus sincère que
celle des deux autres ordres. D'abord, les campagnes s'en trouvaient complè-
tement exclues. Si ces populations laborieuses, qui payaient la plus grande
partie de l'impôt 8i qui, par suite de la constitution particulière de la pro-
priété en Languedoc, étaient fort supérieures à celles des pays de régime
féodal, n'avaient aucun droit d'intervenir dans le vote 8i la répartition de
leurs charges. Le privilège de la députation provinciale était exclusivement
réservé aux villes Si aux bourgades, mais avec quel défaut de proportion Si
de justice, 8i quelles étrangetés de détail !
Des deux mille cinq cent quarante-sept communes que renfermait la pro-
vince de Languedoc, cent quarante Si une seulement jouissaient, à des
degrés divers, du droit d'envoyer un député à l'assemblée des trois ordres.
Comme le nombre total des représentants du tiers état devait égaler celui de
l'Eglise Si de la noblesse réunies, Si par conséquent donner seulement qua-
rante-quatre suffrages, on avait établi, pour la majorité des bourgs électo-
raux, un système de roulement périodique analogue à celui des baronnies
tournelles du Vivarais Si du Gévaudan.
Il n'y avait que vingt-huit villes qui eussent le droit d'entrer chaque
année. C'étaient toutes les capitales de diocèse, moins Viviers, qui n'avait
pu, malgré de vieilles Si persistantes prétentions, vaincre, par le prestige de
son siège épiscopal, l'esprit égalitaire Si fédéraliste des autres villes du dio-
cèse; plus sept autres villes, qui, sans être chefs-lieux d'évêchés, possédaient le
' François de Lévis, fils du duc de Ventadour, frère Charles avait fait, avant lui, sur le siège
gouverneur de Languedoc, abandonna l'Eglise en épiscopal de Lodève, une apparition qui ne fut
i6i2 & prit le nom de comte de Vauvert. Sou pas plus sérieuse.
1643
1643
i36 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
même privilège : Marvéjols en Gévaudan, Pézénas, Clermont-Lodève, Cas-
teliiaudary, Limoux, Gignac & Valentine.
La faveur de ce que l'on appelait la place fixe se justifiait, pour un certain
nombre de villes, par leur importance, le chithe de leur population &i l'élé-
vation du contingent qu'elles apportaient au trésor commun; mais ce qui
était vrai de la plupart des anciens diocèses cessait de l'être pour les créa-
tions tout artificielles que la papauté avait multipliées au quatorzième siècle.
Certains des anciens diocèses, produits d'événements religieux qui nous
échappent, offraient déjà de frappantes inégalités, 8<. c'était taire une grande
fiction que de mettre Agde, Béziers, Lodève au rang de Toulouse, de Nimes
ou de Carcassonne; mais l'admission dans le système représentatif des nou-
velles divisions- ecclésiastiques de Jean XXII produisait encore de plus sin-
guliers contrastes. Ainsi, les villes de Mirepoix, de Saint-Pons, d'Alet, de
Rieux, jouissaient du droit permanent au même titre que la capitale même
de la Province, tandis que certaines places importantes, & dont le cbittre de
population était de beaucoup plus élevé, n'avaient pas même le dédommage-
ment d'une représentation intermittente.
Toutes les capitales de diocèses, moins Viviers, envoyaient deux députés
chacune; mais ces deux députés réunis constituaient une personne morale Si
ne donnaient qu'un suffrage. S'ils n'étaient pas d'accord, leur voix unique
devenait caduque St n'était pas comptée.
Quant au roulement des places mobiles, il variait, d'un diocèse à l'autre,
dans des proportions considérables, d'après le nombre de bourgades qui en
étaient favorisées. Dans le diocèse de Narbonne, chaque lieu électoral ren-
trait aux Etats tous les vingt-quatre ans; au diocèse de Toulouse, tous les
onze ans'; au diocèse de Castres, tous les neuf ans; aux diocèses de Nimes
&. d'Alet, tous les huit ans; dans les diocèses de Montpellier, de Viviers &
de Saint-Pons, la période était de sept ans; dans celui de Rieux, de six;
dans celui de Lavaur, de cinq; dans ceux de Carcassonne, d'Albi, de A4ire-
poix & de Montauban, de trois. Le diocèse d'Uzès, par une particularité tout
exceptionnelle, avait deux systèmes de roulement, l'un de deux années jiour
les villes de Bagnols & de Saint-Esprit, l'autre de sept pour les autres places.
Dans le Vêlai, il n'y avait point de place mobile. La ville du Puy possédait
seule le droit électoral , & le second siège, que la symétrie de l'assemblée
donnait au Vêlai, était occupé par le syndic, agent permanent de l'adminis-
tration diocésaine.
Le défaut de proportion & d'harmonie, déjà si éclatant dans le nombre
des bourgades représentatives, était encore bien plus sensible dans le choix
des lieux. Les règles de chaque diocèse s'étant formées isolément, sous
l'action d'influences locales, il n'existait aucune parité entre les communes
électorales.
De simples villages, tels que Durban, Villerouge, Fabresan, Peyriac-de-
' Plus tard, tous les douze ans, lorsque le comté de Caraman eut ^té annexé à la Province.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. iSy
Mer, possédaient le privilège, tandis que des villes peuplées & industrielles
en étaient privées. Issengeaux, Craponne, Langogne, Saint-Agrève, Valence,
risle-d'Albi, n'avaient jamais de représentant. Tantôt on s'était plu à con-
centrer outre mesure la délégation communale, tantôt, au contraire, on sem-
blait avoir eu pour dessein de l'éparpiller & de la diluer, pour ainsi dire,
au delà de toute expression.
Ces imperfections constitutives n'altéraient pas seules l'équitable représen-
tation des intérêts provinciaux. Il en existait d'autres, non moins sérieuses,
qui prenaient leur origine dans le mode de nomination des députés. Tant que
la vie communale, encore émue du grand ébranlement du douzième siècle,
avait conservé quelque vigueur, la députation aux Etats donnait lieu, dans
les villes privilégiées, à de véritables élections. Les municipalités languedo-
ciennes, qui avaient le goût Se la tradition des ambassades, procédaient dans
ces occasions comme à l'égard des chargés d'affaires particuliers qu'elles en-
voyaient au Conseil du roi, auprès des puissances politiques 8t militaires ou
à la barre des Cours souveraines. Il y avait assemblée générale à l'hôtel de
ville, nomination au scrutin secret, rédaction d'instructions & de mémoires,
véritables cahiers de doléances qui renfermaient le mandat du représentant.
Ainsi, dans la préparation des éléments, chaque groupe municipal était à lui
seul une image 5c une réduction des Etats eux-mêmes. Les empiétements de
divers pouvoirs, qu'inquiétait une forme de représentation aussi réelle, &
d'autre part cette inclination à la paresse, qui, en toute chose, lorsque les
institutions vieillissent, tend à substituer une routine impersonnelle à l'ac-
tion d'une initiative réfléchie, matérialisèrent, en quelque façon, la repré-
sentation municipale aux Etats de la Province & en firent un accessoire
exclusif des charges consulaires. Dès lors tout principe était renversé : la
députation aux Etats devenait, pour le premier consul, l'avantage le plus
apprécié de ses fonctions. Les bourses de jetons qui soldaient sa présence
comptaient, parmi les émoluments du consulat, avec le prix de la robe
fourrée & du chaperon, les petits impôts de cire & de dragées, & les beaux
diners de l'hôtel de ville. Le principe de la délégation s'oubliait; St ce qui
avait été une mission sérieuse St ditricile, quelquetois dangereuse, devenait
une formalité banale & une source de profits.
Du reste, la transformation fut universelle. Dans tous les lieux électoraux
qui n'étaient pas chefs-lieux de diocèse, la députation appartint de droit
au premier consul. Dans les villes capitales qui envo\ aient des députés, l'un,
celui qui portait la parole, était toujours le premier consul en charge, &
l'autre, suivant les diocèses, ou bien le second consul en exercice, ou bien le
premier consul de l'année précédente.
On n'aura pas de peine à comprendre quelles modifications profondes de
pareilles métamorphoses avaient introduites dans la représentation du tiers
état. Elle n'y avait gagné ni en valeur morale ni en dignité. Par suite des
progrès constants du pouvoir royal, de l'autorité des évêques Se de la pres-
sion des seigneurs particuliers, la sincérité des élections consulaires, qu'au
1643
1643
i58
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
moment même de la grande efflorescence communale les hauts feudataires
de Languedoc n'avaient pas toujours respectée, subissait de graves atteintes.
Dans tous les lieux de second ordre, les consuls étaient sous la main du sei-
gneur ou des officiers royaux; dans les villes plus importantes, des influences
contraires se les disputaient; nulle part, ils n'étaient l'expression d'un choix
libre & réfléchi.
Tantôt, les acquéreurs du domaine royal, jaloux d'accroître les droits de
leurs naissantes seigneuries, supprimaient d'autorité les élections municipales
Se faisaient désigner des personnes de leur propre choix par les consuls sortant
de charge, afin de ne point recourir aux suffrages'; tantôt, des officiers
royaux qui, à ce titre, se trouvaient exclus des charges consulaires Si de la
députation par les anciens usages de la Province, éludaient la loi en don-
nant des démissions fictives, & profitaient de leur influence pour se faire
élire ^. Le plus souvent, comme les nobles de marque dédaignaient la vie
provinciale, suivaient les armées, résidaient à la Cour ou dans quelque
grande ville plus ou moins éloignée" de leurs domaines, &<. ne pouvaient avoir
aucune action personnelle directe sur les affaires des communes qui relevaient
de leurs fiefs, les municipalités se trouvaient de fait à la merci des agents du
seigneur, moitié intendants, moitié valets, dont la protection vénale était
acquise à l'intrigue St faisait du moindre village le théâtre de divisions & de
luttes sans fin.
Mais au-dessus de toutes ces petites tyrannies locales St de ces domesticités
oppressives, les vrais maîtres du pays étaient les évêques-*. Leur domina-
tion, contestée dans les centres de population un peu considérables, était
sans rivale dans les campagnes Si dans les petites villes &i. causait au ministre
les plus vives inquiétudes'*.
' Procès-vertal des États. Séance du 4 novem-
bre 1643. Plaintes du sieur Gatignes, premier
consul d'Uzès.
' Procès-verbal des Etats. Séance du 2!) novem-
bre 1643. Rapport du syndic général Joubert.
' Dans la lettre de François Bosquet, citée plus
haut, l'intendant se plaint que « les évéques, maî-
tres absolus de leurs diocèses, sous prétexte de bien
public, n'apportent pas assez de soin à retenir le
peuple dans le devoir » Il avait même compris,
« par une assemblée monopolée & tenue dans le
diocèse de Narbonne, que les esprits se disposaient
à la rébellion & à la désobéissance, & à n'être
plus si faciles ni si soumis qu'ils étaient par le
passé, )> En exprimant le regret que l'on différât
trop de confirmer ses ordonnances, il prenait la
peine de rappeler qu'il avait été témoin du com-
mencement de la sédition de Guyenne (le mouve-
ment des croquants du Querci), & que l'expérience
lui faisait un devoir de ne point négliger de pareils
symptômes; mais il déclarait connaître n une
grande différence entre les esprits des deux pro-
vinces '. »
^ Voici, dans l'ordre chronologique de promo-
tion, les noms des prélats qui occupaient en lô^S
les vingt-deux sièges épiscopaux de Languedoc :
Anne de Murviel (Montauban), 1600; — Pierre
de Fenouillet (Montpellier), 1608; — Vital de
Lestang (Carcassonne), i6i5; — Jean-Louis de
Bertier (Rieux), 1617; — Louis- François de la
Baume de Suze (Viviers), 1618; — Jean Plantavit
de la Pause (Lodève), lôzS; — Clément de Bonzy
(Béziers); Sylvestre de Cruzy-Marcillac (Mende);
Claude de Rebé (Narbonne); Charles de Mont-
chal (Toulouse); Louis de Nogaret (Mirepoix),
1628; — Jean de Fossé (Castres), i63z; — Nicolas
de Grille (Uzès); Jean-Jacques de Fleyres (Saint-
Pons); Anthyme-Denys Cohon (Nimes), i633; —
Gaspard de DaiUon du Lude (Albi), i635; — Ber-
' Bibliothèque nationale. Ms. Languedoc, n° gS. Lettre de
François Bosquet au chancelier, du 22 juin 1643.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN.
i5cj
1643
Une direction énergique n'aurait point été inutile pour maintenir dans le
devoir ces puissances indisciplinées; mais on s'apercevait sans peine depuis
deux ans que l'unité de vues faisait absolument défaut dans le haut personnel
gouvernemental & que le fruit des leçons infligées aux rebelles de tout ordre
sous le ministère de Richelieu courait grand risque de se perdre. Déjà, dans
le courant de l'année 1642, trois des barons des États, déchus de leurs droits
représentatifs pour avoir pris les armes contre le roi dans la rébellion de
Montmorency, avaient été remis en possession de leurs privilèges. La réinté-
gration des barons de Bioule, de Calvisson & de Rieux ' eut pour complé-
ment, au mois de juillet 1643, celle du baron de Castries, que la justice
royale avait, pour la même cause, frappé d'une égale déchéance. Les lettres
patentes du nouveau roi donnèrent pour motif de ce rétablissement, « la
gloire de la maison de La Croix de Castries, illustre par la sainteté 8c la
valeur des grands hommes qu'elle a portés en divers temps, 8<. rendue véné-
rable à la chrétienté par le nom de Saint-Roch, 81 les services personnels du
titulaire dans les armées, notamment en Allemagne, en Lorraine, aux sièges
de Corbie, de Landrecies, du Catelet, de Turin 8t de Perpignan*. »
Le maréchal de Schomberg, gouverneur de Languedoc, qui s'était trouvé à
la Cour pendant l'agonie de Louis XIII 8c avait assisté aux derniers moments
du monarque, ne parut dans la Province qu'à la fin du mois d'octobre, pour
y faire l'ouverture des Etats.
Le discours qu'il y prononça, conformément à la coutume 3, contenait,
nard Despruets (Sainf-Papoul), i636} — Nicolas
Pavillon (Alet); Hugues de Labatut (Comminges) ;
Charles-François Abra de Raconis (Lavaur) i637;
— Henry Cauchon de Maupas du Tour (Le Puy),
1641 ; — François Fouquet (Agde), 1643.
' La baronnie de Rieux était passée, en P640,
dans la famille Des Montiers de MérinyiUe par
le mariage de Marguerite de la Jugie, fille &
héritière de François de la Ji'gie, comte de Rieux,
baron de Ferrais & de la Livinière, & de Mar-
guerite de Narbonne, comtesse de Rieux, avec
François Des Montiers d« Mérinville, mestre de
camp d'un régiment de cavalerie, chevalier du
Saint-Esprit, fils de Jean Des Montiers, comte de
Mérinville, seigneur de Rochelidoux, le Presse 8c
autres lieux, gentilhomme ordinaire de la Cham-
bre du roi, & de Françoise de Chastagner. Ce ma-
riage, auquel assista la maréchal de Schomberg,
cousin du mari, fut conclu le 11 juin 1640 par-
devant M* Galibert, notaire de Rieux.
* Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance
du J2 octobre 1643. Rapport du syndic général
Joubert.
' La session annuelle des Etats de Languedoc
s'ouvrait invariablement par une séance d'apparat
où trois discours étaient prononcés. Les députés des
trois ordres te réunissaient, à neuf heures du ma-
tin, dans une salle richement décorée, où le clergé
& la noblesse occupaient les hauts-bancs &. le
tiers état le parterre, les armoiries des évêques,
des barons, 81 des villes représentées marquant
la place de chaque membre.
Le commissaire principal, qui était d'ordinaire
le gouverneur de la Province, le commandant en
chef ou un prince du sang, faisait son entrée
solennelle, en costume de cérémonie, suivi de
l'intendant & des trésoriers de France de Tou-
louse & de Montpellier qui portaient, comme lui*
le titre de Commissaires présidents pour Sa Ma-
jesté. Ils présentaient la lettre close du roi con-
vocant l'Assemblée & en faisaient donner lecture
par le greffier de la Province.
Ensuite, le premier commissaire qui, selon le
langage du temps, tenait les Etats, adressait à
l'Assemblée une harangue en termes généraux,
dont le second commissaire, maître des requêtes
en mission ou intendant territorial, délayait le
développement dans une pièce d'éloquence plus
étendue & concluait en sollicitant l'assistance à
se montrer libérale des deniers de la Province pour
les besoins de l'Etat. L'archevêque de Narbonne,
président-né, ou, en son absence, le plus ancien
des évêques présents, — car la présidence ne pou-
vait sortir de l'ordre ecclésiastique, & il n'y a pas
i6i(3
i6o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
outre l'éloge obligé de la régente, — « une reine qui passe sa vie au pied des
« autels & qui n'en détourne jamais ses yeux ni sa pensée que pour les
« appliquer à la gloire de la monarchie, au soulagement de ses sujets Si à
« l'éducation de ses enfants, » — des nouvelles d'un intérêt capital pour un
pays situé sur la frontière d'Espagne Se perpétuellement foulé par le passage
des armées, dépeuplé par les levées de milices, ruiné par les contributions de
guerre & les réquisitions de vivres.
« Cet État, dit le maréchal, devra le bien de la paix à la maison d'Au-
« triche, d'où jusques ici avoient procédé tous nos troubles Ce bonheur,
« Messieurs, est plus proche que vous ne vous l'imaginez, puisque j'ai eu
« nouvelles, par ce dernier ordinaire, que messieurs les députés plénipoten-
« tiaires sont partis pour Munster, avec grande apparence de bien réussir en
« leur négociation '. »
Le passage du discours de Schomberg relatif au' cardinal Mazarin, à son
rôle dans les conseils de la régence & à son action personnelle sur la pré-
paration de la paix, offre un intérêt particulier, parce qu'on y retrouve la
trace évidente des instructions du ministre, voulant bien garder l'honneur
de sa politique, mais cherchant aussi, avec une affectation d'effacement Se
d'humilité italienne, à désarmer l'envie Se à décourager la malveillance. Son
esprit souple s'effraie des colères qu'a suscitées la domination de Pvichelieu,
Se il répudie d'avance une part de ce redoutable héritage.
Après quelques mots rapides sur la nécessité de la paix, que l'Espagne
désire « par impossibilité de taire autrement », sur les vœux ardents de la
reine pour le soulagement de ses sujets Se le bien commun de la chrétienté,
sur les dispositions du Conseil, « dont Monsieur le duc d'Orléans est la pre-
« mière intelligence Se la plus lerme colonne, » voici en quels termes étudiés
Se discrets le maréchal s'exprime, sans le nommer, sur le compte de Mazarin :
« Cet autre excellent génie, qui a employé tant de veilles à dresser les
tt mémoires Se les instructions d'un si important traité, ne passionne rien
« au monde comme d'avoir utilement travaillé pour notre salut. C'est celui
« dont l'on peut dire, sans soupçon de flatterie, qu'a)ant le même caractère,
« les mômes lumières Se la même activité de ce grand esprit qui l'a précédé,
« il n'en veut point avoir l'éclat ni la fortune. Se n'en sauroit jamais mériter
« le malheur; la gloire de bien servir borne toute son ambition aussi bien
« que ses espérances, Se le repos de l'Europe est le seul objet de ses pré-
« tentions. »
d'exemple qu'on l'ait jamais vue remplie par un prit. Les travaux commençaient le même jour, daps
gentilhomme, — répondait en faisant un table.iu l'après-midi, par la vérification des pouvoirs,
des misères du pays, de son impuissance, de la ' Les plénipotentiaires de France chargés en
progression ininterrompue des impôts & finissait i6^3 de préparer les bases du traité de Westpha-
par promettre que, malgré tout, l'Assemblée ferait lie, conclu seulement en 1648, furent Claude de
de son mieux. Cela terminé, les commissaires du Mesme, comte d'Avaux, ancien ambassadeur à Ve-
Gouvernement & les députés des trois ordres quit- nise, en Danemark, en Suède & en Pologne, 8c
taient la salle en grand appareil & allaient dans Abel Servien, marquis de Sablé, ancien intendant
une église voisine, entendre la messe du S.cint-Es- de Guyenne & secrétaire d'ivtat de la guerre.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. i6i
Bosquet fit un pompeux éloge du gouvernement monarchique, 8<. célébra
les avantages de la politique personnelle avec les arguments ordinaires des
théoriciens de la royauté : « Oh ! qu'un vaisseau sans pilote, un monde sans
« soleil, un corps sans âme, un royaume sans roi, sont choses pitoyables à
« voir! )) Cependant, il voulut bien admettre que la minorité du prince était
un légitime sujet d'inquiétude & une véritable crise pour l'État, mais il eut
soin d'en abréger le terme, en faisant observer que le droit public avançait les
années des rois : « Comme ils sont nés pour le commandement des hommes,
« ils sont aussi estimés être plus tôt hommes que ceux à qui ils doivent
« commander, l'administration de leurs affaires leur étant donnée à un âge
« auquel le reste des humains n'a aucune liberté d'agir, » Il consacra de
longs développements à justifier l'autorité de la régente, rehaussa le droit &
la capacité des femmes, accusa les hommes, auteurs des lois, d'avoir commis
une véritable usurpation « en éloignant les dames du gouvernement « & en
refusant la puissance civile au sexe « que la nature avoit associé à l'homme
« dans la conduite de la famille & de la domination de la terre. »
Le commissaire royal prenait ainsi les devants pour combattre l'esprit d'op-
position qui saluait déjà l'avènement d'Anne d'Autriche & concluait par un
vigoureux appel à l'union de tous les Français. C'était aux peuples à sup-
pléer par leur obéissance au défaut d'âge du prince, Se à comprendre que
leurs intérêts ne doivent pas être séparés de ceux du monarque, l'accord
intime du peuple & du roi étant le plus solide fondement de tous les
royaumes. Par la vertu merveilleuse de cet accord, le roi Clotaire, porté k
la tête de son armée, « pendant encore des mamelles de sa mère, n avait pu
chasser les ennemis de l'Etat.
Le discours se terminait par une brillante glorification de la paix. Assez
de sang 8c de larmes, assez de cruautés; Dieu ne veut pas être appelé le Dieu
des batailles. La Providence se plaît à entremêler les règnes belliqueux Se les
règnes pacifiques. Louis XIII n'a pu bâtir ce temple de paix, objet de ses
derniers désirs, parce que, comme David, il avait répandu le sang; l'édifica-
cation en est réservée à ce jeune Salomon, dont l'âge n'inspire que des mou-
vements de tendresse St dont le bras ne maniera point le glaive.
Déjà, dans le courant de cette année, la Province a éprouvé les premiers
adoucissements de ses maux; les passages de troupes moins fréquents, les
routes des prisonniers de guerre dont elle a été déchargée, la révocation de
quelques édits portant des exactions nouvelles, sont les préludes d'une ère
de calme 8c de réparation. Rien ne doit manquer au bonheur de la France.
L'accord 8c l'intelligence du roi, des princes, des grands 8c du peuple sont
assurés, 8c res|îérance est permise de ne plus voir dans le pays « qu'une seule
8c véritable religion. »
L'auditoire ajouta-t-il foi aux riantes prophéties de l'intendant qui annonçait
en Louis XIV un roi pacifique? Le doute est possible, carie tableau du présent
parut singulièrement flatté, si l'on en juge par le nombre des réclamations
relatives aux logements des gens de guerre 8c aux passages des prisonniers.
xm. M
104J
~^ 162 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le pays soufhait gravement des charges que l'entretien de nombreuses
armées faisait peser sur l'ensemble du royaume, 8c la proximité de la guerre
qui se poursuivait en Catalogne, avec des chances diverses, ajoutait à ses
souffrances, d'abord par une foule de vexations directes, & en second lieu
par l'empêchement des fonctions les plus nécessaires de la vie de société.
La Province avait eu à peine le temps de se remettre des guerres civiles
qui marquèrent le commencement du siècle. Un grand nombre de dépenses
occasionnées, pendant les dernières luttes religieuses du Vivarais, du Querci
& du bas Languedoc, par les levées de troupes, l'armement des milices bour-
geoises, les travaux de fortification & la mise en défense des places, grevaient
le budget de la plupart des communes Se entretenaient ces dettes onéreuses,
dont les arrérages ne pouvaient être payés qu'au prix d'impôts de consomma-
tion ou de taxes de douanes multipliées; &, malgré l'excès de ces sacrifices,
les nécessités du trésor royal , presque constamment à court quand les troupes
réclamaient leur solde, imposaient des aggravations croissantes,
Schomberg ne s'était donc nullement éloigné de la vérité en disant aux
États de 1642 : « Il faut avouer que cette Province a fait même au delà de ses
« forces; le tiers état, que je nomme en cet endroit le premier, puisqu'il est
« aussi le premier à souffrir, s'arrache le plus pur de sa subsistance pour le
<( donner; Messieurs de l'Eglise fournissent aussi libéralement leur argent
« que leurs prières, &c. la plupart de ceux de notre corps prodiguent, non-
« seulement leurs biens, mais encore leurs soins, leurs veilles, leur sang &
« leur vie '. »
La liquidation des dépenses arriérées, traînant depuis l'édit de pacification,
outre les embarras pécuniaires qu'elle occasionnait, donnait lieu à des procès
interminables; Se l'habileté des gens de loi qui les exploitaient achevait la
ruine des parties. Tantôt c'étaient les fournitures Se les avances faites à l'armée
du maréchal de Thémines, lors de l'expédition du Mas-d'Azil, qu'une compa-
gnie de munitionnaires réclamait de la Province Se qui mettaient le diocèse
de Rieux en conflit avec ses villes maîtresses^; tantôt c'étaient les campagnes
du maréchal de Montmorency au bas Languedoc Se les frais d'entretien des
garnisons établies dans les châteaux enlevés aux protestants qui troublaient
le repos des diocèses de Béziers, de Saint-Pons Se de Lodève^; tantôt le gou-
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance & i«<^ève d'entretenir pendant trois mois ladite gar-
du 19 novembre 1642. nison à raison de dix livres par mois pour chaque
' Procès du diocèse de Rieux avec la ville de soldat, & en conséquence ledit sieur Gau/'ac auroit
Saiiit-Sulpice de Lézat, La liquidation des avan- contraint plusieurs communautés dudit diocèse de
ces réclamées fut fixée à 8 772 livres sans compter Béliers de lui fournir du blé, pain, argent & au-
les intérêts '. très choses pour l'entretènement de ladite garni-
3 « Feu monseigneur de Mort/morertcy après avoir son, beaucoup au-dessus de ce que ledit diocèse y
forcé, en 1629, le château de Lunaj occupé par ceux devoit contribuer; néanmoins le sieur baron de
de la religion, y auroit mis six vingts hommes de Sumène^ soi-disant héritier dudit sieur de Gaujac,
la garnison, commandés par le feu sieur de Gau- auroit formé instance en la Cour des comptes,
jac, avec ordre aux diocèses de Béliers, Saint-Pons aides S(. finances de Montpellier contre les syndics
& députés desdits diocèses pour les faire condam-
■ Procès-verbal des États. Siîancedu 28 novembre 1643. ner audit remboursement des sommes avancées par
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. i63
verneur du fort de Brescou obtenait, à grand renfort d'arrêts, le payement de
sommes complémentaires pour l'armement 8< l'équipage de la frégate mouillée
dans ses eaux'j ailleurs, le cessionnaire d'un commis provincial des poudres
Se salpêtres produisait une créance tardive pour livraisons de produits à la
citadelle de Béziers. Toutes ces réminiscences du passé paraissaient d'autant
plus dures que les besoins de la guerre étrangère annulaient l'avantage de la
paix intérieure.
Les offices créés en grand nombre, les taxes prélevées sous les prétextes les
plus divers ne cessaient d'alimenter depuis longtemps l'éloquence inutile des
cahiers de doléances. De toutes les nouvelles charges, la Province n'en con-
naissait pas de plus insupportable que le quartier d'hiver, imposition désignée
aussi du nom de subsistance, parce qu'elle était employée à faire vivre les
troupes; cette contribution, introduite en i638, était, comme l'écrit un con-
temporain, « une seconde taille, beaucoup plus grande que la première. »
En effet, l'édit de Béziers avait fixé à un million cinquante mille livres
l'abonnement annuel de la taille pour la Province de Languedoc, Se la sub-
sistance ne s'élevait pas à moins de un million six cent cinquante livres, sans
compter le droit de perception, les étapes, 8t une infinité d'autres charges.
Le prétexte de cet établissement avait été de ménager la propriété foncière &
les habitants du plat pays. «■ Mais, ajoute le même Jean de Galien, rédacteur
« officiel des Annales de Toulouse, ce prétexte n'est pas considérable; car,
« outre qu'il ne se parle point de diminuer les tailles, le commerce est ruiné
« aussi bien que l'agriculture. « En effet, la traite foraine, les droits de
douanes particulières frappaient la circulation de toutes les denrées 8c ren-
daient le trafic impossible.
L'annaliste municipal, écho des préoccupations populaires, complétait le
tableau de la misère générale par cette réflexion : « Le mal est que souvent
« les finances ne passent point par des mains pures & nettes, que de tout
« ce qui se lève sur le peuple, il en vient fort peu au roi, & que la moindre
« portion est celle qui est employée aux frais de la guerre & aux nécessités
« de l'État. Cela se voit des richesses immenses des partisans & des financiers,
« des grands & magnifiques palais qu'ils ont bâtis du sang, des larmes & des
« ossements du pauvre peuple. En quoi 8<. en leurs riches ameublements ils
« ont employé plusieurs millions; leurs seules rentes seraient capables d'cn-
« tretenir & soudoyer des armées, en leur laissant même de quoi s'entretenir
« honnêtement^. »
ledit feu sieur Je GauJtCi c'est «ne pure vexation, exposée à mille procès pour des demandes de cette
ledit sieur de Sumène n'ayant aucun droit d'agir nature, ce qu'il est important d'éviter '.
contre lesdits diocèses, tant à cause du laps de 'C'était un sieur d'Audonville, capitaine des
temps, que de ce que le sieur de Gaujae n'auroit gardes du maréchal de Schomberg.
formé aucune instance pour raison de ce, ayant ' Archives de Toulouse. Annales manuscrites de
recouvré sur lesdits diocèses ce qui lui étoit or-
donné pour ladite earnison; si cette sorte d'ins- _ , . , . j.
"^ . ,. , „ • . ' Procès-verbal des Etats. S&nce du 12 novembre 1642.
tance avoit lieu, toute la Province se trouveroit Rapport du sieur de Villeneuve, syndic gi-'mîral.
1643
—^ 164 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Il n'y a pas d'exagération dans la peinture de cette détresse publique. La
vérification minutieuse de la ville de Toulouse dont l'intendant Robert
Miron, commissaire départi par arrêt du Conseil d'Etat, dressa procès-verbal,
sur la requête des capitouls, permet d'apprécier dans ses détails la condition
déplorable où se trouvait réduite la capitale de la Province, ruinée par une
succession presque ininterrompue de calamités'.
Quant aux campagnes, un fait plus éloquent que toutes les descriptions
peut suffire à deviner leur état. Sur bien des points, le faix de l'impôt était
devenu si lourd que les populations laissaient les terres en friche, aimant
mieux n'en tirer aucun produit que de le voir passer tout entier aux mains
des collecteurs. Le lieu de Générac, au diocèse de Nimes, ayant été ainsi
déserté, les consuls durent faire, par devant le syndic, un acte d'abandon
solennel du terroir, avec sommation de l'inscrire en non-valeur & d'en
rejeter la quote-part sur le général du diocèse. Comme ce n'était point un
fait isolé, il fallut charger tous les syndics diocésains de « procéder à une
« exacte vérification des lieux abandonnés & désertés » afin d'en dresser un
état que l'on se proposait de mettre sous les yeux du roi ^.
Les ouvriers des villes n'étaient pas plus heureux cjue les paysans. Atteints
par la pauvreté universelle, ils vivaient la plupart au jour le jour, sans
aucune avance, &. un très-grand nombre d'entre eux, ne trouvant plus
moyen de gagner leur vie, avaient quitté la Province & s'étaient retirés à
Paris 3,
Le mal n'eût pas été complet si l'on n'avait eu à satisfaire que les collec-
teurs & les traitants; mais le passage continuel des colonnes qui allaient
renforcer l'armée de Catalogne était, pour les pays parcourus, une occasion
de vexations infinies. On avait bien établi l'étape en vue de régler d'une
façon certaine les obligations des peuples, d'empêcher les violences 8c de
réfréner la rapacité des conducteurs de gens de guerre; mais l'urgence des
cas, l'impéritie, la faiblesse ou la connivence des consuls qui tantôt étaient
victimes, tantôt complices de l'indélicatesse des officiers rendaient souvent
illusoires les avantages espérés de cette organisation"^.
Vhdtel-de-yille, vu, p. 332; Année caphulaire , Gendarmes, allant à l'armée : officiers & <5o maî-
1641-42. très, 82 rations, 220I; — revenant, 40 maît., 62 ra-
' Nous publions ce curieux document dans nos tions, 166' 7'4'' j — recrues, 3o maît. & ^/g des offi-
pièces justificatives, n° I. Procis-verhal sur testât c'ieti des compagnies, 44 rations, iiS' |s 4<1. Par
déplorable de la ville de Toulouse; tous les quar- ration, 53=8''.
tiers de la ville y sont passés en revue avec leva- Clievau-légers, allant, 5o cavaliers : 69 rations,
luation précise des pertes. i^o'; — revenant, 3o cavaliers, 49 rations, 106
' Rapport du sieur de Lamothe, syndic général, i !« 6'^. — recrues, 80 cavaliers, -jr^ des officiers,
Procès-verbal des Etats de Languedoc, Séance du 42 rations, 91' 7^. Par ration, 48* 6<l.
26 novembre 1642. Carabins, gardes & mousquetaires à cheval, 5o
' Malenfant, Collections & remarques du palais, hommes, 69 rations, ioqI. — revenant, 3o hom-
III, p. 178. mes, 49 rations, 71' i*; — recrues, 3o hommes,
< Voici le tarif de l'étape par compagnie, tel -^ des officiers, 42 rations, 60' 18s. Par ration,
qu'il fut réglé aux Etats le 24 mai 1642 : 29^
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. i65
Pendant la campagne de 1643, les intendants donnèrent des ordres pour
iaire embarquer dans les ports de Narbonne ik d'Agde, à destination de Cata-
logne, des troupes qui arrivaient du haut Languedoc. Le produit de l'étape
fut affecté au payement des bateaux de transport 8<. à la subsistance des
troupes hors des eaux de la Province ; aussi ne restait-il pas un denier pour
les étapes de la route de terre jusqu'à Narbonne, où les détachements
affluaient de tous les points du pays. Ce surcroît de frais fut rejeté sur les
diocèses. L'archevêque en porta plainte au maréchal de Schomberg au nom
des États. Le gouverneur blâma fort le divertissement des fonds qui s'était
fait en son absence 8c qu'il n'aurait jamais autorisé, mais il s'excusa de ne
pouvoir ordonner le remboursement des diocèses. Les Etats décidèrent alors
qu'à l'avenir les villes ou diocèses qui auraient la faiblesse de consentir à ces
dépenses extraordinaires, faites en contravention du règlement des étapes,
seraient privés du droit d'entrée à l'Assemblée provinciale, comme ayant
dérogé aux privilèges du pays & désobéi aux ordres des États. Si la résistance
qu'on leur prescrivait par cette délibération les exposait à des dommages, la
Province devait les indemniser'.
Dans les diocèses de Castres, d'Alet 5t de Saint-Papoul, durant la même
campagne, la compagnie des chevau-légers du maréchal de Schomberg s'était
signalée par de notables exactions. Non-seulement le chef de cette troupe,
qui, d'après les règlements, aurait dû vivre sur le fonds du quartier d'hiver
avait exigé des consuls la subsistance en argent pour son eftectif réel, mais il
s'était fait donner l'équivalent des rations pour les absents; &, dans beau-
coup de lieux écartés, désignés comme quartiers d'assemblée pour les troupes
en vertu d'ordres purement comminatoires, les communes avaient dû se rési-
gner à souscrire des transactions onéreuses afin d'éviter un voisinage inquié-
tant. L'indiscipline des troupes, d'ailleurs mal payées, était si grande, que
les Etats prièrent le maréchal de ne jamais laisser les gens de guerre hors des
villes closes, ou l'on avait au moins l'assurance de les pouvoir enfermer, & de
ne pas donner d'ordres d'assemblée dans le plat pays^.
L'évacuation des blessés Se des malades de l'armée de Catalogne qui encom-
braient incessamment l'hôpital de Narbonne, & l'internement des prisonniers
espagnols que l'on avait répartis entre la plupart des villes de la Province,
dans la citadelle de Montpellier, dans l'hôpital Saint-Jacques de Toulouse, &.
dont la nourriture, les frais de transport 8t d'escorte étaient à la charge des
communes 5, rendaient plus général & plus vif le désir de la paix.
Infanterie, allant, 45 hommes, 82 rations, 25'; ' Procès-verbal des États. Séance du 24 novem-
— revenant, 3o hommes, 67 rations, 20' 7" 8 ""i — bre 1643.
recrues, 35 hommes, ^/^ des officiers, 64 rations, ' IhiJ. Séance du 12 novembre 1643.
16'. Par ration, 6» i'^. ' Deux cent trente officiers & soldijts espagnols
Pour les compagnies du régiment des gardes, ou italiens du nombre des prisonniers faits à la
& du régiment royal, beaucoup plus fortes que journée de Villefranche par le maréchal de La
celles des autres corps, leurs rations devaient être Mothe Houdancourt, commandant l'armée de Ca-
allouées suivant le certificat de leurs revues fait talogne, avaient été confiés à la garde des capi-
en bonne forme. touls. On restaura pour les y installer l'ancien
1643
I
~^ l66 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Dans des conditions pareilles, il est facile de comprendre ce que devenaient
les travaux publics. C'est à peine si chaque année une maigre somme était
consacrée au port d'Agde; les voies de communication se trouvaient dans un
état de délabrement & d'abandon qui décourageaient les voyageurs. Une
somme annuelle de quarante mille livres figurait dans les commissions de
l'impôt sous la rubrique des ponts & chaussées, mais on l'employait à d'au-
tres usages & la plupart des ponts tombaient en ruines. Dans la plaine de
Coursan, au diocèse de Narbonne, le grand chemin avait été si gravement
endommagé par les crues de l'Aude qu'il était devenu entièrement imprati-
cable en hiver, au grand détriment du commerce, & que les voyageurs ne
pouvaient plus s'y aventurer sans péril '.
Par combien de conséquences indirectes la guerre de Catalogne n'avait-elle
pas compromis la prospérité du pays ! On sait que la fabrication des draps &c
des diverses étoffes de laine était en Languedoc, depuis une époque reculée,
l'industrie nationale par excellence. C'était la seule sérieuse, depuis que l'in-
troduction des bois de teinture d'Amérique avait ruiné la production 8c le
commerce du pastel. Presque toute la richesse du pays en venait, 8c la
noblesse également, car la plupart des lignées féodales ayant disparu, c'est
par la fortune mobilière 8v territoriale que les familles faisaient le premier
pas vers l'anoblissement, toujours aisément obtenu, quand on était riche, par
l'acquisition d'offices de judicature 8c de finances ou par l'élection aux charges
municipales, qui, le plus souvent, était aussi une forme d'acquisition déguisée.
Cette industrie précieuse, source de profits Se d'honneurs pour le tiers état
languedocien, se trouvait singulièrement attaquée par suite de la guerre.
La matière première faisait défaut, les laines d'Espagne n'arrivant plus, ni
celles des autres contrées. Les laines indigènes avaient enchéri d'une façon
notable, 8c pour conserver au Languedoc « le négoce de la draperie, la seule
« chose qui lui reste, » les manufacturiers s'étaient vus contraints d'avilir la
qualité de leurs produits; mais comme la fabrication avait été réglementée
par Louis XII en i5o8, par Charles IX en i56o 8c iSyi, 8c en vertu de con-
Iiôpital des pestiférés, Saint-Sébastien de la Grave. chemises & qu'ils attachèrent au grillage des fe-
Ils y furent entretenus pendant toute l'année aux nêtres '.
dépens de la ville, sauf le premier mois pour le- Lorsque le duc de Toralta , général des armées
quel les commissaires du roi, chargés de leur con- du roi d'Espagne, traversa la Province, allant de
duite, avaient laissé quelque argent. Pour éviter Lyon à Bayonne pour y être échangé, il trouva
les frais qu'aurait exigé l'entretien d'une garde partout, d'après les ordres de l'intendant, un car-
soldée, les capitouls avaient rétabli le service rosse pour sa personne , huit montures pour ses
des dizaines, milice bourgeoise de vieille date, domestiques & une charrette pour ses effets. Les
très-souvent convoquée au temps des guerres capitouls envoyèrent à sa rencontre un assesseur
civiles. avec le capitaine du guet, puis le visitèrent par
Chaque soir, au son du tambour, cent habitants demi-quadrille & lui offrirent un repas muni-
en armes, conduits par leurs, dizainiers, prenaient cipal,
la garde pour vingt-quatre heures. Ils n'empè- ' Procès- verbal des Etats. Séances des 7 & i3
chèrent pas, par une nuit de vent & de ténèbres, novembre 16^3.
un certain nombre de captifs de s'échapper à la
rivière à l'aide d'une corde qu'ils firent de leurs ■ Archives de Toulouse. .Innote mc7;iKscri7<?s,V 11, p. ?-''é.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 167
ventions arrêtées en 1602 & 161 1 entre les marchands de la Bourse de Tou-
louse 81 les industriels des principales villes de la Province, toute dérogation
aux règlements tombait de droit sous le coup de la loi; il s'était trouvé un
dénonciateur intéressé pour avertir le conseil d'Etat, bien que les marchands
étrangers Si les habitants de la Province n'eussent point élevé de réclama-
tion; un arrêt adressé aux intendants prescrivait la confiscation des étoffes
non réglementaires, 81 les fabricants ne pouvaient échapper à l'alternative
d'avoir leurs produits saisis ou de fermer leurs manufactures. C'était la
menace d'une ruine complète pour la plupart des familles du bas Languedoc
81 des Cévennes '.
La mobilité des influences de cour, en donnant gain de cause à tout solli-
citeur appuyé, compliquait encore les difficultés locales par la multiplicité
des solutions contradictoires que recevait une même affaire, sans que la partie
lésée, ignorant les démarches que l'on faisait contre elle, eût seulement le
temps de se défendre.
Le syndic général de la Province * exposa aux membres des États, dans
leur dernière séance, les violences qui venaient d'interrompre l'exploitation
des mines de Gévaudan. Il y avait trois ans qu'un entrepreneur nommé
Firmin Mazelet avait obtenu de M. de Bullion, surintendant des finances,
grand maître Si surintendant général des mines 61 minières de France, l'au-
torisation, valable pendant six ans, de chercher Si travailler toutes les mines
d'or, argent, cuivre, étain, plomb « 81 autres métaux, minéraux Si demi-
« minéraux », dans l'étendue des provinces de Languedoc 81 Rouergue,
16^3
■ Requête présentée aux États par les marchands
faciuriers de laine de Languedoc. — Procès-verbal
des Etats. Séance du lo novembre 1643.
• En droit, la portion de pouvoir exécutif qui
appartenait à la Province était déléguée, au scru-
tin secret, par l'ensemble du corps, à des commis-
saires choisis dans son sein, pour chaque afiaire
spéciale, d'après des régies de proportion constante.
Une tradition passée en principe & fixée par des
statuts d'ordre intérieur établissait que, dans ces
commissions, l'église & la noblesse devaient comp-
ter un nombre égal de membres, & le tiers état un
nombre double. Si la commission avait deux évè-
ques & deux barons, elle recevait quatre députes
de communes.
Mais en pratique, le véritable travail des com-
missions était fait par des administrateurs perma-
nents que l'on appelait syndics généraux. 11 y en
avait trois pour toute "la Province, un par séné-
chaussée; chacun s'occupait des affaires de son dé-
partement; mais en outre ils accompagnaient à
tour de rôle la députation de la Province à la Cour
& participaient ainsi à la gestion des intérêts gé-
néraux.
Ces personnages étaient les grands ouvriers de
l'administration provinciale. Ils stipulaient en
son nom dans les contrats, & agissaient pour elle
dans toutes les instances, aussi bien devant le
Conseil du roi que devant les autres juridictions.
Ils étaient les rapporteurs ordinaires aux assem-
blées annuelles, & c'est par leur bouche que lej
députés des trois ordres recevaient communication
de tous les actes de l'autorité souveraine pouvant
intéresser la Province; ils étaient aussi les intro-
ducteurs naturels des réclamations présentées aux
Etats, soit par des diocèses, soit par des communes,
soit par des particuliers. Leurs fonctions étaient
électives, mais viagères, à moins de forfaiture, &
passaient souvent de père en fils.
Quand M. de Lamothe, syndic général pour. la
sénéchaussée de Beaucaire 81 Nimes, donna sa dé-
mission, après dix-huit ans d'exercice, alléguant
pour excuse des affaires de famille qui ne lui per-
mettaient pas de séjourner à Montpellier & de
faire les nombreux voyages exigés par les intérêts
de la Province, il produisit des lettres de provi-
sion royale dont la plus ancienne datait de iô63,
&. qui prouvaient que la charge était restée dans
sa famille pendant quatre générations'.
• Procis-verbal des ttats de Languedoc. Stancc du 1 1 ii'
ccmbre |6.|3.
I
~^^ i68 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
avec remise du dixième qui appartenait au roi. Fort de ce privilège, que des
lettres-patentes de Louis XIII avaient confirmé le ii septembre 1640, Firmin
Mazelet s'était mis en grande dépense, avait fait venir des ouvriers d'Alle-
magne, & commençait l'ouverture des premières galeries, lorsqu'un gen-
tilhomme de Gévaudan , le sieur de la Vernède, présenta opposition, en
exhibant d'autres lettres-patentes de Louis XIII qui lui accordaient, sous le
nom du marquis de Coislin, le privilège exclusif d'exploiter toutes les mines
situées dans les diocèses de Nimes, Uzès, Viviers & Mende. Grâce à ce titre
formel, le sieur de la Vernède avait fait saisir tous les outils de son rival, de
sorte que le travail était suspendu, & les populations laborieuses du voisinage
se trouvaient sans pain. En cette question comme en toutes les autres, les
Etats ne pouvaient avoir d'influence directe; ils se contentèrent d'en appeler
à la justice du roi.
Du reste, c'est à réclamer, à solliciter que se bornait toute la puissance des
Etats. L'édit de Béziers leur ayant enlevé le droit de voter les impositions de
la Province, vote qui, depuis longtemps, se faisait sans liberté, mais qui était
encore l'objet fondamental & à peu près exclusif de leur réunion, ils ne
pouvaient plus qu'enregistrer les commissions royales par où leur devoir se
trouvait tracé d'avance.
On remarqua dans ces commissions un excédant de trois mille livres sur
les dépenses de l'année précédente. C'était le nouveau ministre, chargé du
département de la Province, M. de Tubeuf, qui, en succédant au contrôleur
général Particelli d'Emeri, avait eu la précaution, pour marquer la prise de
possession de sa charge, d'inscrire à son profit trois mille livres dans le tableau
des impositions. Il rendait ainsi plus certaine une gratification dont ses pré-
décesseurs avaient joui, mais que les Etats contestaient toujours.
La principale résolution de l'assemblée dans cette session fut d'ordonner le
rassemblement de tous les titres qui pouvaient servir de base à une sorte de
codification des droits particuliers & des usages de la Province.
On enjoignit aux officiers des États de faire en tous lieux une exacte per-
quisition de tous les privilèges du pays.
Les deux syndics généraux Joubert & Guilleminet, chargés par les États
de dresser l'inventaire des archives de la Province, réunirent les premiers
éléments d'un recueil de pièces anciennes, dont l'ordonnance fut confiée à
une commission composée de l'évêque de Béziers, du comte de Castries, du
capitoul de Toulouse & du consul de Nimes.
On écrivit à l'archevêque de Toulouse pour le prier d'ordonner des recher-
ches dans les greffes du Parlement; & le syndic de Vivarais, le sieur de
Pv.ochepierre ', ayant offert à l'assemblée un vieux registre en parchemin,
'Son père, le sieur de Faïn , avoit exercé la subrogé de son père pendant quinze ans, & depuis
charge de syndic l'espace de quarante-cinq ans; sa mort, il l'avait remplie comme chef pendant
quand il fut trop âgé, en reconnaissance de ses vingt-cinq ans en 1642.
services, le sieur de Faïn fit recevoir son fils en Dans la séance du 22 novembre 1642, il de-
survivance. Roc/icpierre exerça la charge comme le manda à l'assemblée une attestation de la probité
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 169
intitulé : Privilèges de la Province de Languedoc, conservé dans sa famille
depuis trois générations, & renfermant un grand nombre de documents qui
n'existaient plus dans les archives de la Province, l'assemblée accepta ce don
avec reconnaissance &, sur le rapport de l'évêque de Castres, accorda une
indemnité de mille livres au syndic de Vivarais, « pour le récompenser en
« quelque façon du présent fait au pays. » On décida, en outre, que le
recueil serait imprimé & distribué aux prochains Etats.
La veille même du jour où finissait la session des États, un autre épisode
régulier de la vie provinciale allait mettre à l'épreuve le respect du pouvoir
ministériel dans la capitale de la Province. Nous voulons parler des élections
municipales, la crise annuelle de Toulouse.
Un usage séculaire fixait au 26 novembre le renouvellement des huit capi-
touls. Le 25, au soir, jour de Sainte-Catherine, le viguier de Toulouse se
rendait à la maison de ville & rappelait aux magistrats municipaux, dans
une exhortation oratoire qu'on appelait la semonce, l'expiration prochaine
de leurs pouvoirs 8c l'obligation où ils étaient de songer à leurs successeurs.
Les capitouls se réunissaient, à la clarté des flambeaux, entre trois 8t quatre
heures du matin, sous les voûtes à caissons armoriés du grand Consistoire.
Ils y composaient une liste de présentation de quarante-huit noms, six pour
chacun des quartiers qui devaient être représentés dans le corps capitulaire.
Cette liste faite, ils choisissaient, en dehors de ces candidats, huit person-
nages notables, chacun d'un capitoulat dittérent, pour opérer un premier
triage. Ces électeurs du second degré, que l'on nommait les conseillers de
l'élection, faisaient dire une messe du Saint-Esprit dans la chapelle de l'hôtel
de ville, prêtaient serment dans les mains des capitouls; puis, entrant en
conférence avec eux, réduisaient de moitié la liste des candidats, en ayant
soin d'en conserver trois pour chaque quartier. Les vingt-quatre noms survi-
vants étaient alors apportés avec grande pompe au viguier de Toulouse par le
corps capitulaire tout entier, en robes & manteaux de cérémonie. C'est dans
l'auditoire de la sénéchaussée que les électeurs définitifs, qui étaient le séné-
chal lui-même, le viguier & trente personnes à leur choix, opéraient une
dernière réduction dans la liste des présentés & nommaient les huit capitouls.
L'élection faite était communiquée au Parlement, qui donnait son adhé-
sion. Alors les capitouls sortant de charge, qui prenaient le nom de pères,
envoyaient quérir leurs fils, c'est-à-dire leurs héritiers, & tous ensemble, les
pères à droite, les fils à gauche, escortés des tambours, des hautbois 6t de la
que les EtatJ avoient toujours connue en lui, cer- province & dudit diocèse de Viyarais en particu-
tificat qui devait lui être expédié en bonne forme lier, il auroit porté le sentiment d'un homme de
pour répondre aux accusations de ses ennemis, & bien & témoigné tout le zèle & la vigueur qu'on
qui fut délivré en ces termes : pouvoit attendre d'un homme bien intentionné,
" Les Etais ont déclaré que le sieur de Roche- & ont délibéré que la présente délibération lui
pierre, syndic de Vivarais, avoit toujours agi dans sera expédiée par leurs greffiers toutes les fois
cette assemblée avec grande probité, & que dans qu'ils en seront requis '. »
toutes les afTaires qui leur avoient été imposées
concernant le service du roi, bien général de cette • Procls-vcrbal des Étals de novembre 1642, p. 107.
1643
I
"[T^ 170 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
compagnie du guet clans ses plus beaux atours, s'acheminaient vers la séné-
chaussée, où les nouveaux capitouls prêtaient serment, après que le syndic
de la ville avait prononcé un discours latin sur l'importance de l'action.
Pendant la cérémonie, en symbole de liberté, les magistrats municipaux
retenaient les clefs de la salle d'audience & en faisaient garder les portes à
leurs soldats. Par la formule du serment, les nouveaux élus promettaient de
bien & dûment défendre la religion, de maintenir la ville sous l'obéissance
du roi, de procurer le bien &c l'avantage de la commune & d'en conserver les
privilèges. A dater de ce moment, les iîls avaient le droit de revêtir le cha-
peron noir & d'entrer dans une chambre basse disposée à côté du Petit-
Consistoire, où ils se réunissaient pour procéder au département des charges,
suivant la division traditionnelle, en quatre sections : justice, réparations,
police & administration hospitalière, & aviser au renouvellement ou à la con-
firmation des officiers de la ville, depuis le syndic jusqu'au dernier balayeur.
Cette espèce d'initiation durait dix-sept jours, & enfin le i3 décembre, fête
de Sainte-Luce, les fils échangeaient le chaperon noir contre le chaperon
rouge de leurs pères & entraient définitivement en fonctions. Leur journée
commençait encore vers quatre heures du matin par une messe du Saint-
Esprit, puis ils se faisaient remettre par leurs anciens, qui venaient de Saint-
Sernin rendre grâces à Dieu d'avoir heureusement mis fin à l'exercice de
leurs charges, les clefs des portes de la Maison de ville, celles des Archives,
des coffres, de l'Arsenal, & recevaient le serment de tous les officiers. A huit
heures, le chef du Consistoire & trois de ses collègues montaient à cheval, en
grand costume. Si se rendaient au palais, demandant à parler à la cour.
Introduits par le greffier civil dans la chambre dorée, ils y trouvaient le pre-
mier président & tous les présidents 81 conseillers de grand'chambre, à qui le
chef du Consistoire adressait un discours pompeux.
Le premier président y répondait par quelque exhortation courtoise, & le
cortège rentrait à l'hôtel de ville, où les greffiers se mettaient à l'œuvre afin
d'expédier sans retard, aux députés Se à l'avocat de Toulouse près le conseil
d'État, un paquet de lettres destinées à donner avis du joyeux avènement
municipal au souverain, au premier prince du sang, au gouverneur de Lan-
guedoc, au chancelier, au surintendant des finances, au secrétaire d'État qui
avait le département de la Province, & aux grands seigneurs qui, par leur
naissance ou leur crédit, pouvaient rendre quelque service à la ville.
Naturellement, comme à Toulouse, par suite d'une longue tolérance royale
dont la prescription était acquise, les charges capitulaires procuraient l'ano-
blissement, elles excitaient les convoitises les plus vives & les plus acharnées,
&, dans toutes les époques de crise politique, les partis en présence exploi-
taient la vanité des marchands & des procureurs enrichis qui briguaient
l'honneur de voir leurs portraits en pied, accompagnés de magnifiques armoi-
ries, peints par un artiste officiel, aux frais du public, dans les salles de
l'hôtel de ville, S<. leur arrachaient, en échange de suffrages promis, des
engagements particuliers en rapport avec les préoccupations du temps. Si le
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 171
tumulte ordinaire dans les assemblées nombreuses avait, à diverses époques,
servi de prétexte au pouvoir royal pour restreindre de plus en plus le nombre
des électeurs, il ne semble pas que ces réductions exagérées eussent profité à
la sincérité des élections. Le petit groupe de gens qui y prenaient part se
trouvaient ballottés entre de hautes influences rivales Si souvent fort en
peine de choisir parmi les contrats qu'on leur proposait. Aux élections de
novembre 1643, le parti des Etats se donna beaucoup de mouvement, & peu
s'en fallut que l'affaire ne tournât en sédition. L'état des esprits était depuis
longtemps orageux. La misère, la cherté des vivres, la rareté de l'argent, le
défaut de menue monnaie indispensable à la vie quotidienne des familles
pauvres entretenaient des dispositions menaçantes. Au mois de septembre, à
l'occasion d'un bateau de blé qui descendait la Garonne, il s'était produit
une véritable émeute'. La foule, prétendant que l'on voulait l'affamer,
s'était rtaée sur l'embarcation & en avait enlevé le grain, sans pouvoir être
contenue ni par la présence d'un capitoul ni par l'envoi des soldats du guet.
Aussi voyait-on arriver avec appréhension la journée du 26 novembre où
devait être faite la première élection depuis le commencement de la régence,
M. de Montrabe, qui, au milieu des passions du Parlement, demeurait
attaché à l'esprit gouvernemental, entretenait Mazarin de ses inquiétudes 81
ne lui laissait pas ignorer les visées que l'on attribuait aux évêques langue-
dociens. Quelque amoindri que fût en effet le rôle des magistrats munici-
paux, ils avaient encore assez de moyens d'action dans la capitale de la
Province pour que les coteries politiques eussent à cœur de s'assurer de leur
concours. Quant au ministère, sa ligne de conduite était toute tracée, & le
caractère du cardinal italien s'y prêtait à merveille : obtenir une sorte d'équi-
libre en opposant l'un à l'autre les deux pouvoirs qui faisaient ombrage à
l'autorité royale, employer les États contre le Parlement 8c le Parlement
contre les Etats, tel fut à peu près l'unique expédient auquel il recourut, ne
se sentant pas la force ou la volonté de les écraser tous deux, ainsi que cela
se réalisa plus tard, sous la main vigoureuse des intendants.
Comme d'habitude, le sénéchal de Toulouse Cornusson 8c le juge-mage
Caulet vinrent à la grand'chambre du Parlement prêter le serment tradi-
tionnel qui devait précéder l'élection} mais auparavant, le juge-mage, au
lieu de s'en tenir aux flatteries de la rhétorique consacrée, déclara vouloir
dénoncer à la cour a divers dérèglements » qui s'étaient, depuis quelques
années, introduits dans cet acte important.
11 se plaignait que l'élection se faisait de nuit, ce qui favorisait les brigues
' Ceffe petite sédition eut lieu dans l'île de d'apaiser l'émotion & d'empêcher qu'il ne fût mé-
Tounis. On prétendait que le blé était dirigé sur fait au nautonier, conducteur dudit bateau. >i Le
Bordeaux. Le batelier fut contraint d'aborderj propriétaire du blé, Galhard de Blagnac, fit assi-
hommes & femmes se précipitèrent au pillagî de gner Laroque au Parlement de Toulouse'.
la barque. « M. de Laroque, capitoul de la partie,
en ayant eu avis, s'y transporta & trouva tout le , . u- j t- i •■ j r- ., •l,-u,i,
,,.,,. ■ ", ,. , ' Archives de Toulouse. Z-ivre </« ConsfiVs, XXIV, p. 91.
Ole enlevé, & tout ce qu il auroit pu faire fut Séance du j8 septembre 1643.
1643
~^ 172 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
coupables 8c le désordre, que des personnes sans droit pénétraient dans la
salle & violentaient les électeurs; il demandait que la cour renouvelât ses
anciens arrêts prescrivant de commencer l'élection à deux heures après midi,
& que l'on fût autorisé à expulser de la salle les gens qui s'y introduisaient
illégalement. Il réclamait encore la modification d'un arrêt exigeant que les
électeurs choisis par le sénéchal & par le viguier fussent pris un tiers parmi
les membres du conseil de bourgeoisie de robe longue, c'est-à-dire anciens
capitouls ayant exercé la profession d'avocat, un tiers parmi les bourgeois de
robe courte, — anciens capitouls ayant exercé la profession des armes ou le
négoce, — & un tiers parmi les notables habitants. Ces dispositions restric-
tives, en précisant les catégories de personnes parmi lesquelles pouvaient être
pris les électeurs, avaient, disait-il, le désavantage de les désigner forcément
à l'avance, de sorte que leurs voix étaient déjà engagées quand on les appe-
lait à l'élection. Une invitation inattendue, adressée à l'heure même où la
cérémonie allait se faire, devait dérouter les solliciteurs St empêcher le succès
de leurs intrigues.
Le Parlement fit traîner l'affaire jusqu'au lendemain; puis il répondit au
sénéchal & au juge-mage, par la bouche du premier président, que le grand
nombre d'arrêts prononcés dispensait d'en faire de nouveaux, qu'il fallait
aller promptement à l'auditoire du sénéchal, commencer l'élection dès une
heure, chasser les intrus de la salle & dresser contre eux des procès-verbaux.
Caulet réclamant un arrêt écrit, le premier président lui repartit que sa décla-
ration en tenait lieu.
Pourtant l'élection ne se fit pas. Il était presque nuit quand le collège
électoral fut assemblé, 8t le juge-mage refusa d'y procéder en s'appuyant sur
l'ordonnance de la cour qui fixait l'heure de la cérémonie.
Le samedi 28, la grand'chambre 6c la tournelle sommèrent de nouveau le
sénéchal 8c le juge-mage de s'exécuter. On reprit séance à la sénéchaussée;
mais, sur la lecture des vingt-quatre noms proposés par les capitouls, le juge-
mage demanda ce que l'on appelait, dans le langage de l'hôtel de ville, la
fort'ificationy c'est-à-dire le remplacement de quelques candidats qu'il préten-
dait ne pas remplir les conditions d'éligibilité'. Les autres électeurs étant
d'un avis contraire, &c le juge-mage disant qu'il faisait appel, on se sépara
sans rien conclure.
Le 1" décembre, le collège électoral se rendit au palais, avec quatre capi-
touls. Le sénéchal Se le juge-mage y vinrent aussi, chacun menant ses avo-
' Les oppositions du juge-mage portaient sur ce Marmiesse répondit que le premier avait trente-
<jue Virazel, maître apothicaire, présenté pour le sept ans & se trouvait, par élection, intendant de
quartier de la Daurade, était un jeune homme l'hôpital; que le second avait déjà rempli la charge
Inéligible; que le sieur de Rudelle, pour la Pierre, & possédait une maison en ville; que le troisième
faisait des voyages continuels; que Faure, pour était locataire dans le quartier de Saint-Sernin &
Saint-Sernin, n'était pas domicilié dans son quar- y payait ses impositions; & enfin que le dernier
lier; & enfin que maître Esquirolis, pour Saint- avait plus de quarante mille livres vaillant & ae
Pierre, était sans fortune & se trouvait parent de serait jamais mis en cas d'opiner sur les comptes de
l'ancien capitoul Ducos, comptable de la ville. son parent, qui étaient depuis longtemps arrêtés.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. ij3
cats. Caulet présenta deux requêtes de récusation. On discuta longuement
pour savoir si ces requêtes seraient lues. Les présidents de Graignague 8c de
Garni nade, beau-père & beau-frère du juge-mage, insistaient vivement pour
l'affirmative. Mais la cour leur donna tort à la majorité de treize voix contre
dix. Graignague 8<. Caminade mécontents quittèrent aussitôt la séance avec
le président de Ciron & cinq conseillers. Le juge-mage les suivit hors du
palais. On introduisit le collège, & l'avocat général Marraiesse fit une longue
réquisition où il accusait le juge-mage de ne chercher que des prétextes pour
rendre l'élection impossible, combattait les oppositions qu'il avait faites à
recevoir plusieurs des noms proposés, taxant ses griefs d'impertinences. Il
ajouta que, le Parlement étant né avec la monarchie, avait accoutumé d'en
suivre les règles; qu'en France le roi faisait tout & que le procureur général
devait tout dire; que les actions populaires n'avaient point lieu dans le
royaume, mais que tout se convertissait en dénonces adressées aux gens du
roi; qu'ainsi l'appel du juge-mage n'était pas recevable, 8c que l'élection
devait se faire avant toute chose. Cet avis eut l'adhésion des divers officiers
8c avocats assistants.
Ordre fut donc intimé de faire l'élection sans autre délai. On en dressa
un arrêt écrit qui fut signifié par huissier au sénéchal Cornusson en son
auditoire. En cas d'absence de quelques électeurs, la cour autorisait d'en
prendre d'autres pour parfaire le nombre accoutumé '.
Les huit capitouls furent enfin nommés. Le président Caminade ramena
en discussion l'affaire des requêtes de récusation, que l'on n'avait pas daigné
lire. Cela occasionna des débats fort vifs en deux assemblées des chambres,
mais on finit par étouffer la querelle à cause des divisions qui menaçaient
d'en résulter pour la compagnie.
M, de Montrabe ayant donné avis à Mazarin de l'heureuse solution de
l'affaire, le cardinal l'en remercia par une lettre fort curieuse; on en peut
induire que, tout en étant décidé à suivre à l'intérieur la politique de Riche-
lieu, Mazarin avait principalement à cœur d'éviter le bruit 8c d'étouffer les
questions embarrassantes. Après avoir promis au premier président de faire
valoir « selon son prix, » auprès de la reine, le nouveau service qui vient
de lui être rendu, dans la nomination des capitouls de Toulouse, 8c avoir
déclaré que ses bons serviteurs ne manqueront pas, de sa part, de protection
Se d'appui, le cardinal ajoute :
« Si les traverses que reçoit cette eslection du costé de Messieurs les éves-
« ques continuent, Se qu'ils se pourvoyent au conseil du roy pour la faire
« casser, ne doutez point que la bonne cause n'y soit favorisée jusqu'au
« bout, 8c que ceux qui se seront remués mal à propos n'ayent sujet de s'en
« retourner mal satisfaits. Si néanmoins cette esmotion se pouvoit calmer
« dans Toulouse mesmc Se qu'on pust empescher que la reyne n'en eust la
« teste rompue, je croy qu'il seroit plus k propos. S'il ne se peut faire autre-
' Malenfant, Collections & remarques du palais.
1643
-|^— 174 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« ment, il faudra que le champ demeure à ceux qui servent le roy avec le
« plus de zèle '. »
Ail nombre des faveurs que la députation du Parlement de Toulouse sol-
licitait de la régente, se trouvait le rétablissement intégral de la pension
annuelle que les commis du grenier à sel de Toulouse payaient aux officiers
de la compagnie & que l'on désignait sous le nom de franc-salé. Depuis
l'année 1634, par suite des besoins de l'Etat, cette pension avait été réduite
de moitié. Les motifs qui avaient fait régler cette réduction existant toujours,
la grâce réclamée par la cour fut refusée. Bien plus, le retranchement d'un
quart de gages ayant été fait, par décision souveraine, à tous les officiers du
royaume, le commis de la gabelle crut devoir diminuer dans cette proportion
la moitié restante du franc-salé.
Deux conseillers servant aux chambres des enquêtes, Comère & Richard,
sollicitèrent à ce sujet, de la part de leurs collègues, une assemblée générale.
On y agita la question de savoir s'il ne conviendrait pas d'agir auprès du roi
pour obtenir le rétablissement du franc-salé ou tout au moins la faculté d'en
abandonner seulement le quart. Le premier président représenta qu'il avait,
dans son ambassade récente, reçu vme réponse défavorable, & qu'on ne pou-
vait guère espérer de changement après un si court intervalle, exhortant la
la cour à veiller sur ses démarches & à n'innover point de son autorité, sans
attendre les ordres du roi.
Plusieurs opinions furent longuement débattues. Quelques-uns deman-
daient des remontrances pour le rétablissement intégral; d'autres consen-
taient à la réduction d'un quart sur le total, ou au maintien de la moitié
réglée en 1634. Les derniers, plus généreux, estimaient que les nécessités
de finances rendaient la demande inopportune, surtout après l'insuccès des
réclamations faites par M. de Montrabe au nom de la cour. Ils combattaient
d'ailleurs l'allégation que le quart retranché tournait au profit des fermiers;
les contrats des fermes réglant exactement leurs obligations, il était indiffé-
rent que les minots de sel dont ils avaient à faire dépense fussent baillés au
roi ou à ses pensionnaires. La plupart des anciens officiers 8c quelques-uns
des enquêtes soutinrent cette opinion.
Le plus énergique à la défendre fut le premier président. Il insistait prin-
cipalement sur le mauvais effet que produirait toute innovation d'autorité en
temps de régence, 8t, pour dégager sa responsabilité personnelle, il exigea
que le registre demeurât chargé de son dire au cas où la compagnie le con-
traindrait à signer un arrêt que sa conscience désavouait.
Ces protestations n'empêchèrent pas la cour de prononcer, le 9 décembre,
un arrêt qui enjoignait au commis des gabelles de payer les trois quarts du
franc-salé primitif, c'est-à-dire un quart de plus que l'on n'avait fait depuis
1634. Le Parlement sollicitait en même temps le rétablissement intégral.
■ Lettres du cardinal Ma^arin, t. I , p. 5 19. — Bibliothèque Mazarine, ms. n" 1 yip, t. I, f" 147; la
lettre est datée du zS décembre 1643.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN.
170
i
On enjoignit au premier président de signer la décision des chambres, ce
qu'il fit en exigeant procès-verbal de sa résistance.
Le bruit de cette résolution se répandit rapidement à Toulouse. Le commis
du grenier à sel, Martineau, inquiet de la ligne de conduite à suivre devant
les exigences du Parlement, se hâta d'aviser les principaux fermiers alors à
Paris. On s'alarma des dispositions de la cour; on pensa qu'après avoir
réclamé leur franc-salé, les magistrats refuseraient d'abandonner le quart de
leurs gages. Se le conseil d'Etat prononça, le i3 décembre, une condamnation
formelle de ses prétentions. Les termes en étaient fort vits.
Le conseil reprochait à la cour d'avoir mis en délibération un point réglé
par ordre souverain, qualifiait cette démarche d'attentat contre l'autorité de
Sa Majesté, préjudiciable au bien de son service & susceptible de grandes
conséquences dans la Province. Il défendait aux magistrats de s'assembler ni
délibérer sur la réduction du franc-salé, comme aussi de rien entreprendre
sur le payement de leurs gages, sous peine d'interdiction de leurs charges ou
d'autre plus grande punition.
Cet arrêt, obtenu à la sollicitation des fermiers, fut par eux envoyé à
Martineau, qui le présenta au premier président, avec une lettre à l'adresse
de la cour.
Lecture faite de ces deux pièces aux chambres assemblées, beaucoup de
magistrats se récrièrent sur les mots d'attentat & de privation de charges,
disant l'honneur de la cour outragé.
Bertier de Montrabe leur remontra que le conseil du roi était maître d'user
en ses arrêts des termes qui lui plaisaient, & déclara que si la cour y refusait
obéissance, il cesserait de la présider.
Cela dit, il quitta la salle, & se disposait même à sortir du palais, lorsque
la cour lui envoya le conseiller Vignes, avec prière de rentrer en séance &
promesse de ne rien voter de contraire à l'arrêt du conseil.
Devant cette ferme résistance de son chef, le Parlement déchargea sa mau-
vaise humeur contre les promoteurs de l'arrêt, en les accusant de calomnie.
Les magistrats se défendaient d'avoir jamais songé à mettre en discussion la
réduction d'un quart de gages imposée à tous les officiers de France. Ils éta-
blissaient une distinction subtile entre les gages & le franc-salé, définissant
cette pension des gabelles comme une gratification payée par les fermiers du
sel aux officiers de la cour, en récompense des services qu'ils en recevaient,
rappelant, à ce propos, cette parole d'intéressés des gabelles que quatre doigts
de parchemin signés Malenfant avançaient mieux leurs affaires qu'une cen-
taine de leurs gardes. On conclut à désigner les conseillers Tourreil & Comère
pour interroger Martineau, mais on n'en fit pas l'objet d'un arrêt.
Les deux conseillers se transportèrent dans la maison du commis. Marti-
neau les reçut avec déférence, non sans leur dire qu'il pourrait refuser de
répondre 8c leur expliqua comment il avait écrit à ses chefs, sans aucune
pensée de dénonciation contre personne, mais en vue de recevoir d'eux une
règle de conduite.
1643
-^^ 176 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les chambres s'assemblèrent le 9 janvier pour entendre le compte rendu
de l'interrogation & n'en purent tirer d'autre résultat qu'un ordre assez vague
d'informer contre « les donneurs de faux avis; » seulement la cour exhala
son mécontentement contre la rédaction de l'arrêt, en suppliant Sa Majesté
de ne pas souffrir que, par les termes employés en son conseil, la considéra-
tion du Parlement fût amoindrie dans l'esprit des peuples. A cette occasion
le premier président renouvela ses protestations Se s'en fit donner acte.
On envoya l'arrêt au président de Senaux & au procureur général Saint-
Félix, en ce moment à Paris, pour en faire l'objet de remontrances auprès du
conseil. Ils avaient charge de faire valoir l'obéissance de la cour, avec prière
de ne pas ajouter foi aux faux rapports qui pouvaient arriver sur sa con-
duite, 8c de ne pas employer des expressions rigoureuses qui affaibliraient le
respect des ressortables ' .
A toutes les causes d'agitation Si de malaise qui travaillaient ainsi la Pro-
vince, venait s'ajouter, dans une proportion notable, la diversité des religions,
avec le souvenir encore bien récent des actes de violence Se d'hostilité réci-
proques dont la coexistence des deux cultes rivaux avait fourni la cause ou
le prétexte. Les populations réformées occupaient une importante place en
Languedoc; sans doute, la terrible guerre que Richelieu avait faite au pro-
testantisme comme parti politique, la perte des places de sûreté, véritables
citadelles de l'église dissidente, dont les gouverneurs ne pouvaient être
nommés qu'en justifiant, par une preuve écrite, de leur adhésion reconnue
aux principes de la réforme, modifiaient singulièrement la condition de cette
république religieuse si longtemps placée en dehors des cadres de l'organisa-
tion monarchique; mais une transformation aussi grave n'était pas encore
d'assez vieille date pour avoir complètement pénétré dans les moeurs; les occa-
sions de conflits demeuraient nombreuses, & le feu mal éteint des anciennes
inimitiés continuait à brûler sous la cendre.
Les églises réformées de Languedoc n'étaient pas également réparties sur
toute la surface du pays. Elles dominaient principalement dans les Cévennes
& dans les plaines inclinées qui, du pied de ces montagnes, s'abaissent jusqu'à
la mer.
Une division territoriale dont la créatioii remontait au seizième siècle,
mais qui s'était complétée dans les premières années du dix-septième, avait
groupé ces églises en quatre provinces, subdivisées elles-mêmes en circon-
scriptions de second ordre qui portaient le nom de colloques.
La province de bas Languedoc comprenait les trois colloques de Nimes,
d'Uzès & de Montpellier, avec quarante-sept églises répandues dans la plaine
entre le Rhône, la Méditerranée, le diocèse de Narbonne 8<. les premières
assises des Cévennes.
La province de haut Languedoc 81 haute Guienne, formée de toute la
région occidentale du pays, n'avait que deux colloques languedociens : Albi-
' Malenfant, Collections & remarques du palais, III, p. 3i,
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 177
geois 8c Lauragais. Les cinq autres : haut & bas Querci, Rouergue, Arma-
gnac Se Foix avaient été empruntés à la Guienne dont ils enveloppaient le
territoire politique attribué à l'intendance de Montaiiban; l'insuffisance numé-
rique des protestants du haut Languedoc &. le besoin de former un arrondis-
sement géographique plus régulier déterminaient cette infraction des limites
provinciales 8c restituaient ainsi au Languedoc des contrées qui en avaient
été autrefois distraites. On y comptait cinquante-huit églises.
Le Vivarais 8c le Vêlai formaient, avec partie du Forez, une troisième pro-
vince qui n'avait point de colloques particuliers 8c qui constituait un ensemble
de trente-cinq églises.
Enfin l'unité topographique, la difficulté des communications 8c la prédo-
minance exclusive de la religion réformée avaient fait démembrer du bas
Languedoc, vers 161 2, une quatrième circonscription, la province des Cé-
vennes 8c du Gévaudan, comprenant tout le pays de montagnes situé entre
l'Albigeois 8c. le Vêlai, 8c subdivisée en trois colloques : Anduze, Sauve, Saint-
Germain de Calberte. Ces trois colloques renfermaient cinquante églises.
Il est à remarquer que la division ecclésiastique des provinces protestantes
avait passé en partie dans l'organisation politique 8c militaire de la monar-
chie, en lui fournissant des cadres qui, avec certaines modifications, servirent
de modèle au département des lieutenances générales.
Chacune des quatre provinces tenait tous les ans ses assemblées particu-
lières, connues sous le nom de synodes provinciaux, 8c envoyait une députa-
tion au synode national où se traitaient les questions de discipline 8c où l'on
faisait la répartition des sommes levées pour l'entretien des églises réformées
de France.
Quatre villes de Languedoc, Montpellier, Privas, Alais 8c Castres ont été
tour à tour le siège des synodes nationaux, qui, suivant un système de rou-
lement fédéral irrégulier, s'assemblaient sur divers points du royaume.
Le nombre des lieux d'exercice du culte réformé se trouvait déterminé par
l'édit de Nantes. Cet acte célèbre qui, en coupant court aux guerres civiles,
avait eu en Languedoc la plus heureuse influence, ne laissait pas que de
prêter à des difficultés d'application assez graves. Son défaut capital était de
ne pas consacrer purement 8c simplement le principe de la tolérance reli-
gieuse, de souffrir une foule d'exceptions 8c de cas particuliers, d'avoir un
caractère de trêve plutôt que de paix définitive 8c de laisser en présence,
toujours défiantes 8c armées l'une contre l'autre de prescriptions administra-
tives compliquées, deux puissances rivales qui aspiraient mutuellement à se
supplanter. Nous ne voulons pas dire qu'au temps où cette loi bienfaisante
fut accordée, il eût été facile ou même possible de mieux faire, surtout en
Languedoc, où le fanatisme était très-surexcité 8c où l'on pouvait lire, dans
des cahiers de doléance adressés au roi, des requêtes de ce genre : « Plaise à
« Votre Majesté ôter 8c abolir la liberté de conscience comme source de pesti-
« lence par où toutes calamités sont venues en ce royaume, » nous indiquons
seulement les conséquences inévitables de ce régime de tolérance incomplète.
XIII. ,1
1643
-^^ 178 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'interprétation de l'édit devenait à tout propos l'occasion de procès Si de
querelles. Chacun des deux partis, se flattant d'être en possession de la vérité,
croyait exercer un droit ou plutôt remplir un devoir en cherchant à dépasser
les bornes territoriales que l'acte de paix lui avait imposées. De là, des efforts
contradictoires de propagande qui, suivant la prépondérance de l'une ou
l'autre communion, avaient des résultats opposés. Dans ces luttes sans cesse
renaissantes, les populations entraient pour une bonne part; mais les deux
clergés apportaient surtout de la passion 8c de l'aigreur. Lisez les écrits des
catholiques & ceux des protestants; vous y relèverez des reproches inverses,
presque dans les mêmes termes. Pour les réformés, tout le mal vient des curés
& des évêques; pour les catholiques, il n'y a pas de pire fléau que les minis-
tres. C'est toujours en effet par les excès de zèle des hommes investis d'un
caractère religieux que se produisaient les infractions à la trêve.
Dès qu'Anne d'Autriche fut au pouvoir, comme on la savait très-adonnée
aux pratiques de dévotion espagnole 8c dominée par les ennemis les plus
acharnés des protestants, les réformés de France éprouvèrent de vives inquié-
tudes. Dans la plupart des harangues officielles qui furent consacrées aux
louanges de Louis XIII', principalement dans les harangues épiscopales, on
avait exalté avec affectation le destructeur de l'hérésie, on s'était plu à le
figurer sous les traits de l'archange victorieux qui foule aux pieds le démon,
Se les prophètes ne manquaient pas pour annoncer que Louis XIV achèverait
l'œuvre de son père, 8c que, grâce à lui, la diversité des religions cesserait
d'affaiblir le royaume.
Aussi le premier soin des réformés fut-il de solliciter la confirmation de
l'édit de Nantes. Les rédacteurs de ce document, en lui attribuant, dans le
préambule, le caractère d'édit perpétuel 8c irrévocable, avaient paru vouloir
le préserver contre des ratifications, qui, à certain point de vue, pouvaient
en atténuer la portée 8c donner prétexte à des révisions ultérieures. Mais
comme les memijres du haut clergé catholique entourant la reine, mena-
çaient l'œuvre d'Henri IV, les protestants jugèrent opportun de se placer de
nouveau sous la sauvegarde royale. Se la confirmation de l'édit fut accordée.
' Diverses oraisons funèbres de Louis XIII fu- ttats assistèrent en corps, dans l'église cathédrale
rent prononcées par des évêques de Languedoc : Saint-Pierre de Montpellier, à un service solen-
Charles-François Abra de Raconis, évêque de La- nel en l'honneur du roi, où figurèrent tous les
vaur, en fit une à Paris, dans l'église de rOratoirej ordres religieux & toutes les confréries de péni-
l'évêque d'Uzès, Nicolas Grille, aux Augustins de tents. La chapelle ardente était dressée au milieu
Paris. En Sorbonne, l'éloge du roi fut confié à de la grande nef; un drap de velours noir, par-
Pierre de Bertier, évêque d'Utique, coadjuteur de semé de fleurs de lis d'or & chargé d'une croix de
Montauban, qui avait déjà rendu le même office toile d'argent, avec les armes du roi en broderie
en i633, au premier maréchal de Schomberg, & d'or, 8c celles de la province en broderie d'argent,
en 1642 au cardinal de Richelieu, & qui devait le recouvrait le cénotaphe. Cent pauvres, vêtus de
rendre plus tard au cardinal Mazarin, à la reine deuil, entouraient la chapelle, tenant de grands
Anne d'Autriche & au prince de Conti. A Mont- flambeaux de cire blanche aux armes royales. Le
pellier, le vieil évêque Pierre de Fenouillet célébra père Cazalas, prieur des jacobins réformés de
en chaire les mérites du fils d'Henri IV. Montpellier, prononça l'oraison funèbre qui fut
Avant la fin de leur session, le 23 novembre, les imprimée & distribuée aux frai» des Etat».
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 179
Richelieu s'était autrefois montré particulièrement satisfait des réformés de
Languedoc Se de la noblesse des Cévennes pendant la rébellion de Gaston
d'Orléans. On sait que le frère de Louis XIII, tout en traitant avec le roi
d'Espagne, en promettant de livrer des places à l'étranger, en poussant un
gouverneur de Province à trahir ses devoirs, n'avait pas craint d'envoyer des
émissaires dans les centres protestants pour y rallumer les passions assoupies,
Se que ses intrigues étaient demeurées inutiles.
Comme son prédécesseur, Mazarin pensait qu'on devait tirer parti de ces
bonnes dispositions & témoignait une répugnance marquée pour la politique
restrictive qui avait à la Cour d'ardents défenseurs.
L'esprit de ses instructions au gouverneur de la Province & aux inten-
dants, en ce qui touchait l'église réformée, fut d'éviter toute innovation, dans
quelque sens que ce pût être, de s'en tenir rigoureusement à la législation
existante, & de n'encourager aucune velléité d'empiétement.
Il résuma l'ensemble de ses idées, d'une façon très-claire & très-intéressante,
dans une lettre à Balthazar, du 24 décembre 1643. Les protestants de Mont-
pellier avaient profité de la présence du maréchal de Schomberg dans leur
ville pour lui demander l'autorisation de mettre des cloches à leur temple,
privilège que les catholiques leur déniaient absolument. Mazarin ne veut
pas qu'on altère rien des choses qui ont été accordées aux réformés par le feu
roi, 8c que la reine est résolue de leur maintenir. « Mais, ajoute-t-il, ils
« auroient tort de rien prétendre au delà Si de ne se contenter pas sous la
« régence de la reine de ce dont ils se sont contentés sous le règne précédent.
« Vous voyez bien, si cela n'étoit pas, quelle en seroit la conséquence Se, si
« l'on se relâchoit de ce point, combien cela iroit loin, & comme la facilité
« d'avoir obtenu les premières demandes attireroit la hardiesse d'en faire
(1 d'autres sans fin. » Le prudent ministre craint que l'on ne se méprenne,
dans les consistoires de Languedoc, sur les dispositions du ministère, & il
se hâte d'indiquer à l'intendant les ménagements de forme 8<. les explications
confidentielles qui atténueront la portée des refus inévitables. « Vous devez
« néanmoins, dit-il, représenter ceci de telle façon à ces Messieurs qu'il
« n'y paroisse nulle teinture de mauvaise volonté contre eux, mais que la
« reine Se le bien de l'État le veulent ainsi, 8c que le contraire seroit une
» marque de mollesse pour la régence de la reine, qui l'exposeroit au mépris
« 8c à plusieurs autres fâcheux inconvénients que, comme Sa Majesté
« est résolue de maintenir exactement l'état de choses que je viens de
« dire tel qu'elle l'a trouvé à son avènement à la régence, elle ne pourroit
« aussi laisser faire quelque brèche à l'autorité du roi ; qu'en cela elle a
« les mains liées, n'étant pas maîtresse, mais dispensatrice 8c gardienne de
« cette autorité, Se que, si les huguenots désirent d'autres grâces que celles
« dont ils jouissent, ils les doivent attendre de la majorité du prince 8c tâcher
c( de les mériter par l'obéissance 8c fidélité qu'ils lui rendront dans son bas
« âge, 8c c'est de quoi, ce me semble, ils se doivent piquer par une politique
o qui leur seroit fort utile Se d'agir en ceci par émulation avec les catholi-
1643
lô^S
1644
180 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« ques. Il faut tâcher de leur faire bien comprendre St goûter ce point, 8c
« surtout ne voiis lassez pas de leur confirmer les assurances 8t l'inviolable
« dessein qu'on a ici de maintenir les choses en l'état où elles étoient durant
« la vie du feu roi '. »
Cette dernière déclaration ne concorde guère, on doit l'avouer, avec la
vague promesse d'unité religieuse que Bosquet faisait miroiter, dans son dis-
cours d'apparat, devant les évêques de Languedoc. Mais la contradiction
s'explique par la théorie de Mazarin sur l'émulation à produire entre catho-
liques & protestants. On a vu, par une lettre antérieure, que l'intendant ne
se faisait guère d'illusions sur le rôle des prélats dans leurs diocèses. Il cher-
chait donc à capter leur bienveillance en leur laissant entrevoir, dans un
lointain oratoire, la réalisation de leurs vœux les plus chers, retardée natu-
rellement jusqu'à la majorité du roi, tandis que son collègue avait mission
d'encourager des espérances tout à fait contraires dans les consistoires, 8c de
leur demander de la patience jusqu'à cette même majorité.
On peut ainsi reconnaître une grande unité dans la politique intérieure
du cardinal. Il a parfaitement conscience de la faiblesse du pouvoir central,
de la demi-impuissance où le réduisent les exigences de la guerre 8c la pénurie
du Trésor; il devine toute la turbulence des éléments dont l'antagonisme est
près d'éclater. Se se préoccupe uniquement d'équilibrer les forces 8c d'amortir
les chocs. Qu'il s'agisse du Parlement ou des Etats, des protestants ou des
catholiques, la réponse aux impatients est uniforme : on doit attendre la
majorité du roi. Cette tactique d'atermoiements, qui permettait d'arriver à
la paix sans engager l'avenir, ne manquait pas d'habileté. Malheureusement,
les factions de cour Se l'esprit turbulent des grands seigneurs étaient loin d'y
trouver leur compte. Trop de gens se croyaient intéressés à tirer parti de la
régence pour respecter la trêve qu'on leur demandait.
CHAPITRE II
Le gouvernement provincial. — Gaston d'Orléans & sa cour. — L'abbé de la Rivière. — Le comte
d'Aubijoux. — Nouveau titre de Schomberg. — Réveil féodal. — Procès d'un conseiller duelliste.
Rencontre de gentilshommes en Vivarais. — Affaire des tailles. — Le vœu de saint Edmond.
Elections municipales supprimées. — Droit de confirmation. — Lutte du Parlement & du Conseil
d'État.
Malgré les transformations qui s'étaient produites dans le caractère des
grandes charges, par suite de l'accroissement de l'autorité ministérielle 8c
■ Il paraît par la même lettre que l'intendant toutes celles dont on sçauroit punir les ministres
avait réprimé le zèle d'un ministre protestant. séditieux, le faict estant constant & bien vérifié.
Mazarin attend l'effet de la peine qui lui a été im- Vous nous donnerez avis des occasions particulières
posée : « Il faudra, dit-il, voir ce qu'elle produira. de temps en temps & qui méritent d'être sçues '. »
Il y a néanmoins apparence qu'elle sera la plus
efficace, & dont on puisse le moins se plaindre de ' A. Clicrucl, Lettres du cnrJinal Ma\arin, T, p. 5io.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. ï8i
de la création des intendances, le gouverneur était encore, à la mort de
Louis XIII, le représentant le plus élevé de la personne royale dans la Pro-
vince. Bien qu'il réunît en lui, à l'image du souverain, des pouvoirs de
nature diverse & une sorte de supériorité générale & modératrice, son auto-
rité, où se conservait encore un mélange de tradition monarchique St de
formes féodales, affectait surtout les allures du commandement militaire.
Comme délégué du pouvoir politique, le gouverneur avait pour mission de
contenir les sujets sous l'autorité du roi, d'empêcher le désordre, de faire vivre
les peuples en bonne intelligence & de pourvoir à une prompte pacification au
cas de dissensions intérieures. Il était autorisé à convoquer, toutes les fois que le
bien du service le requerrait, les gens d'Eglise, la noblesse, les officiers, consuls
8c habitants des villes de la Province, pour leur communiquer les ordres du
roi, recevoir leurs plaintes Si leur servir d'intermédiaire auprès du trône.
Dans l'organisation judiciaire, il n'avait qu'un rôle protecteur sans juri-
diction personnelle. Son devoir se bornait à faciliter aux juges royaux la
connaissance S<. la punition des crimes commis contre la paix publiquej seu-
lement, en vertvi de la majesté royale dont sa charge n'était qu'une émana-
tion, il avait le droit de siéger dans les trois grandes cours de la Province, le
Parlement de Toulouse, la Chambre de l'édit de Castres, Se la Chambre des
comptes, aides Se finances de Montpellier.
Comme délégué du suzerain, il se trouvait naturellement à la tête de
l'armée féodale lorsque le roi faisait assembler le ban Se l'arrière-ban de
ses gentilshommes; mais il n'avait pas lui-même le droit de les convoquer Se
de leur faire prendre les armes.
Comme chef militaire, il donnait des ordres à toutes les troupes royales
envoyées dans la Province : compagnies d'ordonnance, chevau-légers, légions
de gens de pied, régiments français Se étrangers. En cas de guerre offensive,
il dirigeait les opérations, prenait dans les villes les pièces d'artillerie Se les
munitions nécessaires, attaquait les places de l'ennemi Se pouvait signer les
capitulations qu'il jugeait à propos de leur accorder. La nomination des capi-
taines, commandants de place ou de château, Se en général de tous les chefs
de corps demeurait expressément réservée au roi. Cependant le gouverneur
pouvait pourvoir provisoirement à chacune de ces charges, en cas de mort ou
de vacance subite, afin d'assurer la sécurité du pays, sauf à en donner immédia-
tement avis au souverain, qui remplaçait définitivement les officiers disparus.
Du reste, en temps de régence, où les liens du pouvoir central étaient
singulièrement relâchés, ces prérogatives jalouses de la couronne n'obtenaient
pas un respect absolu; les usurpations d'autorité devenaient fréquentes, les
gouverneurs ne se faisant faute d'inventer quelque voie indirecte pour donner
des charges à leurs créatures. Se l'on voyait des généraux d'armée confier des
corps de troupes à des hommes qui étaient quelquefois entièrement étrangers
aux choses de la guerre '.
' Mémoires Je messire Roger de Rahutin, comte de Bussy, II, p. 475.
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I
1644
i82 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
A l'égard de la discipline des troupes, le gouverneur était spécialement
chargé de veiller à l'exécution des règlements militaires, devait faire vivre les
gens de guerre en bon ordre, protéger contre leurs violences les habitants des
villes, bourgs & villages du plat pays, faisant punir les contraventions par
son prévôt ou par les prévôts provinciaux. Si la mutinerie des troupes deve-
nait si redoutable que le gouverneur ne pût la réprimer par les moyens
ordinaires, il avait la faculté de faire sonner le tocsin pour assembler les
communes & prêter main-forte aux prévôts.
Outre le commandement, il exerçait la haute administration militaire,
nommait des commissaires ou contrôleurs pour les montres Si revues des gens
de guerre, prévôts des maréchaux de France, 8c viguiers de la Province,
faisait la répartition, d'après les états expédiés par le roi, des sommes versées
par le trésor royal ou par celui du pays pour le payement des troupes, la for-
tification des places, les dépenses d'artillerie. C'est lui qui signait les ordon-
nances & les mandats qui étaient présentés à la caisse de divers trésoriers.
Il recevait lui-même ses appointements de trois caisses différentes, celle de
l'épargne, qui était le trésor royal proprement dit, celle de l'extraordinaire
des guerres, invention de date récente, Si enfin celle de la Province.
Chaque année, à la fin de la session des États, l'assemblée lui votait une
gratification de quarante mille livres.
Des charges de cette importance, qui donnaient un rang élevé dans l'État,
qui permettaient un déploiement de faste presque royal, assuraient la dispo-
sition de places fortes & de régiments, la faculté de dispenser des faveurs
sans nombre 81 de se faire une imposante clientèle, ne pouvaient manquer
d'être briguées par les plus hauts personnages de la Cour. Elles étaient con-
sidérées par les grands seigneurs, moins comme des fonctions obligeant le
titulaire à un service effectif 8c lui créant une responsabilité, que comme des
apanages magnifiques procurant de beaux revenus, des avantages de toute
nature, une situation de vice-roi au siège du gouvernement, avec privilège
de la grande entrée dans les villes du ressort, au bruit des cloches &ç. de l'ar-
tillerie, 8t la ressource de s'enfermer, en cas de disgrâce, dans quelque bonne
citadelle, d'y tenir tête au ministère 8t de lui dicter des conditions. La
sagacité de Richelieu avait reconnu que placer de tels emplois entre les
mains de princes du sang ou de gentilshommes appartenant à de puissantes
lignées, c'était reconstituer, sous une forme nouvelle, cette féodalité redou-
table dont il abattait les forteresses. Aussi, lorsque le supplice de Montmo-
rency rendit vacant le gouvernement de Languedoc, le cardinal eut-il hâte
d'en gratifier un étranger, d'origine saxonne, sans attaches dans le pays, le
premier maréchal de Schomberg, fils d'un colonel de reîtres qui avait che-
vauché en France, sous Charles IX, pendant les guerres de religion '.
■ Ce colonel de reîtres était né en Misnie; il dans sa nouvelle patrie, en achetant au duc de
commandait une de ces troupes de cavalerie étran- Guise le comté de Nanteiiil '.
eère qu'employaient les rois de France: il épousa ,r . , r^ . , rr. ■ , . , .
2^ '^ . ,. , ^ y o\r ]ù P . An'iamc^ Hntoire généalogique de la maison
une Française & donna une assiette à sa lignée, »;<? Fnijice, t. IV, p. 333.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 183
Après la mort d'Henri de Schoinberg', qui ne survécut pas longtemps à sa
victoire de Castelnaudary, son fils lui succéda.
Charles de Schomberg, né avec le siècle, avait passé toute sa jeunesse à la
cour de Marie de Médicis, vivant dans l'intimité du jeune roi Louis XIII,
auprès duquel il servait en qualité d'enfant d'honneur. Il reçut une première
blessure au siège de Sommières, combattit au Pas de Su2e & à Privas, 8c fit
la campagne de Savoie auprès du roi, qui lui donna le commandement des
chevau-légers de sa garde.
Son mariage avec la duchesse d'Hallwin, qu'il perdit en 1641, sans en
avoir d'enfants, le mit en possession de la terre d'Hallwin dont il porta le
titre jusqu'au moment où, grâce à la délivrance de Leucate, il put s'appeler
le maréchal de Schomberg, comme son père.
C'était un homme de guerre considéré. Ses succès en Languedoc, en Rous-
sillon & en Catalogne, surtout la prise de Perpignan, lui avaient acquis une
haute réputation dans la Province.
Il passait pour avoir un caractère modéré. Si l'on doit l'en croire, ses amis
lui reprochaient souvent d'être trop enclin à l'indulgence, 8c il se reconnais-
sait une aversion naturelle pour les mesures de rigueur les plus légitimes^.
Dès que Louis XIII fut mort, Schomberg ne tarda pas à s'apercevoir que
son gouvernement de Languedoc tentait de hautes convoitises, Se que le gou-
vernement particulier de la ville & citadelle de Montpellier, dont il se trou-
vait également titulaire, courait le risque de passer en d'autres mains. Il lutta
énergiquement, usa du reste d'influence que l'ancien personnel formé par
Richelieu conservait encore dans le cabinet de la reine 8<. dans le conseil,
mais ne put empêcher le duc d'Orléans d'en venir à ses fins.
Certes, si, parmi les grands commandements provinciaux, il y en avait un
dont l'espoir dût paraître interdit au conspirateur repentant de 1682, c'était
à coup sûr le gouvernement de Languedoc. Le souvenir d'une guerre civile
imprudemment allumée, d'une cause lâchement trahie, des vexations terribles
dont les peuples avaient souffert, des mesures de rigueur qui avaient décime
la noblesse Si qui laissaient encore des places vides dans les hauts bancs des
États, tout semblait défendre au fils d'Henri IV l'abord d'un territoire où les
marques de la vengeance royale étaient partout visibles. Mais la frivolité de
son caractère s'inquiétait peu de ces motifs.
' Henri de Schomterg nvait été d'abord lieiite- ' " Vous avez pu coniioître depuis treize ans la
nant du maréchal général des grands-reîtres, le n douceur avec laquelle j'ai toujours agi en cette
duc de Deux-Ponts. Il acheva de se naturaliser en « Province, & l'aversion naturelle que j'ai à faire
France par un brillant mariage avec une bre- « du mal à ceux-là mêmes qui m'y obligent le
tonne, héritière du marquis d'Epinay. Quand il « plus. C'est une espèce de défaut que mes amis
reçut le cordon bleu, le rédacteur de ses preuves « me reprochent souvent & dont ceux qui ne
généalogiques proclama la famille de Schomberg « m'aiment pas ont grand sujet de se louer'. « Il
une des quatre colonnes de la noblesse de Misnie. donna en effet des preuves de modération pendant
Après avoir perdu sa première femme, Schomberg la sédition de Montpellier,
épousa Anne de la Guiche, fille de Philibert &
d'Antoinette de Daillon du Ludc. 1 Harangue aux États. Sc'ancedu jS uovciubrc i6^i.
1644
~ 184 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Cet homme étrange, instrument de tous les ambitieux que gênait le gou-
vernement unitaire de Richelieu, avait pourtant signé, quand il sollicitait,
dans les termes d'une soumission d'enfant, la faculté de ne pas quitter la
France & de vivre à Blois en simple particulier, avec le train qu'il plairait
à Sa Majesté de lui permettre, la promesse formelle de ne prétendre jamais
charge, emploi ou administration dans le royaume, en quelque temps 61 en
quelque occasion que ce pût être '.
Le vieux cardinal, déjà sous les étreintes de la mort, ne s'était pas con-
tenté de cette parole d'un fils de France à qui les rétractations ne coûtaient
.guère, &, afin d'assurer avec plus de certitude l'éloignement d'un homme si
dangereux pour le repos de l'Etat, la veille même du jour où il rendit l'âme, il
avait remis au roi, toute rédigée, une longue & outrageante déclaration que
le Parlement vérifia, & dans laquelle, après avoir énuméré, avec une complai-
sance cruelle, toutes les fautes commises par le duc d'Orléans, il le dépouil-
lait de son gouvernement d'Auvergne, de ses compagnies de gens d'armes 8c
de chevau-légers, & le déclarait incapable, pour le présenta pour l'avenir, de
toute sorte d'administration de l'Etat, nommément de la régence, en cas de
minorité^. Richelieu croyait rendre au roi un dernier service en prononçant
cette rigoureuse exclusion.
La volonté de Louis XIII n'ayant pas plus de suite que celle de son frère,
dès que le cardinal fut mort, Gaston d'Orléans put songer à reconquérir tout
ce qu'il avait perdu. Quatre mois après, paraissait une contre-déclaration
annulant la première, ordonnant d'en faire disparaître les traces dans les
registres du Parlement, & rendant au prince toutes ses capacités politiques^.
Le roi ayant disparu à son tour, le duc d'Orléans, qui tenait la première
place dans les conseils de l'Etat, ne se donna point de repos qu'il n'eût arraché
à la régente, en imposant ce sacrifice à Mazarin comme une condition expresse
d'adhésion à son ministère, l'un des plus beaux gouvernements de France.
Le 24 avril 1644, le maréchal de Schomberg, poussé à bout par les obses-
sions de la Cour, ayant enfin consenti à se démettre de sa charge, le jeune
■ (( Novis nous tiendrons extrêmement obligé & ' Déclaration du roi, du iS avril 1643 :
n bien traité, s'il plaît à Sa Majesté nous laisser n L'obéissance qu'il nous a rendue en l'exécu-
n vivre comme simple particulier dans le royaume, u tion de ce que nous avons désiré de luy sur les
« sans gouvernement, sans compagnie de gens d'ar- t( ordres que nous avons donnés pour la régence...
i< mes ny chevaux légers ny sans pouvoir prendre u nous donne sujet 8c assurance d'espérer qu'à
« jamais pareille charge'. » <( l'avenir ses actions seront telles que nous... &
' Déclaration du roi, du i*"' décembre 1642 : " après nous la reine régente en aura toute sorte
« Il n'y a jamais eu de fils de France qui ait " cîe contentement. »
n reçu de si grands bienfaits d'un roi son frère & Cette déclaration, raconte Aubery, fut n enre-
<• qui les ait moins reconnus.... Ces motifs nous it gistrée d'une façon toute hâtive, au point qu'en
« ont fait juger qu'il était à propos de retrancher « un jour il fut envoyé [au Parlement de Paris]
<c à notre dit frère les moyens qui pourroient le <t trois lettres de cachet pour avoir à finir l'affaire
(( porter à l'avenir à troubler le repos de notre n avant la nuit'. » On craignait à chaque instant
« Etat. » qu'il n'arrivât un contre-ordre & que l'intriguo
n'avortât.
' Consentement de Monsieur. Mcinoircs de Monsieur de
MoiUiésor, p. 226. ' Aubery, Histoire du cardinal Mazarin. t. I. p. 100.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. i85
roi signa des lettres patentes qui nommaient le duc d'Orléans gouverneur 8c
lieutenant général en la province de Languedoc.
L'exposé des motifs rappelait complaisamment les avantages du pays, son
étendue, ses belles & opulentes villes, le nombre de ses châteaux & forte-
resses utiles à la conservation des frontières, une multitude de noblesse
adonnée à l'exercice des armes. On n'oubliait pas de signaler ce qui consti-
tuait, en eftet, une difficulté capitale du gouvernement, la diversité des reli-
gions. Toutes ces causes exigeaient « un personnage de condition relevée,
« dont la conduite fût accompagnée d'une singulière prudence pour main-
« tenir l'union & la concorde sous l'obéissance du roi. »
Le souverain ajoutait qu'il avait jeté les yeux sur divers sujets, avant de se
décider à confier à quelqu'un la fonction d'une aussi grande charge, qu'il
avait pris l'avis de la régente, du prince de Condé & du cardinal Mazarin,
S< qu'enfin il ne croyait pouvoir faire une meilleure élection que de la per-
sonne du duc d'Orléans, son éminente qualité Se l'éclat de sa naissance, qui
le rapprochait du trône, paraissant l'obliger plus que nul autre à une étroite
fidélité : la chancellerie comptait évidemment sur le défaut de mémoire des
Languedociens.
Le même jour, le duc d'Orléans prêta serment, à Paris, entre les mains du
roi 8t de la régente'. Il devait garder le gouvernement de la Province pen-
dant seize ans.
Gaston-Jean-Baptiste de France, duc d'Orléans, de Chartres, de Valois &
d'Alençon, comte de Blois, de Montlhéry Se de Limours, seigneur de Mon-
targis, était alors âgé de trente-six ans. Veuf en premières noces d'une
duchesse de Montpensier, héritière des dauphins d'Auvergne, qui mourut au
Louvre, après avoir mis au monde la grande Mademoiselle^, il s'était remarié
au bout de cinq ans, en grand mystère Si contre la volonté du roi, avec une
princesse de la maison de Lorraine, Marguerite, fille du comte de Vaude-
mont. Cette seconde femme ne lui avait pas encore donné d'héritier, mais il
avait deux enfants naturels-^.
Il partageait sa résidence ordinaire entre Paris, où il habitait le palais
du Luxembourg, alors désigné sous le nom de palais d'Orléans, Se ce grand
château de Blois, qui faisait partie de son apanage depuis 1626, Se dont il
avait confié la reconstruction à Mansart, rêvant d'effacer par une majestueuse
monotonie toutes les traces de fantaisie élégante Se capricieuse qu'y avait
laissées François I.
Dans ses deux résidences, le prince entretenait autour de lui une véritable
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par- de Gaston d'Orléans & de sa première femme Ma-
lement de Toulouse. EJits & déclarations. rie de Bourbon, duchesse de Montpensier, dau-
' Anne-Marie-Louise d'Orléans, souveraine de phine d'Auvergne, souveraine de Dombes, morte à
Dombes, princesse de La Roche-sur-Yon, dauphine Paris, au palais d'Orléans, le 5 avril i6o3.
d'Auvergne, duchesse de Montpensier, de Saint- ' Louis, comte de Charny, gouverneur d'Oran,
Fargeau & de Chàtellerault, marquise de Mézières né à Tours, de Louise Roger de la Marbelière, &
en Bretiac, née au Louvre, le 29 mai 1627, fille Marie, née à Paris, de Marie Porcher.
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i86 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Cour. Quand il allait en voyage, les gentilshommes 81 domestiques attachés
à sa personne formaient un groupe d'environ cent cinquante chevaux.'.
Tout ce personnel n'était occupé que d'intrigues ^. Depuis son extrême
jeunesse, le prince avait trempé dans tous les complots qui s'étaient pu tramer
contre son frère, sauf à faire ensuite bon marché de ses engagements 8c à
désavouer ses complices lorsque la fortune les trahissait. Il avait commencé sa
carrière à dix-sept ans, en acceptant un rôle dans la conspiration de Chalais;
en 1629, il s'était retiré chez le duc Charles de Lorraine, alors en guerre
avec le roi; en i632, après la mort de Montmorency dont il était le principal
auteur, & malgré les engagements du traité de Béziers, il avait essayé une
nouvelle défection. Le commandement d'une armée que lui confia son frère
lui fournit l'occasion de tenter une démarche hostile sur les frontières de
Picardie, 8c il en était k son cinquième pardon royal lors de l'entreprise du
grand-écuyer. Toutes ces aventures l'avaient fort déconsidéré. Sa signature
ne trouvait guère plus de crédit dans les cours étrangères que dans celle de
France, 8c. le comte-duc d'Olivarès ne craignait pas de dire à Fontrailles, son
envoyé, que « le prince était entré en de si fâcheuses affaires & y avait si
« mal réussi qu'on ne pouvait désormais trouver beaucoup de gens disposés à
ti s'embarquer avec lui ^. »
Deux ans n'étaient pas encore écoulés depuis le moment où, se trouvant
gravement compromis après l'arrestation de Cinq-Mars, il faisait faire en son
propre nom les démarches les plus humiliantes auprès de Louis XIII &i de
Richelieu, sollicitant l'appui du cardinal Mazarin, de MM. des Noyers 8c de
' Mémoires Je Momieur Je Montrésor. Leyde,
1665, p. 4. La plupart des familiers du prince
étaient de joyeux compères :
« J'en connois encor d'assez fermes,
« Fontrailles, d'Aubijoux, de Termes,
tt Qui vivent de même façon,
« Ne faisant jamais d'abstinence.
Il Si ce n'est d'eauit & de poisson,
« De jubilés & d'indulgence'. «
- Voici la liste des officiers de la maison du duc
d'Orléans :
Il Victor Bouthillier, archevêque de Tours, pre-
mier aumônier. — Louis de la Rivière, conseiller
du roy en ses conseils d'État & privé, chancelier
de l'ordre du Saint-Esprit, abbé de Saint-Benoît-
sur-Loire, abbé des Roches & maître de l'oratoire
de S. A. R. — M. de Choisy, chevalier, conseiller
du roy en ses conseils d'État & privé, & cy-devant
maître des requêtes ordinaires de son hôtel, chan-
celier & garde des sceaux de Mb'"' le duc d'Orléans.
— M. de Bourdeaux, surintendant de sa maison,
conseiller du roy en ses conseils d'État & privé,
secrétaire du conseil d'État. — M. de Castille, sei-
gneur de Ville-Marveil, surintendant de la mai-
son, domaine & finances. — M. de Mascarany,
intendant. — M. de Goulas & M. de Fromont,
secrétaires des comm.andements, maison & finances,
& secrétaires ordinaires du cabinet. — M. Piètre,
conseiller du roy au Châtelet de Paris, & procu-
reur général de S. A. R. — Le duc de Bellegarde,
cy-devant grand-écuyer de France, gouverneur de
Bourgogne, premier gentilhomme de la chambre.
— Henry de Gournay, chevalier, comte de Mar-
cheville, baron de Montloué, premier chambellan
& premier des ordinaires de S. A. R. — Le mar-
quis de Maulny, premier écuyer. — M. de la
Frette, capitaine des gardes françoises du corps. —
M. le comte de Saint-Aignan, aussi capitaine des
gardes françoises. — M. de la Ferté Imbaut, con-
seiller du roy en ses conseils, capitaine-lieutenant
de la compagnie des gendarmes de S. A. R., lieu-
tenant général au gouvernement des pays & duché
d'Orléans. — M. François de Chastillon, cheva-
lier, seigneur de Bois-Rogues, cornette de la cojn-
pagnie des chevau-légers de S. A. R. *, m
^ Mémoires Je Monsieur de Montrésor, p. 3r8.
Relation de Fontrailles.
' Bibliothèque de Touloiise. Ms. Recueil de cliansons ; pe-
tite fronde. i65o.
' Le Maire, Histoire des anliquités de la ville & Jtichi
d'Orléans. Orléans. Maria Paris. M. DC. XLViii. p. 121.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 187
Chavignv, pour rentrer en grâce auprès du roi Savoir la faveur de se retirer
à Venise, avec une pension de dix mille écus par mois. C'était lepoque où
Richelieu, qui le méprisait profondément, répondait à ses protestations 8c à
ses prières par cette phrase hautaine : « Puisque Dieu veut que les hommes
« aient recours à une ingénue & entière confession pour être absous de leurs
« fautes en ce monde, je vous enseigne le chemin que vous devez tenir pour
K vous tirer de la peine en laquelle vous êtes', n & où M. de Chavigny, non
moins expressif que son maître, écrivait au cardinal en lui annonçant le
départ de gens de guerre destinés à rendre plus effectifs les engagements de
Monsieur : « Les troupes ne délaissent pas de marcher, car la peur est un
« excellent orateur pour le persuader de faire les choses qu'on veut de luy^. »
Il avait sufiî de la mort d'un homme pour tout changer; 81 maintenant,
par la volonté même du monarque défunt, le frère soupçonné, dont on faisait
surveiller l'exil, occupait le premier rang dans les conseils de la régence Si
devenait gouverneur d'une des plus grandes provinces du royaume.
Alors tous les personnages qui, à des titres divers, occupaient une place
dans sa confiance devinrent considérables 8c redoutés du pays de Languedoc.
Ils eurent en leurs mains le secret des faveurs 8c des disgrâces. Se ceux dont
Richelieu voulait paralyser la turbulence en rognant la pension de leur
maître, afin de l'empêcher d'emmener à Venise les mauvais esprits qui
l'avaient perdu ^, devinrent les dispensateurs des finances 8c puisèrent impu-
nément dans l'épargne des peuples.
Parmi ces hommes formés à l'école d'intrigues du palais d'Orléans 8c du
château de.Blois, l'abbé de la Rivière fut un des plus influents 8c aussi des
plus détestés.
Cet ecclésiastique était entré depuis longtemps dans la familiarité du prince.
C'est lui qu'après la débâcle de Cinq-Mars le duc d'Orléans avait envoyé
en ambassade confidentielle auprès du roi, auprès du cardinal-ministre, de
Mazarin 8c des secrétaires d'Etat, pour fléchir la colère fraternelle 8c rédiger
cette fameuse déclaration écrite dont Richelieu avait fait la condition expresse
du pardon. Le négociateur n'avait guère plus de courage que l'altesse. Cha-
vigny raconte plaisamment que dans le cabinet du roi, où eut lieu l'en-
trevue, l'abbé opposant quelques difficultés à la demande d'engagement écrit
Louis XIII parla en maître, Se le pauvre ambassadeur eut tellement peur
d'être arrêté qu'il fut presque saisi de défaillance 8c ensuite « d'une espèce de
coléra morbus, n dont on ne put le guérir qu'en lui rassurant l'esprit •♦.
Louis Barbier de la Rivière, seigneur de Petit-Bourg, ancien régent de
collège parvenu à la haute situation de confident nécessaire 8c dominateur,
avait quinze ans de plus que son maître. Il était l'âme de ses conseils, l'in-
troducteur de toute requête, exerçait sur son esprit la plus complète influence
• Lettre du cardinal de Richelieu au duc d'Or- ' Instructions du cardinal de Richelieu à M. de
léans, du 3o juin 1642. Chavigny. Mémoires de Monsieur Je Montrcsor,
' Lettre de M. de Chavigny au cardinal de Ri- ■* Lettre de M. de Chavigny au cardinal de Ri-
chelieu, du 1^'' juillet 1642. chclieu, du 3o juin 1642.
1644
-^^"^ — i83 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
& avait acquis, par une longue habitude de sa personne & de sa maison, la
faculté de deviner ses intentions Se ses démarches les plus secrètes, clair-
voyance dangereuse qui lui permettait de jouer double rôle & de se ménager
des appuis au conseil du roi; aussi peut-on dire, sans exagération, que ce
puissant favori se trouva, de fait, pendant quelques années, le vrai gouver-
neur de Languedoc. L'exemple de Richelieu & de Mazarin avait développé
en lui des ambitions chimériques, dont il poursuivit la satisfaction par tous
les moyens, sans pouvoir atteindre jamais l'objet de ses espérances'.
Au-dessous de lui, mais beaucoup plus bas dans la familiarité du prince,
étaient Goulas, secrétaire des commandements; d'Elbène, du Guey, cham-
bellans; le Père Gondran, confesseur de Son Altesse; Oiiailly, capitaine des
gardes, considérable dans la maison pour sa charge, sa naissance & son
mérite^; puis une foule de gentilshommes, véritable clientèle de patricien,
assiégeant à toute heure les galeries du palais : Le Coudray-Montpensier,
Sainte-Croix d'Ornano, Lingendes, Saint-Quentin, Vieuxpont, Charnazé,
l'Espinay, Montrésor, Maulevrier, Sardigny, Saumery, Le Theilhac, Brion,
le chevalier de Beuil, l'abbé d'Aubasine, le vicomte d'Auteuil
Ce fut seulement le 4 juin que les lettres patentes portant nomination du
duc d'Orléans furent présentées au Parlement de Toulouse, en la grand'-
chambre, pour y être enregistrées.
Le prince, qui ne comptait pas s'éloigner un instant du foyer de la poli-
tique ou des armées, avait chargé de cette mission l'un de ses plus anciens Si
plus fidèles favoris, ce même comte d'Aubijoux qui, en 1642, était venu lui
apporter au château de Chambord le fameux traité avec la couronne d'Es-
pagne, principale cause de la mort de Cinq-Mars. Depuis le commencement
des poursuites contre le grand-écuyer, le comte d'Aubijoux s'était réfugié en
Angleterre avec quelques autres gentilshommes également compromis; il y
avait attendu la mort du cardinal-ministre & celle du roi, & ce double évé-
nement, qui faisait tomber pour lui les barrières de l'exil, le ramenait en
France 81 l'associait au triomphe de son maître. C'est lui qui, avec Fon-
trailles Se quelques autres ardents ennemis de Richelieu, cherchait à faire
condamner la mémoire du cardinal comme celle d'un ennemi public, cou-
pable de s'être emparé de l'autorité royale pour exercer des violences Se
contenter son ambition. Le nom du comte d'Aubijoux se trouvait compris
dans l'arrêt de Cinq-Mars, la procédure ayant révélé sa participation active à
toutes les intrigues du complot, son assistance aux mystérieuses entrevues de
la place Royale où le duc de Bouillon donna sa parole, son voyage à Nar-
bonne auprès du grand-écuyer. Mais, depuis l'avènement d'Anne d'Autriche,
il avait suffi de lettres d'abolition, enregistrées au Parlement de Paris, pour
rendre au criminel d'État son innocence, sans qu'il fût même obligé de se
soumettre à la formalité d'un emprisonnement volontaire, grâce au privilège
des fils de France qui s'étendait jusqu'à la personne de leurs domestiques.
' Il inourvit évêque & duc de Langrfs en 1670. ' Mémoires de Monsieur Je Montrésor, p. 57.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 189
Deux ans plus tôt, le comte était à Toulouse, en proie à ses angoisses de
conspirateur. Il y recevait des mains de Fontrailles, arrivé furtivement d'Es-
pagne par le port de Vénasque, en échappant à mille dangers, le gage mortel
de l'alliance étrangère, 8t maintenant il se retrouvait au même lieu, entouré
des marques de la faveur royalcj & il figurait, comme représentant du pre-
mier prince du sang, dans une cérémonie qui était une sorte d'hommage à la
justice & à la loi. Les capitouls de Toulouse lui rendirent les honneurs que
recevaient les lieutenants du roi, Se lui firent offrir par le syndic de la ville
le présent de bienvenue '.
L'avocat général Marmiesse porta la parole pour le procureur général du
roi. Le premier président assistait à la séance, où tous les conseillers étaient
réunis. Il était d'usage que la grand'chambre fît seule ce genre de cérémonie j
mais, en considération de l'éminente qualité du personnage, fils, frère 61 oncle
du roi Se chef du conseil de la régence, on ne crut pouvoir donner trop
d'éclat à la solennité. Par le même motif, 8t après avoir entendu quelques
amplifications élogieuses de l'orateur, sur les divers mérites du prince en ce
moment occupé au siège de Gravelines, on supprima dans l'arrêt de registre
la formule de réserve, sauf le ressort & souveraineté de la cour, dont on
avait toujours usé pour les autres gouverneurs. On fit également abstraction
du serment de garder les ordonnances du roi prêté à la cour par divers
prédécesseurs de Gaston d'Orléans.
Deux jours après, le doyen donna lecture d'une lettre du nouveau gouver-
neur, datée de Paris le i6 mai 1644. Le prince annonçait que l'administration
des affaires de l'État Si le commandement des armées ne lui permettaient pas
d'aller en Languedoc 8c d'y exposer les sincères intentions qu'il avait pour le
repos des peuples. Il expliquait que le roi lui avait donné le gouvernement
de la Province dans la pensée qu'il pourrait, avec plus d'autorité que nul
autre, faire vivre ses sujets dans l'union 8t la concorde. Il invitait la compa-
gnie à seconder ce désir Si demandait de favorables sentiments pour l'enre-
gistrement de ses pouvoirs, ajoutant que le comte d'Aubijoux avait ordre de
les lui rapporter. La lettre se terminait par des offres de services.
Dans la précédente séance, le Parlement avait décidé l'envoi d'une dépu-
tation. Le nombre des députés tut vivement débattu, les opinions variant
entre trois 81 six. On s'en tint à quatre, un président Si trois conseillers, afin
de marquer la différence entre la dignité des plus grands princes Si celle du
roi. H était l'usage de ne députer jamais que des magistrats assistant à la
séance. Les présidents de Graignague, Donneville, Caminade étaient absents.
Le premier président s'excusa ainsi que la Terrasse 81 Ciron. Le choix tomba
donc de nécessité sur le président Puget de Gau, avec les conseillers Tif-
faud, Tourreil Si Dumay^.
Il fut rédigé une lettre de courtoisie au nom de la cour, exprimant au
■ Archives de Toulouse. Z/vre <ffj ConseilSjWlV, ' Malenfant, Collections & remarques du palais,
p. 14^. Séance du 4 juin 1644. ill, p. ^^. Affaires Ju roi & ilupuilic,l, pp. ^i!.-^\j.
1644
~ 190 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
prince-gouverneur « la passion d'être honorée de ses commandements & de
« lui rendre ses très-humbles services & obéissances. »
Pour subvenir aux dépenses de la députation, le Parlement, dans la séance
du lendemain, autorisa les délégués à contracter un emprunt en leur nom
personnel, tout le corps de la cour s'obligeant par arrêt à leur rembourser
les sommes prêtées, & réservant d'avance pour cette affectation exclusive les
• premiers deniers qui proviendraient des amendes'.
Les députés devaient partir au plus tôt & se transporter auprès de Son
Altesse, en quelque lieu qu'elle pût être, « dedans ou dehors le royaume. »
Un mois après, ils ne s'étaient pas encore mis en route. L'un d'entre eux,
le conseiller Arnaud de Tiffaud, s'excusa même, le 27 juillet, en alléguant
son grand âge Se le mauvais état de sa santé. On lui substitua son collègue
Louis de Guillermin.
Un des premiers actes du prince que ses partisans avaient voulu repré-
senter, en i632, comme un défenseur des libertés de la Province, fut d'exiger
la totalité de ses appointements pour l'année 1644, bien que sa nomination
datât seulement de la fin du mois d'avril, &, non content de cette fraude, il
ne se résigna pas même à respecter les usages financiers du Languedoc & à
prendre patience jusqu'au vote des Etats, dont la résistance n'était pourtant
pas à craindre. 11 contraignit le trésorier Le Secq à lui payer immédiate-
ment, contre les règles les plus formelles, la somme de soixante mille livres,
plus six mille à partager entre ses deux secrétaires, Goulas 8t Fromont, don-
nant pour prétexte à cette injonction cavalière les dépenses qu'il avait faites
au siège de Gravelines^.
Le duc d'Orléans n'avait jamais eu l'intention de résider en Languedoc Se
de compromettre, même par un éloignement temporaire, la haute situation
qu'il occupait dans les conseils de la régence. La possession de ce grand gou-
vernement St la faculté de distribuer à ses favoris toutes les charges & tous les
commandements de places qui en dépendaient faisaient l'unique objet de son
ambition, mais il ne songeait pointa remplir la charge en personne. Les con-
sidérations d'utilité publique, si complaisamment invoquées dans le préam-
bule de son brevet 3, n'étaient guère plus sérieuses que la feinte humilité du
prince, déclarant,' au lit de justice du 18 mai 1643, abandonner tout l'hon-
neur à la régente Se ne prétendre d'autre part dans les affaires que celle qu'il
plairait à la reine de lui laisser"*.
Après avoir démontré que le gouvernement du Languedoc, pour être con-
venablement exercé, réclamait un prince du sang, la chancellerie royale
' La ville de Toulouse imita l'exemple du Par- & particulièrement d'obtenir le maintien de l'a-
Icment; elle envoya au prince une ambassade com- bonnement des tailles.
posée de six personnes : deux capitouls, MM. de ' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance
Faure 8t de Saline; deux avocats, MM. de Saint- du 14 février 1645.
Fol 8t de Fraxine; deux bourgeois, MM. de Ro- ' Voir nos Pièces justificatives, n. XII, col. 4?
quette & de Cironis. On les chargea, outre les & suiv. Lettres patentes du Roi nommant Gaston
congratulations habituelles, d'implorer la protec- d'Orléans gouverneur de Languedoc,
tion du prince en faveur des privilèges de la ville, ■• Aubery. Hist. du cardinal Ma^arin, II, p. 23t.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 191
n'eut pas de peine à établir que le duc d'Orléans, se trouvant, en vertu d'un
arrêt du Parlement de Paris, lieutenant général dans toutes les provinces du
royaume sous l'autorité de la régente Si chef de ses conseils, ne devait pas
s'écarter du cabinet de la reine.
Ayant à lui donner un suppléant territorial, on n'en pouvait trouver de
meilleur que le gouverneur démissionnaire; de nouvelles lettres patentes,
signées le 6 mai, onze jours seulement après la nomination de Gaston, res-
tituèrent donc au maréchal de Schomberg, sous le titre de « seul lieutenant
général, » son ancien commandement dans la Province. Afin de rendre la
mesure plus acceptable, on présentait la fonction nouvelle comme une
simple concentration des trois charges de lieutenants généraux possédées par
MM. d'Arpajon, d'Ambres Se de Tournon, 61 l'on alléguait le précédent des
ducs de Ventadour qui avaient occupé une situation analogue sous le con-
nétable Anne de Montmorency".
Les causes de cette disposition étaient multiples. D'abord on donnait satis-
faction au gouverneur dépossédé, en lui rendant auprès des États les préro-
gatives honorifiques Se les avantages matériels dont il avait joui pendant
plusieurs années, la Province devant en être quitte par un doublement de
gratifications. Se, en outre, on maintenait à la tête du pays un homme dont
le caractère, à la fois ferme Se modéré, s'accordait à merveille avec les vues
particulières de Mazarin. Le cardinal, qui n'avait pu empêcher Gaston d'Or-
léans de mettre la main sur le Languedoc, soutenait chaleureusement le
maréchal. Sa politique répugnait à la violence. Pendant l'insurrection des
croquants de Rouergue Se de Querci, le comte de Noailles avait reçu de lui
des conseils de modération. « Je m'assure, lui écrivait Mazarin, que votre
« conduite sera telle que, sans vous servir de la force, vous contiendrez avec
« la douceur Se la raison dans le devoir ceux qui avaient quelque disposition
« à s'en écarter*. » C'est bien ainsi que la maréchal comprenait le rôle des
hommes d'autorité à l'égard des peuples. Aussi le premier ministre, que la
situation du Languedoc inquiétait, tant à cause des difficultés financières
que des antagonismes religieux, saisit-il avec empressement l'occasion de
pallier, par la présence de Schomberg, les influences fâcheuses du personnel
turbulent Se passionné qui s'agitait autour du nouveau gouverneur.
Dans ses instructions aux intendants, il insistait sur le désir qu'avait la
reine de soulager le pays dans la mesure du possible. Elle comptait ne pas
attendre la fin de la guerre pour obtenir quelque amélioration. « Le plus
<' fort de tous les ordres qu'elle donne à ceux qui ont l'honneur de la servir
i< en la conduite de ses affaires est de pourvoir véritablement aux moyens de
« maintenir les dépenses nécessaires Se sans lesquelles l'État tomberait en
<i une ruine inévitable, mais aussi de rechercher tous les expédients qui se
' Pièces justificatives, n. XIII, col. 48 & suiv. • A. Chéruel, Lettres Ju cardinal Mazarin, I,
Lettres patente» du Roi nommant le maréchal de p. 284. Lettre au comte de Noailles du i5 août
Schomberg seul lieutenant général en Languedoc. 16^'i,
1644
1044
102
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« pourront imaginer pour faciliter aux peuples les moyens de payer ce que
« Sa Majesté exige d'eux. Ce sont les deux fins où doivent particulièrement
« viser ceux qui exercent des emplois dans les provinces'. «
Telle était d'ailleurs, en toutes choses, l'action de Mazarin; il s'efforçait
de tempérer le mal , n'ayant pas les moyens de le combattre. Suivant le
même principe, on l'avait vu, au moment de la grande réaction contre les
procédés de Richelieu, souscrire au retour individuel d'un certain nombre
d'exilés, sans consentir à des lettres de rappel général qu'il jugeait dange-
reuses pour l'ordre public^. Il savait, comme tous les hommes éclairés de son
temps, que l'immixtion des grands seigneurs aux agitations populaires pou-
vait seule donner à ces mouvements des chances de durée 3.
Le duc de Bouillon, avant de rompre ouvertement avec la Cour & de se
retirer en Suisse, avait séjourné quelque temps en Limousin, & de là il avait
fait passer des émissaires en Vivarais & dans les Cévennes. Ces pays tour-
mentés, « d'humeur assez fâcheuse », pour employer l'expression même de
Mazarin, étaient depuis longtemps, pour tous les artisans de troubles, l'objet
d'une prédilection particulière. On y croyait les prises d'armes faciles, l'éter-
nelle querelle de religion aidant. Aussi, comme autrefois Richelieu, le pre-
mier ministre prescrivait-il de surveiller ces cantons avec soin, tout en se
gardant de donner des marques de défiance qui pourraient aggraver le mal
8c précipiter un éclat"*.
Du reste, on pouvait signaler depuis quelque temps, sur divers points du
pays, 8c dans les provinces voisines, une recrudescence de ce vieil esprit
féodal 8c de ces mœurs belliqueuses que les sévérités royales avaient si juste-
ment frappés sous le règne précédent. Il semblait que les supplices de quel-
ques duellistes célèbres fussent oubliés, 8c l'on voyait renaître une fureur de
querelles à main armée, parfois sous les prétextes les plus frivoles, qui faisait
reculer la France de vingt ans. La manie des combats singuliers s'était
' A. Chéruel. Lettres du cardinal Mazarin, I,
p. 454. Lettre à Balthazar, du i3 novembre 1643.
Mazarin y accuse réception du discours prononcé
par le maréchal à l'ouverture des Etats, & loue en
passant « la beauté des pensées & des ornements
de langage » qu'il y a remarquée, en appuyant
sur les promesses de paix & d'allégement d'impo-
sitions.
' Aubery, Histoire du cardinal Mazarin, II,
p. 285. Ce fut en vertu de ces concessions que le
comte de Caraman, Adrien de Monluc, put sortir
de la Bastille, avec les maréchaux de Vitiy &
de Bassompierre; mais on ne leur laissa pas la
liberté de revenir à la Cour.
' C'est l'opinion qu'exprime Grotius, dans une
lettre curieuse relative aux troubles de Rouergue :
« Ibi motus sunt contra publicanos & a seditiosis
« etiam oppida obsidentur, oppugnanturque ma-
(( chinisj non puto tamen malum fore diuturnum,
« si non adjungant se ex principibus illi quibus
« praesentia, ut saepe fit, displicent'. "
* Lettres du cardinal Ma^arin^ I, p. C6^. Lettre
à Balthazar, du 1 5 avril 1 644. A propos de la teni:e
d'un synode protestant à Montpellier, le cardinal
écrivait à l'intendant : n Estant sur le lieu, & dans
Il les occasions, vous pouvez juger mieux que per-
« sonne ce qui est le plus convenable au service
n de Sa Majesté. Il me semble néanmoins, en gé-
II néral, que vous devez tellement ajuster votre
II conduite au dehors, que en destournant les in-
II convéniens qui tomberont sous vostre pre-
II voyance, vous fassiez paroisire le moins de àe(~
Il fiance qu'il se pourra, & que en rentrant les
Il alarmes bien fondées, vous n'en preniez point
Il de fausses '. »
' Lettre du 10 octobre 1643. Epistoïae itiejitae, p. S9.
' A. Chcruel, Lettres du cardinal Mazarin, I, p. 5ii).
I.ctire à Balthazar du 5 janvier 1614.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. ïçS
répandue dans tous les rangs, & les fonctions même les plus opposées au
métier des armes n'en garantissaient personne. Malgré l'ordonnance qui
défendait le port d'armes, on voyait souvent des troupes de cavaliers s'aborder
sur les grandes routes Si régler à coups d'épée ou de pistolet des affaires de
succession ou des contestations de limites.
Mais le temps n'était plus où les gentilshommes de marque, reconnus
coupables d'infraction à l'ordonnance, avaient impitoyablement la tête tran-
chée & le corps jeté à la voirie, comme il arriva en 1625 aux Castelbajac
de La Fos Si de La Barthe, à Joseph de Grossoles, au chevalier de Saint-
Martin '.
Le Parlement de Toulouse eut à juger, par évocation de la cour de Gre-
noble, une cause criminelle où se trouvait compromis un conseiller de cette
compagnie.
L'affaire s'était passée en Dauphiné, au sortir d'un bal, Aymar de Virieu,
seigneur de la Frette, attendant qu'on ouvrit les portes, en même temps que
d'autres gentilshommes, avait échangé quelques paroles d'impatience avec le
sieur de La Marcousse, puis un démenti formel, puis des coups. Séparés un
instant par leurs amis qui poussèrent Virieu dans la salle, la face sanglante,
le chapeau &c le manteau foulés aux pieds, les deux adversaires se rencontrè-
rent quelques instants plus tard, en pleine rue, à la clarté des flambeaux, &
à la suite de rapides estocades, La Marcousse tomba, percé d'un coup d'épée
au-dessous du bras droit. On n'eut que le temps de le conduire dans la
maison du sieur de Chevrier, un de ses cousins, où il rendit l'âme. Comme
d'habitude, les compagnons des antagonistes avaient dégainé, & le conseiller
la Perrière se trouvait du nombre.
La mère & les frères du mort s'étant donné beaucoup de mouvement
auprès de l'intendant de Dauphiné, obtinrent renvoi à Toulouse à cause des
liens de parenté qui unissaient le meurtrier à plusieurs membres du parle-
ment de Grenoble.
Ce fut une grande question à la cour de savoir si le conseiller prévenu
serait mis sur la sellette les fers au pieds, sans robe, ou avec robe sans bonnet,
ou avec bonnet carré; on décida qu'il comparaîtrait debout, sans fers, en robe
longue, avec le bonnet carré à la main.
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par- montés qui se logèrent en trois hôtelleries 8c fei-
lement de Toulouse. B. ^Sy. gnirent de ne se point connaître. Les gens du lieu
Les sieurs de Noueilles & de Merville, en Lau- leur ayant montré quelque défiance, ils prirent la
ragais, ayant entre eux quelque querelle dômes- fuite & se firent arrêter en détail, les uns à Saint-
tique, avaient de part & d'autre engagé des capi- Jory, d'autres à La'unac, au château d'Ardus &
taines, tant gentilshommes qu'aventuriers, & des dans les faubourgs de Toulouse. C'étaient des gen-
soldats de pied & de cheval, avec l'aide desquels ils tilshommes qui arrivaient de la Basse-Guyenne en
se donnaient la chasse en plate campagne, sans expédition : ils avouèrent avoir passé deux nuits
souci des cultures & des laboureurs'. dans les bois, en vrais chevaliers d'aventure. Il y
Les habitants de Saint-Jory virent arriver un avait dans le nombre un marquis de Lusignan &
jour, en trois groupes différents, dix cavaliers bien un baron deGoniaut".
■ Arrcls du Parlement do Toulouse. Septembre, i()25. B.
' Arrêts du Parlement de roulousc. Mai, lûjS. B. .(52. 45C.
XIII. .3
1644
~ 194 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
11 fut condamné à trois mille livres d'amende envers les parties & aux
dépens, sans amende au roi ni à l'ordonnance de la cour, 8<. suspendu pour
six mois '.
Quant au meurtrier", le cas étant formel, on prononça contre lui une sen-
tence capitale; mais au mois de mai 1644 furent signées des lettres de grâce.
Elles contenaient un récit atténué de l'événement, tel que le pouvait pré-
senter le défenseur, 81 un exposé des services militaires du coupable qui, dès
sa jeunesse, avait porté les armes dans la compagnie colonelle des gardes du
roi Louis XIII, au siège de la Rochelle, dans le régiment du marquis du
Palais, au siège de Casai, & enfin au siège de Turin, comme volontaire
armé à ses dépens, sous les ordres du comte d'Harcourt.
Dans le courant de l'été, les montagnes du haut Vivarais virent un épisode
analogue.
Le 20 juin 1644, le comte de Montoyson , gentilhomme dauphinois,
ancien colonel du régiment de Forez, lieutenant des gardes du duc d'Or-
léans, vint rendre visite, en Vivarais, à la dame de Vaugueil qui habitait,
avec ses deux fils, le château patrimonial de Gourdan, situé au milieu des
massifs boisés de la rive droite du Rhône. Il prit rendez-vous avec les deux
jeunes gens pour le lendemain à Serrières, chez son frère le comte de La
Roche-Montoyson, afin d'aller ensemble chasser le lièvre dans la plaine du
Dauphiné.
Le lendemain, qui était un dimanche, les deux gentilshommes, en grand
équipage & accompagnés de quatre valets, s'acheminaient en chassant vers
le lieu de rendez-vous, lorsqu'ils entendirent la cloche de Peaugre sonnant
la messe. Ils donnent du cor pour assembler les chiens St coupent à travers
champs. Ils se trouvaient alors sur les terres d'un noble campagnard nommé
Imbert de Baronnat; le fils de ce personnage & son valet, tous deux à cheval,
armés de pistolets & de carabines, courent sur les chasseurs &c leur reprochent
de ne pas respecter le domaine. La bataille s'engage, & à la suite d'une
décharge générale, Joseph de Baronnat reste mort sur la place.
Triple information du juge seigneurial de Peaugre, du prévôt des maré-
chaux de France au siège d'Annonay, du lieutenant criminel de la séné-
chaussée de Valence.
Heureusement pour les frères de Gourdan Se pour leurs compagnons, Joseph
de Baronnat s'était fait par ses violences, dans tout le pays, une réputation
' Malenfant, Collections & remarques du palais, rôles en bonne part comme elles étoient dites, le
III, p. 14. — Archives de la Haute-Garonne. Fonds gentilhomme lui répond avec mépris. Virieu de-
dii Parlement de Toulouse, Edits & déclarations. mande en riant s'il le veut quereller, ajoutant
Le récit des lettres de grâce donne un tableau de qu'il le connaissoit bien; La Marcousse lui donne
la scène : la main, en disant à demain. — « Ha l'homme de
n Arrivé sur les degrés de la salle où étoit la bien! « réplique Virieu; lui touchant la main. —
compagnie, il rencontre les sieurs de Lestang & « Oui, plus homme de bien que vous! » — Paroles
de La Marcousse avec quelques autres qui atten- d'aigreur, démenti. Lestang & un laquais prennent
dolent que la porte fût ouverte. Il dit à La Mar- Virieu par derrière, tandis que La Marcousse le
' cousse de faire ouvrir. Au lieu de prendre ces pa- bat, &c. u
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. ig5
détestable. Lui 8c son valet de chambre, Jacques Frachou, étaient connus
pour gens audacieux & téméraires, « coutumiers d'entreprendre, par présomp-
« tion d'eux-mêmes, des meurtres 8c assassinats. » Ils avaient massacré ainsi,
dans la montagne, un certain Germain Letebvre sous les yeux même de son
père, de son frère 6c de leurs domestiques, 8c bien que le Parlement de Gre-
noble les eût condamnés, pour cet exploit, à être pendus, ils n'en comptaient
pas moins sur l'impunité.
Restait la question du port d'armes de guerre, sévèrement prohibé par les
édits; mais on fit valoir que les chasseurs avaient à passer de la Province de
Languedoc dans celle de Dauphiné, &c que l'état d'hostilité avec l'Autriche
contraignait les gentilshommes à porter des pistolets pour se défendre.
L'aftaire devait se terminer, comme la précédente, par des lettres d'abolition'.
Il était fort difficile, lorsque ces traditions de violence reprenaient faveur
dans les familles seigneuriales, sans être, comme autrefois, rigoureusement
réprimées, d'obtenir ce respect de l'ordre c[ui est la première condition de
tout État policé. On tentait des efforts partiels pour assurer la sécurité des
chemins; mais les résistances locales en compromettaient l'effet.
L'intendant Balthazar condamna les quatre diocèses de Nimes, Viviers, Uzès
8c Mendc à faire les fiais d'entretien de douze archers, trois pour chaque
diocèse, destinés à servir sous les ordres du prévôt général de la sénéchaussée
de Beaucaire, aux gages de deux cents livres par an. Ce n'était pas trop
de trois archers pour battre les routes de ces vastes pays, où la nature du
sol favorisait les entreprises séditieuses 6c facilitait l'impunité. Mais comme
ces mesures de surveillance indispensables entraînaient un accroissement de
dépenses pour la Province, elles étaient toujours fort mal accueillies. A propos
de cette création d'archers, on remarqua seulement qu'elle augmentait de six
cents livres par an les impositions de chacun des quatre diocèses, 8c il fut
représenté aux États que c'était une dérogation à l'édit de Béziers, qui avait
limité à trente mille livres par an, pour toute la Province, les frais d'entretien
des prévôts 8c archers de Languedoc^.
Dans les villes, la tranquillité n'était pas mieux garantie. En juin 1644,
nous voyons les capitouls de Toulouse interdire l'entrée du théâtre aux gem,
armés d'épées, de dagues, 8c de bâtons, à cause des rixes Se des scènes tumul-
tueuses qui se multipliaient dans ces lieux de divertissement^.
La capitale de la Province ne cessait pas, d'ailleurs, d'être agitée par les
tiraillements auxquels donnait lieu l'autorité jalouse du Parlement.
La prépondérance que cette compagnie s'était arrogée, à la faveur des
' Elles furent données, au mois de mars 164.5, Garonne. Fonds du Parlement de Toulouse. Èdlts
en faveur de Louis de Vaugueil, écuyer, sieur de &■ déclarations.)
Gourdan, sop frère Pierre, sieur de Cazcaux, Jenn ' Procés-rerbal des £uts. Séance du 24 janTier
Dugas de Bonlieu, Jean Achard & Claude Lacour, 1645. Rapport du Syndic général Lamamye.
leurs ralets, Timothée Ramel, leuryalet de chasse, ' Archives de l'hôtel de ville de Toulouse. Or-
& Jean Borel, leur laquais. Le Parlement de Tou- donnances capiiulaires. — 8 juin 1644. — Les
loutc dut les enregistrer. (Archives de la Haute- comédiens jouaient alors dans le logis d« l'Écu.
1644
i644
U)6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
'^uerres civiles, sur les affaires municipales de Toulouse, & que lui mainte-
nait le crédit de ses membres 8t l'assistance intéressée d'une très-nombreuse
clientèle, avait des conséquences désastreuses pour les finances de la ville; car
la principale préoccupation des présidents Se des conseillers était la défense
8i l'amplification de leurs privilèges personnels, &L ils savaient trouver, pour
éviter leur part des charges publiques, mille subtilités de procédure qui décou-
rageaient les administrateurs les plus rigoureux.
C'est une assez étrange contradiction que de voir les représentants de la
justice &. les avocats officieux, souvent éloquents, de la misère des peuples
donner l'exemple de l'insoumission à la loi & contribuer, par des refus éner-
giques de concours, à rendre chaque jour plus graves les embarras d'argent
des communes; rien n'est pourtant plus exact. La plupart des officiers de la
cour souveraine se trouvaient possesseurs de terres roturières ou rurales, Se
bien que, d'après les usages particuliers de Languedoc, ces sortes d'immeu-
bles fussent absolument astreints au payement de la taille, les collecteurs
municipaux, dépourvus de moyens coercitifs, ne pouvaient arracher un denier
à leurs redoutables débiteurs. Quand on essayait de les serrer de près, ils
invoquaient la majesté de la cour violée, 8c de contribuables attardés qu'ils
étaient réellement se transformaient en défenseurs provoquants des droits de
la magistrature '.
Cet abus de l'autorité, reconnu par tous les observateurs attentifs, se tra-
duisait en véritables désastres pour le crédit de la ville. Comme les sommes
dues par les plus importants propriétaires ne rentraient jamais, il fallait à
chaque instant, pour les moindres dépenses, entamer les fonds destinés au
payement des rentiers, Se ce n'est que par des accumulations d'emprunts suc-
cessifs, accroissant d'année en année la dette municipale, que l'on tenait tête
aux engagements.
Les capitouls de 1644 tentèrent un grand effort. La ville avait obtenu, en
1640, vm arrêt du conseil d'Etat qui enjoignait à la municipalité de faire
incessamment la levée des tailles sur toute sorte de personnes Se nonobstant
tous privilèges, avec défense au Parlement de connaître des oppositions, que
le conseil se réservait^.
On voulait tirer parti de cette disposition. Se comme un officier inférieur
de la cour se trouvait redevable d'une somme de douze cents livres, on usa
de contraintes contre lui. Mais le Parlement n'était pas d'humeur à laisser
atteindre ses suppôts; non-seulement il rendit un arrêt qui déchargeait le
débiteur de toutes poursuites, mais il décréta de prise de corps le chef du
consistoire, M. d'Esquirolis, qui fut réduit à quitter la ville pour échapper
aux verrous de la conciergerie.
' Voir dans les Mémoires pour les députés de la payer leur quote part des imposition.s, ce qui fait
ville de Toulouse aux Ktats {Pièces justificatives, que la campagne se trouve tout à lait déserte &. le
n. IX, col. 34) les plaintes exprimées à l'arti- labourage abandonné, u
cle III, contre « les personnes d'autorité qui ont ' Pièces justificatives, n. XVI, col. 53. L'arrêt
des biens aux champs ou à la ville, refusant de est du 14 novembre 1640.
LIV, I. MINISTERE DE MAZARIN. 107 ' —
Le conseil du roi était le retuge naturel contre ces actes d'oppression.
Plainte y fut portée par l'avocat de la ville Duborn, qui obtint, le 21 juil-
let 1644, un arrêt de cassation décisif. Tout en suspendant l'ordre d'arresta-
tion lancé contre le chef du consistoire, avec défense à tous agents de la
cour d'y procéder, le conseil d'Etat interdisait au Parlement de « connaître
« directement ni indirectement du fait des tailles, « & pour que des artifices
de jurisprudence ne missent pas les capitouls dans l'impuissance de remplir
leurs fonctions en tout ce qui touchait à la perception des impôts, autant que
pour les soustraire aux vengeances des magistrats, tous les procès civils &
criminels que les officiers municipaux, les syndics, les membres du conseil
de bourgeoisie, en un mot, le personnel entier de l'hôtel de ville, pouvaient
avoir devant le Parlement de Toulouse, étaient évoqués de cette cour & ren-
voyés au Parlement de Bordeaux.
Telle était l'inévitable suite des excès de pouvoir commis par les oligarchies
judiciaires. On n'avait moyen de dérober les justiciables à leur partialité
qu'en les enlevant à leurs juges naturels, & le système des évocations, qui
devenait, à son tour, dans bien des cas, une forme de l'arbitraire, se trouvait
imposé par une nécessité supérieure. Il est facile de comprendre quelle explo-
sion de colère produisit dans le monde du palais l'acte d'autorité du conseil
d'État. Outre qu'il était menaçant pour les débiteurs de tailles, habitués à
une longue impunité, il trahissait dans le gouvernement de la régente une
intention arrêtée de limiter la magistrature à ses fonctions professionnelles 8c
de lui faire perdre le caractère de souveraineté qu'elle s'arrogeait.
Mais le Parlement ne se considérait pas encore comme vaincu; il existait
au sein du conseil de bourgeoisie une faction parlementaire puissante, atta-
chée à la cour aussi bien par des liens de parenté que par des intérêts com-
muns, acheteurs d'offices présents ou futurs, avocats, procureurs, gens vivant
du palais, propriétaires de biens ruraux qu'ils voulaient faire passer pour
nobles. Ce personnel, qui trouvait son avantage aux procédés iniques de la
cour, savait presque toujours étouffer les plaintes & ne laissait pas au mécon-
tement public les moyens de s'exprimer.
Comme les élections municipales étaient aux mains d'une petite coterie,
que les capitouls en charge se trouvaient liés d'avance pour la désignation de
leurs successeurs Se que le collège électoral, extrêmement restreint, obéissait
presque toujours aux patrons du Parlement, le renouvellement annuel des
magistrats municipaux, malgré l'apparente satisfaction qu'il promettait à l'in-
térêt général, ne lui assurait, de fait, aucune garantie.
On n'avait pas de prise sur cette chaîne sans fin. L'arbitraire se perpétuait
par une série de complicités successives; aussi, lorsque, à différentes époques,
des tentatives de réaction furent essayées, elles n'eurent d'autre ressource
qu'un appel à l'intervention directe du pouvoir central, 8c, par le fait, une
suspension provisoire de ce que l'on appelait, par euphémisme, les libertés
municipales.
Cet effort se produisit lorsque le duc d'Orléans eut pris en main, par une
igg ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Jcléoation spéciale d'Anne d'Autriche, le soin des affaires de Languedoc. Dès
le mois d'août 1644, divers personnages qui approchaient le prince, comptant
peut-être exploiter dans des vues d'ambition particulière les justes griefs des
contribuables contre leurs magistrats, inspirèrent au gouverneur la pensée de
faire lui-même les capitouls.
Parmi les instigateurs de ce coup d'autorité se trouvaient précisément les
deux députés de la ville, Lamamye & Cironis.
Cependant, les fêtes & les démonstrations extérieures suivaient leur cours.
La prise de Gravelines, où le gouverneur de Languedoc avait le comman-
dement des troupes royales, fut célébrée dans la Province avec beaucoup
d'éclat, tant pour faire honneur au duc d'Orléans que pour obéir aux injonc-
tions d'une lettre royale.
On chanta le Te Deum dans toutes les cathédrales. A Toulouse, le Parle-
ment y assistait en robes écarlates. Le premier président & le capitoul de
Saint-Etienne allumèrent le feu de joie devant l'église, & l'on tira le canon
en signe d'allégresse.
Le Te Deum fut aussi chanté pour la prise de Philipsbourg, enlevé aux
Espagnols par le duc d'Enghien. Le Parlement sortit en corps du palais au
son de la cloche, mais il ne portait que les robes noires '.
Durant plusieurs semaines du mois de novembre, la moitié de la Province
fut mise en mouvement par les solennités religieuses célébrées à Toulouse en
l'honneur de saint Edmond, roi d'Angleterre. Les dépouilles de ce monarque
passaient pour avoir été conquises sur les Anglais par le roi Louis VIII 8t
données à l'abbaye de Saint-Sernin, à l'époque où ce prince, à la tête d'une
croisade, vint camper aux portes de Toulouse. Elles occupaient un sarco-
phage de pierre dans l'église souterraine & n'avaient pas encore été dotées
d'une châsse de prix, comme la plupart des autres reliques qui faisaient de
ce sanctuaire un lieu de pèlerinage fréquenté.
A diverses époques, pendant les crises de peste qui désolaient périodique-
ment la ville, & particulièrement au mois d'août i63i, le corps municipal fit
vœu de réparer cette omission & de consacrer au saint roi une châsse d'ar-
gent. Bien que plus de dix ans se fussent écoulés, la ville, criblée de dettes
& tourmentée d'autres soucis, n'avait pas encore fait honneur à sa promesse.
L'esprit de dévotion qu'Anne d'Autriche remettait en faveur amena enfin la
réalisation du projet. Sur la sommation du premier président, le conseil de
ville, que le mauvais état des finances urbaines privait absolument de res-
sources, résolut de faire un emprunt 81 se chargea des dépenses de la fête.
L'organisation en fut longue 8< laborieuse. L'archevêque de Toulouse, le cha-
pitre abbatial, le parlement & le capitoulat devaient la concerter ensemble,
& le rapprochement de tant de puissances ne pouvait s'opérer sans occa-
sionner quelque conflit. On crut un instant que la cérémonie n'aurait pas
lieu, l'archevêque 8t le chapitre n'étaient point d'accord sur leurs prérogatives
' Malenfant, Collections & remarques du palais, III, p. 72,
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN.
100
99
réciproques, mais les commissaires du parlement Se de la ville finirent par
les concilier '.
Afin de rehausser l'éclat de la solennité, il fut décidé que l'on exalterait
en même temps diverses reliques conservées au même lieu, dans deux cer-
cueils de pierre, où, d'après la tradition, Charlemagne les aurait apportées de
Rome. On les attribuait aux saints martyrs Claude, Symphorien, Nicostrate,
Castor 8t Simplicien.
La reconnaissance 8c l'inventaire des ossements contenus dans les trois cer-
cueils se firent avec beaucoup d'apparat, le i6 8c le i8 juillet, en présence du
premier président, de l'archevêque Charles de Montchal 8c d'une foule de
personnages considérables par les soins du maître chirurgien Lubet qui en
dressa le procès-verbal.
Les fêtes de l'exaltation durèrent depuis le 12 jusqu'au 20 novembre.
Le 12, la châsse d'argent, en forme d'édicule, orné d'une figure du saint 8c
le buste aussi d'argent que les orfèvres venaient de livrer aux capitouls^
furent portés en grande pompe de l'hôtel de ville à Saint-Sernin.
Le lendemain, l'archevêque officia, tous les reliquaires de l'abbaye étant
disposés sur un échafaudage couvert de riches tentures, puis il prononça un
1644
■ Nous publions dans nos Pièces justificatives,
n. XVII, col. 54, le procès-Terbal de ces grandes
fêtes dressé par les deux commissaires du parle-
ment, Bertrand d'Assézat & Jean de Papus. On y
trouvera une description curieuse des préparatifs,
avec l'ordre & la marche du cortège, la liste com-
plète des corporations & un récit abrégé des con-
flits de préséance qui s'élevèrent. 11 existe un autre
compte rendu officiel de la solennité, mais au
point de vue exclusivement municipal, rédigé par
le capitoul Antoine de' Lagarrigue , & transcrit
dans le septième volume des Annales manuscrites
de l'hôtel de ville, p. 374. (Annales de l'an 1643
finissant en i644.)
• Les comptes de l'hôtel de ville de Toulouse
donnent quelques détails sur les travaux exécutés
dans les chapelles souterraines de Saint~Sernin à
l'occasion de cette cérémonie :
o A Anthoine Dupont, maître maçon de Tou-
louse, i3o livres pour avoir construit à neuf une
chapelle de brique dans la grotte des corps saints
de l'église Saint-Sernin, à l'endroit où est l'autel
de sainte Suzanne, pour dans icelle placer & col-
loquer la châsse de saint Edmond, auxquelles fins
ledit Dupont a desmoli ledit autel & crusé la
chapelle de pareille profondeur, longueur & lar-
geur des deux chapelles que ledit Dupont a faites
& construites dans ladite grotte pour les corps des
saints Simon & Jude, saint Philippe & saint Jac-
ques apostres, dans laquelle chapelle il a fait une
armoire de chaque côté pour y placer, dans l'une
les reliques de la teste de saint Edmond, & dans
l'autre le reliquaire des saints martyrs Claude,
Nicostrat, Symphorien, Castor & Simplicien, & a
fait un autel au fond de ladite chapelle avec une
armoire pour la châsse de saint Edmond. (Bail
retenu par Calmels, n", du 7 septembre dernier;
i( A Jean Loret, maître orfèvre, |33 livres pour
avoir achevé la châsse, ayant fourni 1 marcs
6 onces d'argent fin & la façon pour avoir rha-
billé les chandeliers des pères jésuites qui les
avaient prêtés & qui furent mis à l'autel dudit
saint pendant l'octave, lesquels chandeliers s'es-
toient fort gastés;
Il Bernard Bruchon, maître orfèvre, 180 livres
pour payement d'avoir fait, fourni & travaillé la
tête de saint Edmond, y ayant employé 4 marcs
3 onces d'argent fin au-dessus de celui qui fut
trouvé sur la tête de bois auparavant faite, & pour
avoir fourni 6 onces argent employées pour les
fermures ou pour assurer les pierres qui bran-
loient;
n A Jean Blanc, maître brodeur, 96 livres 4 sols
6 deniers pour quatre têtes de saint Edmond, qua-
tre couronnes, & quatre armoiries de la ville en
broderie à raison de 10 livres pièce;
CI A Louis Bouscason, parfumeur, 3o livres pour
poudres de violette & de cypre musquée & pour la
façon & doublure de la caisse d'argent de velours
où il avoit cousu le taffetas qui a esté nécessaire
pour envelopper les reliques 81 pour quatre can-
nes de ruban couleur de feu'. »
■ Archives de Toulouse. Pièces à l'appui dos comptes.
l64^
3 00 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sermon, & montra au peuple, pièce par pièce, les ossements contenus dans
les nouvelles châsses, tandis que la musique jouait 8t que les salves de l'ar-
tillerie municipale tonnaient sur les remparts.
Pendant toute l'octave, les paroisses du diocèse, invitées par lettres circu-
laires de l'archevêque, affluèrent, curés en tête, sous les voûtes de l'abbaye;
on compta jusques à cinquante de ces cortèges dans un même jour. L'em-
pressement des visiteurs était si grand que la ville eut peine à les abriter.
Le dernier acte fut une immense procession à travers la ville, de Saint-
Sernin à Saint-Etienne, où tous les corps ecclésiastiques & laïques figurèrent
Si où les châsses de l'abbaye étaient portées par des moines & des artisans.
On n'y voyait pas moins de soixante-deux corporations de métiers, Si tous
les couvents de Toulouse. Les membres du chapitre abbatial s'étaient réservé
le privilège de porter la châsse de saint Edmond Si les huit capitouls soute-
naient au-dessus de leurs têtes le dais brodé d'or aux armes de la ville. Le
premier président Si le marquis d'Ambres, lieutenant général, faisaient
partie de la suite.
Les maîtres des cérémonies que le conseil de ville avait nommés, ne pas-
sèrent point ces pénibles journées sans essuyer quelques déboires. Ils eurent
le regret de voir démolir, par ordre de la cour, les estrades de charpente
qu'ils avaient fait dresser Si qui ne rendaient pas suffisamment sensible la
distance hiérarchique du Parlement Si des capitouls. Dans le cours de son
office, l'un de ces commissaires eut même avec le chanoine Amati une alter-
cation si vive qu'il en reçut un soufflet, en pleine cérémonie. Le conseil de
bourgeoisie se considéra comme atteint par cette « injure atroce » Si se plai-
gnit aussi avec amertume que le sacristain abbatial eût détourné pour le ser-
vice du chœur, avant même la fin de la procession, l'éblouissant luminaire
dont la ville avait fait les frais '.
Les émotions imprévues qui attendaient le corps municipal ne tardèrent
pas à détourner son attention sur d'autres sujets.
Le 23 novembre 1644, entre onze heures Si minuit, les gardes de la porte
Matabiau, l'une des deux grandes entrées qui s'ouvraient dans les remparts
de Toulouse, du côté du nord, virent arriver un courrier haletant de fatigue,
qui venait de traverser la France à cheval en quatre jours, porteur de dépê-
ches de maître Duborn, avocat de la ville au conseil d'Etat. A cette heure
avancée, l'hôtel de ville était désert; mais, dès l'ouverture du pli, Esquirolis
d'Audric, chef du consistoire, endossa la robe capitulaire Si courut à la
maison commune pour y convoquer ses collègues.
L'avocat municipal annonçait par une double missive, datée du 16 novem-
bre, qu'un arrêt du conseil, rendu la veille, renversant tout l'ordre établi,
venait de nommer d'autorité les huit capitouls de Toulouse.
On sait combien la liberté Si surtout la sincérité des élections municipales
■ Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIV, p, ijç. Conseil de bourgeoisie. Séance du 21 no-
vembre 1644.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 201
de Toulouse étaient depuis longtemps illusoires j le caractère du collège extrê-
mement restreint qui faisait les choix !k qui ne pouvait guère qu'osciller
entre des servitudes différentes, ne donnait pas l'ombre d'une garantie 5 mais
ce n'en était pas moins un coup de foudre pour l'oligarchie bourgeoise habi-
tuée à distribuer la noblesse à ses protégés que l'interruption brutale des
anciennes formes. Le respect des usages du scrutin, malgré les abus qui le
viciaient, impliquait encore une sorte de réserve extérieure du pouvoir central,
tandis que la constitution du corps capitulaire par arrêt du conseil écartait
tout ménagement.
M. d'Esquirolis se récria donc sur l'étrangeté de ce coup d'état, qui rappe-
lait les jours les plus fâcheux de la Province 8c qui n'avait pas été renouvelé
depuis les sanglantes journées de 1682. On réunit le lendemain le conseil de
ville, 81 l'on résolut d'attendre les événements, de se pourvoir contre un acte
d'autorité qui était la violation flagrante des vieilles libertés languedociennes
& des prérogatives municipales, St de recourir à la bienveillance du roi.
On était déjà à la veille des élections, &, rien n'ayant paru, l'on commen-
çait à douter de l'exactitude de la nouvelle, lorsque, le 25 au soir, MM. de
Calvet Sx. de Terlon, l'un trésorier général de France, l'autre chanoine de
Saint-Sernin, remirent au consistoire une lettre de cachet du roi, portant la
nomination annoncée Se une courte missive du duc d'Orléans, simple formule
d'envoi, conforme aux usages de la chancellerie des gouverneurs.
La convocation du conseil ne fut pas contremandée. M. d'Esquirolis y
exposa l'état des faits, en faisant ressortir les dangers d'une innovation qui
pouvait être de si grave conséquence au début d'un règne. Il accusa divers
habitants de la ville d'avoir trempé depuis longtemps dans l'intrigue qui se
préparait à Paris, 8c à laquelle les députés de Toulouse avaient pris part. Il
reprocha nommément à MM. de Lamamye 8c Cironis de s'y être associés, 8c
s'éleva avec amertume contre les procédés insidieux de gens qui, ne pouvant
parvenir aux charges par les voies légales, ne s'inquiétaient pas de faire ren-
verser à leur avantage les plus précieuses institutions de leur pays. Le nom
d'un des capitouls imposés par le roi ayant été prononcé, le père de ce person-
nage, ancien capitoul lui-même 8c présent à la séance, essaya de défendre la
nomination royale, en rappelant que les choses s'étaient passées de même
en i6i3, en 1621 8c en i632. Un autre des nouveaux capitouls, Pierre Car-
rière, éleva la voix, se plaignit d'avoir été dénoncé auprès de la reine-mère
comme un factieux, ainsi que son collègue Durtaud, &c de s'être vu écarté
intentionnellement de l'hôtel de ville. La discussion continuait sur ce ton
d'aigreur, lorsque l'huissier du consistoire apporta une nouvelle lettre de
M. Duborn, confirmant avec grands détails la complicité de la députation
toulousaine. La préparation du petit complot remontait à plusieurs mois.
L'assemblée se sépara donc sans procéder aux préliminaires de l'élection;
mais elle désavoua formellement les députés qui avaient agi d'une façon aussi
directement contraire aux intérêts de la bourgeoisie 8c à leur mandat, surtout
Lamamye 8c Cironis, convaincus d'avoir préparé eux-mêmes la rédaction d'un
1644
1044
202 Etudes historiques sur le Languedoc.
arrêt du conseil 8t de ne s'être contentés de lettres de cachet que sur les ins-
tances de l'avocat, qui préférait avec raison, en vue des conséquences futures,
cette expression franche & brutale, mais accidentelle & isolée de l'autorité
souveraine à des formes de légalité plus correctes; 8c afin d'éclairer le roi &
le conseil, que l'on supposait mal informés, on leur envoya une députa-
tion nouvelle composée de trois personnes : un capitoul & deux bourgeois,
l'un de robe longue, l'autre de robe courte.
Cependant, les capitouls en charge continuèrent leurs fonctions; 8c lors-
qu'arriva le grand jour de Sainte-Luce, où les magistrats de l'année déposaient
le chaperon 8c le remettaient à leurs successeurs, il n'y eut point de convoca-
tion à l'hôtel de ville, 8c la lettre de cachet du roi demeura non-avenue. Cette
résistance à la volonté souveraine, qui n'était pas une désobéissance formelle,
mais une simple force d'inertie, devait se prolonger pendant quatre mois.
Les députés de Toulouse, en route vers Paris, rencontrèrent au delà d'Or-
léans une lettre du président de Gramont, qui les engageait à rebrousser
chemin. Un courrier du roi était parti pour leur en donner l'ordre formel,
en quelque lieu qu'il les rencontrât.
Pourtant les députés ne se découragèrent pas. Admis à l'audience de Gaston
d'Orléans, le chef de l'ambassr'.de, Lagarrigue, dans un discours étudié, lui
fit des protestations d'obéissance, mais accusa violemment Lamamye 8c Cironis
qu'il représenta comme des ennemis du repos public. Il dénonça « la perfidie
« de ces députés, qui, au lieu de défendre la liberté de la ville, avaient été
« les premiers à la détruire 8c qui avaient osé figurer des brigues, des mono-
« pôles 8c des servitudes imaginaires pour établir leur tyrannie. » Il supplia
le prince de ne pas dérober à la ville « ce petit rayon de liberté, n dont elle
était si justement jalouse, 8c lui rappela l'exemple d'un autre fils de France,
le duc Jean de Berry, oncle de Charles VI 5c gouverneur de Languedoc, qui,
ayant aussi nommé les capitouls de Toulouse, s'était laissé fléchir par les remon-
trances des citoyens. Il annonça, enfin, que la Province jetait déjà les yeux
sur l'événement d'une nouveauté si préjudiciable aux intérêts de sa capitale.
Cette éloquence fut en pure perte. Ni les qualifications de génie de la
France Se de dieu tutélaire de Toulouse, décernées par l'orateur au duc d'Or-
léans, ni la promesse « d'immoler en un moment plus de victimes que ne
« firent jadis les Romains à la naissance d'un grand prince, » ne parvinrent
à ébranler la résolution du gouverneur'.
" Archives deTouIoiise. ^««aî(?5 maMascntej.VII, c'ctoit nous redonner la liierté qu'ils ont supposé
p. 388. Année capitul.iire, 1643-1644. que nous avions perdue, qu'ils ont fait parler par
K II a plu à Votre Altesse Royale, dit Lagarri- leur bouche un peuple innocent, & que, par cet
gue, de vouloir faire nos capitouls & de nous en artifice, ils ont voulu introduire dans ces charges
envoyer les ordres; c'est un soin vraiment pater- leurs proches parents & des personnes qui ne sont
nel, & si les choses étoient aux termes que les en- ni en état de les remplir, ni agréables au peuple,
nemis de notre repos lui ont fait entendre, nous nous avons à nous plaindre de leur procédé & à
aurions sujet de nous en réjouir; mais à considérer nous louer de la bonté & de la justice de Votre
la perfidie de nos députés qui ont voulu per- Altesse Royale qui a voulu nous écrire les raisons
suader qu'en faisant nos capitouls par cette voie qui l'ont mue à faire nos capitouls. Il ne falloit
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 200
Une seconde lettre de cachet, datée du 3i décembre, & transmise au con-
sistoire par les soins du premier président, renouvela les injonctions anté-
rieures, & enfin le conseil d'Etat trancha la question par un arrêt conforme,
fondé « sur les brigues Si monopoles, » qui, depuis quelques années, éloi-
gnaient des charges les plus dignes candidats, 81 sur la nécessité d'en pour-
voir des personnes capables 8c expérimentées'.
Les capitouls essayèrent sans doute de se dérober, par des stratagèmes de
procédure, à l'exécution de cet arrêt, car nous voyons que Roger de Linet,
sieur des Noyers, garde du roi en la prévôté de son hôtel, chargé de la signi-
fication, fut réduit à la leur faire, comme par surprise, dans le cloître des
religieux de la Trinité, où ils suivaient le convoi funèbre d'une bourgeoise.
Cette période de prorogation irrégulière ne s'était point passée sans quelque
émotion.
Le 29 janvier 1645, M. de Virazel, un des capitouls, fut assailli à la porte
du logis de l'Écu, dépendant de l'hôtel de ville, par une bande de jeunes
gens &, d'écoliers; il fallut que le lieutenant du guet courût avec sa troupe
le dégager. Les étudiants se ruèrent sur les soldats à coups de pierre & d'épée;
il y eut nombre de blessures, St le lieutenant faillit périr. Le sieur de Junius
était à la tête des turbulents.
Quand la notification de l'arrêt eut été bien constatée, le syndic de la ville,
Jean d'Ambelot, se pourvut aussitôt auprès du Parlement. Pour appuyer sa
requête, quatre capitouls, dont le chef du consistoire, se rendirent au palais
81 réclamèrent la protection de la cour. Ils reprochaient aux nouveaux
nommés de vouloir prendre possession de leurs charges par violence 8c de
travailler à corrompre les officiers de l'hôtel de ville, ajoutant que la sécurité
publique pouvait être compromise si la cour n'y pourvoyait.
Les chambres assemblées rendirent un arrêt qui défendait au viguier de
recevoir le serment des capitouls, sous peine de nullité, de cassation 81 c!j
dix mille livres d'amende. C'était une contradiction formelle de l'arrêt du con-
seil. Le Parlement sauvait les apparences en renvoyant les parties devers le
roi 8c en présentant la décision du 5 février comme un acte de surprise. Il en
attribuait l'initiative à « certains particuliers, habitants mal affectionnés au
« bien public, » 8c qualifiait les lettres de cachet de lettres captées, concluant
à la nullité d'un arrêt qui « n'avoit pour fondement qu'une présupposition
« 8c fausseté^. »
que commander pour être obéi; mais par là elle a rance de son salut Et la borïté de votre
TOulu nous faire connoître que, ces raisons m,in- naturel nous promet de faire comme le soleil,
quant, son intention n'a jamais ité de nous ôter qui, pour entrer dans les maisons, ne coupe point
cette liberté qu'elle a cru nous donner, & par cet les portes ni les fenêtres. Il se contente d'y couler
excès de bonté & de justice nous a mis en chemin doucement arec la bénignité de ses rayons favo-
de lui faire connoître la vérité par nos très-hum- râbles &c. n
bles remontrances Votre Altesse Royale ' Nous donnons le texte de l'arrêt aux Pièces
pardonnera au désespoir de se voir dans justificatives, n. XXIII, col. 91.
l'appréhension de perdre ce petit rayon de li- * Malenfant, Collections & remarques du palais,
berté sur laquelle le peuple avait appuyé l'espé- III, p. 86.
1O44
J644
-jo^ ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La guerre du Parlement de Toulouse contre le conseil d'Etat n'avait pas cessé
d'être fort vive, pour des causes nouvelles, pendant tout le cours de l'année.
L'orip-ine du conflit était l'établissement des taxes connues sous le nom de
droit de confirmation & de joyeux avènement, réglées par déclaration royale
du 24 octobre 1643.
L'extension de ces taxes fut poussée par les traitants au delà de toute
mesure. On en venait à considérer comme privilèges réclamant confirmation,
pour les communes, le simple fait d'exister, & pour les particuliers les indus-
tries les plus étrangères à toute participation aux faveurs royales. Ainsi, le
iuge-mage Caulet, qui s'était donné le titre de commissaire-né pour l'exécu-
tion de la déclaration du roi, assignait devant lui les syndics des moindres
villages, même des communes qui n'avaient ni foires, ni marchés, les officiers
de justice, les artisans, les aubergistes, les cabaretiers. On avait aussi la pré-
tention d'exiger le droit de tous les moulins sans distinction, bien que le
prince de Condé eût expliqué dans le Parlement de Paris que l'intention
du gouvernement était d'exiger le droit uniquement des moulins bâtis sur
les grandes rivières, par concession royale, sous la redevance d'une albergue.
On accusait le juge-mage d'être intéressé à la multiplicité des significations
inutiles, parce qu'il se faisait payer les ordonnances de décharge rendues par
lui après vérification des cas '.
Dans chaque commune, on levait, à ce propos, trente sols par feu, &
douze sols pour le voyage du sergent.
Les consuls de la Bourse de Toulouse furent taxés à la somme de quatre
mille livres; chaque jour paraissait quelque ordonnance du juge-mage, attei-
gnant soit une famille, soit une paroisse, soit une corporation.
L'avocat général Maniban porta plainte à la grand'chambre contre ces pro-
cédures, le II mai 1644. Il exposa que les consuls de la Bourse n'étaient point
officiers du roi, moins encore les artisans, que beaucoup de communes assi-
gnées ne possédaient absolument aucun bien relevant de la couronne; Se que
ces exagérations de taxe mettaient le pauvre peuple hors d'état de payer les
tailles & les autres impôts, si fort augmentés par suite des dépenses de la
guerre. Il fit ressortir que les sommes exigées pour le nouveau droit de con-
firmation dépassaient de beaucoup les deniers royaux; que, d'ailleurs, régu-
lièrement, les officiers du roi devaient seuls en être atteints.
Sur sa requête, signée de lui 8t de Marmiesse, la cour renouvela un pre-
mier arrêt du 2g avril, cassant les ordonnances de Caulet, lui défendit de
poursuivre, sous peine de trois mille livres d'amende, & lui enjoignit de
présenter sa commission à la cour.
Cet arrêt fut montré au conseil d'État par les fermiers Se. immédiatement
annulé, avec ordre à Maniban d'aller dans deux mois rendre compte au roi
de ses réquisitions, St interdiction provisoire de sa charge. La décision du
conseil fut signifiée au greffier de la cour le 5 juin.
' Malenfaiit, Collections & remarques du palais, III, p. 171.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 2o5
Marmiesse obtint l'assemblée des chambres le i'^'' juillet, où Maniban vint
s'expliquer. Il déclara qu'il n'avait fait qu'obéir à une infinité d'arrêts, dont
les registres étaient pleins, défendant d'exécuter dans le ressort de la cour,
sans vérification, les commissions extraordinaires du grand sceau. Toutefois,
par esprit d'obéissance, il déposait sa charge, 8c se préparait à partir.
Le Parlement, loin d'encourager cette docilité, décida que l'avocat général
continuerait ses fonctions, & le désigna même pour aller porter au roi, en
qualité de député, les remontrances de la compagnie sur les abus du droit de
confirmation.
Le syndic général de la Province avait aussi présenté requête sur le même
sujet. Elle fit l'objet d'un arrêt spécial contre « certaines personnes préten-
« dant avoir traité avec Sa Majesté du droit d'avènement. » La cour leur
reprochait de l'exiger arbitrairement Se de l'étendre outre mesure, frappant
les colombiers, les fours, les moulins, les chasses 8t accablant les communes
d'exactions illégitimes. Elle demandait de nouveau remise de la déclaration
du 24 octobre 1643 qui ne lui avait pas été présentée, 8c suppliait le roi,
sous forme de remontrances, de restreindre le droit de confirmation, d'après
l'ancien établissement, aux seuls officiers de judicature non domaniaux.
Défenses étaient également réitérées à Caulet 8c à tous porteurs de commis-
sions de continuer leurs exactions, sous peine de dix mille livres d'amende, 8t
à toutes personnes de payer les taxes. Les huissiers ou sergents qui exploite-
raient contre la volonté de la cour étaient menacés de privation de leurs
charges.
Caulet ne se laissa point intimider par ces manifestations 8c poursuivit ses
procédures; les deux avocats généraux revinrent à la rescousse, 8c le 3 1 août,
la cour décréta de prise de corps divers agents qui avaient servi dans la com-
mission, y compris le procureur au sénéchal Garet, 8c ordonna que le juge-
mage se ferait ouïr pendant la journée. Outre les griels ordinaires que la
compagnie lui reprochait, elle l'accusait cette fois d'avoir procédé trois mois
avant d'être pourvu d'une commission régulière (datée du 14 avril) ayant dès
le mois de janvier rendu des ordonnances où il prenait le titre de commis-
saire-né. On lui imputait également d'avoir, de son autorité, établi un
bureau dans la maison d'un certain Ricardi 8c de tolérer que ses agents pris-
sent un droit de quarante-deux sols par exploit.
Caulet se garda bien de comparaître, comme la cour l'y invitait. Se lui
fit signifier en réponse, le 5 septembre, un arrêt du conseil du 17 août qui
interdisait au Parlement la connaissance de l'affaire, renvoyait à celui de
Bordeaux tous les diftérends concernant le juge-mage 8c les agents de la com-
mission 8c suspendait une seconde fois l'avocat général.
L'huissier du conseil Hervin tut exprès mandé de Paris 8c vint signifier
l'arrêt à la cour le 6 septembre, portant en main la chaîne d'or où pendait
la médaille du roi. Maniban parut le lendemain devant les chambres où il
annonça qu'il déposait ses fonctions. Le Parlement ne l'en invita pas moins
à continuer sa charge, lui donnant la qualité de député pour paraître devant
1644
J64.}
2o6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
le roi, avec mission de présenter des remontrances sur les vexations que la
commission du juge-mage infligeait à la Province'. Le 12 on réitéra les arrêts
contre ce magistrat 5c on lui fit commander par Marmiesse de comparaître.
Tandis que ces procédures s'accomplissaient à Toulouse, le conseil du roi
poursuivait ses annulations. Il déchargea de nouveau Caulet, le i3 septembre,
des informations commencées contre lui & le confirma dans sa commission.
La cour avait terminé ses travaux annuels quand cette décision lui fut
signifiée. La chambre des vacations, liée par des engagements antérieurs,
refusa d'en délibérer &. renvoya tout à la Saint-Martin d'hiver.
L'arrêt du conseil du 17 août, rendu en présence d'Anne d'Autriche, con-
tenait une théorie du droit de confirmation. Cette taxe y était qualifiée une
des plus anciennes que les rois lèvent dans le royaume; le conseil en faisait
remonter l'origine à plusieurs siècles & en donnait la définition suivante :
Le droit de confirmation est dû, à l'avènement des rois, par toute sorte
d'officiers, tant de judicature que de police, héréditaires, non domaniaux
ou autres, sauf exception pour les officiers des cours souveraines, les trésoriers
de France, les secrétaires du roi Si autres exemptés. Il est dû également par
les communautés, villes, bourgs & bourgades ayant foires & marchés, par les
corps des marchands Si des arts Si métiers constitués en jurandes 8c en maî-
trises, 8c généralement par tous ceux qui ont obtenu des rois quelque grâce
ou privilège personnel. Le payement de la taxe est indispensable pour con-
firmer les officiers en leurs charges 8c les communes ou corporations en la
jouissance de leurs privilèges. Ces grâces doivent être confirmées de règne en
règne, comme il a été toujours fait, sans quoi elles seraient éteintes 8c révo-
quées par la mort du souverain dont elles émanent.
Après cette définition, le conseil établissait que jamais aucun Parlement
du royaume, avant le Parlement de Toulouse, n'avait pris de délibération
au sujet de pareilles taxes, placées hors de la compétence de ces compagnies.
Il faisait un rapide historique des démarches de la cour, lui reprochant sur-
tout d'avoir fait imprimer son dernier arrêt pour le répandre dans tout le
ressort 8c empêcher ainsi le roi d'obtenir de ses peuples les secours nécessaires
à l'entretien de ses armées.
Il va sans dire que tous les arrêts du Parlement étaient cassés, comme
donnés par attentat 8c au mépris de l'autorité royale. Le roi défendait à la
cour de s'arroger aucune connaissance du droit de confirmation 8c enjoignait
au juge-mage 8c à tous les autres commissaires de poursuivre l'exécution de
leur mandat. Décharge était donnée aux agents contre lesquels on avait
entamé des procédures. Quant aux exactions 8c malversations qui pouvaient
être commises dans la perception du droit, le conseil en renvoyait l'infor-
mation aux commissaires. Cet arrêt devait être affiché sur toutes les places 8c
carrefours de Toulouse *.
' Arrêt du Parlement de Toulouse, prononcé le ' Malenfant, Collections & remarques du palais,
7 septembre i<544, chambres assemblées. III, p. 5y.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 207
Maniban, député à Paris par le Parlement, se justifia en montrant à
La Vrillière les requêtes originales de l'avocat général de Lussan &i du syndic
de la Province. Il vit la reine Anne d'Autriche 81 lui exposa les motifs qui
avaient dicté l'arrêt de la cour contre le juge-mage. Il défendit la compagnie
d'avoir voulu empêcher la levée du droit, prétendant qu'elle n'avait en vue
que l'usurpation de pouvoirs commise par un officier subalterne. Il soutint
ensuite le droit que prétendait avoir le Parlement de vérifier les déclarations
du roi portant confirmation de privilèges, droit que le chancelier avait reconnu
depuis l'avéneraent de Louis XIV, en envoyant à la cour les provisions accor-
dées aux villes & communes maintenues en leurs privilèges. Il crut pouvoir
affirmer que les peuples payeraient avec agrément les droits dus au roi s'ils
étaient réduits au tarif des avènements antérieurs, protestant d'ailleurs que
le Parlement se gardait bien de mettre en balance le commandement du roi
& l'intérêt du peuple.
A la suite de cette plaidoirie, il fut adressé au Parlement une lettre du roi
portant qu'après avoir ouï Maniban, Sa Majesté le renvoyait à l'exercice de
sa charge 8c demeurait satisfaite de sa conduite. Cette levée de l'interdiction
ne se fit point par arrêt, comme il en avait été parlé d'abord, afin de ménager
à la fois l'autorité du Conseil St celle du Parlement. Maniban se hâta de faire
imprimer la lettre royale, avec l'arrêt de registre de la cour, & d'en envoyer
des exemplaires dans toutes les sénéchaussées du ressort, afin de compenser
la publicité donnée par le sous-traitant à l'interdiction.
Il obtint aussi une audience du contrôleur général, 8t lui exposa que, par
suite des privilèges particuliers de la province de Languedoc, le droit de
confirmation n'y pouvait être levé que sur les officiers royaux 8c non sur les
communes. La subvention accordée par les États pour l'extinction de ce droit,
à l'avènement de Louis XIII, n'avait été qu'un acte gratuit de libéralité. Il
défendit, en même temps, les diverses classes d'habitants de la Province qui
ne devaient pas être soumises au droit de confirmation 8t qui souffraient des
vexations du sous-traitant.
A la suite de cette démarche, parut un arrêt du conseil qui défendait de
contraindre à payer le droit de confirmation les artisans des lieux dépourvus
de jurandes 8c de maîtrises, les laboureurs 8c paysans qui ne faisaient autre
trafic que de leurs denrées, les possesseurs de moulins aliénés du domaine à
titre d'engagement, 8c les bourgs, communes 6c villages qui n'avaient ni foires
ni marchés.
L'application de ces principes fit réduire de cent soixante-dix-sept mille
livres à soixante-dix mille, payables en deux ans, les taxes de confirmation
arrêtées par l'intendant La Perrière pour la généralité de Montauban. Les
habitants des quatre vallées d'Aure, Neste, Magnoac 8c Barousse, bien qu'étant
du ressort de la même généralité, ne purent bénéficier de la réduction, parce
que le sous-traitant Castel, qui était du pays, prévoyant une diminution des
taxes, en avait pressé la levée avec des rigueurs impitoyables. Un autre sous-
traitant, Guitard, réclama un dédommagement qui fut concerté avec M. de
1644
1044
:o8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Machaut. L'arrêt de modération porta expressément qu'il était rendu sur les
remontrances faites au roi par le député du Parlement de Toulouse.
Copies de l'arrêt furent données aux syndics de la Province & aux évêques
de Languedoc.
Les Etats portèrent plainte de ce que l'intendant Balthazar, sans tenir
compte de l'arrêt, avait taxé "les teinturiers & autres artisans de Montpellier.
Ce fut la cause des troubles qui désolèrent cette ville l'année suivante.
Le pays de Foix, très-tourmenté aussi par les sous-traitants, envoya son
syndic à Paris pour obtenir un arrêt de modération semblable à celui de
Montauban. La taxe en fut réduite à cinq mille livres, en tenant compte des
sommes payées. Maniban s'y employa efficacement.
Restait l'affaire du juge-mage. Le chancelier de France traita de vision la
qualité qu'il avait prise de commissaire-né, disant que le chef de la justice
lui-même n'oserait pas se l'attribuer. Le maître des requêtes Bérule en fit
rapport au conseil, qui assigna Caulet & lui défendit de s'intituler commis-
saire-né. Quant aux exploitants subalternes des généralités de Toulouse Si de
Lauragais, qui n'étaient point compris dans la commission des taxes, on aban-
donnait au Parlement le soin de les poursuivre.
Les conseillers d'Etat avouèrent, du reste, à Maniban que les dépenses
étaient si grandes qu'ils se voyaient obligés, à contre cœur, de souffrir beau-
coup de vexations dans les Provinces '.
CHAPITRE III
Désertions dans l'armée de Catalogne. — Misère publique. — Le quartier d'hiver refusé. — Violation
des coutumes électorales de Montpellier. — Lutte du Parlement contre les capitouls. — Journée
du i6 juin. — Députations parlementaires & municipales à la Cour de France. — Intervention' du
Conseil d'Etat. — La Cour des comptes, aides & finances. — Sédition de Montpellier. — Affaire du
chevalier de Roquelaure. — Elections de Toulouse. — Troubles du 2 avril,
~~7Z L'année 1645 commença tristement. Ce qui venait de se passer à Toulouse
était un fâcheux symptôme du régime d'intrigue que le gouvernement de
Gaston d'Orléans promettait à la Province. Un essaim de favoris commençait
à tourbillonner autour du prince, en quête de charges, de capitaineries, d'en-
treprises, de spéculations de toute espèce. Toute matière paraissait bonne à
battre monnaie. L'esprit de découverte ne chômait pas, soit pour le fisc, soit
pour les créations de monopoles. Du reste, jamais le besoin d'argent n'avait
été plus sensible. Les affaires de Catalogne, si importantes pour la Province,
n'avaient rien de satisfaisant. De graves soupçons s'étaient produits sur la
■ Malenfant, Collections & remarqua du pulci'is, III, p. 187.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 209
fidélité des peuples 8c sur la conduite des principaux chefs de l'armée. Faute
de troupes régulières suffisantes, il avait fallu faire marcher des milices,
grand sujet de plaintes pour le pays'. A part toutes les difficultés auxquelles
donnait lieu le recrutement de ces compagnies, mal instruites & mal armées,
elles se débandaient aisément de l'autre côté des Pyrénées. Officiers, cava-
liers, fantassins, profitant des chemins de montagne, partaient sans congé 8c
venaient se répandre en Languedoc.
Le maréchal de Schomberg dut organiser un service de surveillance 8c de
répression contre ces déserteurs. Il chargea un sieur Albarède, en cjualité de
prévôt, assisté d'un lieutenant, d'un greffier 8c de douze archers, de surveiller
tous les passages depuis Leucate jusqu'au pays de Sault 8c diocèse de Mire-
poix. Ce prévôt avait pouvoir de saisir les déserteurs 8c de leur faire le procès
avec l'assistance des juges 8c gradués requis par les ordonnances royales.
Les frais de cet établissement s'élevèrent à mille livres par mois, que
Schomberg fit avancer par les quatre étapiers des diocèses de Narbonne, Car-
cassonne, Alet, Limoux 8c Mirepoix, à raison de deux cent cinquante livres
pour chacun, en leur donnant le jours sur le fonds diocésain des étapes*,
quoique, en général, les frais de justice militaire, étant du ressort des prévôts
des maréchaux, dussent être payés par le Trésor.
Le session des Etats, qui se tenait d'ordinaire en automne, fut retardée
jusques à la seconde quinzaine de janvier. Elle eut lieu dans le couvent des
Cordeliers de Narbonne. Ce fut le maréchal de Schomberg qui vint y remplir
les fonctions de premier commissaire du roi, comme à l'époque où il était
titulaire du gouvernement de Languedoc.
Dans son discours d'ouverture, il se crut obligé, dès les premiers mots, de
faire allusion à son ancienne^ charge de gouverneur, en disant que s'il ne
paraissait pas dans l'assemblée avec le même titre qu'autrefois, rien du moins
n'était diminué dans ses fonctions, ses honneurs 8c ses avantages; il y ajouta
que la douceur de revenir vivre 8c mourir en Languedoc lui avait fait sacri-
fier les plus beaux établissements du royaume.
Parlant de la nomination du duc d'Orléans au gouvernement de la Pro-
vince, il trouva l'art d'en faire honneur aux sentiments de tendresse que le
premier prince du sang portait aux intérêts du pays, n'ayant pas besoin
d'ailleurs de ce titre nouveau pour acquérir sur la Province une autorité que
sa naissance lui assurait tout entière. Le prince n'éprouvait pas de plus
■ « Les milices ont mis le peuple à l'extrémité reçu desdites milices a été fort petit, & son pauvre
par le nombre infini de concussions & malversa- peuple extrêmement affligé", u — Les intendants
tiens commises dans les levées par les capitaines, donnaient des décrets d'ajournement personnel
& aussi par les consuls des villes & communes, contre les consuls des communes pour faire four-
lesquels faisant semblant de vouloir envoyer aux- nir aux diocèses les soldats déserteurs des milices,
dites milices plusieurs particuliers aisés, les ont ' Procès-verbal des Etats. Séance du 25 janvier
rançonnés, & contraints de leur bailler de notables 1 6^5.
sommes pour s'exempter du service personnel, ce ' Pièces justificatives, n. XX, col. yS.
qui est digne de compassion, & surtout ayant été
connu i un chacun que le secours que S. M. a ■ Procès-verbal des États. S(!ance du 6 décembre 1O12.
Xltl. ,A
1645
16^5
;io ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ardent désir que de pouvoir rétablir le pays en son premier état de splendeur
& d'abondance.
Ces souhaits ne l'empêchaient point de faire demander aux États les mêmes
sommes que l'année précédente. A titre de consolation, il leur promettait du
moins ce contentement de savoir à quoi leur argent était employé; s'il fallait
l'en croire, les épargnes du pays ne se perdaient pas en superfluités de luxe
& en dépenses inutiles, & les favoris ne se partageaient point ce pain que le
peuple « arrachait à la bouche de ses enfants pour le donner au roi. »
Suivait l'éloge des exploits de Gaston dans la dernière campagne de Flan-
dres ; la province de Languedoc devait trouver ses souffrances plus légères
en songeant aux maux qu'avait endurés Son Altesse au siège de Gravelines
avant d'y demeurer « victorieux des quatre éléments; « un mot sur les opé-
rations du Rhin & de la Forêt-Noire où « un jeune prince, en moins de
deux mois, s'étoit rendu la terreur Si l'admiration de cette redoutable puis-
sance d'Allemagne; )) un mot encore sur les affaires d'Italie. Le maréchal ter-
minait par la Catalogne où il avouait l'insuccès des troupes du roi, non sans
y tro\iver un argument pour stimuler la libéralité de la Province, annonçant
que le cardinal Mazarin préparait avec des soins indicibles une belle armée
destinée à compléter la victoire 6i à conquérir une paix définitive.
Les dernières paroles de l'orateur rendirent hommage au zèle que la dépu-
tation avait déployé à la Cour & à l'activité du syndic général dont les avis
l'avaient souvent éclairé.
Après le maréchal, l'intendant Bosquet, bien qu'affaibli par les violentes
secousses d'une maladie de six mois, entreprit un long discours plein d'ar-
tifices littéraires', tendant à justifier la combinaison qui dédoublait pour
ainsi dire le gouvernement de Languedoc, mettait ostensiblement le duc
d'Orléans à la tête de la Province & conservait au maréchal son ancienne
autorité. Les éloges hyperboliques ne furent point épargnés à l'oncle du roi.
Bosquet en fit un nouveau soleil, destiné à dissiper les brouillards de la
Province, 8t se compara lui-même à la statue de Memnon, qui ne pouvait
demeurer muette quand un rayon venait la frapper.
Il fit ensuite une sorte de profession de foi politique, répondant peut-être
au soupçon de tendances féodales Se séparatistes que le passé de Gaston pou-
vait éveiller, insista fortement sur la nécessité d'une direction unique s'éten-
dant aux provinces les plus éloignées du royaume, Si d'une correspondance
parfaite entre le cœur Si les membres, Si rappela les désastres qui avaient
suivi la division de l'Empire romain Si la translation de la capitale à Cons-
tantinople.
D'après sa théorie, les rois, image incomplète de Dieu sur la terre, ne
pouvant, par l'insutfisance de leur nature limitée, se rendre présents sur
tous les points de la monarchie, devaient employer des médiateurs pour com-
muniquer leurs ordres aux peuples Si en écouter les vœux. Plus ces média-
■ Pièces justificatives, n. XXI, col. 78.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN.
21 I
teurs se trouvaient rapprochés du trône par leur naissance, plus leur influence
était puissante Se salutaire.
C'est dans cette pensée que la Province de Languedoc avait autrefois
reconnu pour une loi tondamentale de ses Etats le privilège d'être gouvernée
par des princes du sang. La nomination du nouveau gouverneur rétablissait
un usage abandonné depuis plus d'un siècle. Sa justice donnait lieu d'espérer
quelque soulagement des charges que la gtierre occasionnait au pays. Déjà,
pendant le courant de l'hiver, l'intendant avait entendu le prince, au conseil
du roi, se faire l'avocat de la Province. Les routes d'étape, le transport des
troupes par mer, les dépenses extraordinaires se ressentiraient de cette bien-
faisante protection.
Bosquet allait jusqu'à dire que l'acceptation du gouvernement de Lan-
guedoc par le duc d'Orléans était un bienfait inestimable, Son Altesse ayant
de puissantes raisons pour choisir des provinces plus commodes Si plus avan-
tageuses à ses intérêts.
Une pareille faveur exigeait en retour la reconnaissance des peuples, &
la meilleure occasion de la témoigner était de voter les mêmes impôts que
l'année précédente, les intérêts généraux du royaume ne permettant pas de
réaliser pour le présent les diminutions projetées.
L'archevêque de Narbonne reprit en sous-œuvre les comparaisons sidérales
de l'intendant, ne ménagea pas les éloges à Schomberg, 8t témoigna l'es-
pérance devoir le duc d'Orléans, « notre Gaston, cet ange du grand conseil,
(i de la première & suprême hiérarchie, » rétablir enfin la Province dans les
franchises qu'elle avait raisonnablement & respectueusement stipulées de la
majesté des rois, quand, pour son bonheur 8i pour l'avantage du royaume,
elle devint le premier fleuron de la couronne '.
Malgré ces belles paroles, la session ne laissa pas que d'être, pour le gou-
vernement, l'une des moins satisfaisantes qui se fussent tenues depuis bien
des années. Les espérances d'une paix prochaine avec l'Espagne, qui, l'année
précédente, avaient été données en termes si chaleureux par les commissaires
du roi, ne s'étaient point réalisées; loin de là, 8v bien que Schomberg, dans
sa harangue, eût atténué autant que possible l'affaiblissement causé à l'armée
française par les sièges de Lérida, de Balaguer & de quelques autres petits
lieux, 8l qu'il eût essayé de prouver que des troupes maîtresses de la cam-
pagne devaient réduire sans peine des places mal fortifiées & non secourues,
on était, en Languedoc, trop près du théâtre des opérations pour s'illusionner
sur l'état réel des affaires, 8c, comme les demandes de fonds devenaient plus
considérables & plus pressantes que jamais, l'esprit de faction put s'emparer
fort aisément des irtnombrables motifs de plaintes qui s'accroissaient journelle-
ment. D'ailleurs, le mouvement que s'étaient donné les grandes compagnies
judiciaires, avec les vues ambitieuses que nous avons eu déjà l'occasion de
caractériser, pour combattre l'institution des intendants, les commissions du
' Pièces justificatives, n. XXII, col. 85. Procès-T«rbal des Etats. Séance du 17 janvier lô^S.
1645
16^5
212
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
grand sceau & les perceptions de deniers extraordinaires, enveloppées d'une
égale réprobation, encourageait la résistance.
Cette résistance ne porta point sur les gratifications, qui furent accordées
^..inormes. Schomberg, qui recevait auparavant quarante mille livres comme
j-ouverneur de la Province, conserva la même somme en qualité de seul lieu-
tenant général. Mais la baute situation du duc d'Orléans ne permettant pas
de le traiter sur le pied d'un simple maréchal, ses appointements de gouver-
neur furent élevés à soixante mille livres; Si. un présent extraordinaire de
quatre-vingt mille livres, à titre de joyeux avènement, lui donna lieu de
mesurer la satisfaction du pays pour avoir été placé sous l'administration
directe d'un fils de France. L'abbé de la Rivière profita de l'occasion pour se
faire allouer six mille livres, & un certain comte de Lafeuillade, qui aurait
pu être lieutenant de la compagnie des gens d'armes du duc d'Orléans, si le
prince en avait mis une sur pied, comme ses fonctions de gouverneur lui en
donnaient le droit, obtint cinq mille livres, à titre de dédommagement, parce
que cette compagnie n'existait pas.
Très-faible devant les exigences du prince 8c des favoris, l'assemblée retrouva
de l'énergie pour refuser les accroissements d'impôts.
Elle avait fait acte de vigueur, & d'une vigueur légitime, en repoussant les
prétentions de la ville de Toulouse, qui, sous prétexte de privilèges particu-
liers, voulait s'affranchir des lourdes charges de l'étape, comme si la capitale
d'une province pouvait demeurer étrangère aux sacrifices acceptés par tout le
pays pour la défense du territoire. Une délibération formelle porta que les
députés de Toulouse ne seraient plus admis dans l'assemblée des Etats, aussi
longtemps que la ville n'aurait pas acquitté sa dette.
Le 3 février, le maréchal de Schomberg entra en séance, portant les com-
missions du quartier d'hiver & requérant le consentement des Etats. Les
dépenses excessives de la guerre ne permettaient pas au roi de donner encore
à son peuple le soulagement qu'il lui avait promis. En même temps il récla-
mait une somme nécessaire pour l'entretien des garnisons établies au fort de
Brescou & dans trois petites places qui défendaient, du côté de Catalogne,
l'accès des plaines du Roussillon & du Languedoc ; Opoul, Salces 8c Leucate.
L'état de ces dépenses, infligées à la Province, avait été réglé au conseil du
roi; Schomberg se disait expressément chargé, de la part de la régente, de
témoigner aux gens des trois ordres que telle était sa volonté pour cette année
seulement, 8c qu'à l'avenir le Trésor y pourvoirait.
Les Etats répondirent, quatre jours après, avec tout le respect dû aux ordres
de Sa Majesté, qu'ils ne pouvaient consentir à cette imposition, à cause de
l'extrême pauvreté de la Province. Le pays, écrasé sous le poids des charges
ordinaires que lui imposait l'édit de Béziers, n'était pas même en situation
d'y suffire 8c se trouvait « accablé d'un nombre infini de taxes que les commis
« exigeoient tous les jours avec grande violence Se importunité '. »
■ Procès-verbal des Etats. Séance du 7 février 1645.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 2i3
Schomberg ne se tint pas pour battu 5 il revint à la charge le 14 février, 8t
après avoir sollicité un nouveau secours pour les travaux du port d'Agde qui
menaçaient d'être perdus si l'on ne les continuait pas, & avoir donné lecture
d'une lettre du roi sur ce sujet, il ajouta que son affection pour la Province
l'obligeait à lui prédire de très-dangereux inconvénients si l'assemblée demeu-
rait dans sa première résolution de rejeter absolument le quartier d'hiver
sans donner assistance au roi dans la nécessité de ses affaires; qu'il serait
contraint de procéder à cette imposition par des voies extraordinaires 8c d'en
ordonner la levée par des moyens très-ruineux pour le pauvre peuple; qu'il
serait bien aise d'éviter tous les maux dont le pays était menacé à cause de
ce refus '.
Les États répondirent le même jour qu'ils remerciaient le maréchal de sa
bonne volonté; mais que, ne pouvant changer leur résolution de ne point
consentir au quartier d'hiver, leur devoir se bornait à nommer immédiate-
ment la députation chargée de porter au roi le cahier des doléances St à faire
partir, sans aucun délai, un de ces députés pour expliquer au duc d'Orléans
les motifs de la délibération. L'extrême misère de la Province l'a réduite à
une impuissance absolue, 8c comme elle n'a manqué en rien au respect qu'elle
doit au roi, elle espère que Son Altesse Royale voudra bien la mettre à cou-
vert des maux dont on la menace 8c la protéger contre les ravages des gens
de guerre. Le comte de Castries fut dépêché en poste pour présenter au duc
d'Orléans cette apologie.
Le maréchal fit enfin une dernière tentative le 20 mars; il dit que l'as-
semblée, ayant toujours été fort sensible aux intérêts de l'Etat Se très-jalouse
d'obéir aux volontés du souverain, ne devait point persister dans sa délibéra-
tion ; il communiqua deux lettres, l'une de la régente, l'autre du duc d'Or-
léans, témoignant le déplaisir de Leurs Majestés; il fit appel aux traditions
de fidélité de la Province, qui devait ne rien négliger pour conserver cette
glorieuse recommandation; annonça que plus les efforts seraient énergiques,
plus les succès seraient décisifs 8c les espérances de paix infaillibles. Si l'on
persistait dans cette délibération. Leurs Majestés se verraient contraintes d'em-
ployer leur autorité pour faire ressentir leur mécontentement à la Province,
&c le duc d'Orléans, dont le dévouement au bien de l'État doit prévaloir sur
toute autre considération, ferait taire ses sentiments personnels d'affection
envers le pays.
Pour la troisième fois, les États, séance tenante, remirent ce grave sujet
en délibération 8c se confirmèrent dans leur refus. Des plaintes leur arri-
vaient de toutes parts sur les dépenses énormes occasionnées par les levées de
gens de guerre 8c par le séjour des troupes destinées à l'armée de Catalogne;
il fallait s'attendre au renouvellement de ces sacrifices, 8c l'assemblée se décla-
rait contrainte, par son impuissance, à demeurer inébranlable*.
' Procèj-Tcrbal des États. Séance du 14 février ' Les prélats qui assistèrent à cette session des
1645. Etats de Languedoc étaient Us archevêques de Nar-
1Û4J
1645
;i4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La nouvelle de ce refus produisit une impression considérable dans le pays.
Au cours de la session, les Etats eurent l'occasion de s'apercevoir à quel
point le duc d'Orléans était devenu le dispensateur général de toutes les
grâces & comment on lui demandait, non-seulement les emplois qui dépen-
daient de son autorité, mais ceux mêmes par où s'exerçait encore une sorte
d'initiative provinciale. Ainsi un sieur Granjon, qui désirait une charge de
syndic général de Languedoc, ayant appris qu'un de ces officiers, nommé
Bardichon, se trouvait malade & empêché de faire personnellement son ser-
vice, obtint du gouverneur, le 20 janvier 1645, une lettre de recommanda-
tion aux États de la Province qui avait la prétention d'être un ordre. Il l'alia
porter lui-même au syndic général Lamamye, en se faisant accompagner
d'un notaire & de deux témoins. L'officier de la Province, en rendant compte
aux États de ce procédé, n'oublia pas de mettre en lumière ce qu'avaient
d'étrange 8<. d'offensant des précautions si peu nécessaires, en un lieu où l'on
était accoutumé à recevoir avec respect tout ce qui venait de Son Altesse,
81 ne craignit point d'exprimer l'opinion que la lettre du prince avait été
obtenue par surprise. L'assemblée prit chaleureusement la défense du syndic
Bardichon, loua ses services antérieurs, ceux de son père & de son aïeul,
affirma le droit des Etats de nommer leurs officiers & de les laisser en charge
tant qu'ils n'avaient point démérité, & que l'on pouvait attendre d'eux de
nouvelles preuves de dévouement, & prescrivit à ses députés d'éclairer la con-
science du gouverneur, en lui donnant l'assurance que le sieur de Bardichon
se trouvait encore en état de bien servir le roi & le pays'.
Les événements qui s'étaient accomplis à Montpellier, pendant la tenue
même des États, ne jetaient pas moins de lumière sur la politique du gou-
verneur.
Dans la seconde ville de la Province, la liberté des élections ne fut pas
mieux respectée que dans la première. Seulement, à Montpellier, la présence
d'un commandant militaire & d'une garnison dans la citadelle, permit
d'adopter des formes plus cavalières & de brusquer le dénoûment.
Les élections de Montpellier se faisaient le i^' mars. Les six consuls en
exercice, assemblés dans l'hôtel de ville, commençaient par nommer trente-
cinq électeurs, pris parmi les habitants de toute condition. Cette liste était
divisée en sept séries, de cinq noms chacune, que l'on appelait les sept
échelles. On mettait chaque nom dans une boule ou balotte de cire, & les
cinq boules de chaque série étaient jetées dans une boîte distincte. Arrivaient
alors six enfants en âge d'innocence, expressément choisis pour cet office; le
plus jeune tirait au hasard un nom de chaque boîte, &, de cette façon, se
trouvait constitué un corps de sept électeurs qui, après avoir prêté serment
entre les mains d'un consul, armé de la baguette de viguier, composaient
bonne & de Toulouse, les évêques de Cnrcassonne, marquis de Calvisson, les barons de Ganges &
Saint-Pons, Castres, Viviers, Nimes, Albi , Saint- d'Auterive.
Papoul, Agde & le Puy, Parmi les barons, il y ' Procès-verbal des États, Séance du 17 février
avait celui de Saint-Point, le comte de Rieux, le 1645.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 2l5
une liste de dix-huit candidats éligibles aux charges consulaires. On divisait
encore cette liste en six échelles, de trois noms chacune, & un nouveau tirage
au sort, opéré de la même façon que le précédent, amenait six noms qui
étaient ceux des consuls définitifs.
Or, le 1" mars 1645, les consuls sortants, réunis pour faire procéder à
l'élection d'après les rites observés depuis quatre cents ans, virent arriver une
troupe de soldats à la tête desquels marchait M. de Villespassans, lieutenant
de la citadelle, accompagné de son enseigne Si du sieur de Genton, gen-
tilhomme attaché à la maison de M. d'Aubijoux.
Les gens de guerre, portant leurs épées, furent jetés en grand nombre
dans l'hôtel de ville, sous prétexte d'assurer l'exécution des ordres du roi. En
même temps, M. de Villespassans remettait aux consuls une lettre de cachet
du roi 8c une autre du duc d'Orléans, prescrivant un nouveau mode d'élec-
tion Se désignant d'office le premier consul, un professeur de médecine, chan-
celier de l'université, nommé Richer de Belleval.
Le sieur de Candillargues, lieutenant principal au siège présidial de Mont-
pellier, mandé par dépêches du roi & du gouverneur, afin de remplir les
fonctions du juge-mage, entrait en séance pour faire faire l'élection & rece-
voir sur l'heure le serment des nouveaux magistrats, malgré la coutume tra-
ditionnelle qui renvoyait cette cérémonie à la fête de Notre-Dame, vingt-cinq
jours plus tard. Le lieutenant principal adressa plusieurs sommations aux
consuls qui, refusant d'obtempérer à des volontés illégales, déposèrent leurs
insignes & firent tous leurs efforts pour quitter la salle. Les soldats, l'épée à
la main, les contraignirent d'assister aux opérations. Le premier consul fut
nommé sans tirage au sort; quant aux cinq autres, les boules de cire qui
contenaient les noms portés par la lettre de cachet, furent mises entre les
mains St à la discrétion du sieur de Genton.
Le lendemain, le conseil ordinaire, composé de vingt-cinq membres, con-
voqué par les anciens consuls pour protester contre la violation des usages,
fut dissous par MM. de Candillargues 8^ de Genton, avec défense, au nom
du roi, de prendre aucune délibération sur l'élection qui venait d'être faite.
Les anciens consuls envoyèrent pourtaht deux de leurs collègues à Tou-
louse, le second 81 le quatrième, afin d'implorer l'appui du Parlement 8<
d'obtenir des lettres d'appel. En même temps, ils expédièrent un courrier en
Cour porter leurs remontrances au pied du trône. Mais le gentilhomme de
M. d'.\ubijoux avait pris la poste dans le même dessein. Il arriva avant eux,
persuada ce qu'il voulut, 8c, quand le messager consulaire se présenta, on lui
fit voir un arrêt du conseil qui confirmait la nomination. Il fallut donc se
soumettre, 8c la commune n'eut d'autre ressource que de présenter ses récla-
mations aux Etats.
Dans la séance du 8 mars, le sieur de Géraud, député de Montpellier 8c
consul lui-même, requit l'assemblée de donner ses assistances à la ville pour
lui aider à recouvrer sa liberté 8c se maintenir dans ses privilèges. Après un
avis favorable du syndic général, les États consentirent à intervenir auprès
1645
"JT" 216 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
du duc d'Orléans, par l'intermédiaire de leurs députés, firent supplier Son
Altesse de vouloir bien, de son autorité, maintenir toutes les villes de la
Province dans les anciennes formes des élections consulaires. On écrivit
même au comte de Castries pour le prier d'obtenir du duc d'Orléans que
les nouveaux consuls, créés par ces voies extraordinaires, ne pussent pas
entrer en fonction avant que l'on eût écouté les remontrances de la députa-
tion languedocienne, la faculté d'élire librement des consuls ayant toujours
été considérée par les Etats comme un des plus importants privilèges de la
Province.
Ces démarches demeurèrent sans résultat, & les consuls intrus prirent pos-
session de leurs charges, ce qui ne laissa pas que d'exciter le mécontement &
d'entretenir les esprits dans un état de malaise qui se prolongea toute l'année.
Dans la capitale de la Province la situation n'était guère meilleure.
La force d'inertie que les capitouls en charge & la faction parlementaire
du conseil de bourgeoisie opposaient aux volontés du gouverneur ne pouvait
manquer de lasser la patience royale. Il en fut donné des preuves par deux
lettres communiquées au conseil, le 29 mars, & dont la transmission avait
été confiée au premier président. L'une était du roi. Elle manifestait le
déplaisir occasionné par un refus d'obéissance à des ordres réitérés, 8c com-
mandait expressément de mettre les capitouls en possession de leurs charges.
Dans la seconde, le duc d'Orléans exprimait des sentiments analogues. Il
avait trouvé étrange le retard apporté à l'exécution des volontés marquées par
une lettre du roi, 81 plus étrange encore le peu d'égards qu'on avait montré
pour un arrêt du conseil. Il exhortait les magistrats sortants à réparer, par
une prompte soumission, le mauvais effet produit par leur résistance, 8< offrait
son entremise pour en effacer l'impression dans l'esprit du roi.
Ces lettres, présentées à la cour de Toulouse quelques jours auparavant, y
avaient soulevé une vive discussion. Le doyen était d'avis d'obéir, sachant
qu'il ne pouvait plus espérer de changer la volonté des ministres. D'autres
voulaient envoyer un courrier à Paris pour faire les dernières représentations
à la régente, sauf à se soumettre, s'il le fallait, dès le retour du messager.
Les formalistes objectaient qu'il était contraire aux ordonnances de déférer à
de simples lettres de cachet & que les commandements faits aux cours souve-
raines devaient être expédiés en parchemin 81 munis du grand sceau. Un
quatrième groupe désirait savoir, avant de voter, si le premier président St le
président de Gragnague, chargés de bailler le serment aux capitouls, obéi-
raient à la résolution de la cour quelle qu'elle fût.
Après une journée d'inutiles débats, le Parlement, contraint de se déjuger,
s'était résigné à prescrire la réception des capitouls imposes, en donnant trois
jours aux magistrats sortants pour y procéder'.
Le conseil de bourgeoisie se défendit vigoureusement du reproche de rébel-
lion qui lui était adressé, déclarant qu'on ne devait pas confondre l'usage du
' Malenfant, ColUctiom & rcmar<juci du palais, III, p. 8i.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 217
droit de remontrances avec le refus prémédité d'obéir, protesta que chacun
des membres de la compagnie était pour le moins aussi bon sujet du roi que
les auteurs des calomnies dirigées contre eux, & prit enfin le parti d'installer
la municipalité nouvelle".
Au conseil général tenu le surlendemain, Esquirolis d'Audric, chef du
consistoire, prononça le testament capitulaire. Il paraphrasa l'ode d'Horace :
Beatus vir qui procul negotiis, célébra la constance de Phocion que les sup-
plications des Athéniens n'avaient pu déterminer à sortir de sa retraite, &,
après l'exposé des principaux actes de l'année, adressa un compliment de
bienvenue à ses successeurs, non sans faire allusion à la forme irrégulière de
leur nomination. 11 les reconnaissait d'ailleurs comme « personnes d'honneur,
« gens de bien & de mérite, dont aucuns avaient déjà passé par les charges. »
« Attendu, dit-il, qu'ils sont portés de la main du roi, ce seroit crime de
« douter de leur probité, zèle 8t affection pour son service. » Il les invita, en
terminant, à mettre en oubli tout ce qui s'était passé à propos de leur nomi-
nation, en s'autorisant surtout de la prière que le premier président leur en
avait faite*.
Lorsque le nouveau chef du consistoire Durtaud vint, selon l'usage, pré-
senter ses compliments au palais, M. de Montrabe lui fit une grave allocu-
tion, l'exhortant à montrer les effets des bonnes intentions qu'il témoignait
envers la cour^.
Les occasions de conflits ne tardèrent pourtant pas à se présenter.
Un règlement de la maison de ville de Toulouse, voté en 1641, portait
qu'il serait tenu trois registres de la levée des tailles pour chaque capitoulat,
l'un devant rester au pouvoir du capitoul de la partie, le second, dans les
mains du commis de quartier. Se le troisième au bureau de la maison de
ville. Le trésorier de l'année 1641, Jean-Louis Devaux, ne s'étant pas con-
formé à ces prescriptions, des démarches furent faites auprès de lui pour
obtenir remise des huit livres de tailles destinés au bureau de l'hôtel de ville.
Il refusa de les livrer. On l'arrêta. Il ne consentit pas davantage à subir un
interrogatoire sur les actes de sa gestion 8c se pourvut au Parlement, qui
ordonna sa translation des prisons capitulaires à celles des Hauts-Murats.
Deux capitouls allèrent, sur l'avis des seize, remontrer au premier président
que les décisions du conseil d'Etat interdisaient à la cour la connaissance des
affaires des tailles, Se demander la révocation de l'arrêt'*.
En même temps, Devaux faisait agir auprès du conseil privé qui renvoyait
son affaire à l'intendant. Bosquet réclama aussitôt l'envoi des procédures &. la
remise du prisonnier, déclarant le vouloir garder dans les prisons de sa suite,
St donnant huit jours de délai. On dépêcha une ambassade à l'intendant
■ Archives de Toulouse. Livre Jes Conseils, XXIV, ' Malenfant, Collections & remarjaes du palais,
p. 226. Conseil de bourgeoisie. Séance du xi) mars III, p. 88.
1 645. ■•Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIV,
' Archives de Toulouse, i/vre i/fj Co«5d7j, XXIV, p. 262. Conseil des Seize. Séance du vendredi
p. 229. Conseil général. Séance du 3i mars 1645. 21 avril 1645.
1643
I64â
ji8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
|)i>ur luainlcnir le ilu)it des capitoiils d'insnuirc le proctis coininc premiers
juges'.
Devaux avait donne eominc siens les livres tenus par le commis. Quand
on les décacheta, la fraude lut découverte S;, en les parcourant, on y trouva
les preuves de sa mauvaise toi. IMusieurs feuillets avaient clé refaits ou inter-
polés. Des faux, des doubles emplois, des irrégularités de toute nature révé-
laient combien la perception de la taille avait été vicieuse.
l'n des |)remiers actes des nouveaux capitouls fut de destituer le syndic de
la ville, Jean d'Ambelot, suspect d'Ctre à la dévotion du l'arleinent. Ils nom-
mèrent à sa place Jean Potier de la Terrasse, sieur de Castelnouvel, avocat
5(. membre du conseil de bourgeoisie. Ce syndic se mit immédiatement à
l'œuvre avec beaucoup de zèle, poussa vivement l'instruction contre Pevaux,
dont la culpabilité devenait chaque jour évidente, plus de soixante mille
* livres ayant été par lui dérobées à la ville. Il s'occupait aussi de vérifier les
arrérages ilus par les officiers du Parlement Si autres personnages de marque,
dépassant la somme de cent mille livres.
Le syndic n'était pas le seul agent communal changé par les capitouls
de 1645. lis avaient envoyé leur procuration pour prendre soin des affaires
de la ville à un avocat près le conseil du roi, nommé de Combes, en rempla-
cement de son confrère Duborn. Celui-ci réclama contre sa révocation, pré-
tendant ([u'elle ne pouvait Être prononcée que par le conseil de bourgeoisie,
en présence des commissaires du Parlement. On l'accusait d'avoir favorisé les
malversations des trésoriers ik autres agents de finances, 8<. toutes les tristes
manipulations i|ui se faisaient en matière de tailles.
Les révoqués intriguèrent U Paris, dans les bureaux du gouverneur, ik
obtinrent son intervention. Le duc d'Orléans écrivit, le j6 mai, aux capi-
touls. Des termes de cette lettre, qui leur fut remise par le premier président,
il était facile d'inlérer que le gouverneur croyait, sur des rapports inexacts, k
une destitution en masse de tous les agents de la commune. 11 blâmait cette
mesure {k demandait tju'elle fiit retirée.
Les capitouls voulurent porter leur embarras devant le conseil de bour-
geoisie} mais, se défiant de la coterie parlementaire, ils avancèrent l'heure de
U convocation 61 n'invitèrent pas les commissaires de la cour; la lettre du
gouverneur ayant été lue, l'assemblée, au nombre de trente-trois personnes,
décida qu'une dcputaiioii iiait jusiilier les actes du consistoire auprès du
prince.
Vers dix heures du matin, arrivèrent neuf bourgeois, qui, remarquant
l'absence des commissaires de la cour, refusèrent de prendre séance 81 sor-
tirent.
Pendant que Lamamye de Villeneuve 81 Cironis recevaient mission de
partir au plus vite pour aller détromper le gouverneur Si rentrer en posses-
sion des lapicrs relatifs aux différends avec la Cour, le Parlement fut averti,
' AT<hiT*> de Touloust. Livrt Hts Caitttih, XXV, p. 168. Constil d*> Stii*. Scanc* du a^ mai 1645,
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. luj
à l'issue tic l'audience, de ce qui se passait dans l'hôicl de ville. La giand'-
cliambre se retonna aussitôt 6<, sous prétexte du trouble Ik du scandale occa-
sionnés par la procédure irréguliére des capitouls, leur manda incontinent
l'avocat général Marmiesse pour dissoudre l'assemblée.
Marmiesse prit avec lui le clerc du registre secret, deux huissiers & deux
clercs du parquet. En route ils rencontrèrent les bourgeois mécontents (jui
n'avaient pas voulu siéger 8<. qui venaient porter plainte. L'avocat général
poursuivit sa marche 6t trouva les portes de l'hôtel de ville fermées. On par-
lementa quelque temps, prétendant qu'on avait égaré la clef. Introduit enfin
au consistoire, où capitouls &c bourgeois reprirent leurs places, Marmiesse
exécuta sa commission, intimant aux assistants l'ordre de se séparer 8c
d'ajourner le conseil.
Le chef du consistoire, Durtaud, répondit qu'ils s'allaient séparer d'eux-
mCmes, l'objet de la délibération étant rempli; ils n'avaient pas cru, dit-il,
devoir communiciuer leurs résolutions à la cour, parce que la cour était partie
dans l'atfaire. L'avocat général s'emporta fort lii-dessus, protestant que la
cour n'était engagée dans aucun procès & n'avait en vue que le maintien des
anciens ordres ik la concorde de tous les citoyens; mais Durtaud, sans se
troubler, mit fin au débat, en déclarant que ses collègues 8i lui cro)aient
avoir fait leur devoir.
Le lendemain, les bourgeois mécontents demandèrent audience à la cour.
Cominihan porta la parole contre les événements de la veille. Il dit qu'on
avait choisi, pour réunir le conseil, l'heure où les principaux avocats étaient
retenus au palais par leurs plaidoiries, 6<. qu'une députation au duc d'Or-
léans ne pouvait Ctre faite hors des conditions légales. 11 n'oublia point
d'ajouter que les bourgeois venus avec lui composaient la plus grande &. saine
partie de la ville, !k que le maintien de leurs privilèges était indispensable
au bien public.
Sur ses réquisitions, développées par Marmiesse, la grand'chambre 8< la
tournelle réunies annulèrent la délibération du consistoire, ainsi que la
nomination des deux députés, leur faisant défense de partir, 8<. au trésorier
de la ville de fournir des fonds, sous peine de suspension £<, de dix mille
livres d'amende. La cour ordonnait en outre qu'un nouveau conseil serait
tenu, dans les formes accoutumées, après la Saint-E'xupère 6i la Fôte-Dieu,
pour y délibérer sur la lettre du gouverneur, avec interdiction aux capiiDuls
d'assembler la bourgeoisie pendant les heures d'audience.
Le i6 juin, Tourreil 6i Caumels, commissaires du Parlement, se transpor-
tèrent à l'hôtel de ville avec Fieubet 8t Marmiesse pour y présider le conseil
de bourgeoisie ordonné le i3. Les portes étaient fermées. On refusa de les
ouvrir : deux capitouls sortirent 8c annoncèrent c|u'il n'y avait point de con-
seil mandé 8i qu'on ne trouverait personne au consistoire. Les commissaires
ayant essayé de pénétrer par le guichet cntr'ouvert, les soldats du guet leur
présentèrent la pointe des hallebardes, 8c Tourreil faillit être écrasé entre les
battants. Le cortège parlementaire dut retourner au palais.
1643
~^^ 2 20 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le procès-verbal de la scène, dressé par Tourreil, fut communiqué le len-
demain aux chambres assemblées. On décréta de prise de corps les capitouls
Lamamye, d'Ambes, de Vie Si Carrière, ainsi que le capitaine du guet
Mauruc, avec suspension de leurs charges.
En même temps défense était faite aux dizeniers, sous peine de la vie,
d'assembler leurs dizaines, ainsi qu'ils en avaient reçu l'ordre des capitouls.
Un grand nombre de gens, surtout des écoliers, circulaient dans les rues
portant des épées & des pistolets. Cette infraction aux ordonnances fournit
au corps capitulaire l'occasion de faire une démonstration publique à l'adresse
de la cour.
Dans l'après-midi de la même journée, il parcourut la ville, escorté de la
troupe du guet, comptant plus de soixante hommes armés de mousquets
&. de hallebardes. C'était une façon de répondre au décret de prise de corps
du Parlement. Parmi les soldats, on en voyait trois dont l'arrestation avait
été prescrite. Les capitouls publièrent à tous les carrefours une ordonnance
qui défendait de prendre les armes sous quelque prétexte que ce pût être.
De son côté, la cour délégua des commissaires pour procéder aux arresta-
tions. On choisit les plus anciens de chaque chambre & on leur adjoignit le
procureur & l'avocat général. Ils se présentèrent successivement au domicile
des capitouls, eurent beaucoup de peine à y pénétrer & n'y trouvèrent aucun
de ceux qu'ils cherchaient. Pour se dédommager, ils emmenèrent un soldat,
rencontré dans la maison de Carrière & reconnu pour être l'un des hallebar-
diers du guichet. Ils l'enfermèrent aux prisons de la Sénéchaussée les plus
voisines du lieu où ils l'avaient pris. Mais à peine étaient-ils rentrés, que
deux capitouls, envoyés par le conseil des seize £< accompagnés de cinquante
hommes armés, allèrent forcer les prisons du Sénéchal & firent échapper le
soldat.
Les bourgeois de la faction parlementaire, au nombre de trente-cinq,
retournèrent au palais, accusèrent les capitouls de continuer le désordre 8c
de fermer les portes de l'hôtel de ville pour empêcher la tenue du conseil.
Ce fut encore Cominihan qui porta la parole. Il demanda, pour le corps de
bourgeoisie, la permission de tenir une assemblée hors du lieu ordinaire des
séances, momentanément inaccessible, l'envoi de commissaires du Parlement,
8t, en général, la protection du roi Si de la cour.
Le Parlement se garda bien de refuser une autorisation dont il avait peut-
être suscité la pensée. Pour répondre à la manifestation des capitouls, il mit
sur pied sa clientèle Si donna un grand éclat militaire à la publication de
ses arrêts. Elle fut faite, dans l'après-midi, par le greffier criminel, suivi du
personnel accoutumé, 81 avec une escorte de mille à douze cents hommes en
armes, tant cavaliers que fantassins.
Les bourgeois tinrent conseil dans l'hôtel de la Sénéchaussée, rétablirent
en leurs charges le syndic Si le trésorier 81 désavouèrent tous les actes des
capitouls.
Quant au Parlement, il rendit le 19 juin un arrêt qui chargeait Fieubet
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 221
8c Maniban d'aller porter au roi les remontrances de la cour sur les diverses
entreprises des capitouls.
Les affaires prenant cette tournure, les magistrats municipaux décrétés
d'arrestation sentirent qu'ils ne pouvaient rester en ville sans imprudence. Ils
partirent pour Paris, afin de porter leur cause devant le conseil du roi. L'ad-
ministration municipale demeura donc aux mains de trois capitouls, l'avocat
Duverger 81 les marchands Besset Se Seaux.
Us assemblèrent le conseil de bourgeoisie au Consistoire. La faction par-
lementaire y était maîtresse Se les commissaires de la cour, Tourreil 8<. Cau-
mels y présidaient. Duverger fit un exposé des événements, se vanta d'avoir
dénoncé au premier président le départ de ses collègues 8<. s'excusa d'avoir
pris part à l'expédition des prisons de Mirabel en déclarant qu'il n'avait pas
prononcé une seule parole. On cassa la députation de Lamamye & de
Cironis, ainsi que la gratification de deux mille deux cents livres allouée à
Cironis & à Lamamye père, à titre d'indemnité 8c de faux frais, on confirma
le rétablissement d'Ambelot Se de Duborn Se l'on décida que le député Anne
de Ferrières, alors à Paris, serait prié d'aller trouver au plus tôt le duc d'Or-
léans pour lui faire des protestations d'obéissance. La séance se termina par
des supplications à la cour, en la personne de ses commissaires, de prendre le
corps de bourgeoisie sous sa protection Si de mettre les capitouls restants à
l'abri de toute poursuite du juge criminel, comme n'ayant pris aucune part
volontaire aux mauvaises actions de leurs collègues'.
L'avocat général Maniban, que sa mission pour l'affaire du juge-mage rete-
nait encore à Paris, reçut le 25 juin les instructions du Parlement Se se mit
aussitôt en campagne. II alla le jour même à Saint-Maur auprès de La Vril-
lière, chez qui se trouvait le prince de Condé, vit le cardinal Mazarin 8c le
chancelier de France, 8c envoya les dépêches du premier président à tous les
ministres, 8c à Goulas, chargé cette année des affaires de la Province.
De son côté, Cironis arrivait en poste. Il dénonça au prince de Condé la
cause vraie de la querelle, qui était le refus des parlementaires de payer les
arrérages de leurs tailles-, 8c la protection qu'ils donnaient à l'ancien tréso-
rier Devaux, justement poursuivi à cause de ses malversations. Il ne ménagea
pas dans ses attaques la personne de Maniban, accusant l'avocat général
d'être débiteur de la ville pour plus de deux mille livres 8c d'avoir sanctionné
par sa signature les comptes du trésorier infidèle.
Maniban 8c Cironis se rencontrèrent, avec le président de Gramont,
le :6 juin, dans la maison de Goulas. Il y eut entre les deux députés une
scène des plus violentes où le parlement 8c les capitouls furent tour à tour
durement traités.
Les deux envoyés de la ville partirent pour l'armée de Flandre, où l'abbé
de la Rivière refusa de les présenter au duc d'Orléans, mettant pour condi-
' Archives de Toulouse. L'ivre des Conseils, 23 juin 1645. — Pièces justificatives, n. XXV,
XXV, p. 178. Conseil de Bourgeoisie, séance du col. 93.
164.5
1645
2 22 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tion à cette faveur le rétablissement immédiat des officiers destitués. Quel-
ques jours après, Fieubet qui venait de traverser Paris, apportait au duc
d'Orléans, en Flandre, les remontrances de la cour.
Le 4 juillet, la cour ordonna l'enquête contre le trésorier de France Calvet
que l'on accusait d'avoir inspiré l'enlèvement des prisonniers 81 d'avoir assisté
aux assemblées factieuses de l'hôtel de ville 6c décréta Cironis d'arrestation
pour être parti en ambassade malgré l'arrêt de cassation.
Le 17, les chambres assemblées condamnèrent par défaut les capitouls fugi-
tifs à dix mille livres d'amende 8c au bannissement hors du ressort de la
cour, Dambes pour dix ans, Lamamye, Carrière 8c de Vie pour cinq, les
déclarant pour jamais déchus du droit de bourgeoisie 8c incapables de tenir
des charges publiques.
Par une disposition spéciale, qui fut inscrite au registre secret, la cour
s'engageait à ne recevoir jamais fils 8c petit-fils des quatre condamnés en
l'office de conseiller ou de président. On fermait ainsi les portes de la com-
pagnie souveraine à trois générations.
Sur ces entrefaites, Lamamye 8c Cironis ne perdaient pas leur temps à
Paris 8c agissaient dans le cabinet de la régence. Le duc d'Orléans se trou-
vait alors en marche à la tête de l'armée. On le poursuivit jusqu'au milieu
de son camp. Il répondit qu'il voulait une transaction 8c que la nouvelle
instance devait être jointe à celles qu'avaient en main les arbitres de son
choix. Le procureur général Fieubet l'étant allé consulter à Gravelines, le
prince lui parla dans le même sens, engageant la compagnie à recevoir la
satisfaction des capitouls. Il manifestait l'espérance que sa lettre apporterait
le calme 8c le désir de rétablir la paix dans la ville par son entremise.
Ayant fait les capitouls, il était, disait-il, obligé de les maintenir pour
conserver son autorité qui aurait été blessée s'ils avaient été destitués avant
la fin de leur année; il exigeait donc leur rétablissement.
Sur le point de remettre les procédures, Fieubet hésita, déclarant qu'il ne
se croyait pas autorisé à cette démarche. L'orgueil du Parlement se soulevait
à la seule pensée de se voir traité sur un pied d'égalité avec des gens qu'il
qualifiait de subalternes &c de justiciables. Les capitouls, arrivés à Paris,
intercédèrent auprès du chancelier 8t firent présenter leur requête au roi pour
obtenir arrêt du conseil.
La minute de cet arrêt fut dressée par Goulas &c La Vrîllière, sur les ordres
secrets du gouverneur. Avertis de l'affront qui menaçait la cour, Maniban Se
Fieubet allèrent montrer une incrédulité jouée au secrétaire des commande-
ments, récriminant contre l'impudence des capitouls qui annonçaient partout
un arrêt de décharge. Goulas déplaça la question, dit que le prince de Condé
&c les ministres avaient rudement traité les magistrats toulousains pour la
révocation de leur trésorier 8c de leur syndic, mais que l'on ne pouvait souf-
frir les décrets de saisie lancés contre eux; qu'il fallait d'ailleurs remettre au
plus vite les productions à Bignon 8c à La Marguerie qui prononceraient de
concert avec le conseiller d'État Tubeuf, intendant des finances.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 228
Dans le cas où le Parlement n'accepterait pas la satisfaction réglée par les
arbitres, ceux-ci avaient ordre d'en faire rapport au conseil & de conclure au
rétablissement des capitouls dans leurs charges.
Maniban Se Fieubet se récrièrent. Ils ne pouvaient entendre à aucun traité.
Leur mandat se réduisait à demander justice de l'injure commise par de petits
magistrats municipaux. Ils regardaient comme un crime de faire autre chose.
Goulas leur fit pourtant promettre qu'ils engageraient l'avocat général de
Lussan, leur collègue, à suspendre les saisies.
Les députés du Parlement sollicitaient sans relâche auprès des grands sei-
gneurs 8c des ministres, noircissant de leur mieux leurs adversaires & faisant
ressortir surtout le danger de guerre civile qui aurait pu résulter de l'arme-
ment des dizaines, si la modération de la cour n'y avait mis obstacle. Ils se
flattaient déjà d'un heureux succès lorsque fut connu à Paris l'arrêt du
17 juillet, portant la peine de bannissement contre les capitouls fugitifs.
Goulas montra aux deux magistrats le mécontentement le plus vif, s'in-
digna qu'une mesure aussi violente eût été prise après la prière d'accommo-
dement adressée par Son Altesse, déclara que le duc d'Orléans ne s'attendait
pas à se voir aussi maltraité par la compagnie, qu'il en garderait mémoire, 8c
qu'on ne devait plus attendre ni bon office ni entremise. Il fut encore plus
énergique dans un second entretien.
Du reste, le Parlement était trahi par quelques-uns de ses membres. Des
correspondances actives entre Toulouse Se Paris mettaient les ministres au
courant des moindres démarches de la cour 8c faisaient de ses projets de résis-
tance l'objet de toutes les conversations. Cependant le prince de Condé pres-
sait la solution de l'affaire. Sur de nouvelles instances, 8c pour se donner, en
cas d'insuccès, le droit de dire que l'arrêt était rendu sans avoir entendu le
Parlement, les magistrats remirent leurs procédures, non pas aux commis-
saires du conseil, mais au secrétaire d'Etat La Vrillière, sous prétexte de mon-
trer les pièces à la reine.
Le gouverneur écrivit encore pour le renvoi des capitouls à leurs charges.
Alors le prince de Condé, se trouvant au conseil de direction, pria les com-
missaires de faire leur rapport, adjoignant à eux le conseiller d'État Tubeuf
surintendant des finances. Maniban 8c Fieubet recoururent au cardinal pour
que l'affaire fût jugée au conseil d'en haut, 8c non pas au conseil des finances.
Mazarin envoya par deux fois au chancelier, le sieur de Lastronques, un de
ses gentilshommes, pour donner cette satisfaction au Parlement. Bignon avait
achevé son rapport 8c commençait d'opiner, lorsque la séance fut suspentlue
par commandement de la reine. Le prince remit l'affaire au lendemain. Les
députés du Parlement obtinrent encore par adresse un délai de dix jours, qui
expirait au 14 août. On avait tait croire à la régente que le procureur général
était muni de pleins pouvoirs pour traiter 8c qu'il viendrait en personne lui
faire son rapport.
De leur côté, les capitouls cherchaient à voir le cardinal. Ils en furent
d'abord empêchés par l'habileté de Lastronques, que l'évêque de Rieux avait
1645
■— 2 24 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
gagné à la cause parlementaire. Puis l'archevêque de Narbonne les fit pré-
senter par l'abbé Aubri.
Comme ils devaient être aussi reçus par la reine, Maniban ne voulut pas
leur laisser l'avance & se fit admettre au petit lever. Il discourut longuement
sur les événements de juin, montra la justice flétrie & abattue par la témé-
rité de magistrats inférieurs, n'oublia point les hallebardes ni la convocation
des dizaines, disant que pareille violence ne s'était vue depuis l'époque de la
Ligue. Il fit une plaidoirie en règle sur l'utilité de la hiérarchie & maltraita
fort V les petits magistrats qui n'ont que la direction de la petite police. »
Durant ces pourparlers, Cironis était allé à l'armée de Flandres. Il remit à
l'abbé de la Rivière les lettres écrites de Toulouse qui annonçaient l'arrêt de
bannissement. Le duc d'Orléans écrivit aussitôt à Mazarin de ne plus s'occuper
de l'affaire & de la laisser juger par le conseil des finances.
Les réponses du Parlement n'arrivaient pas. Circonvenu de nouveau pour
retarder la solution, Mazarin répliquait qu'il n'y pouvait rien & qu'il s'atti-
rerait inutilement l'inimitié du duc d'Orléans & du prince de Condé.
Maniban saisit le moment où ce dernier recevait les félicitations de la
Cour au sujet de la victoire du duc d'Enghien à Nordlingue, pour lui arracher
encore quelques heures de répit. Il l'aborda de nouveau, au retour du Te
Deum, & le voyant en belle humeur, le pria de renvoyer les capitouls au
Parlement, avec promesse qu'ils en seraient favorablement traités. Condé s'en
défendit, mais promit de faire insérer dans l'arrêt que les capitouls deman-
deraient pardon de leur injure, ce dont Maniban fut si joyeux qu'il lui
embrassa la jambe. Mais le lendemain, ce fut un autre langage. Goulas,
parlant au nom de son maître, ne voulut pas de clause pareille, & dit qu'elle
ferait l'objet d'un retentum & qu'on l'indiquerait verbalement aux capitouls.
Le premier président pressait les trois capitouls, demeurés en charge, d'as-
sembler la bourgeoisie pour y faire désavouer l'évocation générale, objet de
tant de querelles. Seaux & Besset, qui appartenaient à la faction des absents,
refusaient de s'y prêter en l'absence de leurs collègues, alléguant le petit
nombre de bourgeois que l'on parviendrait à rassembler. Alors le Parlement
changea de tactique & parla de proposer diverses affaires de moindre impor-
tance qui ne demandaient pas une assistance nombreuse.
Le conseil fut tenu le i*"^ août. Tourreil, Caumels, Marmiesse y assistaient
avec quelques officiers & les vingt-cinq bourgeois de leur parti. Tous les
membres de la bourgeoisie qui n'étaient pas du complot avaient été prévenus
de ce qui se tramait & ne parurent pas à la séance. On commença par exposer
deux points secondaires qui avaient servi de prétexte à la convocation, le
payement d'une faible somme au trésorier de l'hôpital & la réduction de la
compagnie du guet, quand l'avocat général Marmiesse annonça que le prési-
dent de Gramont était dans le grand consistoire 8c demandait d'être entendu.
Gramont raconta que le duc d'Orléans lui avait donné en mains propres
une lettre de créance adressée aux capitouls & que, dès son arrivée à Tou-
louse, il avait remis cette lettre à Duverger. Cette lettre ne se trouva point;
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 2 25
Duverger disait qu'elle était au pouvoir de son collègue Seaux, absent du
conseil. Le président n'en exposa pas moins sa créance, déclarant qu'il avait
charge d'exhorter la ville à la paix. « Son Altesse Royale, dit-il, désire que
« tous les différends qui sont entre le parlement 8c la ville se terminent par la
« voie de la douceur. » Abordant ensuite le fait essentiel, il représenta que
l'évocation générale étant un moyen d'entretenir la désunion, l'intention du
gouverneur penchait à convenir d'un arrangement qui pût rétablir la paix.
Il avait écrit à la cour dans le même esprit.
Au point de vue du Parlement, l'arrangement était simple. Il consistait ni
plus ni moins à faire abandon de l'évocation générale.
Le conseil, uniquement composé de bourgeois de la faction parlementaire
& en majeure partie d'avocats postulants St consultants, & de gens vivant du
palais, n'eut garde d'y contredire.
Vainement le capitoul Besset voulut protester contre l'introduction inci-
dente d'une aussi grave matière, qui n'était point portée à l'ordre du jour, 8<
affirma que le droit de proposition appartenait exclusivement au capitoul
présidant l'assemblée. On répondit à ses objections de légalité par un vote.
L'assistance entière, moins deux voix, — la seconde était celle d'un bour-
geois, nommé Busquet, — décida qu'elle désavouait l'évocation générale pré-
cédemment obtenue par Cironis. La faction parlementaire rendait ainsi à la
cour, en lui livrant les affaires de la ville, les bons offices qu'elle en avait
reçus. On donna pour raison de ce désaveu « les inconvéniens provenus de
« ladite évocation générale & les préjudices que aucuns des bourgeois en ont
« souffert & en souffrent. » Pour donner à cette complaisance les dehors d'un
acte spontané, prière dut être faite au Parlement de vouloir bien recevoir
désormais les causes de la bourgeoisie, tant aux chambres de la cour qu'en
celle des requêtes. Une députation de dix membres alla porter cette bonne
nouvelle au Parlement, tandis qu'on expédiait sans retard la délibération à
Paris. Deux bourgeois de la faction en avaient eux-mêmes dicté les termes
au secrétaire du conseil '.
Cette délibération fit beaucoup de bruit. L'avocat Pierre Daure, ancien
secrétaire du roi, rédigea, en collaboration de Besset, demeuré en charge,
un acte de protestation sous forme de procès-verbal, qui tut dressé par notaire
& remis aux mains de l'avocat-général Marmiesse.
L'acte était fait au nom des capitouls Seaux & Besset. Il mettait en lumière,
avec une netteté cruelle, la cause vraie de tout le désordre, le refus persistant
de payer les tailles, S<. faisait ressortir l'illégalité de la délibération, aucun
conseil important ne pouvant être tenu, d'après les usages de l'hôtel de ville,
sans la présence d'au moins cinq capitouls. La lecture de cette pièce causa de
violents orages au palais. Les décrets d'arrestation éclatèrent sans relâche :
capitouls, avocats, notaire, en furent successivement frappés.
' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, i'' août 164.'). — Malenfanf, Collections & remar-
XXIV, p. 284. Conseil de Bourgeoisie, scince di ^ucs ,lu palais, III, p. 23|.
XIIT. i5
1645
lô^â
226 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Pierre Daure, en sa robe d'avocat & les fers aux pieds, dut répondre sur la
sellette des calomnies, suppositions & diftamations que le procureur général
lui i;nputait, 8c qui n'étaient, en définitive, que le récit exact des événements.
On n'osa pourtant pas pousser l'iniquité jusqu'au bout, & la cour se contenta
d'ordonner un supplément d'instruction.
Cependant, le procureur général revint de Paris. Il avait vu le duc d'Or-
léans, qui demandait une transaction entre le parlement 8c la ville, à condi-
tion, toutefois, que le Parlement fût satisfait. Cette formule parut vague. On
résolut d'écrire à Maniban, encore à Paris, que Messieurs de la cour n'ayant
agi contre les capitouls qu'en qualité de juges n'attendaient de leur part
aucune satisfaction, mais leur obéissance aux arrêts 8c leur comparution à la
barre. Cela fait, on aurait telle considération qu'on aviserait pour les traiter
favorablement.
En même temps, des lettres pressantes furent adressées à la reine-mère, au
duc d'Orléans, au prince de Condé, au cardinal Mazarin, au chancelier, au
secrétaire d'Etat de la Province.
On y invoquait l'appui de toutes les puissances pour relever le prestige
de la cour, affaibli par l'enfeprise des capitouls. « Quand Sa Majesté ou
« Son Altesse Royale nous regardent d'un œil favorable, écrivait la cour à la
(i reine Anne d'Autriche, il nous rend puissants à les servir, 8c ce peu de
(( créance que les peuples ont en nous augmente ou diminue comme vos
« faveurs 8c vos grâces. » Au chancelier de France, elle disait : « Notre compa-
« gnie vous supplie très-humblement, Monseigneur, de ne souffrir pas qu'on
<( la rende impuissante à servir le roi en faisant voir au peuple qu'elle n'a pas
« l'autorité de rendre la justice aux capitouls de Toulouse, 8c que ces petits
c( magistrats populaires trouvent de l'appui contre elle par-delà. Vous y êtes,
« Monseigneur, plus intéressé que tous comme chef de la justice de France. »
Les capitouls en exercice demeuraient réduits à deux par le décret lancé
contre Besset. Mais des deux restants, Duverger était le seul qui appartînt
de cœur à la faction parlementaire. Son collègue Seaux lui rendait la vie dure
ou du moins Duverger s'en plaignait, 8c, à la suite d'une violente scène qui
se passa aux prisons de l'hôtel de ville, à propos de l'arrestation du trésorier
Malespine, ordonnée par Duverger pour cause d'irrévérence, la cour décréta
prise de corps contre Seaux'.
Des huit capitouls nommés par lettre de cachet, il n'en restait donc plus
qu'un seul. Duverger présida solitairement les deux conseils de bourgeoisie
tenus le 16 8c le 19 septembre*. Mais son règne ne devait pas être long. Le
conseil du roi s'était déjà prononcé.
Par arrêt donné à Paris, en présence du roi 8c de la régente, le 28 août 1645,
le conseil évoquait toutes les procédures faites par la cour de Toulouse contre
les capitouls 8c les autres prévenus à cause des événements de juin, annulait
à la fois les arrêts du Parlement, les délibérations de l'hôtel de ville Se les
'Archives de Toulouse. Livre des Conieils, III, p. i5i. " Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIV.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 227
procès-verbauK des capitouls, déchargeait les prévenus des poursuites com-
mencées & donnait mainlevée de leurs biens; rétablissait enfin les capitouls
bannis dans l'exercice de leurs charges, pour toute la durée de l'année capi-
tulaire, en leur enjoignant seulement de se comporter avec révérence envers
les présidents 8c les conseillers de la cour. Le même arrêt portait réinstallation
d'Ambelot 8c de Duborn comme syndic 8c avocat de la ville au conseil du roi.
La décision du conseil était fondée sur ce que des arrêts de i566 8c de lôiS,
réglant les privilèges des capitouls, les autorisaient à tenir des conseils de ville
sans la présence des commissaires du Parlement, lorsque les délibérations
avaient pour objet des différends avec cette compagnie. C'était le cas de la
séance du 12 juin où l'on devait traiter l'affaire des tailles Se de l'évocation
générale. Les procès-verbaux dressés par les capitouls montraient aussi qu'ils
avaient essuyé diverses violences de la part des gens qui suivaient les con-
seillers, Se qu'étant les plus forts, ils n'avaient pas fait usage de leurs armes.
Le rapport même du chirurgien, déclarant que la blessure de Tourreil n'était
qu'une contusion de la grosseur d'une noisette, enlevait tout caractère tragi-
que à l'événement.
Du reste, l'expédition définitive de l'arrêt traîna quelques jours, pendant
lesquels il y fut apporté diverses modifications. Maniban y fit introduire
d'abord des adoucissements pour la cour; Mazarin s'y montrait favorable,
disant que le feu était en Languedoc 8c que la continuation du désordre dans
la capitale de la Province pouvait avoir les suites les plus sérieuses. Au con-
traire, sur l'avis de M. de La Marguerie la reine fit aggraver la rédaction
primitive en ajoutant que le Parlement maintiendrait les capitouls dans leurs
droits Se privilèges, que la délibération tenue le i*' août à l'hôtel de ville,
d'autorité de la cour, serait cassée comme les autres, 8c enfin que les capitouls,
syndics 8c bourgeois seraient payés sur les deniers patrimoniaux de la ville,
des frais de leur voyage à Paris. Cette dernière clause était la plus dure
pour l'orgueil du Parlement. Maniban réussit à convaincre Mazarin qu'elle
serait considérée comme un encouragement à la rébellion 8c qu'elle entraî-
nerait de sinistres conséquences. Le chancelier la biffa de sa main à la
minute.
L'avocat général, qui avait reçu de Toulouse des instructions plus conci-
liantes, se donna encore beaucoup de mal auprès des puissances, dépêcha
courrier sur courrier au duc d'Orléans, à l'abbé de la Rivière. Mais les mou-
vements de l'armée ne rendaient pas les communications faciles, Gaston, que
l'on cherchait à Gravelines, en était parti pour le siège de Béthune, 8c l'en-
nemi occupait les passages. Les dépêches revinrent à Paris 8c furent expé-
diées à nouveau par Arras. Mais alors le duc d'Orléans rentrait, 8c dans les
embarras de sa marche refusait de s'occuper d'affaires.
En arrivant, à Paris, il trouva Maniban au Luxembourg, qui lui renouvela
les remontrances du Parlement 8c promit au nom de la compagnie d'absoudre
les capitouls, pourvu qu'ils lui fussent renvoyés. Le duc insista sur le désir
qu'il avait de rétablir la paix 81 l'union dans la ville. L'abbé de la Rivière
(645
i6<)5
228 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
fut très-aigre, 8t prétendit que la mauvaise conduite de la cour avait été
intentionnelle.
Toutefois l'avocat général avait fini par obtenir la faveur de dresser un
projet d'arrêt retirant le privilège d'évocation générale, lorsque l'on connut à
Paris les détails de l'affaire Daure, l'emprisonnement du notaire, la compa-
rution sur la sellette, les fers aux pieds, & les décrets de prise de corps lancés
contre Seaux & Besset. Rien ne put alors tempérer la fureur de l'abbé de la
Rivière. Il reprocha durement à l'avocat général de lui avoir porté des paroles
de soumission & de respect au nom de la cour, pendant que le Parlement
continuait ses offenses Si chassait de la ville des gens que le duc d'Orléans
avait établis dans leurs charges. Le prince de Condé enjoignit à La Vrillière
d'expédier l'arrêt sans retard, & Maniban apprit de la bouche de Goulas que
l'idée de retirer l'évocation générale était abandonnée &c qu'on n'y reviendrait
qu'après le rétablissement des capitouls & la complète pacification '.
Le Parlement, informé par ses correspondants parisiens de l'issue qu'aurait
l'affaire & sachant que les capitouls recevraient l'ordre de faire au palais une
démarche de courtoisie, voulut du moins se donner le plaisir de les humilier.
Il résolut donc, le 12 septembre, que leurs satisfactions ne seraient pas reçues
par la chambre des vacations & qu'on les renverrait après la Saint-Martin
d'hiver.
Lamamye & de Vie s'étant en effet présentés le 5 octobre, le premier pré-
sident, sans les laisser parler, leur dit que la chambre n'était établie que pour
la punition des crimes & leur donna rendez-vous en la cour pleine 8c séante^.
Quelques jours après, les capitouls firent signifier au palais l'arrêt du
conseil qui les remettait en possession de leurs charges. Dès le 27 octobre, ils
avaient repris leurs sièges au conseil de bourgeoisie 3. Un second arrêt donné
à Fontainebleau, le 23 septembre, associait Seaux 8t Besset aux avantages
obtenus par leurs confrères.
Le lendemain de la rentrée du Parlement, quatre capitouls se présentèrent
pour faire, en même temps que la salutation traditionnelle, les soumissions que
le duc d'Orléans leur avait prescrites. La cour s'était inquiétée à l'avance de
leur préparer une réception. Ils n'eurent affaire qu'à un garde-sacs qui leur
dit : « La cour ne vous veut point ouïr, retirez-vous. »
Le premier acte des chambres assemblées fut d'ailleurs d'ordonner des
remontrances contre l'arrêt du 28 août.
Outre la grande affaire du capitoulat & celle du droit de confirmation, le
Parlement s'était trouvé en conflit avec le pouvoir ministériel, dans le cou-
rant de l'année, à l'occasion des lieutenants généraux de Languedoc. On se
rappelle que l'acte royal qui conférait une autorité supérieure au maréchal
de Schomberg, sous le gouvernement du duc d'Orléans, semblait indiquer la
■ Maniban fit son rapport à la cour le 22 no- ' Malenfant , Collections & rcmar<jues du ptilals,
vembre 1645. — Le greffier Malenf.Tut (^Collections III^ p. 1.03.
& remarques da palais, III, pp. 167-226) raconte ' Livre des Conseils, XXIV, p. 289. Bourgeoisie,
ces intrigues avec grand détail. 27 octobre 16/],').
LIV. 1. MINISTERE DE MAZARIN. 2-9
suppression des trois commandants provinciaux. Cette suppression n'ayant
pas eu lieu, lorscjuc les provisions du maréchal turent présentées au Parle-
ment, l'avocat général Marmiesse demanda que MM. d'Arpajon, d'Ambres &
de Tournon perdissent au moins leur siège 8c leur voix délibérative en la
cour souveraine. Comme on prévoyait que ce changement ne s'obtiendrait
pas sans difficulté, la grand'chambre ne voulut pas en décider seule, & une
assemblée générale ayant été tenue, arrêta que le seul gouverneur de la
Province obtiendrait les honneurs du siège ; mais l'esprit d'opposition du
Parlement n'excluant pas la prudence, on se contenta d'inscrire cet arrêt
au registre secret ' .
Les personnages appuyés à la cour de la régente ne manquaient jamais de
parchemins officiels pour sanctionner leurs prétentions. Des lettres patentes
spéciales autorisèrent les trois lieutenants généraux à occuper au Parlement,
comme aux Etats, la place qu'on leur refusait. Nouvelle proposition d'enre-
gistrement portée au palais, nouvelle résistance des parlementaires qui, cette
fois, rendent un arrêt formel^. Mais si les intendants avaient une protection
efficace dans le ministère pour se défendre contre les entreprises des compa-
gnies de justice, les lieutenants généraux, tous grands seigneurs, connus dans
les armées Si protégés par l'esprit de corps de la noblesse française, n'étaient
pas non plus réduits à leurs propres forces, surtout depuis que le prince de
Condé & les autres représentants du parti féodal pouvaient parler haut dans
le cabinet de la reine. Il fut donc expédié, le 10 juin, des lettres patentes
qui ordonnaient au Parlement de Toulouse « par première 8t dernière jus-
ce sion )> 8t sans s'arrêter à son arrêt du 25 avril, d'enregistrer purement Se
simplement la déclaration du 10 mai 1644.
Les chambres assemblées reçurent communication de l'acte royal 8c per-
sistèrent dans leur refus. Les termes de l'arrêt portent que « la cour, ouï
« sur ce le procureur général du roi, a ordonné St ordonne n'y avoir lieu
« d'enregistrer lesdites lettres patentes ^. »
Ces dispositions hostiles du Parlement n'étaient point une nouveauté pour
le pouvoir royal 5 nous les avons vues renaître dès le début de la régence 8c
s'autoriser des embarras d'une minorité pour mettre en péril les institutions
les plus nécessaires à la bonne administration du royaume. Mais, si elles
étaient peu redoutables quand elles n'avaient pour motif avoué que des inté-
rêts de corporation 8c le maintien d'usurpations tolérées pendant le désordre
des guerres, elles prenaient une autre importance lorsque la souffrance réelle
des peuples, la rigueur des exactions 8c la mauvaise conduite des troupes
donnaient matière à des remontrances, &c ((ue l'ambition des magistrats se
trouvait secondée par le malaise du pays.
Or telle était en ce moment la situation de la Province. Il n'est point
' Mnlenfant, Collçctions & remarques du palais, ' Archives de la Haute-Garonne. Fonds do Par-
III, p. 73. L'arrêté fut pris le lo décembre 1644. lement de Toulouse. Affaires du roi & du public,
' Arrêt du Parlement de Toulouse, du 26 aytW I, p. 449.
164"!.
164Ô
~ ;3o ÉTUDES HISTORIQUES SUll LE LANGUEDOC.
douteux que la perception de tous les impôts & en particulier celle des nou-
velles taxes, confiée à des traitants, s'opérait avec une violence inouïe. Le
cardinal Mazarin conseillait bien aux intendants d'éviter autant que possible
de faire intervenir les gens de guerre dans ces levées déjà si onéreuses par
elles-mêmes; mais, tout en recommandant d'user des formes les plus douces
que la nécessité des affaires permettrait, il admettait pourtant l'hypothèse où
la résistance des tail labiés exigerait l'emploi de la force.
Les agents subalternes de l'exploitation des fermes ne s'en faisaient faute.
Tantôt on les voyait, malgré les traditions locales, saisir jusqu'au grain des-
tiné pour les semailles & jusqu'au bétail de labourage, tantôt démolir la toi-
ture des maisons, enlever les portes 6c les fenêtres St les rendre inhabitables,
tantôt, sous prétexte de contrainte solidaire, arrêter des marchandises dont
les propriétaires avaient acquitté déjà leurs obligations envers le fisc. Aussi le
mécontentement populaire était poussé à son comble; & lorsque des voix
de compagnies supérieures s'élevaient avec éloquence contre les partisans &
dénonçaient la misère publique, les habitants des villes, tout entiers à l'im-
pression des maux présents, ne prenaient point la peine de discuter la valeur
de leurs avocats officieux ni d'étudier les motifs secrets qui leur dictaient ces
démarches, moins encore de rechercher si, par leurs privilèges personnels,
ces défenseurs empressés ne contribuaient pas largement à la surcharge des
malheureux. Le tableau des souttrancesque chacun subissait, quelques paroles
véhémentes contre ces fermiers d'impôts, dont les fortunes rapides, les belles
habitations Si les meubles de prix contrastaient si cruellement avec la détresse
générale, des théories généreuses sur le respect de la justice, sur le droit &
le devoir des magistrats de faire arriver la vérité au pied du trône, malgré la
conspiration des courtisans & la complicité des hommes de finances, mainte-
naient les masses dans une sorte d'oscillation perpétuelle entre les puissances
rivales, inclinant tour à tour, au hasard & sans idée suivie, vers celle qui
parlait le mieux de la pauvreté, de l'insolence des partisans, de la nécessité
d'une réforme de l'État.
A ce point de vue, la dernière session de l'assemblée provinciale avait jeté
dans les esprits une iermentation extrême. Déjà les arrêts du conseil d'Etat,
obtenus à la requête du syndic général de la Province, où étaient condam-
nées en termes formels les sauvages procédures des collecteurs de tailles, —
saisie de bétail, démolition de maisons, arrachement de vignes', — encou-
rageaient la pensée que le roi ignorait l'oppression de ses peuples, que les
violences commises s'exerçaient contre son gré, & que le mal cesserait quand
le conseil de la régente en aurait connaissance. Lorsque le récit des séances
dramatiques, où, par trois fois, le maréchal de Schomberg avait inutilement
sollicité l'octroi du quartier d'hiver, se fut répandu dans la Province, lorsque
l'on sut que cette manifestation audacieuse avait été surtout rendue possible
■ Arrêt du conseil d'Etat, du 3o septembre 1643. Nous en publions le texte d;ins nos Pièces justifica-
tives, n, VIII, col. 3i.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. :3i
grâce à l'union du tiers état, dont les membres, soutenus par un petit nombre
de députés des hauts bancs avaient fait triompher la négative, il y eut dans
la plupart des communes comme la révélation d'une force inconnue. Certes,
les plaintes énergiques du tiers état contre l'exagération des taxes, contre les
superfluités, contre les largesses inutiles n'étaient point chose nouvelle. On
avait vu, même avant la régence, le conseil de bourgeoisie de Toulouse
inscrire dans ses cahiers les réclamations les plus fermes & les plus significa-
tives, demander l'abolition de tous les subsides extraordinaires, la suppression
des gratifications accordées aux gouverneurs 8c lieutenants généraux, l'affec-
tation du fonds des ponts & chaussées aux travaux publics, l'obligation pour
les ecclésiastiques de bâtir & de réparer les églises à leurs frais sans y taire
contribuer les communes, dénoncer l'indiscipline des troupes, les fraudes
commises dans les logements des gens de guerre, les exigences de la cour des
comptes qui, au lieu de faire faire par les magistrats locaux, suivant l'ordon-
nance, les vérifications 8c les requêtes, dépêchait invariablement des commis-
saires pris dans son sein au grand détriment de la bourse des parties '. Mais
toutes ces plaintes, à part des cas exceptionnels, ne trouvaient guère d'écho
dans l'assemblée solennelle, ou, du moins, si elles y étaient exprimées, car
les capitouls de Toulouse, qui tenaient la première place du tiers 8c qui
étaient habituellement avocats, ne dédaignaient point le rôle d'orateurs popu-
laires, elles n'obtenaient pas de sanction, le vote le plus favorable des États
se bornant à recommander l'insertion d'un article dans le cahier général des
doléances de la Province. Aussi l'impression dominante du peuple des villes
était une sorte de résignation sceptique, toutes les fois qu'il se parlait d'allé-
gement, de rachat d'offices :
« On va à cjuelque diminutions d'officiers en chaque élection, écrivait
« en i63i le député de Toulouse, Hugues de Rudelle, avec le dédommage-
« ment du partisan; mais tout cela n'est qu'à notre ruine, car outre que le
« dédommagement sera grand, au bout de cinq ou six ans on les remettra^. »
Quand on s'aperçut au contraire que ce mécontentement universel pouvait
donner lieu à des résultats effectifs, 8c qu'en refusant les impôts on avait
chance d'en obtenir la suppression, une sorte de fièvre courut à travers la
Province, 8c, les querelles municipales aidant, sembla menacer le pays d'une
conflagration universelle.
Les événements les plus graves s'accomplirent à Montpellier. Cette ville,
trop éloignée de Toulouse pour y ressentir d'une façon directe le contre-coup
des manœuvres du Parlement, en avait chez elle comme une réduction, grâce
à la présence de la Cour des comptes, aides &c finances de Languedoc, qui
était la seconde compagnie supérieure de la Province. Cette corporation avait
' La plupart de ces réclamations ont été répétées aux P'ièeei justificatives^ n. IX, col. 84 & des addi-
pendant plusieurs années, aTec de simples Tariantes tions, n"' XXXI, col. iio, & XXXVIII, col. 143.
de forme, par les rédacteurs d'instructions aux dé- ' Archives de Toulouse. Lettres missives adres-
putés qu'élisait annuellement le conseil de bour- sées aux capitouls, p. 19. — Saint-Germain,
geoisiedeToulouse. On en trouvera un type complet 26 juin i63i.
1640
— 232 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
traversé les mêmes phases que tous les collèges de magistrats royaux établis en
France. Après n'avoir été au début qu'une cour des aides, rendue sédentaire
à Montpellier par ordonnance du 22 septembre 1467, & chargée de la juri-
diction d'appel sur toutes les affaires d'impôts, elle s'était agrandie, en 1629,
par suite d'union avec une autre compagnie créée en i525 par François I,
sous le nom de cour des comptes, avec mission de vérifier & de juger souve-
rainement tous les maniements de deniers publics.
Ces opérations étant distinctes & les chambres des aides, des comptes 8c du
domaine procédant isolément, l'union de i525, très-appréciée des officiers de
Montpellier, très-mal vue des États de la Province, exactement pour la même
raison, n'avait guère d'autre effet que d'augmenter l'importance du corps,
d'en grossir la clientèle & d'en faire comme un second Parlement de Lan-
guedoc. Les attributions du Parlement de Toulouse 8c celles de la cour des
comptes auraient été très-nettement distinguées, si chacune de ces compagnies
se fût maintenue dans les limites de ses pouvoirs; mais, en fait d'usurpations
ou de tentatives d'empiétements, elles ne laissaient rien à désirer, profes-
sant d'ailleurs un égal amour pour les pompes extérieures, pour les processions,
pour l'apparat, pour la mise en scène, 8c toujours infiniment plus préoccupées
des questions de vanité professionnelle Se d'avantages lucratifs que de tout
autre sujet.
La Cour des comptes de Montpellier, réduite au Languedoc, ne possédait
pas un ressort équivalent à celui du Parlement de Toulouse; mais elle avait
encore au-dessous d'elle un grand nombre d'officiers subalternes : les tréso-
riers de France de Toulouse 8c de Montpellier, chargés des soins du domaine
royal 8c de l'alignement des rues. Se tous les officiers comptables de la Pro-
vince relevaient de la cour en tant que chambre des comptes; 8c comme cour
des aides elle tenait sous son autorité les visiteurs des gabelles, préposés supé-
rieurs à l'impôt du sel, les maîtres des ports, ponts 8c passages, juges des
traites Se droits de foraine, 8c les juges conservateurs de l'équivalent.
En dehors des questions d'attribution, la cour de Montpellier jouait, cornme
milieu social, dans la région orientale de la Province, un rôle à peu près ana-
logue à celui du Parlement dans le pays toulousain 8c l'Albigeois. C'était le
même genre d'aristocratie formée à prix d'argent, le même laboratoire où
s'épuraient les familles de négoce pour atteindre à la noblesse, le même foyer
d'attraction pour quiconque, ayant des études 8c un peu de bien, voulait
s'élever au-dessus du niveau vulgaire 8c entrer dans un corps privilégié.
Il résultait de cette situation 8c aussi du caractère indécis que nous avons
reconnu dans les attributions de tous les pouvoirs publics durant cette période
confuse, une sorte de supériorité vague attribuée par l'opinion aux officiers
de la cour des comptes sur la ville même de Montpellier. Ils aimaient à se
qualifier de sénateurs, comme les parlementaires de Toulouse, 8c se prenaient
véritablement pour un petit sénat. C'est dire qu'ils ne demeuraient point
étrangers aux intrigues ])olitiques de la Province 8c ne pouvaient échapper à
la surveillance inquiète du ministère.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. ;33
Par une défiance très-légitime des oligarchies locales, qui compromettaient
trop souvent le pouvoir royal Si qui faisaient payer trop cher leurs services,
les maximes de Richelieu n'étaient guère plus favorables à la cour des comptes
qu'au parlement de Toulouse. On avait voulu, en créant le conseil supérieur
de Nimes, enlever au Parlement une portion notable & délicate de son res-
sort. La création de la cour des aides de Cahors produisit chez les officiers de
Montpellier une impression aussi fâcheuse. D'ailleurs, déjà privée par les
usages particuliers du Languedoc & la compétence des États, d'une portion
notable des fonctions qui appartenaient aux compagnies similaires dans les
autres parties du royaume, la cour des comptes ne voyait pas avec moins
d'inquiétude que le parlement le progrès de ces nouveaux officiers royaux,
nommés par commissions du grand sceau non vérifiées, qui, sous le nom
d'intendants de justice, police 8(. finances, envahissaient graduellement toutes
les branches de l'administration & promettaient d'être un jour les représen-
tants universels du pouvoir royal dans les provinces.
Comme le Parlement, comme les Etats, autant dans l'intérêt de leurs
immunités particulières Se de leur tortune que par amour du bien public, les
officiers des comptes, juges naturels de toutes les matières de finances, encou-
ragèrent par leur attitude, par leurs propos, sinon par des actes formels, les
sentiments de violente antipathie que soulevait, dans la population de Mont-
pellier, l'exaction impitoyable du droit de joyeux avènement. Un impôt dont
les collecteurs étaient soutenus par les intendants, n'eùt-il pas atteint les
membres de la cour dans leur propre bourse, aurait déjà fort peu commandé
leur zèle. On devine ce qu'il en fut, étant données les causes particulières
d'aigreur qui tourmentaient les magistrats.
Le peuple de Montpellier se trouvait déjà très-appauvri par les disettes des
années précédentes, par les taxes onéreuses du quartier d'hiver 8c par les
logements des gens de guerre. Lorsque les traitants du droit de joyeux avè-
nement vinrent s'abattre sur la ville, l'émotion y tut violente. Toutes les
industries étaient menacées, entre autres celle des teinturiers, qui occupait
une grande partie de la population ouvrière; on répandait le bruit que les
valets, les servantes, les domestiques de toute nature seraient compris dans
la taxe Se y verraient passer le plus clair de leurs gages, & tous ceux qui, de
près ou de loin, se rattachaient à la perception de l'impôt étaient en butte
aux soupçons 8i aux injures de la foule.
Cette hostilité se montrait si vive, que pas un huissier du pays ne con-
sentit à l'affronter; on n'en découvrit aucun pour porter les contraintes à
domicile; un étranger, plus entreprenant, hasarda l'aventure; mais on l'ac-
cueillit à coups de pierres. Se il fut ramené grand train jusqu'au pont de
Castelnau.
Le 28 juin, dans la foule qui regardait le feu de joie de Saint-Pierre,
allumé devant la cathédrale, on signala un marchand de laine, connu pour
avoir établi un bureau de recette dans sa maison. Aussitôt les enfants se
jetèrent à ses trousses, en le saluant du nom de partisan, ce mot détesté
1643
164J
,34 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
qui, depuis quelques années, était devenu la pire injure du langage popu-
laire. Le marchand saisit un des crieurs & le châtia; mais une grêle de
pierres le força de battre en retraite.
Deux jours après, des femmes s'attroupèrent & allèrent porter plainte à
l'un des traitants qui se trouvait alors à Montpellier. Elles furent mal reçues;
aussitôt, l'une d'elles appelle du renfort; elles s'emparent de la maison
qu'elles pillent; de là, elles courent à l'hôtellerie du Cygne, où était logé
un autre publicain, nommé Desmarets, qu'elles dévalisent, & dont elles font
voler les papiers à tous les vents; parmi ces écritures, on découvrit la copie
de quelques édits bursaux & des ordonnances au nom de Balthazar qui furent
immédiatement colportées par la ville & augmentèrent l'émotion. Le com-
mandant de la citadelle ayant fait alors une démonstration pacifique, à la
tête d'une partie de la garnison, le trouble s'apaisa; mais ce ne fut qu'une
accalmie.
Sur les neuf heures du soir, comme les femmes ameutées, ayant à leur tête
une sorte de géante nommée Branlaire, commençaient à battre les rues, une
troupe d'hommes de la lie du peuple, de laquais, de volontaires de l'armée
de Catalogne, se joignirent à elles, &, s'armant de tout ce qui leur tomba
sous la main, alla dévaster la maison d'un certain Lesméri , fermier du droit
d'amortissement, impôt qui, par parenthèse, n'intéressait en aucune manière
les misérables.
Le maréchal de Schomberg chassait en ce moment dans les environs de la
ville. Il rentre au milieu du tumulte, avec sa compagnie, harangue les mutins,
leur parle patois, les engage à rentrer chez eux &i fait mettre deux hommes
en prison.
Le lendemain matin, nouvelle scène, où les femmes tiennent encore le
premier rôle. On en voit une, armée d'un tambour, battre le rappel dans les
rues; elles forcent les prisons & donnent le large aux prisonniers. Cette fois
encore, le maréchal & les officiers de ville parlent aux émeutières le langage
de la raison, leur promettant qu'on fera justice des vexations qui ont pu être
commises & rétablissent le calme.
La nuit s'écoula sans événement; mais le dimanche, 2 juillet, des groupes
de femmes passant devant la maison du traitant Dupuy, qui s'était barricadé
avec ses amis, sur la nouvelle qu'on voulait tuer tous les partisans, y furent
salués par des injures & des menaces. Aussitôt elles s'arrêtent 8t appellent les
hommes à l'aide; le dialogue d'insultes s'engage des fenêtres à la rue. Un
coup de mousquet, tiré de la maison sur la foule, tue un vieillard. On sou-
lève le cadavre ensanglanté, on l'expose aux regards du peuple; en un instant,
toute la ville prend les armes; maîtres de l'horloge, les insurgés sonnent le
tocsin, tendent les chaînes des rues. On attaque les maisons des deux princi-
paux traitants, Massia & Dupuy.
Le maréchal était monté à cheval avec quelques gentilshommes, ses gardes,
ses domestiques & un peloton de mousquetaires; il essaya de s'avancer dans
les rues; mais l'émeute occupait les carrefours; les )iierres volaient, les mous-
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 235
quetades éclataient de tous côtés. Schomberg eut un de ses gardes tué à côté
de son étrierSc fut lui-même atteint d'une pierre. Il a raconté plus tard qu'au
milieu de ce désordre il était moins touché des coups que la foule tirait sur
lui que de ceux qu'elle essuyait elle-même, & que, s'il frappa quelqu'un, ce
ne fut jamais que ceux de ses gens qui lui parurent trop ardents à repousser
l'insolence des séditieux'. Cependant, après quelques décharges, il dut battre
en retraite & se replier sur la citadelle. La ville appartenait alors entière-
ment à l'émeute. Les maisons attaquées furent envahies, pillées & livrées
aux flammes; les ameublements précieux, amoncelés en bûcher, faillirent
incendier tout un quartier. Pendant trois ou quatre heures, on égorgea sans
miséricorde tous ceux que l'on croyait être des partisans.
Un trait peint l'exaltation de la foule. Comme le maréchal se retirait, il
rencontra une pauvre femme courant par les rues avec son petit garçon & le
pressant de marcher. Il lui demanda où elle allait ainsi Se pourquoi elle ne
tenait pas son enfant dans sa maison, à l'abri du danger. « Monsieur, répon-
« dit-elle, je m'en vais à la mort 6t j'y mène mon fils. — Quoi donc! reprit
« Schomberg, tu ne crains point la mort, ni pour toi, ni pour ton enfant?
« — Il vaut mieux y aller librement que d'attendre que la malerage de la
« faim nous y contraigne 8c nous fasse mourir désespérés. » Schomberg lui
donna un écu d'or 8c la fit mettre en sûreté par ses gardes chez un gros
bourgeois.
Balthazar, très-menacé, n'eut que le temps de se réfugier à la hâte dans la
citadelle, dont l'émeute fit mine de s'emparer. Le lendemain matin, des pour-
parlers s'engagèrent. Une délégation envoyée au maréchal lui déclara que
s'il donnait décharge des taxes, mainlevée des effets saisis, s'il faisait sortir de
Montpellier tous les traitants 8c qu'il n'y introduisît pas de gens de guerre,
les insurgés mettraient bas les armes 8c recevraient ses ordres avec une entière
obéissance. Il accorda ces conditions, 8c, montant à cheval, commença de
parcourir la ville, exhortant chacun à rentrer dans sa maison j alors, la foule
qui l'entourait se mit à crier : « Vive le roi ! »
Schomberg assembla ensuite les principaux habitants, organisa une garde
pour assurer la tranquillité, fit donner des armes aux protestants que l'on
avait désarmés, ordonna des dispositions générales pour occuper l'hôtel de
ville, les portes 8c les différents quartiers, 8c prescrivit l'expulsion générale
des étrangers.
Déjà le capitaine Carrier s'était saisi de l'horloge, 8c, en faisant cesser les
sinistres appels du tocsin, avait coupé court à l'invasion de la ville par les
nuées de rôdeurs 8c de paysans, que l'espérance du pillage avait fait accourir
de tous les villages voisins. Du reste, les promesses du maréchal furent scru-
puleusement tenues. Le régiment de Normandie, mandé à la hâte 8c arrivé
déjà à Lunel, reçut contre ordre 8c se retira. On donna main levée de cer-
' Ce sont les propres termes du maréchal dans leurs en entier, Pièces justificatives, n. XXVIII,
son discours aux États, que nous publions d'ail- col. io3.
1645
,1645
236 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
taines saisies de bétail, qui avaient surtout excité le mécontentement; & les
deux intendants de la Province, Balthazar 8c Bosquet, en adressant à la Cour
leurs procès-verbaux, insinuèrent « qu'il n'étoit pas à propos de prendre une
« vengeance trop rigoureuse de cette sédition, les esprits des habitants de
« Montpellier 5c même d'une partie de la Province éantt extrêmement aigris
« des impositions extraordinaires qu'on exigeoit '. »
Grande fut l'alarme dans tout le pays quand on y eut connaissance de la
sédition de Montpellier. Le bruit courait que les révoltés avaient égorgé
vinc't-cinq hommes de finances, que soixante personnes étaient blessées. Le
meurtre de la dame de Falguerolle, belle-mère du partisan Dupuy, atteinte
d'un coup de feu dans la tête au moment où elle se présentait à sa croisée,
l'assassinat du chanoine de Narbonne, Massia, massacré sans pitié en essayant
de s'échapper de la maison de son père, un des publicains les plus menacés,
l'incendie, la destruction des mobiliers somptueux dont les débris encom-
braient les rues, tous les détails de ce drame rappelaient aux Languedociens
les scènes terribles qui avaient marqué le temps de la Ligue, 8c justifiaient
outre mesure les inquiétudes manifestées par Bosquet dès les premiers jours
de la régence.
« La Province est en feu, » disait le cardinal Mazarin aux députés du
Parlement de Toulouse, &c de fait, avec toutes les causes de troubles locaux
qui existaient dans la plupart des villes, avec l'antagonisme violent des
évêques , de la noblesse, des membres des compagnies judiciaires &c des
communes, avec les éléments nouveaux de désordre que les favoris de
Gaston d'Orléans, les gens en quête de charges lucratives 8c de monopoles
apportaient de tous côtés, on avait fort à craindre que l'étincelle ne se pro-
pageât.
Aussi les agents du pouvoir central éprouvaient-ils de très-vives appréhen-
sions. Les opérations de la guerre en Catalogne ayant amené la capture d'un
assez grand nombre de prisonniers, le ministère en ordonna l'évacuation sur
le Languedoc^; mais, par deux fois, les intendants refusèrent de les recevoir,
' Bibliothèque nationale. Manuscrits de Cois- la charge de sénéchal, vacante par la défection de
lin, n° 170. — Journal de Languedoc, p. Sp. — M. de Restinclières. Il rendit visite aux captifs'.
D'AigrefeuilIe, Histoire de Montpellier, I, p. 414. La même citadelle compta aussi, parmi ses hôtes,
— A. Germain, Les commencements du règne de don Pedro d'Aragon, dont le maréchal de La Mo-
Louis XIF & la Fronde à Montpellier; Mémoires de the Houdancourt négocia la rançon avec un en-
l'académie des sciences & lettres de Montpellier, voyé de la duchesse de Cardonne. L'élargissement
section des lettres, t. III, p. 679. du gentilhomme espagnol fut accordé au prix de
"On trouvera dans nos Pièces justificatives quel- 34,5oo pièces de huit réaux d'Espagne, payable la
ques documents relatifs à la conduite & à Tinter- moitié en espèces & le reste en joyaux & vaisselle
nement des prisonniers espagnols en Languedoc, d'argent qui devaient être estimés par deux orfè-
des lettres des intendants, un ordre de route, vres appartenant aux deux nationalités. Pierre de
n"' III, col. 22; IV, col. 24; XIX, c. 72. La cita- Marca, visiteur général en Catalogne, eut ordre
délie de Montpellier, particulièrement, servait de du roi de choisir l'expert. Il nomma un certain
prison à un assez grand nombre de personnages Peruchenes, orfèvre français marié à Barcelone,
marquants. Le marquis del Povar & Janetin Doria
s'y trouvaient lorsque le maréchal de Schomberg, , r^•A• c « u- . ■ j , -i, j ,, . ,,■ .
. ' °' • D Aigrefeuille, Histoire de la ville de Mont felliev, I,
au mois d octobre 1044, alla se faire recevoir en p. _ji2.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. iBy
en se fondant sur l'état de trouble du pays qui ne permettrait pas de les
garder en sécurité. Le Tellier ne paraît pas avoir goûté ces raisons, car il
envoya le sieur de la Primaudaye en Catalogne pour y prendre la tête du
convoi 8c l'amener en France j le maréchal de Schomberg dut se rendre à
Narbonne pour y recevoir cette troupe & en opérer l'internement d'après les
dispositions arrêtées par le ministère '. Ces prisonniers, comme la plupart des
mercenaires qui parcouraient l'Europe durant la terrible guerre de Trente
ans, appartenaient aux nationalités les plus diverses, & le patriotisme n'était
pour rien dans leur valeur militaire. Outre les Espagnols des différentes pro-
vinces, on y comptait des soldats allemands, wallons, irlandais & italiens,
lye Tellier en faisait faire un soigneux triage, afin de les utiliser au service
de France; on les groupait par nationalité d'origine & on leur offrait d'en-
trer dans les régiments de leur pays qui combattaient pour le roi, soit aux
Pays-Bas, soit en Allemagne, soit en Italie.
On devine quel effroi causait, parmi les populations des campagnes, le
passage de ces malheureux, changeant de drapeau k la suite d'une défaite,
habitués à vivre de rapine, Se d'autant plus mal entretenus que l'argent man-
quait même pour les troupes régulières.
Indépendamment des conséquences fâcheuses que la sédition de Montpel-
lier pouvait avoir pour le repos de la Province, elle acquérait une importance
exceptionnelle dans un pays frontière, où un revers de fortune pouvait amener
en quelques jours les armes ennemies. La question des mesures à prendre fut
donc agitée au conseil d'Ltat. Quelle part de responsabilité attribua-t-il aux
compagnies judiciaires de Montpellier dans les désordres qui s'y étaient pro-
duits? On ne le sait pas d'une manière précise; le maréchal du Plessis-
Praslin se contente de dire, dans ses mémoires, que les principaux officiers de
la cour des comptes « étoient accusés de n'avoir pas agi avec toute l'affection
« qu'ils dévoient*. » Quoi qu'il en soit, c'est sur eux que frappa le conseil. Il
opéra cette désunion que les Etats de Languedoc avaient fréquemment solli-
citée Se qui, sans nuire en rien aux intérêts du service, offrait l'avantage de
rompre un faisceau de résistances 8c de faire perdre à la compagnie ses préten-
tions de sénat politique. La cour des aides, réduite à elle-même, fut transférée
à Carcassonne, Se l'on créa vingt-cinq nouveaux offices, pour improviser une
nouvelle chambre des comptes, maintenue en résidence à Montpellier. Quant
au présidial, il fut aussi déplacé Se envoyé à Lunel. Mais ce n'était point
chose facile que de contraindre des magistrats à l'obéissance. La connaissance
raffinée qu'ils avaient des plus profonds secrets de la procédure leur fournis-
sait mille moyens de se dérober Si d'accumuler délais sur délais. Ceux de
qui avait servi la mnison dii maréchal de La Mothe. du i" août 1(^4^, datée de Barcelone. — Lettre de
La valeur des joyaux livrés fut reconnue de 13,841 Le Tellier à Marca, du 18 septembre 1645. Papiers
pièces de huit réaux'. de Bahize. Bibliothccjue nationale. Les prisonniers
■ Correspondance de Pierre de Marca. Lettre de ce dernier convoi avaient été faits à Flix.
' Mémoires dtt maréchal Du Plessis. Collection
■ Bibliothèque nationale. A/sj. Papiers de Ealuzc, n" 104. Michaud, S' série, t. 7, p. 387.
1645
\6ib
238 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Montpellier envoyèrent une députation à la régente, 8c, par provision, con-
tinuèrent de tenir leurs audiences, en invoquant, ainsi qu'on devait s'y
attendre, l'intérêt public. La garnison dut sortir de la citadelle, sous les
ordres du comte d'Aubijoux, & défendre à la cour des aides l'abord des salles
du palais. On eut plus de peine à la faire partir pour Carcassonne. Elle mit
près de cinq mois à s'y décider'.
Bien que les derniers Etats ne se fussent séparés que le 23 mars, une nou-
velle session s'ouvrit le 28 novembre 1645. On n'avait eu garde de réunir les
trois ordres à Montpellier, où les souvenirs de l'émeute étaient trop récents,
ni dans une des villes populeuses de la Province, pleines d'agitation & de
menaces. Le petit bourg de Pézénas, placé directement sous la main du roi,
commandé par un château-fort, 8c trop peu habité pour inspirer des inquié-
tudes, parut offrir toutes les garanties que désirait le ministère.
Le maréchal de Schomberg, dérogeant aux traditions de courtoisie des
séances d'ouverture, fit entendre des paroles sévères. Il rejetait sur les Etats,
ou du moins sur « la plus grande sinon la plus saine partie « des membres de
cette assemblée, la principale cause de la sédition. « La fureur, dit-il, a bien
« fourni les armes au peuple, mais elle n'a pas été le bras qui les a poussés. »
D'après le maréchal, c'est « le faux zèle pour la patrie « déployé par les Etats
en refusant le quartier d'hiver, qui avait excité l'audace des insurgés.
Il accusait particulièrement les députés du tiers état de s'être concertés
pendant la session pour n'accorder aucune contribution extraordinaire, sous
quelque nom 8c à quelque condition que ce pût être, 8c d'avoir mieux aimé
souffler le feu dans la Province, que de rien changer à leur entêtement. De
retour dans leurs villes, ces députés y auraient prêché la résistance 8c donné
lieu aux scènes de désordre, plus ou moins sérieuses, d'après le tempérament
des contrées ou les circonstances locales.
Schomberg rappela rapidement les principaux traits de la sédition ; les
massacres, les maisons pillées 8c brûlées, les meubles Se les cadavres jetés aux
flammes.
Sa péroraison fut menaçante. Le duc d'Orléans, triomphant de la maison
d'Autriche dans les Flandres, saurait bien réduire l'opposition de sujets
rebelles. S'ils sont incapables de la générosité qu'exigeraient les embarras
d'une minorité, les exemples d'autorité leur commanderont le respect. Schom-
berg évoquait à ce propos les souvenirs de l'insurrection du Rouergue : « Ces
« peuples insensés tenoient la campagne, faisoient rouler le canon, forçoient
« les maisons des gentilshommes; bref, leur audace se porta jusques au point
« d'assiéger le lieutenant du roi dans la capitale du pays. Les seules recrues
« du régiment de Langeron, presque sans armes, 8c qui n'avoient pour toutes
« forces que le nom Si le caractère du prince, naturellement si redoutable à
« ses sujets, firent disparoître en un clin d'œil cette faction qui sembloit
' A. Germain, Les commencements da règne de Louis Xiy & la Fronde à Montpellier. L'édit de désunion
est du mois d'octobre 1646.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 289
« menacer la régence d'un trouble universel, dans l'instant même que les
« auteurs de cette sédition furent la pâture des corbeaux, & leurs malheu-
« reux complices sont encore aujourd'hui gémissants sur nos galères'. »
M. d'Aligre, conseiller d'Etat, qui prit la parole après le maréchal , fit sur-
tout appel au patriotisme de l'assemblée; il l'invita à songer que sans les
efforts extraordinaires du gouvernement, l'armée espagnole ne serait point à
Leucate, ni à Narbonne, mais au cœur même de la Province, que le roi
catholique rêvait l'annexion du Languedoc & de la Provence à ses Etats de
Catalogne 5c d'Italie, & que le pays, sans un sacrifice héroïque, eût été
exposé à perdre sa nationalité. Il exalta les services rendus par le cardinal
à la cause française, célébrant ce « génie romain, qui, par la disposition
« naturelle au gouvernement attribuée à sa nation, & par les facultés à luy
« particulièrement infuses d'en haut pour la conduite des peuples, sait si
« prudemment ayder à l'administration de l'État. »
Le tableau des résultats obtenus durant le cours de la campagne, présenté
en termes très-animés, fit passer tour à tour devant l'esprit des auditeurs les
succès du duc d'Orléans en Flandre, la retraite des Allemands au delà du
Rhin, la délivrance de Turin 61 de Mantoue, le refoulement des Espagnols
au-delà de la Sègre.
Puis venait une justification du quartier d'hiver. C'est pour éviter les pas-
sages & logements continuels de soldats, qui ruinaient les peuples & empê-
chaient le trafic 8c le labourage, que le roi s'était décidé, à l'exemple des
Romains, à dresser des étapes Se à faire hiverner les troupes sur la frontière
ou en pays ennemi. Mieux valait encore envoyer à distance l'argent de la
Province aux soldats & le leur faire passer paisiblement par la main de leurs
officiers que d'être réduit par la violence à leur en faire part*.
La réponse de l'archevêque, malgré les formules habituelles de flatterie qui
distinguaient ces discours d'apparat, releva « les paroles tonnantes 6c fulmi-
« nantes, » qui promettaient une nouvelle demande de contributions extraor-
dinaires Se flétrit surtout, avec une singulière vigueur de langage, les excès
commis dans la perception des taxes,
M. de Rebé qualifiait les partisans d'ennemis domestiques, cherchant à
priver leurs concitoyens, par des procédés impies, scandaleux Se parricides, de
tout ce que la nature leur a libéralement départi; de démons enragés, s'atta-
quant à la vie des peuples. Ce n'était pas assez de porter atteinte à toutes les
fortunes, de renverser les bâtiments pour en vendre les matériaux, d'enlever
les meubles Se le bétail, d'établir la contrainte solidaire, de multiplier les
emprisonnements; on en vient au meurtre. On tire sur des femmes sans
nécessité, on fait usage des armes prohibées par les ordonnances, on livre
bataille en pleine ville. On abuse du nom du prince Se de l'autorité souve-
raine pour réduire la Province à l'extrémité^.
' Noui donnons le texte intégral de cette ciirieuie ' Pièces justificatives, n. XXIX, col. io5.
pièce d'éloquence politique. Piî'ces justificatives, ' Pièces justificatives, n. WX, col, 1 12.
n. XXVIII, col. 98.
i6j{j
16^6
!40
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La session se prolongea jusqu'au g mars 1646. Les commissaires du roi
revinrent trois fois à la charge, usant de toutes les ressources de leur élo-
quence, parlant du mécontentement de la reine, menaçant même d'une
intervention militaire du duc d'Orléans, prêt à venir imposer l'obéissance à
la tête d'une nombreuse armée.
Schomberg rappela les grandes libéralités qu'avait faites autrefois la Pro-
vince, notamment aux États de Carcassonne, en 1621, où furent accordées
sept cent mille livres pour les dépenses de guerre '.
M. d'Aligre insista sur le mécontentement de la reine : Anne d'Autriche
avait été fort blessée de l'affaire du quartier d'hiver. Elle croyait que ce refus
procédait plutôt de mauvaise volonté que d'impuissance, comme aussi que les
désordres arrivés à Montpellier étaient des effets & des suites de ce refus.
A cela les États opposaient que le passage continuel des troupes par les
routes d'étape avait ruiné la Province, que cette seule dépense s'était élevée,
l'année précédente, à près de neuf cent mille livres, outre le logement effectif
d'un grand nombre de gens de guerre venus du Piémont pour le siège de
Roses, qui logèrent à discrétion dans la plus grande partie du diocèse =^5 8t ils
présentaient le tableau des innombrables vexations occasionnées par la guerre
de Catalogne 3, & des empiétements journaliers qui se faisaient sur les droits
de l'administration provinciale'*.
Au mois de février, les menaces devinrent plus pressantes. On annonça
que le duc d'Orléans allait arriver à Tournon avec des forces imposantes 8c
que les États devaient se transporter en corps au-devant de lui, jusqu'à cette
extrémité du Vivarais.
' Procès-verbal des États. Séance du 7 décembre
1645.
' Procès-verbal des Etats. Séance dii 9 décembre
1645.
' « Les troupes des gens de guerre logent à dis-
crétion dans les diocèses, sans que les officiers qui
les conduisent en veuillent permettre la revue,
nonobstant les ordonnances de Mgr le maréchal
de Schomberg qui les y obligent, ce qui foule ex-
trêmement la province. « Les consuls de Carcas-
sonne ont aussi fait plainte de ce que le commis-
saire à la conduite des troupes de Balaguer avoit
refusé d'en faire la revue, & que, sur celle qu'ils
en firent, passant sur le pont de ladite ville, il
s'en trouva beaucoup au-dessous de ce que le com-
missaire demandoit '. »
« Le diocèse d'Alet est exposé au passage conti-
nuel des troupes qui viennent par le haut Lan-
guedoc du côté de Guienne & d'Auvergne pour aller
en Catalogne, lesquelles ne se contentent pas de
passer par les lieux d'étape ordonnés; mais le plus
souvent ils y séjournent sans ordre & à leur vo-
I Procès-verbal de» ih.its. Scance du 2 décembre i6j.î.
lonté, à quoy il est impossible de remédier pour
être lesdits lieux de petite considération, la dé-
pense desquels séjours n'a point été allouée dans
le compte de l'étape du diocèse ' u
n Les députés de la ville de Nimes avoient remis
plusieurs cahiers d'informations faites contre-quel-
ques officiers & soldats du régiment de Normandie,
contenant plusieurs excès, violences, rançonne-
ments & pilleries par eux commises'. i>
Il Le régiment de Périgueux logea l'année der-
nière dans les masages de Buzet, diocèse de Tou-
louse, où il fit tous les ravages imaginables*. »
^ Bien que les Etats, d'après les conventions an-
térieures, dussent avoir l'entière direction du ser-
vice des étapes, le duc d'Orléans avait donné, en
novembre 1645, au sieur de Vallon une commis-
sion d'inspecteur général des étapes avec pouvoir
d'y subdéléguer tel nombre de personnes qu'il
jugerait nécessaire'.
• Rapport de i"cvGque d'Alet, Nicolas Pavillon. Proccs-
vcrbal des Ktats. Séance du 22 décembre 16 p.
* Procès-verbal des Etats. Séance du 27 février 1646.
3 Procès-verbal des États. Séance du i*"" mars 1646.
■* Procjs-vcrbiil des Ktats. Séance du 8 janvier 1(346.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 241
Pourtant ce n'étaient là que des avis comminatoires. Après avoir fait
craindre à la Province le sort de la Normandie, où de violentes répressions
venaient d'avoir lieu, M. d'Aligre annonça quelques concessions, sous la
forme de quatre arrêts signés en commandement.
Le premier contenait révocation des taxes de joyeux avènement, sauf pour
les officiers royaux;
Le second donnait validation des quittances du droit d'amortissement;
Le troisième supprimait les commissaires nommés pour la poursuite des
rogneurs 81 faux monnayeurs S< en renvoyait la connaissance au Parlement
de Toulouse;
Enfin le dernier annulait le privilège accordé à des entrepreneurs pour la
construction du canal de Beaucaire.
Pour obtenir ces concessions, les États offrirent un secours extraordinaire
de six cent mille livres payable en deux ans' que les commissaires du Roi
refusèrent, & l'assemblée se sépara sans conclusion.
La ville de Toulouse fut mise en émoi, vers le milieu de février 1646, par
le bruit de quelques démonstrations injurieuses pour la religion catholique.
Le principal auteur en était le chevalier de Roquelaure qui, escorté de
plusieurs compagnons de débauche, avait couru les jeux de paume 8< les
brelans, en proférant les blasphèmes les plus violents contre la dévotion à
la Vierge. Cette aventure eut un grand éclat; le Parlement s'en trouva saisi
Se chargea quatre conseillers', d'aller avec le procureur général s'assurer de la
personne du coupable; des chets de monitoire furent publiés dans toutes les
églises paroissiales pour connaître le détail des « exécrations & impiétés qui
» s'étoient commises. »
L'arrestation du gentilhomme se fit avec un apparat inaccoutumé. La foule,
blessée dans son culte le plus cher, s'était amassée grondante, devant le logis
du chevalier, sur la place Saint-Etienne. Plusieurs présidents & conseillers,
les gens du roi & le capitoul Pierre Pol de Martres arrivèrent dans six car-
rosses, entourés de la compagnie du guet^.
Ce fut le capitoul qui mit pied à terre & pénétra dans la maison. Le che-
valier s'était réfugié dans la galerie supérieure, où, l'épée à la main, il
menaçait de faire bonne défense. Le capitoul, l'ayant rejoint avec ses soldats,
le somma de se rendre; alors Roquelaure qui se voyait pris, posa le pied sur
la lame de son épée St la mit en pièces. La famille du guet n'en put recueillir
que les débris; on enleva le chevalier, on l'enferma dans une des voitures 8c
le cortège s'achemina vers les prisons de la Conciergerie du palais. La solen-
nité de cette arrestation semblait promettre un dur traitement, 8<. l'on sait que
les blasphémateurs étaient frappés de peines terribles.
' 'SosUcttvts uoaytroniau-n Pièces justificatives, parnrrêtdu 17 février 16^6. Affaires iu roi & i!a
n"-XXXU,col. 122, XXXIII, col. 123, &XXXIV, puil,c, I, p. ^.Oi.
col. IJ9, lesdiscours échangésdans cette import.inte 'Archives de Toulouse. Annales manuscrites,
«ession. VIII, p. 10. — Pièces justificatives, n. XXXVI!,
* Viguerie, Vedelly, Turle & Comère, nommés col. 1^2.
XIII. t(S
1646
j6^6
2^^2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Mais le chevalier de Roquelaure se trouvait allié à la première noblesse du
Midi ; le monde féodal s'émut de sa capture. La marquise de Mirepoix, sa
sccur, courut à Toulouse, ainsi que son oncle, le sieur de La Tour, Si un
très-grand nombre de gentilshommes qui n'épargnèrent aucun mouvement
pour obtenir la liberté du prisonnier. Us rencontrèrent une invincible oppo-
sition dans la majorité du Parlement, mais les avocats & procureurs généraux,
Maniban, Fieubet & Marmiesse passèrent pour s'être montrés moins intraita-
bles. Grâce, dit-on, à leur concours 8c à l'assistance de cinq conseillers. Du
May, Chastenet, la Coupette, Puymissoix 8c Castaing, le chevalier s'évada,
en compagnie du geôlier des prisons. Le bruit courait en ville que ce gardien
avait reçu mille pistoles de la marquise de Mirepoix.
A la nouvelle de cette évasion, les chambres furent assemblées'. On y
manda les cinq conseillers soupçonnés de connivence, 8c le premier président
leur adressa, au nom de la cour, une mercuriale, en leur reprochant d'avoir
visité le captif 8c de s'être compromis par les marques ostensibles de bienveil-
lance qu'ils lui donnaient. « La cour, leur dit-il, ne voulait pas croire qu'ils
« eussent coopéré à cette évasion. Si elle l'eût pensé, elle les aurait traités
« com.me le fait le méritait, leur enjoignant de se montrer à l'avenir plus
« retenus. »
Les avocats 8c procureurs généraux reçurent aussi leur semonce, debout,
derrière le barreau des présentations.
En même temps deux huissiers allèrent signifiera la marquise de Mirepoix
8c au sieur de La Tour d'avoir à quitter la ville sans délai 8c de se retirer en
leurs maisons.
Sur le rapport du conseiller Vedelly, le chevalier fut condamné à avoir la
tête tranchée. On apprit quelque temps plus tard qu'il s'était réfugié à Paris,
où la reine Anne d'Autriche le fit mettre à la Bastille^.
La capitale de la Province ne cessait point, du reste, d'être en proie aux
agitations municipales.
Les élections du 28 novembre 1645 s'étaient accomplies conformément à
l'usage, 8c les capitouls sortant de charge avaient même pris part aux diverses
fêtes d'investiture, lorsqu'ils se pourvurent au conseil d'État contre la nomi-
nation de leurs successeurs 8c obtinrent un arrêt, daté du i3 décembre, qui
défendait aux nouveaux élus de s'immiscer en l'exercice de leurs charges,
malgré le serment qu'ils avaient déjà prêté, 8c maintenait jusqu'à nouvel
ordre les capitouls royaux en fonctions.
Un second arrêt, daté du 6 février 1646, compléta l'œuvre en cassant les
élections de novembre, en rétablissant les officiers de l'hôtel de ville qui
avaient été destitués Se nommant d'office les huit capitouls. Quatre des magis-
trats élus étaient confirmés par le conseil 3 qui nommait à la place des quatre
' Cette assemblée eut lieu le 23 février 1646. ' C'étaient Pierre-Pol de Martres, baron de Ben-
' Malenfant, Collections & remarques du palais, qv]e & Gélasj le sieur de Saporta, avocat au Parle-
III, p. 253. ment, Mestre & Souterrène, marchands.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 243
autres divers personnages de qualité : Guy du Faur, baron de Pibrac, M. de
Tolosany, seigneur de la Sesquière, M. de Catelan, baron de Gaure, & Ber-
nard Benoît, avocat au Parlement'.
L'exécution de cet arrêt souleva de très-vives résistances. Il fut impossible
de trouver en ville un sergent ou notaire qui se chargeât de le signifier aux
parties. Le Parlement, chambres assemblées, prit fait ik cause pour les quatre
capitoulsque le conseil d'Etat venait d'éliminer, chargea le président de Don-
neville & deux conseillers de chaque chambre de chercher des expédients
pour que les nouveaux titulaires ne fussent pas admis à prêter le serment, 8c
décida que l'entrée de la cour serait interdite au conseiller Tolosany jusqu'à
ce qu'il eût fait désister son fils de sa nomination royale au capitoulat de
Saint-Barthélémy, avec cette clause que s'il venait à céder ou vendre sa charge
sans avoir donné satisfaction , l'héritier ou l'acheteur de l'office ne serait
jamais reçu.
Les expédients que prirent les conseillers-commissaires pour empêcher
l'exécution de l'arrêt furent des plus violents. On lança des décrets de prise
de corps contre les nouveaux pourvus, 8c le conseiller Gargas fit enlever en sa
présence, par deux huissiers de la cour, sans autre forme de procès, le viguier
de Toulouse qui devait recevoir le serment des officiers municipaux, 8c l'en-
ferma dans les prisons de la garde du palais. Quand les nouveaux pourvus se
présentèrent à la viguerie pour y demander l'investiture, M™« de Rabaudy
leur déclara que son mari était sous les verrous depuis cinq jours.
Le conseil d'État répondit à ces mesures violentes le 22 mars, en cassant
l'arrêt de la cour 8c ajournant à comparaître en personne devant Sa Majesté
le président Donneville, les conseillers de L'Estang 8c Foucaud 8< l'avocat
général Maniban. afin d'y rendre raison de toutes les délibérations contraires
à la volonté du roi. Le même arrêt interdisait à ces divers magistrats l'exer-
cice de leurs charges, jusqu'à leur comparution, 8c rétablissait en la sienne le
sieur de Tolosany. En cas de désobéissance, il frappait de suspension les con-
seillers Assézat, Papus, Turle, Du May 8c Delong, députés par la cour aux
fins d'empêcher l'exécution de l'arrêt du conseil du g février.
Le même jour, 22 mars, par un arrêt spécial, le conseil d'État ordonnait
l'élargissement du viguier de Toulouse 8c de ses lieutenants, 8c faisait défense
aux sieurs Poget, Dumas, Pailhez 8c Salavert d'exercer les fonctions capi-
tulaires sous peine de dix mille livres d'amende 8c d'être poursuivis comme
perturbateurs du repos public. Il sommait, en outre, le conseiller Gargas
d'avoir à venir rendre compte de sa conduite à la suite du conseil dans le
délai d'un mois, le frappant de suspension en cas de désobéissance. Enfin,
il interdisait au Parlement d'entraver l'exécution sous prétexte dt remon-
trances, sans prétendre toutefois préjudicier au droit de la cour de recon-
naître des cas d'appel en matière d'élections capitulaires. Le procureur général
' Les capitouls cassés étaient : P ilhès & Dumas, avocats au Parlement, Eustache Poget, bourgeois, &
Alexandre Salavert, procureur en la cour.
i6i)6
1646
2 44 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Fieubet était nominativement chargé d'assurer au porteur de l'arrêt le con-
cours des huissiers, sergents, notaires 8t autres officiers indispensables.
Le 2 avril suivant, Nicolas Hervin, huissier ordinaire des conseils du roi,
se rendit à l'hôtel de ville pour signifier les deux arrêts aux capitouls. A la
porte extérieure, qui était entr'ouverte, il fut arrêté au passage par le capi-
taine du guet, Bernard Lanes, cjui lui demanda, un pistolet à la main, ce
qu'il venait faire. Comme l'huissier déclarait se présenter au nom du roi
& faisait voir sa cl^îne Se sa médaille, le capitaine répondit qu'il ne connais-
sait le roi qu'en monnaie, que les arrêts étaient supposés comme la médaille
& la chaîne, que lui-même n'avait d'autre maître que le Parlement, dont il
tenait sa charge de capitaine £c qu'il casserait la tête à l'huissier s'il faisait
un pas de plus. En même temps, il se retournait vers une troupe de fusiliers,
rano-és sous le portail : <i Camarades! s'écria-t-il avec un juron, les armes en
« main ! »
L'huissier battit en retraite. Quand il revint à la charge, accompagné des
anciens capitouls £<. des nouveaux pourvus, la porte de l'hôtel de ville était
fermée. Plus de quatre mille hommes étaient groupés au devant, criant :
« Vive le roi ! « offrant d'enfoncer la porte, Se traitant de coquins & de sédi-
tieux les gens qui venaient de s'enfermer dans la maison de ville, une heure
plus tôt, à la suite du capitoul élu Salavert; ce personnage s'était, en effet,
emparé des clés. D'accord avec le capitaine du guet, il retint quelque temps
prisonniers deux de ses collègues, Pol de Martres Se Mestre, les accablant
d'injures, les menaçant de les faire pendre Se leur portant même la main au
collet.
Le II avril, le Parlement ordonna des remontrances au roi au sujet de
l'arrêt du 22 mars, dont il différait l'exécution, Se, sans s'émouvoir des for-
mules impératives du conseil d'Etat, continua ses hostilités contre les capi-
touls royaux. Le viguier était sorti de prison pour cause de maladie; les
sieurs de Pibrac, Benoît, Catelan Se Tolosany avaient prêté serment entre
ses maiiis Se commençaient à tenir entre eux quelques réunions. La cour
leur enjoignit d'avoir à cesser leurs assemblées séditieuses, défendant à tous
officiers Se habitants de les reconnaître Se de déférer à leurs ordres.
Le conseil d'Etat ne se lassait point. Nouvel arrêt, donné à Paris le 10 mai,
en présence d'Anne d'Autriche Se du jeune roi, annulant tous les actes du
Parlement de Toulouse, appelant à comparaître dans le mois le président de
Graignague Se les conseillers Gargas Se Du May, leur interdisant l'exercice
de leurs charges Se l'accès aux délibérations de la cour, sous peine de nullité
de tous les actes auxquels ils auraient pris part. En même temps, afin d'abolir
à jamais la mémoire de la désobéissance du Parlement, le conseil ordonnait
au greffier de lui apporter, dans le délai d'un mois, les minutes des délibé-
rations Se des arrêts de la cour concernant la dernière nomination capitulaire,
sous peine d'interdiction de sa charge; il révoquait aussi le capitaine du
guet, déclarait Salavert indigne d'être capitoul Se prescrivait de les appré-
hender au corps l'un Se l'autre Se de les conduire dans les prisons du Fort
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 245
l'Evêque en la ville de Paris. Les capitouls demeuraient chargés de l'exécu-
tion de l'arrêt, à peine d'en répondre personnellement'.
Des lettres patentes du même jour nommaient pour commissaire spécial
l'intendant de la généralité de Montauban, Louis de Laisné, seigneur de
la Marguerie, maître des requêtes ordinaires de l'hôtel.
Le 6 juin, ce personnage se rendit au consistoire, où était assemblé le
conseil de bourgeoisie en présence des huit capitouls nommés par le roi. 1! fit
lire Se enregistrer l'arrêt du 10 mai; puis on donna lecture du jugement
souverain qu'il avait rendu contre les prévenus, en qualité de commissaire
royal, avec l'assistance des sieurs de l'Hospital, d'Argueil & de Martin, con-
seillers au présidial de Toulouse & de deux avocats au Parlement nommés
Robert 8c Malgarros. Ce jugement condamnait Salavert & Lanes, qui avaient
échappé aux poursuites, à faire amende honorable £c à être pendus devant la
porte de la maison de ville. Il prononçait, en outre, la confiscation de leurs
biens, sauf le tiers réservé pour leurs femmes 8c entants, 8c une somme de
cinq cents livres pour être employée en oeuvres pies.
Immédiatement après la lecture, MM. de Saporta, de Pibrac, Souterrène
8c Benoît montèrent à cheval avec leurs assesseurs, le substitut du greffier 8c
le capitaine du guet; l'exécuteur de la haute justice, Jean Razepel, prit place
sur un tombereau, tenant à la main un tableau où les deux condamnés
étaient figures la corde au cou , 8c un écriteau contenant les motifs de la
peine. Ce lugubre cortège, précédé des soldats du guet, suivit le cours ordi-
naire par la grand'rue 8c les autres quartiers de Toulouse, 8c revint faire halte
devant l'hôtel de ville, où l'image des deux coupables fut solennellement
attachée à la potence par la main du bourreau*.
CHAPITRE IV
Mort du poète François Mnyriard. — Vieillesse de Pierre Goudelin. — Le prince de Condc traverse la
Proyince. — Désordres des chevaii-légers. — Entreprise du marquis de Rabat contre l'évêque de
Rieiix. — Intervention de l'iipiscopat languedocien. — Démarches du clergé de France. — Conver-
tion du marquis de Malause. — L'affaire de l'évêque de Kieux terminée par lettre de cachet.
Au mois d'octobre 1646, mourut à Toulouse, à l'âge de soixante-quatre
ans, un homme de lettres que ses ouvrages n'ont pu sauver de l'oubli, mais
qui avait occupé une place considérable dans l'opinion de ses contemporains,
8c qui, par ses relations avec tous les beaux esprits du temps, avait été, pen-
dant des années, le médiateur le plus assidu entre la Province 8c Paris. Né à
' ArcWiieiàtTouloute. Cingu'tème livre Jcs arrêts, col. i3o. Jugement souverain de l'Intendant de
p. 176. Guienne, Laisné de La Marguerie, du 16 juin 1646.
' Arrêt du Conseil d'Etat du lomai 1646. Archi- — Procès verbal d'exécution de l'arrêt du 10 mal.
ves d; Toulouse. — Pièces justiJîcatiyeSj n. XXXV, — Pièces justijicçitiyes, n. XXXVI, col. iSy.
1646
"jj^ — 246 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Toulouse en i582, fils d'un jurisconsulte de renom, président lui-même au
présidial d'Aurillac, puis conseiller d'État, François Maynard laissa écouler
sa vie à rêver des grandeurs qu'il ne put jamais atteindre. Une partie de sa
jeunesse s'était dépensée à Paris. Il y avait eu pour principal protecteur un
autre Toulousain, le sieur de Flotte, qui s'était transporté des bords de la
Garonne à ceux de la Seine, où il avait acquis une charge d'échevin. Ce
personnage, qui faisait des petits vers & des chansons bachiques, était un
franc' débauché. Il faillit mourir d'une indigestion de melons, &, dans sa
vieillesse, il amusait encore Maynard du récit de ses bonnes fortunes, 81 lui
demandait des rimes irrésistibles quand il n'était pas content de l'effet des
siennes. C'est à cette école que se forma Maynard. Bien longtemps après
cette période de sa vie, le poëte gascon rappelait en style mélancolique à son
plus assidu correspondant, « ses importantes leçons de goinfrerie chez M. de
« Saint-Marc « St. chez « l'illustre président de la place Royale. »
M. de Flotte s'était attaché à la maison de Lorraine, par cette sorte de
parasitisme littéraire si commun chez les gens d'esprit de cette période.
Maynard suivit son exemple. Il fut mis en relation avec plusieurs grands
seigneurs : le duc de Bouillon, qu'il allait voir en son château de Turenne;
le comte de Clermont, qui lui faisait boire à Castelnau le meilleur muscat
de Languedoc; le maréchal de Bassompierre 8c le comte de Caraman, dont la
détention à la Bastille est si fréquemment rappelée dans sa correspondance.
Il avait espéré suivre quelque illustre carrière, en faisant sa cour avec
grande dévotion au cardinal Richelieu & à la reine Anne d'Autriche. Il n'y
ménagea pas les flatteries St réussit à se faire admettre au nombre des qua-
rante premiers membres de l'Académie française; mais là se borna son succès.
Aussi déplora-t-il amèrement tout le reste de sa vie l'insuccès de son ambi-
tion. « Les changements de la Cour ne m'ont pas été avantageux, écrivait-il
« un jour à M. de la Valette, général des Vénitiens, qu'il avait connu à
« Toulouse. On m'a donné du vent, & comme j'ai l'âme d'un bon créancier,
« je m'en suis payé faute de meilleure monnaie. «
Cependant sa vie se gaspillait à Paris dans une sorte de nonchalance épi-
curienne, partagée entre les belles conversations, les échanges de sonnets 8c
d'épigrammes, 8c surtout les joyeux repas où il buvait les grands vins de ses
protecteurs 8<. savourait ces fameuses « bisques selon Saint-Marc » ces a sauces
« 8c ces ragoûts » qui devaient lui laisser plus tard en son exil de si doulou-
reuses réminiscences.
Voyant que ses espérances ne pouvaient se réaliser, Maynard se retira
d'abord dans son petit domaine patrimonial de Saint-Céré, en Querci, à
quelques lieues de Figeac. Il essaya d'y tromper l'ennui en y formant « une
« bibliothèque 8c une collection de tableaux, s'attachant surtout à réunir des
« portraits d'hommes extraordinaires; >> le maréchal de Bassompierre, le comte
de Caraman, le maître des requêtes Talleman, lui envoyèrent leurs portraits
pour cette petite galerie que M. de Flotte, le « confident » titulaire, enrichis-
sait journellement de ses cadeaux. Il avait aussi des cabinets d'Allemagne où
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN.
^-i7
i6^û
il se plaisait à rassembler toutes les lettres d'hommes éminents dont la corres-
pondance le consolait de sa solitude. C'est là, « au milieu de tous ces chers
« morts, )> qu'il évoquait, dans l'amertume de ses désillusions, les souvenirs
de son existence parisienne. Les lettres qu'il recevait assez régulièrement de
quelques amis l'empêchaient seules de se croire tout à fait <i enseveli sous les
« rochers de ce misérable pays, » & le transportaient en esprit « sous les por-
« tiques de la place Royale ou dans les galeries du Louvre. »
Il s'était marié Se avait plusieurs enfants. Mais la vie de famille ne lui fut
pas heureuse. Les graves infirmités de sa femme & la mort d'un fils ajoutè-
rent à ses mécomptes. Ce fut alors que pour chercher quelque trêve à l'ennui
qui le rongeait, il se fit attacher à l'ambassade du duc de Noailles auprès du
Saint-Siège & passa plus de deux ans à Rome. 11 explique, dans une lettre à
Madame de Choisy, qu'il avait espéré en la piété Si la curiosité trouver une
consolation de ses peines. Il fut, en effet, bien accueilli par le pape Urbain
èi. eut des relations amicales avec le cardinal Bentivoglio qui lui donna même
pour son cabinet quelques belles têtes antiques. Mais, malgré les tristesses dû
départ, l'épicurien ne tarda pas à se réveiller. La cuisine italienne lui inspi-.
rait le plus grand dégoût; il faut voir de quel ton dédaigneux il traite la
vanité tout extérieure de ces gentilshommes italiens qui ont « des estafiers
« en grand nombre 8c pas un cuisinier » Se comme il méprise « ces misérables
« qui ne vivent que de raves Se d'un peu de fenouil St qui n'usent de cure-
« dents que pour tromper le monde. » La table de l'ambassadeur sur laquelle
il retrouvait la France, 8c celles du cardinal de Lyon, Se des évêques du
Mans Se d'Albi lui faisaient seules endurer, par quelques bonnes fêtes, les
privations de ce long exil. « Messieurs du Mans 8c d'Albi, écrit-il de Rome à
« M. de Flotte, ont des cuisiniers qui montrent aux tristes cardinaux d'Italie
0 l'art des sauces 8c des ragoûts. »
Il rentra de Rome à Saint-Céré, toujours gémissant d'être loin de Paris,
(1 ce pays des honnêtes gens, » appelant son domaine un ermitage, un désert
barbare, mais semant quelque variété dans sa vie rustique par des visites de
châteaux amis, allant à Turcnne, chez le duc de Bouillon, à Castelnau, au
Pin, chez Madame de La Capelle Biron, à Balzac, chez le « grand hermite
<i de la Charente » qui lui adressa un jour, au retour de Rome, une longue
8c flatteuse épître en vers latins.
Pourtant, comme il était las du village, Se que Paris ne se pouvait atteindre,
il prit le parti de revenir à Toulouse, où s'était passée sa jeunesse. C'est là
(ju'il vécut ses dernières années, toujours rimant, toujours écrivant Se rece-
vant des lettres, entretenant une correspondance plus ou moins suivie avec
les illustres de l'Académie française, avec Conrart, Ménage, Racan, CoUetct,
Tristan, Boisrobert, Chapelain, Balzac, la Serre; fréquentant assidûment
ceux des membres du Parlement de Toulouse qui se piquaient de littérature,
le premier président Bertier de Montrabe, l'avocat général Marmiesse, les
conseillers Castel Se Frésals, les présidents Fraust 8c Caminade, le greffier
Pressac, Se se targuant d'une sorte de philosophie tardive dont il résuma Iv's
16^6
248 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
principes dans une inscription demeurée célèbre qu'il fit graver sur la porte
de son cabinet.
Si Maynard a été sincère, il ne se fit point une opinion exagérée de la
valeur poétique de ses œuvres. Il a écrit un jour à M. de Flotte : « Je suis
« toujours dans ma vieille opinion que la plupart des vers François ne valent
« pas beaucoup; je parle des miens, comme de ceux d'autruy. Le siècle
« advenir se moquera sans doute de nous & je luy pardonneray de bon cœur. »
On voit que Maynard n'était pas moins sévère pour lui-même que pour ses
collègues de l'Académie. La postérité a ratifié ce jugement.
Au moment de la mort du poëte toulousain, ses œuvres étaient encore iné-
dites. A plusieurs reprises, quelques amis l'avaient inutilement sollicité de les
publier. Il s'en défendait en prétextant le peu d'étendue de ces pièces, 8t le
mince volume qu'on en ferait. « Je semblerois, disait-il, publier un almanach. >>
Ce fut l'année même de sa mort que ses poésies furent imprimées à Paris.
Ses lettres ne devaient paraître qu'en 1602, par les soins de son vieil ami,
M. de Flotte, qui les fit précéder d'une épître dédicatoire à leur protecteur
commun, « Monseigneur Louis de Lorraine, duc de Joyeuse, pair 81 grand
« chambellan de France. »
Plusieurs beaux esprits coinposèrent, selon l'usage, des épitaplies en vers
au poëte trépassé. Colletet fit une épigramme sur ses lettres, où il l'égalait à
Pline & à Cicéron, Tristan l'Hermite évoqua sur son tombeau les ombres de
Sénèque & de Martial, Racan félicita le duc de Joyeuse d'arracher aux ténè-
bres de l'oubli ce favori des Filles de mémoire & l'auteur du Roman comique
déplora, par un quatrain burlesque, l'inanité des succès de l'écrivain 8t les
mécomptes de l'ambitieux.
Un portrait de François Maynard, drapé à l'antique, a été gravé, sans nom
d'artiste, en tête de l'édition de ses lettres. C'est un visage plein, d'allure
cavalière, avec la moustache 8t la mouche fièrement troussées, le menton rasé
complètement, l'œil audacieux sous des arcades sourcilières très-prononcées.
Une chevelure assez épaisse encadre la tête de quelques boucles désordonnées.
Tandis que Maynard s'éteignait, un autre poëte méridional, Pierre Gou-
delin, achevait sa carrière assez tristement, dans la maladie 8c la pauvreté. Il
avait vu tout le règne d'Henri IV, dont il célébra la mort par des stances
demeurées célèbres, &, sous Louis XIII, s'était vu rechercher de tous les
hauts personnages qui aftectaient de fréquenter les beaux esprits. Fils d'un
chirurgien de Toulouse', portant lui-même le titre d'avocat en la cour, mais
ne plaidant jamais, il s'était laissé vivre doucement, avait consumé son maigre
héritage 8c atteignait le terme au milieu de cruelles inquiétudes.
Le 16 octobre 1646, dans le conseil de bourgeoisie auquel assistaient l'avocat
• Le 17 seplemtre i583, Ramoild Goudslin fut nommé bailly de la corporation des maîtres chirur-
giens de Toulouse'.
' Archives dt Toulouse. Livre de: ma'iiises.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 249
général Manniesse &, les conseillers d'Auterive 8c de Frézals, le capitoul Pierre
Pol de Martres, au nom môme du poëte, sollicita l'assistance de la ville, « en
« considération des services qu'elle avait reçus de lui. « Il fit ressortir, en
rjuelques mots d'une crudité presque brutale, l'état de détresse du pauvre
écrivain. « Le sieur Goudelin, dit-il, est extrêmement nécessiteux; il n'a
« aucuns biens pour se nourrir, étant fort vieux &< incommodé de sa vieillesse,
« ne pouvant rien faire pour gagner sa vie '. «
Goudelin avait alors soixante-sept ans. On lui accorda iine pension viagère
de trois cents livres, sur la caisse municipale, dont il ne devait pas longtemps
jouir, car il mourut au bout de trois ans.
Outre ce modique secours viager, les capitouls de 1646 se chargèrent de
payer l'impression des œuvres du poëte, faite par « noble Pierre Bosc, bour-
i' geois de Toulouse », & la gravure d'une planche en taille-douce pour servir
de frontispice à son livre. Chacun des membres du conseil de bourgeoisie en
reçut un exemplaire relié'.
Bien qu'il ait écrit la plupart Si les meilleures de ses compositions dans
l'idiome toulousain, qu'il se rattache, à ce point de vue, aux vieux poètes
indigènes du gai-savoir, & qu'en mainte occasion il ait recherché, avec une
délicatesse de philologue & d'érudit, les expressions qui gardaient encore,
malgré la dégénérescence évidente du roman méridional, une franche saveur
de terroir, Goudelin n'en a pas moins subi, sans y songer, la puissante
influence de la langue 8c de la littérature nationale. Ce n'est plus aux trou-
badours de Provence ou aux fins aymans du verger des Augustines qu'il
emprunte le moule de ses petits poèmes : Malherbe, Racan, Ronsard, peut-
être, sont ses vrais modèles. Son alexandrin, harmonieux 8c sonore, découle
directement d'une source française; la combinaison de ses rimes 8c le rhythme
de ses strophes, l'observation de toutes les règles de la versification classique,
dont la plupart auraient été des nouveautés inconnues pour les rédacteurs
des lois d'amour, trahissent de plus en plus une pénétration irrésistible des
idiomes méridionaux par la grande langue d'outre-Loire, pénétration qui ne
s'affirme pas avec moins d'éloquence dans les modifications orthographicjues,
déjà si nombreuses Se si éloignées de la pureté originelle. Avec un idéal
médiocre 8c sans grande élévation, des tendances d'épicuréisme bourgeois 8c
un peu mesquin qui caractérisent assez nettement la nuance dominante de
l'esprit local, Goudelin a rencontré quelquefois de fraîches Se gracieuses ins-
pirations, 8c une mélodie de langage presque italienne.
Comme il est, à vrai dire, le dernier poëte languedocien, 8c que le niveau
général de sa poésie ne dépasse guère la portée des aspirations littéraires du
pays, son nom a conservé une popularité durable, 8c ses oeuvres ont obtenu
les honneurs d'éditions multipliées.
Pierre Goudelin fut enseveli en 164g dans le cloître des Carmes. On a
' ArchiYts de Toulouse. /.iVrf i/ffj Coajfi'/s, XXlV, ' Archives de Toulouse. Contrôle Aes comptes ie
p. 377. /A<5ffZ (ie vi//f, pour l'année cipitulaire \ûafi-\(>^(>-
1646
1647
o^^
^o
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
souvent raconté que, dans sa vieillesse, il faisait de ce lieu le but journaliei
de ses promenades & qu'on entendait régulièrement son bâton traîner sur
les dalles. Un de ses amis lui reprocha, en plaisantant, le bruit qu'il fai-
sait dans ces galeries : « Je frappe, répondit le poëte, afin qu'on vienne
m'ouvrir ' . «
Du reste, les préoccupations du temps n'étaient guère favorables aux gens
de lettres; les nécessités du Trésor faisaient naître à chaque instant de nou-
velles exigences.
La perception d'une taxe frappant tous les acquéreurs du domaine royal
causa, dès les premiers mois de l'année 1647, beaucoup de souffrances dans le
pays. Cette taxe s'élevait au sixième du droit d'acquisition. Comme le domaine
royal comprenait en Languedoc toutes les anciennes possessiqns personnelles
des comtes de Toulouse, auxquels les rois de France étaient substitués depuis
la mort d'Alphonse de Poitiers, &., en outre, un assez grand nombre de terres
annexées par confiscation, soit à cause de l'hérésie albigeoise, soit par suite
de la guerre contre les Anglais ou de diverses forfaitures féodales, beaucoup
de ventes avaient été consenties lorsque l'épargne était vide. Les particu-
liers, en voie de transformation sociale, recherchaient ces biens qui donnaient
à leur fortune un prestige de seigneurie; 8c, de leur côté, les communes
s'en montraient avides, lorsqu'elles disposaient de quelques ressources, afin
d'être mieux maîtresses chez elles & de ne point avoir de seigneurs trop
près. Ces communes furent, comme les particuliers, l'objet de cruelles
vexations. Renouvelant des pratiques depuis longtemps dénoncées, les par-
tisans traitaient les habitants d'un consulat comme solidaires de la dette
municipale, &, sous ce prétexte, saisissaient leurs biens de toute nature,
sans épargner le bétail de labourage, qu'ils transportaient dans des lieux
* En 1808, lors de la démolition du cloître des
Grands-Carmes, l'Académie des Jeux-Floraux obtint
l'autorisation d'exhumer les restes de Goudelin
pour les transporter dans l'église de la Daurade.
Voici quelques détails extraits du procès-verbal
de cette opération dressé le 4 juillet 1808 par le
délégué du maire de Toulouse :
r( Nous étant rendu au cloître des ci-devant
Grands-Carmes pour faire exécuter l'exhumation,
nous y avons trouvé MM. Poitevin & l'abbé Jam-
mes, commissaires de l'Académie, lesquels nous ont
donné connaissance : 1° d'un extrait des registres
de la paroisse Saint-Etienne déposés à la maison
commune de Toulouse, portant que M. Pierre Gou-
delin, docteur 8c avocat, âgé de soixante-dix ans,
avait été enterré dans le cloître de l'église des
Grands-Carmes, le 16 septembre 1649; 2° d'un
extrait des registres particuliers des Grands-Carmes,
consigné dans le recueil de l'Académie des sciences
de Toulouse, portant que la sépulture du poëte
Goudelin est dans le cloître desdits Grands-Carmes
au pied du dernier pilier vis-à-vis l'autel de Notre-
Dame de Bonne-Espérance.
« Nous étant transporté au lieu indiqué, nous y
avons fait faire des fouilles dans la direction dudit
pilier à l'autel sur une longueur de deux mètres
& une profondeur & largeur d'un mètre dix cen-
timètres, & y avons trouvé quelques débris d'une
bière entièrement pourris & quelques clous rongés
par la rouille; un peu plus bas & en fouillant
avec précaution, nous avons trouvé dans l'espace
que renfermait une bière ordinaire, une tête d'une
grosseur remarquable à laquelle manque la mâ-
choire inférieure, mais dans la poussière nous
avons trouvé trois dents, les os des bras, des cuis-
ses & des jambes, & quelques débris des pieds & des
mains, des vertèbres, du col 8c de l'épine du dos,
lesquels objets nous avons recueillis dans une boîte
qui a été mise en dépôt dans une chapelle dudit
cloître '. »
■ Archives di; Toulouse. Recueil d'arréls, IX, p. 60.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 25 1
écartés, d'où l'on n'en pouvait plus avoir de nouvelles avant que la taxe ne
fût payée '.
Au commencement du mois d'avril, au moment même où les États, con-
voqués avant l'heure, étaient réunis h Montpellier pour y subir de rudes
admonestations, le duc d'Enghien, devenu prince de Condé, traversa la
Province, allant à l'armée de Catalogne. Le vieil évoque de Montpellier
lui présenta les compliments de l'assemblée. Le prince répondit qu'il n'igno-
rait pas les sentiments d'affection qu'avait eus son père pour le pays de
Languedoc, 8c protesta de renchérir sur ces sentiments, & d'en donner des
preuves si Dieu lui conservait la vie dans la campagne qui allait s'ouvrir.
Ensuite passa le comte d'Harcourt, puis le maréchal de Grammont, tous
salués avec beaucoup d'apparat, au nom de l'assemblée provinciale, par des
députations des trois ordres.
Le haut personnel gouvernemental en Languedoc se trouvait alors complè-
tement renouvelé. François Bosquet avait été rappelé au conseil d'Etat; son
collègue Balthazar faisait place à un autre maître des requêtes ordinaires de
l'hôtel, Louis Le Tonnelier, seigneur de Breteuil, envoyé dans le pays avec
le titre d'intendant de justice, police Se finances. Louis de Cardaillac de Lévis,
comte de Bioule, remplissait les fonctions de lieutenant général, vacantes par
la démission du duc d'Arpajon, & enfin le maréchal de Schomberg, dégoûté
sans doute du Languedoc, depuis les événements de Montpellier, se trou-
vait sur le théâtre de la guerre, à la veille d'être nommé colonel-général des
Suisses & Grisons, puis vice-roi de Catalogne.
Le premier commissaire royal aux États fut le vainqueur de Roses,
César de Choiseul, comte du Plessis-Praslin , maréchal de France, lieute-
nant général de la province 8<. évêché de Toul, gouverneur de Turin & lieu-
tenant général des armées du roi en Languedoc.
La proximité de la guerre de Catalogne, où les remparts de Lérida conti-
nuaient à tenir en échec l'armée française, n'était pas seulement pour la
Province une cause de dépenses St de sacrifices considérables; mais le passage
fréquent des troupes que l'on dirigeait sur les Pyrénées, troupes encore bien
voisines par leur composition, leurs mœurs militaires & leur indiscipline des
bandes mercenaires du seizième siècle, exposait à chaque instant les popula-
tions urbaines & les paysans des campagnes à tous les actes de violence alors
pratiqués en pays conquis. La tolérance des chefs, habitués eux-mêmes à
une vie d'aventure & d'entreprise qui ne leur laissait guère de scrupules, était
une faible défense pour les propriétés Se les personnes; 8<. les privilèges du
commandement, secondés d'ailleurs par les hasards de chaque jour, assuraient
trop souvent l'impunité des coupables.
Au milieu de ces désordres, M. de Breteuil, intendant de justice, se trou-
vait, par ses fonctions & par ses instructions particulières, le protecteur naturel
des peuples. Comme il était en réalité, dans la Province, l'unique représen-
* Procès-verbal des Etats de Languedoc, Séance du i5 avril 1647.
1647
1647
252 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tant de l'ordre Se du gouvernement régulier, c'est à lui que s'adressaient les
réclamations Scies plaintes, 8<. il poursuivait la répression des excès commis
avec une exactitude & un zèle qui triomphaient quelquefois du mauvais vou-
loir des officiers.
Le passage des cbevau-légers du prince de Condé fut signalé à Nimes par
des excès qui firent grand bruit. C'était une compagnie de quatre-vingt-dix
maîtres, tous vieux cavaliers éprouvés, bien armés & bien vêtus. Ils avaient
pour commandant, avec le titre de capitaine-lieutenant, le comte de Bussy-
Rabutin, qui faisait alors ses premières campagnes.
Quatre de ces cbevau-légers avaient été logés chez un bourgeois de Nimes,
argentier du maréchal de Schomberg, 8c commettaient mille insolences. Ne
pouvant arracher à leurs obsessions une pauvre fille, sa cousine, qui habitait
la même maison, l'argentier vint en porter plainte au capitaine. Bussy envoya
dire à ses hommes qu'il les assommerait s'il entendait encore parler d'eux. La
menace ne causa guère d'impression aux vieux cavaliers, & une heure après,
comme Bussy se trouvait à table, la fille éplorée entra dans sa chambre,
demandant asile. Elle était suivie des quatre cbevau-légers, qui se disculpè-
rent en riant auprès de leur chef, tournant l'aventure en plaisanterie. La
nimoise était si troublée Se avait si peu de confiance en l'effet des recomman-
dations du capitaine qu'elle le supplia de lui laisser passer la nuit dans sa
chambre, ne se croyant pas en sûreté dans toute autre partie de la maison.
Bussy- Rabutin essaya de lui faire comprendre que l'endroit était mal choisi.
Elle répondit qu'elle préférait son honneur à sa renommée, 8<. force fut au
capitaine de lui donner un des quatre lits qui meublaient sa chambre. Bussy,
très-fatigué de l'étape, s'endormit rapidement. Le lendemain matin, à son
réveil, il apprit d'un gentilhomme qui occupait le troisième lit que la fille
avait disparu sans qu'on sût comment. Peu d'instants après, arrivaient deux
jésuites venus pour la prendre 8c la ramener à ses parents, non sans remercier
Bussy de lui avoir sauvé l'honneur. Quand les jésuites furent partis, on
s'aperçut (|ue la malheureuse s'était blottie sous son lit, 8c dans l'état d'effa-
rement où elle se trovivait encore, on ne put obtenir d'elle que des paroles
incohérentes. La compagnie monta à cheval pour gagner Lunel. Arrivé à
Montpellier, après avoir rendu visite au maréchal du Plessis-Praslin, Bussy
alla voir M. de Breteuil; l'intendant lui annonça que tous les membres des
États se montraient fort émus de l'insolence des cbevau-légers. Se qu'il
n'était bruit dans toute la ville que du viol récemment commis sur la
personne d'une honnête fille de Nimes. Bussy raconta ce qu'il savait de
l'histoire.
Peu de temps après, l'intendant lui envoya demander deux de ses cavaliers
nommés Petit 8c Chanfort, qui étaient des quatre dont l'argentier de Nimes
avait porté plainte. Pour sauvegarder l'honneur du commandement, Bussy
refusa de les livrer sans un ordre du maréchal ; mais, en même temps, il pria
M. du Plessis-Praslin d'accorder l'ordre, sachant bien qu'on les prendrait
malgré lui. Ces deux hommes n'étaient pas les plus coupables. Les vrais
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN.
253
criminels, qui s'appelaient la Garenne St la Marche, avaient eu la précaution
de ne pas entrer en ville Se chevauchaient sur la route d'Espagne.
M. de Breteuil fit taire le procès aux deux captifs. Chanfort fut condamné
à mort Se eut la tête coupée, à la mode du pays, « sur un plot de bois. » On
fit grâce à Petit, à cause de son extrême jeunesse Se en considération de sa
parenté de Dijon, qui était fort grande dans les meilleures familles du Parle-
ment. Cependant, des dépèches avaient été expédiées à M. de Champlâtreux,
intendant de l'armée d'Espagne. Lorsque la Garenne 8c la Marche arrivèrent
à Perpignan, on les arrêta; mais leur captivité ne fut pas si étroite qu'ils
ne parvinssent à s'échapper de prison. Ils allèrent rejoindre leurs camarades
devant Lérida, S<. l'affaire n'eut pas d'autre suite".
Un autre épisode, dont le retentissement fut beaucoup plus considérable,
marqua le passage des troupes du prince de Condé : nous voulons parler de
l'aventure du marquis de Pvabat.
Le marquis de Rabat était encore, k l'avènement de Louis XIV, un des
rares représentants de cette féodalité turbulente dont la justice de Richelieu
avait si rudement châtié les écarts. Issu de la famille comtale de Foix, fier de
ses aïeux dont il conservait les portraits, à dater du prince Loup, souche de
la race, dans les galeries de son château de Fornex', conservant encore autour
de lui un assez grand appareil militaire, ayant capitaine châtelain Si compa-
gnie d'arquebusiers qui le saluaient, aux grands jours, par des décharges de
mousqueterie à l'entrée de ses avenues, ce gentilhomme, hardi chasseur 8<
buveur non moins intrépide, se trouvait en guerre ouverte avec tout son voi-
sinage. Il exerçait dans le pays une autorité sans contrôle, était premier baron
1647
' « La réflexion que l'on peut faire sur cet évé-
nement, écrit Bussy-Rabutin d.Tns ses mémoires,
c'est qu'un officier qui conduit des troupes ne sau-
rait être trop exact, ni apporter trop de précau-
tions pour éviter les désordres, puisqu'avec tous
mes soins je ne pus empêcher le viol de cette fille,
ni la mort de mon chevau-léger '. >i
• Les seigneurs de Rabat portaient en outre le
titre de vicomtes de Massât, marquis de Fornex,
Montfa, Mauvezin, Brassac & Loubens. Voici la
description que donne du château de Fornex M. de
Froidour, commissaire enquêteur & général réfor-
mateur des eaux 8c forêts en Languedoc, dans le
récit d'une excursion aux Pyrénées :
(c Cette maison est assise sur une petite éminence
qui régne le long de la plaine II y descend une
quantité d'eau des collines suffisante pour baigner
le fossé dont elle est environnée. On prétend qu'elle
a esté bastye par les anciens comtes de Foix... EUi:
est toute bastie de briques, a quatre corps de logis
' Mémoires secrets de M. le comte de Bussy-Rabuliii,
conlcnant les événements les plus intéressants de rEuropc,
d>:puis l'anniie 1617 jusqu'en tannOc iliti?. AiniîcrJam,
1719, p. 202.
& quatre tours rondes couvertes en pavillons, mais
si mal placées que la devanture du chasteau n'est
ny flanquée ny défendue. Ce qu'on trouve d'abord
pour entrer au chasteau est un petit pavillon carré
couvert d'ardoise sous lequel on passe pour gagner
le pontj il n'y a d'autre ornement que les armes
de la maison, éc.irtelées au premier & troisième
quartier de Foix & aux deux autres quartiers de
Duras avec la couronne de comie & les deux col-
liers des ordres de Saint-Michel & du Saint-Esprit.
L'on trouve ensuite un pont-levis & une porte de
bois toute couverte de fer au dehors & l'on passe
sous une voûte dont les deux côtés sont garnis
d'armes. Il y a un capitaine dans la maison, &
nous apprîmes qu'on la gardoit fort soigneusement
à cause des démêlés qui sont entre le marquis 8c
son frère le vicomte de Couserans Le capitaine
nous fit voir une galerie fort étroite où sont pein-
tes quelques métamorphoses d'Ovide, mais de pein-
ture fort grossière & en un mot tolosaine; tous les
seigneurs de Rabat y sont aussi dépeints & font
commencer leur généalogie à un Gaston de Foix '. a
■ Manuscrits de la biWiolliJ>iuc do Toulouse. Vnyape aux
ryTéiiàeSy de M. de Froideur.
1047
254 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des États de Foix, 8<. chanoine de Saint-Volusien; ayant le droit de porter
l'aumusse & de siéger au chœur lorsqu'il visitait son abbaye.
Ses domaines, d'une étendue considérable, étaient situés sur les coteaux
de la Rize Si la haute vallée de l'Ariége, 8c comprenaient la vaste forêt de
Montbrun 8c le territoire de Massât. Le fief avait porté pendant des siècles
le simple titre de vicomtéj puis, des lettres patentes du roi Louis XIII en
avaient fait un comté, qui, suivant une métamorphose assez fréquente dans la
noblesse de cette période, se trouvait enfin transformé en marquisat. Entouré
de populations montagnardes 8c forestières presque aussi sauvages que leur
pays, le marquis de Rabat participait de cette nature violente. Avec l'audace
du capitaine, il avait aussi l'astuce du campagnard j ses procès ne finissaient
point. En 1642, les violences exercées contre les habitants de Massât par le
marquis 8c par le comte son père étaient devenues si intolérables que le Par-
lement de Toulouse avait condamné les deux gentilshommes au bannissement
8c à la confiscation de leurs biens. La sentence n'avait pu être mise à exécu-
tion, les commissaires de la cour n'ayant point d'accès dans une région diffi-
cile, entièrement à la discrétion du seigneur. Mais le condamné en avait
conçu la plus vive animosité contre ses juges. Des conflits d'intérêts avec
Jean-Louis de Bertier, évêque de Rieux, frère du premier président, accrurent
ces dispositions haineuses 8c finirent par inspirer au marquis un âpre désir
de vengeance. Malgré les ordres du roi qui prohibaient les assemblées de per-
sonnes en armes, la noblesse des pays de montagnes, toujours plus indisci-
plinée parce que la répression y était incertaine, avait conservé l'habitude de
se réunir par troupes 8c de chevaucher à travers champs en grand attirail de
guerre. Le 11 avril 1647, Rabat rassemble quelques familiers, arme leurs
laquais, monte à cheval, avec son frère le baron, 8c va tenter un coup de
main contre l'évêché.
Il était environ cinq heures du soir quand la troupe déboucha dans l'en-
ceinte de hautes collines oii s'élève la ville épiscopale, resserrée sur une petite
presqu'île, dont les sinuosités de la Rize découpent les bords. Les cavaliers
se saisissent des deux portes, sans rencontrer de résistance, 8c les deux frères
courent à l'évêché.
Sur le degré du palais, ils rencontrèrent un paysan qui venait au devant
d'eux : ils lui demandent à voir l'évêque. — Le rustique répond que « Mon-
te seigneur est à Toulouse. » — « Où est son procureur? » ajoute le mar-
quis désappointé. Le paysan lui raconte que le procureur est allé rejoindre
l'évêque, qu'on vient de lui faire passer l'eau tout à l'heure, 8c il offre aux
deux visiteurs un bateau qui était amarré au pied des contreforts du jardin
pour traverser la Rize. Le marquis l'écoutait avec impatience 5 il lui demande
brusquement s'il est domestique de l'évêque 8c à quoi il sert. — « Je suis le
« jardinier de Monseigneur », réplique le campagnard. Aussitôt le marquis
le saisit au collet 8c, avec l'aide de son frère, l'entraîne hors de la porte de
l'évêché, puis il s'empare de l'épée du baron, frappe furieusement le pauvre
hère sur la tête 8c sur tous ses membres, proférant les plus atroces blas-
LIVI I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 255
phèmes, lui répétant qu'il le maltraitait ainsi en qualité de serviteur du
prélat, que si M. de Bertier était dans la maison, il irait droit à sa chambre
lui passer l'épée au travers du corps, ik que, d'ailleurs, l'évêque & le premier
président son frère qui s'étaient avisés de faire donner arrêt contre lui, ne
périraient que de sa main.
Quand cette rage de coups se fut apaisée, le marquis prit la main du domes-
tique 6<. y traçant quelques lignes sanglantes avec la pointe de son épée :
« Voilà, dit-il, une lettre que j'écris à ton maître pour lui apprendre ce que
« je lui veux faire. »
Après cet exploit, les deux gentilshommes remontent à cheval, rejoignent
leur troupe & disparaissent dans la direction du château. Quelques jours
après, on sut que le marquis avait quitté Fornex 8c qu'il était passé dans
l'armée du prince de Condé.
Cependant les consuls avaient immédiatement reçu la plainte de la vic-
time; maître Milhet, chirurgien de Carbonne, appelé à la hâte pour panser
les blessures, en rédigea une relation. Se le i5 avril le procureur général
donna commission à M. de Subra, magistrat présidial en la sénéchaussée de
Toulouse, pour informer des excès du marquis de Rabat & « de ses jactances »
contre l'évêque & le premier président.
M. de Subra se transporta à Rieux pour y commencer l'enquête & reçut la
déposition de quatorze témoins.
A la première nouvelle de l'événement, M. de Bertier se hâta d'en écrire à
l'archevêque de Narbonne, président des Etats 8c premier prélat de la Pro-
vince, afin d'obtenir par son entremise une intervention générale du clergé.
Il en informa aussi l'abbé Tubeuf, frère de l'intendant des finances, qui se
trouvait alors à Paris, lui faisant une vive peinture des inquiétudes où le
jetaient les entreprises du marquis, 8c lui avouant qu'il n'oserait plus se pro-
mener dans son jardin de Rieux sans être accompagné de douze fusiliers; il
priait en même temps M. de Garibal d'obtenir justice auprès du chancelier.
M. de Rebé témoigna à l'évêque de Rieux le plus vif désir d'embrasser
chaudement ses intérêts. « Je ne doute point, lui écrivait-il de Montpellier
« dès le II mai, que le clergé ne prenne votre fait 8c cause pour en avoir
« toute sorte de réparation, puisqu'il est certain que tout notre corps est inté-
(i ressé dans ces violences'. »
L'offense du marquis de Rabat donna lieu à de longues conférences entre
les treize prélats de l'assemblée. Comme l'évêque de Rieux ne s'était pas rendu
aux États, ce fut M. de Rebé qui fit le rapport de l'affaire Se qui demanda
une démarche collective auprès des puissances. Tous les évêques furent d'ac-
cord de donner à l'insulte un grand retentissement. Il fut décidé en consé-
quence que l'on écrirait, au nom du corps épiscopal, tant au roi qu'au duc
d'Orléans, au prince de Condé, au cardinal Mazarin, à M. de La Vrillière,
' Archives de la Hauie-Garonne. Fonds de l'évé- n. XLVIII, col. 176. — La lettre est datée de
ché de Rieux, n. 64. — Pièces justificatives, Montpellier, le 21 mai 1647.
1647
1647
:56 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
secrétaire des commandements de Sa Majesté j à M. de Guénégaud qui avait
les affaires ecclésiastiques dans son département, & à quelques autres person-
nages influents de la Cour, 8t qu'en même temps on solliciterait l'action
énergique des agents du clergé de France & des prélats qui se trouvaient alors
à Paris.
Toutes ces missives furent rédigées à Montpellier, avant la séparation des
États, & signées des treize évoques.
Dans la lettre au roi, ils dénonçaient en termes généraux la violence
commise par un gentilhomme du royaume contre un de leurs confrères,
déclarant cette injure » si extrême & si énorme qu'elle les avoit surpris &t
« épouvantés, ne pouvant s'imaginer que leur caractère que Dieu a rendu si
« vénérable Si que la piété & la justice des rois a toujours maintenu si con-
te sidérable parmi les chrétiens, eût pu être attaqué Se bafoué de la sorte sous
« son règne. » Ils invoquaient la mémoire de Louis XIII « si éclatant en
« piété, « les sentiments personnels d'Anne d'Autriche « la plus pieuse 8c
« zélée des reines, » demandant au roi pour le clergé la même protection que
Dieu, source unique des prospérités & des victoires, accordait au prince 8c au
royaume. Ils le suppliaient de faire connaître à l'auteur de l'attentat que c'est
« attaquer mortellement le roi lui-même que d'ottenser l'ordre ecclésiastique
c placé sous sa garde par l'autorité divine. »
Au duc d'Orléans, gouverneur de la Province, ils rappelaient qu'ils en
étaient « la plus considérable partie, tant par la dignité de leur caractère que
« par les respectueuses affections qu'ils avaient à son service, » 8c que de pres-
santes nécessités les contraignaient à recourir à sa justice « dans une occasion
« où des larmes Se des gémissements » vaudraient mieux que des paroles. Ils
affirmaient hautement que le corps épiscopal de Languedoc se trouvait atteint
tout entier par ces violences. « Nous nous sentons tous blessés, disaient-ils,
« en la personne de Monsieur l'évêque de Pvieux, 8c parce qu'il est notre
« frère. Se par la liaison particulière que nous donne avec lui cette Province,
« étant un des vingt-deux prélats qui ont l'honneur d'entrer dans cette com-
<( pagnie, présentement assemblée sous l'autorité du roi 8c la protection de
(( Votre Altesse Royale. » Ils terminaient en faisant appel à la naissance du
prince qui avait l'insigne honneur « d'être du sang le plus chrétien de tout
« le monde Si de tenir par tant de liens au fils aîné de l'Église de Dieu '. »
Au prince de Condé, commandant l'armée dans laquelle le marquis de
Rabat avait cherché son refuge, ils racontaient l'aventure dans le plus grand
détail, s'autorisant des témoignages de bienveillance 8c de protection que
Son Altesse leur avait donnés à son dernier passage en Languedoc lorsqu'ils
étaient allés le saluer en corps de Province, pour lui demander de prendre
en main la défense de l'Église 8c de l'ordre sacré des principaux ministres des
autels, dont la sûreté serait à jamais compromise si un aussi dangereux Si
scandaleux exemple demeurait impuni. Prévenant d'ailleurs avec habileté la
' PIccfs J'jUiJicstivc!, n. XLIX, col. 117. — Mcme dote que !n piccsJfnte.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. sSy
sympathie personnelle d'homme de guerre que le prince de Condê pouvait
avoir pour le coupable, ils ajoutaient : « Nous n'avons pas craint que Votre
Il Altesse protège ce crime ni son auteur, pourvu que nous l'eussions averti
« qu'il l'a commis... Nous savons que quelque brave Se généreux que puisse
« être ce gentilhomme au fait des armes, il ne peut paroître devant Votre
« Altesse que comme un objet de haine & d'horreur, étant excommunié 8c
« ennemi de Dieu. » Une heureuse allusion aux récentes victoires du prince
leur fournissait l'occasion de lui rappeler la protection spéciale dont le Dieu
des armées semblait le couvrir, ayant « toujours paru comme l'invincible 8c
« le triomphateur des nations, » marque évidente des faveurs de la Provi-
dence qui lui faisait une obligation plus étroite de châtier « l'ennemi de son
« Église 8c l'assassin de ses prêtres '. »
La lettre aux agents du clergé était conçue en termes extrêmement pres-
sants. Sans doute, M. de Bertier avait assez d'autorité de son chef 8c par ses
alliances, pour obtenir raison sans aucune assistance étrangère; mais il impor-
tait de considérer la gravité de l'exemple 8c de rassurer « l'ordre offensé griè-
« vement en sa personne. Ils priaient donc les agents de faire oflice au nom
« général de la Province, d'assembler au plus tôt tous les évêques qui se
« trouveroient à Paris 8c de leur demander des plaintes générales contre l'of-
« fenseur. « Vous savez. Messieurs, ajoutaient-ils, avec quelle vigueur le
« clergé de France, pour de légers affronts faits même à de simples prêtres',
« a fortement demandé 8c obtenu justice contre les plus grands seigneurs du
« royaume; vous n'ignorez pas les derniers exemples de notre juste zèle pour
u la conservation de la dignité de l'Église en pareils accidents. Il n'y en eut
« jamais de si outrageux que celui-ci, où non-seulement l'honneur, mais la
« vie d'un prélat a été attaquée dans sa propre maison. »
Quant aux prélats en Cour, dans la missive qui leur fut adressée, on insista
particulièrement sur l'utilité de l'union la plus intime entre tous les mem-
bres de l'épiscopat français. « Autrefois, des assemblées tenues en même temps
« en diverses provinces ont fait des conciles très-considérables par la seule
« correspondance des prélats qui les composaient. Il ne faut point douter que
« notre intelligence, quelque distance qu'il y ait entre nous, ne nous fortifie
« extrêmement... Personne désormais n'osera attaquer aucun de nous, si l'in-
« térêt de chaque particulier devient l'objet de la cause commune. »
Afin de rendre cette union plus évidente à tous les yeux, les prélats de
Languedoc demandaient à leurs confrères de communiquer par une lettre
circulaire à tous les évêques de France, les résolutions qu'ils auraient prises
sur cette grave question.
Toute cette correspondance fut envoyée en un paquet à M. de Beaure-
gard, agent du clergé à Paris, après avoir eu soin d'en expédier copie à
l'évêque de Rieux, afin de l'assurer plus parfaitement des actives sympathie*
de l'épiscopat languedocien.
' Lettre du ïj mai 1647. Puces justificatives, n. L, col. 175.
XIII. 17
1647
I
1647
258 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Lorsque l'abbé de Beauregard reçut les dépêches des évêques de Languedoc
contre le marquis de Rabat, il n'eut garde de donner à cette affaire le reten-
tissement qu'on s'en était promis à Montpellier'. Outre qu'un parti puissant à
la Cour se montrait ouvertement hostile à l'archevêque de Narbonne, &., par
suite, peu disposé à soutenir des réclamations dont M. de Rebé avait pris
l'initiative, le corps épiscopal , recruté en grande partie dans les familles
féodales dont les intérêts particuliers le divisaient, était loin de présenter
l'homogénéité que le clergé des États invoquait dans ses dépêches.
Le marquis de Rabat comptait un défenseur naturel parmi les hauts digni-
taires de l'Eglise de France. L'archevêque de Sens, Henri de Gondrin, était son
oncle. Ce prélat, qui se trouvait à Paris quand les réclamations y arrivèrent,
se hâta d'agir pour étouffer la querelle. Grâce à son intervention, le doyen
d'Alet, à qui les dépêches avaient été remises en main propre, n'en accusa
pas même réception à l'archevêque de Narbonne. On s'empressa, dans les pre-
miers jours du mois de juin, de réunir cinq évêques aux Augustins de Paris.
On y décida que les lettres des États n'iraient point à leur adresse, que toutes
démarches seraient arrêtées, &c que deux prélats, parents des deux parties :
l'archevêque de Sens, Henri de Gondrin, & l'évêque d'Utique, Pierre de Ber-
tier, coadjuteur de Montauban, travailleraient ensemble à un accommodement.
M. de Gondrin en donna lui-même avis, dès le g juin, à l'évêque de Pv.icux.
Il lui fit de grandes protestations de regret au sujet de l'action de son neveu,
déclarant qu'il était de ceux qui avaient le plus hautement condamné la
conduite du marquis. « J'ay senti en cette occasion, disait-il, que l'inclination
« que j'avois pour mon sang étoit beaucoup moindre que celle que j'ay pour
« mon caractère. » Mais il indiquait habilement dans un passage que « l'of-
« fense du marquis n'étoit qu'une suite de ce qui s'étoit passé contre lui à
« Montesquieu, Se que la qualité de l'injure qu'il y avoit reçue avoit fait
« trouver à Paris son ressentiment plus excusable. « Il suppliait M. de Ber-
tier d'accepter sa médiation dans une affaire « où les deux parties lui étoient
a trop considérables pour se pouvoir réjouir de l'avantage de pas une. »
Grande fut l'irritation de l'archevêque de Narbonne lorsqu'il apprit qu'on
avait intercepté ses lettres 8t que l'assemblée des Augustins s'était opposée aux
' François-Barthélémy de Beauregard, prieur de louse, travaillèrent ensemble à dresser un projet
Saint-Pierre de Romejan, au diocèse de Béziers, & de règlement pour la députation des diverses prc-
doyen de l'église cathédrale d'Alet, appartenait à vinces ecclésiastiques. Dans la séance du 20 juin,
la famille des barons de Lanta. Il avait déjà la Claude de Rebé remercia au nom de ses collègues
qualité d'agent général du clergé de France lors le cardinal du Plessis qui avait harangué le roi.
de l'assemblée de 1645, oii l'archevêque de Nar- « L'assemblée, dit-il, était particulièrement obligée
bonne & celui de Toulouse partagèrent la prési- à l'archevêque de Lyon de ce que, dans cette ren-
dence avec le métropolitain de Tours. L'épiscopat contre, tout en parlant avec le respect dû au roi,
languedocien joua un rôle considérable dans cette il avait gardé un tel & si judicieux tempérament
assemblée. Ce fut l'évêque d'Uzès qui fit la prédi- & avait si vigoureusement soutenu l'honneur, les
cation. L'évêque de Rieux fut chargé de la véri- intérêts & l'autorité du clergé, que la compagnie
fication des archives, avec l'abbé de Caminade; n'en perdrait jamais la mémoire'. «
Charles de Montchal & Victor de Frézals, prieur
de Portelet, conseiller clerc au Parlement de Tou- ■ Procès-verbaux du clergé de France, III, p. 122.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. îSq
poursuites. II fit part cle son mécontentement à M. de Bertier en termes très-
vifs. Il Avoir fait une assemblée pour éluder ses justes plaintes, c'est, disait-il,
« ce qu'on ne pourroit pardonner en ce monde ni en l'autre à des agents du
« clergé. « Il exprimait l'intention de hâter son voyage à Paris pour réparer
« un attentat qui n'étoit pas supportable, » 8<. marquait un profond ressenti-
ment contre le président de l'assemblée des Augustins. « Si nous nous ren-
« controns sur le trottoir avec lui , nous ne nous tairons pas de sa forme de
« procéder, & de quelle authorité il arreste les dépêches d'un si grand
« nombre d'évesques, &, ne lui en déplaise, qui sont assez considérables
« pour n'estre pas traités de la sorte'. »
M. de Rebé n'attendit pas son arrivée à Paris pour donner suite à l'affaire.
Ce fut l'abbé Tubeuf qui fut chargé des négociations. Il fit à cet effet un
voyage en Cour, 5c porta lui-même les dépêches du clergé des États. L'affaire
avait été si habilement étouffée par les partisans du marquis de Rabat, que
personne à la Cour, « depuis le plus petit jusqu'au plus grand, » n'en soup-
çonnait le premier mot. La reine Anne d'Autriche 8c le cardinal Mazarin
accueillirent avec grande bienveillance les missives épiscopales 8c se récrièrent,
en présence de l'abbé Tubeuf, sur l'extravagance du marquis, contre lequel
ils promirent toute justice 8c protection.
A la cour du duc d'Orléans, la réception fut très-différente. L'abbé de La
Pv.ivière, alors tout puissant sur l'esprit du prince 8< l'âme des intrigues qui
s'agitaient au Luxembourg, se plaignit que l'évêque de Rieux n'eût pas
adressé directement ses dépêches à Son Altesse pour iine affaire de cette
nature, 8c comme Tubeuf lui disait que les agents du clergé avaient tou-
jours été les correspondants naturels des évêques lorsqu'il s'agissait d'intérêts
ecclésiastiques, l'a-ljbé de La Rivière lui répliqua qu'il ne voyait là que l'his-
toire d'un valet battu, 8c que ce n'était vraiment pas la peine de faire inter-
venir le clergé pour un si mince motif. Il laissa voir, du reste, dans la suite
de l'entretien, des préventions assez aigres contre M. de Bertier, 8c lui repro-
cha, incidemment, de n'avoir pas voulu assister aux derniers Etats.
Gaston d'Orléans, à qui l'abbé Tubeuf remit la lettre en personne, se con-
tenta de répondre qu'on devait laisser cette affaire au cours ordinaire de la
justice 8c qu'il en parlerait à la reine ^. Le délégué des évêques languedo-
ciens éprouva alors quelque regret qu'on n'eût pas dépêché son collègue à
l'abbé cie La Rivière, « comme ayant plus d'habitude auprès de'lui. »
Quelques jours après, le cardinal Mazarin écrivit aux évêques de Lan-
guedoc pour les assurer que justice serait rendue. Et, le 7 septembre, l'abbé
Tubeuf faisait espérer à M. de Bertier qu'il serait en liberté de faire exécuter
tous les arrêts du Parlement de Toulouse contre le marquis de Rabat, sans
craindre d'en être empêché par les ordres de la Cour; mais il ne lui cachait
pas l'hostilité persistante de l'abbé de La Rivière.
' Lettre du 14 juin 1647, datée de Narbonne. ' Lettre du 10 août 1647. Pièces justificatives.
Pièces justificatives, n. LV, col. idS. n. LVI, col. 189.
1647
i6-,7
260 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
Lorsque M. de Rebé alla saluer la régente au nom des Etats de Lan-
guedoc, Anne d'Autriche lui parla d'elle-même de la grande affaire du mar-
quis de Rabat Se lui promit une entière satisfaction. Mais les effets de ces
assurances devaient encore se faire attendre.
Tandis que M. de Bertier poursuivait son offenseur 8c faisait entrer tout
le haut clergé de France dans sa querelle, l'évêque d'Albi, Gaspard de Daillon
du Lude, 8c les catholiques de son diocèse, obtenaient un triomphe signalé
dans l'œuvre de propagande contre l'hérésie.
Le 3 octobre 1647, la petite église de Lasgraisses auprès d'Albi fut témoin
d'une abjuration solennelle. Le nouveau converti était un vieillard de
soixante-dix ans, filleul d'Henri IV, né au milieu des guerres civiles, 8c dont
la vie avait été mêlée aux plus actives intrigues du parti protestant. Il s'ap-
pelait Henri de Bourbon, Se réunissait les titres de marquis de Malauze Se de
vicomte de Lavedan.
La branche des Bourbons-Malauze avait commencé vers la fin du quin-
zième siècle par un fils naturel du duc Jean de Bourbon, connétable de
France, 8c de Louise d'Albret, dame d'Estouteville. Ce fils, un des cinq
bâtards du connétable, porta comme toute sa lignée les trois fleurs de lis d'or
en champ d'azur avec la brisure qui trahissait l'irrégularité de son origine.
Gratifié d'abord de la baronnie de Caudesaigues, il acquit, par son mariage
avec une fille de Gaston du Lion, sénéchal de Toulouse, la terre de Malauze,
en Guienne, dont ses descendants gardèrent le nom. C'était un fief situé sur
le faîte d'une ligne de grands plateaux à droite de la Garonne, un peu en
aval du triangle de verdure que forme le confluent du Tarn, 8c qui est une
pointe avancée du territoire de Languedoc entre la Gascogne Se le Querci.
Les Malauze étaient une race guerrière. L'un d'eux combattit les Anglais
en Picardie Se se fit prendre plus tard à Pavie avec François I. Au seizième
siècle, ils embrassèrent la réforme Se mirent leur humeur belliqueuse au ser-
vice des nouvelles opinions. Le père du marquis de Malauze servait comme
lieutenant dans les gendarmes d'Henri IV, encore simple roi de Navarre,
lorsque sa femme, Françoise de Saint-Exupéry, de la maison des seigneurs
de Miremont en Auvergne, lui donna un fils dont le Béarnais voulut être le
parrain.
Henri de Bourbon-Malauze fut tour à tour capitaine de cinquante hommes
d'armes 8e maréchal des camps Se armées du roi. Il tenait de l'héritage de sa
mère des possessions Se par suite une influence personnelle en Rouergue : son
propre mariage le rendit considérable en Albigeois, Marie de Châlon lui
ayant apporté en dot le château de La Case qui devint dès ce moment une
des principales résidences de sa famille'.
Ce château était bâti dans le diocèse de Castres, entre Vabre 8c Lacaune,
au cœur d'un pays sauvage Se profondément accidenté. Il s'élevait au détour
d'une vallée tortueuse dont les eaux vont se jeter dans l'Agout.
' P. Anselme, Histoire gcncalogiijuc & chronologique de la maison de Bourbon.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 261
Diverses paroisses, dispersées dans toute la gorge, depuis l'Agout jusqu'aux
sommets où le ruisseau prend sa source, au-dessous du bois de Montroncoux,
dépendaient de la même seigneurie qui était un arrière- fief du comté de
Carcassonne.
En 16:;, le duc de Rohan utilisa l'autorité qu'assurait au filleul d'Henri IV
sa grande situation territoriale dans la contrée, en lui donnant commission
pour présider aux colloques d'Albigeois & de Rouergue.
Quand la vieillesse fut arrivée, la marquis de Malauze vécut retiré dans ses
terres, tandis que son fils aîné Louis, continuant ses traditions militaires,
guerroyait en Vivarais & en Roussillon', faisait la campagne de Flandres
avec le duc d'Orléans, 8c payait de sa personne aux sièges de Gravelines &
de Mardick. Les services du fils furent récompensés au mois d'avril 1647 par
l'érection de la terre de La Case en comté, les châtellenies de Vabre Se de
Viane & le bourg & château de Gijounet y étant annexés pour former un
fief unique^. Cependant le père soutenait d'autres combats.
Durant les dernières années de sa vie, le clergé catholique essaya de tra-
vailler à sa conversion. M. du Lude, qu'inquiétait le voisinage d'une famille
protestante aussi hautement apparentée, y prit un intérêt fort ardent-'. La
victoire fut lente & difficile. Le vieux marquis résista longtemps à toutes les
obsessions. Il était à bout de forces 8c déjà sous l'influence du mal qui devait
l'emporter, lorsqu'il consentit à donner à ses vassaux de Lasgraisses le spec-
tacle de son abjuration. F.nsuite il alla s'éteindre dans le château de Sanchc-
marans en Querci, où il ferma les yeux trois mois après, le dernier jour de
l'année^.
Cette conversion n'eut pas d'action directe sur les autres membres de la
famille à qui l'avenir réservait encore une action assez bruyante sinon très-
effective dans les annales du protestantisme militant.
Il ne se passa rien de fort remarquable dans la session des États, où les
plaintes de l'évêque de Rieux émurent à vin si haut point le corps cpis-
copal tout entier. Le maréchal du Plessis y parla sévèrement de la résistance
qu'avaient faite les deux dernières assemblées. « L'autorité du roi y a été,
« dit-il, notablement blessée. » Il qualifia de petits secours les sommes extra-
ordinaires demandées par le gouvernement, &c les opposa aux grands prépa-
ratifs de guerre qui les justifiaient. Il reconnut que, depuis plusieurs années,
l'ancienne opulence du Languedoc n'était plus reconnaissable, mais il amoin-
drit la portée de cet aveu en ajoutant que, si l'on comparait les maux 8c les
biens de la Province à ceux des autres parties du royaume, ses réclamations
paraîtraient inadmissibles-'.
' Aux sièges de Privas, de S;ilses & de Leucate. * P. Anselme, Histoire généalogique & chronolo-
' Les seigneuries des Bourbon- Malauze en Albi- g'iue de la maison de Bourbon.
geois étaient Gijounet, Viane, La Case, Rocairol, * Nous publions le texte de la harangue publié*
Vabre, Lasgraisses, Roumegoux, Réalmoni, Le- par le maréchal du Plessis, Pièces justificatives,
dergue, Chaudesaigues, Miremont & Favas. n. XL, col. 1,^6.
' Gallia christiana. Ëcclesia Albiensis.
10^7
.647
262 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le conseiller d'État René de Voyer d'Argenson fut le principal orateur
ministériel. Son discours visa directement l'esprit d'opposition qui s'était
manifesté, en des circonstances récentes, chez les membres du Parlement, de
la Cour des comptes & des Etats provinciaux. « L'un des plus beaux présents
« que Dieu ait fait aux hommes, dit-il, est celui de la liberté; mais ils en
« font mauvais usage quand ils agissent par leurs mouvements propres. « Le
mal serait médiocre si le désordre n'était commis que par des particuliers
n'ayant point de part aux affaires; il devient très-grave lorsque les plus
grands d'un État en donnent l'exemple. Les Parlements, les assemblées pro-
vinciales, toutes les puissances au-dessous de la souveraine doivent obéir
sans difficulté. Il n'est pas permis aux sujets d'examiner si ce que veut le
monarque est juste ou non; la vérification même des édits par les cours supé-
rieures n'a pour but que le maintien de l'autorité. Quant au consentement
des États nécessaire pour les impositions de la Province, c'est vine exception
à la règle générale du royaume. Cette liberté même, « qu'il est raisonnable
« de conserver, » augmente les obligations du pays.
Sur les détails de la guerre d'Espagne, Voyer d'Argenson glissa rapidement,
mais il répondit aux mauvais propos qui étaient venus de Catalogne & qui
avaient déterminé la révocation, le rappel & l'emprisonnement du maréchal
de La Mothe Houdancourt ', & mit en relief les sentiments français de la
régente. « Ceux de la Maison d'où elle est sortie, dit-il, s'en plaignent & en
« ressentent les effets. «
Enfin, l'orateur tira grand parti de la sédition de Montpellier, de la néces-
sité d'en faire perdre le souvenir, & fit valoir les énormes sacrifices qu'exigeait
la réduction d'ennemis superbes, obstinés à ne jamais s'avouer vaincus tant
qu'il leur resterait quelque chose à perdre^.
La réplique de l'archevêque de Narbonne, Claude de Pv.ebé, ne manque
point d'intérêt. Le prélat compare le traitement des pays nouvellement con-
quis à celui que subissent les peuples de la Province, comparaison toute au
désavantage des anciens sujets de la couronne, pour lesquels on ne garde
aucun ménagement. En terre étrangère, l'indiscipline des troupes fran-
çaises est vigoureusement réprimée, tandis qu'on la tolère à l'intérieur. Rebé
remercie le gouvernement d'avoir, après un long délai, travaillé à effacer les
suites de l'émeute de Montpellier 8t de mettre les innocents à couvert, sans
avoir peut-être châtié tous les criminels.
Quant aux résolutions prises dans les sessions précédentes, il n'hésite pas
' Le maréchal de La Mothe Houdancourt, vice- & par haine contre un parent de M. des Noyers,
roi de Catalogne,- se plaignait, disait-on, indis- Le visiteur général Pierre de Marca eut ordre de
crètement qu'on l'abandonnait, qu'on le sacrifiait s'informer de la vérité de ces rapports, & c'est à la
exprès aux ennemis, qu'on détournait ou qu'on suite de cette enquête que le maréchal fut rappelé,
retardait tous les fonds & toutes les remises qui arrêté à Lyon & détenu à Pierre-Encize '.
lui étaient destinées ; que la reine entrait dans ces ' Voir le discours de M. d'Argenson aux Pièces
sentiments avec une passion secrète de rendre au justificatives, n. XLI, col. 148.
roi d'Espagne tout ce que nous avions pris sur lui,
que le cardinal Mazarin sy portait par jalousie . Aubery, Histoire du c.irMnal Ma;arin. 111. p. (,.i.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZAIllN. 263
à les défendre, exposant librement la conduite des Etats, « k la censure des
« juges les plus rigoureux. & les pjus critiques du royaume. « La Province
n'a fait qu'user de son droit en refusant des secours qui dépassaient entière-
ment ses moyens. « A quoi servirait-il de nous assembler, si nous n'avions
a rien à résoudre? » 8c pourquoi demander ce que l'on croit pouvoir exiger
avec violence St contre la justice'?
L'archevêque posait en ces derniers mots une question fort embarrassante
pour les commissaires du roi, si embarrassante qu'elle n'a jamais été résolue
pendant toute la durée ultérieure des Etats de Languedoc, l'autorité ministé-
rielle s'étant contentée de rendre impossible de fait la résistance de l'assemblée
provinciale, en s'assurant des suffrages par mille voies détournées, sans oser
détruire pourtant ces formes traditionnelles de régime représentatif qui fai-
saient l'orgueil de la Province. Seulement, dans la période du grand dévelop-
pement monarchique, les présidents des Etats se montrèrent moins indiscrets.
Après avoir demandé jusqu'à neuf millions, les commissaires royaux se
résignèrent à n'en recevoir que trois, dont le payement devait être effectué
en plusieurs années^.
Parmi les faits particuliers de la session, nous citerons un point de la
discipline intérieure des Etats, qui fut réglé sur la réclamation du capitoul
de Toulouse, Anne de Ferrières. On sait qu'à la suite de l'insurrection de
Montmorency plusieurs barons des Etats, coupables d'y avoir pris une part
active, furent privés de leur droit d'entrée à l'assemblée provinciale; pour ne
point laisser de sièges vides, les baronnies de Magalas, de Lecques, de Ver-
dalle 8c de Fabrezan furent créées. Mais lorsque les barons dépossédés eurent
recouvré la faveur souveraine, soit après la mort de Richelieu, soit après
celle de Louis XIII, ils obtinrent la révocation des lettres patentes qui les
dépouillaient; seulement les nouvelles baronnies ne furent pas supprimées,
de sorte que la proportion classique du nombre des votants appartenant aux
trois ordres se trouva notablement modifiée.
Anne de Ferrières exposa que, depuis l'organisation des États, le banc de
Messieurs de la noblesse n'avait jamais été rempli que par vingt-deux barons
ou envoyés, que la réponse au septième article du cahier des doléances de
1644 défendait aux nouveaux barons d'envoyer des procureurs fondés à leur
place; que, cependant, l'assemblée s'était laissé surprendre 8c avait reçu des
gentilshommes pourvus de ces procurations interdites; qu'ainsi le nombre des
représentants du tiers état cessait d'être égal à celui des deux autres ordres
réunis. On compulsa les anciens règlements, on donna lecture de la réponse
au cahier, portant que les nouveaux barons n'entreraient pas lorsque les
vingt-deux anciens siégeraient en personne, mais que, dans le cas contraire,
' Discours Je M. de Rebé. Pièces justificatives, missaires du roi & les Etats; on trouvera les prin-
n. XLII, col. iSy. cipales harangues dans nos Pièces justificatives,
' Nous épargnons à nos lecteurs le tableau mo- n"» XLIII, col. i6.'>; XLIV, col. 166; XLVI, col.
notone des négociations intervenues entre les coin- 1 yS ; XLVII, col. 1 74.
1647
~ 264 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ils auraient la préférence sur les envoyés, & il fut résolu de solliciter la sup-
pression définitive des (juatre baronnies'.
Nous ne nous arrêterons pas sur les plaintes relatives aux violences des
gens de guerre; la condition de la Province était à cet égard tellement misé-
rable que chaque année voyait la reproduction des mêmes doléances,
L'évêque d'Uzès ayant obtenu du commandant en chef une dispense de
logement de troupes en faveur d'un village de ses domaines, en fit porter
copie au baron d'Anduze qui venait y prendre ses cantonnements. Le baron
se saisit des émissaires de l'évêque 8c les garda onze jours en j^rison.
Dans le bourg d'Azilhan, on vit des cavaliers du régiment de Mérinville
se servir d'une statue de Notre-Dame en guise de cible & décharger tour à
tour leurs pistolets sur la tête de la Vierge & sur celle de l'Enfant*.
L'évêque d'Uzès dénonça aussi vme pratique assez étrange qui s'était
répandue en divers diocèses de la Province & qui aboutissait à la surcharge
du pays. Les pères de la Merci, sous prétexte de rendre leurs quêtes plus
fructueuses pour la rédemption des captifs, avaient obtenu une déclaration
du roi & un arrêt du conseil accordant aux « bassiniers » ou quêteurs affiliés
à leur ordre les privilèges les plus étendus : exemption du logement des gens
de guerre, dispense des fonctions municipales, des charges de collecteurs, de
séquestres, de tuteurs & de curateurs. En un temps où les communes se
trouvaient accablées d'impositions, de pareils avantages ne pouvaient être
dédaignés. Il n'était pas rare que plusieurs habitants d'un même lieu par-
vinssent à se faire délivrer des commissions de bassinier, ce qui alourdissait
d'autant le fardeau rejeté sur leurs compatriotes-'.
Près de neuf mois de négociations & de pourparlers n'avaient pu terminer
le différend de l'évêque de Pvieux & du marquis de Pv.abat, quand ce gen-
tilhomme, auprès de qui les plus hauts personnages de la Cour s'étaient
■ Procès-verbnl des États. Séance du 17 avril délibéré qu'on priera Mcsseigneurs les Evêques de
1647. Nimes & d'Uzès, les sieurs députés de Nimes &
' Procès-verbal des Etats. Séance du 3 juin 1647. d'Uzès & le sieur de Joubert, syndic général, de ie
' Procès-verbal des Etats. Séance du 1 i mai 1647. porter sur les lieux pour juger à peu près ce qu'il
Voici encore une délibération de la session qui faudroit pour empêcher son entière ruine, à la
mérite d'être conservée. veille de laquelle il est, afin d'en donner avis à Sa
« Monseigneur l'Evesqiie de Nismos ayant re- Majesté & lui demander par les députés du pays en
présenté à l'assemblée qu'une des plus belles & Cour de quoy conserver une des plus grandes & bel-
anciennes antiquités de la Province étoient les les antiquités de son royaume, Se qu'on tâchera par
Arènes, qui pourroient estre mises en leur an- tous les moyens de descouvrir entre les mains de
cienne beauté sans qu'il en coustât rien au Roy quels bourgeois de la ville du Saint-Esprit le sie:ir
ny à la Province, & qu'il savoit mesme un moyen de Saint-Privas s'est dessaisy par ordre de M. des
pour rembourser les particuliers qui avoient basti Noyers du fonds de i5oo livres qui luy avoient
dans icelles, a esté arresté que par les députés du été baillées pour la réparation du pont du Gard,
pays en Cour Sa Majesté sera très-humblement St que ladite somme sera retirée si l'on peut Se
suppliée d'agréer & consentir aux propositions employée, attendant un plus grand secours de Sa
qui lui seront faites pour le rétablissement des Majesté, & qu'on en fera la demande à M. dé La
Arènes en remboursant les particuliers, "N'rillière'. »
Il Et parce que le pont du Gard n'est pas moins
à considérer, mais de trcs-gvande dépense, a été ■ Pi ceci vcrb.îl des Éiats. Soancc du 26 avril 1647.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 205
entremis, déclara s'en remettre au jugement des archevêques & évêques de
Languedoc pour les réparations dues à M. de Bertier.
Levêque de Rieux reçut une lettre de cachet du roi, datée de Paris, le
23 janvier 1648, qui l'informait de cette résolution 8c lui prescrivait d'y sous-
crire lui-même, lui assurant que le respect & l'honneur dus à sa personne y
trouveraient satisfaction. Une dépêche royale, adressée collectivement aux
évêques de Languedoc réunis en assemblée d'Etats, leur expliqua la volonté
du souverain.
Malgré la promesse du marquis, les décisions de l'épiscopat languedocien ne
furent pas entièrement acceptées, & pour terminer une querelle qui menaçait
de s'éterniser, M. de Bertier consentit à réduire les exigences de ses confrères.
On prépara donc une entrevue solennelle de l'offensé 8t de l'offenseur; ils
se rencontrèrent à Grenade, en présence d'une nombreuse compagnie, afin
de donner aux excuses un plus grand éclat. Se le marquis fit à l'évêque un
aveu formel de ses torts dont la formule, rédigée par écrit, demeura dans les
archives de l'évêché.
« Monsieur, disait-il, je n'ai jamais été plus sensiblement affligé qu'après
« avoir reconnu l'ottense que je vous ai faite, & le regret que j'en ai conçu ne
« peut être diminué que par la joie que je ressens de vous pouvoir demander
« pardon comme je fais, St par l'honneur que je reçois en vous voyant de
« satisfaire au respect qui vous est dû. Je sais que l'offense que je vous ai
« faite en la personne d'un homme qui se dit être votre domestique est
« grande} mais ma douleur n'est pas moindre, 81 je vous supplie humble-
« ment de me pardonner cette faute 8<. de croire que, quelques paroles ou
« actions qui vous aient pu être rapportées, j'ai tout le respect pour votre
« personne aussi bien que pour votre qualité, à quoi je me reconnois obligé»
K vous assurant, Monsieur, qu'en me faisant l'honneur que je vous demande
« d'oublier 8t me remettre ces offenses, je serai très-obligé à votre bonté Si à
« la faveur que vous me ferez, laquelle je tiendrai à grâce, & serai toujours
« avec respect votre serviteur très-humble '. »
L'évêque répondit avec bienveillance 81 promit de tout oublier. L'humilia-
tion de. cette scène St la violence qu'il avait dû taire à son caractère agirent
sur la nature du montagnard avec tant de puissance qu'il laissa échapper
d'abondantes larmes.
L'abbé Tubeuf, qui avait été un des principaux négociateurs dans la que-
relle, félicita M. de Bertier de ce dénoûment. <' Vous avez fait voir, lui écri-
« vit-il le 22 mai, que notre Mère Sainte Eglise est bonne 81 qu'elle pardonne
« volontiers où elle voit le repentir. 11 faut que le marquis de Rabat ait été
« bien touché de S3 foute. puis([ue ses \eux ont donné de si sensibles mar-
H ques de sa douleur. Je ne doute plus, après cela, de son pardon. Vous en
« devez être satisfait, 81 toute l'Église en vous'. »
■ Pièces juitificatives, n. LIX, col. 192, 'Archives de la Hautc-Garoiiile. Fonds de l'évc-
clié de Rieux, n. 54.
1647
1.66 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
CHAPITRE V
Union des cours supérieures. — Suppression des intendants. — Convocation des États généraux du
royaume. — Affaire de l'équivalent. — Manœuvres électorales. — Assemblée de Gaillac. — Affaires
de religion. — L'évéque du Puy. — Chute de l'abbé de La Rivière. — Troubles de Nimes. — Lutte
entre le Parlement & les Etats. — Arrêts contre Mazarin. — Commissions extraordinaires. — Plaintes
du clergé de France. — Montchal 8c Marca. — Guerre de Guienne. — Accord des Etats & du Parle-
ment. — Désordres locaux. — Peste. — Mouvements militaires. — Disgrâce du duc d'Orléans.
On a pu remarquer, dans le langage tenu aux États de Languedoc par les
divers commissaires du roi, depuis le commencement de la régence, une
préoccupation particulière qui perce à travers les formules imagées de leur
rhétorique ; c'est le besoin de faire la théorie du pouvoir absolu, de trouver
des maximes pour justifier les exigences du ministère, de donner à la puis-
sance royale une base surnaturelle. Cette insistance est à elle seule un symp-
tôme éclatant de l'évolution qui commençait à se faire dans les esprits. On
n'affirme pas avec cet acharnement ce qui n'est point discuté. D'ailleurs, ces
discours sont remplis d'expressions nouvelles, d'aphorismes sur le caractère
des diverses formes de gouvernement qui marquent déjà une involontaire
concession au sens critique.
Le cardinal de Retz prétend que la reine Anne d'Autriche, en faisant poser
au Parlement de Paris, le i5 février 1648, cette question redoutable : « Le
« Parlement se croit-il en droit de limiter l'autorité du roi?» leva impru-
demment « le voile qui doit toujours covivrir tout ce que l'on peut dire 8c
« tout ce que l'on peut croire du droit des peuples & de celui des rois, qui
« ne s'accordent jamais si bien ensemble que dans le silence. » Les conseillers
d'Etat portant la parole au nom du ministère dans les assemblées provin-
ciales de Languedoc n'avaient pas attendu cette date pour agiter ce problème
dangereux. Naturellement, leur solution était franche; ils établissaient sans
ambages que les souverains disposaient d'un pouvoir supérieur à l'humanité.
« Il ne faut point douter, disait M. d'Argenson, que Dieu ne se mêle fort
« avant dans les commandements des princes &. qu'il n'inspire leurs volontés
« comme celles de leurs ministres'. » Aussi l'obéissance leur est-elle due, lors
même qu'elle paraît dure & qtt'on n'en peut comprendre les motifs; il faut
obéir aux rois même fâcheux & déréglés. Comme « Dieu inspire lui-même
<( les secrets de ses volontés aux princes qu'il fait souverainement régner par
« sa grâce, » il se réserve aussi à lui seul le droit de les juger. Toute appré-
ciation de la conduite du prince par ses sujets est un acte d'impiété.
Deux ans avant, M. d'Aligre avait exalté le gouvernement monarchique
comme « le plus naturel, le plus conforme à l'ordre du monde & à celui de la
" première puissance du ciel ^, » & il ne semblait guère pardonner à « l'appa-
' Piiees justificatives, n. XLI, col. 132. ' Pièces justificatives, il. XXIX, col. 106.
, LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARFN, 267
« rence d'autorité partagée, » offerte par les États provinciaux, qu'en mon-
trant à leur tête un président-né & non électif.
Ces argumentations étaient périlleuses; les orateurs ministériels « profa-
« naient le mystère, » pour employer encore une expression du cardinal de
Retz. Ils préparaient le moment où Omer Talon pourrait dire, en protes-
tant contre l'usage des lits de justice : « Un tel gouvernement despotique 8c
« souverain seroit bon parmi les Scythes & les barbares septentrionaux, qui
K n'ont que le visage d'homme; mais en la France, le pays le plus policé du
« monde, les peuples ont toujours fait état d'être nés libres & de vivre en
« vrais François. «
Quelquefois, il est vrai, les commissaires du roi étaient mieux inspirés; ils
évoquaient le nom de la patrie, le droit de l'État, 8c cherchaient à représenter
le souverain comme une personnification vivante de la nation, &c l'archevêque
de Narbonne se permettait même d'indiquer des obligations réciproques liant
le souverain à ses sujets'. Curieux témoignage du travail qui se faisait dans
toutes les intelligences 8c qu'un des acteurs les plus engagés au milieu du mou-
vement, le même cardinal de Retz, a décrit en quelques phrases saisissantes*.
Rien ne ressemble moins, on le voit, à l'idée frivole éveillée, en général,
parle mot de Fronde que la gravité de ces questions fondamentales sur l'ori-
gine 8c les limites de l'autorité des princes, sur leur droit à l'obéissance, telles
qu'elles s'imposaient déjà, cent cinquante ans environ avant la chute de la
monarchie. La frivolité se rencontrait, en effet, dans ce haut personnel de
la Gourde France, où les intrigues de galanterie alternaient avec les plus
graves préoccupations d'État, mais elle n'était point dans les causes de ce
grand malaise, dans cette inquiétude universelle, dans cet effarement d'esprits
cherchant la terre ferme, ne pouvant l'atteindre, 8c comme épouvantés du
vide où les jetait l'anéantissement des vieilles fictions.
Ce qui devait rendre, stérile cette grande fermentation de l'esprit public, ce
qui préparait le temps d'arrêt des règnes de Louis XIV 8c de Louis XV, la
suspension prolongée d'un essor qui, dès 1648, semblait conduire droit à 1789,
ce fut l'insuffisance des personnages importants qui exercèrent une action sur
les événements publics. La cause du pays était grande 8c noble; les cham-
pions intermittents qui la soutinrent furent petits 8c mesquins, fort au-dessous
de leur rôle, 8c, par l'inconséquence de leur conduite, par la prédominance
des mobiles secondaires, par la tyrannie des intérêts privés, ils causèrent à la
France une telle lassitude que l'établissement d'un despotisme silencieux mais
réglé dut lui paraître un bieniait, Se que les espérances d'une représentation
nationale sincère, caressées pendant deux ou trois ans, s'endormirent pour un
siècle 8c demi. •
Nos lecteurs connaissent les prétentions du Parlement de Toulouse, le rêve
où il s'était complu, depuis la mort de Richelieu, de reconquérir, dans le
' Pièces justificatives, n. XXX, col. 1 14. %'tffata, l'on cria, l'on se les demanda le peuple
' « On chercha en s'éveillant, comme à tâtons, entra dans le sanctuaire'. »
Us lois du royaume; on ne les trouva plus, Ton ' Mcmoires du cardinal de Heti.
1648
i6^3
268 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC. •
Languedoc tout entier 8c dans une partie de la Guienne, l'autorité presque
universelle qu'il s'était attribuée grâce au désordre des guerres & à la faculté
d'empiétement que donne un esprit de corps énergique. Autorité fort inégale,
du reste, 8c fort incomplète dans son application, très-impuissante surtout
pour le maintien de l'ordre; car, si la cour exerçait un pouvoir réel dans le
lieu de sa résidence Se dans les villes qu'elle tenait par l'intermédiaire d'évê-
ques attachés à sa cause ou de subalternes dévoués, elle manquait absolument
de moyens d'action dès qu'elle essayait de sortir du cercle immédiat de son
rayonnement. Tandis que ce majestueux sénat affectait de se représenter,
dans les cérémonies du palais, comme ayant entre ses mains le dépôt de l'au-
torité royale, rien n'était plus fréquent que l'impunité des coupables frappés
par ses sentences. Dans les pays de montagnes, où les crimes contre les
personnes étaient fréquents 8c où certaine brutalité de mœurs féodales
existait encore, les condamnations capitales de la cour souveraine étaient peu
redoutées. 11 aurait fallu, pour s'assurer de la personne des criminels, une
force armée régulière obéissant aux réquisitions légales de la justice. Cette
force n'existait pas, au moins en nombre suffisant, 8c comment s'assurer
d'ailleurs de son obéissance? On citait dans les Pyrénées ou dans les gorges
du plateau central tels gentilshommes campagnards condamnés pour homi-
cide qui n'avaient pas même quitté leurs maisons des champs. Les huissiers
de la cour assez hardis pour apporter des significations ou des contraintes
dans ces régions sauvages n'étaient pas certains d'en revenir, ou du moins en
revenaient battus. De sorte qu'avec un grand appareil de puissance, un
déploiement de magnificence presque royal, le Parlement de Toulouse, qui
croyait pouvoir tout régler, qui rendait des ordonnances sur le cours des mon-
naies, qui établissait ou levait des prohibitions commerciales, qui disposait
des chaires de l'Université, qui allait jusqu'à réglementer la toilette des
femmes 8c qui discutait les actes de politique générale les plus étrangers à sa
compétence, ne parvenait même pas à remplir sa véritable fonction, à rendre
efficacement la justice; il forçait un avocat, pour opposition électorale, à
paraître sur la sellette les fers aux pieds, 8c il était réduit à laisser des cen-
taines d'assassins ou de brigands, condamnés sur ses registres, battre l'estrade
à quelques lieues du palais. Ajoutez à ces causes d'impuissance les difficultés
sans nombre qui naissaient de la pluralité des juridictions bannerettes 8c des
prisons seigneuriales. Avec les transformations qui s'étaient opérées dans la
vie de la noblesse, vivant à la Cour de France, suivant les armées ou habi-
tant de beaux hôtels dans les villes, la persistance du système judiciaire féodal
entraînait les conséquences les plus déplorables. Outre l'incapacité des juges
qui, pour un maigre salaire, consentaient à s'enfermer dans quelque village,
les conditions d'installation matérielle n'offraient pas la moindre garantie.
Rien n'était plus commun, — les commissions d'enquête expédiées à diverses
reprises en rendent témoignage, — que les prisons en ruines, dont les portes
ne fermaient point. Les mêmes anomalies, causées par la destruction lente
d'un ordre ancien que l'ordre nouveau n'avait pas encore remplacé, se repro-
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 269
duisaient clans tous les détails de la vie civile. Il s'opérait comme un immense
effondrement de la vieille société, une dislocation partielle, progressive, inces-
sante, à laquelle rien n'échappait.
Les Parlements étaient eux-mêmes, sans en avoir conscience, emportés par
ce mouvement irrésistible; ils le servaient à certains égards, ayant, comme
tous les corps, une assez grande clairvoyance pour les abus dont ils ne
bénéficiaient pas, mais ils le combattaient avec un acharnement intraitable
lorsque leurs privilèges menaçaient d'être atteints par les réformes. Voilà ce
qui explique les contradictions si frappantes que l'histoire signale dans la
conduite de ces compagnies, leurs accès d'audace & d'imprudence, leurs
timidités 8< leurs reculs soudains quand elles s'aperçurent que les grands
changements de l'État, revendiqués par elles, tourneraient à leur propre détri-
ment; rôle funeste, qu'elles ont joué jusqu'à la dernière heure, & qui n'a
pas médiocrement contribué à précipiter la ruine de la monarchie.
La reine Anne d'Autriche, comme le personnel de sa Cour, était peu favo-
rable au monde parlementaire, qu'elle traitait de «canaille',» ne pouvant
souffrir de le voir prétendre à la réformation de l'État.
Les démarches des parlements provinciaux ne l'avaient guère inquiétée,
& le cardinal Mazarin ne s'en alarmait pas non plus outre mesure, connais-
sant les contre-poids naturels de ces puissances tourmentées. Il savait parti-
culièrement qu'en Languedoc l'assemblée des trois ordres offrait un point
d'appui sérieux, que l'on pouvait, au besoin, soutenir des oppositions muni-
cipales, 8c que la noblesse guerrière, violemment hostile aux gens de robe,
mettrait des bornes à leur ambition.
La situation devint plus grave lorsque le parlement de Paris prit la tête de
la résistance, sollicita des arrêts d'union, 5c, se faisant l'écho des plaintes
universelles contre les partisans, obtint la révocation du surintendant des
finances Particelli d'Emery, que la haine publique désignait comme le prin-
cipal auteur des innovations fiscales.
Le i3 mai 1648, le parlement de Paris, qui, dès le mois de janvier, avait
manifesté des sentiments hostiles au ministère en prenant parti pour les maî-
tres des requêtes lésés dans la propriété de leurs charges, fit une démarche
capitale en déclarant unir ses intérêts à ceux du grand -conseil, de la
chambre des comptes, de la cour des aides, pour s'opposer au retranche-
ment de quatre années de gages*.
Cette résolution, déterminée par une défense d'intérêts purement privés,
devint le point de départ de tous les mouvements qui devaient troubler le
royaume pendant près de cinq années. Dès la première heure, le chancelier
de France comprit toute la portée d'une pareille démarche. En gourmandant
la cour de Paris, il lui prédit fort exactement les événements qui étaient à la
■ L'expression est rapportée par Madame de * Aubery, Histoire du cardinal Mazarin, IV
Motteville. La reine, dit-elle, s'indignait « que p. 249.
« cette canaille s'ingérât de réformer l'Etat', u
' Mémoires de Madame de Motteville.
1648
1648
lyo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
veille de s'accomplir. Le goût des assemblées ne se bornerait pas aux compa-
gnies judiciaires : « Les ecclésiastiques, dans les provinces, en abuseroient
« indubitablement ainsi que les villes &. les communes... la monarchie, qui
« consiste dans l'unité, Si dans un point indivisible, seroit blessée infaillible-
« ment par cette licence '. »
Mais le courant ne pouvait plus être contenu. Le 3o juin, la question
essentielle que le Parlement de Tçulouse avait soulevée dès 1643, l'objet
éternel de ses rêveries, fut débattue dans la conférence tenue par les officiers
du Parlement de Paris, du grand conseil & de la chambre des comptes; on y
arrêta deux articles : révocation des intendants de justice & de toutes les
commissions extraordinaires; rétablissement des anciennes formes pour la
levée des tailles.
Quelques jours après, il fut décidé par les mêmes magistrats que toutes
les ordonnances 8c tous les jugements rendus par les intendants seraient
déclarés nuls.
Le chancelier de France, en présence de la reine, défendit l'institution
attaquée^; mais l'énergie de Richelieu eût été nécessaire pour résistera la
pression universelle.
Le i3 juillet, parut une déclaration du roi qui portait révocation de toutes
les commissions extraordinaires. Parmi les commissions supprimées figuraient
en termes exprès celles des intendants de justice, police & finances. Cette
révocation était justifiée par le désir d'alléger les souffrances d'une longue
guerre, de porter remède aux abus qui s'étaient insensiblement glissés dans
la levée des deniers royaux & de sauvegarder l'intérêt des officiers ordinaires
qui se trouvaient, depuis les nouvelles mesures, privés de la principale fonc-
tion de leur charge. Afin d'éviter les embarras qu'un changement brusque
aurait occasionné dans le service, rien n'était modifié dans l'assiette des impo-
sitions de l'année courante, réglées & en partie levées dans toutes les géné-
ralités du royaume par les ordres des intendants, & les sommes qui en pro-
viendraient devaient être incessamment voiturées à l'épargne à l'exception
des gages d'officiers.
La même déclaration octroyait une favevir spéciale aux pays d'élections,
probablement avec l'arrière -pensée de discréditer, par comparaison, dans
l'opinion populaire, le régime des pays d'États dont le gouvernement avait
' Aubery, Histoire du cardinal Maiarln, IV, onze ans pour la levée des Itailles; à révoquer les
f. 274. intendants & à rétablir les trésoriers de France &
' Le lundi 6 juillet, devant la reine, le chance- les élus dans l'exercice de leurs charges; qu'il y
lier dit de sa part aux députés du Parlement de avoit une extrême différence de trente-cinq per-
Paris que S. M. « tombait d'accord que les com- sonnes commises dans toute l'étendue du royaume
missions des intendants de justice & toutes les pour la levée des deniers du roi, à trois mille à
autres non vérifiées étoient défendues par quelques quoy se montoit effectivement le nombre des tré-
ordonnances; qu'elle ne nioit pas non plus qu'il soriers & des élus, que ce n'étoit pas depuis
n'y eût du désordre dans toutes ces commissions, la régence que les intendants avoient été envoyés
&. surtout au maniement & à la direction des dans les provinces, y en ayant eu depuis plus de
finances qu'il faudroit bien du temps, sans douze ans dans tout le royaume', jj
parler du hasard, à changer l'ordre établi depuis . Aubery, Histoire du cardinal Ma^arin, IV, p, 3oi.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 271
toujours pris ombrage : c'était la remise des arrérages des trois impôts connus
sous le nom de taille, taillon 8c subsistance qui pouvaient n'avoir pas été
payés pendant l'année 1646 & suivantes, les collecteurs ou redevables empri-
sonnés pour cette seule cause devant être immédiatement mis en liberté. Une
réduction d'un demi-quartier des impositions de 1648 était en outre accordée,
à condition de payer entièrement tout le reste dans le courant du mois de
janvier. La même réduction était promise pour l'année 1649, sous l'obligation
formelle d'en avoir terminé le payement au mois de février i65o. Le gouver-
nement, saisissant l'occasion de rappeler que les impôts avaient été diminués
de près de douze millions depuis la mort de Louis XIII, laissait entrevoir
l'espérance d'accorder plus grande décharge lorsque une paix sûre & honnête
lui donnerait les moyens de faire refleurir le royaume 81 d'y remettre l'abon-
dance & la félïcité.
Le Parlement de Toulouse enregistra la déclaration le i" août, non sans
ordonner que très-humbles remontrances seraient faites à Sa Majesté, suivant
l'arrêt du 18 juillet précédent, afin d'obtenir une double extension de la
faveur royale : la première, en élevant au quartier complet la réduction
accordée sur les impositions; la seconde, en faisant participer la province de
Languedoc « qui s'étoit consumée par des octrois volontaires en diverses ren-
« contres » à la même grâce que les pays d'élections.
La cour n'oubliait pas d'adresser de solennelles défenses aux intendants
du ressort de plus avant procéder à aucunes commissions, à peine de concus-
sion, de faux & de nullité, aux officiers royaux d'exécuter leurs ordres, & à
tous les sujets de reconnaître leur autorité 8c d'obéir à leurs jugements. Elle
prescrivait en outre de surseoir à l'exercice de toutes commissions non enre-
gistrées 8c d'informer des malversations dont elles avaient été le prétexte,
interdisant avec une particulière insistance, sous peine de quatre mille livres
d'amende, de faire la levée des impositions avec violence, 8c à main armée,
par brigadiers, dans tout le territoire du ressort'.
Il serait fort difficile d'apprécier d'une façon complète 8c de considérer sous
tous ses aspects la mesure que l'union des cours supérieures venait d'arracher
à la régence 8v qui avait fait si longtemps le vœu le plus cher du Parlement de
Toulouse 8c des Etats de Languedoc. On ne saurait contester que l'institution
des intendants, agents directs 8c non contrôlés du pouvoir ministériel, ne fût
en elle-même très-favorable au progrès de la royauté absolue; mais, d'autre
part, il n'est guère permis de se faire illusion sur les tristes résultats du gou-
vernement oligarchique dont la France était menacée. Comme à l'époque de
la grande dislocation féodale, bien que dans des conditions tout à fait diffé-
rentes, l'Etat courait le risque de se voir presque supprimé par des coalitions
■ Déclaration iu roy, portant révocation des inten- charges. — Ensemble VArrest Je la Cour Je Parle-
Jans Je justice, & remises des restes des tailles juS(iucs ment de Tolose du premier aoust 1648, sur la virifi-
en quarante-six inclusivement ; & d'un demy-ijuartier cation de ladite déclaration. — A Tolose, par Arnavd
pour les années (juarante-huict & quarante-neuf; avec Colomiez, imprimeur ordinaire du Roy&del'Vni-
restaèlissement des officiers en la fonction de leurs versité, m. ne. XLViii. 7 p. in-8°.
16^8
—^ 272 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de fonctionnaires devenus propriétaires de leurs charges, très-jaloux de leurs
privilèges, très-divisés entre eux & peu disposés à se contenir dans les limites
étroites de leurs devoirs particuliers. Que l'on eût, dans le détail, beaucoup
à reprocher à certains intendants pour la rigueur qu'ils mettaient à l'exécu-
tion de leurs ordres, que plusieurs d'entre eux, dans les affaires d'argent,
n'aient pas fait preuve d'une probité sans tache, cela ne semble point contes-
table j mais il n'en est pas moins vrai que, le plus souvent, cette rigueur
s'exerçait dans un esprit d'égalité, au bénéfice des populations, & qu'elle
atteignait surtout les grands propriétaires fonciers qui s'autorisaient de pri-
vilèges plus ou moins authentiques pour répudier leur part du fardeau
commun.
En se réjouissant, comme le faisaient les parlementaires, de la suppression
des intendants 81 en prêtant à cet acte le caractère d'un retour aux véritables
traditions nationales, on oubliait d'ailleurs un fait capital, c'est que la créa-
tion de Richelieu avait été nécessitée par les transformations accomplies dans
la manière d'être des officiers royaux. Pour que le retour aux traditions
nationales fût réel, il aurait fallu supprimer en même temps la vénalité &
l'hérédité des charges. L'expérience avait trop démontré que des magistrats,
considérant leurs fonctions comme des domaines patrimoniaux, constitués en
castes, liés entre eux par des intérêts communs, étaient beaucoup plus aptes
à usurper les droits du gouvernement qu'à accomplir un rôle utile dans l'Etat.
Supprimer les intendants sans détruire aussi les empiétements sans nombre
que les Parlements avaient commis, c'était laisser le pouvoir central dépourvu
de représentants administratifs dans les provinces, & déroger de la façon la
plus absolue aux traditions vraies de l'ancienne monarchie qui, à l'époque
de sa grandeur, avait été parfaitement unitaire.
On n'a qu'à se rappeler l'action considérable & universelle des sénéchaux
royaux en Languedoc sous les règnes de saint Louis S( de Philippe le Bel,
la surveillance incessante des commissaires réformateurs, pour reconnaître ce
qu'avait en fait de nouveau Si d'invraisemblable cet abandon des provinces à
l'antagonisme des gens de robe & de la noblesse locale. Du moment que
l'homme du roi disparaissait, la féodalité n'avait pas plus de raison que la
magistrature d'abaisser des prétentions injustes devant les droits supérieurs de
l'État. Les parlements pouvaient bien croire que tout était fini, du moment
qu'on les avait délivrés de rivaux gênants; mais la noblesse, habituée à la
guerre, n'entendait pas se voir gouverner par des hommes de palais, & la
bourgeoisie des villes, qui souffrait journellement de la mauvaise volonté
des parlementaires dans toutes les affaires d'impositions, devait saluer sans
enthousiasme l'avènement d'une tyrannie formaliste dont le passé n'avait
rien d'attrayant.
Aussi l'opinion ne s'arrêta point à mi-chemin; elle comprit que les par-
lements 81 autres compagnies d'officiers royaux n'avaient pas qualité pour
gouverner le pays, que la réformation de l'Etat, réclamée par les membres
des cours souveraines, demandait d'autres collaborateurs; & c'est ainsi que la
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 278
pensée d'une convocation des Etats généraux du royaume, commença d'être
1648
agitée.
Malheureusement les circonstances étaient bien peu favorables à des élec-
tions sincères.
On en avait eu la preuve durant le cours de la dernière session des États
de Languedoc, prolongée pendant près de quatre mois. François-Jacques
d'Amboise, comte d'Aubijoux, lieutenant général pour le roi en l-anguedoc,
maréchal de camp en ses armées, £<. gouverneur de la ville & citadelle de
Montpellier pour le duc d'Orléans, y remplissait les fonctions de premier
commissaire, médiocre garantie pour la liberté des suffrages. On avait réuni
l'Assemblée dans la ville basse de Carcassonne, dominée par ce fort château
qui fut si longtemps le siège du sénéchal royal. Le comte d'Aubijoux fit bien
valoir sa qualité de baron des Etats qui lui avait permis d'entrer plusieurs
fois dans l'assemblée. Se qui lui en rendait les intérêts communs, mais il
exalta en termes si chaleureux les mérites de son maître, célébré après lui
par M. de Breteuil dans un langage non moins relevé, qu'on n'eut pas de
peine à reconnaître les cliangements survenus dans le conseil de régence.
Le duc d'Orléans visait à cette époque une grosse affaire d'argent sur le
Languedoc. L'impôt connu sous le nom d'équivalent, parce qu'il avait été
substitué à un autre mode de contribution, était considéré comme faisant
partie du domaine de la Province j on le percevait sur diverses denrées.
En i633, les États avaient été autorisés à en faire la vente à des traitants,
avec faculté de rachat perpétuel. C'est à ces traitants que les familiers de
Gaston d'Orléans eurent la pensée de substituer leur maître, afin de prendre
leur part des bénéfices qu'en retiraient les engagistes. L'assemblée provinciale,
avertie à temps, y mit obstacle & résolut le rachat. Des moyens d'intimida-
tion furent employés; les commissaires royaux menaçaient la Province d'une
réunion définitive de l'écjuivalent au domaine de la couronne. Tout se ter-
mina, comme il arrivait inévitablement dans pareilles circonstances, par
d'opulentes gratifications.
Un arrêt du conseil, rendu le 5 mai 1648, autorisa les conventions parti-
culières que la Province avait conclues avec Bernard Crion de Pézénas, pour
le rachat de l'équivalent, qui devait être désormais reconnu comme apparte-
nant en toute propriété au pays de Languedoc. Les États donnaient au roi
une somme de six cent raille livres, à condition de maintenir inviolablement
la Province en cette possession 8c d'assurer à Bernard Crion la jouissance
pendant les huit années de son bail, suivant la promesse des commissaires du
roi. Se pour remercier le duc d'Orléans des peines qu'il avait prises dans cette
affaire Se de sa promesse formelle faite aux députés des États que les termes
du contrat seraient respectés, on lui fit présent d'une somme de trois cent
mille livres, payables en trois ans, dont la première annuité nécessitait un
emprunt.
M. de Breteuil, en notifiant aux États les données principales de cette
transaction, ne manqua point de mettre en relief la bonté 8<. l'affection du
XIII. 18
~^ — 274 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ckic d'Orléans, 81 sa générosité incomparable. En homme expert des intri-
gues du Luxembourg, il n'eut garde de laisser ignorer aux États qu'ils ne
scir.ient jamais venus à bout de leurs prétentions « sans les soins extraordi-
« naires de Monsieur l'abbé de La Rivière, qui a l'honneur d'être son prin-
« cipal ministre '. «
L'abnégation du duc d'Orléans inspirait surtout l'éloquence de l'orateur &
l'emportait jusqu'à l'invraisemblable : « Son Altesse Royale, dit-il, sait faci-
« lement oublier ses intérêts, lorsqu'il est question de faire éclater sa vertu
héroïque ...
« Quel excès de bonheur est le vôtre, & combien êtes-vous sensiblement
« obligés à Son Altesse Royale, lorsqu'elle se dépouille pour vous enrichir, 5c
« pour vous faire connoître qu'elle vous regarde désormais comme ses enfants !
« En voulez-vous un plus signalé témoignage? Pendant que toutes les autres
« provinces sont accablées Se que tous les autres sujets de ce royaume contri-
« buent de tous leurs biens pour le secours de l'Etat, cette province, par une
i< prérogative particulière, se trouve si heureuse que de pouvoir rentrer dans
« la possession d'un bien qu'elle sembloit par toute sorte d'apparence avoir
<' perdu. C'est l'ouvrage, Messieurs, de la bonté de Son Altesse Royale, &
« c'est d'elle désormais que vous devez attendre tous vos avantages & espérer
« la conservation du bien qu'elle vous donne aujourd'hui^. »
Cette protection de Gaston d'Orléans, que l'on payait si cher, ne se tra-
duisait point en actes appréciables & n'inspirait aux Etats qu'une confiance
médiocre. A la suite de troubles locaux, d'un caractère très-aigu, qui avaient
affligé la ville d'Uzès à l'occasion des élections mimicipales, un député fut
envoyé à la Cour de France pour y dénoncer les violences qui s'étaient com-
mises. Soit que sa plainte parût importune, soit que son mauvais destin l'eût
jeté sur les pas de malfaiteurs vulgaires, ce député, qui s'appelait Froment,
se vit attaquer en plein jour par des assassins dans les rues de Paris. Justice
fut demandée au duc d'Orléans par la députation des Etats; Gaston prescrivit
à M. de Choisy, son chancelier, de faire les diligences nécessaires; le syndic
général de la Province essaya de commencer des poursuites, mais elles n'abou-
tirent point, faute de preuves, Si l'assemblée ne put que se reconnaître blessée
d'un outrage qui avait frappé un consul, député de sa commune 6c dévoué à
la défense de ses libertés 3.
Du reste, la présence du comte d'Aubijoux comme premier commissaire
royal aux Etats n'était rien moins que rassurante. L'autorité souveraine se
' « La reine accorda au duc d'Orléans la noinina- de cette nomination fut d'être, peu de mois après,
fion au cardinalat pour l'abbé de La Rivière, chef distingué par les fonctions de ministre d'Etat, &
du conseil de S. A. R., afin de l'engager contre les par l'entrée qu'il eut désormais au conseil d'en
parlementaires. haut '. » Toutes ces grandeurs devaient bientôt
« Cet honneur flatta d'autant plus l'ambition de finir à l'occasion de l'emprisonnement des princes,
cet abbé qu'il soiifTroit mal volontiers que toutes ' Procès-verbal des Etats. Séance du ïo mai 1648.
les fois qu'il alloit chez le cardinal Mazarin, ce- ' Procès-verbal des États. Séance du 4 mars 1648.
lui-ci ne le reçût que couché. Le premier, & on
pourroit presque dire le seul fruit qu'il remporta • Aabery, Histoire du cardinal Ma-^nrin, IV, \\ 262.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 270
trouvait singulièrement représentée dans la personne d'un des plus ardents
ennemis de Richelieu. Ce n'est pas en prenant une part active au traité du
duc d'Orléans avec le roi d'Espagne, ni en complotant, pendant son exil
d'Angleterre, avec tous les mécontents du royaume, que le dernier d'Amboise
aurait pu se préparer à maintenir l'ordre 5c la paix dans une grande province.
Il ne s'était mêlé aux affaires des villes que pour y faire intervenir des gens
de guerre, porteurs de lettres de cachet, & on le savait environné d'intri-
gants uniquement préoccupés de faire fortune. Les rédacteurs de cahiers de
doléances recommandaient prudemment de « prendre garde aux demandes
« injustes » de particuliers qui avaient été rebutés pendant les sessions anté-
rieures, & dont l'importunité ne se décourageait pas '.
Parmi les vœux qui furent émis aux États de 1648, sans parler des récla-
mations ordinaires contre les désordres des troupes, les fraudes commises dans
le service des étapes & les vexations des traitants, quelques points méritent
une mention particulière comme se rattachant aux préoccupations générales
du pays.
Sur la proposition du sieur de Villeneuve, syndic général , on décida que
le roi serait supplié de ne plus céder aux obsessions des solliciteurs qui se
faisaient donner des lettres de cachet pour parvenir aux charges consulaires,
<< afin que les habitants de la Province entrent dans lesdites charges par les
« voies accoutumées; » 8c l'on ajouta que si de pareilles lettres étaient encore
obtenues par surprise, il n'y serait point déféré^. Précaution inutile, car les
personnages pourvus de lettres de cachet s'assuraient d'ordinaire, en même
temps, les moyens matériels de les faire exécuter.
L'évêque de Saint-Pons s'éleva aussi, dans un langage très-véhément,
contre des abus qui touchaient directement l'honneur 8c l'intérêt de l'assem-
blée^. Il dénonça « les corruptions que l'on pourrait faire » dans les États de
Languedoc, tant pour la députation à la Cour que pour toutes les autres
affaires, Se demanda que pour conserver l'intégrité d'une si auguste compa-
gnie, on opposât la sévérité d'un règlement « à la saleté d'un tel commerce, «
en défendant à tous les membres de l'assemblée « de donner ni prendre qvioi
<( que soit » pour s'acquérir ou engager des suffrages. La question fut mise
en délibération, le syndic général Joubert entendu, 8c. les États prononcèrent
un vigoureux anathème contre les corrompus S< les corrupteurs :
« Si aucun de ceux qui ont l'honneur d'être en cette assemblée s'oublioient
« jusques à souiller la pureté qu'ils y doivent garder, s'abandonnant à ces
<c infâmes pratiques, ils sont déclarés pour jamais indignes de l'entrée aux
a États 8c Assiettes des diocèses, comme aussi tous ceux qui les favoriseront
■ Les sieurs de Baudan 8c de Vallon pour la com- des Mémoires rédigés en conseil de bourgeoisie
mission des étapes, le sieur des Ouches, pour l'cter- pour les députés de la ville de Toulouse aux États,
nelle compagnie de gens d'armes du gouverneur, ' Procès-verbal des Etats. Séance du 14 mars
que l'on menaçait toujours de mettre sur pied, afin 1648.
d'extorquer de l'argent à la Province. — Voir aux » Procès-verbal des Etats. Séance du 17 février
Pièces juitifcativei, n. LX , col. 192, l'article IX 1648.
1648
1648
276 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« directement ou indirectement en se rendant les entremetteurs d'aucun sale
« commerce, tant sur le sujet de la députation en Cour que pour toutes les
« autres affaires »
Afin de prévenir ces scandales, chaque membre des États devait, à l'avenir,
un jour avant l'élection des députés de la Province, promettre par serment,
en présence de l'assemblée, de ne se jamais départir d'une intégrité absolue
8t de dénoncer les sollicitations qui pourraient lui être faites. Une sanction
pécuniaire, qui ne devait point être indifférente aux gens des trois ordres, si
l'on en juge par leur empressement à réclamer les gratifications extraordi-
naires', attendait les principaux intéressés : « Ceux qui auront été députés à
« la Cour par telles Se semblables voies seront privés de tous les avantages de
« la députation, soit qu'ils en demeurent convaincus pendant la tenue des
« États ou seulement après la clôture. »
Par une dernière disposition, la lecture du nouveau règlement devenait
obligatoire, chaque année, à l'ouverture de la session.
Avait-on le droit de compter sur l'efficacité de ces mesures, & les sentiments
généreux qui les avaient inspirées pouvaient-ils affronter sérieusement la lutte
avec des habitudes invétérées? Nous ne sommes paa loin du temps où les pré-
sidents mêmes des États débattront, dans leur correspondance avec les minis-
tres, les sommes à répandre « dans le parterre » pour obtenir des votes favora-
bles. Il faut voir surtout, dans la délibération du 17 février 1648, une marque
saisissante des appréhensions auxquelles donnait lieu la mission secrète du
comte d'Aubijoux, appréhensions que l'événement prouva trop bien fondées^.
' n M. le baron de Rieux a représenté qu'aux
derniers États il se seroit glissé un notable abus,
en ce qu'ayant été donné quelque gratification aux
députés pour la prolongation au delà du mois qui
est le terme ordinaire de la tenue d'iceux, aucuns
vicaires généraux, envoyés de la noblesse & dépu-
tés du tiers Etat qui n'y avoient assisté que peu
de jours auroient eu non-seulement ladite gratifi-
cation, mais encore des commissions pour la tenue
des Assiettes, à l'exclusion de ceux qui avoient ac-
tuellement servi durant lesdits États, & de plus
que bien souvent on faisoit subroger d'autres à la
place de ceux qui avoient été nommés auxdites
commissions A été arrêté, pour servir de règle-
ment irrévocable, qu'à l'avenir lorsque l'assemblée,
pour la prolongation des États au delà de leur
terme accoutumé, jugera à propos d'user de quel-
que gratification envers les députés, nuls n'y pour-
ront participer que ceux qui auront actuellement
servi pendant le mois & qui se trouveront encore
présents & servant lorsque ladite gratification sera
/aite, sauf s'ils étoient malades ou absents de l'or-
dre de l'assemblée; & a été arrêté que Messieurs
les commissaires présidents pour le roi seront priés
de ne donner les commissions des Assiettes qu'à
ceux qui auront servi effectivement durant toute
la tenue des États sans que lesdites commis-
sions puissent être remplies d'autres noms que de
ceux qui auront été nommés & publiés dans l'as-
semblée, faisant défenses aux commissaires ordi-
naires & députés des Assiettes d'en reconnoître
d'autres '. »
" Pendant la session, le maréchal de Schomberg
traversa le Languedoc, se rendant en Catalogne
pour y remplir les nouvelles fonctions dont il
venait d'être investi. Voici en quels termes son
passage fut annoncé aux États ;
" Le sieur de Joubert, syndic général, a dit que
le roi ayant pourvu Monseigneur le maréchal de
Schomberg de la charge de vice-roi en Catalogne,
il passe maintenant dans le Languedoc pour pren-
dre possession de cette haute dignité, laquelle sem-
ble n'avoir fait que passer entre les mains de tant
de grands conquérans, afin de se donner à celui
qui, par la bataille de Leucate, auroit commencé
la conquête du Roussillon & de la Catalogne, &
comme cette province a eu part à la gloire de cette
fameuse action, & qu'elle a goûté la douceur de
son gouvernement pendant plusieurs années, cette
assemblée qui a rendu des civilités à tous ceux qui
' Procis-verbal des États. Ssance du 17 fiivricr 1648.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 277
L'échec des projets du duc d'Orléans sur l'équivalent de Languedoc, malgré
le magnifique dédommagement accordé par les Etats, avait causé une irrita-
tion protonde dans l'entourage du prince. L'abbé de La Rivière, dont la dési-
gnation récente au cardinalat Se la nouvelle qualité de premier ministre avaient
surexcité l'orgueil & enflé les espérances, en paraissait surtout indigné & ne
laissait échapper aucune occasion d'exhaler son ressentiment contre l'arche-
vêque de Narbonne, qu'il accusait d'avoir la principale part aux résolutions
des États.
M. de Rebé s'était trouvé chargé, après l'assemblée de Carcassonne, avec
le marquis de Calvisson 8t deux autres députés, de solliciter expressément
auprès de la Cour le rachat de l'équivalent, à une époque où personne
encore, dans la Province, ne soupçonnait les visées particulières du prince
gouverneur. 11 avait donné tous ses soins à cette attaire, de concert avec le
syndic général Lamamye, &, comme il avait ensuite présidé la séance où le
rachat fut décidé, l'abbé de La Rivière lui attribuait une préméditation hos-
tile. Habitué à rechercher dans la conduite d'autrui les motifs qui dirigeaient
la sienne, il ne craignait point de dire, en plein Luxembourg, que l'arche-
vêque de Narbonne avait accepté des engagistes de l'équivalent un pot de
vin de dix mille livres, pour faire à l'assemblée la proposition du rachat. 11
s'emporta même jusqu'à répéter cette accusation devant des parents du prélat,
qu'il menaçait de châtiment, comme mauvais serviteur du roi & de Son
Altesse Royale.
Ces propos arrivèrent aux oreilles de Rebé, qui se hâta d'en écrire au car-
dinal Mazarin, au chancelier de France, au secrétaire d'Etat de la Province
& à d'autres hauts personnages de la Cour. Il se justifia des reproches qu'on
lui faisait, nia formellement avoir jamais promis à l'abbé, comme celui-ci le
prétendait, d'assoupir l'affaire de l'équivalent, puisque la solution de cette
affaire était le principal objet de son ambassade, &c d'avoir eu d'autre préoc-
cupation que l'avantage de la Province. Alors le ressentiment du favori ne
connut plus de bornes. Le recours de l'archevêque de Narbonne à une auto-
rité supérieure lui parut un outrage insupportable dont il promit de se
venger. En effet, M. de Fromont, l'un des secrétaires des commandements
de Gaston, reçut l'ordre de ramasser toutes les troupes disponibles que l'on
pourrait trouver Si de les envoyer faire le dégât dans la temporalité du
métropolitain.
Comme la guerre étrangère occupait alors plusieurs armées, il n'y avait
ont passé dans le Languedoc en cette qualité, sera avec Marie de Hautefort, dame d'atours de la reine
bien aise d'en rendre sans doute à celui qvii a été Anne d'Autriche. L'acte militaire le plus saillant
son gouverneur, » de ta vice-royauté de Catalogne ("ut la prise de
On envoya huit députés à Narbonne pour y sa- Tortose, qu'il enleva d'assaut au mois de juillet
liier le maréchal 8c « l'assurer de la continuation 1648. Le héros de Leucate, rappelé en France par
« des respects de la Province'. » une cruelle maladie, mourut de la pierre, à Paris,
Schombcrg s'était remarié, le 24 septembre 1646 sans laisser d'enfants, le 6 juin i656, en sa cin-
quante-sixième année, & fut enseveli auprès de son
■ Procès-verbal des tiats. Sv-anccdu 26 mai 16^8. P^"' "1^"* l'église du prieuré de Nanteuil.
1648
"77^ 278 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
pas de garnison fixe dans la Province ni dans les contrées avoisinantcs; on
avisa le régiment de Languedoc, commandé par le sieur de Vallon, qui était
en marche vers l'Italie, Se on lui fit rebrousser chemin & prendre ses can-
tonnements sur les terres de l'archevêque. Les troupes n'avaient pas besoin
d'être stimulées pour faire la désolation du pays. Quelques capitaines, amis
du prélat, s'interposèrent d'abord utilement pour atténuer, suivant leur pou-
voir, la corvée barbare dont on les avait chargés'.
L'archevêque se rendit à la Cour, tout agitée en ce moment des grandes
émotions de Paris 8c du bruit d'une prochaine convocation des Etats généraux
du royaume; il vit le duc d'Orléans, qui se défendit avec vivacité d'éprouver
la moindre rancune du rachat de l'équivalent, disant qu'il n'avait songé à
l'acquérir que dans l'intérêt de la Province, & qu'il eût mieux aimé s'être
cassé un bras que de porter aucun préjudice aux habitants du Languedoc.
Divers personnages de la Cour s'entremirent pour négocier un accommo-
dement entre l'archevêque & l'abbé de La Rivière, mais le favori, se tenant
pour offensé, réclamait des soumissions tellement humiliantes que l'attaire
n'eut point de suite.
Cependant la situation générale avait empiré. L'arrestation du conseiller
Broussel à Paris, faite au milieu de l'ivresse de réaction qu'avait occasionnée
la victoire de Lens, la journée des barricades, les exigences du Parlement
de Paris sanctionnées par la déclaration du 22 octobre, la retraite d'Anne
d'Autriche avec son fils, le duc d'Orléans & le prince de Condé à Saint-
Germain, l'armement de la capitale & la levée de troupes par les ordres du
Parlement, jetaient l'alarme dans tout le royaume & laissaient passer presque
inaperçu l'un des plus grands faits du siècle : la conclusion du traité de
Westphalie, signé à Munster le 24 octobre.
Pendant le blocus de Paris, & quelques jours à peine avant que la tête
du roi d'Angleterre, Charles I", ne tombât sur l'échafaud de White-Hall,
des lettres de cachet furent signées à Saint-Germain, portant convocation des
Etats généraux du royaume, au i5 mars, dans la ville d'Orléans.
On y faisait l'aveu, au nom du roi, que pendant les quatorze années de
guerre soutenues contre l'Empire St la couronne d'Espagne, il avait été
impossible d'éviter beaucoup de désordres, d'abus & de corruptions; que la
longueur de la lutte entraînait pour le pays des charges presque insuppor-
tables; que le mal & les peines allaient en augmentant de jour en jour, sans
■ Il ne s'y commit pas moins, d'après le rapport plusieurs diocèses & faisant de très-rudes traite-
présente pendant la session suivante des États, ments aux prêtres, « traitements dont les ennemis
nombre de « voleries, hostilités, impiétés, exécra- mêmes de la religion n'avoient pas usé. i>
tions & sacrilèges, sous la conduite du sieur de Ces troupes saccagèrent aussi divers villages, &
Vallon, plus coupable & crimitiel qu'aucun de ses 1" mirent, suivant les propres expressions du
capitaines.» rapporteur, « en tel état qu'ils ne sauroient se re-
En quelques lieux, les soldats enfoncèrent les lever de longtemps, toutes choses capables de faire
portes des églises, ouvrirent les tabernacles, ren- dresser les cheveux aux plus déterminés'. ><
versèrent les saintes huiles, emportèrent les ciboi-
res de métal précieux, injuriant les prélats de ■ Procis-verbal des États. Siance du i" juillet iCiq.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 279
qu'on eût réussi à y porter remède. Les ennemis se prévalaient de cette situa-
tion intérieure pour prolonger leur résistance, malgré les défaites qu'ils
avaient essuyées, espérant toujours « quelque révolution en cet Etat, qui.
« fairoit changer la face des affaires avec un entier avantage pour eux. »
Néanmoins la paix avec l'Empire venait d'être conclue, aux applaudissements
de tous les princes. L'Espagne seule s'y refusait encore. La responsabilité de
son obstination était rejetée sur le Parlement de Paris. Le roi accusait « les
K esprits inconsidérés & factieux de quelques-uns des officiers » de cette cour
d'avoir subi la pression de manœuvres étrangères. Après des atteintes publi-
ques & notables à l'autorité souveraine, ces magistrats en étaient « venus à
u cet excès de témérité « de vouloir se saisir de la personne du roi Si usurper
entièrement l'administration du royaume; enfin, ils avaient levé des troupes,
frappé des contributions de guerre, occupé le château de la Bastille. La lettre
royale caractérisait assez justement l'intervention des princes & grands sei-
gneurs, — Conti, Longueville, Marsillac, Beaufort, Bouillon, Chevreusc 8c
bien d'autres, — qui avaient pris parti pour le Parlement.
« Le dessein de ces princes, y est-il dit, n'a jamais été que d'avancer leurs
(( affaires particulières par des établissements pour eux & les leurs dans des
« places très-considérables; » la division qui se forme dans le royaume relève
les espérances des ennemis. Dans cette extrémité, le roi, le duc d'Orléans, le
prince de Condé 81 tous les princes, ducs, pairs & officiers de la couronne,
réunis en grand nombre à Saint-Germain, ont été d'avis que l'appel aux
États généraux du royaume devient indispensable. Quelques-uns des plus
considérables personnages de chaque province, bailliage 6< sénéchaussée, s'y
rendront suivant l'ordre ancien, pour y taire librement 8c en pleine assem-
blée les plaintes Si remontrances qu'ils aviseront.
Ordre est donné à tous les sénéchaux, aussitôt après la lettre reçue, de
faire assembler à son de trompe Si cri public ou autrement tous ceux des
trois états qui ont accoutumé d'être appelés en pareille occasion pour conférer
ensemble des réformes nécessaires, afin de remettre « la justice, la police 8c
la discipline du royaume » en son ancienne Se première splendeur.
Le roi terminait en protestant devant Dieu, avec la reine régente, que le
seul but de ses armes, au dedans 8c au dehors du royaume, était d'acquérir
une longue 8c juste paix, « dans laquelle Dieu soit aussi religieusement
« honoré 8c servi qu'il est peu respecté dans ces troubles. Se où chacun
« jouisse de ses biens 8c de tout ce qui lui appartient avec une entière dou-
« ceur Se équité. » 11 comptait qu'on ne trouverait pas en France d'ecclésias-
tique, de gentilhomme, d'officier 81 d'homme de bien qui n'eût à cœur de
seconder ces bonnes intentions'.
' On peut lire, dans nos Pièces justificatives, générnux, qui, d'ailleurs, n'eut point de suite, Si
outre le texte intégral de la lettre de cachet du entre autres, des lettres de convocation d'assem-
24 janvier 1649, adressée aux sénéchaux, n.LXXIV, blées préparatoires, n. LXXI, col. 21 2, des procès-
col. 219; un assez grand nombre de documents in- verbaux d'assemblées de diocèse & de sénéchaussée,
téressants relatifs à cette convocation des États n"' LXXII, col. 2i3, & LXXIV, col. 219, dss ins-
1648
~^g 280 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
C'étaient là de fort beaux desseins, mais l'exécution ne répondit guère au
programme. II y avait trente-cinq ans que les Etats généraux de France ne
s'étaient pas rassemblés, la dernière session s'étant tenue en 1614; &, chose
étrange, tandis que les circonstances les plus insignifiantes se trouvaient
réglées avec une minutie étroite par l'étiquette des cours souveraines, ces
grandes convocations nationales tenaient en réalité si peu de place dans
l'organisation de la monarchie que les plus hauts personnages de la Province
manquaient absolument d'informations sur les formes de l'élection Se sur les
conditions d'éligibilité. La tradition en était déjà perdue. On pouvait recon-
naître, du reste, la trace d'un passé déjà lointain dans cette délégation aux
sénéchaux pour convoquer les assemblées électorales 8c y occuper la prési-
dence. Cela ressemblait fort à une évocation, car depuis que les parlements
s'étaient développés, les sénéchaux du roi ne ressemblaient guère à leurs
puissants &t redoutables prédécesseurs.
Afin de savoir exactement comment pouvaient bien se convoquer des Etats
généraux, l'archevêque de Toulouse fut obligé de faire rechercher par son
secrétaire, à Castelnaudary, un vieux praticien, juge-mage de la sénéchaussée
de Lauragais, qui avait été député du tiers aux Etats de 1614'. Le sénéchal,
aussi peu informé, recourut au même oracle.
Les réponses de l'oracle indiquent trop à quel point les traditions repré-
sentatives de la France étaient oubliées 81 comment un homme vieilli dans
les charges comprenait les élections. D'après sa jurisprudence, la députation
du premier ordre appartient de droit au prélat de la sénéchaussée le plus
élevé en dignité : dans la sénéchaussée de Toulouse, le député-né est l'ar-
chevêque, dans celle de Castelnaudary, l'évêque de Saint-Papoul. Pour la
noblesse, qui doit être convoquée tout entière, l'élection ne sera guère plus
embarrassante, il y a dans chaque ressort un député naturel qui est le séné-
chal. Enfin, pour ce qui est du tiers état, le juge-mage ne fait point diffi-
culté de reconnaître que la composition du collège doit se concerter entre le
sénéchal 8; lui. Toutes les villes où il y a judicature royale 8c toutes les villes
maîtresses envoient de droit un représentant à l'assemblée de la sénéchaussée;
le sénéchal 8c son lieutenant décident entre eux quels sont les autres prin-
cipaux lieux du ressort qui doivent jouir du même privilège. La présidence
appartient au sénéchal. Les trois ordres nomment séparément leurs députés.
Bien entendu, les représentants des villes n'ont pas été désignés par une
élection spéciale. Ce sont les premiers consuls de chaque lieu; en un mot,
rien n'est changé, malgré l'importance exceptionnelle de l'acte, aux usages
qui s'étaient introduits dans les communes 8c qui, ruinant le vieil esprit
municipal, faisaient de toute députation une sorte de bénéfice attaché à la
possession de certaines charges^. On voit sans peine combien des procédés
tructions aux membres d'un collège de scnéchans- nonces devant les électeurs par des Commissaires
sée, n. LXXIII, col. 217, un exemple des proies- du roi, n"» LXXVII, col. iSp, LXXVIII, col. 241.
tations auxquelles ces assemblées donnaient lieu, ' Pièces justificatives, n. LXVIII, col. 209.
n.LXXV,col. 284; &enfin plusieurs discours pro- ' Pièces justificatives, n. LXX, col. 211.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 281
aussi défectueux éloignaient l'espoir d'une représentation sincère & d'une
action efficace, & combien les désirs de réformes indiqués par la lettre de
cachet du roi avaient peu de chances de se réaliser. Le vieux juge-mage,
dans son scepticisme de fonctionnaire émérite, ne s'y trompait pasj il allait
même plus loin : « On fait grand bruit, dit-il, de ces Etats généraux; mais
« je ne crois pas qu'il y en ait, 8t sans doute ce n'est qu'un amusoire". »
Cependant le duc d'Orléans prenait l'affaire au sérieux & ne négligeait
rien pour s'assurer une députation conforme à ses volontés. 11 expédia en
Languedoc un émissaire de son entourage, le sieur des Ouches, capitaine des
gardes suisses, qui avait ordre, sans le compromettre, de préparer de bonnes
élections. C'est le même personnage que le conseil de bourgeoisie de Tou-
louse recommandait à la surveillance de ses députés, comme suspect de pour-
suivre des gratifications; dès les premiers jours de la nomination de son maître
au gouvernement de Languedoc, il avait proposé au consistoire une entre-
prise de carrosses entre Toulouse & Paris, dont les bourgeois s'étaient défiés.
M. des Ouches colporta dans la Province des lettres de M. de Fromont,
secrétaire des commandements de Son Altesse, promettant toutes sortes de
mésaventures aux électeurs qui voteraient mal. 11 paraît que l'abbé de La
Rivière attachait une particulière importance à exclure de la députation l'ar-
chevêque de Toulouse, Charles de Montchal. Ce fut donc contre sa personne
que furent principalement dirigées les manœuvres du sieur des Ouches. La
candidature de l'archevêque était favorisée de Mazarin; par deux fois, l'évêque
de Lavaur en avait donné l'assurance à son métropolitain, de la part du car-
dinal, avec promesse de toutes les voix qui se trouvaient à sa discrétion. M. des
Ouches n'en représenta pas moins le prélat comme un séditieux, mal vu de
la Cour, & pour faciliter le succès de ses desseins, voici de quel expédient il
s'avisa :
L'Assemblée électorale de la sénéchaussée de Toulouse, au lieu d'être con-
voquée dans le chef-lieu du ressort, ainsi que cela se faisait pour les autres
sénéchaussées, fut réunie à Gaillac, c'est-à-dire non-seulement hors du dio-
cèse de l'archevêque, mais hors de la province ecclésiastique. Gaillac, comme
tous les lieux du diocèse d'Albi, appartenait alors à l'archevêque de Bourges,
8c le métropolitain de Toulouse ne pouvait pas y paraître « avec les préémi-
« nences de sa dignité archiépiscopale. »
En effet, M. de Montchal ne s'y rendit pas, Sx. se fit seulement représenter
par un de ses grands vicaires; le sieur des Ouches eut toute aisance pour pro-
duire les lettres de Fromont qui prescrivaient l'exclusion de l'archevêque, 8c
des menaces furent individuellement adressées aux députés pour les décou-
rager des velléités d'opposition'.
' C«ite confidence est adressée au secrétaire de & les députés du diocèse, n. LXXV, col. i34, les
l'archevcque de Toulouse, à la date du 6 février plaintes portées aux Etats par M. de Monichal,
1649. Pièces justificatives, n. LXIX, col. 210. n. LXXX, col. 253, & enfin le projet d'arrêt du
' Voir aux Pièces justificatives l'acte de piOtes- conseil, dressé par le même prélat, n. XCV,
tation rédigé par le vicaire général de l'archevéeiue col. 3oi.
1649
"7^;^^ 282 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Une autre particularité fort remarquable de cette assemblée, c'est qu'on y
écarta l'objet principal de la réunion; il n'y fut pas dit un mot des cahiers
de doléances. On craignait, sans doute, que la matière ne fût trop abondante;
on ne voulait pas retomber dans la faute que le cardinal de R.etz reproche
à la régente & exposer de nouveau le peuple à pénétrer dans le sanctuaire;
de sorte qu'en définitive cette convocation d'États généraux, annoncée en si
beau langage dans les lettres de cachet du roi, n'aboutissait qu'à la désigna-
tion de députés choisis par la Cour, & même, pour. être plus exact, par une
fraction de la Cour. Les députés de la sénéchaussée de Toulouse furent
l'évêque de Rieux, le sénéchal La Valette-Cornusson , le juge-mage Caulet,
célèbre par ses longues querelles avec le Parlement, & le syndic général
Lamamye. Comme d'habitude, les protestations ne firent point défaut'.
Vainement, le capitoul Caumelz, avant que l'on ne procédât à l'élection,
essaya de faire ressortir, d'après ses instructions particulières, que la cause du
tiers état n'avait rien de commun avec celle des officiers de justice, Si que les
propriétaires de charges royales, dont les intérêts se trouvaient fréquemment
en opposition avec ceux du pays,' ne devaient point aspirer à le représenter.
Les mémoires dressés à l'hôtel de ville de Toulouse déclaraient à cet égard,
avec beaucoup de raison, qu'on ne pouvait nommer députés du tiers état des
gens contre qui le tiers état aurait précisément à présenter des réclamations
devant l'assemblée générale. C'est le tiers état, disaient-ils, qui porte presque
seul toutes les charges du royaume; ses mandataires doivent solliciter ia
réduction du nombre des officiers royaux dont le pays se trouve accablé.
Comment ces réformes seront-elles possibles si les officiers royaux, dont elles
attaquent les intérêts, sont appelés à les accomplir? D'ailleurs, les officiers
royaux, qui ne sont pas admis aux magistratures populaires, ne doivent-ils
pas être considérés, de ce fait, comme exclus de toute représentation?
Le capitoul discourut longuement « pour faire valoir ses mémoires. » Acte
lui fut donné de son opposition, mais on nomma le juge-mage.
Il a été conservé quelques discours prononcés à l'ouverture des séances
électorales de sénéchaussée. Le juge-mage de Castelnaudary, qui présidait
seul à cause de l'extrême jeunesse du marquis d'Ambres, sénéchal par héri-
tage, n'oublia point de rappeler au tiers état « qu'il n'avoit pas anciennement
« l'honneur d'être du corps de cette assemblée, » & qu'on l'y avait seulement
appelé en un temps où il secourut l'Etat par une grande contribution de
deniers. D'où l'orateur concluait qu'on devait faire « une bonne députation
« en reconnoissance de cette grâce ^. »
Un autre harangueur officiel, avocat du roi, prenait soin d'avertir que si,
dans les temps ordinaires de minorité, les Etats généraux du royaume pou-
vaient avoir mandat de constituer la régence, de distribuer les charges de la
couronne & de déterminer la composition du conseil, rien de semblable
' On trouvera quelques particularités curieuses chaussée, Pièces just'ificatives, n"' LXXII, col. 21 3,
dans les procès-verbaux que nous publions d'une 8t LXXIV, col. 219.
assemblée diocésaine & d'une assemblée de séné- = Pièces justificatives, n. LXXVII, col. 239.
■ LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. -33
n'était à faire clans le présent. « La France ne peut, grâce à Dieu, recon-
« noître d'autre régente que sa grande reine. » Les Etats prochains ne diffé-
reront pas de ceux qui se tiennent sous les rois majeurs j ils rechercheront la
guérison de toutes les misères publiques & travailleront à conjurer la guerre
civile, à dissiper « cet orage qui se forme au delà de la Loire '. «
Toutes ces précautions oratoires étaient, d'ailleurs, fort oiseuses. La lettre
de cachet du roi fixait au i5 mars l'ouverture des Etats généraux d'Orléans.
Certaines assemblées électorales furent tenues seulement le i3, 8c le i8 on
recevait encore des protestations. Mais, dans l'intervalle, de grands événe-
ments s'étaient accomplis.
Après quelques escarmouches entre les troupes royales & celles du Parler
ment de Paris 8c l'enlèvement du pont de Charenton par le prince de Condé,
un traité de paix, fruit de négociations laborieuses, venait d'être conclu à
Rueil entre la Cour 8c les parlementaires; l'amnistie générale était accordée;
la politique ordinaire allait reprendre son cours.
Le sieur des Ouches, dans le cours de ses tournées électorales, visita les
pays protestants de Languedoc avec un soin particulier, 8c leur porta, de la
part du duc d'Orléans, des assurances de protection. Nous voyons que son
témoignage fut invoqué par les membres réformés de la chambre de l'édit de
Castres, dans une grave attaire de prosélytisme religieux qui divisa profon-
dément les conseillers des deux communions.
Il s'agissait d'une servante catholique, dont la sœur, placée chez le con-
seiller d'Espérandieu, s'était faite protestante en épousant un compagnon
artisan de Réalmont, 8c qui, étant elle-même au service d'un réformé, fré-
quentait le temple 8c menaçait d'abjurer le catholicisme. Sa mère, n'ayant
pu la retirer de la maison du président de Vignolles, était venue en porter
plainte à la chambre de l'édit, qui, suivant la coutume, ne put aboutir qu'à
un arrêt de partage. Les conseillers catholiques, croyant reconnaître un cas
évident de subornation, demandaient que la jeune fille fût retirée de la
maison du président, mise entre les mains d'un catholique choisi par sa mère,
8c interrogée par les commissaires de la cour; puis, élargissant la question,
ils dénonçaient « les fortes impressions 8c grandes violences exercées dans la
(i ville de Castres sur les consciences des catholiques romains » 8c principale-
ment sur les domestiques de cette religion vivant au service des réformés, Se
s'en autorisaient pour solliciter la translation de la chambre de l'édit en la
ville de Toulouse, espérant que « la religion prétendue réformée en recevroit
« une notable diminution 8c le service du roi un affermissement visible'. «
' Discours de maître Grégoire Laffaille, avocat II y fut déclaré d'un commun avis n que, bien
du roi. Pièces justificatives, n. LXXVIII, col. 241. que les officiers de la chambre & les personnes de
* Il avait été question, en 1640, de transférer à leur suite faisant profession de la religion pré-
Toulouse la chambre de l'édit. Le premier prési- tendue réformée n'eussent pas sujet de douter
dent Bertier de Montrabe, favorable à la transla- qu'ils ne fussent accueillis dans Toulouse & n'y
tion, inspira même au conseil de ville & au con- pussent habiter avec la même liberté, sûreté &
seil de bourgeoisie une délibération spéciale à cet courtoisie qu'y reçoivent k'S autres habitans,
égard. néanmoins il leur seroit donné toute assurance
1649
~ " 284 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les conseillers protestants demandaient au contraire, en se fondant sur les
édits qui permettaient la liberté de conscience, que la jeune fille fût conduite
au palais Si interrogée par les conseillers des deux cultes, afin d'apprendre de
sa bouche quelle religion elle voulait professer, Se, suivant l'exemple de leurs
confrères, ils saisissaient l'occasion de faire un exposé de principes. « Il n'y a,
« dirent-ils, ville dans tout le royaume où les catholiques vivent avec plus de
« liberté que dans Castres, de même que dans toutes les autres villes de cette
« province où ceux de la religion prétendue réformée sont en plus grand
« nombre, de quoi point ne veulent être crus à leur seul témoignage, mais
« ils seront bien aises d'en demeurera celui qu'il plaira au sieur des Ouches
« d'en rendre à Leurs Majestés Si à Nos Seigneurs de son conseil, ayant été
« depuis peu pleinement informé de l'état de cette ville S< autres lieux où il
« a pu reconnoître les dispositions de ceux de ladite religion au maintien de
« la paix S<. à l'obéissance due à Leurs Majestés, ayant reçu, partout où il a
« été, de tous les ordres de ceux de ladite religion, l'honneur dû à ceux de
« la part desquels il venoit'. »
L'autorité du sieur des Ouches paraissait probablement suspecte aux con-
seillers catholiques, dont la conclusion n'est pas exempte d'amertume. « II
« n'est pas besoin, déclarent-ils, que les officiers de la religion prétendue
« réformée aient recours à des témoignages étrangers pour persuader de leur
« zèle Se aftection au service du roi; les registres de la chambre St les effets
« conformes aux paroles Se répondant à de véritables déférences Se non affec-
te tées étant les seuls témoins qu'il faut employer sur ce sujet. Se en quelque
<( temps que leurs bonnes résolutions paroissent, sans en examiner trop curieu-
<! sèment les moments, elles seront toujours agréablement accueillies par les
« officiers catholiques^. »
En réalité, les démarches intéressées du duc d'Orléans faisaient plus de
mal que de bien, parce qu'elles encourageaient des espérances trompeuses Se
qu'ils désireroifênt. » On chargea inêm« le député fermissement de la tranquillité publique. » Des
en Cour d'affirmer à cet égard les dispositions de Vignoles, Masnau, de Juge. L'arrêt est du 27
la ville auprès du cardinal Richelieu & du chan- mars 1649'.
celier". 'Voici les derniers mots de leur conclusion :
' Le dispositif de l'avis des réformés se termine « Quand le présent partage n'auroit opéré d'autre
ainsi : « Étant au surplus les officiers de ladite effet, il est assez considérable, puisque la plupart
R. P. R. prêts à prendre toutes délibérations né- des hommes se lient par le souvenir de leur devoir
cessaires pour le service du roi, bien de l'Etat & & par leurs paroles & seings, & quant à la satis-
affermissement du repos public, ainsi qu'ils en ont faction que le roi & ses prédécesseurs ont eue de
usé en toutes les occasions qui se sont présentées, leurs déportements, ils s'en remettent avec respect
comme il se justifie par les registres de ladite aux sentiments de Leurs Majestés qui sans doute
chambre, n'ayant besoin d'être exhortés à leur sont conformes à la vérité des choses, u Le rappro-
devoir, duquel ils ne se sont jamais départis, le chement de ces textes nous a semblé curieux,
roi & ses prédécesseurs ayant été pleinement sa- comme jetant assez de jour sur la vie intime des
tisfaits de leur conduite & jugé la séance de la chambres mi-parties & sur les difficultés auxqiiel-
chambre en cette ville très-importante pour l'af- les donnait heu le contact des deux religions.
' Archives de Toulouse. Annala maiiuacrites, Vil, p. i65. ' .'\rchives de la Haute-Garonne. Fonds du Parlement de
— Livre des Conseils. Séance du 29 décembre 1640. Toulouse. Chambre de l'éjit de Languedoc.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 285
contribuaient à aigrir l'esprit d'antagonisme 8<. de rivalité entre les deux
communions.
Quant à la translation de la chambre de l'édit à Toulouse, qui était une
sorte d'idée fixe dans le parti catholique, le Parlement l'avait lui-même
demandée par arrêt spécial, le 29 août 1648, en refusant d'enregistrer des
lettres patentes d'ordre purement disciplinaire; seulement il fondait cette
réclamation, non pas comme ses délégués de Castres, sur le désir d'apporter
une diminution notable à la religion réformée, mais sur celui de faire cesser
« cette marque de division entre les peuples d'aller demander justice à deux
« divers tribunaux'. »
Les agitations de la politique & la préparation des Etats généraux réveil-
laient ainsi toutes les questions locales, comme avait fait le début de la
régence, chaque parti s'emparant de l'occasion pour en tirer des éléments
de succès.
Cependant la fameuse déclaration royale qui supprimait les fonctions des
intendants de province était demeurée sans effet en Languedoc. Le Parle-
ment de Toulouse continuait à la considérer comme ayant force de loi & ne
se refusait jamais le plaisir de poursuivre les agents de l'intendance comme
personnes privées 8c sans caractère; mais cela n'empêchait point M. de Breteuil
de figurer aux États, en qualité de commissaire royal, avec le titre d'inten-
dant de justice en Languedoc, à côté de Scipion de Grimoard de Beauvoir,
comte du Roure, maréchal de camp des armées du roi Se l'un de ses lieute-
nants généraux au commandement de la Province.
La session, qui ne dura pas moins de six mois, fut très-orageuse 81 mar-
quée par un assez grand nombre d'épisodes importants. Ce fut à propos d'un
sermon que la première tempête menaça d'éclater.
Le dimanche 6 juin, jour où se fit la procession solennelle des trois ordres,
M. de Maupas du Tour, évêque du Puy, avait été chargé de prêcher devant
les États. En exhortant les députés à se montrer modérés dans la distribution
des biens de la Province, il reconnut le droit qu'ont les rois d'exiger de leurs
peuples une partie de leurs biens, rappelant le mot de Samuel aux Israélites :
« Le roi prendra de vos blés & de vos olives, il vendangera dedans vos vignes,
c( il fera de vos enfans ses serviteurs 8c ses servantes; » mais il eut soin
d'ajouter que ce privilège des rois avait ses limites; « lorsque quelques-uns
« d'entre eux, dit-il, ont abusé de ce pouvoir. Dieu a fait des trônes de leur
« gloire les échafauds de sa justice, 8c jeté sous les pieds des chevaux ceux
« qui commandoient aux hommes, » rappelant en quelques mots l'histoire de
Jézabel. Dans un autre passage, où il invitait encore les membres des États à
gérer leurs finances avec économie, il prononça cette phrase dangereuse :
« Ne seriez-vous pas cruels si vous ôtiez indifféremment le pain 8c le bien
« des enfans de la famille, pour le mettre en la main de personnes étran-
u gères que je ne connois point Se ne veux point connoître. »
' Pièces juttifi^aliyes, n. LXV, col. io5.
1649
i649
286 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Ces paroles, relevées par des auditeurs malveillants, parmi lesquels se trou-
vait peut-être l'inévitable sieur des Ouches', furent immédiatement, avec
exagération & commentaires, transmises à la Gourde France. Les terribles
événements d'Angleterre y avaient rendu les oreilles fort susceptibles, & le mot
d'échafaud sonnait mal, quelques mois à peine après le supplice de Charles I.
On disait que Mazariii avait averti le duc d'Orléans d'ouvrir les yeux 8c de
prendre garde qu'il pourrait bien y avoir au Parlement de Paris, aussi bien
qu'en celui de Londres, des Fairfax & des Cromwell^. Sous l'obsession de
ces souvenirs, qu'augmentaient de récentes analogies, la reine Anne d'Autriche
recueillit avec grande émotion les bruits qu'on lui apportait du sermon de
Montpellier. Elle se plaignit dans son entourage que l'évêque du Puy eût
avancé trois propositions fort extraordinaires; la première, que Dieu punis-
sait les rois tyrans par sa justice comme le prouvait la mort du roi d'Angle-
terre sur échafaud 5 la seconde, qu'il punissait les méchantes reines, exemple :
Jézabel, Frédégonde 8t une autre; la troisième, que l'argent que l'on deman-
dait au Languedoc n'était point pour le roi, mais pour un étranger. La reine
s'estimait doublement offensée d'avoir été traitée ainsi par un homme de vertu
attaché à sa maison.
Les amis de l'évêque, à qui cette conversation fut rapportée, se hâtèrent
d'expédier un exprès en Languedoc, 8c quelques jours après, en pleine séance
des États, M. de Maupas fit appel aux souvenirs de l'assemblée, rapporta le
canevas latin où il avait marqué les points principaux de son sermon, 8c en
récita de mémoire les passages incriminés, repoussant avec indignation toute
pensée d'allusion blessante. Une députation spéciale alla dénoncer aux com-
missaires du roi « la très-noire calomnie faite contre un prélat des plus inno-
« cens 8c d'ailleurs très-injurieuse à l'assemblée » qui n'aurait permis à per-
sonne de violer en sa présence le respect 8c la vénération dvis à la régente 8c
au jeune roi. On fit aussi partir en poste le sieur Descornets, chargé d'une
lettre collective de protestations 3.
Le Parlement de Toulouse avait récemment donné arrêt contre les semeurs
de fausses nouvelles tendant à émouvoir le peuple'*; jamais temps ne fut, en
effet, plus fécond en rumeurs alarmantes 8c en faussetés. Les États reçurent
aussi les plaintes des archevêques de Narbonne 8c de Toulouse contre l'abbé
de La Rivière, qui abusait de plus en plus de la condescendance de son
■ « Le sieur de Boyer, avocat au Parlement 8c ' Pièces justificatives, n. LXXXVI, col. 263.
député de la ville de Toulouse, ayant fait plainte ■• C'était à l'occasion d'un commencement de
à l'assemblée des discours injurieux & menaces troubles à Toulouse, vers la fin du mois de sep-
que le sieur des Ouches avoit fait publiquement, tembre 1648. Des misérables avaient enduit de
en plusieurs rencontres, ainsi qu'il avoit été averti poix, de résine & de soufre la porte de l'hôtellerie
par quelques-uns de l'assemblée qui l'auroient du Casque, y avaient accumulé de la paille &
ainsi témoigné, a été arrêté qu'on en écrira aux commençaient d'y mettre le feu, lorsque les voi-
députés en Cour pour en faire plainte au roi &à sins les firent déguerpir. Des placards, affichés
Son Altesse Royale'. « dans tous les carrefours, appelaient le peuple à
'^ Auhery, Histoire du cardinal Ma'^arin,'V ^-p. l()^. I:i révolte'.
' Procès-verbal des Étals. Séance du 3o juin UHg. ' Voir Pièces justificatives, n, I.XVII, col. 208.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 287
maître. On avait fait courir le bruit dans toute la France que des lettres de
cachet empêcheraient la députation de Languedoc d'arriver à la Cour, &
comme M. de Montchal, sans tenir compte de ces menaces, s'était acquitté de
son mandat pour traiter avec le favori les divers points de ses instructions,
sur le seul avis donné par le prélat que le syndic général de la Province aurait
voulu obtenir une audience personnelle du prince-gouverneur, l'abbé lui
répondit sans s'émouvoir : « S'il s'étoit présenté, les gardes de Son Altesse en
« auroient pu faire justice". »
L'assemblée témoigna un très-grand ressentiment de ces violences & déclara
que si de telles injures demeuraient sans réparation, il n'y aurait plus per-
sonne qui pût se permettre aucune liberté dans les États, ni aucun moyen
d'avancer sans péril quelque chose d'utile au service du roi 8<. à l'avantage de
la Province.
Le récit de la pression exercée par le sieur des Ouches à l'assemblée élec-
torale de Gaillac, la communication de ses lettres comminatoires aux électeurs.
Si surtout le tableau des brigandages que le régiment du sieur de Vallon
continuait à commettre au bas Languedoc, déterminèrent la nomination de
quatre députés envoyés expressément à la Cour pour y demander réparation
des outrages que la Province avait reçus en la personne de deux archevêques*.
En ce moment, la Provence était en pleine insurrection contre son gou-
verneur, le comte d'Alais. Le Parlement d'Aix 81 les syndics & procureurs du
pays écrivirent aux Etats de Languedoc pour leur demander assistance, en
leur signalant les excès des gens de guerre. La réponse des Etats fut très-cir-
conspecte, conseillant un accommodement, avec promesse d'intercéder auprès
de la Cour. On avait d'ailleurs obtenu du comte du Roure l'interdiction de
toutes levées de gens de guerre destinés à renforcer les bandes du comte
d'Alais, & le refus des logements qui pourraient être demandés pour les
troupes de passage 3.
Faible garantie, du reste; car les désordres qui ne cessaient de régner dans
la partie orientale de la Province n'y permettaient guère une surveillance
efficace. Le i" juillet, à bout d'expédients, les États résolurent d'envoyer une
ambassade au Parlement de Toulouse, chargée de solliciter la nomination
d'un commissaire, qui se transporterait sur les lieux & commencerait des
poursuites contre les coupables.
Cette députation, dont les membres furent choisis par un vote de l'assem-
blée, dans la séance du 8 juillet, se composa de cinq personnes. Le premier
ordre y était représenté par l'évêque d'Uzès, Nicolas Grille; la noblesse, par
le baron de Castelnau-d'Estrétefons; le tiers état, par Froment & Cousin,
consuls d'Uzès &t de Lavaur, auxquels on adjoignit, selon l'usage, le syndic
de la Province, Lamamye de Villeneuve.
' Pièces justificatives, n. LXXX, col. i5o. • Nous publions cette correspondance nuv Pièces
'Ces députés furent l'éTêque d'Albi, le baron justificatives, n'" LXXXI , col. 256, à LXXXIV,
de Rieux, les sieurs de Rosel & de Fabre, consuls col. i6o.
de Montpellier & de Narbonne.
1649
~ 288 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
C'était une démarche toute nouvelle dans les assemblées provinciales de
Languedoc, telles que les avait disciplinées le régime de Richelieu, St comme
un retour aux agitations & aux procédés politiques de la Ligue, que de voir
une députation des trois ordres traverser ainsi la moitié de la Province pour
aller porter ses réclamations, non plus au roi de France en personne ou aux
représentants directs de sa puissance, mais à la première compagnie judiciaire
du pays, constituée en gardienne presque indépendante du repos des peuples.
Les députés partirent le lendemain de leur élection , précédés d'un jour
' par le syndic, qui allait les annoncer le long de la route. Partout, sur leur
passage, ils furent accueillis avec les démonstrations de respect St les hom-
mages que l'on était accoutumé de rendre aux gouverneurs & aux lieute-
nants du roi. L'impression des violences militaires était si vive & si générale
dans la contrée que, malgré les vices constitutifs des Etats comme repré-
sentation provinciale, leurs délégués pouvaient paraître cette fois les vrais
défenseurs du pays. Toutes les étapes de leur voyage furent marquées par
des réceptions. A Narbonne, le syndic du diocèse les traita magnifiquement
dans sa grange; à une lieue de Toulouse, ils rencontrèrent deux carrosses
à quatre chevaux, accompagnés d'une troupe de cavaliers. C'étaient deux
capitouls que le consistoire envoyait pour leur faire honneur 6i qui les con-
duisirent en ville.
Dès leur arrivée, ils allèrent rendre visite au premier président, qui les
reçut avec courtoisie Se leur déclara que pareille réception était sans exemple
dans les registres du Parlement.
Le lendemain, tous les dignitaires de la ville allèrent offrir leurs respects
aux envoyés; ce furent d'abord quatre capitouls en chaperon, dont l'un, le
sieur de Lagorrée, leur adressa un compliment très-civil & solennel; puis
le syndic de Toulouse, apportant les présents de la ville, tels qu'on les offrait
aux gouverneurs, la cire, les dragées 8c les flacons de vin blanc; la députation
du chapitre métropolitain, composée du chancelier, du grand chantre Si de
deux chanoines; le juge-mage, suivi de quatre conseillers de la sénéchaussée;
les docteurs régents de l'université, précédés du recteur qui prononça une
harangue; les administrateurs de l'hôpital de la Grave, & enfin le premier
président.
Il y eut quelques négociations préliminaires pour régler le cérémonial de
la réception au palais. La question était épineuse Se mettait en peine les
vieux formalistes du Parlement; car, d'après les traditions du greffe, rien
de pareil ne s'était encore pratiqué. On s'inquiétait surtout du port d'armes,
que les magistrats ne toléraient point devant leur tribunal.
Les députés obtinrent d'être admis en pleine audience, les chambres assem-
blées, le gentilhomme portant son épée, « qui est l'habit essentiel du baron
« des Etats, » les trois ordres confondus sans aucune séparation. Le greffier
civil, en robe St bonnet carré, accompagné de six huissiers, attendait au pied
du perron, à la descente du carrosse.
Introduits dans la grand'chambre, à dix heures du matin, les envovés de
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 289
la Province allèrent s'asseoir sur le premier banc qu'on leur avait laissé vide,
vis-à-vis le siège des présidents.
L'évêque d'Uzès exposa à la cour le motif de l'ambassade; &, dans sa
réponse, le premier président protesta de l'affection du Parlement pour les
États & du désir de coopérer avec eux au service du roi, leur commun maître.
Dans l'après-midi, le président Donneville, accompagné des conseillers
Rech Si Cambolas, visita les députés au nom de la cour.
Le dimanche suivant, il y eut collation à l'hôtel de ville. A deux heures.
Messieurs des États, avec une suite de gentilshommes & d'envoyés qui rem-
plissait six carrosses, entrèrent dans la cour de la maison commune entre
deux haies de soldats, rangés sous les armes d'une porte à l'autre, & furent
salués par des mousquetades, des boîtes, des pièces d'artifice & par la musique
municipale des hautbois 8c des trompettes. Le corps capitulaire & toute la
bourgeoisie leur firent les honneurs de l'hôtel de ville. On les promena dans
les diverses galeries édifiées sous Henri IV 8c sous Louis XIII; on leur montra
les peintures historiques figurant les entrées royales 8c les portraits de plu-
sieurs générations de capitouls. A l'entrée de l'arsenal, six pièces de campagne
en batterie tonnèrent par toutes leurs bouches, 8c quand ils sortirent du bâti-
ment de Lenesville', encore peuplé des corselets 8c des morions de la Ligue,
les mêmes salves martiales se renouvelèrent. De là les invités passèrent dans
la salle du consistoire, où le chef les attendait auprès d'une table bien servie.
Toutes les friandises du temps y étaient rassemblées ; confitures, dragées,
biscuits à la reine, biscuits de Malte, bisquiteaux. Plusieurs pièces de four
portaient, en relief 8c en couleur, le blason aux armes de la Province. Pen-
dant,tout le repas, les six violons ordinaires de la ville firent entendre leurs
symphonies.
Des pluies abondantes 8c le débordement des rivières du haut Languedoc
retinrent quelques jours la députation captive, car les chemins, toujours
négligés, étaient devenus impraticables. Vers le dimanche matin, le ciel
s'étant éclairci, la petite troupe se remit en marche.
La brillante réception de Toulouse avait fait grand bruit dans la Pro-
vince; aussi toutes les villes du parcours épièrent les députés au passage pour
leur donner quelques marques de civilité. A Castelnaudary, à Carcassonne,
le sénéchal 8c les consuls rivalisèrent d'empressement. A Béziers, le premier
consul, M. de Margon, offrit un très-beau festin.
En rendant compte à l'assemblée du résultat de son ambassade, l'évêque
d'Uzès, parlant au nom de ses confrères, put affirmer avec quelque orgueil
que « les Etats, en cette rencontre, avoient été honorés en leur personne à
« l'égal des plus grands princes^. »
Ces pompeuses démonstrations, auxquelles le Parlement répondit, après un
assez long intervalle, par l'envoi d'une ambassade, sous la conduite du prési-
' Pierre Lenesville, architecte Orléanais, refit les cendie, & construisit, en i6i3, la portcde l'arsena!
Toutes du chœur de l'église Saint-Etienne de Tou- municipal,
louse qui araient été détruites par un terrible in- ' Ptcca justificatiyes, n. LXXXVII, col. z6S,
XIII. 19
1649
~ 290 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dent Garaud de Donneville', marquaient entre les grands corps de la Pro-
vince une tentative de rapprochement analogue à celle qui, à Paris, avait
Lrmé l'union des compagnies supérieures &t tenu tête à la royauté; tentative
éphémère, du reste, car les puissantes oligarchies, qui se disputaient d'ordi-
naire la prééminence, avaient des intérêts trop contradictoires pour vivre
longtemps en bonne intelligence. On s'adressait mutuellement des louanges
hyperboliques; on se traitait de sauveurs de l'État, de protecteurs du peuple,
de pères de la patrie, jusqu'au moment où, une cause de conflits surgissant,
l'hyperbole devenait hostile, &t la guerre éclatait.
Pendant quelques mois, l'harmonie fut assez constante entre le Parlement
& les États. La cour de Toulouse, dont la suppression des intendants avait
comblé les vœux, s'était associée aux démarches de l'assemblée provinciale
pour obtenir la réalisation de son rêve le plus cher, la révocation de l'édit de
Béziers. Dès le 10 mai 1649, dans une première délibération, le Parlement
avait assimilé cet édit à toutes les mesures extraordinaires & rigoureuses qui
se trouvaient supprimées par les déclarations du 18 janvier & du 22 octobre,
avec mission au procureur général d'en faire une étude à part 8<. d'en pré-
senter rapport à la cour, & su''séance provisionnelle complète. Ainsi, recréance
était donnée de tous les biens saisis pour le payement des impôts établis en
vertu de l'édit de Béziers, &, en même temps, annulation des contraintes
délivrées par les receveurs des tailles^.
Le pays, accablé sous le poids de ses charges, n'avait pas besoin d'être
encouragé à ne point payer : les prescriptions du Parlement obtinrent par-
tout une obéissance facile, &, comme la contagion gagnait rapidement Se
qu'au milieu des crises de la politique générale toute menace de complica-
tion paraissait alarmante, les commissaires du roi aux États reçurent l'ordre
formel de traiter avec l'assemblée provinciale sur la base d'une révocation de
l'édit de Béziers. Les désordres du royaume avaient fini par rendre inévitable
cette abrogation, que les députés du Languedoc réclamaient dès les premiers
jours de la régence.
Les négociations furent très-longues & très-accidentées. Il n'est point dou-
teux que la révocation n'eût été déjà résolue en principe dans les conseils de
la régence; mais on voulait, du moins, qu'elle fût payée un haut prix, &.
c'est en réalité sur le taux de ce rachat que portèrent les difficultés sérieuses
de la transaction.
Les États faisaient valoir le caractère exceptionnel de l'édit, promulgué
dans des circonstances funestes pour la Province. Le garde des sceaux, au
lieu de solliciter les avis, comme d'habitude, s'était contenté de dire qu'on
venait d'entendre la volonté du roi, & que personne n'y pouvait faire oppo-
sition. On rappelait que cet acte, modifiant la constitution même de la Pro-
vince, n'avait jamais été vérifié au Parlement, condition tout à fait obligatoire
■ On trouvera aux Pièces justificatives, n"' XC, Donneville au nom du Parlement de Toulouse &
col. 286 & XCI, col. 289, le discours prononcé la réplique de l'archevêque de Narbonne.
aux États le i" octobre i6.|9 par le président de » Pièces justificatives, n. LXXXV, col. 262.
LIV, I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 2qi ; —
' 1649
depuis les récents triomphes de la cour de Paris; £<, reprenant l'événement
à son origine, on indiquait le peu de part qu'avait eue la Province à la sédi-
tion de i632, presque exclusivement provoquée par la pression des gens de
guerre. Le développement de ces arguments rétrospectifs ne laissait pas que
d'être embarrassant, si l'on songe au triste rôle que le duc d'Orléans ^vait
joué dans ces aventures.
Au cours du débat, l'assemblée se prononça d'une façon très-ferme. Après •
avoir entendu un long rapport, où étaient déduits avec détail tous les vices
de forme & tous les inconvénients de l'édit de Béziers, on déclara, d'un
commun consentement, que pour contenir les peuples en l'obéissance du roi
81 sous son bon plaisir, les Etats n'auraient plus égard à cet acte célèbre, ni
pour le présent ni pour l'avenir, 8t qu'ils n'accorderaient aucune somme
Se ne consentiraient aucune imposition en vertu des commissions portées par
les agents ministériels, considérant les commissions de ce genre comme con-
traires aux libertés de la Province & aux dernières déclarations du roi '.
Le comte du Roure & l'intendant vinrent annoncer, quelques jours après,
que la délibération prise par les États au sujet de l'édit de Béziers leur sem-
blait conçue en des termes qui ne pouvaient pas « bonnement » être présentés
au roi 8c demandèrent un adoucissement d'expression.
L'archevêque de Narbonne leur répondit que l'assemblée, ne s'étant jamais
départie des termes d'obéissance qu'elle devait à Leurs Majestés, était prête à
revoir sa délibération pour s'assurer si, par mégarde, il n'y serait point échappé
de mot répréhensible.
Les commissaires retirés, suivant le cérémonial, on remit l'affaire aux voix
8< l'on résolut de maintenir le texte intégral de la délibération, n'y ayant
rien trouvé qui ne fût très-respectueux 8c qui ne marquât le devoir & la sou-
mission de bons & fidèles sujets envers leur prince^.
Les négociations étaient encore pendantes, lorsque l'assemblée fut mise en
émoi par l'aventure d'un de ses syndics généraux. Un soldat de la citadelle
s'était présenté, à neuf heures du soir, au logis de cet officier provincial. Se
l'ayant appelé dans la rue pour lui faire une communication, l'avait sommé
de quitter la ville dans quatre jours s'il ne voulait être roué de coups de bâton
8c assassiné. Sur l'invitation du syndic, ce brutal messager fut arrêté &c jeté
dans les prisons de la cour des aides; mais il y était à peine installé, que le
présidial le réclama comme étant de sa juridiction, 8c l'enferma dans ses pro-
pres cachots. Survint alors le lieutenant de la citadelle qui mit les deux tri-
bunaux d'accord en exigeant l'élargissement du soldat.
P».umeurs violentes dans l'assemblée : les députés déclarent que la liberté
publique est violée en la personne du syndic, 8c que, sans liberté il n'y a
point d'Etats, que la considération de l'assemblée a souffert une plaie mor-
telle. On décide que M. de Vedelly, commissaire du Parlement de Toulouse,
' Procès-verbal des États. Séance du i5 juin * Procès-verbal des États. Séance du 2p Juiji
1649. 1643.
~^ 292 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
qui instrumentait dans les environs, sera prié d'accourir pour instruire contre
les coupables.
On écrit à la hâte à l'évêque d'Albi, alors à la Cour, avec ordre d'en porter
plainte au duc d'Orléans. Gaston répondit que le syndic ne courait aucun
risque & pouvait continuer sa charge en toute assurance.
Cette affirmation ne satisfaisait personne. Les vieux praticiens de l'assem-
• blée s'enquirent des précédents, & l'on découvrit dans les registres qu'en i625
un protestant ayant été arraché par la chambre de l'édit aux poursuites des
États, les États, considérant leur liberté comme violée, suspendirent leurs
séances jusqu'après avoir obtenu réparation. On décide de suivre cet exemple.
Les délégués qui vont en donner avis aux commissaires du roi, demandent
aussi, au nom de l'assemblée, que les Etats soient transférés dans une ville
où il n'y ait ni citadelle ni cour souveraine.
Le comte du Roure s'excusa de ne pouvoir obtenir par son autorité la
répression du coupable. Le département de la lieutenance générale dont il
était titulaire depuis la mort du comte de Tournon comprenait seulement les
pays de Vivarais 8c de Vêlai & il n'avait point d'ordres à donner aux troupes
de la citadelle, la ville de Montpellier étant du département du bas Lan-
guedoc. Les États s'inclinent devant ces raisons, mais demandent au roi qu'à
l'avenir l'oificier qui remplira la charge de premier commissaire président soit
pourvu d'ui\ absolu commandement dans la ville d'assemblée, à quelque lieu-
tenance générale qu'elle appartienne; & comme le présidial s'est laissé inti-
mider par la citadelle, les députés de la Province solliciteront la suppression
du sénéchal de Montpellier.
Pendant toutes ces agitations intérieures, les côtes de Languedoc ne ces-
saient d'être visitées par les galères royales qui enlevaient les bateaux chargés
de grains en partance pour les pays étrangers; d'autres étaient saisis dans les
petits ports de Martigues & de la Ciotat, où les marchands de Marseille les
internaient en s'autorisant de leurs privilèges &. finissaient par se rendre
acquéreurs des chargements à tel prix que bon leur semblait. Les États parlè-
rent d'user de représailles à l'égard des navires provençaux.
Un M. de Chastelux, capitaine de galères, fit même des propositions à
l'assemblée en vue d'organiser une contre-course, « offrant ses services & ceux
« de son armement pour tenir la côte nette. » Une commission de cinq mem-
bres eut mandat d'examiner ses conditions qui ne furent pas acceptées.
Vers la fin du mois de septembre, M. de Choisy, chancelier du duc d'Or-
léans, se rendit en personne à Montpellier pour y terminer l'affaire de l'édit.
L'édit de révocation fut donné à Paris, au mois d'octobre 164g. L'exposé
des motifs rappelait les marques de fidélité données par la Province & l'insis-
tance qu'elle avait mise à solliciter le rétablissement de ses anciens usages.
Les États devaient à l'avenir se rassembler annuellement au mois d'octobre,
sur convocation royale, sans pouvoir être prolongés au delà d'un mois à
compter de la séance d'ouverture. Les offices de trésoriers de la bourse, créés
en i632, étaient supprimés, avec faculté donnée aux États de reprendre
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 298
les formes de perception & de comptabilité traditionnelles. En reconnaissance
de cet acte de grâce, qualifié d'édit perpétuel 8c irrévocable, l'assemblée pro-
vinciale accorda un don gratuit de douze cent mille livres; doubla les quatre-
vingt mille livres qu'elle avait pris l'habitude de payer au duc d'Orléans, &
en offrit douze mille à l'abbé de La Rivière'.
Durant le dernier mois de la session, les Etats accordèrent à la cour des
comptes de Montpellier, qui avait repris possession de son ancienne résidence,
en vertu d'une déclaration du 24 juillet 1648, la jouissance pendant quinze
ans d'un droit de trois deniers par livre sur les tailles de la Province^, libé-
ralité fort insolite Se qui devait occasionner de nouvelles tempêtes.
Il était d'usage tjue, pour charmer les loisirs des membres de l'assemblée,
des troupes de comédiens vinssent donner des représentations dans la ville où
les États se réunissaient. On a tout lieu de croire que les États de 1649
eurent l'avantage de voir jouer Molière en personne. C'est du moins ce qui
résulte d'une concordance de dates assez curieuse 3.
1649
' Voici le détail de quelques largesses faites par
l'assemblée provinciale à la fin de la session :
A S. A. R. pour l'honneur de l'avoir pour gou-
Tcrneiir, la somme de 80000 livres j — & pour
témoigner à S. A. R. l'obligation extraordinaire
que la Province lui a de la protection qu'elle lui
a donnée envers S, M. pour obtenir la révocation
de l'édit de Béziers & la permission de faire l'im-
position pour deux années, les Etats luy ont en-
core donné autre somme de Socoo livres. — A
M. le comte du Roure, la somme de 40 000 livres.
— A M. l'abbé de La Rivière, la somme de 6 000 li-
vres, en considération des faveurs & assistances.
que la Province a reçues de lui auprès de S. A. R.,
& pour les soins & peines qu'il a prises de la re-
mettre dans son ancienne liberté par le moyen de
l'obtention de la révocation de l'édit de Béziers,
.-lutres 6 000 livres. — A M. de Choisy, chancelier
de S. A. R., la somme de 7000 livres. — A M. de
Breteuil, attendu qu'il est seul intendant & qu'il
achève la troisième année de son intendance, la
somme de 7000 livres, & arrêté que les députés en
Cour feront insistance auprès de LL. MM. & de
S. A. R. de le vouloir continuer dans son emploi
dans la Province en cas que leurs volontés fussent
d'y envoyer quelqu'un. — A MM. de Goulas &
de Fromont, secrétaires des commandements de
S. A. R., la somme de 3 000 livres à chacun. —
A M. de Chanteau pour avoir porté la révocation
de l'édit de Béziers, la somme de 2000 livres.^
Aux commis de M. de Goulas Su. de Fromont, la
tomme de 5oo livres à chacun. — Au secrétaire de
M. de Choisy, 600 livres. — Nous publions aux
Pièces justificatives, n° XCII, col. 292, le texte de
l'édit de révocation.
' Procès-verbal des Etats. Séance du 19 novem-
br: .',^9.
' L'auteur des Pérégrinations Je Molière dans le
Languedoc, M. Léon Galibert, a retrouvé, en feuil-
letant les livres de paroisse de l'église Saint-Paul,
à Narbonne, la mention suivante qui atteste la
présence de Molière dans le bas Languedoc, au
commencement de l'année i65o, avec Charles Du-
fresne, acteur connu de Vlllustre Théâtre . « L'an
mil six cent cinquante & le dixième janvier, par
moi, curé soussigné, a été baptisé Jean, fils d'Anne,
ne sachant le nom du père; le parrain a été le
sieur Jean-Baptiste Poquelin, valet de chambre du
roi ; & la marraine, demoiselle Catherine du Bosc ;
présents les sieurs Charles Dufresne & Julien Mé-
lindre'. j> C'est peut-être au passage de la même
troupe à Toulouse, en 1649, que se réfère un arrêt
du Parlement, qui ne manque pas d'intérêt comme
tableau de mœurs universitaires. On verra que les
étudiants de Toulouse avaient alors les allures ba-
tailleuses qui ne se retrouvent plus guère aujour-
d'hui qu'en Allemagne : n ... Quoique par divers
arrêts de la cour il soit inhibé aux escoliers de
faire aucuns prieurs de nation, exiger aucunes
bienvenues, porter épées ni autres armes, néan-
moins au préjudice desdits arrêts, ils créent lesdits
prieurs de nation, exigent les bienvenues, non-
seulement des escoliers, mais encore d'autres, por-
tent épées & vont journellement aux comédies, y
entrant à la faveur de certains méreaux, billets
ou bulletins qu'ils se font bailler par force auxdlis
comédiens, ce qui leur sert d'occasion de quitter 8c
abandonner les collèges & études, & là, sous la
qualité de prieurs, sous-prieurs & anciens de na-
tion, avec leurs épées & autres armes font de
» Histoire des pèrcgrin:ttions de Molière dans te Lan'
fruedoc, d'après des documents inédits (1642-1(358), par
M. Emmanuel Raymond tLiion Galibert). Paris, Dubuisson,
it>38, p. 49.
~ 294 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
En dehors des grandes intrigues qui passionnaient les compagnies supé-
rieures & l'assemblée provinciale, on signalait, de part 8<. d'autre, des conflits
locaux plus ou moins graves, déterminés par des causes à peu près constantes :
diversité de religion, élections municipales, contestation de droits féodaux.
Ces querelles, dont la plupart duraient depuis longues années, se réveillaient
avec une vivacité nouvelle à la faveur de l'esprit d'inquiétude & de désordre
qui régnait dans le pays.
Ce fut à la suite d'un de ces mille incidents qui troublaient à tout propos
la tranquillité, que le Parlement de Toulouse eut à mettre « sous la sauve-
« garde du roi & de la cour » le monastère Notre-Dame de Salenques, dans
la haute vallée de la Rize, bloqué le 16 octobre 8c menacé de destruction par
les habitants des Bordes. Anne de Noé, abbesse de cette maison, se trouvait,
depuis près de vingt ans, en procès avec tout son voisinage, tant à cause de
plusieurs biens-fonds usurpés que des droits de haute & basse justice sur la
petite paroisse de Saint- Félix de Salenques. Elle se heurtait du reste à de
puissants compétiteurs : d'une part, Henri Gaston de Foix, comte de Rabat,
qui l'accusait d'avoir extorqué par violence une transaction Si qui revendi-
quait pour lui-même la moitié de la justice, & surtout le redoutable gouver-
neur de Guienne, dont les exigences 8c les prétentions féodales mettaient
alors toute sa province en feu : Bernard de Foix de la Valette, duc d'Epernon,
de la Valette 8c de Caudale, comte de Foix 8c d'Astarac, se disait, en qualité
de comte de Foix, autorisé à exercer la haute 8c la basse justice dans l'entier
territoire de Saint-Félix, aussi bien sur le personnel de l'abbaye que sur la
population du village. Les habitants des Bordes profitaient de ces dissensions
pour s'attrouper, ravager les vignes, 8c cherchaient à forcer les portes du
monastère. Quelque noblesse des environs les dissipa, 8c le Parlement leur
défendit d'entraver la libre jouissance du domaine des religieuses'. Le duc
d'Epernon, en guerre ouverte avec le Parlement de Bordeaux, avait alors
d'autres soucis.
Cependant, les événements de la Cour de France allaient amener une
révolution notable parmi les puissances qui dirigeaient les destinées de la
Province. Le 18 janvier i65o, les princes de Condé 8c de Conti 8c le duc de
Longueville furent arrêtés par le capitaine des gardes de la reine 8c conduits
au château de Vincennes. Ce coup d'État eut pour conséquence indirecte la
grands désordres La Cour a fait & fait inhibi- tiendra, & que néanmoins le présent arrêt sera lu
tiens & défenses à tous écoliers de créer aucuns & publié par les carrefours de la ville, à son de
prieurs, exiger aucunes bienvenues, porter épées, trompe, k la diligence desdits capitouls, afin que
poignards, pistolets & autres armes de jour ni de personne n'en prétende cause d'ignorance,
nuit, à peine de la vie, comme aussi leur a fait b„ „ ,
pareilles inhibitions & défenses de prendre aucuns
méreaux, billets ou bulletins, ni s'en servir à ' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par-
peine de quatre mille livres 8c autre arbitraire, & lement de Toulouse. Chambre criminelle. Arrêt du
par même moyen aux capitouls de cette ville de iz octobre 1649.
souffrir qu'ils s'en servent, leur enjoignant de
capturer les porteurs desdits méreaux & armes, . , ,• j , ,, . ,^ ,- j j ,, , .j
^ c ■ o r ■ Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Parlement de
leur laire & parfaire le procès, ainsi qu'il appar- Toulouse. Affaires du roi & du fublic. I, p. 596.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 2y5
chute du favori dont les archevêques de Narbonne Si de Toulouse avaient
récemment dénoncé l'insolence. L'abbé de La Rivière ignorait de tout point
le complot tramé par Mazarin avec la connivence du duc d'Orléans : la
duchesse de Chevreuse s'était appliquée à ruiner le crédit du confident, & y
avait réussi. Gaston ne lui laissa rien deviner de l'aventure qui se préparait,
& l'abbé fut un des personnages les mieux joués dans cette audacieuse entre-
prise. Il se trouvait dans la compagnie du cardinal Mazarin au moment
même de l'opération. « Que diriez-vous, monsieur l'abbé, lui demanda le
« cardinal, si l'on vous disait que les princes de Condé, de Conti Si le duc
« de Longueville sont prisonniers? — Je serais bien surpris, répliqua l'abbé.
« — Bien, reprit le cardinal. Soyez-le donc; car, à l'heure que je vous
« parle, on les mène au bois de Vincennes. — Et Monsieur, hasarda l'abbé,
« tort ému de ce coup de foudre, le sait-il? — Tout est concerté avec lui.
M — Je suis donc perdu? » Après quelques mots de courtoisie, l'abbé de La
Rivière rentra fort affligé au palais d'Orléans 8< comprit que son rôle était
achevé. Il reconnut, dit un contemporain, que l'esprit de son maître avait
« changé du blanc au noir. » Au bout de quelques jours, durant lesquels il
étudia le caractère de sa disgrâce 81 la reconnut irréparable, il demanda son
congé, que le prince lui accorda de bon cœur, S< se retira dans sa maison
de Petit-Bourg'. C'en était fait du chapeau de cardinal, de la qualité de
ministre d'Etat, de l'entrée au cabinet Si des façons de souverain à l'égard des
ambassades provinciales. Les Etats de Languedoc ne devaient plus entendre
célébrer « la vertu, la capacité, les droites intentions, l'industrie, la fidélité
« de M. l'abbé de La Rivière^, » qui prenait, d'après M. de Choisy, une si
grande part « au maniement des affaires publiques, 81 qui tenoit un rang
« si élevé dans les conseils de Son Altesse. » La gratification que lui valut le
retrait de l'édit de Béziers était le dernier profit de son ministère.
La première préoccupation du conseil de régence, après l'arrestation des
princes, fut d'expliquer cet événement au Parlement de Paris 81 aux autres
compagnies supérieures du royaume, afin de prévenir les troubles qui pou-
vaient en résulter. Outre la déclaration royale où étaient accumulés tous les
griefs de la reine 81 de ses ministres contre le vainqueur de Lens, des lettres
spéciales furent adressées à la cour de Toulouse, &t à M. de Montrabe,
« exhortant au maintien de l'ordre 81 demËndant au premier président de
« s'employer à contenir toutes choses en devoir. » Le duc d'Orléans écrivit
de son côté à ce magistrat que rien n'avait été fait qu'en vue du repos de
l'État Si pour acheminement à la paix générale.
Lenet s'étonne, dans ses Mémoires, de la facilité avec laquelle le Parlement
de Paris Si toutes les autres compagnies souveraines qui, peu de mois aupa-
ravant, avaient ou pris les armes, ou fait de vigoureuses remontrances au roi
' C'était une magnifique habitation, située dans vnntes, principalement celles de Cuiennc & nutrcs
les environ» de Corbeil. Mémoires de Monsieur provinces.
L*** [Lenet], conseiller d'État, contenant l'his- ' Discours de M. de Choisy aux Eiats. Pièces
loire dc> guerrei civiles des années 1649 & sui- justificatiycs, n, LXXXIX, col. i83.
i65o
j6ôo
i<)6
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
en faveur de gens peu considérables, demeurèrent muets au bruit d'une telle
violence commise en la personne du premier prince du sang. Probablement,
le Parlement de Toulouse était disposé à cette indifférence par son antago-
nisme naturel contre le parti féodal à la tête duquel se trouvait naturelle-
ment le prince de Condé. Aussi plusieurs mois s'écoulèrent avant que l'on
hasardât la moindre démarche'.
De l'autre côté des Pyrénées, le coup d'État de Paris eut des conséquences
graves : la complète désorganisation de l'armée de Catalogne, & le traité fait
avec l'Espagne par la duchesse de Longueville & le maréchal de Turenne.
Les troupes de Catalogne étaient commandées, en 1649, P^' '^ comte de
Marsin^, officier liégeois, en qui le cardinal Mazarin avait eu d'abord grande
' Dans un conseil tenu en présence du roi , où
l'on traitait les affaires de Provence, le prince de
Condé avait menacé de rouer de coups de bâton
dans Paris les députés du Parlement d'Aix assez
audacieux pour avoir osé porter plainte au nom
de leur corps contre les violences du comte d'Alais.
La lettre de cachet du 19 janvier rappelait aussi
au Parlement l'insatiable ambition du prince, les
faveurs dont sa maison avait été comblée. A sa con-
sidération, on avait accordé au prince de Conti,
son frère, âgé de vingt ans, l'entrée dans tous les
conseils, une pension de cent mille livres & la
place de Damvilliers, dont il avait fallu dédom-
mager le gouverneur".
' Jean-Gaspard de Marsin ou Marchin, né en
1610, mort en 1673, épousa Marie de Balzac d'En-
traigues. Son fils, naturalisé français, devint ma-
réchal de France en lyoS.
La correspondance manuscrite de Marca, qui est
conservée â la Bibliothèque nationale dans les pa-
piers de Bahize, contient une lettre fort curieuse
sur un projet de défectioii soumis au comte de
Marsin. Nous croyons utile de la publier comme
offrant un type de ces engagements de chefs mili-
taires au service de puissances ennemies, tels que
les autorisaient les mœurs du temps :
« Le 22 avril 164p.
« A M. Letellier.
.1 Monsieur, Ce joiird'huy 22 d'avril, M. de
Marsin m'a fait voir une lettre du sieur Palavi-
cini, gouverneur de Tarragone, qu'il a reçue ce
matin par un marchand françois, par laquelle il
lui propose les désordres qui sont en France & le
peu de sûreté qu'il y a de suivre le parti du Roy.
Sur ces considérations', il prétend l'obliger à pen-
' Aubery, Histoire du cardinal Mazarin, V, p. 107. —
Lettre du Roy sur !a dcteuliou des princes de Condé & de
Conly & du duc de I.onguevilie, envoyée à son Parlement de
Tolose le 20 janvier i65o & lettrcsdu Roy &de Son Allesse
Royale à Monsieur le Premier Président, l'olose. mdcl.
ser à ses intérêts, qu'il luy assure qu'il trouvera
plus certains & plus avantageux en Espagne, où
il dit qu'il a plus d'occasion de s'attacher étant
Allemand, afin d'avoir moyen de servir sous la
maison d'Autriche. Ensuite, il luy offre de la part
du Roy son maître & de Don Louis de Haro deux
cent mil écus en deniers ou bien dix mil écus de
bonne rente assignés en Espagne & la charge de
Mestre de Camp général en l'une des armées de
S. M. s'il veut leur faire tomber en main les pla-
ces de Tortose & de Flix, cela luy étant facile,
comme il dit, à cause du commandement des ar-
mées qu'il a en cette province.
« Cette proposition est fort bien ménagée pour
luy faire voir qu'il peut embrasser ce parti sans
faire tort à son honneur, mais il ne connoît pas
la constance de M. de Marsin à donner sa parole,
& combien il est délicat aux choses qui touchent
la fidélité, dont il n'établit pas le fondement sur
l'intérêt, mais sur la réputation & la vraye gloire
qui ne trouve point des exceptions pour se dépar-
tir de ce qu'elle a promis. Il désire savoir si l'on
juge â propos qu'il continue cette pratique pour
essayer d'en tirer quelque avantage pour le service
du Roy, ou bien qu'il la rompe. En attendant les
ordres là-dessus, il a trouvé bon & moi avec lui,
de répondre au sieur Palavicini, que, pour faire
quelque faction qui eût suite dans la Province, il
seroit nécessaire qu'il fût informé de ceux avec
lesquels les Ministres du Roy Catholique sont en
particulière correspondance, afin qu'agissant de
concert avec eux l'on pût se rendre maître de
toute la Catalogne. Par ce moyen, l'on peut être
éclairci des intelligences des ennemis qui nous
donnent tant de peine, si l'on n'entre en soupçon
qu'il y a de l'artifice en la réponse.
i[ Et parce que M. de Marsin ne veut pas que
son nom soit taché d'aucune infamie, il veut
traiter avec Palavicini sous le nom d'Outremont.
Il a voulu que je fusse témoin de ce procédé & que
je vous en certifiasse comme je fais par ces lignes.
<( Je vous avois averti il y a près de deux mois
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 297
confiance à cause de son origine étrangère 8<. de sa bravoure, mais que son
attachement au prince de Condé lui rendait suspect. Le prince, peu de temps
avant son arrestation, gratifia son protégé du gouvernement de la place de
Bellegarde, sur la frontière de Savoie, ce qui augmenta les défiances du pre-
mier ministre. L'intendant de l'armée de Catalogne, Bazin de Bezons & le
visiteur général Pierre de Marca, évêque de Couserans, eurent ordre d'ar-
rêter le lieutenant général qui se laissa surprendre à Barcelone 6< tut transféré
dans la citadelle de Perpignan,
Les Espagnols profitèrent du désarroi que la perte de son chef avait jeté
dans l'armée française pour tenter quelques pointes audacieuses sur la fron-
tière. Un de ces mouvements les rendit maîtres de la petite place de Castel-
Léon, fort de la vallée d'Aran, qui ferme la gorge supérieure de la Garonne.
Le sieur de Nestier, qui en était gouverneur, ne se trouvait pas dans la place
au moment de la surprise; il obtint une lettre de cachet du roi qui lui per-
mettait de se faire délivrer par la ville de Toulouse une pièce de canon, de
la poudre, des piques, des pelles & diverses munitions de guerre pour aller
assiéger & battre le château. Il vint présenter cet ordre aux capitouls; mais
le matériel militaire de l'hôtel de ville était dans un grand délabrement; on
n'y pût, paraît-il, trouver un affût solide. On fit promener le sieur de Nes-
tier dans l'arsenal pour le convaincre par ses yeux de la pénurie des approvi-
sionnements & lui faire agréer les excuses de la ville. Les prudents capitouls
n'oublièrent pas d'ailleurs de mentionner en leurs registres que le gouver-
neur de Castel-Léon n'était porteur d'aucune commission régulière Si n'avait
d'autre titre que sa lettre de cachet '.
Tous les yeux étaient en ce moment dirigés sur la Guienne, où les agita-
tions insurrectionnelles devenaient de plus en plus sérieuses. Malgré une
infinité de querelles locales, le pays de Languedoc jouit, durant ces premiers
mois, d'une tranquillité relative. Le Parlement continuait sa guerre contre
les capitouls & ne cessait de les cribler d'arrêts, dont ils avaient l'adresse de
se garantir, grâce à l'intervention du conseil d'État^. L'évêque de Castres
était aux prises avec les jésuites de son diocèse & avec le comte de Biouie,
l'un des trois lieutenants généraux de Languedoc, voisin incommode, qui
menaçait les fermiers épiscopaux de leur donner cent coups d'étrivières par
jour, s'ils avaient l'audace de renouveler leur baiP. L'évêque d'Albi luttait
contre une fraction puissante de ses diocésains. L'évêque de Viviers portait
que M. de Marsin éioit incommode, l'ouverture ' Archives de Toulouie. Z-ivre J« ConsfiZj. Séance
de 11 tumeur qui luy est survenue au front ne du 19 avril i65o.
l.iuroit être consolidée de deux mois. Il ne reste ' fièceî;Bjri/ica«iVej, n'»XCIV,coI. 198, XCVIII,
p.is de vouloir se mettre en campagne dans huit col. 3oj.
jours, ce qui pourroit lui nuire. C'est pourquoi il ' On trouvera dans nos Pièces justificatives,
faut ordonner aux maréchaux de camp de se ren- n. CVII, col. 3oo, une longue lettre de l'évêque
dre promptement de deçà : il m'a dit qu'il se fie de Castres à l'assemblée du clergé de France, rela-
en M. de Nestier 8c le presse de venir, mais il tive à ses différends avec les jésuites & avec le
n'est p.is encore ici'. » comte de Biouie, & les lettres de l'assemblée du
clergé aux prélats de Languedoc &. à l'évêque de
' Bibliothèque nationale. Manuscriti. Papiers de Baluze. Castres, n. CXV, col. 335.
i05o
i6ôo
298 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LÂ1<IGUED0C.
au conseil & à l'assemblée du clergé de France l'amertume de ses ressenti-
ments contre les barons de Vivarais, qui lui disputaient la préséance 8<. lui
refusaient même l'entrée des assemblées d'Assiette.
Cependant, soit en Guienne, soit en Languedoc, les intendants conti-
nuaient leurs fonctions, sans plus de souci de la révocation solennelle de
1648, à la grande indignation du Parlement de Toulouse, qui ne cessait de
fulminer contre Morant ' & contre Breteuil^. La cour jugea même opportun
d'écrire au Parlement de Paris que, si elle ne souffrait pas des hostilités
directes comme celle de Bordeaux, le mal que lui faisaient les intendants,
par leurs chevauchées à travers le ressort, n'était guère moins intolérable que
la guerre ouverte.
Le sieur des Ouches reparut dans le pays; cette fois, il prenait le titre
de marquis des Ouches, capitaine-colonel des gardes suisses de Son Altesse
Royale, conseiller du roi en ses conseils, maréchal de camp dans ses camps
& armées. Il vint à l'hôtel de ville de Toulouse, muni de lettres de créance
du roi 8t du gouverneur, apportant un nouveau présent au corps de ville, le
rétablissement de l'abonnement des tailles, objet, avec l'évocation générale,
des vœux les plus ardents de la bourgeoisie 3.
L'arrêt, donné à Compiègne le 28 juin i65o, en présence de la reine & en
considération de la prière du duc d'Orléans, rétablissait pour vingt ans, en
faveur de la ville de Toulouse, l'abonnement des tailles dont elle avait joui
depuis Charles VII jusqu'à l'édit de Béziers, 81 dont la suppression avait
causé l'abandon de plusieurs quartiers. Toulouse ne devait jouir, d'ailleurs,
du rétablissement de ce privilège qu'à la charge de payer sa part des nouvelles
impositions créées par l'édit de Béziers.
Les affaires de propagande religieuse, qui avaient naguère donné lieu à
l'arrêt mémorable de la chambre de l'édit de Castres, ne cessaient pas d'en-
tretenir une vive effervescence parmi les populations partagées entre les deux
cultes. Les domestiques, les orphelins, toutes les personnes faibles, simples Si
sans défense, étaient surtout vigoureusement disputées, soit par les ministres
protestants, soit par les innombrables missionnaires des communautés catho-
liques. Les évêques dénonçaient aux États les progrès de la religion réformée
dans certaines bourgades, la construction de nouveaux temples ou le rétablis-
sement de temples ruinés depuis les guerres; on donnait des primes aux
réformés qui se convertissaient"^. Un garçon de treize ans, nommé Pierre
'Pièces justificatives, n"" XCVI , col. 3o3, C, faire modifier quelques expressions, n. CVI,
col. 3ii. col. 3i8.
' Pièces justificatives, n. XCVII, col. 3o6. ■• Les Etats votèrent une somme de trois cents
' On aura une idée de la forme de ces négo- livres à demoiselle Françoise de Mestre, veuve de
dations, en lisant, aux Pièces justificatives, les M. Jean Marcou, ministre converti, en considé-
harangues du marquis des Ouches à l'hôtel de ville ration de ce qu'elle avait abjuré l'hérésie avec
de Toulouse, n"» Cil, col. 3i5, & ClII , col. 3i6, toute sa famille. Ils accordèrent aussi une gratifi-
& les décharges données aux capitouls par le même cation de deux mille livres à un ancien ministre,
ambassadeur, pour l'expédition de l'arrêt qu'il nommé Dedieu, qui s'était fait catholique & qui
avait consenti à remporter à Paris à dessein d"y vint dans rassemblée s'asseoir au banc des consuls
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 299
Cotelle, qui appartenait à une famille protestante de Nimes & qui avait
perdu son père, fut converti au catholicisme &, s'échappant de la maison de
ses tuteurs, alla chercher asile dans l'évêché. Les protestants crièrent à l'en-
lèvement, les catholiques prétendirent qu'on voulait violenter la conscience
du ncoiveau converti. Après diverses de .ches qui n'aboutirent point, & des
invitations adressées aux magistrats réformés de procéder à un interrogatoire
en règle Si même de placer l'enfant dans une des familles à qui des mariages
mixtes permettaient d'attribuer une sorte de neutralité, le dimanche 4 sep-
tembre, au moment où l'évêque & le chapitre venaient de chanter un Te Deum
à l'occasion de la naissance du duc de Valois, & où les réformés sortaient de
la cène, une bande armée, d'environ quatre cents personnes, conduite par le
ministre Baudan, qui tenait en main un marteau, se présenta aux portes
de l'évêché & les força : le concierge & quatre domestiques furent jetés à
terre, on escalada l'étage supérieur, où se trouvait le jeune Cotelle, & on
l'emporta en triomphe à travers la foule '.
L'évêque suspendit le service religieux dans la cathédrale & sortit de la ville
avec son chapitre pour se retirera Beaucaire. Le conflit, soumis à la chambre
de l'édit de Castres, y détermina, comme d'habitude, un arrêt de partage,
dont l'évêque d'Uzès porta plainte aux États, réclamant une garnison & une
citadelle pour garantir la sécurité des catholiques & renouvelant les instances
déjà faites en vue d'obtenir la réunion de la chambre de l'édit de Castres
au Parlement de Toulouse^.
La capitale de la Province fut mise en émoi par l'arrestation du marquis
de Rabat. Ce gentilhomme avait été décrété de prise de corps en i633, à
l'occasion de son duel avec M. de Gondrin, sans qu'on eût jamais donné
suite à cette mesure. La captivité du prince de Condé contribua sans doute
à remettre en mémoire le décret longtemps oublié. Pour faciliter l'opération,
les capitouls avaient prescrit la mise sur pied de plusieurs dizaines, notam-
ment dans le quartier Saint-Barthélémy; mais la discipline des milices bour-
geoises de Toulouse était peu réglée : personne ne prit les armes 8t pas un
dizenier ne se trouva au rendez-vous, ce qui fut dénoncé au conseil de ville
comme un très-grand mépris du chaperon ^.
Pendant le siège de Bordeaux par les troupes royales, Toulouse avait prêté,
sur l'invitation de La Vrillière, transmise par le chevalier de Terlon, quatre
pièces de son artillerie & divers approvisionnements. En restituant à la ville
ses canons, le ministre lui annonça que les affaires de Bordeaux étaient ter-
de Carc.issonne pour offrir aux gens des trois or- n'abandonnent pas ceux qui souffrent pour s'être
dres un ouvrage de sa composition, Z.'âmï?ge/i^rcu5e, convertis, m
faisant un tableau pathétique des traverses & des ' Pièces justificatives, n. CXIX, col. 345.
procès que lui occasionnaient ses anciens coreli- ' Procès-verbal des États. Séance du 3o décem-
gionnaires, en haine de ion abjuration. Les Etats, bre 16Ô0.
d'après le texte même de la délibération, voulaient, ' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXV,
« par ce moyen, inviter ceux qui croupissent dans p. 369. Conseil de bourgeoisie. Séance du 1 i jan-
l'erreur à revenir à la religion de leurs pères, & vier t65l.
leur faire connoître que Us États de la Province
i65i
i65i
3oo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
minées ainsi qu'on le pouvait désirer pour le bien de l'Etat & le repos des
peuples, & laissa entrevoir la possibilité d'un voyage du roi en Languedoc,
promesse qui ne devait se réaliser qu'en lôSç'.
Cependant, les désordres du royaume surexcitaient toutes les ambitions.
Tandis que le Parlement de Toulouse guerroyait sans relâche contre les
intendants 8c dépêchait des commissaires extraordinaires dans les diverses
parties de la Province, les États, réunis à Pézénas depuis le 24 octobre par
le comte de Bioule, laissaient M. de Miroménil, orateur du gouvernement,
poser en principe que, « dans les Etats monarchiques, le prince est maître
« des biens & des hommes qui lui sont sujets, & qu'il peut disposer de leur
« liberté 8c de leur vie par autorité^, « 8c n'en travaillaient pas moins à tirer
parti des événements au profit de leur propre influence.
On put croire, d'abord, que la bonne intelligence entre la cour de Tou-
louse & l'assemblée provinciale, si pompeusement exprimée par la députation
de 1649, survivrait aux nouvelles crises, car les États votèrent une gratifica-
tion de deux mille livres à M. de Vedelly, conseiller au Parlement, l'un des
commissaires envoyés dans le ressort. Se célébrèrent les louanges de ce magis-
trat, qtii avait parcouru les diocèses de Montpellier, de Nimes, d'Uzès, de
Viviers, de Mende 8c du Puy, au milieu des neiges, 8c qui, en cent cin-
quante jours, avait fait soixante-trois procédures, entendu mille témoins 8c
arrêté le chef d'une bande de brigands cantonnée dans les solitudes fores-
tières du Vêlai ^. Mais l'accord ne fut pas de longue durée.
Le 5 janvier, les États, se fondant sur les désordres des gens de guerre qui
empêchaient d'appliquer les règlements de la Province, déférèrent à l'arche-
vêque de Narbonne une sorte de dictature, l'autorisant, pendant l'intervalle
des sessions, à réunir autour de lui tel nombre d'évêques, de barons 8c de
consuls qu'il jugerait à propos, pour aviser avec eux aux meilleurs moyens
de faire valoir les délibérations de l'assemblée "*. Cinq jours après, ils rappe-
lèrent la fameuse convocation des Etats généraux de France, qui, après avoir
été du i5 mars 1649, renvoyée d'abord au i5 avril, puis au !"■ octobre, avait
fini par être indirectement retirée dans une lettre du roi aux sénéchaux.
Une année entière s'était écoulée sans que l'on reçût de nouveaux ordres, 8c
l'assemblée persistait à croire que la réformation des abus de l'État exigeait
un prochain accomplissement de la promesse royale^.
Le Parlement de Toulouse, qui s'était d'abord montré tort circonspect sur
le chapitre des princes prisonniers, décida cependant, le 6 février, qu'il serait
fait au roi des remontrances 8c qu'on déclarerait la liberté des illustres captifs
utile au bien de l'État &c au repos public; le lendemain, il condamna les
exactions qui se commettaient dans le pays de Comminges, où les trésoriers
' Pièces justificatives, n"' CIX, col. 325, & CX, « Pièces justificatives, n. CXXIII, col. 35(5. Le
col. 326. Parlement de Paris trouvait que le duc d'Orléans
" Pièces justificatives, n. CXII, col 332. appuyait trop fortement la convocation des Etats
' Pièces justificatives, n. CXXII, col. 35^. généraux. Aubery, Histoire du cardinal Ma\arin ,
' Pièces justificatives, n. CXXI, col. 352. V, p. 244.
LIV. I, MINISTERE DE MAZARIN. 3oi
généraux de Montauban avaient expédié une compagnie de quatre-vinj^t
cavaliers-maîtres allemands, sous la conduite d'un commis, qui, voyageant
ordinairement de nuit, allaient de village en village, pillaient tout sur leur
chemin, vivaient à discrétion &. contraignaient les consuls à leur payer des
sommes énormes.
Le 16 février, le procureur général traduisit les Etats de Languedoc à la
jjarre du Parlement de Toulouse, chambres assemblées. Son réquisitoire tut
de la plus extrême violence. Il accusa le corps provincial de vouloir usurper
la souveraineté Se entreprendre sur la justice, d'avoir cherché, par la délibé-
ration du i5 novembre, à limiter la juridiction du Parlement, & par celle
du 5 janvier à former des assemblées permanentes sans autorisation du roi. Il
reprocha aux députés des trois ordres le faste de leurs cérémonies, les diver-
tissements auxquels ils se livraient malgré la misère publique, « une comédie
« perpétuelle stipendiée S<. salariée du sang de la veuve 8c de l'orphelin, 8c
« de la substance des pauvres les députations en cour réitérées pour pro-
« roger les Etats, les monopoles, les factions, les corruptions des voix 8c des
« suffrages... » les faux emplois du fonds de l'étape montant pour une année
à dix-huit cent mille livres, les impositions faites dans plusieurs diocèses au-
dessus des sommes portées par les commissions. « La fonction des États de
« Languedoc se borne, dit-il, à une dispensation économique, 8c leur pou-
« voir cesse dès que les commissaires ont retiré l'autorité royale qui leiir
« donnoit l'être. » La cour déclara nulles les délibérations qui venaient de
lui être dénoncées, ordonnant qu'elles seraient biftées au registre par un
commissaire spécial 8c qu'il serait informé de toutes les malversations prati-
quées dans les Etats'.
Quatre jours après, la cour, adhérant à la politique du Parlement de
Paris, demandait l'expulsion du cardinal Mazarin 8c de ses domestiques, dans
le délai de quinze jours, avec permission aux communes de leur courir sus,
une fois le délai passé, 8c sollicitait l'interdiction des conseils du roi à tous
étrangers, naturalisés ou autres, qui auraient juré fidélité à d'autres princes^.
La cour des comptes, aides 8c finances de Montpellier se chargea de
répondre au Parlement, dont elle cassa l'arrêt pour cause d'incompétence, se
déclarant seule en possession du droit « de connoître souverainement 8c en
« dernier ressort de toutes les tailles 8c impositions tant ordinaires qu'extraor-
« dinaires. » Elle défendit à tous magistrats 8c officiers de reconnaître les
commissaires du Parlement &c de leur exhiber les cahiers des États ou autres
pièces, à peine de dix mille livres d'amende. Grande perplexité pour les
agents subalternes, placés dans l'unique alternative de choisir entre des con-
damnations contradictoires, prononcées d'ailleurs avec les formes les plus
majestueuses de la justice.
Cinq jours après, le Parlement riposte par un contre-arrêt de cassation
très-longuement développé, où l'intervention de la cour des comptes est atta-
' Piècei justifieativei, n. CXXV, col. 357- ' Pièces justificatives, n. CXXVII, col. 363.
i6ji
i6âi
3o2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
quée en termes terribles. Le Parlement reproche à la chambre des comptes 8c
aux généraux des aides de Montpellier, ayant des juridictions tout à fait
distinctes, de s'être illégalement unis, de n'avoir « d'autres pensées dans la
« fonction de leurs charges, que contraires au bien public » de tâcher « jour-
« nellement par des voies insidieuses, d'anéantir les privilèges de la Province
« pour établir les fondements de leurs fortunes particiilières. » L'arrêt donne
ensuite un tableau historique des manœuvres faites par les officiers des
comptes pour effectuer cette union, & de l'opposition que leParlement & le
conseil d'État y avaient mise, à la sollicitation même des Etats de la Pro-
vince. Il accuse hautement l'avidité de cette cour qui « a toujours travaillé
« depuis à l'augmentation de ses biens particuliers » £c dénonce l'exagération
des épices extorquées pour la vérification des édits Si autres affaires publiques,
s'élevant jusqu'à la somme de dix Si vingt mille livres, tandis que « la modé-
« ration des rapporteurs de semblables affaires au Parlement, fait qu'ils se
o contentent d'un seul écu. »
Le Parlement ordonne que les commissaires de la cour des comptes, « soi-
« disant exécuteurs dudit arrêt si point y en a, seront pris au corps Si con-
« duits en bonne Si sûre garde aux prisons de la conciergerie, Si que les
(' détenteurs des pièces pouvant servir à l'information prescrite contre leur
<i procédure, seront contraints à les exhiber par corps, 8i même par fraction
« des portes de leurs maisons Si châteaux si besoin est. « Le Parlement
espérait atteindre ainsi « les personnes de qualité » qui avaient retiré les
papiers des Assiettes, des étapes Si des Etats « dans des miaisons de considéra-
« tion, d'accès difficile, pour mettre à couvert ceux qui avoient désolé la
« Province par leurs larcins. »
Ces dernières mesures mettaient la guerre dans la Province. Le passage
des commissaires du Parlement, envoyés avec charge expresse de briser les
portes qu'on leur fermait, occasionna une foule de mouvements locaux, les
officiers de la cour des comptes, de concert avec le comte de Bioule Si d'autres
chefs militaires ou gentilshommes ayant organisé la résistance. A l'approche
des parlementaires, les villes se barricadaient, les gens de guerre attroupés
prenaient les armes. Si des promoteurs d'insurrection parcouraient les rues,
alarmant le peuple par de faux bruits.
Le conseiller de Forest, exécutant sa commission au bas Languedoc, se
vit menacer de mort à Béziers, dans son logis. Si fut comme assiégé par près
de deux cents hommes qui lui enlevèrent ses prisonniers, tandis qu'une
troupe de soldats était subrepticement jetée dans la place par une porte de
l'évêché '.
' Voici le texte d'un arrêt du Parlement, qui commissaire & auroit commis en son endroit
donne le détail des troubles de Béziers : beaucoup d'irrévérences jusques avoir mis la main
« M. de Forest, conseiller (en exécution des à l'épée contre lui, ce qui l'auroit obligé d'arrêter
arrêts des 6 février & ii mars), s'étant transporté ledit Roux & Sabatier dans son logis, de quoi les
dans la ville de Béziers le 28 du mois de mars, le nommés Manse de Vieules, averti avec le nommé
nommé Pierre Roux, assisté d'autre nommé Saba- Jean de Caylar sieur d'Espondeilhan, Biaise Pou-
tier, notaire, seroit venu au logis dudit sieur derous & Gabriel Raou, i'"', î" & 5* consuls dudit
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN.
3o3
Le 7 février, un grand coup de théâtre s'accomplit à Paris. Le Parlement
y prononce le bannissement à perpétuité du cardinal Mazarin, qui, contraint
de s'échapper pendant la nuit, au milieu d'une violente agitation, va lui-
même au Havre ouvrir la prison des princes 5<. se retire à Cologne pour y
continuer sa politique.
Le contre-coup de ces événements se produit aussitôt dans la Province. Des
lettres de félicitations sont adressées aux captifs qui font une rentrée triom-
phale à Paris'} le cardinal est traité en ennemi public; la lutte du Parle-
ment Se des Etats redouble de violence.
Le conseil du roi ayant annulé tout ce que la cour de Toulouse venait de
faire contre J'assemblée provinciale, les officiers des comptes de Montpellier &
les intendants, & voulu, suivant la vieille doctrine monarchique, restreindre
le premier corps judiciaire du Languedoc à ses véritables attributions, le
Parlement, dont les mots d'ordre, envoyés de Paris, surexcitaient sans
doute l'audace, répondit à cet acte du pouvoir souverain par une nouvelle
démonstration.
i65i
Eéziers .luroient excité sédition dans ladite ville,
& accompagnés de près de deux cents hommes
entre lesquels étoient les nommés Bouëde, Cayln
sieur de Saint-Preignan & autres compris au rer-
lal dudit commissaire, seroient allés dans ledit
logis & lui auroient enlevé lesdits Roux & Saba-
tier & f\on contents d'avoir fait cette injure no-
table à la cour Se à la justice souveraine du roi,
ledit Manse & susdits consuls auroient encore,
par un attentat punissable, pour mettre à couvert
les larcins 8c malversations... eu recours aux offi-
ciers des comptes & aides, lesquels en leur cause
propre pour éviter la punition que leurs crimes
ont méritée, auroient député les nommés Rignac
& Robin, deux de leur compagnie... lesquels assis-
tés dudit Manse & susd. consuls, auroient excité
une nouvelle sédition ou émotion populaire, même
nbusant de la bonté de Monsieur de Bonsi, évêque
de Béziers, pratiqué certains de ses officiers qui
auroient fait entrer, par la porte de l'évêché qui
fait la muraille de la ville qui aboutit le fossé,
grande quantité de gens de guerre, pour empêcher
le cours de la justice, désautorer ledit commissaire
Si lui méfaire en sa personne, qu'auroit été cause
que dans ladite ville se seroit soulevé une grande
sédition, ce que voyant ledit commissaire auroit
décrété contre ledit de Roux, de Manse, Sabatier,
i'"', ï' & 5' consuls & autres nommés, & par or-
donnance dudit jour i" d'avril, fait fnhibition
audit évêque de tenir la porte ouverte ni laisser
entrer & sortir personne, & lui auroit enjoint de
remettre les clefs d'icelle èz mains du sieur de
Serignan, lieutenant pour le roi en ladite ville,
& attendu que tels excès. ,, sont faites pour exciter
des tumultes dans toute la province de Langue-
doc &C.(
i< Vu le verbal du i8 mars & ordonnance du
i"' avril;
« La cour, chambres assemblées, confirme les
arrêts précédents, ordonne que les décrets contre
lesdits Bieule, de Manse, Roux, Sabatier notaire,
Jean Caylar, Pouderoux & Raou seront exécutés,
le com" fera le procès aux coupables, &c... en-
joint aux consuls de faire murer la porte de
l'évêché qui fait la muraille de la ville, défend au
sieur de Bonsy, ses officiers & tous autres de tenir
ladite porte ouverte, laisser entrer ni sortir per-
sonne, à peine de dix mille livres d'amende, dé-
fend à tous officiers de reconnoître lesdits Robin
& Rignac. — Bertier. — Catellan. «
' Voici la réponse du prince de Condé aux
compliments que lui envoyèrent les capitouls, dès
le i3 février, à l'occasion de sa délivrance :
i( A Messieurs les capitouls de la ville
de Tolose,
« Messieurs, la joye que vous me tesmoignez
avoir de ma liberté m'en a causé une bien parti-
culière me faisant cognoistre par ce moien la part
qu'il vous plaist de prendre dans mes interest. Je
vous prie de croire que j'en ay tout le ressenti-
ment possible & que quand l'occasion se présen-
tera de vous en faire paroistre des effectz soit en
général ou en particulier, je m'y porteray avec
bien du plaisir estant,
« Messieurs, vostre très affectionné à vous servir,
Louis DE BOLKEON.
n De Paris le 19 mars iû5i '. »
■ Archives de Toulouse. Annales manuscrites de l'hôtel
de ville, Vlli, p. 190.
i65i
3o4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le i8 avril, les chambres assemblées rendirent un arrêt très-longuement
motivé qui justifiait les mesures précédemment prises comme étant « dans les
« termes de la juridiction ordinaire du Parlement » puisqu'il ne s'agissait pas
des deniers de l'octroi ou taille dont les officiers des aides peuvent être com-
pétents, mais « seulement des larcins qui ont été faits par aucuns particuliers,
« au-dessus des tailles, qui est un crime de péculat commis en l'administra-
« tion des deniers publics. » La cour en appelait à la justice du roi mieux
éclairé; elle attribuait la décision de la cour des aides aux intrigues de quel-
ques membres des États « appréhendant la justice de la cour £< les peines
(1 qu'ils avoient méritées par leurs crimes « 8i aussi à l'intérêt particulier
des officiers des comptes peu disposés à perdre les trois deniers pour livre
dont la tolérance des États les laissait bénéficier. Le Parlement faisait un
tableau rapide des désordres occasionnés à Béziers, Nimes & Uzès par les com-
missaires des aides, & des meurtres commis à Narbonne « par l'assistance du
« nommé Argencourt, » que les États avaient gratifié d'un présent de vingt
mille livres. Exposant ensuite les premiers résultats des commissions données
le 1 1 mars à quelques conseillers choisis dans son sein, le Parlement se plai-
gnait que l'autorité royale vînt en interrompre l'effet.
« Les bonnes intentions de la cour avoient été exécutées si favorablement,
« & reçues du pauvre peuple avec tant d'applaudissement, que nonobstant
« les fuites des greffiers, syndics des diocèses, 8c le recèlement injurieux Se
« honteux que des personnes de qualité ont fait des papiers de la Province
« 8t des diocèses, déjà les procédures de nos commissaires se trouvoient com-
(( posées de trois ou quatre cens témoins qui déposent de la levée des trois
(i deniers par livre,... des corruptions des voix Se suffrages qui se pratiquent
« auxdits États, des sur-impositions aux Assiettes, & des diversions des deniers
« des étapes sous de taux emplois, dont l'imposition & celle du quartier
« d'hiver, garnisons 8c quelques autres contributions extraordinaires puis
« l'année 1640 reviennent à plus de trente millions de livres, sans à ce com-
u. prendre les autres charges ordinaires de la Province.
« Et attendu qu'il ne peut avoir été de l'intention du roi 8c de son conseil
« de donner protection à ceux qui par leurs larcins ont désolé cette Province,
« moins empêcher le libre exercice de la justice souveraine de son Parlement,
« pour la punition des crimes « ni de ruiner le commerce de la ville de Tou-
louse en portant condamnation solidaire des habitants sous prétexte d'arré-
rages ou subsistances au préjudice de la déclaration du mois d'octobre 1648,
pas plus que de remettre les intendants dans l'exercice de leurs charges,
« moins celui du Languedoc auquel par son arrêt la cour a fait inhibitions
« 8c défenses de s'ingérer dans aucune fonction d'intendant, » elle décide
d'adresser des remontrances au roi 8c à la régente « sur les infractions faites
« par son conseil en de semblables arrêts à la déclaration d'octobre, infractions
« qui empêchent la punition des crimes capitaux » avec prière particulière
« qu'il lui plaise ne permettre pas que des gens illettrés tels que sont les
« officiers des comptes, soient juges de l'honneur 8c de la vie de ses sujets...»
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 3o5
« Ordonne qu'il sera sursis à l'exécution dudit arrêt, 8c que ceux de la
« cour seront exécutés; avec injonction aux sieurs de Forests, de Lestang,
« de Gargas, de Caulet 8<. de Chastenet, de s'acquitter de leurs commissions,
« 8<. aux sénéchaux, gouverneurs de places, gentilshommes, prévôts, consuls
« & tous les sujets du roi dans le ressort, d'y prêter aide St main-forte, à
<( peine de dix mille livres d'amende & d'être procédé contre eux comme per-
ce turbateurs du repos public, & défense particulière de reconnaître les offi-
« ciers des comptes ni l'intendant. »
I,e même jour, un autre arrêt prescrit des poursuites contre le cardinal
Mazarin, l'accusant d'avoir fait commettre des déprédations par vaisseaux
étrangers sur la Méditerranée, d'avoir dissipé les finances, transporté les
deniers hors du royaume 8t donné de mauvaises impressions au roi. Les con-
seillers de Forests 8t de Lestang sont chargés de l'instruction 8t reçoivent
l'ordre d'y comprendre tous ceux qui ont été en correspondance avec le car-
dinal. Ils doivent également opérer la saisie de ses biens & mettre sous
séquestre les revenus de ses bénéfices situés dans le ressort'. Comme le car-
dinal, entre autres domaines ecclésiastiques, possédait la riche abbaye de
Moissac, cette dernière mesure n'était pas purement comminatoire; mais il
paraît que le chevalier de Terlon, très-dévoué à la fortune de Mazarin,
empêcha, par l'influence de son frère, conseiller au Parlement de Toulouse,
la saisie de cet opulent bénéfice'.
Une nouvelle déclaration royale avait paru le 28 mars, portant convoca-
tion des Etats généraux de France pour le 28 septembre. Les chefs de la
noblesse venaient d'obtenir de la régente un écrit les autorisant à « se réunir
« à l'époque fixée par la déclaration, quelque commandement qu'ils pussent
« recevoir en sens contraire » témoignage sincère de la confiance qu'on avait
alors dans la politique du gouvernement.
Il se tint alors dans le pays un grand nombre de réunions préparatoires de
cette fameuse assemblée que l'on ne cessait de promettre en temps de crise, 8c
que l'on ne tenait jamais. Seulement, en Languedoc, les chapitres ou les gen-
tilshommes qui se réunirent semblent avoir été principalement préoccupés de
faire la guerre aux États de la Province; ainsi le chapitre Saint-Etienne de
Toulouse réclama contre la composition du premier ordre dans cette assem-
blée, se plaignant que les évêques seuls y fussent admis. Ces prélats, disait-on,
se trouvant fréquemment empêchés de répondre en personne aux convoca-
tions, se faisaient représenter par des étrangers qui n'avaient aucun intérêt
aux affaires de la Province 8< qui donnaient leur consentement à tous les
projets de nouvelles impositions. Le chapitre se mettait, pour ainsi dire, sous
la tutelle du Parlement dont il exaltait le zèle, « cette cour employant tous
« les jours son autorité 6c ses soins à relever la gloire de Dieu 8c la dignité
■ Pièces }asiific<ittves, n. CXXXII, col. 3i3. pnr une lettre de Colbert à Maznrin, du 16 juillet
• En récompense, il sollicita l'avantnge d'en i05i ',
être fermier à prix réduit, dix-huit inille livres,
au lieu de vingt-deux mille, ainsi qu'on le voit ' Lettres, vislructiom & nicmnires de Colbrrt.l, p. 'o3.
Xm. ao
i65i
lôài
3o6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« des ecclésiastiques aussi bien qu'à promouvoir le service du roi 8<. le soula-
« gement de ses sujets. » Il chargeait le grand archidiacre Si trois chanoines
d'aller remercier le premier président de ses bonnes intentions & le prier
d'intervenir auprès du roi, par la voie des remontrances, pour obtenir l'admis-
sion du clergé du second ordre aux. Etats de la Province. En même temps, on
invitait tous les chapitres de Languedoc à faire la même démarche'.
Le conseiller de Forests, sieur de Carlincas, s'étant transporté à Narbonne
pour y faire sa charge en qualité de commissaire du Parlement, s'en vit fermer
les portes par le gouverneur d'Argencourt, assisté de son lieutenant, des con-
suls, du viguier & des officiers de justice de la ville. Des gens de guerre
avaient été jetés dans la place pour en interdire l'accès à l'envoyé de la cour,
qui fut réduit à battre en retraite Si à dresser procès-verbal de sa mésaven-
ture. Le Parlement prit l'affaire au tragique : il condamna le gouverneur,
son lieutenant, La Ricardelle, 8i tous les consuls, à avoir la tête tranchée à
Toulouse, sur l'échataud de la place du Salin; trois autres prévenus, de condi-
tion inférieure, à être attachés à des potences; les biens de tous les coupables
étaient confisqués; le château de Lamothe-Saint-Roman , appartenant à d'Ar-
gencourt, ses autres maisons 8i celles de La Ricardelle devaient être démolis
ras de terre Si leurs bois dégradés. Le Parlement transférait à Coursan toutes
les justices qui s'exerçaient dans la ville de Narbonne, invitait le roi à pour-
voir la place d'autre gouverneur Si faisait défense aux particuliers de plaider
ailleurs qu'à Coursan, sous peine de nullité Si de cassation de leurs procé-
dures. Ce déploiement de fureurs parlementaires avait un correctif naturel ,
l'impossibilité de l'exécution. Tous les prévenus étaient contumaces; on dut
se contenter de les supplicier par effigie^.
Sur tous les points, la colère du Parlement n'aboutissait qu'à l'impuissance.
M. de Gargas avait fait arrêter à Albi les receveurs des tailles Si les commis
de la perception, accusés de voleries; le premier consul, qui s'était chargé de
les conduire en la conciergerie de Toulouse, les laissa évader 3. Un prêtre
de Gaillac, commandeur de la commanderie de Saint-Pierre, poursuivi par
l'évêque d'Albi, en haine de l'assistance qu'il donnait aux religieuses de
Gaillac dans un procès de juridiction, étant amené à Toulouse pour y com-
paraître en justice, fut enlevé sur le chemin par des gens affidés. Si conduit
en un lieu où on le tenait « en détresse, » afin de lui arracher la résignation
de son bénéfice'*.
Le 4 mai, le Parlement, faisant remonter à l'archevêque de Narbonne
la responsabilité des événements qui s'étaient produits dans sa résidence,
ordonna, sans plus de ménagements, que Claude de Rebé serait pris Si saisi
au corps, en quelque part qu'il fût trouvé dans le royaume, Si conduit aux
' Pièces justificatives, n. CXXVIII, col. 264. lement de Toulouse. Chambre criminelle. Arréi de
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par- grand'chambre du 28 avril i65i.
lement de Toulouse. Chambre criminelle. Arrêt de ■• Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par-
gr.ind'chambre du 22 avril i65i. lement de Toulouse. Chambre criminelle. Arrêt de
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par- g and'chambre du 3 mai i65i.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 807
prisons de la Conciergerie'. Ce décret ne put avoir naturellement plus de
suite que toutes les autres mesures de rigueur déjà prises par la cour.
Un gentilhomme de Languedoc, le baron de Prat, s'était mis à la tête
d'un mouvement analogue à celui qui avait inspiré la démarche du chapitre
Saint-Etienne. Certains personnages du pays lui avaient donné la qualité de
syndic pour demander un nouveau mode de représentation de la noblesse
aux Etats. Il en présenta requête au Parlement, accusant les propriétaires de
quelques baronnies d'avoir usurpé le droit d'entrée aux États à l'exclusion
des autres nobles*. Cette réclamation, d'ailleurs fondée sur des causes justes,
répondait trop bien aux vœux du Parlement de Toulouse pour n'être pas
accueillie avec empressement. Le jour de la réunion fut fixé à la fête de Saint-
Jean, & une circulaire du promoteur y convoqua tous les gentilshommes du
Languedoc ^.
Le même jour qu'il autorisait l'assemblée de la noblesse, destinée à com-
battre le mode de représentation des Etats, le Parlement, par deux autres
arrêts donnés aussi chambres assemblées, continuait énergiquement la lutte.
Par le premier, il confirme les mesures rigoureuses précédemment pres-
crites & qui venaient d'être cassées par arrêt du conseil du 10 mai, déclarant
que « le procéder du Parlement a été plein de piété & de justice, 8t que
« l'exercice de la justice souveraine doit être libre pour la punition des
« crimes. Se pour subvenir à l'urgente nécessité 8c nourriture des pauvres,
« dont la surséance leur est mortelle, & dont le patrimoine qui leur est des-
(i tiné par les saints canons, consistant en la troisième partie des fruits, se
« trouve aujourd'huy diverti & profané par des dépenses vaines 8c inutiles
« que font quelques évêques de la Province. »
Le Parlement ajoute que l'évocation générale des procédures 8c l'arrêt du
10 mai « renversent tous les ordres judiciaires 8c établissent l'impunité des
« crimes, » prescrit des remontrances ^ Leurs Majestés 8c, en attendant,
ordonne de surseoir à l'exécution. L'arrêt contient cette clause particulière,
que « les prisonniers 8c les clefs de la porte de l'évêché de Béziers aboutissant
« à la muraille de ladite ville demeurent en l'état. » Il y a aussi nouvelle
défense « audit Breteuil , maître des requêtes, de s'ingérer dans les fonctions
H d'intendant, 8c au trésorier de la bourse des États de faire des levées d'au-
K très sommes que de celles autorisées par la cour le 2g avril.
L'autre arrêt du même jour est particulièrement consacré aux affaires du
diocèse d'Albi; mais le préambule, conçu en termes généraux, attaque le corps
épiscopal de Languedoc presque tout entier :
« Depuis plusieurs années, les abus qui se sont glissés aux États de Lan-
« gucdoc par la corruption des voix 8c suffrages, dons 8c gratifications im-
« menses, impositions illégitimes, qui ont réduit la Province à un état de
« misère déplorable, ont été causés par la plupart des évêques qui y ont
■ Pièces justijficatives, n. CXXXIII, col. Syo. . » Pièces justijicatiyes, n. CXXXVII, col. 373.
' Pièces justificatives, n. CXXXV, col. Syi.
i65i
i65i
3o8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« assisté, ces prélats abusant des pouvoirs qu'ils avoient sur des âmes basses
c( des députés de leurs diocèses, gagnés par dons & gratifications qu'ils leur
« font faire annuellement aux Assiettes, dans lesquelles ils se sont servis
« d'eux pour autoriser 8c y faire résoudre tout ce que leur avarice & aftec-
« tion à gratifier leurs agens &c domestiques leur suggéroit... » Passant à la
procédure faite à AIbi par M. Bertrand de Gargas, un des conseillers-com-
missaires, la cour établit les malversations qui s'y sont commises, la libre dis-
position par l'évêque des deniers des diocèses, les « injures graves & atroces »
de l'évêque à deux dépvités, Bages 8<. Tissier, moins complaisants que leurs
prédécesseurs, la menace «de les ruiner par la guerre, « menaces suivies
d'effet, énumère tous les impôts arbitraires établis par l'autorité épiscopale
& dénonce enfin le dernier trait d'audace du prélat, qui n'avait pas craint de
faire ôter des portes de la ville les armoiries du roi, comme si la ville était à
lui; la cour ordonne de replacer le blason royal, de saisir le temporel de
l'évêque pour restitution de la somme de quatre-vingt-dix mille livres, prix
de la révocation du présidial d'Albi, défend de taxer les députés à raison de
plus d'un mois de séjour, en attendant que le roi, faisant raison aux remon-
trances de la cour, réduise la durée des Etats à quinze jours, « suivant l'ancien
« ordre. »
La guerre continuait dans la ville d'Albi entre l'évêque 8< les consuls. La
décision des États, rendue en novembre 1649, qui interdisait l'entrée de
l'assemblée provinciale aux consuls d'Albi, tant que les troubles n'auraient
pas cessé & que les droits de seigneurie spirituelle & temporelle prétendus
par le prélat ne seraient pas reconnus, demeurait sans effet.
L'évêque se rendit plusieurs fois, depuis cette époque, dans ses maisons de
Combefa Si d'Albi, sans recevoir de visite ni des consuls, ni d'aucun envoyé
de la commune. Ceux des babitants qui avaient fait auprès de lui cette
démarche de civilité étaient montrés au doigt & signalés comme suspects à la
cause publique.
M. du Lude, passant le carême de i65i dans sa ville épiscopale, voulut y
officier pontificalement le dimanche des Rameaux, & comme il était à la
procession, revêtu de ses ornements & entouré de sa famille, il s'éleva une
grande émotion.
Le prétexte en fut que les membres de sa maison se trouvaient placés
entre lui 81 les consuls 8< portaient les objets du culte. La querelle fut si
violente que l'évêque put croire sa vie en danger & se vit réduit à quitter le
cortège 8<. à s'enfermer dans son palais.
Deux barons des États étant allés dans la ville d'Albi n'obtinrent pas des
consuls le compliment 81 la visite que les autres villes de la Province avaient
l'usage de faire en même occasion.
Dès que l'arrêt du Parlement contre les États eut été rendu, le conseil de
ville d'Albi se réunit 8t députa cinq ou six de ses membres les plus ardents
pour offrir son assistance à la cour de Toulouse 81 protester de sa soumission.
Lorsque M. de Gargas arriva, on alla au devant de lui, les consuls en
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 809
tête, qui le reçurent clans la ville & l'accompagnèrent partout; on lui donna
main-forte pour arrêter le syndic du diocèse, Pelissery, député aux Etats
précédents, qui fut promené en dérision, garrotté comme un malfaiteur, à
travers les rues, & conduit à Toulouse, où il y eut partage sur sa condamna-
tion. Le Parlement lui reprochait de s'être rendu dans son diocèse par ordre
des États, pour obliger les communes à payer l'arriéré de leurs impôts.
Les consuls firent également saisir 8t vendre les biens du même Pelissery
& ceux du receveur, du greffier & des autres officiers du diocèse qui, pour
se mettre en sûreté, étaient allés chercher refuge à Montpellier.
Ils arrêtèrent ensuite l'état des impositions d'après le tarif du Parlement,
retranchant la moitié de celles qui avaient été ordonnées par les Etats.
Ils envoyèrent néanmoins le sieur Fabre, marchand & quatrième consul,
leur collègue, à l'effet d'entrer aux Etats de Carcassonne. Ce député se pré-
senta le l'i^août; mais à la suite d'une longue harangue où l'évêque énu-
méra tous ses griefs 8c appuya ses plaintes sur le témoignage de l'évêque de
Comminges & du baron de Ganges, l'assemblée lui enjoignit de se retirer,
avec interdiction de l'entrée aux consuls d'Albi ou de toute autre ville cou-
pable de refuser aux évêques ou barons les respects accoutumés dans les lieux
de leur dépendance spirituelle ou temporelle 81 de ne pas exécuter avec
obéissance les délibérations des Etats, les évêques demeurant chargés d'en
certifier l'assemblée. On délégua en même temps les syndics généraux pour
s'informer si quelques villes jouissant du droit d'entrée aux Etats avaient pris
des délibérations contre les privilèges de la Province'.
Jamais le Parlement de Toulouse ne fulmina plus d'arrêts que durant cette
orageuse période de l'année i65i. Ses ordonnances étaient, en réalité, fort
contradictoires, puisque, tout en tonnant contre « les factieux 8* séditieux qui
n s'opposoient à la justice 8c faisoient des attroupements de gens de guerre, »
il prescrivait lui-même des mesures de rigueur inexécutables sans le secours
de la force armée, 8c ne craignait pas de donner des ordres « aux gouver-
« neurs des places, sénéchaux, gentilshommes, magistrats, prévôts, consuls
« 8c autres officiers 8c sujets de Sa Majesté, » leur intimant d'assister ses
commissaires dans l'accomplissement de leur mandat^. Prises à la lettre, ces
injonctions auraient déchaîné la guerre civile dans les moindres bourgs du
Languedoc.
Le comte de Bioule, lieutenant général, s'étant permis d'envoyer à son
■ Procès-Terbal des Etats. Séance du 2 août i65i. • Arrêt du ii avril i65i, rendu chambres assein-
— Le 7 août, il se présente un sieur Chambert, blées. Entre autres prescriptions, contre ceux qui
syndic du diocèse d'Albi, portant procuration des faisaient résistance aux commissaires du Parle-
directcun du diocèse demandant d'être reçu aux ment, cet arrêt commande l'arrestation «du nommé
Etats à la place de Fabre. Celui-ci ayant demandé n Balat, gouverneur du château de Montferran <> &
quatre ou cinq jours de délai pour ramener les la comparution en personne de l'évêque de Mont-
consuls à de meilleurs sentiments, on suspendit pellier, Pierre de Fenouillet, cité à la barre pour
toute délibération. Chambert y fut reçu le 1 1 août, avoir jeté en prison l'huissier de la cour Gariepuy
en considération de ce qu'il avait souffert pour les & les personnes qui l'acccompagnaient.
intérêts de la Province en diverses occasions.
i65i
i6âi
3lO
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tour une circulaire pour ordonner l'observation de l'arrêt du conseil d'État
du i8 mars, contraire aux prétentions du Parlement, la compagnie riposte
par une cassation en forme de l'acte du lieutenant général, comme rendu par
attentat.
Chaque communication faite à la cour par les commissaires qu'elle avait
envoyés dans la Province donnait lieu à la publication de violents manifestes,
soit contre les évêques', soit contre les agents subalternes de 4'adrainistration
diocésaine.
Mais la plus grave de toutes les mesures du Parlement de Toulouse fut
l'arrêt du 29 avril, par où la cour s'attribua le droit de réglementer elle-
même les impositions de la Province Se en usa immédiatement, autorisant la
levée d'une partie des sommes qui avaient été votées par les derniers Etats
& défendant de lever toutes les autres^. La première phrase du préambule de
cet acte audacieux permettra d'en apprécier la vigueur :
« Ores que la recherche desdits crimes ne soit que pour le service du roy
' La procédure faite contre l'évêque d'Albi par
M. Bertrand de Gargas, terminée par ordonnance
de ce commissaire en date du i3 avril, établit des
faits très-graves, prouvés par témoignages, actes
divers & lettres missives (dont une lettre de l'évê-
que écrite à Salvan, receveur, du 7 septembre 1646,
datée de Paris, prouvant que l'évêque était l'auteur
de la révocation du présidial d'Albi).
1° L'évêque avait fait établir divers droits pour
servir de fonds à gratifier les députés du diocèse :
3 sols pour livre pour l'avance faite par les rece-
veurs des deniers des étapes, quoique ce soient les
communautés qui aient fait les avances & non le
receveur (la commune de Cordes avait emprunté
1000 livres au sieur de Fleyres, receveur du dio-
cèse, pour les avances qu'elle était obligée de faire,
& Fleyres avait stipulé les 3 sols pour livre);
3 deniers pour livre de toute nature d'imposition.
2° L'évêque avait fait imposer 1080 livres pour
60 jours de vacations des députés du diocèse, en-
voyés aux Etats au-delà du mois porté par le der-
nier ordre du roi j 960 livres pour frais de dépu-
tation aux Etats généraux d'Orléans.
3° Il avait rejeté sur le diocèse 27541 livres
p sols pour arrérage des tailles des lieux d'Alban
& Padiès, sous prétexte d'infertilité & de déguer-
pissement, quoique ces lieux eussent annuellement
payé leurs tailles.
4" i3oo & tant de livres pour les épices des offi-
ciers des comptes & aides dé Montpellier, quoi-
qu'ils n'en dussent avoir que 400; 4 livres 10 sols
pour chaque quittance, quoiqu'ils n'en dussent
avoir que 40 sols.
5" 90000 livres imposées sur le diocèse d'Albi
pour la suppression du présidial d'Albi, dont la
création avait été sollicitée par la ville, l'évêque.
ayant par la corruption d'un sieur Dumas, député
d'Albi, obtenu ladite somme 8t l'avait fait porter
par le diocèse & la ville pour n'avoir pas le prési-
dial qu'ils voulaient avoir.
6° La somme de 124000 livres pour parties
rayées par les commissaires de Sa Majesté que
l'évêque avait fait rétablir par les sieurs de Ma-
chaut 8c de Balthazar (sur des traités clandestins
faits par Salvan 8t Pech, ses domestiques, jusques
à la somme de 39000 livres, augmentée depuis à
5o 000 pour les intérêts de 22 ans =: 1 24000 liv,).
7° L'évêque a fait imposer sur le diocèse une
somme notable, pour divers frais faits au procès
particulier qu'il avait contre les sieurs de La Bas-
tide & Roques, ayant fait prendre au diocèse fait
& cause pour lui : procès gagné par l'évêque; mais
le diocèse n'en a pas moins payé.
8° L'évêque a retenu les mandes de la dernière
Assiette sans vouloir les délivrer, afin que la plu-
part de ces malversations demeurassent incon-
nues.
L'ordonnance de M. de Gargas casse partie de
ces impositions, & renvoie les autres à la cour.
■ Voici les sommes dont le Parlement autorisait
la levée immédiate :
529517 livres 4 sols 4 deniers de l'aide, préciput,
octroi & crue due au roi ; — 1 65 000 livres des de-
niers du talllon & augmentation; — 600000 livres
de don ou octroi au roi accordé la présente année;
— les dons accordés au gouverneur Se à sa femme;
— 25 000 livres pour l'entretien de ses gardes; —
les appointemenes des lieutenants généraux; —
25 000 livres pour les frais des États & gages des
officiers; — 3oooo livres pour les morte-payes; —
120000 livres pour les garnisons; — 1 2 000 livres
pour les réparations des places frontières.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 3ii
« Se soulagement de ses sujets, néanmoins quelques-uns des gens desdits
Il États, même aucuns des sieurs évêques, pour mettre à couvert leurs suppôts
« de la peine que leurs crimes ont méritée & tenir la Province dans une
H continuelle oppression, non contents d'avoir opposé la force à l'exécution
« desdits arrêts, donné retraite aux coupables, latité 8< recelé les verbaux
« desdites Assiettes, comptes des étapes St autres actes dans leurs châteaux 8t
« maisons épiscopales, mais encore pour mettre de la confusion en la levée
« des deniers de ladite Province 8c fournir de prétexte auxdites malversations,
« font ordinairement des impositions en termes généraux, sans que les peu-
« pies puissent savoir à quoi les sommes qui se lèvent sur eux sont destinées. »
Ainsi, dans les comptes de l'année même i65i, on trouvait un article de plus
de treize cent mille livres, « dans lequel il est dit vaguement que c'est pour
« dettes & affaires de la Province, sans dire quelles} » à l'article des gratifi-
cations extraordinaires, on porta plus de deux cent mille livres, sans « faire
« connoître aux peuples les personnes desquelles par ces gratifications la Pro-
« vince pouvoit attendre protection. »
Cependant les mesures violentes du Parlement de Toulouse avaient mis
toute l'Eglise de France en émoi. L'assemblée générale du clergé prit fait Si
cause pour les prélats de Languedoc 8<. sollicita l'intervention royale en leur
faveur. Un des prélats qui se trouvait le plus directement intéressé dans la
querelle par les attaques personnelles dont il avait été l'objet, M. de Grille,
évêque d'Uzès, prononça, en présence de la Cour, une harangue énergique;
& le 7 août, M. Godeau, évêque de Grasse & de Vence, assisté du prince
de Conti , encore affilié à l'Église, 8i de tous les archevêques & évêques qui
étaient alors à Paris, alla présenter solennellement au roi Si à la régente les
remontrances du clergé de France.
Le discours du prélat fut très-long & très-étudié, Se laissa voir, à travers
le luxe des artifices oratoires, l'amertume des ressentiments qu'éprouvait le
corps épiscopal. « C'est au nom de toute l'Église, dit-il, que je viens faire
« entendre la plus vive, la plus cruelle Se la plus inconsolable douleur qu'elle
« ait soufterte il y a longtemps. » Il fait ressortir l'énormité de l'attaque dans
un pays où l'Église « a son fils aîné pour défenseur » 8c dans une époque
où « les lois sont armées pour la conservation de ses biens, de son honneur
« 8c de ses privilèges; » Se il ajoute : « Sous un héritier de saint Louis, sous
« un roi de miracle, sous une régente dont la vie est une loi de piété pour
<! les peuples, l'Église vient de recevoir des injures qu'elle ne devoit craindre
c< que dans la chaleur des plus cruelles persécutions. Un Parlement de votre
« royaume, 8c un Parlement qui jusques icy disputoit à tous les autres la
« gloire du zèle pour la religion catholique, le Parlement de Toulouse,
<i sire, oubliant ses premières maximes Se se démentant luy-mesme, par un
H malheur que nous déplorons, vient de flétrir par ses arrêts l'honneur du
« royaume très-chrétien; de saper la religion que vous professez, par un de
<c ses plus solides 8c plus vénérables fondemens. Se de se porter à une entre-
« prise, que non-seulement tous les autres Parlemens, comme ils sont sages
i6âi
i66i
3i2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« 8c religieux, condamnent avec des termes qui nous consolent, mais que la
« plus saine partie de ce corps, qui n'est pas maintenant ni la plus grande
« ni la plus forte, ne se peut empêcher de détester. »
11 rappelle les plaintes qui en ont été déjà portées au roi par « une bouche
« éloquente » Se « le bruit de ce tonnerre » qui lui paraît « retentir encore
« dans ce lieu auguste, « & il expose, dans un langage animé, les actes hos-
tiles de la cour de Toulouse à l'égard des prélats de Narbonne, d'Albi , de
Béziers, & justifie la démarche du clergé de France, dont il est le représen-
tant, par la solidarité de l'épiscopat :
« Tous les évêques ne faisant qu'un évêque, l'injure de l'un est l'injure de
« tous, ou plustost de toute l'Eglise, la tête ne pouvant être offensée que le
« corps ne se ressente de son offense; » puis il montre que Dieu lui-même
est intéressé dans cette injure, & que les armes canoniques seraient une juste
réponse aux entreprises du Parlement.
« Nous pourrions, poursuit-il, à l'exemple du Sauveur, prendre le fouet
« pour chasser de la maison de Dieu ceux qui traitent les pasteurs de son
« Église avec tant d'ignominie, & qui les accusent si hardiment d'avarice, de
« larcin, de tyrannie 8c de corruption. » Entrant ensuite dans le détail des
faits, il s'élève avec vigueur contre les accusations adressées à l'épiscopat de
Languedoc dans l'arrêt du 22 mai :
« Pourquoi, depuis tant d'années que cette corruption commence, le Par-
« lement l'a-t-il soufferte? Pourquoi ne s'est-il pas opposé à la naissance
« d'un si grand mal? Pourquoi ces pères du peuple ont-ils enduré que leurs
« pasteurs l'ayent abandonné, l'ayent vendu, l'ayent dévoré?» Et il s'indigne
des termes vagues & généraux de l'arrêt qui laisse planer un fâcheux soupçon
sur tous les membres du corps épiscopal.
S'emparant ensuite avec habileté de quelques-unes des récriminations du
Parlement, il fait voir que le roi lui-même a profité des « dons immenses »
obtenus par l'influence des évêques, & que ces « sommes tant reprochées soiit
« entrées dans son épargne. »
Il raconte que deux conseillers ont envoyé chercher les consuls d'Albi
« pour leur dire, de la part de la cour, qu'ils choquassent hardiment leur
« évêque en toutes choses, qu'ils ne fissent jamais d'accord avec lui, & qu'ils
« auroient tous les arrêts qui leur seroient nécessaires; » qu'un autre con-
seiller a excité une sédition à Béziers, dans une ville remplie d'hérétiques,
« à qui on a donné, en cette occasion, un spectacle aussi agréable pour eux
« que honteux à l'Église; » que, dans le diocèse de Cahors, le Parlement a
pris sous sa protection vingt-cinq curés en révolte ouverte contre leur évêque,
8t, par cette solennelle approbation, a occasionné les plus graves désordres
dans le synode :
« Un prieur du diocèse, accompagné des curés dont il est syndic. Se de
« plusieurs hommes armés, force la maison de son évêque. Il entre dans la
« salle, où il y avoit huit cents prêtres, 8c presque à la vue de M. de Cahors,
« qui étoit dans une chambre prochaine, il monte sur son trône, il publie
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 3i3
« des ordonnances, il établit des officiers &, pour mettre le comble à cette
<i entreprise inouïe, il bat le secrétaire de son prélat, son aumônier 8t son
« promoteur, envoyés séparément pour les faire retirer. Après ces excès, le
« Parlement de Toulouse décrète un ajournement personnel contre ceux qui
«1 ont été outragés. Il donne un autre évêque 8t un autre officiai à des prê-
« très séditieux, qui ont commis un attentat si horrible, »
Le décret de prise de corps contre M. de Rebé arrache surtout à l'orateur
un vif mouvement d'éloquence : « Qui ne croira, sire, par les termes d'un
« arrêt si fulminant, ou que M. l'archevêque de Narbonne a voulu faire
« soulever le Languedoc contre Votre Majesté, ou qu'il a eu dessein de le
« livrer aux Espagnols, ou qu'il a commis quelque autre crime qui fait hor-
« reurau ciel & à la terre? Mais si on veut s'informer de la vérité, il se trou-
« vera coupable d'avoir servi Votre Majesté dans les derniers Etats, d'avoir
« conservé leur autorité contre les entreprises du Parlement, d'avoir refusé
« d'ouvrir les portes de Narbonne à deux commissaires interdits par un arrêt
« de votre conseil Je frémis d'horreur quand je pense qu'il ne s'en est
« guère fallu qu'on n'ait vu arracher un archevêque de sa maison, de son
« siège, de son église, de l'autel, pour le conduire, lié & garrotté, par une
« province où il a si glorieusement maintenu les peuples dans votre obéis-
« sance, 8c où il est si recommandable par sa condition, par ses emplois Si
« par sa vertu. Quel deuil pour l'Eglise!... quelle victoire pour l'hérésie! »
L'évêque de Vence termina ce réquisitoire passionné en faisant appel aux
intérêts politiques du souverain, 8c en mettant dans toute leur lumière les
dangers de la conduite du Parlement au point de vue de l'autorité royale :
« Vous ne pouvez ni ne devez souffrir que ceux qui tiennent de vous le
« pouvoir de juger vos sujets de Languedoc, deviennent vos juges. N'aurez-
« vous donc reçu de Dieu cette puissance indépendante sur la terre de toute
« autre que de la sienne, qu'afin de la soumettre à leurs passions? En les
« revêtant de la pourpre, vous en êtes-vous dépouillé?... Si ce désordre est
« souffert, il faut craindre, Sire, que pensant avoir fait des ministres de jus-
« tice dans le Languedoc, vous n'ayez fait des destructeurs des libertés de
« l'Église, des censeurs de votre vie, des arbitres de votre autorité. — Vous
« auriez un vain titre de royauté 8c ils en auroient l'effet. Vous en porteriez
« les ornements, 8c ils en exerceroient la puissance Vous voyez, Sire,
ti comme les intérêts de la royauté sont joints en cette occasion avec ceux
« de l'Église, 8c comme en vous demandant qu'il vous plaise de réparer les
« injures qu'elle a reçues par les arrêts du Parlement de Tolose, nous deman-
« dons à Votre Majesté qu'elle relève son sceptre foulé aux pieds, qu'elle
« raffermisse son trône ébranlé, qu'elle fasse justice à son autorité méprisée. »
Quelques phrases d'indulgence pastorale couronnèrent la péroraison ani-
mée d'une longue prosopopée, où l'Eglise en personne, « l'épouse de Dieu
« qui vous prépare, dit l'orateur à Louis XIV, un royaume éternel si vous
« avez soin de la faire régner dans le vôtre » implorait la justice du souve-
rain, 8c le prélat finit en demandant « un remède, plutôt qu'une punition,
i65i
i65r
3i4 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« pour ceux que nous voudrions de tout notre cœur n'avoir jamais été con-
« traints d'accuser comme coupables '. »
Le conseil de régence n'avait pas attendu la dénonciation des évêques pour
comprendre les dangers qui pouvaient naître de la situation intérieure du
Languedoc. Si les factions entre lesquelles se partageait la Cour de France
comptaient trouver un point d'appui dans les grands corps de la Province, la
tournure qu'y prenaient les événements indiquait assez que les intérêts par-
ticuliers & les intrigues locales l'emportaient de beaucoup sur les visées poli-
tiques. Chacun luttait pour la domination, &, comme le désordre était par-
tout, au milieu de la confusion d'arrêts contradictoires qui ne cessaient de se
croiser, la perception des impôts devenait impraticable 8c l'épargne royale,
déjà si fort épuisée, courait risque de perdre ses dernières ressources.
MM. d'Aubijoux, de Sève Si Boucherat eurent ordre du roi de se rendre à
Toulouse afin d'y régler le différend survenu entre le Parlement & la Pro-
vince. Avant de quitter Carcassonne ils demandèrent d'être informés exacte-
ment de ce qui s'était passé &c en conférèrent avec les évêques d'Agde 8i de
Comminges, les barons de Castries & de Ganges 8c les députés diï Puy, de
Viviers, d'Agde 8c de Lodève, commissaires nommés par les Etats.
Ils quittèrent Carcassonne le lendemain de la procession, 8c avant de partir
ils firent promettre à l'assemblée que, pendant toute la durée de leurs négo-
ciations, il serait sursis aux délibérations que l'on pourrait prendre contre le
Parlement. Tout en acceptant cette trêve « à la prière des commissaires du
(( roi » comme il fut dit expressément dans le procès-verbal, on eut soin de
stipuler que, si la négociation devenait trop longue, il serait écrit par les États
pour reprendre leur liberté, 8c qu'en attendant, on continuerait de rassem-
bler des actes justifiant des entreprises du Parlement.
Tout en traitant avec les parlementaires, les commissaires du roi ne négli-
geaient rien pour affaiblir leur cause. Par une exception bien rare dans les
annales du pays, le corps capitulaire tenait le parti de la cour de Toulouse
qui lui avait promis de garantir le rétablissement de plusieurs privilèges
injustes 8c de faire rejeter sur le reste de la Province des impôts assez onéreux.
Les magistrats municipaux, en reconnaissance d'un tel bienfait, s'étaient hâtés
d'offrir au Parlement la somme de douze mille écus dont la demande venait
de leur être faite, 8c, en même temps, suivant les protestations passionnées
du chef du consistoire Jougla, « leurs biens, leurs vies, 8c généralement tout
« ce qui dépendoit d'eux » sans oublier l'engagement de ne rompre jamais
leurs attaches avec la cour 8c de mépriser toutes les avances des États*.
■ Remontrance iu clergé de France, faite au roy, vez à Paris. — A Carcassonne. m.dc.li. — Jouxte
la reyne régente sa mère présente le 7 août i65i, la copie imprimée. A Paris, chez Antoine Vitré,
sur le sujet des arrests que le Parlement de Tolose imprimeur ordinaire du roy, de la reyne régente
a donnez contre l'honneur des Estats de la Pro- jnere de Sa Majesté & du clergé de France, i65i.
vince de Languedoc. Par R. P. en Dieu messire Avec permission '.
A. Godeau, evesque de Grasse & Vence. Assisté de ' Pièces justificatives, n. CXXVI, col. 362.
monseigneur le prince de Conty, & de messei- , ■ o. /» i,- j i u . <- r- j
° r J' 12). pages m-8». (Archives de la Haute-Garonne. Fonds
gneurs les archevesques & evesques qui se sont trou- de l'cvCché de Ricu.t, 5).
LIV, I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 3i5
Déjà, au commencement de mars, le duc d'Orléans avait écrit aux capitouls
pour leur recommander l'union, se vantant de retenir les requêtes présentées
au conseil du roi par le syndic général de la Province pour obtenir cassation
des arrêts du Parlement 8c de faire surseoir par cette cour à l'exécution des
mesures prescrites sur le même sujet '.
MM. de Sève & Boucherat eurent plusieurs conférences avec la municipa-
lité. Ils offraient d'accorder à la ville de Toulouse tout ce qu'elle demandait
contre les États, à condition qu'elle séparerait ses intérêts de ceux du Parle-
ment Se qu'elle enverrait ses députés à Carcassonne suivant les formes accou-
tumées.
Le corps capitulaire s'y refusait, en se fondant sur le droit reconnu par
lettres patentes du roi, de ne pas se faire représenter aux États, par suite de
l'exemption des impositions provinciales & sur ce qu'elle ne pouvait détacher
sa cause de celle du Parlement.
Les commissaires du roi voulurent voir les titres des archives municipale?
qu'on leur citait en toute occasion.
Ils vinrent à l'hôtel de ville où une collation leur fut servie dans le petit
consistoire.
Il paraît qu'ils insistèrent encore dans cette visite pour que la ville ne
laissât point sa place vide aux Etats ^.
Le II août les États expédièrent à Toulouse M. de la Guymerie, envoyé
de Couffoulens, pour savoir du comte d'Aubijoux si le Parlement observait
de son côté la trêve qu'on lui avait promise 8i si les poursuites contre M. de
La Forest Toyras étaient comprises dans cette trêve.
M. de la Guymerie était de retour à Carcassonne le i8 août.
Le comte d'Aubijoux 8c ses deux collègues y rentrèrent dix jours après Gc
parurent à l'assemblée le i" septembre.
L'archevêque de Toulouse, Charles de Montchal, s'était rendu à Carcas-
sonne, pour l'assemblée des États, où il travaillait de son mieux, malgré la
surexcitation des sentiments hostiles qui les agitaient, à ménager un accom-
modement durable entre le Parlement de Toulouse 8c les représentants de la
Province, lorsque la mort vint le surprendre le 22 août i65i. Ce prélat,
originaire du Vivarais, avait possédé pendant vingt-trois ans l'archevêché de
Toulouse, y étant parvenu en 1628, 8c jouissait en outre de deux importants
bénéfices ecclésiastiques, l'un 8c l'autre fort éloignés de son diocèse : l'abbaye
de Saint-Amant-de-Boisse au diocèse d'Angouliine, 8c l'abbaye de Saint-Sau-
veur-le-Vicomte au diocèse de Coutances. Par son testament, il demanda que
l'on inscrivît sur son tombeau cette simple phrase : « Charles de Montchal,
« archevêque de Toulouse, attend ici la résunection des morts; » précaution
de modestie qui ne devait être qu'à demi observée.
■ La lettre est du 4 mars i65i. Le prince, qui tisfaction commune. Pièfej;HS«i)îc(i«iV«,n.CXXIX,
marque un grand désir de conciliation, demande col. 366.
l'envoi d'une députation spéciale par le corps de ' Archives de Toulouse. Annales manuscrites^,
ville, afin de trouver des tempéraments pour la sa- VIII, ipS. Histoire de l'an i65o-i65i.
i65i
iCSi
3i6
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le corps du prélat séjourna quelque temps à Villefranche de Lauragais
puis fut transporté à Toulouse, d'après le désir qu'il en avait exprimé, pour
y être déposé dans les caveaux de sa cathédrale. Au moment de sa mort, l'ar-
chevêque se trouvait débiteur envers le chapitre Saint-Étienne de son droit
d'entrée & de sa quote-part des dépenses faites pour la réparation de l'autel
du chœur 8<. le renouvellement du rétable. M. de Montchal , maître des
requêtes, frère du prélat, offrit toute satisfaction aux chanoines'.
Le chapitre métropolitain Se. les diverses communautés ecclésiastiques allè-
rent attendre le corps à l'église Saint-Michel Si l'accompagnèrent au palais de
l'archevêché, où il demeura exposé trois jours dans la salle basse; la grosse
cloche de Cardaillac sonnait un quart d'heure chaque matin & chaque soir\
' Les débats du chapitre avec la famille de
l'archevêque remplirent plusieurs conférences. Le
maître des requêtes offrait en représentation de la
chapelle de son frère la somme de neuf mille li-
vres, à laquelle avaient été condamnés les héritiers
de monseigneur de Foix. Les chanoines jugeaient
la somme insuffisante, rappelant que le cardinal
de Lavalette avait payé une chapelle la somme
de douze mille livres, que d'autres étaient montés
à dix-huit mille, & même que le cardinal de
Joyeuse avait atteint près de cinquante raille li-
vres. Il Néanmoins, à raison des grands biens que
la ville, le diocèse & la Province ont reçus de
l'archevêque qui avoit donné assiduement ses soins
à sort église, pendant l'espace de vingt-trois ans
qu'il avoit résidé sans discontinuation, &, par
sa sollicitude & glorieux exemple, beaucoup pro-
fité à son clergé, & à raison des grandes aumônes
qu'il avoit secrètement faites aux pauvres honteux
& de la douceur & intelligence » où l'on avait
vécu avec lui, le chapitre demandait seulement à
n'être pas moins libéralement traité que par le
cardinal de Lavalette, à moins que l'héritier n'ai-
mât mieux céder la chapelle même de son frère
(I que le chapitre désiroit avoir pour la mettre en
son trésor & la conserver, afin de faire vivre éter-
nellement sa mémoire, 8c de rappeler, par la vue
des armes qui s'y trouvoient gravées, les éminentes
qualités du prélat. « M. de Montchal choisit ce
dernier parti & donna la chapelle qui fut évaluée
s douze mille cinq cent quatre-vingt-dix livres.
Cette chapelle comprenait la croix archiépiscopale,
la crosse, la croix & les six grands chandeliers de '
l'autel, le calice & la patène, la cuvette & les bu-
rettes, deux bassins en ovale dans un vase, la boîte
à hosties avec la paix, le bénitier avec le gou-
pillon, les chrêmières, l'encensoir & la navette, la
clochette 8t le bougeoir. Toutes ces pièces étaient
le en argent ciselé, vermeil doré » sauf l'encensoir,
le bougeoir & la navette en argent blanc '.
^ » Archives de la H<aiitc-G.Tronne. F'onds du chapitre Saiiit-
ÉlKiUK. Dclibcralioiis. Siiaiiccs des 7 cX 9 octobre i05i.
* Le 16 août, le chapitre Saint-Etienne, se réu-
nit pour nommer les quatre vicaires généraux
destinés à « occuper » durant la vacance du siège
métropolitain. On élut l'archidiacre de Caumelz,
conseiller au Parlement, les chanoines de Flous &
de Lafont. Il y eut partage pour la quatrième
place entre M. de Ciron, chancelier, & le grand
archidiacre de Maran, qui obtinrent neuf voix
chacun. On se contenta de trois vicaires géné-
raux.
L'évêque de Rieux, prévôt du chapitre, publia
dans le chœur & au grand autel de la cathédrale
la nomination de ces dignitaires & celle de tous
les officiers de l'archevêché.
Voici le détail de ce personnel qui donnera
l'idée de l'organisation ecclésiastique du temps :
Juge métropolitain, M. de Boullay; — officiai,
seds vacante, M. de Catel; — lieutenant principal
du métropolitain , M. de la Bourgade; — lieute-
nant principal de l'officialité, le sieur de Martel;
— lieutenant particulier du métropolitain, Simon
Peyronet; — lieutenant particulier en l'officialité,
Emmanuel Louis de Cantuer; — procureur. fiscal,
le sieur de Barrassy; — substitut, messire Arnal;
— procureur des âmes, messire Jean Germain, pré-
bendier; — promoteur aux causes, messire Bé-
renguier, avocat; — greffier du métropolitain,
messire Hugues Brassac, notaire; — greffiers de
l'officialité, ledit sieur Brassac & messires Pierre
Dauxion & Pierre Boudet; — Georges Jonquet,
notaire & greffier de la chambre du clergé.
Officiers de la temporalité : juge, M. Jean de
Jougla ; — lieutenant, Nicolas de Bonassié; —
lieutenant local à Verfeil, Lafont; — procureur
juridictionnel, Jean Solier; — greffier. Potier de
Castelnouvel '.
La temporalité des archevêques de Toulouse com-
prenant quatre baronnies, confisquées sur les albi-
geois, occupait une partie des vallées de l'Hers &
du Gnou.
' Arcliiscs de la Haute-Garonne. Fonds du chapitre Saint-
Kticune. Dclibcralions. Séance du 26 août i65i.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 817
Les funérailles de l'archevêque, malgré le rôle de médiateur qu'il s'était
donné aux États de la Province & les efforts qu'il avait tentés pour amener
l'apaisement des rivalités locales, servirent encore de prétexte à de nouvelles
aigreurs & à des contestations irritantes entre le Parlement 8<. le Consistoire
toulousain.
Le jour même des funérailles, le conseil de bourgeoisie était assemblé pour
régler le rôle que la ville devait accepter dans la cérémonie, à la suite d'une
invitation de l'archevêché, transmise à la maison commune par deux prében-
diers & deux prêtres de chœur de Saint-Etienne, lorsque maître Bonassier,
avocat, se fit introduire, S; annonça qu'il venait « de la part de Messieurs les
« héritiers de l'archevêque 8c de M. de Flous, vicaire général, pour prier les
« capitouls de ne se vouloir pas trouver à la sépulture & honneurs funèbres,
« à cause que Messieurs du Parlement avoient dit que si les capitouls parois-
« soient à cette action, le Parlement n'y vouloit pas aller. « En guise de
consolation, l'ambassadeur officieux était chargé de « remercier fort Messieurs
« les capitouls de leur bonne volonté. » Cette communication n'étonna per-
sonne; déjà les projets d'abstention hautaine des membres du Parlement, en
cas de présence des capitouls, avaient été dénoncés aux conseils de ville, Se le
sieur de Jougla, chef du consistoire, savait, pour l'avoir appris de la bouche
même du premier président, que telle était la résolution de la cour. Natu-
rellement, l'orgueil municipal se révolta contre cette condition injurieuse, St
l'on décida sur-le-champ que les huit magistrats portant leurs chaperons
capitulaires Si leurs manteaux, accompagnés du plus grand nombre de bour-
geois que l'on pourrait réunir Se de la famille du guet tout entière, vêtue de
ses plus belles casaques rouges, se rendraient en corps à l'archevêché avec
un drap noir décoré des armoiries du prélat. Le cortège communal se mit
donc en marche, précédé de sa musique 8c de son verguier. Le Parlement
était déjà réuni dans la chapelle de l'archevêché. On reçut les capitouls Se la
bourgeoisie dans une vaste salle, où le prélat avait coutume de prendre ses
repas. Se qu'on appelait la Salle des Roses, à cause d'une ancienne décora-
tion héraldique laissée par un des prédécesseurs' de l'archevêque; à la nou-
velle de leur arrivée, les parlementaires s'émurent Se refusèrent de sortir. 11
fallut retarder la levée du corps pour attendre une transaction. Des délégués
furent nommés de part Se d'autre afin de vider ce redoutable différend. Cinq
conseillers : Caumels, Vedelly, Dumay, Lafont 8c Terlon, commissaires de
la cour, Se six représentants de la bourgeoisie : Jougla, Duperrier, Figuier,
Durtaud, Boyer Se Cathelan, firent valoir les raisons des deux parties, 8c
après de laborieuses négociations, il fut décidé que le Parlement se relâche-
rait de ses exigences premières 8c tolérerait les officiers de ville dans le cor-
tège, mais que les capitouls marcheraient avant le corps, autour du drap
mortuaire porté, selon l'usage, par quatre archidiacres de Saint-Étienne.
Les quatre confréries des Pénitents, ([ui débattaient, avec une égale viva-
cité, l'éternelle question de la préséance, furent moins conciliantes : deux
d'entre elles, celles des Pénitents noirs Se des Pénitents bleus crurent leur
i65i
iô5i
3 18 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dignité amoindrie si elles acceptaient le rang que l'on prétendait leur assi-
gner, & quittèrent l'archevêché sans vouloir assister aux funérailles.
Quand ces pourparlers furent terminés, la pompe funèbre s'ébranla. Deux
réveilleurs de ville ouvraient la marche, avec les gardes de la santé 8c ceux
de la police; derrière eux s'avançaient douze femmes portant de grandes
corbeilles de pain, puis cent pauvres vêtus de robes de deuil en drap noir
& ayant aux mains des flambeaux de cire aux armes de l'archevêque. Les
consuls des trente-six communes comprises dans les quatre baronnies de la
temporalité épiscopale, Castelmaurou, Balma, Verfeil & Montbrun, venaient
à la suite avec leurs cierges armoriés, suivis de quatre réveilleurs agitant
leurs cloches. Puis se déroulait la longue série des corporations religieuses :
pénitents gris 8c blancs, pèlerins de Saint-Jacques, capucins, religieux de
Saint-Antoine-du-Salin, de Saint-Roch, religieux des Tiers-Ordres, de Sainte-
Eulalie, de la Trinité, augustins, carmes du Grand-Couvent, cordeliers,
jacobins, prêtres des paroisses de Saint-Nicolas, de Saint-Pierre-des-Cuisines,
du Taur, de la Dalbade, de Saint-Sernin ; bénédictins, chapitre de Saint-
Étienne. La livrée rouge des soldats du guet interrompait cet appareil ecclé-
siastique 8c annonçait la présence des huit capitouls, marchant autour du
drap mortuaire que portaient les quatre archidiacres. La grande croix de
paroisse les suivait, précédant la croix primatiale 8c la crosse de l'archevêque,
le groupe des conseillers « qui avaient prié le convoi, « 8c les domestiques de
M. de Montchal. Enfin paraissait le corps du prélat porté par des prêtres, les
huissiers du Parlement en grand costume. Messieurs de la cour en robe noire,
escortés par les secrétaires, les membres de la famille de Montchal conduits
par les trésoriers généraux de France 8c par les bourgeois, 8c enfin le convoi
des femmes.
Ce long cortège se déploya lentement au sortir de l'archevêché en gagnant
la place Rouaix, le marché de la Pierre, la rue des Changes, se resserra au
pied des hautes murailles coupées de contreforts du couvent des Augustins,
puis chemina le long de la rue Boulbonne vers la cathédrale, où il fit son
entrée par la grande porte, entre les deux figures épiscopales de Pierre 8c
Denys Dumoulin. On déposa le corps dans une magnifique chapelle ardente
élevée au milieu du chœur, 8c le service commença. L'évêque de Rieux offi-
ciait. L'évêque de Pamiers prononça l'oraison funèbre. Pierre de A'Iarca ,
évêque de Couserans, récemment arrivé de Catalogne, assistait à la cérémonie
avec l'évêque de Lombez 8c celui de Castres.
C'est sur Marca principalement que s'arrêtait l'attention du peuple. Sa
haute réputation, le rôle politique qu'il venait de remplir en Espagne le dési-
gnaient naturellement à tous les regards. D'ailleurs, une rumeur annonçait
déjà qu'il était choisi, dans les conseils du roi, pour succéder à M. de
Montchal. On savait que le prélat défunt éprouvait pour lui des sentiments
d'estime 8c d'affection tout particuliers, 8c qu'il avait voulu avoir son portrait,
dans sa grande 8c riche bibliothèque, au milieu des images d'hommes illustres
qu'il s'était plu à rassembler.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 319
Les restes de Charles de Montchal , enfermés dans un cercueil de plomb,
furent descendus au caveau des archevêques.
La dalle funéraire 'dont cette nouvelle tombe fut scellée est aujourd'hui
conservée dans le cloître du Musée de Toulouse, où elle a pris place quand
un des successeurs de Montchal, le cardinal de Clermont-Tonnerre, a cru
devoir remplacer par un dallage uniforme les vieilles pierres épigraphiques
de son église. C'est une plaque de marbre gris, d'un travail très-simple,
presque grossier, portant gravées au trait les armoiries héréditaires de Mont-
chal, « de gueules au chef d'or chargé de trois molettes d'azur. « Au-dessus
on lit l'épitaphe recommandée par le prélat dans son testament, mais accom-
pagnée d'un commentaire laudatif, où l'on célèbre « le courage, la science 8c
« la piété de l'archevêque, les services rendus par lui à l'État, son dévouement
« aux privilèges de l'Église Se aux intérêts du diocèse. »
Pierre de Marca, dont tout le monde annonçait la promotion certaine à
l'archevêché de Toulouse, était alors dans la plénitude de sa renommée. h'His-
to'ire de Bécirn, son pays natal, qu'il avait publiée en 1640, & ses grands
travaux d'érudition ecclésiastique, avaient donné à son nom une juste &
lointaine célébrité.
Il n'appartenait à l'Église que depuis l'année 1642, époque où il perdit sa
femme, mère d'un fils qui fut président au Parlement 8< d'une fille mariée à
M. d'Esquilles, magistrat de la même cour. Il prétendait faire remonter sa
famille aux temps les plus reculés, cherchant une réminiscence gauloise dans
le cheval d'or, gai 81 effrayé, qui figurait en champ de gueules dans ses
armoiries.
S'il faut l'en croire, ses ascendants directs auraient servi avec réputation les
princes de Béarn dans les premières charges de la guerre depuis la prise de
Jérusalem par Godefroi de Bouillon jusqu'à l'année 1460, où leurs héritiers
embrassèrent le service dans les offices de robe, 8t pendant deux siècles
entiers servirent les rois de Navarre, avec le même honneur, dans tous leurs
conseils. Lui-même se vantait d'être entré, sans argent, dès l'âge de vingt-
deux ans, dans le parlement de Navarre.
D'abord conseiller, puis président, il avait été le premier intendant de
justice de la province de Béarn.
Pierre de Marca, très-dégoûté de ses fonctions de visiteur général en Cata-
logne, se trouvait à Toulouse depuis quelques jours au moment de la mort
de l'archevêque. Il était évêque de Couserans, par nomination royale, depuis
neuf ans j mais le Saint-Siège lui avait fait attendre ses bulles pendant cinq
années, cédant peut-être, comme l'affirme un de ses historiens, aux intrigues
de l'ambassade espagnole, qui redoutait l'influence du titre épiscopal sur les
dévotes populations de Catalogne Se peut-être aussi répondant, par cette défa-
veur, à l'attitude qu'avait prise l'écrivain dans la querelle du sacerdoce 81 de
l'empire.
Le cardinal de Sainte-Cécile, qui jouissait d'une grande influence en
Espagne 8c qui vivait avec lui en très-mauvaise intelligence, le prétendant
i65i
320
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
homme de lettres éminent mais incapable aux affaires politiques, s'était abso-
lument refusé à le sacrer, comme il le désirait, dans l'abbaye de Montserrat,
bien que le délai déterminé par le concile de Trente pour le sacre des évo-
ques, à dater de la réception de la bulle, fût à la veille d'expirer.
Marca s'était vu obligé de faire le voyage de Narbonne, en 1648, pour y
recevoir la consécration épiscopale. Travaillé depuis longtemps du désir de
remettre ses fonctions, il rentra en France au mois de juillet i65i, la tenue
des États de Comminges, où son titre d'évêque de Couserans lui donnait le
droit de présider, offrant un prétexte convenable pour quitter Barcelone, qui
était en ce moment désolée de la peste".
Il fit, le 3 août, son entrée solennelle dans sa cathédrale de Saint-Lizier,
sans arriver à temps pour les États de Comminges, dont on avait refusé de
retarder l'ouverture, malgré une lettre de cachet du roi, le parti du prince
de Condé, qui y dominait, considérant l'évêque de Couserans comme dévoué
au ministère & à la personne de Mazarin '■.
' II paraît qu'un médecin de Castelnaudary
avait offert ses services à la ville de Barcelone, à
l'occasion de cette peste. Voici ce que lui écrit
Marca :
« i7 juin i65i .
« Pour M. Fabre, médecin de Castelnaudary.
« Monsieur, estant en conférence avec Messieurs
les conseillers de la ville de Barcelone sur la vio-
lence de la peste qui les afflige. Monsieur Dom
Philippe de Copons, Conseiller du Conseil royal,
fit lecture de deux lettres que vous lui écriviez,
offrant à la cité vos médicamens pour remédier à
cette maladie, & Monsieur votre fils pour les tri-
buer. La nécessité où sont réduits ces Messieurs
les oblige à se rendre importuns en votre endroit
pour vous prier par mon entremise de vouloir les
assister en diligence des médicamens & de la pré-
sence de Monsieur votre fils. Je vous envoie la
lettre qu'ils m'ont écrite sur ce sujet en date du
16 de juin, vous assurant que ce sont des person-
nes qui traitent les affaires avec honneur & qu'ils
vous donneront toute sorte de satisfaction. »
' En annonçant à Le Tellier l'avis de son
vicaire général sur la tenue de ces Etats de Com-
minges, Marca donne, le 14 mai i65i, quelques
renseignements curieux relatifs à cette assemblée,
réunie en vue de la fameuse députation aux Etats
généraux de Tours :
K L'évêque de Couserans est président-né des
Etats, & en son absence l'évêque de Lombez; celui
de Comenge n'y a jamais eu d'entrée, mais bien
en ceux de Languedoc. Il prétend y entrer main-
tenant en vertu d'un arrêt du conseil qu'il a fait
donner sur requête, auquel je prétends m'opposcr
pour la conservation des droits honorifiques de
mon évêché, comme feront aussi les Etats du pays
qui ne veulent point souffrir cette nouveauté. Je
veux me persuader que M. l'évêque de Comenge
ne se soucie pas beaucoup de cette entrée, excepté
pour l'occasion présente, afin d'être député aux
Etats généraux, & peut-être pour exclure M. l'évê-
que de Lombez que l'on dit avoir été prié par
S. A. R. de procurer cette députation pour soi ou
pour l'abbé de Beauregard. Je pense que ma pré-
sence aux Etats généraux seroit aussi avantageuse
pour le service du roi que celle de ces autres Mes-
sieurs. »
La lettre adressée par l'évêque de Couserans à Le
Tellier, le 3o juillet i65i, contient encore des dé-
tails assez intéressants sur les Etats de Comminges :
« Le roi, dit-il, les avoit différés par lettre écrite
au juge-mage jusqu'au i" aoiit afin de me donner
le moyen d'y être présent, & y présider suivant le
droit de mon évêché. Les amis de M. l'évêque de
Lombez ont supprimé cette lettre & pour anticiper
le temps de mon arrivée ont fait l'assemblée des
États au 10 de juillet, & pour faire députer M. de
Lombez pour les Etats généraux, ils y ont intro-
duit plusieurs gentilshommes qui n'y ont point
d'entrée au préjudice de l'usage ancien fondé s;ir
un arrêt du conseil de l'an 1607. Les députés du
tiers ordre & mon vicaire général s'opposite .t à
cette nouveauté, aussi bien que le syndic du pays.
Le procès verbal a été porté au conseil qui ser:i
sans doute jugé au conseil des dépêches, où je vous
supplie de vouloir appuyer cet ancien usage & de
faire ordonner que l'on procédera à une nouvelle
assemblée suivant l'arrêt du conseil. Je ne dois
pas vous dissimuler que le sieur de Maseroles,
gentilhomme, a voulu pratiquer les députes pour
donner leur suffrage à M. de Lombez, disant que
c'étoit l'intention de M. le Prince, & pour les
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 3:1
En arrivant à Toulouse, Pierre de Marca poussa un cri de délivrance de
se voir éloigné de ses chagrins, &, comme il disait, tiré de la servitude de
Catalogne.
Remerciant, le lendemain, la reine Anne d'Autriche de son congé, il lui
renouvelait des protestations de dévouement que l'incertitude des temps &
les agitations de la France pouvaient faire paraître plus méritoires '.
Le Parlement de Toulouse ne s'était pas contenté de mettre en cause
plusieurs membres de l'épiscopat languedocien*} il crut devoir, le i3 juin,
nommer dix commissaires extraordinaires ^ avec mandat de se transporter dans
toutes les sénéchaussées de la Province de Languedoc & en général dans
l'entier ressort de la cour pour procéder à l'exécution de ses arrêts, en donner
de nouveaux en matière criminelle, connaître de tous les abus ou malversa-
tions dont les officiers se trouveraient chargés au fait de leurs offices, & pour-
suivre les coupables « de quelque qualité 8t condition qu'ils pussent être. »
Le préambule prenait expressément à partie le comte de Bioule, qui, ayant
été plusieurs fois requis de faire le devoir de sa charge en assurant l'exécution
des arrêts de justice, avait au contraire pris la tête de la résistance, attroupé
des gens de guerre, excité des tumultes, tenu des assemblées illicites contre
l'autorité de la cour, poursuivi les conseillers &c commissaires à main armée
St intimidé les témoins pour empêcher la punition de crimes capitaux.
Le conseil d'État répondit par un arrêt de cassation conçu dans les formes
les plus sévères, où le Parlement était accusé en propres termes d'attenter sur
la puissance royale Se de n'observer aucunes lois'*. Le conseil ordonnait à
tous les lieutenants du roi d'opposer leur autorité aux entreprises du Parle-
ment, & à tous les gouverneurs de villes, officiers de justice ou consuls, de
fermer leurs portes aux commissaires de la cour de Toulouse, sous peine d'être
traités en criminels de lèse-majesté.
Les autorisations données à la noblesse & aux chapitres pour délibérer sur
dirertir de me nommer, il disoit que je dépendois m.i fidélité inébranlable pour son service lui est
du ministère & étoif un mazarin. Vous me cog- également connue; de laquelle je suis plus obligé
noissez mieux que personne & savez que je n* maintenant de lui rendre des preuves par les cfTeis
prends jamais autre party que celui du roi & que que les diverses intrigues du temps semblent le
je suis sans réserve, &c. désirer. Si Votre Majesté me fait l'honneur de me
(I Je viendrai bientôt à Paris, soit q.ie je sois départir ses commandemens pour se servir du peu
député ou non. — A M. Le Tellier. » d'industrie que l'expérience m'a pu acquérir dans
' Voici la lettre de Marca à la reine, datée de le maniement des affaires publiques, elle trouvera
Toulouse le 3i juillet i65i : en moi la fidélité, la fermeté & le désintéresse-
II Madame, comme Votre Majesté m'avoit or- ment qui sont nécessaires en ces occasions, avec
donné de sa propre bouche d'aller en Catalogne les respects & l'obéissance que mon devoir m'oblige
pour y servir en qualité de visiteur général, elle de rendre à Votre Majesté, de qui je suis très-
a eu la bonté de me permettre après sept années humble, très-obéissant & très-fidèle serviteur", u
de services que j'y ai rendu, de revenir en France ' Pièces justificatives, n°' CXXXIV, col. ijo, &
où je suis à présent, me témoignant par sa dcr- CXXXV'I, col. $72.
nière dépêche, comme par toutes les précédentes, ' On en trouvera les noms aux Pièces justijîca-
qu'elle avoit eu agréable ma conduite en une si tives, n. CXXXIX, col. Syô.
fâcheuse & si longue négociation. Si mes soins ' Pièces justificatives, n. CXL, col. 378.
pour la direction des affaires de ce pays ont donné
de la satisfaction à Votre Majesté, je pense que • Bibliothiquc iialioiialc. ^/s. Papier» de Baliizc.
XIII, "
lOii
i6oi
32 3 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les divers projets de réformes représentatives ne furent pas mieux traitées par
le conseil d'État '.
Cela n'empêcha point la cour de faire acte législatif, le 12 juillet, en modi-
fiant de son chef le mode de représentation de la noblesse aux États pro-
vinciaux, &C en ordonnant aux gens des trois ordres de recevoir dans leur
assemblée vingt-deux gentilshommes élus par les nobles qui avaient pris part
à la réunion de Toulouse, un pour chaque diocèse, avec entrée aux Assiettes
de la Province. Cette innovation était d'ailleurs uniquement présentée comme
un palliatif temporaire, en attendant que « les usurpateurs des droits de la
Il noblesse » fussent déboutés de leur injuste possession^.
Sur ces entrefaites arriva une lettre du prince de Condé, donnant les motifs
de son éloignement de la Cour, & annonçant qu'il était prêt à continuer ses
soins auprès de Leurs Majestés, dès que « les sieurs Servien, Le Tellier, 8c
« Lionne n'y seroient plus. » Aussitôt remontrances au roi pour le retour du
prince de Condé, la réunion de la maison royale, l'éloignement des suppôts
du cardinal Mazarin, Si prière au. duc d'Orléans d'employer son autorité pour
procurer « une réunion si nécessaire à la France-^. »
D'autres remontrances, encore plus solennelles, furent faites leSi juillet
sur l'arrêt du conseil du iS juin. Le Parlement y rappelait l'ordonnance de
Louis XII, prescrivant aux cours de Toulouse & de Bordeaux de tenir les
grands jours de deux en deux ans dans leur ressort pour y assurer l'exécution
de la justice, & toutes les délégations spéciales de commissaires qui avaient
été faites dans le cours du seizième & du dix-septième siècle pour assurer la
punition des criminels. Evoquant des souvenirs encore plus récents, il s'ap-
puyait sur la déclaration du mois de juillet 1648 pour justifier l'envoi de ses
délégués dans le territoire de la Province, en vue d'y assurer l'exécution des
arrêts Se le châtiment des coupables. Il refusait de croire que l'intention du
roi fût d'opposer la force 8<. de fermer les portes des villes aux commissaires
députés pour l'exercice de la justice souveraine; 8c comme preuve pratique de
son incrédulité, il désignait encore dix commissaires pour se transporter dans
la province de Languedoc, partout où besoin serait, avec ordre à tous offi-
ciers, gentilshommes ou magistrats de leur prêter assistance'^.
Ce fut au milieu de ce déchaînement des passions que les Etats s'ouvrirent,
à la fin du mois de juillet; le comte d'Aubijoux y figurait comme premier
commissaire du roi. Le discours de l'archevêque de Narbonne, Claude de
Rebé, fut empreint d'une violente amertume contre le Parlement de Tou-
louse, dont il accusait l'incompétence en matière d'administration provinciale,
Se contre les gentilshommes de Languedoc qui avaient pris part à la réunion
de la noblesse, 8<. auxquels il reprochait d'avoir oublié la dignité de leur
'irdre en se laissant présider par un simple magistrat-',
. ' On en jugera par les arrêts de cassation que ' Arrêt du i5 juillet i65i. Pièces justificatives,
nous publions aux Pièces justificatives, n. CXLIII, n. CXLVI, col. Spo.
col. 384, & CXLIV, col. 386. ^ Pièces justificatives, n. CXLVII, col. 391.
" Pièces justificatives, n. CXLV, col. 387. ' pa-ces justificatives, n. CXLVllI, col. 3o(5.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN.
323
i65i
Quelques jours après, le syndic général de la Province obtenait du con-
seil d'Etat un arrêt d'évocation, avec renvoi au Parlement de Dijon & à la
chambre de l'édit de Grenoble, de tous les procès civils & criminels que pour-
raient avoir devant le Parlement de Toulouse ou la chambre de l'édit de
Castres les évêques, barons, consuls 8i députés des diocèses, villes & com-
munes ayant assisté aux Etats de Pézénas en i65o, le sénéchal, les consuls
& conseillers de Montpellier, le gouverneur, les officiers & consuls de Nar-
bonne '.
Le i'^"' septembre, les États firent une protestation en forme contre les pro-
cédés du Parlement de Toulouse ^5 le 6, ils reconnurent la majorité du roi^;
quelques jours après, comme la qtiestion du don gratuit était réglée, le comte
d'Aubijoux, qui ne voyait pas d'autre motif à la réunion des États, crut pou-
voir se permettre de leur rappeler la longueur de la session & les invita poli-
ment à se séparer. Mais cette invitation fut mal accueillie, & après de longs
pourparlers, le premier commissaire royal finit par faire une sorte de rétracta-
tion, en déclarant que son intention n'avait jamais été d'empêcher l'assemblée
de travaillera ses affaires'*.
Cependant, le prince de Condé, parti de Paris la veille de la majorité du
roi, s'était retiré dans son gouvernement de Guienne avec des intentions
manifestement hostiles. Les effets ne s'en firent pas attendre.
Le 4 octobre, l'archevêque de Narbonne apporta une communication inat-
tendue. 11 résuma brièvement les bruits qui couraient sur la faction en train
de se former dans le royaume, les armements en Guienne, en Provence, en
Auvergne, la défection du comte de Marsin^, indiqua les dangers qui enve-
' Archives de la Haiite-Gnronne. Fonds de l'ivè-
ché de Rieux, n. 5.
' Pièces justificatives, n. CXLIX, col. 4o5.
• ponces justificatives, n. CLI, c. 410.
* Pièces justificatives, n. CLII, col. 411.
' Voici la lettre que rcjut à ce sujet la munici-
palité de Toulouse :
« A nos tres-chers & hien amés les Capitouls
de nostre ville de Tolo^e,
n De par le Roy,
« Très chers & bien amés, la lettre que vous
nous avez escritc du quatriesme de ce mois sur le
subject de la défection de Marsin & des troupes
qu'il a débauchées de nostre service, nous feust
rendue avant-hier seulement, & quoyque nous en
eussions été informé quelques jours auparavant,
néanmoings nous avons eu bien agréable le soin
que TOUS avez pris de nous en donner advis &
d'apprendre le bon ordre que vous avez mis dans
nostre ville de Toulouse pour la maintenir &
conserver en nostre obéissance, dont ayant toute
satisfaction, nous avons désiré vous le faire cog-
noistre par cette lettre 8c vous exhorter de conti-
nuer en la fidélité & affection que vous avez pour
nostre dict service, & à nous en rendre des preuves
aux occasions qui s'en pourront offrir, ainsin que
nous nous le promettons. Cependant, comme nos-
tre cousin le prince de Condé a formé un party
pour troubler le repos de cet estât, nous vous man-
dons & ordonnons de ne recevoir de sa part au-
cuns ordres en cas qu'il vous en envoyé ny de les
recognoistre & y déférer soubz quelque cause &
prétexte que ce soit, vous assurant que vous con-
formant à nostre intention nous aurons à plaisir
de vous en recognoistre lorsqu'il s'en présentera
subject.
« Donné à Bourges, le neuvième octobre i65i.
« Louis, — & plus bas: Phelypeaux*. »
La dépêche du roi était accompagnée d'une lettre
de M. de LaVrillière qui en reproduisait le contenu
sous une autre forme en faisant ressortir l'ordre
Il de ne point recevoir ny reconnoistre ceux de
monsieur le prince de Condé. i>
i< Nous serons encore icy quelques jours pour
assurer le pays, ajoutait le ministre, & après l'on
faict estât d'en partir pour aller du costé de Poic-
> Archives de Toulouse. Annales manuscrites, \']\l, p. 203.
iô5i
— 3:4 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
loppaient la Province 8<. fit ressortir la nécessité de donner des marques de
zèle & de fidélité au service du roi.
Le comte de Marsin, commandant l'armée française en Catalogne, avait
subi, par suite de son attachement au prince, une captivité de plusieurs mois
au château de Perpignan & n'en était sorti, en même temps que les princes
du Havre, que pour reprendre le commandement des troupes avec le titre de
vice-roi. Dès. qu'il sut le prince de Condé à portée de la frontière, il s'em-
pressa de négocier avec l'armée espagnole qui l'assiégeait dans Barcelone,
traversa librement le camp ennemi 8c, suivi d'une partie de ses régiments
débandés, pénétra en France.
D'après les bruits qui coururent aussitôt dans la Province, il amenait avec
lui environ deux mille hommes de pied 8c cinq cents chevaux'.
Un capitaine qui commandait le régiment de Balthazar, nommé La Serre,
se distingua, au milieu de cette débâcle, par sa fidélité à la cause royale, en
refusant de céder aux sollicitations du général 8c à l'entraînement des soldats-'.
Après le discours de l'archevêque, les Etats se rendirent en corps auprès des
commissaires-présidents. M. de Rebé leur exposa la délibération qui venait
d'être prise « d'une obéissance aveugle 8c d'une fidélité entière, » avec offre
d'employer de bon cœur leurs biens 8c leurs vies pour le maintien de la paix
publique, &c prière de concerter ensemble les meilleurs moyens de contenir
les peuples 8c de s'opposer aux entreprises des rebelles.
Au moment où les commissaires du roi répondaient à ces ouvertures par
des promesses de concours empressé, on apporta la nouvelle que les troupes de
Marsin, ayant passé de Catalogne en France, approchaient déjà de Limoux.
Aussitôt le comte d'Aubijoux fit monter à cheval la noblesse qui l'accompa-
gnait 8c la plupart des gentilshommes qui se trouvaient aux Etats, 8c marcha
vers les Corbières afin de lui barrer le passage; précaution inutile, car l'armée
rebelle, évitant le territoire de Languedoc, dont les dispositions lui parais-
saient douteuses, s'était hâtée de se jeter dans le gouvernement de Guienne.
Elle y était passée déjà quand les cavaliers du comte d'Aubijoux occupèrent
la vallée supérieure de l'Aude^.
tiers afin de donner vigueur à l'armée que M. le o Dans peu de jours vous recevrez des effects de
comte d'Harcourt va commander en Guyenne pour l'affection que j'ay pour vous. Je suis si persuadé
s'opposer aux entreprises que celle de M. le prince du zèle que vous avez pour le bien de l'Estat &
pourroit faire. Je prie Dieu de luy donner des vous m'en avez donné tant de véritables preuves
pensées conformes à son devoir '. » qu'il ne se présentera de mesrae à l'avenir aucune
La lettre du duc d'Orléans, datée de Paris cinq occasion de vous faire paroistre le souvenir que
jours plus tôt que celle du roi, gardait un silence j'en ay que je ne le fasse très-volontiers,
absolu sur la rébellion du prince de Condé; le . p^^j,^ .^ octobre i65i...
gouverneur se contentait de remercier les capitouls
de lui avoir envoyé un courrier pour l'informer ' Archives de Toulouse. Livre des ComeiU, XXV,
n du passage du sieur de Marsin u & les priait p. ii8. Séance du lo octobre i6;)i.
de veiller à la conservation de leur ville. Il ter- * Procès-verbal des Etats. Séance du 9 octo-
minait par cette promesse énigmatiquc ; bre i65i.
' Livre des Conseils de l'hôtel de ville de Toulouse^
' Annales manuscrites, \'\\l, p. 2o'i. XXV, p. 128.
LIV. I, MINISTÈRE DE MAZARIN. SiS
Les Etats firent imprimer leur délibération 8i l'envoyèrent dans toutes les
villes capitales, avec ordre de la transmettre aux communes de chaque diocèse
Se d'y faire renouveler les mêmes protestations dans les assemblées locales.
En même temps, les Etats étaient avertis de l'impuissance de leurs efforts,
La plupart des diocèses, au rapport du sieur de Pveicli, trésorier de la bourse,
refusaient de payer leur quote-part d'impositions, déclarant qu'ils ne pou-
vaient trouver d'huissier pour porter les contraintes dans les communes; on
n'en trouvait pas davantage pour taire signifier les arrêts du conseil contre
le Parlement de Toulouse ou d'autres puissances, par suite de l'intimidation
de ce personnel subalterne, habitué à vivre dans la dépendance du corps
judiciaire. Le secours des gardes que l'on demandait au comte de Bioule 8t
l'espérance hypothétique & lointaine d'obtenir du roi des lettres de provision
pour trois huissiers spéciaux, un dans chaque sénéchaussée, à la nomination
de la Province, comme on pria les députés en Cour d'en solliciter, ne répon-
daient point à la grandeur & à l'imminence du péril '.
Les membres influents des États comprirent que leur querelle avec le Par-
lement favorisait seulement les entreprises des rebelles, & se résolurent à une
démarche décisive.
Il fut décidé, le 6 octobre, sous la présidence de l'archevêque de Narbonne,
qu'en considération des levées de gens de guerre annoncées de toutes parts &
de la défection de Marsin, la nécessité d'une entente avec le Parlement deve-.
nait pressante. « Messieurs du Parlement de Toulouse, que leur condition
« engage le plus au service du roi, ont, en de pareilles occasions, contribué
« à maintenir l'autorité en cette Province. » On ajouta qu'il serait à désirer
de voir cesser ou du moins suspendre la mésintelligence qui existait avec cette
compagnie, afin que « les serviteurs de Sa Majesté Se les bien intentionnés
« étant rendus plus forts par leur union, la tranquillité de la Province en fût
« mieux entretenue. »
On résolut donc, à l'unanimité, de solliciter la médiation des commissaires-
présidents en vue d'obtenir entre les deux compagnies une trêve qui durerait
jusqu'à la tenue des prochains Etats, 8< pendant laquelle on travaillerait à un
« ajustement général*. »
L'archevêque de Narbonne alla en personne, avec les membres de la com-
mission nommés la veille pour traiter des affaires politiques, annoncer aux
représentants du roi ces dispositions conciliantes. Les commissaires-présidents
louèrent fort leur amour du bien public, mais ne voulurent pas donner de
réponse avant le retour de M. de Breteuil & l'arrivée du courrier.
On revint à la charge deux jours après, le 9 octobre. Cette fois, les commis-
saires, plus explicites, refusèrent nettement leur médiation. Ils ne croyaient
pas nécessaire de travailler à la surséance demandée, puisque les arrêts du
conseil devaient avoir terminé le différend.
' Procès-verbal des États. Séance du 5 oc!o- ' Procès-verbal des États. Séance du 6 octo-
bre i(i3i. bre i65i.
i65i
i65i
326 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les États ne partagèrent pas cette opinion; ils prirent le parti d'agir pouï
leur compte 8c de se mettre directement en rapport avec le Parlement de
Toulouse en écrivant à la cour & au premier président. M. de la Guymerie,
que l'on avait déjà chargé d'une ambassade pareille au mois d'août précédent,
partit aussitôt pour Toulouse avec les deux dépêches.
Le 10 octobre, le premier président Bertier de Montrabe se rendit à l'hôtel
de ville de Toulouse où le conseil de bourgeoisie fut tenu en sa présence. Le
procureur 8c l'avocat général, MM. de Fieubet &c Marmiesse, y assistaient
aussi, avec les conseillers Frezals Se Caumels. M. de Jougla, chef du consis-
toire, parla des levées de gens de guerre qui se faisaient en Guienne 8c aux
environs mêmes de Toulouse, sans commission du roi,&c des sorties de mous-
quets, de piques, de poudre, de plomb Se d'autres munitions de guerre qui
avaient été signalées. Il indiqua sommairement les ressources de la ville en
fait d'armement, — ressources très-médiocres, puisqu'on n'avait pas trouvé
dans l'arsenal ou les tours plus de cinquante quintaux de poudre en bon
état, ni plus de huit cent trente-quatre mousquets la plupart gâtés Se de
huit cents piques presque toutes hors de service, — les précautions prises
pour la défense Se les dangers nouveaux que créait le passage des troupes
commandées par Marsin.
Le premier président demandait une escorte pour MM. de Lestang 8c
•Montrabe, commissaires de la cour à Muret où ils avaient fait arrêter le sieur
d'Aldéguier.
Le conseil ordonna une exacte recherche des armes 8c munitions de guerre
dans l'hôtel de ville 8c les tours de l'enceinte Se dans les maisons des particu-
liers, autorisant un emprunt de trente mille livres sous le nom du syndic,
pour l'achat de mousquets, de piques 8c de salpêtre, 8c pour la réparation des
portes 8c des murailles. Il fut décidé en outre que la garde bourgeoise serait
mise sur pied, qu'on fermerait, pour la plus grande commodité des habitants,
les portes de Montoulieu, de Montgaillard, du Bazacle Se de Muret, 8c que
deux capitouls iraient en personne à Muret, avec le plus de soldats gagés
qu'ils pourraient trouver '.
Le duc d'Orléans qui affectait à cette époque le rôle de médiateur entre
les partis, faisait agir avec instances auprès de la ville de Toulouse pour la
résoudre à députer aux Etats. Il en écrivit lui-même aux capitouls Se leur
envoya son capitaine des gardes suisses, le sieur des Ouches, muni d'une
lettre de créance.
Cet ambassadeur fut reçu au consistoire le 24 novembre i65i 8c prit place
aux sièges supérieurs, à la suite des gens du roi. M. de Montrabe assistait à
l'assemblée avec MM. de Frezals, Caumels, Fieubet Se Marmiesse. Le sieur
des Ouches fit valoir la peine que s'était donnée le duc d'Orléans pour obtenir
du roi les lettres patentes d'abonnement des tailles si vivement désirées par
' Archives de Toulouse. Liyfc Jcs Conseils, XXV, p. 4:8. Conseil de bourgeoisie. Sianca du ic cc-
lobre i65i.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 827
la ville de Toulouse, annonça qu'il était porteur de ces lettres Si qu'il n'avait
rien négligé pour en presser l'expédition.
Le lendemain il eut avec les capitouls une longue conférence à laquelle
prit part M. Boucherat, mais où ne parurent ni M. de Montrabe ni les com-
missaires de la cour. Le corps capitulaire n'osa rien décider sans la présence
des magistrats qui assistèrent au conseil du 26.
Le sieur des Ouches y prit de nouveau la parole, exhortant la ville ti
l'obéissance.
Le titre de l'abonnement des tailles portait une clause conditionnelle tout
à fait particulière : il ne devait être valable que si la ville envoyait des députes
aux Etats.
M. de Ferrières fît ressortir la nouveauté de cette disposition dont on ne
trouvait l'équivalent dans aucun des actes antérieurs Se montra qu'en s'y con-
formant la ville semblerait abandonner ses prétentions dans les différends
qu'elle avait avec la Province au sujet de l'étape S<. de la surcharge d'alivrc-
ment. M. Boucherat repartit que les lettres patentes seraient réformées d'ajirèi
les désirs de la ville 8<. qu'il avait ordre du roi de terminer par voie d'accom-
modement les autres affaires; donnant sa parole que l'on obtiendrait justice;
mais il insista sur la nécessité d'envoyer la députation ordinaire aux États.
Il fut décidé le 26 qu'on députerait en la forme accoutumée avec adjonc-
tion de deux bourgeois de chaque robe pour conférer avec Messieurs des Etats
Si qu'auparavant deux capitouls 81 les commissaires déjà nommés se concer-
teraient avec le premier président pour avoir de la cour des éclaircissements
particuliers '.
L'affaire traîna près d'un mois par suite des retards apportés à la confé-
rence du Parlement. Enfin le conseil général fut convoqué le 20 décembre
pour nommer la députation. M. de Montrabe s'y trouvait.
Les sieurs d'Espaigne 8c de Cbassan réunirent la majorité des suffrages-.
La ville de Castelsarrasin, placée aux avant-postes de la Province S<. la
plus exposée du côté de Guienne, s'était empressée d'obéir à l'invitation
des États en prêtant le serment d'union S<. en réparant ses murailles Si se
mettant en état de défense.
Le comte de Marsin, avec les débris de l'armée de Catalogne, occupait
fortement Moissac, dont le cardinal Mazarin était abbé. Si de là menaçait la
frontière de Languedoc.
Le conseil général de Castelsarrasin, que ce voisinage inquiétait, décida,
le 7 novembre, que la ville solliciterait le secours de la Province, 81 son
député Verdier-Cabasse en présenta requête onze jours après. Les États louè-
rent fort les habitants de Castelsarrasin de leur fidélité, les encouragèrent à
la persévérance, promirent de les assister en cas d'attaque, sans aborder I;i
question d'argent, qui était pourtant la principale, le député ayant beaucoup
'L'ivre ie% Conseils, XXV, p. 449. Séaiicî i\) 'L'ivre Jes Coitu'ils , XKVI , p. 3. Srii'ice 'lu
ï6 novembre i65i. 20 dire-nbre if;)i.
iCjôi
lÙJl
3:8 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
parlé de l'extiême pauvreté du lieu, épuisé déjà par les frais des réparatiom
& hors d'état d'approvisionner ses magasins pour un siège. On recommanda
Castelsarrasin au comte d'Aubijoux, qui promit d'en écrire au duc d'Orléans ' .
Le 8 novembre on annonçait à Toulouse le passage de quatre mille Espa-
gnols vers Saint-Béat, allant en Guienne*.
A la faveur des troubles, la Province voyait avec effroi une sorte de réveil
des mœurs féodales. Plusieurs gentilshommes de Languedoc élevaient des
travaux de défense autour de leurs habitations & les transformaient en cita-
delles, défaisant l'œuvre salutaire de Richelieu, qui avait assuré le repos du
plat pays par tant de démolitions à main armée.
Le vieux château de Léran fut un des premiers à reprendre sa physio-
nomie guerrière. M. de La Forest-Toyras le signala aux États dans la séance
du 17 novembre, 8c M. de La Guymerie, qui était leur ambassadeur ordinaire,
fut député vers le comte de Bioule, dans le département duquel se trouvait
Léran, avec prière d'intervenir 8t d'arrêter ces essais de fortification inquié-
tants. On parla dans le même sens aux comtes d'Aubijoux & du Roure^.
Les commissaires du roi entrèrent aux Etats le 28 novembre. <i La volonté
« de Sa Majesté, dit le comte d'Aubijoux, est que cette province soit dans un
« plein repos & tranquillité, 8c que les affaires qu'a cette assemblée avec le
<i Parlement se terminent en douceur. » Il ajouta que le roi lui en avait
donné l'ordre exprès ainsi qu'aux autres lieutenants généraux, avec injonction
d'employer son autorité tout entière pour le faire valoir.
On lut ensuite des lettres du roi 8c du duc d'Orléans. M. Boucherat, déve-
loppant la pensée du premier commissaire, loua l'assemblée des marques de
fidélité qu'elle avait données 8c provoquées dans toutes les villes, protcsia
de l'ardent désir du roi de procurer du soulagement à la Province 8c de la
maintenir dans ses privilèges, fit voir combien la querelle du Parlement pou-
vait occasionner de désordres, 8c termina en disant que Sa Majesté lui avait
commandé de dire aux Etats qu'elle désirait voir ce différend assoupi par des
voies d'accommodement.
Il était facile à l'archevêque de Narbonne de flétrir la politique tortueuse
du duc d'Orléans, en rappelant aux commissaires du roi qu'ils avaient eux-
mêmes quelques jours plus tôt refusé le rôle de médiateurs que leur proposait
la Province. Mais l'intérêt public l'emportant sur un juste ressentiment,
M. de Rebé se contenta de répondre que, malgré les mauvais traitements
subis par l'assemblée, elle était toujours prête à faire paraître sa soumission
81 son désir de mériter la protection du gouverneur.
Les commissaires ayant quitté la salle, suivant l'usage, M. de La Guymerie
rapporta la réponse du Parlement. La cour ne croyait pas pouvoir accorder
la trêve sollicitée jusqu'à la tenue des États prochains, mais elle deman-
■ Procès-verbal des États de Languedoc. Séances ' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance
des 18 & 20 novembre i65i. du 28 novembre i65r. Le baron de Léran, de la
Livre des Conseils, XXV, p. ^^0. Conseil de maison de Lévis, appartenait à la religion ré-
bourgeoisie. Séance du 8 novembre i65i. formée.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 829
clait une conférence, où les deux compagnies tâcheraient de s'accorder immé-
diatement. Le premier président, outre sa lettre officielle à. l'assemblée, en
avait écrit une autre dans le même sens au coadjuteur de Montauban, Pierre
de Bertier, son parent. A la suite des nouvelles verbales qu'on venait de
recevoir de la députation envoyée en Cour, les Etats accordèrent la confé-
rence. M. de La Guymerie repartit pour Toulouse afin d'en donner avis au
Parlement.
On forma aussitôt la députation qui devait prendre part à la conférence,
Si. l'on résolut d'y mettre deux évêques, deux barons & quatre députés du
tiers. On les nomma au scrutin secret, & ce furent les évêques d'Uzès 8c de
Comminges, les barons de Calvisson 81 de Ganges, les sieurs d'Alzonne,
de Plantier, de Rochepierre, Ferrand, députés de Carcassonne, d'Uzès, de
Vivarais, de Castelnaudary, Se M. de Lamamye, syndic général de Lan-
guedoc '.
Le Parlement répondit à cette démarche en nommant de son côté un égal
nombre de commissaires, qui étaient le premier président de Montrabe, le
président de la Terrasse, les conseillers de Papus, Frezals, Caumels, Fermât
Se Lafont, 81 le président aux requêtes de Torreil.
M. de La Guymerie, rentré à Carcassonne pour annoncer aux États la
« très-honorable députation, » dut en repartir aussitôt pour s'enquérir du
lieu 8c du temps de la conférence, qui n'avaient pas été précisés.
Des ordres avaient été donnés pour rappeler une partie des troupes royales
servant en Italie, Se les diriger sur la Guienne. En apprenant la nouvelle de
leur marche, les États espérèrent en tirer parti pour contraindre au payement
des impositions les villes qui s'autorisaient des arrêts du Parlement 8c refu-
saient d'acquitter leur quote-part. On pria donc le comte d'Aubijoux de faire
séjourner les troupes dans tous les lieux qui ne s'étaient pas libérés envers la
Province, en ayant soin de n'envoyer ni soldat ni cavalier aux habitants qui
se seraient conformés aux injonctions des Etats*.
Le comte d'Aubijoux promit tout ce qu'on voulut 3. Mais on ne tarda pas
k savoir que les chefs n'en tenaient nul compte 8c ne s'inquiétaient guère,
dans la répartition des logements, de la distinction réclamée par les Etats.
Les villes les plus fidèles à la cause royale : Alet, Limoux, Fanjeaux, Mont-
réal , étaient encombrées de gens de guerre, tandis que les places rebelles s'en
trouvaient soulagées.
L'assemblée fit dire alors (11 décembre) à M. de Breteuil, comme représen-
tant le corps des commissaires du roi, qu'elle demandait l'entière exécution
des promesses faites; faute de quoi, elle était prête à interdire l'imposition
des sommes votées pour le don gratuit 8c même à révoquer les délibérations
de l'octroi.
■ Procès-verbal des États. Séance du 29 décem- ' Procès-verbal des Etats. Séance du i3 novem-
bre i65i . bre 16Ô1 .
' Procès-verbal des Etats. Séance du 9 novem-
bre i65i.
i65i
i65i
33o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
M. de Bieteuil annonça, comme toujours, qu'il en écrirait aux lieutenants
généraux, & protesta de son attachement à la Province.
Pour encourager les villes à l'obéissance, on décida aussi que les lieux
qui feraient apparoir, dans six jours, du paiement intégral de leurs impôts
seraient indemnisés par la Province de leurs avances pour le logement des
gens de guerre, d'après le tarif de l'étape (trente livres par jour pour compa-
gnie d'infanterie, & cent quatre-vingt-sept livres pour compagnie de cava-
lerie) ' .
Le régiment de Bretagne 8c plusieurs compagnies du régiment de Nor-
mandie s'étaient cantonnés dans les villes d'Alet, Limoux, Montréal & Fan-
jeaux, pour y passer le quartier d'hiver, suivant les ordres du roi & du duc
d'Orléans. Les consuls des quatre villes présentèrent requête aux États, en
allégant leur pauvreté; mais le trésorier de la bourse ayant déclaré que les
arrêts du Parlement rendaient sa caisse vide, on autorisa seulement les villes
à contracter des emprunts, avec promesse de les rembourser plus tard sur les
deniers du don gratuit^.
Les habitants de Villasavary eurent k loger pendant six jours huit compa-
gnies du régiment de Normandie dont les officiers les contraignirent avec
toute sorte de violences à payer quarante-trois livres par jour à chaque com-
pagnie, outre le foin 8c l'avoine pour cinquante-cinq chevaux.
Des troupes indisciplinées de cavalerie 8c d'infanterie désolaient en même
temps le pays autour de Villepeinte, Montréal, Fanjeaux, Trèbes, La Grasse,
Villesecque, Labastide-Esparbairenque, Villeneuve -les- Chanoines, Cesse-
non, Olonzac, Dagne, Saint-Chinian, Saint-Pons, exigeant des sommes
immenses, violant les femmes, commettant des meurtres. A Fanjeaux les sol-
dats tuèrent deux personnes, 8c trois à La Grasse.
Le 23 décembre, le régiment de cavalerie de Pardaillan, fort de quatre
compagnies, qui devait loger à Azillanet, d'après la ligne d'étape, alla s'ins-
taller de force à Oupian au diocèse de Saint-Pons; il enfonça la porte du
bourg, démolit la maison des lépreux qui y était contiguë, battit les bourgeois
8c leur fit souftrir mille pilleries. Dans tous les petits lieux, on voyait se pro-
duire les excès qu'entraîne d'habitude l'occupation étrangère.
L'évêque de Comminges 8c le syndic général Lamamye se firent l'écho de
ces plaintes devant les t,tats. Mais que pouvait vme assemblée dépouj'vue de
moyens d'action? Présenter requête à l'intendant pour en obtenir informa-
tion contre les coupables &c faire vérifier les dommages, promettre le rem-
boursement des sommes extorquées par les chefs de corps; faible remède à
une situation pleine de péril 8c d'angoisse''.
M. de Breteuil ne répondit pas k la requête 8c se contenta de rendre une
ordonnance en termes généraux qui prescrivait aux gens de guerre de vivre
' Procès-verbal clés États. Séance du il décom- ^ Procès-verbnl des Etats. SJance du 17 ilovem-
ôre i65i. bre i65i.
' Procès-verbal des Etats. Séance du i3 décem-
ire i6ji .
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 33i
dans l'ordre fixé par les règlements de Sa Majesté, sans vouloir désigner de
magistrat pour la vérification des dommages.
Les violences ne Cessaient pas dans les diocèses de Béziers, Narbonne, Saint-
Pons, Alet St Limoux, Carcassonne Se Saint-Papoul.
« L'impunité, déclara le syndic général Lamamye aux Etats, fait vivre les
« troupes dans une licence si affreuse qu'il est difficile de les distinguer des
« ennemis. «
L'intendant refusant d'agir, restait le recours au roi. Les députés du pays
en Cour eurent charge d'y demander justice, 8c l'évêque Gilbert de Choiseul
fut nommé avec M. de La Forest Toyras 8c les députés de Toulouse 8c de
Montpellier pour faire la vérification des dégâts déniée par l'intendant'.
M. des Ouches avait pourtant réussi à entraîner les capitouls à Car-
cassonne. M. de Rebé convoqua extraordinairement les États le dimanche
24 décembre. Il annonça que le duc d'Orléans avait considéré la querelle de
la ville avec les États comme très-préjudiciable au service du roi 8c à la tran-
quillité de la Province, &c que les capitouls venaient d'arriver par ses ordres
avec le capitaine des cent suisses de Son Altesse, pour reprendre la place de
leurs devanciers. Il se promettait, dit-il, qu'en cette rencontre la compagnie
donnerait des preuves de sa générosité 8c prudence ordinaire.
L'assemblée ayant unanimement résolu qu'en considération de Son Altesse
Royale, 8c par amour pour la paix publique, le passé devait être oublié, les
deux députés de Toulouse furent introduits par le syndic général Lamamye
Se prirent possession de leurs sièges à la tête du tiers état, non sans essuyer
une remontrance de l'archevêque de Narbonne.
La procuration dont ils étaient porteurs contenait des clauses restrictives
que l'assemblée rejeta; il leur fut donné huit jours pour la faire réformer*.
Enfin le 6 janvier, entrant pour la dernière fois aux États, les commis-
saires-présidents, qui revenaient de Toulouse, annoncèrent la conclusion
définitive de l'accord avec le Parlement.
Le comte d'Aubijoux parla du déplaisir extrême qu'éprouvait Son Altesse
Royale de ne pouvoir procurer la paix à tout le royaume, comme ses volontés
venaient de la rendre au Languedoc.
M. de Sève ajouta qu'il rapportait le consentement de la cour de Toulouse
à l'exécution en tous ses chefs de l'arrêt accepté par les États.
« Ainsi, dit-il, c'est une affaire achevée; vos contestations avec cette com-
« pagnie demeurent assoupies sans crainte de retour. Nous en avons pris
« d'elle toutes les assurances; nous vous les donnons au nom du roi-*. »
M. de la Guymerie confirma ces déclarations 8c remit une lettre fort cour-
toise écrite par M. de Montrabe le 3o décembre, en réponse à celle de l'ar-
chevêque-présidenf*. Cette lettre fut insérée au procès-verbal.
■ Procès-verbal des Etats. Séance du 2 jan- ' Procès-vcrtal des Étals. Séance du 6 jan-
vier l6:)2. vier |652.
' Procès-verbal des Etats. Séance du 24 dccem- ■* Voir aux Pièces justificatives, n. CLXXIV,
bre i6âi. p. 445, Procès-verb.il. Séance du 7 janvier |652.
i65l
i65z
332 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« Je crois la paix faite, disait le premier président, en voyant vos bonnes
« volontés & la sincérité de vos cœurs; Se puisqu'il n'y a rien de plus utile
« au service du roi que cette paix, il faut que notre amitié l'affermisse St que
« nous tenions à l'avenir pour ennemis tous ceux qui l'ébranleront. »
Le même jour, on donna lecture en pleins Etats des délibérations prises
dans plusieurs lieux de la Province, d'après l'invitation du 4 octobre, pour
protester de leur fidélité envers la cause royale'.
L'évêque d'Albi, le baron de Calvisson, les sieurs Cassaigne, de Saint-
Palais, Roux Se Reicli nommés pour porter le cahier des doléances au roi
furent aussi chargés par les Etats de se présenter aux Etats généraux du
royaume convoqués à Tours, avec une procuration spéciale, 5c de prier les
députés de chaque ordre nommés par les sénéchaussées de la Province de leur
donner séance dans leurs chambres pour y travailler ensemble à l'avantage du
pays. On eut soin de stipuler que cette députation spéciale ne donnerait droit
à aucun supplément de gratification.
On ne cessait point de parler des États généraux. Le 28 décembre, M. de
Cornusson, sénéchal de Toulouse, avait écrit aux capitouls qu'il recevait
commandement du roi d'assembler la sénéchaussée pour compléter d'un gen-
tilhomme la députation nommée à Gaillac en 1649. Il annonçait que cette
assemblée se tiendrait à Toulouse, St leur communiquait en même temps
l'ordre du roi qui épargnait aux électeurs la difficuté du choix en leur dési-
gnant le comte d'Aubijoux.
L'affaire fut portée le 2 janvier au conseil de bourgeoisie. Le sieur de
Montagut, chef du consistoire, y donna communication des deux documents.
« Le roi veut, dit-il, qu'on dçpute M. le comte d'Aubijoux. »
Le conseil n'y fit pas d'opposition; ou du moins n'osa pas en laisser trace
au registre, 8<. se contenta de délibérer comme il suit : « Quoyque les ordres
« de cette maison soient de traiter de pareilles affaires en conseil général,
« néanmoins, attendu que la chose presse, 8<. sans que cette délibération puisse
« faire conséquence à l'avenir, suivant l'expresse volonté du roi, M. de Mon-
« tagut, commissaire-né en toutes assemblées qui se font à Toulouse, est prié
« de se trouver à l'assemblée de la sénéchaussée avec tel de Messieurs les
« capitouls de robe courte qu'il lui plaira prendre avec lui pour en icelle
« assemblée députer M. le comte d'Aubijoux^. »
'Le procès-verbal parle de cinquante villes & de -Pompidou , — Sainte-Croix-de-Valfrancis-
lieiix, & en nomme la plus gra\ide partie: que, — Saint- Julien-d'Arpaon , — Frolssinet,
Narbonne, — Le Puy, — Bèziep.s, — Roque- — Frugères, — Dezes en Cévenncs, — Saint-
maure, — Saint-Esprit, — Barjac, — Montfrin, Roman-d«-Bosque, — Saint-Andéol-de-Clergue-
— Les Vans, — Aramon, — Saint-Ambroix, — mort, — Saint-Michel, — Lodève, — Clermont,
Vallabrègues, — Bagnols, — Nuirs, — Le Vigan, — Lavaub, — Fanjaux, — Villefranche, — Va-
— Meyrueis, — Le Grand [Gallargiies], — Mar- leniine, — Castelsarrasin '.
sillargues, — Sauve, — Mende, — Marvéjols, — ' Livre des Conseils, XXVI, p. 5. Conseil de bour-
Saint-Germain, — Cassaignes, — Les Balmes. — geoisie. Séance du 2 janvier i6âi.
Montleson, — Gabriac, — Barre, — Flornc,
— Saint-Martin-dc-Campcelade, — Saint-Flour- ' ['roccs-vcrbal des lîtats. Siiancc du 6 janvier lûSs.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 333
Cette façon expéditive de préparer la formation d'une assemblée nationale,
chargée d'accomplir les plus grandes réformes dans l'État, indique suffisam-
ment ce qui serait advenu si elle avait été réunie dans les conditions où se
trouvait alors la France. On peut être assuré que les gens de guerre placés
sous l'autorité des princes n'auraient jamais laissé arriver aux Etats généraux
les députés dont l'esprit d'indépendance eût excité les moindres craintes. On
ne voulait pas une représentation exacte du pays ni une transmission fidèle de
ses vœux, mais bien une sorte de légalité extraordinaire permettant de violer
la légalité courante & d'autoriser les plus audacieuses entreprises. D'ailleurs,
le peu de sécurité des chemins n'aurait pas même permis aux députés de se
rassembler.
Peu s'en est fallu que les provinces méridionales n'aient vu reparaître k
cette époque toutes les horreurs de la Ligue; les émissaires des princes ne
négligeaient rien pour rallumer le feu des discordes religieuses, &, toutes les
inimitiés particulières s'autorisant du désordre général pour se donner libre
cours, la campagne était incessamment battue par des bandes désordonnées
qui commettaient les plus grands excès.
C'est ainsi que l'on vit, dans \es environs d'Ouveillan, au diocèse de Nar-
bonne, une petite maison seigneuriale subir un véritable siège. Le proprié-
taire de ce manoir, Jean de Goudal , sieur de Graines, s'était attiré l'inimitié
d'un Italien établi dans le pays; ce personnage, qui s'appelait Alexandre
Fregoso, mit en campagne ses deux fils Jean-Jacques 8<. César, & les fit courir
pendant six mois dans le Roussillon Se les Corbières, pour y ramasser tous les
étrangers, vagabonds Se déserteurs qui roulaient dans la contrée par suite de
la désorganisation de l'armée de Catalogne'. Il en forma une troupe de cent
cinquante hommes, tant de pied que de cheval, qu'il hébergea, le 6 mai i65i,
dans sa métairie d'Ouveillan, où il leur avait préparé vivres & fourrages, Se
avec laquelle il vint à minuit investir la maison du sieur de Graines, menant
à sa suite un convoi de mulets chargés de poudre à canon. La famille était
couchée : père, femme, trois petits enfants, nourrice, servante, valets. Les
aventuriers forcèrent les portes, pénétrèrent dans la salle basse, y étalèrent
leur poudre &, après avoir tout bouleversé, y mirent le feu. Les victimes de
ce guet-apens furent retirées à demi-brûlées de sous les ruines*.
' Plerr» de Marca, dans une de ses lettres, fait juillet de la même année il écrivait à Mararin ;
le tableau le plus affligeant de l'indiscipline des » Les peuples sont las des avances qu'ils font à
troupes en Catalogne. « Les officiers & soldais l'armée depuis dix mois, ils font éclater leurs
catalans, écrivait-il dès le 5 mai 1649, après avoir plaintes «n divers lieux, quelques-uns refusent de
eu la hardiesse d'enlever à force ouverte, avec ar- continuer à fournir des vivres à nos troupes'. »
mes à feu, en plein jour, sur le milieu de la ru» ' Procès-verbal des États. Séance du 9 août i65i.
de cette ville, un soldat que le sous-veguer avoit En suite d'une sentence rendue prévotalement par
fait prisonnier, sont venus à un tel degré d'inso- le présidial de Carcassonne, avec l'assistance de
lence qu'ils se promènent de jour & de nuit avec M. de Breteuil, les auteurs de l'attentat d'Ouvcil-
armes à feu, battent, tuent & font d'autres excès lan furent condamnés à la roue, à des amendes &
qui mettent la ville en confusion. L'insolence des dommages,
gens de guerre pourroit causer du tumulte entre
eux & le peuple s'il n'y étoit remédié. « Le 26 ' Bibliotlij^uc nationale. .Us. Papiers de Baluze.
l65i
i6âî
334 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Des scènes non moins terribles avaient marqué l'époque des élections consu-
laires de Béziers. La ville se trouvait alors affligée par la peste. Le baron de
Maureillan ayant été nommé premier consul, divers particuliers firent appel
au Parlement contre cette nomination. Comme les consuls sortants avaient
hâte de poser le chaperon pour s'éloigner d'un lieu où l'épidémie faisait des
ravages, la cour de Toulouse, sans régler le tond, décida que provisionnelle-
ment le baron de Maureillan & ses collègues entreraient en exercice S<. prête-
raient le serment d'entrée. Ce procédé ne satisfit pas la faction contraire, qui
fît arriver huit escadrons composés avec des cavaliers du régiment de Mercœur
5c nombre d'aventuriers, ramassés çà St là dans la Province. Ces cavaliers
essayèrent de pénétrer dans la ville pour y installer cinq nouveaux consuls
nommés d'office par arrêt du conseil. A leur approche, on avait eu le soin de
fermer les portes, en vertu de ce privilège des chefs-lieux de diocèse de la
Province qui permettait de refuser l'entrée aux gens de guerre, s'ils n'étaient
porteurs d'ordre exprès du roi.
Les cavaliers se répandirent dans la campagne 8t y commirent les plus
affreux désordres. Les habitants qu'ils rencontrèrent, travaillant leurs champs
ou ramassant leurs olives, furent brutalisés; ils violèrent les femmes, enle-
vèrent le bétail de labourage. Pendant quatre jours, la ville demeura comme
assiégée, personne n'osant paraître sur les murailles. Deux escadrons, qui
s'étaient détachés du gros de la troupe, allèrent attaquer une métairie qui
appartenait au sieur de Sartre, doyen des conseillers du présidial ; ils la rédui-
sirent en cendres, ne laissant debout que les quatre murs, Se enfoncèrent les
portes d'une chapelle isolée, dont ils abattirent l'autel & emportèrent les orne-
ments. Une autre maison des champs, propriété du sieur de Lalle, procureur
du roi, fut également saccagée; on renversa les toitures, Se, dans les jardins,
tous les arbres furent coupés au ras du sol.
Le syndic du chapitre de Béziers, qui essavait de pénétrer en ville & d'y
faire entrer quelques grains, reçut trois balles de mousquet dans le corps à
trois pas des portes ' .
Lors même que la conduite des gens de guerre ne prenait point ce carac-
tère tragique, leur présence n'en était pas moins à charge aux populations.
Il s'était établi, parmi les vagabonds 8c coureurs de grands chemins, une sin-
gulière industrie, celle des passe-volants. Ces aventuriers ne faisaient autre
métier que d'aller de village en village figurer comme soldats dans les revues
de compagnies incomplètes, afin de leur donner l'apparence d'un effectif
normal Se d'obliger les communes à payer aux capitaines les subsistances
d'hommes qui n'existaient pas. La revue passée, les passe-volants disparais-
saient, emportant une mince gratification de l'officier Se allaient recommencer
le même jeu quelques lieues plus loin^.
' Procès-verbal des États. Séance du îo mai connus. Mais cet arrêt fut cassé par le conseil
lôSi. Le Parlement condamna à mort par contu- d'État,
mace tous les coupables qui avaient pu être re- ° Procès-verbal des Etats. Séance du 12 mai 1602.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 335
Le Parlement de Paris avait, le 29 décembre i65i, mis à prix la tête du
cardinal Mazarin. Cette mesure, que l'archevêque de Rouen alla dénoncer
au roi comme un prodige de cruauté, fut imitée du Parlement de Toulouse",
sur l'invitation expresse du duc d'Orléans. Le mobile Gaston venait, encore
une fois, de changer de parti. Il écrivait à la cour que la rentrée du cardinal
Mazarin dans le royaume allait produire une conflagration générale si les
magistrats n'y mettaient bon ordre. Une lettre du Parlement de Paris con-
firmait sa déclaration. La cour de Toulouse, en fidèle imitatrice, enjoignit
aux communes de courir sus au cardinal £c à ses complices au son du tocsin.
Se ofhit une somme de cent cinquante mille livres à quiconque représenterait
Mazarin mort ou vif ^. Cette somme devait être prise, outre les fonds affectés
déjà par l'arrêt du Parlement de Paris, sur les revenus de l'abbaye de Moissac
& sur les biens de toutes les personnes qui, dans le ressort de la cour, don-
neraient aide ou assistance au cardinal. Le Parlement s'engageait même à
solliciter la grâce des criminels qui réussiraient à prendre ou à tuer Mazarin,
pourvu que leurs crimes antérieurs ne fussent pas de lèse-majesté.
Cependant la guerre qui désolait la Guyenne se rapprochait de Toulousej
tous les avis qui arrivaient de la campagne annonçaient le voisinage de la
gendarmerie dont les éclaircurs poussaient chaque jour des pointes plus auda-
cieuses. On songea sérieusement à mettre la ville en défense; mais tout man-
quait à la fois, le matériel 8t l'argent. Les capitouls qui firent l'inspection de
l'arsenal n'osèrent pas dire au conseil le nombre de mousquets qu'ils y avaient
trouvés. Quelques piques dont le bois était vermoulu, d'autres sans fer; point
de hallebardes.
Interpellés sur l'emploi des trente mille livres qui avaient été empruntées
pour achat d'armes, les capitouls de l'année précédente dirent avoir fait l'ac-
quisition de mille mousquets qui n'étaient pas encore arrivés.
On décida de presser les approvisionnements d'armes Se de munitions, de
fermer les portes de Muret, du Bazacle, de Montoulieu & de Montgaillard,
sans les pouvoir rouvrir, sur quelque supplication que ce fût, à moins d'une
délibération expresse du conseil. Aux cinq portes demeurées ouvertes, on éta-
blit des postes de garde bourgeoise pour surveiller les gens qui entreraient en
ville. Ordre fut donné aux dizeniers de procéder au dénombrement des étran-
gers & à la perquisition des armes que les habitants avaient chez eux. On
Les États firent imprimer une délibération obli- & que c'étoit s< comporter à peu près comme le
gennt tous les consuls qui reconnaîtraient des perfide Judas qui n'auroit pas trahi le sang du
passe-volants dans les troupes de cavalerie ou Juste sans le prix de trente deniers dont il fut
d'infanterie d'en poursuivre la punition auprès leurré... que, supposé même que le cardinal fût
de l'intendant de la Province. coupable tu delà de tout ce qu'on lui imputoil &
' Pièces justificatives, n. ChWV, co\. 4^6, qu'il méritât d'être comparé au maudit Caïn ,
' C'était la clause même du Parlement de Paris l'Ecriture Sainte nous apprenoit qu'il lui fût laissé
que l'archevêque de Rouen, parlant devant le roi, un caractère qui le dêfendoit des insultes & des
caractérisait en disant « qu'à la cruauté on y avoit voyes de fait '. u
joint l'avarice, y ayant «u promesse d'argent pour
commettre un sacrilège par le meurtre du cardinal . .\ubcry. Histoire du c.ndinal M.T.arin. V, p. 343.
lôSz
336 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
enjoignit à ceux qui n'avaient pas d'armes d'en acheter pour la défense com-
mune. On organisa des patrouilles, 8<, afin de soulager le guet, on prit cent
soldats salariés pour un mois. La sortie des armes fut prohibée. Les cabare-
tiers 8c aubergistes ne purent plus recevoir d'étranger sans en donner aussitôi
avis au capitoul du quartier.
La sécurité de l'hôtel de ville se trouvait elle-même fort peu garantie. Sut
plusieurs points, notamment du côté des religieuses de Sainte-Catherine, l'en-
clos municipal n'était protégé que par une muraille de torchis. Plusieurs
habitations particulières y avaient accès. On vota l'acquisition d'une petite
maison Si d'une grange, dont la possession semblait nécessaire pour fortifier
les abords. Il restait encore un peu plus de quatorze mille livres de l'em-
prunt du lo octobre. Le conseil de bourgeoisie les affecta à cette dépense, avec
recommandation d'employer le reste en achat de hallebardes'.
Le prince de Condé s'était rendu en Guienne; il dépêcha le chevalier de
Rivière au Parlement de Toulouse, avec des lettres de créance 8t obtint une
démonstration de la cour en sa faveur*. Le Parlement ne s'inquiéta pas de
l'inconséquence du prince qui, en Provence, comme le lui reprochait le minis-
tère, avait soutenu le gouverneur contre les magistrats, tandis qu'à Bordeaux
il prenait parti pour les magistrats contre le gouverneur. La requête de Condé,
offrant un thème à de nouvelles récriminations à l'adresse de Mazarin, fut
accueillie avec faveur Si traduite en arrêt, puis quelques jours plus tard, déve-
loppée en longues remontrances^.
Le comte d'Harcourt, commandant les troupes royales en Guienne, envoya
le président de Pontac, intendant de cette Province, demander à Toulouse
un renfort de matériel d'artillerie Si de siège. L'émissaire, porteur d'une
lettre de créance, arriva le ii mars. Il sollicitait l'envoi de deux canons de
gros calibre avec leurs affûts, huit milliers de poudre, un approvisionnement
de boulets, trois cents pics Si trois cents pelles.
Le conseil de bourgeoisie fut immédiatement convoqué Si ne put prendre
de résolution. Le lendemain matin, le Parlement s'occupa de l'affaire Si
pencha pour la négative. Cathelan, commissaire de la cour, en fit, par ordre,
la déclaration au conseil de ville, non sans l'atténuer de quelques réserves.
« Les sentiments du Parlement, dit-il, sont de ne point bailler de canons,
« mais on ne prétend pas ôter au conseil la liberté d'agir comme il l'en-
(( tendra. »
La ville s'excusa sur sa faiblesse Si son impuissance'*. Dix jours après, à la
suite d'une nouvelle lettre, on fit partir deux députés pour le camp de l'armée
royale, le capitoul Queyratz Si un membre de la bourgeoisie^. Le Parle-
ment envoya de son côté le greffier civil Malenfant de Pressac. Ils trouvèrent
* Archives de Toulouse. Livre des Conjei/j, XXVI, * Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XX^■I,
p. îo. Conseil de bourgeoisie. Séance du 28 jan- p. 35. Conseil de bourgeoisie. Séance du 12 m.irs
vier i652. 1602.
* Pièces justificatives, n. CLXXIX, col. 431. ' Livre des Conseils, XXVI, p. 42. Conseil de
- Pièces justificatives, n. CLXXXI, col. 4.').). bourgeoisie. Séance du 22 mars i652.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 33/
l'armée royale campée à Bruch. Le comte d'Harcourt eut avec les délégués
une longue conférence, Se leur donna un valet de pied du roi pour assurer
leur sécurité à travers ses lignes. Ils gardèrent cette escorte jusqu'à Toulouse'.
Le prince de Condé, qui était pressé par Chavigny de quitter la Guienne
pour reprendre le commandement de l'armée rebelle, 8<.que la faiblesse numé-
rique de ses troupes contraignait à céder le terrain au comte d'Harcourt, se
sépara du prince de Conti à Agen, sous prétexte d'un voyage à Bordeaux
qui devait durer deux ou trois jours. Il partit le jour des Rameaux, à midi ,
avec le duc de La Rochefoucauld, le prince de Marsillac, Guitaut, Chava-
gnac, & un valet de chambre. Le marquis de Lévis, qui avait obtenu du
comte d'Harcourt un passeport pour se retirer dans ses terres d'Auvergne avec
son train ordinaire, attendait le prince à Langon, où il avait amené des che-
vaux. Condé & sa suite passèrent pour ses domestiques.
La petite troupe marcha nuit & jour, sans presque changer de montures,
restant à peine deux heures au même lieu « pour dormir & repaître. » On
traversa la vicomte de Turenne, Charlus en Auvergne, & l'on arriva le soir
du samedi de Pâques au bac d'Allier, à deux heures de l-a Charité, où la Loire
fut franchie sans obstacle.
Condé rejoignit l'armée des ducs de Nemours 8c de Beaufort vers Lorris,
près de la forêt d'Orléans, & après avoir pris Montargis, alla se faire battre
à Bleneau, le 7 avril, prélude de la défaite du faubourg Saint-Antoine.
Le duc d'Orléans faisait alors cause commune avec les princes révoltés. Le
Parlement de Paris lui donna, le 21 juillet, le titre de lieutenant général
du royaume, & au prince de Condé la qualité de généralissime des armées
sous l'autorité du duc d'Orléans. Deux jours après, le conseil d'Etat annulait
« cette entreprise sur l'autorité royale » Si déclarait que le Parlement ne s'en
serait jamais rendu coupable s'il avait pu délibérer en liberté. Le procureur
général présenta cet arrêt au Parlement de Toulouse avec des lettres patentes
de commandement qui prescrivaient l'enregistrement immédiat St la publi-
cation dans le ressort, sous peine « d'être déclarés criminels de lèse-majesté &
« perturbateurs du repos public. »
Le Parlement s'exécuta, défendit de reconnaître le duc d'Orléans 8< le
prince de Condé 81 de déférer à leurs ordonnances, 8c, en même temps, renou-
vela ses instances pour l'éloignement du cardinal Mazarin, considéré comme
responsable de tous les troubles du royaume^.
Pendant ces graves conjonctures, les agitations locales ne cessaient pas. La
ville de Carcassonne, entre autres, fut en proie à de violentes émotions à
l'occasion du renouvellement des consuls.
La peste qui régnait dans le pays 8t la misère qu'elle y produisait aigris-
saient le peuple Se le mettaient à la merci des intrigants. Le i5 août, au
moment où l'on allait procéder à l'élection consulaire, une troupe de sédi-
' Livre des Conseils, XXVI, p. 5i. Conseil de ' Arrêt du 9 août \65z. Pièces justificatives j
bourgeoisie. Séance du 8 avril |652. n. CLXXXVI, col. 466.
XIII. 21
lùJZ
l6jz
338 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
lieux, conduite par Marion de Roux, trère du juge-mage, vint occuper les
portes de l'hôtel de ville £<. en exclut dix-sept conseillers politiques sur vingt-
quatre qui devaient prendre part à la nomination. Tous leurs efforts pour
pénétrer dans la salle ayant été inutiles, les consuls sortant de charge protes-
tèrent contre la violence 8c se retirèrent. Leur départ n'empêcha point le
juge-mage, François de R.oux, qui présidait l'assemblée, de faire achever
l'élection par les sept conseillers présents, gens entièrement à sa discrétion.
Une aussi flagrante illégalité ne pouvait manquer d'être dénoncée au Parle-
ment de Toulouse, qui cassa les opérations & ordonna de les recommencer
hors de la ville, afin de garantir les électeurs de tout danger,
François de Roux fut assez adroit pour suspendre l'exécution de l'arrêt Se
maintenir les élections dérisoires qu'il avait faites.
Un malheureux sergent royal, nommé Jean Savy^, qui avait signifié au
juge-mage l'arrêt du Parlement, paya de sa vie l'accomplissement de son
devoir. Roué d'abord de coups de canne par Marion de Roux, les nouveaux
consuls se hâtèrent de le poursuivre comme « semeur de peste, » & soulevè-
rent contre lui la fureur populaire. Il alla se réfugier au couvent des Carmes;
mais Pierre de Roux, premier consul 8c oncle du juge-mage, l'arracha de son
asile 8c le livra au tribunal, La plupart des sièges étaient déserts, à cause de
l'épidémie, nombre d'officiers du présidial ayant gagné la campagne. Marion
de Roux, qui avait hâte d'obtenir un jugement, se met en route sans perdre
une heure 8c recrute sept conseillers.
Il y eut partage entre la mort 8c les galères; 8c pour trancher la difficulté
on fit entrer au conseil, avec droit d'opiner, deux avocats de choix, qui optè-
rent pour la mort.
Cette condamnation était si odieuse 8c si peu légale que l'exécuteur, à qui
le malheureux fut immédiatement livré, refusa son service au juge-mage.
Mais on trouva deux paysans espagnols qui se chargèrent de la besogne. On
pendit le sergent à l'un des ormeaux plantés près de la porte de Toulouse,
La veuve du condamné recourut au Parlement, qui prononça la peine de
mort contre le président du présidial. Le juge-mage eut encore l'adresse de
paralyser l'action de la justice. Il fit enlever la pauvre femme par un valet
de chambre d'un de ses frères, nommé Lacombe, qui la conduisit au château
du Mas-des-Cours. Là, on lui fit signer tout ce que l'on voulut; 8c la décla-
ration qu'on lui arracha par contrainte servit à faire casser devant le conseil
d'Etat l'arrêt du Parlement de Toulouse, Rendue plus tard à la liberté, la
veuve du sergent royal voulut aussi plaider devant le conseil; mais elle était
trop pauvre pour soutenir l'instance, 8c se laissa mourir de chagrin'.
Dans la partie orientale de la Province, quelques lieux se prononcèrent
en faveur de Gaston d'Orléans, ou, pour parler plus exactement, quelques
'« La nécessité de l'histoire, écrit le p. Bouges, faites par Paul Pelletier, conseiller an p;ési-
après avoir raconté ce trait de mœurs judiciaires, dial'.u
nous a contraint de rapporter ce fait qu'on a , „ „• , . ,i ■ .■ „ • ., ^
. , , , , / , . . . . ^ , ' Bouges, Histoire ecclésiastique & civile de la ville &
tire des actes du procès & des inquisitions secrètes diocèse de Carcassonne, p. 443.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. SSq
chefs militaires, avec les garnisons placées sous leurs ordres, prirent parti pour
le prince rebelle; car, dans cette dernière équipée, ainsi que dans l'aventure
plus tragique de i632, les populations demeurèrent absolument étrangères
au mouvement, & le peu qui se fit venait seulement des commandants de
places. Le comte d'Aubijoux, fidèle à son passé, utilisa comme il put le gou-
vernement de Montpellier, dont il occupait la citadelle. Le comte du Roure,
le marquis de Castries, M. d'Entraigues, les commandants d'Aigues-mortes,
du Saint-Esprit, de Bagnols, des forts de Saint-André, de Brescou, de Pec-
cais, de Sommières, du château de Corcone, imitèrent son exemple & se
mirent en défense. Mais tout se borna de leur part à des actes d'intimidation
envers le pays, à l'exécution de quelques travaux de fortification, — princi-
palement autour de Montpellier, où l'on éleva des retranchements extérieurs
&C des demi-lunes autour de la citadelle, — 8c à des exploits de grand chemin
pour l'enlèvement des courriers'. M. de Choisy, chancelier du duc d'Orléans,
avait été expressément envoyé en Languedoc avec la mission de faire des
levées de gens de guerre 6c d'amasser de l'argent^. De son côté, le roi fit
i652
' On en trouvera un exemple aux Pièces justi-
ficatives, n. CLXXXIII, col. 461.
' Voici un imprimé fort curieux qui fut ré-
pandu dans le public à l'occasion de la dernière
volte-face de Gaston d'Orléans, & dont nous de-
vons communication à l'obligeance de M. Charles
Barry :
Récit viritahle de ee jal s'est fuit & passé en la
province Je Languedoc, & du nombre de forteresses
^ui se sont déclarées pour Son Altesse Royale.
Jamais la France ne s'est vue dans l'extrême
misère où elle est réduite à présent, & jamnis elle
n'a plus de sujet de louer Dieu d'avoir de si puis-
sants libérateurs.
Son A. R. prévoyant l'incendie du retour du
cardinal Mazarin employé toute son authorité
pour le chasser, & pour plus de consolation tous
les princes du sang n'ont qu'une mesme intention,
comme ils ne sont guidez que par le même génie.
Messieurs de la Religion causent des troubles
de conscience bien plus dangereux que ceux de la
guerre civile, c'est un combat de foy, & l'on voit
que le fils de leur premier destructeur leur redonne
la première liberté.
Par effect. Sa Majesté a mandé en Dauphiné
un commissaire de la Religion pour rétablir le
presche dans tous les lieux où il se disoit lort de
l'Edict de Nantes. Dans le Languedoc, ceux qui
s'y opposent en ont du pire. M. le .commandeur
de la Rouviire & les officiers de M. le comte du
Roure n'ont pu dans leur terre empêcher ce dé-
sordre.
Pour plus d'affliction, c'est que la peste est à
Souvieres, à trois lieues de Montpellier, dont l'on
craint un plus grand ravage & que Dieu, lassé de
nos crimes, ne se serve de son épée flamboyante
pour abattre le genre humain.
La citadelle de la ville du Saint-Esprit, Bagnols,
le fort Saint-André, le fort de Peccais, la tour 8c
la ville d'Aigues-mortes, le fort de Brescou, le
château de Sommières, le fort de Corconne & la
citadelle de Montpellier attendent de se défendre
contre les mazarins, & ne veulent point d'ordre
que ceux de S. A. R. estant très certains qu'il
n'entreprend la guerre que pour chasser l'ennemy
commun, pacifier tout le Royaume, & empeschcr
qu'on ne se prévaille plus de l'innocence des ans
de Sa Majesté.
M. de Choisy, chancelier de Son Altesse Royale,
est arrivé à Montpellier le premier de ce mois, &
s'est saisi des finances pour fournir aux troupes
qui se lèveront dans ce pais. Il sort tous les jours
des nouveaux officiers, & l'artillerie de la citadelle,
chargée à balle, regarde le reste de la ville pour
tvit.-r un contraire sentiment.
M. d'Aubijoux s'est emparé de l'isle de Mague-
lonne, résolu de périr pour le salut du peuple
sous l'obéissance de messieurs les princes.
M. le comte du Roure est arrivé au Saint-Esprit
8c porte une commission de S. A. R. pour lever
deux régiments d'infanterie & un de cavalerie.
M. le baron d'Antragues a mis sur pied qua-
torze cens fantassins qui prennent leur marche
du costé de Montpellier pour y prendre les or-
dres.
M. le marquis de Castries lève une compagnie
de gens d'armes pour S. A. R. Tournon 8c La
Voûte sont à la discrétion de messieurs les Princes,
l6J2
340 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
partir pour Montpellier M, de Froulay, avec des dépêches destinées au comte
d'Aubijoux, & entre autres l'ordre aux receveurs de se retirer à Frontignan
afin de mettre les deniers royaux en sûreté. Le gouverneur, averti de la mis-
sion, avait aposté sur la route des soldats qui se saisirent de l'envoyé du roi, le
conduisirent à la citadelle &, six jours après, dans le château d'Aigues-mortes.
La peste ajoutait par ses ravages à la désolation de la Province. Elle fit
des victimes dans le bas Languedoc, dans la vallée supérieure de l'Aude, où
l'évêque d'Alet, Nicolas Pavillon, mit au service de ses diocésains la plus
ardente charité. Se revint encore visiter Toulouse, depuis longtemps habituée
à voir l'épidémie accompagner la guerre.
Un conseil de santé fut réuni à l'hôtel de ville. M. de Montrabe, le pro-
cureur général Fieubet, le juge-mage s'y étaient rendus. Les docteurs régents
en médecine & les maîtres chirurgiens, appelés en consultation, déclarèrent
que « les présages de la plupart des maladies qu'ils avoient observées étoient
« des charbons ou pourpres pestilentiels qui pouvoient avoir des suites très-
« dangereuses, » & qu'il importait au plus tôt d'éloigner les malades.
La ville fit un emprunt pour subvenir aux frais de nourriture & d'entre-
tien des pestiférés '.
La contagion avait produit dans les environs de Toiilouse une si grande
terreur que les campagnards cessaient d'y porter des vivres; S< même, dans
plusieurs communes avoisinantes, les consuls avaient fait publier, à son de
trompe, défense de recueillir & d'héberger les gens qui viendraient de la ville
& de leur vendre des denrées. Le Parlement interdit ces prohibitions bar-
bares, sous peine de la vie, & enjoignit « d'administrer des vivres aux allants
« 8<. venants de Toulouse, » sous peine de quatre mille livres d'amende^. »
Tous les pestiférés de Toulouse, « les infects,» comme on les appelait,
avaient été internés en dehors de la ville, dans des barraquements établis au
milieu du pré communal des Sept-Deniers, ancien lieu de réunion des milices
urbaines au moyen âge, dans l'enclos de Lancefoc & au faubourg Saint-
Cyprien, Un personnel spécial d'hospitaliers, de chirurgiens, de gardes S<. de
« corbeaux » chargés des transports funèbres, était attaché à ce campement.^.
n celle fin d'empescher que l'on n'amène sur le pour découvrir dans sa minorité les perturbateurs
Rhosne du secours aux troupes mazarines. de son règne & lui donner un royaume aussi pâ-
li s'agit maintenant de couronner; la fin doit cifique qu'il est fidèle".
estre heureuse, puisque tous les courageux, tous ' Archives de Toulouse. iiVre </cj Conjfi7j, XXVI,
les nobles & tous les fidèles sont unis. p. 3^. Séance du 14 juillet lôSz. Assistaient au
C'est ce que doivent souhaiter les véritables conseil : les sieurs de Purpan, Lecoq, Queyratz &
François, c'est à quoi doivent songer les plus Galtier, docteurs régents en médecine; Losialet,
désintéressés, 8c c'est le profit des ennemis mêmes Lubet & Lacoste, maîtres chirurgiens,
du repos. ' Arrêt du i3 août i65z. Pièces justificatives.
Personne ne doit épargner ses vœux & ses bras n. CLXXXVII, col. 467.
pour l'exécution d'une si belle entreprise. Je m'en 'Ce personnel se composait du capitaine, du
remets à la volonté du Souverain Arbitre lequel a commis & des quatre gardes de la santé, du juge
eu de tout temps un soin tout particulier pour la
France; il nous a donné un Roy, sans doute, ce . A Paris, chez Jacob Chevalier, ruii Saint-Jcan-de-Lairan,
n'est pas pour avoir une guerre intestine; mais m.dc.lii. (Bibliothique de M.Cliarlcs Barry,à Toulouse.)
LÎV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 841
Ces mesures d'isolement se prolongèrent durant plus de deux années :
l'effroi causé par la contagion avait fait le vide dans la capitale de la Pro-
vince, où le défaut d'arrivages amenait fréquemment la famine. La plupart
des officiers royaux, le sénéchal, le viguier, le maître des eaux & forêts, le
trésorier du domaine & presque tous les bourgeois du conseil de ville s'étaient,
sauvés en lieux sûrs '.
La proximité des troupes royales & des troupes rebelles qui, sous les ordres
du comte d'Harcourt & du prince de Conti, continuaient d'être en présence
dans les vallées de la Save St de la Gimone, causait de vives inquiétudes.
Pour se débarrasser de ces hôtes incommodes, les villes de Beaumont & de
Grenade avaient consenti à payer l'une au prince de Conti, l'autre au comte
d'Harcourt, une contribution de guerre de quinze mille livres. Des difficultés
s'élevèrent pour le payement, & le Parlement, qui redoutait de voir les belli-
gérants se rapprocher de Toulouse, intervint pour ratifier les traités conclus
le 3 & le 10 juillet, par l'intermédiaire de MM. de Terlon 81 de Salinier, Si
enjoignit aux consuls de faire le versement immédiat des sommes, sauf à
rembourser les avances par une imposition répartie en trois années consé-
cutives^.
Cependant la désorganisation s'était mise dans le parti des frondeurs. Une
déclaration du roi venait d'interdire le Parlement de Paris & de le transférer
à Pontoise. Quinze membres de cette cour avaient obéi, &, sous la présidence
de Mathieu Mole, enregistraient les actes du ministère. Le Parlement de
Toulouse recevait le contre-coup de ces fluctuations St le groupe ministériel
y reprenait de plus en plus l'avantage.
Le 26 août i652, Louis XIV accorda une amnistie générale à tous ceux
qui avaient trempé dans les troubles; le prince de Condé refusa de s'y sou-
mettre Se passa au service du roi d'Espagne. Cette résolution pouvait être
dangereuse pour le Languedoc, d'autant plus que le sieur de Saint-Aunez,
gouverneur de Leucate, malgré les traditions héroïques de sa famille Se de la
place, avait eu la faiblesse de se déclarer pour les princes Se de traiter avec
don Juan d'Autriche, fort empressé de saisir une aussi bonne fortune 8c de
s'ouvrir les portes du Languedoc. La tournure des affaires ne tarda pas à
convaincre de sa faute ce gouverneur infidèle & il s'estima trop heureux de
& des quatre gardes de la police, de sept n cour- tiens renfermait de huit à quinze malheureux,
beaux,» &c. Au |3 juin i65i, il y avait au pré quatre cent
Les lieux d'internement des pestiférés sont dési- trente-cinq personnes, tant malades que pré-
gnés sous le nom de huttes vieilles (probablement posés".
des baraques demeurées debout depuis la dernière ' Arrêt du Parlement de Toulouse du 26 no-
épidémie) & de tinel Sainte- Marie , tincl Saint- vembre i652. Pièces justificatives , n. CLXXXIX ,
Pierre, tinel Saint~Pol , tinel Saint-André j tinel col. 469.
Saint- Jacijues, tinel Saint-Philippe, tinel Saint- ' ArTÎt iu Ç) septemhre i65i. Pièces justificatives,
Simon, tinel Saint-Barthélémy, tinel Saint-Barnahé, n, CLXXXVIII, col. 469.
tinel Saint - Laurent , tinel Saint- François , tinel
Saint-Antoine, tinel Saint-Félix, tinel Sainte-Anne, ■ Archives de Toulouse. Registre de distribution de pain
tinel Sainte-Catherine. Chacune de ces habita- aux pestiférés des Sepl-Deniers, 1 65 1.
i6â2
i6ôj
3^2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
négocier son pardon avec le maréchal de La Mothe-Houdancourt, comman-
dant en chef des forces royales dans la Catalogne.
Pour faire une concession provisoire à l'opinion publique, le cardina^
Mazarin s'était retiré à Sedan, d'où il ne cessait pas, d'ailleurs, de présider au
•gouvernement du royaume.
A dater de ce moment, il ne se produisit plus que des troubles partiels,
dernier retentissement des orages de la régence.
Pendant la nuit du 17 octobre, le baron de Léran, de la maison de Lévis,
se présenta subitement avec deux cents chevaux au port de Pinsaguel sur la
Garonne, passa la rivière & se jeta dans la plaine de la rive gauche. Un gen-
tilhomme du pays, le sieur de Maureville, lui servait de guide. Il était minuit
lorsque la troupe arriva, pour prendre ses logements, dans le petit village de
Villeneuve-Tolosane, bâti sur le bord d'une longue terrasse, autrefois boisée,
qui longe à distance le cours de la Garonne. Les portes des maisons furent
enfoncées, les métairies envahies; cavaliers 8c montures s'installèrent pour
passer la nuit, comme en un pays de conquête. Puis le lendemain, au point
du jour, ils décampèrent, laissant des traces de dévastation & de pillage &
continuèrent leur expédition du côté de la Gascogne. Un certain Saint-Pierre
de Roques était venu les joindre pour les conduire Se s'associer à leurs aven-
tures.
Tous les villages dispersés au bord de la Garonne ou sur les plateaux étages
de l'Ardenne haute, Portet, Roques, Frousins, Villeneuve, épouvantés de
cette brutale apparition, se hâtèrent d'envoyer à Toulouse prévenir le procu-
reur général des malheurs qui les menaçaient. L'affaire fut portée devant la
la cour le 22 octobre, chambres assemblées, en présence du premier président.
Le Parlement renouvela les défenses antérieurement faites aux gentilshommes
de quelque qualité 8c condition qu'ils pussent être, de s'attrouper, de porter
les armes, de faire des levées de gens de guerre sans expresse permission du
roi 8c de prendre logements sans ordre souverain dans les villages du ressort,
sous peine d'être traités en criminels de lèse-majesté 8c en perturbateurs du
repos public. Il lança en outre un décret de prise de corps contre Léran, Maii-
reville 8c Saint-Pierre, ordonnant de saisir leurs biens, à titre de dédommage-
ment des violences 8c des extorsions qu'ils avaient commises, 8c afin d'étouifer
dans son germe le danger de guerre civile, la cour enjoignit aux magistrats
8c même aux simples bientenants des campagnes, de faire lever les communes
au son du beffroi, d'opposer la force à la force, 8c de courir sus au baron de
Léran pour le tailler en pièces ainsi que toutes les bandes militaires qui tra-
versaient le pays sans l'ordre du roi'.
La veille du jour où le Parlement de Toulouse cherchait à réprimer cette
dernière équipée du parti féodal, le roi Louis XIV 8c Anne d'Autriche fai-
saient leur rentrée à Paris avec une-escorte militaire commandée par Turenne.
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Parlement de Toulouse, Affaires da roi & du public, II,
p. 293.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 343
Le duc d'Orléans, toujours en proie à ses chimères, s'était mis en tête que sa
qualité de iils d'Henri IV lui assurait l'aftection & le dévouement des Pari-
siens, Se qu'avec leur appui, il pourrait encore tenter la fortune. On prétend
qu'il eut un instant la pensée de tenir ferme, malgré le retour du roi dans sa
capitale, & de se cantonner au Luxembourg, avec ses amis 8c ses partisans}
mais il n'y donna pas suite.
Le jeune roi lui fit entendre qu'il ne le souffrirait pas à Paris. Gaston
partit le 22 octobre, de grand matin, & se retira d'abord à Limours.
Il reçut la visite du secrétaire d'État, Le Tellier, qui lui fit comprendre les
justes motifs du ressentiment royal. Sa faute, lui dit le ministre, était plus
grave que celle du prince de Condé, qui n'avait pas, comme lui, assisté à
l'acte de majorité du roi & contrevenu à son serment. Le duc d'Orléans accepta
l'amnistie 8t s'obligea de se retirer au château de Blois, principale résidence
de son apanage, & de n'en plus sortir pour retourner à la Cour sans un ordre
écrit du roi'. Cette soumission, renouvelée après bien d'autres, était cette
fois définitive Se terminait la carrière politique du prince, marquée par tant
d'intrigues 81 de folies. Il n'en conserva pas moins le gouvernement de
Languedoc, 8c n'ayant plus d'autorité sur les affaires générales de l'État, se
plut encore à retrouver, dans ses rapports avec les députés de la Province,
une ombre de ce pouvoir souverain qu'il avait si longtemps 8t si vainement
poursuivi.
CHAPITRE VI
Démolition du château de Termes. — Mort du premier président Jean de Bertier. — Désordres dans
les pays de montagnes. — Le baron de Léran. — Affaire de l'étape. — Mouvements militaires.
Les frères Aostine. — Troubles de Carcassonne. — Mort du comte d'Aubijoux. — Pierre de Marca
& François Fouquet. — Voyage de Louis XIV en Languedoc. — Séjour à Toulouse. — Mort de
Gaston d'Orléans. — Rectification de la frontière de Catalogne. — Affaires de Nimes. — Traité des
Pyrénées. — Canal de Beaucaire. — Fêtes de la paix. — Mort du cardinal Mazarin.
La paix était faite à la Cour; le duc d'Orléans avait pris le chemin de son
exil; le Parlement de Paris s'associait à toutes les mesures de rigueur prises
par le ministère contre les fauteurs de révolte, sans oublier les anciens géné-
raux de ses propres armées; le cardinal Mazarin préparait sa rentrée dans la
capitale du royaume, où un brillant feu d'artifice devait saluer le retour de
l'ancien ennemi public; nombre de grands seigneurs se réconciliaient; mais
ces jeux de princes, prompts à terminer au lieu même où résidait le pouvoir,
devaient laisser dans les provinces lointaines un retentissement douloureux
& prolongé. Il fallut beaucoup de temps pour que l'ordre qui régnait au siège
de la royauté s'étendît jusqu'aux extrémités du territoire.
En réalité, ce que l'on avait fait de plus clair durant ces dix années de
' Aubery, Histoire da earjinal Mazarin, V, p. 422.
i65
~ 344 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
minorité turbulente, c'était la désorganisation générale. Il serait fort inexact
d'attribuer aux diverses factions qui venaient de bouleverser la France un
plan politique suivi; on retrouve sans doute, à l'état flottant, si l'on peut
ainsi parler, certaines aspirations de justice au milieu des revendications
confuses dont la lutte remplit cette période; mais la puissance des intérêts
particuliers étouffe tout, & si les mesures despotiques changèrent souvent de
forme, elles ne changèrent jamais de nature.
La fin des troubles civils laissait à la province de Languedoc une sorte de
liquidation terrible : toutes les énergies surexcitées par les partis demeuraient
sans emploi ; une multitude de gens qui s'étaient habitués à vivre de la guerre,
s'il est permis d'appliquer ce nom à de véritables actes de banditisme local,
couvrirent alors les grands chemins de leur misère provoquante; la discipline,
déjà fort imparfaite dans les troupes formées à l'école de la guerre de Trente
ans s'était encore amoindrie par tous ces funestes exemples de chefs quittant
leurs drapeaux, traitant avec l'ennemi, livrant leurs places, dans ce conflit de
commissions contraires, délivrées au même officier, à quelques jours de dis-
tance, au nom du roi de France 8c au nom du roi d'Espagne. Il y eut donc
encore pour le pays des années terribles. Le Languedoc ayant toujours au
flanc son inguérissable plaie de la guerre de Catalogne, eut longtemps occa-
sion de se demander, si, comme on l'affirmait, la France était pacifiée. Les
désertions, les passages des troupes, les quartiers d'hiver ruineux contrastaient
étrangement avec les assurances de tranquillité prochaine tant de fois répétées
par les commissaires du roi.
Nous avons rapporté comment M. de Saint-Aunez, gouverneur de Leucate,
entraîné par la défection du prince de Condé, s'était laissé aller à ouvrir des
négociations avec don Juan d'Autriche, sans souci de donner aux armées
étrangères un point d'appui sur la côte de Languedoc. Cette trahison ne fut
pas de longue durée. Le maréchal de La Mothe Houdancourt, à qui M. de
Saint-Aunez, « ayant reconnu sa faute » était allé témoigner le déplaisir qu'il
en avait 8c promettre une entière fidélité, obtint en sa faveur des lettres de
grâce qui furent signées au mois de décembre i652 ', 8c qui, moyennant le
' Le préambule des lettres de grâce de M. de tion, notredit cousin se seroit chargé d'obtenir de
Saint-Aunez est ainsi conçu : nous en sa faveur nos lettres de grâce ou pardon
<( Le sieur de Sainl-Aiilnez, gouverneur de la sur ce nécessaires, lesquelles il nous a très-hum-
forteresse de Leucate en notre province de Lan- blement supplié lui vouloir accorder, à ces causes
guedoc, s'étant laissé emporter aux présents mou- & autres à ce nous mouvant, voulant user de notre
vements & aux persuasions de nos ennemis, se clémence & bonté envers ledit sieur de Saint-Aul-
seroit mis du parti des princes & pour favoriser nez qui a d'ailleurs renoncé à tous les traites par
d'autant plus leurs desseins auroit, il y a quelques lui faits tant avec le roi d'Espagne, le sieur don
jours, traité avec les Espagnols au désavantage de Jean d'Autriche & ses ministres, qu'avec les auteurs
notre service & contre son propre devoir, mais des présents troubles, & fait donner des assurances
ayant depuis peu reconnu sa faute, il se seroit de ne se départir jamais de notredit service... avons
retiré vers notre lieutenant général en nos armées, audit sieur de Saint-Aulnez & à tous ceux qui ont
auquel après avoir fait connoître le déplaisir qu'il suivi son parti, remis, pardonné & aboli... les
avoit de s'être départi de la fidélité qu'il nous doit fautes, crimes & offenses par eux commises, &c. »
& le désir qu'il a de se remettre en notre obéis- Ces lettres furent enregistrées au Parlement de
sance, pour nous donner des preuves de son affec- Toulouse le 28 juillet i653.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 845
désaveu de tous les traités conclus avec le roi d'Espagne, don Juan d'Autriche,
les ministres du roi catholique &. les princes rebelles de la maison de France,
désaveu appuyé de solides garanties, absolvaient l'officier 8t toutes les per-
sonnes placées sous son commandement du crime de lèse-majesté qu'il avait
commis en faisant accord avec l'ennemi, en occupant & fortifiant des places
contre le service du roi, faisant des levées de gens de guerre, achetant des
armes & levant des contributions sur le pays.
La soumission du gouverneur de Leucate eut pour le territoire des Cor-
bières une heureuse conséquence : elle le délivra d'un fantôme féodal auquel
l'impunité des guerres civiles avait rendu comme une seconde vie, cet antique
château de Termes, illustré par son héroïque résistance à Simon de Montfort,
S<. devenu pendant les agitations de la Fronde une aire de brigandage.
Le traité conclu par M. de Saint-Aunez avec le maréchal de La Mothe
Houdancourt renfermait cette clause expresse que le château de Termes, dont
ce gentilhomme était gouverneur au moment de sa défection 8c où il avait
laissé une garnison de soldats allemands qui faisaient la terreur du pays 8t
détroussaient les voyageurs, serait remis entre les mains de l'archevêque de
Narbonne avec tout le matériel de guerre.
Le 23 novembre lôôi, le roi avait donné le gouvernement du château,
vacant par la trahison de M. de Saint-Aunez, à un autre capitaine d'aven-
ture, Guizard de Saint-Jean de Moussoulens, seigneur de La Garde & baron
de Bouisse, gentilhomme ordinaire de la chambre, qui avait fait une assem-
blée d'amis pour s'emparer de la place Se qui y avait réussi après un siège en
règle. Moins d'un mois après sa commission, le 20 décembre, une lettre de
cachet du roi allait annoncer au nouveau capitaine le traité du maréchal de La
Mothe 8t lui intimait l'ordre de remettre incontinent le château de Termes
aux envoyés de l'archevêque de Narbonne. En même temps, le roi écrivait à
M. de Rebé, lui déclarant qu'il considérait la place comme « inutile à son
« service Se à charge à ses sujets, » qu'il en avait résolu la démolition. Se qu'il
lui confiait le soin de la faire exécuter par corvées, de façon à n'y pas laisser
« pierre sur pierre. »
Depuis la conquête du Roussillon, qui rejetait les limites de l'Espagne der-
rière les Pyrénées, le château de Termes, autrefois posé en sentinelle au seuil
de la Cerdagne ', avait eftectivement perdu l'importance de place frontière
qui lui avait valu son nom {castriim de Terminis), Se qui lui méritait, au
seizième siècle, la sollicitude des Etats de Languedoc 8e ne justifiait plus les
dépenses nécessitées par l'entretien des bâtiments, les gages du châtelain Se
les trais de garde, sans compter que, par sa forte position, il devenait, comme
on venait de le voir pendant la Fronde, un danger redoutable pour les popu-
lations voisines.
Ce tut le 12 mars de l'année suivante que l'archevêque donna ses pouvoirs
à Louis de Bellissens, major de la ville de Narbonne, pour aller prendre pos-
B ,, .Termes quel el cap de Serdanha. » {Canso Je la crosada cçntr'els eretgei i'Alhcges, y. 1075.)
i65i
i6ô3
lOôî
j.,6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
session du château 8c dresser, en présence de l'archiprêtre des Corbières, du
bayle & des consuls de Termes, l'inventaire de toutes les munitions de guerre
& de bouche, armes 8c canons qui pouvaient se trouver dans la vieille for-
teresse. Une ordonnance du comte de Bioule, lieutenant général, datée du
même jour, prescrivait aux habitants des lieux voisins de travailler à la
démolition.
Le 4 avril, M. de Bellissens était k Villerouge, où il donnait l'ordre à vingt-
neuf paroisses ou villages de la châtellenie de Termes d'envoyer chacun un
député, le 1 5 du mois, pour concerter 8c arrêter entre eux les moyens les plus
prompts 8c les moins onéreux de raser le château, 8c procéder au département
des ouvriers 8c des outils, d'après l'allivrement de chaque commune. Peu de
)ours avant, M. de Rebé avait pris la peine d'annoncer lui-même, par lettre
missive, le voyage du major au viguier de Villerouge, en lui recommandant
d'v donner toute assistance 8c de stimuler le zèle des paroisses. « Toutes les
« communautés, lui disait-il, doivent obéir avec plaisir, car elles y trouvent
« leur sûreté entière; il faut que celle de Villerouge montre l'exemple aux
« autres. »
Malgré toutes ces précautions, les communes témoignèrent peu d'empres-
sement à fournir les gens de corvée; il fallut contremander l'assemblée
du i5 avril, la renvoyer au 22, puis au 25, 8c y convoquer, outre la châ-
tellenie de Termes, toute la haute 8c basse Corbière depuis la montagne
jusqu'à la mer.
M. de Bellissens prit possession du château le i5 mai. Il n'y trouva que
deux petits canons, pesant environ quatre ou cinq quintaux chacun, qu'il fit
mettre en sûreté à Villerouge, sous la garde des consuls, 8c qui furent, deux
ans plus tard, par ordre de l'archevêque, rendus à M. de Saint-Aunez, 8c
emportés dans son gouvernement de Leucate.
Cependant on avait reconnu que la démolition par corvées serait extrême-
ment difficile 8c très-coûteuse, la dépense en étant évaluée à plus de vingt
mille livres. Alors M. de Rebé prit le parti de la faire exécuter par voie
d'entreprise, aux frais du diocèse. Les commissaires ordinaires &c députés du
diocèse en firent l'adjudication au prix de six mille deux cents livres à un
maître maçon de Limoux.
On dut en outre payer six mille huit cents livres au sieur de La Garde, à
titre d'indemnité, 8c pour le dédommager de l'entretien de la garnison pen-
dant sept ou huit mois.
La dépense totale atteignit quatorze mille neuf cent vingt-deux livres dix
sols. Elle fut votée sans hésitation par l'assemblée du diocèse qui, dans la
séance du 18 juin, remercia M. de Rebé d'une opération aussi avantageuse
pour le pays, « telles forteresses ji'estant d'ordinaire conservées que pour
« l'oppression des peuples. »
Ce fut un ingénieur du nom de Séguier qui fut chargé de procéder à la
visite du château avant la démolition.
On n'exécuta point d'ailleurs à la lettre les prescriptions de l'ordonnance
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 847
royale qui commandaient de ne pas laisser pierre sur pierre, S<. l'on se contenta
de mettre la vieille citadelle hors d'état de nuire. Il en reste encore quelques
ruines couronnant un monticule escarpé dont la petite rivière du Sou, pro-
fondément encaissée dans un lit de roches, contourne la base au midi 8t au
levant. On y reconnaît aisément la trace de deux grandes enceintes concen-
triques suppléant à la défense naturelle dans la partie la plus accessible du
monticule & un polygone irrégulier flanqué de deux tours qui occupe l'angle
nord-est du promontoire.
Le nom 8c le ressort de l'ancienne viguerîe de Termenois survécurent seuls,
avec un maigre village, à la destruction du château. Cette circonscription
judiciaire qui, dès iSiy, avait été unie à celle du pays de Fenouillèdes, sub-
sistait encore en 1790. Elle comprenait douze justices' Si cent trente villages,
8c appelait au présidial de Liraoux. Mais l'ancienne capitale du ressort était
tellement déchue que les officiers royaux siégeaient à Félines.
Le Parlement de Toulouse avait terminé l'année i652 par un de ces coups
d'autorité où il se complaisait. La ville était encore affligée par l'épidémie;
beaucoup de personnages de marque ne l'habitaient plus. Le collège élec-
toral ordinaire n'étant pas en nombre, le juge-mage pria la cour de pourvoir
à l'élection; elle n'eut garde de s'y refuser ^.
La prestation de serment des nouveaux magistrats municipaux, entravée
par le mauvais vouloir des capitouls sortants, qui se trouvaient ainsi frustrés
de leur droit de présentation, ne put s'accomplir dans la maison de la viguerie^
infectée de peste. Se se fit, après de très-longs pourparlers, dans la chapelle
du collège Saint-Martial 3,
Mais les temps devenaient peu favorables aux usurpations parlementaires.
Aussitôt après l'acte du Parlement, les députés de la ville étaient partis en
poste, avec ordre de « prendre la traverse à Limoges, « pour aller rejoindre
le duc d'Orléans en son château de Blois 8c lui porter plainte de la nouvelle
offense faite aux privilèges de la ville, 8c de se rendre ensuite à la Cour afin
d'intéresser à leur cause le secrétaire des commandements de Sa Majesté'*.
La réponse arriva le 2 janvier. C'était un arrêt du conseil d'Etat, ramenant
le Parlement de Toulouse à sa compétence, qui ne lui permettait d'intervenir
dans les élections capitulaires que sur appel ou en cas de délit. Le conseil
obviait aux inconvénients signalés par la cour de Toulouse en prorogeant
purement 8c simplement les capitouls de l'année précédente ».
Dès le 21 octobre, le Parlement de Paris avait reçu défense de prendre à
l'avenir aucune connaissance des affaires générales de l'Etat 8c des questions
de finances. Les déductions de ce principe rationnel furent appliquées en
Languedoc. La cour de Toulouse, entre autres empiétements, s'y était permis
plusieurs fois d'intervenir dans les affaires d'administration diocésaine, de
' Bouisse, CoustOMge, Davejan, Dernecucillette, ' Pièces justificatives, n. CLXXXIX, col. 46p.
Duilhac, Félines, La Bastide de Surlat en Val, La ' Pièces justificatives, n. CXC, col. 470.
Roque de Fa, Massac, Maisons, Termes & Vigne- * Pièces justificatives, n. CXCI, col. 47").
»ieille. ' Pièces justificative!, n. CXCII, col. 476.
iCj
i63S
048 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
réglementer les assemblées d'Assiette, d'y déterminer le droit d'entrée, les
préséances, & de juger les différends qui s'y produisaient. Le syndic général
de la Province ne cessait d'invoquer au bénéfice des Etats les nombreuses
décisions qui, depuis le commencement du siècle, avaient fixé la jurispru-
dence; il obtint, le i3 mars, un arrêt de confirmation '.
Au moment où le pouvoir royal faisait ainsi rentrer la cour souveraine
dans les limites de ses devoirs judiciaires, le Parlement de Toulouse perdit
Son chef. Le premier président, Jean de Bertier, seigneur de Montrabe,
mourut le 28 avril i653. Il avait été mis à la tête de la puissante compagnie
par le cardinal de Richelieu, & s'était recommandé au ministère par sa fidélité
81 son énergie au moment de la défection de Gaston d'Orléans.
Ses funérailles, célébrées avec grande pompe, le 2g, dans l'église des béné-
dictins de la Daurade, furent marquées par un de ces incidents qui sem-
blaient l'accessoire obligé de toutes les cérémonies publiques. Les capitouls
voulaient marcher au devant du corps, avec le poêle de deuil qu'ils avaient
apporté de l'hôtel de ville. Se attendaient le départ du convoi dans une salle
basse de la maison, quand MM. de Caumels & de Lafont, vicaires généraux,
vinrent leur notifier que l'Eglise ne pouvait souttrir qu'un corps civil prît
place entre le cortège ecclésiastique 8t le cercueil. On offrait aux magistrats
municipaux de marcher autour des porteurs, si bon leur semblait. La bour-
geoisie tint conseil, 8<. après des essais d'accommodement tentés par M. de Mar-
miesse, avocat général , la municipalité se retira, sans assister aux obsèques,
après avoir délibéré, dans l'hôtel même du premier président, qu'elle ne se
trouverait plus en de pareilles occasions, son assistance a étant un honneur
« que la ville fait aux héritiers du défunt &c non qu'elle en reçoit. «
Comme les États de Languedoc siégeaient alors à Pézénas , un service
solennel y fut célébré en l'honneur du premier président, dans l'église collé-
giale, sur la proposition du député de Toulouse Queyratz.
Le remplacement de M. de Montrabe n'était point un médiocre objet de
souci pour le ministère. Dans les époques de crises, le caractère du premier
président, sans modifier entièrement les dispositions de la cour, pouvait du
moins en amortir les effets, & l'on avait pu voir, au moment des grands trou-
bles, ce que la présence d'un homme déterminé pouvait prévenir d'impru-
dences & de folies.
Il était d'usage que le Parlement présentât au roi une liste de trois candi-
dats à la première présidence. Les magistrats s'assemblèrent pour la dresser,
& la répartition des suffrages indique nettement les divisions qui travaillaient
la cour. Sur cent quatre-vingts votants, le candidat le plus favorisé n'ob-
tint que trente-six voix; ce fut le président Philippe Gaubert de Cami-
nade; Etienne de Garaud-Duranti, sieur de Donneville, en eut trente-cinq;
& Etienne Pottier, sieur de la Terrasse, dix-huit. Les autres votes s'étaient
partagés entre dix-neuf candidats ^.
' Pièces justificatives, n. CXCIV, col. 479. ' Voici le détail des suffrages obtenus par les
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 34g
Le roi trancha la difficulté en donnant la première présidence au procureur
général Gaspard de Fieubet.
Du reste, si l'action politique échappait au Parlement, les occasions d'exercer
la puissance judiciaire ne lui faisaient point défaut. Dans le plat pays, où les
communications étaient faciles, le rétablissement de l'ordre & la sécurité des
chemins pouvaient être à peu près assurés par la cessation des hostilités; mais
dans les régions de montagnes il en était autrement. Ces repaires naturels
s'étaient repeuplés depuis que l'occupation des gens de guerre empêchait toute
surveillance, & les vieilles bandes, qui avaient fait tant de mal pendant les
dernières guerres de religion, semblaient ressuscitées pour la désolation du
pays. Ce n'est pas une des moindres responsabilités du prince de Condé 8c
des autres grands seigneurs rebelles que d'avoir attisé sans scrupule le feu des
haines assoupies, encouragé, par leurs relations avec Cromwell, les plus folles
espérances, coloré d'un prétexte de foi des actes de violence exécrables & paré
du titre de belligérants des coureurs de grands chemins.
Afin d'atténuer l'effet des criminelles pratiques faites par les princes dans
les pays protestants, en vue d'ébranler la fidélité des peuples 8c d'y recruter
des auxiliaires pour leur faction, le roi Louis XIV avait ordonné, par décla-
ration spéciale, que tous les sujets de la religion seraient maintenus en la
jouissance des édits consacrant la liberté circonscrite de leur culte. C'était
conforme à la politique de Mazarin, telle que nous l'avons vue s'affirmer au
début de la régence. Se conforme aussi aux traditions de Richelieu qui, tout
en brisant l'organisation militaire des réformés, ne voulait point leur imposer
le sacrifice de leur conscience. Se savait, au besoin, s'appuyer sur eux par
nécessité d'équilibre 8c faire de leurs bonnes dispositions un élément d'ordre
public. Mais combien l'application de ces mesures générales n'était-elle point
difficile dans un pays morcelé, tiraillé en tous sens comme était alors la
France, où les puissances féodales semblaient grandies de toute la diminution
de la royauté! La mésintelligence entre les deux communions se rejetait sur
l'interprétation géographique de l'édit de Nantes, sur le nombre 8c la situa-
tion des églises protestantes, sur les annexes où l'exercice du culte pouvait
être toléré. On voulut interdire cette liberté aux réformés de Vais en Vivarais;
ils prirent les armes; mais les troubles furent de courte durée; l'insuccès de
l'entreprise des princes eut pour résultat de hâter la pacification. Les envoyés
du roi ayant obtenu des réformés du bas Languedoc, du Dauphiné, du Viva-
rais 8c des Cévennes « toutes les sovimissions qu'ils pouvaient désirer, avec
candidats à la première présidence : M. de Cami- doyen, 4; — M. de Long, père, 3; — M. de Ve-
nade, 36 yoix ; — le président de Garaud-Du- delly, M. de Garibald, M. Caulet des Augiistins, i;
ranti, 35 j — M. de Pottier la Terrasse, i8j — — M. d'Olivier, M. de Fermât, M. Boysset, M. de
M. de Papus, 14; — M. de Prohenqiies, 12; Reich, M. de Tolosani, 1 . — Total: 180 votants'.
— M. d'Advisard, 10 j — M. de Marmiesse, avo- Voir aussi Pièces justificatives, n. CCII , col. Sot.
cat général, 8j — M. de Gineste, président des
i653
enquêtes, 8 ; — M. de Caumels, 6 ; — M. de Fieu-
bet, procureur général, 5} — M. de Cambolas, 5j
— le président de Caulet, 5 ; — M. d« Cathelan, tulijn, ses officiers, ses actes, &c.
, ''ic n>ij<~i.i<: Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par cmcnt de
bet, procureur gênerai, 5; — M. de Cambolas, 5: -r„.,i , „ d. ..,1 _ j j , . • ,■
' r 6 • » ' "» Aoa)oaiC. Recueil ms. de documents concernant son inslt-
i653
35o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
« protestation de fidélité 8<. d'obéissance, » un acte royal ordonna que la
mémoire de ces désordres fût éteinte & supprimée, accordant l'amnistie à
quiconque déposerait les armes, 8c annulant comme non-avenus tous les
arrêts que le Parlement & la chambre de l'édit avaient pu rendre sur la
matière Si toutes les commissions décernées par ces compagnies souveraines.
Cette déclaration fut donnée au mois d'octobre i653; mais elle contrariait
trop les prétentions du Parlement de Toulouse pour que cette cour se hâtât
de l'enregistrer; elle ne s'y résigna que plus de cinq ans après, au mois de
mars 1659 '.
Le Parlement se trouvait, en effet, directement atteint par cet acte royal,
ayant chargé, le 23 août i653, deux conseillers, MM. de Guillermin & de
Comère de se transporter dans le pays des Cévennes Si d'y interdire les
assemblées illicites, levées de gens d'armes, achats de munitions 81 les tenta-
tives faites « pour rétablir le prêche au lieu de Vals^.
Dans le Gévaudan, la sécurité publique était journellement coinpromise
par les brigandages d'hommes armés qui ne cessaient de parcourir les che-
mins Si de s'embusquer dans les passages difficiles pour y détrousser 81 assas-
siner les voyageurs. Ils formaient deux bandes principales, à la tête desquelles
marchaient plusieurs gentilshommes, Si qui avaient leurs repaires dans deux
vieilles constructions féodales, le château de Montjezieu 81 la tour de Saint-
Germain.
Montjezieu Si Saint-Germain du Teil sont situés à l'extrémité des mon-
tagnes d'Aubrac, vers le sud-est, sur la rive droite du Lot. Saint-Germain
occupe le plateau, Montjezieu est sur le penchant des croupes escarpées qui
bordent la rivière, commandant la route de Mende 81 Marvéjols à Rodez.
C'est de là que les bandits rayonnaient dans la contrée, jetant la désola-
tion dans les campagnes 8t ruinant le commerce. 11 y avait deux ans que le
pays souffrait de ce dangereux voisinage quand le syndic Joubert en porta
plainte aux États de Pézénas, 81 fut chargé par l'assemblée provinciale d'inter-
venir à la fois auprès du Parlement de Toulouse pour l'instruction judiciaire,
81 auprès des lieutenants généraux pour l'exécution des arrêts 3.
Déjà les États particuliers de Gévaudan, au mois de février 1602, avaient
appelé la protection des pouvoirs publics.
On mena les poursuites avec vigueur. Trente-sept prévenus, dont quatre
seigneurs de villages Si un notaire, furent condamnés à être rompus vivants
sur la place du Salin. La cour ordonna le rasement de la tour de Saint-Ger-
main 81 du château de Montjezieu, la confiscation des biens de tous les cou-
pables, dix mille livres d'amende à l'ordonnance du Parlement, 8c dix mille
livres au profit de la province de Languedoc. Par une clause expresse, l'arrêt
devait être mis aux mains du lieutenant général pour l'appuyer de son auto-
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par- ' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance
Tient de Toulouse. Edits & déclarations.' du 3o mai i653.
''iiçes jun'tjicatiyes, n. CCVII, col. 5io.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 35 1
rite, « afin que la torce en demeure au roi 8c à la justice, » avec ordre aux
communes de fournir des hommes d'escorte Si de corvée pour les démolitions,
sous peine de quatre mille livres d'amende '.
A cause des frais considérables auxquels donna lieu l'exécution de cet
arrêt, tant pour le rasement des maisons que pour la capture & conduite
des prévenus, la Province renonça aux vingt mille livres qui lui revenaient,
suivant l'arrêt de la cour, & en fit cession à la partie civile^.
Les gorges austères du plateau central n'étaient point l'unique théâtre des
scènes sanglantes qui ramenaient le pays aux périodes anarcliiques du moyen
âge. Dans le massif de montagnes qui s'étendent depuis la haute vallée de
l'Aude jusqu'à celle de la Garonne, des troupes d'aventuriers, racolées par
de puissants personnages, battaient incessamment l'estrade £<. commettaient
d'affreuses violences. Benjamin de Lévis, baron de Montmaur, dont le père
avait eu de longs démêlés avec le baron de Léran, son neveu, fut assassiné
sur le grand chemin; un gentilhomme & sa femme périrent dans leur lit,
égorgés par leurs vassaux; le juge de Comminges, faisant une chevauchée en
compagnie d'un commissaire du Parlement, reçut onze coups de fusil 8t resta
mort en pleine route; le sieur de Labatut, consul de Martres, tomba égale-
ment victime de bandits attroupés.
Le 12 décembre i653, le procureur général, entrant à la grand'chambre,
réunie à la chambre criminelle, y déclara que « le désordre du temps avait
» donné une si grande licence qu'elle passait jusques à l'extrémité, n'y ayant
H plus de sûreté publique. » Il rappela les nombreux arrêts qui avaient été
rendus contre les assassins, « arrêts qui demeurent en inexécution Se les crimes
« en impunité, à cause de la faveur 8c des retraites que les coupables trou-
« vent dans ce pays inaccessible. Ces assassins marchent par troupes Se en
« armes; il est du tout impossible de les arrêter si la cour n'y porte l'autorité
(i de ses commandements, pour qu'ayant la main- forte, ses arrêts soient
« exécutés. » C'est encore aux forces militaires du gouverneur de la Pro-
vince que le Parlement fit appel pour obtenir une répression efficace. Il
prescrivit, en outre, qu'on proclamerait, à son de trompe, dans les villes de
Mirepoix, de Saint-Girons & de Saint-Lizier, la défense faite aux consuls,
gentilshommes, habitants quelconques des lieux, maisous 8c châteaux du
ressort, de donner asile, faveur ou retraite aux gens d'autorité qu'allait
atteindre la justice du roi 3.
Le conseiller Bertrand de Gargas avait été chargé d'instruire le procès contre
le baron de Léran &c contre le vicomte son fils qui furent l'un 8c l'autre con
damnés à mort.
Jean-Claude de Lévis, baron de Léran, après avoir longtemps échappé aux
poursuites, finit par être capturé; mais la puissance dont il jouissait dans le
■ Pièces justificatives, n. CCXIII, col. Szô. lement de TovXouit. Arrêts de la chambre criminelle,
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance p. 3i2. — L'arrêt, signé Caulct & Gargas, est du
du 27 février 1654. 12 décembre i653.
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par-
i6â3
i6.î3
352 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
pays, où il faisait figure comme chef du protestantisme belliqueux, inspirait
de vives appréhensions. La veuve du cousin assassiné, Magdelaine deCiran,
qui ne cessait de réclamer vengeance auprès du Parlement de Toulouse, fit
représenter à la cour que le vicomte de Léran, condamné comme son père,
« pourrait, avec l'assistance de divers brigands de montagne, » tenter de sous-
traire le coupable au châtiment de ses crimes. Un nouvel arrêt prescrivit donc
à toutes les communes du parcours de fournir des hommes armés pour escorter
le prisonnier de lieue en lieue jusqu'aux prisons de la Conciergerie, sous
peine de quatre mille livres d'amende Se de poursuites, comme fauteurs £<
complices des meurtriers'.
Le baron de Léran arriva enfin à la Conciergerie & parut sur la sellette.
La prévention l'accusait « du crime de lèse-majesté divine & humaine, soit à
« raison de la démolition par lui faite d'une église pierre à pierre, ayant
« enlevé les fruits &(. revenus d'icelle, d'avoir fabriqué la fausse monnaie, &
« porté les arines contre le service de Sa Majesté, sans s'être servi de l'am-
« nistie, »
Le baron insista d'abord pour être renvoyé, comme protestant, devant la
chambre de l'édit de Castres; on lui dénia cette faveur; il épuisa ensuite
toutes les ressources de la procédure pour prolonger le débat S< faire valoir
sa qualité de belligérant, mais il refusa obstinément de répondre sur les divers
chefs de l'accusation. Les deux commissaires de la cour, Christophe de May-
nard Lestang & Bertrand de Gargas qui avaient eu mission d'achever l'en-
quête sur les lieux, continuèrent l'instruction à Toulouse, menaçant de faire
le procès « comme muet » sur les documents écrits. A la dernière audience,
Jean-Claude de Lévis renouvela devant la grand'chambre, ses dénégations de
compétence,
ijjj Le Parlement passa outre & ordonna, le 21 janvier, que le baron de Léran
aurait la tête tranchée sur la place du Salin. Ses biens étaient confisqués, saui
quinze mille livres allouées à Magdelaine de Ciran à titre de dommages, trois
mille à l'ordonnance de la cour, Si cinq cents « pour faire prier Dieu pour
« l'âme de feu messire Benjamin de Lévis en l'église où son corps a été
« enseveli ^. »
■ Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par- à ce commis & députés à messire Jean-Claude de
lement de Toulouse. Arrêt du. 6 janvier 1654, rendu Lévy, baron de Léran, prisonnier à la Conciergerie
«en la grand'chambre, icelle & la criminelle à la requête & poursuite tant de dame Magdaleyne
assemblées; » signé Guillermin, Gargas. de Ciran, vefve a deffunt M. Benjamin de Levy,
' Voici l'arrêt de condamnation du baron de baron de Montmaur, & Bouscaut, que du prccu-
Léran : reur général du roy, charges & informations, in-
Mercredi xxi" janvier 1654 en la grand'cham- terrogations faictes audit prévenu où sont insérés
bre icelle & la criminelle assemblées; présents, les refus & les insistances par luy faites de n'avoir
MM. de Fieubet, premier président, de Ciron, vouleu respondre , arrest rendu par la cour le sei-
président, Guillermin, Dulong, Papus, Masnau, zième de ce mois, portant que, nonobstant & sans
Olivier, Comere, Lestang, Vedelly, Demay, Mar- égard à ses insistances, il répondroit, autrement
rast, Turle, Fermât, Boisset, Madron, Focaud, de que le procès luy seroit faict & parTiict, comme
Gargas, sur la procédure extraordinairement faicte muect, avec les actes csnoncés au veu d'iceluy;
d'aulhorité de la cour par les commissaires par elle autre arrest du xvij*^ de ce mois qui desmet ledit
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 353
L'exécution eut lieu comme elle avait été ordonnée. Ce n'était pas un
médiocre symptôme de la police nouvelle qui allait régner dans le royaume,
grâce à l'apaisement des troubles civils. Quelques semaines auparavant, le
prince de Condé, dont la rébellion persistante autorisait seule les chefs de
bandes irrégulières à revendiquer la qualité de belligérants, recevait du roi
Philippe IV le titre de généralissime de ses armées.
Le père du prince avait, en 1628, comme lieutenant général pour le roi en
Languedoc, prescrit la démolition du château fort de Castelfranc, situé dans
la baronnie de Montredon. A la faveur des troubles, ces ruines se relevèrent;
elles appartenaient à Philippe de Nautonnier, sieur de Las Planes, ministre
de la religion réformée, qui, suivant l'exemple des protestants montalbanais
& les instructions mêmes du parti féodal, faisait exécuter des travaux défen-
sifs. Le Parlement de Toulouse y coupa court par un arrêt spécial & enjoignit
de raser tout ce qui avait été reconstruit '.
Ces dérogations matérielles aux édits de paix étaient relativement faciles à
réprimer; du moment que le pouvoir royal allait commander le respect d'une
extrémité de la France à l'autre Se que le ministère aurait en main les com-
mandants de la force armée, une direction vigoureuse ne pouvait manquer de
décourager les entreprises. Mais ce qui présentait des difficultés presque insur-
montables, c'était l'antagonisme infinitésimal, si l'on peut ainsi parler, qui
dans les moindres communes, mettait aux prises, avec une fougue & une
injustice égales, les membres des deux communions. L'esprit de tolérance
n'était nulle part; la majorité, à quelque culte qu'elle appartînt, se montrait
exclusive & tyrannique à l'égard de la minorité. Il faudrait une histoire par-
ticulière, histoire aussi uniforme que riche de faits, pour raconter toutes les
querelles locales, souvent accompagnées d'effusion de sang, auxquelles donnait
preYcnu des lettres de requête civile par luy obte- dcinpne ledit Claude de Leyy a estre mis 8c livré
nues contre le précédent, & ordonne qu'il respon- en mains de l'exécuteur de la haulte justice lequel,
droit, autrement que le procès luy seroit faict 8t monté sur un tombereau ou charrette ayant la hart
parfaict; encore autre arrest du xx' du même au col, luy fera fere le cours par les rues & carre-
mois qui le desmet des lettres en opposition par fours acostumés de la présent ville, l'admènera à
lui obtenues envers les précédents arrêts j autre la place du Salin où sur un eschafault qui sera
arrest sur la deuxième requête civile par lui im- illec dressé luy tranchera la teste, ses biens acquis
petrée , interrogatoires & injonctions à luy faictes & confisqués au roy, distrait la troisième partie
de nouveau de respondre, avec le^ refus & insis- d'iceulx à ses femme & enfants sy point en a, des-
tances par luy faictes de ne vouloir respondre, quels biens confisqués sera distrait la somme de
recolement des tesmoins & confrontations faites cinq cens livres pour faire prier Dieu pour l'àme
audit prévenu, objets & reproches par ledit pre- dudit feu messire Benjamin de Lévy en l'esglise où
venu proposez en l'encontre desdiis tesmoings, & son corps a esté ensevely, ensemble la somme de
autres actes remis en ladite procédure, dires & quinze mille livres au proffit de ladite de Ciran
conclusions dudit procureur général du roy, & pour ses dommages & intérêts, trois mille livres
le dit Jean Claude de Levy, ouy en la grand pour être employées à l'ordonnance de la cour,
chambre. ensemble les despens & frais de justice, la taxe
Il sera dit que la cour, la grand'chambre & la réservée. — De FieudEt, Gakuas'.
criminelle assemblées, déclare le procès en estât ' Pièces justificatives, n. CCXIX , col. ;").(;.
de juger deffinitivement sans s'enquérir de la vé-
rité desdits objects & reproches, ce faisant pour les ■ Archives de la Haule-Garoiiiie. Fonds du Pa.Iuncnt de
cas résultant dudit procès a condempné & con- Toulouse. Arrêts Je ta chambre criminelle.
1654
XIII.
ï»
1634
354 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
lieu la dispute du chaperon consulaire, des offices de judicature, Se jusqu'à
l'exercice des plus modestes métiers d'artisans. Catholiques ou protestants, la
préoccupation constante 8c acharnée du parti qui dominait dans la ville ou
dans le village, était de chasser le culte rival, de le blesser, de l'atteindre par
des distinctions humiliantes, de le frustrer de tout ce qui pouvait donner
honneurs ou bénéfice. S'exclure des magistratures municipales, des tribunaux,
des ateliers, se traiter en étrangers 81 en ennemis, telle est la passion dont le
témoignage se révèle à chaque instant, soit dans les procès-verbaux des Etats
de Languedoc, où la Province prend invariablement parti pour les catholiques
syndiqués, soit dans les arrêts du Parlement de Toulouse Si de la chambre de
l'édit de Castres, soit enfin dans les délibérations des simples consulats où ces
sentiments se traduisent avec une naïveté peut-être plus éloquente '.
Depuis que les Etats de Languedoc avaient institué un service régulier
d'étapes, afin d'obvier aux calamités du passage des troiipes, la ville de Tou-
louse s'était constamment refusée à payer sa part de la cotisation établie sur
les vingt-deux diocèses de la Province. Elle fondait sa prétendue exemption
sur divers actes de faveur accordés par les rois de France & sur son titre de
capitale qui devait, disait-on, lui assurer certaines prérogatives. Ses avocats
ajoutaient qu'elle repoussait uniquement la charge commune afin de se
recueillir S<. d'être capable de plus grands efforts quand les occasions impor-
tantes se présenteraient 5 qu'elle avait maintes fois donné au roi des preuves
notoires de dévouement, soit en levant elle-même des troupes, soit en four-
nissant de l'artillerie, de la poudre Se toute espèce de matériel de guerre. Ils
se plaignaient encore que la part de la ville Si de sa banlieue, dans la répar-
tition des autres impositions provinciales, était très-disproportionnée,
puisqu'on lui faisait porter un vingt-huitième environ de la somme totale,
tandis qu'elle n'en devrait légitimement subir qu'un cent cinquantième; que
cette surcharge, acceptée dans des temps plus heureux, avec un commerce
étendu, une industrie active, des écoles florissantes, était devenue insoute-
nable depuis que la ville, accablée de dettes, désolée par la peste, aban-
donnée de la plupart de ses artisans, était pauvre & presque dépeuplée.
De leur côté, les Etats répondaient avec raison qu'il n'y aurait plus de
Province ni de satisfaction des intérêts généraux si chaque diocèse ou ville
particulière pouvait faire valoir des motifs d'exemption 8c se dérober aux
obligations communes; que, jusqu'à la révision du cadastre, il fallait bien,
sous peine de renoncera toute règle, observer le tarif ancien Se que d'ailleurs
l'assemblée provinciale avait seule qualité pour introduire les modifications
opportunes. Ils écartaient l'analogie que les Toulousains voulaient établir
entre le taillon 8c l'étape. Le taillon, dont certaines lettres patentes les avaient
affranchis moyennant un abonnement, était une taxe destinée à la solde des
■ Voir aux Pièces justificatives les documents re- l'exercice du culte réformé dans la ville de Floren-
latifs aux affaires municipales de Lunel, n. CXCVI, sac, n. CCXXVII, col. 553, & n. CCXXXI, col. àSj;
col. 483; — de Montpellier, n. CCXVII, col. 539; _ à l'office de juge de Castres, n. CCXLIIT,
— de Bédarieux, n. CCXVIII, col. 540; — à col. 59'î.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN, 355
armées, tandis qvie l'étape se réduisait à la fourniture de vivres aux troupes
de passage.
Ils taisaient ressortir aussi que le titre de capitale, loin de créer des immu-
nités en fait d'impôts, augmentait, au contraire, les obligations, puisque la
ville se trouvait à la fois siège de Parlement, d'université, d'archevêché, de
généralité, d'une des plus grandes sénéchaussées de Languedoc, que la fer-
tilité de son terroir & le cours de son fleuve y entretenaient un mouvement
continuel de transactions, S<. qu'il serait inique d'affranchir la première ville
de la Province d'une cotisation que l'on obtenait sans difficulté des moindres
communes.
Ce débat donna lieu à de longues procédures. Plusieurs arrêts du conseil
furent obtenus par la Province de 1642 à 1645.
Le 8 juin 1647, une transaction fut passée à Montpellier, par-devant
notaire, entre les syndics de la Province & les députés de Toulouse Ferrières,
Pvibes 81 Paulo. La ville devait payer aux trésoriers de la bourse une somme
de vingt mille livres, recevoir, à ce prix, quittance de tous les arrérages dus
jusqu'au jour de la transaction Se, à dater de la même époque, supporter sa
part de l'étape. Cette transaction ne fut pas exécutée; les poursuites & les
saisies recommencèrent.
Les dettes de la ville de Toulouse s'élevaient à plus de deux millions. Le
menu peuple était dans une misère extrême. La plupart des maisons des fau-
bourgs se trouvaient abandonnées, & dans l'intérieur même de la ville on en
comptait beaucoup de vides, par suite du taux écrasant des impôts que l'ava-
rice des membres du Parlement 8c des privilégiés de tout ordre rejetait en
entier sur les petits bourgeois Se les artisans.
A la suite d'une lettre pressante du syndic général Lamamye 81 de la dépu-
tation aux États, il fut fait choix d'un groupe de personnages considérables
du corps de bourgeoisie pour aviser à une conciliation. L'archevêque de Nar-
bonne les y encouragea même par lettre; mais les dispositions furent trop
tardives; la session finissait à Pézénas. Il fallut renvoyer à l'année suivante'.
Cependant, les difficultés empiraient toujours. « Nous sommes au port,
« disait le chef du consistoire Montagut dans son testament capitulaire, avec
« ce regret de ramener un navire qui tait eau de toutes parts ^. »
Enfin, après de longs pourparlers, les bases d'un accord définitif furent
arrêtées. Le 14 mai 1654, les trois syndics généraux de la Province signèrent,
avec les commissaires toulousains, une transaction qui, sans décider la ques-
tion au fond 8c en réservant les droits des parties, établissait du moins une
trêve notable. Le syndic de Toulouse devait verser aux prochains États, entre
les mains du trésorier de la bourse, une somme de dix mille livres, acceptée
par la Province pour tenir lieu des trais d'étapes durant une période de
vingt ans, de i65o à 1670. La ville s'engageait aussi à payer, avant le i" mai
' Archives de Toulouse. Livre tles Conseili^XWl, ' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXVI,
p. 3c2, Conseil de bourgeoisie. Séance du i3 jan- page zpo. Conseil général, Séance du 16 décembre
vier i(}')^. i653.
1654
i654
Jj6 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de l'année courante, tous les arrérages des autres impositions dont elle se
trouvait redevable depuis 1648 jusqu'en i653, & dont la liquidation serai-
faite par les trésoriers de la bourse, des garnisons Se des mortes-payes 8<. pai
le fermier de l'équivalent.
Cette transaction fut ratifiée par le conseil de bourgeoisie le 24 mars, &
pour remercier l'archevêque de Narbonne des soins qu'il' avait donnés à l'ac-
commodement, on lui dépêcha une ambassade. Se l'on se promit de lui rendre
les plus grands honneurs lorsqu'il viendrait à Toulouse. Pareille démarche
fut faite auprès du premier président, afin de rendre grâce à la cour de son
intervention '.
Armand de Bourbon, prince de Conti, qui, loin de suivre l'exemple de son
frère, s'était réconcilié avec la Cour par un traité particulier 8c, rompant pour
jamais avec la cléricature Si l'espoir de la pourpre romaine, avait épousé la
nièce du cardinal Mazarin, traversa la Province au mois de juin 1654, en
allant rejoindre l'armée de Catalogne. Il passa deux jours à Montpellier; le
Parlement de Toulouse l'envoya saluer par députation.
Le i"août, il était à Belcaire, dans le pays de Sault, avec plusieurs lieute-
nants généraux placés sous ses ordres, l'infanterie & les gendarmes. Bussv-
Pv^abutin, avec toute la cavalerie, occupait Verges. Il y fut rejoint par quinze
cents chevaux venant de Saint-Pierre-Pescador. Le même jour, Gaston de
Nogaret, duc de Caudale, colonel général de l'infanterie de France, arriva à
Belcaire avec MM. de Vardes 8<. de Comminges.
Peu de temps après, le régiment d'infanterie de la Reine 81 le régiment
de cavalerie d'Harcourt, venant de Foix pour rallier l'armée. Se marchant
sans précautions dans les montagnes du Capsir, avec la sécurité de gens qui
savaient être sur le territoire français, furent attaqués S< défaits par la gar-
nison de Puycerda, qui n'avait pas craint de faire une pointe audacieuse à
dix lieues de distance en avant de ses murailles. « Ce fut, dit le comte de
« Rabutin, une belle action à don Pedro de las Valanconelas, gouverneur
de cette place*. »
La révocation des intendants qui n'avait jamais été prise au sérieux en
Languedoc, malgré la profusion d'arrêts lancés contre eux au Parlement de
Toulouse, se trouva définitivement annulée grâce au rétablissement de l'au-
torité royale; c'est même à dater de cette confirmation que l'institution de
Richelieu prit un caractère d'administration fixe Se régulière Se accrut rapide-
ment l'étendue de ses attributions.
Il est nécessairement assez difficile de marquer l'heure précise où s'accom-
plissent des évolutions de cette nature; cependant on peut reconnaître que
l'extension d'autorité de ces représentants du pouvoir central coïncide avec
l'arrivée en Languedoc d'un ancien intendant des armées de Catalogne,
Claude Bazin de Bezons, qui avait pris possession de ses fonctions sur la fin
■ Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXV'I, * Mégioires du comte de Bussy Rahutin, I, p. 32 r .
p. 327. Conseil de bourgeoisis. Séance du 24 mars
i654.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 35 7
:1e i653, Si qui conservait encore à cette époque le titre de visiteur général de
Catalogne, précédemment porté par l'évêque de Couserans, Pierre de Marca;
M. de Bezons succédait à Le Tonnelier de Breteuil, rappelé le 12 août de la
même année à la généralité de Paris. Durant l'interrègne qui sépare les deux
intendants, deux commissaires extraordinaires avaient fait une apparition
rapide dans la Province : Alexandre de Sève, sieur de Chantignouville, &
Louis Boucherat.
Le nouveau délégué ministériel fut, à proprement parler, l'organisateur de
l'intendance administrative en Languedoc; il occupa cette charge pendant
vingt ans Se prépara, par son assiduité, par sa connaissance du pays, l'envahis-
sement à peu près complet de tous les pouvoirs dans l'ensemhle de la Province
St dans les communes & les grandes intendances de d'Aguesseau Si de Bâvillc.
C'est donc lui qui marque la transition entre les commissaires départis perpé-
tuellement contestés, durant la première période de l'institution, 81 les petits
ministres provinciaux dont l'autorité, à la fois administrative 8c judiciaire,
devait exagérer les défauts du gouvernement ahsolu, pousser à ses dernières
limites l'esprit de réglementation S<. de contrôle, 8< préparer, par un excès de
tension, la grande dislocation de la fin du siècle.
La métamorphose qui s'opérait dans les intendants allait aussi atteindre gra-
duellement la représentation provinciale, &c, en lui taisant perdre tout carac-
tère politique, la transformer en instrument d'administration perfectionné.
Nicolas Pavillon porta plainte aux États de i655 contre Pierre & Bernard
Aostène, receveurs des tailles, dont les concussions & les voleries désolaient le
diocèse d'Alet 8c toute la province de Languedoc. Pierre Aostène avait cru
s'assurer l'impunité, en épousant la fille de M. de Cironis, président aux
requêtes du Parlement de Toulouse 8c en achetant l'office de président juge-
mage au sénéchal 8c siège présidial de Limoux.
Les deux frères étaient le fléau des pauvres communes de la haute vallée de
l'Aude. Ils faisaient imposer tout ce que bon leur semblait, contre les formes
&c les ordres des États, inscrivaient dans leurs comptes des sommes immenses,
sous des prétextes imaginaires, soumissionnaient la fourniture de l'étape à
un taux très-supérieur à celui de la Province 8c s'autorisaient de cette exagé-
ration pour extorquer tout l'argent qu'ils voulaient, à titre de gratification ou
de dédommagement. Us s'étaient pourvus de trois offices de receveurs, de
façon à pouvoir toujours faire appréhender les consuls qui ne se prêtaient pas
à leurs désirs dans les assemblées d'Assiette, en facilitant leurs malversations.
Les États s'émurent des remontrances de l'évêque 8c chargèrent le syndic
général de prendre l'aftaire en main. Elle présenta les plus grandes difficultés.
Pavillon contribua de ses soins 5c de sa peine à l'instruction du procès'. Il dut
même donner une singulière preuve d'énergie en taisant arrêter le juge-mage
en son siège de Limoux. Il l'enferma dans le château épiscopal de Cor-
nandon, où une troupe considérable de gentilshommes, amis du prisonnier,
' Suite des Mémoires pour servir à la Vie de messire Nicolas Pavillon, ivèque d'Alet,
i(<:.
i65.}
358 ÉTUDES HISTORIQUES t>V\\ LE LANGUEDOC.
essaya de l'enlever. Cette entreprise coûta la vie à l'un des muletiers de
i'évêque, au moment où il essayait d'introduire des vivres dans le château, &
le viguier d'Alet, très-dévoué à l'évêché, eut son cheval tué sous lui '.
Après des traverses infinies, les deux receveurs furent condamnés par la
cour des aides de Montpellier, l'un à la mort, l'autre au bannissement, 8<
tous les deux à restituer deux cent soixante-quatorze mille livres au diocèse
d'Alet ou à la Province.
Les États ne cessaient point d'ailleurs d'être un foyer d'intrigues où les per-
sonnages les plus respectables se trouvaient circonvenus sans ménagements.
Ce fut une des causes qui éloignèrent Nicolas Pavillon de ces assemblées. Ce
pieux évêque, sachant que ses diocésains se plaignaient de son inassiduité
aux États, par suite des charges qui retombaient sur eux, fit un effort pour y
assister. Mais des personnes très-puissantes l'ayant sollicité de donner son
suffrage pour la députation d'un haut dignitaire ecclésiastique, il s'y refusa
absolument. « Dès qu'il avoit été fait évêque, disait-il, il s'étoit proposé de
« n'engager jamais sa parole pour tout ce qui regarderoit l'intérêt général,
« mais de conserver sa liberté tout entière pour ne faire que ce qu'il croiroit
« plus avantageux au public. « Cette noble résolution devait lui attirer bien
des disgrâces^.
Le sieur de Cornillon de Gouvernet, envoyé de la comtesse d'Alais, vint
dénoncer un jour à l'assemblée des actes de corruption qui avaient été
commis durant le cours de la session, sur une affaire très-importante. Il dit
crûment que plusieurs suffrages avaient été achetés. Le syndic général Jou-
bert demanda que le registre demeurât chargé de la plainte. Si l'on exprima
dans le procès-verbal le désir qu'avaient les Etats d'infliger aux coupables une
punition exemplaire, afin que l'impunité de quelques-uns ne fît pas retomber
l'infamie sur le corps entier de la Province. On écrivit même à la comtesse
d'Alais pour la remercier d'avoir donné sa procuration à un gentilhomme
« aussi généreux; » on décida par provision que tous membres des États con-
vaincus du crime d'avoir pris de l'argent pour donner leurs suffrages, étaient,
de ce fait, déclarés indignes d'entrer jamais aux assemblées provinciales,
diocésaines ou municipales, & qu'on avertirait leurs commettants de n'avoir
plus à se faire représenter par des hommes déshonorés, incapables d'occuper
à l'avenir un emploi public.
L'archevêque de Toulouse, président, nomma aussi, sur l'invitation de
l'assemblée, des commissaires chargés de procéder aux poursuites & afin de
garantir le révélateur des vexations & des violences que pouvait lui attirer
sa franchise, on décida que la Province prendrait fait 8c cause pour lui.
Le choix du pieux 8c rigide évêque d'Alet, placé, avec son collègue de
■ Ce viguier était un galant homme de Sain- ché, & mangeait à la table du prélat, portant tou-
toiige, venu auprès de l'évéque d'Alet dans une jours l'épée'.
pensée de retraite. Pavillon, le voyant capable de ' Suite des Mémoires pour servir k h Fie de mes-
remplir la charge de viguier épiscopal qui était sire Nicolas Pavillon, évêque d'Alet.
vacante, le retint auprès de lui. Il habitait Tévè- . ReLUio» d un myaife dAleth, p. loS.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARiN. 35g
Béziers, à la tête de cette commission, permettait d'espcrer qu'elle remplirait
son devoir en conscience, & que l'assemblée couperait court, par une répres-
sion énergique, aux pratiques honteuses qui attaquaient la considération des
États. Mais on avait compté sans la Cour.
Le prince de Conti apprit à Pierre de Marca le désir qu'il avait de se
réserver la connaissance de l'affaire, « prévoyant les suites fâcheuses qui pour-
« roient arriver de la dénonciation, » 8c le pria de pressentir l'assemblée sur
ce point. Cela se fit à la séance suivante, où du Mény, capitaine des gardes du
prince, vint au nom de son maître en faire la proposition formelle. Les Etats
n'eurent garde de refuser l'intervention que sollicitait le premier commissaire
du roi, & la session s'acheva sans que l'on entendît plus parler de rien '.
Les démarches faites pour recommander le respect des usages municipaux
n'eurent pas plus de succès. Les coutumes locales étaient chaque jour violées,
grâce à l'industrie de gens qui arrachaient par importunité des lettres de
cachet pour être mis en possession des charges consulaires. Les États s'étaient
déjà inutilement expliqués sur ce point en 1648 & 1649. A la suite d'une
motion du syndic général Lamamye, ils revinrent à la charge au mois de
novembre i655, 81 prirent une résolution qui eût été fort grave, si l'on avait
jamais pu l'appliquer sérieusement. Afin que les particuliers perdissent la
fâcheuse habitude d'intriguer auprès des puissances pour se faire installer de
force dans les charges municipales, on déclarait qu'à l'avenir les capitouls
ou consuls nommés par lettres de cachet qui se présenteraient aux États pour
y prendre leur siège en seraient impitoyablement exclus. Comme la députa-
tion aux États était une des principales causes qui faisaient délivrer des lettres
de cachet, 8c que ces actes sommaires de la volonté royale suffisaient même
à éloigner de l'assemblée les prélats ou les gentilshommes dont les dispositions
paraissaient suspectes, on ne peut guère voir dans la délibération des États
qu'une affirmation de droit 8c une protestation théorique, sans illusion sur
les conséquences réalisables.
Les fraudes qui gênaient la perception de l'impôt du sel ayant déterminé
le conseil d'État à prescrire, par deux arrêts consécutifs, une visite générale
dans la ville de Carcassonne, Louis Massant, fermier général des gabelles,
s'y rendit pour diriger cette opération. Les deux arrêts furent signifiés aux
consuls, qui réunirent le conseil général pour en délibérer. La nouvelle se
répandit aussitôt, 8c une foule tumultueuse courut à l'hôtel de ville, inter-
rompit la séance par ses clameurs 8c contraignit le conseil de se séparer, sans
que le juge-mage, président de l'assemblée, 8c les consuls qui siégeaient
auprès de lui pussent arrêter le désordre.
Devant ces démonstrations, le fermier général battit en retraite S<. se contenta
d'envoyer à la cour un procès-verbal de rébellion. Peu de temps après, un
nouveau délégué, nommé Amaury, capitaine aux gardes du gouverneur, fut
expédié pour l'exécution des mêmes ordres; il annonça à l'hôtel de ville l'ar-
' Procis-vcrbnl des États. Séance du i8 février i655.
16Ô.J
lOjî)
i65j
36o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
rivée d'un conseiller à la cour des aides de Montpellier, Reignac, envoyé en
qualité de commissaire, en vue de terminer le conflit.
Le juge-mage estima prudent de partir au point du jour & d'aller pré-
sider une élection consulaire au lieu d'Azille. Le premier &t le deuxième
consul de Carcassonne se trouvant déjà absents, tout le poids de la responsa-
bilité retomba sur les deux derniers, qui s'appelaient Pierre Turle & Etienne
Hortal, l'un marchand, l'autre procureur.
Le commissaire royal avait à peine pénétré en ville qu'une troupe de
factieux prit les armes. On contraignit un capitaine de quartier, nommé
Dumons, à donner son tambour pour battre le rappel. Des bandes se formè-
rent alors sur plusieurs points & se partagèrent les divers rôles d'insurrection.
Les uns s'emparèrent des clochers pour y sonner le tocsin, d'autres allèrent
chercher deux canons à l'hôtel de ville & les mirent en batterie contre la
maison ou était descendu le commissaire, tandis que certains furieux cou-
raient par les rues, criant à tue-tête : « Vive le roi, sans visite 8t sans gabelle! »
8c que d'autres affichaient des placards où l'on avait écrit les mêmes paroles.
Le consul Turle, qui n'était ni énergique ni éloquent, vint se montrer aux
séditieux, & leur laissa comprendre, par l'épouvante qui paraissait dans
son maintien, toute la gravité de leur entreprise. Il obtint qu'on ne tirerait
pas le canon. Se gagna du temps. La nuit dispersa les insurgés. Au point du
jour, le commissaire royal, voyant les abords de sa maison dégagés, s'échappa
de la ville basse & alla s'enfermer dans la cité, où, protégé par la double
enceinte, il put verbaliser à son aise.
En même temps, le juge- mage revenait d'Azille 8c prescrivait quelques
poursuites. On arrêta un certain Cailhau, qui fut interrogé par le conseiller
8< qui fit prendre trois de ses complices, Bertrand Febvrier, Paul Olive 8c
Claude Moret. Le conseiller Pveignac les dirigea sur les prisons de Mont-
pellier, 8c, après une instruction sommaire, quitta Carcassonne, avertissant
les consuls qu'il se proposait d'attaquer le corps de ville en justice.
On choisit pour défendre la cause commune un avocat du nom d'Aussenac,
qui refusa de se présenter. Le commissaire royal dut le remplacer par un
syndic d'office.
Les procédures traînèrent longtemps 8c ne furent terminées, par un arrêt
de la cour des aides, que le i6 avril 1657.
Cet arrêt, d'une sévérité peu commune, rendait toute la ville basse respon-
sable de l'insurrection 8c la punissait par la suppression de tous ses privilèges;
il en détruisait la constitution municipale, les livrées consulaires, les foires 8c
marchés, ordonnait la démolition de l'hôtel de ville, condamnait au feu la
porte du pont, transférait la chambre à sel dans la ville haute, où devaient
être aussi amenés les canons enlevés par les rebelles; prescrivait de mettre en
pièces 8c de jeter à la fonte les cloches qui avaient servi à sonner le tocsin,
les habitants demeurant chargés d'en fournir d'autres aux églises, 8c de payer
en outre vingt mille livres d'amende au Trésor, dix mille au fermier des
gabelles 8c dix mille à la cour des aides pour la réparation du nouveau
LIV. 1. MIKi^rÈRE DE MAZAKIN. 36 1
palais, sans oublier les dépens. Le droit de visite des officiers de gabelles
était de plus confirmé. Enfin, le consul Hortal, un marchand de fer nommé
Gau, & deux autres habitants, Pruniet 8t Guériguet, devaient être rompus
vivants 8(. attachés à la roue, tandis que le troisième consul Turle, les sieurs
Barrière, Blanc Se autres, au nombre de vingt-cinq, étaient condamnés à la
potence.
Un article spécial appelait à comparaître devant la cour maître François
de Roux, président Si juge-mage au siège présidial de Carcassonne, pour y
répondre de sa conduite.
Ce personnage qui, d'après un historien local, « possédoit infiniment d'es-
« prit, » en eut assez pour se tirer d'affaire, & toute la ville avec lui, de sorte
que pas une des terribles sentences de l'arrêt ne fut mise à exécution. Sans
attendre l'heure de son ajournement, le juge-mage s'était rendu à Béziers, où
les États siégeaient depuis le 17 novembre. Après quelques conférences avec
le commissaire royal S<. les intéressés aux gabelles, tout tut arrangé. Une
somme de trente-cinq mille livres payée au fermier général lui ferma la
bouche. Il se chargea même d'obtenir une rémission générale, tant pour ia
ville que pour les particuliers.
Rassuré par ces conventions secrètes, maître Roux put affronter impuné-
ment le tribunal de la cour des aides, 6t revint absous. En même temps, on
donna contre-ordre à cinq mille hommes de troupes régulières qui marchaient
sur la ville pour faire exécuter les diverses condamnations'.
Cette émotion populaire a été l'une des dernières effervescences produites
en Languedoc par l'esprit de rébellion que les troubles de la régence avaient
développées.
Le 9 novembre i656 mourut au château de Graulhet, en Albigeois, un gen-
tilhomme dont le nom a souvent figuré dans notre histoire, le dernier héritier
d'une des plus illustres maisons de la monarchie, François-Jacques d'Amboise,
comte d'Aubijoux, gouverneur particulier, au nom du duc d'Orléans, de la
ville St citadelle de Montpellier, Se chambellan de Son Altesse Royale*.
Ce personnage, qui ne s'était point marié Se en qui finissait le nom d'Am-
boise, outre son héroïque lignée paternelle, avait dans les veines le sang d'un
' Bouges, Histoire tcelésiastiifue & civile Je la Castelnet, de Sainte-Croix & autres lieux, lieute-
yillc G- diocèse de Carcassonne, p. 444. Le P. Bouges nant général pour le roi en ses armées & pays de
déclare s'être senri des mémoires de défunt Jac- Languedoc, gourcrneur particulier de la Yille 8c
ques Murât, notaire & témoin oculaire, qui lui citadelle de Montpellier pour Son Altesse Royale,
.iTaient été communiqués par le sieur Bernard fils de François d'Amboise, capitaine de cent hom-
Murat, son petit-fils, arec les pièces justifica- mes d'armes des ordonnances du roi & colonel
tives. des légionnaires de Languedoc, & d'Elisabeth de
' Voici l'ensemble des titres sous lesquels figure Lévis d'Audon.
le comte d'Aubijoux dans le recueil héraldique de " Armes : paie d'or & de gueules de six pièces :
Béjard : supports, deux sauYages de carnation, ceints d'un
s François-Jacques d'Amboise, comte d'Aubijoux, feuillage de sinople, tenant chacun une massue;
baron des baronnies de Caslelnau de Bonnefous, cimier, un sauvage de même". »
de Graulhet, de Bélesta, de Sauveterre, seigneur de
la Bastide d'Audon & de la Bastide de LcTis, de ' Armoriai det Élat$ de Languedoc, par Bé'inri. 1654.
i656
16515
362 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des plus aventureux capitaines huguenots du seizième siècle, le sire de Lévïs
d'Audon, qui fut, pendant des années, la terreur du pays de Foix. De sa
mère, Isabelle de Lévis, Jacques d'Amboise tenait les terres du redoutable chef
de bandes protestantes, à l'extrémité du diocèse de Mirepoix, les forêts de
sapins de Bélesta & La Bastide-d'Audon.
Des trois branches qu'avait formées la maison d'Amboise, celle d'Aubijoux
était la dernière, la laranche de Chaumont ayant fini dans le désastre de
Pavie, & celle de Bussy dans la victoire de Marignan. Du reste, cette vaillante
race avait de tout temps semé ses fils avec une prodigalité insouciante sur tous
les champs de bataille.
Les d'Amboise d'Aubijoux, qui avaient pris le surnom d'une terre située en
Auvergne, au diocèse de Clermont, érigée plus tard en marquisat', s'étaient
détachés de la maison d'Amboise au quinzième siècle par un fils de Pierre
d'Amboise, chambellan des rois Charles VII & Louis XI Si ambassadeur à
Rome, marié à la fille d'un grand maître des arbalétriers de France.
Ce fils, qui s'appelait Hugues, était frère du cardinal Georges, premier
ministre du roi Louis XII, Se d'un grand maître des chevaliers de Rhodes. Il
était capitaine de cent gentilshommes de la maison du roi, s'illustra à For-
noue Se se fit tuer à Marignan. C'est lui qui apporta le nom d'Amboise en
Languedoc, ayant été fait lieutenant général au gouvernement de la Pro-
vince, capitaine d'Aiguës- mortes & sénéchal de Beaucaire. A partir de ce
moment, les liens qui rattachèrent le Languedoc à cette illustre maison fran-
çaise se resserrèrent de plus en plus. Elle s'allia tour à tour aux Voisins d'Am-
bres &aux Lévis de Ventadour, donna une prieure Se une religieuse à l'abbaye
de Prouille, une autre à un couvent d'Albi , deux colonels aux légionnaires
de Languedoc Se un gouverneur aux diocèses d'Albi, de Castres Se de Lavaur,
qui fut en même temps sénéchal d'Albi Se chevalier des ordres du roi.
Jacques d'Amboise, baron d'Aubijoux, qui mourut en i536 au siège de
Marseille, posséda la baronnie languedocienne de Castelnau-de-Bonnefous,
vieille forteresse féodale dont la tour démantelée commande encore l'horizon-
d'Albi; c'est à ce titre qu'il prit place aux Etats de la Province.
Son petits-fils Jacques mourut à Coutras.
D'une famille de six entants, le dernier des Aubijoux se trouvait seul de
son nom : il avait perdu une sœur Se deux frères dans une extrême jeunesse.
Son troisième frère Louis, qu'on appelait le comte d'Aubijoux, mourut d'une
blessure à la jambe gagnée au siège de Leucate^.
Héritier de tant de grandeurs Se de traditions glorieuses, il eut le malheur
de passer sa vie au service d'un prince dont toute la carrière ne fut qu'une
suite d'agitations stériles. Réfugié en Angleterre à la suite du complot de
Cinq-Mars, auquel il s'était activement associé, il avait dû encore, dans les
dernières années de sa vie, quitter le royaume, s'étant battu en duel avec le
' Au mois d'août i565, en faveur de Louis d'Ain- ' Dictionnaire historique Je Morèri, y" Araboise.
boise.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 363
comte de Biissac, au milieu de la place Royale, au moment même oîi le roi
venait de rendre un nouvel édit contre les combats singuliers. La Cour tout
entière, qui s'était employée pour obtenir sa grâce, n'avait pu fléchir les
rigueurs du souverain '.
Le comte d'Aubijoux laissa son héritage à ses deux sœurs.
L'aînée, qui s'appelait Louise, était mariée,- depuis 1637, à Jacques de
Crussol, marquis de Saint-Sulpice. Elle se fit ensevelira Toulouse, dans la
chapelle de Sainte-Catherine de Sienne, près de sa mère, qui était du tiers-
ordre de Saint-Dominique 8c que les jacobins révéraient comme bienfaitrice
de leur maison de Bruguières^.
La seconde, nommée Elisabeth, mariée, en 1645, à Louis de Bermond du
Caylar, marquis de Thoiras, seigneur de Saint-Bonnet, neveu du maréchal
de France, eut en partage les terres d'Aubijoux, de Bélesta & de Sauveterre.
Ce fut par sa petite-fille que ces domaines entrèrent dans la maison de La
Rochefoucauld 3.
La Province atteignait en ce moment une de ces phases où la mort semble
seconder les révolutions politiques, en éliminant de la scène, à de courts
intervalles, les personnages qu'on s'était habitué à y voir jouer le plus grand
rôle. Après le premier président Bertier de Montrabe, après le comte d'Au-
bijoux, le vieil archevêque de Narbonne, fatigué & malade, fut contraint
d'abandonner au nouveau métropolitain de Toulouse la présidence tempo-
raire des États de Languedoc. Dans les dernières sessions où il avait figuré,
Claude de Rebé s'était signalé encore par une assez grande vigueur de lan-
gage en combattant les prétentions exagérées des commissaires du roi 8t en
flétrissant les violences des gens de guerre, objet à pevi près constant de ses
récriminations. Les orateurs du gouvernement lui rendaient quelquefois la
tâche facile par l'étrangeté des arguments dont ils appuyaient leurs demandes.
L'un des plus curieux exemples de leurs paradoxes est sans contredit ce pas-
sage d'un discours de M. de Vertamon, où ce délégué du conseil d'Etat cherche
à consoler la Province de la mortalité qui la désolait & de l'extrême cherté
des vivres en indiquant que les funérailles nombreuses sont au moins profi-
tables à beaucoup d'héritiers & que le haut prix des denrées enrichit ceux qui
les vendent '*.
Pierre de Marca était, par la maladie de l'archevêque de Narbonne qui
lui donnait la direction des États, sinon arrivé au but de ses rêves, du moins
rapproché du terme que son ambition s'était proposé. Depuis bien longtemps
il poursuivait l'espérance d'obtenir quelque bénéfice considérable, dans une
' Mémoires de messire Roger de Ralutin, comte née le 20 décembre 1691, épousa Alexandre, duc
de Bussy, I, p. 481. de La Rochefoucauld & de La Roche-Cuyon, pair
' Elle légua trois mille livres tournois à la de France, prince de Marsillac, chevalier des or-
chapelle Notre-Dame de Bruguières. — Pcrci;i, dres du Roi, brigadier de cavalerie, grand-maître
Monumcnta conventus Tolosan'i, p. lârt. de la garde-robe, mort à Paris le 4 mars ijôz.
' Elisabsth-Marie-Louise-Nicole de Bermond du — Expilly, v" Aubijoux.
Caylar de Thoiras d'Amboise, comtesse d'Aubijoux, ■* Pièces justificatives, W CXCVIII, col. 486.
i6j6
i656
364 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
province d'États ou dans un siège de Parlement, afin d'avoir l'occasion de
s'y employer utilement pour le public. « Je ne serois point, écrivait-il un
tt jour à Le Tellier, en lui demandant l'évêché de Beauvais ou celui de Char-
« très, une pièce inutile dans le Parlement de Paris, au lieu que si l'on
« donne cet évêché à un simple théologien, le droit d'opiner aux chambres,
« attaché à cette dignité, devient inutile', » La présidence des États appar-
' La correspondance de M.nrca, conservée à la
Bibliothèque nationale, dans les papiers de Ba-
luze, contient sur cette question de la recherche
des bénéfices, une foule de renseignements cu-
rieux.
Du milieu des Catalans, les yeux constamment
tournés vers la France, Marca surveillait toutes les
vacances faites par la mort ou les mutations.
Tantôt il rappelle à Le Tellier qu'avant de l'en-
voyer en Catalogne on lui a promis de le déchar-
ger d'une pension de trois mille livres assignée
sur l'évêché de Couserans au profit de l'archevêque
de Reims, & il signale une bonne occasion pour
son indemnité, en la vacance de l'abbaye bénédic-
tine de Saint-Vincent de Luc, au diocèse d'Olo-
ron, du revenu de quatre mille livres, dont le titu-
laire vient de mourir'. Après avoir dit que cette
abbaye appartenait à l'évêque d'Oloron, le visiteur
général ajoute : n Sa Majesté pourroit nommer à
l'évêché M. l'abbé de Gassion & réserver pour moy
cette abbaye, en attendant ce qu'il plaira à Son
Eminence de me donner pour raison des services
de Catalogne. Le feu seigneur évesque étoit aussi
pourvu d'une autre petite abbaye de Notre-Dame de
Sauvelade, au diocèse de Lescar, du revenu de six
ou sept cents livres. C'est la plus petite abbaye de
France, de laquelle j'ose vous supplier de vouloir
demander le don pour le seigneur de Faget, mon
cousin germain, qui m'assiste en ce pays en beau-
coup d'occasions. Il seroit pour lors effectivement
l'abbé du Faget, au lieu qu'il n'en a maintenant
que le nom, 8c auroit l'entrée dans les Etats de
Béarn, où il pourroit servir Sa Majesté. «
Tantôt il songe à l'évêché du Mans, dont la
proximité de Paris augmente la valeur, & qu'il
échangerait sans conditions contre son évêché de
Couserans, ou bien à l'archevêché d'Aix. Mais
comme ce bénéfice ne vaut que vingt-quatre mille
livres quittes, revenu insuffisant pour entretenir
« la dignité, » l'évêché de Couserans ne saurait
être abandonné sans en retirer quelque récom-
pense'.
D'autres diocèses le préoccupent longtemps avec
aussi peu de succès. Il en écrit encore au ministre,
du fond d'une chétive hôtellerie d'Ostalric, appelée
las Maillorijuinas, tout en faisant une excursion de
• Lettre à Le Tellier, du 27 juin 1646.
» Lettre à Le Tellier, du 3o septembre 1648.
reconnaissance sur la côte de Catalogne, par une
route inconnue aux carrosses'.
A chaque instant, son ambition est éveillée par
quelque nouveau mirage. On annonce que le roi
va gratifier l'évêque d'Aire de l'évêché d'Evreux :
or le siège d'Aire, situé à une journée de marche
de la maison de Marca, est de quinze mille livres,
tandis que celui de Couserans n'en vaut que dix.
Quinze mille livres ne suffiraient pas à l'évêque
pour vivre selon sa condition, qui en demande
bien vingt-cinq, libres de toutes charges; mais Sa
Majesté pourrait compléter ce qui manque en lui
faisant don de quelque abbaye considérable, à
moins qu'Elle ne préfère lui réserver le premier
archevêché ou évêché de bon revenu qui viendra à
vaquer en Languedoc, en Guienne ou proche de
Paris. Son âge de cinquante-cinq ans & ses tra-
vaux dans l'étude 8c le service ne lui permettent
pas d'attendre plusieurs vacations.
Plus tard, on annonce que le vieil évêque de
Montpellier, Pierre de Fenouillet, qui avait en-
core pour trois ans de vie, est malade à toute
extrémité. Aussitôt, lettre à Mazarin, lettre à Le
Tellier'. La maladie se prolonge. Un an après,
on en parle encore. Colbert, qui vient de Nar-
bonne, raconte qu'elle est vraiment gravej mais
l'affaire s'est compliquée. L'abbé de Beauregard
témoigne des prétentions qui ont chance d'être sé-
rieuses. Marca s'empresse de solliciter un bref de
réserve pour le même siège. De cette façon, il
pourrait céder son droit à l'abbé 8c recevoir en
échange l'abbaye de Saint-Sernin de Toulouse,
qui est de huit mille livres, 8c qui serait fort à sa
bienséance, étant voisine du diocèse de Couserans*.
Quelque temps après, Beauvais Se Chartres sont
vacants : le duc de Mercœur, vice-roi de Catalo-
gne, en a porté la nouvelle. Marca reprend la
plume. Il las, dit-il, d'attendre 8c plus encore d'im-
portuner. »I1 voudrait, ou l'un de ces deux sièges,
ou quelques-unes des abbayes que possédaient les
titulaires^.
On lui donne à connaître que, d'après la pré-
tention des Parisiens, ces bénéfices leur appartien-
nent par bienséance. Marca fait valoir les raison*
' Lettre à Le Tellier, du 4 novembre 1648.
' Lettres à Mazaiiii & à Le Tellier, du 19 octobre 1649,
3 Lettre à Le Tcllior, du 22 novembre i6Jo.
< Lettre à Le Tellier, du 9 mars i65o.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. Sô^
i6J6
tenant à l'archevêque de Narbonne, c'est seulement comme intérimaire que
Marca, promu en 1602 au siège métropolitain de Toulouse, se trouvait investi
de ces hautes fonctions; mais il en usa comme on avait le droit de l'attendre
d'un homme politique imbu des maximes de Richelieu & plaçant la raison
d'État au-dessus de toute considération.
Dans les harangues qu'il prononça au nom de l'assemblée provinciale,
pour répondre aux commissaires du roi, on reconnaît les marques d'un esprit
cultivé, nourri de fortes études historiques 81 cherchant habilement dans la
science du passé des arguments pour la conduite à suivre dans le présent'.
Si Claude Bazin de Bezons attache son nom au développement de l'inten-
dance provinciale, on peut dire que le souvenir de Marca se lie aussi étroite-
ment à la diminution du rôle politique des Etats. Mais la transition ne se lit
pas sans d'assez vifs tiraillements
La reproduction de certains faits particuliers que nous avons eu déjà l'occa-
sion de caractériser 8c dont les détails seuls varient, nous permet de passer
rapidement sur diverses agitations locales dont les villes de Saint-Pons, de
Nimes, de Montpellier, d'Uzès, furent le théâtre. Les prétentions rivales des
grandes compagnies judiciaires, du Parlement, de la cour des comptes, des
trésoriers de France, les exigences des acquéreurs du domaine ou des traitants
d'impositions & les actes d'indiscipline des troupes en étaient la cause inva-
riable.
Le prince de Conti exposa en termes brefs 8c résolus la nouvelle manière
de comprendre le rôle des Etats, dont on ne voulait pas que les formes même
trahissent un reste d'indépendance^.
Une nouvelle députation de l'assemblée provinciale au Parlement de Tou- JTsT"
louse^, pour recommander à ses soins la misère des peuples &c les désordres
des gens de guerre, l'envoi de magistrats de la cour aux Etats"* pour leur
donner des assurances de dévouement, 8c l'intervention de divers conseillers
commissaires dans les lieux de garnison qui souffraient le plus de la mauvaise
conduite des troupes, indisposèrent le cardinal Mazarin qui s'en expliqua,
ilans un langage fort sévère avec le baron de Lanta^.
Dans une audience que ce député obtint au Louvre, avec l'assistance de
qui recommandent sa candidature, mais il ne Brienne, en priant l'un ou l'autre de céder quel-
s'obstine point; peu lui importe le lieu, pourvu que abbaye à M. de Choiseul, à titre d'indemnité,
qu'on le « console de quelque récompense'. » Il a dans le cas oii les revenus du siège de Beauvais
conçu un plan qui permettra de tout concilier. n'égaleraient pas ceux de Saint-Bertrand '.
Que l'on donne l'évêché de Beauvais à M. de ' Voir aux Pièces justificatives les discours pro-
Choiseul, évêque de Comminges , 8c la dépouille nonces par l'archevêque de Toulouse aux Etats de
de Comminges à Marca. Il s'y trouvera rappro- i655, n. CCXXXIX, col. 582, n. CCXLIV, col. 694,
ché de son pays & en possession d'un assez beau n. CCXLVII, col. 601.
revenu pour n'être pas contraint à diminuer après ' Pièces justificatives, n. CCXLV, col. SçS.
sa retraite la maison qu'il avait en Catalogne, en ' On en trouvera le détail aux Pièces justifica-
qualité de ministre du roi. On pourrait donner tives, n. CCXL, col. 586.
l'évêché de Couserans soif à l'abbé de Carbon, soit ■* Pièces justificatives, n. CCLXIII, col. 636.
à l'abbé de Pompone, cousin de la comtesse de ' Pièces justificatives, n. CCLXV, col. 640. »
' Lettres à Le Tellier, du 3o août & du 11 octobre i65o. ■ Lettre au cardinal Mazarin, du 26 juillet i65o.
tCày
i658
366 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
M. Goulas, attentif à servir encore les intérêts de son maître, le cardinal qui
avait auprès de lui, outre Le Tellier, les maréchaux de Villeroy & d'Etampes,
discuta les droits des Etats, affirma la nécessité de maintenir le quartier d'hivei
dans la Province, condamna d'une manière absolue les unions de compagnies
supérieures, les ambassades extraordinaires, 8c l'immixtion des officiers de
justice dans les affaires qui regardaient seulement les lieutenants généraux &
les chefs d'armée. Cette mercuriale se renouvela dans d'autres entrevues, 81
tout ce que les États purent obtenir fut une réduction sur l'effectif des forces
cantonnées en Languedoc & l'adoption de certaines mesures administratives
pour régulariser la surveillance des logements militaires.
Pour vaincre les dernières résistances des États, un des lieutenants géné-
raux commandant en Languedoc, le comte de la Serre, entra lui-même dans
l'assemblée & lui signifia que si la Province ne faisait pas de sacrifices nota-
bles, étant dans l'impuissance de solder les hommes placés sous ses ordres, il
ne répondrait plus des excès auxquels ils pourraient se livrer'.
Au cours de ses entretiens avec le baron de Lanta, Mazarin menaça la
Province d'une visite armée du roi, qui, accompagné de régiments, viendrait
établir en Languedoc l'ordre obtenu dans les autres parties de la France.
Le prince de Conti, étant venu prendre possession de son gouvernement
de Guienne, voulut faire une entrée solennelle à Toulouse. On lui rendit les
mêmes honneurs que la ville avait décernés en 161 1 au prince de Condé.
Deux capitouls l'allèrent saluer à Agen. Il arriva à Toulouse le mardi 6 août.
Les capitouls avaient renouvelé tous les uniformes de leur escorte; les trom-
pettes portaient des casaques de velours, les officiers du guet 81 les hautbois,
de brillantes écharpes armoriées, & l'écusson de la ville, en broderie d'or,
resplendissait sur le damas rouge des étendards.
Le prince arriva de Saint-Jory vers trois heures de l'après-midi; dès qu'il
parut à la maison de Mazade, petite construction en brique rouge, que l'on
reconnaît encore au blason de pierre sculpté au-dessus de la porte, & qui
était, depuis le seizième siècle, le lieu de halte des illustres visiteurs, dix-huit
pièces de canon firent une salve. Un bataillon de huit compagnies, fort de
cinq à six mille hommes, était sous les armes, commandé par le capitoul
JuUiard. Le prince passa cette troupe en revue, puis il fut conduit dans
l'église des Minimes où le président Pottier de la Terrasse lui présenta les
hommages du Parlement.
On avait élevé une tribune aux harangues le long de la muraille qui fer-
mait l'enclos des religieux. C'est là que le prince reçut les félicitations de
l'université 8c du présidial. Les trésoriers de France qui avaient voulu pro-
noncer leur discours dans l'église, à la suite du Parlement, se voyant privés
de cet honneur, refusèrent de prendre la parole 8c se retirèrent. Les capitouls
considérèrent comme un grand triomphe, dont on fit mention dans leurs
annales, cette particularité flatteuse que les intendants de Guienne n'avaient
' Pièces justifcativesj n. CCLXXII, col. 660.
i658
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 367
pu, malgré mille instances, les écarter de la personne du prince pendant
toute la cérémonie.
Aux portes de la ville, décorées d'arcs de triomphe, le gouverneur rencontra
les capitouls, à cheval, vêtus de leurs robes. M. de Caumels qui prononça le
discours, mit en lumière, entre autres mérites, les sentiments religieux du
prince de Conti, prétendant qu'il ajoutait aux qualités héréditaires de la
maison de Condé les vertus chrétiennes de saint Louis.
Après cette nouvelle harangue, les capitouls mirent pied à terre, s'habillè-
rent de leurs manteaux 8c présentèrent le dais de drap d'or, aux armes de
Conti Si de Toulouse.
Le cortège, égayé par la musique des hautbois & prolongé par une suite
d'anciens capitouls à cheval, ne s'arrêta qu'à l'église Saint-Etienne où se fît
la réception du chapitre.
Le prince descendit dans la maison du président de Ciron, Se y demeura
huit jours. Le chroniqueur ajoute que ce temps ne fut point perdu, Son
Altesse ayant terminé plusieurs démêlés, accommodé de grandes querelles St
fait un nombre infini d'actions de piété. Les membres du corps de ville pro-
fitèrent de sa présence pour faire confirmer le privilège qui les exemptait du
logement des gens de guerre.
Cependant la guerre d'Espagne touchait enfin à son terme, 81 la Cour de ~
France était appelée dans le Midi par l'heureux succès des conférences com-
mencées au mois d'août i6j6 entre le cardinal Mazarin 81 don Louis de Haro,
plénipotentiaire du roi catholique. La conclusion du traité se trouvant retardée
par diverses difficultés diplomatiques, il fut décidé que Louis XIV St sa mère
ne rentreraient point à Paris St qu'ils parcourraient la Guienne, le Lan-
guedoc & la Provence afin d'en terminer la pacification.
A l'occasion de ce voyage, la session des Etats fut avancée 8c se tint dans la
capitale de la Province, au grand réfectoire des Augustins.
L'assemblée s'ouvrit le i" octobre; le comte de Bioule y remplissait l'office
de premier commissaire du roi.
Le nouvel archevêque de Narbonne, François Fouquet, écrivit au secrétaire
d'Etat La Vrillière pour s'enquérir des honneurs à rendre au roi. Le ministre
lui répondit que Louis XIV ne voulait pas d'autres devoirs des États que ceux
que l'assemblée lui rendrait à Toulouse après son arrivée, qu'il refusait toute
députation des villes hors de chez elles 8c défendait à ses maréchaux des logis
8c fourriers de déloger les députés. En communiquant cette réponse aux
trois ordres, l'archevêque protesta qu'il ne négligerait rien pour empêcher
les députés d'être incommodés en leurs logements'.
La Cour partit de Bordeaux le 6 octobre Se voyagea par la Garonne jusques
à Cadillac, où l'on passa la nuit. Cette navigation se fit dans une galiotte
peinte d'azur 8c semée de fleurs de lis d'or. On dîna sur l'eau 8c l'on coucha
dans le magnifique château du duc d'Épernon. On prit ensuite la route de
' Procès-verbal des Et.'its. Séance du lo octobre \65<).
309
368 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
terre par Bazas, Castel jaloux, Nérac, où l'on passa la nuit au château
d'Henri IV, non sans admirer « la rusticité des jardins & mille restes de vieux
tt ajustemens. » Le ii octobre on fit halte à Lectoure, que l'on quitta le
lendemain; la galante compagnie goûta une collation au milieu des prés,
dormit à Mauvezin le 12 & à l'IIe-Jourdain le i3, & entra le 14 octobre à
Toulouse.
A la nouvelle d'une prochaine visite du souverain, le conseil de ville,
jaloux d'imiter le Parlement, avait décidé d'envoyer une députation à la
Cour; une lettre de La Vrillière aux capitouls, datée du 6 octobre, suspendit
ces préparatifs 81 apprit aux habitants de Toulouse que Louis XIV ne voulait
point d'ambassade. Il n'acceptait pas davantage la réception militaire qu'on
lui préparait, défendait aux milices bourgeoises de prendre les armes pour
son entrée, & demandait seulement que les magistrats municipaux vinssent
lui présenter les clés à la porte de la ville, revêtus de leurs manteaux capitu-
laires &. assistés du corps de bourgeoisie.
Trente canons sortirent de l'arsenal 8c furent amenés hors des murs pour
saluer le royal cortège, &t l'on tapissa toutes les rues depuis la porte de Saint-
Cyprien jusqu'à l'archevêché, où étaient préparés les appartements de la
Cour.
Une foule énorme encombrait les abords du faubourg Saint-Cyprien lorsque
le cortège royal descendit le plateau de Lardenne.
Ce fut à une heure après midi que le carrosse du roi s'arrêta entre les deux
portes, près de la barrière de l'Isle-Jourdain; la route était bordée d'une foule
nombreuse, à travers laquelle les capitouls avaient de la peine à se frayer un
passage. Le jeune prince présenta à la portière son visage encadré d'abondantes
boucles de cheveux. Louis XIV avait auprès de lui la reine Anne d'Autriche,
la princesse palatine, Mademoiselle de Montpensier 8c d'autres dames. Les
magistrats municipaux se mirent à genoux, 81 le chef du consistoire, Anne
de Ferrières, prononça le discours de bienvenue.
Les premiers mots n'étaient qu'une protestation de fidélité 81 d'obéissance
inviolable; l'orateur priait ensuite le fils de Louis XIII de jurer, comme, son
père 81 comme les rois ses aïeux, « sur la croix figurée de Notre-Seigneur, »
qu'il conserverait la ville en ses « droits, exemptions 8c privilèges. » En même
temps, il offrait au prince les clés de Toulouse 8c lui présentait un missel
ouvert à l'image du crucifix. Louis XIV s'informa si le roi son père avait prêté
en cette forme le serment qu'on lui demandait. Se, sur la réponse affirmative,
il en répéta la formule, la main étendue. Puis il dit aux capitouls, d'une voix
douce 8c avec la majesté précoce qui le distinguait, qu'il avait pour agréables
leur devoir 8c leur fidélité bien connue, qu'il leur en savait bon gré 8c leur
ferait ressentir son aftection dans les rencontres.
Les trente canons ayant alors donné leur salve, le carrosse reprit sa marche,
escorté des gardes à pied Se à cheval , des mousquetaires, des gendarmes 8c des
chevau-légers, traversa le pont de pierre sur la Garonne, puis, tournant à
droite, se dirigea, par la Dalbade, la place du Salin, Nazareth 8c Saintes-
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 869
Scarbes, à la porte de l'église Saint-Etienne, où M. de Marca, revêtu de ses
ornements épiscopaux, attendait le souverain à la tête de son chapitre.
Le Te Deum fut chanté avec accompagnement de la musique métropo-
litaine} puis le roi se retira dans l'archevêché, où la reine-mère & le duc
d'Anjou trouvèrent aussi leurs appartements. Ils y eurent leur a Louvre, »
suivant l'expression du temps, pendant deux mois 81 quatorze jours.
Des baraquements avaient été construits dans la cour pour loger les com-
pagnies des gardes françaises, écossaises & suisses, attachées à la personne du
roi, tandis que divers détachements étaient répartis dans les villages des envi-
rons de Toulouse, afin de mettre la ville à l'abri de toute surprise.
Depuis l'arrivée du roi jusqu'à son départ, la place Saint-Etienne, dont la
fontaine venait d'être restaurée, ne cessa d'être piétinée par les mousquetaires,
les gardes, le nombreux personnel des cuisines du roi. La boue fut bientôt si
épaisse aux environs de l'archevêché Se aux avenues des portes que Louis XIV
dut en porter plainte aux capitouls, 8c leur faire dire que « son Louvre » était
inabordable. Il y avait aussi dans les rues un tel va-&i-vient de piétons
& de carrosses que Mademoiselle de Montpensier s'émerveillait d'y retrouver
le mouvement de Paris 81 de ne point voir de quartiers déserts comme dans la
plupart des villes de province '.
Le 16 octobre, Louis XIV envoya Saintot, maître des cérémonies, prévenir
l'archevêque de Narbonne qu'il donnerait audience aux Etats le même jour,
entre dix 8c onze heures du matin. Les députés partirent en corps, ordre par
ordre, les ordres séparés par un des syndics généraux, 8c les autres officiers de
la Province ouvrant la marche. Les prélats portaient le rochet 8c le camail.
A la première porte de l'archevêché, on trouva les archers de la garde du roi
sous les armes 8c un exempt des gardes qui mena les députés à la chapelle.
Après un demi-quart d'heure d'attente, le maître des cérémonies, un enseigne
des gardes du corps Se un exempt les vinrent quérir Se les menèrent au haut
du degré. Les gardes du roi formaient la haie dans la première salle, où
attendait le secrétaire d'Etat La Vrillière, qui introduisit l'assemblée dans la
salle d'audience.
Le roi avait autour de lui les princes 8c les grands seigneurs de la Cour.
Les députés du tiers s'agenouillèrent, 8c l'archevêque de Narbonne débita son
compliment.
Il félicita le prince d'apporter en Languedoc, à sa première entrée, l'heu-
reuse nouvelle de la paix, « le plus riche présent que le ciel lui pût faire. »
« Vous aviez, sire, dit-il, deux portes pour entrer dans l'Espagne 8c jeter
« la terreur Se l'effroi de vos armes parmi vos ennemis; l'une, du côté de
« Guienne, mais la conduite de ce peuple ne mérite qu'un silence éternel;
« l'autre, sur nos frontières. Nous ne nous sommes pas contentés d'empêcher
« qu'elle ne fût forcée, mais nous en avons fait l'ouverture glorieuse 8c le
« passage libre aux troupes victorieuses de Votre Majesté. C'est par cette porte
' Archives de Toulouse. Livre des Comeils, XXVIII. — Annales manuscrites, VIII, p. 456.
XIIl, 24
i&sp
— 3/0 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
<( que la réputation de vos armes a pénétré jusques dedans Madrid, & que la
« gloire & l'éclat de votre nom a rempli l'Escurial d'épovivante. »
L'archevêque rappela les fréquents passages de prisonniers espagnols qu'
avaient annoncé à la Province les victoires de Catalogne, & termina en
exprimant le désir de voir arriver, par cette route de triomphe, l'infante
merveilleuse qui faisait en ce moment les délices du cœur de Sa Majesté'.
Le procès-verbal ne mentionne pas la réponse de Louis XIV.
Les États furent reconduits avec le même cérémonial jusqu'à la chapelle,
où ils se séparèrent.
Le même jour, à trois heures, pareille visite fut faite k la reine mère.
L'archevêque Fouquet lui répéta sous une autre forme le souhait qu'il avait
exprimé au roi.
« Autrefois, à Rome, dit-il, pour arriver au temple de la Concorde & de la
« Paix, il falloit passer par celui de la Victoire. C'étoit le chemin ordinaire
(1 des césars. Faites, Madame, que cette infante merveilleuse monte sur le
« trône du roi par les degrés de sa gloire, que ses trophées soient les marches
ti de son élévation, je veux dire que cette Province, qui a été le théâtre
a le plus célèbre des victoires du roi, soit celui du triomphe de vos désirs. »
Cette invitation ne paraît pas avoir obtenu meilleur accueil auprès d'Anne
d'Autriche que de son fils. La réponse de la reine n'est pas mentionnée.
Le 2 1 octobre, une commission de vingt membres, dont l'évêque de Mon-
tauban, salua le duc d'Anjou, qui écouta les députés debout & nu-tête & les
assura de sa protection. Les mêmes civilités se renouvelèrent à l'égard des
principaux personnages de la Cour. Le nombre seul des commissaires variait.
Il en fut envoyé seize à Mademoiselle de Montpensier, douze à la princesse
de Conti, huit au duc d'Arpajon, quatre à La Vrillière.
Le comte de Bioule s'était offert pour présenter les capitouls au roi. Ils
déclinèrent cet honneur en disant qu'ils étaient en droit de se présenter
d'eux-mêmes 8c sans intermédiaire, suivant l'ordre ancien de la ville. Ne se
tenant pas pour battu, le lieutenant général envoya son capitaine des gardes
auprès du maître des cérémonies. M. de Saintot lui exprima le désir qu'avait
le roi de ne rien changer aux traditions.
L'audience des capitouls eut lieu le i8, entre neuf & dix heures du matin.
Anne de Ferrières porta la parole. Il témoigna le regret de n'avdir pu pré-
parer au roi de France une pompeuse & magnifique entrée, tout en le remer-
ciant de l'avoir interdite par compassion pour l'état déplorable des deniers
municipaux; il ajoiita quelques flatteries classiques, empruntées au st) le lapi-
daire des empereurs romains, qualifiant Louis XIV des noms de Victorieux,
Magnifique, toujours Auguste 8c arbitre de toutes les souverainetés de la terre;
vanta sa magnanimité 8c sa clémence, rappelant que la massue d'Hercule, ce
grand dompteur de monstres, était de bois d'olivier, pour nous apprendre que-
la force doit être unie à la douceur.
' Procès-verbnl des F»a<s de Languedoc. Séance du i<5 octobre 1659.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. Syi
Une allusion aux. bienfaits de la paix, désonnais certaine, 8c des souhaits
de bonheur à l'occasion du mariage avec l'infante, terminèrent cette harangue
après laquelle les capitouls offrirent les présents de la ville.
Le même jour, à trois heures, la cérémonie fut renouvelée auprès de la
reine-mère } M. de Ferrières lui rendit grâce des bienfaits que Toulouse avait
reçus d'elle pendant sa régence, & la félicita des soins qu'elle avait pris de
l'éducation du prince, la comparant à « la déesse Isis » qui épurait par le feu
le corps de son nourrisson 8c le dégageait de tout élément mortel '.
Anne d'Autriche se souleva légèrement de son siège 8c remercia l'orateur
par quelques mots accompagnés d'un sourire.
Le roi était en ce moment tout chagrin de la rupture que lui imposaient
les nécessités de la politique avec Marie Mancini. Malgré les instances de
Mazarin qui avait défendu à sa nièce de répondre aux lettres du roi, pour
faire cesser entre eux tout commerce, Louis XIV continuait d'écrire à la jeune
florentine 8c lui faisait passer de petits présents par l'intermédiaire de Colbert
deTerron. C'était l'objet d'une correspondance active entre le cardinal 8c son
intendant, Mazarin s'inquiétant surtout du bruit que faisait ce manège en
France 8c du peu de convenance qu'on y trouvait avec les négociations de
mariage alors pendantes^.
Peu de temps après, les capitouls visitèrent le duc d'Anjou, avec masses 8c
hautbois. M. d'Olivier lui promit la conquête de l'Orient. M. de Galien
harangua Mademoiselle de Montpensier.
Quelques jours plus tard arrivèrent le duc 8c la duchesse d'Arpajon. L'af-
fluence causée par la présence de la Cour devint bientôt si considérable que
les vivres 8c les fourrages enchérirent dans des proportions inusitées. Le grand
prévôt de l'hôtel en porta plainte 8c y remédia par ordonnance, en établissant
une taxe concertée avec les capitouls.
La Cour avait de grands embarras d'argent. Le jeune roi qui jouait beau-
coup, perdit, pendant ses loisirs de Toulouse, des sommes considérables qu'il
fallut emprunter pour contenter les gagnants. Tout le personnel de la suite,
le confesseur du roi, son premier médecin, les gardes du corps, les gardes de
la prévôté de l'hôtel, les pourvoyeurs, les chevau-légers, les gardes françaises
8c suisses se plaignaient journellement de n'être point payés 8c réclamaient
leurs gages. Le surintendant Fouquet poursuivait Mazarin de ses lettres pour
savoir quels créanciers on devait d'abord satisfaire, mais il plaçait au premier
rang les compagnies des gardes qui^ perdaient patience^.
Le 3ô octobre, comme le roi passait dans une rue, il s'enquit de la cause
' " Imitant en cela la déesse Isis, laquelle nour- ' Lettres, instructions & mémoires Je Colhert, I,
rissant le fils du roi Méléandre, prenoit soing de p. 5i6. Lettre de Mazarin à Colbert, du I2 octo-
briisler & de consommer tout ce qui estoit de mer- bre lôSp.
tel en son corps, de mesme. Madame, ayant prins * Lettre de Fouquet à Mazarin, datée de Tou-
la conduite de nostre jeune roy, vous en avez louse le i<j octobre iCSp, conservée aux archives
espuré tout ce qu'il eust peu retenir de la foiblesse des affaires étrangères, France, vol. iC)8, p. 107.
humaine'. » — Lettres, instructions & mémoires Je Cçlicrt, I,
' Annale! manuscrites de l'hôtel de ville, Vlll , p. ii~. p- 5:5.
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372 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'un grand concours de peuple qui s'acheminait vers la place du Salin.
C'étaient un parricide 8c un voleur de tabernacles, des environs de Beau-
mont-de-Lomagne, que l'on conduisait à la potence. Louis XIV fit arrêter le
chariot par un de ses gentilshommes, interrogea les capitouls qui chevau-
chaient avec le cortège pour présider à l'exécution Si accorda leur grâce aux
condamnés.
Le premier novembre, jour de la Toussaint, le roi, qui avait jeûné la
veille, communia dans la cathédrale. A huit heures du matin, il toucha les
malades dans le cloître de Saint-Etienne & passa tout le reste de la journée
en retraite ou aux offices de la paroisse.
Le second dimanche du mois, Louis XIV fit donner le pain bénit à Saint-
Étienne, au bruit des tambours 8t des trompettes qui firent le tour du chœur
8t allèrent se ranger devant l'autel de paroisse où la messe était célébrée.
L'abbé de Coislin, aumônier de la maison du roi, présenta l'otfrande, qui
consistait en un grand cierge de cire blanche tout enguirlandé d'écus sol.
La même cérémonie se renouvela le dimanche suivant; mais ce fut Anne
d'Autriche qui fit donner le pain bénit; « en quoi, dit le chroniqueur de
« l'hôtel de ville, tous les habitants admirèrent la piété de la mère & du fils
« 61 l'attachement qu'ils avoient à la paroisse ' . »
Cependant on apprit que les conférences étaient terminées. Le cardinal
Mazarin avait pris la route de Bayonne pour venir rejoindre la Cour. Le
conseil de ville l'envoya saluer à Auch par six députés auxquels il donna
audience, le soir de leur arrivée, sans quitter son lit.
Mazarin entra à Toulouse le 22 novembre. Le roi qui était allé à la chasse
vers la frontière de Gascogne, avec sa mère, se trouva sur le chemin du car-
dinal qui monta auprès de lui, dans le carrosse de la reine. C'est ainsi que le
cardinal parut en ville, précédé des mousquetaires du roi, des gendarmes &
des chevau-légers, & accompagné de la suite nombreuse qu'il avait traînée
après lui jusqu'à la Bidassoa.
Le cardinal reçut les capitouls le 25. Ils se présentèrent au nombre de six,
accompagnés de toute la bourgeoisie 81 revêtus de leurs manteaux capitulaires
qu'ils avaient tait apporter d'avance dans une maison voisine de l'archevêché.
■ La congrégation du Pain-Bénit de Saint- & accompagnés de grand nombre de tambours &
Etienne avait imposé cette libéralité au roi en fiffres qui entrèrent avec grand bruit 8c sans faire
allant lui offrir, avec grand cortège de marguil- halte dans l'église posèrent les pains sur quatre
liers & de paroissiens, défilant « deux à deux, bancs devant la table ordinaire qui avoit été
comme aux marches de l'hôtel de ville, » le chan- allongée,
teau de pain bénit dans un bassin d'argent. « Après cette fanfare entra l'abbé de Coislin,
Les marguilliers dressèrent un procès-verbal de aumônier de Sa Majesté, en habit abbatial & sur-
l'offrande : k Le dimanche 7 novembre furent plis, ayant à droite le maître d'hôtel de Sa Majesté
portés à la messe parrochielle six grands pains avec son bâton de commandement, & à sa gauche
pour bénir, chacun sur deux hallebardes que qua- le contrôleur. Estant remarquable que lesdits pains
tre suisses portoient sur leurs épaules, ornés de éloient pétris avec quantité de lait '& quelques
grand nombre de bnnderolles de taffetas bleu tur- œufs'. »
quin, avec l'escu de France en or, les suisses . Archives de la Haute-Garonne. E. 865. Registre de la
étoient devancés par les trompettes de Sa Majesté, confrérie du Pain-Bénit de Saint-Étienne.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 87 3
L'orateur, qui fut Anne de Ferrières, appela Mazarin « le vray artisan des
« conquêtes du roi & le génie de la France » &i lui attribua la plus grande
part d'honneur dans la conclusion de la paix.
M. de Ferrières a raconté lui-même dans la chronique municipale de
l'année que le ministre « fut fort satisfait de ce discours, l'écouta avec atten-
« tion, tenant toujours le chapeau à la main, &. qu'après avoir promis son
« assistance à la ville, il fit quelques pas vers la porte, puis s'en retourna &
« se retira de la salle. »
Quelques jours après, un des assesseurs alla lui présenter le présent de
bienvenue.
Parmi les questions que l'habileté de Mazarin avait eues à débattre 8< à
discuter pied à pied dans les célèbres conférences de la Bidassoa, une des plus
importantes, la délimitation des frontières de France S<. d'Espagne dans la
partie orientale des Pyrénées touchait directement la province de Languedoc.
Mazarin attachait un grand intérêt à revendiquer pour la France les comtés
de Confient 8c de Capsir & la partie du pays de Cerdagne située en deçà des
monts. Le plénipotentiaire espagnol opposait de sérieuses difficultés, ou met-
tait à cette cession de territoire des conditions onéreuses pour la France,
demandant en compensation tantôt Béthune & Saint-Venant, tantôt des
faveurs excessives pour le prince de Condé, telles que la propriété de la ville
8c de la citadelle de Stenay, ou le gouvernement de Champagne pour le duc
d'Enghien, Mazarin feignait une grande indignation pour chacune de ces
exigences, menaçait de tout rompre 8c de quitter Saint-Jean-de-Luz, mais
n'en témoignait pas moins, dans sa correspondance avec la Cour, la confiance
la plus complète dans le succès définitif des négociations.
« Don Louis ne veut pas céder la partie de la Cerdagne qui est en deçà
« des monts, écrivait-il à Le Tellier dès le 16 septembre, mais j'ose répondre
« à Leurs Majestés qu'il relâchera. Se le roy peut compter dès à présent ce
« pays comme étant à luy. »
Dans la même lettre, il expliquait au secrétaire d'État les avantages de cette
acquisition : » Le docteur Trobat qui est ici 8c qui me donne des mémoires
« des attaires de ce quartier-là, m'a assuré que presque toute la Cerdagne est
« de notre côté, qu'elle consiste en un fort Se fertile pays, 8c qu'il y a plus
« de trois cents villages, de manière que cette comté jointe au Confient 8c au
« Roussillon composeront une province fort jolie Se de plus grande étendue
« que le Lyonnais, avec les trois places de considération que sont Perpi-
« gnan, CoUioure Se Salses, sans qu'il nous reste plus aucun sujet d'appré-
M hender que les Espagnols, comme autrefois, entreprennent rien sur le
« Languedoc, qui est une des plus grandes 8c importantes provinces du
K royaume, 8c qui étoit fort exposé auparavant qu'il fût couvert par une côte
« comme celle-là. »
Ces pourparlers traînèrent encore fort longtemps. Don Louis de Haro
inventait toutes sortes de subterfuges pour échapper aux obsessions du car-
dinal. Tantôt il prétendait craindre les reproches de la Cour de Madrid,
iùi>i)
~ 374 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tantôt il assurait que la Cour de Madrid elle-même, hésitait à mécontenter
le conseil d'Aragon toujours « fort âpre à la conservation du moindre village
« de la frontière de Catalogne'. » Ou bien il voulait employer dans la
rédaction du traité des formules vagues, sans expresse désignation topogra-
phique, ce dont Mazarin se plaignait fort, soupçonnant que le ministre
espagnol « y entendoit quelque finesse. »
Don Louis mettait surtout une insistance particulière à ne pas nommer le
Confient, voulant dire simplement que l'Espagne céderait à la France tout
le pays situé en deçà des monts. Grâce au docteur Trobat & à la carte de
Catalogne, Mazarin s'aperçut que l'assiette de ces montagnes était « fort
« embrouillée » qu'il existe une petite chaîne du côté de Leucate, une autre
entre le Roussillon & la France, une autre entre le Confient 61 le Rous-
sillon; & qu'il fallait bien s'entendre sur les monts dont on voulait parler,
qui sont la grande chaîne pyrénéenne 8c ne pas « faire passer plus tard pour
« montagne ce qui n'est à proprement parler que des collines. »
Enfin, à force de persistance, de retraites simulées, de manœuvres diplo-
matiques, où la finesse italienne du cardinal trouva mainte occasion de se
déployer, il parvint à obtenir une solution conforme à ses vues, & il put écrire
le 7 octobre à Le Tellier :
« Il m'a réussi de faire couler à l'égard des terres qui nous doivent demeurer
« du côté du Rovissillon, de certains mots que j'espère qui ne seront pas inu-
« tiles, puisqu'en parlant des monts j'ai fait expliquer : « Ce sont ceux qui
« séparent de toute ancienneté les Gaules d'avec l'Espagne. »
Ainsi ce fut la séparation antique des deux provinces qui, du consentement
des plénipotentiaires, fut adoptée en principe pour servir de base aux nouvelles
délimitations.
Il fallut donc faire étudier sur les lieux, en s'aidant de tous les secours de
l'histoire &. des éléments d'information que les textes des auteurs & la tradi-
tion des peuples pouvaient fournir, cette question délicate 81 complexe où
toutes les conséquences antérieures de la politique 81 de la guerre, & tous les
hasards des alliances 81 des transformations féodales jetaient tant d'obscurités.
On décida que les deux puissances enverraient chacune deux commissaires,
hommes d'érudition 8c d'expérience, pour opérer de concert ces reconnaissances
de topographie rétrospective. Dès le 7 octobre i65g, le cardinal-ministre écri-
vait à Le Tellier, en lui annonçant le résultat des dernières conférences : « J'ai
« insisté que l'on nomme dès à présent les commissaires afin qu'ils puissent
« commencer à travailler à cela dans un mois à compter du jour de la signa-
« ture du traité; 8c il ajoutait : « Il m'a semblé que les deux personnes qui
« seroient plus propres pour cet employ sont monsieur l'évêque d'Orange 8c
« monsieur l'évêque de Tholose, 8c, si Sa Majesté le trouve bon, l'on pour-
« roit dès à présent les avertir de se tenir prêts, 8c particulièrement monsieur
« de Tholose, afin qu'il se dispose à se rendre à Perpignan, ce qu'il pourra
■ Lettres du cardinal de Mai[r-rin, Amsterdam, 1694,
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. SyS
« faire encore assez à temps après qu'il aura servi le roi clans les États de
« Languedoc. »
Pendant son séjour à Toulouse, Mazarin annonça lui-même à l'archevêque
Pierre de Marca, récemment arrivé d'Espagne, que le roi avait jeté les yeux
sur lui pour cette importante mission. Le long séjour que l'ancien visiteur
général avait fait en Catalogne, ses fréquents voyages aux Pyrénées, les
mémoires qu'il avait envoyés à la Cour sur la situation politique de la con-
trée, la connaissance qu'il avait prise des anciens dépôts d'archives conservés
par les chapitres ou les monastères, & les ébauches de travaux déjà préparés
par lui sur le passé de cette région, garantissaient sa partaite compétence; sa
carrière antérieure répondait aussi de son dévouement.
On lui donna pour collègue, conformément à l'avis de Mazarin, un autre
prélat, Hyacinthe Serroni, ce même évêque d'Orange qu'il avait si souvent
rencontré en Catalogne 8i dont l'antagonisme a laissé dans sa correspondance
de si fréquents témoignages d'amertume. La politique & les habitudes de la
vie de Cour devaient effacer au moins extérieurement les marques de ces
anciennes divisions.
C'est pendant le séjour du roi à Toulouse que pour récompenser le cardinal-
ministre négociateur de la paix des Pyrénées, fut signé l'édit qui érigeait en
fief, sous le titre de duché Mazarin, les territoires de Ferrette, Belfort, Délie,
Thann, Altkirch & Dissenheim, formant près d'un sixième de la haute Alsace.
La présence des gens de guerre qui formaient l'escorte du roi n'était pas
sans causer à Toulouse de notables désordres. Le bourreau fut assassiné le
6 novembre sur la place du Salin. Vers sept heures du soir, comme le cadavre
gisait encore sur le pavé, le duc d'Arpajon envoya un de ses officiers prévenir
les capitouls. Mais quelles que fussent les instances des magistrats pour faire
aller leur capitaine du guet sur le lieu du meurtre, cet agent ne put s'y
résoudre, à cause de l'heure avancée 8*. du danger qu'il craignait pour sa
propre vie. Il ne paraît pas que les capitouls aient jugé opportun de s'y
rendre eux-mêmes. Ils se contentèrent de destituer leur capitaine qui propo-
sait d'obéir le lendemain matin; mais trois jours après, mieux informés, ils
rétractèrent leur délibération & remirent le capitaine en sa charge '.
Le 25 novembre, le roi signa une lettre de cachet que le viguiér présenta
aux capitouls dans le petit consistoire. Elle portait que Sa Majesté se trou-
vant k Toulouse au moment de la mutation capitulaire avait estimé à propos
de nommer d'autorité les magistrats de la ville, en vue d'éviter les brigues Se
monopoles de certains particuliers, 8c que, d'ailleurs, cette dérogation aux
usages locaux ne tirerait point à conséquence. Suivait une liste de huit per-
sonnes, parmi lesquelles se trouvait l'historien Lafaille avec deux autres avo-
cats, un procureur, deux marchands 5<. deux écuyers *.
Le conseil de bourgeoisie se trouva fort blessé de la prévenance du monarque,
' Archives de Toulouse. Livre Jes Conseils, ' La reine Anne d'Autriche avait pour secr^'-
XXVH , p. 44^. Consistoire. Séances des 6 & lo tair» de ses commandements un frère du premier
novembic i^..')^-. président Fieubet qu'on appelait M de Cauniont.
XIII. 24*
i6j
io;jp
076 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
&c principalement de l'élévation du sieur de Castet au rang de chef dii consis-
toire, dignité que la tradition réservait aux anciens capitouls. Néanmoins, il
fut délibéré d'obéir à la volonté du roi, & la réception des nouveaux officiers
fut célébrée avec grande pompe le lendemain.
Aussitôt après avoir prêté le serment devant le viguier, les capitouls se ren-
dirent à l'archevêché, où M. de Saintot, grand maître des cérémonies, les
introduisit dans l'antichambre du roi. C'est là que le jeune prince leur donna
audience; ils se mirent à genoux devant lui, parés de leurs chaperons noirs,
symbole incomplet des fonctions municipales qui n'atteignaient le degré de
iierfection qu'après l'installation à l'hôtel de ville, 8t le chef du consistoire
prononça un discours de remercîment, où il se glorifiait, au nom de ses collè-
gues, de tenir leurs pouvoirs de la main du roi.
({ Nous avons cru, dit-il, qu'encore que nous ne soyons pas revêtus de la
« livrée consulaire St. que nous ne portions pas les marques de cette magistra-
le ture. Votre Majesté reconnoîtra facilement son ouvrage. Nous nous faisons
H gloire de publier partout que notre promotion au capitoulat est l'ouvrage
f( de ces mains augustes qui ont donné la paix à toute la chrétienté. »
Les capitouls passèrent ensuite dans l'appartement de la reine, qui leur
répondit, comme son fils, par quelques mots de courtoisie. Dans la journée,
six d'entre eux allèrent saluer le duc d'Anjou &i Mademoiselle de Montpen-
sier, qui durent subir les harangues de Lafaille Se de M. d'Aste.
Le lendemain, ce fut le tour du prince de Conti, du cardinal Mazarin, du
maréchal de Villeroy, des secrétaires d'Etat Se des grands seigneurs de la
Cour; personne ne fut épargné, les capitouls s'estimant trop heureux de
iiouvoir offrir de leur bouche des civilités qui se transmettaient habituelle-
ment par correspondance.
Le soir même de ces démonstrations, les capitouls reçurent, parla main de
deux huissiers, la traduction pratique des promesses d'affection & de bien-
veillance qu'Anne d'Autriche & Louis XIV leur avaient adressées. C'étaient
deux arrêts du conseil, dont l'un révoquait l'abonnement des tailles. Se l'autre
cassait les délibérations de la ville concernant l'établissement du droit de
subvention. Ce fut donc par des actes de protestation que les nouveaux capi-
touls durent inaugurer leur magistrature.
Cette révélation inattendue fut un coup de foudre pour le conseil de ville,
d'autant plus que l'acte royal reprochait aux Toulousains d'avoir manqué de
reconnaissance pour les grâces qu'ils tenaient de Sa Majesté.
Quatre capitouls S<. huit bourgeois furent dépêchés au cardinal Mazarin.
Le chef du consistoire lui représenta, en termes fort vifs, la douleur 8<. la cons-
Ce personage suivait In cour. Ce fut lui qui, à gêné par quelque engagement avec le maréchal da
l'instigation de son frère, dressa une liste de can- Turenne, alors très-puissant auprès du roi.
didats extrêmement dévoués aux intérêts du pro- Dès ce jour, &. pour de longues années, les élec-
iiiier président, & la présenta à la signature du tions municipales de Toulouse furent entièrement
roi. Les capitouls furent ainsi nommés par lettre à la discrétion de Fieubet '.
de cachet. Le premier président recherchait ardem- ... , ... , ^ . . _,.,,.,.
, , ,, ., . ' Arcluves de loulouse. Testament syndical de ,\f. de
ment le concours de la ville parce qu il so trouvait 1 afciUe m'- p iS
LIV. I, MINISTERE DE MAZARIN. 877
ternation de l'assemblée; il rappela que, dans toutes les occasions où les rois
de France avaient porté leurs armes en deçà la Loire, Toulouse leur avait
ouvert son arsenal, fourni des canons, des munitions ik des hommes, 8t que
la ville gardait soigneusement dans ses archives la lettre même de Son Emi-
nence, tlatée de Libourne, qui portait les remercîments du roi. 11 fit ressortir
que dans un temps obscur Se difficile, durant l'insurrection de Bordeaux, les
capitouls n'avaient point hésité à faire leur devoir, mettant leur artillerie au
service de la couronne, sans se préoccuper du ressentiment des Bordelais, dont
les effets s'étaient pourtant rendus si notoires qu'il avait fallu faire renvojer
au Parlement de Dauphiné tous les procès pendants à la cour de Gtiienne.
Il invoqua particulièrement la bienveillance du jeune roi, que l'on voyait
tous les jours faire ouvrir les portes de son palais, admettre le peuple dans
ses divertissements, Se dépouiller tout l'appareil de la royauté pour honorer
de sa présence les assemblées particulières, ayant dit souvent que dans Tou-
louse il n'avait que faire de ses gardes.
L'orateur ajouta que les arrêts du conseil avaient été probablement surpris
par des ennemis de la ville, à l'insu de Sa Majesté; que l'abonnement des
tailles était de tradition séculaire à Toulouse, n'ayant subi d'interruption qu'à
l'époque de l'édit de Béziers, édit funeste à la Province entière, mais que la
ville avait effacé, pour ainsi dire, avec le sang de ses meilleurs citoyens,
sacrifiés volontairement à l'honneur de la France sur les remparts de Leucate,
dans cette nuit fameuse qui renversa tous les desseins de l'Espagne 61 fixa la
vlv:Loire, jusqu'alors indécise entre les deux couronnes.
La question du droit de subvention fournit au chef du consistoire l'occasion
de rappeler les services militaires de la ville au siège de Montauban, la peste
de 1628, qui dura quatre ans £< coûta des sommes incroyables pour faire
subsister les religieux mendiants, les artisans Se le pauvre peuple, 6t dont la
reprise, en i652, emporta, dans l'espace de quinze mois, plus do vingt-
cinq mille personnes. Il justifia l'établissement du nouvel impôt parla néces-
sité de payer les dettes communales, dont le fardeau devenait chaque jour
plus pesant.
L'orateur termina par un appel direct à la bienveillance du roi. « Nous
(I avons vu, dit-il, qu'à son arrivée il a fait ouvrir les portes des prisons 8t
<i donner la liberté aux misérables qui gémissoient dans les cachots; nous lui
Il avons vu donner la vie à de pauvres malheureux qui étaient déjà entre les
« mains de la mort. Quoi, Monseigneur, après que les criminels, les par-
<' ricides Se les sacrilèges ont éprouvé les effets de la grâce Se de la bonté
' du prince, pourrait-on croire que Sa Majesté voulût traiter avec quelque
rigueur les habitants de Toulouse qui n'ont point failli? »
Le cardinal, qui se trouvait alors indisposé Se qui avait écouté toute la
l.juangue assis dans son lit Se tenant son bonnet à la main, répondit qu'il
é;:iit convaincu de la nécessité de la subvention Se du bon emploi des deniers
(j.n en provenaient; mais que les lois du royaume ne pouvaient pas souffrir
q.i'un établissement de cette nature fût fait sans la permission du prince;
1639
~ 378 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
qu'ainsi il fallait rectifier les choses en conservant le droit Se l'autorité du
roi, sans ôter à la ville le secours c|u'elle en devait retirer. Il promit d'ailleurs
ses bons offices, offrant de favoriser en toute occasion la cause 8<. les intérêts
d'une ville qui avait toujours bien mérité du roi & de l'Etat.
Quelques jours après parut une lettre de cachet qui chargeait quatre com-
missaires de procéder à la vérification des dettes de la ville. Ces commissaires
étaient l'intendant de la Province, M. de Vertamon, sieur de Bréau, maître
des requêtes ordinaires de l'hôtel, 8<. MM. de Masnau & de Prohenque, con-
seillers au Parlement.
L'indiscipline de la plupart des troupes de la garde du roi était affreuse.
On n'avait pas voulu les cantonner dans la campagne par crainte de la dévas-
tation &. de la licence que leur isolement aurait favorisé; mais cette précaution
fut sans résultat. Logés dans les capitoulats de Saint-Pierre 5c de Saint-Sernin
Se dans les faubourgs de Saint-Cyprien Si de Saint-Etienne, les gens de guerre
que l'on espérait contenir dans le devoir par la présence de la Cour, des
chefs militaires Se du Parlement, s'abandonnèrent à leurs excès avec si peu de
mesure qu'en peu de temps les quartiers qu'ils habitaient devinrent déserts;
le ravage des maisons & des propriétés, la désolation des familles, les violences
contre les personnes jetèrent l'effroi dans toute la ville. Il fallut en porter
plainte aux puissances qui firent siéger le conseil de guerre. Plusieurs soldats
furent passés par les armes '.
Les hommes du régiment des gardes arrachèrent tous les mûriers du jardin
d'Arnaud-Bernard, créé aux frais de la ville pour l'élève des vers à soie, 6c
ruinèrent entièrement la maison qui demeura inhabitable pendant plusieurs
années^.
Les commissaires du roi profitèrent du voisinage incommode de ces troupes
pour appuyer leurs exigences fiscales auprès des Etats qu'ils menacèrent même
du rétablissement de l'édit de Béziers. L'assemblée renouvela à cette occasion
ses anciennes protestations contre cet acte de sévérité^.
Le duc d'Orléans avait consenti à se faire l'interprète du vœu des Étais
contre la réalisation de cette menace, en écrivant lui-même sur ce sujet au
cardinal Mazarin, tandis que les derniers travaux de la contérence le rete-
naient encore à Saint-Jean-de-Luz. La lettre lui fut remise par M. de Saiiit-
Quentih le 6 novembre, veille de la signature du traité de paix Se du contrat
de mariage. La vivacité des expressions du prince causa quelque surprise au
ministre qui l'attribua aux instances de l'assemblée. Il pria Le Tellier de
donner directement, au nom du roi, des explications au gouverneur de Lan-
guedoc, si Ton prenait la dernière résolution pour le rétablissement; dans le
cas contraire, si l'entière soumission des Etats aux demandes qui leur étaient
faites, permettait de se relâcher d'une pareille restauration, on ne devait pas
■ Archives de Toulouse. Annales manuscrites, ' On trouvera les détails de cette affaire aux
VIII, p. 462. Pièces justificatives, n" CCXC\'I , col. 719; -—
' Livre des Conseils. XXVIII, p. 228. Conseil do CCXCVIÎ, col. ■•23; - CCXCVIII, col. TÎo,
bourgeoisie. Séance du l'i novembre 1661.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 379
oublier de faire honneur de cette grâce k l'intervention personnelle de Son
Altesse '.
L'affaire s'arrangea par transaction.
La présentation de l'octroi qui se faisait chaque année au premier com-
missaire royal, par le corps entier des Etats, s'accomplit, le 27 décembre, à la
fin de la session* avec un cérémonial plus majestueux. Ce fut le roi même
qui la reçut.
L'assemblée, après avoir tenu sa dernière séance aux Augustins, se rendit
ordre par ordre à l'archevêché où M. de Saintot, maître des cérémonies,
l'attendait au bas de l'escalier & fit entrer le cortège dans la chapelle. Il alla
aussitôt prévenir le roi qui vint prendre place sur un fauteuil, dans la chambre
de la reine, où les membres des États furent introduits par le secrétaire d'État
Duplessis-Guénégaud. Messieurs de l'Eglise & de la noblesse restèrent debout,
tandis que les députés du tiers 81 les officiers de la Province s'agenouillaient.
L'archevêque de Toulouse harangua le roi en lui offrant le don gratuit,
Pierre de Guilleminet lut le texte de la délibération, & après un remercie-
ment du jeune prince, les députés défilèrent, accompagnés jusques aux degrés
par leurs deux introducteurs^.
Anne d'Autriche avait signalé son séjour à Toulouse par un grand nombre
d'exercices de piété dans les églises 81 les couvents^.
La reine & son fils visitèrent la chapelle des Pénitents-Bleus, association
aristocratique de Toulouse qui prenait le titre de confrérie impériale 81 royale
81 faisait remonter son origine à Charlemagne. Anne d'Autriche portait à
cette église un intérêt particulier, pour l'avoir visitée bien des années aupa-
ravant, en compagnie de Lotiis XIII 8<. du prince de Condé 8c y avoir fait un
vœu quand elle attendait la naissance d'un fils^.
' Lettres Ju cardinal Ma^arin. de leur église, & qu'il leur avait donné, pour
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance aider aux travaux de construction, une somme de
du 27 décembre lôSp. i5ooo livres, libéralité demeurée sans effet. Le
' Voir aux Pièces just'ifieatlvei les démarches qui roi leur fit don par lettres patentes du mois de
furent faites au nom d'Anne d'Autriche auprès des décembre de cent « pagelles » de bois de chauff.ige
capitouls de Toulouse en faveur de l'hôpital de la de la forêt de Bouconne, à délivrer annuellement
Grave, n. CCC, col. yîS. ' par les grands maîtres & maîtres particuliers des
Les capitouls, sur la recommandation du roi, eaux & forêts, coupé aux endroits les plus com-
habillèrent complètement deux orphelins, natifs modes & les moins dommageables, & accorda, en
d'Avignon, qui s'appelaient Louis Houber & Jac- outre, au couvent, la faculté de prendre chaque
ques Gazier. On leur fit deux habits & deux casa- année au grenier à sel de Toulouse, la quantité de
qûes, ornés de galon & de filet de Paris, & on les dix minots de sel en payant seulement le prix
entretint trente-deux jours chez un pâtissier qui du marchand'.
les nourrit, les « fit saigner » & leur procura tous ' Après la naissance de Louis XIV, le prince de
les remèdes nécessités par leur état de maladie '. Condé écrivit aux Pénitents-Bleus de Toulouse
Les carmélites de Toulouse, dont la commu- la lettre suivante :
nauté se trouvait alors très-nombreuse, représen- « Messieurs, enfin le Ciel a exaucé les vœux de
tèrent au Jeune roi que Louis XIII avait posé, en votre sainte confrérie. La reyne a accouché d'un
1622, la première pierre de leur couvent le jour dauphin avec un bonheur extrême, ce qui fait
de la canonisation de sainte Thérèse, patronne
■ Archives de la Hautc-G,ironne. FnnJs du Parlement de
Toulouse. Edits ^ lettres yatentes. L'enicgUlreiucnt est
' Archives de Toulouse, Pièces li l'aryui de^ comptes. i t s mii ici'....
1609
i659
38o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
A la fin de décembre, la Cour se divisa. Les fêtes du mariage devant être
encore différées de plusieurs mois, parce que Philippe IV ne voulait pas
quitter Madrid avant le i*"' avril, le roi décida de pousser jusqu'en Provence,
tandis que la plus grande partie de sa suite rentrait à Paris pour y attendre
un nouveau rendez-vous.
Fouquet partit de Toulouse avant la Cour, cherchant à battre monnaie. A
Montpellier, il emprunta quatre-vingt mille livres au denier dix « pour sub-
« venir aux dépenses les plus pressées de Toulouse, » & il proposait au cardinal
d'emprunter trois cent mille livres à quinze pour cent sur le don gratuit de
Languedoc, en retirant de gré à gré les quittances en bonne forme des tréso-
riers de la Province, à la décharge des receveurs de Montpellier'.
Louis XIV se mit en route le 28* & fit en trois étapes le trajet de Toulouse
à Carcassonne, avec couchée à Villefranche Si à Castelnaudary^. L'église des
Augustins de Carcassonne reçut plusieurs fois sa visite. Il alla y entendre la
messe avec nombreuse compagnie, y fit ses dévotions & se prosterna, dans
une chapelle construite en 1640 par l'évêque Vital de Lestang, devant un
fragment du Saint-Suaire qui passait pour avoir été conservé en Orient dans
une famille juive 81 apporté de Saint-Jean-d'Acre par deux religieux augus-
tins'^. Le roi toucha dans le cloître près de qi.atre cents malades auxquels on
distribua des aumônes considérables. Un chroniqueur local a remarqué, sans
en donner la raison, que les étrangers eurent plus de part à ses largesses que
les Français.
,660 Le second jour de l'année 1660 vit partir la Cour de Carcassonne; elle
que le roy est dans des joyes qu'on ne sçaiiroit sur parchemin dans le neuvième livre des Annales
exprimer; Sa Majesté m'a ordonné de vous faire de l'hàtel de ville, dont il avait décoré le frontis-
part de cette agréable nouvelle, afin que vous en pice. Tous ces travaux furent payés au prix de
rendiez grâce à Dieu & que la compagnie aille en 200 livres.
procession à Saint-Sernin pour accomplir le vœu Après le départ de la Cour, les capitouls en-
que nous avons fait ensemble avec Leurs Majestés, voyèrent démolir les baraquements qu'ils avaient
attendant qu'EUes aillent l'accomplir elles-mêmes fait construire par ordre du roi dans la cour de
en personne. Le roy m'a parlé du sacre & de la l'archevêché. On trouva des compagnies françaises
dotation de votre chapelle, & m'a témoigné qu'il & suisses, restées à l'arrière-garde, qui abattaient
étoit toujours dans de fort bons sentimens pour elles-mêmes ces constructions & en brûlaient les
votre royale confrérie. Pour moi, si je puis quel- matériaux, sous prétexte que ic la dépouille » leur
que chose en mon particulier, ne m'épargnez pas, appartenait. Pour rentrer en possession du bois
& je vous feray connoître que je suis, Messieurs, fourni par la ville & le faire rentrer à l'arsenal,
votre très-affectionné confrère à vous servir, Henry il fallut en payer la rançon aux troupes'.
DE Boup.BON. — A Paris, ce 16 septembre i638' », Le jardin des mûriers demeura inculte depuis
' Lettre de Fouquet à Mazarin, datée de Mont- cette époque & fut cédé, cinq ans plus tard, aux
pellier, le 1 1 décembre. Archives des affaires étran- chartreux, ainsi que la maison, en indemnité de cer-
gères, France, vol. 168, p. 160. Lettres, instruc- tains dommages auxquels la ville avait été condam-
tions & mémoires de Colbert, I, p. 5o6. née pour droits de subvention indûment perçus'.
" Jean-Pierre Rivalz fut chargé par les capitouls ' Pièces fugitives du. mar(juis d'Auhais, I, p. i38.
de perpétuer le souvenir de l'heureux événement Voyages & itinéraires des rois de France.
qui rendait la paix à l'Europe, en représentant le * Bouges, Histoire ecclésiastique & civile de la
mariage du roi & le traité des Pyrénées, au milieu ville & diocèse de Carcassonne , pp. 216, 267, 440.
des portraits capitulaires, dans un tableau destiné , ,• j t 1 , .- j^, /-„_„.•;, wirm
•^ / . ' ' Arcluvcs de Toulouse. Livre des Conseils, XaVIII ,
au grand consistoire. Il en exécuta une réduction p, ,3. Consistoire. Séance du 3o décembre lôSg.
3 Arcliives de Toulouse. Livre des Conseils, XXiX, p. 11.
' Cartulaire des Pcn^tenls-Bleus de Toulouse. Conseil de bourgeoisie. Séance du 3 décembre 1664.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 38 1
coucha successivement à Pujols, à Béziers & à Mèze & entra à Montpellier
le 5 janvier. Elle séjourna dans le chef-lieu de la généralité jusqu'au 8.
Il y eut bal à Montpellier chez Madame La Mothe-Argencourt, mère d'une
des filles d'honneur de la reine. Monsieur s'y rendit ainsi que Mademoiselle
d'Orléans qui raconte s'y être beaucoup ennuyée. On lui avait vanté l'esprit
&c la beauté des femmes du pays. Elle prétend leur avoir trouvé trop de rouge
&. un air enjoué qui ne lui plaisait pas.
Pour voir la ville, il fallut quitter les carrosses. Les rues étaient si étroites
qu'on n'y pouvait circuler qu'à pied ou en chaise.
I>a Cour passa la nuit du 8 janvier à Lunel. Mazarin, devançant le roi de
vingt-quatre heures, tut reçu à Nimes le même jour & harangué à la porte
de la Couronne, par l'évêque Denys Cohon, suivi de tout son clergé.
Le cardinal trouva toute la ville dans la joie, à cause d'une abondante
pluie qui venait de mettre fin à une sécheresse prolongée depuis la fin de
l'été Se de combler jusqu'aux bords les réservoirs de la fontaine.
L'entrée de Louis XIV se fit en grande pompe le lendemain; deux batail-
lons de bourgeoisie étaient rangés à la porte de la Couronne. Les consuls
s'avancèrent, avec un dais magnifique, jusqu'à la porte couverte qui aboutis-
sait au chemin de Montpellier.
Le lo janvier, la Cour alla voir le pont du Gard, puis 1 amphithéâtre 8c
les autres antiquités de Nimes. Le lendemain, qui était un dimanche, on
entendit la messe à l'église des Jésuites, puis le roi joua à la paume.
La tranquillité qui régnait à Nimes, après de violents orages, était une
éclatante justification de la politique conciliante du cardinal Mazarin. Le
premier ministre avait, en effet, quelques mois auparavant, sur la sollicita-
tion de l'Angleterre, présenté à la signature du roi des lettres d'amnistie à
la suite d'événements qui méritent d'être résumés en peu de mots:
On désignait à Nimes par le nom de grande & de petite-croix les deux
principales factions qui se partageaient la ville. Les catholiques appartenaient
à la première, les protestants à la seconde. Une double élection consulaire
ayant eu lieu en lôây, la liste de la grande-croix fut confirmée par arrêt du
conseil d'État, 8c l'autre par arrêt du Parlement de Toulouse. Le comte de
Bioule 8c M. de Bezons se rendirent à Nimes, le 3i décembre, avec des troupes,
pour installer la municipalité ministérielle. Les consuls en charge s'étaient
barricadés à l'hôtel de ville 8c en refusèrent l'entrée au lieutenant général,
qui se présentait avec l'évêque, le sénéchal, le prévôt de la cathédrale 8c la
faction protégée. Les gardes du comte ayant ouvert le feu, une décharge géné-
rale leur répondit des fenêtres voisines, tua deux gardes, blessa mortellement
le prévôt 8c atteignit de trois balles le sénéchal. Bezons 8c Bioule s'enfermè-
rent à temps dans une maison, &c l'évêque s'enfuit rapidement dans son
palais, au milieu de la mousqueterie 8c des clameurs de la foule protestante,
qui le désignait aux tireurs en criant : « Au violet, au violet' ! »
■ Ménard, Histoire Je la ville Je Nimes.
i66o
i66o
382 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Aussitôt que ces événements furent connus, on assembla des forces mili-
taires pour réduire la vieille ville réformée, qui déjà s'était mise en défense
& qui avait appelé à son aide les contingents des Cévennes. Une répression
sanglante paraissait prochaine; mais elle fut évitée grâce à l'intervention de
Cromwell, qui recommanda la clémence. L'évêque d'Albi, le duc d'Orléans
s'étaient interposés dans le même esprit. A la suite d'une conférence tenue à
Tarascon entre les principaux officiers royaux & les députés des deux factions,
la tranquillité fut rétablie, & l'affaire se termina par des lettres de grâce, don-
nées à Lyon au mois de décembre i658.
Ces lettres, accordées, suivant le préambule, à l'intercession des ducs d'Or-
léans 8<. de Mercœur, cotivraient de la même « abolition » tout ce qui s'était
fait depuis le i*"^ janvier i656, nommément les 8 février, 25 juin & dernier
décembre i65j.
Les méfaits qui s'y trouvent énumérés sont les « contraventions faites aux
« arrêts du Conseil 8c du Parlement, attaques, prises d'armes, meurtres &
« blessures arrivés lesdits jours 25 juin & 3i décembre, émotion populaire,
« son du tocsin , résistance au comte de Bioule & de Bezons 8c autres com-
« missaires, clôture des portes; guet 8c garde; levée, inscription 8c enrôle-
« mens de gens de guerre; logement d'iceux; achats 8c amas d'armes 8c
« munitions de guerre, établissement de consuls Se d'officiers, conférences
(1 8c assemblées générales &c particulières tenues sans permission, lettres-cir-
(( culaires 8c autres escrits, envoyés 8c reçus, communications 8c associations
« entre les habitans de ladite ville 8c autres nos sujets, non plus que pour
Cl avoir eu recours à l'intercession des princes 8c Etats étrangers alliés. »
L'amnistie était aussi complète que possible. Une clause expresse portait
que les habitants de Nimes qui avaient contribué k ces mouvements ne
seraient point exclus des charges municipales Se fonctions en dépendant,
telles que sont l'entrée aux États Se Assiettes, nonobstant toutes les délibéra-
tions qui pourraient avoir été prises au contraire par les Etats de la province
de Languedoc '.
Le 12 janvier, la Cour traversa le Rhône à Beaucaire pour entrer sur les
terres de Provence. Mademoiselle de Montpensier s'était détachée du cor-
tège à Montpellier, avec la duchesse d'Orval , femme du premier écuyer, 8c
M'^« d'Armentières^, à la fois pour visiter Avignon 8c pour éviter la largeur
du fleuve, dont elle était effrayée. Le gouverneur de Villeneuve-Saint-André
fit tirer le canon pour Mademoiselle d'Orléans, qui s'impatienta fort d'avoir à
subir des harangues Se répéta vivement aux orateurs déconcertés : « Je ne suis
« pas Mademoiselle, je suis inconnue. » Elle alla rejoindre la reine à Arles,
par un bateau du vice-légat.
Près des trois mois qui suivirent se passèrent en Provence, Pendant ce
séjour, Gaston d'Orléans mourut au château de Blois, le 2 février 1660.
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par- ' Mémoires Je Mademoiselle Je Montpensier.
lementde Toulouse. Recueil des édits & dédnrations.
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 383
La mort du fils crHenii IV déconcerta beaucoup d'ambitions, dérangea bien
des intrigues, mais laissa peu de regrets en Languedoc. On rendit au gou-
verneur, par ordre du roi, tous les honneurs que demandaient sa naissance
6<. sa charge, & son oraison funèbre fut prononcée dans les principales villes
de la Province. Le titre le plus sérieux qu'il eût acquis à la reconnaissance
du pays était l'indécision de son caractère, qui l'empêcha de se jeter avec
passion & opiniâtreté, comme d'autres princes, dans les mouvements armés de
la Fronde. Grâce à ses perpétuelles tergiversations, à l'incapacité qu'il avait
de mettre quelque suite dans l'exécution de ses desseins, la province de Lan-
guedoc, placée entre la Guienne 8c la Provence, où la guerre faisait rage, put
demeurer au moins en dehors des grands événements militaires. Nos lecteurs
ont vu, par le récit qui précède, combien cette tranquillité était fragile 8c
comment elle fut troublée, à diverses reprises, par des agitations locales; mais
quelque gravité qu'aient eue ces agitations, elles ne sauraient être comparées
aux scènes de dévastation dont les provinces voisines furent le théâtre.
La Cour était en Provence lorsque le gouvernement de Languedoc, vacant
par le décès de l'oncle du roi, fut donné au prince de Conti. Les lettres
patentes qui lui confèrent cette importante charge sont datées d'Aix, le
26 février 1660; le Parlement de Toulouse les enregistra le 3 avril de la
même année. Dans le préambule, le roi déclare avoir fait choix d'une per-
sonne d'éminente qualité 8t recommandable par ses vertus, à cause des diffi-
cultés de ce gouvernement, « la province de Languedoc étant de plus grande
« étendue qu'aucune autre, y ayant assemblée tous les ans, 8c pour l'exer-
« cice de la justice un Parlement de grand ressort, une cour des comptes
« 8c finances, 8c bon nombre de sièges royaux, remplie de belles 8c bonnes
« villes, de vingt-deux diocèses, 8c d'ailleurs abondante en habitans, les uns
« catholiques, les autres de la religion prétendue réformée'. »
Ces quelques lignes résument, en effet, toutes les causes qui rendaient
l'administration de la Province particulièrement épineuse : dans l'ordre civil,
l'éternel antagonisme des Etats 8c des compagnies supérieures; dans l'ordre
religieux, le conflit de plus en plus ardent des deux communions chrétiennes.
Pendant le séjour de Louis XIV à Âix, le ministère essaya de trancher une
question qui était pendante depuis plus de cinquante ans, 8c dont les résis-
tances locales 8c le mauvais vouloir des Etats avaient constamment empêché
la solution, bien qu'elle fût d'un grand intérêt pour l'avenir agricole 8c com-
mercial de la Province. Il s'agissait d'un canal de navigation 8c de dessèche-
ment à établir dans les basses plaines de la rive droite du Rhône, entre
Beaucaire &c Aigues-mortes. Ces territoires malsains, à peu près incultes ou
couverts de maigres pâturages 8c désolés par la fièvre, avaient tout à gagner
aux travaux de canalisation proposés. Mais les intérêts d'un petit nombre de
particuliers, privilégiés, tout-puissants sur les décisions de l'assemblée provin-
ciale, suffisaient à paralyser les plus utiles desseins.
' ArchWes de la Haute-Garonne. Fonds du Parlement de Toulouse. Recueil des éjits & déclarations.
1660
—^ 384 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La première idée pratique du dessèchement des marais de Languedoc
remontait au règne d'Henri IV, ce prince en ayant fait l'objet d'une conces-
sion spéciale à Humfroy Bradley, dont les plans demeurèrent sans exécution.
Dès la seconde année de la régence d'Anne d'Autriche, l'affaire avait été
reprise, grâce à un stimulant énergique, la pénurie du trésor royal ; les pro-
priétaires des salins de Peccais & les fermiers des gabelles de Languedoc, de
Dauphiné & de Lyonnais, se plaignaient de la difficulté croissante du tirage
des sels 8i de l'augmentation des frais de transport occasionnée par les atter-
rissements qui comblaient de jour en jour le bras du Rhône aboutissant aux
marais salants. Pendant plus de six mois de l'année S< dans la saison la plus
favorable au commerce du sel, les eaux étaient si basses que la navigation
devenait presque impossible j les voituriers étaient contraints de mettre douze
ou quinze barques pour porter la charge d'une seule, de tripler le nombre
d'hommes & de chevaux & d'employer quinze ou vingt jours à un voyage
qui n'en devait consommer que trois. Dans ces conditions, on prévoyait
l'époque où les salins de Peccais, regardés comme « les plus beaux 8< les
« meilleurs de l'Europe, « tomberaient en une ruine irréparable. On rappe-
lait que, pour aviser à ce péril, le roi Louis XIII avait, à trois reprises dittc-
rentes, établi un impôt de cinquante sols par minot sur les sels de Peccais,
de Narbonne, de Peyriac & de Sigean, à seule fin d'avoir un fonds disponible
pour la construction d'un canal. Cette entreprise n'ayant pas eu plus de
succès que celle d'Henri IV, un Provençal, nommé Jacques Brun, habitant de
Brignolles, offrit au conseil du roi d'exécuter en six ans un canal navigable,
ayant sept toises de largeur & la profondeur nécessaire pour porter des bateaux
d'environ cent milliers pesant. Ce canal devait s'ouvrir dans le Rhône, au-
dessous de Beaucaire, & joindre le marais de Peccais par la robine d'Aigues-
mortes, vers la « Peyrade » du canal de Bourgidou ; on se proposait de le
mettre en communication avec le port d'Agde par le grau de Palavas. Brun
s'engageait à construire à ses frais, outre le lit du canal , les ponts, les écluses,
les digues, les chaussées & un certain nombre de maisons, de moulins Se
d'hôtelleries nécessaires pour le trafic. Par cette création, il assurait un tirage
facile pendant le temps des basses eaux, il ouvrait des rapports directs entre
le bas pays de Languedoc & les villes du Pvhône & de la Saône, il assainissait
de vastes étendues de terres inondées, les rendait à la culture & en chassait
les maladies pestilentielles.
En 1644, l'heure n'était guère propice à des conceptions de ce genre, &. le
personnel de la Cour se prêtait peu à la reprise des grandes vues de Sully;
cependant, les otlres de Brun, soumises au conseil de régence, où assistaient
la reine Anne d'Autriche, le duc d'Orléans, le prince de Condé & le car-
dinal Mazarin, turent acceptées. FJes lettres patentes, données à Paris au mois
de mars 1644, autorisèrent Jacques Brun &. ses associés à dessécher tous les
étangs, marais & terres inondées de la côte de Languedoc, entre Beaucaire Se
Agde, par un canal navigable Si divers canaux de dérivation; à prendre pour
cet eftet tous les terrains & eaux nécessaires appartenant au roi, aux ecclésias-
LIV. I. MINISTÈRE DE MAZARIN. 385
tiques ou aux particuliers, sauf dédommagement aux propriétaires sur rapports
d'experts.
En considération de l'importance du travail & de la grandeur de l'entre-
prise, le roi accordait à Jacques Brun le lit de l'ancien bras du Rhône inutilisé
pour la navigation, avec ses îles & créments, depuis le point de bifurcation
en amont de Fourques jusques à la mer, pour en jouir en toute justice, les
mettre en terres labourables Si en prairies. Ces terres devaient être dispensées
de la dîme pendant dix ans. Se, passé ce terme, la dîme y devait être réduite
k raison d'une gerbe sur cinquante.
Pareille concession lui était faite d'une zone d'étangs, marais Si terres
inondées, de dix lieues de large, à droite Si à gauche du nouveau canal
entre Beaucaire Si Agde; les domaines que les travaux de dessèchement per-
mettraient de conquérir sur les eaux seraient constitués en franc-alleu, avec
même délai Si même réduction pour les dîmes; l'entrepreneur garantirait
seulement aux propriétaires dépossédés une valeur en terre cultivée égale à la
valeur en marais qu'ils auraient perdue. Durant les six ans de construction Si
les dix ans de jouissance, toute autre entreprise de dessèchement était interdite
dans la même zone de dix lieues. Afin de faciliter la construction, les droits
d'équivalent étaient supprimés, pendant la durée des travaux, sur le vin, la
viande Si le poisson qui serviraient à la nourriture des ouvriers; l'entrepre-
neur n'était tenu à payer les immeubles qu'un an après la prise de posses-
sion, sauf à servir l'intérêt au denier dix-huit. Si il était exempt des droits
de franc-fief Si nouvel acquêt pour les terres nobles dont l'acquisition lui
aurait été nécessaire.
Après l'exécution de tous ses engagements, la compagnie devenait proprié-
taire à perpétuité du canal, des pêcheries, des bâtiments d'exploitation Si de
trois perches de terre hors-d'œuvre des chaussées, à droite Si à gauche du
canal, dans toute sa longueur; les censives Si mouvances de quelque seigneur
que ce pût être demeurant supprimées.
Elle avait aussi la jouissance d'un droit de navigation Si de péage sur
toutes sortes de marchandises, droit fixe Si unique pour la longueur entière
du parcours, payable à l'entrée.
Pendant dix ans, l'entrepreneur devait bénéficier de la différence des prix
de voiture abaissés par la facilité nouvelle des communications, prix à régler
par les soins de commissaires royaux.
Nul ecclésiastique, noble, bourgeois ou commune ne pourrait user du canal
sans payer les droits, sous peine de confiscation des barques Si de la cargaison.
L'entretien restait à la charge des associés, autorisés à exécuter tous travaux
utiles sur le Rhône, le Vistre Si le Vidourle, pourvu que la navigation de ces
cours d'eau n'en fût pas interrompue, avec défense aux propriétaires de laisser
ouvertes les saignées du grand Rhône de Beaucaire à Fourques Si de « la
« Brassière » jusqu'à Peccais, dans la direction du nouveau canal, sous peine
de dix mille livres d'amende.
« Pour donner plus de courage aux associés, ajoutaient les lettres patentes,
xni. j5
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i66o
386 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« nous avons déclaré & déclarons notre vouloir 8c intention être de gratifier
« St honorer du titre de noblesse six d'entre eux de ceux qui ne le sont par
« naissance, voulant qu'eux Si leurs enfans nés & à naître jouissent de tout
« privilège de noblesse, à condition que ceux qui auront été honorés de ce
« titre ne feront après ledit anoblissement acte dérogeant à ladite qualité, le
« tout après qu'ils auront rendu quatre lieues françoises de longueur dudit
« canal en si bon état qu'il puisse porter bateaux chargés de cent milliers
« pesant, & si, dans ledit temps de six années, ils ne rendent le canal navi-
« gable, ils seront déchus du titre de noblesse. »
Une disposition spéciale permettait à Jacques Brun d'associer à son entre-
prise toutes personnes, ecclésiastiques, nobles, officiers de Parlement, de
chambres des comptes, trésoriers de France ou autres, sans dérogeance ni
préjudice à leurs charges & dignités.
Le rédacteur de cet intéressant contrat, qui promettait une prolongation de
délai dans le cas d'empêchements légitimes, croyait sans doute avoir atteint
les dernières bornes de la prévoyance en stipulant que les oppositions à inter-
.venir seraient examinées par commissaires du roi, jugeant sans appel, afin de
ne point retarder les travaux, mais il avait compté sans la coalition d'in-
térêts qui mit à profit la mobilité des influences de cour pour paralyser les
efforts de l'entrepreneur.
Le plus redoutable obstacle qu'il rencontra fut la résistance des États de
Languedoc. L'assemblée provinciale, qui, dans le cours du dix-huitième
siècle, devait s'honorer par son application aux travaux publics Si son ardeur
à seconder le progrès économique, n'avait pas encore l'esprit ouvert à ces
généreuses conceptions; les mobiles inférieurs, dont nous avons déjà signalé
tant de traces dans la suite de cette histoire, pesaient sur les États de toute
la force acquise pendant des siècles.
Les raisons que fit valoir le syndic général de la Province auprès du conseil
du roi, dont les arrêts contradictoires se multiplièrent, de 1646 à lÔDy, pour
obtenir la cassation du privilège, sont caractéristiques'.
Il y a d'abord des arguments de pure forme : la concession est contraire
aux franchises de la Province, puisque nulle chose nouvelle ne peut être faite
sans le consentement des Etats; puis, des préjugés peu dignes de supporter la
discussion : le canal, prenant le Rhône à Beaucaire, où ses eaux sont très-
rapides, inondera le pays & causera d'inestimables dommages aux particuliers;
le dessèchement ruinera les pâturages « qui sont très-exquis, « & par consé-
quent la manufacture des laines, principal objet du commerce de la Province.
D'autres motifs, plus réels, touchent au vif de la question 8c montrent les
« pères de la patrie » comme on se plaisait à les appeler, dans les harangues
officielles, sous un jour assez fâcheux. L'un des grands inconvénients que
' Voici la série des actes officiels sur la matière : sion ; — arrêt du conseil du il septembre 11548
édit de jnars 1644 portant concession à Jacques cassant la révocation; — arrêts du conseil des z8
Brun; — arrêt du conseil du 21 février 1 Û46 , & octobre 1648, 27 août 1649, '4 '"3' Il355, 17 fé-
déclaration de janvier 1^47, révoquant In conccs- vrier 81 6 juin 1667 confirmant la concession.
LIVI I. MINISTERE DE MAZARIN. 38/
l'on reproche au futur canal, c'est qu'il facilitera l'importation des grains &
que, par suite, il abaissera les prix sur les marchés de Languedoc. L'autre
calamité prévue, c'est que, la stérilité & la fièvre étant bannies des marais,
« la plupart des sujets des lieux voisins déserteront & quitteront leurs anciens
« seigneurs pour aller cultiver les terres desséchées. »
La nature de ces sentiments explique à merveille l'âpreté que mirent les
États à combattre Jacques Brun, « blessé, comme ils disaient, de la fantaisie
« de faire un canal au-dessous de Beaucaire, » Si cette délibération étrange
où furent déclarés indignes d'entrer jamais dans l'assemblée des trois ordres
Si d'en recevoir aucune grâce, utilité, faveur ni émolument, tous les consuls
ou particuliers reconnus coupables d'avoir donné assistance à l'entrepreneur
Se d'avoir favorisé son travail '. La crainte de vendre leur blé moins cher ou
de perdre leurs vassaux pouvait seule inspirer aux puissants personnages qui
dominaient dans les États un tel déchaînement d'hostilité.
Cependant M. de Bezons avait fait une descente sur les lieux*. Les députés
des bourgs les plus intéressés dans l'affaire, ceux de Beaucaire, de Fourques,
de Bellegarde, de Saint-Gilles, d'Aigues-mortes, de Saint-Laurens, loin de se
laisser impressionner par les prohibitions de l'assemblée provinciale, insis-
tèrent fortement auprès du conseil du roi pour obtenir la reprise des travaux.
Ils remontrèrent, d'accord avec le fermier des gabelles, que le bras de Four-
ques, par suite d'ensablements progressifs, en était venu à n'avoir plus qu'un
demi-pied d'eau dans plusieurs endroits, Si qu'il devenait, comme le grand
Rhône, impraticable pour le tirage de sels, que ces ensablements entraînaient
des conséquences très-dangereuses à l'époque des fortes crues, les eaux se
créant alors des passages nouveaux avec une extrême rapidité Si submergeant
de vastes étendues. En ouvrant le canal au point de dérivation projeté où le
Rhône se trouvait contenu dans son lit par les roches opposées de Beaucaire
Si de Tarascon, les mêmes caprices n'étaient pas à craindre; on espérait que,
par le courant continuel qui se trouverait ainsi entretenu, on pourrait faire
du grau d'Aigues-mortes un très-bon port de refuge pour les navires surpris
par la tempête, entre la Catalogne Si la Provence, contre les vents de mer
qui rendent ces côtes dangereuses. Le conseil du roi comptait aussi que la
ferme des gabelles augmenterait de cent cinquante mille livres par an par la
suppression des embuscades qu'entraînerait le défrichement des terres cou-
vertes de roseaux grands Si touffus où les contrebandiers abritaient leurs
fraudes. Il évaluait à cent mille livres l'augmentation des fermes de la patente
de Languedoc Si de Provence par suite de l'activité donnée au commerce; Si
enfin, — nous reconnaissons ici déjà comme un avant-coureur des vastes
desseins de Colbert, alors intendant général des affaires de Ma/arin, — on
espérait voir bientôt descendre par le canal « grande quantité de bois pour
' Délibération du i5 novembre i655. Pièces jus- des Etats qui, après avoir obtenu « quelque émo-
tificatives, n. CCXLI, col. Spo. Pour compléter ces lument » auraient négligé de s'opposer à la cons-
mesures de violence, le syndic général recevait truction du cannl.
même l'ordre de faire rendre gorge aux députés " Il en dressa procès-verbal le |5 mai 1(554.
i66q
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388 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« faire Jes bateaux, galères Se autres navires, sans être obligé d'en aller cher-
« cher dans les pays étrangers & y faire passer gens de guerre, canons Se
« munitions, sans craindre de les perdre par les naufrages qui arrivent à
« l'embouchure du grand Rhône. »
C'est en vue de ces résultats, les grandes contestations que Brun avait eues
pendant quinze ans avec les Etats l'ayant non-seulement empêché de con-
duire l'ouvrage, mais réduit à l'impuissance de l'accomplir, qu'une concession
nouvelle fut faite à Marc Paulet, bourgeois de Paris. Celui-ci devait exécuter
le canal en quatre ans Se l'entretenir navigable à ses frais.
Pour désarmer le mauvais vouloir des grands propriétaires de Languedoc,
un tiers seulement des terres desséchées serait consacré à la culture du blé, Se
le reste mis en prairies, pâturages Se jardins. « Ceux qui s'opposent, disait
« l'acte royal, ne se pourront plus servir du prétexte que la trop grande
(i quantité de blés que produiront les marais desséchés les rendroit à vil prix
K Se diminueroit les ventes, puisque les deux tiers seront réservés'. »
Le titre de concession, dans ses considérants, indiquait les plus riantes
perspectives. Les mariniers allaient trouver un passage libre pour venir de
toutes parts à la foire de Beaucaire, passage qui, n'étant plus « interrompu
« par les vents contraires, les bancs de sable S<. les arrêts du Parlement
«' d'Aix, » apportera de très- grandes commodités à la ville Se à toute la
Province. Le pays sera soulagé des inondations. Les marais, qui ne produi-
sent à présent que des grenouilles, sangsues, moucherons Se sauterelles dont
les habitants des lieux voisins sont ordinairement affligés, aussi bien que
« de grièves Se dangereuses maladies, » conséquence des mauvaises vapeurs
Se brouillards, donneront abondance de laitage, de beurre, de viande, de
laines Se pourront être consacrés à l'élève des chevaux Se du bétail.
L'édit portait qtie Marc Paulet devait être subrogé à Jacques Brun, en exé-
cution de l'édit de mars 1644 Se de la déclaration de juin i653. La subroga-
tion fut beaucoup plus parfaite que ne le supposaient les rédacteurs de l'acte
royal. Toutes les instances du bourgeois de Paris, comme les eftorts des com-
missaires du gouvernement se heurtèrent contre l'inexorable résistance des
intéressés. L'édit de mars 1660, combattu, suivant toutes les règles d'une pro-
cédure raffinée, par le syndic général de la Province, alla rejoindre, dans les
limbes des lois inexécutées, les innombrables arrêts que le second concession-
naire avait obtenus en faveur de son entreprise. Se les « grenouilles, sang-
« sues, moucherons Se sauterelles » jouirent sans trouble de leur domaine
jusqu'aux dernières années du règne de Louis XV.
Le I" avril 1660, la Cour franchit le P\.hône au pont de Villeneuve-Saint-
André, pour traverser de nouveau la Province Se aller rejoindre l'infante
' Le Conseil du roi observe aussi que les Etats de tout temps, » citant à l'appui des actes authen-
ne pourront se plaindre qu'on blesse leurs privi- tiques du sénéchal de Beaucaire des années i3o(j,
léges , puisque ce n'est pas une affaire nouvelle, i339 & i5^8'.
comme ils l'ont voulu dire, « ledit canal n'étant ,»i- jiii./~ i^jjni .j
_ ,. ' . ' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Parlement de
que le rétablissement de celui que nous nvons eu Toulouse. Recueil des éJils & déclarations.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 889
espagnole à Saint-Jean-de-Luz. Le même jour, on visita la chartreuse !k l'on
arriva à Nimes dans la soirée. Ce fut le prince de Conti qui reçut Louis XIV,
en sa qualité de gouverneur de Languedoc'. Après de courtes haltes à Mont-
pellier, à Pézénas, à Narbonne, le cortège royal se détourna de sa route pour
aller voir Perpignan, conquête de Louis XIII, dont la paix des Pyrénées
assurait à la France la possession définitive. A Leucate, le roi & sa mère
furent régalés par le marquis de Saint-Avinez, rétabli dans sa charge depuis
ses lettres d'amnistie.
Louis XIV rentra à Carcassonne le 17 avril; pendant les deux jours qu'il
y passa, on a seulement noté les dévotions qu'il vint faire avec Anne d'Au-
triche dans l'église des Augustins, comme à son premier passage*.
Il arriva à Toulouse le 20 avril, sur les trois heures de l'après-midi, 8c fut
accueilli par les capitouls à la porte du Château-Narbonnais. Il se trouvait
dans le même carosse que sa mère, son frère 8t sa cousine. Le discours que
prononça M. Jean Castel, avocat en Parlement, chef du consistoire, contint
des félicitations au sujet du mariage de Louis XIV avec une princesse qui
avait l'avantage, comme lui, de compter parmi «es aïeux « le grand Henry,
« le pieux saint Louis 8t l'invincible Charlemagne. »
Les capitouls n'oublièrent pas de mettre à profit la présence du roi pour
solliciter le rétablissement de l'abonnement des tailles &t l'autorisation de la
subvention. Toutes les démarches qu'ils tentèrent demeurèrent sans résultat.
Au moment du départ, le cardinal Mazarin, qui avait semblé encourager
leurs espérances, les renvoya au prince de Conti, chargé de leur faire con-
naître les volontés de Sa Majesté.
Ces volontés portaient sur une demande d'argent. M. de Bezons, que les
capitouls rencontrèrent chez le gouverneur, leur déclara que le roi consentait
à faire justice à leurs requêtes au prix d'une somme de deux cent mille livres,
destinée avec d'autres offrandes considérables faites par toutes les villes nota-
bles du royaume à payer les dépenses de la paix Se du mariage.
Le conseil de bourgeoisie fut si fort épouvanté de cette exigence qu'il
envoya aussitôt le chef de consistoire avec MM. de Franqueville^ & de Goy-
rans"*, en députation à Saint-Jean de Luz, pour supplier le roi de se contenter
de soixante-quinze mille livres.
Les députés furent reçus en plein conseil, sous la présidence du prince de
Conti, mais ne purent rien obtenir; il fallut faire partir une nouvelle
ambassade qui suivit la Cour à Bordeaux 8<. à Paris, 8c qui finit par transiger
avec le roi au prix de cent quarante mille livres. En échange de cette somme,
des lettres patentes, signées le i5 novembre, accordèrent à la ville de Tou-
louse toutes les confirmations désirées. On fit encore quelques difficultés pour
les remettre aux ambassadeurs, sous prétexte d'exiger des cautions à Paris
■ Ménard, Histoire de la ville de Nimes, VI, ' Antoine de Ljgurrigue, avocat en parlement,
p. i^^, seigneur de FranquevtllL', capitoul de Tannée 1 644.
' Bouges, Histoire ecclésiastique & civile de la ville * Biaise de Briigères, baron de Goyrans, capitoul
&■ diocèse dt Carcassonne, p. 449. de l'année i65i.
1660
~ 390 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
pour garantir le payement de la somme convenue; mais l'intervention tlu
prince de Conti acheva de lever tous les obstacles Se ce fut de la main du
gouverneur que les capitouls reçurent leurs précieux parchemins'.
Avant de quitter Toulouse, le roi avait signé, le 21 avril, en faveur des
capucins de Castres, un brevet de concession de l'emplacement des fortifi-
cations de Lombers, brevet qui fut remplacé le 18 mai suivant, à Saint-Jean-
de-Luz, par un titre plus régulier. Cet acte de munificence était destiné à
récompenser les capucins « du bien qu'ils avoient déjà fait à Castres pour
o l'avancement des catholiques, » & à les dédommager de l'insuffisance des
aumônes^. Le don du roi comprenait la propriété des esplanades Se terrages
qu'occupaient les fortifications de la place avant la démolition de 162 1, les
fossés situés au dedans & au dehors de la ville, le bastion anciennement
appelé le Boulevard, les masures des murailles de l'enceinte, les pièces de
terre du Coustou, assiette du château royal & tous les matériaux provenant
des démolitions^.
Le voyage sur Saint-Jean-de-Luz fut repris le 28 avril, & se fit par Auch,
Vic-Fezenzac, Nogaro, Mont-de-Marsan, Tartas, Dax Si Bayonne. Le 8 mai,
le cortège royal atteignait la petite ville choisie par les négociateurs, & le
mariage se célébra le 9 juin.
Cette fois, enfin, les promesses de pacification, dont on n'avait pas cessé
d'entretenir la Province depuis dix-huit ans, presque à chaque tenue d'États,
se trouvaient heureusement réalisées. La France perdait la Catalogne; mais
comme la possession de ce territoire n'avait occasionné en Languedoc que des
accroissements de charges, l'établissement d'une solide frontière de montagnes
y parut sans doute une meilleure garantie. La conclusion du traité de l'île
des Faisans délivrait le pays de ces onéreux passages de troupes, de ces quar-
tiers d'hiver, de ces exactions de toute nature, dont les procès-verbaux des
États avaient si souvent renouvelé l'affligeant tableau. En même temps, les
auteurs de la guerre civile perdaient leurs plus redoutables appuis.
Le rétablissement de la paix Se le mariage du roi donnèrent lieu, dans toute
la Province, à des réjouissances publiques. Le Te Deiim fut chanté dans les
églises cathédrales. Se des feux de joie allumés partout.
On éleva sur la place Saint-Étienne de Toulouse un grand théâtre entouré
de balustrades, où figuraient, plus grands que nature, le roi Louis XIV, armé
de toutes pièces, l'épéeà la main Se foulant aux pieds des trophées d'armes; la
jeune reine, couverte du manteau royal parsemé de fleurs de lis d'or Se tenant
à sa main droite une branche d'olivier Se à la gauche une poignée d'épis; le
' Archives de Toulouse. Annales manuscrites de ' L'acte royal ajoute que ces divers biens, appar-
l'hôtel de ville, IX, p. 20. tenant de droit au domaine, avaient été usurpés
' " & aussi à cause qu'ils reçoivent fort peu sans titre par ceux de la religion prétendue réfor-
de chantés 8c n'ont eu jusqu'à présent moyen de mée. Les terrains & les matériaux donnés aux
bâtir leur église & leurs logements. — Lettres pa- capucins devaient être par eux vendus, à charge
tentes du 18 mai 1660'. d'en employer le produit à la reconstruction de
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Parlement de église.
Toulouse. Recueil des édits & déclaralioin.
LIV. I. MINISTERE DE MAZARIN. 891
vieil Henri IV, exprimant la joie de voir « son sang se réunir à son sang par ce
« sacré mariage; » l'Espagne; le dieu Hyménée, portant un écusson mi-parti
aux. armes des deux nations; la Paix; Sv enfin l'Hérésie qui paraissait déses-
pérée par les promesses de l'alliance espagnole. Des devises latines commen-
taient cet ingénieux symbolisme". Celle de l'Hérésie annonçait que le sort
de Troie lui était réservé. Aussi, quand le feu d'artifice fut terminé, cette
figure, qu'on avait remplie de fusées, fut seule réduite en cendres, tandis
que les autres demeuraient entières 8c debout, « comme victorieuses de ce
« monstre ^. »
En célébrant, dans son discours de cérémonie aux États, les bienfaits &
les promesses de la paix, François Fouquet, archevêque de Narbonne, qui ne
devait pas tarder d'être emporté dans la disgrâce du surintendant, mais qui
semblait avoir porté sur son siège métropolitain l'orgueil & les ambitieuses
visées de sa famille 3, ne manqua pas de mettre en lumière l'action décisive
qu'avait eue le cardinal Mazarin sur les négociations. Il rappela les fatigues
que Son Éminence venait d'essuyer, « aux dépens d'une santé si chère 8c si
« précieuse à toute la France » 8c les droits du premier ministre aux béné-
dictions de la chrétienté, à l'estime du monde, aux acclamations des peuples
8c à la reconnaissance de tous les corps de l'Etat.
Quelques mois après le grand événement qui terminait la période orageuse
du règne de Louis XIV, le cardinal Mazarin s'éteignait à Vincennes. Dans
1660
' Voici le détail de ces devises : Louis XIV : Sic
oscula conjugis em't; — la reine : Hac dote nupsi ;
— Henri IV : Sunguis uter^ue meus; — l'Espagne :
Vectigal lieritx confert Augustas; — l'Hymen : Fa-
ciam eos in gentem unam ; — les armes de France
& d'Espagne : Aeterno haee stemmata nexu junxit
amor; — la Paix : Toto faeiam commereia mundo;
— l'Hérésie : Soli mihi Pergama restant.
' Archives de Toulouse. Annales manuscrites de
Vhàtelde ville, IX, p. i8.
' L'historien des archevêques de Narbonne,
Besse, venait de flatter, en 1660, les prétentions
de François Fouquet, en lui attribuant la qualité
de duc, comme attachée à son siège métropoli-
tain.
Dans son n Epistre à Monseigneur l'Illustris-
sime & Révérendissime Messire François Fouquet,
archevêque, duc de Narbonne, » il lui dit : « De
grands princes, illustres par leur naissance & par
leur vertu, ont fait gloire de se dire vassaux de
vos illustres prédécesseurs archevêques de Nar-
bonne, non-seulement par la soumission que les
grands doivent à l'Église comme les moindres
de leurs sujets, mais même par la considération
des droits temporels des archevêques, auxquels,
comme aux véritables ducs de Narbonne, ils ont
rendu hommage & obéissance... & s'il y a encore
dans la mesme province des prélats qui portetit
lant contredit la qualité de comtes du Puy, de
Gévaudan & d'Agde,vous trouverez, Monseigneur,
que ce n'est pas avec moins de raison que vos
prédécesseurs ont pris la qualité de ducs de Nar-
bonne. »
Ailleurs il ajoutait, au sujet de la dignité de
président-né des Etats : « Il se voit dans l'ordre
des assemblées des Etats généraux de la province
de Languedoc, dont les archevêques de Narbonne
sont présidents-nés, qu'ils y ont toute l'autorité
que nous avons représentée que les préteurs, pro-
consuls & présidents de Narbonne sous les Ro-
mains avaient dans de telles assemblées & que,
tant pour avoir succédé à la dignité de ces anciens
magistrats des Romains, que nous avons dit avoir
esté appelés praesules, comme nous appelons en-
core les prélats, que, pour avoir depuis possédé
en fief la plus grande partie du comté de Nar-
bonne & avoir partagé avecque le duc & comte
métropolitain de Narbonne la dignité ducale 8c
comtale de cette ville, le titre de duc est aujour-
d'hui légitimement dû aux archevêques de Nar-
bonne, qui doivent être désormais appelez arche-
vêques-ducs de Narbonne'. n
• Histoire des Ducs, Marquis & Comtes de Wirboniie,
autrement appelai Princes des Gotfts, Ducs de Scftimatiie
(^ Marquis Je Golhie, JcJiiJ i monseigneur Tarchevcsquc
duc de Narboiuie, par le sieur Besse. A Paris, clic/ Anroiiie
de Soimnaville, au Palais, sur le second perron nioiiMut à la
Sainte Chapelle, i l'£scii de France, huclx.
~^^ 392 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les dernières instructions verbales qu'il donna au roi, on put retrouver, sous
une forme synthétique, l'impression qu'il avait gardée de la longue résistance
des Parlements.
« Pour la magistrature, dit-il au jeune prince, il est juste de la faire
« honorer, mais il est très-important d'empêcher que ceux de cette profession
« ne s'émancipent, & de les obliger de se tenir dans les bornes de leur devoir,
« sans songer à autre chose qu'à rendre également à tous les sujets la justice
o qui leur est due '. »
' Lettres, instructions & mémoires de Colhert,!, les tailles. Dans une lettre du 9 septembre ifiSç,
p. 535. Mémoire dont le roy mesme dicta la sub- il expose la nécessité de réprimer la licence de
stance au sieur Rose, secrétaire de son cabinet, & ceux « qui empêchent le payement des tailles, "
relut tous les articles après les avoir fait entendre & parle de réunir des troupes pour presser les re-
en sa présence, &c. tardataires & pour empêcher les violences de la
Au milieu des négociations de Saint-Jean de noblesse qui les protège & surtout celles des con-
Luz, Mazarin s'inquiétait encore de l'insubordi- seillers de Toulouse",
nation des parlementaires & de leur refus de payer ■ Lettres, instructions & Mémoires de Colberl, I. p. 363.
tst^t^t^t?^:?^^:^?:^^:^^:^^^^^^^:^^^^^
LIVRE DEUXIEME
ADMINISTRATION DE COLBERT
CHAPITRE PREMIER
GouTtrnement Ai\ prince d« Conti. — Ln Grange des Prés. — Voyages d'AIef._ ^ Assises du Puy.
Commission ces froniières. — ÉléTation & mort de Pierre de Marca. — Episcopai de Nicolas
PaTilIon. — Ses missions de femmes. — Ses luttes avec les gentilshommes & les réguliers Je son
diocèse. — Affaire de la commutation de Toulouse. — Droit d'asile réclamé par les parlementaires.
ARMAND DE BOURBON, prince de Conti, pair de France, conu^
de Pézénas, baron de la Fère-en-Tardenois, seigneur de l'Isle-Adam,
pourvu du gouvernement de Languedoc après la mort de Gaston
d'Orléans, était fils puîné d'Henri de Bourbon, prince de Condé, & de Char-
lotte-Marguerite de Montmorency, & frère du grand Condé. Il avait eu pour
parrain le cardinal de Richelieu, & s'était vu, dans sa jeunesse, destiné par
sa famille aux plus grandes dignités ecclésiastiques. Abbé de Saint-Denis en
France, de Cluny, de Lérins & de Molesme, élevé dans l'espoir d'atteindre
la pourpre romaine, puis sacrifié à l'abbé de La Rivière pendant les troubles
de la régence, il s'était jeté dans les armes, quoique sa constitution physique
ne l'y disposât guère, car il avait la taille contrefaite. Nous l'avons rencontré
guerroyant en Guienne contre le comte d'Harcourt, 8c mêlé d'une façon très-
active à tous les événements de la Fronde.
Le comte de Bussy-Rabutin, qui le fréquenta beaucoup 6<. fit avec lui plu-
sieurs campagnes, lui a consacré dans ses mémoires quelques lignes de por-
trait. '( Le prince avoit, dit-il, la tête fort belle, tant pour le visage que pour
« les cheveux, 8c c'étoit un très-grand dommage qu'il eût la taille gâtée; car.
1661
— 394 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« à cela près, c'étoit un prince accompli. » Engagé clans le métier de la guerre
par les traverses de sa maison, il y avait pris tant de goût qu'il n'en était pas
revenu; cependant il avait « étudié avec un progrès admirable, ayant l'esprit
« vif, net, gai, enclin à la raillerie, avec un courage invincible; s'il y avoit
« quelqu'un au monde aussi brave que le prince de Condé, c'étoit son frère,
« Jamais homme n'a eu l'âme plus belle sur l'intérêt que lui : il comptoit
« l'argent pour rien' »
A la suite de son accommodement avec la Cour, il avait épousé l'une des
nièces du cardinal Mazarin, Anne-Marie Martinozzi, alors âgée de dix-sept
ans. Le prince aimait cette jeune femme avec passion & la tourmentait de
ses assiduités, au point que les médecins la déclarèrent perdue, en i656, si
l'on ne la séparait pas de son mari^. Elle devait pourtant lui survivre de
six ans.
Pendant que Gaston était gouverneur de Languedoc, le prince de Conti
avait été plusieurs fois délégué pour faire l'ouverture des Etats de la Province
en qualité de premier commissaire du roi. Il possédait un riche domaine dans
le pays, La Grange des Prés, situé à peu de distance de Pézénas, dont il
était comte engagiste, comme héritier des Montmorency^. C'est dans ce
domaine qu'étaient nés sa mère & son oncle, le duc Henri de Montmorency,
décapité à Toulouse, l'un 8c l'autre enfants du connétable. L'acquisition de
cette terre datait d'Antoinette de La Marck, première femme d'Anne de
Montmorency, & la famille ducale s'y était fixée, après avoir abandonné le
vieux château de Pézénas, élevé du temps des Anglais, dans l'enceinte même
de la ville. Le prince en fit sa résidence habituelle en Languedoc Se il en
augmenta les bâtiments d'une manière notable, afin d'y loger toute sa maison.
On y admirait un vaste jardin décoré de bassins, de fontaines, de grottes
artificielles tapissées de rocaille & d'eaux jaillissantes, avec de larges allées
d'orangers, des parterres couverts de fleurs 6t des cyprès dont le feuillage était
taillé en mille figures bizarres'^.
Cette habitation seigneuriale est demeurée célèbre dans l'histoire littéraire
de la France par le séjour qu'y fit Molière durant la session des États de i655,
grâce à l'hospitalité du prince de Conti, alors très-dominé par le goût des
choses du théâtre, une des passions caractéristiques de sa jeunesse^.
• Mémoires du comte de Bussy-Raiutin, I, p. 492. ' M. Lacour de la Pijardiire, archiviste de l'Hé-
' Lettrede Mazarin à Colbert du 3i juillet i656. rault, a retrouvé, dans une liasse de quittances
Lettres, Instructions & mémoires de Colliert,ï, f, j^ç6. provenant du fonds des trésoriers des États, un
' Les lieux de Languedoc dont le prince de reçu autographe de Molière ainsi conçu :
Conti se trouvait seigneur en qualité d'engagiste « J'ay receu de Monsieur le Secq thresorier de
du domaine, étaient Pézénas, Montagnac, — Ces- la bource des Estats du langueJoc la somme de
senon, Berlou, Ferrières, Fraisse, Premiant, Peire- six mille liures a nous accordez par messieurs du
Rue, — Alignan-du-Vent, Caiix, Causse & Vey- Bureau des comptes de laquelle somme ie le quitte
ran , Lieuran de Cabrières, Montblanc, Musq, faict a Pezenas ce vingt quatriesme iour de febu-
Roiijean, Roquebrun, Servian, Saint- Nazaire, rier i656
Tourbes, Vendres, Vabros, Vieussan. MOLIERE .;.
■•Bibliothèque de Toulouse, Description de la quittance de six mille liures. u
province de Languedoc, ms., p. 33i. Ces lignes, écrites sur une feuille de papier de
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 396
En devenant gouverneur de Languedoc, Armand de Bourbon hérita d'une
partie du personnel attaché à Gaston d'Orléans : il eut M. de Choisy pour
chancelier, 8c M. de Goulas pour secrétaire des commandements à Paris,
tandis que M. de Guilleragues occupait la même charge dans la Province'.
La confrérie des Pénitents Bleus de Toulouse, dont le prince avait autre-
fois consenti à faire partie, ainsi que son père Se son frère, se hâta, pour se
l'attacher plus étroitement & s'assurer sa protection d'une manière plus effi-
cace, de lui offrir la charge de prieur qu'il accepta, avec M. de Cathelan pour
vice-régent; mais il ne tarda pas à s'en démettre, sous prétexte qu'il ne pou-
vait l'exercer en résidant hors de Toulouse^.
Lorsque l'effervescence de son tempérament fut un peu amortie, le prince
revint à la dévotion Si aux études de théologie qui avaient été l'objet de ses
premiers entraînements. Sous l'empire de ces sentiments, on le vit tous les
ans passer quinze jours dans la petite ville d'Alet, avec sa femme, auprès de
Nicolas Pavillon. 11 logeait à l'évêchéj mais, rigide observateur des lois ecclé-
siastiques, l'évêque obligeait la princesse à coucher dans le séminaire des filles
régentes. On a retenu de ces visites le souvenir d'une autre exigence disci-
plinaire. Pavillon ne permit jamais au prince du sang, gouverneur de la
Province, d'entrer, pendant l'office, dans le chœur de l'église, où siégeaient
seulement les prêtres en surplis. Il le plaçait dans la nef, au lieu marqué
pour les hommes-^.
1661
vingt & un centimètres cnriron de large sur vingt-
neuf de hauteur & occupant la moitié supérieure
de U feuille, forment jusqu'à ce jour, l'autographe
1< plus long & le plus ancien que l'on connaisse
du grand comique français.
A cette largesse provinciale imposée au bureau
des comptes par le prince de Conti se rattache
directement la délibération suivante des Etats
prise le i6 décembre iâ56 :
i< Sur les plaintes quy ont esté portées aux
Estats par plusieurs depputez de l'Assemblée que
la trouppe des Comédiens quy est dans la ville de
Beziers faict distribuer plusieurs billets aux dep-
putez de ceste compaignie pour les faire entrer à
la comédie sans rien payer, dans l'espérance de
retirer quelque gratification} a esté arresté qu'il
leur sera notifié par Loyseau , archer des gardes
du Roy, en la prevosté de l'hostel, de retirer les
billets qu'ils ont distribué & de faire payer, si
bon leur semble, les depputez quy yront à la co-
médie, l'assemblée ayant resoleu & arresté qu'il
ny sera faict aulcune considération & deffendeu
par exprés à Messieurs du bureau des comptes de
directement ny indirectement leur accorder aul-
cunes sommes, ny au trésorier de la bource de les
payer, à peine de pure perte & d'en respondre en
ion propre & privé nom, »
M. Léon Galibert, dans son Histoire des péri'gri~
nations de Molière dans le Languedoc, a montré, en
outre, qu'après cette même session, au mois de fé-
vrier i656, le prince de Conti fit donner à la
troupe de Molière un mandat de cinq mille livres
sur le fonds des étapes de la Province, dont le
payement donna lieu à de grandes complications.
Enfin, les pièces à l'appui des comptes du tré-
sorier provincial ont fourni à M. Lacour de la
Pijardière une quittance du camarade de Molière,
Béjart, pour son recueil de blasons dcdiés à mes-
sieurs des Etats :
« Jay receu de Monsieur le Secq la somme de
quinze cent liures qui ma esté accordée par la
délibération des Estats, pour la composition dun.
liure que jay présenté a Li prouince de laquelle
somme ie quite ledit Monsie"' Le Secq. fait a Pe •
zenas ce 24'' feburier \656, BEJAR.
pour i5oo liures '. «
' Procès-verbal des Etats. Séance du 21 févrie:
i6r,6.
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds des Pé-
nitents-Bleus. Cartulaire de la compagnie royale
des Pénitents-Bleus. Lettre du prince de Conti aux
vice-régent, syndics & confrères, datée de Pézénas
le 28 octobre i(5ûo.
' Le prince de Conti disait à ce propos, que
tout l'honneur que lui faisait M. d'Alet était de
' Rapport au prilct Je l'Hcraull par M. L. de la F^ijardicrc,
du 25 avril 1873. publié dans le Messager liu MUi, de
Montpellier, du J mai de la luéiiic uiince.
i66i
396 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'influence de ce pieux évêque ne fut point inutile pour donner au prince
de Conti une idée sérieuse des devoirs que lui imposait sa charge de gouver-
neur. Il s'inquiéta surtout, lors de la session des Etats qu'il ouvrit le 24 jan-
vier 1661 , dans l'église des Pénitents Noirs de Pézénas, de seconder les efforts
du roi pour faire abandonner à la noblesse le funeste usage des combats sin-
guliers. Dans son discours inaugural, il traita lui-même ce sujet avec quel-
ques développements, invitant les barons de l'assemblée à lui donner assistance
pour concourir à l'observation de l'édit du roi contre les duels, Se pour « déra-
« ciner des esprits des gentilshommes de Languedoc les misérables maximes
«du faux honneur qui sont désormais, dit-il, absolument bannies de la
« Cour 8<. qui sont venues se cantonner dans les provinces éloignées'. »
On retrouve du reste, dans cette harangue, quelque chose de l'esprit réfor-
mateur qui devait marquer la plus grande & la plus féconde période du règne
de Louis XIV. Il est facile d'y reconnaître que le gouvernement voulait alors
vraiment mettre la paix à profit & que le désir de corriger les anciens abus
n'était point un pur ornement oratoire. Le prince parle de mettre l'ordre
dans les affaires des communes qui étaient, en effet, singulièrement embar-
rassées, il espère que « chaque personne, soit publique, soit particulière,
« goûtant la liberté, la délivrance des misères, n'aura devant les yeux pour
« la conduite de sa vie que ces fondemens inébranlables, la religion envers
« Dieu 81 la fidélité envers le roi^. «
Mais, si les grandes agitations politiques étaient réellement finies & si,
partout où devait atteindre l'action du pouvoir central, l'ordre, si longtemps
ébranlé, commençait à renaître, la pacification définitive du pays, la répres-
sion des violences locales étaient bien loin de répondre aux vœux du roi.
L'on avait désarmé les puissances collectives, découragé les tentatives de coali-
tion, rétabli, dans une certaine mesure, le cours de la justice, interrompu
par tant d'aventures; combien de tyrannies particulières ne demeuraient pas
moins debout, protégées par les mœurs, par la tradition, mises à l'abri de la
surveillance & du châtiment par la distance ou par l'âpreté des lieux! Les
intendants de cette période eurent un rôle laborieux & difficile pour forcer
au respect de l'autorité ces résistances qui n'avaient rien de commun avec
l'amour de la liberté & qui n'étaient qu'un héritage des temps féodaux, si
malheureusement ressuscites à la faveur des guerres civiles.
Le gouverneur de Languedoc à qui quelques hommes vigilants dénon-
çaient les entreprises des gens de main-forte, envoyait souvent ses gardes
dans les régions tourmentées pour y forcer l'obéissance. Tout rentrait dans
l'ordre à leur approche, mais quand le maître était reparti pour la Cour, les
désordres recommençaient.
le mettre au rang des Pénitents. Les chanoines " V'oiraussi aux Pièces justificatives les discours
punis de quelque faute se plaçaient en effet sans prononcés à la même occasion par l'intendant
surplis dans la nef auprès des laïques'. Claude Bazin de Bezons , n" CCCXI, col. 762 &
' Piices justificatives, 11. CCCX, col. 761. par l'archevêque de Narbonne François Fouquet,
' Relation d'un voyage d'AU-th. p. 5t). n. CCCXII , col. 77 1 .
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 897
Le prince de Conti fit un voyage en Vêlai au mois de mai 1661 & séjourna
dans la ville du Puy. Il avait reçu l'ordre du roi d'aller terminer, par délé-
gation souveraine, quelques graves difficultés dont les domaines de l'Hôtel-
Dieu du Puy étaient l'origine.
Cette maison possédait, dans les plus hautes montagnes de la Margeride,
en Gévaudan, sur la frontière de l'Auvergne & du Vêlai, de vastes prai-
ries qui dépendaient de la métairie noble de Sauvage' Se qui occupaient
la ligne de faîte entre les bassins de la Truyère & de l'Allier. Dès avant
l'année 1610, les « herbages & forestages » de ce domaine avaient été affermés
aux « hommes de La Roche-Redonde, » petit village de la paroisse de Saint-
Alban, dont le territoire était contigu. Il existait en ce pays un gentilhomme
fort dangereux, portant un nom qui a été plus tard tristement célèbre dans
les Cévennes, Balthasar de Langlade, sieur du Cheylar. Ce personnage, qui
avait acheté en i652, les prairies de l'hôpital du Puy à Seysac*, se mon-
trait voisin fort incommode, troublait incessamment l'exploitation par ses
violences, enlevait les récoltes à main armée & privait l'Hùtel-Dieu de tout
revenu. Les directeurs de l'hôpital, jaloux de se débarrasser des frais de cul-
ture d'une propriété improductive, persuadèrent alors aux gens de La Roche-
Redonde de prendre tout le domaine à titre d'inféodation au prix d'une rente
annuelle de cinq cents livres^.
A peine ce marché était-il conclu que les excès de Langlade recommencè-
rent. La petite garnison qu'il tenait dans sa maison forte était employée à
battre les bergers, enlever les foins, voler les troupeaux. Les hommes de La
Roche implorèrent la protection du Parlement de Toulouse, qui fit faire une
information & lança un décret de prise de corps contre le criminel"*. A l'égard
de tels coupables, & dans une contrée pareille, ces sortes de décrets étaient
illusoires, 8c les poursuites n'aboutissaient pas. Le gentilhomme n'eut donc
pas de peine à s'y soustraire, 8c profitant de l'avantage que lui donnait sa
situation sur la frontière du ressort, il alla lui-même commencer des procé-
dures au sénéchal de Riom, qui dépendait du Parlement de Paris, 8c voulut
contraindre l'Hôtel-Dieu à lui abandonner certaines terres ou à éteindre des
rentes, s'il n'aimait mieux le substituer comme fermier aux gens de La Roche-
Redonde. Le recours des administrateurs au roi, l'autorité du prince de Conti,
les ordonnances de la cour de Toulouse demeurèrent sans résultat, Se le Par-
lement fut réduit à condamner par défaut le sieur du Cheylar à six ans de
galères 8c à trois mille livres d'amende 5.
' Entre BriYat-du-Vent , Sainte-Eulalie , La 7 mai 1660. Lej informations avaient été faites le
Roche-Redonde, La Rougière, Chanaleilles, Cha- 19 arril précédent,
tal & Madreyres. Le sieur du Cheylar fut encore poursuivi devant
' Contrat de vente du 1" mai i652, des prés la cour par les habitants de Mialannes, Fraissinet
situés à Seysac, à derai-Ujue du Puy, moyennant & la Vialette, avec quelques autres aventuriers
11000 livres. nommés Masse, Faure, La Fortune, Pontie'.
' Actedu 9 janvier 1660 ; Manson, notaire royal, 'Arrêt du Parlement de Toulouse, rendu par
* Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par-
lement de Toulouse, Arrêt de grand'chambre du ' Arrêt de grand'chambredu 2 5 mai iCCo.
1661
~^^ 398 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Cependant, l'Hôtel-Dicu avait consenti à prendre le gentilhomme pour
fermier, malgré le bail des hommes de La R.oche, qui se virent contraints à
plaider au sénéchal de Riom. Ce fut pour mettre fin à ces différends que le
roi fit passer des ordres au prince de Conti.
Le gouverneur tint, le g mai 1661, dans l'hôtel de l'évêché du Puy, une
sorte d'audience souveraine qui rappelait les anciennes cours féodales; il
avait avec lui le conseiller Le Mazuyer, du Parlement de Toulouse '. Henry
de Maupas du Tour, évêque & seigneur du Puy, comte de Vêlai , abbé de
Saint-Denis de Rennes, présidait le bureau, qui était composé de deux admi-
nistrateurs de l'Hôtel-Dieu, chanoines de la cathédrale, du juge-mage, de
l'avocat 8c du procureur du roi à la sénéchaussée, du premier & du second
consul, 8c d'un bourgeois de la ville du Puy*.
Les gens du roi firent un rapide exposé de la délégation donnée au prince,
Se supplièrent Son Altesse d'employer son autorité à l'apaisement de la querelle.
Le prince de Conti écouta les divers membres du bureau, à commencer
par l'évêque; mais, ne se trouvant pas suffisamment éclairé, il chargea
Le Mazuyer d'ouïr les parties 8c de lui faire son rapport.
Le rapport fut présenté dans une seconde séance, tenue le même jour. On
y prononça la nullité du bail de Langlade 8c la légitimité des droits de La
Roche-Redonde ; mais, pour faire la condition des pauvres meilleure, on
décida que les parties renonceraient à leurs contrats par acte notarié, 8c que
le fermage serait mis à nouvelles enchères par quatre dimanches consécutifs.
Ce fut sous cette forme que la rivalité des hommes de La Roche 8c du gen-
tilhomme se donna carrière. Malgré sa condamnation aux galères, le sieur du
Cheylar, représenté par son procureur, fit rude concurrence à ses adversaires.
Le prince parti , les scènes violentes se renouvelèrent. Il avait donné des
pouvoirs pour terminer le débat au vicaire général Amable de Pradier d'Agrain,
seigneur du Mollar, dont un parent, le baron d'Agrain, était alors premier
consul du Puy. Celui-ci ne trouva d'autre solution que d'atfermer le Sauvage
au frère même du condamné, Jean de Langlade, sieur de Villaret, stipulant
« pour lui 8c les siens ou pour son ami élu ou à élire 3. « Les habitants de
défaut, le i3 juillet 1660 contre Balthasar Lan- du Puy. Le prix du bail fut de 940 livres paya-
glade dit Fargette, sieur du Cheylar. blés, moitié à la Toussaint, moitié à la Saint-Jean.
' Henry Le Mazuyer, conseiller aux requêtes le Les administrateurs se réservaient seulement la Jus-
17 novembre i65o, conseiller en la cour le 2 avril tice & le droit de loger avec leurs chevaux & d'être
1664, procureur général le i3 mars 1669'. nourris aux frais du fermier, trois jours par an,
* Balthazar de Ravissac & Jean d'Asquemye, lorsqu'ils allaient sur le domaine faire tenir la
chanoines; de Filière, juge-mage j Maurice Le cour ou visiter le bien. On voit paraître dans
Blanc &. Pons Picot, avocat & procureur du roi; l'acte, outre divers personnages déjà connus, Pierre
Guillaume Bridel, sieur de Brive, & Ignace Pas- Le Blanc, docteur en théologie, grand vicaire, pré-
cal, premier & second consul; Ginestet, bour- sident du bureau; Jean Jaquet, curé de l'Hôtel-
geois. Dieu; messire Jean de Pradier d'Agrain, baron
^ Bail du 16 mai 1664. Manson, notaire royal dudit lieu & autres places, premier consul; Vidal
Bertrand, marchand, bourgeois du Puy, deuxième
•Archives, du Parlement de Toulouse. Liste des officiers consul, &. Gabriel Bernard, notaire royal, aussi
de la cour. Edils & déclarations, XIX, p. 141; XXI, p. 73. consul.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 899
La Roche-Redonde ne se firent point d'illusions sur l'identité de l'inconnu
qui se dissimulait derrière cette formule. Le prince de Conti se trouvait alors
à la suite de la Cour, Quand les cinq ans de prescription accordés par l'ordon-
nance criminelle furent écoulés, le sieur du Cheylar reparut dans le pays Se
finit par obtenir un arrêt de relaxe, en même temps que par ses procédures
au sénéchal de Riom, il cherchait à faire naître un conflit de juridiction
entre les Parlements de Paris &. de Toulouse.
Deux ans après, les procureurs grossoyaient encore.
Nous avons raconté comment l'archevêque de Toulouse, Pierre de Marca,
fut désigné par le cardinal Mazarin pour travailler à la rectification de la
frontière d'Espagne. Le prélat prit avec lui Baluze, son secrétaire & le confi-
dent de tous ses travaux d'érudition. Ils firent un voyage de savants : à
Carcassonne, à la Livinière, à Narbonne, à Leucate, à Salses, ils saluaient
au passage des noms bien connus des auteurs antiques'.
Hyacinthe Serroni habitait alors Perpignan. Il vint au devant de l'arche-
vêque jusqu'à Salses Se lui fit une magnifique réception. Toute la ville de
Perpignan se mit sur pied 8c vint à sa rencontre à grande distance. Nombre
de Catalans y accoururent aussi, voulant donner des preuves de souvenir &
d'affection à celui qui avait si longtemps étudié la condition politique de
leur pays. Avertis par l'abbé d'Arles des mouvements de leurs collègues
d'Espagne, les deux commissaires français s'acheminèrent vers les Pyrénées
& firent halte dans la petite ville de Céret, où ils demeurèrent près de
quatre jours sans nouvelles. Enfin, le quatrième jour, parurent les envoyés
espagnols. L'un était un homme triste 6c sévère, le visage empreint d'une
gravité solennelle; il s'appelait Michel Salba, chevalier de l'ordre de Saint-
Jacques. L'autre, d'un caractère plus alerte 6c d'un esprit plus ouvert, était
Joseph Roméo, de Tortose, membre du conseil de Catalogne. Baluze nous
apprend qu'il avait autrefois fait sa cour aux Muses*.
Les commissaires parcoururent ensemble tous les territoires litigieux qui
forment les confins de l'antique Provincia 8c de la Tarragonaise, étudiant le
sol, les versants des monts, la direction des eaux, discutant les textes, appe-
lant à l'aide de leurs prétentions Strabon 8c Pomponius Mêla, Dolabella 6c
Sœculus Flaccus, sans oublier Eginhard 6c les chroniques carlovingiennes.
L'exploration commença par l'ancien promontoire de Vénus, où finit la
Gaule, d'après les géographes antiques. Marca fit rejeter l'opinion tout espa-
gnole de certain commentateur, dont le patriotisme avait faussé le texte de
Mêla. On agita la question de savoir si le monastère San Pedro de Roda
était en Espagne ou en France. Puis on passa au comté de Confient, que
les Espagnols prétendaient rattacher à la Cerdagne : Marca soutint que ce
fief avait toujours fait partie du diocèse d'Elne 8c du comté de Roussillon.
■ (I Carcassonem, Livianam, Narbonem, Leu- ' « Ingeniosissimo viro & fesiiyo, utpote D»r-
tatam ac Salsulas, nota priscis scriptoribus no- tosensi, & salutaverat musas'. «
mina '. »
' Baluze, Vila Pctri de Marca, p, 78.
' Baluze, Vila Peir'de Marca, p- 74.
1661
i66i
400 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le Capsir, petit coin de terre aux sources de l'Aude, souleva aussi dei
contestations. Le courant de la rivière française fournissait à l'archevêque
son meilleur argument. Il y ajouta cette considération historique que le
territoire avait anciennement relevé du diocèse de Narbonne, 81 qu'en ce
moment même il faisait partie du diocèse d'Alet.
En Cerdagne, nouvelle question. Faut-il croire, suivant la version de
Guillaume Xylander, que les Cerretani de Strabon appartiennent tous à
l'Espagne? Marca réfute l'interprétation du commentateur, Se, recourant au
texte grec, en tire cette conclusion que la majeure partie de ces peuples est
espagnole, mais qu'une portion appartient à la Gaule.
On arrive à la grande vallée d'Urgel. Malgré la géographie 6t la direction
des eaux de la Sègre, qui en font un versant franchement espagnol, l'arche-
vêque la revendique pour la France, en s'appuyant sur le témoignage
d'Éginhard 8c du poëte saxon. Il fait voir qu'un diplôme de Charles le
Chauve, conservé aux archives de l'église d'Urgel, comprend ce territoire
dans la Septimanie, 8<. que la même affirmation se retrouve dans un titre de
Louis le Débonnaire en faveur du couvent de Sainte-Grate.
Si l'on en croit Baluze, toujours enclin à une sorte de partialité affec-
tueuse pour son protecteur, son mécène, comme il l'appelle le plus souvent,
les envoyés espagnols, s'apercevant à quel rude antagoniste ils avaient à
faire, ne songèrent qu'à suspendre toute solution, en déguisant leur dépit
sous les dehors d'une scrupuleuse déférence pour l'initiative des ministres
du roi.
Marca rédigea un mémoire détaillé de son voyage 8< le transmit à Michel
Le Tellier. Revenu en Roussillon, où le résumé des opinions avait été envoyé
dans le prieuré de Notre-Dame du Camp, l'archevêque fut surpris à Perpi-
gnan par une maladie grave, que les habitudes laborieuses de sa vie 8c les
fatigues du voyage avaient peut-être causée. Mais l'irrésistible activité de sa
nature le dominait tellement que, pendant l'intervalle de ses accès de fièvre,
il trouva le loisir de composer une dissertation sur des reliques de saint Jean-
Baptiste conservées dans l'église des Dominicains de Perpignan, mémoire
qu'il remit à ces religieux le jour même de son départ pour Toulouse.
Arrivé dans sa métropole à la fin de mai, il ne se sentit pas assez de forces
pour continuer le voyage jusqu'à Saint-Jean de Luz, où il devait présenter
au roi 8c au cardinal les résultats de sa mission. Il chargea son fidèle Baluze
d'aller les porter pour lui.
Le savant annaliste raconte, avec une sorte de joie naïve, quel désarroi son
arrivée jeta brusquement dans les prétentions des plénipotentiaires espagnols,
qui s'apprêtaient déjà à dévorer toute la Cerdagne. Il dit que l'érudition de
Marca, tenue en haute estime par le cardinal Mazarin, réussit à faire adopter
la nouvelle interprétation de Strabon, dont les conséquences inattendues
étaient de conservera la France dans leur intégrité les comtés de Roussillon,
de Confient 8c de Capsir, avec la vallée de Carol 8c une grande partie de la
Cerdagne. •
LIV. II, ADMINISTRATION DE COLBERT. 401
De retour à Toulouse, Baluze y retrouva l'archevêque en pleine conva-
lescence. Pour se délasser de ses fatigues Se se soustraire aux rudes chaleurs
de leté, le prélat s'établit alors au château de Balma, paisible retraite à
demi cachée dans la verdure, sur les croupes boisées des coteaux de l'Hers.
Ce fut là que, reprenant & agrandissant un ancien projet, il rédigea son
important ouvrage sur la « Marche d'Espagne. » Pendant son séjour en
Catalogne, il avait eu primitivement le dessein d'écrire l'histoire de cette
province &, dans la retraite d'un monastère, il en avait même composé
quatre livres qu'il voulait intituler Catalonïa ïllustrata. Sa mission aux
Pyrénées, en modifiant la direction de ses idées, lui fournit l'occasion de
changer aussi le plan de son livre, 81 comme il avait rencontré dans Eginhard
8<. dans les autres écrivains de la période carlovingienne l'expression « Marca
« Hispanica » pour désigner la frontière d'Espagne, le rapport fortuit de cette
formule avec son propre nom de famille lui sembla piquant, 8c il résolut d'en
faire le titre définitif de son ouvrage.
Ce rude labeur terminé 8<. les ardeurs du soleil amorties, l'archevêque
songea à regagner Paris où déjà la politique le rappelait, 8<. il regagna la
Cour en passant par Bordeaux, où l'archevêque, Henri de Béthune, le reçut
avec distinction 8<. le retint deux jours entiers au milieu des prévenances de
la plus somptueuse hospitalité.
Depuis la mort de Mazarin, la France n'avait plus de premier ministre;
le roi, instruit par l'exemple de Louis XIII 8c d'Anne d'Autriche, refusait de
se mettre dorénavant en tutelle, 8c les soins de la politique intérieure 81 des
relations étrangères demeuraient divisés entre les divers secrétaires d'État.
Pierre de Marca, revenu à Paris dès le mois de septembre de l'année précé-
dente, au retour de sa mission aux Pyrénées, reçut, en même temps que
l'évèque de Rennes, Henri de la Mothe Houdancourt, l'évêque de Rodez,
Hardouin de Péréfixe, 81 le père jésuite Annat, la charge de traiter directe-
ment avec le roi des affaires ecclésiastiques. C'était une haute situation, qui
assurait une influence considérable sur l'Église de France 8c qui répondait
bien aux vues ambitieuses du prélat, en même temps que, par la multiplicité
des intérêts à conduire, elle pouvait satisfaire l'infatigable activité de son
esprit. Ce fut au milieu de ces nouvelles fonctions que l'archevêque de Tou-
louse passa une partie de l'automne de 1661 à Fontainebleau, où le roi
l'avait chargé de conférer avec le nonce Celio Piccolomini. Après la fin de
ces négociations, le prélat fut atteint d'une maladie très-grave, qui mit
quelque temps ses jours en danger Se dont la guérison ne devait pas être
complète. II employa les loisirs de sa convalescence à composer son dernier
ouvrage, un traité en français de l'infaillihilïté du pape, que Baluze écrivit
sous sa dictée.
Cependant des circonstances inattendues préparaient à cette vie de mou-
vement 8c de labeur un suprême couronnement. Depuis des années, le
cardinal de Retz, archevêque de Paris, expiait par l'exil le rôle orageux
qu'il s'était donné pendant les troubles de la régence. Quand la fougue de
Xlli. 26
1661
i66i
402 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sa jeunesse fut amortie, il désira se réconcilier avec le roi & chargea quelques
amis d'essayer en ce sens une démarche discrète. Louis XIV parut disposé à
la clémence & à l'ovibli du passé; mais la renonciation à l'archevêché de
Paris devait être une condition du rapprochement. Le 4 mars 1662, la mère
du cardinal, Françoise-Marguerite de Silly, duchesse de Retz, vint présenter
au roi un acte authentique, signé de son iils, donné à Commercy vers la fin
de février, contenant la cession pure & simple de l'archevêché de Paris.
Immédiatement, Louis XIV fit mander l'archevêque de Toulouse à Fon-
tainebleau. Marca n'avait encore aucune connaissance de l'événement; intro-
duit dans la chambre du roi, qui l'attendait sans témoins, il y trouva le plus
obligeant accueil. Louis XIV lui annonça en quelques mots qu'il était maître
de placer à la tête du diocèse de Paris telle personne que bon lui semblerait.
Il ajouta que nulle dignité ecclésiastique, en France ou à l'étranger, ne
pouvait être comparée à l'archevêché de Paris, 8< qu'il était résolu d'en faire
don à Marca, assuré d'avance que ses vertus lui assuraient le premier rang
parmi les évêques de l'Église gallicane, 8t sachant, par l'histoire de toute sa
vie, que la famille régnante pouvait compter sur son dévouement. En même
teinps, le roi lui remettait entre les mains l'acte de cession du cardinal
de Retz.
Marca se confondit en remerciements. Il avoua qu'il n'eût jamais osé solli-
citer ce présent royal, craignant qu'une pareille prétention ne trahît une
trop haute opinion de ses mérites, mais qu'enfin, puisque l'Eglise avait confié
au roi le droit de nommer les évêques, c'était sans doute la volonté de Dieu
dont Sa Majesté venait de se faire l'interprète. Aussi n'avait-il garde de se
soustraire à ces nouvelles dignités, le choix d'un aussi grand prince suffisant
à rassurer sa conscience. Il termina son compliment par des promesses de
fidélité Si d'obéissance, ne demandant qu'une occasion prochaine de montrer
son dévouement aux ordres du roi.
« L'obéissance vous sera facile, lui répondit Louis XIV en le congédiant,
« car mes volontés ne s'écarteront jamais de la justice. »
Le roi s'empressa d'écrire au pape Alexandre VI pour lui annoncer la
nomination qu'il venait de faire, II s'étendit longuement sur les mérites de
l'archevêque de Toulouse, & n'oublia pas de laisser pressentir les services
qu'on avait le droit d'attendre de lui contre les jansénistes. De son côté,
Pierre de Marca, dont la situation de fortune était toujours délabrée & qui
ne négligeait point le menu détail de ses intérêts, écrivait en cour de Rome
pour solliciter la dispense de la taxe d'expédition de ses bulles.
L'ancien président du Parlement de Pau s'était donc élevé en quelques
années à la plus haute dignité de l'Église de France. Il n'avait que soixante-
huit ans & pouvait se promettre une carrière nouvelle, quand une maladie
soudaine vint renverser le laborieux édifice de son ambition.
Le 5 mai 1662, après s'être longuement promené dans son jardin, où il
avait montré, par sa conversation, la plus grande liberté d'esprit, Pierre de
Marca témoigna quelque fatigue & se coucha vers quatre heures, sous l'im-
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 408
pression d'une fièvre légère; deux jours après, il se crut guéri; mais l'illusion
ne dura guère, & le mal se développa avec une telle rapidité que médecins &
familiers commencèrent à concevoir des craintes. L'archevêque fit appeler un
vicaire de Saint-Sulpice pour écouter sa confession & reçut le viatique. Dès
ce moment, il ne voulut voir personne, & comme si l'approche de ce coup
inattendu lui eût soudainement révélé le néant de toutes les grandeurs
humaines dont la recherche avait tenu tant de place dans sa vie, il se ren-
ferma dans un morne silence que rien ne put interrompre; les reproches
affectueux de ses médecins ne réussirent pas à lui ouvrir la bouche ni à le
distraire par quelques conversations d'amis, de la sombre méditation où il
demeurait invinciblement plongé. Seulement, dans les intervalles de calme,
il se faisait lire par Baluze le livre de VJmour de Dieu de saint François
de Sales.
Au commencement du mois de juin, il eut une telle faiblesse, suivie de
rigidité des membres, qu'on le crut mort; puis il se ranima pour quelques
jours. Au milieu de la nuit, il fit appeler Baluze, qui avait été son secrétaire
intime depuis longues années, 6i qui l'avait accompagné dans ses voyages
politiques. Il déclara qu'il lui laissait toutes ses notes & manuscrits, lui con-
fiant la mission expresse de publier ceux qui se trouvaient assez avancés, 8c,
dans les instructions qu'il lui donna, il témoigna assez de liberté d'esprit
pour s'occuper des moindres détails de l'impression.
Ce fut au milieu de ses préoccupations dernières qu'arrivèrent les lettres
du Pape confirmant la nomination de Marca à l'archevêché de Paris. Alexan-
dre VI annonçait au prélat mourant, par un bref daté de Sainte-Marie-
Majeure le 5. juin, que cet acte désiré s'était accompli, en consistoire secret,
dans la matinée du même jour. 11 rappelait à l'archevêque de Toulouse les
grandes choses que l'on attendait de son zèle, de ses vertus Si de son auto-
rité sur le siège de Paris, où l'absence prolongée du titulaire Se les agita-
tions du jansénisme lui préparaient de si pénibles travaux. Il le félicitait de
l'applaudissement universel qui avait accueilli son élévation. II lui donnait
avis, en outre, qu'eu égard à ses mérites 8c au désir obligeant du souverain
pontife, le sacré collège avait consenti à lui accorder les plus larges facilités
pour le règlement des taxes. Il terminait en donnant au nouveau métropo-
litain la bénédiction apostolique. Se en appelant la faveur du ciel sur les
labeurs de son épiscopat.
Une autre lettre de Pvome, de la même date, écrite par le cardinal Chigi,
renfermait quelques détails sur la séance du sacré collège. On y avait fait,
disait-il, certaines difficultés relativement à la question des taxes, plusieurs
cardinaux ne voyant pas de motifs graves pour s'écarter des constitutions, La
modicité de ces droits comparés aux revenus annuels de l'archevêché de Paris,
la tranquillité du diocèse qui n'avait depuis longtemps éprouvé de calamités
publiques, l'exemple des évêques antérieurs uniformément soumis à la règle,
6c la pénurie du trésor apostolique fournissaient autant d'objections sérieuses
dont le nom 8c les mérites du prélat avaient pu seuls triompher.
1662
i662
404 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Pierre de Marca écouta de son lit, avec de grandes marques d'attention, la
lecture de ces missives. Puis il les fit apporter par Baluze aux chanoines de
Notre-Dame de Paris, qui ordonnèrent aussitôt des prières solennelles usitées
dans cette église pendant le danger de mort des archevêques. Ce fut ainsi
qu'il prit possession de sa cathédrale.
L'exemple des chanoines de Paris fut suivi dans un grand nomhre d'églises.
L'abbé de Saint-Germain des Prés, Henri de Bourbon, fit chanter des orai-
sons en grande pompe. On en usa pareillement au chapitre Saint-Etienne de
Toulouse.
Après quarante-trois jours de maladie, le jour de la fête de Saint-Pierre, vers
onze heures du matin, tandis que Baluze se promenait au jardin avec Samuel
de Sorbière, on le fit venir en toute hâte au chevet de son protecteur. Il
trouva l'archevêque respirant à peine, & le vit s'éteindre sous ses yeux.
Comme les médecins n'étaient pas d'accord sur la nature de la maladie, on
fit l'autopsie du cadavre, 8c le siège du mal fut découvert dans le foie & dans
le poumon.
Le corps de l'archevêque fut enfermé dans un cercueil de plomb. On y posa
une lame de bronze inscrite où on lui conserva le double titre d'archevêque
de Paris 8c de Toulouse. Cette inscription, qui donne la date exacte de sa
mort, porte qu'il avait vécu soixante-huit ans cinq mois 81 six jours.
Baluze, chargé de l'héritage littéraire du prélat, s'acquitta scrupuleusement
de cette mission. Il a écrit en latin, sous la forme d'une lettre à Samuel de
Sorbière, une vie de Pierre de Marca, imprimée à Paris l'année suivante'.
C'est à l'envoi de cet ouvrage, empreint d'une pieuse reconnaissance, que
l'évêque de Montpellier, François Bosquet, ancien condisciple de Marca au
collège de Foix & demeuré fidèle à son amitié, répondit par une longue
épître latine que Baluze a insérée en tête de sa seconde édition du livre
De concordia. Il y rappelle en termes touchants les liens d'affection qui
l'avaient uni à l'archevêque. Si la tristesse de leur dernière séparation à
Fontainebleau, où en faisant l'échange de leurs portraits, Pierre de Marca
n'avait pu retenir ses larmes*.
(( Votre plume élégante, poursuivait l'évêque, a su être plus fidèle encore
K à représenter son âme que le pinceau de votre peintre hollandais à repro-
( duire les traits de son visage^. »
'« Stephnni Balvzii Tvtelensis, canonici Remen- expressif, quibusque me lotiim perfiidit; easqiie,
sis, Epistola ad clarissimvra & ervditissiinvm virvm dum in memoriam revoco , vix ipse a lacrymit &
Samvelem Sorberivm de vita, rebvs gestis, moribvs gemitibus abstineo'. u
& scriptis lUvstrissimi viri Pétri de Marca archie- ' « Ejus animi imaginem elegantiori stilo vérins
piscopi Parisiensis. — Parisiis, apvd Franciscvm dcpingis quam ille tiius pictor Batavus vultum ejus
Mvgvet, typographvm regivm , via Cithare, ad & habitiim corporis ea in tabula quam mihi dis-
insigne adorationis Trivm Regvra M.DC.LXiii, cessuro Marca noster dédit, meam vicissim acci-
cvm privilegio Régis. » piens penicillo suo delineavit.
' i< Meministi earum lacrymarum quas inter
amplexus mutuos, dum valc ultimiiin apud fontem , n. ,„ ,„ v, j ,■■ r ■ ■■ , .. j r-
„,,.■,■ '^ '^'- concordia saccrJotn S- tm/ren:. Lettre de François
Bclhaudi diceremiis, praesagtis futiiri lUiiis aiiior Bosquet à Baluze. Monlpcllier, décembre 1662.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 4o5
Le 24 & le 25 mars 1662, la petite ville de Pézénas fut le théâtre d'une de
ces fêtes où se déployaient les magnificences extérieures de la royauté. Une
promotion de chevaliers du Saint-Esprit avait été faite par le roi le i'"' janvier.
Le prince de Conti s'y trouvait compris, ainsi que six membres des Etats de
Languedoc ; le marquis de Polignac, le comte de Mérinville de Rieux, le
marquis de Castries, l'évêque d'Albi, les comtes de Bioule Si du Roure. Ces
deux derniers étant à la Cour au moment de la promotion reçurent en per-
sonne le cordon bleu des mains du roi. Les autres, qui résidaient alors dans
la Province, comme le prince-gouverneur, furent réunis à Pézénas afin d'y
recevoir l'investiture.
On ne négligea rien pour donner à cette cérémonie tout l'éclat qu'elle
comportait. Le duc d'Arpajon, chargé de remettre les insignes, fit le voyage
de Languedoc avec tous les officiers du Saint-Esprit, expressément délégués
par le chapitre, aux frais de l'ordre'.
En revêtant le manteau semé de flammes d'or, les grands seigneurs de
Languedoc prenaient place dans la hiérarchie régulière organisée au-dessous
du trône & marquaient la fin de l'ère de turbulence où la plupart d'entre
eux avaient figuré.
Le prince de Conti, dont les scrupules de conscience, longtemps étouffés
par le bruit des armes, se réveillaient de jour en jour, ne cessait de travailler
avec beaucoup d'application à faire observer la déclaration du roi contre les
duels. Pendant qu'il était à Toulouse, il fut averti qu'un démêlé s'était élevé
entre les sieurs de Saint-André 81 de Soulery, 8c que l'on prévoyait une ren-
contre. Il leur fit enjoindre d'y renoncer 8t d'accepter l'accommodement amiable
qu'il entendait faire de leur querelle. Malgré cette défense formelle, Soulery
alla un dimanche matin, le 3o avril 1662, avec deux hommes armés d'épées,
attendre son adversaire à la porte de la Dalbade. Ils se jetèrent sur lui à la
sortie, 81I l'auraient tué si le peuple, assemblé à la messe de paroisse, n'était
venu l'arracher de leurs mains. Les deux complices de Soulery, Latgié &
Saint-Geniès, appartenaient au corps privilégié des bourgeois de Toulouse,
&, à ce titre, se trouvaient abrités contre les poursuites du Parlement par
l'évocation générale du 23 février. On jugea que la répression des actes crimi-
nels deviendrait illusoire si les coupables se trouvaient soustraits à leurs
juges naturels Se si les décrets .de prise de corps rendus par la cour de Tou-
louse étaient sans effet sur eux; 81, par une disposition spéciale, le conseil
d'État, dans son arrêt du 19 mai 1662, réserva expressément du privilège
d'évocation & de renvoi au Parlement de Grenoble les cas de duel Si d'assas-
sinats commis par les bourgeois de Toulouse ou par leurs enfants*.
Tandis que des prélats de cour, mêlés à toutes les intrigues de la politique
8i considérant les grands bénéfices comme des moyens d'avancement Se de
fortune, s'éloignaient de plus en plus des mœurs évangéliques, un modeste
' Bibliothèque de Toulouse. Description manus- ' Archives de la ville de Toulouse. Recueil J ar-
erite de la province de Languedoc. rets, ms., VI, p. i.'îr^.
i66z
i662
406
ÉTUDES FIISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
diocèse de Languedoc, perdu dans les montagnes, avait l'étrange fortune de
voir pratiquer chaque jour les vertus d'un véritable apôtre.
La grande figure de Nicolas Pavillon se détache, avec une singularité d'ana-
chronisme, au milieu du personnel ecclésiastique du temps. Cet évêque était
né à Paris le 17 novembre 1097; fils d'un auditeur à la chambre des comptes,
il avait fait ses études au collège de Navarre & en Sorbonne, s'était tout
d'abord signalé par ses bonnes œuvres, qui le désignèrent à la bienveillance
de saint Vincent de Paul & le firent admettre aux célèbres conférences de
Saint-Lazare. Ce fut saint Vincent de Paul qui le désigna pour l'épiscopat;
l'influence du cardinal de Richelieu lui donna le siège d'Alet, où il s'inquiéta
de mettre en pratique tout ce qu'il avait médité pendant une austère prépara-
tion, tant au point de vue de la charité que de la discipline cléricale ' . A ren-
contre des hardis solliciteurs qui briguaient les dignités de l'Eglise comme des
pensions, Pavillon avait montré une très-grande répugnance pour la charge
épiscopale, qu'il regardait seulement comme un fardeau. La peste de i65i, la
guerre d'Espagne, les luttes locales^ & tous les malheurs qui affligèrent la
contrée, exercèrent son dévouement sans l'épuiser jamais.
Durant tout son épiscopat, Nicolas Pavillon ne mit pas une seule fois les
pieds à la Cour ni même à Paris, où il avait été élevé 6t où il comptait
nombre de parents 8c d'amis. A peine s'il sortait de son diocèse une fois par
an pour assister aux États, où l'appelait le seul désir de secourir les pauvres
' Pavillon avait distribué son diocèse en sept
cantons ou districts de conférence où il envoyait
chaque mois un questionnaire pour les curés, leur
donnant ses réponses à la séance suivante. Ces
questionnaires servaient de canevas pour les ins-
tructions paroissiales. L'évèque tenait lui-même,
autant que possible, la conférence d'Alet, & en-
voyait son arcliiprêtre ou son théologal tenir les
autres '.
' Il y avait de vieille date rivalité entre les deux
villes d'Alet & de Limoux, la bourgade industrielle
déniant à la cité épiscopale sa part d'influence
dans les affaires communes. Les consuls de Limoux,
en pleine assemblée diocésaine, enlevèrent à l'évè-
que le droit d'opiner, & prétendirent en même
temps donner voix délibérative au viguier de Li-
moux. Cette exclusion de l'évèque avait pour motif
la crainte de le voir trancher le partage entre les
deux villes, dans un sens favorable à celle d'Alet
pour l'élection des commis au droit de subvention,
qu'ils voulaient prendre entièrement de Limoux.
Ils comptaient aussi renoncer au suffrage collectif
des consuls d'une même ville, pour voter indivi-
duellement. En vue d'empêcher, au moins de fait,
l'intervention ds-l'évêque, ils avaient soin de con-
voquer les assemblées diocésaines sans le prévenir
à temps. Les receveurs des tailles s'appuyaient, de
■ Rchitwn d'un voyage dAletIt, p. 83.
leur côté, d'un arrêt obtenu sur requête pour s'at-
tribuer voix délibérative.
Les Etats condamnèrent ces diverses prétentions,
sur les plaintes de l'évèque, & décidèrent que les
barons seraient avertis des assemblées, au moins
huit jours à l'avance, & que les receveurs des tailles
n'entreraient aux assiettes que pour rendre leurs
comptes & satisfaire au payement des avances '.
En 1660, le territoire de Limoux qui, jusqu'à
cette époque, tout en dépendant, au spirituel, du
diocèse de Narbonne, faisait partie du diocèse
temporel d'Alet, obtint d'en être démembré & de
former un diocèse particulier ayant ses dettes dis-
tinctes, son assemblée d'assiette 81 ses imposition!
séparées.
L'acte de séparation, agréé par les Etats, porta
que les deux diocèses enverraient chacun le député
de la ville principale aux Etats, les deux n'ayant
qu'un suffrage, & qu'ils alterneraient pour le dé-
puté diocésain d'une année à l'autre,
Ce système se perpétua jusqu'en lySî, époque
où fut appliqué aux députés diocésains le mode
adopté pour les deux villes, Alet & Limoux se
plaignant que l'alternance privait chaque année
l'un des deux diocèses de faire soutenir ses intérêts
dans l'assemblée provinciale*.
' Procès-verbal des États. SJance du 28 novembre 1642.
' Proccs-verbal des États. Scancc du 2 5 février 17?-'.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 407
8v de protéger les opprimés. La vigueur qu'il y déploya dans une occasion,
au début de son épiscopat, lui attira du cardinal Richelieu une lettre de
cachet pour venir rendre compte à la Gourde sa conduite; mais il se contenta
de répondre que sa présence dans son diocèse était indispensable 8c qu'il était
prêt à satisfaire le roi sur place. Le ministre n'insista point.
Pendant les dernières années, il cessa de paraître aux assemblées provin-
ciales, ayant reconnu qu'il avait plus de chances de s'y commettre que d'en
tirer avantage. On l'avait d'ailleurs averti sous main que le roi désirait qu'on
ne l'y vît point.
Quand il prit possession de son siège, Pavillon trouva son chapitre en
grande discorde. Il y avait au chœur un parti romain 6t un parti narbon-
nais, chacun s'acharnant pour son rite, & les uns chantant le bréviaire de
Narbonne, tandis que les autres répondaient à l'usage de Rome. Nombre
de chanoines s'adonnaient à la chasse & manquaient régulièrement l'othcc.
L'évêque se trouva quelquefois seul dans sa stalle avec le semainier pour
vis-à-vis. Quand il voulut faire la visite capitulaire, il se rencontra que dans
le pays personne n'avait jamais entendu parler de cette formalité.
Nicolas Pavillon institua dans son diocèse un séminaire de filles régentes
chargées de répandre l'instruction £<, la piété parmi les peuples des campagnes.
Il leur avait donné une règle inspirée surtout des constitutions de Port-Roval.
La plupart d'entre elles étaient demoiselles, quelques-unes de très-bonne
maison, & l'on comptait dans le nombre une sœur de l'évêque de Ramiers,
veuve du baron de Mirepoix. Ces religieuses ne faisaient point de vœux,
mais vivaient dans une parfaite régularité. Elles avaient dans la ville épisco-
pale une maison fort simple, n'habitant pas de cellules, mais des dortoirs
communs, avec chaise 8c table dans la ruelle pour travailler, chambre de
lecture meublée de bancs de bois. C'est là qu'elles passaient une partie de
l'année. A la fin de septembre 8c pendant l'hiver, époque où les travaux
des champs laissaient le plus de loisir, l'évêque les envoyait en mission dans
les divers cantons qu'il leur assignait. Elles se dispersaient deux par deux
dans chaque village, 61 ne retournaient à Alet que la semaine avant Pâques.
Elles trouvaient partout une maison préparée pour les recevoir, où elles
réunissaient matin 81 soir toutes les filles 8<. les femmes du village pour les
instruire, 8<. faisaient l'école aux petites filles, leur apprenant à lire, à écrire
S*, à compter, 8c développant de leur mieux leur intelligence, très-vive 8c
très-déliée".
L'instruction portait à la fois sur la religion 8c sur la morale. Chaque mis-
sionnaire avait en main un programme détaillé, « le papier de Monseigneur, »
dont elle ne pouvait s'écarter en ce qui touchait le dogme. Toute fréquenta-
tion du clergé local leur était interdite, avec défense expresse de blanchir le
' n En ce pays-là, fout le monde a de l'esprit, & les paysans même; d'où rient que M. d'Aleih dit
qu'ils n'ont de grossier que la cape'. »
' Relation d'un voyage d'Aleih, p. 73.
i6(jz
lùùz
408 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
linge de l'église ou de raccommoder les ornements, afin d'éviter les occasion;
de familiarité. Tout en parcourant les hameaux, elles prenaient note de:
besoins les plus pressants & en envoyaient un mémoire à la supérieure, qui
puisait aussitôt dans son magasin d'Alet, fourni de vêtements, de chausses, dt
couvertures, & leur en faisait l'envoi. Les dépenses de ces aumônes étaieni
couvertes par l'évêque.
Une fois par mois, les filles missionnaires disséminées dans un même canton
se réunissaient pour conférer de l'œuvre commune. Après deux ou trois mois
d'enseignement dans un village, quand elles reconnaissaient avoir obtenu de
bons résultats, elles établissaient quelque honnête fille du pays pour continuel
le mouvement 8c passaient dans un autre lieu.
Ces filles n'avaient aucun fonds & ne possédaient rien en commun. L'évêque
n'avait même pas voulu obtenir de lettres patentes pour leur établissement. Il
se défiait des abus qu'aurait pu produire cette vie de déplacements perpétuels
sous une direction moins assidue Se moins sévère que n'était la sienne, 8c ne
voulait ni obliger son successeur à se charger des régentes, ni les régentes à
lui obéir si elles ne reconnaissaient pas en lui un véritable évêque'.
Dans le courant des mois d'août 8c de septembre de l'année 1661, Nicolas
Pavillon poursuivait ses visites pastorales au milieu des solitudes monta-
gnevises qui séparent la haute vallée de l'Aude des gorges de l'Orbieu 8c de
la Têt, quand son honnêteté, révoltée par la vie scandaleuse de quelques
gentilshommes de la contrée, l'entraîna à des mesures de rigueur devenues
bien rares à cette époque, mais dont le retentissement devait se prolonger
pendant des années. Il y avait longtemps que l'attention du prélat avait été
appelée sur les désordres de la noblesse. Dans cette région sauvage, d'accès
difficile, pays de retraite 8c de chasse, de contrebandiers 8c de bêtes fauves,
entièrement isolé du courant de négoce 8c du mouvement communal des
plaines de Languedoc, il s'était perpétué, au fond de petits manoirs de
maigre apparence, une sorte de féodalité d'ordre inférieur qui, faute d'un
honorable emploi de sa vaillance, semblait n'avoir conservé des ancêtres que
leurs défauts. Consumant leurs journées dans l'oisiveté d'une vie brutale,
qu'interrompaient à peine pour quelques-uns les fatigues de la chasse à tra-
vers les monts, ces hobereaux étaient par la dépravation de leurs moeurs le
fléau des familles agricoles de la contrée.
Ne connaissant pas de frein à leurs passions, ils n'en prétendaient pas
moins figurer ostensiblement aux places d'honneur dans les cérémonies
religieuses, afficher leurs armoiries aux murs des églises; malgré l'éclat du
scandale que leur conduite occasionnait dans tout le pays, ils prétendaient
participer aux sacrements, soit en taisant dans leurs confessions les fautes les
plus graves dont la notoriété était constante Se publique, soit en recourant à
des directeurs de morale facile qu'ils savaient découvrir parmi les prêtres
nomades accidentcllonent égarés dans le diocèse ou chez les réguliers de
' Relation il un voyage d'Ah'thj p. 76.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 409
quelques petits couvents du voisinage, augustins de Caudiès, capucins de
Limoux &c de Chalabre, jacobins de Quillan. Lorsque cette ressource leur
manquait, ils essayaient d'arracher par la violence à leurs curés ce que la
complaisance leur refusait, &, à l'occasion du jubilé universel de 1661, -quel-
ques-uns eurent l'impudence de se présenter au confessionnal, escortés de
notaires 8c de sergents, afin de faire constater, par une sorte de procès-verbal
juridique, un refus d'absolution dont leur existence désordonnée justifiait
trop bien la rigueur. Par la sévérité de ses principes, par la pureté de sa vie
qui formait un si honorable contraste avec les moeurs amollies de tant de pré-
lats contemporains, Nicolas Pavillon était l'adversaire naturel de toutes ces
hypocrisies : aussi rencontrait-il dans quelques familles nobles de son diocèse
une hostilité acharnée. Biaise d'HautpouI, baron de Rennes, sa femme,
Marie Lucrèce du Vivier; Henri d'HautpouI, seigneur d'Auxillonj François
d'Isafn, seigneur du Vila Pomène; Marc- Antoine de Mauléon, baron de
Nébias; Antoine d'HautpouI, seigneur de Montferran, chanoine d'Alet, & les
frères du Vivier, étaient à la tête des mécontents 8c faisaient la terreur des
presbytères.
En général, toute la noblesse du pays faisait des dépenses au-delà de son
bien 8< se tirait d'embarras en ne payant pas les ouvriers qu'elle employait
ou les marchands dont elle prenait la marchandise à crédit. Ces gens s'en
plaignaient aux curés ou au prélat, qui, en véritable défenseur des pauvres,
ne négligeait rien pour leur faire obtenir justice.
M. de Rasiguières était l'un des seigneurs les plus riches 8c les plus puis-
sants du diocèse d'Alet. Il menait une vie de débauche, 8c, dans les quatre
villages où s'étendait sa seigneurie, passait tout son temps à séduire les filles £<
les femmes. Les efforts de Pavillon pour le faire rentrer en lui-même furent
inutilement répétés pendant douze ou quatorze ans; 8c enfin, le 28 jan-
vier 1661, l'évêque rendit une ordonnance en forme de monitoire qui fut
publiée en chaire, par quatre dimanches consécutifs, dans les églises du
Vivier, de Puylaurens, de Rasiguières 8c de Montfort". Ce monitoire avait
■ Voici les chef» du monitoire du 18 janvier elles-mêmes à ces personnes, leur ont encore prot-
1661 publié dans les paroisses du Vivier, Puylau- titué leurs propres filles... s'il n'est pas public que
rcns, Rasiguières & Montfort : ces personnes d'autorité ont malversé arec les mè-
n 1° Quelles sont les personnes d'autorité qui, res & les deux soeurs leurs filles....;
dans lesdites paroisses, se servent de leur pouvoir « 5° Si ces femmes prostituées n'ont pas attiré
pour séduire les filles 8c les femmes; dans leurs maisons des filles & des fer.. mes tant
Il î" Qui sauroit pour l'avoir vu, ouï dire ou desdites paroisses que d'autres lieux, si ces per-
autrement, que ces personnes ont usé de menaces, sonnes d'autorité ne s'y sont pas rendues, 8c s'il
vexé,-battu, chassé 8l maltraité les pères &. mères, n'est pas vrai que ces femmes, sortant de leurf
frères ou autres parens des filles 81 femmes qu'ils maisons, les y enfermo'ient avec les filles ou fem-
vouloient séduire, lorsqu'ils s'en sont plaints, &c.; mes qu'elles y avoient attirées ;
Il 3° Quelles sont les femmes perdues dont ils n 6" Enfin s'il n'est pas véritable que ces person-
$e servent, 8c les hommes ou garçons qu'ils em- nés d'autorité, après avoir abusé de quelques filles,
ployent à cet effet; les ont mariées par leur autorité avec leurs valets,
II ^'- S'il n'est pas véritable que quelques-unes 8c qu'ils ont continué leurs malversations avec ces
desdites femmes perdues, après s'être abandonnées filles depuis leur mariage, 81 si faisant absenter
1662
~^ — 410 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
pour objet d'obtenir des témoignages sur les nombreux actes de corruption,
de prostitution Si de proxénétisme auxquels avaient donné lieu les passions du
seigneur. On y remarquait, entre autres détails, ce fait particulier qu'après
avoir séduit certaines filles, les u personnes d'autorité n les mariaient à leurs
valets pour continuer des relations avec elles, à la faveur d'absences forcées de
leurs maris, commandés pour des messages lointains.
Les témoins affluèrent à la suite des publications & fournirent des preuves
manifestes. Pavillon fit adresser au coupable trois monitions canoniques par
le curé du Vivier qui le sommait de renoncer k ses débordements, s'il ne vou-
lait voir procéder contre lui selon la rigueur des lois de l'Eglise; toutes les
démarches étaient demeurées infructueuses.
Nicolas Pavillon passa au Vivier le 11 septembre; il y recueillit tous les
renseignements qui pouvaient former sa conviction sur le genre de vie de
l'incorrigible débauché, 8< se résignant enfin, après douze années d'ater-
ïTioiements & d'hésitations, à user des dernières ressources que les canons de
l'Eglise mettaient en ses mains, il prononça, le jour même, contre Henri du
Vivier, sieur de Rasiguières, une sentence formelle d'excommunication.
Ce fut alors une explosion de haine contre le prélat. L'excommunié se
pourvut au Parlement qui le renvoya devant l'archevêque de Toulouse, à
l'effet d'obtenir l'absolution provisoire. Le vicaire général & officiai du métro-
politain consentit à donner au plaignant l'absolution ad cautelam, afin qu'il
ne demeurât point privé pendant le procès de l'entrée de l'église Si de la
participation aux sacrements. On avait seulement exigé que le sieur de Rasi-
guières se mît à genoux pour solliciter cette faveur, formalité à laquelle il
s'était aisément soumis, n'éprouvant aucune répugnance, comme la plupart
de ses pareils, à concilier les pratiques du culte extérieur avec les excès de
la vie la moins régulière.
Devant ces profanations, la conscience de l'évêque se souleva; 81 par ordon-
nance du 29 novembre, il défendit au recteur du Vivier Si à tous autres de
son diocèse, sous peine de suspension ipso facto, de continuer le service divin
toutes les fois que le sieur de Rasiguières se présenterait dans son église.
L'ordonnance épiscopale fut ponctuellement suivie. Henri du Vivier courut
vainement, de village en village, chercher une messe. Il alla tour à tour au
Vivier, à Rasiguières, à Puylaurens, à Montfort. Partout, dès qu'il paraissait
au seuil de l'église, le prêtre descendait de l'autel, le sacrifice était suspendu,
les cloches se taisaient.
Ce fut encore au Parlement de Toulouse qu'il s'adressa. Cette fois, la cour
souveraine prit le parti du gentilhomme. Elle commença par enjoindre aux
curés de célébrer la messe en présence de l'interdit Si de lui administrer les
sacrements, sous peine de saisie de leur temporel ; chargeant le juge royal
leurs maris, sous prétexte de leur faire porter des ainsi mariées, & avec d'autres qu'ils avoient dé-
messages, ils ne sont pas allez publiquement cou- bauchées '. »
cher dans les maison» de ces femmes qu'ils avoient • Suite des mémoires, &c., p. lo.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 411
d'informer des contraventions. Quatre curés turent mis en prison pour avoir
obéi à leur évêque, & le 19 juin de l'année suivante, dans un arrêt rendu par
défaut, le Parlement alla même jusqu'à déclarer qu'il y avait abus en l'excom-
munication & condamna l'évêque aux dépens; en même temps, par une con-
tradiction assez flagrante, la cour enjoignait au procureur général d'informer
du détail des faits, procédure longue & laborieuse qui devait, pendant des
années encore, prolonger les déchirements intérieurs & redoubler la surexci-
tation des esprits dans le diocèse d'Alet.
M. de Rasiguières comptait des parents au sein du Parlement de Toulouse
où l'évêque d'Alet n'était pas bien vu, à cause de l'affaire Aostènes. Il se
hâta d'appeler comme d'abus 81 obtint arrêt sur requête qui le renvoyait à
l'archevêque de Toulouse ou à tout autre prélat pour recevoir l'absolution
conditionnelle. L'ofHcial de Toulouse s'en acquitta.
Outre cette première satisfaction, le Parlement de Toulouse donna une
commission pour faire entendre à nouveau les témoins qui avaient déposé
dans l'information. Sans perdre de temps, du Vivier menaça de les faire
pendre, les contraignit à se dédire 6c à déclarer que les révélations leur
avaient été extorquées par les curés. Plus de trente de ces malheureux, tout
honteux de leur rétractation, vinrent en porter plainte à l'évêché.
Alors Pavillon interdit aux curés de célébrer aucun office en présence de
l'excommunié. Celui-ci leur fit donner par la cour un ajournement per-
sonnel à Toulouse pour refus d'exercice religieux. Le Parlement de Toulouse
ordonna même que les défenses de l'évêque seraient levées, sous peine de
saisie du temporel.
L'évêque agit auprès du roi & obtint un arrêt d'évocation qui renvoya la
cause au Parlement de Grenoble. Cette évocation mit fin à l'instance, car le
sieur de Rasiguières n'ayant à Grenoble ni parents ni amis & n'y pouvant
compter que sur la justice, renonça de lui-même à pousser plus loin 8t finit
par quitter le pays.
M. de Coustaussa, propriétaire de biens ruraux, refusait obstinément de
payer la taille qu'il faisait retomber sur les pauvres gens. Usurpateur des
bois du roi, il avait, sans autre forme de procès, enlevé de force & jeté dans
un cachot le lieutenant du gratid maître des eaux &c forêts, qui voulait, en
vertu de sa charge, défendre les droits du domaine. Il percevait indûment les
revenus d'une fabrique d'église située sur ses terres, 8c s'était emparé des trou-
peaux d'un paysan qui avait cherché refuge à l'abri de son château pendant
la guerre de Catalogne. Des témoins employés par lui dans un procès s'étaient
vus convaincre de faux. Il détenait les fruits de plusieurs cures, héritage de sa
grand'mère, sans en vouloir consentir aucune restitution. Enfin, possédant
les droits de justice, il n'entretenait aucun officier dans ses terres, où le bri-
gandage obtenait l'impunité.
M. de Rennes prêtait à usure 8c commettait mille exactions. Il se faisait
payer une rente pour laisser passer les gardes des gabelles sur ses domaines;
ce fut lui qui, accompagné d'un notaire 8c de témoins, alla sommer son curé
1O62
i66i
412 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de l'entendre en confession. Après trois tentatives inutiles, il présenta requête
au Parlement de Toulouse, sous prétexte qu'on lui refusait l'absolution pour
quelques motifs d'intérêt, 8c demandant que le curé fût assigné.
Le Parlement de Toulouse admit la requête, £< commit M. de Frezals pour
entendre les parties. Mais le curé déclina la compétence de la cour & opposa,
d'ailleurs, l'inviolabilité du secret de la confession.
Le gentilhomme ne se décourageait pas. 11 profita d'une visite pastorale de
Pavillon pour le sommer de lui faire donner l'absolution ; le curé de Rennes
l'interdit pour n'avoir pas satisfait au devoir pascal dans les quinze jours
marqués par l'ordonnance. Le Parlement, toujours facile, prescrivit l'absolu-
tion, qui fut prononcée par le grand vicaire de Toulouse.
Comme l'évêque d'Alet ne se relâchait pas de ses rigueurs, un nouvel arrêt
du Parlement le somma de retirer son ordonnance, avec la menace accoutumée
de saisir son temporel. Sans s'émouvoir, Pavillon répartit que son ordonnance
était canonique 8<. qu'il en déduirait les preuves en temps 81 lieu. Ce fut alors
contre le curé que Rennes tourna ses batteries, en lui suscitant un procès
criminel au Parlement de Toulouse, instance demeurée sans effet par suite
de l'arrêt d'évocation.
M. d'Escouloubre occupait plus de quatre lieues de bois du domaine, ainsi
que des biens appartenant au chapitre de Saint-Paul 8c à l'archiprêtré de
Fenouillèdes. Il prit à ferme, régulièrement, pendant près de quarante an-
nées, pour une somme dérisoire, les dîmes du chapitre de Narbonne dans les
paroisses d'Escouloubre 8c du Bousquet, décourageant les enchérisseurs par
ses menaces &c empêchant les chanoines de faire directement la perception '.
Pendant la guerre de Catalogne, M. de Sourniac exigeait des sommes
considérables de tous les marchands qui passaient sur ses terres, sous prétexte
de la protection qu'il leur assurait. Il s'était aussi emparé d'un prieuré, sous
le nom d'un de ses enfants qui n'en possédait pas le moindre titre. Si il se
refusait obstinément à réparer ces injustices.
M. de Nébias, quand l'étape se trouvait dans son village, s'était fait donner
beaucoup d'argent pour dédommager ses vassaux de leurs dépenses lors du
passage des troupes, 8c gardait tout pour lui. Grossier dans son langage, il
affectait de tourner en dérision les ordonnances de l'évêque, déclarant qu'il
voulait pouvoir se damner à sa fantaisie sans que personne eût à s'en mêler.
Il prenait surtout plaisir à faire tenir les cabarets ouverts les jours de fête Se
à favoriser la danse. Le jour de Saint-Louis, se trouvant à Rouvenac avec
quatre-vingts personnes, il organisa une véritable saturnale, qu'il inaugura
par une scène grotesque en ouvrant le bal avec une femme boiteuse comme
il l'était lui-même.
La scène fit tant de bruit que le promoteur d'Alet en informa, 8c le Parle-
' Durant sa dernière maladie, M. d'Escoulou- à raison de 200 livres par an de 1609 à i63o, 8c
bre accepta l'arbitrage de l'évêque pour la restitu- de 400 livres par an de i63o à 1646.
tion de ces dîmes qui fut liquidée à ic6oo livres,
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 413
ment de Grenoble confirma une ordonnance du sénéchal de Limoux du 25 sep-
tembre 1660 qui défendait les danses & la fréquentation des cabarets les jours
de fêtes chômées par l'Eglise.
M. d'Axat, qui avait aussi usurpé des bois du roi, refusait de restituer les
dîmes, comme l'y obligeait le testament de son père, ne payait pas ses dettes
Si détenait injustement les biens de ses vassaux. Ayant obtenu contre un curé
de ses terres, sur de fausses informations, un arrêt du Parlement de Toulouse,
il enleva ce prêtre par violence, le traîna de château en château & s'empara
des fruits de sa cure.
Pavillon prit courageusement la défense de l'ecclésiastique 81 finit par arra-
cher une réparation au gentilhomme, qui se soumit à demander publique-
ment pardon dans une assemblée des curés du diocèse.
M. du Vila de Commesourde prêtait à usure & s'était rendu notable par la
violence de ses blasphèmes. Comme les curés lui refusaient l'absolution à
cause de ses bénéfices illégitimes, il venait chaque année, aux approches
de Pâques, faire une sommation au contessionnal, avec un notaire 81 deux
témoins. Fatigué de ces manœuvres, le curé l'interdit. Du Vila porta plainte
à l'évêque. Pavillon le renvoya à celui des deux curés voisins qu'il choisirait
pour se faire relever de l'interdit. Le refus de satisfaction, maintenu par le
pénitent, eut les mêmes suites, & une nouvelle plainte fut écartée par l'offi-
cial d'Alet.
Le gentilhomme eut recours à l'official métropolitain, devant qui le pro-
moteur fut assigné. Contre toute attente, l'official métropolitain donna raison
au gentilhomme St condamna les deux curés Se le promoteur aux épices, bien
que les curés eussent déclaré qu'ils ne pouvaient faire connaître les motifs de
leur refus sans trahir le secret de la confession.
Le promoteur d'Alet n'eut plus d'autre ressource que d'en appeler à Rome.
En "visitant Saint-Paul-de-Fenouillèdes, Pavillon reçut la plainte d'un mari
contre le chanoine d'Hautpoul, du chapitre de Saint-Paul, qui lui avait
enlevé sa femme S<. qui vivait publiquement avec elle. L'évêque ayant acquis
les preuves du fait, manda le chanoine 8c le retint dans une chambre.
M. d'Axat vint aussitôt réclamer le coupable, usant de paroles fort insolentes,
8(, sur le refus de l'évêque, l'assiégea dans sa maison pendant tout un jour,
menaçant d'assommer le premier des prêtres ou des domestiques de l'évêché
qui sortirait. Pavillon défendit à tout son monde de mettre le pied dehors,
barricada soigneusement ses portes 61 attendit jusq\i'au lendemain. L'assié-
geant perdit patience & se retira ; mais il fut dans la suite un des plus violents
pour décrier la conduite du prélat.
Un certain Alexandre Bernard, prétendu syndic de la jeunesse, fut suscité
par les gentilhommes pour protester en justice contre la sévérité de l'évêque.
Cependant le roi évoqua en son conseil l'affaire de la noblesse syndiquée
81 nomma des commissaires pour examiner les plaintes.
Les gentilshommes députèrent alors quelques-uns d'entre eux à Paris 8c
présentèrent de nouveaux griefs contre le prélat.
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-^^ 414 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Us lui reprochaient d'étendre outre mesure la notoriété des faits pour les-
quels on refusait l'absolution, au lieu de se contenter des actes punis par
iugement; d'interdire ceux qui n'avaient pas rempli le devoir pascal; d'entrer
dans le secret des familles, en obligeant les débiteurs à satisfaire les créan-
ciers; de refuser l'absolution aux joueurs de violon qui ne consentaient pas à
se défaire de leurs instruments, de soumettre les danseurs à la pénitence
publique, 8t d'avoir interdit une paroisse pour avoir dansé un jour de fête,
d'entreprendre sur l'autorité des magistrats en obligeant les plaideurs à s'ac-
commoder ou à recevoir des arbitrages, en connaissant de la légitimité des
contrats Se en tenant, sous le nom de congrégation, une assemblée où l'on
traitait de toutes sortes d'affaires.
L'évêque se justifia point par point sur les chefs de ce long réquisitoire;
fit voir l'exagération de la plupart des plaintes Si le tour déloyal qu'on avait
donné au récit de certains faits.
Sur le chapitre de la danse, il reconnut qu'il se montrait exigeant, mais en
se fondant sur le caractère licencieux des danses du pays, où les jeunes gar-
çons se donnaient mille libertés Si faisaient souvent, à bras tendus, pirouetter
les filles au-dessus de leurs têtes, avec un grand étalage de jupes. Ce détail
de mœurs était confirmé par des attestations de MM. de Choiseul , de
Caulet, de La Valette Se de Ventadour, évêques de Comminges, de Pamiers,
de Carcassonne Si de Mirepoix, Si par celles du juge de Limoux 61 de l'of-
fîcial.
Quant au fait de diminuer les procès, il n'y avait guère que les officiers
du présidial Si autres gens vivant de la justice qui pussent l'imputer à crime,
81 l'on en pouvait dire autant des restitutions imposées aux détenteurs de
biens mal acquis.
Les gentilshommes qui adhérèrent aux poursuites contre l'évêque d'Alet
furent les sieurs de Rasiguières, de Sournia, de Nébias, de Coustaussa, de
Rennes, syndics; d'Escouloubre, d'Axat, de Bélesta, de Sarraute, de Perles,
de la Serpent, d'Ax, du Vila de Commesourde, de Saint-Louis, d'Espe-
ronnat; tous interdits ou exclus de l'Eglise pour injustices manifestes.
Tous ces gentilshommes formaient un syndicat dont l'emploi était de courir
de village en village pour exciter les habitants à se plaindre contre l'évêque
Si contre les curés. Ils fortifièrent leur cabale de plusieurs réguliers à qui
Pavillon n'avait pas cru devoir accorder la permission de confesser, 81 de
quelques ecclésiastiques rebutés de la vigoureuse discipline observée dans le
diocèse.
Ils rédigèrent un cahier de plaintes qui fut envoyé au père Annat, avec
une lettre signée de quinze ou seize gentilshommes. C'était un tissu d'exagé-
rations 81 d'impostures.
Ils dépeignaient Pavillon comme un prélat despotique, privant des sacre-
ments ceux qui appelaient de ses ordonnances, faisant refuser l'absolution
pour des causes légères, rendant les églises désertes depuis plusieurs années
par l'excès de sa sévérité, interdisant les bénéficiers qui résignaient sans avoir
LIV, II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 415
son agrément, faisant la teneur des sergents Se des notaires, qui n'osaient
plus instrumenter par crainte des censures ecclésiastiques, Si empêchant le
cours de la justice 8t l'exécution des arrêts du Parlement.
Le père Annat présenta le libelle- au roi en l'appuyant de ses recomman-
dations.
Louis XIV communiqua tout à l'archevêque de Paris, Hardouin de Péré-
fixe, avec ordre d'en écrire à Pavillon & de lui envoyer copie du pamphlet.
Pavillon répondit une longue lettre qui fut imprimée, où il réfutait l'une
après l'autre les accusations des gentilshommes, St le fit avec plein succès. Sa
lettre examinée au conseil, l'archevêque de Paris l'informa de l'entière satis-
faction du roi, qui se recommandait à ses prières.
Ce n'est pas seulement de la part des gentilshommes que Nicolas Pavillon
eut à souffrir de rudes traverses. Divers religieux, prenant le parti de la
noblesse, mirent à l'épreuve la patience & la fermeté du prélat.
Il n'existait que deux maisons de réguliers dans le diocèse d'Alet : les domi-
nicains non réformés de Quillan Si les ermites de Saint-Augustin de Caudiès.
Ces couvents, où la morale relâchée était en honneur, devinrent des foyers
de résistance contre la rigoureuse discipline que Nicolas Pavillon cherchait à
établir dans son diocèse. On ne s'y montrait pas difficile sur le chapitre de
la confession, 81 les pécheurs les moins convertis y obtenaient sans peine les
sacrements.
L'évêque, devinant combien son œuvre serait compromise par l'enseigne-
ment public d'une pareille doctrine Si s'apercevant que la connivence des
réguliers mettait en péril le bon ordre des paroisses, ne crut pas devoir
approuver ces moines comme confesseurs ni comme prédicateurs,
Le prieur de Caudiès s'insurgea le premier contre cette décision. La vingt-
troisième ordonnance synodale d'Alet révoquait expressément les pouvoirs
antérieurement donnés. Il n'en tint pas compte 81 prétendit que ses anciennes
approbations devaient être considérées comme indéfiniment valables.
Pavillon fit alors publier au prône de l'église paroissiale de Caudiès la
liste des prêtres approuvés.
Le prieur demeura quelque temps en repos, mais, à la fête de Saint-Thomas
de Villeneuve, il confessa huit ou neuf personnes d'une inconduite notoire
81 dont certaines avaient encouru publiquement l'interdit,
L'évêque répondit à cette entreprise en refusant aux augustins la permis-
sion de quêter. C'était le moyen de couper les vivres au couvent qui se débar-
rassa aussitôt de son prieur.
Son successeur quêta, mais ne put ni confesser ni prêcher, n'ayant pas
voulu se soumettre aux exigences du prélat qui entendait donner une appro-
bation limitée, conformément à la décision d'Alexandre VII sur le différend
des réguliers d'Angers, Se qui demandait un désaveu formel des propositions
soutenues par les moines angevins, Cette hostilité sourde dura trois ans, la
période entière d'un priorat.
En 1662, le nouveau titulaire, Hilarion Lavaur, sollicita les trois permis-
i66a
i662
416 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sions. Pavillon autorisa la quête, mais demanda du temps pour le reste, dési-
rant d'abord, dit-il, entendre prêcher le père dans sa cathédrale d'Alet.
Le 9 octobre de la même année, comme l'évêque traversait Caudiès, il
reçut sio-nification d'un acte qui le mettait en demeure de s'exécuter. Les
aupustins se plaignaient que depuis cinq ans le refus épiscopal tarissait la
principale source des atimônes de leur monastère; que cette exclusion bkssail
l'honneur de leur ordre 81 renversait des privilèges de quatre siècles. Le
prieur requérait les autorisations pour lui-même & pour les frères Devaux &
Neblon, menaçant de passer outre si elles n'étaient pas accordées.
Six jours après, le prieur monta en chaire. Cette prédication, qui était un
défi à l'adresse de l'évêque, avait été annoncée longtemps d'avance. A la fin
de son sermon, Hilarion avertit l'assistance de ne point s'étonner s'il avait
prêché malgré l'évêque. Les privilèges de son ordre lui prescrivaient d'en agir
ainsi, & le refus de l'évêque valait une approbation. Il ajouta qu'il répondait
âme pour âme de la validité de ses absolutions, qu'on ne pouvait contredire
les privilèges de l'ordre sans être hérétique, 8c que M. d'Alet les contredisait
depuis cinq ans. Ce discours causa dans le pays un très-grand émoi. Le pro-
moteur demanda qu'on informât.
Hilarion s'enfuit à Toulouse, prit des lettres de chancellerie & obtint de
Rome un rescrit, à la date du 21 février i663, qui renvoyait la querelle aux
évêques d'Agde, de Vabre ou de Lavaur, au choix du plaignant.
Le moine choisit l'évêque de Vabre qui justifia sa préférence. Il donna au
prieur toutes les approbations qu'il voulut dans le diocèse d'Alet, à Neblon Se
Devaux le droit de se présenter, pour en obtenir autant, devant un des
évêques de la Province, 8{. condamna le promoteur d'Alet à trois cents livres
de dépens 8c à trente écus pour la visite du procès.
Le promoteur fit appel à Rome Se obtint renvoi devant l'évêque de Rieux
8c deux autres prélats; mais les augustins n'en continuaient pas moins leurs
insolences, outrageaient publiquement l'évêque 8c son clergé; l'un d'eux se
vantait même de succès galants. L'évêque de Rieux n'étant pas d'humeur
aussi facile que celui de Vabre, les augustins réussirent par leurs intrigues à
s'en débarrasser 8c firent désigner à sa place l'évêque d'Albi.
C'est alors que le promoteur, effrayé des conséquences de l'affaire 8c du
trouble qu'elle jetterait dans le diocèse si elle n'était promptement terminée,
en demanda la jonction avec celle des gentilshommes.
Deux couvents étrangers au diocèse causèrent aussi de grandes traverses à
Nicolas Pavillon. Les capucins de Limoux 8c ceux de Chalabre venaient
quêter dans le diocèse d'Alet Se ne manquaient pas d'y décrier la conduite de
l'évêque 8c de ses prêtres, le représentant comme un hérétique Se comme un
tyran qui troublait les âmes. Dans le cours de ses visites pastorales, Pavillon
recevait partout des plaintes sur ces intempérances de langage.
Il eut recours aux gardiens des couvents, mais sans succès. En parcourant
le Roquefortois, il rencontra le gardien de Chalabre qu'on lui avait signalé
comme un charlatan fort avant dans la société des femmes, 8c très-irrévé-
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 417
rencieux pour la discipline diocésaine dans les maisons des gentilshommes.
Pavillon le manda devant lui & fit exposer en sa présence, par un ecclésias-
tique, les divers sujets de plainte. Peu satisfait de ses réponses & surtout de
son refus exprès d'adhérer au bref d'Angers, l'évêque interdit la quête.
Aussitôt les capucins mirent leurs amis en campagne & obtinrent deux
arrêts sur requête, sans entendre les parties, l'un au Parlement de Toulouse,
l'autre au conseil. Ces arrêts les dispensaient, pour quêter, de la permission
épiscopale, 8c, comme les moines avaient eu l'adresse d'y insérer qu'il serait
« informé des contraventions, » sitôt qu'un curé témoignait quelque étonne-
ment de voir quêter des religieux sans licence de l'évêque, on s'empressait de
verbaliser, 8c les ajournements personnels du Parlement de Toulouse dépeu-
plaient à chaque instant les presbytères. Partout où passaient les capucins,
ils colportaient leurs arrêts 8c les lisaient sur les places publiques avec force
brocards.
Le Parlement de Toulouse, dont la partialité s'était révélée d'une façon si
éclatante dans les démêlés de l'évêque d'AIet, ne montrait pas un amour plus
rigoureux de la justice dans ses rapports avec la capitale de la Province.
La ville de Toulouse, ne pouvant subvenir à ses charges, avait établi en
i558 un droit sur le vin Se les denrées 8c marchandises qui entraient en ville,
droit désigné sous le nom de commutation 8c approuvé par lettres patentes
d'Henri II du 16 juin de la même année. A cinq reprises différentes, cet éta-
blissement fut confirmé par l'autorité royale. Lors de la construction du pont
sur la Garonne, les capitouls prélevèrent d'abord une somme de dix mille livres
sur le produit de la commutation, puis ils finirent par consacrer à ces tra-
vaux, sous la direction des commissaires nommés par le roi, l'entier produit
de l'impôt. Les dettes énormes dont la ville se trouvait obérée, 8c qui ne
montaient pas à moins de deux millions de livres, déterminèrent la création
d'une nouvelle taxe, sous le nom de subvention ou réserve, qui atteignait les
denrées destinées à la consommation de la ville 8c de la banlieue.
Comme cette ressource était insuffisante, les capitouls finirent par obtenir
que l'entière disposition de la commutation leur tût rendue, ce qui arriva par
l'arrêt du conseil du i5 novembre 1660, avec injonction à toutes personnes,
exemptes 8c non exemptes, privilégiées 8c non privilégiées, de payer cet impôt.
Depuis plusieurs années, le Parlement de Toulouse s'était attribué la jouis-
sance des droits de commutation, bien qu'ils eussent été créés pour l'avantage
exclusif de la ville. La cour se trouva donc atteinte par le résultat des démar-
ches du corps municipal, 8c comme elle avait pris l'habitude d'employer ces
fonds à ses usages particuliers, elle en conçut un redoublement de haine
contre les capitouls, 8c ne laissa plus échapper aucune occasion de les persé-
cuter. Elle trouva un prétexte pour faire emprisonner plusieurs bourgeois.
La ville députe auprès du roi Jean de Roquette, avocat, seigneur d'Amades
81 l'un des capitouls. Un arrêt du conseil du 23 février 1662 cassa les empri-
sonnements, donna main-levée des marchandises saisies, avec contrainte par
corps contre les débiteurs, 8c prescrivit de biffer l'écrou.
XIII. »7
1662
~^ — 418 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Deux des victimes de la persécution du Parlement, Ferrier 8c Charlary,
anciens capitouls, allèrent aussi trouver le roi, & obtinrent plusieurs arrêts
favorables. Ils firent entendre à Louis XIV que la colère du Parlement n'avait
d'autre cause que la perte de la commutation, rendue à la ville pour le
payement de ses dettes ' .
Les arrêts d'évocation générale obtenus par les capitouls de Toulouse avaient
aussi accru l'animosité du Parlement, qui s'étudiait à troubler par mille moyens
l'exercice de leur juridiction.
La prétendue inviolabilité des maisons habitées par les présidents & les
conseillers avait celte singulière conséquence d'assurer l'impunité aux crimi-
nels, les magistrats refusant absolument à la main-forte des capitouls l'auto-
risation d'arrêter les fugitifs qui étaient venus s'abriter dans leurs hôtels.
Le i3 juin 1662, un vol ayant été dénoncé à la maison de ville, le capitoul
Bergeron se mit en quête du voleur avec le capitaine & une escorte du guet.
Le voleur se sauva dans la maison autrefois habitée par le premier président
Bertier de Montrabe, & qui appartenait à ses héritiers. Bergeron essaya d'y
pénétrer avec son valet, laissant respectueusement sa compagnie à la porte,
mais se vit outrageusement chassé par Bertier de Saint-Geniès, conseiller au
Parlement, qui l'accabla d'injures, le mit dehors & fit évader le larron.
Comme d'usage, les magistrats municipaux recoururent au conseil privé
qui condamna en termes formels, par son arrêt du i5 décembre 1662, les
prétentions exorbitantes du Parlement. Ces prétentions y étaient qualifiées
d'abusives & d'extraordinaires. On y faisait ressortir combien il était insoute-
nable que des présidents ou des conseillers fussent en possession d'un privi-
lège refusé par le roi aux princes du sang 8<. aux maisons religieuses, & que
nul endroit de France n'étant considéré comme lieu d'asile, on attribuât ce
titre aux hôtels de simples magistrats. L'évocation générale au Parlement.de
Grenoble n'était même qu'un remède insuffisant 81 d'une application peu pra-
tique, puisqu'à la moindre poursuite criminelle il fallait envoyer en Dau-
phiné & en faire venir un conseiller pour procéder à l'information. C'était
un surcroît de dépenses très-lourd 81 une grande chance d'impunité pour les
coupables, parce qu'en attendant, les éléments de l'instruction disparaissaient.
De son côté, le sénéchal à qui les causes des capitouls étaient renvoyées en
première instance, refusait de recevoir leurs plaintes.
Le conseil privé, tout en confirmant l'évocation générale suivant les arrêts
du 3o août 81 i5 septembre 1661 & du 10 janvier 81 26 mai 1662, avec renvoi
en première instance au sénéchal de Toulouse 8c par appel au Parlement de
Grenoble, maintint aux capitouls le droit d'entrer « dans toutes sortes de
a maisons, même dans celles des officiers du Parlement » pour y capturer les
malfaiteurs, avec défense aux magistrats de la cour d'y porter aucun trouble.
Cet arrêt fut publié dans tous les carrefours de Toulouse*.
' Archives de Toulouse. Annales manasentes,lX, ' Archives de Toulouse, Recueil d'arrêts manus-
p. 39. Recueil J'arrcts.Vl, p. 86; en 1564, iSyS, crlt, VI, f" 182.
i583, 1696 & 1610.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 419 — 7^
CHAPITRE II
Affaires de religion. — Démarches âe l'épiscopat. — Remontrances de l'évêque de Nimes. —Commission
de redit de Nantes. — Le prince de Conti théologien. — Lutte de l'archevêque de Toulouse & de
l'évéque d'Albi aux États. — Souscription pour la compagnie des Indes. — Suppression des évoca-
tions générales. — Testament & mort du prince de Conti.
Nos lecteurs n'ont pas oublié que, dans le feu d'artifice de Toulouse, des-
tiné à célébrer le traité de la Bidassoa & le mariage de Louis XIV, au milieu
des images allégoriques représentant les fléaux dont la Province avait été
longtemps affligée, une seule demeura debout pour être réduite en cendres
aux applaudissements de la foule j c'était l'Hérésie. Malgré la forme frivole
de cette démonstration, elle n'en traduisait pas moins une idée sérieuse &
redoutable, une réalité pleine de menaces, & les événements ne tardèrent pas
à prouver que l'inventeur de ce motif de spectacle connaissait à merveille les
dispositions des puissances k l'égard de la religion dissidente.
L'un des premiers usages que l'on comptait faire de la paix extérieure était
en effet de reprendre contre les réformés la guerre de Louis XIII, d'anéantir
l'œuvre salutaire d'Henri IV, de rétablir ce qu'on appelait l'unité de foi,
c'est-à-dire la persécution de toute croyance autre que celle du souverain.
On a prétendu que les assemblées provinciales n'avaient rien négligé pour
précipiter la royauté dans cette voie funeste qui devait aboutir à la révoca-
tion de l'édit de Nantes; le fait est matériellement vrai, puisque les procès-
verbaux des États de Languedoc contiennent fréquemment l'expression de ce
vœu, du du moins un grand nombre de suppliques de détail qui en sont à
peu près l'équivalent. Mais il ne faut pas oublier que ces assemblées n'étaient
rien moins qu'une représentation fidèle du pays, que les évêques y domi-
naient en maîtres, tant par leur place prééminente que par leur action sur
les élections municipales, 8c qu'indépendamment de leur influence person-
nelle sur l'ensemble de la compagnie, ils disposaient des voix d'une foule
d'obscurs députés du tiers état, nommés à la faveur de leur protection 8<. trop
heureux d'obtenir à la fin de la session la gratification des montres de grâce,
récompense promise aux votes complaisants.
La période d'agitations 5c de guerre qui finit à la paix des Pyrénées n'avait
pas été défavorable aux protestants de Languedoc. Occupé, comme on était,
de luttes politiques ou d'événements militaires, on ne s'inquiétait pas d'eux,
8c comme chaque parti, sans oublier celui du roi, croyait avoir intérêt à les
ménager, ils profitaient silencieusement d'une tolérance de fait, que l'ab-
sence des troupes 8c l'insuffisance des moyens de répression rendaient presque
obligatoire.
Avec la paix, les hostilités se réveillèrent. L'épiscopat, tout en félicitant le
i062
420 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
roi de son mariage Si de l'heureux succès de ses armes, affecta de lui rappeler
que la principale gloire de son père était d'avoir terrassé l'hérésie, & l'invita
sans détour à reprendre la campagne interrompue.
L'évêque de Nimes, Cohon, fut un des plus ardents à réclamer cette reprise
d'armes. Il adressa au roi un cahier de remontrances qui forment un véritable
réquisitoire contre les protestants de son diocèse. Cette démarche ne tendait
à rien moins qu'à la destruction de l'hérésie : le prélat rappelait au fils de
Louis XIII, « les sentiments de piété qui avoient fait entreprendre à son père
« Se accomplir heureusement l'humiliation de cette secte, fortifiée dans son
e( État pour y faire un parti. Elle agonise maintenant, ajoutait-il, S<. désor-
ti mais il n'y a plus d'effort à faire pour la mener à ses dernières défaillances. »
Ainsi commençait autour du trône, plus de vingt ans avant i685, ce concert
d'affirmations illusoires sur la prétendue faiblesse de la communion dissidente
& sur la facilité qu'on aurait à la faire disparaître du royaume. Toutes les
persécutions religieuses du règne de Louis XIV & de Louis XV sont en germe
dans cette théorie. Le haut clergé se persuada 6t fit croire aux conseillers de
la couronne que l'influence des opinions réformées était artificielle Si sans
consistance & qu'il suffirait d'un acte énergique de volonté pour l'anéantir.
Malgré ces conclusions, l'évêque de Nimes gémissait sur le grand nombre
de prêtres 81 de moines que « la tentation du mariage » entraînait au protes-
tantisme. Si qui choisissaient d'ordinaire la Genève languedocienne comme le
plus éclatant 8<. le plus illustre théâtre pour la solennité de leur apostasie
81 pour celle de leurs noces. Il demandait qu'on n'abusât point de l'édit de
Nantes pour permettre aux catholiques de quitter leur foi 81 que le change-
ment de religion leur fût défendu sous de grièves peines, afin de « les mettre
« dans une heureuse impuissance de se pervertir*. »
Il dénonçait la mobilité de certaines femmes protestantes qui, après avoir
écrit Si signé une profession solennelle d'abjuration 8c fait acte de catholicité
durant plusieurs mois pour pouvoir épouser un catholique, retournaient au
prêche dès le lendemain de leur mariage.
Il demandait que le bénéfice de la prescription fût, par une exception for-
melle, enlevé aux protestants pour les biens d'Église dont ils se trouvaient
détenteurs;
Que les hôpitaux d'ancienne fondation fussent exclusivement administrés
par des conseils catholiques, avec obligation d'en rendre compte par-devant les
évêques, accusant la majorité protestante de plusieurs communes d'écarter
systématiquement les catholiques de la direction d'hospices fondés longtemps
« ' L'édit de Nantes, dont ces sacrilèges se cou- royaume, ecclésiastiques & séculiers, signeroient
vrent, ajoutait l'évêque, n'a esté faict qu'en fa- de leur sang une très-humble requesie à Vostre
veur de ceux qui estoient actuellement séparés de Majesté pour la supplier de les mettre dans une
l'Eglise, ...& ne peut estre estendu au delà de la heureuse impuissance de se pervertir, en leur def-
lettre ny tiré par interprétation à une funeste fendant le changement de religion sous de grièves
liberté de conscience que les catholiques n'ont ja- peines". »
mais demandée & qu'ils ne demandent point en- , ,,, . „. . • . , .„ j ... ,,, „
. — . '^ ' Menard, Histoire de la vxtle de Nîmes, IV, Preuves,
core, tant s en faut. Tout ce qu'il y en a dans le p. 74.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 421
avant la naissance de l'hérésie, & de divertir le bien des pauvres pour l'em-
ployer à l'entretien de leurs ministres & aux affaires secrètes de leurs consis-
toires 5
Que dans les communes protestantes tout prêtre ou clerc fût investi , par
arrêt de commandement, du droit d'informer, comme personne judiciaire, de
tous les délits commis contre la religion catholique, tels qu'impiétés, vio-
lences ou assemblées illicites, les officiers de justice des lieux refusant de
s'acquitter de leurs charges dans ces occasions, soit par pusillanimité, soit par
fanatisme, & laissant les coupables impunis '.
Il réclamait, en outre, contre la jurisprudence du Parlement de Toulouse,
qui condamnait les ecclésiastiques à rebâtir à leurs frais les églises 81 mai-
sons presbytérales démolies par les protestants, sans imposer à ceux-ci d'autre
charge que le transport des matériaux Se le service des manœuvres. L'usur-
pation de la plupart des bénéfices, dont les titres étaient perdus, mettait,
disait-il, le clergé de Languedoc hors d'état de supporter cette dépense, &
il proposait de restreindre les obligations des bénéficiers à la construction
Si à l'entretien des maisons presbytérales dans les lieux où il ne se trouvait
pas de seigneur temporel pour y subvenir, & de mettre à la charge des com-
munes la reconstruction des nefs d'églises détruites St les menues réparations
d'entretien.
Il dénonçait les abus qui s'étaient introduits dans la direction & l'adminis-
tration des léproseries, encore nombreuses en Languedoc. Ces établissements,
disait-il, étaient occupés pour la plupart 8c régis par des personnes scanda-
leuses, qui se disent frappées de la lèpre 5t qui ne le sont pasj dans le diocèse
de Nimes, les consuls protestants avaient fini par devenir seuls ordonnateurs
du bien dépendant de ces fondations. Les majoraux, ou directeurs de lépro-
series, supposés lépreux, se mariaient, une fois en possession de cette charge,
èi. bénéficiaient avec leur famille des revenus attachés à la maison dans une
pensée de charité*. Pour obvier à ces dérèglements, Cohon sollicitait un arrêt
' Cette malheureuse immixtion du clergé dans Voici une provision de majorale à la maladreric
les fonctions judiciaire! ou même dans l'office de de Saint-Cyprien :
la maréchaussée devait être, comme on le rerra « Les capitouls, &c., sur la requête à nous pré-
dans la suite, une des causes de l'explosion des sentée par le syndic des maladreries de la présent
Cévennes, certains curés des paroisses ayant trop ville à ce que Anne Durenne, lépreuse, nommée &
pris à la lettre le conseil de révêque de Nimes de élue pour majorale en la maladrerie Saint-Cypricn
poursuivre & d'arrêter eux-mêmes les délinquants. de la présent ville, pour régir conjointement avec
' Il y avait encore à Toulouse quatre maladre- Pierre Ségala, majorai en icelle, Nous avons
ries en 1643; chaque année les capitouls, accom- ordonné que ladite Durenne sera reçue dans la-
p.ignés des soldats du guet, allaient écouter les dite maladrerie tout ainsi que les autres majorales
quatre sermons généraux, pendant le carême, aux font es autres maladreries, faisant défense audit
maladreries du Château-Narhonnols, d'Arnaud-Ber- Ségala & à tous autres de la troubler, à peine de
narii (hors la porte), de 5aint-5auveur (hors la porte 5oo livres, & à ces fins qu'elle sera installée en
Saint-Etienne) & de Saint-Cyprien. En chaque lieu ladite maladrerie par ledit syndic Tholose, le
les soldats du guet faisaient la recherche, n le tout 23'' décembre lôSg'. »
suivant la coutume », besogne qui leur était payée Un certain Pierre Grilhe, lépreux en la mal.i-
à raison de 5 livres pour chaque sermon '. drerie à^Arnaud-Bernard de Toulouse « s'étant ha-
' Archives de Toulouse. Contrôle. 16)4-45. ' Archives de Toulouse. Petit livre des provisions.
1662
~^ 422 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
du conseil qui défendît aux consuls du diocèse de Nimes, sans distinction de
religion, de prendre connaissance de l'administration des maladreries & de la
confier à un lépreux véritable ou prétendu, & qui enjoignît de rétablir les
chapelles spéciales partout ruinées, d'y faire célébrer régulièrement les exer-
cices du culte catholique par les soins d'un prêtre gagé au choix des évêques.
Les évêques seuls, en qualité de vicaires-nés des grands aumôniers de France,
devaient avoir l'inspection des léproseries de Languedoc, cette province étant
trop éloignée de la Cour pour être efficacement visitée des officiers de la
couronne.
Un autre grief portait sur l'usurpation faite par les protestants des cime-
tières catholiques; on reprochait aux gentilshommes réformés d'abuser de leur
autorité pour placer leur sépulture dans les dépendances des églises démolies
]:iar eux-mêmes ou par leurs devanciers.
Sur la question des hôpitaux, qui avaient été dédoublés à Nimes 8c affectés
séparément aux deux communions, l'évêque réclamait d'abord que les enfants
trouvés fussent exclusivement élevés dans l'hôpital catholique 8c dans la reli-
gion du prince, n'ayant ni père ni mère qui les avoue; puis il arrivait à se
plaindre de la séparation, comme ayant de mauvaises suites, contribuant à la
propagation de l'hérésie, permettant aux réformés d'établir légalement des
contributions dont ils faisaient le plus funeste emploi, 8c il proposait de tout
simplifier en révoquant l'arrêt qui avait autorisé le dédoublement de l'hôpital
8c celui du collège.
Malgré le soin jaloux que les catholiques mettaient partout à ne pas laisser
tomber leurs offices héréditaires ou vénaux entre les mains de réformés,
Cohon s'indignait de voir les procureurs 8c notaires protestants user de la
même précaution 8c transmettre soigneusement leurs charges à des personnes
qui partageaient leur foi.
Les secours spirituels donnés par les ministres à leurs coreligionnaires dans
les hôpitaux 8c dans les prisons fournissaient aussi matière à d'amères do-
léances. On accusait les pasteurs réformés de profiter des entretiens qui leur
étaient permis avec les malades pour faire de véritables prédications, 8c d'uti-
liser les agonies dans un intérêt de prosélytisme. Le Parlement de Toulouse
ou la chambre de l'édit, ayant eu plus d'une fois à prononcer sur des cas
semblables, s'étaient ingéniés à trouver des expédients en vue de restreindre
autant que possible la faveur accordée aux ministres, leur défendant de prê-
cher dans la conciergerie 8c d'y conduire avec eux plus d'une ou deux per-
sonnes. Se les obligeant plus tard de monter dans une chambre haute avec le
prisonnier, 8c de le consoler à voix basse afin de ne pouvoir être entendus au
dehors. Cohon faisait appel à l'autorité royale pour réprimer « l'insolence »
« bitiié en icelle par le mariage contracté avec le 6 juin 1640, la permission d'aller s'éiatlir pour
« Jeanne Failcaille, Z^preu^e, avoit quitté la ma- y finir ses jours en la maladrerie de Revel ou
n ladrerie de Cordes, en laquelle il était né. 11 A la autre, à condition de n'aller loger en aucune
suite de dissentiments avec le majorai de la mala- maison particulière '.
drerie d'Arnaud-Bernard, il obtint des capitouls, ■ Archives de Toulouse. Pclit livre des yrorisioiis.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 428
qu'avaient les ministres protestants d'aller consoler les malades 8c les captifs;
il voulait également que l'épiscopat eût un droit d'examen sur les maîtres
d'écoles dans les lieux appartenant aux deux communions'.
Enfin, il s'élevait avec une extrême vigueur contre l'érection de l'académie
de Nimes, l'établissement d'une classe de théologie, devenue, dit-il, « un
« séminaire de ministres, où les écoliers, qu'ils nomment proposans, viennent
ft de Hollande, d'Allemagne, St de toutes les provinces du royaume; » la col-
lation des grades universitaires, & en particulier des lettres de maîtres ès-arts,
faite par des consuls huguenots, terminant le tableau des entreprises « de la
« religion » par l'indication d'attentats journaliers à la vie des prêtres, d'em-
pêchements mis par la force armée à la perception des dîmes 8t à la culture
des domaines ecclésiastiques & des projets de persécution contre les catho-
liques « secrètement délibérés » dans les synodes^.
Du reste, ces dénonciations de l'évêque de Nimes n'étaient point un fait
isolé.
Il y avait déjà de longues années que le clergé catholique & les États de
la Province accusaient les protestants de Languedoc auprès du gouvernement,
de dépasser les limites de tolérance que l'édit de Nantes avait posées à l'exer-
cice de leur culte. Les engagements secrets que le duc d'Orléans, à l'époque
de ses menées ambitieuses, avait noués avec plusieurs gentilshommes protes-
tants, les enrôlant pour ainsi dire à son service Se leur assurant des pensions
en cas d'insuccès, les rêves de reconstitution du protestantisme français à
l'état de parti politique, encouragés par certains négociateurs de la conspira-
tion de Cinq Mars^, la réaction féodale des premières années de la régence,
&, peut-être, ce qui restait encore d'anciennes attaches personnelles au der-
nier gouverneur, avaient contribué à produire une sorte de renouveau dans
l'Eglise réformée.
Au fond des vallées solitaires des Cévennes, dans les gorges du Gévaudan
comme sur les plateaux ondulés des diocèses de Nimes Se d'Uzès, de nou-
veaux temples s'édifiaient en dehors des lieux autorisés par l'édit de Nantes;
St il ne se passait guère de session où les États ne vinssent dénoncer au roi,
avec une vigilance inquiète, la multiplication de ces édifices.
En 1649, c'était Mandegouts Se le Gros, au diocèse de Nimes; Saint-Jean
' Arrêt de la chambre de l'édit de Castrei, du des religionnaires dans la ville & le diocèse de
18 février 1661, motivé pnr une prétendue prédi- Nîmes'.
cation faite dans la conciergerie, par M. de La- ' Mémoires de Monsieur Je Montrésor, I, p. 179.
eaux, ministre, en présence de sept ou huit per- Lettre de M. Des Noyers au cardinal de Richelieu :
sonnet. On y rappelle un arrêt antérieur du 28 o Deux pères jésuites m'ayant dit merveille des
juillet i656, rendu sur le rapport de Vedelly. espérances des huguenots de ce quartier-là sur la
On trouvera, du reste, dans la Table chronolo- chimère de Chavagnac, j'en ai fait rapport au roy
gique mise en tête de notre histoire, la série des qui l'a escouté avec plaisir, 8e m'a dit qu'il croit
arrêts restrictifs de toute nature qui ont atteint que M. le Grand auroist été capable de se faire
les réformés de Languedoc jusqu'à la révocation de huguenot. — Bagnols, 3o juin 1642. »
l'édit de Nantes.
' Remontrances de l'évéqiie de Nimes, Anthyme- ' '^'-"'',-!' l'i^">i<-_\dcla ville Je Nimev V", Pre.ncs,
_ .^ ' p. 7.).. — voir aussi A. Germain, HtUotre de Ihgnse lie
Denys Cohon,au roi Louis XIV, sur les entreprises Aïmcs, II, p. 3 ij.
1662
i663
424 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de Marvéjols 8c Moussac, dans rUzége: le diocèse de Narbonne, malgré le
voisinage de l'archevêque, souffrait lui-même quelques atteintes, Se l'on y
voyait un gentilhomme, M. de Saix, faire exercer le culte dans sa maison 8t
y réunir plus de deux cents personnes, d'une lieue à la ronde autour de la
Bastide de Paulinan 8t de Jouarres'.
Afin de substituer une action administrative plus énergique Si plus prompte
aux lenteurs judiciaires, & d'enlever la répression à l'initiative du Parlement,
le roi nomma, le i5 avril 1661, deux commissaires exécuteurs de l'édit de
Nantes, l'un catholique, l'autre protestant, avec mission spéciale d'informer,
dans la province de Languedoc 8t le pays de Foix, de toutes les contraven-
tions commises contre les édits de i5g8 St de 1629, & de recevoir les plaintes
des habitants qui appartenaient aux deux religions. Le concert des deux
commissaires devait donner force de loi à leurs ordonnances. En cas de désac-
cord, le roi se réservait la décision souveraine, après avoir fait examiner leurs
procès-verbaux en conseil d'État.
Le commissaire catholique fut l'intendant de la Province Bezons; Si le
commissaire protestant un lieutenant particulier au siège présidial de Nimes,
qui s'appelait le sieur de Peyremale.
Aussitôt constituée, la commission fut assaillie de réclamations de la part
du clergé catholique, qui se fit représenter par des syndics diocésains. Ces
démarches tendaient au rétablissement des églises démolies dans les Cévennes
lors de la dernière prise d'armes du duc de Rohan, St surtout à l'-interdiction
de l'exercice du culte réformé & à la destruction des temples dans tous les
lieux qui n'étaient pas couverts par la garantie de l'édit de Nantes. En prin-
cipe, la décision paraissait facile, l'observation rigoureuse de l'édit devant
servir de règle à la commission, à qui ses instructions enjoignaient de pros-
crire toutes les innovations avec une impartiale sévérité. Mais dans l'appli-
cation, les questions de fait devenaient singulièrement épineuses. La tolérance
de l'édit de Nantes était une tolérance géographique. Autorisé dans certaines
paroisses, le culte protestant n'en pouvait sortir, l'immobilité des limites terri-
toriales, telles c[ue les avait surprises la conclusion de la paix, interdisait
toute propagande. Or, malgré les terribles répressions de 162g, malgré les
colonies de missionnaires que Louis XIII avait expédiées dans les Cévennes,
la Réforme y régnait en souveraine presque absolue. Plus d'une centaine
de temples s'y étaient construits qui ne pouvaient invoquer de titre pri-
mordial.
Les gorges les plus sauvages de l'Espérou & de la Lozère, les vallons
abruptes du Tarn supérieur, de l'Hérault, du Vidourle, du Gardon 81 de la
Cèze, avaient vu surgir à profusion, par l'effet de cotisations volontaires que
la menace de persécution rendait plus abondantes, ces petites constructions
nues Se sévères qui, presque partout, remplaçaient quelque prieuré ou quelque
chapelle détruite. Tous les vieux centres protestants du pays, consacrés par
' Procès-verbal des Etats. Séance du 29 juillet 1649.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 425
. edit de Nantes, projetaient autour d'eux comme une sorte de rayonnement
qui faisait naître les temples sur les roches les plus ingrates.
Il y en avait à Lanuéjols, à Dourbies, à Saint-Sauveur-des-Pourcils, dans
ces tristes montagnes qui marquent la frontière du Rouergue. Roquedur,
Pommiers, Saint-Bresson, Saint-Julien de la Nef formaient un réseau serré
près du Viganj un autre groupe cernait la montagne d'Anduze; Alais, Saint-
Ambroix, Vézénobres, Villefort possédaient aussi leur ceinture d'avant-postes,
dont les avancées descendaient jusqu'aux assises supérieures des coteaux du
Rhône & jusqu'à la plaine de Nimes.
Les travaux de la commission durèrent plus de deux ans. Cette minutieuse
enquête, qui remettait en question l'exercice même du culte public au milieu
du plus ardent foyer de protestantisme, St dans une région où la Réforme
victorieuse avait laissé tant de marques d'intolérance, ne pouvait manquer
d'éveiller des inquiétudes &t d'être dénoncée comme un présage de persécution.
Les alarmes se manifestèrent ouvertement le 23 mai i663, dans un synode
tenu à Saint-André de Valborgne, au cœur des Cévennes. Il y fut longue-
ment délibéré sur les périls qui menaçaient la confession réformée; on y
laissa pressentir une sorte de conspiration romaine contre les édits de pacifi-
cation. Se, pour en prévenir le succès, on décida d'exhorter les gentilshommes,
les magistrats & tous les fidèles élevés en dignité à se soumettre avec respect
aux ministres de l'Evangile qui portaient les clés du royaume des cieux, &
à protéger les Anciens contre toute vexation de la part des personnes réfrac-
taires à la discipline; on pria Dieu d'aifermir la volonté du roi dans le
maintien des édits, & il fut ordonné que tous les membres du synode, tant
ministres qu'Anciens, jureraient d'observer la délibération &, de retour dans
leurs églises, feraient prêter le même serment par le consistoire & par tout le
peuple, St célébrer un jeûne général qui serait précédé, dans toutes les églises
de la province des Cévennes, par la lecture publique de la décision synodale,
faite pendant deux dimanches consécutifs. Cette résolution devait, en outre,
être enregistrée dans tous les actes des consistoires.
Le modérateur du synode, qui était un ministre de Durfort, appelé Méjaul,
termina la séance en faisant jurer les membres de l'assemblée.
Quelques jours après, à l'issue du prêche, M. de Serville, ministre du
Vigan, demanda au peuple de prêter le serment prescrit par le synode, comme
un renouveau d'alliance avec Dieu, malgré la résistance du lieutenant de la
viguerie'.
L'affaire fut portée au conseil d'État, qui qualifia très-sévèrement la mani-
festation, tout en protestant de la volonté du roi d'observer, sans innovation,
les édits accordés aux réformés, déclara que cette manière d'exiger le serment
de tout un peuple était une pratique inouïe, procédant de la cabale & du
monopole des ministres contre l'autorité souveraine. Si n'avait jamais été
■ Procès-Terbal de maître de Lautal, lieutenant Ser»ille par-devant M" de Ginestoux, yiguier, du
en la viguerie, du lo juin i663j plainte de M' de 17 juin |663.
i663
i6â3
426 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
qu'un prélude d'insurrection; c'était, en même temps, une contravention for-
melle aux lois de l'État que l'on prétendait défendre, puisque l'article 84 des
particuliers de l'édit de Nantes définissait exactement le rôle des synodes Se
ne leur permettait de traiter que des règlements de discipline.
La délibération fut donc cassée comme séditieuse, & le serment annulé; le
synode & tous les consistoires de la Province reçurent l'ordre de détruire
dans leurs actes le procès-verbal de la séance 81 d'inscrire à la place l'arrêt de
condamnation, qui devait recevoir, à l'issue du prêche, la même publicité. Le
conseil d'État confiait aux procureurs du roi près les diverses sénéchaussées
le soin de poursuivre les ministres coupables d'avoir exigé le serment. Un
délai de six semaines était accordé au modérateur du synode pour venir, à la
suite du conseil, rendre compte de sa conduite'.
Cependant, la procédure des commissaires avait ramené devant la juridic-
tion souveraine un certain nombre de questions litigieuses qui reçurent leur
solution, le 5 octobre, au château de Vincennes. En général, le commissaire
protestant ne faisait point ditficulté de reconnaître qu'un très-grand nombre
de temples n'avaient pas d'existence légale & que l'exercice du culte y devait
être interdit. Ainsi consentait-il à en supprimer quatre-vingt-huit, la plupart
situés dans les montagnes Si appartenant aux diocèses d'Uzès, de Nimes 8c
de Mende. Les avis des deux commissaires ne différaient que sur le mode du
sacrifice, Bezons demandant que les protestants fissent eux-mêmes, dans hui-
taine, la démolition de leurs temples jusqu'à hauteur de clôture, & que,
passé ce délai, il fût permis aux catholiques de procéder à l'exécution, aux
frais des habitants réformés, tandis que Peyremale voulait seulement déna-
turer le caractère des édifices pour les convertir à d'autres usages, sans leur
laisser aucune marque ni figure de temple, en autorisant toutefois la démoli-
tion, si les travaux nécessaires n'étaient pas terminés dans l'espace d'un mois.
Le conseil du roi n'admit pas que cette transformation matérielle offrît des
garanties suffisantes pour la suspension du culte, 8c, redoutant la permanence
d'une enceinte protégée par des souvenirs dangereux, il enchérit même sur
la décision du commissaire catholique 8c ordonna que les temples seraient
démolis jusqu'aux fondements.
Les divergences furent plus sérieuses sur d'autres points ; les temples de
Boisset, de Saint-Martin-de-Camcelade, de Taraux 8c de Fontarèches, que
l'intendant voulait détruire, étaient défendus par le commissaire protestant,
qui sollicitait en leur faveur une protection souveraine contre les poursuites
du clergé catholique. Le conseil d'État donna raison à l'intendant.
Le sieur de Peyremale ne fut pas plus heureux en essayant de sauver
treize autres temples bâtis dans le territoire de paroisses où le culte protestant
était permis 8c dépendant des consistoires de Calvisson, de Valleraugue, de
Nages, d'Aulas 8c de Nimes. Il soutint vainement que la liberté du culte
■ Archives de la Haute-Garonne. Fonds de l'Ar- donné à Paris, Sn Majesté y étant, le 9 Juillet
cheYeché de Toulouse. Arrêt du Conseil d'Etat, i663, imn.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT, 427
dans le périmètre de ces districts pouvait comprendre implicitement la faculté
d'y élever des temples sur un point quelconque de la paroisse. Le conseil se
montra impitoyable dans l'interprétation littérale des prohibitions. Il trancha
dans le même sens certaines dithcultés que le commissaire protestant lui avait
spontanément renvoyées concernant les lieux de Montredon, Lecques, Sali-
nelle, le petit Gallargues, Aspères & Vilatelle, Si l'autorité d'un arrêt de la
chambre de l'édit de Castres', rendu trente-trois ans plus tôt en faveur du
temple de Busignargues, n'en put empêcher la destruction^.
Enfin, la liberté d'exercice provisoire que le sieur de Peyremale sollicitait
pour le temple de Générac lui fut refusée, malgré les précédents favorables
d'une décision du conseil d'État^ & un arrêt de partage rendu par la chambre
de l'édit de Castres'*, sans toutefois que la démolition fût ordonnée, l'attaire
étant soumise à une instruction nouvelle, avec celles des temples de Ribaute,
de Saint-Côme 8c de Saint-Romain de Valfrancisque. Quant à ce dernier
lieu, défense formelle était faite au ministre de Notre-Dame de Valfrancisque
d'y venir prêcher.
Le conseil réserva aussi à un nouvel examen la question du rétablissement
de l'église 8c de la maison claustrale de Saint-Geniès de Malgoires, démolies
en 1628, rétablissement qui était sollicité par le syndic du clergé d'Uzès, 8c
fit recommencer, devant des commissaires mi-partis, une enquête antérieure
qui avait été dirigée par maître Cottelier, conseiller au présidial de Nimes.
Toutes ces procédures 8c ces divisions ne favorisaient guère l'essor indus-
triel que l'influence de Colbert, désormais prépondérante dans les conseils du
roi, cherchait à stimuler par mille moyens. Ce n'eût pas été trop de réunir
toutes les forces du pays pour cette glorieuse entreprise; mais les vues géné-
rales faisaient défaut, 8t, durant les premières années, la Province, minée
par ses maux intérieurs, suivit d'assez loin le mouvement qui se produisait
dans d'autres parties du royaume, sous l'action féconde du ministère.
Cependant, de loin en loin, quelque tentative marquait le commencement
de l'évolution 8c l'application aux intérêts positifs des énergies qui s'étaient si
longtemps gaspillées à l'occasion de vaines querelles.
Le président Donneville, commissaire général de la navigation au ressort
du Parlement de Toulouse, publia, le 1" octobre i663, des règlements géné-
raux pour la liberté de la batellerie sur la Garonne, la Dordogne, le Tarn 8t
les autres rivières navigables de la contrée.
Ces règlements, entre autres prescriptions, imposaient aux propriétaires
des moulins l'obligation de maintenir un chenal suffisamment large, avec le
nombre d'hommes nécessaires, à résidence fixe, pour monter 6c descendre les
■ Arrêt de- la chambre de l'Edit de Castres, du de Nismes, d'Usez & de Mende. Donné à Paris le
i5 septembre 1617. 5 octobre |663'.
' Arrêt du conseil d'Estat, rendu sur le p:ir- ' Arrêt du conseil d'État du 6 novembre i6^5.
tag« de Mîssieurj les commissaires exécuteurs de ■* Arrêt de la chambre de l'Edit de Castres du
l'édit de Nantes, qui ordonne la démolition de 26 janvier i65î.
Vingt temples de la R. P. R. dan» les diocèses ■ Ardiivcs de Toulouse. Fonds de l'Arclievcchi de Toulouse.
i663
IÛ63
i6Û4
428 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
bateaux & radeaux à mesure qu'ils se présenteraient, sous peine de dommages
en cas de retard.
M. Langeois, intendant de Montauban , renouvela ces ordonnances le
27 juillet 17 16. Elles furent occasionnellement confirmées en 1735 par le
conseil d'État, au sujet dps obstacles que M. de Puget, président à mortier au
Parlement de Toulouse, apportait avant cette époque à la navigation du Tarn
en défendant aux bateliers d'ouvrir le glacis de son moulin lorsque les eaux
n'étaient pas assez fortes pour le garantir de tout froissement; prétention fort
incommode à tout le commerce albigeois, & en particulier aux vins de Gaillac,
fréquemment condamnés par ces retards à ne point profiter de leur privilège
d'entrer à Bordeaux le lendemain de la Saint-Martin, par préférence aux vins
de Cahors qui n'y pouvaient pénétrer que le lendemain de la Noël '.
Pendant l'été de 1664, le prince de Conti habitait Noisy-le-Roi , sur la
lisière de la forêt de Marly, & s'y livrait à peu près exclusivement à la lecture
des auteurs ecclésiastiques 8c à l'étude des questions de controverse qui pas-
sionnaient en ce moment les théologiens. Il avait conservé de la première
période de sa vie une connaissance très-approfondie & très-familière des lettres
sacrées & parlait le langage scolastique avec une singulière aisance. Dans le
courant du mois d'août, il reçut la visite de son ancien maître, le père jésuite
Etienne de Champs, qui lui avait fait faire autrefois ses thèses en Sorbonne*
& qui était alors recteur du collège de Clermont. La conversation s'engagea
sur les sentiments des thomistes & sur les moyens de concilier la prédétermi-
nation physique avec le libre arbitre de l'homme, condition indispensable du
mérite & du démérite personnel. Le jésuite ayant opposé au prince, qui se
déclarait franchement thomiste, quelques objections auxquelles le royal théo-
logien ne pouvait répondre immédiatement, il en résulta une correspondance
suivie qui se prolongea jusqu'à la fin du mois de septembre.
Le prince y soutenait énergiquement la doctrine de saint Augustin & de
saint Thomas & s'y montrait adversaire déclaré des molinistes. Il manoeuvrait
avec une étrange dextérité au milieu des subtilités les plus ardues, raisonnant
en docteur du moyen âge, dans une prose hérissée d'expressions latines, sur
la vision béatifique, l'indéfectibilité des bienheureux, le sens composé £c
divisé. « Sans mentir, lui écrivait le père de Champs, c'est grand dommage
« que Votre Altesse n'a régenté la théologie, elle nous auroit donné les plus
« beaux ouvrages du monde... » A quoi le prince répondait modestement :
« C'est une entreprise assez hardie à un homme de ma profession d'avoir à
V soutenir tous ces assauts contre un des maîtres du métier. » Néanmoins, il
se défend de son mieux des reproches d'hérésie que le jésuite adresse à la
doctrine des thomistes, & il repousse bravement les prétendues analogies que
■ Recueil des éd'its & arrêts de Languedoc, lySS. sous la présidence du cardinal de Retz, arche-
Arrêt du Conseil d'Etat, donné à Versailles le 29 vêque de Corinthe & coadjuteur de Paris. Les
novembre 1735. sujets en étaient : la Grâce, la Pénitence & l'Eu-
' Les thèses de tentative du prince de Conti fu- charistie. Avertisiement de l'édition des Lettres,
rent soutenues en Sorbonne le 10 juillet 1646, de 1773.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 42g
son adversaire cherche à établir entre cette doctrine & l'opinion des calvinistes
8< des astrologues qui, sous prétexte de prédestination ou d'influence des pla-
nètes, faisaient si bon marché de la liberté humaine. Le père de Champs
avoue lui-même l'énergie de la résistance : « En vérité, jamais Nugnez Cabc-
« zudo n'a si bien défendu la prédétermination physique que Votre Altesse.
« Si ces deux lettres tombent entre les mains de quelque jacobin, il ne man-
<i quera pas de- les iaire imprimer avec un défi à tous les molinistes d'y
« répondre. »
Le prince n'est pas un champion moins zélé des maximes gallicanes. « A
« quelque sauce que vous mettiez l'inquisition, écrivait-il dans sa troisième
« réponse, vous ne nous en ferez jamais reconnaître l'autorité : & tout ce que
« nous vous pouvons accorder, c'est que vous avez un tribunal qui intitule
« ses décrets du nom du Pape, & qui ne veut pas qu'on ajoute foi à ce qui
« est imprimé sans sa permission, par une police qui n'est pas reconnue de
« deçà les monts. » Il ajoute que « le refus d'admettre cette juridiction en
« France ne procède d'aucune rébellion à l'Eglise, mais de nos libertés qui
« ne sont autres que l'observation des saints canons anciens. »
De son côté, le père de Champs raille agréablement l'opinion exagérée que
l'on se faisait déjà de l'influence des jésuites en leur attribuant une action
directe sur tous les événements de la terre. « J'ai lu, dit-il, dans un auteur
« de réputation, que les diables qui tentèrent les premiers hommes étoient
« jésuites » & cite à l'appui un quatrain qui avait cours dans les écoles de la
compagnie '.
Les deux correspondants traitent d'ailleurs assez cavalièrement certains pro-
cédés d'exorcisme qui se pratiquaient à cette époque. « Sans doute, écrit le
n père de Champs, Votre Altesse s'est fait thomiste par dévotion, 8c parce
« qu'elle croit qu'ils sont tous des anges. Or je l'avertis en ami que cela n'est
« pas. Car on écrivit la semaine passée de Barcelone qu'un cordelier exorci-
« sant une possédée, 8c lui commandant de sortir au nom de l'Immaculée-
« Conception de Notre-Dame, le diable lui répondit : « Tu ne tiens rien, je
« suis thomiste. « A cette anecdote, le prince en oppose une autre qui lui
vient de son gouvernement : « Des capucins attachèrent, cet hiver, à Pézénas,
« des billets où l'oraison de la Conception étoit écrite, au bras d'une pré-
ci tendue possédée, 8c le diable de Pézénas fut aussi opiniâtre que celui de
« Barcelone. »
Cette controverse sur l'accord de la grâce 8c de la liberté donna matière à
dix-huit lettres que le prince de Conti recueillit soigneusement, ayant fait
copier ses réponses à la suite des originaux du père de Champs 8c pour les-
quelles il écrivit en forme d'introduction un exposé succinct du sujet de la
' Voici ce quatrain, cité par le père de Champs dans sa sixième lettre du 3o août 1664 ;
Pomum marito Jesuitis credulo
Porrcxil Eva Jesuitis crcdula;
Fratrem Cainus Jesuitis credulus
Occidit Abel Jesuitis crcdulum.
1664
~^ 480 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dispute. Ces lettres ont été publiées pour la première fois en 1689 & réim-
primées en 1773 dans le recueil du père Dufour'.
Dans le courant du mois de septembre, la peste fit quelques ravages en
Provence. La nouvelle s'en transmit de proche en proche dans toutes les
villes de Languedoc. Les consuls d'Aigues-mortes 8c de Saintes-Mariés don-
nèrent les premiers l'éveil à leurs voisins de Montpellier qui en écrivirent à
Toulouse le 27 septembre. Les consuls de Narbonne apprenant que le mal,
d'abord circonscrit aux environs de Toulon, s'était avancé jusqu'à Aix, pri-
rent aussitôt des mesures de précaution en faisant garder leur territoire, &
firent appel à la vigilance de leurs confrères^.
A Toulouse, le conseil fut assemblé. On publia une ordonnance qui expul-
sait immédiatement de la ville tous les vagabonds, sous peine du fouet, avec
défense de leur donner asile. On prescrivit aux habitants qui entretenaient
des oies ou des pourceaux dans leurs maisons de s'en défaire dans trois jours,
sous peine de confiscation; on nettoya les rues Se l'on fit réparer les brèches
des murailles, afin de rendre efficace la surveillance des portes.
Comme les fonds manquaient, il fut décidé que, jusqu'à nouvel ordre, tout
remboursement de capitaux aux créanciers de la ville serait suspendu^.
On parla aussi d'augmenter la troupe du guet & de mettre des soldats aux
portes de la ville.
Les Etats s'ouvrirent à Béziers le 4 décembre. A la première séance, trois
prélats seulement vinrent siéger, M. de Bourlemont, à qui la relégation de
Fouquet maintenait la présidence & qui n'avait garde de manquer aux pre-
miers travaux; Hyacinthe Serroni, l'homme de Colbert comme il avait été
celui de Mazarin, & Joseph de Montpezat de Carbon, évêque de Saint-Papoul
qui était aussi noté dans les correspondances du ministère comme entière-
ment dévoué au gouvernement & prêt à donner tous les votes qui lui seraient
demandés au nom du roi. Ce milieii était on ne peut plus favorable à pré-
parer une heureuse 8c courte session. Le capitoul de Toulouse, toujours
dangereux, parce que ces magistrats s'étaient accoutumés à prendre la tête du
tiers état 8c à se donner le rôle de harangueurs 8c de tribuns du peuple, avait
été soigneusement choisi par le premier président Fieubet qui répondait de
sa fidélité'*, 8c qui avait fait envoyer de Cintegabelle un député du meilleur
caractère, disposé à « obéir avec une soumission absolue aux ordres de Sa
« Majesté^. «
L'archevêque de Toulouse sut habilement profiter de la solitude des bancs
supérieurs pour agir isolément sur les divers membres du tiers état 8c les dis-
poser à d'importantes largesses. Dès le 12 décembre, il écrivait à Colbert que
■ Bihliothè<iue intéressante ou recueil de mono- p. 3. Conseil de bourgeoisie. Séance <3u 17 octobre
jjJcnts qui servent a démontrer le suprême empire de 1664.
Dieu sur la volonté de Vhomme. Francfort, 1773. * C'était M. de Torreil, frère du procureur gé-
' Archives de Toulouse. Lettre du 10 octobre 1664 néral.
aux capitouls de Toulouse. ^ Depping, Correspondance administrative de
' Archives de Toulouse. Livre des Co/uc/h.XXIX, Louis XIV, I, 66. Lettre de Fieubet à Colbert.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 481
la session s'annonçait très-bien, tout en lui exprimant le regret de n'avoir
à donner aux députés que des marques de civilité & des caresses, 8t de ne
pouvoir point, par l'espérance de récompenses plus positives, s'assurer des
dévouements incertains. L'ombre des Fouquet l'inquiétait aussi. Le coup de
tonnerre qui avait renversé la fortune de cette puissante maison avait été si
rapide Se tellement inattendu, que beaucoup de gens s'obstinaient à ne pas
le croire définitif. Chaque jour on s'attendait à voir les portes de Pignerol
s'ouvrir au surintendant, & l'archevêque de Narbonne revenir de son exil
d'AIençon. Un homme de confiance de François Fouquet, qui avait été son
maître d'hôtel 8c qu'il avait fait nommer huissier des États, contribuait à
entretenir & à propager ces illusions, répandant parmi les membres du tiers
état, auprès de qui sa charge lui donnait de grandes familiarités, des lettres
de son maître Se de l'évêque d'Agde, qui tourmentaient singulièrement M. de
Bourlemont. -L'archevêque de Toulouse s'en plaignait à Colbert, témoignait
grande envie de chasser l'huissier, mais n'osait s'y résoudre, à cause des fortes
attaches que la dynastie des Fouquet conservait encore dans la Province.
Au bout de quelques séances, les bancs du clergé se peuplèrent, & bientôt,
par le grand nombre de maisons que les évêques avaient fait retenir pour eux
à Béziers, on put prévoir que l'assemblée serait une des plus complètes qui
se fût réunie depuis fort longtemps. Les premiers travaux marchèrent sans
encombre. M. de Bourlemont remplissait en conscience son rôle d'agent
déguisé de Colbert, & le comte du Roure, principal commissaire aux États,
en félicitait le ministre, lui disant n'avoir « jamais vu personne qui agît avec
« autant de zèle Se d'honneur pour le service du roi , que Monsieur l'arche-
« vêque de Toulouse. »
Mais lorsque M. du Lude, évêque d'Albi, l'antagoniste acharné de M. de
Bourlemont, eût pris séance dans l'assemblée, & avec lui le vieil évêque de
Viviers, M. de Suze, qui subissait entièrement son influence, les choses chan-
gèrent de face : les résistances du tiers état, qui trouvèrent alors un point
d'appui, devinrent plus accentuées, & les orages se multiplièrent, jusqu'à la
tempête finale, une des plus violentes qui eussent jamais éclaté dans l'en-
ceinte des États.
Au début de la session, l'archevêque de Toulouse s'était flatté d'obtenir un
don gratuit qui dépassât de quelques centaines de mille francs celui de l'année
précédente voté en présence du prince de Conti. Sans doute, la Province était
épuisée, & la perte de diverses récoltes, entre autres celle des oliviers, si con-
sidérable au bas Languedoc, pouvait rendre la victoire difficile; mais le succès
n'en paraissait aussi que plus glorieux, & la pensée de remporter un pareil
triomphe, lorsque aucun prince du sang n'assistait à l'assemblée & n'imposait
à ses membres par le prestige de sa naissance & l'autorité de sa parole, plaisait
singulièrement à l'amour-propre du prélat.
Malheureusement, une circonstance l'inquiétait. Dès avant la réunion, l'on
avait fait courir le bruit qu'il serait obligatoire de ne pas dépasser le chiffre
accordé aux derniers Etats. I,a somme de quatorze cent mille livres ayant été'
1Û64
— 4^2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
votée sous les yeux & par l'influence directe du prince de Conti, donner
davantage en l'absence du gouverneur serait une offense grave à sa per-
sonne. On rendrait sa condescendance suspecte aux yeux du roi 8c l'on témoi-
gnerait d'une étrange irrévérence pour la famille royale si l'on accordait à la
seule action d'un sujet ce que les désirs d'un prince du sang n'auraient pu
réaliser. Cette théorie, si ingénieusement appropriée au soulagement de la
Province, avait eu grande faveur à Toulouse, & le capitoul, qui en avait fait
part à l'archevêque, avouait la tenir « du dévot Ciron. « Plusieurs députés,
dont l'évêque d'Albi était le chef, s'emparèrent de cette doctrine, les uns
animés d'un désir sincère de ménager les finances de la Province dont la
détresse était connue, les autres cédant à des sentiments d'animosité person-
nelle contre l'archevêque & désirant enlever à sa présidence l'éclatant succès
qu'il s'en était promis.
Ce fut dans la séance du 3o décembre que les hostilités se firent jour. Une
première offre de don gratuit de douze cent mille livres, faite par les États,
ayant été rejetée, selon l'usage, par les commissaires du roi, 8t l'assemblée
procédant à une nouvelle délibération, les efforts de M. de Bourlemont pour
faire élever la somme à seize cent mille francs échouèrent devant l'interven-
tion énergique de l'évêque d'Albi.
M. du Lude, en votant pour quatorze cent mille livres, motiva longuement
son opinion. Il déclara que Son Altesse ayant accepté cette somme aux der-
niers Etats avait posé des colonnes d'Hercule qu'on ne devait jamais franchir.
Il ajouta que, sans doute, les choses de gouvernement ressemblaient à une
horloge dont le peuple devait seulement lire les heures & ne pas voir les res-
sorts, mais que, dans cette assemblée, il était permis d'ouvrir l'enveloppe pour
se rendre compte du mouvement; que, dans le moment présent, les guerres
étant finies, on ne voyait point d'occasion de dépenses extraordinaires, ni
rien qui pût légitimer une augmentation de don gratuit.
L'avis de l'évêque d'Albi rallia la grande majorité des suffrages, &., à part
trois voix rebelles, celles des députés de Carcassonne, de Béziers & d'Alet, on
vota quatorze cent mille livres.
MM. du Lude St de Suze voulaient même faire écrire une lettre collec-
tive des Etats au prince de Cx)nti, afin d'obtenir une réduction, alléguant
l'extrême pauvreté de la Province, 8c cette mesure menaçait d'être favorable-
ment accueillie du tiers état, quand M. de Bourlemont, pour y couper court,
désigne précisément ses deux adversaires pour aller porter au comte du Roure
la nouvelle offre du don gratuit. Le droit du président était formel : les deux
évêques obéissent Si sortent de l'assemblée.
Pendant leur absence, l'archevêque de Toulouse précipite les affaires 8c se
hâte de lever la séance. Il s'était déjà déshabillé, 8c quelques-uns des prélats
avec lui, quand reparaissent MM. du Lude 8c de Suze. Lorsqu'ils virent la
chaise du président déserte 8c la plupart des bancs dégarnis, quoiqu'il fût
d'usage d'attendre en séance les délégués des trois ordres, l'emportement de
•l'évêque d'Albi tut extrême. Il court à la chambre des comptes, somme les
LIV. II, ADMINISTRATION DE COLBERT. 433
prélats de reprendre leurs habits & de rentrer à leurs places. « Quand une
fois les séances sont levées, répondit fièrement l'archevêque de Toulouse,
« on ne les recommence pas ainsi; » pour se délivrer de ces obsessions, il
ajouta que « si la chose lui paroissoit convenable, on seroit toujours à temps
« de se réunir après dîner. *
Il comptait bien n'en rien faire, & peu d'instants après cette scène, en écri-
vant à Colbert le détail de ce qui venait de se passer, il terminait en disant :
« Je suis résolu de ne pas entrer cette après-dînée, ni demain, ni après, qui
« sont têtes, afin de leur donner le temps de s'apaiser. « Il se plaignait amè-
rement de son adversaire. « C'est merveille, poursuivait-il, que le parterre se
« maintienne encore en si bonnes intentions, ayant un homme dans le pre-
« mier banc qui le détourne autant qu'il peut. »
L'homme du premier banc fit si bien, communiqua si adroitement sa pas-
sion à la plus grande partie de l'assemblée, menaçant de tenir séance malgré
l'absence du président 8c de monter lui-même à sa chaise si M. de Suze,
doyen des évêques, refusait de s'y mettre, qu'en dépit de toutes ses résolutions
8c de ses promesses à Colbert, M. de Bourlemont, pour éviter un plus grand
éclat 8c la chance possible de délibérations contradictoires, se vit contraint
d'entrer en séance après dîner.
Comme on pouvait s'y attendre, les récriminations éclatèrent. M. du Lude
reprocha hautement à l'archevêque d'avoir levé la séance avant le retour des
délégués. « Si l'assemblée m'eût dit de vous attendre, répond le président,
« je l'aurois fait. — Elle vous l'a dit, réplique brusquement M. du Lude.
« — Tout le monde, ici, m'est témoin, reprend l'archevêque, qu'elle ne me
« l'a point dit. » A cette dénégation, la colère de l'évêque d'Albi ne connaît
plus de bornes. « On vous l'a dit! on vous l'a dit! » répéta-t-il à plusieurs
reprises, 6c comme Bourlemont, qui avait hâte d'arrêter l'orage, se contentait
d'ajouter : » Laissons tout cela 8c faisons nos affaires, » M. du Lude lui jeta
cette brutale apostrophe : « Vous êtes indigne d'occuper la place où vous êtes! »
La lettre au prince de Conti fut votée 8c rédigée, « assez mal tissue, » s'il
faut en croire M. de Bourlemont. On n'y ajouta pas cette clause que deman-
dait l'évêque d'Albi, qu'avant la réponse toute délibération serait suspendue.
L'archevêque de Toulouse était certain que le prince de Conti n'aurait con-
naissance de la missive des États qu'après leur séparation. En sortant de la
séance, des amis communs s'empressèrent autour des deux prélats Se les
contraignirent à s'embrasser.
Quelques jours après, M. du Lude alla souper chez M. de Bourlemont;
mais personne ne croyait à une réconciliation sincère. Quelques instants
avant de se mettre à table, l'archevêque de Toulouse écrivait à Colbert :
(i Vous savez. Monsieur, que lorsqu'en un chariot il y a des chevaux qui
<( reculent 8c d'autres qui veulent avancer, on ne fait pas grand chemin,
« quelque peine que prenne le cocher. »
Cependant, les exigences des commissaires du roi augmentaient, selon la
coutume, avec les condescendances de l'assemblée. Ils demandèrent que la
XIII. j8
1664
i66a
434 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Province se chargeât des frais de transport du don gratuit à Paris 81 consentît
à payer d'avance par mois. C'était un surcroît de dépenses de cinquante
mille livres. La délibération en fut renvoyée au 11 février. Toute la nuit, il
y eut grand mouvement chez les adversaires de l'archevêque. Il fut tenu des
conciliabules, dont M. du Lude était l'âme & où quelques évêques « haus-
« soient le menton à ceux du parterre pour tout refuser. » Grâce à la vigi-
lance de sa police particulière, M. de Bouilemont était averti de tout. En se
rendant aux Augustins, il passa chez l'intendant, &. lui dit : «Je vais aux
« États avec l'assurance de ne rien obtenir ce matin, à cause des cabales qui
« se sont faites toute la nuit, ■» & il n'oublia pas de lui nommer l'instigateur
de ces émotions.
En effet, l'effervescence était extrême ; tous les consuls, échauffés par les
entretiens de la nuit, ne parlaient de rien moins que de rejeter les deux
propositions. Quand il fallut en venir aux voix, le capitoul de Toulouse
lui-même, choisi par Fieubet, déclara que l'affaire ne lui semblait pas bien
éclaircie Se qu'il demandait du temps pour y songer. Cette opinion entraîna
le vote de tous les bancs inférieurs. Bourlemont, reconnaissant qu'il ne
pouvait attaquer de front une résistance aussi bien concertée, changea de
tactique. Il mit en question diverses affaires particulières de mince impor-
tance, afin de laisser tomber la première fougue; puis, revenant au sujet
principal : « Je me suis bien aperçu, dit-il, que vous avez pris de méchants
« conseils pendant la nuit; puisque vous voulez différer les affaires du roi,
« je vais envoyer un courrier à la Cour, & avant qu'il revienne, je n'en
« mettrai aucune en délibération. » Il ajouta qu'il était marri que cette
mauvaise conduite gâtât tout ce qu'ils avaient fait de bien jusqu'à cette
heure.
La question écartée", les députés du tiers état deînandèrent que l'assemblée
leur votât la montre de grâce : c'était une indemnité de séjour supplémen-
taire, que les règlements des Etats laissaient à la disposition du président &
qui était entre ses mains un des moyens d'action les mieux appréciés des
consuls & des diocésains. L'évêque d'Albi 8c ses partisans avaient promis aux
intéressés de faire voter en séance la montre de grâce. L'archevêque de Tou-
louse renversa brusquement leurs illusions. A la réquisition formelle qui lui
fut adressée, il se contenta de répondre, sans s'émouvoir, qu'il n'y avait pas
là matière à délibération Sx. qu'on n'obtiendrait rien de lui par ces voies-là.
Comme le règlement des Etats le voulait ainsi, les réclamations du parterre
n'eurent point d'écho.
Lorsque les consuls s'aperçurent qu'ils avaient, par leur imprudence, com-
promis leur indemnité, ils commencèrent à envisager la question sous un
jour nouveau. Les susceptibilités ombrageuses de leur patriotisme s'apaisè-
rent, la misère de la Province leur parut moins écrasante, & au sortir de la
séance ils allèrent tous au logis de l'archevêque lui demander pardon de leur
faute Si solliciter la montre de grâce, à cause de la longueur des États qui
avaient duré vingt-cinq jours de plus que les précédents.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 435
IjS. situation était trop belle pour que M. de Bourlemont se dessaisît de ses
avantages. Il répondit à Messieurs du tiers état : « Tant que vous croirez de
« mauvais conseils, vous n'avez rien à espérer j il faut songer à faire les affaires
« du roi, St après je penserai aux vôtres. »
Le lendemain matin, toutes les exigences des commissaires furent votées
d'enthousiasme Se presque à l'unanimité. L'archevêque se hâta d'annoncer à
Colbert ce nouveau triomphe.
Dans l'après-dînée, nouvelle séance. Cette fois, il s'agissait d'obtenir des
États une somme de quarante mille livres pour rendre navigables les graux
de la Méditerranée. Ce fut l'occasion de nouveaux orages,
M. de Suze, qui vota le premier, refusa les fonds. L'archevêque l'avait
annoncé d'avance à Colbert. Le comte de Polignac & le baron de Florac, l'un
gendre, l'autre fils du comte du Roure, premier commissaire du roi , opinè-
rent pour la négative, au grand scandale du président. Le capitoul qui
avait inspiré tant d'illusions suivit l'exemple de l'évêque & des deux barons.
Enfin, le consul de Montpellier, à qui M. de Bourlemont avait enseigné sa
harangue, ouvrit le premier l'avis d'accorder quarante mille livres pour la
réparation des graux. Alors M. du Lude fut hors de lui 5 il s'exclama qu'il
ne pouvait comprendre qu'on fît voter après dîner sur une affaire de cette
importance, 8c comme il était fort tard, qu'il commençait à faire nuit dans la
salle 8c que la livrée des États venait d'apporter des flambeaux : « Je vois bien,
« dit l'évêque d'Albi, que nous allons faire les funérailles de la Province! «
Il ajouta que c'était une ineptie &c une illusion de vouloir faire accorder de
l'argent l'année même de la demande, & qu'il suffisait d'envoyer des commis-
saires visiter les lieux Se préparer un rapport aux États prochains.
M. de Bertier, évêque de Montauban, soutint la proposition} il exposa,
dans un beau langage, qu'en matière de commerce le temps était précieux, 8c
que de tels établissements ne devaient point se remettre. Se relevant la méta-
phore de M. du Lude ; « Ces flambeaux ne sont pas ici, dit-il, pour faire les
Cl funérailles de la Province, mais pour assister de lumières ceux qui en ont
« besoin. »
Le baron de Calvisson, qui lui succéda, « parla fièrement contre les graux. »
Comme il s'exprimait en phrases redondantes 8c cadencées, M. de Bertier dit
tout bas k son voisin : « Il parle en rimes. » — u II parle en gentilhomme 8c
a en homme d'honneur, 8c non point en flatteur! » s'écria M. du Lude. On
fit signe à M. de Bertier de ne pas répondre, 8c les opinions continuèrent.
Trois évêques seulement furent favorables : Carbon Se les deux Bertier. Pas
un seul baron ne les suivit. M. de Bourlemont, qui avait les meilleures rai-
sons du monde pour être sûr du parterre depuis l'affaire des montres de
grâce, crut remarquer pourtant que l'unanimité des barons 8c la presque
unanimité des évêques pouvaient amener quelque défection aux bancs infé-
rieurs. Il défendit donc au greffier de compter les voix 8c de prononcer le
résultat du vote; 8c prenant lui-même la parole, il représenta à la compagnie
combien l'affaire était importante, combien le roi l'avait à cœur, 8c que,
1664
i66.}
436 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
s'agissant de plaire à Sa Majesté &. de lui donner satisfaction, il croyait devoir
les avertir de la liberté qu'avait chacun de se réduire avant la publication des
opinions. Cela dit, il fit lire, l'un après l'autre, tous les noms des votants.
Deux barons seulement se rétractèrent : MM. de Lanta Si de La Gardiolle.
Les évêques de Viviers Se d'Albi jetèrent les hauts cris, disant qu'ils ne se
réduiraient jamais; le tiers état, qui avait compris l'allusion délicate de l'ar-
chevêque, vota tout entier, à l'exception de deux ou trois consuls qui dépen-
daient de l'évêque d'Albi, l'emprunt de quarante mille livres destiné à la
réparation des graux & la nomination des commissaires pour en ordonner
l'emploi de concert avec les agents de Sa Majesté, avec prière au roi d'ajouter
à cette somme vingt mille livres prises sur la Foraine.
a Messieurs, dit alors M. de Bourlemont, la sérénité du triomphe sur le
visage, nous pourrons finir après-demain & donner la bénédiction; « Se se
tournant du côté des évêques 8<. des barons : « Et demain matin, poursuivit-il,
ft avec votre permission, nous donnerons la montre de grâce à ces Messieurs,
« qui ont bien servi le roi & la Province. «
A cette brusque déclaration, un frémissement de surprise parait sur les
bancs du clergé Se de la noblesse. Il fait nuit noire; l'archevêque se lève pour
quitter sa place. « Je vous en empêcherai, « lui crie M. du Lude. Bourlemont
secoue la tête sans répondre, 6t se dirige vers la chambre des comptes. Quand
il passa devant l'évêque d'Albi, celui-ci lui dit en face ; «Vous êtes un fripon!
« ce sont là des tours de fripon! » Le bruit qui se faisait dans l'assemblée Se
la surdité de l'archevêque l'empêchèrent de distinguer ces paroles. Se il con-
tinua sa marche, suivi des officiers de la Province Se de tout le parterre, à
l'exception des consuls d'Albi.
Le clergé Se la noblesse étaient demeurés à leurs places, au milieu d'une
extrême agitation. On se plaignait que la montre de grâce eut été accordée
aussi despotiquement par l'archevêque, sans communication préalable- aux
titulaires. L'évêque d'Albi profite de ce mécontentement; il entraîne M. de
Suze au siège de la présidence Se l'y fait asseoir; la séance va continuer; on
veut défaire ce qui vient d'être fait.
Cependant les amis de l'archevêque venaient de lui rapporter, tandis qu'il
se déshabillait dans la chambre des comptes, les paroles outrageantes de son
rival. Il remet son camail à la hâte Se rentre dans la salle. Monté sur les
bancs d'en haut, il aperçoit un évêque dans sa chaise. Se le prenant pour
M. du Lude, il court à lui en lui criant d'une voix furieuse : « Sors de là,
« infâme coquin ! « puis, reconnaissant M. de Suze, il se radoucit Se lui dit d'un
ton plus modéré : « Monsieur, vous êtes dans ma place! » — « Elle est à moi
« comme à vous, répond le vieillard, parce qu'elle est du clergé. » — « Cela
« est vrai, répond l'archevêque, quand je n'y suis pas ou que je n'y veux pas
« être. » M. de Suze lui répliqua : « Si la place étoit à disputer entre nous
« deux, je vous la ferois bien quitter. « Mais Bourlemont l'enlaça doucement
avec ses deux bras Se l'aida à descendre de sa place. L'évêque d'Albi qui se
Tenait derrière M. de Suze allongea le bras vers M. de Bourlemont Se lui pré-
LIV. II, ADMINISTRATION DE COLBERT. 487
senta le poing au visage. Tous ces mouvements se firent avec tant de violence
que le camail tle l'archevêque en tut déboutonné. « Vous devriez avoir honte,
<i criait Bourlemont, de faire des actions de traître & de coquin! »
Le trésorier des États, Reich de Pennautier, sortit à la hâte pour aller
avertir les commissaires du roi. Lorsque le comte du Roure arriva avec l'inten-
dant, nombre d'évêques St de barons s'étaient interposés entre les trois prélats
& avaient mis fin à la lutte. L'archevêque de Toulouse avait repris place dans
sa chaise. L'entrée des commissaires du roi rétablit un peu de calme dans
l'assemblée; ils furent remerciés de leurs bons offices, 8t pour donner un gage
de satisfaction aux deux premiers ordres, on mit en délibération la montre
de grâce du tiers état qui fut votée avec le consentement des titulaires. La
« comédie » comme Bourlemont l'écrivit lui-même à Colbert, se termina par
des embrassements réciproques.
Le lendemain on traita de la question du dessèchement des marais d'Aigues-
mortes j mais les esprits étaient tellement surexcités par les scènes de la veille,
qu'il fut impossible de rien obtenir. M. de Grignan, évêque d'Uzès, sur le
rapport duquel on avait sérieusement compté, parla en sens contraire. L'ar-
chevêque de Toulouse qui avait hâte de mettre fin à cette orageuse session,
leva la séance. Se, suivant l'usage, donna la bénédiction à l'assemblée.
M. de Bezons, dans une lettre confidentielle à Colbert, exprima le regret
que le président eût donné trop tôt la montre de grâce qu'il aurait pu différer
après le vote d'Aigues-mortes. Quant à l'archevêque, il rendit compte au
ministre de tout ce qui s'était passé. « En vérité. Monsieur, lui disait-il en
« terminant, je vous prie de me faire cette grâce de représenter au roi qu'il
<c est impossible que je le serve bien dans les Etats, quand Monsieur d'Albi y
« sera. Pour l'autre, comme il n'y a que de la foiblesse, cela ne me met
« point en peine ! »
Le commencement de l'année i665 fut marqué à Toulouse par de grands
désordres. Des assassinats 8c des vols se commettaient, de jour comme de nuit,
dans la ville Si dans les faubourgs. Des vagabonds, des gens sans aveu, des
écoliers querelleurs, des boursiers de collège portant l'épée Se battant l'estrade
cherchaient querelle aux passants, enfonçaient les portes, daubaient sur les
bourgeois paisibles, insultaient les femmes. On renouvela les anciennes
ordonnances qui défendaient le port d'armes. Si les capitouls parcoururent
la ville Si visitèrent les collèges pour ôter l'épée à quiconque n'était pas
gentilhomme ou n'avait pas servi le roi dans ses armées'. La main-forte
capitulaire, composée seulement de quarante hommes Si très-souvent réduite
par des maladies ou par le service de la levée des tailles, ne suffisait pas au
maintien de l'ordre, 81 plus d'une fois le corps de garde se trouva vide quand
les capitouls voulurent faire le guet. La troupe de police fut augmentée de
dix soldats*.
■ Annales manuscrites, IX, p. 73. p. 369. Conseil de bourgeoisie. Séance du 3 jan-
' A11.I11VCS de Toulouse. Livre des Conjei/j, XXIX, yier 166Ô.
i66j
i665
i665
.(38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Un arrêt du grand conseil ordonna l'arrestation de M. de Chastenet, con-
seiller au Parlement de Toulouse. L'exécution de cet arrêt, accompagné de
lettres patentes d'attache du prince deConti, fut confiée à un groupe d'hom-
mes qui se présentèrent, le 26 janvier i665, armés d'épées 8c de pistolets, au
domicile du magistrat. Le greffier criminel Percin qui eut d'abord affaire à
eux, courut se plaindre aux capitouls qu'on avait tenté de l'assassiner. La
main-forte surprit les six estafiers dans une auberge du quartier de la Dal-
bade, à l'enseigne de la ville de Perpignan. A peine avait-on écroué les pri-
sonniers, que le président de Donneville vint les réclamer avec éclat, déclarant
les avoir chargés de l'ordre d'arrestation contre le conseiller Chastenet. De
son côté, le greffier 81 sa mère demandaient justice. Tiraillés en sens contraire,
les capitouls furent obligés de se rendre lorsqu'on leur présenta des lettres de
chancellerie obtenues par les captifs à l'adresse du grand conseil, avec défense
de passer outre; 8c, quand le chef de la bande exhiba l'arrêt Se l'ordonnance
du gouverneur, il y eut encore quelques débats de forme, les capitouls deman-
dant une requête de mise en liberté, à quoi le président ne voulut consentir,
sous prétexte qu'on avait manqué de respect à sa qualité.
L'élargissement des prisonniers fut décidé en conseil de bourgeoisie, 8c une
députation de six membres, dont deux capitouls, dut aller présenter ses excuses
au président 8c déclarer qu'on n'avait agi que par mouvement de justice 8c
qu'on serait toujours prêt à donner assistance pour l'exécution des arrêts du
grand conseil 8c des ordonnances du gouverneur'.
Colbert, en quête de fonds pour la compagnie des Indes qu'il essayait
d'établir, pria les capitouls de Toulouse d'exhorter les marchands à prendre
intérêt dans cette entreprise. Les consuls de la bourse furent assemblés; mais
le commerce toulousain était si pauvre 8c si peu audacieux qu'on ne put rien
obtenir de la réunion. Prieurs 8c consuls s'excusèrent sur leur impuissance Se
sur la ruine du négoce.
Le premier président Fieubet, qui prenait l'affaire fort à cœur, vint assister
plusieurs fois au conseil de bourgeoisie avec ses avocats 8c procureurs géné-
raux, deux conseillers commissaires 8c le viguier de Toulouse.
Douze commissaires, chargés d'étudier les ressources du pays 8c de proposer
un système de cotisation, tinrent plusieurs séances 8c n'aboutirent pas. On
ne pouvait compter sur des souscriptions volontaires de la part des officiers
royaux ou des simples particuliers, à cause de l'insuffisance de leur fortune,
8c le peu qu'ils auraient fourni par forme de capitation ou de taxe devait
entraîner des difficultés de perception dont on s'effrayait.
Faute de mieux, il fut décidé que la ville souscrirait en corps pour une
somme importante.
Le chef du consistoire Caumels parla chaleureusement devant le conseil,
rappelant les bienfaits du roi 8c la nécessité de lui plaire. Anne de Ferrières,
' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX, p. 24. Consistoire. Séance du 27 janvier \665.
Conseil de bourgeoisie. Séance du 28 j.mvier i665.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 489
rapporteur de la commission, fit Valoir l'utilité que tirait la ville de la confir-
mation de ses privilèges, de l'abonnement des tailles, du maintien des droits
de commutation 8c de subvention St déclara que, malgré les dettes dont elle
se trouvait obérée, elle ne pouvait refuser son concours à l'extension du com-
merce français.
On débattit longuement la somme, les avis variant de soixante k cent mille
livres, Se les moyens de la réunir, les uns voulant qu'elle fût prise sur la
recette des impôts, les autres qu'on fît un emprunt.
La pluralité des voix fut pour une souscription de cent vingt mille livres
payables en trois ans par termes égaux. On devait demander d'abord dix mille
livres à la caisse de la commutation & trente mille à celle de la subvention.
6c se procurer le reste par emprunt ou par impôt sur toutes personnes privi-
légiées &c non privilégiées; on chercberait surtout à trouver des fonds en
levant rigoureusement les arrérages des tailles. Cette opération était d'autant
plus nécessaire que les deniers de la commutation 8c de la subvention se
trouvaient réservés de droit pour les créanciers de la ville 8c que les réponses
du roi au cahier de 1660 défendaient d'en faire aucun divertissement'.
Dès le i3 avril, les commissaires qui tenaient les clefs des coffres avaient
l'ordre de faire partir quarante mille livres par le prochain courrier, pour le
versement du premier terme*.
Il fallut alors aborder l'épineuse affaire des arrérages.
Les sommes dues pour les tailles se répartissaient sur une période de huit
ans, depuis 1643 jusqu'en i65i, l'année 164g n'y était pas comprise parce
qu'on n'y avait levé aucune imposition.
Les membres du Parlement 8c les anciens capitouls tenaient une grande
place parmi ces débiteurs attardés, justifiant une fois de plus les réflexions
sévères de Mazarin 8c de Colbert sur l'égoïsme des privilégiés.
On fit dresser un état de tous ces débiteurs en mettant à part la liste des
officiers de la cour 8c celle des bourgeois. Faute de satisfaction volontaire, on
devait procéder par voie d'exaction.
Il s'éleva une discussion assez orageuse pour savoir si la dette des retarda-
taires ne devait pas être réduite. Plusieurs pensaient que pareille réduction
serait de fâcheux exemple &c semblerait donner un encouragement aux mau-
vais payeurs. Ils condamnaient d'autant plus cette espèce de gratification
accordée à l'inexactitude que la ville avait dû emprunter pour combler ce
déficit Se qu'elle payait chaque jour les intérêts de ces emprunts.
D'autres au contraire soutenaient que, par suite du temps écoulé, maint
débiteur comptait sur l'abandon de la créance, que le temps était rude Se
l'année stérile, qu'on rencontrerait beaucoup de résistance, qu'il faudrait faire
des saisies 8c des procédures sans fin, tandis qu'une honnête remise dispose-
' ArchiTes de Toulouse. Livre Jes Conseils, XXIX, ' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX,
p. 32. Conseil de bourgeoisie. Séance du 3 mars p. 35 Conseil de bourgeoisie. Sianco du i3 avril
i6â3. i665.
1065
i665
440 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
rait chacun à faire un effort. La présence du premier président Se des magis-
trats qui l'entouraient assurait, d'ailleurs, disait-on, un caractère de légalité
aux réductions que l'assemblée consentirait'.
Ce dernier avis l'emporta, & l'on réduisit les arrérages du tiers. Les paye-
ments volontaires qui devaient être faits entre les mains du trésorier de la ville
Dalbière furent échelonnés en trois termes Si fixés au i" août, i^"^ décembre
Se I" mars. Passé ce délai, on userait de contrainte.
Le terme du i" août fut prorogé au i5 septembre; mais très-peu de débi-
teurs s'exécutèrent. Au 19 décembre, il n'y avait que trois mille cinq cents
livres dans la caisse du trésorier. On accorda un nouveau délai jusqu'au i^"' jan-
vier, en promettant force rigueurs pour qui le dépasserait. Se l'on décida que
les poursuites commenceraient par les dix plus forts reliquataires de chaque
capitoulat dont la liste serait lue en plein conseil. On en fit autant de la liste
des anciens capitouls qui dut être affichée dans le consistoire. On poussa
même la sévérité jusqu'à résoudre que le refus de payer emporterait la pri-
vation de toutes les prérogatives de l'hôtel de ville St même de l'entrée aux
conseils^.
Ces mesures comminatoires n'eurent point d'effet. Si nous ne voyons pas
qu'il en ait été reparlé.
Trois ans après, n'ayant encore payé que le premier terme de la souscrip-
tion, la ville déchira son engagement Si fit l'abandon des quarante mille livres
versées pour se dispenser de fournir le reste 3.
Le 27 avril i665, le conseil d'État rendit un arrêt qui suspendit toutes les
évocations accordées par le roi tant aux communautés qu'aux particuliers dans
le ressort du Parlement de Toulouse. Cette décision, qui remettait chacun
sous la juridiction de ses juges territoriaux, fut publiée en audience prési-
diale, le 11 mai suivant, dans la capitale de Languedoc Si y causa une vive
émotion.
Le corps de ville tout entier y jouissait, en eftet, du privilège de faire
plaider ses causes devant des parlements étrangers, depuis les mémorables
luttes qu'il avait soutenues contre la cour souveraine.
On chargea immédiatement le conseil de robe longue de rassembler les
éléments d'une requête, Si l'on fit partir pour Paris Jean de Costa"*.
Ce député vit à la Cour l'archevêque de Toulouse Si le chancelier, visita
Colbert 81 La Vrillière, obtint, le 26 août, un arrêt qui renvoyait l'affaire à
Bezons pour donner son avis. Si qui, provisionnellement, prorogeait l'évo-
cation pendant une année. Ce délai de faveur fut prolongé de six mois le
16 août 1666 \
'Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX, p. 2(53. Conseil de bourgeoisie. Séance du 22 oc-
p. 38. Conseil de bourgeoisie. Séance du 4 mai tobre 1668.
i(>('^' ^ Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX,
'Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX, p. 39. Conseil de bourgeoisie. Séance du 1 imai i665.
p. 79. Conseil de bourgeoisie. Séance du 19 dé- ' Archives de Toulouse. livre ieî ConieiZi, XXIX,
cembre i6ù5. p. |y,. Conseil de bourgeoisie. Séance du 21 mai
' A.chives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX, 1667.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 441
La principale cause de l'évocation générale obtenue par les capitouls était
le refus que taisaient les membres du Parlement de payer leurs tailles. Les
capitouls se trouvant sujets à leur juridiction n'osaient pas agir contre eux
par voie de rigueur pour les contraindre à payer. Outre cela, ils détenaient
les deniers de la commutation dont l'emploi leur avait été confié pour un but
spécial, à l'époque de la construction du pont. Se par suite de l'aigreur que
leur causait la demande en restitution portée devant le conseil par le corps
de ville, ils avaient lancé plusieurs décrets d'arrestation contre les principaux
des anciens capitouls, décrets cassés par arrêt du conseil comme injurieux,
tortionnaires & déraisonnables, procédures que les capitouls considéraient
comme une atteinte à la liberté de leurs suffrages. Enfin les conseillers &
présidents s'affranchissaient eux-mêmes des droits de subvention & s'autori-
saient de leurs charges pour prétendre que leurs terres étaient nobles 8c, par
suite, dégrevées d'impôts '.
Le conseil d'Etat termina enfin, le 3 mars 1667, l'affaire de l'évocation en
repoussant la requête des capitouls de Toulouse St maintenant la suppression
générale portée par l'arrêt du 27 avril i665. La ville en fut quitte pour ses
frais de députation. Se Jean de Costa pour ses fréquents voyages à Fontaine-
bleau Se à Saint-Germain Se ses importunités auprès de Colbert.
Le régime des évocations, souvenir d'une époque de trouble Se de justice
incertaine, devenait incompatible avec la régularité que Louis XIV préten-
dait établir dans les corps judiciaires. Se le retour au droit commun était une
conséquence naturelle de l'ordonnance de réformation.
Les capitouls de Toulouse levaient, depuis une époque reculée, un droit de
péage sur les bois flottés qui descendaient la Garonne. Ce péage se levait au
glacis du moulin du Bazacle. Il avait été compris dans l'impôt désigné sous
le nom de réserve, qui fut autorisé par lettres patentes du i5 novembre 1660.
Le 9 juillet i665, un arrêt du conseil d'Etat prescrivit aux capitouls de
remettre devant Colbert les titres originels de leur péage, avec défense de
prélever aucun droit sur les bois des Pyrénées. Le premier président était
chargé d'informer des contraventions.
L'arrêt qualifiait la perception de ce droit d'attentat à l'autorité royale Se
déniait aux capitouls la faculté d'imposer des péages sur les denrées qui pas-
saient dans leur juridiction.
Le corps municipal intercéda auprès de Fieubet pour s'épargner une signi-
fication rigoureuse, Se proposa d'affranchir de tout droit, non-seulement les
bois destinés à la marine royale, mais tous les bois flottés que les particuliers
feraient descendre par la Garonne pour servir à la construction de navires. Il
y eut à cet égard échange de correspondance entre Fieubet Se Colbert, qui
finit par accepter la transaction, en exigeant un consentement en bonne
forme des capitouls pour les deux cas de franchise proposés. Il voulait bien
• Archives de Toulouse. Livre des Consiils, XXIX, p. 58. Conseil de bourgeoisie. Séance du 5 septem-
bre i665.
i665
~. 442 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
leur laisser la jouissance du reste en considération de la bonne volonté qu'ils
avaient montrée dans l'affaire de la Compagnie des Indes'.
M. de Seuil, envoyé par le roi pour visiter les forêts des Pyrénées, se trou-
vait à Toulouse dans les premiers jours de septembre. Il apprit à Fieubet que
l'intention du roi était de faire exempter du droit de commutation les toiles
à voiles pour l'équipage des vaisseaux qui passeraient par Toulouse.
Le conseil de bourgeoisie se défendit d'avoir jamais prétendu atteindre les
bois destinés aux constructions navales, 8c accorda sans résistance la franchise
réclamée par le sieur de Seuil, en demandant qu'il fût arrêté une forme de
certificats de destination afin d'éviter les fraudes^.
A dater de ce moment, les bois, toiles, goudrons Se autres matières utiles à
la marine furent déclarés exempts dans les contrats des fermiers de la commu-
tation^.
16Û6 Anne d'Autriche mourut à Saint-Germain en Laye, le 20 janvier 1666,
vers six heures du matin. Des lettres circulaires, datées du 3o, furent
adressées à tous les prélats, grands dignitaires 8c compagnies du royaume,
pour leur annoncer l'événement 8c prescrire des prières publiques. Louis XIV
mentionnait dans cette épître la longue 8c douloureuse maladie qui avait
tourmenté sa mère, maladie si fort augmentée depuis quelque temps que les
remèdes humains semblaient plutôt l'irriter que l'adoucir. Se rappelait aussi,
en peu de mots, les soins que la reine avait pris de son éducation 8c du
gouvernement pendant sa minorité, 8c de la tendresse qu'elle avait toujours
montrée pour son fils 8c pour ses peuples"^.
Il était d'usage qu'une missive semblable fût adressée au corps de ville de
Toulouse pour tous les événements qui intéressaient l'État Se la famille
royale. Le ministère se départit de cette coutume courtoise. Se après avoir
longtemps attendu l'accomplissement d'une formalité que le député Costa
leur avait annoncée de la Cour, les capitouls se virent appeler chez le
conseiller du Parlement Cambolas, où étaient réunis plusieurs commissaires
5c trésoriers de France, en vue de s'entendre sur le service funèbre. Le corps
municipal ne voulant pas marcher sans ordre direct émané du roi, le Parle-
ment verbalisa contre lui, ce qui fut rapporté le lendemain au conseil de
bourgeoisie. On y décida de porter plainte à La Vrillière, 8c cela se fit
séance tenante.
Les capitouls se disculpaient du reproche de mauvaise volonté Se priaient
le ministre de les justifier auprès du roi. « Messieurs du Parlement, disaient-
« ils, sont les dépositaires de la justice qu'il rend à ses sujets, mais le zèle
« de son service n'est pas tout renfermé chez le magistrat souverain; il se
'Lettre de Colbert à Fieubet du 4 septembre ' Archives de Toulouse. LiVre c/fs ConseiZj^ XXIX,
l6âS. Archives de Toulouse. Livre des Comeils , p. 1 85. Conseil de bourgeoisie. Séance du !"■ sep-
XXIX, p. 62. tembre 1667.
' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX, * Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX,
■p. 59. Conseil de bourgeoisie. Sénnce du i5 sep- p. t)^. Conseil de bourgeoisie. Séance du 8 mars
tembre i665. iû66.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 443
« répand chez les subalternes, & nous pouvons dire que nous y avons
o grande part. Nous exécuterons les ordres que Sa Majesté nous envoyera
« par votre conseil, &. la pauvreté de la ville 8c les dettes qui l'accablent ne
« retrancheront rien de la pompe & de la dépence de cette cérémonie'. »
Quelques jours après arriva la lettre royale désirée qui fut transmise aux
capitouls par le premier président. On l'avait datée du 3o janvier comme les
autres circulaires, mais la réponse du ministre portait la date du 27 février^.
On débattit ensuite avec le chapitre Saint-Etienne les conditions du
service. Les capitouls donnèrent six cents livres aux chanoines, dont cent
pour la musique, 8<, à ce prix, restèrent maîtres du matériel, tapisseries de
la nef Se du chœur, lés de velours, charpente de la chapelle. Les deux draps
mortuaires, celui du cénotaphe 8t celui du convoi, que portaient les capi-
touls, furent prêtés par le chapitre. La ville fournit le matériel, bois, tentures,
armoiries peintes, ainsi que les flambeaux & les robes 81 voiles de deuil des
pauvres filles qui figuraient au cortège, 6t paya la main d'oeuvre de tous les
travaux de décoration^.
Le gouverneur de Languedoc ne devait pas tarder à suivre la reine mère
dans la tombe; ses dernières années s'étaient écoulées dans les pratiques
d'une piété rigoureuse. Sa conscience, entièrement attachée aux maximes
des docteurs étroits, lui reprochait avec obsession les entraînements de sa
jeunesse mondaine, ainsi que les actes de violence & les déprédations mili-
taires qui avaient été commis par ses ordres ou avec sa tolérance pendant les
guerres de la Fronde. Pour etfacer le souvenir des folies de sa jeunesse, il
s'était condamné aux exercices d'une dévotion sévère, 8t il avait écrit un
Traité contre la Comédie, désirant faire oublier, par ce désaveu éclatant, la
passion qu'il avait autrefois témoignée pour ce genre de spectacle. Mais les
dommages qu'il avait causés ou permis dans les provinces du nord Se du
sud-ouest, si rudement foulées par les gens de guerre pendant la régence
d'Anne d'Autriche, excitaient surtout ses inquiétudes. Il voulut se faire
rendre un compte exact des pertes que les peuples pouvaient avoir essuyées
par sa faute en Guienne, en Saintonge, en Berry, dans le comté de la
Marche, en Champagne 8< au voisinage de Dampvilliers. Son trésorier,
Jasse, dont la probité 8c la fidélité peu commune lui étaient particulièrement
chères, recueillit avec soin les informations les plus détaillées Se fut chargé
de restituer plusieurs sommes en Guienne 8c en Berry. Comme les répara-
tions à faire étaient considérables, s'agissant de sièges 81 de pillages, de villes
incendiées ou démolies, le prince ne tarda pas à reconnaître que ce ne serait
pas trop que d'y consacrer sa fortune entière. Se il exprima à plusieurs prélats
8c docteurs dont il recherchait les avis le désir de vendre tout son bien pour
satisfaire plus largement, étant prêt à se réduire à une existence privée. Ses
' Ktch'irti itTo\i\ouu, Livre des Conseili,Wl\, p. 93. Conseil de bourgeoisie. Séance du 8 mars
p. 89. Conseil de bourgeoisie. Séance du 17 février i66â.
: ''166. ' Archires de Toulouse. Livre Jes Conseils, XXIX,
' Archttes d* Toulouse. Livre des Cçrneils, XXIX, p. 95. Conseilde bourgeoisie. Séancedu îj^matsi666.
1666
i666
444 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
conseillers lui répondirent qu'il devait servir Dieu dans la condition où sa
naissance l'avait placé; alors il se contenta de retrancher toutes les dépenses
superflues, faisant sur ses revenus des économies annuelles qu'il employait
aux restitutions.
Quand on ouvrit son testament, qu'il avait écrit de sa main, dans sa
maison de Paris, le 24 mai 1664, on y retrouva des marques éclatantes de
ces préoccupations. Ses exécuteurs testamentaires, qui furent la princesse sa
femme, la duchesse de Longueville & le premier président Lamoignon,
reçurent l'ordre exprès, à titre d'obligation de conscience, d'éviter dans ses
funérailles tout luxe de cérémonies inutiles, cet usage étant absolument
éloigné de l'esprit du christianisme, & les dépenses de telle nature « estant
« un superflu que l'on oste aux pauvres. » Le prince leur prescrivait aussi
de continuer le système d'épargnes qu'il avait adopté 8c de réduire & modérer
autant que possible la dépense de ses enfants, afin de poursuivre les restitu-
tions, jusqu'à réparation complète des dommages de la guerre. Si ses héritiers
directs obtenaient des bontés du roi ou autrement assez de bien pour sub-
sister honnêtement, ils devaient vendre la succession entière 81 en distribuer
le prix dans les provinces foulées. Il ordonnait le même emploi de son héri-
tage dans le cas où ses enfants mourraient sans lignée, ses héritiers collaté-
raux ayant suffisance de bien d'ailleurs.
Des mémoires particuliers, annexes au testament, réglaient avec le plus
grand soin divers détails des restitutions'. Appliquant à cette œuvre de
réparation chrétienne les procédés d'administration qu'il avait eu l'occasion
d'étudier dans son gouvernement de Languedoc, le prince ordonnait que la
répartition du fonds se iît au sol la livre, élection par élection, en commen-
çant par la plus pauvre 8c n'en secourant qu'une chaque année, après avoir
toutefois indemnisé d'abord les lieux « dont les ruines avoient esté plus
« grandes 8c publiques. » 11 se déclarait d'ailleurs solidairement responsable
de tous les maux causés par les désordres généraux de la guerre, lors même
qu'il n'y aurait pas eu de participation directe, mais sous la réserve de
réparer d'abord les excès commis d'après ses ordres ou seulement par ses
troupes.
Certaines prescriptions étaient particulières à la province de Languedoc.
Le prince reconnaissait être obligé en conscience de payer à la décharge de
la commune de Pézénas la taille des biens roturiers qu'il possédait à la
Grange-des-Prés, conformément à un arrêt de la cour des aides de Mont-
pellier qui devait régler la question de nobilité, longtemps indécise entre la
ville 8c les acquéreurs de ces biens. Ces arrérages devaient être payés à
compter du jour de l'acquisition 8c sans que la prescription pût être invoquée
en faveur des héritiers du prince, la prescription, dit-il, ne devant pas avoir
^' Ordre que je désire estre gardé dans les resti- Mémoire des choses que je désire estre examinées
tutions que je suis obligé de faire en Guienne, & acquittées par les exécuteurs de mon testament,
Xaintonge, la Marche, Berry, Champagne & en cas qu'elles ne se trouvent l'avoir esté aupara-
Dampvilliers, &c. vant ma mort.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 445
Heu dans le for intérieur pour un seigneur contre ses vassaux, qui, selon
les apparences, n'ont pas eu la liberté nécessaire pour oser la prévenir.
Diverses questions douteuses étaient soumises au jugement des docteurs
« habiles & point relaschés. » Le prince avait-il quelque obligation envers
la veuve & les héritiers de Dubac, juge de Baignols, pour avoir pendant plu-
sieurs années, afin de favoriser le viguier, refusé son agrément à des gens
qui voulaient traiter de la charge? Devait-il restituer une dépense excessive
qui avait été faite à Baignols en i653, lors de sa première entrée? C'est ce
qu'il abandonnait à la décision du conseil.
Ce testament rendait un hommage mémorable à l'illustre évêque d'Alet,
Nicolas Pavillon. « Si lors de mon decedz, écrivait le prince. Monsieur l'évesque
« d'Alet est encore en vie, je prie mes exécuteurs de le consulter sur les points
« de conscience qui regardent l'exécution desdits mémoires, & de tous les
« autres que je pourrois laisser cy-après; & s'il est mort, je les prie de prendre
« ceux qui seront les plus habiles d'entre les docteurs & qui auront réputa-
« tion de suivre les maximes plus étroites'. »
Une dernière note, expression d'une réminiscence tardive, concerne un
marchand de Toulouse, nommé Rougieri, à qui l'on prit cinq cents écus à
Montrond, en i65i, lorsque le prince y commandait les troupes de la Fronde.
« Il les lui faut restituer, recommande-t-il expressément, si cela n'a esté faict
« avant mon decedz. »
Le testament du prince de Conti a été imprimé à Paris en 1667, à la suite
de son traité sur les Devoirs des grands, par les soins de la princesse sa veuve,
avec une approbation de M. de Choiseul, évêque de Comminges, digne col-
lègue de Nicolas Pavillon, 6c deux autres signées de six docteurs en Sorbonne*.
Le prince-gouverneur était encore à la Cour dans le commencement de
septembre i665. Il rentra en Languedoc par Lyon à peu près vers la fin du
mois, déjà très-affaibli par la maladie qui devait l'emporter.
Il se soutenait à peine lorsqu'il reçut, à Pézénas, la visite de l'évêque
d'Alet. Il lui soumit divers points de conscience que l'affaiblissement graduel
de sa santé rendait urgents &, entre autres choses, il lui exprima un très-vif
désir de se démettre du gouvernement de Languedoc pour songer unique-
ment à faire pénitence. Pavillon combattit avec énergie ce projet de retraite
Stditau gouverneur qu'il devait faire une pénitence de prince, en redoublant
de soins & de vigilance dans l'exercice de sa charge. Le prince de Conti
insistait Se le prélat repartit pour sa ville épiscopale, où le rappelaient les
affaires diocésaines, sans avoir rien terminé. Le soir même de son départ,
comme le gouverneur projetait lui-même d'aller deux jours après en Bour-
gogne, aux eaux de Sainte-Reine, l'abbé de Ciron arriva du haut Lan-
guedoc^. Il reprit l'entretien où Pavillon l'avait laissé 5 mais le débat cessait
' Ce mémoire est daté du i8 mai 1664. Tellier, abbé de Saint-Bénigne de Dijon & grand
"La première, du 1 " septembre 1666, est signée : maître de la chapelle du roi.
de Bréda, Boileau, Ribeyran, Malet, de Graville, ' L'abbé de Ciron était dejyiis plusieurs années,
Drubec. La seconde, du 2 septembre, est de M. Le à la prière de l'évêque d'Alet, le directeur de cons-
1666
i666
446 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'être opportun, car le mal empirait visiblement. Le chancelier de l'Uni-
versité de Toulouse n'eut que le temps de préparer le pénitent à la mort. Il
reçut sa confession dernière, lui administra les sacrements & demeura près de
lui jusqu'à l'heure où il rendit l'âme'.
La mort l'atteignit à la Grange-des-Prés le 20 février 1666; il n'était âgé
que de trente-sept ans.
D'après sa volonté formelle, dont sa femme était dépositaire, le corps du
prince devait être enseveli dans la chartreuse la plus voisine du lieu de son
décès. On le transporta chez les chartreux de Villeneuve-lès-Avignon, où il
fut enterré dans le chœur de l'église, sous une tombe de marbre noir, élevée
de terre d'un demi-pied^.
La mort du prince de Conti fut une perte irréparable pour le monde
janséniste, ou plus exactement, pour le parti religieux que la Cour & les
ecclésiastiques en faveur affectaient de compromettre sous ce nom 3.
Les rares évêques languedociens qui combattaient encore le progrès crois-
sant des casuites Se de la morale relâchée se trouvèrent désormais privés d'un
protecteur, dont l'appui leur avait été souvent indispensable contre de puis-
sants ennemis.
CHAPITRE TII
Le duc de Verneuil. — Recherche des faux nobles. — Bezons à Toulouse. — Affaire des lépreux.
Le canal des deux mers. — Proposition de Riquet. — Résistance des Etats. — Adjudication 8c
commencement des travaux. — Réformation des forêts. — Nouvelles divisions territoriales. — Che-
min d'Auvergne. — - Etudes du cours supérieur de la Loire.
Le gouvernement de la Province, vacant par la mort du prince de Conti,
passa, le 22 mars 1666, au duc de Verneuil, Henri de Bourbon. C'était un
fils naturel d'Henri IV, auquel on avait donné le nom de sa mère, la mar-
quise de Verneuil. Cette promotion marque une phase nouvelle dans l'admi-
cience du prince de Conti. Félix Vialart, évéque Le roi accorda, le 19 septembre \666, au sieur
de Châlons, a rappelé, dans une lettre à l'évéque de Vigan, gouverneur des pages du feu prince de
de Lectoure, qu'il fut témoin de l'extrême résis- Conti, le privilège de faire imprimer 8t vendre
tance opposée d'abord par l'abbé de Ciron : pendant dix ans le Traité des Devoirs des Grands
<• Je le portai, dit-il, autant que je le pus, avec le testament. Ce privilège fut cédé par le titu-
B In surmonter. Il le fit si chrétiennement, & laire à Denys Thierry & Claude Barbin, libraires
Dieu lui donna tant de lumières pour la con- de Paris. — Les Devoirs des Grands^ par monsei-
duite de ce prince si admirable, qu'on ne peut gneur le prince de Conty, avec son testament,
dire lequel des deux dans la suite reçut plus de A Paris, chez Denis Thierry, rue Saint-Jacques,
consolation de ce commerce tout spirituel & tout à l'enseigne de la Ville de Paris, m.dc.lxvii.
saint. iJ ^ Le maréchal d'Harcourt disait : « Un jansé-
' L'Innocence opprimée par la Calomnie ou l'His- niste n'est le plus souvent qu'un homme que l'on
toire de la Congrégation des Filles de l'Enfance, p. 29. veut perdre à la cour '. »
* P. Anselme, Histoire généalogique de la maison
de France, I, p. 345. > Œuvres du chancelier d'Aguesseau, XIII.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 447
nistration provinciale. Le duc de Verneuil, prince goutteux, aimant la chasse
8c s'y livrant avec abandon toutes les fois que ses douleurs le lui permettaient,
inaugure la série des gouverneurs nommés à peu près exclusivement pour
la décoration. On l'envoyait ouvrir les Etats, on lui faisait rendre les plus
grands honneurs, mais on ne négligeait rien pour l'annuler. C'était comme
un intermédiaire gênant que la royauté n'osait pas supprimer par respect
pour la tradition, mais dont elle neutralisait l'influence en lui laissant les
hommages 8c retenant le pouvoir. Pendant le gouvernement du prince de
Conti, le ministère avait eu souvent des occasions de mécontentement. Depuis
surtout que le frère de Condé s'était jeté dans les pratiques d'une dévotion
étroite 8t méticuleuse, on ne trouvait plus en lui l'instrument docile 8<. muet
dont le système de Louis XIV avait besoin. 11 se permettait d'avoir des scru-
pules sur l'équité des instructions qu'il recevait de la Cour; il cédait aux
réclamations qui lui paraissaient fondées, se laissait peut-être envelopper par
les empressements de courtisans habiles qiii flattaient ses préoccupations reli-
gieuses & feignaient de les partager, & ne soutenait pas toujours les intérêts
du roi dans les assemblées provinciales avec l'autorité 81 l'énergie que son
rôle de premier commissaire-président aurait exigé. Aussi, quand il lut mort,
eut-on à cœur de ne lui donner, pour ainsi dire, qu'un successeur honoraire,
Si l'on peut, sans exagération, regarder le prince de Conti comme le dernier
gouverneur de Languedoc ayant exercé une action personnelle sur les affaires
de la Province.
A dater de sa mort, tout se traite entre les secrétaires d'État 8c les inten-
dants. Le gouverneur, autour de qui les sollicitations ne tarissent pas, se
trouve réduit à la charge de dispensateur de grâces individuelles 8c à la repré-
sentation extérieure de la royauté dans les grandes cérémonies, mais il n'in-
tervient plus efficacement dans les rapports du pays avec le conseil du roi.
M. de Bezons n'était pas seul à cette époque pour supporter le faix de
l'intendance de Languedoc, d'autant plus lourd par l'effacement du gouver-
neur. Charles de Tubeuf, chevalier, conseiller du roi, maître des requêtes
ordinaires de l'hôtel, avait aussi la qualité d'intendant de justice, police 8c
finances dans la Province. Nous le voyons figurer avec la qualité de com-
missaire-président pour le roi dans plusieurs sessions des États, 8c recevoir
môme, quoique absent, une gratification de sept mille livres, en reconnais-
sance (< des soins extraordinaires qu'il prend pour procurer du soulagement
«au pays ' . »
La recherche des usurpations de titres de noblesse est un des faits carac-
téristiques de cette période. Déjà, cinq ans auparavant, le Parlement de
Toulouse avait été saisi de l'affaire, le procureur général du roi étant venu
représenter que les barons, comtes 8c marquis se multipliaient sans mesure
dans le ressort de la cour, où de simples gentilshomrhes, propriétaires de
' Procès-verbal dei Etats. Séance du 7 mai 1667, assista également à ceux de i66j-68. Son secrô-
Tubeuf avait déjà paru aux Etats de i66!i-''>6 8c il taire s'appelait Maréchal.
1666
i666
^48 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
droits de justice mais ne remplissant aucune des conditions requises par les
ordonnances, au point de vue de l'étendue des domaines ou de la qualité des
terres, rehaussaient à plaisir leur dignité'. La vérification prescrite par le
conseil du roi fut plus rigoureuse j elle atteignait l'usurpation de la simple
qualité de noble, le titre le plus modeste de la hiérarchie. Mais il s'agissait
moins de rétablir la vérité historique & de mettre ordre aux prétentions des
familles, que de créer une source nouvelle de revenus pour l'État, par
l'invention de procédures onéreuses, de significations, d'exploits, & la profu-
sion souvent arbitraire des amendes.
La recherche des usurpateurs du titre de noblesse ayant été confiée à
des officiers subalternes, dont le désintéressement ne paraissait pas à toute
épreuve, occasionnait des plaintes violentes; on reprochait aux agents d'user
de chicanes, de retenir pendant huit ou dix mois de vrais gentilshommes à
la suite des cours, pour reconnaître enfin la validité de leurs titres, tout en
les accablant de frais.
Ces réclamations semblèrent tellement fondées qu'un arrêt du conseil,
donné le i" juin i665, suspendit toute opération jusqu'à nouvel ordre.
On s'enquit alors des moyens de rendre la recherche à la fois moins vexa-
toire & plus efficace. Il fut décidé que la représentation des titres serait faite
sans frais dans chaque généralité devant les commissaires départis; qu'il
serait dressé un catalogue contenant les noms, surnoms, armes & domicile
des gentilshommes, pour être enregistré dans les bailliages. Les États de
Bourgogne, dans le cahier de leurs doléances, proposèrent cette innovation.
Un arrêt du conseil, donné à Saint-Germain en Laye, le 22 mars 1666,
prescrivit la reprise de l'enquête.
Les commissaires devaient assigner toutes les personnes prenant la qualité
de nobles à produire leurs titres de toute nature, pour les soumettre à une
exacte vérification, & les leur rendre incontinent 8c sans frais, quand la
preuve de noblesse en ressortirait incontestable. Dans le cas contraire, le
greffier des commissions extraordinaires, François Rozée, demeurait charp-c
de rassembler les documents litigieux & d'en faire rapport au conseil, où
devaient être vidées aussi les contestations relatives aux jugements Je main-
tenue.
Les commissaires départis pouvaient prononcer des jugements définitifs
contre les contumaces ou les usurpateurs de titres qui s'en désisteraient.
Le fait d'avoir pris indûment, dans un acte de partage, de donation, de
mariage ou de testament ou dans d'autres contrats, la qualité de chevalier
ou d'écuyer constituait un délit d'usurpation. Tous les notaires Se détenteurs
d'actes publics étaient tenus, sous peine de trois cents livres d'amende, de
communiquer leurs minutes & registres au préposé de la recherche.
Etaient également déclarés usurpateurs ceux qui, par autorité, s'étaient
' Voir aux Pièces justificatives, n. CCCXX, de dix mille livres l'usurpation des titres de mar-
col. 790, l'arrêt du Parlement de Toulouse du quis, comtes, vicomtes ou barons.
3i mars 1661, concluant à frapper d'une amende
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 449
fait mettre au nombre des exempts dans les rôles des tailles &. avaient pris
la qualité de chevalier ou d'écuyer dans un seul acte signé de leur main.
Les veuves 8t enfants des prévenus d'usurpation devaient déclarer dans
quinzaine s'ils entendaient soutenir la qualité de nobles.
Ceux, qui n'étant pas nobles de race, mais anoblis par des charges de la
maison du roi, seraient convaincus d'avoir pris la qualité d'écuyer avant
leur réception ou l'avoir conservée après leur démission, étaient également
punis comme usurpateurs. Il en était de même pour les maires & échevins
des villes jouissant du privilège de noblesse.
Reprendre le métier de procureur en postulant pour les parties ou conti-
nuer le commerce après avoir été anobli par l'exercice d'une charge munici-
pale constituait, aux yeux du conseil du roi, un acte véritable de dérogeance
& faisait de l'homme de loi ou du marchand qui persisterait à prendre la
qualité de noble un usurpateur de titre justiciable des commissaires enquê-
teurs'.
Cette disposition jeta un grand trouble dans le monde capitulaire toulou-
sain. Non-seulement beaucoup d'anciens capitouls qui prenaient chaque
jour la qualité de noble dans les actes publics étaient revenus au palais ou
au comptoir 8c tombaient par suite sous le coup de la loi, mais tous les
capitouls sortis du commerce étaient rentrés au consistoire en s'autorisant de
leur condition de marchand, remplissant les places que le dernier arrêt du
conseil attribuait aux gens de négoce dans le corps municipal.
L'affaire fut portée, le 10 mai, au conseil de bourgeoisie. On se hâta
d'écrire au député de la ville en cour, M. de Costa, pour s'enquérir de la
gravité réelle du péril, Se l'on dépêcha des ambassades aux intendants des
deux provinces, afin de se les rendre favorables} Cathelan, Lafaille Se
Duperrier allèrent trouver Pellot en Guienne, tandis que Dulaurens,
d'Olive Se Souterrène étaient expédiés auprès de Bezons^.
L'intendant de Guienne reçut les députés dans la ville d'Agen ; il leur
promit que les commissaires subdélégués se contenteraient de recevoir les
productions, sans donner ni ordonnances ni avis, & que lui-même ne juge-
rait pas avant d'en prévenir les capitouls. Il traita d'ailleurs la députation
avec égards, la retint à dîner S<. lui rendit sa visite. Malgré ces assurances,
deux subdélégués, les sieurs de Lucas Si. Duplan, juge de Samatan, com-
mencèrent d'instrumenter contre plusieurs anciens capitouls^.
M. de Bezons visita Toulouse, dans le courant du mois d'août 1666, par
ordre exprès du roi, 8< y fit quelque séjour. L'un des motifs principaux de sa
mission était l'interminable querelle de l'évocation générale, toujours pen-
dante entre la ville 8c le Parlement, la cour supérieure ne cessant de réclamer
' Archives de Toulouse. Copie ninnuscrite de p. io3. Conseil de bourgeoisie. Séance du i"juil-
l'.'irrét, avec ordonnance de Claude Fellot, inien- let 1666.
dam en Guienne, commissaire départi pour l'exé- ' Archives deToulouse. Livre Jes Consf/is,XXIX,
cution de l'arrêt. p. 1 o3. Conseil de bourgeoisie. Séance du 1" juillet
' Archives de Toulouse. Liyre des Conseils, XXIX, 1666.
XIII. »9
1666
1666
45o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
contre ce qu'elle appelait une atteinte aux droits de la justice & à l'autorité
royale, les bourgeois affirmant avec une égale ténacité que le ressentiment
des conseillers & présidents aurait pour leurs procès particuliers les consé-
quences les plus désastreuses.
L'intendant annonça qu'il venait mettre fin aux divisions dont la ville était
troublée, demanda des commissaires aux deux parties 8c eut avec eux de très-
longues conférences. On lui remit des mémoires détaillés pour soutenir 8t
combattre la prérogative en litige. Il réunit les éléments d'un rapport des-
tiné au grand conseil, mais refusa de laisser connaître ses conclusions'. Col-
bert n'était guère plus favorable aux prétentions outrées des magistrats que
n'avaient pu l'être avant lui Richelieu 8< Mazarinj mais à cause des grands
besoins du Trésor, toute question se compliquait alors de préoccupations
financières, & il n'y avait pas de privilège qui n'eût son importance, par le
prix que le ministère comptait en tirer.
Durant son passage à Toulouse, Bezons termina une assez curieuse affaire
intéressant les lépreux.
Le patronat des maladreries de la ville avait été acheté par les capitouls,
en i337, pour le prix de six cents deniers d'or, à un particulier nommé
Lemol qui le tenait lui-même du connétable Raoul. Des lettres patentes du
dauphin Jean &du roi Charles V garantissaient cette acquisition. Cependant
les capitouls virent paraître un certain Lésinier, qui, sous prétexte d'être
substitué aux droits du grand aumônier de France, prétendit avoir l'admi-
nistration des trois léproseries, en s'autorisant de quelques arrêts du conseil
obtenus par importunité; 8i, comme les lépreux refusaient de lui reconnaître
la qualité d'administrateur, il fit saisir tous leurs revenus. Les malheureux
dépossédés recoururent à l'assistance de leurs patrons. Il y eut commencement
de procédure au Parlement, & arrêt de mainlevée en faveur des lépreux,
puis on profita de la présence de l'intendant à Toulouse pour lui soumettre
l'affaire. Bezons conseilla une transaction amiable, qui consistait à payer la
renonciation du soi-disant administrateur, sous forme d'indemnité des frais
qu'on lui avait occasionnés en portant au Parlement une querelle qui était
de la juridiction du grand conseil. Moyennant trois cents livres, Lésinier se
désista de toutes ses prétentions. La misère des lépreux était si grande qu'ils
ne purent se procurer la somme j mais la ville leur en fit l'avance, &, deux
ans plus tard, l'entier abandon^.
Le perfectionnement des voies de communication, que le défaut d'entre-
tien, durant les guerres civiles, avait mises dans un état déplorable, fut un
des principaux objets de l'application de Colbert. On ne mesurera jamais
complètement le pas en arrière que firent faire à la France les luttes reli-
gieuses & politiques du seizième & du dix-septième siècle. Le mouvement
'Archives de Toulouse. Livre des Cortsei'Zs, XXIX, p. io8. Conseil de bourgeoisie. Séance du il juin
p. lîû. Conseil de bourgeoisie. Séance du ii sep- 1666; p. 129. Conseil des Seize, du 20 septem-
tembre 166Û5 p. 195. Séance du 8 novembre 1667. bre 1666; p. 190. Conseil de bourgeoisie. Séance
' Archives de Toulouse. /-.ivre (fei Consei7j, XXIX, du 26 septembre 1667.
LIV, II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 45 1
que le premier essor des voyages avait donné se trouva comme enrayé subite-
ment; outre les entraves nouvelles que des péagiers improvisés créaient, à
la faveur du désordre, sur les grandes lignes, l'entière incurie des officiers
du domaine ou des seigneurs préposés à la conservation des routes, l'avidité
des propriétaires riverains, la misère des communes, ruinaient de jour en
jour l'antique réseau des grands chemins. D'abord, les tentatives du minis-
tère furent timides; il se contentait de rappeler les agents royaux au respect
des ordonnances, de dicter aux cours de justice ou aux municipalités des
mesures de conservation, de favoriser des entreprises particulières, destinées à
rendre les communications plus faciles & plus régulières'; puis, à mesure que
l'influence de Colberl grandissait 8c qu'une connaissance plus approfondie
des nécessités de la France ajoutait à son autorité, ses conceptions acquirent
plus de hauteur £<. de hardiesse, 81 l'heureuse impulsion qu'il sut donner à
l'initiative des hommes de finance détermina cet élan vigoureux dont les
résultats eussent accéléré le développement de la civilisation française, sans
les guerres de la fin du règne.
Au mois d'octobre 1666, le grand ministre attacha son nom à l'acte le plus
mémorable qui recommande au pays le souvenir de Louis XIV, « l'édit du
tt roi pour la jonction des mers Océane & Méditerranée par un canal de
a communication^.»
La pensée de percer l'isthme py^rénéen au moyen d'une large voie navi-
gable qui permît de passer de la Méditerranée dans l'Océan sans affronter
les périls du détroit de Gibraltar 81 les courses des pirates, n'était point
nouvelle. Se avait, à plusieurs reprises, préoccupé les conseils du roi. Sous
le règne de François I, la fréquentation des ingénieurs italiens Se les
voyages militaires au delà des Alpes ayant rendu familière en France la
connaissance des canaux du Milanais èi de la Vénétie, la pensée d'unir
' Au mois d'octobre 1660, Pierre Raffanel, gen- payerait proportionnellement au chemin par-
darme, 81 Louis Barbier, l'un des grands valets de couru.
pied de la reine-mère, obtinrent l'autorisation L'acte de concession imposait aux entrepreneurs
d'établir six bateaux de poste sur la Garonne, l'obliguion de payer aux trésoriers du domaine
entre Toulouse & Bordeaux, à l'instar de ceux delà sénéchaussée de Toulouse une somme de dix
qui existaient déjà, « attendu qu'a faute de cette livres, « pour entrée u 8c trente sols d'albergue
commodité ceux qui veulent faire ce voyage par par an. Le roi ne créait pas d'ailleurs de mono-
eau sont obligés de retarder plus de huit jours pôle 8t stipulait formellement qu'il n'entendait
dans la ville pour attendre le bon vouloir des ba- empêcher les particuliers de louer des bateaux si
teliers. » Les nouvelles barques de poste devaient bon leur semblait, ni les autres bateliers de pren-
partir régulièrement de Toulouse & de Bordeaux dre des voyageurs & des marchandises, pourvu que
les dimanche 8t jeudi de chaque semaine, avec leur départ n'eût pas Heu les dimanches 8t les jeu-
ou sans voyageurs, conduites par un bon pilote dis. Ces lettres patentes furent enregistrées au Par-
Si six rameurs, couvertes d'ais pour garantir du lement de Toulouse le 1 1 mars 1661 '. ,
mauvais temps les personnes 81 les paquets. Le * On trouvera le texte de cet édit dans nos Pièces
prix de la place était fixé à trois livres par per- justificatives, n. CCCXLVII, col. 921, ainsi que le
sonne de Toulouse à Bordeaux, avec faculté de devis du chevalier de Clerville & le bail d'adjudi-
prendre dix livres de bagages, & le port des excé- cation des travaux à Pierre-Paul Riquet.
dants de baera«es & des marchandises à six deniers .,.• jiu.o r-i.r,. . j
° ° ' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Parlement de
par livre. Pour les stations intermédiaires, on Tou\oa^t. Recueil des édils 6 déclarations.
i6ù6
i666
402 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
l'Aude à la Garonne prit une certaine consistance &. donna lieu à des
ébauches d'études.
Deux commissaires du roi, l'évêque de Sisteron & le sieur de Franc-Conseil,
seigneur de Saint-Romain, furent désignés pour instruire l'affaire. Le pro-
gramme était de tracer un canal entre Narbonne 8c Toulouse, & de l'ali-
menter par la dérivation des eaux de la Garonne. Les commissaires du roi
chargèrent trois experts de prendre les niveaux Si de faire les reconnaissances
sur le terrain.
Ces experts, dont le plus connu est le « maistre maçon de Toulouse, »
Nicolas Bachelier, architecte & sculpteur de grand renom, proposèrent de
couper la Garonne en amont du domaine de Braqueville, près Toulouse,
par une forte retenue oblique d'une rive à l'autre, fermant les deux bras du
lleuve, & continuée sur le sol de l'île médiane au moyen d'une levée, de façon
à rehausser le niveau général des eaux Se à diminuer d'autant la profondeur
de la tranchée nécessaire.
Cette tranchée devait s'ouvrir dans les vignes du premier gradin des coteaux
de Pech-David Se en contourner la base, en descendant jusqu'à Montgiscard ,
passer àVillenouvelle, Villefranche, Avignonet & atteindre le col de Naurousc,
reconnu dès lors comme le passage forcé de tout canal reliant les deux bassins.
Mais, par suite de l'imperfection de leurs procédés géodésiques, les experts ne
se rendirent pas un compte exact de la différence de niveau entre le col 8t le
lit de la Garonne à Toulouse j leur imagination d'amener les eaux du fleuve
par une pente continue depuis Braqueville jusqu'au point de partage était
purement chimérique. A Naurouse, ils prétendaient donner seulement à leur
canal une profondeur maxima de « 4 cannes 7 palmes » (5 mètres yS c),
tandis que l'altitude des deux points diffère de soixante mètres.
Au débouché du col de Naurouse, le canal devait suivre, pour éviter une
pente trop rapide, la direction sur le Mas-Saintes-Puelles £<. Villepeinte, puis
emprunter le lit du Fresquel jusqu'à l'Aude, à demi-lieue en aval de Carcas-
sonne, en construisant à droite Si à gauche des levées pour contenir les eaux
de cet affluent. A partir de l'entrée du Fresquel dans l'Aude, cette dernière
rivière devait être canalisée S<. rendue navigable par le dégagement des roches
81 l'enlèvement des moulins Se autres obstacles de toute nature.
Afin que la ligne de navigation fût complètement libre entre Narbonne Si
Bordeaux, Si pour obvier aux inconvénients des barrages des moulins du Châ-
teau Si du Bazacle de Toulouse, un embranchement devait être percé sur
la rive gauche de la Garonne, en amont de la retenue du grand canal, 81,
suivant la corde de l'arc formé par le faubourg Saint-Cyprien, rejoindre le
fleuve au pied de la montée de Saint-Michel-Ferrery, à peu près vis-à-vis
le point où Riquet a établi plus tard l'embouchure du canal de Languedoc.
Les auteurs du projet plaçaient des écluses à l'entrée, au milieu 81 à l'issue
de l'embranchement, pour retenir les eaux 81 permettre aux embarcations de
passer sans décharger.
L'affaire fut exposée aux États de Béziers dans le courant d'octobre i53g
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 453
8<. donna même lieu à un commencement d'enquête par diocèse, mais n'eut
point de suite'.
Près de soixante ans plus tard, on y revint. Henri IV, dans une audience
de congé donnée au cardinal de Joyeuse, archevêque de Narbonne, partant
pour sa métropole, lui recommanda expressément de recueillir des informa-
tions certaines « sur le sujet du canal d'eau » qui lui avait été proposé « pour
« joindre les deux mers. » Le cardinal s'aida des conseils de l'ingénieur Louis
de Foix, interrogea un niveleur dont le maître, appelé Grappone, avait fait
un dessein de canal présenté à la reine-mère, & conclut que toute la diffi-
culté de l'entreprise était d'amener le canal jusqu'aux pierres de Naurouse.
Le niveleur Pierre Reneau, reconnaissant l'impossibilité d'y faire monter la
Garonne, parlait d'y employer l'Ariége en la prenant de très-haut, sauf à
faire communiquer la Garonne avec son canal au moyen d'une écluse : « Ce
« qui est assez croyable, ajoutait le cardinal, à ceux qui ont été sur le canal de
« Venise à Padoue, qui vous diront que les bateaux montent bien plus haut
« par le moyen d'une tour qu'on ferme, que ceux qui auront ici à monter. »
En 1604, le connétable Anne de Montmorency prescrivit de nouveau l'exa-
men des lieux.
En 1614, les députés de la noblesse de Languedoc demandèrent au roi de
reprendre la pensée d'établir un canal en Lauragais, comme il en avait été
parlé, disaient-ils, sous le règne de Charles IX, pour rendre les deux mers
navigables*.
1666
■ Voici le texte de la délibération des États re-
latif à ce projet :
11 Le dict jour (18 octobre 1639) de relevée, où
(au couTent des Jacobins de la ville de Béziers) &
devant que dessus, en ladicte assemblée M. de Cis-
teron, présent tuessire Franc Conseil, greffier pour
le roy auxdtct» Estats & des experts à ce, a dict
estre venu en ceste assemblée, remonstrer que le
roi ayant entendu la comodité que stroit au pais
en foisant venir la rivière de Garonne ou partie
d'icelle despuis au-dessus de Tholose jusques à Nar-
bonne luy avoit adressé commission pour aller sur
les lieux & appelés experts veoir si ce dessus se
pourroit faire & de la comodité sur ce du pais,
suivant lequel mandement il s'estoit transporté sur
les lieux, appelés lesdits Conseil & maistres ingé-
nieurs qui avoient «reuvé ladicte entreprise possi-
ble comme par leur rapport que fust leu en ladicte
assemblée...
« Et faict le rapport par les experts en ladicte
assemblée de la facilité de faire venir la Garonne
joindre à la rivière d'Aude fust conclud que ches-
cun en son diocèse y adviseroit pour le bien de la
chose publicque & en viendroit dire son advis aux
prochains Estats, & en seroit escript à monsei-
gneur le connestable '. »
' Procis-vcrbal des États. Séance du 18 octobre iSSg.
Les trois experts étaient : Nicolas Bachelier &
Arnauld de Casanovc, maîtres maçons, & Jehan
Boudet, « maître terralhon. »
Le texte de l'avant-projet, dressé par les trois
experts, transcrit en tête du second livre des
Conseils ele l'hôtel de ville Ae Toulouse ^ a été publié
par Lafaille, aux Preuves du second livre de ses
Annales, p. 19, avec quelques erreurs de lecture.
L'une des plus graves est d'avoir imprimé Pierre
Encouse pour Naurouze, tandis que le texte porte
très-clairement « la montagne de pierre Eno-
rouse. n Lafaille a également biffé de sa main,
dans le registre original, le mot de i< maistres
massons » attribué aux deux premiers niveleurs,
ne le jugeant pas sans doute assez noble, & l'.i
remplacé deux fois en surcharge & en marge par
celui d'experts. Son imprimeur s'est conformé à
cette leçon amendée; c'est avec une pensée analo-
gue que, dans ses listes de capitouls il a générale-
lement écrit n bourgeois )i partout où l'original
porte « marchands ». Il est vrai que, dans ce der-
nier cas, la recherche du style noble se compli-
quait de prudence fiscale. Le mot de n terralhon »
terrassier, qui suit, dans le texte, le nom de Pierre
Boudet a été omis & laissé en blanc.
' <i Du règne de Charles IX fut proposé, au
conseil de Sa Majesté, de rendre les deux mers
navigables par le moyen d'un canal fait par le
i666
■ 454 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le mêmes raisons qui, d'après les gentilshommes languedociens, avaient
empêché de mettre à exécution cette « chose trouvée faisable & très-facile, »
les embarras des guerres intérieures, condamnèrent leurs doléances à demeurer
sans réponse.
En 161 8, un entrepreneur, Bernard Aribal, vint offrir aux États, de la
part du roi, de commencer les travaux à ses frais & de ne rien demander à la
Province que tout ne fût terminé. L'assemblée répondit qu'elle n'avait pas le
temps de délibérer à ce sujet & que Sa Majesté pouvait en user selon son bon
plaisir.
Tichot, ingénieur du roi, & Beauveau, maître des œuvres royales en Lan-
guedoc, rirent, en i633, de nouvelles propositions, & trois ans après un bail
fut même passé à Jean Le Maire par le conseil d'État pour la construction
du canal.
En i65o, il fut encore question d'emprunter les eaux de l'Ariége à Cinte-
gabelle Se de les conduire à Toulouse par les coteaux de Pech-David, afin
d'atteindre l'inévitable point de partage.
Ainsi, durant près d'un siècle 8c demi, on peut dire que la pensée du canal
de navigation par le Lauragais & le bassin de l'Aude était demeurée en Lan-
guedoc à l'état d'obsession.
Toutes les fois que les guerres laissaient quelque repos, on y revenait; on
avait conscience des biens infinis que cette création devait procurer à la Pro-
vince, on la pressentait possible; mais jamais un plan pratique ne s'était
montré, jamais une volonté soutenue n'avait cherché à triompher des obsta-
cles que la nature Se les hommes promettaient d'opposer à l'entreprise.
Lorsque le ministère de Colbert eut donné le branle à toutes les intel-
ligences, 8c suscité, sur les divers points du territoire, un véritable réveil
économique, l'idée fut reprise par un traitant de la ferme des gabelles de
Languedoc, Pierre-Paul Riquet. Ce personnage, dont les premières années
sont demeurées obscures, était né à Béziers en 1604.
Il possédait un domaine à Bonrepos, dans la temporalité des archevêques
de Toulouse. Habitué aux affaires d'argent, condamné par les soins de sa
ferme à de fréquents voyages dans les diverses parties de la Province, expert
à tirer d'un pays tout ce qu'il pouvait donner, répandu dans le monde des
Etats, Riquet, en abordant- le problème que tant d'autres avaient touché
sans le résoudre, s'en laissa complètement dominer, s'y absorba, y dévoua sa
vie, 8c dépensa pour réussir une puissance de volonté dont l'histoire des tra-
vaux publics n'avait pas encore donné d'exemple.
pays & comté de Lauragais, d'étendre ledit canal ce ieau & royal dessein, &, pour ce faire, députer
d environ treize lieues, chose qui a été souvent commissaire pour de nouveau en connoître l'uti-
agitée & toujours trouvée faisable & très-utile. lité & ensuite pourvoir à l'accomplissement dudit
Depuis, les guerres civiles en ont ôté le moyen. ouvrage '. »
Maintenant, sous le règne paisible de Votre Ma-
jesté, ce bien public semble plus que jamais dési- , ' ^''''i" f ^^"'"''Ji'f .™^ '" '''''"'"' '*' '" ""l^'f ^^'^<=
,, ^ J u» ijut ,am.ii5 ucji Laiiguedoc à lassemblée dcs Etats généraux, tenue en la ville
rabie, partant Elle est suppliée d'avoir agréable de Paris en l'année 1 6 14.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT.
455
1666
Il fit ses premières ouvertures à l'évêque de Castres, Charles- François
d'Anglure de Bourlemont, nommé en juillet 1662 archevêque de Toulouse.
Ce prélat, dont Riquet était vassal comme propriétaire de Bonrepos, alla con-
férer avec lui dans son domaine & s'enquit des moyens qu'il avait en tête
pour réaliser le fameux canal dont tout le monde parlait. Riquet, appelé en
Roussillon par ses gabelles, prit rendez-vous avec l'archevêque pour l'époque
de son retour, l'alla cherchera Castres, le mena sur les lieux avec l'évêque de
Saint-Papoul 8c quelques autres gens de qualité & leur révéla les réserves
d'eaux inépuisables qu'il se flattait d'avoir découvertes.
M. de Bourlemont, que la disgrâce de Fouquet faisait président des États
de Languedoc, qui correspondait régulièrement avec le ministère & qui, mêlé
à toutes les choses de la politique, avait l'esprit ouvert aux grandes entre-
prises, loua fort le financier, l'encouragea, l'exhorta à dresser un mémoire
sommaire de son projet & à l'envoyer à l'homme de France qui pouvait le
mieux comprendre & le mieux soutenir ces heureuses hardiesses, à Colbert.
Ce fut donc de sa terre de Bonrepos que Riquet écrivit au contrôleur
général sa première lettre, accompagnée d'un mémoire où il résumait les
points principaux du projet, tant pour la direction du tracé, que pour
l'établissement des canaux de dérivation 8t des réservoirs'.
'Voici le texte de cette lettre qui a été plusieurs
fois publiée, mais qui est trop curieuse pour ne
point trouver place ici :
n Bonrepos, 26 novembre 1661.
n Monseigneur, Je vous écris de ce village sur
le sujet d'un canal qui pourroit se faire dans cette
province de Languedoc pour la communication
des deux mers. Vous vous étonnerez que j'entre-
prenne de parler d'une chose qu'apparemment je
ne connois pas, & qu'un homme de gabelle se
mesle de nivelage; mais vous excuserez mon en-
treprise lorsque vous sçaurez que c'est de l'ordre
de Monseigneur de Toulouse que je vous écris.
« Il y a quelque temps que ledit seigneur me fit
l'honneur devenir en ce lieu, soit parce que je
luv suis voisin & hommager, ou pour sçavoir de
moy les moyens de faire ce canal, car il avoit ouy
dire que j'en avois faict une étude particulière. Je
luy dis ce que j'en sçavois & luy promis de l'aller
voir à Castres, à mon retour de Perpignan, & de
le mener de là sur les lieux pour luy en faire voir
ra possibilité. Je l'ay fait, & ledit seigneur, en
compagnie de M. l'évesque de Saint-Papoul & de
plusieurs autres personnes de condition, a esté
visiter toutes choses qui, s'estant trouvées comme
je les avois dites, ledit seigneur archevesque m'a
chargé d'en dresser une relation & de vous l'en-
TOyer. Elle est cy-incluse, mais en assez mauvais
ordre, car, n'entendant ni grec ni latin & à peine
sachant parler le françois, il n'est pas possible
que je m'explique sans bégayer. Aussy ce que j'en-
treprends c'est pour obéir & non de mon propre
mouvement. Toutefois, s'il vous plaist de lire ma
narration, vous jugerez que ce canal est faisable;
qu'il est, à la vérité, difficile i cause du coust, mais
qu'en regardant le bien qui en doit arriver, l'on
doit faire peu de cas de la dépense.
n Jusqu'à ce jour, on n'avoit pas pensé aux ri-
vières propres à servir, ni sçu trouver des routes
aysées pour ce canal, car celles qu'on s'estoit ima-
ginées estoient avec des obstacles insurmontables
de rétrogradations de rivières & de machines pour
élever les eaux. Aussy, croyez que ces difficultés
ont toujours causé le dégoust & reculé l'exécution
de l'ouvrage; mais aujourd'huy. Monseigneur,
qu'on trouve des routes aysées & des rivières qui
peuvent estre aysément détournées de leurs .nncicns
lits, & conduites dans ce nouveau canal par pente
naturelle & de leur propre inclination , toutes
difficultés cessent, excepté celle de trouver un
fonds pour subvenir aux frais du travail.
i( Vous avez pour cela mille moyens. Monsei-
gneur, & je vous en présente encore deux dans
mon mémoire ci-joint, afin de vous porter plus
facilement à cet ouvrage que vous jugerez très-
avantageux au roy & à son peuple, quand il vous
plaira de considérer que la facilité & l'assurance
de cette navigation fera que le détroit de Gibr.iliar
cessera d'estre un passage nécessaire, que les reve-
nus du roy d'Esp.Tgne à Cadix en seroiit diminués,
& que ceux de nostre roy augmenteront d'aut.mt
~^ 456 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
S'il fallait en croire une anecdote naïve qui a été fréquemment répétée,
c'est en voyant les eaux de la fontaine de la Grave, située sur la ligne de
faîte, entre le versant océanique Se le versant méditerranéen de l'isthme, se
diviser en deux ruisseaux coulant l'un vers la Garonne, l'autre vers l'Aude,
que Riquet aurait eu la première pensée d'établir le point culminant de son
canal. Il est fort difficile d'admettre cette historiette, si l'on se rappelle que,
dès iSSg, les maîtres niveleurs employés par l'évêque de Sisteron pour le
premier projet de communication des deux mers, avaient désigné en propres
termes « la prairie qui est autour de la montagne des pierres de Naurouse
a comme le plus hault lieu que soit sur le chemin dudit canal 6c où les
« eaues se despartent prenant leur chemin devers Thoulouse 5c devers Car-
« cassonne. » La célébrité légendaire des pierres de Naurouse Se l'expérience
des gens du pays empêchaient cette particularité d'être une révélation pour
personne ; tout canal entre Toulouse Se Narbonne devant avoir une double
pente, il était difficile d'en chercher le point culminant ailleurs que sur la
ligne de partage des deux bassins, 8c la nécessité de réduire autant que
possible les dépenses déjà très-considérables de l'entreprise n'obligeaient pas
moins rigoureusement de le chercher à l'endroit le plus bas de cette arête.
Ce qui fut une conception originale 8c féconde, ce n'est pas d'avoir trouvé
la direction du canal Se son plan d'eau supérieur, déjà reconnu depuis le
seizième siècle, Se d'une démonstration empirique relativement aisée, c'est
d'avoir songé à choisir le majestueux massif granitique de la montagne
Noire, dont les plateaux semblent s'abaisser à plaisir au bord de la ligne de
navigation, pour l'alimenter de sources intarissables, c'est d'avoir transformé
en réservoirs qui ne craignent pas la sécheresse les gorges de ces montagnes
Se d'y avoir emmagasiné les torrents.
« Toute la difficulté, écrivait le cardinal de Joyeuse, est d'amener l'eau
« jusqu'aux pierres de Naurouse. « En effet, à partir de ce point, une pente
naturelle devait la conduire jusqu'aux étangs de la côte de Languedoc. Le
projet présenté à Colbert par Riquet supprimait cette difficulté, en créant,
* avec les sources de la montagne Noire, une rivière artificielle, sur un plan
de beaucoup supérieur au niveau du point de partage. Ce résultat obtenu,
tout se réduisait à une affaire d'argent, des séries d'écluses, comme il en
existait déjà en Hollande Se en Italie, devant permettre d'établir tous les
plans d'eau nécessaires pour faire monter Se descendre les barques sur l'un Se
l'autre versant.
Du côté du nord, la montagne Noire envoie toutes ses eaux vers l'Agout,
par les fermes des trésoriers & des entrées des plaire, je vous renverrai figuré, arec le nombre
marchandises en ce royaume, outre les droits qui des écluses qu'il conviendra de faire, & des cal-
se prendront sur ledit canal, qui se monteront à culs exacts des toises dudit canal soit en longueur
des sommes immenses, & que les sujets de Sa soit en largeur ' »
Majesté profiteront de mille nouveaux commerces
& tireront de grandi avantages de cette naviga- ' Archives du canal du Midi, A, BB, n. 4. Histoire du
jion_ canal de Languedoc , par les descendants de Riquet, p. 10.
!, . ., , , . , . — Pierre Clément, Lettres, instructions & mémoires de
n l^ue SI j apprends <jue ce dessein doive vous Colbert, IV, p. 3o3.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 457
affluent du Tarn, soit par l'Arnette & le Thoré, soit par le Laudot & le Sor,
dont les courbes sinueuses, brusquement infléchies vers l'est, après avoir
suivi d'abord une direction contraire, dessinent à un étage inférieur de cinq
cents mètres, le contour du massif d'où elles tirent leur origine. Ces eaux
vives, limpides, courantes, incessamment alimentées par les neiges 8<. les
pluies d'hiver qui s'amassent sur les larges plates-formes de la montagne,
parurent au créateur du canal la source miraculeuse qui devait remplir ses
tranchées & rendre la navigation possible en toute saison. C'est pour avoir
fait ainsi jaillir la vie & le mouvement de ces roches solitaires, que Riquet
devait se laisser appeler, sans trop de fausse modestie, le Moïse du Languedoc.
La petite rivière du Fresquel , qui naît au pied du dernier contrefort
occidental de la montagne Noire & qui va se jeter dans l'Aude aux environs
de Conques, reçoit sur sa rive gauche un assez grand nombre d'affluents, à
peu près parallèles entre eux & descendant tous des plateaux supérieurs par
des dépressions ou courbes généralement perpendiculaires à la direction de
la chaîne. Un canal de dérivation, tracé sur les crêtes dont il suit les
inflexions, — la rigole de la montagne, — fut destiné à retenir une partie
des eaux de ces affluents Se à les concentrer, avec celles du Sor 8c du Laudot,
dans un vaste magasin commencé par la nature 8c achevé par l'industrie de
l'homme, le bassin de Saint-Ferréol.
Cette puissante réserve d'eau a été obtenue au moyen du barrage d'un
vallon très-encaissé que traversait la petite rivière du Laudot; c'est une sorte
de cuvette naturelle dont les parois sont formées pour la plus grande partie
par les croupes même de la montagne, 8c dont une forte digue diagonale
ferme l'issue.
Quel a été exactement le rôle de Riquet dans cette grande œuvre, si féconde
en résultats? Quelle part lui revient dans la conception proprement dite de
la dérivation des eaux de la montagne Noire pour la création du canal navi-
gable? Il y a là un problème historique dont la solution est jusqu'à ce jour
demeurée incomplète. Faut-il croire à un trait de génie, suppléant au défaut
de connaissances techniques, affirmé par Riquet lui-même dans sa première
lettré à Colbert, 8c admettre que les ingénieurs n'ont eu qu'à traduire, par
les moyens du métier, la pensée créatrice de l'inventeur? Est-ce avec son
mauvais compas de fer, dont parle le chancelier d'Aguesseau dans la biogra-
phie de son père', que le seigneur de Bonrepos a tracé les contours du canal
d'amenée jusqu'à Naurouse? Rien n'est facile à contester, après coup, comme
■ n M. Riquet étoit un de ces hommes en qui le vaste projet d'unir l'Océan k la Méditerranée par
génie tient la place de l'art. Eleré pour la finance, un canal de plus de quarante lieues, qui en valent
sans jamais avoir eu la moindre teinture des ma- au moins quatre-vingts de ce pays-ci; projet dont
thématiques, il n'avoit pour tout instrument, l'exécution étoit encore plus difficile par la séche-
comme je l'ai entendu dire plusieurs ("ois à mon resse & l'inégalité du terrain par lequel il falloit
père, qu'un méchant compas de fer; & ce fut avec faire passer ce canal, que par la longueur '. »
si peu d'instruction & de secours que, conduit
seulement par un instinct naturel, qui réussit . Œuvre, de M. le chancelier dAgues,eau.XlU, p. 34.
souvent mieux que la science, il osa former le (Discours sur la vie & la mort de M. d'Aguesseau.)
1666
i666
4:'58 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
la propriété d'une idée, rien n'est aussi difficile à démontrer. Dans ses pre-
mières communications à Colbert, Riquet, avec vine humilité affectée, se
vante presque de ne savoir ni grec ni latin, & de pouvoir à peine balbutier
en français. Il y a là évidemment une exagération languedocienne; dans tous
les cas, s'il n'avait point fait d'humanités, 8c si sa culture littéraire était nulle,
le directeur des gabelles possédait un esprit très-actif, très-délié, une ardente
ambition, un désir acharné de grandir sa famille; & s'il est vrai, ce qui n'a
point été démontré, qu'il se soit approprié une conception appartenant à l'in-
génieur Andréossy, employé dès 1664, par la commission mixte, à la recon-
naissance des lieux & aux premiers travaux de nivellement, on peut affirmer,
du moins, qu'en se l'appropriant il a donné à cette conception féconde, par
son activité infatigable, sa souplesse & son habileté, un véhicule qu'elle n'au-
rait jamais eu sans lui.
Colbert, dans une heure de mécontentement, a jugé Riquet avec une
extrême amertume. Son témoignage, bien qu'il ne soit pas suffisamment
explicite, ne saurait être négligé de l'histoire.
« Cet homme, dit-il, a fait comme les parfaits menteurs qui, après avoir
« trois ou quatre fois avancé un mensonge, se le persuadent à eux-mesmes
« comme une vérité. Il s'est dit tant de fois à luy-mesme qu'il estoit l'inven-
« teur de ce grand ouvrage, 8t la complaisance que j'ay eue pour luy, de le luy
« laisser dire mesme en ma présence, a esté si grande qu'à la fin il a cru qu'il
« en estoit le véritable auteur. Et sur la grandeur de cet ouvrage il a fondé
« la grandeur du service qu'il rendoit à l'État & la grandeur de sa fortune'. »
Quoi qu'il en soit de ce mystère originel, qui demeurera probablement à
jamais impénétrable &: dont les revendications du général Andréossy en faveur
de son aïeul n'ont pas réussi à dissiper l'obscurité^, c'est de Riquet seul que
les premières communications du « grand dessein n arrivèrent à Colbert, 8c
c'est avec lui que le ministre ne cessa de correspondre jusqu'à la complète
exécution du travail.
Colbert avait goûté le Mémoire, 8c l'étudiant avec la précision 8c la lucidité
ordinaire de son esprit, qui excellait à discerner les choses possibles sans se
laisser effrayer des obstacles, il fit connaître l'idée au roi.
Un arrêt du conseil du 18 janvier i663 renvoya l'affaire aux commissaires
du gouvernement près les États de Languedoc, les chargeant de s'entendre
' Pierre CUinent, Lettres, instructions & mimoi- Ferr^ol & de Lampy, écluses, aqueducs, déversoirs,
res de Colbert. - épanchoirs, pontons), d'une « carte pour le canal
' Le général d'artillerie Andréossy, membre de de communication des mers Océane & Méditerranée,
l'Institut d'Egypte, a publié en 1804 une Histoire dressée en 1664 & donnant la direction des ca-
iu Canal du Midi (Paris, Crapelet, 2 vol. in-4''), naux de dérivation depuis la montagne Noire jus-
où il réclame, pour l'ingénieur François An- qu'au point de partage, la position de ce point,
dréossy, son ascendant, en s'appuyant sur l'auto- son élévation au-dessus des deux mers, le nombre,
rué de manuscrits de famille, l'honneur d'avoir l'emplacement des écluses & les longueurs des re-
conçu la première idée du canal de navigation tenues. » Dans ce projet, le canal suit le vallon
alimenté par les eaux de la montagne Noire. Son du Fresquel, ainsi que l'avait indiqué Bachelier
ouviage est accompagné, outre les plans des divers en liSp, au lieu de passer par le vallon du Tré-
travdux d'art (profils du canal, réservoirs de Saint- boul, définitivement adopté dans la construction.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 459
avec les délégués élus par cette assemblée, de faire choix d'experts 8c de tra-
vailler à la vérification des lieux.
Encouragé par ses premiers rapports avec le ministre, exhorté par lui à
serrer la question de plus près St à présenter un plan moins sommaire, Riquet
se mit à l'œuvre à la fin du mois d'avril i663, recueillit les éléments d'un
projet détaillé où se trouvaient indiqués les passages, les distances, le nombre
des plans d'eau à obtenir par le moyen des écluses, la nature du sol, les
moulins échelonnés sur la route'.
Dès les premiers jours d'octobre, en le félicitant « d'avoir encore mieux
« réussi qu'il ne se l'étoit promis » 81 considérant désormais comme démontrée
la possibilité de l'entreprise, Colbert invitait Riquet à se concerter avec les
intendants pour un projet d'affiche d'adjudication^.
Le 4 octobre 1664, les Etats, présidés par M. de Bourlemont, nommèrent
les délégués qui devaient, avec les commissaires du roi, vérifier le projet de
canal pour la jonction des mers. Cette commission fut très-nombreuse : elle
comprenait cinq évêques ou vicaires généraux 8c cinq barons ou envoyés, plus
les syndics généraux de la Province 8c les secrétaires des États 3.
Riquet se rendit à Paris, fut présenté à Colbert par l'archevêque de Tou-
louse 8c rentra en Languedoc plein de confiance. Au commencement d'avril,
ses agents allèrent jalonner le canal de dérivation depuis Durfort jusqu'à
Naurouse. Lui-même, arrivé à Toulouse avant la commission, perfectionnait
son projet de concert avec un homme expérimenté en ces matières, Hector de
Boutheroue, sieur de Bourneuf, l'un des intéressés du canal de Briare.
L'assemblée provinciale, toujours alarmée du projet de canaliser les marais
d'Aigues-mortes, était loin d'éprouver pour la nouvelle entreprise les senti-
ments de Colbert; elle affectait de n'y voir qu'une spéculation particulière,
onéreuse à la Province, 8c il n'est point douteux que sans la pression de l'ar-
chevêque de Toulouse, fidèle interprète du ministre, 8c la vigilance des inten-
dants, l'affaire n'eût pas mieux réussi que la ligne de Beaucaire aux étangs.
Les commissaires des Etats se réunirent avec ceux du gouvernement chez
le prince de Conti, 8c prirent rendez-vous à Toulouse pour le 1" octobre. Ils
décidèrent, en outre, que des avis d'adjudication du travail seraient publiés
dans tout le royaume 8c dans les pays étrangers, avec invitation aux soumis-
sionnaires de se rendre à Toulouse pour y faire leurs offres. Quelque temps
' Lettre Au 29 mai i663, k M. d'Anglure de les évêques de Montaub.in, de Mende & de Saint-
Bourlemont. Riquet dit aToir « passé partout avec Papoul; MM. de Chambonns & d'Agrain, vicaire»
le compas, le niveau & la mesure » & promet " un généraux de Viviers & du Puy; les barons de Cas-
calcul de ce que ce travail pourra coûter', u tries, de Lanta & de Canges; M. de Brestols,
' Lettre du 9 octobre i663. Lettres^ instructiont envoyé de Polignac; de Canes, envoyé de Coufibu-
£• mcmo/rej </£• Co.'ierr. On trouvera le texte de cette lens; les députés municipaux de Toulouse, Car-
première affiche d'adjudication, datée du 5 février cassonne, Narbonne, le Puyj les syndics du Vivn-
1664, la veille de la clôture des États, dans nos rais, des diocèses de Toulouse, de Saint-Pons & de
Pièces justificatives, n. CCCXXXVIII, col. 83o. Saint-Papoul'.
' Voici la liste complète de ces commissaires :
' Procès-verbal des Etat» de Languedoc. Sc'ance du 4 fé-
' Hitloire du canal de Languedoc, p. 19. vrier 1664.
1666
1666
460 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
plus tard, le prince rassembla chez lui, par ordre du roi, tous les commis-
saires qui se trouvaient alors à Paris, & résolut avec eux de retarder la date
de la vérification des lieux au 4 novembre. On fit placarder aux portes des
églises & aux carrefours de Paris la nouvelle ordonnance & l'appel « aux
« ouvriers capables » qui voudraient se mettre sur les rangs '.
La commission commença ses opérations à Toulouse. Sur les réquisitions
du syndic général Boyer, elle s'adjoignit dix experts, dont un intéressé du
canal de Briare, un directeur des gabelles, l'ingénieur Andréossy, qui avait
précédemment visité les canaux de la Brenta, de l'Adda Si du Tessin, S<. ie
géographe Cavalier, auteur d'une carte de la Province exécutée aux trais
des États*.
Tout le monde se rendit, sous la conduite de Riquet, au point où son
projet plaçait l'embouchure du canal dans la Garonne. Ce point fut fixé à
cent toises (ig5 mètres), en aval de l'île du Bazacle. C'est là que les premiers
jalons furent plantés à travers la plaine, en allant rejoindre la vallée de
l'Hers. La pensée de rendre cette rivière navigable étant écartée, l'on suivit
les larges prairies qu'elle arrose, puis on remonta les pentes du Lauragais
jusqu'à Naurouse. Avant de s'engager sur le versant méditerranéen, la compa-
gnie jugea utile de se transporter dans la montagne Noire, d'où Riquet avait
annoncé qu'il tirerait toute l'eau nécessaire pour le canal. Cette visite dura
cinq jours. On aborda la montagne par Revel & le vallon du Sor, poussant
la reconnaissance jusqu'à Durfort & au moulin du Purgatoire. A Durfort,
où la rivière tombe entre deux montagnes très-élevées, les consuls, les princi-
paux habitants & le seigneur appelés en témoignage déclarèrent que pendant
les mois d'août, septembre Se octobre, époque des plus basses eaux, le débit
du Sor ne diminuait jamais de plus d'un tiers; la commission s'assura ensuite
des niveaux jusqu'à l'arête de partage, & reconnut que, malgré les sinuosités
du terrain, la pente permettrait de conduire les eaux jusqu'à Naurouse.
Comme le projet de Riquet utilisait aussi, pour grossir le contingent du
Sor, les eaux du Rieutort, du Lampy, du Lampillon, de la Bernassonne 8c
de l'Alzau, les experts parcoururent ces divers vallons Se se convainquirent de
la possibilité de faire, en effet, converger les cinq affluents.
La suite de la vérification, qui dura jusqu'à la fin du mois de décembre,
fut entièrement favorable à l'entreprise.
Dans le cours de cette enquête, diverses questions accessoires furent agitées
qui font bien voir comme les idées de progrès s'enchaînent : c'est ainsi qu'au
début même de l'opération, en signalant l'insuffisance de la haute Garonne
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance sieur de Guitaud, maréchal de camp des armées
du 22 janvier i665. du roi, lieutenant de Sa Majesté à Aigues-mortes;
'Voici la liste complète des experts nommés — Jean d'Avessens, sieur de Tarabel ; — François
par la commission : Hector de Boutheroue, sieur Andréossy, Pélafique, Jean Cavalier, ingénieur
de Bourneuf, actionnaire du canal de Briare & du géographe du roi & contrôleur des fortifications
canal de la Loire à la Seine; — Etienne Jacqui- en Languedoc, Bressieux, géomètre'.
not, sieur de Vaurose, directeur général des gn- n- .-i ■ r ,. • . .■ i- ■ ■ j
. , ° ° ' Pierre Clément, Lettres, tnstructtons S mémoires de
belles de Provence & Dauphiné; — Marc de Noé, Colbert, IV, p. 3o6.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 461
comme voie navigable, à cause des bas- fonds qui la rendent périlleuse, on
indiqua nettement la pensée d'ouvrir un canal latéral depuis Ondes, confluent
de l'Hers, jusqu'à la pointe de Moissac, afin de permettre aux embarcations
arrivant de la Méditerranée par Naurouse Si le vallon de l'Hers d'atteindre un
point où les eaux du fleuve tussent assez fortes pour les porter en toute saison.
De son côté, M. de Bezons fit ressortir l'avantage que l'on aurait à créer
une voie d'eau pour amener en Languedoc les marchandises venant du Lyon-
nais par le Rhône sans les exposer aux périls du golfe Si montra que si l'on
réussissait à conduire cette voie par l'étang de Thau, les bassins de l'Hérault
Si de l'Orb jusqu'au grand canal de Languedoc, « on pourroit aller de Bour-
" g^g"^ ^ Bordeaux par lesdits fleuves Si canaux sans aucun risque, Si ce
« seroit un ouvrage autant utile qu'admirable. »
Il est difficile de ne pas songer, au sujet de cette grande conception dont
l'ensemble ne devait être réalisé que de notre temps, combien les vues du
pouvoir central étaient alors supérieures à celles des administrateurs provin-
ciaux. Colbert avait réussi à développer dans son entourage Si dans ses agents
directs une véritable ferveur de progrès économique Si cette passion des belles
œuvres qui rend le souvenir des gouvernements durable. La petite oligarchie
des États répondait à ces espérances d'un caractère vraiment national par une
incrédulité intéressée, par des préoccupations de mercuriales fort peu intelli-
gentes, puisque les mêmes voies qui taisaient redouter l'importation des grains
étrangers assuraient aussi l'exportation des excédants de récoltes.
Mais il est vrai d'ajouter que l'autorité royale, quand elle rencontrait ces
résistances mesquines, recueillait ce qu'elle avait semé. Son intervention n'était
pas innocente de la prédominance des intérêts particuliers dans des assemblées
d'où toute représentation sincère avait fini par être bannie. On s'était uni-
quement inquiété d'avoir des députés dociles, sans les chercher ni intelligents
ni instruits. Les personnages importants abusaient de cette docilité à leur
prr^t, 81 l'habitude de suivre aveuglément les ordres de quelques puissants
patrons entraînait la clientèle à ces votes contre nature, dont les partisans de
rautorité absolue ont trop abusé, puisqu'ils sont la conséquence non pas d'une
délibération libre, mais de l'absence même Si de l'inexpérience de la liberté.
« Maintenant, dit le comte du Roure en ouvrant les États à Béziers le
« 4 décembre 1664, le roy ne s'applique pas seulement à rétablir le commerce
« que nos désordres avoient détruit; il veut encore l'augmenter 81 enrichir
« particulièrement cette Province par la jonction des deux mers, à quoy votre
Cl illustre président Si les autres Messieurs vos commissaires viennent si utile-
« ment de s'employer'. »
L'archevêque de Toulouse, Charles d'Anglure de Bourlemont, toujours
président des États par suite de la disgrâce de Fouquet, dans sa réponse aux
commissaires du roi, s'étendit longuement sur la grande entreprise.
Après avoir rappelé les soins que le ministère se donnait pour développer
' Procès-verbal des Etats dt Languedoc. Séance du 4 dicembrc 1664.
1666
i666
463 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
le commerce extérieur 8c mentionné l'établissement de deux compagnies pour
le commerce des Indes orientales & des Indes occidentales, il ajouta :
« Sa bonté pour nous ne se borne pas dans le bienfait général; elle a conçu
« un dessein, le plus grand 8(. le plus glorieux, mais aussi le plus utile pour
« cette Province que jamais monarque eût eu dans l'âme; il veut, par la
« jonction de l'Océan à la Méditerranée, transporter dans le Languedoc ces
(( fameuses colonnes d'Hercule plus connues par le débris & le naufrage d'une
« infinité de vaisseaux & par les pirateries des corsaires de Tunis 81 d'Alger
« que par les écrits des poëtes & des historiens; Sa Majesté veut enrichir les
(c marchands en- abrégeant le cours de la navigation de près de deux mille
« lieues, en les garantissant également des dangers ordinaires de la mer dans
« un si grand trajet, comme des embûches des corsaires. »
Le i5 décembre, les commissaires du gouvernement étant rentrés aux États
pour leur demander un don gratuit de deux millions quatre cent mille livres,
M. de Bezons appuya avec une particulière insistance sur le projet de canal.
Comme il venait de faire appel aux souscriptions individuelles des membres
de l'assemblée pour les deux compagnies des Indes, faisant ressortir avec
beaucoup d'habileté, devant les évêques de Languedoc, l'avantage que la foi
catholique allait recueillir de l'extension de la France coloniale, il indiqua
le canal de Languedoc comme un moyen recherché par le roi pour faire par-
ticiper les villes de l'intérieur à la prospérité des ports maritimes.
« C'est ici, dit-il, où paroit admirable le désir de notre monarque pour
« l'avantage Si la gloire de cette Province, lorsqu'il songe à communiquer les
« deux mers par un canal navigable en toutes les saisons. Ce dessein, qui a
« donné de l'étonnement à toute l'antiquité, se trouve facile d'exécuter, 8c il y
« a lieu d'espérer que Sa Majesté sera satisfaite de l'application avec laquelle
« on en a connu la possibilité. Ainsi toutes les grandes villes de cette Pro-
« vince se trouvant sur le rivage ou proche de ce canal profiteront aussi avan-
« tageusement de ce commerce comme si elles étoient des villes maritimes,
<( semblables à la composition du corps humain dont la philosophie nous
« apprend que la beauté ne consiste pas dans la simple conformation des
« parties, mais dans la circulation du sang qui par ce mouvement perpétuel
« communique 6c porte les esprits dans toutes les parties Se fait qu'elles tirent
« un mutuel secours les unes des autres'. »
En lui répliquant &c en exposant, suivant l'usage, la pauvreté de la Pro-
vince, l'archevêque de Toulouse releva son tableau d'un trait qui rendait
saisissante l'utilité du projet royal. « Les denrées que la dernière récolte nous
« a données, dit-il, pourrissent 8c se gâtent, faute de débit, sans pouvoir faire
« d'argent. «
Lorsque M. de Bezons, à la fin de la session, partit pour la Cour, il
emporta, outre l'avis des commissaires, le plan 8c le devis de l'œuvre. La pos-
sibilité du succès était reconnue; on n'avait plus d'incertitude sur l'alimenta-
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du i5 décembre K564.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 463
tion du bief supérieur; la commission s'était écartée du projet de Riquet, en
refusant de canaliser l'Hers & l'Aude, à cause de la sinuosité ou de l'inégalité
ie fonds de ces rivières, mais le point capital demeurait incontesté. Le relevé
ittentif des niveaux sur tout le parcours ne laissait aucune place au doute;
;e n'est donc point pour se donner une démonstration rendue inutile par la
vérification des experts, mais plutôt pour réduire au silence les incrédulités
locales St fonder le renom populaire de l'œuvre, que l'on décida, sur l'avis des
:ommissaires, d'établir un canal d'essai pour amener l'eau du Sor au point de
partage Se la faire descendre de là jusqu'à Toulouse 8t à Carcassonne.
La rigole fut creusée & réussit, comme on en devait être assuré d'avance.
Commencée au mois de mai i665, elle fut terminée en octobre; Bezons 8t
Tubeuf allèrent en personne en constater la perfection.
Le gouvernement comptait sans doute sur cette preuve matérielle 84 mani-
feste pour vaincre le mauvais vouloir des États. M. de Bezons, en réclamant
le concours financier de la Province, invoqua habilement la démonstration
empirique qui venait d'être faite :
« L'on a discuté, dit-il, la possibilité de la jonction des mers. Cette pensée
a hardie, qui a été l'objet des souhaits de quantité de princes depuis plusieurs
« siècles, se trouve une chose facile dans l'exécution. Il a déjà été dépensé
« cent mille livres pour en faire l'essai, èi. convaincre, par une expérience sen-
« sible, de la possibilité de l'ouvrage que nous avions déjà reconnu faisable. »
L'intendant ajouta que le canal de Languedoc allait avoir un complé-
ment indispensable. Le cap de Cette fournissait un lieu avantageux pour la
sûreté des vaisseaux; ce port n'étant séparé des étangs que par une langue de
terre Se n'étant communicable que par un canal pour les barques, la Province
en devait recueillir tous les avantages sans en redouter les inconvénients.
Ces efforts d'éloquence furent inutiles. Sans compter l'antipathie natu-
relle qvi'une entreprise formée par un traitant inspirait aux membres des
États de Languedoc, le haut personnel épiscopal était beaucoup plus préoc-
cupé de la question religieuse que de la prospérité commerciale du pays. On
avait entendu l'évêque de Viviers, à l'ouverture de la session, célébrer avec
un enthousiasme presque lyrique l'arrêt qu'il avait « plu au conseil de
« rendre, sur les avis des États, enjoignant aux protestans de Privas de
« vider incessamment la ville. » Et il avait ajouté, en se réjouissant de cette
épuration de son diocèse : « Maintenant le corps de ce monstre n'aura plus
« que de foibles mouvements, puisque la tête en est écrasée; 8c. si les armes
M de Louis le Juste avoient abattu ses forces en rasant les murailles de cette
« ville opiniâtre, la justice de Louis Dieudonné lui a arraché le cœur en
« chassant ceux qui s'y étoient établis'. »
Encouragé par ce succès, on s'inquiétait avec infiniment plus d'ardeur,
dans les hauts bancs des États, d'obtenir un nouvel arrêt du conseil frappant
de peines sévères les conversions de catholiques au protestantisme, dont le
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du 28 novembre i665.
i666
i666
464
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
nombre croissait de jour en jour, 8c, pour y arriver, on cherchait à suscitai
dans toute la Province un mouvement général de supplications au roi, sous
l'impulsion des syndics généraux'.
Les passions religieuses avaient déjà paralysé par deux fois les projets
féconds de François I" & d'Henri IV pour la canalisation du Languedoc.
Peu s'en fallut qu'elles ne produisissent les mêmes résultats sous Louis XIV;
& il est certain que, sans la vigueur Se la ténacité de Colbert, l'entreprise de
Riquet n'eût pas eu meilleure fin que celles de Bradiey, de Brun 8t de
Paulet.
L'article de la délibération des Etats, relatif aux propositions pressantes des
commissaires royaux, mérite d'être textuellement rapporté :
« Les États, répondant aux demandes qui leur ont été faites de la part du
« roy par messieurs ses commissaires d'un don gratuit pour la présente année
« 1666 & de contribuer aux ouvrages que Sa Majesté a résolu de faire tant
« d'un port au cap de Cette que d'un canal de communication des deux
» mers, & considérant que les ouvrages proposés par mesdits sieurs les com-
(i missaires sont des ouvrages royaux, même que le roy Henry le Grand
« l'avoit ainsi jugé pour le port du cap de Cette en l'année 1602, pour la
<( construction duquel Sa Majesté n'avoit demandé que la somme de trente
« mille livres une fois payée que la Province n'avoit pas cru devoir accorder,
« ont délibéré qu'ils ne peuvent contribuer de présent ni à l'avenir à la
« dépense desdits ouvrages*. »
Cependant le ministre ne doutait plus de la réussite & ne cessait d'encou-
rager Riquet, l'assurant de la protection du roi pour faciliter l'entreprise.
t( Vous n'avez, lui disait-il, qu'à bien faire & à vous reposer du reste sur
« votre très-aftectionné serviteur^. »
Quelques jours après, il lui donnait la certitude que le roi était résolu à
■ Le II février i665, les Estais, « voyant avec
douleur le désordre commis par ceux de la R. P. R.
lesquels, par argent, sous promesse de mariage ou
autres choses illicites, séduisent les pauvres catho-
liques ignorants & les obligent d'abjurer scanda-
leusement leur religion pour embrasser la pré-
tendue réformée », avaient donné mandat à leurs
députés en cour de solliciter un arrêt défendant
aux catholiques d'abjurer leur religion, &, pour
l'obtenir avec plus de facilité, d'intéresser à leurs
démarches l'Assemblée générale du clergé de France
convoquée pour le mois de mars suivant. Afin de
« faire mieux voir à Sa Majesté que tous les ca-
tholiques de la Province souhaitaient avec passion
que la faculté de se faire de la R. P. R., soufferte
par abus & contre les édits, fût retranchée, a on
prescrivit aux syndics généraux, chacun dans son
département, de faire prendre dans toutes les
assemblées d'assiettes diocésaines des délibérations
conformes. Cet ordre fut exécuté partout, mais la
manifestation ne paraissant pas assez imposante,
on décida, le 3o décembre i665, qu'il était néces-
saire de faire ratifier la même délibération par
toutes les communes de Languedoc, « pour con-
sommer la preuve du désir commun que tous les
catholiques avaient de voir supprimer cette fausse
liberté, contraire au droit divin & humain, ne se
pouvant tolérer que les catholiques se pervertis-
sent sans châtiment. » Tous les catholiques de l'un
& de l'autre sexe furent donc invités à faire, par
acte public, dans des assemblées ordonnées par
les évêques, une renonciation expresse à la pré-
tendue & fausse liberté de changer de religion, se
soumettant d'avance à toutes les peines qu'il plai-
rait au roi de leur infliger '.
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance
du 26 février 1666.
' Lettre de Colbert à Riquet du 17 juillet |665.
Archives du canal du Midi.
' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance du 3o H
cembre i6(J5.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 460
faire exécuter la jonction des mers 8c qu'il n'aurait pas d'autre entrepreneur
que Riquet '.
« Vous trouverez en la personne du roi toute sorte de protection, non-
« seulement pour la suite de ce grand ouvrage, mais même pour vos affaires
« particulières^. »
Ce n'étaient point de vaines promesses. Le 5 octobre 1666, au château de
Vincennes, le chevalier de Clerville, directeur des fortifications, signait un
devis des travaux du canal de Languedoc, prescrivant de travailler avant
toute chose à la rigole de dérivation Si aux réservoirs, puis à la ligne navi-
gable de Toulouse à Trèbes, & enfin de Trèbes à Narbonne^.
La publication de l'édit royal pour la jonction des mers suivit de près'*.
Le canal à construire était érigé en fief relevant immédiatement de la cou-
ronne, sous l'obligation de foi &c hommage & la redevance d'un louis d'or à
chaque mutation, payable entre les mains du trésorier domanial en la séné-
chaussée de Carcassonne; à ce fief étaient attachés les droits de haute,
moyenne 8c basse justice sur le lit 8c les berges du canal, les chaussées, les
écluses, réservoirs, bâtiments 8c dépendances, avec faculté d'élever un châ-
teau seigneurial avec tours 8c créneaux, des moulins en nombre suffisant 8c
tous les bâtiments d'exploitation nécessaires.
Le 14 octobre 1666, Pierre-Paul Riquet, sieur de Bonrepos, fut déclaré
adjudicataire de l'entreprise, ayant consenti à l'exécuter à forfait, dans
l'espace de huit années, à dater du i" janvier 1667, pour la somme de trois
millions six cent trente mille livres, que le roi devait lui faire verser en huit
payements annuels égaux^.
Des lettres patentes furent données, le 18 novembre, sur le bail d'adjudi-
cation dont elles ratifiaient les termes<5. Une clause spéciale accordait à
l'entrepreneur, à sa femme, 8c à leurs enfants nés ou à naître, la réhabilita-
tion de noblesse, pour jouir du privilège à perpétuité, sans pouvoir être
réputés nouveaux nobles. Cette forme d'anoblissement était connue dans les
pratiques de la chancellerie; on l'accordait aux personnages très-favori ses
qui voulaient laisser croire à une ancienne illustration de leur famille, 6c à
des actes de dérogeance plus ou moins prouvés. Ce n'était pas simplement une
satisfaction d'amour-propre, mais un dégrèvement des taxes assez lourdes qui
frappaient les anoblis quand il plaisait au roi d'ordonner un nouveau droit
de confirmation.
Dès ce moment, Riquet put considérer la grandeur de son entreprise 8c
celle de son œuvre comme assurées; il avait acquis, par des enchères dis-
tinctes, au prix de deux cent mille livres, la seigneurie du canal 8c les droits
de péage; il se mit à l'œuvre, 8c au mois de janvier 1667, deux mille
ouvriers se trouvaient déjà sur le terrain.
• Lettre du 14 août i665. * Piècet juitificaùves, n. CCCXLVII, col. 921.
* Lettre du 16 septembre i6â5. ' Nous publions le bail d'adjudication du canal
' On trou»era le texte de ce devis dans nos aux Pièces justificatives, n. CCCXLIX, col. 946.
Pièces justificatives , n. CCCXLVUI, col. 932. ' Pièces justificatives, n, CCCL, col. çSo.
xin. 3o
1666
i6G6
466 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
De tous les éléments de la richesse nationale que l'administration de
Louis XIV cherchait à vivifier pour en faire sortir de nouvelles ressources 8c
subvenir aux charges croissantes de l'Etat, il n'en était pas de plus compromis
que les forêts du domaine royal. Ces précieuses propriétés de la couronne
avaient particulièrement souffert des guerres civiles Se du désordre intérieur
occasionné par les dernières divisions de la monarchie. Outre les actes d'hos-
tilité qui en détruisireîit un grand nombre, l'exagération des droits d'usage,
les usurpations des corporations religievises, des seigneurs 6t des communes,
favorisées par la tolérance ou par la complicité des agents royaux, l'insuffi-
sance ou l'improbité du personnel forestier, qui, n'étant soumis à aucun
contrôle sérieux, semblait ne voir dans ses fonctions qu'un moyen de s'enri-
chir aux dépens du Trésor en traitant le bien de l'Etat comme le sien propre,
avaient presque absolument ruiné ces nobles & magnifiques futaies françaises
qui faisaient l'orgueil 8c la décoration du pays.
La province de Languedoc, comprise dans le ressort de la grande maî-
trise de Toulouse, avait trop directement participé à toutes les agitations du
royaume depuis les grandes luttes religieuses pour que ses bois n'en fussent
pas appauvris 8t en partie dévastés.
Dès l'année i665, MM. de Bezons 8c de Tubeuf, commissaires départis pour
l'exécution des ordres du roi en Languedoc, reçurent le mandat spécial de
préparer une réforme d'ensemble du régime forestier '. Cette inspection devait
se faire en dehors de la hiérarchie régulière, puisqu'un de ses principaux
objets était de réprimer les malversations des officiers du domaine. Aussi les
commissaires du roi étaient-ils autorisés, par le texte même de leurs pouvoirs,
à se donner des subdélégués de leur choix pour l'instruction des affaires 8c à
désigner les arpenteurs pour travailler sous leurs ordres. Ils devaient se faire
représenter les titres originaux de toutes les personnes jouissant de droits
d'usage, régler les coupes de bois, juger les procès pendants entre les adju-
dicataires des ventes 8c les officiers de la maîtrise, réprimer toutes les usurpa-
tions 8c mettre fin aux déprédations des agents du domaine, qui tantôt s'étaient
arrogé des droits illicites sur les forêts de la couronne, tantôt avaient aliéné
sans autorisation 8c sous le titre menteur de terres vagues 8c vaines des pâtu-
rages excellents ou des champs de labour d'un grand revenu.
L'information de toutes ces fraudes était recommandée soigneusement à
MM. de Bezons 8c de Tubeuf. On leur confiait aussi le soin de juger sou-
verainement les différends 8c procès intentés contre les seigneurs 8c gen-
tilshommes par leurs vassaux pour cause d'usurpation d'usages, 8c pour l'éta-
blissement de garennes non autorisées, dont les lapins ravageaient les cultures
avoisinantes.
Quant aux agents de la réformation, ils pouvaient être attaqués seulement
devant le grand conseil du roi ou devant les requêtes de l'hôtel, à leur choix,
' Commission datée de Saint-Germain en Laye le 2 juin i665. Bibliothèque de ToulouK. Manuscrits
de Froiiour, cjiiatrième recueil.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 467
une disposition spéciale interdisant à toute autorité judiciaire, de quelque
ordre & de quelque dignité qu'elle pût être, d'intervenir dans les questions
de forêts.
Afin de hâter les bons résultats que l'on attendait de la réformation, un
arrêt du conseil du 12 août de la même année chargea les deux commissaires
départis de suspendre les ventes ordinaires de l'année, 8c de les remplacer par
un abatage général des bois abroutis & des futaies sur le retour qui dépéris-
saient journellement & menaçaient de pourrir sur pied,
La tâche confiée à MM. de Bezons Si de Tubeuf était longue 81 laborieuse;
les autres emplois qu'ils remplissaient dans la Province ne leur permettant
pas d'y suffire, en même temps qu'ils recevaient du roi l'ordre de prerfdre la
direction des travaux, une commission particulière était expédiée de Saint-
Germain à Louis de Froidour, seigneur de Serizy, lieutenant général civil 8c
criminel au bailliage de Marie 8c la Fère.
Ce personnage, qui devait séjourner longtemps en Languedoc 8c y jouer
un rôle considérable, était un Picard fort intelligent, très-actif &c habile
observateur, qui avait fait ses preuves comme forestier dans la réformation
générale des bois de l'Ile-de-France, de la Brie, du Perche, de la Picardie 8c
des territoires désignés à cette époque sous le nom de pays reconquis.
On lui donna le pouvoir d'instruire 8c de juger les instances, soit avec les
commissaires départis, soit isolément, en se faisant assister par le nombre de
gradués prescrit dans les ordonnances.
Un autre Picard, Julien de Héricourt, conseiller au présidial de Soissons,
fut attaché à la mission de son compatriote en qualité de procureur du roi, 8c
une ordonnance du même jour nomma Valentin Prioux greffier de la réfor-
mation.
Comme l'arrondissement forestier de la grande maîtrise de Toulouse dépas-
sait de beaucoup, du côté de l'ouest 8c du sud, les limites de la province de
Languedoc, M. Pellot, intendant de Guienne, eut l'ordre de remplir les fonc-
tions de MM. de Bezons 8c de Tubeuf dans les territoires qui dépendaient,
au point de vue administratif 8c financier, des généralités de Bordeaux 8c de
Montauban '.
Les commissaires parcoururent à cheval, avec une petite escorte qui se ren-
forçait dans les passages dangereux, tous les pays forestiers de leur ressort,
tenant leurs assises dans les principaux centres de population, vérifiant l'état
des lieux, faisant comparaître à leur barre les propriétaires riverains, les con-
suls, les agents intérieurs du domaine, exigeant présentation des titres 6c
rendant, sur les questions de propriété, de bornage 8c d'usages communaux,
des jugements souverains qui font encore autorité dans la matière.
Des procès-verbaux descriptifs très-étendus furent rédigés k cette occasion,
suivant pas à pas la commission royale dans son laborieux itinéraire; ils for-
ment une portion considérable des archives de la grande maîtrise des eaux 8c
' Commifsion dat^e de Versailles le 8 arril 1666.
1666
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468 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
forêts conservées aujourd'hui dans le palais de justice de Toulouse avec les
registres du Parlement, & sont une source d'informations des plus curieuses
sur l'état territorial de la Province vers le milieu du dix-septième siècle.
Le pays d'Angles, situé dans la région la plus élevée de la montagne Noire,
présenta au commissaire enquêteur un spectacle décourageant. Les usurpations
commises par les habitants étaient si considérables, que de plusieurs grandes
forêts étalées sur les plateaux, il restait seulement de misérables broussailles
8c des buissons rabougris. Les droits d'usage prétendus par diverses communes
riveraines & par nombre de particuliers avaient servi de prétexte k une dévas-
tation générale. L'impunité assurée à ceux qui s'emparaient des portions de
bois ftlacées à leur convenance était si grande que non contentes de ruiner
entièrement les futaies, les populations voisines s'y taillaient de véritables
domaines & en défrichaient le sol. Le Parlement de Toulouse favorisait
même ces entreprises, en maintenant aux colons aventureux la possession des
terres qu'ils avaient mises en culture & en cassant les procédures des officiers
des eaux & forêts. Pour arrêter les effets de cette jurisprudence désastreuse,
Colbert fit évoquer au conseil du roi les procédures de la réformation en pre-
nant le soin d'avertir les communes 8t les propriétaires du pays qu'ils devaient
s'attendre à payer au trésor des sommes considérables, si l'on réglait la puni-
tion sur le pied du délit avec la sévérité des ordonnances'.
Du reste, la répression'des coupables fut poursuivie sur tous les points avec
une inflexible rigueur. Les attentats de la comtesse de Bioule sur la forêt de
la Grésigne & autres bois voisins lui ayant attiré deux condamnations de
trois mille livres d'amende chacune*, cette dame, hautement apparentée, eut
assez de crédit pour surprendre un arrêt de cassation ^5 mais l'inadvertance
fut signalée au conseil d'État, Si une nouvelle décision confirma la sentence
des premiers juges, en ordonnant de saisir les biens de la comtesse jusques à
complet payement des six mille livres"*.
L'affaire ne se termina qu'au mois de décembre 167 1. La commune d'An-
gles, qui produisit des titres anciens & particulièrement une ordonnance de
Guillaume de Fontaines, réformateur des eaux 8c forêts de Languedoc datée
du 7 novembre 1341 Se portant règlement des droits d'usage, fut condamnée
à verser à titre de restitution, dans le délai de trois mois, la somme de six
mille livres aux mains de maître Etienne Jehannot, sieur de Partillac. On
laissa aux habitants la faculté de prendre du bois de chauffage & de con-
duire leurs porcs à la glandée, en se conformant aux ordonnances de canton-
nement Se de coupes réglées & à la charge expresse de faire receper tous les
bois royaux de leur territoire dont l'état de dépérissement exigeait cette pré-
caution, de comprendre dans le nouveau bornage tous les défrichements, d'en
faire labourer annuellement, à leurs frais, une contenance d'au moins vingt-
' Arrêt du conseil d'Etat, donné à Paris It 9 ' Arrêt du conseil d'État du z6 août 1669.
octobre 1669. * Arrêt du conseil d'Etat donné à Saint-Germain
' Ordonnances des commissaires réformateurs en Laye le 6 janvier 1670.
du z8 mars 1667.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 469
cinq arpents pour les replanter ou semer en l'essence la plus convenable
d'après le jugement du grand maître 6c enfin de payer, de moitié avec le roi,
le traitement de trois gardes forestiers.
Depuis les grands efforts d'administration unitaire tentés par les rois de
France à dater des règnes de saint Louis & de Philippe le Bel, il avait été
fait bien des règlements 8c ordonné bien des réformations en vue de con-
. server les richesses forestières; mais que d'ordonnances pompeusement édictées
n'avaient laissé de traces que dans les archives des juridictions! Que d'offices
honorifiques ou lucratifs, seulement utiles à ceux qui en étaient pourvus 8c
qui ne connaissaient le plus souvent ni les limites de leur territoire ni celles
de leur autorité!
Au moment où l'activité de Colbert voulut introduire dans le régime des
eaux Se forêts l'esprit d'économie 8c de direction qu'il appliquait à toutes les
forces productives du royaume, il n'était rien de plus confus 8c de plus sujet
à contestation que le ressort 8c les attributions des maîtrises forestières de
Languedoc.
Ces maîtrises, au nombre de cinq, dépassaient de beaucoup, par l'étendue
de leur ensemble, les frontières de la Province Se comprenaient tout le pays
situé entre le Rhône 8c le bassin de l'Adour dont elles envahissaient même
quelques affluents supérieurs. Elles étaient d'ailleurs très-inégales d'âge Se de
superficie, ayant été créées pour ainsi dire au jour le jour, à mesure que la
géographie politique se modifiait 8c que la naissance de nouveaux fiets ou
la constitution d'apanages opéraient le démembrement des anciennes unités
administratives.
Il avait existé dans le cours du moyen âge une maîtrise générale des eau:?
8c forêts de toute la Province de Languedoc; mais cette dignité, dont nous
connaissons seulement quelques titulaires, n'existait plus depuis longtemps;
8c si les officiers de la maîtrise de Toulouse prétendaient avoir hérité des
anciens grands maîtres provinciaux 8c réclamaient à ce titre, comme étant de
leur ressort, l'entière sénéchaussée de Carcassonne 8c généralement tous les
pays pour lesquels il n'avait pas été créé de maîtrise particulière, cette pré-
tention paraissait exorbitante 8c ne reposait sur aucun titre précis.
Réduite à son arrondissement direct, la maîtrise de Toulouse n'embrassait
pas moins un territoire considérable. C'était l'ancienne sénéchaussée toulou-
saine moins le Lauragais, augmentée des trois sénéchaussées de Bigorre, de
Rouergue 8c de Querci. Tout le haut bassin de la Garonne lui appartenait,
avec sa riche ceinture de forêts pyrénéennes, le bassin de l'Ariége tout entier,
moins la terre privilégiée de Mirepoix, les vallées de Baréges 8c de Lavedan.
Du côté de l'est, elle atteignait les contre-forts de la montagne Noire dominés
par le château d'Hautpoul, 8c atteignait les lignes de l'Agout, tandis qu'au
nord elle poussait jusqu'à celles de la Trueyre Se de la Dordogne.
Mais cette grande autorité était purement nominale. Paisiblement installé
en son hôtel de Toulouse ou même en quelque château domanial, le maître
des eaux 8c forêts ne savait même pas les noms des bois dont son office lui
1666
i666
470 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
attribuait la surveillance. Non-seulement les officiers de la table de marbre
de Toulouse n'avaient jamais pris la peine de visiter les forêts du pays de
Foix, si nécessaires pourtant au développement de l'industrie minière, mais
ils ne s'étaient même pas préoccupés de savoir s'il en existait. Ils prétendaient
gouverner aussi la vallée supérieure de l'Aude & toutes ces grandes forêts qui
débouchent à Quillan, sans les traiter d'une façon moins sommaire, se con-
tentant d'étaler des prétentions hiérarchiques & ne faisant rien pour remplir
les obligations de leurs charges.
Ceux de la maîtrise de Montpellier, englobant la sénéchaussée de Beau-
caire & Nimes, ne connaissaient pas mieux la situation des forêts disséminées
dans les montagnes de l'Ardèche & dans les hautes vallées de la Loire, de
l'Allier & du Lot, sur lesquelles s'étendait pourtant leur juridiction.
En regard de ces deux maîtrises, si peu informées de leurs richesses Se de
leurs devoirs, 8<. incapables de déterminer d'une manière certaine les bornes
de leur circonscription, mais comprenant l'une 8t l'autre le territoire de plu-
sieurs diocèses, les maîtrises de l'Isle-Jourdain, de Lauragais & du comté de
Castres présentaient une étrange disproportion. On les avait instituées afin
que le domaine des princes gratifiés de ces apanages fût régi d'une façon
distincte 8t n'eût pas à subir l'intervention des agents royaux, 81 la routine
les maintenait, lors même que les motifs de leur création avaient disparu.
Celle de l'Isle-Jourdain, d'origine ancienne, faite exclusivement pour la
forêt de Bouconne & pour quelques bois de communautés ecclésiastiques &
séculières en très-petit nombre, comprenait seulement le comté de l'Isle Se la
vicomte de Gimoez, c'est-k-dire une très-minime portion des vallées moyennes
de la Gimone & de la Save.
Celle de Lauragais, dont le siège était fixé à Castelnaudary, était un peu
plus étendue, mais encore fort médiocre, datant de la création du présidial
dont on lui avait attribué le ressort, 81 comprenant uniquement les vallons
situés entre l'Ariége, le Grand-Hers & le Girou, avec les premières pentes du
bassin de l'Aude.
Enfin la maîtrise du comté de Castres n'avait guère qu'une existence
idéale. Elle ne possédait pour tout personnel qu'un seul officier, portant le
titre de maître particulier, n'ayant sous ses ordres ni lieutenants, ni garde
marteau, ni procureur du roi, ni greffier. On ne connaissait pas d'exemple
d'un maître des forêts du comté de Castres qui eût jamais rempli les moindres
fonctions. Son arrondissement, borné par le Tarn &. l'Agout, n'offrait d'ail-
leurs à sa surveillance que le buisson de Frégerolles, situé près d'Albi, à cinq
grandes lieues de la ville de Castres, tous les autres bois & forêts apparte-
nant à des seigneurs engagistes ou étant tenus à titre d'inféodation, & même
presque toujours usurpés par les communes.
Un ensemble de circonscriptions territoriales aussi vague 8t aussi mal
équilibré, était trop défavorable aux intérêts du domaine pour trouver grâce
devant l'esprit net & rigoureux des envoyés de Colbert.
Aussi les commissaires du roi préparèrent-ils une refonte générale des
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 471
arrondissements forestiers pour tout le ressort du Parlement de Toulouse. La
nouvelle division, établie d'après leurs procès -verbaux, devait être sanc-
tionnée par lettres patentes données à Saint-Germain en Laye, au mois de
mars 167 1.
Pour la détermination de leur tracé, les réformateurs se laissèrent guider
par des considérations topographiques, cherchant, autant que possible, à
rapprocher les agents du domaine des bois principaux ou des points d'exploi-
tation les plus importants. Ils portèrent à onze le nombre des maîtrises parti-
culières découpées dans le ressort du Parlement, tranchant de larges échan-
crures dans celles dont l'étendue contrariait le bien du service, St faisant des
annexions considérables à celles dont l'exiguité produisait, en sens contraire,
les mêmes inconvénients.
On réduisit la maîtrise de Toulouse à la portion de la viguerie située sur
la rive droite de la Garonne, aux judicatures de Villelongue, de Verdun 8t
d'Albigeois, 8<. au Querci tout entier.
Le Rouergue, le comté de Foix 81 le pays de Bigorre en furent distraits
pour constituer trois maîtrises dont les sièges furent établis à Rodez, à
Pamiers & à Tarbes.
On en détacha également, pour agrandir la maîtrise de l'Isle-Jourdain,
toute la portion gasconne de la viguerie de Toulouse Si de la judicature de
Verdun, les vicomtes de Lomagne & d'Auvillars, les comtés de Gaure 8t de
Fezensac, les vicomtes de Fezensaguet & de Bruillois, les seigneuries de Lec-
toure 81 d'Astaffort avec toute la partie septentrionale du comté de Com-
minges comprenant les châtellenies de Muret & de Samatan, 8c celle de
Saint-Julien, du côté de Gascogne.
Le démembrement de toute la région occidentale de l'ancienne grande maî-
trise de Toulouse, comprenant les hautes vallées du Gers, de la Baïse 8c de
l'Àdour servit à constituer le département de Tarbes, formé de la province de
Bigorre 8c des pays de bas Armagnac, Rivière-Basse 8c de Pardiac, contrée
riche en forêts, mais sans relations naturelles avec Saint-Gaudens Se l'Isle-
Jourdain, Se très-appauvrie par le défaut absolu de surveillance forestière 81
par le dérèglement des coupes faites sans direction ni contrôle.
L'ancienne maîtrise du comté de Comminges, qui n'avait point de siège
déterminé 8c ne représentait qu'un souvenir, fut maintenue pour toute la
région méridionale du comté comprenant le bassin supérieur de la Garonne,
avec Saint-Gaudens pour résidence.
Un département nouveau fut constitué avec le pays de Foix où l'on plaça
le siège de la maîtrise à Pamiers. Outre l'ancien comté dont i| engloba tout
le territoire à l'exception d'un quartier peu important du sud-est, rattaché
par la nature au bassin de l'Aude, la maîtrise de Pamiers embrassa les parties
des judicatures de Rieux Se de Saint-Julien situées à droite de la Garonne,
la châtellenie de Roquefixade Se une fraction de celle de Montréal, adoptant
pour limite la ligne de partage des' eaux entre le bassin de la Garonne 8c
celui de l'Aude.
16ÛÛ
i6û6
472 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'importance tout exceptionnelle des forêts situées k l'est du pays de Foix,
sur les versants qu'alimentent les affluents supérieurs de l'Aude, forêts exploi-
tées depuis longtemps & fournissant tous les bois de construction employés
dans les pays de Sault & de Fenouillèdes, le Razès, le Terménez, la plaine
de Carcassonne 8c le bas Languedoc, ainsi que la mâture des petits bâtiments
de pêche 8c de transport &c le matériel des galères royales, commandaient la
création d'une maîtrise particulière à Quillan. Dès une époque très-reculée,
les officiers chargés de la direction des forêts en Languedoc avaient établi
dans cette petite ville, assise au pied des Pyrénées 8c sur le cours même de
l'Aude, un agent du domaine destiné à percevoir quelques menus droits réglés
d'après la nature des bois exportés; mais cet agent n'avait aucun pouvoir pour
la conservation des forêts; 8c comme la présence d'un seul homme n'opposait
qu'un obstacle illusoire aux fraudes 8c aux gaspillages de l'exploitation, la
table de marbre avait institué dans le même but quelques autres préposés
sous le titre de lieutenant-visiteur, procureur du roi, garde-marteau 8c gref-
fier; toute l'autorité de ces agents se bornait à donner la permission de couper
dans les forêts 8c à marquer du marteau du roi tout le bois qui en descendait
au port de Quillan. Le receveur du domaine de Carcassonne désignait lui-
même un percepteur ou mettait la levée des droits aux enchères; mais les
conflits de juridiction qui s'étaient élevés entre divers pouvoirs, loin de sti-
muler l'activité des prétendants, n'avaient fait que les rendre plus inertes 8c
plus inutiles.
On attribua au département de Quillan la vallée supérieure de l'Aude jus-
qu'aux limites de la châtellenie de Montréal 8c tout le pays compris entre la
rive droite de l'Aude, la Méditerranée 8c la Têt, avec la terre privilégiée du
diocèse de Mirepoix (Bélesta, Sainte-Colombe, Puyvert 8c Chalabre), les
bailliages de Montaulieu Se Prades, 8c les forêts de Serrenègre 8c de Rabenty,
au consulat d'Ax, qui dépendaient du comté de Foix, mais qui ne pouvaient
être exploitées qu'en s'aidant des cours d'eau du versant méditerranéen.
L'ancienne maîtrise de Castres ne pouvait garder sa constitution dérisoire.
Elle fut agrandie de tout le pays de la montagne Noire sur ses deux versants
8c poussée jusqu'à l'Aude 8c jusqu'à la mer, embrassant la viguerie de Béziers
tout entière 8c empruntant à la jugerie de Villelongue, saillie écartée de la
sénéchaussée de Toulouse, le vallon supérieur du Thoré avec Saint-Amans,
Hautpoul, Mazamet, Aiguefonde 8c Auxillon. Mais on résolut de ne point
laisser à Castres le siège de la maîtrise, parce que cette ville se trouvait trop
éloignée des principales régions forestières, situées dans les montagnes voi-
sines du Roue^ue, où les plus graves usurpations s'étaient commises faute de
surveillance. On songea d'abord à choisir la petite ville d'Angles, du diocèse
de Saint-Pons, bâtie sur les plateaux qui séparent les bassins de l'Orb Se de
l'Agout, Se c'est là que furent centralisées les premières procédures Se installés
les subdélégués qui préparèrent l'ordonnance de réformation. Ce lieu occu-
pait une position à peu près centrale entre les deux versants sur lesquels
devait s'étendre la juridiction des agents royaux. Se l'on avait trouvé d'ailleurs.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 473
dans les registres de la table de marbre, qu'il servait autrefois de résidence à
un capitaine châtelain, pourvu de quelque autorité en matière d'eaux 8c
forêts. Pourtant, après quelques mois de séjour, les officiers de la réformation
réclamèrent énergiquement une translation du siège, fondée sur ce que la
ville d'Angles, étant exclusivement habitée par des protestants, ils ne pou-
vaient y remplir leurs devoirs de catholiques, qu'il n'y existait pas d'hôtel-
lerie ni de facilités de logement d'aucune espèce pour eux ou pour les plai-
deurs, 81 que d'ailleurs la montagne d'Angles, atteignant presque la hauteur
des Pyrénées, les neiges rendaient le pays inaccessible pendant sept mois de
l'année.
Ces plaintes firent transférer le siège à La Bastide-Saint-Amans, dans le
vallon du Thoréj mais à la suite d'un voyage de M. de Froidour, chargé
de vérifier l'état des lieux, il fut reconnu qu'au point de vue religieux La
Bastide présentait les mêmes inconvénients que la ville d'Angles, n'ayant
qu'une population réformée, & que la pauvreté de cette bourgade ne per-
mettait guère d'espérer des candidats convenables lorsque la maîtrise serait
vacante.
Alors on prit définitivement le parti d'établir le chef-lieu dans la ville
épiscopale de Saint- Pons, peuplée de catholiques, 8c assez favorablement
située à la naissance du vallon de l'Orb pour commander toutes les forêts du
département.
La maîtrise de Montpellier continua de s'étendre jusqu'au Rhône, 8c on
lui laissa même le pays de Gévaudan; mais on jugea nécessaire d'en arrêter
les limites à l'Allier 8c à l'Ardèche; la côte de la Méditerranée, les marais 8c
les étangs qui la bordent, d'Agde à la Camargue, paraissaient mériter trop
d'attention de la part des officiers du domaine pour leur laisser le temps de
remplir leurs charges à l'égard du Vivarais 8c du Vêlai.
Il n'existait aucune forêt royale dans ces deux derniers pays, où la pro-
priété conservait un caractère féodal très-accentué; mais comme les bois
appartenant aux particuliers 8c aux communautés y étaient vastes 8c beaux,
8c que le gouvernement comptait en tirer de grands avantages pour la mâture
des navires 8c pour les constructions de terre 8c de mer, ayant déjà dans ce
but rendu l'Ardèche navigable 8c ouvert un nouveau chemin, spécialement
destiné à l'exploitation des forêts de l'abbaye de Mazan, on décida qu'il serait
fait une maîtrise particulière avec les territoires situés entre l'Allier, le Gard,
le Rhône 8c la frontière de Forez, comprenant les diocèses d'Uzès, du Puy,
de Viviers 8c la portion languedocienne du diocèse de Valence, le Rhône
compris. La froide altitude de ces régions, l'âpreté des lieux où l'on comptait
peu de chemins praticables 8c l'abondance des neiges qui en défendaient
l'accès, favorisant les désordres 8c les méfaits de toute nature, exigeaient une
surveillance permanente 8c prochaine; on l'établit à Villeneuve de Berg, dans
la partie supérieure du bassin de l'Ardèche, afin de rendre moins illusoire
une action que la nature du sol 8c la persistance du système féodal devaient
condamner longtemps encore à l'impuissance.
1666
~^ 474 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La réorganisation forestière du pays de Languedoc ne se borna pas à la
création des onze maîtrises. Des motifs géographiques déterminèrent les
commissaires du roi à établir dans cinq de ces départements six résidences
d'officiers secondaires, auxquelles on maintint la vieille appellation de
sièges de grueries, & qui furent destinées à rendre le service plus facile &
plus rapide, en rapprochant les agents des cantons forestiers qu'ils devaient
régir.
C'est ainsi que fut instituée, dans la maîtrise de Villemur, la gruerie
d'Albi, pour la conservation des forêts ou buissons de Berens, de Saint-Félix,
de Valence, de Thuries, de Frégerolles & de la Forestète ;
Dans la maîtrise de Saint-Gaudens, la gruerie de Saint-Girons, pour les
bois du Couserans, du Castillonnez & de la châtellenie de Salies; 5t celle
d'Arreau, pour les vallées d'Aure, de Lauron & de Bareilles}
Dans la maîtrise de l'Isle-Jourdain, la gruerie de Fleurance, qui était
d'origine ancienne, mais dont on agrandit le ressort en ajoutant aux forêts
du Ramier & de Réjaumont, qui en faisaient partie, les bois de Clarac,
d'Ordan & quelques bouquets épars dans les comtés de Gaure & de Fezen-
sac, la seigneurie de Lectoure & les collectes d'Auch, Vie & Jegun;
Dans la maîtrise de Tarbes, la gruerie de Nogaro, pour les bois du bas
Armagnac j & enfin dans la maîtrise de Montpellier, la gruerie de Mende,
chargée des forêts du Gévaudan &. des hautes Cévennes.
Le personnel de chaque gruerie fut composé d'un officier titulaire, rele-
vant du maître particulier & portant le nom de gruyer, d'un substitut du
procureur du roi & d'un greffier, tous les trois astreints à la résidence 8c
nommés par commission royale.
~^j Cependant Riquet ne négligeait rien de ce qui pouvait augmenter la
célébrité de son ouvrage.
Le premier président du Parlement & l'archevêque de Toulouse agirent
auprès des capitouls pour donner un grand éclat à l'inauguration des travaux
du canal. Gaspard de Fieubet vint en personne au consistoire, avec trois
conseillers députés de la cour, & fit représenter par Lafaille au conseil de
bourgeoisie le prix qu'attachait le roi au succès de l'entreprise.
On décida que les fondations de la première écluse seraient jetées en
grande cérémonie, que les capitouls y assisteraient en corps, que l'on ferait
sortir les canons 8c qu'il serait frappé des médailles pour répandre parmi les
étrangers le souvenir de l'événement.
Une chapelle fut élevée dans la prairie des Sept-Deniers; l'archevêque de
Toulouse y célébra la messe, assisté des évêques de Comminges, de Lectoure
8i de Saint-Papoul. Près de six mille travailleurs avaient été rangés en
bataille 8i s'alignaient au bruit des tambours; on fit passer le cortège, où
figuraient le Parlement 8c les capitouls, au fond même de la tranchée du
canal, dont une toule immense couvrait les bords.
Une des pierres inaugurales de l'écluse de Garonne fut posée par le premier
président Fieubet, 8c la seconde par les capitouls Lafaille &c Dumeynial. La
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 475
fête s'acheva au bruit de la mousqueterie, tandis que Riquet faisait faire
aux ouvriers des distributions de vivres 81 de vin '.
Le duc de Verneuil annonça aux députés de Toulouse, pendant la session
des États, qu'il comptait, immédiatement après la séparation de l'assemblée,
visiter la capitale de son gouvernement. Avis en arriva aux capitouls dès le
commencement de février. Un de leurs premiers soins fut de réparer les affûts
de leurs canons, presque tous hors d'état de rouler. Le 6 on reçut au consis-
toire le sénéchal de Toulouse Cornusson, chargé par le duc de s'entendre avec
la ville pour le fait de son entrée. Dans la lettre de créance dont le sénéchal
était porteur, le fils d'Henri IV se disait trop persuadé des honneurs que les
capitouls désiraient rendre au roi en sa personne pour avoir rien à leur en
écrire de particulier.
La nomination des capitaines de compagnies bourgeoises chargées, suivant
l'usage, de rendre les honneurs militaires au gouverneur, subit d'assez longs
retards. On y procéda le 6 février, en conseil de bourgeoisie, au scrutin secret.
Sur huit capitaines élus, quatre se firent excuser, l'un parce qu'il venait d'être
pourvu d'un office de trésorier de France à Montauban, &. qu'il était, en outre,
commis à la recette du droit annuel &. de la gabelle; le deuxième parce qu'il
était fils de famille non émancipé; le troisième parce qu'il exerçait un office
de contrôleur général des tailles; ôc le quatrième comme incapable de remplir
Ja charge.
Le conseil les remplaça le i3 février; mais trois des nouveaux élus se récu-
sèrent, celui-ci objectant son âge & sa pauvreté : il avait été contraint de
fermer sa boutique & demeurait chargé de cinq filles*. Un autre n'habitait
la ville que depuis deux ans, & se voyant traité en étranger pour l'entrée de
son vin, qui payait le droit de subvention, il voulait au moins échapper aux
corvées de la bourgeoisie privilégiée^.
La troisième élection ne fut pas plus heureuse que les deux autres'*. Les
capitaines désignés s'excusaient sur l'insuffisance de leur fortune, sur leurs
charges de famille ou sur les offices dont ils étaient titulaires; un des quatre
premiers élus, qui avait déjà prêté serment, vint même retirer sa parole 5. On
l'avait inscrit comme marchand du quartier Saint-Barthélémy; mais étant
maître boutonnier &. bayle de sa corporation, il ne pouvait trouver personne
qui consentît à lui servir d'enseigne ni de lieutenant.
Une quatrième élection eut lieu le 18 février, 81, pour couper court aux
difficultés, on décida qu'il ne serait plus accepté d'excuse 81 qu'on subirait le
grade sous peine de payer trois cents livres à la ville''.
' Il fut rédigé un procès-verbal d« ces réjouit- '' ArchiTcs de Toulouse. /^iVre </» Coniri7i, XXIX,
tances transcrit dans les Annales manuscrites Je p. lâi. Conseil de bourgeoisie. Séance du i3 fé-
Toulouse. — Voir Pièces justificatives, n. CCCLII, vrier 1667.
col. 957. — Voir aussi Archives de Toulouse. Livre ' Lacroix, marchand.
des Conseils, XXIX, p. içS. Conseil de bour- ' Archives de Toulouse, ii'vre </« ConieiZs, XXIX,
geoisie. Séance du 8 novembre 1667. p. i63. Conseil de bourgeoisie. Séance du 18 fé-
• Campmartin. vrier 1667.
' M. de Falguière-Blancal.
1667
1667
476 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Mais les capitouls n'étaient pas encore au bout de leurs peines. Deux des
capitaines qu'ils venaient de nommer se pourvurent au Parlement, 6c il fallut
une cinquième élection pour remplacer le sieur des Innocens, qui avait quitté
la ville pour un long voyage. Cette laborieuse opération ne fut terminée que
le 27 février'.
M. Dumeynial fut nommé major de la troupe.
Le duc de Verneuil alla de Carcassonne à Toulouse par Auterive & la rive
gauche de la Garonne. Il avait avec lui le marquis de Grignan, lieutenant
du roi en la Province & l'intendant de Languedoc. La noble compagnie
arriva le 16 mars dans le village de Roques où elle coucha. Une députation
était venue l'y attendre en carrosse à six chevaux, sans oublier de niveler som-
mairement la route en comblant les fondrières avec des fagots de sarments.
Le lendemain le duc prit les deux capitouls-députés dans sa voiture 5c. se
dirigea vers la porte de Muret. A Braqueville, il rencontra le bataillon de
bourgeoisie, fort d'environ six mille hommes & monta aussitôt à cheval pour
le passer en revue. Le bataillon fit une décharge générale de mousqueterie,
tandis qu'une batterie de dix-huit pièces établie sur le chemin tirait à toute
volée. Entre les deux portes parurent six capitouls à cheval vêtus de leurs
robes. Après le discours du chef du consistoire, ils firent mine de mettre pied
à terre pour prendre les bâtons du dais; mais on avait arrêté d'avance que
le prince n'accepterait pas, ce qui fut scrupuleusement exécuté. Les quatre
assesseurs, le greffier 8c le contrôleur, habillés des soutanes de la ville, s'avan-
cèrent alors avec le dais qui était en brocart d'argent 8c taffetas tapissé avec
crépine d'or fin St que décoraient quatre grands écussons brodés aux armes de
la ville 8c à celles du gouverneur. Le duc refusa le dais en disant que cet
honneur n'était dû qu'au roi, &c le cortège se mit en marche.
Il y eut quelque difficulté avec le marquis de Grignan qui voulait mar-
cher immédiatement après le gouverneur entre deux capitouls; mais on le fit
renoncer à sa prétention en lui citant l'exemple du connétable Anne de
Montmorency 81 du duc de Ventadour.
Le prévôt de la Province avec ses archers formait la tête de la colonne, où
figuraient les soldats du guet armés de hallebardes & tout parés de rubans
blancs 8c couleur de feu; les hautbois portaient de brillantes écharpes, 8c les
trompettes d'argent, refaites à neuf, laissaient tomber des panonceaux de
velours cramoisi où le blason municipal reluisait en broderie d'or. Chacune
des huit compagnies bourgeoises avait son drapeau de soie de couleur diffé-
rente, rouge de feu, violet, gris de lin, noir, incarnat, jaune, bleu, vert,
chargé d'une grande croix blanche.
En passant sous l'arc du Pont-Neuf, le prince put lire en lettres d'or huit
hexamètres mythologiques où la gloire de son entrée était associée aux souve-
nirs récents de la paix des Pyrénées 8c du voyage de Louis XIV.
' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXIX, p. 164. Conseil de bourgeoisie. Séance du
27 féyrier 1667.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 477
Le duc de Verneuil, après la visite à Saint-Etienne, descendit à l'hôtel de
Caminade où il logea. Les compagnies allèrent encore brûler de la poudre
devant sa porte.
Quelques jours après, il reçut les honneurs de la collation à l'hôtel de ville,
où toutes les dames de qualité furent invitées.
Il s'embarqua le lendemain sur la Garonne, rentrant à Paris par Bordeaux'.
Le duc de Verneuil vint à Montpellier, sur la fin de l'année 1667, ouvrir
l'assemblée des Etats, qui se réunit le 5 décembre Se se sépara le 24 février.
Le prince, qui amenait avec lui toute sa petite cour, était descendu dans la
maison de madame d'Audessans. C'est là qu'il reçut les visites officielles du
corps de Province.
Douze prélats Se sept barons assistaient en personne à l'assemblée qui
fut présidée par M. de Bourlemont. Denys Cohon, Philippe de Bertier,
Hyacinthe Serroni , François Bosquet 8c Michel Tubeuf étaient du nombre
des évêques présents. Parmi les députés du tiers état se trouvait l'historien
Lafaille. M. de Bezons qui, avec son collègue Charles Tubeuf, maître des
requêtes ordinaires de l'hôtel, accompagnait le duc de Verneuil en qualité
de commissaire du roi, prononça deux longs discours où, fidèle à ses tradi-
tions d'éloquence parlementaire, il trouva l'art de citer tour à tour Seth 8c
les Prophètes, Babylone 8c les Péripatéticiens, 8c d'exposer une grande
théorie sur la justice légale 8c la justice originelle, digression verbeuse dont
le but principal était de rappeler aux États les importantes réformes que
venait d'opérer Louis XIV dans l'administration de la justice par la publica-
tion de ses ordonnances.
Ces effets d'éloquence ne furent point inutiles. L'assemblée accorda le don
gratuit de seize cent mille livres, payables mois par mois en douze termes
égaux, d'après le désir qu'en avaient exprimé les commissaires du roi.
Les acquisitions de baronnies donnant entrée aux États, qui devenaient
de plus en plus fréquentes 8c qui jetaient une extrême instabilité dans la
représentation féodale du pays, donnèrent à l'assemblée l'occasion d'arrêter
un règlement perpétuel 8c irrévocable, en vue de sauvegarder le caractère
nobiliaire du second ordre de la Province. Il fut décidé qu'aucun acquéreur
ne serait admis à siéger, s'il n'avait fait, avant toute œuvre, les preuves d'une
noblesse de quatre générations, conformément aux délibérations de i656. Se
s'il ne justifiait point, par titres originaux, qu'il fût gentilhomme d'extrac-
tion, de nom Se d'armes. Ces preuves devaient être soumises à des commis-
saires de tous les ordres expressément délégués; le syndic général de la
Province, à qui serait donnée communication de tous les titres produits,
pourrait se livrer à une contre-enquête. Se le résultat du travail des commis-
saires étant apporté en pleine assemblée d'États, le baron présenté devrait
' Archives de Toulouie. Annales manascritts, IX, p. 8i. Pièce» à l'appui de» compte», ann^c 1666-1667.
— La dépense totale de l'entrée i'éleva à 6699 lirrei i5 sols 3 deniers '.
■ Uvre det Conseils, XXIX, p. 306. Conseil de bourgoisie. Si!ance du 3 décembre t667.
1Û67
— 47^ ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
réunir les trois quarts des suffrages pour être reçu. Cette première épreuve
accomplie, la défiance de l'assemblée n'était pas encore satisfaite. Il fallait
que le nouveau titulaire déposât au greffe, signée de sa main, une copie de
tous les titres produits à l'appui de ses prétentions. Les Etats se réservaient
jusqu'à la fin de la prochaine assemblée, c'est-à-dire à peu près pendant une
année entière, le droit de contrôler tous les documents, & si, dans le nombre
des pièces, on découvrait un acte faux ou seulement altéré, l'admission
provisoire était nulle & le baron se trouvait définitivement exclu. Ces pré-
cautions minutieuses témoignent de la méfiance légitime qu'inspiraient déjà
les généalogistes.
La difficulté qu'éprouvaient les collecteurs de tailles à faire payer les gens
« de main-forte » fut une des principales préoccupations de l'assemblée. On
signala surtout les violences du sieur de Fournier, seigneur de Puech-Salo-
mon, au diocèse de Limoux, qui, depuis longues années, se montrait com-
plètement intraitable; secondé par son gendre d'Auriol & par ses valets, il
battait quiconque lui parlait d'impôts, & le collecteur Deumier ayant obtenu
pour lui & les siens la protection spéciale du duc de Verneuil, le seigneur
exaspéré avait grièvemeut frappé ses pâtres 6i enlevé ses meilleurs moutons,
dont il avait fait chère lie en son château. Des résistances analogues furent
reprochées aux seigneurs de Boussac, de Durfort & de Puibusque du diocèse
de Lavaur. En ordonnant des poursuites criminelles contre Puech-Salomon,
les États firent demander au duc de Verneuil dix de ses gardes pour protéger
les collecteurs, & enjoignirent aux consuls &. aux syndics de diocèses de
rapporter au plus tôt la liste des gens « de main-forte » qui, dans les diverses
parties du Languedoc, refusaient de payer leurs tailles, afin qu'il pût être
pris une mesure générale.
Comme d'habitude, diverses illégalités furent dénoncées en matière d'élec-
tions municipales; on se plaignit particulièrement que, dans plusieurs com-
munes, les personnes « de crédit 8c d'autorité » faisaient nommer consuls des
gens qui n'avaient ni la propriété foncière ni le délai d'habitation exigés par
les règlements.
Les sentiments d'hostilité contre les protestants se firent jour par quelques
votes. Les catholiques d'Anduze s'étant plaints que les réformés affectaient
de nommer un de leurs coreligionnaires à l'emploi de commis au bureau de
la messagerie, malgré la déclaration du roi du 2 avril 1666 qui réservait aux
catholiques seuls les charges municipales uniques; le syndic général Joubert
appuya vivement ces réclamations & ajouta que le grand soin qu'avaient les
gens de la religion de se faire pourvoir de tous les emplois de commis aux
messageries, aux recettes générales & particulières, aux fermes des gabelles,
h la douane, à la foraine 8c en général à toutes les charges qui touchent aux
deniers du roi, pouvait paraître justement suspect aux catholiques. Afin d'y
remédier, on proposa d'interdire aux protestants l'accès de tous ces emplois.
Les Etats résolurent de se pourvoir en opposition contre l'établissement
d'un pont de bateaux sur le Rhône, récemment concédé à Mathieu Grasset,
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 479
habitant de Tarascon, à cause des dommages que cette innovation pouvait
causer au commerce de Languedoc 8t particulièrement à la foire de Beaucaire.
M. de Bourlemont fit voter une somme de sept mille livres pour dégager
l'embouchure de l'Hérault des bancs de sable Se des alluvions qui l'obs-
truaient. Le travail devait être fait par deux pontons construits aux frais du
roi, 6c les diocèses d'Agde 61 de Lodève offraient une somme égale à celle
que fournissait la Province.
On accorda quarante mille livres à Charles de Saint-Aunez, fils de l'ancien
gouverneur de Leucate, pour achat d'armes & de chevaux d'une compagnie
de cavalerie qu'il se proposait de mettre au service du roi. Cette somme
n'était d'ailleurs qu'une avance sur les cent mille livres que lui devait la
Province, à cause de l'extinction de la charge de gouverneur obtenue par les
États, en même temps que la démolition du château 6t de la forteresse de
Leucate.
Un conseiller au sénéchal de Béziers, nommé Bernard, reçut mille livres
« pour la peine qu'il avait prise de recueillir toutes les plaintes des catho-
« liques contre les gens de la religion prétendue réformée, » & on donna
six cents livres à Tournier, secrétaire de M. de Bezons, pour services rendus
à la foi, en travaillant avec les commissaires chargés de l'exécution de l'édit
de Nantes.
Denys Cohon, évêque de Nimes, obtint une pension annuelle de six cents
livres pour l'hôpital qu'il avait formé 6t où, d'après les conseils de la prin-
cesse de Conti, il avait appelé des religieuses de Saint-Joseph, transformant
ainsi « un lieu d'horreur 8c de dérèglement en un séminaire de vertu 8c un
« modèle de pureté. »
Hyacinthe Serroni fit un rapport très-favorable sur une pancarte conte-
nant l'histoire abrégée de la province de Languedoc que le sieur de Boyer
avait présentée aux États. On vota huit cents livres à l'auteur, en recomman-
dant le mérite de son ouvrage 8c le fruit que les particuliers en pouvaient
tirer pour leur instruction 61 pour le soulagement de leur mémoire.
M. d'Albertas, maître des requêtes ordinaires de l'hôtel, obtint l'autorisa-
tion d'acheter pour les moulins à papier établis en Provence tous les vieux
linges 8c drapeaux qui ne seraient point consommés dans les papeteries de
Languedoc.
Enfin les États accordèrent une gratification de deux cents livres à maîtres
Voisins 8c Vial, opérateurs de la pierre, en récompense de leur habileté 8c
des cures gratuites qu'ils avaient faites.
Durant la session, le cardinal de Vendôme, petit-fils d'Henri IV 8c de
Gabrielle d'Estrée, qui avait été vice-roi de Catalogne 6c mari de Laure
Mancini, sous le nom de duc de Mercœur, passa quelques jours à Montlpél-
lier, étant légat du pape Clément V près la Cour de France. Il se logea chez
M. de Soûlas. Les États le firent visiter solennellement par une députation
composée de cinq évêques, de cinq barons 8c de dix membres du tiers état.
Ce fut M. de Bertier qui présenta au cardinal les hommages de la Province.
1667
—^ — 480 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'impulsion puissante que l'administration de Colbert donnait à l'industrie
française sur tous les points du royaume & les encouragements dont elle se
plaisait à rémunérer les efforts sérieux semblaient faire renaître à plaisir
l'esprit de spéculation que les malheurs politiques de la France & la triste
influence des guerres civiles avaient si longtemps paralysé. Les entreprises Se
les projets se multipliaient sous cette action fécondante; & il n'était pas de
point si reculé du territoire où quelque audacieux novateur ne s'évertuât à
découvrir des besoins à satistaire & des profits à gagner.
Tandis que la création de Riquet allait porter le travail & la vie dans les
plaines du haut 81 du bas Languedoc, la région volcanique du Vêlai, qui
demeurait étrangère à ce grand mouvement Se qui semblait condamnée par
la nature à n'y participer jamais, attira les préoccupations d'un commerçant
français nommé Antoine Polge, qui se proposa d'en faire le théâtre de son
industrie.
Il adressa trois requêtes au conseil d'Etat, de qui émanait toute initiative,
la première en son nom seul, les deux autres de concert avec un maître
ouvrier de Paris, nommé Charles Sinson, qui prenait le titre de charpentier
des bâtiments du roi.
Le premier projet concernait le rétablissement des manufactures de la ville
du Puy; le second, la réparation d'une ancienne voie de communication entre
l'Auvergne & le bas Languedoc, à travers le Vêlai & le Gévaudan ; le troi-
sième, des travaux à exécuter sur la haute Loire pour la rendre flottable.
Trois arrêts séparés, donnés à Saint-Germain en Laye le 28 mai 1668, sur
le rapport de Colbert, donnèrent une première sanction gouvernementale à
ces propositions 8c en confièrent l'étude aux intendants de Languedoc 8<
d'Auvergne.
M. de Bezons, que d'autres nécessités du service retenaient dans le bas pays,
se déchargea de la commission royale sur le réformateur des eaux & forêts de
la grande maîtrise de Toulouse, Louis de Froidour, qui était accoutumé à
ces sortes de voyages, 8t le dépêcha dans le Vêlai, muni d'une subdélégation
en forme, pour y voir toutes choses de ses propres yeux & donner son avis au
conseil d'État. Ayant à suivre, pour se rendre à destination , la route même
que se proposaient de rétablir 8c d'améliorer les entrepreneurs, M. de Froi-
dour utilisa son voyage en accomplissant d'abord cette partie de sa mission.
En 1668, la grande muraille de montagnes qui sépare l'Auvergne du bas
Languedoc, uniquement traversée par des sentiers de mulet, formait une
barrière inaccessible pendant la plus grande partie de l'année 8c maintenait
toute la région des Cévennes dans un isolement également funeste à l'activité
commerciale 8c à la sécurité du pays. Au double point de vue de la facilité
des.transactions 8c de la surveillance militaire, particulièrement commandée
par l'état religieux des Cévennes, que l'on regardait depuis longtemps comme
le plus ferme boulevard du protestantisme en Languedoc, le conseil du roi
ne pouvait laisser passer inaperçu le projet d'établir une voie carrossable entre
Alais 8c Brioude, en perçant de part en part tout le massif des Cévennes, dans
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 481
la direction du sud au nord, & créant ainsi une communication facile du
bassin de la Loire au versant de la Méditerranée. Le principal but des deux
entrepreneurs Polge S< Sinson était, disaient-ils, de rendre à la ville du Puy
la vie industrielle qui s'y était depuis longtemps éteinte, d'y relever les manu-
factures abandonnées & d'y faciliter le transport de toutes les denrées du
Levant St du Midi. Grâce à la nouvelle route, les produits si variés 8<, si
nombreux du bas Languedoc, les étoffes de laine & de soie, les blés, les vins,
les builes, le miel, le savon, les oranges de l'Espagne, l'important commerce
du sel provenant des greniers de la Province, trouveraient un débouché com-
mode dans tout le pays des Cévennes, le Gévaudan, le Vêlai, le haut Viva-
rais, 8c se déverseraient aisément dans le bassin de l'Allier, sans recourir au
système onéreux & lent des transports à dos de mulet ou à la navigation du
Rhône, qui, outre le détour considérable qu'elle imposait aux marchandises,
les condamnait à des droits de péage très-élevés & à des chances de naufrage
fort périlleuses. Par la même voie, tout le haut pays serait ouvert au trafic
des épiceries, des fers, des cuivres, des denrées de toute nature qui remon-
taient l'Allier jusqu'à Mérigues. Outre son utilité commerciale, la route d'Au-
vergne acquerrait une haute importance militaire que le roi ne pouvait
dédaigner, puisqu'elle lui permettrait, pour la première fois, de faire voiturer
toute sorte d'artillerie à travers une région sauvage, prompte à la révolte 8c
jusqu'alors regardée comme inaccessible.
Pour obtenir ces résultats, les entrepreneurs, qui connaissaient le pays,
se proposaient simplement de rétablir un ancien chemin auquel la tradition
populaire attribuait une origine romaine Se qu'on appelait la Regordane.
L'affaire traîna jusqu'au mois de septembre, par suite, sans doute, des
mouvements que s'étaient donnés les Etats de Languedoc, toujours inquiets
du maintien de leurs prérogatives.
M. de Froidour, subdélégué de l'intendant', se fit accompagner d'un de
ses subordonnés, le sieur d'Oriples, d'Aubenas, maître particulier des eaux 6c
forêts aux diocèses de Viviers, du Puy 8c d'Uzès, qui devait à ses fonctions
8c à ses fréquents voyages une parfaite connaissance de tout le pays. Se partit
le 3 novembre de Montpellier avec Claude Polge, sieur d'Alègrc, maître
d'hôtel du roi. Se le charpentier Sinson.
Le voyage dura neuf jours*.
Le 14 novembre, le commissaire-enquêteur passait à Clermont, où il con-
férait avec M. de Fortia, puis allait à Riom y rédiger ses procès-verbaux.
La Regordane, qui n'était autre chose que la voie antique menant de Nimes
aux pays des Cabales 8c des Arvernes, passait au bas de la Tour Magne, dans
la direction du nord-ouest, traversant le massif de collines qui séparent le
■ La $ubJéUgation est datée de Montpellier le au logis du Luxembourg d'Ahiis, le quatrième à
î novembre 1668. Bibliothèque de Toulouse. Ma- Notre-Dame de Genouillac, le cinquième à l'Kcu
auscrlts Je Froidour. Chemin Jei Sevenes. de France de Villefort , le sixième à Rasch.is, le
' Le premier jour on coucha à Quissac, à l'hôtel septième à Pradelles, le huitième à Saint-Louis du
des Trois-Rois, le seconda Vezenobre, le troisième Puy, le neuvième à Brioude.
XIII. 3i
16Û8
|663
1S2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUELOC.
bassin du Vistre de celui du Rhône, coupait une plaine profondément ravi-
née, puis courait vers les Cévennes en remontant le Gardon qu'elle suivait à
distance sur sa rive droite jusqu'au pont de Ners & sur sa rive gauche jus-
qu'au-dessus d'Alais; elle gravissait les hauteurs du Pradel, passait dans la
région supérieure du bassin de la Cèze, à travers les montagnes sévères de
Portes Si de Chamborigaud, pénétrait dans le vallon du Chassezac qu'elle
franchissait à Raschas, puis, atteignant vers l'hôtellerie solitaire de la Molette
l'arête centrale qui divise les versants de la Méditerranée & de l'Océan, des-
cendait dans le vallon de l'Allier, dont elle adoptait le cours jusqu'au petit
village de Luc, considéré dans le pays comme un des plus anciens lieux de
la Province, côtoyant à l'ouest la muraille de rochers d'où descendent quel-
ques affluents torrentiels de l'Ardèche, puis, longeant le flanc oriental de la
montagne de l'Espéron, gagnait, vers la Sauvetat en Vêlai, la ligne de faîte
entre l'Allier & la vallée de la Loire où elle pénétrait en rasant la naissance
des Hautes-Combes pour aller rallier la petite rivière de Borne sous le Puy,
percer les montagnes limitrophes du Vêlai 8c de l'Auvergne Si rentrer dans
le vallon de l'Allier jusqu'à Brioude.
A cette grande ligne venait se souder, au seuil même des Cévennes, sous
les murs d'Alais, un embranchement qui sortait de Montpellier par le Pila-
Saint-Géry, franchissait le Lez à Castelnau, ondulait à travers les petits
coteaux sillonnés de ravins qui descendent à la mer, coupait les collines de
Fontanez, puis le vallon de Vidourle, traversait cette rivière à Quissac, le
Gardon d'Anduze au pont de Lézan Si se terminait au delà du Gardon d'Alais.
En 1668, ces chemins, qui étaient seulement fréquentés par les cavaliers 8c
les bêtes de somme, présentaient sur plusieurs points des vestiges très-visibles
de chaussées antiques, & même quelques traces de roues'; mais ils étaient
extrêmement étroits 81 témoignaient, par leur délabrement, d'un abandon
séculaire.
Les ponts de Ners 81 de Lézan, renversés, d'après la tradition locale, par la
grande inondation de 1410, n'avaient pas été relevés. Du premier il ne sub-
sistait plus que des restes de piles 8c quelques ruines de culées du côté de
Nimes; de l'autre, dont les arches avaient été, disait-on, emportées par les
troncs d'arbres que charriait le courant, on voyait encore une construction de
quatre toises de long, un débris d'éperon, 8c la base de deux piles ensablées
que l'eau recouvrait. A Ners Se à Lézan on avait établi des bacs; comme dans
cette région de montagnes la transition est brusque de la sécheresse à l'inon-
dation, les eaux se trouvaient presque toujours trop basses ou trop fortes, 8c
le bac demeurait oisif. Le pont d'Assas, ceux de Brestalou 8c de l'Avenne
n'étaient pas en meilleur état. On en montrait un autre, au bas de la mon-
tagne de Portes, dont les pierres se disjoignaient sous l'effort de deux gros
figuiers qui avaient jeté leurs racines dans les fissures de la maçonnerie; 81
■ Au-dessus du petit village de l'Estrade , près roues dans le roc & qu'il y avait de l'une à l'autre
de Villefort, MM. d'Alègre & d'Oriples reconnu- quatre pieds de largeur, mais que ledit cheinin
rent pendant huit à dix toises les traces de deux était entièrement ruiné.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 488
tout auprès, les décombres d'une chapelle, entièrement démolie, témoignaient
de la même puissance de végétation.
Quant à la chaussée elle-même, elle offrait partout un spectacle uniforme
de ruine £<. d'abandon. Tantôt les galets roulés par les torrents & les débris
de pavé antique la rendaient impraticable, tantôt les blocs éboulés de la mon-
tagne y barraient le passage, ou bien les grandes crues périodiques, accumu-
lant dans les bas-fonds la terre légère & friable dérobée aux croupes voisines,
y déposaient une épaisse couche de boue. Ici, les paysans des terres voisines,
peu soucieux, d'encombrer la voie, s'y débarrassaient de toute la pierre qu'ils
étaient de leurs garrigues ou de leurs olivettes; ailleurs, la pente était si
rapide 8t si peu ménagée que les bêtes de somme n'y pouvaient grimper sans
péril. Sur plusieurs points, les rivières avaient emporté le chemin. Aux abords
d'Alais on signalait un passage, où la roche serrait le Gardon de si près que
plusieurs muletiers s'y étaient noyés; mais la partie la plus mauvaise S< la
plus dangereuse se trouvait comprise dans le massif des hautes Cévennes,
entre Alais 6<. la Garde-Guérin. C'est là que se trouvaient les rampes les plus
abruptes, les pierres mouvantes qui roulaient sous les pieds, les escarpements
donnant le vertige. Plus d'une fois, le commissaire enquêteur & son escorte
durent mettre pied à terre. De la Garde-Guérin jusqu'en Auvergne, les diffi-
cultés matérielles étaient relativement modérées.
Chemin faisant, le subdélégué recueillait sur son passage, de la bouche des
syndics du diocèse, des consuls de village, des métayers du pays qu'il prenait
pour guides, des muletiers rencontrés en route, toutes les indications qui pou-
vaient l'éclairer sur l'origine 8c l'utilité de la voie antique.
Un nouvel arrêt du conseil, rendu le 27 septembre, avait appelé les syn-
dics particuliers des six diocèses de Montpellier, Nimes, Uzès, Mende, Viviers
& le Puy, pour prendre part, chacun dans son ressort, aux travaux de vérifi-
cation des lieux.
Il résulta de cette longue 8c laborieuse information que dans tout le pays
une tradition constante désignait les Romains comme créateurs de la Regor-
dane, M. de Froidour n'ayant pas traversé un seul village dont les habitants
ne tinssent les mêmes propos, justifiés d'ailleurs par certains vestiges maté-
riels. Ils affirmaient, en outre, que la Regordane avait été, pendant des siè-
cles, un chemin de charroi, 8c que le défaut d'entretien avait seul dégradé la
voie au point de la rendre inutile.
Quoi qu'il en fût de cette légende, que l'enquêteur ne croyait pas sérieuse
8(. qu'il regardait plutôt comme l'expression d'espérances longtemps caressées,
la vérification des lieux, faite en très-grand détail, ne fut point favorable au
projet. M. de Froidour trouva le pays si âpre, si difficile, le chemin dans
un tel état de ruine 8c de destruction, 8c si dangereux même pour les gens de
pied, qu'il s'étonnait de voir des personnes assez hardies pour y entreprendre
le moindre charroi, surtout en hiver, quand les neiges ajoutaient aux périls
du passage. En résumé, il fut effrayé de l'énorme dépense que nécessite-
rait une entreprise qui devait être, non pas la réparation, comme on l'avait
1668
i663
484 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
annoncé, mais bien la reconstruction de la voie antique, ne croyant pas que
les résultats de l'œuvre, dans l'intérêt général du royaume, pussent compenser
jamais l'importance des sacrifices.
La ville du Puy, que l'on croyait la principale intéressée, témoignait beau-
coup de froideur. Les consuls, appelés par le commissaire du roi, lui déclarè-
rent qu'ils avaient réuni le conseil de ville pour y prendre l'avis des officiers,
des magistrats, des bourgeois, des gens de négoce Si de métier; que, sans
doute, la création qu'on avait en vue « pourroit être de quelque utilité, mais
(c que le cbemin le plus nécessaire pour leur commerce & pour le débit de
« toutes leurs manufactures, était celui qui alloit rallier la ligne du Rhône
(1 à Audance, à travers treize lieues de pays seulement, d'autant plus qu'une
«. o-rande quantité de marchandises locales alloient se débiter en Allemagne,
« en Suisse & en Savoie. »
Cependant, M. de Froidour ne pouvait s'empêcher de faire observer que si,
plus de seize cents ans peut-être avant Louis XIV, on avait jugé convenable
d'établir dans ces contrées une communication directe entre l'Auvergne Si les
côtes de la Méditerranée, les avantages n'en seraient pas moindres en un
temps où la population avait augmenté Si où le commerce prenait de l'essor.
Il conseillait donc de faire au moins les réparations indispensables pour que
la voie ne fût pas entièrement perdue, d'en porter la largeur à seize ou vingt
pieds, proposant d'indemniser seulement les propriétaires des cultures sans
rien payer pour les garrigues Si les terres vagues, 61 de contraindre les voisins
qui avaient usurpé ou encombré la route à restituer le terrain ou à le déblayer.
Il avertissait, d'ailleurs, que dans tout le bas pays, où l'on rencontrait un
si grand nombre de torrents presque toujours à sec, on pourrait éviter de
construire beaucoup de ponts, à cause du peu de temps qu'y séjournaient les
eaux, rapidement emportées à la mer, 81 qu'en outre les frais de construction
seraient sensiblement diminués par l'abondance de la pierre Si par la facilité
que donneraient les garrigues de faire de la chaux partout.
La traversée des Cévennes inspirait au réformateur ses plus graves inquié-
tudes; elle lui aurait paru impossible sans l'expérience récente de la route
forestière de Vivarais, qui ne présentait guère moins de difficultés.
Quant à la région de montagnes, depuis la Garde-Guérin jusqu'en Auver-
gne, elle promettait beaucoup moins de peine. Si les seuls travaux dispendieux
qu'on y prévoyait étaient les descentes de Raschas 81 de Saint-Benoît'.
Personne ne contestait que l'industrie de la ville du Puy ne fût depuis
longtemps en décadence. La fabrication des cadis, des bas Si bonnets de
laine, des dentelles de fil Si de soie, des rubans, des aiguilles, des épingles,
les tanneries, les manufactures de cuirs bouillis y avaient été très-florissantes
."k y trouvaient d'importants débouchés, soit dans les foires du pays, soit en
Espagne, en Suisse, en Allemagne 61 en Italie. Dans tous les genres de
■ Le procès-verbal de la vérification du chemin des Cévennes, terminé k Riom le 21 novembre 1668,
forme un manuscrit de yij pages in-;<i".
LIV. II, ADMINISTRATION DE COLBERT. 485
Droduction, la diminution était sensible. Au lieu de quatre-vingts tanneries
que l'on comptait anciennement dans la capitale du Vêlai, on n'en trouvait
plus qu'une quinzaine en activité; pour les manufactures de cadis &. d'étoffes
diverses, la décroissance était proportionnelle; la fabrication des épingles,
des aiguilles Sv des ouvrages d'orvillerie en fil d'arcbal, que l'on se rappelait
avoir été fort active & qui donnait lieu à un commerce étendu, n'occupait
plus qu'un épinglier Se deux ou trois orvilleurs. Le seul commerce qui
survivait, bien que l'importance en tût réduite, était celui des menues den-
telles & des bas Se bonnets de laine vendus à bas prix, qu'on débitait aux
marchands d'Espagne, de Savoie, de Suisse & d'Allemagne. L'exportation
des dentelles en Espagne rapportait à la ville environ six cent mille livres
par an. Se c'était l'industrie qui faisait vivre le plus de monde dans tout le
pays avoisinant.
Antoine Polge attribuait la décadence générale des manufactures du Puy
aux divisions continuelles qui s'étaient produites en divers temps parmi les
gens de métier. Il accusait les maîtres jurés d'avoir, dans des vues d'égoïsme
personnel, stérilisé l'industrie locale, en rendant l'accès de la maîtrise de
plus en plus difficile-Se en imposant aux apprentis des conditions pécuniaires
tellement onéreuses qu'ils n'osaient plus aborder l'épreuve du chef-d'œuvre
Se désertaient le pays, où personne n'était tenté de venir s'établir du dehors,
tant on y savait les corporations inhospitalières.
Pour remédier à ce dépérissement, Polge avait le dessein de fonder lui-
même des manufactures où il emploierait à son gré des ouvriers du pays
ou des étrangers, pour lesquels il sollicitait les mêmes privilèges qu'avaient
les maîtres de la ville, avec une indépendance complète de leur juridiction,
c'est-à-dire sans maîtrise, sans chet-d'œuvre Se sans visite.
Quand M. de Froidour convoqua les consuls en l'hôtellerie de Saint-
Louis, où il était descendu, il les trouva fort en défiance : une première
conférence avec M. de Fortia, l'intendant d'Auvergne, venu quelques jours
auparavant dans le pays, les avait mis sur la défensive. Pressentant leurs
dispositions, le commissaire enquêteur les avertit que le roi savait combien
la fabrication de leurs dentelles, de leurs bas Se bonnets de laine était défec-
tueuse Se grossière. Se que, pour éviter que cette industrie ne se perdît com-
plètement comme les autres, il avait dessein d'y favorise»" un établissement
nouveau. En leur ordonnant d'assembler le conseil de ville, il leur recom-
manda de ne point confondre l'intérêt général avec celui de quelques artisans.
Il ne doutait pas que les gens qui avaient dans leurs mains tout le commerce
local ne fissent une violente opposition, mais il les exhortait à se dégager
de toute préoccupation personnelle Se à s'inquiéter uniquement du bien
public. Les consuls promirent d'appeler à leur conseil le juge-mage Se les
autres officiers judiciaires qui n'avaient aucun intérêt dans la question.
Ils revinrent le lendemain, apportant non pas une réponse, mais une
chicane de formalisme. Il fallait au conseil de ville une signification en
règle de l'arrêt du conseil d'Etat. M. de Froidour leur fit observer que la
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|86 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
communication qu'il leur en avait faite personnellement &. la copie qu'il
leur avait remise valaient bien un exploit d'huissier ou de sergent, mais pour
ne pas prolonger des préliminaires inutiles, connaissant la ténacité de ces
sortes de personnages, il leur fit remettre une sommation formelle par les
mains d'un archer de la connétablie.
Le papier timbré fut rendu un jour après, portant au bas, sans plus de
façon, la délibération du conseil : on avait décidé que la ville du Puy étant
d'accès difficile offrait peu d'aisance pour le commerce, que les gens de
négoce y gardaient souvent leurs marchandises des années entières, que
des fabrications autrefois exclusivement particulières à la capitale du Vêlai
s'étaient, depuis quelque temps, naturalisées dans diverses villes voisines, 8c
que l'établissement de nouvelles manufactures, en multipliant les ouvriers,
serait une surcharge pour le pays & achèverait de ruiner l'industrie locale.
Cette fois, ce fut à l'enquêteur de réclamer sur la question de forme. Il se
plaignit, comme d'un procédé inouï, de cette sorte d'annotation cavalière au
bas d'un acte de justice que l'on remettait, en guise de réponse, à un com-
missaire départi venu au nom du roi pour s'informer du véritable intérêt
des peuples, & sans insister davantage, il fit subir aux consuls un interroga-
toire détaillé.
Ils se défendirent vivement, & non sans quelque aigreur, des reproches
indirects que l'arrêt du conseil d'Etat semblait contenir à leur adresse, en
parlant du désordre des arts & métiers. D'après eux, la seule & sérieuse
cause de la décadence commerciale était la misère générale du pays. La
ruine était partout} les acheteurs n'avaient pas d'argent, demandaient sou-
vent crédit ou n'achetaient plus. Quant aux produits qui se débitaient
encore, la grossièreté même qu'on leur reprochait en assurait seule l'écoule-
ment. Si, d'après le désir du roi, on fabriquait des marchandises plus belles
ou plus solides, les prix en deviendraient plus élevés, & les marchands
étrangers qui trouvaient leur compte à ce commerce ne reviendraient plus.
Telle qu'elle était, la petite production du pays faisait vivre les gens Se
donnait les moyens de payer la taille. Toutes les innovations qui pourraient
l'interrompre n'auraient d'autre résultat que de précipiter la ruine univer-
selle'.
Le syndic du diocèse de Montpellier déclara que le rétablissement du
' Les consuls de la ville An Puy qui prirent part bibliothèque de Toulouse. Ce volume contient le
à ces conférences étaient : noble Louis Dulac, sei- texte des quatre arrêts du conseil d'État du 28 mai
gneur de Gratus & Feugère, premier consul; & du 17 septembre, les trois procès-verbaux du
Etienne Treneis, greffier en chef des présenta- commissaire-enquêteur avec toutes les pièces acces-
tions au sénéchal du Puy; Pierre Filère, bour- soires de procédure & une carte de la route pro-
geois; Raymond Eyraud, marchand ; Jean Arnaud, jetée avec cette légende: « Chemin de la Regor-
notaire royal; Georges Viviers. dane, ou pour mieux dire, route qu'il faut tenir
L'ensemble des documents relatifs à la mission pour faire un chemin de charroy depuis les villes
de Froidour en Vêlai, au mois de novembre 1668, de Montpellier & Nismes jusques à Vieille-Brioude,
forme un volume relié de 141 feuillets qui fait en Auvergne, pour aller prendre la rivière d'Allier
partie de la collection Froidour & appartient à la passant par les Sevenes. »
LIV. II. ADMINISTRATION DE COL3ERT. 487
chemin serait utile à la Province & particulièrement à la ville de Mont-
pellier, pour le débit des couvertures, futaines & basins qui s'y faisaient,
pour l'exportation des figues, des raisins, des olives, de l'huile, du vermillon
& du vert de gris, comme aussi pour l'exportation des légumes, des toiles Se
chanvres qu'on recevait d'Auvergne'.
Les consuls de Quissac confirmèrent l'existence de la tradition populaire
sur l'origine romaine de la Regordane^, ajoutant que c'était à peu près
depuis trois cents ans que cette ancienne voie avait cessé d'être carrossable
& ne servait plus qu'aux bétes de somme; ils se plaignirent surtout de la
rupture du pont de Lésan, qui arrêtait entièrement le commerce.
Les consuls d'Alais confirmèrent ce témoignage, en ajoutant qu'il subsistait
sur plusieurs points des vestiges de la voie antique, venant d'Auvergne par
le Puy, Pradelles, Villefort 5t Genouillac, 81 qu'elle envoyait deux branches
au sortir de leur ville, l'une sur Nimes, l'autre sur Montpellier. Ils insistèrent
pour le rétablissement du pont de Nevs.
Le juge 8c plusieurs habitants de Genouillac signalèrent comme une
preuve visible de l'ancien transit des charrettes quatre vieilles maisons, dont
la façade présentait de grandes arcades murées dans lesquelles étaient prati-
quées de petites portes. C'est par là, disaient-ils, qu'entraient autrefois les
voitures toutes chargées.
Les habitants de Bayard racontèrent que, depuis trois ou quatre mois, le
marquis de Morangé, dont le château était tout voisin, avait fait visiter la
montagne par quatre maçons du pays, en vue d'y établir un chemin carros-
sable tournant la croupe des hauteurs jusqu'à la Garde-Guérin, ce qu'ils
offraient d'entreprendre au prix de trois mille livres, sans aucun travail de
maçonnerie.
Le syndic du diocèse de Nimes fit ressortir l'importance du projet, qui
n'intéressait pas seulement le Languedoc 8c l'Auvergne, mais une grande
partie du royaume, puisqu'il ouvrait à la Province les débouchés de la Loire
8c de l'Allier 8c qu'il renouerait des relations établies douze ou quinze siècles
plus tôt. A son point de vue particulier, il rappelait le grand commerce de
fruits méridionaux que la ville de Nimes envoyait dans les Cévennes, d'oii
elle tirait en échange les châtaignes, les marrons, le charbon de terre,
ajoutant que plusieurs drapiers nimois avaient des magasins au Puy 8c
trouveraient grand avantage à la facilité des communications.
En rapporteur fidèle, M. de Froidour signala quelques variantes au tracé
antique dont la proposition lui avait été faite. Les deux plus importantes
avaient pour but d'éviter le rude massif des montagnes de Portes &c Genouillac.
L'une 8< l'autre s'écartaient de l'ancienne ligne en sortant d'Alais, du côté
du levant, pour aller se raccorder : la première à Vielvic, la seconde à l'Espéron
en avant de Pradelles. Toutes les deux se confondaient jusqu'à Saint-Ambroix.
' Il indiqua une route carrossable de Montpel- ' A Raschas, au cœur des montagnes, le nom
lier à Fontanez, passant par la porte des Carmes, de la Regordane était populaire.
par Montftrritr, Prades & Truyez.
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488 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le projet de M. d'Alègre, sur Vielvic, empruntait le vallon de la Cèze qu'il
remontait jusqu'à sa source. De ce côté la route était incomparablement plus
facile, mais on privait du transit plusieurs centres de population qui en jouis-
saient de toute ancienneté, & qui, se trouvant fort chargés de tailles, ne man-
queraient pas d'opposer une vive résistance.
Le projet sur Pradelles, qui avait été inspiré à M. de Fortia par les juges-
mages du Puy dans leurs conférences avec les consuls & les notables du pays,
quittant la vallée de la Cèze au nord de Saint-Ambroix, traversait celle du
Chassezac aux Vans, longeait sur les plateaux le vallon de Thinette par Paire
8c le Petit-Paris, entrait dans les bois de l'abbaye de Chambon au-dessus des
sources de la Borne, 8c descendait par la combe de Mas Méjan de Bes à Saint-
Etienne de Lucdarès, par Saint-Ambroix, les Vans, Paire, le Petit-Paris, la
Loubaresse, Bes, Saint-Etienne 8c l'Espéron. Cette ligne était de trois ou
quatre lieues plus longue que le tracé antique; elle franchissait un pays
presque désert, où les bonnes villes 8t les prairies productives faisaient égale-
ment défaut; mais elle avait surtout, comme l'affirmèrent les voituriers qui se
trouvaient au marché de Pradelles, « l'inconvénient d'être impraticable pen-
« dant l'hiver, traversant la grande forêt de Loubaresse où la neige s'amassoit
« chaque année jusqu'à la hauteur de dix-huit à vingt pieds 8c ne fondoit pas
« de quatre mois; » 8c cet inconvénient était d'autant plus grave que le nou-
veau chemin ayant surtout pour objet d'alimenter la batellerie de la haute
Loire 8c de l'Allier, on ne pouvait songer à laisser la circulation interrompue
pendant la seule saison où ces deux rivières, encore trop voisines de leur
source, étaient sérieusement navigables.
Le projet de rendre la haute Loire flottable depuis sa source jusqu'au pont
de Brives, à hauteur de la ville du Puy, avait été inspiré aux entrepreneurs
par les informations qu'ils avaient recueillies sur la rareté 8c la cherté du bois
de construction 8c de chauffage dans la capitale du Vêlai. Toutes les monta-
gnes qui avoisinent le Puy étant dépouillées des hautes futaies qui en avaient
autrefois revêtu les pentes, on ne pouvait utiliser, pour les usages domesti-
ques, dans les environs immédiats de la ville, qu'un peu de menu bois fourni
par les plantations de saule, de peuplier 8c d'autres essences légères qui tapis-
saient le creux du vallon, 8c pour la bâtisse, quelques solives triées à grand
peine au milieu des maigres buissons de sapin &c de pin qui avaient encore
survécu au déboisement, 8c il fallait s'approvisionner à quatre 8c six grandes
lieues de distance, dans les vastes forêts de Bauzon, d'où l'on tirait le gros
bois de hêtre, employé à peii près exclusivement au chauffage, 8c d'où arri-
vaient, soit à dos de mulet, soit en traîneau, les planches de sapin, les soli-
veaux 8c les poutres destinés à la construction. Le mauvais état des chemins,
l'aspérité du sol &c la multiplicité de montées 8c de descentes qui harassaient
les bêtes de somme, rendaient ces transports singulièrement lents 8c coûteux;
le port d'une charge d'âne se payait de quinze à seize sous; celui d'une charge
de cheval, de vingt-quatre à vingt-cinq.
Or les forêts de Bauzon qui couronnent, dans la partie occidentale du
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 489
Vivarais, tout ce massif de plateaux élevés S< solitaires formant la séparation
des bassins de l'Allier, de la Loire 81 de l'Ardèche, étalent leurs derniers bou-
quets au-dessus même du vallon encaissé où les eaux de la Loire, à peine
échappées de leur source, se fraient une route capricieuse à travers les roches.
Aussi la pensée de faire servir la Loire comme un véhicule naturel à l'exploi-
tation forestière, n'était pas nouvelle. D'après les souvenirs locaux, l'initia-
tive en avait été prise, sous Louis XIII, par un marchand d'Orléans, appelé
Guignard, qui, de concert avec un certain Barthélémy, trafiquant indigène,
avait entrepris le transport du bois flotté, pour le chauffage seulement, & en
avait fait l'objet d'un traité avec les consuls du Puy, à des conditions plus
avantageuses pour la ville que pour lui-même, Ce bonhomme fit un premier
envoi très-considérable qui arriva heureusement &c vint se ranger en bel ordre
le long du barrage de retenue qu'il avait établi au pont de Brives; mais l'en-
trepreneur, tout entier à la joie de sa victoire, négligea de faire tirer son bois
à sec à mesure que l'eau l'amenait, & passa la nuit à boire. Le lendemain
matin, il ne retrouva plus ni bois ni barrage. Les troncs d'arbres accumulés
& pressés contre l'obstacle par la violence du courant, avaient fait l'office de
bélier. Si enfoncé les pièces de retenue; le tout descendait grand train au fil
de l'eau. Maître Guignard ne renouvela pas son expérience.
Dix ans après, l'idée fut reprise par une société de quatre marchands, dont
l'un, Claude Merle, habitait Montpellier, Se les trois autres, Lantenas, Jou-
mart 8c Monsat, résidaient dans la ville du Puy. Ceux-ci ne furent pas plus
heureux; mais leur insuccès tint à d'autres causes. Dans ces régions agrestes
8c désolées, la féodalité gardait encore ses allures du moyen âge. La Loire
était bordée de terres seigneuriales. Les gentilshommes qui les possédaient ne
se firent pas faute de rançonner Se de piller publiquement les convoyeurs.
De leur côté, les consuls du Puy, sous prétexte de police, établirent une taxe
onéreuse sur le bois flotté 8c suscitèrent mille embarras. Pour sortir d'affaire,
les quatre marchands durent associer à leur entreprise un des consuls ainsi
qu'un chanoine de la cathédrale qui avait grand crédit dans la contrée; mais
la mort leur ayant enlevé ces protecteurs, tout fut abandonné, Se la compa-
gnie s'estima satisfaite de pai-venir à rentrer dans ses déboursés.
Une dernière tentative fut interrompue par la justice; sous prétexte que
l'on n'avait pas obtenu l'autorisation du roi, les juges de la ville firent saisir
tout le bois flotté : ce tut une perte de six mille livres pour les sociétaires.
Dès lors personne ne songea plus à la Loire.
Les choses en étaient là, quand M. de Froidour vint commencer son
enquête, en exécution de l'arrêt du 28 mai.
Sinson Se Polge avaient remonté la Loire depuis le pont de Brives jusqu'à
sa source, en compagnie de « gens experts au fait de la navigation des rivières, »
qui étaient unanimes à conchire qu'il y avait lieu de nettoyer le lit du fleuve
8c le rendre propre au flottage de toute sorte de bois. Ils offraient au conseil
du roi de faire à leurs frais l'entière dépense, pourvu que Sa Majesté leur
accordât la faculté exclusive du transport des bois flottés entre la montagne
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490 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de Bauzon & le pont de Brives, sous peine de confiscation & d'amende de
deux mille livres.
Les consuls du Puy témoignèrent quelque inquiétude au sujet de l'établis-
sement du monopole que semblait leur annoncer le conseil d'Etat; ils crai-
gnaient que l'on n'abusât, ainsi qu'il était souvent arrivé, des termes d'une
faveur royale, Se ils eurent le soin de faire observer que l'entreprise projetée
n'aurait d'avantages pour la ville que si l'on voulait bien laisser aux habitants
la liberté de s'approvisionner de bois partout où bon leur semblerait, sans les
contraindre à n'employer que du bois flotté, s'engageant d'ailleurs à ne point
établir de taxe qui pût gêner le commerce des trains arrivés par cette voie. Ils
ne voyaient point, du reste, qu'aucun intérêt particulier pût être lésé par
l'exécution des travaux que l'on proposait. Sur tout le cours de la Loire,
depuis le pont de Brives jusqu'à la source, il n'avait existé qu'un seul moulin
qui appartenait à la dame de Soubres & qu'une terrible inondation avait
emporté.
Le conseil de ville, appelé à délibérer, parut vouloir participer à la réserve
cauteleuse dont les cinq consuls avaient fait preuve. Il se contenta de déclarer
que l'entreprise annoncée pouvait être utile à la ville £< au pays, sans vouloir
ajouter un mot de plus. Seulement, lorsqu'ils apportèrent au commissaire-
enquêteur le texte de cette délibération concise, dont le laconisme lui semblait
mal répondre aux intentions du conseil d'Etat, les consuls l'accompagnèrent
d'un commentaire verbal avec la précaution expresse d'avertir l'agent du roi
qu'il pouvait citer leurs paroles dans son rapport à titre de conversation, mais
qu'ils ne consentiraient point à les écrire & à les signer, devant s'en tenir
étroitement aux décisions du conseil de ville. Ils affirmaient donc, en leur
particulier, que les travaux de la Loire étaient ardemment désirés par tous les
habitants du Puy, que leurs auteurs pouvaient se promettre toute sorte de
protection de la part des magistrats & des consuls, & ils présageaient d'heu-
reux résultats à l'entreprise, en se fondant surtout sur ce qu'elle était conduite
par des étrangers, tandis qu'entre les mains de gens du pays elle n'aurait
obtenu aucun succès, par suite de la jalousie qui divisait les habitants.
M. de Froidour, apprenant qu'il y avait encore au Puy un des anciens
entrepreneurs du flottage, Gabriel Lantenas, & un valet de ville nommé
Claude Chambon, qui avait été conducteur de trains, les fit venir en son
hôtel pour les interroger, 81 apprit de leur bouche l'histoire des tentatives
antérieures. Ils ajoutèrent que, dans l'état où elle se trouvait, la Loire pou-
vait être bonne au flottage à bois perdu poiir le chauffage seulement, en
établissant une retenue au pont de Brives. Quant au bois à bâtir Si aux mâts
de navire, on n'en pourrait amener qu'en rompant les roches qui, sur plu-
sieurs points, obstruaient son cours. Depuis six mois, un certain Pointier,
qui avait entrepris d'y faire passer des arbres pour la marine, s'y voyait empêtre
sans trouver moyen d'en sortir, gêné à la fois par les blocs de rocher Si par
l'insuffisance de l'eau.
Cependant, le charpentier des bâtiments du roi, qui était allé reconnaître
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBEKT. 491
les lieux, annonça qu'il diviserait le cours de la haute Loire en deux sections
pour l'établissement de son entreprise & qu'il en fixerait la limite au lieu
d'Issarles, premier village de Vivarais. Entre ce point & le pont de Brives, il
mettrait la rivière en état de porter les trains; depuis Issarles jusqu'aux sources
de la Loire, il se contenterait d'y faciliter le flottage à bois perdu, les obsta-
cles naturels étant trop nombreux & trop considérables pour espérer de mieux
faire, à moins de dépenses disproportionnées avec ses moyens. Il proposait
même de prolonger la première section jusqu'à trois ou quatre lieues au-des-
sous de Brives, voyant combien la pénurie de bois était grande dans le pays,
81 même d'améliorer la petite rivière de Borne qui vient se jeter dans la Loire
en aval du pont, de façon à faire remonter les trains jusqu'à l'entrée des fau-
bourgs du Puy.
Le 25 novembre, M. de Froidour se mit en route pour suivre le vallon de
la Loire jusqu'à la montagne d'Issarles. Comme il avait fait toute l'année une
sécheresse extrême, la rivière était fort basse & partout guéable, & paraissait
complètement impropre au flottage des trains. Le commissaire-enquêteur nota
soigneusement au passage tous les travaux qui lui semblaient indispensables.
Ces travaux étaient :
Du pont de Brives à Bousolles, le percement de plusieurs roches & l'éta-
blissement d'une chaussée de quarante à cinquante toises pour resserrer le lit
de la rivière;
De Bousolles à Coubon, nouvelle percée 81 déblaiement d'un passage sur
l'emplacement du moulin ruiné de la dame de Soubres;
De Coubon à Farges, un nivellement général 81 une chaussée de cinq toises;
Près l'église de Saint-Biaise, plusieurs roches à percer Si de grands amas de
sables à nettoyer;
De Saint-Biaise à Soulignac, beaucoup de blocs à détruire Se un étalement
subit de la rivière qui lui faisait perdre toute profondeur Si qui demandait
une chaussée d'environ soixante toises;
De Soulignac jusqu'au lieu d'Arlenc, le lit de la Loire devenait de plus en
plus étroit 8t obstrué; plusieurs passages devaient y être élargis.
Entre Arlenc Sx. Issarles, il n'existait plus d'obstacle.
De ce voyage, qui dura deux jours, le commissaire du roi rapporta cette
conclusion que, non-seulement la ville du Puy 8t ses environs, mais tout le
pays en amont, à droite Si à gauche de la Loire, se trouvaient dans une
extrême disette de bois, qu'il serait très-avantageux pour le public qu'un
flottage régulier pût y être établi, Si que la possibilité d'y faire voiturer des
mâts de navire intéressant d'une façon particulière le service de Sa Majesté,
il croyait de son devoir de la signaler au conseil d'État.
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492 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
CHAPITRE IV
Les biens de mainmorte. — Le droit d'asile. — Pierre Bonzi. — Intendance d'Henri d'Aguesseau.
Querelle de la régale. — Mort de Nicolas Pavillon. — Guerre d'Espagne. — Affaire du Valespir.
Mort de Riquet. — Ouverture du canal à la navigation. — Voyage de Louvois. — Mort du duc de
Verneuil. — Le duc du Maine. — Commandement de Noailles. — Mesures de rigueur contre les
protestants. — Prise d'armes en Vivarais. — Découragement & rappel de d'Aguesseau.
,6i5n Tandis que la grande entreprise du canal, très-corabattue en Languedoc,
attirait l'attention des étrangers & concentrait les préoccupations de l'inten-
dance, l'esprit de réforme qui possédait Colbert se traduisait dans la Province
par une foule d'actes particuliers. Les tentatives qui furent faites pour établir
partout l'ordre que le contrôleur général cherchait à mettre dans les finances
mériteraient une histoire. Dans la mesure que les limites de notre cadre
nous imposent, nous sommes condamné à indiquer simplement ces efforts,
surtout quand ils sont demeurés sans résultats ou n'ont produit que des
conséquences éphémères. La puissance de Louis XIV n'était pas tellement
irrésistible qu'elle ne se soit heurtée contre bien des oppositions sans réussir
à les vaincre.
On peut ranger hardiment parmi les peines perdues la tentative de réfor-
mation des universités, qui donna lieu à une vérification attentive des insti-
tutions, des hommes 8t des bâtiments, mais qui ne réussit point à vivifier
des corps d'où l'âme s'était retirée Se à rendre quelque éclat aux anciens
foyers d'études autrefois fréquentés de l'Europe entière'. Non moins vaines
furent les démarches du Parlement de Toulouse en vue de restreindre
l'accroissement des biens de mainmorte, l'abus des largesses faites par les
malades aux maisons ecclésiastiques, & de réprimer l'instinct processif des
couvents.
M. de Maniban s'efforça de rappeler aux réguliers que leur « véritable
« caractère devoit être un parfait détachement de toutes les choses de la terre
« & une indifférence pour acquérir du bien; » il leur reprocha d'oublier
trop souvent ce principe, d'importuner tous les jours les particuliers sans
nécessité, d'utiliser pour l'intérêt de leurs maisons « l'autorité que le tribunal
« de la confession leur donne « de venir, sur le moindre prétexte, porter
leurs querelles au palais, & de se rendre maîtres des plus belles terres & des
domaines les plus considérables qui fussent dans le ressort de la cour. Il
réclama contre la multiplicité des monastères & l'encombrement qu'on y
remarquait, dénonça les procédés employés pour tirer de l'argent des filles de
'On trouvera aux Pièces/ujti/îciitivcs.n.CCCLXV, de l'université de Toulouse avec la visite des
toi. 997, le procès-verbal de visite dressé par M. de divers collèges du ressort. C'est un tableau attris-
Bourlemont, archevêque de Toulouse, & M. de tant de la décadence où était tombée l'anciennt
Bezons, commissaire du roi, pour la réformation université.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 498
bonne maison entraînées dans les couvents, traitant de pactes simoniaques
les contrats qui se faisaient à l'occasion des prises de voile'.
Ces sentiments de réaction contre l'envahissement de la propriété foncière
par les corporations religieuses n'étaient point nouveaux. A'ialgré le courant
de dévotion qui s'était manifesté depuis la régence d'Anne d'Autriche, les
conseils des villes se plaignaient souvent, soit dans leurs cahiers de doléances,
soit dans leurs délibérations particulières, de voir les biens les plus productifs
mis hors du commerce, 8t l'antipathie excitée par les privilèges séculaires des
maisons conventuelles se révélait quelquefois avec une extrême vivacité.
On en eut un exemple à Toulouse au mois de juillet 1669. Un prévenu
s'étant échappé des prisons avait trouvé refuge dans le couvent des augustins.
Comme le droit d'asile avait cessé d'être légalement reconnu aux maisons
ecclésiastiques, le chef du consistoire Raymond d'Aldéguier, seigneur d'Ai-
guesvives, qui fut plus tard président aux requêtes du palais, se transporta
aux augustins avec son escorte, occupa le cloître & les issues 8<. se saisit de
plusieurs jeunes gens qui furent conduits à l'hôtel de ville. Quatre religieux
s'étant démontrés par la vigueur de leur résistance, le capitoul les fit aussi
appréhender. S'il faut en croire le syndic des augustins, ces quatre religieux
furent traînés par les rues comme des scélérats 8c assommés en chemin à
coups de poing & de manches de hallebardes, sous les yeux de plus de deux
mille personnes. Un chroniqueur du couvent rapporte que cette scène vio-
lente eut lieu à l'heure de vêpres, le mardi 9 juillet 1669, pendant que
toute la communauté était réunie à l'office. Il ajoute que l'archevêque de
Toulouse excommunia les capitouls èi. leurs adhérents, prit l'affaire en main
& en écrivit au roi. Louis XIV, après la lecture de son compte-rendu, dit
à haute" voix, suivant la même autorité : « Ce capitoul a plus fait que je
« n'aurois voulu & osé taire. »
Cependant l'archevêque leva l'excommunication. Le Parlement dépêcha
l'un de ses conseillers clercs, Victor de Frézals, affilié aux augustins, qui
prit deux carrosses vides, alla chercher les quatre religieux dans les prisons
de la maison de ville 8c les ramena triomphalement, portières ouvertes,
jusqu'au couvent, avec une grande suite de peuple qui criait : Toile! toile!
contre les capitouls.
Il paraît que le corps de ville eut à subir une réprimande du conseiller
clerc, qui les obligea de faire leurs excuses aux religieux 8c de les accompa-
gner jusqu'en dehors du grand portail de l'hôtel de ville, le chaperon sur
l'épaule 8c la compagnie du guet formant la haie.
(' Depuis cet accident, ajoute le chroniqueur, nous finies résolution de ne
« donner refuge à personne à l'avenir, faute de quoi aussi plusieurs ont été
H pendus 8c ont eu la tête tranchée qui ne l'auroient pas eu, &c faut toujours
(I s'en tenir là pour éviter de tels désordres^. »
' Nouî publions le text» intégral de l'arrêt du " Archives de la Haute-Garonne. Fonds des Au-
6 décembre 1667, qui est un document d'un haut gustins de Toulouse. Registre Je Notre-Dame,
intérêt, Pièces justificatiyei, n. CCCLIII, col. 960. p. 203. — Voici le texte du chef de monitoirc
1669
1669
494 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
M. de Bourleinont survécut seulement de quelques mois à cet esclandre',
& sa mort amena sur la scène politique vin personnage destiné à y taire
grande figure, avec des fortunes bien diverses, le florentin Pierre de Bonzi.
Les Bonzi, venus en France à la suite & par la faveur des Strozzi 8t des
Médicis leurs parents, s'étaient rendus comme héréditaires sur le siège épis-
copal de Béziers, où le cardinal Laurent Strozzi avait appelé comme coadju-
teur le premier de la dynastie*.
Neveu du cinquième des évêques de son nom qui se succédèrent à Béziers,
Pierre y fit son éducation auprès de son oncle, prélat opulent qui s'était aussi
chargé d'une nièce, mariée depuis au marquis de Castries. Le jeune homme
était destiné à l'Église; mais il eut quelque temps la pensée de changer de
voie Se se rendit en Italie, portant l'épée & le plumet, comme un cadet de
publié dans toutes les églises de Toulouse, à l'oc-
casion de cette aventure :
Chef de monîtoire que met & haille pardevant Vous^
Nosseigneurs, tenans la souveraine cour de Parle-
ment de Toulouse, le syndic des religieux augus-
tins de Tolose, pour estre puhlié &■ signifié.
Contre toute personne, de quelque estât, qualité
& condition qu'elle soit, qui sçauroit de certaine
science, pour l'avoir veu, ouy dire ou autrement
qu'environ les trois heures de relevée du mardy
p" de juillet 1669 certain personnage, pendant que
la communauté estoit à l'office des vespres dans le
chœur, seroit venu d'authorité heurter à la porte
du cloistre; laquelle luy ayant esté librement ou-
verte, auroit esté suivy d'une troupe de gens armez
qu'il avoir apostez , lesquels estans entrez avec
impétuosité, auroit à l'instant arraché avec vio-
lence les clefs des mains du frère portier, & se se-
roit rendu maistre des portes.
Qui sçauroit que ledit personnage, se prévalant
de l'authorité & de la force, auroit fouillé & suivy
tout ledit couvent, dans lequel il auroit trouvé
trois jeunes hommes qui y estoient entrez par
forme de visite particulière, lesquels il auroit fait
saisir & conduire en prison luy-raesme, accom-
pagné d'une partie de ses gens armez, le reste
estant demeurez dedans avec ses confédérés.
Qui sçauroit que ledit personnage estant peu de
temps après revenu sur ses pas, avec élévation de
voix, accompagné de plus grand nombre de genj
armez, portant aussi de leviers & maillets de fer
pour briser & forcer les portes du cloîtrej mais
n'y ayant point trouvé de résistance, il seroient
entrés dedans une seconde fois, où, s'estant unis
avec les autres, qui estoient demeurés, ils auroient
exercé toute sorte de violence & d'emportement,
comme dans une maison de désordre, jusques-là
que s'estant saisis de quatre desdits religieux, ils
les auroient avec violence sortis du cloistre &
traînez contre terre par les rues comme des scélé-
rats, battus & assomés à coups de manche d'haie-
barde & à coups de poings & de pieds, & en cet
estât conduits en prison avec le plus grand scan-
dale qui soit jamais plus arrivé dans Tolose, à la
veue de plus de deux mille personnes, qui auroient
esté tous effrayés d'un si horrible spectacle.
Qui sçauroit que lesdits quatre religieux, tous
meurtris 8c assomez, auroient esté tellement serrez
en prison, qu'il auroit esté impossible de les tirer
pour leur donner du secours & soigner leurs bles-
sures qu'ils auroient reçues dans leur scandaleuse
conduite, dont ils auroient esté griesvemcnt ma-
lades & en danger de mort, & le tout à cause
de leur capture & mauvais traitement, & du refus
fait aux chirurgiens qui y avoient estez envoyez
pour les soigner.
Contre tous sçachants & consentans, ayent à
révéler au greffe de Jonquet, à peine d'excommu-
nication.
Mabtin Serres, substitut du syndic.
Autorisé par la cour, 27 juillet 1669.
A. DE Pins, Lemazlyer.
' L'épi ta phe de l'archevêque de Toulouse, Charles
d'Anglure de Bourlemont, gravée sur une dalle de
marbre rectangulaire, est conservée aujourd'hui
dans le musée de Toulouse, n° 662. Le texte en a
été publié '.
' Le musée de Toulouse possède également une
série d'inscriptions consacrées par Clément de
Bonzi, oncle de Pierre, à ses prédécesseurs sur le
siège de Béziers, Thomas I" (1576-1596), Jean
{1596-1621), Dominique, coadjuteur (1621), Tho-
mas II (1621-1628)".
' Gallia Chrisliana, XII, p. 70. Roschach, Musée de Tou-
louse. Catalogue des Antiquités & des Objets d'art, p. 233.
" Roschach, Musée de Toulouse. Catalogue des Anti-
quités & des Objets d'art, p. 3 14.
LIV, II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 495
famille, avec la pensée de revendiquer certains biens qui avaient appartenu à
sa maison. Cette démarche ne réussit pas, St Pierre Bonzi, renonçant à la car-
rière des armes, quittant le nom de baron de Castelnau qu'il avait pris dans le
monde, alla reprendre l'habit ecclésiastique & suivre les conseils de son oncle.
Il obtint de bonne heure la protection du cardinal Mazarin qui appréciait
en lui un esprit plein de souplesse & de grâce, une grande facilité de parole,
un extérieur aimable Se un air de dignité précoce. Il semblait né pour le rôle
d'ambassadeur.
Il commença par être envoyé du grand duc de Toscane pour la paix des
Pyrénées 8t en cette qualité assista aux conférences de Saint-Jean-de-Luz 8c
de Fontarabie. C'est là qu'il fut gratifié de l'évêché de Béziers & de l'abbaye
d'Aniane. Entfé alors au service de France, il eut des missions diplomatiques
importantes 5 chargé de conclure le mariage du grand duc de Toscane avec
une fille de Gaston d'Orléans qu'il conduisit lui-même à Florence. On l'en-
voya en Pologne auprès du roi Jean-Casimir, mari de la princesse de Clèves,
&, après son abdication, pour rompre les intrigues des impériaux 81 faire élire
Michel Wiesnowieski. Il revenait de cette dernière ambassade quand il reçut
la succession de M. d'Anglure".
Pierre de Bonzi avait été naturalisé Français par lettres patentes du mois
d'avril lôSj, & le 2'i septembre 1654, sur la requête de son oncle, des lettres
de dispense spéciale avaient suspendu en sa faveur l'ordonnance qui défen-
dait aux évêques étrangers de prendre des grands vicaires qui ne fussent pas
« Français naturels^. »
L'archevêché de Toulouse, au moment où Bonzi en reçut l'investiture, était
de fait la première dignité ecclésiastique de la Province. François Fouquet
continuait de vivre en exil, St comme le roi ne pouvait disposer de son siège,
la présidence des Etats de Languedoc appartenait de droit au second arche-
vêque de la Province.
Nos lecteurs connaissent le rôle prépondérant qu'avait le président des Etats,
par suite de l'autorité à peu près sans contrôle dont il était revêtu. Cette quasi-
omnipotence fut encore outrée par Bonzi qui, pendant vingt ans environ,
exerça en Languedoc une véritable royauté. Royauté, vis-à-vis des évêques,
des barons, des députés du tiers Si des officiers de la Province, car à l'égard
du ministère, Bonzi témoignait au contraire une soumission à toute épreuve
8c se faisait l'instrument docile de ses volontés. Il fut un des hommes qui
contribuèrent le plus à l'effacement provincial, n'étant guère qu'un commis-
saire du gouvernement sur le fauteuil de la présidence St n'employant son
ascendant personnel, son éloquence 81 ses façons courtoises qu'à faire réussir
les demandes de fonds faites par le roi, St n'usant de son droit de harangue
à l'ouverture des assemblées que pour répéter, sous des formes d'une variété
inépuisable, les louanges hyperboliques tlu souverain.
' Mémoires de Saint-Simon, \, p. 22. lement de Toulouse. Recueil des éJits & déclara-
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par- tions.
1669
— 49^ ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Dans le courant de l'année 1670, les vexations des traitants &i des com-
missaires exacteurs déterminèrent un soulèvement dans les montagnes du
Vivarais. Un homme du pays, Jacques Roure, se mit à la tête de l'insurrec-
tion, mit en fuite les commis des gabelles & se saisit de quelques positions
importantes. Deux lieutenants généraux, le comte du Roure &. le marquis
de Castries, assemblèrent des forces, tant de troupes régulières que de milices,
& débusquèrent les révoltés de divers postes vers la fin du mois de juillet. La
sédition fut promptement découragée, 8c le 11 août les curés de la contrée
servirent de parlementaires pour la cessation des hostilités. M, de Bezons alla
juger prévôtalement les coupables à Aubenas, avec les officiers du présidial
de Nimes.
Seize prévenus furent condamnés à mort. Jacques Roure, qui s'était dérobé
par la fuite, traqué à travers la province, finit par être arrêté sur la frontière
de Navarre, 8>c, traîné par les gardes du marquis de Castries, eut les membres
rompus sur la roue. La foule le considéra comme un martyr 8<. se disputa les
lambeaux de ses vêtements. Il fallut des ordonnances de l'évêque £<. de l'inten-
dant pour empêcher la propagation de ces nouvelles reliques.
Le 3o octobre, les catholiques obtinrent un grand triomphe par la transla-
tion de la chambre de l'édit de Castres à Castelnaudary. C'était un achemi-
nement vers l'entière suppression de cette cour. Créée par la politique de
conciliation d'Henri IV dans l'intérêt des réformés, cette chambre avait été
naturellement placée au milieu du pays où les protestants se trouvaient en
plus grand nombre. Ceux qui tendaient ouvertement à la révocation de l'édit
de Nantes se contentèrent du moyen terme de la translation, avec l'arrière-
pensée de pousser plus loin leur victoire aussitôt que les circonstances le per-
mettraient.
En 167 1, l'assemblée provinciale reçut des plaintes nombreuses contre les
excès des gens de main-forte qui se refusaient, comme d'habitude, au payement
de leurs tailles. Il ne paraît pas que les réclamations aient eu des conséquences
bien graves pour ceux qui les avaient provoquées. La lutte des communes
était trop inégale contre des personnages bien apparentés, qui trouvaient des
défenseurs officieux aux Etats 6c des juges prévenus au Parlement, 8c à qui les
artifices d'une procédure interminable permettaient d'éluder la répression'.
Cette même année, la formule du serment que prêtaient les membres des
États fut modifiée 8c mise mieux en rapport avec les maximes de la monar-
chie. Le ministère détestait les assemblées, bien que, depuis longtemps, elles
eussent cessé d'être redoutables, 8c tout ce qui pouvait rappeler le vieil esprit
républicain de l'époque des communes devenait suspect. Tout évêque, baron
ou député du tiers, dut promettre de procurer de tout son pouvoir le bien
du service du roi Se le soulagement de la Province, 8c s'engager à garder un
secret absolu sur les délibérations dont la publicité pourrait avoir des incon-
vénients*. L'habitude des négociations mystérieuses s'introduisait de plus en
' Pièccijuitificaùrci, n. CCCLXXVIII, col. 1081. ' Pièces justificatira, n. CCCLXXXI, col. 1086.
167
1672
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 497 J^
plus dans l'assemblée, & les moyens que les commissaires du roi employaient
pour gagner les suffrages étaient de nature à ne pouvoir être mieux défendus
que par le silence.
De loin en loin, des scènes de violence ou de désordre se reproduisaient
dans les parties de la Province où les mœurs turbulentes du seizième siècle
régnaient encore. L'abbesse de Rieunette, qui était de la maison de Lévis,
allant reprendre possession de biens usurpés dans le diocèse de Carcas-
sonne, en compagnie d'un commissaire exécuteur d'arrêt du grand conseil,
fut attaquée sur la route par six hommes apostés qui la tuèrent à coups de
fusil'.
Dans le marquisat de Roquefeuil, au diocèse de Mimes, appartenant à la
marquise d'Allègre, on dénonça les actes de brigandage des frères d'Arre, qui,
non contents de refuser, comme bien d'autres gentilshommes, le payement
de leurs tailles, avaient formé une troupe de partisans & se rendaient la ter-
reur du pays, enlevant à main armée les récoltes & les troupeaux, s'attribuant
la levée des impositions, faisant nommer les consuls suivant leur caprice &
commettant, en un mot, les plus grands excès. On les accusait, en particu-
lier, d'avoir assassiné un prêtre Se d'en avoir fait promener un autre autour
de l'église, revêtu de ses habits ecclésiastiques Se la tête enveloppée d'une
peau de renard; un jeune homme, qui se récriait devant cette odieuse scène,
aurait eu les yeux crevés d'un coup de feu, & une bande de violons serait
entrée dans l'église pour y conduire la danse. On parlait aussi d'enlèvements
de nouveaux convertis commis en plein jour sur les chemins par des troupes
d'aventuriers*. Le caractère spécial des exploits reprochés aux frères d'Arre St
à leur clientèle indique d'une façon assez claire que ces gentilshommes étaient
les continuateurs de ces hardis capitaines protestants de Languedoc, triste-
ment illustrés pendant les guerres de religion. Ces petites campagnes par-
tielles, Se bien d'autres que l'histoire a négligées ou dont il ne reste que des
mentions incomplètes dans les documents locaux, relient aux grandes luttes
du siècle précédent le soulèvement des Cévennes, déterminé, comme on le
verra plus loin, par la révocation de l'édit de Nantes.
Les orateurs du gouvernement parlaient d'ailleurs avec un profond mépris
de ces épisodes. « Les désordres arrivés dans une partie de cette Province,
« disait M. de Bezons, ne pourront arrêter le cours des grâces que vous
o recevez tous les ans Le cri des animaux de la Fable n'a pas monté
« jusqu'au trône de Jupiter; l'assemblée de quelques voleurs Se de quelques
« sacrilèges n'a pu altérer les sentimens d'amour que le roi a pour vous, Se
« ces vapeurs élevées de la plus basse région de la terre n'empêcheront pas
« qu'un ciel serein ne verse sur vous d'aussi bénignes influences^. »
Les grâces ne cessaient pas, en effet, de pleuvoir dans les zones lumi-
neuses où, négligeant les ombres du tableau, les hauts personnages de la
' /'(«fj /mfi/îfalivf», n. CCCLXXXII, col. 1087. 'Procès-verbal des Etnts. Séiince du 17 no-
' Piècei juii't/icativci,n. CCCLWX1\, col. \io3, vembrc J670.
XIII. 3i
~^ 4y8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Province voyaient grandir leur fortune. Une dignité nouvelle rehaussa la
qualité du nouveau président des Etats. Pierre Bonzi reçut, en 1672, du pape
Clément X, le chapeau de cardinal au titre de Saint-Onuphre.
Ce ne fut qu'à la suite de cette élévation, Si trois ans après avoir été nommé
archevêque de Toulouse, que le cardinal alla prendre possession de son siège
métropolitain.
Les capitouls, avertis de sa prochaine arrivée par son grand vicaire, M, de
Lafont, se disposaient à renouveler en son honneur les démonstrations qui
avaient accueilli le cardinal de Joyeuse 8c les autres princes de l'Église. Mais
Bonzi leur écrivit de Montpellier pour se soustraire k ces hommages, & refusa
même leur députation qui devait le saluer à Carcassonne.
Il fit le voyage de Toulouse avec sa sœur aînée Elisabeth ' 8t son beau-
frère le marquis de Castries, lieutenant général de la Province, qui profita
de l'occasion pour réclamer les hommages dus par la ville aux commandants
militaires.
Six députés capitulaires se rendirent à Villefranche & présentèrent à la fois
leurs civilités au cardinal-archevêque 8c aux Castries.
A Saint-Papoul, où il s'arrêta, le cardinal signa un mandement qui ordon-
nait une procession générale pour le 10 août 8c qui convoquait tous les corps
ecclésiastiques 8c laïques dans l'église Saint-Etienne. Il arriva la veille au soir
à Toulouse, sans se taire connaître ni recevoir personne, 8c se montra pour la
première fois à ses nouveaux diocésains, revêtu de ses ornements pontificaux,
sous le dais armorié dont les capitouls en robe tenaient les bâtons.
La procession, qu'avait annoncée le 9 une salve d'artillerie municipale, fit
une station dans le couvent des Grands-Augustins.
Dans la journée, on apporta au cardinal le présent des princes 8c on lui
offrit la collation, qu'il n'accepta pas^.
Avant de quitter Toulouse, où il ne séjourna que quelques jours, il alla
visiter l'hôtel de ville 8c y fut reçu au bruit des hautbois, des trompettes 8c de
la raousqueterie. En entrant dans son palais, il y trouva deux grands bassins
remplis des plus délicates confitures qu'on avait pu découvrir, pesant plus de
cinquante livres chacun, que les capitouls lui envoyaient pour tenir lieu de la
collation 3.
Le 18 août, pendant que le cardinal 8c le marquis de Castries étaient
encore à Toulouse, un incendie terrible y dévora plus de cent maisons du
faubourg Saint-Michel, qu'il fallut abattre à coups de canon pour empêcher
la communication du feu. Quatre ou cinq cents familles furent jetées clans la
dernière détresse par la perte de tous leurs biens, .
Les capitouls allèrent à l'archevêché supplier le cardinal 8c son heau-frère
■ Le cardinal avait deux sœurs : Elisabeth, ma- ' Archives de Toulouse. Centrale Jes dépenses Ju
née à Rene-Gaspard de la Croix, marquis de Cas- trésorier pour l'année 1672. Voyages & chevauchées,
tries, morte à quatre-vingt-deux ans, le i3 no- n. 29.
vembre 1708, & Marie, femme du- marquis de * Archives -de Toulouse. Annales manuscrites de
Caylus, baron des États de Languedoc. Ihotel de ville de Toulouse, IX, p. 146.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 499 —
d'employer leur crédit en faveur de ces malheureux, tant auprès des Etats
qu'auprès du roi.
Bonzi écrivit, en effet, deux lettres pressantes à Colbert pour solliciter
quelques secours'. La réponse du contrôleur général, qui ne perdait jamais
de vue les intérêts politiques supérieurs, dut donner à penser aux Toulousains
sur la valeur de ces fameux privilèges qu'ils défendaient avec tant d'acharne-
ment, 8c qui n'étaient, en bonne justice, qu'une façon fort égoïste de se sous-
traire aux obligations de l'Etat.
« J'ay bien du regret, disait le ministre, qu'une ville aussi considérable
e( ayt souffert un si grand mal; mais, sur la proposition que vous me faites
« de tirer quelque assistance du roy pour ceux qui ont le plus souffert dans
« cet embrasement, je vous diray que la ville de Toulouse ne contribuant
« point aux grandes dépenses de l'Estat comme les autres du royaume, il
« semble que les capitouls 8c le corps de ville devroient bien plutost recher-
« cher les moyens de secourir ceux des habitans qui sont intéressés dans
« cette perte, que d'avoir recours à Sa Majesté. Je ne doute pas que vous ne
« les y engagiez^. »
On ne peut nier que le contrôleur général n'exprimât ainsi une opinion
conforme aux vrais principes du gouvernement. Ces privilèges locaux reje-
taient, en effet, par une injustice flagrante, une exagération de charges sur
les autres habitants du pays, 81 l'on ne saurait y voir qu'un vestige des âges
de violence où les communes les plus fortes s'inquiétaient peu d'accroître leur
bien-être au détriment de leurs voisines. Malheureusement, le ministère, qui
se faisait une idée si juste de l'iniquité des privilèges, les entretenait avec
soin dans un intérêt purement fiscal, quand il voyait l'occasion d'en retirer
un bénéfice immédiat; il ne balançait môme pas qtielquefois à en créer de
nouveaux, ce qui était une manière de battre monnaie, 8c cette politique à
contre-sens, qui se démentait chaque jour, ne contribuait pas médiocrement
à maintenir le pays dans l'ignorance des pratiques franches 8c saines d'admi-
nistration.
Du reste, si l'on croyait incorrect à la Cour de donner assistance aux incen-
diés de Toulouse, on jugeait les achats de suffrages avec moins de rigorisme.
Nos lecteurs se rappellent de quels vigoureux anathèmes les États de Lan-
guedoc se glorifiaient de frapper ceux de leurs membres qui ne craindraient
pas de souiller leurs mains par « tel sale commerce. »
Nous voyons pourtant Colbert écrire à M. de Bezons le 3o novembre 1672 :
« Sa Majesté vous permet de distribuer jusqu'à la somme de vingt mille
« livres dans le parterre (le tiers état), pour faciliter cette délibération (il
« s'agissait d'un emprunt pour les travaux du canal), 8c faire en sorte qu'elle
« passe tout d'une voix s'il est possible. Mais elle désire que vous en fassiez
« la distribution de concert avec M. le cardinal de Bonzi, 8c même que vous
■ M. Depping a publié le» deux lettres du car- ' Pierre Clément, Lettres, instructions & mémoires
iinal dans sa Correspondance administrative sous de Colbert, IV', p. y^.
Louis X/r, I, p. 857.
1672
1673
5oo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« ne la fassiez qu'en cas que vous jugiez que cela soit absolument nécessaire,
« Sa Majesté ne voulant pas remettre les députés dans l'habitude de recevoir
« des gratifications pour faire les choses qu'Elle peut désirer'. »
Les distributeurs de ces libéralités se montrèrent économes des deniers du
roi, car ils ne dépensèrent pas plus de sept mille livres pour obtenir l'una-
nimité.
L'entente était médiocre, du reste, entre le cardinal-archevêque 81 l'inten-
dant. Bezons ne manquait ni d'adresse ni de talents; mais il avait une vivacité
d'humeur qui ne s'accommodait pas toujours de l'autorité de Bonzi, déve-
loppée outre mesure par les prévenances des Etats.
Le prélat s'était habitué à ne rencontrer aucune contradiction. Les plus
grands personnages de la Province, comme les plus humbles, semblaient uni-
quement préoccupés du désir de lui faire leur cour. La marquise de Castries,
sa sœur, tenait le fil de toutes les intrigues & avait donné, en mainte occa-
sion, les preuves d'un esprit politique très-supérieur à celui de son frère.
D'ailleurs, le crédit que le cardinal avait à la Cour, par la faveur de la
reine, dont il était grand aumônier, Si par la protection du grand duc de
Toscane, rendait la lutte trop inégale. Bezons eut plus d'une fois sujet de
s'en apercevoir; quelque aigreur subsista toujours à la suite de ces contradic-
tions. On racontait en Languedoc qu'ils se faisaient souffrir alternativement.
L'union apparente qui régnait entre eux n'était qu'une paix armée, Si lors
même qu'ils agissaient de concert, ils gardaient de part & d'autre des senti-
ments de défiance Si des soupçons que le moindre incident suffisait à réveiller*.
Enfin, de guerre lasse, l'intendant, fatigué d'administrer depuis vingt ans
la province de Languedoc, demanda de rentrer au conseil d'Èiat. Colbert lui
donna pour successeur Henri d'Aguesseau, maître des requêtes, alors inten-
dant de Guienne après l'avoir été de Limousin, homme de mérite 81 de carac-
tère, qui s'était fait apprécier dans l'exercice de ses diverses magistratures.
Henri d'Aguesseau était le fils d'un ancien premier président du parlement
de Bordeaux. Il avait fait ses études au collège de Navarre Si ses débuts admi-
nistratifs au conseil du roi. L'intendance de Bordeaux, qu'il régissait au
moment de sa promotion, était alors l'une des plus importantes du royaume,
n'ayant pas encore perdu le pays de Gascogne qui servit plus tard à former
l'intendance d'Auch. Placé dans une situation difficile, dans une ville popu-
leuse où résidaient côte à côte un Parlement Si un gouverneur, d'Aguesseau
y avait donné des preuves d'habileté 81 de modération , particulièrement
remarquées après le régime rigoureux de Claude Pellot.
Il vint prendre possession de l'intendance de Languedoc sur la fin de l'an-
née 1673, laissant à Paris vme famille nombreuse qui s'était accrue de cinq
enfants pendant son séjour à Limoges 81 à Bordeaux.
Les États allaient ouvrir leur session. D'Aguesseau n'eut que le temps de
' Pierre Clément, Lettres, Instructions &■ mémoires p. 29. Discoun sur la vie & la mort de M. d'A-
tie Colhert, IV, p. 82. guesseau.
' (Ruvres Je M. le chancelier d'Aguesseau, XIII,
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 5oi
s'informer des détails d'une administration provinciale dont les formes lui
étaient nouvelles Si des obligations particulières que lui imposait la consti-
tution du pays.
Il ne tarda pas à s'apercevoir que les États de Languedoc, depuis la majo-
rité du roi, ne gardaient plus qu'une apparence de liberté, 8i que, sous les
dehors du formalisme traditionnel, on pouvait les utiliser comme un instru-
ment docile de la volonté ministérielle; mais il reconnut que, pour en tirer
tous les avantages, il fallait que l'intendant établît un parfait accord entre
lui, le gouverneur de la Province Si le président des États.
Le temps n'était plus où l'intendant suivait les armées, avec une sorte de
commission subalterne, derrière le gouverneur. 11 se trouvait investi de l'au-
torité la plus étendue & la plus réelle, tout en gardant l'infériorité hiérar-
chique. Sa principale obligation consistait à rassasier le gouverneur d'hom-
mages pour le tenir dans sa dépendance, & à lui donner, au point de vue de
la représentation extérieure, toutes les satisfactions désirables. Ce n'était point
le fait d'une usurpation bureaucratique personnelle, mais l'objet même des
vœux, du ministère. L'histoire du dernier règne avait trop bien révélé le péril
des gouverneurs de Province prenant leur puissance au sérieux pour que les
conseillers de la couronne n'eussent pas à cœur de les annuler courtoisement.
Avec le duc de Verneuil , cette tâche était facile. Le fils d'Henri IV ne
paraissait dans la Province que pour y tenir les États; les réceptions, les par-
ties de chasse remplissaient tous ses moments 8c le tenaient éloigné des affaires.
Il fut bientôt en excellents termes avec le nouvel intendant, très-exact dans
l'accomplissement de ses devoirs & très-correct dans les marques de déférence
que le prince attendait de lui.
D'Âguesseau se concilia également les bonnes grâces du cardinal-président.
Les instructions royales lui recommandaient, tout en bien servant, de ménager
l'archevêque de Narbonne; & ce qu'il apprit dans la Province des tiraille-
ments qui avaient existé entre le chef des trois ordres & l'intendant Bezons
le fit redoubler de prudence pour en éviter le retour. Par suite d'une réserve
intentionnelle, & aussi par caractère, ayant pris des goûts tout différents
dans une vie simple & grave, il se tint toujours à distance du milieu brillant
mais frivole où se trouvait l'archevêque, & ne se mêla point aux divertisse-
ments qui faisaient le charme de sa cour. Il rachetait d'ailleurs, par l'amé-
nité de ses relations 8(. par la grâce de son accueil, ce que l'éloignement des
sociétés de plaisir aurait eu d'inquiétant pour certains esprits.
Son fils, le chancelier de France, a raconté dans sa biographie qu'il n'affecta
jamais « les airs militaires », si communs plus tard chez les intendants, qu'on
le voyait toujours vêtu comme un magistrat & que l'oubli qu'il faisait de son
épée était devenu proverbial dans la Province '.
' 11 était pasié en proverbe de dire, en parlant d'un» chose perdue, qu'elle étoit avec l'épie Je M. l'In-
tendant '.
■ Discours sur la vie & la mort de M. d'Aguesscau, p. 3o.
1673
"7^^^ 5o2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Sa femme, née de Périgny, d'une conversation agréable, tenait table
ouverte, sans étalage, & donnait très-rarement à jouer.
Dans le courant des affaires & dans les rapports journaliers, il étudiait son
monde. 11 trouvait les Languedociens « légers, flatteurs, courtisans & inté-
« ressés; » mais il appréciait la souplesse & la vivacité de leur esprit. Se tenait
compte de leurs bonnes qualités. Sa maxime était de leur laisser d'abord
patiemment jeter tout leur feu, puis de les reprendre à froid pour les con-
vertir à ses intentions. « Il n'avoit pas connu, disait-il, de pays où il fût si
« aisé à un intendant de faire le bien. »
Néanmoins, sa cbarge devenait journellement plus difficile. Les dépenses
du roi augmentant de jour en jour, il fallait aussi augmenter chaque année
les demandes de fonds. Il ne négligeait rien du moins pour atténuer autant
qu'il était en lui la rigueur de ses exigences, & ne se rebutait point de plaider
auprès du ministère la cause de la Province.
La sincérité de ses bonnes dispositions était si bien reconnue que les États
mirent son désintéressement k l'épreuve. Il n'était pas rare de voir l'assemblée
provinciale accorder à contre-cœur aux divers fonctionnaires royaux les grati-
fications que l'usage consacrait 8c qui faisaient partie de leurs appointements.
A l'égard de l'intendant d'Aguesseau les rôles furent renversés. Vainement les
Etats lui offrirent d'augmenter en sa faveur le présent annuel; malgré les brè-
ches que sa fortune avait souffertes, & le peu de proportion qui existait alors
entre les émoluments de l'intendance de Languedoc & la dépense attachée à
une telle charge, il refusa obstinément l'avantage qu'on lui voulait faire, se
déclarant trop payé de ses services par l'affection qu'on lui témoignait.
Les auteurs du projet s'adressèrent alors à la femme de l'intendant, suppo-
sant qu'en bonne ménagère elle serait plus sensible à l'intérêt de sa nom-
breuse famille, augmentée de trois enfants durant sa résidence en Languedoc.
Madame d'Aguesseau n'eut pas le cœur moins bien placé que son mari, 8c
découragea l'insistance par la netteté de ses refus.
D'Aguesseau fut en Languedoc le digne interprète des pensées de Colbert
pour le développement du commerce Se de l'industrie. C'est lui qui, servant
l'initiative du ministre, parvint à utiliser le mécanisme des États pour faire
participer la Province aux bienfaits d'une activité qui réveillait alors toutes
les forces productives du royaume.
De son intendance date l'action salutaire de l'assemblée des trois ordres sur
le travail Se le négoce des Languedociens.
Il fit les premiers établissements des manufactures, 8c comme il avait l'in-
telligence fort exacte 8c fort appliquée, il ne craignit point d'approfondir les
connaissances techniques des diverses industries, 8c acquit ainsi, par cette
seconde éducation, une compétence qui devait se manifester sur un plus vaste
théâtre, quand il eut à diriger les travaux du conseil de commerce. Il paraît
que les intéressés des nouvelles entreprises briguaient ses conseils non moins
que sa protection, Se qu'ils sortaient de ses entretiens, émerveillés de la jus-
tesse de ses vues Se de sa science des détails.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 5o3
1673
Sous une direction aussi intelligente, la prospérité de la Province, com-
promise par tant d'épreuves, aurait pu se développer rapidement, sans les
exigences croissantes du trésor & sans les déplorables querelles intérieures
auxquelles donnaient lieu les affaires de religion.
Outre la guerre aux protestants qui empirait de jour en jour, le gouver-
nement soutenait la lutte contre les jansénistes, St les divisions du clergé de
France se trouvaient encore compliquées par la question de la régale.
Le roi fit, le 10 février 1673, une déclaration qui étendait le droit de
régale, c'est-à-dire la perception des revenus de bénéfices vacants, sur tous les
archevêchés & évêchés du royaume, 8c enjoignit aux prélats qui lui avaient
déjà prêté serment de fidélité, d'obtenir des lettres de mainlevée & de les
faire enregistrer dans deux mois à la chambre des comptes, sous peine devoir
la régale ouverte dans leurs diocèses.
Tous les prélats de Cour se soumirent. D'autres, voulant sauvegarder les
intérêts de leurs églises où la régale était une nouveauté, sans se compro-
mettre par une opposition manifeste, se contentèrent de rédiger des actes de
protestation qu'ils laissèrent dormir dans leurs archives. Cet expédient ne
pouvait satisfaire les consciences rigidesj aussi les évêques d'Alet 8<. de Pamiers,
malgré le souvenir des traverses qu'ils avaient déjà essuyées, n'hésitèrent-ils
pas à braver l'orage ' .
Au mois de mai 1675, la trésorerie de l'église cathédrale d'Alet se trouvant jj^
vacante, un clerc tonsuré de Toulouse, nommé La Gorrée, fut pourvu en
régale de ce bénéfice & se présenta pour en prendre possession. Le chapitre
réconduisit Se le renvoya au prélat qui poursuivait en ce moment le cours de
ses visites pastorales. La Gorrée actionna par trois fois le syndic du chapitre,
puis se fit installer par un prêtre du diocèse de Narbonne avec l'assistance
d'un notaire.
En rentrant dans sa ville épiscopale, Pavillon rendit, le 3o mai, une
ordonnance contre La Gorrée 8c le déclara intrus, en se fondant d'abord
sur ce que la régale n'avait jamais été observée dans le diocèse d'Alet 8c
ensuite sur ce que pendant ses trente-six ans d'épiscopat il avait constamment
conféré les bénéfices de son église cathédrale sans aucun trouble. L'ordon-
nance concluait à l'excommunication conditionnelle de La Gorrée, avec
défense au chapitre de le recevoir sous peine d'interdit. Le régaliste s'éloigna
d'Alet.
Pavillon écrivit le 8 juillet suivant à l'assemblée générale du clergé de
France, convoquée à Saint-Germain, pour solliciter son intervention. Outre
l'affaire La Gorrée, il lui dénonçait le visa d'une chanoinie de l'église collé-
' Nous avons raconté précédemment les longues gral de l'arrêt du conseil d'État, du 23 juillet
luttes soutenues par Nicolas Pavillon contre les 1666, où se trouvent visés & analysés avec de
gentilshommes & les réguliers de son diocèse. Nos grands détails tous les actes de cette interminable
lecteurs pourront se faire une idée assez complète procédure. C'est un document des plus curieux
Je ces querelles en parcourant, dans nos Pièces pour l'histoire des juridictions ecclésiastiques, &,
\ustifieatiyes, n. CCCXLVI, col. SSç, le texte inté- en même temps, un tableau de moeurs original.
■JT^ 5o4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
giale de Saint-Paul de Fenouillèdes donnée par le grand vicaire de Mirepoix,
sur le refus de l'évêque d'Alet 8c du grand vicaire de Narbonne.
Le prélat s'adressait en même temps, par missives particulières, à l'arche-
vêque de Paris, président de l'assemblée, au cardinal Bonzi & aux évoques
de Montpellier & de Béziers députés de la Province. Ceux-ci ne songèrent
qu'à étouffer la réclamation, Si l'évêque de Béziers répondit au nom de tous
que l'arrêt du conseil 8t la déclaration du roi ayant réglé !a question après
intervention des agents généraux du clergé dans l'instance, toute nouvelle
démarche était inutile, offrant seulement à l'évêque d'Alet d'obtenir de la
Cour en sa faveur un délai de six mois pour faire enregistrer son serment Si
la révocation du trésorier régaliste.
Pavillon vit bien qu'on affectait de ne pas le comprendre, en préjugeant
son adhésion à la formalité d'enregistrement. 11 écrivit donc un mémoire 8i
insista derechef pour que la lettre fût communiquée.
Elle eut les honneurs de la lecture 81 rencontra quelque approbation. Mais
l'archevêque de Paris arrêta la discussion, offrant d'en parler au roi. Il manda
ensuite à l'évêque d'Alet qu'il s'était acquitté de sa promesse 81 qu'une per-
sonne de confiance allait faire le voyage d'Alet pour expliquer de vive voix le
résultat des n«égociations. Cet ambassadeur ne parut jamais.
"~7T Au commencement de l'année 1676, il fut expédié des provisions du
doyenné d'Alet 81 de plusieurs chanoinies de la cathédrale 81 de la collégiale
de Saint-Paul. Durant la convalescence d'une grave maladie qui mit ses
jours en danger, au mois d'octobre lôyS, Pavillon avait longuement médité
sur l'affaire de la régale 81 s'était encouragé dans ses résolutions de fermeté
en lisant la vie de saint Thomas de Cantorbéry.
Il publia une nouvelle ordonnance conforme aux conclusions de la pre-
mière 81 précédée d'un exposé des motifs où il déclarait que la province ecclé-
siastique de Narbonne n'avait jamais été sujette à la régale, ni avant ni
depuis sa réunion à la couronne, que saint Louis l'avait maintenue dans
toutes ses immunités, Si que Philippe le Bel avait confirmé ses privilèges par
ses lettres patentes de i3o3.
Cependant le sieur de Foix, pourvu en régale du doyenné, Si un certain
Rodeille, pourvu au même titre d'un canonicat, dépêchèrent un fondé de
pouvoirs qui se présenta au chapitre d'Alet, le i5 mars, 81 se vit signifier,
pour toute réponse, l'ordonnance épiscopale. Il répliqua par un acte de pro-
cédure 81 se retira.
La démonstration de l'évêque faisait grand bruit. A la sortie des États, le
cardinal Bonzi envoya l'un de ses grands vicaires à Pavillon pour l'exhorter à
révoquer son ordonnance, 81, avant de partir pour la Cour, il fit renouveler
auprès de lui les mêmes instances, lui annonçant qu'en cas de refus, il se
verrait obligé, en sa qualité de métropolitain, de lever les censures décernées.
M. de Bezons, conseiller d'État, lui écrivit en termes pressants pour lui
arracher son désistement, lui rappelant combien la paix de son diocèse lui
avait coûté 81 à quelles épreuves il courait risque de s'exposer.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 5o5
La constance de Nicolas Pavillon n'était pas de celles qui se pouvaient
désarmer par des motifs d'intérêt. A ces arguments personnels il opposait le
décret du concile général de Lyon, reçu 8c autorisé dans le royaume, les
titres de la chambre des comptes de Paris, les arrêts du Parlement rendus
pendant près de trois siècles. Il soutenait que les immunités des églises de
Languedoc n'étaient point des privilèges octroyés, mais des libertés natu-
relles où elles s'étaient toujours maintenues; que telle était d'ailleurs l'opi-
nion de la plupart des prélats de la Province, des raisons particulières les
ayant seules empêchés d'en témoigner autre part que dans leurs archives.
« Pour les suites que cette affaire peut avoir, écrivait-il au cardinal Bonzi,
« j'en laisse le succès à Dieu, me contentant de faire ce que ma conscience
« &c le devoir de ma charge demandent de moi. J'ai bien prévu que je pour-
« rois m'attirer par là une grande affaire; mais une affaire, quelque grande
« qu'elle soit, n'est point à craindre, lorsqu'elle est dans l'ordre de Dieu. On
« ne peut me reprocher que je sois allé au devant de celle-ci. Je n'ai parlé
« que lorsqu'il ne m'étoit plus permis de me taire. »
Pavillon écrivit en môme temps au roi, qui se trouvait alors à la campagne
de Flandre, une belle lettre où il citait ses autorités, depuis Philippe le Bel
jusqu'à Louis XII 8c où il faisait ressortir la gravité de l'innovation qui per-
mettait de déposséder les principaux bénéficiers d'un diocèse par des provi-
sions en régales subrepticement obtenues.
Cette lettre adressée à M. de Châteauneuf, le 21 juin, n'était pas encore
arrivée que le tonnerre éclata. Au milieu du bruit des armes, au camp de
Keurin, le 28 juin 1676, le roi contresigna un arrêt du conseil qui cassait 8c
annulait les ordonnances de l'évêque d'AIet « comme ayant été faites par
« attentat 8c au préjudice de ses déclarations, » avec menace de traiter les
contrevenants en perturbateurs du repos public. Il enjoignait aux chapitres
d'AIet 8c de Saint-Paul de recevoir les nouveaux pourvus 8c de remettre dans
trois jours, pour être envoyé au roi, l'acte d'enregistrement de l'arrêt entre
les mains de l'intendant.
Un garde du gouverneur alla signifier la décision royale à l'évêque, avec
une ordonnance de M. d'Aguesseau 8c une lettre de cachet qui reléguait à
Brives M. Ragot, chanoine 8c archidiacre d'AIet. La lettre de cachet donnait
à M. Ragot le titre de promoteur qu'il n'avait jamais porté. Il réclama; on
rectifia l'adresse, mais on maintint la peine, 8c une seconde lettre de cachet
vint reléguer à Saint-Affrique, dans le diocèse de Vabre, le véritable pro-
moteur qui se nommait Digeon 8c qui était des familiers de l'évêque.
Pavillon se trouva ainsi privé de ses plus fidèles collaborateurs.
Le i5 octobre, le sieur de Foix arriva du fond de ses montagnes de Cou-
serans pour prendre possession du doyenné. Il avait deux frères jésuites qui
s'étaient fort intéressés à sa nomination 8c qui lui firent obtenir plus tard
une pension de cinq cents écus sur l'évêché d'AIet. Pavillon essaya de le per-
suader par un long 8c bienveillant entretien, non sans quelque allusion aux
influences qui l'avaient suscité. Foix alla chercher un notaire 8c un sergent
1676
1676
:,o6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
à Limoux, & fit instrumenter contre le chapitre. Sur cinq chanoines capitu-
lants, trois se prononcèrent pour la soumission, & le nouveau venu, en sur-
plis, flanqué d'un notaire & de deux témoins, alla s'asseoir au choeur, à la
place du doyen. Pavillon donna une nouvelle ordonnance, à la suite de
laquelle le sieur de Foix battit en retraite.
Ce fut l'occasion d'une nouvelle lettre au roi, où l'évêque d'Alet se justi-
fiait d'avoir agi, par scrupules de conscience, contre la volonté du souverain.
Il se défendait d'avoir subi aucune pression & revendiquait pour lui seul la
responsabilité de ses actes. « Je prendrai, sire, ajoutait-il, la liberté de dire à
« Votre Majesté qu'ayant eu l'année dernière une grande maladie qui me
« conduisit jusqu'aux portes de la mort, je fus fortement touché de cette
« pensée que je devois consacrer à Dieu les moments de vie qu'il m'accordoit
« encore, en lui témoignant une fidélité nouvelle dans l'exercice de ma charge
« & spécialement dans l'affaire de la régale. »
M. de Châteauneuf, chargé de rendre la lettre au roi, répondit que Sa Ma-
jesté n'en avait pas été satisfaite.
Il y eut discussion au conseil du roi sur les mesures à prendre contre
l'évêque. Certains voulaient qu'il fût mandé à la Cour St parlaient même de
saisie du temporel & de relégation. Mais le secrétaire d'Etat Le Tellier s'éleva
fortement contre ces desseins & fit résoudre qu'on n'en viendrait pas à de
pareilles extrémités. Il fut décidé seulement que les régalistes se pourvoiraient
par-devant le métropolitain.
Un arrêt du conseil du 4 novembre 1676 adjugea les revenus du doyenné
d'Alet au sieur de Foix, absent ou présent, ce qui lui donna lieu de faire
saisir une des dîmes capitulaires. Le titulaire du bénéfice, malgré les exhor-
tations de l'évêque, finit par se démettre en faveur du régaliste moyennant
une pension 81 un bénéfice simple.
Deux canonicats de Saint-Paul furent envahis à la même époque avec le
secours d'un notaire.
1^ Le I 2 juillet 1677, Rodeille, prêtre du diocèse de Toulouse, tenta une
prise de possession, mais dut s'éloigner, sur la sommation personnelle de
Nicolas Pavillon, qui fit interrompre l'office & menaça de dénoncer publi-
quement l'excommunication.
Le conseil d'Etat éprouva d'abord quelque hésitation à renvoyer la querelle
devant la juridiction ecclésiastique. Mais les métropolitains de Narbonne &
<le Toulouse, de qui relevaient Alet Si Pamiers, n'étaient pas faits pour ins-
pirer d'inquiétude aux officiers royaux. On commença par s'assurer d'eux, &
il fut envoyé de Paris à l'archevêque de Toulouse, Montpezat de Carbon, un
jugement tout dressé, daté du i^"' septembre, qui déclarait nulles les censures
épiscopales.
Le 22 septembre, un jugement analogue fut rendu par l'official de Nar-
bonne, Dumas, qui reprochait aux ordonnances d'Alet d'être contraires aux
lois du royaume observées dans l'Église gallicane & de troubler le repos des
consciences & l'ordre ecclésiastique de la Province.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 5o7
Pavillon, relevant à peine d'une attaque d'apoplexie qui l'avait frappé le
i5 octobre en le privant momentanément de la parole 8c qui se changea
plus tard en une paralysie du côté gauche, rendit, dès le 22 octobre, une
ordonnance très-développée dont il fit lui-même la publication dans sa
chambre, ayant mandé près de lui les chanoines de sa cathédrale. Il y sou-
tenait l'incompétence du juge & l'irrégularité de la procédure, & maintenait
de plus fort ses injonctions contre les régalistes d'Alet 8c de Saint-Paul. Il
en écrivit aussi longuement au cardinal Bonzi, 8c adressa, le 28, une lettre-
circulaire aux évêques de la Province pour se plaindre de l'injure taite à
l'épiscopat.
Cependant ses forces diminuaient si visiblement que le lendemain, il
demanda les derniers sacrements.
Le cardinal Bonzi quitta les États de Pézénas le 4 novembre pour aller
confirmer à Narbonne le jugement de son officiai. Comme on craignait que
cet acte n'arrivât pas à temps, on passa toute la nuit à l'imprimer, 81 le 6 no-
vembre un messager parti en poste signifiait l'ordonnance au moribond.
Bonzi couvrait son officiai 8c reprochait à l'évêque d'Alet de vouloir intro-
duire dans la Province les appels comme d'abus qu'il n'avait jamais pu souf-
frir dans son diocèse. Il lui défendait de faire à l'avenir de pareilles censures
sous peine de procéder contre lui suivant les canons.
L'infatigable vieillard répondit au porteur qu'il en appelait, mais le mes-
sager partit sans en attendre la déclaration écrite. Pavillon dépêcha un archer
à Narbonne; on mit l'archer en prison, sous prétexte que ses pouvoirs n'étaient
pas en forme.
La maladie de l'évêque d'Alet, chaque jour plus menaçante, ne devait pas
lui permettre de continuer la lutte.
Dès le 26 octobre, sentant la vie lui échapper, il avait écrit deux lettres,
l'une au pape Innocent XI, l'autre au roi.
Il expliquait sa démarche comme un témoignage d'union très-étroite avec
le Saint-Siège 8c recommandait à la vigilance du pape l'immunité de la Pro-
vince ecclésiastique de Narbonne en fait de régale, qui allait perdre un de ses
plus zélés défenseurs. « Je prévois, disait-il, qu'après ma mort qui s'approche,
« on ne tardera guères à l'assujettir à ce droit. »
Il se plaignait ensuite de la censure prononcée par les inquisiteurs de Rome
contre le rituel d'Alet, suppliant Innocent XI de révoquer cette censure « si
« atroce 8c si injurieuse, » voyant avec douleur que, « sous prétexte de cette
M condamnation vague 8c indéfinie du rituel, la plupart des vérités de la
« morale chrétienne sont partout traitées indignement par ces docteurs relâ-
« chés qui exercent une fausse 8c trompeuse domination sur le peuple de
K Dieu. »
Dans la lettre au roi. Pavillon protestait des sentiments de fidélité dont il
ne s'était jamais départi, « encore que par l'obligation de son ministère il eût
(' été engagé en quelque rencontre à ne pas déférer à tous les ordres qui lui
« étoient venus de la Cour. » Il implorait la bonté du prince en faveur des
1677
~ 5o8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
trois ecclésiastiques de sa maison qui souffraient la peine de l'exil sans avoir
commis d'autre méfait que d'obéir à leur supérieur légitime.
Depuis plusieurs jours, le pieux évêque ne parlait plus, mais son intelli-
gence étant demeurée très-lucide, il se faisait entendre par signes. L'évêque
de Saint-Pons accourut le voir, à la première nouvelle de son état. Quand il
arriva. Pavillon pouvait encore prononcer quelques mots. Son visiteur lui
demandant s'il n'avait pas hâte de voir finir ses épreuves, il répondit cette
seule parole : soumission. Il supportait, en effet, avec une patience admirable,
les souffrances de son agonie. Le 26 novembre il reçut un bref du Pape,
rempli de paroles affectueuses.
Quatre jours après, le malade fut saisi d'un grand frisson, il eut un redou-
blement de fièvre le lendemain matin & tomba dans une léthargie qui ne se
termina que par la mort, le 8 décembre. Quand on lava son corps, on trouva
qu'il avait les épaules £*. le dos complètement écorchés, bien qu'il ne s'en fût
jamais plaint.
L'évêque de Pamiers, qui l'avait constamment assisté dans sa maladie, lui
rendit les derniers devoirs.
Nicolas Pavillon était âgé de quatre-vingts ans; il en avait passé trente-neuf
sur le siège d'Alet.
Les témoignages de douleur & de vénération qui entourèrent sa dépouille
furent la plus digne récompense d'une vie d'abnégation & de vertu, & ven-
gèrent sa mémoire des traverses de sa vie.
Toute la ville accourut auprès du lit de campagne, dressé dans la salle de
l'évêché. On présentait des médailles, des chapelets, des livres de prière pour
leur faire toucher le corps. Les funérailles se firent le 9 décembre. On y était
venu des lieux les plus reculés du diocèse & de celui de Narbonne. La ville
de Limoux en demeura presque déserte.
François de Caulet prononça l'oraison funèbre avec une éloquence pas-
sionnée. On étouffait dans l'église; l'orateur dut abréger à cause des évanouis-
sements qui se produisaient dans la foule.
Il fallut dérober le corps à la dévotion fougueuse du peuple, qui menaçait
de briser les balustres; on l'enferma à clé dans la chambre du chapitre; mais
les réclamations furent telles qu'on dut le rendre aux regards en l'exposant
dans la sacristie.
Le trajet de l'église au cimetière fut des plus pénibles, chacun se pressant
pour arracher des morceaux de l'habit pontifical.
Pavillon fut enseveli, selon son désir, au pied de la croix du cimetière. Il
n'avait pas voulu être enterré dans sa cathédrale ni qu'on mît d'épitaphe sur
son tombeau '.
Par son testament, daté du 9 octobre 1676, il légua au chapitre les quatre
' Nicolas Pavillon fut déposé clans un cercueil de plomb enchâssé dans un sarcophage de pierre. On
tnsevelit avec lui une plaque de cuivre gravée d'une inscription '.
' Relation dt la mort de Monseigneur l'évêque d'Aleth.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. Bog
chandeliers 8t le petit bassin en vermeil de sa chapelle, mille livres au sémi-
naire d'Alet, sa fondation, pour l'entretien des pauvres séminaristes qui s'y
trouveraient lors de son décès; deux cents livres à chacune des plus anciennes
régentes de la maison d'Alet, pour continuer d'enseigner en leurs écoles, sup-
pliant les futurs évêques de maintenir cet établissement.
Pour tous ses autres biens, il faisait ses héritiers universels les pauvres de
son diocèse, avec ordre de n'en pas retarder la distribution au delà des deux
années qui suivraient sa mort.
Nicolas Pavillon avait eu pour sa part un patrimoine de quarante mille écus;
mais ses aumônes l'avaient presque entièrement consommé'.
Nous avons raconté comment la rélégation de François Fouquet avait assuré
au cardinal Pierre Bonzi la présidence des Etats de Languedoc. Le frère du
surintendant étant mort le ig octobre 1678, le cardinal obtint à sa place le
premier siège métropolitain de la Province dans le courant du même mois.
Bonzi prit possession du fauteuil présidentiel le 17 novembre. Il déclara qu'il
se regardait comme définitivement lié au pays de Languedoc par la nouvelle
grâce que le roi venait de lui faire 81 qu'étant destiné à présider l'assemblée
des trois ordres pendant toute sa vie, il mettrait tous ses soins à défendre les
intérêts des États 8t rendrait à la Province tous les services qu'il lui devait.
Les États célébrèrent, avec la pompe ordinaire, le 9 janvier 1674, un ser-
vice funèbre en l'honneur de François Fouquet, dont les armoiries, depuis
longtemps proscrites, reparurent, peintes & dorées, sur le velours noir des
tentures. Le cardinal officia en personne, 8c l'oraison funèbre fut prononcée
par l'évêque de Mende, Hyacinthe Serroni, qui devait, deux ans après, passer
sur le siège d'Albi, érigé pour lui en archevêché.
Des temps assez tristes recommençaient du reste pour la Province. Si, pen-
dant les quatorze ans écoulés depuis la paix des Pyrénées, les charges fiscales
n'avaient pas épargné le Languedoc, le pays jouissait au moins d'une sécurité
parfaite sur ses frontières £<. les soulèvements partiels occasionnés par les excès
des traitants l'exposaient seuls à des mouvements de troupes. La déclaration
de guerre faite par l'Espagne à la France, au mois d'octobre 1673, changea
soudainement ces conditions 8c renouvela tous les maux dont le tableau a été
plus d'une fois présenté dans cette histoire. Occupation de places fortes, tra-
vaux de défense, passage de régiments, mobilisation des milices, fournitures
de vivres 81 de charrois, dépenses extraordinaires mises à la charge de la Pro-
vince, des diocèses 81 des communes, grossirent journellement les cahiers de
doléances 8c amoindrirent d'une façon sensible les avantages que la région
commençait à tirer des heureuses réformes de Colbert.
Nous ne recommencerons pas le récit de toutes les mesures de détail aux-
quelles donna lieu cette reprise des hostilités. Il semblait que l'on eût reculé
de vingt ans. Le quartier d'hiver, qui avait fait déployer tant d'éloquence,
* Il nomma pour i*t exécuteurs testamentaires noine & théologal, & Charles Feydeau, ecclcsiat-
Simon Pélissier, archiprétre d'Alet, Jean Ragot, tique',
chanoine & archidiacre, Louis de Vaucclle, cha- ■ Relation d'un voyage d'AMh, p. 117.
1677
1077
OIO
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
pendant la présidence de Rebé, reparut sous l'administration de Bonzi. Les
Espagnols menaçaient le Roussillon. Ce petit pays ne pouvait suffire à l'en-
tretien des troupes chargées d'en protéger l'intégrité. Le roi écrivit au duc de
Verneuil qu'il était indispensable de loger en Languedoc quatre régiments
d'infanterie & deux régiments de cavalerie qui passeraient la mauvaise saison
à portée de la frontière de Catalogne, prêts à se porter sur les points faibles.
Leurs cantonnements durent être pris dans les diocèses de Narbonne, de
Béziers &. de Carcassonne '.
Les levées de milices provinciales soulevèrent de vives plaintes. Ces troupes,
mal équipées, mal instruites, marchaient à contre-cœur; les désertions y
étaient fréquentes, les colonnes se fondaient en route. Se le peu de miliciens
valides Se braves qui arrivaient jusqu'à l'armée se voyaient souvent incorporés
de force dans les bataillons réguliers. On reprochait aussi à beaucoup d'offi-
ciers recruteurs d'enlever des hommes dans les rues, de les mettre en prison,
de les séquestrer & de les pousser à la frontière comme des forçats^.
■ Pièces justificatives, n. CCCCIV, col. iiSp.
Voir aussi la lettre de Louvois à Bonzi sur le
même sujet n. CCCCV, col. i 141 & une autre
missive spéciale du roi au cardinal, datée comme
les deux autres, du lu novembre 1674, n. CCCCVI,
col. I 142.
' Pièces justificatives, n. CCCCVII," col. 1 148, &
■CCCCIX, col. 1149. — Voici un exemple de ces
sortes d'aventures tiré des Manuscrits de Froideur,
auxquels nous avons déjà fait quelques emprunts:
Commission de l'intendant a. M, de Froidour. —
Henry d'Aguesseau, &c., sur les plaintes qui nous
ont été faites par diverses personnes de la ville de
Toulouse & des lieux circonvoisins que M. Moy-
nier, capitaine dans le régiment Dauphin, fait
journellement des enrôlements par force & vio-
lence, & enlève par surprise, non seulement des
habitants de ladite ville, mais encore les particu-
liers qui y viennent de la campagne pour leurs
affaires, lesquels il enferme dans des maisons sans
qu'ils aient la liberté de parler à personne,
d'autres qu'il met dans des prisons, disant qu'ils
sont des déserteurs ou qu'ils veulent déserter, quoi-
qu'ils ne soient pas engagés; d'autres qu'il attire
dans sa maison sous des prétextes affectés, & les
retient enfermés, sans qu'on sache ce qu'ils de-
viennent, à quoi étant nécessaire de pourvoir.
Nous ordonnons que, par le sieur de Froidour,
grand maître des eaux & forêts de Toulouse, que
nous avons commis Se subdélégué, il sera informé
des faits ci-dessus, circonstances & dépendances,
pour l'information faite, & à nous rapportée, être
ordonné ce qu'il appartiendra. Mandons au pre-
mier des gardes de Sa Majesté en la prévoté de
son hôtel, servant près de Nous, ou autre huissier
ou sergent sur ce requis, de faire pour l'exécution
de notre présente ordonnance tous actes & exploits
nécessaires. Fait à Toulouse, ce 12 avril 1678. —
Daguesseau. — Par mon dit sieur, de Christot.
Mémoire de ce qui s'est fait en exécution de cette
commission. — M. l'intendant ra'ayant fait déli-
vrer cette commission, le sieur Moynier, homme
de peu, de la ville de Toulouse, qui n'avoit fait
autre métier que celui de musicien, en eut l'avis
& employa ses amis pour m'obliger à lui être fa-
vorable. Je fus dans la maison où il tenoit ses
soldats, & ceux que j'y trouvai étoient tous volon-
taires qui étoient enrôlés de bonne foi; mais il
en avoit auparavant fait évader cinq autres qu'il
avoit traduits en une maison voisine que l'on
m'indiqua, où je ne voulus point aller, pour ne
point faire d'affaire à de bons bourgeois que l'on
auroit pu inquiéter. Je reconnus à l'air des soldats
aussi bien qu'à l'air du capitaine, qu'il avoit fait
quelque friponnerie; mais comme tout vilain cas
est reniable, il jura & protesta avec des jurements
exécrables qu'il n'avoit point eu d'autres soldats
que ceux que j'avois vus, & qu'il n'en avoit tra-
duit aucun. Je l'avertis de son salut, & de m'avouer
la vérité. Il n'en voulut rien faire. Je lui deman-
dai son rôle; je le fis retirer, j'entendis l'hôte &
les soldats sommairement sans rien écrire & je
trouvai une conviction manifeste de la traduction
de cinq soldats pris par force, les ayant fait appor-
ter, les uns de la Salade & les autres des Frans
chez lui, parmi lesquels il y en avoit trois de
mariés, qui avoient nombre d'enfants. Il eut
l'impudence de soutenir encore son mensonge, &
comme j'avois ordre de M. l'intendant de le faire
arrêter si je le jugeois à propos, je le fis à l'ins-
tant conduire dans les prisons des Hauts-Murats,
où il ne fut pas plutôt que ses amis, & entr'autres
LIV. II, ADMINISTRATION DE COLBERT. 5ii
En 1670, le service du ban & de l'ariière-ban, vieille tradition féodale qui
ne donnait plus de résultats militaires appréciables par suite des transforma-
tions de l'art de la guerre, fut commué contre une prestation en argent
destinée à mettre sur pied des compagnies régulières de chevau-légers '. La
même année, pour régulariser le service des étapes dans toute l'étendue de la
Province, les États instituèrent un commissaire-inspecteur chargé de parcourir
le pays 8c de recueillir auprès des consuls des informations exactes sur le
passage des troupes^.
A mesure que les charges augmentaient, la guerre tarissait les sources de
revenus. Il fut dénoncé aux Etats que, depuis le commencement des hostilités
avec l'Angleterre & la Hollande, les denrées de Languedoc 8t particulièrement
les vins cessaient d'avoir aucun débit à Bordeaux^.
En 1676, la Province dut mettre sur pied un régiment de dragons de dix-
sept compagnies dont l'organisation avait été réglée par Louvois. Les frais de
levée, d'armement 81 d'équipement de cette troupe obligèrent les Etats à con-
tracter un emprunt. Les conventions arrêtées avec les commissaires du roi 8<
ceux de la Province portaient que le régiment des dragons de Languedoc
dispenserait le pays du service des miliciens.
Les travaux du canal dévoraient des sommes énormes. Riquet, avec cette
âpreté impitoyable de l'inventeur que possède une idée fixe 8<. qui sacrifie
tout au succès, uniquement préoccupé de s'assurer des ressources, ne reculait
pas devant les moyens les plus terribles pour amasser de l'argent. Ses propres
lettres rendent témoignage des dispositions où son entreprise l'avait mis. Peu
lui importe que le sang coule, pourvu que les regrattiers de sa ferme de
Valespir, Gonflent & Cerdagne vendent beaucoup de seH, 8c de fait le sang
coula pendant plus de deux années dans ces montagnes du Roussillon, dont
les populations s'irritaient de la violation de privilèges séculaires 8c répon-
daient aux brutalités des commis de Riquet par des coups de fusil. Plus d'une
fois Colbert se plaignit de la « mauvaise conduite » de ces agents, pensant
qu'elle contribuait considérablement aux désordres du pays. « Il est à propos,
« lui écrivait-il, que vous vous y en alliez, 8c que vous y mettiez l'ordre une
Ramondi le substitut, & Daguin, greffier du bu- * « Tout ce que je puis en ce pays-là, c'est
reau des finances, vinrent me demander miséri- opposer le meurtre au meurtre & y vendre tout
corde. On me représenta les cinq soldats, & le autant de sel qu'il me sera possible... Les meur-
capitaine en fut quitte pour une réprimande très en Roussillon sont familiers comme le pain
sévère & une nuit de prison. Les soldats furent & le vin. Le voisin tue le voisin, & le frère le
renvoyés en liberté'. frère. Enfin, toutes les puissances humaines ne
' On trouvera le détail de cette opération dans sauroient einpescher que ces sortes de gens ne
les instructions adressées par le roi à l'intendant s'entretuent, & de là vous pouvez inférer que les
d'Aguesseau, le 24 janvier 1670. Pièces justifica- gardes des gabelles sont sujets au mesm* sort
tiyes, n. CCCCXII, col. 1 156. Les employés des gabelles en ce pays-là sont tou-
' On trouvera le texte des intructions données jours sur leurs gardes : ils tuent comme on les tue,
à ce commissaire dans nos Pièces justificatives, & c'est seulement de cette manière que la gabelle
n. CCCCXIII, col. Il 58. y peut être exercée'. »
' Pièces justificatives^ n. CCCCXIV, col. 1 170,
' Archives du canal du Midi. Cet extrait a Hi pub!i< par
M. Guibal : Pierre-Paul de Riquet, étude historique. Revue
> Manuscrits de Froidour, III, p. 56. de Toulouse, avril 1866.
1677
1677
5i2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« fois pour toutes, s'il est possible, sinon le roi sera obligé d'y envoyer des
« troupes pour punir sévèrement les coupables, ce qui ne feroit pas de bien
« à votre ferme ' . »
Cette triste affaire du Valespir revient à chaque instant dans la correspon-
dance de Riquet avec le contrôleur général; les miquelets ayant pris les
armes, l'intendant de Roussillon proposait d'offrir leur grâce à ceux qui
feraient soumission, à condition de livrer leurs complices*, ainsi que la chose
se pratiquait en Catalogne. Les moyens faisant défaut pour arrêter les assas-
sinats, Riquet dut entrer en négociation avec les montagnards du Valespir,
qui lui envoyèrent un député; une amnistie royale apaisa momentanément
les troubles, & l'on put croire que les communes soulevées renonçaient à la
résistance. Colbert ne cessait d'exhorter Riquet à maintenir une bonne disci-
pline parmi ses agents. « Il faut, lui écrivait-il, que vos commis agissent si
« bien dans ces pays de frontière que nous ne retombions plus dans un pareil
« événement'. »
Avec les maximes larges que professait l'entrepreneur du canal sur la néces-
sité « d'opposer le meurtre au meurtre » 8c de faire tuer les contrebandiers
par les commis comme les commis étaient tués par les contrebandiers, ces
conseils de modération avaient peu de chances d'être suivis. « Il faut user de
« douceur envers les habitans du Roussillon, répétait Colbert le 3o novem-
« bre 1669, d'autant que c'est le meilleur moyen de bien établir Se conserver
« la ferme des gabelles"*. » Peine inutile! les révoltes recommencèrent, & l'on
fut contraint de faire marcher des troupes. M. de Chamilly occupa le pays
avec des forces &. rétablit par les armes les bureaux des gabelles de Rous-
sillon. Ce fut grâce aux mêmes moyens que Riquet put tirer des fonds du
Vivarais 8t du haut Languedoc, en faisant exécuter avec rigueur l'édit créant
une taxe nouvelle sur les cabaretiers.
Toutes ces circonstances ne contribuaient pas à relever Riquet dans l'opi-
nion de la Province, où l'on mettait son nom à côté de ceux des Langlois,
des Belleguise 8c de tous les autres fameux traitants poursuivis de la haine
populaire. Il se plaignait souvent à Colbert de l'acharnement de ses ennemis.
Par malheur, l'ambition qu'il avait de prendre rang parmi la haute aristo-
cratie languedocienne, en abusant peut-être des lettres de réhabilitation de
noblesse qui faisaient partie de son marché, n'était pas de nature à corriger
ces fâcheuses impressions. Il .y eut un redoublement de récriminations contre
lui quand on le vit, non content de rattacher son origine à la famille iia-
' Vxerr* CUmtnt, Lettres, instructions & mémoires faits peuvent causer, & qu'il ne désabuse si bien
de Colhert, IV, p. 337. Lettre du i5 octobre 1669. les peuples des mauvaises impressions qu'il leur a
• Lettre i» Colbert » Riquet du 1 mats 1668. données que vous aurez lieu d'en esire satisfait;
Archives du canal du Midi. mais de quelque façon que ce soit, je vous puis
' Lettre du 17 mai 1669. assurer qu'il connoîtra bien qu'il est dangereux
* Le contrôleur général écrivait, le 24 janvier de parler de la sorte dans une affaire qui est d'uno
1670 : « Je ne doute pas que, par la conduite que aussy grande conséquence que celle-li '. «
1* sieur de Lafont tiendra à l'avenir & les discours
u'il fera, il ne réparc le mal que ceux qu'il a • Archives du canal du Midi.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 5i3
lienne des Riquetti de Provence, chercher à introduire son fils parmi les
barons des États & lui faire acquérir le comté de Caraman &C la baronnie de
Saint-Félix.
Ces fiefs, qui avaient appartenu à la maison de Monluc, étaient passés
par mariage dans celle d'Escoubleau de Sourdis. Mais le marquis de Sourdis,
accablé de dettes, ne pouvait depuis longtemps satisfaire ses créanciers. Riquet
offrit de les désintéresser à condition de garder les biens, faisant l'acquisition
sous le nom de son fils, capitaine aux gardes. Ces contrats, dont l'exécution
donna lieu à des contestations prolongées, furent sévèrement jugés de Col-
bert. « L'air que cet homme a pris, écrivait-il à d'Aguesseau, de faire son fils
« maître des requêtes, d'acheter une terre pour être baron des Etats & autres
« dépenses de cette nature, qui sont peut-être plus fondées sur sa vanité
« naturelle que sur des richesses réelles 8c solides, toutes ces choses n'ont pas
« répandu dans le public l'opinion qu'il n'ait pas gagné dans ses travaux, 8c
« ce sera assurément ces productions de sa vanité qui agiront plus contre lui
« dans cette affaire que toute autre chose '. »
Malgré les accès de mauvaise humeur qui se laissent voir dans la cor-
respondance de Colbert à l'égard de Riquet, le ministre savait oublier la
personne pour s'occuper ardemment de l'œuvre, stimuler le zèle du président
des États 8c de l'intendant, arracher à la Province des secours importants
sous forme de don gratuit ou d'emprunt. Pendant plusieurs années, le per-
cement du canal de Languedoc demeura l'ouvrage le plus considérable du
royaume Se recommanda le pays où il s'opérait à l'attention de la France
entière.
Lorsque M. de Bezons revint à Paris, les travaux n'étaient pas encore très-
avancés; la partie comprise entre l'embouchure dans la Garonne Se le col de
Naurouse, complètement creusée, avait cependant reçu les eaux de la rigole
qui la remplirent en six jours, au commencement de l'année 1672. L'année
suivante, une maladie grave de Riquet jeta quelque interruption dans la
marche de l'entreprise 8c y causa des lenteurs. Le créateur du canal obtint
de substituer à son bail, en cas de mort, son fils aîné, Jean-Mathias Riquet
de Bonrepos, qui était déjà son associé. Au moment où d'Aguesseau prit pos-
session de l'intendance, le bassin de Naurouse avait été revêtu de pierres de
taille, 8c l'on travaillait à compléter la ligne entre Castelnaudary 8c Trèbes.
Casteinaudary, qui ne se trouvait point sur le parcours du canal d'après le
plan primitif, devait à un traité particulier l'avantage de posséder une station.
Le nouvel intendant était destiné à voir la ligne entière s'achever 8c devenir
navigable durant le cours de son administration.
D'Aguesseau traita l'entreprise avec le soin 8c le zèle qu'elle méritait, 8c
seconda énergiquement les vues de Colbert. Il avait un rôle d'arbitrage sou-
vent assez difficile entre les divers ingénieurs que l'on envoyait de la Cour 8c
■ Lettre de Colbert k d'Aguesicau du 6 septembre 1679. — Pierre Clément, Lettres, initructiom &
mémoires Je Coliert, IV, p. 387.
XIII. 33
1680
i68o
5 14 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
qui ne s'entendaient pas. L'opposition de leurs vues allait jusqu'à la guerre
déclarée. Le chancelier raconte avoir été plusieurs fois témoin de leurs luttes.
Deux surtout semblaient beaucoup plus préoccupés de se décrier réciproque-
ment que d'avancer le succès de l'entreprise'. D'Aguesseau jouait au milieu
d'eux le rôle de conciliateur, s'éclairant de leurs contradictions sans épouser
leur animosité. Il se transportait fréquemment sur le terrain, étudiait les
ouvrages, donnait son avis & terminait des querelles dont l'effet ordinaire
était de ralentir les travaux.
Une vérification générale de l'état des ouvrages fut faite par l'intendant
sur l'ordre du roi & terminée au mois de septembre lôyS. D'Aguesseau eut
lieu de reconnaître que, sur bien des points, Riquet avait modifié & amélioré
le tracé de M. de Clerville. Outre la section de Trèbes à l'étang de Thau,
dont Riquet était déjà adjudicataire, un troisième bail, ratifié par arrêt du
conseil du 26 avril 1677 lui confia la construction du port de Cette & du
canal de jonction entre ce port & l'étang. Une mission spéciale avait été
donnée à M. de La Feuille pour étudier les procédés de désensablement pra-
tiqués à Gênes & à Savone. Une avance, demandée par l'intendant aux États
en faveur de Riquet, ne fut pas accordée directement, sous prétexte que l'en-
trepreneur n'offrait pas de garanties suffisantes à la Province j mais la somme
fut prêtée au roi, 8t par la vertu de cette forme indirecte, reçut l'emploi que
voulait Colbert.
L'entrepreneur du canal & ses descendants ont beaucoup parlé des tiraille-
ments, des traverses & des mécomptes de toute nature que l'œuvre lui suscita
jusqu'à la fin. Soit à cause de sa qualité de traitant, soit par l'effet de la
jalousie qu'inspirait son merveilleux ouvrage, Riquet ne jouissait point de la
faveur publique. M. de Froideur qui a publié, en trois lettres adressées à
M. de Barillon, intendant de Picardie, le compte rendu descriptif des tra-
vaux du canal, vante Riquet comme un « homme d'un très-bon sens 8c
« d'un esprit fort, 8t appliqué aux choses qu'il entreprend. » Il attribue aux
mérites de sa création « la jalousie & la censure de tant d'esprits mal tournés
« & malintentionnés » & ne doute pas que la terminaison de l'œuvre n'amène
enfin l'heure de la justice. Le réformateur des forêts se déclare heureux, pour
son compte personnel, d'être, par la publication de ses lettres, un défenseur
charitable de Riquet & d'avoir fait « venir à son secours la vérité contre la
« calomnie. »
D'après le même témoignage, les Languedociens s'obstinèrent longtemps
dans leurs préventions. L'ignorance, dit-il, entrait pour beaucoup dans ces
dispositions malveillantes, &, de plus, nombre de gens n'ayant pas été dédom-
magés au double & au triple, comme ils l'espéraient, « des morceaux de terre
' (Suvresda chancelier d'Agaesseaa. (T)'iscouts sut M. de La Feuille, envoyé pour exercer une sur-
la vie & la mort de M. d'Aguesseau, p. 34.) Les veillance générale des travaux. Il est fréquemment
deux ingénieurs, dont il est ici question & que le parlé de l'un & de l'autre dans la correspondance
fils de l'intendant ne nomme pas, sont probable- de Colbert.
ment le chevalier de Clerville, auteur du devis, &
LIV. II, ADMINISTRATION DE COLBERT. 5iJ
« qu'on leur avoit pris, » ne pouvaient pardonner à l'entrepreneur cette
déception,
Riquet ne cessait pas de lutter avec une indomptable énergie; aux néga-
tions des incrédules, il opposait les faits, & aux reproches de malversation
qui ne lui étaient pas épargnés, il répondait en faisant appel au témoignage
des ingénieurs royaux & de l'intendant chargés de liquider les dépenses de
l'entreprise, & en protestant de son parfait désintéressement,
« Je regarde, disait-il dans une de ses lettres, mon ouvrage comme le plus
a cher de mes enfansj ce qui est si vrai, qu'ayant deux filles à établir, j'aime
« mieux les garder encore chez moi quelque temps, Si employer aux frais de
« mes travaux ce que je leur avois destiné pour dot'. »
Par une étrange 8<. cruelle coïncidence, Riquet mourut le i'"" octobre 1680,
six mois avant l'ouverture de la navigation. Ses deux fils assistèrent à la véri-
fication générale des travaux, qui fut faite par MM. d'Aguesseau, de La Feuille
& le père Mourgues, jésuite, commissaires royaux. La commission partit de
Béziers le 2 mai 168 1 81 parcourut le canal à sec jusqu'à son embouchure
dans la Garonne, examinant avec le plus grand soin tout le détail des tra-
vaux d'art. A mesure qu'elle s'avançait, on remplissait les biefs derrière elle.
Le i5 mai, l'eau étant partout, les commissaires s'embarquèrent à Toulouse
dans un grand bateau richement décoré, 8c refirent leur voyage en sens con-
traire. Le cardinal de Bonzi 81 plusieurs évêques s'étaient rendus à Castel-
naudary, où fut célébrée une grande cérémonie. L'archevêque de Narbonne
donna la bénédiction, & la foule amassée sur les berges vit défiler un convoi
de vingt-trois barques chargées de marchandises françaises, anglaises 8c hol-
landaises, destinées à la foire de Beaucaire. En tête du convoi figurait une
sorte de galère pleine de musiciens, remorquant le bateau des commissaires
du roi.
Quelques travaux qui restaient encore à terminer pour assurer la perfec-
tion de l'oeuvre furent poussés avec activité par M. de Bonrepos dans le cou-
rant de l'année suivante, 81 les commissaires royaux purent en faire une
dernière vérification •".
L'ensemble des travaux du canal avait coûté plus de quatorze millions,
dont sept millions fournis par le roi, cinq par la Province 8t le reste par
l'entrepreneur.
On a justement remarqué le ton de sécheresse avec lequel Col bert men-
tionne dans une de ses lettres la fin prématurée de l'homme dont il avait si
longtemps encouragé les espérances, v La mort du sieur Riquet, écrivait le
« ministre à d'Aguesseau, me donne un peu de crainte que nos travaux du
' Archives du canal du Midi, A. CC. Histoire Jes mers en Languedoc, que M. d'Aguesseau a faite
du Canal de Languedoc, p. 89. en avril i683, par ordre du roi, accompagné du
• Le père Mourgues, l'un des trois commissaires, sieur de La Feuille, inspecteur du canal pour le
a écrit & publié un itinéraire de cette vérification, roi, & du père Mourgues, jésuite, envoyée par ce
sous le titre suivant : Relation de la seconde navi- père à M. Colbert. A Toulouse, chez Jean Boude,
gatian solennelle du Canal royal de communication i683.
1680
i68o
5l6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« canal ne soient retardés. « Telle est l'unique oraison funèbre consacrée par
le contrôleur général au créateur du canal de Languedoc.
Le Mercure de France fut plus généreux, & publia une courte note nécro-
logique où étaient résumés les services de l'illustre financier. A la fin de cet
article, on ne dédaigna pas d'imprimer une épitaphe en vers, composée par
M. de Cassand, à la louange de Riquet. Le poëte y reprenait, en la rajeu-
nissant, l'image déjà classique du Moïse languedocien".
Un des premiers emplois que l'on fit de la nouvelle voie de communication
pour le service de l'État fut le passage du matériel de guerre destiné au bom-
bardement de Gênes. Le canal des deux mers devait, en moins d'un siècle,
opérer une véritable révolution économique en Languedoc.
Vers la fin du printemps de 1680, une circonstance fortuite valut à quel-
ques parties du Languedoc la rapide visite de Louvois. Le puissant ministre
s'était cassé la jambe droite au mois d'août 1679. Pour achever sa guérison,
les médecins lui conseillèrent les eaux de Baréges. Il résolut d'utiliser son
voyage en visitant avec Vauban les places fortes du Roussillon & emmena le
chevalier de Nogent. Le secrétaire d'Etat 8c sa suite descendirent en Lan-
guedoc par le Rhône, ils remplissaient quatre bateaux j la petite flotille vint
aborder à Beaucaire où les personnages de qualité des deux provinces limi-
trophes s'étaient donné rendez-vous. D'Aguesseau y était, avec les lieutenants
généraux, M. de Grignan & M. de Montanègre, ainsi que le marquis de
Vardes, que sa disgrâce tenait éloigné de la Cour. Louvois dut essuyer beau-
coup de présentations, « une infinité de gens, écrit-il à son cousin Tilladet,
« dont on me dit le nom que j'oublie un moment après. » Au bout de deux
heures d'entretien, le ministre monta en carrosse & alla coucher à Génerac
où l'on ne put trouver une poignée de paille pour les chevaux, au grand
scandale du chevalier de Nogent. La troupe en partit au point du jour Sx.
dîna dans l'abbaye de Valmagne, appartenant au cardinal de Bonzi qui en fit
lui-même les honneurs avec sa magnificence accoutumée*. Après une station
à Narbonne, on gagna le Roussillon par Salses, 8t plusieurs jours furent con-
sacrés à visiter la côte & les places du Valespir, Perpignan, Collioure, Port-
Vendres, Bellegarde, le Fort-des- Bains, Prats-de-Mollo, puis la Cerdagne
française, le Confient & le Capsir.
A Mont-Louis, création nouvelle du roi de France^, Louvois trouva quatre
mille hommes campés dans des huttes couvertes de sapin, bâties de gazon & de
clayonnages & pourvues d'une cheminée 5 deux allées de sapins étaient plan-
tées devant le front du camp, où l'on remarquait une fontaine & un bassin.
« Cy gît qui vint à bout de ce hardi dessein 'Camille Rousiet, Histoire ie Louvois, lit.
De joindre des deux mers les liquides campacnes, ^ ., , j - ■ ■ i r»^n ,
Et delà terre ouvrant le sein P- 5'3. Lettre de Louvois au marquis de Tilladet,
Applanit même les montagnes; du 18 mai 1680.
Pour foire couler l'eau, suivant lordre du roy, , Montlouis s'appelait le Villars ayant la cria-
11 ne manqua jamais de foy, , '^"
Comme lit une fois Moïse ; tion d'une place forte par Louis XIV '.
Cependant de tous deux le destin fut égal :
L'un mourut près d'entrer dans la terre promise;
L'autre est mort sur le point d'entrer dans son canal. ' Voit Pièces justificatives, n. CCCCXLIV, col. I33i.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. Siy
En traversant le Capsir, le ministre fut frappé de la physionomie de son
escorte de fadrins, gens « que je ferois, dit-il, toujours marcher devant moi,
« si je n etois le plus fort avec eux. » On lui signala au passage le capitaine
Labry, « si honnête homme que pour faire plaisir à un de ses amis, il ne fait
« point difficulté d'assassiner un homme qui ne lui a point fait de mal. »
A la sortie du Capsir, cent paysans de Quérigut, coittés de toques bleues,
viennent relever les fadrins de M. de Noailles. « Ceux-ci, écrit le ministre,
« me paroissent bonnes gens; mais je crois que les autres les battroient bien. »
On descend à Mirepoix, puis à Rieux'j on traverse Saint-Gaudens, où se
trouvent l'intendant de Montauban & lévêque de Comminges & où le double
passage de la Garonne en bateau oblige de démonter les chaises^. A demi-
lieue de Bagnères attendaient deux carrosses à six chevaux de la livrée du
comte de Gramont.
Après sa cure, Louvois ne passa point en Languedoc pour regagner Paris;
il avait pris goût d'éviter les grandes villes & suivit la route de Langon.
La malheureuse querelle de la régale ne cessait pas d'entretenir l'agitation
dans quelques diocèses. Les troubles furent graves surtout dans le diocèse de
Pamiers, dont l'évêque, François Caulet, déjà depuis longtemps en guerre
avec les jésuites, s'était attiré une nouvelle persécution par la rigueur qu'il
mettait à défendre les droits de son église.
Comme une partie des domaines de l'évêché de Pamiers était située dans
le territoire de Languedoc, lorsque la saisie du temporel fut prononcée par
arrêt du conseil d'Etat, d'Aguesseau eut à procéder, en qualité de commis-
saire royal, à l'exécution de ces ordres, & fit mettre tous les revenus entre les
mains de l'archevêque de Toulouse, Joseph de Montpezat de Carbon, demeuré
célèbre par la docilité avec laquelle il se prêta aux mesures violentes de cette
époque, tant contre les jansénistes que contre les antirégaliens'.
Quelques épisodes suffiront à montrer le caractère de cette lutte.
Le père Jean Cerle, chanoine de Pamiers'*, Se l'un des plus fervents colla-
borateurs de l'évêque, en l'absence duquel il avait fréquemment présidé la
' Le voyage aux environs de Rienx fut mar<tiié ' Ces bateaux étaient >i étroits que, pour y pla-
par un accident où Louvois faillit périr : cer les chaises démontées, on dut les couvrir d'une
« A deux lieues de Rieux, une espèce de bouvier plate-forme débordant de cinq ou six pieds de
qui menoit ma chaise, ayant voulu tourner court chaque côté. Ce mince détail indique à quel point
dans une descente, lâcha la longe avec laquelle il les communications étaient imparfaites près de la
tenoit mon cheval, lequel, au lieu de suivre le petite capitale du Nébouzan.
chemin, prit le plus court & me descendit par ' On trouvera dans nos Pièces justificatives la
monts & parvaux; il ne rompit point pourtant ma lettre sévère du pape Innocent XI à l'archevêque
chaise, &, Dieu merci, & aux rênes que j'avois, de Toulouse, relativement à ses procédés envers les
avec lesquelles j'évitois les plus grands trous, ne religieuses de Sainte-Claire, n. CCCCXXXIX,
versa point. Une douzaine de consuls qui mar- col. 1222.
choient à ma suite, accoururent, pied à terre, & 'Il était né en 1634, à Aubin, en Rouergue, fit
retinrent si bien ma chaise, que le cheval, ne se ses études à l'université de Toulouse, fut quelque
sentant plus chargé & étant assez étroitement tenu temps, à Tarascon, vicaire du prieur de Caulet,
par les guides, eut la bonté de s'arrêter*. » frère de l'évêque, 8t passa son noviciat à l'abbayo
de Chancelade, avant de prendre possession de son
' Camille Roasset, Histoire de Louvois, 111. p. 5i3. canonicat de Pamiers.
1680
i68o
1681
5i8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
conférence des ctirés du diocèse, avec une grande réputation de doctrine, fut
nommé vicaire général de Pamiers, le siège vacant, le 3i août 1680, & peu de
jours après officiai.
L'attitude qu'il avait prise dans l'affaire de la régale avait surexcité contre
lui les haines furieuses qui poursuivaient le chapitre de Pamiers. A l'instiga-
tion des jésuites, l'archevêque de Toulouse cassa la nomination, 81 comme
tous les autres membres du chapitre étaient en prison ou en exil, le père
Cerle se trouva seul en état de protester contre la mesure violente du prélat,
qui avait sacrifié à la passion le respect des règles canoniques.
II appela au Saint-Siège, par un acte du 27 septembre 1680, & appuya sa
démarche par des ordonnances très-érudites qui firent alors beaucoup de bruit.
L'archevêque de Toulouse, exaspéré de la résistance, recourut au bras sécu-
lier. Il entra au Parlement, où sa dignité lui donnait un siège, & déclara
que les intentions du roi étaient que l'on condamnât le père Cerle au dernier
supplice.
Le Parlement, redo\itant derrière l'archevêque la puissance mystérieuse
dont il était le docile instrument, rendit le 16 avril 1681, sur le seul vu des
ordonnances & lettres pastorales, un arrêt condamnant le père Cerle à avoir
la tête tranchée sur un échafaud, dans une des places de Toulouse.
Le père Cerle s'était dérobé par la fuite. Il fut exécuté en effigie à Tou-
louse & à Pamiers le 2 1 avril. Dans cette dernière ville, la sentence avait paru
si atroce que le bourreau se cacha pour n'avoir pas à l'exécuter.
Le condamné se réfugia dans les montagnes, traqué, sans demeure fixe.
Au milieu de ses vicissitudes, exalté par la persécution, il ne cessait d'adresser
aux diocésains de Pamiers des lettres pastorales où ils croyaient retrouver le
souffle de leur évêque.
Une nouvelle sentence, rendue à Marseille le 18 février 1689, prononça
contre lui la peine des galères. Il mourut dans la retraite le 16 août i6gi.
Vers la même époque s'éteignait dans le fort de Peccais une autre victime
de la persécution régalienne, le père François Cariât de la Queille, cha-
noine de Pamiers'. Il s'était attiré la foudre en publiant, au nom du cha-
pitre, le 20 juin 1677, une protestation qui mettait les devoirs de conscience
au-dessus de l'autorité des hommes. Une lettre de cachet le bannit à Jargeau;
la paralysie qui lui tenait la moitié du corps, jointe à la pauvreté du cha-
pitre, qui ne pouvait fournir à sa subsistance, ayant empêché son départ, le
marquis de Mirepoix, gouverneur du pays, eut ordre de le faire prendre à
main armée. Des soldats l'enlevèrent de sa chambre & le conduisirent sur
la triste plage de Peccais, où l'air malsain des marais précipita sa mort. Les
moucherons, qui pullulent dans la contrée, s'étaient acharnés sur son visage
& l'avaient couvert d'ulcères. Il mourut sur la fin de septembre, âgé de plus
■ Il était de l'Isle-Jourdain & avait suivi ses que, président-né des Etats de Foix, dans ses luttes
cours de théologie à l'université de Toulouse. Il contre les injustices & les violences des gouver-
exerça pendant plus de quinze ans les fonctions neurs.
d'cfficial de Pamiers, & seconda souvent son évê-
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. Sig
de soixante-quinze ans, sans avoir obtenu les consolations religieuses qu'il
réclamait avec instances'.
Un troisième chanoine de Paraiers, le père Jean-Michel d'Astorg d'Auba-
rède, élève, comme ses deux confrères, de l'université de Toulouse 8<. relégué
d'abord à Jargeau comme le père de la Queille, ayant résisté aux sollicita-
tions du secrétaire d'Etat Châteauneuf, qui lui faisait les plus brillantes pro-
messes & jusqu'à celle d'un évêché, fut jeté sur une charrette, mené à Paris
dans cet état, puis livré aux mains d'un huissier qui le conduisit au château
de Caen. Il y habita pendant plusieurs années une chambre tellement percée
de gouttières qu'il fut obligé de tendre une toile au-dessus de son lit pour se
préserver de la pluie ^.
Cependant, les affaires des protestants devenaient de plus en plus délicates
& dangereuses. Le culte réformé continuait d'être permis, conformément aux
édits, en un certain nombre de lieux déterminés; mais la pensée de ramener
la France à l'unité de foi prenait chaque jour de la consistance dans les con-
seils du gouvernement. D'Aguesseau eut l'occasion de s'en apercevoir lors du
séjour qu'il fit à Paris pendant l'automne de l'année 1681.
Les principes qu'il avait précédemment appliqués à l'égard des protestants
commençaient à n'être plus de saison. Catholique dévoué, mais sans fana-
tisme, d'Aguesseau s'était attiré par sa modération la sympathie Se le respect
des réformés de Languedoc. Il semble avoir partagé l'illusion du temps sur
la possibilité de réunir les deux communions, mais il n'y voulait pas arriver
par des moyens de violence. Les sentiments qu'il manifestait à l'égard des
dissidents satisfaisaient peu le parti d'action. Les membres du haut clergé
languedocien raillaient quelquefois cette charité apostolique. D'Aguesseau,
disaient-ils, avait manqué sa vocation en ne se faisant pas évêque au lieu
d'intendant. Et, de fait, il s'occupait beaucoup de conversions, mais non pas
comme on l'aurait voulu. Il catéchisait lui-même ceux des protestants dont la
résistance faiblissait, leur procurait des entretiens avec les docteurs les plus
renommés, en s'attachant surtout aux ministres, à cause de l'autorité qu'avait
leur exemple.
Du reste, la répugnance qu'il éprouvait pour les moyens de compression
tenait plutôt à la douceur de son caractère qu'à son impartialité; car, étant
persuadé de l'erreur des protestants, il ne croyait pas s'écarter des règles de la
justice en souscrivant à diverses innovations qui avaient pour but d'exclure
les dissidents des fonctions publiques ou de la participation à certains privi-
lèges. Son fîls croit même qu'il inspira plusieurs de ces édits restrictifs. Il
avait pour maxime que le prince étant maître de ses grâces pouvait très-juste-
ment ne les pas faire tomber sur ceux qui étaient suspects à l'État, soit par la
' Relation Je la vie des principaux chanoines Je ' Michel d'Astorg était n^ au château d'Aiiba-
Pamiers qui ont eu part a la persécution suscitée rède, dans le diocèse deT.trbes. Un de ses frères
contre M. Je Pamiers au sujet de la régale. Suite fut gouverneur de l'île de Ré, & le cadet lieute-
des mémoires sur la vie & la mort de messire Ni- nant de roi à Blaye.
colas Pavillon, évéque d'Alet, p. 175.
1681
i6Si
D20
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
i68z
différence de religion, soit par une pente secrète à la révolte, soit par un
esprit de parti qui se conserve toujours dans les sectes'.
Il ne s'apercevait pas que ces mesures d'exclusion, sorte de persécution
indirecte, équivalente dans bien des cas à des peines afflictives, — puisqu'en
interdisant certaines fonctions, elles privaient les titulaires de leurs moyens
d'existence & plaçaient les consciences dans une alternative odieuse — con-
duiraient fatalement à la persécution déclarée & qu'elles dérogeaient d'une
façon absolue à l'esprit d'apaisement &. de conciliation manifesté par l'édit de
Nantes.
L'intendant ne s'autorisait pas moins des dispositions particulières de cet
édit pour réprimer les infractions qu'en avaient faites les protestants. C'est à
ce titre que furent démolis, en vertu de ses ordonnnances, un grand nombre
de temples édifiés pendant la minorité du roi ou pendant l'absence des troupes.
Ainsi l'on ramenait les réformés à l'observation de la loi lorsqu'ils tentaient
de s'en écarter, 8c l'on s'en écartait chaque jour pour l'aggraver & la rendre
presque illusoire.
C'est alors que deux intendants inaugurèrent le traitement de l'hérésie par
logements militaires, « faisant au soldat un mérite des vexations que l'on
« punissoit partout ailleurs^. » On désavoua ce zèle prématuré, mais on retint
la méthode ^.
Le vieux gouverneur de Languedoc, qui demeurait de plus en plus étranger
aux affaires de la Province, & dont la résidence habituelle était à Verneuil
& à Fontainebleau, mourut sur la fin du mois de mai 1682. La politique de
la Cour à l'endroit des gouvernements provinciaux était désormais tellement
' Voici en quels termes d'Aguesseau annonça
aux États la suppression de la chambre de l'édit de
Castelnaudary, ordonnée au mois de juillet 1679 :
K II y avoit encore quelques restes d'une autre
guerre d'autant plus difficile à étouffer qu'elle
avoit pris sa source des troubles que la différence
de religion a excités autrefois dans le royaume.
Sa Majesté a effacé par un mouvement de sa piété
ce qui restoit de ce malheureux temps en suppri-
mant les chambres de l'édit qui conservoient en-
core l'apparence de parti, de division & d'animo-
sité, &, retranchant afin qu'il ne manquât rien à
notre bonheur cette diversité de tribunaux où les
enfans d'une même province, d'une même ville,
d'une même famille étoient obligés de recourir,
nous n'aurons qu'à ramener à l'avenir par nos
prières, par nos bons exemples & par nos exhor-
tations ceux que le malheur de leur naissance ou
leur mauvaise éducation ont engagé dans l'erreur.
Vous avez, Messieurs, plus de part que personne
à ce grand ouvrage, puisque vous en avez été les
solliciteurs', u
' <Savrej Je M. U chancelier d'Aguesseau, XIII,
p. 38.
' Louvois écrivait, le 18 mars 1681, à M. de
Marillac, intendant de Poitou, qui avait inventé
le système des logements militaires chez les pro-
testants :
Il Cette ordonnance pourroit causer beaucoup de
conversions dans les lieux d'étape, si vous teniez
la main à ce qu'elle soit bien exécutée, & que
dans les répartimens qui se feront des troupes
qui y passeront, il y en ait toujours la plus
grande partie logée chez les plus riches des reli-
gionnaires. Mais S. M. désire que vos ordres sur
ce sujet soient, par vous ou par vos subdélégués,
donnés de bouche aux maires & échevins des
lieux, sans leur faire connottre que S. M. désire
par là violenter les huguenots à se convertir, &
leur expliquant seulement que vous donnez ces
ordres sur les avis que vous avez eus, que, par le
crédit qu'ont les gens riches de la religion dans
ces lieux-là, ils se font exempter au préjudice des
pauvres'. »
■ Procès-verba! des États de Languedoc. Séance du 27 no-
vembre 1679.
' Camille Rousset, Histoire de Louvois, 111, p. 444.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 5:1
fixée, qu'à ce vieillard, octogénaire Si malade, le roi donna pour successeur
un enfant de douze ans, le duc du Maine.
Louis-Auguste de Bourbon, prince de Dombes, duc du Maine, né le
3o mars 1670, était un fils naturel de Louis XIV 8t de Madame de Mon-
tespan, légitimé trois ans après sa naissance par un acte de cette volonté sou-
veraine qui ne reconnaissait plus désormais d'autre loi que ses caprices.
Un choix pareil, pour une province difficile 8c tourmentée, au moment de
la recrudescence des persécutions religieuses, indiquait suffisamment l'inten-
tion arrêtée du ministère de ne plus laisser au gouverneur qu'une autorité
nominale Si des avantages pécuniaires. On n'osa point faire figurer le nom
de l'enfant de douze ans dans le préambule du procès-verbal des États, avec
la qualité de premier commissaire de la couronne; mais on l'inscrivit à la fin
dans le chapitre des gratifications, pour une somme de soixante mille livres,
« les Etats voulant témoigner combien ils étoient sensibles à l'honneur de
« l'avoir pour gouverneur, Si le remercier par avance des bons offices qu'il
« ne manqueroit pas de rendre à la Province'. »
Pourtant, les vues qu'on avait sur le pays, en matière de religion, exigeaient
un représentant énergique 81 actif de la puissance royale. Un commandant
en chef fut désigné : c'était Anne-Jules, duc de Noailles, pair de France, pre-
mier capitaine des gardes du corps du roi, gouverneur 8c lieutenant général
des comtés de Roussillon, Confient 81 Cerdagne, capitaine général desdits
pays, gouverneur particulier de la ville 81 citadelle de Perpignan, lieutenant
général des armées du roi*.
Le duc de Noailles était né en i65o. Il avait donc alors trente-deux ans.
Ses premières années s'étaient écoulées à la Cour, au moment de la brillante
jeunesse de Louis XIV. Il avait commandé quatre compagnies de gardes du
corps à la conquête de la Franche-Comté, Se servi en Hollande comme aide
de camp du roi. En 1678 il eut le gouvernement du Roussillon Se celui de
Perpignan. Il avait épousé en 1671 la fille unique d'Ambroise, duc de Bour-
nonville, gouverneur de Paris, qui lui donna vingt 8c un enfants.
Le roi exprimait, dans ses lettres patentes du 29 mai, la nature des services
qu'il attendait du nouveau commandant en chef.
« Nous avons jugé à propos d'y établir une personne de dignité 8c d'auto-
« rite, pour y commander durant trois ans, afin d'y maintenir nos sujets dans
« le devoir 8c dans l'obéissance qui nous est due. Sur quoi nous avons estimé
« ne pouvoir faire un meilleur choix que de vous, pour l'entière confiance
« que nous prenons en votre fidélité, valeur, prudence, 8c affection, dont, à
« l'exemple de vos ancêtres, qui depuis plusieurs siècles ont servi l'État 8c
<( nos prédécesseurs rois, vous nous avez donné des preuves tant dans les
« armées qu'auprès de notre personne, 8c en toutes autres occasions qui se
« sont présentées^... »
■ Ptocès-rerbal des États de Languedoc. Séance " Procès-verbal de» États de Lanpaedoc. Séance
du 12 décembre i68z. du 22 octobre 1682.
> Millot, Mémoires du iuc Je Noailles, p. 229.
1682
i682
52 2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'assemblée du clergé de France, tenue extraordinairement en 1682, après
avoir rédigé sa déclaration fameuse contre les ultramontains, au sujet de l'au-
torité du pape, crut devoir donner des gages de catholicité en adressant une
exhortation aux réformés. Cet acte, écrit dans un langage très- passionné,
avait pour but de montrer aux protestants l'injustice de leurs griefs contre la
communion romaine & de les inviter à l'union. Les termes de cet appel à la
concorde offraient quelque contradiction. Les évêques se présentaient aux dis-
sidents comme leurs « véritables frères, » mais les souvenirs qu'ils évoquaient
dans leur adjuration marquaient plus de ressentiment que d'indulgence.
« Nous vous exhortons, disaient-ils, par ces entrailles de miséricorde que
« vous avez déchirées jusqu'à présent, par ce sein de l'Eglise notre mère que
« vous avez divisée, par cette charité fraternelle que vous avez si souvent
<( violée, par ces divins sacremens que vous avez méprisés, par ces autels du
« Seigneur que vous avez mis en pièces". »
Imprimé en latin & en français, l'avertissement aux protestants, que les
contemporains appelèrent souvent le Commonitoire en mémoire d'un ouvrage
de Vincent de Lérins, fut expédié par le roi à tous les prélats 8c à tous les
intendants du royaume, avec ordre de le faire lire dans chaque consistoire,
en présence d'un commissaire ecclésiastique désigné par l'évêque diocésain,
8t de dresser procès-verbal de la réponse des consistoires.
D'Aguesseau ne s'abusa point sur l'inutilité d'une pareille démonstration.
Il comprenait que ce coup de théâtre n'aurait point d'effet sans l'adhésion
préalable des ministres, qu'il se flattait toujours d'obtenir & que d'ailleurs la
succession de ces lectures, annoncée de proche en proche, amènerait simple-
ment un concert entre les différents consistoires Se une organisation de la
résistance.
Néanmoins, il dut obéir & se rendit en personne dans les consistoires les
plus importants pour y présider la cérémonie^.
Elle eut lieu à Nimes le dimanche 4 juillet, vers dix heures du matin,
en présence des consuls, d'un vicaire général, de deux chanoines délégués du
chapitre, du promoteur de l'officialité, de trois membres du présidial & de
quelques autres officiers royaux. L'intendant exprima les souhaits du roi Se
communiqua la lettre du clergé. Aucun ministre ne fit défection. Les assis-
tants laissèrent lire le manifeste catholique, protestèrent de leur fidélité au
service du roi, sans aborder les questions de doctrine. Se se bornèrent à dire
que leur croyance était suffisamment expliquée dans leur profession de foi
Se dans leurs livres de controverse. Il en fut de même partout. Quelques jours
après cette inutile représentation, ceux qui prétendaient en espérer des effets
merveilleux n'y songeaient plus.
Au mois d'août 1682, la cour de Versailles fut tout entière occupée d'un
heureux événement qui, par l'accroissement de la famille royale, semblait
'Germain, Histoire de l'Eglise de Nîmes, II, (Discours sur la vie & la mort de M. d'Aguesseau,
p. 382. p, ^o.)
' (Ewvrei de M. le chancelier d'Aguesseau, XIII.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 523
donner à la monarchie de nouveaux gages de paix & de stabilité. Le grand
dauphin venait d'avoir un fils. Le même jour, le roi envoyait les ordres dans
toute la France pour faire chanter le Te Deum, allumer des feux de joie 8<
tirer le canon en signe d'allégresse publique, c Après les grands succès dont
« il a plu à Dieu de favoriser la justice de nos armes durant le temps de nos
« guerres, écrivait Louis XIV aux principaux officiers de la Province, la paix
« qu'il a bien voulu que nous donnassions à l'Europe & le choix qu'il a
« faict pour nostre fils le dauphin d'une espouse selon son cœur, nous ne
« pouvions rien désirer de plus avantageux à nostre Estât que la naissance
« d'un petit-fils dont nostre fille la dauphine vient d'estre heureusement déli-
M vrée, que nous avons nommé le duc de Bourgogne... Cette dernière faveur
« est une nouvelle marque de la protection visible que nous avons reçue de
« la bonté divine'... »
Toute la Province rivalisa de zèle pour imiter, selon ses moyens, la spl^-
deur des fêtes de Versailles.
Les capitouls de Toulouse, dès la première nouvelle de l'événement, dési-
rant « enchérir sur tout ce qui pouvoit avoir été fait en semblable occasion^, »
ordonnèrent d'illuminer l'hôtel de ville, & firent monter plusieurs faucon-
neaux par l'escalier tournant qui menait à la plate-forme de leur donjon, afin
d'annoncer le royal entant par des salves d'artillerie. Les grosses cloches de la
cathédrale & du Parlement prirent aussitôt le branle & donnèrent l'éveil à
tous les carillons de la ville.
Les fêtes de Toulouse durèrent trois jours.
Le samedi matin, un corps d'infanterie de quatre mille hommes, divisés
en deux régiments, fournis par les corps de métiers, tous lestement vêtus,
chamarrés de rubans de couleurs diverses qui servaient à distinguer les cor-
porations, commandés par deux capitouls, MM. de La Garrigue Si d'Espaigne,
se forma en bataille sur la place Saint-Georges, Se défila en grande pompe à
travers la ville pour faire la haie au devant de l'église Saint-Sernin, où l'ar-
chevêque avait ordonné de faire sortir en procession les châsses de l'abbaye.
Les capitouls y prirent place autour de la Sainte-Épine, portée par quatre
dominicains, 81 allèrent, précédés du clergé de toutes les paroisses Se du long
cortège des reliques, assister au Te Deum de Saint-Étienne, qui fut entonné
par l'archevêque de Toulouse 81 par les évêques de Comminges 8t de Béziers.
A quatre heures de l'après-midi, un feu de joie fut allumé devant le porche
de la cathédrale pendant que dix-huit pièces de canon tonnaient sur les rem-
parts Si que la fontaine Saint-Etienne versait du vin par toutes ses bouches :
largesse traditionnelle qui fut renouvelée les jours suivants à l'entrée du pont
81 aux deux côtés du portail de l'hôtel de ville.
A l'archevêché, à l'hôtel du premier président 81 à celui du procureur
général, des distributions de pain furent faites au peuple, 81 des tonneaux de
' Archives de Toulouse. Lettres missives des sou- ' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXXI,
vtrains. p. 354. Séance du zz août 1682.
i68z
i68i
524 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
vin mis en perce. Toute la cour de l'archevêché était tendue de riches tapis-
series avec des portiques de verdure chargés d'inscriptions & de devises; le
soir, l'édifice fut brillamment illuminé; les maisons du baron de Lanta & du
trésorier de France, Lombrail , situées sur la place Saint-Etienne, se faisaient
remarquer par l'éclat de leurs décorations. Les hautes & massives construc-
tions de la trésorerie, la tour des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, étin-
celaient de flammes. On tira aussi de nombreux feux d'artifice. L'archevêque,
le premier président, la duchesse d'Arpajon, le marquis d'Antin, rivalisèrent
de magnificence. Les dizeniers de la ville avaient, d'ailleurs, enjoint aux
Toulousains, par ordre des capitouls, d'avoir à manifester leur satisfaction en
mettant des chandelles à leurs fenêtres &. en allumant un feu de joie chacun
devant la porte de sa maison.
Le dimanche il y eut une superbe collation chez M. de Fieubet, premier
président, où prirent place nombre de dames Si de gens de qualité, avec un
concert de voix Se de symphonie; un grand dîner fut servi au public dans la
cour du procureur général Le Masuyer.
Le peintre Se architecte de la ville, Jean-Pierre Rivalz, avait dressé, au
milieu de la Garonne, sur les ruines isolées d'un vieux pont de, brique, une
sorte de théâtre, orné de figures en relief, où fut tiré le feu d'artifice. La
statue de Jupiter, tenant un foudre qui brûlait sans se consumer, dominait
l'ensemble de la composition; des tritons se jouaient à ses pieds, vomissant
des flammes. Des soleils ardents, des carrelets, des fusées, des lances à feu
s'allumaient incessamment à l'entour du groupe, jaillissaient entre les per-
sonnages Se retombaient en pluie d'étoiles 6c de fleurs de lys.
Sous les arches du Pont-Neuf, on avait installé des orgues d'artillerie, sorte
de batterie de six fauconneaux liés ensemble, qu'on faisait partir à la fois &
dont l'écho des voûtes redoublait la sonorité.
Toute la nuit, la ville parut en feu : la haute aiguille des Récollets-, la
tour du Parlement, le grand dôme des Carmes, la tour de Saint-Jean, le
clocher de la Dalbade, les tours de Tourreil &. d'Assézat, la maison professe
des Jésuites, les vastes bâtiments des Bénédictins de la Daurade, le dôme des
Chartreux, les deux tours du pont, étaient enveloppés de lumières, Si les
pièces de canon du chapitre de Saint-Sernin, braquées au-dessus des voûtes
de cette église, unissaient leurs notes bruyantes au retentissement des salves
municipales.
Pendant la journée du lundi, les capitouls donnèrent un dîner dans la
grande galerie de l'hôtel de ville. Il y eut trois tables de trente couverts cha-
cune, où prirent place les anciens capitouls Se diverses personnes de condi-
tion. Le même jour, les jésuites offrirent dans leur collège le spectacle d'une
« célèbre déclamation, » dont la naissance du duc de Bourgogne avait fourni
l'argument, & les doctrinaires firent jouer à l'Esquille une tragédie sur le
même sujet, avec prologue en musique Se entrées de ballet à tous les entr'actes.
Ce fut un jésuite, le Père Roques, « bien connu, écrit Lafaille, de tous les
« gens de lettres par la bonté de son esprit S<. par l'étendue de son érudi-
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 525
« tion, » qui composa pour les capitouls toutes les inscriptions 8t devises
destinées à la machine du feu d'artifice '.
Les diverses mesures prises par le gouvernement de Louis XIV pour res-
treindre progressivement Si rendre de plus en plus difficile l'exercice du culte
réformé étaient combinées avec tant de prévoyance 8t d'habileté qu'elles se
multipliaient pour ainsi dire naturellement; toute aggravation en entraînait
une nouvelle, le réseau se resserrait chaque jour, & les protestants se voyaient
engagés dans une sorte d'engrenage inévitable d'où aucune puissance humaine
n'était désormais capable de les retirer.
Il faut avouer que le parti catholique excellait à marcher ainsi, de déduc-
tion en déduction, à l'anéantissement complet de la communion dissidente.
Un principe n'était pas posé qu'on savait en étendre Si en appliquer immé-
diatement les conséquences.
Nous avons raconté comment les évêques de Languedoc obtinrent qu^ la
législation interdît aux catholiques romains la faculté de changer de religion,
ou, suivant l'expression consacrée, la liberté de se pervertir. Il semblait à pre-
mière vue que cette prohibition n'atteignît les protestants que d'une façon
indirecte en modérant leur ardeur de prosélytisme; mais la sanction pénale
qui, en vertu de la déclaration de 1680, frappait les cas d'apostasie, ne se
limitait pas au principal coupable, au catholique devenu réformé, elle fou-
droyait aussi 81 surtout les auteurs de la conversion, le ministre qui l'avait
provoquée 8c jusqu'aux pierres du temple où elle s'était accomplie. Ainsi la
prétendue renonciation volontaire à la liberté de conscience que les États de
Languedoc avaient fait souscrire par ordre, dans toutes les communes de la
Province, avec le concours des syndics généraux, était de fait un moyen très-
sûr de ruiner la liberté de conscience des protestants. La ville de Montpellier,
dont la résidence fixe de l'intendant commençait à faire la capitale adminis-
trative de la Province, eut bientôt un exemple mémorable de cette puissance
de déduction. Il fut dénoncé au Parlement de Toulouse qu'une catholique
avait abjuré la confession romaine entre les mains du ministre Bordieu; la
cour, par son arrêt du i6 octobre 1682, s'autorisant de la contravention for-
melle faite aux volontés du roi, interdit le ministre & ordonna la démolition
du temple de Montpellier. De cette façon, un acte individuel, dont la sincé-
rité fut d'ailleurs contestée, permettait, sans autre forme de procès, une viola-
tion déclarée de l'édit de Nantes 81 la suppression intégrale du culte réformé
dans l'une des plus grandes 81 des plus populeuses villes de Languedoc.
Du reste, le Parlement de Toulouse n'était que l'exécuteur des ordres sou-
' Larnille noui apprend, dans sa relation ma- Toulouse pour la naissance de monseigneur le Juc
nuscrite, qu'il avait été fait une description par- Je Bourgogne, faite par M. de Lafaille, syndic de
ticulière de la « machine de feu u composée par la ville, ms. iz p. in-8°. Archives de Toulouse.
Rivalz & qu'il se proposait de l'attacher à ton Les premières pages de cette relation ont ét^
compte rendu j mais il n'en est resté de trace ni transcrites dans les Annales manuscrites de l'hôtel
dans son manuscrit ni dans les Annales. — Rela- de yille, IX, p. 1Ù6,
lion des réjouissances publiques ^ui ont esté faites a
lâSz
i6S2
526 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
verains partis de la Cour où soufflait un vent de colère. L'évêque de Mont-
pellier demanda qu'on lui fit présent du temple pour le transformer en église.
Le marquis de Châteauneuf, secrétaire d'État, refusa cette largesse; il écrivit
au duc de Noailles que la démolition du temple serait un acte plus éclatant
« Si ôteroit aux religionnaires toute espérance d'y rentrer'. »
Chargé de cette pénible mission, le duc de Noailles, à qui les réformés
avaient adressé déjà leurs protestations, manda auprès de lui les ministres &
les anciens du consistoire, les exhorta à la soumission, écouta leurs remon-
trances Se les explications qu'ils donnaient du fait incriminé, s'en fît donner
un mémoire écrit, avec promesse de le transmettre à la Cour, & consentit
à différer la démolition jusqu'au retour du courrier^. Les protestants qui
savaient à quoi s'en tenir sur les dispositions de l'entourage royal, se retirè-
rent consternés. Ils comprenaient que la modération relative de Noailles,
repdue d'ailleurs moins méritoire par le défaut de troupes, cesserait quand
les circonstances auraient changé.
Une nouvelle démarche fut pourtant essayée auprès de lui; on lui dépêcha
deux gentilshommes calvinistes qui sollicitèrent sans détour le libre exercice
de leur religion conformément aux édits. Comme ces envoyés s'exprimaient
avec chaleur, le commandant, redoutant l'effet de leur éloquence sur la popu-
lation, jugea prudent de les retenir, St fit appeler une seconde fois les minis-
tres. Exaltés par le sentiment de la persécution prochaine, ceux-ci parlèrent
en hommes résignés au martyre.
« Vous êtes les maîtres de nos vies, dirent-ils, mais notre mission vient de
« Dieu, Si la crainte de la mort ne nous en fera pas cesser l'exercice 3. «
Le bruit de ces allées & venues s'était répandu dans la foule protestante &
y causait une vive fermentation; un peuple considérable s'était porté sur le
temple, en remplissait l'enceinte & couvrait les rues avoisinantes. On atten-
dait les ministres pour le prêche; ils arrivent, 8c, au milieu de l'enthousiasme
populaire, ils déclarent que si l'on empêche les assemblées dans le temple,
ils sont prêts à prêcher l'Évangile sur les places publiques; que si l'on veut
les chasser des villes, ils poursuivront leur apostolat dans les campagnes; que
la cause de Dieu trouvera près de deux millions de défenseurs.
Le duc s'aperçoit du péril de ces excitations, se rappelle qu'il est en pays
où les guerres de religion ont laissé des traces terribles, fait saisir les orateurs
& ordonne de les conduire sans bruit à la citadelle. Il n'avait à sa disposition
que deux compagnies, dont plusieurs officiers &c soldats appartenaient à la
religion réformée. Inquiet des dispositions des catholiques, amassés au bruit
du tumulte 8c prêts à se porter aux plus grands excès, Noailles fait placer
des gardes aux abords du temple, avec mission expresse de protéger les protes-
tants contre la violence de leurs ennemis 8c d'empêcher qu'on ne leur dise
d'injures. Puis il fait intimer à tous les réformés qui sont dans le temple
■ Lettre du marquis de Châteauneuf au duc de ' Lettre du duc de Noailles au marquis de Châ-
Noailles, du 23 septembre 1682. Mémoires du due teauneuf, du 25 novembre 1682. Mémoires, p. 234.
de Noailles, p. 233. ^ Mémoires du duc de Noailles, p. 235.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 527
l'ordre de l'évacuer, la volonté du roi étant irrévocable. On obéit, l'assem-
blée du prêche se retire, détendue contre les outrages par les gardes du
commandant.
Un acte d'opposition par voie légale à la destruction du temple fut pré-
senté, ainsi qu'une requête aux fins d'être maintenu « en l'ancienne liberté. »
Noailles y répondit en communiquant aux principaux membres du consis-
toire les ordres précis & définitifs qu'il avait reçus de la Cour.
La démolition commença le 2 décembre. Le même jour parut une ordon-
nance qui défendait à tout catholique d'offenser les protestants, soit de bouche,
soit par écrit, 8c de leur faire aucun déplaisir en leurs personnes ou en leurs
biens, 6c qui enjoignait aux uns 8c aux autres de vivre en paix 8c en bonne
intelligence.
Noailles attendit que le dimanche fût passé pour élargir les ministres; puis
il leur ordonna de quitter la ville, un arrêt du conseil ne leur permettant
pas d'habiter les lieux où l'exercice du culte était interdit. Un des ministres
des plus modéré fut seul autorisé à rester encore trois mois à Montpellier, sous
prétexte d'affaires de famille, pour y baptiser les enfants des calvinistes.
Le Parlement de Toulouse, encouragé par ce brillant succès, avait com-
mencé des procédures analogues contre les réformés de Montauban. Le minis-
tre, un peu alarmé du retentissement de l'affaire de Montpellier, écrivit au
premier président de ne pas précipiter l'exécution. On ne devait pas, dit-il,
« mettre trop de bois au feu à la fois ' . »
Après la tenue des Etats, le duc obtint diverses faveurs de la Cour en faveur
des nouveaux convertis de qualité. En même temps qu'on usait de rigueur
contre les esprits obstinés, on espérait obtenir beaucoup des esprits faibles
par les libéralités 8c les honneurs. Plusieurs personnages considérables de la
Province ne résistèrent point à ces avances; la politique avait jeté beaucoup
de grands seigneurs dans la Réforme; elle en ramena beaucoup dans la reli-
gion romaine, tandis que les hommes de foi se préparaient à l'exil.
Un catholique convaincu, nommé Boudon, proposa à cette époque des
conférences publiques pour convertir les ministres. Noailles approuva l'idée,
mais fit observer qu'on aurait besoin de très-habiles gens pour se tirer avec
honneur de ces controverses, sans quoi, dit-il, au lieu de bien on n'en ver-
rait arriver que du mal. Il jugeait d'ailleurs fort sévèrement le personnel
ecclésiastique des deux cultes : reprochant avec amertume aux évêques 8c aux
prêtres de négliger entièrement les moyens de conversion; 8c quant aux minis-
tres, il croyait ne remarquer en eux « qu'une indifférence de religion, » 8c
parlait de la nécessité de les gagner, « en les achetant, écrivait-il, plus cher
« qu'ils ne valent, pour éviter le mal qu'ils sont capables de faire*. »
Voilà dans quel milieu se préparait la révocation de l'édit de Nantes, cou-
ronnement de la politique suivie par la Cour depuis la mort du cardinal
■ Lettre du 7 décembre i68ï. ' Lettre du duc de Noailles à M. Boudon, du
17 février i683.
1682
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528 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Mazarin. C'est un fait digne de mémoire que la disparition de ce prince de
l'Église, imbu des maximes de la politique de Richelieu, coïncide précisé-
ment avec le pro.grès de plus en plus menaçant de l'esprit d'intolérance.
Le clergé, comme le lui reprochait Noailles, faisait peu, du reste, pour
ramener les dissidents à la foi par l'enseignement 5< la persuasion. Dans le
massif protestant des Cévennes, il était surtout d'une insuffisance notoire.
Une cathédrale, des collégiales, des cures nombreuses, des bénéfices de tout
ordre fournissaient à peine aux catholiques un sermon par mois, tandis que
les calvinistes du même lieu en avaient un par jour, sans compter cependant
plus de deux ou trois ministres '.
D'Aguesseau, découragé de ces tristes exemples, ne voyait de remède que
dans l'intervention du roi & proposait de soumettre l'épiscopat au contrôle
des chefs militaires. <■< Il faudroit, écrivait-il à Noailles, le 9 mars i683, que
« le roi écrivît aux évêques de Languedoc. Le désir qu'ils auroient de plaire
« à Sa Majesté les engageroit assurément à faire plus d'efforts qu'ils ne font;
« il sera même bon qu'ils soient persuadés que Messieurs les lieutenans du
« roi & moi avons ordre d'observer leur conduite*. »
Des conférences mi-parties devaient se tenir à Nimes. Noailles pressait
d'Aguesseau de les faire ouvrir; aucun sujet de valeur ne se présentait à l'in-
tendant. Détrompé par ses informations, le duc lui écrivit que puisqu'on ne
trouvait pas de docteurs catholiques assez savants pour soutenir la cause de
Dieu dans ces entretiens, on devait profiter du refus que les religionnaires
faisaient d'y entrer & rompre les conférences avec honneur plutôt que de les
tenir avec déshonneur pour la religion.
L'échec de ces tentatives impressionna péniblement le duc, très-mécontent
du clergé local. Ce fut lui qui mit en avant l'idée d'envoyer en quelques
endroits des prêtres de Saint-Lazare, dont le bon exemple servirait d'exemple
aux autres, & qui, suivant les règles de leur institut, iraient préciser de
village en village. Le salaire des cures de campagne était tellement minime,
une cinquantaine d'écus par an, le plus clair revenu des paroisses allant
au bénéficier, seigneur spirituel ou curé primitif — qu'on n'avait pour les
remplir que des hommes sans instruction & souvent sans mœurs, dont l'igno-
rance 8t la conduite favorisaient trop bien les dispositions malveillantes des
réformés.
Le manifeste du clergé aux protestants de France était généralement consi-
déré parles membres de l'Église réformée comme le signe avant-coureur d'une
prochaine tempête. Des mouvements d'inquiétude coururent dans le royaume.
Comme la présence des commissaires du roi, qui rapportaient à la Cour tout
le détail des séances, rendait les assemblées synodales presque illusoires &
que, d'ailleurs, l'intervalle des sessions laissait libre carrière aux événements
imprévus, les protestants avaient confié leurs intérêts à six directeurs choisis
■ Mémoires Ja duc de Noailles, p. 238. * Lettre de M. d'Aguesseau au duc de Noailles,
du 9 mars i683. Mémoires, p. ïSçj.
LIV. II, ADMINISTRATION DE COLBERT. Sig
dans chaque province. Le bruit se répandit que seize de ces directeurs s'étaient
réunis secrètement à Toulouse, durant l'année i683, pour y arrêter les termes
d'une requête au roi & appuyer les termes par l'action. Le projet qu'on leur
attribuait était de faire tenir des assemblées dans tous les lieux où les temples
avaient été détruits ou interdits, comme aussi d'organiser une résistance géné-
rale des ministres aux lois rigoureuses qui réglaient la police extérieure de
leurs églises. Le procureur général du Parlement de Toulouse se donna beau-
coup de mouvement pour acquérir la preuve de ces démarches, mais ne réussit
à rien découvrir.
L'intendant se rendit à Toulouse pendant le carême j il y séjourna deux
mois, avec toute sa maison, Se y perdit une de ses filles.
Au bout de ce temps, il traversa tout le Languedoc pour se rendre au Puy
par le Vivarais.
Il était dans la capitale du Velai, au mois de juillet, lorsque les premiers
troubles éclatèrent. On s'assembla d'abord à Saint-Hippolyte, dont le temple
avait été récemment démoli, puis dans quelques lieux de Vivarais, théâtre
de semblables exécutions, 6c bientôt, le mouvement gagnant de proche en
proche, les réformés dauphinois commencèrent à s'attrouper.
L'émotion fut vive entre les montagnes d'Auvergne 8c les Alpes. Catholi-
ques 8c protestants prenaient les armes. Il semblait que l'ère désastreuse des
guerres civiles, marquée dans tout le pays par tant de ruines, fût à la veille
de renaître.
Les ministres prêchaient sur la persécution, comparaient la destinée de
leurs fidèles à celle de la primitive Eglise, condamnée à fuir la lumière dans
les catacombes 8<. poursuivie par les édits des empereurs 8c la justice tracassière
des magistrats. Ils promettaient la couronne du martyre à ceux qui se mon-
treraient fermes dans leur foi 8c qui sauraient affronter la mort.
A la faveur de cette exaltation, des bandes armées étaient signalées sur
divers points. Nos lecteurs savent que le brigandage n'avait jamais été com-
plètement réprimé dans les pays montagneux de Languedoc; les voleurs de
grand chemin qui ne prenaient aucun intérêt à la question religieuse, mais
qui mettaient à profit toute occasion de désordre, commencèrent à pulluler.
D'Aguesseau dénonça l'insuffisance de la maréchaussée pour tenir les routes
nettes 8c demanda des troupes. Noailles lui répondit qu'il avait lui-même
prévu le mal depuis fort longtemps, qu'il en avait souvent parlé, proposant
des remèdes convenables, 8c qu'on ne pouvait se passer de punir quelques
coupables « afin d'empêcher mille autres de le devenir'. »
La fermentation fut augmentée par quelques arrêts du conseil qui éloi-
gnaient les ministres. A Nimes, on eut surtout des craintes sérieuses. Le
consistoire y jouissait d'une très-grande autorité, la population protestante y
était nombreuse, les moindres artisans accoutumés au maniement des armes
k feu, par suite du droit de chasse, commun par privilège à tous les habi-
' Lettre du duc de Noailles à M. d'Aguesseau. Mémoires, p. 240.
XIII. 34*
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àSo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tants; la plupart des hommes faits avaient servi dans les troupes; enfin les
Cévennes tenaient à portée une inépuisable réserve d'hommes vigoureux,
exaltés, presque sauvages, toujours prêts à descendre, aux jours d'émeute, de
leurs retraites inaccessibles pour grossir les attroupements populaires.
Une affaire d'intérêt, où la religion n'était qu'un prétexte, causa dans la
vieille ville réformée la plus violente agitation. La fabrication des taffetas Su.
d'autres petites étoffes de soie qui occupait à Nimes un véritable peuple d'ou-
vriers &i dont le commerce rapportait plus de deux millions par an, la matière
première étant tirée du pays même, se partageait inégalement entre les pro-
testants & les catholiques. Les premiers, plus riches, mieux accrédités dans
les États étrangers, excitaient la jalousie de leurs concurrents. Ceux-ci, pour
se débarrasser d'émulés incommodes, jugèrent opportun de solliciter l'établis-
sement d'une maîtrise pour les manufactures de soie; ayant à choisir entre
Içs règlements qui existaient dans d'autres villes, on ne manqua pas de pré-
férer ceux de la maîtrise de Lyon dont un article spécial excluait les protes-
tants. La découverte de cet artifice causa parmi les manufacttiriers catholiq-ues
une explosion de joie; on leur fournissait le, moyen de plaire au roi, de servir
la religion 8t d'hériter en même temps de tous les bénéfices que les plus
grandes maisons de Nimes réalisaient chaque année; ils devenaient maîtres
de la place commerciale tout en contribuant à expulser l'hérésie; le bien
spirituel 8c le bien temporel se trouvaient ainsi conciliés par un merveilleux
accord. Un arrêt du conseil, des lettres patentes, des règlements furent pré-
parés sans bruit, 8c les manufacturiers protestants qvii n'avaient été informés
de rien, apprirent à la fois que leur industrie était constituée en maîtrise fie
qu'on ne la pouvait plus exercer si l'on ne révinissait à la qualité d'habile
ouvrier celle de catholique, apostolique 8c romain.
L'effet produit par cette nouveauté fut immense. Les protestants se récrient,
déclarent que la liberté est l'âme du commerce, que l'exigence inattendue
dont ils sont victimes va causer la ruine de leurs établissements. Si pour-
suivent la cassation des règlements de maîtrise. Les catholiques font valoir
la nécessité d'obéir à la loi Se demandent que l'application soit immédiate. La
seule annonce de ces graves changements avait porté atteinte au crédit des
industriels menacés; la production diminue; l'esprit de représailles se réveille.
Les ouvriers catholiques employés en assez grand nombre par les manufac-
turiers protestants sont expulsés. Beaucoup de familles qui étaient venues
d'Avignon, appelées par la prospérité croissante des soieries, se voient con-
traintes d'y retourner.
Cependant les procédures ordinaires du conseil d'État suivaient leur cours;
les réformés obtinrent un arrêt de renvoi par-devant l'intendant de la Pro-
vince. D'Aguesseau ayant à transmettre un avis motivé à la Cour, pensa
qu'on ne pouvait trop s'appliquer à maintenir 8c même à augmenter le com-
merce de Nimes, que la prudence en réclamait le maintien aux mains des
protestants, puisqu'ils avaient l'argent, le crédit, l'expérience &. les relations
nécessaires; que les catholiques se nourrissaient de chimères en s'imaginant
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 53 1
s'établir sur ies ruines de leurs rivaux, qu'il y avait surtout dans cette affaire
un antagonisme d'intérêts particuliers, 6c que l'avantage de quelques fabri-
cants ne pouvait compenser le dommage fait au public. Toutefois il ne con-
cluait pas à l'annulation des mesures prises, il en sollicitait seulement la
surséance. L'arrêt, inexécuté, mais ayant toujours force de loi, pourrait
exercer une utile influence comminatoire. « Il est bon, disait l'intendant, de
« faire savoir aux marchands huguenots que Sa Majesté n'en veut qu'à leur
« religion & conserve toujours pour eux les sentimens d'une bonté pater-
« nelle; ils en seront plus disposés à renoncer à cette religion pour embrasser
« la catholique. » D'Aguesseau voyait aussi, dans la solution proposée, un
excellent moyen d'empêcher les expulsions d'ouvriers qui causaient la détresse
de tant de familles. On pouvait faire du retrait de cette rigueur la condition
même de la surséance. Noailles partagea ces sentiments Si les fît valoir auprès
de la Cour. La conclusion fut conforme aux vœux de l'intendant & du lieu-
tenant général.
Mais cette atténuation ne réparait pas les maux accomplis; le temple de
Nimes venait d'être démoli comme celui de Montpellier; les protestants s'en-
fermaient dans leurs maisons pour y porter le deuil de leur culte; le travail
des manufactures était suspendu.
L'audace des ministres croissait d'ailleurs avec la persécution. Les lieux où
le prêche avait été interdit semblaient plus particulièrement désignés à l'em-
pressement religieux, & les fidèles y accouraient en foule. Les ministres ne
marchaient guère sans escorte; un coup de sifflet suffisait souvent pour faire
accourir auprès d'eux des centaines d'hommes disposés à les défendre.
Tout le pays était en alarmes. On savait que des députés protestants de
Languedoc avaient paru à l'assemblée de Chalencon, qu'il s'y était pris des
résolutions violentes, que plusieurs gentilshommes de marque semblaient dis-
posés à prendre la tête du mouvement.
Noailles ne cessait d'invoquer ses inutiles prophéties. « J'avois prévu dès cet
« hiver, écrivait-il, & dit plusieurs fois tout ce qui est arrivé; je n'ai cessé
« de le représenter; j'en parle à tous moments; on ne me répond rien, 8c on
« est toujours occupé à de plus grandes choses, qui empêchent qu'on n'ait
« attention à d'autres qui ne sont pas considérées si importantes qu'elles le
« sont en effet. »
La rumeur publique grandissait le danger. Se tout le monde annonçait
l'imminence de la guerre civile.
D'Aguesseau, qui était un esprit calme Se froid, s'attacha d'abord à com-
battre les craintes exagérées 8c l'excès des précautions qui, sous ombre d'em-
pêcher le mal, pouvait avoir pour effet de le rendre irréparable'. Il résolut
de se transporter de sa personne en Vivarais, au foyer de l'agitation, 8c partit
du Puy en litière, sans escorte, avec sa femme 8c ses trois fils.
' « Des ecclésiastiques se montrèrent si emportés massent leur faux zèle & cherchassent en secret
en Vivarais qu'on fut obligé d'écrire aux princi- les moyens de servir la religion & le roi '. "
paux gentilshommes du p.iys pour qu'ils répri- • Mémoires du duc de Noailles, p. 141.
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532 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Comme il quittait la frontière vellave, il vit arriver une troupe de gen-
tilshommes en armes, fort bien montés, qui lui offrirent de protéger son
voyage jusqu'à Tournon. Ils lui firent un tableau très-chargé de l'état du
pays, du danger d'être enlevé & retenu en otage, & de tous les maux que l'on
pouvait craindre parmi des montagnards soulevés. D'Aguesseau répondit qu'il
ne craignait rien ni pour lui, ni pour sa famille, que ce n'était pas à lui
qu'en voulaient les religionnaires & qu'il ne comptait pas donner de l'impor-
tance à une petite troupe de mutins en déployant un appareil militaire, que
le meilleur service que pussent lui rendre des gentilshommes dévoués au roi
était de rentrer dans leurs terres 8c d'y maintenir les esprits en paix.
Il arriva à Tournon sans encombre & trouva la ville fort inquiète. On ne
parlait que de garde aux portes 8c de sentinelles pour prévenir les surprises.
L'intendant prohiba ces démonstrations &c ne se départit point de sa tran-
quillité, malgré les objurgations quotidiennes d'un trésorier de France,
compagnon ordinaire de ses voyages, 8c ancien officier de la reine Christine
de Suède, qui se mourait de peur 8c l'accusait d'indolence ou de témérité.
D'Aguesseau redoutant que son effroi ne devînt contagieux, fut trop heu-
reux de le voir s'embarquer sur le Rhône pour regagner Montpellier. A quel-
ques lieues au-dessous de Tournon, le prudent trésorier essuya le feu de deux
troupes qui occupaient les berges opposées du fleuve} mais il en fut quitte
pour le bruit.
La grande préoccupation de l'intendant était d'apaiser l'émotion sans avoir
recours aux armes. Il comprenait combien la voix de la poudre serait dan-
gereuse dans une région où toutes les mémoires étaient peuplées de tradi-
tions sanglantes, 8c ne négligeait rien pour faciliter l'apaisement. Il travaillait
journellement à détacher les personnages les plus influents du parti, à les
détourner des voies de fait, à les employer comme agents de conciliatiori ,
déclarant à sa famille qu'il regarderait comme le plus grand bonheur de sa
vie de pouvoir terminer les troubles en sollicitant la grâce des rebelles.
Le comte du Roure, lieutenant de la Province, qui vint le rejoindre à
Tournon, entra dans les mêmes sentiments. C'était un homme doux 8c lettré,
qui passait sa vie à relire Horace 8c Virgile. Il unit ses efforts à ceux de l'in-
tendant, Se grâce à la médiation des protestants du bas Languedoc, moins
exaltés que ceux des Cévennes, on réussit à faire déposer les armes. Le culte
public cessa dans les lieux interdits. Une déclaration fut signée, portant
soumission absolue à la volonté du roi 8c recours à sa clémence.
En même ten>p?, d'Aguesseau agissait énergiquement auprès de la Cour
pour faire prévaloir les voies de douceur 8c sollicitait une amnistie générale.
Malheureusement les conseils de modération n'étaient guère en faveur dans
l'entourage du roi. L'intendant — son propre fils le rapporte — redoutait
plus la politique emportée des courtisans que la fureur des factieux'. Tandis
' (Burres d» M. U chancelier d'Aguesseau, t. |3. Discours sur la vit & la mort de M. d'Aguesseau,
p. 46.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 533
qu'il continuait ses instances pour ramener le ministère à ses vues 8t pour
retarder l'entrée des troupes dans la Province, des régiments pénétrèrent en
Dauphiné, Se quelques escadrons de dragons ayant rencontré une troupe de
rebelles qui allait aux assemblées du désert, passèrent deux cents hommes
au fil de l'épée, après une vigoureuse résistance.
Dès lors fut perdu tout le fruit des peines que l'intendant s'était données
pour empêcher une collision. Les protestants du Vivarais, qui avaient posé
les armes, les reprirent, Se il ne resta plus d'expédient pour empêcher l'entrée
des troupes en Languedoc.
L'amnistie arriva pourtant, sauf pour un petit nombre d'agitateurs.
D'Aguesseau ne perdit pas un instant pour la faire publier, en y ajoutant
quelques adoucissements dont il espérait obtenir la ratification.
Les bandes qui s'étaient mises sur pied étaient à peu près exclusivement
composées de paysans que la misère contribuait à jeter dans les entreprises
les plus hasardeuses. Les habitants des villes ne faisaient aucun mouvement,
obéissaient à toutes les ordonnances S*, donnaient des marques de consterna-
tion. Les rapports faits à l'intendant St au commandant en chef accusaient seu-
lement les réformés de Nimes 8<. de Saint-Hippolyte d'entretenir la révolte par
des messages secrets j on parlait aussi de sommes importantes qui auraient été
envoyées de Lyon aux montagnards du Vivarais. Plusieurs gentilshommes
conseillèrent la modération 8c décidèrent certaines bandes à se dissoudre; ce
fut sur les exhortations du marquis de la Tourrette, dont les terres avaient
fourni l'effectif de vingt compagnies, que les officiers qui les commandaient
se résignèrent à rentrer chez eux.
Les députés que reçut d'Aguesseau, appuyèrent vivement sur la fidélité
qu'ils ne cessaient de garder au roi '. Ils se disaient prêts à verser leur sang
pour son service. S'ils avaient eu le malheur de lui déplaire dans l'exercice
de leur religion, cela ne s'était fait que par un motif de conscience; quant
aux armes, ils n'avaient eu d'autre dessein en les prenant que de se protéger
contre les menaces des garnisons soudoyées par les seigneurs catholiques. Ils
demandaient pardon au roi d'avoir contrevenu à ses 'ordres, St. leur prière
d'amnistie générale se fondait sur l'innocence de leurs intentions.
D'Aguesseau, en sollicitant un pardon presque universel, d'où il n'exceptait
que quelques ministres ou chefs influents, avait compté & pris même l'engage-
ment, au nom des insurgés, que toutes les assemblées prendraient fin, 8c que
l'on mettrait bas les armes huit jours après la publication de l'amnistie. Les
réserves furent beaucoup plus graves qu'il ne l'espérait; tous les ministres
qui avaient prêché dans les lieux défendus Se environ cinquante autres per-
sonnages très-compromis restèrent exposés aux rigueurs de la répression ,
tandis que la démolition des temples de Chalencon, de Saint-Fortunat 8c du
Pousin était ordonnée, avec défense de faire en ces endroits aucun exercice
de religion sous peine de mort.
' Lettre de M. d'Aguesseau au duc de Noailles, du 3i août |683. Mémoires, p. 2^5.
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534 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
De pareilles aggravations réduisaient singulièrement la portée de l'am-
nistie. Les ministres en prirent texte pour prêcher dans les campagnes que
le prétendu pardon du roi n'était qu'un piège, & que les ennemis de la
réforme poursuivaient, sans se laisser dévier, leur campagne de destruction.
Une lettre du ministre Homel fut interceptée j elle était écrite au nom des
protestants de Chalencon, annonçait le désir de tenir ferme Si demandait
assistance.
Averti de la découverte de sa dépêche, Homel accepta noblement la res-
ponsabilité de la fausse démarche dont il avait pris l'initiative. « S'il ne faut
« d'autre victime que moi pour donner la paix à nos églises, mandait-il quel-
« ques jours après, je consens qu'on me livre. Vous savez que j'ai toujours
« donné la main à tout ce qui regarde l'autorité du roi, je seroi toujours
« dans les mêmes dispositions'. »
Malgré l'amnistie, plusieurs attroupements d'insurgés étaient demeurés en
armes. L'intendant ne désespérait pas de les réduire par la persuasion 8c lut-
tait de tous ses moyens contre l'impatience des chefs militaires que l'amour
du métier & le désir d'avancement poussaient à prendre l'offensive. Ces tem-
porisations déplurent à la Cour, où dominait l'esprit de violence, & le secré-
taire d'État de la guerre, Louvois, les reprocha en termes assez durs à
d'Aguesseau & donna des ordres d'action immédiate^.
Néanmoins, l'intendant garda la conviction qu'il eût peut-être réussi à pré-
venir les événements tragiques, s'il avait eu affaire au seul comte de Tessé,
plus tard maréchal de France, qui commandait alors les dragons. Mais le
marquis de Saint-Rhue, homme de guerre sans entrailles, regardant l'expé-
dition comme une partie de chasse qui devait le délasser des ennuis de la
paix, — ce sont les propres paroles du chancelier d'Aguesseau, — ne cessait
de s'irriter des lenteurs administratives. Il ne pouvait supporter d'avoir fait
un voyage inutile en Languedoc 8t s'autorisait de l'exemple du Dauphiné
pour agir sans ménagement.
Le duc de Noailles était à la Cour pendant cette première phase des évé-
nements de Vivarais dont il suivait anxieusement la marche, & entretenait
une correspondance suivie avec d'Aguesseau. Il descendait en Languedoc par
la vallée du Rhône pour faire l'ouverture des États lorsqu'il apprit à Tournon
qu'une nouvelle prise d'armes venait d'avoir lieu.
On était au 24 septembre. Sans perdre de temps, Noailles, résolu à prendre
en personne le commandement des troupes, dépêche deux gentilshommes cal-
vinistes aux insurgés, avec mandat de les avertir qu'il leur donnait jusqu'au
lendemain pour profiter de la clémence royale. Les insurgés ne firent point
de réponse. Le lendemain, le commandant en chef & l'intendant se rendent
■ Lettre du 5 septembre i683, à M. de Verclose. peuples n'étant bonnes que pour les rendre plus
' CI L'on ne peut rien faire de plus préjiidi- insolents'. »
ciable que tout ce que vous avez exigé de M. de
Saint-Rhue, depuis qu'il a passé le Rhône, toutes . Lettre de Louvois à d'Aguesseau. Camille Roussel,
négociations de la part du souverain avec des Histoire de Louvois.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 535
ensemble au camp de l'armée royale, entre Charmes Se Beauchastel sur le
Rhône. Trois régiments de dragons y étaient rassemblés, ainsi que trois
bataillons d'infanterie, sous les ordres de Saint-Rhue.
On voyait sur les hauteurs voisines les compagnies protestantes s'exercer
journellement à la manœuvre; leurs tirailleurs s aventuraient à proximité du
camp St y tuaient même quelques dragons. Saint-Rhue maudissait l'ordre qui
lui interdisait de faire un mouvement offensif avant l'expiration du délai de
huit jours porté par l'amnistie.
Noailles monta à cheval pour reconnaître les passages des montagnes;
quand il eut vu par lui-même les dispositions agressives des insurgés, il
n'hésita plus Se prescrivit l'attaque pour le lendemain, 27 septembre.
Après quelques heures de marche, on rencontra cinq ou six cents hommes
dans un poste avantageux au-dessus de Pierregourde; quelques dragons
mirent pied k terre 8c commencèrent d'escarmoucher, tandis que l'infanterie
se déployait pour envelopper l'ennemi. Il y eut un moment de mêlée assez
vive; mais les insurgés, débandés, n eurent bientôt d'autre ressource que de
se sauver à travers les bois dont on n'avait pas réussi à fermer tous les pas-
sages. Les dragons se jetèrent à la poursuite des fuyards & en massacrèrent
un grand nombre. On avait fait une douzaine de prisonniers qui furent
immédiatement condamnés à mort, 8t l'on contraignit un de leurs camarades
à les pendre.
D'Aguesseau, témoin oculaire, vit dans ce rapide engagement, dont le
marquis de Saint-Rhue avait le regret de ne pouvoir s'attribuer l'honneur,
plutôt une déroute St une boucherie qu'un véritable combat. Comme l'inten-
dant n'avait point dissimulé aux chefs des troupes royales les sentiments de
douleur que lui inspirait ce réveil de guerre civile, les officiers ne lui épar-
gnèrent point d'abord les plaisanteries sur la tendresse de son cœur; mais
quand ils le virent, pendant le feu, les suivre partout sur le terrain de l'ac-
tion Se donner des preuves d'un courage calme Se d'une parfaite présence
d'esprit, ils furent contraints de reconnaître que son humanité n'avait rien
de commun avec la faiblesse.
On arriva le soir à Chalencon, 8c l'on s'empressa d'en occuper le château.
Les fuyards s'étaient jetés dans la ville d'oîi s'élevait le bruit d'un effroyable
tumulte; ils se dérobèrent pendant la nuit à la faveur des précipices. Le len-
demain, on démolit le temple, pendant que la colonne poursuivait sa marche
sur Saint-Fortunat. Rien de ce que l'on rencontrait sur !a route n'obtenait
quartier. Cette seconde journée, où l'on ne se battit point, causa aux insurgés
autant de pertes que la première. Les vaincus, entièrement dominés par
l'exaltation religieuse, étonnèrent le commandant en chef du spectacle de
leur constance.
« Ces misérables, dit-il, alloient au gibet avec une ferme assurance de
« mourir martyrs Se ne demandoient d'autre grâce sinon qu'on les fît mourir
« promptement. Ils demandoient pardon aux soldats, mais il n'y en eut pas
« un seul qui voulût demander partlon au roi. »
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536 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
Noailles renvoya les prisonniers qu'on lui amenait, les chargeant de dire
aux rebelles que le roi leur faisait grâce à condition de poser les armes & de
reprendre leur travail ordinaire. Le temple de Vernoux ifut démoli.
Le I" octobre, Louvois adressa au commandant en chef des instructions
détaillées sur la conduite à tenir à l'égard des insurgés de Languedoc. Le
ministre blâmait Saint-Rhue d'avoir accédé pendant plusieurs jours aux con-
seils de temporisation de l'intendant, l'amnistie n'étant pas valable pour les
peuples de Vivarais.
Il ajoutait : « Sa Majesté désire que vous ordonniez à M. de Saint-Rhue
« d'établir des troupes dans les lieux que vous jugerez à propos, de faire
« subsister lesdites troupes aux dépens du pays; de se saisir des coupables 8t
« de les remettre entre les mains de M. d'Aguesseau pour leur faire leur
« procès; de raser les maisons de ceux qui ont été tués les armes à la main
« & de ceux qui ne reviendront pas chez eux après qu'il aura été publié une
« ordonnance; que vous lui donniez ordre de faire raser les dix principaux
» temples du Vivarais &, en un mot, de causer une telle désolation dans
« ledit pays, que l'exemple qui s'y fera contienne les autres religionnaires St
« leur apprenne combien il est dangereux de se soulever contre son roi. »
L'amnistie devait avoir lieu dans les Cévennes potKVU qu'on exécutât les
édits; & le port d'armes était également défendu aux deux partis, sous peine
•de fortes amendes. Noailles ajouta de son chef que la découverte d'armes chez
les particuliers entraînerait condamnation aux galères, avec amende de cent
écus, dont cinquante seraient donnés en prime au dénonciateur. Celui qui
pourrait être convaincu de n'avoir pas dénoncé l'existence d'armes cachées
encourrait la même peine que le propriétaire.
Six ou sept cents insurgés en armes s'étaient cantonnés dans les montagnes
de Saint-Hippolyte. D'Aguesseau réussit à obtenir de la déférence du com-
mandant en chef qu'on ne marcherait pas contre eux avant d'avoir tenté des
négociations. Ces négociations réussirent.
Le pays n'en fut pas cependant à l'abri des violences de l'armée d'occupa-
tion. La discipline des troupes royales, une fois en campagne, était encore
très-imparfaite, 5c bien qu'aucun acte d'hostilité ne fût ordonné ni même
toléré, les populations eurent beaucoup à souffrir. Dans toutes les plaintes qui
se produisaient, 8<. dont il était, par sa charge, le dépositaire naturel, l'inten-
dant trouvait la justification du peu d'empressement qu'il avait témoigné pour
la venue des gens de guerre. Il est beaucoup plus aisé, pensait-il, de ne les
point appeler à son secours, que de les contenir lorsqu'on les y a une fois
appelés '.
Après le combat, commença l'œuvre judiciaire. Elle se fit sous la direction
de l'intendant, assisté des officiers du présidial.
Une députation de l'assemblée protestante d'Anduze présenta requête à
' <B.uvres de M. U chancelier d'Aguesseau, «. i3. Discours sur la vie & la mort de M. d'Aguesseau,
p. 48.
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 53]
Noailles, sollicitant de la bonté & de la justice du roi une amnistie générale,
8c le rétablissement de l'exercice du culte réformé à Saint-Hippolyte, où
quatre mille personnes le réclamaient. Ces malheureux étaient singulièrement
arriérés : ils s'autorisaient encore de l'édit de Nantes, dont ils demandaient
l'exécution.
Le duc n'en croyait pas ses oreilles : invoquer l'édit de Nantes au mois d'oc-
tobre i683, c'était le comble de l'anachronisme^ l'acte conciliateur d'Henri IV
avait bien figuré à tout propos dans les affaires de religion depuis la majorité
de Louis XIV, mais c'était uniquement pour en poursuivre les infractions de
la part des réformés & y chercher prétexte à rigueurs nouvelles. Ce lent tra-
vail accompli, l'on n'avait plus rien à tirer de l'édit de i5g8.
Le commandant en chef fut, comme il l'avoue lui-même dans une de ses
lettres, tellement « surpris de la hardiesse ou plutôt de l'extravagance de ces
« pauvres misérables » qu'il se demanda s'il ne devait pas les traiter en fous.
Il prit pourtant le parti de les envoyer tous prisonniers dans la citadelle du
Saint-Esprit, mais en leur disant que s'il connaissait « des petites maisons en
« Languedoc, » il ne les expédierait pas dans une forteresse.
Voilà donc à quel point les esprits en étaient venus au sujet de cette liberté
de conscience établie après tant de luttes &c au prix de tant de sang. Un duc
Se pair regardait comme des insensés les gens qui avaient encore des illusions
sur la valeur légale d'un édit perpétuel non abrogé, considéré par l'Europe
entière comme le fondement de l'état des protestants de France.
La passion religieuse était d'ailleurs tout à fait étrangère à ces sentiments
qui procédaient d'une adoration démesurée de la puissance royale.
Noailles s'est vivement défendu, dans sa correspondance, d'avoir « agi par
« haine contre les huguenots. » Il déclarait ne haïr que leur rébellion, & se
disait prêt à prendre en horreur, en pareil cas, les plus zélés catholiques.
Aussi, tout en demandant la démolition de quelques temples comme châti-
ment des insurgés Si la punition des ministres séditieux, recommandait-il
aux bonnes grâces de la Cour les ministres qui lui paraissaient les mériter;
il sollicita la conservation du temple du Pousin, parce qu'aucun désordre ne
s'était produit dans cette bourgade. On devait montrer au pays que le roi
n'en voulait qu'aux séditieux 8c aux rebelles.
L'affaire de Saint-Hippolyte, qui fut le dernier de ces mouvements avant-
coureurs de la terrible guerre des Cévennes, donna lieu à quelques épisodes
notables. Une lettre surprise par les dragons du comte de Tessé mention-
nait des réjouissances faites dans la ville à l'occasion d'une prétendue défaite
essuyée par Saint-Rhue, où Noailles lui-même aurait été blessé. On y vantait
la régularité des exercices militaires, la vaillance de « l'illustre capitaine »
Nouguier, la bonne volonté des soldats tous « braves, lestes 8c bien armés. »
On y annonçait la résolution d'attendre de pied ferme quatre mille hommes
de troupes royales. « Nous voulons même, poursuivait le correspondant, leur
« faire l'honneur d'aller au-devant d'eux, s'il plaît à l'Éternel, avec une
« entière confiance que, faisant la guerre pour sa gloire, nos ennemis dispa-
i683
i683
:.38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
« roîtront devant nous comme la fumée se perd en l'air par l'agitation des
« vents. Gloire à l'Éternel ! »
Tessé eut ordre de faire marcher ses dragons le lendemain, & l'on écrivit
au juge du lieu qu'à moins de soumission immédiate, les maisons seraient
rasées, les biens confisqués & les personnes punies du dernier supplice.
Le chef des compagnies protestantes fit dire à Tessé qu'on savait trop bien
la guerre pour rester dans Saint-Hippolyte, qu'on allait prendre le chemin de
la montagne, qu'on espérait l'y voir Se qu'on serait prêt à lui faire accueil.
Ces menaces étaient tort aventurées, car, à la seule vue des grenadiers, les
insurgés prirent la fuite sans que l'on eût échangé plus de cinq ou six coups
de fusil.
La soumission de Saint-Hippolyte fut acceptée; on rasa deux maisons,
l'une employée au culte, l'autre appartenant à quelque chef, & l'on démolit
six nouveaux temples en Vivarais.
Cet ébranlement des instincts belliqueux dans un pays tel que le Vivarais
produisit beaucoup de désordres partiels. Les meurtres, les actes de brigan-
dage devinrent fréquents; plusieurs châteaux servirent de retraite aux coupa-
bles. Il fallut déclarer par arrêt du conseil que tout gentilhomme convaincu
d'avoir donné asile aux scélérats ou d'en avoir empêché la recherche, serait
privé de tous ses droits de justice, & que, s'il n'était pas justicier, on raserait
sa maison.
On s'occupa aussi d'établir en lyanguedoc des prévôts chargés de veiller à
la sécurité des grands chemins, avec pouvoir de saisir les coupables 8c de les
juger en dernier ressort.
Le désarmement des protestants de Nimes s'opéra sans résistance; on re-
cueillit douze cents mousquets ou fusils, cinq cents piques ou hallebardes Se
un grand nombre de pistolets 6<. d'épées qui furent déposés dans la citadelle
de Montpellier.
Le procès fait aux ministres amena quelques abjurations. Parmi les captifs
se trouvait un illuminé, du nom de Payrols, qui prétendait « agir par le
« mouvement de l'esprit de Dieu » Se recevoir directement l'inspiration
divine. Il était de ceux qu'on nommait « les saints » & fut condamné à la
réclusion.
Le ministre Homel, pris les armes à la main 8c considéré comme l'un des
instigateurs du mouvement, ne put échapper à la peine capitale; il expira
sur la roue; on exposa sa tête à Chalencon 8c son corps à Beauchastel où les
séditieux avaient occupé les passages du Rhône. Un second ministre, arrêté
aussi, abjura le protestantisme dans sa prison Se obtint sa grâce par l'inter-
vention de l'intendant. Quant aux autres membres du clergé réformé que
l'on accusait d'avoir eu grande part à la révolte, ils réussirent à tromper
les poursuites, 8c d'Aguesseau s'estima heureux de n'avoir à les juger que par
contumace.
La session des États interrompit le cours de ces procédures. Ce fut dans
une cellule du couvent des carmes de Tournon que l'intendant improvisa,
■ 683
LIV. II. ADMINISTRATION DE COLBERT. 539
un matin, entre sept heures 8c midi, sa harangue de commissaire du roi, qui
passa pour une des plus parfaites'.
Après les procédures contre les insurgés, il en fallut commencer d'autres
contre les soldats, car les réclamations affluaient de toutes parts Si la licence
des troupes, favorisée quelquefois par l'imprudence des habitants, créait mille
sujets de tourment.
Un événement grave marqua l'automne de cette année. Colbert mourut le
6 septembre. Cette perte livrait la France à l'humeur despotique de Louvois.
Dès ce moment, l'intendant de Languedoc put mesurer l'étendue des con-
séquences qu'une politique de compression militaire devait amener pour la
Province. Deux ans avant, le parti des catholiques exaltés, rêvant la destruc-
tion du protestantisme, comptait déjà sur Louvois Su opposait son ardeur
orthodoxe à l'indifférence de Colbert*.
Aussi d'Aguesseau n'eut-il plus dès lors d'autre préoccupation qvie de quitter ,^3^
un pavs où sa volonté se trouvait impuissante à prévenir d'épouvantables
malheurs. Aussi, lui qu'on avait à peine vu s'absenter deux fois, pendant le
cours de son intendance, pour passer quelques jours à Paris, ne cessa plus de
solliciter son rappel. Le successeur de Colbert, Le Pelletier, le fit nommer
conseiller d'Etat, avec l'assistance du chancelier de France Le Tellier. Dans
la lettre de remerciements qu'il écrivait au roi, l'intendant manifesta d'une
façon indirecte le désir qu'il avait de retourner à Paris. On le lui laissa
réitérer pendant deux années entières sans y donner suite. L'état de santé de
sa femme, qui ne pouvait supporter le climat de Languedoc & que trois
maladies graves avaient failli enlever, les soins réclamés par l'éducation de
ses enfants lui fournissaient autant de motifs honorables. La tournure que
prirent subitement les affaires de la religion rendit ses instances plus pres-
santes Se en assura le succès.
Châteauneuf n'était plus seul chargé des questions religieuses. Louvois y
intervenait directement 8c y apportait ses principes d'autorité.
Les premières conversions militaires furent opérées dans la province de
Poitou. L'intendant qui l'administrait, Marillac, était un homme d'humeur
facile, d'esprit cultivé, dont le caractère 8c les habitudes semblaient peu conci-
liables avec une mission de sang. Mais le désir de faire sa cour&c l'obéissance
* L'archevêque de Toulouse, répondant au duc tage pour l'Églite ce temps bienheureux dont elle
de Noailles, dans la séance d'ouverture, fit ressor- jouissoit sous le règne des empereurs les plus
tir les actes du roi pour l'avancement de la foi pieux & les plus chrétiens. »
catholique. Il n'est point de monarchie, dit-il, " Colbert, qui s'était initié à la politique inté-
oti la religion « règne plus glorieusement qu'en rieure tous la direction de Mazarin, connaissait
ce royaume par la piété de nostre incomparable trop bien les avantages de la paix & de la bonne
monarque... » ... « cette sainte application avec intelligence entre les sujets du roi pour toucher
laquelle il travaille pour bannir l'impiété de la aux affaires de religion. Accroître la prospérité de
France... cette puissante protection qu'il donna la France lui paraissait une tâche suffisante, & il
aux sacrez ministres des autels pour la réforma- n'ambitionnait pas la gloire d'apôtre & de des-
tion des moeurs & pour l'extirpation de l'hérésie... tructeur d'hérésies. Le chancelier d'Aguesseau ob-
tant de temples abattus & tant de conversions serve lui-même que la mort du grand ministre
éclatantes... » ... « il a fait revivre avec plus d'avan- marque la date des premières persécutions.
— 540 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
aveugle aux ordres du ministre l'emportèrent sur son naturel. Il fit déclaret
publiquement que le roi ne voulait plus souffrir qu'une seule religion dans
ses États 8c mit les troupes en marche. Aussitôt les abjurations se firent en
masse, devançant les étapes des régiments.
D'Aguesseau, qui était lié d'amitié avec l'intendant de Poitou, ne se fit
point d'illusion sur la portée des événements qui s'accomplissaient. Il prévit
qu'une intervention aussi brutale aurait pour suite nécessaire l'émigration
d'un grand nombre de protestants, que l'industrie française en serait singu-
lièrement appauvrie, que les Etats voisins s'enrichiraient de nos pertes &
perfectionneraient leurs manufactures au détriment des nôtres, que nos émi-
grés apporteraient des semences de haine chez les puissances protestantes 8c
les fortifieraient contre nous. Au point de vue chrétien, il n'était pas moins
alarmé; outre que l'action du glaive en matière de foi alarmait sa conscience,
il devinait ce qu'il y avait d'imaginaire & de faux dans ces conversions d'of-
fice 81 s'épouvantait de voir le gouvernement préparer pour l'avenir, par une
politique à contre-sens, des générations entièrement dépourvues de sentiments
religieux, étrangères à toute espèce de culte. Se d'autant plus susceptibles de
céder aux entraînements de leurs passions.
Attristé jusqu'au fond de l'âme par la prévision des malheurs qui allaient
fondre sur la Province, il ne voulut pas être l'instrument d'une œuvre d'ini-
quité; 8<., tout en prétextant l'état de sa santé qui était en effet très-altérée,
il sollicita son rappel avec un redoublement d'énergie, sans se mettre en peine
de laisser paraître la raison véritable qui allait lui rendre le séjour de Lan-
guedoc odieux.
Cette fois on ne lui résista plus. Peut-être même eût-on prévenu son ini-
tiative. Il n'était pas l'homme qu'il fallait pour servir de complice Se de guide
aux exécuteurs militaires.
i685 Au mois d'août i685, le roi lui fit écrire qu'il cédait à ses prières réitérées
8c qu'il lui accordait la permission de venir le servir dans son conseil. Il
l'obligeait seulement à garder son poste jusqu'à l'arrivée de son successeur,
pour le mettre au courant des affaires de Languedoc.
L'affliction fut générale dans la Province quand on y apprit la retraite
d'un intendant qui devait emporter avec lui ses maximes d'administration.
Le nom de Lamoignon de Bâville, que l'on savait devoir lui succéder, était
connu pour celui d'un homme de mérite, mais aussi d'un magistrat rigou-
reux, 8c le bruit qu'il venait de faire en Poitou par ses conversions laissait
pressentir ce qu'il ménageait au Languedoc.
Déjà les troupes entraient par colonnes dans le haut pays, 8c cette avant-
garde, présage d'un nouveau régime, augmentait les regrets 8c les alarmes.
Bâville arriva au mois de septembre à Montpellier, précédé, accompagné
de fusiliers 8c de dragons, comme s'il fût venu faire la conquête de la Pro-
vince'. D'Aguesseau, navré de tout cet appareil, abrégea du mieux qu'il pût
' Discours sur la vie & la mort de M. d'Aguesseau, p. 04.
LIV. II. ADiMINISTRATION DE COLBERT. 541
tes conférences. Il avait la poitrine très-délicate & souffrait d'un rhume qui
ne lui laissait qu'un filet de voix : Bâville était déjà très-sourd. Ce fut le
jeune d'Aguesseau, le futur chancelier de France, qui servit d'interprète à
son père.
Celui-ci avait hâte de partir, une fois ses pouvoirs remis; mais l'état de
convalescence de sa femme qui sortait d'une grave maladie, le retint encore
quelques jours. Il eut le temps de voir la ville de Montpellier inondée de
dragons.
La famille d'Aguesseau partit vers le milieu du mois d'octobre, la femme
de l'intendant, malgré son extrême faiblesse, ayant pris sur elle de hasarder
le voyage pour se dérober aux impressions de douleur qui l'assaillaient autant
que son mari. Nombre de gens de bien, appartenant aux deux religions, les
accompagnèrent de leurs regrets. En passant à Nimes, les voyageurs appri-
rent qu'en trois jours il s'y était fait soixante mille catholiques. On enten-
dait raconter des faits analogues sur toute la route. D'Aguesseau ne pouvait
regarder sans serrement de cœur ce pays où il avait exercé l'autorité pendant
douze ans, dans des principes si opposés. Quand sa litière 8c les carrosses qui
la suivaient eurent traversé le Rhône au pont Saint-Esprit, pour entrer en
Dauphiné, il éprouva une sorte de soulagement de n'être plus en terre lan-
guedocienne, témoin impuissant de malheurs qu'il n'avait pu détourner.
Comme l'intendance ne possédait pas de dépôt d'archives, d'Aguesseau
emportait avec lui toutes les minutes de sa correspondance administrative Se
les nombreux mémoires qu'il avait dressés sur mille sujets de finances, d'in-
dustrie, de commerce St de travaux publics. Ces précieux documents périrent
à Paris, en 1714, dans un incendie, du vivant même de l'ancien intendant,
par la faute d'un secrétaire qui avait le défaut de s'enivrer & que l'on retrouva
carbonisé au milieu des cendres'.
Pendant son séjour en Languedoc, d'Aguesseau avait beaucoup étudié les
questions d'impôt, comparant le système local des tailles réelles à celui des
tailles personnelles pratiqué dans les autres provinces 81 donnant la préfé-
rence au premier, comme plus équitable, moins nuisible aux intérêts de
l'industrie &c de l'agriculture, 6c moins lourd en frais de perceptions.
Avec un esprit généralisateur tel que celui de l'intendant, de semblables
observations ne pouvaient demeurer improductives; aussi l'ensemble de ces
remarques avait tormé la matière de mémoires étendus soumis à Colbert, Se
le point de départ d'une grande enquête prescrite par ce ministre, avec le
concours des intendants de Bordeaux, de Montauban, de Dauphiné 8c de
Provence, qui eurent ordre de se réunir à Montpellier &c d'y préparer un
règlement d'ensemble.
D'Aguesseau ayant fait tout le travail qui résulta de ces conférences, sa
réputation d'administrateur s'en accrut sensiblement.
En 1687 il fut envoyé en qualité de commissaire du roi da-ns les généralités
' Discourj sur la vie 8c la mort de M. d'Aguesseau, p. pS.
■ 685
i685
542 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de Tours 8c d'Orléans pour réformer le mode de perception des revenus du
domaine, & en 1687 il alla en Bourbonnais, en Auvergne, en Dauphiné 8t
en Provence recueillir les éléments d'un projet relatif à la gestion des cinq
grosses fermes.
D'Aguesseau devint plus tard directeur général du commerce & des manu-
factures de France avec l'inspection des affaires du duc du Maine, précédem-
ment exercée par M. de Fieubet, Se mourut en 17 16, membre du conseil des
finances.
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LIVRE TROISIEME
REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES
CHAPITRE PREMIER
Siiuation des protrstnnts. — Lois restrictives de la liberté de conscience, — Conversinns p.Tr logements
inilii.iires. — Liimoig:ion de BàviUe. — Abjurations générales en Languedoc. — Missions Ai
Noailles. — Édit de réTocation. — Édit de Postdam. — Etnigration des réformés en Allemagne,
en Suisse, en Hollande, en Angleterre. — Statue équestre de Louis XIV. — Affaire des Filles du
l'Enfance. — L'archevêque Montpezat de Carbon & le Saint-Siège. — Mort du premier président
Fieubet. — Révolution municipale à Toulouse.
PEU d'actes de gouvernement ont donné lieu k autant de controverses,
de commentaires Se de jugements passionnés que la révocation de
Tédit de Nantes. Au milieu de ce conflit d'opinions qui se sont modi-
fiées selon les temps 8t selon les besoins de la politique, l'histoire impartiale
doit garder sa liberté d'appréciation & se préserver des exagérations de parti.
Nous n'avons pas à juger ici la question de principe ni le droit d'inter-
vention de la puissance royale dans le domaine de la conscience} mais si l'on
examine l'édit d'octobre au point de vue des résultats, si l'on recherche
quelles ont été les suites de cette mesure, longuement préparée, que les
courtisans de Louis XIV exaltaient comme le plus grand ouvrage du règnei
l'incertitude n'est guère permise : le désespoir jeté dans les familles, l'émigra-
tion d'une foule d'hommes intelligents & laborieux qui portèrent à l'étranger,
avec les fruits de leur industrie, un ressentiment durable contre la France,
la prise donnée aux ennemis extérieurs sur des populations mécontentes, la
nécessité de répressions terribles pour assurer le respect d'une telle loi, le
désordre mis dans les conditions mêmes de la vie de société, par suite de la
iâ85
■ 685
544 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
malheureuse fiction qui fit considérer tous les réformés demeures en France
comme des nouveaux catholiques, &. les mariages protestants comme des unions
illicites sans valeur au point de vue de l'hérédité &. de l'état civil des enfants;
enfin, les révoltes partielles noyées dans le sang, les échafauds, les gibets, les
galères peuplées de prisonniers, & cette lamentable insurrection des Cévennes
qui inspira tant d'espérances à l'Europe en armes, détourna de champs de
bataille plus glorieux plusieurs maréchaux de France, & ne put être étouffée
qu'au prix d'exécutions sans exemple dans les guerres des peuples civilisés :
le seul aperçu de tels résultats ne permet pas seulement le doute sur le carac-
tère de l'acte public qui a suffi à les produire.
Peu importe que les réformés, traités avec tant de rigueur par Louis XIV,
se fussent montrés intolérants S<. persécuteurs à leur tour pendant les guerres
du seizième & du dix-septième siècle ; qu'ils eussent abusé de la puissance
du nombre dans la plupart des lieux où ils étaient en majorité, St qu'ils
eussent traité les églises 6c le personnel de la religion romaine comme leurs
temples &. leurs ministres furent traités. La vie des peuples serait un éternel
recommencement de barbaries, si la loi du talion devait en être à jamais la
règle. D'ailleurs, les deux partis n'avaient rien à se reprocher. Si l'on établis-
sait l'inventaire rigoureux des scènes de meurtre, d'incendie St de pillage qui
ont marqué la triste époque des guerres de religion, les comptes se trouveraient
bientôt en balance. Presque tous les narrateurs, sans distinction de drapeau,
ont fait ce qu'ils ont pu pour dissimuler cette conclusion amère; par des
prétéritions volontaires ou inconscientes, ils n'ont regardé les morts que d'un
côté du champ de bataille. Ce sont là procédés d'apologistes. Celui dont le
seul but est la recherche de la vérité, dédaigne ces ménagements qui ne
seraient qu'une prolongation à travers l'histoire des injustices de la vie, &
signale le bien & le mal où il les rencontre, sans s'inquiéter du mot d'ordre
des combattants.
Il ne faudrait pas croire, par les désastreuses conséquences de l'acte de
i685, que l'édit de Nantes fût une bonne loi, ni un règlement définitif des
affaires de religion. S'il avait été un bienfait inappréciable de la politique
d'Henri IV, en faisant tomber les armes des mains aux deux partis, il
conservait le défaut grave d'une simple trêve de belligérants transformée
en statut constitutionnel. L'édit de Nantes ne consacrait pas la liberté de
conscience dans cette plénitude féconde, sans laquelle elle n'est ni solide ni
durable. Il impliquait une multitude de restrictions d'application difficile &
une délimitation géographique, source de querelles, de procès & d'arbitrages
sans fin.
Les articles de l'édit étaient immuables : la vie ne l'est pas; les hasards des
alliances de famille, des mutations domaniales, dérangeaient à tout instant le
statu quo de la trêve, rationnelle au moment de sa promulgation, souvent
illogique 8c embarrassante après une centaine d'années.
Le tort du gouvernement de Louis XIV fut de prendre exactement le
contre-pied des réformes que nécessitaient les incessantes métamorphoses du
LIV. III RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 546
temps. L'édit de Nantes se révélait insuffisant par la multitude des conflits
qui en naissaient chaque jour 6*. qui donnaient lieu à d'interminables procé-
dures & à des superpositions d'arrêts, au milieu desquels les gens de loi ne
parvenaient plus à se reconnaître.
Le dualisme judiciaire des Chambres mi -parties entretenait un esprit
d'antagonisme & d'animosité nuisible à la concorde publique, Sv toutes les
mesures adoptées pour régler d'après des lois de proportion la place due aux
représentants des deux cultes dans les municipalités de certaines villes sti-
mulaient aussi, par une perpétuelle concurrence, des sentiments de rivalité
que le devoir de l'autorité royale eût été d'assoupir. Les vrais ministres d'Etat
ne s'y étaient pas trompés, Si l'on se rappelle avec quelle instance le cardinal
Mazarin voulait que l'on évitât toute espèce d'aigreur envers Messieurs de la
religion.
l/e solution pratique à ces innombrables difficultés eut été d'abolir l'édit
de Nantes comme trop restrictif, d'en effacer les distinctions embarrassantes,
81 d'y substituer la liberté de conscience, telle qu'il devait être donné au
roi Louis XVI d'en poser les premières bases en reconnaissant l'état civil
des protestants. Mettre la question religieuse en dehors de la politique 8c
ne pas s'inquiéter des convictions religieuses pourvu que l'ordre public n'en
fût pas troublé, le gouvernement royal n'avait pas d'autres ressources pour
sortir du labyrinthe à peu près inextricable où l'observation de l'édit de
Nantes l'avait égaré. Il n'y a rien, en effet, à dissimuler sur ce point : la
juxtaposition des deux cultes en Languedoc à l'état de neutralité armée,
avec des inégalités locales résultant de la situation numérique des deux
Églises au moment de la trêve d'Henri IV, était une cause constante de
malaise 8<. de divisions. La prépondérance des évêques dans les États de la
Province, dans les assemblées diocésaines d'Assiette dont ils étaient les prési-
dents-nés, 8<. dans les conseils de ville de leurs résidences, y contribuait aussi
pour une bonne part.
D'ailleurs, combien de mobiles intérieurs s'autorisaient du prétexte de
religion pour se donner libre carrière! Quand le conseil du roi interdisait
aux réformés l'exercice de telle charge ou l'accès de telle industrie, il croyait
peut-être travailler uniquement pour le bien de la foi catholique, tandis que,
de fait, il satisfaisait des ambitions ou des cupidités privées. Ces faits sont
trop conformes à la nature pour avoir besoin de démonstration ; mais les
preuves contemporaines abondent :
« Je ne puis être plus en garde que je le suis contre tous les avis que l'on
« me donne, écrivait Noailles au marquis de Seignelay, par l'expérience que
« j'ai que la plupart des gens de ce pays, 8<. surtout les prêtres, agissent par
« passion 8<. pour satisfaire des ressentimens particuliers'. »
Le même duc de Noailles déclarait aussi, dans une lettre à Louvois du
' Lît!re dii duc de Nnaiiles au marquis de Sei- dans ses Mémoires du duc de Noailles, puhliis
gnelay, de l'année i685, citée par l'abbé Millot en 1777.
xni. 35*
i68â
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546 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
jnois d'octol^re i685, le peu de confiance qvi'il avait dans la gestion des som-
mes destinées par le roi à l'extirpation de l'hérésie :
« Je suis obligé de vous dire pour l'intérêt de la religion & pour celui du
« service du roi qui s'y trouvé mêlé, que si les fonds des missions sont donnés
« à messieurs les évêques & qu'on les laisse faire à leur fantaisie, je vous
« réponds bien assurément que les choses iront mal; Si. le roi ne sauroit
« mieux faire que de charger M, de Bâville d'une inspection générale sur ces
« missions Se de la distriliution des fonds à mesure que l'on en aura besoin.
« Les missionnaires ne laisseront pas de rendre compte, pour le spirituel,
« aux évêques dans le diocèse desquels ils seront employés. Je crois que la
« même chose est nécessaire pour la réédification des églises'. »
Des jugements aussi peu voilés sur les principaux instigateurs de la révo-
cation écartent toute idée de passion religieuse dans les conseils de I/Ouis XIV;
l'entraînement ne se concilierait guère avec une telle impartialité d'apprécia-
tion. Il faut donc voir plutôt dans l'entreprise funeste du monarque une sorte
d'infatuation de sa propre autorité qui ne lui permettait plus de douter du
succès des tentatives les plus extraordinaires. Du reste, la question du salut
tient peu de place dans les correspondances des hauts dignitaires : l'affaire
est traitée à un point de vue tout politique Se matériel. C'est à la religion
du roi qu'il s'agit d'obtenir obéissance, Si les réfractaires sont uniquement des
sujets rebelles. Des troubles de conscience on ne paraît pas avoir le moindre
soupçon. Les abjurations sont traitées comme des capitulations de places
impossibles à défendre; on récompense les hommes de bonne composition qui
se soumettent sans résistance, de la même façon qu'on assure des pensions
aux capitaines de forteresse qui n'ont pas attendu l'assaut pour livrer les clés.
Pvien, dans la manière dont l'opération est conduite, n'éveille l'idée d'une
ferveur religieuse puissante. On n'y voit guère que le fonctionnement d'un
système administratif impérieux, & une passion de régularité impitoyable qui
ne veut pas souffrir plus d'une foi dans le royaume puisqu'il n'y a qu'un roi.
La religion, qui paraît tout diriger dans ce mouvement, n'est en réalité qu'un
élément de l'omnipotence monarchique.
Si la préoccupation d'autorité domine dans les régions supérieures, au-des-
sous, l'intérêt particulier apporte ses excitations. On n'a pas tenu assez de
compte de ce dernier coefficient dans l'histoire des luttes religieuses de la
France, 61 l'on a certainement grandi la lutte en outrant l'influence des
idées. Les intérêts temporels eurent sans contredit une très-puissante action
sur le développement de la réforme dans diverses parties du Languedoc. Les
questions de croyance, toujours obscures Se difficilement saisissables, n'au-
raient pas suffi à écarter de la communion romaine nombre de montagnards
ignorants, s'ils n'avaient pas vu comme une conséquence naturelle de leur
séparation la suppression de lourdes charges fiscales dont l'exercice du culte
était le prétexte, mais dont profitaient uniquement de riches bénéficiers.
' Lettre du duc de Noailles au marquis de I.ouvois, du 27 octobre i685. Mémoires, p. 281.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÈDIT DE NANTES. 647
D'ailleurs, la géographie du protestantisme en Languedoc correspond à très-
peu près à celle des- domaines féodaux possédés par de grands personnages
qui avaient eux-mêmes embrassé la réforme. La possession de la terre était
encore un moyen d'action si efficace que presque partout les petits ont suivi
la religion des puissants; Se la volonté de tel ou tel seigneur qui démolit les
églises dans ses juridictions &c les remplaça par des temples a plus fait pour
conquérir des âmes à la religion réformée que beaucoup de considérations
d'un ordre plus élevé invoquées souvent par les historiens d'imagination.
Il faut bien que les agents de conversions de Louis XIV eussent cette
opinion assez terre à terre des causes déterminantes de la foi du peuple,
pour avoir brutalement inscrit, comme ils l'ont fait, les gratifications, 8c des
gratifications bien modestes — on n'en compte guère qui dépassent cent
livres, dans les registres du diocèse de Nimes — au nombre de leurs procédés
de propagande les plus ordinaires. C'était la contre-partie des divers expé-
dients appliqués pour ôter aux protestants leurs moyens d'existence.
Il serait difficile de faire un état complet de toutes les mesures législatives
dirigées contre les protestants, qui, durant cinq ou six années, préparèrent
l'édit de révocation; mais un coup d'œil rapide sur la plupart de ces actes
suffit à montrer avec quelle méthode le travail se poursuivait. De jour en
jour, les réformés voyaient se resserrer autour d'eux le cercle des prohibitions.
Les déclarations, édits, lettres patentes Se arrêts du conseil d'État, promul-
gués pendant cette période, en vue de contribuer à l'extirpation de l'hérésie,
peuvent se ramener à quelques types principaux.
Les uns atteignaient directement le culte 8c avaient pour but d'en paralyser
l'exercice, en multipliant les cas de dérogation aux franchises consacrées par
l'édit de Nantes 8c en accumulant les exceptions restrictives; les autres visaient
spécialement la propagande 8c tendaient à rendre impossible toute extension
du protestantisme. Une troisième série, la plus considérable de toutes, frap-
pait les réformés dans leurs intérêts, leur défendant l'abord d'une foule de
carrières ou de métiers, afin de les prendre par la famine ou tout au moins
de leur dérober la part d'influence qui s'attache d'ordinaire à la possession
des charges publiques.
Au premier groupe appartiennent l'arrêt du conseil du 3i juillet 1679, qui
interdit aux ministres de faire le prêche 8c aux protestants de s'assembler les
jours de visite pastorale des évêques, sous peine d'être traités en perturbateurs
du repos public; l'arrêt du 21 février 1682, qui supprime indistinctement
tous les temples situés à moins de cent pas des églises catholiques, la proxi-
mité des deux communions étant considérée comme une occasion de trou-
bles fréquents; l'édit du mois d'août 1684, qui ne permet pas aux ministres
d'exercer leurs fonctions plus de trois ans dans un même lieu, afin d'éviter
qu'ils ne prennent trop d'empire sur leurs ouailles; la déclaration du 26 décem-
bre 1684, qui interdit l'exercice public dans les lieux où il se trouvera moins
de dix familles; cette défense montre avec quelle partialité l'on traitait les
dissidents; l'édit de Nantes, regardé comme immuable en ce qui limitait la
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— — 548 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
liberté de conscience des protestants, cessait de l'être pour ce qui la proté-
geait; on n'admettait pas que l'accroissement de la population protestante
donnât le droit d'ériger des temples hors des lieux marqués par 1 edit, mais
on s'autorisait de la diminution des habitants en un lieu d'exercice public
pour y prononcer l'interdiction ; l'arrêt du 3o avril i685, défendant aux minis-
tres de continuer leurs fonctions dans les lieux dont les temples auront été
démolis; celui du i8 juin de la même année, prescrivant la démolition Se
suppression définitive de tous les temples où auront été tenus des discours
séditieux ou célébrés des mariages entre catholiques Se protestants; l'interdic-
tion générale, prononcée le 3o juillet suivant, de l'exercice du culte dans
toutes les villes épiscopales, avec démolition immédiate des temples; après ce
dernier coup, annulant la liberté de conscience dans toutes les villes un peu
importantes qui ne l'avaient pas déjà perdue pour une autre cause, il ne
restait plus qu'à simplifier les prohibitions par l'édit final du mois d'octobre.
Parmi les actes du deuxième groupe, visant surtout la propagande réformée,
nous citerons l'arrêt de juin 1680, punissant toute abjuration du catholicisme
de bannissement perpétuel Se de confiscation des biens, avec interdiction du
culte réformé Si révocation perpétuelle des ministres; la défense faite, le
II janvier i683, aux gens de la religion de tenir école en dehors des lieux
d'exercice public; la déclaration du iS janvier i683, qui ne permet pas aux
mahométans ou idolâtres voulant se faire chrétiens d'être instruits dans une
autre communion que la communion romaine; l'édit de mars i683, condam-
nant au bannissement perpétuel les ministres coupables d'avoir entraîné des
catholiques à faire abjuration de leur foi; l'interdiction aux protestants de
prendre des catholiques à leur service en qualité de domestiques, datée du
9 juillet i685, Se l'acte du 14 août de la même année, qui ne permet pas que
les orphelins appartenant à la Réforme par leur naissance aient des tuteurs
protestants.
Quant aux mesures édictées pour atteindre les réformés dans leurs inté-
rêts matériels, l'énumération en serait singulièrement fastidieuse; c'est ainsi
qu'on voit, le a3 août 1680, tous les officiers de justice subalternes apparte-
nant à la communion protestante destitués en masse par arrêt du Parlement;
le 6 avril 1682, les avocats réformés, exclus à jamais, quoique plus anciens,
du droit de porter la parole au nom du corps des avocats; les officiers des
maréchaussées, receveurs des consignations 8e commissaires aux saisies réelles
contraints, le 29 septembre 1682, à se démettre de leurs offices en faveur de
catholiques; les officiers protestants ayant charge dans la maison du roi ou
dans celles des princes du sang obligés, au mois de mars i685, de donner
leur démission; les conseillers protestants du Parlement de Toulouse réduits,
le 25 juin i685, à se défaire de leurs offices, dans le délai de trois mois,
entre les mains de personnes « agréables à Sa Majesté ' » ; l'interdiction faite
' On trouvera le texte d» cet arrêt dans nos un extrait des Annales manuscrites de l'hôtel de
Pièces justificatives, n. CCCCLXV, col, i3i2, & ville relatif à la démolition du temple de Portet,
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 549
le II juillet i685, de recevoir à l'avenir aucun avocat protestant, 8t la défense
faite la veille aux juges ou avocats d'employer des clercs professant la religion
réformée; les veuves protestantes des officiers de la maison du roi, dépouillées
le i3 juillet i685, de tous les privilèges attachés aux charges de leurs maris;
la défense faite, le 6 août suivant, de recevoir des médecins de la religion
réformée; les fonctions de sages-femmes interdites aux protestantes par décla-
ration du roi du 20 février 1680; l'interdiction, signée le i3 mai 1681, aux
maîtres artisans professant la religion réformée de faire aucun apprenti du
même culte ainsi que d'en prendre de catholiques; une décision spéciale du
9 mars 1682 portant que les catholiques qui voudront se charger de la four-
niture des chevaux de louage seront préférés aux réformés; la défense de
prendre des protestants pour experts, en date du mois d'août 1684; les impri-
meurs Se libraires protestants sommés, le 9 juillet i685, d'avoir à cesser
immédiatement leur industrie.
L'esprit demeure confondu de cette malheureuse fécondité législative.
Encore n'étaient-ce là que les vexations ouvertes St déclarées, celles qui pou-
vaient paraître au grand jour, avec la majesté du formalisme royal. Mais
combien d'autres se prescrivaient mystérieusement, par correspondance
secrète, ou même de bouche, ainsi que Louvois conseillait à M. de Marillac
d'en user à l'égard des échevins! Combien d'injustices commandées!
Les ministres de Louis XIV avaient conscience des iniquités qu'ils pres-
crivaient, comme ils ne se méprenaient pas sur la valeur morale des achats
de consciences faits par leurs ordres; mais le motif sauvait tout. Louvois
recommandait à l'intendant de Languedoc de tenir absolument secrètes les
distributions d'argent qu'il avait charge de faire aux gentilshommes religion-
naires ou aux ministres pour faciliter leur conversion : il donne deux raisons
de ce mystère : la première, que la notoriété de ces largesses royales inciterait
les hommes intéressés à se montrer opiniâtres afin d'être payés plus cher; la
seconde, que les hommes de bonne foi, choqués par les causes réelles des
conversions, en deviendraient plus obstinés &l plus inébranlables. « Aussi,
« concluait Louvois, Sa Majesté croit-elle que cet argent ne pourroit être
« utilement employé qu'autant qu'il en seroit distribué avec secret, & de
Il manière que personne ne pût avoir connoissance que ceux qui auroient été
« portés à se convertir eussent reçu aucune gratification de Sa Majesté '. »
où l'exercice du culte réformé avait été autorisé assez considérables, si elle pouToit espérer que,
depuis la réunion au Parlement des officiers de la étant distribuées secrètement • ceux de la Pro-
chambre de l'Edit, n. CCCCLXVI, col. i3i3. Nous vince en qui la noblesse d* celte religion a plu»
publions aussi, n. CCCCXLIII , col. 1229, l'or- de créance, la distribution qui en seroit faite par
donnance du roi qui avait permis, avec beaucoup vous put être suivie d^un nombre considérable de
de réserves, l'exercice du culte à Portet, datée du conversions. Sa Majesté connoît bien que, si l'on
5 novembre 1671;, ainsi que la lettre de transmis- pouvoit savoir que les j^niikliommes ou minis-
«ion de M. d'Aguesseau. très, qui seroient convenus de se convertir, au-
' Voici les principaux passages de cette lettre roient reçu des gratifications en argent de Sa
de Louvois à Bàville, du 5 mars i685, publiée par Majesté, bien loin que ces conversions eussent le»
M. C. Roussel dans son Histoire Je Louvois, p. 469 : suites que Sa Majesté en attend, les autres demeu-
tt Sa Majesté ne plaindroit point des sommes reioient plus opiniâtres dan» leur erreur, les uns
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550 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Un très-grand nombre de faits particuliers de cette mémorable révolution
échapperont toujours à l'histoire, par suite du mystère dont s'enveloppaient
les agents du roi dans le cours de leurs négociations. C'est à peine si, de loin
en loin, quelque lumière jaillit, soit des correspondances, soit des archives de
famille, &. permet d'entrevoir le réseau de ces intrigues. ■
On faisait intervenir le roi dans les affaires les plus intimes, dans les rap-
ports des pères de famille avec leurs enfants. Ainsi, une lettre de cachet
enjoint à un gentilhomme du pays castrais, M. de Genibrouze de Saint-
Amans, de continuer à son fils une pension annuelle de deux mille livres
qu'il lui avait supprimée depuis son abjuration'. Le détail de ces opérations
individuelles était infini. Avant de porter au protestantisme le coup de massue
destiné à l'anéantir, on semblait avoir à cœur d'y préparer les esprits par
une recrudescence de vexations, &. l'on ressuscitait les actes les plus surannés
pour y trouver matière à de nouvelles rigueurs^.
Louvois avait eu la précaution de se faire adresser par les intendants une
statistique de la population religionnaire. D'après les documents recueillis
par d'Aguesseau, la province de Languedoc comprenait plus de cent quatre-
vingt-deux mille protestants, très-inégalement répartis sur la surface du pays.
Le massif des Cévennes, les ramifications de montagnes qu'il projette sur ses
deux flancs, quelques-unes des plaines du bas Languedoc, & les dernières
ondulations du relief pyrénéen dans les diocèses de Rieux & de Mirepoix
comptaient la population réformée la plus dense ^. Dans le haut Languedoc,
elle était généralement peu nombreuse.
Une ordonnance du roi, donnée à Chambord le i5 septembre i685, enjoi-
gnit à tous les protestants établis dans la ville de Toulouse d'en sortir pendant
les huit jours qui suivraient la publication; la désobéissance devait être punie
d'une amende de trois mille livres & de poursuites extraordinaires. Chargés
par délégation expresse du marquis de Châteauneuf de veiller à l'exécution
de cette ordonnance, les capitouls firent, chacun dans son quartier, un recen-
poiir avoir part aux mêmes gratifications, & les gentilshommes, exciter contre les gens de qualité
autres qui seroient plus sincères, par la connois- les rivalités de voisinage, leur donner toujours
sance qu'ils auroient du mauvais (biffé sur la tort, s'ils se plaignent, & s'ils se font justice eux-
minute) motif qui auroit porté ceux qui sont mêmes, informer contre eux'. »
présentement accrédités parmi eux à quitter leur ' Voici, dans l'ordre de progression décroissante,
religion. « l'état du nombre des protestants de Languedoc en-
On remarquera l'étrange scrupule de la rature. voyé à Louvois par l'intendant d'Aguesseau :
D'instinct, le rédacteur de la dépêche avait qua- Diocèse de Nimes, 81,400. — Uzès, 23, 112. —
lifié de mauvais l'acte de vénalité religieuse encou- Mende, 18,189. — Viviers, 13,199. — Castres,
ragé par le ministère. Mais, comme le roi ne sau- 12,557. — Montpellier, 10,348. — Lavaur, 5,32o.
rait vouloir une chose mauvaise, Louvois biffe — Valence, en Vivarais, 4,263. — Rieux, 4,160.
l'épithète. — Béziers, 2,5o5. — Agde, 1,514. — Bas-Mon-
' Voir aux Pièces /usti/îtatives, n. CCCCLXVIII, tauban, 1,240. — Mirepoix, i,i65. — Saint-
col. i3i4. Pons, 1,024. — Vienne, en Vivarais, 979. — Le
' Certaines des instructions de Louvois au duc Puy, 974. — Toulouse, 497. — Lodève, 336. —
de Noailles dépassent, en fait de hardiesse, tout ce Total : 182,785',
que l'on peut imaginer. Telles sont, par exemple, . f,^^^^^^ p^^^^^,_ ^,.^,^;^^ ^^ j^^^^,.^^ jlj_ p_ ^^^_
les suivantes : « mettre garnison chez les petit! 'Ibidem, p. 473.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 55 1
sèment minutieux des personnes qui appartenaient à la religion réformée,
8c, pendant plusieurs jours, les dizeniers parcoururent les maisons pour y
recueillir des renseignements.
Cette recherche ne produisit qu'un épisode marquant : Un hôtelier de la
place des Pénitents-Blancs, nommé Pillore, ayant dénoncé au capitoul de
Saint-Etienne un étranger logé chez lui qui refusait de faire connaître son
nom & sa religion, M. d'Azémar se transporta dans l'hôtellerie avec la troupe
du guet. Lorsque les soldats furent montés dans son logis, ils aperçurent un
homme qui s'enfuyait par les toits, se jetèrent à sa poursuite, & n'eurent
point de peine à le ramener. On trouva dans ses papiers, avec des lettres
sans importance, un décret de prise de corps lancé par M. de la Berchère,
intendant de Montauban, contre un gentilhomme de la jugerie de Verdun,
nommé Doux, seigneur d'Ondes, 6t contre son fils; le captif avoua être le
principal personnage désigné dans ce décret. Son voyage à Toulouse n'avait
d'autre motif que l'espoir de se soustraire aux poursuites. On le retint pri-
sonnier dans l'hôtel de ville. L'intendant, consulté par les capitouls, avait
donné l'ordre de le faire partir sous bonne garde pour Montauban, lorsque
M. Morel, grand vicaire de l'archevêque de Toulouse, vint annoncer à l'hôtel
de ville que le sieur d'Ondes était disposé à se faire catholique. L'abjuration
fut en effet célébrée dans la chapelle municipale, St l'on remit le captif en
liberté, d'après l'ordre de l'intendant.
Le gentilhomme ne survécut pas longtemps à ces émotions. Il mourut dans
son manoir d'Ondes, au mois de février suivant, au milieu des pratiques du
culte catholique, après avoir déclaré publiquement, si nous en croyons la
chronique toulousaine, qu'il éprouvait « un sensible regret d'avoir demeuré
u si longtemps dans son erreur 8t qu'il étoit très-obligé au roi de sa con-
« version ' . »
Ce fut le lundi i3 août i685 que furent signées au château de Versailles
les commissions rappelant d'Aguesseau au conseil d'État & lui donnant pour
successeur Nicolas de Lamoignon de Bâville, à qui l'intendant de Béarn allait
succéder à Poitiers*.
Le nouvel administrateur de la Province était un homme de trente-sept ans,
appartenant à l'une des plus grandes familles de robe de la monarchie. Né le
26 avril 1648, il était le cinquième fils de Guillaume de Lamoignon, premier
président au Parlement de Paris, & de Magdeleine Potier, fille elle-même
d'un secrétaire d'Etat^; mais il avait perdu trois de ses frères extrêmement
jeunes, entre deux & six ans, & survivait seul de la lignée masculine avec ce
Chrétien de Lamoignon, avocat général, puis président à mortier, qui, pen-
dant les vacances du palais, faisait chevaucher Boileau dans ses prés, ou
devisait avec lui près des rives mythologiques de Polycrène, se dérobant de
son mieux aux volées de solliciteurs & de clients accoutumés à venir chaque
' Archives de Toulouse. Annales manuscrites, X, ' Journal de Dangeau, I, p. io6.
p. 10. i Moréri. v° Lamoignon.
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552 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
année, par devoir ou par intérêt, poursuivre le magistrat dans sa j^etraite &
assiéger les avenues de son parc'. De cinq soeurs qu'il avait eues, il lui en
restait quatre, dont deux religieuses aux filles Sainte-Marie du faubourg Saint-
Jacques, une mariée au comte de Broglie, plus tard maréchal de France, 8c
l'autre au président Achille de Harlay, qui devait occuper un jour, au Parle-
ment de Paris, la haute dignité de son beau-père*.
Il portait dans le monde le nom de Bâville à cause d'une terre qu'il ne
possédait pas personnellement, mais qui appartenait à son frère, & que le roi
avait récemment érigée en marquisat pour récompenser les services du premier
président 5. Dans les actes officiels, il s'intitulait comte de Launay-Courson,
seigneur de Briis, Vaugrigneuse, Chavagne, La Mothe-Champdenier, Beuxe
& autres lieux.
Le comté de Launay-Courson n'était pas de plus vieille date que le mar-
quisat de Bâville, Louis XIV l'ayant créé par lettres patentes distinctes, dans
le courant du même mois; mais le domaine, situé près de Montlhéry, se
trouvait déjà depuis longtemps dans la famille Lamoignon, qui l'avait obtenu,
au seizième siècle, des libéralités de François de Clèves, duc de Nivernais.
Toutes ces terres, Launay-Courson, que le père Vanière a chanté, Briis,
Vaugrigneuse, unies au comté voisin, se trouvaient disséminées, au nord de
Bâville, dans une situation charmante, à sept lieues de Paris 8c cinq de Ver-
sailles, au milieu de cette région boisée 8c coupée de collines qui forme le
bassin de l'Orge, 8c où semblent rassemblés à plaisir, dans un étroit espace,
quelques-uns des noms les plus expressifs de la France féodale 8c monar-
chique, Bruyères-le-Châtel, les Vaux-de-Cernay, Chevreuse, Dampierre,
Rambouillet, Port-Royal.
Quant au domaine de La Mothe-Champdenier, qui devint plus tard un
marquisat, il était, comme Chavagne 8c Beuxe, dans la campagne poitevine,
en plein pays d'éleveurs, 8c valait surtout par ses foires, où les muletiers
d'Espagne 8c de Languedoc vont encore s'approvisionner.
Grâce à la haute fortune de son père, à de puissantes alliances 8c à des
qualités d'esprit peu communes, le jeune Bâville n'avait pas tardé à faire figure
dans la société choisie où le premier président, ami de Bourdaloue, de Rapin
&c de Boileau, savait oublier si à propos les grandeurs 8i les sévérités de la
magistrature'^. Son enfance s'était écoulée à Paris, dans l'enclos du palais, à
l'ombre de la Sainte-Chapelle^.
■ Boileau, épitre VI, 1677. A M. de Lamoignon, Boissy; enregistrées au parlement de Paris le
avocat général. La Campagne & la Ville. S décembre de la méine année, & à la chambre
' V^oici les noms des frères & sœurs de Bâville : des comptes le 20 janvier 1671,
Chrétien-André, 1641-^3; Chrétien-André, 1643- , q^,^ gâviUe me semble aimable,
44i Chret.en-François, ,644-1709; René, ,646- Quand des magistrats le plus grand
52 i (lu,-mème, Nicolas, 1 648-, 724) ; Marie, 1645, p,„„„ q„, gacchu. à sa table
mariée en 1666 à V.ctor-Mnurlce comte de Bro- goit notre premier président'!
glie, morte en 1733 ; Magdelaine (M""= de Harlay),
morte en 1 67 1 ; Elisabeth & Anne, religieuses. ' Félibien, Histoire Je Paris. Preuves, II, p. 222.
-Lettres patentes du mois de décembre 1670 , „ ., „, - l « ■. i d- h ^ i. ■. ,
, . '^ . ' ' Boileau, Chanson a boire faite à BavilIe ou était le père
érigeant en marquisat les terres de Baville & d« Bourdaloue. 1072.
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 553
Dès l'âge de dix-huit ans, il se faisait recevoir au barreau de Paris, Se,
tandis qu'il débutait dans les charges en devenant officier de la couronne
comme bailli d'épée, gouverneur, capitaine des chasses 8c gruyer du comté de
Limours, domaine royal situé non loin de Bâville, aux environs de la forêt
de Rambouillet, il appelait l'attention publique sur son talent par une plai-
doirie éclatante, où, en défendant le sculpteur Girard Van Obstal contre une
assimilation injurieuse, il soutint les droits de l'art avec tant d'élévation & de
succès, que l'Académie de peinture 8c de sculpture, se croyant l'obligée du
jeune avocat, envoya Lebrun lui offrir la faveur de faire exécuter son buste
par Girardon 8c son portrait par Philippe de Champaigne. Bâville eut la
modestie de décliner cet honneur 8c de l'attribuer à son père'.
Deux ans après, il était reçu conseiller au Parlement de Paris; cinq ans
plus tard, maître des requêtes, 8c l'on ne peut dire à quelles dignités il fût
parvenu, avec la sagacité, l'instruction, l'énergie de travail qui le distin-
guaient, s'il n'était allé enfouir dans l'administration provinciale des facultés
éminentes, trop justement appréciées 8c redoutées des ministres pour qu'ils
lui permissent désormais de les venir déployer sur un plus large théâtre*.
Il était marié depuis treize ans à la fille du marquis de Chalucet, lieute-
nant de roi au gouvernement de Nantes, 8c d'Urbaine de Maillé-Brézé^.
Au moment où la commission royale vint enlever M. de Bâville à son
intendance de Poitou, il était en train de parcourir la campagne dans le bas
pays pour y terminer le grand œuvre de la conversion des protestants, où il
avait déployé une activité singulière. On racontait avec admiration que pen-
dant les trois années passées en Poitou, sur un terrain préparé par son pré-
décesseur Marillac 8c par l'évêque diocésain, il avait ramené au catholicisme
plus de douze mille dissidents, y compris cent familles de gentilshommes dont
celle du marquis de Vérac était la plus considérable. Le détail des moyens
employés pour activer ces conversions ne laissait pas que d'être inquiétant
pour les réformés de Languedoc. On savait que Bâville avait pris l'initiative
de plusieurs mesures rigoureuses, qu'il avait inspiré au conseil d'État certain
arrêt prescrivant de signifier aux ministres les noms des nouveaux convertis
8c de démolir les temples où un seul protestant aurait été reçu après son
abjuration. Des libéralités royales habilement placées, l'exercice d'une nou-
velle juridiction criminelle dont l'intendant était l'âme unique, se faisant
seulement aider dans les procédures par le présidial de Poitiers, concouraient,
avec les mouvements du régiment d'Asfeld, arrivé dans la Province vers la fin
du mois d'août, à précipiter la conversion générale. On vantait surtout les
merveilles de la dernière tournée de l'intendant : la meilleure partie de la
' Mémoires de Trévoux, 1710, p. 694. Errata a ^ Anne-Louise Bonnin de Chalucet, mariée le
la fin du mois de juin. L'œuvre de Girardon & 18 avril 1671, morte le 4 janvier I73i, fille de
celle de Champaigne décoraient le châtesu de Jean-François Bonnin, marquis de Chalucet-Mes-
Courson. signac, comte & vicomte du grand & petit Mon-
" Journal de Dangeau, XVII, p. 324. Additions trevaux, baron de Bohardi, d'Artron, Thimart &
de Saint-Simon, du Vau de Chavaignes.
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~^^ 554 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
noblesse ralliée', Saint-Maixent converti en trois jours, Niort abjurant à
l'apparition du régiment d'Asfeld^, les paroisses du bas Poitou rétablissant
la messe au premier signal. C'est à peine s'il en restait à convertir quinze ou
seize lorsque Bâville fut appelé en Languedoc 3,
Ce fut avec cette réputation de missionnaire irrésistible qu'il arriva dans sa
nouvelle intendance, &, dès ses premiers actes, il laissa comprendre qu'il
n'aurait garde de se montrer inférieur à son passé.
En traversant Revel pour se rendre à Montpellier, il adressa une lettre
impérieuse aux consuls de Castres. Il leur enjoignait d'assembler les protes-
tants, de leur dire que le temps de leur conversion était arrivé, Si qu'ils ne
pouvaient mieux faire que d'être les premiers à donner l'exemple à toute la
Province, où l'on s'attendait à ne pas rencontrer moins de déférence qu'en
Guienne pour les volontés du roi. L'intendant souhaitait que la première
lettre qu'il écrirait à la Cour contînt la nouvelle de leur abjuration.
Castres se résigna, 81 une copie de la délibération, signée des principaux
habitants, alla rejoindre Bâville à Montpellier. Le lendemain de son entrée
dans cette capitale administrative, l'intendant y conféra avec le cardinal de
Bonzi & le maréchal de Noailles. On s'occupa sans délai de la conversion de
Montpellier.
En vingt-quatre heures, tous les chefs de familles protestantes s'étaient
décidés. Ils proposèrent une formule d'abjuration par laquelle ils promet-
taient « de renoncer en général à toutes les hérésies 8c d'embrasser la religion
« catholique conformément à la doctrine des apôtres; n mais on trouva que
cette expression était trop vague & pouvait donner carrière à des réserves
mentales dangereuses 81 à des interprétations équivoques. Il fallut dire en
propres termes : « Je renonce à l'hérésie de Calvin 81 j'embrasse tous les
« dogmes de la religion catholique, apostolique &i romaine. »
Pendant trois jours, la maison de l'évêque 81 toutes les églises de Mont-
pellier où se devaient faire les abjurations, furent encombrées de catholiques
improvisés.
Quand l'obéissance du roi y fut assurée, Bâville marcha sur Sommières,
qui se convertit à la première réquisition, puis sur Nimes, où il fut accom-
pagné du maréchal de Noailles. Cette ville riche 81 laborieuse, qui tient une
si grande place dans l'histoire du protestantisme français, n'opposa point de
' Bâville usait habilement, en Poitou, comme jesté, & ne souffrira point que les gens qui sont
moyen de conversion, de la vérification des titres sous sa charge fassent autre chose que ce que vous
de noblesse, en montrant une rigueur particulière estimerez utile pour la conversion des religion-
aux gentilshommes protestants qui refusaient d'ab- naires chez lesquels il sera logé...
jurer & une facilité engageante à ceux qui vou- [ « Il ne convient point au service de Sa Ma-
laient bien se faire catholiques. — Voir, à cet jesté qu'il se fasse aucune violence pareille à celles
^gard, Camille Rousset, Histoire de Louvois, III, dont on s'est plaint du temps de M. de Maril
p. 462. lac, » ] Biffé à la minute',
* Louvois écrivait à Bâville, le 5 mars i685 ; ' Histoire du calvinisme, par M. Soulier, prêtre,
« Le régiment d'Asfeld (annoncé deux mois à Paris, Edme Conterot, 1686.
l'avance) est commandé par un homme qui ne
s'attachera qu'à l'exécution des ordres de Sa Ma- ' Camille Rousset, Histoire de Louvois, Jll. p. 460.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 555
résistance. Les chefs de famille firent leur soumission dans l'église, en pré-
sence de l'intendant Se du maréchal. L'évêque diocésain, Jean-Jacques Séguier
de la Verrière, donna du haut de la chaire une absolution générale, & des
cérémonies analogues furent accomplies dans toutes les autres églises. On
compta deux ministres parmi les nouveaux convertis : ils s'appelaient Cheiron
& Paulian.
Après Nimes, les deux hauts dignitaires allèrent visiter Uzès. Le soir
même, le ministre Thomas vint, à la tête des principaux habitants, remettre
son acte d'abjuration.
Le lendemain, on reçut la délibération d'Alais qui fut bientôt suivie de
celles de Sauve, d'Anduze, de Saint-Hippolyte, de Saint-Jean de Gardon-
nenque. La tournée de l'intendant 8c du maréchal dans toute la province des
Cévennes & du Vivarais produisit partout des résultats aussi rapides. Les
réformés du haut Languedoc suivirent le mouvement, Si dans les colloques
d'Albigeois, de Lauragais Se de Foix, la transformation s'accomplit.
Afin de la mieux seconder, des troupes envahissaient la Province par plu-
sieurs points. Castres, Montpellier Si Nimes furent occupées. Mais, en géné-
ral, la soumission devançait l'arrivée des régiments.
On raconta qu'en dix-huit jours deux cent vingt-cinq mille protestants
s'étaient convertis ', au nombre desquels figuraient cinquante-deux ministres.
Tous les temples furent abattus.
Près de deux cents missionnaires envoyés par le roi eurent charge d'ins-
truire les nouveaux catholiques; 6<. l'intendant s'occupa de la reconstruction
des églises que les protestants avaient abattues pendant les guerres civiles S<
qui, malgré certaines déclarations royales, ne s'étaient jamais relevées que sur
le papier. Trois cent vingt-cinq de ces édifices devaient être assez rapidement
construits pour que l'on y pût dire la messe avant la fin de l'année 1686.
On installa aussi un grand nombre de maîtres St de maîtresses d'école, 8t
cent vingt-cinq missionnaires furent chargés de passer un an auprès des curés
afin de faciliter les instructions paroissiales.
Les contemporains. Si surtout le clergé catholique St les gens de cour, sem-
blent s'être fait la plus parfaite illusion sur la réalité Si la durée de cette
brusque métamorphose.
On s'explique sans peine l'impression de terreur causée dans tout le pays
par la seule menace des logements militaires, si l'on se rappelle avec quelle
insistance, durant les périodes antérieures, les Etats de Languedoc implo-
raient la protection des commissaires du roi, de l'intendant Si du ministère
contre l'indiscipline des troupes Si la rapacité de leurs chefs*. Si en pleine
paix intérieure, dans les temps calmes, St lorsque les instructions de la Cour
prescrivaient aux officiers le respect des ordonnances, le passage d'une colonne
armée soulevait de telles alarmes 81 donnait lieu presque invariablement à
' Quarante-trois mille convertis de plus que à la fois dans les pages qui précèdent & dans nos
d'Aguesseau n'avait trouvé de protestants. Pièces justificatives, où nous avons transcrit plu-
' On «n trouvera des preuves très-nombreuses sieurs délibérations des Etats sur cet éternel sujet.
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556 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de graves réclamations, il est aisé de comprendre quels sentiments devait
éveiller l'approche de soldats envoyés expressément avec la mission de se
rendre incommodes ik de faire en terre protestante ce qu'on leur interdisait
partout ailleurs. Sauf le meurtre &i le viol, tous les actes de brutalité leur
étaient permis & des fanatiques se rencontraient même pour encourager les
actes de violence comme des moyens méritoires de contribuer à la grande
entreprise du roi.
Après la première stupeur qui détermina l'abjuration de Nimes, le duc de
Noailles crut reconnaître quelques symptômes de refroidissement. Un certain
nombre de dragons, installés à propos dans les maisons « des plus opiniâtres »
coupèrent court à ces velléités d'opposition & rétablirent l'unité de foi déjà
compromise '.
Dans le Gévaudan, l'effet fut encore plus rapide. « Je ne sais plus que
« faire des troupes, écrivait Noailles, parce que les lieux où je les destinois
« se convertissent tous généralement & si vite, que tout ce que peuvent faire
« les troupes est de coucher une nuit dans les endroits où je les envoie. »
L'affaire la plus pressante, pour ces pauvres communes des montagnes, était
de se débarrasser au plus vite, n'importe à quel prix, des hôtes encombrants
qu'on leur infligeait. Les abjurations se faisaient à la hâte, pour prévenir
un mal immédiat, une ruine certaine, avec l'arrière-pensée de laisser passer
l'orage. Les lectures bibliques où leur piété naïve retrouvait tant d'exemples
de persécutions passagères 8c de vexations du peuple de Dieu par les infidèles,
encourageaient ces populations à se courber sous l'épée du roi comme le
roseau sous le vent, sauf à relever la tête lorsque la tourmente serait éloignée.
Cependant toutes les natures ne se prêtaient pas à ces accommodements &
ne se berçaient pas des mêmes espérances. Les esprits plus clairvoyants, com-
parant leur détresse à la puissance formidable de la monarchie, reconnais-
sant que depuis des années, l'anéantissement de leur confession avait été
poursuivi avec une méthode, une suite 8c une constance irréprochables, ne
comptaient plus sur un retour de fortune, &c prenaient le parti de l'émigra-
tion. Les récits de la vie pastorale des livres hébreux où les déplacements de
tribus fuyant à travers les déserts sont des épisodes fréquents, avaient depuis
longtemps frappé les imaginations protestantes 8c les prédisposaient à cette
douloureuse résolution. Aussi l'exode du peuple réformé commence avec les
premières conversions militaires.
Tandis que les paroisses abjuraient en bloc, se faisaient donner l'absolution
générale, 6c que, dans les grandes villes, la foule encombrait les églises
catholiques, beaucoup de fuyards quittaient mystérieusement leurs foyers &
se hâtaient de gagner la frontière*.
' Millot, Mémoires du iuc Je Noailles, p. 270, & même, par un article secret, de députer vers les
' Plusieurs ministres de Languedoc se trouvaient rois & les princes réformés de l'Europe & de les
déjà au synode national des protestants de Suisse, prier d'intervenir auprès de Louis XIV en faveur
en 1685. On y résolut de recevoir tous ceux qui de ses sujets persécutés.
se retireraient de France pour cause de religion,
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES, SSy
En bien des lieux, les dragons arrivant munis de leurs billets, frappaient
a des portes de maisons abandonnées, &, quand ils y pénétraient de force,
n'y trouvaient pas plus de meubles que d'habitants. Cela devint un nouveau
délit; on affecta de croire que ces désertions n'avaient d'autre motif que le
désir d'échapper à l'obligation des logements militaires. Si l'on s'en autorisa
pour les frapper d'une amende de mille livres, plus trente livres par jour
jusqu'à la rentrée des propriétaires & à la remise en état des habitations.
Vers la mi-octobre, Noailles était à Florac, menant toujours avec lui les
dragons de Barbezières « pour faire ses missions. » Il annonçait qu'un tiers
du Gévaudan était déjà converti Si proposait un expédient nouveau pour
triompher des dernières hésitations. Il pensait que des réductions suu les
tailles produiraient un bon effet. Elles ne seraient pas non plus inutiles pour
aider les peuples à vivre, car, ajoute le commandant en chef, quoiqu'on les
ait fort ménagés à cause de leur prompte obéissance aux ordres du roi, il ne
se peut qu'ils n'aient souffert. Les logements avaient été doublés dans toute
l'étendue de la Province.
Tout en poursuivant son expédition à travers les Cévennes, Noailles se
plaignait parfois de l'empressement de nouvellistes trop prompts, pour se
rendre agréables, à faire à la Cour des récits de conversions imaginaires, &
s'excusait de mettre plus de lenteur dans ses communications. Il avait à cœur
de n'annoncer rien avant l'événement, & ne cherchait pas à se donner pour
meilleur apôtre qu'il n'était.
Néanmoins, sa course de montagnes lui paraissait un merveilleux triomphe.
Il ne croyait pas que jamais intendant ou gouverneur se fût aventuré dans
des régions si peu abordables, Se pensait que sa marche à la tête de troupes
réglées au milieu de ces solitudes suffisait à frapper les populations de stu-
peur. Elles ne s'étaient point figuré que les soldats du roi pussent pénétrer
dans leurs retraites. La démonstration qu'elles subissaient, en détruisant le
prestige des Cévennes, devait aussi décourager définitivement les tentatives de
résistance. Ces prédictions, auxquelles l'avenir réservait un sanglant démenti,
semblaient justifiées par l'attitude presque universelle des Cévenols.
En cheminant à travers les gorges avec sa colonne, Noailles voyait, à quel-
ques lieues en avant de chaque paroisse, arriver des groupes d'hommes abattus
8c respectueux apportant des certificats de conversion générale signés des
curés ou des missionnaires. Il fallait donc modifier les ordres & chercher
ailleurs des insoumis.
Le commandant n'en croyait pas ses yeux.
« Les conversions qui ont suivi depuis le i5 octobre, écrivait-il à Louvois,
« ont été avec une si grande vitesse que l'on n'en sauroit assez remercier
« Dieu, ni songer trop sérieusement aux moyens d'achever entièrement cet
« ouvrage, en donnant à ces peuples toutes les instructions dont ils ont besoin
« & qu'ils demandent avec instance. Il est certain que vous pouvez ajouter
« bien près d'un tiers au moins à l'état qui vous fut donné des gens de la
« religion, du nombre de cent quatre-vingt-deux mille hommes, & quand je
i685
i685
558 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« vous ai demandé jusqu'au 25 du mois prochain pour leur entière conver-
« sion, j'ai pris un terme trop long; car je crois qu'à la fin du mois cela sera
« expédié. »
Cette fantasmagorie d'une conversion instantanée était du reste indispen-
sable; car l'édit de révocation, déjà préparé depuis plusieurs mois Se notifié
d'avance au commandant en chef, s'appuyait précisément sur cette révolution.
Par un artifice qui peint bien l'époque & qui complète la série des manœu-
vres dirigées contre les protestants, l'édit de i685 ne se présente point comme
un acte d'initiative royale, déclarant la guerre à l'hérésie & tendant à l'ex-
tirper du royaume. Il suppose que le protestantisme n'existe plus qu'à l'état
d'exceptions insignifiantes. Si conséquemment que les garanties & les privi-
lèges assurés aux réformés par l'édit de Nantes n'ont plus de raison d'être,
puisqu'il ne reste presque personne pour en jouir. L'antagonisme des deux
communions ne doit pas plus laisser de traces qu'un mauvais rêve. De cette
façon l'abrogation des lois de iSçB, qui devait entraîner de si grandes cala-
mités, coûter tant de sang St tant de larmes, est censée perdre son caractère
de mesure offensive pour n'être qu'un retour au droit commun, une consta-
tation légale de l'oubli des anciennes querelles, &, mieux encore que l'édit
abrogé, un gage de « bonne & perdurable paix » &, pour tous les sujets
du roi, « le principal fondement de leur union, concorde, tranquillité Se
« repos, Si du rétablissement de l'Etat en sa première splendeur, opulence
« Se force. »
Singulière contradiction ! Le préambule de i685, où il est dit en propres
termes que l'édit de Nantes « demeure inutile « par suite de la conversion des
protestants, exprime le désir du roi d'« effacer entièrement la mémoire des
« troubles, de la confusion Se des maux » que les passions religieuses avaient
causés dans le royaume. Se le premier article renouvelle le fait le plus écla-
tant de cette période de guerres, en ordonnant la démolition immédiate de
tous les temples, La ruine des édifices consacrés aux deux cultes avait inva-
riablement marqué le triomphe de l'un Se de l'autre parti, 8c c'est par une
pareille résurrection des procédés les plus violents de la réforme que s'inau-
gure la prétendue loi de pacification.
L'article second interdisait d'une manière absolue toute assemblée de reli-
gion même dans les maisons particulières, supprimant à la fois les innombra-
bles arrêts du conseil qui, en exécution de l'édit de Nantes ou de celui donné
à Nimes en 162g, avaient si soigneusement déterminé les lieux d'exercice.
L'article trois défend aux seigneurs de faire l'exercice dans leurs fiefs, sous
peine de confiscation de corps Se de biens.
Puis viennent les ordres d'exil pour tous les ministres qui ne seront pas
convertis dans le délai de quinze jours à dater de la publication de l'édit.
Ceux qui continueront à séjourner dans le royaume après ce terme ou qui,
pendant la quinzaine de tolérance, feront prêche, exhortation ou autre fonc-
tion religieuse, seront condamnés aux galères.
L'édit assure, leur vie durant, aux ministres qui se convertiront, les privi-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 55cj
léges fiscaux dont ils jouissaient, avec une pension d'un tiers plus forte que
leurs appointements de ministres.
Des facilités particulières leur seront données pour se taire avocats ou
prendre les degrés de docteurs es lois.
Les écoles spéciales aux entants des réformés sont supprimées, ainsi que
tout établissement impliquant l'idée de concession.
Le baptême des enfants des réformés, par le curé de la paroisse, devient
obligatoire sous peine de cinq cents livres d'amende; les juges locaux étant
chargés d'y tenir la main.
La confiscation atteint les biens de tous les protestants absents du royaume
qui n'y seront pas rentrés dans l'espace de quatre mois après la publication
de l'édh.
L'émigration Se le transport des biens à l'étranger sont interdits aux réfor-
més sous peine de galères pour les hommes, de confiscation de corps 8c de
biens pour les femmes.
Le onzième Si dernier article renouvelle toutes les anciennes déclarations
rendues contre les relaps, frappant de peines terribles ceux qui, après avoir
fait une profession de foi catholique, étaient convaincus de revenir aux doc-
trines condamnées.
Telles furent les dispositions de l'édit de Fontainebleau dont l'Europe
entière devait être émue.
Par une étrange aventure, cette loi rigoureuse, qui allait faire en France
un peuple de proscrits, causa une déception aux grands fonctionnaires charo-és
d'en poursuivre l'application. Elle leur parut manquer de décision & de fran-
chise St n'être pas suffisamment péremptoire. Avec leurs théories d'obéissance
illimitée à la volonté du roi, théories qu'autorisaient d'ailleurs toutes les pra-
tiques récentes du gouvernement à l'égard des réformés, ils ne comprenaient
pas que Louis XIV n'eût pas purement S<. simplement interdit à ses sujets de
faire profession de la religion protestante.
Il y avait surtout, à la fin de l'article onze, une clause qui inspirait au duc
de Noailles les plus vives alarmes.
Cette clause portait que les réformés non convertis, en attendant qu'il
plût à Dieu de les éclairer comme les autres, pourraient demeurer dans le
royaume, y continuer leur commerce Si jouir de leurs biens, sans pouvoir
être troublés ou empêchés, sous prétexte de la religion, à condition de ne
point faire d'exercice, ni de s'assembler pour des prières ou pour tout autre
motif religieux, les infractions de ce genre étant punies des mêmes peines
que l'exercice public.
Il serait difficile d'imaginer une tolérance moins large & moins compro-
mettante. Pourtant le duc de Noailles croyait y voir une annulation indirecte
de tous les succès qu'il avait remportés pendant sa campagne de conversions.
D'après le commandant en chef, l'édit de révocation était inférieur, comme
moyen d'obtenir l'unité religieuse, à l'idée que les peuples s'en étaient faite
sur les premières rumeurs. Ils avaient d'abord compris que le roi ne voulait
i68â
i685
)6o
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
plus souffrir de protestants en France, 8c ils en prenaient leur parti. La
violence même faite à leur conscience par la volonté souveraine, appuyée
d'une force matérielle irrésistible, devenait à leurs yeux leur propre excuse S<
les déchargeait de responsabilité. Noailles poussait l'illusion jusqu'à penser
qu'à la faveur de cette opinion, le Languedoc n'aurait bientôt plus compté
un seul religionnaire. La réserve finale, en autorisant pour ainsi dire une
sorte de culte mental & n'en réprimant que les manifestations extérieures,
avait pour effet de remettre tout en question. Beaucoup de nouveaux convertis
se désespéraient de s'être trop pressés & d'avoir devancé une persécution qui
devait respecter du moins le sanctuaire de leur conscience. Le duc signalait
à cette occasion, avec beaucoup de justesse Se de prévoyance, les conséquences
désastreuses de ces abjurations de bouche auxquelles le cœur restait étranger,
la vanité des démonstrations de catholicisme qu'on exigerait des protes-
tants, l'état singulier d'une population contrainte à pratiquer des croyances
opposées aux siennes avec la ressource de se croire fidèle à son culte de pré-
dilection ; puis il indiquait un certain nombre de questions embarrassantes
soulevées par le nouvel édit. Il communiqua ses appréhensions au marquis
de Châteauneuf Si en fit l'objet d'un mémoire adressé au roi'.
Si un père, après avoir fait baptiser son fils à l'église catholique, le faisait
élever dans une autre croyance, faudrait-il le lui laisser Se, dans le cas con-
traire, exiger une pension d'entretien? L'édit défend-il de mettre des troupes
chez les protestants, « la chose du monde qui les trouble davantage? « Doit-on
considérer comme exercice du culte les prières en commun faites par un pro-
testant dans sa maison avec sa famille Si ses domestiques, usage qui transfor-
mera les habitations particulières des réformés en autant de temples?
' Voici le texte de ce mémoire, publié par l'abbé
Millot :
Mémoire pour le Roi,
« L'édit du mois d'octobre i6S5, pour la révo-
cation de celui de Nantes, défend bien l'exercice
public de la R. P. R., mais il permet à ceux qui
eu sont de la garder, pourvu qu'ils n'en fassent
pas une profession publique. Le bruit de cette
révocation, qui s'est répandu par diverses copies
imprimées, a extrêmement changé les dispositions
des peuples : ils étoient persuadés que le roi ne
vouloit qu'une religion dans ses Etats; & cette
seule opinion, qui avoit fait des conversions in-
nombrables, déterminoit tous les jours les plus
opiniâtres, croyant qu'il n'y avoit plus d'espé-
rance; de sorte qu'en très-peu de temps, il ne
scroit pas resté un seul religionnaire dans tout le
Languedoc. Mais depuis qu'ils ont vu la liberté
ïtui l2ur est accordée par l'édit, j'apprends qu'ils
changent de résolution & préfèrent de demeurer
dans leur religion sans exercice, au parti qu'ils
ctoic;it sur le point de prendre.
« Ceux qui ont fait abjuration par les loge-
mens, & pour obéir à ce qu'on leur faisoit en-
tendre de la volonté du roi, & qui ne songeoient
plus qu'à s'instruire des vérités qu'ils doivent
croire, consternés de douleur & de repentir, pa-
roissent regretter leur premier état, & seront
autant de relaps dans le cœur, qui n'iront point
à l'église, ou s'ils y sont contraints, n'useront des
sacremens que pour les profaner. Il ne faut plus
mettre en doute qu'un père de la R. P. R. n'élè-
vera pas ses enfans dans les sentimens de la reli-
gion catholique : ils se trouveront obligés de pro-
fesser une religion qu'ils détesteront, & privés de
l'exercice de celle qu'ils voudroient embrasser; ce
qui tend à une irréligion pire que l'hérésie.
n II est certain que la dernière clause de l'édit,
qui défend d'inquiéter les gens de la R. P. R., va
faire un grand désordre, en arrêtant les conver-
sions, ou en obligeant le roi de manquer à la
parole qu'il vient de donner par Tédit le plus
solennel qu'on pût faire'. »
' .Millot, Mémoires du duc de NoaiUfs, p. 2-G.
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 56i
Laissons le duc de Noailles continuer les calculs 8c les hypothèses de son
étrange casuistique 8t rechercher ce qui manquait à l'édit de révocation pour
en faire une loi irréprochable, & suivons à travers l'Europe la dispersion des
groupes d'émigrés qui passèrent la frontière de Languedoc, malgré les obsta-
cles Se les dangers accumulés sur leur route.
Ces fugitifs trouvèrent presque partout un terrain préparé à les recevoir.
L'intérêt religieux était pour beaucoup dans l'accueil que leur firent les pays
protestants, l'intérêt politique aussi, car les grandes guerres de Louis XIV
avaient irrité contre la France toutes les puissances étrangères, & les divisions
qui pouvaient affaiblir la monarchie se trouvaient recommandées d'avance à
leurs encouragements.
Le contre-coup de la révocation ne se fit pas attendre. L'acte royal, signé
à Fontainebleau, avait été enregistré au Parlement de Paris le 22 octobre.
Le 29 octobre, à Postdam, Frédéric-Guillaume, margrave de Brandebourg,
archi-chambellan 8c prince électeur du Saint-Empire, promulguait un édit
assurant aux réfugiés français qui s'établiraient dans ses Etats un ensemble
d'avantages Se de privilèges importants'.
Le désir de l'électeur de Brandebourg d'attirer des Français dans les terres
de son obéissance n'était point nouveau. Quand il ceignit la couronne élec-
torale, Frédéric-Guillaume reconnut les traces terribles que la guerre avait
laissées dans son pays. La désertion des campagnes, la ruine du commerce Se
de l'industrie ajoutaient à la tristesse de ces landes monotones qui s'étendent
vers la Baltique avec l'uniformité d'un désert de sable. Dès que les persécu-
tions du roi de France commencèrent contre les protestants, l'électeur comprit
qu'il pourrait habilement dériver sur ses Etats ces populations laborieuses 8c
riches qu'une politique inintelligente éloignait de leur patrie. Le ministre de
Brandebourg à Versailles, Schwerin, s'occupait déjà en 1661 à nouer des rela-
tions avec les réformés français. Se ce fut à la suite de ses démarches qu'un
certain nombre de familles, devançant la révocation de l'édit de Nantes dont
elles avaient deviné les symptômes, se fixèrent sur les bords de la Sprée 8c
fondèrent la colonie de Berlin.
L'édit de Postdam transformait en protection déclarée la faveur discrète
que les émigrants français avaient obtenue jusqu'alors du prince-électeur.
Frédéric-Guillaume annonçait, par ce document, que les persécutions 8c les
rigoureuses procédures exercées depuis quelque temps en France contre ceux
de la religion réformée ayant obligé plusieurs familles à sortir de ce royaume
Se à chercher asile dans les pays étrangers, il voulait bien, touché d'une juste
compassion envers les victimes de la foi évangélique, offrir aux Français une
retraite sûre 8c libre dans toutes les terres 8c provinces de sa domination. Se
leur notifier les droits Se franchises dont il entendait les faire jouir.
Par ses ordres, les sieurs Diest Se Romswinckel, l'un envoyé extraordinaire
' Histoire de l'établissement des Français réfugiés 1690, p. 19. — Histoire Jet réfugiés protestants Je
en Brandebourg, par Charles Ancillon; Berlin, /rancf, par Ch. Weiss, Paris, 1 853, II, p. 400.
XIII. 36
1683
i685
562 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
auprès des États généraux de Hollande, l'autre commissaire électoral dans la
ville d'Amsterdam, avaient charge de fournir aux émigrants les bâtiments &
vivres nécessaires pour le transport de leurs personnes 61 de leurs biens depuis
la Hollande jusque dans la ville de Hambourg où M. de Gerike, conseiller
d'État 8c président au cercle de la Basse-Saxe, devait leur assurer les moyens
de se rendre dans la ville ou province qu'ils choisiraient des États de Bran-
debourg.
Pour les émigrés de la France orientale, du nombre desquels se trouvaient
ceux du Languedoc, qui se seraient échappés de France par terre, leur point
de concentration était fixé à Francfort-sur-le-Mein, où le conseiller-président
Merian & l'agent électoral Leti les attendaient pour leur délivrer de l'argent,
des passeports, & mettre à leur disposition les bateaux du Rhin. Descendus
dans le duché de Clèves, ils auraient affaire au personnel de la régence qui
les établirait dans les pays de Clèves ou de La Marck ou faciliterait leur
voyage 81 leur installation dans les autres parties de l'électorat.
Le prince désignait ensuite aux émigrés les villes où la vie leur serait
moins chère 8t où leurs entreprises d'industrie Si de négoce auraient plus de
chances de prospérer. C'étaient, dans la Marche électorale, Stendal, Werbe,
Rathenow, Brandebourg Si Francfort; dans le pays de Magdebourg, la
ville capitale, celles de Halle St de Calbe, 81 dans la province de Prusse,
Kœnigsberg.
Les biens, meubles 81 marchandises des émigrés étaient absolument déchar-
gés de péages 81 de toute nature d'impositions.
Les maisons abandonnées qui se rencontreraient dans les lieux où ils
auraient dessein de fonder un établissement leur seraient assignées en pleine
propriété, dégagées des charges hypothécaires qui pourraient encore peser
sur elles, & exemptes pendant six ans d'impôts, de logements militaires Si
de toutes obligations onéreuses. La concession gratuite de matériaux, bois
chaux, pierres, briques, diminuerait les frais de réparations 81 en faciliterait
l'achèvement.
Quant aux constructions nouvelles qu'entreprendraient les colons, elles
jouiraient d'une franchise générale d'impôts durant dix années, 81 se feraient
aussi avec des matériaux concédés gratuitement.
Une fois établis dans un lieu quelconque de l'État électoral, les Français,
privés de patrie par l'édit de Fontainebleau, devenaient de droit sujets du
margrave de Brandebourg, sans être assujettis au droit d'aubaine 81 avec la
faculté d'entrer, selon leur qualité, soit dans les corps de bourgeoisie, soit
dans les corporations d'arts 81 métiers.
L'électeur promettait en outre aux industriels qui voudraient fonder quelque
manufacture ou fabrique, soit de draps, d'étoffes, de chapeaux ou de tout
autre produit, outre les exemptions fiscales qu'ils pourraient souhaiter, les
assistances d'argent ou de matériel utiles à la prospérité de leurs établissements.
Aux paysans cultivateurs il offrait une étendue de terres en friche à ouvrir,
avec des secours de vivres 81 d'argent pour le temps des premiers travaux, ainsi
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 563
qu'on l'avait pratiqué k l'égard d'un grand nombre de familles suisses habi-
tuées dans le margraviat.
Dans toutes les villes où plusieurs familles françaises seraient fixées, elles
auraient la faculté d'élire un magistrat arbitral, chargé de régler les diffé-
rends à l'amiable sans formes de justice, & de choisir aussi un magistrat judi-
ciaire qui déciderait en cas d'appel &. qui siégerait, pour les causes mixtes, à
côté du magistrat allemand.
Chaque colonie devait aussi avoir un ministre & un lieu d'exercice où la
religion serait pratiquée selon les coutumes & avec les mêmes cérémonies
usitées en France depuis la réforme.
Frédéric-Guillaume rappelait ensuite que plusieurs gentilshommes français
avaient été déjà élevés aux premières charges de la Cour Se au commande-
ment de ses troupes, £<. s'engageait à continuer les mêmes grâces aux membres
de la noblesse qui faisaient partie de l'émigration, leur donnant les charges,
honneurs 8i dignités dont ils seraient reconnus capables, & les assimilant à
la noblesse indigène dans la possession des fiefs 8i terres nobles dont ils
deviendraient acquéreurs.
Une disposition spéciale étendait les privilèges de l'édit de Postdam à tous
les Français établis dans l'État électoral antérieurement à l'année i685, pourvu
qu'ils eussent été exilés de France à cause de la religion réformée.
Enfin le dernier article annonçait l'établissement de commissaires dans
chaque province de l'électorat, auxquels les réformés français pourraient avoir
recours dans toutes leurs nécessités, chacun des gouverneurs & conseillers de
régence avant en outre mission particulière de les prendre sous sa protection,
de les maintenir dans tous leurs privilèges, & de ne pas souffrir qu'il leur fût
fait aucun tort ou injustice.
Telle est la réponse qui, du fond des marais du Brandebourg, à quelques
jours de distance, déduisit les conséquences de l'édit de Fontainebleau.
La Cour de Versailles sentit le coup 8c ne négligea rien pour en atténuer
la portée. Les intendants donnèrent la chasse aux exemplaires du manifeste,
en détruisirent le plus qu'ils purent 8c voulurent les faire passer pour des
pièces apocryphes, tandis que l'on redoublait de surveillance aux frontières,
que l'on mettait des gardes Ji tous les passages du Rhône, à tous les cols des
montagnes 8c que l'on épiait étroitement les moindres bateaux. Vaines pré-
cautions! Les émigrants se déguisaient en colporteurs, en portefaix, en mar-
chands de bétail. Les uns endossaient l'habit du chasseur ou la jaquette du
courrier, les autres défiaient l'œil des espions sous les galons du valet de pied
8c traversaient les chaînes de sentinelles.
Le landgrave de Hesse imita l'exemple de l'électeur de Brandebourg, promit
des emplacements, du bois de ses forêts, de la pierre 8c du sable pour bâtir la
maison des exilés, offrit dix, douze ou quinze ans d'immunités fiscales, d'après
des conditions déterminées, aux protestants qui établiraient des manufactures'.
i685
' Weiss, Histoire des réfugiés protestants de France, II, p. 411.
~^^ ,"554 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
En Hollande, en Suisse, en Angleterre, il y eut comme une rivalité de
bons offices à l'égard des proscrits; aussi des milliers d'hommes, de femmes,
d'enfants ne tardèrent pas à se répandre sur tous les grands chemins de l'Eu-
rope & répondirent aux appels que leur adressaient les puissances étrangères.
Le Languedoc, pays à la fois industriel & agricole, figure pour un contin-
gent considérable dans cette émigration.
Dans le Brandebourg, Gautier de Saint-Blancard, qui avait été pasteur à
Montpellier, Se qui devint prédicateur de la Cour de Berlin, fut chargé de
présider à l'installation des Languedociens, dont il présentait les plus mar-
quants à l'électeur. Plusieurs jeunes gens de la noblesse entrèrent dans les
compagnies formées par Frédéric-Guillaume à l'imitation des cadets de Lou-
vois, d'autres, dans la marine qui se créait. Louis de Montagnac, ancien
conseiller au présidial de Béziers; Henri de Mirmand, président à Nimes; le
baron de Faugières, sorti des Narbonne-Pelet, devinrent conseillers d'ambas-
sade; Jean-Baptiste de Rocoules, de Béziers, fut nommé historiographe de
la maison de Brandebourg; Antoine Teissier, de Nimes, fils d'un receveur
général de Languedoc, traduisit en français les mémoires de Rocoules sur la
vie de Frédéric-Guillaume; les sieurs d'Auterive & Rose! de Beaumont obtin-
rent de leurs compagnons d'exil la charge de juges des Français à Brande-
bourg; Jacques de Gaultier, frère du ministre de Berlin & ancien docteur de
l'Université de Montpellier, fut attaché comme médecin à la personne de
l'électeur; Barthélémy Pascal de Viviers, Paul Batigne, de Montpellier, con-
tribuèrent à la création du collège supérieur de médecine fondé par Frédéric-
Guillaume en i685.
L'émigration industrielle du Languedoc fut surtout considérable. L'édit
de Postdam avait été répandu par milliers en Suisse où les premiers réfugiés
s'étaient arrêtés d'abord, vme fois échappés aux dragons de Noailles & de
Bâville. Frédéric-Guillaume faisait surtout appel, comme on l'a vu, aux
manufacturiers d'étotfes & de chapeaux, industries particulièrement floris-
santes dans la province. L'invitation électorale ne tomba point dans le vide.
André, Pierre & Antoine du Bosc, sortis de Nimes, Jean Rafinesque d'Uzès
&. Jean-Maffre de Saint-Ambroix, se fixèrent à Magdebourg, où le cours de
l'Elbe assurait un large débouché sur la Hollande & y fondèrent une manu-
facture de draps, de serge de Rouen, d'espagnole'ltes & de droguets. La fabri-
cation des étoffes de laine fut importée dans la même ville par André Valentin
de Nimes Se Pierre Claparède, de Montpellier, tandis que Pierre Labry, avec
six autres réfugiés qu'il avait emmenés du Vigan, acclimatait l'industrie des
bas. Guillaume Douillac, de Revel, établit à Berlin une fabrique de cha-
peaux français qui devint bientôt célèbre dans l'électorat, Se dont les plus
élégants gentilshommes de Pologne, de Lithuanie 8<. de Russie ne tardèrent
pas à rechercher les produits. Des fabriques de soieries Si de velours s'impro-
visèrent également. De nombreux monteurs de pierres fines, venus de Lan-
guedoc, contribuèrent à perfectionner la bijouterie berlinoise dont d'autres
réfugiés avaient transformé le style.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 565
En un mot, ce fut une véritable ruche de travailleurs & de producteurs
de tout ordre qui se transplanta dans la monarchie naissante du Brande-
bourg, encore toute meurtrie des rudes coups de la guerre de Trente Ans; les
ruines se relevèrent, les terres incultes furent défrichées; un actif commerce
d'exportation développa dans quelques années les villes mornes Se muettes
de Francfort-sur-l'Oder, de Halle, de Prentzlau, de Stettin, de Magdebourg
& de Kœnisberg. Tandis que le désert se faisait dans les cités manufacturières
de Languedoc, les étrangers voyaient avec joie la vie française se répandre
dans leurs solitudes & transformer la rudesse originelle des populations.
La Suisse qui était sur l'itinéraire le plus naturel des émigrés languedo-
ciens de terre ferme, en retint un assez grand nombre, surtout dans le pays
de Vaud ou se fixèrent principalement les agriculteurs. La grande fuite des
protestants n'entraînait pas en effet que des hommes de qualité, des indus-
triels ou des trafiquants; les paysans aussi prenaient part au mouvement,
emportatit avec eux leurs procédés de culture. Plusieurs cantons suisses
durent à l'arrivée de ces colons des perfectionnements dans la culture de la
vigne 8c du mûrier, 8c l'acclimatation des légumes les plus recherchés dans
le midi de la France. Les jardins potagers 8c les pépinières se multiplièrent
bientôt près de Lausanne 8c sur les bords du lac de Genève. Aux environs de
Berne, Barutel de la Rivière, originaire de Montpellier, obtint un vaste ter-
rain où il établit une plantation de mûriers apportés de Languedoc.
Diverses manufactures furent aussi créées à Berne, à Zurich 8c à Genève.
A Neufchâtel, Jacques Pourtalès, du Vigan, fonda une maison de commerce
qui prospéra très-rapidement 8c d'où est sortie l'une des plus puissantes for-
tunes de l'Europe.
La plupart des ouvriers languedociens installés en Suisse travaillaient la
soie ou la laine, fabriquaient les draps 8c les velours. D'autres se placèrent
comme simples garçons ou hommes de peine chez divers artisans; de ce
nombre fut un jeune homme des Cévennes, appelé Jean Cavalier, qui
servit quelque temps dans des boulangeries de Lausanne 8c de Genève 8c qui
devait, à vingt 8c un ans, devenir redoutable chef de bandes 8c traiter avec
un maréchal de France.
Parmi les réfugiés de Languedoc établis en Suisse, on ne doit pas oublier
Abauzit d'Uzès, qui, enlevé tout enfant à sa mère, au moment de la révoca-
tion, pour être enfermé dans un collège catholique, en fut retiré 8c conduit à
Genève, où il fit ses études 8c acquit une grande réputation de philosophe
8c de penseur. On l'a cité comme un des esprits les plus complets 8c les plus
richement doués de son temps.
En Hollande, Jacques Saurin, de Nimes, qui avait passé quelque temps
dans le régiment levé par le marquis de Ruvigny au service du duc de
Savoie, se consacra au culte réformé 8c acquit une réputation de prédicateur
éminent. Barbeyrac, de Béziers, professa le droit 8c l'histoire à Groningue
avec éclat. Quant à Pierre Bayle, fils d'un ministre protestant du pays de
Foix, après avoir abjuré le protestantisme à Toulouse en 1669, sous l'impul-
i6S5
i68£
566 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sion des jésuites, & être retourné ensuite à la religion de sa famille, il
n'avait pas attendu l'édit de révocation pour quitter la France, 8c enseignait
dès 1681 dans « l'école illustre » fondée par la ville de Rotterdam. C'est de
là qu'il lança les écrits philosophiques, politiques & littéraires qui assurèrent
sa célébrité. Il publia trois lettres véhémentes sur la persécution des réformés
de France & les conversions militaires; il y déclarait à Louis XIV que ses
triomphes étaient plutôt ceux du déisme que ceux de la vraie foi 8c que sa
prétention de rendre toute la France catholique sous son règne portait au
contraire un coup terrible au catholicisme, en faisant retomber sur la reli-
gion les sentiments d'horreur qu'inspiraient les actes de cruauté commis en
son nom.
Un petit nombre de cultivateurs pauvres du Languedoc se fixèrent dans
l'ancienne baronnie de Bréda 8c dans la Frise.
Quelques réfugiés de Nimes avaient déjà établi, en 1684, dans la ville
d'Amsterdam, une manufacture de serges qui prit un développement rapide
8c qui fut soutenue par les secours d'argent de la municipalité. Le magistrat
d'Amsterdam céda même gratuitement à Pierre Baille, ancien directeur de la
manufacture de Clermont-Lodève, un vaste terrain situé près de la porte de
Weteringen, avec le titre de marchand 8c directeur général des manufactures.
Pierre Baille y installa cent dix métiers pour la fabrication de la soie, de la
laine 8c des chapeaux.
L'Angleterre possédait une église française de réfugiés protestants depuis
le milieu du seizième siècle. Mais, dès que les dragons commencèrent d'être
employés en Poitou comme missionnaires, le gouvernement britannique mani-
festa l'intention de recueillir les réformés qui voudraient quitter la France.
Charles II déclara, par l'édit d'Hamptoncourt, daté du 28 juillet 1681, qu'il
se croyait obligé par son honneur 8c par sa conscience de secourir les victimes
de la persécution. Scieur garantit des facilités de toute nature pour l'exercice
de leur commerce 8c de leur industrie, avec lettres de naturalisation. Après la
révocation, Jacques II signa un nouvel édit où il se disait forcé, par les lois
de la charité chrétienne 8c les devoirs de l'humanité, d'offrir aux réformés
proscrits l'appui de sa compassion royale. Diverses familles languedociennes
répondirent à cet appel 8c passèrent la Manche. Nous citerons Paul de Rapin,
seigneur de Thoiras, né à Castres en 1661, fils d'un avocat à la chambre de
l'édit, à la fois homme de guerre 8c littérateur; le Nimois Graverol, érudit,
poëte 8c légiste, l'un des fondateurs de l'Académie de Nimes ', 8c l'auteur d'une
' L'académie de Nimes, après plusieurs années les conférences de la société sous le nom d'Académie
d'efforts infructueux, avait été fondée à Nimes en royale de Nimes & permirent à Tévéque de Nimes,
i68i, par l'initiative du marquis de Péraud, ma- . Jacques Séguier, de s'en dire le chef & le protec-
réchal de camp. La première séance en fut tenue teur. Ces lettres accordaient aux vingt-six acadé-
le i" avril 1682; on arrêta les statuts le 29 avril, miciens les mêmes honneurs, privilèges, franchises
& le 27 mai l'on choisit la devise proposée pnr Sa libertés dont jouissaient ceux de l'Académie
Graverol : une couronne de palme avec les mots française. — Le premier directeur fut M. de La
MMVLJi LAoni. Baume, le premier secrétaire M. de Péraud, & le
Des lettres patentes du 10 août 1682 autorisèrent premier chancelier l'abbé d'AigUm.
LIV. III. RÉVOCATION DE LEDIT DE NANTES. Sôy
histoire de sa ville natale, publiée en Angleterre, avec une épître adressée
à « Messieurs les réfugiés de Nimes qui sont établis dans Londres; » les
Romilly, de Montpellier, qui ont donné à la Grande-Bretagne des hommes
de lettres, des avocats, des diplomates 8c des officiers de mérite; les Saurin,
fixés en Irlande sous Guillaume IIÏ; les Labouchère, sortis des environs de
Toulouse, & dont un descendant a fait partie du ministère anglais sous la
reine Victoria.
Enfin d'autres émigrés de Languedoc allèrent jusqu'en Amérique, 8(. par-
ticulièrement dans la Caroline, chercher un retuge contre les abjurations
forcées ' .
Quatre jours à peine avant la promulgation de l'édit de Postdam, le duc de
. Noailles ouvrait à Montpellier l'assemblée des trois ordres, dont il devançait
régulièrement l'époque, ne voulant pas manquer son quartier de capitaine
de la première compagnie de gardes du corps, commençant au i" janvier^.
L'assemblée provinciale ne parut guère se douter de l'émotion qu'avait
produite en Europe l'édit de révocation Se des conséquences désastreuses qui
allaient en résulter pour la France. Elle fut tout entière à la joie du triomphe
que le roi venait de remporter sur l'hérésie, 8c crut pouvoir s'en attribuer le
mérite pour une notable part. En effet, les Etats avaient demandé avec insis-
tance la démolition des temples de Nimes, d'Uzès 8c de Castres, exprimé le
vœu que les ministres fussent ambulatoires 8c ne pussent demeurer plus de
trois ans dans le même endroit, avec obligation d'être placés à vingt lieues
au moins de leur dernière résidence Se de n'y pas entrer avant le délai de
douze années. On trouvait aussi dans leurs cahiers une foule d'autres suppli-
ques destinées à rendre la situation des protestants de plus en plus insuppor-
table, Se entre autres, la prière au roi d'annuler les dispositions testamentaires
des réformés en faveur de leurs enfants convertis, nouveauté si fort audacieuse,
que le chancelier de France, malgré son bon vouloir, y « trouvoit beaucoup
« de difficultés. »
Après avoir tant fait pour détruire l'œuvre d'Henri IV, l'assemblée des
trois ordres trouvait dans l'édit de Fontainebleau la réalisation de ses vœux
les plus chers.
Dans la séance du 3i octobre, le cardinal de Bonzi prit la parole avant le
L'objet principal de la compagnie «tait, d'après tenir te» (éances, mais elle ne put l'obtenir, la
le préambule même des lettres patentes, « l'étude roi ayant disposé de cet édifice en faveur des au-
de l'antiquité pour l'intelligence de ce qu'il y a gustins qui en firent une église.
de plus rare & de plus obscur dans les débris qui En i683, l'Académie de Nimes contracta une
leur restent des Romains, dont les fameux monu- sorte d'alliance arec celle d'Arles, établie «n 1668.
mens attirent dans ladite ville des curieux de Le» séances continuèrent régulièrement jusqu'à
toutes parts. » Les académiciens, ajoute l'acte -l'année i685, où la révocation de l'édit de Nantes
royal, « ont cru qu'il étoit de leur honneur de dispersa plusieurs académiciens & suspendit les
joindre la pureté du langage françoi» à la con- travaux de la compagnie'.
noissance de l'ancienne histoire, & de parler le '^eia, Histoire des réfugiés protestants de france,
langage de notre cour comme leurs ancêtres par- * Millot, Mémoires du duc de Noailles.
loient le langage de Rome. »
L'Académie demandait la Maison Carrée pour y ' Mémoiret dt lAcaJémie du Gard, Année i85iJ-5o.
168
i685
568 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
vote du don gratuit. Il déclara que si la compagnie avait eu, dans le passé,
beaucoup de soumission & d'empressement pour plaire au roi, elle ne pouvait
rien omettre en cette occasion pour témoigner son zèle & son obéissance;
que la reconnaissance des Etats ne devait point avoir de bornes 8c que, si Sa
Majesté n'avait pas la bonté d'en mettre à ses demandes, il serait juste que
ses sujets de Languedoc lui ouvrissent leurs bourses comme leurs cœurs pour
lui marquer, en lui offrant tout ce qu'il leur reste de bien, jusqu'à quel
point ils étaient sensibles à l'avantage que le roi venait de procurer à la reli-
gion par la conversion générale de tous les calvinistes de la Province. Un
pareil succès était dû aux soins infatigables de M. le duc de Noailles, à la
vigilance de M. de Bâville, & au zèle & à l'application de Messieurs les pré-
lats. Cette assemblée toujours catholique avait désiré longtemps & sollicité
sans cesse dans ses cahiers tout ce qui pouvait affaiblir l'hérésie; on n'eût
jamais osé aspirer à en voir l'entier anéantissement; ce miracle était réservé à
Louis le Grand, à qui rien ne résiste.
Là-dessus, on vota le don gratuit de deux millions deux cent mille livres,
réclamé par les commissaires du roi, en y mettant, suivant le conseil du pré-
sident, « la manière honnête que l'assemblée avoit accoutumée. «
Immédiatement après le vote, le cardinal reprit le fil de sa harangue. Les
Etats, dit-il, venaient de donner une marque passagère de leur zèle pour le
service du roi en lui accordant la somme demandée par ses commissaires.
L'assemblée ne pouvait se porter avec moins de plaisir à en laisser un témoi-
gnage durable à la postérité en élevant à Sa Majesté une statue équestre dans
l'une des villes de la Province. Il fallait faire par un esprit de justice & de
reconnaissance ce que les Grecs & les Romains ne donnaient qu'à la flatterie.
Si les États avaient été plutôt assemblés, ils ne se seraient pas laissé pré-
venir par les provinces & les villes du royaume qui venaient de prendre une
pareille résolution; mais le pays de Languedoc avait cet avantage particulier
qu'il voyait l'hérésie détruite par les soins du roi, en l'endroit du royaume où
elle avait pris de plus profondes racines. Le Languedoc aurait donc l'occasion
de consacrer à la piété du roi, pour l'intérêt de la religion, ce que les autres
pays de France faisaient pour la mémoire de ses triomphes militaires.
Les Etats saluèrent les paroles du cardinal des acclamations qu'il attendait,
Si décidèrent, sans passer aux voix, qu'une statue équestre de Louis le Grand
serait élevée par la Province dans telle ville que Sa Majesté choisirait. On
pria le président de donner des ordres pour accélérer cet ouvrage, 8c les
députés en Cour eurent charge d'en apporter la nouvelle au roi, en même
temps que le don gratuit'.
Louis XIV répondit le g novembre au cardinal une lettre de remercie-
ments. Le roi disait n'être pas moins touché de la démarche des États que
s'ils avaient été les premiers à lui rendre cet honneur; « mais, ajoutait-il, leur
« bonne volonté me sera encore plus agréable, s'ils veulent employer le fonds
■ Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du 3i octobre i685.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 569
« de la première année de cette dépense à faire promptement quelques églises
« dans les lieux de la Province qui en ont le plus de besoin. C'est à quoy je
« vous recommande de les porter 81 par la considération pressante du bien
« de la religion, &c, si je l'ose dire, aussi par le mérite beaucoup plus sen-
ti sible qu'ils en auront envers moi. »
Dans une lettre datée du lendemain, le roi annonça au cardinal qu'ayant
été informé par le marquis de Châteauneuf de la délibération des États &
sachant que tous les membres de l'assemblée y avaient participé par une
acclamation générale, il recevait avec beaucoup de plaisir ces nouveaux témoi-
gnages de leur affection, & qu'il faisait choix de sa ville de Montpellier pour
placer cette statue, comme étant la ville de Languedoc où il convoquait le
plus souvent les États.
Pareille missive, conçue à peu près dans les mêmes termes, était adressée
aux gens des trois ordres. Le roi déclarait qu'il désirait voir placer sa statue
dans la résidence ordinaire des États, afin que ce fût une marque éclatante
de leur zèle; « mais, ajoutait-il, nous aurons très-agréable que l'on n'y tra-
« vaille que dans un an, pour que vous ajoutiez à ce que vous avez destiné
« pour les missions 8c pour bâtir, augmenter & réparer des églises, le fonds
« que vous auriez fait cette année pour cet ouvrage'. »
Il y avait une contradiction singulière entre les démonstrations de recon-
naissance publique faites au nom & aux frais de la Province 8c l'état réel du
pays, où la misère de plusieurs diocèses, occasionnée par la sécheresse^,
aggravée par le séjour des troupes 8c le rétablissement du quartier d'hiver,
gagnait de proche en proche Si témoignait de jour en jour des tristes effets
de l'édit de révocation. Les mesures militaires, les arrestations, les poursuites,
les saisies de biens avaient jeté une telle perturbation dans les affaires des
particuliers 8c si fort atteint le crédit des principales maisons, que le com-
merce en fut comme paralysé, 8c le duc de Noailles, attribuant ce malaise à
l'émigration des protestants, rendit une ordonnance qui enjoignait aux fugi-
tifs de rentrer dans quinzaine, avec leurs femmes 8c enfants, sous peine d'être
poursuivis comme criminels d'État. Ces menaces ne découragèrent qu'un très-
petit nombre d'émigrants 8c augmentèrent chez les étrangers l'émotion pro-
duite par la persécution religieuse de France. On voyait paraître, de loin en
loin, des lettres violentes contre le catholicisme, 8c l'on citait plusieurs mou-
rants qui, malgré la vigilance d'une véritable inquisition, repoussaient les
sacrements jusqu'à la dernière heure.
Néanmoins, les comptes rendus officiels fatiguaient la Cour du récit des
conversions. On écartait tous les épisodes importuns pour présenter un tableau
flatté de la soumission des calvinistes. Au 23 novembre, le chiffre adopté des
abjurations s'élevait à près de deux cent cinquante mille. Dans cette foule de
nouveaux catholiques se trouvaient, disait-on, cinquante-quatre ministres,
■ Procès-Terbal des Etats de Languedoc. Séance ' Voir aux Pièces justificatives, n. CCCCLXXI,
du 17 novembre i685. col. \ii6, le rapport fait aux Etats sur la détresse
générale du Narbonnais & du Gévaudan.
i685
i68â
570 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tous honnêtement récompensés 8c plus de trois cent cinquante gentilshommes.
Plusieurs d'entre eux, d'après le témoignage de Noailles, luttaient en vain
contre l'opiniâtreté de leurs femmes qui refusaient de les suivre à l'église'.
Il y avait d'autres protestants de qualité, qui, après avoir promis de donner
satisfaction au roi, s'autorisaient de la liberté du culte intérieur respectée par
l'édit pour rétracter leur promesse. Ils consentaient à ne plus faire d'exercice
public mais entendaient conserver leurs croyances. Noailles ne savait quel
parti prendre; la lettre de la loi étant conforme à ces prétentions, il consulta
la Cour qui n'hésitait jamais à interpréter les textes d'une façon extensive.
On lui répondit qu'il fallait multiplier les logements de dragons, ce qui fut
exécuté. Quelques personnages marquants n'eurent pas moins de cent hommes
à entretenir chez eux. Des oppositions par voie légale furent hasardées. Se
certains consuls reçurent, de la main d'officiers publics, des sommations judi-
ciaires d'avoir à se conformer aux prescriptions de l'édit; mais l'autorité n'en
tint pas compte. Une ordonnance royale défendait de contribuer directement
ou indirectement aux évasions des réformés, sous peine de trois mille livres
d'amende au moins, Se de punition corporelle en cas de récidive. L'ardeur de
l'émigration n'en fut pas ralentie.
Tout en s'applaudissant de la destruction de l'hérésie, les États ne pou-
vaient s'empêcher de constater les souffrances produites par l'occupation mili-
taire dans diverses parties de la Province. Les rapports présentés par les
syndics diocésains & les dépositions des consuls étaient unanimes. On exposa
au duc de Noailles que les communes religionnaires étaient ruinées par les
logements^, qu'elles souffraient depuis deux ans sans relâche, que les étapes
montaient à des sommes considérables qui seraient encore plus fortes cette
année, aussi bien que les quartiers d'hiver; que les missions Sa. les répara-
tions des églises leur feraient une nouvelle surcharge. Le commandant en
chef promit d'appuyer les requêtes de la Province auprès du roi^.
Cette affaire des missions causait de grandes difficultés, L'usage s'en était
répandu dans la Province pendant les années qui précédèrent l'édit de révo-
cation"*; lorsque les abjurations se produisirent par milliers, il fallut aussi
' Millot, Mémoires du duc de Noailles^ p. 280. '' « Sur la fin de l'année i683, il s'est fait une
' Voici la liste des régiments cantonnés en Lan- mission célèbre à Montpellier par le R. P. Honoré
guedoc pendant l'hiver de i685-86 : de Caunes, accompagné du V. P. Clément de la
Régiment à'Hudicourt, cavalerie. — Régiment Canourgue, avec autant ou plus d'éclat & de succès
des dragons de Fimarcon. — Sept compagnies du que celle qui se fit à Tolose l'année 1678; aussi
régiment de dragons de Bariesières. le R. P. Gaspard, provincial, y présida, y donna
Infanterie : régiment de La Fère, — Régiment tous les ordres nécessaires après y avoir appelé un
de Zurlauhen, — Régiment de Beauyoishi, — Six grand nombre de missionnaires qui estoient tous
compagnies de Koenigsmiirck, des gens à caractère, des ex-provinciaux, des ex-
Dépense pour cinq mois : 178000 livre», sans définiteurs, des gardiens, des ex-gardiens, lecteurs
compter les officiers réformés, les états-majors, les ex-lecteurs & autres jusqu'au nombre de trente j
places des commissaires & quelques autres frais à on ne met pas ici le détail de cette missionj on le
régler par l'intendant". trouvera dans les relations qu'on en a fait &
' Millot, Mémoires du duc de Noailles, p. 280. remis dans les archives". «
■ Procès-verbal des États de Languedoc. Séance du 7 dé- " Archives de la Haute-Garonne. Mémoires des capucins
cembre i685. de Toulouse, p. 2o5.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 671
multiplier les apôtres. L'archevêque de Paris, François de Harlay-Champ-
vallon, fit partir pour le Languedoc une troupe de bons prédicateurs destinés
à compléter la conversion} mais, comme il les avait choisis sans consulter le
père de la Chaise, Si que, dans le nombre se trouvaient plusieurs religieux
de l'Oratoire, le confesseur du roi en éprouva un vif mécontentement & s'en
plaignit à l'intendant de Languedoc par une lettre pleine d'humeur. D'autre
part, Bâville 6t Noailles craignaient un mauvais emploi des fonds par les
évêques : les membres du haut personnel ecclésiastique ne vivaient pas en
parfaite intelligence; on avait vu, aux Etats, une lutte scandaleuse s'élever
entre deux prélats qui se disputaient la députation à la Cour, Se. il n'était pas
rare que des pamphlets fussent envoyés au ministère pour dénoncer des abus
plus ou moins réels.
Le cardinal de Bonzi, toujours fidèle interprète des volontés souveraines,
avait demandé, au nom du roi, une subvention extraordinaire de cent mille
livres, destinée, moitié « à la construction d'églises qu'on devoit faire ou
« agrandir dans les diocèses où le nombre des nouveaux convertis étoit si
« grand qu'il n'y pouvoit contenir, » 81 moitié à la subsistance des missions
employées pour les instruire. Le cardinal expliquait à l'assemblée que cette
dernière somme était très-minime comparée à celles que le roi Se le clergé de
France consacraient au même objet, qu'il ne fallait pas confondre avec les
anciennes missions le service de ces prédications exceptionnelles rendues
nécessaires par le grand nombre de nouveaux catholiques qu'on était forcé
d'instruire tous à la fois dans un changement de religion pour les mettre en
état de pouvoir bientôt participer aux sacrements. Les commissaires du roi
avaient eu d'ailleurs le soin d'insister auprès du cardinal en le priant d'assurer
à l'assemblée que cette demande serait sans conséquence & n'engagerait pas
l'avenir, soit pour les églises, soit pour les missions. L'assemblée vota la
somme. pour une année seulement, & autorisa le trésorier de la bourse à
donner les fonds sur des mandats signés par le cardinal à qui les évêques des
divers diocèses fourniraient l'état des églises à réparer 8t des missionnaires à
entretenir'.
L'insuffisance des églises ne tenait pas seulement à l'affluence des fidèles
que les ordonnances du roi venaient de conquérir à la foi catholique St dont
elles prescrivaient l'assiduité aux offices, mais aussi aux grandes démolitions
d'édifices religieux qui avaient été faites par les protestants à l'époque de
leurs triomphes, durant les périodes orageuses du seizième 6t du dix-septième
siècle. Rien n'était plus commun que les oratoires ruinés dans les montagnes
de rUzège & du Gévaudan,
Diverses mesures avaient été prises en divers temps pour relever ces ruines.
Roux de Montbel, l'un des syndics généraux de Languedoc, rappela aux
Etats qu'un arrêt du conseil du 10 décembre 1634, rendu au nom des curés
8t vicaires perpétuels des diocèses de Nimes, Uzès, Viviers & Mende, sur la
■ Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du lo noyembre i685.
irtSà
i685
572 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
requête d'un particulier, & homologué par les États le 22 février 1661, avait
établi, dans ces quatre diocèses, un droit de deux deniers sur chaque livre de
viande vendue Si consommée, pour en faire un fonds destiné à la réédifica-
tion des églises démolies par les protestants j que cette résolution n'avait pas
eu de suite, & que le moment semblait venu de la faire revivre afin d'obvier
aux grandes nécessités des nouvelles conversions. Les États déclarèrent ne pas
s'opposer à l'établissement du droit, s'il était du bon plaisir de Sa Majesté, en
exprimant le vœu que la dépense pût être faite en moins de deux années'.
On s'occupa aussi, d'une façon spéciale, de la nouvelle cathédrale de Mon-
tauban, ce diocèse étant un de ceux où le nombre des catholiques avait aug-
menté dans les plus grandes proportions à la suite des vigoureuses démarches
de l'intendant. L'évêque ayant sollicité la construction d'une église mieux
en rapport avec la population qui devait la fréquenter, M. de la Berchère,
maître des requêtes & commissaire départi dans la généralité de Montauban,
fit dresser les devis de cet édifice dont la dépense totale se trouva fixée à cent
quarante-quatre mille livres. Un arrêt du conseil d'État, daté du 7 août i685,
autorisa pour faire face à ces dépenses la levée pendant douze ans consécutifs^
« conjointement avec la taille & sans retardation d'icelle, » d'une somme de
douze mille livres, dont huit mille prises dans les communes du pays d'élec-
tion appartenant à la Guienne, 8c quatre mille dans les paroisses situées
en Languedoc 8t formant le diocèse bas Montauban, disposition approuvée
par les États dans la séance du 3 novembre sur la requête de l'évêque de
Montauban.
1686 Plus on avançait, d'ailleurs, dans la malheureuse politique de répression
adoptée à l'égard des réformés, plus on était contraint d'aggraver leurs condi-
tions d'existence, par suite des nécessités inattendues qui se révélaient. La
révocation de l'édit de Nantes avait supposé une conversion miraculeuse,
un anéantissement absolu de la volonté des protestants devant les exigences
du roi. Comme il n'en était pas ainsi, une foule de difficultés d'exécution
auxquelles on n'avait point songé surgirent chaque jour, 81 l'on n'y portait
remède qu'en compliquant & en rendant plus insupportable encore le régime
contre nature que l'on avait adopté.
Ainsi l'année 1686 vit paraître un nouvel édit royal qui tendait « à sup-
« pléer au défaut des parens encore malheureusement engagés dans l'hérésie
« qui ne pouvoient faire qu'un mauvais usage de leur autorité naturelle pour
« l'éducation de leurs enfans. » L'édit ordonnait que tous les enfants âgés
de cinq à seize ans accomplis, seraient mis entre les mains de leurs parents
catholiques, s'ils en avaient qui voulussent se charger d'eux, 8< dans le cas
contraire, entre les mains d'étrangers catholiques, choisis par les juges, qui
fixeraient aussi le chiffre de leur pension. Si les pères ou mères étaient, par
insuffisance de fortune, dans l'incapacité de payer les frais de pension, les
enfants seraient mis dans les hôpitaux les plus voisins de leur habitation.
■ Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du 18 novembre iâ85.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. SyS
Huit jours étaient donnés pour l'exécution complète de la nouvelle ordon-
nance; on y procéda avec rigueur. Les couvents, les collèges, les hôpitaux
furent remplis de jeunes réformés enlevés à leurs familles, & beaucoup de
catholiques se virent imposer malgré eux des pupilles à élever & k nourrir.
Les protestants n'étaient pas l'unique objet des sévérités du gouvernement
qui ne se montrait guère moins impitoyable à l'égard des jansénistes. La Pro-
vince de Languedoc en eut un exemple mémorable dans la destruction de
l'institut des Filles de l'Enfance, dont la maison-mère fut traitée avec autant
de rigueur qu'un temple calviniste.
Cet institut avait été fondé à Toulouse en 1661 par une veuve de qua-
lité, Jeanne de Juliard de Mondonville, fille d'un conseiller au Parlement'.
C'était une personne d'une assez grande fortune & d'une ardente charité,
qui, ayant résolu de rompre avec le monde, s'était consacrée à l'instruction
des jeunes filles Se au soulagement des pauvres. Elle commença par entretenir
cliez elle un certain nombre de nouvelles converties, elle y appela aussi d'au-
tres écolières de diverses conditions, qu'elle formait à la vie chrétienne. Elle
faisait faire également des écoles dans sa maison Se dans différents quartiers
de la ville où l'on apprenait gratuitement aux jeunes filles à lire, à écrire, à
compter, à coudre & à filer; elle prenait un soin particulier des pauvres
malades, leur fournissant des bouillons, des médicaments, des secours de
toute nature Se les faisant visiter par un médecin 8t un chirurgien dont elle
soldait régulièrement les honoraires.
Le succès de cette première entreprise détermina Madame de Mondonville
à faire œuvre plus durable, en créant une congrégation de filles où fussent
perpétués les principes qu'elle avait inculqués à ses élèves.
Dans le cours de la dernière maladie de son mari, elle avait eu l'occasion
d'apprécier au chevet du mourant les qualités éminentes d'un ecclésiastique
de renom, qui s'était distingué par son zèle Si son courage à servir les pes-
tiférés pendant l'épidémie de Toulouse; l'abbé de Ciron, chancelier de
l'église métropolitaine de Saint-Etienne Se de l'Université, qui avait assisté
M. de Mondonville pendant toute son agonie, devint le confident des projets
de sa veuve, Se dressa les constitutions de l'ordre qu'elle voulait fonder.
L'abbé de Ciron appartenait à l'école de l'évêque d'Alet; il poursuivait
l'idéal d'un christianisme épuré, dégagé de toutes les innovations Se de toutes
les petites pratiques extérieures où les esprits sévères croyaient retrouver une
' Gilles de luliard, conseiller au Parlement de de Juliard, prêtre, docteur en théologie, prévôt
Toulouse, & sa femme, Jeanne de Puymisson, dont de l'église métropolitaine de Toulouse, sur la
la bienfaisance fut longtemps célèbre dans le pays, plainte par lui portée au sujet d'un libelle diffi-
eurent deux enfants. Madame de Mondonville & matoire publié contre la mémoire de feue Ma-
Denys de Juliard, président aux enquête», père dame de Mondonville, sa tante, sous le titre
d'un abbé de Juliard qui publia, en I735, une d'Histoire Je la congrégation des filles Je l'Enfance,
apologie de la congrégation fondée par sa tante, avec l'arrêt du Parlement de Toulouse du 25 mai
sous le titre : Histoire Je la congrégation Jes filles 1735, qui condamne ledit libelle au feu, & le
Je l'Enfance, contenue dans un mémoire présenté procès-verbal d'exécution dudit arrêt. A Toulouse,
au Parlement de Toulouse par messire Guillaume chez Jean Guillemette, lySS.
1686
i686
574 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tendance lointaine à l'idolâtrie. Il voulut traduire ses sentiments personnels
en maximes de conduite à l'usage de la congrégation nouvelle, & en fit le
fond de son plan d'institut, approuvé en 1662 par l'archevêque de Toulouse,
Pierre de Marca, & confirmé le 9 novembre de la même année par un bref
du pape Alexandre VII.
Un des traits caractéristiques de ces constitutions est l'aversion la plus
marquée pour la mise en scène, l'appareil extérieur & les pratiques supersti-
tieuses. Le fondateur semble redouter toute déviation de l'esprit religieux, il
ne veut pas que le respect des formes puisse tenir lieu de vertu, que l'on
matérialise la piété, ni que l'on se paye de paroles; il s'attache au fond 8c non
aux formules.
Le chapitre XVI est intitulé « de l'exclusion de toute singularité; d sous la
plume de l'abbé de Ciron, ce mot de singularité prend l'acception la plus
étendue. Point de chapelle extérieure, de clocher, ni de cloches plus grandes
qu'il ne les faut pour être entendues de la maison. Point d'assemblées le jour
de la réception & de l'engagement des filles; jamais d'exposition du Saint-
Sacrement ni d'indulgences accessibles au public.
Les filles ne changent ni leur nom de baptême ni leur nom de famille;
elles demeurent ce qu'elles sont, sans chercher à se travestir en aucune sorte.
Elles ne doivent pas non plus s'appeler sœurs entre elles, se contentant de
« l'être par les œuvres & par la pratique d'un support & d'une patience infa-
« tigable'. » Il leur est également interdit d'accepter l'obligation d'offices
ou de prières de communauté en faveur des particuliers. Les ennemis de
l'institut ne manquèrent pas d'exploiter ces prescriptions & de les dénoncer
comme une satire indirecte à l'adresse des maisons conventuelles.
Pour leur costume, le fondateur ne veut pas qu'elles affectent d'étoffe par-
ticulière; elles se serviront indifféremment, suivant les saisons, de celles qui
seront au-dessous de la pure soie; honnêtes, simples & unies; point de bro-
deries, de passements, de garnitures d'or ou d'argent. Si les étoffes modestes
viennent à la mode, on attendra que la première chaleur de cette mode ait
passé, & que ces étoffes aient perdu l'attrait accidentel que l'inconstance du
goût leur a donné.
Toutes les couleurs sont reçues pourvu qu'elles soient obscures ou neutres;
noir, gris, feuille morte, blanc; la supérieure étant libre de régler ces détails
d'après lage, le caractère & la qualité des personnes.
i)es gants & des manchons simples, sans ruban ni garniture; des coiffes de
taffetas, de crêpe ou de tout autre tissu commun; des souliers sans passement
ni broderie, bordés d'un seul galon de couleur non éclatante; point de coupe
particulière, ni d'uniforme, mais un caractère de modestie. La gorge doit être
bien couverte, le col & les bras fermés. Le linge fin 81 empesé est permis
pourvu qu'il ne soit ni transparent ni brodé. En tout ce qui concerne les
vêtements, il est expressément recommandé de garder une juste mesure, pour
■ Constitutions de lu congrégation des filles de l'Enfance, p. 32. (Chap. xvi.)
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÊDIT DE NANTES. SyS
ne point faire rire les fous & ne point contrister les sages, &. de s'éloigner
également de la frivolité des modes nouvelles 8c du ridicule des modes
surannées'.
La même simplicité doit se retrouver dans les meubles; pas d'autre tapis-
serie que la bergame ou autre étoffe commune, avec une natte au-dessous
quand la rigueur du froid l'exige.
S'éloigner à la fois de la vanité mondaine & de la singularité des cloîtres,
telle est la pensée dominante de l'abbé de Ciron. Il proscrit les dortoirs, les
réfectoires, les cellules, non moins que les pavillons, les galeries & les salons.
Il ne veut pas que l'on construise des bâtiments monastiques ou des palais,
mais que l'on achète, autant que possible, des habitations privées, &, si l'on
bâtit, qu'on imite « les maisons des bons bourgeois, dans les limites de la
« simplicité chrétienne^. »
L'esprit de corps, si puissant dans les ordres religieux, ne trouve pas grâce
devant le pieux réformateur, qui ne néglige rien pour en préserver sa com-
munauté. Se qui en signale les abus avec une sagacité remarquable.
« Il ne faut point se persuader, dit-il, qu'on puisse être humble, patient
« & désintéressé pour soi, superbe, vindicatif 8c intéressé pour la congréga-
« tion... Il n'y a pas deux Evangiles, l'un pour elle 8c l'autre pour eux,...
« un Évangile qui commande aux particuliers de faire l'aumône 8c qui en
« dispense les communautés. » Prétendre intéresser Dieu aux affaires tem-
porelles de la congrégation, croire qu'on ne saurait acquérir trop de biens
parce que tout lui appartient, qu'on peut plaider pour des vétilles, 8c peu
charitablement pour les choses considérables, incommoder le prochain pour
s'accommoder soi-même, laisser mourir des malheureux dans la nécessité, en
ayant des maisons où règne le superflu, exercer des vengeances 8c des inimi-
tiés sous prétexte de le faire au nom de Dieu qu'on prétend attaqué en sa
personne, lui paraissent autant d'horreurs monstrueuses dont il veut garantir
sa congrégation.
Il défend que l'on plaide pour des intérêts peu considérables, recomman-
dant l'arbitrage toutes les fois qu'il sera possible; qu'on s'attache trop à
la fortune pour la réception des filles. S'il s'en présente de pauvres, qui
aient une vocation marquée, on en recevra autant que les revenus permet-
tront d'en entretenir. « S'il n'y a de logement que pour une, on recevra la
pauvre, « à l'exclusion ou au retardement de celle qui portera du bien à la
« maison. »
Au temps des nécessités publiques, lorsque le blé est très-cher 8c qu'il y a
grand nombre de pauvres, la communauté ne craindra pas d'employer, outre
le superflu des revenus de l'année courante, la réserve des années antérieures,
6c même d'emprunter des sommes médiocres, suivant les facultés de la maison,
pour être employées au soulagement des misérables 3.
■ Constltat'ions de la congrégation des filles de ' Constitutions de la congrégation des filles de
l'Enfance. (Chap. xvii. Des habits tant en leur VEnfance. (Chap. xix. Des bâtiments.)
nature (ju'en leur forme.) ' Idem. Chap. xxil. Des vertus de communauté.
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l686
5^6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Comme on le voit, le but de l'abbé de Ciron Se de Madame de Mondonville
avait été d'assurer à leur œuvre les avantages de l'association Se les mobiles
généreux du sentiment chrétien, tout en la préservant des travers de l'esprit
de corps Si du matérialisme des pratiques extérieures. De tels principes se
trouvaient en contradiction trop directe avec les maximes, moins religieuses
que politiques, de la compagnie dont l'écrasement des réformés rehaussait en
ce moment la puissance, pour ne pas soulever, dès le début, de redoutables
inimitiés. La fondatrice de l'institut s'était aliéné d'avance les sympathies
des communautés en laissant écrire par ses premières compagnes qu'elle n'en-
tendait point faire de sa congrégation une n^aison religieuse ni la soumettre
aux exagérations d'austérités £>i aux minuties de la plupart des couvents'. On
affecta de voir dans son entreprise une conspiration janséniste; il n'en fallait
pas davantage pour amasser contre elle des hostilités violentes qui pendant
plus de vingt-quatre ans l'attaquèrent sans relâche & finirent par triompher.
La guerre commença de bonne heure, & se fit d'abord par voie détournée,
sur la fin même de l'année 1662, malgré les garanties de durée que le bref du
pape Alexandre VII semblait assurer à l'institution*. Pendant la vacance du
siège métropolitain de Toulouse, une lettre de cachet enjoignit aux vicaires
généraux, dont l'abbé de Ciron faisait précisément partie, d'empêcher touie
innovation dans le diocèse jusqu'à la nomination d'un nouvel archevêque, S.i
l'on s'autorisa de ce que l'approbation de l'institut, préparée du vivant de
Marca, n'avait été publiée qu'après son départ de Toulouse & signée de son
vicaire général, pour comprendre l'établissement au nombre des innovations
interdites Si prescrire la suspension de tout exercice.
Le coup fut évité par la production de plusieurs documents décisifs, l'inter-
vention du chapitre de Saint-Etienne, des capitouls 8<. du sénéchal qui don-
nèrent des certificats de notoriété. Une seconde lettre de cachet détruisit l'effet
de la première; les grands vicaires durent rétracter leur ordonnance ■'',8<. le
' On lit dans la requête présentée à l'archevêque ' n ...praerata statuta seu constitiitiones... auctc-
<Je Toulouse par Madame de Mondonville, en son ritate apostolica tenore praesentium confirmanus
nom personnel & au nom d'Isabeau de Belleville, & approbamus, illisque invlolabilis apostolicae
Françoise de Chambert, Jeanne Donnadieu, Marie firmiiatis robiir adjicimus, ac omnes & singulos
d'Ortis & Françoise de Costos, pour solliciter l'ap- juris & facti defectus, si qui super quomodolibet
probation des règlements de l'institut, que le suc- intervenerint supplemus, decernentes statuta seu
ces des premiers exercices de charité conduits par constitutiones hiijusmodi, necnon praesentes lit-
la suppliante, avec le concours de ses associées teras seraper firma , valida 8t efficacia existere Se
volontaires, l'aurait n engagée à regarder cette stare, suosque plenarios & intègres effectus sortir!
correspondance desdites filles comme un effet d'une & obtinere, ac ab illis ad quos seu quas spectat,
grâce particulière, 8c comme une marque que & pro tempore spectabit, inviolabiliter obser-
Dieu demandoit d'elle, que pour favoriser leurs vari
bonnes intentions, elle se rendît fondatrice & insti- u Datum Romae apud Sanctam Mariam Majo-
tutrice d'une congrégation de filles, non toutefois rem, sub annule Piscatoris, die 6" novembris 1662,
religieuse, sous le titre de l'enfance de Notre-Sei- pontificatus nostri anno octavo'.u
gneur Jésus-Christ, à laquelle elles ont une singu- ' L'ordonnance prohibitive était datée du 4 juil-
lière dévotion, pour y vivre & servir Dieu dans le let i663j la rétractation parut le 18 août sui-
célibat, 8c sous le vœu simple de stabilité ' n vant.
• Mémoire pour mcssirc Guiiîaumc de JuliarJ, p. 14. ' Mémoire pour messire Guillaume de Juliard. p. 20.
LIV. III. REVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 5/7
Parlement de Toulouse à qui la fondatrice, alarmée par ces démarches, avait
demandé une sanction judiciaire, confirma de son autorité les règlements de
l'institut, avec défense d'y porter obstacle, sous peine de quatre mille livres
d'amende '.
Pour comble de sécurité, des lettres patentes du roi, données au mois d'oc-
tobre i663, approuvèrent la congrégation, autorisant la directrice 8c les per-
sonnes qui lui succéderaient à recevoir « toute sorte de legs pieux, donations
« Si testamens, acheter & acquérir les biens & possessions qui pourroient
« contribuer à faire ou à augmenter les fonds 8c revenus pour l'entretien de
« la congrégation^. »
A la suite de ces approbations, confirmées par d'autres témoignages non
moins explicites, la maison de Toulouse fut bientôt en état de fonder trois
succursales, l'une à Saint-Félix de Caraman, l'autre à Montesquieu de Vol-
vestre, 8c la dernière à Pézénas.
M. de Bertier, évêque de Rieux, en permettant aux filles de l'Enfance de
s'établir dans son diocèse, où elles devaient vaquer aux soins des malades 8c
des nouvelles converties, rendit un éclatant hommage à leurs services. « Elles
« pratiquent, dit-il, ce qu'il y a de plus sublime dans la vie religieuse sous
« un habit séculier, qu'elles ont gardé seulement pour vaquer avec plus de
« facilité à toutes les œuvres de charité où le bien du prochain les appelle''. »
L'évêque d'Agde, Louis Fouquet, ne fut pas moins expressif; il déclara
qu'en étudiant les constitutions de l'Enfance avec le plus grand soin, il v
avait vu « un dépôt admirable des vertus solides de la véritable piété » sans y
pouvoir découvrir, après un rigoureux examen, rien de contraire à la tradi-
tion des apôtres, à l'usage 5c à la discipline de l'Église; il reconnaissait au
nouvel institut l'avantage de « ramasser tout ce qu'il y a de pur 8c de parfait
« dans les cloîtres Se d'utile dans les vertus des familles vraiment chré-
« tiennes. » Le prélat ne laissait pas d'ailleurs que de traduire d'une façon
assez transparente les inquiétudes que lui inspirait l'avenir de la fondation.
Il exhortait « ces saintes vierges, consacrées à honorer l'enfance d'un Dieu
« dont le berceau a été si violemment agité par les persécutions des ennemis
« de son Evangile, d'avoir bon courage 8c de ne pas se troubler s'il les hono-
« roit du même sort, » espérant que « ce saint germe qui est d'en haut »
ne serait ni « étouffé par l'esprit du mensonge, ni détruit par l'ouvrier
« d'iniquité ^. »
L'extension de l'œuvre ne décourageait pas la persévérance de ses ennemis.
Le crédit qu'ils avaient auprès de M, de Bourlemont leur permit d'obtenir
deux arrêts du conseil d'Etat, à la suite desquels Madame de Mondonville fut
' L'arrêt du Parlement de Toulouse, rendu sur des biens qu'elle possédait & de ceux qu'elle pour-
requête de Madame de Mondonville & conclusions rijit acquérir par contrats, testaments, codicilles,
du procureur général, fut prononcé le 3i août dojiations, légats ou autre manière.
i663. ' Approbation donnée à Rieux le 2J mars |665.
* Ces lettres furent enregistrées au Parlement * Approbation donnée au séminaire de Notre-
Jc Toulouse le 17 novembre i66'i, sous la réserve Dame, près Villefranchc-de-Rouergue, le 22 juin
que Madame de Mondonville payerait les charges i66,j.
XIII. 3?
168Û
i686
5/8 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
contrainte de fermer ses classes dans le printemps de l'année 1666. Comme
plusieurs pauvres filles qui fréquentaient ces écoles s'habituèrent alors dans
un couvent de religieuses, on tira habilement parti de l'ignorance & de la
timidité de ces enfants pour leur arracher diverses dépositions qui, enrichies
de commentaires, purent être présentées à la Cour comme des preuves mani-
festes du caractère janséniste de l'enseignement. L'affaire eut un certain éclat.
M. de Bourlemont, M. de Montpezat, alors évêque de Saint-Papoul, M. de
Bezons s'en occupèrent; mais le travail n'était pas encore à point, Si la mine
fut éventée. L'archevêque de Toulouse répara même l'effet de ces démarches
en publiant une nouvelle approbation des statuts'.
Le cardinal de Bonzi, arrivé au siège métropolitain de Toulouse, montra
d'abord des dispositions très-favorables. Dans le procès-verbal de visite qu'il
dressa le 14 septembre 1672, après avoir étudié l'établissement dans tous ses
détails, il se plaisait à reconnaître qu'on n'y pouvait trouver que des sujets
d'édification.
Il louait la vie retirée des filles de l'Enfance, les soins qu'elles donnaient
aux malades, leur distribuant les bouillons & les remèdes préparés de leurs
mains, leur fournissant des matelas & des couvertures pendant leurs mala-
dies; la sage direction des écoles établies dans trois quartiers différents de la
ville, oïl les filles de toute condition étaient instruites gratuitement dans la
piété & dans les bonnes œuvres, apprenaient à lire, écrire, compter &. tra-
vailler de leurs doigts; l'établissement des pensionnaires, & les retraites que
faisaient souvent dans la maison des filles, des femmes mariées ou des veuves,
ayant leurs quartiers à part.
Ce fut à peu près vers le même temps que le cardinal Grimaldi, arche-
vêque d'Aix, autorisa la fondation d'une autre succursale dans sa ville
métropolitaine ^.
La protection du prince de Conti, la bienveillance particulière de la reine
Marie-Thérèse qui chargea Madame de Mondonville de l'accomplissement
d'un vœu qu'elle avait fait pour ses enfants, les préférences d'un grand
nombre de familles distinguées, qui mettaient leurs filles dans le pensionnat
de Toulouse — l'intendant d'Aguesseau & le premier président Fieubet y
tenaient les leurs — avaient notablement accru dans le pays la réputation
de l'institut, lorsqu'en i683 un éclat se produisit, qui précipita la catastrophe
finale.
Le 20 novembre, Guillemette de Prohenques, professe de la maison depuis
environ quinze ans, quitta subitement la congrégation, en alléguant les
mauvais traitements qu'elle y avait reçus. Elle s'était échappée par une
fenêtre qui donnait sur le jardin S< qu'elle avait forcée à l'aide d'un marteau
employé par ses compagnes dans leurs travaux de reliure. L'archevêque
' Cette approbation, datée du 6 avril 1667, an- ' Ordonnance donnée à Aix le iï janvier 1674.
nulait expressément les ordonnances rendues par L'établissement d'Aix fut confirmé par lettres pa-
les vicaires généraux le 22 mars & le 23 mai de tentes du mois de juillet 1678, enregistrées au
la même année. Parlement de Provence le 14 octobre 1678.
LIV, III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. Syç
Montpezat de Carbon, fit une enquête minutieuse, vérifia l'inexactitude de
certaines calomnies relatives à la prétendue imprimerie clandestine de livres
jansénistes que les ennemis de Madame de Mondonville disaient établie dans
sa maison. La fugitive, qui finit par se marier, s'était rendue à Paris où l'on
utilisa ses dépositions. Alors les inimitiés qui menaçaient l'ordre depuis sa
naissance redoublèrent de vigueur.
Pierre de La Broue, évêque de Mirepoix, a raconté qu'en 1682 ou i683,
étant logé à Toulouse, dans le séminaire de Caraman, il y reçut la visite de
deux religieux qui le prièrent d'autoriser de sa signature divers mémoires
contre Madame de Mondonville, ce qu'il refusa de faire, ne se regardant pas
comme suffisamment informé.
La situation des filles de l'Enfance était déjà très-compromise avant que
d'Aguesseau ne quittât l'intendance de Languedoc. Le chancelier son fils
raconte qu'à l'époque où sa sœur, emportée par une vocation irrésitible, entra
dans cette communauté, la crainte des périls qui la menaçaient, dans un
avenir prochain, malgré la protection de « deux puissances » contribuait à
rendre plus vifs les regrets de la famille.
La foudre commença d'éclater au mois d'octobre i685. Il parut un ordre
du roi défendant par provision à Madame de Mondonville de recevoir aucune
novice dans la communauté'.
Trois mois après, le subdélégué Mariotte, qui était l'exécuteur ordinaire
des volontés de Bâville, présenta une nouvelle prohibition encore plus éten-
due. Celle-ci défendait de recevoir aucune pensionnaire^.
Avertie par ce contre-temps. Madame de Mondonville crut devoir se rendre
à Paris, où une commission composée de l'archevêque de Harlay, du mar-
quis de Châteauneuf, du père de la Chaise 8c de l'official Chéron avait été
nommée pour examiner les plaintes portées contre elle. On l'amusa par de
bonnes paroles, on l'empêcha d'obtenir une audience du roi qu'elle sollicitait
pour s'expliquer ouvertement, 8c le 28 avril 1686, elle reçut une lettre de
cachet qui lui ordonnait de se rendre incessamment à Coutances en basse
Normandie 8c d'y attendre de nouvelles instructions 3.
' « De par le Roi, Sa Majesté désirant pour * « Considérant qu'il est encore nécessaire pour
quelques considérations, que le nombre des filles les mêmes raisons, que l'on ne prenne point dans
de la communauté de Toulouse, dite vulgairement cette communauté des pensionnaires pendant quel-
de l'Institut fondé par la dame de Mondonville, que temps, Sadite Majesté mande & ordonne très-
ne puisse être présentement augmenté, Elle mande expressément tant à la supérieure qu'autres per-
& ordonne tant à la supérieure qu'autres per- sonnes qu'il pourroit appartenir, de ne recevoir
sonnes qu'il appartiendra, de ne recevoir dans dans ladite maison aucune pensionnaire, jusqu'à
ladite communauté aucune fille jusqu'à nouvel ce que par Elle il en ait été autrement ordonné,
ordre de la part de Sa Majesté, sur peine de déso- sur peine de désobéissance. Fait à Versailles, ce
béissance. ip* jour de janvier 1686. »
« Fait à Fontainebleau, le 24' jour d'octobre ' D'Aguesseau écrivait à sa fille le 29 avril
i685. 1686 :
« Louis. — Phelïpeaux'. » <i Vous avez sans doute appris, ma chère fille,
l'ordre que Madame de Mondonville a reçu du
' Hémoire de l'abbé Je Juliard, p. 86. roi de îe rendre à Coutances en basse Normandie.
1686
i6i6
58o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Pvien n'empêchait plus alors de compléter la victoire.
L'arrêt de suppression, poursuivi depuis tant d'années par des haines infa-
tigables, fut prononcé au conseil du roi le 12 mai 1686. Il y était dit que le
roi, s'étant fait représenter toutes les pièces relatives à la congrégation, révo-
quait les lettres patentes de i663, que les filles de l'Enfance devraient se
disperser avant la fin du mois de décembre, avec permission de se retirer où
il leur plairait & que les biens donnés à la communauté seraient remis en
la possession de ceux, qui les y avaient apportés; réservant aux supérieurs
ecclésiastiques territoriaux le soin de pourvoir au spirituel en ce qui touchait
la dissolution de l'institut.
L'arrêt du conseil fut signifié à la maison de l'Enfance par le subdélégué,
le i^"" juin.
Le 2, l'archevêque rendit son ordonnance, dont les termes lui avaient été,
disait-on, imposés, à son grand regret, par le père Pvoques & les autres jésuites
de Toulouse. Le prélat s'appuyant sur les réserves contenues dans le bref
apostolique de 1662, sur l'avis des docteurs qui déclarait l'institut contraire
aux maximes ecclésiastiques, 8t sur l'arrêt du conseil, prescrivait d'enlever
le Saint-Sacrement des chapelles 8c de célébrer une messe dans laquelle on
consumerait les hosties consacrées, £<. d'enlever les tabernacles, les vases, les
reliques & tous les objets du cuite.
La cérémonie s'accomplit dans son entier. Un grand vicaire de l'arche-
vêque, accompagné du promoteur, d'un notaire apostolique 8c de plusieurs
prêtres, rassembla la communauté dans la chapelle. Il exhorta les filles à la
résignation 8c leur fit donner lecture des actes publics. 11 monta ensuite à'
l'autel pour dire la dernière messe, triste comme un service funèbre. Toutes
les assistantes sanglotaient. Le spectacle de cette douleur toucha le vicaire
général, qui leur adressa, avant de les quitter, une allocution émue. Il se fit
remettre les objets du culte. Le parti vainqueur tira grand avantage de ce
qu'on n'avait pas trouvé un seul reliquaire dans la maison. Depuis vingt-
quatre ans que l'institut existait, on disait qu'il n'eût pas été difficile à la
où elle se dispose d'aller incessamment, & je crois comme j'ai fait, n'ayant eu garde de m'y employer
même qu'elle partira demain, afin d'obéir avec que sous cette condition, à laquelle je l'ai trouvée
toute la diligence & l'exactitude qu'elle doit à la tiès-Jisposée d'elle-même',.. »
volonté de Sa Majesté. Je ne doute pas que cette MademoiselIed'Agucsseau, qui avait auprèsd'elle
nouvelle ne vous cause une très-sensible douleur, une de ses sœurs, âgée de six ou sept ans, mariée
& vous jugez à mon égard que, quand je n'en se- plus tard au maître des requêtes Le Guerchois, alla
rois pas touché par l'estime que j'ai pour Ma- se réfugier à Paris dans la maison paternelle, où
dame de Mondonville, je le serois pour toujours elle mena jusqu'à sa mort une vie très-austère &
extrêmement par rapport à vous. Mais je dois vous très-retirée. Elle ne mangeait pas à la table de ses
dire, pour votre consolation, qu'elle ne s'est pas parents, venait seulement les voir après les repas,
attiré ce malheur par la conduite qu'elle a tenue prompte à disparaître aussitôt qu'une visite était
depuis qu'elle est à Paris, n'ayant reconnu en annoncée, ne sortant que pour aller à l'église, sans
elle que des sintimens de soumission pour tout ce autre société que sa sœur & une fille de l'Enfance
qu'on trouveroit juste d'ordonner sur ses consti- qui la servait",
tutions.
- CVst ce qu'elle a déclaré à tous Messieurs ses . y^^^^,-; ^/^ftècw, &c., I, p. 169.
commissaires, & qu'elle m'a prié de leur dire, » Discours sur la vie & la mort de -M. d'Aguesseau, p. 24.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 58i
fondatrice d'acquérir des reliques, « si elle avoit été bien persuadée du crédit
Il des saints auprès de Dieu'. »
Les mêmes formalités furent suivies dans les maisons d'Aix, de Pézénas &
de Montesquieu.
A Toulouse, tous les exercices de l'institut avaient cessé & la cloche de-
meurait muette. Les filles de l'Enfance hasardèrent quelques démarches pour
obtenir un adoucissement aux rigueurs qui les frappaient. Elles demandaient
qu'il leur fût permis d'achever leurs jours dans la maison, promettant de n'y
plus recevoir de postulantes. Elles faisaient valoir l'engagement qui les liait,
& la misère où allaient tomber celles qui avaient été admises sans dot 8<. dont
les familles ne pourraient assurer l'existence.
L'archevêque de Toulo^ise se fit généreusement leur intermédiaire; mais
des raisons de cet ordre n'avaient pas chance de désarmer leurs ennemis. Le
père de la Chaise répondit au prélat, le 3 juillet, qu'on « regardoit cela
« comme une chose faite, » 8c le pria de ne pas renouveler des tentatives qui,
venant de sa part, ne seraient pas bien reçues^.
Alors les filles de l'Enfance recoururent au pape. Elles lui adressèrent deux
lettres fort touchantes qui furent publiées, mais qui n'eurent pas de suite
effective, Innocent XI s'étant contenté de blâmer par un bref, qui parut deux
ans après, la conduite de l'archevêque.
Elles firent aussi deux actes d'opposition datés du 14 septembre, l'un contre
l'arrêt du conseil, l'autre contre l'ordonnance métropolitaine.
Comme elles ne trouvèrent personne pour signifier leur opposition au
prélat, elles se rendirent, au nombre de vingt-cinq, à l'archevêché 8c décla-
rèrent de bouche qu'elles faisaient appel au Saint-Siège.
Une autre lettre, portant trente-neuf signatures, fut adressée à Bâville 8c
courut en Languedoc. Elles écrivirent aussi au roi.
Mais l'acharnement de leurs persécuteurs ne se lassait point. On les accusa
de cabaler avec les ennemis de la religion 8c de l'Etat, de tenir leur maison
ouverte à tout ce qu'il y avait de jansénistes dans la ville, 8c d'admettre
encore des novices, malgré l'arrêt de suppression. Une lettre de Madame de
Mondonville, qui se répandit k cette époque, empreinte des sentiments de
résignation les plus exaltés, ne servit guère leurs intérêts. « Je serois trop
« heureuse, écrivait la fondatrice, si je croyois avoir mérité l'honneur que
« Dieu me fait sur la fin de mes jours. C'est à présent que le ciel verse ses
« faveurs sur moi avec abondance. » On avait hâte d'en finir avec des vic-
times qui parlaient un tel langage.
L'archevêque de Toulouse, Joseph de Montpezat de Carbon, dont le pape
avait si rudement caractérisé la conduite à l'égard des religieuses de Sainte-
Claire, répondit par des marques de faiblesse aux inutiles tentatives que les
filles de l'Enfance hasardèrent auprès de lui. L'abbé de Juliard, neveu de la
' Histoire ie la congrégation Jes filles de l'Enfance, ' Histoire île la congrégation des filles de l'Enfance,
II, p. 3i2. II, p. 317.
1686
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582 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
fondatrice, qui essaya de plaider la cause de l'institut en faisant appel aux
anciennes sympathies du prélat, s'aperçut bientôt qu'on ne devait plus compter
sur sa protection. Les jésuites avaient, pour ainsi dire, mis garnison à l'ar-
chevêché, surveillant de très-près l'exécution des mesures de rigueur qui s'ac-
complissaient par leur influence. M. de Montpezat cherchait à se disculper
indirectement, soit par des lettres privées, soit par des conversations dont
Madame de Mariotte se faisait l'interprète auprès des membres de la commu-
nauté. Les félicitations & les encouragements du père de la Chaise triom-
phèrent sans peine de ses premières répugnances, Se. il souscrivit à tout ce
que l'on voulut.
Le subdélégué Mariotte commença par faire expulser de la maison toutes
les postulantes, au nombre de dix-neuf, qui comptaient s'y être données pour
leur vie entière, & qui laissèrent voir les marques de la plus vive douleur.
Il mit ensuite les scellés partout, en commençant par les chapelles, ce qui
dura jusqu'à la nuit. L'inventaire fut dressé des moindres objets avec une
extrême rigueur. Si se prolongea pendant huit jours, sans laisser un coffre ni
un cabinet qui ne fût cacheté. Le bruit de ces procédures entraînait dans la
maison une foule de visiteurs dont les compliments de condoléances redou-
blaient l'empressement que l'on avait d'en finir. En vérifiant les papiers de
l'institut, le commissaire s'étonna du grand nombre de filles pauvres que
Madame de Mondonville avait reçues. Il croyait, sur la foi des ennemis de la
maison, n'y rencontrer que des personnes de grande fortune St pouvoir mettre
la main sur des sommes considérables. On institua un économe pour régir
les biens jusqu'à la liquidation définitive.
L'institut possédait un domaine à Saint-Orens, où résidaient quelques
filles; on se hâta de les en chasser; mais quelque vigilance que montrât le
commissaire dans l'exécution de son mandat, comme ses deux filles étaient
pensionnaires de l'Enfance, il fut dénoncé auprès de la Cour Se accusé de
mollesse. Une lettre que le marquis de Châteauneuf transmit à Bâville par-
lait de grains &. de troupeaux détournés à la faveur de ces ménagements. La
fausseté de l'accusation fut démontrée; mais le subdélégué ne négligea rien
pour ne pas s'exposer aux mêmes reproches.
Quatre filles de qualité furent cependant envoyées à l'archevêque : c'étaient
Mesdemoiselles de Chaunes, de Ciron, d'Aguesseau 8<. de Fieubet; la con-
versation dura une heure mais n'eut pas de conclusion, le prélat cherchant
presque à se justifier en invoquant l'obéissance qu'il avait dû rendre aux
ordres du roi.
Le personnel de la communauté se composait alors de soixante-cinq per-
sonnes, outre dix ou douze valets employés à la campagne.
Tout ce monde dut vivre sur les soixante livres par semaine que l'on avait
assignées de pension provisoire à l'institut. La misère devint extrême, 8c à
chaque requête nouvelle l'économe répondait par une menace d'expulsion.
Bientôt l'on apprit que la chapelle était condamnée à la démolition, &,
malgré toutes les instances que l'on fit auprès de l'archevêque, une lettre
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 583
expresse de Bâville enjoignit au commissaire d'y procéder sans retard. Pen-
dant une douzaine de jours, l'enceinte de l'édifice, qui avait été décoré à
grands frais 8c orné de reliefs & de peintures, retentit du bruit des mar-
teaux & du chant grossier des maçons. Renfermées dans leurs chambres, les
pauvres filles, en écoutant ces bruits qui leur déchiraient le cœur, pensaient
aux grandes destructions d'églises que les protestants avaient faites pendant
le seizième siècle 8c peut-être aussi aux temples réformés qui s'écroulaient de
toutes parts depuis l'édit de révocation. L'autel, le rétable, le lambris furent
mis en pièces, 8c l'on arracha les tableaux enchâssés dans des encadrements
de pierre taillée qui revêtaient la muraille. Dans l'ardeur de la démolition,
on enleva quelques assises dont le déplacement compromettait la solidité du
plancher voisin; supplié d'arrêter ce travail, le commissaire répondit que tout
devait être arraché jusqu'à la racine.
A la suite de ce dernier éclat, les familles des congréganistes s'émurent
8c réclamèrent leurs enfants. La persécution surexcitait les résistances. Le
premier président qui, dans le fond du cœur, était favorable à l'institut, mais
qui se croyait obligé de montrer des sentiments conformes à sa fonction,
pressa énergiquement sa fille de quitter une retraite où les traces de la foudre
étaient visibles, 8c ne put rien obtenir; il recourut à M. de Montpezat, qui
ne fut pas plus heureux 8c dont toutes ces agitations augmentaient les alarmes.
Le prélat se consolait en disant : « Je ne vois rien dans ces filles qui ait pu
« obliger le roi à les traiter comme on fait; mais c'est un grand monarque
« qui voit les choses par des lumières supérieures aux miennes. »
Cependant, Madame de Mondonville, âgée 8c southante, était tenue à
Coutances dans une étroite captivité. L'intendant de Normandie l'avait con-
duite dans la maison des hospitalières, en remettant à la supérieure une lettre
de cachet qui lui enjoignait de garder sa prisonnière sans lui permettre de
parler à aucun étranger, d'écrire ni de recevoir aucune lettre. Elle s'était fait
suivre d'une des filles de la maison qui fut envoyée, avec deux de ses compa-
gnes arrivées de Paris, auprès de l'intendant de Caen. Ce magistrat les fit
enfermer dans le couvent de la Propagation de la Foi, sous une surveillance
aussi rigoureuse que celle que subissait leur maîtresse.
Dans les premiers jours de septembre arrivèrent de nouveaux ordres du roi
pour expulser quelques-unes des rebelles de Toulouse sans attendre les délais
portés par l'arrêt de suppression. L'archevêque fit faire des démarches parti-
culières auprès de Mademoiselle de Fieubet, qui tint ferme, objectant ses
vœux dont elle ne se croyait pas déliée. Le premier président prit alors le
parti, d'accord avec les autres pères de famille qui appartenaient à la cour,
d'obtenir un arrêt de la grand'chambre. Le Parlement députa deux commis-
saires, MM. de la Font 8c de Sevin, pour réclamer Mesdemoiselles de Fieubet,
de Burta, de Maran 8c les deux sœurs de Cathelan. A la nouvelle de cette
députation, les jeunes filles se réfugièrent dans un galetas où l'on ne pouvait
arriver que par une échelle 8c y demeurèrent obstinément tapies,
M Nous venons ici avec douleur, dit M. de Sevin à Mademoiselle Gautier;
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584 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« tout le monde vous plaint. On n'a point vu le mal que vous avez fait,
« & on a vu le bien. » Néanmoins, comme on ne lui remettait pas les per-
sonnes qu'il avait ordre de ramener, il s'impatienta &. envoya quérir une
vingtaine de soldats à la maison de ville. Les gens du guet parcoururent tous
les coins de la maison, comme s'ils eussent été à la chasse de malfaiteurs.
Leurs fouilles ayant été infructueuses, on leur donna l'ordre d'aller visiter
les combles. Les fugitives furent ainsi contraintes de quitter leur cachette;
on enleva la fille du premier président pour la jeter dans le carrosse de son
père, tandis qu'elle criait de toutes ses forces : « Mesdemoiselles, je vous
« prends à témoin de la violence qu'on me fait, & je renouvelle mes vœux
« tout de nouveau. »
Des scènes analogues se produisirent pour l'enlèvement de Mademoiselle de
Burta & de sa cousine de Cathelan.
Le lendemain de cette exécution, qui eut lieu le 12 septembre, le subdé-
légué fit assembler ce qui restait de la communauté & menaça de punir l'obs-
tination par des exemples terribles. La congrégation fit appel à Rome, &
comme on ne pouvait pas trouver un seul notaire qui osât signifier l'acte à
l'archevêque, ce furent trois filles qui se chargèrent elles-mêmes de ce soin,
non sans exciter force railleries.
Une exaltation singulière continuait à régner parmi les victimes; atten-
dant le dernier coup, dont l'imminence était assurée, elles passaient leurs
nuits en prières, agenouillées sur les masures de la chapelle, comme les pro-
testants des Cévennes sur les ruines de leurs temples démolis.
Le 23 septembre, Mariotte reparut, investit les abords de la maison, y
pénétra avec une douzaine de soldats, &. s'étant saisi des clés, qu'il mit aux
mains de l'économe, trouva une vingtaine de filles réunies au milieu des
décombres. Il apportait un ordre spécial de sortie pour quarante personnes.
Celles qui n'étaient pas désignées furent ramassées dans une chambre avec
une sentinelle à la porte. Quant aux autres, on les jeta dehors sans ménage-
ment. Les soldats du guet, habitués aux captures des rondes de nuit, traî-
naient brutalement les pauvres filles avec force injures. Ils avaient formé la
chaîne dep\iis les salles intérieures jusqu'à la porte d'entrée & se faisaient
passer les malheureuses, toutes en pleurs Si les vêtements déchirés. L'économe
entr'ouvrait la porte pour les pousser dans la rue, où d'autres soldats avaient
ordre de les disperser.
La fille d'un président à mortier du Parlement de Provence, que l'on fai-
sait avancer à force de coups, implorait la foule en criant qu'elle se sentait
mourir. « Mourez si vous voulez, repartirent les gens du guet : nous ne
« sommes pas des porteurs de chaise pour vous porter. »
Il y eut plusieurs évanouissements dans les rues; 81 l'on dut donner les
premiers secours aux malades dans quelques églises voisines, aux Chartreux,
aux Capucins, aux Cordeliers.
Cette expulsion fut tellement lamentable que le subdélégué, en levant les
arrêts des dernières filles de la maison, leur offrit ses excuses, déclarant con-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 585
naître leur innocence mieux que personne du monde, mais être contraint de
faire ce que l'intendant eût fait lui-même, s'il s'était trouvé en ville.
Il ne restait plus à l'institut que vingt-sept personnes de qualité, sans
aucune servante; elles se virent réduites à préparer leurs aliments de leurs
mains Si à se livrer aux plus pénibles besognes, n'ayant pour tout moyen
d'existence que vingt livres par semaine, dont elles savaient encore assister
quelques-unes de leurs anciennes protégées.
Le dénoûment approchait : un garde de l'intendant fut expédié à Tou-
louse pour achever l'œuvre que Mariotte avait si bien commencée. Il se
présenta le dimanche 20 octobre, à huit heures du matin, à la maison de
l'Enfance, accompagné de plusieurs soldats, &, bien que la dispersion défini-
tive de la congrégation eût été fixée au mois de décembre par l'arrêt de
suppression, il exhiba une lettre de cachet qui prescrivait la séparation
immédiate. Mademoiselle de Gautier, lui répondit, avec les protestations ordi-
naires d'obéissance, qu'aux termes de l'arrêt, la communauté devait attendre
pour se disperser que l'autorité épiscopale eût pourvu au spirituel. Le garde
refusa d'accéder à ces raisons & consentit à peine à prendre patience pendant
le temps d'unç messe. Les malheureuses filles, tout en larmes, déclarèrent
qu'ayant fait des vœux dans cette maison, elles ne pouvaient la quitter sans
crime. En même temps, refusant de prendre aucune nourriture, elles sorti-
rent de la salle des visites 8c allèrent se réfugier dans les ruines de leur cha-
pelle. Pour les forcer dans ce dernier réduit, le garde fut contraint d'appeler
les soldats, & s'avança à leur tête parmi les décombres oii la plupart des filles
s'étaient mises à genoux. Les soldats les jetèrent brutalement au milieu de
la rue. Trois d'entre elles, gravement malades, étaient contraintes de garder
le lit; on les força de se lever 8c de monter dans une chaise, qu'il fallut
arrêter jusqu'à six fois, à cause de leur état de faiblesse 8c de leurs évanouis-
sements. Ce triste voyage se faisait par une pluie battante. Se à travers une
foule considérable que le bruit de l'événement avait amassée, 8c que l'aspect
de ces violences 8c de ces pleurs agitait profondément'.
Toutes les filles qui n'avaient pas leurs parents à Toulouse allèrent chercher
asile dans la maison où étaient leurs compagnes, 8c y vécurent quelques jours,
en attendant leurs familles, des aumônes que les voisins leur apportaient.
Cela même fut incriminé. Les capitouls reçurent un ordre du roi, donné
à Fontainebleau le 20 octobre, qui leur enjoignait d'empêcher les filles de
l'Enfance de se réunir dans une maison qu'on les accusait d'avoir louée pour
y continuer leurs exercices*.
■ Voici en quels termes l'annaliste municipal de les en faire sortir. On a oliéi aux ordres de Sa Ma-
Toulouse, qui éiait le chef du consistoire, men- jesté". »
tionne la participation des capitouls aux mesures ' Relation de l'étahVniement de l'Institut des filles
de rigueur prises contre les filles de l'Enfance : de l'Enfance de Jésus, avec le récit fidèle de tout ce
« C'est durant le temsde nostre capitoulat, dit-il, f ai s'est passé dans le renversement du même Institut,
que Madame de Mondonville ayant été reléguée,
ses filles aiant resté dans la maison de l'Enfance, , u- . • j •. i j i. , ^„c „^ .
,. ,,.,,,• , ' Histoire des capitouls de 1 année 1685-86. v4niia/« m<J-
nous rcfumes oiYcrs ordres de M. 1 intendant pour nuscriles, X, p. 21.
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586 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Alors la communauté se dispersa définitivement. Ses membres se retrou-
vaient à peine dans les églises où une surveillance inquiète épiait leurs
moindres mouvements.
Mesdemoiselles de Gautier 8c de Chaunes, à qui la fondatrice avait, depuis
son départ, laissé la direction de l'institut, étaient surtout l'objet d'un espion-
nage perpétuel. On les accusait de tenir des assemblées secrètes & de contre-
venir aux ordres du roi. Les délations qui les poursuivaient obtinrent enfin
une dernière victoire.
Le 17 avril 1687, vers dix heures du soir, le capitaine du guet investit le
logis de Mademoiselle de Chaunes &(. la conduisit à l'hôtel de ville où elle
trouva une lettre de cachet qui la reléguait à Viviers dans un couvent de
religieuses. Mademoiselle de Gautier, qui se rendit le lendemain, après une
nuit de perquisitions inutiles, eut, de son côté, l'ordre d'aller s'enfermer dans
un couvent de Mende.
Les bâtiments de la congrégation furent mis en vente 8c achetés à très-bas
prix par les jésuites qui complétèrent leur triomphe en prenant matérielle-
ment possession de la place. Ils en firent un séminaire diocésain.
Quant à Madame de Mondonville, les nouveaux ordres du roi, qu'on lui
avait prescrit d'attendre, n'arrivèrent jamais; elle mourut à Coutances, loin
de tous les siens, après quinze ans de détention.
A l'égard des protestants, les sévérités administratives ne diminuaient pas,
Se l'intendant justifiait toutes les espérances que le ministère avait conçues
de son activité 8c de sa vigueur. « C'étoit, a dit le duc de Saint-Simon, une
« tête de fer, beaucoup d'esprit, de savoir 8c de capacité, de travail 8<. d'in-
« dustrie, d'un manège infini 8c à qui rien ne coûtoit pour venir à bout de
« ce qu'il avoit résolu. » D'après le même auteur, « la révocation de l'édit
« de Nantes 8c les dragonnades lui ouvrirent un vaste chemin de faire sa
« cour'. »
Mais le succès menaçait de coûter cher. L'application de toutes les mesures
de détail qui se faisait chaque jour, en suite ou en contradiction de l'édit,
produisait une vive effervescence, principalement dans le bas Languedoc 8c
les Cévennes, où les assemblées mystérieuses étaient fréquentes. Les temples
étant détruits 8c les pratiques du culte réformé interdites même à domicile,
les populations demeurées fidèles à la religion de leurs pères commençaient à
prendre le chemin des lieux écartés, d'aller « au désert » suivant l'expression
iDiblique employée par les ministres. Partout où l'on croyait être à l'abri de
la vigilance des espions, les prières se disaient en famille avec un redouble-
ment de ferveur. Les ministres qui n'avaient pas cédé aux tentations pécu-
niaires 8c qui étaient restés dans le pays, surexcitaient secrètement l'enthou-
siasme de leurs ouailles. Les correspondances continues qu'ils entretenaient
avec les émigrés, malgré mille périls, 8c qui fomentaient les ressentiments 8c
par une des filles de cette congrégation de la mai- ' Journal de Dangeau, IX, \6 juillet lyoS. Notes
son de Toulouse. A Toulouse, chez Pierre de la de Saint-Simon,
Noue, 1689.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÈDIT DE NANTES. SSy
les désirs de vengeance contre les persécuteurs, altéraient graduellement l'es-
prit national, rejetaient l'idée de patrie au second plan & autorisaient des
espérances d'intervention étrangère. On se laissait dire que l'Allemagne
entière allait se liguer pour arracher au roi de France le rétablissement de
l'édit de Nantes. La proscription avait poussé dans les régiments ennemis
une foule de réformés aigris par l'injustice, qui oubliaient pour la plupart
leur nom de Français & qui se distinguaient par leur acharnement quand le
hasard des batailles les mettait en face de leurs compatriotes.
Des troubles eurent lieu au Vigan : Bâville les réprima; deux frères, offi-
ciers de dragons, y furent tués.
La suppression du culte régulier avait d'ailleurs donné naissance à des
missionnaires protestants d'un nouvel ordre, moitié charlatans, moitié illu-
minés, victimes peut-être de leur imagination, hallucinés par les nuits sans
sommeil, les terreurs folles, les courses à travers bois, les bruits de supplices,
& aussi par la majesté de ces grandioses solitudes cévenoles qui, sur bien des
points, semblent avoir conservé l'éloquence intime & pénétrante des sanc-
tuaires druidiques. Ils se croyaient ou se disaient agités de l'esprit de Dieu,
prêchaient d'abondance, racontaient les calamités présentes 61 les justifica-
tions futures. On les appelait prophètes ou prédicants. De simples artisans,
des femmes, des filles, des enfants se livraient à cette étrange folie. Des gens
qui n'avaient jamais probablement compris d'autre idiome que le patois lan-
guedocien 8c quelque peu de français, entendant ces inspirés prononcer des
syllabes dénuées de sens, leur attribuaient naïvement le don des langues &
répétaient que ces coureurs de montagne jouissaient du don miraculeux de
converser avec tous les peuples de l'univers.
Cette exaltation inquiétait le duc de Noailles. Il rendait compte à Louvois
de ces prédications bizarres qui jetaient le trouble dans les pauvres villages
des Cévennes & il ajoutait : « On ne sait quel parti prendre pour ramener
« ces misérables & pour accorder les sentiments de la bonté Si de la clémence
« du roi pour ses sujets avec ce qu'il doit à son autorité '. »
Le ministre ordonnait une répression terrible. En effet, les dragons char-
geaient la foule; on menait à l'intendant tous les prisonniers qu'on pouvait
faire; il les jugeait sommairement, envoyant les uns au gibet, les autres aux
galères*.
Les femmes assistaient en grand nombre aux assemblées du désert; les
plus compromises furent condamnées à mort; on n'osait guère infliger aux
autres de trop graves peines; mais Louvois prescrivit, sous prétexte de ne pas
encourager l'impunité, de fouetter publiquement toutes celles qui n'étaient
pas de famille noble St de leur imprimer la fleur de lys avec le fer rouge^.
Bientôt cela môme parut trop doux, & une nouvelle déclaration royale,
expédiée le i5 juillet, enjoignit de punir indistinctement de mort toutes les
' Millot, Mémoires du duc de 'Nouilles, p. 284. ' Lettre de Louvois au marquis de La Trousse,
" C. Rousset, Histoire de Louvois, III, p. 496. commandant en Languedoc, du 10 juin 1686.
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ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
personnes qui seraient prises dans les assemblées, sans épargner le sexe ni
l'âge. Cette simplification de régime, qui abrogeait tous les systèmes précé-
demment usités, n'eut pas les résultats que l'on attendait, & Bâville s'en
montra surpris. Il écrivit à Louvois le 29 octobre 1686 :
« Je viens d'apprendre, que dimanche dernier, 17 de ce mois, il y a eu
« une assemblée de près de quatre cents hommes, dont plusieurs étoient
« armés, dans le diocèse de Mende, au pied de la montagne de Lozère. Bien
« que cette assemblée se soit tenue à près de douze lieues de l'endroit où a
« été la dernière, je ne puis m'empêcher d'être fort surpris d'un pareil événe-
« ment. Je croyois que le grand exemple que j'ai fait au Vigan &. à Anduze,
« mettroit, au moins pour quelque temps, les Cévennes en tranquillité.
(1 Mais, puisque ce dernier n'a de rien servi, je ne crois pas que l'on puisse
« rien espérer par ce genre de peine à l'avenir; je crois même qu'il sera à la
« fin dangereux de le continuer; 8<. je crains que tant de condamnations à
c< mort, dans une affaire mêlée de religion, n'irritent les esprits & n'endur-
(i cissent tous les mauvais convertis par un si méchant exemple. Il est vrai
« que l'on ne peut assez s'étonner que ces mêmes gens, qui s'exposent à être
« tués par les troupes, ou à être pendus, pour aller aux assemblées, meurent
« catholiques la plupart, ainsi que dix sont morts de onze des derniers qui
« ont été condamnés; ce qui fait connoître que, dans leur conduite, il y a
« plus de légèreté & d'inclination à la révolte que d'attachement sincère à
« leur ancienne religion. Néanmoins, si ce feu ne peut s'éteindre après tant
« de châtimens, dans un temps qu'il n'est soutenu par aucun chef, même
« par aucun ministre au milieu des troupes, il est aisé de voir qu'il devien-
« droit bien plus grand s'il y avoit quelque secours étranger, ou d'hommes
« que l'on pourroit faire entrer dans le pays, ou d'argent. »
L'inconséquence que l'intendant reprochait à ces malheureux, condamnés
au dernier supplice pour cause de protestantisme & mourant catholiques à
peu d'exceptions près, ne suffisait point à l'éclairer sur le caractère artificiel
de cette révolte que les excès de l'autorité avaient produite, ni à chercher des
voies d'indulgence. On s'ingéniait au contraire à découvrir de nouveaux
moyens pour assurer la victoire du roi sur ces montagnards sans culture
intellectuelle, sans idée fixe en religion ou en politique, gens que l'on tra-
quait en bêtes fauves & à qui l'on s'étonnait d'avoir fait perdre la raison.
C'est alors qu'on eut la pensée d'expatrier en bloc une partie des habitants
des Cévennes. Comme toujours, l'affaire paraissait fort simple au ministère;
on s'était habitué à regarder l'omnipotence du roi comme supérieure aux plus
grandes difficultés. Aussi Louvois n'hésitait-il pas à réclamer une déportation
générale. « Le roi, disait-il, va se résoudre à changer tous les peuples des
« Cévennes; c'est son intention si l'on continue à y faire des assemblées, n'y
« ayant point de parti que Sa Majesté ne prenne pour mettre ce pays-là sur
« le pied d'être soumis à ses ordres '. »
' Lettre de Louvois à Bâville, du 21 octobre 1686. Archives du Dépôt de la Guerre.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÈDIT DE NANTES. 689
Noailles, qui était sur les lieux, jugeait l'opération plus compliquée; la
ilépopulation universelle étant impossible, il proposait de commencer par les
gens qui ne faisaient aucun commerce & qui habitaient des montagnes inac-
cessibles, où, d'après lui, la « rudesse du climat & la température de l'air leur
<i inspiroient un esprit sauvage; » mais, en réduisant même l'entreprise à ces
proportions, il déclarait qu'elle donnerait de très-grands embarras, surtout
pendant l'hiver. Si qu'il faudrait au moins quatre bataillons pour l'effectuer.
En attendant, le duc allait entrer au cœur du pays, faire une battue dans
tous les villages & hameaux séparés, dans les bois & dans les montagnes,
11 pour tâcher de prendre ces malheureux prédicans qui lui causoient tant
« de peine. Si nous n'y réussissons pas, poursuivait-il, nous leur donnerons
<i au moins une si grande alarme que je crois qu'ils se tiendront en repos
« ([uelque temps '. »
M. de Tessé fit avec ses dragons une pointe dans les régions les plus écar-
tées des hautes Cévennes, que les cavaliers jugeaient moins propres à nourrir
des hommes que des ours; plusieurs communes s'engagèrent solidairement
à interdire toute espèce d'assemblées, à livrer les coupables & à raser leurs
maisons. Ces délibérations par ordre se prenaient sous la surveillance d'un
officier assisté de sa troupe, mais n'ofhaient pour l'avenir qu'une médiocre
garantie. Les agents du roi s'inquiétaient surtout de répandre dans le pays la
déclaration du 1" juillet 1686, qui prononçait la peine de mort contre tout
ministre français ou étranger rentré dans le royaume, défendait de lui donner
retraite ou assistance, sous peine, pour les hommes, d'aller aux galères, &
pour les femmes d'être rasées Se enfermées jusqu'à la fin de leurs jours, avec
confiscation générale des biens, tant des galériens que des recluses. Le même
acte offrait une prime de cinq mille cinq cents livres comptant à quiconque
procurerait la capture d'un ministre, condamnait au dernier supplice les
sujets du roi qui seraient surpris assistant à une assemblée ou prenant part
à l'exercice d'une religion autre que la catholique; une disposition dernière
contenait la promesse de ne pas disposer des biens des émigrés avant le
i"mars 1687 8c de ne point inquiéter ceux d'entre eux qui rentreraient en
France, pourvu qu'ils fissent abjuration dans la huitaine qui suivrait leur
retour.
Cette triste législation fut rigoureusement appliquée. Bâville fit mettre à
mort, dans un délai assez court, une vingtaine de protestants que leurs core-
ligionnaires honorèrent comme des martyrs; on mena la poursuite des fugi-
tifs d'une manière impitoyable. Pour y intéresser l'avidité des soldats, on
leur promettait trois ou quatre pistoles par personne prise, & pour acheter la
connivence des communes, on leur offrait de notables décharges d'impositions,
h condition de livrer douze proscrits. Sur certains points, on se faisait fournir
lies hommes par les villages, comme pour la chasse au loup.
Noailles 81 Bâville parcoururent ensemble toute la contrée, notant au pas-
' Millot, Mémoires du duc de Nouilles, p. 284.
1687
~ 590 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sage tous les lieux dont il importait de conserver la population sur place, ceux
que l'on croyait devoir dépeupler, Si préparant le tracé d'un réseau de chemins
qui permît de faire avancer des troupes à travers ces cantons impraticables.
Louvois, détrompé par les rapports du commandant en chef, reconnut qu'il
serait extrêmement difficile d'opérer la transportation universelle & de rem-
placer les transportés pour ne point laisser le pays inculte. Alors il réduisit
ses prétentions, se bornant à demander que l'on choisît, dans les endroits où
les communes étaient « moins bien converties » 81 où « l'âpreté du pays les
« rendait plus disposées à se soulever, » les gens qui paraîtraient avoir le
plus de crédit & les plus capables de commencer des séditions. On en pren-
drait ainsi cent ou cent cinquante, parmi les habitants des Cévennes, que
l'on internerait d'abord dans les différents châteaux de la Province. Deux
vaisseaux de la marine royale, armés à Marseille, auraient charge de les
transporter ensuite dans les îles de l'Amérique 81 dans le Canada, où leurs
femmes pourraient les suivre. On espérait ainsi purger le pays des hommes
les plus dangereux 8c frapper les autres habitants par la crainte d'un exil
éternel 8c d'un lointain voyage au delà des mers'.
La Trousse &c Bâville se mirent immédiatement à l'œuvre pour dresser la
liste de déportation. Louvois les stimulait avec ses impatiences ordinaires.
Placés plus près de la réalité, l'intendant Se l'officier ne pouvaient échapper
à quelques scrupules 8c se justifiaient du reproche de lenteur. Il s'agissait de
l'état de plusieurs familles; on devait éviter les surprises, les fausses dénon-
ciations dictées par des haines particulières, les manoeuvres de gens qui vou-
laient profiter de l'occasion pour éloigner des personnes embarrassantes; on
faisait donc le triage en conscience, cherchant, comme disait le marquis de
la Trousse, à ne faire tomber la punition que sur les coupables. La mobilité
du caractère languedocien ne cessait d'ailleurs de l'étonner.
(( J'ai affaire, disait-il, à des peuples les plus légers 8c les plus fous qu'il y
« ait au monde. Les habitans de Nîmes ont une telle peur qu'ils courent en
« foule aux églises; ils demandent 8c voudroient que l'on leur donnât tous
« les sacremens en un même jour, croyant par là se mettre à couvert de
« l'orage^. »
Tout compte fait, les épurateurs conclurent qu'il fallait au moins déporter
trois cents personnes de la Province, en se limitant à celles dont l'esprit
mutin 8c dangereux pourrait y entretenir la fermentation. Une première
voiture de cent déportés, à destination des îles du Nouveau-Monde, fut prête
le 10 janvier 1687. On la dirigea sur Aigues-mortes, où les prisonniers furent
embarqués pour Marseille. D'autres convois suivirent, à quelque intervalle 3.
La docilité avec laquelle l'archevêque de Toulouse, Joseph de Montpezat
' C. Roussel, Histoire de Louvois, III, p. 499. des canailles dans le fond, qui ne valent rien &
Lettre de Louvois à Bâville, du 3o novembre 1686. qui sont malintentionnés, u
' Lettre du marquis de La Trousse à Louvois, du ' Lettre du marquis de La Trousse à Louvois, du
7 janvier 1687. Le marquis ajoute, après avoir ra- 10 janvier 1Û87.
conté la panique des réformés de Nimes ; « Ce sont
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÈDIT DE NANTES. 691
de Carbon, s'était fait l'instrument de la volonté royale l'exposait depuis
longues années au ressentiment du Saint-Siège. Dès 167g, une lettre mémo-
rable du pape Innocent XI avait exprimé au prélat le blâme le plus sévère
de sa conduite à l'égard des religieuses de Sainte-Claire de Toulouse &. de
l'évêque de Pamiers. Le Souverain Pontife y annonçait avoir appris avec
horreur ce qui venait de s'accomplir dans le couvent de Toulouse, pour
l'installation d'une abbesse à main armée, l'effraction des portes, l'introduc-
tion violente des gens de guerre au mépris de la clôture, & le scandale de la
prise de possession d'une dignité ecclésiastique, en vertu d'une simple nomi-
nation royale. Il reprochait amèrement à l'archevêque, dont le devoir eût été
« d'opposer sa poitrine pastorale aux loups ravisseurs, » d'avoir au contraire
favorisé l'entreprise Si ordonné aux religieuses d'ouvrir leurs portes. « Malgré
« toutes les confirmations qui nous arrivaient de ces faits étranges, nous
« pouvions à peine nous persuader, poursuivait Innocent XI, qu'un arche-
K vêque de Toulouse, sous les yeux des plus pieux évêques français Si de la
« France entière, poussât l'oubli de ses obligations Si négligeât le souci de
« sa renommée, la crainte des censures ecclésiastiques 81 de la colère céleste,
a jusqu'à se rendre complice d'un pareil attentat. » Il rappelait ensuite les
ordonnances rendues par l'archevêque, dans l'affaire de la régale, contre la
cause de la justice, les règles du droit, les privilèges de l'Eglise 81 de la Pro-
vince, en un cas où tant d'autres évêques avaient mieux aimé encourir l'indi-
gnation du souverain que de trahir le service de Dieu, Si l'invitait à réfléchir
sur la gravité de sa faute, à redouter les punitions éternelles Si le crédit que
ne pouvaient manquer d'obtenir au ciel les gémissements de tant de vierges
innocentes, fortes de la pureté de leurs mœurs Si de leurs vertus'.
On a pu voir dans le récit de la catastrophe des filles .de l'Enfance que
les avertissements pontificaux étaient demeurés sans résultat, 81 que l'arche-
vêque de Toulouse, après avoir marqué des sentiments de bienveillance
envers Madame de Mondonville 81 sa fondation, s'associa pourtant à toutes
les autres mesures de violence dont Bâville 81 Mariotte furent les exécuteurs.
Dans le mois de juillet 1687, sachant que l'état de santé du prélat, très-
compromis depuis longtemps, s'était aggravé, le pape lui écrivit de nouveau
pour le ramener à résipiscence, en lui présentant un tableau fort sombre de
ses actions. « Vénérable frère, lui disait-il, nous avions résolu de ne plus
« vous écrire 81 de ne plus vous donner aucun autre signe de notre commu-
« nion. Nous espérions que cette peine, réputée très-grave de tous les catho-
« ques, vous induirait à réparer vos fautes. On nous a rapporté que vous
« souffriez depuis longtemps 81 que vous étiez en danger de la vie. La cha-
<( rite du Christ qui nous presse. Si le souci que nous avons de votre salut
« éternel, nous fait un dernier devoir de réveiller en vous l'espoir de la
« miséricorde divine, si, comme nous l'espérons, votre cœur n'est pas encore
tt entièrement endurci. Mais comme l'espérance est vaine, qui ne porte point
■ Pièces justificatives, n. CCCCXXXIX, col. iiii.
1687
1687
■ 092 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« de fruit, nous vous exhortons derechef à rentrer en vous-même, à repasser
« dans votre conscience toutes les offenses que vous avez commises contre le
(c Siège apostolique, les droits St la liberté des églises, pour en ressentir un
« juste regret; mieux encore, à réparer suivant vos forces le mal que, pour
(c plaire aux hommes, vous avez fait aux religieuses de Sainte-Claire 8<. aux
« filles de l'Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ. L'institut de ces der-
« nières avait été approuvé de vous-même, comme de vos prédécesseurs, tenu
(1 partout en très-haute estime, appuyé de la confirmation apostolique j vous
« n'avez pas moins tenté de le détruire, par la dispersion de deux maisons
« qui remplissaient à la louange universelle, d'après nos informations, les
« devoirs de la charité chrétienne dans votre diocèse. Il importe surtout que
<( vous révoquiez toutes les mesures que vous avez prises, dans l'affaire de la
(( régale, contre l'évêque de Pamiers, de pieuse mémoire, contre son chapitre
« & son diocèse; tout ce pays est affligé d'un schisme honteux que vous avez
« causé, écrasé sous le poids des crimes & des sacrilèges, St vous avez attenté
<i aux droits de votre propre église. En toutes ces choses, vous devez plutôt
<( écouter notre voix & les reproches de votre conscience que les mauvais
<c conseils des hommes, qui en cherchant à excuser leurs fautes, se ferment
<( la voie du pardon. Devant le tribunal du. Christ, rien ne vous servira
« mieux que la pénitence 8c la réparation de vos fautes. Pour y parvenir,
« sollicitez principalement l'intercession de tant de pieux prêtres Se de vierges
« que vous avez accablés de persécutions Se d'outrages, soit par votre action
« directe, soit par votre complicité. C'est la grâce que nous attendons pour
« vous de la bonté de Dieu '. »
Les exhortations du Saint-Siège, quand elles arrivèrent à Toulouse, n'y
trouvèrent qu'un cadavre. Au moment où Innocent XI scellait sa menaçante
épître, l'archevêque était déjà mort depuis vingt jours, ayant rendu l'âme
le 27 juin 1687.
On l'enterra devant le grand autel de l'église Saint-Etienne, à côté de ses
prédécesseurs, avec cette épitaphe :
« Sous cette pierre, attend la résurrection, très-révérend père en Dieu,
« messire Joseph de Montpezat de Carbon, archevêque de Toulouse, mort
« le 27 juin 1687, dans la soixante-douzième année de son âge & la qua-
« torzième de son pontificat. Que son âme repose en paix^. »
Le roi nomma le t5 août suivant, à l'archevêché de Toulouse, Jean-Bap-
tiste-Michel Colbert de Villacerf, évêque de Montauban, & abbé comraenda-
taire de Saint-Pierre de la Cour : c'était un prélat opulent, qui avait joui de
■ Ce bref est daté de Rome le i5 juillet 1687. On simus in Christo Pater Jominus Joscphus de Mont-
cn trouvera le texte latin dans nos Pièces justijica- pe-^at Ae Carbon Tolosanus archiepiscopus ijui obiit
tives, n. CCCCXCI, col. i356. die XXVll junii anno MDCLXXXriI aetatis suae
' La dalle funéraire de M. de Montpezat figure LXXII pontificatus vero XIV, Cujus anima in pace
aujourd'hui au Musée de Toulouse sous le n*^ 663. rcquiescat '.
Voici le texte latin de l'épitaphe : , „ 11.,.,^, n t 1 j 1 •■ -,•
'■ " , . ^ Roscuixcn^ Musée de Touîoïise. Catalogue aes Antiqnilcs
Expectat sut hoc lapide reiurrectionem reverendii- & Objets d'art.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 5()3
la faveur du chancelier Le Tellier Se qui possédait entièrement celle de Lou-
vois; mais on lui fit attendre très-longtemps ses bulles, & ce n'est qu'en lôgS
qu'il put occuper son siège où l'attendaient de graves démêlés avec le chapitre
métropolitain '.
La mort du premier président Fieubet, arrivée sur la fin de l'année 1686,
entraîna une révolution assez notable dans le monde municipal de Tou-
louse. Pendant toute la durée de ses fonctions, ce magistrat n'avait cessé
d'être le grand électeur des capitouls; il s'était habilement servi du crédit de
son frère à la Cour & du passage de Louis XIV à Toulouse pour faire nom-
mer, par lettre de cachet, huit sujets à sa discrétion, 8c comme chaque année
la liste de présentation était dressée par les capitouls en charge, il suffisait
de se trouver maître du point de départ & de surveiller régulièrement ses
créatures pour disposer, sans contestation, de tous les choix ultérieurs. Si la
première présidence du Parlement eût été aux mains d'un personnage moins
dévoué, le ministère n'aurait pas toléré une pareille domination. Mais
Fieubet, protégé de Colbert, dont il servait docilement toutes les volontés,
faisait un tel usage de son influence qu'on jugea inutile de l'amoindrir. Il
ne négligeait, du reste, aucune espèce de moyen pour bien asseoir son auto-
rité dans les affaires urbaines, ayant fait donner la charge de syndic de la
ville à l'annaliste Germain Lafaille, le plus soumis & le plus dévoué de ses
clients, Se ne dédaignant pas même de s'assurer une connaissance exacte de
tous les petits secrets de la maison commune, en mariant son valet de
chambre avec la fille du concierge. Ce menu détail indique mieux que
de longs commentaires à quel degré d'abaissement étaient descendues les
moeurs municipales St combien il restait peu à faire à Louis XIV pour
achever l'anéantissement de libertés qui n'existaient plus que de nom.
Pendant vingt-cinq ans, Fieubet fut donc le maître à l'hôtel de ville de
Toulouse. Il faisait & défaisait les officiers subalternes, il stimulait ou
décourageait à son gré l'ambition des aspirants, il avait voix prépondérante
dans toutes les délibérations du consistoire. La députation à Paris, qui était
extrêmement briguée, celle que l'on envoyait, sous des prétextes divers,
aux intendants des provinces voisines ou aux gouverneurs, celle qui se
faisait régulièrement chaque année aux États de Languedoc, ne dépen-
daient que du premier président.
Quand il fut mort, le ministère ne voulut pas courir les hasards d'une
nouvelle intrigue parlementaire & jugea plus simple de confisquer la nomi-
nation des capitouls. On a surfait l'importance de ce changement, 8c les
déclamations qui ont dénoncé plus tard cette violation des prétendues liber-
tés municipales, témoignent seulement d'une connaissance bien superficielle
' Archives de Toulouse. Testament syndical Je notre archevêque, qui avoit toujours employé ses
M. de Lafaille, p. 61. L'auteur de ce mémoire bons offices aux Etats pour soulager notre ville
écrit, à l'occasion de la mort du prédécesseur de & qui avoit toujours vécu en bonne intelligence
Michel Colberi : avec Monsieur le premier président & avec le Par-
<■ Nous perdîmes M. de Montpezai de Carbon, lement. u
XIIl. 38
1687
1687
094
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de ce qu'était le régime communal k Toulouse, malgré ses splendeurs d'appa-
rat 6<. ses habiletés de mise en scène.
Rien ne ressemblait moins à un libre choix que l'élection des capitouls de
Toulouse. On peut dire que le roi Philippe le Bel avait posé la base de
l'intrigue toulousaine, en décidant que les consuls en charge proposeraient
une liste de candidats aux otriciers royaux. A travers les temps, ce principe
avait subi diverses variations de forme, sans que le fond même fût altéré.
Comme il dépendait de la bonne volonté des capitouls en charge d'ouvrir ou
de fermer la carrière aux aspirants, ils se trouvaient naturellement en butte
aux sollicitations les plus pressantes, aux manœuvres mystérieuses & aux
tentatives de corruption. Les preuves abondent pour démontrer que, fort
souvent, l'admission d'un nom sur la liste capitulaire faisait l'objet d'un
véritable marché. Quelquetois même le candidat favorisé s'engageait à ne
tenir la charge qu'à titre de fidéicommis'.
Beaucoup de causes contribuaient à augmenter le nombre des aspirants.
L'anoblissement, qui s'acquérait par une seule année de fonctions, tentait
la vanité d'un grand nombre de marchands enrichis ou de petits rentiers;
les avocats trouvaient dans le titre d'ancien capitoul une sorte de prestige
personnel qui les recommandait au choix des plaideurs, une occasion de
prononcer des harangues dans les conseils de ville & d'être députés à Paris
ou aux États; en un mot, le capitoulat était considéré comme le premier
échelon vers les grandeurs publiques*.
■ Voici un arrêt du parlement de Toulouse qui
donnera une idée de ces étranges manipulations :
n Sur la requeste présentée par le procureur gé-
néral du Roy, contenant qu'il arrive annuelle-
ment de grands inconvéniens aux élections des
capitouls de cette ville, sur ce qu'on ne met point
dans icelles de personnes, tant de robe longue que
de robe courte, suivant l'ancienne coustume, qui
aient esté d'autres fois capitouls, pour apprendre
aux nouveaux Us ordres qu'ils ont à tenir en
cette charge ou à cause des grandes brigues que
ceux qui y prétendent font pour y parvenir jus-
ques à s'obliger à le tenir par fidei-commis & à
donner des récompenses; ce que ceux qui ont esté
d'autres fois en charge ne font pas, & d'autant
qu'il importe de corriger tels abus, & remettre
telle élection dans l'ancien ordre, requérant y
estre pourveu, La Coub, ayant égard à ladite re-
queste, a ordonné & ordonne que les capitouls de
cette ville qui sont à présent en charge ou le
seront à l'avenir, mettront dans leur nomination
des trois, pour le moins deux bourgeois de robe
longue & deux de robe courte qui auront été
d'autres fois capitouls, afin que par les officiers
qui procéderont à l'élection nouvelle, il en puisse
du moins estre choisi &, élu par lesdits officiers
un de ch:ique condition qui ait esté autres fois
en ladite charge, à peine de nullité. Ordonne
néanmoins ladite Cour que des promesses illicites,
fidei-commis & autres malefaçons dont mention
est faite en ladite requête en sera enquis, permet-
tant à ces fins audit procureur général d'en faire
publier chef de monitoire en termes généraux, &
néanmoins que l'arrest de la Cour du 20" octobre
dernier sera exécuté. Prononcé k Tholose en Par-
lement levingtiesme novembre mil six cent trente
sept. — M. ToRREiL, rapporteur'. «
' n La plupart des hommes, dit l'auteur du
Testament syndical de M. de Lafaille, sont d'un
tempérament irascible, c'est-à-dire ambitieux :
ceux-ci, lorsqu'ils sont riches à Toulouse, pren-
nent d'abord des charges au Parlement, aux tré-
soriers, au sénéchal & ailleurs, suivant leur for-
tune; mais les écuyers ou faisant profession de
porter l'épée, les avocats, les bourgeois vivant de
leurs rentes & les marchands pensent au capitou-
lat; les uns y attirent les autres par émulation,
les femmes y portent souvent leurs maris, & lors-
qu'ils ont pris ce dessein, il n'est chose au monde
qui les en puisse détourner*. »
' Archives de Toulouse, 229. 5« livre des arrêts^ (" 77.
' Archives de Toulouse. Testament syndical de M. de La-
faille, p. 20,
LIV. IH. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. SgS
« Un des plus charmans agrémens du capitoulat, écrit un contemporain
« très au courant des mystères de l'hôtel de ville, c'étoit de tenir caché son
« marché, 6i de faire accroire qu'on y étoit parvenu par d'autres considéra-
« tions 8< d'autres moyens que son argent. » On invoquait la faveur toute
puissante de tel ou tel haut personnage, de telle dame de qualité; mais on
taisait discrètement les sommes déboursées qui avaient tenu lieu de ces
interventions chimériques.
Une seule fois, pourtant, ces tristes opérations furent divulguées. Un capi-
toul du nom de Sède avait été contraint de consigner quatre mille livres au
moment de son élection, pour sûreté de sa parole. Cette somme devait lui
être rendue à la fin de son année, quand il aurait désigné pour ses succes-
seurs les candidats qu'on lui indiquerait. Il tint ses engagements avec une
parfaite exactitude Se ne manqua point d'inscrire sur la liste les noms dési-
rés. Mais le consignataire, peu scrupuleux, crut pouvoir exploiter l'aventure,
£<, comme le capitoul s'était engagé, selon l'usage, à couvrir ses conventions
d'un secret éternel, il refusa de restituer les quatre mille livres, comptant sur
l'impunité. Le capitoul fut plus soucieux de son argent que de sa renommée
&c porta l'affaire devant le Parlement, comme s'il se fût agi d'une dette ordi-
naire. On plaida sa cause à la grand'chambre, 8c, au milieu de l'audience,
jugeant que son avocat ne s'était pas exprimé en termes assez clairs, il cria
tout haut que le chaperon lui avait coûté sept mille livres, sans compter la
consignation. Cette franchise fit beaucoup rire, tandis que les gens de bien
s'en indignaient; mais le capitoul rentra dans ses déboursés'.
On peut deviner ce qu'était l'administration municipale formée de pareils
éléments; elle a laissé des marques frappantes de sa nullité dans la capitale
du Languedoc, qui n'a pu même être dotée d'un hôtel de ville complet,
malgré plusieurs siècles de capitoulat, tandis que les moindres cités des
Flandres ont leur palais communal.
Il était donc fort naturel que l'intendant, éclairé par le soin de ses subdé-
légués des pitoyables intrigues qui se brassaient à Toulouse, n'éprouvât
aucun respect pour cette comédie électorale & traitât les prétendus héritiers
de la curie antique d'une façon fort cavalière. Il ne pouvait d'ailleurs
prendre au sérieux un collège d'électeurs formé d'officiers royaux ou de capi-
touls vendant leurs suffrages, & se fût sans doute émerveillé d'apprendre
qu'on l'accuserait, dans l'avenir, d'avoir porté atteinte aux libertés muni-
cipales. Ces libertés étaient depuis longtemps illusoires, & l'oligarchie
remuante qui s'accroissait annuellement par l'élection de nouveaux privi-
légiés, ne rappelait en rien les anciens corps de ville de la période consu-
laire.
Un esprit réformateur aurait eu beaucoup à changer dans une pareille
organisation; mais ce n'est pas au moment où les dépenses des armées Se les
embarras innombrables créés pai la révocation de l'édit de Nantes absor-
■ Archives de Toulouse, Testament tyndlcal de M. tte LafailU, p. Si.
1687
1687
5(^6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
baient l'attention du ministère qu'une amélioration du régime municipal
était jDOSsible.
Le changement introduit par le conseil d'Etat dans la forme des élections
capitulaires avait, disait-on, pour but de mettre fin aux « brigues 8c mono-
« pôles qui se formoient dans la ville de Toulouse à l'occasion du capi-
« toulat; » si telle était vraiment la pensée du législateur, le résultat ne
répondit guère à ses espérances. On déplaça le théâtre de l'intrigue en le
transportant à Paris, mais on n'arrêta point la vénalité.
Une ordonnance du roi, cjui fit grand bruit dans la maison de ville, ren-
voya, sur la fin de l'année 1686, le choix définitif des capitouls au ministère.
Les magistrats sortant de charge devaient présenter chacun trois sujets; la
liste des vingt-quatre noms étant adressée au marquis de Châteauneuf, il
était censé que le roi désignerait lui-même les huit titulaires. Pure fiction :
car comment supposer que le souverain d'un grand royaume, occupé de tant
8< de si vastes affaires, pût descendre à une connaissance personnelle des titres
particuliers de simples officiers municipaux? Le secrétaire d'Etat lui-même ne
s'abaissait pas à de tels détails. Si tout devait aboutir à des intrigues de bureau.
Le rédacteur de l'ordonnance royale' avait compté sans le sénéchal 8c le
viguier. Ces deux officiers, qui tiraient des élections municipales certains
menus avantages, outre les pots-de-vin des candidats favorisés, firent valoir
à la Cour qu'on les dépouillait d'émoluments attachés à leur charge 8c obtin-
rent une modification de la nouvelle jurisprudence.
Ils opérèrent si bien qu'au moment où les élections allaient s'ouvrir, parut
un ordre du roi qui prescrivait d'y surseoir*.
Bientôt, en effet, fut envoyé un règlement qui conciliait les prétentions
des officiers dépossédés avec la politique du ministère. Pour ménager tous les
intérêts, le sénéchal, le viguier 8c les autres membres du collège électoral
continuaient d'intervenir dans l'opération, en faisant un premier choix de
vingt-quatre noms sur la liste des quarante-huit candidats dressée par les
capitouls sortants. C'est sur cette liste réduite, expédiée au marquis de Châ-
teauneuf, que devait porter le choix du roi^.
' Ordonnance du 25 novembre 1686 : capitoul. Enjoint Sa Majesté au sieur intendant
n De par le Roy, Sa Majesté ayant esté informée de justice de la province de Languedoc de tenir
des brigues & monopoles qui se forment dans la la main à l'exécution de la présente laquelle sera
ville de Toulouse pour parvenir au capitoulat & registrée ez registres de l'hôtel de ville de Toulouse
estimé à propos d'y pourvoir par son autorité pour pour estre à l'advenir observée & y avoir recours
prévenir les suites qui en pourroient arriver. Sa quand besoin sera. Fait à Versailles le vingt-cin-
Majesté a ordonné & ordonne, veut & entend que quiesme jour de novembre mil six cent quatre-
doresnavant à commencer la présente année 1686, vingt-six. — Louis. — Phrlyteaux '. »
il soit procédé en la manière accoustumée à la * On en trouvera le texte aux Pièces justificati-
noinination de trois personnes de chaque quartier v«, n. CCCCXCÏI, col. 1 S.^j.
ou paroisse de ladite ville de Toulouse pour entrer 'Voici les dispositions du règlement du 10 no-
audit capitoulat & ladite nomination ainsi faite veinbre 1687 :
estre envoyée au sieur marquis de Chasteauneuf k Le viguier de Tolose ira en la manière nccous-
secrétaire d'Estat pour la présenter à Sa Majesté tumée le zj" jour de novembre sommer les capi-
afin d'estre par elle fait choix d'un des trois nom-
més de chaque quartier de ladite ville pour estre ' Archives de Toultiuse. Livre rffsConsei7s,XXXlI, p. ig6.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. Sgy
A dater de ce moment, les élections municipales de Toulouse ne furent ni
plus ni moins sincères que par le passé, mais elles se traitèrent à Paris, où,
suivant le mémoire déjà cité, « il n'étoit pas difficile de se faire choisir
« avec un présent de cent pistoles à celui qui avoit quelque récompense à
« demander". »
Plus tard, AT. de Bâville se fit attribuer le droit de donner son avis au
ministère sur les mérites des vingt-quatre candidats proposés.
Un des principaux résultats du système tut d'attirer beaucoup de candidats
étrangers à la Province. Lorsque l'on sut à Paris que le capitoulat de Tou-
louse fournissait les moyens d'acquérir la noblesse à très-bon compte, les
prétendants affluèrent, surtout parmi les habitants des pays de taille person-
nelle, qui, grâce à un léger sacrifice & à des obligations peu gênantes,
parvenaient ainsi, au bout d'un an, à dégrever les propriétés d'impôts S< à
s'affranchir du droit de franc-fief. Voilà de quels étranges abus la réforme
de 1687 aggrava « les brigues & monopoles qui se faisoient dans les élections
« de Toulouse. »
1687
touls de procéder à la nomination de leurs suc-
cesseurs; après quoy chacun des huit capitouls,
sans l'assistance ny conseil d'aucuns anciens
bourgeois appelés Pères, nommera par escrit six
personnes de son quartier au capitoulat, qui
ayent toutes les qualités requises pour estre rete-
nus capitouls, conformément aux statuts, laquelle
nomination ainsi faite, lesdits capitouls iront en
corps le lendemain matin 26 dudit mois de no-
vembre la remettre close & cachetée ainsi qu'il
s'est toujours pratiqué, entre les mains dudit
vigiiier pour la porter au sénéchal de ladite ville,
lequel avec ledit viguier nommeront chacun neuf
électeurs suivant le droit & la possession qu'ils
en ont, & avec les autres officiers qui sont élec-
teurs à raison de leurs charges, examineront la
nomination des six personnes que chaque capitoul
aura faite pour voir si dans icelle il y a des nul-
lités ou des personnes incompatibles, afin d'en
faire mettre d'autres de la qualité requise suivant
les règlemens, & ensuite, sur la nomination de
quarante-huit personnes portée par le procureur
du Roi en ladite sénéchaussée au sieur archevêque
de Toulouse ou en son absence à son grand
vicaire pour prendre l'attestation de religion de
ceux qui auront esté nommés, conformément à
l'arrest du conseil du dernier Juin 1640, après
quoy il sera par lesdits sénéchal, viguier Sa élec-
teurs procédé par pluralité de suffrages à la réduc-
tion de ladite nomination de quarante-huit à
vingt-quatre, savoir trois pour chaque quartier
au capitoulat de la ville, & ladite réduction ainsi
faite, elle sera envoyée avec les procès-verbaux
desdits sénéchal & viguier ou de leurs lieutenants,
tenant leur place en leur absence, au sieur mar-
quis de Châteauneuf, secrétaire d'Estar, pour la
présenter à Sa Majesté, afin d'estre par elle fait
choix d'un des trois de chaque quartier pour estre
capitouls; ordonne en outre Sa Majesté que l'élec-
tion qu'elle aura faite de huit personnes pour
estre capitouls sera envoyée au sénéchal deTolose,
St qu'après qu'il en aura fait la publication dans
son siège en la forme ordinaire, & qu'ils auront
preste le serment accoustumé entre les mains du
viguier, ils soient admis & installés dans lesdites
charges, & sera le présent arrest enregistré es re-
gistres tant de la sénéchaussée & de la viguerie de
Tolose que de l'hostel de ville, & iceluy exécuté
nonobstant oppositions ou appellations quelcon-
ques, dont si aucunes interviennent, Sa Majesté
s'en réserve la connoissance & icelle interdit à
toutes ses cours & juges'. >»
' Archives de Toulouse. Testament syndical Je
M. Je La/aille, p. 66.
' Archives de Toulouse, i' livre des arrêts, f" 63.
SçS ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
IÛ88
CHAPITRE II
Construction des forts de Nimes , d'Alais & de Saint-Hippolyte. — Chemins royaux des Cévennes.
Réformes administratives. — Nouvelle organisation des milices. — Prophètes du Vivarais. — Ré-
pression militaire. — Astier, Vivens, Brousson. — Mesures fiscales. — Epreuves des anoblis
municipaux de Toulouse. — Création des mairies. — Erection de l'évêché d'Alais.
Chaque jour démontrait, avec une évidence plus complète, l'inanité de la
conversion générale des protestants. La déclaration du roi, qui prononçait la
peine de mort contre les prisonniers faits par les troupes dans les assemblées
de religion, ne produisait point l'effet d'intimidation sur lequel on avait
compté. Les exécuteurs mêmes des ordres rigoureux du ministère hésitaient
devant l'opiniâtreté populaire & se demandaient s'ils devaient prendre à la
lettre une pareille législation. La sévérité de Louvois ne fléchissait point.
Comme un assez grand nombre de personnes des deux sexes avait été enlevé,
dans les environs de Nimes, surpris en flagrant délit d'assemblée, 8c qu'on
ne pouvait songer à pendre tout le monde, le secrétaire d'État prescrivit à
Bâville de faire exécuter au moins les deux plus coupables & d'envoyer tous
les autres hommes aux galères. Si les preuves manquaient pour établir sûre-
ment le degré de culpabilité, le roi voulait que l'on tirât au sort, afin qu'il y
eût toujours deux pendus '.
Louvois indiquait, d'ailleurs, au marquis de La Trousse, dans une autre
occasion, le moyen assuré d'éviter de tels embarras. Il fallait faire aussi peu
de prisonniers que l'on pourrait & donner l'ordre aux troupes de « mettre
« beaucoup de gens sur le carreau, n'épargnant pas plus les femmes que les
« hommes^. » Le ministre comptait que cet exemple donnerait de meilleurs
résultats que les sentences de la justice ordinaire, & ne pouvait seulement
tolérer l'expression d'un sentiment de pitié envers les victimes^.
' Dépôt de la Guerre, 797. — C. Rousset, His- ' Lettre de Louvois au marquis de La Trousse,
to'tre de Louvois, III, p. 5oo. Lettre de Louvois à du 25 août 1688 ;
Bâville, du 10 janvier 1687 ; « Sa Majesté désire que vous donniez ordre aux
« Sa Majesté n'a pas cru qu'il convînt à son troupes qui pourront tomber sur de pareilles
service de se dispenser entièrement de l'exécution assemblées de ne faire que fort peu de prisonniers,
de la décLiralion qui condamne à mort ceux qui mais d'en mettre beaucoup sur le carreau, n'épar-
assisteront à des assemblées. Elle désire que de gnant pas plus les femmes que les hommes; & cet
ceux qui ont été à l'assemblée d'auprès de Nimes, exemple fera assurément beaucoup plus d'effet que
deux des plus coupables soient condamnés à mort, celui que pourroit ordonner la justice ordinaire '. »
& que tous les autres hommes soient condamnés ' Lettre au marquis de La Trousse, du 28 jan-
aux galères. Si les preuves ne vous donnent point vier 1687 :
lieu de connoître qui sont les plus coupables, le « Je n'ai rien à vous dire sur l'état où vous me
Roi dés'ire que vous les fassiez tirer au sort, pour
que deux d'iceux soient exécutés à mort. » ' Dépôt de la Guerre, n» 836.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 699
Cette manière de pratiquer la réunion des dissidents n'était pas faite pour
encourager les abjurations sincères} aussi, le premier moment de surprise
passé, il se produisit un grand relâchement dans la ferveur des nouveaux con--
vertis. Ceux de Nimes cessèrent généralement d'aller à la messe &c empê-
chèrent leurs enfants de fréquenter les écoles catholiques, des prédicants
•étrangers se répandirent en Languedoc, des assemblées, de plus en plus
fréquentes, furent tenues en plein jour. Tous les hommes de sens purent
s'apercevoir bientôt que la soumission dépendait uniquement de la présence
des troupes £<. prévirent un avenir très-sombre, dans le cas où les nécessités
de la guerre européenne dégarniraient les pays occupés.
Ainsi, pour soutenir cette fiction de l'anéantissement du protestantisme, à
laquelle pas un observateur de bonne foi ne pouvait croire, on dut répudier
le système de Richelieu qui ne voulait plus de forteresses à l'intérieur, n'y
voyant que des instruments de guerre civile, & consacrer des sommes consi-
dérables à l'édification de citadelles uniquement destinées à contenir les
peuples Su. dépourvues d'utilité pour la défense de la frontière. Voilà com-
ment les déductions inévitables d'une politique fausse aggravaient de jour
en jour les charges publiques, ruinaient les résultats de l'administration de
Colbert, Se, en accroissant le malaise général, livraient une partie de la
France aux intrigues de l'étranger.
La construction des trois forts de Nimes, d'Alais & de Saint-Hippolyte,
établis comme bases d'opérations St lieux de refuge des troupes employées à la
surveillance des Cévennes, montra que le duc de Noailles &. le ministère ne
se méprenaient point sur les dispositions du pays 8c qu'ils estimaient à sa
valeur la tranquillité artificielle qu'on était parvenu à y maintenir.
L'ensemble de ces trois forts constitua un triangle irrégulier dont l'angle
nord, par Alais, pénétrait dans le massif des hautes Cévennes & fermait les
gorges étroites du Gardon, l'un des principaux débouchés du Gévaudan &
du Vêlai, tandis que l'angle ouest, par Saint-Hippolyte, gardait la vallée
supérieure du Vidourle, la route du Vigan, les premières assises de l'Espérou
Se les avenues du Rouergue, Si l'angle sud-est, fixé à Nimes, occupait le
point de rencontre des voies de communication du bas pays, commandait la
plaine jusqu'au Rhône 8c jusqu'aux étangs, 6c permettait de tenir des troupes
à portée de l'oasis protestante de la Vannage 8c des garrigues suspectes de
Vauvert.
Le fort de Nimes fut édifié au nord de la ville, à moins de deux cents
mètres du rempart, 8c en contre-bas du plateau de la Tour-Magne qui en est
distant d'environ cinq cents mètres '. On lui donna la forme d'un parallélo-
gramme, flanqué de quatre bastions avec une enceinte étoilée, protégée à
mandcR qu* iont 1*> C^vcnnet, parce q ut riert ne manier* que l'état où ils demeureront serve d'exem-
convient moins an service du roi ni au bien de la pie à tous les autres nouveaux convertis. »
Province que de témoigner que l'on soit capable ' La portée efficace du mousquet n'était encore
d'avoir pitié de gent qui ae sont conduits comme que de cent vingt toises (223 mètres 88).
ont fait ceux-là, lesquels doivent être abimés de
i6f
i688
600 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
l'est 8c à l'ouest par des demi-lunes. Il surveillait la porte d'Alais 8c la des-
cente des Cévennes, route ordinaire par où les contingents montagnards
étaient venus, dans les époques de troubles, apporter leur appoint aux fac-
tions de l'intérieur.
Ces travaux furent, pour la Province, une occasion de grosses dépenses.
Bâville avait enjoint, par simple ordonnance, aux diocèses de Montpellier, •
de Nimes 8c d'Uzès, de fournir les voitures nécessaires pour le transport des
matériaux. Ces trois diocèses ne purent y suffire qu'à l'aide d'un emprunt de
quatre-vingt-dix mille livres. Les États durent aussi donner plus de cent
quinze mille livres pour le même objet, sur la demande des commissaires du
roi 8c les instances particulières du marquis de Seignelay qui en avait écrit
au cardinal.
L'intendant, de plus en plus habitué à battre monnaie sur la docilité des
États, réclamait aussi leur libéralité pour le dédommagement des proprié-
taires du sol. On lui représenta que la Province n'avait jamais contribué à
des dépenses de cette nature, 8c que les biens confisqués sur des protestants
fugitifs donnaient des ressources naturelles pour un pareil emploi , sans
accabler le pays de nouvelles impositions'; mais ces remontrances ne tou-
chaient guère le rigoureux administrateur. Outre la valeur du terrain, il
fallut payer aussi les droits seigneuriaux qui le grevaient. On ne jugea pas
néanmoins que la Province dût rembourser la dîme ni indemniser les parti-
culiers des dommages causés par le transport des matériaux.
Quant à la taille, il fut décidé qu'elle serait rejetée sur les communes dans
le territoire desquelles le sol occupé se trouvait compris, 8c qu'elles devaient
se substituer aux anciens propriétaires pour en payer la quotité au Trésor^.
Un arrêt du conseil d'État, rendu sur le rapport du contrôleur général
Le Pelletier, ratifia les résolutions de l'assemblée provinciale 8c renvoya à
l'intendant les contestations occasionnées par le remboursement, sauf réserve
de la décision au conseil.
Pour éviter les conflits de juridiction, le roi défendait expressément, sous
peine de nullité 8c de dommages, de faire aucune poursuite devant tout autre
magistrat^.
Il ne suffisait pas d'établir des places d'armes à portée du massif monta-
gneux, que l'on considérait avec raison comme le plus redoutable foyer de
résistance en Languedoc; il fallait aussi assurer des communications rapides
8c faciles avec tous les points importants du pays. C'est à quoi Bâville s'em-
ploya très-activement, faisant exécuter, d'après les projets d'ensemble arrêté*
par le duc de Noailles au cours de ses tournées, un réseau de chemins royaux
qui permettaient de faire passer les troupes 8c l'artillerie dans des régions
jusqu'alors réputées inaccessibles.
Cette partie du territoire de la Province avait été, en effet, constamment
' Pièces justificatives, n. CCCCXCIV, col. i 35çi. ' Recueil des édits, déclarations, arrêts & Or-
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance donnances de Languedoc. Arrêt du conseil d'État
du p décembre i683. du 23 juillet 1689.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 601
négligée dans les travaux de viabilité qui favorisaient le mouvement commer-
cial. On rt'y pouvait circuler que par des sentiers de mulets, souvent tracés
au hasard à travers les roches, offrant des pentes affreuses, mal entretenus
& absolument impraticables pour les attelages. Comme on admettait que le
caractère énergique & indépendant des populations cévenoles trouvait son
principal appui dans les défenses naturelles du sol, l'intendant ne doutait
pas qu'en découvrant entièrement le pays &. en le perçant de part en part
de voies carrossables, il ne rendît les soulèvements impossibles.
Vingt-deux chemins royaux furent donc ouverts à travers les hautes 81 les
basses Cévennes, &< si soigneusement nivelés qu'on y pouvait partout conduire
le canon. Les lignes maîtresses, qui avaient près de cinq mètres de large,
étaient reliées entre elles par des chemins de traverse larges de moitié.
Ce vaste travail, exécuté uniquement avec les ressources de la Province,
sous la direction de l'intendant & sans aucune allocation du Trésor royal, se
subdivisait en trois parties.
Le réseau principal, qui était celui du massif cévenol proprement dit, se
rattachait à la grande ligne de poste de Toulouse au Pont-Saint-Esprit,
artère transversale de la Province, par Montpellier, Nimes & Uzès. Il s'éten-
dait vers le nord jusqu'au Causse du Tarn supérieur 8c aux premières assises
de la Lozère, atteignant Meyrueis, Florac, Villetort, Si la vallée du Chassezac
aux Vans. Tout ce pays, terriblement accidenté, qui comprend les hautes
vallées de l'Hérault, du Lez, du Vidourle, des deux Gardons Se du Céze, se
trouva ainsi enveloppé dans une sorte de chemin de ronde qui empruntait la
ligne de poste entre Montpellier Si Uzès, Se qui passait ensuite par Lussan,
Brisson, Saint-Ambroix, les Vans, Genouillac, Fraissinet-de-Lozère, Florac,
Meyrueis, le Vigan, Ganges & Saint-Hippolyte.
L'intérieur de ce polygone irrégulier était quadrillé de lignes secondaires
qui mettaient en communication tous les vallons les uns avec les autres,
profitant du cours des moindres affluents pour s'insinuer au cœur des mon-
tagnes, cernant les points les plus abrupts de façon à les isoler Si à permettre
de les investir, 81 atteignant dans leurs solitudes les petites paroisses les plus
reculées. Quatre routes stratégiques servaient à relier entre eux les forts
nouvellement construits de Nimes, d'AIais 81 de Saint-Hippolyte, placés sous
l'autorité d'un même gouverneur, 8t établissaient une double communication
avec Montpellier.
Le tracé de ce réseau compliqué, dont les sinuosités se mêlent 81 s'entre-
croisent, sans autre utilité possible que d'éclairer les derniers recoins du
pays, fait songer aux allées d'un labyrinthe. C'était bien un échiquier de
guerre que l'intendant croyait préparer, 81 l'on s'explique, lorsqu'on examine
la carte des chemins royaux des Cévennes qui accompagne les exemplaires
manuscrits du Mémoire de Bâville, la sécurité que l'entier accomplissement
de cet ouvrage inspirait au rigide administrateur.
La seconde partie du réseau comprenait la grande route parallèle au
Rhône qui conduisait du Pont-Saint-Esprit à Lyon par Bourg-Saint-Andéol,
1688
i688
602
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La Voûte, Tournon, Andance, ligne d'étapes très-importante pour les troupes
venant de la frontière de l'Est, 8c permettant de surveiller le débouché des
vallées de l'Ardèche, de l'Eyrieu & du Doux.
Enfin, un embranchement, qui partait du Pousin 61 qui remontait le cours
de rOuvèze jusqu'à Privas, jetait sur ce point deux rameaux, dont le pre-
mier, tournant à l'ouest, courait sur les Vans par Aubenas & Joyeuse, & tra-
versait les collines du bas Vivarais, tandis que l'autre, tourné vers le nord,
poussait jusqu'à Saint-Agrève, par Saint-Pierreville & le Chaylar, en éclai-
rant la haute vallée de l'Eyrieu &c le désert suspect des Boutières.
Bâville paraît s'être fait longtemps illusion sur l'efficacité de ces travaux
qui devaient, d'après lui, enlever toute chance de durée aux insurrections. Il
en parle dans ses Mémoires avec un accent particulier de satisfaction Se de
confiance. « Le pays des Cévennes 81 du Vivarais, dit-il, autrefois imprati-
« cable, nourrissoit des peuples enclins à la révolte, mais à présent rendus
« très-soumis par les grandes routes, faites depuis quelques années, qui pénè-
« trent tous les coins des montagnes les plus inaccessibles Ce pays est
« découvert de manière qu'il ne s'y peut rien faire au préjudice de l'Etat,
Il qu'on ne le sache 8t à quoy l'on ne remédie d'abord ' . »
Les événements donnèrent un cruel démenti à ces prévisions.
Les embarras, chaqvie jour croissants, que la politique religieuse de la
Cour lui suscitait, tant à l'intérieur qu'à l'étranger, ne pouvaient manquer
d'entraver le mouvement de réformes administratives commencé par Colbert.
Les mesures de répression & de prudence absorbaient les heures des agents
royaux, 8t ce n'est que par échappées que l'intendant pouvait se dérober à la
' Bâville revient sur ce sujet dans un autre pas-
sage de son Mémoire, où il parle de « plus de cent
chemins de douze pieds de large, qui percent tout
au travers des Cévennes ou du Vivarais, & qui ont
si bien réussi, que toutes sortes de voitures vont
maintenant très-commodément dans tous ces lieux
qui estoient auparavant presque impraticables &
inaccessibles, & il n'y en a point où on ne fît
rouler du canon & porter des bombes si cela étoit
nécessaire. Rien ne rendoit ces peuples plus inso-
lents Se plu» disposés à se révolter que l'opiniori
où ils étoient qu'on ne pouvoit pénétrer dans leur
pays qu'avec beaucoup de peine'. » [Mémoire his-
torique & politique sur la province de Languedoc,
contenant son état présent, son gouvernement
ecclésiastique, civil & militaire, son commerce,
les différents droits & impositions que le roy lève
sur cette province, avec un précis de tout ce qui
l'y est passé de plus mémorable, avant & après sa
réunion à la couronne de France, par M. de La-
moignon de Bâville, intendant en ladite province.
— A Montpellier, en l'année 1698.)
' État de la religion à l'cgard des nouveaux convertis.
Diverses copies manuscrites du mémoire de Bâ-
ville existent dans les collections publiques ou
privées. Nous avons eu entre les mains un très-bel
exemplaire, copié en 1718 & signé P. Serre, qui
a appartenu à la bibliothèque de monseigneur de
Beauvau, archevêque de Narbonne.
Cet exemplaire contient une carte des grands
chemins royaux des Cévennes & VivaraiSy à l'échelle
de j^^j^j, exécutée avec beaucoup de soin. Le re-
lief du terrain est lavé à l'encre de chine, les
construction tracées au carmin, les cours d'eau
teintés en vert. Les voies de communications sont
indiquées par des lignes ponctuées, une teint*
bistre distinguant les k grands chemins royaux de
vingt pnms ou de quinze pieds de large, » & une
teinte jaune, les « chemins de traverse de dix
pams ou de Sept pieds & demi de large. )>
On peut voir dans nos Pièces justificatives ,
n. DCLXI, col. 1710, ce que pensait le maréchal
de Montrevel des routes militaires construites par
Bâville dans les Cévennes. La précision de ces dé-
tails fait assez voir dans quelle erreur sont tombés
les historiens qui ont contesté la réalité de ces
travaux.
LIV. III, RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 6o3
surveillance quotidienne des pays protestants, si gratuitement mécontentés &(.
observés de toutes les puissances hostiles comme un élément de faiblesse pour
la monarchie française au milieu des grandes guerres de l'Europe.
Dans le cours d'une de ces diversions, que la gravité des événements géné-
raux devait rendre de plus en plus rares, Bâville alla visiter la capitale de la
Province & mettre ordre, avec son énergie 8t sa lucidité habituelles, à un
grand nombre d'abus tolérés par l'administration inerte & négligente des
capitouls.
L'intendant vint à Toulouse au mois de juin 1688 Se y demeura quinze
jours. Il était accompagné de sa femme, qui alla visiter avec lui l'hôtel de
ville, suivie d'un nombreux cortège de dames de qualité, y fut reçu au bruit
des tambours, des trompettes & de la mousqueterie, visita la galerie des pein-
tures & les autres salles récemment décorées, 8t goûta, dans le petit consis-
toire, les macarons, les massepains, les biscuits, la limonade 81 le vin blanc
de l'hospitalité municipale".
Mais Bâville n'était pas homme à se laisser éblouir par des marques d'hon-
neur ni aveugler par des civilités. Il voulut prendre par lui-même une entière
connaissance des affaires de l'hôtel de ville. Il assembla les capitouls presque
tous les jours dans son cabinet, où ils se rendaient avec Lafaille 81 son neveu
Bailot, syndic de la ville. Ces conférences duraient quatre heures, 8c les
officiers municipaux de Toulouse ne pouvaient s'émerveiller assez de voir
un si grand magistrat descendre aux plus minces détails de leur besogne
journalière.
Le capitoulat étant surtout recherché en vue de la satisfaction d'intérêts
personnels Su dans le but à peu près exclusif d'acquérir la noblesse hérédi-
taire, la petite oligarchie bourgeoise qui dirigeait tout s'inquiétait moins
d'un judicieux emploi des deniers publics que des moyens d'assurer la con-
servation de privilèges douteux, perpétuellement compromis.
Bâville avait préludé à sa visite par un rapport très-sévère au conseil d'État
sur la perception des impôts à Toulouse 8c sur la gestion des finances muni-
cipales, dénonçant l'inefficacité de tous les règlements antérieurs dressés par
les commissaires liquidateurs ou par d'Aguesseau, les injustices criantes qui
se faisaient dans la levée des tailles, les lenteurs apportées dans le renouvelle-
ment du cadastre, commencé depuis neuf ans. Aucune base sérieuse n'exis-
tait pour la répartition des charges; les personnages les plus riches 8c les plus
marquants n'étaient pas inscrits ou ne payaient rien Se achetaient la tolé-
rance des capitouls au prix de faveurs individuelles. Cinquante mille livres
avaient été dépensées pour le nouveau cadastre sans qu'il fût encore en état
de servir. L'amortissement de la dette municipale était presque entièrement
négligé; la ville devait plus d'un million de livres; on employait annuelle-
' C'est ce qu'on appelait la collation ordinaire. nommés Joseph Paget & Antoine Barte. On fit
Pendant que les convives étaient à table, les six aussi à Bâville un présent de confitures".
hautbois de la ville jouaient dans le petit consis- , a i- j t i i- j . -, j /oq
' . "^ . Ardiives de luulousc. Livre du contrôleur de lOss,
toire, ainsi que deux « maîtres de symphonie, n p. n^,
i683
i688
604 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ment de fortes sommes en réparations à peu près inutiles, à seule fin de
placer des cartouches armoriés & des inscriptions commémoratives; les octrois,
tenus en régie, au lieu d'être affermés, ne donnaient que des produits insi-
gnifiants, la caisse des amendes se gaspillait Se, enfin, les capitouls abusaient
annuellement de leur autorité sur les commis de la recette pour divertir des
fonds considérables.
Sur cet exposé, le conseil d'Etat s'était empressé de rendre un arrêt qui
transformait l'administration financière de Toulouse en établissant un tréso-
rier unique, & défendant au corps de ville d'avoir aucuns agents particuliers
pour le maniement des fonds, ordonnait la mise en fermage de tous les
biens Si revenus communaux, 8<. prescrivait, en un mot, toutes les mesures
d'ordre nécessaires pour garantir une perception équitable des taxes en même
temps qu'un emploi rationnel des fonds'.
L'arrêt du conseil autorisait la bourgeoisie à présenter au roi six candidats
pour la charge de trésorier; Bâville en fit pourvoir son subdélégué Mariotte,
dont la nomination fut confirmée par arrêt du 24 avril 1688^.
C'est avec le concours de ce collaborateur, dont il connaissait le dévoue-
ment, que Bâville s'appliqua aux réformes de l'administration capitulaire,
résumées en une série d'ordonnances destinées à soulever, de la part du
corps municipal, une très-longue mais très-inutile opposition.
L'intendant commença par exiger une vérification minutieuse des titres de
tous les habitants de Toulouse qui se prétendaient exempts de l'impôt connu
sous le nom d'industrie, représentant un tiers des tailles frappées sur la ville
8<. le gardiage^.
Trois jours après, il modifiait le système de perception des tailles elles-
mêmes. La multiplicité des commis que les capitouls chargeaient de la levée,
Si qui n'étaient pas toujours très-exacts dans leurs versements, donnait lieu à
des contestations fréquentes 61 produisait, pour l'ensemble de l'opération, un
défaut d'uniformité favorable aux abus. Bâville ordonna qu'à l'avenir cette
levée serait mise en adjudication, ainsi que cela se pratiquait dans toutes les
communes de la Province, S< serait l'objet d'entreprises particulières'*
En même temps, il contraignait le receveur des deniers d'octroi, d'Albière,
d'avoir à rendre compte, dans le délai d'un mois, de ses recettes Si de ses
dépenses, par-devant des commissaires spéciaux, sauf à y pourvoir en cas de
refus. Divers arrêts portant règlement pour l'administration de la ville de
Toulouse prescrivaient déjà ces mesures Si obligeaient le receveur des droits
de subvention, commutation, réserve Si autres octrois à présenter un état
mensuel de sa caisse Si un compte général à la fin de chaque année; mais la
mauvaise volonté de cet agent Si l'apathie des commissaires chargés de ce
'Arrêt du conseil d'Etat portant règlement pour la charge de trésorier de l'hôtel de ville, donné à
l'administration des affaires de la ville de 'Tou- Versailles, le 14 avril 1688.
louse, donné à Versailles, le 3 février 1688. ' Ordonnance du 25 juin 1688.
' Arrêt du conseil d'État portant nomination ' Ordonnance du 28 juin 1688.
de M. Mariotte, escuyer & ancien capitoul, pour
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
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contrôle, laissaient la loi sans application, ce qui jetait la confusion dans les
finances 5c facilitait le divertissement des deniers'.
Un arrêt du conseil du 14 décembre 167 i autorisait les capitouls à consa-
crer annuellement une somme de six mille livres aux réparations des bâti-
ments communaux j le plaisir qu'avait chaque municipalité à laisser des
souvenirs de son passage, lui taisait souvent entreprendre des ouvrages inu-
tiles, afin de pouvoir graver noms & armoiries sur quelque muraille. Bâville
défend que l'on dépense plus de cent livres en travaux publics sans obtenir
de lui une permission écrite, comme aussi que l'on place les écussons capitu-
laircs sur aucune construction, sans autorisation préalable de l'intendance*.
Il coupe court, avec la même rigueur, à l'usage où l'on était d'envoyer h
tout propos, aux frais du public, des dépurations à Paris ou auprès des
grands personnages en divers lieux, & de faire partir des courriers -exprès
chargés de dépêches ou de mémoires. Ces ambassades, qui grevaient lourde-
ment la caisse municipale 8c se traduisaient, à la fin de chaque année, par de
gros états de frais, ne devaient plus se produire sans cause urgente, réservée
h l'appréciation de l'intendant^.
L'état matériel des rues ne fut pas non plus négligé. Il y avait tout à faire
pour les rendre nettes, aucun des règlements de police qui ordonnaient l'en-
lèvement des boues n'étant exécuté. Bâville commande que ce service soit
donné en adjudication à huit entrepreneurs, un pour chaque capitoulat, sous
la surveillance particulière du capitoul locaH.
Le mauvais état du pavé, que l'on n'entretenait pas 8c qui rendait la circu-
lation très-pénible principalement sur les ponts 8c sur les places publiques,
' Ordonnance du î8 juin 1688. On lit dans le
testament syndical de Lafaille, p. 43 :
« Il y avoit dans une autre occasion une somme
de douze ou quatorze mil livres dans Us coffres du
bureau qui avoit iié pratiqué dans les galeries
hautes de l'hôtel de ville par le moyen d'une
bonne cloison de charpente. D'Albicre, l'aîné,
était alors commis des capitouls pour faire la re-
cette dans ce bureau, & il était logé assez loin de
l'hôtel de ville. Un jour, étant venu à ton ordi-
naire pour faire sa fonction, il fut bien surpris
de trouver son bureau ouvert, ses coffres crochetés
& plus encore de voir qu'on lui avoit enlevé l'ar-
gent du public. Il descendit sur-le-champ, il ap-
pela du monde pour voir l'état de son bureau, &
requit les capitouls de venir faire leur verbal;
toute la bourgeoisie fut étonnée de cet accident,
principalement les plus habiles ménagers qui des-
tinoient celte sommes quelque bon emploi pour
la ville, non pas posirtant au payement des dettes
ni à des ouvrages publics, mais pour la conser-
vation de ce qu'on appeloit Us privilèges de la
ville auxquels ils appréhendoient d'être encore
troublés.
n On mit d'Albière aux arrêts; on fit ouïr tout
ce qui avoit couché dans l'hôtel de ville la nuit
du vol & les précédentes. On fit publier un moni-
toire dans toutes Us paroisses, & enfin on bâtit
à mon nom une grande procédure aux dépens de
la ville; mais tout cela fut inutile, car on n'en
put tirer aucune sorte de preuve contre ceux qui
avoient commis le vol. D'Albière fut élargi &
même continué dans sa charge. On changea le
bureau où il est aujourd'hui. D'Albière ne fut
point soupçonné & continua encore longtemps
de faire la charge de receveur & de payeur Il
fut prévenu, plusieurs années après, d'avoir volé
à la ville ou prêté la main au vol d'une somme
considérable. Je n'ai jamais su à quoi elle pouvoit
monter; mais il se cacha 8t ne parut plus : il fut
condamné par contumace aux peines de péculat
8t néanmoins il vécut encore quelques années
exilé de la ville, n'ayant découvert le secret de ce
vol à personne que je sache; il est mort infime,
sans avoir laissé aucune postérité. )>
■ Ordonnance du 1 juillet 1688.
' Ordonnance du 1 juillet 1688.
* Ordonnance du 29 juin 1688.
i688
606 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
inspire à Bâville une autre ordonnance qui rappelle leur devoir aux officiers
municipaux & qui leur enjoint de préparer un nivellement général '.
Toutes ces mesures, dont la sagesse ne saurait être contestée, ne pouvaient
manquer de blesser les susceptibilités de l'hôtel de ville &. y furent très-mal
accueillies. La signification des ordonnances se fit par le ministère d'un
garde du roi en la prévôté de l'hôtel & grande prévôté de France, servant
près M. de Bâville, ou par un huissier aux finances. Le conseil de bour-
geoisie se donna beaucoup de mal pour faire annuler des actes d'intervention
qui blessaient son orgueil, mais que son incurie & sa paresse héréditaire
avaient trop bien justifiés.
L'intendant s'était aperçu que les assemblées de la maison de ville se
tenaient souvent sans ordre, secrètement, d une façon tumultueuse, 81 qu'on
ne voyait pas de traces dans les registres de plusieurs délibérations impor-
tantes, ceux qui les prenaient s'étant engagés par serment à n'en rien révéler.
Il transmit ces détails au ministère, &, peu de jours après, parut un arrêt du
conseil d'État qui établissait une discipline correcte.
Défense était faite aux capitouls & bourgeois de Toulouse de s'assembler
sans la présence des officiers royaux désignés par les coutumes locales, sous
peine de nullité des délibérations & de responsabilité des assistants; défense
d'exiger aucun serment extraordinaire, sous peine de quinze cents livres
d'amende; ordre de procéder au vote avec régularité, les assesseurs honoraires
votant les premiers, & après eux les membres du conseil de bourgeoisie, par
rang d'ancienneté, sans tenir compte de la qualité des personnes, l'appel
nominal étant fait par le greffier; ordre d'inscrire en tête de chaque délibé-
ration les noms de tous les assistants, 8c à l'officier royal président, ainsi
qu'aux capitouls, d'en signer le procès-verbal^.
Ainsi s'introduisaient, au milieu de la confusion d'un régime oligarchique,
les principes de régularité 81 d'exactitude que le temps a consacrés; l'inter-
vention de l'intendant, repoussée d'abord comme une atteinte à des libertés
qui n'existaient plus de fait, ramenait la municipalité à ses obligations 8c sau-
vegardait les intérêts généraux.
~^ Mais le temps allait manquer pour mener à bien les utiles œuvres de la
paiîç : une conflagration générale embrasait l'Europe, où la révocation de
1 edit de Nantes venait de susciter à la France d'ardents ennemis, & où le
protestantisme belliqueux avait trouvé son chef dans la personne de Guillaume
de Nassau, prince d'Orange, gendre du roi d'Angleterre Jacques IL Bientôt
les hostilités durent commencer sur toutes nos frontières.
On se battait vigoureusement dans la vallée du Rhin, lorsque le duc de
Noailles fit l'ouverture des États de Languedoc. Il y exposa comment le roi
avait repris les armes Se s'était vu contraint de refuser la médiation du pape,
engagé avec ses ennemis; il insista sur le caractère purement temporel de la
' Ordonnance du 19 juin 1688. assemblées de la ville de Toulouse. Pièces justifica-
' Arrêt du conseil d'Etat portant règlement des tiyes, n, DV, col. i38i.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 607
puissance pontificale en fait d'alliances politiques, cherchant à prémunir la
dévotion des méridionaux contre l'impression exagérée d'un antagonisme avec
le Saint-Siège; il fit ressortir la différence qu'on devait reconnaître « entre
<i ces jugemens redoutables à tous les chrétiens, que l'Église a le droit de
« prononcer, 8< les foudres injustes qui ne sont que l'ouvrage de la passion
« de ses pontifes '. »
Dans les premiers jours de décembre, toutes les villes de laProvince enten-
dirent proclamer, avec le cérémonial qui accompagnait habituellement ces
actes, la déclaration de guerre de Louis XIV à la Hollande^. Le roi se louait
de n'avoir rien négligé depuis le traité de Nimègue, pour assurer la tran-
quillité de l'Europe; mais, depuis plusieurs mois, des avis inquiétants lui
étaient parvenus sur les dispositions que manifestaient les Etats généraux des
Provinces-Unies des Pays-Bas. Leurs armements 81 leurs levées extraordi-
naires, leurs engagements avec les princes de l'Empire pour traverser l'éta-
blissement du cardinal de Furstemberg dans l'électorat de Cologne, l'inuti-
lité des réclamations portées par le comte d'Avaux, menaçant de considérer
comme une entreprise directement hostile à la France, tout ce qui pourrait
être tenté contre l'électeur, nécessitaient un recours aux armes. Le roi enjoi-
gnait donc, suivant la vieille formule, à tous ses sujets, vassaux 81 serviteurs
de courre sus aux Hollandais, tant par mer que par terre, avec défense très-
expresse d'avoir avec eux aucune communication, commerce ni intelligence, à
peine de la vie.
Louis XIV oubliait, dans ce manifeste, que, depuis la paix de Nimègue,
un événement capital, l'interdiction du culte réformé en France, avait changé
l'état de l'Europe 8c donné naissance à la ligue d'Augsbourg.
Au mois d'avril 1689, déclaration de guerre à l'Espagne : les ministres du
roi catholique dans toutes les cours étrangères, se sont appliqués à exciter
des inimitiés contre la France; ils ont contribué à l'union des princes protes-
tants, favorisé l'attentat de Guillaume d'Orange sur la couronne d'Angleterre,
refusé toutes les propositions qui tendaient à la restauration du souverain
légitime de la Grande-Bretagne. Les projets de ce rétablissement, commu-
niqués au mois de novembre 1688 8c reçus d'abord avec faveur tant que le
succès des orangistes semblait douteux, ont été abandonnés dès qu'on a su à
Madrid le roi d'Angleterre sorti de son royaume. Se l'on n'a plus parlé que de
guerre à la France. Le gouverneur des Pays-Bas espagnols lève des troupes
8c sollicite l'envoi d'un corps d'armée en Flandre, tandis que l'ambassadeur
de la même couronne stimule journellement les visées ambitieuses de l'usur-
pateur. Les agents du prince d'Orange ont touché des sommes considérables
à Cadix 8c à Madrid ; les troupes de Hollande 8c de Brandebourg sont entrées
dans les principales places flamandes des Espagnols, 8c les Etats généraux
' Pièces }astifieat'ives, n. DVI, col. i382. tume, précédés du verguier à maste d'argent & des
' A Toulouse, cette proclamation fut faite à tra- deux trompettes jiirés, avec une escorte du guet
vers les rues, en présence de quatre capitouls & en casaques rouges.
deux assesseurs à cheval, portant leur grand cos-
1689
lôSp
• 608 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sont invités à faire avancer une armée sovis Bruxelles. Le roi croit ne devoir
pas perdre de temps pour prévenir ces mauvais desseins.
Ainsi le cercle de feu se fermait autour de la France. Le chef avoué des
protestants d'Europe, Guillaume d'Orange, était maître de la couronne £<,
allait disposer des flottes britanniques; à l'est la coalition des princes de
l'Empire, au sud la guerre d'Espagne, divisaient les forces françaises & les
appelaient simultanément sur les champs de bataille les plus éloignés.
La situation devint particulièrement difficile pour le pays de Languedoc,
où, depuis la persécution des protestants, l'ordre ne pouvait être maintenu
qu'à grand renfort de troupes, de surveillance & de tournées perpétuelles.
La nécessité d'envoyer tous les régiments en état de servir au Rhin, aux
Alpes 8c aux Pyrénées, dégarnissait les postes de l'intérieur. 11 fallut aviser
au plus vite. On commença par organiser un corps de quatre mille hommes
de milice dont la dépense dut être supportée par la ville de Toulouse & par
les vingt-deux diocèses de la Province, Si immédiatement couverte au moyen
d'un emprunt '.
Chaque compagnie était rassemblée pour la revue & l'exercice tous les
dimanches, les hommes demeurant libres, les autres jours de la semaine, de
vaquer à leurs occupations.
Les sergents avaient la hallebarde & l'épée; les soldats, le fusil, l'épée, le
ceinturon Si. la gibecière. Les armes, les butfleteries 8c les tambours restaient
en dépôt dans la maison commune du lieu d'assemblée 8c n'en pouvaient
sortir que les dimanches, par l'ordre du capitaine, ou lors des expéditions
régulièrement commandées.
Les syndics diocésains furent invités à solliciter des prêts volontaires d'armes
pour diminuer les frais, avec promesse de restitution en nature ou en valeur,
sous la garantie des consuls, quand les milices seraient congédiées.
La détresse était si grande qu'il fallait même accepter des armes dét-ério-
rées, sauf à les réparer du mieux qu'on pourrait.
Le ministère se chargeait de fournir la poudre 8c le plomb.
Le comte de Broglie, lieutenant général pour le roi dans la Province, avait
ordre de faire pourvoir par les étapiers à la subsistance des milices en marche
le long des routes prescrites. Une paye extraordinaire était assurée aux offi-
ciers 8c aux soldats tout le temps que durerait leur séjour dans des postes
éloignés de leurs quartiers^, 8c les instructions faisaient défense expresse aux
consuls d'aggraver les charges de leurs communes en consentant aucune
■ La solde des officiers, sergents & soldats de ce Voici la solde extraordinaire en campagne :
corps était évaluée, pour les quatre premiers mois, Colonel, 3 livres par jour; lieutenant-colonel,
à 74,286 livres. 5o sols; major, 40 sols; capitaine, 3o sols; lieii-
* Voici le tarif de la solde ordinaire pour les tenant, 20 sols; sergent, 10 sols, dont il baillera
officiers, sergents & soldats : g sols pour sa subsistance; soldat, 5 sols, dont 4 à
Colonel, 5o livres par mois; lieutenant-colonel, déduire pour subsistance.
45 livres; major, 40 livres; aide-major, 3o livres; Les officiers devaient s'entretenir Si s'iqiiiper à
capitaine, 3o livres; lieutenant, i5 livres; ser- leurs frais.
gent, 4 sols par jour; soldat, 2 sols.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 609
dépense irrégulière pour les milices, sous prétexte d'enrôlement ou de tout
autre motif'.
Le but unique de cette formation était de maintenir les religionnaires de
Languedoc, tant on avait peu de confiance dans cette fameuse conversion
de tous les protestants de France, dont les orateurs officiels osaient encore
féliciter le roi dans leurs harangues de cérémonie!
Les principales instructions ou correspondances du commandant militaire
8<. de l'intendant, relatives à l'organisation de la milice, furent datées des
Cévennes, où l'imminence de nouveaux troubles venait de les appeler.
Depuis plusieurs mois, un vent de folie soufflait sur les montagnes du
Vivarais. On n'y parlait que de prophètes, d'inspirés, de gens en communi-
cation avec l'Esprit; des vieillards, des femmes, de jeunes enfants tombaient
en convulsions, récitant des passages de la Bible, des fragments de prédica-
tions protestantes, exhortant les peuples à s'amender, à faire pénitence, à
expier leurs apostasies, à fuir la messe 8<. les prêtres catholiques, paraphrasant
les prédictions de Jurieu sur la victoire définitive de l'Eglise réformée & pro-
menant à travers les solitudes les plus sauvages les manifestations d'un délire
religieux qui se traduisait par mille singularités.
On prétendait que cette contagion était venue du Dauphiné, où un vieux
calviniste nommé du Serre, qui habitait une verrerie dans les montagnes &
qui allait quelquefois à Genève, aurait surexcité l'imagination de plusieurs
malheureux jeunes gens des deux sexes 8c les aurait portés à se répandre dans
le Languedoc pour y propager leur nionomanie.
Quoi qu'il en soit, des émotions de ce genre étaient dénoncées par Noailles,
dès 1688, dans le diocèse de Castres. Une jeune paysanne prétendait avoir
des visions & converser avec des anges qui lui traduisaient surtout les menaces
de la colère céleste contre les protestants coupables d'apostasie. Elle courait
les campagnes Se prêchait à travers les villages, anathématisant les nouveaux
convertis, Se faisant si bien, par ses adjurations passionnées, qu'un grand
nombre d'entre eux se rétractèrent. On employa, pour arrêter le cours de
cette propagande qui avait déjà donné lieu à plusieurs attroupements, le
remède appliqué alors à tous les entraînements religieux : on fit marcher une
compagnie de dragons. Les cavaliers ayant investi une maison où se trouvait
la possédée, le capitaine y pénétra, pistolet au poing. Plusieurs paysans y
étaient réunis; l'un d'eux saisit à la gorge & culbute l'officier, qui le tue à
bout portant; le second, prêt à décharger un coup de levier de fer sur la tête
du lieutenant, est fusillé par les dragons; le reste se sauve par les fenêtres.
On enlève la fille, on la conduit en prison^.
' Nous publions aux Pièces justificatives une causa quelques désordres. Les capitouls s'en plai-
ordonnance particulière du comte de Broglie pour gnirent au ministre & réclamèrent un désarme-
la formation de trois compagnies d'anciens catho- ment qui fut refusé par Louvois. Pièces juilificc-
liques, de cinquante hommes chacune, n. DVII, tives, n. DVIII, col. i385.
col. j384. On levait en même temps des compa- ' Millot, Mémoires du duc de Noailles, p. 290.
gnies de troupe» réglées dont le séjour a Toulouse Lettre de Noailles à Louvois, du 1") novembre
XIII. 3,;
1689
lôSp
6io
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le lieutenant criminel de Castres se transporta sur les lieux pour informer
du double meurtre; mais on déclara que les deux paysans tués passaient pour
les plus méchants Si les plus séditieux de la contrée; que d'ailleurs ils avaient
pris l'offensive, Se que les dragons, chargés d'enlever militairement la vision-
naire, étaient couverts par leur consigne. Louvois manda au duc de Noailles
de ne pas souffrir que les poursuites fussent continuées. Tous les chefs mili-
taires avaient Tordre de traquer vigoureusement les assemblées; mais bientôt
on ne compta plus assez de compagnies de dragons pour arrêter les éclosions
de prophéties qui se produisaient dans les parties montagneuses de la Pro-
vince Si principalement dans les contre-forts des Cévennes qui s'abaissent vers
le Rhône.
Les démonstrations de ces possédés ressemblaient à celles des illuminés de
tous les temps, rappelant les extases des takirs & les mouvements désordonnés
des derviches tourneurs. La plupart d'entre eux se disposaient à leur apostolat
par une préparation appropriée. Ils suivaient religieusement les assemblées qui
se tenaient au désert, faisant de longues courses, de paroisse en paroisse, au
milieu d'une nature âpre & grandiose, où le bruit du vent dans les arbres,
la voix des torrents, les épouvantes mystérieuses qui passent à travers les ténè-
bres, jetaient le désordre dans leur intelligence. Le retentissement des coups
de feu, l'arrivée subite des dragons, les cris d'eftroi , les malédictions farou-
ches qui répondaient aux décharges, cette existence de bêtes fauves incessam-
ment poursuivies par le Chasseur, les heures de refuge dans les cavernes, une
nourriture insuffisante, qui n'était souvent composée que de pommes & de
noix', quelquefois même de longs jeûnes volontaires ou commandés par le
1688. — Ces faits se passèrent à la Capelle. D'après
Brueys, l'ange était un petit garçon de sept à huit
ans, habillé de blanc, qu'on avait posté derrière
un buisson, sur la route que la jeune fille suivait
en allant garder ses vaches, & qui lui aurait dé-
bité une leçon apprise par cœur, contre les nou-
veaux convertis coupables d'assister à la messe.
L'apparition fit grand bruit dans les environs
& attira les habitants de Viane, la Caune & au-
tres villages.
La jeune fille, conduite à la tour Caudière de
Castres, y fut interrogée par le subdélégué Bar-
bara. Elle finit par déclarer que l'ange lui avait
conseillé, en la quittant pour la dernière fois, de
fréquenter l'église catholique.
L'année suivante, on parla encore d'apparitions
d'anges dans le diocèse de Castres, & deux grandes
figures voilées se montrèrent à l'assemblée de la
grange deTalpayrac (février 1689). Elles passèrent
parmi la foule, une lanterne à la main, annon-
çant en patois du pays qu'elles allaient chasser
les indignes'.
' Brueys, Histoire du fanatisme de notre temvs.t. I,
p. 164.
' L'observation est de Fléchier : « Ces pauvres
gens, dit l'évêque de Niraes, n'entendoient parler
que d< ces sortes de dévotions, leur imagination
en étoit remplie; ils voyoient dans les assemblées
ces représentations dont ils s'entretenoient sans
cesse eux-mêmes. On leur ordonnoit de jeiiner
plusieurs jours, ce qui leur affoiblissoit le cer-
veau, 8c les rendoit plus susceptibles de ces visions
creuses & de ces vaines créances. Les courses qu'ils
faisoient de paroisse en paroisse, de montagne en
montagne, pour y passer les jours & les nuits,
sans prendre d'autre nourriture que quelques pom-
mes ou quelques noix; les spectacles & les exhor-
tations continuelles de tout quitter pour se trouver
dans l'assemblée des élus & des fidèles, & d'y faire,
comme les autres, des prédictions imaginaires; la
petite gloire d'être élevé sur un théâtre, d'être
écouté comme un oracle, de faire tomber d'un seul
mot mille personnes à la renverse, de consacrer
pour ainsi dire, ses extravagances, 8c rendre sa
folie vénérable par le mélange de qaelques textes
mal appliqués de l'Ecriture, c'étoient autant d»
causes de cette corruption presque générale'. 1»
' Fléchier, Lettres choisies, 1, p. 370.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 6ii
ministre, l'écho de ces prédictions que les voyageurs apportaient de Genève 8<.
de Rotterdam, annonçant le renversement prochain du papisme, la ruine
de l'empire antichrétien, le châtiment de Louis XIV, la victoire du roi d'An-
gleterre, protecteur Si champion de tous les protestants d'Europe; ce mélange
de souffrances réelles, de conceptions imaginaires, de terreurs & d'espérances,
agissant sur des corps débiles, avait plus de puissance qu'il n'en fallait pour
déranger de pauvres têtes assez mal meublées, nourries des paraphrases de
l'Apocalypse Se des plus violentes inspirations de la poésie hébraïque.
Ces infortunés se mettaient dans un tel état d'exaltation qu'ils tremblaient
de tous leurs membres, se jetaient à la renverse, écumaient, versaient d'abon-
dantes larmes, tombaient en syncope, tournaient avec précipitation jusqu'à
perdre haleine, puis prononçaient des sermons assez uniformes, promettant
tous le triomphe des enfants de Dieu, la justification de son Eglise, l'anéan-
tissement de la nouvelle Babylone, en un mot tout ce qui se répétait jour-
nellement dans les assemblées protestantes. Ils témoignaient, du reste, pen-
dant ces heures d'égarement, de cette insensibilité à la douleur physique tant
de fois signalée chez les hommes que maîtrise la folie; on les voyait alors
mépriser le fer Se le feu, souffrir des blessures d'instruments tranchants sans
se plaindre, se donner eux-mêmes des coups violents, se rouler comme des
pelotons au milieu des roches ou des souches de vigne, se jeter en bas du
haut des arbres.
Quant aux discours particuliers qu'ils tenaient aux assemblées 8c à leurs
prédictions épisodiques, le texte n'en variait guère. Ils annonçaient qu'il y
avait des traîtres dans la réunion, ce qui était à peu près immanquable, parce
que l'intendance, avec le concours des curés, entretenait des espions partout;
que les enfants de Dieu seraient surpris par les soldats Se leur échapperaient,
ce qui était toujours vrai pour la plupart. Enfin, ils criaient « miséricorde, »
ils gémissaient sur les calamités présentes, ils excitaient au repentir, à la con-
fiance en Dieu, à la haine des prêtres catholiques. Demi-oracles, demi-poëtes,
ils célébraient la persécution 8t la ruine des temples, comme ces improvisa-
teurs qui, dans certains pays méridionaux, entonnent auprès des morts la
cantilène des funérailles.
Ces étranges personnages se multiplièrent en quelque temps dans des pro-
portions effroyables. Étaient-ils de bonne foi Se. vraiment du|>es de leur inspi-
ration? N'aurait-on pu trouver parmi eux des émissaires étrangers, cherchant
à produire une sédition en France, comme nous avons vu des Arabes prêcher
la guerre sainte en Algérie pour le compte de puissances européennes? Ces
sortes de négociations, quand elles ont lieu, ne se font pas de façon à laisser
de traces; la coïncidence de l'éclosion des prophètes avec une conflagration
générale du continent, Se les rapports constants des réformés de France avec
les émigrés Se les chefs du mouvement évangélique en Allemagne, en Hollande
Se en Angleterre, sont les seuls indices qui autorisent l'hvpothèse d'une inter-
vention extérieure.
Au milieu de la multitude des illuminés, quelques figures plus marquantes
1689
i68p
6i2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
se détachèrent. La belle Isabeau, bergère de Cret, qui eut l'honneur d'être
citée avec éloge par Jurieu Se de préoccuper les docteurs de Rotterdam, rem-
plit le Dauphiné de ses prédications, Si finit par se faire catholique dans les
prisons de Grenoble.
En Vivarais, Gabriel Astier, Dauphinois comme Isabeau, acquit un renom
plus éclatant. C'était un jeune homme de vingt-cinq ans, originaire de Clieu,
qui s'établit d'abord à Bressac, dans les coteaux du Rhône, entre Baix Se
Cruas, & commença d'y prophétiser. Il y trouva ses premiers disciples, Se fit
retentir les granges du bruit de son inspiration. Mais bientôt des perquisitions
de justice ayant été faites dans ce village, dont plusieurs habitants furent incar-
cérés à Privas Si. au château de La Voûte-de-Ventadour, Astier se déroba par
la fuite Si gagna le pays des Boutières, asile plus sûr Si théâtre mieux disposé.
C'est une région sauvage & triste du haut Vivarais, qui occupe les vallées
supérieures de l'Eyrieu S<. du Doux, sur les confins du Vêlai : plateaux élevés,
incultes, ensevelis sous les neiges pendant l'hiver, dépouillés pendant l'été,
éloignés des voies de communication. L'esprit prophétique s'acclimata rapide-
ment dans ces solitudes, & les inspirés y fourmillèrent. Chaque montagne
devint un Thabor.
On prétendait que le prophète pouvait communiquer son inspiration à qui
bon lui semblait, soit en lui donnant un baiser, soit en lui soufflant dans la
bouche. Astier pratiquait surtout le premier système à l'égard des femmes,
qu'il embrassait, la nuit, dans les assemblées, en leur disant : « Je vous donne
« le Saint-Esprit '. »
Des troupes très-nombreuses se formèrent Si allaient tenir leurs assises sur
les points les plus élevés, qui offraient au prophète une mise en scène majes-
tueuse, des analogies naturelles avec les sommets de la tradition biblique.
Se aussi des postes d'observation favorables pour se garder de l'approche des
dragons.
A peu d'intervalle, des réunions de quatre à cinq cents personnes furent
convoquées dans les plus solitaires paroisses de l'Eyrieu, à Saint-Cierge, à
Pransle, à Tauzuc, à Saint-Sauveur, à Saint-Michel, à Gluyras^.
Un jour qu'il y avait assemblée près de Saint-Sauveur-de-Montagut, un
capitaine du régiment de Flandres, nommé Tirbon, eut la témérité de l'abor-
der avec dix hommes seulement de sa compagnie. 11 intima aux attroupés
l'ordre de se séparer; puis, comme ils n'obéissaient pas, fit tirer sur eux. Trois
restèrent sur place; mais les autres enveloppèrent la petite troupe & l'assom-
mèrent à coups de pierre. Cet événement, que la supériorité du nombre
expliquait de reste, fut exploité comme une marque de la protection divine;
Si, dès ce moment, les prophètes n'eurent plus de peine à faire croire que
les vrais enfants de Dieu étaient invulnérables Si que les balles devaient
glisser sur eux sans les atteindre.
' Déposition d'une femme, citée par Fléchier. ' Brueys, Histoire du fanatisme de notre temps.
Lettres choisies, I, p. 36 1. 1, p. 12^.
1,1V. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 6i3
Quand une convocation était annoncée, le prophète faisait battre le pays à
trois ou quatre lieues à la ronde par quelques émissaires qui donnaient le
mot d'ordre jusque dans les moindres hameaux 8c dans les fermes isolées. A
l'heure fixe, on voyait affluer par tous les chemins, cherchant autant que
possible les lieux écartés, des paysans, des femmes, des entants, tous empressés
d'entendre la parole miraculeuse. Le prophète se plaçait sur une éminence,
tombait à genoux 8t criait : « Miséricorde! » L'assistance entière l'imitait
Ensuite il récitait la prière usitée dans les temples, à l'ouverture des exer-
cices, & entonnait un psaume de Marot ou de Bèze, accompagné de tous les
fidèles. C'est à la suite de ces chants que se produisaient les convulsions, les
chutes à la renverse, les évanouissements, les sanglots {k les prédictions.
Habituellement, les prophètes recommandaient la pénitence, annonçaient la
fin du monde, le jugement dernier dans trois mois, le châtiment des nouveaux
convertis qui avaient assisté à la messe. Souvent aussi ils annonçaient que les
ternples allaient se relever, Si que les églises catholiques, surtout les plus
voisines, étaient à la veille d'un écroulement surnaturel; d'autres fois, ils
prédisaient que les prêtres même les plus ardents seraient touchés de Dieu &
deviendraient ministres de l'Evangile. D'autres, plus obstinés, seraient frappés
comme persécuteurs.
Bientôt, l'audace augmentant, les assemblées cessèrent de rechercher les
ténèbres. Il y en eut une en plein jour, le 36 janvier 1689 & le 12 février,
tous les curés & agents royaux furent en alarmes, à cause de la multiplicité
des manifestations que l'on signalait sur tous les points du pays. Quelques
gens d'église ou de robe ayant essayé d'intervenir, se virent repousser avec
des huées, 8c réclamèrent des troupes.
M. de Folville, colonel du régiment de Flandres, se mit en campagne
avec quatre compagnies. Il traita ces malheureux suivant le remède indiqué
par Louvois, dissipant les attroupements par la force 8c faisant tirer dessus'.
Cependant le duc de Noailles avait été chargé du commandement de
l'armée d'Espagne 8c ne s'occupait plus des affaires de la Province où le
comte de Brogiie exerçait l'autorité militaire. Ce lieutenant général 8c l'in-
tendant se trouvaient à Montpellier lorsque, le 16 février à minuit, des
exprès leur annoncèrent la conflagration du Vivarais. Ils partirent le lende-
main, après avoir invité M. de la Garde de Chambonas, évêque de Lodève,
à revenir les joindre, à cause des relations de ce prélat dans le pays, où il
avait longtemps servi auprès de son oncle, évêque de Viviers.
La situation de l'Europe, les succès du prince d'Orange en Angleterre,
la coalition des protestants d'Allemagne inspiraient en ce moment les plus
vives inquiétudes. On se demandait si les pays réformés du Languedoc,
aigris par l'édit de révocation, n'étaient pas un point vulnérable, dont les
ennemis extérieurs sauraient profiter. Il n'y avait dans tout le Vivarais que
' « Cette saignée, dit Brueys, p. i 3i, ne fit qu'ir- faisoit couper à cette hydre, il en voyoit aussitôt
riter le mal, &, pour une tète qu'il (le colonel) renaître vingt autres, sans qu'il le put empêcher.»
1689
1689
6i4 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
quatre compagnies de dragons Si quatre compagnies d'infanterie assez mal
en ordre.
Broglie & Bâville, s'étant rendus tout d'abord à Pont-Saint-Esprit, envoyè-
rent l'ordre aux communes du Vivarais de lever promptement des milices
d'anciens catholiques, Se au colonel Folville de rassembler tous les gens de
guerre que l'on pourrait trouver dans le pays, d'en former un corps & de
refouler autant que possible les attroupés dans les montagnes avant de les
investir & de les isoler de la vallée du Rhône.
La mobilisation s'exécuta dans moins de vingt-quatre heures, & les hosti-
lités purent s'ouvrir.
Aussitôt que le colonel de Folville était averti de la présence des attroupés
sur un point, il s'y transportait avec sa colonne pour les forcer à battre en
retraite. Ces mouvements de troupes ne produisirent pas d'abord les effets
qu'on espérait. L'ardeur des prophètes en paraissait augmentéej ils répétaient
aux paysans que les enfants de Dieu étaient invulnérables & qu'il suffisait
de souffler sur les troupes en leur criant : « Tartara ! » pour les mettre
en fuite.
Broglie &. Bâville s'avancèrent dans la haute vallée de i'Ardèche jusqu'à
Aubenas, afin de surveiller l'opération de plus près. Folville, ayant sous ses
ordres, lé comte de Vabres, M. de Mirabel 81 M. de Prau, capitaine de dra-
gons du régiment Dauphin, marchait à la tête des milices de Privas, de
Bologne, d'Aubenas, de Rochemaure, d'Entraigues & de Saint-Laurens, avec
un petit corps de troupes réglées. Les avis d'assemblées arrivaient de toutes
parts j on en signalait cinq dans la paroisse de Gluyras, une à Cruas, une
autre au coteau de La Fare, dans la paroisse de Pransle où ne se trouvaient
pas moins de deux mille personnes, d'autres enfin à Saint-Cierge, à Saint-
Michel, à Saint-Maurice, à Saint-Genieys-la-Chan. Il n'y avait pas un lieu
de ces plateaux désolés des Boutières qui ne servît de théâtre aux emporte-
ments des fanatiques.
Voilà donc ce que la politique royale & cette chimère d'une conversion
universelle avaient fait d'un pays si longtemps ménagé, au milieu des plus
grandes crises de guerre civile, par l'heureuse habileté de Mazarin. En détrui-
sant les temples, on avait montré aux peuples les chemins du désert; en
interdisant les pratiques régulières d'un culte chrétien, on avait fait éclore
ces exercices bizarres dont certains traits semblaient empruntés aux supersti-
tions orientales; en chassant les ministres, on avait livré la crédulité des
foules au prestige des enchanteurs. Puis, comme l'étranger veillait, comme
la coalition européenne réclamait une sédition, beaucoup d'éléments suspects
se mêlaient aux multitudes égarées^ on leur donnait des conseils de lutte
ouverte, on leur enseignait des moyens de résistance plus efficaces que le
souffle des prophètes & leurs imprécations cabalistiques, on réveillait le vieil
instinct militaire du Vivarais, en apprenant aux attroupés à choisir de fortes
positions, à s'éclairer, à poser des sentinelles.
Folville, hors d'état d'attaquer simultanément tous les groupes hostiles
LIV, III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 6i5
qu'on lui signalait, résolut d'aborder en premier lieu une forte assemblée
réunie sur la montagne de Cheylaret, dans le massif qui sépare les vallons
supérieurs de l'Ardèche & de l'Eyrieu, entre Gluyras 8t Saint-Geniès. Des
masses nombreuses y étaient concentrées Se faisaient retentir de leurs cla-
meurs les collines avoisinantes. Tout les défilés ayant été occupés par les
milices, divers petits corps exécutèrent un mouvement convergent sur l'as-
semblée. En gravissant les pentes abruptes, les dragons Si les fusiliers furent
accueillis par une grêle de pierres Si salués de quelques coups de feu ; des
hommes, des femmes, en proie à une sorte de délire, s'avançaient sur le front
des troupes, gonflant les joues pour souffler de toutes leurs forces, & répétant
la fameuse formule d'anathème : « Tartara ! tartara ! » les soldats marchaient
toujours, renversant devant eux prophètes & prophétesses Se tirant sur cette
foule de maniaques. Lorsque les colonnes d'attaque eurent atteint le bord du
plateau, la panique devint générale; tout ce qui restait debout gagna préci-
pitamment les forêts, à travers des précipices où les seules gens du pays pou-
vaient se frayer un passage; on fit une cinquantaine de prisonniers & l'on
compta près de trois cents cadavres disséminés le long des pentes.
Après cette sanglante exécution, il fallut se mettre en route pour en recom-
mencer de nouvelles; tantôt les assemblées se dissipaient à la seule approche
des gens de guerre, tantôt elles attendaient les premières décharges pour
prendre la fuite, abandonnant leurs morts sur le terrain.
L'assemblée qui fut surprise sur le coteau du Besset, près de Saint-Geniès,
offrit le plus douloureux spectacle. Le colonel de Folville, peu glorieux de
remporter des victoires sur des gens qui ne se battaient pas, St désireux
d'éviter une autre boucherie, fit dire aux attroupés de lui envoyer un parle-
mentaire. Cet homme arrivé, Folville le chargea de promettre une amnistie
universelle à condition que chacun rentrerait chez soi. La réponse fut néga-
tive; alors le colonel envoya un notaire de La Voûte, très-connu dans le
pays, pour ouvrir de nouvelles négociations. Quand les fanatiques le virent
paraître, ils le saluèrent du nom de Satan & lui enjoignirent de se retirer.
Un troisième ambassadeur fut expédié : ils le reçurent k coups de pierre :
alors on fit avancer quelques pelotons de tirailleurs, avec ordre de ne pas
ajuster 8<. de faire plus de bruit que de mal. Les malheureux ne bronchèrent
pas avant qu'on ne les eût sérieusement chargés & se firent tuer encore une
centaine de personnes.
Tandis que M. de Folville poursuivait cette sanglante tournée, l'inten-
dant tenait ses assises, jugeant prévôtalement les prisonniers qui lui arri-
vaient, sous escorte, de tous les points du territoire, 6c le comte de Broglie
faisait une inspection des communes, afin de les maintenir dans le devoir,
d'annoncer l'envoi de forces militaires considérables 6t d'empêcher toute com-
munication avec le Dauphiné.
M. de la Garde de Chambonas, accouru en toute hâte, visitait de son côté
les paroisses, pour y porter des paroles de consolation 6c de paix, arrêter la
brutalité des troupes 6c tempérer les rigueurs de la répression.
1689
1689
6i6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Ces terribles événements ne décourageaient pas l'enthousiasme des pro-
phètes & la constance de leurs fidèles. Un certain Paul Beraud, que l'on
appelait communément l'Apôtre-Saint-Paul, avait réuni une cinquantaine de
personnes dans un hameau de Pourchères, lorsque Broglie Se Bâville pas-
sèrent avec leur troupe sur le grand chemin de Privas. Avis ayant été donné
de l'assemblée, que le marquis de Vogué alla reconnaître, on se hâta de l'in-
vestir. L'Apôtre-Saint-Paul sortit le premier, à la tête de ses gens, & com-
mença de jeter des pierres. Sa fille Sara, qui n'avait que dix-huit ans & qui
comptait déjà pour une grande prophétesse, parut bientôt à côté de lui,
criant : « Tartara ! » Il y eut un rapide engagement où l'Apôtre finit par
être tué avec dix ou douze de ses compagnons. Sa fille, blessée en faisant
une furieuse résistance, fut enlevée St conduite à Privas, où, pendant trois
jours, elle affirma être en possession du Saint-Esprit. Les soins que les
médecins lui donnèrent finirent par triompher de son égarement.
A force de battre le pays, de fusiller les attroupés, de les emprisonner & de
les pendre, on réussit enfin à rétablir le calme en Vivarais. Toutes les com-
munes où dominait la population réformée, craignant d'être enveloppées dans
les conséquences de cette triste aventure, multiplièrent les protestations de
fidélité & d'obéissance. Broglie & Bâville organisèrent, dans les diverses
paroisses, des corps de milice catholiques placés sous le commandement des
marquis de Vogué, de la Tourrette, de Chambonas & de M. de Bavas. En
quittant le pays, le lieutenant général & l'intendant passèrent par les Cé-
vennes afin d'y étouffer, s'il y avait lieu, les moindres tentatives d'agitation.
Quant au promoteur de l'émotion prophétique du Vivarais, on n'en savait
plus de nouvelles. Gabriel Astier n'avait été reconnu, ni parmi les morts des
champs de bataille ni dans les prisons, &c l'on faisait courir son signalement
dans toute la France. Il s'était habilement dérobé aux poursuites en s'enga-
geant comme soldat, sous un faux nom, dans le régiment de Saulx. Un jour
que l'on passait la revue de ce corps à Montpellier, quelqu'un appela l'atten-
tion sur la physionomie de l'ancien prophète : on le pressa de questions; il
finit par avouer sa qualité, fut conduit à Baix, jugé par M. de Bâville 8(
attaché à la potence, dans le lieu même qui avait été témoin de ses premières
prédications.
Broglie 8t Bâville, dans leur rapide inspection des Cévennes, après la sou-
mission du Vivarais, n'eurent à signaler qu'un incident digne de mémoire.
Ils apprirent que l'on voyait circuler en plein jour, entre Florac & Pom-
pidou, sur les plateaux qui séparent le bassin du Tarn de celui du Gardon,
une troupe d'environ quatre cents hommes armés, marchant sous les ordres
d'un chef nommé Vivens.
Ce personnage était un cardeur de laine du village de Valeraugue, situé
dans les hautes Cévennes, au pied de la montagne de l'Espérou. Petit, boi-
teux de naissance, mais alerte, endurci à la fatigue, d'un esprit audacieux 8t
entreprenant, il s'était distingué dans sa jeunesse par mille aventures, sui-
vant les assemblées avec une assiduité infatigable, & y faisant au besoin
LIV. III. REVOCATION DE LEDIT DE NANTES. 617 "T
' 1685
l'office de prédicant. Il avait d'ailleurs l'habitude des armes & connaissait si
bien les moindres détours du pays sauvage où s'était écoulée son enfance, que
pendant longtemps il avait défié toutes les poursuites. Cependant, sous le
commandement du marquis de La Trousse, se voyant serré de près & crai-
gnant de ne pouvoir plus tenir la campagne, il s'était résolu à entrer en
négociation avec un maréchal de camp des armées royales qui lui permit de
se retirer en Hollande, sous l'engagement formel de ne plus remettre les
pieds en I/anguedoc.
L'explosion de la guerre générale parut à Vivens un motif suffisant pour
violer sa promesse, 6t il réussit à rentrer dans les Cévennes; il y arrivait
avec un titre nouveau qui ne pouvait manquer de lui assurer une autorité
plus grande sur l'esprit des peuples, ayant été nommé, en Hollande, ministre
du saint Évangile.
Sa vocation guerrière n'en était pas d'ailleurs diminuée ; il fit des amas
d'armes, de poudre Se de plomb, Se commença de réunir autour de lui les
enthousiastes qui voulaient combattre pour leur foi Se les maraudeurs qui
rêvaient des coups de main.
Averti de la présence de cette petite troupe dans les cantons qu'il traver-
sait, le comte de Broglie courut à elle avec son escorte. Il réussit à l'atteindre
dans les gorges du Tarn, au confluent du Tarnon, Se la chargea vigoureu-
sement. Les insurgés se jetèrent en désordre dans les bois de Rampon, sur
les flancs de la montagne du Bougez, où ils furent bientôt relancés. Il en
périt un certain nombre, on fit aussi quelques prisonniers que l'on exécuta
le lendemain, à Saint-Jean de Gardonnenque. La garde du pont de Florac
avait été confiée aux habitants de ce bourg, faute de troupes suffisantes; ils
facilitèrent l'évasion des fugitifs. Vivens gagna la montagne Se ne put être
retrouvé.
Il continua d'y faire résidence, se dérobant à toutes les poursuites. La
complication des affaires de l'Europe devait lui envoyer bientôt un ardent
collaborateur.
L'obscur, mais énergique instigateur de la ligue d'Augsbourg Se de la coali-
tion des puissances protestantes contre Louis XIV, était un réfugié langue-
docien, originaire de Nimes. Claude Brousson, d'abord avocat près la chambre
de l'édit de Castres Se de Castelnaudary, Se plus tard près le Parlement de
Toulouse, passionné pour la défense de sa religion, avait, dès les premières
tentatives de conversion générale, pris la tête de la résistance. On disait que
diverses délibérations s'étaient tenues par son initiative, à Toulouse, en
Poitou, en Vivarais, en Dauphiné Se dans plusieurs villes des Cévennes. Le
but en était de protester contre les prohibitions royales, d'invoquer l'exécu-
tion de l'édit de Nantes, Se de continuer partout les assemblées, sans se laisser
décourager ni par les menaces ni par les violences.
Retiré à Lausanne, après l'expédition du duc de Noailles dans les Cé-
vennes, Brousson y était devenu l'âme de ce groupe de réfugiés à qui le
ressentiment de la persécution faisait oublier leur qualité de Français. Il fut
1689
6i8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
député par ses compagnons d'exil vers les puissances protestantes du nord de
l'Europe & entra en négociations actives avec l'électeur Frédéric-Guillaume,
le pensionnaire Fagel & surtout le prince d'Orange. Ce fut lui qui, à Berlin,
communiqua aux deux princes un projet de confédération des réformés contre
le roi de France, point de départ de tous les événements qui mirent l'Europe
en feu.
Un grand nombre d'ofiîciers protestants réfugiés, parmi lesquels on comp-
tait Jacques de Banne, baron d'Avéjan, M. de Belcastel, le baron d'Entragues,
les frères de Batz, firent partie de l'armée de débarquement qui gagna la
couronne d'Angleterre au prince d'Orange'. Bientôt les forces mêmes de la
Grande-Bretagne furent ouvertement tournées contre la France.
Le roi Guillaume lança, le 17 mai 1689, une déclaration de guerre contre
Louis XIV. La Cour de Versailles y répondit, cinq semaines après, par un
manifeste dont la publication se fit dans toutes les villes avec le cérémonial
accoutumé*.
Le roi semblait s'excuser dans cet écrit de n'avoir pas immédiatement
répondu à la révolution de 1688 par une intervention armée, & se justifiait
de ce retard en avouant les illusions qu'il s'était faites sur la conduite des
« honnêtes gens de la nation angloise. » Mais, reconnaissant la complicité
des Anglais Se des Écossais avec l'usurpateur du trône, il n'hésitait pas à se
présenter en champion du souverain légitime.
Quelques jours après cette déclaration de guerre, Brousson quittait Lau-
sanne, & à la fin de l'année il rejoignait Vivens dans les Cévennes, avec la
pensée d'y attendre les événements,
jg Ainsi, de jour en jour, la situation empirait.
Pour suppléer au manque de troupes, la Cour résolut de créer des forces
territoriales exclusivement composées d'anciens catholiques. On en forma cin-
quante-deux nouveaux régiments de milices qui n'étaient point payés par la
Province & qui devaient être prêts à marcher au premier ordre. Ces régi-
ments, dont l'effectif variait suivant la population des lieux où ils étaient
levés, comprenaient depuis deux jusques à vingt-neuf compagnies; ils avaient
' Weiss, Histoire des réfugiés protestants de dix-septiesme du mois de may dernier. Sa Majesté
France, II, p. 296. A ORDONNÉ ET ORDONNE à tous ses sujets, vassaux
• Voici le texte de cette déclaration : & serviteurs, de courre sus aux Anglois & Ecos-
« De par lb Roy, Sa Majesté auroit déclaré la sois, fauteurs de l'Usurpateur des royaumes d'An-
guerre à l'Usurpateur d'Angleterre dès que son gleterre & d'Ecosse, &. leur a deffendu & deffend
entreprise a éclaté, si Elle n'avoit appréhendé de d'avoir cy-après aucune communication, com-
confondre avec les adhérens dudit Usurpateur les merce ni intelligence à peine de la vie, & à cette
sujets fidèles de Sa Majesté Britannique & qu'ElIe fin Sa Majesté a dès à présent révoqué toutes per-
n'eût toujours espéré que les honnestes gens de missions, passeports, sauvegardes & saufconduits
la nation angloise, ayant horreur de ce que les qui pourroient avoir esté accordés par Elle ou par
fauteurs du prince d'Orange leur ont fait faire ses lieutenants généraux & autres ses officiers,
contre leur Roy légitime, pourroient rentrer dans contraires à la présente, & les a déclarés nuls &
leur devoir & travailler à chasser ledit prince de nulle valeur, &c Fait à Marly, le 20' juin
d'Orange d'Angleterre 8c. d'Ecosse; mais Sa Ma- 1689'. »
iesté ayant esté informée que le prince d'Orange , , . ■ j ■,- , ■>■, r, -, j- '. x-
' ,, , / , Archives de roulouse, ms. n. 233. Recueil a arrêts S-
luy a déclare la guerre par son ordonnance du dordo.nnances, p. io3.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
6ig
1690
pour colonels des gentilshommes de marque de la Province, & pour capi-
taines 8c lieutenants, soit des nobles ayant reçu une éducation militaire, soit
des officiers retirés du service, soit de riches bourgeois distingués dans leurs
paroisses. Les régiments s'assemblaient tous les huit jours pour l'exercice 8c
la revue. Chaque colonel était dépositaire d'une quantité de poudre Se de
plomb suffisante pour les premières nécessités, en cas d'ordre de marche subit.
Comme les miliciens avaient tous des occupations manuelles qui remplis-
saient leurs journées, on choisissait dans toutes les compagnies dix hommes
que leur condition permît de mobiliser plus aisément 8c l'on en formait un
détachement volant qui devait être le premier employé.
La répartition de ces troupes s'étendait à tous les diocèses, de façon à n'en
laisser aucune partie découverte en cas de troubles. Les milices de la seconde
levée n'étaient point destinées à servir sur la frontière, mais simplement à
contenir les mouvements intérieurs des réformés. Les commissions d'officiers
avaient été d'abord données par le commandant en chef; plus tard, elles
furent transformées en titres d'offices, 8c les colonels, capitaines 8c lieute-
nants, qui en étaient déjà pourvus, achetèrent la confirmation de leurs grades
au prix de petites sommes, ce qui valut près de deux cent mille livres au
trésor ' .
f
' Carte des régiments de milice bourgeoiie de la
province de Languedoc, divisez par diocèses & mis
sur pied en 1690, suivant les ordres du roy, par
M. le comte de Broglio, lieutenant général des
armées de Sa Majesté & commandant pour son
service en ladite Province.
Diocèse de Mont\uban : régiment de M. de
Beaucayre, |3 compagnies; déiachement, i3o hom-
mes.
Diocèse d'ALBi : régiment de M. de Marliave,
i5 compagnies; détachement, i5o hommes; — ré-
giment d« M. de Cordes, 1 1 compagnies; détache-
ment, I 10 hommes.
Diocèse de TouLOtSE : régiment de M. de Cler-
mont, 19 compagnies; déiachement, 190 hommes;
— régiment de Puyiaroque, 12 compagnies; déta-
chement, 120 hommes.
Diocèse de LjtVAUR : régiment de M. de Bélesta,
1 1 compagnies; détachement, 1 10 hommes; — ré-
giment de M. de Viviers, 12 compagnies; détache-
ment, 120 hommes.
Diocèse de CastbES : régiment de M. du Bosc,
23 compagnies; détachement, z3o hommes.
Diocèse de RiEtx : régiment de la Boulbène,
9 compagnies; détachement, 90 hommes.
Diocèse de Pamibbs : 3 compagnies qui sont du
régiment ci-contre de M. de Gaja.
Diocèse de Miaetoix : régiment de M. de Gaja,
i5 compagnies, détachement, i5o hommes.
Diocèse de Saint-Papoli : régiment de M. de las
Bordes, 5 compagnies) détachement, âo hommes.
Diocèse de Carcassoxnb : régiment de M. de
Charmois, 12 compagnies; détachement, 120 hom-
mes.
Diocèse d'ALET ; régiment de M. de Villemar-
tin, 9 compagnies; détachement, 90 hommes.
Diocèse de Nabbonse : régiment de M. d'Aydé,
8 compagnies; détachement, 80 hommes.
Diocèse de Saint-Pons : régiment de M. de Fon-
tez, i3 compagnies; détachement, i3o hommes.
Diocèse de Bëziers ; régiment de M. de Gaujac,
6 compagnies; détachement, 60 hommes; — régi-
ment de M. de Rossignol, 6 compagnies; détache-
ment, 60 hommes; — régiment de M. Barres,
3 compagnies; détachement, 3o hommes.
Diocèse de Lodëve : régiment de M. de Saint-
Maurice, i3 compagnies; détachement, i3o hom-
mes.
Diocèse d'AcDB : régiment de M. de Nisas,
8 compagnies; détachement, 80 hommes; — régi-
ment de M. Cavalier, 6 compagnies; détachement,
60 hommes.
Diocèse de Montpellier : régiment de M. de
Montbasin, 7 compagnies; détachement 70 hom-
mes; — régiment de M. de Guilleminet, 10 com-
pagnies; détachement, 100 hommes; — régimert
de M. de Fontanez, 12 compagnies; détachement,
120 hommes; — la ville de Montpellier, 14 com-
pagnies; déiachement, 140 hommes.
Diocèse d'AtAis : régiment de M. de Gabriac,
29 compagnies; détachement, 290 hommes; — la
ville d'Alais, 6 compagnies; détachement, 60 hom-
lôpo
620
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Du reste, les services que rendirent ces troupes improvisées furent médio-
cres : elles manquaient d'instruction, de solidité, de tenue; le sentiment de
l'honneur militaire y parut peu développé. La vente des brevets par le trai-
tant remplit les cadres de personnages sans aptitude, manquant à la fois de
savoir, de prestige & d'autorité".
Le comte de Broglie trouva particulièrement beaucoup de difficulté à
obtenir de la ville de Toulouse un corps de mille hommes. La capitale de la
Province comptait au nombre de ses privilèges celui de ne point servir, & le
métier des armes n'y était pas en honneur. Le commandant se plaignait que
l'on eût affecté d'enrôler « tout ce qu'il y avoit de gueux & de misérables. »
Bâville n'était pas moins sévère : « C'est une honte, disait-il, que la ville de
Toulouse donne un si mauvais exemple^. » On accusait surtout les capitouls
d'avoir cherché à épargner & à favoriser leurs amis, 8c d'avoir traité cette
affaire comme les autres, dans un esprit de particularisme local des plus étroits.
Ce qui tourmentait le plus le gouvernement, dans cette malheureuse
mes; — régiment de M. de Coste, 6 compagnies;
détachement, 60 hommes.
Diocèse de Nîmes : régiment de M. de Saint-
Cosme, I r compagnies; détachement, 1 10 hommes;
— régiment de M. de ViUevieilie, 4 compagnies;
détachement, 40 hommes; — régiment de M. de
Ledenon, 9 compagnies; détachement, yo hom-
mes.
Diocèse de Mende : régiment de M. de Pauliac,
i3 compagnies; détachement, i3o hommes; — ré-
giment de M. de Corsac, 4 compagnies; détache-
ment, 40 hommes; — régiment de M. de Mirai,
11 compagnies; détachement, i 10 hommes; — ré-
giment de M. de Serres, 8 compagnies; détache-
ment, 80 liommes.
Diocèse d'Uzfts : régiment de M. de Lesauge,
22 compagnies; détachement, 220 hommes; — ré-
giment de M. de Saint-Gervais, 6 compagnies;
détachement, 60 hommes; — régiment de M. de
Saint-Paulet, i 1 compagnies; détachement, 1 10 h.;
— régiment de M. de Montalet, i5 compagnies;
détachement, i5o hommes; — régiment de M. Dor-
nac, 12 compagnies; détachement, 120 hommes.
Diocèse du PuY : régiment de M. d'Apchier,
|5 compagnies; détachement, i5o hommes; — ré-
giment de M. de Clavières, 10 compagnies; déta-
chement, 100 hommes.
Diocèse de Viviers : régiment de M. de Cham-
bonas, 3 compagnies; détachement, 3o hommes;
•— régiment de M. d'EIse, 4 compagnies; détache-
ment, 40 hommes; — régiment de M. de Colomna,
7 compagnies; détachement, 70 hommes; — régi-
ment de M. de Gasqiie, 6 compagnies; détachement,
60 hommes; — régiment de M. d'Estables, 6 com-
pagnies; détachement, 60 hommes ; — régiment de
M. de la Corse, 7 compagnies; détachement, 70
hommes; — régiment de M. de Saint-Genest, 6
compagnies; détachement, 60 hommes; — régiment
de M. de Brisson, 6 compagnies; détachement, 60
hommes; — régiment de M. de Gourdan, 3 com-
pagnies; détachement , 3o hommes ; — régiment de
M. de Vocance, 2 compagnies; détachement, 20
hommes.
Total des régiments, 5i ; des compagnies, 5i4;
des soldats, 26700; des détachements, 6140.
Chaque compagnie de 5o hommes bien armés,
deux sergents & un tambour, commandés par un
capitaine & un lieutenant, 8c comme les hommes
qui composent ces compagnies sont tous artisans
ou laboureurs, lesquels étant occupés à leur vaca-
tion ne seroient pas toujours assez à temps pour
être assemblez aussi promptement qu'il seroit à
désirer, il a été jugé à propos d'établir une espèce
de piquet de 10 hommes par compagnie dans cha-
que régiment, choisis & le moins nécessaires à
leurs familles, desquels on forme des troupes de
5o hommes commandés par le nombre d'officiers
nécessaire, ayant leurs lieux d'assemblée marquez :
ainsy i4 y a toujours un nombre de troupes prêtes
à marcher au premier ordre pour s'opposer aux
mouvements des rellgionnaires pendant que les
corps s'assemblent peu de temps après'.
■ Pièces justificatives , n. DXXV, col. I4i3.
Lettre du comte de Broglie aux capitouls, du
18 août 1691.
' Pièces justificatives, n. DXXVI, col. 141.5.
Lettre de l'intendant aux capitouls, du 18 août
1691. Voir aussi, pour le même sujet. Pièces justi-
ficatives, n. DXXVII, col. 1416. Cadres des com-
pagnies bourgeoises de Toulouse.
■ Mémoire de Bâville. Manuscrit Beauvan.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 621
affaire des troubles religieux, c'est l'attention qu'y donnaient les puissances
ennemies. Au nombre des émigrés de i685, il ne pouvait manquer de se
trouver des intrigants ou des fanatiques dont les Cours étrangères savaient
exploiter les passions. Les agents de France avaient ordre de suivre leurs
menées, £<. les rapports qu'ils expédiaient à Versailles ne laissaient pas que
d'éveiller quelques alarmes.
La correspondance de Louvois nous apprend qu'un personnage originaire
du pays de Foix, nommé Cabralles, passait pour avoir proposé au prince
d'Orange, devenu roi d'Angleterre, un projet de guerre civile dans le Midi.
Cet aventurier se faisait fort de promettre que les religionnaires du diocèse
de Montauban, du Castrais Si du comté de Foix seraient en état de fournir
un corps de douze mille hommes, prêts à marcher, pourvu que l'Espagne
leur procurât des vivres Se assurât leur retraite sur les Pyrénées} on ajoutait
que l'ambassadeur espagnol s'y était engagé.
Quant aux protestants armés du bas Languedoc, des Cévennes 61 du
Vivarais, ils devaient torcer les passages du Rhône pour s'unir à leurs coreli-
gionnaires de Dauphiné Si grossir avec eux les contingents du duc de Savoie.
On racontait aussi que le frère du ministre de Nimes, Bruguier, était allé
porter des propositions analogues au gouverneur de Milan '. Le ministère se
disait également informé que, durant deux ou trois mois de la campagne
de 1690, le prince d'Orange avait tenu un émissaire en Vivarais, avec la
pensée d'y faire concorder une sédition avec le mouvement offensif des
troupes de son maître. Ce soulèvement devait éclater au moment où le corps
d'armée ducal envahirait le Dauphiné*. Les savantes opérations de Catinat,
qui empêchèrent la frontière française d'être entamée, ne permirent pas de
savoir ce que l'on devait penser de ces prétendus projets.
Mais il n'est pas douteux que l'existence d'un foyer de rébellion dans le
massif montagneux du plateau central, à une si faible distance de la princi-
pauté d'Orange, peuplée de réformés, 61 des Etats du duc de Savoie fortement
engagé dans la coalition européenne, créait un danger sérieux Si permanent.
Comme pour rendre plus saisissante la politique de Louis XIV, la première
des puissantes catholiques, l'Espagne, ne craignait pas d'offrir sa protection
aux sujets persécutés du roi de France 81 d'encourager leur révolte où elle
voyait une cause d'attaiblissement pour la monarchie.
Le ministère s'épuisait en conceptions pour décourager la passion irrésis-
tible qui poussait la population protestante vers les assemblées du désert. Il
croyait la grandeur 81 la réputation du roi engagées à maintenir ce que les
courtisans appelaient la merveille du règne, quand ils comparaient Louis XIV
à Constantin, à Théodose, à Marcien, à Charlemagne^, Si il se serait gardé
' Lettre de Louvoi» à l'intendant de Langue- ' Ce sont les expressions de Bossuet, dans l'Orai-
doc, du 19 novembre 1690. Pièces justificatives, son funètre de Le Tellier :
n. DXVI, col. 1397. « Poussons jusqu'au ciel nos acclamations, &
' Pièces justificatives, n. DXIX, col. i^oû. Let- disons 3 ce nouveau Constantin, à ce mouvenu
tre du 4 décembre 1690. ' Théodose, à ce nouveau Marcien, à ce nouveau
1686
1690
62 2 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'adopter l'unique moyen de mettre fin aux assemblées, qui était de rouvrir
les temples. Il aimait mieux lutter à la fois contre la nature 8c contre les
hommes, disputer le terrain aux fugitifs, fetiguer les milices par d'incessantes
promenades à travers les plus sauvages contrées.
Parmi les communes du diocèse de Castres, où les réunions illicites don-
naient le plus de mal aux agents de l'intendance 8c nécessitaient fréquem-
ment des contre -marches de cavalerie, on signalait depuis plusieurs années la
petite ville de Saint-Amans. Ce lieu est situé sur le versant septentrional de
la Montagne-Noire, auprès de la rivière du Thoré qui en rassemble toutes
les eaux pour les porter à l'Agout. Au-dessus, s'étendent de vastes solitudes
boisées. Dans un territoire de quatre lieues de circuit, dépendant du même
taillable, il n'existait encore, à la fin du dix-septième siècle, aucune trace de
culture 8c aucune habitation. Aussi la désolation de cette contrée perdue
avait-elle paru favorable aux prédicants pour y convoquer les fidèles dissé-
minés dans le voisinage, Se, malgré les dragons 8c la justice prévôtale, le
chant des psaumes s'y élevait souvent au milieu des rochers. Les 'assemblées
du Banquet, point reculé de ces plateaux, avaient déjà une célébrité légen-
daire parmi les protestants de Languedoc.
La seigneurie de la terre appartenait à un gentilhomme de famille réfor-
mée', converti depuis la révocation de l'édit de Nantes : Bernard de Geni-
brouze, dont nous avons mentionné plus haut les démêlés avec son père, à
l'occasion même de son abjuration, possédait dans le terroir de Saint-Amans
un domaine considérable, mais en grande partie stérile, qui couvrait le massif
montagneux sillonné par le cours du Thoré, de l'Arn 8c de l'Agout.
L'intendant fit prendre à ce gentilhomme l'engagement formel d'empê-
cher tout rassemblement religieux dans l'étendue de sa seigneurie; 8c, pour
garantir l'exécution de cette promesse 8c faciliter au vicomte de Boissezon les
moyens de surveiller efficacement un pays âpre Se sauvage, semé de bouquets
Charlemagne, ce que les six cent trente pères di- dans leur esprit de mouvement, ces gentilshommes
rent autrefois dans le concile de Chalcédoine : s'attachèrent à la cause de Gaston d'Orléans. Ni-
Vous avez affermi la foi, vous avez exterminé les colas de Genibrouse, que le duc avait nommé en
hérétiques; c'est le digne ouvrage de votre règnej i63i son conseiller & premier chambellan, s'ex-
c'en est le propre caractère. Par vous l'hérésie n'est posa si bien à son service, que le 25 septembre
plus, a lôSz, à Béziers, au retour de la triste affaire de
' Pendant les guerres de religion du seizième & Castelnaudary, le prince crut devoir lui accorder
du dix-septième siècle, les Genibrouse, qui étaient sur sa cassette une pension de quatre mille livres.
issus d'un marchand de Castres, & à qui Philippe La précaution n'était point Inutile, car la rébel-
de Vendôme vendit, en 1481, la moitié de la sei- lion coiîtait cher. Ce fut seulement en 1637 que
gneurie de Saint-Amans, avaient joué un rôle le baron de Saint-Amans rentra en possession de
considérable dans le parti protestant, & pris une ses biens, confisqués pour cause de religion. Son
part active aux campagnes du prince de Condé & fils Jacques, marié à Isabeau de la Tour Gouver-
du duc de Rohan ; l'un d'entre eux, Sébastien, fut net, & allié à la maison royale de France par le
même improvisé gouverneur de Saint-Pons par le mariage de sa tante maternelle avec Henri de Bour-
sieur d'Assier; pendant deux fois, le château de bon, marquis de Malause, continua, comme sa
Saint-Amans porta la peine des grandeurs guer- femme, de vivre en zélé protestant; mais son petit-
rières de ses maîtres & fut dévasté & brûlé par les fils, Bernard, céda au grand mouvement de con-
bandes ennemies. Un peu plus tard, incorrigibles versions suscité par Louis XIV.
LIV. III, RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 023
1690
de bois Se inhabité, ne trouva rien de mieux que d'organiser un système de
colonisation.
Ne pouvant empêcher les protestants d'aller au désert, on voulait supprimer ^^
le désert lui-même, en appelant le travail 6c la vie dans ces cantons déshé-
rités, mettre des agriculteurs à la place des prophètes, favoriser les défriche-
ments & multiplier les centres d'exploitation.
Le i3 décembre i6gi, Bâville signa une ordonnance qui permettait aux
anciens catholiques, nobles ou roturiers indistinctement, d'aller habiter la
montagne de Saint-Amans & d'y ouvrir les terres pour leur subsistance, à
condition d'y payer la taille ainsi que les droits seigneuriaux proportionnels.
On espérait créer ainsi une population catholique, dont la présence rendrait
les attroupements plus ditficiles, & en qui le sentiment de la propriété 81
l'intérêt personnel fortifieraient l'antagonisme religieux. Afin de ne point
faire surgir de contestations en inquiétant les habitations qui pouvaient
exister dans le voisinage, il fut prescrit aux nouveaux colons de laisser un
quart de lieue de distance entre leurs bâtiments 8<. les constructions anciennes'.
Par la même ordonnance, l'intendant exhortait le vicomte de Boissezon à
faire élever des habitations dans les sites les plus, avantageux pour faciliter la
police de la montagne. Ce projet de détail se rattache directement à l'en-
semble de combinaisons assez peu pratiques dont nous avons déjà vu Louvois
entretenir les agents royaux de Languedoc. Aucune résolution n'effrayait le
ministre; il parlait de changer les habitants des pays malintentionnés, comme
d'une opération facile, sans tenir compte des obstacles locaux & de la situa-
tion précaire 81 périlleuse qui" attendait les nouveaux venus au milieu de
populations ennemies.
Les résultats ne répondirent pas plus aux espérances de la Cour dans la
montagne de Saint-Amans que dans les gorges des Cévennes, Si le rêve de
l'extinction du protestantisme en Languedoc ne bénéficia point des ces tenta-
tives de colonisation.
Mais les démonstrations avaient beau se multiplier & faire éclater à tous
les yeux l'énormité de l'erreur royale; près d'un siècle devait s'écouler avant
que l'on osât répudier le mensonge officiel de la conversion unanime des
réformés.
En attendant, le Trésor se vidait; l'imagination des financiers aux abois,
ne sachant plus sous quelle forme atteindre l'épargne publique, s'égarait en
des inventions invraisemblables, St chaque année voyait paraître de nouveaux
édits bursaux, tour à tour révoqués ou rétablis, suivant que l'on espérait tirer
plus d'argent de leur suppression ou de leur maintien.
Tout devenait matière à impôt : il n'y avait pas de propriété, d'industrie,
de vanité, qui ne fût atteinte. Les agents du fisc ne cessaient d'inventer des
charges inattendues. On posait en principe que la puissance royale était
comme la dépositaire souveraine de toute activité, de tout droit 8c de tout
' Nous publions le texte de cette curieuse ordonnance aux Piècet justificatives, n. DXXX, col. 1423.
—^ 624 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
avantage; dès lors le roi pouvait aisément battre monnaie en cédant, à prix
d'argent, une part quelconque d'initiative ou d'autorité. 11 était censé le
propriétaire universel de l'aptitude au travail public ou privé; il faisait par-
ticiper ses sujets à cette propriété par aliénation onéreuse.
Ainsi fut créée cette multitude d'offices contre lesquels ne cessaient de
réclamer les intéressés. Les revenus que le Trésor en tirait étaient de deux
sortes. Tantôt l'édit de création s'appliquait sérieusement, & alors le traitant
des offices n'avait fait qu'une avance au roi & rentrait dans ses déboursés par
suite des acquisitions de particuliers; tantôt, — ce cas même était le plus
fréquent, — la création nouvelle paraissait tellement gênante, tellement
insupportable, soit aux villes, soit aux provinces, soit aux diocèses, soit aux
corporations spéciales, que, pour en être débarrassé, l'on offrait au ministère
une somme plus ou moins forte. On débattait, on marchandait longuement,
le fisc insistant sur la valeur des offices créés, les imposables sur la difficulté
de trouver preneurs, St, après des négociations laborieuses, on finissait par
payer comptant un bel édit de suppression qui remettait toutes choses en l'état.
De cette manière, la Cour réussissait à tirer des revenus d'une propriété
absolument idéale & à se faire racheter des valeurs qu'il lui était presque
toujours impossible de placer.
La Province de Languedoc eut à subir tous ces expédients. Durant bien
des années, les procès-verbaux des États offrent un tableau monotone de
protestations contre les nouveaux édits St de capitulations finales; ce dia-
logue, toujours renaissant, avait une conclusion unique ; le roi voulait bien
décharger les peuples d'un établissement qui leur déplaisait; mais il avait
déjà reçu des fonds du traitant, 8t il ne pouvait s'empêcher de le dédom-
mager, ce que la nécessité de l'Etat & les dépenses de guerre ne permettaient
pas de réaliser avec les ressources ordinaires du Trésor'.
Nous ne suivrons pas ici le détail de ces opérations, dont le mécanisrne est
connu, & dont l'évolution se répète avec une invariable uniformité, quels que
soient le titre & la qualité des offices.
Mais le fisc ne se contentait pas de frapper les fonctions & les industries ;
il atteignait aussi les privilèges honorifiques. Les capitouls de Toulouse eurent
l'occasion d'en faire l'expérience.
C'est une curieuse histoire que celle des tribulations imposées par les exi-
gences du fisc aux anoblis municipaux de Toulouse. A force de persistance,
d'habileté & surtout de largesses opportunes envers le Trésor, les capitouls
avaient réussi à se faire attribuer le privilège de la noblesse héréditaire,
qu'obtinrent également les échevins de Lyon, Bordeaux, Poitiers, Angou-
lême, Tours 61 ceux de quelques autres villes. Mais, plus adroits ou plus
' Voir aux Pièces justificatives les rapports ou tiens, experts, priseurs, arpenteurs jurés, crieurs
mémoires relatifs à quelques-unes de ces innova- d'enterrements, courtiers, commissionnaires des
tiens fiscales, n. DXXIX, col. I4i8(terresd'assisc); vins, &€.); n. DXXXII, col. 1431 (offices créés
n. DXXXI, col. 1425 (offices de greffiers, gardes en la chambre des comptes de Montpellier);
de» archives, départeurs des rôles des contribu- n. DXXXIII, col. 1443 (affaire des francs fitfs).
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 6:5
heureux que leurs collègues, ils eurent l'art de dénaturer 8<. de travestir ce
fait normal d'anoblissement, d'en noyer les origines réelles dans un véritable
roman historique, 8t de témoigner le plus grand mépris pour la noblesse de
cloche, qui était la leur, en rattachant leur privilège à l'antiquité romaine
par un lien de continuité absolument fabuleux.
Les traitants des taxes ne se laissaient guère toucher de pareils arguments,
8c le conseil de ville finissait toujours par capituler; mais sa défaite même
prenait le caractère d'une victoire, grâce à l'adresse d'un procédé qui se renou-
vela fréquemment. Dans toute cette aftaire, l'unique intérêt du Trésor ro)al
était d'obtenir le plus d'argent possible, sans trop s'inquiéter du prétexte. Or,
pour se dispenser de payer individuellement les taxes, les capitouls offraient
à l'Etat une somme considérable, prise sur les tonds de la caisse municipale.
Comme cette somme était supérieure à ce que les receveurs auraient pu tirer
de chaque anobli, un grand nombre d'entre eux étant complètement dépourvus
de fortune, le ministère n'avait garde de refuser la transaction; èi. les magis-
trats municipaux y trouvaient l'avantage de satisfaire leurs vanités de famille
sans bourse délier & de rafraîchir leur noblesse aux frais du public. Le
malheur était que, le système une fois connu des financiers royaux, ils y
recouraient souvent, & usaient sans ménagements ni scrupules de l'effet
moral que produisaient leurs menaces.
Les avocats de l'hôtel de ville savaient trop bien qu'on n'avait rien à gagner
à dissiper les obscurités légendaires de la question; ils ne manquaient pas
néanmoins de faire un grand étalage de textes & de citations, affaire de pure
forme, utile aux capitouls pour Hatler l'orgueil du conseil de ville & lui arra-
cher les largesses onéreuses qui fermaient la bouche aux agents du Trésor.
Rien n'est plaisant, du reste, comme les raisons accumulées dans les
mémoires envoyés k la Cour pour soutenir cette mauvaise cause.
Celui qui fut rédigé en 1668, à l'occasion de la recherche des faux nobles
81 confié aux soins de trois délégués' chargés d'en donner connaissance aux
ministres, commence par la pompeuse déclaration suivante :
« La ville de Tolose, qui est plus ancienne que Rome de cinq cent qua-
<i rante-trois ans, au dire de l'historien Roderic, archevesque de cette ville ^,
" S< qui, à raison de son immense fidélité & obéissance à son prince, a été
« communément appelée le rempart 8<. la protection des François, a été tou-
« jours réputée 6<. nommée franche Se libérale, à cause des grands privilèges
« de ses capitouls, qui étaient jadis le conseil des comtes 8c qui, depuis
« l'union du comté à la couronne, ont été considérés comme l'ancien Sénat
« de la Province de Languedoc, d'où vient que Nicolas Bertrandi, dans son
n Histoire de Toulouse^ les appelle comilium lingiiae occitanae^. »
'Ces délégués étaient MM. de Couderc, capi- touls, tous intéressés nu maintien du privilépe.
toul, de Braisac, avocat, & André, marchand, in- ' Il s'agit Ici de l'archevêque de Tolède; l'avocat
ciens capitouls, élus par délibération du conseil de municipal confond Tolède avec Toulouse,
bourgeoisie, du 7 juin 1668. Le conseil de bour- ' Archives de Toulouss, ms. n. 333. Recueil
geoisic était uniquement composé d'anciens capi- d'orAonrunca lapitulaires, p. i6i.
XIII. 40
ifiçi
i6oi
626
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La critique n'a rien à voir dans de pareilles rêveries; le syndic de la ville,
Germain Lafaille, qui, dans cette circonstance, agit en avocat St non pas en
liistorien, composa, sur ce périlleux sujet, une sorte de plaidoyer apologé-
tique, publié d'abord sans nom d'auteur par le libraire toulousain Raymond
Bosc, avec dédicace aux capitouls de 1668, & réédité plusieurs fois, dans la
suite, avec diverses confirmations officielles du privilège '.
La tentation de faire perdre la trace réelle des origines en les enveloppant
de fables n'a rien, d'ailleurs, qui puisse surprendre. Le corps capitulaire^
dans son ensemble, ne faisait qu'emprunter un travers très-commun aux par-
ticuliers, quand il essayait de dissimuler les actes de concession primitive.
Une fois entrés dans !a caste privilégiée. par cette modeste avenue, les ano-
blis n'avaient rien de plus pressé que de bénéficier du titre en répudiant le
' " L'auteur, dit Raymond Eosc dans sa dédi-
cace, n'avoit pensé qu'à faire de simples mémoires
pour l'instruction des Messieurs de vostre corps
qui furent députés à Paris pour !.• soutien de
vostre noblesse. J'ose dire pourtant que c'est un
ouvrage accomply pour son sujet, plein d'un sa-
voir singulier & de recherches aussy curieuses &
aussy surprenai'ites qu'elles sont honorables à vos
charges. C'est le Jugement qu'en a fait un des sça-
vans Se judicieux hommes de France, M. Chape-
lain, dans une lettre que j'ay vue de iuy écrite à
un de ses amis de cette ville. »
^'oici la lettre de Chapelain dont il est ici ques-
tion; elle était adressée à Lafaille, 8c nous l'avons
retrouvée dans les papiers de l'ancien syndic ;
« A Monsieur Monsieur De la Faillie conseiller
du Roy & Capitoul de la ville de Tolose à Tou-
louze.
n Monsieur, si le malheur pouvoit rendre un
homme coupable, ce seroit bien plus moy que
vous qui le serois de ne m'estre pas rencontré ches
moy les deux fois que vous pristes la peine d'y
venir pour me dire Adieu & pour m'honnorer des
deux exemplaires de vostre discours sur la noblesse
des Capitouls de vostre ancienne & fameuse ville.
Je fus en effet asses malheureux pour me porter
bien lorsque vous vous donastes cette peine, Se je
vous avoue qu'en cette occasion je trouvay la santé
pire que la maladie, qui me retient du moins au
logis quand elle me visite, & qui m'eust fait rece-
voir la consolation de vous embrasser à vostre dé-
part. Je me consolay. Monsieur, de cette disgrâce
de l'avoir manquée par la lecture du beau discours
que nous avions leu ensemble, & il me remit si
bien tous les traits de vostre esprit & do vostre
sçavoir que je me persuaday en le lisant & reli-
sant d'estre tousjours en conversation avec vouft.
Je demeuray seulement incertain du succès d'une
affaire si juste & si bien soutenue, laquelle je
souhaitois heufèuse autant pour votre gloire que
pour l'avantage du corps qui vous en avuit confié
la conduite, comme à celuy d'entre tous qui étoit
le plus capable d'y réussir. Mais, Monsieur, en
récompense de ce que vous aves oublié à m'appren-
dre quelle en a esté l'issue, vous vous estes obli-
geamment souvenu de ces trois imprimés que vous
vous estiés volontairement obligé à me faire voir,
& je jouis maintenant de ces curieuses pièces qui
feront le principal ornement de mon cabinet, sans
parler des lumières de l'instruction 8t du plaisir
que m'en apportera la lecture. Je vous en rcns
mille très humbles grâces & je les mets au nombre
des plus particulières faveurs que j'eusse pu rece-
voir de vous. J'ay ouy dire, il y a quelques .in-
nées, que Monsieur de Cascneuve avoit prest a
donner quand il mourut un Etymologicon de la
langue françoise rempli de mille choses non com-
munes, lesquelles si on les publioit feroient hon-
neur à la Nation. Qu'est devenu un si utile travail,
& s'il est encore en nature, a quoy tient-il qu'on
ne le mette pas au jouri* Le soin en seroit digne de
vostre vertu ou de celle de Monsieur de Medon,
8t encore qu'il au paru q'uelque ouvrage sur la
mesme matière, cela no devroit pas en rebuter les
Amis du Défunt, car les esprits de leurs autheurs
estant de génies différons, ils ne se seront rencon-
tres qu'aux choses communes, 8c pour les exquises
8c abstruses il y a apparence qu'ils y auront suyvi
de différons chemins. Je liray avec plaisir la vie
de celuy cy 8c pour l'amour de Iuy 8t pour l'amour
de l'excellent eicrivain qui nous l'a recueillie.
Assures le je vous supplie de mon souvenir 8i de
la singulière estime que je fais de son mérite Se
vous assures de la mesme chose pour vous de qui
je suis,
<c Monsieur,
« Très humble Se très obéissant serviteur.
« CiiArEHis
n Do Paris, ce 21 septembre 1668 '
Arcliives de Toulouse. Papiers de Lafaille.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 627
souvenir importun du mode d'acquisition. « Ceux mesme qui ont acquis la
« noblesse par cette voye, qu'on appelle communément de la cloche, remarque
« Messire Gilles-André de la Roque, seigneur de la Lontière, ne veulent
« plus entendre parler de ce principe, aussitôt qu'ils ont quelques degrés de
« filiation '. »
Le principal objet de Lafaille est de prouver que l'anoblissement par le
capitoulat n'a point d'analogie avec les autres privilèges de ce genre dont les
rois de France récompensèrent la fidélité d'un assez grand nombre d'autres
villes du royaume, surtout à l'époque de la guerre contre les Anglais, mesure
essentiellement politique, destinée à stimuler le zèle S<. les libéralités des
communes, à rattacher plus étroitement les villes à la cause de la couronne,
en même temps qu'à diminuer l'autorité de l'ancienne noblesse féodale.
Dans le cours des siècles, les consuls de Toulouse avaient obtenu des rois
un certain nombre de distinctions ou d'exemptions particulières, acquises à
prix d'argent, mais qui ne constituaient pas un anoblissement formel. C'est
en procédant par assimilation 8c surtout par extension que ces magistrats par-
vinrent à établir leur noblesse, & la tolérance royale fut d'autant plus facile
que les conditions de la propriété foncière en Languedoc faisaient perdre au
privilège tout caractère onéreux pour le trésor. En effet, l'exemption de la
taille dans cette province étant attachée à la qualité du sol 8c non à celle du
propriétaire, tant que les administrateurs municipaux continuèrent d'être pris
exclusivement, d'après les anciens statuts, parmi les habitants de la ville,
leur anoblissement fut sans conséquence pour le fisc^.
Au moment de la plus grande détresse du royaume, en 1420, Charles VII,
encore dauphin 6c régent de France, qui s'était rendu à Carcassonne pour
y terminer de graves affaires, gratifia le corps capitulaire toulousain d'une
faveur qui a été le point de départ de toutes ses prétentions ultérieures. En
confirmant le droit précédemment concédé aux roturiers habitants de Tou-
louse d'acquérir des biens nobles, sans avoir à payer de taxes spéciales, il
décida que, par une grâce nouvelle, tous les capitulaires de Toulouse, à
compter de l'année 1419, quoique n'étant pas de naissance noble, seraient
' Traité Je la Noblesse S- du SCS différentes espèces, publication de l'édit. Il n'est pas douteux que la
par messire Gilles-André de la Roque, chevalier, plupart de ces anoblissements municipaux ont été
seigneur de la Lontière. A Paris, chez Estienne conférés à l'occasion de la guerre de l'indépendance
Michallet, MDCLxxviii, p. i56. & des services rendus contre les Anglais. Les let-
' Ledit du 7 juin 1Û71 mentionne au nombre très patentes de Charles V, en faveur du maire &
des magistrats municipaux, à qui l'exercice de des échevins de Poitiers, désignent expressément
leiirs charges procurait l'anoblissement, ceux de ce motif (18 janvier iSyi). Celles de La Rochelle
Lyon, Toulouse, Bordeaux, Angouléme, Cognac, sont de la même année, celles d'Angoiilême, de
Poitiers, Niort, La Rochelle, Saint-Jean d'Angely, l'année suivante. Charles VII, en 1^44, anoblit
Angers, Bourges, Tours, Abbeville, Nantes. Leurs les magistrats municipaux de Saint-Maixent •
privilèges, révoqués par l'édit de mars 1667, furent Louis XI, ceux de Tours, de Niort, de Cognac, de
rétablis moyennant finance, les anoblis gardant Bourges, d'Angers; Charles VHI, ceux de Lyon;
cependant le droit de s» soustraire à la taxe en François I", ceux de Péronne, en mémoire de
déclarant qu'ils renonçaient à la qualité de noble leur courageuse défense contre Charles-Quint;
-devant un greffier royal, six semaines après la François II, ceux de Nantes.
1691
lOrfi
6:8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dispensés de payer des droits au trésor pour les acquisitions de domaines avec
justice & liomniage au roi; ce privilège était fondé, d'ailleurs, comme tous les
autres anoblissements municipaux, sur la fidélité de la ville 8t sur les services
qu'elle avait rendus au prince régnant & à ses prédécesseurs'. En réalité, il
nV avait là qu'un dégrèvement fiscal, 8c nullement une affiliation des bour-
geois de Toulouse à la noblesse de France.
Lafaillc, à qui sa qualité de syndic de l'hôtel de ville donnait la disposi-
tion des archives communales, ayant sous ses yeux tous les monuments qui
pouvaient lui permettre d'élucider la question, n'aurait eu qu'à feuilleter ses
parchemins pour y suivre de siècle en siècle la progression des empiétements
capitulaires; il aima mieux amasser des nuages 8c brouiller à plaisir les dates
8c les faits pour éblouir la crédulité des naïfs Se déconcerter la pénétration
des habiles.
Il crée une obscurité qui n'existait pas pour tout observateur conscien-
cieux, afin de se donner le plaisir d'assimiler l'anoblissement municipal à la
noblesse d'extraction « qu'on a, dit-il, justement comparée au Nil, parce que
(i comme ce fleuve cache sa source 8c se fait voir d'une pareille grandeur
<■ dans toute l'étendue de son cours, ainsy cette noblesse se laisse difficilc-
» ment pénétrer dans son origine, 8c se montre la même d'aussy loin qu'il
« est possible de l'apercevoir. »
Dans ce principe, Lafaille invoque les exploits « de ces fameux Tectosages
<( qui conquirent l'Asie, » la monarchie des Goths, le royaume d'Aquitaine,
la fausse médaille de Goltzius, les duumvirs 8c les décurions, toutes choses
d'un rapport lointain avec la constitution de la propriété féodale 8c les ano-
blissements municipaux du quinzième siècle. Il ne manque pas de soutenir
l'étymologic mensongère du mot de capitouls, expression bâtarde 8c patoisc,
dont les origines romanes sont aujourd'hui parfaitement connues, 8c qu'il fait
dériver du Capitole antique. Il rattache sans plus de façons au droit d'images
des patriciens de Rome l'usage adopté par les capitouls de se faire peindre
' « Nos supplication! dictorum cxponcntiiim jvisticia, vtl sine justicin qiismvis dicta feudn seu
inclinât!, attentis fidelitate & servitiis dicto do- retrofeiida a dicto domino ineo in homagiiirn te-
mino meo & praedecessoribiis suis pcr dicios ex- neantur & pro quibus juramentum £delitatis est
ponentes semper servatis, necnon obedientia per praeitari solitum 8t ipsa feuda & retrofeuda pfr se
ipsos nobis impensa, ceterisque aliis cai)sis & & successores suos tenere & possidere, absque eo
considerationibus, ad hoc animum nostrum mo- quod dicto domino meo aut nobis seu a nobis dc-
ventibus, cisdem exponentibus confirmavimus & putandis aliquam financiam solvere teneantur,
tcnore praesentium auctoritate rcgia qua fungi- reservatis tamen dicto domino meo jure dicti ho-
inur giatinque spécial! dictum privilegium in mngii & juramenti fidelitatis, cum aliis deveriis
quantum rite 8t débite us! sunt confirmamus, & que pro dtctis feudis seu retrofeudis sibi dcbentiir
iniupcr ex J'tcta auctoritate aniplioriijuc gratta ets- seu prestari est sohtum
dem exponentibus concessimus &• conccdtmus per <i Datum in civitate Carcassone mcnse martii
praeientes ^uod illi ^ui anno noy'tsshne praeterito anno Domin! millcsimo quadringentesimo dccimo
capitularii dicte ville Tholose fuerunt, illi (jui nunc nono. l'er dominum Regentem & Delphinum in
sunt &• alii ^ui pro tempore futuro erunt , licct ex suo consilio.
nobili parentela non sint aut fuerint procrcati, pos- « J. ^'ILLEDliESMI: '. n
sint & valeant de cetero acquirere quaecumque
feuda ik retrofeuda nobilia cum juridictione & ■ Archives de Toulouse, tiirc rfcs rW/miis, f" 35.i.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
629
1691
aux frais de la ville, pour conserver le souvenir de leur passage aux affaires;
il confond l'ancien chapitre des Nobles de Toulouse, cour aristocratique &
militaire du moyen âge, avec le corps municipal du dix-septième siècle,
composé en grande partie de marchands Se de procureurs; de ce fait particu-
lier qu'à diverses époques les hommes de race noble, les chevaliers, sont entrés
dans les charges consulaires de Toulouse, comme ils entraient dans celles
d'Italie, il conclut que tous leurs collègues acquéraient leur qualité, assertion
contraire à cent témoignages historiques, où la distinction des titres pour les
nobles, les docteurs & les marchands est parfaitement marquée; en un mot,
il entremêle si bien les renseignements les plus disparates, que la question,
compliquée à plaisir, en devient à peu près inintelligible.
L'emploi qu'il fait des documents positifs n'est pas moins artificieux; l'en-
treprise semblerait puérile si le syndic de Toulouse n'avait pas compté sur
l'efficacité d'arguments plus solides; mais il savait que l'offre d'une somme
Importante vaudrait mieux que les raisons, & il visait moins à convaincre le
conseil d'État qu'à rehausser dans l'esprit des bourgeois l'opinion qu'ils
avaient de leur privilège, afin de les disposer à puiser largement dans la
caisse municipale '.
A cette époque, le ministère était sérieusement préoccupé de trouver des
fonds pour la Compagnie des Indes. Il pensa que l'un des meilleurs moyens
' Le testament syndical de Lafaille contient sur
celle question de la noblesse capltulaire, des aveux
pleins d'intcrct qui méritent d'être reproduits :
n Nous nous défendîmes par l'antiquité de cette
noblesse que nous fesions venir des Romains. Je
consultai les avocats du conseil qui avaient été
capitouls. On ne trouva pas que M. Catel eut
éclairci cette matière; les traitants, au contraire,
& ceux qui étaient chargé» des recouvrement!, sou-
tenaient que c'était un véritable privilégj accordé
par Louis XI ou par Charles VII. 11 n'étoit pas
sûr de trop caver cette matière; enfin nous con-
vînmes à une grosse somme moyennant laquelle
on laissa tous les bourgeois en repos. Il est vrai
que nous sacrifiâmes le véritable intérêt de la ville
pour les marchands qui étaient teus coupables de
dérogeance, 8c l'on enveloppa cette confirmation
sous d'autres prétextes. Je fis imprimer un petit
traité Je la noblesse des capitouls qui fut bientôt
contredit par M. de la Roque, sieur de la Lon-
tière, mais mon livre fit toujours le même effet sur
l'esprit des bourgeois & du peuple de Toulouse.
« J'avoue qu'alors je n'étois pas instruit de la
véritable source de cette noblesse & que depuis,
quoique bien tard, on m'a fait ouvrir les yeux
pour voir que tout cela tire son origine des biens
allodiaux dont le droit n'est point contesté à la
ville de Toulouse ni au Languedoc. Il est permis
par l'ancienne coutume de cette ville à qui que ce
soit indistinctement de bailler son bien allodial à
titre d'emphitéose & de fief avec les clauses & con-
ditions convenues. Charles VU, considérant que
ces clauses donnoi^ent au seigneur directe quelque
relief de justice, ne voulut pas que toute sorte de
personnes pussent tenir d'ores en avant des fiefs
avec ce relief. Il le permit seulement à la noblesse
& à ceux qui auroient passé par la charge de con-
sul à Toulouse, parce qu'il crut que la justice ne
pouvoit émaner que du roi; mais à l'égard de la
directe & de l'emphltéose, il confirma tous les ha-
bitants indistinctement dans la faculté de tenir
& posséder des fiefs sans payer aucune finance,
comme j'ai dit dans mes annales. Néanmoins, il
me souvient que les capitouls & bourgeois de ce
temps là qui se tiroient des mains du traitant par
le moyen de l'argent de la ville souffrirent que
beaucoup de particuliers fussent inquiétés à cause
de leurs directes 8c empkitéoses. Ils vouloient trou-
ver dan» cette injustice des marques de leur dis-
tinction, tant la vanité cause de mésintelligence
parmi les habltans d'une même ville. Il est vrai
qu'à la fin la ville traita en leur faveur, après que
le traitant eût reconnu que ce qui étolt entre ie»
mains des simples habitants étolt peu de chose;
j'appréhende même que ce privilège de noblesse
des capitouls n'attire la ruine entière ou du moins
de fâcheuses affaires à cette aimable ville', 'i
< Archives d« Toulouse. Testament syndical de M. Jt
l..i/aille, p. 39.
I09I
63o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'y intéresser la ville de Toulouse était de passer condamnation sur la
noblesse au prix d'une forte souscription. Cette combinaison, dont M. de
Fieubet avait été le principal négociateur, réussit pleinement', & pendant
plusieurs années, on ne parla plus de rien.
Les embarras financiers de i6gi forçant la Cour à battre monnaie de mille
façons, la ville de Toulouse fut comprise parmi celles dont les anoblis muni-
cipaux 5c leurs descendants devaient payer une taxe de confirmation.
I/édit du mois de juin 1691 s'appliquait à toute la noblesse de cloche du
rovaume. On y rappelait que l'édit de mars 1667, portant révocation des pri-
vilèges de plusieurs municipalités, n'avait reçu qu'une exécution incomplète,
par suite d'omissions nombreuses dans les rôles arrêtés au conseil, que beau-
coup de contribuables inscrits n'avaient pas pa)é leurs taxes 8c continuaient
de jouir du privilège, « à la surcharge des autres sujets tail labiés, « qu'il en
était de même de personnes ayant renoncé au titre, actuellement disposées à
payer leur cotisation & leurs arrérages. Injonction était faite à tous les offi-
ciers municipaux des villes privilégiées depuis l'année 1600 8c k leurs héri-
tiers de s'acquitter envers le trésor, suivant un tarif proportionnel qui serait
dressé au conseil d'Etat, les renonciations formelles au titre pouvant être
reçues aux greffes des élections dans le délai de six semaines à compter de la
publication de l'édit^.
Restait à faire un recensement exact de ces innombrables anoblis, pas-
sibles des taxes; opération laborieuse 8c difficile, à cause de la dispersion des
familles 8c de l'obscurité qu'elles aimaient à jeter sur leur origine. Le con-
seil d'État décida, le 14 juillet i6gi, que les officiers municipaux des villes
privilégiées produiraient dans trois jours par-devant les intendants des pro-
vinces ou leurs subdélégués, les registres des élections faites dans les hôtels
de ville, depuis le 1" janvier 1600 jusqu'au 3i décembre 1687; que les
agents royaux relèveraient soigneusement tous les noms Se en dresseraient
procès-verbal, avec injonction aux municipalités de fournir des notes 8c ren-
seignements sur la qualité, la fortune 8c le domicile de tous les inscrits, de
leurs veuves ou de leurs descendants. La représentation des registres munici-
paux était déclarée obligatoire pour cette recherche, comme « pour les deniers
« 8c affaires de Sa Majesté 3, »
L'avocat de la ville au conseil d'État s'était hâté d'annoncer aux capitouls
i'orage qui les menaçait, en insistant sur la nécessité d'envoyer au plus vite
' Nous publions aux Pièces justificatives , nu- ' Arrest dii Conseil d'Estat du roy, portant
iiiéro CCCLXXIV, col. 1074, une lettre de Colbert qu'en exécution de l'édit du mois de juin dernier,
à Fieubet expliquant en termes très-nets que « la les Maires, Jurais, Capitouls & Eschevins en
décharge de la recherche 'de la noblesse avait été charge des Villes y dénoininées, jouissant du pri-
acoordée aux capitouls de Toulouse, en considéra- vilége de Noblesse, représenteront par-devant les
tion de 'intérêt que la ville avait pris dans la sieurs Intendans ou leurs subdélégués, les registres
Compagnie des Indes orientales. » des élections & nominations, &c., du 14'" joifr de
' Edit du roy portant confirmation de noblesse juillet 1691.
aux Officiers de plusieurs Villes. (Vérifié au Par-
lement de Paris, le 7 juillet 1691.)
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
63i
1691
une députation à la Cour. L'importance de l'affaire exigeait, disait-il, « des
« négociations & des soins extraordinaires auxquels un homme de Paris ne
<i pourroit pas vaquer si utilement qu'un député. « 11 recommandait de
choisir pour cette amhassade quelque personne de distinction, qui fût en état
de soutenir l'éclat du privilège par sa dignité, en ayant soin de ne point le
faire partir sans la permission de l'intendant'.
Bâville s'excusa sur son impuissance d'autoriser une députation spéciale à
Paris sans ordre du contrôleur général, &. désigna pour exécuter l'arrêt du
conseil, à titre de subdélégué, Timoléon Le Gras, seigneur de Maisonbelle
èi. de Baspré, grand-maitre enquêteur 8< général réformateur des eaux &
forêts au département de Languedoc 81 Guienne. Cet ofiicier fît comparaître
par-devant lui, en son hôtel, le 24 septembre 1691, deux des capitouls^ qui
lui représentèrent, en présence du fondé de pouvoir nommé par le traitant
Simonneau, deux registres contenant les procès-verbaux des élections capitu-
lai res-^.
Il y fit copier les noms de tous les capitouls élus depuis 1600 pour en
remettre la liste au conseil d'État, chargé de déterminer la taxe de chaque
famille. Le travail de transcription dura trois jours & ne comprit pas moins
de sept cents noms.
Cette besogne accomplie, l'agent de Simonneau réclama des capitouls,
conformément à l'arrêt, la déclaration de l'état de fortune 8t du domicile de
tous leurs prédécesseurs, depuis le commencement du siècle, & de tous les
descendants de leur» prédécesseurs. Les capitouls, qui avaient ouvert la séance
par un long exposé de leurs chimères, suivant le système de Lafaille, se
récrièrent, disant qu'une pareille procédure exigerait un temps considérable,
qu'il y aurait une grande &t pénible recherche à faire pour retrouver les
descendants de plus de cinq cent cinc[uante chefs de famille, nombre de
lignées capitulaires se trouvant éteintes, d'autres disséminées en divers lieux
de la Province & même hors du ro\aume, d'autres tombées dans la plus
complète misère.
■ Archives de Toulouse. Livre dti Conseils,
XXXIII, p. z88. Conseil de bourgeoisit. Séance
du 22 juillet 1691.
' Maître Jacques de Lespinasse, avocat en Par-
lement, coseigneur de Colomiers, & Noël-Etienne
Soleilhavolp, cctiyer.
' « Ont représenté un registre en parchemin
in-folio, contenant 129 feuillets escrits, commen-
çant par ces mots : Elections des nouveaux capi-
touls de la rille de Toulouse de l'année mil quatre
cent huiianie-un; finissant par ces autres : Pro-
noncé à Toulouse, en Parlement, le 28*^ novembre
162.5, de Malenfant, ainsy signé, lequel ayant exa-
miné depuis le premier feuillet, nous avons trouvé
au 10 1 & aux suivants, jusques au dernier, les élec-
tions capitulaires faites depuis & compris I année
lioo jusques en l'année iCiS inclusivement
•1 Un registre in-folio, relié de bazane rousse,
contenant 167 feuillets de parchemin escrits, com-
mençant par cei fnois : Livre second des Elections
capitulaires, & finissant par ces autres : A esté
rapporté par Messieurs les Capitouls à Monsieur
le Viguier, dans son siège le susdit jour, lequel
ayant examiné depuis le premier feuillet, nous
aurions trouvé, jusques au 149", les élections ca-
pitulaires faites depuis & compris l'année 1626
jusques en l'année 1671 inclusivement, &c. ' «
Ces registres d'élections ont été détruits en 1793,
ce qui rend d'autant plus précieux le protès-vcrbal
d,e Tuuoléon Le Gras.
' Arcliivcs de Touloasc. SobU-.sa cttpiliiUiirc. l'iuc
v.;ibal de TimoitoD I.c Ciras, du :| n'ptcnibic i6'ji.
i6j)i
63 1 ÉTUDES FIISTOKIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le contrôleur général ne se laissa point désarmer par ces raisons, &
demanda impérieusement les notes individuelles qui devaient permettre d'as-
seoir les taxes '.
Il y avait naturellement une grande diversité de situations entre les
familles des capitouls anoblis par leur charge depuis le commencement du
siècle. Ce privilège, qui faisait le principal attrait de l'hôtel de ville, & que
les flatteries intéressées des érudits municipaux rehaussaient au delà de toute
mesure, était même en général plutôt funeste qu'utile aux lignées bour-
geoises qui s'en décoraient, en les dégoûtant du travail, unique source de la
richesse, & en les réduisant à une sorte de misère vaniteuse*. On pouvait
citer, il est vrai, certaines races de marchands qui, après avoir acquis la
noblesse par le capitoulat, s'étaient peu à peu grandies par de hautes charges,
alliées à l'ancienne aristocratie ou au monde parlementaire & finissaient par
former souches de gentilshommes; mais c'était là une exception assez rare.
Parmi la multitude d'avocats, de procureurs au Parlement ou au sénéchal,
de négociants, de petits bourgeois vivant de leurs rentes qui revêtaient le
chaperon pendant une année de leur vie, la plupart étaient dans l'impossi-
bilité matérielle de « vivre noblement » c'est-à-dire sans tirer aucun bénéfice
de leur activité. Marchands, ils croyaient déroger en continuant leur com-
merce; gens de robe, ils sacrifiaient leur clientèle & laissaient tomber le
crédit de leur cabinet; simples rentiers, ils achevaient rapidement leur patri-
moine par les dépenses exagérées que la vanité nobiliaire leur inspirait.
Quant aux étrangers qui se faisaient affilier au capitoidat dans l'unique but
d'acquérir la noblesse, comme c'étaient de riches propriétaires fonciers des
pays de taille personnelle, une fois satisfaits, ils n'avaient rien de plus pressé
' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, voisinage de l'Espagne, l'influenre même des eaux
XXXin, p. 3 12. Séance du conseil de bourgeoisie de la Garonne, tout concourt à exalter leur iina-
du 19 novembre 1691. Les capitouls, à bout gination ardente & à leur faire la plus funeste
d'excuses, prétendaient alors que leurs commis- illusion. La contagion gagne & pénètre prompte-
saires n'avaient pu travailler à la déclaration de- inent dans les tètes même les mieux organisées,
mandée, à cause des vendanges qui les retenaient de telle sorte que sur sept consuls qui entrent en
à la campagne. Ils continuaient d'ailleurs de se exercice chaque année, il n'en échappe pas un
lamenter sur n les grandes difficultés qu'il y avoit seul qui n'en ait reçu quelque atteinte »
de descouvrir & déterrer les nom^ des descendants ''■igs 14= " H est convenu, parmi les négociants
des anciens Capitouls & leurs facultés depuis un de Toulouse qui ont quelques vues, que le capi-
si long temps. 11 toulat y est un des premiers & des plus anciens
" Archives de Toulouse. Manuscrit n. 3^5. Mé- obstacles au commerce. »
woire prouvé par Us faits sur l'administration yi- P^'ge 4^ : « Un homme n'a pas plus tôt ramassé
cicusc du corps de ville de Toulouse : une fortune de soixante à quatre-vingt mille francs,
Page 6 : « L'avantage de commander despoti- qu'il cherche à se faire capitoul; des gens de la plus
quement une nombreuse soldatesque, la facilité basse extraction, des anciens laquais des arti-
d'exercer sur le bas peuple une justice bottée & sans, qui ont exercé les professions les plus viles. »
arbitraire, le droit d'image & de faire graver leurs Page 46 : « On rencontre à chaque pas des des-
larges écussons en tous lieux & à tout propos, la cendants des capitouls retombés dans la misère &
coutume puérile de ne sortir jamais de l'hôtel de l'obscurité d'où une vanité mal combinée les avoit
ville qu'au son des trompettes & hautbois, & au fait sortir, & qui, par une fausse délicatesse refu-
bruit d'une mousqueterie qu'on redouble à cha- sent encore de remplir des postes & des professions
que carrefour, en un mot la nature du climat, le qui seroient utiles à la société. >i
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
633
1691
que de jouir chez eux de leur dégrèvement, & ne paraissaient jamais à Tou-
louse, où des contrats de louage simulés leur avaient seulement donné
l'apparence du domicile.
On voit que les malheureux capitouls de 1691 n'exagéraient point quand
ils alléguaient la difficulté de réunir les informations généalogiques réclamées
par le ministère.
Cependant il fallut s'exécuter; Si pour proportionner la charge aux res-
sources des imposables, on établit onze catégories d'anoblis, classés autant
que possible d'après leur fortune, 8c l'on échelonna les taxes depuis deux
cents livres jusqu'à huit mille.
Quand il fallut passer à la perception, les obstacles se multiplièrent :
chacun prouva que les évaluations étaient exagérées, chacun dissimula son
bien; d'ailleurs, la ville n'était pas riche, & nombre d'anoblis se trouvaient
réellement hors d'état de payer.
On redoubla d'instances auprès de tous les personnages marquants; on
implora Bâville, on sollicita l'appui de l'archevêque de Toulouse, du premier
président, de l'évêque de Rieux, 8t enfin l'affaire se termiira, comme toutes
les autres créations fiscales, par le don d'une somme au roi '.
Le :o mai 1692, M. d'Ambelot, chef du consistoire, annonça au conseil
de bourgeoisie les dernières communications de l'intendant. M. de Bâville
avait fait l'honneur aux capitouls de leur représenter le grand besoin qu'avait
Sa Majesté d'être secourue d'argent par ses sujets pour subvenir à l'entretène-
ment de ses grandes armées de terre & de mer. Une ville si distinguée par
son zèle 8c sa fidélité, ne pouvait manquer de se rendre agréable en accor-
dant un secours volontaire, au milieu des nécessités pressantes de l'Etat.
Sa Majesté reconnaîtrait d'ailleurs un pareil service par des effets sensibles
de sa bonté.
Le conseil accorda une somme de deux cent cinquante mille livres Se
décida que M. de Bâville serait très-humblement supplié de départir à la
ville ses bons offices pour obtenir du roi les grâces qu'elle pourrait lui
demander.
' n On avoit aussi, l'année précédente, jeté des
taxes saches sur tous les anciens capitouls & leurs
descendant depuis l'année 1600. Ces taxes reve-
noient » quatre ou cinq cent mille livres; il y en
aToit de différentes classes, savoir de 8000, de
6000, de 5, de 4, de 3 000 livres, de 2 590, de
I Soo, de I 000, de 5oo, 3oo & 200, moyennant le
payement desquelles taxes ils dévoient jouir du
privilège de noblesse dans tout le royaume. On
leur fit commandement de payer; on fit des saisies
sur plusieurs, aux uns sur leur récolte que la
taille absorboit, aux autres sur leurs meubles qui
n'étoient pas de grande valeur à cause qu'on avoit
caché les plus riches ; mais comme ces taxes
avoient pour motif le privilège de la noblesse &
que les capitouls & bourgeois croyoient que leur
noblesse n'étoit pas une noblesse de concession,
comme je leur avois enseigné dans mon traité de
la Noblesse, ils étoient résolut de souffrir toutes
choses plutôt que de payer ces taxes, &, pour
dire la véritable raison, c'est qu'ils n'étoient pat
en état de les payer, si l'on en exceptoit quel-
ques-uns, en fort petit nombre Les capitouls
offrirent à M. l'Intendant pour les arts & mé-
tiers &. les marchands 2.00000 livres à condition
que la demande qu'on leur faisoit à l'égard de
la noblesse demeureroit assoupie, ce qu'il ne vou-
lut point accorder; mais il accepta les 25oooo li-
vres ' u
' Archives de Toulouse. Testament tynJictil de SI. de
[.ti/aille. p. 75.
lÔpl
1652
684 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Trois mois après, parut un cdit royal' qui consacrait les théories de
Lafaille sur l'anoblissement capitulaire, laissait dire aux capitouls que leur
noblesse ne provenait d'aucune concession, & visait les diverses prétentions
de leurs mémoires. Le roi déclarait « n'avoir entendu comprendre dans ses
« édits de mars 1667 & de juin 1691 les capitouls de Toulouse, leurs enfans
« 8t descendans 8<. vouloit qu'ils jouissent à l'avenir, comme par le passé,
« des prérogatives, prééminences, & de tous les autres avantages dont jouis-
«c sent les nobles d'extraction & de parenté. » Une allusion discrète rappelait
seulement que la ville s'était signalée des premières à donner des marques de
zèle & de fidélité pour le service du roi &. le bien de l'État dans les occasions
qui s'étaient présentées.
C'est ainsi que la paix fut rendue aux familles anoblies. 11 ne fut plus
question du procès-verbal de Timoléon Le Gras, de la volumineuse statis-
tique capitulaire &. des saisies déjà commencées, & le corps municipal put
ajouter un titre de plus à son livre d'or en attendant que la guerre de la
succession d'Espagne, 8< la pénurie croissante du Trésor, obligea:;sent le
ministère à renouveler l'expérience.
La nécessité de créer de nouvelles ressources fiscales, qui inspirait tant
d'inventions singulières, fit naître en 1692 un vaste projet de transformation
des institutions municipales dans tout le royaume. Ce coup d'Etat, que la
décadence universelle des communes & l'extinction progressive des libertés
publiques devaient rendre relativement peu sensible, ne tendait à rien moins
qu'à supprimer le principe de l'élection, conservé encore, avec mille rései^ves
&t mille précautions outrées, pour le remplacer par le système de la vénalité
des charges, appliqué depuis longtemps aux offices de judicature.
La cause vraie de l'innovation était le besoin d'argent; mais le ministère
avait pris l'habitude de dissimuler ce motif avec adresse Si de couvrir ses actes
des prétextes les plus élevés. Ce déguisement ne fit point défaut à la méta-
morphose municipale inaugurée par l'édit du mois d'août 1692.
Le roi se donnait la peine de rappeler dans le préamlnile qu'il n'avait rien
négligé pour choisir sur les listes de présentation à la charge de maire les
noms des sujets les plus recommandables ; mais ses efforts n'empêchaient
point la cabale & la brigue d'avoir grande part aux élections. Presque tou-
jours, les officiers élus, afin de ménager les particuliers auxquejs ils étaient
redevables de leur emploi, & de se concilier d'avance leurs successeurs éven-
tuels, surchargeaient les autres habitants de leur ville, surtout ceux qui leur
avaient refusé leurs suffrages; dans d'autres lieux, les prétentions des juges
cherchant à s'attribuer les fonctions de maire, entraînaient des contestations
sans cesse renaissantes.
Par le nouvel édit, on se flattait de mettre ordre à ces divers abus. Les
maires en titre, ne devant plus leur charge aux suffrages des particuliers S<
' Édit du Roi, qui maintient les Capitouls, leurs dont jouissent les Nobles d'extraction & de p,-.-
enfans nez ou à naître & leurs descendans dans rente ; Donné à VersaUUs, au inois de septeribrc
les mêmes prérogatives, prééminences & avantages i6p2.
LIV. 111. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 635
n'ayant plus occasion de craindre la malveillance de leurs successeurs, ne
pouvaient manquer de remplir leurs devoirs sans passion, avec toute la liberté
nécessaire pour conserver l'égalité dans la distribution des charges publiques.
Étant perpétuels, ils acquerraient une connaissance plus sûre & plus complète
des affaires de leurs communes, Se, par une longue expérience, ils se ren-
draient plus capables de satisfaire aux obligations attachées à leur ministère.
La prévenance du roi ne se bornait pas à doter les villes d'un maire perpé-
tuel; elle donnait à cet officier plusieurs auxiliaires, pourvus d'après la même
méthode, & mis en possession, à prix d'argent, d'offices héréditaires. Ces
conseillers ou assesseurs seraient tirés d'entre les plus notables bourgeois, 8<.
assisteraient les maires, dans les travaux compliqués de l'administration, avec
une compétence éprouvée. Deux villes seulement furent exceptées, Paris &
Lyon, dont les prévôts des marchands devaient garder leur caractère électil
traditionnel.
L'édit attribuait aux acquéreurs des oflîces de maires tous les droits utiles
& honorifiques dont jouissaient les officiers municipaux élus de l'ancienne
organisation. Ils en exerceraient les fonctions dans les hôtels de ville, y con-
voqueraient toutes les assemblées générales & particulières, pour les affaires
de l'Etat comme pour celles de la commune; ils en auraient la présidence,
recevraient le serment des officiers électifs, dont la nomination se ferait en
leur présence; ils présideraient à la reddition des comptes, signeraient tous
les mandats pour le payement des dettes Se des autres dépenses communales,
ouvriraient les dépêches de service, garderaient une clef des archives, allume-
raient les feux de joie, porteraient la robe & les autres insignes accoutumés,
même la robe rouge dans les villes où les officiers des présidiaux jouissaient
de cette distinction. Ils auraient en outre le titre de députés-nés de la com-
mune dans les assemblées provinciales des pays d'Etat.
Le privilège de la noblesse était attaché à la charge de maire, dans les
villes où cette faveur se trouvait déjà confirmée; Se les titulaires conserve-
raient cette qualité, sans avoir à payer aucune finance, mais à condition de
remplir leurs fonctions pendant vingt années. Ils ne transmettraient la no-
blesse à leurs entants que s'ils mouraient dans l'exercice de la charge.
Diverses immunités complétaient cette prérogative : dispense des devoirs de
tutelle 8c de curatelle, exemption de la taille personnelle dans les villes
taillables, dispense du service de guet Se garde, du logement des gens de
guerre, des autres espèces de contributions, 8t même des taxes levées dans
les villes abonnées. Les denrées 8c provisions destinées à leur usage étaient
également affranchies des droits d'octroi.
Un mois après la publication de l'édit, tous officiers revêtus de fonctions
électives devaient en cesser l'exercice Si aucun genre d'élection n'était plus
autorisé dans l'étendue entière du royaume. Une amende de trois mille livres
menaçait les magistrats qui troubleraient les acquéreurs d'offices dans leurs
fonctions.
Avec l'élection disparaissait la gratuité des charges municipales. Le roi
i6f)i
i6i;2
636 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
assurait un traitement annuel aux pourvus, d'après un état proportionnel qui
serait dressé au conseil. Ce traitement représentait, d'une certaine façon, les
intérêts du prix d'achat, à un taux d'ailleurs assez modéré. Les fonds en
seraient prélevés, par préférence à toutes autres dettes ou charges, dans les
caisses municipales, Se pourraient être demandés tant aux deniers communs
& patrimoniaux, & aux recettes d'octroi, (ju'aux impôts levés dans diverses
provinces ou villes sous le titre de gages d'otficiers.
Quant aux conseillers assesseurs, l'édit en créait douze dans la ville de
Paris, douze à Lyon, 8c un nombre variable dans les autres villes, à régler
en conseil d'État. Ces assesseurs étaient destinés à former une pépinière de
sujets privilégiés pour remplir la moitié des places électives d'officiers muni-
cipaux. Ainsi, non-seulement les maires ne devaient jamais être élus, mais
la moitié des échevins, capitouls ou jurats placés sous leur présidence ne serait
plus éligible qu'à la condition d'avoir acquis déjà un office d'assesseur.
Afin de faciliter le placement des charges municipales, l'accès en était
ouvert à toute sorte de personnes, graduées ou non graduées, même aux offi-
ciers royaux, avec licence d'en exercer les fonctions sans incompatibilité. Les
titulaires venant à mourir, la charge passait à leurs veuves, héritiers ou ayant
cause qui pouvaient disposer à leur gré des lettres de provision en faveur de
sujets capables. Dans aucun cas, ces offices ne seraient déclarés domaniaux,
ni sujets à revente.
Les parlements étaient désignés pour recevoir le serment des acquéreurs
d'offices de maires, 8<. les maires pour recevoir le serment des conseillers asses-
seurs.
L'édit, signé à Versailles, dans le courant du mois d'août 1692, fut enre-
gistré au parlement de Paris le 27 du même mois, & publié dans toutes les
provinces par les soins des intendants.
Cette révolution municipale, si elle eût été prise au sérieux, si l'on avait
pu croire à la volonté formelle du gouvernement d'en appliquer les principes,
aurait causé dans le pays une violente émotion. Ce n'est pas, on le sait, que
la liberté des élections y fût réelle. Nos lecteurs ont déjà vu combien d'in-
fiuences ouvertes ou cachées pesaient sur les collèges électoraux, d'ailleurs
forts restreints, qui choisissaient le personnel administratif. Dans les petites
communes, où se rencontraient peu de personnes éclairées, le seigneur de
paroisse ou principal propriétaire faisait à peu près la loi : dans les villes
importantes, le ministère s'était attribué le droit de nomination & ne laissait
aux oligarchies privilégiées que la faculté de présenter des candidats, 8t des
satisfactions d'étiquette 8<. de cérémonial rappelant des mœurs disparues.
Mais, au milieu de cette dégénérescence de l'esprit municipal, un fait survi-
vait encore : la durée annuelle de la magistrature consulaire. Cette mobilité,
qui n'était pas sans inconvénients au point de vue de la bonne gestion des
affaires & de la suite des entreprises, avait du moins l'avantage de tempérer,
dans la pratique, les mauvais effets de l'arbitraire originel. Assuré, comme
on Tétait, d'avoir à déposer le chaperon & la robe mi-partie, au bout des
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 687
douze mois traditionnels, on avait beau devoir sa charge à la faveur, k l'im-
portunité, ou même à la corruption, la nécessité de rentrer à courte échéance
dans la condition commune était un puissant correctif. Les habitants accep-
taient avec plus d'aisance des magistrats imposés qu'ils savaient du moins
éphémères, &c ces rapides changements de visages empêchaient les antago-
nismes de s'invétérer. L'édit de 1692 créait une situation tout à fait nouvelle
£< ouvrait devant les villes des perspectives peu rassurantes.
Exécuté à la lettre, il marquait un mouvement rétrograde de plusieurs
siècles. La royauté qui avait tant combattu l'extension du droit de propriété
sur les fonctions publiques, caractère de l'époque féodale, & qui s'était vu
contrainte à reconquérir pièce à pièce les droits de l'Etat confisqués par des
usurpateurs sans nombre, semblait reconstituer imprudemment ce morcelle-
ment anarchique, en créant les mairies héréditaires. Non-seulement il ne
serait plus question de libres suffrages, système depuis longtemps oublié,
jTiais les recommandations elles-mêmes deviendraient inutiles. Maître Antoine
Gattc, bourgeois de Paris, traitant des nouveaux offices, allait être le dispen-
sateur des charges municipales. On n'aurait qu'à couvrir la plus forte enchère,
d'après la mise à prix réglée au conseil, pour exercer les fonctions de maire
à perpétuité, & les transmettre à ses enfants & petits-enfants.
Les communes souffraient déjà beaucoup de la féodalité nouvelle qu'im-
provisaient les embarras financiers du trésor par les ventes du domaine. Cha-
cune de ces aliénations d'un bien si péniblement amassé par les agents de la
couronne suscitait des réclamations St des tiraillements sans fin. C'était un
contre-sens dont les populations avaient conscience. Dans les conseils du roi,
le besoin d'argent l'emportait sur la logique. On ne s'inquiétait pas de savoir
si la royauté trahissait son devoir séculaire en démembrant elle-même ses
possessions, parce c|ue l'on ne voyait dans l'acte qu'une oj^ération bursalc :
l'avantage d'encaisser immédiatement la consignation de l'acquéreur ou d'ob-
tenir plus tard le rachat des intéressés, à force de tracasseries 8c de vexations,
faisait écarter toute autre considération.
Cette féodalité nouvelle, qui s'établissait, ne ressemblait en rien par son
origine à la noblesse militaire 8< conquérante du moyen âge. Ce n'était
point une aristocratie de race. Elle se composait, en majeure partie, de gens
de robe, magistrats ou procureurs enrichis, de marchands qui avaient fait
fortune, de bourgeois qui avaient grossi leur patrimoine ])ar des entreprises
de travaux publics, des fermages d'impôts, des maniements d'argent plus ou
moins avouables, & qui, une fois élevés au-dessus du commun, n'avaient
d'autre ambition que de se transformer en seigneurs. La recette en était
facile, grâce aux fréquentes aliénations du domaine. Les Etats généraux de
France, toutes les fois qu'on les avait rassemblés, ne s'étaient fait faute de
protester contre cette politique rétrograde; mais Louis XIV sauvait la diffi-
culté en ne les convoquant pas; Se chaque guerre malheureuse, chaque pro-
digalité royale avait pour effet de multiplier ces enchères £t de couvrir le sol
d'une fourmilière de propriétaires féodaux, recrutés en grande partie dans le
1692
i
lôt^i
638 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tiers état, mais tout aussi insupportables par leurs prétentions 8c leurs exi-
gences que les barons de 1 âge héroïque.
Ce fut ce personnel qui se jeta avec le plus d'empressement sur les charges
de maires. Dans la plupart des communes de Languedoc, il y avait contesta-
tion entre le seignevir engagiste &c les habitants, au sujet de la qualité des
terres, nombre de propriétaires fonciers, qui ne possédaient que des biens
ruraux, ayant, à diverses époques, usé de leur influence pour altérer le
cadastre à leur profit. Celui qui acquérait au bureau du domaine un petit
fief noble, ne manquait guère d'en grossir l'importance 5t d'en reculer les
limites. La possession de la mairie, surtout de la mairie héréditaire, parais-
sait un moyen très-efficace pour asseoir de plus en plus l'autorité des petites
dynasties locales qui se fondaient de tous côtés à beaux deniers comptants.
Cette tendance était naturellement fort antipathique aux populations des
communes; aussi le ministère crut-il devoir l'encourager, pensant avec raison
que, plus l'innovation serait onéreuse, plus le pays ferait de sacrifices pour
s'en affranchir.
"j^Tâ Un arrêt du conseil d'Etat, rendu le 2 juin 1693, permit aux seigneurs de
la province de Languedoc d'acquérir les offices de maires dans leurs domaines
& d'en faire exercer les fonctions par leurs officiers dans l'étendue de leur
juridiction. C'était le dernier mot de la révolution municipale. Le roi détrui-
sait l'œuvre de ses prédécesseurs.
L'application de cette mesure mit le désordre partout. Les communes, qui
souffraient avec peine la résurrection de la propriété féodale, dont les titres
renaissaient journellement dans les bureaux du domaine, furent en proie
aux plus vives agitations. Il fallait à tout prix empêcher l'établissement de
ces petits despotismes locaux. La jurisprudence indiquait un procédé unique,
le rachat des offices vendus. Ce fut aussi le parti que prirent tous les centres
de population assez riches pour en faire les frais; &, durant quelques années,
on ne vit qu'un chassé-croisé de contrats d'acquisitions de mairies par des sei-
gneurs ou de riches bourgeois, & de contrats de surenchère par les habitants
pour obtenir l'extinction de l'office 8<. sa réunion au patrimoine de la com-
munauté. On désintéressait l'acquéreur en lui payant son capital d'ac^iat Se
les intérêts de la somme, &, en fin de compte, le trésor gardait le prix de la
vente sans avoir rien vendu.
Il ne saurait entrer dans notre plan de donner ici le détail de ces innom-
brables opérations, qui consommèrent une quantité prodigieuse de papier
timbré. Un épisode assez curieux est celui de l'acquisition de la mairie
d'Albi par l'archevêque Le Goux de la Berchère, à la suite d'un traité conclu
avec M. de A'Iarliave, premier acquéreur. L'arrêt du conseil qui ratifia cette
transaction déclara que la mairie de la ville demeurait « à l'avenir unie Si
« incorporée à l'archevêché. » Rien de plus étrange que ce retour en arrière
sous un régime de centralisation bureaucratique. Le prélat, du reste, dans
la requête qui servit de base à l'arrêt du conseil, indiquait très-nettement le
caractère du fait. Il avait cru, disait-il, être d'autant plus obligé de solliciter
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 689
cette incorporation, que « par plusieurs titres incontestables & une posses-
<i sion immémoriale, ses officiers jouissaient de tous les droits attribués aux
■< maires, notamment de recevoir le serment des consuls 6c de présider à
« toutes les assemblées tenues dans l'hôtel de ville. » Par un privilège spécial,
l'archevêque fut dispensé du serment que la loi imposait aux acquéreurs des
oftîces municipaux, St le conseil d'Etat décida que les autres archevêques
d'Albi, ses successeurs, ne prêteraient qu'un seul serment de fidélité entre
les mains du roi, tant comme prélats que comme maires'. Qvielques années
plus tard,. la mairie de Monestier tut également unie à l'archevêché d'Albi^.
Dans la capitale de la Province, l'innovation mit le monde capitulaire en.
grand émoi, La bourgeoisie se faisait une si haute idée de ses privilèges
qu'elle ne pouvait croire au renversement de l'ordre ancien. Les bruits les
plus contradictoires se répandirent : on attribuait à divers grands seigneurs
méridionaux l'intention d'acquérir la charge, que l'importance de la ville £c
les rapports journaliers avec le Parlement rendaient considérable. Un person-
nage de haut rang pouvait seul, disait-on, accepter le rôle de maire de Tou-
louse S< l'exercer avec le prestige obligé.
Ce fut un membre du Parlement, nommé Jean Daspe, qui s'offrit au con-
seil des finances. Il proposait de verser quatre-vingt mille livres, à condition
d'obtenir une déclaration du roi qui lui attribuerait un logement dans l'hôtel
de ville, le droit de participer à la nomination des capitouls, six mille livres
de gages annuels, avec les autres avantages communs au corps capitulaire 81
le privilège de la noblesse. Le conseil des finances, prévoyant les protesta-
tions qui lui arriveraient de Toulouse, éprouvait quelque embarras; mais les
rapports de Bâville sur la gestion des capitouls étaient si peu flatteurs, & les
preuves de leur négligence administrative si éclatantes que l'on passa outre.
i6p3.
' Arrêt du conseil d'État du |3 juillet 1694,
portant ratification du traité conclu par l'arche-
vcque avec M. de Marliave. Lettres patentes don-
nées à Fontainebleau au mois d'octobre 1694',
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Par-
lement de Toulouse. EJits & déclarations, XXVIII,
P 68, février 1699. Union de la mairie de Mones-
tiès à l'archevêché d'Albi.
Voici, relevés dans les registres du Parlement de
Toulouse, où étaient transcrits les contrats d'ac-
quisition, les noms de quelques maires perpétuels
pourvus en vertu de l'édit du mois d'août 1692.
Annonay : Jean -Joseph Androl, avocat en la
cour (240 livres de gages).
BELBtRAiiD : François Dulaur, seigneur du lieu
(27 livres 10 sols).
Belcaire : François Folquier.
Belpecii de Gabxagois ; Charles Banhe.
BessiEres : Antoine de Manse.
' Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Parlomcnl do
Toulouse. Édils & déclaration:, XXVll, f° 3oX.
Cabcassonniî : Antoine Danly.
CoRUAiuEu : Antoine Bourilhou.
Colusaîi : François Delon, sieur de Tarrailhon.
CuQ-TouizA : Henry Lemasuyer, procureur gé-
néral au Parlement de Toulouse, coseigiieur du
lieu.
FosTES : Jean-Pons de La Tude, seigneur du
lieu.
L'IsLE n'ALtiGEOis : Jean Rnynal, puis Jacques
de Foucaud.
Mauvaizin : Sylvestre Darquier de Mauléon.
MoMEsyuiEU : Louis de Pailhcs, notaire royal.
Saim-Gebmaim de CALnEr.TE & SAiN-r-ANnr.É de
Lascize : David de la Fabrégue, juge desdits lieux.
Saint-Juery : Antoine de Gontier.
Saint-Papoul : Bertrand Molinier.
Tet.sac : Bertrand de Nupces.
■Villefranche de Roiergue : Guillaume d'Ar-
ribat, sieur de Salvaignac.
N'illeneuve : Jean Martin '.
' liecueil des l'dils ô déclarations, XXVII.
—^ 640 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les députés de la ville, ayant donné l'alarme, on porta l'affaire, le 27 fé-
vrier i6g3, devant le conseil de bourgeoisie. M. d'Ambelot, chef du consis-
toire, demanda si la ville de Toulouse, qui s'était distinguée, dans toutes les
rencontres, par son zèle Se son attachement aux intérêts de Sa Majesté, 8c
qui, depuis trois ans, l'avait particulièrement assistée de secours extraordi-
naire, ne devrait point solliciter la révocation de l'édit.
On écrivit des lettres pressantes à l'intendant afin de l'intéressera la cause.
Toulouse ne pourrait-elle obtenir une exception pareille à celle dont jouis-
saient Paris 8c Lyon? Si ^a charge devait nécessairement être vendue, la ville
n'aurait-ellc pas la préférence?
Ce projet d'acquisition par la commune, en vue d'obtenir la réunion 8c
l'extinction de la charge, fut débattu dans les conseils, mais avec mollesse.
Plus tard, on accusa le chef du consistoire d'avoir retenu la lettre d'avis du
traitant dans un intérêt particulier, ce qui empêcha le corps municipal d'agir
en temps utile 8c de surenchérir efficacement. On délibéra pourtant d'offrir
au roi dix mille livres de plus que l'acquéreur n'en avait payé. Mais
M. Daspe tenait à sa charge; il contre-battit vigoureusement à la Cour les
démarches capiiulaires, 8c ne négligea rien pour s'assurer la possession de la
mairie.
Le 7 avril 1698 parut une déclaration du roi expressément destinée à
régler les attributions du maire de Toulouse. On y reconnaissait que l'édit
de 1692 avait besoin d'interprétation dans les villes du royaume qui jouis-
saient d'usages particuliers, concernant l'administration de la police 8c la
nomination des officiers municipaux. La capitale du Languedoc se trouvait
en possession de plusieurs prérogatives qui pouvaient donner lieu à des con-
flits entre le maire perpétuel 8c les capitouls. Le roi voulait prévenir ces que-
relles en déterminant avec précision les droits de chacun.
La déclaration commençait par écarter l'opposition du corps capitulaire
contre le principe d'un établissement commun à la France entière. Toulouse
aurait son maire perpétuel, comme toutes les autres villes de la Province. Ce
maire présiderait les assemblées électorales tenues dans l'hôtel de ville pour
le renouvellement de l'administration : il ferait, par dérogation expresse à
l'arrêt du 10 novembre 1687, la réduction à vingt-quatre, des quarante-huit
candidats proposés pour les huit places de capitouls, ayant voix prépondé-
rante en cas de partage. Les élections capitulaires devaient à l'avenir se faire
le f^mars, la date traditionnelle, qui était celle du 26 novembre, coïncidant
avec la session des Etats où le maire avait rang comme premier député de la
ville. Dans les assemblées générales 8c particulières de la maison commune,
cju'il pouvait seul convoquer, le inaire prendrait place 8c opinerait immédia-
tement après l'avocat 8c le procureur général du Parlement; il présiderait
aux jugements des procès civils 8c criminels de la compétence des capitouls.
S'il était membre du Parlement, il aurait la faculté de se joindre à ses collè-
gues dans les processions 8c autres cérémonies publiques, même en l'absence
du corps municipal. Il porterait le manteau comtal dans les audiences de
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 641
l'hôtel de ville, 8c marcherait seul à la tête des capitouls. Son nom figurerait
en première ligne au frontispice des ordonnances & placards. Il commande-
rait au capitaine de la santé, au commissaire des visites 8< à leurs gardes, aux
dizainiers, officiers & soldats de la compagnie du guet, dans toute l'étendue
de la ville & du gardiage, 8c participerait à leur nomination 8c à leur desti-
tution. Il aurait entre ses mains une clef des archives 8c une clef de l'arsenal.
II jouirait d'un logement à son choix dans l'hôtel de ville, même avec faculté
d'en faire déguerpir, sur première réquisition, l'officier dont l'appartement
lui conviendrait. Il percevrait le droit de robe attribué aux capitouls 8c atta-
cherait comme eux à sa personne, aux frais de la ville, un sergent 8c un
valet. Il présiderait à l'audition des comptes, prendrait part à la collation des
lettres de maîtrise 8c pourrait assister aux assemblées des hôpitaux; sa pré-
sence serait nécessaire dans les adjudications des divers impôts, 8c quatre
archers du guet demeureraient constamment à sa disposition.
Tous les termes de cette déclaration répondaient aux désirs du conseiller
Daspe. Au bout de peu de jours il conclut son marché', 8c comme le syndic
de la ville protestait, en invoquant la surenchère de dix mille livres, un arrêt
du conseil déclara cette opposition nulle 8c non avenue^. Au mois de sep-
' Voici le texte de la quittance :
« J'ay receu de M. Jean Daspe, conseiller au
Parlement de Toulouse, la somme de cent mil
livres pour la finance de conseiller du roy maire
de la ville & communauté de Toulouse, créé héré-
ditaire par édit du mois d'aoust 1(192, pour en
jouir par le pourveu aux gaigfS de cinq 1T11I livres
par an, à prendre par préférence à tous debtes &
charges sur les deniers communs, patrimoniaux
& d'octroy de ladite ville, aux honneurs, droits,
prééminences, privilèges, fonctions, attributions,
exemption de tutelle, curatelle, guet & garde, ban
& arrière-ban, tailles, taillon, logement des gens
de guerre, esmolumenis des Estats & autres, le tout
ainsi qu'il est plus au long rapporté par ledit édit
& par la déclaration du 7' avril dernier.
<i Fait à Paris, le 20' jour de may 1693.
« Quittance du trésorier des revenus casucU de
la somme de cent mil livres.
n Signé Bebtin '. u
' Il Le roy ayant accepté les offres faites par le
tieur Daspe, conseiller au Parlement de Toulouse,
de payer entre les mains d'Antoine Gatte sur les
quittances du trésorier des revenus casuels la
somme de cent mil livres pour la finance princi-
pale de l'office de maire de ladite ville de Tolose
créé héréditaire par l'édit du mois d'aoust 1692 8t
celle de dix mil livres pour les deux sols pour
livre de ladite finance sur la quittance dudit
Gatte, ledit office auroit esté comprins au rôle
' Archives de Toulouse. Lirre des comeils, XXXIV, p. 5O
xni.
arresté au conseil le présent mois de may pour
ladite somme de cent mil livres & les deux sols
pour livre; en conséquence duquel, ledit sieur
Daspe auroit vouleu obtenir des provisions dudit
office, ce qu'il n'auroit pu faire, attende» une
opposition formée entre les mains du garde des
rôles à cause d'une prétendue enchère de dix mil
livres au pardessus de la finance du rôle, faite à
la requête du syndic de ladite ville de Toulouse le
9 du présent mois, sans aucune consignation au
bureau dudit Gatte, ce qui ne peut partir que
d'une mauvaise intention & dans le dessein de
fatiguer & esloigner ledit sieur Daspe, à quoy
estant nécessaire de pourvoir, ouy le rapport du
sieur Phelypeaux de Pontchartrain, conseiller or-
dinaire au conseil royal, contrôleur général des
finances, S\ Majesté en son conseil a ordonné 81
ordonne que, sans s'arrester à la prétendue en-
chère de la somme de dix mil livres faite par le
syndic de la ville de Tolose au pardessus de celle
de cent mil livres ii laquelle l'office de maire de
ladite ville est porté au rôle arresté au conseil le
12^ may de la présente année, que les provisions
dudit office seront expédiées au profit dudit sieur
Daspe pour ladite somme de cent mil livres & les
deux sols pour livre, nonobstant toutes enchères
faites & à faire, quoy faisant, les gardes des rôles
& tous autres seront & demeureront bien 8c vala-
blement déchargés.
« Fait au conseil d'Etat du roy tenu à Paris Is
26' jour de may 1693
« Signé DujABDiN. »
4«
l6i;J
642
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tembre suivant, le ministère modifia, dans la même forme, le droit de suf-
frage accordé au maire en toutes les assemblées de l'hôtel de ville'.
Le maire de Toulouse fut donc installé, 8< jouit de tous les avantages que
lui assuraient l'édit Sî. la déclaration, sans oublier sa place perpétuelle aux
États de Languedoc^.
L'historien Lafaille avait obtenu de la libéralité des capitouls une petite
maison renfermée dans l'enclos de l'hôtel de ville, dont il s'était plu à décorer
les appartements. M. Daspe n'eut rien de plus pressé que d'en exiger l'éva-
cuation, ainsi que l'acte royal l'y autorisait. Lafaille fit quelque résistance;
les capitouls offrirent de construire ailleurs, dans les bâtiments communaux,
un logis digne de leur nouvel hôte; mais on dut céder, & l'annaliste toulou-
sain, à qui l'on vota une indemnité de cinq mille livres, fut contraint d'aller
s'établir ailleurs.
Quand M. Daspe voulut prendre, avec ses anciens confrères du Parlc-
■ « Le roy s'estant fait représenter en son con-
seil la déclaration de Sa Majesté du septième avril
1693 servant de règlement pour les fonctions,
droits 8c prérogatives du maire de la ville de To-
lose, par laquelle Sndite Majesté veut que ledit
maire convoque les assemblées générales & parti-
culières qui seront tenues pour les affaires de
ladite ville dans l'hostel & maison commune
d'icelle & qu'il y ait rang, séance & opinion en
la manière portée par ladite déclaration, & Sa
Majesté ayant esté informée que les capitouls,
quoyqu'ils assistent auxdites assemblées générales
qui se tiennent trois ou quatre fois l'année, n'y
ont point de suffrages, mais que l'usage est que
chacun desdits capitouls nomme quatre habitans
domiciliés dans son capitoulat, qu'il appelle ses
envoyés, lesquels ont séance 8c opinion èsdites
assemblées, & Sa Majesté ne voulant pas qu'il
soit innové audit usage, ouy le rapport du sieur
Phelypeaux de Pontchartrnin , conseiller ordi-
naire au conseil royal, contrôleur général des
finances,
« Le Roy en son conseil a ordonné 8c ordonne
qu'au lieu 8c place du droit d'opiner qu'Elle avait
accordé par sa déclaration du septième avril itpj
au maire de Toulouse èsdites assemblées générales,
ledit maire y puisse appeler 8c faire entrer un
habitant de chacun des huit quartiers ou capi-
toulats de la ville, lesquels auront rang, séance 8c
opinion èsdites assemblées générales, tout ainsi
qu'en jouissent les quatre envoyés de chaque capi-
toul, 8c en la même forme 8c manière qu'il est
pratiqué à leur esgard. Enjoint Sa Majesté au
sieur de Lamoignon de Basvilie, conseiller d'Etat,
intendant de justice, police 8c finances de la pro-
vince de Languedoc, de tenir exactement la main
h. l'exécution du présent arrest.
fr Fait au conseil d'Etat du roy, tenu à Versail-
les le quinzième jour de septembre lûpj. CoUa-
tionné. — Ranciiin '. »
' Les maire 8c capitouls Je Toulouse, juges es
causes civiles, criminelles 8c de la police en ladite
ville 8c gardiage d'icelle, à tous ceux qui ces pré-
sentes verront, salut. Sçavoir faisons 8c attestons
comme en conséquence de la délibération tenue
aujourd'hui en conseil général dans l'hostel de
ville. Nous avons constitué 8c par ces présentes
constituons pour nos procureurs Messire Ji;an
Daspe, conseiller du Roy au Parlement de Tou-
louse, maire de la ville, 8c M. Guillaume de Pra-
dines, avocat, capitoul 8c assesseur, comme ayant
droit, sçavoir Messire Jean Daspe, en qualité de
maire, suivant l'édit de Sa Majesté du mois d'aoust
1692, 8c ledit sieur de Pradines, comme assesseur,
suivant la déclaration de Sa Majesté du 4 octobre
1693, d'assister, avoir rang, séance 8c opinion
dans l'assemblée des Estats généraux de la pro-
vince de Languedoc, mandés par le Roy à Nar-
bonne, au 26' du présent mois, pour, dans ladite
assemblée, dire, proposer 8t remontrer leurs plain-
tes 8c doléances 8c ce qu'il conviendra faire pour
le service de Sa Majesté 8c utilité de la Province
en général 8c en particulier de ladite présente
viUe, consentir, dissentir, accorder, discorder 8c
faire tout ainsi en ladite charge comme nous fai-
rions si en personne y estions, promettant avoir
pour agréable tout ce que par lesdits sieurs Daspe
8c de Pradines sera fait, géré 8c négocié sous l'obli-
gation des biens patrimoniaux de la ville. En té-
moin de quoy nous avons fait expédier cesdites
présentes par nostre greffier £c secrétaire, d.uem.ent.
de nous signées Se scellées de nostre scel ordin.iire.
A Tolose, ce 16'' novembre 1694'.
' Archives de Toulouse. Livre des couseîlF, XXXI V,
f-121.
» Archives de Tnnlou'ic. Livre lies caries, p. 212.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 648
ment, les façons hautaines dont il usait à l'égard du corps municipal, il
trouva forte partie. Il commença d'indisposer l'irascible compagnie en dispu-
tant la présidence à ses commissaires dans les assemblées de l'hôtel de ville 8c
en se faisant accompagner à travers les rues par les hallebardiers qui mar-
chaient autour de sa chaise. On l'accusa bientôt d'avoir trempé dans des
négociations peu délicates avec des marchands de grains, & de s'être prêté à
faire sortir secrètement du blé pendant la nuit, ce qui avait causé ime hausse
soudaine; des attroupements se produisirent aux portes des boulangers qui,
assaillis par une foule de pauvres, n'osaient plus exposer de pain en vente.
La cour manda le maire au palais Si le fit expliquer sur sa conduite. II
déclara n'avoir agi que d'après les ordres de l'intendant. La multitude s'était
amassée sur la place du palais & sur celle du Salin, Deux présidents & les
gens du roi furent contraints de faire monter M. Daspe dans leur carrosse Se
de l'accompagner jusqu'à l'hôtel de ville. Partout, sur son passage, on le
huait. Les capitouls chevauchaient auprès du carrosse avec la troupe du guet :
on commença de faire voler des pierres. L'un des capitouls, pour écarter la
presse, fit tirer deux coups de mousquet sans balle qui redoublèrent l'em-
portement & les clameurs, 5c se vit réduit, pour se défendre, à décharger son
pistolet sur un grand laquais, qui était précisément au service du syndic
iîailot. Cette émotion populaire fut longtemps connue à Toulouse sous le
nom de sédition de Lafaille, à cause du triste rôle qu'y avait joué le valet de
son neveu.
Le lendemain de cette émeute, les mêmes scènes turbulentes se renouvelè-
rent sur le Pont-Neuf, à la sortie de l'assemblée de l'hôpital. Plus de deux
mille personnes étaient accourues pour assister au défilé du maire; on envoya
quérir le guet & les gardes bourgeoises, qui protégèrent sa voiture 8t lui per-
mirent de s'enfermer sain 8>t sauf dans l'hôtel de ville, malgré une grêle de
pierres 8c les clameurs de la foule, qui criait à gorge déployée : « Le voilà!
« le voilà! » 8c menaçait de le mettre en pièces.
Quelques jours après, M. Daspe s'alla plaindre à Montpellier, auprès de
Bàville, du mépris qu'on faisait de sa charge 8c de sa personne. L'intendant
écrivit au Parlement que, suivant la volonté du roi, le maire devait jouir de
tous les droits attachés à son office. A son retour, le malheureux magistrat
modéra pourtant ses prétentions : il cessa de contester la présidence aux com-
missaires de la cour dans le bureau des comptes 8c finit par supprimer son
escorte de hallebardiers, sans rien diminuer d'ailleurs de l'autorité absolu»
qu'il avait prise dans l'hôtel de ville'.
La construction de forts, l'armement de châteaux de garde, l'ouverture des
chemins royaux Se l'organisation des milices ne furent pas les seuls expé-
dients imaginés par le ministère pour venir à bout de la sourde résistance
des Cévennes. Le conseil du roi forma le dessein de créer une nouvelle cir-
conscription territoriale, à la fois religieuse 8c administrative, qui permît de
Archives de Toulouse. Testnment syitJtcal Ae M. de I.afct'dlc, p. 79.
1693
-^^ 644 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
surveiller de plus près l'état spirituel 8<. temporel du massif des montagnes
situées entre le diocèse d'Uzès & le Rouergue.
Au point de vue religieux, les rapports de l'intendant 8c des commandants
militaires étaient unanimes. La foi catholique n'avait pas tait le moindre
progrès dans le cœur des nouveaux convertis. La crainte seule les ren-
dait sages; mais ils montraient une indiftérence austère pour les cérémonies
de rÉoTise romaine. « Il est impossible, disait Bâville, qu'ils demeurent sans
« culte &. sans exercice de religion '. » Il espérait bien que les chefs de
famille les plus opiniâtres mourant tous les jours, ainsi que les principaux
ministres, réfugiés à l'étranger, la volonté du roi aurait plus de prise sur les
nouvelles générations, élevées loin des temples & des pasteurs; il comptait
sur la diffusion des écoles pour opérer cette métamorphose, mais, par-dessus
tout, il réclamait l'épuration du clergé.
« liC plus grand, écrivait-il, le plus solide 8<, je puis le dire, l'unique
<( expédient efficace est de former de bons prêtres pour être curés & vicaires
« dans les paroisses. Lors de la conversion générale, il s'est trouvé de fort
<c mauvais sujets pour remplir la plupart de ces places. On a ôté la plupart
<( des mauvais; maintenant il faut penser aux moyens d'y en mettre de bons
« S<. qui sachent prêcher; car toute la dévotion des gens de la religion consiste
<i à entendre la parole de Dieu. On ne réussira jamais auprès des nouveaux
<( convertis, si l'on n'a pas quelques talents pour prêcher. » La direction des
maisons d'enseignement, des missions de prédicateurs périodiquement envoyés
dans les Cévennes &, plus que toutes choses, l'inspection des curés dissé-
minés dans ces pays perdus, au milieu de populations hostiles ou méfiantes,
réclamaient une vigilance plus prochaine que celle de l'évêque de Nimes.
Le diocèse de Nimes, fort étendu en longueur, dans la direction du sud-
est au nord-ouest, comprenait en réalité deux régions distinctes : les plaines
basses & les plateaux ondulés qui s'étendent entre le Gardon, le Rhône, le
Vidourle & la mer & le réseau de gorges protondes qui s'élèvent graduelle-
ment jusqu'à la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Méditerranée
& de l'Océan, sur les confins du Gévaudan &c du Rouergue. C'est de cette
partie nord -occidentale du diocèse, la plus âpre, la plus difficile, la plus
obstinée dans son attachement à la Réforme, que l'on proposa de former une
nouvelle circonscription. On lui laissait pour limites, dans la majeure partie
de son périmètre, celles des diocèses d'Uzès, de Mende, de Vabre, de Lodève
& de Montpellier, 81 la ligne de séparation du diocèse de Nimes allait.relicr
les sources du Lez au confluent des deux Gardons, les deux premières
paroisses du nouveau diocèse, du côté de Nimes, étant celles de Sauve & de
Vezenobre.
Pour capitale du diocèse, on choisit Alais, centre de population le plus
important de la contrée, siège d'un chapitre collégial.
■ Mémoire hlstorlijue & polit!<jae sur la province de Languedoc. Estât de la religion à l'égard des
nouveaux convertis.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 640 ~T
II fallait asseoir les revenus de 1 evêclié sur un tonds suffisant. Le conseil
pensa que les domaines de l'antique abbaye de Psalmodi, sécularisée depuis
le seizième siècle par le pape Paul III, Si transférée, à la même époque, dans
la ville d'Aigues-mortes, povivaient être employés à cette destination'. Le
chapitre de Saint-Pierre de Psalmodi, en quittant les atterrissements mal-
sains des étangs pour la cité de saint Louis, n'y avait guère trouvé meilleur
climat 8c ne se piquait point de régularité. Comme tant d'autres créations
de l'âge de ferveur monastique, ce corps, d'où la vie s'était retirée, attendait
sa métamorphose. La suppression en fut décidée, & l'on obtint l'adhésion de
l'abbé de Calvière, dernier titulaire de la commende.
Le siège épiscopal des Cévennes demandait \\n prélat zélé. Le choix du roi
s'arrêta, dès l'année 1687, sur François Chevalier de Saulx, noble poitevin,
docteur de Sorbonne, qui avait été employé depuis longtemps à convertir les
montagnards de Languedoc 8c que l'on disait y avoir donné des preuves de
sagesse'.
Plusieurs années s'écoulèrent avant que l'évêque d'Alais ne pût recevoir la
consécration ecclésiastique. Louis XIV avait chargé le cardinal de Janson,
évêque Se comte de Beauvais, pair de France 8c commandeur du Saint-Esprit,
de traiter l'affaire avec le pape, à cause du démembrement spirituel du dio-
cèse, de la nouvelle attribution des bénéfices 8c de la suppression du titre
abbatial.
Les transformations de ce genre étaient nécessairement fort compliquées,
par suite de la multiplicité des intérêts qui se trouvaient atteints. Il fallait
désintéresser de nombreux usufruitiers, déplacer des juridictions, modifier un
cérémonial séculaire 8c porter atteinte à des prérogatives honorifiques dont
les communautés ne cessaient pas de se montrer jalouses, lors même qu'elles
déployaient le moins d'exactitude dans l'accomplissement de leurs obligations.
Au-dessus de ces difficultés de détail reparaissait d'ailleurs l'éternelle que-
relle du sacerdoce 8c de l'empire, 8c cet antagonisme de droits assez mal
définis que les concordats n'avaient pas réglés.
L'érection de l'évêché d'Alais donna lieu à quelques négociations délicates
avec le Saint-Siège. Le pape Innocent XII prétendait que les informations
préliminaires ordonnées par les lois de l'Eglise devaient être faites devant le
nonce apostolique. Le gouvernement royal, toujours préoccupé d'éviter les
interventions administratives de la cour romaine dans les affaires du clergé
de France, refusait d'accepter ce mode de procédure. Après de longs pourpar-
lers, le souverain-pontife 8c le roi terminèrent la querelle par un accommo-
dement. Il fut décidé que le cardinal de Bonzi dirigerait lui-même l'enquête.
Sa double qualité d'archevêque métropolitain 8c de prince du sacré-col lége
conciliait les droits de la couronne 8c ceux de la tiare.
Le prélat, nommé commissaire du Saint-Siège, avec délégation spéciale
pour le démembrement du diocèse de Nimes, fit comparaître en sa présence
' Gall'ii Chr'titiana. Eccletia Ncmauscnsis. * Gallia Christiana. Ecclesia Alesientis.
—^ 646 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dix témoins, dont six ecclésiastiques, 8< les interrogea tour à tour sur treize
chefs.
Ces témoins étaient i'évêque d'Uz.ès, Michel Poncet, à qui sa résidence
dans un diocèse limitrophe avait permis d'acquérir une connaissance person-
nelle du paysj l'abbé de la Roche-Jacquelin, docteur de Sorbonne, mission-
naire royal en Languedoc, instruit des besoins de la contrée par de fréquents
voyages à travers les Cévennes; l'abbé Robert Pocquelin, autre docteur de
Sorbonne; l'abbé Mathias Pecquot, maître de théologie 8c commandeur du
prieuré de Saint-Pierre de Rrige; l'abbé Desnault, prêtre d'Alais, prieur
de Notre-Dame de Laval; l'abbé Pontier, protonotaire apostolique; Jean
d'Audibert, comte de Lussan, gentilhomme d'Uzès, chevalier des ordres du
roi; Antoine Vallin, avocat au Parlement; Jean Alizon, conseiller au sénéchai
de Nimes; Jean de La Tour, habitant de Nimes.
Tous confirmèrent, dans leurs dépositions, l'exactitude des motifs allégués
par le gouvernement royal pour }ustifier la création d'un nouvel évêché. Ils
insistèrent sur le grand nombre des nouveaux convertis répandus dans la
partie occidentale du diocèse de Nimes, &. sur les difficultés que rencontrait
I'évêque à y remplir ses devoirs pontificaux. Sept lieues d'un pays sauvage,
escarpé, coupé de hautes montagnes, le séparaient de ses diocésains. C'était
assez, pour occuper son activité, de surveiller les quarante mille protestants
devenus catholiques, soit dans la ville de Nimes, soit dans les plaines avoi-
sinantes. Les cinquante mille autres, répandus dans toutes les vallées des
Cévennes, échappaient nécessairement à sa vigilance.
La ville désignée pour servir de capitale au nouveau diocèse était la pre-
mière ville du pays. Suffisamment spacieuse & bien construite, elle possé-
dait tout ce qui pouvait garantir la sécurité du siège épiscopal ; de bonnes
murailles, un fort, un gouverneur, une garnison; il s'y comptait près de
dix-huit cents familles, dont plusieurs de gentilshommes, presque toutes con-
verties à la religion romaine depuis la révocation de l'édit de Nantes'.
L'exercice du culte, conforme à la dignité des cathédrales, y trouverait des
facilités particulières : l'église collégiale Saint-Jean-Baptiste, par sa vaste nef,
ses six chapelles convenablement décorées, son clocher, ses fonts baptismaux,
son cimetière, se prêtait à devenir église épiscopale.
Le chef religieux du futur diocèse ne courait pas le risque d'être isolé
{^ans sa résidence; trois couvents d'hommes, l'un de dominicains, l'autre de
cordeliers, le troisième de jacobins, & deux couvents de femmes, Sainte-
' Alesiense oppidum, Gebennarum primarium, iomos seu familias continet cirtiter 1796, qiiarum
capax, elegans, muro cinctum, arce munitum, miiltae nobiles, pleraeque autem e Calviniana
pra.'sidio instriictum, praefecto ornatum, familias haeresi recens emersae; urbs est aliunde situ pul-
1796 circiter continet, inter eas compUires nobi- chra, arce, praesidio & praefecto conspicua '....
litate insignes siint, sed omrtes fere ad fidem ca- (Déposition de l'abbé de La Roche Jatijuelin.)
Jholicara ex haeresi Calviniana conversae.
'Déposition de I'évêque d'Usés.) ' Gallia Chriitiartn. Instrumenta Ecclesiae Alcsicnsis,
col. 225. Tesliliattioncs de utililalo cicctionis episcopatus
Oppidum Alesiense, Gebennarum primarium, Alcsicnsis.
LIV. IH. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 647
Ursule & Sainte-Claire, cette dernière maison honorée du titre d'abbaye,
faisaient l'ornement de la cité, où l'on remarquait aussi une confrérie de
pénitents-blancs, une association du Saint-Sacrement & un hôpital pour les
pauvres.
Le territoire dont le roi proposait le démembrement était évalué à dix lieues
de large sur seize lieues de long, mesure de Francej on y comptait trente-
six bourgs 8<. quarante-cinq villages, en tout quatre-vingt-neuf paroisses. Les
témoins s'accordaient à reconnaître que la plupart des nouveaux catholiques
disséminés dans ces divers lieux étaient d'une foi vacillante, mais d'une intel-
ligence ouverte &c déliée, très-aptes à recevoir les instructions pastorales. La
parole de l'évêcjue devait les fixer d^ns une doctrine certaine & les arracher à
l'influence des prédications dangereuses.
Le prélat ne trouverait point de maison ecclésiastique en état de lui servir
de résidence, mais il pourrait en louer iine qui conviendrait à sa qualité; Si
lorsque le diocèse, suivant l'usage observé en Languedoc, serait disposé à faire
les frais d'un évêché, l'on connaissait un terrain, appartenant à l'Eglise, qui
semblait choisi pour cette destination.
Il ne serait pas plus difficile de trouver, à proximité de la cathédrale, un
emplacement pour établir le séminaire, où l'évêque, par ses exhortations,
raffermirait les vocations douteuses.
L'enquête portait également sur le chapitre de Psalmodi, dont l'union k
l'évêché d'Alais faisait partie du projet royal. Cette abbaye séculière 8c collé-
giale, dont le siège avait été transféré dans la ville d'Aigues-mortes 8t dont
la nomination appartenait au roi de France & la provision au pape, formait
un chapitre de quinze chanoines, avec doyen, prévôt & archidiacre. Les
revenus annuels en étaient de dix-huit mille livres, provenant de dîmes, de
censives & de biens-fonds, en prés Se en salines. Ces chanoines n'assistaient
point aux offices St ne résidaient même pas durant une grande partie de
l'année, le climat insalubre d'Aigues-mortes & les chaleurs de l'été leur
imposant des voyages obligatoires.
Par l'union des deux collégiales d'Alais & de Psalmodi en une cathédrale,
on aurait l'avantage d'assurer à l'évêché des revenus convenables Se de per-
mettre la résidence aux chanoines.
L'assentiment de l'abbé, du chapitre, de l'évêque de Nimes, le vœu des
prélats du voisinage, le désir personnel de l'archevêque métropolitain s'unis-
saient à la volonté du roi.
Le 23 septembre, le chapitre de Psalmodi renouvela, en l'interprétant
dans le sens le plus large, le consentement qu'il avait déjà donné l'année
précédente au projet de translation. On avait réussi à rassembler dix cha-
noines pour signer cet acte, les autres se trouvant dispersés à Salinelle, à
Montpellier, à Avignon & même à Paris.
Le 5 octobre, une convention fut conclue, à Nimes, entre le cliapitrc
d'Alais 8c celui de Psalmodi, réglant les clauses de l'union.
11 fut décidé que tout service capituiaire cesserait dans l'cidisc Saint-Picrrc
i6y3
~. 648 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de Psalmodi à Aigues-mortes pour n'être plus célébré que dans l'église Saint-
Jean-Baptiste d'Alais; mais que, les deux chapitres étant unis en un seul cha-
pitre cathédral, leurs menses demeureraient cependant distinctes 8< seraient
gérées séparément, tant que la valeur des canonicats d'Alais n'égalerait pas
celle des canonicats d'Aigues-mortes. Quant au rituel St à la discipline, on
devait se conformer aux usages de la cathédrale de Nimes. Des dispositions
détaillées déterminaient les préséances, les sièges au chœur, les titres & qua-
lités des dignitaires, la suppression du doyenné d'Alais 8<. la création d'un
grand archidiacre. Chacun des chapitres gardait la disposition des vicariats &
autres bénéfices de sa dépendance. Les dépenses du service religieux dans la
cathédrale devaient être supportées à frais communs, proportionnellement à
l'apport des deux collégiales. Les difficultés d'application qui pourraient se
présenter à l'avenir étaient soumises d'avance à l'arbitrage amical de trois
chanoines de Nimes dont les parties feraient le choix. En garantie de l'exé-
cution fidèle de leurs engagements, les deux chapitres donnaient réciproque-
, ment hypothèque sur tous leurs biens.
Le lendemain, le cardinal -archevêque dressa un mémoire explicatif en
réponse aux objections de la chancellerie romaine, qui, attachée à ses usages
de procédure minutieuse 8c compliquée, s'était plainte du caractère vague 81
général de l'enquête.
Il fallut promettre que le futur évêque pourvoirait sa cathédrale de tout le
matériel nécessaire, orgue 8*. ornements, 8c comblerait les autres lacunes de
l'église d'A-lais. On annonçait que les diocésains se chargeraient de la cons-
truction; mais avait-on leur consentement ou pouvait-on les obliger? Le car-
dinal répondait qu'en attendant l'évêque s'installerait au doyenné, vacant
par la suppression du titulaire, 8c produisait une attestation du syndic général
Joubert, collationné par l'intendant, déclarant que les diocèses de la Province
avaient coutume de bâtir les palais épiscopaux, que l'évêque d'Alais serait en
droit d'en faire la demande, 8c que les États cle Languedoc ne refusaient
jamais ces sortes d'impositions.
La cour de Rome réclamait une défimitation précise : Bonzi transmet une
carte du nouveau diocèse, divisé en sept archiprêtrés, avec l'état des paroisses
comprises dans chacune de ces circonscriptions.
L'archiprêtré d'Alais occupe la lisière du diocèse d'Uzès Se le confluent des
deux Gardons; l'archiprêtré d'Anduse prend la vallée du Gardon occidental;
l'archiprêtré de Saint-Hippolyte, la partie supérieure du bassin du Vidourle,
dont les plateaux les plus élevés sont attribués à l'archiprêtré de La Salle;
l'archiprêtré de Sumène 8c celui du Vigan embrassent le haut bassin de
l'Hérault; 8c enfin l'archiprêtré de Meyrueis emprunte au bassin du Tarn les
districts montagneux de l'Espérou 8c de l'Aygoal'.
•Voici le détail des paroisses comprises dans Vezenobre, Saint-Sauveur de Ribaufe, Saint-Chrls-
les sept nrchiprêtrés : ,ophe de Vermeil, Saint-Martin d'Arènes, Saint-
Arch. prêtre d'Ai^is : Saint-Jean-Baptiste d'A- Jean de Pin, Notre-Dame de Puech de Cendras,
lais, Saim-Hilaire i»e Brethmas, Saint-André de Saint-Pierre de Sousteile, Saint-Paul de la Coste.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 649
Il faut aussi justifier par le menu des ressources qu'apportent les deux
compagnies : le chapitre d'Alais, composé d'un doyen, d'un sacristain 8c de
huit chanoines, possède un nombre de prébendes proportionné, dont deux
sont affectées au doyen, outre le bénéfice de Malsos, Si jouit des bénéfices de
Saint-Jean-Baptiste d'Alais, de Saint-Marcel de Fonttouiliouse, de Saint-
Martin de Rousson & de Saint-Paul-le-Froid, dont le revenu total s'élève
à deux mille quatre cent trente livres.
Au chapitre de Psalmodi appartiennent, outre les fonds de terre & les
droits seigneuriaux représentant vingt à vingt-deux mille livres par an, sui-
vant le prix des grains 8c l'abondance des récoltes, 8c les prébendes valant
sept à huit cents livres pour chaque chanoine, le prieuré de Saint-Bonnet,
attaché à la prévôté, celui de Salinelle, attribué à l'archidiacre, le prieuré de
Valergues, au chantre, 8c celui de Saucines au sous-chantre. Quant au revenu
abbatial de dix-huit mille livres par an, il est absolument distinct des rentes
capitulaires.
Outre ces renseignements, la chancellerie du Vatican exigea la production
de toutes les fondations faites dans l'abbaye de Psalmodi, 8< l'engagement
que le chapitre transféré laisserait à Aigues-mortes le curé 8c les prêtres néces-
saires pour le service des fonctions curiales. Les chanoines de Psalmodi
offrirent en outre d'abandonner tous les fruits décimaux dont ils jouissaient
dans la paroisse d'Aigues-mortes, si ce sacrifice paraissait nécessaire, promet-
tant de se concerter à cet égard avec l'évêque de Nimes.
Toutes les réparations à la charge de l'abbé de Psalmodi passaient de
droit à l'évêque d'Alais; 8c quant à celles de l'église d'Aigues-mortes, les
1693
Andvzb : Saint-Etienne d'Anduze, Saint-Satur-
nin de Boisset, Saint-Saturnin de Bagars, Notre-
Dame de Gaiijac, Snint-Pierre de Civignnc de Tor-
nac, Saint-Baudile de Tornac, Saint-Martin de
Soussenac de Vibrac, Saint-Félix de Palièrcs, Saint-
Michel de Corbes, Saint-Jean de Gardonenque,
Saint-André de Miallet, Notre-Dame de Générar-
gues, Saint-Sébastien d'Aigrefeuille.
La Salle : Saini-Pierre de La Salle, Sainte-
Croix de Caderles, Saint-Jacques de Toiras, Saint-
André de Vabres, Saint-Bonet de Salendrenqiies,
Snint-Bris de Colognac, Notre-Dame de Soudor-
eiies, Sainte-Marguerite d'Ayroles, Saint-Martin
de Corconac, Notre-Dame de Saumane, Saint-
Marcel de Fontfouillouse, Saint-André de Val-
borgne.
SxiNT-HiPPOLYTE : Sa int-Hippoly te de Roque-
forcade, Saint-Vincent du Gros, Saint-Martin de
Manoblet, Saint-Thomas de Durfort, Saint-
Pierre de SauYe, Saint-André de Conqueirac, Saint-
Martin d'Agiizan, Saint-GiUes de Ceyrac, Saint-
Saturnin de Pompignan, Saint-Jean-Baptiste de
Ferreires, Saint-Jean-Bapiiste de Baussels, Saint-
Etienne de MontolJeu, Saint-Michel de la Ca-
dière.
Sf.MÈNE : Notre-Dame de Sumène, Saint-Martin
de Cesas & Saint-Pierre de Cambon, annexej
Saint-Romain de Caudières, Saint-Martial, No-
tre-Dame de la RouYière, Saint-Martin de Valle-
raugue, Ardeliers & Taleirac, annexes, Saint-An-
dré de Magencoules, Saint-Pierre de Novilles ou
de Roquedur, Saint-Julien de la Nef, Saint-Lau-
rent le Minier.
Le Vigan : Saint-Pierre du Vigan, Saint-Gri-
goire de Mandagout, Saint-Bris de Saint-Bresson
d'Hierle, Notre-Dame d'Arèze , Saint-André de
Sommières, Saint-Martin de Montdardier, Saint-
Félix de Rogues & Soubeiras, annexe, Saint-Bau-
dile de Blandas, Notre-Dame ou Saint-Biaise de
Vissée, Saint-Jean-Baptiste de Campestre, Notre-
Dame de Luc, Saint-Martin d'Alzon, Saint-Ge-
niès d'Arrigas, Sainf-Hilaire d'Aumessas, Saint-
Biaise d'Arre, Saint-Martin de Bez, Saint-Véran
d'Esparron, Saint-Jean-Baptiste de Molière, Saint-
Martin d'AuIas, Bres, annexe.
Meyp-ueis : Saint-Pierre de Meyrueis, Saint-
Laurent de Marvéjols, Saint-Pierre de Ressen ,
Notre-Dame de Trêves, Saint-Sauveur de Pourcils.
Notre-Dame de Bonheur ou de l'Espéron, Notre-
Dame de Gatuzières.
lôpS
1694
630 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
chanoines continueraient d'y participer, avec leurs paroissiens, comme par
le passé.
Le mémoire du cardinal de Bonzi, où chacun des points indiqués par la
cour de Rome était soigneusement éclairci, ne détermina pas une solution
immédiate. La congrégation consistoriale crut devoir différer encore l'érection
sollicitée par le roi de France, à cause de cinq signatures de chanoines qui
manquaient à l'acte de consentement du chapitre de Nimes, & aussi parce
que le chapitre d'Alais réclamait le droit d'entrée aux assemblées de son
ancien diocèse.
Les chanoines de Nimes furent convoqués, le 16 janvier 1694, dans la
salle capitulaire de leur cathédrale pour mettre ordre à ces deux difficultés.
Quatre des chanoines absents commencèrent par déclarer qu'ils approuvaient
toutes les démarches antérieures de leurs collègues. Quant au cinquième,
l'abbé de Tiauloy, il était hors d'état de prendre part à aucune délibération,
ayant été frappé, à Beaucaire, d'une attaque de paralysie depuis l'automne.
Trois médecins en témoignèrent pour dissiper les scrupules du Vatican.
Sur la question des assemblées du clergé, le chapitre se tint ferme. 11 fit
valoir qu'avant l'érection du diocèse d'Alais, il jouissait de la préséance sur
tous les corps & bénéfices diocésains, ainsi que de la juridiction spirituelle Si
temporelle, pendant la vacance du siège épiscopalj & du droit de collation
des bénéfices & cures dans les mêmes conditions; qu'il se dépouillait de tous
ces avantages pour répondre aux pieux desseins du roi; mais qu'il entendait
au moins conserver une marque honorifique de son ancienne domination.
Le même jour, le précenteur de Nimes renonça en faveur de l'évêque
d'Alais au droit de nomination des maîtres d'école du diocèse.
Cette dernière satisfaction donnée aux exigences de la congrégation con-
sistoriale, une troisième supplique fut dressée par le promoteur de la cause,
& enfin, le 17 mai, parut la bulle de sécularisation.
Le pape rendait hommage aux efforts du roi pour l'extirpation de l'hérésie
8c la confusion des hérétiques, le félicitant d'avoir soustrait aux suggestions
de Satan plusieurs milliers de ses sujets; il accordait à la ville d'Alais le titre
de cité, transformait l'église Saint-Jean-Baptiste en cathédrale, unissait les
deux chapitres d'Alais & de Psalmodi, tout en laissant les canonicats distincts
jusqu'à extinction par mort ou démission volontaire, supprimait l'ancienne
abbaye pour en affecter les revenus à l'évêché. L'évêque d'Alais demeurait
soumis à l'archevêque de Narbonne, en qualité de.suffragant. Innocent XII
exposait que l'abbé de Psalmodi, Louis de Calvière, avait fait cession de
tous ses droits sur l'administration abbatiale, en vue de l'érection projetée.
On laissait à l'église Saint-Pierre d'Aigues-mortes, dépouillée de son titre de
collégiale, la qualité de paroisse, à la nomination du roi de France, d'après
les règles établies par le concordat de François I^^ Toutes les dignités du
chapitre d'Alais étaient maintenues, sauf celle de doyen; douze prêtres, deux
acolytes 8<. un clerc, amovibles au gré du prévôt Sv du chapitre, formaient le
personnel subalterne attaché au service de l'église. Le chapitre de Nimes
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 65 1
n'obtint pas les préséances qu'il avait réclamées : dans le cas où celui d'Alais
aurait à se faire représenter par députation dans les assemblées capitulaires
de Nimes, pour l'imposition des dîmes ou pour la reddition des comptes, le
pas était donné aux députés sur les chanoines, à charge de réciprocité.
La bulle d'Innocent XII fut confirmée par lettres patentes du mois de
juin 1694, données à Versailles. Un article spécial attribuait à François
Chevalier de Saulx, premier évêque d'Alais, le droit d'entrer aux États de la
Province & à l'Assiette diocésaine, dont jouissaient les autres évêques de Lan-
guedoc. Par arrêt du 4 octobre 1694, le conseil du roi chargea les commis-
saires du gouvernement 81 ceux des Etats de préparer, dans le courant de la
session, tous les détails de la nouvelle organisation administrative, de pro-
poser le nombre des personnes qui devaient entrer aux assemblées d'Assiettes
ou aux États provinciaux, ainsi que la solution des difficultés qui pourraient
provenir du démembrement.
La création de l'évêché d'Alais, en portant à vingt-trois le nombre des
diocèses languedociens, dérangeait la symétrie de la représentation des trois
ordres dans les États. Pour que le nombre des barons continuât d'être égal
à celui des évêques, le roi concéda la qualité de baronnie fixe à la terre de
Tornac, possédée par le marquis Henri de La Fare. Comme les nouveaux
titulaires avaient hâte d'entrer en jouissance de leurs prérogatives, le car-
dinal de Bonzi fut invité par lettre du roi à précipiter la procédm^e. 11 enjoi-
gnit donc au syndic général Joubert d'avoir à terminer rapidement l'enquête
secrète des quartiers de noblesse exigée par les règlements des États '.
L'évêque de Béziers fut en état de présenter son rapport dès l'ouverture de
la session. L'enquête secrète prouvait la noblesse de la maison de La Fare,
depuis quinze générations, en remontant jusques à Raymond de La Fare, qui
vivait au douzième siècle. Cette filiation s'appuyait sur des contrats de ma-
riage, des testaments, des hommages, des transactions & autres actes authen-
tiques. Dans ces divers documents, les commissaires observaient que la famille
n'avait jamais porté d'autre nom que celui de La Fare, 81 que les qualifica-
tions de messire, de noble, de magnifique & puissant seigneur, de chevalier,
damoiseau, seigneur Se baron de La Fare, attribuées à ses divers membres,
témoignaient d'une origine distinguée. Ces présomptions se confirmaient
encore par la justification des plus hautes alliances, qui rattachaient la
'Comme exemple du formulaire provincial, nous sieur le marquis de La Fare Tornac, pour, ladite
transcrivons ici l'ordre de l'archeTèque de Nar- enqueste rapportée aux premières séances des pro-
bonne au syndic général : chains Estais, avec les preuves de noblesse que
Pierre de Bonsy, cardinal de la Sainte Eglise ledit sieur marquis de La Fare doit remettre, le
Romaine du titre de Salnt-Eusèbe, arclievesque & tout examiné par des commissaires desdits Estais,
primat de Nnrbonne, président-né des Estais gêné- estre délibéré sur la réception dudii sieur marquis
raux de la province de Languedoc, commandeur de La Fare.
des ordres du Roy, &c. A Valmagne, le 21 septembre 1694.
Ayant reçu les ordres du Roy dont copie est » j- , n . •, ■
' ' , , ^^ cardinal de Bonsï, président .
cy-dessus, nous ordonnons au sieur Joubert, syn-
dic général de la Province, de procéder incessam- , procès.vcrbal Jcs tuts de Languedoc. Séance du 27"°-
ment à l'enqueste secrète de la noblesse de Mon- vgmbrc 1694.
iCi;4
lôp^
652 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
maison de La Fare k celles d'Apchier, du Rouie, de Portes, de Narbonne &
à d'autres illustres lignées de la Province. '
Quant à la famille maternelle du baron, dont la mère était née d'Audibert
de Lussan, elle prouva sans peine les quatre générations réglementaires, 8c
en eût prouvé bien davantage, si les papiers importants de la maison ne
s'étaient trouvés alors à Paris, à l'occasion de la réception du marquis de
Lussan, nommé chevalier des ordres du roi.
Rien ne s'opposant plus à l'entrée des titulaires, le premier évêque d'Alais
St le premier baron de Tornac furent introduits dans l'assemblée des Etats
par un des syndics généraux, prêtèrent le serment traditionnel, l'évêque
debout, à sa place, la main sur la poitrine, 8c le baron à genoux devant son
évêque, la main sur le livre des Evangiles '.
Restait, pour compléter la symétrie, à régler la représentation du tiers état.
Il paraît que le ministère n'y avait point songé. Le 6 décembre, l'assemblée
provinciale reçut une requête du sieur de Mandajors, maire d'Alais ^j la place
due au tiers état ne pouvait, d'après cet officier, appartenir qu'au maire de la
nouvelle ville épiscopale. Les Etats en décidèrent ainsi, 8c M. de Mandajors
prit siège dans le parterre, à la suite du maire de Rieux. Six jours après cette
cérémonie, l'évêque d'Alais ayant transmis au conseil du roi les détails de
son installation, des lettres de cachet furent signées à Versailles pour l'arche-
vêque de Narbonne 8c pour les Etats de Languedoc, afin de régulariser la
situation du maire d'Alais. « Comme il est convenable qu'il entre quelqu'un
« pour le tiers état, ainsi qu'il en est usé dans les autres diocèses «, le roi
ordonnait la réception, déjà faite, avec participation du titulaire à tous les
avantages dont jouissaient déjà les maires des autres villes épiscopales de la
Province^.
' Pièces justificatives^ n. DXXXVII, col. 1462; en ses Conseils, abhé Je Psalmodi, &c., parM. Pon-
n. DXXXVIII, col. 1463. Lettres du roi au car- tier, protonotalre du Saint-Siège. In-12, à Paris,
dinal de Bonzi & aux Etats de Latiguedoc, du chez Guillaume de Luynes, au Palais. M. de Man-
8 septembre & du 4 octobre 1694. dajors acquit, quelques années plus tard, un autre
"Ce M. de Mandajors était un personnage sin- genre de célébrité par l'intérêt très-vif qu'il té-
golier qui se piquait d'érudition. Aveuglé par le moigna à une jeune prophétesse des Cévennes, in-
patriotisme local, il croyait retrouver dans Alais carcérée dans les prisons d'Alais. « Après plusieurs
l'Alesia des Commentaires Ae César, prétendant que mois, écrit le maréchal de Villars, cette fille pa-
les deux rivières mentionnées par le conquérant raissant revenue de ses égarements, & par les soins
des Gaules étaient le Gardon & le Grosbieu, que 8c avis du sieur de Mandajors, qui la fréquentait,
le nom des Lingones revivait dans celui de Lan- on la laissa en liberté. De cette liberté & de celle
gogne, & que Mende rappelait les Mandubii. Il que le sieur de Mandajors prenait avec .elle, il
défendit cette thèse insoutenable dans une disser- s'en est ensuivy que cette prophétesse est grosse '. »
tation dont le Journal des Savants, du 9 mai 169$, ' Pièces justificatives, n. DXL, col. 1466.
résume les points principaux, à l'occasion d'une
Lettre a Monseigneur Messire François Chevalier de , Lettre du niarcchal de Villars. du 14 novembre '1704.
Saulx , premier Evêque d'Alais, Conseiller du Roi Dépôt de la Guerre, vol. 1797,
LIV. III. REVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 653
CHAPITRE III
Création de racadémie des jeux floraux. — Tentaiives de mouvement littéraire à Toulouse. — Nouvelles
charges fiscales. — Etablissement de la cnpitation. — Taxes de l'armoriai général. — Mémoire de
Bâville sur la province de Languedoc. — L'archevêque de Narbonne 8c l'évètiuc de Montpellier.
Particularités économiques.
Malgré les métamorphoses successives qui avaient transformé son ancienne
constitution, Toulouse conservait encore, à la fin du dix-septième siècle,
quelques manifestations extérieures de la vie communale du quatorzième.
L'une des plus originales & des plus connues était cette fête du gai savoir,
de la gaie science, de la rhétorique Se poésie française, des jeux floraux, qui,
sous des noms divers, s'était perpétuée depuis plus de trois cents ans. Se qui,
chaque printemps, amassait la foule aux alentours de l'hôtel de ville.
Il y avait déjà fort longtemps que ces luttes poétiques étaient à peu près
nulles au point de vue de l'influence littéraire; on ne les voyait guère aborder
que par des écoliers; mais la réjouissance publique, dont elles étaient le pré-
texte, continuait d'être célébrée avec grand éclat. L,e corps capitulaire prêtait
ses splendeurs municipales, sa compagnie du guet, ses hautbois, au cortège
qui allait processionnellement, à travers les rues, chercher les fleurs sur l'autel
de Notre-Dame dt; la Daurade; les consistoires de l'hôtel de ville se jonchaient
de rameaux verts, des bouquets de fleurs se distribuaient par centaines aux
dames de l'assistance; trois collations 5t un somptueux banquet réunissaient
autour de tables richement décorées le corps séculaire des sept mainteneurs,
les maîtres du gai savoir, les poètes lauréats, les capitouls Si les grands per-
sonnages de la ville ou les étrangers de distinction qui devaient à leur qualité
le droit d'y prendre place '.
' Le dîner du 3 mai, dont l'origine précise n'est nar am les manteniJos Je la gaya scienss'ia sur so
pas connue, est d'institution fort ancienne. Tous que apunteren las joyas de la gaya sciencia a qui
les documents de l'hôtel de ville démentent l'as- foron donadas... »
sertion de M. de Ponsan, historien de l'Académie, Comptes de 1403-1.^04 : <i A 11 de présent 1res
qui s'est mis en tète d'établir un dualisme tout à de may per lo dinnar fayt lo dit jorn als senhns
fait imaginaire entre la gaie science & les jeux bayles e accosselhiers mantenidos & autres cfli-
floraQX 81 qui, pour justifier la fondation de Clé- ciers de la gaya scienia scgon ques acostumat de
mence Isaure, retarde l'usage du festin au quin- far segon las ordenansas sus 10 faytas. i> (3 may
zième siècle. M^^O
Nous nous contenterons de rapprocher ici quel- Comptes de 1411 : n Per los despens del dinnar
ques extraits des comptes municipaux qui mon- fayt le dimenge a un de may l'an iii|C xxi als
trent à la fois la date reculée du banquet, la senhors maatenedors de la gaya scicnsa. »
continuité de la tradition 8c l'identité de la gaie Comptes de 1445 : « Lo dinar loqual es accostu-
science 8i des jeux floraux : mat de far cascun an als senhors manienidors de
Comptes de |383 : « A mestre Johan Lequoc, la guaya sciensa & autres. i>
per son treballs del dynar del fayt de la violeta... » Comptes de 1449-1 Joo : « Lo dinar del gay sa~
Comptes de 1390-1391 : « An Bernât de Malhor- ier ansi coma 81 acostumat de far cascun an lo
qua e an Peyre Jorda a très de may per far le din- jorn de sancta Crot^ de may. :i
iC)94
If.
'^4
654 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
Le corps des mainteneurs ne ressemblait guère du reste, par sa compo-
sition, au groupe de lettrés du verger des Augustines, où se confondaient
damoiseaux, bourgeois, marchands Se changeurs, dans l'aimable désordre
hiérarchique autorisé par la communauté des goûts St par vm égal amour de
la poésie.
Depuis bien des années, le Parlement avait envahi ce corps, comme il
envahissait toutes choses à Toulouse. Le chancelier n'était plus, ainsi qu'au
temps de Guillaume Molinier, un rimeur capable de codifier les « Lois
d'amour, » mais quelque grave magistrat, gardant sa préséance aux fêtes du
3 mai comme il la gardait à la chambre dorée ou aux rentrées solennelles de
la cour". A force d'être occupées par des gens de robe, les places de mainte-
neurs, qui étaient toujours au nombre de sept, en mémoire des sept poëtes
de Toulouse, avaient même fini par être considérées comme des espèces
d'offices qui se dérobaient à l'élection, que le titulaire résignait à un succes-
seur de son choix & qui pouvaient devenir objet de commerce, jusqu'à faire
partie d'une constitution de dot, ni plus ni moins qu'une charge de prési-
dent ou de conseiller^.
On devine ce que la littérature devait gagner à une pareille dégénéres-
cence. La libre élection bannie même de la république des lettres, le prin-
cipe héréditaire introduit dans un collège de poëtes, comme si le don des
vers était transmissible de mâle en mâle par rang de primogéniture, il n'en
fallait pas davantage pour ruiner dans l'opinion l'autorité de la compagnie.
Aussi faisait-on peu de cas de ses arrêts.
On aimait à rappeler que Goudelin, honoré par Lafaille d'une place dans
la galerie des hommes illustres de Toulouse & par M. de Médon d'une
louangeuse épigraphe, n'avait jamais été maître des jeux floraux; qu'il n'y
obtint qu'une seule fleur & qu'il se rebuta d'affronter des juges dont la juri-
diction lui semblait contestable; que Bovidet, « excellent poëte latin, françois
& gascon, >) n'avait pas été plus heureux, comme aussi Gautier, poëte patois,
dont Goudelin prétendait reconnaître la supériorité 3; grâce au mode de
Comptes de 1620 : « Le grant disner de la gaye juge; des jeux floraux avoient leur place avec les
science le jour de saincte Croix troisiesme jour de capitouls. Ceux qui aspiroient aux fleurs, c'est-
may i5io. « à-dire les poëtes, & tous les officiers de l'hôtel de
Comptes de i563-i5(54 : « Le bancjuet ordonné ville avoient quelque part à cette fête. On leur
cstre faict le jour de hier S" du présent mois de donnoit aussi des gâteaux; &, parmi plusieurs
may & feste saincte Croix en la maison de la ville poëtes sérieux, il y en avoit de divertissans &
par Messieurs de Cappitoulz, bailles dés Jus fiu- admirables dans la langue toulousaine', u
reaulx & aultres segnieurs mainteneurs de la gaye ° On lit à l'article XXVI des statuts de 1694 :
science. >i « Quand une place de mainteneur viendra à
' <c Les jeux floraux furent fort riants cette an- vaquer, elle sera remplie aussi à la pluralité des
née; ils concoururent à la joye publique de la suffrages, par élection & par scrutin, & sans avoir
paix des Pyrénées dont la France jouissoit alors. égard ny à vente, ny à résignation, de quoy
Il faut avouer, en l'honneur de la mémoire de l'usage demeurera aboly. »
M. de Fieubet, qu'il étoit né pour bien diriger ^ Testament syndical de M. de Lafaille, p. 67.
une fête comme celle-là, où toute la ville de Tou-
louse & quantité d'étrangers se rendoient en foule. . ^^^,,i^^^ ^^ Toulouse. Testament syndical de M. de La-
On donnoit un grand repas où les mainteneurs & fMlle, p. ip.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 655
recrutement des mainteneurs, il s'établissait ainsi une tradition de médio-
crité normale qui éloignait les gens de mérite. Du reste, les mainteneurs 8t
les poëtes lauréats, qualifiés de maîtres, comme au temps des Lois d'amour,
n'avaient, dans le courant de l'année, aucune réunion littéraire 8c ne s'occu-
paient point de travaux d'esprit. Ils ne fonctionnaient que le !"■ avril, pour
venir faire la semonce aux capitouls, c'est-à-dire les sommer de se conformer
à l'usage & de donner ordre aux dispositions matérielles de la fête, & le
i^"" S<. le 3 mai, pour se mettre à table, écouter lire les ouvrages des candidats
& décerner les fleurs.
Mais si la culture littéraire profitait peu de la transformation, les ques-
tions d'étiquette avaient acquis une importance extraordinaire ; on se que-
rellait pour des conflits de préséance, aux fêtes du 3 mai, avec autant de
vigueur qu'aux processions. L'antagonisme du Parlement & du corps muni-
cipal s'y donnait carrière, avec ses alternatives d'aigreur St d'apaisement,
selon les circonstances 8<. les hommes. Il n'y avait pas jusqu'au piédestal des
fleurs d'argent destinées aux lauréats, la violette, l'églantine, le souci 8i
l'œillet, qui ne fût matière à querelle. Les capitouls s'acharnaient à y faire
graver leurs armoiries personnelles, à l'indignation des mainteneurs qui
portaient l'affaire en justice. L'esprit de contrôle 8c d'économie que les
intendants essayaient d'introduire dans la gestion des revenus dommunaux
s'attaqua aux fêtes de la gaie science comme aux autres expansions coûteuses
de la vie municipale, 8c commença d'en restreindre les prodigalités. Cepen-
dant, comme cette réjouissance avait un caractère historique local assez inté-
ressant, on n'osa pas d'abord la supprimer, malgré l'ennui des conflits
d'amour-propre 8c des contestations de tout ordre auxquels elle donnait lieu,
8c l'on se contenta de fixer à quatorze cents livres, par arrêt du conseil, le
maximum de la dépense permise'. Ces prescriptions furent observées pen-
dant vingt-trois ans. Mais les principes d'exactitude 8c de sévérité adminis-
trative que Bâville cherchait à faire entrer dans les mœurs municipales ne
pouvaient longtemps s'accommoder d'une prétendue fête littéraire réduite à
n'être plus guère qu'un grand dîner, 8c, comme l'intendant s'efforçait de
rabattre toutes les dépenses inutiles, l'institution dégénérée des sept poëtes
de Toulouse courut un danger sérieux.
Cependant les goûts de littérature semblaient se réveiller dans la capitale
de la Province. La société parlementaire 8< les gentilshommes qui la fré-
quentaient, se piquant d'imiter la Cour de Versailles en toutes choses,
recherchèrent les gens de lettres. On fit donner un appartement par la ville
dans une des maisons voisines du pont neuf, à un vieux pensionnaire du
collège des Quatre Nations, l'abbé Maury, qui avait longtemps vécu au
milieu des plus beaux esprits de France 8c à qui les misères du temps 8c les
nécessités de la guerre venaient de faire perdre sa rente*. Ce personnage
' Arrêt dii conseil d'État du 14 décembre 1671. ' Picccs justificatives, n. CCCCLV, roi. 1267;
n. CCCCLXIII, col. 1309.
1694
1094
656
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
composa des vers latins à la gloire de Toulouse, reçut chez lui toutes les per-
sonnes qui s'intéressaient aux choses de l'esprit, & dirigea des conférences où
l'on s'occupait des sciences les plus variées.
Ce fut le noyau de réunions académiques fréquentes, qui firent bientôt
songer à une organisation régulière, à une constitution de société par lettres
patentes, analogue à l'académie de Nimes'. Comme quelques écrits avaient
' Dix ans avant la publication des lettres pa-
tentes qui ont créé l'académie des jeux floraux, le
poète Jean de Palaprat, chef du consistoire en
1684, entretenait le conseil des Seize du projet de
rajeunir l'institution de la gaie science.
Cl Cette ville, dit-il, a eu des rhéteurs & des
poètes fameux; ses universités & ses jeux floraux
la distinguoient bien avantageusement sur toutes
les grandes villes ses rivales; l'un & l'autre es-
toient un peu déchus à la vérité; mais le roy
ayant daigné jeter un regard favorable sur nos
universités, elles commencent à refleurir. Il y a
de quoy espérer que les Jeux floraux auront le
mesme succès; mais ce n'est pas assez encore pour
soustenir ce grand nom & cette haute réputation
que Tolose a eu de tout temps pour les lettres;
nous sommes dans le siècle le plus délicat & le
plus poly qui ayt esté depuis la naissance du
monde; il est JListe de le singulariser par cet en-
droit. Si l'on a trouvé, en des temps grossiers
pour ainsi dire, d'assez généreux citoyens pour
désirer de faire régner la politesse, tels que furent
ces huit hommes illustres qui jetèrent le premier
fondement des jeux floraux, ne seroit-ce pas une
honte pour nous de n'y vouloir pas contribuer
en cet âge 8t sous le règne du plus grand roy qui
fust jamais!' Nous voyons de quel effet a esté
l'exemple de ce grand cardinal qui institua à Pa-
ris la célèbre Académie qui fait l'admiration de
tous les pays estrangers. Arles le suivit de bien
près, plusieurs autres vilfes de ce royaume en ont
fait de mesme. Nismes, depuis quelques années,
en a fait autant; les lettres en ont esté registrées
au Parlement depuis peu. Il ne faut pas doubter
que Tolose n'eust précédé toutes ces villes, si elle
n'avoit cru que ses jeux floraux luy tenoient lieu
d'académie. Ils le pourroient faire véritablement
pour peu qu'on y adjoutât. Et comme ils ont esté
sujets à la révolution du temps, il ne faut pas
doubter qu'ils ne se ressentent bien tost de cette
prophétie d'un poëte : Multa renascentur ijuae
jam cecidere Cependant il ne seroit pas juste
que Tolose demeurât seule oiseuse, pendant que
partout ailleurs on s'occupe si dextrement de la
belle matière que donne cet heureux règne pour
exercer l'esprit. Plusieurs personne» ont formé
le dessein d'une académie. Monsieur le premier
président [Fieubet], Monsieur le président Donne-
ville, Monsieur Ranchin, Monsieur Fermât, Mon-
sieur Salvagniac, Monsieur Lafaille, le père Mour-
gues, jésuite, & Monsieur Maury m'ont souvent
fait l'honneur de m'en parler. 11 faut dire les
choses de bonne foy : on ne doit guère attendre
que les jeux floraux produisent cet effet eux-
mesmes en Testât qu'ils sont, parce qu'ils n'ont
plus tout à fait cette première affluence d'illustres
prétendants à leurs prix qui les rendoient célèbres
par tout le monde, &,.en effet, de tant de beaux
esprits dont cette ville est remplie, on n'en voit
pas en foule qui nous fassent l'honneur de venir
à nos jeux. Il est vray que depuis peu, nous avons
acquis deux personnes qui peuvent nous consoler
de tout le reste. Pour espargner donc cette petite
honte qu'ont des personnes d'un mérite consommé
d'entrer en concurrence avec les personnes d'un
âge & d'un mérite bien au-dessous du leur, on
pourrolt cstablir une académie pour toutes sortes
d'ouvrages de prose & de vers. Cela seroit aisé
pour peu qu'on adjoutât aux jeux floraux mesme,
sans en augmenter la dépense, tâchant seulement
à la convertir à de meilleurs usages. Comme les
commencements de toutes choses sont toujours
bien accueillis, cette académie ne sauroit manquer
d'estre bien reçue & ramèneroit à mesme temps le
premier hisire de nos jeux. Monsieur le premier
président en seroit le protecteur, comme il est déjà
le chancelier de la gaye science. Et là, il faudroit
tous les ans à perpétuité qu'on choisît une action
de nostre invincible prince pour le sujet de la
prose & des vers. Une seule année de son règne
est capable d'en fournir pour des siècles entiers;
une de ses campagnes feroit l'argument de plu-
sieurs poèmes plus grands que VlUade. Le monde
finira plus tôt qu'un pareil sujet soit épuisé.
C'est donc la gloire du roy qui est le premier
motif qui nous anime, afin que ses louanges
soient chantées jusques à la consommation des
siècles.
« Dans cette vue, nous crûmes qu'il falloit pro-
fiter de la conjoncture des ouvertures des jeux flo-
raux pour faire ces propositions. Nous mîmes tout
en usage pour y attirer beaucoup de monde; nous
ne réussîmes que trop, & la foule du peuple, tou-
jours amoureux de nouveautés, empêcha qu'on ne
pût bien entendre tous les moyens dont nous nous
servîmes pour prévenir les gens en faveur de l'es-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 65?
remis en honneur les traditions longtemps oubliées du collège de la gaie
science, les promoteurs de la création pensèrent à rajeunir ce vieux corps, à
le vivifier en le transformant. Ce fut un membre de l'Académie française 8<
de l'académie des inscriptions, Simon de la Loubère, ancien envoyé extraor-
dinaire du roi de France à Siam 8\ auteur d'un traité de l'origine des jeux
floraux de Toulouse, qui prit l'initiative de ces démarches. Il intéressa à son
dessein le chancelier Boucherat & lui fit agréer le rôle de protecteur de la
future académie.
Restait à conquérir l'assentiment des capitouls, qui payaient les frais de la
fête sur les revenus de la ville & qui jouaient un rôle important dans la céré-
monie. Bâville leur écrivit dans des termes pressants. Plusieurs personnes de
distinction désiraient remettre les jeux floraux dans leur premier lustre &
demandaient des assemblées hebdomadaires ; le garde des sceaux acceptait
d'être le patron de l'académie. Le corps municipal, qui s'était fait honneur de
célébrer constamment « ces beaux 8t. nobles exercices » dans l'hôtel de ville,
ne pouvait refuser aux nouveaux académiciens un lieu d'assemblée'.
i6p4
tabllssement de cette académie à la gloire du roy.
Nous accompagnâmes cette feste de tous les agré-
ments dont nous pûmes nous adviser pour faire
approuver nostre dessein; nous n'y espargnàmes
ny la symphonie, ny les choeurs de musique, &
le sieur Aphrodise, maistre de la chapelle de
Saint-Sernin, s'en estant acquitté avec un succès
surprenant, l'assemblée est priée de vouloir déli-
bérer sur la récompense qu'il est juste que la ville
luy donne, cette action estant d'ailleurs toute sé-
parée des jeux floraux & n'ayant de conforme
avec eux que la concurrence du jour des ouver-
tures', w
' « Par le sieur Daspe conseiller du roy au
parlement & maire de la ville, a esté dit que ce
conseil avoit esté convoqué pour donner connois-
sance à l'assemblée d'une lettre que M. l'inten-
dant de Languedoc a escrit *u sujet des jeux flo-
raux, dans laquelle il nous marque que plusieurs
personnes de distinction ayant eu dessein de tra-
vailler à remettre lesdits jeux floraux dans leur
premier lustre & en restablir l'exercice avec éclat,
& que le désir de tout ce qu'il y a de gens de
lettres cstoit que pour la solennité desdits jeux il
fût tenu des assemblées chaque semaine, pour y
juger des ouvrages que les hommes d'estude &
d'esprit pourroient y porter, ce qu'ayant esté con-
neu par Monseigneur le chancelier, il auroit bien
voulu faire l'honneur à la ville de témoigner qu'il
vouloit estre le protecteur desdits jeux, & à cet
effet obtenir de Sa Majesté des lettres patentes
portant confirmation desdits jeux & par ce moyen
' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XXX II, p. 60.
Conseil des Seize. Séance du .\ mai 1684.
donner à ces jeux un nouvel éclat & faire qu'ils
respondent à la grandeur de la seconde ville du
royaume, & à leur antiquité, qui, dans les siècles
les plus reculés, n'ont pas seulement rendu nostre
ville de Toulouse & la province de Languedoc
recommandables par les belles-lettres, mais encore
tout le royaume qui en a ressenti les effets, par
l'émulation que ces jeux donnoient aux beaux
esprits & aux gens savans qui estoient attirés de
toutes parts à cause des prix & de la réputation
qu'on y acquérait; & d'autant que ces beaux &
nobles exercices ont accoutumé d'être faits dans
l'hostel de ville, il estoit de l'honneur de cette
maison que les assemblées qu'on désire que Mes-
sieurs les juges & mainteneurs tiennent chaque
semaine fussent faites dans l'hostel de ville, au-
quel effet il seroit bon d'assigner à ces Messieurs
une chambre dans cette maison pour tenir lesdites
assemblées, & si vous ne trouveriez pas à propos.
Messieurs, de leur indiquer par provision celle
qui est au bout de la galerie des Illustres, & que,
pour le surplus de cette affaire, il soit nommé des
commissaires. Ce sera à vous. Messieurs, de déli-
bérer ce que vous trouverez à propos.
«t Sur quoy, les voix recueillies,
<i A esté délibéré que Messieurs les maire & ca-
pitouls feront de très-humbles remerciements de I.i
part de la ville à Monseigneur le chancelier de la
protection dont il veut honorer nos jeux floraux
& de la grâce qu'il veut nous faire d'obtenir do
Sa Majesté des lettres-patentes pour la confirma-
tion desdits jeux, & par là leur donner un nou-
veau lustre, afin qu'ils puissent respondre à leur
antiquité, puisque dans les siècles précédents ils
ont rendo nostre viJle recommandable par l'excr-
XIII.
1694
658
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La question fut débattue par des commissaires du conseil de bourgeoisie;
on dut reconnaître que les jeux floraux étaient en pleine décadence S< que la
rénovation proposée pouvait leur rendre la valeur littéraire qu'ils avaient
perdue; on fit donc le sacrifice du brillant festin du 3 mai, Se l'administra-
tion capitulaire consentit à figurer dans le préambule des lettres patentes, à
la suite du chancelier & des mainteneurs en exercice dont on avait eu la
précaution de s'assurer le concours.
Les lettres patentes furent signées à Fontainebleau, au mois de septembre
1694, St accompagnées de statuts en trente-cinq articles'.
cice des Belles-lettres, auquel effet il sera assigné à
Messieurs les mainteneurs & juges destlits jeux
une chambre dans l'hostel de ville pour y tenir
leurs jeux, leur indiquant par provision la cham-
bre qui est au bout de la galerie des Illustres, &
que, pour tesmoigner à Monseigneur le chancelier
que la ville n'a rien tant à cœur que l'exécution
de ses ordres & qu'elle respondra toujours à ses
intentions avec toute la soumission possible, &
qu'il sera nommé des commissaires pour conjoin-
tement avec Messieurs les maire & capitouls tra-
vailler incessamment à l'exécution des ordres de
Sa Majesté, à l'accomplissement des désirs de
Monseigneur le chancelier & du surplus de la
présente délibération.
Il Et à l'instant, par Monsieur le président ont
esté nommés pour commissaires Messieurs de La-
sesquière & de Guibbert, avocats, d'Espaigne &
Papus Lacassaignère, escuyers & anciens capitouls.
Il De Gacii. Dasve, maire de Toulouse. Blandi-
MÈRES, premier capitoul de robe. Clauzade Gak-
notjSTE, capitoul. Borkell, capitoul. Méia, capi-
toul. Pabaire, capitoul. De la Brosse, capitoul '. n
' Lettres patentes du roy portant le rétablisse-
ment des jeux-floraux en une académie de belles-
lettres.
II Louis, par la grâce de Dieu, roy de France
& de Navarre, à tous présents & à venir salut.
Comme les belles-lettres tiennent le premier rang
entre tous les arts, d'autant qu'éclairant l'esprit
& élevant les sentimens, elles sont également pro-
pres à la paix & à la guerre. Nous avons toujours
cru les devoir favoriser, soit en gratifiant de nos
libéralités plusieurs personnes qui se sont distin-
guées par leurs études, tant dans nos Etats que
dans les pays étrangers, soit en permettant &
autorisant l'établissement de plusieurs académies
de divers genres de littérature dans plusieurs villes
de notre obéissance. Ces dispositions que Nous
avons toujours témoignées ont porté les chance-
lier, mainteneurs & maîtres des jeux floraux de
' Archives de Toulouse. Litre des cotiseils, XXXIV,
p. 109. Conseil de bourgeoisie. Séance du S août 1693.
notre ville de Toulouse, & les maire & capitouls
de liidite ville, à Nous représenter que les belles-
lettres & surtout la poésie y ayant esté toujours
cultivées, la coutume y est établie, depuis plu-
sieurs siècles, de célébrer tous les ans, le premier
& le troisième jour du mois de may, dans le
grand consistoire de l'hôtel de ville & à huis ou-
verts, une fête poétique, sous le nom de jeux flo-
raux; que tous les poètes y sont reçus à y réciter
leurs vers publiquement : & que l'on y donne
trois fleurs d'argent, savoir une violette, une
églantine & un soucy aux trois poètes, qui, au
jugement desdits chancelier, mainteneurs & maî-
tres, y ont porté les meilleurs poèmes : que néan-
moins ces jeux n'ont pas esté de tout tems une
simple fête, comme aujourd'huy, mais une véri-
table école ou académie, où l'on faisoit des bache-
liers & des docteurs en poésie, qu'ils appeloient
gaye science ; que cette école ou académie estoit
plus ancienne que l'an i323, comme il paroît par
un regître qui commence en ladite année & qui
est conservé dans ledit hôtel de ville; ce qui doit
en faire rapporter l'origine à la naissance des
universitez & des titres de bachelier & de docteur :
que les professeurs de cette école estoient les main-
teneurs, dont le nombre a toujours esté limité à
sept; & qu'à l'exemple de toutes les universitez,
ils avoient non-seulement leur chancelier & autres
officiers, mais encore une maison publique dans
l'un des faubourgs de ladite ville où ils tenoient
leurs assemblées ordinaires, jusqu'à ce que cette
école eût passé de cette maison, qui lui estoit
propre, à l'hôtel de ville, & ce peu après l'an
i356. Environ lequel tems les fauxbourgs de ladite
ville furent détruits, en conséquence d'une déli-
bération publique, à cause de la guerre avec les
Anglois, alors maîtres de la Guienne; que néan-
moins elle n'interrompit pas d'abord ses exercices
ordinaires après avoir esté reçue dans l'hôtel de
ville, mais qu'elle les y continua, & même avec
éclat; puisque trente-deux ans après, sçavoir en
i388, Jean, roy d'Aragon, envoya une célèbre
ambassade au roy Charles VI comme pour ses plus
grandes affaires, pour luy demander des poètes de
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
659
L'ancien collège de la gaie science était entièrement réformé Si constitué
en académie. Suppression complète du festin. Les quatorze cents livres ins-
1(594
Languedoc, qui, sur l'espérance des récompenses
& des honneurs qu'il leur promettoit, allassent
établir des écoles de gaye science dans ses Etats.
Ainsi lesdits chancelier, mainteneurs & maîtres,
maire & capitouls, Toyant que ces jeux ont été
réduits d'une académie ordinaire à une simple
fête, & considérant d'ailleurs que cette fête a sou-
vent reçu des oppositions qui ont failli à la dé-
truire, nonobstant sa grande ancienneté, & l'ému-
lation qu'elle a toujours inspirée aux meilleurs
esprits des provinces de Languedoc & de Guienne,
& quelquefois aux plus célèbres du royaume, ils
ont cru devoir prévenir les contradictions encore
plus grandes auxquelles lesdits jeux pourroient
cstre exposez dans la suite, si Kous n'y pour-
voyions de remède convenable, & si Nous n'ache-
vions ce que Nous avons commencé par l'arrêt de
notre conseil du 4 décembre 1671, en consé-
quence d'un règlement fait par nos commissaires
le 2Z novembre Je la même année; par lequel
Nous aurions jugé à propos de permettre la dé-
pense de quatorze cens livres par an, à prendre
sur les revenus ordinaires de la ville de Toulouse,
pour la célébration desdits jeux. Et, dans cette
vue, ils Nous ont très-humblement supplié de
leur accorder nos lettres, pour affermir de plus
en plus lesdits jeux & leur rendre leur premier
lustre.
Il Sur quoy, ayant égard à l'utilité & à l'an-
cienneté d'un établissement si honorable aux bel-
les-lettres, dont la réputation s'est étendue depuis
plus de trois siècles chez les étrangers, & inclinant
à la très-humble supplication desdits chancelier,
mainteneurs & maîtres, maire & capitouls ; A ces
CAUSES, de l'avis de notre conseil, qui a vu l'arrêt
du 14 décembre 1671, cy-attaché sous le contre-
scel de notre chancellerie. Nous avons de notre
grice spéciale, pleine puissance & autorité royale,
approuvé & autorisé, en tant que de besoin, ap-
prouvons & autorisons par ces présentes, signées
de notre main, lesdits jeux floraux de Toulouse;
les avons mis & mettons sous la protection de
notre très-cher & féal chevalier, chancelier de
France, le sieur Boucherai, commandeur de nos
ordres, & après luy de ses successeurs en l'office
de chancelier; avons rétabli & rétablissons les
assemblées ordinaires desdits chancelier & main-
teneurs en forme d'académie. Et pour les rendre
plus utiles, avons augmenté & augmentons jus-
qu'à trente-cinq le nombre desdits mainteneurs.
A cet effet, lesdits maire & capitouls prêteront
auxdits jeux, selon la coutume, autant qu'il plaira
auxdiis chancelier & mainteneurs, le grand con-
sistoire dudit hôtel de ville, pour y faire la se-
monce, pour y entendre réciter les ouvrages de
vers & de prose, composez pour les prix, & pour
distribuer lesdits prix. Les capitouls y assisteront,
sous le titre ordinaire de bayles des jeux, dans
l'ordre & au nombre accoutumez, pour y recevoir
& accompagner ceux du corps des jeux floraux, &
leur faire les honneurs de l'hôtel de ville, comme
il a esté pratiqué cy devant; de quoy le maire
perpétuel de ladite ville sera dispensé, & ne se
trouvera pas à la tête desdits capitouls bayles;
mais sera ledit maire mainteneur né desdits jeux,
& en cette qualité aura en tout & partout rang,
séance & suffrage parmi les autres mainteneurs,
comme l'un d'entre eux, sans néanmoins y porter
aucune marque de distinction, robe de cérémonie
ny autre ornement appartenant à sadite charge
de maire. Prêteront en outre lesdits maire & capi-
touls, dans deux ans au plus tard après la pré-
sente guerre, & autant qu'il plaira auxdits chan-
celier & mainteneurs, une salle dans ledit hôtel
de ville, qui soit commode, pour y tenir leurs-
dites assemblées ordinaires, & toutes autres assem-
blées particulières & à huis clos, qu'il conviendra
tenir pour lesdits jeux, la meubleront & entre-
tiendront de meubles & des réparations nécessai-
res, & ce aux frais de ladite ville; & dès à pré-
sent, & par provision, fourniront ainsi meublée
& entretenue celle qui est au bout de la galerie
appelée des hommes illustres & destineront un
serviteur dudit hôtel de ville, pour faire les fonc-
tions de bedeau desdits jeux. Fourniront lesdits
maire & capitouls, tous les ans 8c à perpétuité,
des revenus ordinaires de ladite ville, la somme
de quatorze cens livres, suivant la modération qui
en a esté faite par ledit arrêt de notre conseil, du
14 décembre 1671, pour les frais desdits jeux, sans
que pour quelque cause que ce soit, ladite somme
de quatorze cens livres puisse estre divertie ny en
tout ny en partie à d'autres usages, mais seule-
ment employée comme s'ensuit : sçavoir, trois
cens livres aux frais courans desdites assemblées
ordinaires 81 des autres à huis clos, qui se tien-
dront pour lesdits jeux, & onze cens livres qui
seront employées à l'achat de quatre fleurs, pour
servir de prix. Et seront lesdites fleurs, une ama-
rante d'or que Nous instituons 81 ordonnons par
cesdites présentes, pour estre le premier prix, 8i
une violette, une églantine 8c un soucy d'argent,
qui sont les prix ordinaires; 8c l'une desquelles
sera désormais le prix d'un ouvrage en prose,
pour exciter l'étude de l'éloquence dans les jeux,
comme le tout est plus amplement expliqué dans
les statuts cy-attackez, sous ledit contre-scel de
notre chiinceilerie. En conséquence de quoy lesdits
1694
66o
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
crites au budget de la ville par l'arrêt du conseil de 167 1 demeuraient affec-
tées aux jeux floraux, mais consacrées expressément aux dépenses des réunions
ordinaires & au payement des trois fleurs d'argent, augmentées d'une ama-
rante d'or pour le prix de l'ode'.
Le roi portait à trente-cinq le nombre des mainteneurs qui devaient l'être
à vie & rétablissait le principe de l'élection, comme dans toutes les académies
de littérature. Des dispositions minutieuses étaient prises pour éviter le retour
des anciennes querelles; ainsi le pied des fleurs ne pouvait porter aucune
armoirie; &, dans les assemblées ordinaires, tous les assistants devaient s'es-
timer égaux entre eux, 8c prendre place, sans distinction, à mesure qu'ils
entreraient dans la salle.
Les statuts consacraient l'abandon de tous les anciens genres poétiques pour
maire & capitouls délivreront dès le premier jour
de chaque année ladite somme de trois cens livres
au mainteneur élu dispensateur, & celle de onze
cens livres à l'ouvrier ou marchand desdites quatre
fleurs, après qu'il les aura délivrées aux trois
mainteneurs élus économes, & en donneront les-
dits dispensateur, ouvrier ou marchand, leurs
quittances visées par lesdits économes : & moyen-
nant ces deux quittances visées, l'une du dispen-
sateur, pour la somme de trois cens livres, &
l'autre de l'ouvrier ou marchand, pour celle de
onze cens livres, seront lesdits maire & capitouls
valablement déchargez de ladite somme de qua-
torze cens livres. Auront lesdits jeiax un scel,
dont la marque & l'inscription sont expliquées
dans lesdits statuts; & seront lesdits statuts exac-
tement observez suivant leur forme & teneur. Fai-
sons très-expresses inhibitions 8c défenses de faire
à l'avenir, dans lesdits jeux ou pour lesdits jeux,
aucuns autres statuts ou règlemens. Et en cas de
contestation sur le contenu desdits statuts, ou des
présentes, voulons qu'elle soit incessamment réglée
par la grand'chambre de notre cour de parlement
de Toulouse, à laquelle Nous en avons attribué &
attribuons par ces présentes toute cour, juridiction
& connoissance; & icelle interdisons à tous autres
nos cours 8c juges, à peine de nullité. Et afin que
ceux qui composeront ledit corps des jeux floraux
soient connus, tant ceux que Nous avons confir-
mez que ceux que Nous avons nommez de nou-
veau , Nous les avons tous compris dans notre
brevet cy-attaché, sous le contre-scel de notre
chancelier. Si donnons en mandeme.nt à nos amez
8c féaux conseillers les gens tenant notredite cour
de parlement 8c tous autres nos officiers qu'il
appartiendra, que ces présentes 8c lesdits statuts
ils fassent lire, publier 8c registrer partout où il
appartiendra, garder 8c observer selon leur forme
8c teneur; 8c que des choses y contenues ils fassent
jouir 8c user pleinement, paisiblement 8c perpé-
tuellement lesdits chancelier, mainteneurs 8c maî-
tres desdits jeux floraux 8c leurs successeurs; à
commencer la première publication du sujet de
l'ouvrage en prose le troisième may prochain, 8t
la première semonce, le premier dimanche de l'an
1696; 8c la première fête pour la distribution des
prix, les premier 8c troisième jours de may de
ladite année; 8c les assemblées ordinaires Se élec-
tion des officiers desdits jeux, d'abord après la
publication des présentes; faisant cesser tous trou-
bles 8c empêchemens s'il y en a. Voulons qu'aux
copies des présentes 8c desdits statuts, bien 8c due-
ment collationnées foy soit ajoutée comme aux
originaux; dérogeant pour cet effet à tous édits,
déclarations, arrêts, règlemens 8c autres lettres qui
pourroient être contraires aux présentes : Car tei.
EST NOTBE PHisiR. Et afin que ce soit chose ferme
8c stable à toujours, Nous avons fait mettre notre
scel à ces présentes. Donné à Fontainebleau, au
mois de septembre, l'an de grâce rail six cens
quatre vingt quatorze, 8c de notre règne le cin-
quante unième. — Signé Louis. — Fisa BotciiE-
nAT. — Par le rot, Phelypealx. »
' Il Article III : L'amarante, qui sera le pre-
mier prix, sera d'or, comme la violette étoit au-
trefois, 8c de la valeur de quatre cens livres, la
façon y comprise. La violette, l'églaniine 8t le
soucy seront d'argent. La violette 8c l'églaniine
du prix chacune de deux cens cinquante livres 8c
le soucy du prix de deux cens livres, la façon y
comprise; lesquelles façons seront au meilleur
marché qu'il sera possible, sans rechercher ny né-
gliger la beauté de l'ouvrage. Chaque fleur aura
un pied; mais ny les fleurs ny leurs pieds ne
seront ornez d'armoiries. »
L'article VI permet d'employer les économies de
la dépense courante à acheter un ou deux œillets
d'argent, destinés à récompenser un sonnet, un
rondeau, un triolet, une épigramme, un madrigal,
un ou deux couplets de chanson.
LIV. 111. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
66]
lesquels avaient été créées les fleurs de la gaie science, & sacrifiaient même le
chant royal, d'invention plus moderne, mais passé de mode, comme une poésie
trop gênante. Ils admettaient seulement l'ode, le poërae de soixante vers au
moins ou de cent vers au plus, tous alexandrins 8c suivis, ou à rimes plates,
« 8c dont le sujet fût héroïque, comme par exemple l'éloge de l'amitié, ou
« la description d'une action vertueuse ou d'un grand exploit militaire, »
l'élégie, l'églogue 8c l'idylle. La prose, qui n'avait jamais été reçue dans les
anciens concours, y prenait un rang honorable; l'églantine devant être
adjugée à un discours d'un quart d'heure ou d'une petite demi-heure de lec-
ture « pour exciter dans les jeux floraux l'étude de l'éloquence qui y a esté
« négligée faute de prix. »
Pour la première t'ois 8c « sans conséquence « le roi nommait les trente-
cinq mainteneurs, du nombre desquels se trouvaient les sept en exercice, 8c
confirmait les poëtes lauréats qui avaient obtenu des lettres de maîtrise'. Il
voulait que le chancelier fût électif, à la pluralité des suffrages, mais que
l'élection tombât toujours, soit sur le premier président, soit sur un président
a mortier, membre ou non de l'académie.
Les statuts des jeux floraux furent l'œuvre de Simon de la Loubère. Comme
cet académicien avait cherché dans les documents positifs l'origine de l'insti-
tution toulousaine, 8c qu'il connaissait à fond les premiers livres du gai savoir,
où l'histoire réelle en est contenue, il n'eut pas à se préoccuper des préten-
dues largesses de Clémence Isaure, 8c l'on ne trouve ni dans les lettres pa-
tentes, ni dans les règlements, aucune allusion à cette fondation chimérique.
Pourtant la Loubère ne poussa pas le courage jusqu'au bout, 8c ne put refuser
1694
' Voici la composition de l'académie des jeux
floraux portée par le breret dii roi, donné à Fon-
tainebleau le 26 septembre 1694.
Chancelier : Le sieur de Maniban, président à
mortier au parlement de Toulouse, confirmé dans
sa charge de chancelier des jeux, « en considéra-
tion de son mérite personnel & du zèle avec lequel
il a poursuivi l'établissement & la réformation
desdils jeux. »
Sept MAINTENEURS anciens, confirmés : les sieurs
de Saint-Laurent, d'Auterire, de Terlon, de Fer-
mat, de Fieubet, conseillers au Parlement; de Ber-
tier, avocat général; Puget de Saint-Alban.
Vingt-huit MAiisTENEL'RS nommés par le roi :
les sieurs Morant, premier président; de Mont-
brun 8c Caulet, présidents à mortier; Pierre de la
Broue, évéque de Mirepoix; Valette, Mauriac,
d'Aldéguier, Lombrail de la Salvetat, & d'Assézat,
conseillers en la cour;
L'abbé To\irnier & Daspe, conseillers aux en-
quêtes; d'Aldéguier & Nolet, trésoriers généraux
de France; l'abbé d'Auterive, chancelier de l'Uni-
versité; Compain, chanoine de l'église métropo-
litaine; Malepeyre, conseiller au présidial; La
Faille, Maleprade, Nupces, Massoc & Palaprat,
avocats;
La Croisete; Campistron l'aîné; Tourreil, de
l'Académie françoise; l'abbé Drulhet ; le chevalier
de Catelan; Bayle, docteur en médecine; Daspe,
conseiller au Parlement 8t maire perpétuel de la
ville, mainteneur-né en ladite qualité de maire.
Maîtres anciens, confirmés : les sieurs de Res-
séguier & de Burta, conseillers en la cour; de Pu-
get, chanoine de l'église de Saint-Sernin ; d'Olive
& Ramondy, substituts du procureur général ; de
Pradines, père & fils; Jonque», Magnan & d'Ab-
bassia, avocats; d'Olive Saint-Sauveur; d'Ardenne,
curé de ; Vincent, curé de Caragoude; Pages,
curé de Muret; Laborie, prêtre; Ranchin de
Montredon ; Cironis de Beaufort; le chevalier de
La bat; Pader & Daubian'.
' Traite Je l'origine des jeux floraux de Toulouse; let-
tres patentes du roy, portant rétablissement des jeux floraux
en une académie de belles-lettres, brevet du roy, qui porte
confirmation des chancelier, mainteneurs & maîtres des jeux
floraux, & nomination de nouveaux mainteneurs ; statuts
pour les jeux floraux. — A Toulouse, chez Claude-Gilles Le-
camus, imprimeur du roi & de l'acadiimie des jeux floraux.
M. Dec. XV.
i694
662 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
une concession à la croyance populaire, mais il la fit aussi discrète que pos-
sible, en écrivant à l'article XXIII que, dans la dernière séance de la solen-
nité du mois de mai, pendant qu'on irait quérir les fleurs à l'église de la
Daurade, l'éloge de « dame Clémence « serait tait « en peu de mots » par
l'un des mainteneurs ou maîtres. Le législateur de l'académie ne voulait pas
exposer ses futurs confrères à blesser trop ouvertement la vérité historique en
essayant des développements hasardés sur les mérites d'une bienfaitrice idéale
que ses défenseurs les plus convaincus font voyager à travers les siècles sans
avoir jamais réussi à lui assigner une date certaine Se constante.
La transformation des jeux floraux en académie réglée ne laissa pas que
d'éveiller quelques regrets chez les vieux Languedociens qui voyaient dispa-
raître à la fois la coutume du joyeux festin cher à leur jeunesse Se l'usage de
leur idiome national comme langue littéraire. 11 faut reconnaître du reste
que, depuis le milieu du seizième siècle, l'invasion du français avait été de
plus en plus générale. Se que les rédacteurs des Lois d'amour, grammairiens
si scrupuleux & versificateurs si exigeants en fait de métrique, auraient eu
grand'peine à reconnaître leur langue romane, savante Se musicale, dans le
patois dégénéré, corrompu, encombré d'expressions Se de formes étrangères,
(ju'employaient leurs derniers successeurs.
« Toulouse, écrit un contemporain, a perdu par cette nouveauté Se par le
« sérieux de notre académie, ce beau jour de fête que nous célébrions autre-
<i fois avec tant de joie'. »
Le dernier festin des jeux floraux. avait eu lieu le 3 mai 1694^. La distri-
bution des fleurs, d'après le nouveau règlement, se fit au printemps de l'année
suivante.
Pour s'assurer la bonne volonté de Lafaille, maître des jeux depuis plu-
sieurs années, Se capable, par son influence, d'entraîner les capitouls dans
' Testament syni'ical de M. de Lafaille, p. 70. 804 livres 5 sols à luy ordonnée pour les gâteaux
' Nous relevons dans les comptes du trésorier de qu'il a fournis pour les collations des jeux flo-
l'hctel de ville les dépenses faites pour la dernière raux.
fête des jeux floraux, célébrée au mois de mai « Au sieur Bourguignon, marchand, la somme
1694, d'après l'ancien rite : de 191 livres 18 sols à luy ordonnée pour les con-
« Au sieur Codaute, orphevre, la somme de fitures qu'il a fournies aux susdites collations des
173 livres à luy ordonnée, pour le prix des fleurs jeux floraux.
d'argent qu'il a fourny pour les jeux floraux; n A Pierre Cadau, traiteur, la somme de 53o li-
appert du rôle mandement & quittance du i5°may vres à luy ordonnée pour le festin qu'il a donné
1694. à l'assemblée des jeux floraux.
« Au sieur Begué, secrétaire des jeux floraux, « Audit Cadau, la somme de 144 livres à luy
la somme de 5 livres, à luy ordonnée en la susdite ordonnée pour les trois collations des jeux flo-
qualité, suivant la coutume. raux.
« Au sieur Guitard, la somme de 5 livres à luy « Au sieur Durand, capitaine de la santé, la
ordonnée pour le discours latin qu'il a fait sui- somme de 19 livres |5 sols à luy ordonnée pour
Tant l'usage à l'ouverture des jeux floraux. l'achapt des bouquets distribués dans l'assemblée
n A Laurent Laforgue, verguier de la gaye des jeux floraux'. «
science, la somme de 20 livres à luy ordonnée
pour ses eapes de l'année entière i6o4, .*i- ^ t- 1 n .j .. oj
■^ ° ° . "isic luy.^. , Archives de Toulouse. Comptes de recette & despenses
« A Anthoine Roques, boulanger, la somme de de Christophe MarioUc, pour l'année Uxji.
LIV, ïll. RÉVOCATION DE L'ÈDIT DE NANTES.
663
des voies d'opposition, les organisateurs de l'académie s'étaient empressés
d'offrir à l'ancien syndic de la ville, à l'annaliste de Toulouse, la charge de
secrétaire perpétuel. On fit tout le bruit que l'on put autour du berceau de
la compagnie, l'on y attira le plus de poëtes français qu'il fut possible. Mais
ce renouveau ne fut pas de longue durée. En quelques années, on avait
épuisé la veine; les écrivains d'outre-Loire cessèrent d'atflueraux concours, 8c
aucune production éclatante ne justifia les espérances que quelques gens de
lettres avaient fondées sur le rajeunissement du gai savoir'.
Des préoccupations d'une nature plus sévère continuaient d'ailleurs à peser
sur la Province. La guerre extérieure se prolongeait, imposant des charges
nouvelles & créant des servitudes inaccoutumées. Les déplacements de troupes
étaient si fréquents Se entraînaient des conséquences si onéreuses pour les
pauvres habitants, obligés de loger les soldats dans leurs maisons Se d'inter-
rompre leur travail pendant des journées entières, que les Etats s'inquiétèrent
avec un soin particulier d'y porter remède. Non contents de régler rigoureu-
sement, étape par étape, les itinéraires des colonnes qui avaient à traverser le
Languedoc pour se rendre en Roussillon, en Provence ou en Dauphiné*, ils
proposèrent de supprimer d'une manière absolue les logements chez l'habi-
tant & d'établir des casernes Se des écuries dans tous les lieux de passage.
Ces logements étaient d'autant plus lourds qu'ils retombaient généralement
sur les familles gênées, au moins dans les villages, où toute personne possé-
1694
■ L'historiographe officiel de l'hôtel de ville
apprécie dans Us termes suivants la transforma-
tion des jeux floraux.
Il Cette année sera à jamaii remarquable dans
nostre histoire par l'establissement de l'académie
des jeux floraux dont le public a raison de se
promettre de très-grands avantages, puisqu'elle a
pour but non-seulement de perfectionner la lan-
gue françoise, mais plus particulièrement de rec-
tifier le goût pour les ouvrages d'esprit. C'est une
institution très-ancienne qui reçoit seulement de
nof jours une nouvelle forme, car elle est rap-
portée au premier registre de ces jeux en langue
provençale dès l'année i324, où l'on voit qu'ils
prirent leur origine dans une assemblée savante
de sept personnes de qualité de cette ville, très-
distinguées par leur érudition & par l'amour des
belles-lettres, de sorte que, sans avancer icy des
choses incertaines & sans faire honneur de cet
establissement à la mémoire de la princesse Clé-
mence Isaure dont on prétend que la statue se
conserve encore dans nostre Capitole, & sans aller
chercher enfin cette Clémence énigmatique dans
un» certaine ordonnance de l'empereur Constan-
tin qui commence par ces paroles ; Placu:t Cle-
HEXTIAE iVOSTRAE MAJUMA CELEBBARI, il Suffit d'une
ancienneté incontestable de près de quatre siècles
pour faire voir à la gloire de cette ville qu'elle a
fondé la première académie d'esprit & de politesse
qui se soit conservée jusques à ce temps, soit en
France soit dans le reste de l'Europe. Le fonds
considérable qui luy fut de plus attribué & que
Messieurs les capitouls nos prédécesseurs ont con-
servé avec une espèce de religion dans les plus
grandes nécessites de la ville, nous fournit de
quoy récompenser icy les beaux esprits beaucoup
plus honorablement que dans nulle autre ville du
royaume, & afin que le corps de ville puisse se
glorifier de loger ces illustres académiciens dans
son hostel, il leur a esté assigné par provision la
chambre qui est appelée des Illustres pour leur
assemblée, suivant la désignation qui en a esté
faite par une délibération du conseil de bour-
geoisie, à quoy Monsieur le maire & Messieurs
les capitouls ont contribué avec plaisir puisqu'ils
ont droit d'assister aux assemblées de cette com-
pagnie & que Monsieur Daspe, en qualité de
maire, a l'honneur d'estre mainteneur-né & qu'il
veut bien donner en cette occasion des marques
de son zèle 8i de son estime pour les belles-lettre;
& pour ceux qui les cultivent', j»
" On trouvera le détail de ces itinéraires dans
nos Pièces justificatives, n. DXXXV, col. 14Ô7.
' Archives de Toulouse. Annales manuicritcs, X, f° 97.
— 66i ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dant quel([ue bien avait l'adresse de se dérober par l'acquisition de charges
privilégiées. Un détail de la supplique des Étals trahit d'une manière saisis-
sante la détresse du pays. Il y est dit que « ces pauvres gens chez qui on
« loge, ayant souvent faim, prennent une portion de l'étape, soit des vivres,
« soit du fourrage, en l'allant chercher durant la nuit, ce qui occasionne des
« querelles avec les soldats'. » On expose aussi qu'il est facile de trouver,
dans presque tous les villages, quelques maisons abandonnées propres à être
transformées en casernes^.
Au mois d'août 1694, la Province eut à fournir un fort convoi de mulets
pour l'armée royale qui opérait dans le Piémont. Le roi n'avait demandé que
quinze cents bêtes; mais Bâville, en administrateur prudent, se défiant des
non valeurs, en réclama plus de deux mille qui furent levés rapidement dans
les diocèses de Montpellier, Nimes, Uzès, Viviers, le Puy, Mende, Agde,
Lodève, Béziers, Saint-Pons Se Castres, conduits à la frontière du Vivarais
par des brigades de muletiers diocésains & rassemblés à La Voulte. Le comte
de Bourg, maréchal de camp, fit une revue générale du convoi, & retint seu-
lement le nombre réglementaire, en ayant soin d'éliminer les bêtes les moins
robustes; un millier environ de ces animaux mourut pendant la campagne.
Les États payèrent cent quarante livres par tête aux propriétaires pour les
indemniser. Si quatre-vingts livres à ceux qui rentrèrent en possession de
ieurs mulets^.
Mais le fait financier le plus considérable de l'époque fut la proposition
vjue l'assemblée provinciale adressa au roi d'établir un impôt universel ou
capitation, atteignant tous les ordres de citoyens 8< réglé proportionnellement
à leur fortune. La résolution en fut prise dans la séance du 10 décembre 1694,
sous l'inspiration du cardinal président Si des commissaires du roi.
Dix jours auparavant, les Etats avaient accordé le don gratuit de trois
millions réclamé par le ministère, à la suite d'un discours où l'archevêque de
Toulouse représenta la pauvreté de la Province, éprouvée par la perte de ses
récoltes Si réduite à une entière impuissance par les sommes extraordinaires
déjà votées pour le service du roi; l'archevêque de Narbonne déclara qu'il
était impossible de rien ajouter au tableau des maux du pays, si fidèlement
tracé par son collègue; mais que les besoins de l'État, qui passait avant tout,
étaient fort pressants; le rachat de la taxe des francs-fiefs, au prix de deux
cent mille livres, avait été également obtenu par la décision du président, qui
couronna l'œuvre en faisant prendre à l'assemblée l'initiative du projet de
capitation.
Dans la délibération qui fut rédigée à cet effet, les États rappelaient l'em-
pressement qu'ils avaient toujours mis à supporter les plus lourds sacrifices.
La passion qu'ils ressentaient pour le service du roi 81 pour le bien du
loyaume croissait avec les nécessités publiques. Ils avaient à cœur de montrer
' Pièces juitificatives. n. DXXXVI, col. 14Ô9. ^ Pièces justifitative s, n. DXXXIV, col. 1450.
' Pièces justificatives, n. DXLII, col. 1468.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 665 "
aux ennemis de la France que son zèle 8c ses forces étaient inépuisables en
créant un nouveau subside qui durerait aussi longtemps que l'obstination des
puissances coalisées à refuser la paix. Cette charge, fixe & certaine, pendant
toute la durée de la guerre, aurait l'avantage de fournir des secours abon-
dants sans grever les particuliers, à cause du nombre considérable des per-
sonnes qui devraient y participer.
Les États demandaient que la levée de la capitation se fît d'après les formes
usitées dans la Province, Se. que les rôles en fussent dressés, de concert avec
l'intendant, par six commissaires au plus, pris parmi les évêques, les barons,
les députés du tiers & les officiers accoutumés à régir les affaires des diocèses
pendant l'intervalle des sessions'.
Un courrier partit en poste pour aller porter à la Cour la bonne nouvelle.
Il était de retour à Narbonne, le 17 janvier, chargé d'une lettre de remercie-
ments du roi 8c d'une lettre de Pontchartrain.
Louis XIV écrivait au cardinal :
« Mon cousin, je n'ay pas esté surpris de la délibération des États de Lan-
(i guedoc que vous m'avez envoyée par ce courrier, ni de ce que vous m'avez ,
« escrit de leur zèle exemplaire pour mon service 8c pour le bien de l'État. Je
« suis seulement persuadé de plus en plus qu'il n'y a rien que je ne puisse
« me promettre de l'assemblée 8c du président, comme ils le doivent estre
« aussy qu'il ne se peut rien ajouter au gré que je leur en sçay, ny à l'affec-
« tion particulière que j'ay pour toute la Province. C'est ce que je vous
« recommande de leur bien témoigner derechef 8c de croire que je rends
« justice à vostre application 6c à vos soins. Je me remets du surplus à ce que
« j'ay commandé au sieur de Pontchartrain de vous escrire sur cette délibé-
n ration, 8c prie Dieu qu'il vous ait, mon cousin, en sa sainte Se digne garde.
V A Versailles, le ix de janvier 1695. Louis^. »
Après communication de la dépêche de Pontchartrain 8c des instructions
reçues par Bâville, les États décidèrent immédiatement que les assemblées
d'assiettes diocésaines seraient convoquées dans le courant du mois de février
pour prendre les dispositions préliminaires. Les gens des trois ordres qui
assistaient à la session de Narbonne 8c qui entreraient aux assiettes, s'atta-
cheraient surtout à faire comprendre la nature du nouvel impôt 8c à étudier
les moyens d'en assurer l'équitable perception. Le nombre des commissaires
directeurs ayant été limité à six par la délibération du 10 janvier, 8c l'impor-
tance de l'établissement rendant peut-être ce nombre insuffisant, l'assemblée
provinciale autorisa les assiettes à faire choix de personnes intelligentes pour
travailler aux rôles conjointement avec l'intendant^.
Le principal mérite de l'innovation était de ramener l'impôt à une forme
franche 8c naturelle, beaucoup plus honnête que les créations d'offices 8c
' Voir le texte de la délibération des Etats dans ' Nous publions aux Pièces justificatives la cir-
nos Pièces justificatives, n. DXXXIX, col. 1460. culaire du 23 décembre lôpS po*ir la levée de la
* Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance capitation, n. DXLV, col. 14Î0.
du 17 janvier iCyii.
1694.
lôyj
1695
666 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
autres systèmes de contributions déguisées, de frapper indistinctement tous
les Français, sans comporter d'exemption d'aucune espèce, & d'assurer, après
quelques tâtonnements, des résultats moins aléatoires que les taxes empi-
riques dont on avait tant abusé depuis longues années. La Province, qui ne
connaissait pas encore les détails de l'opération, y voyait du moins l'avan-
tage d'échapper à l'intervention toujours détestée des traitants 8c d'effectuer
le recouvrement par les soins de ses officiers ordinaires, sans avoir à se
débattre avec la nuée d'agents subalternes qui dévoraient le plus clair de son
revenu.
Cependant, il n'est point douteux que, même dans le milieu particulier
des États « l'application & les soins » du président avaient heureusement
secondé l'initiative provinciale.
La déclaration du roi portant établissement d'une capitation générale, par
feux ou familles, payable chaque année, en deux termes égaux, pendant la
durée de la guerre, dans toute l'étendue de l'ancienne France & des pays
conquis, parut à Versailles, le 18 janvier i6g5'.
Louis XIV résumait dans le préambule les divers expédients financiers
auxquels l'avaient successivement condamné les dépenses d'un armement for-
midable.
« Depuis que la gloire de notre Etat & les prospérités dont le ciel a béni
« notre règne ont excité contre nous l'envie d'une partie des Puissances de
« l'Europe & les ont engagées à se liguer entr'elles pour nous faire injuste-
« ment la guerre, la sincérité de nos intentions 8c les avantages que nous
« avons remportés d'année en année nous faisant toujours espérer une paix
« prochaine, nous avons tâché de n'employer, pour nous mettre en état de
« repousser les efforts des Etats ligués contre nous que les moyens qui étoient
« le moins à charge à nos sujets. »
C'est dans cette vue qu'on avait aliéné des rentes dont le payement était
assigné sur les revenus ordinaires de la couronne, 8^ créé des charges dont les
gages figuraient sur les états des finances. Si, dans la suite, le roi s'était vu
contraint de pratiquer quelques autres moyens plus à charge aux peuples, on
n'en pouvait attribuer la cause qu'à la nécessité d'assurer, dans des termes
fixes, les fonds convenables au bien de l'État. Cependant les ennemis parais-
saient insensibles à leurs pertes, &c, loin de se montrer touchés de la misère
des peuples, semblaient même tirer avantage de l'inclination que le roi de
France témoignait pour la paix. Leur endurcissement l'obligeait à faire de
nouveaux préparatifs de guerre. Il espérait faire connaître à toute l'Europe
que les forces de la France, bien ménagées, sont inépuisables, 6c que le zèle
' n Déclaration du Roy pour l'établissement de Cour, du Clergé, de l'Université & des Estats de
la capitation avec le tarif contenant la distribii- Foix". »
tion des vingt-deux classes. Donnée à Versailles, L'arrêt d'enregistrement du parlement de Paris,
le |3 janvier lôçS; registrée en Parlement. Jouxte sur réquisition du procureur général du roi, est
la copie imprimée a Paris. A Toulouse, chez Boude, du 21 janvier lôpS.
imprimeur du Roy, des Estats de Languedoc, de la ■ Archives de la Haute-Garonne. A. i5.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. C67
des Fiançais pour le service du roi 8c pour la gloire de la nation lui assu-
raient des ressources certaines. Cette confiance lui avait inspiré la pensée de
soumettre tous ses sujets, sans aucune distinction, à un nouvel impôt destiné
à durer aussi longtemps que l'aveuglement des ennemis à refuser la paix.
Les plus zélés & les plus éclairés sujets des trois ordres composant l'Etat sem-
blaient avoir prévenu la résolution royale. Louis XIV rappelait que les Etats
de Languedoc, se trouvant assemblés suivant l'usage ordinaire, après avoir
accordé le don gratuit de trois millions ik pourvu aux autres charges consi-
dérablement augmentées par la guerre, portant leur prévoyance 81 les témoi-
gnages de leur zèle & de leur affection au delà de tout ce que l'on en pouvait
attendre, avaient pris une délibération expresse pour proposer l'établissement
de la capitation, 8c marqué les raisons qui devaient faire préférer ce mode
d'impôt à tous les autres procédés extraordinaires.
En effet, cette capitation, se répandant proportionnellement sur tous les
Français, serait peu à charge à chaque particulier, 8c, jointe aux revenus
réguliers, produirait des fonds suffisants, dont le recouvrement se faisant sans
frais 8c sans remise, rendrait le secours beaucoup plus prompt, plus facile 8c
plus effectif. Si ce recouvrement réussissait, comme on avait sujet de l'espérer,
on pouvait croire qu'il permettrait à l'avenir la suppression des charges extraor-
dinaires nécessitées par le malheur des temps; le souverain promettait d'ail-
leurs, « en foy 8c parole de roy, » de faire cesser cette capitation générale
trois mois après la publication de la paix.
Aucun des sujets du roi, de quelque qualité 8c condition qu'ils pussent
être, ecclésiastique, séculier ou régulier, noble, militaire ou autre, ne devait
être exempt de la capitation. La seule cause d'exception admise était l'im-
puissance : elle ne s'appliquait qu'aux habitants cotisés à la taille au-dessous
de quarante sols, aux ordres mendiants 8c aux misérables sans ressources,
dont les curés des paroisses donneraient des rôles certifiés 8c signés, sous la
garantie de leur honneur 8c de leur conscience.
Afin que le produit de la capitation fût immédiatement applicable aux
dépenses de la campagne, les termes des deux payements annuels étaient fixés
au i" mars 8c au i" juin. Un tarif arrêté en conseil des finances distribuait
toute la société française, moins le clergé, en vingt-deux classes, dont la coti-
sation s'échelonnait graduellement, depuis deux mille livres jusqu'à vingt
sols. Ce tarif devait servir de règle aux intendants 8c commissaires départis
dans les provinces, de concert avec les députés ordinaires ou syndics des
États, pour arrêter les rôles de répartition des imposables.
Bien que les ecclésiastiques fussent mentionnés expressément dans l'exposé
des motifs comme sujets à la capitation, on ne les voit point figurer dans le
tarif; un article spécial de la déclaration explique cette omission volontaire.
Le roi se dit persuadé de la bonne disposition des ecclésiastiques : ils se sou-
mettront d'autant plus volontiers à cette contribution qu'outre que l'intérêt
de la religion 8c le zèle qu'ils ont toujours fait paraître pour le service du
prince les y engagent, leur profession les empêchant de servir dans les armées,
i6(j5
i6p5
668 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
où la plupart seraient appelés par leur naissance, ils ne peuvent que pai
cette voie contribuer, en cette occasion, à la défense de l'Etat dont ils com-
posent le premier corps} mais l'assemblée générale du clergé devant se tenir
dans le courant de l'année, on comptait en obtenir, sous la forme de don
gratuit, des secours proportionnés aux besoins de l'Etat & l'on ne croyait pas
juste d'exiger simultanément la capitation. Le roi prévenait aussi, par quel-
ques paroles flatteuses, les scrupules des gentilshommes à se voir compris dans
les rôles des intendants : « Nous ne doutons pas, dit-il, que la noblesse de
« notre royaume, qui expose tous les jours sa vie & qui verse si généreuse-
ci ment son sang pour notre service 8t pour le soutien de l'Etat, ne sacrifie
« avec le même dévouement une aussi légère portion de ses revenus que celle
« à laquelle la taxe des gentilshommes sera réglée. » Pour leur donner une
satisfaction d'amour propre, la déclaration prescrivait aux intendants & com-
missaires départis chargés de dresser les rôles de la capitation des nobles, de
s'adjoindre à cet eftet un gentilhomme de chaque bailliage, à la nomination
du roi. L'intendant choisirait, de concert avec ce gentilhomme, un receveur
qui remettrait ses deniers entre les mains du trésorier général des États.
Le tarif des vingt-deux classes offre un tableau intéressant du groupement
de la société, d'après la fortune présumée de tous les ordres de citoyens. Le
dauphin de France figure en tête de la première classe, avec tous les princes
du sang, les ministres 8t les fermiers généraux. Les ducs, les maréchaux, les
gouverneurs de provinces sont dans la seconde; les lieutenants généraux &
les premiers présidents des parlements dans la troisième; les intendants con-
seillers d'État dans la quatrième ; les premiers présidents des cours des aides
dans la cinquième. Les marquis, comtes, vicomtes & barons se trouvent ras-
semblés sans distinction dans la septième classe, & cotisés à deux cent cin-
quante livres, en compagnie de diverses espèces de receveurs & de sous-trai-
tants; les gentilshommes seigneurs de paroisses sont dans la dixième, à cent
vingt livres; les gentilshommes possédant fief & château, dans la quin-
zième, à quarante livres, fort au-dessous des chauffe-cire, des porte-coffres
8< d'une foule de commis; enfin les gentilshommes n'ayant ni fief, ni château
descendent à la dix-neuvième catégorie, & sont cotés à six livres, ni plus ni
moins que les bedeaux des universités, les huissiers des présidiaux Si les
cabaretiers'.
' A cause de la rareté de la pièce, nous croyons de Guise. — M. le prince de Condé. — M. le duc
devoir publier l'ensemble du tarif imprimé à la de Bourbon. — Madame la princesse de Coniy la
suite de la déclaration. douairière. — M. le prince de Conty. — M. le
duc du Maine. — M. le comte de Toulouse. —
Tarif contenant la distrièutlon des classes & le règle- Madame la duchesse de Verneuil. — M. le chan-
ment des taxes de la capitation générale, ordonnée celier. — Le chef du conseil royal des finances. —
par la déclaration du Roy de ce jourdhuy. Les ministres d'Estat Les secrétaires d'Estat. —
Le controlleur gênerai des finances. — Les rardes
ruEuiERE CLASSE : Dcux mil livres. . , , , . ■ , ,,
du trésor royal. — Les trésoriers de lextraordi-
Monseigneur le Dauphin. — Monsieur, duc naire de la guerre. — Les trésoriers de la marine.
d'Orléans. — M. le duc de Chartres. — Madame — Les fermiers généraux.
LIV, III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
669
Rien ne marque mieux que cette hiérarchie spéciale les houleversements
introduits par les révolutions de la fortune dans les classifications de la société;
1695
DEUXIÈME CLASSE : Quinze ccks livres.
Les princes. — Les ducs. — Les mareschaiix de
France. — Les officiers de la couronne. — Le pre-
mier président du Parlement de Paris. — Les gou-
Terneurs des provinces. — Les conseillers au con-
seil royal des finances. — Lc3 trésoriers des revenus
casuels.
TROISIÈME CLASSE : ,\til livrc!.
Les chevaliers & grands officiers de l'ordre du
Saint-Esprit. — Les lieutenants généraux des pro-
vinces. — Les vice-amiraux. — Les premiers pré-
sidens des cours supérieures de Paris. — Les prési-
dens à mortier de Pans. — Les premiers présidens
des parlemens des provinces. — Les secrétaires du
conseil. ■ — Les receveurs généraux des finances. —
Les trésoriers des pays d'Esiats. — Les trésoriers
des galères. — Les receveurs des consignations de
Paris.
QUATRIÈME CLASSE : Cini] ccHs Hvrcs.
Les conseillers d'Estat. — Les procureur & avo-
cats généraux du parlement de Paris. — Le gref-
fier en chef du parlement de Paris. — Les prési-
dens de la chambre des comptes de Paris, cour des
aydes & grand conseil. — Le prévost de Paris. —
Le lieutenant civil. — Le lieutenant de police
Le prévost des marchands. — Les capitaines-lieu-
tenans des compagnies des gensdarmes & de che-
»aux-legers. — Le receveur général du clergé. —
Les grands audienciers. — Les gardes des rolles.
— Les controUeurs généraux de la grande chan-
cellerie. — Les trésoriers du sceau. — Les tréso-
riers de l'artillerie. — Les commissaires aux saisies
réelles de Paris.
CINQUIÈME CLASSE : Quatre cent livres.
Les maistres des requestes, titulaires & vétérans,
81 les conseillers d'honneur du parlement de Pa-
ris. — Le procureur général de la chambre des
comptes de Paris. — Les procureurs & avocats gé-
néraux du grand-conseil & de la cour des aydes de
Paris, Si les greffiers en chef. — Les premiers pré-
sidents des chambres des comptes & cours des aydes
des provinces. — Les intendants de marine & des
provinces, qui ne sont pas maistres des requestes.
.— Les gouverneurs des places frontières. — Les
greffiers du conseil, & le garde des minutes du
conseil. — Le greffier en chef de la chambre des
comptes de Pans. — Les trésoriers des fortifica-
tions. — Les trésoriers des bastimens. — Les tré-
soriers des ligues suisses. ^ Les cautions des trai-
tez arrestez au conseil. ^
SIXIÈME CLASSE : Trois cens livres.
Les lieutenans généraux des armées du roy. —
Les lieutenans généraux de la marine & des ga-
lères. — Les lieutenans généraux d'artillerie. —
Les lieutenans de roy des provinces créés en titre
d'office. — Les gouverneurs des places du dedans
du royaume. — Les sous-lieutenans des compa-
gnies des gensdarmes & de chevaux-légers. — Les
premiers présidens des conseils supérieurs des pro-
vinces. — Les présidens à mortier des parlemens
des provinces. — Les présidens des enquestes &
requestes du parlement de Paris. — Les lieutenans
particulier & criminel, & procureur du roy du
Chastelet de Paris. — Les greffi'ers en chef civil &
criminel du Chastelet de Paris. — Les trésoriers
du marc d'or. ^ Les fermiers généraux des postes.
SEPTIÈME CLASSE : Deux cent cinquante livres.
Les marquis, comtes, vicomtes & barons. — Le
prévôt de l'Isle, le lieutenant criminel de robe
courte & le chevalier du guet. — Le procureur du
roy, le greffier &. le receveur de l'hôtel de ville de
Paris. — Les greffiers commis au greffe de la
grand'chambre du parlement de Paris. — Les
payeurs des rentes. — Les receveurs des taUles. —
Les receveurs du domaine. — Les receveurs des
amendes, receveurs des épices & vacations, rece-
veurs des consignations & les commissaires aux
saisies réelles des villes oii il y a parlement, cham-
bre des comptes ou cour des aydes. — Les trésoriers
des ponts & chaussées. — Les receveurs des ami-
rautez. — Les contrôlleurs des postes. — Les con-
troUeurs des ligues suisses. — Les payeurs des ga-
ges des compagnies supérieures. — Les directeurs
des fermes. — Les caissiers des aydes & des gabelles.
— Les sous-traitans & sous-fermiers.
HUITIÈME CLASSE : Dcux ceus livres.
Les mareschaux des camps & armées du roy.
Les chefs d'escadres des vaisseaux & des galères.
Les mareschaux généraux des logis des camps &
années du roy. — Les enseignes, cornettes & gui-
dons des compagnies de gensdarmes & de chevaux
légers. — Les conseillers des cours supérieures de
Paris. — Les grands baillifs d'épée. — Les mais-
tres de la chambre des comptes de Paris, — Le
procureur général des requestes de l'hostel. — Le
lieutenant général de la table de marbre. — Les
grands maistres des eaux 8c forests. — Les secré-
taires du roy de la grande chancellerie. — Les
présidens & trésoriers de France de Paris. — Les
greffiers des présentations & affirmations du par-
lement de Paris. — Les premiers commis des secré-
1695
670
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
la vieille ordonnance des rangs perdait de plus en plus son immobilité 8< se
déformait au hasard d'un nivellement capricieux. La progression du tiers
taires d'État, du contrôlleiir général des finances,
du trésor royal & des revenus casuels.
NEUVIÈME CLASSE : Cciit cinquante livres.
Les brigadiers des armées du roy. — Les mares-
chaux généraux de la cavalerie. — Les majors
généraux d'infanterie &. de cavalerie des armées du
foy. Les capitaines des vaisseaux & des galères
Jii foy. — Les maistres des chambres des comptes
des provinces. — Les correcteurs & auditeurs des
comptes de Paris. — Les conseillers chevaliers
d'honneur, procureurs & avocats généraux des
cours supérieures des provinces. — Les greffiers
des commissions extraordinaires. — Les commis
au contrôlle général des finances. — Les contrôl-
leurs généraux des gabelles. — Les commis des se-
crétaires & greffiers du conseil.
DIXIÈME CLASSE ! Cent vingt livres.
Les colonels, mestres de camp d'infanterie, ca-
valerie & dragons des armées du roy, & autres
officiers ayant rang de colonels. — Les lieutenans
de roy des frontières. — Les colonels des archers
de la ville de Paris. — Les gentilshommes seigneurs
de paroisses. — L'avocat général des requestes de
l'hostel. — Les échevins &. conseillers de ville de
Paris. — Les notaires & secrétaires des cours supé-
rieures de Paris. — Les huissiers du conseil & de
la grande chancellerie. — Les présidens, trésoriers
de France, avocats, procureurs du roy & greffiers
des bureaux des provinces. — Les avocats du roy
du Chastelet de Paris. — Les con'rôlleurs du marc
d'or. — Le directeur général des monnoyes. — Les
notaires du Chastelet de Pans. — Les banquiers
expéditionnaires en cour de Rome. — Les ban-
quiers & agens de change. — Les garde-livres &
le contrôlleur général des restes de la chambre des
comptes de Paris.
ONZIÈME CLASSE : Cent livres.
Les commissaires des guerres. — Les commissai-
res de la marine. — Les contrôlleurs généraux de
l'ordinaire & extraordinaire des guerres. — Les
Correcteurs & auditeurs des chambres des comptes
des provinces. — Les lieutenans généraux, parti-
culiers & criminels, procureurs du roy & greffiers
en chef des bailliages & sénéchaussées ressortissans
aux parlemens. — Le chevalier d'honneur & les
conseillers au Chastelet de Paris. — Les maires des
villes où il y a parlement ou autre compagnie su-
périeure. — Les secrétaires du roy des petites
chancelleries. — Les receveurs des amendes, épices
& vacations, — Les receveurs des consignations &
les commissaires aux saisies réelles où il y a bu-
reau des finances ou présidial, — Les commis des
secrétaires d'Etat 8c contrôleur général des finan-
ces, — Les contrôleurs des payeurs des gages des
compagnies supérieures. — Les marchands faisant
commerce en gros. — Les premiers huissiers du
parlement & autres cours supérieures de Paris.
DOUZIÈME CLASSE ; Quatre vingt livres.
Les chevaliers d'honneur, avocats, procureurs
du roy & greffiers en chef des présidiaux des pro-
vinces. — Les chaufTecires , portecoffres & autres
petits officiers de la grande chancellerie.
TREIZIÈME CLASSE : Soixante livres.
Les lieutenans de roy & majors des places. —
Les ingénieurs directeurs des fortifications. — Les
présidens & lieutenans criminels des élections &
greniers à sel. — Les lieutenans généraux de la
connestablie & des amirautez. — Les échevins,
procureurs du roy, greffiers, receveurs des deniers
communs des villes ou il y a parlement ou autre
compagnie supérieure. — Les maires des villes du
second ordre. — Les juges gardes de la monnoye
de Paris. — Les substituts des gens du roy des
cours supérieures de Paris. — Les contrôlleurs des
payeurs des gages des cours supérieures. — Les
commis des intendans des finances, du trésor royal
& des revenus casuels. — Les receveurs généraux
des gabelles. — Les bourgeois des grosses villes vi-
vant de leurs rentes.
QtjATORZiÈME CLASSE : Cinquante livres.
Les lieutenans d'artillerie. — Les contrôlleurs
de l'ordinaire & de l'extraordinaire des guerres. —
Les substituts des gens du roy des cours supérieures
des provinces. — Les commissaires du Chastelet de
Paris. — Les sous-fermiers des postes.
QUINZIÈME CLASSE : Qu.^ronte livres.
Les prévosts des mareschaux. — Les gentilshom-
mes possédant fiefs & chasteau. — Les mareschaux
des logis des compagnies de gendarmes & des che-
vaux-légers. — Le lieutenant des archers de la
ville de Paris. — Les substituts du procureur du
roy du Chastelet de Paris. — Les contrôlleurs des
rentes de l'hostel de ville de Paris. — Les greffiers
des présidiaux & autres justices royales. — Les
quarteniers de la ville de Paris. — Les commis re-
ceveurs des fermes. — Les bourgeois des villes du
second ordre vivant de leurs rentes. — Les inten-
dans des affaires & maisons particulières. — Les
fermiers des terres & biens dont les baux excèdent
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 671
état, enrichi de jour en jour par les diverses applications de l'activité, devient
surtout sensible. Sans parler des innombrables officiers de judicature & de
1695
trois mil livres. — Les fermiers des moulins dont
les baux excèdent deux mil livres.
SEIZIÈME CLASSE : Trente livres.
Les professeurs en droit. — Les grands maistres,
proviseurs & principaux des collèges. — Les offi-
ciers des bailliages royaux des élections, greniers à
sel, des eaux & forests, de la connestablie, des
amirautez & les juges des traites. — Les lieutenans
généraux, procureurs fiscaux & greffiers des ducliez
& pairies. — Les échevins, procureurs du roy,
greffiers & receveurs des deniers communs des villes
du second ordre. — Les substituts des procureurs
du roy des villes où il y a parlement ou autres
compagnies supérieures. — Les maires des petite^
villes. — Les payeurs & contrôlleurs des gages des
présidiaux. — Les avocats au conseil. — Les offi-
ciers des petites chancelleries. — Les premiers huis-
tiers des compagnies supérieures des provinces. —
Les huissiers audienciers du Chastelet de Paris. —
Les gros marchands tenant boutiques. — Les mar-
chands de bled, de vin & de bois. — Les secrétaires
des conseillers d'Etat, maistres des requestes, des
intendans, des gouverneurs des provinces, des ma-
reschaux de France, généraux d'armée, lieutenans
généraux de terre & de mer, des lieutenans civil,
de police, criminel, du procureur du roy au Chas-
telet de Paris, du prévost des marchands & des
procureurs & avocats généraux des cours supé-
rieures.— Les traiteurs. — Les messagers des villes
où il y a parlement ou autres cours supérieures.
— Partie des fermiers & laboureurs.
Dix-SEPTicuE CLASSE : Vingt livret.
Les lieu<enans & enseignes des vaisseaux & des
galères du roy. — Les colonels & majors des bour-
geoisies.— Les commissaires d'artillerie. — L'exempt
des archers de la ville de Paris. — Les professeurs
du collège royal de Pans, 8c autres tant de Paris
que des provinces qui reçoivent gages & pensions
du roy. — Les médecins, chirurgiens & apothi-
caires de Paris. — Les notaires des villes où il y a
parlement & autres cours supérieures. — Les juges
gardes des monnoyes des provinces. — Les avocats
des cours supérieures. — Les huissiers des cours
supérieures & requestes du palais. — Les crieurs
des corps & de vins de Paris. — Les directeurs par-
ticuliers des monnoyes. — Partie des aubergistes
de Paris. — Partie des fermiers & laboureurs.
DIX-HUITIÈME CLASSE : Dix Uvrss.
Les capitaines & lieutenans des bourgeoisies. —
Les commissaires aux revues. — Les capitaines &
majors de cavalerie & dragons. — Les ingénieurs
des places. — Les ayde-majors & capitaines des
portes. — Les recteurs, chanceliers, procureurs
des nations & supposts des universitez. — Les
substituts des procureurs du roy des présidiaux.
— Les médecins, chirurgiens & apothicaires des
villes du premier & du second ordre. — Les avo-
cats & procureurs du Chastelet de Paris. — Les
contrôleurs des taxes de dépens des conseils, par-
lemens & autres cours supérieures. — Les notaires
des villes du second ordre. — Les contrôlleurs des
deniers patrimoniaux & d'ociroy des villes du
premier ordre. — Les huissiers à verge, à cheval
8c à la douzaine du Chastelet de Paris. — Les
dizainiers de la ville de Paris. — Les experts &
greffiers de l'Ecritoire de Paris. — Les jurez ar-
chitectes. — Les mesureurs de bois, de charbon,
courtiers, jaugeurs & autres officiers de police St
des ports. — Les barbiers 8c perruquiers des villes
du premier 8l du second ordre. — Les artisans des
grosses villes tenant boutiques 8t employant des
garçons. — Partie des aubergistes de Paris. —
Partie des fermiers 8i laboureurs. — Partie des
vignerons.
Dix-NEuviÊHE CLASSE : Six Uvrcs.
Les capitaines 8( majors d'infanterie. — Les
gentilshommes n'ayant ny fief ny chasteau. —
Les regens, bedeaux 8c hiessagers des universitez.
— Les échevins, procureurs du roy, greffiers 8i
receveurs des deniers communs des petites villes.
— Les maires des bourgs clos. — Les receveurs
des consignations & amendes 8c Us commissaires
aux saisies réelles des justices royales. — Les no-
taires des petites villes. — Les contrôlleurs des
deniers patrimoniaux 8c d'octrois des villes du
second ordre. — Les huissiers audienciers des pré-
sidiaux. — Les bourgeois des petites villes vivant
de leurs renies. — Partie des aubergistes de Paris
8t ceux des villes fermées. — Les cabaretiers don-
nant à manger à pot 8c à assiettes. — Les artisans
des villes du second ordre, tenant boutiques 8(
employant des garçons. — Les messagers des peti-
tes villes 8c bourgs clos. — Les maistres des postes.
VINGTIÈME CLASSE i Trots Uvrcs.
Les lieutenans, sous-Iieutenans 8c enseignes d'in-
fanterie. — Les cornettes de cavalerie 8c dragons.
— Les écrivains principaux des vaisseaux &. des
galères. — Les mareschaux de logis de la cavalerie
8c dragons. — Les lieutenants 8c exempts des ma-
reschaussées. — Les gardes magasins d'artillerie.
— Les gardes marine. — Les archers de l'hostel
i6pj
672 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
finances sortis de ce milieu, on voit grandir l'importance financière des gens
de négoce & de métiers. Les marchands faisant commerce en gros sont inscrits
dans la onzième classe, à cent livres. Les bourgeois vivant de leurs rentes
dans les grosses villes sont cotisés à soixante livres 8< appartiennent à la trei-
zième classe; dans les villes de second ordre ils sont attribués à la quinzième
81 doivent payer quarante livres; dans les petites villes ils descendent à la
dix-neuvième, comme de simples gentilshommes.
Quant aux fermiers, la plus haute classe à laquelle ils s'élèvent est la
quinzième; les gros marchands tenant boutiques sont un rang plus bas, avec
les riches laboureurs, cotisés à trente livres. Les artisans des grosses villes,
tenant boutiques & employant des garçons, prennent la tête des ouvriers, dans
la dix-huitième classe, à dix livres; les autres s'échelonnent dans les catégo-
ries suivantes, d'après l'importance des centres de population dans lesquels ils
vivent. La dernière classe, à vingt sols, comprend outre les simples soldats S<.
les journaliers, tous les habitants des bourgs 8t villages qui, payant au moins
quarante sols de taille, n'étaient pas compris dans les classes précédentes.
Un article particulier de la déclaration visait les gens qui ne se trouveraient
pas précisément désignés dans les catégories pourtant si nombreuses du tarit
S< chargeait les commissaires répartiteurs de les cotiser sur le pied des classes
avec lesquelles ils auraient le plus de rapport par leur profession ou leur
qualité, les commissaires devant suivre régulièrement, d'année en année, les
mutations qui pourraient se produire dans la condition des personnes.
de ville de Paris, du prevost de l'Isle & du lieuic- noyés. — Les changeurs. — Les artisans des petl-
nant de robe courte. — Les juges des justices sei- tes villes & bourgs clos tenant ménage. — Les
gneuriales. — Les avocats & procureurs des pré- hôteliers & cabaretiers des bourgs clos. — Les
sidiaux & autres justices royales. — Les tiers meuniers dont les baux sont au-dessous de deux
référendaires des présidiaux & autres justices roya- rail livres. — Partie des fermiers & laboureurs. —
les. — Les contrôUeurs des taxes de dépens des Partie des vignerons.
présidiaux, bailliages & autres justices royales. —
Les échevins, procureurs du roy, greffiers & rece- vingt-unième classe : Dcuk livres.
veurs des deniers communs des petites villes & Les gensdarmes & chevaux-légers, les timbaliers
bourgs clos. — Les médecins, chirurgiens & apo- & trompettes desdites compagnies. — Les sergens
thicaires des petites villes & bourgs clos. — Les d'infanterie. — Les archers des raareschaussces.
greffiers collecteurs en Languedoc. — Les greffiers Les sergens des justices seigneuriales. — Les arti-
des rolles des tailles & autres impositions. — Les sans des bourgs & villages. — Partie des vignerons,
procureurs fiscaux & greffiers des justices seigneu-
riales. — Les huissiers, procureurs & sergens des vinct-deuxiè.«e & dernière classe : Vingt sols.
justices royales. — Les crieurs des corps & de vins Les soldats, cavaliers, dragons & matelots, trom-
des provinces, — Les jurez aulneurs de toile & le pettes, timbaliers, tambours & fiffres. — Les sim-
concierge de la halle aux toiles à Paris. — Les pies manœuvres & journaliers. — Et généralement
controlleurs des fermes. — Les experts & greffiers tous les habitants des bourgs & villages cotisez à
de l'Ecritoire des provinces. — Les arpenteurs des la taille à quarante sols &. au-dessus, qui ne sont
eaux & forests. — Les notaires & praticiens des point compris dans les classes précédentes.
bourgs Se villages. — Les contrôUeurs des deniers r ■ c .- -i 1 j /•
. . „ , Fait & arreste au conseil royal des finances,
patrimoniaux & d octroy des petites villes & ■ -.r m 1 j 1. ■ ■■ ■ 1 ■
, , , . tenu a Versailles, le dix-huitieme jour de janvier
bourgs clos. — Les substituts des procureurs du -, ■ . ■ . ■ c- ■ n
,..,,„ '^ mu six cent quatre-vingt-quinze, ùignc Piiely-
roy des petites villes & communautez. — Les ser- , ,
gens gardes des eaux & forêts. — Les essayeurs &
graveurs des monnoyes. — Les commis des mon- ■ Archivw de I.t Haute-Garonne. A. i5,
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. v 678
Quand un imposable, réunissant plusieurs qualités, donnerait lieu de l'ins-
crire en diverses classes, il ne serait capité qu'une fois, mais d'après le taux
le plus élevé. Les fils de famille, mariés ou pourvus de charges, devaient
être cotisés k part dans les rôles, bien qu'habitant la maison paternelle; les
enfants de famille, majeurs ou mineurs, jouissant du bien acquis par le décès
de leurs pères ou de leurs mères, payeraient le quart de ce que leur père
aurait dû payer; les veuves & les femmes séparées, la moitié de la taxe
imposée à leurs maris. Les receveurs ne pouvaient exiger aucun droit de
quittance, sous peine de concussion, 8c par dérogation spéciale aux édits,
toutes les procédures relatives à la perception étaient dispensées du timbre.
Enfin les contestations qui pourraient s'élever pour le fait de l'imposition
& du recouvrement, devaient être jugées sommairement & sans frais par les
intendants 8c commissaires départis.
L'affaire de la capitation des ecclésiastiques, réservée par l'acte royal, fut
débattue au mois de juin i6g5, dans l'assemblée du clergé de France, sous la
présidence de l'archevêque de Paris, François de Harlay Champvallon. L'as-
semblée examina la déclaration du 18 janvier, 8c jugea qu'il ne serait pas
honorable pour les ecclésiastiques d'être confondus avec les autres sujets de
Sa Majesté; qu'il valait mieux prévenir les désirs du roi par une offre volon-
taire, 8c que si la levée des taxes était commise à d'autres officiers qu'à ceux
du clergé, on pouvait craindre que ses droits 8c ses biens ne fussent pas assez
ménagés.
L'archevêque conféra de cet important sujet avec Louis XIV, à Trianon,
8c supplia le prince de convertir la capitation en don gratuit pendant toute la
durée de la guerre.
Louis XIV répondit qu'il souhaiterait pouvoir se passer des secours que
l'assemblée lui offrait, mais que l'état de ses affaires ne lui permettait pas de
suivre en cela son inclination, qu'il convertissait avec plaisir la capitation en
offre volontaire, moyennant une somme de quatre millions qui lui serait
payée jusqu'à la paix. Se dont le clergé ferait le recouvrement lui-même, étant
bien aise de donner au premier corps de son royaume cette marque de dis-
tinction 8c de reconnaître son dévouement.
L'archevêque de Paris eut ensuite divers entretiens avec Pontchartrain pour
régler les détails de l'opération. Comme les intendants taxaient divers mem-
bres du clergé qui se trouvaient, pour d'autres raisons, compris dans les classes
du tarif, des réclamations furent expédiées au ministre qui répondit le 12 juin :
« Le roi se contente toujours des quatre millions 8c consent que le clergé
« en fasse la répartition; il consent qu'il fasse le recouvrement sans que les
« officiers de Sa Majesté s'en mêlent. Il consent que vous y compreniez même
« les ecclésiastiques non payant décimes qui sont du clergé de France; ainsi
« tout ce que vous demandez vous est accordé. Mais quand vous dites qu'on
« taxe cependant les ecclésiastiques qui ne sont pas bénéficiers, j'ai ordre de
« vous répondre qu'il est vrai; mais que cela ne regarde en rien le clergé,
« puisqu'ils ne sont point taxés comme ecclésiastiques, mais comme officiers
XIII. 4^
169Ô
169a
674 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« de robe ou officiers de la maison du roi, ou seigneurs de fiefs, terres titrées
« ou autres biens purement séculiers St de patrimoine exprimés dans le tarif. »
Le lendemain, les prélats & les députés du second ordre votèrent tout
d'une voix la somme de quatre millions de livres, pour tenir lieu de la capi-
tation payable tous les ans jusqu'à la conclusion de la paix, & levée exclu-
sivement par les soins des officiers du clergé'.
Dans la province de Languedoc, quelques escadrons de dragons furent mis
en mouvement pour faciliter le recouvrement du nouvel impôt. Bâville alla
lui-même stimuler par sa présence le zèle des répartiteurs. Il visita tour à
tour la plupart des villes, où les bourgeois en usèrent avec beaucoup de pru-
dence dans la déclaration de leurs biens.
Quand il se rendit à Toulouse pour y faire exécuter l'édit, toutes les cor-
porations taxées l'envoyèrent saluer par députation à l'archevêcbé, & les reli-
gieux propriétaires de fieis lui adressèrent des harangues. La bourse des mar-
chands se montra des plus empressées à l'occasion de certains offices d'auditeurs
des comptes qu'on voulait lui faire prendre. Les artisans furent assemblés par
un officieux à l'hôtel de ville, mais s'excusèrent sur leur pauvreté. Les mar-
chands offrirent sept à huit mille livres; leur prieur, qui voulait faire sa
cour, engagea le corps de la bourse jusqu'à seize mille cinq cents livres 8<.
s'attira de la part de l'intendant les démonstrations d'amitié les plus gra-
cieuses. Peu de jours après, il sollicita quelque modération de taxe pour lui-
même 81 pour sa parenté, faveur que Bâville refusa péremptoirement.
Les bureaux des commissaires furent installés à l'archevêché au nombre de
quatre; le premier était tenu par le maire & deux capitouls, les autres par
deux capitouls seulement, mais à chacun s'adjoignaient sept à huit bourgeois.
Malgré ses précisions, le tarif laissait encore une assez large place à l'arbi-
traire, à cause de la difficulté de classer exactement beaucoup de particuliers.
L'intendant, qui voulait de fortes taxes, 8c qui avait composé chaque bureau
de gens à sa discrétion, se promenait d'une table à l'autre, 8<. résolvait toutes
les questions douteuses dans le sens du maximum. Il paraît que beaucoup
d'iniquités s'accomplirent dans cette répartition. Les commissaires ne man-
quèrent jamais de classer parmi les pauvres presque tous les bourgeois leurs
confrères 8c de placer même les plus opulents au rang des médiocres. Par
contre, ceux qui n'avaient point de protecteurs dans les bureaux étaient
réputés fort riches, 8c l'on compensait à leurs dépens les diminutions dont les
autres bénéficiaient. Les taxes de la capitation à Toulouse dépassèrent d'abord
quatre-vingt mille livres, à la grande satisfaction de l'intendant^.
Mais la perception fut lente; on appréhendait beaucoup de mauvais vou-
loir; il se produisit même quelques désordres, il fallut retenir les gages des
■ Collection des proces-verhaax des assemhlêes gé~ fut alors confirmé dans l'opinion qu'il avait « du
nérales du clergé de France, VI, c. i55. Séance du caractère des Toulousains, qui est d'avoir beaucoup
|3 juin 1695. de jalousie ou d'émulation les uns pour les autres,
' D'après le Testament syndical de Lafaille, au- de ne s'aimer pas beaucoup & de favoriser plus
quel nous empruntons ces détails (p. 83), Bâville volontiers les étrangers que leurs compatriotes. »
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 676
officiers & les rentes des créanciers de la ville, &, comme la misère était
grande, les non-valeurs prirent des proportions considérables. C'est dans la
salle des jeux floraux, autour du tapis vert des académiciens, que s'assem-
blaient les commis, sous la conduite des directeurs. Ce qui rendait surtout la
taxe odieuse, avec les gens chargés de la percevoir, c'est que les prescriptions
de la déclaration royale & du tarif étaient impudemment violées. Ainsi, tel
pauvre gentilhomme sans terres, qui, d'après le règlement du conseil des
finances, devait être taxé à six livres, n'ayant pas d'ami dans le bureau, se
voyait cotisé à soixante livres, comme un grjos bourgeois vivant de ses rentes;
& tel opulent personnage qui possédait lief, château Se seigneurie de paroisse,
Se qui à ce titre se rangeait de droit dans la dixième classe 8c devait payer
cent vingt livres, était, grâce à la complaisance des répartiteurs, rejeté dans
la dix-neuvième & ne payait que six livres. Il se faisait d'ailleurs, parmi les
commissaires, un véritable commerce de voix. Ainsi l'indélicatesse 8c la véna-
lité d'agents subalternes détruisait l'effet des vues équitables du monarque 8c
compromettait cette proportion des ressources aux charges qui avait inspiré
la nouvelle création fiscale'.
L'établissement de la capitation, véritable impôt proportionnel à la fortune
présumée de tous les Français, sans distinction de qualité ni d'origine, n'em-
pêchait point le conseil du roi de pratiquer simultanément tous les autres
systèmes connus d'imposition 8c de continuer des appels de fonds sous les
formes les plus diverses.
Les aliénations du domaine royal se poursuivaient, au grand mécentente-
ment des peuples qui aimaient infiniment mieux, pour mille raisons, être les
vassaux directs du souverain, c'est-à-dire de l'Etat, que d'un gentilhomme de
province ou d'un bourgeois enrichi. Les contrats que signaient les commis-
saires du Louvre pour reconstituer des seigneuries particulières par le démem-
brement de fiets depuis longtemps réunis aux possessions de la couronne, s'ils
rehaussaient la vanité de certains personnages qui ne tardaient pas à dissi-
muler leur caractère de simples engagistes pour affecter le rôle de petits
dynastes territoriaux, étaient, aux yeux du pays, une des expressions les plus
désagréables de la détresse financière. Si Louis XIV eût convoqué les États
généraux, il n'est point douteux que les vieilles protestations des trois ordres
contre les ventes 8c reventes du domaine royal ne se fussent énergiquement
renouvelées. Le silence imposé à la nation pouvait seul préserver le ministère
de ces remontrances importunes.
Du reste, la nécessité de battre monnaie, à quel prix que ce pût être, l'en-
traînait à d'étranges conceptions, 8c, pour les justifier, il ne craignait pas
d'affirmer des propositions quelque peu dangereuses 8c médiocrement con-
' On lit à ce propos dans le Testament syndical, cadence du capitoulat, qui étoit tombé dans la
p. 34 : décrépitude. En effet, tous ceux qui entroient
« Je me suis si fort étendu sur le procédé du dans ces charges, depuis quelque temps, ne son-
maire, assesseurs, capitoult & commissaires de la geoient qu'à se refaire & nullement aux affaires
bourgeoisie, pour vous faire voir la grande dé- de In ville. »
1695
1696
1696
6-]6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
formes aux principes de stabilité de la monarchie. C'est ainsi que l'édit du
mois de mars 1696, « pour l'anoblissement de cinq cents personnes, » en
d'autres termes, pour la mise en vente de cinq cents lettres de noblesse, débute
par la déclaration suivante :
« Si la noble extraction & l'antiquité de la race qui donnent tant de dis-
« tinction parmi les hommes n'est que le présent d'une fortune aveugle, le
« titre 8c la source de la noblesse est un présent du prince qui sait récom-
« penser avec choix les services importants que les sujets rendent à leur patrie.
« Ces services, si dignes de la reconnoissance des souverains, ne se rendent
« pas toujours les armes à la main. Le zèle se signale de plus d'une manière
« & il est des occasions où en sacrifiant son bien pour l'entretien des troupes
<( qui défendent l'Etat, on mérite en quelque sorte la même récompense que
« ceux qui prodiguent leur sang pour le défendre. C'est ce qui nous a fait
« prendre la résolution d'accorder cinq cents lettres de noblesse dans notre
« royaume pour servir de récompense à ceux de nos sujets qui en les acqué-
« rant par une finance modique contribueront à nous fournir les secours
<i dont nous avons besoin pour repousser les efforts obstinés de nos ennemis'. »
On voit que le gouvernement royal se faisait révolutionnaire sous l'ai-
guillon de la nécessité & qu'il n'attendait pas Beaumarchais pour traiter
fort cavalièrement les distinctions de la naissance. Entre « le présent d'une
« fortune aveugle » & « s'être donné la peine de naître » il n'y a qu'une
différence de formule & de ton, l'un étant de style noble & l'autre de style
tempéré 5 mais le prestige du second ordre de l'Etat ne laisse pas que d'être
également atteint par les deux apophtegmes. Quant à l'assimilation des ser-
vices rendus par l'homme d'épée qui paie de sa vie l'illustration de sa race
aux secours d'argent fournis par le financier qui profite des embarras du trésor
pour acquérir des distinctions héréditaires au détriment de ses compatriotes,
elle n'est pas non plus d'une moralité très-haute; mais elle trahit surtout la
décadence de la noblesse, le déplacement des influences & la constitution
encore confuse d'une nouvelle aristocratie.
Les acquéreurs des cinq cents lettres d'anoblissement de 1696 pouvaient
prendre la qualité d'écuyer h. la transmettre à leurs descendants, avec les
autres privilèges de l'ordre. Comme on avait à cœur de tirer un bon prix de
cette vente, & que l'argent se trouvait principalement dans les familles de
commerce, il fut déclaré, par un article exprès, que les négociants & mar-
chands en gros pourraient continuer leur profession sans déroger. On crai-
gnait que l'obligation de « vivre noblement » & de renoncer à des bénéfices
considérables n'éloignât du marché nobiliaire les chalands les plus capables
d'en rehausser les cours.
Vers la fin de la même année, & sous l'impulsion de causes identiques, on
s'avisa d'une autre invention, celle d'une taxe proportionnelle sur les armoi-
' Édit du roy pour l'anoblissement de cinq Fonds du Parlement de Toulouse. Èditi &■ dédu-
cents personnes. Arehiyes de la Haute-Garonne. rations. XXX, f io5.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 677
ries. Depuis le commencement du siècle, l'usage des écus armoriés s'était
beaucoup répandu. Sans parler de l'ancienne noblesse militaire, qui gardait
religieusement les emblèmes teints du sang de ses aïeux, l'innombrable famille
des anoblis, tant de judicature que de noblesse ou de cloche, faisait grand
usage d'insignes héraldiques Si il n'était guère de personnage élevé au-dessus
du commun par son emploi ou sa fortune qui ne se piquât d'imiter aussi les
gentilshommes.
Il parut donc, au contrôleur des finances, toujours en quête d'expédients,
qu'on pourrait créer une nouvelle source de revenus en exigeant l'enregistre-
ment de toutes les armoiries, & ce fut l'objet de l'édit de novembre 1696'.
Comme d'habitude, le but réel de l'opération était déguisé. L'exposé des
motifs mentionnait les efforts tentés sous plusieurs règnes « pour retrancher
'< les abus qui s'étoient glissés dans le port des armoiries 8c prévenir ceux qui
« s'y pourroient introduire dans les suites; » la création d'un maréchal
d'armes, en 1487, par le roi Charles VIII, « pour écrire, peindre 81 blasonner
" dans des registres publics le nom 8c les armes de toutes les personnes qui
« avoient droit d'en porter; » la requête adressée en 1614 au roi Louis XIII
par la noblesse de France, sollicitant une enquête « de ceux qui auroient
« usurpé des armoiries au préjudice de l'honneur 8c du rang des grandes
i( maisons 8c anciennes familles; » l'établissement d'un juge d'armes fait
en i6i5, à la suite de ces démarches, 8c conformément aux ordonnances de
Charles IX 8c d'Henri III, des années i56o 8c 1579; ce juge d'armes, qui
était chargé de « dresser des registres universels dans lesquels il emploieroit
<t les noms 8c les armes des personnes nobles, » avec le concours des baillis
8c sénéchaux départis dans les provinces, n'avait pu réussir, faute d'autorité
suffisante sur ces officiers, à établir des recueils assez authentiques « pour
« conserver le lustre des armes des grandes 8c anciennes maisons 8c donner
« de l'éclat à celles des autres personnes qui, par leur naissance, leurs charges
« 8c emplois, leurs services ou leur vertu, ont le droit d'en porter. » L'œuvre
n'était donc pour ainsi dire qu'ébauchée, 8c le roi se proposait d'y mettre la
dernière main.
Il créait une grande maîtrise générale 8c souveraine chargée de régler sans
appel toutes les questions héraldiques. Cette compagnie, organisée sur le pied
des autres juridictions exceptionnelles, comprenait, outre le grand-maître 8c
le grand-bailli 8c sénéchal, quinze officiers portant le titre de conseillers du
roi 8c vingt agents subalternes. Elle devait avoir au-dessous d'elle le nombre
de maîtrises particulières « qui seroit jugé à propos » composées chacune de
dix officiers.
La charge de juge d'armes était supprimée.
Le roi ordonnait que, dans le délai de deux mois après la publication, ses
' Edit du roy portant création d'une grande compagnies, corps & communautés du royaume
maistrise souveraine, avec un armoriai général ou & des maistrises qui seront jugées à propos'.
dépôt publia des armes & blasons de toutes les , . u- j t u • r- c j j r> i _ „. j„
r r T « Archives de la Haute-Garonne. Fonds du Parlement d«
personnes, provinces, villes, terres, seigneuries, Toa\ouf.e. Éditt 6 déclaraliom. XXX, f° m.
1696
—^ — 678 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
propres armes, celles du dauphin, des princes du sang, des grands officiers
de la couronne, des gentilshommes, provinces, villes, terres, seigneuries,
corps Si communautés du royaume seraient présentées aux. maîtrises particu-
lières, puis transmises à la grande-maîtrise pour être enregistrées.
Tous les officiers d'épée, de rohe ou de finances, les membres des munici-
palités, les ecclésiastiques, les gens du clergé, les bourgeois des villes franches
8c les diverses personnes ((ui jouissaient à cause de leurs emplois de quelques
exemptions, privilèges ou droits publics, jouiraient aussi du droit de porter
des armes, à condition de remplir la même formalité, sous peine de déchéance.
« Et, continue le texte de ledit, pour ne pas priver de cette marque d'hon-
a neur nos autres sujets qui possèdent des fiefs 8c terres nobles, les personnes
« de lettres 8c autres qui, par la noblesse de leur profession, de leur art ou
« par leur mérite personnel, tiennent un rang d'honneur 8c de distinction
« dans nos États &c dans leur corps, compagnies 8c communautés 8c généra-
« lement tous ceux qui se seront signalés à notre service dans nos armées,
« négociations 8c autres emplois remarquables, voulons que les officiers de la
« grande-maîtrise leur en puissent accorder lors([u'ils en demanderont, eu
<( égard à leurs états, qualités &c professions; nous nous réservons le droit de
<i donner 8c octroyer de nouvelles pièces d'honneur 8c de distinction pour
Il ajouter aux anciennes de ceux de nos sujets que nous en jugerons dignes
« sur le rapport (jui nous en sera fait par les officiers de la grande-maîtrise. »
Passé le délai prescrit, défense était faite à gens de toute condition de
porter publiquement armoiries non enregistrées, à peine de trois cents livres
d'amende, dont un tiers applicable au dénonciateur, 8c de confiscation des
meubles ou effets armoriés.
La même peine était réservée à ceux qui usurperaient les armes d'autrui
ou qui, après avoir fait recevoir 8c enregistrer les leurs, en changeraient les
partitions, écartelures 8c émaux, augmenteraient ou diminueraient les pièces
ou figures, en pervertiraient les positions 8c situations.
Toutes les armoiries enregistrées dans le dépôt public désigné sous le nom
d'armorial général, devaient en outre être expédiées en brevets, à destination
des titulaires, contenant l'explication écrite 8c la représentation coloriée des
blasons. Ces brevets, dont les bureaux des maîtrises particulières feraient la
remise aux intéressés, seraient de simples certificats d'enregistrement 8c ne
pourraient, en aucun cas, être tirés à conséquence pour preuve de noblesse;
réserve curieuse qui montre bien que, tout en affectant la prétention de créer
un livre d'or du royaume, les inventeurs de l'institution ne s'en exagéraient
pas la valeur.
Les armoiries ainsi réglées devenaient patrimoniales 8c pouvaient être
mises sur les édifices, les tombeaux, les chapelles, sur les vitraux 8c les litres
funèbres des églises paroissiales où les usages particuliers autorisaient ce pri-
vilège, comme aussi employées à la décoration des meubles 8c des tentures 8c
servir en guise de cachets.
Un tarif particulier, annexé k l'édit, détcnninaii les droits d'enregistré-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÈDIT DE NANTES, 670 TT"
' ' 1690
ment, qui varaient de quinze livres à trois cents. La plus haute taxe était
réservée aux armoiries des provinces & des grands gouvernements; les villes
épiscopales, les archevêchés, les universités, les maisons chefs d'ordres, les
compagnies supérieures, parlements ou cours des comptes, devaient payer
cent livres. Au dernier rang figuraient les simples fiefs Se les simples héné-
fices. Outre le tarif, deux sols pour livre étaient imposés au contribuable'.
Le roi attribuait les droits d'enregistrement aux acquéreurs des divers offices
de la grande-maîtrise 8c des maîtrises particulières, plus cent cinquante mille
livres de gages annuels à répartir entre eux. Il leur assurait l'anoblissement
ainsi que l'hérédité, moyennant le payement du vingtième denier de la pre-
mière finance à chaque mutation de titulaire.
Il en arriva de ces offices, comme de toutes les autres créations analogues,
si fréquentes durant cette période d'embarras financiers. Ce fut un traitant
qui en fit l'acquisition en bloc. Maître Adrien Vanier se chargea d'exploiter
la nouvelle ferme, d'établir des bureaux dans les provinces Se d'opérer, par
l'intermédiaire de ses agents, l'immatriculation de toutes les armoiries du
royaume.
Dans la séance du 22 janvier 1697, qui fut la dernière de la session, le j^TT"
cardinal-président annonça aux Etats que, par son édit du mois de novembre
précédent, le roi avait ordonné l'établissement d'un armoriai général où
devaient être enregistrées toutes les armoiries, tant des provinces & corpora-
tions que des particuliers. Le pays de Languedoc ayant toujours donné
l'exemple aux autres parties du royaume & s'étant constamment distingué
par son zèle dans toutes les occasions qui intéressaient le service du roi, l'ar-
chevêque de Narbonne ne doutait pas cjue l'assemblée ne se portât volontiers
' Tabif its sommes ^ue le roi en son conseil veut cathédrales & abbayes, 53 1. — Pour celles des
& orAonne estre payées pour le droit d'enregistrement autres chapitres, des prieures, maisons convcn-
des armoiries, en exécution de l'éiit du présent tuelles & régulières, commanderies & autres béné-'
mois : fices qui ont droit de nomination ou autres droits
Pour l'enregistrement des armoiries de chacune publics, 25 1. — Pour l'enregistrement de celles
psrsonne, 20 livres. — Pour l'enregistrement de de tous autres bénéfices, s'il est demandé, i5 1. —
celles des pro-rinces, pays d'Estats & grands gou- Pour l'enregistrement des armoiries des corps &
vcrnemens, 3oo 1. — Pour celles des Tilles où il compagnies supérieures, s'il est demandé, lool..^
y a archevesché, évesché ou compagnie supérieure. Pour pareil enregistrement de celles des corps de
iQO 1. — Pour celles des autres villes, 5^ 1. — ville, offices & communautés laïques & séculières
Pour l'enregistrement des armoiries des duchés & 8t des arts & métiers établis dans les villes où il
pairies s'il est demandé, 5o 1. — Pour semblable y a archeveschés, éveschés ou compagnies supé-
tnregistrement de celles des comtés & marquisats, rieures, 5o 1. — Et pour l'enregistrement de celles
^o 1. — Pour semblable enregistrement de celles des autres compagnies, corps & communautés, s'il
des vicomtes, baronnies ou vidamies, 3o 1. — est aussi demandé, 25 1.
Pour semblable enregistrement de celles des fiefs Outre lesquelles sommes ci-dessus il sera encore
& terres qui ont haute, moyenne & basse justice, payé pour le premier enregistrement les deux sols
2o 1. — Pour semblable enregistrement de ceux pour livre d'icelles.
qui ont moyenne & basse justice, i8 1. — Pour Fait & arresté au conseil royal des finances
l'enregistrement de celles de simples fiefs s'il est tenu par Sa Majesté à Versailles le 20' jour de
pareillement demandé, i5 1. — Pour celles des novembre 1696'.
«rchevéchés, maisons chefs d'ordre & universités, , , • j 1 u . /- •■ j x r, , . <„
' . ' ' Archive* de I» Haute-Garonne, ronds du Parlement Je
100 I. — Pour celles des éveschés, chapitres des Tou\ouic. Édils & ttcclaralions. XXX, {' m.
1697
68o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
à suivre en cela l'intention royale & à payer la première la somme de trois
cents livres suivant le tarif arrêté au conseil. Les États n'eurent garde de
refuser cette faible contribution & ordre fut donné au trésorier de la bourse
d'en faire le versement Se d'en rapporter quittance à la prochaine assemblée'.
Cette institution de l'armoriai général, si elle eût été autre chose qu'une
opération purement fiscale 8c si des héraldistes instruits en avaient reçu la
direction, aurait pu laisser à la postérité un monument historique digne d'in-
térêt. Malheureusement la question de blason n'était qu'un prétexte; l'unique
affaire dont le conseil eût souci dans cette opération était le payement des
taxes. En obligeant quiconque usait d'armoiries à les faire peindre &. décrire
moyennant finances dans un registre officiel, on n'avait pour but que d'ajouter
une forme nouvelle d'imposition à toutes celles qui existaient déjà, sans
aucune préoccupation de critique ni d'art, 8t l'on ne s'inquiétait point de
l'exactitude des indications fournies par les intéressés, pourvu qu'il y eût
matière à quittance. Aussi l'autorité de ce vaste recueil, dont les volumes
remplissent plusieurs rayons de la Bibliothèque nationale, est-elle fort con-
testable. Il n'est pas rare que des armes très-connues y soient absolument
dénaturées, soit dans leurs émaux, soit dans leurs pièces.
D'ailleurs, comme on témoignait peu d'empressement pour se soumettre à
la taxe & que d'innombrables catégories de personnes étaient condamnées de
par l'édit à faire enregistrer un blason quelconque, les commis chargés de
cette besogne finirent par attribuer des armoiries d'office à tous les contri-
buables qui ne se présentaient pas, &, pour s'épargner des efforts d'imagina-
tion, ils jugèrent ingénieux d'établir un système de roulement régulier d'après
lequel se combinaient mathématiquement par séries toutes les charges 5c tous
les émaux usités en héraldique. Dès lors, inutile de chercher aucune appro-
priation des armes officielles, au nom, à la qualité, aux services de la per-
sonne qui en est affublée. C'est une véritable loterie où le hasard seul de
l'inscription décide. Tel jour, le commis ne distribue que des fasces, fasce
d'or sur gueules, sur azur, sur sinople, sur pourpre, sur sable, sur hermine,
sur contre-hermine, sur vair, sur contre-vair; puis fasce de gueules sur or,
sur argent, sur hermine, sur contre-hermine, sur vair, sur contre-vair; puis
fasce d'azur, & ainsi de suite jusqu'à complet épuisement des combinaisons
possibles. Peu importe que le personnage doté de ces armoiries à la douzaine
soit militaire, magistrat, bourgeois, ecclésiastique; les communes elles-mêmes
& les corporations n'échappent point à la tyrannie égalitaire de la série ^.
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance La commune de Mazerettes : tiercé en pal d'or,
du 21 janvier 1697. de sable & d'argent. (XIV, 895.)
'Les types suivants, pris au hasard, permet- Les cordonniers de Castres : tiercé en pal d'azur,
:ront d'apprécier cette étrange répartition de bla- d'or & de sable. (XIV, 896.)
sons similaires entre corporations fort disparates : La commune d'Argut : tiercé en pal de sinople.
Le collège Saint-Bernard de Toulouse : tiercé de sable & d'argent. (XIV, 896.)
en pal de gueules, d'or & de sinople. (XIV, 890.) La commune de Huos : tiercé en pal d'or, de
Les religieuses de Notre-Dame du Sac : tiercé sinople & d'argent. (XIV, 897.)
en pal de sable, d'or & d'azur. (XIV, 893.) Nous avons relevé aussi plus de trente commu-
LIV. IIi. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 68i
Pourvu qu'en regard du nom de l'individu ou de l'être collectif imposable
figure un écu enluminé 8<. une description conforme à la terminologie des
héraldistes, le commis est satisfait 8c le but de l'édit se trouve atteint. Assi-
gnation en payement de taxe peut être transmise aux défaillants : le traitant
de l'armoriai ne souhaite rien de plus.
Cette façon arbitraire de répartir charges & couleurs qui se révèle par une
inspection un peu attentive des registres de l'armoriai, explique à merveille
les contradictions que divers historiens ou archéologues provinciaux ont plus
d'une fois signalées entre les armes de certaines communes telles que les
donne le recueil officiel & telles que les montrent les documents locaux 8c
authentiques. Il n'y a pas à hésiter entre les deux types, lorsque le type
indigène présente une particularité caractéristique 8c que l'armoriai offre au
contraire un blason banal. La seule conclusion à tirer de ce dualisme, c'est
que la commune n'avait présenté elle-même aucune peinture ou description
d'armoiries à l'enregistrement 8c que le commis s'est borné à lui décerner
l'écusson du jour, sans autre enquête ni forme de procès.
Ainsi se manifeste, jusque dans ces menus détails, la décadence des mœurs
passées 8i le progrès croissant de la routine des bureaux. Même dans ces
questions d'armoiries qui semblent être un hommage aux traditions féodales,
on reconnaît les marques d'une société qui disparaît, 8c la brutalité des
enlumineurs fiscaux laisse comprendre que l'âge d'or des hérauts Se des juges
d'armes est envolé sans retour.
Les membres du Parlement, qui ne négligeaient aucune occasion de
rehausser leur dignité particulière avec celle de leur compagnie, résolurent
de faire enregistrer en corps leurs armes personnelles à côté de celles de la
cour.
Les trésoriers de France agirent de même. Le maire de Toulouse pro-
posa au corps capitulaire d'imiter cet exemple; mais le conseil de bourgeoisie
se contenta de voter les cent dix livres de taxe fixées par le tarif pour les
villes pourvues de compagnies supérieures', 8i d'exhorter les capitouls en
lies auxquelles furent donnés des écus chargés Bureau & présenté les Armes pour être enregis-
d'une fasce losangée à deux émaux : argent & trées à l'Armoirial gênerai, & m'a payé, SçaToir,
sinople, argent & sable, sur or : or & azur, or & pour les Droits d'Enregistrement suivant le Tarif
gueules, or & sinople, or & sable, argent & azur, cent livres pour les deux sols pour livre dix
argent & gueules, argent & sinople, argent & livres & trente sols pour tous les autres frais
sable, sur gueules, &c., &c. (XV, iSSi-iSSy.) réglez par Arrest du Conseil du ïo Novembre der-
' Voici la formule de quittance de l'Armoriai nier, promettant luy délivrer le brevet dudit
délivrée au syndic de la ville de Toulouse : Enregistrement en me rapportant le présent. Fait
à Toulouse le vingt-sixième jour d e février
REG. Armoiries des Domaines, Communautcz & Gens mil six cens quatre-vingt dix sept.
Art. I de Main-Morte.
DE PARAIGE.
JE Commis à la Recepte des Droits d'Enregistré- Récépissé de iti' to:
ment des Armoiries ordonné estre fait par Edit n , ul < <• ■ j-
. . '^ . Conlrollé les an & ;our susdit '.
du mois de Novembre dernier f Reconnois que
M.' yi" Pierre Bailot cncien Capitoul, & sindia de , a..^i,-.- j t i ^ i» ■ • c ■ j . j
'^ , ' ' ' Archives de Toulouse. Piecet a l appui des complet de
la ville de Toulouse a ce jourd'hui apporté en ce l'année tOgj.
1697
~ 682 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
charge 8c les anciens à grouper leurs armoiries à la suite du blason muni-
cipal, en payant chacun les vingt livres d'ordonnance'.
La communauté des maîtres marchands de Toulouse fit inscrire un magni-
fique écusson « d'azur, au navire d'or, équipé d'argent, ayant sur la poupe
« une corne d'abondance d'or &c une main de carnation mouvante du flanc
« senestre, qui tient trois branches d'olivier de sinople^. »
Quant aux corps de métiers, quoique, en général, ils fussent très-jaloux
de toutes les distinctions extérieures & marques d'honneur pouvant contri-
buer à relever l'éclat de leurs réunions, il ne paraît pas qu'ils se soient mon-
trés fort empressés à payer l'impôt héraldique, si l'on en juge par le caractère
des armes qui leur furent attribuées. Quelques-uns, il est vrai, ont des
emblèmes qui se rattachent d'une façon plus ou moins directe à leur profes-
sion} ainsi les maîtres tonneliers de Toulouse portent « d'argent à un taille-
« fond de gueules, un compas d'azur 8t un maillet de gueules rangés en
« fasce; » les maîtres vitriers & peintres, « d'azur à une fleur de lis d'or
« posée en cœur accompagnée de trois écussons d'argent, deux en chef Se un
« en pointe, » allusion à la peinture d'armoiries qui faisait la principale
besogne de ces artistes; les pâtissiers 8c rôtisseurs de Montpellier portent
« d'azur à un saint Laurent de carnation vêtu d'argent, la dalmatique d'or,
« tenant de sa main dextre un gril d'argent 8c de la senestre une palme d'or,
« au chef cousu de gueules, chargé d'un couteau d'argent, accosté de deux
« pâtés à la cardinal d'or; » les bonnetiers du Puy, d'azur à une paire de
« ciseaux d'argent surmontée d'un chardon de même; » les cordonniers de
Pamiers, « de sable à un tranchoir d'argent en chef Se un soulier de même
« en pointe, « les marchands de soie de Nimes, « d'azur à deux vers à soie
« d'argent en papillon, sortant de leurs coques d'or; » les marchands de toile
de la même ville, « de gueules à un rouleau de toile d'argent mis en fasce,
« accompagné d'un soleil d'or en chef, accosté de deux étoiles de même, 8c
« en pointe d'une demi -aune d'argent couchée en fasce, les divisions de
« sable; » les tondeurs de drap, « d'argent à des forces de tondeur de sable,
« l'écu semé de fleurs de lis d'argent. » Quelquefois aussi les corporations
industrielles se sont contentées d'arborer pour armoiries l'image du saint dont
elles honoraient le patronage 8c dont la fête servait de prétexte à leurs réjouis-
sances annuelles^; mais un très-grand nombre de métiers ne figurent à l'ar-
' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, ' II y a aussi des armes mixtes, où les figures
XXXIV, p. 270, Conseil de bourgeoisie. Séance pieuses se combinent avec les attributs profession-
du 8 février 1697. — Indépendamment des armes nels. Quelques-unes sont d'une extrême compli-
de la ville, nous voyons par VArmorial général cation. Nous citerons particulièrement celles de la
que l'on inscrivit un blason particulier sous le communauté des maîtres chirurgiens de Montpel-
nom de « la Communauté des habitants de la ville lier (XV, 63) ; d'or à saint Cosme & saint Damien
de Toulouse, i> afin d'avoir occasion de percevoir de carnation habillez de gueules, la chemise d'ar-
cmquante livres de plus. On leur donna : « d'or gent, le bonnet de sable, saint Cosme tenant de la
à une billette de sable. » main senestre un estuy de sable garni de rasoirs,
' Bibliothèque naiioniAe, Armoriai général, WV , lancettes & ciseaux de même, saint Damien tenant
f*" 463. de la main dextre une boîte d'azur, accostez des
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
683
morial qu'avec des blasons purement arbitraires, qui ne rappellent ni un
détail de culte ni un instrument de travail : bandes, barres, chefs, pals,
sautoirs, lozanges, se sont répartis au hasard, sans autre loi que l'ordre de
série.
Les communautés ecclésiastiques échappent généralement à ces caprices $
elles ont presque toutes des emblèmes particuliers, souvent très-complexes.
Celles qui sont d'ancienne fondation reproduisent d'ordinaire, adaptées tant
bien que mal au cadre héraldique, les figures ou les symboles de leurs sceaux
dont elles copient assez fréquemment la légende en forme de devise'. Celles
1697
quatre lettres S. C. S. D. de sable; sous la terrasse
d'argent 1692 de sable, & autour un cordon de
feuilles d'or, l'inscription scel pocb les m" Clii-
r.lRGIENS DE MONTPELLIER ET SV SÉNÉCHAUSSÉE.
Les apothicaires de Montpellier (XV, 627) :
d'aziir à un saint Roch de carnation, le manteau
d'or, habillé de gueules, le rochet de sable, le
chapeau d'argent, tenant en sa main dextre une
coupe couverte de même, pleine de médicaments;
en sa senestre un bourdon aussi d'argent, sortant
de sa bouche un rouleau de même avec ces mots :
NIHIL PBECiosiis, un chien assis sur ses- pieds de
derrière sur un livre, la tête contournée, tenant
un pain à sa gueule; le tout d'argent enfermé
d'un grénetis d'or, écrit autour sur argent sigil-
LCM FACVLTiTIS PHARMACIE MONSFELII de sable &
un cordon de feuilles d'or.
Les paveurs & plâtriers de Montpellier (XV,
871) : d'argent à une N. D. de carnation, vêtue
d'une robe de pourpre 81 d'un manteau d'azur
tenant en sa main dextre un sceptre d'or accom-
pagnés en chef de deux plombs volants de sable
attachez à un cordeau d'or & en pointe de deux
truelles de sable emmanchées d'or.
' Nous ne croyons pas sans intérêt de donner
ici, d'après l'Armoriai général, la description des
armes de quelques chapitres importants de Lan-
guedoc :
Chapitre de l'église métropolitaine de la ville
d'Albi (XIV, 219) : de gueules à une croix pattée
& ancrée à l'extrémité d'en haut & au pied fiché
d'or chargée d'une agate ovale & de pierreries de
diverses couleurs sommée d'un globe d'argent, en-
touré d'un cercle bordé de huit perles d'argent
accompagnées de quatre croix d'or, deux enhen-
dées Si à double traverse suspendues au bout de
son ancre avec des chaînettes de même & deix
anglées de perles & bourdonnées suspendues à sa
traverse, accostées de deux lozanges d'or aussy
suspendues avec des chaînettes de même aux ex-
trémités de la croix.
Chapitre de l'église métropolitaine piimatiale
cathédrale Saint-Just & Saint-Pasteur de Nar-
bonne (XV, 73) : d'argent à une croix de gueules.
Chapitre Saint-Étienne de Toulouse (XIV, 168);
de pourpre à une croix fleuronnée d'argent can-
tonnée de douze cailloux, trois à chaque canton
posés deux & un de même, parti de gueules à une
demi croix de Toulouse qui est vuidée, cléchée &
pommetée d'or.
Chapitre de l'église cathédrale d'Alais(XV,6(5(5) :
d'azur à deux clefs d'argent passées en sautoir,
surmontées d'une tiare d'or.
Chapitre d'Agde (XV, 556) : d'azur k un anne-
let d'or.
Chapitre de Carcassonne (XIV, 524) : d'or à
deux saints martyrs de carnation habillez de gueu-
les, celuy à dextre, tenant de sa main dextre une
palme de sinople, & de sa senestre un livre ouvert
d'or & soutenu d'une N de gueules; celuy à se-
nestre tenant de sa main dextre un livre ouvert
d'or, & de sa senestre une palme de sinople, &
soutenu d'un C de gueules & une bordure d'azur
chargée de ces mots en caractères de sable Capitu-
LtM ECCLBSIAE CarCASS.
Chapitre de l'église cathédrale de Castres (XIV,
53i) : écartelé au premier & quatrième d'azur à
une tour d'argent maçonnée de sable, au deuxième
& troisième de gueules à un B d'or.
Chapitre de l'église cathédrale de Saint-Alain de
la ville de Lavaur (XIV, 555) : d'azur à une tour
crénelée & couverte d'argent, maçonnée de sable,
sommée de trois donjons ouverts, crénelée & ma-
çonnée de même, celuy du milieu supérieur aux
deux autres.
Chapitre de l'église cathédrale de Lodève (XV,
3o6) : d'azur à une croix d'or.
Chapitre de la cathédrale de Mende (XVI, SîS) :
d'or à quatre pals de gueules & un chef d'azur
chargé d'un buste d'évêque mitre d'or.
Chapitre de l'église cathédrale de Mirepoix (XV,
407) : d'azur à trois poissons d'argent posés en
fasce l'un sur l'autre.
Chapitre de l'église cathédrale de Montauban
(XV, I 137) : écartelé au premier & quatrième d'or
à un lion de sable, couronné, lampassé & armé
de gueules, au deux & trois d'azur à un bâton écoté
de cinq pièces, trois dessus & deux dessous posé
1097
684
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
qui sont d'institution plus récente multiplient ces emblèmes de dévotion
moderne qui marquent dans l'iconographie chrétienne une évolution aussi
en fasce, alaise d'or, accompagné en chef de trois
étoiles rangées de même & en pointe d'une hure
de sanglier aussi d'or.
Chapitre de l'église cathédrale de Saint-Pierre
de Montpellier : de gueules à une main dextre
cherée d'argent habillée de mesme mouvant du
flanc senestre de l'écu & tenant de sa main deux
clefs l'une d'or & l'autre d'argent posées en pal.
(XV, 57.)
Chapitre de l'église cathédrale de Nimes (XV,
742) : de gueules à une croix vuidée, clechée &
pommelée d'or.
Chapitre de l'église cathédrale de Notre-Dame
du Puy (XV, 367) : d'argent à la figure de la sainte
Vierge tenant sur les genoux le petit Jésus, l'un
& l'autre vêtus & ayant leurs visages de sable ou
noir sous un trône d'or comblé d'une couronne de
même.
Chapitre de l'église cathédrale de Rieux (860) :
d'azur à une Notre-Dame tenant le petit Jésus
d'or & assise sur une chaise de même sur des ondes
d'argent.
Chapitre de la cathédrale de Saint-Papoul : de
gueules à la figure de Saint-Papoul d'argent, por-
tant une palme de même à sa main gauche.
(XIV, 95.)
Chapitre de l'église cathédrale de Saint-Pons :
d'azur à une croix perlée d'or (XV, i56i).
Chapitre de la cathédrale d'Uzès (XV, 1637) :
de gueules à trois roses d'or, deux & une.
Chapitre de Viviers (XV, SSp) : d'azur semé de
fleurs de lis d'or à l'image de saint Vincent, mar-
tyr, d'or, revêtu d'une dalmatique de même, te-
nant de sa main senestre un livre ouvert d'argent,
la droite étendue & un peu élevée.
Chapitre collégial de Saint-Gilles (XV, iSû) .
d'azur à un saint Gilles au naturel crosse & mitre
d'or.
Chapitre Saint-Paul, collégiale de Narbonne
(XV, 553) : de gueules à un agneau pascal couché
& diadème d'argent, tenant une croix d'or dont la
banderolle est chargée d'une croix de sable au
chef d'azur chargé de trois fleurs de lis d'or.
Chapitre de l'église de Saint-Sernin de Tou-
louse (846) : de gueules à un taureau furieux d'or,
accolé d'un ornement pour le sacrifice avec deux
cordes pendantes à ses cornes de même.
Chapitre de l'église collégiale de Montréal (XV,
170) : de gueules à un saint Vincent de carna-
tion, ses cheveux d'or, vestu d'une aube d'argent
& d'une dalmatique d'or, posé debout sur une
motte de sable & tenant à sa main dextre une
palme de sinople & de sa gauche un gril d'argent
appuyé sur la motte, l'écu avec une bordure J'ar-
gent chargée de cette légende en caractères de sa-
ble : SlGILLLM VE,\ERABIL1S CapiTULI MoNTlS I;E-
Voici encore les armes de quelques abbayes :
Aniane : parti d'or à un aigle à deux têtes de
sable & d'azur à trois fleurs de lis d'or posées deux
& un. (XV, 902.)
Belleperche : d'or à une sainte Vierge, les
mains jointes de carnation, vêtue d'azur sur gueu-
les, posant les pieds sur une terrasse de sinople,
de laquelle sont mouvantes deux fleurs de gueules,
tigées de sinople, brochantes sur l'or & posées une
8 chaque côté de la Vierge. (XV, 1 161.)
Bonnefont : d'azur à une fontaine d'argent,
jaillissante du milieu d'un bassin de même. (XV,
1210.)
BoNNEVAL : d'azur à une Notre-Dame d'argent.
(XV, 1090.)
CalerS : d'or à un aigle à deux têtes de sable,
couronné de même. (XV, 867.)
Candeil : d'azur, à trois chandeliers d'or posés
en pal, deux en chef & un en pointe. (XIV, 68.)
La Capelle : d'or, à une Vierge de carnation,
sa robe de gueules, son manteau d'azur, couron-
née d'or, tenant à sa main dextre un sceptre d'or
& sur son bras senestre l'enfant Jésus de carnation
couronné d'or, tenant un monde d'azur, & autour
cette inscription : Sigiiium Bae Mariae de Ca-
PEI-LA. (XV, 1023.)
FoNTFBOiDE : d'azur à une fontaine jaillissante
d'argent accompagnée en chef de deux FF de même.
(XV, 78.)
Grandselve : d'azur à une Notre-Dame d'or.
(XV, 1160.)
La Grasse : d'or à trois bandes de sable char-
gées chacune d'une étoile d'argent, posée en barre.
(XV, ,72.)
Mas-Grenier : d'argent à un saint Pierre de
carnation sur une terrasse de sinople, sa robe
d'or, son manteau d'azur, tenant de sa main dextre
deux clefs en pal, une d'or & l'autre d'argent,
accosté en chef, au côté senestre, d'un croissant
de gueules, & en fasce d'une étoile d'azur à dextre
& d'une fleur de lis à senestre. (XV, 1021).
MoNTOLLiEU : d'argent à deux saints de carna-
tion affrontés, saint Jean-Baptiste à dextre, vêtu
de gueules 81 de sinople, tenant de sa main dextic
sa longue croix d'or, 8c de sa senestre caressant
son agneau d'argent rampant contre ses genoux,
St saint Benoît à senestre, vêtu de l'habit de son
ordre de sable, tenant sa crosse d'or un peu périe
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES.
68c
profonde que dans les croyances. On y voit abonder les cœurs enflammés
traversés de flèches, les couronnes d'épines, les larmes de sang, les clous de
la passion 8t les monogrammes célèbres qui ont remplacé 8c fait oublier le
chrisme de la primitive église'. Il est facile de reconnaître qu'une symbolique
spéciale est née pour traduire les métamorphoses du mysticisme catholique.
Les armoiries des communes sont celles c[ui, dans les registres de 1696,
offrent le moins d'intérêt parce qu'elles sont aussi les plus mal traitées. Tous
les centres de population ayant consulat ont dû subir la taxe de l'armoriai ;
mais beaucoup d'entre eux n'ont jamais eu d'armoiries & acceptent telles
quelles celles que veut bien leur décerner le commis j beaucoup d'autres n'ont
pas consei^vé mémoire de leurs vieux symboles municipaux ou n'en ont gardé
qu'un souvenir incomplet 8c un type dégénéré. Cela ne veut pas dire que les
indications de l'armoriai général doivent être absolument dédaignées, comme
étant de nulle valeur; mais il n'en faut tenir compte que sous bénéfice d'in-
ventaire, 8c, après avoir écarté toutes les innovations des bureaux, il reste
1697
en barre, tous deux la tête nue, & une champogne
d'azur partie d'un trait d'or 8c chargée à dextre de
ces trois lettres capitales S. I. C. & à senestre de
ces trois autres S. B. E. ces six lettres d'or ran-
gées en fasce. (XIV, 5io.)
Saint-Gemès : d'azur, à une crosse d'argent,
accostée de la lettre S à dextre & de la lettre G à
senestre d'or. (XV, 834.)
Saixt-Hicaire : de gueules à un demi-orle d'or.
(XV, 166.)
SAiNT-THiBtRY : d'or à trois mouchetures d'her-
tnine de sable & un chef d'azur chargé de trois
étoiles d'or. (XV, iji).
SoRÈzE : d'azur à une assomption de Notre-
Dame d'or. (XIV, 855).
Valmagne : de gueules à une maison ou sainte
Case d'argent, entre deux rochers de même portant
plusieurs arbrisseaux au naturel, 8c surmonté d'une
Notre-Dame tenant l'enfant Jésus, rayonnée 8c
enrironnée d'une gloire à sept tètes de chérubin,
le tout d'argent, 8c autour de l'écu est écrit en
lettres de sable : Notre Dame de Valmagne. (XV,
i555.)
ViELMUR : écartelé au premier de gueules à une
croix Tuidée, cléchée 8c pommelée d'or, au deuxième
d'or à cinq pals de gueules, au troisième de gueu-
les à une harpe d'or, au quatrième d'azur à trois
fleurs de lis d'or posées deux 8c une, brisé en cœur
d'un bâton péri en barre de gueules, 8c sur le tout,
de gueules à une croix d'argent. (XIV, 647.)
ViGxOGOil. : d'azur à une crosse d'argent accolée
d'un sarment de vigne de sinople, fruité de deux
raisins de sable. (XV, 791.)
V|LLEMAG^•E : d'azur à une rille d'argent, som-
mée d'une croix 8c de deux girouettes de même,
surmontée d'une fleur de lis d'argent, sommée
d'une mitre de même accostée de deux crosses d'or
au pied fiché dans ladite ville. (XV, 1276.)
' Quelques exemples rendront plus sensible cette
métamorphose iconographique :
Les religieuses chanoinesses de Saint-Sernin de
Toulouse : d'azur semé d'étoiles d'argent à la
Champagne cousue de sable 8c un taureau furieux
d'or, ayarkt deux cordes attachées 8c pendantes à
des cornes de même brochant sur le tout. (XI V, 4 1 .)
Les religieuses de la Grâce-Dieu, ordre de Fon-
tevrault : d'azur à un crucifix d'or sur une croix
de même accostée d'une Vierge 8c d'un saint Jean
d'argent, le tout sur une terrasse de sinople avec
cette devise autour : EccE FiLltS TUts ECCE mateb
TLA. (XIV, 553.)
Religieuses du tiers ordre de Saint-François de
la ville de Toulouse : de gueules à une colombe
gémissante d'argent surmontée de cinq larmes de
même posées deux 8c trois, l'écu entouré d'une
couronne d'épines de sinople. (XV, 5o3.)
Toutes les maisons de la Visitation : d'or, à un
coeur de gueules percé de deux flèches d'or empen-
nées d'argent, passées en sautoir au travers du
cœur chargé du nom de Jésus d'or, le tout enfermé
dans une couronne d'épines de sinople, les épines
ensanglantées de gueules 8c une croix de sable
fichée dans l'oreille du cœur. (XIV, 33, 575 XV,
517, 682, 1239, i325.)
Les maisons de Jésuites : d'azur à un nom de
Jésus d'or, soutenu des trois clous de la passion de
même, le tout entouré de rayons aussi d'or.
Le couvent des religieuses de Sainte-Marie d'Is-
singeaux : d'azur à un Ave Maria d'or, surmonté
d'une croix de même, 8c un cœur d'or en pointe,
percé de trois clous de sable, le tout enfermé dans
un cercle rayonné d'or. (XV, 1252.)
1697
686 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
encore bien des réserves à faire sur les armoiries qui ont un caractère ori-
ginal'.
' Parmi les armoiries de communes qui ne por-
tent pas de simples pièces héraldiques sans signi-
fication, il est aisé d'établir diverses catégories.
Beaucoup d'entre elles offrent des images de
dévotion, figures de patron, emblèmes de culte
local.
L'image du Christ est une des plus rares; nous
ne la rencontrons guère qu'à Saint-Sauveuk des
PounciLS : d'azur à un Jésus de carnation. (XV,
841.)
L'agneau pascal se montre plus fréquemment.
EscoussENS : d'azur, à un agneau pascal d'argent
portant une longue croix d'or avec sa banderole
de même (XIV, SSy); Méze : d'azur, à un agneau
passant d'argent, tenant de son pied senestre de
devant une longue croix de sable avec une ban-
derole d'or marquée d'une petite croix pattée de
gueules, la banderole attachée & pendante de la
longue croix avec des cordons d'azur, d'argent &
de gueules (XV, 642); RiEux : de gueules à un
agneau pascal d'argent avec la croix &~son gui-
don qu'il tient d'un pied de devant, en barre, le
tout d'argent, & un chef cousu d'azur chargé de
trois fleurs de lis d'or. (XIV, 868.)
Les représentations de la Vierge sont assez mul-
tipliées. On les retrouve, outre le blason bien
connu de Montpellier, dans les armes de Mont-
LAun : d'or à une sainte Vierge de carnation vêtue
d'azur & de gueules, foulant un dragon de sinople
attaché avec une chaîne d'argent (XV, 902); No-
TRE-DAME DE LONDBES : de sinople à une Notre-
Dame d'or (XV, 907); Galargues : d'azur à une
Notre-Dame d'argent (XV, 912); La Cauiêue :
d'azur à une Notre-Dame d'argent assise dans une
chaise à dossier d'or. (XV, 841.)
Les grandes figures de l'épopée chrétienne, saint
Michel, saint Jean-Baptiste, saint Pierre, saint
Etienne, saint Martin décorent aussi beaucoup
d'armoiries municipales. Brig.vemost : d'azur semé
d'étoiles d'argent à une image de saint Michel
d'or (XV, 1027); GuzARGUES : d'azur à un saint
Michel d'or terrassant le diable de même. (XV,
905.)
Castelnau : d'azur à un saint Jean-Baptiste de
carnation, vêtu d'une peau de chameau d'or, sa
croix de même & son agneau d'argent (XV, 979);
MiinviEL : de sinople à un saint Jean-Baptiste
d'argent (XV, iSSy); Saussan : de sinople à un
saint Jean d'or (XV, r558); sans compter la foule
de lieux qui portent le nom du saint.
Lirac : d'azur à un saint Pierre d'or, tenant en
sa main dextre deux clefs de même (XV, iSji);
Pechabou : de sable à un saint Pierre d'argent
(XV, i558); Pecii S.UNT-PiERRE ; de gueules à un
rocher d'argent surmonté d'un saint Pierre d'or,
la tête environnée d'une gloire aussi d'argent,
(XIV, 58 1.)
Argeliers : de gueules à un saint Etienne vêtu
en diacre, d'argent, la dalmatique d'azur bordée
d'or, tenant en sa main dextre une palme de
même, de sa senestre trois cailloux d'argent en-
sanglantés de gueules (XV, 978); Castkies : d'or
à un saint Etienne de sable (XV, i558); Le Fa-
GET : d'azur à un saint Etienne de carnation
tenant une pomme (?) de gueules à la main
(XIV, 478); M0NTFERR1ER : d'azur à un saint
Etienne de carnation, vêtu en diacre, d'or, tenant
trois cailloux d'argent entre ses mains (XV, 912);
Saussines : d'azur à un saint Etienne de carna-
tion, vêtu en diacre, l'aube d'argent & la dalma-
tique de gueules bordée d'or, tenant d'une main
une palme aussi d'or & de l'autre trois cailloux
de même. (XV, 977.)
Cassagnelle : d'azur à un saint Martin au na-
turel à cheval, donnant la moitié de son manteau
à un pauvre de carnation (XV, iSzo); La Bois-
sÈr.E : de gueules, à un saint Martin à cheval
d'or (XV, 1557); SussAROuES : d'azur à un saint
Martin à cheval donnant son manteau à un pau-
vre, le tout d'or (XV, 978); Trévieiîs : de sable à
un saint Martin d'or. (XV, 1557.)
Nous signalerons encore saint André à Verar-
gues, avec sa croix d'or (XV, 977); saint Brice à
Lauret (XV, 980); saint Fay, martyr, n d'argent
tenant en sa main une palme d'or d à Valjausquet
(XV, 980); saint Julien à Baillargues (XV, i558)
& à Combalioux (XV, 979) saint Just; saint Lau-
rent, tenant son gril, saint Martial; à Balaruc,
saint Maurice, à cheval, d'or, en champ de gueu-
les, tenant une bannière d'argent chargée d'une
croix de gueules (XV, 979); à Miraval, un saint
Hilaire d'azur, en champ d'or, surmonté d'un so-
leil d'église ou saint-sacrement de gueules, & le
mot MiRAVAi écrit autour de l'êcu en lettres de
sable (XV, 1657); à Bkzignargles, saint Nazaire,
martyr, d'or en champ d'azur (XV, 980); Agonnes
porte d'azur à une montagne d'argent, sommée
d'un saint Saturnin, évêque, à genoux dans une
grotte d'or (XV, 899); Pérols, de gueules à un
saint Sixte d'or (XV, 1 559); Lcnelviel, de gueules
à un saint Vincent vêtu en diacre, d'argent, &
tenant en sa main dextre une palme d'or. (XV,
978.)
D'autres rappellent un édifice important, église,
château, pont, une production naturelle caracté-
ristique, ou un trait particulier du site : pic, val-
lée profonde, rivière ou fontaine :
AsDi'SE : d'az»r, à un château d'argent ouvert St
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
687
En ce qui touche la capitale de la Province, dont le blason historique avait
été défiguré à plaisir, depuis le seizième siècle, à la fois par l'esprit laïque de
jp7
ajouré, donjonné de trois tours crénelées de même,
le tout maçonné de sable. (XV, 201.)
BfAi'CAir.E : d'azur à un château d'argent bâti
sur un rocher de même au pied duquel passe une
rivière de sinople. (XV, 819.)
Carcassonne : d'azur semé de fleurs de lis d'or à
un grand mur de même, maçonné de sable derrière
trois tours rondes pavillonnées aussi d'or & ma-
çonnées de sable, celle du milieu plus grosse que
les deux autres ayant une grande porte ou arcade
sur laquelle il y a un agneau pascal d'argent.
(XIV, 874.)
CoRCONE : d'azur à deux montagnes d'or, mou-
vantes des deux flancs de l'écu, celle à dextre som-
mée d'une croix d'argent, & celle à senestre d'un
château de même maçonné de sable, (XV, i33i.)
DoMESSARGUES : d'azur à un château à trois tours
d'argent, la porte ouverte, sous l'arcade de laquelle
il y a un lion rampant d'or. (XV, çSô.)
Dbrfort : d'argent à un château à trois tours
de sinople, crénelées & maçonnées de même, la
tour du milieu plus haute que les autres. (XIV,
564.)
PuicELST : d'azur à un château donjonné de
Irois tours d'argent. (XIV, 85o.)
La Salie : de gueules, au château d'or. (XV,
85o.)
SoRÈZE : d'azur à un château d'argent, maçonné
de sable, sommé de trois tours crénelées aussi d'ar-
gent, accompagnées en chef d'une colombe éployée
d'argent & en pointe d'une guivre de même. (XIV,
56,.)
Vezenobrb : d'argent à un château de gueules.
(XV, 853.)
Arre : de sinople à une tour d'argent senestrée
d'un avant-mur de même maçonné de sable. (XV,
853.)
Castelnacdaet : de gueules à une tour d'argent,
donjonnée de trois tours de même, maçonnée de
sable 8c un chef d'azur, chargé de trois fleurs de
lis d'or. (XIV, 577.)
SuMÈNE : de gueules à une tour crénelée d'ar-
gent. (XX, 809.)
La Grasse : d'azur à un pont d'argent d'une
seule arche, maçonné de sable, supportant trois
tours crénelées de même & une rivière ondoyante
d'argent ombrée d'azur posée en pointe, (XIV,
.525.)
SoMMiËRES : de gueules, à un pont â cinq arches
d'argent, maçonné de sable sur une rivière d'ar-
gent, ombrée d'azur, supportant une croix d'ar-
gent, accostée de deux tours crénelées de même &
maçonnées de sable. (XV, 734.)
ViLLEUAGNB : d'azur, à un portail d'argent avec
ses colonnes & pilastres de même, maçonné de
sable & sommé d'une Vierge à genoux d'or, soute-
nue de deux anges de même, ces trois figures en-
tourées d'un nuage d'argent. (XV, 899.)
AuBAix : de sable à une montagne d'or, sommée
d'une croix de même, soutenue d'un ruisseau de
sinople. (XV, 1347.)
Arfons : d'argent à un chevreuil rampant de
sable, broutant des ronces à l'entrée d'un bois de
sinople. (XIV, 564.)
BoisSEZo.N : d'or à un buis de sinople, & un
chef d'azur chargé de trois trèfles d'or. (XV, 812).
Carmaux : d'azur à trois rochers d'argent posés
deux & un. (XIV, 5o6.)
La RotJViÈRE : d'or à trois chênes de sinople,
posés deux & un, (XV, 846.)
Sauve : de gueules au mont ou rocher d'argent
à six coupeaux arrondis mis en pyramide, accos-
tés de deux tours crénelées d'or & maçonnées de
sable, appuyées sur chaque côté du rocher du som-
met duquel sort une plante de sauge de sinople,
avec ces mots : sal, sal. (XV, 210.)
Langlade : d'argent à trois échalas de sinople.
(XV, ,349.)
MiURENS : d'or à un raisin de pourpre. (XV,
1027.)
D'autres sont de simples armes parlantes, une
traduction graphique du nom, mais une traduc-
tion, souvent hasardée & qui n'étant pas toujours
fondée sur une étymologie vraie dégénère plus
d'une fois en jeu de mots puéril & sans portée :
Aramon, d'azur à une montagne d'argent som-
mée d'un autel d'or enflammé de gueules; Aspbt,
d'or à l'aspic de sable; Bourret, d'argent au ca-
non de sable posé en bande; Brèau, de sinople, à
un taureau furieux d'or (Brau); Camcon (Cam-
bou), d'argent à un chien & un bouc affrontés de
sable; Conques, de gueules à trois conques d'ar-
gent; Cabaman (Carmain), d'or à un visage de
carnation, coupé d'azur à une main d'argent;
DnÊMiL, de sable à trois cosses de millet d'or, cell*
du milieu la pointe en bas; Ferrures, d'or à six
fers de cheval de sable, posés trois, deux & un;
Saint-Marcel de Fontfouliousb, d'azur à un«
fontaine d'argent accostée de deux arbre» d'or sur
une terrasse de sable; Merville, d'azur à une mer
d'argent sur laquelle est bâtie une ville de gueule»
maçonnée d'argent; Pechoubsy, d'argent à un
ours de sable sur un petit mont de sinople & un
chef d'azur chargé d'une fleur de lis d'or; Penne
d'Albigeois, d'azur à une plume ou n pennache »
d'or & un chef de gueules chargé de trois fleurs de
lis d'or; PeyrOLIES, de sable à trois chaudrons
d'or, posés deux & un; Poi'SSAN, d'argent, à un
1697
688 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
la réforme Se par le romanisme chimérique des érudits, l'armoriai ne fait que
consacrer l'erreur que les annalistes gagés de l'hôtel de ville avaient mise en
circulation. Au lieu des deux édifices classiques du sceau, des poids & de la
bannière de Toulouse, le château Narbonnais Si l'église abbatiale de Saint-
Sernin, emblèmes de la cité Si du bourg, l'héraldiste officiel accoste la hampe
de la croix de deux « tours ou châteaux d'argent, chacun donjonné d'une
« autre tour du même, » annulant par cette uniformité toute la signification
du rapprochement, 81 il substitue à l'agneau pascal, symbole de paix du trei-
zième siècle (Agnus Dei dona nohis pacem) « un bélier d'argent, la tête con-
« tournée, « qui n'est autre que la prétendue idole des Tectosages, fameuse
par les rêveries des historiens légendaires de Toulouse.
Les préposés de maître Adrien Vanier, traitant de l'armoriai, déployèrent
dans le recouvrement des taxes toute l'âpreté que l'on reprochait à leurs
pareils chargés de l'exécution des autres édits bursaux. Ils donnaient littéra-
lement la chasse aux contribuables Si se livraient aux plus minutieuses per-
quisitions. Pas un cachet blasonné, pas un bout de tenture, pas un coin de
vitrail ne leur échappait. Fidèles à leur consigne, qui était d'arracher le plus
d'argent possible, ils ne négligeaient aucun moyen de procédure pour accroître
les frais. Les plaintes qu'ils soulevèrent en Languedoc devinrent même si
générales que l'intendant se vit obligé d'intervenir. On leur reprochait de
multiplier sans raison les commandements Si les saisies Si d'exiger, sous pré-
texte de dépens, des sommes arbitraires qui aggravaient notablement la charge
de l'impôt. Par une ordonnance spéciale, Bâville mit une limite aux préten-
tions de ces agents'.
11 fut aussi contraint d'en rendre une pour protéger les malheureux curés Se
vicaires vivant à la portion congrue contre le ruineux honneur qu'on voulait
leur faire de les inscrire à l'armoriai 81 de leur expédier un brevet richement
enluminé. On sait combien était précaire la situation de ces desservants du
pou de sable & un chef cousu de gueules chargé & un chef cousu d'azur chargé de trois fleurs de lis
des trois lettres S A N; Semalens , d'azur à un d'or (XIV, 586); Revel, d'azur à un R couronné
u semail ou comporte » d'or chargée d'un raisin d'or (XIV, 55i;). Mais le plus souvent, l'alphabet
d'argent & surmonté de trois fleurs de lis d'or po- fait tous les frais de ces sortes d'armoriaux. Citons
sées en chef une & deux; Tauriac, d'azur à un entre autres : Beali-ly en Rolais, d'argent au B
taureau de gueules; Tréces (Très Bes), d'argent à d'azur; Gabidech, d'argent au G d'azur; Gargas,
trois B d'azur; Vauvert, d'argent à un veau de d'or au G de gueules; Lalzerville, de gueules à
gueules, passant sur une terrasse de sinople, ac- l'L d'argent; La Peyrocse, d'azur au P d'argent;
costé d'un saule de même; Verfeil, d'argent à trois Portet, d'or au P d'azur; ViviÈS, d'or au V de
feuilles de figuier de sinople, posées deux 8c une. sinople,
La dernière série comprend les armes puremert Un très-petit nombre sont accompagnées de de-
alphabétiques, les plus pauvres de toutes. Il en vises, d'invention assez moderne. On connaît celle
est où l'initiale est accompagnée de quelques orne- de Montpellier : Virgo mater natlm ora ut nos
ments. Ainsi : juvet om.m hora; & celle d'Albi : Stat baculis
MeiVde : d'azur à un grand M gothique d'or sur- vigilatque leo turresqle tletur. Jonquières porte
monté d'un soleil rayonnant de même (XV, 426); d'argent à une botte de joncs de sinople, liée d'or,
Meyrueis, d'azur à un M d'argent supporté par avec ces mots autour : J'en tiens deux mille, en
un lion d'or lampassé de gueules (XV, 3i2); Ren- caractères de sable. (XV, i335.)
NEViLLE, de gueules à un R capitale couronné d'or ' Pièces justljicatiyes, n. DLIV, col. iSo?.
LIV. III. REVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 689
bas clergé 5 grâce à l'organisation demeurée féodale des bénéfices, le plus clair
revenu des domaines ecclésiastiques appartenait aux seigneurs spirituels,
décimateurs ou curés primitifs, tandis que les prêtres chargés des fonctions
curiales étaient réduits à vivre d'une pension annuelle insignifiante. Comme
l'édit de novembre classait au nombre des personnes stisceptibles de porter
armoiries quiconque remplissait un emploi d'un caractère relevé, les préposés
du traitant n'oublièrent pas de frapper k la porte des presbytères. 11 se ren-
contra donc que des curés, obligés de subsister toiite l'année avec une misé-
rable rente de soixante à quatre-vingts livres, eurent à se débattre contre les
exigences d'huissiers qui leur présentaient des quittances de vingt-trois livres
pour droit d'armorial & d'enregistrement. Le prélèvement d'une pareille
somme sur un aussi maigre budget mettait les desservants des campagnes hors
d'état de vivre. Devant cette nouvelle forme de persécution, dont les assem-
blées générales du clergé de France ne pouvaient les garantir, ils recoururent
à l'intendant qui, reconnaissant la justesse de leurs griefs, arrêta les pour-
suites des receveurs. Bâville interdit d'une manière générale de comprendre
parmi les contribuables sujets à l'édit tous les ecclésiastiques vivant à la por-
tion congrue'. On peut juger, d'après ces particularités, combien les vices
d'organisation de la société française devenaient manifestes 81 à quel point
l'application des moindres mesures mettait en lumière les contre-sens & les
injustices accumulées depuis plusieurs siècles par la dégénérescence des insti-
tutions. Pourtant près de cent ans devaient s'écouler encore avant que l'on
osât porter la main sur cet édifice vermoulu.
A travers les contre-temps & les entraves de toute nature que la guerre
étrangère opposait au développement intérieur de la France, il est impossible
de méconnaître, dans ces dernières années du dix-septième siècle, un mou-
vement important de l'esprit qui tendait à introduire la logique Si le calcul
dans les choses du gouvernement. C'est comme un prélude du grand courant
philosophique dont le siècle suivant devait recevoir la commotion. La notion
de l'État, de ses droits, de ses devoirs, se fortifiait; le sentiment du bien
public commençait à se traduire avec plus de précision; on essayait une sorte
de codification inconsciente des principes de l'administration; l'économie poli-
tique hasardait ses premières ébauches, 8c la statistique, science encore neuve,
apparaissait déjà comme un élément précieux d'informations.
Louis XIV, à qui l'on ne peut contester le mérite d'avoir pris au sérieux
sa tâche de roi 8t deviné les obligations de travail 8<. d'étude qu'imposait le
pouvoir suprême, cherchait à rendre les princes de sa maison dignes d'occuper
le rang que l'avenir semblait leur promettre. Afin de compléter l'éducation
du duc de Bourgogne, l'élève de Fénelon, par une connaissance exacte 8c
détaillée des diverses parties du royaume, les intendants provinciaux furent
invités à rédiger des mémoires d'ensemble 8t à y réunir les observations les
plus intéressantes qu'ils avaient recueillies dans leurs départements.
' Pièces fustificatives, n. DLIV, col. iSoy.
XIII. ^^
1697
1697
690
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1O93
Aucun de ces fonctionnaires n'était plus capable que Bâville d'offrir un
tableau curieux de son intendance. Il l'administrait depuis treize ans, il
l'avait plusieurs fois parcourue, dans toutes les directions, en paix comme en
guerre. Un commerce assidu avec les prélats, les barons, les députés des prin-
cipales villes & les officiers permanents des États de Languedoc, où il rem-
plissait chaque année le rôle de second commissaire du roi, lui donnait les
moyens de voir par lui-même Si d'apprécier tme foule de détails qu'un obser-
vateur vulgaire aurait négligés; ses rapports journaliers avec les subdélégués
qu'il entretenait sur les divers points de ce vaste territoire lui assuraient mille
facilités matérielles pour combler les lacunes de sa propre expérience'.
Aussi le travail qui fut composé par Bâville, pour répondre aux invitations
de la Cour, est-il une œuvre de grande importance où la sagacité, l'exacti-
tude & l'application de l'intendant se révèlent avec éclat. Le style en est
sobre 8c clair, la méthode rigoureuse, tout y trahit l'homme de gouverne-
ment, ménager de son temps & du temps d'autrui.
Le mémoire de Bâville, terminé en 1698, & qui nous fournit l'occasion
d'une halte naturelle sur le seuil du dix-huitième siècle, comprend cinq par-
ties : géographie physique & politique Si histoire de la Province; gouverne-
ment du pays étudié au point de vue ecclésiastique, militaire, judiciaire Si
administratif; droits du roi, embrassant les impôts Si le domaine; industrie
81 commerce avec une statistique par diocèses; travaux publics^.
' Le mémoire de Bâville, dont il existe plusieurs
copies manuscrites, a été imprimé, en 1734, sous
le titre : Mémoires pour servir a l'histoire de Lan-
guedoc, par feu M. de Basville, intendant de cette
province. A Amsterdam, chez Pierre Boyer, im-
primeur & marchand libraire. M. DCC. XXXIV.
Cette édition est très-défectueuse. Les noms pro-
pres surtout y sont cruellement défigurés.
Nous avons entre les mains un manuscrit qui a
appartenu à l'archevêque de Toulouse & de Nar-
bonne, Beauvau, & qui est relié à son chiffre.
Ce manuscrit, copié en 1718 & signé P. SEnr.E,
est d'une belle exécution calligraphique, mais
n'est pas exempt de fautes. Il contient, outre les
divers états dç statistique publiés dans l'imprimé,
les pièces suivantes :
1° Carte des costes du Languedoc depuis l'em-
bouchure du Rhône jusques en Catalogne, qui
marque tous les ports qui sont sur cette coste, &
ceux qu'on y peut faire, toutes les descentes aisées
& difficiles pour l'aborder, tous les étangs 8c ma-
rais dont on se sert pour la navigation sans se
communiquer à la mer, & enfin tous les canaux
faits à présent pour la navigation, & le projet de
ceux qui peuvent servir à l'avenir pour la perfec-
tionner.
2" Carte des régiments de milice bourgeoise de
la province de Languedoc divisez par diocèses 8t
mis ivr pied en 1690 suivant les ordres du Roy
par M. le comte de Broglio, lieutenant général
des armées de Sa Majesté, & commandant pour
son service, en ladite province.
3" Carte de la jonction des deux mers par le
canal royal de la province de Languedoc.
4° Carte de l'isle de Cette.
5" Carte des grands chemins royaux des Céven-
nes 8t Vivarais.
6° Carte particulière du port d'Agde.
7° Desseins de la Maison Quarrée de Nismes.
8" Le temple de Diane.
9° Amphithéâtre de Nismes.
10" Pont du Gard.
11° Pont du Saint-Esprit.
12° Pont de Toulouse.
1 3° Les huit écluses de Foncerar.o.
14"^ Ecluse ronde d'Agde.
1 5° Pont de Cesse.
16" Plan & profil des aqueducs du canal royal.
17° Plan des vieux & nouveau crochets au bout
du grand môle du port de Cette.
Plus 81 échantillons de draps mahons, londrins
premiers, londrins seconds, londres larges & lon-
dres, fabriqués en Languedoc pour le commerce
du Levant.
' Il existe à la Bibliothèque de Toulouse un
mémoire manuscrit, grand in-4'', de 421 feuillets,
intitulé Description de la Province de Languedoc,
qui a été fait pendant l'intendance de d'Agues-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 691
Dans le coup d'œil rapide que l'intendant promène sur la contrée, on cher-
cherait vainement des effets descriptifs j mais on y remarquera quelques traits
où se reconnaît l'observateur synthétique. Ainsi Bâville indique d'un mot
l'avantage des étangs ou graux pour la défense du littoral. « C'est, dit-il,
« une chose singulière que la nature ait mis cette province en sûreté du côté
« de la mer par ces estangs qui font, depuis Aiguestnortes jusqu'à Leucate,
« une ligne de circonvallation qui met le pays à couvert. » Cette préoccupa-
tion des intérêts généraux de l'Etat domine partout. Les forêts de la vallée
supérieure de l'Aude sont « de belles forêts de sapin pour la marine. » Dans
la maîtrise de Quillan, elles sont détruites 6c toutes les autres de cette espèce
ne sont bonnes qu'à faire « de petits avirons » & du bois à brûler. Les chê-
naies du diocèse de Mirepoix peuvent donner des pièces de « bordage 8c des
<i quilles. »
L'auteur oppose le caractère des peuples du haut 8c du bas Languedoc.
Dans le premier, les habitants « sont grossiers, peu industrieux 8c peu labo-
K rieux : qualités ordinaires à tous ceux qui naissent dans un terroir gras 8c
« fertile 8c qui s'occupent à labourer la terre; comme si la nature récompen-
<i soit par l'industrie, par l'inclination 8c par les talens propres au commerce,
<c la perte que souffrent les habitans dont les terres sont stériles 8c ingrates. »
Dans le bas Languedoc, au contraire, Bâville signale beaucoup d'esprit,
d'activité 8c d'industrie, une aptitude particulière au commerce, aux arts 8c
aux manufactures; une grande ténacité pour arriver à ses fins, mais peu de
mémoire des services rendus; « il semble que ce ne soit point parmi eux
K une vertu ni un devoir d'être reconnoissans des bienfaits qu'ils reçoivent.
<i Quoique l'intérêt règne dans le monde, on peut dire qu'il est dans ce pays
« plus vif que partout ailleurs. Se que, pour un petit profit l'on y manque à
« des devoirs essentiels, qu'on ne voit point abandonner dans les autres pays
« pour les plus grandes fortunes. » L'intendant attribue à ces tendances
intéressées le peu de goût du pays pour les lettres 8c les sciences : on les y
considère « comme un métier stérile, 8c qui ne produit qu'une réputation
« infructueuse. »
seau. Ce trar.iil, -pTécéié d'une tatle des Lieux tic L'ordre qu'on fient le jour de l'ouverture des
la province de Languedoc par lettre alphabétique. Estais généraux de la Province.
comistant en la généralité de Tholo^e & de Mont- L'ordre qu'on tient dans l'assemblée des Estais
pcllicr, comprend les divisions suivantes . lorsqu'on opine pour faire la députation pour
L'Estat des Romains dans le Languedoc. porter le cahier des doléances au Roy.
La province de Languedoc tous les Gots ou L'ordre qu'on tient quand la bénédiction est
Visigotz. donnée, pour porter l'octroy au gouverneur de la
Estât du Languedoc soulz les Roys d'Aquilnine Province.
8c la race de Charlemngne. Règlement pour les députés aux comptes des
Gouverneurs & heutenans généraux de la pro- testais généraux.
vince de Languedoc. Estât des lieux qui ne sont point dans la tailla-
Despartement de Messieurs Us lieutenans gêné- bilité.
raux de la province de Languedoc. Cours du canal royal. — Rivières.
L'ordre & le rang que les députés de la pro- Description particulière de chaque diocèse : fiefs,
vince tiennent dans l'assemblée des Estats productions, mesures locales.
1698
~^ 692 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Au contraire les travaux agricoles se succèdent presque sans interruption :
au mois de mai, les vers à soie Se la toison des bêtes à laine; ensuite les toins,
qui sont assez raresj puis les menus grains en juin & juillet; les vendanges
en septembre, donnant de très-bons vins & en grande abondance; en no-
vembre les châtaignes dans les pays de montagne, &. en décembre les olives
dans toute la plaine.
La population totale du Languedoc, en 1698, est évaluée par Bâville à
1,545,442 âmes, composant 842,758 familles réparties entre 2,547 communes
ou paroisses.
L'intendant divise cette population en cinq classes : gentilshommes, bour-
geois, marchands, artisans 8t laboureurs.
Il compte 4,485 gentilshommes, 10,800 bourgeois, 6,833 marchands,
76,700 artisans & 91,148 laboureurs, plus 32,8o5 mendiants. Le nombre des
femmes était de 802,162, 8c celui des enfants de 1,020,509. On peut conclure
de ces chiffres que les nobles formaient la quarante-huitième partie de la
population virile.
Quant à la proportion numérique de ces diverses classes entre elles, on voit
dans l'état de détail dressé par Bâville qu'elle variait de diocèse à diocèse,
sans s'écarter pourtant de certaines lois générales. Ainsi les bourgeois sont
partout plus nombreux que les nobles & moins nombreux que les artisans &
les laboureurs. Ils l'emportent sur les marchands dans tous les diocèses, saut'
ceux de Lodève (i74<267), de Lavaur (335<374), de Rieux (i63<2i6),
d'Alet (i35<i74), de Comminges (ii<;28) 8c de Carcassonne (239<3i6).
Parmi les travailleurs manuels, la, prépondérance appartient généralement
aux laboureurs sur les artisans. Cet ordre se trouve renversé dans les diocèses
de Toulouse (7383 > 1746), d'Agde (2425 > 1775), de Mende (6192 > 45 16),
de Nimes (3937>246o), d'Alais (7264>3704), de Saint-Pons (2398>229i)
& de Saint-Papoul (i28i>7o8) où la population industrielle prédomine'.
Par l'inégalité de la population des diocèses, qui présente les écarts les plus
considérables, depuis 209,115 habitants (le Puy) jusqu'à 8,699 (Comminges),
on peut juger combien l'assemblée des États, où chaque diocèse comptait le
même nombre de députés des trois ordres, était inexactement représentative,
81 l'on s'explique à merveille que le vœu de refondre entièrement la constitu-
tion des États provinciaux tînt une si grande place dans les préoccupations du
pays. Le simple alignement de chiffres présentés par colonnes dans les états
de Bâville en dit plus à cet égard qu'une longue dissertation. Il suffisait de pro-
jeter un peu de lumière sur l'antique édifice pour en faire ressortir les défauts.
'Voici comment Bâville, en 1698, évalue la Castres 1975 familles.
population des principales villes de Languedoc : Albi i 637 —
Narbonnc 1 626 —
Toulouse 18040 familles. Agde i |53 —
Montpellier i3 8o3 — Mende 1127 —
Nimes 12590 — Lavaur gpS —
B^z'«" 3 639 — Lodève 847 —
Carcassonne 2018 — Uzès 794 —
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 698
L'histoire abrégée de la Province, conteniie dans le mémoire de Bâville,
est naturellement trop sommaire & trop superficielle pour offrir beaucoup
d'intérêt. L'intendant, qui n'était pas un érudit de profession, n'avait eu ni
le loisir, ni les moyens d'approfondir une foule de problèmes dont on aurait
mauvaise grâce à lui demander la solution. Cependant la rectitude de son
esprit & l'avantage d'échapper, par son origine, à l'obsession des préjugés
locaux, lui ont permis de voir clair en bien des matières & de soumettre à
l'épreuve de la critique beaucoup de prétentions mal fondées.
C'est ainsi qu'il tait justice des conditions imaginaires sous lesquelles aurait
eu lieu l'annexion du Languedoc au domaine de la couronne : consentement
des impositions par les Etats, gouvernement d'un prince du sang royal, usage
du droit écrit. 11 montre que cette synthèse est de beaucoup postérieure aux
guerres du treizième siècle, & qu'elle a été inventée après coup; que les rois
de France ont possédé le Languedoc par droit de conquête 61 par héritage,
comme la Bourgogne ou la Champagne; que le droit écrit était parfaitement
oublié dans l'ancienne Narbonnaise au moment de la renaissance du roma-
nisme 8c de l'enseignement des Pandectes florentines, & que la continuité de
la tradition romaine depuis la chute de l'Empire d'Occident est une chimère.
Quant au franc-alleu, forme naturelle de la propriété territoriale qui n'est
ni dominante, ni asservie, Bâville n'en reconnaît pas plus de titre originel
qu'on n'en découvre à l'usage du droit écrit. On est revenu à la définition
romaine de la propriété quand on est revenu au droit romain; mais c'est
l'appauvrissement de la noblesse féodale 8c l'enrichissement de la bourgeoisie
qui ont opéré une révolution dans le régime domanial.
Bâville rappelle que l'arrêt du conseil d'Etat, du 22 mai 1667, supprima le
franc-alleu noble, comme une inconséquence 8c une usurpation sur les droits
de l'État. « Une justice tenue en franc-alleu seroit, dit-il, une espèce de sou-
ci veraineté, la souveraineté ne consistant proprement qu'à rendre la justice
H aux peuples. » D'ailleurs, tout bien noble est féodal, 8c qui dit fief dit
exclusion de franc-alleu.
A propos de ces détails sur l'organisation de la propriété, le mémoire nous
apprend qu'il restait encore en Languedoc, à la fin du dix-septième siècle,
quatre cent trente-quatre terres ou seigneuries, soumises à la coutume de
Paris. Ces domaines, dont le plus grand nombre était situé dans le comté de
Castres 8c la sénéchaussée de Carcassonne, provenaient ou des inféodations
de Simon de Montfort à la suite de la conquête, ou des confiscations faites
sur les hérétiques 8c placées par saint Louis, à titre d'assise, entre les mains
de divers seigneurs français.
L'état de la propriété féodale en Languedoc fait l'objet d'une statistique
intéressante. Bâville compte dans la Province cinq mille trois cent quarante-
trois fiefs ou domaines nobles, dont trois mille deux cent soixante-trois
dépourvus de droits de justice, dix-sept cents pourvus de ces droits Se non
titrés, 8c trois cent quatre-vingts domaines titrés ou fiefs de dignité.
Ces derniers se décomposent ainsi : trois duchés-pairies, Toulouse, compté
1698
lôpS
694 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
seulement pour mémoire, étant réuni à la couronne, Uzès 8c Joyeuse; cin-
quante-cinq marquisats, dix-sept comtés, vingt-deux vicomtes 8c deux cent
quatre-vingt-trois baronnies.
Bâville observe que, sur quatre mille quatre cent quatre-vingt-six familles
de gentilshommes établies dans la province de Languedoc, à la fin du dix-
septième siècle, on n'en trouvait pas quinze qui eussent vingt mille livres de
rente. Sauf quelques grands seigneurs vivant à la Cour, la noblesse n'y était
pas riche. A la différence de celle des autres provinces, on ne la voyait point
faire sa principale résidence à la campagne, se visiter 8c mener grand train.
Ceux qui habitaient les villes, surtout dans le bas Languedoc, n'entrete-
naient pas d'équipage, évitaient toutes les occasions de dépense 8c faisaient
notoirement profession d'économie. Ils ne passaient pas non plus pour être
fort attachés au métier de la guerre. Après avoir satisfait aux obligations de
leur qualité en faisant quelques campagnes, la plupart rentraient dans leurs
domaines; aussi n'y comptait-on que fort peu d'officiers généraux, 8c seule-
ment cinq maréchaux de France depuis le seizième siècle', tandis que la
Guienne en avait fourni vingt-trois 8c deux connétables.
L'intendant, mieux placé que personne pour apprécier ces matières, par la
connaissance qu'il avait des titres des familles, juge sévèrement les recherches
de la noblesse opérées en divers temps par les commissaires du roi. Elles ont
fait, dit-il, « plus de mal que de bien, d II blâme la facilité avec laquelle des
jugements de maintenue furent accordés à des familles qui ne les méritaient
pas 8c dont la basse extraction était encore parfaitement connue, &c reproche
aux enquêteurs d'avoir compromis, par ces mélanges, la dignité d'un corps
« qui devroit être plus pur 8c moins rempli. » La raison que l'on alléguait
pour justifier ces faiblesses est la même que nous avons vu invoquer à propos
de la tolérance obtenue par les capitouls. La taille étant réelle, il importe
peu, disait-on, de faire beaucoup de nobles, puisqu'ils la payent de même
que les roturiers. Bâville s'élève avec raison contre ce mauvais principe qui,
en subordonnant tout à la question fiscale, avait pour résultat de consacrer
une fraude 8c d'établir des distinctions sociales réelles sur un mensonge.
L'étude de l'organisation ecclésiastique fournit à Bâville l'occasion de pré-
senter, selon son habitude, un état fort clair des établissements religieux de
toute nature, avec leurs revenus 8c le chiffre de leur personnel. Il compte
deux cent trente-cinq couvents d'hommes 8c cent trois couvents de filles, 8c
évalue la totalité des revenus de l'église en Languedoc à deux millions cinq
cent soixante-neuf mille, quatre-vingt-sept livres par an.
Quelques détails historiques sur les universités de Toulouse 8c de Mont-
pellier amènent l'intendant à constater la décadence de ces deux célèbres
corporations. Il reconnaît qu'elles ont beaucoup perdu de leur ancien lustre,
soit par le peu de capacité des maîtres, soit pour le nombre 8c par le peu
■ Le maréchal de Montpezat en t'>^3, les ma- le maréchal de Lauzières Thémines sous Henri IV
réchaiix du Bouchage & de Joyeuse sous Henri III, & le maréchal de Thoiras sous Louis XIII.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. ôgS
d'application des écoliers. « 11 seroit à souhaiter, dit-il, qu'on ne consultât
« que le mérite pour le choix des professeurs. » Il rappelle qu'un arrêt du
conseil du mois d'avril 1687 avait confié à ces universités le droit de pro-
poser trois sujets élus « après la dispute, » entre lesquels le roi devait choisir.
Cette fiction d'un choix personnel du roi qui ahoutissait à une lutte de
recommandations, donnait des résultats médiocres, car l'intendant conclut
par une réflexion significative : « Avant ce temps, l'élection étoit libre, elle
« se faisoit avec assez de justice, & ordinairement celui qui étoit le plus
« distingué par son mérite l'emportoit. »
Passant à la revue des collèges, Bâville nous en montre quinze en Lan-
guedoc, dont dix occupés par les jésuites (Toulouse, Albi, Castres, Carcas-
sonne, Bcziers, Montpellier, Nimes, Tournon, le Puy, Aubenas), quatre par
les pères de la Doctrine chrétienne (Toulouse, Beaucaire, Lavaur Se Nar-
bonne), un par les pères de l'Oratoire (Pézénas).
Il est d'avis que tous les petits collèges devraient être supprimés pour for-
tifier ceux des grandes villes. Partout ailleurs ils sont mauvais. Les compa-
gnies qui les dirigent n'ont pas assez de sujets pour y pouvoir placer de bons
maîtres, S< le petit nombre des écoliers fait languir l'enseignement} « s'il n'y
« avoit que de grands collèges, les parens feroient des efforts pour y envoyer
« leurs enfans 5c ils n'auroient pas le déplaisir qu'ils ont souvent de voir
M que leurs enfans sont très-incapables après avoir fait leurs études dans ces
« petits collèges. L'Etat & l'Eglise se trouvent privés en même temps des
« sujets qui se pourroient former ailleurs, s'ils étoient bien élevez. »
L'intendant loue au contraire l'organisation des établissements hospitaliers
fondés dans les principales villes de Languedoc, 5<. cite comme très-bien gou-
vernés ceux de Toulouse, de Montpellier & de Nimes. L'intervention royale
n'avait pas été inutile pour accroître les ressources de ces fondations en sup-
primant une foule de petits hospices isolés 8c de maladreries répandus dans
les campagnes, qui subsistaient depuis le moyen âge, sans surveillance, 8c qui
très-souvent avaient fini par se transformer en simples bénéfices, ne remplis-
sant plus aucun devoir d'hospitalité, au mépris de la volonté des fondateurs'.
' La déclaration du 12 octobre i6cf6 pmcrivit Dame du Mont-Carmel Se de Saint-Lazare Us
rétablissement d'un hôpital général dans toutes maladreries, léproseries & autres fondations châ-
les villes & gros bourgs du royaume, où « les pau- ritables. L'hospitalité /ut rétablie dans celles de
n vres de chaque ville, faubourg & consulat tant ces maisons dont les revenus se trouvèrent suffi-
« sains que malades, devaient être instruits de la sants, & les autres furent unies à de grandi hô-
« religion catholique Se secourus, u pitaux plus anciens ou de nouvelle création.
Le père Dunot, jésuite, fut commis par le roi L'hôpital général de Montpellier hérita ainsi
pour présider à la création de ces hôpitaux en des maladreries de Baillargues, Fabrègues, Mau-
Languedoc, 8t te transporta tour à tour, muni guio 8t des hôpitaux de Lattes, Castelnau, Le Crès,
d'une commission spéciale de l'intendant, sur les Saint-Siméon de Salafons (arrêt du 10 juin légS);
divers points de la Province. L'Hôtel-Dieu de Carcassonne, des hôpitaux de
Une série d'arrêts du conseil régularisa l'orga- Sainte-Croix de Carcassonne, de Pennautier, d'Aï-
nisation en prononçant la suppression ou l'an- zonne, de Trèbes, de Capendu, de Barbelrac & de
nexion de toutes les maisons inutiles. la maladrerie de la Magdelainc (arrêt du 11 jan-
L'édit de mars 1693 désunit de l'ordre Notre- vier lôpS);
1698
—^ 696 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Du Parlement, Bâville nous apprend qu'on y comptait de son temps cent
trente-deux officiers, dont neuf présidents à mortier, huit présidents aux
enquêtes ou requêtes, cent douze conseillers, deux avocats généraux, un pro-
cureur général. Les sénéchaussées étaient au nombre de huit, celles de Cas-
telnaudary, de Limoux, de Béziers, de Nimes, de Montpellier & du Puy
ayant été démembrées des trois anciennes sénéchaussées historiques de Lan-
guedoc. Il restait encore vingt-neuf vigueries.
Le personnel de la prévôté générale pour le maintien de l'ordre & la sur-
veillance des routes était très-faible. On ne comptait que cent hommes pour
toute la Province. Le prévôt général résidant à Montpellier n'avait sous ses
ordres que treize archers, les capitaines-lieutenants de Toulouse & de Nimes
81 les lieutenants particuliers de Carcassonne & d'Albi, chacun dix archers,
celui de Limoux quatre 8c celui de Vivarais quinze.
Un trait qui marque bien la décadence des charges des sénéchaux, autre-
fois si considérables en Languedoc, où ces officiers représentaient le pouvoir
royal dans sa plénitude, c'est la nécessité que l'on avait reconnue de trans-
porter à Montpellier les titres du domaine conservés aux archives des trois
anciennes sénéchaussées. Ce précieux dépôt était tombé dans un tel abandon
8t si complètement livré aux commis « qu'on y jetoit indifféremment des
« actes faux tandis que l'on en'voloit les véritables. » Ce fut pour empêcher
la perte entière de ces titres, qui se dissipaient de jour en jour, que le roi
prescrivit, en i6go, de les concentrer dans le dépôt de la chambre des comptes
de Montpellier, où la surveillance était organisée. Bâville raconte en avoir
transmis un inventaire à Pontchartrain, qui le fit déposer aux archives de la
chambre des comptes de Paris.
Après quelques généralités substantielles sur le commerce de la Province,
l'irKlustrie des draps 8c celle de la soie, Bâville promène son royal lecteur de
diocèse en diocèse, à travers tout le pays, signalant au passage, avec infini-
ment de justesse 8c de vérité, les particularités dignes d'intérêt, tant sous le
L'hôpital de Béziers, de la maladrerie de Béziers tal de Sainte-Radegonde & des maladreries d'Ar-
& des hôpitaux de Thésan, Saint-Génies, Mont- naud-Bernard, de Saint-Cyprien & de Saint-
blnnc, Puissalier, Miirviel, Magalas, Cazouls-lès- Michel ;
Béziers, Saint-Nazaire, Pouzols, Maraussan, Bo- L'hôpital de Castanet, des maladreries de Portet
hian, Villemagne, Boiissargue, Alignan-du-Vent, & de Castanet & des hôpitaux de Pibrac & d'Es-
Gabian, Roquebrun, Colombiers, Nizas, Cor- calquens ;
neilhan, Roujan & Gignac (arrêt du lo juin L'hôpital de CasteInau-d'Estrètefons, des hôpi-
'690); taux de Bouloc, Saint-Alban, Castelginest, Gar-
L'hôpital d'Uzès, de la maladrerie d'Uzès & des gas, Vacquiers ;
hôpitaux de Saint-Quentin, Montaron, Lacal- L'hôpital d'Albi, des maladreries d'Albi, de
mette, Boucoiran, Remoulins, Saint-Hilaire & Castelviel & de Lescure & de l'hôpital de Lescurej
CoUias (arrêt du 22 avril lôçS); L'hôpital deVerfeil, des hôpitaux de Saint-
L'hopital de Castelnaudary, des hôpitaux de Sulpice de la Pointe, Bessières & MontastruC ;
Saint-Martin de la Lande, de Bram & de Las- Citons encore, parmi les maladreries suppri-
bordes ; mées, celles de Lodève, Mèze, Narbonne, Loupian,
L'hôpital de Pézénas, des maladreries de Saint- Saint-Montan, Frontignan, Revel, Lavaur, Lu-
Tibéry & de Montagnac ; nel, Clermont-Lodère, Gaillac, Villefranche-de-
L'hôpital des incurables de Toulouse, de l'hôpi- Lauragais, Montpezat.
LIV. 111. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES, 697
rapport des productions naturelles Si de l'industrie que du caractère des habi-
tants.
Les belles plaines à blé qui régnent depuis Toulouse jusqu'à Montauban,
les prairies de l'Hers & des autres petites rivières de la contrée, les champs
de maïs du Toulousain passent d'abord dans ce rapide panorama. L'intendant
donne deux mots de regret à la culture du pastel, qui produisait naguère plus
d'un million & qui, depuis plusieurs années, était abandonnée par suite de
l'importation de l'indigo. Il fait ressortir tous les avantages de la situation de
Toulouse pour le commerce & les manufactures : bon marché des vivres,
eaux excellentes, distance égale des deux mers, transport facile des matières
premières par la Garonne 61 l'Ariége, établissement du canal. Pourtant on
n'y fait guère d'autre trafic que celui des laines d'Espagne venant de la vallée
d'Andorre par Ax &c Saint-Béat, de Castille par Bagnères de Luchon, d'Aragon
81 de Navarre par Arreau. Le commerce y est à peu près nul. « Le génie des
« habitans, dit Bâville, ne les y porte pas. Ils ne peuvent d'ailleurs souffrir
« les étrangers. Les couvents des religieux & des religieuses occupent la moitié
« de la ville. » Il attribue la principale cause de cette inertie à l'existence du
Parlement St au privilège de l'anoblissement capitulaire. « Tous les enfans
« des gros marchands aiment mieux s'anoblir & entrer en charge que de con-
(( tinuer 8c soutenir le commerce de leurs pères. » Quelques bergames, des
tapisseries de peu de valeur, de petites étoffes, moitié soie moitié laine, don-
nées à bas prix 81 fabriquées par des artisans tourangeaux établis dans l'île
de Tounis, forment à peu près les seuls produits de l'industrie locale.
« Quoique cette ville soit une des plus grandes du royaume, on peut dire
« qu'elle est une des moins riches » & des moins peuplées.
Dans le bas Montauban, au contraire, les habitants sont fort aisés : pays
gras, abondant en blé, en pastel; le tabac se cultive à Finhan, Escatalens &
Saint-Porquier; la plupart des vins se convertissent en eau-de-viej on élève
des chevaux qui vont se vendre aux foires de Grisolles.
Nous traversons le diocèse de Rieux, pays pauvre, où les habitants ont
peine à vivre, pour atteindre l'enclave de Seix, limitrophe du port d'Aula, où
sont les masures d'un château « qu'on dit avoir été bâti par Charlemagne. »
Bâville pense que les comtes de Toulouse voulurent garder ce passage en pro-
priété pour la communication avec l'Aragon. Il mentionne le pic 81 l'étang
du Montvallier « qu'on découvre de Gascogne à plus de trente lieues, » les
inscriptions antiques de Saint-Lizier, & les séries de tours à signaux, éche-
lonnées le long de la chaîne des Pyrénées, d'une mer à l'autre, pour avertir
par des feux de l'approche de l'ennemi.
A propos du Comminges & du passage de Saint-Béat, où une colonne de
marbre « parfaitement belle, » du temps des Romains, trahit l'ancienne im-
portance de ce poste, Bâville reproche assez durement à Marca d'avoir laissé
soustraire à la France la vallée d'Aran, qu'on était en droit de revendiquer au
traité des Pyrénées; faute considérable, dont l'archevêque de Toulouse était,
dit-il, plus responsable qu'un autre, ayant donné beaucoup de mémoires.
i6(>8
—^ 698 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Dans le pays de Mirepoix, qui fait très-peu d'exportation, les forges de
Conosouls, Sainte-Colombe, Quillan, Bélesta, les raines de jayet de Léran
&(. de Lavelanet, la fabrication du savon blanc & noir pour nettoyer les draps,
& des peignes de buis dont il se fait un grand débit en Espagne & en Italie,
disputent l'attention à la fontaine intermittente de Bélesta.
Le diocèse d'Alet & Limoux nous montre les paysans dans la neige la
moitié de l'année; du bétail, assez de denrées pour la subsistance; les traces
d'anciennes exploitations minières, 8c une petite industrie d'orpailleurs. Une
compagnie, formée en 1672 ' par Colbert, pour reprendre le travail de ces
mines, avec le concours de mineurs suédois, n'a pas réussi : on n'a découvert
que quelques veines de cuivre, bientôt perdues, &, qui n'ont pas payé les
frais. Bâville vante les vins blancs de Limoux, mais dit qu'ils ne se trans-
portent pas. On fait aussi des draps 8c des ratines, 8c les fers préparés dans
les forges du voisinage y sont concentrés dans des entrepôts.
Les terres fertiles reparaissent dans les belles plaines de Castelnaudary 8c
de Revel; quelque peu de vins, qui se consomment sur place.
Dans le Castrais, mêlé de montagnes cultivées 8c de petites plaines, beau-
coup de bestiaux, assez de denrées pour la subsistance aisée des habitants,
Se un grand nombre de manufactures où l'on travaille en petites étoffes de
laine, comme ratines, burats, cordelats, bayettes, serges 8c crêpons.
Le diocèse d'Albi, qui, vingt ans plus tôt, passait pour un des meilleurs
pays du royaume, était, en 1698, un des plus pauvres du Languedoc. Beau-
coup d'habitants avaient péri, en 1693, dans une épidémie; la mortalité du
bétail, l'exagération des charges depuis la guerre, l'établissement du canal
des deux mers qui- supprima le commerce d'entrepôt d'Albi, où les huiles du
bas Languedoc affluaient à dos de mulets, ces bêtes de somme rapportant
au retour les denrées de l'Albigeois, avaient presque entièrement ruiné la
contrée. On y comptait beaucoup de terres abandonnées. Le pastel, le safran,
les prunes sèches faisaient le principal objet du commerce, avec les vins
de Gaillac, transportés à Bordeaiix par la Garonne 8c très-recherchés des
Anglais. Pas d'autres manufactures que celles de Pvéalmont 8c d'Albi, fabri-
quant des crêpons, des burats, des bayettes 8c des razes.
A Saint-Pons 8c à Saint-Chinian, quelques fabriques de draps grossiers Se
peu estimés; du bétail dans les montagnes; à peine assez de blé pour payer
les tailles, les habitants vivant « d'une manière fort dure avec du millet; »
d'assez beaux marbres dans la partie rocheuse du diocèse, dont Bâville
dénonce la capitale comme « un très-vilain séjour. »
Le Narbonnais se trouvait alors en aussi triste état que l'Albigeois, par
l'effet d'une succession de mauvaises récoltes. Les dettes du pays étaient
considérables, 8c les habitants fort pauvres. On y recueillait encore peu de
vins, &c les oliviers formaient la richesse naturelle la plus importante.
Comme productions accessoires, l'intendant cite les sels de Peyrlac, qui se
' Nous rétablissons la date d'après le manuscrit Beauvau : l'édition de 1784 porte, par erreur, 1692.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 699
consommaient dans le haut Languedoc, 8c le salîcor des plages, plante
marine que l'on faisait sécher, puis brûler sous terre & dont la cendre s'uti-
lisait dans les verreries de Languedoc 8c d'Italie.
La création du canal des deux mers avait formé à Narbonne un grand
entrepôt du commerce des blés. C'est là que se concentraient tous les grains
du haut Languedoc 8c ceux des plaines de l'Aude; on les conduisait par le
canal de la Robine jusqu'à la mer, où de grosses barques pontées en faisaient
le transport aux côtes de Provence 8c de Roussillon 8t même en Italie, quand
la récolte y avait été maigre.
Bâville cite le diocèse de Carcassonne comme une démonstration écla-
tante de l'utilité des établissements industriels 8c de la richesse que l'activité
humaine peut donner à un pays peu fertile. La ville de Carcassonne n'est,
dit-il, à proprement parler, qu'une manufacture de toutes sortes de draps.
« Les gros marchands y font travailler un certain nombre d'ouvriers 81 de
« familles qui leur sont attachées. » Les uns filent, les autres cardent, les
autres tissent 8c, comme ce travail se répand dans les paroisses voisines,
presque tout le monde en profite.
A Béziers, au contraire, point de manufactures; les habitants n'y sont pas
disposés 8c les tentatives qu'on y a faites n'ont point réussi; mais la produc-
tion agricole est importante. Les vins, assez bons déjà sur les coteaux du
Carcasses, sont excellents dans le Biterrois; le blé dépasse la consommation
ainsi que l'huile, 8c la proximité de la mer, jointe à la traverse du canal,
maintient les denrées à bon prix. Les seules industries locales que mentionne
Bâville sont les fabriques de droguets de Bédarieux, très-appréciés en Alle-
magne, 8c la clouterie, qui faisait vivre tous les habitants des six petits bourgs
du canton de Graissessac.
Dans le diocèse de Lodève, les manufactures de draps 8c de chapeaux com-
pensent l'aridité du sol, trop sec 8c trop aride pour suffire à la subsistance.
« Il n'y a point de diocèse qui paye mieux la taille, quoiqu'il n'y en ait
« point où le terroir soit plus stérile. »
Le diocèse d'Agde, l'une des plus riches contrées du royaume, exporte ses
laines, d'excellente qualité, ses vins, ses blés, ses huiles 8c jusqu'à ses légumes,
cultive des mûriers, élève des vers à soie, exploite le salicor. L'intendant
signale, au sujet de ce pays, un trait caractérisque de monopole. Plusieurs
petits étangs y produisaient du sel qu'on pouvait utiliser; mais le fermier des
gabelles avait soin de les tenir artificiellement submergés, afin qu'ils ne nui-
sissent pas au débit des salins ordinaires.
Bâville s'étend avec beaucoup de détails sur l'état du commerce 8c de l'in-
dustrie de Montpellier. Il place en première ligne la fabrication du vert de
gris dont il décrit minutieusement les procédés. La matière première venait
d'Allemagne 8c, depuis quelques années, de Salé, sur la côte du Maroc. Le
travail en était réservé aux femmes; elles coupaient le cuivre rouge en mor-
ceaux de l'épaisseur d'une pièce de dix-huit sols 8c de la grandeur d'une
carte à jouer, mettaient dans un pot de terre deux pintes de vin pur;
1698
1698
700 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
au-dessus, des bâtons en croix, puis une couche de grappes de raisin sécliée?
sur lesquelles elles disposaient leurs morceaux de cuivre isolés les uns de',
autres, & ainsi couche par couche jusqu'au couvercle de paille, épais d'un
demi-pied, hermétiquement fermé pour empêcher l'action de l'air. On laissait
opérer l'oxydation pendant dix ou douze jours, suivant la saison, le temps
chaud étant plus favorable; ensuite, on faisait sécher les pièces de cuivre à
l'air & l'on obtenait le vert de gris en les raclant. Chaque opération donnait
une livre de produit. Les femmes des artisans, celles mêmes des marchands &
des bons bourgeois se livraient à ce travail avec grand profit, l'une préparant
cent pots, l'autre cent cinquante. 11 s'en fabriquait à Montpellier deux mille
quintaux par an. Ce vert de gris s'emballait dans des sacs de peaux de mouton
du poids de cinquante livres & s'expédiait en Angleterre, en Allemagne S<. en
Italie pour servir à la fabrication des couleurs.
Plus de deux cents familles de Montpellier s'occupaient à faire des futaines,
étoffes mêlées de fil 81 de coton, le fil venant de la Bresse Si le coton du
Levant. La production annuelle s'élevait à quatre mille pièces, valant dix-
sept livres chacune.
Le commerce de la laine était considérable. Les marchands de Montpellier
achetaient à Marseille des laines en suint, originaires d'Espagne, de Salé, de
Tunis, de Constantinople 8c de Smyrne; ils les faisaient nettoyer dans la
petite rivière du Lez, puis les serraient en de grands sacs de trois ou quatre
quintaux qui se transportaient aux foires de Pézénas 8c de Montagnac pour
se répandre ensuite dans les manufactures de la Province ou à la foire de
Beaucaire d'où elles allaient à Genève, en Allemagne 8c en Italie. D'autres
laines s'employaient sur place à faire des couvertures de différents prix qui
avaient souffert de la concurrence des toiles indiennes piquées de coton 8c
donné lieu à la prohibition de ces étoffes. Bâville compte que la laine faisait
vivre à Montpellier plus de deux mille personnes 8c rapportait quatre cent
mille livres par an.
I,a cire jaune du Levant se blanchissait dans la même ville pour plus de
cent mille livres; on la préférait à celle de Hollande, parce que l'ardeur du
soleil languedocien rendait inutile l'emploi de la graisse 8c de la céruse.
Les cuirs se tannaient à Montpellier 8c à Ganges, 8c le commerce en dépas-
sait deux cent mille livres en Espagne 8c en Italie, outre la consommation
provinciale. Aniane préparait le cristal de tartre, exporté en Angleterre 8c en
Hollande.
Les Génois enlevaient pour Livourne les vins rouges 8c blancs du diocèse;
le vin muscat de Frontignan s'expédiait à Lyon pour l'Allemagne 8c à Bor-
deaux pour l'Angleterre 8c la Hollande. On faisait aussi beaucoup d'eau-de-
vie 8c de liqueurs aromatiques, eau de la reine de Hongrie, eau de Cette,
eau de canelle. Le débit des vins 8c de ces liqueurs était évalué, malgré la
guerre, à cinq cent mille livres par an. Avant l'ouverture des hostilités, les
vaisseaux anglais venaient prendre à Cette des vins de la contrée qui rece-
vaient à Londres le meilleur accueil.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 701
Bâville signale encore, parmi les produits de Montpellier, la préparation
du kermès qui s'exportait en Hollande.
Le rigide exécuteur des lois de proscription contre les réformés, contraint
de reconnaître que « généralement parlant, tous les nouveaux convertis sont
n plus à leur aise, plus laborieux & plus industrieux que les anciens catho-
« liques, » ne fait pas difficulté d'assigner le premier rang à la ville de Nimes
pour le commerce de la draperie & de la soie. Il vante l'application de ses
marchands, leur habileté, l'heureuse hardiesse de leurs entreprises; ce sont
eux qui font subsister une infinité de familles en leur achetant les petites 81
les grosses étoftes, expédiées par leur entremise dans toutes les directions.
« Ce sera toujours, écrit-il, un point très-important au commerce, de con-
« server la ville de Nimes, qui en est comme le centre, & d'y protéger les
« gros marchands. » Il ajoute, prenant sans doute ses désirs pour des réalités,
qu'on y a réussi dans les derniers temps, malgré le « changement de reli-
» gion. » Le commerce n'y est point changé; il y fleurit mieux que jamais,
81 « si tous ces marchands sont encore mauvais catholiques, du moins ils
« n'ont pas cessé d'être très-bons négocians. »
l/eau de la reine de Hongrie se fabriquait aussi à Nimes, ainsi que le
muscat & l'eau-de-vie. Dans le terroir du grand Galargues, on cultivait la
maurelle ou tournesol qui s'employait en Hollande pour la teinture des toiles
rouges & bleues 8c pour la coloration des fromages.
Dans le diocèse d'Uzès, s'étendant du Rhône aux Cévennes, 81 l'un des
plus vastes du Languedoc, outre une production suffisante de céréales, Bâville
mentionne les vins de Jusclan, de Tavel, de Roquemaure 8c de Laudun; la
soie s'ouvrait dans plusieurs manufactures, 8c l'on fabriquait de petites étoffes
de laine qui répandaient beaucoup d'argent dans le pays. Les eaux miné-
rales froides d'Yeuset avaient grande réputation.
L'intendant distingue trois zones très-différentes dans le Vivarais : les
Boutières, pays coupés de petites montagnes coniques fort stériles 8c propres
à l'élève du bétail; la Montagne, région voisine du Vêlai, froide, mais fertile
8c bien cultivée, produisant toutes les denrées, sauf le vin; le Pays-Bas ou
les coteaux du Rhône, dont les vins allaient jusqu'à Paris; les soies, le com-
merce des cuirs 8c des châtaignes sèches y portaient la richesse; les cultiva-
teurs excellaient à tirer parti des moindres espaces, soutenant des terrasses
artificielles au moyen de petites murailles échelonnées 8c faisant ainsi croître
des grains 8c des vignes sur les pentes les plus raides 8c au milieu des rochers.
Les châtaignes formaient à peu près l'unique fortune des Boutières dont elles
étaient le principal objet d'échange, avec le chanvre employé à la fabrication
de toiles grossières débitées dans le voisinage.
Le Gévaudan, partagé entre les montagnes de la Margeride 8c d'Aubrac 8c
les Cévennes, pays stérile, sujet à la grêle, ne produisant que du seigle, des
châtaignes 8c presque pas de vin, n'avait d'autre moyen d'existence que ses
manufactures de cadis 8c de serges; tous les paysans possédaient des métiers
chez eux 8c employaient à ce travail le temps que la longue durée des neiges
1698
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702 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
laissait disponible. On y voyait des enfants filer dès l'âge de quatre ans 8c
les familles entières s'y trouvaient occupées. Salaire médiocre du reste, la
journée des fileuses se payant deux sols, celle des cardeurs cinq, celle des
tireurs de laine dix, celle des tisserands huit. La modicité de ces prix empê-
chait la fabrication de ces étoffes dans les contrées voisines où les artisans ne
se voulaient pas contenter d'un si mince bénéfice Su où, par suite, le prix de
revient aurait augmenté. On avait les meilleurs cadis pour douze sols l'aune,
les autres pour dix; les serges coûtaient un peu plus cher. Ces manufactures
n'en rapportaient pas moins deux millions par an, ayant leur débit en Suisse,
en Allemagne, sur la côte d'Italie, à Malte & jusqu'en Orient. Mende &
Saint-Léger en étaient les deux entrepôts : c'est là que les gros marchands
les concentraient & les faisaient teindre, en gardant pour eux le principal
profit. Le bas prix de la main d'oeuvre & la nécessité d'acquérir des farines
étrangères, le pays ne produisant pas la dixième partie de celles qu'on em-
ployait, empêchaient les habitants d'arriver à l'aisance, malgré les efforts
d'un travail opiniâtre.
Bâville observe que cette fabrication des cadis du Gévaudan avait dû être
soustraite à la réglementation générale des manufactures. « Ce seroit, dit-il,
« vouloir la perdre entièrement que de vouloir y introduire de nouvelles
« règles, soit pour la largeur, soit pour la bonté des étoffes. » Les paysans,
accoutumés à leurs métiers 81 à leurs usages, ne se prêtaient pas aux chan-
gements'. D'ailleurs, les étrangers prenant les cadis tels qu'ils étaient & ne
s'en plaignant pas, on ne comprenait point l'utilité d'innover. La seule obli-
gation indispensable était d'éviter le mélange des laines, celles du Levant,
plus grossières, prenant inégalement la teinture. Depuis quelques années, on
commençait à faire des meubles de ces petites étoffes, &. le débit en France
en augmentait; mais il ne se consommait pas dans le royaume un sixième
de la production.
Les montagnes du Gévaudan recevaient chaque année, vers la Saint-Jean,
l'émigration habituelle des troupeaux du bas Languedoc chassés par la cha-
leur. Les habitants nourissaient ce bétail, sans autre bénéfice que le fumier
pour l'engrais de leurs terres. L'intendant signale l'adresse des cultivateurs à
répandre l'eau dans leurs cham.ps, à l'aide d'une foule de canaux & de petits
aqueducs.
Les Cévennes méridionales, comprises dans le diocèse d'Alais, montraient
des vallons bien cultivés, portant toute sorte de grains, même des oliviers &
des mûriers. On y fabriquait des cadis, plus forts S\ plus chers que ceux du
Gévaudan, & plusieurs espèces de ratines. L'intendant avait été frappé de
l'animation des marchés d'Anduze, où chaque jeudi les négociants de Nimcs
apportaient vingt-cinq à trente mille livres, argent comptant. Ces -sommes se
partageaient entre les marchands facturiers qui les distribuaient à leur tour
■ Voir, à ce sujet, le rapport présenté aux États Languedoc. Pièces justificatives, n. DXLIII,
en 1695 sur la situation des manufactures de col. 1473,
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. yoS
aux artisans, ce qui répandait l'aisance dans toute la contrée. Malgré la stéri-
lité des fonds 6<. les mouvements occasionnés par la révocation de l'édit de
Nantes, l'activité du commerce avait réparé rapidement toutes les pertes. On
ne voyait guère de pauvres dans le pays, mais partout des gens bien vêtus,
actifs & laborieux. Bâville leur reconnaît de l'esprit, « mais peu de bonne
« foi & encore moins de religion » & rappelle que le duc de Rohan les disait
<i bons huguenots & très-mauvais chrétiens. » 11 croyait lui-mc'me les Céve-
nols plus faciles à entraîner que les peuples du Vivarais, mais aussi moins
opiniâtres & prompts à rentrer dans leur devoir.
La révision sommaire du Languedoc se termine par les montagnes du
Vêlai, où règne la neige pendant six mois de l'année. Pourtant, la produc-
tion du blé y dépassait la consommation, quand la récolte était bonne, 8c
l'excédant s'échangeait en Vivarais contre des châtaignes. L'élève du bétail
faisait la principale richesse de la contrée; on vendait, aux foires, beaucoup
de mulets, 8c l'on y portait des cuirs de tous les points du pays. La véritable
industrie nourricière était la fabrication des dentelles, dont le centre le plus
important se trouvait au Puy, 8c qui se débitaient en Espagne, en Allemagne
8c dans les autres parties de l'Europe.
Bâville rapporte que le Vêlai était riche avant l'année i6go; mais la mor-
talité générale qui atteignit alors hommes 8c bêtes compromit gravement cette
prospérité.
Après avoir indiqué ainsi toutes les sources de la production languedo-
cienne, l'intendant consacre quelques mots aux principaux marchés, qui
étaient les foires de Pézénas 8c de Montagnac, 8c surtout celle de Beaucaire,
dans la prairie du Rhône, où l'on faisait en trois jours plus d'affaires que
durant tout le reste de l'année, 8c où l'on renjontrait habituellement, sans
compter les négociants de la France entière, des Italiens, des Espagnols, des
Allemands, des Grecs, 8c même des Turcs 8c des Américains.
Il s'élève contre le droit de réappréciation établi en i632 8c contre le droit
d'abonnement exigé par les fermes, taxes d'up produit médiocre, mais désa-
gréables aux négociants, comme une cause d'embarras matériels 8c comme
une violation du privilège de franchise accordé par les comtes de Toulouse
8c confirmé par les rois de France.
L'intendant cherche ensuite à évaluer les exportations du Languedoc, en
reconnaissant qu'il n'avait pas les éléments d'une statistique complète, aucun
bureau de péage pour la sortie n'existant sur la frontière d'Auvergne, de
Rouergue, de Guienne 8c du pays de Foix, 8c les expéditions faites à la
foire de Beaucaire ne laissant pas de traces. Les droits de sortie, depuis la
côte du Rhône jusqu'en Roussillon, donnaient trois cent soixante mille
livres par an. D'après l'avis des principaux négociants 8c l'examen des recettes
de Beaucaire, Bâville pense qu'il sortait de Languedoc, années communes
des denrées 8c marchandises pour une somme de seize millions cinq cent
quarante- neuf mille livres. L'importation annuelle était, sous les mêmes
réserves, de cinq millions cent quatre-vingt-dix mille deux cent vingt-cinq
1698
i6p8
yo4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
livres, ce qui fait pour l'exportation un excédant de onze millions trois cent
cinquante-huit mille sept cent soixant-quinze '.
S'occupant des moyens d'accroître ces transactions, l'intendant émettait le
vœu de voir diminuer les entraves fiscales. Il ne pensait pas qu'on dût rien
ajouter, en fait de règlements, pour les manufactures, à ceux de Colbert, ce
grand ministre ayant, dit-il, épuisé la matière, mais il recommandait ce
qu'il appelle « les trois grandes règles de commerce, » qui consistent à dimi-
nuer les droits d'entrée & de sortie, à donner protection aux négociants & à
les laisser dans une liberté entière de faire le commerce qui convient le
mieux à leur goût & à leur génie. Parmi les plus fâcheux obstacles qui
contrariaient le commerce du Languedoc, Bâville énumère :
L'obligation pour tous les navires de faire quarantaine à Marseille &
d'y opérer le transl)ordement des marchandises destinées au port de Cette,
exigence tyrannique provenant de l'ancienne & jalouse domination de Mar-
seille sur la Méditerranée ;
La non-exécution de la paix des Pyrénées en matière de tarifs. Cette
convention portait que les marchandises françaises entrant en Espagne
seraient traitées sur le pied des nations les plus favorisées; cependant elles
payaient dix pour cent, tandis que les autres nations, 8c les Espagnols eux-
mêmes dans les ports de France, ne payaient que cinq ;
L'absence d'entrepôt dans le port de Celte, concession faite aux fermiers
du roi, causant mille traverses aux négociants;
La confusion des tarifs pour les droits royaux dans tous les bureaux de
foraine, certaines marchandises payant trop cher, d'autres pas assez, £< beau-
coup de taxes étant à la discrétion des commis ;
L'exagération des droits d'entrée sur les laines d'Espagne, matière première
des plus belles manufactures de Languedoc. Les Anglais & les Hollandais
n'avaient rien négligé pour nous enlever cet élément de richesse : étant plus
près qu'eux de l'Espagne, il semblait facile, en abaissant les droits, de rendre
leur concurrence impuissante. Les négociants languedociens, dégrevés des
charges douanières, pourraient alors payer les laines plus cher aux produc-
teurs espagnols & obtenir ainsi la préférence;
• Éyaluation des importations en la province Report 2180000'
de Languedoc (1698) : Bœufs & moutons, par l'Auvergne, le
Limousin & le Rouergue i 240000
Toiles de Normandie, Bretagne & An- Quincaillerie de Forez & d'Auvergne. Soooo
)ou 400000' Epiceries de Bordeaux 471 oon
Toiles de Lyonnais 400 000 Fer de Bourgogne 81 comté de Foix. . . 100000
Toiles d'Auvergne, Rouergue, Quercy Mercerie d'Allemagne^ par Lyon. . . . 5oooo
& Vêlai 600000 Laines d'Espagne (5 000 quintaux). . . 35oooo
Toiles de Suisse, par Lyon 460000 Laines de Constantinople, Salé, Alger
Marchandises des Indes orientales & tous les lieux de Barbarie 400000
(avant la guerre) 3oo 000 Poisson salé de Marseille & Bordeaux. 349225
Toiles de Hollande, par Bordeaux. . . 3o 000
5 190225'
A reporter 2 180000' Différence en faveur des exportations. 11 358 775'
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. yoa
La prohibition du cours des piastres usitées en Espagne, en Italie & dans
le Levant; cette mesure rigoureuse obligeait le commerce d'exportation à ne
recevoir en payement que des lettres de change, ce qui entraînait des retards
& des pertes considérables. Bâville proposait, après plusieurs expériences &
une étude attentive de la matière, d'accepter trois espèces de piastres : celles
du poids d'un écu, au prix de trois livres; celles du poids de quatre pistolcs
d'Italie, au prix de cinquante-huit sols, & toutes les autres, destinées à la
monnaie, à raison de vingt-sept livres le marc. Dût-on même transformer
toutes les piastres en monnaies françaises, le trésor ne perdrait pas à l'opé-
ration.
L'histoire ne doit pas négliger, si minimes qu'elles paraissent, toutes les
preuves du penchant naturel de l'esprit humain vers les solutions ration-
nelles. Sur quelques-uns de ces points, Bâville, tout autoritaire qu'il se mon-
trât dans l'exercice de ses fonctions, se trouvait devancer les cahiers de
doléances de 1789, tant il est vrai que les vœux de cette époque mémorable,
loin d'être, comme on l'a prétendu quelquefois, l'effet d'un entraînement
passager, traduisaient fidèlement dans leur ensemble les désirs de réforme
les plus légitimes.
C'est ainsi qu'une tentative avait été faite aux Etats de Languedoc, en
1697, pour réaliser cette unification des poids & mesures dont l'honneur
devait être réservé à l'Assemblée nationale, tentative infructueuse, mais digne
d'attention, comme un symptôme du travail inconscient qui s'opérait dans
les intelligences'.
Les idées économiques de Bâville sont justes & larges. L'intendant termine
son chapitre sur le commerce de Languedoc en exposant un projet d'abolition
générale des péages, à commencer par ceux du Rhône. « Cette rivière, dit-il,
(1 est faite pour procurer l'abondance dans le ro>aume; mais on a trouvé le
« moyen, en la chargeant de plus de soixante péages, de la rendre si fâcheuse
« St si incommode aux négocians qu'il n'est pas possible qu'elle n'en rebute
<i un grand nombre. »
Il recherche comment on pourrait détruire ces entraves sans porter atteinte
au droit de propriété, & recommande deux systèmes, ou bien le rachat direct
des péages par l'Etat ou bien la concession du droit de navigation pendant
douze ans à une compagnie qui serait chargée, durant cette période, d'opérer
elle-même le rachat.
Dans le premier système, il propose d'imposer un million sur toute la
Fiance & de l'affecter au remboursement des seigneurs péagers dont la liqui-
dation pourrait être faite en vingt ans sur le pied du denier dix-huit.
Il évalue à cent soixante mille neuf -cents livres de rente annuelle le pro-
duit des péages appartenant aux particuliers & aux engagistes du domaine, à
vint^t-cinq mille livres ceux du roi, &c à cinquante mille ceux de l'Eglise.
Les premiers seraient remboursés directement moyennant un million deux
' P.l-cci Juitificat'tvci, n. DLIII, col. i5dC.
XIII. 45
if.98
1698
7o6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
cent quatre-vingt-sept mille deux cents livres. Le roi « aurait la bonté de
« remettre les siens au public, » ce qui ferait augmenter la douane de Valence
8c les autres droits de ses fermes; & quant aux péages des ecclésiastiques ne
pouvant, de leur nature, être remboursés, on en ferait payer le revenu par
les provinces de Languedoc, Provence, Dauphiné & Lyonnais. « Si, par cette
(( proposition, on fait entrer tout le royaume dans ce remboursement, c'est
« qu'on suppose qu'après avoir supprimé les péages du Rbône, on suppri-
« meroit de la même manière les péages qui se lèvent sur toutes les autres
« rivières. »
On venait de voir paraître une marque de l'esprit d'ordre & de régularité
qui tendait à renouveler l'administration, dans une grande ordonnance
dressée par les commissaires du roi & ceux des États £<. confirmée par décla-
ration royale, portant règlement pour les affaires des communautés.
Ce serait, du reste, une assez grave erreur, que de croire, comme on l'a
trop souvent avancé, que cette intervention du pouvoir central dans l'éco-
nomie intérieure des municipalités, fût une réelle innovation. Elle avait été
de tout temps rendue nécessaire par les désordres financiers des petites oligar-
chies locales; dès que l'autorité des rois de France fut solidement constituée,
elle fit exercer un contrôle par ses officiers sur tous ceux qui avaient un
maniement de deniers publics. Mais, comme il est de l'essence du temps
d'altérer toutes choses, il arriva que les instruments d'abord employés par le
pouvoir central furent divertis de leur destination & devinrent inutiles. C'est
parce que les successeurs nominaux des anciens sénéchaux de Languedoc,
transformés en officiers héréditaires & rabaissés par la coexistence du Parle-
ment, avaient absolument perdu leur rôle d'administrateurs royaux, qu'il
fallut reconstituer, sous le nom des intendants, toute une nouvelle sur-
veillance administrative. II y eut donc déplacement d'autorité & renaissance
beaucoup plus que création.
Ajoutons, en ce qui concerne les communes, que la suppression à peu près
complète des élections, la vénalité des charges municipales & la dégradation
qui en résultait rendaient plus urgente encore la répression des abus signalés
de tous côtés dans la gestion financière des consuls. Plus la condition des
gérants devenait anormale & précaire, plus il était indispensable de se
garantir contre leurs malversations. C'est à quoi tendirent les membres de la
commission mixte, qui étaient le marquis de Calvisson, lieutenant général;
l'intendant Lamoignon de Bâville; les trésoriers de France d'Aldéguier Se
Masclary. Il n'est pas difficile de comprendre, sous ce nom collectif, à quelle
influence prépondérante revenait l'initiative de la mesure.
Le nouveau règlement exigeait qu'il fût rendu un seul compte pour
chaque imposition par le collecteur qui en aurait fait la levée; il interdisait
d'une manière absolue aux maires & consuls de se faire délivrer les revenus
patrimoniaux des communes, ces fonds devant être mis aux mains des col-
lecteurs qui en déduiraient le montant du rôle des impositions, suivant
l'ordonnance du 1" décembre 1687. Il défendait également aux officiers
LIV. III, RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 707
municipaux de se charger des sommes imposées pour les dépenses ordinaires
ou imprévues.
II coupait court aux exigences des collecteurs en supprimant ou restrei-
gnant les remises qu'ils s'attribuaient pour frais d'expédition ou de levure Si
soumettait les reprises à un contrôle sévère en demandant une vérification
faite dans le temps de la récolte par un député de la commune, avec mandat
de justifier que les biens cotisés n'avaient porté aucun fruit & que le proprié-
taire n'avait d'ailleurs aucuns meubles ni autres effets exploitables dont la
vente pût lui permettre de satisfaire aux exigences du fisc.
Il autorisait l'expédition sous seing-privé des quittances des particuliers
employés dans l'état des dépenses ordinaires ou assignés sur les imprévues
6c de celles des intérêts d'emprunts; les créanciers illettrés faisant certifier le
paiement par les maires & consuls ou par le curé des lieux. Quant aux quit-
tances des capitaux de dettes, elles devaient être expédiées par un notaire
8<. mentionnées en marge des obligations.
Les sommes empruntées en vertu d'ordonnances de permission devaient
être employées sur-le-champ à leur destination, l'acte d'emprunt contenant
l'indication de l'emploi. Une seule exception était faite à cette règle, pour les
frais de procès, dont la liquidation ne pouvait raisonnablement s'accomplir
qu'après la terminaison de l'affaire.
Dans le cas où le premier emprunt était insuffisant, il fallait en justifier
par le compte rendu exact de l'état des fonds & procéder ensuite à une déli-
bération nouvelle 8c à une demande d'autorisation.
Les fonds étaient alors envoyés au procureur de la commune ou remis au
député chargé de la poursuite du procès, avec défense de dépasser en aucune
façon les sommes autorisées, soit pour les frais du procureur, soit pour les
journées du député.
Les officiers municipaux, promoteurs d'un emprunt, étaient obligés d'en
poursuivre la vérification pendant leur année 8c, s'ils ne pouvaient l'achever,
d'en donner connaissance à leurs successeurs dans une assemblée de com-
mune, avec l'exposé des motifs 8c la remise de toutes les pièces justificatives.
L'assemblée confiait alors aux nouveaux consuls la suite de l'opération; faute
d'obéir à cette règle, les anciens 8c les nouveaux magistrats seraient tenus de
payer en leur propre 8c privé nom les intérêts dus jusqu'à la vérification 8c
les frais exposés par les créanciers.
Conformément à l'arrêt du conseil du 28 novembre 1648, défense était
faite aux créanciers dont les dettes n'auraient pas été vérifiées de faire aucune
poursuite pour s'en procurer le payement, &c aux maires 8c consuls d'opposer
d'autres défenses devant les juges que le défaut de vérification, à peine de
radiation 8c de perte des frais. Les créanciers devaient adresser une somma-
tion en vérification aux consuls 8c leur remettre les actes nécessaires 8c, faute
par eux d'y satisfaire, poursuivre eux-mêmes la vérification aux frais des
officiers municipaux.
Les capitaux des dettes vérifiées seraient imposés dans le nombre d'années
1698
1698
7o8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
porté par l'arrêt du conseil qui permettait l'imposition. Les maires S<. consuls
avaient charge de dénoncer par acte aux créanciers l'imposition faite en leur
faveur 81 de leur indiquer le nom S< l'adresse du collecteur chargé de les
payer. Les commissaires du roi aux États étaient seuls compétents pour pro-
noncer sur la requête des créanciers.
Les délibérants poursuivis pour le payement des dettes rayées &. cjui
auraient des moyens de rétablissement à proposer, les remettraient au greffe
du roi, quinzaine après les assignations, St demanderaient sursis à l'inten-
dant jusqu'après jugement de la contestation par les commissaires royaux.
Le dernier article de la déclaration défendait très-expressément aux offi-
ciers du Parlement de Toulouse 81 de la Cour des comptes de Montpellier ik
à tous autres juges d'y contrevenir à peine d'interdiction de leur charge '.
La sagesse de ces diverses dispositions ne saurait être contestée; elles res-
treignaient heureusement les chances de gaspillages publics dont les admi-
nistrations municipales se rendaient fréquemment coupables ; mais elles
montraient aussi l'inanité des avantages que le ministère s'était promis, au
moins pour la forme, en créant les offices héréditaires.
La paix qui s'était conclue avi château de Ryswyck en 1697, & qui marque
le terme des prospérités de Louis XIV, avait été accueillie sans enthousiasme,
à cause du haut prix qu'elle coûtait. La première conséquence qu'elle eut en
Lano-uedoc fut une recrudescence de rigueurs contre les protestants.
Parmi les concessions que l'orgueil du roi de France venait de faire aux
puissances coalisées, le gouvernement britannique avait stipulé le rétablisse-
ment du culte réformé dans la principauté d'Orange. Grave motif d'inquié-
tude pour Bâville, qui ne pouvait voir sans appréhension des pratiques reli-
gieuses, prohibées sous peine de mort d'un côté du Rhône, devenir licites de
l'autre côté.
Mais à peine le traité avait-il été signé qu'une déclaration royale défendait
aux protestants de s'établir à Orange Si d'y faire aucun exercice de leur culte.
L'intendant faisait surveiller les passages du Languedoc sur cette frontière
avec une exactitude inquiète. Il se préoccupait surtout d'un ministre dont
nous avons exposé plus haut la participation énergique à toutes les tentatives
de résistance contre l'édit de révocation. La capture de l'ancien agitateur du
Vivarais, de Claude Brousson, était devenue son idée fixe. « Il est certain,
« écrivait-il le 3 mai 1698, que cet homme fait des maux infinis-. « Des
émissaires avaient été envoyés à Orange pour se mettre sur ses traces. Traqué
de villar^e en village, Brousson réussit à pénétrer en Languedoc 8c, trompant
les poursuites, se jeta dans le Béarn; mais on avait mis sa tête à prix, er à
Oloron un dénonciateur voulut gagner trois mille livres en livrant le pros-
■ Archives de Toulouse. Recueil d'imprimés, V, ' Fragments inèJits Je la correspondance àe La-
p. 549. — L'ordonnance des commissaires fut ren- moignon de Basville avec Flcchier, 1698-1 70 i . Com-
due le 22 janvier 1697, 8c la déclaration confir- munication de M. Boissy d'Anglas. — Bulletin de
mative, datée de Versailles le 3o avril de la même la sociiêté de l'histoire du protestantisme fran(;ais.
année. XV, p. |33.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 709
dit aux agents de l'intendance. Averti par une dépêche de son collègue de
Pau, Bâville se hâta d'annoncer » la bonne nouvelle » à l'évêque de Nimes.
Il ajoutait quelques lignes singulièrement expressives, « J'envoie aujourd'hui
« à M. Pinon (intendant du Bcarn) tout ce qu'il faut pour luy faire son
« procès en deux heures. Je meurs de peur que ce malheureux, qui est bien
<s tin, n'eschappe. 11 a fait bien du mal Se en eût beaucoup fait encor. Jamais
« fanatique n'a esté plus dangereux'. »
Brousson, dont le portrait avait été envoyé dans toute la France, arrêté à
l'hùtellerie de la poste d'Oloron, puis transféré à Lescar, fut conduit à Mont-
pellier par ordre de la Cour. On l'enferma dans la citadelle, S< Bâville eut
charge de l'y juger.
L'intendant gardait en son pouvoir, depuis six ans, une terrible pièce de
conviction qui, entre ses mains, valait une condamnation à mort. C'était un
itinéraire détaillé dressé par Brousson pour introduire les armées étrangères
dans les Cévennes, Se destiné au comte de Schomberg, commandant alors en
Piémont pour le duc de Savoie. Cette pièce, accompagnée d'une lettre de
Vivens, datée du Désert le 8 mars i6gi, avait été saisie sur un guide d'émi-
grés, nommé Gabriel Picq, qui fut arrêté 8t fouillé aux portes de Genève, 8c
qui l'avait cousue dans ses vêtements. Le résident français, M. d'Iberville,
s'était hâté d'expédier l'écrit & le porteur à l'intendant, qui fit pendre Picq
Si conserva l'itinéraire.
L'auteur de ce plan y représentait au général étranger combien il impor-
tait de se rendre maître des Cévennes. « Si nos ennemis, » disait-il , désignant
par cette expression les troupes françaises, tant la passion religieuse jetait de
confusion dans les idées 81 dans le langage, « si nos ennemis y avoient une
o fois jeté dix ou douze mille hommes, 8< qu'ils y fussent fortifiés, il ne
« seroit plus possible de les en chasser, & ils rendroient presque inutile tout
« ce qu'on pourroit faire dans la plaine; car de là ils désoleroient tout le
Il pays. )> Brousson indiquait ensuite l'état des forces royales dans ces mon-
tagnes : deux régiments de milice, pouvant faire en tout douze ou quinze
cents hommes; quatre à cinq compagnies de cavalerie, quelques compagnies
d'infanterie dans les forts d'Alais Se Saint-Hippolyte, faisant des courses & des
recherches continuelles. Il montrait l'impossibilité d'une insurrection locale
sans secours de l'extérieur. « Ce peuple ne sauroit rien entreprendre, quand
« même on y envoyeroit des officiers, si l'on ne jetoit dans les montagnes
<( quelques troupes qui occupent un peu les milices, 8c qui donnent aux habi-
« tans du pays le moyen d'agir. » 11 demandait un secours de deux mille
hommes, ou de mille, ou, v au pis, » de cinq cents, bien choisis, « armés de
<( fusils 8c de baïonnettes, parmi lesquels il y eût un bon nombre d'officiers
<i surnuméraires, des plus vigoureux, pour commander les gens du pays. »
l>'entrée de ce secours dans les Cévennes aurait dû précéder un mouvement
offensif de l'armée protestante de Schomberg sur la vallée du Rhône.
' Lettr» du 3 octobre i6g8.
1698
1698
7IO ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Voici la route que proposait le ministre : Débarquement de nuit entre
Montpellier 8c Aygues- mortes; marche nocturne, par la rive gauche du
Vidourle, sur Calvisson; halte à la petite montagne de Canes, près Vie, où
un bois assez épais donnerait abri; marche d'une lieue environ, à travers des
plateaux presque déserts, entre Durfort 81 Saint-Félix. A partir de ce point,
la troupe devait atteindre, sans difficulté, grâce aux bois 8< aux rochers, le
vallon supérieur du Gardon d'Anduze, par la Salle & Saumane, où elle se
trouverait « au cœur des Cévennes » 8c où le peuple se ramasserait de tous
côtés. Brousson regardait l'entreprise comme certaine; pour peu de diligence
qu'on fît, les milices du pays n'auraient pas le temps de se rassembler; d'ail-
leurs, en leur donnant l'attaque, il suffirait d'annoncer l'approche d'une
armée régulière pour dissiper facilement ces compagnies, dont le peu de soli-
dité était connu. Le ministre recommandait pourtant de jeter d'abord dans
les Cévennes autant de monde que l'on pourrait, afin de s'assurer des monta-
gnes 8c d'y mettre les habitants en état de défense, après quoi les troupes
auraient la faculté de descendre dans la plaine '.
On devine que la possession d'un tel document dispensa de longues procé-
dures. Brousson avoiiait tout; mais Bâville prétend, dans une lettre à Flé-
chier, que le prévenu lui donnait « assez de peine, non par son habileté,
« mais par une prolixité épouvantable dans ses réponses. -> On sait que
Brousson, ancien avocat au Parlement, était doué d'une grande facilité ora-
toire; quel plus triste sujet d'ailleurs 8c plus riche en développements que
cette politique de persécution, qui, en créant des crimes imaginaires, finissait
par en susciter de réels 8c qui changeait les sujets en traîtres pour les avoir
trop longtemps traités en ennemis 1
Le jugement fut prononcé, dans la citadelle de Montpellier, le 4 novembre,
Bâville exerçant la justice prévôtale, à la tête des officiers du présidial., en
vertu de ses arrêts d'attribution. Brousson reconnut qu'il avait été l'insti-
gateur des résolutions prises à Toulouse en i683 pour continuer l'exercice
du culte protestant dans les lieux interdits, qu'il avait rédigé le projet d'opé-
ration militaire sur les Cévennes pour le comte de Schomberg 8c s'était
tenu en relations secrètes avec ce général, 8c enfin qu'il avait encouragé
les mouvements religieux du Vivarais. Il ajouta que les clauses du traité
de Ryswyck, en mettant fin à la guerre de religion, amnistiaient les actes
du passé.
Le ministre fut condamné, tout d'une voix, à être rompu vif. Bâville fit
ajouter à l'arrêt que Brousson serait étranglé, « afin de finir promptement le
« spectacle. » Il redoutait l'impression que la mort calme Se courageuse de ces
hommes produisait sur l'esprit des peuples, 8c les commentaires qui s'en fai-
saient.
Le jour même du jugement, Bâville en rendit compte à Fléchier par lettre
■ Brueys, Histoire du fanatisme de notre temps, pellicr, p. 809. — Lettre de Bâville à Fléchier, du
I, p. 174. — Corbière, Histoire de l'Eglise de Mont- 4 novembre 1698.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 711
& lui raconta sommairement les principaux faits de l'audience. <c II y a vingt
« ans, dit-il, que Brousson ne pensoit qu'à soulever les peuples Je vous
« puis assurer que si l'on en veut faire un martyr, il sera d'une nouvelle
« espèce, toujours respirant le fer, le teu & la sédition. »
L'agitateur des Cévennes fut exécuté le même jour. « Les dévotes pleure-
« ront Brousson, écrivit Bâville à l'évêque de Nimes, mais il ne fera plus
« de mal. »
Le supplice du ministre eut, en effet, dans l'Europe entière, un grand
retentissement. Comme il arrive toujours, dans ces lamentables affaires, la
légende défigura quelque peu l'histoire; on nia l'authenticité du projet d'in-
vasion, bien que l'auteur en fût lui-même convenu; l'émigration réformée
répandit un récit de l'exécution avec ce titre : Le glorieux martyre de
Monsieur Brousson, & M. de Superville, pasteur de Rotterdam, le défendit
énergiquement du reproche de haute trahison dans ses Lettres sur les devoirs
de l'Eglise affligée ' .
L'édit de révocation de i685 venait d'être renouvelé avec énumération de
toutes les peines que le roi promettait aux infracteurs de ses ordonnances. La
déclaration du 11 février 169g remit en vigueur les prescriptions sévères qui
punissaient l'émigration des galères perpétuelles pour les hommes, de la déten-
tion pour les femmes, avec confiscation générale des biens.
Le marquis de Chàteauneuf expédia à tous les évêques de Languedoc les
nouveaux actes royaux avec une instruction sur la conduite à tenir à l'égard
des « nouveaux convertis » dont Sa Majesté désirait « ardemment le salut 8c
« la conversion. »
11 paraît, par une lettre de Fléchier, que ce prélat, consvilté avant la rédac-
tion de ces pièces, avait demandé un régime plus sévère; « j'ai pourtant loué,
H dit-il, la bonté & la sagesse du roi, & je n'ai pas eu peine à m'accommoder
« aux voyes de douceur auxquelles il s'est déterminé par lui-même, 8c que
c( j'ai toujours suivies à l'égard des nouveaux convertis, par devoir 8c par
« inclination^. »
La déclaration du i3 décembre fut envoyée dans toutes les paroisses; les
curés durent la publier 8c la commenter en chaire; 8c les évêques, dans leurs
tournées, s'en firent les propagateurs.
On avertissait les protestants que le temps était venu de rentrer dans le
sein de l'Eglise; que les intentions du roi étaient manifestes. S'il ne faisait
que les exhorter d'assister à la messe 8c aux autres exercices de la religion
catholique, ses exhortations ne devaient pas être moins efficaces sur de fidèles
sujets que ses commandements, puisqu'il leur marquait par là ses volontés 8c
leurs devoirs; si l'on ne les forçait point, c'était pour avoir la satisfaction de
les attirer par cette bonté paternelle. Se pour leur donner occasion à eux-
mêmes de se convertir librement; ils devaient profiter de la clémence du roi
' Court de Gébelin, Histoire des troubles des Ce- ' Lettres choisies Je M. Fléchier, 1, p. i3o.
yennes, I, p. t2. Lettre au marquis de Chàteauneuf, du 4 juin 1699.
1658
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712 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
& ne pas lui faire perdre par leur opiniâtreté les sentiments de tendresse &
de charité qu'il avait pour eux.
Le rapport que l'évêque de Nimes adressa au marquis de Châteauneuf sur
l'exécution des nouvelles mesures, montre que la prétendue conversion des
réformés ne faisait aucun progrès. Comme on ne les pressait plus d'aller à la
messe, ils en concevaient l'espérance d'une plus grande liberté. Fléchier se
plaignait de les trouver « ombrageux 8c fiers, s'effarouchant de tout, & tirant
« avantage de tout. » Il signalait beaucoup de relâchement dans leurs pra-
tiques religieuses, une grande résistance de la part des parents à laisser leurs
enfants fréquenter les écoles & les églises catholiques. « Tantôt, dit-il, ils
« prétextent la nécessité qu'ils ont d'avoir leurs enfans auprès d'eux pour les
« faire travailler à la subsistance domestique; tantôt ils allèguent que leurs
« enfans ont quatorze ans & que, selon la déclaration, ils ne sont plus sujets
« à l'instruction, ni à la discipline de l'école. Les amendes les ramènent
« quelquefois; mais il faut toujours avoir les yeux sur eux. »
Il insiste sur l'utilité de mettre les jeunes filles protestantes dans les cou-
vents pendant quelques mois, mesure particulièrement redoutée des parents
« mal convertis. »
La fermeté précoce de quelques enfants l'étonné. Un jeune garçon de qua-
torze à quinze ans & une jeune fille à peu près du même âge, étant fort
malades, & les curés étant allés les visiter pour leur proposer de recevoir les
sacrements, l'un & l'autre répondirent avec beaucoup de hardiesse qu'ils vou-
laient mourir dans la religion réformée, quoiqu'ils eussent fréquenté l'école
& répondu plus d'une fois au catéchisme. Fléchier propose de rendre les
parents responsables de leurs enfants & de les punir dans ces occasions, si
l'on ne veut pas que l'exemple devienne contagieux.
L'évêque avoue l'inanité des tentatives qu'il a faites pour ramener les
réformés par des instructions. Il a installé dans sa cathédrale un très-habile
missionnaire qui prêche toutes les fêtes & les dimanches après diner. Ils l'ont
loué & approuvé quand ils l'ont entendu; mais tout d'un coup ils ont laissé
l'auditoire libre aux anciens catholiques. C'est aussi parmi les catholiques
seuls qu'une mission envoyée sur divers points du diocèse, a obtenu quelques
succès.
Un chapitre particulièrement navrant est celui des moribonds. Ordre avait
été donné aux curés, suivant la volonté du roi, « d'être attentifs sur les nou-
« veaux convertis malades. « Ils en trouvaient plusieurs qui refusaient de les
écouter & qui manifestaient l'intention de mourir dans la religion où ils
étaient nés. Quand le prêtre avait épuisé tous ses efforts, on appelait le juge.
La plupart disaient qu'on n'avait pas plus de raison de les contraindre à la
mort que pendant leur vie. Si l'on craignait de leur voir profaner les mystères
en y assistant, il semblait plus à craindre encore qu'ils ne commissent des
sacrilèges en recevant les sacrements à l'extrémité, n'y ayant point été accou-
tumés, ni préparés auparavant. Fléchier observe à ce propos : « Il y a dix ou
« douze affaires de cette nature prêtes à juger; mais les procédures sont Ion-
LIV. m, RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. yiS
« gués; il faut avoir recours au Parlement, & le mal croît & se multiplie
« avant qu'on y ait apporté les remèdes, qui sont le châtiment 8c l'exemple
« qu'on en veut faire. »
L'évêque déplore qu'avec toutes les bonnes intentions du roi l'œuvre fasse
si peu de progrès. Il se plaint particulièrement des gentilshommes, 8c encore
plus de leurs femmes, qui donnent sur la religion de très-mauvais exemples
dans les villages, ne vont presque point à l'église 8c répondent aux exhorta-
tions que le roi ne l'ordonne pas. I/CS juges établis par eux dans leurs terres
ne sont pas mieux disposés 8c favorisent secrètement ceux qui contreviennent
« aux déclarations. Plusieurs, jouissant de biens des fugitifs, font aussi peu
de cas de la religion que s'ils étaient à Genève ou en Hollande. « Le roi.
Il remarque Fléchier, condamne tous ces gens-là dans ses instructions, 8c je
« ne sais pourquoi ou comment tout cela subsiste sans être puni ou cor-
« rigé ' . »
Voilà dans quelles dispositions s'inaugurait le dix-huitième siècle 8c quel
étrange contraste les lois commençaient de présenter avec les moeius.
Le i3 septembre 1699, il fut publié une nouvelle déclaration ordonnant
de faire leur procès, tant aux gens qui auraient été arrêtés sortant du royaume,
qu'à ceux qui auraient essayé de le taire sans avoir réussi, quoiqu'ils n'eus-
sent pas été arrêtés.
Une autre déclaration, à la date du 5 décembre, prescrivit la confiscation
des bâtiments français ou étrangers à bord desquels seraient trouvés des nou-
veaux convertis émigrant.
Défense fut encore faite aux protestants de vendre leurs biens immeubles,
durant trois années, ainsi que la totalité de leurs meubles, 8c d'en disposer
d'une autre manière, à peine de nullité 8c même de confiscation.
Enfin, pour répondre au vœu exprimé par Fléchier, un dernier acte de la
volonté royale ordonna que les malades qui recouvreraient la santé, après
avoir refusé les sacrements, seraient condamnés, les hommes aux galères, 8t
les femmes à la perte de leurs biens, à l'amende honorable 8c à la clôture
perpétuelle; quant à ceux qui mourraient dans ces dispositions, la mort
même ne les garantissait pas d'une persécution impitoyable; leurs corps
devaient être traînés sur la claie 8c jetés à la voirie.
C'est ainsi que les dépositaires de l'autorité croyaient rétablir l'ordre dans
les consciences 8c réprimer les instincts de désaffection qui se traduisaient
depuis i685 par de si déplorables effets.
La petite féodalité que les nécessités fiscales improvisaient à chaque vente
du domaine royal, malgré le caractère transitoire 8c précaire qu'elle emprun-
tait à la nature même de ses contrats, n'en était pas moins excessive dans ses
exigences, 8c ne témoignait guère, par ses ménagements envers les peuples,
qu'elle parût se souvenir de l'humilité de son origine.
Ce fut encore au pouvoir ro^al, qui avait autrefois défendu les communes
' Lettre du 4 juin 169g.
iCpp
1700
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714 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
contre l'ancienne féodalité de race, de les garantir des vexations ingénieuses
Se persévérantes de la féodalité d'argent.
Tous les prétextes étaient bons aux nouveaux seigneurs pour extorquer
quelque finance des communes qu'un acte notarié mettait provisoirement sous
leur dépendance. Mais parmi les motifs les plus fréquemment mis en usage,
il n'en était pas de plus puissant que l'épouvantail du papier terrier. Cette
opération coûteuse avait été renouvelée, pour le domaine royal, depuis
l'année 1667, dans la plupart des villes Se lieux de Languedoc. Néanmoins,
les acquéreurs de terres du domaine, aliénées en vertu de l'édit de mars i6g5,
exploitaient habilement la crainte des frais qu'aurait occasionnés aux com-
munes la confection d'un nouveau papier terrier, source inépuisable de procès,
pour leur arracher des compositions onéreuses. Se leur faire abonner leurs
droits seigneuriaux à un prix de beaucoup supérieur au revenu légitime.
Ces exigences furent dénoncées au conseil d'Etat par le syndic général de
la Province. L'intention de Sa Majesté, affirmait-il, n'avait pu être, en alié-
nant son domaine, d'exposer ses sujets à la vexation des seigneurs particu-
liers, ni de les assujettir à de plus grands droits que ceux qu'ils avaient
accoutumé de payer avant l'aliénation.
Le contrôleur général des finances, Chamillart, qui fit le rapport à Ver-
sailles, le 23 mars 1700, donna des conclusions favorables, Se le conseil fit
défense, au nom du roi, à tous les particuliers qui avaient acquis des terres Se
seigneuries du domaine à titre d'inféodation, par suite de l'édit de mars i6g5,
d'obliger leurs tenanciers Se censitaires k renouveler leurs reconnaissances s'il
ne s'était écoulé au moins trente ans depuis que les dernières reconnaissances
avaient été faites.
Cette mesure protectrice donna quelque allégement aux malheureux tenan-
ciers que la crainte du papier terrier tenait toujours en haleine, Se paralysa
pour un temps l'âpreté des feudataires royaux'.
L'arrêt du conseil d'Etat du 26 septembre 1699 ayant autorisé le rembour-
sement des offices de maire, la ville de Montpellier se hâta de se débarrasser
ainsi du sieur de Belleval qui avait possédé la mairie pendant six ans Se fait,
avec ce titre, les fonctions de premier consul.
Le I" mars 1700, comme l'on procédait, selon l'usage, aux élections con-
sulaires, il s'éleva de vives contestations. Plusieurs habitants, à la discrétion
des compagnies de justice, voulaient en nommer un officier à la première
place de consul. Les gentilshommes de Montpellier, qui prétendaient avoir
un droit exclusif à cette fonction, s'en alarmèrent Se adressèrent leur somma-
tion aux consuls d'avoir à proposer une liste de trois noms choisis dans la
noblesse. Cette querelle donna l'éveil à tous les corps de professions libérales.
Les conseillers au présidial, les avocats, les professeurs en droit Se les méde-
cins firent entendre leurs réclamations, disant avoir un droit égal à celui des
gentilshommes d'occuper la première place consulaire.
' Arrêt du conseil d'État, donné à Versailles le 28 mars 1700. Recueil de Languedoc.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. yiS
L'aftaive portée au conseil d'État, on fit une révision des titres. Les lettres
patentes de François I" en 1644, d'Henri II en 1547, d'Henri IV en iSçô,
furent compulsées; on examina la liste des premiers consuls de Montpellier,
depuis 1559 jusqu'en 1693, époque de l'acquisition de l'office par le sieur de
Belleval, 8c comme on trouva que pendant trente-six ans, depuis l'année lôSy
où un trésorier de France, nommé Baudan, fut premier consul, la place avait
été invariablement occupée par un gentilhomme, le conseil d'Etat transforma
en loi ce qui n'avait été qu'un usage, & ordonna que la place de premier
consul à Montpellier serait toujours remplie par un gentilhomme ou noble
faisant profession des armes '.
La plupart des expédients imaginés par le ministère pour réparer les
embarras de finances, étaient si malheureusement conçus qu'on ne cessait
d'osciller entre les créations Se les suppressions, le lendemain défaisant l'œuvre
de la veille.
L'édit du mois d'août 1696 avait créé un gouverneur en titre d'office héré-
ditaire dans chacune des villes closes du royaume où n'existait pas déjà un
gouverneur pourvu par le roi 8c jouissant d'appointements annuels d'au
moins quatre cents livres, en attribuant aux nouveaux gouverneurs une
somme de deux cent quarante mille livres à distribuer entr'eux, sous forme
de gages, à raison du denier vingt ou vingt-cinq du prix d'acquisition.
Charles de La Cour de Beauval, bourgeois de Paris, s'était chargé du
recouvrement de cette finance, moyennant six millions de livres, à la remise
ordinaire du sixième^.
Le marché ne fut pas heureux. Quatre ans après le traité, La Cour de
Beauval avait déjà payé au trésor plus de trois millions deux cent mille livres,
8c le produit des offices qu'il avait vendus dépassait à peine un million qua-
rante-trois mille livres. Le traitant proposa divers expédients à la couronne
pour activer le débit.
L'établissement des nouveaux offices avait causé beaucoup de troubles en
diverses villes. Plusieurs d'entre elles offraient de rembourser les acquéreurs
en pure perte.
Le traité de La Cour fut donc révoqué, les offices non vendus supprimés
8c les villes autorisées à racheter les offices vendus, en payant à l'acquéreur
le prix d'achat 8c les frais. En môme temps, le conseil d'État prononça la
suppression de tous les gouverneurs 8c capitaines châtelains dont les gages
n'atteignaient pas quatre cents livres, leur enjoignant d'avoir à vider, dans
six semaines, les maisons 8c châteaux dont ils jouissaient par suite de cette
qualité, sous peine de trois mille livres d'amende^.
' Recueil dei trrSts Je Languedoc. Arrêt du roy, qui supprime les offices de gouverneurs des
conseil d'Etat, donné à Versailles le zi mars 1700. villes créez par édit du mois d'aoust 1696 qui res-
— Règlements des États de Languedoc, confirimés tent à lever. Permet aux villes où ils ont esté
par arrêt du conseil du 17 décembre lôST». levez de les réunir à leur corps, en remboursant.
' Traité fait au conseil d'État, le 21 août 1696. Et supprime les charges de gouverneurs & capi-
' Recueil des éiits de Languedoc. — Edit du taines chastelains cy-devant establies, dont le»
1700
fjoo
716 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Ce même La Cour de Beauval était préposé à la recherche des usurpateurs
du titre de noblesse en Languedoc. Dans le cours de cette opération, il eut
d'assez vifs démêlés avec les capitouls de Toulouse, qui ne négligeaient aucun
moyen d'amplifier à leur profit les avantages de la tolérance royale. Il se
plaignit surtout à l'intendant de l'abus qu'ils faisaient de leur privilège
d'anoblissement.
Il leur reprochait d'expédier des certificats inexacts, où les véritables qua-
lités des anciens capitouls étaient supprimées, afin d'éviter la dérogeance
qu'ils encouraient par leur profession. 11 citait pour exemple une attestation
])ar eux donnée, portant que « noble Jean Lcspinasse « avait été capitoul en
l'année 1641-42, & une autre où le môme personnage, pour la même année,
était appelé « sire Jean Lespinasse, marchand, » désignation conforme aux
traditions de l'hôtel de ville.
Les magistrats municipaux de Toulouse donnaient ainsi occasion, d'après
le traitant, à plusieurs particuliers de se mêler dans les familles des anciens
capitouls 8< à d'autres de se faire maintenir dans une noblesse qu'ils n'avaient
jamais acquise, n'en remplissant pas les conditions.
Bâville ordonna qu'à l'avenir les attestations capitulaires mentionneraient
exactement les qualités des anciens capitouls, avant & pendant leur magistra-
ture, « soit marchands, bourgeois, procureurs, notaires, avocats ou autres, »
à peine de deux mille livres d'amende 8c d'être déchus du privilège'.
Un conseil de commerce avait été établi pour tout le royaume^ dans le
dessein d'étudier & d'examiner les questions de négoce par terre & par mer,
l'état des fabriques & manufactures, Side proposer à l'autorité royale les moyens
qui paraîtraient les plus favorables pour accroître la prospérité publique.
Ce conseil fut primitivement composé de six conseillers d'Etat qui étaient
d'Aguesseau, Chamillart, Pontchartrain , Amelot, d'Hernotton & Bauyn
d'Argevilliers, & de douze des principaux négociants du royaume, dont deux
appartenant à la ville de Paris, & les dix autres à celles de Rouen, Bor-
deaux, L)on, Marseille, la Pv.ochelle, Nantes, Saint-Malo, Lille, Rayonne &
Dunkerque.
Par un oubli singulier, aucune ville de Languedoc n'avait trouvé place
dans cette représentation du grand commerce français.
Les députés de la Province en portèrent plainte au conseil d'État, faisant
observer que le pays de Languedoc devait d'autant moins être exclu, qu'il
possédait plusieurs ports de mer, un nombre de fabriques & de manufactures
supérieur à celui des autres provinces, & qu'il avait journellement besoin de
protection contre les prétentions des villes de Lyon, Bordeaux &. Marseille.
Le conseil d'Etat prêta l'oreille à ces réclamations, & décida que la Pro-
vince serait représentée au Conseil j c'est aux États provinciaux que fut confié
gages ne sont pas employez sur les Etnts du roy ' Archives de Toulouse. Documents concernant
Ou qui y sont employez pour moins de quatre l'anoblissement capitulaire. Ordonnance de Bâ-
cens livres, donné à Versailles au mois de juin ville, du 2 mai -ôçS.
'7°°* ' Arrêt du conseil d'Etat du 29 juin ifjpç.
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES, 717
le soin de désigner ce député qui devait être un négociant de marque, fai-
sant encore ou ayant fait longtemps le commerce.
Comme la première séance du conseil de commerce devait être tenue
le I" octobre 1700, S<. que l'assemblée des Etats de Languedoc n'ouvrait pas
avant cette époque, il fut décidé que pour une année seulement, les députés
de la Province 8c le syndic général nommeraient un négociant, d'intelli-
gence & de probité reconnues, qui représenterait au conseil le commerce
languedocien '.
Les députés 8t le syndic de Languedoc choisirent un ancien négociant de
Nimes, nommé Mourgues, qui alla passer neuf mois à Paris & prendre part
à toutes les délibérations du conseil. Comme il avait demandé la permission
de se retirer chez lui, les Etats obtinrent de faire remplir sa place par le
syndic général de la Province en se réservant la faculté d'envoyer un négo-
ciant, s'ils le jugeaient convenable^.
Le cardinal de Bonzi, dont la santé s'affaiblissait de plus en plus, n'eut
pas la force de paraître à la session de novembre 1700. Les chagrins se joi-
gnaient à la décadence physique pour consommer sa ruine. Ce prélat, que
Saint-Simon a cité comme un exemple mémorable de la puissance croissante
des intendants, n'était plus que l'ombre de lui-même. Dans la tristesse pro-
fonde où s'écoulèrent les dernières années de sa vie, on aurait eu peine h
reconnaître l'ancien vice-roi du Languedoc. L'éclat donné à sa liaison avec
Madame de Ganges 8t le bruit qui s'en était fait à la Cour comme en pro-
vince, avaient brisé son courage Se condamnaient sa vieillesse au désespoir.
Saint-Simon n'a voulu voir, dans les plaintes portées par Bâville à la Cour,
sur la vie privée du cardinal, (jue les marques d'une ambition impatiente 8c
jalouse de l'intendant contre un homme très-influent £<. trop aimé. Comme
on ne peut refuser à Bàville une véritable inclination pour le bien du ser-
vice, dans un temps où les mesures de rigueur appliquées contre les protes-
tants faisaient d'autant plus ressortir les faiblesses des grands dignitaires de
l'Église, on a tout lieu de croire que l'explication est injuste. C'était une
assez triste légende pour la Province que l'histoire de cette longue intrigue
du cardinal avec Mademoiselle de Gévaudan, mariée tardivement, pour sauver
les apparences; les bénéfices de toute nature que Madame Mariotte, sœur de
cette jeune femme, avait retirés de sa complaisante initiative, la construction
d'un élégant hùtel sur l'emplacement même du temple démoli des protestants,
d'où l'on avait dû écarter une croix de pierre élevée en mémoire de l'édit de
révocation-*, la mauvaise intelligence où vivait la favorite avec son mari,
' Recueil Jes arrêts Je Languedoc. Arrêt du répandit en Languedoc un quatrain qui nous u
conseil d'iv.nt, donné à Versailles le 7 septembre été conservé par Madame Dunoyer ;
'7°°- , Vénus, ô triste Croix, n'a rien qui vous ressemble,
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance Cependant près de vous on bâtit son palais.
du 12 ianvier lyoS. — Recueil des arrêt, de Lan- Î!"'".'^°"V; '';' "■'■■"■ l"'"":'" P"'"- h>""'^-
' . , ,1,'. , . . ,« , Lar Venus & la Croix ne sciuroiiiiit ctre ensemble'.
gucJoc. Arrêt du conseil d r.tat, donne a Marly
I -•, ,,,3 ' /^''rfs /ii.7ori.;ucs lî ^a;.i«(ej de deux Dames Je coiiJi-
^ ' ' . tion, dont l'une éloit à Paris & l'aulre en province. Amslcr-
' A l'occasion de ce déplacement de croix, on dam. Pierre Bruncl. .M. DCCXX. 1. p. 36S.
1700
1700
7i8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
obligé de quitter les troupes à cause du fâcheux renom de cette alliance, le
bruit accrédité en Languedoc que pas une affaire d'argent ne se pouvait
traiter aux États sans la médiation intéressée des deux femmes, tous ces éga-
rements expliquaient les doléances de Bâville & les avis sévères que l'arche-
vêque reçut de la Cour, par la plume du père La Chaise 8c du marquis de
Châteauneuf.
Mandé à Versailles, Bonzi avait eu une explication personnelle avec le roi,
qu'il trouva fort instruit de toutes choses & qui, trop éclairé par sa propre
expérience, refusait de prendre au sérieux l'aveuglement volontaire du mari.
Une lettre de cachet s'en suivit, exilant Madame de Ganges, événement qui
défraya la malignité publique, sans relever la considération de l'archevêque.
A partir de ce moment, Bonzi assista, pour ainsi dire, à l'annulation pro-
gressive de son autorité.
Voyant que tous les appuis lui faisaient défaut, il rechercha le secours
d'une grande alliance de famille 8c l'obtint par le mariage de son neveu
Castries avec une fille du maréchal duc de Vivonne, nièce de Madame de
Montespan. Mademoiselle de Vivonne n'avait rien que sa naissance, mais
l'accès que cette naissance pouvait donner auprès de la maison royale com-
pensait le défaut de biens, aux yeux du cardinal 8c de sa sœur, préoccupés
avant tout de se donner une défense contre Bâville.
La négociation ayant été conduite par le duc du Maine, sur les instances
du prélat, les noces furent célébrées chez Madame de Montespan dans son
domaine de Saint-Joseph, où les mariés s'installèrent. M. de Castries, qui
passait à la Cour pour homme d'honneur, s'était fort distingué dans les
guerres 8c se recommandait par mille qualités aimables. Mais l'espérance que
sa mère avait fondée sur sa nouvelle condition ne se réalisa point. Le duc du
Maine, après avoir ébloui ses nouveaux alliés par les plus brillantes pro-
messes, s'inquiéta peu de tenir parole. Ménager de son crédit 8c des bonnes
grâces du roi, il n'avait guère de zèle à réagir contre les mauvaises impres-
sions que les galanteries du cardinal avaient produites dans l'esprit de
Louis XIV, alors très-soucieux de réformer les moeurs d'autrui.
Après cette déception, l'archevêque de Narbonne s'abandonna de plus en
plus au sentiment de sa propre déchéance, 8c tomba dans des humeurs noires
auxquelles sa tête ne put résister.
Il avait de fréquentes attaques d'épilepsie ; sa mémoire se brouillait. Quand
il fit sa dernière apparition à la Cour, où il ne s'était pas montré depuis
plusieurs années, on le trouva méconnaissable. Il semblait même rapetissé.
Rien ne restait plus de sa vivacité, de sa grâce 8c de ses beaux yeux noirs,
que Saint-Simon appelait « les plus parlans, les plus perçans 8c les plus lumi-
ÏA neux du monde". »
A force de lui reprocher ses faiblesses, on avait jeté l'épouvante dans sa
conscience, 8c cet homme si brillant, dont les plus grands seigneurs admi-
' Mémoires ic Saint-Simon, I, p. 22 & suiv.
LIV. m, RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 719
raient la noblesse & la dignité, n'osait plus se présenter nulle part sans
traîner avec lui son médecin & son confesseur qu'il faisait passer pour un
aumônier. C'est avec cette escorte inséparable qu'il vint à l'audience du roi '.
Son aspect était si lamentable que Louis XIV en oublia son ressentiment 8c
traita le vieillard découragé avec plus de bonté qu'il ne s'y attendait^.
Malgré son affaiblissement, il avait conscience de sa défaite & la rappelait
parfois avec amertume. L'évêque de Noyon, dans une querelle de préséance
au lit de justice du roi, dit un jour, à propos du cardinal Bonzi 6c du car-
dinal de Bouillon, qu'ayant tenu tête à des cardinaux qui gouvernaient tout,
il ne céderait pas à des cardinaux qui ne gouvernaient rien; Bonzi, que son
collègue voulait exciter contre l'évêque, se contenta de répondre froidement :
« Ce qu'il y a de pis, dans ce propos, c'est que ni vous ni moi ne gouvernons
« pas, en effet, grand chose ^. »
Il finit par tomber presque en enfance 8c ne s'occupa plus d'affaires. En 169g,
il avait encore 'présidé l'assemblée des Etats; mais cette même année il se fit
dispenser du voyage de Rome, où se rendaient les autres cardinaux français.
Le mercredi i*' décembre 1700, comme l'assemblée provinciale était rassem-
blée sous la présidence de l'archevêque de Toulouse, on vint annoncer, vers
la fin de la séance, que Son Eminence désirait communier en viatique 8< que
l'évêque de Montpellier se disposait à lui porter les sacrements.
Aussitôt, les trois ordres se levèrent pour assister en corps à 1^ cérémonie,
où l'on invita les commissaires du roi. Tout le cortège se rendit à l'église
Notre-Dame, 8c accompagna l'évêque dans la maison du malade. En tête
marchaient deux à deux, un cierge à la main, les valets de pied 8c les
domestiques du cardinal, puis divers membres du clergé 8c les aumôniers de
Son Eminence; les consuls de Montpellier, vêtus de leurs robes rouges,
portaient le dais autour duquel psalmodiaient les prêtres. Derrière l'évêque
s'avançaient les commissaires du roi, que les marquis de Rouairoux 8c de
Villeneuve, neveux du cardinal, avaient personnellement priés, 8c enfin les
députés des trois ordres, portant tous des cierges. Cette longue procession
pénétra dans les appartements du cardinal, où l'on avaitdressé un autel pour
la cérémonie. Le moribond fut invité par l'évêque de Montpellier à faire
amende honorable de son passé devant les trois ordres, 8c parut s'y prêter avec
une entière soumission. Les circonstances de cette confession publique, où
l'évêque officiant dépassa peut-être, dans ses interprétations, la volonté du
malade, trop affaibli pour avoir pleine conscience de ses gestes, 8c la demi-
rétractation qui s'ensuivit, quand le cardinal eut repris ses forces, défrayé--
rent longtemps les conversations de la province Se de la Cour''. Le premier
■ Saint-Simon caractérise l'influence de Bâville ' Journal Je Dangeau, 7 juin 1696.
sur les dernières années de l'archevêque de Nar- ' Journal de Dangeau, 23 mai 1698. Note de
bonne par une expression singulièrement cner- Saint-Simon.
giqiie : " Il mourut, dit-il, bientôt après son ■* L'évêque de Nimes écrivait à Le Pelletier le
retour en Languedoc, consommé par Basville, de- 20 décembre 1700 j
Tenu tyran de la Province. •> « Nous avons presque vu mourir notre prési-
17CO
1700
720 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
courrier qui porta de Languedoc à Versailles les nouvelles des Etats y annonça
que l'archevêque de Marbonne se trouvait à l'agonie, & le bruit de sa mort
fut répandu, mais ce n'était qu'une alerte; trois années d'une existence de
plus en plus éteinte & affaissée étaient réservées encore au vieux prélat.
Ce n'est pas, du reste, une figure indifférente, dans l'histoire du dix-hui-
tième siècle, que celle de l'évoque janséniste qui nous apparaît pour la pre-
mière fois, en cet appareil solennel, au chevet du cardinal. Entre ces deux
expressions du catholicisme si peu semblables, entre la facilité complaisante
de l'homme de cour & la rigidité hautaine de l'homme d'église, il y a presque
la distance de deux religions ennemies.
Bonzi a personnifié, dans sa grâce, dans sa bonté un peu banale, dans sa
facilité de grand seigneur, mais aussi dans l'abandon 8c dans les faiblesses de
sa vie, les mœurs du haut clergé italien de la Renaissance, comme l'évêque
de Montpellier représente l'esprit vigoureux Se droit, mais intolérant, de cette
forte Église nationale qui visait à renouer les traditions de la primitive
Église ëi qui voulait rendre à l'épiscopat son ancien rôle de surveillant & de
redresseur.
Charles-Joachim Colbert, élevé depuis 1697 sur le siège épiscopal de
Montpellier, était fils du marquis de Croissy 81 neveu du grand Colbert. Né
à Paris le 11 juin 1667, il avait passé une partie de son enfance en Angle-
terre, où son père était ambassadeur. Le climat de Londres ne lui pouvant
convenir, on le ramena en France, où il fit ses études au collège de la
Marche. S'étant résolu à embrasser la carrière ecclésiastique, il s'établit dans
l'abbave de Sainte-Geneviève, où son père lui avait loué un appartement.
11 y fréquenta assidûment les religieux de cette maison, Sc*ce fut dans leur
bibliothèque qu'il apprit à aimer 8<. à connaître les livres. Des conférences
lhéologi((ues se tenaient chez lui; dans les grandes fêtes, il s'acquittait des
fonctions de ses ordres à l'église de Saint-Etienne-du-Mont. A dix-sept ans,
il obtint du roi l'abbaye de Froidmont, où il rencontra M. Hermant, cha-
noine de Beauvais. L'abbé Renaudot 8<. le père Mabillon eurent une place
distinguée dans ses affections. A la mort du pape Innocent XI, l'abbé de
Croissy obtint d'aller à Rome en qualité de conclaviste du cardinal de Furs-
temberg. Comme il traversait le Milanais pour rentrer en France, après
l'élection d'Alexandre VIII, le jeune conclaviste, qui n'avait pas voulu
prendre la route de mer, malgré les conseils de ses amis, tomba dans un
parti espagnol 8<. fut enfermé au château de Milan, où le comte de Fuensa-
lida le retint prisonnier. L'abbé de Croissy profita des loisirs de sa captivité
dent dans des accidens qui naturellement dcvoient tances. Présentement il se porte r.sscz bien. Il a
l'emporter. Dieu lui a fiiit la grâce pourtant de payé toutes ses dettes. 11 a remis à M. son neveu
recevoir les sacremens avec toute l'édification que l'abbé la jouissance des revenus de son abbaye,
son état lui pouvoit permettre. On voits aura sans Heureux qui sçait se retirer à tems & songer i
Joute mandé ce qui s'est passé dans la suite & qui bien vivre ou du moins à bien mourir'. »
a donné lieu à plusieurs raisonnemens , ici & à
Parii même, à ce que j'apprends. J'airrai l'hon- , j,^.,,,.^^ ^,,^.,,^^ ,^ „ F'cchicr, ivcque de Nimes, I,
ncur de vous raconter un jour toutes ces circons- p. iJ:'.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 721
pour apprendre l'espagnol. Rendu à la liberté à la suite des démarches de
son père 8c par l'entremise du marquis de Leganez, ministre d'Espagne, il
arriva à point pour soutenir en Sorbonne ses thèses de licence. L'archevêque
de Rouen, son cousin-germain, le fit alors grand vicaire de Pontoise
(février 1692) & lui laissa la disposition de tous les bénéfices qui viendraient
k vaquer à sa nomination. Ce fut là qu'il apprit les devoirs de l'administra-
tion ecclésiastique. Il les remplissait avec exactitude & scrupule, donnant une
particulière attention à tout ce qui regardait l'instruction & la discipline du
jeune clergé. En 1694, le chapelain de l'hôpital ayant succombé dans une
épidémie, ce fut l'abbé de Croissy qui se chargea de remplir ses fonctions.
Il les exerça toutes, jusqu'aux plus pénibles. On le vit, trois fois dans une
journée, traverser le pont de la ville pour se rendre au cimetière, seul avec
deux domestiques qui portaient les morts. Le tour de nommer à l'agence du
clergé étant arrivé pour la province de Rouen, l'abbé de Croissy fut désigné.
Il occupait cette haute situation quand le choix du roi l'appela à l'évêché de
Montpellier, Malgré le peu de temps que dura son passage aux affaires du
clergé de France, il s'y était fait remarquer par un inébranlable attachement
au devoir. Dans l'assemblée de 1690, M. de Harlay, archevêque de Paris,
dont le crédit était considérable à la Cour, S<. qui avait excédé ses pouvoirs
en une négociation d'emprunt taite au nom du clergé, trouva dans l'abbé de
Croissy un adversaire déterminé. C'était le suffrage de la province de Rouen
qui devait lever le partage, certains membres voulant ratifier la conduite de
l'archevêque, tandis que d'autres s'y refusaient obstinément. Tous les efforts
de M. de Harlay échouèrent contre l'énergie du jeune Colbert, qui parla
si haut 8t si bien que les prétentions de l'archevêque furent écartées 8c les
règles remises en honneur.
Pour se préparer aux fonctions nouvelles qui l'attendaient Se qui devaient
consumer sa vie, au milieu des plus pénibles traverses, il se mit en retraite
dans la maison de l'Oratoire de Saint-Honoré. « L'action est si grande 8c si
« sérieuse, écrivait-il le 6 mars 1697, que j'ai cru qu'il falloit prendre au
« moins quelques jours pour ne penser qu'à cela uniquement. » 11 fut sacré
par l'archevêque de Rouen, le dimanche 10 mars 1697, dans l'église des
Feuillants de Paris.
Aussitôt qu'il arriva dans son diocèse, il laissa comprendre que les fonc-
tions de l'épiscopat ne seraient point pour lui un honneur, mais une charge.
Il tenait de sa naissance 8c des constantes habitudes de sa vie une grande
magnificence extérieure, que la grandeur de sa fortune autorisait. Mais la
discipline ecclésiastique n'en souffrait point. Afin de mieux connaître dans
les détails l'administration de son diocèse, il voulut faire tout par lui-même
8c n'eut point d'abord de grand vicaire. Il se contentait, pour les affaires
difficiles, de prendre l'avis d'un conseil, dont le père Pouget, supérieur du
séminaire, était un des membres les plus influents.
Une déclaration royale, du 3i août 1699, soumettait le commerce des grains
dans tout le territoire du royaume à une série de formalités vexatoires 8c
XIII. éfi
I '/wl
17°'
722 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
coûteuses. Nul ne pouvait faire trafic de blé, de seigle, d'avoine, sans en
avoir obtenu l'autorisation des officiers de justice ordinaires, prêté serment,
fait enregistrer ses nom & adresse, & payé trente sols aux juges & vingt sols
aux greffiers. Cette innovation produisit beaucoup de mécontentement en
I/anguedoc. Elle y était surtout sensible par suite de la constitution de la
propriété plus morcelée que dans les autres provinces de France. Il y avait
toute une classe de laboureurs indépendants & de cultivateurs propriétaires
qui n'avaient de ressources que dans la vente de leurs grains. Ceux de leurs
voisins qui se trouvaient en possession d'argent comptant, achetaient souvent
ces denrées pour les revendre avec les leurs, sans vouloir passer cependant
pour marchands de blé, étant différenciés des négociants proprement dits par
la médiocrité de leurs bénéfices qui ne montaient pas quelquefois à deux
pour cent.
Les députés des États firent valoir ces raisons au conseil du roi. Ils expo-
sèrent que, grâce à ces pratiques traditionnelles, les grains étaient plus ras-
semblés Si mieux à portée des acheteurs qui venaient s'approvisionner; les
pauvres laboureurs y trouvaient leur compte en se débarrassant aisément de
leurs petites récoltes; les acquéreurs officieux n'étant pas disposés à s'afficher
en titre de commerçants par la déclaration légale &c la prestation de serment,
ne manqueraient pas de suspendre leurs opérations, au détriment des culti-
vateurs propriétaires qui se ruinaient en frais de transport & en perte de
temps, & qui souvent ne trouvaient pas d'acheteurs.
On se plaignait en même temps des dommages qu'éprouvait la Province
par suite de la défense d'exportation en Provence 8c à l'étranger, & de l'in-
troduction des blés exotiques de la compagnie du Cap-Nègre. On prétendait
prouver par l'exemple de l'année lôgS, qu'à l'époque même des disettes géné-
rales, le pays de Languedoc n'avait pas besoin de recourir aux importations
étrangères.
En conséquence, on réclamait deux mesures contradictoires, mais conver-
gentes : liberté d'exportation en Provence, Roussillon, Avignon, Comtat
Venaissin 8c même dans les pays étrangers; prohibition d'importer en Lan-
guedoc les blés du Cap-Nègre.
Après avis de Bâville 8c rapport de Chamillart, le conseil d'État se prononça,
le 14 mai 1701, à Versailles, dans un sens favorable à ces diverses requêtes.
Les habitants de Languedoc furent dispensés des formalités prescrites par la
déclaration de 1699 pour la vente des grains, mais demeurèrent passibles des
pénalités portées par la même ordonnance contre ceux qui achèteraient les
blés 8c autres grains en vert, en pied 8c avant la récolte. Interdiction fut
donnée à la compagnie du Cap-Nègre d'introduire en Languedoc des blés
de provenance étrangère, à moins d'en être expressément requise par les États
de la Province.
Une défiance séculaire armait le commerce bordelais contre l'invasion des
vins de Languedoc. Vainement le cours de la Garonne, secondé par le canal
des deux mers, ouvrait une voie naturelle &c facile aux produits des vignobles
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 728
de l'Albigeois Se du Narbonnais; la corporation puissante qui s'enrichissait
journellement par l'exportation des crus du Bordelais, multipliait les obstacles
& s'ingéniait de mille manières à paralyser une concurrence inévitable. Les
contestations entre la ville de Bordeaux &, la province de Languedoc, dont
les vins formaient aussi une des principales richesses, remontaient jusqu'à
l'époque de la domination anglaise, & s'étaient perpétuées à travers les temps
avec des recrudescences intermittentes. Le 2 décembre i5oo, il était intervenu
une transaction entre les députés de Languedoc 81 ceux de la sénéchaussée de
Bordeaux & province de Guienne. Cet accord tolérait le commerce des vins
de Languedoc par Bordeaux, mais avec de nombreuses restrictions. Ainsi, l'on
ne pouvait les faire descendre au quai des Chartreux qu'après la Saint-Martin
d'hiver, c'est-à-dire le n novembre, & les y mettre en vente qu'après la fin
du mois, jour de Saint-André. Avant le 11 novembre, il n'était pas permis
de dépasser l'Etay-Saint-Martin, en amont de la ville de Saint-Macaire, à
trente-sept kilomètres environ au-dessus du port de Bordeaux. Après ce terme
les commerçants languedociens pouvaient faire embarquer leurs vins pour les
transporter en Bretagne ou en Normandie, mais pas en Angleterre; Si les
marchands de Bordeaux qui faisaient venir des produits de Languedoc étaient
soumis à la même loi. L'exportation en Angleterre ne devenait permise qu'a-
près la fête de Noël, parce que l'époque de ces fêtes, si populaires chez les
Anglais, clôturait la période la plus favorable au commerce. Quand les Lan-
guedociens arrivaient, tous les crus de Guienne étaient vendus. D'un autre
côté, la provenance des vins de Languedoc débarqués aux Chartreux devait
être affirmée par serment 81 justifiée par certificat des consuls ou juges locaux.
On vécut sur cet accord pendant deux siècles. Mais les Bordelais, quoique
jaloux de leur monopole, ne se faisaient point scrupule d'opérer toutes sortes
de mélanges St de donner pour crus de Guienne, grâce à d'habiles falsifica-
tions, les produits qu'ils amenaient du haut Si du bas Languedoc. Cet abus
donna lieu à quelques mesures répressives du parlement de Bordeaux, qui
frappa les coupables d'une amende de mille livres, de la déchéance du droit
de bourgeoisie Se même de peines corporelles, Se qui, pour prévenir toute
confusion, prescrivit de respecter les formes Se les dimensions traditionnelles
des barriques Se le mode de cerclage particulier aux diverses juridictions'.
La province de Languedoc s'émut de cette dernière injonction Se fit recon-
naître à ses négociants Se patrons, transportant les crus du pays par le canal
des deux mers, le droit d'employer tel genre de tonneaux que bon leur sem-
blerait, pourvu que les intérêts du trésor fussent sauvegardés par une juste
application des tarifs*. Les jurats de Bordeaux répondirent^ en défendant de
couper ou transvaser les vins qui descendaient du haut pays ou qui venaient
par la Dordogne. Des précautions très-minutieuses permirent de constater
les quantités de vins apportées par chaque bateau. Ces vins ne purent être
' Arrêt du Parlement de Bordeaux, i(5marj i683. ' Ordonnance de» maire & jurais de Bordeaux,
' Arrêt du conseil d"Ktat, du lo octobre 168:). du i3 octobre iflSTi.
1701
1701
724 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
emmagasinés que dans l'espace compris entre l'esplanade du Château-Trom
nette 6c la rue du Saint-Esprit, c'est-à-dire en dehors de l'enceinte de la ville,
60US peine de confiscation & d'une amende de mille cinq cents livres; on
imposa aux propriétaires de celliers l'obligation de fournir aux commissaires
des iurats les indications les plus précises sur l'origine & la destination des
produits qu'ils abritaient, le nom des vendeurs & des acheteurs, sans oublier
celui du navire d'exportation, qui devait être signalé dans le délai de vingt-
quatre heures après la sortie des tonneaux. En outre, il fut défendu de loger
dans un même cellier les vins de provinces étrangères 8<. ceux de la séné-
chaussée de Bordeaux, ces derniers devant être exclusivement admis, à peine
de trois mille livres d'amende, dans les magasins situés en aval de la rue
Saint-Esprit. En même temps des oppositions étaient présentées contre la
faculté accordée aux Languedociens de choisir à leur gré la forme £<. la capa-
cité de leurs barriques'.
Ces oppositions donnèrent lieu aux habitants de Gaillac & de Rabastens
d'obtenir, pour eux-mêmes & pour toute la Province, la confirmation de cette
licence^.
Il en résulta un redoublement d'hostilités qui se traduisirent par deux
longues requêtes contradictoires présentées au conseil du roi, au nom de la
ville de Bordeaux Si de la province de Languedoc. L'aftaire demeura sus-
pendue près de quatorze ans. Enfin, le 17 mai 1701, sur le rapport de Cha-
millart, le conseil d'Etat rendit un arrêt qui régla d'une manière définitive
le commerce des vins de Languedoc par Bordeaux 3.
Le principe des types obligatoires de futailles fut consacré, aucun Langue-
docien ne pouvant employer celles de la sénéchaussée de Bordeaux, dont la
contenance était de trente-deux verges ou cent douze pots.
Deux types étaient imposés aux marchands de vin de Languedoc : la pîpe
pour les vins de Gaillac, Rabastens & autres crus du haut pays; le muid
pour les vins de Carcassonne Si du bas Languedoc. La contenance de la pipe
pouvait varier de cinquante-quatre à cinquante-six verges; celle du muid
était de quatre-vingt-dix. L'unité albigeoise n'admettait qu'une fraction, la
demi-pipe, de vingt-sept à vingt-huit verges. Pour les muids, la division était
plus compliquée; outre les demis & les quarts il y avait des tiercerolles de
trente verges & des doubles tiercerolles de soixante. Le bas Languedoc pou-
vait, du reste, employer des tutailles d'une capacité supérieure à celle des
muids, pourvu que la forme de ces vases & la disposition des cercles ne
permît pas de les confondre avec les produits de la sénéchaussée de Bordeaux.
Le conseil d'Etat maintint l'isolement des crus en magasin; les celliers du
faubourg des Chartreux, compris entre l'esplanade du Château-Trompette &
la rue Saint-Esprit durent être, à partir de la Saint-Martin d'hiver, exclusi-
vement réservés aux Languedociens, l'autorité municipale demeurant chargée
■ Acte d'opposition formée pni- le procureur- ' Arrêt du conseil d'État, du i!) septembre 1687.
syndic de la ville de Bordeaux, le 20 décembre ' Recueil des arrêts Je Languedoc. Arrêt du
i6l56. conseil d'Etat donné à Versailles le 17 mai 1701.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÊDIT DE NANTES. 7:3
d'en feire évacuer toute autre marchandise avant cette époque. En cas d'in-
suffisance des locaux, les vins de Languedoc devaient s'étendre au delà de la
rue Saint-Esprit. L'admission dans un même cellier de vins originaires des
deux provinces entraînait pour le propriétaire une amende de mille livres,
dont moitié au dénonciateur & moitié aux pauvres de l'hôpital de Bordeaux.
Quant au simple transit, il continua d'être autorisé, à dater de la Saint-
Martin d'hiver, pour toute destination autre que les ports d'Angleterre, mais
la Province ne put obtenir, ainsi qu'elle l'avait sollicité, la faculté de trans-
bordement.
Les vins destinés à l'exportation, sans être contraints de séjourner à Bor-
deaux, durent néanmoins y être déchargés sur les quais pour y subir l'opé-
ration de la marque, avant d'être installés à bord des navires'.
Les députés de la Province demandaient aussi la faveur d'entreposer leurs
vins à Lormont & à Blaye, en aval du port de Bordeaux; mais comme une
pareille installation, sur le passage de tous les bâtiments, aurait rendu presque
illusoires toutes les précautions prohibitives des Bordelais, elle fut vigoureu-
sement combattue, & le conseil la rejeta, étendant même la défense à tout
autre lieu de la sénéchaussée de Bordeaux.
La Province fut plus heureuse pour la suppression de l'impôt arbitraire
que les jurats avaient établi sur son vin blanc. Ils durent cesser d'en prélever
quatre douzaines de bouteilles par bateau chargé.
Le conseil accorda également aux Languedociens la liberté de transformer
en eau-de-vie leurs vins déposés à Bordeaux que l'exportation n'aurait pas
enlevés ou qui se seraient gâtés en magasin, à la condition d'accepter le con-
trôle des jurats 8c de soumettre la vente de l'eau-de-vie aux règles fixées par
la transaction de i5oo.
On voit que l'arrêt de 1701, qui devait régler les conditions d'un com-
merce important jusqu'à l'époque des grandes réformes douanières de Turgot,
n'était qu'une sorte de compromis par où le conseil du roi essayait de con-
cilier, dans un esprit de bienveillance impartiale, des intérêts absolument
contraires Se d'adoucir l'àpreté d'un système de protection poussé à l'excès'.
Les commis des fermes du roi pour la perception des droits de foraine aux
bureaux de Frontignan, Mèze & Marseillan, sur l'étang de Thau, introdui-
sirent la coutume de ne laisser embarquer aucune marchandise à destination
de Cette sans acquitter auparavant ces droits d'exportation. La navigation des
étangs s'en trouvait interrompue 8c les approvisionnements diminués au détri-
ment du commerce provincial. Dès 1698, le cahier des doléances appela sur
cette difficulté l'attention du gouvernement.
' Le droit de marque à Bordeaux était de quatre en venait une très-grande quantité de la généralité
sols tournois par tonneau, contenant quatre bar- de Montauban & de la province de Languedoc,
riques. C'est surtout pendant la foire du i5 octobre que le:
* D'après Expilly, il se chargeait tous les ans à étrangers venaient acheter & charger des vins en
Bordeaux environ cent mille tonneaux de vin leur primeur. On voyait alors dans le port de Bor-
que l'on transportait hors du royaume. Ces vins deaux quatre ou cinq cents vaisseaux de diverses na-
n'étaient pas tous du cru de la généralité, car il tions,dontplusieursétaientdecinq cents tonneaux.
1701
1701
7:6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les députés des États sollicitaient, pour les négociants de Languedoc,
l'autorisation de faire porter les marchandises à Cette dans des entrepôts ou
magasins sans payer les droits de sortie qu'au moment de la sortie réelle,
c'est-à-dire de l'embarquement au port de Cette à bord de navires d'exporta-
tion. Dans cette hypothèse, les bureaux de passage devaient simplement
exiger des patrons & conducteurs de barques l'obligation de rapporter un
certificat des commis de Cette attestant le déchargement de leurs denrées.
Cette requête donna lieu à de longues contestations. Le fermier général
prétendait que le port de Cette, étant ouvert de toutes parts, sans murs, sans
fort, sans chaînes, n'offrait aucun moyen de surveillance comparable à ceux
des autres places maritimes; que l'établissement d'un système de gardes, ana-
logue à celui de la Rochelle, fermé de tours 8t de chaînes, ou le mouillage
de pataches de vigie, consommerait tout le produit des droits de sortie. Il
rappelait que l'ordonnance de 1687 prescrivait l'acquittement des droits au
plus prochain bureau pour l'entrée 8t pour la sortie. Les stations d'Agde,
Marseillan, Mèze 8t Frontignan, disposées en demi-cercle autour de Cette,
répondaient à ces conditions. Il s'appuyait aussi sur un règlement de 1607
qui défendait les entrepôts sur les frontières au delà des bureaux ajoutant
que, si les marchands languedociens n'avaient pas l'intention de frauder, peu
leur importait de payer ces droits à quelques lieues en deçà de Cette.
A cela le syndic général répondait qu'on ne pouvait sans injustice sou-
mettre aux droits de sortie les marchandises qui n'étaient pas réellement
exportées; que le fermier, dès les premiers mouvements de commerce au port
de Cette, y avait établi un bureau de contrôle transformé, depuis l'accroisse-
ment des transactions, en bureau de recette, à la date du 20 septembre i685.
Il rejetait l'application à la province de Languedoc du règlement de 1607,
fait pour la régie des cinq grosses fermes, &t montrait d'ailleurs que ces
règlements concernaient exclusivement les marchandises vendues avant que
d'être enlevées du lieu de départ. Les entrepôts dont il demandait l'établisse-
ment seraient, à proprement parler, de véritables magasins où les habitants de
Languedoc transporteraient leurs vins & leurs marchandises, à leurs risques
8c périls & le rassemblement dans ces magasins du port de Cette, des vins,
des eaux-de-vie, des draps, des étoffes diverses & des produits manufacturés
de la Province pourrait y augmenter l'affluence des étrangers 8<. donner de
l'extension au commerce. Ce serait un légitime dédommagement des sacrifices
qu'imposerait journellement au pays l'entretien du port de Cette. L'obliga-
tion pour les négociants de prendre des acquits-à-caution aux bureaux
d'Agde, de Mèze, de Marseillan 8t de Frontignan constituerait une pré-
caution suffisante pour assurer le payement des droits des fermes sur les
marchandises qui seraient vendues à Cette Se qui sortiraient pour l'expor-
tation.
Chargé, par arrêt du 10 octobre i6g8, d'ouvrir une enquête sur les pré-
tentions contradictoires du fermier général & des négociants languedociens,
M. de Bâville exprima l'avis que l'ordonnance de 1687 n'avait pas d'applica-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 727
tion dans l'espèce 6t qu'il s'agissait uniquement de concilier les intérêts du
commerce provincial &. ceux des fermes du roi. Il reconnut que la création
d'entrepôts, destinés à faciliter l'exportation des denrées & des produits manu-
facturés de Languedoc, serait avantageuse au pays & qu'elle devait être auto-
risée en prenant les mesures nécessaires pour prévenir la fraude.
L'affaire fut présentée à Marly, le 16 août 1701, par Chamillart, 8c ter-
minée par une satisfaction provisoire aux requêtes du syndic général.
Pendant trois années, à dater du 1" octobre 1701, les bateaux cbargés à
destination de Cette furent exemptés de payer les droits de sortie aux bureaux
des étangs, sous la condition d'y prendre des acquits-à-caution portant enga-
gement de déposer leurs cargaisons dans deux grands magasins communs,
construits en deçà du port de Cette, le long du canal communiquant à l'étang
de Thau. L'un de ces magasins devait recevoir les vins & les eaux-de-vie,
8c le second toutes les autres denrées. Un délai suffisant était accordé aux
patrons de barques pour rapporter le certificat du bureau de Cette attestant
le déchargement des denrées en magasin 8c annulant les acquits-à-caution.
Une clé des entrepôts de Cette devait demeurer aux mains du commis des
fermes.
Le conseil d'État prit la peine de déterminer les heures d'ouverture des
magasins, fixées pour l'été de sept heures du matin à midi 8c de deux heures
à sept, 8c pour l'hiver de huit à midi 8c de deux à cinq.
Obligation fut imposée aux vendeurs de déclarer au bureau de Cette les
denrées vendues pour l'exportation 8c d'y acquitter les droits de sortie ou
foraine de Languedoc avant d'opérer les chargements.
Afin d'éviter les fraudes que redoutait le fermier général, on établit, aux
frais de la Province, des barrières sur les avenues des magasins 8c l'on tendit
deux chaînes sur le canal, l'une en deçà des magasins, l'autre en delà, sous
le pont.
Le conseil permit, en outre, aux propriétaires des vins entreposés de les
convertir en eau-de-vie, mais seulement dans l'étendue des magasins, &c sous
charge expresse de déclarer à l'agent des termes, avant l'opération, la quantité
des vins qu'ils auraient l'intention d'y soumettre, 8c ensuite la quantité des
caux-de-vie qui en seraient provenues.
La foire de Bcaucaire, véritable caravansérail du commerce méditerranéen,
qui se tenait, pendant huit jours, à la fin du mois de juillet, dans un pays
brûlé du soleil, exposé aux souffles ardents du vent du sud-est, occasionnait
une grande consommation de glace, les peuples méridionaux, très-assidus à
ces réunions, étant surtout avides de boissons froides. Chaque année, des
monceaux de glace, recueillis dans les montagnes du Dauphiné, descendaient
le Rhône par grands bateaux 8c se débitaient à bas prix. Par exception, &c
en conséquence des privilèges particuliers de la foire, le commerce de la glace
était libre pendant ces huit jours; aussi le prix en était-il inférieur de moitié
au cours ordinaire de la Province. Mais cette dérogation au système du
monopole ne laissait pas que d'exciter des récriminations. Jean Le Fcbvrc,
1701
lyoi
738 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sieur du Fresnoy, propriétaire du privilège des glacières de Languedoc, fai-
sait une rude guerre aux marchands ambulants qui débitaient la glace par
les rues.
Quatre fois en dix ans, MM. d'Aguesseau & de Bâville, devant qui les
consuls de Beaucaire avaient dû se pourvoir & faire production de leurs
titres, condamnèrent les prétentions du traitant, qui eut recours au conseil
d'Etat, sans toutefois poursuivre le jugement de l'affaire'.
Mais, en 1702, le roi ayant fait un nouveau don du privilège de vendre la
glace 8c l'adjudication de la ferme étant en train de s'accomplir, le syndic
général de la Province, comme conservateur naturel des franchises d'une foire
qui offrait au pays de Languedoc la plus grande ressource pour le débit de
ses marchandises Si l'introduction de l'argent étranger, sollicita & obtint du
conseil d'État la confirmation des lettres patentes de septembre i632 & de
février 1660, ainsi que des ordonnances des intendants de Languedoc, sur
lesquelles était fondée la liberté du commerce de la glace pendant la durée
de la foire.
Fleuriau d'Armenonville, directeur des finances, qui fit le rapport, admît
l'allégation du syndic général , que « la foire ne pouvoit subsister sans le
« secours de la glace, dans un pays aussi chaud que le Languedoc Si dans
« la saison de l'année la plus fâcheuse. » Il reconnut, en outre, que la vente
y était si considérable que toutes les réserves du fermier 81 tous ses commis
n'y pourraient suffire, ainsi que l'affirmait M. de Bâville, tandis que la
batellerie dauphinoise, de tradition séculaire, y apportait l'abondance Si le
bon marché ^.
En vue de développer la production des fers français, en facilitant la com-
munication des provinces entre elles, un règlement général avait modéré les
anciens droits d'entrée sur les fers bruts ^. Mais, en même temps, les droits
locaux de sortie payés en Languedoc d'après le tarif de la foraine se trouvè-
rent augmentés dans une proportion considérable, le cent pesant, qui ne
devait que huit sols quatre deniers d'après l'ancien tarif, étant grevé d'un
droit de quarante sols.
Cette innovation ruineuse causa grande émotion parmi les maîtres de
forges de Languedoc 81 de Roussillon. Elle avait pour principal résultat
d'empêcher le commerce des fers avec la Provence, S< surtout avec Mar-
seille, où les constructions navales en assuraient une active consommation.
C'est en vue de cet usage particulier que les maîtres serruriers Si forgerons
tiraient de Languedoc la plupart de leurs produits, donnant au métal les
dimensions les plus convenables pour servir à la ferrure des bâtiments de
mer. Le prix de revient du fer brut se trouvant exagéré par la nouvelle
modification des tarifs, on n'avait pas de peine à prévoir que les maîtres for-
gerons de Marseille, de Toulon 81 des autres villes Si ports de Provence,
' Ordonnnnces de l'intendnnt de Languedoc, du ' Recueil des arrêts de Languedoc de l'année 1 702.
;6 juin 1679, 23 juillet 1682, 12 avril 1687, Airêt du conseil d'État, du 14 février 1702.
21 juillet 1689. ■* Arrêt du conseil d'Etat, du 2 avril 1701.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 7:9
abandonneraient les fers de Languedoc & de Roussillon pour leur préférer
ceux d'Espagne & d'Allemagne, qui coûtaient moins cher.
Les maîtres de forges languedociens & roussillonnais en portèrent plainte
au conseil d'État, annonçant que l'aggravation des droits de sortie les con-
damnerait à éteindre la plupart de leurs fourneaux.
Sur le rapport de Chamillart, le conseil déclara que le roi n'avait point eu
l'intention d'augmenter les droits des marchandises de fer transportées d'une
province dans une autre, mais, au contraire, d'en favoriser le commerce, 8c
décida que les droits de sortie sur les fers transportés de Roussillon & de
Languedoc à Marseille Sv dans les autres villes de Provence seraient réglés
d'après le tarif de foraine ou patente de Languedoc.
Ces droits étaient de huit sols quatre deniers par quintal de fer en barre,
& de dix sols par quintal de fer ouvré en bandes, essieux de charrettes, pots,
gonds & cloutailles, y compris la réappréciation '.
L'été de l'année 1702 fut signalé par divers malheurs publics.
La rivière du Sor, qui descend des gorges occidentales de la Montagne-
Noire & vient se jeter dans l'Agout, déborda si furieusement le 16 juin que
l'inondation démolit un grand nombre de maisons, emporta les moulins 8c
causa de sérieux ravages dans les terres au point d'y rendre la culture long-
temps impossible.
Les sieurs Basset, juge de Revel, 8c Besse, juge de Puylaurens, dressèrent
les procès-verbaux des dommages, que les experts évaluèrent à la somme de
deux cent quarante-sept mille quatre cent vingt-cinq livres.
Le syndic du diocèse de Lavaur sollicita auprès du conseil d'État la décharge
de la taille 8c de la capitation pour trois ans en faveur des communes rava-
gées, afin de leur donner moyen de rétablir leurs biens 8c les mettre en état
de payer a l'avenir les deniers royaux. Cette faveur représentait plus de
soixante-dix-sept mille livres. Chamillart, qui avait pris l'avis de Bâville,
ne crut pas que le trésor pût se permettre une pareille largesse, mais il
fit accorder aux communes inondées du diocèse de Lavaur une réduction
annuelle de dix mille livres pendant trois années sur le département des
tailles. Les commissaires ordinaires du diocèse eurent mandat de régler ces
décharges proportionnellement aux dommages éprouvés par les communes*.
' Recueil Jes arrêts Je Languedoc de l'année 170Ï. 'Recueil det arrêts de Languedoc de l'année tyoï.
Arrêt du conseil d'Etat donné à Versailles, le Arrêt du conieil d'État donné à Versaillei, le
i5 mars 1701. î5 novembre 1702.
1702
V7°'-
ySo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
t
CHAPITRE IV
Premiers troubles dans les Cévenncs. — r Assemblées & prophètes. — Violence de la répression. — Rôle
du clergé. — Événements du Pont-de-Montvert. — Insurrection générale. — Attentats centre les
prêtres & les catholiques. — Commandement du comte de Broglie. — Roland & Cavalier. — Intrigues
des puissances étrangères. — Le maréchal de Montrevel. — Massacre de Nimes. — Dévastation des
hautes Cévennes. — Défaite des troupes de la marine. — Commandement du maréchal de Villars.
Nouveau plan de conduite. — Soumission de Cavalier. — Pacification de la Province.
L'heure approchait d'une des plus terribles crises dont l'histoire de la Pro-
vince puisse conserver le souvenir. Rien n'avait pu détourner le gouverne-
ment royal de la funeste politique religieuse où il se trouvait engagé. Personne
n'était dupe du prétendu miracle de conversion dont les prédicateurs S<. les
nouvellistes de la Cour avaient fait tant de bruit. Bâville avouait que, sur
près de deux cent mille protestants demeurés en Languedoc, on en trouvait
peu qui fussent effectivement catholiques, malgré leur titre officiel de nou-
veaux convertis. Il reconnaissait que presque tous gardaient au fond du cœur
« leur mauvaise religion » & en souhaitaient le rétablissement. Durant la
dernière guerre, ils s'étaient flattés de la fausse espérance qvie quelque grand
événement européen contraindrait Louis XIV à leur rendre la liberté de
conscience. Les ministres français, émigrés dans différents États, entretenant
une correspondance suivie avec leu:s coreligionnaires, encourageaient les illu-
sions, promettaient un changement prochain, 8i ne négligeaient rien pour
aigrir l'antipathie naturelle des réformés contre les pratiques du catholicisme.
Les prières secrètes se continuaient dans les familles; les assemblées au
désert se multipliaient, des mouvements locaux, promptement réprimés, soit
dans les Cévennes, soit dans le Vivarais, montraient que les vieilles haines
n'étaient point éteintes. On avait compté jusqu'à six prêtres assassinés dans
les paroisses cévenoles. L'intendant ne dissimulait pas que beaucoup de cures
ne fussent mal desservies. Au moment de la révocation, le culte catholique
n'existait pas dans vm grand nombre de ces communes de montagne où la
réforme régnait sans partage. 11 avait donc fallu improviser tour un personnel
ecclésiastique, &, suivant le mot de Bâville, il s'était trouvé « de fort méchants
« sujets pour remplir la plupart de ces places. » L'évêque d'Alais venait d'éta-
blir un séminaire diocésain afin d'y former des prédicateurs & de faciliter le
recrutement du clergé. L'intendant s'imaginait qu'avec du temps, de la per-
sévérance 8<. du dévouement de la part des prêtres, on finirait par vaincre les
dernières résistances. « Lorsqu'il s'est trouvé, disait-il, un très-bon prêtre
« dans une paroisse, on a vu qu'elle n'a pu résistera ses soins assidus & qu'il
« a enfin déterminé tous les nouveaux convertis à taire leur devoir. « Bâville
pensait que, la paix se prolongeant 8c les chances d'un revirement politique
ayant disparu, les réformés passeraient d'abord par une phase d'abattement.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. ySi
de découragement Se de tristesse, comme gens forcés d'abandonner une espé-
rance chèrement caressée, qu'un petit nombre succomberait même à la tenta-
tion de quitter le royaume, mais qu'ensuite ils prendraient leur parti d'une
nécessité inéluctable & deviendraient bons catholiques.
Il se plaignait cependant que l'on mît trop d'ardeur à presser les néophytes
pour l'usage des sacrements. « Les missionnaires qui l'ont fait par un excès
« de zèle, s'en sont mal trouvés, & les lieux où l'on a eu cette conduite dans
« les commencements sont ceux où l'on a le moins avancé. Les nouveaux
« convertis se confesseront 8c communieront tant que l'on voudra, pour peu
« qu'ils soient pressés &. menacés par les puissances séculières. Mais cela ne
« produit que des sacrilèges. »
On voit que Bâville comptait principalement sur la durée de la paix pour
ruiner les espérances des réformés. La certitude où ils devaient être que le
régime imposé aux consciences en i685 ne serait pas un orage passager, suffi-
rait, d'après lui, à forcer leur résignation.
Fiécliier paraît avoir partagé un instant la même illusion. Il écrivait à
l'abbé Menard, sur la fin d'avril 1700 : « Il s'est fait un mouvement parmi
« nos nouveaux convertis, qui nous fait espérer que l'on pourra enfin les
n ramener. » L'évêque de Nimes pensait que la lassitude de vivre sans reli-
gion, la nécessité d'en avoir une 8<. de prendre la catholique, les fréquentes
instructions St le désir même du repos déterminaient plusieurs conversions
sincères.
Ainsi l'on s'acharnait dans le système de la contrainte, attribuant à des
causes extérieures Se aux chances de la guerre l'attachement dont les réformés
faisaient preuve pour la religion de leurs aïeux.
Cette paix européenne, que l'on regardait comme le remède universel, ne
devait pas être de longue durée. On sait que la mort du roi d'Espagne Se
l'acceptation de son héritage par le petit-fils de Louis XIV réveillèrent toutes
les susceptibilités des puissances S< aboutirent à une nouvelle coalition.
Pour le Languedoc, la reprise des hostilités devenait particulièrement cri-
tique, puisqu'elle ne pouvait manquer de ressusciter la question religieuse.
C'en était donc fait de cette période d'affaissement 8t de résignation sur
laquelle on avait compté. Le protestantisme ne finirait point par extinction.
La mort des vieux huguenots, l'avènement de générations nouvelles qui n'au-
raient jamais connu le culte public des temples, l'influence d'un milieu disci-
pliné, toutes ces causes d'un retour définitif à l'union, rêvées par l'intendant
S<. par les évêques, se trouvaient neutralisées par l'état de guerre. L'Europe
en armes contre la France ne négligeait pas ce précieux foyer de discordes Se
d'agitations intérieures que la révocation de l'édit de Nantes maintenait au
cœur du royaume. Au lieu de l'apaisement par fatigue on devait se préparer k
la lutte S< recommencer l'interminable duel, le duel de chaque jour, contre un
ennemi insaisissable, ranimé Se grandi à ses propres yeux par la persécution.
Dès le milieu de l'année 1701, la contagion prophétique avait reparu entre
le Gardon Se le Cèze. Des garçons, des filles, d'une extrême jeunesse, tom-
lyoi
lyot
■jZi ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
baient en extase, annonçaient la délivrance & se disaient inspirés du Saint-
Esprit.
Quelques scènes de ce genre se produisirent à Valerargues; le curé du
lieu, accompagné de deux autres prêtres du voisinage, s'étant avisé d'arrêter
lui-même le prophète au milieu d'un groupe & de le traîner à Lussan pour
l'y faire enfermer, sans autre escorte que ses deux collègues, fut poursuivi
par un attroupement d'enfants 8<. de femmes qui, à coups de pierres, le con-
traignirent de lâcher prise. Arraché aux mains des trois curés, le prophète ne
tarda point à prendre sa revanche : il entraîna la foule passionnée qui lui fai-
sait cortège, courut droit à l'église, en enfonça les portes, démolit l'autel,
renversa le crucifix & enleva les ornements. La nouvelle de ces violences
s'étant aussitôt répandue, un juge d'Uzès qui se trouvait à la campagne, dans
une de ses métairies, ramassa une poignée de gens de bonne volonté & vint
à leur tête enlever une vingtaine de personnes, hommes 8c femmes. Un lieu-
tenant de milice, avec quelques soldats, se mit aussi à battre l'estrade Si s'em-
para du prophète, qui fut enfermé dans les prisons d'Uzès en compagnie
d'une quarantaine de malheureux. Le présidial de Nîmes se transporta immé-
diatement sur les lieux pour instrumenter; le comte de Broglie, lieutenant
général, y courut en poste. La grande préoccupation des gens du roi était
de découvrir le nom du ministre ou du prédicant dont ils soupçonnaient
l'influence occulte; mais ils jugeaient eux-mêmes le problème fort difficile.
« Ces gens, écrivait Broglie au ministre, souffrent tout plutôt que d'accuser
« leurs complices. » Pour les châtier, il ne demandait pas moins que le rase-
ment du village, comprenant quarante feux, tous de la religion protestante'.
Au mois d'août de la même année, les exemples faits dans le diocèse
d'Uzès n'ayant pas, suivant l'expression de Broglie, désabusé les nouveaux
convertis de donner dans le fanatisme. Si les inspirés continuant à courir les
villages, le lieutenant général sollicita l'autorisation d'emprunter un déta-
chement de vingt hommes à la garnison du Pont-Saint-Esprit pour « donner
« la chasse aux prédicans » 8c « tomber sur les faux prophètes^. »
Quelques jours après, un détachement de milice bourgeoise, qui venait de
conduire une prophétesse dans les prisons d'Uzès, fut attaqué, au retour, à
coups de pierres, par une quarantaine de villageois des deux sexes. L'un
d'entre eux, armé d'un fusil, tira même sur la troupe, qui riposta Se blessa
six personnes dont un prédicant. En exposant le fait au ministre, Broglie
incriminait les dispositions générales des réformés qui se ressentaient déjà de
la guerre d'Italie. Mais il avait l'imprudence d'ajouter que la bonne organisa-
tion des milices mettait les malintentionnés hors d'état de rien entreprendre
de considérable. « C'est de quoy, disait-il, j'ose me faire fort^. »
Plusieurs exécutions sanglantes s'accomplirent à la suite de ces premiers
mouvements. Les prédicants que l'on arrêtait furent roués vifs ou pendus.
■ Pièces justificatives, n. DLXIX, col. iSSy. ' Pièces justificatives^ il. DLXXI, col. 154c.
* Pièces justificatives, n. DLXX, col. 1539.
LIV, III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. ySS
Tsaac Salonion, pris dans les environs de Chalencon, en Vivarais, après
avoir reçu un coup de feu dans le bras & s'être rendu sans résistance, périt
sur la roue à Vernoux, en compagnie d'un homme 8i d'une femme condamnés
aussi comme fanatiques.
Claude Maire, de la Bastide de Crussol, enveloppé à Vernoux par un déta-
chement, tua d'un coup de couteau le premier soldat qui vouliit l'approcher,
fut terrassé par les autres, garrotté, conduit à Montpellier, où il expira sur la
potence après avoir eu le poing coupé.
Daniel Raoul, simple laboureur de Vagnas, qui ne savait pas lire, s'était
fait une grande réputation de prédicant. Il ne cachait point son ignorance
& en tirait au contraire des effets saisissants pour émouvoir les foules. Le
peuple, disait-il, ayant continué de suivre son mauvais train, malgré les
exhortations de ministres instruits, aurait mérité d'être abandonné de Dieu,
qui lui faisait pourtant un suprême appel en lui envoyant de nouveaux mes-
sagers. « Ce sont des ignorans qui n'ont d'autres connoissances que celles
« que Dieu répand dans leur esprit. Vous en voyez un en moi, jusque-là
« que je ne sais pas lire : je suis une de ces pierres dont parle l'Ecriture, qui
« crient, dans le temps que ceux qui dévoient vous réveiller de votre assou-
« pissement se sont tus. »
Surpris dans le bois de Tornac avec ses trois disciples, le jeune Floutier,
âgé de vingt ans, Bonaventure Rey 8c Bourelly, Daniel Raoul monta sur
l'échafaud, le 9 septembre, à Nimes, où il reçut, dit-on, cent trois coups de
barre avant de rendre l'âme. La bouche pleine de sang, il protestait encore
de sa foi 8c de son éloignement pour les pratiques romaines'.
Parmi les exaltés qui exhortaient les peuples à la pénitence, au repentir
de leur infidélité, à la haine des églises catholiques Se des prêtres, on comp-
tait un très-grand nombre d'enfants. Les soldats les enlevaient 8c les met-
taient en prison. L'intendant ne savait que faire de ces étranges prévenus. Il
chargea la faculté de médecine de Montpellier d'examiner leur état mental.
Les savants docteurs déclarèrent ces enfants atteints de fanatisme.
Alors Bâville décida que les parents de ces petits prophètes seraient respon-
sables de leur éloquence 81 qu'ils paieraient des amendes avec les frais des
procédures. La fureur de prêcher ou l'esprit d'imitation étaient si puissants
chez ces pauvres créatures qu'on vit des pères de famille, impuissants à
réprimer ce zèle indiscret, livrer eux-mêmes leurs entants aux magistrats
pour s'en décharger, avec prière de leur faire passer « l'envie de prophétiser. «
Une vingtaine de paroisses des hautes Cévennes se trouvèrent ainsi écra-
sées de taxes arbitraires 8c de logements.
Sur la fin de septembre, une assemblée fut tenue à demi-lieue de Nimes.
Deux détachements l'investirent, prirent quinze ou seize femmes, deux ou
trois hommes 8c blessèrent le prédicant. Pareille scène à Caderles, dans les
environs de Saint-Hippolyte, où le prédicant fut tué. Toutes les fois qu'une
' Court de Gébïlin, Histoire des troubles des Civcnnes. t. i, p. 17.
170
lyc
784 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
paroisse avait été convaincue d'assemblée, on y mettait une compagnie qui
vivait à ses dépens. C'est ce qu'on appelait « châtier par une pure perte. »
A ce moment déjà la sécurité de Broglie semble ébranlée. Il accuse les pro-
testants d'avoir toujours été malintentionnés en temps de guerre, d'être entre-
tenus dans l'esprit de révolte par les chefs de la secte habitant les grandes
villes £<, par leur correspondance continue avec les réfugiés de Genève, de
Hollande & d'Angleterre'. Bientôt il propose de lever huit compagnies tie
milice soldée, de trente hommes chacune, dont on mettrait la moitié en
Vivarais Se la moitié dans les Cévennes, les milices bourgeoises commençant
à se rebuter des courses qu'on leur faisait faire pour donner la chasse aux
assemblées & de l'interruption de leurs travaux ordinaires^.
La sévérité dont on usait à l'égard des nouveaux convertis, loin de rétablir
le calme dans la contrée 8c d'assurer l'obéissance, avait pour effet de surexciter
les imaginations & de réveiller à travers les Cévennes l'ardeur du prosély-
tisme & du martyre. Mais rien ne pouvait ramener les dépositaires de l'au-
torité royale à une politique plus humaine. Dans la multiplicité des infrac-
tions qui se produisaient chaque jour, ils voyaient un motif d'exagérer la
répression. « Malis ingravescent'ibus, écrivait Bâville à l'évêque de Nimes,
« poenae exacerhandae. « Dans cette même lettre, datée du 4 novembre 1701,
l'intendant annonçait à Fléchier l'intention d'«expédier » promptement un
prophète que ce prélat venait d'interroger. Une escorte était allée le prendre à
Sommières Se un commissaire s'apprêtait à le condamner; Bâville voulait faire
un exemple qui contînt tout le pays, en punissant la paroisse mutine
d'Uchau3,
Du reste, les compagnies de milice lancées à la poursuite des fanatiques
ne chômaient pas. En rentrant de la session des États qui s'était tenue à Car-
cassonne, Bâville trouva plus de quatre cents prévenus dans les prisons de
Montpellier. Il se vantait, dans une de ses lettres à Chamillart, que pas un
prophète ne pût paraître sans être pris "*. Il avait condamné à mort une
malheureuse femme qui prétendait verser des larmes de sang Se qui arguait
de ce phénomène pour établir la divinité de sa mission. Mais le nombre des
coupables devenait si grand que l'on craignait de manquer de bras pour ks
saisir. Bâville insiste sur le découragement des compagnies de milice, fati-
guées d'être mises sur pied en toute occasion 8<. de faire gratuitement le
métier d'archers. Faute de troupes régulières, on réclamait au moins quelques
compagnies soldées pour faire le service journalier de surveillance Se donner
le temps aux régiments de milice d'être rassemblés lorsque la gravité du cas
le requerrait.
Ces inquiétudes, qui reviennent fréquemment dans les correspondances de
Bâville Se du comte de Broglie, montrent bien que la grande insurrection des
Cévennes n'a pas été un événement fortuit, déterminé par l'initiative isolée
■ Pièces /usj/^cadVes, n. DLXXVI, col. i55o. ùsme fran<;!ils, XV, p. 137. Communication de
' Pièces justificatives, n. DLXXIX, col. 1554. M. Boissy d'Anglas.
' Bulletin de la société de l'histoire du protestan- " Pièces justificatives, n. DLXXX, col. IÔ35.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÈDIT DE NANTES. 735
lie quelques hommes & qu'elle s'annonçait de loin, comme une explosion
inévitable par suite de l'exaspération du pays.
Chamillart déclarait, de son côté, qu'on devait se tirer d'affaire avec des
milices & que le roi n'entendait pas amoindrir ses armées de la frontière
pour maintenir les nouveaux convertis dans leur devoir. Pendant tout le
printemps de l'année 1702, Bâville se montre exclusivement préoccupé de
ramasser quelques forces militaires, proposant tantôt de supprimer la garde
d'Orange, tantôt de rappeler le détachement des garnisons de Languedoc
employé dans le comtat d'Avignon".
Vers le milieu du mois de mai, vingt hommes armés enlevèrent une pro-
phétesse que l'on menait en prison. Le chef de la bande fut pris & pendu
sur le lieu même où l'attaque avait eu lieu.
Une assemblée de plus de cinq cents personnes se tint, de nuit, à Vauvert,
dans la plaine de Nimes, au milieu des champs. Les soldats arrivèrent à l'im-
proviste 5c firent feu sur l'assistance. On procéda de même toutes les fois
que les dénonciations parvinrent à temps. Les dépêches du comte de Broglie
au ministre ne font guère que relater ces tristes exploits. Outre les gens qui
étaient tués sur place, au hasard des balles, on réservait quelques prisonniers
pour le bourreau, toujours sous prétexte d'exemple; on condamnait les femmes
au fouet & l'on envoyait les hommes aux galères. Nous ne connaissons pas
de témoignage plus accablant que ces rapports officiels, dont la froide exacti-
tude 81 l'origine écartent toute pensée d'exagération.
Suivant l'expression même du lieutenant général, les religionnaires ne
pouvaient être une heure ensemble sans qu'on ne les chargeât*. Cette décla-
ration laisse deviner à quel point les instincts d'espionnage étaient encou-
ragés dans le pays Se quelle intensité de haine devait produire la prolongation
d'un pareil régime.
Cette haine s'adressait surtout aux ecclésiastiques, parce qu'ils étaient
généralement, chacun dans sa cure, les correspondants les plus redoutés de
l'intendance. C'est par leur intermédiaire qu'arrivaient à Montpellier les
listes de nouveaux convertis coupables d'infractions quelconques aux ordon-
nances religieuses. Ils apportaient dans cette surveillance une passion parti-
culière, où la ferveur dominait sans doute, mais où l'intérêt personnel avait
bien quelque part, la question spirituelle se compliquant presque toujours
d'une question temporelle dans ce pays où les biens d'église avaient été
l'objet de nombreuses usurpations, 6t où plusieurs seigneuries dépendaient
soit d'un évêché, soit d'une abbaye ou d'un simple prieuré.
Depuis 1686, le gouvernement avait placé à la tête du clergé militant des
Cévennes, avec le titre d'inspecteur des missions du Gévaudan, un ecclésias-
tique très-zélé qui personnifiait, pour ainsi dire, aux yeux des religionnaires,
toutes les rigueurs de la persécution.
François de Langlade du Chayla, archi prêtre des Cévennes, prieur de
■ Piicetjaitifieatives, n. DLXXXII, col. iSSy, • Pièces justlficallyes, n. DLXXXV, col. i^Sp.
lyoi
Ijoî
736 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Laval, après avoir essayé de convertir les païens dans le royaume de Siam,
était venu continuer le même office à l'égard des calvinistes. Il avait appar-
tenu au séminaire des Missions étrangères de Paris. Les catholiques vantaient
son activité, sa dévotion, les austérités de sa vie, les soins qu'il se donnait
pour l'éducation de la jeunesse 8c pour la surveillance du personnel ecclésias-
tique. C'était, disait-on, un esprit très-délié, habile à trouver des expédients
dans les difficultés les plus épineuses; il excellait à terminer les procès; on
lui attribuait une culture intellectuelle étendue, une grande facilité de parole,
& l'on donnait des éloges à sa libéralité. Les protestants, au contraire, accu-
saient l'archiprêtre de se conduire en véritable inquisiteur, de donner le
branle à toutes les troupes qui fusillaient les assemblées, d'être un commis-
saire de répression plutôt qu'un apôtre & de faire régner la terreur dans sa
juridiction. D'après les bruits qui couraient parmi les réformés, l'abbé du
Chayla aurait pris un plaisir barbare à créer de lui-même des tortures pour
arracher les aveux qu'on lui refusait, 8c s'en serait fait un spectacle favori,
inventant des raffinements de cruauté qui semblaient empruntés au martyro-
loge des premiers chrétiens.
Rien n'est plus difficile que de dégager la vérité du milieu de ces témoi-
gnages contradictoires; mais si la légende a peut-être noirci outre mesure la
mémoire de l'archiprêtre en imaginant des atrocités épisodiques, un fait n'en
demeure pas moins hors de contestation, c'est que l'abbé du Chayla, comme
supérieur du clergé cévenol, exerçait une action prépondérante sur toutes les
affaires de religion , que la plupart des emprisonnements 8c des procédures
criminelles se faisaient par son initiative.
L'archiprêtre des Cévennes, dont il était titulaire, comprenait précisément
le cœur des montagnes, le plus solide rempart de la Réforme dans la France
entière; désirant terminer, sur ce champ de bataille, les dernières années de
son aventureuse existence, l'abbé du Chayla taisait sa résidence habituelle à
Saint-Germain de Calberte, gros bourg situé sur les gradins méridionaux du
Bougés, dans le bassin supérieur du Gardon de Mialet, 8c il avait préparé
depuis quatre ans son tombeau, à l'entrée du chœur, dans la vaste église
paroissiale dont on attribuait la construction au pape Urbain V. De ce quar-
tier général, l'abbé rayonnait dans tout le pays, prêchant jusques à quatre
fois par jour, stimulant le zèle des prêtres, Se faisant rude guerre aux pro-
phètes 8c aux prédicants.
Une fille du Pont-de-Montvert, qui avait été servante à Alais pendant une
dizaine d'années, parcourait, vers le commencement de 1702, les paroisses de
Saint-Andéol de Clerguemort 8c de Saint-Frézal de Ventalon, en répétant
les déclamations passionnées qui étaient familières aux prophétesses. Elle
gourmandait surtout les nouveaux convertis qui avaient communié dans
l'Eglise catholique, les accusant <■' d'avoir avalé un morceau aussi venimeux
« qu'un basilic 8c d'avoir fléchi les genoux devant Eaal. » Cette fille fut prise
8c conduite à Montpellier; on y instruisit son procès dans les formes; puis
on la ramena dans sa paroisse, où elle mourut sur la potence. Cette exécu-
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 787
tion d'une femme qui, jusqu'au dernier soutfle, persista dans ses emporte-
ments contre les pratiques de l'Eglise romaine, eut un retentissement durable
au milieu des populations protestantes disséminées sur les contre-forts de la
Lozère. L'aspect du supplice, autrement saisissant que le récit des expiations
lointaines, accrut encore les pensées de vengeance, mais n'entraîna pas une
seule conversion.
Dans le courant du mois de janvier, l'abbé du Chayla commença une
tournée d'inspection à travers les paroisses des hautes Cévennes où il reconnut
les dispositions les plus hostiles. Les assemblées s'y multipliaient, les prédi-
cants ne cessaient d'entretenir l'espérance d'événements prochains qui devaient
rendre aux protestants la liberté de leur culte. Ces prédictions prenaient sou-
vent une forme naïve ou merveilleuse. Tantôt, on taisait croire k ces pauvres
gens que Dieu allait susciter en France quarante mille prophètes ou prophé-
tesses pour affranchir son peuple, ou l'on annonçait l'avènement d'un puis-
sant prince qui écraserait les persécuteurs; tantôt, on racontait, au milieu
des larmes & des sanglots de la foule, qu'un dragon de feu s'apprêtait k
punir la tiédeur des fidèles 8<. leur inassiduité aux assemblées, ou qu'un beau
temple de marbre blanc relevé de filets d'or, tombant du ciel au milieu du
vallon de Saint-Privat, devait remplacer, pour la consolation des Cévennes,
les édifices démolis en vertu de l'édit de révocation.
L'abbé du Chayla se tenait en rapports constants avec l'intendance & lui
dénonçait les infractions qu'il découvrait chaque jour parmi les nouveaux
convertis i prêches, baptêmes 8<. mariages au désert, refus des sacrements,
résistance aux ordres du roi, qui rendaient l'enseignement catholique obliga-
toire, tentatives d'émigration. Sur les avis de l'inspecteur ecclésiastique, le,
subdélégué de l'intendant dressait des procédures contre les prévenus & fai-
sait opérer des arrestations par les soldats attachés k sa personne.
Ces perquisitions rigoureuses, plus conformes k l'office d'un grand prévôt
qu'à celui d'un prêtre, ne tardèrent pas d'exciter une vive explosion de haine
dans la montagne. Parmi les punitions que Bâville infligeait aux condam-
nés, l'incorporation dans les compagnies de nouvelle levée qui se formaient
k Montpellier pour être envoyées k la frontière, n'était pas une des moins
odieuses k la population cévenole, vaillante sans doute, mais attachée au
sol natal, S< peu jalouse d'aller grossir les armées d'un prince ennemi de
l'Évangile.
L'abbé avait appelé auprès de lui plusieurs auxiliaires entre lesquels il
partageait les travaux de la prédication. Les abbés Comte & Boulet, prêtres
missionnaires, S< deux pères capucins, faisaient partie de l'expédition, rece-
vant leur direction de l'archiprêtre, & se dispersant dans les paroisses qu'il
leur assignait.
Cette compagnie opéra pendant les mois de mars & d'avril, dans les con-
tre-forts accidentés que sillonnent le Gardon de Saint-Jean Si le Gardon de
Mialet. Les églises de Saint-Roman Si de Moissac entendirent les premiers
sermons; mais le fruit en fut médiocre. Si dans les assemblées protestantes
l'JOl,
738 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
qui se réunirent à peu de distance du champ de la mission, la dureté de
l'abbé du Chayla servit de thème à l'éloquence passionnée des prophètes.
Il paraît que des projets d'embuscade furent alors agités. Du moins, un
bourgeois du pays avertit secrètement le père Louvreleuil, doctrinaire, curé
de Saint-Germain de Calberte, que la vie de l'archiprêtre était menacée.
L'abbé du Chayla ne tint pas compte des avertissements de son confrère.
Aux fêtes de Pâques, les églises furent désertes; les curés comptèrent moitié
moins de communions que l'année précédente.
En même temps, l'esprit violent du seizième siècle se réveillait, Se la pas-
sion iconoclaste répondait aux plantements de crucifix. Dans le village de la
Melouze, qui est au bas d'un des derniers rameaux du Bougés, un dimanche
matin, le prieur se rendant à son église aperçut un chien mort cloué sur la
croix du cimetière. Plainte en fut portée à l'abbé du Chayla, qui prescrivit
des poursuites & ordonna une réparation publique du sacrilège. Il alla
ensuite continvier sa mission dans la vallée profonde qui sépare les éperons
de l'Aigoual du Causse Méjan. La paroisse de Vébron, située au milieu de
ce fossé où le Tarnon serpente entre des montagnes surélevées de cinq cents
mètres, fut, pendant les mois de mai Si de juin, le quartier général des mis-
sionnaires. De là, ils descendirent à Florac pour tourner le massif du Bougés
Si remonter le long du Tarn.
Au sortir des gorges de Malpertus, où il prend sa source, le Tarn s'engage
dans une vallée tortueuse Si profonde que dominent d'un côté les croupes
granitiques de la montagne de Lozère, Si de l'autre, les pentes boisées de
la chaîne du Bougés. Le premier bourg que rencontre la rivière dans ces
régions agrestes s'appelle Pont-de-Montvert ; il est situé dans une sorte de
carrefour où descendent face à face, par deux torrents, les eaux des cimes
voisines. Si il emprunte son nom à l'arche de pierre qui porte une ancienne
route de montagne, conduisant d'Alais à Mende à travers les Cévennes Si
formant la communication la plus directe entre le bas Languedoc Si le
Gévaudan.
Ce fut dans ce réduit, dont le fond a près de neuf cents mètres d'altitude
Si demeure pourtant comme enfoui entre les hauts sommets latéraux, que
l'abbé du Chayla passa le dernier mois de sa mission. Il occupait la maison
d'un zélé protestant nommé d'André, qui avait perdu la vie pour sa religion.
Depuis l'arrivée des missionnaires, le rez-de-chaussée de cette maison était
transformé en prison Si en chapelle; la chapelle servait aux abjurations. Si la
prison était un lieu de dépôt pour les prévenus que l'on expédiait ensuite à
l'intendance. Deux soldats avaient la garde des prisonniers.
Dans les premiers jours du mois de juillet, une compagnie de milice bour-
geoise qui battait le pays, sous le commandement du capitaine d'Escalier,
arrêta un guide Si sept émigrants. Ce guide, nommé Massip, avait fait plu-
sieurs fois le voyage de Genève Si connaissait les routes les plus secrètes pour
gagner la frontière. On sait de quelles peines terribles les or<lonnances de
Louis XIV frappaient quiconque favorisait l'émigration des nouveaux con-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 789
vertis. Les miliciens amenèrent leur capture à l'archiprêtre qui fit enfermer
les fugitifs Se le guide dans la salle basse de sa maison. Afin de se dispenser
d'une garde trop nombreuse, tous les prévenus turent entravés par les pieds,
au moyen de deux pièces de bois entaillées Se réunies que l'on appelait ceps.
Cet appareil empêchait les prisonniers de faire un seul pas Se ne leur per-
mettait pas non plus de se coucher'. Au nombre de ces malheureux se trou-
vaient, travesties en homme pour le voyage, trois jeunes filles appartenant à
la famille Sexti, de Moissac, petite paroisse cachée dans la vallée du Gardon
de Saint-Jean.
Cette arrestation fit beaucoup de bruit dans la contrée. On racontait que
l'abbé donnait chaque jour les étrivières à ses captifs; à supposer que l'ima-
gination du peuple, très-excitée contre l'archiprêtre des Cévennes", lui
attribuât gratuitement ces actes de cruauté, des faits d'une nature positive
Se indubitable justifiaient les plus douloureuses appréhensions. Personne
n'ignorait qu'une ordonnance de l'intendant, proclamée à son de trompe
dans toutes les villes de la Province, avait promis trente louis d'or à ceux qui
livreraient des guides 8c la peine de mort sans rémission à ceux qui facilite-
raient la retraite des nouveaux convertis hors du royaume, soit en les con-
duisant eux-mêmes, soit en leur indiquant des routes ou des guides pour les
faire sortir^. L'arrivée du subdélégué Le Blanc qui avait été mandé pour
dresser la procédure criminelle laissait prévoir l'issue de l'affaire. On fit des
démarches pressantes auprès de l'abbé en faveur des prévenus, on lui offrit
même de fortes sommes pour leur rançon; il se montra inflexible.
Sur ces entrefaites, eut lieu la foire de Barre, qui se tenait le 22 juillet, 81
qui était une occasion de rassemblement pour les montagnards du canton.
Le cas des prisonniers du Pont-de-Montvert fit l'objet de toutes les conver-
sations, 8t l'on y agita les premiers projets d'enlèvement. Le lendemain,
dimanche, une assemblée fut tenue, dans la paroisse Saint-Maurice de Vcn-
talon, sur les plateaux désolés du Bougés. C'est une montagne considérable,
qui s'élève à l'est de Florac, formant un des pitons des Cévennes, Se qui
envoie ses eaux, d'un côté vers l'Océan par le Mimente 81 le Tarn, de l'autre
vers la Méditerranée par le Gardon. La hauteur des sommets varie de treize
à quatorze cents mètres, 81 quelques bouquets de bois tapissent les combes,
■ Le père Louvreleuil, curé de Saint-Germain gens à coups de bâton, enfermé une fille dans une
de Calberte, auteur du Fanatisme renouvelé, 8c espèce d'étui qui tournait >ur deux pivots avec
témoin peu suspect, avoue l'existence des ceps une extrême rapidité, jusqu'il faire perdre la rc>-
dans les termes suivants : « Six prisonniers qu'il piration, fustigé un enfant jusqu'au sang, mutilé
tenait dans les ceps (instrument fait de deux piè- son frère, & l'on prétendait qu'il arrachait lui-
ces de bois entaillées). » Le comte de Peyre, dans même, avec une pince, les poils de In barbe à cer-
son rapport à Chamillart, attribue l'invention du tains prisonniers, dont il brûlait les doigts après
procédé à l'abbé du Cbayla : ii II avoit inventé les avoir enduits de graisse '.
un supplice qu'il leur faisoit souffrir, leur met- ^ iious puhlïom avit. Piices justificatives, n.ï)W,
tant les pieds au milieu d'un gros poutre qui les col. i38o, le texte de cette ordonnance, datée de
obligeoit k dormir debout. » — Voir aux Pièces Nimes le i5 décembre 1687.
just.ficatiyes. n. DXCVII, col. 1 582. ^ _ . (-^^^ ^^ g^^u^ „,,,^,.^^ ^^, ,^^„j,^^ ^^^ cévenstf,
' On accusait l'abbé d'avoir assommé des jeunes liv. i, p. 33.
1702
i-joi
740 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Là s'étaient donné rendez-vous quelques-uns des plus sauvages habitants de
la Lozère, de l'Argoual 8c de l'Espérou. La proposition d'affranchir les pri-
sonniers à main armée y fut débattue. Quelques-uns de leurs parents s y
trouvaient & suppliaient les assistants de tenter l'aventure. Un particulier,
revenant de la foire de Barre, déclara que l'abbé du Chayla, qui s'y était
rendu, avait annoncé l'exécution immédiate du guide, aussitôt après son
propre retour au Pont-de-Montvert.
Les esprits étaient fort ébranlés par ces divers propos, lorsque les prophètes
se mirent en scène. Pierre- Esprit Séguier, Salomon Couderc, Abraham
Mazel, qui jouaient un grand rôle dans ces réunions, comme médiateurs
entre le ciel & la terre Se correspondants habituels du Saint-Esprit, manifes-
tèrent l'inspiration d'en haut qui leur ordonnait d'affranchir les prisonniers.
Parmi les auditeurs, se trouvaient plusieurs échappés des ceps, animés contre
l'archiprêtre d'un sentiment de haine & de vengeance personnelle, & aussi
quelques jeunes gens, recrutés de force pour les compagnies de nouvelles
levées, qui étaient parvenus à déserter en emportant leurs armes.
Le lendemain, quarante à cinquante hommes, armés de faux, d'épées, de
vieilles hallebardes, héritage des guerres civiles, quelques-uns, portant des
fusils 8t des pistolets, s'assemblèrent à la nuit tombante, à l'entrée de la forêt
d'Altefage, dont les masses obscures couronnent la plus haute cime du Bougés
& dominent le village de Grizac, berceau du pape Urbain V. La prière fut
faite en commun, 8t des exhortations bibliques rappelèrent aux partisans le
souvenir des entreprises audacieuses que les livres saints ont célébrées. Vers
neuf heures du soir, la petite colonne, qui avait dépêché huit hommes en
avant-garde, commença de descendre les pentes vers le village, où elle pénétra
au cri de « tue! tue! » & au bruit des coups de feu. En quelques instants,
la maison de l'archiprêtre fut investie. Les insurgés qui avaient, dit-on,
entonné un psaume 8t sommé bruyamment les bourgeois d'avoir à se tenir
clos en leurs logis & de ne point se présenter aux fenêtres sous peine de
mort, heurtent à la porte & demandent la liberté des captits. Un des soldats
qui habitaient la maison, déchargea son fusil sur les assaillants : la porte fut
enfoncée à coups de hache; l'abbé du Chayla, fuyant de chambre en chambre,
alla s'enfermer dans un cabinet voûté de l'étage supérieur. Le premier soin
des insurgés fut de briser les entraves de leurs coreligionnaires qu'ils trouvè-
rent en tort mauvais état, dans la salle basse, par suite des brutalités qu'ils
avaient subies. Le maître d'école, un ecclésiastique du nom de Roux, reçut
dans les reins un coup de hallebarde dont il mourut. Comme les attroupés
gravissaient rapidement l'escalier pour aller relancer l'archiprêtre dans sa
retraite, ses gens qu'il préparait à la mort tirèreat sur eux & blessèrent un
homme à la joue. Aussitôt on prit le parti de mettre le feu à la maison : les
meubles, les bancs de la chapelle, le bois de chauffage S< jusqu'aux paillasses
des soldats de garde furent amoncelés, &, en peu de temps, la flamme
atteignit 81 renversa la toiture. Comme la chapelle avait été entièrement
brûlée Si que la chaleur devenait insupportable, l'abbé se fît une corde des
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 741
draps de son lit, Se, par une fenêtre, se laissa glisser dans le jardin 5 mais il
tomba assez malheureusement pour se casser la cuisse Se ne put, qu'avec
l'aide de son valet, se blottir dans une haie de buissons formant la clôture
du jardin. Les flammes qui dévoraient la maison répandaient partout de vives
lueurs. On découvrit d'abord le soldat qui s'était sauvé par la fenêtre comme
l'abbé & réfugié, comme lui, dans les buissons. La troupe ameutée le couchait
en joue, quand le prophète Séguier, au nom du Saint-Esprit, ordonna qu'on
lui fît grâce. Bientôt après, on aperçut l'archi prêtre. Les assaillants se ruèrent
sur lui en criant : « Voilà le persécuteur des enfans de Dieu ! »
Alors commença une longue & douloureuse agonie. Esprit Séguier porte le
premier coup au blessé, qui n'essaie plus d'opposer de résistance. Puis chacun
frappe à son tour, accablant le malheureux de malédictions 8c d'injures, 8c
lui reprochant tous les actes rigoureux de son apostolat. Comme on le traitait
de damné, il répondit à ses assassins : « Si je me suis damné, voulez-vous en
« faire autant? »
Bientôt tout son corps ne présenta plus qu'une plaie. Il avait reçu, dit-on,
cinquante-deux blessures, la plupart mortelles. Le cuisinier, le fermier de la
maison périrent également. On n'épargna que le soldat 8c le valet, d'après
la recommandation des prisonniers, qui avaient eu, paraît-il, à se louer de
leurs bons offices.
Tandis que s'accomplissaient tous ces crimes, le subdélégué de l'intendant
8c son greffier, avertis par le chant des psaumes 8c par la clarté de l'incendie,
s'étaient sauvés à la hâte dans la montagne, tandis que les deux capucins
missionnaires, logés à l'autre extrémité du bourg, allaient chercher un refuge
au milieu des blés.
Au point du jour, les meurtriers, enivrés de leur vengeance, pensèrent à
quitter la place; chemin faisant, ils passèrent à Frugères, où était l'église
paroissiale du Pont-de-Montvert, 8c ils y mirent le feu.
L'abbé Reversât, curé du lieu, essaya de leur échapper par la fuite, mais
ils l'atteignirent d'un coup de fusil. On raconta qu'on avait trouvé dans ses
vêtements une lettre désignant vingt de ses paroissiens aux sévérités de l'ar-
chi prêtre.
Les attroupés gagnèrent ensuite une grange des plateaux supérieurs, d'où
ils purent voir l'émotion qu'avait produite dans le pays leur exploit nocturne;
toute la milice du canton était sur pied, Se, commandée par le colonel Mirai,
battait infructueusement les taillis. La bande prit alors le parti de chercher
une retraite plus sûre, 8c s'achemina vers les monts de Lozère, où une vaste
forêt, connue sous le nom de Faux-des-Armes, lui promettait le mystère de
ses impénétrables ombrages.
Le prieur de Saint-Maurice de Ventalon, qui aperçut la troupe d'assez loin,
se jeta sur un cheval 8c fut assez heureux pour s'échapper.
Le corps de l'abbé du Chayla, traîné sur le pont du Tarn avec celui des
autres victimes, fut relevé après la retraite des assassins 8c recueilli d'abord
dans une maison. Il était percé de plusieurs coups de feu dans le ventre 8c
1702
lyoj
742 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les reins, & criblé de coups de poignard : le poignet de la main gauche ne
tenait plus que par la peau, & quatre doigts de la même main étaient à
demi-coupés d'un autre coup de sabre. La passion fanatique semblait setre
acharnée sur ce qui rappelait le caractère du prêtre; on avait déchiqueté sa
tonsure comme à plaisir & ses lèvres étaient percées.
Un exprès ayant été envoyé à Saint-Germain de Calberte, le père Louvre-
leuil se hâta de convoquer tous les curés voisins pour faire à Tarchiprêtre de
pompeuses funérailles; les maires, les consuls, les principaux paroissiens s'y
rencontrèrent. Le corps fut apporté à découvert sur un brancard, le 26 juillet,
jour de Sainte-Anne. Lorsque l'abbé Mingaud, curé de Saint-Etienne de Val-
francesque, qui était, avec le prieur de Baumes, l'un des exécuteurs testa-
mentaires, voulut coiffer la tête du mort, il s'aperçut qu'on ne pouvait tou-
cher aux cheveux sans lever la peau du crâne, à peine maintenue par le sang
figé. L'abbé du Chayla fut exposé dans l'église de Saint-Germain, revêtu de
ses habits sacerdotaux, ainsi qu'il en avait exprimé le désir de son vivant".
Le père Louvreleuil prononça le panégyrique. Il avait pris pour texte ce
passage tiré du livre des Rois St consacré à la mémoire d'un officier de David
massacré en essayant de réprimer une rébellion : Ama-:^a conspersus sanguine
jacebat in média via. Après avoir énuméré les qualités du défunt, l'orateur
fit connaître a l'assistance les dispositions que l'on avait trouvées dans son
testament.
L'abbé du Chayla donnait à l'église de Saint-Germain sa chapelle de ver-
meil, estimée deux mille livres; deux ornements complets, l'un de brocart,
l'autre de moire, qui en valaient mille; quelques tableaux 8c « diverses nippes
« de sacristie. » Il léguait sa bibliothèque à deux curés qui lui étaient entiè-
rement dévoués, &. la moitié de sa maison au curé & au vicaire de Saint-
Germain. Toutes les provisions qui se trouvaient chez lui au jour de son
décès étaient destinées aux nécessiteux de la paroisse, St cinq cents écus
répartis entre les bureaux de charité établis dans l'étendue de l'archiprêtré
des Cévennes, proportionnellement au nombre des indigents.
La cérémonie ne se termina qu'à trois heures de l'après-midi, & peu s'en
fallut que le cercueil ne pût trouver place dans le tombeau; car la bande
insurgée, avertie du rassemblement des prêtres, s'était mise en route pour les
charger. La tempête fut détournée par l'adresse d'un homme de Saint-Ger-
main, qui, ayant rencontré les bandits sur sa route, parvint à leur faire croire
qu'une troupe de bourgeois bien armés & deux compagnies de milice escor-
taient le convoi funèbre. Les prêtres se séparèrent fort émus. En quittant le
curé de Saint-Etienne, auquel il avait servi de sous-diacre dans le service,
l'abbé Boissonnade, curé de Saint-André de Lancize, disait à son collègue,
' Ces détails sont fournis par le prêtre même que, comme il m'avoit souvent dit pendant sa vie,
qui officia aux funérailles, ami particulier de la & recommandé'. »
victime : « Je peux rendre un tesraoignage fidèle de
ces blessures, puisque j'ai eu l'honneur de vestirce , ■,M'"">^"''t ds J-abbé Mmgaud, curd de Saint-Etienne dt
, ■ 1 . .• 1 ■ Valfrancesque, publii; par M. Gustave de Burdm. Z)ocKm?n/i
bon ami des habitz sacerdotaux, suivant la rubn- historiques sur la province de Gévaudan, \, p. 3o5.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 7.] 3
les larmes aux yeux, qu'il s'estimerait heureux s'il pouvait mourir de la mort
de son inspecteur.
Dix heures après, cet ecclésiastique, rentré dans sa paroisse, qui était à
moitié chemin du Bougés, entendit un grand tumulte dans la campagne 8c
gagna le haut du clocher; comme il se montrait imprudemment pour observer
les attroupés, il fut reconnu 8t précipité sur le sol. On lui coupa le nez & la
mâchoire, &. on lui déchargea un fusil sur la gorge, dont il eut la figure
toute brûlée; puis on incendia les croix Se le mobilier de l'église.
A cinq lieues au sud du Bougés, sur le penchant d'un petit vallon qui
décharge ses eaux dans le Gardon de Mialet, une famille catholique, de la
paroisse de Molezon, habitant le château de Ladevèze, donnait fréquemment
l'hospitalité aux prêtres du canton & passait pour conserver un dépôt d'armes.
Ce double motif lui attira la visite des montagnards insurgés. Après les crimes
dont ils s'étaient rendus coupables, ils savaient n'avoir plus de grâce à espérer
8<. cherchaient les moyens de prolonger leur défense. Le château fut investi
le 28 juillet, avant l'aube. Sommé de livrer tous les fusils qu'il possédait,
M. de Ladevèze fit sonner le tocsin 8c tenta d'opposer quelque résistance.
Des coups de feu tirés sur les assaillants en tuèrent un. Ils forcèrent les
portes, s'emparèrent d'une vingtaine de fusils; £c tous les membres de la
famille furent impitoyablement égorgés. Il y avait une vieille mère, âgée de
plus de soixante-dix ans, sa fille Marthe, âgée de vingt-cinq, ses deux fils,
qu'on appelait MM. de Ladevèze 8<. de Nougueyrol, & un oncle. Le fils aîné
fut assassiné le premier, puis son frère, son oncle 8c son fermier. La jeune
fille, à genoux 6c tout en larmes demanda vainement la vie; on l'égorgea
comme ses parents, sous les yeux de sa mère sur qui tombèrent les derniers
coups. Tous les recoins du château furent explorés 8c pillés, on emporta la
vaisselle d'étain destinée à fondre des balles, 8c la fumée, s'élevant au-dessus
des combles du château, révéla aux habitants des paroisses voisines la tra-
gédie qui venait de s'accomplir.
Ces audacieux coups de main produisirent la terreur parmi la popvilation
catholique des Cévennes. Dans tous les lieux isolés, où nulle protection
n'était possible, les prêtres prirent le parti de la retraite. Les uns se réfu-
gièrent dans le château du marquis de Portes, à l'est des hautes montagnes,
entre le Gardon 8c le Cèze, les autres dans le château de Saint-André de
Valborgne, au pied des contre-forts de l'Aigoual. Les bourgeois de Saint-Ger-
main de Calberte supplièrent le père Louvreleuil, leur curé, de se retirer
en lieu sûr, n'ayant pas assez d'armes ni de munitions pour tenir tête aux
fanatiques, 81 comprenant bien que la qualité de prêtre était une désignation
naturelle à leurs vengeances. L'abbé alla s'enfermer dans la ville d'Alais, où
plusieurs autres ecclésiastiques cévenols avaient également cherché asile, 8c
où le juge 8c le subdélégué de l'intendance pourvurent à leur sécurité.
Des appels pressants avaient été donnés à Montpellier. Le comte de Bro-
glie résolut de se transporter en personne sur les lieux 8c fixa son départ au
28 juillet. Ignorant encore la force 8c la composition de la troupe qui rem-
1 702
IJOZ
744 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
plissait la montagne du bruit de ses entreprises, il déplorait amèrement l'in-
suffisance de l'effectif dont il pouvait disposer. La connivence des habitants
du Pont-de-Montvert lui semblait probable, &. il attribuait la même compli-
cité à tous les protestants des Cévennes. Pour maintenir la paix dans un
vaste territoire, horriblement accidenté & d'un accès difficile, le commandant
en chef n'avait sous la main que huit compagnies de fusiliers, forte chacune
de trente hommes j deux cent quarante hommes en tout pour contenir le
pays, depuis les causses du Rouergue jusqu'à la vallée du Rhône. Au moment
de se mettre en route, Broglie dépeignait au ministre, en termes fort vifs, la
mauvaise composition des compagnies de nouvelles levées qui venaient d'être
faites dans la Province : pas un homme acceptable, « des figures de Callot,
<c &. encore plus monstrueuses; » on avait ramassé tous les gueux qui s'étaient
pu rencontrer sur le chemin des recruteurs'. Le commandant oubliait que
la prolongation de guerres sans fin Si l'épuisement du pays rendaient trop
aisément raison d'un aussi triste état militaire.
Broglie partit de Montpellier avec deux compagnies seulement de fusiliers;
il en rallia deux autres sur sa route Si fit mettre en marche diverses milices
bourgeoises qui étaient à portée. Le trajet de Montpellier au Pont-de-Mont-
vert s'effectua rapidement. Broglie passa le 29 juillet à Saint-Germain de
Calberte Si arrivait sur le théâtre du premier crime, le 3o juillet, à six heures
du matin. A la nouvelle de son approche, les habitants du bourg s'étaient
portés à sa rencontre avec leurs enfants Si leurs femmes. Si se jetèrent à ses
pieds en protestant de leur innocence. Les deux missionnaires qui étaient
restés cachés dans les blés, le subdélégué de l'intendance 81 son secrétaire,
appuyèrent ces protestations de leurs témoignages Si désarmèrent les préven-
tions du commandant.
Broglie paraît alors avoir cru que les événements du 24 au 28 étaient
l'œuvre d'une troupe de bandits sans consistance, désavoués par les popula-
tions environnantes. Se il se préoccupa de calmer les alarmes des catholiques^.
Au premier bruit de la catastrophe, le comte de Peyre, l'un des lieutenants
généraux de Languedoc^, qui habitait le château de la Baume, en Gévaudan,
s'était hâté de ramasser une troupe de cent cavaliers Si de deux cents fantas-
sins dans les quartiers de Marvéjols, la Canourgue, Chirac S<. Serverette, Si
s'était dirigé sur la Lozère. Hyacinthe de Langiade, seigneur de Saint-Paul,
frère de l'archiprêtre. Si son neveu, le marquis du Chayla, étaient arrivés
de leur côté avec quatre-vingts cavaliers rassemblés à Saugues ou dans leurs
terres; le comte de Morangiès amenait deux compagnies de cavalerie levées à
Saint-Auban Si au Maizieu, 81 enfin la ville de Mende, par les ordres de son
évêque Si seigneur messire François-Placide de Baudry de Piencourt, avait
■ Pièces justificatives, n. DXCI, col. 1564. coseigneiir avec le roi de la ville de Marvéjols,
" Pièces justificatives, n. D\Clll, col. iSyi. ancien premier chambellan de Gaston d'Orléaas,
' César de Grolée Virville, comte de Peyre, ba- lieutenant-général pour le roi en Languedoc, avait
ron de Montbreton, Burzet, Marchastel, seigneur fait l'ouverture des États de la Province le 3i août
de la Baume, le Vivier, Baldasse & Beauregard, 1701, en qualité de premier commissaire royal.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 746
fait marclier sa noblesse à la tête de trois compagnies d'intanterie de cin-
quante hommes.
Le comte de Peyre fit une course infructueuse sur les pentes de la Lozère
à la poursuite des bandits 8c retourna coucher au Pont-de-Montvert, où se
concentrèrent les divers contingents amenés par les gentilshommes.
Broglie fut médiocrement satisfait de l'arrivée de ces renforts. Habitué à ne
compter que sur des troupes réglées, il appréciait peu le concours du ban
féodal, S<. la présence de plusieurs parents de la principale victime à la tête
des forces lui inspirait plutôt des inquiétudes. Chose étrange! Ce lieutenant
général qui appliquait avec tant de rigueur les plus cruelles ordonnances
contre les réformés, avait à cœur de ne pas voir l'affaire des Cévennes dégé-
nérer en guerre de religion; il voulait laisser aux faits le caractère d'actes de
banditisme local, &, en évitant les démonstrations à grand effet, calmer
l'épouvante qui s'était répandue à vingt lieues à la ronde, dans toute la con-
trée. Aussi, après avoir dépêché, de Barre, le major de Saint-Hippolyte au
comte de Peyre pour sonder ses dispositions, il le remercia le lendemain de
sa bonne volonté, dès son arrivée au Pont-de-Montvert, Se le pria de faire
retirer tout son monde, n'ayant besoin de personne pour réprimer une
révolte qui n'existait pas, 8c se promettant de rentrer à Montpellier dès le
lendemain.
Le comte de Peyre, s'apercevant que son initiative avait été mal vue 8c ne
voulant donner lieu à aucun conflit, eut soin de faire camper ses gardes dans
une prairie, avec défense de se présenter 8c ne souffrit point de sentinelle à
sa porte. 11 battit en retraite le lendemain avec sa troupe, sans pouvoir lui
trouver des vivres, le commandant en chef ayant défendu aux consuls d'en
délivrer, même à prix d'argent'.
Pendant trois jours le commandant en chef 8c sa petite troupe ne cessèrent
' Cet épisode de l'intervention du comte de les devoir congédier &. renvoyer chez eux des gent
Peyre présente des particularités assez curieuses. qui y étoient nécessaires & doi^t il n'avoit plus
Voici ce qu'en dit Brueys : « M. de Broglie, qui besoin.
par la raison que nous avons déjà dite, croyoit " Il y eut des gens qui, quelque temps après,
dangereux de trop allarmer le pays, fut extrême- blâmèrent M. de Broglie de s'être privé de ce
ment surpris, à son retour de Sanit-Germain, de secours; mais, quoi qu'on ait pu dire, il est cer-
trouver au Pont-de-Montvert M. le comte de tain que la prudence voiiloit alors qu'on renvoyit
Peyre, lieutenant général de la Province, avec des gens qui étoient à charge au pays, & qui par
toute la noblesse de ces cantons, à la tête d'une leur nombre répandoient dans la Province une
petite armée de deux mille hommes, dont la ma r- image de guerre civile, que les malintentionnés
che pouvoit avoir contribué à faire cacher les rcgardoient avec plaisir dans le cœur du royaume,
révoltés; mais qui, pourtant, quoiqu'ils eussent tandis que les armées étoient aux mains au
accouru au secours avec toute la diligence pos- dehors'. »
sible, n'étoient arrivés que dans le temps qu'il On trouvera aux Pièces yujtj/îcaliVej, n. DXCIV,
n'y avoit plus d'ennemis en campagne. col. 1 574, une interprétation différente du même
1 On étoit alors dans le fort de la moisson; la fait & une expression assez vive du mécontente-
plupart de ces troupes en avoient été tirées; elles ment éprouvé par le comte de Peyre, jaloux d'ac-
étoient absolument inutiles, & foulaient les lieux quérir des titres personnels à la bienveillance du
oii elles passoient; ainsi M. de Broglie, après roi.
avoir remercié ceux qui les avoient amenées, crut ■ Hhtoire du fanatisme de notre temps, l. p 207.
1702
lyoi
746 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de battre le pays dans tous les sens, touillant les bois, parcourant les gorges
les plus affreuses. Ils ne rencontrèrent personne : on eût dit que les bandits
étaient rentrés sous terre. En réalité, les habitants de la montagne, exaspérés
par les traitements rigoureux qu'on leur infligeait pour cause de religion,
loin de faciliter les perquisitions du comte de Broglie, faisaient passer des
avis secrets aux révoltés 81 les avertissaient de l'approche des fusiliers.
Une compagnie qui avait été envoyée faire une battue dans la vallée du
Tarnon fut plus heureuse. Elle était commandée par un hardi capitaine du
nom de Poul, originaire de Villedubert au diocèse de Carcassonne, vétéran
des guerres de Piémont, d'Allemagne & de Hongrie. Ce personnage, a qui
sa voix rauque, sa mine guerrière, son grand sabre d'Arménie, son adresse
à monter un cheval d'Espagne, & la rumeur d'exploits légendaires contre
les Barbets donnaient une autorité singulière sur ses hommes, parvint à
rejoindre, non loin de Barre, une petite troupe qui occupait le plateau de
Fontmorte, hauteur isolée, entre deux vallons, sur la route de Saint-
Germain de Calberte. Poul essuya le premier feu, puis chargea vivement,
au son du tambour, St sabra les fugitifs qui se dispersèrent dans les bois,
laissant quelques blessés sur la place 8c un certain nombre de prisonniers.
Parmi eux se trouvait l'un des prophètes, Pierre Séguier, qu'un soldat de
Florac venait de découvrir, blotti dans les genêts. Poul se chargea de l'es-
corter lui-même à Florac, avec ses complices, 8c comme, chemin faisant, il
lui demandait : « Eh bien, malheureux, comment t'attends-tu d'être traité?»
— « Comme je t'aurais traité toi-même, si je t'avois pris, » repartit le mon-
tagnard.
Ce Pierre Séguier, que l'on surnommait Esprit, avait alors cinquante ans :
c'était un ancien cardeur, du hameau de Magistavols, petit groupe de mai-
sons suspendu aux flancs d'un mamelon élevé, à gauche du Mimente, dans
la paroisse de Cassagnas. On le reconnaissait à sa physionomie sauvage, à
son corps long Se maigre, à son visage noir & à sa mâchoire édentée. S'il faut
en croire le père Louvreleuil, ce premier chef des Cévenols avait été con-
damné à la" potence, dans sa jeunesse, pour viol d'une petite fille, 81 plus
tard aux galères pour ses larcins. Depuis un an, il s'était séparé de sa femme
8c courait le pays en compagnie d'une aventurière.
M. de Bâville, relevant alors d'une grave maladie, n'avait pas tardé à
Suivre le comte de Broglie dans les Cévennes; il établit son tribunal dans
la ville d'Alais, 8c chargea une commission ambulatoire du présidial de
Nimes qui allait tenir ses assises à Marvéjols, suivant l'usage observé en
Gévaudan, de s'arrêter à Florac pour y juger les prévenus qu'on lui amè-
nerait.
C'est dans cette bourgade, chef-lieu d'une baronnie appartenant au comte
du Roure, que furent condamnés à mort les prisonniers du capitaine Poul.
Comme d'habitude, on voulut répartir les exécutions sur les divers points de
la contrée où les crimes s'étaient accomplis.
Séguier fut brûlé vif au Pont-de-Montvert, après avoir eu le poing
LIV. III. REVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 747
coupé; Pierre Nouvel, de Vialas', périt sur la roue devant le château de
Ladevèze, 8c Moyse Bonnet, de Peyremale^, que l'on regardait comme moins
coupable, fut simplement attaché à la potence, en vue du clocher de Saint-
André de Lancise^.
Quand le capucin qui accompagna le prophète au bûcher voulut lui parler
de religion, Séguier refusa de l'entendre, 8t lorsqu'on lui ordonna, suivant
le style des arrêts criminels, de demander pardon à Dieu, au roi Se à
justice, il retrancha obstinément la justice & le roi, 81 ne consentit qu'à
demander grâce à Dieu.
Le comte de Broglie, qui était encore au Pont-de-Montvert, le 3 août, 8c
qui s'apprêtait à regagner Montpellier, après avoir fait transférer à Mais une
quinzaine de prisonniers, prescrivit quelques dispositions militaires appro-
priées au faible effectif dont il disposait. Il mit une compagnie de fusiliers
au Pont-de-Montvert pour surveiller les gorges du Tarn, la Lozère 8c le ver-
sant nord du Bougés, une aux Ayres pour avoir l'œil sur le flanc méridional
de cette montagne, une au Collet de Dèze pour garder le vallon supérieur
du Gardon d'Alais, une au Pompidou pour tenir nettes les avenues de l'Ay-
goual, 8c une dernière à Barre, afin de commander à la fois les Cévennes
centrales 8c la longue vallée du Tarnon. Le commandement général de ces
forces détachées fut confié à Poul, dont l'affaire de Fontmorte avait augmenté
le prestige. En même temps, des munitions 8c des armes furent envoyées aux
villages les plus exposés avec ordre de mettre sur pied les catholiques, si la
nécessité l'exigeait, 8c, comme l'occupation des troupes dans la montagne
avait favorisé la tenue d'assemblées dans la plaine de Nimes, quelques déta-
chements furent empruntés aux garnisons de Nimes, de Sommières, d'Aigues-
mortes 8c de Montpellier, 8c placés dans les paroisses de Calvisson, de Cou-
dognan, d'Uchau Se du Cayla, afin de contenir les populations protestantes
de la Vaunage 8c les bords du Vistre. Broglie donna l'inspection de toutes
les paroisses situées entre Beaucaire, Saint-Gilles, Aigues-mortes 8c le grand
chemin de Nimes, à un gentilhomme du pays, nommé M. de Saint-Côme,
sieur de Boissières, qui avait des biens près de Calvisson 8c de Saint-Gilles,
8c qui était colonel d'un régiment de milice.
Tandis que les compagnies de Poul battaient les Cévennes, 8c que la jus-
tice prévchale de Bâville fonctionnait énergiquement, jugeant sans cesse les
prisonniers qu'on amenait de toutes parts, M. de Saint-Côme s'acquittait de
sa mission avec beaucoup de zèle. Parent du comte de Calvisson, gratifié par
le roi d'une pension de deux mille livres, il ne négligeait rien pour se faire
bien venir de la Cour, Se exerçait dans tous ses quartiers une surveillance
impitoyable. Par ses soins, les assemblées de Saint-Côme, de Candiac 8c des
Garrigues de Vauvert furent surprises, 8c il avait opéré le désarmement des
' Vialas est au pied du massif sud-est de la tourné par le cours sinueux du Cèze, au nord-
Lozère, dans le vallon du ruisseau de Luech, ouest de Bességes.
affluent du Cèze. ' Pièces justificatives, n. DXCVI, col. i58i, &
' Peyremale occupe un petit cap rocheux con- DXCVII, col. i582.
1 702
1702
748 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
nouveaux convertis, humiliant & ruinant à la fois le pays d'Aymargues k
Saint-Gilles, peuplé de chasseurs de marais.
Le dimanche i3 août, Saint-Côme, toujours préoccupé de la paroisse de
Vauvert, s'y était arrêté en visitant les postes, 81 y avait dîné. 11 en partit sur
le soir, en chaise roulante, & fut suivi à pied de loin par huit paysans sans
armes. Une première halte qu'il fit au moulin de Candiac, pour y semoncer
le meunier, suspect de fanatisme, permit aux piétons de se rapprocher, &,
quand il s'arrêta une seconde fois pour une cause moins noble, ils prirent
la course & se jetèrent sur lui, quatre d'entre eux s'étant mis au devant de la
chaise. Le gentilhomme n'avait avec lui qu'un laquais à cheval Se son cocher,
qui ne purent faire de résistance; les paysans lui écrasèrent la tête entre deux
pierres, & prenant ses pistolets dans sa chaise, les lui déchargèrent sur la
gorge à bout portant. Le cadavre fut abandonné sur la route & les assassins
disparurent '.
Ce nouveau meurtre, qui venait de s'accomplir à quinze lieues des
Cévennes, causa dans le pays grande émotion : des détacliements battirent
la campagne; le prévôt, le lieutenant criminel se transportèrent sur les lieux;
huit ou dix personnes furent arrêtées; on suspecta des jeunes gens de Vau-
vert 8c du Cayla que l'on soupçonnait animés de ressentiments contre le
colonel des milices. On roua vif à Nimes un prophète du Cayla, nommé
Pierre Bousanquet, dont le corps fut exposé sur la route de Montpellier, mais
on ne mit la main ni sur les frères David, du Cayla, ni sur Rancillon Si
Benezet de Vauvert, ni sur Boudon de Bernis, ni sur Abdias Morel, du Cayla,
ancien soldat revenu du service, qui avait rapporté de ses campagnes le sobri-
quet de Catïnat, 8<. qui devait un peu plus tard, sous ce nom d'emprunt,
jouer un rôle considérable dans l'histoire militaire des Cévennes.
On doit remarquer, du reste, que l'attentat de Vauvert, comme ceux du
24 au 28 juillet, avait un caractère exclusivement local. Dans la plains du
Vistre, comme dans les gorges du Tarn 81 du Gardon, c'étaient des gens
du pays, à proximité de leur village, qui avaient assouvi des vengeances par-
ticulières^. Ce détail n'est pas indifférent, parce qu'il écarte la pensée d'un
concert, qui ne s'était pas encore produit, mais qui n'allait pas tarder à
naître sous les rigueurs de la répression.
Ces rigueurs dépassèrent, en effet, toute mesure. Les arrestations, les puni-
lions arbitraires, les pillages de miliciens ne cessaient pas. Brueys, écrivain
catholique Si chroniqueur presque officiel, avoue que les exécutions terribles
sur lesquelles on avait compté n'avançaient à rien : « Les gibets, les roues ni
n les bûchers » ne pouvaient inspirer la sagesse. « On apprit même, par la
« suite, ajoute-t-il, qu'on avoit par là irrité le mal au lieu de le guérir, ces
« furieux s'allant mettre en tête qu'ils étoient en droit d'user de représailles
« sur tous les catholiques qui tomboient entre leurs mains 3. »
■ Pièces justificatives, n. DXCVI, col. i58r. — Voir Pièces justificatives, n. DXCV, col. iSyS.
' Après les premiers crimes, le comte de Broglie ' Brueys, Histoire du fanatisme de notre temps,
laisait lui-même cette observation au ministre. I, p. jop.
LIV. Iir. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 749
Les perquisitions & les emprisonnements, qui jetaient le désespoir dans les
familles protestantes du pays, atteignant plus d'une fois l'innocent à la place
du coupable, avaient fait momentanément disparaître de la scène les auteurs
des attentats que nous avons racontés. Cachés dans les cavernes & dans les
bois, ils ne songeaient qu'à se dérober aux poursuites &, comme le calme
semblait rétabli partout, la plupart des prêtres réfugiés dans les villes catho-
liques allèrent, sur l'invitation expresse du comte de Broglie, reprendre pos-
session de leurs paroisses. Le commandant en chef ne doutait pas que les
mutins ne fussent désormais hors d'état de nuire : les précautions qu'il venait
de prendre pour protéger les anciens catholiques & les curés défiaient toutes
les entreprises; des travaux défensifs allaient couvrir les abords des villages
les plus exposés, & les petites colonnes mobiles qui ne cesseraient de sillonner
la montagne dans tous les sens décourageraient les malintentionnés ou les
châtieraient'.
Pendant que l'on vivait dans cette assurance, la petite troupe de séditieux
qui s'était formée sous les futaies d'Altefage se recrutait d'hommes déterminés
Si préparait de nouvelles aventures. Les conférences qui se tinrent alors
entre eux, au milieu des solitudes les plus sauvages, tendaient, paraît-il, à
une véritable prise d'armes dont le but avoué devait être de reconquérir la
liberté de conscience. Les prophètes, les inspirés y prenaient la parole, 8c l'on
raconte qu'Abraham Mazel , s'inspirant des formes bibliques, vint y donner
l'interprétation d'un songe.
Il prétendait avoir vu un beau jardin verdoyant dans lequel broutaient
des bœufs noirs, gros & gras. Une voix inconnue l'avait sommé de mettre
ces animaux en fuite. Le beau jardin représentait l'église, les bœufs noirs,
le clergé qui la dévorait, 8c la voix, descendant du ciel, prédisait qu'Abraham
était destiné à mettre en fuite ce troupeau vorace*. Parmi les habitués de ces
réunions se trouvaient Salomon Couderc, Laporte, de Brenoux, ancien soldat,
son neveu Roland, qui avait été dragon Se qui avait acquis au service quelque
expérience de la guerre, Se Castanet, garde forestier de l'Aygoual, homme
énergique 8c contemplatif, qui avait fait de la théologie protestante au milieu
des bois Se composé des sermons pendant ses longues heures de rêverie soli-
taire. Tels furent les premiers éléments de la révolte cévenole. Ceux qui
avaient porté le mousquet dans les armées du roi se firent les instructeurs de
leurs camarades, leur apprirent les formations régulières, la manière de se
garder Se de s'éclairer, 8c s'efforcèrent de donner une sorte d'organisation
militaire à ce qui n'avait été d'abord qu'une bande désordonnée. Dès la fin
du mois d'août, Laporte, qui semble avoir été le premier chef, se qualifiait
de » colonel des Enfants de Dieu qui cherchent la liberté de conscience, »
8c datait ses lettres « du camp de l'Éternel. »
Roland, qui avait de l'intelligence, de la tournure, un air naturel de com-
mandement 8c une intrépidité froide, bravant le danger comme la fatigue,
' Lo'.ivrcleuil, I, p. 46. ' Court de Gébelin, I, p. 59.
1702
17"*
750 ÉTUDES IllSTOKIQURS SUU l.K I.AN(;UF.r)(V\
l'ocoupii ilp rcnulcr des hommes, do cbdisir îles ot'ficieis, 6< parcourut secrète-
ment, de nuit, toute» le» pamisses, dans »iu circuit do sept h liuit lieues, en
vue de coi\«tituer une torte tnuipe de puiiisai\s.
t^cttc troupe ne tard:» pas h taire parler d'elle, i i>m-> h.iii[..i; uu s ili iu.ui-
g«()lsio du ri'j.i;iiuent du Ntiral étaient allées taire une Imttue dans la vallée
du Tarnonj comme elle» «e repliaient »ur KIorac, emmenant des prisonniers,
\ii\ l>utin considérable ik beaucoup vie bétail, l.aporte les nssaillit au pont de
N'ébron, lovir tuu du monde, les n\it en fuite, délivra les prisonnitis S< rendit
nux prote»tHt\t» spoliés le bétail Si les clïets t|u'i>n leur avait pris.
l*ou de jours «près, h l'autre extrémité du pavs, l'église de Saint-Haul de
Lacoste, paroisse limliropbr d'Aluis, lut pillée par un rassen\blement.
Dans son expédition de \ebion, l.apvute avait adressé par lettre des juc-
naces do mort à « ceux qui taisoiont garde contre les Knt'ans de Dieu, •>
promettant d'oter la vie «ux gens »jui retiraient les prêtres dans leurs mai-
sons îk désignant nominativement (|\iel(|\ies personnes comme destinées îi
périr sur le bi\cbero\i sur lu u>ue',
Le 9 septembre, le mt^me chef Ht donner nu sieur de C-Rbrlères, capitaine
de fusilicts commanilant n\» (.'ollet île Dèie, tin taux avis d'assemblée. Ce
lieu était le seul des t.'éveiu\es dont le tentple n'el^t |\!is été rasé, parce que
la nmrquiso d« l'ortes en avait iJ»tenu la conservation dHt\s le dessein île le
trunsfiMmer en hôpital. Lorsque C«briè>res se (m éloigné en quête de l'assem-
blée iii\agitu»ire, Laporte entra au (.'ollet ik fit prêcher dans le temple. On
pilla la maison du premier consul, la chambre de l'ot'ficier îk le presbvtère.
l)u milieu de* vignes, (hi II s'émit caché en compasjnie du prieur de Saint-
Michel, son voisin, le cvirè du Collet put cixtendre, pendant ut»e partie de
la nuit, les chants Ôt les danseur* vie la bai\de. A une heure du matii\, les
Kntants ilc l^'un in'av-n.^-ii'iu t-i li.iiM,- m, vil 11 V ii(> n;n !<> ,licmîii Je ( 'oii-l.n.'-
Ils venaient à peine de se mettre en mnix^he (|ue l'alarme *tait donnét h
«on lie caisse daits les rues vie Saint-Cîermain. Poul y arriva pendant les p^
miers pit^pai-atits, avec niissiv»n de raser la maisim vie deux tVéres qui s'éuiuiu
ent^Més pnul les rebelles. Il mennit avec lu» doute hommes} Il chvMsit vingt-
doux jeunes gens vig^ntreux dv» bvn>rg, les arma de fusils, dépêcha un exprés
au capitaine des Ayns pv»ur le t'ai»^ marcher sur le Collet, l'y ralli.n ainsi ijxic
la Cvuupagt>io de t'abriérci <|ui y était rentrée S<, avec vjuelques vv>lvMUaitcN,
se mit h la pout^utte des attroupés.
.Api^s deux hevMVs de matvhe, on les atteigi\it parmi les chv^tai^neraies, sur
\tt\ plateau élevé, entre les souives du tîaulon Jk le vallon du Luecb. 1 et
Knfants de IHeu, commauvlés jwtr I*apot~te, wcupient une petite hauuui
dominant la plaine de Camp-Domergue { ils ouvrîrei^t le feu avec vij»\»eur.
Houl avait fait cimcher ses hv>mmes îk les abritait de son mieux ' \<
arbres^ K's amiis i»b<»t;iv-U-i n.Mfott'Ii. \iM^^>i ;»vv>ii tîiînl'i' ;i>i<(» \ ,. , '.^
MV. m. RKVOCATION VV. l/liDIT ni". NANTIS. 75»
iiMiuf^L^'t se rcjctiii'ciit svii' les liautcur» où l'un iic lu^'.i-a puit pruiUiu ilt- U ■
suivie. C*i |)i'cinict cngugcincnt n'eut puiitt do làxuliuis ii|i|ncciul>lcx, tk le
(.hiHVc lies pcitc» lie part ix il'autic ne peut Ctic ili)',ii)',i' tlo ti'iiu>ij',nn).',c!i lun-
trailictuirc!!'. l<o bruit cuurut que Suluinon (.>uuik'u eUiit ilu nombre ilvn
ntuits, pai'ini lcs(|uels on lolcvii une l'cniiuu liubilUt en hoinino} lutti» ce |>iu-
ilicant ilcvait écliuppcr aux bullcit tk tromper penilunt i|ut(tio Hniiée» oneuiu
lii vif/ilaïue ilcs j^ciis ilu toi. l'n ^;entilhuiiime viil(intaiit',ilu nom de Ciibertiii,
lut blesse ilans le lombat.
Hrof'Jio luconta au ministre qiio l'on retrouvait journellement ilci eHiliivrcN
clans Icit bois tk (jue, selon toute appareme, les attroupé» n'oxeiaivnti ilu
lonj'Itemp», se remettre ennemblc. Mais, ilt-s ce moment, il appréiialt le véri-
table larailcMe île lu lutte. On n'avait pai» allairo h un ennemi permanent tk
toujours sous les armes. Les baniles pouvaient se lomlre tk se rclormcr iiipi-
dément, étant composées d'bommes du pavs (|ui K-ntniicnt iber, eux luns
ditiiculté, ^ràce Ix la l'onnivenec universelle, tk (|ui se leliouvuient tk l'Iicuiu
des coups de main. Des battues încesianteH, diiif'.ées avec inielli^'.enco tk acti-
vité, assuraient seules lo moyen do neutraliser leurs uvanla{,',es| mais, observe
le lieuteitant ^^énéral, ces! une espèce de miruclu (|uand on peut les sur-
prendre. Tout le pays est pour eux'.
11 fut bientôt évident, par la simultanéité des attentats commis t d'ussoi
grandes distances, (|ue plusieurs bandes opéraient ilani les Clévvnncs, suivant
un mot d'ordre commun. l'res(|uc partout, les rciiHeii'nemtitls (|ue l'on pou-
vait obtenir sur la composition de ces baudet, y dénoni^uicnt vin double élé»
ment ; des inconnus, (|u'une autorité sccriilc avait dirigés, (k des gens appar-
tenant aux paroisses mOmcs où s'nccom|>lissaicnt les violences. Ainsi lo noyau
de la l'orce insurrectionnelle était iiirmé d'un ceiialn nombre d'aventuriers, U
(|ui les longues {^uertes de Louis XIV avaient iotirni l'occasion d'apprendru
lo métier des armes ou (|ui, par l'oxorcice de proicssions pénibles, forgerons,
bîkcberons, braconniers, se trouvaient depuis longtemps préparés aux lutigucs
de la guerre; autour d'eux venaient se f;i(>uper, au jour lu jour, des volon-
taires d'occasion empruntés U la population rurale de toutes les paroisiei (|ul
souffraient lu persccuiioit depuis i6H5. C.eux-lti, victimes, parents {.lu victimes
ou témoins personnels d( les odieuses prescrites par l'iiilcnilance pour
rétablir l'unité de loi, |m icnt mpidemenl les pelotons de giaiuls cou-
reurs (|ui se hasardaient sur leurs terres fit leur piCtaient main-furtc pour
exercer des vengeances privées,
Invuriablemeni, le piincipal objet de ics Iuhik ,, .im .. u.iduisireiii |
i.ii
' Bnifyi priftnil qii* Iti man|ii||nnrili p«rilir*n( tnnrt it inn d ii>iii|ili« K< il» diiiimiiUr m |<*rli<,
iint irtniniit* <l* morii Bi |itiiii»iiri hUiili | liro- rninntin ift priiprii muni Ik !•• pnrlit duni tint
||li« pnrU lit viiigl-tiN mcirti) tt ioml* il« l'tyi* innlinn «liumpltri nb II mil U tiu, v qui In)
• Il mtniionn* vii))|i ou vii))|i'(:ini| | Loiivtfliuil )iiriiiii lU Iti •iiril<ii*r à l'fnnimi '■
qninia, Ik «itfiii Court ilt (iMolin nrAriiii qu'il ' l'it'tti }utt\finl'ivn, \\. DC.t, toi. l'iHO.
n'y «Il iiil qiK Iroii 8( niiiiiiM ilf priinKiiiari, Il
njoiiU mémt qii* Puni, iilin <l> rtliiiiititr l'iinpoi - ' lllilnlr^ titi Ituuhlct iht Ct'VfHHtt, I, p, 7A.
1701
ySî ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
une foule de crimes, était le clergé catholique. Il y avait à la fois, dans l'em-
portement que l'on témoignait contre ce clergé St contre les édifices religieux
8t le matériel du culte, fanatisme d'illuminés, qui regardaient les pratiques
de la religion romaine comme une idolâtrie & croyaient faire acte méritoire
en renversant les crucifix Si les images de la Vierge, comme autrefois les pre-
miers chrétiens en brisant les statues de Jupiter & d'Apollon, St ressentiment
d'hommes aigris, exaspérés par un régime contre nature, tourmentés dans
leurs croyances, dans leurs traditions de famille, dans leur innocente manie
pour les longues paraphrases de l'Écriture 8c les commentaires des scènes
bibliques; comment les notions du sens commun n'auraient-elles pas été
bouleversées chez des gens qui voyaient chaque jour une disproportion si
révoltante entre les fautes & les peines, le simple fait de désobéissance aux
ordonnances royales sur la religion puni comme crimes qualifiés, des pères
de famille mis en prison pour n'avoir pas fait baptiser leurs enfants à l'église,
ou pour s'être mariés au désert, d'autres envoyés aux galères pour avoir été
surpris dans les assemblées? Louvois ne leur avait-il pas enseigné le mépris
de la vie humaine, quand il enjoignait aux commandants en chef de faire
tirer sur les protestants réunis en plate campagne pour chanter les psaumes,
& la fréquence des supplices par le feu, par la roue, par le gibet, n'habituait-
elle pas les esprits & les yeux aux scènes sanglantes?
Ces considérations, que l'histoire impartiale ne saurait négliger, n'empê-
chent pas de juger les réalités de la guerre des Cévcnnes comme elles sont 8c
ne permettent pas plus d'idéaliser les hommes que de transformer le caractère
de leurs actes.
La cause de la liberté de conscience, que les attroupés cévenols avaient
la prétention de servir, était grande 8c belle, mais ils la servaient fort mal;
ils ne faisaient guère que ressusciter les horribles guerres de religion du sei-
zième siècle, Se leurs destructions d'églises succédant aux destructions de
temples menaçaient d'éterniser ce va-8c-vient de violences réciproques dont
nos annales sont attristées.
D'ailleurs, il est toujours imprudent de faire appel à la force; une fois
déchaînée, la sauvagerie humaine n'appartient plus ni à un parti politique,
ni à une opinion religieuse; elle fait, si l'on peut ainsi parler, de l'art pour
l'art, 8c l'ivresse du sang versé réveille la bête fauve.
C'est une prétention puérile que de déguiser, dans un intérêt de secte,
ces vérités affligeantes. Il n'est pas plus possible de nier les cruautés 8c les
actes de banditisme des Cévenols, que de fermer les yeux sur les actes de
barbarie officielle inspirés par la politique religieuse de Louis XIV. D'au-
tant plus que, de part Se d'autre, bien des mobiles particuliers étaient iden-
tiques. Pour un certain nombre de natures vraiment dominées par l'obsession
d'une foi ardente, combien d'autres poussées aux délations, aux violences,
aux meurtres, par des causes d'un ordre moins relevé, combien de ressenti-
ments individuels, ou d'avidités misérables! Parmi les acteurs de ce triste
drame, que d'hommes n'eu«ent été dignes de donner la chasse aux protcs-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. ySS
tants dans les rangs des compagnies franches, s'ils ne l'avaient pas donnée
aux catholiques dans les rangs des montagnards attroupés!
Les historiens d'imagination, qui ne craignent pas de plier les faits à leurs
rêves, ont l'art de jeter l'ombre 8c la lumière sur leurs tableaux de façon à
produire des effets d'apothéose. La franche recherche de la vérité ne s'accom-
mode point de ce manège, &. n'attache aucun prix à des conclusions dont les
prémisses sont incomplètes ou faussées.
Tout l'automne de l'année de 1702 fut marqué par des attaques à main
armée, des dévastations & des incendies d'églises.
Les insurgés, dont les troupes battaient le pays, courant à la fois les
hautes 8<. les basses Cévennes, brûlèrent les églises & les presbytères de
Saint-Julien d'Arpaon, de Saint-Laurent de Trêves, de Saint-Paul de Lacoste,
de Soustelle, de Bagard, de la Melouze, de Saint-Frézal 8c de Saint-Privat.
Un ancien secrétaire de l'abbé du Chayla, Salomon Gardez, nouveau
converti, qui avait servi de greffier au subdélégué de l'intendance 8<. qui
travaillait précisément à des procédures contre le guide Massip &. les émigrés,
lors de l'attentat du Pont-de-Montvert ', fut chargé par Bâville de lever sur
les paroisses les plus compromises une somme de deux mille trois cents livres
pour frais de justice occasionnés par le meurtre de l'archiprètre. Une nuit
d'octobre, comme il était déjà couché dans la maison d'un habitant de Saint-
Julien d'Arpaon, quelques gens armés se présentèrent à la porte : Gardez
sauta de son lit 8t courut, un flambeau à la main, voir ce qui se passait; on
le saisit à la gorge Se on lui cassa la tête.
L'abbé de la Pize, prieur de Saint-Martin de Bobaux, qui était rentré
dans son prieuré avec les troupes royales, mais qui, peu de temps après, en
avait obtenu le rappel, pour soulager sa paroisse, reçut la visite d'une bande
qui lui demanda des fusils 8c des vivres. Il céda quelques armes aux attroupés
8c leur fit servir à boire; mais, comme ils lui reprochèrent de rester « dans
« une église qui était la Babylone 8c la prostituée dont parle saint Jean dans
« l'Apocalypse » 8c de croire à la parole des hommes, ce vieillard septuagé-
naire trouva quelque vigueur pour leur répondre qu'il aimait mieux mourir
que de préférer la parole des hommes à celle de Dieu. On lui tira trois coups
de fusil dans l'estomac 8c on l'acheva à coups de sabre*.
Le 3 octobre, le village de Bagard qui est au seuil même des montagnes,
entre Alais 8c Anduze, sur des coteaux à peine élevés au-dessus de la plaine
du Gardon, fut assailli, vers sept heures du soir, par une forte troupe qui
pénétra chez un capitaine de milice nommé Jourdan. Ce personnage avait
quelque célébrité dans le pays, comme ayant commandé plusieurs fois le feu
sur des assemblées. On lui reprochait aussi d'avoir tué de sa main le chef des
insurgés du Vivarais, Vivens. Surpris dans sa maison, il fut violemment
séparé de sa femme 8c de ses enfants que l'on enferma dans une chambre, 8c
■ Nous publions dans les Pièces iust'ificaiives, ' Mémoire de l'abbé Mingnud, publié dans les
n. DXCII, col. lâyo, la déposition de Salomon Documents historiques sur la province de Gêvau-
Gardez surles événemenis du Pont-dc-Montvert. tlan^ I, p. 3|3.
lyoi
XIII.
48
I 702
7^4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
eut la tête cassée. L'exécution faite, les insurgés rendirent la liberté à la
famille &. lui enlevèrent une assiette d'étain, voulant remplacer, dirent-ils,
les balles qu'ils laissaient dans le corps du capitaine.
Au fond des gorges sauvages de l'Aigoual, le forestier Castanet s'occupait
à faire des vivres, arrêtant les mulets chargés de ces outres en peau de bouc
où l'on transportait alors les vins de Languedoc, Si immolant sans pitié les
gens qu'il soupçonnait d'espionnage. On trouva sur le chemin royal d'Alais,
entre Saint-Laurens de Trêves 5i la Barraque, le cadavre d'un homme avec
un billet sur la poitrine, disant que sa curiosité avait été cause de sa mort'.
Le comte de Broglie, averti par l'épouvante générale, fut obligé de se
remettre en route, & fit une nouvelle promenade militaire dans les hautes
Cévennes. E'âville publia une ordonnance qui rendait les communes respon-
sables de la vie des prêtres & envoya des fusils dans toutes les cures, avec
ordre d'y former des gardes locales.
De leur côté, les insurgés firent quelques pointes dans le diocèse d'Alais;
ils paraissaient exclusivement préoccupés de s'y procurer des armes &c de l'ar-
gent, ce qui faisait croire à l'organisation d'un mouvement général. Broglie
commençait à se désespérer. L'inutilité de ses efforts devenait évidente. Pen-
dant qu'il courait dans les montagnes du Gévaudan, des incendies s'allu-
maient à dix lieues en arrière de lui au delà d'Anduze. « Dès qu'une pareille
<c bande, disait-il, a quatre heures d'avance, elle se dérobe aisément 8i il n'y
« a plus moyen de la joindre. » Toujours même connivence inerte de la
part des populations. Menaces & promesses d'argent n'y faisaient rien. Au
o octobre, le commandant en chef évaluait à cent cinquante hommes l'effectif
de la principale bande; mais il jugeait nécessaire de remplir le pays de
troupes pendant l'hiver. Il avait parlé très-fermement aux communes qui
promettaient de faire leur devoir; mais il redoutait que les attroupés ne par-
vinssent à remporter quelque avantage partiel dont les conséquences pou-
vaient être désastreuses par les fortes recrues dont elles auraient grossi les
bandes^.
Le comte de Peyre, qui ne pardonnait pas à Broglie d'avoir refusé ses
services au Pont-de-Montvert, l'accusait ouvertement auprès du ministre de
la guerre, & lui reprochait de s'être vanté, dans sa seconde expédition, de
« chasser tous ces gueux avec son fouet, » menace peu justifiée par l'événe-
ment''. Broglie se plaignait d'avoir affaire à un ennemi insaisissable qui ne
voulait point se mettre ensemble pour en finir 8c qui se coulait sous les bois,
dans le lit des torrents, s'éparpillait, se rejoignait, défiant les poursuites. On
ordonnait de noter les absents dans toutes les communes, de faire le guet
sur les points élevés afin de donner l'alarme, d'indiquer les routes parcourues
par les insurgés. Le commandant en chef défendait sa conduite. Il ne vou-
lait pas exposer des compagnies de milice à se laisser enlever dans quelque
' Louvreleuil, I, p. 52. ' Pièces justificatives, n. DCIV, col. ijpo.
' Pièces justificatives, n. DCV, col. i SçS.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. -jSo
masure isolée, au coin d'un bois, loin de tout secours. Ce serait le moyen
d'augmenter l'armement des révoltés. On devait craindre, d'ailleurs, en dégar-
nissant les diocèses voisins, d'y appeler les bandits. Il avait pourtant fait
venir deux bataillons de milice réglée des diocèses d'Agde, de Béziers & de
Nimes, pour donner le temps à quatre bataillons en formation d'aller s'éta-
blir dans les villes d'Alais, d'Anduze, d'Uzès & de Saint-Hippolyte, & pour
calmer les impatiences & les terreurs des évêques d'Alais 8(. d'Uzès, qui
auraient voulu avoir des troupes partout. Broglie revient à plusieurs reprises
sur les difficultés que lui donnaient ces prélats, aussi ardents k réclamer des
garnisons dans la Province qu'ils l'avaient été jadis à en solliciter l'éloigne-
ment. Ils ajoutaient à l'épouvante générale par l'expression de leur propre
inquiétude, ne se croyant pas en sûreté dans des villes fortes St bien murées.
« Si j'avois voulu les satisfaire, dit le commandant en chef, j'aurois levé
« toutes les milices bourgeoises de la Province pour les entasser autour
« d'eux '. »
Dès ce moment, du reste, un trait distingue toutes les correspondances
relatives à cette malheureuse guerre, c'est la mésintelligence des diverses
autorités. Évêques, officiers, gentilshommes, personne n'est satisfait. Chacun
rejette sur autrui des responsabilités qui remontaient bien plutôt à la politique
générale & aux folles instructions de la Cour. Les agents du pouvoir royal,
engagés dans une lutte funeste, s'accusent mutuellement; on parle d'éléments
nouveaux qui compliqueraient le péril : le mot de capitation a été lancé ^;
bientôt ce ne sera pkis seulement pour défendre sa foi qu'on prendra les
armes, mais pour s'-affranchir de l'impôt; on les prendra aussi en vue de se
dérober aux recruteurs qui lèvent des hommes pour renforcer l'armée d'Italie.
M. de Marcilly, colonel d'un régiment de son nom, employé sous les
ordres du comte de Broglie, Se correspondant directement avec le ministre
de la guerre, témoigne beaucoup de scepticisme sur les exploits du capitaine
Poul St sur les nouvelles que l'on recevait journellement de défaites infligées
aux révoltés. A propos de l'une des rencontres citées comme les plus meur-
trières, il déclare que personne, à l'exception de Poul, n'est parvenu à voir
les cadavres de l'ennemi. Pendant que l'on remporte ainsi des succès imagi-
naires, les églises catholiques ne cessent de flamber, l'exercice du culte est
interrompu, St la plupart des curés, épouvantés par les massacres, n'osent pas
reparaître dans leurs paroisses.
Marcilly juge fort sévèrement les compagnies de fusiliers levées par la Pro-
vince qu'il appelle à deux reprises des troupes pillardes. Elles ne lui sem-
blent bonnes qu'à fouler le pays Se augmenter le désordre, étant fort mal
conduites Si ne faisant aucun service utile.
L'avis du colonel était d'organiser contre les Cévenols une campagne
méthodique, en prenant pour base d'opérations cinq ou six quartiers bien
' Pièces jastificatives, n. DCVII, col. CÛ99. * Voir la lettre de l'évêque d'Alais, du 6 octobre
noî. Pièce! justificatives, n. DCII, col. iTiSy.
1702
736 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
choisis où l'on aurait établi solidement les compagnies dans des maisons ou
des granges, d'avoir toujours deux bons guides de garde à chaque poste,
capables de se diriger au milieu du labyrinthe de montagnes, de gorges Se
de torrents, d'amasser des approvisionnements de pain afin de pouvoir faire
des expéditions secrètes plus ou moins prolongées, d'exiger des consuls un
rapport régulier sur l'état de la population &. sur les absences, de partir sans
bruit de temps en temps pour des tovirnées ou des embuscades, de décimer
immédiatement les villages convaincus de complicité avec les bandits & de
raser les maisons isolées qui leur auraient donné asile. En appliquant ce
programme, il se projnettait de faire merveille, pourvu que le roi lui permît
de compléter son régiment aux dépens des compagnies de fusiliers'.
Broglie, qui se trouvait à Saint-Jean de Gardonnenque le 21 octobre,
venant de faire enlever les habitants d'un hameau où les attroupés avaient
passé deux nuits, invoquait la nécessité de faire de rudes exemples sur les
communes. Il demandait l'autorisation de dépeupler celles dont la complicité
serait prouvée Se d'en faire partir les principaux habitants pour les îles du
Nouveau-Monde, ne voyant pas d'autre moyen de réduire leur opiniâtreté :
« On ne peut, dit-il, faire pendre tous ceux qui le méritent; on les met en
« prison, & ils en sortent plus endiablés que lorsqu'ils y sont entrés; on les
« met aux galères 8c on les relâche; on les exile 6<. relègue, ils trouvent des
« amis qui intercèdent pour eux-. »
Le commandant en chef se vantait de connaître le pays & d'en savoir gou-
verner les habitants, mais il ne répondait pas d'empêcher quelques coureurs
d'assassiner un homme dans une métairie ou de brûler une église sur une
montagne.
En effet, les coureurs ne se lassaient point : le 17 octobre, ils étaient
venus dans la paroisse de Molezon, au-dessous de Barre, 8c comme le sieur
Molherac qui en était consul, avait fait parvenir des avis aux troupes royales,
ils le massacrèrent. Puis ils allèrent enlever les munitions au poste du Pom-
pidou^. Presque partout, d'ailleurs, les habitants se prêtaient à ces entreprises
qui accroissaient le matériel de gueTre des révoltés. Louvreleuil raconte que
la plupart de ses paroissiens de Saint-Etienne, commandés à tour de rôle
pour faire sentinelle auprès de la cure, ne mancfiiaient point d'ùter la charge
de leurs fusils avant de quitter la garde, afin de livrer à l'ennemi la poudre
& les balles qu'on leur avait données"^.
Avec de pareilles dispositions 8c en tenant compte de la faiblesse des effec-
tifs 81 de la nullité militaire des compagnies de milice opposées aux révoltés,
il n'est pas besoin de chercher de cause surnaturelle à la longue résistance
des Cévennes, ni de voir un miracle dans les actes d'heureuse audace commis
par des gens qui combattaient chez eux, qui connaissaient à fond le terrain
Se que tout le pays soutenait.
' Pièces justificatives, n. DCVI, col. 1396. cuments historiques sur la province de GévauAan,
' Pièces justificatives, n. DCVII, col. 1599. p. 3 16.
' Manuscrit de l'abbé Mingaud, dans les Do- ^ Louvreleuil, I, p. 53.
LIV. III. REVOCATION DE L^EDIT DE NANTES. 757
Quand les espions des troupes royales taisaient adroitement leur métier &
que les chefs en dirigeaient les mouvements avec intelligence, les révoltés
n'étaient guère défendus par l'inspiration de leurs prophètes. C'est ce qui
arriva, le dimanche 22 octobre, à Laporte, que le capitaine Poul ne cessait
de traquer au milieu des bois. On apprit que le Cévenol s'était retiré sur une
hauteur comprise entre le vallon de Sainte-Croix, le château du Mazel 8c le
chemin de Thémelac. Poul, menant avec lui vingt dragons & trente fusi-
liers, divisa sa petite troupe en deux corps qu'il fit défiler par le chemin de
Thémelac Si par le bord du Gardon. Laporte, se voyant investi, fit d'abord
quelque résistance; mais sa poudre avait été mouillée par une longue pluie,
Se trois fusils seulement furent en état de tirer. Il commença de battre en
retraite à travers les rochers, S<, tandis qu'il exécutait cette fuite périlleuse,
il reçut une balle qui le renversa raide mort. Sa troupe hanchit le ruisseau
de la Tillade avant que la convergence prescrite ne tût opérée Si réussit à
disparaître sous bois.
On trouva neut cadavres sur le terrain. Laporte avait dans ses vêtements
soixante louis d'or &^ un calice enlevé à quelque tabernacle 8t dont il usait
comme de verre à boire. Le comte de Broglie, irrité de l'incrédulité publique
à l'endroit des avantages remportés par ses troupes, avait ordonné que l'on
coupât la tête de tous les révoltés qui seraient tués dans les combats'. Poul
exécuta scrupuleusement cette prescription & remplit deux paniers de tro-
phées sanglants qu'il présenta lui-même à Bâville 8t qui furent promenés
avec grand spectacle dans les principales villes des Cévennes, exposés sur le
pont d'Anduze, le 25 octobre, le lendemain à Saint-Hippolyte S<, deux jours
après, sur l'esplanade «le Montpellier. S'il faut en croire Court de Gébelin,
qui avait recueilli les traditions locales, Poul grossit encore par une fraude
l'importance de son triomphe. II ajouta les têtes de trois soldats qu'il avait
perdus à celles des révoltés, afin de parfaire la douzaine^.
Le jour même oîi s'accomplissait sur le pont d'Anduze cette barbare exhi-
bition, empruntée aux mœurs de l'Orient, un nouveau chef venait de surgir
dans la vallée du Gardon pour remplacer Laporte, comme Laporte avait rem-
placé Séguier.
Ce nouveau chef s'appelait Jean Cavalier. C'était un jeune paysan, à
presse tête, k cheveux blonds, d'assez piètre mine Se de petite taille, n'ayant
guère que vingt Se un ans 8c paraissant plus jeune que son âge. Il était né à
Ribaute, paroisse champêtre située dans un repli de ces basses collines, à
l'est d'Anduze, formant le promontoire triangulaire au pied duquel se joi-
gnent les deux bras du Gardon. Dans son enfance il avait rempli l'office de
valet de berger 8c passé de longues journées solitaires, avec ses bêtes, sur le
fîanc des mamelons boisés de Vézenobre. Ensuite il était devenu garçon
apprenti chez un boulanger d'Anduze. C'est dans cet état que le prit le
■ Lettre du ï6 octobre 1702. Pièces justificatiytSj ' Court de Gébelin. Histoire des troulles des Ce-
n. DCVIII, col. 1600. yennes, I, p. 88.
1702
17°*
758 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
mouvement d'émigration qui entraînait vers la frontière, à l'occasion des
rigueurs administratives de Bâville, un si grand nombre de protestants lan-
guedociens. Pour gagner sa vie, Cavalier continua son métier d'Anduze dans
des boulangeries de Genève & de Lausanne. On n'a pas déterminé exacte-
ment sous quelle influence le jeune Cévenol quitta brusquement la Suisse,
pénétra en France par le Jura & réussit à se couler au pied de ses montagnes
natales au moment où la révolte y promenait ses ravages. Cavalier, qui devait
être plus tard officier au service de la Hollande & de l'Angleterre, mais qui,
alors inconnu 8c sans prestige, ne pouvait guère compter aux yeux des
ennemis de la France comme un chef bien redoutable, est-il rentré de lui-
même en Languedoc, par nostalgie & par esprit d'aventures, ou bien doit-on
croire que sa facilité d'élocution, son mysticisme enthousiaste & les aptitudes
qu'on pouvait lui reconnaître au rôle de prédicant le désignèrent aux meneurs
de l'étranger comme un homme capable de prêcher titilement la guerre sainte?
Avait-il été mandé par Roland pour amasser des forces parmi les paysans de
la plaine ou envoyé par quelques-uns de ces réfugiés ardents qui remplis-
saient certains régiments du roi d'Angleterre & qui se battaient contre les
troupes françaises avec un acharnement désespéré ?
Ce problème se rattache à l'une des questions générales les plus délicates
8<. les plus importantes de cette douloureuse histoire, &, jusqu'à ce jour, la
solution n'en est pas certaine. Les catholiques affirment la connivence origi-
nelle & permanente de l'étranger, les protestants la nient : les documents
publiés ne tranchent pas la difficulté d'une manière définitive. Mais il est
bien invraisemblable, quand on voit une partie des réfugiés français figurer
dans les rangs ennemis en plus d'une bataille historique, à Nerwinde ou
Almanza, que certains d'entre eux n'aient pas compté sur le mouvement des
Cévennes comme sur une diversion favorable Se 'n'aient pas cherché tous les
moyens d'entretenir au cœur du royaume cette insurrection populaire aussi
redoutable qu'une armée.
Cependant les ministres de Genève ne cessaient de condamner vigoureu-
sement dans les temples les massacres de prêtres, les incendies Se toutes les
violences qui se commettaient au cœur des Cévennes. La présence du rési-
dent de France qui avait toujours l'œil sur les rapports des émigrés avec leurs
compatriotes, n'était peut-être pas absolument étrangère à ces démonstrations,
mais Brueys s'est vu forcé de reconnaître que « cette sage république, »
quelque zèle qu'elle ait toujours eu pour les progrès de sa religion, n'avait
jamais approuvé les rébellions des religionnaires de France, ni caché l'hor-
reur que lui inspiraient les excès des fanatiques.
Quoi qu'il en soit, Jean Cavalier commença de prêcher, vers la fin d'oc-
tobre, dans la plaine du Gardon. Il proposa à des jeunes gens, ses camarades
d'enfance, de prendre les armes à l'imitation de leurs frères des Cévennes,
de les r-ejoindre au cœur des montagnes ou de concerter avec eux des expé-
ditions, Se de travailler ensemble à délivrer leurs parents qui étaient dans les
prisons Se à rétablir le libre exercice de leur culte.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÈDIT DE NANTES. 709
Un premier attroupement se réunit clans une grange entre Alais & Anduze.
Le moment semblait peu favorable à une nouvelle levée de boucliers, car le
pays tout entier se trouvait alors sous l'impression du spectacle des têtes cou-
pées. On annonçait que plusieurs jeunes gens se retiraient secrètement dans
leurs maisons, désabusés par les mauvais succès Se rebutés par la misère 8t
par le péril, 8c l'on comptait sur la terreur pour assurer la tranquillité.
Néanmoins la bande naissante essaya une première expédition en vue de
se procurer des armes. Elle visita le prieur de Saint-Martin de Durfort, entre
Saint-Hippolyte 8c Anduze. Ce prêtre, qui n'avait jamais quitté sa paroisse
au moment de la plus grande panique, livra sans résistance une vingtaine
de fusils, autant d'épées 8c quelques paires de pistolets dont il avait le dépôt,
à la suite de saisies opérées sur les protestants du canton'.
Au moment même où l'agitation se propageait dans le bas pays, des bandes
nouvelles étaient formées au milieu des liantes Cévennes où Roland, neveu
de Laporte, exerçait d'ailleurs une autorité prépondérante. Nicolas Joany, de
Genolbac, ancien maréchal-des-logis, 8c Couderc, de Mazel-Rosade, sur-
nommé La Fleur, prirent le commandement de deux troupes, qui tantôt
allèrent opérer isolément, tantôt se joignirent aux autres bandes. Il est à peu
près impossible de suivre, à travers un pays aussi accidenté, les évolutions de
ces petites colonnes dont les itinéraires comme les effectifs se modifiaient à
tout instant. Le journal exact de ces marches 8c de ces coups de main n'a
jamais été dressé, 8c les historiens qui ont écrit sur cette période se sont vus
réduits, le plus souvent, à des énumérations d'incendies 5c de meurtres d'une
désolante uniformité. Le fer 8c le feu furent ainsi promenés dans les bassins
supérieurs de l'Hérault 8c du Gardon.
Dans le plat pays, la troupe de Cavalier faisait parler d'elle. Du 12 au
19 novembre, elle battit la plaine du Vistre, au sud de Nimes, 8c la paroisse
de Caissargues, voisinp des garrigues de Vauvert, eut son église en flammes
8c son curé tué.
Vers la même époque, une assemblée, tenue par le jeune chef dans les
environs d'Aiguesvives, sur le seuil même de la Vaunage, eut un grand reten-
tissement. Cavalier y discourut longuement, avec les agitations extatiques
familières aux prophètes, 8c fascina son auditoire par la vigueur d'une élo-
quence inculte 8c passionnée. Il a prétendu plus tard, à Londres, que sa
volonté était étrangère à ces actes de prédication farouche où perçait une
haine implacable contre le clergé catholique. Il ne pouvait, disait-il, regarder
une église sans frissonner; il dédaignait les plaisirs 8c les divertissements de
son âge pour s'abandonner à l'obsession de sa colère contre les papistes, 8c se
croyait dominé par une puissance supérieure. Les paroles qu'il proférait se
formaient sans dessein arrêté de sa part 8c découlaient inopinément de sa
bouche sans que son esprit participât à cette opération merveilleuse par
aucune préparation ni par aucun désir de parler^,
' Mhnelret Je Cavalier, p. 07. ' Théâtre sacré des Cévennes, p. 46.
1702
lyoi
760 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Qu'il fût sincère ou non, les gens de sa troupe & les populations des
campagnes l'écoutaient bouche béante, prenant ses prédications pour des
oracles; &, comme les noms des héros de la Bible étaient familiers à tous les
religionnaires, on se plaisait à saluer dans le berger de Ribaute un nouveau
Gédéon ou un Macchabée, désigné par le ciel pour délivrer le peuple de
Dieu. Les réformés qui avaient des lettres ou que les gazettes tenaient au
courant des affaires européennes, disaient que le Languedoc venait de
trouver son Ziska & son Ragotzi,
A la nouvelle de l'émotion qui se produisait dans la plaine du Vidourle,
le comte de Broglie, qui était le 26 octobre à Anduze, le 9 novembre à Saint-
Hippolyte, & le 12 a Alais, partit précipitamment pour faire l'inspection des
communes. Il les trouva fort mal disposées & plaça des détachements dans
celles qui lui parurent les plus suspectes. Le jour même de son arrivée à
Aiguesvives, le i5 novembre, une assemblée venait d'y être tenue & l'on avait
envoyé des convocations à tout le pays pour une seconde réunion qui devait
avoir lieu, le soir, dans l'église. En effet, au moment où le commandant en
chef fit son entrée, le village paraissait en fête, les habitants, qui ne portaient
pas leurs vêtements de travail, circulant par les rues comme un jour de réjouis-
sance.
Broglie leur dit qu'il avait à leur parler & qu'il souhaitait une assemblée
générale. Quand il vit près de deux cents personnes réunies, il les fit entrer
dans l'église, mit une garde à l'intérieur & une au dehors & dépêcha au
présidial de Nimes l'ordre d'arriver en toute hâte pour instrumenter. En
attendant, le lieutenant général faisant l'office de juge d'instruction, com-
mença d'interroger les particuliers. On arrêta un garçon de quatorze ans qui
prêchait, entonnait les psaumes & tombait en extase, &c une jeune fille, sa
sœur, qui jouait le même rôle. Ces malheureux avouaient hardiment leurs
prédications 8<. s'en faisaient gloire. En donnant le premier avis au ministre
de ce qui s'était passé, Broglie exprimait l'espoir qu'on verrait dans un jour
ou deux plus de vingt de ces coquins condamnés à mort ou aux galères. Se un
procès criminel fait à l'ensemble de la commune, rigueur nécessaire pour
réprimer son insolence & couper court à la contagion. Il se félicitait d'avoir
été présent pour faire travailler sous ses yeux à l'instruction, sans quoi les
preuves auraient été supprimées & l'affaire n'eût pas abouti '.
Quatre hommes furent condamnés à mort par l'intendant 8c le présidial;
on les pendit, devant la porte de l'église, aux branches d'un amandier; d'au-
tres furent fouettés par la main du bourreau, & douze partirent pour aller
servir le roi sur ses galères : de ce nombre était le premier consul, dont la
maison fut rasée, comme celles de plusieurs de ses compatriotes. Enfin on
frappa le village d'une amende de mille livres, pour frais de justice^.
L'insuccès des mesures c[ue le commandant en chef avait prises pour pré-
venir ces désordres, les reproches qu'on lui faisait dans le pays de ne pas
■ Pièces justificatives, n. DCXIII, col, 1607, * Court de Gébelin, I, 54, ^ -
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 761
mieux protéger la sécurité publique, Si le démenti donné par les événements
à tant de promesses d'une prompte pacification, aigrissaient de jour en jour
son caractère; ne prenant plus conseil que de son dépit, le comte de Broglie
en venait à proposer des peines si terribles que le ministère les repoussait.
Depuis que les attentats contre les ecclésiastiques se multipliaient, les
prêtres n'osaient plus aller à l'église sans escorte, 8c cette situation extraordi-
naire, que l'on sentait ne pouvoir indéfiniment se prolonger, autorisait la
pensée d'un rétablissement de la liberté de conscience. Au lieu de ce remède
unique, à la fois le plus simple 8c le plus équitable, Broglie avait conçu le
projet suivant qu'il soumit au ministre dans sa lettre du 9 novembre : faire
tirer au sort les nouveaux convertis de toute paroisse où un prêtre ou un
ancien catholique aurait été assassiné, 8c, sans autre forme de procès, en
pendre deux pour chaque meurtre. 11 songeait aussi à dépayser toute la
population de sept ou huit communes incorrigibles'.
Ce programme fut présenté au roi qui refusa d'y donner son assentiment.
Il jugeait suffisant de rendre les religionnaires responsables des désordres
commis dans leurs paroisses 8c de dédommager aux dépens des nouveaux con-
vertis les anciens catholiques qui auraient souffert^.
En même temps, Broglie qui s'apercevait de son impuissance à dominer
une révolte si étendue, avait demandé un maréchal de camp pour être allégé
d'une partie de la charge. Le roi lui accorda un maréchal de camp 8c un
brigadier, Julien 8c Paratte^.
De son côté, Bâville, afin d'abréger les opérations judiciaires, avait obtenu
un arrêt du conseil d'Etat qui lui attribuait la connaissance de tous les
crimes relatifs au soulèvement, avec le pouvoir de mettre tels juges qu'il
trouverait à propos pour faire faire le procès aux prévenus 8c les juger en
dernier ressort.
Mais la Province s'impatientait de la prolongation des troubles. Des avis
désobligeants pour le comte de Broglie parvenaient au ministère. L'insuccès
persistant avait de jour en jour diminué son crédit. Le comte de Calvisson
qui tint la session des Etats en qualité de premier commissaire royal, 8c qui
possédait la seigneurie d'Aiguesvives, se montra, dit-on, tellement blessé de
la conduite du lieutenant général dans cette paroisse, qu'il menaça de l'en
faire repentir, 8c appuya probablement, auprès de la Cour, les démarches
tentées par diverses gens pour obtenir son rappeH.
Les États accordèrent d'ailleurs, sur les pressantes instances des commis-
saires royaux, la levée d'un régiment de dragons 8c de trente-trois compa-
gnies de fusiliers déclarées nécessaires pour la sûreté de la Province, mais ils
protestèrent contre le recrutement de nouveaux renforts destinés à l'armée
d'Italie 5.
Sur la fin du mois de décembre, de faux avis furent donnés au grand
■ Pièces justificatives, n. DCX, col. 1602. ' Court de Gébelin, I, 96.
' Pièces justificatives, n. DCXV, col. 1614. ' Pi!;ces justificatives, n. DCXIV, col. 1609, &
' Pièces justificatives, n. DCXXXI, col. 1640. n. DCXVI, col. 1614.
1702
1702
762 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
vicaire d'Alais que les fanaliques se proposaient de célébrer les fêtes de Noël
avec beaucoup de solennité, à quatre lieues en avant dans les montagnes 8<
que tous les villages protesta, ts étaient convoqués à une assemblée. Le grand
vicaire se hâta de transmettre ces renseignements au comte de Broglie, qui,
le 24 décembre, partit d'Alais avec trente dragons &. cinquante fantassins,
pour faire une battue de quatre jours, M. de Marcilly marchant par une
autre route avec quatre-vingts hommes de son régiment. Ces deux recon-
naissances ne rencontrèrent personne, &, tandis qu'elles fouillaient inutile-
ment le pays. Cavalier réunissait une noinbreuse assistance, au sud de la
prairie d'Alais, dans une grange de la terre de Saint-Christol, sur la rive
droite du Gardon, juste à l'opposite de la direction que venait de prendre le
comte de Broglie.
Ce général était parti depuis trois heures, lorsqu'un berger, faisant le
métier d'espion, alla dénoncer le rassemblement au chevalier d'Aiguines,
commandant la garnison d'Alais. Celui-ci, fort empressé de tomber sur les
rebelles, réunit à la hâte quelques soldats du régiment de Marcilly, quelques
recrues du fort, des compagnies bourgeoises, près de quatre-vingts volontaires
à cheval, parmi lesquels se trouvaient plusieurs officiers disponibles ou en
semestre, 8t enfin un certain nombre de gentilshommes. Cette troupe sortit
en désordre 8c s'avança à travers la prairie d'Alais, comme s'il se fût agi de
surprendre une assemblée de chanteurs de psaumes. Mais à l'approche des
troupes. Cavalier avait congédié les simples fidèles & les femmes, & divisant
sa bande en quatre petits corps, marchait sur la foule désordonnée, en fai-
sant un feu très-vif. A la première décharge, la cavalerie tourna bride 8c
rentra dans Alais de toute la vitesse de ses chevaux. L'infanterie, se croyant
perdue, suivit le mouvement, sans tenir compte des objurgations du che-
valier d'Aiguines qui voulait la ramener à la charge. Ce fut une déroute
complète, 8c si rapide que douze ou quinze hommes seulement des troupes
royales restèrent sur le terrain. Le reste courut prestement se renfermer dans
Alais, suivi l'épée dans les reins par une trentaine d'insurgés qui s'avancè-
rent jusqu'à une portée de mousquet des portes. Les Cévenols eurent tout
le loisir de ramasser les armes qui jonchaient le champ de bataille 8c d'y
entonner leurs psaumes '.
Lorsque le comte de Broglie, rentrant de sa promenade infructueuse aux
environs de Genolhac, apprit cette triste aventure, sa colère ne connut point
de bornes, 8c il en laissa percer toute l'amertume dans sa dépêche au ministre.
11 se plaignait que l'on n'eût pris aucune disposition militaire, que l'on eût
fui honteusement sans oser se retourner, que l'on eût poussé la peur jusqu'à
' Nous publions aux Pièces justificatives le rap- rois entièrement détruits; w & M. de Brogli» :
port du chevalier d'Aiguines, écrit le lendemain de « Si j'avois été assez heureux pour me trouver à
l'action, n. DCXXX, col. lôSp, & celui du comte Alais dans le temps que cette nouvelle arriva, je
de Broglie, écrit trois jours après, n. DCXXXII, crois que j'aurois finy ce jour là cette affaire... il
col. 1641. M. d'Aiguines dit : « J'ay eu le dernier ne falloit pas être habile homme pour faire cette
chagrin de n'avoir pas été secondé, car je les au- expédition. »
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 763
aller s'enfermer dans un château au milieu de la campagne. On pouvait
attendre un poste de soixante hommes qui n'était qu'à un quart de lieue
& un autre de cent à une lieue. Pourtant il y avait dans la troupe deux
lieutenants colonels d'infanterie, quatre ou cinq capitaines de cavalerie ou
carabiniers, un capitaine de grenadiers, plusieurs gentilshommes. «Voilà dix
i( fois, écrivait le lieutenant général, qu'on a manqué de battre ces gens par
« la poltronnerie des officiers; elle va en ce pays au dernier degré, & ceux
« qui reviennent des armées y gagnent ce mal à un point que l'on ne sau-
(( roit supporter. » Broglie observait à ce propos qu'il n'avait rien négligé
pour relever le moral de son monde, affectant de marcher nuit 8t jour avec
un parti de soixante hommes au plus. Il avouait pourtant que des bourgeois
ou des soldats qui venaient d'être enrôlés « tout nus Se malingres, » n'étaient
guère propres à soutenir le feu.
Ce qui l'irritait le plus, c'était de voir rehausser par de pareils avantages
la confiance des rebelles, à qui la faiblesse des officiers Si l'insuffisance des
troupes allaient donner la réputation d'invincibles. Le bruit grossissait de
jour en jour que le roi serait impuissant à étouffer le mouvement 8i se ver-
rait contraint de rétablir la liberté religieuse'.
En effet, la facile victoire des prairies d'Alais redoubla l'audace de Cava-
lier Se de sa bande, qui commençait à marcher de jour, à découvert, 8t tam-
bour battant, comme une véritable armée. Ce chef fit, le 27 décembre, une
tentative des plus hardies sur la petite ville de Sauve, place fermée, dans le
vallon du Vidourle, au sud-est de Saint-Hippolyte. Le coup de main avait
été concerté avec Roland. Un détachement alla brûler à quelque distance,
dans le massif des basses Cévcnnes, l'église de Monoblet, afin d'y attirer les
troupes Se de faire ainsi une diversion. Une cinquantaine d'hommes, déguisés
sous des habits d'ordonnance, qu'on avait pris dans quelques rencontres
heureuses, se présentèrent avec deux officiers, à la porte de la ville, feignant
d'être une compagnie royale à la poursuite des fanatiques. La petite troupe
entra sans résistance 81 alla se ranger en bataille sur la place, tandis que les
deux chefs se faisaient conduire chez M. de Vibrac, un des coseigncurs de
Sauve. Le gentilhomme allait se mettre à table avec sa famille : il y fait
asseoir les officiers, les traite de son mieux, envoie des rafraîchissements à
leurs hommes, Se converse longuement avec eux de la situation des Cévennes
' Les actes de faiblesse de la part des officiers Un capitaine du régiment Du Gast, détaché
avaient été en effet très-nombreux, & la timidité avec cinquante hommes dans un poste, laissa brû-
d.'S compagnies de milices n'inspirait aucune 1er une église à portée de canon sans faire un pas,
crainte aux insurgés. Deux jours après, un capitaine de milice bour-
M. de Marcilly raconte qu'une femme, séparée geoise.qui avait entendu chanter les psaumes tonte
de lui par le vallon d'un gros ruisseau, avertit la nuit, regagnant ton quartier sur le matin,
en i-\ présence une troupe qui se trouvait dans tomba dans une troupe ennemie, & ne fit que crier
le village de Brugerolles & lui permit de se sau- sauve qui peut! & prendre la fuite. Il fut tué tout
vcc*. en courant, avec un autre officier'.
• Pièces juiUncatives, n. DCXXV, col. i63o. ' Piicet jttttificatives, n. DCXXVl, col. i63i.
1702
1702
764 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
& du mouvement des révoltés. Les deux étrangers ne se faisaient faute de
maltraiter les incendiaires & promettaient d'en purger la montagne. Cepen-
dant la jeune femme du gentilhomme, qui les observait avec attention St que
leurs manières affectées avaient mise en défiance, apprenant qu'on signalait
dans la campagne une troupe de Cévenols, supplia ses hôtes de courir aux
remparts pour repousser l'ennemi. Les deux chefs, qui ne croyaient pas
l'instant propice pour se démasquer, descendirent aussitôt, 8t la jeune femme,
les accompagnant au bas de l'escalier avec son beau-père 8c son mari, se hâta
de refermer sur elle & les siens une lourde porte de fer.
La garnison avait pris les armes & les bourgeois couraient aux murailles,
quand le faux colonel déclina sa qualité & somma les catholiques de se
rendre. En même temps, le gros de la bande pénétrait en ville. Un malheu-
reux capucin, qui était venu prêcher aux soldats, fut renversé à terre d'un
coup de feu. Les Cévenols se répandirent dans les rues & visitèrent toutes
les maisons des catholiques pour y faire provision d'armes. Quelques officiers
8c plusieurs ecclésiastiques furent faits prisonniers, 8c l'on mit le feu à l'église.
La petite garnison s'était laissé désarmer sans résistance. En quittant la place
avec leur butin 8c les approvisionnements de vivres qu'ils s'étaient fait livrer,
les Cévenols emmenèrent leurs prisonniers en dehors des murs; là ils en
élargirent le plus grand nombre, mais ils cassèrent la tête à trois prêtres dont
ils prétendaient avoir à se plaindre'. L'occupation de Sauve par les révoltés
dura quatre heures; les protestants de la ville demeurèrent impassibles.
Le bruit de l'événement arriva bientôt à Saint-Hippolyte, que deux lieues
seulement séparent de Sauve, 8c M. de la Haye, gouverneur du fort, ramas-
sant toutes les troupes qu'il eut à portée, se mit en campagne pour donner la
chasse aux rebelles. Il atteignit leur arrière-garde près du château de Saba-
tier, bâti sur un monticule boisé, à gauche du Vidourle 8c en amont de
Quissac. Il leur tua huit hommes, leur prit un cheval, un tambour 8c trente
fusils; mais le gros de la troupe se déroba 8c parvint à gagner les bois de
Cannes^ qui la mirent à l'abri de toute poursuite.
~l Le 3 janvier, comme la petite garnison du château de Mandajors, situé
dans une gorge de la montagne au nord-ouest d'Alais, manquait de vivres
depuis deux jours, M. de Marcilly, chargé d'en opérer le ravitaillement, sortit
d'Alais avec cent huit hommes de son régiment, escortant un convoi de pain.
Cette troupe rencontra les insurgés dans un défilé dangereux 8c fut contrainte
de leur disputer le passage durant trois quarts d'heure à coups de fusil. Au
bout de ce temps, les cartouches étant épuisées, Marcilly commanda de charger
'C'étaient les abbés Boiseaii, ancien prieur de Rniiret, Sauve, Baussel, Durfort & Saint-Jii-
Eragassargues, Combes, ancien vicaire de Quissac, lien '.
& Massan, sacristain de Sauve. A la suite de ce 'A l'est de Bragnssargiies, entre le ruisseau de
triple meurtre, tous les presbytères des environs Crieulon & la vallée de la Courme, & en face des
se dépeuplèrent, & le fort de Saint-Hippolyte grands bois de Lens, célèbres dans l'histoire mili-
abrita les curés de Saint-Romans de Codières, taire des Cévennes.
Cros, Monoblet, Cezas, Lacadière, Conqueyrac, ' Court de Gébclin. I, p. i2î.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 765
à la baïonnette & parvint à se jeter dans la place, d'où un capitaine, averti
par le bruit des détonations, venait de sortir à la tête d'une cinquantaine
d'hommes. Celui-ci parut à propos pour repousser un renfort de montagnards
qui arrivaient au secours de leurs camarades. Le ravitaillement effectué, Mar-
cilly retrouva encore les insurgés sur son chemin, avantageusement postés;
mais il fit bonne contenance Se rentra dans Alais tambour battant, la baïon-
nette au bout du fusil, non sans avoir fait des pertes assez notables'.
Peu de jours après, le comte de Broglie adressa au ministre de la guerre
une longue lettre apologétique, où, dans un langage assez embarrassé 81 enve-
lojTpé de circonlocutions, il concluait à demander un autre commandement.
Il rappelait ses trente-sept ans de services, & l'obéissance dont il n'avait
jamais cessé de faire preuve. Il n'avait point sollicité de commandement en
Languedoc, s'étant contenté d'aller où le roi l'envoyait. Il avait contenu les
religionnaires dans le devoir tant qu'il s'était trouvé à la tète de troupes suffi-
santes, & même à l'époque du mouvement de l'armée de Savoie sur Gap. Il
prétendait avoir constamment prévu les événements qui devaient se produire,
une fois la Province dégarnie de forces, 8c croyait avoir beaucoup fait en
maintenant la trancjuillité dans les grosses villes, & en les empêchant de se
déclarer pour les rebelles*.
Broglie venait d'écrire au ministre sa lettre décourageante, lorsqu'il apprit
que le froid S< les neiges rendant les hautes montagnes inhabitables avaient
jeté dans la plaine une forte troupe de fanatiques. Il partit précipitamment
d'Anduze le 1 1 janvier & se porta sur Caveirac, à une lieue de Nimes, vers
le débouché de la Vaunage. Il y coucha, 8c apprit que les rebelles étaient
allés passer la nuit au château de Candiac, sur la rive gauche du Vistre, pays
couvert par un petit bois.
Le lendemain, 12 janvier, à trois heures du matin, Broglie se mit en
marche avec soixante dragons des compagnies de Poul 8c de La Dourville,
commandés par leurs capitaines. Il courut d'abord à Candiac, d'où les
insurgés avaient décampé dès minuit, par la plaine du Vistre, en remontant
cette rivière. Il visita tour à tour inutilement Vauvert, Beauvoisin, Générac,
Aubord, sans parvenir à les atteindre. Enfin, sur les cinq heures du soir,
quelques coureurs envoyés en reconnaissance autour d'une grosse métairie
isolée dans les bruyères, qu'on nommait le mas de Gaffarel, signalèrent la
' Marcilly ne donne pas le chiffre 4e ses pertes, mi.Ietiers pour avoir essayé de faire passer du pain
& dit avoir eu affaire à trois cents hommes. Lou- à la garnison. Le rapport de Marcilly, sans être
vreleuil prétend que le colonel leur en tua une parfaitement clair, indique le contraire',
quarantaine & perdit seulement sept soldats & un ' Pièces justificatives, n. DCXXXVIII, col. i653.
sergent. Court de Gébelin raconte, au contraire, Broglie se plaint dans cette lettre qu'on eût laissé
que les insurgés tuèrent quatre-vingts hommes & rentrer en Languedoc, sans son assentiment, des
n'en perdirent que six, & qu'ils empêchèrent le gentilshommes relégués qui étaient en relations
ravitaillement. suivies avec les étrangers, & aussi des gens envoyés
Dans tous les cas, le château de Mandajors était aux galères pour avoir convoqué des assemblées
serré de très près; car, quelques jours auparavant, avec port d'armes.
Us montagnards assommèrent ou pendirent deux . Pièces jusiijicalives, n. DCXXV, col. 1648.
1703
~~^ 766 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
présence de l'ennemi. Au bruit des coups de feu, les deux détachements de
dragons, sous les ordres du commandant en chef, coururent soutenir leur
avant-garde. Une forte troupe était sortie des bâtiments de la ferme, tambour
battant 8c au chant des psaumes. Ravanel, qui la commandait 8t qui comp-
tait sur la supériorité du nombre, lui fit prendre position, genou en terre,
sur le bord d'une faible éminence dominant le val de Bane, & attendit de
pied ferme.
Les forces étaient tellement disproportionnées qu'il y eut un moment d'hé-
sitation chez les troupes royales. Poul lui-même, malgré sa réputation de
liardiesse, était d'avis de ne pas tenter l'attaque avant d'avoir demandé des
renforts à Nimes. Mais le comte de Broglie, impatient de combattre les Céve-
nols qu'il n'avait jamais rencontrés en face, & croyant n'avoir affaire qu'à des
paysans indisciplinés & peu aguerris, ordonna de les charger immédiatement.
Il se mit au centre avec le chevalier son fils, 8c donna la droite à Poul.
Les insurgés soutinrent le choc sans s'ébranler 8c l'accueillirent d'un feu si
nourri que les dragons, qui étaient de formation nouvelle 8c qui n'avaient
point l'habitude de cette musique, voyant rouler à leurs pieds quatre de leurs
camarades, un maréchal des logis, le capitaine La Dourville 8c le redoutable
Poul, perdirent la tête 8c se replièrent en désordre. Par trois fois, le comte de
Broglie essaya de les ramener à la charge 8c ne parvint pas k les rassurer.
Les Cévenols, que la mort de Poul, tué le sabre à la main, à la tête de sa
compagnie, remplissait de joie, restèrent quelque temps sur la hauteur, chan-
tant leurs psaumes, puis disparurent dans les bois de Saint-Gilles. Le comte
de Broglie se retira d'abord à Vauvert, d'où il expédia un exprès à Nimes
chercher une centaine d'hommes du régiment de Tournon, unique ressource
disponible '.
D'après certains historiens, la mort de Poul aurait été entourée de circons-
tances romanesques, fort appropriées à ce type légendaire. Un jeune garçon,
nommé Samuelet, aurait démonté le vainqueur de Barnabaga ^ d'un coup
de pierre à la tête, 8c se serait précipité sur ce nouveau Goliath pour l'achever,
s'emparer de son cheval 8c de son sabre. Cet épisode a un caractère biblique
dont les imaginations durent être séduites; mais le rapport de Broglie parle
seulement de la vivacité du feu, 8c cette explication, confirmée par les témoi-
gnages de Brueys 8c de Louvreleuil, est si naturelle, qu'on n'a guère besoin
d'en chercher d'autre. Le charme de l'antithèse entre un vieil officier de for-
■ P:èces justificatives, n. DCXXXIX, col. 16^6. lui promit que dans moins de quatre jours il au-
Le rapport du comte de Broglie est daté de Vau- roit sa revanche & lui porteroit sa tête. Poul en
vert, le 12 janvier, date même de l'action. fut averti, & le lendemain, avec vingt hommes
" La mort de ce Barnabaga était le titre de gloire seulement, il alla surprendre de nuit ce rodo-
le plus connu du capitaine Poul. L'affaire s'était mont, dans un village où il se croyoit en sûreté,
passée en Piémont. 'V'oici comment la raconte ayant plus de deux cens soldats, mais dispersés;
Brueys ; & Poul fit effectivement ce que l'autre s'étoit vanté
o Un capitaine des Barbets des Ennemis, fa- défaire', u
meux partisan nommé Barnabaga, ayant été grondé
par son général de s'être laissé battre par Poul, il ' Histoire du fanatisme de notre temps, I, p. 2o3.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 767
tune blanchi clans les batailles & un jeune pâtre armé de sa fronde a proba-
blement inspiré cette réminiscence de David.
En réalité, le comte de Broglie s'était justement attiré sa mésaventure par
l'imprudence de son attaque. Il prétend que les insurgés qui sortirent de la
ferme de Gaftarel étaient au nombre de quatre cents Se qu'ils furent ren-
forcés par toute la jeunesse des villages voisins. Court de Gébelin, d'après
des informations protestantes, soutient qu'ils ne dépassaient pas deux cents
hommes; mais comme Broglie n'en avait pas plus de soixante, la partie était
dans tous les cas fort inégale '.
On ne doit pas d'ailleurs se laisser prendre au mot de dragons. Les soldats
de La Dourville & de Poul portaient bien l'uniforme de dragon, mais ils
ne le portaient pas depuis longtemps, ces compagnies étant de formation
nouvelle, & la plupart d'entre eux n'avaient guère vu le feu. Au contraire,
les bandes insurgées renfermaient beaucoup d'anciens soldats, de déser-
teurs, de braconniers & de chasseurs de marais très-experts dans l'usage de
leurs armes, & fort en état d'en tirer parti avec l'avantage du nombre & de
la position.
Cette observation n'est pas indifférente, parce qu'elle s'applique k une foule
d'autres épisodes de cette malheureuse campagne. L'horreur légitime qu'ins-
pire la politique religieuse de Louis XIV ne dispense pas de critique dans
l'appréciation des opérations militaires. Si ces opérations ont mal réussi pen-
dant deux ans, c'est qu'elles étaient mal conduites 8c que les troupes placées
sous la main des lieutenants généraux, très-insuffisantes comme effectifs, à
peine instruites, &. poussées au feu à mesure qu'on venait de les équiper, ne
pouvaient raisonnablement tenir tête à de hardis partisans, rompus aux fati-
gues &c placés dans l'inévitable alternative de la victoire ou de la mort. Il n'y
a donc rien de merveilleux dans ces événements que la légende a trop idéa-
lisés Se qui, vus de près, n'échappent en rien aux lois ordinaires.
De Vauvert, Broglie s'était porté sur Bernis où les cent hommes du régi-
ment de Tournon vinrent le rejoindre; mais quand il voulut prendre sa
revanche de l'échec du 12 janvier, il ne rencontra plus personne. Les insurgés
avaient passé le Gardon Si s'étaient jetés dans le diocèse d'Uzès. En traver-
sant la plaine à droite de Nimes, ils se vengèrent de la frayeur que Poul leur
avait causée dans les Cévennes, par l'incendie du village catholique de Pouls
qu'une homonymie des plus fortuites désignait à leur ressentiment. L'église
& quatorze maisons furent réduites en cendres. Se huit ou dix catholiques,
hommes, femmes ou enfants, payèrent de leur vie cette malheureuse
coïncidence.
Les révoltés remontèrent ensuite le Gardon par la rive gauche. Se le sieur
de Saint-Chatte qui commandait un détachement à Moussac, ayant essayé
' L'abbé Mingaud, curé de Saint-Etienne de plaine, porte à sept cents le nombre des at-
Valfrancesqiie, au diocèse de Mende, fort éloigné troupes'.
du théâtre de l'action, 8t n'ayant recueilli que , ,, . ,• .
, , , ,^, ' Documents liittoriJucs sur la province de Oi'iau.ian,
les nouvelles courantes sur les événements de la |, p. 3iS.
1703
——^ 768 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
de tomber sur eux, perdit presque tout son monde par le feu ou dans la
rivière, & ne se sauva lui-même qu'à grand'peine.
Ces catastrophes mirent l'épouvante à son comble dans toute la plaine du
Gard. On avait vu arriver à Nimes, tête nue &. sans armes, quelques fuyards
du val de Bane, apportant, suivant l'usage, des nouvelles désespérées :
d'après eux, le comte de Broglie était du nombre des morts, & les Barbets, en
marche sur la capitale du diocèse, allaient y paraître d'une heure à l'autre.
Cavalier, entré la veille à Nimes, sous un déguisement, pour y faire provi-
sion de poudre, profita de cette panique; plusieurs de ses amis obtinrent, à
la faveur de la confusion générale, des munitions qu'ils n'auraient pas osé
solliciter en un temps plus calme.
Les lettres de Fléchier témoignent éloquemment de l'état des esprits. 11
écrivait à un curé, le jour même du combat : « Les dangers deviennent tou-
« jours plus grands, & il semble qu'on ait toujours plus de peine à être
« assisté. Rien ne coûte à ces scélérats pour faire du mal, 8c tout coûte
« quand il faut secourir des gens de bien. Ceux qui gouvernent sont bien
« embarrassés, quelque bonne intention qu'ils aient. Il sort des ennemis de
« tous côtés, & il n'y a ni assez de troupes, ni assez d'argent pour les
« réprimer "... »
Fléchier traversait précisément, se rendant à Nimes, le village de Bernis,
quant on y porta le corps de Poul. Il fut donc témoin de l'émotion produite
par la perte d'un chef sur qui les catholiques avaient fondé les plus hautes
espérances. Aussi écrivait-il, sous cette impression : «■ On ne peut assez
« déplorer les malheurs qui nous affligent. Mais Dieu ne permettra pas que
<c l'enfer prévale. Voici des troupes qui arrivent de tous côtés, de Provence,
« de Catalogne, d'Allemagne, d'Italie, Si j'espère que nous serons en sûreté.
<i Quoi qu'il en soit, nous cherchons d'où nous peut venir le secours. Si il
« nous doit venir du Seigneur. Auxilium nostrum a Domino^. »
Quelques jours auparavant, les agents de l'intendance avaient saisi un
avis aux protestants de Castres où l'on disait : « Elevez vos cœurs vers ces
« montagnes saintes d'où vous viendra tout votre secours. L'Éternel a déjà
« exaucé vos prières, puisqu'il arme toutes les nations pour vous délivrer de
« la captivité de Babylone 8<. de la domination tyrannique des monstres
« d'enfer. »
L'auteur inconnu ajoutait qu'on allait bientôt voir paraître un chef digne
de commander, qui rétablirait les temples 8c restituerait les coupes de la
' Lettres choisies de M. Fléchier, I, p. 209. Cette l'attens tous les jours ici & je renouvellerai mes
lettre, datée de Nimes, le 12 janvier lyoS, com- instances pour vous mettre en sûreté. 11 Un peu
mcnce ainsi ; plus loin, l'évêque de Nimes ajoute : « En atten-
i( Je ne manquay pas de solliciter M. de Bas- dant que M. l'Intendant vous envoie des troupes,
ville. Monsieur, de vous envoyer les secours dont à quoi je travaillerai efficacement, je vous envoie
vous pouvez avoir besoin. Il me promit de cher- dix louis d'or, dont vous vous servirez pour païer
che' quelque moyen de païer votre garde pour le vos soldats, u
passé, & de vous fournir un déiachcment de trou- ' Lettres choisies Je M. Fléchier, I, p. 212. Lettre
pes pour vous garder à l'avenir. Il est à Usez, je du 17 janvier lyoS.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 769 T
' ' 1703
Cène. La promesse formelle en était faite, de la part de Dieu, par le pro-
phète Daniel '.
Ainsi, des deux côtés & presque dans les mêmes termes, on prenait des
engagements au nom du ciel, sans dédaigner les auxiliaires humains.
Ce dont Bâville s'inquiétait le plus, c'était de connaître la portée possible
des événements qui jetaient alors la désolation dans la Province & l'étonne-
ment dans le royaume^. A première vue, le soulèvement des Cévennes pré-
sentait une différence caractéristique avec les anciennes guerres de religion
qui avaient désolé le Midi. Sans doute, les massacres d'ecclésiastiques, les
incendies d'églises Se de presbytères rappelaient à s'y méprendre les exploits
de maint capitaine huguenot du seizième siècle; mais, pendant cette période
terrible, ce n'étaient pas des gardes forestiers, des soldats déserteurs ou des
paysans transformés en généraux qui conduisaient les bandes religionnaires;
des personnages de marque, les plus grands seigneurs du pays, combattaient
ouvertement pour la Réforme; des villes entières, des places fortes s'étaient
mises à leur discrétion, soit par la libre décision de leurs consuls, soit par
l'effet d'heureux coups de main. En 1708, rien de pareil. Parmi les gentils-
hommes de haute naissance que l'édit de révocation avait trouvés protestants,
les plus fei-vents 8c les plus hardis s'étaient hâtés de gagner la frontière : ils
habitaient le Brandebourg, la Hollande, l'Angleterre, ou servaient dans les
régiments étrangers que les princes ennemis de Louis XIV avaient créés pour
eux, jaloux d'utiliser le ressentiment d'une aussi vaillante noblesse; les autres,
— & c'étaient de beaucoup les plus nombreux, — avaient courbé la tête sous
le vent & laissaient passer l'orage. Ainsi le protestantisme perdait son esprit
féodal par la soumission ou l'indittérence des héritiers de ses anciens chefs
militaires. Quant aux villes, pas une seule ne bougeait. Le sentiment de
l'autorité royale était devenu si puissant 81 l'anéantissement progressif de la
vie personnelle des communes si complet que l'idée ne vint certainement à
personne, dans les villes où dominait l'élément réformé, de prendre une de
ces délibérations d'union pour la défense de l'Evangile dont l'histoire du sei-
zième siècle offre tant d'exemples. Quelques années avant l'explosion, l'in-
tendant s'était demandé si la noblesse protestante de Languedoc, qu'il évaluait
à quatre cent quarante chefs de famille, répartis principalement dans les dio-
cèses d'Alais, de Nimes, de Lavaur, de Castres & d'Uzès, serait exposée à y
jouer un rôle considérable. Il ne le pensait pas Se fondait judicieusement
cette opinion sur la médiocrité générale de leur état. Une seule maison lui
semblait désignée par le haut rang qu'elle tenait dans le royaume : c'était
celle du marquis de Malause; mais on ne doutait pas de la sincérité de sa
soumission, &. ses alliances avec des tamilles catholiques prouvaient que l'esprit
de secte avait cessé de la dominer. Quant aux autres nobles, Bâville en
' Pièces justificatives, n. DCXXXIV, col. 1648. 22 décembre 1702. Dans sa lettre d'envoi, du
* Voir aux Pièces justificatives, n. DCXXVIII, même jour {IHJ. n. DCXXVII, col. i633.), l'in-
col. i635, le Mémoire de Bâville sur l'état présent tendant explique qu'il y a résumé les indications
des affaires ies Cévennes, daté de Montpellier, le de sa correspondance antérieure.
XIII. ^r;
—^ 770 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
comptait à peine quinze qui eussent de cinq à douze mille livres de rentes;
tout le reste était au-dessous, Se la plus grande partie n'en avait pas trois.
Avec d'aussi faibles revenus, il n'était permis à personne de faire grande
figure 81 d'être chef de parti'. C'était un immense avantage pour la cause
royale, car il n'est point douteux qu'au seizième siècle la forte organisation
territoriale de la féodalité n'ait largement contribué à l'importance militaire
des mouvements. Un parti, dont les membres possédaient à titre de propriété
nombre de châteaux faciles à défendre, dans les positions les plus avanta-
geuses, avait, par ce fait seul, une avance formidable. Et quand on voit tout
le mal qu'eurent à se donner les généraux de Louis XIV pour réduire une
insurrection populaire, privée de chefs des hautes classes &. de places fortes, il
est aisé de comprendre ce qu'aurait pu être la guerre des Cévennes, sans les
transformations de l'état social 81 sans la démolition méthodique de châteaux
opérée sous le ministère de Richelieu. Pour les négociants de Nimes & de
quelques autres villes, qui avaient à la fois beaucoup d'argent & beaucoup
de moyens de communication avec l'étranger, Bâville ne s'était point trompé
en supposant que les intérêts de leur commerce effaceraient les autres consi-
dérations. Si la noblesse avait perdu son ancienne vigueur 8t son humeur
indépendante en recevant des pensions & des charges de cour, le tiers état
s'éloignait aussi de plus en plus de l'esprit aventureux des vieilles communes.
Ainsi nobles & bourgeois demeuraient prudemment à l'écart de l'insurrection
qui était le fait exclusif de gens du peuple, n'ayant rien à perdre que la vie,
&, la menant assez misérable pour en faire bon marché.
Mais de cet éloignement des réformés nobles ou riches pour toute partici-
pation directe au soulèvement, fallait-il conclure à un désaveu formel de la
prise d'armes? Bâville ne le pensait point. Il croyait que tous les protestants
« raisonnables » condamnaient les actes de cruauté commis par les attroupés
des Cévennes, qu'ils étaient opposés aux meurtres & aux incendies; mais il
ne doutait pas qu'au fond du cœur les plus modérés ne fissent des vœux pour
le succès de l'entreprise. Ils attendaient de la fatigue des troupes Si de l'im-
puissance du roi la mesure salutaire qui devait laisser la révolte sans prétexte
& sans excuse, le rétablissement de l'édit de Nantes 8t la réouverture des
temples.
Plusieurs écrits, circulant dans la Province, témoignaient d'une intention
arrêtée de présenter aux yeux de l'Europe le mouvement des Cévenols comme
une véritable guerre de religion tendant à reconquérir le libre exercice du
culte. D'autres documents, d'une origine probablement plus élevée Si de
forme plus circonspecte, tendaient surtout à ruiner dans l'esprit des peuples
' Mémoires pour servir à l'histoire de Languedoc, Diocèse d'Alais : çrt. — Lavaur : 79. — Cas-
p. 78. très : 72. — Nîmes : Sç. — Uzès : 44. — Mont-
Voici comment les 440 gentilshommes, chefs de pellier : 29. — Vivarais : zS. — Albi : 18. —
famille nouveaux convertis, se répartissaient entre Mende : 14. — Rieux : 3. — Narbonne : 1.
on:se diocèses de Languedoc, d'après les états dres- La population totale des nouveaux convertis de
ses par l'intendant ; Languedoc, en 1698, était de 198478 personnes.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 771
la fameuse fiction d'une conversion générale des réformés à la religion ro-
maine. Tel était le but d'un Avis aux protestants de France dont l'intendant
donna communication au ministre de la guerre'.
L'auteur inconnu de cet écrit, qui recommandait d'en étendre la publicité,
engageait ses coreligionnaires à tenir ferme dans leurs croyances & leur pro-
mettait le triomphe prochain de la vérité.
Si, dans le Conseil du roi, la pensée de retirer les édits de persécution était
combattue, c'est que l'on ajoutait foi à la sincérité des conversions. Supposant
qu'une minorité infime restait seule attachée aux maximes de la Réforme, on
jugeait inutile d'accéder à ses réclamations. Il fallait prouver que la bonne
foi du roi avait été surprise, & que ni la perte des biens, ni l'exil, ni même
la mort n'ébranleraient la solidité de convictions immuables. On disait aux
nouveaux convertis : C'est votre faiblesse même qui vous a perdus. Si, dans
le commencement de vos malheurs, vous aviez témoigné de la fermeté, l'on
ne vous aurait point poussés à bout. Le roi lui-même a montré que la persé-
vérance des hommes résolus commandait son estime, &c la facilité de certaines
soumissions a été traitée de lâcheté.
Le mystérieux correspondant ne voyait qu'une réparation à ces fautes :
c'était de donner des marques certaines de constance & de foi. Tous les
réformés de la terre avaient contemplé avec douleur la grande défaillance du
protestantisme français; en reprenant courage, en affirmant hautement qu'on
n'avait péché que des lèvres & qu'on avait cédé à la contrainte, sans se con-
vertir de cœur, on réveillerait des sympathies languissantes ou découragées,
on retrouverait des avocats auprès du roi, 81 l'on réussirait peut-être à dissiper
l'erreur de la Cour.
Des communications d'un autre style, mais animées du même esprit, vin-
rent au comte de Brogiie du milieu même des montagnes où flamboyait
l'incendie.
Deux personnages qui s'intitulaient « généraux de l'assemblée des fidèles»
& qui signaient « Jean la Pierre roulante » & a la Rivière de Gardon », adres-
sèrent au commandant en chef un manifeste où ils exposaient le but de la
prise d'armes*. Ce but était le rétablissement des libertés religieuses que
leurs pères avaient conquises au prix de leur sang.
Les édits ayant défendu les assemblées &C les prières publiques, il avait
fallu se retirer « dans les déserts, par les montagnes £<. dans les trous de la
« terre. » Messieurs de l'Église romaine s'étaient acharnés à la poursuite des
fidèles, les faisant fusiller sur place ou les condamnant à la roue, au gibet,
au bûcher, envoyant les autres en exil ou sur les galères. Ces actes de rigueur
avaient occasionné beaucoup de faiblesses : les âmes s'étaient perdues comme
les corps, mais l'heure de la résurrection avait sonné. Les fils allaient faire
oublier la lâcheté de leurs pères, en retournant dans le sein de l'Église, aban-
' Pièces just'tjicatives, n. DCXXII, col. i6î2. par l'intendant Bâville, le 12 décembre 1701. Le
' Pièces justtficativei , n. DCXXIII, col. 1624. manifeste est daté du i5 décembre, sans désigna-
Ce document fut transmit au ministre de la guerre tion de lieu.
1703
";■"[ 772 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
donnée par crainte des hommes. Ils étaient prêts à verser leur sang pour la
cause de l'Évangile.
Le manifeste se terminait par une protestation de fidélité envers le roi. Les
généraux se déclaraient sujets dévoués, disposés, comme leurs pères, à donner
leur vie pour la défense du royaume. Ils offraient d'ailleurs des éclaircisse-
ments, si l'on voulait bien entrer en négociation avec eux.
Cette tentative n'eut point de suite. La guerre n'avait pas encore duré assez
longtemps ni fait assez de victimes pour que l'on crût pouvoir, sans humilia-
tion, entretenir des pourparlers avec les rebelles.
La seule conclusion que Bàville tirait de ces démarches, c'est que « la
« cabale huguenotte commençoit à se déclarer & à faire paroître son dessein. •>
Pour lui, il ne vovait pas d'autre remède que de faire arriver promptement
de bonnes troupes. Il avait remarqué que les fanatiques affectaient de répondre
à toutes les exécutions sanglantes par des représailles, ce qui lui paraissait
marquer l'esprit de révolte poussé à son comble. Des milices timides ou des
réo^iments inexpérimentés ne pouvaient suffire. De tels secours étaient même
plutôt nuisibles qu'utiles, parce qu'ils fournissaient aux rebelles des occasions
de victoires d'une influence déplorable sur l'opinion. « Les nouveaux régi-
« mens, écrivait Bâville, sont plus méprisés que craints par les fanatiques. »
Son avis était de terminer l'affaire pendant l'hiver, époque de l'année où
l'on avait le plus de troupes disponibles : il redoutait qu'au moment où les
armées rentreraient en campagne sur les frontières, la sédition ne fît des
progrès dans une province renfermant plus de quarante mille nouveaux
convertis en état de porter les armes.
L'intendant désignait lui-même au ministre les corps qu'il jugeait utile
d'appeler : il comptait principalement sur un bataillon du régiment des Vais-
seaux en quartier d'hiver dans les évêchés de Toulon, de Marseille Se d'Aix,
vieux soldats dont l'intrépidité & l'expérience rendraient les plus grands ser-
vices. Il avait aussi demandé des miquelets de Roussillon, habitués à la
guerre des montagnes. Enfin, il souhaitait l'arrivée d'un régiment irlandais
cantonné à Finale. Ces derniers soldats étaient d'ardents catholiques. Si leur
qualité d'étrangers les recommandait à Bàville, trop bien éclairé déjà sur la
répugnance Si le dégoût qu'inspirait aux officiers français cette triste guerre
intérieure.
Le 14 janvier vit arriver à Pont-Saint-Esprit le maréchal de camp désigné
Tjar le ministre pour servir en Languedoc sous les ordres du comte de
Broglie ' .
' Pièces justificatives, n. DCXL, col. 1657. Il son diocésain, que Fléchier écrivait de Nimes, le
est éTident, d'après la lettre de Julien, que ce ma- lî janTier :
réchal de camp faisait son entrée dans la PrOTince b Les troupes d'ici 8c d'ailleurs ont marche vers
par le Pont Saint-Esprit, & qu'il en partit sans Uïès & »ers le Saint-Esprit, pour toml>er sur
troupes, en chaise de poste, pour se rendre i cette troupe audacieuse jue M. de Julien pour~
Montpellier, y conférer avec Broglie & Bâville & suit', u
prendre possession de son commandement. C'est
donc par anticipation & pour rassurer un curé, . Lettres ckoisiet de M. FUchier, I, p. Jio.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 773
M. de Julien était un ancien protestant de la principauté d'Orange, passé
à l'étranger au moment de l'édit de révocation; non content de quitter alors
la France comme les autres émigrés, il avait pris du service en Angleterre Si
en Irlande 81 porté les armes contre son pays. Il fut tour à tour page du
prince d'Orange, puis colonel d'un régiment à sa solde. Le duc de Savoie
ayant demandé des secours à l'Angleterre 8c à la Hollande, on envoya Julien
en Piémont. II défendit Coni contre les Français 81 se conduisit avec tant de
vigueur Se d'intelligence que l'armée royale fut contrainte de lever le siège.
Rien ne faisait encore prévoir, dans cet officier de fortune vainqueur des
troupes de Louis XIV, le futur exterminateur des Cévenols. Mais la dispro-
portion qu'il trouva entre ses exploits à la défense de Coni 8c la récompense
qu'il en reçut, disposa son esprit à considérer la religion romaine sous un
jour nouveau. Comme il s'était retiré à Genève 8c qu'il n'y faisait point
mystère de son mécontentement, la Cour de France, avertie par son résident,
lui fit offrir de l'emploi 8c une pension. Dès lors, ses yeux se désillèrent. Il
devint en même temps catholique Se brigadier des armées du roi'. Soit qu'il
l'eût demandé, soit que l'on voulût éprouver son zèle de néophyte, le pre-
mier emploi qu'on lui donna fut de combattre les Vaudois dans la vallée de
Barcelonette 8c plus tard de surveiller les avenues de la principauté d'Orange,
où l'exercice du culte réformé avait été autorisé en vertu de la paix de Rys-
wyck, 81 d'en interdire l'accès aux protestants de Provence, de Languedoc 8c
de Dauphiné. Julien s'était acquitté de ses diverses missions à la satisfaction
du ministre 8c de façon à ne permettre aucun doute sur la sincérité de sa
conversion.
Dès qu'il mit le pied en Languedoc, il fut frappé de l'impression d'épou-
vante que le soulèvement des Cévennes y produisait. Depuis le premier gen-
tilhomme jusqu'au dernier paysan, tout le monde, dans la vallée du Rhône,
en parlait avec effroi. Le maréchal de camp ne pouvait comprendre qu'une
bande d'environ neuf cents scélérats, tant fanatiques qu'autres gens de sac 8c
de corde, se fît craindre ainsi des trois ordres d'une grande Province. Il
comptait y ramener la confiance Se témoignait des dispositions les plus belli-
queuses, excitées par le récit qu'on lui avait fait des violences commises dans
les montagnes. « Tout humain que je suis, » écrivait-il au ministre avant de
quitter Bagnols pour Montpellier, « je prendray un cœur de tigre pour
« exterminer ces scélérats, sans en laisser aucunes graines. »
* Julien fut nomm^ maréchal Ae camp à la pro- reiirs du calvinisme. II changea de religion en
motion du 22 décembre 1702, & devint aussi changeant de maître. Dès qu'il se vit catholique
chevalier de Saint-Louis. Le père Louvreleuil, qui & brigadier d'armée, il se dévoua aux exercices de
lui a dédié le second volume de son Fanatisme re- l'Église romaine & au service du roi. » Louvreleuil
nouvelé, dans une épître où il l'appelle un autre conclut par l'observation suivante : « La rapidité
Hercule 8t un second Alexandre, raconte avec assez de sa fortune est une preuve bien forte de son mé-
de na'ivelé les changements de religion &de patrie rite extraordinaire, surtout sous un règne oii l'on
de cet officier, & les étapes correspondantes de sa ne s'attache qu'à récompenser la râleur*. »
conscience & de son avancement, n La miséricorde
de Dieu, dit-il, voulait par là le retirer des cr- ■ Le Fanatisme renouvelé, 1, p. 65.
1703
1703
774 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Dès les premières conférences que Julien eut avec Broglie, le cominandant
en chef. & son subordonné se trouvèrent en désaccord. Julien arrivait avec un
plan de guerre générale, II aurait voulu faire évacuer tous les postes des
Cévennes, réunir les troupes dans le plat pays & commencer ensuite une
opération militaire selon les règles autour de la région soulevée. Son zèle ne
reculait pas devant les rigueurs les plus terribles. Broglie repoussait absolu-
ment cette théorie. S'il l'eût adoptée, disait-il, dès le début de l'insurrection,
il ne serait plus maître que de Montpellier, de Nimes, d'Uzès, d'Alais & de
Saint-Hippolyte. La campagne tout entière appartiendrait aux rebelles, éta-
blis si fortement sur les Cévennes qu'on n'en pourrait forcer l'entrée qu'à
coups de canon. D'ailleurs, tous les petits centres de population que l'on
dégarnissait, fournissaient des renforts aux révoltés, leur donnaient des vivres,
assistaient aux assemblées Se contribuaient à propager l'excitation religieuse.
Plusieurs villages avaient déclaré que, si les troupes royales se retiraient, ils
se verraient contraints d'entrer dans la révolte sous peine d'être égorgés fit
incendiés. L'exercice de la religion catholique ne se faisait plus qu'à l'abri de
ces garnisons & aurait entièrement cessé après leur retraite. Broglie ajoutait
que l'important n'était pas d'exécuter de grandes opérations, mais d'avoir
beaucoup de forces. Le système de guerre adopté par les révoltés ne se
prêtait point aux mouvements de corps d'armée qui n'auraient eu personne à
combattre'. Mais la situation du commandant en chef était de plus en plus
compromise : on l'accusait de mollesse 81 d'imprévoyance*; les projets les plus
violents se débattaient chaque jour; on ne parlait de rien moins que d'exter-
miner Se de détruire des villages entiers, & de rendre inhabitable le foyer de
l'insurrection 3.
Les bataillons du régiment de Hainaut que Broglie attendait étant arrivés,
le commandant en chef donna le choix à Julien du terrain & des troupes
dont il voudrait se charger. Julien choisit le pays compris entre le Gardon &
l'Ardèche, depuis Genolhac au pied de la Lozère, jusqu'à Uzès, avec Alais
pour quartier généraH. Comme le maréchal de camp persistait à croire que
des opérations stratégiques seraient possibles contre les révoltés 8c qu'on pour-
rait les obliger à une action générale, il avait eu soin de se réserver une
région où, sans être facile, son plan lui semblait plus réalisable, grâce à la
hauteur moindre des montagnes Se à l'étendue des plaines. Pour opérer dans
cette région, qui renfermait la rive gauche du Gardon d'Alais & des bassins
du Cèze & du Chassezac, Julien prit les bataillons des régiments de Hainaut,
de Marcilly, de La Fare, de Tournon Se de Tarnaut.
Ces arrangements étaient à peine terminés, qu'on eut vent de la présence
des insurgés au château de Rochegude, sur le bord des coteaux du Cèze.
Julien partit le 28 janvier pour Saint-Ambroix avec quatre cents hommes,
espérant surprendre l'ennemi dans son repaire. Mais les Cévenols, qui
■ Lettre iu comte de^to^Vie, Pièces justificatives, ' Court de Gébelin, I, p. i65. — Bnieys, III,
n. DCXLII, col. 1661. p. 35.
' Pièces justificatives, n. DCXXIX, col. i638. ■• Pièces justificatives, n. DCXLII, col. 1660.
l.IV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES, 77 j
s'éclairaient toujours très-prudemment, sortirent de Rochegude une demi-
heure avant l'arrivée des troupes royales, passèrent le Cèze sur un bateau 8c
allèrent incendier l'église 8t quelques maisons dans le village de Saint-Jean
de Maruéjols. Trouvant le gîte abandonné, Julien allait tristement faire
rafraîchir son monde à la rivière, quand le bruit des tambours lui arriva du
côté de Saint-Jean. Le maréchal de camp voulut faire passer l'eau à sa
colonne; mais le bateau avait été laissé sur l'autre rive; la femme du bate-
lier profita d'un gué pour l'aller prendre; pendant ces retards, les insurgés,
qui vinrent faire quelques démonstrations, eurent le temps de se mettre à
couvert. Julien, désespérant de les atteindre, rentra dans Alais, tandis que
les Cévenols brûlaient l'église d'Avejan, 8t la maison du prieur.
Ils ouvrirent le caveau des seigneurs du comté, croyant y trouver une
cachette d'armes qui n'y était point 8c manifestèrent leur dépit en mettant le
feu à un cercueil. Des prédications furent faites dans le château; comme
toute la population du pays était protestante, cette incursion ne donna pas
lieu aux violences 8c aux scènes de sang qui se produisaient en terre
catholique '.
Quelques jours après, un poste de soixante-cinq hommes du régiment de
Marcilly, qui occupait la petite place de Genolhac, fut attaqué, au point du
jour, par une forte bande d'insurgés à laquelle s'était réuni tout le menu
peuple de la paroisse, de Vialas, de Castagnols, 8c des divers villages éche-
lonnés, à droite 8c à gauche du Luech, sur les premières assises de la Lozère
8c du Bougés. M. de Montlibert, commandant du poste, se défendit vaillam-
ment, toute la matinée, dans une maison située au milieu du village 8c qui
recevait le feu de toutes les maisons voisines. A midi, cet officier fut tué, 8c
comme l'incendie, que les insurgés avaient allumé aux trois portes de la
maison, commençait de la rendre intenable, le lieutenant, avec une poignée
d'hommes, essaya de se frayer un passage l'épée à la main 8c de gagner la
campagne. Saluée par la fusillade qui partait de chaque fenêtre, cette petite
troupe était réduite à cinq hommes quand elle parvint à se mettre en sûreté*.
Lorsque ces tragiques événements s'accomplirent, Julien était précisément
en marche sur Genolhac, avec mission d'y installer dix compagnies du
régiment de Hainaut, d'en placer trois au Collet de Dèze 8c de retirer les
postes de Brenoux, de Peyremale 8c de Mandajors. A une lieue de Genolhac,
il rencontra les cinq hommes qui avaient échappé au massacre 8c recueillit
de leur bouche la confirmation de sa théorie sur le danger des petites garni-
sons. Quand il pénétra dans le bourg, qui faisait partie des possessions dii
prince de Conti, il n'y rencontra pas un seul protestant. Tous avaient gravi
la montagne de Castagnols, pour se mettre sous la protection des insurgés.
La pluie n'avait cessé de tomber toute la journée. Les troupes, harassées do
fatigue, 8c trempées jusqu'aux os, bivouaquèrent pendant la nuit. Elles
étaient arrivées à cinq heures du soir, 8c comme on se trouvait alors au
■ Pièces juitificative:, n. DCXLVII, col. 1674. ' Pièces juitificatiyes, n. DCXLIV, col. iiû5.
J702
-—^ 776 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
commencement de février St qu'il ne cessait de pleuvoir, l'obscurité comman-
dait la plus extrême prudence. Quant le jour parut, on s'assura que la popu-
lation valide avait abandonné les maisons, 8c bien que Julien n'eût point
ordonné ni permis le pillage, les soldats se portèrent à de grands excès.
Julien justifia leur conduite, dans son rapport au ministre, en rappelant
que, dans l'espace de peu de jours, le même lieu avait vu massacrer deux
capitaines & soixante-deux hommes, sans compter beaucoup de catholiques
inoffensifs, femmes ou enfants, qui avaient été égorgés, soit dans les villages,
soit dans les maisons de campagne. Cette guerre prenait d'ailleurs un carac-
tère de plus en plus atroce. L'affaire de religion devenait prétexte à des
actes de pur brigandage, & les haines locales ou individuelles s'accumulant
menaçaient le pays d'une entière conflagration. Déjà l'on reprenait d'instinct
les funestes traditions du seizième siècle. Le secours des forces régulières se
montrant impuissant, des ligues de villages catholiques s'organisaient, sous
l'impulsion du clergé & de quelques gentilshommes.
Comme Genolhac était un lieu ouvert, enfoui au fond d'un creux, dans
le vallon de la Gardonnelle, 8c commandé, dans toutes les directions, par des
hauteurs considérables, Julien, qui en reconnut les abords le lendemain
matin de son arrivée, n'avait pas cru devoir y laisser les dix compagnies de
Hainaut désignées par le comte de Broglie, pas plus qu'en établir trois au
Collet de Dèze, &c ramassant en chemin divers petits postes, il s'était replié
sur Alais avec tout son monde.
Cette retraite, dont on avait pu suivre les phases de tous les points d'obser-
vation de la montagne, ne fut pas plus tôt connue que les populations réfor-
mées descendirent en masse de leurs refuges 8c rentrèrent dans Genolhac.
On y avait déjà incendié l'église &c le couvent des dominicains; on y prêcha,
on y chanta les psaumes, on y tint des assemblées où se rencontrèrent plus
de deux mille personnes, on se confirma dans la pensée que les temps du duc
de Rohan étaient revenus 8c que la réforme allait triompher par les armes.
Alors eurent lieu diverses courses dans celles des paroisses voisines où habi-
taient des populations catholiques. La vallée du Luech, à Chamborigaud,
fut le théâtre de sanglantes exécutions. Le récit de ces événements lasse par
la monotonie de l'horreur; on n'y parle que de gens brûlés dans leurs mai-
sons, d'enfants égorgés, d'yeux crevés, de langues coupées; on se croit trans-
porté au milieu de peuplades sauvages, 8c il faut un véritable effort de pensée
pour se rappeler que pareilles abominations, commises de part &c d'autre au
nom de la foi, étaient contemporaines de la Cour la plus délicate &c la plus
élégante qui fut jamais.
C'est en réponse à ces attentats que se formèrent les premières fédérations
catholiques. Elles se recrutèrent principalement sur le flanc oriental de la
Lozère 8c dans le massif de montagnes qui sépare les hautes vallées du Cèze
8t du Chassezac. C'étaient, au nord de Genolhac, les lieux de Concoules,
Vielvic, Saint-André de cap Cèze, Ponteils, Malons; au sud, Chamborigaud
8c Chambon; à l'est, Aujac 8c Sénéchas. Les petits pelotons d'hommes de
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 777
main fournis par ces divers villages, formèrent une troupe de quatre ou cinq
cents enfants perdus qui se mirent à battre le pays, à ravager les propriétés,
à brûler les maisons de campagne des protestants 8c à massacrer quelques
malheureux '.
Sur le flanc occidental des Cévennes, les insurgés ne cessaient pas leurs
entreprises. Les postes royaux du Pompidou & de Sainte-Croix avaient dû
être évacués, de sorte que la haute montagne appartenait presque entière-
ment à la révolte. Il devenait évident que les petites garnisons placées dans
les villages, à seule fin de garder les églises 81 de protéger l'exercice du culte
catholique, mission rendue inutile par la retraite de la plupart des curés,
n'avaient aucune utilité militaire, ayant été disposées sans choix & sans
connaissance du terrain. Aucune prudence n'avait d'ailleurs dirigé l'établis-
sement de ces postes. Ils occupaient, en général, une maison au milieu du
village, entourée, dominée souvent par les habitations voisines où les insurgés
avaient aisément accès. Julien prétend que les plus déterminés soldats de
l'Europe ne se seraient pas crus en sûreté dans des positions aussi défavo-
rables; à plus forte raison ne pouvait-on compter sur aucun service utile de
la part de ces pauvres compagnies de bourgeoisie, désolées d'avoir été tirées
de leurs champs ou de leurs boutiques pour faire la guerre, 8c conduites par
des officiers sans expérience 8c sans courage.
Du reste, la sollicitation de rappel que le comte de Broglie avait adressée
au ministère 8c toutes les plaintes qui arrivaient de Languedoc contre le
malheureux commandant en chef finirent par être écoutées. Le 3o janvier,
le roi désigna le maréchal de Montrevel pour prendre le commandement
supérieur en Languedoc Se fit expédier par le Rhône, au Pont-Saint-Esprit,
vingt grosses pièces de canon, cinq mille boulets, quatre mille mousquets 8c
cinquante milliers de poudre, annonçant l'intention formelle de réduire la
rébellion par un coup d'éclat.
Avant que le nouveau chef ne fût venu relever Broglie, Cavalier tenta un
mouvement sur le Vivarais. Il avait des intelligences dans cette terre classique
des guerres de religion, 8c il comptait que sa présence en armes suffirait à y
rallumer des feux mal assoupis. Après avoir brûlé le château de Labas-
tide, avançant sous bois, à la faveur de la petite chaîne des montagnes
d'Uzège, qui forme un trait d'union entre le Cèze Se le Chassezac, il porta la
désolation dans les villages de Grospierres 8c de Sampzon. La ville des Vans,
■ Brueys dit à ce sujet : •< Véritablement ce qu'ils l'on crut même qu'il pourroit serrir à la réduction
entreprirent étoit contre les lois de l'Etat, qui ne des rebelles, & on jugea à propos de leur permettre
permettent point aux particuliers de prendre les de se joindre aux troupes du Roi, & de courir sur
armes sans la permission du Roi, & contre les les fanatiques, quand l'occasion s'en présenteroit,
préceptes de l'Évangile, qui défendent aux chré- afin qu'ils pussent continuer, sans crime, ce qu'un
tiens de se venger eux-mêmes Mais leurs égli- premier mouvement de désespoir & de vengeance
ses brûlées, leurs curés massacrés, leurs familles leur avoit fait d'abord entreprendre contre les lois
saccagées, l'impossibilité même qu'il y avoit à les de l'État 8c de la Religion '. «
pouvoir garantir, avec le peu de troupes que l'on
ayoït firent que l'on excusa leur soulèyeraent : ■ II, p. 36.
1703
i7o3
778 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
le château de Bane, appartenant au comte du Roure, furent mis en défense.
L'intérêt de maintenir le Vivarais à l'abri de la contagion était trop consi-
dérable pour que l'on n'eût pas assuré la défense des lignes de l'Ardèche.
Cavalier ne put réussir à passer cette rivière, Si comme les incendies & les
meurtres multipliés sur sa route avaient permis de le suivre à la piste, il ne
put rentrer dans les Cévennes sans combattre.
Le premier engagement, qui eut lieu le 10 février, à l'entrée des bois de
Vagnas, ne fut pas favorable aux troupes du roi. Le comte du Roure, l'un
des lieutenants généraux de Languedoc, se trouvant alors à Barjac, avait
assemblé les gentilhommes du voisinage & quelque milice. Se donné l'ordre
à M. Joviac, posté sur l'Ardèche avec quatre compagnies, de venir lui prêter
main-forte. Cette petite troupe commit la faute d'aborder imprudemment les
rebelles, qui, massant de fortes réserves dans le bois, présentèrent d'abord
une avant-garde insignifiante. Gentilshommes Si milices coururent au piège
èi ne tardèrent pas à voir devant eux un front formidable, pendant que des
détachements, sortant de leurs abris, attaquaient la colonne par le flanc. Le
bruit d'un feu terrible, qui tua sur place le marquis de La Gorce & quelques
autres officiers, produisit une telle impression sur les miliciens qu'ils lâchè-
rent pied sans même tirer un coup de fusil Sise laissèrent poursuivre jusqu'à
Salavas, au bord de l'Ardèche. Julien occupait alors Lussan, de l'autre côté
du Cèze. Le comte du Roure lui expédia un exprès pour l'appeler à l'aide.
Julien ne perdit pas de temps 61, malgré la neige qui couvrait tous les
chemins, franchit les coteaux du Cèze, amenant avec lui un bataillon de
Hainaut, le régiment de Tournon, 81 deux cent cinquante hommes des
troupes de la marine. Il passa par Saint-Jean Si Barjac, où il arriva au point
du jour. Le comte de Florac vint l'y rejoindre avec cinquante soldats. Les
insurgés occupaient encore les abords du bois de Vagnas. Ils attendirent la
première décharge avec leur intrépidité habituelle; mais Julien ayant pris
d'habiles dispositions Si organisé une embuscade, quand les Cévenols se
virent chargés à la bayonnette, ils se dispersèrent 81 allèrent s'éparpiller
dans les taillis. La neige qui rendait partout leurs traces visibles permit de
les poursuivre fort loin. Ils firent des pertes considérables, dont le chiffre
exact n'est pas facile à déterminer, mais paraît avoir atteint cent cinquante
ou deux cents hommes. Beaucoup de mulets 81 de chevaux, ainsi qu'un
grand nombre d'armes, fusils, bayonnettes, haches 81 faux ramassés sur le
champ de bataille, furent le prix de cette rencontre. Ceux qui échappèrent
franchirent le Cèze à gué, sur divers points, 81 parvinrent à se dérober aux
recherches, étant rentrés chacun dans son village pour y reprendre leurs
occupations ordinaires'. Afin d'empêcher l'insurrection d'envahir à nouveau
la rive gauche du Cèze, Julien fit garder fortement le pont de la Roque par
des compagnies bourgeoises de Saint-Esprit, 81 couler à fond les bacs de
Goudargues, de Saint-André Si de Montclar^.
' Pièces justificatives, n, DCXLVII, col. 1674. ' Brueys, I, p. igo.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 779
Le i5 février, le nouveau commandant en chef de Languedoc fit son
entrée à Nimes. Nicolas-Auguste de La Baume Montrevel, le plus jeune fils
du comte Ferdinand de Montrevel, appartenait à une ancienne Si illustre
famille de la Bresse. Maréchal de camp en 1688, lieutenant général en lôgS,
il avait reçu le bâton de maréchal de France le 14 janvier 1703. Son appa-
rition dans la Province fut saluée par les espérances des catholiques. On
aimait à croire que l'insuccès des précédentes opérations provenait de l'inha-
bile direction des troupes & que la mauvaise fortune attachée aux mouve-
ments du comte de Broglie s'éloignerait avec lui.
« Le roi a eu enfin pitié de nous, écrivait Fléchier à cette occasion, &
« nous a envoyé des troupes réglées St un maréchal de France pour les
Il commander. Nous espérons que Dieu bénira ses armes 81 nous rendra
« notre première tranquillité'. »
Bâville était venu à Nimes recevoir le maréchal, avec Julien 5c Paratte,
afin de conférer avec lui sur les premières dispositions, tandis que Broglie,
profondément blessé de n'avoir pas été compris dans la dernière promotion
de maréchaux 6c d'assister à l'entrée en charge de son successeur, attendait
avec impatience l'autorisation de quitter la Province*.
Tout le monde comptait que la nomination du maréchal ne serait pas un
simple changement de personne, mais de tactique, £<. l'on peut penser que
les conseils ne firent point défaut au nouveau commandant. C'était un
homme faible, indécis, ami du plaisir, superstitieux, violent par accès, mais
incapable d'une volonté suivie & d'une étude sérieuse.
Ceux qui reprochaient au comte de Broglie de ne les avoir pas préservés
d'un danger permanent, Si que l'excès de la crainte avait rendus féroces,
n'eurent plus d'autre pensée que de conquérir le maréchal à leurs vues & de
lui faire exécuter leurs projets.
Julien lui communiqua ses appréciations personnelles, dont il avait déjà
entretenu le ministre, car les exigences de la hiérarchie étaient alors si mal
observées qu'on voyait un simple maréchal de camp, un brigadier, même un
colonel passer par-dessus la tête de ses chefs 8c correspondre directement avec
la Cour. Le programme de l'ancien huguenot ne péchait point par excès
d'indulgence. Julien, tout en se défendant d'aucun sentiment de haine 8c de
cruauté, 8c protestant qu'il donnerait sa vie pour ramener les fanatiques à leur
devoir, partait de ce principe que tout le menu peuple nouveau converti des
Cévennes trempait dans la révolte, 8c qu'on ne courait point le risque de se
tromper en frappant au hasard : le châtiment tomberait toujours sur des cou-
pables, puisqu'on y aurait vainement cherché des innocents.
De ces prémisses, Julien tirait deux conclusions : désespérant de ramener
le haut pays, on devait le vider par une dépopulation générale, afin d'en-
lever aux insurgés les renforts 8c les secours de toute nature qu'ils en tiraient.
Quant aux villages où des bandes seraient allées incendier une église ou
' Fléchier, Lettres ehtisiesj I, p. 121. ' Pièces juitificatiyes, n. DCLV, col. 1690.
1703
—^ 780 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
commettre quelques meurtres, il fallait les investir aussitôt avec un gros déta-
chement, faire sortir tous les anciens catholiques Si les nouveaux convertis de
condition supérieure à celle des paysans. Se passer tout le reste au fil de
l'épée « sans distinction de sexe ni d'âge. » Cette exécution sommaire parais-
sait légitime à l'ancien officier orangiste, parce qu'à ses yeux, depuis les
enfants de sept ans jusqu'aux octogénaires, on ne pouvait trouver dans le bas
peuple de la montagne que des criminels de lèse-majesté.
Il faisait lui-même un tableau saisissant de l'effet qu'un traitement pareil
produirait sur les révoltés. En rentrant chez eux, ils y verraient le cadavre
de leurs femmes, de leurs sœurs, de leurs enfants, de leurs vieux pères, Se
un tel spectacle les ramènerait nécessairement à l'obéissance. Il croyait la
recette assurée, 8t allait jusqu'à offrir un peu imprudemment de se laisser
couper la tête si, à la troisième exécution Se peut-être à la première, tout ne
rentrait pas dans l'ordre'.
Montrevel, très-embarrassé au milieu des excitations qu'il trouvait dans
son entourage Se de l'effarement des hauts dignitaires du pays, cherchait
pourtant à se rendre compte de la réalité. Le manque de troupes ne lui per-
mettant pas de commencer des opérations importantes, il fut contraint de
passer quelques jours à Nimes en attendant des renforts, 8c il employa ce
temps à s'éclairer sur la nature de la révolte.
On n'a pas lieu de penser, d'après sa correspondance, qu'il fût préoccupé
de la question religieuse. Il recherchait plutôt les causes politiques du soulè-
vement, Se croyait en trouver le secret dans une intervention active des puis-
sances étrangères. Il avait eu connaissance d'un projet d'insurrection générale
qui devait éclater au printemps 8c qui serait appuyé par un débarquement de
troupes anglaises 8c de réfugiés français. Soixante-quatre capitaines, de cette
double origine, étaient déjà entrés dans la Province, non pour se mêler aux
révoltés des Cévennes, mais pour entretenir le courage Se la confiance des
réformés, en vue de la grande explosion. Certains prisonniers avaient reconnu
que les petits attroupements qui se promenaient d'un point à l'autre du pays,
brûlant ici une église, là une grange, ailleurs désarmant un poste ou enle-
vant un convoi, n'avaient pour but que de tenir les troupes en haleine, de
perpétuer l'agitation Se de fatiguer le pays. Quant aux grands événements,
ils étaient subordonnés au destin des guerres extérieures. Que la suite d'une
campagne malheureuse conduisît Une armée ennemie dans la vallée du
Rhône, Se le mot magique de liberté de conscience, habilement placé par un
général vainqueur, mettrait tout une partie du Languedoc à sa discrétion *.
Montrevel, pas plus que Bâville, pas plus que Broglie, pas plus que tous
les autres grands personnages du temps, ne songeait à se demander si le
meilleur moyen de couper court à ces périls n'était pas d'en supprimer la
cause en retirant le funeste édit de i685. Il savait qu'une telle proposition
n'avait aucune chance d'être accueillie de la Cour, obstinée dans son entête-
■ Pièces justificatives, n. DCXLIV, col. i665. ' Pièces justifientives, n. DCXLIX, col. 1678.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 781
ment; & il se bornait à combiner les procédés de répression qu'on lui suggé-
rait de toutes parts avec ses propres idées.
En attendant, les Cévenols continuaient leurs exploits; quand ils étaient
supérieurs en nombre, ils écrasaient les détachements qui se trouvaient à leur
portée; quand ils se voyaient numériquement plus faibles, ils disparaissaient
à travers les bois.
Le maréchal, s'inspirant de la théorie de Julien, fit annoncer que tout
village où l'on aurait commis des meurtres sur la personne des anciens catho-
liques, serait entièrement brûlé le lendemain; 8c cette menace fut immé-
diatement exécutée à la suite d'une surprise où avait péri un capitaine du
régiment de La Fare avec tous ses hommes.
Montrevel s'inquiéta aussi du rôle de la noblesse, qui s'était paisiblement
retirée dans les villes « voyant pour ainsi dire toutes ces horribles tragédies
« avec un entier désintéressement. » Il fit assembler les gentilshommes de
chaque diocèse, pour conférer avec eux Si les invita, s'ils voulaient marquer
leur bonne volonté, à rentrer dans leurs châteaux, à s'y tenir, en surveillant
les populations avoisinantes, à y rassembler toutes les armes Su. tous les grains,
pour en faire la distribution journalière aux paysans suivant leurs besoins,
8c empêcher qu'il n'en tût livré aux coureurs. En même temps, les seigneurs
de paroisse auraient mission de contrôler le mouvement de la population, de
s'opposer aux enrôlements de la jeunesse 8c d'obliger les habitants à reprendre
leurs occupations ordinaires.
Le jour même où le maréchal adressait de Sommières ses communications
au ministre sur les premières impressions qu'il avait recueillies en Lan-
guedoc, le roi signait à Versailles une ordonnance contre les insurgés des
Cévennes'.
Un trait assez caractéristique de ce document est l'affectation que mettait
la Cour à méconnaître la véritable cause du soulèvement. On ne voulait pas
avouer que les violences faites à la liberté de conscience eussent déterminé
l'explosion, ni laisser supposer une connexité d'intérêts entre les anciens
réformés 8c les Cévenols. La fiction de l'unité de foi obtenue par les conver-
sions générales continuait d'avoir force de loi, 8c, malgré les rapports de l'in-
tendant Se des chefs militaires qui ne permettaient aucun doute sur la réalité,
on s'efforçait de présenter les événements de Languedoc comme des actes de
pur brigandage. Aussi les hardis coureurs qui remplissaient la Province du
bruit de leurs entreprises sont-ils désignés, dans l'ordonnance royale, par cette
expression singulière : « Quelques gens sans religion, » expression difficile-
ment conciliable avec le titre de « fanatiques » dont le rédacteur officiel,
emporté par l'usage, s'était servi quelques lignes plus loin pour qualifier les
révoltés. « Quelques gens sans religion n désignant des hommes qui s'intitu-
laient eux-mêmes les enfants de Dieu, qui faisaient intervenir le Saint-Esprit
dans toutes leurs cruautés, qui marchaient entourés de prophètes 8c de pro-
' Pièces justificatives, n. DCXLVIII, col. 1677.
lyoS
-~^ 782 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
phétesses & qui ne prononçaient pas vingt paroles sans citer l'Ancien ou le
Nouveau Testament', ce contraste marque bien la confusion où une situa-
tion fausse avait jeté les esprits. Ce n'était pas la religion qui manquait à ces
insurgés, puisqu'ils puisaient au contraire dans l'énergie de leurs croyances
le zèle farouche déployé par les Hébreux contre les Amalécites ou par les
musulmans contre les chrétiens. Victimes de leur exaltation religieuse, ils en
devenaient bourreaux; mais, comme on refusait de confesser que la persécu-
tion leur eût fait perdre le sens, en surexcitant à la fois chez eux le mysti-
cisme & l'esprit de vengeance, on croyait habile de les présenter comme de
vulgaires malfaiteurs.
Du reste, le public, dans son langage ordinaire, indiquait aussi, par les
hésitations de la synonymie, l'originalité de cette lutte. Pendant les premiers
temps, on n'employa que les mots d'attroupés, de révoltés, de rebelles 8t de
fanatiques, sans user jamais des termes de huguenots ou de religionnaires si
répandus pendant les guerres du seizième 8c du dix-septième siècle. Le motif
en était certainement dans l'abstention 8c la neutralité de la noblesse 8c de
la bourgeoisie. Tous les protestants aisés 8c les habitants des villes demeurant
étrangers au mouvement 8c manifestant une entière soumission aux volontés
du roi, 8c les bandes militaires des Cévennes que l'on avait vu commander
autrefois par la noblesse féodale n'étant plus dirigées que par des paysans ou
d'anciens soldats, les appellations historiques n'étaient plus appropriées. La
physionomie populaire 8c rustique du soulèvement fut imliquée, d'instinct,
par un de ces mots familiers 8c nouveaux, qui naissent on ne sait quand ni
comment, pour désigner des choses nouvelles. On a beaucoup disserté Se
divagué sur l'origine du mot de camisards qui, employé d'abord dans le lan-
gage vulgaire "=, finit par prévaloir, même dans le style officiel, 8c supplanta
toutes les autres appellations. Sans s'égarer dans des étymologies plus ou
moins invraisemblables, 8c surtout sans recourir aux idoles du Japon 3, il est
' On trouvera aux Pièces justificatives, n. DCL, magne, où les housards s'étaient fait une répiita-
col. 1682, une curieuse pièce qui fut ramassée sur tion légendaire d'audace & de cruauté; l'autre, en
le champ de bataille de La Calmette, & qui est mémoire des montagnards vaudois.
une paraphrase de l'Apocalypse appliquée à la ^ Un érudit s'était mis en tête l'explication sui-
guerre des Cévennes, & accompagnée de prophé- vante du mot de camisards, qui est assez bizarre
t'ss. pour mériter une mention. Il supposait que quel-
le commentateur annonçait de sanglantes lut- que chef cévenol ayant rencontré à Nimes, dans le
tes de religion dans toute l'Europe, &, comme dictionnaire de Moréri, le mot de Camis, qui en
conclusion, la réduction de la France à l'unité de un nom d'idole au Japon, il se fit une habitude
foi protestante. Une assemblée générale du clergi, d'appeler ainsi les images qu'ils brûlaient dans
tenue en présence de la Cour, devait juger le débnt les églises; de sorte que, dans leur langage, ardte
entre papistes & réformés, donner raison aux der- les camis signifiait brûler des églises, ou plutôt les
mers & préparer un édit qui révoquerait toute; objets que la superstition, selon eux, y adorait;
les nouveautés contraires à l'Evangile & qu'on ns & que des mots camis-arjs, idoles brûlées, vient le
pourrait enfreindre sans encourir la peine di nom de camisards ou brûleurs d'idoles. L'imagi-
"""■'• nation des étymologistes ne s'est probablement
Les premiers noms populaires que l'on donna jamais élevée plus haut,
aux insurgés cévenols furent ceux de housards & Cavalier, de son côté, prétend que le nom de
de barbets; l'un en souvenir des guerres d'Allé- camisards est venu de la quantité de chemises que
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 783
plus naturel d'admettre que les grandes blouses d'étofte noire, taillées à peu
près en forme de chemise, que portaient communément les montagnards des
Cévennes, leur valurent ce sobriquet dont l'usage devint général, à cause de
la brièveté &c de l'assonnance expressive du mot.
Pour en revenir à l'ordonnance du 23 février, elle prescrivait à tous les
sujets du roi « de courre sus » aux révoltés, elle autorisait l'exécution som-
maire de quiconque serait pris les armes à la main ou seulement dans les
rangs des attroupés, le rasement de leurs maisons, la confiscation de leurs
biens, & la démolition de tous les édifices où l'on aurait tenu des assemblées.
Le roi défendait aux parents des attroupés de leur donner asile ou assis-
tance, enjoignant à l'intendant de les poursuivre comme complices.
Ordre était également donné à tous les habitants de Languedoc qui ne se
trouvaient pas dans leur domicile d'y rentrer avant huit jours. Ceux que
leurs affaires contraindraient à dépasser ce délai seraient obligés d'en faire la
déclaration au commandant en chef ou à l'intendant, 8c ne seraient admis
chez eux qu'en présentant un certificat.
Des précautions non moins rigoureuses étaient ordonnées pour empêcher
l'introduction en Languedoc des Français appartenant aux autres provinces
61 des étrangers. Les Français devraient se munir de laisser-passer des gou-
verneurs, intendants ou juges du lieu de leur résidence, & les étrangers, de
passeports délivrés par les ambassadeurs ou résidents du roi. Quant à ceux
que l'on arrêterait en Languedoc, dépourvus de pareils certificats, ils seraient
d'office assimilés aux fanatiques 81 révoltés, conduits au sieur de Bâville 81
punis de mort.
Ces menaces, dont l'application était destinée à faire beaucoup de victimes,
n'auraient pu être efficaces qu'à la condition de s'exécuter à la fois sur tous
les points, 8t si les forces royales s'étaient trouvées assez nombreuses pour
exercer une telle surveillance dans le moindre village, il n'aurait pas été
nécessaire de la prescrire.
Aussi l'effet d'intimidation que l'on avait cherché à produire fut-il absolu-
ment nul.
Il semblait même que l'arrivée du maréchal de Montrevel 6c l'annonce de
nombreux renforts eût redoublé l'ardeur guerrière des Cévenols; car, depuis
quelques jours, on signalait de tous cotés de nouveaux méfaits.
Un de leurs coups de main qui firent le plus de bruit fut l'occupation du
village catholique de Fraissinet de Fourques, situé dans le bassin supérieur
du Tarnon, sur le flanc oriental du Causse. Les insurgés reprochaient aux
habitants de ce lieu d'avoir commis divers excès contre les protestants du
canton, 8c particulièrement contre des filles surprises au retour des assem-
blées. Sous prétexte de venger ces injures, les camisards qui, le lo février,
ses soldats enlerirent à Ganges; mais Court de & l'afTaire de Ganges n'est que du ^ mars lyoS.
Gébelin a trouvé le sobriquet employé dès le mois Court expliquait le mot par l'expression militaire
de décembre 1702, dans un journal manuscrit, & de camisade, usitée pour désigner les surprises
dans l*t nouTcllei publiqun If 6 janvier tuiTant, nocturnes.
170J
—^ 784 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
avaient brûlé l'église Se la maison curiale de Vébron, Se prêché publiquement
au milieu d'une grande réunion, attaquèrent Fraissinet de Fourques douze
jours plus tard, sous le commandement de Castanet. La bande partie tle
Vébron, où elle coucha par billets de logement chez les habitants, comme
une troupe régulière, se présenta devant Fraissinet vers midi St somma, de
la part de Dieu, les deux corps de garde d'avoir à déposer les armes. Comme
dans tous les centres de population des Cévennes, quelques précautions mili-
taires avaient été prises par ordre du commandant en chef 8c de l'intendant'.
Le poste catholique, se faisant sans doute illusion sur la force de ces petits
travaux défensifs, essaya de soutenir la lutte & répondit aux sommations par
des coups de fusil. Castanet mit alors le feu à toutes les maisons Se passa au
fil de l'épée les habitants qui eurent le malheur de se trouver sur son che-
min. On a raconté plusieurs épisodes saisissants du sac de Fraissinet. Une
mère, en essayant de protéger son fils contre la férocité d'un camisard, se
coupa elle-même les doigts en saisissant à pleines mains, pour la détourner,
l'épée du sicaire Se périt du même coup qui transperça son enfant*. Une
femme enceinte de huit mois fut éventrée, St la créature incomplète qu'elle
portait dans son sein clouée sur la pointe d'un piquet-^. En se compliquant
de ressentiments personnels Se de haines de village, la guerre prenait de plus
en plus un caractère de sauvagerie qui défie souvent toute expression.
Les esprits étaient tellement égarés par le tableau de ces violences Se par
la terreur générale, qu'on voulait voir dans les actes criminels des camisards
l'exécution d'un plan d'extermination des catholiques. Se l'imagination dévoyée
en trouvait parfois d'étranges preuves. Quelques monnaies de billon suédoises
avant été trouvées dans les poches d'inconnus suspects, venus de Hollande Se"
arrêtés au bac de Roquemaure, on se mit en tête que les flèches en sautoir
qui figurent sur ces pièces marquaient un projet d'immolation, dressé à La
Hâve, que les animaux chimériques du blason royal de Suède avaient une
signification non moins homicide. Se l'on découvrit dans les initiales c. r. s.
'Carolus Rex Sueciae) une invitation au meurtre des papistes : Christiani
Romanos sacrïficate, tandis que la légende également inoffensive du revers
aurait donné le même conseil sous une autre forme : Juvenes offerte verae
religionï sacrificium magnum. De graves commentaires furent consacrés à
■ Louvreleuil raconte que, dans sa paroisse de ravelins, les courtines, les portes, les herses, les
Saint-Germain de Calberte, on avait employé les fossés, les fausses braies, les murailles, les tours,
habitants à faire des barrières, des fossés, des re- '« remparts, les parapets, les guérites; on fit une
tranchements, & d'autres ouvrages de pierre & de provision abondante de poudre, de balles & de
bois, à l'entrée & aux endroits les plus faibles de lusils »
leur bourg". ' Mémoire de Vahhé Mingaud.
Quelques lignes plus haut, il énumère, avec un ' C°"''' ^' Gébelin désigne l'auteur de cette
grand luxe de termes techniques, les précautions ""^uté, qui était originaire de Meyrueis. La vic-
que l'on prit à Mende : ''"'* ^'^'' f""™' d'un lieutenant de milice bour-
,, r\n w,;. o« i,«„ '. . 1 . 1 geoise, nommé Antoine Mazauric '.
« un mit en bon état les contrescarpes, les ° '
■ Le fanatisme renouvelé, I, p. 65. ' H's'<"><? </« camisards, I, p. i85.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. nSB T
' 1703
cette numismatique imaginaire 81 contribuèrent à maintenir dans l'opinion
publique des erreurs peu favorables au rétablissement de la paix'.
On n'avait pas besoin d'ailleurs de forger des chimères pour justifier l'in-
quiétude universelle : les réalités suffisaient. La guerre de représailles mul-
tipliait partout les ruines. Malgré la sauvagerie de leurs procédés ordinaires,
les camisards étaient même parveniis à constituer une sorte d'organisation
militaire assez bien réglée, calquée sur le modèle des troupes du roi. Ils
avaient des agents spéciaux chargés des approvisionnements de matériel 81
de vivres. L'ensemble des forces était divisé en brigades de quarante hommes
auxquels leurs chefs faisaient les répartitions de subsistances, de vêtements 8t
d'armes, après en avoir eu livraison de la main des trois préposés Jonquet,
Claris 8c Gui. Tous ces approvisionnements, obtenus par voie de réquisi-
tion ou enlevés par violence dans les maisons des prêtres, des officiers de
bourgeoisie & des anciens catholiques, se concentraient au fond de magasins
naturels, soigneusement dissimulés dans les creux des rochers ou dans les
forêts.
Les achats de poudre se faisaient un peu partout dans la Province, grâce
à la connivence d'amis déguisés. Plus d'une fois aussi, les correspondants
grossirent ces approvisionnements en corrompant des soldats du roi. On en
vit quelques-uns payer de leur tête cet acte de vol 8<. de trahison. Mais
comme ces divers moyens ne suffisaient pas, les camisards finirent par établir
de vrais ateliers de fabrication. Ils recueillaient le salpêtre dans les caves 8c
les souterrains; les saules qui couvrent les berges des cours d'eau dans toutes
les vallées basses, leur donnaient une provision inépuisable de charbon; 8c
ils n'avaient qu'à se procurer le soufre dans les villes par l'entremise de leurs
affidés. La mobilité de ces ateliers, qu'il fallait pouvoir soustraire rapidement
aux perquisitions des troupes royales, interdisait l'usage d'appareils fixes 8c
condamnait les poudriers aux procédés les plus rudimentaires, les plus longs
8c les plus dangereux.
La pulvérisation s'opérait à la main, dans des mortiers, avec de simples
pilons; le séchage se taisait au soleil, sur une aire bien battue ou sur le
sommet de quelque montagne. Quand le produit semblait propre à sa desti-
nation, il était enfermé dans des barrils ou dans de petits sacs de toile, 8c
voiture fort secrètement jusqu'au fond des cachettes que l'on avait choisies.
Quant à la fabrication des balles, qui était très-active, la matière première
ne coûtait guère. La plomberie des maisons 8c des églises en faisait les frais;
on jetait aussi à la fonte la vaisselle d'étain que les maraudeurs avaient
enlevée dans les habitations.
Les ambulances étaient, comme les magasins d'approvisionnement, cachées
au cœur des forêts ou dans des cavernes; une foule d'infirmiers volontaires
en faisaient le service, 8c comme le sort des blessés inspire une compassion
■ Court de Gébelin, I, p. i85. Voir aussi Mis- tout ce jai regarde l'état extraordinaire des Cévenols,
son, Mélange de littérature kiitori^ue & criti<juc sur appelés Camisards. Londres, Candide Alethin, 1707.
xin. 5o
~^ — 786 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
particulière, on n'avait point de peine à obtenir dans les villes, auprès des
coreligionnaires, des secours en nature ou en argent.
Nous avons déjà exposé en quoi la guerre des camisards différait de toutes
les luttes religieuses antérieures qui ont désolé la jnême région. Le foyer de
la résistance était au désert, comme les assemblées & les prêches. Durant
tout le cours des hostilités, les Cévenols n'ont pas possédé une seule place,
fût-ce même une bicoque, 8c les occupations momentanées qu'ils firent de
quelques-unes n'avaient qu'un but de vengeance ou de rapine. Certes, à
divers moments de la lutte, il n'eût pas été difficile aux insurgés de s'établir
fortement dans l'un ou l'autre de ces petits bourgs féodaux où leurs pères
avaient si longtemps combattu 8t où la population était à peu près exclusi-
vement réformée. La prudence avec laquelle ils évitèrent une tentation si
naturelle, celle de conquérir des places, nous paraît être un des plus forts
arguments qui démontrent l'intervention étrangère dans les affaires des
Cévennes ou du moins l'action d'hommes supérieurs, en connaissances mili-
taires, aux chefs avoués de l'insurrection. De simples soldats, qui ne connais-
saient du service que le détail, pouvaient bien copier avec plus ou moins
d'exactitude, dans leurs brigades, ce qu'ils avaient vu pratiquer au régiment,
commander l'exercice, faire des revues, ordonner des réquisitions, distribuer
des billets de logement, représenter en un mot une parodie à peu près com-
plète des armées du roi. Mais la pensée stratégique, d'où venait-elle? Est-ce
uniquement par intuition de bon sens que les Cévenols évitèrent de « se
mettre « ensemble pour en finir»? comme le regrettait naïvement le comte de
Broglie, ou bien faut-il croire que des instructions positives leur avaient été
données, 8c que les principaux chefs exécutaient un plan de campagne pré-
paré pour eux 8c merveilleusement approprié à la nature du terrain? Les
récits épisodiques multipliés par les historiens à l'occasion de cette triple
campagne ont peut-être empêché de dégager clairement l'idée directrice. Les
uns n'ont vu que des assassinats, les autres, des prodiges opérés par le Saint-
Esprit en faveur de héros chrétiens, d'autres encore, des services rendus par
Satan aux plus abominables hérétiques. Cette manière trop restreinte ou trop
idéale d'envisager les faits ne rend raison de rien.
Nous avons démontré comment les succès partiels des camisards s'expli-
quaient, sans aucune action surnaturelle, par la supériorité du nombre 8c
par la qualité des troupes qu'ils combattaient. Cela écarte toute idée de
miracle dans la prolongation de la lutte. Mais le talent d'opposer partout des
forces supérieures à l'ennemi, est, en fin de compte, le dernier mot de l'habi-
leté stratégique; 8c il est difficile d'admettre que les petites troupes, opérant
à propos, d'une extrémité des Cévennes à l'autre, sous la direction de chefs
particuliers fort obscurs, eussent assez bien réussi à concerter leurs mouve-
ments pour mettre en défaut des officiers expérimentés, si le principe même
des opérations n'avait pas été arrêté par un homme sachant la guerre. Autant
nous jugeons absurdes les rêveries de certains historiens sur une prétendue
conspiration protestante 8c sur le projet de faire une Saint-Barthélemv de
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 787
catholiques, autant il nous paraît rationnel de penser que, dans un but
purement politique, les chefs militaires des puissances européennes alors en
guerre contre la France ne dédaignèrent pas daider de leurs conseils les
insurgés des Cévennes, 8c qu'à défaut des armées dont Brousson préparait
autrefois l'itinéraire, ils assistèrent d'avis utiles une insurrection dangereuse
pour la puissance de Louis XIV, & secondèrent l'inspiration des prophètes.
On s'est, croyons-nous, dans cette affaire, un peu trop préoccupe de la mise
en scène 8c du merveilleux, Se pas assez de la vraisemblance.
La première occasion qu'eut le maréchal de rencontrer les rebelles lui
montra que son arrivée ne leur faisait point perdre courage : car c'est à deux
lieues seulement de Nimes qu'ils s'étaient aventurés. Le but de cette pointe
audacieuse faite par Ravanel, le 20 février, était de compléter quelques appro-
visionnements. Un détachement de dragons 5c de soldats de marine, qui bat-
tait le pays, ayant aperçu trois ou quatre cents hommes dans les environs de
la Calmette, au milieu des coteaux qui bordent la rive droite du Gardon,
dépêchèrent à la hâte un cavalier au maréchal. Celui-ci jugea que l'honneur
du commandement l'obligeait de punir en personne cette bravade, fit monter
à cheval toute la noblesse. Se, prenant avec lui le régiment de Fimarcon 8c
quelque infanterie, se porta rapidement au nord de la ville. L'engagement
eut lieu dans les collines boisées du bord de l'eau, à l'est de Dions St de la
Calmette, près d'une ferme appelée le Mas de Seirières. Enveloppés par les
dragons qui les attaquaient de plusieurs points à la fois, les camisards firent
bonne contenance, 8c, après deux charges infructueuses, battirent en retraite
8c réussirent à regagner les Cévennes, non sans laisser une centaine de morts
sur le terrain '.
Du reste, presque tous les combats qui se livrèrent alors prêtèrent à des
appréciations très-différentes. Il n'y avait jamais d'action décisive, 8c, comme
les insurgés ne gardaient point de positions fixes 8c que, vainqueurs ou
vaincus, ils finissaient toujours par disparaître au fond des bois, leur vrai
quartier général, le pays ne savait guère ce qu'il devait penser de l'événe-
ment.
Nous n'énumérerons pas ici les épisodes insignifiants de cette lutte qui se
prolongea pendant plusieurs mois, sans rien changer à l'état général des
affaires 6c sans diminuer la terreur publique.
La Cour, après avoir traité fort légèrement l'insurrection des Cévennes,
commençait de s'en alarmer 8c demandait de tous côtés des rapports confiden-
tiels sur la situation. Bâville lui en faisait un tableau très-sombre^. Il admet-
tait que le mal avait toute chance d'empirer; pas un gentilhomme nouveau
converti ne prêtait la moindre assistance. Ils demeuraient tous enfermés dans
les villes, n'ayant de rapports qu'entre eux 8c paraissaient attendre quelque
grande révolution. Le Vivarais 8c le haut Languedoc ne bougeaient pas,
' Court de Gébelin, I, p. 190. — Lettres choisies toujours même contradiction, en ce qui concerne
Je M. Fléchier, I, p. 222. — Brueys, II, p. 41. — le chiflrc des pertes.
Le» témoignages des divers historiens présentent ' Pièces justificatives, n. DCLIX, col. 1700.
'7
o3
-^^ 788 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
mais l'inquiétude y était générale; peut-être l'explosion se ferait-elle au prin-
temps, quand les armées rentreraient en campagne. L'intendant prétendait
que l'insurrection pourrait disposer au besoin de cinquante mille hommes en
état de porter les armes. Les promenades militaires &. les petits combats ne
décidaient rien. A peine une troupe avait-elle été battue qu'on en voyait
surgir sept ou huit autres sur des points différents, &, dans vingt-quatre
heures, les vides causés par le feu se trouvaient comblés, grâce à d'incessantes
recrues. Bâville n'était pas moins frappé de l'aisance avec laquelle on rem-
plaçait les chefs morts sur le champ de bataille ou sur la roue. Dans toute
action un peu meurtrière, il avait péri quelque prophète ou quelque officier;
mais ni les prophéties, ni le commandement n'en souffraient.
Une autre cause d'alarmes était la disposition des anciens catholiques.
Bâville la jugeait peu sûre. Ils se trouvaient excédés par les charges fiscales
Se profiteraient peut-être des malheurs de la guerre pour ne point payer. On
signalait de tous côtés de grands embarras dans la levée de la capitation. Si
le soulèvement se prolongeait, la perception des impôts deviendrait imprati-
cable.
Le théâtre de la guerre était sans doute restreint, si l'on s'en tenait aux
lieux fréquentés ordinairement par les rebelles, mais autour du pays com-
battant, l'intendant constatait l'esprit de révolte dans une vaste zone. L'occu-
pation militaire des villes protestantes était indispensable, si l'on n'y voulait
voir les catholiques exposés aux plus sanglantes représailles.
On ne devait donc pas traiter le mouvement cévenol comme une mutinerie
sans conséquence, ni comme le fait de paysans indisciplinés. Il y avait une
direction à l'étranger & des opérations concertées habilement.
Le ministre n'en viendrait à bout que par l'envoi de forces considérables,
dont Bâville indiquait lui-même l'emploi. Il demandait huit bataillons pour
garder les villes de Nimes, Alais, Uzès, Saint-Hippolyte, Anduze, le Vigan,
les Vans & Saint-Jean du Gard; deux bataillons pour opérer dans la Vau-
nage ou sur la côte d'Aigues-mortes; deux bataillons pour surveiller la rive
gauche du Gardon 8t le bord du Rhône entre le Cèze & l'Ardèche; deux
bataillons pour agir dans les montagnes d'Alais 81 dans le bassin supérieur de
l'Hérault; enfin un bataillon pour tenir le pays entre le Pompidou & Florac.
L'intendant insistait sur la nécessité d'avoir beaucoup d'espions : c'était la
seule manière d'être averti du mouvement des rebelles & de parvenir à les
surprendre. Il ne croyait pas à l'utilité d'une forte artillerie contre des bandes
qui combattaient en ordre dispersé; mais il pensait que six petits canons
tirés de l'arsenal de Perpignan pourraient rendre quelques services. Les
approvisionnements de poudre seraient assurés par les achats commandés
dans le comtat d'Avignon; mais il était important de faire venir du plomb
de Marseille & de Bordeaux'.
Le combat de Pompignan, qui se donna le 6 mars, deux jours après l'exé-
' Pièces justiftcativss, n. t>CL\l, col. \6()2.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 780 T
' ■' 1703
cution du camisard Rastelet, major général de l'armée insurrectionnelle,
causa quelques illusions dans la Province, parce que les bandes de Roland
8c de Cavalier y subirent un échec sérieux. Elles venaient de commettre
divers dégâts dans les Cévennes occidentales & de se ravitailler dans la petite
ville de Ganges, brûlant en chemin plusieurs églises 8c tuant des individus
isolés, lorsqu'elles tentèrent une attaque contre le village catholique de Pom-
pignan, où elles comptaient augmenter leurs approvisionnements d'armes. Le
maréchal apprit, à Saint-Hippolyte, que les Cévenols rôdaient sur les hau-
teurs de Ferrières 8c se proposaient de brûler Pompignan. Il feignit d'emme-
ner tout son monde vers le Vigan 8c prescrivit à MM. de Paratte 8c de la
Haye un mouvement de convergence sur le village menacé. Paratte gagna
parClaret les bois qui dominent la plaine de Pompignan, y plaça son infan-
terie &c ses miquelets, tandis que la Haye, arrivant droit de Saint-Hippolyte,
s'apprêtait à couper la retraite. Cavalier, qu'une maladie écartait momenta-
nément des champs de bataille, ne put prendre part à l'action, où ses lieute-
nants Catinat 8c Ravanel donnèrent des preuves de vaillance. On combattit
plusieurs heures avec beaucoup d'acharnejnent ; mais la troupe de Roland
étant tombée dans une embuscade y fit de grandes pertes 8c entraîna la
déroute générale. Les fuyards se dérobèrent à la faveur des bois 8c gagnè-
rent la haute montagne.
Le bruit courut, à la suite de ce combat, que l'un des principaux chefs de
l'insurrection y avait trouvé la mort. Montrevel annonça au ministre que le
fameux « comte Roland » venait d'être reconnu parmi les cadavres, nouvelle
dont l'inexactitude ne tarda pas d'être démontrée. Depuis qu'il exerçait le
commandement supérieur des camisards, l'ancien dragon, neveu de Laporte,
s'attribuait le titre de comte', afin sans doute d'augmenter son prestige sur
l'imagination des Cévenols, que dominait encore le souvenir de la puissance
féodale. Ce titre, que Roland portait avec aisance, ayant mine de gen-
tilhomme, ennoblissait la légende qui commençait à se faire autour de son
nom 8c obtenait grand succès en Angleterre. On y racontait que le chef
cévenol était un seigneur catholique, ancien colonel des armées du roi, qui
avait pris à cœur la cause des réformés, dans un emportement d'indignation
généreuse, 8c qui se faisait le champion des persécutés.
Comme la ville de Ganges avait accueilli les camisards à bras ouverts,
égorgé 8c jeté dans la rivière un détachement du régiment de la marine 8c
fourni plusieurs recrues aux rebelles, Montrevel s'y rendit en personne, y
établit des dragons chez les habitants 8c fit pendre, au milieu de la place,
quatre hommes de la ville qui étaient du nombre des prisonniers.
Il se dirigea ensuite sur le Vigan, pour y installer un poste considérable*.
■ Court de Gébelin (I, p. 171) cite, d'après La que vous ayez à congédier dans trois jours tous
Baume, le texte d'une lettre adressée par Roland les prêtres & les missionnaires qui sont chee
aux habitants de Saint-André de Valborgne : tous, sous peine d'être brûlés tout vifs, vous &
II Nous comte 81 seigneur Roland, généralis- eux. »
«ime des protestans de France, vous ordonnons ' On trouvera aux P/«« /ujti/îfatiV«j n. DCLX,
i7o3
700 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Dès le milieu de février 1708, les Etats généraux de Hollande s'étaient
occupés dans leurs délibérations secrètes, des troubles qui désolaient le Lan-
guedoc. La lettre d'un inconnu, sur les affaires des Cévennes, qui avait été
adressée à cette assemblée, donna lieu à diverses communications au gouver-
nement anglais, par l'intermédiaire de l'ambassade néerlandaise'.
Un peu plus tard, 81 tandis que Montrevel &. Bâville faisaient une tournée
à travers les montagnes & que Julien, poursuivant inutilement les camisards,
noyait les provisions de blé &. de châtaignes qu'il trouvait dans les habita-
tions du haut pays, & faisait répandre le vin à terre, afin d'enlever toute
subsistance aux révoltés, deux écrits parurent en Hollande, sans nom d'au-
teur, avec l'intention évidente d'appeler les sympathies de l'Europe sur le
soulèvement des camisards. La coïncidence de ces publications avec les pour-
parlers secrets du gouvernement britannique 8c de l'ambassade hollandaise
ne permet pas de douter qu'elles ne fussent destinées à préparer l'opinion en
faveur d'une intervention déclarée. C'étaient de ces mémoires officieux que
les diplomates ne dédaignaient pas de mettre en circulation, quand ils vou-
laient rendre une question populaire &c créer une sorte de pression morale.
Le premier de ces documents était un encouragement aux puissances
maritimes d'Angleterre Si de Hollande à prendre en considération l'affaire
des camisards 8<. à soutenir la révolte par une intervention armée. L'écrivain
faisait ressortir avec un grand luxe de développements historiques, les avan-
tages militaires des positions dans les Cévennes 81 la facilité qu'aurait un
officier habile, avec cent hommes, à en battre des milliers. Il exaltait la bra-
voure des Cévenols, leur intrépidité au feu, leur adresse au tir, leur expé-
rience du service dans les armées régulières, où la plupart d'entre eux avaient
passé, le nombre de leurs officiers. 11 rappelait les faits de guerre dont l'his-
toire de ces montagnes était semée, 8c les mémorables campagnes du duc de
Rohan qui, avec de faibles effectifs, mais un talent merveilleux d'utiliser h:s
qualités du terrain, avait tenu en échec les armées de Louis XHL II ne
négligeait pas non plus de rendre les Cévennes chères à tous les peuples
réformés, en célébrant ce pays comme une sorte de terre sainte où les apôtres
de la réforme avaient commencé leurs prédications. C'était, disait-il, dans une
caverne de ces montagnes, au-dessous du hameau d'Aigladine, dans la vallée
du Gardon de Mialet, que quatorze ou quinze ministres, chassés des villes
par les soldats du comte de Villars, avaient tenu, en i56o, le premier synode
protestant & s'étaient partagé la mission évangélique dans le bas Languedoc,
le Vivarais, le Gévaudan 8c le Rouergue. Il signalait la profusion des noms
lie saints dans la géographie cévenole, pour y chercher une preuve de l'esprit
envahissant de l'Église romaine, 81 enfin, il citait l'exemple des Vaudois, qui,
col, 1705, le rapport de Montrevel sur ces opéra- nes^ mededeellng ann Je Amh. în Engeîand. — Nous
tiens, daté du Vigan le 9 mars lyoj. devons la communication de ce renseignement à
' Archives du royaume des Pays-Bas. Secrète l'obligeance de M. P. Th. C. Van den Bergh, ar-
Resolutien der Statcn Generaal. \-i fehr. lyoS. iWiî- chiviste général du royaume des Pays-Bas, à La
sivc van e'in onèekinde over de Zaken van de Seven- Haye.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 791
trois ans £<. demi après avoir été chassés de leurs vallées, y étaient rentrés
en 1689, sous la conduite du ministre Arnaud 8t d'un simple potier de terre.
La conclusion était de nature à soutenir le courage des insurgés. En voici
les termes :
« Aujourd'hui que la Providence met les armes à la main des réformés des
« Cévennes, après avoir essuyé, pendant dix-sept ans, la plus cruelle & la
« plus barbare persécution qui se puisse imaginer, & qu'il paroît que la
« résolution Si l'intrépidité de ces gens-là déconcertent leurs ennemis, il faut
« espérer que Dieu qui peut, avec peu comme avec beaucoup, combattra
« pour eux, comme il fit autrefois pour les Macchabées, & comme il l'a fait,
« de nos jours pour les Vaudois; & qu'il les conservera dans leur pays,
« malgré tous ces préparatifs de guerre, 81 ce grand nombre de troupes
« réglées dont on les menace. »
Le second écrit pouvait passer pour un manifeste des camîsards justifiant
leur prise d'armes. Les rédacteurs de cette pièce représentaient les protestants
des Cévennes comme les sujets les plus fidèles 81 les plus attachés au service
du roi. Ils rappelaient qu'en i632 le duc de Montmorency, agissant au nom
de Gaston d'Orléans, avait échoué dans ses tentatives de corruption. Vaine-
ment s'était-il engagé à rendre aux réformés de Languedoc leurs anciennes
places de sûreté & l'accès à toutes les charges de l'Etat, suivant les prescrip-
tions de l'édit de Nantes, aucune de ces promesses n'avait pu les résoudre à
s'écarter du devoir 8c à trahir leur légitime souverain. Sans la constance iné-
branlable dont ils firent preuve, la guerre civile se serait rallumée dans ces
dangereuses montagnes 8c propagée peut-être à travers tout le royaume. On
n'avait pas montré moins de loyauté 81 de bon sens à l'époque des guerres de
la Fronde. Toutes les intrigues du prince de Condé, appuyé par quelques
puissants seigneurs, celles du duc d'Orléans, gouverneur de la Province, 8<.
du comte d'Aubijoux, son familier, étaient demeurées impuissantes^ 8< quoique
leurs émissaires n'eussent rien négligé pour acheter l'adhésion des Cévenols,
leur offrant de rebâtir leurs murailles démolies par Richelieu, 8t de les faire
rentrer en possession du consulat, dont on les avait dépouillés malgré les
édits de pacification, ils s'étaient tenus fermement attachés à la cause royale.
La paix des Pyrénées avait ouvert l'ère des persécutions. D'après les auteurs
du manifeste, les moines se seraient vantes hautement que cette paix n'était
conclue qu'en vue d'avoir une plus grande liberté d'action contre les protes-
tants & de les anéantir. Suivait un tableau très-noir des traitements essuyés
par les religionnaires. Cette description, composée évidemment en vue de
frapper les imaginations 8< d'exciter des sentiments d'horreur, énumérait une
foule de supplices invraisemblables : gens pendus par les cheveux ou par les
pieds aux planchers des chambres ou aux crochets des cheminées, enfumés
avec des bottes de foin mouillées, jetés dans de grands feux 8< retirés à demi-
rùtis, plongés dans des puits d'où ils sortaient h moitié noyés, roués de coups
de bâton, privés de sommeil pendant des semaines entières, soit en leur jetant
des aiguières d'eau sur le visage, soit en leur tenant sur la tête des chaudrons
1703
—^ 792 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
renversés où l'on faisait un continuel charivari; tambours battant la caisse au
chevet des malades; épilateurs arrachant les cheveux 81 les barbes; femmes
ou filles violées sous les yeux de leurs parents attachés aux colonnes de leurs
lits; prisonniers lardés d'épingles ou enflés avec des soufflets jusqu'à crever.
Toutes ces atrocités, empruntées pour la plupart aux légendes des martyrs,
n'étaient, suivant l'avocat des camisards, qu'un « échantillon des terribles
« prodiges de fureur » dont on les avait accablés.
« Jamais, disait-il, l'enfer dans les plus rudes persécutions, n'inventa & ne
« se servit de moyens si diaboliques & si barbares que ceux dont les dragons
« Si les moines qui les conduisoient se sont servis pour nous détruire. »
La révocation de l'édit de Nantes & toutes ses conséquences étaient ensuite
racontées dans le même langage; naturellement, les actes de violence commis
par les camisards, les incendies Si les meurtres qui désolaient la Province
étaient passés sous silence ou dissimulés par des euphémismes.
Après avoir exposé les mesures prises pour empêcher l'émigration, les arres-
tations de malheureux envoyés aux galères ou détenus dans les prisons d'Etat,
l'embarquement de transportés destinés à vivre dans les colonies américaines,
81 le naufrage du premier vaisseau dans les parages de la Martinique, l'au-
teur ajoutait : « puisqu'on employoit la force des armes pour nous détruire,
« sans que nous eussions rien fait pour nous rendre coupables d'aucun crime,
« nous avions aussi un droit incontestable d'employer les armes pour notre
« légitime défense, 81 d'opposer la force à la force, qui est un droit de la
« nature autorisé par les lois divines 81 humaines. »
Cependant, on avait longtemps balancé; on se cachait dans les bois Si dans
les cavernes, où « quelques bons personnages, pleins de piété, sans lettres 81
« sans études, comme les Apôtres de Jésus-Christ, donnoient des consola-
« tions dans les maisons ou dans les cavernes. C'étoient des gens simples,
« cardeurs, tisserans 81 maîtres d'école, dont les peuples se montroient édi-
« fiés »
Le manifeste racontait ensuite, en le dénaturant, l'assassinat de l'abbé du
Chayla, ainsi que la prise d'armes générale qui avait accompagné cet événe-
ment, 81 se terminait par la déclaration suivante : « Ce n'est point ici une
« révolte ni une rébellion des sujets contre leur souverain. Nous lui avons
V été toujours soumis 8c fidèles, 81 on a vu pendant tout le traitement qu'on
« nous a fait, une obéissance si profonde, qu'elle a été en admiration à toute
« la terre; mais c'est un droit de la nature qui nous oblige en conscience de
« nous armer, pour repousser la force; autrement nous serions complices de
« nos propres malheurs, traîtres à nous-mêmes, 81 à notre patrie.
« Nous savons que notre pauvre France est désolée 81 ruinée dans toutes
•!( ses provinces; que les peuples y crient 81 gémissent [sous l'oppression, 81
<( que la justice 81 la bonne foi en sont bannies. Nous ne voyons plus par-
ti tout que violences, 81 nous ne savons ceux qui gouvernent la France; nous
« n'y comprenons plus rien; car jamais un bon Roi, comme le nôtre, n'a
« pris plaisir à détruire ses sujets innocens, ni à les pendre 81 à les massacrer,
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 798
« parce qu'on les trouve priant Dieu dans leurs maisons, ou dans des trous
« de la terre. Peut-on inspirer à un roi la résolution de devenir l'ennemi
" d'un peuple, dont il avoit juré qu'il seroit le père & le protecteur 1
« Nous voyons tous les préparatifs de guerre qu'on fait contre nous, 8c
« que le maréchal de Montrevel nous menace d'un grand nombre de troupes
« réglées, pour nous détruire. Notre résolution 8t notre intrépidité a, jusques
<c à présent, déconcerté nos ennemis; nous ne serons point épouvantés de leur
« grand nombre, nous les poursuivrons partout, sans pourtant faire du mal à
« ceux qui ne nous en veulent point; mais nous ferons de justes représailles
« contre les persécuteurs, en vertu de la loi du talion, ordonnée par la
« parole de Dieu & pratiquée par toutes les nations du monde 8c nous
« ne mettrons jamais bas les armes, que nous ne puissions professer publi-
« quement notre religion, pour faire revivre les édits 8c les déclarations qui
« en autorisoient le libre exercice'. »
Tandis que la publication de ces manifestes entretenait les espérances des
révoltés, Montrevel ne négligeait rien pour stimuler la bonne volonté des
gentilshommes protestants. Il commençait à mettre en doute la possibilité de
réduire la sédition par des faits de guerre Se par la seule puissance des troupes
du roi. Se n'était pas loin de juger les expédients plus utiles que les victoires.
En exhortant la noblesse nouvelle convertie des six diocèses atteints par la
guerre à rentrer dans ses châteaux pour y user de son influence dans un
esprit de pacification, il s'engageait sur l'honneur à pardonner tous les
rebelles qui viendraient, avec leurs armes, se remettre entre les mains de
leurs seigneurs. Il conseillait aussi à ces gentilshommes de concentrer dans
leurs maisons-fortes tous les approvisionnements nécessaires à la subsistance
de leurs vassaux, afin d'empêcher les réquisitions forcées qui entretenaient
l'abondance parmi les bandes rebelles, 8c il offrait, pour défendre les châ-
teaux, les secours en hommes qu'on lui demanderait. Afin de mieux disposer
son auditoire, le maréchal faisait même une concession dont les dévots de la
Cour se seraient montres fort scandalisés : la question, disait-il, avait cessé
d'être religieuse. Sans doute, il aurait préféré voir tous les Français catho-
liques; mais il ne prétendait contraindre personne, 81 désirait seulement que
l'on fût fidèle au roi ^.
Il y avait, dans cette déclaration, une lueur de sagesse, &i comme un
prélude du système qui devait plus tard être adopté; mais le maréchal, assez
intelligent pour comprendre où était le nœud de la difficulté 8c pour indiquer
le moyen de la trancher, n'avait ni assez de suite dans les idées ni assez
d'énergie pour mettre à exécution une théorie aussi judicieuse, 8c ses éclairs
de bon sens furent bientôt obscurcis par les emportements 8c la terreur du
haut personnel ecclésiastique 8c militaire dont il subissait la pression.
D'ailleurs, la noblesse protestante avait singulièrement compromis son
prestige aux yeux des populations rurales, par la docilité avec laquelle elle
' Court de Gébelin, 1, p. 218, ' Court de Gibelin, I, p. 229.
1703
-^ — 794 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
s'était résignée h jouer la comédie de la conversion générale ou même à
quitter franchement 8i sans arrière-pensée la religion de ses pères. Cette
noblesse, traitant les matières de religion d'une autre manière que les prédi-
cants des Cévennes, éprouvait une véritable horreur pour les incendies, les
massacres & autres atrocités iournellement commises par les bandes mon-
tagnardes. Elle partageait les idées exprimées avec beaucoup de vigueur dans
une lettre synodale que plusieurs ministres protestants avaient rédigée 8c qui
flétrissait les crimes sans aucun ménagement.
Reprocher aux insurgés des Cévennes d'avoir dans leurs rangs « des incen-
« diaires Si des meurtriers, » tels qu'on n'en voyait pas parmi les infidèles &
les idolâtres, d'y tolérer « des filles libertines travesties en garçons, contrefai-
« sant les fanatiques d'Ecosse, » 5c des troupes de furieux, se vantant d'être
inspirés du Saint-Esprit 8c de professer la religion réformée, tout en courant
chaque nuit, le fer 8c le feu à la main pour se venger de leurs ennemis; dire
aux prétendus enfants de Dieu qu'en approuvant les folies de « ces nouvelles
« bacchantes 8c de ces furieux, » ils profanaient « les choses saintes par une
« fiction sacrilège, déshonoroient la foi protestante 8c l'exposoient aux médi-
« sances de toutes les nations » n'était guère une recette assurée pour recon-
quérir quelque autorité sur les montagnards.
Aussi la noblesse, comme la haute bourgeoisie des villes, dépourvue de tout
crédit, fut-elle absolument impuissante à remplir le rôle que Montrevel lui
destinait. La distinction que l'on essayait d'établir, dans la lettre synodale,
entre l'exercice du culte public, laissé à la discrétion du pouvoir civil, 8c les
assemblées privées, faites dans les maisons, sans convocation générale, sans
bruit 8c sans tumulte, à l'imitation des premiers chrétiens, ne pouvait tou-
cher des enthousiastes rêvant le rétablissement des temples. Ils s'imaginaient
renouveler les exploits du peuple juif contre les infidèles, 8c servir la cause
de Dieu par des massacres, ainsi que les Livres hébraïques en donnaient
plusieurs exemples, 8c leur synode disait :
« Que vous êtes éloignés de la conduite de Jésus- Christ, malheureux
« incendiaires, cruels meurtriers, hommes sanguinaires, femmes 8c filles
« aveuglées par le démon d'orgueil 8c par la langue de malice! Que vous
« savez mal de quel esprit vous devez être animés, vous qui portez, contre les
« règles de la charité l'épée Se le flambeau chez vos ennemis 8c même chez
« des personnes qui ne vous ont fait aucun mal... Craignez l'accomplisse-
« ment de la prédiction du Fils de Dieu qui porte : que ceux qui se servent
« du glaive périront par le glaive ' ! »
Deux jeunes gentilshommes nouveaux convertis, MM. de Cadoine 8c de
Cabiron, s'étant décidés, d'après le conseil de Montrevel, à regagner leurs
domaines, dans le territoire de Saint-Étienne de Valfrancesque, furent ren-
contrés par la troupe de Roland près du pont de Salindres. Le premier par-
■ Loiivieleiiil publie (1. I, p. 127) le texte de la vennes, « d'où nous avons extrait les divers pas-
lettre pastorale d'un synode « aux fidèles des Ce- sages cités
LIV, III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 796
vint à se sauver; quant k l'autre, dont le père avait, paraît-il, déployé
beaucoup de zèle pour la défense de son village, on le retint, 8< le traite-
ment qu'on devait lui faire subir fut assez longuement débattu. Il était fort
jeune, 8c sa physionomie douce inclinait déjà les Cévenols à l'épargner, quand
une prophétesse, tombant à terre avec force convulsions, fît entendre un cri
terrible, puis, s'étant relevée, prononça la sentence de mort. « L'Esprit-Saint,
« dit-elle, vouloit qu'on égorgeât cette victime pour expier les péchés de la
« jeunesse qui faisoit la guerre aux enfants de Dieu. » L'arrêt fut immédia-
tement exécuté, 8<. le cadavre abandonné sur la route '.
De tels exemples n'étaient pas faits pour encourager la noblesse protes-
tante à quitter les villes. Aussi les exhortations du maréchal n'eurent-elles
point de résultat. Les hostilités continuèrent, de part 8c d'autre, avec une
complète réciprocité d'excès 8c de barbarie.
Nous n'énumérerons pas les assassinats d'hommes isolés, les effractions à
main armée, les enlèvements de petits postes qui s'accomplirent pendant tout
le printemps; Se nous nous contenterons de rappeler les épisodes qui se dis-
tinguent par quelque particularité digne de mémoire^.
Le 1" avril 1708, qui était le dimanche des Rameaux, cent cinquante
réformés de Nimes, dont beaucoup de vieillards, de femmes 8c d'enfants,
s'assemblèrent à deux heures après midi, dans un moulin du faubourg des
Carmes, pour y écouter des prédications. Cette réunion n'était point armée
8c ne ressemblait en rien aux attroupements séditieux des Cévenols. Mais
comme le maréchal se trouvait précisément à Nimes ce jour-là, le fait d'avoir
convoqué une assemblée de religion illicite à quelques pas de sa résidence,
le jeta dans une violente colère. On lui reprochait déjà, comme jadis au
comte de Broglie, de manquer de vivacité pour la répression 8c de ne pas
soutenir l'autorité royale 8c la foi catholique avec assez de vigueur. Il se leva
de table, où la nouvelle était venue le surprendre en joyeuse compagnie, fit
monter ses dragons à cheval Se résolut de se venger sur les malheureux de
tous les ennuis que la révolte lui occasionnait.
Le moulin fut investi : des sentinelles placées devant les portes 8c les fenê-
tres, rendaient impossible toute tentative d'évasion. Pour accélérer le châti-
ment, on mit le feu au moulin 8c l'assistance entière y périt, soit dans les
flammes, soit par les mains des dragons. Le maréchal avait, dit-on, balancé
un quart d'heure entre la compassion que lui inspirait cette foule inoffen-
sive 8c le dépit de s'être vu braver par des enfants 8c des femmes si près de
son quartier-généraP.
Pendant le même mois d'avril, on s'occupa beaucoup de transportalions.
En un seul jour, des enlèvements furent faits dans vingt-quatre paroisses 8c
■ Mou» empruntons le détail de cette scène à tre de la guerre, que nous avons cru devoir insérer
Louvreleuil. aux Piccej /asuyicutiVcs parce qu'elles donnent cn-
" Consulter, pour le détail des faits, les nom- tièrement la physionomie de la lutte.
breuses lettres de Montrevel, de Julien, de Bàville ' Court de Gébelin, I, p. 23o. Fléckicr, Ut-
& de quelques correspondants éventuels du minis- très choisie!, t. 1.
1703
— jc)6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
donnèrent trois cents personnes que l'on dirigea par mer sur le Pv.oussi!lon.
Le but de cette mesure était surtout de frapper les imaginatioiis. Deux, jours
après, deux cent trente personnes furent encore enlevées; on y comptait des
familles entières dont quelques membres faisaient partie des bandes. Ces
transportés devaient rester en Roussillon jusqu'à la pacification complète des
Cévennes & se voir rétablir alors dans leur domicile. Cet expédient nouveau
ne produisit pas plus d'effet que les autres; il donna lieu au contraire à
répandre le bruit qu'on voulait dépeupler entièrement les montagnes & en
transporter les habitants au delà des mers, Si cette crainte, jointe à l'impres-
sion qu'avait causée l'horrible exécution du moulin des Carmes, jeta quelques
centaines d'hommes de plus dans les troupes de Roland Si de Cavalier. Ce
fut dans les paroisses de Mialet & de Saumane que se firent les premiers
enlèvements; puis il en fut opéré dans la Vaunage, Si pour compléter l'œuvre,
on procéda au désarmement général des protestants, qui s'accomplit à Nimes
au milieu de la plus profonde terreur Si dans l'appréhension d'une Saint-
Barthélemy.
L'incendie du village catholique de Moulezon, dans le bassin du Vidourle,
sur la lisière du bois de Lens, ou quarante-deux maisons furent brûlées Si
nombre d'habitants égorgés, la dévastation d'Aurillac Si de la Salle par la
troupe de Cavalier témoignèrent du peu de fruit qu'avaient les exemples.
M. de Planque, brigadier des armées du roi, se mit en mouvement avec
environ douze cents hommes pour donner la chasse aux bandes qui commet-
taient ces ravages. Il surprit d'abord les camisards au Collet de Dèze, sans
réussir à leur infliger de pertes sérieuses, mais fut plus heureux à la tour de
Billot, entre Alais Si Anduze, où il parvint à les envelopper, dans la nuit du
29 avril. Sans la clarté de la lune qui révéla son approche aux grand-gardes
des camisards, commandées par Montbonnoux Si Boulidou, la bande entière
aurait été prise entre les trois corps de troupes royales postés sur le liaut
chemin d'Anduze, sur le chemin bas de la métairie de Vermeil Si sur la rive
gauche du Gardon. Le combat dura depuis minuit jusqu'à cinq heures du
matin, Si ce ne fut qu'après l'avoir criblée de grenades Si incendiée qu'on se
rendit maître de la tour de Billot, dont les défenseurs périrent tous par le feu
ou par l'épée. Cavalier, avec le gros de sa troupe, réussit à se dérober à la
faveur des bois de Saint-Bénézet '.
On vécut quelque temps sur cette victoire. Le bruit de la mort de Cavalier
s'était répandu, Si des forces nouvelles arrivaient dans la Province. Julien
continuait de circuler dans les hautes Cévenne's; le colonel de Villars gardait
le pied de la Lozère; Gévaudan, maréchal de camp, occupait le diocèse d'Uzès,
S*, enfin les passages du Vivarais étaient soigneusement surveillés.
Outre les forces régulières dont il disposait, le maréchal avait autorisé
certains attroupements de paysans catholiques. Si donné des commissions à
quatre partisans : l'un était un ancien capitaine dauphinois, qui s'était fait
■ Pièces just'ifcatives, n. DCLXXIII, col. 1733.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
797
1703
ermite dans les environs de Sommières, 81 dont les camisards avaient incendié
l'ermitage; le second, un meunier de Générac près Nimes, nommé Flori-
mond, homme d'une violence & d'une vigueur extraordinaires; celui-ci Sises
deux autres confrères, Lefèvre Si Alary, furent placés sous l'autorité de l'Er-
mite. Les excès de ces bandes ne le cédèrent en rien à ceux des insurgés.
Dans les premiers jours de mai, l'on arrêta le baron de Saïgas, gentilhomme
protestant, que l'on accusait d'avoir pactisé avec le chef camisard Castanet Si
suivi ses prédications, 81 qui disait s'y être vu contraint par la force. On le
jugea sur un seul témoignage, 81 il fut condamné aux galères". Diverses
exécutions eurent lieu dans les villes de Nimes Si d'Alais. Louvreleuil, qui
assista Jacques Pontier, des Rousses, condamné à périr sur la roue, a fait un
tableau saisissant des derniers moments de ce malheureux, qui ne cessa de
réciter des psaumes, « les yeux fixés en haut, avec une gravité stoïcienne^. »
Les rencontres des mois de juin 81 de juillet n'eurent pas d'importance;
81 l'un des événements qui firent le plus de bruit fut la malheureuse aven-
ture de deux corps de troupes royales qui se fusillèrent sans se reconnaître.
Le premier était un détachement de miquelets, servant d'escorte à une jeune
femme, nommée Madame de Soustelle, pour qui le maréchal avait les plus
grandes prévenances. Elle avait voulu voyager de nuit pour profiter de la
fraîcheur, 81 s'en allait prendre les eaux dans quelque village. Près de Saint-
Jean de Gardonnenque, les miquelets avisèrent une troupe armée qui venait
' Pièce! jutùficat'tves, n. DCLXXVII, col. 1745;
j). DCLXXXIV, col. 1759.
' LouTrelsuil, I, p. 118. Le récit du curé de
Saint-Germain de Calberte a l'accent de la Terité :
« Lorujue je m'approchai de lui, dès qu'on lui eut
lu sa sentence, il me rejeta & me dit : Arrière de
moi. Moniteur, vous m'êtes un Satan, retirez-vous.
Je lui répondis : Mon très-cher frère, je viens au
nom de Dieu, par un principe de charité, vous con-
soler dans votre affliction , & vous donner secours
contre l'horreur d'une mort violente. 11 me répli-
qua : Je n'ai nullement besoin de vous, ce n'est pas
dans les hommes jue je dois mettre ma confiance
dans mon malheur, mais en Dieu seul; ensuite le-
Tant les yeux au ciel il s'écria : Cest a toi. Sau-
veur du monde, ^ue j'ai recours, regarde-mot avec
pitié en ce jour de trihulation. Tu ne m'as point
commandé de m'adresser a aucun ministre; mais ta
m'as dit, & à tes fidèles enfans : Vene^ 'a moi, vous
tous fui êtes chargés & opprimés, & je vous soulage-
rai. Use donc à cette heure. Christ débonnaire. Fils
de David, de ta plus grande miséricorde envers moi!
Dès lors qu'il eut fini ces premières exclamations,
je voulus prendre la parole; aussitôt il m'inter-
rompit par la répétition d'un psaume entier qu'il
prononça, les yeux fixés en haut, avec une gravité
stoïcienne. Après l'avoir écouté environ pendant
une heure, sans avoir pu être écouté de lui, je fis
semblant de prendre congé, & je lui dis : Mon
très-cher frère, puisque je vous suis inutile pour le
salut de votre âme, je vous offre mes soins pour l'as-
sistance de votre famille, qui va être privée de vos
biens par la confiscation, & je vous promets de faire
en sa faveur tout ce <jue vous souhaitere^. Il fut
attendri, & me répondit : Vous save^ que Notre-
Seigneur a dit : Ce que vous fere^ au moindre des
miens, je le tiens pour fait à moi-même. Je veux
croire que vous exécuterez votre promesse; ainsi, écri-
ve^, s'il vous plaît, deux lignes sur une demi-feuille
de papier qui soit timbré. J'accomplis sa volonté. Se
je marquai dans ce mémoire : qu'il donnoit sa bé-
nédiction à sa femme & à ses enfants; qu'il les
recommandoit » Dieu, & qu'il prioit certaines per-
sonnes, qu'il nommoit, de leur remettre, ou à moi,
ce qu'il leur avoit prêté sans billet, & sur leur
parole, aux uns en argent, aux autres en denrées ;
ensuite il fit un don de quelques setiers de blé,
qui lui étoient dus par un de ses amis, aux pau-
vres, & il signa ee petit testament, comme il put
avec ses mains liées.
« M. le juge, à qui je le montrai, me permit de
le garder & d'en procurer l'exécution; mais il lui
fut impossible de l'obliger à avouer les faits pour
lesquels il l'avoit condamné, & à moi, de lui per-
suader qu'il seroit hors du paradis s'il mouroit
hors du sein de l'Eglise catholique, »
170
jcjS ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
en sens contraire; on commença par se charger, & après le premier feu on
reconnut que c'était un détachement de grenadiers Si une compagnie du régi-
ment de Tarnaud allant faire une arrestation.
Cette méprise fit le plus grand tort à la réputation du maréchal. On lui
reprocha de mettre les troupes au service de ses galanteries, de mener une
vie de plaisir & d'inaction, de laisser les officiers s'endormir dans leurs postes
8c d'éterniser la guerre des Cévennes, afin de prolonger la durée des avan-
tages matériels qu'elle lui procurait comme chef d'une armée en campagne'.
Enfin, dans le courant de l'été, à bout d'expédients, voyant que les sup-
plices n'avançaient à rien Se que les troupes se consumaient dans de petits com-
bats sans triompher d'une résistance opiniâtre, on reprit l'étude d'un projet
de dépopulation générale des hautes Cévennes, dont la première pensée appar-
tenait à Bâville. L'intendant, regardant ce pays comme incorrigible, voulait
le rendre momentanément inhabité 6c inhabitable, faire conduire toute la
population dans des casernes, des manufactures ou des hôpitaux de diverses
villes de la Province, éloignées du théâtre de la guerre, 8c renverser les
toits &c les planchers des maisons. Bâville avait l'esprit trop pratique pour
admettre l'idée d'une dévastation définitive : il croyait seulement que la lutte
serait promptement terminée lorsque les troupes pourraient opérer en pleine
liberté dans les hautes Cévennes Se que les insurgés n'y trouveraient plus ni
abri ni secours. Ce dernier effort accompli 8c la pacification obtenue, les
transportés devaient être ramenés dans leurs villages, 8c comme on y aurait
laissé debout les murailles de toutes les maisons, les réparations pourraient
s'y faire avec une promptitude relative^.
Ces projets, après d'assez longues tergiversations dont la correspondance
ministérielle garde les traces, 8c diverses recherches statistiques, furent adoptés
par la Cour, Se le 14 septembre lyoS parut une ordonnance du maréchal de
Montrevel annonçant que le roi lui avait commandé de dépeupler 8c de
détruire trente Se une paroisses des hautes Cévennes.
Le territoire condamné comprenait tout ce massif de montagnes que l'on
regardait comme le foyer permanent de l'insurrection. Le périmètre en était
limité à l'ouest par cette sorte de fossé profond 8e abrupt qui amène au Tarn
les eaux du Tarnon Se de quelques autres torrents anonymes Se qui cerne de
ses découpures sinueuses la grande plate-forme calcaire du Causse Méjean;
au nord par la chaîne de la Lozère, dérobant les sources du Lot Se de l'Allier;
à l'est par les gorges d'Alais; au sud par les contre-forts de l'Aygoal 8e de
l'Espérou Se par les ravins granitiques d'où descendent quelques obscurs
affluents de l'Hérault Se du Gard. C'était toute cette région stérile Se sauvage
où s'emplissent, pendant la saison des neiges, les réservoirs qui alimentent
quelques-unes de nos plus grandes rivières françaises, l'Allier, le Lot, le
Tarn, l'Hérault; tristes 8e solennelles solitudes, où des centaines de hameaux
' On trouvera plusieurs variantes de ces accusa- publions à la suite tous les rapports de détail du
lions dans nos Pièces justificatives. brigadier Julien sur la dévastation des hautes Cé-
' Pièces justificatives, n. DCXC, col. 1778. Nous vennes.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 799 —
Se de villages, entourés de maigres cultures, s'éparpillaient entre les bois S<
les roches, les uns perchés sur des plateaux comme des aires d'oiseaux de
proie, les autres suspendus aux pentes ou à demi-enfouis dans la profondeur
des gorges. Les sommets historiques du Bougez, la forêt d'Altefage, témoin
des premiers complots, le Fau des Armes, retraite des premiers coupables,
se trouvaient enfermés dans ces lignes de dévastation.
Comme tout le pays de Gévaudan, cette région avait conservé un grand
caractère féodal. Plusieurs paroisses faisaient partie du domaine temporel des
évêques de Mende : Saint-Laurent de Trêves, Saint-Martin de Campcelade,
Saint-Flour du Pompidou, Saint-Martin de Bobeaux, Saint-Hilaire de Lavit
étaient de ce nombre. D'autres, situées au sud, dans la vallée du Gardon de
Mialet, dépendaient du comté d'Alais : c'étaient Saint-Etienne & Sainte-
Croix de Val Francesque. Les héritiers du marquis de Portes avaient Saint-
Germain de Calberte; le comte de Roure possédait Grizac & Fraissinet, ainsi
que la terre de Florac, une des baronnies représentatives de Gévaudan'.
Saint-Frézal de Ventalon appartenait au prieur du Bousquet, & quelques
terres de la vallée du Tarn relevaient du chapitre collégial de Bédouez, fondé
par le pape Urbain V, non loin de l'humble village où il était né*. Tous les
autres lieux formaient de petites seigneuries distinctes que se partageaient
des familles nobles d'âge & de renom fort divers. Il y avait encore des Ga-
briac à Saint-Maurice, bien que leur château d'origine fût démoli, des Du
Bouchet à Vébron, des Raimond à Saint-Etienne possédant à des titres diffé-
rents, soit comme coseigneurs, soit par sous-inféodation, des domaines déta-
chés d'autres fiefs plus importants^.
Il fut décidé de ne laisser subsister que dix centres d'habitation dans cette
vaste étendue, & de raser toutes les autres constructions, granges ou métai-
ries, pour faire du pays un désert 8c le mettre hors d'état de donner asile
aux rebelles attroupés, 6c de leur fournir des vivres ou des secours. Le 14 sep-
tembre, par une ordonnance datée d'Alais, le maréchal de Montrevel publia
la liste des paroisses 8c villages qui devaient être détruits, 8c enjoignit à tous
les habitants de la contrée proscrite d'avoir à se retirer, dans le délai de trois
■ La naissance du pape Urbain V jGrisacavait quitti sint & immunes. » (Archives nationales,
valu à cette communauté le priyilége d'être exempte H. 1095.)
de toute imposition royale. Ce fut le roi Jean qui, ' Description Je la province Je Langue Joe , ms.
par lettres patentes du mois de mai |363, en mé- Bibliothèque de Toulouse. — Almanach historique
moire des services rendus à la France par le pon- Je la province Je LangueJoc,
tife, octroya cette faveur au père du pape, Cri- ' Pièces fugitives Ju marijuis J'Auhaïs, II. On
monrd, seigneur de Grisac, chevalier, & aux remarque parmi les jugements de maintenue de
hommes du château & mandement de Grisac, Bel- noblesse de M. de Bezons, publics par le marquis
legarde, Bédouez... « ipsi & suis heredibus & ho- d'Aubaïs, deux Antoine du Bouchet successive-
minibus in Castro & mandamento & pertinentiis ment coseigneurs de Vébron, en i6(55 & 1668, un
locorum de Grisaco, de Bellagarda, ville de Bedo- Jacques Raimond, seigneur de Saint-Étienne de
vesco & mansorum de Montebello, de Grisaco vii- Valfrancesqu», du Vilar, du Masel & du château
lato dioecesis Mimatensis, ad numerum ce focorum d» Calberte, en 1669; un Ducros, seigneur do
ab omnibus subventionibus, impositionibuJ, tal- Saint-Germain de Calberte.
liis, focagiis, calvatiis, ang.iriis & aliis oneribu»
~ 800 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
jours, à dater de la signification faite aux consuls, dans les divers lieux de
refuge qui leur étaient assignés, en y menant avec eux leur bétail & y char-
riant tous leurs effets.
Les bourgs ou villages, qui avaient trouvé grâce devant la justice royale 81
obtenu provisoirement permission de vivre, étaient Vébron, Florac, Pont-de-
Montvert, Genolhac, Collet de Dèzes, Saint-Germain de Calberte, Saint-
Etienne de Valfrancesque, Saint-Roman, le Pompidou & Barre.
A l'exception de ces points de retraite, épargnés comme des témoins dans
le nivellement terrible qui se préparait, la destruction devait être générale £<.
ne pas laisser pierre sur pierre. La prévoyance administrative des organisa-
teurs de cette dévastation méthodique avait d'ailleurs soigneusement indiqué
aux émigrants leur itinéraire. Ainsi tous les villages de l'Aygoal , de l'Es-
pérou, des sources de l'Hérault & des pentes du Causse Méjean, devaient
refluer à Vébron; ceux des vallées du Mimente & du Tarn, à Florac; ceux
des plateaux de Lozère & du Bougés, à Pont-de-Montvert; Barre, Saint-Ger-
main, Saint-Etienne étaient assignés aux riverains des divers Gardons.
L'opération présentait, du reste, en tous ses détails, un singulier contraste
de barbarie 61 d'humanité. Si, au moment de l'arrivée des milices chargées
du travail de démolition, sous la protection des troupes réglées, quelques
habitants se trouvaient encore dans les villages condamnés, les officiers placés
à la tête du mouvement avaient ordre de les rassembler, de faire le dénom-
brement de leurs personnes, de leurs bestiaux 8c de leurs grains 8<. d'en
envoyer l'état exact à M. de Bâville. Ils devaient en outre donner l'assurance
à ces malheureux retardaires qu'on ne leur voulait faire aucun mal, 8t que
bien au contraire l'intention du roi était de prendre soin de leurs intérêts,
puis les envoyer, sous la conduite du personnage le plus considérable de leur
troupe, dans les lieux de refuge déterminés par l'ordonnance. Le bétail qui
s'y pourrait aussi rencontrer serait laissé à ses gardiens, mais avec l'ordre de
suivre immédiatement l'itinéraire indiqué. Les commandants militaires pou-
vaient toutefois réserver momentanément les bêtes de somme pour accélérer
le transport des grains hors du pays dépeuplé, 8c faire donner des ânes aux
vieillards 81 aux femmes enceintes. Que si des villageois s'obstinaient à
demeurer dans les lieux où la démolition 8c l'incendie seraient commencés,
il fallait leur lire l'ordonnance qui leur défendait de retourner dans leurs
habitations, mais ne leur faire aucune violence, « le roi n'ayant pas voulu
« entendre parler d'effusion de sang. » C'est seulement par des paroles 8c des
menaces qu'on devait les déterminer à quitter la place, en ayant soin d'affi-
cher le placard royal sur un pan de mur ou sur un tronc d'arbre.
La plupart de ces précautions furent inutiles. La grande mesure que l'on
méditait pour arracher, disait-on, les dernières racines du mal, avait été
annoncée dans le pays comme un projet de massacre universel; aussi tous les
hommes en état de porter les armes allèrent se jeter dans les troupes de
rebelles qui battaient la campagne 8c se préparer à de nouvelles vengeances,
tandis que le reste de la population courait chercher asile dans les bourgades
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 801
voisines. Lorsque soldats & miliciens vinrent entreprendre leur triste besogne,
le pays n'était déjà plus qu'un désert.
L'œuvre de dévastation, commencée le 29 septembre au matin, se continua
cans interruption pendant soixante-seize jours. Elle ne fut complètement ter-
minée que dans la soirée du 14 décembre.
Le 26 septembre, le maréchal de Montrevel était parti d'Alais en compa-
gnie de l'intendant de la Province & de deux brigadiers d'infanterie, MM. de
Vergetot & de Marcilly, escortés par deux bataillons de Royal-Comtois, deux
bataillons de Soissonnois & deux cents dragons détachés des régiments de
Fimarcon 8c de Languedoc. Il alla établir son quartier général à Barre-des-
Cévennes, au-dessus de la montagne où le Gardon de Mialet prend sa source.
C'est un point culminant, élevé de plus de mille mètres, qui domine une
des avenues importantes du haut pays, la route de Mende à Nimes, 8c qui
commandait toute la région sud-ouest du territoire condamné.
En même temps s'opérait un grand mouvement de concentration. Au nord,
M. de Julien, maréchal de camp, venait occuper le Pont-de-Montvert avec
les deux bataillons du régiment de Hainaut. A l'extrême gauche, dans la
vallée du Tarnon, le marquis de Canillac, brigadier d'infanterie, entrait à
Vébron avec deux bataillons de son régiment, venant de Rouergue, tandis
que le comte de Peyre, lieutenant général, arrivait à Florac par la route de
Mende, avec un grand cortège de cavaliers 8c une longue file d'hommes 8c de
mulets chargés de pioches, de leviers 8c de haches; le marquis de Montarnal,
neveu du comte de Peyre Se commandant général des milices, parti de Mende
comme son oncle, cheminait de son côté vers le Pont-de-Montvert avec une
autre colonne. Il n'y avait pas moins de quarante-cinq compagnies de mili-
ciens du Gévaudan, fortes chacune de cinquante hommes.
Ce fut le 27 septembre ([ue le maréchal fit la répartition entre les divers
commandants de toutes les paroisses à dévaster 8c donna à chacun la liste
définitive des villages 8c hameaux qui devaient être détruits. On avait dis-
tribué aux chefs de corps une carte des Cévennes nouvellement dressée à
Paris, d'après les plans levés sur le terrain, secours indispensable au milieu
du labyrinthe de gorges 8c de plateaux qui découpent en tous sens ce terri-
toire tourmenté. Les officiers avaient ordre d'éparpiller habilement les troupes
dans les meilleurs postes d'observation, de façon à surveiller le plus grand
espace possible 8c à protéger utilement les détachements de miliciens qui
étaient seuls chargés du travail de démolition. On recommandait d'opérer
cette besogne de la façon la plus expèditive, afin d'abréger l'opération, soit
en faisant entamer plusieurs hameaux dont la proximité rendait la sur-
veillance facile par un même corps de troupes, soit en attaquant les maisons
par le pied, ou même en recourant à l'incendie pour les rendre inhabitables,
lorsque la démolition régulière présentait de trop graves difficultés. Le sort
des habitations qui appartenaient à d'anciens catholiques demeurait réservé.
En attendant de connaître la volonté du roi, on devait les faire garder par
quelques hommes sous le commandement d'un officier.
XIII. '->>
1703
i7o3
802 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le maréchal divisa tout le pays en trois lots. Sur sa gauche, il confia au
marquis de Canillac le soin de protéger, avec ses deux bataillons, mille
hommes de la milice de Languedoc occupés à ravager les pentes de l'Aygoual
Se de l'Espérou & toute la vallée du Tarnon jusqu'en amont de Florac; sur
sa droite, il chargea M. de Julien, avec trois bataillons de Hainaut & de
Beaujolais, quinze compagnies de miquelets &. huit cents hommes de la milice
de Gévaudan, de raser deux cent six villages ou hameaux éparpillés dans les
hautes vallées des Gardons, du Luech & du Tarn, en décrivant un vaste arc
de cercle qui s'appuyait au midi sur Saint-Etienne de Valfrancesque, attei-
gnait le Collet-de-Dèze, Vialas, Fraissinet-de-Lozère Se venait finir au nord
de Florac, dans les dépendances de la commune de Bédouez. Le troisième
lot se composait des positions du centre, situées au sud du Bougez, dans la
vallée du Mimente, sur la ligne de faîte dont le village de Barre occupe un
des pitons. Se dans la vallée supérieure du Gardon de Mialet. M. de Mon-
trevel s'était réservé cette partie du grand œuvre.
M. de Julien commença l'opération dans la matinée du 2g septembre, en
attaquant les hautes montagnes qui dominent la rive droite du Tarn. Les
difficultés furent beaucoup plus sérieuses que le conseil du roi ne l'avait
prévu. L'importance des précautions militaires qu'on venait de prendre suffit
sans doute à décourager toute résistance. Se nulle part les troupes n'eurent
d'ennemis à combattre} mais ces montagnes désolées, vraies forteresses de
l'insurrection, n'en demeurèrent pas moins redoutables pour avoir perdu leurs
défenseurs. L'âpreté du sol les protégeait, Se la nature des constructions en
rendait la ruine singulièrement lente Se difficile. C'était déjà une rude corvée
que de découvrir dans les replis des vallées, à l'ombre des bois ou dans le
désert des grands plateaux, tous les groupes d'habitations que l'on avait à
détruire. Les nécessités de la culture, dans iin pays avare où le travail de
l'homme, impuissant à lutter contre l'infertilité des roches, ne peut laisser
improductive la moindre parcelle de terre végétale, avaient disséminé des
bâtiments dans les situations les plus diverses Se les plus inaccessibles. Cer-
taines communes, d'une étendue considérable, dont la plus grande surface
n'offrait que des pentes pierreuses ou des solitudes boisées, comptaient plus
de cent hameaux ou écarts éparpillés dans leur territoire, quelques-uns si
audacieusement posés sur des corniches de basalte ou de granit, que l'on n'y
pouvait même arriver à dos de mulet, malgré l'assurance qu'ont ces bûtes
montagnardes dans les sentiers les plus difficiles. D'ailleurs, toutes ces cons-
tructions, dont ,1a montagne même avait fourni les matériaux Se dont les
masses brunes, souvent lavées par l'orage, se confondaient avec la base qui les
portait, avaient été faites pour résister aux rigueurs d'un ciel inclément, pour
soutenir l'effort des neiges, des vents d'hiver, des longues pluies automnales,
Se présentaient une solidité qui défia souvent toute l'énergie des bataillons
démolisseurs. Les murs étaient épais, profondément scellés dans le roc, la
plupart des chambres voûtées. Après de longues marches Se des ascensions
fatigantes, rendues plus pénibles encore par le transport du matériel, il fallait
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 8o3
s'acharner contre ces bâtisses vicies dont chacune exigeait plusieurs heures de
travail. Les nuages de poussière qui s'élevaient sous le pic des miliciens leur
attaquaient les yeux & les poumons, & les fatigues de cette besogne ingrate,
dont les troupes étaient dégoûtées d'avance parce qu'elles en comprenaient
l'inanité 8c qu'elles n'avaient pas même l'émotion du danger & l'ardeur du
combat pour les soutenir, ne tardèrent pas à multiplier dans le corps expédi-
tionnaire les maladies 8i les désertions. D'ailleurs, la subsistance & le campe-
ment des colonnes avaient été fort mal ménagés. Les soldats de milice ne
recevaient que deux livres de pain par jour, avec un morceau de viande de
porc ou de mouton, & seulement de l'eau à boire. La soupe même, cet élé-
ment essentiel de l'alimentation militaire 8c agricole, leur faisait défaut, car
on n'avait point eu la précaution de les munir de marmites. Après des jour-
nées de labeur, ils couchaient sur la paille dans quelques granges que l'on
avait épargnées. Pour rendre ces privations plus pénibles, la mauvaise saison
avançait rapidement. A ces altitudes élevées, les froids sont précoces, Se déjà,
au commencement d'octobre, s'amoncellent ces brumes épaisses, qui, matin
8v soir Se quelquefois pendant des journées entières, enveloppent montagnes
fie vallées d'un impénétrable rideau.
Pour comble de malheur, il arriva de mauvaises nouvelles du bas pays.
Profitant de l'occupation que les ordres du roi venaient d'assurer aux troupes,
les bandes insurrectionnelles, renonçant à défendre des habitations rurales
dont la conservation ne les touchait guère, avaient abandonné la haute
montagne pour se jeter dans la plaine si imprudemment découverte par la
manœuvre du maréchal. Du haut des maisons de Nimes on voyait flamber
au loin des métairies Se courir des groupes d'incendiaires, armés de torches,
qui vengeaient leurs compatriotes des Cévennes en ravageant la région la
plus fertile du diocèse. Averti du danger pressant qui menaçait les catholiques,
M. de Montrevel commença par détacher M. de Marcilly qui fut envoyé à
Nimes avec son régiment. Les communications étaient si peu sûres, même le
long des lignes fréquentées par les troupes, que quatorze malheureux pay-
sans, requis avec leurs bêtes de somme pour porter les bagages du régiment,
furent surpris au retour par les révoltés, sur le grand chemin de Nimes à
Uzès, Se presque tous égorgés. En mêrne temps, on signalait l'apparition de
navires ennemis à deux lieues de Maguelonne.
Le maréchal de Montrevel s'apprêtait à entamer son lot de dévastation en
commençant à démolir, dans les défilés du Mimente, les hameaux de Saint-
Julien d'Arpaon, quand le bruit de ces alarmes inattendues vint tout à coup
l'interrompre. Des lettres pressantes, dont quelques-unes venaient de l'évêque
de Nimes, le déterminèrent à modifier son plan Se à descendre des hauteurs
avec ses troupes, pour aller donner la chasse aux rebelles. Alors M. de Julien
demeura chargé du commandement général de l'opération.
Cet officier n'avait qu'une médiocre confiance dans le succès de l'entreprise
dont la direction lui était abandonnée. Homme de guerre, il répugnait à ce
travail de démolisseur, 8c pensait avec raison que le grand châtiment prescrit
17c3
-^^ 804 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
par le roi, ferait plus de bruit & d'éclat dans le monde qu'il n'apporterait
d'adoucissement à la révolte &<. d'utilité au service. Il s'indignait de ne ren-
contrer personne à combattre dans tous ces défilés périlleux où des tacticiens
de bonne école n'eussent point manqué de lui tuer du monde sans hasarder
le leur. Pourtant il continuait à exécuter sa consigne. Mais le travail mar-
chait fort péniblement. Le service des miliciens était tellement mauvais que,
sur deux mille hommes qu'on lui avait laissés, M. de Julien en renvoya
douze cents chez eux, se trouvant plus embarrassé de leur présence qu'il
n'était aidé de leur secours. Des huits cents qu'il garda, il en mit deux cents
à Barre, deux cents à Vébron, & en employa le reste à démolir. La nécessité
de couvrir le haut Gévaudan, pays entièrement catholique. Si de le mettre à
l'abri d'un coup de main des rebelles, décida le maréchal de camp à se priver
de la plus grande partie des troupes réglées placées sous ses ordres. Il détacha
au Pont-de-Montvert les quinze compagnies de miquelets, à Florac le second
bataillon du régiment de Hainaut, protégeant ainsi les deux principales ave-
nues qui menaient à Mende & ne prit avec lui que trois cents soldats pour
éclairer Se soutenir les démolisseurs.
Il ne fallut pas moins de sept jours pour achever l'œuvre de destruction
dans les deux paroisses de Fraissinet de Lozère & de Saint-Hilaire de Lavit,
la première à droite du Tarn, la seconde au milieu des montagnes qui com-
mandent le Gardon. Cela fut terminé le 5 octobre; de là, on passa à Saint-
Privat de Vallongue, en remontant par les gorges dont le Gardon rassemble
les eaux, on y fut occupé jusqu'au 8; le lendemain, on expédia Saint-Mau-
rice de Ventalon, bâti sur le versant opposé des grands massifs du Bougez.
Les deux communes de Grizac &. Saint-Frézal de Ventalon exigèrent douze
jours de travail. Découragé par les lenteurs de l'opération, par le nombre
toujours croissant de déserteurs & de malades, par l'obligation de congédier
journellement des miliciens inutiles, M. de Julien suppliait le maréchal Se
le ministère d'autoriser l'incendie, déclarant que si l'on ne recourait pas à ce
moyen extrême, l'exécution des ordres du roi serait impraticable. Après de
longues instances, la Cour, qui avait d'abord expressément défendu de brûler,
permit cette mesure sauvage. Alors M. de Julien congédia tout ce qui lui
restait de milice. Se, avec ses trois cents soldats, promena la flamme de cime
en cime, n'épargnant ni granges, ni bergeries, ni barraques isolées. Tout
expéditive qu'elle était, cette opération demanda encore cinquante-trois jours.
Quand on aperçut au loin, du haut des montagnes, la fumée qui s'élevait
au-dessus des toitures effondrées, de vagues rumeurs de résistance agitèrent
les peuples; on aperçut au bord des plateaux supérieurs des groupes inquiet)
qui surveillaient à distance la marche des troupes royales. Ce rassemblement
fut évalué à quinze cents hommes, dont près de la moitié étaient sans armes.
Ils se contentèrent de suivre de l'œil la traînée de flammes qui marquait la
place des habitations condamnées 8t ne tentèrent aucun mouvement hostile.
A la fin du mois d'octobre, quatre nouvelles paroisses étaient brûlées : Saint-
André de Lancize, Saint-Andéol de Clerguemort, Castagnols Se Frugères.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 8o5
Les méfaits des révoltés dans les environs de Lunel interrompirent un ins-
tant la dévastation des hautes Cévennes, le maréchal de Montrevel avant
appelé M. de Julien dans la plaine pour lui aider, avec deux régiments, à
donner la chasse aux batteurs d'estrade. Après une pointe rapide dans ces
cantons, l'officier revint à son poste.
Avec le mois de novembre, commencèrent des pluies abondantes qui ralen-
tirent encore l'opération. On était en train de détruire les villages situés à
l'extrémité occidentale des massifs du Bougez, Saliéges, Rampon, 8c de faire
évacuer Ruas & Chabrières où l'on installa d'anciens catholiques à la place
des protestants expulsés. Ce fut pendant le même déluge & mouillés jusqu'aux
os que les soldats brûlèrent, du 3 au 5 novembre, la paroisse de Prunet-
Montvaillant & toutes les dépendances de Florac.
Dans la soirée du 5, les espions annoncèrent que sept à huit cents rebelles
s'étaient réunis dans le village de Mas-Bonnet, sorte de refuge naturel enfoui
entre deux montagnes, 8c qu'ils préparaient une assemblée nocturne. M. de
Julien partit vers neuf heures pour les surprendre. Mais l'obscurité de la
nuit, la difficulté des chemins qu'une pluie continuelle avait rendus plus
glissants 8c plus impraticables que d'ordinaire, ralentirent la marche de la
colonne. On n'arriva au village qu'une demi-heure avant l'aube; 8c déjà les
sentinelles posées en vigie aux abords du lieu d'assemblée avaient donné
l'alarme. La réunion entière était dispersée. On se vengea de la déception
en cassant la tête à cinq ou six malheureux moins agiles que leurs camarades.
Le lendemain, le détachement rentra k Florac où l'on prit du pain pour
quatre jours, 8c l'incendie recommença sur la chaîne qui sépare le Gardon de
Saint-Jean de la vallée du Tarnon. Le Pompidou Se Saint-Martin de Camp-
celade furent expédiés en trois jours. Le lo, on descendit dans la vallée du
Tarnon où Vébron fut consumé, puis on remonta vers le sud, le long du
torrent, pour brûler le mandement des Rousses 8c les villages disséminés aux
flancs de l'Aigoual 8c de l'Espérou. L'exécution était finie dans ces âpres soli-
tudes, lorsque, le i") au matin, le détachement aperçut des groupes armés
sur ses derrières. Quatre ou cinq cents hommes, commandés par Roland,
vaguaient dans la région dévastée, près des ruines encore fumantes de la
paroisse des Rousses. On marcha sur eux incontinent; mais ils battirent en
retraite sans accepter le combat 8c, après les avoir refoulés de hauteur en
hauteur pendant deux heures, on les perdit de vue derrière un rideau de
montagnes.
Une nuit de repos dans le village de Barre permit aux troupes de rallumer
l'incendie le i6 novembre. On le promena rapidement dans toute la vallée
supérieure du Gardon de Mialet, occupée par les dépendances de Barre
8c par les petites paroisses de Baumes, Bousquet de la Barthe 8c Molezon;
le temps devenait de plus en plus rigoureux 8c le froid, chaque jour plus
intense, ajoutait aux horreurs de la dévastation. Impatients d'achever leur
triste besogne, officiers 8c soldats redoublaient d'activité. Dans tout le pays
circulaient des bruits menaçants, on parlait d'appels réitérés adressés par
lyoj
lyoS
806 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les populations dont on ravageait les campagnes aux forces agissantes du
parti; on recevait parfois des chefs camisards quelque sommation hautaine
d'avoir h cesser l'œuvre de mort, paroles perdues que nulle action ne vint
soutenir.
Les gorges du Mimente, Saint-Julien d'Arpaon , Cassagnas, les sommets
arides qui sur ce point marquent la ligne de faîte entre le versant de l'Océan
& celui de la Méditerranée, les nombreux écarts de la commune de Saint-
Martin de Lansuscle, semés à grande distance les uns des autres sur les décli-
vités d'une sorte de promontoire qui forme saillie entre deux torrents, furent
tour à tour visités par la flamme. Le 24 novembre, on redescendit vers le
Gardon pour brûler sur sa rive gauche Sainte-Croix de Valfrancesque &
Gabriac sur la rive droite. Le 27, on détruisit Moissac. Dans le territoire de
cette paroisse était bâtie une habitation seigneuriale qui appartenait à un
gentilhomme, nommé Fontanez, allié à la famille de Ganges. A la nouvelle
des rigueurs qui menaçaient la contrée, ce personnage s'était hâté de faire
agir le marquis de Ganges, auprès de Montrevel, afin d'exempter son château
de la dévastation générale; le maréchal répondit qu'il avait reçu des ordres
sévères de la Cour : le roi voulait, disait-il, que le pays des hautes Cévennes
fût inhabité 8c inhabitable pour en faire une marque éternelle de la révolte
des peuples de ce canton.
Le 3o novembre, on repassa le Gardon pour se jeter, à l'est, dans la paroisse
de Saint-Martin de Bobaux. La pluie avait redoublé; pendant neuf ou dix
jours, des ondées continuelles battirent ces montagnes maudites & ajoutèrent
aux souffrances du corps expéditionnaire. Quand le 5 décembre au matin le
détachement atteignit le vallon de Collet-de-Dèze, tous les hommes étaient
à bout de forces. Malade lui-même, mais soutenu par les devoirs du com-
mandement, M. de Julien vit sa troupe tellement exténuée qu'il la renvoya
au Pont-de-Montvert d'où il fit venir, pour contintier son expédition, pareil
nombre de miquelets commandés par le sieur de Palmerolles.
Ce nouveau contingent employa les journées du 6 au 8 décembre à brûler
les paroisses du Collet & de Saint-Michel de Dèze, puis, retournant vers le
sud-ouest, entreprit la destruction des nombreux hameaux dispersés dans le
territoire de Saint-Germain de Calberte. On n'en comptait pas moins de cent
onze, dont quelques-uns dans des sites fort escarpés : il y en avait dix-huit
où l'on arrivait par des sentiers tellement difficiles que l'on n'y pouvait passer
à cheval; & l'église de paroisse, bâtie au centre, se trouvait éloignée d'une
lieue St demie de la circonférence. Aussi l'opération consuma-t-elle trois jour-
nées entières. Il en fallut trois autres pour détruire les écarts autour de
Saint-Etienne de Valfrancesque, au cœur des hautes montagnes qui viennent
mourir au couchant d'Alais.
Ce fut par ce village, d'où le Gardon de Mialet descend vers Anduze, que
fut terminée, le 14 décembre, après soixante-seize jours de labeur, la longue
& terrible expédition.
Dans tout le pays condamné, on n'avait laissé debout que cinq bourgades :
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 807 ~
Pont-de-Monvert, au nord, à cause de l'importance militaire de la position
pour surveiller les communications entre Mende &c Nimes; Florac & Barre à
l'ouest; Saint-Germain & Saint-Etienne au sud-est.
M. de Julien se hâta d'en rendre compte au marquis de Chamillart, décla-
rant avoir fait de son mieux pour réussir à la satisfaction du roi, mais ne
cachant pas le peu d'espoir qu'il fondait sur l'utilité d'une aussi grande me-
sure. (' Mon expédition est finie, écrivait-il au ministre; mais je ne prévois
« pas encore que tous ces désordres 8c ces troubles soient près de l'être. » Il
ajoutait que sa santé était altérée, comme celle de tous ses hommes, & termi-
nait en disant : « On ne peut pas souffrir davantage que nous avons tous
« souffert. »
Ce même jour, il renvoya au Pont-de-Monvert la moitié des miquelets
avec leur chef, 8c se fît escorter par les autres jusqu'à Saint-Jean du Gard où
il passa la nuit. La grande expédition était achevée.
Le cadre de cette histoire ne nous permet pas de raconter en détail tous
les méfaits accomplis par les camisards tandis que l'on avait la prétention
d'anéantir la révolte en démolissant Se brûlant des maisons vides. Toujours
fidèles à leur tactique, les insurgés s'étaient gardés de se présenter en forces
aux troupes qui opéraient l'œuvre de dévastation 8c de leur fournir cette
occasion d'une rencontre générale si soigneusement évitée des chefs cévenolSé
Loin de perdre leur temps à disputer des masures aux soldats 8c aux mili-
ciens, ils s'étaient jetés dans la plaine, visitant tour à tour le bassin du Cèze,
celui du Gard 8c ceux du Vidourle 8c du Vistre. L'attaque nocturne de la ville
de Sommières, où plusieurs maisons des faubourgs furent brûlées 8c où catho-
liques 8c religieux passèrent quelques heures dans de mortelles angoisses,
l'occupation d'Uchau, du Caila, de Vergèze, de Vauvert, où les fortifications
furent détruites, l'incendie d'un grand nombre d'églises, les combats de Fan,
de Nages, de Vergèze, furent les principaux exploits de ces ennemis insaisis-
sables, qui se laissaient rarement surprendre 8c jamais achever'.
Parmi les assassinats qui marquèrent la même période, aucun ne fît plus
de bruit que celui de Madame de Miraman. C'était une jeune femme, fille
du baron de Meyrargues, qui commit l'imprudence de partir sans escorte, en
chaise roulante, le 23 novembre, pour se rendre d'Uzès à Saint-Ambroix.
Elle fut arrêtée entre Lussan 8c Vendras par quatre brigands qui la firent
descendre de voiture, la conduisirent dans un bois avec sa suite 8c regorgè-
rent impitoyablement, ainsi que son cocher 8c une nourrice qui voyageait
avec elle. Sa femme de chambre, laissée pour morte, eut la force de se traîner
jusqu'à Saint-Ambroix, malgré plusieurs blessures, 8c donna tous les détails
de l'horrible scène où elle avait failli perdre la vie*. Comme les auteurs du
■ On peut consulter, sur ces divers événements, Nimes, publiées par M. Edouard de Barthélémy,
les auteurs que nous avons déjà cités en mainte d'après le manuscrit inédit de la Bibliothèque nn-
rencontre, &, d« plus, à partir du ii mai 1703, tionale, dam lei Chroniques de Languedoc de M. Ae
les correspondances de M'"" de Merez de l'Incar- la Pijard>ère.
nation, assistante au couvent des Ursulines de ' Louvreleuil publie, un peu arrangée s.nis
lyo'i
808
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
crime, originaires des environs de Liissan, s'étaient joints plus d'une fois aux
bandes camisardes, &. que d'ailleurs bien des personnes inoffensives avaient
péri par la main des insurgés, on ne manqua pas de rejeter la responsabilité
du meurtre sur les chefs cévenols. Cependant, Cavalier ne voulut pas en
partager le poids, 81 dès qu'il eut connaissance de l'attentat, il détacha vingt
hommes de sa troupe avec ordre d'aller saisir les assassins dans le bois de
Bouquet, où ils s'étaient retirés. Ceux-ci, qui ne se figuraient point avoir
mérité la colère de leur capitaine & qui, dans le cours de leur carrière aven-
tureuse, n'avaient pas eu scrupule de répandre le sang innocent, se laissèrent
prendre sans résistance, & trois d'entre eux furent passés par les armes.
L'imagination populaire, trop surexcitée déjà par les catastrophes de cette
abominable guerre, fut particulièrement frappée des circonstances de ce
drame, dont la relation détaillée se répandit dans tout le royaume. Le corps
de la jeune femme, qu'il avait fallu chercher pendant trois jours à travers les
bois, d'après les indications données par la femme de chambre, fut rapporté
doute, mais encore assez naïve, la déposition de
cette femme de chambre. En voici les passages les
plus dramatiques :
i( Ces malheureux, nous ayant obligées de mar-
cher dans le bois pour nous écarter du grand che-
min, ma pauvre maîtresse se trouva si lasse & si
fatiguée, qu'elle pria le bourreau qui la condui-
soit,de permettre qu'elle s'appuyât sur son épaule.
ji quoi il répondit ; Nous n'irons guère plus loin.
En effet, dès que nous fûmes arrivées à un petit
espace couvert de gazon, qui devoit être le lieu de
notre martyre, il lui dit : Asseyez-vous-là, Ma-
dame. Elle s'assit, & nous nous assîmes, la nour-
rice & moi, auprès d'elle pendant environ une
heure. Ma chère maîtresse, ayant pris la parole,
dit à ces barbares des choses si touchantes & d'une
manière si douce qu'elle auroit fléchi peut-être un
démon; elle leur donna sa ceinture d'or, sa bourse
& un beau diamant qu'elle tira de son doigt; bien
davantage, elle ouvrit sa malle que j'avois portée
sur ina tête dans ce bois, leur fit voir ses nippes
magnifiques, & les leur offrit. L'un d'entre eux
prit une fontange d'or, & promit de nous garan-
tir; mais il ne tint pas sa promesse.
Il En ce même temps nous aperçijmes quatre au-
tres brigands qui venoient à nous. Ma bonne maî-
tresse s'effraya tellement qu'elle eut besoin de
sentir de l'eau de la reine de Hongrie; & se jetant
à leurs pieds elle les conjura de lui donner la vie.
Mais un de ces tigres lui dit : Je veux tuer tous
les catholiques, & vous tout à cette heure. — Et
donnez-moi la vie, s'il vous plaît; que vous re-
riendra-t-il de ma mort? répliqua Madame. —
Non, non, c'en est fait de vous, répondit ce brutal
camisard, vous mourrez de ma main; faites votre
prière, & ne songez plus à discourir : il est déjà
tard, il faut vous dépêcher. Alor» ma pauvre maî-
tresse, se mettant à genoux, pria Dieu tout haut
de lui faire miséricorde & à ces meurtriers, &
comme elle continuoit sa dévotion, elle reçut un
coup de pistolet au teton gauche, qui la Jeta par
terre, un coup de sabre qui lui coupa en travers
son beau visage, 8c un coup d'une grosse pierre
qui lui fit une grande blessure à la tête, d'où il
coula un ruisseau de sang. Un autre de ces scélé-
rats tira un coup de pistolet à la nourrice qui de-
meura sur le carreau, & soit qu'il n'eussent plus
d'armes chargées, ou qu'ils voulussent épargner la
munition, ils se contentèrent de me percer de plu-
sieurs coups de baïonnette, comme vous voyez, 8c
de me donner un léger coup de sabre. Mais si je
n'avois pas fait semblant d'être morte en fermant
les yeux à demi, serrant les dents, écumant, &
mettant une main sur ma poitrine, afin qu'ils ne
vissent pas la palpitation du cœur, ils m'auroient
sans doute achevée. Croyant donc qu'ils n'avoient
plus rien à faire, & craignant apparemment que
le laquais ne publiât leur action, ils s'enfuirent
bien vite, & emportèrent la malle.
i( Quelque temps après, ne les entendant plus,
je me traînai vers M'"" de Miramand; je l'appe-
lai, 8c elle me répondit d'abord, en me disant à
voix basse : Ne m'abandonnez point, Suzon, jus-
qu'à ce que j'aie expiré. Je meurs pour ma reli-
gion, 8c j'espère que le bon Dieu aura pitié de
moi; dites à mon époux que je lui recommande
notre petite. Après cela elle ne s'occupa que de
Dieu par des oraisons courtes 8c tendres jusqu'au
dernier soupir qu'elle rendit à l'entrée de la nuit
à mon côté '. »
' Louvrcleuil, 11, p. 98.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 809
à Saint-Ambroix sur une civière; Madame de Miraman avait été trouvée
entièrement vêtue, coiffée Se gantée, St portant encore ses boucles d'oreilles
de diamant.
Il était difficile de concevoir une démonstration plus éclatante de l'inanité
des opérations entreprises dans les hautes Cévennes.
Du reste, le ministère n'avait pas eu besoin de cette preuve pour pressentir
les déceptions qui l'attendaient. Après avoir été fort inquiet pendant quel-
ques jours au sujet d'une pointe essayée par les camisards dans le diocèse de
Castres, tentative sans résultat, Chamillart, dès le 22 octobre, en accordant
l'ordre de brûler les maisons, sollicité avec instances par Julien, exprima un
profond découragement & un doute amer sur les conséquences de l'entre-
prise. 11 autorisait l'incendie, afin que la besogne se fît plus vite Se occupât
moins de troupes; mais il ne se permettait plus d'illusions sur l'inutilité de
ces feux. « Cela, disait-il, ne diminuera en rien le mal que ces gens-là iront
« faire ailleurs. » Il avertissait l'intendant qu'on parlait de nouvelles recrues
arrivées chez les camisards par l'effet même de la dévastation des montagnes.
Ainsi, l'unique résultat visible de tout ce mouvement était un accroissement
des forces de l'ennemi. « Il auroit été à désirer, ajoutait tristement le ministre,
« que cette entreprise n'eût été faite qu'avec une assurance plus certaine de
Il succès ' . »
Bâville sentit le reproche Se chercha aussitôt à s'en justifier; mais en se
justifiant il reconnut que l'objet de l'opération n'était pas atteint. D'après
lui, la démolition des villages ne pouvait avoir d'utilité qu'à la condition
d'être rapidement faite 6c appuyée par des troupes nombreuses. Le danger
d'un débarquement sur les côtes de la Méditerranée ayant contraint le maré-
chal à rappeler ses forces dans le bas pays, tout le plan primitif était dérangé.
Se l'on ne devait s'en prendre qu'aux événements. Toutefois, l'intendant
contestait que la dévastation des liautes Cévennes eût jeté un homme de plus
dans les bandes camisardes. L'entière population virile en faisait partie, Scsi,
par intermittences, elle rentrait dans ses maisons, elle n'en était pas moins
toujours prête à se mettre en campagne à la première occasion.
Bâville priait le ministre de suspendre son jugement : la guerre n'était
point finie, mais facilitée. Par la destruction de leurs abris dans la haute
montagne, les insurgés seraient contraints de se maintenir dans la plaine, où
l'on aurait plus d'aisance pour les envelopper St pour les détruire*.
A mesure que les ordres s'exécutaient, tous les avis arrivés à la Cour en
faisaient ressortir l'absurdité. Jamais faute politique n'a été plus rapidement
jugée.
Dans un mémoire confidentiel, recommandant les mesures les plus bar-
bares, comme l'extermination en masse de la population protestante de tous
les villages où un seul crime aurait été commis, M. de Marcilly reprochait
aux dévastateurs méthodiques des hautes Cévennes de travailler directement
• Pièces justificatives, n. DCCVII, col. 1825. ' Pièces justificatives, n. DCCVIII, col. iSiS.
170J
I -joj
8io ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
contre les întérêts du roi en ruinant le pays & en y laissant le peuple
rebelle. Si minutieuse que fût la démolition, elle ne pouvait faire disparaître
les ruines, 8t, pour gens habitués à se retirer sous les bois ou dans les
cavernes des montagnes 81 à vivre de noix S<. de châtaignes, les moindres
masures suffiraient encore à donner abri. Marcilly affirmait d'ailleurs que,
dans plusieurs villes, les protestants se cotisaient déjà pour indemniser les
propriétaires d'habitations ruinées. Ce n'est pas contre des bâtisses inertes,
c'est contre le peuple rebelle que Marcilly voulait diriger les rigueurs de la
justice royale. Outre l'extermination des villages supposés complices de meur-
tres, il demandait que pour le seul fait d'une assemblée de prières tenue
contrairement aux ordonnances, on enlevât toute la population de la paroisse,
que l'on jetât les hommes valides dans les armées de Flandres, en ayant
soin de les disperser entre plusieurs régiments. Se que le reste, vieillards,
femmes 8t enfants, fût expédié au-delà des mers, sans espoir de retour, avec
confiscation des biens. Ces biens seraient partagés entre des catholiques
pauvres qui cesseraient ainsi d'être à charge à leurs communes, ou placés
entre les mains d'Irlandais que le sentiment de la propriété, joint à l'ardeur
religieuse S<. à la haine des protestants, rendrait d'excellents colons.
Sur la question militaire, Marcilly ne s'accordait guère avec Julien. On
avait accablé le comte de Broglie parce qu'il multipliait les petits postes;
l'auteur du mémoire blâmait Montrevel de laisser sans garnison tous les
châteaux que leur situation mettait hors d'insulte.
Il faut lire dans l'original ces consultations étranges, rédigées par des
hommes instruits fk courtois, pour comprendre à quel degré d'aveuglement 81
de folie la passion d'obéir peut pousser les courtisans. Violer le droit de pro-
priété, détruire les liens de la famille, envoyer le mari mourir en Hollande
6t la femme en Amérique, pour le seul fait d'avoir prié Dieu dans une
langue &t selon des rites qui ne sont pas à la convenance du souverain, ne
paraissent point des énorraités. Cela s'expose St se décrit comme une recette
ordinaire, 8c l'on ajoute paisiblement : quand le calme sera rétabli, Ton
pourra rouvrir &c réparer quelques églises; si elles sont brûlées, on appli-
quera le même remède. Ce que l'on juge de mieux pour « faire changer
« avantageusement » ce peuple, c'est de le traiter sans miséricorde 8c de lui
ôter l'espérance d'aucun secours étranger'.
Cependant ces contradictions, ces projets perpétuels ne laissaient pas que
d'agir sur la Cour; on commençait à prêter plus d'attention à une foule de
rapports, de lettres 8c de dénonciations défavorables au maréchal^. Il y avait,
dans les reproches qu'on lui adressait de divers points de la Province, Se en
styles très-différents, une concordance qui donnait à penser.
Le ministre prit le parti, vers la fin de l'année 8c, pendant que les
flammes des hautes Cévennes brûlaient encore, de communiquer franche-
' Pièces juit'ificaùves, n. DCCIX, col. 1817. ' Pièces justificatives, n. DCLXXXIX, col. 1771;
a. DCXCV, col. 1797.
LIV. III, RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 8ii
ment à Bâville ses incertitudes 8c ses craintes. Il fit dresser un mémoire secret
où étaient classées Se résumées toutes les accusations portées contre le maré-
chal, & il en envoya copie à l'intendant, avec prière de noter sur chaque
point ses observations.
L'auteur du mémoire mettait en opposition le petit nombre de rebelles
marchant en troupe. Se l'importance des forces occupées en Languedoc :
vingt-deux bataillons, cinq cents miquelets Se trois régiments de dragons.
On attribuait au maréchal la responsabilité des insuccès, en lui reprochant
de garder auprès de lui les meilleures troupes, de ne commander aucun mou-
vement utile, d'avoir passé tout l'été à Alais dans une entière inaction, de
décourager lui-même ses officiers, de s'être montré sévère pour ceux qui
avaient voulu prendre quelque initiative, de n'avoir aucune idée suivie,
d'être extrêmement jaloux de son autorité, au point de ne vouloir tenir
compte d'aucun avis, de ne posséder nulle connaissance du pays, d'être dis-
trait Se paresseux, de passer la plus grande partie de son temps dans le jeu Se
dans la société des femmes, de souhaiter la continuation des troubles pour
prolonger son commandement, d'être méprisé des officiers, de se laisser
impressionner par les fables des astrologues, de donner des exemples fâcheux
à ses subordonnés, & enfin de vivre en mésintelligence avec l'intendant.
Pour conclure, on déclarait la Province perdue si un nouveau commandant
en chef n'était pas nommé.
Bâville reprit, article par article, ce violent réquisitoire. Se tout en ména-
geant ses expressions 8c enveloppant sa pensée de formes respectueuses, donna
de l'ensemble un commentaire accablant pour le maréchal.
Il avouait que les troupes n'avaient pas été commandées pendant tout l'été,
Montrevel laissant commettre mille désordres à demi-lieue d'Alais où il fai-
sait sa résidence. Sa phrase favorite était : « C'est une guerre de moyens 8c
« où l'épée ne sert de rien. » Il regardait les combats comme inutiles, parce
qu'après chaque escarmouche, les insurges se retrouvaient aussi forts qu'aupa-
ravant. Il retenait, en effet, les meilleures troupes auprès de sa personne : on
l'avait entendu plus d'une fois dire aux officiers de détachements : « On
« veut que je vous envoyé dans un tel lieu? Allez-y; mais je suis sûr que
« cela est inutile 8< que vous n'y ferez rien. » Aussi, toutes ces petites expé-
ditions se réduisaient à de simples promenades militaires. Ilarement les
troupes couchaient dehors. La brutalité du maréchal à l'égard du colonel de
Fimarcon qui s'était permis d'assembler les quartiers sans ordre pour courir
sus aux rebelles, avait produit une impression très-fâcheuse sur les officiers 5c
augmenté leur paresse. 11 se montrait vraiment jaloux de ses subalternes. Se
l'on ne pouvait l'amener à suivre la pensée d'autrui si l'on ne lui faisait
croire qu'il l'avait conçue de lui-même. Souvent il répondait au développe-
ment d'un projet : » Je l'avois déjà imaginé, mais cela n'est pas possible » ou
bien encore : « Oui dà, cela est de bon sens, il faudra faire cela, cela est
( bon. » Puis il jetait le papier sur sa table Se n'y pensait plus. Son igno-
rance géographique du pays était complète; il n'en pouvait arranger les lieux
lyoj
fje>3
8iî ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dans sa tête, 8c l'on devait relever ses bévues à tout instant. Sur le chapitre
des plaisirs, Bâville se montrait discret, mais de façon à permettre beaucoup
d'hypothèses; tout en disant que le maréchal jouait moins qu'on ne l'avait
prétendu, il reconnaissait que cinq ou six officiers joueurs de profession
faisaient son habituelle compagnie; &, quant aux femmes, il se tirait d'af-
faire par des allusions polies. 11 nie le mépris, mais non pas les murmures
des bons officiers. Les mouvements des anciens catholiques « qui ne se
« tournoient qu'à piller & à voler » ont été assez bien réprimés, mais ils
recommenceront si l'on ne régularise pas ces forces qui, organisées en régi-
ments, peuvent rendre des_ services. Les faiblesses astrologiques du maréclial
sont réelles : il a raconté plusieurs fois le discours d'un charlatan qiii lui
prédisait les plus hautes destinées pourvu qu'il sortît sain & sauf de sou
commandement. C'est à la préoccupation de cette prophétie qu'on attribuait
sa manie de s'entourer de troupes nombreuses. La plupart des officiers,
gâtés par son exemple, ne songent qu'à mener une vie douce ; ils ne
pillent pas la Province, mais ils ne font rien. Sur ses rapports personnels
avec le maréchal, Bâville s'explique sans aigreur; il a toujours trouvé en
lui des manières honnêtes & cherché à les mériter par ses égards. 11 lui
a dit quelquefois « en bonne amitié, h qu'envoyer directement à la Cour
des mémoires dont l'intendant doit avoir communication est pure perte de
temps, à quoi Montrevel répondait en riant qu'il ne voulait pas d'adjoint à
l'empire.
Le prudent administrateur se refuse de donner son avis sur l'opportu-
nité de nommer un nouveau commandant en chef en Languedoc : « Cet
« article, dit-il, est au-dessus de ma portée. « Mais toute sa déposition & les
réflexions par où il termine infirment étrangement cette modeste déclaration.
Le maréchal s'est mis en tête de faire murer tous les gros lieux, de les fermer
avec soin & d'y concentrer la population entière des villages & des métairies.
Il croit que, par ce moyen, les camisards réduits à errer dans un désert &
définitivement privés de vivres, seront plus faciles à forcer. C'est une opération
très-compliquée & très-longue, d'une efficacité douteuse; si l'on s'y condamne,
on laissera passer les derniers mois d'hiver, St la révolte prendra au printemps
de nouvelles forces. Bâville prie donc le ministre de désapprouver ce projet &
d'en dissuader le maréchal. 11 voudrait aussi le voir renoncer à la dissémina-
tion des troupes en petits détachements oisifs, concerter des mouvements dans
toute l'étendue des paroisses soulevées, par une répartition exacte du pays
entre divers commandants inspecteurs. Bref, il ne cache point que le maré-
chal ne doive changer de maxime, si l'on veut terminer une révolte aussi
contraire à la prospérité du royaume, 8<. il émet l'espérance qu'une lettre
ministérielle, prescrivant l'exécution d'un nouveau plan de campagne, suffira
peut-être à réparer les fautes passées. Il a rédigé lui-même un projet d'opéra-
tions en vue d'utiliser à la fois les forces des anciens catholiques sur les quatre
points où elles peuvent agir, dans le voisinage des basses Cévennes, les vingt
bataillons d'infanterie ik les deux régiments de dragons. Mais en tout cas, on
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 8i3
doit se hâter S< ne pas attendre que le printemps appelle sur la frontière une
parlie des troupes employées'.
Quelque péremptoires qu'elles fussent, les déclarations de Bâville n'eurent
point de conséquence immédiate Se, pendant plusieurs mois encore, le maré-
chal de Montrevel garda le commandement. Mais on ne saurait douter que
dès ce moment les dénonciations qui venaient de Languedoc, aggravées par
le témoignage si peu déguisé de l'intendant, n'eussent très-mal disposé le
ministère Se préparé une disgrâce prochaine^.
Les trois premiers mois de l'année 1704 s'écoulèrent au milieu des alarmes
générales. On racontait que Cavalier marchait à la tête de quinze cents
hommes; 8t, si les grandes actions de guerre ne se multipliaient pas, il ne se
passait guère de semaine où l'on n'apprît la nouvelle de quelque catastrophe.
La dévastation des hautes Cévennes, loin d'avoir découragé les bandes, sem-
blait au contraire avoir redoublé l'audace de ces partisans. Ils affectaient de
donner aux habitants de la plaine le spectacle des incendies promenés par
Julien sur les plateaux supérieurs. 11 n'y avait plus de sécurité pour les catho-
liques Se pour les troupes royales que dans les places fortes ou au moins dans
les villes murées. On vivait dans des angoisses perpétuelles. Suivant les alter-
natives des engagements ou les rumeurs qui circulaient sur l'état des forces
en campagne, la population catholique ou la population protestante s'atten-
dait à des massacres, toujours à titre de représailles. Des fenêtres de son palais
épiscopal, Fléchier pouvait voir à l'horizon des nuages de fumée montant
vers le ciel, &, pendant la nuit, de grandes lueurs; c'étaient les maisons de
campagne ou les métairies disséminées dans la plaine qui flambaient impu-
nément^.
Les cadets de la croix, les camisards blancs ou les florentins (on leur don-
nait encore ce dernier nom à cause du village de Saint-Florent où une forte
' Pièces justificatives, n. DCCXIX, col. 1843. je rassure tantôt les uns, tantôt les autres. Nous
' Les correspondances que nous publions aux sommes ici comme bloqués, & l'on ne peut sortir
Pilfces justificatives & surtout le rapport confiden- de la ville à cent cinquante pas sans crainte &
tiel de BàviHe tranchent la question agitée par sans danger d'être tué. Il n'est pas permis de se
les historiens, de savoir si la disgrâce de Montre- promener, ni de prendre l'air. J'ai tu de mes
vel fut déterminée par le désastre des troupes de fenêtres brûler nos maisons de campagne impu-
la marine ou par l'ensemble de la conduite du nément. Il ne se passe presque pas de jours, que
maréchal. La catastrophe du Devez de Martignar- je n'apprenne à mon réveil quelque malheur arrivé
gucs acheva de ruiner le crédit du commandant la nuit. Ma chambre est souvent pleine de gens
en chef, mais la série de ses mécomptes antérieurs qu'on a ruinés; de pauvres femmes dont on yient
l'avait depuis longtemps ébranlé. de tuer les maris; de curés fugitifs qui viennent
' Lettres choisies de M. Fléchier, I, p. 167. — représenter les misères de leurs paroisses. Tout fait
Voici un passage particulièrement frappant de horreur; tout fait pitié. Je suis père, je suis pas-
cette correspondance : teur; je dois soulager les uns, adoucir les autres,
« Nous sommes dans une ville où nous n'avons les aider & secourir tous,
point de repos, ni de plaisir, non pas même de u L'exercice de notre religion est presque aboli
consolation. Quand les catholiques sont les plus dans trois ou quatre diocèses; plus de quatre
forts, les autres craignent d'être égorgés; quand mille catholiques ont été égorgés à la campagne.
les fanatiques sont en grand nombre près d'ici. Quatre-vingts prêtres massacres, près de deux
les catholiques craignent à leur tour. Il faut que cents églises brûlées. »
7o3
1704
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814 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
bande s'était formée) commettaient en même temps mille cruautés & rivali-
saient de barbarie avec les Cévenols, ne se distinguant d'eux que par leur
indifférence à piller également catholiques 8c réformés.
Montrevel voulut mettre un terme à ces excès en essayant d'organiser & de
diriger lui-même l'armement des paroisses catholiques, en leur donnant des
chefs de son choix, en interdisant les rassemblements tumultueux, & pro-
mettant de punir comme voleur quiconque se livrerait k des actes de brigan-
da
ee
Dans le courant du mois de février, une troupe de camisards de cinq ou
six cents hommes, manquant de vivres dans les Cévennes ou comptant opérer
une diversion, réussit à passer l'Ardèche 81 se jeta dans le bassin de l'Eyrieu,
où ils brûlèrent les églises de Gluyras, Saint-Maurice, Saint-Fortunat, Saint-
Julien le Roux, Saint-Jean Chambre, Saint-Barthélémy le Pin. Julien, qui
occupait alors Saint-Ambroix, reçut l'ordre de passer en Vivarais pour y
réprimer ces désordres 8c fît piller 8c incendier le village de Franchessin,
auprès duquel avait eu lieu un engagement^.
Cependant, comme les condamnations criminelles 8c les supplices ne ces-
saient point, 8c qu'après avoir tant de fois annoncé à la Cour l'entière des-
truction des rebelles, on était contraint d'avouer à tout instant de nouveaux
méfaits, le rappel du commandant en chef fut sérieusement débattu. Mon-
trevel en reçut probablement quelque avis officieux^ car, le 14 mars, il écrivit
au roi une lettre apologétique de sa conduite. Il y rappelait les circonstances
de sa nomination; avant de quitter Paris, 8c au sein même du conseil des
ministres, il avait toujours dit que l'insurrection de Languedoc était un fait
grave, loin de partager l'opinion des courtisans qui la regardaient comme un
« feu de paille. » Son premier soin, une fois arrivé à Nimes, avait été de
demander des renforts. Ce n'était point sa faute si, par suite des événements
extérieurs, le duc de Vendôme, au lieu d'envoyer huit mille hommes, ainsi
qu'il en était convenu, n'avait pu en détacher que trois mille, si les six mille
hommes de la marine que l'on attendait avaient été réduits à trois, venus
trop tard 8c partis trop tôt, 8c enfin si les mouvements des forces considé-
rables, que l'on espérait tirer de Guienne, de Franche-Comté 8c de Dau-
phiné, avaient été contrariés par des obstacles imprévus. La déclaration de
guerre du duc de Savoie, en pressant la marche des troupes vers la frontière,
venait de remettre tout en question. Elle rendait le courage 8c l'espérance
aux insurgés 8c faisait perdre le fruit de tous les eftorts que l'on avait dépensés
.pour vaincre leur obstination. Le maréchal ne concluait pas; il se retran-
chait seulement sur sa clairvoyance à juger sérieuse, dès l'origine, une révolte
imprudemment méprisée. Il demandait des ordres Se priait le roi de « prendre
a les mesures les plus efficaces^. »
' Piiccs justificatives, n. DCCXXXI, col. i 878. que nous publions aux Pièces justificatives ,
» Louvreleuil. — Brueys. — Court de Gébelin. n. DCCXXVII, col. 1 873.
— Voir aussi l'ordonnance de Julien pour le ré- ^ Pièces justificatives, n. VCCWWl, co\. 1880.
otlissement des églises dévastées de Vivarais,
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 8i5
Le lendemain du jour où cette épître partit de Quissac, survint une catas-
trophe qui précipita la disgrâce du maréchal.
Roland & Cavalier, avec une troupe de quinze cents hommes, s'étaient
portés sur le village de Saint-Chaptes, soit pour faire des vivres dans un nou-
veau quartier, soit pour donner la chasse aux cadets de la croix qui venaient
de commettre diverses cruautés dans les environs. Saint-Chaptes est situé au
sud-ouest d'Uzès, sur la rive gauche du Gardon, à une lieue de la rivière,
dans une plaine basse, au pied de petites hauteurs ondulées. A. la première
nouvelle de ce rassemblement, Montrevel, qui venait d'arriver à Uzès, détacha
M. de la Jonquière avec cinq ou six cents hommes d'élite de la marine 8t
deux compagnies de dragons du régiment de Saint-Sernin. Comme on n'avait
parlé que d'une force à peu près égale d'infanterie camisarde, & d'une soixan-
taine de cavaliers, le maréchal ne crut pas, suivant son habitude, devoir faire
l'honneur k des paysans armés de fourches 8c de bâtons, de marcher en per-
sonne contre eux'; une demi-heure après, par un retour de scrupule, il fit
partir M. de Foix à la tète de cent dragons de Fimarcon avec ordre de rallier
la colonne, mais de rentrer au bout de trois heures^. Les Cévenols avaient
déjà quitté Saint-Chaptes quand La Jonquière y pénétra. Il refusa l'assis-
tance des dragons de Fimarcon qui étaient venus l'y joindre 8c les pria de
s'en retourner à Uzès, comme ils firent, d'après les instructions du maréchal.
La Jonquière se méprenait autant que Montrevel sur l'effectif de l'ennemi,
8c croyait n'avoir affaire qu'à une petite bande; il résolut de la poursuivre
8c, remontant le Gardon, alla d'abord coucher à Moussac. Au moment où il
y entrait, l'arrière-garde de Cavalier sortait par l'autre porte se dirigeant vers
le vallon de la Droude. Les maisons de Moussac furent pillées, les soldats
s'y gorgèrent de vin, s'y embarrassèrent de dépouilles 8c s'y endormirent
d'un lourd sommeil. Les fumées de l'ivresse n'étaient pas encore dissipées,
quand le lendemain matin ils se remirent en marche pour chercher les
camisards.
Ils visitèrent d'abord Brignon, petite paroisse située sur un promontoire
triangulaire que forme le confluent du Gardon 8c de la Droude Se n'y ren-
contrèrent personne; ils s'engagèrent ensuite sur l'étroite presqu'île découpée
par les deux cours d'eau qui, sur ce point, suivent des lignes à peu près
parallèles, à moins d'une lieue de distance; ils pillèrent Las Cours 8c Cru-
viers, dépendances de la baronnie de Boucoiran, y fusillèrent un paysan Se
trois paysannes, 8c reconnurent bientôt, sur le sol détrempé par les pluies de
la journée, les traces d'une troupe qui se dirigeait vers Martignargues, à
travers des coteaux parsemés de bouquets de bois.
Cavalier avait en effet pris position, dans un lieu fort avantageux, nommé
le Devez de Martignargues. C'était un petit plateau désert, bordé de ravins^
encadré de taillis, protégé sur sa gauche par la Droude, sur sa droite par le
Gardon. Le chef camisard mit d'abord entre l'ennemi Se lui un ravin cjui lui
' Pièces justificatives, n. DCCXXXVIl, col. 1887. ' Pièces justificatives, n. DCCXXXVIII,col. 1891.
1704
i7<34
8i6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
servait de retranchement naturel & posta des embuscades sur ses flancs à
l'abri des bois.
Il paraît que M. de Saint-Chaptes Piémarcé qui marchait en éclaireur avec
des dragons eut souj>çon de quelque embûche & fit part à La Jonquière de
ses inquiétudes. Il supposait avec raison que des réserves étaient cachées der-
rière les arbres. Le commandant passa outre & ordonna d'aborder le front
que l'on commençait d'apercevoir au delà du ravin. Dès qu'on fut à portée
de fusil, l'infanterie royale fit une décharge générale. Sur l'ordre de Cava-
lier, les camisards s'étaient couchés ventre à terre ik personne ne fut atteint;
mais ce mouvement trompa La Jonquière qui, croyant les camisards décimés,
commanda de charger à la bayonnette. Tous les faux morts & les faux blessés
se relevèrent aussitôt. Se, chantant leurs psaumes, tombèrent sur les assail-
lants; au même instant, les postes embusqués se démasquèrent, & la petite
armée se vit envelopper de toutes parts. Les dragons commencèrent à s'ébranler
Si ne songèrent plus qu'à se dérober par la fuite. Les officiers mirent pied à
terre & firent tout ce qui dépendait d'eux pour maintenir leurs hommes dans
le devoir; mais ceux-ci, alourdis par le vin, encombrés du produit de leur
pillage dont ils s'étaient chargés, turent incapables de résistance. Les officiers
8c les grenadiers tinrent seuls ferme, tandis que le reste, jetant ses armes, se
précipitait vers le Gardon ou vers la Droude, pour se sauver à la nage. Beau-
coup se noyèrent dans la retenue d'un moulin, dont les eaux calmes & pro-
fondes les avaient trompés. La Jonquière, blessé légèrement à la joue, prit la
fuite comme les autres, échappa aux poursuites en escaladant un mur de
clôture, puis se jetant sur le cheval d'un dragon, passa le Gardon à la nage 8<.
courut s'enfermer dans Boucoiran. Ses officiers n'imitèrent pas son exemple
8c luttèrent jusqu'à la fin. Vingt-trois ou vingt-cinq d'entre eux tombèrent
mortellement frappés. De ce nombre étaient le colonel de Vaqueville, M. de
Fabrègue, major du régiment de Vexin; La Borde 8c Ligondès, capitaines
de grenadiers; Lissac, Martin de Laval, Chayius, Raousset, le chevalier de
Sabran, Se nombre d'autres gentilshommes qualifiés. Plusieurs d'entre eux
furent assommés à coups de hache ou de faux par les paysans des environs
qui étaient venus prêter main-forte aux Cévenols. Leurs chevaux, leurs
brillants uniformes, leurs épées à poignée d'argent ciselé servirent à relever
l'éclat de l'état-major camisard '.
Ce désastre, qui n'avait pas d'équivalent depuis le commencement de la
révolte, produisit une impression terrible.
Après avoir recueilli les trophées de sa victoire, Cavalier se replia prudem-
ment sur Vezenobre. Une heure après l'événement, M. de La Lande arrivait
* La Baume, conseiller au présidial de Nimes, gens de mérite, mais encore parce qu'elle fournit
affirme, dans ses mémoires manuscrits, qu'il n"é- aux camisards un grand nombre de fusils, de
chappa de cette défaite que quatre officiers & cent baïonnettes, d'épées & de pistolets, dont ils man-
quatre-vingts soldats j que cette perte fut très-con- quoient, &. nombre de bons chevaux, entre Ics-
«idérablc, " non-seulement par le nombre des sol- quels celui de la Jonquière, qui étoit .un clieyal
dats & des of(ii.iers presque tous gentilshommes & de prix, u
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 817
à Ners, avec sept cents hommes, ne se doutant de rien. Comme il envoya
relever le détachement de Soissonnais qui était à Boucoiran, La Jonquière lui
fit part de son malheur, & il alla visiter le champ de bataille, puis rallier
cent cinquante hommes qui, avec un seul officier, ayant heureusement
franchi la Droude, avaient réussi à se jeter dans le château de Saint-Cézaire
de Gauzignan.
Cette commune, celles de Ners 6c de Cruviers furent chargées du soin
d'enterrer les morts. Le maréchal qui était déjà parti d'Uzès pour Nimes,
quand on lui apporta la nouvelle de la catastrophe, rebroussa chemin, 8t
avec un corps de douze cents hommes, se porta vers Saint-Chaptes où les
camisards n'avaient eu garde d'aller l'attendre, & après une inutile battue,
regagna ses quartiers'.
Le ministre écrivit sévèrement à Montrevel sur le désastre du Devez. Le
maréchal s'indigna qu'on le rendît responsable de la faute de son subalterne
& donna, pour se justifier, des raisons qui achevèrent de compromettre sa
cause au Conseil du roi. Il n'avait pas cru, disait-il, devoir se mettre en
marche avec les troupes qui se trouvaient auprès de lui à Uzès, parce que,
ses moindres mouvements étant épiés 61 signalés aux rebelles, il aurait craint
de perdre toute chance de les rencontrer. D'après ses informations, les cami-
sards ne devaient pas avoir à Saint-Chaptcs plus de soixante chevaux Se cinq
ou six cents hommes mal armés. Comment ne pas croire qu'un détachement
de cinq cents soldats d'élite 8c deux compagnies de dragons pouvaient venir à
bout de pareilles forces^? Le plus clair de ces excuses fut que le maréchal ne
savait jamais à quoi s'en tenir sur les positions réelles des camisards. Il rece-
vait à la fois des avis contradictoires dont la plupart, selon toute apparence,
venaient de l'ennemi, 8c dans l'incertitude où ces contradictions le jetaient,
il se résignait à l'inaction. En réalité, si Montrevel n'était pas directement
responsable de la déroute essuyée par La Jonquière, il l'avait rendue possible
en laissant se relâcher la discipline, en habituant les officiers à l'indifférence
dont il donnait lui-mC'me l'exemple, 8c en abandonnant au hasard la direc-
tion des troupes, sans concerter aucun plan Se sans combiner les mouvements
des diverses forces éparpillées dans la Province.
Consulté une fois de plus par le ministre, avec l'ordre de s'expliquer
nettement sur les causes de la défaite, Bâville n'hésita point a sacrifier le
maréchaP. Il donna sur les effets de sa conduite des renseignements
curieux. L'insouciance du commandant en chef gagnait presque tout le
corps d'officiers. Installés dans de bons postes, les commandants de détache-
ments n'avaient guère d'autre préoccupation que de s'y tenir en repos 8c de
voir le moins possible de camisards. Cette guerre intérieure ne leur inspirait
que dégoût. Partageant sur les questions religieuses l'indifférence qui gagnait
déjà la noblesse française 8c qui régnait depuis longtemps dans le monde
■ Loiivreleuil, 111, p. i8. ' Pifceî/uMÏ/îcnt.Vcj, n. DCCXXXVIIl,col. 1888.
' Piècet justificatives, n. DCCXXXVII, col. 1 886.
XTII. 5,
1704
'7°4
8i8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
militaire, ils ne prenaient aucun intérêt personnel à la conversion des Céve-
nols; ils savaient que les succès remportés sur ces montagnards leur donne-
raient peu de gloire, que l'ennemi ne faisait point de quartier, & ils ne se
piquaient point de vigilance. Quant à Montrevel, dont la bravoure était
connue, il ne croyait pas que sa dignité de maréchal de France lui permît
de paraître en personne sur de pareils champs de bataille & devant de tels
adversaires, & il se faisait toujours représenter par quelqu'un de ses lieute-
nants. A Pompignan, oii il vit presque un village brûler sous ses yeux, il
s'était contenté de détacher M. de Paratte avec un gros de troupes Si s'était
paisiblement retiré à Saint-Hippolyte pour y attendre le résultat. Au combat
de la tour de Billot, averti vers onze heures du soir de la rencontre, il ne
monta à cheval qu'à huit heures du matin & ne put voir que les morts.
Enfin ses hésitations &. ses longs retards avaient largement contribué à la
dernière défaite.
Le sentiment exagéré que le maréchal témoignait avoir de sa dignité se
traduisait d'ailleurs par de singulières conséquences. Lorsque Bâville insistait
pour faire organiser la population catholique en corps de milices régulières,
ce qui devait avoir le double avantage d'augmenter les forces disponibles &.
d'empêcher les saturnales des Cadets de la Croix, Montrevel s'y opposait, par
respect pour sa propre grandeur. Il devinait les exigences croissantes de la
guerre étrangère. Aussitôt qu'il aurait eu formé de bonnes milices, on n'au-
rait pas tardé, pensait-il, à lui retirer tous ses régiments pour les faire filer
sur la frontière, de sorte qu'il aurait eu l'humiliation de se trouver général
en chef d'une armée de miliciens, condition tout à fait inacceptable, quand
on avait l'honneur de croiser les deux bâtons fleurdelisés derrière l'écu de ses
armes. Voilà comment la haute fortune, loin de les développer, diminuait
les qualités de l'homme de guerre 8t comment l'orgueil de ses titres lui
faisait oublier ses devoirs.
Bâville jugeait ces dispositions d'autant plus déplorables qu'il n'ignorait
rien du projet des étrangers sur les Cévennes. En Hollande, comme eu
Angleterre, on s'occupait beaucoup de l'insurrection. Dès le 8 février, la
proposition avait été faite aux Etats généraux de La Haye, d'envoyer un
corps de trois mille hommes dans ces montagnes, aux frais des Provinces-
Unies pour un tiers & de l'Angleterre pour les deux autres. Les députés de
Frise, d'Utrecht, d'Over-Yssel y avaient donné leur consentement. Commis-
sion était expédiée depuis le 6 mars pour recruter les trois mille hommes.
Walkenaer &. Belcastel devaient s'occuper de faire ces levées en Suisse & en
Piémont '.
Les Hollandais, en correspondance secrète assez suivie avec les insurgés des
Cévennes, cherchaient à transformer la physionomie de la guerre; ils com-
prenaient à quel point les meurtres & les brigandages rendaient la révolte
' Archives générales du royaume des Pays-Bas à 8 & 26 février; 6, 7, 10 & 17 mars; 29 avril;
La Haye. Résolutions secrètes des Etats généraux : 24 mai. (Communication de M. Vnn den Bergh.)
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 819
odieuse. Aussi ne cessaient-ils d'exhorter les camisards à cesser leurs incendies
& leurs destructions d'églises, à ne plus massacrer les prêtres & les personnes
inoffensives, & à se conduire en véritables soldats de l'Evangile, combattant
à découvert pour la liberté de conscience & pour l'affranchissement des peu-
ples. Il fallait intéresser les catholiques eux-mêmes au soulèvement, ce qu'on
ne pourrait faire qu'en respectant leur culte & en faisant luire à leurs yeux
l'espérance d'un allégement d'impôts.
A toutes les observations qu'il recevait de Bâville, sur ces divers dangers,
Montrevel ne répondait que par des généralités. L'inutilité de courir après
les camisards, l'impossibilité de réduire la révolte tant que la paix ne serait
pas rétablie en Europe indiquaient trop bien l'invincible parti-pris du ma-
réchal.
« Il vous paroîtra peut-être extraordinaire, écrivait l'intendant au ministre',
(' qu'un vieil conseiller d'Etat soit d'avis de se battre toujours, & que celui
« d'un maréchal de France soit contraire; mais si l'on ne passe de l'inaction
c( où nous sommes à un mouvement continuel, l'affaire grossira toujours. »
Montrevel, de son côté, croyait plus que jamais à l'efficacité des expé-
dients. Comme tous les chemins aboutissant à Nimes étaient devenus de
véritables coupe-gorge, 8c que les camisards embusqués derrière les murs y
tuaient journellement des voyageurs, le maréchal ordonna de raser tous les
murs de clôture, à droite & à gauche des chemins, jusqu'à une grande portée
de fusil & sur la longueur d'un grand quart de lieue. Cette démolition se
rattachait au système des villes fermées qui abandonnait la campagne entière
à l'insurrection. Se l'on devine comment fut accueillie des propriétaires locaux
cette obligation de livrer leurs olivettes 8c leurs vignes à toutes les entreprises
des coureurs*.
En attendant qu'un nouveau chef fût nommé, Chamillart prescrivit à
Montrevel d'exécuter le projet du « vieux conseiller d'Etat, » c'est-à-dire de
diminuer le nombre des troupes immobilisées dans les garnisons pour les
employer en campagne.
Montrevel se soumit, non sans aigreur, 8c n'oublia pas de faire ressortir les
inconvénients qu'il voyait à dégarnir de troupes certaines villes populeuses 8c
passionnées sur le chapitre de la religion^.
Mais déjà le parti de la Cour était pris. Trois jours avant que Bâville ne
rédigeât sa dernière consultation , le ministre de la guerre lui annonçait
l'arrivée prochaine du inaréchal de Villars, désigné pour prendre le comman-
dement en chef des troupes royales de Languedoc'*.
Louis Hector, marquis de Villars, maréchal de France, venait de s'illustrer
par ses belles opérations en Allemagne. Ses victoires de Friedlingen, près la
Forêt Noire, 8c de Hochstedt, en Bavière, 6c son audacieuse jonction avec les
troupes de l'Électeur lui avaient acquis en Europe une soudaine réputation.
• Pièces just'tficat'ivei, n.DCCWWUÏ, col. 1892. ' Pièces justificatives, n. DCCXXXIX, col. 1893.
• Pièces justificatives, n. DCCXXXIV, col. i883. * Pièces justificatives, n. DCCXL, col. 1894.
1704
'704
820 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La Cour pensa que le prestige de ces succès & l'humeur alerte Se vive du
maréchal viendraient à bout de la pénible entreprise où avaient échoué Bro-
glie 8c Montrcvel.
En lui annonçant la résolution de l'envoyer en Languedoc, Louis XIV lui
dit : « Des guerres plus considérables à conduire vous conviendroient mieux;
« mais vous me rendrez un service bien important si vous pouvez arrêter une
« révolte qui peut devenir très-dangereuse, surtout dans une conjoncture où,
« faisant la guerre à toute l'Europe, il est assez embarrassant d'en avoir une
« dans le cœur du royaume', »
Avant de quitter Paris, Villars, qui avait l'esprit lucide S<. déterminé, tra-
vailla d'abord à se former une idée exacte de l'état des choses. Il prit commu-
nication d'une foule de correspondances de Languedoc, trouva beaucoup de
contradictions dans les relations qui s'en écrivaient & reconnut bientôt l'ina-
nité des moyens adoptés pour soumettre les rebelles, la timidité des troupes
impressionnées par plusieurs échecs, la détresse de certaines bourgades dont
les approvisionnements étaient interceptés, & la nécessité de porter un prompt
remède à des maux aigris depuis deux années. Dès le principe, le maréchal
devina qu'on devait, pour aboutir, mener simultanément la guerre Se les
négociations. Pour la guerre, il demanda un hardi chef de partisans, nommé
Lacroix, qui s'était acquis beaucoup de renommée dans les dernières cam-
pagnes; pour les négociations, il recommanda au roi un gentilhomme nou-
veau converti de Languedoc, habitant d'Uzès, M. de Rossel, baron d'Aiga-
liers, qui depuis longtemps poursuivait le noble but de pacifier la Province
& qui s'était fait présentera C"hamillart par le duc de Chevreuse. Du milieu
des témoignages opposés qu'il avait recueillis, Villars réussit, dès le premier
jour, à dégager une synthèse assez juste qu'il résuma, le ii avril, dans sa
lettre au ministre sur les affaires de Languedoc^. Sa conclusion était d'une
grande nouveauté. Il comptait beaucoup, disait-il, sur les voies de douceur,
plus utiles que la violence. Il ajoutait, par concession aux idées dominantes,
que toute la raison était du côté du roi 8< presque tous les torts du côté des
rebelles. Comme la Cour n'avait pas été habituée à un pareil langage, Villars
se hâtait d'en donner l'explication. Ce « presque » lui était inspiré par la
conduite du clergé^. Le maréchal jugeait que les prêtres 8c quelques évêques
■ Mémoires du maréchal de Villars, p. iSp. ceux qui ont encore quelque sentiment de la na-
' Pièces justificatives, n. DCCXLI, col. iSpS. ture & de la religion. Oui, Monseigneur, je dis
' Une lettre adressée dans le courant du mois qu'ils en sont la cause, lorsque par un principe
de mars au maréchal de Montrevel & conservée d'orgueil, plutôt que par des motifs chrétiens, ils
par La Baume, représentait sous des couleurs très- ont voulu dominer sur la foi d'autrui & tyranni-
sombres la conduite du clergé. En voici les prin- ser les consciences. Que n'ont-ils pas fait pendant
cipaux passages : « Le plus grand malheur est que plusieurs années i* ou plutôt qu'ont-ils faiti" A
la corruption est allée jusque dans le sanctuaire. quoi ont abouti toutes leurs violences? Ont-ils
Ce sont les ecclésiastiques qui sont la cause de fait des chrétiens ou, pour mieux dire, n'ont-ils
tous les désordres. Ceux qui devroient être occupés pas fait des athées, des libertins & enfin des re-
à prier Dieu sans cesse & à gémir à la vue de tant belles i" Voilà ce qu'ont produit les séminaires. Us
de sang répandu, s'en réjouissent, & ils scanda- couvens, les prisons, les exils, les amendes & Us
lisent, par une conduite si éloignée de la charité, enlèvemens des pères à leurs cnfans, des cnfans à
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 821
avaient eu de grands torts, qu'en abusant de l'autorité qu'on leur laissait, ils
exaspéraient les peuples; qu'une trop grande liberté donnée non pas à leur
zèle, mais à leur avidité. Se couvrant d'une apparence de ferveur des intérêts
purement matériels, était cause de graves abus. La fréquence des supplices,
la rigueur inflexible déployée contre les rebelles entretenait l'irritation &
perpétuait la guerre.
La certitude qu'avaient les camisards de perdre la vie sur la roue ou sur le
gibet s'ils se laissaient prendre les portait naturellement à s'exposer sans
ménagement dans les combats. Villars se proposa donc de renoncer au sys-
tème d'intimidation que ses prédécesseurs avaient adopté, de ne plus compter
sur les effets d'exemples terribles, les imaginations frappées de trop de scènes
d'horreur ayant depuis longtemps cessé d'en être impressionnées, & il voulut
essayer une autre conduite.
« Si Votre Majesté me le permet, dit-il au roi dans son audience de congé,
« j'agirai par des manières toutes différentes de celles que l'on emploie, 8c je
c( tâcherai de terminer par la douceur des malheurs où la sévérité me paroît
Il non-seulement inutile, mais totalement contraire. »
Louis XIV lui répondit : » Je m'en rapporte à vousj & vous croyez bien
« que je préfère la conservation de mes peuples à leur perte que je crois cer-
« taine, si cette malheureuse révolte continue. « Le roi ajouta qu'il serait
plus reconnaissant au maréchal de terminer les affaires de Languedoc que
de gagner trois batailles. Peu de jours auparavant, le ministre de la guerre
lui avait tenu à peu près le même langage, égalant un succès définitif dans
les Cévennes à quatre batailles rangées sur la frontière. Villars a dépeint,
dans une lettre au cardinal de Janson, dans quel état d'esprit il commença le
voyage de Languedoc : « Je me mis dans la tête de tout tenter, d'employer
« toute sorte de voies, hors celle de ruiner une des meilleures provinces du
« royaume; & même que si je pouvois ramener les coupables sans les punir,
« je conserverois les meilleurs hommes de guerre qu'il y ait dans le royaume.
n Ce sont, me disois-je, des François, très-braves 8c très-forts, trois qualités
" à considérer '. »
Tandis qu'il traversait l'est de la France, au milieu de l'empressement
populaire saluant le vainqueur de Friedlingen 8c de Hochstedt, qu'il rece-
vait de grands honneurs à Lyon 81 que le vice-légat d'Avignon allait l'at-
leiirs pères, des femmes à leurs maris & des maris prouvent & animent hautement ceux qui, sous le
à leurs femmes. Il n'est pas nécessaire, Monsei- nom de cadets, vont impunément tuer, piller 8c
gneur, que je vous fasse le détail de la conduite brûler.
de quelques évéques de cette province, & des pré- n Après cela je vous avoue, Monseigneur, qu'il
très de leurs diocèses, qui, sous le prétexte spé- faut avoir une grâce toute particulière, pour ne
cieux de la religion, ont insolemment abusé de douter pas de la vérité de la religion catholique;
l'autorité de l'Eglise, & par leurs vexations, ont & il ne faut pas s'étonner si ceux qui commen-
jeté le monde dans le désespoir où vous le trouvez. çoient d'en goûter les principes se sont rebelles.
Si vous prenez la peine de vous informer des cho- lorsqu'ils ont vu des manières si opposées à la
ses, vous saurez que non-seulement ils sont les douceur de l'Évangile. »
auteurs du plus grand malheur qui peut jam.iis ' Lettre du 6 août 1704. Mémoires du. maréchal
arriver dans cette province, mais encore qu'ils ap- de Villars, p. 140.
1704
•7°4
822 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tendre à la descente du bateau, hors de la ville, avec sa cavalerie', le maré-
chal de Montrevel profondément blessé de sa disgrâce & réveillé de sa torpeur
par le dépit, méditait d'user de ses derniers jours de commandement par un
coup de maître, afin de montrer à la Cour de quel effort il était encore
capable quand il voulait s'en donner la peine. Pour arriver à son but, il fit
grand bruit de son prochain départ & répandit dans le public la nouvelle
qu'une partie des troupes était destinée à lui faire escorte jusqu'aux frontières
de Guienne, tandis que l'autre irait attendre à Beaucaire le nouveau com-
mandant en chef.
Cette rumeur, habilement propagée Si rapportée aux camisards par leurs
correspondants ordinaires, obtint l'effet qu'on s'en était promis. Déjà la défaite
des troupes de la marine, exaltant la confiance des Cévenols, les poussait à se
départir de leur prudence habituelle. Le succès avait grossi la troupe de
Cavalier qui comprenait alors près de mille fantassins Si deux cents cavaliers,
Si qui marchait en guerre au son d'une trompette, d'un fifre Si de huit tam-
bours. Ce fut dans cet équipage, enseignes déployées, que le jeune chef fit
une tentative sur Boucoiran.
Boucoiran est ce village, à droite du Gardon, oii La Jonquière réussit à
s'enfermer après sa défaite. Les habitations sont rangées dans une plaine
basse au pied de collines dont le château occupait le faîte. La garnison s'y
étant retirée fit un feu nourri Si repoussa l'attaque. Mais Cavalier, maître du
village, eut le temps d'en détruire les défenses Si d'y compléter ses approvi-
sionnements.
De là il se porta sur Saint-Geniès de Malgoires, le long du flanc oriental
de la même chaîne de collines qui s'infléchit vis-à-vis Moussac, élargissant la
plaine du Gardon. La cavalerie investit ce petit bourg Si l'infanterie enfonça
l'une des portes. La garnison, qui se défendit vaillamment dans une maison,
ne put être forcée; mais le curé de Montignargues ayant eu le malheur de
faire feu sur les camisards du haut d'une tour où il s'était retiré avec quelques
miquelets, en fut précipité Si mis à mort. On brûla l'église 81 la maison
d'un des principaux habitants, on abattit les murailles du bourg Si l'on
enleva cinq chevaux, quelques armes Si des vivres.
On était alors au i3 avril, le départ du maréchal de Montrevel annoncé
pour le 16. Comptant sur la liberté que l'éloignement des troupes devait lui
assurer, Cavalier méditait des expéditions dans la Vaunage. Il alla coucher
la nuit du i5 au 16 à Caveirac, au débouché nord-est de cette vallée.
Montrevel, averti de ses mouvements par l'abbé Terrien, curé de Mont-
pezat, qui avait à son service d'adroits espions, s'était rendu à Sommières
avec quelques compagnies de Fimarcon Si de Saint-Sernin Si les Irlandais à
cheval. Il donna l'ordre à M. de Grandval, commandant à Lunel, de mar-
cher au point du jour avec quatre cents hommes du régiment de Charolais
Si cinq compagnies de Fimarcon Si de Saint-Sernin, pour occuper les liau-
' Pièces justificatives, n. DCCXLVII, col. IçoS. — Mémoires du maréchal Je Villars, p. 141.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES, 828
teurs de Boissières, au sud-est de la Vaunage, & à M. de Sandricourt, com-
mandant à Nimes, d'envoyer tout ce qu'il pourrait tirer de la garnison, tant
dragons que Suisses, vers Clarensac & Saint-Cosme, au nord de la vallée.
Cavalier, qui avait brisé les barrières de Caveirac, démoli la muraille en
pierres sèches, & logé son monde par billets chez les habitants, sans réussir
à forcer le château, détendu par une compagnie de fusiliers, Si qui avait
essuyé le feu de quelques habitants postés, avec le vicaire, sur le clocher de
l'église', s'était retiré dans un pli de terrain entre Boissières 8c le moulin à
vent de Langlade, pour y prendre quelques instants de repos. Les fantassins
étaient allongés auprès de leurs armes, 5c les cavaliers au pied de leurs mon-
tures, la bride au bras. C'est dans cet état que la troupe fut surprise par les
dragons de Grandval. Les camisards se mirent promptement en selle 8c char-
gèrent les dragons qui firent volte-face 8c prirent la fuite dans la direction
de Vergèze. La cavalerie cévenole se laissa entraîner dans cette poursuite
jusqu'au moment où elle aperçut, entre Vergèze 8c Boissières, sur les pla-
teaux, le régiment de Charolais qui l'attendait de pied ferme. L'infanterie
camisarde n'avait pu suivre que de fort loin la marche rapide des cavaliers.
Ceux-ci, ne se voyant pas soutenus, commencèrent à battre en retraite. Un
paysan, consulté par Cavalier, lui indiqua le chemin de Soulorgues à Nages
comme l'unique voie de salut. Au point où ce chemin joint celui de Nimes, <
les camisards rencontrèrent le second bataillon de Hainaut 8c les Irlandais à
pied commandés par Menou. Cavalier réussit à passer, mais lorsque, des
hauteurs de Nages, il voulut pénétrer dans la plaine de Calvisson, il trouva
toutes les avenues occupées par des troupes. Les camisards, se voyant enve-
loppés, firent une charge vigoureuse pour forcer le passage &c couvrirent la
plaine de leurs morts. Au pont du Rhosny, défendu par des dragons, Cava-
lier faillit perdre son plus jeune frère, âgé de dix ans, qui suivait la bande,
monté sur un petit cheval de la Camargue, 8c réussit, par son adresse, à le
dégager. Le maréchal combattit de sa personne, avec beaucoup de vaillance.
Cavalier perdit dans cette affaire au moins le tiers de son effectif; les fuyards
ne se dérobèrent qu'à la faveur du bois de Lens d'où leur chef les rallia sur
les hauteurs de Puechredon, dans le haut bassin du Vidourle; il y passa deux
jours, recueillant tout ce qui avait pu s'échapper du champ de bataille; beau-
coup de ses gens revenaient sans armes; d'autres, tellement éclopés qu'ils
étaient incapables de tout service. La plupart des cavaliers avaient aban-
donné leurs montures, afin de profiter des larges fossés pleins d'eau qui les
abritaient contre la poursuite des dragons. Comme les troupes royales conti-
nuaient leurs battues, Cavalier, comprenant qu'il ne pourrait tenir long-
temps le pays sans courir le risque d'une rencontre, prit le parti de franchir
le Gardon Se de gagner les bois d'Euzet, où de nouveaux mécomptes lui
étaient réservés^.
Cependant le maréchal de Montrevel, très-fier de sa victoire, en écrivit la
■ Piècet justificatives, n. DCCXLIV, col, 1900. ' Court d« Gébelin, II, p, 238.
1704
'7°4
824 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
nouvelle au ministre de la guerre avec un laconisme affecté, ne donnant
aucun détail des opérations &. se bornant à dire qu'il avait été assez heureux,
avant de quitter la Province, pour défaire entièrement la troupe de Cavalier
8c celle de Catinat jointes ensemble, avec la principale jeunesse des Céven-
nes". Il adressa une lettre au roi, à peu près dans les mêmes termes, où il
ajoutait : « Les mesures que j'avois prises pour les envelopper m'ont réhussy
« comme je me l'étois proposé, & l'action qui commença à trois heures après
« midv a duré jusqu'à neuf du soir^. » Mais comme il entendait faire con-
naître à la Cour tout ce qui s'était passé, il fit partir pour Versailles M. de
Préfosse, major général, chargé de présenter un rapport de l'action & d'expli-
quer au ministère ce que le maréchal avait sur le cœur. Le 17 avril, ayant
appris par Bâville que Villars devait arriver sur le soir à Nimes, Montrevel
partit de Sommières dans la matinée pour aller prendre son commandement
de Guienne.
Les informations de l'intendant n'étaient pas fort exactes, car le 17, Villars
se trouvait encore à Vienne, sur le Rhône, où il était témoin de l'émotion
causée par le bruit de l'arrivée d'un corps d'impériaux à Montmélian^. Deux
jours après, à Valence, il rencontra M. de Préfosse, chargé des dépêches de
Montrevel, & pria le ministre de lui renvoyer le major général au plus vite,
dès qu'il se serait acquitté de sa mission'*.
Le même jour, 19 avril. Cavalier écrivait à son père, enfermé dans les
prisons d'Alais, une courte lettre datée du Désert, pour le rassurer sur le
« terrible combat » du i6. Il démentait la nouvelle répandue qu'il avait été
blessé, 8<. racontait que, dans la mêlée, s'étant trouvé aux prises avec trois
dragons, il était parvenu à s'en défaire, u Quelque monde qui se lève, ajou-
te tait-il, je ne crains rien; car je sais que Dieu sera ma garde ^. »
Peu d'instants après que cette lettre fut écrite, la troupe camisarde, encore
tout ébranlée de sa défaite, eut à subir un second assaut. M. de Lalande
revenait de Navacelles £<. de Brouzet, dans le bassin du Cèze, avec un corps
de mille hommes, lorsqu'il fut averti par un gentilhomme qua dix heures
du matin. Cavalier, inutilement cherché depuis trente heures, était encore
dans le bois d'Euzet. Il fit deux détachements de trois cents hommes chacun
qu'il envoya par les bois de Vacquières, au-dessus du village signalé, & lui-
même, avec le reste, s'étendit dans la petite plaine qui règne au pied de ces
collines. L'un des détachements, s'étant égaré sur la gauche, du côté de
Fontcouverte, n'arriva pas à temps pour fermer le cercle, mais l'autre tomba
sur les camisards auprès d'Euzet, leur tua une centaine d'hommes, une
douzaine de femmes ou de filles qui les suivaient & leur enleva soixante-dix
chevaux. Le gros de la troupe parvint à se sauver par l'intervalle que l'erreur
d'un guide avait laissé libre & disparut à travers bois.
Le lendemain matin, en fouillant le pays, on découvrit dans des rochers
' Pièces justificatives, n. DCCXLV, col. 1901. ■• Pièces justificatives, n. DCCXLVIII, col. 1904.
"■ Pièces justificatives, n. DCCXLVI, col. 1902. = Pièces justificatives, n. DCCXLIX, col. 1904.
' Pièces justificatives, n. DCCXLVII, col. 1908.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 8:5
Bt dans des cabanes de planches, une ambulance où se trouvaient douze
blessés ou malades, des magasins à poudre & des vivres. Parmi les effets on
reconnut trois épées à poignée d'argent & plusieurs justaucorps du régiment
des vaisseaux '.
Villars débarqua à Beaucaire le dimanche 20 avril. L'intendant, M. de
lulien & nombre de gentilshommes de Beaucaire, de Tarascon & d'Arles
étaient allés à sa rencontre. Bâville & Julien ne manquèrent pas de se mon-
trer fort incrédules sur les résultats de la victoire de Montrevel, 8t répétèrent
au nouveau commandant en chef tout ce qu'ils avaient dit cent fois de l'ai-
sance avec laquelle les bandes se reformaient. Villars tenait ferme, & persis-
tait dans son double dessein de déployer une grande activité militaire &
d'user des voies de douceur. Après avoir passé la nuit dans la maison du
comte de Rochefort, gouverneur de Beaucaire, le maréchal se rendit à Nimes.
Au discours de bienvenue du premier consul, il répondit en termes signi-
ficatifs 8c manifesta un ardent désir d'arriver rapidement à !a paix. « On
« étoit, disait-il, étonné à la Cour de voir se prolonger tant de troubles en
« Languedoc; il avoit reçu du roi l'ordre de les finir Si d'employer les der-
« nières rigueurs pour réduire les rebelles à la soumission, si les moyens de
« douceur ne parvenoient pas à les ramener. On ne pouvoit comprendre que
« ces mutins eussent fait périr trois cents soldats de Sa Majesté en une ren-
« contre, tandis qu'il n'en périssoit que très-peu & beaucoup moins dans les
« plus grandes batailles. On étoit surpris que dans une Province illustre
« 8t florissante, où l'on comptoit tant de braves gens, quelques misérables
« paysans pussent inspirer de pareilles alarmes. Ils ne se soutenoient sans
(c doute depuis si longtemps que par le secours qu'on leur donnoit 8c les
« correspondances qu'on avoit avec eux. Il ne négligeroit rien pour y mettre
. « un terme ^. »
L'arrivée du maréchal fut diversement appréciée en Languedoc. « Nous
c allons voir une nouvelle scène Si de nouveaux acteurs, écrivait Fléchier,
« Se peut-être des projets nouveaux^. » Tous ceux à qui l'excès de l'épou-
vante faisait désirer une extermination générale, se montraient inquiets des
dispositions bienveillantes de Villars. On lui présenta, dès les premières
entrevues, une centurie de Nostradamus annonçant qu'un général entré en
Languedoc par Beaucaire finirait tous les malheurs de la Province. Villars,
qui avait beaucoup entendu parler des petits prophètes cévenols, ne fut pas
médiocrement surpris de se voir tout d'abord salué lui-même par des prophé-
ties. Mais, pensant que ces folles croyances avaient quelque empire sur les
imaginations méridionales, il se garda d'y contredire 81 s'efforça de rassurer
tout le monde. Le bonheur qui s'était attaché à ses pas durant ses dernières
campagnes au delà du Rhin autorisait les plus belles espérances 8c pouvait
agir utilement sur l'opinion.
' Picces justificatives, n. DCCLI, col. 1906. » Lettres choisies Je M. Fléchier, I, p. i65.
Lourreleuil, II, p. 42-
1704
'7°-J
826 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
En observant les milieux qui l'entouraient, Villars fut frappé du peu de
solidité des esprits. 11 ne trouvait partout que légèreté, mobilité, exagération
& emportement. C'étaient, disait-il, des têtes bien extraordinaires, 8t une
race qui ne ressemblait en rien à toutes celles qu'il connaissait. L'exaltation
religieuse, également vive cbez les catholiques 8c les protestants, suscitait à
tout propos mille embarras. Dès son arrivée, le maréchal fut assailli de let-
tres anonymes, dont un grand nombre dirigées contre l'intendant. Comme
Bâville avait beaucoup de finesse, d'habileté & d'expérience, il ne tarda pas à
se rendre nécessaire &. à conquérir les bonnes grâces du nouveau comman-
dant en chef qui plaida sa cause auprès du ministère dans les termes les plus
chaleureux '.
Un des premiers soins de Villars fut de régler la condition d'une foule
considérable de prévenus qui encombraient toutes les prisons, quoique Mon-
trevel, avant son départ en eût fait élargir un certain nombre. Bâville, avec
l'assistance du présidial, opéra une révision générale & rendit la liberté à
tous ceux contre lesquels on n'avait aucune espèce de preuves. Les autres
furent dirigés sur l'île Sainte-Marguerite, & faillirent être écharpés au pas-
sage par les catholiques de Fourques des mains desquels les officiers & soldats
d'escorte eurent grand'peine à les arracher. On avait mis dans ce convoi des
gens convaincus de pactiser avec l'insurrection 81 de servir de correspondants
aux camisards, soit pour les transmissions de fonds, soit pour les achats de
munitions ou de vivres.
Cette liquidation de prisonniers était une des clauses secrètes arrêtées par
je maréchal avec d'Aigaliers, en vue de faciliter les négociations qu'il se pro-
posait d'entreprendre. Ce gentilhomme détermina les protestants de Nimes
à faire une démarche spontanée auprès de Villars 8c à lui demander la per-
mission de prendre eux-mêmes les armes contre les rebelles « espérant de les
« ramener par leur exemple ou résolus à les combatte pour témoigner leur
« fidélité. » Leur requête écrite, signée de plusieurs gentilshommes 8c de
presque tous les avocats 8c marchands de Nimes, fut présentée à Villars
le 22 avril par M. d'Albenas, à la tête de sept à huit cents personnes^.
' Mémoires du maréchal de Villars, p. 142. sont sincères, & qu'on a tort de croire que nous
* LouvreUuil (II, p. ûp) a conservé la harangue sommes des fauteurs de ces rebelles. Il n'est rien,
de M. d'Albenas, dont voici les termes : .Monseigneur, que nous ne soyons en état de faire
•( Monseigneur, les nouveaux convertis de la pour effacer un soupçon si injurieux & qui de-
ville d* Nimes viennent vous réitérer les assuran- vroit tomber de lui-même. Car enfin il faudroit
ces de leur inviolable fidélité pour le service du avoir perdu tout sentiment de religion & d'huraa-
roi, & vous protester qu'ils ne se départiront ja- nité pour seconder une troupe de scélérats, qui
mais d'un si légitime devoir. Ils vous ont supplié joignent à leur révolte l'impiété, les sacrilèges, les
& vous supplient encore. Monseigneur, de vouloir meurtres, les incendies, & mille autres cruautés,
vous servir de leurs personnes & de leurs biens dont les démons seuls peuvent être capables. II
pour exterminer ces malheureux fanatiques, qui faudroit même avoir oublié que nous vivons sous
ont eu la témérité de s'élever contre l'autorité de le règne du plus grand & du plus puissant roi du
Sa Majesté; s'il nous étoit permis de les combattre monde. L'Europe, presque entière liguée contre
avec les armes, nous le ferions avec tant d'ardeur, lui, est contrainte de céder à l'effort de ses armes;
qu'on seroit forcé d'avouer que nos protestations que peut donc espérer une peignée de gens muti-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 827
Le maréchal leur fit un accueil obligeant, se déclara persuadé de la sincérité
de leurs protestations & annonça que, si leur secours lui était nécessaire, il
les emploierait avec autant de confiance que les anciens catholiques. Il les
chargea même d'annoncer partout qu'il offrait l'amnistie à quiconque dépo-
serait les armes dans le délai de huit jours.
Un point essentiel était de ramener Cavalier, que ses dernières aventures
& surtout la défaite du bataillon de la marine avaient fort mis en lumière,
8c qui, à la fois prophète 8c capitaine, exerçait une grande autorité sur les
camisards. Dès le 28 avril, Bâville le faisait sonder mystérieusement, sans
commettre l'intendance'. L'intermédiaire de ces négociations fut un certain
La Combe de Vezenobre, dont Cavalier, avant ses grandeurs, avait gardé les
troupeaux. L'intendant pensait avec raison que les anciennes relations & les
souvenirs d'enfance qui liaient le chef camisard au bourgeois de Vezenobre
pourraient avoir une utile influence. Depuis la révolte, les deux hommes
s'étaient rencontrés plusieurs fois, 81, comme ils professaient la même reli-
gion, on racontait que Cavalier avait patiemment écouté les conseils de son
ancien maître.
Ces premiers jalons posés, Villars partit avec l'intendant pour faire une
tournée dans les Cévennes. Il visita tour à tour Sommières, Saint-Hippolyte,
Anduze, Uzès. Partout, sur son chemin, il assemblait les communes, 8t leur
parlait avec une chaleur communicative^.
Il leur annonçait qu'il venait de la part du roi avec le dessein arrêté de
finir promptement les troubles, qu'il offrait le pardon de leurs crimes aux
chefs des rebelles 8c à tous ceux qui les suivaient, s'ils venaient se soumettre
8c rendre leurs armes. S'ils s'opiniâtraient dans leur révolte, il les traiterait
avec la dernière rigueur. Il qualifia de folie les illusions de ceux qui, après
les pertes essuyées dans les combats les plus récents, croyaient pouvoir prô-
nés? Nous Us avons en horreur, & notre indigna- éloigné pour nous, qui n'arons qu'une faible voix
tion est d'autant plus grande qu'ils rendent odieux en partage. Nous devons l'élever au ciel, 8c faire
le nom de nouveau converti, & avec la haine pu- des vœux pour l'heureux succès de vos entreprises,
blique attirent sur nous des maux qui ne devroient Nous devons, quelque triste & déplorable que soit
tomber que sur eux 8t sur leurs complices. Ce n'est notre état, calmer nos craintes & nous reposer sur
pas. Monseigneur, la crainte & la souffrance de votre sagesse, sur votre bonté naturelle & surtout
tant de maux qui nous met en mouvement. Nos sur votre équité, qui ne permettra pas que les in-
biens & nos vies nous sont moins chères que notre nocents soient confondus avec les coupables. Per-
fidélité, La croire suspecte est le plus grand de mettez. Monseigneur, que nous vous suppliions
tous nos malheurs. Eprouvez-la, Monseigneur, avec un profond respect de porter nos sentiments
cette fidélité, nous vous en prions de tout notre & nos très-humbles soumissions au trône de notre
cœur, bien persuadés que cette épreuve détruira glorieux monarque. Nous espérons cette grâce de
les fausses idées qu'on vous a données de nous, l'honneur de votre protection, dont nous vous de-
qu'elle fera connaître que nous n'avons que de mandons la continuation, & nous ne cesseront
bonnes intentions, qu'une forte passion de donner d'adresser nos prières à Dieu pour votre santé &
des marques de notre soumission aux volontés de prospérité. »
notre invincible monarque, & un ardent désir de ' Pièces justificatives, n. DCCLII, col. 191 r.
voir bientôt la destruction de ces rebelles, & le * Pièces justificatives, n. DCCLIII, col. 191 i-
rétablissement du repos & de la tranquillité pu- n. DCCLIV, col. içiS; n. DCCLVI, col. i0i4}
blicj. 'Vous y travaillez. Monseigneur, 'avec tant n. DCCLVII, col. 1915.
'.'application qu'un bien si désirable ne peut être
1704
«7°4
828 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
longer encore la résistance, &. leur citait l'exemple des villages de Brenoux,
de Saint-Paul & de Soustelle qui venaient d'être entièrement détruits pour
avoir donné asile aux camisards. Ces terribles exécutions se renouvelleraient
si les peuples se refusaient à la clémence royale'.
Sur la question religieuse, Villars tenait un langage tout à fait nouveau,
il ne parlait pas de conversion & s'écartait entièrement de la thèse favorite
des orateurs catholiques sur la contrainte bienfaisante & les violences salu-
taires, 11 se garda de leur citer, ainsi qu'on venait de le faire dans un écrit
répandu en Languedoc, les exploits de Charlemagne contre les Saxons, &c de
Boleslas contre les infidèles des côtes baltiques^. « Adorez Dieu, disait-il,
' Voir aux Pièces justificatives , n. DCCLXIl,
col. 1926, le texte d'une harangue de Villars dont
il envoya copie au ministre & qui fut répandue en
Languedoc.
' Kous empruntons à Louvreleuil les passages
les plus marquants de cette lettre aux rebelles des
Cévennes où se trouvent réunis les principaux ar-
guments adoptés par les apologistes de l'édit de
i685 :
« Le prétexte de votre rébellion est qu'on vous
a faits catholiques par force, que rien ne doit être
plus libre que la conscience, qu'on devait vous
laisser jouir des privilèges des édits & ne pas vous
contraindre à changer de religion. Si vous en aviez
de la religion, vous ne tiendriez pas ce langage,
vous béniriez Dieu plutôt de la violence salutaire
qu'on vous a faite; mais il est aisé de combattre
votre prévention : y a-t-il de l'injustice, ni même
de la dureté; n'y a-t-il pas plutôt de la charité de
ramener à l'Eglise par force ceux qui s'en sont
éloignés par la rébellion!' Quoi de plus conforme
aux lois divines & humaines, que de remettre un
déserteur sous l'étendard de son capitaine, un en-
fant prodigue dans la maison de son père, un
peuple révolté sous l'obéissance de son souverain?
(TertuUien.) C'est ainsi que Charlemagne, le mo-
dèle des empereurs chrétiens, eut jusques à trois
guerres dans trente ans contre les Saxons, & les
rangea enfin à la foi catholique qu'ils avoient
abandonnée. C'est ainsi que Boleslas traita les
Prusses dans la Pologne, heureuse nécessité qui les
sauva malgré eux. Les laisser dans leur égarement
n'auroit-ce pas été une douceur cruelle? (S. Aug.)
« Le roi n'est-il pas le maître dans son royaume?
N'a-t-il pas le droit d'y rétablir l'ancienne reli-
gion? Est-il esclave des engagemens forces de ses
prédécesseurs? Il a révoqué des édits : n'en avoit-il
pas le pouvoir? (S. Bern.) des édits extorqués dans
des temps difficiles, & comme arrachés des mains
des souverains; des édits outrageux à la religion
du prince & à la sûreté de la domination ; des
édits dont on abusoit tous les jours par des entre-
prises séditieuses.
Avec quel ménagement de douceur s'est appli-
quée Sa Majesté à vous réunir à l'Église? A-t-elle
épargné quelque chose pour vous attirer? Avant
que d'employer son autorité, exhortations, cares-
ses, libéralités, elle n'a rien oublié pour gagner
vos cœurs, & quand elle a joint le commande-
ment, n'a-t-elle pas suivi la règle de l'Evangile,
qui ordonne de forcer ceux que le Seigneur ap-
pelle, & qui refusent de venir volontairement?
Le bon Pasteur ne court-il pas la houlette à la
main après la brebis égarée? (S. Luc, 14, 24.) Et
si elle fait la rétive, ne la charge-t-il pas sur ses
épaules pour l'obliger, malgré elle, de revenir
dans le bercail? Qu'a-t-on fait autre chose à votre
égard? Où est ce sang qu'on a versé? On a évité
bien mieux que vous le reproche que le prophète
fait à ceux qui bâtissent Sion du sang des hom-
mes, & Jérusalem des fruits de l'iniquité. (Mich.
3, 10.) On voit, dans votre conduite & dans celle
qu'on a tenue envers vous, la différence qui est
entre le zèle de la maison de Dieu & la fureur de
Babylone. Est-ce une injustice de guérir un fré-
nétique malgré lui? Les anges firent-ils tort à
Loth, lorsque le prenant par la main, ils le for-
cèrent à sortir de Sodome? Si l'on eût introduit
avec contrainte dans l'arche de Noé les hommes
qui périrent par le déluge, auroient-îls eu sujet
de se plaindre.'' Vous n'avez pas plus de raison,
mes frères, de murmurer contre la douce violence
qu'on vous a faite pour vous réunir à l'Eglise, en-
core moins devez-vous prendre de là occasion de
vous révolter!
« La révolte n'est jamais permise contre les légi-
times souverains, que dis-je, ni même contre les
tyrans. Saint Pierre (S. Pierre, 2, 18.) nous com-
mande d'obéir à nos maîtres, même les plus fâ-
cheux; on n'a jamais vu parmi les vrais chrétiens
des rébellions contre l'autorité royale. TertuUien
nous apprend que les premiers fidèles, au milieu
même de la persécution, faisoient des vœux pour
la prospérité des empereurs, non pas en public
seulement par un esprit de religion. Des sujets ré-
voltés sont exécrables & devant Dieu St devant les
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 829
« suivant l'opinion que vous avez... Dieu tout bon, tout juste, ne demande
« pas autre chose. » Quant aux actes extérieurs du culte, il en expliquait
1 interdiction par des raisons de fait. La liberté des cultes publics n'était pas
reconnue en Europe; non-seulement l'Angleterre, la Hollande, la Suède, le
Danemark la proscrivaient, mais les plus petits princes de l'Empire 8c jusqu'à
des villes impériales, placées cependant sous le protectorat d'un souverain
catholique, ne toléraient pas l'exercice public de la religion romaine. Une
troupe de mutins oserait-elle imposer « au plus grand roi du monde » une
loi dont se dispensaient des Etats insignifiants. Villars essayait ainsi de
reprendre, dans un intérêt de pacification, cette distinction entre la liberté
de conscience 8c la liberté d'exercice, entre le culte intérieur Si les céré-
monies extérieures, que l'on avait bien érigée en théorie pour justifier les
premières mesures contre les protestants, mais qui, dans la pratique, 8c, par
une pente tatale, avait abouti aux conversions forcées. Ce système, le seul
qui fût possible, à cause de l'entêtement de la Cour à considérer la révoca-
tion de l'édit de Nantes comme le plus grand acte du règne, avait l'inconvé-
nient de reposer sur des subtilités 8c de prêter à l'équivoque. « Adorez Dieu
« suivant l'opinion que vous avez, » ce principe, qui n'est autre que celui de
la tolérance religieuse, impliquait pour la plupart des auditeurs l'autorisa-
tion d'un culte public, sinon dans les villes, au moins au désert, 8c la faculté
de s'assembler dans les lieux isolés pour prier 8c chanter des psaumes, sans
courir le risque d'être chargé par les dragons, tué sur place ou envoyé aux
galères.
Cette confusion était même si naturelle que le bruit se répandit en Lan-
guedoc 8c arriva jusqu'à la Cour, de concessions illicites faites par le maré-
chal aux religionnaires des Cévennes. On s'est demandé si Villars avait
sciemment trompé les camlsards, pour précipiter leur soumission, en leur pro-
mettant ce qu'il ne pouvait pas tenir. Nous ne doutons pas qu'au fond du
cœur Villars ne se sentît disposé à leur accorder la liberté de culte pleine 8c
entière, si la chose avait dépendu de lui. Une foule de passages de ses lettres
le laissent entendre; mais il était courtisan, il savait que le roi ne céderait
pas sur l'article de la religion ; 8c, combattu entre le bon sens, le désir de
terminer une lutte abominable 8c la nécessité de ménager les idées régnantes,
il se tirait d'embarras par des distinctions que tous les esprits ne pouvaient
saisir &c qui, certainement, disparaissaient dans les discours des négociateurs
subalternes. Voilà comment, s'il ne les fit pas lui-même, il encouragea des
promesses qui dépassaient les intentions du gouvernement. Sa préoccupation
exclusive était de faire poser les armes aux insurgés 8c de les mettre hors de
hommes; leurs plus belles actions dans les guerres une révolte contre l'empereur qui lui commandoit
civiles sont honteuses & leurs vertus mêmes sont de venir sacrifier aux faux dieux avec le reste de
des crimes. l'armée : il aime mieux mourir que lever le bras
« Considérez un saint Maurice à la tête d'une contre son maître, il se laisse égorger avec tous ses
légion chrétienne les armes à la main, & en état soldats, comme d'innocentes victimes, sans faire la
de défendre sa vie & de soutenir sa religion, par moindre résistance, u
1704
'7°4
83o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
France. Comme la guerre extérieure consommait beaucoup d'hommes 8c que
les camisards, endurcis à la fatigue, avaient donné des preuves incontestables
de vaillance, l'idée était venue de se débarrasser d'eux en les envoyant aux
armées, comme les familles éloignent un fils libertin en le faisant engager.
D'Aigaliers comptait beaucoup sur ce projet, qui pouvait donner des sol-
dats intrépides, tout en délivrant la Province de ses alarmes. Et, de fait,
après trois ans d'une vie d'aventures, d'émotions, de nuits à la belle étoile,
de courses & de campements, le noyau permanent des bandes camisardes était
devenu impropre à tout autre métier qu'à la guerre. Aussi, le maréchal, à
mesure qu'il recevait la soumission de partisans isolés, se hâtait-il de les
engager au service du roi. Il y avait parmi les Cévenols, ainsi que dans foutes
les bandes armées, quantité de ces vagabonds « batteurs de pavé, comme les
« appelait le marquis de Miremont, fort brouillés avec les espèces, &c par con-
« séquent propres à se faire soldats pour se procurer du pain. »
Dès le 25 avril, Villars annonçait au ministre que d'Aigaliers se faisait
fort de ramasser dans les Cévennes les éléments d'un régiment tout entier
auquel il souhaitait que le roi donnât le nom du maréchal. Celui-ci trans-
mettait la proposition sans en paraître scandalisé, malgré l'étrange composi-
tion de la troupe Se la qualité de ses états de services. Plus il avançait, plus
il jugeait sévèrement son prédécesseur que le massacre de tant de femmes &
d'enfants au moulin de Nimes avait rendu odieux. Bâville racontait chaque
jour des traits de fermeté presque incroyables de la part des suppliciés. On
s'était vu contraint à faire battre le tambour pendant les exécutions, afin
d'empêcher le peuple d'être bouleversé par la vigoureuse & pathétique élo-
quence des mourants. Le spectacle de ces agonies surexcitait le fanatisme &
donnait aux désirs de vengeance un aliment sans cesse renouvelé. Il fallait
donc en finir avec ces violences inutiles'.
Au second jour de la tournée de Villars, trente camisards avaient déjà
rapporté leurs armes; & les parents d'hommes enrôlés dans les bandes, que le
maréchal rencontrait un peu partout dans les villages, l'écoutaient avec atten-
tion , goûtaient ses raisonnements &. paraissaient disposés à s'en faire les
interprètes. Chaque étape de la route fut marquée par quelque soumission.
A Navacelle, on raconta que quatre cents hommes de la troupe de Cavalier,
passée trois jours auparavant, s'étaient fort soigneusement enquisdes discours
que le maréchal tenait aux communes, &, après le résumé qu'on leur en avait
fait, il s'était produit une assez vive émotion dans les rangs pour que Cava-
lier dît à sa troupe : « Ceux de vous autres qui veulent abandonner Dieu,
« je les abandonne moi-même au démon; au moins laissez-moi vos armes,
« car pour moi je défendrai seul la cause de Dieu, 8t je mourrai seul. » Puis
ils s'étaient séparés par pelotons de quinze à vingt hommes.
A Moussac, quinze cavaliers étant venus à minuit demander du pain pour
Cavalier, on les avertit qu'ils allaient se faire prendre, & que le maréchal
■ Pièces justificatives, n. DCCLIII, col. i
911.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 83 1
était en campagne avec to^ltes les troupes. « Il vaut autant, répondirent-ils,
« être tués que de mourir de faim. Il y a deux jours que nous n'avons
« mangé'. »
Ainsi d'une part le découragement, la fatigue, l'appréhension des mouve-
ments militaires conduits par un homme de guerre consommé, d'autre part
la nouvelle des mesures de clémence commençaient d'ébranler les cœurs, 8c
Villars ne négligeait rien pour appuyer ses sermons par de grands déploie-
ments de forces & promettre une campagne terrible, si l'on ne savait pas
accepter les voies de salut qu'il offrait.
Pour rendre les négociations plus fructueuses, Villars n'oubliait point de
stimuler le zèle des officiers. Il eut l'occasion de reconnaître par lui-même
les suites pernicieuses qu'avait eues pour le moral des troupes l'exemple de
Montrevel. Dans beaucoup de corps, on s'était fait un article de foi de sa
maxime favorite que l'on perdait sa peine à chercher les camisards Se qu'ils
seraient toujours insaisissables. Demi-plaisant, demi-sérieux, Villars menaçait
de faire pendre quiconque répéterait cet axiome décourageant. Il en avait
usé ainsi, avec succès, dans la dernière campagne, sur l'impossibilité pré-
tendue de joindre l'électeur de Bavière^.
Un autre défaut que le maréchal rencontra chez les commandants subal-
ternes était de se mettre à l'aise dans leurs postes, de s'y faire une petite
domination 8< de se complaire à la prolongation de la guerre, à cause des
bénéfices professionnels qu'ils en tiraient. Villars dérangea complètement ces
mauvaises habitudes. Tout maréchal de France qu'il était, il ne dédaigna
point de faire en personne le métier de partisan, & prit avec lui des corps de
quatre cents hommes au plus, afin de montrer que sa dignité n'était point
compromise par la faiblesse des effectifs, & qu'il ne mettait son point d'hon-
neur qu'à finir la lutte.
Les troupes de Cavalier 6< de Roland se repliaient devant lui; elles
demeuraient soigneusement cachées pendant le jour, sous le couvert des
bois, 8c marchaient de nuit, pour gagner la haute montagne. Les forces
rovales, divisées en détachements, battaient le pays dans toutes les direc-
tions. Le 27 avril, M. de Menou, avec quatre cents fantassins 8c les Irlandais
à cheval, découvrit près de Puechredon la bande de Cavalier qui marchait
vers Saint-Félix. Mais les sentinelles ayant donné l'alarme, les camisards
parvinrent à se dérober sans perdre plus d'une trentaine d'hommes. M. de
Lalande se mit à leurs trousses avec divers corps séparés 8c apprit que Cava-
lier avait passé le Gardon aux Tavernes, non loin du point où les rivières
d'Alais 8c d'Anduze se réunissent. Roland s'était jeté de l'autre côté, sur la
gauche, vers Saint-Jean de Gardonnenque 81 Peyrolles^.
Le système de Villars était de faire étendre les garnisons des petites villes,
comme un filet, le long des rivières, de garder les ponts 8c les défilés, de
■ Pièces justificatlvei, n. DCCLXII, col. 1924. ' Pièces justificatives, n. DCCLIV, col. ipiS.
' Pièces justificatives, n. DCCLIX, col. 1919.
1704
'7°4
832 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
surveiller les routes, de tenir les divers postes en communication perpétuelle
par des vedettes de correspondance, & de faire marcher simultanément des
colonnes mobiles qui pénétraient partout, fouillaient les villages, les hameaux,
5c jusqu'aux fermes isolées.
Le 3o avril, Cavalier prit une résolution que sa conduite antérieure était
loin de faire prévoir. Il écrivit au maréchal de Villars une longue lettre
pleine de protestations de fidélité. Ce n'était pas la première fois que des
missives arrivaient du camp cévenol aux chefs des troupes royales. Au mois
de juillet de l'année précédente, le comte du Pv.oure, qui avait de grands
biens dans le pays, Si qui souhaitait le rétablissement de la paix, s'était
permis de faire demander aux rebelles à quelles conditions ils voudraient
déposer les armesj la réponse avait été un long mémoire, consacré princi-
palement à la conduite des ecclésiastiques 6c dont la conclusion aboutissait
à solliciter la liberté de conscience. Comme les opinions régnantes n'étaient
pas alors favorables à des transactions St que la politique de rigueur prévalait,
on sut fort mauvais gré au comte du Roure de sa médiation officieuse &
l'affaire n'eut pas d'autres suites'.
Les nouveaux principes exprimés par le maréchal de Villars pendant sa
tournée offraient de meilleures chances; les défections partielles qui s'étaient
produites, les pertes essuyées dans plusieurs combats, le sentiment de l'incon-
testable habileté & de l'activité peu commune que Villars mettait à conduire
les troupes, peut-être aussi la vanité, & la promesse de certains avantages
personnels dont les émissaires de l'intendant ne s'étaient pas montrés avares,
agirent sur l'esprit du chef camisard & le disposèrent à un acte qui fut le
premier pas dans la voie de la soumission.
Les termes de cette lettre étaient assez vagues, & le fond n'en différait pas
sensiblement de celle qu'il avait adressée, vers la fin de février, au maréclial
de Montrevel; mais on y trouvait beaucoup plus de développement, des indi-
cations de demandes précises, Se même un engagement de se soumettre au
roi & de finir ses jours à son service, dès qu'une satisfaction suffisante aurait
été accordée.
Les conditions proposées par Cavalier, noyées dans un langage verbeux &
diffus, pouvaient se réduire aux points suivants : liberté des prisonniers &
des galériens qui avaient été condamnés pour le seul fait de la religion, per-
mission aux attroupés de sortir du royaume ou de s'assembler au désert pour
prier Dieu suivant leur méthode. On voit que la liberté de conscience inter-
prétée de cette façon marquait déjà une modération notable des prétentions
primitives. Cavalier insistait beaucoup sur ce fait que les Cévenols ne s'étaient
pas armés contre le roi & ne cherchaient point à secouer le joug d'une sou-
veraineté légitime. Ils avaient eu seulement pour but de résister à l'oppres-
sion de leurs ennemis qui leur rendaient l'existence insupportable & ne ten-
daient ni à conquérir des terres, ni à gagner des richesses. Il cherchait à
' Pièce! just;jlca:;ves. n. DCLWWJf, co\. .765, & n. DCLXXXVIII, col. 1771.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 833
disculper ses troupes d'un grand nombre des méfaits que l'opinion publique
leur avait reprochés, se faisant honneur de n'avoir jamais ordonné le meurtre
& le pillage; mais annonçait qu'il ne déposerait pas les armes s'il n'obtenait
les grâces réclamées. Il prétendait d'ailleurs navoir pas autant souffert qu'on
le disait Si poiivoir continuer la guerre, tout en faisant appel à la bonne
volonté du maréchal pour la tranquillité du royaume'.
Cette lettre fut rendue à Villars le i'^'' mai. Il se hâta de la transmettre au
ministre, en indiquant que la seule proposition tolérable faite par le chef
cévenol était l'offre de sortir de France. « Pour celle-là, ajoutait-il, je ne
<< balancerois pas à y consentir. « Il croyait les camisards dans l'embarras,
mais il était peu satisfait des troupes, les trouvait beaucoup trop promptes à
se lasser. Quant aux moyens de rigueur que plusieurs commandants £<. sur-
tout Julien continuaient à préconiser, il déclarait les avoir en horreur, &C se
plaignait amèrement des excès commis par les cadets de la croix qui se con-
duisaient en pillards, ravageant indifféremment les biens des amis £v des
ennemis.
Les troupes d'Alais 8c d'Uzès, partagées en cinq corps d'environ trois cent
cinquante hommes chacun, se mirent en marche le 4 mai, vers l'entrée de
la nuit, pour opérer une battue générale qui dura plusieurs jours. Ce fut
une course très-rude, « par des pays horribles » où l'on n'avait pas encore
pénétré. Bâville faisait partie de l'expédition. Les villages les plus reculés
furent parcourus; mais on ne fit que des prises insignifiantes, sans pouvoir
obtenir, ni des paysans, ni des prisonniers, aucun renseignement positifs.
Les allées & venues de Lacomije ne cessaient pas; quand les prélimi-
naires de négociations furent assez avancés. Cavalier demanda un sauf-con-
duit pour quelqu'un de ses hommes qu'il désirait envoyer au commandant
des forces royales le plus voisin. M. de Lalande, commandant à Alais, con-
sentit à recevoir le parlementaire. Cavalier choisit un de ses lieutenants,
Abdias Morel, plus connu sous le nom de Catinat, qui avait passé toute sa
jeunesse à dompter les chevaux camargues 81 qui devait à son audace Se à son
adresse la qualité de chef de la cavalerie camisarde. Il s'était fait, pendant la.
guerre, une grande réputation de hardiesse & de cruauté. Lorsque Lalande
vit paraître cet homme rude, à physionomie sauvage, qui se présentait avec
une importance affectée, il commença par lui demander so:i nom. « Je suis
<( Catinat, répondit le camisard, commandant de la cavalerie de Cavalier.
« — Ce Catinat qui a massacré tant de gens dans le terroir de Beaucaire? —
« Lui-même; j'ai fait ce que vous dites 81 j'ai cru le devoir faire. — Vous
H êtes bien hardi d'oser paroître devant moi. — J'y suis venu, sur la bonne
« foi St sur la parole que frère Cavalier m'a donnée qu'il ne me seroit fait
« aucun mal. — Il a eu raison, » répliqua Lalande, 8<. il ouvrit la lettre de
Cavalier. Le chef cévenol demandait une conférence au pont d'Avesne pour
traiter de vive voix des propositions d'arrangement. Lalande promit qu'il y
' Pièces justificatives, n. DCCLVIII, col. 1917. ' Pièces justijîcativcs, n. DCCLIX, col. 1919.
XIII. r,3
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834 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
serait dans deux heures, avec trente dragons Se quelques officiers, laissant
Cavalier libre d'y mener une suite égale. Catinat fit observer que son chef
ne voudrait probablement pas aller au rendez-vous avec si peu de monde;
désireux par dessus tout de faire réussir la conférence, ainsi que le souhaitait
Villars, Lalande n'opposa point de difficulté. Cavalier prendrait telle escorte
qu'il voudrait; quant à lui, il s'en tiendrait à ses trente dragons'.
Le chef camisard, toujours prudent, avait laissé le gros de sa troupe dans
une excellente position, à l'abri des surprises, sur un petit monticule boisé,
isolé de toutes parts, qui domine le village de Massannes, &. dont trois flancs
sont couverts par le Gardon &i la rivière d'Anduze.
Le lieu choisi pour la conférence était à un peu moins de deux lieues au
nord, sur la rive opposée du Gardon, au point oîi la route d'Alais à Nimcs
franchit le ruisseau d'Avesne qui descend des premières assises des Cévennes,
entre la Grand'-Combe & Saint-Florent, & qui se jette dans la rivière
en bordant une plaine basse encadr-ée par les hauteurs de Saint-Hilaire de
Brethmas.
Cavalier, qui était de bonne foi, mais qui voulait sans doute faire montre
d'une force imposante, amena soixante chevaux & près de quatre cents fan-
tassins, d'une tenue assez correcte. Lalande n'avait pris que ses trente dra-
gons & une dizaine d'officiers, mais il s'était fait suivre du jeune frère de
Cavalier dont la capture récente lui permettait d'aborder l'entrevue avec un
avantage marqué.
Les escortes s'étant de part &. d'autre placées à l'écart, l'ancien garçon
boulanger 81 l'officier des armées du roi se rencontrèrent sur le pont & se
saluèrent. La première chose que fit Lalande fut de remettre à Cavalier
son jeune frère en lui disant que le roi le lui rendait. La conférence dura
près de deux heures, & Cavalier résuma ses propositions dans un écrit
signé de sa main qui fut bientôt transmis par Villars au ministre de la
guerre ^.
Le chef cévenol suppliait très-humblement Sa Majesté de lui accorder S<. à
tous les siens une entière amnistie, de pardonner également les personnes
arrêtées à l'occasion des assemblées. Il sollicitait la permission de sortir du
royaume avec quatre cents hommes de sa troupe qui recevraient des routes
par étapes. Au-dessus de ce nombre, tous ceux qui voudraient gagner la fron-
tière pourraient se joindre à lui, mais en vivant à leurs dépens, fit obtien-
draient seulement des passeports réguliers. Cavalier demandait aussi la liberté
des prisonniers pour cause de religion.
La déclaration se terminait par des excuses d'un style très-soumis, « implo-
« rant la clémence, la bonté 8<. la charité de Sa Majesté, lui demandant très-
« humblement pardon de lui avoir pu déplaire » 8t promettant de ne plus
tomber en pareil cas.
Un article additionnel stipulait pour ceux qui voudraient sortir la faculté
■ Briieys, II, p. 1^8. » Pièces justificatives, n. DCCLXIII, col. 19Î0.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 835
de vendre leurs biens 8< demandait l'extension des grâces accordées à la
troupe de Cavalier aux bandes de R.oland Se des autres chets.
D'autres questions, d'un caractère plus personnel, furent agitées dans cette
conférence dont les détails précis n'ont jamais été connus. Cavalier y parla,
mais sans rien vouloir écrire à cet égard, du projet de former iin régiment
de Cévenols qui iraient expier leur rébellion en sacrifiant leur vie pour le
roi dans tel pays qu'on ordonnerait. Il demandait seulement que cette troupe
eût la permission de prier Dieu à sa guise, comme l'avaient les régiments
suisses, en vertu des capitulations conclues avec les cantons. L'armée offrait
en effet, à cette époque, le contraste bizarre de ti-oupes étrangères pouvant
faire impunément ce qui attirait sur les nationaux les cbâtiments les plus
rigoureux.
Avant de se séparer, Lalande offrit une bourse à Cavalier, qui la refusa
& dit n'avoir pas besoin d'argent. L'officier en tira une centaine de louis
qu'il jeta aux camisards d'escorte, « pour boire à la santé du roi. »
I/C premier résultat de la conférence fut une suspension d'armes. Lalande
partit le soir même, avec quinze dragons, pour aller rendre compte au maré-
chal 8i à l'intendant, alors à Nimes, de tout ce qui s'était passé. Il y arriva
vers sept heures du matin. Cavalier s'en alla avec son monde coucher à Véze-
nobres, où la troupe logea par billets. On se réunit même dans le temple
pour le culte public, 8c le chef camisard, encore tout ébranlé des émotions
de la journée, y prononça une prière pathétique dont l'auditoire se sentit
ému jusqu'aux larmes.
Le lendemain i3 mai, Villars rendit compte au roi de l'événement qui
terminait la révolte, 8c chargea le marquis de Saint-Pierre, un de ses aides
de camp, d'en aller porter le détail à la Cour, 8c d'y chercher des ordres
définitifs'.
En attendant, pour flatter la vanité du jeune chef cévenol &c le soustraire
à l'influence de ses compagnons d'armes, le maréchal £c l'intendant l'invi-
tèrent à venir conférer avec eux, aux portes de Nimes, dans le jardin des
Récollets.
La nouvelle de l'armistice, partout répandue, commençait à rendre le
calme aux esprits, lorsque l'on apprit la défaite d'un détachement des troupes
royales, dans les hautes Cévennes, qui redoubla toutes les appréhensions.
Le comte de Tournon, brigadier des armées du roi, commandant à Florac,
avait cru devoir aller rendre visite au maréchal de Villars. Celui-ci lui fit dire
par Bâville qu'il le dispensait de cette civilité 8c le verrait avec plus de plaisir
rester à son poste. Par l'effet d'un malentendu, cette réponse n'arriva pas,
8c Tournon, encouragé par un avis contraire de Lalande, se mit en route
avec une escorte de deux cents hommes détachés des régiments de Tournon,
de Froulay, de Labour 6c quelques miquelets. Arrivé à Anduze, où cessait
le danger, le brigadier renvoya l'escorte sous le commandement de son bcau-
■ Pièces juitificatives, n. DCCLXVI, col. içSS.
1704
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836 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
frère, M. de Courbeville. Les camisards de Roland, avertis de ces contre-
marches, allèrent se poster en grand nombre au plan de Fontmorte, occupant
les bois du côté de Cassagnas, le bord opposé du chemin, 8<. les environs du
château de Ladevèze. M. de Courbeville tomba dans l'embuscade Si y périt
avec quatre capitaines, six lieutenants 8c plus de deux cents soldats. Le sub-
délégué de l'intendance, Viala, mourut dans cette rencontre, ainsi que son
fils &. son neveu. Ce nouveau désastre, arrivé le jour même où Cavalier con-
férait au pont d'Avesne, faillit compromettre tout le succès des négociations.
Il relevait l'assurance des camisards qui, depuis leur défaite par Montrevel,
ne s'étaient pas encore remis, 8< il donnait une ombre de raison aux défiances
du parti catholique, très-indisposé contre Villars à cause des projets de paci-
fication. L'affaire fut exploitée comme une trahison des Cévenols, bien que
les bandes des hautes Cévennes eussent été dans l'impossibilité de connaître,
le 12 mai, la suspension d'armes, au moment même où elle allait se con-
clure '.
Cependant Cavalier était parti de Vézenobres, &. visitait tour à tour Saint-
Jean de Ceyrargues, où d'Aigaliers vint le rejoindre avec sa petite troupe &
l'encouragea dans ses projets de soumission, puis Lédignan, où les officiers
de la garnison lui donnèrent une fête, Lezan, où l'on fit la prière publique,
en présence des soldats du roi. C'est là qu'il apprit la défaite de Courbeville;
mais, comme ses résolutions étaient déjà prises, il n'en fut pas ébranlé &. fit
parvenir au maréchal des assurances nouvelles de sa bonne volonté.
Il quitta Tornac le i5 mai, à la tête d'une partie de son infanterie & de
cinquante chevaux, accompagné de son jeune frère, du baron d'Aigaliers Se
de Lacombe, & coucha à Langlade, d'où, le lendemain, il prit la route de
Nimes. Entre Caveirac & Saint-Cézaire, Lalande, qui venait à sa rencontre,
lui remit en otages quelques officiers £<. quelques dragons. Un détachement
de sa cavalerie s'avança jusqu'à une portée de mousquet de Nimes & campa
sur les hauteurs. Des sentinelles Se des vedettes couvraient tous les abords de
la troupe Se s'étendaient jvisqu'à la fontaine de Diane Se au jeu de mail*.
Très-enorgueilli par la pensée de traiter d'égal à égal avec un maréchal de
France, Cavalier avait revêtu un costume magnifique : il portait le plumet
blanc, le justaucorps galonné & la culotte écarlate. Il arriva au faubourg de
Nimes en compagnie de son jeune frère, d'Aigaliers, de Lacombe, de Daniel
Guy & de dix-huit cavaliers lui servant de gardes. La population de la ville
était dans une émotion extraordinaire; tous les artisans fermaient leurs bou-
tiques pour courir à la porte de la Madelaine 8c voir Cavalier. Les catholi-
ques n'en croyaient pas leurs yeux. Le gouverneur Sandricourt se fit l'écho
de leurs sentiments, en exprimant au maréchal, dans le jardin des Récollets,
où il attendait Cavalier avec Bâville Se Lalande, l'étonnement qu'aurait la
postérité d'un événement aussi extraordinaire : un homme tel que Cavalier,
de la lie du peuple, 8c célèbre par ses crimes Se par sa révolte, faisant la paix
' Pièces justificatives, n. DCCLXXI, col. 1942. " Court d« Gébelin, II, p. 287.
LIV. III. REVOCATION DE LEDIT DE NANTES. 83;
avec son souverain, 8c la traitant dans une conférence avec le maréchal de
Villars.
Villars, trop homme d'esprit pour s'inquiéter des affaires d'étiquette, &
n'ayant en vue c[ue la fin d'une guerre lamentable, releva ces raisonnements.
« Il s'agit, dit-il, des sujets du roi qui sont fomentés & soutenus par les
« étrangers pour diviser ses forces... D'ailleurs, il est question de gens fous
« 8i aliénés, qu'on ne peut ramener à leur devoir que par des démarches
« extérieures Se inespérées.... il est toujours digne d'un grand roi d'user
« envers ses sujets plutôt de clémence que de rigueur. Plus le sujet est bas &
« abject, plus la générosité y est grande^ &, pour un général, il est aussi
« glorieux de pacifier les guerres civiles du royaume que de vaincre les
« ennemis de l'État. »
Cavalier mit pied à terre à la porte du jardin, du côté des fossés'; il prit
ses pistolets d'arçon 8c les déposa aux pieds du maréchal qui les fit prendre
par son page &c remettre aux fontes. Le jardin était entouré de hautes
murailles 8c ombragé de grands arbres. Personne que les assistants ne connut
le détail des paroles qui s'y échangèrent. La soumission de Cavalier fut
complète. Villars l'avait ébloui par les formes gracieuses de son accueil, 8c
avait été étonné lui-même de la décision, de l'intelligence, de la présence
d'esprit de ce petit paysan. Il acheva de le fasciner en lui faisant comprendre
que le roi pourrait lui confirmer le commandement qu'il avait pris sur ses
hommes, à condition d'aller servira l'étranger. Cavalier prétendait que trois
mille camisards consentiraient à suivre sa fortune. Villars en rabattait beau-
coup, mais ne s'estimait pas moins heureux de priver l'insurrection d'un tel
chef Se de ses principaux lieutenants. A la fin de la conférence, il fut con-
venu que Cavalier irait, dès le lundi 19 mai, loger à Calvisson avec sa troupe
8c qu'il tâcherait d'y rallier toutes les bandes errantes pour en former une
colonne prête à marcher d'après les ordres du roi. Le chef camisard dit au
maréchal que si les Cévenols étaient assez heureux pour servir sous lui, il
jugerait bientôt par leurs œuvres s'ils étaient bons Français.
Louis XIV répondit de Versailles, le 18 mai, à l'exposé que le maréchal
lui avait fait de la conférence. Le roi se déclarait satisfait des nouvelles
apportées à la Cour par le marquis de Saint-Pierre 8c félicitait Villars d'avoir
aussi promptement rétabli la paix. Il ne voyait rien dans l'écrit de Cavalier
qui ne pût lui être accordé, ainsi qu'à ses compagnons d'armes, 8c autorisait
le maréchal à leur en donner des assurances écrites, pour garantir la vie de
ceux qui voudraient rester dans le royaume. Il leur ferait même expédier
une amnistie en forme s'ils la désiraient, à condition que cet acte ne fût pas
rendu public 8c ne pût être exploité par les étrangers.
Le roi accordait la grâce de tous les prisonniers qui n'étaient détenus qu'à
l'occasion de la révolte £c donnait pouvoir au maréchal de les élargir immé-
' Lettm de Madame de Mcre'^, dan» les Chro- rapportent une foule de circonstances évidem-
nt^uei de Languedoc. 11 a été écrit bien des fables ment inventées après coup,
sur cette entrevue, & les Mémoires de Cavalier
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1704
d38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
diatement. Il permettait la vente des biens à ceux qui sortiraient du royaume,
pourvu qu'ils n'emportassent point en espèces l'argent qui en proviendrait,
mais seulement en lettres de change ou qu'ils en fissent l'emploi en France,
comme ils le jugeraient à propos. Il autorisait Bâville à dépenser trois ou
quatre mille pistoles.
Il exigeait que Cavalier prît l'engagement de partir le i^'' juin & envoyait
des routes prêtes que le maréchal remplirait à la convenance des camisards.
Ils devaient marcher sans armes, sous l'escorte de dragons de Saint-Sernin, à
raison de vingt ou trente dragons par cinquante hommes, laissant la liberté
aux pères de famille d'emmener avec eux leurs femmes & leurs enfants.
Pour rendre la tranquillité durable, le roi exhortait Villars à reprendre
un projet de redoutes proposé depuis longtemps, 8c il lui annonçait qu'il
comptait déjà utiliser son zèle dans une entreprise dont Chamillart avait
ordre de lui communiquer le dessein. La promptitude avec laquelle il pous-
serait l'évacuation du Languedoc par les troupes de Cavalier 8<. de Roland
permettrait seule d'y donner suite '.
Le nouveau dessein était une attaque sur Villefranche 8c sur Nice afin
d'ôter au duc de Savoie deux points dangereux pour notre frontière.
La petite ville de Calvisson, au cœur de la Vaunage, où Cavalier avait
ordre de concentrer tout son monde 8c de se préparer au départ, offrit, pen-
dant quelques semaines, un spectacle des plus étranges Se des plus nouveaux.
Le i8 mai, deux bataillons du régiment de Charolais qui tenaient garnison
à Calvisson, rentrèrent à Nimes, afin de laisser la place aux camisards. Le
commissaire ordonnateur Winciel fit préparer les logements 8c les vivres pour
les soldats de Cavalier comme pour des troupes royales, 8c l'on vit arriver des
charrettes chargées de farine, de blé, d'avoine, 8c des troupeaux de bœufs 8c
de moutons destinés à la nourriture des Cévenols. Le premier d'entre eux
qui y parut fut Catinat, suivi de douze hommes. Il fit son entrée le ig à
dix heures du matin : une compagnie de bourgeoisie le reçut à la barrière.
Le baron d'Aigaliers arriva dans l'après-midi, avec l'ordonnateur, trois offi-
ciers 8c six dragons livrés à Cavalier à titre d'otages.
Le jeune chef se montra lui-même, vers six heures du soir, à la tête de sa
cavalerie que l'infanterie suivait de près. On y comptait en tout six cents
hommes, dont quarante cavaliers,- Cette entrée se fit au chant des psaumes,
en présence d'une foule considérable qui était accourue de tous les points de
la vallée.
Cavalier prit, selon son habitude, les précautions militaires les plus minu-
tieuses. 11 posa des corps de garde à toutes les portes du bourg, des senti-
nelles au coin des rues & des vedettes à trois quarts de lieue de distance sur
les diverses avenues. Après un repos de deux heures, les protestants furent
convoqués sur les masures du temple. On recommença les jours suivants, 8c
les assemblées qui s'y tinrent réunirent jusqu'à cinq mille personnes. La
■ Pièces justificatives, n. DCCLXXIII, col. 1947.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 889
nouvelle de cet événement extraordinaire s'étant l)ientôt répandue dans la
contrée, il y eut une affluence croissante aux assemblées. Le mysticisme
cévenol s'y donna carrière 5 le chant des psaumes, entonné par des milliers
de voix, alternait avec les sanglots; la foule se prosternait, 8<. les révélations
rappelaient les scènes les plus émouvantes du Désert. La Baume prétend
que, pendant le séjour des camisards à Calvisson, il n'y vint pas moins de
quarante mille nouveaux convertis, & le baron d'Aigaliers compare cette
multitude enthousiaste au peuple d'une ville assiégée recevant des aliments
après une longue 81 cruelle famine. Cavalier ne négligeait point, dans les
prières qu'il récitait, de demander pardon à Dieu & au roi sur le fait de la
guerre. 11 priait longuement pour Sa Majesté & pour la famille royale, sans
oublier le maréchal & l'intendant, 8t pour le succès des intercessions de
Villars 6c de Bâville en faveur des révoltés'.
Si la population protestante était partout émue de cette résurrection du
culte public dans la Vaunage, le clergé 8c les catholiques ardents furent loin
d'y demeurer insensibles. « Quelques curés indiscrets prirent l'alarme » fie
déclamèrent contre un scandale qui semblait méconnaître la révocation de
l'édit de Nantes. Le maréchal porta la peine de l'équivoque toléré par lui,
dans les pourparlers préliminaires, relativement à la liberté de conscience. Il
y avait, comme nous l'avons dit, bien des manières d'entendre cette liberté,
depuis le mystère du culte intérieur 8<. des réunions de famille jusqu'aux
démonstrations solennelles du culte public. Plusieurs camisards, pour se
grandir eux-mêmes aux yeux de leurs compatriotes 8c pour rendre leur sou-
mission plus acceptable, parlèrent, dans les villages, de liberté de conscience
sans la définir; 8< comme il n'est rien d'aussi prompt 81 d'aussi crédule que
des têtes languedociennes, cette rumeur invraisemblable obtint rapidement
beaucoup de crédit. On ne se doutait pas qu'à la Cour de puissantes
influences rendaient impossible la concession rêvée. Le roi croyait si bien sa
gloire engagée à maintenir l'acte de i685 qu'il eût mieux aimé accepter la
guerre civile dans tout le royaume que de rétracter une mesure célébrée dans
les chaires comme le plus grand triomphe du règne.
Le fait même des nécessités incroyables auxquelles il avait dû se résoudre
ne l'éclairait pas. Certes, c'était une nouveauté bien singulière que de voir
des rebelles, chargés d'une foule de crimes, recevoir journellement les ova-
tions de la multitude; 81 l'on avait quelque peine à distinguer la cause qu'ils
représentaient des incendies 8c des meurtres dont ils s'étaient rendus cou-
pables. Mais pour qui voulait remonter à l'origine de ces désordres, quel
enseignement ne donnait pas cette résignation humiliante du pouvoir royal!
Pour avoir exigé le superflu, l'on se voyait obligé de retrancher le nécessaire
8c de tolérer des inconséquences aussi blessantes pour le bon sens que pour
la justice.
Villars s'indignait de l'irritation du clergé, il recevait une profusion de
' Pièces justificatives, n. DCCLXXIV, col. 1949.
1704
lyc
840 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
lettres anonvmes de gens exaspérés par les prières des camisards, comme si
l'affaire essentielle n'était pas de terminer la révolte & d'éloigner de la Pro-
vince les gens qui venaient d'y commettre tant de ravages; l'opposition de
ceux qui avaient causé ces désordres aux mesures prises pour les faire cesser
lui semblait le comble de l'imprudence; mais il était trop bon courtisan pour
oser aborder la vraie question auprès du roi & pour chercher à lui faire com-
prendre, comme il le sentait lui-même, que la meilleure manière d'ôter toute
créance aux prophètes &. tout prestige aux attroupés était de revenir à la
politique de conciliation d'Henri IV. 11 fit ce qu'il put pour réprimer le zèle
inopportun de certains dévots qui s'étaient mis en tête d'aller convertir les
camisards à Calvisson & d'opposer des sermons à leurs prêches, il jeta en
prison un officier irlandais qui s'avisait de réclamer deux déserteurs de sa
nation enrôlés parmi les Cévenols; il ordonna des poursuites contre un catho-
lique qui s'était vanté de tuer Cavalier de sa main.
Le nouvel archevêque de Narbonne, Le Goux de la Berchère, successeur
de Bonzi, secondait de son mieux le maréchal pour tempérer le zèle des
maladroits & engageait les bons chrétiens à fermer les oreilles, si les prières
des camisards contenaient quelque chose d'hérétique, &. à souhaiter avant
tout qu'on fît passer ces voisins dangereux de l'autre côté du Rhône. Fléchier
partageait les mêmes sentiments & les exprimait, dans ses conversations avec
Villars, de façon à l'encourager.
Les jours qui s'écoulèrent depuis la soumission de Cavalier jusqu'à son
départ définitif tinrent le maréchal dans des angoisses perpétuelles'. Le parti
catholique &. le clergé prenaient exactement le contre-pied de tout ce qu'ils
auraient dû faire pour accélérer l'apaisement 8c l'évacuation. Villars était
dénoncé à la Cour par les familiers de Madame de Maintenon & le marquis
de la Vrillière se faisait l'écho de leurs plaintes.
L'affectation que l'on mit à démentir l'annonce de grâces 81 de franchises
exagérées propagée par les camisards, les menaces de réaction terrible para-
lysèrent les heureux effets des négociations.
Castanet était venu à Calvisson avec une partie de sa bande; beaucoup
de Cévenols rejoignaient isolément, mais Roland ne se montrait pas. Il pro-
fitait pourtant de l'armistice &i acceptait les rafraîchissements que lui offraient
les officiers de l'armée royale, très-prompts à traiter l'ennemi de la veille
avec la cordialité des mœurs militaires. Cavalier prit le parti d'aller le trouver
près d'Anduze, pour l'engager à imiter sa soumission. Roland reçut avec
hauteur son ancien subordonné, lui dit que la tête lui tournait, lui reprocha
de trahir son parti, & déclara qu'il ne déposerait jamais les armes avant
d'avoir obtenu l'entière liberté de conscience. Cependant Salomon suivit
Cavalier à Nimes pour conférer avec le maréchal 8<. l'intendant.
L'absence de Cavalier lui fut très-funeste. Quand il alla rejoindre sa
■ On retrouvera la trace de ces émotions, expri- de \^lllars que nous piiblions aux Pièces jusî'ifica-'
. ;ées dans la forme vive & saisissante qui lui est tives, depuis le mois de mai jusqu'à la fin de juin
particulière, dans la correspondance du maréchal '7o4-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 841
troupe, dont il avait laissé le commandement à Ravanel, il la trouva dans
des dispositions hostiles, pleines de défiance 8c de menace. On commença
par lui demander d'un ton impérieux quelles étaient les conditions précises
de sa soumission, qu'il avait encore tenues cachées. Il essaya longtemps de
s'en défendre, mais lorsque, contraint à parler, il avoua que l'on préparait
des habits d'uniforme pour aller faire la guerre en Portugal & que la révo-
cation de l'édit de Nantes ne serait pas rapportée, la tempête éclata. Ravanel,
Catinat 8c nombre d'autres camisards accablèrent leur chef des noms de
lâche 8c de traître, lui reprochèrent de les avoir vendus, 8c, après une alter-
cation violente, où la vie même de Cavalier fut en danger, la plus grande
partie de la troupe quitta le lieu d'assemblée, 8c gagnant d'abord les gar-
rigues, se retira du côté de Puechredon. Une quarantaine de camisards seu-
lement restèrent fidèles à Cavalier qui, s'étant d'abord obstiné à suivre ses
hommes, vit les fusils braqués contre lui 8c ne dut son salut qu'à l'interven-
tion d'un prophète. «
Tout semblait perdu. Le baron d'Aigaliers alla rejoindre Cavalier à
Cardet, où il errait tristement, sur la rive droite du Gardon, 8c l'engagea à
ne point perdre courage. Cavalier écrivit au maréchal que sa troupe refusait
de marcher si elle n'obtenait pas l'élargissement de tous les captifs 8c la per-
mission pour le peuple de prier Dieu au désert. Villars venait précisément,
à la nouvelle de la désertion, de signer une ordonnance interdisant toutes
les assemblées de religion 8c ordonnant aux troupes de faire main basse sur
les assistants. Il accueillit favorablement Cavalier, qui vint à sa rencontre à
Saint-Geniès 8c qui lui donna les plus formelles assurances de sa loyauté.
Villars ne renonça pas à regagner le terrain perdu; mais il choisit un lieu
d'assemblée plus sûr, l'île de Valabrègue, au confluent du Rhône &c du
Gard, où les évasions devaient être difficiles. Les quarante camisards fidèles
y furent envoyés. Le maréchal accorda un délai de quelques jours, jusqu'au
5 juin, à ceux qui voudraient taire leur soumission, soit à lui-même, dans
son quartier général d'Anduze, soit au marquis de Lalande à Alais, à
M. de Menou à Saint-Hippolyte ou aux commandants d'Uzès, de Nimes 8c
de Lunel. Passé ce délai, une guerre sans pitié devait recommencer.
Des mouvements de troupes turent même prescrits pour suivre les insurgés
sans relâche 8c les investir.
Mais, grâce aux persistantes négociations du baron d'Aigaliers, on revint
bientôt de l'alarme causée par la défection générale. Beaucoup de camisards
rentrèrent par petits groupes; de nouveaux pourparlers furent entrepris avec
Roland, 81 la soumission de ce chef semblait certaine, lorsque les prédica-
tions fanatiques de Ravanel entraînèrent tout son monde 8c le rejetèrent
dans la montagne.
Les forces de l'insurrection n'en étaient pas moins dans une dissolution
complète : la reddition d'un certain nombre de chefs, les soupçons 8c les
défiances qui divisaient les autres, la résolution des protestants des villes, qui
voulaient à tout prix voir finir la lutte 8c ne parlaient de rien moins que de
1704
'7°4
842 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
contraindre les camisards par les armes à cesser la désolation de la Province,
enfin l'épuisement des Cévenols, traqués depuis trois ans dans un pays
dévasté, l'emportèrent sur le fanatisme des prophètes & sur les intrigues
étrangères.
Villars, par la permission du roi, avait donné à Cavalier un brevet de
colonel ik la promesse d'une pension. Le chef camisard partit le 21 juin
pour l'Alsace, où le ministère, après beaucoup de tergiversations 8c de con-
tre-ordres, s'était décidé à l'envoyer, ne voulant pas donner à l'Espagne le
spectacle d'un régiment hérétique'. Il n'avait pas avec lui plus de cent
hommes^. C'est à cela que se réduisait son ancienne troupe. Il se dirigea
sur Mâcon, d'où il demanda l'autorisation d'aller à Versailles 8t eut un
entretien avec le ministre de la guerre; on le plaça même sur le passage du
roi (jui haussa les épaules en le voyant. Revenu à Mâcon, il continuait sa
route vers Brissac; mais, dans les environs de Montbéliard, trahissant la
parole qu'il avait donnée, il se déroba à son escorte avec ses compagnons
d'armes, se jeta dans les traverses 8c gagna Lausanne. Son rôle en Langue-
doc était fini. Les puissances alliées contre la France le traitèrent avec dis-
tinction, lui donnèrent un régiment qui combattit l'armée française à
Almanza. Il parvint ensuite au grade d'officier général dans les troupes
d'Angleterre, fut nommé gouverneur de l'île de Jersey, 81 mourut à Chelsca,
près de Londres, en 1740.
Quant à Roland, qui essaya encore de prolonger la lutte, après avoir,
échappé à beaucoup d'aventures, il tomba dans un piège dressé par Bâvillc,
fut surpris dans un château où ses intrigues avec une jeune fille noble
l'avaient appelé. Se mourut de la main d'un dragon^.
Les enlèvements, les supplices, les démolitions à main armée 8c même les
incendies eurent raison des dernières résistances. Ravanel subit une défaite
qui acheva la ruine du parti, 8c, à dater de ce moment, les bandes s'épar-
pillèrent 8c finirent par disparaître. La plupart des chefs s'étaient résignés à
sortir du royaume &c furent escortés jusqu'à la frontière. L'année révolue, la
sédition était entièrement domptée, 8c Villars, impatient de servir sur un plus
noble théâtre, obtenait l'autorisation de quitter la Province**.
' Pièces jast'ificat'ives, n. DCCXCVII, col. 1997. ^ Pièces justificatives, n. DCCCI, col. 2oo5.
' Ou en trouvera la liste aux Pièces justijicati- * Pièces justificatives, n. DCCCII, col, 2007.
ves, n. DCCXCIX, col. 2001.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 843
CHAPITRE V
Faits d'ndministration intérieure. — Gabelles. — Conseil de commerce. — Impôts sur la boucherie.
Vins de Dauphiné. — Mystères des Etats. — Projets du marquis de Miremont. — Complot de
Nimes. — Querelles ecclésiastiques. — Droit d'aubaine. — Hiver de 1709. — Troubles de Vivarais.
Débarquement des Anglais à Cette. — Etablissement du dixième. — Travaux publics. — Mort de
Louis XIV.
L'utilité de suivre, dans leur enchaînement, pour la clarté du récit, les
événements de l'insurrection camisarde nous a contraint de négliger quelques
faits intérieurs, la plupart d'ordre économique, intéressant la Province St
dont il convient de présenter ici un rapide tableau. Tandis que l'attention
de l'Europe & les préoccupations de la Cour se concentraient sur la guerre
des Cévennes, la vie normale n'était pas interrompue, 8i l'organisme admi-
nistratif continuait à trahir la lutte, de plus en plus sensible, entre les abus
traditionnels & les principes de raison.
La ville de Lunel avait été autorisée par Henri IV à nettoyer 8c appro-
fondir le canal, connu sous le nom de Robine, qui la mettait en communi-
cation avec les étangs', 8i à percevoir à perpétuité, pour subvenir aux frais
d'entretien, un droit déterminé qui était de deux sols six deniers par quintal
de sel débité aux greniers de Lunel & de Sommières, de dix sols par muid
de vin. Su de deux sols six deniers par charge de toute autre marchandise.
Les trésoriers de France & la cour des comptes de Montpellier, qui ne
négligaient aucune occasion d'accroître leurs revenus, imposèrent au fermier
du canal de Lunel, sous prétexte de la perception de ce droit, & malgré le
silence des lettres de création, diverses redevances abusives. Les premiers
l'obligeaient à prendre une commission qu'ils faisaient chèrement payer,
tandis que la cour exigeait une reddition de comptes non moins largement
rémunérée. Les frais de commission & les épices atteignaient, tous les trois
ans, plus de quatre cent cinquante livres. Cependant le produit des droits
était insuffisant pour maintenir le canal navigable, Se la ville s'endettait de
plus en plus.
Elle réclama la protection du conseil du roi, protestant contre l'exagéra-
tion des frais de commission 8c d'épices, & demandant à être traitée de la
même façon que la marquise de Graves pour le canal de Lattes 8c le prési-
dent Riquet pour le canal des Deux Mers.
Le directeur des finances. Rouillé du Coudray, examina les comptes du
receveur du canal pour les années 1690, 1691 81 1692. Il en résulta que la
dépense dépassait la recette Se que le tarif des épices exigées par la cour de
Montpellier était de beaucoup supérieur à celles que l'édit de juillet 1690
avait réglées pour la cour des comptes de Paris.
' Lettres patentes du i8 septembre 1595.
1 703
—^ 844 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le conseil d'État ramena les comptes du canal de Lunel au régime uni-
forme que l'édit du mois d'août i66g avait établi pour toutes les chambres des
comptes du royaume; la commission des trésoriers de France fut déclarée
inutile; les comptes durent être présentés tous les trois ans à la cour de
Montpellier, dont les épices furent modérées à la somme de soixante-dix-
neuf livres dix-huit sols, tandis que celles des trésoriers étaient réduites à
quinze livres'.
I,e directeur des finances fit rapport au conseil d'Etat, tenu à Versailles
le 3 août 1703, des contestations qui s'élevaient journellement au sujet de
l'exécution des ordonnances contre les débitants ou possesseurs de sels pro-
hibés. La querelle durait depuis cinq ans.
Le syndic général de la Province se plaignait des excès &. des concussions
commis par les agents des gabelles dont l'âpreté trouvait le moyen d'en-
chérir sur les rigueurs d'une législation impitoyable. Les garanties protec-
trices que le conseil du roi avait cru sage d'établir contre le zèle des
gabeleurs étaient rarement respectées. Non-seulement les commis & gardes
de la ferme se permettaient de faire des visites domiciliaires en dehors des
cas autorisés, qui étaient le flagrant délit signalé par dénonciation écrite, ou
la retraite des faux sauniers; mais, dans ces visites, ils négligeaient, au
mépris des injonctions les plus formelles, d'appeler le juge & le consul ou à
leur défaut, trois des plus proches voisins; ils refusaient même d'accepter ce
concours gênant, se faisaient suivre de sergents ou de témoins à leur discré-
tion & commettaient les exactions les plus impudentes, pénétrant de force
dans les maisons, sous prétexte qu'on y consommait du sel prohibé qu'ils
ne craignaient pas d'y introduire eux-mêmes frauduleusement pour trouver
matière à condamnation. On dénonçait surtout les violences de toute espèce
commises par les agents d'un bourgeois de Montpellier, nommé Fidès, qui
avait signé, le 3 novembre 1699, avec Thomas Ternplier, fermier général des
gabelles, un traité particulier pour le submergement des sels de verrerie St
de salpêtre. Ce personnage devait retenir les deux tiers des amendes pronon-
cées, plus dix sols pour chaque cent pesant de sel défendu qu'il parviendrait
à ramasser. Excité par ces bénéfices, il faisait une chasse infatigable aux
contraventions, La déclaration du 22 juin 1678, rendue au sujet des gabelles
de Languedoc, en réglant la pénalité des diverses catégories de faux sauniers,
n'avait pas fait mention des personnes qui, sans se livrer à aucune espèce de
commerce, étaient trouvées en possession de sel prohibé pour leur usage.
Mais comme la cour des aides de Montpellier les avait assimilées à ceux qui
débitaient du faux sel, 8c condamnées, comme eux, au carcan & à l'amende
de cinquante livres, les gardes du sous-fermier, exploitant à leur profit cette
jurisprudence rigoureuse, ne se faisaient faute d'épouvanter les simples con-
sommateurs par la perspective du carcan Se de leur arracher des sommes consi-
dérables, sous ombre d'arrêter les poursuites. Ils n'hésitaient pas davantage à
' Recueil des arrêts de Languedoc. Arrêt du conseil d'État donné à Versailles le 3 mars 1703.
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 845
traîner les gens en prison, soiis prétexte d'avoir employé du sel défendu pour
la salaison de leurs porcs, ainsi qu'il arriva en 1702 au bailli de Taraut, qui
fut détenu sans cause, la vérification des experts ayant plus tard démontré
son innocence.
De son côté, le fermier général accusait la Province de répéter inutilement
des récriminations qui traînaient depuis plus d'un siècle. Il prétendait que
la surveillance des taux sauniers deviendrait tout à fait illusoire si l'on vou-
lait astreindre les commis des gabelles à ne faire des visites domiciliaires que
sur dénonciation écrite Si avec autorisation des officiers de la ferme. Bien
loin de consentir à donner leur signature, les dénonciateurs refusaient
presque toujours de se faire connaître, & comme il n'y avait dans le pays de
lyanguedoc que trois directions de gabelles, à Montpellier, à Narbonne £< à
Toulouse, d'où dépendaient toutes les brigades, quelques-unes à vingt ou
trente lieues de distance, l'obligation imposée aux gardes d'aller cbercber des
ordres si loin de leur résidence, n'aurait pour résultat que d'assurer l'impu-
nité des coupables. Quant à l'assistance d'officiers municipaux & judiciaires
ou d'autres témoins locaux, Tbomas Templier se défendait d'y être tenu,
l'article 417 de son bail' portant expressément que les gardes se feraient
accompagner d'un consul ou du premier habitant des lieux, obligé de s'y
rendre sous peine de cinquante livres d'amende, mais qu'à défaut de cette
assistance, les procès-verbaux ne seraient pas moins valables} cette dérogation
aux anciens règlements ayant pour cause la difficulté que l'on rencontrait
dans la pratique à obtenir la présence des juges. D'ailleurs les ordonnances
des gabelles & des aides de 16S0, celle du tabac de 1681, celle des cinq
grosses fermes de 1687, ne prescrivaient d'autre formalité que l'assistance
d'un garde ou de deux témoins. En exiger davantage, serait encourager les
contraventions qui se commettaient presque ouvertement en Languedoc.
Sur le fait de l'assimilation entre les simples consommateurs 8< les débi-
tants de sel prohibé, le fermier général soutenait, contrairement au syndic
de la Province, qu'elle était légitime St nécessaire. D'après lui, ceux qui
employaient le faux sel à leur usage étaient compris dans la catégorie des
complices S*, receleurs atteints par la déclaration du 22 juin 1678.
Thomas Templier ajoutait que, malgré deux précédents arrêts du conseil^
destinés à prévenir l'entière ruine des salins de Narbonne, le sel de Peccais,
assimilé au faux sel dans le haut Languedoc, 8t désigné sous ce nom dans le
bail de la ferme, ne cessait pas d'y être répandu, les visiteurs 8c juges des
gabelles faisant difficulté d'appliquer les peines du faux saunage à ceux qui
en trafiquaient dans le pays défendu.
Le conseil d'État demanda l'avis de "M. de Bâville, qui dut conférer avec le
procureur général de la cour des comptes de Montpellier & avec le fermier
des gabelles & qui réunit tous les documents sur la question.
' Ce bail avait ité fait au prédécesseur de Tem- * Arrêts du conseil d'Etat du 22 septembre iû85
plier, nommé Domergue, & enregistré le 9 février & du 12 janvier 1694.
169Z par la cour des aides de Montpellier.
1703
17 =
846 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Il fut décidé, sur le rapport du directeur des finances, que les visites
domiciliaires seraient faites en présence du consul ou de deux habitants; que
seulement au cas de refus constaté, les procès-verbaux seraient valables; mais
que l'adjudicataire ne pourrait, sous peine de nullité 8c de dommages, em-
ployer à l'opération d'autres agents que des commis ou gardes de la ferme,
ayant prêté serment à justice.
Pour les consommateurs de sel prohibé, le conseil d'État établit une péna-
lité spéciale, simplement pécuniaire &. d'où l'infamie du carcan était écartée.
Une première contravention entraînait cent livres d'amende, Se cette somme
devait être élevée progressivement, d'après le nombre des récidives, à deux
cents, cinq cents, mille livres 6c ainsi de suite. Afin de remédier aux fraudes
qui se pouvaient commettre dans la constatation du délit, le conseil exigea
qu'il serait pris deux échantillons du sel saisi à domicile, qu'on les placerait
chacun sous une enveloppe, scellée du cachet particulier des commis ou
gardes procédant à la saisie. L'un des échantillons serait emporté par l'agent
des gabelles, l'autre resterait entre les mains du prévenu qui aurait à le
représenter devant les experts, 61 la comparaison des deux types préviendrait
toute supercherie.
Enfin la protection exclusive des sels du pays narbonnais fut entièrement
maintenue. Dans toute l'étendue du haut Languedoc, tout autre sel que
celui de Mandirac, de Peyriac & de Sijan, dut être réputé faux sel 8c
entraîner l'application des peines rigoureuses prescrites par les ordonnances.
Seulement il fut apporté une modération à l'amende des simples consomma-
teurs de sel de Peccais. Celle du premier délit était de cinquante livres; celle
du second de cent, 8c la somme se doublait ainsi à chaque nouvelle récidive'.
Au commencement du dix-huitième siècle, la fabrication des liqueurs 8c
des parfums prit à Montpellier un grand développement. La beauté du cli-
mat, la richesse de la végétation, l'abondance des plantes odoriférantes favo-
risaient d'une façon merveilleuse cette industrie délicate 8c charmante qui
devait donner à la capitale du bas Languedoc une nouvelle célébrité.
L'eau de la reine de Hongrie, l'eau de thym, l'eau de Cette, le sirop de
grenade occupaient le premier rang, 8c la production en était assez considé-
rable pour captiver l'attention du conseil d'État. Comme ces liqueurs, d'in-
vention récente, n'étaient pas expressément désignées dans les tarifs de la
foraine de Languedoc, pas plus dans ceux de la douane de Lyon que du
pays des cinq grosses fermes, les droits dont on les frappait à la sortie du
royaume ou à l'entrée de diverses provinces n'avaient aucune fixité, l'inter-
prétation du tarif en étant abandonnéQ^aux agents, ce qui ne laissait pas que
d'embarrasser le commerce en l'exposant aux plus extrêmes variations. Le
conseil d'État voulut faire cesser toute incertitude, en déclarant qu'à dater du
i" décembre 1703 les liqueurs parfumées de Montpellier seraient grevées d'un
■ Rccae'tl des arrêts de Languedoc âo l'année 1703. Arrêt du conseil d'État donné à Versailles le 3 août
i7- :;.
LIV. III. RÉVOCATION DE LEDIT DE NANTES. 847 T
"' 1703
droit fixe de trente sols par cent pesant brut, tant à la sortie des provinces de
Languedoc 8t de Provence pour les pays étrangers, qu'à l'entrée des territoires
compris dans les limites de la douane de Lyon ou dans celles des cinq
grosses fermes ' .
La passion de plaider, qui semble avoir été un des caractères distinctifs de
la vieille société française St dont notre littérature s'est plu à ridiculiser les
travers, n'exerçait pas seulement ses ravages dans les familles nobles ou bour-
geoises Su. dans les corporations religieuses. Les communes en étaient surtout
infectées, au grand préjudice de leurs intérêts, se laissant impunément
exploiter par les hommes de loi, les procureurs &< tout le personnel qui vivait
des reliefs de justice. Si s'engageant, sans souci de l'avenir, dans des actions
ruineuses que les gens d'affaires s'évertuaient à éterniser.
Vainement l'autorité royale, qui, malgré l'abus & l'excès de ses ingérences,
n'en exerçait pas moins une influence tutélaire 81 bienfaisante sur les groupes
municipaux, avait multiplié les barrières pour protéger les communes contre
leurs propres emportements : malgré l'édit d'avril i683, la déclaration du
2 août 1687 Se les nombreux arrêts du conseil qui défendaient aux communes
d'entamer aucun procès sans en avoir obtenu le consentement des habitants
réunis en assemblée générale 8c la permission écrite des intendants, les admi-
nistrateurs, abusant de leurs pouvoirs, ne cessaient pas d'engager les com-
munes dans des procès sans fin, qui n'ayant presque jamais de fondement
légitime, se terminaient presque toujours d'une manière funeste Su. consu-
maient en frais les maigres finances municipales.
Il fallut qu'une nouvelle déclaration, donnée à Fontainebleau le 2 octo-
bre 1703, sans se borner à renouveler les anciennes précautions, essayât de
tarir la source du mal, en frappant dans leurs intérêts privés ceux qui en
étaient surtout responsables. Les maires, syndics 8c consuls, coupables d'avoir
entrepris des procès sans le consentement de la commune 8c l'autorisatioit de
l'intendant, furent déclarés passibles des frais de la procédure; 6c les procu-
reurs 8c premiers juges qui mettaient la main à la cause sans avoir la preuve
de l'observation des édits, virent leurs actes Se jugements frappés de nullité
8c eurent à répondre en leur nom des dommages causés aux parties.
Cette loi protectrice, qui tentait de mettre un terme aux embarras crois-
sants des communes, 8c de les arrêter, malgré elles, dans la folie qui les
entraînait à leur ruine, fut enregistrée au Parlement de Toulouse le 22, 8c
à la cour des aides de Montpellier le 24 novembre 1703*.
Le conseil de commerce établi en 1700 au siège même du gouvernement
pour le seconder dans la grande enquête qu'il avait entreprise sur les moyens
d'accroître la production Se la prospérité de la France, reçut, au bout de trois
' Recueil des arrêts de Langaedoe. Arrêt du con- faire aucune députation, sans en avoir obtenu la
seil d'État donné à Fontainebleau le 23 octobre permission de M. l'Intendant de la Province; &
1703. qui défend aux procureurs d'occuper pour lesdites
'Recueil de Languedoc, Déclaration du Roy communautez, qu'il ne leur aparoisse de ladite pcr-
qui défend aux communautez de playder, ny de mission. Donnée à Fontainebleau le 2 octobre 1 ycT.
—^ 848 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ans, un complément S<. un auxiliaire clans la Province, par la création de
chambres particulières clans les centres les plus importants. Ces chambres,
qui furent au nombre de dix, eurent pour mission de servir d'intermédiaire
entre le commerce local Si l'État, de recevoir, des négociants du pays, toutes
les communications 8c tous les projets qui pouvaient présenter quelque intérêt
pratique 81 servir au bien du royaume, de les étudier 81 de les discuter avec
soin, d'en opérer le triage 8c de transmettre au contrôleur général les propo-
sitions qui paraîtraient assez sérieuses 8c assez utiles pour être recommandées
aux méditations du conseil supérieur.
Deux de ces chambres particulières furent établies en Languedoc, l'une à
Toulouse, l'autre à Montpellier, 8c le ministère obtint des Etats de la Pro-
vince, en faveur de chacune d'elles, une subvention annuelle de six cents
livres '.
Afin de régler d'une manière plus conforme aux intérêts du pays les
détails d'organisation intérieure de ces deux chambres, M. de BâviUe fit
réunir à Toulouse 8c à Montpellier une assemblée des notables négociants,
8c prit leur avis sur la composition du nouveau corps 8c sur le mode d'élection
des membres qui devaient en taire partie^; il en résulta une rédaction de
statuts à peu près identique pour les deux villes, qui reçut la sanction du
conseil d'tjtat^.
Toulouse 8c Montpellier possédaient, depuis le seizième siècle, sous le
nom de Bourse des marchands, une juridiction purement commerciale, pro-
nonçant des arrêts gratuits sur toutes les contestations de négociants qui ne
dépassaient pas cinq cents livres '*. Ce tribunal, qui se renouvelait par l'élec-
tion 8c qui avait été créé sur le type de la Conservation de Lyon, fournit un
élément important aux deux chambres de commerce. Le prieur Se les deux
consuls de la Bourse en furent membres de droit, pendant le temps de leur
exercice, 8c la présidence fut attribuée au prieur. Outre ces trois personnes,
la chambre dut encore être composée de quatre négociants, faisant actuelle-
ment le commerce ou l'ayant fait au moins pendant dix années, dans la ville
de leur résidence. Ces membres, qui prenaient le nom de députés du com-
merce, étaient électifs 8c demeuraient deux ans en charge : ils se renouve-
laient par moitié à la fin de chaque année, l'exercice commençant au premier
janvierj mais on pouvait prolonger leurs pouvoirs de deux ans, sans dépasser
cette limite, 8c les réélire après quelques années d'intervalle.
Les élections se faisaient à la pluralité des suffrages, par un seul tour de
scrutin. En cas de ballottage, le sort décidait.
La chambre de commerce devait s'assembler un jour de chaque semaine,
dans la maison de la Bourse.
' Les autres chambres furent établies à Lyon, conseil d'Etat donnés le 2p décembre lyoS & le
Uoucn, Bordeaux, la Rochelle, Nantes, Lille & lô janvier 1704.
Rayonne. < La Bourse de Toulouse avait été créée par
* Arrêt du conseil d'Etat du 3o août 1701. lettres patentes d'Henri II, du mois de juillet
' Recueil des arrêts de Languedoc. Arrêts du i549-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 849 ~
Le secrétaire dressait le procès-verbal des séances & signait les expéditions
de mémoires. Tous les membres présents signaient au registre. En cas de
divergence d'avis sur les matières traitées, les opinions contradictoires devaient
être exprimées au procès-verbal avec le nom des opinants.
La chambre de commerce avait le droit exclusif de contrôler Se de rendre
valables par son approbation les certificats connus sous le nom de parères,
délivrés par des négociants notables dans les questions contentieuses, pour
constater l'usage 8<. suppléer au silence ou à l'obscurité de la loi.
La nouvelle création devant son existence à l'initiative du pouvoir central,
le ministère se réserva le droit de la diriger en la personne de son représen-
tant le plus élevé, quand il le jugerait convenable. L'intendant de la Pro-
vince eut la faculté d'assister aux assemblées & d'y occuper le siège de la
présidence. Le syndic général, agent permanent de l'administration provin-
ciale, pouvait être admis dans les réunions.
Deux articles spéciaux réglaient l'épineuse question des préséances, tou-
jours féconde en querelles} ils établissaient une distinction en faveur de la
noblesse. Les négociants qui la possédaient eurent le privilège de siéger à la
droite du prieur, & en cas d'absence de cet officier, la présidence tut dévolue
de droit à leur doyen d'âge.
Pour la première année, le roi désigna, dans l'une & l'autre ville, les
quatre négociants qui durent occuper la place de députés du commerce. A
Toulouse, ce^ furent deux anciens capitouls, Colomez 8c Charlary, dont le
premier remplit les fonctions de secrétaire; & deux marchands nommés
Antoine Ricard 8c Loubaissin, l'un 8< l'autre droguistes. A Montpellier, le
choix du roi s'arrêta sur les sieurs Viel, Clary, Pioch 8c Reboul.
Les premières élections devaient avoir lieu à la fin de l'année ijo5 5c
porter seulement sur la moitié des membres nommés par le roi; les autres
restaient en fonctions jusqu'à la fin de l'année suivante.
Les chambres de commerce de Toulouse 8< de Montpellier se maintinrent,
d'après ces règles, jusqu'à la Révolution.
Celle de Toulouse se donna plus tard un syndic 8c un trésorier, 8c nomma
régulièrement six commissaires chargés de vérifier &c de parafer les livres
journaux des négociants de la ville 8c du ressort'.
Les Etats célébrèrent, le 17 janvier 1704, le service funèbre du cardinal
Bonzi dans la cathédrale de Montpellier. Son successeur officiait.
La nef entière était tendue d'une draperie noire de quatorze pans de hau-
teur, sur laquelle se détachaient en or &c en couleur les armoiries du prélat.
On avait élevé au fond de la nef un mausolée de forme octogone, soutenu
de huit colonnes 8c décoré de peintures en grisailles, avec quatre, grandes
figures autour représentant les Vertus. Trois rangées de cierges brillaient
autour, 8c à l'intérieur était dressé un lit de parade, portant sous un poêle de
velours noir la représentation de l'archevêque.
■ Almanach hiitori(jue de la Province Je Languedoc^ par M. Bnoiir.
XI U. 54
1704
'7°4
85o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les évêques de Saint-Pons, d'Uzès, de Mirepoix & de Castres firent les
absoutes, & l'oraison funèbre fut prononcée par l'abbé Poncet de la Pv.ivière,
neveu & grand vicaire de l'évêque d'Uzès. A la prière du nouvel archevêque
de Narbonne, les États votèrent l'impression de ce discours'.
L'imagination des ministres continuait à s'épuiser en inventions de toute
espèce pour arracher de l'argent au pays. Un édit de février 1704 créa des
offices d'inspecteurs aux boucheries dans toutes les villes & bourgs du
royaume, en attribuant à ces étranges officiers un droit de trois livres sur
chaque bœuf ou vache, de douze sols sur chaque veau ou génisse, 8c de
quatre sols sur chaque mouton, brebis ou chèvre, destinés à la consomma-
tion dans l'intérieur de l'enceinte. Ce tarif était ainsi réglé pour les villes de
Paris, Toulouse, Montpellier & quelques autres, nominativement désignées
dans l'arrêt, S<. subissait une réduction partout ailleurs^. Les difficultés de la
perception firent transformer cet impôt en un droit unique de deux deniers
par livre de viande^.
Les traitants ne manquaient jamais à ces ruineuses innovations. Jacques
Rocher signa avec M. de Bâville un bail pour six ans, au prix de trois cent
vingt-cinq mille livres, plus deux sols pour livre, payables en quatre frac-
tions égales, de six en six mois. Le nouveau droit devait être levé dans toutes
les villes 8c bourgs de Languedoc qui avaient entrée aux Etats ou aux assem-
blées d'assiette, annuellement ou par tour, dans celles qui possédaient un
siège de justice royale, &c même dans les lieux qui, sans jouir d'aucun de
ces avantages, avaient le fâcheux privilège d'être entourés de murailles.
Toutes ces villes étaient d'ailleurs frappées non-seulement dans leur enceinte,
mais encore dans leurs faubourgs 8c même dans toute l'étendue de leur tail-
lable. C'était le moyen de ne laisser guère échapper personne, car il n'était
si maigre bourgade qui ne gardât quelque apparence de fossés ou de rem-
parts.
Or, en Languedoc, la viande de boucherie était déjà grevée de plusieurs
impôts. Outre la taxe provinciale de l'équivalent, dont les produits servaient
à solder le don gratuit, il existait dans les villes des droits locaux destinés à
éteindre les dettes. On n'eut pas de peine à prévoir les conséquences de la
nouvelle création. La viande deviendrait si chère que la consommation en
diminuerait, 8c que par là une des plus importantes sources de revenus serait
tarie, tant pour le Trésor que poiir les caisses municipales.
Le syndic général de la Province fit valoir ces raisons au conseil d'Etat,
non sans rappeler combien c'était un procédé contraire aux traditions finan-
cières du Languedoc que d'établir une imposition sans le consentement de
l'assemblée des trois ordres.
Fleuriau d'Armenonville fit le rapport. Peu importait au Trésor la main
qui donnait les écus pourvu qu'ils tussent donnés. La Province fut autorisée
' Procès-verbnl des Etats Ae Languedoc. Séance ° Quarante sols par bœuf ou vache au lieu de
du 17 janvier 17^/). trois livres.
' Arrêt du conseil d'Et.it du 19 avril 170^.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 85i
à se substituer à l'adjudicataire. En payant en son lieu & place à Jacques de
Lavaux, chargé du recouvrement de la finance, la somme consentie par le
traitant, elle pouvait à son gré supprimer l'impôt ou le percevoir à son profit'.
Il s'éleva une contestation entre les provinces de Languedoc St d'Auvergne
àu sujet du territoire de Saint-Privat.
Ce petit pays, qui portait encore le titre de mandeinent, était situé aux
confins de l'Auvergne & du Vêlai, sur la rive droite de l'Allier, au centre
d'une région boisée que traverse la route du Puy à Rodez, & la délimitation
en était assez indécise pour que les habitants fussent à la fois cotisés à la
taille dans les deux provinces.
Le syndic général se fit auprès du conseil d'État l'avocat des droits du Lan-
guedoc 8< s'efforça de prouver, par la production de divers actes anciens,
qu'en matière de juridiction comme en matière de taille le mandement de
Saint-Privat avait toujours été compris dans les dépendances du pays de Vêlai.
Divers titres, échelonnés de l'année i3o8 à l'année 1494 témoignaient de
la soumission des habitants aux rigueurs du bailliage de Vêlai 5 une tran-
saction conclue en 1455 entre le seigneur du lieu & ses vassaux, au sujet de
la construction des murailles, prouvait que la querelle, jugée d'abord par les
officiers ordinaires, était venue en appel au Parlement de Toulouse. Il en
avait été de même en 1471, pour un procès de dîme avec le prieur de la
Chaise-Dieu, qui se termina par transaction, après avoir été porté en pre-
mière instance au sénéchal de Nimes. Enfin en 1542, les habitants de Saint-
Privat avaient plaidé entre eux, devant le bailli du pays de Vêlai, pour le
payement de leurs tailles.
Le syndic général produisait, en outre, quatre départements des tailles de
Languedoc, de 1042 à i56o, où Saint-Privat se trouvait compris, ainsi que
dans un état de la recette du Puy en l'année 1544, Si rappelait qu'en 1693
une pareille usurpation, commise au détriment de la Province à l'occasion du
territoire de Mauriac, avait été réparée d'après l'avis des deux intendants.
Le conseil d'État renvoya la requête à M, de Bâville 81 à son collègue
d'Auvergne, M. d'Ormesson^.
Il avait été rendu en i6o5, au conseil d'État, sur la requête du syndic de
Dauphiné, un arrêt réglant l'introduction des vins de cette province dans
le Vivarais. D'après cette décision, qui fut interprétée par le conseil le
7 août 1620, le transport des vins de Dauphiné sur la rive droite du Rhône
était autorisé depuis l'époque des vendanges jusqu'aux fêtes de Noël St pro-
hibé pendant le reste de l'année.
Les États demandèrent, dans le cahier des doléances de 1708, que ces
anciennes prohibitions fussent renouvelées, &. qu'en outre on assimilât aux
vins de provenance dauphinoise, ceux d'Avignon, du comtat Venaissin 8i de
la principauté d'Orange.
■ Recueil des arrêts Je Languedoc. Xrtêt du comtW ' Recueil des arrêts de Languedor. Arrêt du con-
d'Etiit, donné à Fontainebleau le i i octobre 1704. seil d'État, donné à Versailles le 24 mai 1704.
1704
>7°4
852 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
M. de Bâville, consulté par le roi, donna son avis le 6 avril 1704. Il
reconnaissait que les revenus des deux tiers des habitants du Vivarais con-
sistaient en vins Si que s'ils n'en avaient pas le débit, le payement des impo-
sitions royales leur deviendrait fort difficile. La libre importation des vins
de Dauphiné compromettant la valeur des produits indigènes, l'intendant ne
voyait pas d'inconvénient à la restreindre aux limites traditionnelles dont le
Dauphiné n'aurait pas le droit de se plaindre, puisque les arrêts de i6o5 6c
de 1620 avaient été sollicités par le syndic de cette province.
Quant a l'extension des prohibitions à la principauté d'Orange, au comtat
Venaissin &. à la ville d'Avignon, Bâville ne s'y montra pas plus défavo-
rable, en se fondant sur ce qu'on y trouvait un moyen assuré d'accroître le
commerce des vins récoltés en Vivarais, Si d'empêcher que l'argent des pro-
vinces voisines ne passât dans des pays qui, bien que régnicoles, ne laissaient
pas d'être regardés comme étrangers, attendu qu'ils ne contribuaient pas aux
charges de l'État. Ces pays, d'ailleurs, en tant qu'étrangers, ne pourraient,
sans injustice, accuser la rigueur de la loi française, puisqu'ils seraient traités
sur le pied du Dauphiné. Le directeur des finances, Fleuriau d'Armenon-
ville, adopta les conclusions de l'intendant de Languedoc, Se un arrêt, signé
à Versailles le 10 juin 1704, défendit l'importation en Vivarais des vins de
Dauphiné, d'Avignon, comtat Venaissin &. principauté d'Orange depuis les
fêtes de Noël jusqu'au temps des vendanges, à peine de confiscation Se de
mille livres d'amende. Des vendanges à Noël, les habitants du Vivarais
étaient autorisés à faire venir des vins des pays prohibés, mais pour leur
boisson seulement St sans pouvoir en faire cpmmerce, sous peine d'encourir
les mêmes rigueurs.
Ainsi la frontière orientale de Languedoc se trouva de nouveau défendue
contre l'invasion des crus de la rive gauche du Rhône'.
Les gratifications que les États accordaient aux envoyés de la noblesse
chargés d'occuper la place des propriétaires de baronnies, étaient, depuis
longtemps, d'une façon plus ou moins ostensible, une sorte de prime ambi-
tionnée par les gentilshommes pauvres, plutôt qu'une simple indemnité de
vovage Si de séjour, conformément à l'esprit de l'institution. C'était encore
là une des formes de dégénérescence que les ennemis des États de Lan-
guedoc reprochaient avec le plus d'amertume à cette ancienne représentation
provinciale.
La baronnie de Mirepoix, dont le titulaire se trouvait mineur, donna lieu
à un éclat qui fit souhaiter quelques mesures de répression. Le châtelet de
Paris, dans une sentence du i5 septembre i7o3, nommant des tuteurs au
jeune marquis de Mirepoix, avait ordonné que le choix du gentilhomme
député aux États pour représenter la baronnie serait fait, au plus grand
avantage du mineur, par les deux tuteurs honoraires, qui étaient la marquise
' Recueil Je Languedoc. Arrêt du conseil d'Ktat, porter les vins de Dauphiné, du comtat d'Avignon
donné i Versailles le lo juin 1704, qui défend de & principauté d'Orange en Vivarais après Noël.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 853
mère' S<. le marquis de Léran ^, Si à défaut d'accord entre les collateurs dési-
gnés, par le tuteur onéraire. La mésintelligence prévue par le tribunal se
réalisa. La marquise de Mirepoix 8c le marquis de Léran nommèrent chacun
leur gentilhomme sans pouvoir s'entendre; Si M. de Léran, qui ne s'inquié-
tait point des déguisements de convenance, ne se fit point faute de répéter
que son candidat méritait d'être choisi, ayant fait des offres avantageuses au
mineur, tandis que le protégé de la marquise n'en présentait aucune.
Cet aveu trop sincère arriva aux oreilles de l'assemblée qui s'en irrita, &
déclara ne pouvoir supporter que la gratification accordée aux envoyés des
barons pour leur défrai, devînt un objet de commerce, 8i que l'on vendît aux
enchères le droit de s'asseoir au rang des représentants de la Province.
Le chose fut jugée indigne 8c des barons qui donnaient leur procuration
8c des gentilshommes qui la recevaient, indigne surtout de l'assemblée des
États, accoutumée, disait-on, à voir remplir les places des hauts bancs par les
gentilshommes les plus qualifiés.
On en fit la matière d'une requête du syndic général au conseil du roi,
8c le 3o juin 1704 un arrêt du tribunal souverain défendit aux tuteurs du
marquis de faire aucune convention pour l'entrée d'un envoyé aux États 8c
de recevoir aucune offre de quelque personne que ce pût être. Les gen-
tilshommes coupables d'avoir oftert de l'argent pour obtenir un si honorable
privilège, devaient être privés de l'entrée ainsi que des émoluments dont elle
était le prétexte.
Cet arrêt, d'une exécution difficile, contraignit du moins les prétendants à
mettre plus de mystère dans leurs transactions; mais le fond même des choses
en fut peu changé, 8c l'argent continua de donner accès aux bancs supérieurs
aussi bien qu'à ceux du parterre^.
Le collecteur des tailles du lieu de Tuchan, au bas Languedoc, n'ayant
pas fourni le paiement de l'année 1702, le receveur du diocèse le fit mettre
dans les prisons de Narbonne, d'où la connivence du concierge lui procura les
moyens de s'échapper. La cour des aides de Montpellier instruisit l'affaire,
emprisonna le concierge 8c le substitua au collecteur. Elle condamna même
le receveur des tailles à lui fournir des aliments pendant sa captivité, ce qui
était contraire au régime admis en Languedoc depuis la réponse faite par le
roi au cahier des États de i685, portant que les receveurs seraient déchargés
de l'obligation de nourrir leurs débiteurs"*. Le syndic général de la Province
recourut au conseil d'État, qui cassa tous les arrêts contraires de la cour de
Montpellier 8c dégagea complètement le receveur. Le motif de cette jurispru-
dence était que, dans les communes, où l'on était contraint d'employer
' Anne-GabrielU d'Olivier, veuve de Pierre- l'entrée des Estafs de Languedoc Us gentilshommes
Charles de Lévy, chevalier, marquis de Mirepoix, envoyez de la noblesse qui ont fait des conven-
maréchal de la Foy. tions pour y entrer.
• Paul de Lévy, marquis de Léran. ■• Arrêts de la cour des aides de Montpellier du
" Recueil de Languedoc. Arrêt du conseil d'État, 23 avril lyoS, du i" février, de» i5 mars & 19 juin
donné à Versailles le 3o juin 1704, qui exclut de ■704.
1704
'7°4
170J
854 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
seulement des collecteurs forcés, la levée de la taille serait devenue complè-
tement impossible, si l'on avait observé la règle commune de faire nourrir
les débiteurs prisonniers par leurs créanciers, plusieurs de ces malheureux
préférant vivre aux dépens d'autrui en captivité que de prendre la peine de
lever les tailles '.
Les députés de la Province réclamèrent, par l'article 10 de leur cahier,
contre les exactions dont les trésoriers de France 8c les officiers des séné-
chaussées se rendaient coupables, sous prétexte des droits d'enregistrement
établis en lyoS sur les contrats d'aliénation du domaine & des justices
royales^ & sur les provisions d'officiers jouissant de quelque privilège^.
D'après l'esprit de la création, ces droits n'étaient pas obligatoires 8t ne
devaient être perçus que dans le cas où l'enregistrement était demandé par
les acquéreurs 8c les nouveaux pourvus. Le conseil d'Etat maintint cette
jurisprudence en défendant expressément aux trésoriers de France Se aux
officiers des sénéchaussées de Languedoc de continuer les poursuites dont ils
avaient pris l'initiative, dans le dessein d'introduire l'usage d'un enregistre-
ment forcé'*.
Le syndic général de la Province porta plainte au conseil du roi du peu
d'exactitude que mettaient les traitants à régler leurs comptes. Il y avait déjà
tort longtemps que le pays de Languedoc avait pavé à ces entrepreneurs de
finances des sommes considérables pour le rachat des trois offices de trésoriers
collecteurs, de mouleurs de bois, Si de trésoriers, inspecteurs, contrôleurs,
secrétaires de l'arrière-ban, sans pouvoir obtenir aucune quittance du trésor^.
Les particuliers de la Province, frappés d'une infinité de taxes, n'étaient pas
plus heureux Se n'avaient entre leurs mains qu'un simple reçu des commis,
sans aucune preuve que les traitants eussent rempli leurs engagements envers
le roi. Le conseil d'Etat, sur le rapport de Chamillart, donna un mois aux
retardataires pour livrer les quittances définitives au trésorier de la bourse
de Languedoc, ou pour remettre aux particuliers celles du trésor royal ou
(les revenus casuels''.
Les puissances coalisées contre la France n'avaient pu voir sans un vif
désappointement l'insurrection des Cévennes, à demi domptée par la rigueur
d'une répression impitoyable, recevoir les derniers coups des mains de Vil-
lars , 8c s'éteindre progressivement, grâce à l'habileté d'un système où la
clémence 8c la sévérité se combinaient. Tous les chefs considérables s'étaient
résignés à la soumission ou se voyaient forcer dans leurs dernières retraites.
11 ne restait plus de cette violente émotion, partagée de tout le royaume, que
■ Recueil dei arrêts de Languedoc, Arrêt du con- ' Les prix de rachat étaient de 240 33i' 11' 8''
seil d'Etat donné à Fontainebleau le 11 octobre pour l'office de trésorier coUecteurj de 279400'
1704* pour l'office de mouleur de bois, & de 39000' pour
' Arrêt du conseil du 3 avril 1708. l'office de trésorier, inspecteur, contrôleur, sccié-
' Déclaration du roi du 17 juillet 1703. taire de l'arrière-ban.
•■ Recueil des arrêts de Languedoc. Arrêt du conseil ^ Recueil des arrêts de Languedoc. Arrêt du con-
d'Etat, donné à Fontainebleau le 16 octobre 1704. seil d'Etat, donné à Marly le 11 novembre 17C4.
LIV. m. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 855
les traces matérielles tle dévastations opérées soit par les camisards, soit par
les troupes royales Se qui, pendant plusieurs années encore, devaient tarir
les sources de l'impôt dans un territoire assez étendu'. La guerre finie, les
dernières agitations se réduisirent à des actes de banditisme isolés & à des
exécutions sanglantes contre les gens qui n'avaient pas su profiter à temps de
l'amnistie & sortir du royaume.
L'Angleterre, la Hollande & le duc de Savoie dont la pacification du Lan-
guedoc dérangeait les plans, 8t dont les espérances pouvaient être ranimées
par l'évasion de Cavalier, s'inquiétèrent alors, sous l'impulsion de quelques
réfugiés français, de réveiller les troubles & de renouveler cette diversion qui
avait donné tant d'alarmes à Louis XIV.
Jamais plus d'émissaires ne furent mis en mouvement ni plus d'argent
dépensé par les cours étrangères, qu'à l'heure où l'insurrection, au milieu
d'une lassitude générale, venait de perdre toutes chances de succès. Nombre
d'aventuriers & de chevaliers d'industrie qui se donnaient pour les correspon-
dants des camisards profitèrent de ces conjonctures & parvinrent à détourner
l'argent qu'on leur confiait. Quelques agitateurs, parmi lesquels le marquis
de Miremont & l'abbé de la Bourîie tenaient le premier rang, semaient l'Eu-
rope de manifestes & envoyaient aux protestants des Cévennes des promesses
d'intervention armée.
Louis-Armand de Bourbon, marquis de Miremont, de la branche des Bour-
bons Malauze, se vantait d'être le seul prince du sang royal qui fût demeuré
fidèle à la religion d'Henri IV, &, par la vertu de ce titre, il prenait celui de
général en chef des protestants de France & aspirait à jouer en Languedoc
le rôle qu'y avait tenu le duc de Rohan.
Mais, comme il ne se dissimulait pas les sentiments de répulsion & d'hor-
reur qu'avaient excités les crimes des camisards dans tous les rangs de la
société française, & chez la majorité des réformés, il prescrivait, par ses
instructions St ses communications secrètes, de changer de tactique. On ne
devait plus songer à épouvanter le monde par des immolations religieuses,
renouvelées de l'histoire du peuple juif. C'est au nom de la liberté générale
& des droits de la conscience qu'on devait combattre. Toute violence était
défendue contre les ecclésiastiques inoffensifs & les catholiques non mili-
taires, pourvu qu'ils n'eussent pas donné, par leur conduite personnelle, de
justes sujets de vengeance. Quand une exécution paraîtrait nécessaire, il ne
faudrait jamais manquer de placer sur les cadavres un écriteau exposant les
causes du meurtre, afin de montrer que ces actes émanaient d'une justice
occulte & n'étaient pas l'entreprise de quelques brigands^. Le inarquis prohi-
bait également les incendies d'églises; ces destructions que les camisards
' Divers arrêts du conseil d'État, dont on trou- d'Uzès, de Nimes & de Viviers qui avaient soDfTi;.: '
vera la liste & la date dans la Chronologie placée de la guerre des camisards.
en tête de cette histoire, ou le texte dans nos Pii'ces 'Voir aux Pièces justificatives, n. DCCCVIU,
;Bjii^Cfltiv«, suspendirent la perception des impôts col. ïoîz, le texte d'une inscription de ce genre,
dans les communes des diocèses de Mende, d'Alais, trouvée sur le cadavre d'un sieur de Saint-Julien.
lyoS
856 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
considéraient au contraire comme un de leurs exploits les plus méritoires, 8c
comme un sûr moyen de ruiner l'idolâtrie & de confondre les papistes, le
chef politique du parti les répudiait, parce qu'on avait, disait-il, tout intérêt
à ne point s'aliéner les catholiques, & à les entraîner eux-mêmes dans la
révolte, en se fondant sur l'exagération des charges fiscales dont ils étaient
accablés. Loin de les traiter en ennemis, il voulait que l'on sollicitât leur
assistance pour un soulèvement général destiné à imposer au roi la fin d'une
guerre injuste. S'ils refusaient d'y prendre part, mais ne commettaient point
d'actes d'hostilité, l'on devait les laisser en paix; s'ils prenaient les armes
contre les insurgés, on tomberait sur eux sans ménagement, passant au fil
de l'épée tous les combattants & pillant leurs maisons. Un article particu-
lier des instructions de Miremont s'appliquait aux nombreux protestants
convertis qui s'étaient distingués par leur zèle à persécuter leurs anciens
coreligionnaires. Ceux-là ne pouvaient s'attendre à aucune pitié. Le mar-
quis prescrivait de ravager tous leurs biens, 8c, si l'on parvenait à se
saisir de leurs personnes, de les brûler vifs, pour servir d'exemple à leurs
pareils.
A l'égard des troupes royales, il commandait de se régler sur leur conduite :
de ne pas faire quartier à celles qui n'en feraient pas, 8c de garder comme
otages les militaires isolés dont on aurait occasion de s'emparer, 8c de les faire
pendre, si l'échange en était refusé contre des prisonniers. A défaut d'exécu-
teurs, on choisirait parmi les victimes quelqu'un qui consentît à servir de
bourreau pour racheter sa vie; si non, elles seraient jetées dans une grange,
8c brûlées en bloc, sans négliger de laisser une inscription commémorative
de l'événement.
Afin d'arrêter les supplices ordonnés par l'intendance ou le gouvernement
militaire, le marquis voulait y répondre par d'exactes représailles, en tuant
des prisonniers que l'on garderait en réserve pour cet effet. Miremont repre-
nait ainsi, à son insu, un expédient qui avait été proposé par Montrevel
pour réprimer les assassinats des camisards; mais, à défaut de cette autorité,
il invoquait celle du duc de Rohan.
Quelques précautions minutieuses étaient indiquées pour éviter les déla-
tions 8c les surprises. Il fallait n'accueillir aucun déserteur catholique, de
peur d'en être dénoncé, faire essayer tous les aliments que l'on prendrait chez
des personnes suspectes. Enfin on s'inquiétait d'empêcher les tentatives de
corruption ou de tromperie qui avaient trop bien réussi pendant le cours de
la dernière campagne. Chefs 8c soldats prêteraient serment de n'accepter
de conférence avec personne sans la permission de la troupe 8c sans un
exposé complet de l'objet des négociations. Les promesses de l'ennemi seraient
reçues avec une entière défiance, 8c, prît-il même l'engagement de rétablir la
liberté de la religion réformée dans tout le royaume, on n'en tiendrait
aucun compte, à moins d'avoir la garantie formelle de l'Angleterre, de la
Hollande, du roi de Prusse 8c des autres États protestants. On couperait
court aux tentatives de négociations frauduleuses en menaçant de mort, par
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 857
écrit public, quiconque s'en chargerait, & en exécutant rigoureusement ces
menaces '.
Par un autre manifeste, la portée politique du mouvement que l'on pré-
parait se trouvait indiquée d'une façon encore plus nette. Abandonnant les
traditions du fanatisme, la phraséologie biblique & les anathèmes des prédi-
cants contre la nouvelle Babylone & les idoles de Baal , le marquis de Mire-
mont, commandant général des peuples en armes dans les Cévennes & les
provinces voisines, traçait le programme d'une grande révolution. Il ne
visait à rien moins qu'à changer la nature même de la royauté, à doter le
pays d'institutions représentatives, promettant de ne cesser la guerre qu'après
le rétablissement des Etats généraux du royaume St du Parlement dans toute
l'étendue de leurs anciennes prérogatives, après le relèvement de la noblesse,
dégradée par le despotisme 8c par la vénalité des anoblissements, après la
suppression des impôts & charges contraires à la liberté, & après la remise
en vigueur de l'édit de Nantes, sous la garantie de l'Angleterre & des autres
puissances réformées.
Cette proclamation annonçait en toutes lettres le retour en Languedoc des
camisards qui en étaient sortis à la suite de l'amnistie, & voici l'explication
qu'elle en donnait. Les promesses du maréchal de Villars 8t de l'intendant
avaient fait espérer un adoucissement dans la condition des protestants de
France Se entraîné la soumission des divers chefs. Les agents royaux ne fai-
saient pas honneur à leur parole. On s'en était aperçu trop tard pour empê-
cher l'effet des négociations; mais une fois de l'autre côté de la frontière, les
scrupules de conscience s'étaient réveillés. Les camisards sortis du royaume,
endoctrinés sans doute par la partie militante des réfugiés français St stimulés
par les gouvernements coalisés qui annonçaient un secours considérable,
se préparaient à regagner leurs montagnes & à recommencer la lutte. Ils
protestaient de ne vouloir pas faire une guerre de religion ni élever des
temples sur les ruines des églises. Ils se contentaient de la liberté pour eux
& s'engageaient à respecter celle d'autrui, déclarant « devant Dieu, souverain
« juge de l'univers, » que les personnes de toute qualité 8c de toute croyance
qui ne prendraient pas les armes contre eux, pourraient demeurer en sécurité
dans leurs maisons, sans avoir à redouter aucune offense de la part des cham-
pions de la liberté française*.
Nous n'avons pas besoin de faire ressortir le caractère chimérique de ce
nouveau plan. L'insurrection des Cévennes, dans un pays semé de ruines 8c
peuplé de haines par les événements du seizième siècle, ne pouvait pas être
autre chose qu'une guerre de religion. Le projet philosophique de verser son
sang pour la liberté de conscience n'avait aucune chance de remplacer, dans
le cœur des montagnards, les accès de fougue intolérante qui leur faisaient
traiter les catholiques en Amalécites 8c en Philistins, 8c renverser les églises
romaines comme les premiers chrétiens renversaient les sanctuaires des faux
' Pièces justificatives, n. DCCCIII, col. 1009. ' Pièces justificatives, n. DCCCIV, col. 2oi3.
1700
1700
858 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dieux. Il fallait être prince du sang royal, homme de cour, & plus versé
dans les affaires de cabinet que dans la connaissance des instincts populaires
pour croire à la possibilité d'une kitte maintenue dans de telles limites 5c
pour rêver cette espèce de chevalerie consacrée au service des principes & à
la défense des opprimés. Les diplomates étrangers, gens plus positifs, voyaient
surtout dans ces agitations un moyen d'affaiblir la France, d'occuper les
troupes de Louis XIV & de prendre contre le puissant monarque la revanche
de longues défaites.
D'ailleurs, la composition des bandes qui devaient combattre pour ce grand
dessein & où pullulaient les aventuriers, les gens de sac 81 de corde 8c les
simples mercenaires donnant leur sang pour avoir du pain, n'était guère de
nature à autoriser d'aussi hautes espérances.
Le marquis de Miremont pensait fort prudemment quand il recommandait
aux camisards de ne point recevoir de déserteurs, ce qui leur arrivait tous les
jours; car ce fut par l'entremise d'un de ces hommes, du régiment suisse de
Courten, que Bâville 8c le duc de Berwick eurent connaissance de la grande
conjuration de Nimes.
Ce complot, dont les principaux auteurs étaient les camisards Catinat,
Ravanel, Jonquet, Vilas, Claris, tous rentrés en Languedoc malgré la sur-
veillance de la frontière, avait pour objet de déterminer un soulèvement
général, de concert avec les puissances coalisées. On devait surprendre Mont-
pellier 8c Nimes, enlever Bâville 5c Berwick, renvoyer celui-ci à bord de la
flotte anglaise que l'on attendait, faire expier à l'intendant les rigueurs de sa
justice prévôtale, emmener un certain nombre d'otages, parmi lesquels les
évêques de Nimes 8c de Montpellier, les principaux magistrats 8c les officiers.
Se enfin s'assurer du port de Cette, pour le mettre aux mains des Anglais
qui se proposaient d'y tenter un débarquement. Les diverses prescriptions du
marquis de Miremont devaient s'appliquer dans cette nouvelle guerre, dont
le mot d'ordre était : r Vive le roi sans Jésuites 8c liberté de conscience! «
Les premiers pourparlers se tinrent, entre Nimes 8c Montpellier, dans une
maison appartenant à un certain Boëton, qui avait longtemps vécu en cap-
tivité avec son jeune fils à Puylaurens, 8c chez qui le ressentiment dominait
toutes les autres impressions. Ce Boëton se rendit en Auvergne, où il com-
mença de préparer des armes pour un corps de quinze cents hommes qu'il
s'était chargé de lever 8c qui devaient en joindre cinq mille, rassemblés par
les soins d'Alison 8c d'Allègre, marchands de Nimes. La prise d'armes devait
coïncider avec l'apparition d'une flotte alliée sur la côte de Languedoc, 8c,
clans tous les cas, ne se pas retarder au delà du 20 avril.
Les premiers bruits de la conjuration arrivèrent aux oreilles d'un abbé
Massélian, « prêtre très-zélé, très-discret 8c de très-bon sens, » que Bâville
employait depuis longtemps auprès des prisonniers détenus à la citadelle de
Montpellier 5c qui s'insinuait avec adresse dans leur confiance. Un jeune
homme, du nom de Chevalier, ancien camisard, lui révéla, à mots couverts,
ce qui s'apprêtait. Pressé de questions, il finit par lui dire que plus de trente
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ËDIT DE NANTES. SSg
hommes étaient arrivés déjà pour l'enlèvement de Bâville S< de Berwick,
qu'on devait d'abord mettre le feu au grenier à foin de l'intendant, situé en
face de sa maison, & profiter du trouble occasionné par cet incendie pour
s'emparer de sa personne ou le tuer.
Sur ces déclarations, immédiatement transmises par l'abbé à l'intendance,
des perquisitions furent faites, simultanément, de nuit, dans plusieurs mai-
sons suspectes de Nimes & de Montpellier 8c amenèrent des captures impor-
tantes '.
A Montpellier, le prévôt diocésain Jausserand, pénétrant dans un logis
avec son escorte, y trouva trois hommes couchés sur un matelas & commença
de les interroger. L'un d'eux, qui était un camisard très-connu dans le pays,
nommé Flessière, essaya de faire quelque résistance, &, plongeant la main
dans un coffre placé à sa portée, en tira un pistolet dont il déchargea deux
coups sur le prévôt sans l'atteindre. Le prévôt riposte, le blesse à la tête, 6i,
au moment où, tout couvert de sang, Flessières voulait fuir par l'escalier,
deux Irlandais, placés en faction sur la porte de la rue, achevèrent de le tuer
à coups de baïonnette. Les deux autres furent pris : c'étaient un ancien soldat
du régiment de Hainaut, 8t un jeune déserteur suisse de Courten, qui s'était
sauvé depuis dix jours de son régiment, à la suite d'une punition, 8< que les
recruteurs camisards, en quête d'hommes, avaient aussitôt enrôlé. Ce jeune
homme éprouva une grande frayeur quand il se vit aux mains des archers &
s'offrit à découvrir tout ce qu'il avait eu le temps d'apprendre du projet des
conjurés. Grâce aux révélations de ce déserteur, certain de sauver sa tête s'il
disait tout, la retraite de Catinat Se de Ravanel à Nimes fut retrouvée. Le
suisse ne savait pas le nom de la rue, mais il se faisait fort de la reconnaître,
ainsi que la maison qui servait d'asile aux conspirateurs. On le fît conduire à
Nimes, sous la garde de six archers Se d'un lieutenant de prévôt, qui le pro-
menèrent à travers la ville. Dans le quartier de Sainte-Eugénie, il désigna
plusieurs maisons, qui furent investies pendant la nuit. On pénétra, par une
porte ouverte, dans les appartements du marchand de soie Alison, où Rava-
nel, Jonquet 8< le jeune Vilas, émigré de Saint-Hippolyte St cornette du
régiment anglais de Galloway, causaient ensemble de leur grande affaire.
Ils n'eurent pas le temps de saisir leurs armes &i furent enlevés.
Les portes de la ville étaient hermétiquement closesj des soldats, la baïon-
nette au bout du fusil, occupaient toutes les rues, où l'on avait interdit la
circulation. Il se fit beaucoup d'arrestations. Allègre, Alison, un fabricant
de bas nommé Grollier 8c le prédicant La Jeunesse furent du nombre. Cati-
nat, que l'on recherchait activement, s'était dérobé avix poursuites. On le
savait dans Nimes, mais on ignorait sa cachette. Berwick publia une ordon-
nance promettant de donner cent louis d'or à celui qui livrerait le chef cami-
sard ou qui le ferait prendre, 8c de faire grâce à celui (|ui l'aurait logé, s'il le
dénonçait avant la perquisition générale. Dans le cas contraire, l'hôte impru-
' Piieei justificatives, n. DCCCV, col. 2oi6j n. DCCCVI, col. 2019; n. DCCCVII, col. 2021.
1705
17°^
86o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dent serait pendu sans rémission à sa porte, 8c aurait sa famille emprisonnée,
ses biens confisqués 8c sa maison rasée, sans autre forme de procès.
Ces menaces produisirent l'effet qu'on avait attendu. Catinat, contraint de
quitter son gîte, sortit furtivement, alla se faire raser &c poudrer chez un
barbier, &c se croyant assez travesti, essaya de franchir la porte Saint-Antoine,
le chapeau sur les yeux 8c un papier à la main, qu'il lisait par contenance.
Peu s'en fallut qu'il ne trompât la surveillance des gardes; mais un officier
eut des soupçons &c le fit conduire au poste, où l'on ne tarda pas à le recon-
naître. Il fut garrotté 8c amené devant l'intendant 8c devant Berwick, qui lui
demanda pourquoi il était revenu en Languedoc après la grâce que le roi lui
avait faite de lui donner la vie 8c de le laisser sortir de son royaume, malgré
ses crimes. Catinat éluda la réponse, mais proposa un échange de sa per-
sonne contre le maréchal de Tallard, alors prisonnier en Angleterre, ajoutant
que le maréchal recevrait dans sa captivité le même traitement que lui. Ber-
wick ne donna aucune suite à cette offre Se se contenta de dire : « Si tu n'as
« rien de meilleur à proposer, je te promets que dans quelques heures tu ne
« seras pas en vie. «
En effet, le présidial siégea immédiatement. Catinat 8c Ravanel furent
condamnés à être brûlés vifs. Les conseillers demeurèrent quelque temps en
désaccord sur la nature du supplice; certains désiraient voir Catinat tiré à
quatre chevaux; mais la majorité pensa que la mort par le feu était plus
lente 8c plus douloureuse. Ravanel supporta les épreuves de la torture sans
dire un seul mot. Catinat, plus robuste 8c plus nerveux, s'avoua vaincu par
la souffrance 8c dénonça divers complices. Jonquet eut le corps brisé sur la
roue, ainsi que Vilas, &c par privilège, fut jeté vivant sur le bûcher.
Les exécutions se firent à l'extrémité du cours, vis-à-vis le glacis menant
aux barrières de la porte du fort. Catinat 8c Ravanel étaient attachés dos à
dos au même poteau par une chaîne de fer. Louvreleuil raconte que plu-
sieurs veuves, dont les maris avaient péri par la main des deux camisards, se
firent une joie cruelle d'alimenter le feu en y jetant des fagots de bois sec 8c
que l'on vit remuer encore, au milieu des flammes, les membres de Jonquet,
retirés tout pantelants de la roue.
Après ce quadruple supplice, Berwick alla inspecter la côte d'Aigues-
mortes 8c prescrire certains travaux défensifs, en vue du débarquement que
l'on craignait. Puis le présidial jugea les négociants de Mimes 8c autres per-
sonnages compromis dans la conjuration, qui périrent sur la potence ou sur
la roue. Pendant plusieurs semaines, les supplices ne cessèrent point. La
défection de Cavalier, le retour d'un grand nombre de camisards soumis, le
complot de Nimes n'étaient point faits pour remettre en faveur les maximes
conciliantes de Villars. Ceux qui avaient constamment préconisé la répression
à outrance triomphaient de ces déceptions 8c de la terreur que les sanglantes
procédures répandaient parmi les populations protestantes.
Quant aux agitateurs, qui, de l'étranger, avaient dirigé tous ces mouve-
ments, ils éclatèrent en récriminations contre divers intermédiaires qu'ils
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 86 1
regardaient comme responsables de la découverte du complot. Miremont 8c
La Bourlie se plaignirent qu'en exigeant des reçus de Ravanel & de Catinat
pour les sommes envoyées d'Angleterre & de Hollande, on avait causé leur
malheur. Ces reproches donnèrent lieu à une longue correspondance entre
les réfugiés, par où l'on voit que la confiance des bailleurs de fonds était
souvent trompée, à la faveur du mystère des transmissions, & que la plus
grosse part de l'argent expédié n'arrivait jamais à son adresse.
Quelques efforts furent encore tentés par l'Angleterre &i la Hollande pour
réveiller l'insurrection des Cévennes, pour former des compagnies de cami-
sards à la solde des puissances coalisées; mais l'épuisement du pays 8<. les
événements de guerre sur d'autres théâtres neutralisèrent ces projets; les
troupes faisaient de loin en loin des battues qui amenaient toujours quelque
capture & qui avaient pour conclusion certaine de nouvelles exécutions, les
derniers proscrits ne songeaient qu'à disputer leur vie au bourreau, St la
majorité protestante, appuyée par les consistoires, condamnait le fanatisme
des prédicants. Parmi les catholiques, les querelles entre romains 8c gallicans
ne cessaient d'entretenir une vive agitation.
L'attente d'une constitution pontificale qui devait, disait-on, aplanir les
difficultés entre le Saint-Siège 8c l'Eglise de France, déterminèrent les assem-
blées provinciales du clergé à donner en ijoS à leurs députés une procura-
tion absolue, tant pour le spirituel que pour le temporel.
Cette proposition ne rencontra de résistance que dans la province ecclé-
siastique de Narbonne. M. de Percin Montgaillard, évêque de Saint-Pons,
la combattit fortement. Au point de vue temporel, il fit voir le péril de
ces pouvoirs illimités qui permettraient d'accabler le clergé de nouveaux
emprunts, transformés bientôt en véritables aliénations. Ces emprunts accu-
mulés avaient, disait-il, pour résultat l'anéantissement des petits bénéfices
qui étaient un puissant moyen d'instruction, servant à faire étudier de jeunes
ecclésiastiques. Des retranchements annuels sur le train 8c la dépense de
chaque membre du haut clergé lui paraissaient une manière beaucoup plus
équitable de donner des secours au roi. Au point de vue spirituel, il jugea
le blanc-seing encore plus périlleux, rappelant la signature du formulaire 8c
la transaction connue sous le nom de paix de Clément IX. A cette époque,
le pape 8c le roi s'étaient contentés d'une soumission de respect pour le fait
de Jansénius; cependant plusieurs évêques 8c archevêques soutenaient dans
leurs mandements l'intaillibilité de l'Eglise en ces sortes d'affaires.
A ce propos, l'archevêque de Narbonne interrompit l'orateur pour dire
.qu'en effet certains évêques s'étaient trop avancés.
Reprenant la parole, M. de Saint-Pons déclara qu'ayant défendu dans ses
écrits une opinion contraire, il ne pouvait accorder une procuration dont on
userait peut-être pour le démentir. Il regardait la question comme réglée par
la paix de Clément IX 8c ne voulait pas qu'elle fût de nouveau posée, même
dans un sens favorable à ses propres vues, parce que, malgré les sentiments
personnels de députés de la Province, l'opinion opposée pourrait prévaloir.
1705
1700
802 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les remontrances du prélat furent sans effet, Se la province de Narbonne
donna, comme les autres, des procurations illimitées.
La bulle que l'on attendait parut, pendant la tenue de l'assemblée géné-
rale; elle commençait par ces mots : Vineam Domini Sabaoth.
L'assemblée du clergé ayant à nommer une commission pour examiner
cette bulle, choisit l'archevêque de Rouen, comme doyen d'âge, pour la pré-
sider. Le cardinal de Noailles projetait d'y faire entrer l'évêque de Montpel-
lier, Colbert de Croissy. L'on en porta plainte au roi avec grand scandale.
Louis XIV s'en expliqua nettement avec le cardinal. « Eh bien, Monsieur,
« lui dit-il, vous mettez l'archevêque de Pvouen à la tête de la commission
« de la bulle. Se l'évêque de Montpellier sera un des commissaires; voilà
« une commission qui ne fera pas grand peur aux jansénistes. » Le cardinal
de Noailles essaya quelque justification de l'évêque de Montpellier, mais le
roi lui coupa la parole en ajoutant : « Si je parlois à un autre que vous,
« je lui défendrois formellement de mettre un tel sujet dans une commission
c de cette nature; mais, pour vous, je suis persuadé qu'il vous suffit de savoir
« que cela ne me fait pas de plaisir pour n'y plus penser. » L'évêque de
Montpellier fut donc exclu.
L'assemblée du clergé de France n'était en réalité qu'une chambre des
comptes ecclésiastique.
La cour de Rome se trouva violemment blessée que la constitution, pré-
parée avec l'assentiment du roi, eût été renvoyée à une commission. Si ne fit
aucune réponse à la lettre que l'assemblée du clergé lui avait écrite.
Ce fut seulement pendant le carême de l'année 1707 que le tonnerre
éclata, sous la forme de deux brefs adressés l'un au roi, l'autre aux évêques
de l'assemblée. Le nouveau nonce présenta ce dernier au cardinal de Noailles
qui refusa de le recevoir, en disant que sa présidence avait fini avec la sépa-
ration de l'assemblée, Se qu'il demeurait simple archevêque de Paris. Quant
au bref destiné au roi, il ne fut pas même présenté. Seulement, on en
répandit des copies dans le public, en latin Se en français.
Le Parlement de Paris supprima le bref sur les réquisitions xlu procureur
général d'Aguesseau; mais par la volonté formelle du roi, l'arrêt demeura
secret, quoique le bref eût été public. A proprement parler, dit très-juste-
ment le chancelier, « c'étoit l'arrêt qu'on suppriraoit 8<. non pas le bref'. »
1706 Dans le courant de l'année 1706, le territoire du diocèse d'Alet étant
menacé par les courses des miquelets 6c des Catalans révoltés, il fut levé
quatre compagnies pour la garde de la frontière. Elles commencèrent leur
service le 20 avril. Un mois avant, Chamillart avait eu le soin d'écrire à
l'archevêque de Narbonne qu'il était nécessaire que la Province fût chargée
de cette dépense, dont la durée ne dépasserait pas celle de la campagne.
D'après les comptes que remit M. de Bâville, à la fin de l'année, cette
dépense atteignit la somme de vingt mille cent soixante-seize livres, que
' Mémoires sur les affaires de l'Eglise de France. (Euvres du chancelier d'Aguesseau, XIII, p. 262.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
863
l'archevêque de Narbonne eut le talent de faire accepter par les États,
en leur laissant entrevoir combien la charge eût été plus lourde, si la
Province avait dii faire marcher ses milices pour garder les passages des
Pyrénées".
Les mesures de rigueur exercées contre les protestants & l'émigration qui
en fut la suite avaient eu pour conséquence de ramener la province de Lan-
guedoc aux plus tristes périodes de son histoire. Dans plusieurs diocèses la
dépopulation était générale, comme la misère^, & rappelait les désastres de
1706
' Procès-verbal des États. Séance du 5 janvier
1707.
' Comme on faisait argent de tout, on vendait
l'affranchissement des tailles, sacrifiant l'avenir
au présent. Pour donner une idée de cette opéra-
tion, nous transcrivons ici la liste des quittances
de l'affranchissement des tailles, en exécution de
redit d'octobre 1701, expédiées le 28 mai 1706
par le sieur Gruin, garde du trésor royal, en faveur
des particuliers suivants :
1. Bénédictins de l'abbaye d'Aniane, biens
roturiers d'Aniane, 863' 19'.
2. Jean Reboul, — à Saint-Martin de Lon-
dres, 793' 7*.
3. Louis Cadole, capitaine au régiment de
Maulevrier, — à Lunel, 438' 8'.
4. Estienne Jarlan, ancien procureur de la
cour des aides de Montpellier, pour les fonds
roturiers de Pierre Roquefeuil, baron de la Ro-
quette, major du régiment de dragons de Eou-
viUe, — à Viols le Fort, 4484' 2».
5. François Deffours, maître maçon, — Mont-
pellier, 267' i5".
6. Estienne Flaugergues, secrétaire du roy en
la chancellerie de Toulouse, — Montpellier,
767' 1'.
7. Pierre Sabran, auditeur en la cour des
comptes, aides & finances de Montpellier, —
Montpellier, 439' 7'.
8. Antoine de Pelissier, maistre de camp des
carabiniers du roy, — Saint-Brez, 3699' 6*.
9. Jean Pierre de Sours, sieur de Mandajors,
juge du comté d'Alais, — Servas, 59' i8'.
10. Jean Baptiste Gueydan, pour fonds rotu-
riers sous le nom d'Antoine Prat, — Bagnols,
I 596' 7'.
11. Marc Plantin de Villeperdrix, — mande-
ment de Berrias, 407' 19'.
li. Jacques Fournier, bourgeois d'Alais, —
Roussan, 329' i'.
i3. Roch de Lacroix, capitaine au régiment de
Louvigni, — Vag^ias, 117' 2*.
14. Joseph Bourges, — Bourg-Saint-Andéol,
1 569' 16'.
iS. Guillaume Barthélémy, — Serignan,78' 10'.
16. Henri de Carion de Nizas, colonel du régi-
ment de Thiérache, — Béziers, 784' 16'.
17. Jacques Rasimbault, — le Mourcayrol,
1(52' i".
18. Thomas de Sarret, sieur de Gaujac, — Bé-
ziers, 209' 4*.
19. Thomas Causse, pour Jacques Causse, son
père, — Hérépian, 334' i3'.
20. Jean Abeille, — Saint-ctienne de Gourgas,
389' 2".
21. Charles Gaules, — Lodève, 87' i5'.
22. Fulcrand Vernet, — Olmet, 89' i3'.
23. Jacques Faurié, contrôleur du grenier à sel
de Pézénas, — Pézénas, 529' 17".
24. Anne Deflottes, épouse de Guillaume de
Raynaud, sieur de Pesseplane, — la Salvetat,
4897' 8».
25. Jean Jacques de Bellot, seigneur de la
Voulte, — la Salvetat, 3298' 18».
z6. Anne Chauchat, vevive d'Estienne Boudet,
— Mende, 5o8' i*.
27. Pierre Chastang, syndic du diocèse de
Mende, & Pierre Marcé, — Vialle-Veillettc & les
Moulins, 239'.
28. Pierre 81 Pierre Charbonnel, père & fils, —
Serveirette, 340' 3'.
29. Jean Baptiste Moure, sieur de Larouvièrc,
— Serveirette, 667' 5'.
30. Germain d'Arbon, conseiller au Parlement
de Toulouse, — Toulouse, 92' 6'.
3i. Le même, au nom des héritiers d'Arnaud
d'Arbon, ancien capitoul, .— Toulouse, i53' 6*.
32. Le même, au nom de Guillaume d'Arbon,
ancien capitoul, .— Toulouse, 1 18' 12'.
33. Pierre Prieur, — Cornebarrieu, 79' 14*.
34. Le trésorier de la Table de la Kativité de
Nostre Dame de la Daurade de Toulouse, — Au-
zielle, 143' i3".
35. Jean Cazals, docteur en médecine, — Pom-
pertuzat, 200' I \'.
3(5. Guillaume de Villeneuve, sieur de Lnroque
de Croizillac, — Auriac, 1 400' 2'.
37. Marie Luce de Geoffroy, veuve du sieur de
Butcrne, ancien capitoul, — Toulouse, 127' 11'.
38. La même, — Balma, 66' 16",
1706
864 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
l'invasion anglaise & des guerres religieuses du seizième siècle. Comme à ces
époques néfastes, ceux qui dirigeaient les affaires du pays furent donc con-
duits à chercher des moyens artificiels pour ramener l'activité & la vie dans
une région qui possédait en elle-même tous les éléments de prospérité, mais
que la folie des hommes avait rendue déserte.
Alors on se rappela que, dans d'autres temps où les événements politiques
produisaient d'aussi funestes résultats, deux rois de France avaient suspendu,
en faveur de la Province, la loi brutale du droit d'aubaine qui confisquait au
profit du Trésor les biens des étrangers morts dans l'étendue du royaume.
Dans leur cahier de 1705, les États demandèrent au roi de renouveler ce
privilège, dans l'espoir d'attirer en Languedoc une population nouvelle des-
tinée à combler les vides que l'émigration avait faits'. Le conseil d'État ren-
voya la question à M. de Bâville qui fut chargé d'examiner les titres de la
Province^.
L'avocat du pays de Languedoc produisit devant l'intendant les lettres
patentes de Louis XI, du 4 juillet 1475, 8t celles de Charles VIII, du 8 mars
1483, qui en étaient la confirmation. Ces lettres portaient en substance que,
pour favoriser le commerce de la Province Si y attirer les étrangers, en con-
formité du droit écrit, suivant lequel elle était régie, les émigrants qui vien-
draient s'y établir pourraient disposer de leurs biens par testament, & que les
successions ab intestat auraient leur cours régulier en faveur des héritiers
légaux.
Le syndic général ajoutait que ces manifestations de l'autorité royale ne
formaient pas l'unique fondement de sa requête. Il en trouvait un autre dans
ce principe, que le droit d'aubaine était une infraction aux règles du droit
écrit, 8c il invoquait à l'appui la jurisprudence du Parlement de Toulouse
dont plusieurs arrêts avaient été favorables à l'exemption.
L'avocat du roi soutenait de son côté que les privilèges royaux étaient
39. François Boisset, conseiller au Parlement 49. Joseph Digeon, — Alet & Limoux, 679' 8".
de Toulouse, — Toulouse, SyS' r 2". 5o. Jacques Bergeron, maire de Fanjaux, —
40. Jean Jacques Groc, — Castelnaudarry, Fenouillet en Razès, 1180' 4'.
196' 16'. 5|. Marc-Antoine Negrié, — Alet, 741' 14'.
41. Le marquis d'Ambres, — Saint-Gaudens, Sz. Le même, au nom de Modeste Pech, —
1941' 10'. Alet, 176' I' '.
42. Le marquis d'Ambres, — Ambres, 8767' 8*. Ces quittances, mises à la poste de Paris le
43. Antoine Carquet, — Saint-Gervais, 178' 4*. 14 juin 1706 à l'adresse de M. de Bâville, qui
44. Jean Palanquet, — Saint-Gervais terre fo- devait les distribuer aux particuliers, se perdirent
raine, 70' i5'. en route, 8<. le syndic général. de la Province fut
45. Marie Castel, — Caux, 1 309' 1 1'. contraint de se faire délivrer des extraits au con-
46. Suzanne de Pujol, veuve du sieur de Barri, trôle général des finances, que It conseil d'Etat
receveur des tailles au diocèse d'Alet & Limoux, valida le 9 novembre 1706.
au nom de Jeanne Vidal, — Saint-Martin de ' Cahier des doléances de lyoS, article 8.
Villereglan, 3o3' 19'. ■ Recueil des arrêts Je Languedoc. Arrêt du con-
47. La même, au nom d'Arnaud Tuflaud, au seil d'État, donné à Fontainebleau le 20 décembre
même lieu, 1 190' 4». 1705.
48. Jean Fouru, conseiller au sénéchal de Li-
moux, au nom de Louis Hyacinthe Daoustene, — , Recueil des arrêts de Languedoc. ArrCt du conseil
Malines, 2 537' i'. d'État, donné à Versailles le 9 novembre 1706.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 865
d'une valeur contestable. Le roi Louis XI, quand il donna ses lettres patentes,
n'avait plus d'application à conserver les droits de la couronne; quant à
Charles VIII, il sacrifiait tout à la passion de trouver.de l'argent pour la con-
quête du royaume de Naples. La prétendue incompatibilité du droit d'au-
baine avec les maximes du droit écrit, n'était qu'un expédient de chancel-
lerie destiné à faciliter l'obtention des lettres patentes. Bien au contraire, le
droit contesté prenait son origine de la loi écrite, &, comme ce droit faisait
partie du domaine de la couronne, inaliénable de sa nature, les exemptions
accordées par les rois ne pouvaient que les engager personnellement pendant
leur règne, sans demeurer valables au delà, si elles n'étaient pas confirmées
par leurs successeurs. Cette confirmation n'avait pas eu lieu pour le droit
d'aubaine. La jurisprudence du Parlement de Toulouse n'était pas mieux
traitée par le défenseur du domaine. Il produisait un arrêt contradictoire,
du i3 septembre iSgj, qui consacrait en termes formels l'existence du droit
d'aubaine en Languedoc. La chambre des comptes de Montpellier s'était con-
formée à ce principe, en n'admettant jamais la succession des étrangers en
Languedoc.
M. de Bâville conclut de ces allégations contraires que la Province n'avait
pas un droit incommutablement acquis pour l'exemption du droit d'aubaine;
mais comme il connaissait mieux que personne la dépopulation, l'état de
misère & de délaissement du pays, il estima qu'un renouvellement de la
faveur accordée autrefois par Louis XI 8c par Charles VIII serait une juste
récompense des sacrifices qui se faisaient journellement en Languedoc pour
le service du roi, Si une sorte d'indemnité légitime des pertes d'habitants que
les événements avaient causées.
Chamillart émit un avis favorable, 8t le conseil d'État décida que les étran-
gers non regnicoles qui viendraient, dans l'espace de vingt ans, à compter
du ig octobre 1706, s'établir dans la province de Languedoc, ne seraient
jamais soumis au droit d'aubaine & pourraient transmettre leurs biens à
leurs héritiers, soit par testament, soit ab intestat. La date de l'établissement,
dans le délai des vingt années de faveur, dut être justifiée par une attestation
du juge-mage ou du premier officier de justice royale, dans le ressort de
laquelle se trouvait le domicile de l'étranger'.
L'évêque de Saint-Pons, que l'opinion publique accusait de jansénisme, 8<.
qui, par l'austérité de ses mœurs devait tenir un rang distingué dans l'église
de France, à la suite de Pavillon 8c de Caulet, publia pendant l'année 1706
un mandement très-étendu sur la bulle Vineam Domini, dont tout le monde
catholique était occupé depuis un an.
Ce mandement concluait à l'acceptation de l'acte pontifical, mais il l'ap-
puyait sur des principes qui soulevèrent l'animosité des jésuites 8c de leur
parti.
L'évêque redoubla ces dispositions par la lettre qu'il écrivit, en 1707, h
' Recueil des nrrêtt Je Languedoc. Arrêt du conieil d'État, donné à Versailles le 19 octobre 1706.
XI IL 55
1706
I /OÙ
866 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
l'archevêque de Cambrai, en vue de réfuter le nouveau système inventé par
ce prélat pour soutenir rinfaillibilité de l'Église dans les faits dogmatiques.
Les jésuites excitèrent alors l'évêque de Chartres, qui avait des raisons
particulières d'hostilité contre celui de Saint-Pons, à prendre la direction de
l'offensive. M. de Chartres agit fortement sur l'esprit du roi & lui fit partager
son irritation. Louis XIV engagea le cardinal de Noailles à rassembler chez
lui un groupe d'évêques, dont serait celui de Chartres, pour examiner avec
toute rigueur le mandement de Saint-Pons.
Le cardinal déclara qu'il n'approuvait pas la pièce, mais qu'il ne se recon-
naissait aucune qualité pour juger l'évêque; 8c que, si un procès devait être
intenté, l'archevêque de Narbonne Si ses co-provinciaux étaient les seuls juges
compétents. Ainsi l'assemblée, tenue vers le commencement du carême
de 1708, demeura sans résultat.
L'évêque de Chartres résolut alors de tenter d'autres moyens, 8t fit directe-
ment au roi quatre propositions qui étaient autant de procédés différents pour
sévir contre M. de Saint-Poni.
Voici les quatre systèmes entre lesquels il priait le roi de se prononcer :
assembler les évêques de la province de Narbonne pour leur faire juger le
mandement, — assembler les évêques qui se trouveraient à Paris, — dénoncer
le mandement au pape en lui abandonnant le soin de la réparation, — lui
demander des commissaires dans le royaume.
Avant de prendre un parti, le roi fit communiquer ces quatre projets par
le marquis de Torcy au procureur général d'Aguesseau 8c au premier prési-
dent de Harlay, afin d'avoir leur avis. Torcy indiquait d'ailleurs dans sa
lettre que, parmi les solutions proposées, il s'en trouvait de contraires aux
maximes de la France.
D'Aguesseau écarta, dans son mémoire, l'idée de faire intervenir le Saint-
Siège en première instance; c'eût été, disait-il, sacrifier à « l'idole de la gran-
« deur romaine'. » Si, dans les siècles de trouble &c de confusion, le pape
avait quelquefois connu en première instance des crimes commis par des
évêques du royaume, c'était un abus 8c non pas un usage, une usurpation
plutôt qu'une possession, une voie de fait plutôt que l'exercice d'un droit
légitime^.
Il ajoutait qu'une telle innovation autoriserait tous les excès de la doctrine
ultramontaine relativement au temporel des souverains, puisque, dans les
époques de désordre 8c d'ignorance, on trouverait presque autant de sen-
tences d'excommunication, d'interdit 8c même de déposition prononcées par
les papes contre les empereurs 8c contre les rois que de jugements rendus en
première instance contre les évêques.
D'Aguesseau fit également ressortir le mouvement considérable d'opinion
produit au sein du clergé de France par la demande qu'adressa le cardinal
' Mémoire sur les affaires de l'Eglise de France, forme que l'on doit suivre pour rendre un j"ge-
p. 384. ment sur le inandement de M, l'évêque de Saint-
' D'Aguesseau, XIII, p. 383. Mémoire sur In Pons.
LIV, III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 867
de Richelieu au pape Urbain VIII de nommer des commissaires pour juger
les évèques de Languedoc compromis dans la révolte de Gaston d'Orléans,
mouvement qui s'était exprimé d'une façon très-énergique, après la mort du
cardinal, dans les assemblées de 1645 & de i65o.
Le procureur général n'était pas favorable à la pensée de faire condamner
isolément l'œuvre de M. de Saint-Pons par des mandements en forme d'ins-
truction aux fidèles que pourraient écrire tous les évêques du royaume, parce
qu'il suffirait d'une voix discordante pour jeter la division dans les esprits.
La réunion des évêques présents à Paris pouvait, en des cas urgents, se
justifier, malgré son caractère fortuit : elle était irrégulière & inadmissible
pour examiner la doctrine d'un prélat qui ne requérait point de précipitation.
La convocation d'un concile national lui semblait être la voie la plus régu-
lière, mais il n'osait la conseiller, craignant de ne pouvoir déplacer à la fois
tous les évêques de France pour un jugement qui ne demandait pas nécessai-
rement leur concours, & aussi d'exciter la jalousie de la cour de Rome, peu
amie des assemblées d'églises nationales.
Il se décidait pour le concile provincial, en reconnaissant, comme toujours,
le droit d'appel au Saint-Siège, si l'évêque n'acquiesçait pas au jugement de
la majorité.
Mais tout en proposant cette solution comme la plus canonique, la plus
facile, la plus sûre, la plus utile & la moins susceptible de donner de l'om-
brage à la cour romaine, le procureur général ne s'en dissimulait pas les
inconvénients. Il croyait digne de l'équité £< de la sagesse du roi de faire
communiquer, avant toutes choses, à l'évêque de Saint-Pons les observations
faites sur son mandement par divers prélats. Si l'on pouvait l'engager ainsi à
expliquer ses sentiments d'une manière contorme à la doctrine des autres
évêques, on aurait prévenu par là toutes les suites d'une affaire grave qui
menaçait d'être exploitée au dedans 81 au dehors du royaume.
Le premier président fut, dit-on, d'un avis beaucoup moins charitable.
Comprenant, comme d'Aguesseau, tous les inconvénients des systèmes pro-
posés, il ne voyait rien de mieux que de trancher l'affaire par voie d'autorité,
8t d'expédier une lettre de cachet à l'évêque de Saint-Pons, soit pour le relé-
guer dans son diocèse, d'où il ne sortait que pour les États, soit pour l'exiler
ailleurs.
Les deux opinions furent lues au roi après les fêtes de Pâques. Louis XIV
se trouva tellement embarrassé qu'il décida de ne rien faire & promit seule-
ment de faire trancher la question dans la première assemblée du clergé. C'est
une forme que d'Aguesseau n'avait pas omise dans son mémoire, mais à
laquelle il ne s'arrêtait point, parce que l'assemblée du clergé de France,
n'étant en réalité qu'une chambre des comptes ecclésiastique, n'avait pas
d'autorité doctrinale reconnue par les canons 8< causerait de nouveaux
embarras à la cour de Rome. Du reste, la parole du roi n'était qu'une pro-
messe évasive ; car lorsque l'assemblée fut réunie, il n'y fut pas dit un mot
de l'affaire de Saint-Pons.
70Û
1707
868 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Afin de mieux surveiller les protestants du pays castrais, il fut décidé
qu'une garnison fixe de troupes royales y serait établie. Le gouvernement
choisit pour ce poste le château de Ferrières, ancienne forteresse féodale,
située à une grande lieue en aval de Brassac, sur la rive droite de l'Agout, à
l'entrée d'un petit vallon qui se décharge dans cette rivière. Ce château, sur
lequel l'évêque de Castres prétendait certains droits de suzeraineté, contestés
par la Province, appartenait à un gentilhomme nommé Bayard de la Crou-
zette.
En i685, à l'époque des mesures militaires qui avaient pour but d'accé-
lérer la conversion générale, le maréchal de Noailles avait fait occuper Fer-
rières par quatre compagnies, & l'usage s'étant depuis perpétué d'y mettre
garnison dans les temps de troubles, le roi faisait payer annuellement au
propriétaire une somme de douze cents livres.
Chamillart écrivit à l'archevêque de Narbonne que, le château de Ferrières
étant destiné à recevoir désormais une garnison permanente, le roi désirait
se décharger sur la Province des frais d'acquisition. Le duc de Bourgogne 8c
le duc du Maine appuyèrent de leurs recommandations la demande impé-
rieuse du ministre. Les États présentèrent timidement quelques objections.
Ils contestaient l'utilité de l'achat, disant que le poste, nécessaire à l'heure
présente, n'aurait plus de raison d'être quand les troubles seraient apaises,
que Ferrières n'était pas le seul château de la Province occupé par des troupes,
& que, dans les moments urgents, aucun seigneur ne devrait retuser sa maison
aux soldats du roi '.
Néanmoins ils se soumirent. L'estimation des bâtiments fut faite par trois
experts : l'architecte de la Province Melair, le sieur Oulez, habitant de
Castres, choisi par le vendeur, & un architecte castrais, nommé Langon, que
M. de Bâville avait désigné. L'opération dura deux jours, 6 & 7 octobre
1707, & se termina en présence de l'évêque de Castres, du baron de Cas-
telnau, de MM. David & de Voisins, maires d'Albi & de Lavaur, que les
États avaient nommés commissaires.
La première évaluation, qui se montait à vingt-huit mille sept cent cin-
quante-cinq livres, fut d'abord contestée par le propriétaire, sous prétexte des
dégradations considérables commises par la garnison^. Mais comme il fut
démontré que, depuis l'occupation du château par deux compagnies du régi-
ment de Picardie, à l'époque des derniers troubles, il avait été fait d'impor-
tantes réparations aux frais de l'État, ce chiffre subit une réduction, 8<. la
vente fut consentie par le seigneur au prix de vingt & un mille cinq cents
livres, dont quinze cents payées comptant & vingt mille placées en rentes sur
la Province, au denier vingt 3.
Tout en se résignant à cette dépense que la volonté du roi leur rendait
' Procis-verbal des États de Languedoc. Séance du 23 décembre 1707. Rapport de l'évêque de
du 18 décembre 1706. Rapport de l'archevêque de Castres.
Toulouse. ' Procès-verbal des Etats. Séance du 29 décembre
" Procès-verbal des États de Languedoc. Séance >7o7- Rapport de l'évêque de Lodève.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES.
86c
1707
inévitable, les États crurent devoir prendre quelques mesures pour empêcher
que ce nouveau sacrifice ne devînt à l'avenir le prétexte d'une charge perpé-
tuelle. Ils obtinrent que la Province ne pourrait être tenue de contribuer aux
travaux de réparation & de fortification pas plus qu'à l'entretien des officiers
S< des troupes, & qu'elle garderait la nue propriété du château, pour en
disposer librement, dans le cas où le roi jugerait à propos d'en retirer le
poste '.
Le château de Ferrières conserva toujours un gouverneur 81 servit de prison
d'État.
Le réseau de surveillance militaire établi à Nimes% Alais, Saint-Hippolvte
8<. Ferrières fut complété par des travaux de fortification à Pont-Saint-Esprit.
Cette petite ville, bâtie à droite du Rhône, au sud du confluent de l'Ar-
' Recueil des arrêts de Languedoc. Arrêt du con-
seil d'État, donné à Marly le îz janv-ier 1708.
* Nimes était fort tranquille en 1707, mais la
population catholique y prenait goût à quelques
nouTelles dévotion», entre autres aux confréries
de pénitents blancs. Fléchier écrivit à Bâville sur
ce sujet une lettre fort curieuse qui mérite d'être
reproduite ici :
(I 11 a pris ici à nos gens, Monsieur, une nou-
velle espèce de folie, dont vous allez être surpris.
Nous en avons vu de fanatiques ; d'autres ont vécu
81 vivent encore en athées; en voici qui veulent,
à quelque prix que ce soit, se faire pénitens blancs.
Il y a quelques années, dans le temps même des
troubles, on me fit pressentir si je vouloii établir
une confrérie de pénitens; qu'il étoit honteux
que Nismes n'eût pas des gens de cette dévotion 8c
de cet habit. Que cet ordre étoit fort du goût des
nouveaux convertis. Qu'au reste, en faveur de
mon nom, on les appelleroit les confrères du
Saint-Esprit. Comme c'étoit alors la mode des
imaginations & des fantaisies, je pardonnai celle-
là, je me contentai de leur dire, que des assem-
blées de nouvelle institution, 8c des processions
masquées n'étoient guères de saison en ce païs-ci.
J'avois cru que l'affaire finiroit là. J'appris dans
la suite que la ferveur de ces gens de bien ne fai-
»oit que croître, qu'ils tâchoient sourdement de
s'attirer des camarades; qu'ils avoient retenu la
chapelle du présidial; qu'ils soUicitoient une bulle
à Rome, 8c qu'ils espéroient que le Saint Père au-
roit pitié de la ville de Nismes, 8t leur accorderoit
pour la rendre sainte, une compagnie de pénitens.
J'écoutois encore ces discours comme des contes
faits i plaisir, lorsque je vis venir chez moi cette
vénérable troupe destinée à réparer par sa piété
tous les péchez commis par Us hérétiques, 8c même
par les catholiques. Les deux chefs de ces Mes-
sieurs étoient M qui portoit la bulle, 8c qui
me la présenta, homme qui n'avoit jamais donné
de ces espérances de religion, qui n'a pas laissé
d'avoir ses aventures scandaleuses, 8c dont la vie
auroit à la vérité besoin d'être pénitente. L'autre
est le sieur qui n'ayant pu vivre en repos
dans la confrérie du Saint-Sacrement, dont il
étoit, voudroit se faire fondateur d'une autre,
dont il fût le maître. Ils m'expliquèrent leurs
désirs, 8c je leur répondis qu'on s'étoit passé si
longtemps dans Nismes de ces sortes de congréga-
tions, qu'il y avoit tant d'autres moïens de se
sanctifier; qu'ils avoient leurs paroisses, où ils
pouvoient assister aux saints offices; que le nom
de pénitent n'étoit rien, si l'on ne faisoit péni-
tence, 8c que pour se disposer à la pénitence, il
falloit quitter les mauvaises habitudes 8c les mau-
vais commerces qu'on avoit; qu'à l'égard de la
compagnie qu'ils vouloient établir, je croyois que
cet établissement ne convenoit ni à la religion de
mon diocèse, ni peut-être aux affaires présentes
de la ville 8c de la Province. Je pris la bulle, où
le Pape leur accorde ce qu'ils ont demandé pour
l'érection de leur confrérie; je la leur rendis, 8c
leur conseillai de n'y plus penser. Depuis ce
temps-là, ils ont eu l'insolence de me faire faire
trois significations, dont je me suis moqué. Mais
enfin ce dernier acte que j'ai l'honneur de vous
envoyer, m'a paru aller un peu trop loin. Je sais
bien que ni le Pape ni le Parlement ne me peu-
vent obliger d'établir une confrérie dans mon
diocèse malgré moi. Mais les tracasseries sont tou-
jours désagréables, 8c je crois que vous aurez la
bonté d'arrêter ces fous par autorité; citer inces-
samment devant vous le sieur 8c ceux qui
sont nommez dans l'acte, faire entendre que vous
vous informerez des autres, leur faire une bonne
réprimande, leur ordonner de me venir faire satis-
faction, 8c de se désister de cette folle prétention.
M. le D[uc] de R[oquelaure] voudra bien, si le cas
y échoit, leur faire aussi sa petite correction
* <i A Nismes ce 17 novembre 1707.' u
' Lettres choiiies, II, p. 138.
'7°7
870 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
clèche, gardait la clef des passages de Vivarais &. de Dauphiné, 8c occupait
l'extrême droite de la ligne des Cévennes, dont les dernières ramifications
orientales viennent mourir auprès de ses murs entre les deux vallées paral-
lèles de l'Ardèche & du Cèze.
Pour mettre la place en état de défense, le roi puisa de nouveau dans les
coffres de la Province. Les Etats firent avancer par le trésorier de la bourse
une somme de vingt-cinq mille livres'. Néanmoins, ils représentèrent au
conseil d'État qu'en d'autres occasions, lorsqu'on pourvut, par des moyens
analogues, à la sûreté du peuple de Languedoc, le gouvernement avait sup-
porté seul la dépense des travaux exécutés. C'est ce qui avait eu lieu pour les
forts de Nimes, d'Alais & de Saint-Hippolyte. D'ailleurs, la Province faisait
déjà chaque année un fonds de douze mille livres pour la réparation des
places fortes, & la somme accordée par les Etats pour le payement des garni-
sons procurait au Trésor royal un excédant annuel de soixante mille livres^.
Le conseil se laissa toucher par ces raisons 8c décida que les vingt-cinq mille
livres avancées par le trésorier de la Province lui seraient remboursées dans
l'espace de quatre années ^.
L'année 1707 fut féconde en désastres atmosphériques; pendant l'hiver des
pluies continuelles désolèrent les vallons du Jaur 8c de l'Ognon, deux petites
rivières du Minervois, dont l'une se jette dans l'Orb, au pied du mont
Caroux, 8c l'autre, dérobée à l'Aude, alimente le canal des Deux-Mers. Dans
le territoire d'Olargues, comme dans celui de Siran, d'Azillanet Se de Ces-
seras, la persistance des pluies empêcha les semailles sur beaucoup de points
8c noya les semences que l'on avait aventurées.
Au mois de mai, la grêle 8c l'inondation emportèrent presque toute la
récolte dans trente 8c une communes du Vivarais'^. Les régions les plus
atteintes furent les coteaux du Rhône, à droite 8c à gauche du Doux, entre
Sécheras 8c Glun, avec quelques-uns des petits vallons qui s'y déchargent;
le versant oriental de la chaîne des Routières, vers Saint-Pierre de Macabeuf,
le prolongement méridional des montagnes du Coyron au-dessus de Roche-
maure, 8c quelques autres cantons.
Le 2 juin, un nuage de grêle alla crever sur les montagnes du pays de
Sault, ravageant la haute vallée de l'Aude, les gorges sauvages d'Axat Se
d'Artigues, 8c traversant de l'est à l'ouest le vallon qui descend de la crête de
Pailhères entre Belcaire 8c Rodome. Quinze communes furent atteintes 5,
Deux jours après, l'orage alla porter ses dévastations sur les coteaux du
{Lauragais 8c du Razès, où. elles se renouvelèrent le 3 juillet avec un redou-
' Procès-verbal des Etats. Séance du 7 décembre Martin de Caiix, Faugières, Sarremejanne, Ro-
'i7°7' chechérie, Seaiitres, Lenyts, Vion, Mauves, Glun,
' Cahier de doléances de 1708 (?) Article 5. Towrnon, Iserand, Sécheras, Chemina», Cintres,
• Recueil des arrêts cii: Languedoc. Arrêt du çon- Plats, Mahiin, Veyrines, la Louveze, Satilieti,
jeil d'Etat, donné à Versailles le 16 octobre 1708. Saint-Pierre de Macabeuf, Préaux,
■•Chassât, Lemourier, Leplan , Saint-Vincent, 'Aunat, La Bessède, Espezel , Gallinngues,
Durfort, Lespauzes, Lacombe, Lesterras, Saint- Caillens, Munens, Marsa, Joucou , Roquefeuil,
Fortunat, Saint-Sauveur de Montaigut, Saint- Belcaire, Axât, Cailla, la Prade, Artigues, Rodome.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 871
blement de furie. Dans ces deux attaques, les plateaux élevés qui dominent
je petit vallon de la Vixiége entre Fanjeaux & Belpech, la butte de Laurac
le Grand, 8t les pentes septentrionales du mont Saint-Barthélémy, que sil-
lonnent les vallées parallèles de l'Hers, du Lectouyre &. du Douctou) re
furent battues par la grêle, qui détruisit les récoltes de vingt 8c une com-
munes, appartenant au diocèse de Mirepoix'.
Enfin les pluies 81 l'inondation étendirent leurs ravages sur le flanc nord
de la montagne d'Alaric &c sur toute la région moyenne de la vallée de
l'Aude, où elles atteignirent treize communes comprises dans un triangle
dont les points extrêmes étaient Carcassonne, Saint-Frichoux 8t Douzens^.
A la suite des rapports de M. de Bâville, le conseil d'État, pour donner
quelque soulagement aux misères des pays dévastés, accorda par cinq arrêts
distincts, aux communes qui avaient le plus souffert, une remise sur la taille
ê< la capitation de l'année, atteignant la somme totale de soixante 8t un
mille livres, dont vingt mille pour le, Vivarais^, quinze mille pour chacun
des diocèses d'Alef* 8< de Mirepoix 5, six mille pour le diocèse de Carcas-
sonne'', 8< cinq mille pour le diocèse de Saint-Pons 7.
L'abbaye de Boulbonne possédait de vastes domaines dans le triangle ver-
doyant 81 fertile que forme le confluent de l'Ariége S<. du Grand-Hers. Dans
cette région, les frontières de la Province de Languedoc 8(. du comté de Foix
étaient purement politiques & n'offraient qu'une ligne indécise 8<. flottante.
Depuis la jonction des deux rivières jusqu'à la butte de Montaut qui paraît
émerger comme un témoin au-dessus d'une plaine aussi égale que la surface
d'un lac, aucune limite naturelle ne donnait aux confins un caractère de
durée 81 d'évidence.
En 1707, les habitants de Cintegabelle voyant avec regret qu'une grande
partie du territoire de la commune était possédée noblement par des gens
qui en avaient usurpé la nobilité, délibérèrent la confection d'un nouveau
cadastre, afin d'y comprendre tous les biens sujets à la taille illégalement
omis 81, vérifiant les titres qui en établissaient la roture, entreprirent de
cotiser un assez grand nombre de domaines prétendus nobles, 8c entre autres,
six métairies qui appartenaient à l'abbaye de Boulbonne & qui étaient situées
entre l'Hers 81 l'Ariége : Tramesaigues, le Baissac, Artenac, Ampouillac, Beau-
lias-Dessus 81 Beaulias-Dessous. Ce fut l'origine d'un grand procès qui dura
plus de soixante ans, l'abbaye prétendant posséder noblement ces terres
' Montf«rrier, Monis^gur, Barrineiif, Fougax, ' Arrêt du conseil d'État, donné à Versailles le
Benaix, Lesautel, Laroqiie, Lafage, Cazazils.Cahii- 6 décembre 1707.
zac, Gaja , Riboiiisse, Saint-Esteffe, Generville, * Arrêt du conseil d'Ktat, donné à Fontaine-
Vicbram, Cazalrenoux, Fonters, Laurac-le-Grand, bleau le 1" octobre 1707.
Montcla, Plaigne, les Pujols. ' Arrêt du conseil d'État, donné à Versailles le
' Barbnira, Capendii & Meyrac, Comigne, Dou- 6 septembre 1707.
sens, Blomac, Marseillette, Aiguesvives, Saint- * Arrêt du conseil d'État, donné à Versailles le
Friehoiix, Badens, Rustiques, Trèbes, Villarzel, 20 décembre 1707.
Carcassonne. ' Arrêt du conseil d'État, donné à Foniaine-
blcau le 17 septembre 1707.
1707
•7=7
871
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
depuis plus de six siècles & soutenant d'ailleurs qu'elles faisaient partie du
comté de Foix. Un arrêt de la cour des aides de Montpellier, du 17 mars
suivant, justifia les prétentions de Cintegabelle. Les religieux recoururent
alors au Parlement de Toulouse, juge compétent des contestations en fait de
taille 8c véritable cour des aides du pays de Foix, suivant une décision du
conseil d'État du 25 novembre 1687; ils exposèrent qu'ils devaient la fon-
dation de leur abbaye aux comtes de Foix 81 que cette origine assurait le
caractère noble des biens dont ils étaient devenus possesseurs grâce aux lar-
gesses de ces grands feudataires '.
Le Parlement interdit par deux fois aux consuls de persévérer dans leur
innovation, mais sans succès^. Il finit par ordonner une enquête sur les
limites du pays de Foix 81 de la province de Languedoc. On dut remettre
tous les titres des parties à plusieurs experts, chargés de faire sur le terrain
les vérifications nécessaires, en présence d'un des substituts du procureur
général ^.
Cette opération s'accomplit au mois d'avril 81 l'affaire était au moment
d'être jugée, lorsque le syndic de la Province, qui ne pouvait demeurer
indifférent à une question de limites territoriales, intei~vint au procès & fit
évoquer la querelle au conseil d'État '*. M. de Bâville fut désigné, avec
M. Legendre, intendant de la généralité de Montauban, pour réunir tous les
éléments d'information. Les deux intendants se déchargèrent, le i5 juillet,
sur leurs subdélégués, MM. Demurat 81 de Carme, du soin de poursuivre
l'affaire. Ceux-ci se rendirent sur les lieux au mois de septembre, en com-
pagnie des syndics de Languedoc & de Foix. Ce dernier refusa de prendre
des conclusions 81 d'adhérer à celles des religieux de Boulbonne, 81 les
experts qui procédèrent à la vérification ne purent tomber d'accord.
La province de Languedoc trouvait un précédent favorable dans le dénom-
' La donation des six granges de Tramesaygues,
Baissât, Artenac, Ampouillac, Beaulias-Dessus &
B:nulias- Dessous avait été faite à l'abbaye par
Raymond Roger, comte de Foix, en 1198, puis
confirmée par deux de ses successeurs en 1222 &
I Î41, autorisée par une bulle d'Innocent IV, datée
du 4 juillet 1244, & depuis, par un arrêt du Con-
seil du 26 juin 160S.
Les religieux prétendaient que la nobilité de
ces fonds résultait de leur provenance, ayant fait
partie de la fondation des comtes de Foix, que
l'abbaye en avait toujours payé les dîmes. Ils pro-
duisaient, en outre, trois anciens dénombrements,
l'un rendu au roi par Raymond Roger au mois de
septembre 1263, en qualité de seigneur suzerain;
le second, par les consuls de Cintegabelle le 20 dé-
cembre i55i ; le troisième, par le syndic de l'ab-
baye le i5 juillet 1690, devant la chambre des
comptes de Navarre.
La taille de ces divers biens, telle qu'elle avait
été cotisée au compoix de Cintegabelle, s'éleyail à
la somme annuelle d'environ i5oo livres. Cette
imposition fut payée, à titre de provision, depuis
l'arrêt de 1708. En 1737, le syndic de l'abbaye en
portail plainte au conseil d'Etat, rejetant sur les
difficultés que soulevaient le syndic général de la
Province 8t celui de la commune de Cintegabelle,
& sur le fréquent changement d'intendants sur-
venu en Languedoc & en Roussillon, la longue
suspension de l'affaire. Il demandait alors que la
conclusion fut prononcée par le Conseil, sans
nouvelle instruction préalable des intendants'.
' Arrêts du Parlement de Toulouse du 7 mai,
!'■'' juillet, 4 août 1707 & du 6 mai & 2 août
1708.
' Arrêt du Parlement de Toulouse du 16 février
1708.
■• Arrêt du conseil d'Etat du i'^'^ mai 1708.
' Recueil des éJUs de Languedoc, I73()- Arrêt du con-
seil dlitat. doiiiii; à Fontainebleau le i5 octobre 1737;
M. Orry, rapporteur.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 8/3
bremcnt qu'avait fourni, le 28 novembre 1689, l'abbaye de Boulbonne aux
commissaires des domaines pour les biens situés dans les sénéchaussées de
Limoux 6<. de Lauragais. Quatre des métairies en litige figuraient dans ce
document, où elles étaient désignées comme appartenant à la juridiction de
Cintegabelle.
Au mois de septembre 1710, M. Gautier, ingénieur du roi, vint lever
la carte du pays, en présence des parties & des consuls de toutes les com-
munes limitrophes de Cintegabelle, dressa procès-verbal des dépositions de
témoins Se conclut contre l'abbaye de Boulbonne. Néanmoins, il ne fut pris
aucune décision. Près de trente ans après, le débat était au même point. Les
intendants se succédaient en l'une & l'autre province, sans plus s'occuper
de l'affaire. Des subrogations successives, obtenues au conseil d'Etat par le
syndic de Boulbonne, transmirent tour à tour le dépôt intact de Bâville k
Bernage, de Bernage à Le Nain, de Le Nain à Saint-Priest, de Legendre à
Jallais, de Jallais à d'Albaret, de d'Albaret à Bon '.
Au commencement de l'année 1768, M. de Saint-Priest, intendant de
Languedoc, 8c M. Bon, premier président au conseil supérieur Se intendant
de Roussillon devaient recevoir encore du conseil d'État, dans les mêmes
termes, la mission confiée cinquante ans plus tôt à leurs prédécesseurs.
Le Parlement de Paris adjugea, par arrêt du 21 juin 1707, au célèbre
financier Samuel Bernard, dont Saint-Simon a raconté la puissance, la terre
de Rieux en Languedoc & le titre de baronnie fixe des États provinciaux,
pour le prix de cent quatre-vingt-un mille livres. L'ancien propriétaire de ce
fief, érigé en comté, s'était ruiné par les représentations fastueuses attachées
aux grandes charges dont il avait été revêtu. C'était le comte de Mérinville,
lieutenant général des armées du roi, commandant en chef dans la Province,
héritier de la terre languedocienne, par suite de son mariage avec Margue-
rite de la Jugie, comtesse de Rieux.
D'après les usages du Parlement de Toulouse, les propriétaires de biens
décrétés étaient en droit, pendant dix ans, de racheter ces domaines en rem-
boursant à l'acquéreur le prix de l'adjudication, augmenté d'une somme qui
devait l'indemniser des frais de justice 8c des autres dépenses faites.
Le règlement des États, fondé sur cette jurisprudence, ne permettait pas
* Arrêts du conseil d'État du |5 octobre 1837, La diversité des deux tracés consistait en ce que
du 8 arril 1741, du 18 octobre 1743 &du 23 férrier les syndics de Foix prétendaient, en s'autorisant
1763. Les Etats du comté de Foix s'occupèrent de d'un acte de 1272, prendre pour ligne divisoire le
la question dans leur séance du 6 mai 1744. Ils cours du ruisseau de Tor, qui coule entre Caujac
chargèrent leurs syndics généraux d'intervenir 8c Calers, tandis que les syndics de Languedoc
dans l'instance d'oii ils prétendaient que les offi- portaient leurs frontières jusqu'au ruisseau qui va
ciers de la Province avaient affecté de les exclure. de Calers à Gaillac, & en traçant une ligne fictive
Après s'être fait communiquer par les religieux dans les territoires de Lissac, Saint-Quirc & Sa-
les actes de la procédure & le plan du territoire Verdun, agrandissaient leur province d'une super-
contesté, ils prétendirent que le pays de Foix se ficie considérable '.
trouverait notablement lésé si l'on admettait les . /j^,„„., ^^^ ^^,.„ ^ ^^^.,, ^„ Parlement, ,745. Krûi
hmites réclamées par les Ltats de Languedoc. ju conseil d'État, donné h Versailles lu so janvier i-j.\i.
1707
i797
1708
874 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
que le décrétiste fût reçu aux assemblées en qualité de baron, tant que cette
période n'était pas écoulée, parce que, jusqu'à ce terme, la propriété du fief
ne pouvait pas être considérée comme définitive.
Chaque année, à l'ouverture de la session, le procureur du traitant essaya
de combattre l'usage languedocien & demanda place parmi les envoyés de
la noblesse. Les États se montrèrent intraitables 8c répondirent que Samuel
Bernard devait d'abord laisser écouler la période de dix ans pendant laquelle
le rachat demeurait possible, &, cette condition de la possession décennale
une fois remplie, produire les preuves de sa noblesse.
P'n attendant, le fils du gentilhomme décrété, Gaspard Desmontiers, comte
de Mérinville, brigadier des armées du roi, gouverneur de la ville & du dio-
cèse de Narbonne, continua de siéger sur les hauts bancs. Alors même que
la période décennale fût écoulée, il ne se tint pas pour battu. Se fit entendre
qu'ayant passé la plus grande partie de sa vie au service, il ne s'était pas
trouvé en état de mettre ordre à ses affaires. La rareté de l'argent l'avait privé
de ses revenus, Se ne pouvant non plus réussira faire d'emprunts, il se voyait
contraint de laisser le domaine aux mains de l'adjudicataire, quoique la terre
eût été vendue à vil prix.
Les Etats acceptèrent ces raisons, Se le manège des oppositions du financier
& de la fin de non-recevoir des barons continua de marquer, avec une régu-
larité ininterrompue, les séances d'ouverture, consacrées à la vérification des
pouvoirs '.
L'année 1708 ne fut point signalée en Languedoc par des événements
notables. A la guerre civile avait succédé un calme absolu; dans les parties
de la Province qui venaient d'être éprouvées par cette sanglante lutte, les
populations, n'ayant plus à s'émouvoir de scènes de carnage, couraient au
plaisir avec un empressement dont les évêques commençaient de s'alarmer.
« Les mœurs se relâchent, écrivait Fléchier, même celles des catholiques^'; n
il se plaignait surtout des désordres occasionnés par l'opéra, dont le goût
se propageait rapidement, St en faisait l'objet de sévères remontrances dans
ses lettres pastorales. On apercevait du reste, déjà, dans l'ensemble de la
société, les symptômes d'une réaction violente contre la discipline outrée par
' La première opposition fut faite dans la finira dans la plupart de ces esprits préoccupez,
siance du 28 décembre 1707, & le conflit durait que lorsque la fin de la guerre leur ôtera toute
encore en 1712, époque où la Province jugea espérance de se rétablir. Cependant les mœurs,
nécessaire d'intervenir pour défendre ses privi- même des catholiques, se relâchent. Vous verrez,
léges. Monsieur, par le mandement que j'ai l'honneur
' Lettres choisies de M. Fléchier, II, p. 198. — de vous envoyer que je n'ai pu dissimuler les
Cette lettre, datée de Nimes le 3o septembre 1708, désordres que produisoit l'opéra dans cette ville
est adressée à Le Pelletier. En voici les passages en un teras où nous avions ordonné par ordre
les plus intéressants : même du roi, des prières publiques, dans l'attente
«... Ce païs-ci est devenu tout d'un coup tran- d'un grand & terrible événement. J'ai eu sujet
quille. On n'y voit plus aucune trace de nos émo- d'être satisfait de la docilité de mes diocésains, Se
lions passées, la paix y règne, mais la foi n'y je ne crois pas qu'on redresse ici des théâtres &
fait pas tout le progrès que nous souhaitons. La qu'on y rapporte de tels exemples & de telles
fureur a cessé, mais l'erreur reste encoïc, &. ne occasions de débauches... u
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 8/5
Louis XIV. Certes, quand on connaît, dans ses détails, la vie personnelle du
grand roi, l'on a quelque peine à considérer son règne comme une période
de moralité bien rigoureuse, &, après les complaisances obtenues sans effort
par le monarque pour ses propres faiblesses, on ne peut prendre trop au
sérieux les lamentations du clergé sur la décadence des mœurs publiques. La
régence d'Anne d'Autriche, la jeunesse de Louis XIV ne passeront jamais,
aux yeux de l'histoire impartiale, pour une période puritaine; on a tout lieu
de penser que le mouvement des esprits, surexcité par la politique à contre-
sens adoptée envers les protestants, était la principale cause des inquiétudes
témoignées par le clergé. Ces inquiétudes, coïncidant avec la victoire maté-
rielle remportée sur les hérétiques, suffisent à montrer dans tout son jour
l'erreur gouvernementale. C'était une triste récompense, après tant de luttes,
que de constater l'affaiblissement de la foi chez les orthodoxes, ou du moins
le peu d'harmonie qu'ils mettaient entre leur conduite & leurs croyances;
mais les partis-pris n'en étaient point ébranlés; &, si l'on avouait que l'erreur
des protestants n'avait pas cédé à la force, au lieu d'en déduire que la force
est une mauvaise arme pour agir sur les consciences, on aimait mieux con-
clure que l'obstination des réformés tenait à l'espérance de secours extérieurs
& ne survivrait pas à la pacification de l'Europe.
Cependant l'esprit d'investigation & de critique faisait des progrès sensi-
bles. Le goût des recherches curieuses se répandait. La publication de l'His-
toire de Bretagne, premier recueil étendu d'histoire provinciale, inspira au
président-né des États de Languedoc la pensée de faire entreprendre une
œuvre analogue pour le pays dont il dirigeait l'administration. Le programme
que l'archevêque Le Goux de La Berchère fit adopter par les trois ordres, au
mois de janvier 1707, est conçu avec beaucoup d'élévation 8c de largeur'. Le
prélat voulait « une histoire complète où, en détaillant tous les faits, on
« n'oublieroit rien de ce qui concerne les mœurs, les coutumes & le gou-
« vernement politique, « Cette seule indication permet de mesurer la révo-
lution qui s'accomplissait dans les idées, la tendance à chercher le vrai par la
méthode de l'observation, & le besoin de synthèses rationnelles qui, de
déductions en déductions, devaient conduire au renversement de l'ancien
régime.
Sur la fin de l'année 1708 commencèrent, dans toute l'étendue de la
France, les rigueurs d'un hiver terrible qui porta la misère à son comble 8<
fit des milliers de victimes. Le Languedoc ne fut pas épargné. Il eut ses
rivières gelées, ses récoltes détruites, ses populations affamées. Dans les
grandes villes, où une multitude de pauvres, mourant de froid, donnait par
les rues le spectacle de sa détresse, les municipalités faisaient allumer de
grands feux au milieu des places*. Les châtaigniers, les noyers, les oliviers
' Pifffcj y'ajri^caf/VeJ, n. DCCCXVIII, col. 2042. donnée pour le montant de Srio fagots qu'il a
' Archives de Toulouse. Comptes du trésorier fournis à la ville pour le chauflâge des places
Jacques Bonnemain pour l'année 1709, p. 46 : publiques de la présente ville, en conséquence de
Au sieur Gasc, la somme de 63 livres à luy or- la délibération du conseil des Seize du 18 janvier
1708-
1709
— ; 876 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1708 '
& les vignes périrent presque partout, 8c la Province fut entièrement privée
de blé. Pour subvenir aux. nécessités de l'alimentation publique, on dut
envoyer quelques navires charger des grains dans les ports du Levant.
Les communes, que les dépenses de la guerre écrasaient sous le poids des
impôts, furent attristées par les rigueurs extraordinaires de la perception.
Les prisons étaient encombrées de collecteurs, les maisons des particuliers
de garnisaires, & les troupes, dont la subsistance avait été assignée sur le don
gratuit, ne trouvaient de fonds ni chez le trésorier de la bourse, ni chez les
receveurs des diocèses.
Le mémoire qui fut dressé par les États sur la situation de la Province à
la suite de l'hiver de 1709, fait le tableau le plus navrant de la misère géné-
rale. Le peu de grain que l'on avait récolté s'était consommé pour la nour-
riture, pour le payement de l'impôt ou pour les semailles. Evêques 8c seigneurs
de paroisse ne savaient plus par quel moyen assister leurs pauvres. On pré-
voyait que des communes entières manqueraient de pain jusqu'à la récolte
suivante. Parmi les gens riches, ayant des ressources mobilières, personne ne
jouissait de son revenu; les compagnies de justice, les villes 8c les diocèses
ne payaient pas les intérêts de leurs dettes, Se les artisans demeuraient sans
travail. La production des manufactures était totalement interrompue comme
le commerce 8c laissait dans le désespoir la population ouvrière qui n'avait
plus d'emploi de ses bras. Cependant les impositions royales étaient augmen-
tées; elles atteignaient près de dix millions. Les États dénonçaient avec effroi
la désertion générale des terres qui ne manquerait pas de se produire, si les
cultivateurs, en menant l'existence la plus pénible 8c la plus laborieuse, ne
pouvaient parvenir à vivre. Ils sollicitèrent une remise sur les impositions de
l'année 17 10, une indemnité pour les communes ruinées, 8c la suppression
de toutes les mesures fiscales désignées sous le nom d'affaires extraordinaires'.
Comme la grande difficulté du moment était la perception des impôts, 8t
que l'on était forcé de mettre garnison chez la plupart des contribuables,
l'assemblée provinciale arrêta les termes d'un règlement minutieux pour cette
forme de contrainte, afin d'en réduire les rigueurs au seul nécessaire 8c d'em-
pêcher les abus de pouvoir 8c les vexations inutiles^.
Les États se trouvaient ainsi dans une condition très-difficile. Ils accor-
daient tout ce qui leur était demandé par les commissaires du roi, 8c leur
unique ressource, pour alléger les souffrances du pays, était de ménager la
répartition des charges avec le plus d'équité possible 8c d'atténuer la rudesse
des actes coërcitifs qu'ils prescrivaient.
courant, à raison de i8 lirres le cent, y compris de ville & à la place de Saint-Georges, à condi-
le port. Quittance du 26 janvier 1709. » tion que la dépense n'excéderoit pas la somme de
Le conseil des Seize avait approuvé, le 18 jan- trois cents livres'. »
yier, la dépense faite par les capitouls pour allu- ' Pièces justificatives, n. DCCCXXI, col. 2048.
mer des feux dans les places publiques, les priant ' Pièces justificatives, n. DCCCXXII, col. 20J3,
de continuer tant que la rigueur de la saison n. DCCCXXIII, col. 2o55.
durerait, « même d'en faire allumer devant l'hôtel ■ l.iyre des Conseils, XXXVI, p. 109.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 877
La destruction des oliviers, qui faisaient la principale richesse du bas Lan-
guedoc, jeta une grande perturbation dans toute la contrée. Beaucoup de
rentes £< de redevances foncières s'y payaient en huile; la rareté exception-
nelle de ce produit causa d'infinies difficultés.
Le roi confia d'abord au Parlement de Toulouse, par sa déclaration du
8 octobre, le soin de régler ces différends.
Puis il reconnut la nécessité de s'expliquer de nouveau sur la matière.
Une seconde déclaration, du i5 mars 171 2, décida que tous les droits sei-
gneuriaux & rentes payables en huile seraient, jusqu'en 17 19, payables en
argent, au choix des débiteurs, suivant les prix 8c les mesures en usage dans
le diocèse.
Ce prix fut évalué, pour le diocèse de Narbonne, à 83 livres la charge
pesant 416 livres.
Les funestes effets de l'hiver de 1709 eurent une si longue durée, qu'il
fallut proroger tour à tour cette autorisation de dix ans', puis de six*, puis
de six encore^.
L'aridité du sol & la violence des vents retardaient la végétation, qui fut
de nouveau compromise en 1711 8c 1729 par de très-fortes gelées. Aussi le
prix de l'huile se maintint longtemps à un taux fort élevé dans le pays nar-
bonnais'*.
La pacification de la Province 8c les exigences de la guerre étrangère ame-
nèrent en 1709 le désarmement de ces compagnies de milices bourgeoises qui
avaient été à peu près exclusivement levées contre les protestants de France
8c dont les commandants militaires se plaignaient de tirer peu d'utilité. Les
fusils qu'on leur enleva furent donnés à des troupes régulières de nouvelle
formation employées de l'autre côté des Pyrénées^.
Les réfugiés français envoyèrent, dans le courant de cette année, pour
ranimer le zèle des protestants de France, le prédicant Pierre Corteiz, qui
avait quitté les Cévennes au moment de la pacification, à la faveur d'un
passe-port du maréchal de Villars, 8c qui occupait à Lausanne un emploi de
régent.
Ce personnage, sans avoir de titre officiel de l'Église réformée, s'était
fait remarquer dans les assemblées qui précédèrent l'insurrection des canii-
sards, en s'élevant fortement contre les prophètes qui prêchaient la guerre
sainte, le massacre des prêtres catholiques 8c l'incendie des églises. A partir
du moment oU il vint en Languedoc avec un mandat de ses coreligionnaires
il ne cessa de parcourir le pays, à travers mille dangers, passant maintes fois
■ Déclaration clu roi du il décembre 1718. ' Ce désarmement procura 9189 fu«il» qui fu-
' Déclaration du roi du 14 juin 1729. rent vérifiés par le sieur Azemar, lieutenant d'ar-
' Arrêt du conseil d'Etat du 14 juin 1735. tiUerie en Languedoc, & évalués à 3 livres cba-
' Dans le diocèse de Narbonne, en 1735, les cun.
oliviers ne donnaient pas encore la moitié Je la La liquidation totale, réglée seulement par
récolle ordinaire. Par arrêt du 14 juin 1735, le Bernage en 1712, s'éleva à la somme de 275Û7 li-
conseil d'Etat prescrivit une nouvelle prorogation vres, arrêtée au conseil d'Etat le 22 août de la
jusqu'au i" janvier 1738. même année.
1709
1709
• 878 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
en Suisse, traqué, poursuivi & ne se décourageant jamais de prêcher, comme
il disait, « dans le Désert de France. »
Des émissaires d'un caractère plus militant furent expédiés en Languedoc,
au printemps de 170g, par Miremont & Cavalier, qui rêvaient encore une
descente armée dans la Province, avec le concours des puissances maritimes.
L'un d'entre eux était Abraham Mazel, qui avait pris part aux premiers
événements du Pont-de-Montvert, Si qui, échappé avec seize autres captifs
de la Tour de Constance, avait réussi à passer la frontière avec un sauf-
conduit du maréchal de Villars. Il était à la solde de la reine Anne Si détaché
en son nom dans les Cévennes pour tenter d'y déterminer un soulèvement.
On espérait que la détresse des peuples, conséquence du grand hiver, y
rendrait l'agitation plus facile Si permettrait de recommencer les scènes de
violence de l'année 1702. Abraham Mazel 61 ses deux compagnons de route,
Daniel Guy Billard, lieutenant-colonel de Cavalier, 81 Dupont, secrétaire
du même chef, parvinrent à franchir le Pv.hône, vis-à-vis Soyons, par la com-
plaisance d'un batelier. Ils se jetèrent dans le Vivarais, où ils trouvèrent les
peuples fort abattus 81 firent partir deux prophétesses pour les Cévennes,
afin d'y ranimer le zèle de Claris 81 d'un petit nombre de camisards qui s'y
tenaient cachés depuis le supplice de Ravanel Si de Catinat '.
Les désordres commencèrent à Vais, dans les montagnes de l'Ardèche. Un
ancien lieutenant de Cavalier, nommé Justet, réunit une trentaine de jeunes
gens 81 lîattit le pays pour y recruter des compagnons d'armes. M. de Vocance,
gentilhomme de la contrée, s'étant mis en campagne avec quelques hommes,
afin de réprimer ces troubles, fut attiré dans une embuscade 81 y trouva la
mort. Le bruit de ce meurtre fit sortir de leur retraite plusieurs camisards
hésitants, 81 le 10 juin, la paroisse de Gilhoc, dans le bassin du Doux, vit
paraître une troupe armée d'environ deux cents hommes qui envahirent le
château de Bots, voisin du Rhône, appartenant au marquis de Brisson, 81 s'y
emparèrent d'une cinquantaine de fusils. Un détachement de Suisses, en gar-
nison à Vernoux, essaya d'aborder cette bande 81 en fut très-mal traité.
Le duc de Roquelaure qui avait succédé à Berwick comme commandant
en chef, Si à qui la surprise de diverses correspondances faisait redouter des
' Court de Gébelin a publié la lettre suivante faudra, ce qui me paroît facile. Si les puissances
de Billard qui, mieux que tous les commentaires, protestantes nous envoient de l'argent, les choses
caractérise ce projet de soulèvement. Cette lettre réussiront bien mieux; car je pourrai armer faci-
était datée du |8 avril 1709 : lement les bienintentionnés, au lieu que je serai
(( Vous saurez que j'ai fait le tour du bas Viva- contraint de faire désarmer les anciens catholi-
rnis; j'y ai trouvé de bonnes amcs. La jeunesse ques, ce qui seroit pour nous un surcroît d'enne-
iiie paroît toute de feu pour secouer le joug. Je mis. Ainsi je suis persuadé que tous ferez sentir
vais dans le haut Vivarais, & si je trouve là les aux personnes qui veulent nous aider, le bien
mêmes dispositions que dans le bas, je ne man- qu'un peu d'argent produiroit, si l'on nous l'en-
querai pas d'en profiter, d'y assembler la jeunesse voyoit. Les papistes seroient les premiers à se dé-
& tous les bienintentionnés. J'en ai déjà une cen- clarer; & tel qui auroit eu envie de nous vendre,
taine de prêts au premier signal. J'envoie des nous recevra chez lui, si nous leur payons ca
exprès à Clary, afin qu'il travaille de son côté, 8c qu'il faudra prendre pour notre subsistance'. »
qu'il se dispose à se joindre à nous lorsqu'il le ' Hhloire ili.-s troubles des Cévennes, lU, p. 233
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 879
événements graves, partit le i5 juin pour le Vivarais, en compagnie de
Bâville, afin d'organiser & de diriger lui-même la répression. La pénurie de
grains 8c d'argent qui régnait dans la Province rendait plus difficile & plus
onéreuse la préparation de cette campagne. Mais tous les efforts d'Abraham
Mazel n'avaient pu réunir qu'une poignée d'aventuriers. Il y eut des enga-
gements partiels où les troupes royales éprouvèrent quelques désavantages,
notamment à Saint-Fortunat & Saint-Pierre-Vilie.
Comme toujours, les récits des écrivains varient d'après leur religion, Se les
circonstances d'un même fait se transforment sous leur plume de façon à
n'être plus reconnaissables. Brueys prétend que les Suisses du régiment de
Courtcn refusèrent de tirer sur les insurgés qui, de leur côté, les épargnèrent
Se ne s'en prirent qu'aux officiers.
Mais Poquelaure avait pris des dispositions pour une grande concentration
de troupes & demandé des renforts au duc de Berwick commandant en Dau-
phiné. Les rebelles ne tardèrent pas d'être enveloppés de toutes parts. On les
avait signalés, le 8 juillet, sur la montagne des Isserlets, près de Vernoux.
Le chevalier de Miroménil, avec deux bataillons du régiment de Quercy,
marcha sur cette dernière place, les dragons de Languedoc sur Saint-Julien,
8<. le duc de Roquelaure, avec le reste des troupes, sur le ChaylarSc Gluyras,
Avant que cette convergence ne fût effectuée, les camisards, avertis à temps,
mirent en sûreté la cohue de femmes & d'enfants qui était venue prendre
part aux exercices de religion des Isserlets, & gagnèrent pour s'y défendre, la
montagne de Leyris qui commande le confluent du Rhône 8< de l'Evrieu.
Ces positions difficiles, protégées par leurs escarpements 8c par la petite
rivière de Bresson qui en baigne le pied, furent attaquét^s le même jour,
vers six heures du soir, par des forces très-supérieures en nombre, 8c devin-
rent le théâtre d'une lutte acharnée. Plusieurs des camisards n'étaient armés
que de faux; d'autres, n'ayant plus de munitions, prolongèrent le combat en
jetant des pierres sur les assaillants.
Les troupes royales finirent par occuper la montagne, non sans avoir
essuyé des pertes sérieuses. Se les insurgés se débandèrent.
Quelques-uns d'entre eux passèrent l'Eyrieu pendant la nuit, dans le?
environs de Pierregourde, mais à la nouvelle des battues qui se faisaient, ils
j-egagnèrent la rive gauche Se se tinrent quelque temps cachés dans les bois
voisins.
Le duc de Roquelaure, attentif à ne pas laisser pénétrer l'insurrection
dans les Boutières, mettait toutes ses troupes en mouvement 8c fouillait les
moindres hameaux. Les habitants, fatigués de ces luttes sans espoir, refu-
saient de fournir des vivres à la poignée d'hommes qui vaguaient encore
autour d'eux 8c n'ajoutaient plus foi aux promesses de secours étrangers dont
on les avait si longtemps abusés.
Traqués, sans repos ni trêve, les derniers camisards furent enfin contraints
d'accepter le combat, le 19 juillet, à Fontréal près de Chalencon, dans la
paroisse de Saint-Jean-Chambre. Ils y donnèrent des preuves de vaillance,
1709
1709
lyio
880 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
défendirent chèrement leur vie & tuèrent plusieurs officiers, mais fureni
taillés en pièces. Quelques fuyards isolés parvinrent seuls à se dérober sous
bois. Cette date du 19 juillet est mémorable, parce qu'après le combat suprême
de Fontréal on ne vit plus de camisards attroupés, ni dans le Vivarais, ni
dans les Cévennes. Plusieurs d'entre eux, retrouvés à d'assez longs intervalles,
périrent dans les supplices, & l'on rasa quelques maisons, mais aucun fait de
guerre ne renouvela les alarmes de la Province'.
Rassuré du côté des hérétiques, le pays eut alors plus de loisir pour s'oc-
cuper des querelles intestines dont le catholicisme était agité, &. la résistance
de l'évêque de Saint-Pons eut un très-grand retentissement. Les ennemis de
M. de Percin-Montgaillard, n'ayant pas trouvé auprès du roi l'assistance
qu'ils en attendaient, ne s'en laissèrent point décourager, mais choisirent un
autre théâtre.
Le 18 janvier 1710, parut un décret du pape Clément XI, qui condamnait
le mandement de l'évêque de Saint-Pons & ses trois lettres à l'archevêque de
Cambrai, comme renfermant des propositions « fausses, pernicieuses, scan-
« daleuses, séditieuses, schismatiques, erronées, sentant l'hérésie & tendant
« à éluder ouvertement la dernière constitution donnée pour extirper l'hé-
p résie janséniste. »
Le pape annonçait que les écrits de l'évêque de Saint-Pons avaient été
déjà notés par l'Inquisition, Si que, malgré cette sentence, ils continuaient à
se répandre en France, à l'indignation des bons 8c au scandale des faibles,
avec un péril évident pour le salut des âmes.
Tout le décret était rédigé dans un langage violent Se plein de mépris.
''i La cour de Rome, a dit le chancelier d'Aguesseau, selon l'usage des pol-
« trons qui se croient les plus forts, avoit cru pouvoir abuser impunément
î« de la foiblesse de son adversaire^. »
Un acte d'initiative pontificale, qui choquait aussi ouvertement les maximes
de l'Église française, ne pouvait passer inaperçu. Le marquis de Torcy en
parla au roi & pria de sa part le procureur général du Parlement de Paris
d'en faire l'objet d'observations écrites.
D'Aguesseau releva en termes très-nets l'incorrection de la démarche Si le
'précédent périlleux qu'on en tirerait, si elle n'était arrêtée.
Il fit voir que le pape prétendait juger ainsi en première instance 61 de
son propre mouvement, une affaire née dans le royaume, qu'il condamnait
un évêque français sans l'avoir entendu 81 sans lui avoir donné le temps Se
les moyens de se défendre; que cette condamnation, conçue en termes géné-
raux, pouvait embrasser aussi bien les maximes communes à toute l'Eglise
gallicane que les opinions particulières du prélat; que le style 81 les clau^r-
du décret blessaient à la fois les mœurs françaises 8< la dignité épiscopale,
que le nom de libelle, donné avec affectation au mandement d'un évêque,
' Brueys, IV, p. 271. — Court de Gébelin, III, ' (Suvres du chancelier d^Jguesseau. Mémoire
jj, 269. sur les affaires de l'Eglise de France, p. 3oi.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 881
la mention d'un décret de l'Inquisition 8c de la juridiction des inquisiteurs,
l'usurpation de l'autorité immédiate manifestée dans l'article qui ordonnait
de supprimer & de livrer au feu les exemplaires des écrits condamnés, le
défaut d'adresse du décret aux archevêques 8c évêques, comme si le pape était
évêque universel 5i direct de toutes les Eglises, constituaient autant d'entre-
prises insoutenables.
Passant à la question de personne, le magistrat démontrait que le décret
du pape, en préjugeant la décision des évêques provinciaux, annulait leur
compétence 8c renversait les règles canoniques. Il reconnaissait dans cette
extension d'autorité les maximes de ces flatteurs de la cour de Rome aux
yeux desquels le pape n'était « plus seulement le chef, mais le monarque de
« l'Eglise. »
Il rappelait que l'Index n'avait aucune autorité dans le royaume de France,
que cette autorité s'était avilie, même dans les nations étrangères, par l'abus
que l'on en faisait, citant, après Omer Talon, parmi les ouvrages défendus
par la congrégation, l'arrêt du Parlement de Paris contre Jean Châtel, auteur
d'une tentative d'assassinat sur la personne d'Henri IV.
C'était aussi, disait-il, une offense à l'épiscopat français que la prétention
de mettre presque au rang des évêques « les inquisiteurs dont le nom 8c le
a pouvoir ont été toujours si odieux dans ce royaume. »
Le procureur général terminait en affirmant la nécessité d'opposer promp-
tement une protestation forte 8c efficace à la résolution que déclarait avoir
prise le pape de procéder contre l'évêque de Saint-Pons.
Les conclusions du premier président furent dans le même sens. Les deux
magistrats insistaient, d'ailleurs, pour que l'on prît des précautions de forme,
afin de résister à l'usurpation romaine, sans paraître approuver les opinions
particulières de l'évêque.
Il fut donc résolu au conseil du roi, sur le rapport du marquis de Torcy,
que le Parlement de Paris supprimerait par arrêt le décret pontifical; mais
on adopta la voie la plus douce qui consistait à mettre en doute l'authen-
ticité du document 8c à le condamner comme pièce apocryphe, en évitant de
donner aucune approbation au mandement. Par surcroît de prudence, le roi
se réserva de lire, avant le prononcé, les conclusions du procureur général,
le discours qui devait les précéder 8c le texte de l'arrêt.
Le discours fut rédigé par l'avocat général Joly de Fleury; on porta les
trois pièces à Versailles, où elles eurent l'honneur d'une lecture en plein
conseil; le i" avril 17 10, l'arrêt fut rendu en Parlement, imprimé &c publié'.
Mais l'affaire n'était point finie. Les jésuites 8c les sulpiciens, appuyés par
l'évêque de Chartres 8c le duc de Beauvilliers, devaient s'unir à la cour de
Rome pour causer encore de nouvelles traverses.
' Le Parlement ordonnait qu'il serait informé tenir, & enjoignait d'apporter les exemplaires au
cor. tre ceux qui avaient vendu & distribué II récrit greffe pour y être supprimés; le tout sans appro-
•n forma de bref. » La cour faisait défenses de bation des mandements & écrit» de l'évêque de
l'imprimer, débiter ou distribuer, même de le rc- Saint-Pons.
Xlll. 56
1710
882 . ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La guerre continuait en Espagne, où l'Europe coalisée soutenait l'archiduc
Charles contre le petit-fils de Louis XIV. Le vieux roi, malgré le désastre
d'Oudenarde & la détresse de la France, n'avait pu se résigner à détrôner
lui-même Philippe V, comme l'exigeaient les alliés aux conférences de Ger-
truydenberg, & le duc de Noailles tenait tête aux troupes palatines sur les
frontières du Lampourdan. L'archiduc venait de recevoir, à Barcelone, le
secours d'une flotte anglaise; préparant un mouvement offensif considérable
contre les armées de son rival qu'il se disposait à débusquer de Lérida, il
comptait y employer toutes ses forces, & dans ce but, avait intérêt à rappeler
les régiments qui faisaient face à Noailles; mais pour ne pas attirer le duc
à leur suite dans le Lampourdan & dégager l'échiquier du côté de Rous-
sillon, une diversion était nécessaire. Le conseil de l'archiduc décida qu'elle
aurait lieu sur la côte de Languedoc; M. de Saissan, gentilhomme de
fîéziers, ancien lieutenant-colonel qui avait quitté la France à la suite d'une
querelle avec le ministère, & qui servait dans l'armée anglaise avec le titre
de lieutenant-général, faisait partie du corps expéditionnaire. Sachant qu'il
connaissait à merveille la plage languedocienne, des bouches de l'Orb à
celles du Lez, & qu'il avait eu même des possessions dans cette contrée, on
le chargea de diriger des opérations de débarquement.
Le 24 juillet, au point du jour, une flotte de vingt-six vaisseaux de guerre
8<. de plusieurs bâtiments de charge vint évoluer en face des étangs de Pérols
8c de Mauguio 81 jeter l'alarme parmi les populations riveraines. Ce même
jour, le présidial siégeait à Montpellier pour juger deux malheureux qui
avaient été pris dans une assemblée protestante des Cévennes. Du plateau
de l'esplanade, on distinguait à l'œil nu les voiles ennemies qui présentaient
un front formidable, dans l'intention évidente d'épouvanter le pays. Eâville,
qui cherchait toujours quelque concert entre les mouvements des étrangers
8t ceux des protestants, repoussa énergiquement le conseil qu'on lui donnait
de différer la sentence, 8c en pressa au contraire l'exécution. Le supplice eut
lieu immédiatement après le jugement 8c put être aperçu du bord des vais-
seaux.
La flotte demeura en panne jusques à trois heures de l'après-midi. Elle
était commandée par le chevalier Noris, de la marine anglaise, 8c avait pris
des troupes à Tarragone, à Port Mahon 8c en Italie. Ces troupes, qui ne
dépassaient pas trois mille hommes, se composaient des régiments de Stan-
hope 8c de Gouéten, de six cents fusiliers 8c de quinze cents soldats de
marine, presque tous Anglais.
Pendant plusieurs heures, tous les villages de pêcheurs échelonnés sur la
côte, entre l'embouchure de l'Orb 8c les bras du Rhône, furent dans des
alarmes continuelles, ne sachant sur quel point devait aller fondre l'orage.
La plage était entièrement dégarnie, sans une galère pour en surveiller les
approches. Vers le milieu du jour, on s'aperçut que la flotte, après avoir
longtemps hésité, venait se ranger devant l'étroite langue de terre qui ferme
l'étang de Thau £c dont les deux pitons rocheux portent les ville? d'Agde 5c
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 883
de Cette. Il fut bientôt aisé de comprendre que l'ennemi en voulait à cette
dernière place, où il se laissa porter par le vent de sud-est.
M. de La Vergne, lieutenant des galères, capitaine général des gardes-
côtes, commandait à Cette, mais n'avait sous ses ordres que la population
civile & un régiment de milices du pays, tout ce qui existait encore de
troupes réglées en Languedoc étant occupé à surveiller les Cévennes St le
Vivarais. Vainement l'officier donna-t-il des ordres, avant la nuit du 24 au
25, pour occuper les points où l'on pouvait s'opposer au débarquement.
L'apparition des vaisseaux avait jeté l'épouvante dans cette triste garnison,
tk le bruit du canon qui, vers six heines du soir, s'était fait entendre, réper-
cuté par les échos de l'étang, suffisait à décourager toute tentative de résis-
tance.
Pendant la nuit, Saissan débarqua un corps de deux mille hommes au sud-
ouest de Cette, sur une étroite plage appelée le vieux môle, dérobée à la
vue du port par les croupes arides de la montagne de Saint-Clair. Le 25, au
moment où le jour se levait, les Anglais pénétrèrent dans la ville, dépourvue
de murailles 6c ouverte de tous cotés. La Vergne s'était enfermé dans l'église
avec quelques soldats de milice 81 quelques habitants; mais après le premier
feu, cette faible troupe refusa de combattre 8c contraignit l'officier à capi-
tuler. Saissan lui accorda la faveur de sortir avec son monde 8c ses armes.
Restait le petit fort, construit à 4'extrémité du nouveau môle, 8c défendu
par dix ou douze mauvais canons de fer assez mal servis. Le commandant
Dubois fit bonne contenance pendant plusieurs heures 8c tira sans relâche;
mais ses artilleurs, qui étaient de simples habitants de Cette, voyant la ville
prise 8c craignant pour leurs familles, finirent par se décourager 8c jetèrent
leurs mèches dans la mer, ce qui amena une seconde capitulation.
Durant la journée, Saissan se porta, avec environ huit cents hommes, sur
l'extrémité occidentale de l'île que domine la masse noire des maisons d'Agde.
Le capitaine Guilleminet voulait marcher contre eux; mais la population,
inquiète du sort de ses barques, chargées de marchandises, qui couvraient
l'Hérault 8c de ses gerbiers encore dressés sur les aires, aima mieux fermer
ses portes 8c attendre. M. de Margon, brigadier des armées du roi, qui com-
mandait dans la ville épiscopale, trop bien édifié sur la valeur des milices,
laissa les habitants agir comme ils l'entendraient, 8c gagna la terre ferme afin
d'aller prendre les ordres que lui destinait le duc de Roquelaure.
Les portes étaient à peine fermées qu'un tambour apporta la sommation de
Saissan. Elle ne fut pas écoutée. Le tambour reparut bientôt 8c demanda
que l'un des consuls vînt parler au commandant, offrant en otage un capi-
taine du régiment de Stanhope. Saissan proposa au consul de rendre la place,
8c sur son refus, lui déclara qu'il se contenterait de prendre des vivres en
payant Se d'avoir le pont de l'Hérault libre : à cette condition, il s'engageait
à ne pas entrer dans la ville 8c à n'y faire aucun dégât.
Ces conditions acceptées firent l'objet d'une convention écrite 8c furent
exactement tenues : les soldats qui entraient en ville pour y acheter des
1710
1716
884
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
vivres se baissaient désarmer aux portes 81 le corps de débarquement observait
une parfaite discipline. Dans les propos que les étrangers échangèrent avec
les habitants, il ne fut parlé que d'exemption d'impôts Se du bonheur de
vivre sous l'autorité de la reine Anne '.
Cependant le duc de Roquelaure, averti de l'arrivée de la flotte, était
accouru de Monlpeliier pour prendre les dispositions les plus urgentes £<.
avait expédié des courriers au duc de Noailles, alors au camp du Boulou, lui
demandant de prompts renforts. Il n'avait pas sous la main des forces suf-
fisantes pour tenir tête à l'ennemi & se préoccupa d'abord d'intercepter les
communications avec la terre ferme. 11 commença par organiser la défense
à Frontignan, petite ville située à l'extrémité orientale de l'étang de Thau ,
où la levée de la Peyrade reliait l'île de Cette 8<. la terre ferme. Puis il se
rendit à Mèze, au nord de l'étang, en face de la montagne de Saint-Clair;
il pouvait, de ce point central, surveiller l'ensemble de l'opération 8c mar-
cher, soit vers l'Hérault, soit vers le Lez, d'après les mouvements de
l'ennemi, ayant laissé à Frontignan le lieutenant-colonel de Geisen avec
quelques forces 8c gardant auprès de lui trois compagnies de cavalerie, un
détachement de miquelets Se un petit nombre de milices.
Les chaloupes anglaises ne cessaient de voguer à travers l'étang, jetant
partout la sonde, comme pour chercher des passages Se menaçant tour à tour
les villages de Marseillan, de Mèze, de Bouzigues 8c de Balaruc. On fit
courir sur elles quelques barques armées qui les observèrent de fort près Se
les poursuivirent même jusque dans le canal de Cette.
Trois cents Anglais se présentèrent aussi au passage de la Peyrade, mais le
trouvant bien gardé, n'essayèrent pas de le forcer.
Le duc de Noailles, aux premières nouvelles du danger qui menaçait le
Languedoc, quitta le camp du Boulou le 25, à dix heures du soir, 8c partit
en poste pour Mèze où il arriva le lendemain sur le midi.
■ Brueys reproduit la lettre suivante que Saissan
avait, dit-il, écrite à l'un de ses amis de Béziers :
« A Agde, le 26 juillet 1710.
« Ma destinée, M., m'ayant renvoyé en Lan-
guedoc dans une situation qui donne de l'effroi
à tout le inonde, je vous prie de rassurer les lia-
bitans de Béziers, afin que, si j'étois obligé d'aller
de ce côté-là, ils soient persuadés d'avance qu'ils
n'ont aucun dommage à craindre des troupes que
je commande, & de la discipline desquels je suis
sans cesse occupé. Les peuples de cette aimable
province, & surtout mes compatriotes, n'ayant
aucune part à l'injustice des ministres à mon
égard, je serois injuste moi-même si j'avois quel-
que volonté de leur nuire. Les habitans de Cette
& ceux de cette ville n'ont rien souffert; j'espère
qu'il en sera de même de ceux de Béziers. Les
dames d'Agde, qu'on m'a dit y être allées, peuvent
revenir cliez elles en toute sûreté avec leurs effets;
vous pouvez les assurer qu'elles y seront respcL-
tées par un grand nombre d'officiers polis, & fort
bien faits. Mes voyages Se mes travaux ne m'ont
point ôté l'idée de celles de Béziers; je suis, je
vous le jure, autant leur serviteur, & de tous les
honnêtes gens qu'il y a dans cette ville, que je
l'aie jamais été. Pour les en convaincre, je leur
épargnerai, si je puis, l'horreur de me voir. J'étois
•ssurément né pour la vertu; les ministres injus-
tes m'ont entraîné dans le crime, avec une vio-
lence à laquelle je n'ai pu résister. Au reste, on
veut me régaler ici d'une joute le 3 du mois pro-
chain, les dames de Béziers y peuvent venir; si
ma présence leur fait de la peine, je me priverai
de ce plaisir-là, 81 ne serai point de cette fcic.
Je suis', Sic. »
' Brueys, III, p. 92.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 885
Tl avait mis en route vers le bas Languedoc une colonne de mille grena-
diers, neuf cents cavaliers ou dragons & douze pièces de canon, avec ordre
de faire jour 8c nuit des marches 8c des haltes alternées de quatre heures
jusqu'à Bcziers.
Le lendemain, Roquelaure 8c Noailles, deux heures avant le lever du
soleil, partirent de Mèze à la tête d'une reconnaissance de cavalerie, pour
éclairer les environs. Ces forces venaient à peine de s'éloigner que le village
de Mèze fut mis en alerte par des démonstrations inquiétantes. Toutes les
chaloupes, après avoir feint de se diriger sur Balaruc, s'étaient rapidement
tournées vers la gauche Se couraient à force de rames. Bâville était resté seul
à Mèze Se travaillait dans sa chambre, quand on lui annonça l'approche de
l'ennemi. En mettant le pied dehors, il vit les familles effrayées qui com-
mençaient à déménager avec leurs effets, courut au port, y ramassa une
cinquantaine de cavaliers qu'il fit poster, sabre en main, au bord de l'étang,
y plaça aussi quelques détachements de milices, &c profitant d'un pli de ter-
rain, ordonna à la cavalerie de passer 8c repasser plusieurs fois, comme au
théâtre, afin de donner le change sur la faiblesse de son effectif, tandis que
tambours Se trompettes annonçaient de tous côtés la présence de troupes
imaginaires. Soit que l'ennemi fût dupe ou non de ce manège, il ne prit
point l'offensive.
Le 27, la colonne de l'armée de Roussillon s'embarqua sur le canal à
Béziers avec son artillerie; le 28, elle était à Agde, où Noailles, Roquelaure
Se Bâville se rencontrèrent. On lui donna cinq ou six heures de repos.
L'attaque sur Cette fut ordonnée pour le lendemain matin.
Dès quatre heures, les troupes se mirent en marche par la bande de terre
qui relie les deux villes. Le comte de Fimarcon 8c le marquis de Caylus,
maréchaux de camp, commandaient la cavalerie : l'infanterie était conduite
par MM. de Châtillon 8c d'Estaires, officiers du même grade, 8c MM. de
Planque, d'Auseville 8c de Sandricourt, brigadiers. Le comte 5c le marquis de
Noailles 8c plusieurs officiers ou gentilshommes volontaires venus de Mont-
pellier, accompagnèrent les ducs de Roquelaure 8c de Noailles.
On suivit d'abord le côté de l'isthme qui regarde la mer, comme étant le
meilleur Se le plus court chemin, puis, en approchant de Cette, on gagna la
route du bord de l'étang, pour se couvrir du feu violent de la flotte, embossée
le long de la plage.
L'avant-garde de quatre-vingts dragons, commandée par M. de Pierrelevée,
en arrivant à l'extrémité de l'isthme où surgissent les croupes de la montagne
de Saint-Clair, aperçut deux petits corps de cavalerie postés, à droite 8c à
gauche, l'un vers la mer, l'autre vers l'étang. Il marcha au premier, qui se
déroba derrière les clôtures des vignes, y laissa la moitié de sa troupe pour le
surveiller, 8c courut à l'autre, qui, malgré le canon de deux frégates tirant à
demi-portée, fut promptement culbuté à travers les roches ou jeté à la mer
8c perdit beaucoup de monde. On lui fit soixante-dix prisonniers, dont un
capitaine Se son lieutenant, du régiment de Stanhope.
17 10
lyio
886 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les ducs de Roquelaïue & de Noaiiles étaient accourus avec un gros de
cavalerie pour soutenir les dragons de la gauche; les cavaliers anglais, postés
dans les vignes, se replièrent rapidement sur la ville & les ducs gagnèrent
le haut de la montagne. De cette position élevée, ils virent l'heureuse
charge des dragons & le mouvement des chaloupes, allant & venant, avec
une vivacité extraordinaire, de la terre aux vaisseaux, pour opérer le rem-
barquement. Néanmoins, on tiraillait dans l'intérieur de la ville, les batte-
ries du nouveau môle continuaient le feu ainsi que la frégate mouillée à
l'entrée du port. Les deux chefs quittèrent alors leur observatoire 8c descen-
dirent jusqu'à l'église, bâtie sur un premier gradin de la montagne qui
domine la ville.
En peu de temps, il ne resta plus un Anglais sur la terre ferme. Seules, les
frégates les plus avancées faisaient feu sur l'église, sur les maisons 6c sur les
troupes. Roquelaure posa immédiatement trois batteries, qu'il eut soin de
faire changer plusieurs fois de place, afin de faire croire qu'il disposait d'une
artillerie beaucoup plus nombreuse. L'artifice produisit son eftet.
L'amiral Noris, voyant les roches de Cette se couronner de fumée sur une
foule de points, rappela sa frégate de l'entrée du port, 8c gagna le large avec
tous ses vaisseaux.
L'embarquement avait été si rapide, que le poste du môle fut oublié. Les
quatre-vingts soldats qui le composaient, après quelques hésitations, se voyant
définitivement abandonnés par la flotte, consentirent à se rendre prisonniers
de guerre, avec leur capitaine 8c un ingénieur faisant fonction de lieutenant.
Le lendemain, Roquelaure, Bâville 8c Noaiiles rentrèrent à Montpellier
Se, un jour après, la flotte ennemie quitta les eaux de France. L'intendant,
donnant à dîner à l'un des capitaines qu'on avait pris, lui demanda s'ils
s'imaginaient s'emparer du Languedoc avec deux mille hommes. L'officier
répondit que M. de Saissan s'était fait fort de déterminer un soulèvement
général dans le pays; illusion d'émigré que l'événement démentait.
Ainsi se termina cette entreprise qui aurait pu avoir des conséquences ter-
ribles, si elle s'était produite quelques années plus tôt, au fort de la guerre
des Cévennes, mais qui, arrivant après la dispersion des insurgés 8c l'épuise-
ment de leur parti, ne pouvait avoir d'autre résultat que de faciliter momen-
tanément les opérations de l'archiduc en Espagne.
Quelques mois après, il fut encore tramé des projets d'insurrection en
Dauphiné 8c en Vivarais, où les puissances coalisées entretenaient d'assez
actives correspondances; mais, de plus en plus, elles étaient dupes d'intri-
gants de bas étage 8c de chevaliers d'industrie qui leur arrachaient de l'argent,
sous prétexte de subventionner des révoltes chimériques 8c de ranimer des
ardeurs à jamais éteintes.
Deux hommes des vieilles bandes gardaient encore dans les Cévennes
leurs incorrigibles espérances. C'étaient Abraham Mazel 8c Claris. Le pre-
mier, à peine guéri de ses blessures, avait quitté sa retraite du Vivarais pour
gagner les montagnes de l'Uzège, où on lui faisait passer des secours de
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 887
Hollande. L'intendance n'avait pas cessé d'entretenir des espions qui fei-
gnaient de pactiser avec les camisards pour leur dérober leurs secrets. Un de
ces hommes découvrit que les rendez-vous se donnaient dans une métairie
des environs d'Uzès, 8c qu'on y devait recevoir de l'argent apporté des Pays-
Bas par un émissaire nommé Saint-Julien.
M. de Lalande envoya une compagnie investir la maison pendant que les
Cévenols y étaient réunis. Abraham essaya de se sauver par les toits, avec un
marchand d'Uzès qui lui servait de correspondant, mais il fut tué d'un coup
de fusil. Claris, blessé par les miquelets, tomba vivant entre leurs mains au
moment où il sautait par une fenêtre. On saisit une somme de quatre cents
écus 8c diverses lettres.
I.es procès furent faits aux cadavres 8c à la mémoire des morts. Claris,
conduit dans la citadelle de Montpellier 8c jugé trois jours après par l'inten-
dant 8c le présidial, expira sur la roue. On exposa la tête de Coste, le mar-
chand d'Uzès, sur la place publique de cette ville, 8c celle d'Abraham à
Vernoux, 8c l'une 8c l'autre furent ensuite brûlées.
Saint-Julien, qui avait fait plusieurs voyages en Languedoc, dans un
intérêt de propagande, 8c qui séjournait habituellement à Genève, fut sur-
veillé par les espions de l'intendance. Comme il était en pays indépendant
de la couronne, on eut grand'peine à s'assurer de sa personne; mais, un
jour, pendant quelque voyage qu'il taisait sur le lac, un lieutenant d'infan-
terie, du nom d'Arquier, dont la compagnie était en garnison dans quelque
village voisin, réussit à s'emparer de sa personne. On le conduisit à Mont-
pellier, où Bâville le condamna au dernier supplice.
A peu près vers la même époque, l'un des instigateurs des derniers troubles
dans les Cévennes, l'abbé de la Bourlie, devenu le marquis de Guiscard, périt
à Londres, au milieu de circonstances tragiques 8c mystérieuses. On l'avait
arrêté, dans le parc de Saint-James, sous la prévention de connivence avec la
France 8c de complot contre la vie de la reine Anne. Il fut mandé au con-
seil chez le secrétaire d'État Saint-Jean 8c en sortit, criblé de coups d'épée,
pour mourir dans les prisons de Newgate. On raconta qu'il s'était jeté, armé
d'un canif, sur M. de Harley, avec le dessein de l'assassiner, 8c que les
membres du conseil, tirant leurs épées &c appelant à l'aide leurs domestiques,
avaient voulu se débarrasser de ce prisonnier dangereux'.
Un impôt d'une nouvelle forme, le dixième, fut établi, au mois d'octobre
1710, pour subvenir à l'insuftisance des innombrables taxes qui frappaient
déjà les diverses classes du royaume. On avait successivement exigé l'assis-
tance de tous les groupes de gens qui possédaient quelque fortune ou qui
exerçaient quelque industrie productive. Mais comme le déficit, occasionné
par les prodigalités d'un long règne &c par les dépenses de la guerre générale,
augmentait de jour en jour, le conseil des finances ne jugea pas qu'un
impôt spécial de plus donnât les moyens de satisfaire les créanciers de l'État,
' Burnet, Mémoires de la Grande-Bretagne, t. VI, 1711. — Court de Gébslin, III, p. Soy.
171c
1710
888 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
8c se prononça pour un appel à tous les ordres de la société française sans
distinction. La déclaration du roi publiée le 14 octobre prescrivit que la
dixième partie du revenu de tous les biens du royaume serait prélevée pour
faire face aux nécessités de la guerre. La forme de cette taxe, appliquée sans
différence aux nobles & aux roturiers, hâtait de nouveau, comme bien d'au-
tres symptômes, la révolution latente qui se produisait dans l'ancienne hié-
rarchie. Une sorte d'égalité fiscale s'imposait, par la force des choses, entre
les possesseurs quelconques de la richesse, préparant l'égalité politique dont
la fin du siècle devait assurer la reconnaissance.
Les Etats de Languedoc, qui ne cessaient pas de se montrer fort jaloux de
l'originalité de leur système fiscal, étaient cependant trop soumis pour essayer
une résistance inutile. Ils se contentèrent, comme d'usage, d'accepter la
volonté ministérielle de bonne grâce, à condition d'en être eux-mêmes les
exécuteurs.
L'examen de la déclaration ayant été renvoyé à la commission des affaires
extraordinaires, le rapporteur observa que ce qu'il y avait de plus difficile à
exécuter était la levée du dixième sur le revenu des biens-fonds, par suite
des contestations que l'appréciation de ce revenu ne manquerait pas de sou-
lever. Les exécutions rigoureuses que l'on ferait pour la levée de cet impôt
mettraient les particuliers hors d'état de payer la taille Se la capitation. Aussi
la commission proposait-elle d'abonner le dixième du revenu des fonds de
terre 8c des droits seigneuriaux 8c autres droits réels.
Le revenu de ces biens, distraction faite des frais de culture, des semailles,
de la dîme, de la taille, de la capitation 8c des autres taxes foncières, était
évalué à trois millions de livres. Les arrérages dus pour la capitation 8c la
taille réduisaient encore cette somme 8c mettaient plusieurs terres hors d'état
de supporter leur quote-part de l'abonnement. Mais comme la levée du
dixième abonné, fixé à trois cent mille livres, serait encore beaucoup moins
vexatoire que la perception directe par la main des traitants, 8c que l'exten-
sion du nouvel impôt à tous les biens nobles ou affranchis devait soulager
d'autant les biens roturiers, la commission proposa un traité en vertu duquel
la Province payerait au roi, en représentation du dixième, la somme de trois
cent mille livres, exigible en deux termes égaux, le i" juillet 8c le dernier
décembre 171 1 ; cette somme devant être répartie sur tous les biens-fonds de
Languedoc, terres, maisons, moulins, forges, fours 8c autres propriétés nobles,
affranchies ou roturières, 8c tous les droits seigneuriaux, rentes foncières ou
autres formes de revenu.
Voici les divers points proposés par les États pour régler le détail de l'opé-
ration : Moyennant la somme de trois cent mille livres consentie en bloc par
la Province, les particuliers étaient dispensés de fournir la déclaration de leur
revenu 8c de payer aucune taxe nouvelle pour les derniers mois de l'année
1710. Conformément k l'acte royal, la levée de l'impôt devant cesser trois
mois après la publication de la paix, la Province ne serait tenue à aufun
paiement de termes à échoir passé ce délai. La somme de trois cent mille
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 889
livres ne pourrait être augmentée les années suivantes, ni continuée pen-
dant la paix, sous aucun prétexte; réserve purement illusoire, & inscrite
pour la forme, les Etats n'ayant pas les moyens de contraindre la Cour à res-
pecter de tels engagements. La répartition se ferait svir tous les lieux de la
Province, même sur les villes franches qui ne contribuaient pas au payement
de la taille & sur les possesseurs de biens nobles, roturiers & affranchis, de
droits seigneuriaux Si autres rentes ou redevances de toute nature. Comme
la répartition de l'année 17 11 serait forcément très-précipitée, faute de temps,
l'assemblée stipulait que ce premier travail ne tirerait pas à conséquence
pour les années suivantes, & conservait la faculté d'opérer dans les rôles les
modifications nécessaires pour l'équitable distribution des charges; mais, afin
d'éviter des contre-temps onéreux, elle prescrivait que les cotisations des par-
ticuliers se payeraient par provision, sauf opposition ou appel ultérieur &
remboursement, s'il y avait lieu. Ainsi qu'il était d'usage, dans toutes les
affaires analogues, les Etats se déchargeaient sur l'intendant du soin de juger
sommairement 81 sans frais les oppositions des particuliers, après communica-
tion au syndic général du département. La levée de la cotisation était confiée
aux collecteurs des tailles avec mandat d'en remettre les deniers entre les
mains des receveurs diocésains en exercice, quinzaine après le terme échu. A
Toulouse, le trésorier de la Ville tenait lieu de receveur diocésain. Ces divers
comptables étaient chargés de transmettre eux-mêmes les fonds au trésorier
de la bourse des Etats, dans un pareil délai de quinzaine, avec les remises
accordées pour le recouvrement de la taille. La vérification des comptes de ce
recouvrement devait être faite, pour les collecteurs, par les auditeurs ordi-
naires de leur commune; pour les receveurs, par les assemblées de l'assiette
diocésaine; St pour le trésorier provincial, par les commissaires annuels élus
aux Etats '.
L'établissement du dixième ne contrariait d'ailleurs en rien tous les autres
genres d'impôts imaginés pour satisfaire des besoins toujours renaissants. Le
doublement des droits d'octroi 81 les éternelles créations Si suppressions d'of-
fices aggravaient la misère générale. Il serait difficile d'apprécier, dans toute
son étendue, la détresse de la Province pendant ces premières années du
dix-huitième siècle. Dès le mois de décembre lyoS, l'évêque de Saint-Papoul,
François de Barthélémy de Grammont, écrivait au président Riquet : « Je ne
« comprends pas comment on pourra se tirer d'affaire cette année; car les
« impositions ou la capitation iront à près de onze millions; la seule pensée
« en fait trembler. Mais si on nous demande des choses impossibles, n'osant
« ni ne pouvant les refuser, il faudra qu'on se contente de notre bonne
« volonté Si de prendre ce qu'il y aura. La désolation va commencer dans les
« communautés pour la levée de deux mille quatre cents hommes de recrue.
« Nous avons voulu donner cinquante mil écus à pure perte à M. de Bâville
« pour qu'il fît cette levée ; il s'est moqué de nous Si nous a dit qu'il ne pren-
' Procts-Tcrbal des États de Languedoc. Séance du ty décembre 1710.
1710
1710
890
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ijt I
« droit pas cent mil écus'. » Sept ans s'étaient écoulés depuis cet aveu signi-
ficatif, &, sous l'action des malheurs publics, le mal n'avait fait qu'empirer.
Durant ce même mois d'octobre 17 10, les communes de Languedoc se
rachetèrent à prix d'argent de l'obligation de fournir des hommes de milice.
Le ministère se prêtait d'autant mieux à cette combinaison que la nullité de
ces sortes de troupes, même au point de vue défensif, avait été trop bien
démontrée dans des circonstances récentes, soit pendant la guerre des
Cévennes, soit à l'époque du débarquement des Anglais à Cette. L'exoné-
ration de ces communes, pour quinze cents hommes, produisit plus de cent
douze mille livres^.
Il avait été répandu dans la Province une si grande quantité de fausse
monnaie d'or, que la levée des impositions s'en trouvait interrompue, les
receveurs des tailles ayant admis en principe de ne plus accepter de louis,
sous prétexte qu'ils étaient de faux coin, M. de Bâville, en informant la
Cour de cette difficulté, enjoignit aux receveurs de prendre tous les louis
d'or de poids qui leur seraient apportés par les collecteurs, afin de ne point
retarder les payements de la taille & de la capitation.
Le 28 juin 171 1, un arrêt du conseil d'Etat régla la question en prohibant
le cours de toutes les espèces d'or 8<. d'argent non fabriqués dans les moniiaies
royales; mais il donna un mois de délai à tous les détenteurs de louis d'or à
faux coin, pour les verser aux hôtels des monnaies de Toulouse & de Mont-
pellier. Le prix devait en être payé sur le pied des espèces régulières, déduc-
tion faite des frais de fabrication & proportionnellement aux altérations
de titre.
Il fut fait deux versements de louis d'or par les receveurs des divers dio-
cèses, l'un le 16 août, l'autre le 20 septembre. Les pièces furent vérifiées par
le graveur de la monnaie en présence de M. de Joubert. Sur vingt-six mille
' Archives du canal au Midi. Correspondance
de la famille Riquet.
' Ces sommes étaient versées entre les mains du
sieur Lamouroux, trésorier des troupes, à raison
de 75 livres par homme. La liquidation définitive
en fut réglée par ordonnance de l'intendant du
8 avril 17 u.
Voici le détail de cette répartition :
Nombre Sommes
Diocèses d'hointiics versées
Toulouse ville So'' — 2 25o'
Toulouse diocèse 121 — Ç°7^
Montauban 41 — 8075
Rieux 27 — 2025
Comminges 4 — 3oo
Mirepoix 68 — 5 100
Liraoux 26 — 1 960
Met 38 — 2 85o
Lavaur 56 — 4200
A reporter. ... 411'' 3o 82.')'
Nombre
Dioccses d'hommes
Report 411''
Alby 90
Castres 62
Saint-Papoul 3i
Carcassonne 72
Narbonne. . • 72
Saint-Pons 3 1
Béziers 90
Lodève 3i
Montpellier 76
Nimes 76
Uzès 122
Alais 76
Mendc 49
Le Puy 67
Viviers 1 13
Agde 3 I
1 5oo'i
Sommes
versiies
308251
6-j5o
■ 465o
• 2 325
5400
5400
■ 2 325
6760
■ 2 325
5700
5700
9 loo
5 700
3^75
5 025
8475
2 325
I 12 5ool
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 891
deux cent quatorze, il ne s'en trouva que trois mille cinq cent cinquante £<
une de bon coin. Toutes les autres turent fondues, & la perte totale s'éleva
à trente-six mille huit cent vingt-neuf livres dix-huit sols, que M. de Bâville
rejeta sur la Province, sauf la chance d'un remboursement ultérieur, sollicité
par la députation des Etats'.
Les régiments de La Ferronays & Premier-Languedoc ayant extrêmement
souffert au siège de Girone, le ministère ne trouva rien de mieux pour les
rétablir que de faire inviter la Province à leur allouer à titre de revenant-bon
une somme de deux mille livres par compagnie. La Ferronays comptait huit
compagnies, Premier-Languedoc en avait douze. C'étaient donc quarante
mille livres que l'on demandait au pays en sus des charges ordinaires.
L'archevêque de Narbonne, informé par Bâville de cette nouvelle préten-
tion, représenta au ministre que la Province n'avait jamais été obligée de
payer de tels suppléments à des cavaliers & dragons, jouissant d'une ration
de fourrages dont elle soldait les deux tiers. M. Voisin répondit que le pays
de Languedoc ayant été soulagé pendant quelques mois d'hiver du logement
de ces deux corps, devait équitablement procurer quelque moyen de les
remettre en bon état. Il ajoutait que, si le mode proposé paraissait contraire
aux privilèges de la Province, le roi n'insisterait pas, & prendrait seulement
le parti d'élever de dix à dix-huit ou vingt sols la quote-part provinciale de
chaque ration de fourrage*.
La perspective d'une pareille compensation leva toutes les difficultés. Le
trésorier de la bourse paya les quarante mille livres qui furent, plusieurs
mois après, accordées par les Etats 5.
Pierre-Louis de P».eich de Pennautier, receveur général du clergé de France
8c trésorier de la bourse de la province de Languedoc, mourut à Montpellier
le 2 août 171 1, après une existence fort agitée "*. Sa succession donna lieu
à de grands conflits de juridiction. Dès qu'il fut mort, le scellé fut apposé
à sa maison de la ville, d'après la requête de sa veuve, par un officier du
sénéchal.
Le même jour, la cour des comptes de Montpellier dépêcha un commis-
saire pour en faire autant. Réclamation des syndics généraux de Languedoc,
prétendant que, le trésorier de la bourse n'étant pas comptable à cette cour,
elle n'avait aucun droit de faire procéder à l'inventaire de ses effets; requête
' Procès-verbal des Etats. Séance du 5 décem- avoir été accusé d'empoisonnement; il tient pré-
bre 1711. sentement table aux Etats, & les plus grands sei-
' Lettres de M. Voisin à l'intendant & à lar- gneuts se font honneur d'y manger, lui de qui
chevèque, 19 avril & 16 mai 171 1. l'on disoit, pendant qu'il étoit en prison à Paris :
' Procès-verbal des Etals. Séance du 5 décem- ^. „, . ,
« Si Pcnautier dans son anairc
bre 1711. , i^'a ^a trouver que des amis,
* 11 avait été compromis dans une grave affaire « C'est qu'il avoit sçu se défaire
criminelle & passa même quelque temps en pri- « »« « l"'» ".7' d'ennemis.
«^ , . '^ J^ « Si pour paroitre moins coupable
son ; mais son crédit n'en souffrit pas. M""" Du- . n f;,it largesse de son bien,
noyer écrit de lui, dans une de ses lettres : « C'est qu'il prévoit bien que sa lable
.. M. Penautier, trésorier de la province de Lan- " ^^ '"' "''^" i'™"'' "«" '• "
guedoc & du clergé, est revenu sur l'eau, après • Letires galantes, \, p. 36g.
1711
17' •
892 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
du procureur général, déclarant que cet inventaire ne donne aucune atteinte
aux privilèges de la Province par rapport à la comptabilité de la bourse, mais
qu'il offre seulement une garantie pour les deniers du roi Si du public dont
M. de Pennautier se trouvait dépositaire au moment de son décès.
Les syndics généraux recoururent au conseil d'État en déclinant la compé-
tence de la cour des comptes, qui fondait de nouvelles prétentions sur ce fait
particulier que M. de Pennautier était propriétaire des offices de receveurs
des tailles de Vivarais.
Pour abréger les lenteurs de la procédure, la Province demanda au conseil
de réunir devant les mêmes juges tous les procès que pourraient susciter les
créanciers en diverses juridictions, 81 de faire procéder à l'inventaire en Lan-
guedoc par M. de Bâville 81 à Paris par MM. Dubuisson &c d'Ârgenson. Le
conseil d'État fit droit à cette requête par l'arrêt du 26 août 17 11 qui nomma
sept commissaires pour juger tous les différends de la succession Pennautier.
M. de Bâville était naturellement à la tête de ce tribunal d'exception, avec
quatre officiers de la coin" des comptes : les présidents de Montceaux & de
Fonbon &. les conseillers Perdrix 5c Loys, & deux officiers du présidial, le
procureur royal Remisse & l'avocat du roi Verduron.
Quelques jours auparavant, le i3 août, la cour des comptes avait ordonné
la saisie des effets afin de pourvoir à la sûreté de créances considérables.
Comme cette mesure était prescrite sur la requête du procureur général, les
héritiers en contestèrent la légalité, prétendant que la Province & les créan-
ciers étaient seuls en possession d'un droit pareil. Le conseil leur donna
raison & cassa la saisie par arrêt du i3 octobre, sauf aux intéressés à se
pourvoir devant les commissaires précédemment désignés.
Cependant les agents de la cour des comptes s'étaient rencontrés au châ-
teau de Pennautier avec ceux du sénéchal de la Province. Il y eut conflit.
La cour décréta de prise de corps maîtres Bissez &c Ugla ', 8c il fallut qu'un
nouvel arrêt du conseil, donné le 5 septembre, évoquât la cause &c toutes les
procédures de la chambre des comptes Se du sénéchal pour les renvoyer aux
sept commissaires.
M. de Pennautier n'habitant pas ordinairement la Province avait confié
sa procuration à M. de Sevin qui faisait tout le service de la bourse provin-
ciale. Les syndics généraux obtinrent de M. de Bâville une ordonnance pour
lui continuer ses pouvoirs, en attendant que les héritiers eussent disposé de
l'office. Cette ordonnance 8< celle des commissaires furent autorisées par arrêt
du conseil du 22 novembre 1711^.
Le delta du Rhône étant sujet à de grandes Se désastreuses inondations,
les États avaient demandé au roi la création d'un canal percé dans cette
branche du grand Rhône que l'on désignait sous le nom de Bras de fer^^
afin d'abréger le cours du fleuve 81 d'en accroître la rapidité. Ils affectèrent
■ Arrêt de la cour des comptes de Montpellier ' Procès-verbal des États. |5 décembre 171 1.
du 29 août 17 1 1 . ' Procès-verbal des Etats. 9 janvier 1710.
LIV. III. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 898
à ce travail une somme de trente mille livres qui fut imposée la même
année.
Un an après, M. de Bâville n'avait pas encore donné son avis, & l'assem-
blée provinciale revenait à la charge pour obtenir du conseil d'État le règle-
ment des portions qui se devaient assigner au roi & au Languedoc dans la
dépense générale'. Ce règlement fut déterminé par l'arrêt du conseil du
28 mars 17 11. L'adjudication des ouvrages du Bras de fer dut être faite par
M. de Bâville & par M. Lebret, intendant de Provence. La dépense était
divisée en trois parts égales, attribuées la première au roi, la seconde au
Languedoc, la troisième à la Provence 81 au Dauphiné réunis.
La contribution de l'Etat fut assurée par l'abandon de ce qui restait h
lever d'une surtaxe de cinq sols par minot, précédemment établie sur les sels
de Peccais. Pareille surtaxe fut étendue à tout le sel qui se débitait dans les
greniers &. chambres de Provence 8c de Dauphiné.
L'affaire n'était pas encore entrée dans la période d'exécution lorsque
l'intendant de Provence fit passer à M. de Bâville un mémoire d'où il résul-
tait que les travaux proposés seraient incomplets, si l'on ne fermait pas le
Trou de Launes , vaste ouverture percée en amont du Bras de fer 8c par
laquelle les eaux du Rhône se répandaient dans tous les étangs de Pro-
vence.
On communiqua ces objections à M. Niquet, ingénieur du roi, qui étudia
la question Se en tira des conclusions inattendues. Il reconnut que, bien
loin de condamner la bouche des Launes, on avait tout avantage à la substi-
tuer au Bras de fer, puisqu'on pourrait la transformer en un canal maritime
par où la navigation serait plus aisée que par le grand Rhône. Ce change-
ment de vues fit suspendre l'adjudication.
La cotisation de la province de Languedoc pour les ouvrages du plan
primitif, avait été fixée à trente mille livres que le syndic général Joubert
s'était assurées en retirant de M. de Sevin six assignations de cinq mille
livres chacune sur les receveurs des tailles*.
La commune de Coursan, voulant garantir une partie de sa plaine des
inondations de l'Aude, sollicita de l'archevêque de Narbonne l'autorisation
d'élever une des murailles de la chaussée pour retenir les eaux dans les
parties les plus basses, 8c de fermer certaines arcades qui livraient passage
aux débordements. La commune offrait de se charger des frais d'entretien 8c
de répondre de tous les dommages.
Deux riches habitants du lieu, Espéronnier 8c Salaman, dont tout le vil-
lage se rendit caution, furent adjudicataires de ces travaux au prix de quatre
cent cinquante livres 3.
La sénéchaussée de Carcassonne vota trois mille livres pour l'entretien des
chemins de traverse de six diocèses. Sur cette somme, chacun des diocèses de
' Procit-Tcrbai deî État». 7 jatiTier 171 1. ' Bail passi par M. de Montfcrrier le 11 octo-
' Procès-yerbal des Étati. 10 décembre 1711, bre 171 1.
1711
• 712
&94 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Carcassonnc, Mirepoix, Castres 8* Albi obtint six cents livres; il en fut
donné trois cents au diocèse d'Alet & à celui de Limoux.
Trois cents livres furent également imposées sur le diocèse de Saint-Pons
pour l'entretien du chemin de Saint-Pons à Saint-Chinian.
Les États célébrèrent le 12 janvier 1712, avec une grande pompe, les hon-
neurs funèbres du dauphin. L'église Notre-Dame de Montpellier, où s'ac-
complit cette solennité, avait été transformée par une décoration magnifique.
La porte en était tendue de noir, avec trois litres de velours semées de
fleurs de lis d'or Si de dauphins, & chargées d'écussons accompagnés de
trophées. On avait tendu le rétable jusqu'à la voûte avec des ornements si
bien ménagés que, sans interrompre les deux ordres d'architecture, on en
rendait la disposition plus sensible par la variété des ornements. Une croix de
moire d'argent, sur champ de velours noir semé de fleurs de lis 81 de dau-
phins, & cantonnée des armoiries 8c des chiffres du prince, voilait le tableau
de l'autel. Pareilles tentures de velours noir, avec emblèmes dorés, envelop-
paient les colonnes, les entablements 8t les piédestaux; la frise était couverte
d'hermines. Des urnes accompagnées d'insignes de deuil surmontaient la
corniche & des trophées d'armes drapés d'hermine en formaient le couron-
nement.
La nef tout entière était couverte de tentures noires sur lesquelles se
détachaient des pilastres ioniques, à baguettes d'or, des festons d'hermine,
des trophées d'armes 8c d'étendards, 8c un grand pavillon de velours bleu
abritant l'écu fleurdelisé.
Au bas de l'église régnait une estrade de quatre pieds de haut, fermée
d'un balustre dont les piédestaux portaient des vases antiques enrichis de
feuilles d'acanthe 8c de festons d'or. Au milieu s'élevait un grand mausolée
d'ordre composite, figurant un tombeau de marbre à quatre faces, soutenu
par quatre dauphins de bronze. La Religion, la Justice, la Sagesse êc la
Force posaient tout autour sur des piédestaux, chargés de bas-reliefs repré-
sentant « quatre des événemens les plus remarquables où la France avoit
« triomphé par la valeur 8c la conduite du prince défunt. »
La couronne d'or fermée de dauphins 8c le collier de l'ordre du Saint-
Esprit décoraient le cénotaphe placé au-dessous d'un dais de velours orné
d'armoiries 8c garni de galons Se de franges d'argent. Tout auprès, on avait
représenté deux enfants, qui, « par leur attitude, par leurs larmes, 8< par un
« écusson des armes de la Province auquel ils servoient de supports, mar-
« quoient la douleur des peuples du Languedoc, n
La majesté du cortège des trois ordres qui vint prendre place dans le
chœur 8c dans la nef répondait à ces magnificences. Les prélats étaient en
camail noir 8c rochet uni, les barons en manteau traînant, les députés du
tiers en habit noir. Ceux-ci furent installés dans la nef, tandis que le clergé
8c la noblesse occupaient les chaires du choeur. Le duc de Roquelaure, invité
au nom des États par l'un des syndics généraux, marchait à la tête des com-
missaires du roi, le bonnet carré à la main, le chaperon renversé derrière les
LIV. m. REVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 890
épaules. La queue de son manteau, longue de sept aunes, était portée par
trois gentilshommes.
L'archevêque de Narbonne officia pontificalement & l'évêque d'Alet pro-
nonça l'oraison funèbre. Pendant les jours qui suivirent, douze cents messes
furent célébrées pour le dauphin, dans les diverses églises de Montpellier,
aux frais des États '.
Ces cérémonies qui se renouvelèrent dans les villes de la Province, lorsque
le duc de Bourgogne devenu dauphin &<. sa jeune femme eurent rejoint le
grand dauphin dans la tombe, avaient pour but de rendre sensible aux
populations de la Province l'immense douleur où s'achevait la vieillesse du
grand roi^; mais les mesquineries des querelles locales, des préséances & des
affaires d'argent se mêlèrent souvent à ces tristes fêtes &. en diminuèrent la
dignité. Ainsi la ville de Toulouse fut fort agitée par un conflit des péni-
tents bleus & des capitouls qui se disputèrent l'honneur de porter le drap
mortuaire, 8c par les prétentions du chapitre Saint-Etienne qui voulut s'ap-
proprier la cire fournie par la municipalité^, contrairement aux prescriptions
de l'arrêt du conseil de i683.
Les impositions rentraient fort difficilement. Le 3o janvier 1712, le tréso-
rier de la bourse dénonçait un déficit de un million deux cent vingt mille
livres sur les impositions de l'année précédente, dont huit cent dix mille
livres de taille & quatre cent dix mille livres de capitation. Les dettes les
plus considérables étaient celles des diocèses d'Albi, Narbonne, Saint-Papoul,
Lavaur, Mirepoix, Viviers ■♦. La ville de Toulouse, dont le privilège d'affran-
lyiz
' Procès-Terbal des États. Séance du 16 janvier
171 2.
* Louis XIV écrivait de Marly, le ïo février
1712, aux principales villes du royaume :
CI De par le Roy,
n Très-chers & bien-amés, nous venons de per-
dre en moins de six jours notre petit-fils le dau-
phin & notre petite-fille la dauphine : un coup
si accablant & si imprévu nous cause une afflic-
tion d'autant plus grande que ce prince joignoit à
une piété exemplaire toutes les autres vertus di-
gnes de son rang, & que la princesse sa femme
avoit justement acquis & partageoit avec luy notre
estime & notre tendresse. Comme une perte si irré-
parable est générale pour tout notre peuple, nous
devons joindre nos prières aux siennes pour de-
mandet à Dieu le repos de leurs âmes & la conso-
lation dont nous avons besoin dans notre douleur.
Aussy nous escrivons aux Evoques & Archevêques
de notre royaume de faire faire des prières publi-
ques à cette intention, & vous faisons cette lettre
pour vous mander 8t ordonner de vous trouver en
corps à celles qui seront faites dans l'église princi-
pale de notre ville de & de faire les choses
accoutumées en tel cas, excitant par votre exemple
le zèle & la dévotion de nos sujets, ce que nous
promettant que vous accomplirez, nous ne vous
en fairons la présente plus longue '. »
' Messieurs du chapitre firent naître un inci-
dent concernant la cire que la ville fournit pour
lesdits honneurs funèbres, prétendant que tout ce
qui reste à consommer luy appartient, & après
plusieurs contestations, la commission ayant été
assemblée & trouvé à propos de consulter le con-
seil de robe longue qui jugea la cause de la ville
estre impérissable & la demande du chapitre in-
juste, & qu'au cas il voudroit former quelque ins-
tance, il falloit insister par fins de non procéder
& demander le renvoy devant le Roy & nossei-
gneurs de son conseil pour éviter les suites
d'un procès, s'agissant de peu, concernant le reste
du luminaire, cette affaire est renvoyée à la pru-
dence de Messieurs les Capitouls & Commissaires
pour la terminer à l'amiable par la médiation de
M. le Premier Président'
' En voici le détail. Tailles : Albi, 3ooooo li-
vres; — Narbonne, iiSooo; — Saint-Papoul,
' Archives de Toulouse. Liire des Conseils, XXXVI,
f»2 3o.
» Arcllives de Toulonsc. Liire des Conseils, XXXVI,
f" 24 1-
tjli
896 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
chissement réduisait la capitation à vingt-deux mille livres, n'avait pas encore
acquitté cette faible somme.
Il fut décidé par les États que dans l'Albigeois &. le Vivarais les syndics
diocésains se concerteraient avec les receveurs & les commandants militaires
pour activer la perception, & que, dans les autres parties de la Province, les
svndics généraux iraient étudier sur place les causes de retards aussi préjudi-
ciables à la Province.
Les habitants de Sainte-Marguerite-la-Figuière en Vivarais, se plaignirent
que, depuis la perte de leurs châtaigniers, ils étaient tombés dans la plus
complète misère; ils menacèrent d'abandonner le pays si l'on ne réduisait
pas la quote-part de leurs impositions.
La perte des oliviers, des noyers & des châtaigniers fut signalée dans les
instructions aux députés comme une des causes du ralentissement de la per-
ception que l'on attribuait aussi à la progression constante des impôts. On
se plaignait que la nouvelle invention du dixième achevait d'absorber tout
le revenu des fonds de terre & donnait lieu à de fréquentes émigrations.
Un pilote des vaisseaux du roi, nommé Jacques Fillol, ayant dressé une
carte du golfe de Lyon depuis Marseille jusqu'à la Franqui, les États délibé-
rèrent qu'en reconnaissance du service rendu par ce marin à la navigation
méditerranéenne & au commerce du Languedoc, on lui donnerait mille
livres de gratification & une médaille d'or. Cette pièce, dont le poids était
de cent livres, fut gravée par les soins du syndic général Joubert. Elle por-
tait d'un côté les armes de la Province avec la légende : Comitiorum Occi-
tanIjE donum 1718, 8c au revers une couronne de laurier entourant les mots :
Jacobo Fillol. Quod or« maritime tabulam dederit.
Le pilote fut introduit en pleine séance d'États le i3 décembre lyiS Si
reçut la médaille des mains de l'archevêque de Narbonne qui lui adressa un
petit discours pour l'exhortera continuer le concours de ses talents au service
de la Province '.
,,,3 Les inondations ayant fort endommagé le pont de Cazères & changé en
quelques endroits le cours de la Garonne, on put craindre que le flottage des
bois destinés à la marine royale, & le transport des marbres des Pyrénées
employés dans les travaux de Versailles n'en fussent interrompus. M. de
Bâville chargea le sieur de Servière, ingénieur du roi, de visiter les lieux,
de vérifier les dommages & de préparer le devis des réparations nécessaires
pour assurer la solidité du pont & remettre la rivière dans son lit.
Cet officier revint à Cazères le 4 juillet 17 13 avec les commissaires des
États de Languedoc qui étaient l'évêque de Comminges, le baron de Cas-
telnau d'Estrétefonds, le maire de Rieux & le diocésain de Montauban.
La commission se borna, comme d'habitude, à louer les plans de l'ingé-
nieur royal, tout en faisant quelques retranchements dans l'intérêt de la
55 000; — Mirepoix, 41000; — Lavaur, 90000. ' Procès-verbal des Etats. Séance du i3 décem-
Capitation : Vivarais, 62000 '. bre lyiî.
• Procis-vcrbal des États. Siiance du .*> fanvicr 1712.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 897 '^
boiiiic provinciale. L,a dépense en fut réduite à quatre mille livres, la séné-
cliaussée n'ayant pas fait un plus grand tonds.
Ce fut encore sur l'avis de M. de la Servière que les travaux furent
adjugés, par voie d'enchères publiques, à deux entrepreneurs associés. L'un
d'entre eux avait déjà réuni une quantité considérable de bois 8c d'autres
matériaux préparés à pied d'oeuvre, lorsque, en une nuit, la Garonne, enflée
par une de ces crues soudaines, si fréquentes au voisinage des montagnes,
enleva tout l'approvisionnement.
Néanmoins, les travaux turent poussés avec vigueur; mais l'économie
espérée par les Etats ne se réalisa point. M. de la Servière déclara qu'il
n'avait pu se dispenser de faire quelques additions à son projet primitit, sans
lesquelles toute la dépense déjà taite serait demeurée sans résultat, s'agissant
de rendre la réparation solide Se durable, & de neutraliser pour longtemps la
violence des inondations qui, par la déviation imprimée au cours des eaux,
menaçait de détruire la ville de Cazères elle-même.
Le crédit supplémentaire exigé par ces additions atteignit mille quatre
cent quarante-trois livres '.
Depuis les guerres civiles, la dépense des postes militaires établis dans le
Vivarais, le Vclai, le Gévaudan & les diocèses d'Uzès, d'AIais & de Nimes,
était exclusivement supportée par les nouveaux catholiques. Cette onéreuse
préférence, qui perpétuait le souvenir des anciennes dissensions, disparut
en 1713, sur la proposition des commissaires des États; à partir de ce moment,
les frais s'en trouvèrent rejetés sur l'ensemble de la Province Se compris dans
l'état des dettes 8c affaires payées par le trésorier de la bourse^
Le chemin construit en 1684 de la montagne de Cannes au canal roval,
pour l'exploitation des carrières de marbre rose cmpIo\é dans les bâtiments
de Versailles, n'ayant pas été entretenu, se trouvait impraticable quand,
vingt-neuf ans après, le roi fit de nouveaux appels aux carrières. Des ordres
furent expédiés à M. de Bùville pour faire mettre la route en bon état.
L'archevÊque de Narbonne se hâta d'en demander un devis dont la dépense
fut fixée à deux mille six cents livres 8c votée sans résistance par les États".
La Cour ne se gênait guère pour rejeter sur la Province les dépenses qui
l'embarrassaient.
Le 29 novembre lyiS, M. Voisin, ministre de la guerre, écrivait à l'ar-
chevêque de Narbonne que le roi désirait faire payer par les Etats les appoin-
tements des inspecteurs de milices. L'archevêciue représenta que le pavs
de Languedoc n'avait jamais porté cette charge. Une seconde lettre, du
16 décembre suivant, lui tcrma hi bouche : Sa Majesté avait fait ôter ce fonds
de l'état de ses dépenses, £c s'en reposait sur la Province pour y subvenir.
L'archevêque n'eut qu'à communiquer cette réponse aux États pour enlever
leur adhésion.
■ Procès-verbal des Etats. 19 aéccmbre 1713. ^ Procès-vcrb:,! des États. Séance du 22 tUccm-
' Proccs.-verbaI des Etais. 20 décembre lyiS. bre 171 3.
XIII. S7
898 . ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOCo
11 y avait trois inspecteurs de milices en Languedoc : M. de Préfosse,
M. Durand Eustache, M. Dujnolard. On leur compta douze cents livres à
chacun : ce fut trois mille six cents livres de plus dans le budget provincial.
Mais tout en prenant l'argent du pays, le ministre eut soin de réserver à
M. de Bâville l'ordonnancement des mandats'.
La représentation du pays de Vêlai aux États de Languedoc offrait une
anomalie singulière. Tandis que tous les autres diocèses de la Province,
excepté ceux de Comminges 81 de Montauban dont les capitales étaient
situées en Guienne, avaient deux voix dans l'assemblée, l'une portée par les
deux députés de la ville épiscopale, l'autre par le député de celle des villes
maîtresses qui se trouvait en tour d'y envoyer, le Vêlai n'avait point de
député diocésain. Les États particuliers du pays en portèrent plainte au con-
seil d'État, lui demandant de rectifier une tradition aussi injuste^. Ils firent
valoir que le diocèse du Puy supportant le dix-septième des impositions pro-
vinciales, ne pourrait être équitablement frustré d'un droit que l'on reconnais-
sait aux autres circonscriptions territoriales de Languedoc. L'établissement
de l'évêché d'Alais avait donné l'occasion de constater hautement ce droit,
jHiisqu'on s'était empressé, lors de l'érection, d'assurer au nouveau diocèse le
double suffrage dans les États, Pourtant on ne demandait pas tout à fait pour
le Vêlai l'application de la règle commune. Il n'y existait point, comme dans
les autres diocèses de la Province, de villes tournelles dont le privilège fût
consacré par les siècles. Se l'on ne Jugeait pas opportun d'éveiller un conflit
de prétentions rivales entre les diverses bourgades. C'est au syndic du pays
lui-même, rompu aux affaires 5<. habitué, de père en fils, au mécanisme pro-
vincial, qu'il s'agissait de confier la seconde voix réclamée pour le diocèse du
Puy. Cet agent, destiné par ses fonctions à faire exécuter les décisions de
l'assemblée provinciale, devait trouver, dans son assistance même, un moyen
plus sûr d'appliquer la volonté des États.
Le conseil renvoya l'examen de cette requête aux commissaires du roi &
des États 3.
L'affaire fut portée devant l'assemblée qui émit un avis favorable, &
déclara consentir, sous le bon plaisir du roi, à donner au syndic du Vêlai
toutes les prérogatives des autres députés diocésains, avec le droit d'entrée
périodique au bureau des comptes"^.
La disette de blé fut extrême aux mois de mars & d'avril. Les prix attei-
gnirent un taux excessif^ & la plupart des villes de la Province, craignant la
famine, firent de grands achats pour nourrir leurs habitants. Les populations
rurales souffrirent de cette accumulation de grains dans les centres de com-
merce. Si le blé devint si cher dans les campagnes qu'il fut presque inacces-
sible aux pauvres.
En vue de remédier à cette détresse, l'archevêque de Narbonne fit faire
■ Procès-verbnl des Ktnts. 23 décembre lyiS. ' Anôt du conseil d'Elst, du 4 avril lyiS.
" Et.its particuliers du Vclni. Séance du 7 mars ■* Procès-verbal des Etats. Séance du 28 décem-
1713. lire 1713.
17'-
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES. 899
quelques approvisionnements à Montpellier sur le compte de la Province.
On prit trois mille quintaux de blé chez le munitionnaire d'Agde, à raison
de treize livres le quintal, 81 treize cent quinze setiers au sieur Combes, à
raison de dix livres le setier. Tous ces grains furent confiés à un négociant de
Montpellier, nommé Goudar, qui eut charge de les vendre aux habitants
de la campagne au-dessous du cours. Cette concurrence inattendue eut
pour résultat de faire ouvrir plusieurs greniers & baisser les prix. Le tré-
sorier de la bourse, Bonnier, paya comptant les fournitures du munition-
naire. Le second achat fut soldé par Goudar qui remit au trésor vingt-trois
mille huit cents livres, produit de ces ventes. La Province perdit quinze
mille deux cents livres sur cette opération, soit un peu plus d'un tiers de la
dépense'.
Un édit du mois de janvier 17 14 frappa de taxes pour confirmation de j^,^
noblesse tous les capitouls de Toulouse ou leurs descendants depuis l'an-
née 1600.
Le conseil de ville députa, le 12 février, l'ancien capitoul Balbaria pour
obtenir la décharge de ces taxes. Des instructions secrètes lui furent données
par les commissaires de robe longue. Il devait d'abord faire valoir les privi-
lèges S< les confirmations antérieures, en s'aidant de mémoires rédigés par
maître Caussade. Mais on n'insistait pas sur ce point, dont, mieux que per-
sonne, les avocats de la maison de ville pouvaient apprécier la faiblesse.
On attaquait l'affaire par le côté abordable. « Si monseigneur l'intendant
« ou les ministres ne sont pas touchés de nos titres S<. de nos raisons, il faut
« tâcher de ménager que la ville obtienne la décharge à moins de cent mille
<■ livres & les deux sols pour livre, veu sa pauvreté & l'état de ses affaires,
« St ne pas passer au delà de ladite somme. »
Pour y parvenir, on devait représenter au traitant que l'exécution rigou-
reuse de l'édit ne lui rapporterait guère; il n'atteindrait pas plus de trente
familles, « parce que depuis 1600 toutes les familles des anciens capitouls
« sont presque éteintes ou très-pauvres. Se de celles qui subsistent, il y en a
<i plus des deux tiers d'insolvables, & les autres ne doivent pas leur noblesse'
i< au capitoulat. »
Moyennant cent mille livres au plus, on espérait obtenir du roi un édit
conforme aux précédents, avec cette légère addition que : « suivant les cons-
(■ titutions de la ville, ceux qui avant leur capitoulat ont résidé cinq années
u à Toulouse Se contribué aux charges publiques, sont censés véritables habi-
« tans 8c aptes à remplir les charges de capitouls, quoique non originaires
(i de la ville ^
' Proccs-vcrbal des États. Sénncc du 23 Jécem- di? ri du mois de février coiirnnt pour obtenir la
tre 1713. décharge des taxes décernées contre MM. les an-
' Instructions baillées par Messieurs les corn- ciens capitouls à raison de ia noblesse par édit du
missaires & conseil de rob« longue à M. de Bal- mois de janvier 1714'.
baria, ancien capitoul député de la ville, en
conséquence de la délibération du conseil de ville ' A iclii vos Je Toulouse. Wj.
•7'4
900 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Nous ne suivrons pas les détails de cette négociation qui n'était, pour le
ministre, qu'un moyen de retirer de l'argent, 5c, pour les capitouls, de
faire payer par l'ensemble de la ville les privilèges personnels dont l'oligar-
chie municipale était seule à profiter.
Si le gouvernement royal rabaissait les distinctions honorifiques en se
prêtant à ce trafic 8<. préparait ainsi le juste discrédit dont elles se trouvèrent
atteintes à la fin du siècle & si, d'ailleurs, il manquait à son devoir de pro-
tecteur impartial en laissant grever la caisse municipale de dépenses qui
n'intéressaient en rien le bien de la ville, on doit reconnaître que la bour-
geoisie capitulaire de Toulouse n'avait point le plus beau rùle.
Quoique la ville fût écrasée de dettes & ne pût satisfaire ses créanciers, les
capitouls s'obstinaient à puiser dans son épargne pour perpétuer des pri\i-
léges imaginaires auxquels ils ne croyaient pas eux-mC'mes.
On voit, par une lettre du contrôleur général Desmarets à Bàville ', que le
ministre jugeait très-sainement la question & n'était point dupe du mantge
des capitouls. Il y explique avec beaucoup de clarté que l'affaire est toute
entre les anoblis municipaux Se le trésor royal & que la commune n'a point
à s'en mêler. Mais les nécessités de finances étaient impérieuses, la plupart
des familles de ces anoblis n'avaient guère de fortune, la recherche promet-
tait d'en être longue Jk difficile, &. le résultat fort incertain. Aussi, tout en
reconnaissant l'incorrection & l'injustice du procédé, la Cour passait outre
8c acceptait l'offre collective. Voilà comment s'accumulaient, par l'effet d'une
tolérance longtemps refusée, ces actes de confirmation solennelle qui ont fait
illusion aux naïfs 8c qui n'étaient, en fin de compte, que la conclusion d'un
marché ^.
■ Lettre de M. Desraaretz à M. de Eâville, du
16 juin 1715 :
« Je reponds à la lettre que vous m'aves écrit le
28 janvier dernier au sujet du recouvrement de la
fijiance qui doit être payée par les particuliers qui
ont été capitouls ou leurs descendans pour la con-
firmation de leur noblesse, & je vous envoie un
arrest que le Roy a fait expédier au Conseil pour
leur faire connoître qu'ils ne doivent pas espérer
d'être dispensés du payement de cette confirma-
tion. Je vous prie de donner vos ordres pour l'exé-
cution de cet arrest, & d'accorder au commis qui
est chargé près de vous de la conduite de ce recou-
vrement toute la protection dont il aura besoin.
Quoyque S. M. eiit lieu de croire qu'il luy en re-
viendroit une somme bien considérable par le
grand nombre de sujets que vous m'aves mandé
qui se trouveroient dans le cas de payer, Elle a
pourtant bien voulu réduire l'objet de cette affaire
dans votre département &. le fixer à 36o ooo livres
& les 2 sols pour livre, afin de le rendre d'une
plus facile exécution. Ainsi vous prendres la peine
de régler ce que chacun paiera par rapport à ses
facultés, 8t en observant néanmoins qu'il faut
remplir cette somme. Les raisons expliquées dans
cet arrest font voir que les capitouls ne sont pas
en droit de prétendre cette exemption du paye-
ment de la confirmation, ny que la ville de Tou-
louse en doive faire son affaire propre. C'est im
fait particulier qui ne la regarde point & dont
chacun doit sortir sans son secours. Vous le feres,
s'il vous plait, entendre au corps de ville '. »
' Nous reproduisons ici quelques extraits de la
correspondance de M. de Eâville qui montreront,
mieux que tous les commentaires, comment se né-
gociait cette affaire de la noblesse des Capitouls :
22 août 1714. — Au SYNDIC Bailot : Les Capi-
touls me paroissent assés difficiles sur l'afliiire de
la noblesse. Ils devroient, ce me semble, profiter
de la bonne volonté qu'on a de les tirer de cette
affaire, en fusant quelques propositions raisonna-
bles. Car je crains fort qu'il n'y ait plus de re-
mède quand elle sera devenue forcée.
5 février 1715. — Aux Capitouls : Messieurs
J'ai receu des ordres si pressants & si souvent réité-
rés sur l'affaire de la noblesse, que vous ne dcvts
' Archives de Toulouse. Correspondance des intc.idaiits.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'EDIT DE NANTES.
901
Pendant l'automne de l'année 17 14, les troupeaux de la Camargue furent
décimés par une épizootie qui atteignait surtout les bœufs S<. les vaches & qui
1714
p.TS VOUS flatter que je pviisse plus longtemps ariè-
ter les poursuites du traitant. Je vous en ay écrit
en ces termes par le précédent ordinaire : & votre
plus court est de travailler efficacement à vous sor-
tir de cette affaire
^i février, — Messieurs, j'ay receu avec la lettre
que vous m'avés écrit le 2 de ce mois, Textrait de
la délibération qui y étoit joint, par laquelle il
est porté que le sieur Bnlbaria sera député icy pour
l'afTiire de la noblesse; mais dans l'état où est
cette affaire, celte députation me paroist tout à
fait inutile, parce que je n'aurois autre chose à
dire à votre député, que ce que je vous ay déjà
mandé plusieurs fois sur ce sujet, & tout ce qu'il
y auroit à faire, ce seroit de prendre de ses mains
vos mémoires pour les envoyer à M. Desmarets.
C'est auprès de luy que vous devez prendre vos
mesures, parce qu'il m'a mandé qu'il falloit laisser
exécuter le roUe. Et il ne dépend plus de moy
d'accorder aucun sursis. Vous ne devés pas vous y
attendre, ayant receu des ordres précis de n'en pluj
donner, dont je suis bien fâché.
I 2 février. — Je vous ay déjà mandé que la dé-
pu'ation de M. Balbaria seroit icy fort inutile,
car je n'aurois autre chose à lui dire que ce que je
vous ay marqué, & luy montrer les ordres réitérés
que j'ay receu de M. Desmarets. Cependant si la
ville souhaite que ce député vienne icy, j'y con-
sens : mais cela ne doit pas vous faire espérer au-
cune surséance.
l'i février. — M. Balbaria n'a qu'à partir quand
il voudra. Je luy remettray le procès & je luy par-
leray en même teins de l'aff.iire de la noblesse. Le
courrier allant partir dans ce moment, je ne vous
en iliray pas davantage.
?) mars. — J'attends icy votre député, mais vous
ne devés pas vous attendre à aucun sursis de ma
part sur l'affaire de la noblesse, M. Desmarets
m'ayant absolument défendu d'en donner.
i/i mars. — M. Balbaria m'a rendu la lettre
que vous avés pris la peine de m'écrirej nous
avons conféré ensemble sur les affaires de la ville;
je luy ay fait connoitrc ma bonne volonté 8c mon
zèle pour tout ce qui la regarde, & en même tems
les ordres fâcheux que j'ay receus de ne plus don-
ner de surséance. Je souhaite que cette affaire
puisse me revenir par quelque endroit, je seray
toujours ravy de trouver occasion de faire plaisir
à tous ceux qui y sont intéressés & en général à
la ville.
20 mars, — J'ay dit à M. Balbaria tout ce que
je scay sur l'affaire de la noblesse, sur laquelle
j'ay les mains absolument liées. C'est à luy dans
son voiage à Paris à trouver les moyens de la faire
remettre s'il est possible sur un autre pié. Quant
à moi, je ne puis qu'exécuter les ordres qui me
sont envoyés.
24 mars, — Je n'ay rien à adjouter à ce que je
vous ay mandé concernant l'affaire de la noblesse.
J'ay dit à M. Balbaria ce qu'il y avoit à faire sur
cela, & qu'il étoit Inutile qu'il demeurât icy plus
longtems n'y pouvant rien par moy-méme.
27 mars. — J'ay lu en présence de M. Balbaria
le nouvel arrest du conseil qui ne me donne nul-
lement droit d'envoyer tous vos papiers à M. le
Controlleur général. Il n'est pas question dans
cet arrest de justifier les privilèges de la ville, mais
il est porté seulement qu'il faut examiner les ti-
tres de ceux qui sont taxés, & qui prétendent être
nobles autrement que par le capitoulat. Si j'écri-
voissur un autre pié à M. Desmarests, il me man-
dcioit que je n'ay pas lu n'y entendu l'arrest en
question.
3i mars. — Je n'ay rien à adjouter à ce que je
vous ay mandé sur l'affaire de la noblesse qui est
que, suivant ce qui est porté par l'arrest du con-
seil, il n'est pas question de rapporter les titres
de la noblesse de la ville, mais seulement de justi-
fier la noblesse quand elle est prétendue par d'au-
tres titres que par le capitoulat. Il n'ya qu'à lire
l'arrest pour voir qu'il n'est pas question d'autre
chose.
;8 juin, — Pour répondre à votre lettre du 22
de ce mois, concernant l'affaire de la noblesse, vous
verres q\ic les ordres que j'ay receus sur ce sujet
sont bien différents des espérances que l'on vous
donne. J'ay envoyé à M. Bousquet la copie de la
lettre de M. le Contrôleur gcnéral & de l'arrest
ru'il ne manquera pas de vous communiquer.
J'aurois fort souhaité que cette affaire eust tourne
autrement, mais après y avoir fait tout ce que j'ay
pu pendant trois ans, il faut bien que vous vous
mettiez en état de la finir, puisqu'il m'est impos-
sible de donner aucune surséance. Ceux qui vou-
dront avoir main levée de la saisie qui leur a été
faite, doivent donner une bonne caution de payer
dans un mois la taxe qu'on demande, & ils n'au-
ront qu'à se pourvoir devant moy pour la modé-
ration.
Note autographe : Vous verres mes derniers or-
dres entre les mains de M. Bousquet. Je suis bien
fâché que cette affaire ne se tourne pas autrement.
2 juillet. — La députation que vous voulés faire
icy pour l'affaire de la noblesse est bien inutile.
•C'est de la peine & de l'argent perdu; car je vous
déclare que j'ay fait de la meilleure foy du monde
tout ce que j'ay pu faire. L'avis qui est énoncé
dans l'arrest est donné il y a plus de sept mois;
'7'4
ilOÎ
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
causa des pertes considérables. Dans le courant du mois de septembre, le
fléau passa le bras du Rhône qui séparait sur ce point, la Provence du Lan-
guedoc 8c pénétra dans les basses plaines situées entre le Gard, les étangs 8c
le Vidourle. On signala des ravages à Beaucaire, k Fourques, à Saint-Gilles,
Vauvert, à Aigues-mortes, au Cayla, & même, au delà du Vidourle, dans le
consulat de Massillargues, près de Lunel.
La Province, qui ne s'était pas relevée du grand désastre de 1709 Se qui
succombait, comme le reste du royaume, sous le faix des impositions, fut
alarmée de cette calamité nouvelle qui menaçait de compromettre une de ses
principales richesses agricoles. L'intendant rendit le 28 septembre une ordon-
nance prescrivant un certain nombre de précautions essentielles en vue de
on en a retranché la meilleure partie, qui étoit de
terminer cette affaire par un abonnement, & le
reste n'est que subordonné au cas que le conseil ne
voulût pas entrer dans cet expédient. Depuis ce
tems-là, i'ay écrit plusieurs lettres & j'ay mis tou-
tes les modifications que j'ay pu, en marquant
néanmoins les raisons de finir cette affaire, que
j'ay soutenue pendant trois ans, & qu'il n'est plus
en mon pouvoir de retarder, par les ordres réitérés
que j'ay receus. M. Bousquet vous aura dit toutes
les instructions que j'ay & ce qu'on prétend en
retirer. J'en connois toutes les conséquences. Je les
ay trop souvent représentées pour n'être pas bien
au fait. Ainsy je ne puis que vous plaindre & être
fâché de l'événement auquel je ne puis apporter
aucun remède, à moins que de vous-même vous ne
proposiés à M. le Contrôleur général des expé-
diens que je ne scay point &. que j'ay toujours
attendu.
n ju'iîlct. — Il est inutile de vous répéter ce
que je vous ay déjà mandé pliisieurs fois pour ce
qui regarde l'affaire de la noblesse. Comme je n"ay
rien oublié jusqu'à présent de tout ce que j'ay pu
faire, & que je n'ay pu y parvenir, il est cert.iin
qu'il faut que vous trouviez le moyen de la faire
renvoyer par M. Desmarets.
20 août, — Le grand désir que j'ay de pouvoir
finir l'affaire de la noblesse du capitoulat m'oblige
de vous écrire que je ne désespererois pas de la
finir si vous pouviez me faire connoître les moyens
dont vous prétendez vous servir pour paier la
somme dont on conviendroit , qui sera beaucoup
au delà de celle de looooo livres proposée. Tra-
vaillés H un plan pour les moiens afin que je
puisse juger s'ils sont sûrs, & travaillés ayec dili-
gence. Je ne veux rien proposer qu'on ne puisse
tenir.
28 août. — Il ne faut pas que vous croies que
M. Desmarets m'ait renvoyé l'affaire de la noblesse
pour la décider sur mon sentiment particulier. Ce
n'est pas de quoy il s'agit. Il est vray que M. de
Caumartin me mande que je puis écouter des pro-
positions pour accommoder l'affaire en corps, Si
m'a demandé une somme bien au delà de celle de
100000 livres. C'est donc une affaire à négocier,
non pas à décider. Il faut commencer par voir cil
la ville prendra de quoy payer la somme qu'on de-
mande ou colle qui sera convenue, s'il est possible
de la faire diminuer, ce dont je ne suis point ga-
rant. C'est sur quoy je vous ai écrit & j'attends
votre réponse, ne voulant rien promettre que je
ne sois en état de tenir. Vous savés tout ce que
j'ay fait dans cette affaire, & que je ne me suis
point rebuté. Ainsy il faut profiter de la conjonc-
ture & me faire voir des fonds, sans quoy toutes
mes bonnes intentions seroient inutiles.
3i août. — Je vous tromperois, si je vous man-
dois que vous pouvés vous sortir de l'affaire dï la
noblesse pour looooo livres, vous ne devés pas
vous y attendre , la somme qu'on demande étant
bien différente de celle-là. Cependant j'attendray
la proposition que vous me marqués par votre let-
tre du 28 de ce mois devoir m'envoyer, & je verray
s'il y a lieu de la proposer au ministre; mais ]t
dois vous dire par avance qu'il faut qu'elle scit
bien claire & bien nette.
4 scptcmhrc. — J'ay reçu votre lettre du 3i.
J'attendray vos mémoires touchant l'affaire de la
noblesse, afin d'être en état de faire ma proposi-
tion. C'est à quoy vous ne devés pas perdre un
moment de tems.
10 septcmhre, — J'attendray tant que vous vou-
dras les propositions que vous devez faire concer-
nant la noblesse; mais si vous m'en croies, vous
profiterez de la conjoncture présente. De mon
côté, vous pouvés compter que je feray tout ce qui
dépendra de moy pour en tirer le meilleur parti
qui se pourra.
19 septembre. — Si vous ne faites pas incesram-
ment des propositions pour l'affaire de la no-
blesse, vous coures risque de n'en pas tirer un bon
parti '.
■ Arcliives de Toulouse. Corr^;fondanco des inte:i.1,T,i!:.
LIV. III. rxÉVOCATIÛN DE L'ÉDIT DE NANTES. çoS
conjurer le mal. 11 enjoignait aux consuls de surveiller attentivement l'état
des bestiaux qui existaient dans la juridiction & de donner avis de l'appari-
tion de la maladie, avec ordre d'isoler les bêtes malades & d'en empêcher
absolument la communication. La transmission du germe mortel était d'au-
tant plus à craindre en Languedoc que, chaque année, à cause de la séche-
resse du bas pays, les troupeaux émigraient en masse vers la montagne 8t
allaient y passer l'été. L'expérience apprenait que le voisinage d'une seule
bète pouvait propager la contagion. Aussi le déplacement du bétail fut-il
soumis à des formalités fort rigoureuses. Les bergers devaient se munir, pour
y procéder, de certificats signés par les curés & par les consuls. Malgré ces
précautions, diverses parties de la Province eurent à souffrir de l'épizootie^
mais la gravité du mal ne fut pas comparable à la peste bovine qui devait
affliger le pays vers la fin du siècle '•
Ces dernières années du règne de Louis XIV sont tristes & monotones.
Les traités d'Utrecht, de Rastadt & de Bade avaient rendu la paix à la
France, en sacrifiant certaines des prétentions chères au grand roi. La cause
des Stuarts qu'il avait si longtemps & si vainement soutenue, fut aban-
donnée; l'Angleterre commença l'envahissement des possessions françaises
d'Amérique, en se faisant adjuger l'Acadie Se Terre-Neuve 8<. s'assura deux
points maritimes importants de la Méditerranée par l'acquisition de Gibraltar
& de Minorque.
Philippe V, reconnu roi d'Espagne, mais dépouillé du royaume de Naples,
de la Sardaigne, du Milanais, de Mantoue 8< des Pays-Bas livrés à l'Empire,
dépouillé aussi de ses droits à la couronne de France, perdit la reine Marie-
Louise le 14 février, &, dans le courant de la même année, grâce à l'in-
tervention du cardinal Albcroni, épousa Elisabeth Farnèse, héritière de
Parme, de Plaisance & de Toscane. La nouvelle reine d'Espagne traversa le
Languedoc pour se rendre dans ses Etats. Elle arriva à Toulouse le 18 no-
vembre 1714, 6< en partit le 22. Avec elle se trouvaient la princesse de
Piombino, M. de los Balbases, ambassadeur de la cour de Madrid, 8c M. des
Granges. La ville leur offrit les présents accoutumés. La reine habita l'arche-
vêché, à la porte duquel douze de ses gardes firent sentinelle, pendant tout
son séjour, avec le capitaine & le lieutenant du guet. Elle alla, avec sa suite,
qui remplissait quinze chaises à porteur, visiter l'église Saint-Sernin. Les
capitouls avaient fait disposer des flambeaux de cire blanche dans les caveaux
de l'église abbatiale, où la princesse parcourut les diverses chapelles 8i rendit
ses hommages aux reliquaires des apôtres 8c des martyrs^.
Dès le milieu de l'année I7i3, la Province avait été délivrée de l'occupa-
ti.)ii militaire qui ajoutait à toutes ses charges. Le syndic général Joubert
s'éiant trouvé à Paris au moment où avait lieu la publication de la paix avec
l'Angleterre, la Hollande 8c la Savoie, s'était empressé de mettre l'occasion U
' Recueil des éJits & arrêts Je Languedoc, an- ' Arclilvos de Toulouse. Annales manuscrites.
née I71-4-
1714
'7M
904 rrUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
profit pour solliciter rallégeinent de dépenses ordonnées pour la sûreté du
pays & devenues inutiles grâce à la fin de la guerre. L'archevêque de Nar-
bonnc, le duc de Roquelaure St Bâville écrivirent à la Cour dans le même
sens. Le Languedoc fut dès lors déchargé de l'entretien de vingt-trois com-
pagnies de fusiliers qui étaient à sa solde, du supplément payé à dix autres
compagnies qui étaient à la solde du roi, de la garde des passages du Rhône,
de l'entretien de trois compagnies gardes-côtes &c de la dépense des fourrages
du marquis de I,alande. Les ordres envoyés par le duc de R.oquelaure ayant
été rapidement exécutés, tous ces trais cessèrent dès le mois de juin, ce qui
valut aux finances provinciales une économie de plus de cent onze mille
livres. Le président des Etats, le commandant en chef & l'intendant déclarè-
rent même à la Cour que l'on pouvait éloigner la cavalerie sans danger, les
troupes d'infanterie suffisant à maintenir la tranquillité publique. L'assem-
blée leur vota des remerciements pour cette démarche & sollicita la supprcs-
sioif des frais que la Province était obligée de faire pour l'entretien de quatre
compagnies du régiment de Languedoc '.
Les malheurs du temps avaient fait négliger l'érection de la statue équestre
de Louis XIV votée par les Etats au moment de la révocation de l'édit de
Nantes. Dans la séance du 4 décembre 1714, l'archevêque de Narbonne
rappela que, depuis bien des années, le bronze attendait à Paris, dans un
magasin loué aux frais de la Province, la cérémonie d'inauguration. La
guerre, disait-il, ayant toujours agité le royaume, on n'avait pu répondre à
l'empressement des peuples du Languedoc en faisant conduire chez eux cette
statue, tant à cause de la dépense que des périls de la mer par où l'on était
contraint de la faire voiturer. Mais enfin, le roi ayant forcé ses ennemis à
recevoir une paix que quelques avantages passagers leur avaient fait refuser
contre leurs propres intérêts, il n'existait plus d'obstacle pour empêcher
l'érection de ce monument d'amour dont les peuples se disputaient à l'envi
la possession. L'assemblée décida par acclamation que l'archevêque-président
était humblement supplié de profiter de son voyage à la Cour pour ordonner
le transport de la statue à Montpellier & pour faire travailler à un piédestal
de marbre avec ornements de bronze. En même temps, les États ouvrirent
un concours pour la composition des inscriptions qui devaient décorer ce
piédestal, offrant deux médailles d'or, de cinq cents livres chacune, au
rédacteur du meilleur texte latin & français qu[ serait jugé tel par l'Aca-
démie royale des inscriptions.
L'archevêque de Narbonne avait agité devant les Etats la question de
"avoir laquelle des deux langues devait être adoptée. « ly'usage, disait-il,
'«■' est, dans ces occasions, d'employer une langue morte dont la nôtre s'est
•V enrichie; mais l'honneur de cet empire, la grandeur du roi qui a porté sa
.< gloire si haut, mérite bien qu'à l'exemple des Romains nous employions
t> notre langue naturelle à faire passer à la postérité la mémoire de ses
' Pioccs-verbal ici Et.its de Languedoc. Séance du 21 novembre itiS.
LIV. III. REVOCATION DE L'ÊDIT DE NANTES.
QOJ
1714
« exploits, puisque d'ailleurs cette même langue est devenue presque celle
« Je toutes les nations de la terre'. »
Pendant le printemps de l'année 17 i5, la ville de Toulouse fut agitée de
quelque émotion, au sujet de l'établissement d'un droit sur les farines,
substitué à l'impôt que l'on appelait taille d'industrie & qui frappait surtout
les artisans. Cette conversion avait été demandée au contrôleur général,
mais donnait lieu à beaucoup de contradictions, puisque les conseils de ville
la dénonçaient comme favorisant surtout les ricbes, & que l'intendant la
disait inventée dans l'intérêt du menu peuple. On s'attendait, paraît-il, à
quelque résistance de la part des capitouls, car l'attention que mettait le con-
trôleur général à leur expliquer que l'affaire avait été discutée avec beaucoup
de soin S\ que le roi s'attendait à trouver en eux toutes les dispositions néces-
saires, n'est pas sans témoigner d'une certaine appréhension'.
Quand les commis, chargés de la perception du nouveau droit, voulurent
se faire installer, il y eut une petite émeute de femmes. Bàville se plaignit
(|uc le corps municipal n'eût pas montré dans cette conjoncture la décision &
la franchise désirables. Se manifesta que la volonté absolue du gouvernement
était de faire lever le droit sur les farines, que le duc de Roquelaure avait
donné des ordres pour mettre deux régiments de cavalerie à la disposition du
premier président, & que, si cela ne suttisait point, lui-même était prêt à
marcher sur Toulouse en si bonne compagnie que la ville en pourrait être
incommodée^. Devant des déclarations aussi catégoriques, le mauvais vouloir
■ Proccs-verli.il cl;s Éiais Je Ln^ig.icJo-. Scnnce
du 4 décembre 1714.
' Lettre de M. Drsimrets aux cnpito.ils, con-
cernant le droit sur les fjrines :
t A Versailles, ce 2' mars 1715.
Il Messieurs, les mémoires & pièces qui m'ont
c;t^ remises sur la proposition de convertir en un
droit de subvention sur les farines la taille d'in-
dustrie, ont esté rapportées au conseil dans toute
leur estendue; Sa Majesté, après avoir pezé les
r.iisons alléguées de part Se d'autre, a trouvé à
propos de se déterminer en faveur de cette conver-
sioii, qu'elle a regardée comme une chose avanta-
g:.ise pour le public, sans estre à charge aux par-
ticuliers; je croy pouvoir vous dire que l'affaire a
est; discutée avec beaucoup d'attention; & comme
Sa Majesté ne l'a décidée qu'en grande connois-
sancc de cause. Elle est persuadée que vous appor-
terez de vostre part toutes les dispositions néces-
saires pour l'exécution de l'arrcst qui vient d'estre
expédié & que j'envoye à M. de Basvillc. Je suis,
Messieurs, vostre bien humble & très affectionné
sirvitîur, DESMAr.iïTS'. »
' La lettre de Biville est trop curieuse, comme
' Ar;:liivcs de Toulouse. 7' lit rc des arn'ls, f» Iio.
exemple du ton impérieux des intendants à l'égard
des officiers municipaux, pour que nous n'en re-
produisions pas ici le texte :
« Messieurs, j'ai appris ce qui est arrivé k Tou-
loiize sur l'établissement du droit des farines par
votre lettre du 29 de ce mois, 81 par un courrier
que le fermier m'a envoyé. Je suis fort surpris
q:e vous n'aies pas trouvé le moien de faire taire
une trentaine de femmes assemblées. On ne peut
pas croire que cette émeute soit venue ny des mar-
chands ny des artisans, puisque cette affaire a été
fille pour eux. Ce sont donc des femmes de la lie
du peuple à qui l'on a à faire, suscitées apparem-
ment par de mauvais esprits qui ne veulent & ne
connoissent point le véritable bien de la ville.
Je croy que si vous eussies voulu vous donner
vous même la peine d'installer ces commis, comme
il étoit de l'ordre, le désordre ne seroit pas arrivé.
Votre présence eût imposé à ce menu peuple, ils
auroicnt connu que cet établissement étoit fait
par une autorité légitime. Il m'a paru un peu
extraordinaire que vous souhaities connoître en
première instance de cette affaire, & que vous
n'aies pas voulu en faire l'établissement. Je n'ay
pas été moins surpris que vous n'aies envoyé
qu'un lieutenant & quatre soldats quand vous
vous êtes aperçus de la moindre émotion ; il fal-
~ 906 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des capîtouls ne pouvait durer; aussi, peu de temps après, l'intendant les
félicitait-il de l'empressement & du zèle qu'ils avaient mis à s'acquitter de
leur devoir.
Un des derniers actes du gouvernement de Louis XIV, qui exprime bien
la tristesse 8c le découragement de cette fin de règne, est la déclaration,
donnée à Marly, le 9 juillet 17 15, ordonnant le maintien de la capitation
du dixième, tout en révoquant les traités faits pour finances d'offices, & les
taxes pour réunion d'offices en vertu d'édits antérieurs à l'année 17 13.
Le préambule, empreint d'une dignité mélancolique, offre comme une
sorte de compte-rendu sommaire de l'état des finances. Depuis qu'il a plu à
la divine Providence d'accorder la paix à ses vœux & à ceux de ses peuples,
le roi a été principalement 8< presque uniquement occupé du soin de sou-
lager ses sujets. Son premier acte fut de les décharger de l'ustensile 81 des
autres impositions militaires; il a ensuite supprimé le doublement des péages,
les doubles droits des inspecteurs des boiicheries 8c des inspecteurs des bois-
sons 8c divers autres droits qui lui ont paru les plus onéreux; il s'était
proposé, pour taire goûter à ses peuples les fruits de cette paix si désirée, de
supprimer la capitation, même le dixième, n'en ayant ordonné l'imposition
qu'après avoir fait toutes les avances 8c toutes les démarches qui prouvaient le
plus sensiblement à ses sujets qu'il préférait leur repos à ses propres intérêts;
mais après l'examen des dettes immenses qu'il s'était vu forcé de contracter
pendant deux guerres consécutives, dont la durée a été de vingt-cinq ans,
presque sans interruption, il reconnaissait avec douleur qu'il ne pouvait
encore remplir selon ses souhaits la juste attente de ses peuples ni la pro-
messe exprimée dans la déclaration du 12 mars 1701 contenant le rétablisse-
ment de la capitation, 8c dans celle du 14 octobre 17 10 ]5our la levée du
dixième, sans tomber dans un plus grand mal, puisque, en faisant cesser
lolt y aller vous même & y mener toute la com- voulu que son avantage & luy procurer du bien
pagnie du guet. Elle n'est faite que pour cela, & autant qu'il a été possible; je serois fâché qu'il
c'est ainsy que l'on apaise de pareils mouvemens. fallût prendre une autre conduite. J'ai mandé au
Vous êtes trop habiles & trop bien intentionnés sieur Flottes & ses associés que de concert avec
pour ne pas trouver le moien de mettre à la rai- vous ils retournassent dans leur établissement
son quelques femmes mutinées. Vous aves une aux moulins; je les ay assurés que je les soutien-
compagnie entière. Si vous aves besoin d'une plus drois, Ce qu'il y a à faire, c'est de punir quelques
grande main forte, vous h'aves qu'à prendre des femmes, les laquais & les porteurs de chaise, s'il
milices bourgeoises de Toulouse, composées de est vray qu'il y en ait eu dans cette cohue. Le
marchands & d'artisans, qui marcheront de bon Parlement a fait dans cette occasion, comme il
cœur, puisque c'est pour leur interest. J'ai mandé fait toujours, avec beaucoup de sagesse & de zèle
au prévôt de tenir sa compagnie preste Std'exécu- pour le bien public, & voudra sans doute faire
ter tout ce que vous luy ordonneres. Si tout cela exécuter son arrest. Pour exécuter de ma part
ne suffit pas, M. le duc de Roquelaure envoie à celuy du conseil qui m'a commis pour cette affaire,
M. le premier président les ordres pour faire j'envoie une ordonnance à M. Bousquet. J'espcie
marcher deux régimens de cavalerie à Toulouse que tout se passera de manière que l'on n'entendra
qui sont dans le haut Languedoc & le prie de plus parler des suites de cette petite émeute qui
s'en servir suivant sa prudence. Si ce n'est pas demande néanmoins toute votre attention & vos
assés, je suis prest à y marcher moy même, mais soins. — A Montpellier, ce 3i may lyiû'.»
en si bonne compagnie, que je crains que la ville
de Toulouze n'en soit incommodée. Je n'ay jamais ■ Archives de Toulouse. CorrcsponJance des intendants.
LÎV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 907
ces deux impositions, on ne pouvait éviter de manquer en même temps à
tous les engagements pris envers ceux qui ont fourni leurs biens pour les
dépenses de la guerre. On devait juger aisément à quel point la stérilité
des années 1709 & 1710 8< les tristes événements de la guerre avaient dû
jiorter ces engagements, si l'on considérait qu'il avait fallu pourvoir à la
solde des troupes, à l'établissement des magasins pour la subsistance des
armées, 8t à toutes les autres dépenses indispensables, trois fois plus fortes
dans ces temps malheureux que dans les années communes & ordinaires.
Personne ne pouvait ignorer que, pour ménager ses peuples dans ces péni-
bles conjonctures, le roi avait aliéné ses domaines, créé un grand nombre
d'offices & constitué des rentes sur les revenus les plus clairs de sa couronne :
ces revenus se trouvaient enfin tellement chargés que la partie restée libre
ne pouvait suffire qu'au tiers des dépenses les plus nécessaires de l'Etat, 8t
comme il jugeait également de son intérêt Se de celui de ses peuples de
rétablir les revenus ordinaires de la couronne & de pourvoir au payement des
dettes, après avoir cherché les moyens d'y parvenir, il avait cru ne pouvoir
trouver de ressource plus assurée que dans le cœur de ses sujets, persuadé
qu'ils ne se porteraient pas avec moins de zèle à fournir les impositions
nécessaires pour le rétablissement des finances pendant la paix, qu'ils ne
l'avaient fait pendant la guerre pour en soutenir les charges. De sa part, le
roi se proposait de réduire les dépenses & d'employer ce qui proviendrait de
la capitation Se du dixième, à payer les dettes contractées pour la guerre, Se à
rembourser les officiers devenus à charge à ses sujets par les privilèges Se les
exemptions qui leur avaient été attribués, afin de parvenir à vine juste pro-
portion de la recette à la dépense. Se de pouvoir ensuite soulager ses peuples
autant que son affection pour eux Se la satisfaction du zèle par eux témoigné
pour son service pendant toute la guerre, le lui faisaient désirer. En ordon-
nant la levée de la capitation Se du dixième, le vieux souverain ajoutait que
son intention "était de faire cesser ces deux impôts aussitôt qu'il aurait pu
pourvoir au payement des dettes de la guerre Se au dégagement des revenus
aliénés depuis l'année 1689, Se qu'il n'avait rien plus à cœur que de trouver
le moyen de les éteindre Se d'en décharger entièrement ses peuples '.
Nous ne connaissons pas de témoignage plus éloquent sur la détresse glo-
rieuse du règile de Louis XIV, que cette espèce de confession testamentaire,
arrachée au monarque, après un règne si long Se rempli de tant d'événements
mémorables. Ce dernier aveu, ce désir stérile de réduire les dépenses quand
il ne reste plus rien à dépenser, est comme une amende honorable du gou-
vernement absolu, à l'article de la mort.
Le 26 août 1710, Jean de Balbaria, député de la ville de Toulouse h. la
Cour de France, qui était à Paris depuis le mois de mai, poursuivant diverses
instances auprès des ministres, écrivit aux capitouls : « Je crains que l'extré-
« mité où est la santé du roi, dont on n'espère rien, éloignera toutes nos
' ArchWei de Toulouse. Recueil d'imprimés, IV, p. ^^p.
lyiS
171a
908 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« affaires. On a ordonné des prières pour aujourd'lniy seulement. J'ai assisté
«i à un salut. Je gémis de son état; prions pour lui... »
Six jours après, le 1" septembre, à huit heures du matin, les portes de la
chambre & de l'antichambre du roi s'ouvrirent à deux battants, Se. la nouvelle
fut donnée au monde que Louis XIV avait cessé de régner. Le député de
Toulouse recueillit minutieusement toutes les circonstances grandes & petites
qui accompagnèrent ce mémorable événement, pour en transmettre le détail
aux membres du corps de ville. Il leur raconta comment le jeune roi
Louis XV, souffrant d'un dérangement d'entrailles, causé par deux grosses
dents qui venaient de percer, avait été conduit à Marly; comment le clergé
prit les devants pour aller l'y complimenter, le lendemain de la mort de son
bisaïeul, 8<. le Parlement le surlendemain; comment le prince trépassé devait
demeurer encore quelques jours à Versailles, gardé & servi comme s'il cTit
été vivant, selon les prescriptions du cérémonial.
Il vit le duc d'Orléans se rendre au Parlement de Paris pour y demander
l'enregistrement de sa régence & se faire reconnaître. « Le duc, dit-il, est
« allé au palais, entrant par la porte de la conférence, le long du quai du
« Louvre, jusques au pont, du pont à la place Dauphine, où les gardes
« françoises & suisses l'attendoient ; elles occupoient la rue qui traverse au
« quai des Orfèvres & la cour de la Sainte-Chapelle. Les cent suisses Se douze
« de ses gardes, car il étoit précédé par douze autres à cheval, avec ses pages,
(( étoient au pied de ce perron jusques à la chapelle où il a entendu la
<( messe, après laquelle il a traversé les galeries, la salle du palais. Se a été
« reçu à la grand'chambrc. Personne n'a paru si gracieux, répondant en
« passant à tous les souhaits que les officiers & les gentilshommes qualifiés
<( qui se sont rangés sur son passage lui faisoient. M. le duc du Maine Si
<( M. le comte de Toulouse étoient très-affligés avec raison ; ils trouvent des
« traverses sur tous les droits que M. le duc du Maine croyoit les plus
i' incontestables. »
Pjalbaria décrivait ensuite l'ordre des préséances dans le carrosse du rép-ent:
Monsieur d'Orléans, au fond, avec son fils le duc de Chartres & M. le
prince, petit-fils du grand Condé; vis-à-vis, le prince de Charolais, le
prince de Conti & le duc du Maine; à la première portière le comte de Tou-
louse, à la seconde le capitaine des gardes du régent. Quand le carrosse a
paru, la garde a battu aux champs comme pour le roi. Monsieur d'Orléans
est entré à neuf heures & demie, sorti à une heure. Le duc du Maine & le
comte de Toulouse l'ont quitté; le reste de la troupe l'a accompagné au
Palais-Royal où il a donné à dîner; il a fait jeter de l'or 8c de l'argent, en
sortant du palais, au bout du pont, dans la rue Saint-Honoré & au-devant
du Palais-Royal. Après dîner, il est retourné au palais pour régler tout, Se
principalement les contestations avec le duc du Maine.
La querelle du régent & des princes légitimés, aussitôt qu'elle fut connue,
mit en grand émoi tout le monde politique du Languedoc 8t cette foule de
clients qui recouraient au gouverneur comme au dispensateur des grâces.
LIV. III. RÉVOCATION DE L'ÉDIT DE NANTES. 909
L'autorité de ce protecteur qui ne visitait jamais la Province, mais qui en
recevait tous les courtisans clans son cabinet, eût i^ris en ettet un accroisse-
ment considérable, si, comme l'avait prescrit le testament de Louis XIV,
la garde du jeune roi, & le commandement des forces militaires, distincts de
la régence, avaient été confiés au fils de Madame de Montespan, assisté
du maréchal de Villeroi. Mais dès le 2 septembre, les bruits de la Cour
annonçaient qu'il ne serait guère tenu compte de ces dispositions. Balbaria,
qui s'en fait l'écho, donne sur l'état de l'opinion des informations intéres-
santes.
On sait déjà que Monsieur d'Orléans prétend donner l'ordre pour la garde
du roi, ce qui n'est point contesté. St. l'emplacement de cette garde, comme
conséquence. Monsieur du Maine avoue que le régent doit ordonner la garde,
en fixer le nombre & donner le mot du guet, mais que lui-même étant chargé
de la garde Se de la personne du roi, doit placer 8<. disposer les postes aux
endroits qu'il jugera convenable pour la plus grande sûreté du royal enfant,
suivant la mission qui lui en a été confiée 8c recommandée.
De son côté. Monsieur le prince proteste énergiquement contre l'attribu-
tion de la tutelle & garde noble au duc du Maine. Le roi défunt n'a pu
disposer de cette charge au préjudice du vrai titulaire. Les lois qui permet-
tent aux ascendants de donner des tuteurs à leurs descendants pupilles, sont
bonnes pour les particuliers & pour les sujets, S< non pour les princes, dont
les droits sont réglés par les rangs. Les eniants légitimés ne peuvent enlever
les droits dus aux membres de la famille. On ajoute « plusieurs autres raisons
« désagréables » par lesquelles on prétend prouver que le duc du Maine « ne
« peut pas absolument penser à cette place. )>
Les ducs ne se sont pas trouvés à la réception du régent, parce qu'ils
repoussent la validité des déclarations données par Louis XIV en taveur de
ses enfants naturels. Déclarer des bâtards habiles à succéder à la couronne Se
leur donner rang après les princes, est un eftet d'autorité & de puissance £<
non de justice Se de raison. Les ducs ont protesté contre cet acte au moment
où il s'est accompli, S<. ne l'eusscnt-ils pas fait, leur droit n'en serait pas
diminué. Un an s'est à peine écoulé depuis que le roi défunt leur a fait cette
violence Se comprimé leur opposition par la crainte. Il faut examiner si la
chose est possible en soi Se ne la pas juger légale parce qu'elle a été faite.
<i Par complaisance, on a dit que le législateur étoit au-dessus de la loi, mais
« en même temps, pour faire sentir qu'il y avoit complaisance Se pour donner
« une plus grande idée de la souveraineté, on a ajouté que les princes dévoient
« agir Se vivre selon les lois. Les lois réprouvent ce que le roi a fait. Se par
« conséquent on ne doit avoir aucun égard à des édits ou déclarations que la
« volonté Se la prévention, 8e non la justice, ont donnés. »
Vn comnuini(|uant à ses collègues ces rumeurs de la Cour Se du palais, le
prudent député n'enviait pas le sort des parlementaires parisiens chargés de
résoudre le problème. « Voilà, Messieurs, disait-il, des questions qui embar-
« rasseront messieurs les juges. Je suis assuré que plusieurs seroient bien
171 j
17I.J
>;îO ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
n aises d'être officiers ailleurs 5c de ne pas se trouver en de pareilles situa-
« tiens ' . I)
La lettre officielle de communication de la mort du roi aux grands corps
& aux villes capitales des provinces, datée de Versailles le 4 septembre, repro-
duisit, à peu près dans les mêmes termes, celle qui avait été écrite sur la
mort de Louis XIIL On y avait intercalé seulement cette phrase, afin de
rappeler la majesté des derniers moments du roi : « Il a fini sa vie avec la
« piété Se la fermeté qu'on devait attendre d'un aussi grand prince*. » On
n'avait pas eu à modifier le passage relatit à l'âge du nouveau roi, car Louis XV
commençait de régner à cinq ans.
Trois jours après, Balbaria faisait savoir à Toulouse que les deux grosses
dents du royal enfant, continuant de l'inquiéter^ avaient donné lieu de
contremander le premier lit de justice, quoique toutes les dispositions eussent
été prises, les gardes françaises & suisses rangées depuis la porte de la Confé-
rence jusques au palais, 8c les compagnies des mousquetaires, gendarmes,
chevau légers, gardes du roi 3, Si la garde de la ville à pied Se à cheval,
échelonnées entre Paris Se Versailles. On ignorait encore quel jour verrait
porter le corps de Louis XIV à Saint-Denis, mais le bruit courait qu'on né
devait pas observer exactement le cérémonial 8c que l'on anticiperait. L'opi-
nion publique se montrait favorable au duc d'Orléans : « Monsieur le régent
u travaille sans relâche à soulager le peuple; on se flatte qu'il ménagera des
« fonds pour révoquer l'édit de la capitation. Il a commencé une réforme
0 dans la maison du roi qu'il veut mettre sur le pied de la minorité de
« Louis XIV. Dieu le conserve '^. »
Le député ne manqua point d'assister, le 9 septembre, jour même où le
testament de Louis XIV avait été cassé par le Parlement de Paris, à la pompe
funèbre du grand roi. On lui dit que cette cérémonie était loin d'avoir la
magnificence des funérailles de Louis XIII. Il contempla le long cortège qui
' Xrchiyes as Toulouse. Correspoitilance des ilclé- pour sortir par la porte Sairit- Antoine • cette
/ruh en Cour, p. ïSy. Lettre du z septembre lyiô. marche fut sans beaucoup de pompe; il n'avoit
•Archives deToulouse. /./VrerfeiCo/Mci/j, XXXVI, pas plus de cent cinquante gardes avec lui- en
P- '3o. sortant, on ne tira pas le canon, de la Bastille;
' Balbaria revient sur ce contre-ordre dans un il passa incognito iSc arriva à Vincennes près de
récit annexé à sa lettre du 14 septembre : sept heures '. »
H Le mardi, le Roy devoit venir au Parlement, •' Archives de Toulouse. Corrcsponilance des iéU-
tout étoit mandé : les gardes françoises & suisses j<ués en Cour, p. 272. Lettre du 7 septembre lyiô.
occupoient depuis la porte de la Conférence jus- — Dans cette même lettre, le députe de Toulouse
ques au palais, & les cours du même. Toute la écrit ; « Je pense, & mes amis, à me procurer
maison du Roy étoit à Versailles pour conduire protection auprès de M. d'Orléans auquel la ville
le Roy. M. de Gesvre, gouverneur de Paris, avec trouvera à propos d'écrire. Si je puis lui être prè-
le prcvost des marchands, les échevins, les officiers sente, je n'oublierai pas ce que firent vos prédé--
de ville & leur garde à pied & à cheval étoient cesseurs l'année dernière, qui curent l'honneur de
au-devant pour le recevoir à la porte ; le Roy eut lui écrire pour lui demander sa protection, comme
un dévoiement, & on donna un contre ordre & en pressentiment de sa future élévation, malgré
la cérémonie fut renvoyée au samedi. Le samedi, toute la poUtique du siècle qui l'improuvoiî &
autre incommodité qui remit le départ du Roy qui le faisoit trouver mauvais. «
pour Vincennes au lundi; il partit i une heure . ,.
a,,',' .u iLi .„• ' Arcluves de Toulouse. Corrcsvondancs Jcs délégués
81 airiva a quatre heures sur le boulevart de Pans en Cour, p. :;S!.
LIV. III. REVOCATION DE LEDIT DE NANTES. 911
partit de Versailles, à sept heures du soir, pour conduire le corps aux caveaux
de Saint-Denis : tous les officiers des sept offices de chez le roi 8<. leurs aides
ou valets; les grands officiers, les compagnies de mousquetaires, les chevau-
légers, avec les carrosses de Madame, de M. le duc d'Orléans, de Madame
de Conti, de M. le duc du Maine, de M. le comte de Toulouse, les gardes
du roi, les pages de la grande & de la petite écurie avec les écuyers à la tête,
les hérauts d'armes à cheval, les cent suisses à pied vêtus de noir, les valets
de pied autour du char traîné par huit chevaux, caparaçonnés depuis la tête
jusqu'à terre de velours noir avec une bande de moire d'argent; les quatre
grands aumôniers & le grand écuyer à cheval en manteau long; le carrosse
de M. le prince St du cardinal de Soubise, celui du père Le Tellier, assisté
de deux feuillants, les gardes fermant la marche Se portant tous des flambeaux
de cire blanche.
Lorsque le convoi, passant par Saint-Cloud & le bois de Boulogne, parut
dans la plaine des Sablons, Balbaria fut frappé du caractère étrange de cette
cérémonie. Un peuple infini était accouru de Paris pour assister au spectacle.
On y comptait trente mille carrosses de curieux, sans compter les piétons.
Par cette belle nuit d'automne, éclairée d'une lune brillante, la pompe
funèbre était, dit le député, « un objet lugubre qui inspiroit peu de tris-
tesse. » On apercevait dans la plaine plus de cinq cents danses en rond, d'où
s'élevaient des chansons de joie. Les mousquetaires 5t les gardes chantaient
aussi. Le contraste entre l'appareil de deuil, les fictions de l'étiquette qui
devaient faire encore servir le roi défunt par ses officiers, pendant trente
jours, comme s'il eût été encore en vie, & ces irrévérences grossières de la
foule & de l'armée, oftrait aux observateurs intelligents une ample matière à
réflexions'. Singulier épilogue pour un règne qui avait outfé la majesté du
pouvoir souverain, divinisé la personne du roi Se recommandé ses faiblesses
' Voici dans quels termes concis & enveloppés l'attention que vous y donnerez nous sera très
la cassation du testament de Louis XIV fut an- agréable; 8c que nous nous en souviendrons dans
noncée aux capitales des provinces : les occasions. Ecrit à Vincennes le xii" septem-
c( Très chers & bien amés, nous vous avons fait bre 1715. Louis, w
part de la mort du Roy notre très honoré seigneur Le duc du Maine, en sa qualité de gouverneur
& bisayeul ; le lendemain, tous les princes de du Languedoc, avait accompagné cette missive de
notre sang & les Ducs & Pairs de notre royaume la lettre d'attache suivante, dont la sécheresse
ont été en notre cour de Parlement où l'ouverture affectée ne laisse pas que d'être expressive :
de son testament a été faite. Nous nous y sommes « Messieurs les Capitoiils de la ville de Tou-
rendu en personne aujourd'huy & nous avons louse, cette lettre n'est que pour accompagner
déclaré notre très cher & très amé oncle le duc celle du Roy que vous trouverez cy jointe, par
d'Orléans régent de notre royaume. Nos peuples laquelle Sa Majesté vous donne part qu'elle a
doivent attendre toute sorte de bonheur & de déclaré M. le duc d'Orléans régent du royaume.
tranquilité sous la régence d'un prince qui joint Comme vous y verrez do quelle façon vous devez
à toutes les grandes qualités celles qui sont néces- vous comporter en cette occasion, je suis persuadé
saires pour soutenir le poids des affaires, & dont que vous vous y conformerez avec votre zèle ordi-
Dieu bénira sans doute les soins; & comme nous nairc. Je suis, Messieurs, votre meilleur amy.
nous promettons de votre fidélité & de votre affec- „ Louis Auguste de Bolklo.n '. »
tion au bien de cet Etat que vous serez toujours
soigneux de contenir nos peuples dans l'obéis- , , u- j t- 1 ,■ j ^ ., ,.,.,....,
° . , .Archives de Toulouse. lure des Conseils. XXXVII,
s.incc qu'ils nous doivent, nous vous assurons que p. i;t;i.
171J
lyi J
912 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
mêmes au respect des peuples. Celui que l'Eglise avait célébré comme un
nouveau Constantin ou comme un autre Cliarlemagne n'obtenait pas même
pour sa dépouille, nous ne disons pas les regrets, mais le silence décent qui
honore les plus modestes funérailles, Se le prince qui, un an auparavant,
ordonnait à la France d'accepter ses enfants naturels pour maîtres, si les
héritiers légitimes faisaient défaut, arrivait à Saint-Denis au bruit des rondes
6<. des chansons de soldats. Ce fut dans la solitude £< au milieu de l'indiffé-
rence générale que le corps de Louis XIV attendit, suivant les ancienr.cs
prescriptions du rituel de la Cour, l'heure où devait se refermer sur lui la
pierre du caveau royal. Tout préoccupé qu'il était, comme la masse des solli-
citeurs, de chercher accès auprès des puissances, le député de Toulouse ne
laissa pas que d'être impressionné par cet abandon. Il écrivait aux gens de sa
Province : « Peu vont voir ce giand roi, qui auroit autrefois excité la curio-
« site de tout Paris'. »
' AtlIiiy^i i, Xojluiii;. Coiiiifoii.laïuc Ja dc'.Cj^uci en Cour, p. jSrt.
?^^^^^?^^^^f^^^^?^^^^^m^m
LIVRE QUATRIEME
LA REGENCE ET LOUIS XY
CHAPITRE PREMIER
Philippe d'OiIé.ins, ragent dii royaume. — "Espérances des protestants & des jansénistes. — Retraite
de Gàville. — Loi.is de ttii-.nge, intendant de Languedoc. — Conspiration de Cellamare. — Guerre
d'Espagne. — Conséquences du système de Law dans la Province. — Peste de Marseille. — Échanges
du comte de Belle-Isle. — Epidémie en Gévaudan, — Cordon sanitaire, — Majorité du roi.
NOUS avons eu déjà l'occasion de signaler, au cours de cette histoire,
les transformations profondes qui s'opéraient dans l'État 6c la con-
tradiction de plus en plus sensible qui se produisait entre les lois 8c
les mœurs. Ces phénomènes devinrent autrement graves lorsque L-ouis XIV
eut disparu. Le prestige qui demeurait attaché à la personne du grand roi,
malgré ses fautes 8c ses malheurs, &c qui défendait encore son œuvre, ne lui
survécut pas d'un jour, 8c, lorsque la régence commença, la réaction ordi-
naire, que l'on avait observée à la fin de tous les règnes, fut aggravée à la
fois par l'épuisement de la France, par la fatigue d'une période d'efforts
continus 8c par la déconsidération du pouvoir souverain. La fiction monar-
chique faisait monter Louis XV sur le trône, à peu près à l'âge où son
bisaïeul s'y était assis; tout en réclamant le respect des peuples pour l'auto-
rité idéale dont cet enfant se trouvait investi, les chefs du gouvernement ne
craignaient pas de porter atteinte au culte de la royauté, en annulant le tes-
tament de Louis XIV 8c en supprimant le conseil de régence qu'il avait
institué.
XIII. 58
1713
~^ — 914 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Philippe de Bourbon, duc d'Orléans, régent du royaume, dont on vantait
l'esprit éclairé, l'humeur libérale S<. les intentions généreuses, & que l'on se
plaisait à considérer comme un redresseur de torts, destiné à réparer les excès
d'une administration despotique, débutait donc par un acte d'usurpation 5 il
écartait les conseillers importuns que le vieux roi lui avait imposés & se faisait
attribuer le pouvoir absolu, grâce à la docilité du Parlement de Paris, en
protestant, il est vrai, du dessein de soulager les peuples, de rétablir le bon
ordre dans les finances, de retrancher les dépenses superflues, d'entretenir la
paix au dedans Se au dehors du royaume, de rétablir l'union & la tranquillité
de l'Église, de travailler enfin, avec une entière application, à tout ce qui
peut rendre un Etat heureux'.
L'esprit se reporte naturellement, par l'effet de certaines analogies, de la
régence du duc d'Orléans à celle d'Anne d'Autriche. Sous la monarchie
absolue, toutes les minorités ont des points communs. Le titulaire de l'auto-
rité royale étant incapable d'en exercer la puissance, prête son nom aux per-
sonnages importants qui dirigent les affaires, les courtisans surveillent les
premiers symptômes du caractère de leur futur maître, afin d'en tirer parti
pour leur avancement personnel, les privilégiés cherchent à obtenir, par sur-
prise, des confirmations de leurs avantages, enfin les intrigues de palais ont
une influence prépondérante sur la politique. Aucun de ces traits ne fit
défaut à la régence de Philippe d'Orléans; mais, en comparant, au point de
vue particulier de la province de Languedoc, la minorité de Louis XV à celle
de Louis XIV, on est frappé d'un certain nombre de dissemblances capitales
qui méritent quelque examen.
L'un des premiers points à considérer est le calme, &, si l'on peut ainsi
parler, l'innocuité des parlements. Certes, la restitution momentanée de droits
politiques 6<. constitutionnels faite par le régent au Parlement de Paris, dans
la seule vue d'obtenir l'autorité sans contrôle, en vertu des droits de sa nais-
sance, fournissait une belle occasion à ces compagnies prétendues souveraines
pour déserter leurs devoirs judiciaires Se renouer leurs traditions factieuses
d'empiétements Se de turbulences. Pourtant il n'en fut rien. Les grandes
réformes accomplies par Louis XIV dans l'administration de la justice avaient
porté leur fruit. Ces oligarchies inquiètes qui jetaient tant de trouble dans
les provinces, qui couvraient d'un masque de droit Se de dignité les entreprises
les plus condamnables, que l'on avait vues, en Languedoc, organiser l'insur-
rection, confondre tous les pouvoirs Se compromettre le nom du roi dans
l'intérêt de leur vanité ou de leur fortune, se trouvaient fort heureusement
contenues dans les limites de leurs fonctions; seuls, les curieux de souvenirs
parlementaires pouvaient songer encore, en 17 15, qu'à d'autres époques la
cour de Toulouse s'était ingérée dans les questions gouvernementales, avait
réglé à sa guise la succession à la couronne, frappé des impôts Se levé des
' Discours prononcé par le duc d'Orléans au S. A. R. Monseigneur le duc d'Orléans durant la
Parlement de Paris. Mi'moires de la régence Je minorité de Louis XF.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 91 5
troupes. L'unique pensée de renouveler de telles aventures aurait semblé
ridicule au Parlement comme aux peuples, habitués, depuis le ministère de
Colbert, à un régime rigoureux, mais exact 8< ordonné.
Cet abaissement des parlements, ou, pour mieux parler, cette juste réduc-
tion des compagnies de justice à leur office originel était donc un progrès
incontestable Se un élément précieux pour le repos de la France. On en trou-
vait un autre, non moins essentiel, dans le développement de l'institution
des intendants. Ce n'est pas en Languedoc, & après avoir exposé, dans leurs
détails, les rigueurs impitoyables de l'administration de Bâville, que l'on peut
s'exagérer l'excellence de l'institution. Les intendants furent, sans contredit,
des instruments de despotisme souvent dangereux, 8c, quand leur autorité eut
le malheur de s'exercer au service d'une politique religieuse déplorable ou
d'un esprit de fiscalité sans scrupules, elle fit beaucoup de jnal & se recom-
manda aux rancunes populaires; mais ces violences, qui provenaient de la
Cour, du ministère, du cabinet du roi & non pas de l'intendance en elle-
même, ne doivent pas rendre injuste pour la création de Richelieu, ni faire
oublier les grands résultats qu'elle a eus pour le pays. Ce sont les intendants
qui ont introduit dans l'administration des provinces ces principes d'ordre,
d'économie, d'équité, que l'on désigne sous le nom d'esprit moderne. Il ne
faut pas voir uniquement leurs mains dans leurs ordonnances d'arrestation
ou dans leurs sentences prévôtales, tristes conséquences des erreurs de la Cour,
mais dans ces milliers de décisions relatives aux travaux publics, aux intérêts
locaux, à la gestion des biens des communes, aux dettes municipales, provin-
ciales ou diocésaines. Dans ce vaste maniement d'affaires dont le détail n'offre
pas d'éclat & ne prête guère aux narrations passionnées, dans ces rapports
substantiels, dans ces avis motivés qui touchaient à tous les points du droit
administratif, cherchant autant que possible la solution vraie, ils préparaient,
sans en avoir peut-être conscience, avec les membres éclairés du conseil
d'État, cet ensemble de maximes indiscutables & de principes rationnels que
la Révolution française devait codifier.
Bien des gens se bercent encore d'illusions sur la valeur positive & pra-
tique de ces franchises provinciales ou municipales dont le règne de
Louis XIV avait détruit, non pas les réalités fécondes, mais les stériles
émotions. En ce qui touche particulièrement les Etats de Languedoc, dont
nos lecteurs connaissent le vice d'origine 8c la constitution défectueuse, c'est
de ce que l'on appelle leur asservissement que date leur utilité. Peut-on,
avec quelque apparence de sérieux, considérer comme l'âge d'or de ces assem-
blées, nullement représentatives, l'époque où elles gaspillaient à leur gré les
finances provinciales, mettaient sur pied des gens de guerre, entretenaient la
discorde civile 8c servaient les passions de quelques hommes d'Église ou de
quelques grands seigneurs? Les États de Languedoc n'ont commencé à rendre
les services qui ont établi leur célébrité qu'à l'époque où, ayant perdu toute
espèce d'action Se de prétention politiques, ils ont été utilisés par les inten-
dants comme un organisme intérieur d'administration. Ils laissaient infini-
1715
J7'o
916 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ment à désirer au point de vue de leur recrutement; mais, comme aucune
espèce de représentation élective n'existait, ils avaient au moins l'avantage
de se trouver en rapports fréquents avec les diverses parties du pays, &. les
questions y étant débattues dans des commissions où se rencontraient des
hommes d'éducation 6c de bon sens, les affaires s'y instruisaient mieux & la
solution avait plus de chances d'y être judicieusement préparée que dans les
bureaux de commis du ministère. Ce qui compromettait les États Se ce qui
les faisait mal juger, c'est la comédie un peu puérile du don gratuit. Comme
on savait d'avance qu'ils donneraient tout ce qu'on leur demandait 8t que
d'ailleurs ils n'avaient pas qualité pour le refuser, le pays tournait en déri-
sion ces formalités oiseuses qui ne garantissaient rien, & cette docilité obliga-
toire en matière d'impôts jetait un discrédit immérité sur la gestion des
États. Mais c'est une chimère de croire qu'ils eussent dégénéré. Le rêve des
anciennes assemblées représentatives de la monarchie française, dont les États
Et aussi les parlements se disaient quelquefois les successeurs, ne supporte
pas l'épreuve de la critique. C'est une de ces imaginations rétrospectives par
où se traduit le mécontentement de ce qui est & comme une recherche natu-
relle de précédents pour un progrès désiré.
Enfin, une troisième dissemblance non moins notable entre les deux
périodes dont nous indiquons le parallèle, c'est la transformation des mœurs
militaires. Sans doute, les malheurs de la fin du règne, la fréquence des
levées, la pénurie d'officiers avaient quelque peu altéré la belle ordonnance
des troupes établie par Louvois; mais il n'en existait pas moins une diffé-
rence capitale entre les régiments de 1710 & les bandes pillardes de 1643.
Les chances d'une guerre féodale comme celles qui avaient désolé le pays
pendant des siècles & qui jetèrent leurs derniers feux à la faveur des trou-
bles de la Fronde n'existaient plus. De ce côté encore, sauf réserves inévita-
bles pour certains détails, la civilisation avait tait un pas, l'armée homogène
& nationale se préparait.
En résumé, une tendance aux principes rationnels se marquait chez les
dépositaires de l'autorité publique & se traduisait en actes toutes les fois que
leurs intérêts de courtisans ne se trouvaient pas en jeu. Cette aspiration vers
l'unité a été condamnée par quelques historiens, faute de réfléchir qu'elle
équivalait à une aspiration vers la justice. Il est facile de gémir ou de
déclamer sur la violation des privilèges de villes 8t de provinces; mais le
refus de contribuer aux charges communes, sauf à grever d'autant des voi-
sins moins favorisés, l'exemption du service militaire, ou du logement des
troupes, arrachée par quelques puissantes communes au détriment de celles
qui l'étaient moins, l'anoblissement pour prix de services insignifiants ou
tout à fait nuls, Si, en un mot, tous les avantages particuliers attribués à
certains groupes de population, par suite de circonstances historiques excep-
tionnelles, pouvaient-ils être sérieusement défendus?
Ainsi un mouvement d'ensemble se produisait, dans l'application, vers le
progrès politique; mais tout péchait par le sommet. Il y avait quelque chose
LIV. IV. LA TxEGENCE ET LOUIS XV. 917
d'inconciliable entre le développement de l'esprit critique, déployé dans
toutes les attaires, Si le mysticisme royal, le principe de l'autorité absolue,
sans partage & sans contrôle. Le régent le comprit si bien qu'il se garda de
parler des Etats généraux; il devinait que, les esprits ayant fait leur chemin
& les déductions logiques s'ijnposant d'elles-mêmes, une assemblée nationale
véritablement représentative ne pourrait se réunir sans bouleverser l'édifice
de fond en comble; 8c comme il était trop sceptique & trop homme de plaisir
pour oser aborder la transformation de la royauté héréditaire en monarchie
constitutionnelle, à l'anglaise, il aima mieux emprunter à Louis XIV les
procédés du despotisme qu'il blâmait, pour corriger les effets de ce despotisme,
entreprise difficile, où l'insuffisance de son caractère ne devait point tarder à
se manifester.
La mort de Louis XIV rendait l'espérance à tous les persécutés. On put
croire que, le maître ayant disparu, le système de répression serait abandonné,
81 tous ceux qui en avaient souffert se flattèrent de voir réparer leurs dis-
grâces.
Les affaires religieuses tenaient une trop grande place dans le règne qui
venait de s'achever pour qu'un mouvement ne se produisît pas chez tous ceux
que l'orthodoxie officielle poursuivait depuis si longtemps de ses rigueurs.
Aussi, l'un des premiers faits qui se révèlent après les funérailles du puis-
sant monarque est-il le réveil de la tradition janséniste 6c de la tradition pro-
testante.
L'apôtre du protestantisme languedocien fut Antoine Court. Il était né en
Vivarais, à Villeneuvt-de-Berg, dix ans après la révocation de l'édit de Nantes,
dans une famille demeurée fidèle à la religion persécutée. 11 perdit son père
de très-bonne heure Se resta seul avec sa mère 8c deux autres enfants, dans
une vie solitaire Se recueillie. Son imagination s'éveilla au récit des supplices,
des fusillades, des déportations; Se les tracasseries que ses camarades lui fai-
saient dès l'école, en le raillant pour sa foi, lui donnèrent l'avant-goût des
persécutions futures. Sa mère, veuve à trente-deux ans, était d'une piété
fervente. Elle se rendait parfois, à pied, vers la tombée de la nuit, aux
assemblées du désert. Son fils, dont l'enthousiasme avait été excité par la
lecture d'un petit nombre de livres dérobés aux flammes, épiait les mouve-
ments de sa mère. Il la suivit un soir très-loin sur la route 8c obtint de partaper
désormais ses pèlerinages. 11 fut alors assidu à toutes les assemblées, prit une
part active aux convocations 8c offrit même sa maison de Villeneuve aux pré-
dicants 8c aux prophètes du Vivarais. Bientôt il fit l'office de lecteur 8c fut
du nombre de ces enfants privilégiés que la crédulité populaire disait animés
de l'esprit de Dieu.
En 1713, il s'attachait à un prédicant nommé Brunel, qui, après avoir
battu le Languedoc, projetait de passer à l'étranger, Se il le suivait aux fêtes
de Pentecôte, dans le haut Vivarais. Ce fut là qu'il commença ses prédica-
tions, n'ayant guère plus de dix-huit ans. Sa parole ardente 8c sa jeunesse lui
donnèrent de faciles triomphes auprès des montagnards, Se, après beaucoup
171a
1715
'7'
QiS ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de larmes & d'objections de sa mère, il entra, pour sa vie, dans la rude car-
rière de prédicant.
Ses tournées dans le bas Languedoc, à Uzès, à Nimes, dans les Boutières,
en Dauphiné, sa visite aux galères de Marseille, où se trouvaient alors cent
cinquante forçats pour cause de religion, les nombreuses assemblées qu'il tint
au désert, lui donnèrent une réputation précoce & le désignèrent comme un
chef aux débris de l'Eglise réformée.
Il parcourut tour à tour Anduze, Saint-Jean, Saint-Germain de Calberte,
Saint-André de Valborgne, tous lieux où s'était promenée la torche des sol-
dats de Montrevel. L'aspect des ruines que cette dévastation avait laissées
offrait un thème favorable à l'éloquence biblique; aussi le missionnaire pro-
testant produisit-il un mouvement religieux des plus intenses.
Dans une saison de repos, que le délabrement de sa santé, rompue de fati-
gues, le contraignit de prendre aux eaux minérales d'Euzet, Antoine Court,
dans le village de Saint-Jean de Ceyrargues, repassant en lui-même les scènes
de ferveur Se d'attendrissement dont il avait été le témoin & souvent l'insti-
gateur, conçut la pensée de rétablir les traditions régulières du culte protes-
tant & d'épurer les trésors de foi inquiète & maladive qui se conservaient
dans les retraites des Cévennes ou dans les anciennes villes réformées de
J^anguedoc.
Dès lors, il conçut un plan d'ensemble dont il a défini dans un de ses
mémoires, les quatre points principaux : le premier était de « convoquer les
« peuples & de les instruire dans les assemblées religieuses; le second, de
« combattre le fanatisme, la folie des prophètes & des inspirés qui s'était
« répandue de tous côtés comme un embrasement; le troisième, de rétablir la
« discipline, l'usage des consistoires, des anciens, des colloques & des synodes;
« le quatrième, de former de jeunes prédicateurs, d'appeler des ministres -des
« pays étrangers, &, si l'on n'en trouvait pas, d'obtenir des puissances protes-
« tantes des secours d'argent pour aider aux études 8<. à l'entretien des jeunes
« gens de bonne volonté '. n
Neuf jours avant la mort de Louis XIV, 81 lorsque déjà la France entière
prévoyait la fin de ce long règne, Antoine Court réunit, au lever du soleil,
dans une carrière inexploitée des environs de Nimes, le premier synode tenu
en Languedoc depuis la révocation de l'édit de Nantes. La vie régulière du
protestantisme recommençait ainsi, après un intervalle de trente ans. Cette
assemblée ne fut pas nombreuse. Prédicants ou laïques, on n'y comptait pas
plus de neuf personnes.
Les espérances que la mort de Louis XIV avait inspirées aux protestants
se traduisirent en termes fort pressants, dans une supplique adressée d'Alais
au régent, le 16 juillet 1716.
Le rédacteur de cette pièce y exposait au duc d'Orléans toute l'étendue des
' Bitltothèqno de Genève. Mémoires d'Antoine gués, Uist. de la restauration du protestantisme en
Court, n. 37. Mémoire aux arbitres. — Edm. Hu- France, I, p. 20.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 919
illusions que son arrivée au pouvoir avait fait naître. Ces illusions n'allaient
à rien moins qu'à la liberté de conscience; mais les plus circonspects ne met-
taient pas en doute que si l'exercice public n'était pas toléré, ils ne fussent
entièrement libres de prier entre eux à leur manière & de s'assembler « en
u ne faisant ni tort ni mal à qui que ce soit. »
Il dépeignait ensuite, en peu de mots, l'immense désappointement causé
aux religionnaires par la déclaration du régent, sans négliger l'occasion de
renouveler leurs protestations formelles d'obéissance. L'émigration, suspendvie
depuis longtemps par les promesses d'une condition plus tolérable, allait
dépeupler de nouveau plusieurs quartiers du royaume 8t enrichir des puis-
sances étrangères. « Chacun fait son possible pour sortir sa conscience de
(i prison; l'un s'en va aujourd'hui 81 l'autre demain. » C'était à qui rassem-
blerait un petit pécule pour le voyage, ceux-ci attendant le payement d'une
dette, ceux-là le produit d'une récolte. La tournée que le duc de Roque-
laure &i. M. de Bâviile venaient de faire jusque dans les villages pour y
publier les ordres de la Cour 81 les expliquer même de vive voix, ne laissait
plus d'espoir à personne.
L'auteur suppliait du moins le prince, « de la part de plusieurs de ses
« peuples, » de regarder les protestants comme de fidèles sujets, sans les dif-
férencier des catholiques Sx. sans les charger de logements de troupes & de
contributions, ainsi qu'on avait coutume de faire depuis trente années. Il le
conjurait surtout de s'éclairer sur les traitements qu'ils subissaient, persuade,
comme tout le monde, que le régent n'en pourrait connaître la rigueur sans
y porter remède. Faire arriver la vérité jusqu'à lui paraissait l'entreprise la
plus difficile; c'est un succès que l'on demandait à Dieu avec des instances
particulières '.
Parmi les catholiques, une réaction assez vive contre les jésuites se mani-
festait. Ces religieux se considéraient comme personnellement atteints par
le succès de Philippe d'Orléans, dont ils connaissaient les sentiments hos-
tiles Se dont plusieurs d'entre eux attaquèrent la régence, dans les chaires,
avec une singulière vivacité. Les dominicains, leurs anciens rivaux, profi-
tèrent de l'occurrence pour tenter de reprendre, dans l'enseignement univer-
sitaire, une partie de l'influence qui leur avait été dérobée.
Malgré la vénération particulière dont la mémoire de saint Thomas d'Aquin
était environnée à Toulouse, & les prescriptions du pape Urbain V, lorsqu'il
avait confié au couvent des frères-prêcheurs la tête du docteur Angélique,
aucun enseignement spécial n'était consacré, dans l'Université de Toulouse,
aux doctrines de l'illustre dominicain.
Un ecclésiastique appartenant à la noblesse parlementaire de Toulouse,
l'abbé de Tourreil de Grammont, voulut réparer cette lacune. Ce prêtre, que
de longues 8c cruelles persécutions avaient conduit dans les prisons du clià-
■ Archives nationales. TT, 463. — Edm. Hugues, Histoire Je la restauration du protestantisme en France,
I, p. 38i. ,„.^.
lyrâ
—^ 920 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
teau Saint-Ange où il passa quatre années, 8c qui mourut à Rome en 171 7,
donna une somme considérable pour établir à Toulouse, en faveur des domi-
nicains, deux chaires uniquement consacrées à l'enseignement de la doctrine
de saint Thomas. Un placet où l'on sollicitait cette fondation fut présenté,
en 1716, au conseil de conscience qui l'accueillit & demanda l'avis de l'arche-
vêque de Toulouse, de l'intendant, du procureur général au Parlement, du
corps de ville 8c de l'Université. Les diverses opinions furent unanimes à
déclarer « la nouvelle fondation utile, avantageuse 8c honorable à l'Univer-
« site. » L'enseignement de la doctrine de saint Thomas devait, disait-on,
donner plus de lustre à la Faculté de théologie; c'était le moyen de faire
revivre l'ancienne doctrine de saint Augustin 8c de saint Thomas, qui seule,
en fait de théologie, devait être la doctrine de cette Université. L'École de
Toulouse était, depuis des siècles, consacrée au saint docteur. Accepter la
nouvelle fondation, c'était se conformer aux volontés qu'exprimait le pape
Urbain V, en écrivant, dans sa bulle à l'Université de Toulouse : « Nous
« voulons aussi, 8c nous vous ordonnons par ces présentes, de suivre toujours
« fidèlement 8c de répandre avec zèle, selon votre pouvoir, la doctrine du
« même saint Thomas, comme pure, véritable 8c catholique. «
Le corps de ville, par une délibération expresse, 8c le Parlement, par son
arrêt du 27 janvier, s'associèrent au même voeu. On alla jusqu'à représenter
la Province, la ville 8c l'Université comme « affamées de la doctrine de saint
« Thomas qui, n'étant autre que celle de saint Augustin, est la doctrine par
« excellence. » Des lettres pressantes furent adressées k l'archevêque de Paris,
chef du conseil de conscience, 8c à M. d'Aguesseau, procureur général au
Parlement de Paris, rapporteur du placet. Enfin des lettres patentes furent
expédiées, le 14 septembre 1716, accordant l'intervention de la puissance
royale pour fonder en l'Université de Toulouse deux chaires où l'on ensei7
gnerait la doctrine de saint Thomas. « Le désir que nous avons, ajoutait le
« souverain, de faire fleurir de plus en plus les sciences dans toutes les uni-
« versités du royaume 8c d'y entretenir une louable émulation qui excite nos
« sujets à se rendre dignes de servir l'Eglise 8< l'Etat, nous a fait recevoir
« d'autant plus favorablement cette proposition qu'elle tend au bien &i à
« l'avantage d'une des plus anciennes universités de notre royaume, qui a été
« fondée par les rois nos prédécesseurs '. »
Cependant le vieil intendant de Languedoc, Nicolas de Lamoignon de
Bâville, arrivé à sa soixante-huitième année, 8c fatigué par plus de trente
ans d'une administration laborieuse 8c difficile, commençait à soupirer après
le repos. La surdité qui l'affligeait déjà, au moment de son arrivée dans la
Province, s'était progressivement aggravée. Les travaux personnels auxquels
il se livrait, son application constante aux affaires les plus diverses, lui lais-
saient une profonde lassitude, 8c il ressentait aussi un découragement fort
explicable en s'apercevant que l'énergie 8c la dureté qu'il avait mises au ser-
' L'autorité de saint Augustin & du saint Thomas, fjj'i, t. i, p. SSp.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 911
vice de la politique intolérante de Louis XIV ne pouvaient réaliser cette
chimère de l'unité religieuse, poursuivie au prix de tant d'excès & d'injustices.
Bâville avait obtenu en 1700, à titre de récompense, l'érection de sa terre
de La Mothe Champdenier en marquisat. Six ans plus tard, il avait marié sa
fille Madeleine, née à Montpellier en 1687, à Michel Robert Le Pelletier des
Forts, comte de Saint-Fargeau, conseiller d'État ordinaire & intendant des
finances; la jeune fille apportait à son mari cent mille écus de dot, avec
promesse de cent mille francs à la mort de ses parents. Louis XIV signa au
contrat 8t donna au président Lamoignon la survivance de sa charge pour
son fils '.
En 1716, l'intendant sollicita avec instance la faveur de céder sa place de
conseiller d'Ltat à l'un de ses quatre fils, qu'on appelait M. de Courson !k
qui remplissait les mêmes fonctions que son père à Bordeaux. Cette prière
fut agréée par le conseil de régence.
Au mois de février 1717, le bruit se répandit k la Cour que Bâville
demandait la permission de revenir à Paris. Sa santé, de jour en jour plus
compromise, lui rendait le séjour. de Languedoc impossible. Pourtant on
hésita longtemps à lui chercher un successeur. Bien qu'il ne manquât point
d'ennemis & que ses rigueurs eussent excité contre lui des haines violentes
& dicté beaucoup de dénonciations, comme en pouvaient rendre témoignage
tous les secrétaires d'État Se les commandants militaires de la Province, on
lui reconnaissait une telle compétence, une autorité si éprouvée, ses dépêches
révélaient un esprit tellement net, tellement précis St lucide, enfin il s'était
si bien incarné pour ainsi dire dans l'intendance de Languedoc que sa retraite
paraissait invraisemblable.
Mais il ne cessait de renouveler ses plaintes, tout en obtenant des Etats
des sacrifices dont la Cour elle-même s'étonnait. Au mois de décembre 17 17,
le courrier de Montpellier apporta au régent les délibérations de l'assemblée
provinciale qui accordait un don gratuit de trois millions, comme les années
précédentes, 6<. dix-huit cent mille francs de capitation. Ce vote généreux
éiait accompagné de lettres de Bâville 8t de Roquelaure, exposant que les
États faisaient des libéralités au-dessus de leurs forces 8<. sollicitant pour eux
quelque diminution. « Le duc d'Orléans, observe Dangeau, est fort touché
« du procédé de ces Languedociens, St a déjà dit qu'ils s'en trouveroient
« bien. »
Mais cette docilité des trois ordres faisait d'autant plus apprécier le con-
cours de l'intendant qui parvenait à en tirer de tels secours; aussi le régent
opposait-il une résistance d'inertie. Pourtant il fut contraint de se décider.
L'état maladif de Bâville devenait plus grave. Au commencement de la ses-
' Mémoires Je Dangeau, XI, 179 & 184 . « vous donne la survivance de votre charge pour
« Samedi, zi aoiit 1706. A Marly. Le roi signa « votre fils. »
le matin le contrat de mariage de M. des Forts « M. de Lamoignon est président à mortier, &
avec M"' de Bâville, & après l'avoir signé, il dit il ne souhaitoit rien tant au monde que la grâce
à M. de Lamoignon, oncle de la demoiselle : n Je que le roi lui vient de faire. »
1716
.7.7
«7'7
9:2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sion, l'intendant s'était trouvé si incommodé qu'il ne put se faire porter aux
États, ce qui retarda toutes les affaires de plusieurs jours.
Enfin, au mois de mai 1718, le conseil de régence l'autorisa à quitter la
Province Si lui donna pour successeur le conseiller d'État ordinaire, Louis de
Bernage'.
Bâville, à qui furent accordées douze mille livres de pension, revint à
Paris, goutteux, cassé, entièrement sourd. Il n'y avait pas mis les pieds
depuis trente ans & n'y connaissait plus personne. Il se trouva tellement
dépaysé qu'il prit le parti de s'enfermer dans sa famille où l'ennui le con-
suma. Le célèbre intendant mourut à Paris le 17 mai 1724, 8t fut inhumé
aux Cordeliers dans la sépulture de ses ancêtres.
Deux courants d'opinions bien marqués se firent alors autour de son nom.
Certaines gens, ne voyant en lui que l'inexorable exécuteur des mesures de
proscription religieuse, l'ont pris pour un fanatique, ce qu'il n'était pas, car
les entraînements mystiques lui furent toujours étrangers. S'il avait un fana-
tisme, ce n'était pas celui de la foi, mais celui de l'autorité royale. Il appli-
quait avec une rigidité absolue toute loi écrite, quelle qu'en fût l'atrocité.
D'autres écrivains, écartant ces ombres importunes, ont surtout considéré
Bâville dans ses actes d'administrateur, &, à ce point de vue, il tient sans
aucun doute une place hors ligne dans l'histoire des grands fonctionnaires
provinciaux. Son activité, l'habitude de voir tout par lui-même, la sûreté de
son coup d'œil & la solidité de son jugement lui avaient donné une compé-
tence universelle. S'il eût servi sous un Henri IV ou sous un Sully, il aurait
certainement emporté de Languedoc une réputation sans mélange; mais la
vie des hommes ne saurait se partager, &, tout en rendant hommage aux
qualités éminentes de l'intendant, il est impossible de fermer les yeux sur la
sanglante auréole qui s'est attachée à son nom.
Un fait assez curieux se produisit à Toulouse, au mois d'août de la même
année, lorsque le nouvel intendant y fit son premier voyage. Dès sa nomina-
tion, le conseil de ville s'était hâté de lui envoyer en députation un capitovil
en exercice, M. de Miramont, 81 deux anciens capitouls, MM. Gayrard 81
Péméja. Bernage étant arrivé à Toulouse le 11 août, une seconde députation
alla lui présenter ses hommages, dans l'hôtel de l'Archevêché, où il était des-
cendu, & lui offrir le présent ordinaire, composé de dragées &c de flambeaux
de cire jaune. L'orateur capitulaire, Jacques de Valette, baron de Fenouillet,
chef du consistoire, protesta formellement contre l'usage, désormais consacré
par les intendants, de faire leur résidence à Montpellier.
Après avoir complimenté Bernage sur sa commission, en lui rappelant les
souvenirs qu'il laissait en Picardie, en Flandres, en Angoumois Si en Artois,
le chef du consistoire s'apitoya sur la décadence de Toulouse.
« Cette ville, dit-il, autrefois si florissante par le nombre 81 la qualité de
« ses habitans, si riche par la seule opulence de ses biens propres, si remplie
■ Mémoires de Dangeaa, XVII, 216 & 32^. Note de Saint-Simon.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 928
« d'une Juste espérance de les voir accroître par l'heureuse communication
« de deux mers, ne vous paroîtra qu'une vaste campagne dont le malheur
« des temps a changé la face » Il se plaignit que le patrimoine de Tou-
louse eût passé en des mains étrangères, en des mains avides 8c ravissantes,
que les « partis, les monopoles secrets, même publics, » eussent achevé de
ruiner le petit commerce de denrées qui, dans les derniers temps, faisait
toute sa ressource.
La dureté des exacteurs venait de la réduire à cet état déplorable où le
commissaire départi allait la voir de ses propres yeux, plût au ciel que ce fût
pendant toute la durée de son intendance.
Là-dessus, Valette ajoutait : « Toulouse, par une fatalité dont on ne peut
« pénétrer la cause, se trouve privée depuis longtemps de voir habiter dans
o son sein les dépositaires si respectables de cette portion de l'autorité royale
« si nécessaire pour la conduite économique des provinces. Se ce malheur
« qu'elle n'a jamais mérité semble l'avoir livrée en proie à d'impitoyables
« mains qui, se dérobant par là à des yeux toujours surveillants, n'ont cessé,
« à la faveur de leurs secrètes correspondances, d'assouvir contre elle leur
« avarice & leur avidité'. »
Trente ans environ s'étaient écoulés depuis la dispersion brutale des Filles
de l'Enfance. Les jésuites se trouvaient en possession des bâtiments de ce
Port-Royal toulousain; la fondatrice n'existait plus; mais sa mort, arrivée à
Coutances le 4 janvier 1702, après quinze années de détention dans le cou-
vent des hospitalières, au milieu des pratiques d'une piété fervente, avait
augmenté la popularité de son nom dans l'école janséniste. Aussi, d'activés
démarches furent-elles tentées auprès du régent pour obtenir de relever
l'institut que le père La Chaise avait anéanti.
L'on en fit l'objet d'un placet au roi St d'un mémoire historique, imprimé
en 1 7 1 8 à la tête d'un recueil de pièces relatives à cette célèbre congrégation *.
La persécution acharnée des jésuites y était dénoncée avec amertume. On y
rappelait comment ces ennemis de l'institut avaient commencé, dès après la
mort de l'archevêque Pierre de Marca, une série de manœuvres que devait
couronner l'arrêt de suppression ; la première lettre de cachet obtenue par
surprise, les intrigues ourdies avec les religieuses de Notre-Dame du Sac pour
arracher à de jeunes enfants sans défiance des dépositions théologiques des-
tinées à rendre suspecte l'orthodoxie de la maison, les contradictions de
M. de Bourlemont & de M. de Montpezat. On y analysait, avec citations
textuelles, une déclaration donnée le 9 novembre 1701 par l'évêque de Mire-
' Archives de Toulouse. Annales manascntcs, XI, avec chagrin ; mais le« bons citoyens témoignèrent
f" 77. — Le chroniqueur officiel de l'hôtel de ville l'approuver & trouvèrent iju'il convenoic à un
accompagne cette harangue des observations sui- magistrat populaire de faire sentir à un nouvel
vantes : intendant la pauvreté d'une ville & d'étaler à ses
K Ce discours ne fut pas généralement goûté. yeux l'indigence de sa patrie. «
Les partisans, traitans, monopoleurs, & toutes ces * Recueil de pièces icneernant la congrégation des
gens d'affaires dont cette malheureuse ville foi- filles de l'Enfance de N.-S. J.-C, à Amsterdam,
sonne, n'en furent pas contents; ils l'écoutèrent chez Pierre Brunel, sur le Dam, 1718.
1717
1718
~^^ f)24 ÉTU'DES HISTORIQUES SUIl LE LANGUEDOC.
poix, Pierre de La Broue, signée de sa main S< scellée du sceau cpiscopal. Ce
prélat y affirmait que, vers l'année 1682 ou i683, deux pères jésuites des plus
considérables de la province de Toulouse lui avaient proposé d'autoriser de
son seing des mémoires importants contre la dame de Mondonville qu'on
avait dessein d'envoyer à la Cour, lui disant pour l'encourager qu'ils tenaient
déjà une promesse de signature de l'évêque de Lavaur. M. de Mirepoix s'y
étant refusé, on lui demanda le secret. Pierre de La Broue affirmait aussi
avoir reçu les confidences d'une ancienne élève des Filles de l'Enfance,
nommée Françoise Scorbiac qui se reconnaissait coupable d'avoir signé, à
l'instigation d'une de ses tantes Si du père Pv.obert, jésuite, une fausse dépo-
sition sur la doctrine enseignée aux écoles de Madame de Mondonville,
déposition que le jésuite apportait toute prête dans son bréviaire. Françoise
Scorbiac n'avait consenti à la copier de sa main & à y mettre son nom
qu'après force larmes & sur les menaces formelles de sa tante; & sachant
que de pareilles pièces avaient servi à perdre l'institut dans l'esprit du roi,
elle en conservait un trouble de conscience dont elle ne pouvait se guérir.
L'auteur du mémoire mentionnait ensuite les eftorts inutiles tentés par
l'archevêque de Toulouse Montpezat pour réparer sa condescendance aux
mesures rigoureuses de la Cour 8<. l'admonestation sévère que ces efforts lui
valurent du père La Chaise. Il énumérait les services rendus au public par
la congrégation, soit dans l'enseignement des petites écoles, en ayant cinq
à Toulouse où plus de mille filles étaient instruites gratuitement tous les
jours, soit dans l'éducation des nouvelles catholiques, dont plus de cinq cents
s'étaient converties pendant la durée de la maison de Toulouse, soit dans
l'exercice des devoirs d'hospitalité & de bienfaisance, fournissant des bouillons
& des remèdes aux pauvres & entretenant un médecin & un chirurgien pour
les visiter.
11 concluait en demandant que les Filles de l'Enfance fussent enfin ren-
dues à elles-mêmes Se pussent reprendre, après un si long intervalle, les
pieux exercices auxquels elles s'étaient consacrées.
Cette requête demeura sans résultat, mais elle remua profondément l'opi-
nion 8t donna lieu à une polémique assez vive 5<. à la publication d'écrits
contradictoires qui ne furent pas sans effet sur la destinée ultérieure des
jésuites.
Le mardi 3 janvier 17 19, les États de Languedoc, qui, en vertu d'une
délibération de la veille, ne devaient pas se réunir ce jour-là, furent convo-
qués extraordinairement par l'archevêque de Narbonne. Le duc de Roque-
laure venait d'avertir le prélat que les commissaires du roi avaient des com-
munications à faire à l'assemblée.
Introduit dans la salle des séances avec le cérémonial ordinaire Si accom-
pagné du comte du Roure S<. des autres commissaires ses collègues, à l'excep-
tion de l'intendant," le duc de Roquelaure prit la parole. Il annonça qu'il
avait reçu pendant la nuit un courrier de cabinet portant des dépêches du
régent. Ces dépêches ordonnaient au commandant en chef d'informer les
1719
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 925
États que le roi avait été dans l'obligation de faire ariêter le duc du Maine
Se la duchesse sa femme. L'attention qu'avait Son Altesse Royale de leur
faire part de cette nouvelle était une marque de la considération 8c de la
confiance que le régent voulait témoigner à cette assemblée.
L'archevôque-président répondit que les Etats recevaient avec beaucoup de
respect Si de reconnaissance la marque de considération dont il plaisait à
Son Altesse Royale de les honorer en cette occasion.
Après cet échange de formules diplomatiques, les commissaires du roi se
firent reconduire jusqu'à la porte avec les respects d'usage, & l'archevêque
employa la fin de la séance à nommer une commission pour examiner l'état
des manufactures.
Le gouverneur de la Province avait été, en effet, enlevé à Sceaux, le
29 décembre, par le sieur de la Billarderie, lieutenant des gardes du corps,
8c conduit à la citadelle de Dourlens, tandis que le marquis d'Ancenis, capi-
taine des gardes, arrêtait la duchesse à Paris 8c la renfermait dans le château
de Dijon avec trois de ses femmes. M. de Malezieux, chancelier de la prin-
cipauté de Dombes, ses secrétaires, son fils 8c sa femme, étaient mis à la
Bastille, ainsi que Mademoiselle de Launay, Mesdames de Montauban 8c de
Langeron.
Toutes ces arrestations se rattachaient à la découverte de la grande conju-
ration espagnole, dont le prince de Cellamare, ambassadeur de Philippe V
près la Cour de France, était l'âme, sous l'inspiration du cardinal Alberoni.
Ce complot tendait au renversement du duc d'Orléans, pour lui substituer le
roi d'Espagne en qualité de régent du royaume. Il avait été ourdi avec la
connivence d'un certain nombre de grands seigneurs, de magistrats, d'évê-
ques, de jésuites 8c d'autres religieux qui espéraient de la même aventure le
rétablissement de la puissance espagnole en Italie 8c le triomphe de la cause
catholique en Angleterre. Les princes légitimés s'y étaient laissés entraîner
par suite du mécontentement que leur avait causé l'abrogation des grâces
extra-légales obtenues par eux du temps de Louis XIV. Cette conjuration
venait d'être dévoilée par la saisie de papiers extrêmement compromettants
émanés du prince de Cellamare, confiés au prêtre espagnol don Vincent Por-
tocarrero, frère du comte de Montijo, qui avait ordre de les remettre à la
cour de Madrid. Le dépouillement de ce volumineux dossier révélait un
projet de soulèvement général pour lequel seraient exploités, au nom du bien
public, tous les griefs de la France contre son gouvernement; on y trouva
plusieurs manifestes, destinés, suivant l'expression même du prince de Cella-
mare, U « servir de prélude à l'incendie; « des précis historiques d'événements
arrivés sous d'autres minorités, dans le dessein d'y trouver des modèles; des
listes d'officiers français demandant de l'emploi au service du roi d'Espagne;
des minutes de lettres de Philippe V au roi Louis XV 8c aux Parlements du
royaume, rédigées en France par les intrigants que Cellamare appelait » nos
Il ouvriers », « les chets » ou les « zélés serviteurs françois. »
Dans la lettre qu'on faisait écrire par Philippe V à son neveu, le pctit-fils
1719
'7'9
926 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de Louis XIV prétendait n'avoir jamais perdu de vue les obligations de sa
naissance : il croyait toujours, disait-il, entendre ce grand prince, au moment
de la séparation, lui dire en l'embrassant qu'il n'y avait plus de Pyrénées,
que deux nations, qui se disputaient depuis si longtemps la préférence, ne
seraient plus dorénavant qu'un peuple. Il accusait la politique française
d'être injustement contraire à ses intérêts dynastiques en préparant la guerre
contre un Bourbon. « On épuise, ajoutait-il, votre clergé, votre noblesse &
M votre peuple pour payer des contingens, qui n'ont pour but que ma ruine
<i Se la vôtre; 8c des traités qui, par leur seule importance, ne devroient
y jamais être conclus, pendant une minorité, sans avoir consulté la nation,
<i c'est-à-dire les Etats généraux ou du moins les Parlemens, se proposent
i( au conseil de votre régence comme une chose toute faite, sans donner
« même le loisir à la délibération. «
Le roi d'Espagne, indiquant les funestes résultats de la quadruple alliance,
priait « instamment » son neveu « de convoquer incessamment les Etats géné-
« raux du royaume. » Il lui faisait, disait-il, cette prière au nom du sang
qui les unissait, au nom du grand roi dont ils tenaient leur origine, au nom
de leurs peuples. « S'il y eut jamais occasion d'écouter la voix de la nation
(( françoise, c'est d'aujourd'hui; il est indispensable d'apprendre d'elle-même
<i ce qu'elle pense. »
Cette lettre était datée du monastère royal de Saint-Laurens, le 3 sep-
tembre 17 18. La missive aux Parlements de France portait la date du jour
suivant. Philippe V y exposait que la nécessité présente des affaires l'obli-
geant d'écrire au roi Très-Chrétien, il avait cru devoir envoyer copie de sa
lettre aux cours souveraines. N'ayant pour objet que le bien public, il était
persuadé que le concours des Parlements ne lui ferait point défaut & l'aide-
rait à remédier aux désordres présents &. à en prévenir de plus funestes. Il
montrait l'inconséquence d'une guerre contre l'Espagne, la noblesse française
réduite à prendre les armes pour attaquer un roi qu'elle avait maintenu sur
le trône 8c l'épuisement des peuples en vue d'une entreprise qui ruinerait le
commerce 8c la considération de la France dans la Méditerranée. Enfin, il
exprimait l'espoir que le Parlement donnerait tous ses soins pour obtenir du
roi l'unique remède à tant de maux : « C'est l'assemblée des États généraux,
« qui certainement ne furent jamais si nécessaires à la France qu'ils le sont
a aujourd'hui. Nous nous adressons à vous pour procurer sa conservation,
« préférant cette voie paisible 8c tranquille à toutes les autres, auxquelles
« nous serions obligé de recourir, si l'autorité du régent nous faisoit refuser
a cette justice. »
L'épître se terminait par un appel flatteur aux vanités des compagnies
judiciaires, qui semblait renouvelé de la Ligue ou de la Fronde :
« Souvenez-vous donc en cette occasion que vous êtes cet illustre Parlo-
te ment que les rois ont pris plusieurs fois pour arbitre, qui n'a jamais rien
ic appréhendé quand il a fallu travailler pour l'État, 8c qui donne tous les
« jours des marques d'une fermeté si digne de sa réputation. Nous atten-
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 927
« dons tout de votre équité naturelle & du zèle que vous avez pour votre
« patrie. »
Le manifeste du roi Catholique « aux États de France « commençait parce
fastueux protocole, tout émaillé de titres imaginaires :
« Don Philippe, par la grâce de Dieu, roi de Castille, de Léon, d'Aragon,
« des Deux-Siciles, de Jérusalem, de Navarre, de Grenade, de Tolède, de
« Valence, de Galice, de Majorque, de Séville, de Sardaigne, de Cordoue,
« de Corsique, de Murcie, de Jaën, des Algarves, d'Alger, de Gibraltar, des
« îles de Canaries, des Indes orientales 8t occidentales, des îles & terre ferme
<c de la mer Océane, archiduc d'Autriche, duc de Bourgogne, de Brabant &
« de Milan, comte de Habsburg, de Flandres, de Tyrol & de Barcelone, sei-
« gneur de Biscaye Se de Malines, Sec, Sic.
« A nos très-chers 8t bien amés les trois Ordres du royaume de France,
« Clergé, Noblesse 6c Tiers Etat, salut. »
Suivait un long exposé des différends du roi d'Espagne avec l'archiduc;
puis il prenait à partie le duc d'Orléans, ce prince qui, n'étant que déposi-
taire de l'autorité royale en France, osait s'en prévaloir 8c se liguer avec les
anciens ennemis des deux couronnes, « sans avoir consulté, ni la nation
« française, ni les Parlements du royaume, 8c sans avoir même donné le
« temps au Conseil de régence d'examiner la matière pour en délibérer
« mûrement. »
Philippe V rappelait ensuite qu'après la mort de Louis XIV il avait laissé
le duc d'Orléans prendre possession de la régence 8c gouverner le royaume
sans lui faire le moindre obstacle; il avait toujours persévéré dans le même
silence, aimant mille fois mieux mourir que de troubler le repos des Français
8c d'inquiéter le reste de l'Europe, quoique les lois fondamentales du royaume
lui en eussent destiné l'administration.
Les plaintes qu'il entendait de tous côtés contre son gouvernement, sur la
dissipation des finances, l'oppression des peuples, le mépris des lois Se des
remontrances juridiques ne l'avaient pas encore fait sortir de la modération,
jusqu'au moment où les menaces de guerre le contraignaient de changer de
conduite. Il accusait le duc d'Orléans d'aspirer à la succession de son neveu,
d'avoir répandu dans le public des écrits infâmes annonçant sa mort pro-
chaine. Se de manquer à tous ses devoirs d'oncle, de tuteur 8c de régent=
Si ce prince le réduisait à la dure nécessité de défendre ses droits par leo
armes, il ne les porterait jamais contre les Français. 11 n'aurait en vue que
de tirer le roi de l'oppression où le régent le tenait avec tous ses sujets, Gc
pour procurer l'assemblée des États généraux « qui seuls peuvent remédier
« aux maux présents, 8c prévenir ceux dont on n'est que trop visiblement
« menacé. »
Le roi d'Espagne concluait en exhortant les trois ordres à seconder ses justes
intentions 8c à s'unir à lui dans une vue si salutaire au repos public.
Mais la pièce capitale, celle que les « ouvriers » avaient élaborée avec le
plus de soin, parce qu'elle devait servir de prétexte à l'intervention armée,
1719
'7'9
028 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
était la requête des États généraux du royaume que l'on faisait parler avant
même qu'ils ne fussent réunis.
« Sire, disait leur interprète improvisé, tous les ordres du royaume de
« France viennent se jeter aux pieds de Votre Majesté pour implorer son
« secours dans l'état où les réduit le gouvernement présent : Elle n'ignore
« pas leurs malheurs, mais Elle ne les connoît pas encore dans toute leur
« étendue. » Ils ne voyaient d'autre moyen d'en sortir que par les secours du
roi d'Espagne, la nation le regardant comme l'héritier présomptif.
Le premier article du long réquisitoire dirigé contre le régent marquait
bien la part prépondérante que les gens d'Eglise prenaient à ces intrigues.
« La religion, y lisait-on, a toujours été le plus ferme appui des monarchies.
« Votre Majesté n'ignore pas le zèle de Louis le Grand pour la conserver
« dans toute sa pureté. Il semble que le premier soin du duc d'Orléans ait
« été de se faire honneur de l'irréligion. Cette irréligion l'a plongé dans
Cl des excès de licence dont les siècles les plus corrompus n'ont point eu
« d'exemple 8c qui, en lui attirant le mépris & l'indignation des peuples,
« nous fait craindre à tout moment pour le royaume les châtimens les plus
« terribles de la vengeance divine. »
On reprochait au duc d'Orléans de tout sacrifier à l'espérance d'être roi,
de ne plus payer que le prêt des soldats, & les rentes de la ville, pour des
raisons faciles à pénétrer, & de ne tenir compte ni des appointements des
officiers ni des pensions acquises au prix de leur sang.
Le public n'avait ressenti aucun fruit, ni de l'augmentation des monnaies,
ni de la taxe des gens d'affaires. Le Parlement de Paris n'était pas écouté,
bien que la régence eût été décernée par ses mains; les Etats de Bretagne se
voyaient réduire par la force militaire. Les édits des anciens rois n'obtenaient
plus le respect; il suffisait d'une lettre de cachet pour les renverser.
A ce tableau attristant succédait la désignation du remède. « Il est, disait-on,
« entre les mains de Votre Majesté. Quoique revêtue d'une couronne, Elle
« n'en est pas moins fils de France. » L'ingénieux rédacteur, pour arrêter les
scrupules d'un patriotisme ombrageux, fouillait les annales de la monarcliie
& montrait qu'il n'était pas sans exemple de voir un roi étranger tuteur d'un
roi pupille. Baudouin, comte de Flandre, n'avait-il pas eu l'administration
du royaume & la tutelle de Philippe I"? Philippe V, qui pouvait attaquer
la prétention du duc d'Orléans, était donc en droit de convoquer les Etats
généraux, pour aviser aux moyens de rétablir l'ordre, la tutelle & la régence.
Tous les cœurs voleraient au-devant de lui, quand il paraîtrait avec sa seule
maison. Pas un citoyen qui ne voulût lui servir de garde. Mais si, pour plus
grande sûreté, le roi d'Espagne paraissait à la tête d'une armée de dix mille
hommes, le duc d'Orléans en eût-il soixante mille, ces troupes seraient les
premières à prendre les ordres de Philippe V. Officiers & soldats, gémissant
de l'iniquité 8c de la perversité du gouvernement, accueilleraient le petit-fils
de Louis XIV comme un libérateur. Son armée se trouvait donc toute portée
en France, 8c Philippe V pouvait s'assurer d'y être aussi puissant que ne le
LIV. ÎV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 929
fut jamais son aïeul. Il aurait la consolation de se voir accepter d'une com-
mune voix pour administrateur Se régent, comme sa sagesse le jugerait con-
venable, ou de voir rétablir avec honneur le testament du icu roi.
L'orateur des trois ordres terminait en invoquant le témoignage de l'am-
bassadeur d'Espagne, qui avait lu ces sentiments dans tous les cœurs. La
nation était entièrement dévouée à Philippe V, 8< la noblesse française
n'attendait que l'occasion de le servir.
D'après le duc de Saint-Simon, très au courant de tous les bruits de la
Cour, ces diverses pièces avaient été labriquées à Sceaux, par le groupe d'in-
trigants qui entouraient le duc du Maine & qui espéraient taire assurer à
leur maître la régence effective du royaume sous le nom de PhiHppe V,
Le prince de Cellamare s'était évidemment flatté que toutes les blessures
d'amour-propre & d'intérêt qui aigrissaient divers mécontents contre le régent
lui permettraient de renouveler en France les guerres civiles, fomentées par
l'étranger, dont la monarchie avait tant souffert. L'évêque de Lavaur, qui
était fils du chancelier Malezieux, reçut ordre de se confiner dans son diocèse
Si. de n'en plus sortir, 8c un officier considérable du Parlement de Toulouse,
l'avocat général Dadvisard, fut enfermé à la Bastille.
Du reste, les acteurs de cette folle & criminelle entreprise n'étaient point,
par leur audace, leur décision Se leur portée d'esprit, à la hauteur des projets
de coup d'État qu'ils avaient formés. Simples jouets entre les mains du car-
dinal Alberoni, aucun d'eux ne montra le caractère de factieux déterminé
qu'exigeait la conduite d'une pareille aventure.
Quant à l'appel aux Etats généraux, qui revenait dans toutes les pièces de
la conjuration, personne ne pouvait le prendre au sérieux. Plus de cent ans
écoulés depuis la réunion de la dernière assemblée nationale, l'avortemcnt
des projets de convocation du temps de la Fronde & la discipline rigoureuse
que les intendants avaient mise partout diminuaient singulièrement la valeur
de ce mot magique. 11 était trop clair, d'ailleurs, que ces Etats généraux, dont
on rédigeait les requêtes avant même qu'ils ne fussent rassemblés, n'avaient
aucune chance de représenter le pays 8c d'en traduire fidèlement les vœux.
Le duc du Maine, si la convocation avait pu se faire, aurait choisi lui-même
les députés agréables 8c procédé à la façon du comte d'Aubijoux, recrutant
une prétendue représentation nationale dans l'intérêt de Gaston d'Orléans.
On eut occasion de s'apercevoir, dans ces graves conjonctures, que la
transformation de l'autorité opérée en France par Pvichelieu 8c par les minis-
tres unitaires, la concentration des pouvoirs entre les mains du cabinet Se
l'abaissement de la puissance demi-féodale des gouverneurs de province
étaient en somme une garantie de la paix publique. Certes, une conspira-
tion tramée avec l'Espagne 8c dans laquelle se trouvait engagé un prince du
sang, gouverneur de Languedoc, pouvait avoir les plus terribles consé-
quences, puisque cette province frontière, en livrant passage aux troupes de
Philippe V, aurait introduit l'ennemi au cœur du royaume. Avec l'ancienne
organisation, la guerre civile était inévitable. L'effacement du gouverneur
xni, 59
1719
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,po ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
lioni'mal, réduit à des avantages lionorifïques ou pécuniaires, & l'exercice de
l'autorité réelle par l'intendant, sous la direction constante du ministère,
préservèrent le pays de cette calamité. L'institution de ces administrateurs
provinciaux était désormais si bien assise, qu'à la différence du temps de la
Fronde, au milieu des aspirations désordonnées & confuses favorisées par la
minorité de Louis XV, la pensée de réclamer la suppression d'aussi utiles
auxiliaires du pouvoir royal ne s'était pas même tait jour. La création de
liicliclieu avait été définitivement adoptée par les moeurs, &c si, étant aux
mains d'un gouvernement despotique, elle se ressentait trop souvent de cette
impulsion, elle avait au moins l'avantage de préserver les provinces du contre-
coup des querelles princières.
L'arrestation du duc & de la duchesse du Maine déconcerta sans doute
beaucoup d'ambitions & traversa bien des projets dans le personnel ecclésias-
tique Se parlementaire du Languedoc; mais elle n'interrompit nullement \a
marche de l'organisme provincial, &., après trois jours de vacances qui pou-
vaient d'ailleurs se justifier ])ar la coïncidence de la fête des rois, les Etats
reprirent leur session 6< la continuèren.t aussi paisiblement qu'ils l'avaient
commencée.
Un des faits les plus curieux de la session fut la présentation d'une requête
dressée par la noblesse de I^anguedoc en vue d'accroître ses privilèges Si
d'amoindrir les charges pécuniaires qui l'atteignaient. La régence de Philippe
d'Orléans avait, à ses débuts, inspiré aux gentilshommes des illusions analo-
p-ues à celles qu'ils s'étaient cru permises par la régence d'Anne d'Autriche. Les
transformations qui s'accomplissaient dans la société, en déplaçant l'influence
8< la fortune, diminuaient de plus en plus le rôle des nobles dans l'État.
L'appauvrissement progressif de leurs familles, les alliances qu'ils étaient
obligés de conclure avec les enrichis du commerce &. de la finance, les recrues
très-mêlées que la vénalité des lettres d'anoblissement donnait à leur ordre,
précipitaient avec une extrême rapidité l'effacement de distinctions histori-
ques sans réalité actuelle, & devaient, par une inévitable déduction, amener
les esprits aux principes d'égalité que la Révolution française allait consacrer.
Faute de comprendre le caractère fatal de ce dénoûment & de saisir l'enchaî-
nement des faits généraux qui le préparaient, les nobles avaient l'habitude
de s'en prendre au gouvernement ; ils confondaient les petites causes avec
les grandes, &, de même qu'on les avait vus, sous la minorité de Louis XIV,
rendre Pv.ichelieu responsable de leur propre décadence, ils se figurèrent, sous
la minorité de Louis XV, que l'esprit bourgeois des ministres du grand roi
était la véritable cause de leurs disgrâces & que la condition des gens de
qualité pouvait être relevée par des actes législatifs.
C'est sous la même inspiration que s'étaient produites diverses démarches
dont la Cour tut très-occupée. Ainsi, en 1717, un syndicat de gentilshommes
avait été constitué pour réclamer contre les usurpations des ducs & pairs qui,
depuis longtemps, disait-on, faisaient des efforts continuels pour s'élever
au-dcisi!3 de la nol^lcssc & former au-dessus d'elle ini ordre distinct & supé-
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. g3i
rieur. On y éniimcrait les prérogatives que les pairs s'étaient arrogées au
(Ictriment des gentilshommes du royaume, Se l'on affirmait, à cette occasion,
que la diminution de la noblesse était l'affaiblissement de l'État 8<. qu'on ne
pouvait laisser avilir cet ordre, sans que la gloire de la nation s'obscurcît &
s'effaçât entièrement. Le gouvernement du régent n'avait pas encouragé ces
démonstrations. Un arrêt du conseil d'Etat, signé le 14 mai 1717, condamna
formellement ces prétentions & la procédure qu'on venait de suivre pour les
manifester, 8c dénia aux gentilshommes le droit d'exercer une action collec-
tive sans autorisation spéciale du roi. La noblesse, observait le conseil,
quoique étant un des premiers ordres du royaume & celui que Sa Majesté
regarde comme la principale force de son État, ne peut ni faire corps, ni
signer des requêtes en commun sans permission expresse, & ainsi une telle
tentative ne saurait être autorisée sans blesser les premières maximes de
l'ordre public. Aussi défense était faite à tous les nobles du royaume, sans
distinction de naissance, de rang Se de dignité, de signer la requête dont
MM. de Châtillon, de Listenay, de Conflans, de Laval & quelques autres
gentilshomntes de marque avaient pris l'initiative. Quelques semaines plus
tard, à propos de la querelle des princes légitimés, trente-neuf gentilshommes
ayant fait signifier au procureur général du Parlement de Paris un acte de
protestation arguant de nullité contre tout ce qui pourrait être prononcé dans
cette affaire, qu'ils regardaient comme réservée aux États généraux représen-
tants de la nation, le Parlement, sur la réquisition des gens du roi, supprima
ce document 8c interdit des fonctions de sa charge pendant six mois l'huissier
à verge qui avait consenti à faire la signification.
La royauté, comme on le voit, fidèle aux principes appliqués par les grands
ministres, répugnait absolument à laisser se reconstituer une oligarchie nobi-
liaire; mais, comme les nécessités de finances lui imposaient toute sorte
d'expédients, elle se contredisait souvent elle-même 8c, par la multitude des
arrêts donnés sur requête 8c sans entendre les parties, fournissait des argu-
ments aux théories les plus opposées.
Le mémoire des gentilshommes de Languedoc, qui touchait principale-
ment aux différends de la noblesse avec les communes, sur la question des
impôts 8c de la qualité des biens, fut présenté aux États par le syndic général
Hoyer d'Odars dans la séance du 25 janvier 8c renvoyé à une commission
de huit membres dont faisaient partie l'archevêque de Toulouse, révc(jue
de Lodève, le vicomte de Polignac, le baron de Villeneuve 8c les députés de
Toulouse, Nimes, Narbonne 8c Saint-Papoul.
Aujourd'hui que la propriété foncière, grâce aux réformes de la fin du
dùinier siècle, a pris un caractère d'unité 8c de simplicité, l'on a peine h
concevoir les complications extraordinaires £c les querelles sans fin auxquelles
donnait lieu cette malheureuse division des terres de Languedoc en biens
nobles 8c en biens roturiers. Il n'y avait pas une parcelle de champ qui ne pût
fournir l'occasion d'une véritable enquête historique 8c faire accumuler, au
grand avantage des gens de loi, les pièces de procédure 8c les dépens. Aucun
1719
'719
93i ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
motif rationnel ne pouvait assurer h un domaine la qualité de bien noble;
c'était une question de fait. Les communes de L,anguedoc, commerçantes,
riches & peuplées, avaient obtenu au moyen âge la faculté d'exiger des
preuves pour considérer les terres comme fiefs nobles; mais elles avaient tou-
jours été contraintes de respecter les privilèges des fiefs prouvés, & c'était
cette justification qui suscitait des difficultés interminables. D'ailleurs, pen-
dant les siècles de turbulence, beaucoup de fraudes avaient été commises;
certains officiers municipaux, abusant de leur pouvoir 8c engageant l'avenir
pour un avantage momentané, avaient signé avec des propriétaires influents
des conventions particulières qui modifiaient l'état de leurs biens 8c qui
métamorphosaient en fiefs des domaines héréditairement roturiers. De là une
puerre de chicanes constante autour des cadastres.
L'archevêque de Toulouse, René-François de Beauvau, présenta son rap-
port dans la séance du 8 février. Il déclara que les commissaires avaient
étudié la requête avec toute l'attention méritée par une affaire d'aussi grande
conséquence, 8c qu'ils s'étaient efforcés de concilier les intérêts des seigneurs
justiciers avec ceux des communes.
Dans le premier article, la noblesse prétendait être lésée par les disposi-
tions de l'arrêt du conseil du 29 novembre 1707 8c de la déclaration du
28 février 1708. Ces actes royaux portaient que les biens ajoutés au cadastre
des communes de Languedoc pour être cotisés à la taille, comme n'étant pas
nobles, seraient soumis à l'estimation d'experts nommés par les communes,
8c que toute demande de contre-expertise ne pourrait se produire qu'après
payement provisionnel de la cotisation réglée par les experts communaux.
Antérieurement, ce payement provisionnel n'était obligatoire que si la cour
des aides, ayant examiné les titres en bonne forme exhibés par les communes
pour détruire la présomption de nobilité, jugeait ces titres suffisants. La
liberté donnée aux communes d'al livrer les biens des seigneurs fondés en
présomption de nobilité, sans cette garantie de l'examen des titres par la
cour des aides &c sans aucune formalité de justice, était, d'après la requête
des nobles, tout à fait contraire à leurs intérêts.
L'archevêque affirma que la commission avait pesé avec un esprit d'impar-
tialité les intérêts des possesseurs de terres nobles &c ceux des communes
comme étant également thcrs à la Province, Se reconnut que la déclaration
de 1708 causait un réel préjudice aux seigneurs : elle les mettait sous la
dépendance des communes 8c les rendait sujets à leurs caprices. En les obli-
geant à consigner entre les mains du collecteur leur quote-part d'impositions,
elle pouvait entraîner leur ruine, les frais de procédure s'ajoutant aux consi-
gnations accumulées pendant toute la durée du litige.
Au point de vue des communes, bien que la déclaration eût été faite à
leur avantage, elle leur était, d'après la commission, presque aussi nuisible
qu'aux seigneurs. Si, après dix ou vingt ans de procès, — 8c, dans les mœurs
judiciaires du temps, ce délai n'avait rien d'exagéré, — le seigneur finissait
par gagner, la commune, condamnée aux dépens de l'instance Se à la restitn-
LIV. IV. 1,A RÉGENCE ET LOUIS XVo 933
tion de toutes les sommes versées annuellement à titre de consignation, se
trouvait entièrement ruinée.
L'archevêque exposa que, dans certaines communes en procès avec leur
seigneur pour des faits de nobilité, la cotisation provisionnelle des taxes
consignées entre les mains des collecteurs s'élevait à quatre ou cinq mille
livres. Répétées pendant vingt aniiées de suite, ces consignations faisaient
une somme assez forte pour consommer la ruine, soit de la commune, soit
du seigneur.
La commission concluait qu'il n'était pas juste que la cotisation à la taille
dépendît du caprice d'une commune, Si demandait au roi d'interpréter sa
déclaration du 28 février 1708, de façon à exiger avant tout, pour les inscrip-
tions nouvelles de biens au cadastre, la production d'un titre en forme,
ancien compoix, contrat d'acquisition ou autre pièce équivalente, 8< l'autori-
sation par la cour des aides, à la condition que cette cour serait tenue
d'ordonner le payement provisionnel quand la justification par titre lui
paraîtrait suffisante. Quant à ces consignations, afin d'éviter la ruine des
communes qui perdraient leur cause, la commission proposait qu'elles fus-
sent remises entre les mains du trésorier de la bourse provinciale qui les
restituerait, une fois le procès fini, soit au seigneur, soit à la commune.
Pendant toute la durée de l'instance, la répartition de l'impôt sur les biens
encadastrés ne serait pas modifiée, 6t l'on ferait un chapitre spécial des terres
contestées, jusqu'à décision définitive.
Le second article se référait à la déclaration du 5 avril 1713, portant que
les îles & créments formés ou à former sur des fonds autrefois encadastrés,
seraient soumis à la taille, en quelques mains qu'ils fussent. Les Etats
avaient jugé, en 1717, que cette disposition, si rationnelle & si équitable,
était contraire à la jurisprudence des cours supérieures de la Province St à la
déclaration de 1684. La commission maintint cette appréciation !k demanda
que l'on reprît les démarches précédemment ordonnées.
Sur le troisième article, qui concernait un procès entre le sieur de Mau-
rens 5t les consuls de Péchaudier, à l'occasion d'un bien mouvant du roi,
sous la charge d'un droit d'albergue en deniers, procès suspendu par arrêt du
conseil, à la requête du syndic général, on fut d'avis de solliciter la levée de
la surséance, comme également contraire aux intérêts des deux parties. Ce
qui faisait l'obscurité du problème, c'est que l'on ne savait pas si la représen-
tation de l'albergue féodale par une somme d'argent caractérisait une terre
noble ou une terre roturière.
La noblesse se plaignait encore de ce que l'article 3 de la déclaration
du 28 mars 1690 S<. l'article 2 de celle du 27 juin 1702 autorisaient les maires
8<. consuls des communes à passer le bail des biens abandonnés, sans acte ni
formalité de justice.
Cette procédure, suivant le mémoire des gentilshommes, compromettait les
droits de directe des seigneurs sur les biens abandonnés & risquait d'emporter
les autres droits seigneuriàtix, les domaines ainsi adjugés sans la participation
1719
'7'9
9,34 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des seigneurs pouvant, dans la suite des temps, passer pour des francs-alleux
roturiers.
La commission jugea que cette crainte n'était pas fondée, les deux actes
royaux ayant suffisamment sauvegardé les droits féodaux en ordonnant que
les adjudications fussent homologuées par l'officier du seigneur à la première
réquisition 8< que les censives & autres droits y fussent expressément réservés.
Ces précautions empêchaient les biens abandonnés d'être confondus avec des
francs-alleux roturiers.
Les gentilshommes ne se disaient pas moins lésés par les mêmes déclara-
tions, en ce qu'ils perdaient ainsi le droit honorifique le plus important pour
eux, celui de faire eux-mêmes l'adjudication des biens abandonnés. Là-dessus,
la commission donna des explications intéressantes.
Ces déclarations dont on se plaignait avaient été obtenues sur la sollici-
tation des Etats, Se cette assemblée s'était portée à les demander au gouver-
nement à cause de « la grande quantité de biens abandonnés qui étoient
« dans la Province & qui se multiplioient tous les jours. » Lorsque les
seigneurs avaient le droit d'en passer les baux, ils éloignaient les soumission-
naires qui se présentaient, afin d'incorporer ces terres abandonnées à leurs
biens nobles. Avec cette pratique, le nombre des biens ruraux soumis à la
taille aurait indéfiniment diminué, & les communes se seraient trouvées
dans l'impossibilité absolue de payer leurs impositions. « Comme il est, pour-
« suivoit la commission, de l'intérêt des communes 8c de la Province qu'il y
« ait des possessions rurales pour supporter les impôts, les États ont sagement
« prévu qu'il convenoit de faciliter l'adjudication des biens abandonnés en
« la faisant faire par le maire & les consuls, afin qu'étant remis en culture
« ces biens puissent contribuer aux charges de la Province, ce qui ne seroit
« point si l'adjudication étoit confiée aux seigneurs. »
Sur ce point, les Etats se montrèrent donc inébranlables. Ils n'accueillirent
pas avec plus de faveur certaines réclamations de la noblesse contre la décla-
ration du 21 février lyiS, Cette déclaration réduisait à trois ans le délai
accordé aux seigneurs pour exercer le droit de prélation sur les biens aban-
donnés qui avaient trouvé adjudicataire, c'est-à-dire la faculté de les obtenir
par préférence, en payant le prix de l'adjudication. La jurisprudence du
Parlement de Toulouse faisait durer ce délai pendant un an, lorsque l'acte
translatif de propriété avait été notifié au seigneur, & pendant trente ans,
lorsque cette notification n'avait pas eu lieu.. La même déclaration les assu-
jettissait à payer vingt-neuf années d'arrérages de taille au profit des adjudi-
cataires quand ils voulaient exercer leur droit de prélation, quoique les
adjudicataires n'eussent point payé ces arrérages à la commune.
Pour la question du délai, la commission ne fut pas d'avis qu'il y eût
rien à changer. Plusieurs années s'écoulaient toujours depuis l'abandon des
])iens jusqu'à leur adjudication. Il était à présumer que, durant cette longue
période, les seigneurs avaient eu tout le tenips d'apprécier s'il leur convenait
d'user du droit de prélation. S'ils avaient un an pour l'exercer, ils reprcn-
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. cpj
citaient ces biens par prélation à la fin de ce terme, lorsque l'adjudicataire
aurait t'ait de grands frais pour les remettre en culture. Cette appréhension
suffirait à éloigner les particuliers qui ne voudraient pas, avec raison, s'ex-
poser à être dépossédés, après beaucoup de peines 8t de dépenses, sachant
bien qu'ils n'auraient aucune chance d'en être exactement remboiirsés.
Quant au payement des arrérages, la commission jugea que l'obligation
faite aux seigneurs était excessive, puisqu'elle les mettait dans une condition
plus mauvaise que l'adjudicataire 5 elle émit le vœu, ratifié par les Etats, que
cette obligation fût restreinte au remboursement des arrérages que l'adjudi-
cataire aurait effectivement payés.
Les derniers griefs de la noblesse portaient sur diverses réformes de l'orga-
nisation municipale. Les gentilshommes se plaignaient que l'édit de novem-
bre 17 18, en rétablissant les offices de maires supprimés par l'édit de juin i 717,
autorisât les communes à rembourser les acquéreurs de ces offices & à rentrer
ainsi dans la possession de tous leurs droits, de façon à faire présider les
assemblées & recevoir le serment des consuls par des officiers élus. Cette
clause dépouillait les seigneurs de prérogatives dont ils avaient joui, en !a
personne de leurs juges, jusqu'à l'édit de 1692, créant les maires perpétuels.
La commission observa que la faveur accordée aux communes avait eu pour
l)ut de les stimuler à faire ces remboursements, utiles aux intérêts du Trésor;
8t, tout en considérant « la demande des seigneurs comme très-juste, » elle
pensa opportun de renvoyer à l'année suivante toute démarche tendant à
obtenir la révocation de la clause attaquée &. à faire rétablir les juges ro\aux
& seigneuriaux dans les anciens droits.
Enfin la noblesse réclamait l'abrogation de plusieurs dispositions des arrêts
du conseil d'Etat du 4 mai 1699 8<. du 10 septembre 1707 qui assujettissaient
les nobles, comme tous les autres habitants des communes, aux impositions
levées pour les gages des maîtres 6<. maîtresses d'écoles, pour l'armement des
compagnies bourgeoises, les réparations des portes 6; murailles, la dépense
militaire connue sous le nom d'ustensile 8t les frais de corps de garde. Cette
prétention, antipatriotique au dernier point, fut repousséc par la commission
& par les Etats. « Ces impositions, observa l'archevêque de Toulouse, étant
« faites pour l'instruction des jeunes gens & pour la sûreté de la Province,
« la noblesse a le même intérêt que le reste des habitans. « Sur ces conclu-
sions, rassemblée décida qu'il n'y avait lieu de rien changer à l'arrêt du
conseil du 4 mai 1699 ni à celui du 10 septembre 1707, soumettant à cer-
taines impositions municipales déterminées tous les « bientenants, tant domi-
« ciliés que forains'. »
Nous avons cru devoir nous étendre sur cette démarche de la noblesse
lariguedocienne, pa .ce qu'elle jette un jour singulier sur la confusion d'idées
61 d'intérêts qui résultait des lentes évolutions sociales & de la constitution
défectueuse de la propriété. Tant que la distinction des terres en biens nobles
1719
Proeès-Terbal «les Éfnls de Lansiietlor. Sfonce du 8 février
1719.
lyiy
i:)?iG ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
S< biens ruraux fut maintenue, les propriétaires des biens ruraux qui avaient
quelque fortune ou quelque considération personnelle, n'eurent pas d'autre
préoccupation que de les transformer en l)iens nobles pour se décharger de
la taille j l'histoire intime de presque toutes les communes révèle ce travail
latent des propriétaires fonciers, très-souvent de souche roturière, petits-fils
de marchands ou de gens de robe, appliqués à opérer cette métamorphose
par tous les moyens, ])ar la violence, par la soustraction des cadastres, par la
corruption, par la falsification ou la supposition des titres; triste lutte, dont
l'avarice était le mobile, plus encore que la vanité, 8< dont les procédés
tranchent étrangement avec la prétention de perpétuer des sentiments de
chevalerie.
Le refus de contribuer aux dépenses des écoles, s'il montre que la noblesse
provinciale ne suivait pas encore le mouvement d'esprit de la grande aristo-
cratie française, ne s'éloigne pas d'ailleurs des traditions de la caste militaire
du moyen âge, assez dédaigneuse de culture intellectuelle 5 mais l'intention
de se dérober aussi aux dépenses faites pour les travaux de fortification 8<
pour l'ustensile des gens de guerre, montre à quel point les idées s'étaient
faussées sur la question des prérogatives nobiliaires. Ces prérogatives n'avaient
pour origine que le rôle de l'ordre équestre comme défenseur armé du pays;
mais, de la même façon que les seigneurs péagers entendaient conserver
leurs péages sans réparer aucunement les routes Se les ponts dont ils étaient
censés avoir l'entretien, les nobles, débarrassés de l'ancien service féodal par
l'évolution du temps 8t par la nouvelle constitution des armées, en venaient
à considérer leurs exemptions comme une sorte de patrimoine attaché à leur
personne, sans s'apercevoir que des distinctions injustifiées n'allaient pas
tarder à devenir odieuses.
La découverte de la conspiration de Cellamare & les autres motifs de
mésintelligence qui existaient entre les deux couronnes avaient amené le
conseil de régence a résoudre la guerre contre l'Espagne. La déclaration en
fut publiée le 9 janvier, & les commissaires du roi près les Etats de Lan-
guedoc eurent ordre de faire à cette assemblée plusieurs propositions qui se
rattachaient à cet événement.
Une ordonnance du roi, datée du i5 janvier, prescrivait la levée de troupes
de milices dans tout le royaume jusqu'au chiffre de vingt-trois mille quatre
cents hommes, St dispensait seulement de cette obligation, outre les géné-
ralités d'Auch St de Béarn, les paroisses avoisinant l'Espagne de cinq ou
six lieues 8c celles qui fournissaient des gardes-côtes. La province de Lan-
guedoc se trouvait comprise dans cette levée pour mille trois cent vingt
hommes, Et comme les diocèses de Mirepoix, Met, Limoux, Rieux, Com-
minges, Béziers, Narbonne, Montpellier Se une partie de celui de Ninies
étaient dans le cas d'exception prévu ])ar l'ordonnance, la charge retombait
tout entière sur les autres diocèses, médiocrement peuplés £< semés de com-
munes petites Se pauvres. Les États firent valoir que les portions du Lan-
guedoc soumises à la levée ne formant pas, à beaucoup près, la moitié de la
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 987
Province, le conlingent devrait en être réduit au plus à six cent soixante
hommes. Ils ajoutèrent qu'étant limitrophe de l'Espagne, le pays devait
garder des forces pour protéger ses frontières, & que le grand nombre de
religionnaires dont il était habité ne permettait pas de le dégarnir. Ils com-
plétèrent leurs réclamations par un tableau fort instructif de l'effet que les
levées.de milices produisaient sur les populations rurales. Elles les poussaient
presque partout à l'émigration. En des occasions analogues, on avait vu, dans
des paroisses qui devaient fournir deux soldats, vingt paysans quitter le pays
plutôt que de s'exposer aux chances du tirage au sort. La première nouvelle
d'un appel imminent commençait à causer les mêmes résultats. Le voisinage
de l'Espagne & l'aisance des communications entre les deux royaumes ren-
draient ces désertions d'autant plus faciles. La Province proposait donc de se
racheter par une contribution pécuniaire équivalant à peu près aux frais de
levée de six cent soixante hommes. Un courrier, expressément envoyé à la
Cour pour cette négociation, en rapporta des lettres du garde des sceaux
& des secrétaires d'Etat La Vrillière Se Le r>Ianc. Le régent, touché des rai-
sons des Etats, 8< voulant donner des marques de considération à cette assem-
blée, voulait bien dispenser le Languedoc des milices & faire lever ailleurs
le même.nombre de troupes j^our les remplacer; mais cette grâce ne pouvant
s'accorder aux dépens du roi, on demandait que la Province abonnât les
mille trois cent vingt hommes appelés au prix de cent vingt-cinq livres par
homme, ce qui donnait une somme totale de cent soixante-cinq mille livres.
La Province avait, depuis longtemps, lieu de se plaindre du manque de
bras; faute de travailleurs, beaucoup de terres demeuraient incultes; l'appel
des miliciens & la panique générale c|ue cet appel ne pouvait manquer de
produire menaçaient encore de rendre plus critic(ue la condition des proprié-
taires fonciers & d'accroître le nombre des jachères. L'archevêque de Nar-
bonne ayant fait valoir ces motifs, l'assemblée chargea M. Bonnier, trésorier
de la bourse provinciale, de verser entre les mains du trésorier de l'extraor-
dinaire des guerres la somme réclamée par le régent'.
Le conseil de marine avait également décidé qu'il était nécessaire d'armer,
aux frais de la Province, deux barques pour la défense des côtes, afin d'écarter
les corsaires qui chercheraient à troubler le commerce & à gêner le transport
des vivres & des munitions destinés à l'armée de Pvoussillon. La commission
des Etats rappela que pareil armement s'était fait en 17 10. La Province
n'avait voulu entrer dans ces dépenses qu'avec l'espoir d'un remboursement;
mais, sous prétexte que cette espérance n'avait pas été exprimée avec assez de
clarté dans la délibération, ce remboursement ne s'était jamais effectué, quel-
c[ues soins que se fussent donnés les députés en Cour pour y parvenir, 8<
la Province avait dû sacrifier en pure perte, pendant les années '712, 1713
& 1714, une somme annuelle d'environ quatre-vingt mille livres. Cette fois,
■ Procès verbnl des Êiills. Sé.ince du 8 février 1719. — Piiccs juitifuatiyes, n. DCCCXXXIX,
col. 2097.
1719
lyiy
^38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les États offraient de faire une avance de fonds, à condition de les imputer
sur les sommes que le trésorier de la bourse devait remettre au trésor royal.
M. de Bernage répondit que l'emploi des fonds dus par la Province était
probablement arrêté déjà pour subvenir aux autres besoins de l'Etat 8c que
l'avance offerte serait illusoire, si elle ne portait pas jusqu'à l'année 1721.
L'archevêque de Toulouse, président de la commission, déclara que cette
observation était juste, & fit consentir l'avance dans les termes que proposait
l'intendant. Le trésorier de la bourse fut donc autorisé à payer, sur ordon-
nances de M. de Bernage, les frais d'armement des deux barques, sauf à
retenir les sommes versées sur le montant des impositions de 172 i '.
Enfin, le ministre de la guerre écrivit à l'intendant que vingt-cinq esca-
drons de cavalerie devaient être concentrés en Languedoc, sur les frontières
de Roussillon, 8c y séjourner quinze jours ou trois semaines. Le roi se pro-
posait de n'en payer les fourrages que sur le pied de cinq sols, somme tout à
fait insuffisante, 8c comptait sur la Province pour le surtaux. Une commis-
sion de huit membres, dont l'archevêque d'Albi était président, examina
cette combinaison. Elle recourut, suivant l'usage, aux précédents, 8c reconnut
qu'eit 1712, après le siège de Girone, des corps de cavalerie ayant été
envoyés en Languedoc, les fourrages furent fournis par les communes, à la
diligence des maires 8c des consuls, en vertu d'une ordonnance de Bâvillc;
mais cette ordonnance portait qu'il serait tenu compte des dépenses faites sur
les sommes dues au trésor royal. Cette disposition avait été exécutée de point
en point, 8c les communes étaient rentrées dans leurs déboursés. On résolut
d'appliquer le même système, en donnant pouvoir aux collecteurs 8c aux
receveurs des tailles de puiser dans leurs caisses particulières pour payer les
fourrages destinés aux vingt-cinq escadrons, 8c pouvoir au trésorier provincial
de faire lui-même les avances, si les caisses des trésoriers inférieurs ne suffi-
saient pas^.
Dans le courant de la même année, le roi ordonna la levée de mille trois
cents mulets en Languedoc pour les transports de l'armée d'Espagne, tant du
côté de Roses que du côté de Fontarabie. M. de Montferrier, syndic général,
traita pour cet effet avec deux habitants de Grenoble, Perrin 8v Seranne, qui
s'engagèrent à fournir à leurs frais quatre cents mulets harnachés 8c équipés.
Les neuf cents autres furent réquisitionnés dans les communes de Languedoc
8c formèrent un convoi placé sous la direction d'un inspecteur général Se de
plusieurs brigadiers &c sous-brigadiers.
Les comptes de ces dépenses furent très-longs à régler entre la Province Se
l'État, parce que le ministre de la guerre, Le Blanc, voulait déduire du prix
des journées celui des fourrages pendant la campagne 8c ne pas payer le
montant de l'étape. Les instances de la députation provinciale finirent par
lever ces difficultés. Mais, sur une dépense totale de trois cent trente mille
■ Procès-verbnl des Etnts de Languedoc. Séance ' Procès-verbnl des États de Lniigiiedoc. Séance
du i3 février 1719. du 18 février 1719.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 989
livres, le trésor royal en devait encore plus de deux cent onze mille en 1723.
Tous les comptes avaient été arrêtés par M. de Bernage, pour le contingent
communal, comme pour le convoi de l'entrepreneur'.
La nouvelle guerre d'Espagne, qui occasionnait à la Province ces divers
sacrifices, ne devait pas être longue. Elle donna l'occasion au roi Catholique
de faire un inutile étalage de ses prétentions à la tutelle du roi de France &c
à la régence du royaume, une invitation impuiss?inte aux Parlements & aux
Etats généraux à réclamer la liberté de s'assembler, & un appel à la déser-
tion des troupes, en insistant sur l'appui qu'il croyait trouver dans les rangs
de la noblesse. La déclaration d'Aranjuez, datée du 27 avril 1719, avait été
répandue parmi les troupes françaises & fut transmise au régent par le duc
de Berwick. Le gouvernement français y répondit, sous forme de lettre au
maréchal, dans un langage à la fois très-ferme & très-modéré.
Cette même modération éclatait dans la notification qui fut faite à la capi-
tale de la Province du succès des armes françaises devant Fontarabie. Voici
dans quels termes le régent demandait aux officiers municipaux des princi-
pales villes du royaume d'assiter au Te Deum :
« Très-chers Si bien-amés, toute l'Europe sait assez par quels motifs nous
« avons été forcé de déclarer la guerre au roi d'Espagne, Se avec quelle
« douleur nous tournons nos premières armes contre un prince dont la per-
« sonne Si les intérêts nous doivent être si chers ; quoique Dieu paroisse,
« par le succès qu'il nous accorde, approuver la justice Si la droiture de
« nos intentions, nous ne ressentirions aucune joie de nos avantages, si ce
« n'étoient des acheminemens à la tranquillité générale que nous tâchons,
« avec nos alliés, d'obtenir du roi d'Espagne. La prise de Fontarabie ne
<i nous flatte donc point par la gloire de la conquête, mais seulement
« par l'espérance de parvenir à une paix également avantageuse aux deux
B nations^. »
La lettre envoyée après la chute de Saint-Sébastien n'était pas moins
expressive. « Vous savez déjà, y faisait-on dire au jeune roi, de quel œil
« nous regardons les succès que Dieu daigne accordera nos armes; ils ne
« nous flattent qu'autant qu'ils nous paroissent des témoignages de la justice
« de nos intentions Si qu'ils augmentent les espérances d'une paix prochaine.
« C'est pour y parvenir plus tôt que nous poursuivons de nouvelles conquêtes
« Si nous ne nous sommes rendu maitre de la ville Si du château de Saint-
<( Sébastien, que dans l'impatience d'obtenir du roi d'Espagne qu'il consente
« enfin à désarmer l'Europe Si à établir, pour ses intérêts 81 pour sa gloire,
« une ferme alliance entre des nations qui ne combattent qu'à regret. »
Une guerre faite avec de telles dispositions de la part du vainqueur ne
pouvait être fort longue. Les provinces de Biscaye 81 d'Alava ayant envoyé
des députés au duc de Berwick pour lui demander sa protection 81 lui offrir
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance ' Archives de Toulouse. Annalei manuscrites,
du 2j février 1723. XI, p. 104.
1719
'7'9
172»
940 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des subsides, à la condition de sauvegarder leurs franchises locales, le maré-
chal repondit que le roi ne voulait point agrandir le territoire français, mais
contraindre seulement Philippe V à poser les armes.
Les hostilités se rapprochèrent un instant de la frontière de Languedoc,
lorsque M. de Bonnac alla forcer le fort de Vénasque, sur le versant espagnol
des montagnes de Luchon ; ce fut le dernier épisode de la campagne. Les
officiers généraux repassèrent par Toulouse, où ils séjournèrent quelques
jours pour se délasser. Ils visitèrent l'hôtel de ville qui les avait déjà reçus
quand ils se rendaient à la frontière. On comptait parmi eux le chevalier de
Lorraine, le duc de Luxembourg, le duc de Melun, le duc d'Olonne 8t une
foule d'autres personnages considérables'. Peu de temps après, la paix fut
sia:nee.
O
On sait que, depuis bien des années, par l'effet des mauvaises récoltes St
d'un déplacement général du commerce qu'avait occasionné la création du
canal de Languedoc, le diocèse d'Albi était un de ceux de la Province où
l'on avait le plus de peine à lever les impositions 8< où le grand nombre des
biens abandonnés trahissait la misère publique. Si les guerres de Louis XIV
n'avaient pas fait négliger les sages maximes de Colbert 8c suspendu la produc-
tion, par le manque de bras, au moment même où l'on exagérait les dépenses,
les plaintes que les collecteurs d'Albigeois ne cessaient de porter aux agents
de la Province, eussent éveillé leur sollicitude. Dès les premiers temps de la
régence, le mouvement qui commençait à pousser les esprits vers le progrès
économique, stimula le zèle de l'assemblée provinciale. On comprenait que
la meilleure manière d'aider un pays déshérité à supporter ses charges était
d'y augmenter le travail productif.
L'Albigeois avait une vieille industrie locale, celle des toiles, qui était
favorisée par l'abondance du chanvre 8c du lin 8c par l'excellente qualité des
eaux pour le blanchiment; mais cette industrie, dépourvue de moyens de
comparaison Se de perfectionnement, sans rapports avec l'extérieur, était
demeurée fort rudimentaire; faute d'un bon outillage, elle gaspillait la
matière première, en perdait presque la moitié, 8c n'arrivait à produire que
de grosses toiles communes, se payant de vingt à trente sols la canne.
L'inspecteur des manufactures Goudar, envoyé dans le pays, avec mission
d'y chercher un meilleur emploi des éléments locaux, étudia la question de
la toilerie. Se reconnaissant que les petits fabricants indigènes étaient fort
arriérés, essaya d'introduire chez eux quelques innovations. Il fit l'expé-
rience d'un moulin battoir pour affiner les chanvres, qui permit d'utiliser
une plus grande quantité de matière 8c d'en tirer soixante-cinq livres là où
' Le clironiqueur municipal raconte que l'on ville du roynume ni de l'Europe n'ayant été aussi
exhiba aux illustres visiteurs les onze livres des jalouse que Toulouse de conserver la mémoire de
Annales manuscrites de l'hôtel de ville. « Ces sei- ses magistrats, de ce qu'Us ont fait pour le service
gneurs, dit-il, virent avec admiration les registres de la ville & des événemens publics '. »
de l'Histoire, monuments très-respectables & très-
curieux qu'on ne voit nulle autre part, nulle ' Archives de Toulouse. /)h»j/cs mj««srn7i's, XI, p. 104.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 941
les vieux procédés n'en donnaient que trente ou quarante. Il y amena aussi
un peigneur & une fileuse de Dauphiné pour y former des élèves. Mais ce
n'était pas une mince entreprise que de taire renoncer les gens du pays à
leurs habitudes & de vaincre la routine séculaire. On pensa que l'établisse-
ment d'une manufacture de toiles à la façon de Rouen pourrait triompher
de ces répugnances par l'exemple. Le fait s'était produit pour la fabrique des
draps du Levant qu'on avait vue se répandre dans les diverses parties de la
Province après avoir été concentrée d'abord dans quelques ateliers particu-
liers. 11 y avait lieu d'espérer que les habitants, voyant qu'ils trouveraient
un profit considérable à faire ces sortes de toiles pour l'exportation, se déci-
deraient à y consacrer leurs soins, arracheraient la contrée à l'inertie misé-
rable dont elle souffrait & y ramèneraient le numéraire.
Un bourgeois d'All)i, nommé Séré, qui avait une maison de banque, &
qui était animé de l'esprit d'entreprise, encouragé par l'inspecteur Goudar,
se rendit à Montpellier Se proposa de fonder une toilerie avec l'assistance de
la Province. Il demandait que, pour la première année, les Etats fissent les
frais de louage d'un moulin battoir Se d'une blanchisserie, qu'ils fissent venir
des peigneurs, des fileuses, un tisserand S<. un blanchisseur de Normandie ou
de Dauphiné, qu'on lui prêtât une somme de trente mille livres sans inté-
rêts ou qu'on lui servît une rente de dix-huit cents livres, & enfin qu'on lui
donnât une prime de quarante sols par pièce de toile de vingt à vingt-deux
aunes.
Les États trouvèrent cette combinaison trop compliquée S< proposèrent de
payer à Séré deux mille écus par mille pièces de toile façon de Rouen,
d'une qualité Se d'une valeur vénale de beaucoup supérieure à celle des pro-
duits indigènes. Cela fait, on pourrait régler avec connaissance de cause les
avantages qui devraient être accordés dans la suite à celte manufacture. Séré
accepta l'arrangement, à condition toutefois qu'il ferait un premier essai de
trois ou quatre pièces qui seraient envoyées à Montpellier 8c soumises à la
commission des manufactures. Si cet essai échouait, la Province en payerait
la dépense, Se l'on ne parlerait plus de rien. Dans le cas contraire, le fabri-
cant se mettrait à l'œuvre, suivant les termes du traité proposé dans les États.
L'évêque de Béziers, chargé du rapport, annonça que tout faisait prévoir un
heureux succès, que l'inspecteur Goudar aiderait l'entreprise de ses soins Se
déclara que la Province ne devait pas négliger les moyens d'apporter l'indus-
trie Se la richesse dans un grand diocèse si embarrassé de payer ses impôts'.
L'assemblée autorisa le syndic général, si l'on jugeait que l'essai eût réussi,
à passer un contrat avec Séré pour s'obliger au nom de la Province à lui
payer la somme de six mille livres sur présentation de mille pièces sorties de
ses ateliers, pièces qui devaient être marquées, avant Se après le blanchiment,
par un agent spécial, au choix de l'archevêque de Narbonne. L'inspecteur
des manufactures avait la haute main sur ces opérations.
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du 8 février 1716.
1720
942 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Secondé par la puissante protection de l'archevêque d'Albi, Séré alla cher-
cher plusieurs ouvriers en Normandie Se fit fabriquer, exclusivement avec les
lins &c les chanvres du pays, plusieurs pièces de toile qui parurent presque
aussi parfaites que celles de Rouen. Dès ce moment l'établissement d'une
manufacture subventionnée par les Etats fut assurée.
Dans la séance du 22 janvier 1720, l'évêque de Bézîers rendit compte des
résultats obtenus, qui faisaient espérer, disait-il, des avantages très-considé-
rables & détailla les clauses du traité à conclure.
Séré se chargeait de travailler pendant six années, à dater du i" jan-
vier 1720, à la fabrication des toiles de Rouen, avec les lins 8t les chanvres
du pays, dans la ville d'Albi ou dans les autres lieux du diocèse.
Il s'engageait à fabriquer, pendant chacune des années de son bail , la
quantité de deux cents pièces de toile ou de linge de table, mesurant trente
aunes, de trois qualités différentes, mais toutes à la façon de Rouen. Sur ce
nombre de pièces, cinquante devaient être d'une finesse Se d'une exécution
supérieure, conformes aux échantillons cachetés déposés dans le greffe de la
Province; soixante-quinze de seconde qualité, & les soixante-quinze autres
de troisième.
Il promettait de faire blanchir chaque année au moins soixante-dix pièces,
avec la faculté de vendre le surplus en gris ou en roux. Les lins & les chan-
vres seraient préparés dans un moulin-battoir ou par un filassier, afin de
pouvoir être filés au rouet £(. non autrement.
Séré acceptait la charge d'entretenir quatre cents rouets qu'il distribuerait
à quatre cents filles pour les former à filer à la manière de Normandie, &
quarante métiers normands pour former quarante toiliers ou tisserands du
pays à fabriquer des toiles de toute qualité, façon de Rouen. Il fournirait
également à tous les ouvriers employés à sa fabrique tous les outils S<. acces-
soires nécessaires.
Il assurait aux fileuses, aux toiliers, à un filassier & à un blanchisseur le
logement pour leurs personnes & pour leur outillage, en a)ant le soin de
donner aux fileuses des locaux assez spacieux pour élever auprès d'elles des
femmes ou filles qui voudraient apprendre à filer au rouet. Il pa)ait les
gages de quatre toiliers, de trois fileuses, d'un filassier & d'un blanchisseur
de Normandie Se faisait les frais de leur nourriture.
Aucune des deux cents pièces fabriquées pendant chaque année du bail ne
pouvait être mise en vente qu'après avoir été marquée par un contrôleur
des États.
En considération de ces engagements, l'assemblée provinciale accordait à
Séré la somme de mille livres une fois payée pour faire venir de Normandie
deux toiliers & un blanchisseur, outre les ouvriers qu'il en avait amenés pré-
cédemment, plus quatre mille neuf cents livres pour l'achat de quatre cents
tours ou rouets, de quarante métiers normands & des autres outils néces-
saires, à charge de les rendre après l'expiration de son bail.
La Province assurait aussi,' pendant la même durée, une subvention
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 943
annuelle de trois mille deux cent vingt-huit livres pour les gages, nourriture
& entretien de huit ouvriers normands, sauf à réduire proportionnellement
cette somme si le nombre de ces ouvriers diminuait; une autre subvention
annuelle de quinze cents livres pour le loyer des bâtiments de la fabrique ou
le salaire des commis ou agents indispensables, & une prime de deux mille
livres, à titre de gratification & pour l'aider à taire quelques avances.
Pendant les deux premières animées du bail, Séré se réserva la faculté de
ne pas produire les deux cents pièces convenues sans être inquiété, pourvu
qu'il complétât le déficit les années suivantes, & qu'à la fin du bail il se
trouvât avoir fabriqué le nombre total de douze cents pièces porté dans les
conventions.
Toutes ces clauses furent ratifiées par les Etats, 8<. le syndic général Boyer
d'Odars eut mandat de signer le traité définitif, comme aussi de consentir
annuellement au payement des sommes réglées, après s'être convaincu, par le
témoignage de l'inspecteur des manufactures, que l'entrepreneur aurait fidè-
lement tenu ses engagements'.
Le diocèse de Narbonne, depuis l'hiver de 1709, ne le cédait guère à ceUii
d'Albi en fait d'embarras financiers. La production de l'huile qui, avant cette
désastreuse époque, représentait plus de six cent mille livres de rente, était
alisolument nulle. Dans quelques autres parties du bas Languedoc, bien
que les oliviers fussent morts, les racines avaient poussé des rejetons que
l'on transplantait 8c qui, au bout d'un certain nombre d'années, promettaient
encore une récolte. Dans le Narbonnais, la destruction avait été si complète
que l'essence était presque entièrement perdue; les propriétaires, ruinés, ne
se trouvaient pas même en état de se procurer des plants. Le diocèse de Car-
cassonne portait des plaintes pareilles; mais comme la culture de l'olivier n'y
était pas considérable & que le pays tirait ses principales ressources des jnanu-
factures, l'assemblée provinciale n'en tint pas compte. L'archevêque d'Albi
plaida la cause du diocèse de Narbonne, qui n'avait eu, depuis plusieurs
années, aucune récolte de grains 81 fit ressortir la singularité du cas. Les
États, sur la proposition de leurs commissaires, votèrent une somme de quinze
mille livres pour l'achat de plants d'olivier dans les diocèses de Béziers 8c de
Saint-Pons, destinés à être distribués aux propriétaires du Narbonnais, avec
mission aux commissaires ordinaires du diocèse 8c au syndic général Mont-
ferrier de surveiller l'emploi de cette somme, sous la direction de l'arclie-
vêque-président. Se de s'assurer que la répartition fût restreinte aux particu-
liers peu aisés qui ne pouvaient suffire à la dépense des plantations par leurs
propres ressources ^.
Durant cette même session, les États eurent la satisfaction d'enregistrer
un arrêt du conseil d'Etat, daté du 23 mai 1719 qui terminait un procès
pendant depuis l'année 1644, entre la Province 8c les héritiers de Jacques
' Procès-Terb.il des Etats de Languedoc. Séance ' Procès-verbal des Kt.its de Languedoc. Séance
du 22 janvier 1720, du i" février 1730.
1720
1720
y44 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Brun, concessionnaire du canal de Beaucaire à Aigues-mortes. Le conseil
réglait à trente mille Funes l'indemnité due par le pavs de Languedoc à cette
famille qui n'avait jamais pu réaliser sa concession & fixait l'époque du
payement par moitié au !"■ janvier 1720 Se au 1" janvier 1721. Cette longue
opposition à un travail utile, tant au point de vue de l'assainissement que
de la production agricole, contrastait d'une façon assez curieuse avec l'esprit
de philanthropie qui se répandait de plus en plus parmi les hommes publics.
C'était un dernier témoignage de ces vues étroites 8c de cet égoïsme inin-
telligent qui méconnaissait les vrais intérêts du pays sous prétexte de les
défendre.
La province de Languedoc n'avait pu échapper, plus que le reste du
royaume, k l'invasion du papier de banque & à la fureur d'agiotage que le
système de Law venait de déchaîner sur la France.
L'arrêt du conseil du 21 décembre 1719 ayant établi le cours forcé des
billets de banque, à compter du printemps de 1720, causa de très-grandes
perturbations dans le commerce local. I^e Languedoc était plein de petites
industries, vivant au jour le jour, &. qui ne pouvaient se maintenir que par
une circulation constante de numéraire. Dans le Gévaudan & les Cévennts,
centres de fabrication d'étoffes communes, il se tenait chaque semaine des
marchés où les laboureurs 8c propriétaires de bétail vendaient leurs laines.
Des paysans, possesseurs d'un métier, achetaient au prix de dix ou quinze
livres la quantité de laine nécessaire pour faire une pièce de cadis. La pièce
faite, ils allaient la vendre 8c acheter de quoi en fabriquer une autre. Des
commissionnaires, courant le pavs, pour le compte des marchands en gros,
traitaient individuellement avec tous ces petits fabricants à domicile, 8c ce
commerce de détail exigeait l'argent comptant. Les dentellières du Vêlai
procédaient de même, achetant un écu de fil 8c ne renouvelant cette pro-
vision qu'après s'être débarrassées de leurs produits. Tout infimes qu'elles
parussent, ces humbles transactions ne donnaient pas, dans leur ensemble,
moins de deux ou trois millions par an. L'emploi des billets de banque
n'était guère plus favorable aux régions manufacturières ou la nécessité de
payer journellement les ouvriers exigeait beaucoup de monnaie sonnante.
Les manufactures de draps du Levant, établies 8c subventionnées par la Pro-
vince, occupaient un personnel de plus de trente mille ouvriers qui ne
pouvaient recevoir en papier leur salaire quotidien, 8c qui, le recevant en
argent, ruinaient bientôt les fabricants, obligés de n'accepter eux-mêmes en
payement que du papier.
Enfin, dans les pays agricoles du haut Languedoc, le courtage des grains
se faisait aussi dans des proportions extrêmement modestes. 11 n'était pas
rare de voir des commissionnaires courir les métairies pour y acquérir des
grains setier par setier 8v les revendre ensuite à des courtiers plus sérieux
qui résidaient à Toulouse, à Castelnaudary Se à Revel.
Pour le payement des impôts, le cours forcé des billets de banque ne pro-
duisait pas des consé(|ucnces moins fâcheuses. Au-dessus de dix livres, les
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV, 946
arrérages se payaient en papier 5 au-dessous, on retenait cinq pour cent 5 Si
comme la grande majorité des biens-fonds soumis à la taille appartenait à de
.pauvres gens & à des paysans, l'Église & la noblesse n'ayant presque que des
biens nobles, la moyenne des cotisations était de trente livres qui se payaient
en trois termes, de sorte que la retenue des cinq pour cent équivalait à un
vingtième des impositions.
Les États se firent auprès du régent les avocats de la Province &t lui
adressèrent un mémoire où ils détaillaient les diverses conséquences du cours
forcé. Ils se plaignaient aussi du trafic auquel l'usage des billets de banque
donnerait lieu parmi les collecteurs, qui feraient main basse sur l'argent
monnayé.
11 semblait facile d'éviter ces fraudes en obligeant ces agents à inscrire sur
leur livre de taille la nature des payements qui leur étaient faits. « Mais,
« observe le mémoire des États, quand on connoît ce que c'est qu'un collec-
« teur, on sait que le plus grand nombre ne savent ni lire ni écrire 8c qu'ils
« ne donnent d'autre décharge au taillable que de barrer son article au livre
Il de collecte, sans autre formalité ny quittance". »
Dans la séance du i" février, Jes États, suivant l'exemple des autres corps
Se compagnies du royaume, votèrent la réduction des rentes provinciales sur
le pied de trois pour cent au lieu de cinq. L'archevêque d'Albi, rapporteur,
déclara que l'on avait longtemps hésité, cette diminution d'intérêts paraissant
onéreuse pour les rentiers, puisqu'elle allait leur enlever près de la moitié de
leur revenu Se les moyens de sulwenir à l'insuffisance de leurs récoltes. Mais
on ne devait pas oublier que ces intérêts eux-mêmes se levaient, par forme
d'impôts, sur les propriétés foncières; cette nature de biens se trouvait chargée
depuis plus de trente ans, avec tant d'excès, que l'objet le plus important
pour la Province était d'en procurer l'allégement. Aussi , en réduisant les
rentes de la Province, engageait-on les diocèses Si les villes à en user de
même à l'égard de leurs créanciers. La réduction fut fixée au i" juillet, 8t la
délibération publiée à Paris, à Toulouse Si à Montpellier, afin d'avertir les
rentiers non acceptants d'avoir à se faire rembourser.
Cette loi générale souftrit une seule exception, qui fut proposée par l'ar-
chevêque d'Albi. Ce prélat fit observer que, les couvents 81 communautés de
filles religieuses qui n'étaient point abbayes étant fort pauvres Se n'ayant le
plus souvent d'autre revenu que des rentes sur la Province ou d'autres corps,
la réduction précipitée de ce revenu leur enlèverait presque la moitié de leur
subsistance. Si qu'elles n'avaient aucune espace d'industrie pour se procurer
d'autres secours. A titre de charité, les États consentirent que jusqu'à la fin
de l'année ces couvents ne seraient pas soumis à la réduction*.
Un grand nombre de maisons hospitalières furent rudement éprouvées par
la dépréciation des billets de banque. Nous voyons, par une lettre de Ber-
nage, que l'hôpital des orphelins de Toulouse se trouva chargé de ce papier
Pièces )u:tificaiiyei, n. DCCCXLI, col. ïioo. ' Procès-verbnl des Etnts. i" février 1720.
XIII, 60
1720
iJlQ
CJ46 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
au point de ne pouvoir plus suffire à la subsistance des pauvres. Cet hôpital
étant possesseur d'une rente sur la ville de Toulouse, l'intendant écrivit aux
capitouls : « Il est juste que si vous ne pouvez pas faire payer les arrérages-
« qui sont dus en entier, il en soit du moins acquitté une partie} personne
« ne mérite plus de préférence que les hôpitaux". »
Ce fut principalement vers la fin de l'année 1720 que la débâcle financière
causa de grandes pertes en Languedoc. Le pays était déjà fort attristé par la
peste de Marseille, qui commençait à se propager dans le Gévaudan St qui
mettait toutes les provinces voisines en alarmes. L'assemblée du clergé de
France chargea les agents généraux d'écrire à tous les évêques pour leur
demander une quête en faveur des diocèses affligés de la contagion. Dans le
diocèse de Castres, cette quête donna cent pistoles en espèces 8t cinq mille
livres en billets. Quelque temps après, à l'occasion d'un grand incendie qui
avait désolé la ville de Rennes, le marquis de La Vrillière, secrétaire d'Etat,
sollicita, au nom du régent, l'assistance des prélats du royaume. Dans la
réponse qu'il lui fit à ce sujet, l'évêque de Castres présenta un tableau fort
sombre de la situation du pays. Il promettait de ne rien négliger pour l'exé-
cution des ordres du régent, pleins de charité & de justice; mais il était
effrayé des difficultés de la réussite, en ayant fait déjà une triste expérience.
« L'inondation du papier, disait-il, a fait presque autant de mal dans nos
« cantons que les flammes en ont pu faire en Bretagne Qu'importe que
« nos maisons n'aient pas été réduites en cendres, si de tout ce que nous
« avions de plus nécessaire il ne nous reste qu'une matière qui n'est propre
« qu'à être jetée au feu! Nos neveux auront de la peine à voir de leurs
« jours cette Province rétablie, je ne dis pas dans cet état florissant qui la
c rendoit autrefois si délicieuse, mais seulement dans cette indigence sup-
<( portable, dont nous pouvions nous consoler, il n'y a que six mois, par de
« meilleures espérances. Quel changement un si court espace n'a-t-il pas
<i apporté aux fortunes qui paroissoient les mieux établies! On ne sauroit le
« comprendre sans le voir. « Il ajoute que le pays n'a plus de commerce,
plus de travail, plus de confiance, plus de ressources, ni dans l'industrie, ni
dans la prudence, ni dans l'amitié, ni dans la charité. Chacun croit qu'on
ne doit plus se fier à personne, ni prêter à ses amis ou à ses proches le
secours que l'on offrait autrefois aux plus indifférents. L'évêque indiqua la
situation de son clergé, beaucoup plus appauvri par les remboursements
qu'enrichi par les réductions, près d'être impuissant d'acquitter ses charges,
de remplir ses obligations & de' conserver quelque décence dans le culte 8<
quelque règle dans la discipline; les communautés de filles à la veille d'être
réduites à chercher asile auprès de parents ruinés, quand leur misère force-
rait de les dispenser de la clôture. Les couvents ne pouvaient pas même
faire les dépenses indispensables que créait la menace de contagion. « Que
« sera-ce si le mal vient jusqu'à nous! Ne faudra-t-il pas que tout
' Archives de Toulouse. Correspondance des intendanli. Lettre du 2î décembre 1720.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 947
« périsse? Ce ne sont point ici des exagérations, c'est l'expression la
<i plus simple d'une vérité connue de tous Encore si l'on nous deman-
<c doit des billets, nous n'aurions que trop de facilité d'en fournir; mais on
« veut des espèces, 8<. nous n'en avons plus ici '. »
La peste, apportée à Marseille par un navire du Levant, 8c présentée dans
un mandement épiscopal comme une punition du ciel à l'adresse des appe-
lants qui n'acceptaient pas la bulle Unigenitus, faisait, dans la capitale de la
Provence, les plus épouvantables ravages. Le 4 août, le duc de Roquelaure
Se l'intendant de Languedoc écrivirent à toutes les villes de la Province pour
leur ordonner des mesures préventives 81 leur envoyèrent une instruction
détaillée.
Ces documents furent communiqués au conseil de bourgeoisie de Toulouse
le 7 août suivant, 8<. l'on ordonna aussitôt que l'on établirait une garde aux
portes 81 aux avenues de la ville, afin d'en interdire l'accès aux voyageurs
venant de pays suspects. Le capitaine de la santé, officier de police que
Toulouse gardait toujours en fonctions depuis les grandes épidémies du
seizième siècle, se mit en mouvement, avec les gardes placés sous ses ordres,
pour faire poser des barrières & nettoyer les rues. On répara les brèches des
remparts, &c des armes furent distribuées aux escouades chargées de surveiller
les clôtures.
Une commission municipale avait été formée, avec mission de recevoir
tous les avis de Provence 81 d'aviser aux précautions nécessaires. Le 3 sep-
tembre, comme les nouvelles étaient de plus en plus mauvaises, on résolut
de constituer un bureau de santé, ainsi qu'il avait été pratiqué en 1628 Se
en lôjî. Il fut composé des capitouls en exercice, des bourgeois du conseil
des Seize 8t des douze membres de la commission élue le 7 août, 81 tint sa
première séance le 6 septembre, en présence de M. de Marmiesse, président à
mortier; des conseillers Prougen, Tournier 8t d'Assézat; du procureur général
Le Mazuyer 81 de l'avocat général de Saget. Le bureau commença par s'oc-
cuper des pauvres honteux 8<. des misérables que l'extrême cherté des vivres,
résultat de l'interruption du commerce, mettait hors d'état de subsister; il
chargea un conseiller, un capitoul 8t deux bourgeois des Seize de faire des
quêtes publiques 81 d'inviter toutes les compagnies de la ville à y concourir;
puis on ordonna une vérification générale des boutiques d'apothicaires, 84
l'on dressa des modèles de certificats imprimés qui furent envoyés à toutes les
communes avoisinantes pour y servir de laisser-passer, 8c prévenir l'abus des
certificats manuscrits. On s'occupa ensuite d'organiser un service de garde
rcgylière, où tous les habitants devaient passer. Le conseil de santé choisit
dans la grande Lande, au nord de Toulouse, trois maisons de campagne des-
tinées à servir de lazaret ou d'hôpital pour les pestiférés. Ordre fut donné
aux propriétaires de ces maisons d'avoir à les vider dans la huitaine 8c d'en
remettre les clefs au syndic de la ville. Une opposition se produisit, de la
' Mémoires de la régence ilc S. À, R, le duc d'Orléans, III, p. 107.
1720
1721
948 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
part de la veuve du capitoul Belot. Le conseil de santé répondit que cette
propriétaire récalcitrante serait contrainte, « par éjection de ses meubles à
« la rue, à vider sa maison Si à remettre les clefs, 8c qu'en cas de refus, il
<( seroit fait d'autres clefs aux frais de la ville'. « Le même conseil ordonna
aussi de brûler divers ballots de marchandises venues des provinces infectées.
Comme toujours, certaines querelles de préséance montrèrent au milieu des
plus graves préoccupations les rivalités de corps. L'une des plus vives fut
celle des chanoines de Saint-Etienne qui ne voulaient pas monter la garde
en compagnie des simples prébendes. Le duc de Roqueiaure pria les capi-
touls de dire au chapitre qu'en pareille conjoncture, s'agissant du salut de la
patrie, on ne devait point parler de préséances^.
Du reste, le fléau n'atteignit point la capitale de la Province & demeura
confiné dans quelques parties du bas Languedoc, mais il causa de grands
ravages en Gévaudan. Toutes les villes s'étaient conformées aux instructions
du commandant en chef Si de l'intendant 8c veillaient à la défense de leurs
portes.
Pendant ces alarmes, la Province fut traversée par Méhémet Effendi,
ambassadeur du sultan, qui allait saluer le roi Louis XV. Ce personnage,
embarqué avec toute la suite d'un grand seigneur asiatique, à bord d'un
vaisseau français, s'était présenté au port de Toulon, où il fut quelque temps
retenu au Jardin du Roi; mais comme on ne voulait pas lui laisser traverser
la Provence, il dut aller relâcher à Cette. Ce port demeurait ouvert, sauf
l'obligation de quarantaine. L'ambassadeur ottoman passa les quarante jours
dans l'île de Maguelonne, ancien nid de pirates sarrasins, où l'intendant lui
avait préparé des logements. Durant ce long délai, les gens de la côte virent
les Turcs s'exercer au tir de l'arc 8c parcourir en tout sens, sur leurs beaux
chevaux arabes, les alentours de l'ancienne cathédrale abandonnée.
Descendu enfin à Cette, Méhémet Ettendi fut logé à la Raffinerie, puis
on lui donna des barques pour le conduire à Toulouse par le canal. A Tou-
louse, on le logea dans l'hôtel de M. Daguin, que le peintre Rivalz avait
décoré d'emblèmes 8c de devises, placés sur les portes avec des lauriers £c
des guirlandes. Le capitaine &c trente soldats du guet montèrent la garde à
son hôtel, 8c les capitouls, instruits par l'intendant de leurs devoirs, dans le
' Archives de Toulouse. Livre ties Conseils, vous prie, à ce que cela soit exécuté ponctuelle-
XXXVIII, p. 6i. ment, de manière que je n'en entende plus parler,
' « A l'égard des prébendes, après avoir mûrement observant de faire sentir à Messieurs les chanoincç
examiné, M. de Bernage & moy, leur mémoire & & aux prébendes que dans la conjoncture présente
eeluy de Messieurs du chapitre de Saint-Etienne, où il s'agit du salut de la patrie, il ne don pas
il nous a paru que la proposition des chanoines être question de préséance
étoit juste, c'est-à-dire de leur donner pendant , , „
' . ' , , 1 , ,, ,, " Leduc DE ROQUELAURI:.
quinze jours que durera leur garde des prébendes
pour la monter en second, en laissant à ces der- ...
1 II. .' j 1 • ■ j, ,1 « Montpellier, il Juin 1721 '. »
mers la liberté de choisir ceux d entre eux qu ils ' » i- i 1 /
jugeront à propos, & qu'après ces qxiinze jours les
prébendes pourront monter la garde de suite & ■ Archives do Toulouse. /.e//,-« miss/i-f s rf.'s fraH./s.rfi-
sans interruption deux à deux. Tenez la main, je gnilaires.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUES XV.
949
plus grand détail', offrirent au diplomate oriental un gâteau du prix de
cinquante livres & plusieurs corbeilles pleines de confitures, de dragées, de
poires de bon chrétien d'Auch, de pommes de reinette 8c d'oranges de Por-
tugal. L'ambassadeur descendit la Garonne jusqu'à Bordeaux^.
Pour intercepter la communication avec le pays infecté, le duc de Roque-
laure établit un cordon de postes le long des lignes du Rhône 8c sur la côte
de Languedoc, depuis le delta de la petite Camargue jusqu'à la pointe de
Leucate. Mais les troupes réglées ne suffisant pas à couvrir un aussi vaste
territoire, il fit appel aux milices bourgeoises gardes-côtes qui furent soldées
aux frais des communes ou par les receveurs des tailles, sur les ordonnances
de l'intendant. Ces arrangements se firent au mois d'août 1720, 8c, pour
' Voici deux lettres de l'intendant aux capitoiils
de Toulouse concernant le paswge de l'ambassa-
deur ottoman :
« A Montpellier, ce 14 janvier 1721.
i< Messieurs, l'ambassadeur de la Porte arrivera
à Toulouse le i*^' du mois prochain pour y cou-
cher deux nuits, en partir le 3 & suivre sa route
par la Garonne jusqu'à Bordeaux. M. le duc de
Roquelaure vous fera savoir ce que vous aurez à
faire pour les honneurs qui sont dus au caractère
de cet ambassadeur. Ainsi cette dépèche se réduira
à c« qui regarde le logement. L'intention du roi
est qu'il lui soit fourni & à tous ceux de sa suite
dans les villes & places où il passera, & que vous
ajoutiez créance à ce qui vous sera dit sur cela par
M. de la Baune, gentilhomme ordinaire de Sa
Majesté, qui conduit l'ambassadeur. Ce ministre a
M. son fils, douze à quinze officiers de distinction
& environ soixante domestiques avec lui. Il lui
faut une maison propre où il puisse loger avec
M. son fili & quatre ou cinq officiers des plus
distingués. Vous pourrez mettre les autres offi-
ciers dans une ou deux autres maisons, les plus
à portée de l'ambassadeur que vous pourrez. A
l'égard des domestiques, comme ils couchent sur des
paillasses sans draps Se sans couverture, vous en
pourrez mettre plusieurs dans une même chambre.
II faudra un logement distingué pour M. de la
Baune, & un autre pour le contrôleur de la bou-
che qui pourvoira à la subsistance. Vous jugez
bien qu'il faut des cuisines, du bois & du char-
bon. Ainsi vous y ferez attention. Le contrôleur
payera tout; il n'y aura que le logement à la
charge de la ville. Faites, s'il vous plaît, vos dis-
positions si bierl que rien ne manque. Vous les
remettrez k M. de la Baune à son arrivée, & sui-
vrez exactement ce qu'il vous prescrira.
it Une compagnie de grenadiers du régiment
royal des vaisseaux accompagnera l'a^nbassadeur.
Vingt ou vingt-cinq grenadier» monteront alter-
nativement la garde dans chaque lieu de couchée.
Ainsi il faudra établir un corps de garde à portée
de la maison de l'ambassadeur, auquel vous ferez
fournir deux quintaux de bois & xine livre de
chandelle pour le temps qu'il y restera. Si par
quelque contretemps qu'on ne peut prévoir, il res-
tolt plus longtemps, il faudra renouveler la four-
niture toutes les vingt-quatre heures. Cette dé-
pense sera à la charge de votre ville. Vous aureu
soin de donner des logemens aux officiers & au-
tres grenadiers dans le faubourg en payant de gré
à gré. Ils vivront au moyen de l'étape qui leur
sera fournie.
n De Beknace. u
• A Montpellier, ce 24 jonvler 1721.
(' Vous savez que les Turcs ne boivent point de
vin ; ainsi les présents que vous devez faire à l'am-
bassadeur doivent être en confitures & en gâteaux
dans des corbeilles propres. En y employant une
centaine de livres, il me paroît qu'il y en aura
suffisamment.
M. le maréchal de Berwick enverra une compa-
gnie de grenadiers du régiment de Touraine pour
relever celle du régiment des vaisseaux. Je vous
prie de les faire loger l'un & l'autre dans le fau-
bourg en payant de gré à gré'. «
• Archives de Toulouse. Pièces a l'appui Jes
comptes de Vannée 172t. On donna trois cents
livres d'indemnité à M. Daguin pour les dom-
mages que l'ambassadeur & sa suite avaient faits
aux meubles, probablement par leurs ablutions.
Mehemet Effendi repassa en Languedoc au mois
de septembre 1721 après «on audience; il venait
alors de Lyon & allait s'embarquer à Cette sur les
vaisseaux du roi. Il séjourna à Montpellier dans
la maison de Lauzière. Les consuls lui offrirent
quatre paires de pigeons & des corbeilles de con-
fitures.
■ Archives de Toulouse. Corrcupoildance des intcnMvils.
l-JH
gSo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
solder les hommes de garde 8c payer les dépenses du matériel, on utilisa les
fonds qui se trouvèrent disponibles dans les caisses diocésaines. Lorsque les
États se réunirent, la commission des affaires extraordinaires, présidée par
l'évêque de Lodève, eut mission d'étudier les moyens que la Province devait
prendre pour empêcher les progrès de la contagion. On n'eut pas de peine à
reconnaître que le meilleur était de garder soigneusement tous les passages
par où les hommes ou les denrées pouvaient venir de Provence & d'en
défendre l'approche; mais on agita la question de savoir si les frais de solde
& d'entretien des corps de garde, provisionnellement avancés par les diocèses
ou les communes, devaient demeurer à leur charge ou être supportés par l'en-
semble de la Province. La commission déclara que les mesures de précaution
qui occasionnaient ces dépenses n'importaient pas seulement à la conserva-
tion des propriétaires riverains du Rhône ou des étangs, mais à celle du pays
tout entier, & que la généralité du royaume n'y avait pas un moindre
intérêt. La garde des frontières de Provence Se des côtes de la Méditerranée
était en ce moment la plus grande affaire de l'Etat, puisque la peste, une
fois introduite en Languedoc, pouvait aisément se répandre dans toutes les
provinces voisines. L'assemblée résolut que le trésorier des États rembourse-
rait les diocèses & les communes des avances faites 8c de celles qui se feraient
encore pendant le service des compagnies bourgeoises'. Mais, dans les confé-
rences qu'ils eurent avec le duc de Roquelaure Se avec Bernage, les com-
missaires représentèrent que cette garde ne se trouvait pas en très-bonnes
mains. Pour être efficace, la consigne devait être rigoureusement observée;
une seule infraction, en laissant pénétrer le fléau à travers les lignes, pouvait
rendre inutile tous les efforts Se tous les sacrifices accomplis. Or les compa-
gnies' improvisées étaient loin d'avoir la discipline des troupes régulières : se
trouvant composées d'habitants du pays, à proximité de leur domicile où
leurs affaires ne cessaient de les rappeler, Se en rapports d'intérêt ou de
parenté avec les gens de Provence, elles ne semblaient guère propres à la
défense exacte de la frontière. Le duc de Roquelaure avoua qu'il ne s'était
point fait d'illusion sur ce point, mais qu'à défaut de troupes réglées, il
ritllisait les éléments qu'il avait à sa disposition, ajoutant du reste que, sur
sa demande, deux bataillons d'infanterie ne tarderaient pas d'arriver dans la
Province. Les États sollicitèrent l'envoi de forces doubles, afin de pouvoir
licencier entièrement les gardes-côtes, Se le départ de deux régiments de dra-
gons très à charge au pays. Ils rappelèrent qu'en Provence, quatre régiments
' La solde de ces compagnies gardes-côtes fut la commission des Etals, de réduire ce tarif qui
réglée par M. de Bernage, à raison de deux livres suffisait tout au plus à l'entretien des officiers ou
dix sols par jour pour les capitaines, une livre dix soldats, contraints d'abandonner leurs affaires par-
sols pour les lieutenants, une livre cinq sols pour ticulières ou leurs professions. Quant à l'entretien
les sous-lieutenants, quinze sols pour les sergents des corps de garde, comprenant la fourniture de
& dix sols pour les simples gardes, à compter du lits, de bois, & de chandelles, Bernage en fixait la
i'*' décembre 1720. Pendant les mois antérieurs, dépense à raison de vingt-sept sols par jour pour
cette solde avait été un peu plus forte, à cause de les postes de quinze hommes & de dix-huit Jol»
la cherté des vivres. Il paraissait difficile, observe pour les postes de sept à huit hommes.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. g5i
de milices levés à l'occasion de la peste, étaient payés par le roi & réclamè-
rent la même faveur pour le Languedoc.
A cause de l'urgence, au lieu de faire partir une députation particulière,
on pria l'archevêque de Narbonne, alors à Paris, d'intercéder personnelle-
ment auprès du régent '.
Dans les premiers jours de février, le bruit se répandit en Languedoc que
M. Dussault, envoyé de France auprès du dey d'Alger, arrivait par mer de
Toulon à Cette, avec sa suite & ses équipages. Cette nouvelle y produisit
grand émoi, parce que, depuis les progrès de la peste en Provence, le port de
Cette avait été entièrement interdit aux navires venant de ce pays. Les com-
missaires des Etats firent des représentations au duc de Roquelaure sur le
danger de lever cette prohibition. Le commandant en chef répondit qu'il
n'en contestait pas l'inconvénient, mais qu'il avait reçu des ordres formels du
conseil de la marine de laisser entrer M. Dussault, à charge de lui imposer
l'obligation de la quarantaine. Le conseil de la marine jugeait que l'ambas-
sadeur de la Porte ayant été admis à débarquer au port de Cette, après qua-
rantaine, 8c l'envoyé de France en Barbarie se trouvant dans le même cas,
on n'avait aucune raison de soumettre celui-ci à un traitement différent.
L'archevêque d'Albi, en exposant l'aftaire aux Etats, fit observer que l'ana-
logie n'était point parfaite. Méhémet Eftendi n'avait point habité la ville de
Toulon, mais le Jardin du Roi, où l'on avait pris soin de le retenir, & il en
était parti avant que la contagion n'y fût signalée. Au contraire, M. Dus-
sault venait d'y séjourner deux ou trois mois avec tout son monde. Si, depuis
un mois, on savait que le fléau v causait de grands ravages. « Cette province,
<( ajouta l'archevêque, n'a pas d'autre ressource pour soutenir son commerce
n que le port de Cette, qui se trouveroit interdit de toute communication
« avec le reste du rovaume, si l'on v donnoit entrée aux vaisseaux ou bar-
« ques venant de Provence. » En effet, depuis la recrudescence de l'épidémie,
aucun bâtiment sorti d'un port de France ne pouvait être reçu dans un autre
port français sans justifier par patentes authentiques, non-seulement de l'état
sanitaire du lieu d'origine, mais de l'absence de communications avec les
Provençaux. On fit partir en toute hâte un courrier pour porter au duc
d'Orléans & au comte de Toulouse les instantes prières de l'assemblée, Si l'on
supplia le duc de Roquelaure de retenir les bâtiments de l'envoyé à l'entrée
du port de Cette en attendant la réponse du régent*.
Ces appréhensions régnèrent dans la Province pendant près de deux
années. A l'exception des garnisons indispensables qui avaient été laissées
dans les citadelles ou les forts, toutes les troupes disponibles avaient été suc-
cessivement retirées du plat pays pour s'échelonner, dans les postes du Rhône,
depuis Villeneuve-lès-Avignon jusqu'à Aigues-mortes. Les commissaires du
roi réclamèrent des Etats la contribution .militaire connue sous le nom d'us-
' Procés-ferbal des États de Languedoc. Séance ' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance
du 7 février 1721. du 12 février 1721.
1721
g52 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tensile; mais, comme elle représentait des fournitures qui avaient été faites
en nature aux troupes dispersées dans les corps de garde, l'assemblée provin-
ciale fut d'avis de ne point payer deux fois. Le duc de Roquelaure demanda
aussi une somme à distribuer, en guise de gratification, au nombreux per-
sonnel employé à la garde de la frontière, en faisant valoir les fatigues de
ce service, qui exigeait une surveillance continuelle, tant de nuit que de
jour. Les États accordèrent trente mille livres, dont la disposition fut laissée
au commandant en chef.
Une sorte de lazaret, construit par l'entrepreneur des baraques du pré de
Beaucaire, avait été établi, au confluent du Rhône & du Gard, dans cette
même île de Valabrègue, qui servit de lieu d'internement pour les camisards
de Cavalier. On y faisait faire quarantaine aux personnes venant de Pro-
vence, autorisées à pénétrer en Languedoc.
Au cours de la session, les États eurent à s'occuper d'une question assez
curieuse qui ramenait les esprits à plusieurs siècles en arrière. On sait que
Simon de Montfort, après la guerre des albigeois, rendit obligatoire, dans
les terres de la conquête, l'usage de la coutume de Paris. Pvestreinte aux
fiefs confisqués, cette loi n'était pas applicable aux autres domaines de Lan-
guedoc; par la suite des temps, 8<, grâce aux mutations de la propriété féo-
dale, ce dualisme produisit une grande confusion &, donna Heu à bien des
conflits. La cour des aides de Montpellier avait rendu, le g mars 1718, un
arrêt qui reconnaissait la terre de Cazillac comme mouvante de l'évêché de
Béziers. L'inspecteur & le contrôleur du domaine se pourvurent en cassation
contre cet arrêt auprès du conseil d'Etat. Us soutenaient leur opposition sur
ce que la sénéchaussée de Béziers, où se trouvait Cazillac, était régie par la
coutume de Paris, & que, Suivant les dispositions de cette coutiune, le vassal
ne pouvait pas se jouer entièrement de son fief. Or, en 1678, les commis-
saires du pape Si du roi pour l'aliénation du temporel de l'église jusqu'à
concurrence de cinquante mille écus de rente, avaient aliéné la terre de
Cazillac. Le syndic général Joubert, en exposant l'affaire devant les États,
leur indiqua les diverses raisons qui semblaient demander une intervention
de la Province.
L'usage languedocien permettait à tout vassal de sous-înféoder son fief en
entier & d'en faire un arrière-fief. Les commissaires du domaine en avaient
jugé ainsi en faveur du duc de Ventadour. Cependant, on prenait l'habitude
d'invoquer la coutume de Paris comme étant la règle des fiefs de Languedoc.
On l'opposait dans tous les procès du fermier des domaines contre les parti-
culiers, quand les dispositions de cette coutume lui étaient avantageuses.
Il est cependant constant, poursuivait le svndic général, que la coutume
de Paris n'est point la règle générale des fiefs de Languedoc; Les États l'ont
déclaré en plusieurs occasions, 8< si l'on examine le détail des fails^ on
reconnaîtra que la Province suit des usages tout contraires, & qu'il n'y a en
Languedoc d'autres terres sujettes à la coutume de Paris que celles qui ont
été inféodées sous cette condition. Mais les particuliers n'agissaient pas autre-
LIV. IV, LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 953
ment que le fermier du domaine 8< ne s'inquiétaient point des intérêts géné-
raux de la Province, quand ils croyaient trouver quelque avantage personnel
à se réclamer de la coutume de Paris. Ils étaient quelquefois les premiers à
l'invoquer pour leur défense, & comme il n'existait nulle part de loi précise
& formelle, les juges, voyant les parties prendre cette coutume pour règle de
leurs contestations, s'accoutumaient k juger d'après ses maximes. De cette
manière, on voyait la coutume de Paris s'introduire insensiblement dans la
Province au détriment des usages locaux, &. l'on s'exposait à voir abuser plus
tard du principe que la coutume de Paris devait faire loi dans toutes les Pro-
vinces dépourvues de coutumes écrites. C'est pour éviter cette invasion que le
syndic général sollicitait le concours des Etats. Ils ne l'avaient pas refusé
précédemment dans l'affaire du franc-alleu 8t des droits de lods, ni dans le
procès intenté par le fermier du domaine au marquis de Mirepoix &. au duc
d'Uzès, au sujet du droit de relief. L'assemblée décida qu'elle prenait fait 8c
cause dans l'instance pour l'évêque de Béziers, en vue de conserver les privi-
lèges de la Province, 8i déclara que la coutume de Paris n'était pas la règle
des fiefs dans la sénéchaussée de Béziers, ni dans aucune autre partie du
Languedoc'.
Ainsi, à tout instant, quand on pénètre le détail de l'organisme provincial,
on se heurte à ces difficultés sans cesse renaissantes qui donnaient à la pro-
priété, comme à l'exercice des diverses fonctions, un caractère de complication
6c d'obscurité inexprimables. Plus on cherche à s'en rendre compte, plus on
est amené à conclure que les grandes réformes de la Révolution furent avant
tout le triomphe de la simplicité 8c du bon sens, le débrouillement du chaos
historique accumulé par les superpositions d'événements, de conquêtes, de
mutations domaniales 8c l'épuisement d'une véritable mine de querelles juri-
diques 8c de chicanes, où les gens de loi pouvaient encore fouiller pendant
plusieurs siècles.
Durant les premiers mois de l'année 1721, 8t tandis que les mehacés de
peste alarmaient la Province entière, le haut Languedoc fut mis en émoi pâf
des procédures féodales tout à fait extraordinaires que venaient de rendre pos-
sibles ces étranges reconstitutions de fiefs consenties par la royauté, Sur les
instances des favoris, au détriment des intérêts généraux 8c en contradiction
avec la véritable politique traditionnelle du pouvoir central. Les collines acci-
dentées qui séparent la vallée du Tarn de celle de l'Aveyron furent témoins
d'un enlèvement de consuls, saisis dans leurs villages au nom du comte de
Relle-Isle 8c traînés par une bande armée aux prisons seigneuriales du château
de Penne.
Voici par quel enchaînement de circonstances, cet épisode, renouvelé des
mœurs anarchiques du moyen âge, avait pu se produire.
Malgré la disgrâce de Fouquet, la place de Belle-Isle en mer, avec tout
Bon territoire, son port, son château, sa citadelle Se ses fortifications, était
' Procè»-t«bal do Ktâts d« Languedoc. Séance du it février 1721.
lyîi
i7>i
954 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
demeurée aux mains des héritiers du surintendant. Des raisons politiques
firent désirer au gouvernement de rentrer en possession d'une position navale
aussi importante, qui, située vis-à-vis la pointe de Quiberon, commandant
les bouches de la Vilaine & de la Loire, ne pouvait, en temps de troubles,
être laissée sans danger à la discrétion d'un grand seigneur. Sous l'impression
causée par la découverte du complot de Cellamare, il iut donc résolu de réunir
l'île bretonne au domaine royal; mais comme le trésor était beaucoup trop
obéré pour permettre un rachat à prix d'argent, au lieu de désintéresser le
comte de Belle-Isle en lui payant le prix de sa terre, on prit le parti d'un
échange, &, parmi les anciens fiefs supprimés depuis des siècles, on en
choisit quelques-uns qui furent offerts au petit-fils de Fouquet. De ce nombre
était la ville de Beaucaire avec tout son territoire.
Les populations avaient une horreur naturelle pour ces sortes de marchés.
Dans la domination du roi, personnifiant l'État, elles ne voyaient que
l'exercice d'une autorité légitime, que la tradition religieuse Si les maximes
du droit romain consacraient également. Si malgré ce que cette autorité
avait souvent d'excessif, malgré la distance qui séparait la théorie mystique
d'une incarnation de la patrie dans le souverain, 8c la réalité des intrigues
tramées à la Cour ou dans le cabinet des ministres, on aimait encore cent
fois mieux ce régime que la seigneurie vexatoire d'un particulier. Subir
l'action des favoris du roi était souvent assez dur, mais supporter les favoris
d'un propriétaire particulier, passer k la merci d'une domesticité privée, avoir
pour maîtres des intendants ou des agents d'affaires de grands seigneurs parais-
sait la condition la plus odieuse. Aussi, à peine la nouvelle de l'échange
conclu au mois d'octobre 1718 fut-elle parvenue à Beaucaire, qu'elle y causa
une profonde stupeur & le conseil général de la ville ne perdit pas un instant
pour faire parvenir ses réclamations au duc d'Orléans. Le marquis des Por-
cellets de Maillanes Si M. de Rougnac eurent mission de rechercher, dans les
archives municipales, tous les titres capables de toucher les membres du con-
seil de régence. Ils n'eurent pas de peine à prouver que leur ville avait été,
depuis le treizième siècle, débarrassée du régime féodal, que la prospérité de
leurs foires dépendait précisément des franchises dont on y jouissait; ils firent
valoir que la situation de Beaucaire, placée près des embouchures du Rhône,
son ancien titre de chef-lieu de sénéchaussée, 81 les confirmations successives
de ses privilèges par tous les rois de France, depuis Philippe de Valois jusqu'à
Louis XIV, devaient la préserver d'une aliénation. Cependant le comte de
Belle-Isle ne perdait pas de temps, se faisait installer dans sa seigneurie. Si,
se considérant comme déjà substitué au roi, demandait, d'un ton fort impé-
rieux, la liste de présentation des candidats aux charges consulaires pour
faire ses choix'. Le corps municipal trouva, comme on devait s'y attendre,
' M. de Forfon a publié, dans let Nouvelles d'abord une épître du comte de Belle-Isie à l'un
recherches pour servir a l'histoire de la ville tte des consuls sortant de Beaucaire, M. d'Arbaud de
Seaiuaire, I, p. 293, quelques lettres assez eu- Rougnac ;
rieuses relatives à rechange de Belle-Isle. Voici n Je vous remercie, Monsieur, de TOtre atten-
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 955
en M. de Beinage, un défenseur auprès de la Cour. Les intendants, créés en
vue de consolider l'unité française, ne pouvaient, sans faillir à l'esprit de leur
institution, se montrer favorables à des résurrections d'un autre âge. Aussi,
les dix gentilshommes 8<. les quatre bourgeois qui se rendirent à Montpellier
pour solliciter l'intervention de l'administrateur provincial en rapportèrent-ils
des paroles d'espérance. Les États inscrivirent un article particulier dans le
cahier de leurs réclamations, 8c les villes de commerce, invitées à donner leur
avis sur le changement qui venait de s'opérer, furent unanimes à déclarer que
la liberté des transactions exigeait le maintien de la place sous l'autorité directe
du roi. Le 24 mars 171g, le marquis de La Vrillière annonça aux consuls
que le duc d'Orléans s'était fait rendre compte des motifs contenus dans leur
mémoire imprimé, & qu'il y donnerait satisfaction en procurant un autre
domaine à M. de Belle-Isle. Cette promesse fut en effet réalisée, & le
27 mai 1719, un arrêt du conseil d'État déclara la ville de Beaucaire .réunie
au domaine de Sa Majesté. Pour éviter le retour de la mésaventure, les
députés de la Province insistèrent auprès du régent, en vue d'obtenir une
garantie plus formelle. Ils lui représentèrent que, depuis la réunion au
domaine royal consacrée par le traité de Paris en 1229, Beaucaire n'avait
jamais eu d'autres seigneurs que les rois de France; que cette annexion ne
1721
tion sur ce qui regarde me» intérêts. Je serai ravi
de trouver occasion de vous en marquer ma recon-
noissance.
R Comme il me paroît par votre lettre que votre
consulat doit finir bientôt, je vous prie de me
marquer dans quel temps on doit procéder à une
nouvelle élection ; je compte qu'elle ne se fera
point sans que j'en sois informé, ni sans que le
corps de ville me présente des sujets qui aient
mon approbation.
« On m'a dit tant de bien de tout ce qui com-
pose votre ville, que j'ai préféré ce domaine à
beaucoup d'autres qui m'ont été offerts : j'espère
qu'elle n'entreprendra rien de contraire à mes
droits, & à tout ce qui m'est dû de sa part.
« Je vous suis, Monsieur, parfaitement acquis.
« FouQUET DE Belle-Isle.
Il Paris ce 4 janvier 1719. »
Réponse de l'ancien consul :
!• Monsieur, ce n'est plus en qualité de consul
que j'ai l'honneur de vous écrire l'élection s'en
étant faite le i" jour de l'an, suivant notre an-
cien usage, soutenu par les arrêts du conseil qui
nous servent de règlement.
« M. de Narbonne Pelet m'a succédé en la
charge de premier consul & viguier. C'est un gen-
tilhomme de distinction, & tous ceux qui portent
le premier chaperon sont reconnus pour tels; &
quoique la qualité de consul les fasse descendre
île leur état, le bien public les y détermine, mal-
gré le danger où ils s'exposent de se voir refuser
ce qui semble être dû au caractère de leur nais-
sance. J'en ai fait moi-même une triste épreuve;
c'est ce qui m'engage, Monsieur, à vous donner
une juste idée d'une noblesse qui a été élevée dans
des sentimens de sensibilité & de délicatesse, qui
compose dans cette communauté un corps consi-
dérable, & qui a toujours honoré le chaperon.
n J'ai l'honneur d'être très-parfaitement, Mon-
sieur, votre très-humble & très-obéissant serviteur,
« D'Ar.BAUD DE ROUGNAC.
'< Beaucaire, ce |3 janvier 1719. »
Enfin, comme épilogue, lettre du secrétaire
d'Etat La Vrillière aux consuls :
'I Messieurs, j'ai reçu avec la lettre que vous
m'avez écrite le 14 de ce mois, le mémoire im-
primé contenant vos représentations sur le contrat
d'échange f»it entre le roi & M. de Belle-Isle,
par rapport au domaine de Beaucaire, & en ai
rendu un compte très-exact à Monseigneur le duc
d'Orléans, comme vous le désirez. Son Altesse
Royale y a fait toute l'attention imaginable & m'a
témoigné qu'elle vous donnera satisfaction k cet
égard, en procurant incessamment à M. de Belle-
Isle quelque autre chose au lieu & place de ce
domaine. Je suis très-aise d'avoir eu cette occasion
de vous rendre service, & de vous marquer que je
suis. Messieurs, votre très affectionné serviteur,
1 La VniLLiLRE.
n Paris, le 24 mars 1719. >>
IJH
956 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
s'était pas opérée par droit de conquête, mais par suite des conventions con-
clues entre saint Louis 8c le comte de Toulouse, & que la ville avait été
choisie, comme place forte 8i frontière, pour servir de résidence au sénéchal
royal. L'existence d'une foire franche, privilégiée par les comtes 8c plus tard
par les rois. Se connue de l'Europe entière comme un des entrepôts les plus
importants du commerce méditerranéen, lui avait attiré, en divers temps, la
faveur des souverains. Mais celle qui lui paraissait préférable à toute autre
était la certitude de n'être jamais comprise dans un démembrement. C'est
une grâce, ajoutait le mémoire des États, que nos rois auraient eu sans
doute la bonté de lui accorder, si l'on avait prévu qu'on pût jainais demander
à nos rois la seigneurie d'une ville si considérable, en échange de quelque
chose. C'est pourtant ce qui serait arrivé dans l'échange fait avec le comte de
Belle-Isle, si le roi n'avait eu la bonté de lui donner en contre -échange
quelque autre partie de son domaine, moins considérable que celle de Beau-
Caire.
Pour cette considération, pour la conservation de la foire de Beaucaire 8c
pour reconnaître la fidélité des habitants de la ville, les États suppliaient
donc Sa Majesté de ne pas permettre que la ville de Beaucaire eût à l'avenir
d'autres seigneurs que le roi de France 8t de déclarer qu'elle ne pourrait être,
sous aucun prétexte, séparée de la couronne.
Le gouvernement répondit sur ce paragraphe du cahiei', en conseil de
régence, le 22 novembre 1719, le duc d'Orléans présent : « Le roi a déjà eu
« égard à la demande que contient cet article, en faisant un second échange
« de la ville de Beaucaire avec le sieur marquis de Belle-Isle pour faire ren-
ti trer ces domaines dans la main du roi, l'intention de Sa Majesté étant
« qu'il n'en sorte point. »
En effet, au mois de décembre de la même année, des lettres patentes,
données à la requête des « consuls, gouverneurs & viguiers de Beaucaire,
« conservateurs des privilèges des foires, » 8c visant tous les actes antérieurs ',
renouvelèrent les franchises précédemment octroyées par les souverains, en y
ajoutant : « Déclarons, en outre, que notre intention est que le domaine de
« Beaucaire, que nous avons fait rentrer dans nos mains, n'en sorte point 8c
« ne puisse jamais être séparé de notre couronne sous quelque prétexte que
« ce soit. »
Mais l'orage féodal n'était que déplacé. Écarté de Beaucaire par les efforts
d'une population nombreuse 8c riche, &c par les intérêts du commerce, il alla
fondre sur les coteaux de l'Aveyron 8c du Tarn, où il ne fut pas mieux
accueilli, mais où la force manqua pour le détourner.
'Lettres patentes de Philippe de Valois, du de juin 1547; de François II, du mois de jan-
28 novembre 1346; de Charles V, du 21 août vier iSôp; de Charles IX, des mois d'octobre i56i
i373; de Charles VI, du i5 avril iBpo & 10 & avril 1662; de Henri III, des mois de décem-
août 1394; de Louis XI, du mois de mars 1463; bre 1674 & mai i533; de Henri IV, du mois de
de Charles VIII, du mois de janvier 1483; de septembre iSjS; de Louis XIII, des mois de
Louis XII, du mois d'avril 1499; de François I"', juin 161 i & septembre i632; St de Louis XIV,.
du mois de novembre i5i5; de Henri II, du mois du mois de février 1660.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. gSy
Les officiers Ju domaine recherchèrent, pour représenter la valeur de
l'échange, un certain nombre de fiets éparpillés dans le Toulousain & dans
l'Albigeois; ils reconstituèrent la vicomte de Villemur, les seigneuries de
Penne, de Castelnau de Montmirail, de Puylaurens, de Castelnau de Brassac,
de Roquecourbe, de La Caune, d'Arifat S<. quelques autres petits biens qui
appartenaient à la couronne.
Le nouveau régime ne fut pas plus tôt installé qu'il produisit tous les désor-
dres &. toutes les querelles locales déterminés d'habitude par de semblables
métamorphoses : habituer un pays royal depuis des siècles à l'autorité inquiète
& tracassière d'un seigneur de haut parage n'était pas une entreprise facile.
D'ailleurs, par suite de l'obscurité que nous avons maintes fois signalée dans
toutes les questions de propriété foncière, l'extension des droits du nouvel
acquéreur prêtait aux interprétations les plus diverses. Il fallait chercher dans
la poussière des parchemins épelés par les feudistes des arguments pour jus-
tifier les prétentions des juges bannerets qui ne négligeaient aucune occasion
de se grandir. Cela mettait la guerre dans toutes les communes.
Il y eut surtout de violents antagonismes au sujet des élections consulaires
dans plusieurs villages du diocèse de Montauban. En vertu de son titre de
vicomte de Villemur, M. de Belle-Isle devait, disait-on, nommer les consvils
de Saint-Nauphary, de Corbarieu, de Reyniès. Telle était, du moins, l'opi-
nion de maître Mathieu Bermond, son juge banneret, qui rendit ordonnances
sur ordonnances pour la prestation du serment, pour la remise des livrées
municipales, & lança des décrets de prise de corps. Généralement, ces mesures
comminatoires n'avaient pas grand effet, 8c les assignations demeuraient inof-
fensives entre les mains des huissiers; mais au mois de janvier 1721, il s'or-
ganisa contre les malheureux consuls récalcitrants une expédition féodale
qui paraît, à cette date, le plus bizarre anachronisme.
Le juge banneret de Villemur avait ordonné l'arrestation des consuls
anciens & modernes de Saint-Nauphary, de Corbarieu Se de. Reyniès. Un
gentilhomme du pays, Boyer de Tauriac, flatté sans doute d'être le vassal
d'un aussi grand personnage que le comte de Belle-Isle 8< voulant mériter
ses bonnes grâces par un coup d'éclat, se chargea de cette exécution. Il
ramassa, le 28 janvier, quelques-uns de ses métayers, quatre dragons d'une
compagnie du régiment de Belarbre où son frère était capitaine, un maré-
chal des logis de ce régiment, un valet des consuls de Villemur Si quelques
autres inconnus, portant des bandoulières aux armes des Fouquet, 6<. en
compagnie d'un huissier, se mit en route vers Saint-Nauphary. Lu petite
bande comptait quatorze hommes, presque tous à cheval. Si armés de fusils.
En arrivant au village, ils rencontrèrent l'un des consuls, sortant du moulin
seigneurial, & se saisirent de sa personne; deux autres consuls, entraînes
dans un cabaret, s'y entendirent sommer d'obéir aux ordonnances du juge
banneret concernant les élections municipales, sous peine d'être conduits
dans une maison-forte. Ils refusèrent de se soumettre 8<. demandèrent seule-
ment le temps d'aller chez eux chercher quelques, bardes 81 quelque argent,
1721
1721
958
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
faveur qui leur fut déniée. Tauriac fit ouvrir les rangs de sa petite troupe, y
plaça les prisonniers, S<. chevauchant à la tête, monta le coteau du Tarn
pour se rendre à Corbarieu, Sur le chemin, on aperçut quelques ouvriers
qui creusaient un fossé; le gentilhomme, s'attendant à une attaque, fit faire
front à sa troupe; les ennemis imaginaires, qui ne se doutaient de rien &
qui ne s'expliquaient pas la présence d'une aussi étrange maréchaussée, lais-
sèrent passer le cortège sans inquiétude. Les consuls de Corbarieu furent
appréhendés comme ceux de Saint-Nauphary, puis la bande remonta le Tarn
jusqu'à Reyniès, où le consul, qui était un maître chirurgien, subit le sort
de ses collègues. Ces diverses captures accomplies, Tauriac achemina son
monde, sous une pluie battante, par des chemins détournés qui conduisaient
à sa résidence personnelle. Comme le mauvais temps redoublait, il quitta la
troupe à Varennes 8c prit les devants au galop, non sans avoir prescrit à ses
gens de lui amener les prisonniers morts ou vits. A dix heures du soir,
accablés de fatigue & ruisselant d'eau, ces malheureux arrivèrent devant le
château de Tauriac, près de Montvalen, où le maître les attendait, Si leur lit
passer la nuit dans une chambre sous bonne garde.
Le lendemain matin, il renforça son escorte de quatre dragons 8t d'un
brigadier du régiment de son frère, & fit conduire les pauvres consuls, tou-
jours à pied, jusqu'au rocher de Penne. Bien du temps s'était sans doute
écoulé depuis que la vieille forteresse féodale n'avait pas vu pareille entre-
prise. On mena les captifs dans une tour, au fond d'un cachot, où l'on ne
pouvait descendre que par des échelles à bras, Si on les y garda étroitement'.
■ Nous reproduisons sur ce«<c aventure un rap-
port original fort curieux tiré des archives de
Tarn-8<.-Garonne & dont nous devons la commu-
nication au regrettable M. Devais aîné, auteur de
travaux estimés sur l'histoire de ce pays.
Relation exacte Je la violence faite par le sieur de
la Caste Maillac, seigneur de Tauriac, pour ayder
un huissier a mettre a exécution une ordonnance
du juge baneret de Villemur^ rendue le 27 janvier
dernier contre les consuls anciens S- modernes dus
lieux de Saint-Naufary, Coriarriea & Reynic^
dans le diocèse de Montauian,
Le i8 janvier dernier ledit sieur de la Coste
Maillac, seigneur de Tauriac, en compagnie de
Jean La Boubée soy-disant huissier de Villemiir,
à la tète de quelques métayers dudit sieur de Tau-
riac, quatre dragons de la compagnie d'un de ses
frères, capitaine au régiment de Belarbre, un ma-
réchal des logis de ce régiment, un valet des con-
suls de Villemur, un autre huissier dudit Ville-
mur, un commis à la régie des moulins de ladite
ville, le fils de Coulom, procureur d'office dudit
lieu 8c quelques autres inconnus, portant des
bandolieres aux armes de M. de Belisle, faisant
en tout le nombre de quatorze personnes, presque
tous à cheval, armés de fusils, s'en allèrent à
Saint-Naufary où ils saisirent au corps le nommé
Capelle qu'ils trouvèrent sur leurs pas, sortant du
moulin appartenant au sieur de Colom Lapomn-
rède , seigneur dudit lieu; Guillaume 8t André
Pomiès frères, habitans dudit Saint-Naufary, le
premier consul en 1720 & le dernier en 1721, de
la nomination faite par ledit sieur de Colom,
seigneur dudit lieu feurent ensuite pris comme
s'ensuit.
Le fils de Coulom, procureur juridictionnel de
Villemur, indiqua au sieur de Tauriac lesdits
Guillaume 8c André Pomiez qui estoient devant
leur maison audit Saint-Naufary, & sur celte in-
dication, le sieur de Tauriac leur ordonna de les
conduire dans un cabaret du lieu, ce que lesdits
Pomiez frères firent de bonne foy, ignorant le
mauvais dessein dudit sieur de Tauriac, les con-
duisirent chez la nommée Jeannote, hûtesse dudit
lieu.
Estant dans ce cabaret, le sieur de Tauriac leur
dit qu'il estoit venu là pour les obliger aux ordres
de justice déjà donnés concernant la nomination
des consuls dudit lieu de Saint-Naufary, & que
faute par eux d'y avoir satisfait, il estoit venu
LIV, IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV.
959
Mais quelques illusions qu'inspirât aux auteurs de ce coup de force le crédit
du comte de Belle-Isle, un attentat pareil ne pouvait être de longue durée.
Le juge banneret, s'apercevant de l'émotion qu'il avait causée, répandit
une ordonnance où il prétendait que l'incarcération à Penne était motivée
par l'état de délabrement des prisons de Villemur. Un parent des détenus
se rendit k Penne, en fut repoussé, 8<. informa tout le pays des violences
odieuses qui venaient de se commettre. L'aftaire vint au sénéchal de Tou-
1721
av«c sa troupe pour les prendre & pour les con-
duire en lieu de sûreté, adjouiant que c'estoit des
mutins dont il vouloit faire un exemple.
A ces mots, lesdifs Pomiez frères demandèrent
audit sieur dcTauriac qui se disoit chargé de faire
la capture, de soufTrir au moins qu'ils allassent
chacun chez soy ou qu'ils y envoyassent chercher
de l'argent, habits & autres choses nécessaires
dont ils auroient besoin pendant leur emprison-
nement prochain; mais ledit sieur de Tauriac leur
(il réponse cruellement, que la prison seroit assez
longue pour donner le temps à leurs parens de
leur porter ce qu'ils (lie) auroient besoin.
Sur cela, ledit sieur de Tauriac fit ranger ta
troupe au milieu de laquelle il mit lesdits Pomiez
frères, & Capelle, & luy à la tête de toute cette
même troupe se mit en marche pour aller à Cor-
barieu.
Cette expédition peu honorable pour le sieur
de Tauriac l'obligeoit de se tenir sur ses gardes à
l'approche du moindre paysan qu'il rencontroit.
Car ayant trouvé avant de sortir de la seigneurie
de Saint-Naufary, quelques ouvriers qui faisoient
un fossé, il fit faire volic-face à une partie de ta
troupe, & leur commanda de présenter chacun ses
armes contre ces paysans, lesquels ne pensoient
point à luy.
De là ledit sieur de Tauriac & sa troupe fcurent
parcourir la juridiction de Corbarrieu, & prirent
deux consuls, l'un qui est métayer de M. Des-
corbiac, conseiller au parlement de Toulouse, &
l'autre feut trouvé dans le moulin appartenant à
la dame de Gensac.
En continuant sa marche, il arriva à Reyniez
chez Auttruc, maître chirurgien aussy consul de
Reyniez la présente année, auquel ledit sieur de
Tauriac tint le même langage qu'il avoit tenu
auxdits Pomiez frères, & que l'ayant capturé, il
conduisit toute la troupe par des voyes détournées
au lieu de Varennes, pendant une pluye violente,
où estant, il ne voulut pas souffrir que les captu-
rés fatigués par les mauvais chemins, & par la
longueur du voyage, eussent la liberté de boire,
ny de manger, & parce que le jour devenoit plus
rude par la violence de la pluye, que ledit sieur
de Tauriac ne pouvoit plus lui-même supporter,
il quitta la troupe, & prit le devant pour aller à
son château de Tauriac, où il ordonna qu'on
conduisît les capturés morts ou vifs, & même sans
leur permettre de prendre le bon chemin. Ce
que cette troupe inhumaine exécuta avec tant de
cruauté que Guillaume Pomiez, n'ayant point la
liberté de suivre d'autre route que celle de mules
& chevaux, il en reçut de coups de pied dont il
feut renversé & en danger de perdre la vie.
Enfin, après bien des fatigues, les capturés arri-
vèrent au château de Tauriac vers les dix heures
du soir, à l'entrée duquel château ledit sieur de
Tauriac se trouva pour les recevoir, ne leur tenant
que des discours menaçants & ne leur promettant
que des peines. De là il les conduisit dans une
xhambre de son château, devant laquelle il fit
faire garde pendant la nuit, par les mêmes per-
sonnes qui l'avoient aidé le matin à faire la cap-
ture.
Le lendemain 19 janvier, les mêmes gardes par
l'ordre dudit sieur de Tauriac prirent les capturés
pour les conduire dans les prisons du château de
Penne en Albigeois à cinq grandes lieues de Tau-
riac, &, pour la seureté de cette conduite, il aug-
menta la troupe en y ajoutant quatre dragons &
un brigadier de la compagnie d'un de ses frères
dudit régiment, Sc.avec cette escorte, les capturés
furent conduits auxdites prisons de Penne, placées
sur une élévation affreuse le long de la rivière
d'Aveiron, où ils furent mis le 3o au matin dans
une tour où il y a un puant cachot, dans lequel
on ne pouvoit descendre qu'avec des eschelles à
bras, & ils doivent y rester, suivant les ordres
dudit sieur de Tauriac jusqu'à ce qu'il luy plaira
les délivrer de sa tyrannie, n'ayant ces pauvres
malheureux qu'un peu de paille pour se coucher,
& du pain & de l'eau pour leur nourriture, aussy
suivant les ordres dudit sieur de Tauriac qui a
réglé leur dépense à cinq sols par jour pour cha-
cun, avec de très-expresses dépenses au concierge
de souffrir que les capturés parlent à qui que ce
soit hors de la présence d'un certain habitant à
luy affidé.
Ces infortunés attendent dans l'obscurité de leur
prison le soulagement de leurs peines, & leur dé-
livrance par le ministère des magistrats qui ont
le glaive de la justice en main pour réprimer ce»
voyes de fait & ces violences.
IJZl
ij6o ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
louse, 8<. comme les officiers royaux étaient les ennemis naturels des justices
féodales, le château de Penne dut ouvrir ses portes. Mais la tentative de
renouveler ainsi les procédés sommaires du moyen âge ne mit pas en feveur
auprès des habitants ces reconstitutions de fiefs où tendait la haute noblesse,
& quand, quelques années plus tard, un arrêt du conseil destitua les juges
nommés par le comte de Belle-Isle 8< fit effacer les litres blasonnées dont il
avait couvert les murs, cette petite révolution locale n'inspira aucun regret.
En dépit des questions incidentes qui appelaient l'attention des États, la
grande préoccupation de la Province pendant toute l'année 1721 & la ma-
jeure partie de l'année suivante fut cette effroyable peste de Provence, dont
les ravages produisaient une consternation générale. Dès le 27 août 1720,
le Parlement de Toulouse avait prescrit la formation de conseils de santé
dans toutes les villes, pour veiller à l'exécution des mesures de salubrité &
à la défense des passages. L'anxiété était surtout à son comble dans ces
plaines basses &. marécageuses qui bordent la rive droite du Rhône, depuis
le confluent du Gard jusqu'à la mer. Ce large 8c rapide cours d'eau séparait
seul le Languedoc du pays infecté. On savait que les villes d'Arles & de
Tarascon payaient leur tribut au fléau, & l'on redoutait que la peste ne
franchît le fleuve. Les habitants de Beaucaire vivaient dans des alarmes
continuelles. Les consuls, avertis de l'imminence du danger 8c sachant bien
qu'ils étaient aux avant-postes de la Province, interdirent le passage de tous
les bacs avec une extrême sévérité. Bientôt le marquis de Nogaret arriva, à
la tête de troupes qui furent installées sur tous les points 011 les commvtni-
cations avec la Provence étaient le plus faciles. La Province fit construire
neuf barraques en pierre pour servir de corps de garde sur le terroir de
Beaucaire.
Au mois d'avril, le duc de Roquelaure 8c l'intendant se rendirent dans
cette ville pour reconnaître s'il était possible d'y tenir, au 23 juillet, la
friande foire annuelle. On avait tout lieu de craindre que la concentration
d une foule de gens 8c de marchandises, dans la prairie du Rhône, vis-à-vis
Tarascon où régnait la peste, ne fournît à la contagion un aliment redou-
table. Beaucoup de marchands étrangers s'étaient empressés de déclarer qu'ils
ne mettraient pas le pied à Beaucaire tant qu'on signalerait l'épidémie de
l'autre côté de l'eau. Comme trois mois à peine séparaient de l'ouverture des
foires &c qu'un délai aussi court ne permettait pas l'espérance d'une entière
sécurité, le commandant en chef 8c l'intendant résolurent que le célèbre
marché méditerranéen ne _se tiendrait pas cette année dans les prés du
Rhône '.
■ Depuis l'explosion de la peste, mais avant qui n'étaient point lorties de Beaucaire, d'arrêter
que les communications ne fussent interceptées, celles qui se trouveraient en route ou qui seraient
un grand nombre de marchandises avaient été arrivées déjà dans d'autres villes de la Province,
transportées de Marseille à la foire de Beaucaire. afin que les mêmes précautions pussent être prises,
M. de Bcrnage ordonna d'y renfermer dans des avec sommation aux propriétaires d'en faire dé-
magasins, pour les y purifier St les éventer, celles claration devant les consuls & les bureaux de
UV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 961
Bernage écrivit aux divers corps de négociants pour leur en donner avis,
en les priant de se concerter entre eux pour le choix d'un autre emplacement.
A peine cette invitation tut-elle connue que des prétentions rivales s'éveillè-
rent dans beaucoup de villes. Montpellier, Nimes, Lunel, Bourg-Saint-Andéol,
le Pont-Saint-Esprit, firent valoir leurs titres pour donner asile au commerce
méridional, & l'intendant se trouvait fort en peine de faire un choix, lorsque
les consuls de Beaucaire intervinrent. Leur ville avait été profondément trou-
blée par l'annonce d'un déplacement provisoire du vaste entrepôt dont elle
tirait avantage depuis des siècles; elle craignait que le commerce ne s'habi-
tuât à de nouvelles routes & demandait que, si la foire ne se tenait pas au
lieu ordinaire, elle ne se tînt nulle part. A l'appui de cette requête, les con-
suls produisirent trois arrêts des cours supérieures, rendus dans des cas ana-
logues, en temps d'épidémie, qui prohibaient toute translation de la foire.
Aucun endroit de Languedoc n'offrant une parfaite sécurité, le gouvernement
désarma les rivalités en défendant purement 8c simplement d'ouvrir la foire h
Beaucaire le 22 juillet ou dans toute autre ville pour en tenir lieu.
Conformément aux vieux usages méridionaux, la peste fut l'occasion de
diverses cérémonies religieuses 8c de vœux des conseils de ville, suivis d'of-
frandes 6t de processions. Les habitants de Tarascon ayant fait sortir avec
solennité la châsse de sainte Marthe pour la promener sur les bords du fleuve,
invitèrent le peuple de Beaucaire à participera cette démonstration de l'autre
côté de l'eau. Une foule considérable s'y rendit, au chant des cantiques 8c au
son des cloches, 8c couvrit les deux rives pendant toute la durée de la pro-
cession '.
Dans beaucoup de villes de Languedoc, les dévotions à saint Roch se
multiplièrent.
Sauf la ville d'Alais 8c quel((ues lieux du diocèse d'Uzès qui furent assez
sérieusement éprouvés, le bas Languedoc ne souffrit pas de la contagion
autant que le voisinage de la Provence l'avait fait craindre; mais en Gévaudan
la peste causa de grands ravages 8c emporta plus de cinq mille victimes. La
seule ville de Marvéjols en compta dix-huit cents. Le fléau s'était montré
1721
santé. La crninte de voir Iciirs marchandises con-
fisquées occasionna bcauooup de contrebandes, &
comme l'on redoutait que la contagion n'en fût
propagée, le conseil d'Etat, sur l'avis du régent &
du contrôleur général Le Pelletier de la Houssaye,
ordonna, le 3o mars 1721, que la déclaration
dana^rois jours, sous peine de la vie, serait obli-
gatoire pour tous les propriétaires ou dépositaires
d'étoffes des Indes, de la Chine ou du Levant, de
soieries pures ou mêlées d'or & d'argent, de tissus
en écorce d'arbre, en laine, fil ou coton, prove-
nant des mêmes contrées, de toiles peintes & de
mousselines. Toutes ces étofTes devaient être trans-
portées dans des ateliers de ventilation & ne ren-
trer dans le commerce qu'après avoir subi ces
xin.
épreuves, constatées par des marques particulières,
au choix de l'intendant.
Passé les trois jours de grâce, qui comptaient
de la publication de l'arrêt, le conseil prescrivait
des perquisitions exactes, avec ordre de brûler les
étofTes & d'en punir de mort les détenteurs, dé-
signant l'intendant pour instruire & juger ces
sortes d'afTaires en dernier ressort, sauf à se faire
assister, comme d'habitude, par les officiers d'un
présidial ou par un nombre suffisant de gra-
dués '.
' Nouvelles recherches pour servir a l'histoire de
la ville de Beaucaire, par M. de Forton. I, p. 3o2,
' Archives de Toulouic. 7» liirc des arrêts, f" lOp.
61
1721
962 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'abord, dès la fin de l'année 1720 &c dans le printemps de 1721, sur quel-
ques points isolés, principalement dans les bassins supérieurs du Lot &. du
Tarn. Il atteignit tour à tour le village de Corréjac, dans la paroisse de
Salmon, oli cinquante-sept personnes périrent sur cent neuf habitants, la
ville de la Canourgue, qui en perdit neuf cent quarante-cinq sur seize cent
trente-trois j les villages de Saint-Frézal, Mallevieille, Mas-Montet, où l'on
compta quarante-sept victimes; la Capelle & Saint-Georges de Levezac, situés
sur les plateaux du Causse, qui séparent les deux profondes vallées du I,ot S<
du Tarn furent ensuite atteints; puis le mal se communiqua rapidement 8<.
rayonna dans tout le pays. A la Canourgue, on prétend que le germe pesti-
lentiel arriva dans une cargaison de laines de Smyrne, tandis qu'il aurait été
apporté à Mende par une servante, chargée d'un ballot de serges, à Cha-
bailler par un moissonneur, & à Bergognon par des muletiers.
On se borna d'abord à bloquer les lieux infectés; mais quand on s'aperçut
que l'épidémie se propageait à travers toute la contrée, des mesures plus
générales furent prises. Le 5 août 1721, une ordonnance du roi prescrivit
que le Gévaudan serait entouré d'un cordon sanitaire & privé de communi-
cations avec les provinces voisines. Les postes de garde s'appuyèrent sur les
lignes du Tarn 8c de l'Allier, que l'on rejoignait par le massif des montagnes,
entre la Lozère, Villefort, Prévenchères & la forêt de Mercoire. Des baraques
ou guérites étaient posées, sur toute la ligne, à deux portées de fusil l'une de
l'autre, Si la consigne s'observait avec une extrême rigueur; plusieurs paysans
de Gévaudan, qui avaient franchi les barrières pour aller moissonner dans le
bas pays, y furent reconnus & fusillés.
Deux médecins de Paris, Lemoine £<. Bailly, s'étaient rendus à la Ca-
nourgue où ils rendirent de grands services. Les docteurs Chicoineau, Vernv
Si Gauteron, de la faculté de Montpellier, allèrent aussi, avec une mission
spéciale de la cour des comptes, étudier l'épidémie en Gévaudan, & le rap-
]5urt aux Etats ])articuliers de ce pays, sur le caractère contagieux du fléau,
fut présenté par les docteurs Blanquet & Rochevalier, de la faculté de
Montpellier 81 par le chirurgien Beissade, de Marvéjols. Les commissaires du
diocèse durent quitter Mende 8c allèrent tenir leurs séances au château du
Boy. Vers le milieu du mois d'août, la peste avait éclaté à Marvéjols avec
une grande violence. Le 10 octobre, les troupes occupèrent une seconde ligne
qui passait par Saint-Ambrolx, Aubenas, S<. rejoignait la première au pont
de Langogne sur l'Allier. On coupa le pont de Prévenchères, afin de rendre
l'interdiction du passage plus sûre. Le 14 8<. le i5 du même mois, le logis de
Bès, appartenant aux religieux de Chambon, où la maladie s'était déclarée,
fut livré aux flammes avec tout le bétail qu'il renfermait; on y détruisit trois
cents moutons, trente bêtes à cornes 8<. dix chevaux'.
Les pointes que l'épidémie avait faites dans le bas Languedoc déterminè-
■ Bulletin tic la Société d'aj^riculturc, in.tiistrlc, sciences & arts du tUpartement de la Lo'^cre, f. XV,
p. 154.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 968
rent le gouvernement à isoler toute la partie orientale de la Province; alors
furent établies les lignes de l'Orb, depuis les montagnes du Rouergue
jusqu'à la mer, coupant les principales communications avec le haut Lan-
guedoc, la Guienne, le Rouergue ik l'Auvergne. Les rapports entre les deux,
rives de l'Orb demeurèrent interdits aussi rigoureusement qu'entre les deux
rives du Rhône; dans la ville de Bédarieux, que cette rivière traverse, l'in-
tendant créa même une administration distincte pour le quartier de la rive
droite, placé en dehors du cordon.
Les obstacles que l'établissement de cette nouvelle ligne mettait au com-
merce languedocien causèrent beaucoup d'émotion dans la Province. Comme
les territoires situés à gauche de l'Orb n'étaient pas infectés, on n'interdit
pas le passage des marchandises d'une manière absolue, mais on les soumit
à une quarantaine de trente jours.
Dans leur session du mois de janvier 1722, les Etats se firent les inter-
prèles des réclamations du pays au sujet des inconvénients qui résultaient de
ces diverses mesures. Sans s'élever ouvertement contre des précautions desti-
nées à préserver le reste du royaume, ils se plaignirent ((ue les lignes de
l'Orb, comme celles du Velai & du Vivarais, ajoutaient à la misère publique
en arrêtant les transactions. La ligne de l'Orb surtout, séparant à peu près
le pays industriel du pays agricole, était dénoncée comme une cause do
ruine presque certaine pour une population considérable qui ne vivait que
de son industrie S<. que la suspension de ses travaux allait condamner à la
mendicité '.
Les États avaient nommé une commission de douze membres pour exa-
miner la part que l'assemblée provinciale pouvait prendre à la terrible lutte
engagée contre l'épidémie. La commission tut d'avis que l'aftairc la plus
pressante était d'amasser des approvisionnements de médicaments pour les
mettre à la disposition des diocèses, des villes & des paroisses. Depuis que le
iléau décimait les principaux centres de population de la Provence, les
remèdes étaient devenus très-rares par suite de l'énorme consommation que
l'on en faisait. Sur l'invitation de l'archevêque de Narbonne, les médecins de
Montpellier, délégués par la cour des comptes, avaient dresse un état des
drogues nécessaires, avec indication des lieux de provenance 8c des lieux
d'achat les plus avantageux pour obtenir les meilleures qualités & pour dimi-
nuer les hais de transport. L'archevêque d'AIbi, rapporteur, obtint que les
Etats emploieraient une somme de cinquante mille livres à l'acquisition de
ces médicaments. D'après l'avis de la Faculté, cette somme représentait une
quantité de substances suffisant aux besoins de cinquante mille malades;
on voulut que les premiers tonds de la bourse provinciale fussent consacres
à ces acciuisitions. On décida que des bâtiments, nolisés par la Province,
iraient à Marseille £< à Bordeaux chercher les remèdes, & l'on exhorta les
principales villes de la Province à profiter de ces voyages pour leurs com-
' Puces justificatives, n. DCCCXLVI, col, 2109.
1721
1712
964 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
mandes particulières. L'assemblée créa deux magasins centraux de médica-
ments, l'un à Montpellier, cette ville se trouvant à proximité des lieux
attaques, l'autre à Narbonne, afin de pouvoir secourir promptement les
points situés au-delà des lignes 8c d'éviter le retard des quarantaines, si
l'épidémie s'y manifestait. Les remèdes rassemblés dans ces magasins devaient
être expédiés sur les ordres de l'archevêque de Narbonne. Par décision
expresse des États, cette délibération fut imprimée 8c répandue dans tous les
diocèses'.
ïl y avait, du reste, quelques exagérations dans les mesures de précaution
que l'on ordonnait Se qui n'étaient pas toutes réalisables. Ainsi, M. de Ber-
nage envoya des instructions pour déplier 8c mettre à l'évent, pendant qua-
rante jours, toutes les étoffes du Gévaudan qui se trouvaient déposées dans
les magasins des villes contaminées. Le syndic du diocèse représenta qu'un
pareil étalage ne pouvait se faire. Dans la seule ville de Mende, il existait
environ douze mille pièces qui, pour être étendues, auraient exigé une sur-
face de terrain très-difficile à garder; d'ailleurs les orages 8c les pluies, très-
fréquents dans ces contrées, auraient bientôt détruit la plupart de ces étoffes
dont l'ensemble ne s'évaluait pas à moins de cinq cent mille livres. Le temps
manquait pour élever des halles assez grandes. Les médecins furent d'avis
qu'on povivait se contenter d'une désinfection moins complète. Ils conseillè-
rent de soumettre les étoffes dans les magasins à une première fumigation,
après les avoir déballées, puis de les passer à l'eau bouillante ou au foulon,
de les sécher à l'air 8c de les parfumer une seconde fois dans les magasins.
I,es docteurs Lemoine' 8c Bailly en écrivirent à M. de Ladevèze, comman-
dant en Gévaudan, 81 lui déclarèrent que pour mettre à l'évent les douze
mille pièces de Mende on aurait besoin d'un terrain cent .fois plus spacieux
que n'en laissaient les barrières. Sur ces avis, 8c avec l'assentiment de là faculté
de Montpellier, on se relâcha sur la rigueur des premières instructions.
Pendant plusieurs mois, 8c jusqu'au moment où la décroissance générale de
la' maladie permit d'en entrevoir le terme prochain, le contrôleur général ne
cessa d'être assailli de réclamations des commerçants contre les embarras que
leur causaient les lignes 8c les quarantaines. Tantôt c'étaient les fabricants
d'eaux distillées 8c de liqueurs de Montpellier, ratafia, eau de la reine de'
Hongrie, eau de cédrat, eau de bergamotte, qui se plaignaient des manipu-
lations excessives imposées par l'inspecteur de Béziers. L'arrêt du conseil du
20 janvier 1722, réglant les quarantaines, avait ordonné que les futailles
renfermant ces produits seraient flambées ovi mouillées à l'eau de chaux. Ces
liqueurs s'expédiaient généralement en bouteille, dans des caisses que l'on'
achevait de remplir avec de la mousse. M. Hocquard, inspecteur de la qua-
rantaine de Béziers, ne se contentait pas, comme l'auraient voulu les mar-
chands, de faire flamber les caisses; il voulait ôter les bouteilles, les tremper,
changer les bouchons de liège, flamber les caisses 8c brûler la mousse. On
' Procès-vcrb.il des Etats de Languedoc. Séance du 17 janvier 1722.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. g65
consulta M. Cholier, prévôt des marchands de Lyon. Il répondit qu'à Lyon
ces précautions s'observaient 8<. qu'on remplaçait la mousse par du son; mais
M. de Ruolz, conseiller à la cour des monnaies & membre du bureau de
santé de la même ville, envoyé à Montpellier en commission extraordinaire,
déclara qu'à son départ on se contentait de flamber les caisses. La faculté de
Montpellier ajouta que les mousses employées à l'emballage ayant été recueil-
lies sur le bord des étangs d'eau salée n'étaient pas susceptibles d'infection.
Un autre jour, ce sont des patrons de barques chargées de drogueries, venues
d'Antibes & de Grasse, où la peste n'avait jamais paru, retenues depuis trois
ou quatre mois dans les ports d'Agde Se de Cette, & que l'on voulait con-
traindre d'aller à Marseille pour y prendre des certificats de santé; ailleurs,
les agents de la régie des timbres & formules se plaignent qu'on prétende
passer au vinaigre, au risque de le détruire, le papier Se le parchemin timbré
destiné à renouveler les approvisionnements épuisés de Narbonne & de quel-
ques autres bureaux.
Dès le printemps, le fléau diminua d'une façon très-sensible', mais la
misère était grande. Depuis le mois de décembre 1721, le régent avait accordé
cent mille livres par mois pour achat de viande 8c d'autres aliments néces-
saires aux populations des lieux infectés. Le 4 mai, l'intendant écrivait au
ministère : « Il est de la dernière importance de continuer ce secours, parce
1722
' Nous avons retrouvé, aux Archives natioiinlcs,
le document suivant, qui indique avec précision
l'époque de la cessation du fléau dans les divers
lieux de Gévaudan.
Êlat Jes villes, villages, hameaux & melterîes Ju
Gévaudan fui ont esté attaquées de la peste, &
des jours qu'elle y a cessé.
Juin 1721. — Correjac, hameau, le 21.
Juillet 1721. — Brunnues, h., le 3; Le M.is
Montet, h., le 14; Maleville, h., le 29; Arvejols
la Bastide & la Roque, le d".
Aoust 1721. — Tremoulis, h., le 2; La Calsi-
douse & Cadoules, h., le 5.
Septembre 1721. — Capelade, h., le 1"; Abrcs,
h., le 2; La Metterie de Baumes, le 2; Bonne-
foux, h., le 3; Les Cairoux, h., le 5; Le Montet,
h., le 16; Arras, h., le 17; Chapchiniers, h.,
le 27.
Octobre 1721. — Villeroussef, h., le 2; Le Ver-
gougnoux & le Gratouch, h^, le 6j Prades, h.,
le 8j Rechiniac, h., le i3; Chanturuejols, h.,
le 14) Le Mas Rouch, le 2j.
Novembre 1721. — Pradassoux, h., le 4; Cour-
tous, h., le â; Congés, h., le 8 j Lasfons, h., le 10 j
Serres, h., le 12; Valcttes, h., le lô; Montagu-
des, h,, le 21 j Le Regourdel, h., le 23 j Le Mazel
& le Mazet, h", le 24.
Décembre 1721. — Bramonas & les Bastides,
h'^, le 3; Maladou, h., le 19; Malesfred, h., le 21 ;
Ynosses, h., le 24; Chabulier, h., le 23; La Serre,
h., le 26} Vimenet, h., le 28.
Janvier 1722. — Valturorgues, h., le i3; Le
Mas André, le 20.
Février 1722. — Fontjulien, h., le 2; Molines,
h., le i3j Valfournes, h., le |5; Masbousquet 8c
la Trivale, h", le 18 j Lanuejols, h., le 20 j La
Vitarele, h., & 1» Mas Roncial, le 22; Montro-
dat, village, le 28.
Mars 1722. — Boudoux, h., le 6 ; le bourg de
Saint-Léger, le 19; Le Buisson, h., le 24; Le
Chambonet, h., la 26; Montferrand, h., le village
de Banassac & le Mazet, le 28.
Avril 1722. — Marvejols & ses fauxhotirgs,
ville, le i3; Chasserands, h., 24.
May 1722. — Greses, village, le 4; La Canour-
gue, ville, le 23; la ville de Mcnde, les faux-
bourgs de Crouset, les Bories & Ahcirach, h", le 29.
L'on ne comprend point dans cet état les com-
munautés des diocèses d'AIais, Uzés & Viviers qui
ont aussy eu la peste, parce qu'on ne sçait pas
précisément les jours qu'elle y a cessé, mais pour
la ville d'AIais, il n'y a point eu de malades de-
puis le 17 may 1722 & dans les autres commu-
nautés des trois diocèses depuis plus de deux miils
& demy (J> août 1722)',
■ Archives nationales, H, 7ig-S| |.
(^66 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« qu'encore que le mal paroisse être sur sa fin, ce malheureux pays périroit
« par la famine, qui seroit même capable de renouveler la peste'. »
Au commencement du mois de mai, on signalait encore six malades à Alais,
mais on n'en comptait plus aucun en Gévaudan, & à mesure que le péril
s'éloignait, l'impatience occasionnée par une surveillance étroite s'exprimait
avec plus de liberté*.
Le temps qui s'écoula depuis la fin du m.ois de mai jusqu'à l'hiver ne
donne guère d'autres faits à noter que les dernières luttes de la prudence
ministérielle contre l'impatience des habitant?. Le conseil de santé tenu à
Paris, le 23 mai, prit connaissance du mémoire dressé par Bonnier, trésorier
général des États de Languedoc, pour représenter les inconvénients des lignes
de rOrb. Comme les nouvelles étaient fort l.ionnes, on pensa qu'il y avait
lieu de hâter la désinfection, & qu'on pouvait sans danger permettre la cir-
culation des voyageurs 8< des marchandises sur toutes les routes comprises
entre les montagnes de l'Espinouse & la mer. Au conseil du 8 juin, on com-
muniqua les lettres de MM. de Roquelaure & de Bernage demandant qu'il fût
permis aux habitants du bas Languedoc d'envoyer, suivant l'usage, leurs bes-
tiaux dans les montagnes du Gévaudan; ils proposaient de limiter d'abord
cette permission à la partie du diocèse de Mende qui était demeurée en dehors
du cordon sanitaire, & de faire éventer 8c parfumer pendant vingt jours les
marchandises avant de leur laisser franchir les lignes de l'Orb.
Les villes situées sur la ligne dont la gauche était appuyée sur .^Izon, h
l'extrémité nord-ouest du bassin de l'Hérault St qui passait par le Vigan,
Sumène, Saint-Hippolyte & Anduze, sollicitèrent aussi avec instance l'autoii-
sation de faire leurs récoltes de foin &. de grains, & de retirer le bois à brûler,
les douves & les cercles qui se préparaient dans les taillis de leur territoire,
de l'autre côté du cordon. Ces récoltes & ces travaux devaient être exécutés
]-iar des habitants du pays prohibé, qui, à certains jours &c à des heures mar-
quées, en déposeraient le produit entre deux barrières, sous la surveillance
d'un poste commandé par un officier.
La ligne d'Alzon-Anduze se prolongeait ensuite par Vézenobre Si Saint-
Ambroix jusqu'aux environs de Pradelles en Vivarais, où elle en joignait une
autre appuyant sa droite au Tarn, près du Pvouergue, & sa gauche sur l'Allier
jusqu'en Auvergne. Enfin, un troisième cordon de troupes avait sa droite
' Archives nationales, Correspondance Ju contra- que, chirurgien de Paris, envoyé également en
lc::r gênerai. Languedoc, n que M. Loyron avoit résolu de rcn-
' Dans une maison de Cornillon, près Bagnols, dre de temps en temps les morts suspectes de peste
t:ois personnes moururent subitement pour avoir pour se maintenir en ses appointements. " L«
mangé des champignons. Un docteur Loyron, en- chevalier de Damas proposa au duc de Roquelaure
voyé de Paris, que M. de Rothe faisoit résidera d'enfermer ce charlatan dans la citadelle du Saint-
Uzès pour y surveiller l'épidémie, se hâta d'an- Esprit pour le punir de jeter ainsi de fausses
noncer un nouveau cas de peste & d'en écrire à alarmes '.
M. DodarS, premier médecin du roi, pour faire
courir ce bruit à Paris. Le commandant en chef , Archives tintionalcs, CnrrapoiUance du contrôleur
pr't des informations, S<. l'on sut par M. Dslic- sé:tà:i!. Lcttu Ju iS mai 1722.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 967
près d'Anduze 8c sa gauche au Tarn, à proximité du Pont-de-Monlvcrt, mct-
lant le pays sain à couvert de toute communication avec les lieux, inlectés des
trois diocèses d'Alais, d'Uzès & de Viviers.
Le !«'■ juillet, la quarantaine générale commença partout. Le duc de Roque-
laure avait annoncé qu'elle se ferait avec une grande rigueur & sans aucun
égard aux réclamations pour les récoltes. Des instructions très-minutieuses
avaient été rédigées & répandues dans tous les pays intéressés, afin que l'opé-
ration ne laissât point subsister d'incertitude. Les habitants des communes oîi
l'épidémie avait régné durent passer quarante jours entiers dans leurs mai-
sons, sans pouvoir en sortir sous les peines les plus sévères'. Des approvi-
sionnements de vivres, de bois, de sel, de denrées de toute espèce avaient été
amassés, sur l'ordre de l'intendance, par les syndics diocésains, & la distri-
bution s'en faisait, de quatre en quatre jours, par les soins des commissaires
du bureau de santé, des consuls & des curésj suivant des états de répartition
dressés par les commissaires de l'Assiette^. Les chirurgiens eurent ordre de
donner gratuitement des remèdes, & l'on établit une infirmerie dans chaque
lieu pour y interner les malades qui seraient jugés suspects. Des mesures non
moins précises avaient pour objet la purification & l'évent des marchandises^.
A partir du 10 août, les habitants eurent la liberté de vaquer à leurs affaires
£< de communiquer entre eux, mais sans sortir de leur territoire jusqu'à
nouvel ordre. Les lignes de troupes furent repliées méthodiquement 8c par
sections. Deux maisons de quarantaine avaient été établies sur la lisière du
Gévaudan, l'une à Florac, l'autre à Pradelles.
Vers la fin de septembre, Roquelaure 8c Bernage allèrent faire une tournée
' On voit, par une lettre de Beninge, que l'exé- ses immondices dans un terrnin désigné (Lettre
cution de cette ordonnance inquiéta beaucoup les du 23 septembre 1722)'.
habitants de Mendc. Après avoir dit que M. de ' Estât des secours en argent & en grains que
Fraysse, commandant, & les quatre médecins, font M. de Bernage a Tait rournir aux habitans des
opérer la désinfection générale des maisons par lieux qui ont esté attaques de In peste pour leur
un lavage Ses murs à l'eau de chaux & des bois:- subsistance pendant la quarantaine générale, s^a-
ries au vinaigre, l'intendant ajoute : ic II faudroit voir :
laisser les habitans sortir & se promener, rien En argent,
n'étant plus dangereux & plus capable de les Au dioceze de Mende 80000'
rendre malades que d'y recommencer une quaran- Alais 3oooo
taine de rigueur à cause de la situation de cette Usez 10000
ville qui devient un cloac de pourriture, dès que Viviers loooo
les habitans ne peuvent sortir de chez eux, par la ~ !
, , ,, . , '^ . iJoooo'
manière dont eHe est construite, n y ayant point
de latrines dans les maisons & les rues étant si BlcJ^.
étroites que les ordures qu'on y jette infectent Alais i3co q'^
toute la ville avant qu'il soit possible de les enlc- Usez i 000
ver... il règne un ennui si mortel qu'ils se regar- Viviers 2000
dent chez eux comme des gens condamnés au sup- ji.jf, ,y;,2'. 53^3 >:
plice & de vrais pestiférés. " L'intendant proposait
de diviser la ville en quatre quartiers correspon- ' P'"^' justificatives, n. DCCCXLVII, col. 21 13.
dant aux quatre portes & de permettre à chaque
r 11 j .■ I' „. ,„.i. i',.,.,. i ;„.., a, i ' Archives nationales. CorrcsponJ^inCf du coulrôU'ui'
famille de sortir lune après lautre, a lour a. a „.;„;,.,; '
' ' gCIlCI lit.
heure marqués, pour aller se promener & porter ' ^^-rçhwai mtiomhi. Papier» Jii contrôleur général.
IJ2.1
g68 ÉTUDES HISTOR'IQUES SUR LE LANGUEDOC.
clans les Cévennes; cette tournée avait un double objet : s'assurer de l'état
sanitaire & donner des avertissements aux communes protestantes qui avaient
profité de, l'émotion publique & de l'occupation des troupes pour tenir d'assez
fréquentes assemblées au Désert. Le duc & l'intendant parlèrent aux consuls
des paroisses réformées un langage sévère 8<. ne leur épargnèrent point les
menaces. Aux barrières du Gévaudan, où le commandant militaire Se le
svndic diocésain s'étaient rendus, on recueillit des nouvelles très-satistai-
santes; il ne se produisait aucun nouveau cas de peste, Si les médecins ne
doutaient plus que la terrible épreuve ne fût arrivée à son terme '.
Par mesure de précaution, quelques foires furent encore interdites, entre
autres celles de Villefort St de Lagarde-Guérin, Se l'on soumit le transport des
marchandises à diverses obligations^.
■ La lettre de Berrtage au consul général, qui
fournit ces renseignements, nous paraît assez inté-
ressante pour être intégralement publiée ;
Il A. Florac, le 21 septembre 1722.
ti Monsieur, nous arrivâmes hier icy après avoir
passé par Ganges, le Vigan & Merueys; les con-
suls & principaux habitans de toutes les commu-
nautés des diocèses d'Alais & de Mende qui es-
toicnt situées entre les deux lignes dont la gauche
de la seconde a esté levée & qui s'étoient mal
conduites, comme vous avez sceu, par de fréquentes
assemblées de religlonnaires se sont rendus dans
les villes de notre passage & M. le duc de Roque-
laure & moy leur avons fait entendre que s'ils
continuoient de contrevenir aux ordonnances du
roy ils seroient punis sévèrement, & même que les
principaux habitans seroient responsables de la
conduite des autres. Il faut espérer que cet aver-
tissement fera un bon effet; mais il est à craindre
qu'ils ne se corrigent pas entièrement jtisqii'à ce
qu'on ait fait quelque exemple de sévérité. Nous
verrons encore plusieurs consuls & habitans de
ces communautés en continuant de visiter la ligne
& en passant par Saint-Jean de Gardonnenque &
Anduse.
n Nous avons esté ce matin à la barrière du costé
du Gévaudan, où se sont rendus M. de la Devèse,
M. de Saint-Sauveur syndic, avec les autres com-
missaires du diocèse, & plusieurs gentilshommes
& notables. Nous avons eu le plaisir d'apprendre
qu'il y a vingt-huit jours qu'il n'est tombé aucun
malade dans la ville de Mende & dix-huit jours
qu'il n'en est tombé dans son territoire renfermé
par le blocus qu'on continue de garder exactement.
Tous les autres lieux de ce diocèse où a esté la
contagion jouissent toujours d'une bonne santé &
ont à présent la liberté de communiquer avec le
reste du pays prohibé ; il en est de même des lieux
qui ont esté attaqués dans les diocèses d'Alais,
Usez & Viviers; M. de la Devèzc assure qu'on n'a
rien négligé pour la rcclierchedes effets qui avoient
été recelés à Mende. La punition qu'il a fait d'un
homme qui avoit caché quelques hardes 8c à qui
il a fait casser la teste sur le territoire de cette
ville ne peut produire qu'un bon effet, & il n'y a
pas d'apparence que d'autres s'exposent à un pa-
reil châtiment. Les médecins & entr'autres les
sieurs Bailly & Lemoine à qui on doit toute con-
fiance nous mandent qu'ils continuent de tra-
vailler à la désinfection générale de toutes les
maisons & paroissent persuadés qu'après toutes
ces opérations il n'y aura plus à craindre de re-
nouvellement de mal dans cette ville.
(I J'ay fait remettre à M. de Saint-Sauveur une
augmentation de secours de 3oooo livres pour la
subsistance des pauvres de la ville de Mende &
des autres lieux qui ont esté attaqués.
(I De Beknage '. y
' Lettre de M. de La Vrillière au duc de Roquo-
laure, du 7 novembre 1722.
c( Sur le compte, Monsieur, que je rendis hier
à Monseigneur le duc d'Orléans & au conseil de
la lettre que vous vous estes donné la peine de
lu'écrire le 28 du mois dernier, de la proposition
que vous ont faite les commerçans de Languedoc,
on approuva que vous permettiez de recevoir le
savon de Marseille, l'alun de Rome, le soufre,
les drogues pour la médecine & les cordages de
jonc ou jonquine, pourvu que ce soit sans caisses,
cordes & emballages, en faisant tremper à la mer
les cordes de jonc & jonquine, & en observant les
autres précautions que vous me marquez qui sont
d'avoir attentiTJn que sous ce prétexte on ne fasse
point passer de denrées susceptibles, & que les
bâtimens qui auront apporté ces drogues soient
renvoyés en Provence.
« ...il a été approuvé que vous permettiez le
transport des marchandises dans l'étendue seiile-
■ Arcliivcs nationales. CotrcifniiJancc du contrôleur
gàH'ral. H.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 969
Le 3o novembre., un Te Deum d'action de grâces fut chanté dans toutes les
paroisses du diocèse de Mende; le 5 décembre, il ne restait plus de lignes
qu'auprès de Mende & du côté d'Avignon ' ; le 8, les troupes se retirèrent par
un temps afheux; le froid, les vents &C la neige firent périr cinq soldats, dont
quatre au col de Villefort, & plusieurs voyageurs. Enfin, le i5 janvier, on
rendit la liberté aux habitants de Mende Se d'Avignon. Vingt-cinq paroisses
du Gévaudan avaient été visitées par le fléau.
Sur le bas Rhône, on leva les lignes au i*' décembre. Le lendemain, de
très-bonne heure, le fleuve commença d'être sillonné de bateaux voguant
d'une rive à l'autre & renouant entre le Languedoc & la Provence des rela-
tions qui, depuis deux ans, étaient prohibées sous peine de mort. Le 3 dé-
cembre, les consuls de Tarascon, avec la noblesse & la principale bourgeoisie
de leur ville, allèrent rendre visite à leurs collègues de Beaucaire, qui les
reçurent aii bord du Rhône, avec grand bruit de tambours, de trompettes Se
de boîtes d'artillerie. Peu de temps après, les consuls de Beaucaire rendirent
cette visite, assistèrent au Te Deum dans l'église de Sainte-Marthe, prirent
part à la course traditionnelle de la Tarasque 8c goûtèrent k l'hôtel-de-ville
une somptueuse collation. Durant quelques jours, ce ne fut, d'un bord à
l'autre du Rhône, qu'échange de civilités, de processions, d'invitations de com-
mune à commune. Beaucaire Se Arles se fêtèrent mutuellement. Tout le pays
1722
ment &\\ Gévaudan, avec la défense soin peine de
la vie d'en transporter aucune au delà de la pre-
jnière ligne d'autant mieux que ces marchandises
se trouvant marquées, il n'y a pas lieu de douter
qu'elles ont été bien désinfectées...
« On ne juge pas à propos de laisser transporter
les meubles & les hardes d'un lieu à un autre sans
précaution, d'autant que l'on n'a pas de certitude
absolue que ces choses ont été désinfectées, ne se
trouvant pas marquées (M. de La Vrillière à
M. de Bernage,-7 novembre 1722)'. »
' Voici l'ordonnance du roi prescrivant la levée
des lignes :
n Sa Majesté étant bien informée qu'il ne reste
aucun vestige de contagion depuis plusieurs mois,
tant dans le Gévaudan, les Sévennes & le Vivarais
que dans la Provence, & qu'après les opérations
réitérées qui ont été faites pour purifier, désinfec-
ter & éventer les meubles, hardes & marchandises
dans tous les territoires, villes 8c lieux où elle
avoit pénétré, il n'y a pas lieu de douter que
grâce à la Providence la cause n'en ait été détruite,
sans crainte de retour, & jugeant dans ces cir-
constances que les lignes qu'Elle avoit été obligée
de faire établir sur les frontières de l'Auvergne,
du Rouergue, en Languedoc, en Vivarais, en Pro-
vence & sur la frontière du Comtat & du Dau-
• Arcfflves nationales. Corrcipondance du iotUrôkur
fçénéral.
phiné sont absolument inutiles & d'ailleurs trcj
à charge aux gens de guerre & aux habitans pré-
posés à leur garde. A ces causes, Sa Majesté, de
1 .ivis de Monsieur le duc d'Orléans régent, a or-
donné 8t ordonne qu'à commencer du premier
décembre prochain, toutes lesdites lignes seront
levées; que la garde qui t'y faisoit à l'occasion dt
la contagion cessera; que les païsans qui y étoient
employés se retireront chez eux, & que les troupes
qui les gardoient se rassembleront dans leurs
quartiers, à l'exception de la ligne formée autour
de Mende, de celle qui a été établie dans l'inté-
rieur du Comtat, sous les ordres du sieur de Jos-
seaud & de la partie de la ligne du Rhône qui
correspond à l'étendue du pays gardé par ledit
sieur de Josseaud, lesquelles lignes Sa Majesté a
jugé à propos de laisser subsister jusqu'au mois de
janvier prochain, quoique la santé n'ait été trou-
blée par aucun accident, depuis plus de trois
mois, dans les lieux qu'elles environnent. Mande
& ordonne Sa Majesté aux gouverneurs &. lieute-
nans généraux, commandans pour Elle dans les
provinces de Guienne, Rouergue, Auvergne, Lan-
guedoc, Dauphiné & Provence, de tenir la main
à l'exécution de la présente, laquelle Sa Majesté
veut être lue & publiée dans toutes les villes St
places desdites provinces & ailleurs où besoin sera,
à ce qu'aucun n'en prétende cause d'ignorance.
Fait à Versailles le dix-neuf novembre. — Signé
Louis, & plus bas Lb Blanc. »
1722
970 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
paraissait renaître. Les danses, les illuminations, les repas de corps, les feux
d'artifice, les revues de compagnies bourgeoises, fêtèrent le retour de la sécurité.
Les dépenses occasionnées en Languedoc par l'épidémie atteignirent une
somme considérable. La seule défense des lignes ne coûta pas moins de neut
cent mille livres; on avait compté plus de deux mille corps de garde, &, à
chaque poste, outre les troupes réglées, il avait fallu attacher deux ou quatre
paysans qui reçurent une solde pendant toute la durée du fléau.
Les inquiétudes qu'inspirait la contagion & les charges extraordinaires-
qu'elle faisait peser sur la Province ne laissèrent guères de loisir à d'autres
préoccupations & l'action économique des Etats fut à peu près nulle. Cepen-
dant, comme l'édit de janvier 1722, établissant un droit sur les soies étran-
gères & sur les soies indigènes, prescrivait qu'elles passeraient toutes par la
ville de Lyon, cette forme d'un monopole odieux que les commerçants lan-
p-uedociens rencontraient partout & qui les contraignait à se débattre inces-
samment contre les exigences des grands centres d'industrie ou de trafic,
Marseille, Lyon & Bordeaux, ne pouvait laisser l'assemblée provinciale
indifférente. Aussi en fit-elle l'objet d'un mémoire envoyé à la Cour, où elle
sollicitait la suppression de l'impôt de trois sols six deniers sur chaque livre
pesant de soie originaire &. la réduction du droit de quatorze sols par livre
de soie étrangère. Elle demandait en outre que la perception des droits
royaux se fît aux frontières 8c que l'on épargnât aux soies languedociennes
l'inutile Se dispendieux voyage de Lyon; mais cette dernière réclamation,
dont la justesse n'était pas douteuse, avait peu de chances d'être écoutée; le
Languedoc se heurtait à forte partie, & malgré le travail qui se faisait dans
les esprits Se le progrès notable des doctrines économiques, le temps n'était
pas encore venu où, sous l'impulsion d'un ministre éclairé, les entraves arti-
ficielles opposées par l'égoïsme particulariste au développement de la richesse
nationale devaient être courageusement écartées. Les démarches des États
n'ont de valeur qu'en ce qu'elles marquent une étape vers la réalisation des
réformes à venir.
Des sollicitations se poursuivaient à la Cour pour la création d'une nou-
velle université dont le siège aurait été fixé en Béarn. Les professeurs de
Toulouse & de Montpellier s'alarmèrent de cette concurrence qui menaçait
d'amoindrir leur clientèle & firent opposition à la requête des Béarnais. Ils
soutinrent que le grand nombre des étudiants pouvait seul développer l'ému-
lation, que la multiplicité des centres universitaires en diminuerait forcément
l'importance, St que les deux principales villes de Languedoc y perdraient
une partie notable de leurs avantages. L'archevêque de Narbonne se fit l'in-
terprète de ces réclamations auprès des Etats Si réclama leur intervention.
L'assemblée provinciale, considérant qu'elle était dans l'usage d'accorder sa
protection aux universités, quand on la lui demandait, chargea les députés •
en Cour d'appuyer auprès du conseil la résistance des professeurs '.
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du 19 férrier 1722.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV.
97»
IJIZ
Pour aider la caisse provinciale à se décliarger des billets de banque dont
elle avait été encombrée, l'arrêt du 28 janvier 1721 l'avait autorisée à verser
un million en papier au Trésor pour l'acquittement des deniers royaux.
Cette faveur se compléta le 22 février 1722 par la remise entière d'un autre
million sur les fonds de la capitation S<. du don gratuit, à cause des dépenses
extraordinaires de l'épidémie.
La régence du duc d'Orléans finit avec l'année 1722. Le 26 octobre, les
cérémonies du sacre s'étaient faites à Pveims avec un grand luxe & un respect
scrupuleux des traditions. Tous les anciens pairs du royaume, qui n'exis-
taient plus que de souvenir, y étaient représentés par des princes du sang
royal, portant la veste d'étoffe d'or qui descendait jusqu'à mi-jambe, la cein-
ture d'or, le manteau ducal de drap violet, doublé & bordé d'hermines Se
ouvert sur l'épaule droite, le collet rond d'hermine, £<. la couronne sur un
bonnet de satin violet. Le duc de Bourbon figurait le duc d'Aquitaine, & le
comte de Charolais, le comte de Toulouse. Le premier portait la couronne à
feuilles d'ache, & le second, la couronne à neuf perles, bien qu'aucune de
ces distinctions héraldiques ne fût en usage à l'époque des personnages que
les princes étaient censés représenter. Le maréchal de Villars taisait les tonc-
tlons de connétable.
Le i3 février, le roi écrivit aux principales villes de France :
« Très-chcrs Se bien-aimés, lorsque la peste attaqua la Provence avec une
fureur qui sembloit ne devoir rien épargner, nous tremblâmes pour tous
nos sujets menacés ou d'une mort la plus prompte de toutes & la plus
cruelle dans ses circonstances, ou d'une extrême diminution de leurs for-
tunes par la cessation entière du commerce, ou du moins du spectacle
affreux d'une" désolation qui pouvoit devenir générale; mais les ordres que
notre oncle le duc d'Orléans régent a donnés partout avec toute la vigi-
lance 8c toute la sagesse nécessaire ont arrêté le progrès d'un mal si
funeste. Dieu a bény ses soins, il a récompensé le zèle héroïque des évê-
ques Se de tous les ordres du clergé; il a écouté les prières des âmes pures
Si innocentes, & elles ont obtenu qu'il retirât de dessus nos testes l'un des
plus terribles fléaux de sa colère; ce mal contagieux qui, en désolant une
province, répandoit la terreur dans tout le reste du royaume, est entière-
ment cessé; nos voisins ne peuvent plus regarder nos frontières avec
frayevir; les François qui se craignoient eux-mêmes les uns les autres sont
délivrés de cette pernicieuse crainte, 8t il ne nous reste plus qu'à rendre
grâces à Dieu de s'être laissé fléchir 8t d'avoir bien voulu ne nous punir
ou ne nous éprouver que par des calamités passagères. Notre intention
estant donc de remercier le ciel de sa clémence St pour en attirer de nou-
velles bénédictions, nous donnons nos ordres aux archevêques & évêques
de notre rovaume de faire chanter le Te Deiim dans toutes les églises de
leurs diocèses'.» Commandement était donné aux officiers municipaux
' ArchiYes de Toulouse. Lettres missives des souverains.
I
—^ — 972 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'assister à cette cérémonie dans l'église principale, & de faire ensuite allumer
un feu de joie & tirer le canon.
Cette lettre portait encore la formule : de l'avis de notre très-cher & très-
amé oncle le duc d'Orléans régent, parce que, malgré le sacre, les pouvoirs
du régent duraient jusqu'au jour de la majorité du roi, qui échut le 16 février.
Ce jour-là, dès le matin, Philippe d'Orléans alla complimenter Louis XV 8c
se félicita de pouvoir lui remettre le royaume en bon état Se délivré de la
maladie contagieuse. Le jeune roi était alors dans sa quatorzième année.
CHAPITRE II
Invasion de sauterelles. — Les multipliants. — Charges municipales. — Echange d'Uzes. — Affaires
de Nimes. — Mémoire de l'évéque d'Alais. — Déclaration de 1724. — M. de Saint-Maurice,
Règlement pour les assiettes. — Orages & inondations. — Plaintes des rentiers de la Proyince.
La légende de Grégoire VU & l'évéque de Montpellier.
~^ La Province échappait à peine aux terribles épreuves de l'épidémie que, les
récoltes furent compromises, dans la basse vallée du Rhône & le diocèse de
Nimes, par une invasion de sauterelles. Ce cas n'était pas nouveau dans la
contrée; à diverses époques, des nuées de ces redoutables insectes avaient
ravagé quelques cantons du bas Languedoc, Pendant l'été de l'année 1686, le
terroir d'Aramon, situé sur la rive droite du Rhône, entre Avignon 8c. Beau-
caire, eut ses champs de blé Se ses vignes entièrement dévastés, & fut réduit
à payer un assez grand nombre de journaliers pour donner la chasse aux
sauterelles. Ces gens n'en ramassèrent pas moins de dix-sept mille quintaux,
sans compter toutes celles qui furent foulées aux pieds'.
Les fortes chaleurs de l'année 1722, l'abandon de beaucoup de terres que
la peste n'avait pas permis de cultiver 8c le défaut de précautions pendant la
période d'éclosion des insectes, donnèrent à ce fléau une intensité extraordi-
naire. Plusieurs communes en portèrent plainte à leurs syndics diocésains Se
sollicitèrent l'appui de l'intendance, qui, en d'autres temps, avait autorisé
des emprunts pour délivrer la contrée de ces hôtes incommodes.
M. de Bernage prescrivit des mesures d'ensemble pour en purger le pays.
Il publia, au milieu de l'hiver, une ordonnance détaillée dont le but était
d'accomplir une destruction générale des œufs que ces dangereux insectes
avaient laissés dans le sol 8c qui promettaient de nouvelles dévastations aux
blés, aux vignes 8c aux pâturages pour l'année suivante.
Chaque commune des régions attaquées reçut l'ordre de nommer, dans le
délai de trois jours, deux, quatre ou six personnes notables, qui devaient
se partager le territoire, emmener chacune quelques travailleurs Se procéder
■ Pièces just'ificat'ives, n. CCCCLXXVIl,col. i35i.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 973
à une recherche scrupuleuse des gisements. D'après les indications qui leur
seraient fournies par les laboureurs Si les métayers, ces chefs d'escouades
étaient autorisés à faire ouvrir quelques toises de terrain, à la bêche ou
luchet, pour vérifier l'exactitude des rapports, en ayant soin d'observer des
distances raisonnables Si de recueillir des notes précises sur la topographie
des points infectés.
Toutes ces informations étaient concentrées au conseil de communauté;
on commandait un nombre suffisant de travailleurs à la main ou de labou-
reurs à la charrue, quand l'étendue 81 la nature du terrain le permettaient,
pour aller, sous les ordres du même chef 81 en présence des fermiers du quar-
tier, bêcher 81 ouvrir la terre à une profondeur convenable pour mettre les
œufs à nu.
A chaque colonne de bêcheurs était attaché un nombre suffisant d'enfants
ou de femmes, chargés de recueillir exactement tous les œufs, de les enfermer
dans des sacs ou des draps de lit pour les transporter à la maison consulaire
81 les y brûler, en présence des officiers municipaux, par petits tas distincts,
de façon à rendre la destruction complète; ou bien les enfouir dans des fossés
de trois ou quatre pieds de profondeur, si les circonstances le permettaient.
Tous les chefs d'expédition devaient tenir un dénombrement exact des per-
sonnes employées, ainsi que des journées consacrées à ce travail. Le prix de
la journée était de cinquante sols pour les laboureurs avec leurs charrues,
81 de dix-sept sols pour les travailleurs à la main. Quant aux femmes Se
enfants, on leur comptait un sol pour chaque livre d'œufs, pesés en présence
des consuls.
Les communes qui n'avaient pas de fonds disponibles pour le payement de
ces travaux, durent solliciter des subdélégués de l'intendance une autorisation
d'emprunts que l'administrateur de la Province accordait aisément sur le rap-
port de son subordonné. Mais il était expressément défendu aux consuls de
divertir à tout autre usage les sommes empruntées, sous peine de répondre
sur leurs propres biens de tous les dommages causés par les sauterelles dans
leur territoire.
Huit jours après la fin des travaux, les états des journées étaient soumis h
la vérification du subdélégué, qui les transmettait à l'intendant.
Dans le cas où ces précautions minutieuses ne détruiraient pas complète-
ment le germe du mal, 81 où les insectes reparaîtraient avec le retour des
chaleurs, les communes avaient la faculté de désigner un certain nombre de
personnes pour donner la chasse aux sauterelles 81 les ramasser, ou pour les
faire périr dans des rigoles, ainsi que l'on avait déjà procédé à Saint-Gilles
81 à Beaucaire. Tous les insectes recueillis devaient être enfouis dans des
fossés d'au moins trois pieds de profondeur 81 recouverts d'une couche de
chaux vive arrosée d'eau, par-dessus laquelle on rejetait la terre du déblai '.
■ Hccueil des id'tts & arrêts de Languedoc, lyîS. Ordonnnnce de M. de Bernage de Siiint-Mauricc,
donnée à Nimes le 74 février 1723.
17*3
1"^^ 974 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
On ne peut s'empêcher de remarquer avec quel soin les représentants du
pouvoir central dans les provinces étudiaient toutes les questions d'utilité
publique & travaillaient à répandre la connaissance des meilleurs procédés.
Si, pendant l'épidémie, on avait eu quelquefois l'occasion de reprocher aux
agents ministériels une réglementation excessive & des prohibitions outrées,
cette exagération de prudence résultait du moins d'un principe excellent. On
comprenait que le premier devoir de l'autorité était d'instruire les peuples,
de les éclairer sur leurs véritables intérêts, S< que le maintien de l'obéis-
sance &. la perception régulière des impôts ne pouvaient borner les vœux des
gouvernants. L'accroissement des notions scientifiques, de jour en jour vul-
garisées, la diffusion d'un esprit de philanthropie qui, par l'intermédiaire
des philosophes &t des gens de lettres, se répandait dans la haute société
parisienne & ne devait pas tarder à gagner les provinces, contribuaient à
précipiter cette heureuse métamorphose. Malheureusement, elle n'était pas
complète. Sur les questions religieuses, les principes de sage tolérance qui
avaient fait la gloire d'Henri IV ne parvenaient pas à triompher des tradi-
tions de politique impitoyable léguées par Louis XIV. Le clergé, dans les
chaires, ne cessait de tonner contre la diminution de la foi, 8c, de fait, si
l'on en devait juger par les mœurs de la Cour, de la noblesse, de la haute
bourgeoisie, qui trouvaient déjà trop d'imitations dans les classes inférieures,
les convictions religieuses n'avaient guère de puissance ou du moins ne se
traduisaient pas par une action morale perceptible. La pourpre romaine du
cardinal Dubois autorisait, d'ailleurs, des réflexions bien irrévérencieuses.
Mais, en dépit de cet étrange système de conciliation, la liberté de conscience
ne trouvait pas de défenseurs dans les conseils du gouvernement. Les illu-
sions que les protestants s'étaient faites au début de la régence, 8<. qu'ils fon-
daient sur le caractère & les tendances prétendues libérales de Philippe
d'Orléans, avaient été brutalement démenties par les faits. Non-seulement il
n'était pas question de revenir k l'édit d'Henri IV & de permettre le culte
public, mais les assemblées au Désert ne cessaient pas d'être considérées
comme des actes séditieux, 8c aucune des procédures de i685 n'était tombée
endésuétude.
La conversion par contrainte ne cessant pas d'être le but de la politique
royale, on y travaillait par tous les moyens dont trente-cinq ans d'expérience
avaient démontré l'inanité. On voyait le comte de Saint-Florentin envoyer
au nom du roi, sur la dénonciation de l'évêque de Lavaur, l'ordre d'enfermer
au couvent de Sainte-Claire la fille de Chomel de Saint-Laurens, « religion-
« naire très-opiniâtre, » parce qu'elle n'assistait pas aux instructions'. L'ar-
chevêcfue de Toulouse demandait à La Vrillière d'interner de force au collépe
des jésuites un jeune protestant de sa ville métropolitaine, assez riche pour y
être entretenu à ses frais. Dans une Cour dont les mœurs offraient la réu-
nion de tous les scandales, on accueillait avec faveur des délations portant
' Lettre du i3 avril 1720, citée par Edmond Hugues, t. î, p. i33.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV.
97'
1713
sur des manquements aux pratiques disciplinaires de l'Eglise catholique, &
un secrétaire d'Etat ne craignait point de compromettre sa gravité en repro-
chant à un nouveau converti d'avoir fait, « un jour maigre, un repas en
« maigre & en gras, publiquement, dans un pré'. »
En 1720, les troupes surprirent 8^ dissipèrent une assemblée à Fougères,
dans les environs de Bédarieux. La même année, une autre réunion de ce
genre que présidait Antoine Coiirt, fut enveloppée auprès de Nimes, dans
une grotte que l'on appelait la Baume des tées.
Beaucoup de prisonniers, hommes 8c femmes, restèrent aux mains des sol-
dats. On en mit un petit nombre à la tour de Constance; la plupart des
autres furent dirigés sur la R.ochclle par Lyon, Pvoanne S<. Saumur, attachés
à la chaîne des forçats de Bourgogne. On comptait les envoyer à la Nouvelle-
Orléans.
Leur passage à travers les rues de Nimes causa une profonde émotion 8<,
grâce aux correspondances protestantes, eut un grand retentissement à l'étran-
ger. Il pleuvait quand ils entrèrent dans les faubourgs, souillés de boue &
ruisselants. Pourtant ils eurent la force de se découvrir & d'entonner un
psaume pour saluer la ville que la tradition réformée qualifiait de Genève
française.
On fit une collecte en Suisse pour les galériens de Nimes; Genève 8t Zurich
y contribuèrent, 8c, par suite du mouvement que l'on se donna auprès des
cabinets étrangers, l'ambassadeur d'Angleterre obtint du régent que la peine
de ces malheureux fût commuée en un bannissement perpétuel^.
Tandis que 1 on agissait avec cette rigueur contre des chrétiens dissidente,
mais convaincus Se pieux, ce n'était un mystère pour personne que le pur
libertinage Se l'incrédulité sans mélange s'étalaient librement Se au grand jour.
Un proposant osa soumettre ce contraste à l'attention de Roquelaure Se de
Bernage :
« 11 est certain, leur écrivait-il, que si quelque scélérat venoit dans une
(I ville du royaume voler, blasphémer le saint nom de Dieu, paillarder,
<c chanter des chansons infâmes, on ne lui diroit rien ou du moins trouve-
<i roit-il des amis 8c de l'indulgence. iMais si quelque personne craignant
<i Dieu y venoit faire une prière ou chanter quelque psaume, ce seroit un
« scélérat, un rebelle, un criminel de l'Etat... Il semble que nous ne soyons
« pas des chrétiens, mais des monstres de nature, indignes de vivre. Se dans
<i cette ignorante lureur on nous déchireroit avec les dents. »
Vaines protestations ([ui ne trouvaient d'écho nulle part. Bien qu'il eût
■ Bulletin Je la société Je l'histoire Ju protestan-
tisme /ranimais. VII, p. 33.
* Antoine Court, qui avait occasionné leur dis-
grâce, écrivit une rel;ition de ces violences, impri-
mée à la diligence des pasievirs de Zurich '. La pitié
^^^B ■ Relation historique des horribles cruauté^ qu'en a
I^^^B exercées envers quelques protestons en France, poir avoir
populaire en fit le sujet d'une complainte, —
Bulletin Je la société Je l'histoire Ju protestan-
tisme. IV, p. 134. — Edm. Hugues, Histoire Je la
restauration Ju protestantisme en France au Jix~
huitième siècle, I, p. 224,
assisté à une assemblée tenue dans te Désert, près de
Xismcs en Lani^uedoc. (ln-12.)
~^ — 976 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
fait donner d'abord quelques assurances de tranquillité aux protestants qui
mèneraient une vie paisible en s'occupant de leurs affaires, le régent était
trop homme de plaisir pour s'intéresser franchement à des alarmes de con-
science, 8c la plupart des grands dignitaires, ne croyant à rien, ne pouvaient
comprendre que l'on s'obstinât à risquer sa tête pour des affaires de religion.
Aussi la législation implacable de Louis XIV était-elle maintenue. On pré-
tendait, du reste, que le régent, simple dépositaire du pouvoir royal, devait
remettre intacte aux mains du jeune roi l'autorité souveraine telle qu'il l'avait
reçue, & que toute modification à la jurisprudence réglant la condition des
réformés serait une atteinte portée par le tuteur aux droits inviolables de son
pupille.
En même temps, les funestes conséquences que l'interdiction du culte public
& l'absence des pasteurs autorisés produisaient parmi les populations protes-
tantes continuaient à se développer. Lorsque Antoine Court, au péril de sa
vie, parcourait le Languedoc pour ramener les esprits à une compréhension
élevée de la Réforme, il se heurtait partout aux insanités des prédicants. La
guerre des Cévennes, en créant une légende autour de chaque montagne Se en
consacrant les rochers du Désert par le souvenir du sang répandu, avait porté
à son comble la folie mystique. C'étaient de tous côtés des extases, des visions,
des prophéties, des conversations démoniaques, des exorcismes. Des femmes
illuminées ou aventurières prétendaient faire parler le diable. Elles furent
appelées auprès d'une jeune fille malade qu'elles dirent possédée 8c prièrent
le démon qui la tourmentait de décliner son nom & ses titres. Le démon
répondit qu'il se nommait Belle-Oreille. Les écrits des protestants contem-
porains sont remplis de détails fastidieux sur les égarements d'esprit où se
laissaient aller ces pauvres gens. L'imagination obsédée par les scènes de car-
nage dont toutes les mémoires étaient pleines, ils les évoquaient parfois avec
une vigueur effrayante. Une de ces prophétesses, écrivait-on à Court, nous
met dans des alarmes terribles. 11 lui semble de voir quantité de morts, de
sang versé par les rues. Cela lui donne de grandes frayeurs, aussi bien qu'à
nous, 8c puis elle ajoute : « Je te dis, mon enfant, que ce que je te fais voir
u devant tes yeux arrivera bientôt en divers endroits. Il y en a qui le ver-
(( ront, d'autres qui ne le verront pas, mais ils l'entendront dire bientôt,
« bientôt, mon enfant'. »
Pour ces esprits dévoyés, un livre avait pris la place de la Bible 8c de la
tradition théologique tout entière : c'était l'Apocalypse. Les formes étranges
8c obscures de cette composition, les menaces dont elle est semée, s'accordaient
à merveille avec les dispositions des inspirés; ils s'en appropriaient les for-
mules, ils en rêvaient; ils les délayaient dans les prophéties, ils en exagé-
raient les images 8c finissaient par donner leurs rapports personnels avec le
Saint-Esprit comme l'unique loi religieuse digne de respect 8c de créance.
Antoine Court étudia consciencieusement ces divagateurs 8c les divisa en
• Edmond Hugues, I, p. 17S.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 977
deux classes, les fourbes &. les fous. Dès que son opinion fut ainsi fixée, il
leur iit une rude guerre par la parole & par la plume. Sous son inspiration,
des synodes défendirent aux femmes de prêcher, comme l'avait autrefois
recommandé saint Paul, & rejetèrent les révélations particulières, povir s'en
tenir à la seule autorité de l'Ecriture.
Ces décisions ne furent pas acceptées d'un petit groupe de prcdicants, pas
plus que de la foule crédule qui allait autour d'eux se griser d'exaltation.
Jean Hue & Jean Vesson, h qui les pasteurs réguliers avaient dénié le droit
de renrplir aucune mission religieuse, opposèrent une vive résistance. Le
premier se jeta dans les Cévennes, le second dans le bas Languedoc. En 1722,
on envoya un jeune proposant, au nom du synode, avec charge d'éclairer
les populations qui donnaient encore à Vesson une confiance aveugle; le
prophète s'enferma dans la Vaunage & s'y rendit h peu près maître des
consciences. Mais ayant abusé d'une lettre du savant professeur Pictct, de
Genève, pour se faire élire pasteur par ses partisans, S<. cette fraude s'étant
dévoilée, il vit son crédit s'amoindrir, ses convocations dédaignées, & il dis-
parut subitement, au mois de juin 172:, avec quelques-uns de ses auxiliaires
les plus dévoués.
Il était allé à Montpellier s'engager dans une nouvelle religion. Cette reli-
gion avait son siège chez une veuve nommée Mademoiselle Verchant, pro-
testante, originaire de Sommières, qui racontait avoir vu le ciel s'ouvrir Se
Dieu apparaître, pendant un voyage aux Cévennes, peu de temps avant
l'explosion de lî peste. Cette femme louait sa maison aux deux fils d'un cor-
donnier de Lunel, qui, précédemment, avaient pontifié dans cette ville au
fond d'une chambre tapissée de versets de la bible, avec des images de saint
Paul & d'Élie, £< une vieille serviette, portant les commandements de Dieu,
attachée au bout d'un bâton en guise d'étendard. Il s'était formé autour de
ces personnages une petite communauté qui prétendait être en relations
directes avec l'Esprit-Saint St qui croyait avoir le privilège, par ses mérites,
d'éloigner la peste.
Les nouveaux sectaires admettaient la mission de Jésus-Christ; mais ils
soutenaient que, par suite de la malignité des hommes, cette mission n'avait
pas porté ses Iruits & devait être recommencée. Il était réservé au Saint-Esprit
de terminer l'œuvre incomplète 8c de fonder le véritable royaume du Christ.
A ces fins. Dieu avait institué dans le ciel & baptisé trois mages, leur don-
nant, avec les noms de Paul, de Jean 8t de Moïse, le baudrier, la robe blanche
Se le cascjne comme insignes de leur charge, 8< leur ordonnant d'instruire St
de reprendre les peuples de sa part, & de les faire etitrer dans le temple de
Salomon, auprès de l'arche mystique.
Le mage Jean était un pauvre commis de Montpellier, natif du Pont-dc-
Montvert, nommé Bonicel ; le mage Moïse était le fils du cordonnier de
LuncI, Antoine Comte; le inage Paul s'appelait Jacques Bourely. Quant au
temple de Salomon, c'était la maison de Mademoiselle Verchant; il y avait
une grande salle contenant vingt-quatre bancs, ornée de branches de laurier
XIII. 62
lyiS
i7ij
978 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'où pendaient des pommes, des oranges, des citrons, des pains 8<. des flacons
de vin 6<. d'eau-de-vie. On lisait au-dessus de la porte : Personne ne peut
ENTRER DANS LE LIEU SAINT SANS ÊTRE FOUILLÉ. Ensuite s'ouvrait une pièce
plus vaste, qu'on appelait le résidu ou le sanctuaire. Une chaire en occupait
le centre, surélevée de quatre marches, décorée de lauriers Si de rubans avec
des légendes hébraïques. De grands lauriers flanquaient les murailles. Le
plafond, tendu de blanc, portait en lettres rouges, sur un cartouche, ces
mots : Haec est via veritatis. Un grand nombre d'objets bizarres se trou-
vaient disposés avec beaucoup d'ordre dans les diverses parties de la salle. On
V voyait trois tentes pyramidales qui figuraient le pavillon du Roi des rois,
l'arche mystique de Sion, le pavillon du grand patriarche; une lampe à sept
becs, le chandelier de Salomon, que l'on faisait brûler jusqu'à minuit, pour
représenter « les noces du Christ & la nouvelle Chanaan; » des tambours,
destinés aux processions; le drapeau blanc du Père, le drapeau rouge du Fils
Se le drapeau vert du Saint-Esprit; des couronnes à douze aigrettes, garnies
de taffetas blanc, de dentelles Si de ganses de rubans de quatre couleurs; des
sacs pleins de fruits, symbolisant l'abondance de biens que devait procurer
au monde le véritable règne de Jésus-Christ; des balances, des compas, des
pains moisis, un plat entouré d'une serviette dont les quatre bouts étaient liés
avec des rubans, des bonnets d'enfant garnis de taffetas blanc avec un plumet.
Pas un détail de cette ornementation compliquée n'était dépourvu d'un
sens mystique; la chaire figurait la montagne d'Horeb, le taffetas blanc S<. les
rubans aux quatre couleurs marquaient les livrées du Saint-Esprit.
Le mage Bonicel avait mandat de donner le baptême. On faisait laver la
main Se le visage au néophyte, on lui versait sur la tête trois gouttes d'eau,
on le peignait, pour bannir les mauvaises pensées qui pouvaient nicher dans
ses cheveux; on lui dictait la formule consacrée qu'il devait écrire de sa
main : « Je promets à mon Dieu de ne lui être plus rebelle Se de ne plus
« murmurer envers ses effets. » On le conduisait à la porte du « résidu, » où
il devait manger un peu de miel pour se rendre doux, humble Se patient;
on l'introduisait dans le sanctuaire, où il buvait trois gouttes d'eau-de-vie; on
lui coupait vme mèche de cheveux, on le menait au pavillon de la gloire, où
il recevait enfin des mains de Moïse l'eau de vie qu'il avalait au nom du Père,
du Fils Se du Saint-Esprit.
On célébrait aussi la cène, on prêchait, on racontait des visions, on consa-
crait des mariages, qui pouvaient être rompus lorsque les deux contractants
le demandaient. Mademoiselle Verchant épousa le mage Moïse selon ces rites.
La communauté comprit environ deux cent trente personnes, appartenant
aux villes de Montpellier Si de Lunel, Se à quelques lieux avoisinants.
Ce fut la passion des processions qui la perdit. Pendant la peste, elle eut
la pensée, pour conjurer le fléau, de faire une sortie solennelle, où devaient
paraître en bel ordre Mademoiselle Verchant en veuve de Sarepta, la pro-
phétesse Blayne en Sion, deux autres femmes en filles d'Israël, soixante
enfants habillés de blanc, avec des bonnets en carton ornés de rubans, jouant
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 979 —
du violon 8c battant la caisse; le mage Paul déployant son drapeau blanc,
un certain Jacob son drapeau rouge, 8c Moïse son drapeau vert. Se traînant
après eux un cortège de veuves couronnées, les palmes à la main, 8c de
patriarches ou d'anciens en culottes noires.
Les auteurs de ce beau programme eurent la pensée de s'assurer d'abord
la bienveillance des autorités, en adressant un placet au duc de Roquelaure;
ils lui demandaient la permission de faire, le jour de Noël, une procession
pour la prospérité du roy 8c de l'Etat. Le style mystique de cet écrit inquiéta
le duc, qui renvoya « les Enfants de Dieu » devant l'évêque, pour faire
approuver leur projet. Les Enfants de Dieu n'eurent garde de comparaître à
ce tribunal; mais l'éveil était donné, les espions se mirent en (luête. Le
public avait remarqué que diverses personnes, 8c surtout des femmes, se
glissaient mystérieusement, le soir, dans la maison Verchant. La crédulité
populaire, rééditant contre les malheureux illuminés les calomnies du paga-
nisme contre les chrétiens, prétendait que le temple de Sion était le théâtre
d'horribles débauches 8c donnait aux disciples des mages le nom de Multi-
pliants.
Le 6 mars i/îS, au retour des États de Languedoc, le duc de Roquelaure,
averti par sa police que l'on célébrait quelque cérémonie bizarre dans la mai-
son Verchant, 8c que le fameux prédicant Vesson, si vainement poursuivi
par l'intendance depuis des années, devait y jouer un rôle, fit investir le
logis par la maréchaussée 8c par un détachement du régiment d'Auvergne.
On trouva les mages en fonctions Se toute l'assistance revêtue de ses insignes.
Treize arrestations s'opérèrent, y compris celle de Vesson. Les prisonniers
furent conduits à la citadelle entre deux haies de soldats. On y comptait six
hommes, six femmes Se un jeune garçon; trois hommes portaient un bonnet
de papier doré en forme de casque 8c tenaient à la main un étendard de
taffetas monté sur une hampe de roseau; ils étaient habillés d'une aube,
avec un baudrier orné de rubans 8c de fleurs de lis; deux femmes portaient
également l'aube, avec un bonnet de moire d'argent bordé de taffetas blanc,
8c une aigrette attachée par un ruban vert. Le public, en voyant passer ces
étranges personnages, s'imagina qu'il s'agissait d'une mascarade surprise dans
quelque tripot.
Mais l'intendant prenait l'affaire au tragitiue. Peu lui importait la masca-
rade, le chandelier à sept becs, le pavillon du Roi des rois 8c les noces du
Saint-Esprit. Ce qu'il voyait dans l'événement, c'était une assemblée prohi-
bée 8c la capture « d'un fameux prédicant. » Le procès fut rapidement ins-
truit, 8c les révélations qu'il amena firent arrêter, à Lunel, six autres per-
sonnes, prévenues de pareil méfait. Vesson, pour se dérober à la mort, offiit
à Bernage d'entrer dans sa police secrète. Pour cinq cents écus 8c la liberté,
il s'engageait à faire surprendre en plein synode, pendant les fêtes de Pâques,
les prédicants les plus considérés Se à les livrer aux soldats. Ces honteuses
propositions ne furent pas acceptées. Vesson, Boniccl, Comte &e Marie Blaync
furent condamnés à mort le 22 avril 8c exécutes le même jour. r,a sentence
17^3
(;So
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ne faisait avicune mention des singularités ridicules qui distinguaient la
communauté, dont elle confondait le cas avec celui des assemblées prohi-
bées', l/cs quatre malheureux sortirent de la citadelle en chemise, la corde
au cou, la torche à la main, firent amende honorable devant la chapelle 6c
devant la croix de l'Esplanade St furent pendus à des potences expressément
dressées sur cette place. Les autres prévenus durent assister à l'exécution 8c
furent envoyés les uns aux galères, pour y servir de forçats à perpétuité, les
autres dans des maisons de détention. I,a veuve Verchant, qui était de ce
nombre, eut la tête rasée 8c fut envoyée à la tour de Constance. La maison
où s'étaient célébrés les rites étranges des Enfants de Dieu dut être démolie
jusqu'aux fondements.
' Voici le texte de la sentence prévôtale :
u Louis de Beiinage, chevalier, seigneur de
Snint- Maurice, Vaux, Chaumont & autres lieux,
conseiller d'Estat, intendant en Languedoc.
« Vu l'nrrest du conseil du iS" mars dernier
(( Nous, intendant susdit, par jugement en der-
nier ressort de l'avis des officiers du présidial de
Montpelier soussignés, avons déclaré & déclarons
leidits Jean Besson , Jacob Bonissel & Antoine
Comte atteints Se convaincus d'avoir fait les prin-
cipales fonctions de prédicants & de ministres
dans des assemblées, spécialement dans celles qui
se sont faites dans la maison d'Anne Robert,
veuve de Verchant, déclarons aussy ladite Marie
Blayne, atteinte & convaincue d'avoir participé
auxdites fonctions desdits Besson, Bonissel &
Comte, d'avoir fanatisé & d'estre la principale
motrice des assemblées, pour réparation de quoy
les avons condamnés & condamnons à faire amende
honorable, nuds en chemise, la corde au col>
tenant chacun une torche de cire ardente du
poids de deux livres devant la porte de la cha-
pelle de cette citadelle, oii ils seront conduits par
l'exécuteur de la haute justice, &. là estant à ge-
noux, déclareront que méchamment ils ont con-
trevenu aux ordres de S. M. sur la religion par
les fonctions qu'ils ont faites, en demanderont
pardon à Dieu, au roy & à la justice, & seront
ensuite conduits pour faire pareille déclaration &
amende honorable devant la croix de la place de
l'Esplanade, après quoy ils seront pendus & étran-
glés jusques à ce que mort s'ensuive à des potences
qui seront pour cet effet dressées sur ladite place;
avons pour les cas résultant du procès & avoir
assisté lesdits Besson, Bonissel & Comte dans leurs
fonctions aux assemblées, condamné 8c condam-
nons lesdits Jaques Bourely Se Pierre Figaret d'as-
sister à leur exécution après avoir aussy f.iit
amende honorable aux lieux & en la forme cy-
dessus 8c à servir de forçats à perpétuité sur les
galères du roy, condamnons pareillement André
Comte, François Coiiue 8< François Baumes à ser-
vir de forçats sur lesdites galères à perpétuité;
avons déclaré 8c déclarons lesdites Anne Robert,
Jeanne Mazaurigue 8c Suzanne Loubière atteintes
& convaincues savoir ladite Anne Robert d'avoir
reçu dans sa maison les prédicants & les assem-
blées, 8i tant elle que les deux autres de les avoir
servis dans leurs fonctions, pour réparation de
quoy les avons condamnées à assister à l'exécution
Se être ensuite razées & renfermées pour le reste
de leur vie dans les prisons qui seront jugées con-
venables, ordonnons au surplus que la maison de
ladite veuve Verchant, où se sont faites lesdites
assemblées, sera razée jusques aux fondements,
sans pouvoir être réédiffiée & qu'il sera posé une
croix au milieu du sol au pied d'estal de laquelle
il sera fait mention par une inscription du pré-
sent jugement, 8c avons, pour avoir assisté aux-
dites assemblées condamné ladite Anne Gaussenet
a esire aussy razée Se enfermée le reste de ses jours,
avons déclaré 8c déclarons les biens desdits Jean
Besson, Jacob Bonissel, Antoine Comte, Maria
Blayne, Jacques Bourelly, Pierre Figaret, Andié
Comte, François Comte, François Baumes, Anne
Robert, Jeanne Mazaurigne, Suzanne Loubière &
Anite Gaussente acquis Se confisqués au profit du
roy, distraction préalablement faite du tiers des
biens pour leurs femmes 8t enfans s'ils en ont,
les condamnons en outre aux dépens du procez
dont la distraction sera aussy faite sur lesdits
biens 8c à l'égard de Victoire Bourlete, Françoise
8c Suzanne Dclort, Louis 8c Philippe Comte, nous
ordonnons que les informations 8t instructions
seront continuées dans un mois, à la requeste 8e
diligence du procureur du roy pendant lequel
temps ils tiendront prison, 8e sur l'accusation
dudit Pierre Cros Se Marguerite Verchant, les
avons mis hors de cour 8c de procès. Fait à Mont-
pellier le 22 avril lyîS. Signés de Beiinage, —
BoHMEr., — DE Montaigne, — Ciiauvet, Jalsse-
RAM), Rat, Rosset, Lovs subJélcgué '. «
■ Arcliivcs nalioualcs. CorrcsyoïiMuice du contrôleur
gt'ncral.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. q8i T
-' 1723
Le lendemain, Bernage, rendant compte de l'événement au ministère,
complétait son récit par ces réflexions : « J'espère que l'exemple du châtiment
« tant des hommes que des femmes fera un bon effet pour arrêter le cours
« de ces assemblées qui ne devenoient que trop fréquentes; comme ce sont
« des misérables, j'auray peine à trouver sur la confiscation de leurs biens
« de quoy remplacer les frais de la procédure que je fais avancer sur le
ti Domaine avec toute l'économie qui peut dépendre de moy. »
L'intendant ajoutait : « Il y a encore un fameux prédicant nommé Maze-
« let, arrêté depuis peu, dont je vais instruire le procès, & j'espère que je
<i trouveray des preuves suffisantes pour en faire un second exemple qui ne
B sera pas moins utile que celui qui vient d'être fait'. »
Ce fameux prédicant, sur lequel Bernage comptait pour compléter
l'exemple, était le vieux Jean Hue, arrêté à Saint-Paul de Lacoste, dans les
Cévennes, 81 conduit à la citadelle de Montpellier, où il fut confronté à
Vesson. On lui reprochait d'avoir présidé des assemblées & d'y avoir prêché
& l'on n'eut pas de peine à le convaincre de ce double crime. Sa condamna-
tion fut prononcée le 5 mai. Hue abjura le protestantisme avant de mourir.
Les catholiques lui firent des funérailles solennelles, où l'on vit défiler deux
cents pénitents en tcte du cortège; la bière était portée par six cordeliers, Se
trente-six ecclésiastiques recueillaient les aumônes sur le passage; on déposa
le corps du vieux Cévenol dans un caveau de l'église Notre-Dame des Tables'.
Bernage attachait une grande importance à la mort de Mazclet parce qu'il
craignait qu'on ne se méprit sur la portée de la précédente exécution. L'on
aurait pu croire que Vesson 81 les autres avaient été punis de mort pour leurs
excentricités & leurs fantasmagories. Il importait que l'on sût bien qu'il
suffisait de pratiquer en public la religion réformée pour mériter le dernier
supplice. L'intendant s'en expliqua fort clairement dans sa lettre au ministre
du 5 mai 1723 :
« J'ai, dit-il, condamné ce matin Mazelet à être pendu 81 j'ai décrété de
<i prise de corps celui dans la maison de qui on l'a trouvé; rien n'étoit plus
<i important que ce second exemple, sans lequel les Genevois n'auroient pas
(1 manqué de faire croire aux nouveaux convertis de Languedoc & du Dau-
« phiné que Besson 8c ses adhérents n'avoient été condamnés qu'à cause de
<i leur nouvelle secte Se qu'ils pouvoient s'assurer qu'on toléreroit toujours
«i en France l'exercice de la religion prétendue réformée S<. même les assem-
11 blées^. )>
L'édit du mois d'août 1722 rétablissait les charges municipales, avec droit
d'eritrée aux États pour les acquéreurs. La Province vit recommencer avec
eltroi la série de contestations S< d'embarras dans les affaires des communes
' Archives nationales. Corrcsponilance Ja contra- seur d'histoire à la faculté des lettres de Mont-
leur général. pellier.
' Edmond Hugues, I, p. îoo. — D'Aigrefeuille, ' Archives nationales. Corraponianct du coiiud-
llistoire de Montpelîiert — Nouvelles recherches sur leur général,
la secte des Multipliants, par M. Germain, profes-
— ~ y82 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
qui avait si fort décrié l'innovation de Louis XIV. C'était, en réalité, une
seconde couche d'olhces [|ui venait se superposer à l'ancienne j car l'édit de
suppression de 17 14, en donnant aux communes la faculté de se débarrasser
des maires acquéreurs par le remboursement de leurs charges, ne leur avait
pas fourni de l'argent pour les payer, de sorte qu'un grand nombre d'entre
elles subissaient encore, faute de ressources, un régime non moins contraire
au bon sens qu'à leurs traditions. L'archevêque de Narbonne, avec les autres
députés de la Province, eut mandat de négocier avec la Cour la suppression
du nouvel édit, c'est-à-dire la traduction en impôt de la mesure vexatoire
qui venait d'être ressuscitée.
L'affaire était pendante lors de la mort du régent. L'archevêque prolongea
son séjour à Paris pour la reprendre avec le duc de Bourbon, qui n'eut garde
de repousser les compensations pécuniaires offertes par la Province.
Le 3o novembre, le contrôleur général d'Odun communiquait à M. de
Bernage les intentions du gouvernement, par une lettre qui fut aussitôt
envoyée dans tous les diocèses, afin d'empêcher les propriétaires de charges
municipales d'aller représenter les communes aux États.
La transaction intervenue consistait en un abonnement de la Province
qui, moyennant une somme de douze millions en effets liquides, devenait
propriétaire de tous les nouveaux offices créés, sauf ceux de gouverneurs,
lieutenants de roi & majors, à condition de rembourser les acquéreurs de
gré à gré ou de leur payer, au denier cinquante, l'intérêt des sommes par
eux versées. En vertu de cet abonnement, l'entrée aux États était retirée tant
aux acquéreurs d'offices de nouvelle création qu'aux officiers pourvus de
commissions en attendant la vente. On revenait à la situation qui avait pré-
cédé le rétablissement des charges'.
A-lalgré cet ordre formel, plusieurs maires acquéreurs, munis des procura-
tions de leurs communes, vinrent réclamer leur place au banc du Tiers État.
Pascal Lamy, maire du Puy, le sieur de Nuisement, d'Alet, le sieur de Mont-
genêt, maire de Lodève, Demiez, maire de Valentine, prétendirent qu'une
lettre du contrôleur général ne suffisait pas à les déposséder d'un bien qu'ils
avaient acquis. Il eût été aussi difficile de leur prouver le contraire qu'à eux-
mêmes de justifier leur caractère représentatif. Le syndic général Montferrier
se contenta de répliquer dédaigneusement que ce qui venait d'être exposé ne
méritait aucune réponse, & l'assemblée congédia les maires acquéreurs.
Il fallut ensuite régler les détails de l'abonnement, qui furent débattus
dans une commission de douze membres, sous la présidence de l'archevêque
de Toulouse^. La capitale de la Province demeura en dehors des conventions
parce qu'elle avait déjà traité avec le roi d'un abonnement particulier. On
déclarait éteintes 8<. supprimées toutes les charges municipales créées par
l'édit du mois d'août 1722; les anciens officiers municipaux rentraient en
' Proccs-verbnl des États de Lnngiicdoc. Scnnce ' Procès-verbiil des Etats. Séance du 3o décem-
du 17 décembre 172I). — Voir noi Pièces juslifica~ bre r7i3.
tives, n. DCCCXUX.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 983 ~
fonctions, clans les conditions où ils se trouvaient avant l'édit, avec faculté
pour les communes de les rembourser eux-mêmes dans le délai de trois
années, ainsi qu'elles étaient autorisées à le faire par ledit de septembre 17 14.
On déduisait de la somme de douze millions consentie au nom de la Pro-
vince le prix des offices d'état-major Se charges municipales déjà vendus, qui
s'élevait à 3 3:i 438 livres, d'après les états remis par les préposés du traitant,
de sorte que le total des fonds à verser par le trésorier de la bourse dans la
caisse des charges municipales à Paris était de 8678570 livres, somme qui
devait être livrée avant le 1" janvier 1724.
Le remboursement à faire aux officiers pourvus ou acquéreurs serait réglé
de gré à gré, suivant la valeur des effets par eux donnés en payement, &, en
attendant complète libération, il leur était accordé, pour représenter les gages
établis par l'édit de création, des arrérages d'intérêt du capital dont ils s'étaient
dessaisis, calculés sur le pied du denier cinquante.
Les Etats chargèrent le trésorier provincial Bonnier d'aller faire la remise
des fonds, 81 demandèrent qu'un projet de déclaration fût dressé pour ratifier
la transaction.
L'étendue exacte du sacrifice que s'imposait la Province ne pouvait être
connue, parce que l'on ignorait à quelles conditions le trésorier pourrait
acquérir les titres déj> placés; mais, en tout état de cause, il fut résolu que
l'imposition nécessaire serait répartie sur tous les lieux de la Province, sans
faire exception des villes privilégiées de la taille, toutes devant bénéficier de
la suppression des charges.
On agita la question de savoir si l'on ne ferait pas contribuer d'une façon
particulière à cette cotisation les propriétaires d'anciens offices municipaux
que le nouveau traité remettait en possession, puisqu'ils avaient un intérêt
spécial k la convention; mais il fut reconnu qu'à part un petit nombre de
maires gratifiés de suppléments de gages sur les communes, ces officiers
n'avaient reçu d'honoraires ni des municipalités ni du trésor royal, de sorte
qu'en exigeant d'eux une contribution, il faudrait aussi leur assurer un
revenu au détriment des communes, & en rehaussant la valeur des charges
augmenter les frais de remboursement. Il fut donc décidé qu'on n'inquiéte-
rait pas les anciens officiers qui ne recevaient point de gages, 6< qu'en même
temps, pour soulager les communes qui payaient des gages à quelques maires,
on réduirait ces gages de moitié à dater du jour de la suppression des offices,
8< qu'on demanderait un délai de trois ans pour le rachat de tous les offices
existants, sans distinction d'origine.
Quant aux anciens pourvus qui, par suite d'arrêts du conseil individuels,
avaient, depuis la suppression de leurs offices, reçu un traitement des com-
munes, on réduirait ces gages de moitié, à la décharge des communes qui se
trouvaient déjà suffisamment grevées d'avoir à payer leur part de la cotisation
de rachat, sans pouvoir élire leurs officiers municipaux'.
' Rapport de l'archevêque de Toulouse aux Etats. Séance du 3o décembre 1723.
'7M
(^84 ÉTUDÇS HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
On voit à quelles complications raffinées donnait lieu cette malencontreuse
invention des charges municipales.
Les syndics généraux, chacun dans son département, liquidèrent le rem-
boursement des acquéreurs, qui atteignit la somme de 820,269 livres'. Sur
cette somme, additionnée à celle que la Province avait payée au préposé, les
Étals demandèrent une constitution de rente sur le pied du denier cinquante
depuis le i" juillet passé jusqu'au 1" janvier 1726; à dater de cette cpociuc,
la Province ne devait toucher que la moitié de la rente à un pour cent, le
restant étant destiné à l'entretien des pauvres mendiants. Ainsi l'avait ordonné
un arrêt du conseil rendu le 3o octobre 1724.
Au nombre des acquéreurs remboursés, il s'en trouva deux qui ne se con-
tentèrent pas de la condition commune. Un sieur Mathieu, maire de Nimes,
iit valoir c{ue les pertes auxquelles son acquisition l'avait exposé réduisaient
son remboursement au quart du capital avancé & aux deux sols pour livre j il
demandait des contrats de rente sur la Province au denier cinquante pour
l'entière somme, &t s'autorisait des grosses dépenses faites à Paris £< à Tou-
louse, à cause des difficultés qu'il avait eues à se faire installer, pour exiger
une indemnité de quinze mille livres. La commission des Etats tut unanime
à reconnaître que le maire de Nimes n'avait aucun droit d'être traité plus
favorablement que les autres acquéreurs; mais comme le contrôleur général
avait manifesté en plusieurs occasions l'intérêt qu'il lui portait, on lui accorda
dix mille livres, sur le rapport de l'archevêque d'Albi ^.
Le second réclamant était un maire de Rieux, nommé Combes. Il avait
possédé la charge pendant trente-deux ans £t assisté régulièrement aux États.
S'en voyant exclu par suite des nouveaux arrangements, il s'était discrète-
ment effacé pour ne pas créer d'embarras à la Province, mais il comptait
I)ien, & on lui avait fait espérer un dédommagement de la rétribution qu'il
perdait en ne touchant plus les jetons de présence des Etats. L'assemblée lui
accorda deux mille livres.
Voilà où les pratiques financières Si administratives du temps réduisaient
la dignité des prétendus représentants du tiers état. Leur assistance à l'assem-
blée provinciale n'était plus, d'après leur propre sentiment, qu'un titre à
gratification. Un tel ravalement de la députation des communes explique trop
bien le concert de plaintes contre l'organisation des Etats qui s'éleva de tous
les points de la Province lors de la grande enquête des cahiers de 1789.
' Procès-verbnl des Etats. 3 février lyzâ. de la part de M. le contrôleur général & pour les
° « La commission aiiroit entièrement rejeté services qu'il rend & qu'il peut rendre à cette Pro-
toutes les demandes faites par ledit sieur Mathieu, vince, d'cstre d'avis d'accorder au sieur Mathieu
qui ne sauroit prétendre d'estre plus favorable- au delà de la liquidation une somme de dix mil
ment traité que les autres acquéreurs & commu- livres pour l'expédition des provisions, frais 8c
nautés, s'il n'avoit paru à Messieurs les commis- loyaux coûts, 8i prier Monseigneur le Président,
saires que M. le contrôleur général favorisoit le quand il fera réponse à M. le contrôleur général
sieur Mathieu, ce ministre en ayant parlé à do luy marquer que c'est à sa seule considération
M. Bonnicr & en ayant écrit à Monseigneur le que les États accordent cette somme'. «
Président, ce qui auroit déterminé la commission,
par l'attention qu'on doit avoir pour ce qui vient ' Procès-verbal des litnts. SOance du 3 fcvricr 1735.
LIV, IV, LA REGENCE ET LOUIS XV. 986
Les propriétaires des forges de Languedoc, tirant le minerai des Pyrénées,
pratiquaient de toute ancienneté pour leurs transports un chemin aboutissant
au col de Pailhès, connu dans le pays sous le nom de chemin de Cavalères.
Les propriétaires des forges du pays de Foix obtinrent en 1720 un arrêt du
conseil qui ordonnait la destruction du chemin de Cavalères & prescrivait
l'usage exclusif d'une route nouvelle passant par la vallée de Vicdessos.
Pour les Languedociens, cette route avait le défaut d'être plus longue &
plus difficile. L'abandon de la ligne habituelle faisait perdre, en outre, aux
populations besoigneuses des pays d'Alet, de Limoux & Mirepoix, parla sup-
pression du voiturage des minerais, un de leurs moyens d'existence les mieux
assurés. Sur le rapport de Montferrier, les Etats chargèrent la députation de
défendre auprès de la Cour le chemin de Cavalères'.
Ils obtinrent une nouvelle vérification des lieux. M. d'Andrezel, intendant
de Roussillon, qui avait déjà visité le pays, s'y transporta de nouveau 8t fut
d'avis de laisser subsister le chemin en litige. Les mouvements des syndics
généraux du comté de Foix & de plusieurs intéressés suspendirent toute déci-
sion. Le conseil rendit un second arrêt, le 16 septembre 1721, qui renvoyait
encore l'affaire à l'intendant de Roussillon. Après contre-enquête sur place,
M. d'Andrezel modifia sa première opinion 61 proposa de ne permettre l'usage
du chemin de Cavalèiés que pendant les six mois d'hiver. Cette conclusion
bizarre qui, en se fondant sur les prétendus privilèges de la vallée de Vic-
dessos, ordonnait de laisser une route inutile pendant la moitié de l'année,
souleva, comme on pouvait s'y attendre, de vives réclamations. Elle fut rap-
portée aux États dans la séance du 24 janvier 1724; M. de Montferrier,
syndic général, y fit ressortir l'importance de la question, en s'appuyant,
suivant les habitudes formalistes du temps, sur l'insuffisance des titres pro-
duits par les habitants de Vicdessos & sur les inconvénients qu'avaient leurs
prétentions pour le commerce du Languedoc & pour l'intérêt public, mais
sans mettre en lumière ce qu'avait d'exorbitant cette suppression d'un chemin
court £< commode, réclamée pour l'avantage exclusif d'une industrie Se la
défense d'un monopole. Malgré les notions de droit naturel qui se faisaient
jour dans les écrits des philosophes, le personnel administratif appartenait
encore tout entier à la vieille école monarchique, faisant dériver l'exercice de
toute activité d'une faveur souveraine & d'un privilège.
L'assemblée n'en décida pas moins que ses députés en Cour continueraient
leurs remontrances au conseil d'Etat.
Le 3 mai de la même année, le syndic du diocèse d'Alais rappela l'atten-
tion de l'assiette sur le projet d'édification du palais épiscopal. Nous avons
raconté dans quelles circonstances 8c dans quel but cette nouvelle circons-
cription ecclésiastique avait été démembrée du diocèse de Nimes. On comp^
tait faire de l'évêché d'Alais une sorte de quartier général catholique dans
les Cévennes; mais, depuis cette création, les nécessités de la guerre, les
' Séance du 8 mars 17*1. Voir aux Pièeeî justificatives, n. DCCCXLV.
'7M
'7M
986 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
frais considérables occasionnés soit par les missions, soit par les mesures de
surveillance 8c de propagande, soit par les calamités publiques, sécheresse,
grêle, épidémie, n'avaient pas permis d'attribuer une résidence convenable
à l'évêque. Cependant, les plans n'avaient pas manqué. Le premier prélat
d'Alais, M. de Saulx, s'était empressé de solliciter la construction d'un vaste
édifice, conçu dans des proportions majestueuses & en rapport avec la dignité
du personnage qui devait l'occuper. Quelque bonne volonté qu'eussent l'in-
tendance £<. le ministère pour des entreprises de cet ordre, on jugea que les
plans de M. de Saulx dépassaient la mesure, £< ils demeurèrent sans exécution.
Son successeur, M. d'Avéjan, prit le bon parti pour doter le diocèse d'un
évêchéj il consentit à réduire notablement les projets grandioses dressés par
les architectes, &, grâce à de nombreuses modifications, il abaissa l'évaluation
des devis à la somme de quatre-vingt mille livres. L'ensemble des bâtiments
se composait d'un corps de logis entre cour & jardin 8c d'un grand avant-
corps sur la place avec porte cochère 8c entablement couronné de balustres.
Deux grands escaliers de pierre dure conduisaient aux étages supérieurs;
parmi les dépendances de l'édifice, on comptait une écurie de vingt-six che-
vaux, 8c une écurie pour mulets, accessoire indispensable dans une région
montagneuse, où une foule de transports se faisaient à l'aide de ces animaux'.
Tandis que l'assiette d'Alais s'occupait de préparer un hôtel à son évêque,
le petit monde politique du diocèse d'Uzès était fort agité par les suites cl'un
échange récemment conclu entre le duc 8c le roi.
Le 28 avril 1721, Jean-Charles de Crussol, duc d'Uzès, premier pair de
France, chevalier des ordres, gouverneur de Saintonge 8c d'Angoumois, avait
signé avec les commissaires du roi, députés par arrêt du conseil du 29 mars
précédent, un contrat portant échange avec le roi de la terre 8c baronnie de
Lévis 8c ses dépendances, situées près le parc de Versailles, contre la portion
du domaine qui appartenait au roi dans la ville d'Uzès, à Saint-Jean de Mar-
véjols, 8c dans les autres paroisses 8c lieux dépendant de la Claverie d'Uzès 8c
pays d'Uzège. Ce contrat fut ratifié par lettres patentes de confirmation du
mois de mai 1721. C'était, comme l'échange du comte de Belle-Isle, dont nos
lecteurs connaissent quelques épisodes, comme l'échange conclu par le duc
d'Antin pour la ville de Comminges, une marque de la tendance des grands
seigneurs à reconquérir l'autorité féodale sur les centres de population 8c à
défaire l'œuvre bienfaisante de la royauté.
' Les documents présentés à l'assiette par M. de du Brotizin & pierre de Snlnt-Jiilien ; pour le»
la Bruyère, syndic, donnent quelques détails inté- manteaux de cheminées, au nombre de quatorze,
ressants sur la provenance des matériaux employés au rez-de-chaussée & premier étage, pierres de
i la construction. Kou$ les relevons en peu de taille de la carrière de Saint-Jean de Marvéjols;
mots : pour les cavei & socles, pierres de taille pour les deux grands escaliers, pierre dure nu rez-
dure de la carrière de Gournié) pour l'intérieur, de-chausséc & pierre de Salindres; petits & grands
pierres de taille tendre de la carrière de Méjane ; carreaux de terre cuite de Vezenobre; plâtre gris
pour l'extérieur, pierres de taille des carrières de des plàtrières d'Anduze, plâtre blanc des plâtrières
Naracelle; pour les escaliers & perron, pierre de de la Salle. — L'architecte qui fit le dessin de
la carrière de Salindres, moellon de Gournié & l'évèché d'Alais s'appelait Rollin.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV, 987
Comme on pouvait s'y attendre, l'échange d'Uzès souleva l'opposition de
l'évèque, du chapitre, du syndic diocésain 8t de plusieurs particuliers, & les
procédures s'éternisèrent. Une des conséquences de l'événement fut de mettre
en litige le droit d'entrée à l'assiette diocésaine. Les officiers ducaux ins-
tallés à la place des anciens juges royaux dépossédés en vertu de l'échange,
devaient-ils occuper le siège de leurs prédécesseurs dans l'assemblée adminis-
trative Se. financière du diocèse? Comme les États avaient une compétence
spéciale pour toutes les querelles de cette nature, c'est devant eux que le
débat fut porté. L'arrêt du conseil du 28 novembre lyiS leur en fit d'ailleurs
expressément le renvoi.
Le duc d'Uzès produisit de volumineux mémoires à l'appui de ses préten-
tions. Il y exposait qu'ayant joui d'abord comme simple engagiste de la por-
tion de domaine, de justice &c de fiefs appartenant au roi dans la ville,
viguerie haute 81 basse d'Uzès, Saint-Jean de Marvéjols 8c pays d'Uzège, il
en était devenu propriétaire en vertu du contrat d'échange, en abandonnant
à Sa Majesté la baron nie de Lévis.
Cet échange, réglé par arrêt du conseil, confirmé par lettres patentes,
enregistré aux Parlements de Toulouse & de Paris avec toutes les formalités
légales, assimilait ces nouvelles acquisitions au patrimoine ducal, l'y incor-
porait, lui imprimait le caractère de propriété incommutable Si assurait au
propriétaire la faculté de faire administrer la justice par ses officiers 8c
d'exercer tous les droits exprimés 8c non exprimés dont Sa Majesté aurait pu
jouir elle-même.
Le duc avait remboursé les officiers royaux; il ne leur devait plus rien;
les siens étaient donc en droit de remplir toutes les fonctions de ces officiers
définitivement désintéressés par la restitution de leur finance, 8c, à ce titre,
d'entrer à l'assiette diocésaine.
L'évèque d'Uzès, le syndic diocésain Se les commissaires de l'assiette ne
s'étaient point fait faute d'attaquer le contrat d'échange, malgré l'authenticité
8c la régularité de l'acte. Les commissaires avaient représenté au conseil que
l'entrée aux assemblées annuelles 8c les autres fonctions importantes confiées
aux officiers royaux ne pouvaient pas l'être à ceux d'un seigneur particulier.
L'arrêt du 26 décembre 1721 écartait ces oppositions 8c prescrivait rexécution
pure 8c simple de l'échange.
La volonté de Sa Majesté s'était encore expliquée plus clairement par l'arrêt
du 12 février 1723, ordonnant que les officiers ducaux d'Uzès entreraient à
l'assiette diocésaine de la même façon que les officiers royaux.
Le duc espérait jouir sans contradiction des avantages assurés par son
contrat, lorsque les députés avaient formé opposition au dernier arrêt du
conseil, en se fondant sur les privilèges particuliers de la Province, sur plu-
sieurs édits 8c lettres patentes maintenant à l'assemblée la vérification des
pouvoirs Se le règlement des contestations en fait d'assiette. Les commissaires
du roi 8c ceux des États ayant reçu mission de donner leur avis, le duc se
voyait contraint de défendre ses droits devant eux.
1714
'7*4
988 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Il voulait se borner à faire voir que l'entrée aux assiettes Se délibérations
du diocèse ne saurait être refusée à ses officiers, qu'ils devaient y être convo-
qués suivant les formes ordinaires, y occuper leur place & y jouir des mêmes
prérogatives qu'avaient eues avant eux les officiers royaux. Ce droit s'établis-
sait par les termes formels du contrat d'échange, par les arrêts du conseil
qui l'avaient autorisé St par les principes du droit commun, Se n'était point
infirmé par l'usage de la Province. On ne pouvait pas lui opposer que l'en-
trée aux assiettes fût un droit royal, non sujet à cession, puisque le viguier
de l'évêque de Lodève était commissaire ordinaire à l'assiette de ce diocèse,
comme le juge de la temporalité épiscopale de Saint-Pons dans le sien. Les
États n'avaient jamais déterminé dans leurs règlements que l'officier de jus-
tice entrant à l'assiette dut être essentiellement officier royal. Les exemples
cités prouvaient, au contraire, qu'à défaut d'officier royal le juge d'un sei-
gneur particulier pouvait sans inconvénient jouir de ce droit d'entrée.
Ces exemples n'étaient pas les seuls. Dans le diocèse de Mende, le vigtiier
épiscopal entrait à l'assemblée du pays, à l'exclusion des officiers du roi,
lorsque cette assemblée se tenait à Mende. D'après le règkment fait par le
diocèse d'Alais, le 25 janvier i6g5, les officiers des seigneurs d'Anduze, du
Vigan, de Sauve & de Saint-Hippolyte étaient admis dans l'assiette qui devait
se tenir alternativement dans ces divers lieux Si dans la ville d'Alais. Ces deux
derniers règlements ayant été faits sur l'avis des Etats, le duc avait lieu d'es-
pérer que les commissaires le trouveraient bien fondé à réclamer l'entrée de
ses officiers à l'assiette 6c à toutes les assemblées diocésaines.
Le syndic du diocèse d'Uzès avait, de son côté, fait imprimer un mémoire
pour combattre les prétentions ducales. Il n'entrait pas, disait-il, dans l'exa-
men de l'échange, la volonté suprême du roi lui imposant la nécessité du
silence à cet égard ; l'intérêt du diocèse se réduisait à prouver que cet échange
ne donnait pas le droit au duc d'Uzès de faire entrer ses officiers à l'assiette.
Le duc ne disconvenait pas que les droits de souveraineté ne sauraient être
cédés par le roi; or le droit d'ordonner, de faire lever les impositions en était
un, des plus inaliénables, puisque c'est ce droit qui constitue proprement la
souveraineté. C'est sous l'autorité du roi, représenté par ses officiers, que les
impositions devaient être faites, 8c, par une conséquence nécessaire, c'était
aux officiers royaux d'assister aux assiettes, pour autoriser par leur présence
ces assemblées & les résolutions qui s'y prenaient.
Les commissaires présidents pour le roi aux Etats se trouvaient chargés des
mêmes fonctions dans l'assemblée générale de la Province; le commissaire
principal nommé par eux pour la tenue de l'assiette donnait son caractère
officiel à cette réunion, avec les commissaires ordinaires qui tiraient toute
leur autorité du roi, les commissions pour les impositions étant adressées aux
uns comme aux autres. Il y avait pourtant entre ces deux ordres d'officiers
une différence essentielle. Le commissaire principal était passager, désigné
chaque année par le choix des Etats; les commissaires ordinaires étaient
stables èi. permanents; ils assistaient d'office aux assemblées particulières
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 989
qu'il convenait de tenir, pendant l'intervalle des sessions, pour les affaires
du diocèse, & ces commissaires ne pouvaient être que des officiers royaux.
Le syndic faisait observer que la justice & les fiefs de la ville d'Uzès appar-
tenaient anciennement à trois différents seigneurs : l'évêque, les auteurs du
duc d'Uzès 8c le seigneur de Montfaucon. Ces trois seigneurs jouissaient par
indivis de la justice 8c aucun d'eux n'avait droit d'envoyer des députés à
l'assemblée de l'assiette. Le roi Charles VIII fit, en 1498, l'acquisition de la
portion de seigneurie du sieur de Montfaucon, 8c à dater de ce moment le
viguier royal eut place à l'assemblée diocésaine. Le traité d'échange suppri-
mant les officiers royaux 8c réunissant cette portion de seigneurie à la portion
ducale, le duc d'Uzès ne pouvait prétendre que la réunion de ces deux par-
ties lui donnât un droit dont ni l'une ni l'autre n'était pourvue, quand elles
étaient aux mains de seigneurs particuliers.
Le Parlement de Paris, par la forme même de son arrêt d'enregistrement,
semblait avoir voulu obvier à toute tentative d'usurpation, puisqu'il portait
expressément que le duc d'Uzès ne pourrait prétendre aucun autre droit que
ceux dont le roi jouissait comme seigneur particulier. Le droit royal d'en-
voyer des officiers à l'assiette se trouvait ainsi nécessairement exclu de l'échange
£< demeurait entièrement acquis à Sa Majesté. Sans doute, les officiers royaux
d'Uzès ayant été remboursés Se n'existant plus, le droit royal devait passer
sur une autre tête; mais le roi pouvait le faire exercer, soit par le juge-mage
du sénéchal de Nimes, soit par le juge royal du Saint-Esprit.
Si, d'ailleurs, la prétention du duc d'Uzès était agréée, l'évêque ne man-
querait pas d'en élever de pareilles pour ses officiers, puisqu'il possédait une
portion indivise de justice dans la ville d'Uzès.
Le syndic citait, à l'appui de sa thèse, l'exemple de plusieurs diocèses lan-
guedociens qui étaient dans le même cas que celui d'Uzès depuis l'échange
8c où le droit de l'Etat n'avait pas subi d'atteinte. L'évêque d'Agde était sei-
gneur de sa ville épiscopale; cependant ses officiers n'entraient pas à l'assiette
([ui se tenait à Pézénas 8c où entrait le châtelain juge royal. L'assiette de
Saint-Papoul se tenait à Castelnaudary, avec l'assistance du juge-mage; à
l'assiette de Viviers, l'entrée n'appartenait qu'au juge royal d'Annonay ou
à celui de Villeneuve -de- Berg; l'assiette d'Alet recevait le juge-mage de
Limoux, à l'exclusion des officiers épiscopaux, bien que l'évêque fût seigneur
d'Alet; 8c les officiers du marquis de Mirepoix n'avaient pas droit d'entrer à
l'assiette de Mirepoix qui se tenait à Fanjaux.
Ces exemples condamnaient les prétentions défendues par le duc d'Uzès.
Quant aux diocèses de Lodève 8c de Saint-Pons qu'il avait allégués, il ne
pouvait justement s'en autoriser, parce qu'ils offraient deux cas exception-
nels; il n'existait pas d'officier royal dans l'étendue de ces deux diocèses, 6<
l'entrée du juge du comté d'Alais ne devait pas tirer à conséquence, ayant
été sans doute accordée en considération du titre élevé de ce fief, qui donnait
la première place de la noblesse aux Etats.
Par toutes ces raisons, le syndic déclarait le duc d'Uzès mal fondé dans ses
1724
'7M
990 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
prétentions & ne s'arrêtait pas à contester la demande de deux places à
l'assiette pour les officiers ducaux, puisque nulle part les assiettes n'en rece-
vaient plus d'un, d'après les règlements de la Province.
Les deux grands mémoires présentés par le duc ik par le syndic étaient
accompagnés d'autres pièces formant réplique S<. réponse à la réplique, avec
les développements ordinaires dans ces sortes de procédures, mais sans ajouter
d'autres raisons à celles qui viennent d'être exposées.
Survenait ensuite l'évêque d'Uzès réclamant un droit pareil pour ses offi-
ciers. Le prélat exposait en sa requête qu'ayant un intérêt considérable dans
la question renvoyée aux Etats, il croyait devoir intervenir. Si l'on ne trou-
vait pas d'incompatibilité aux officiers ducaux pour entrer à l'assiette, il
demandait que les officiers épiscopaux y fussent admis. Propriétaire d'une
portion indivise de justice dans la ville d'Uzès, l'y taisant exercer par ses
officiers avec le même caractère d'autorité que ceux du duc d'Uzès, il ne
pouvait être placé dans une condition d'infériorité à l'égard de ce seigneur
dont les titres étaient moins anciens, La portion épiscopale de la seigneurie
remontait plus haut que les deux autres, puisqu'elle avait toujours fait
partie de la dotation de l'évêché.
L'évêque avait donc un droit égal à celui qu'alléguait le duc d'Uzès, avec
un avantage de priorité. Il réclamait l'entrée pour les officiers épiscopaux Si.
la préséance, à cause de l'ancienneté de la possession.
Si l'assemblée provinciale avait été sincèrement représentative & que les
vœux des populations y eussent trouvé un écho fidèle, il n'est point douteux
que les prétentions épiscopales & ducales auraient été rejetées. Le diocèse,
préférant l'autorité du roi à celle d'un seigneur particulier, se serait élevé
contre cet envahissement des droits de l'Etat par une féodalité ressuscitéc.
Mais quand la royauté elle-même, infidèle à sa tradition séculaire, oubliait
ses devoirs & ne craignait pas d'émietter, avec la plus coupable insouciance,
les domaines si laborieusement incorporés par des générations de souverains,
comment une assemblée provinciale dont les volontés du maître faisaient la
loi aurait-elle trouvé quelque énergie pour maintenir les prérogatives de
l'État?
Une commission de seize membres, dont faisaient partie l'archevêque
tl'Albi , les évêques d'Agde, de Mirepoix ik de Carcassonne, les barons de
Castelnau d'Estrètefons, de Rouairoux, de Calvisson & de Bram, les officiers
municipaux de Toulouse, Béziers, Carcassonne, Mende, Saint-Pons, Alais,
Gignac, 8c le diocésain d'Albi, ayant été chargée d'étudier la contestation,
sur un rapport étendu de l'archevêque d'Albi, il fut délibéré qu'il n'y avait
aucune incompatibilité à l'entrée des officiers seigneuriaux dans les assiettes
diocésaines en qualité de commissaires ordinaires, 8< que, dans le cas présent,
un des officiers ducaux d'Uzès devait être reçu à l'assiette &c aux assemblées
particulières, 8c que l'évêque étant co-propriétaire de la justice par indivis,
les officiers épiscopaux se trouvaient en possession d'une égale prérogative.
Par la même occasion, les Etats vidèrent deux querelles analogues qu:
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. ggi
avaient été suscitées aussi par des contrats d'échange. Ils reconnurent au
juge établi par le duc d'Antin dans la ville de Comminges le droit de siéger
à l'assiette diocésaine, & déclarèrent que le juge seigneurial de Villemur, à
la nomination du comte de Belle-Isle, jouirait du même privilège quand
l'assiette se tiendrait dans la ville de sa résidence, mais non pas quand elle
serait assemblée à Castelsarrasin Se à Montech.
L'assiette du diocèse Bas-Montauban avait, du reste, donné lieu à d'au-
tres conflits. Le juge royal de Villelongue, au siège de Castelsarrasin, préten-
dait en cette qualité avoir seul le droit de remplir l'office de commissaire
ordinaire diocésain, à l'exclusion du juge royal de Montech & du juge sei-
gneurial de Villeipur, même quand les assemblées se tenaient dans ces deux
villes. Les trois hommes de loi remirent leurs mémoires à la commission des
États; mais elle ne trouva point que la prétention du juge de Castelsarrasin
eût aucun fondement sérieux. Si résolut que chacun de ces officiers conti-
nuerait, suivant l'usage, de siéger à l'assiette quand elle serait tenue dans la
ville de sa résidence '.
La situation de l'intendant, représentant naturel des droits de l'État St des
vieux principes de l'administration royale, ne laissait pas que d'être fort sin-
gulière en présence de ces pouvoirs locaux, animés d'un esprit contraire Se
soutenus par des influences de cour. On trouve un exemple bien remar-
quable des hostilités auxquelles les agents de l'autorité centrale étaient en
butte dans un mémoire très-violent contre Bernage, qui fut adressé au contrô-
leur général par l'évêque de Nimes, Rousseau de la Parisière.
La ville de Nimes était vivement agitée depuis longtemps par des questions
municipales. Le renouvellement triennal des conseils ne s'opérait pas régu-
lièrement; on accusait les consuls Sa leurs coopérateurs, tous à la discrétion
de l'évêque, de s'être rendus coupables de prévarications Se de malversations.
Un syndicat d'habitants de Nimes s'était formé pour obtenir justice. En
administrateur consciencieux, l'intendant cherchait à s'éclairer Si se faisait
donner des informations par les parties. Là-dessus, grande colère de l'évêque,
qui ne pouvait supporter que l'on mît en question les mérites de ses protégés.
Il se plaint au contrôleur général dans les termes les plus pressants. « M. l'in-
« tendant allonge des enquêtes S<. des informations, dont le moindre effet est
« de ruiner les administrateurs. S; d'où il résulte un feu perpétuel dans la
« ville & dans le diocèse. » M. de Bernage a l'imprudence d'agir « à la requête
«1 d'une troupe de syndiqués odieux à la Cour, qu'il a mis en honneur 6<,
u qu'il soutient... M. de Bernage inquiète l'évêque de Nimes en troublant la
« paix de son diocèse; il occasionne des procédures immortelles & ruineuses. »
L'évêque réclame le secours du contrôleur général avec beaucoup d'insis-
tance; il le supplie d'ôter du conseil politique, tout composé de syndiqués,
« deux sujets très-turbulens, dont on s'est servi, dit-il, pour apporter tous
« les troubles à la paisible possession du sieur Mathieu dans sa mairie, »
' Procès-verbal des États. Séance du 28 février 1724.
172
.'7*4
gf)2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Jacques de Rozel, gentilhomme, placé à la tête du conseil politique par arrêt
du conseil du 14 novembre 1721, sur la proposition de l'intendant', &i l'avocat
Massip, 8c invite à leur substituer MM. Dortoman & Graverol^.
Un autre prélat, l'évêque d'Alais, adressait à la Cour des communications
sur un sujet bien plus grave. Il se plaignait que la révocation de l'édit de
Nantes n'eût pas produit les résultats qu'on avait lieu d'en attendre pour la
destruction de l'hérésie. Quelques efforts qu'on eût fait pour étouffer en
Languedoc l'esprit de rébellion, malgré l'établissement de nouveaux chemins
dans des montagnes autrefois inaccessibles, malgré les garnisons, les mis-
sionnaires & la déroute des camisards, on n'avait fait, jusqu'à présent, que
« diminuer ou suspendre les progrès du mal sans en attaquer la source} »
il prenait de nouvelles racines & devenait tous les jours plus à craindre.
L'évêque constatait avec douleur que dans les trois années où, pour garantir
le royaume de la peste, on avait été obligé de se relâcher, à l'égard des nou-
veaux convertis des mesures qui les tenaient dans le devoir, il s'était commis
plus de désordres, 8<. l'hérésie avait fait plus de progrès que l'on n'en avait vu
jusque-là depuis trente-cinq ans.
L'évêque traçait ensuite un tableau fort sombre de la situation religieuse :
les assemblées, autrefois très-rares & très-secrètes, étaient devenues si fré-
quentes, si publiques 8c si nombreuses qu'il s'en était fait de plus de trois
mille personnes 8c qu'on y avait vu jusques à quatre cents chevaux; on y
administrait le baptême 6c la cène, on y donnait la mission aux prédicants,
8c le chant des psaumes se faisait entendre jusqvie dans les villages voisins.
Bien que les ordonnances eussent de tout temps prohibé le port d'armes
comfne une aggravation du crime d'attroupement, il ne s'était guère formé de
réunion où des hommes armés n'eussent charge de protéger la retraite en
cas de surprise.
On signalait un abandon général des églises, jadis fréquentées au moins
par respect humain. Dans quelques grosses paroisses, à peine pouvait-on
' Voici les noms des membres du conseil poli- & que le conseil politique ordinaire ne pourroit
tique ordinaire qui furent nommés par l'arrêt du délibérer sur aucune affaire qu'il ne fut assemblé
14 novembre 1721, sur le rapport du contrôleur au nombre de seize, quatre de chaque classe, sans
général des finances, le Pelletier de la Houssaye : compter Us consuls en charge, leurs prédécesseurs
Jacques de Rozel, gentilhomme; de Briieys & ceux qui ont droit incontestable d'assister. »
Saint-Chapte, gentilhomme; de Vendargucs, se- L'expoié des motifs portait que les membres des
crétaire du roy; Combes, avocat ; Massip, avocat ; conseiU municipaux de Nimes, nommés par or-
Demissols, avocat; Sautel, bourgeois; Antoine donnancc de Biiville du 5 janvier 1718, n'avaient
Teissier; Viala, procureur; Jouvehomme procu- pas été renouvelés au bout de trois ans, confor-
reur; Montfaucon, notaire; Achard, notaire; mément à l'usage, & qu'il importait pour le bien
Realon, marchand; Louis Gilles, marchand; & avantage de la ville, tant par rapport aux affai-
Moinier, chirurgien; Granier, chirurgien; Sou- rss de la n communauté que par rapport aux con-
lier, chapelier; Maistre, orfèvre; Louis Froment, jonctiires du temps de peste que le conseil fût
facturier; Chassen l'aîné, facturier; Cathelan , composé de personnes capables, intelligentes, &
épicier; Teissier le père, ménager; Mercier le attachées au bien de la communauté, tant par
père, cordonnier ; Jean Durand, jardinier. l'intérêt particulier qu'elles y peuvent prendre
Le conseil d'Etat décidait en outre que <t les qu'à cause de leur commune, u
nommés par Baville ne pourroient continuer ' Archives nationales. Papiers du contrôleur gc-
leurs fonctions à peine de 1 000 livres d'amende néral.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 998
découvrir un catholique pour servir les curés clans leur ministère. Les pères
Se mères cessaient d'envoyer leurs entants aux écoles épiscopales, aimant
mieux les laisser vivre dans l'ignorance absolue de la religion & de tout
devoir que de les livrer aux instructions du clergé. Ceux qui avaient été
élevés avec grand soin dans la doctrine de l'Eglise en étaient bientôt éloignés
par les caresses ou les mauvais traitements de leurs familles. Certains protes-
tants zélés n'avaient d'autre occupation que de combattre les effets de la
])ropagande catholique. Ils se mêlaient des négociations de mariages, afin
d'éviter les alliances avec les papistes; ils allaient dans les maisons expliquer
l'Écriture sainte & en tirer des applications appropriées à l'intérêt de leur
secte 5 ils V faisaient la prière Se récitaient les sermons de leurs ministres. On
les vovait aussi veiller avec un empressement jaloux sur la chambre des mou-
rants 8c en défendre l'approche aux prêtres, lors même que des espérances
d'abjuration in extremis leur avaient été données.
Plusieurs familles en venaient jusqu'à se dispenser d'envoyer leurs enfants
à l'église pour y recevoir le baptême; quelques exemples s'en étaient donnés
dans le diocèse d'AIais, Se les papiers de Mazelet faisaient voir que le senti-
ment de se dérober au baptême catholique 8t à la bénédiction du mariage
s'accréditait parmi les réformés 8c trouvait faveur chez le plus grand nombre
des prédicants. L'évêque d'AIais en reconnaissait une preuve dans l'accueil
que trouvaient au milieu des assemblées de prières les couples dont l'union
n'ayant pas été consacrée par l'Église catholique recevait, dans le langage
du clergé romain, le nom de concubinage public. On s'apercevait, depuis
peu d'années, qu'un grand nombre de nouveaux convertis qui avaient paru
revenir sincèrement Se avaient longtemps persévéré dans la foi catholique,
avaient tout d'un coup cessé de fréquenter les églises 8c se replongeaient
« dans l'erreur 8c dans le désordre. »
Mais un fait excitait surtout les alarmes de l'évêque 8c lui arrachait les
plus funestes prédictions : c'était le progrès de la propagande protestante
parmi les anciens catholiques. Il n'y avait presque point de ville ni de vil-
lage où l'on ne vit l'exemple de quelque chute, £c le nombre en augmentait
tous les jours.
Quoique la levée des lignes sanitaires eût ôté aux protestants les moyen»
de faire impunément des assemblées aussi nombreuses que dans le temjis de
la peste, ils ne laissaient pas que d'en former tous les jours qui tenaient sans
cesse les troupes en haleine, le supplice des fanaii(|ues de Montpellier £c
celui de Mazelet n'ayant fait sur eux qu'une faible impression.
« Tant de désordres, poursuivait l'évêque, après quarante ans de travaux
«' Se de soins des plus habiles hommes du dernier règne 8c au milieu d'une
« paix solide Se générale, font craindre avec justice de très-grands maux par
Il la suite 8e font sentir la nécessité de prendre des partis décidés. »
Le prélat reconnaissait que la proposition des mesures à prendre n'était
pas de son ministère, mais il n'en indiquait pas moins ce qui lui paraissait
mériter le plus d'attention de la part de la Cour.
XHI. C3
1724
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994 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Il recommandait une extrême vigilance à l'endroit des prédicants; comme
ces missionnaires ambulants prenaient de grandes précautions pour netre
pas reconnus, on ne pouvait guère être instruit de leurs marclies que par les
personnes chez lesquelles ils avaient coutume de loger. C'est donc à ces rece-
leurs, à leurs familles &. k leurs relations ordinaires que l'on devait avoir l'œil.
Un second objet à considérer était l'extrême diffusion des livres de Genève
contre le catholicisme. Ces écrits se propageaient rapidement; il s'en débitait
une grande quantité dans les foires; il y avait partout des colporteurs qui
faisaient métier d'en répandre dans les maisons; il fallait à tout prix arrêter
ce débit Se tâcher même, malgré la difficulté de l'entreprise, de retirer ceux
qui étaient déjà parvenus à leur destination.
L'évêque conseillait aussi de bannir pour toujours de la Province quelques
personnages qui semblaient constituer dans chaque lieu une sorte de minis-
tère public, grâce à la considération accordée chez les protestants à ceux qui
instruisaient dans les maisons. Ceux-là étaient plus à craindre que les prédi-
cants, parce qu'ils avaient accès chez les riches 8c qu'ils entretenaient les
gens aisés dans l'éloignement du catholicisme. Ils étaient l'âme de toute
l'intrigue 8<. avaient des relations partout, même dans les pays étrangers.
D'autres travaillaient sous leurs ordres S<. leur obéissaient aveuglément. Le
bannissement perpétuel de ces subalternes dangereux ne paraissait pas moins
désirable.
L'autorité devait aussi donner une attention particulière aux anciens
catholiques récemment convertis à la réforme. On en comptait peu d'aisés,
à part quelques femmes entrées par mariage dans des familles huguenotes;
mais beaucoup de domestiques, d'ouvriers & de pauvres s'étaient laissés entraî-
ner à l'apostasie.
L'obligation pour les pères 8c mères d'envoyer leurs enfants aux écoles
catholiques 8c aux catéchismes devait être sanctionnée par des peines consi-
dérables.
Il n'était pas moins important de contraindre tous les nouveaux convertis
d'assister aux prières, aux sermons 8c aux instructions catholiques. Beaucoup
de familles, même des plus « apparentes, » n'avaient pas mis une seule fois
le pied à l'église depuis plusieurs années. La contrainte que l'on demandait
8c qu'il ne fallait pourtant pas étendre plus loin, serait salutaire à un grand
nombre. L'évoque se croyait presque sûr de ramener les dissidents, quand
on aurait gagné sur eux de s'en faire écouter 8c de surmonter la crainte des
reproches &c des menaces de la part de ceux de leur religion '.
Communiqué au conseil des affaires ecclésiastiques, le mémoire de l'évêque
d'Alais y parut tellement digne de considération que le renvoi en fut imnié-
diatemement ordonné au procureur général du Parlement de Paris. La haute
assemblée avait hâte de requérir l'assistance du pouvoir judiciaire pour que
les conseils épiscopaux eussent une prompte application.
' BiMiotUcqiie nationale. Manuscrits, n. 7o.)6.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. ççS
Certes, ce n'étaient pas les lois qui faisaient défaut contre les protestants.
On comptait plus de deux cents édits, lettres patentes, déclarations, ordon-
nances, arrêts du conseil d'Etat ou des Parlements, destinés à réprimer l'exer-
cice de leur culte, à les atteindre dans leur liberté de conscience, dans leurs
familles, dans leurs biens. Les prescriptions étaient même si nombreuses &
si compliquées que les fonctionnaires chargés d'en assurer l'exécution avaient
peine à se reconnaître au milieu d'un véritable dédale juridique. Les évè-
ques se plaignant de l'oubli des volontés de Louis XIV, on reprit la pensée
du régent de codifier toutes les lois de la monarchie relatives aux réformés.
Le projet de déclaration, préparé au conseil d'Etat, fut soumis à Bâville par
l'archevêque de Rouen, Lavergne de Tressan, avec ordre d'utiliser les avis 8c
l'expérience de l'ancien intendant de Languedoc. Grâce au long séjour qu'il
avait fait dans la Province, S<. à la part qu'il avait prise à toutes les consé-
quences de la révocation, Bâville passait pour un maître sur les questions de
protestantisme. S'il faut en croire un mémoire anonyme, le vieux conseiller
d'État fit retirer de la déclaration tout ce qui pouvait avoir rapport à l'admi-
nistration des biens des religionnaires réfugiés, mais il travailla plus que
personne à la rédaction définitive '.
La déclaration parut le 14 mai 1724. Le préambule détruisait, avec une
brutale franchise, les illusions que les réformés avaient pu se faire sur un
changement de politique religieuse à la Cour de France. Le style officiel du
clergé de i685 semblait retrouvé. Voici ce que l'on faisait dire à Louis XV :
« De tous les grands desseins que le teu roi, notre très-honoré seigneur &
« bisaïeul, a formés dans le cours de son règne, il n'y en a point que nous
« ayons plus à cœur de suivre 8c d'exécuter que celui qu'il avoit conçu
<i d'éteindre entièrement l'hérésie dans son royaume, à quoi il a donné une
« application infatigable jusqu'au dernier moment de sa vie. » Le jeune roi
déclarait, en outre, qu'à peine arrivé à sa majorité, son premier soin avait
été de se faire représenter tous les actes législatils de ses prédécesseurs sur cet
important sujet, pour en renouveler les dispositions 8c enjoindre à tous ses
officiers de les faire observer avec la dernière exactitude.
Le seul fait de professer une autre religion que la religion catholique
exposait les hommes aux galères perpétuelles, les femmes à la prison, tous
à la confiscation des biens. Les prédicants devaient être punis de mort, avec
injonction à tout habitant du royaume de les livrer ou de révéler leur pré-
sence. Baptême obligatoire des enfants par les curés, dans les vingt-quaire
heures, sous peine d'amende ou de plus grave châtiment; six mille livres
d'amende par an infligées à quiconque enverrait les enfants hors du royaume;
obligation d'établir des écoles dans toutes les paroisses qui en étaient privées,
de conduire les écoliers à la messe Se de leur enseigner les principaux mys-
tères de la religion catholique; amende à quiconque n'enverrait pas les entants
aux écoles & aux catéchismes jusqu'à l'âge de quatorze ans; les médecins,
■ Edmond Hugues, I, p. 255.
1724
1724
,-)(^6 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
apothicaires Se chirurgiens oligés de prévenir les curés, lorsque leurs malades
seraient en danger de mort, 8<. les familles d'introduire les prêtres au chevet
des malades; procès fait à la mémoire des morts qui, pendant leur maladie,
auraient déclaré vouloir mourir dans la religion réformée, hannissement per-
pétuel des malades qui seraient revenus à la santé, après une pareille décla-
ration; peine des galères ou de la prison pour les religionnaires convaincus
d'avoir exhorté leurs frères malades en danger de mort; interdiction des
charges publiques aux dissidents; obligation du mariage catholique; inter-
diction clés mariages à l'étranger, avec peine des galères contre les parents,
tuteurs ou curateurs qui auraient favorisé cette contravention; affectation des
amendes 8c des biens confisqués à l'entretien des nouveaux convertis néces-
siteux.
Tel fut le régime que Louis XV annonçait aux protestants de France,
malgré la démonstration trop évidente de l'inanité des efforts tentés par son
bisaïeul pour obtenir l'unité de foi. Considérée par les uns comme un acte
purement comminatoire, par les autres comme une règle de conduite précise
pour les gouverneurs & les intendants, la déclaration de 1724 demeura quel-
ques années sans effet, grâce à la prudence des protestants; mais on ne l'ou-
blia point, &, quand on y revint, les éclats furent terribles.
La Province voyait peu à peu disparaître les traces de l'épidémie. Un
décret du roi d'Espagne, daté de Buen-retiro le 28 mars 1724, autorisait la
reprise des transactions commerciales avec la France, à cause du rétablisse-
ment de la santé. 11 fut traduit Se placardé dans tous les ports de Languedoc
par les soins de M. de Montferrier, l'un des syndics généraux.
Louis de Bernage se préparait à quitter l'intendance de Montpellier; il
avait négocié avec la Cour la nomination de son fils, Louis-Basile de Ber-
nage de Saint-Maurice, à l'emploi qu'il abandonnait. Celui-ci servait déjà
depuis quelque temps dans l'administration provinciale & dirigeait l'inten-
dance de Montauban, quand il fut appelé à celle de Languedoc. Sur la fin
de septembre 1724, Saint-Maurice remit entre les mains de M. Pajot la
généralité de Montauban & se rendit auprès de son père pour s'initier, sous
sa tutelle, aux affaires de son nouveau département'. Ce noviciat devait
durer jusqu'au 11 février 1720.
Dans la session qui se tint à Narbonne au mois de décembre 1724 S< où
le marquis Philippe de I-a Fare, chevalier de la toison d'or &{. l'un des lieu-
tenants généraux de la Province occupait la place de premier commissaire
du roi, les États votèrent une somme annuelle de six mille livres pour faire
travailler à la carte du Languedoc & aux cartes particulières de chaque dio-
cèse. L'assemblée avait déjà décidé, en 1722, que l'archevêque de Narbonne
donnerait ses ordres pour cet objet. M. de Montterrier s'était concerté avec le
géographe Delisle, qui promettait de mettre à sa disposition un ou plusieurs
ingénieurs de mérite chargés de collaborer avec ceux de la Province, ces der-
' Archives nationales. Papiers du co/irro/t'ur g(?;:eVaZ. Lettre de Saint-Maurice, du i"'"' octobre 1724.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV, 997
niers, par la nature même de leurs travaux ordinaires, ayant mille occasions
de recueillir des éléments utiles pour la perfection de l'ouvrage. Delisle
s'engageait aussi à dresser trois petites cartes pour l'Histoire des Bénédictins.
Les Etats approuvèrent, le 28 décembre, un projet de règlement en qua-
torze articles pour les assemblées d'assiette des diocèses. Ce règlement renou-
velait certaines dispositions contenues dans celui du 28 janvier i658, qu'il
complétait en quelques points, afin de prévenir le retour de contestations 8c
de combler des lacunes révélées par l'expérience.
Les assiettes devaient être convoquées immédiatement après la tenue des
Etats & au plus tard un mois après la clôture de cette assemblée, dans les
villes 81 lieux que l'usage avait consacrés.
Le? commissions pour la tenue des assiettes s'adressaient aux syndics diocé-
sains; ceux-ci en donnaient communication aux commissaires ordinaires 8c
prenaient leurs ordres pour indiquer le jour de la réunion, en faisant avertir
huit jours à l'avance le commissaire principal 81 les autres personnes ayant
droit d'y assister.
Ne pouvaient être reçus aux assiettes que les évêques St barons des diocèses,
Se, en leur absence, leurs grands vicaires 8c envoyés, le commissaire principal
8c les commissaires ordinaires, avec les députés des villes qui jouissaient de
la prérogative.
Les commissaires ordinaires du diocèse étaient l'évêque, le baron, l'officier
de justice 8c les consuls de la ville capitale. Dans les diocèses où les diocésains
pouvaient remplir la fonction de commissaires ordinaires, il n'était point
dérogé k cet usage.
La veille du jour de l'ouverture, les consuls de la ville avaient l'obligation
d'aller visiter en robe, avec les livrées consulaires, le commissaire principal,
l'évêque 8c le baron. Le jour de l'ouverture, les consuls allaient, avec le
même cérémonial, chercher le commissaire principal à son logis, pour le
conduire au palais épiscopal, où tous les membres de l'assiette étaient tenus
de se rendre.
On partait du palais épiscopal pour aller à la messe ou au lieu d'assemblée
dans l'ordre suivant : l'évêque au milieu, en rochet &c camail, ayant à sa
droite le commissaire principal, à sa gauche les barons, tous sur la même
ligne; au second rang, les commissaires ordinaires du diocèse 8c ensuite les
députés des villes 8c lieux de tour, avec les officiers diocésains à leur tête.
A l'église, il devait y avoir trois prie-Dieu placés sur la même ligne, l'évêque
au milieu, le commissaire principal à droite, les basons à gauche. Dans les
assiettes où assistait le sénéchal, représenté, en cas d'absence, par le juge-
mage, un quatrième prie-Dieu lui était réservé, à côté du commissaire princi-
pal 8c sur son alignement. Les commissaires ordinaires 8c députes occupaient
des bancs, de chaque côté de l'église, au-dessous des prie-Dieu.
L'assiette se tenait dans l'hôtel de ville. Si la disposition des lieux le per-
mettait, il y avait, comme aux Etats, des hauts bancs dont la place d'Iionncur
appartenait à l'évêque, la seconde au commissaire principal, la troisiè«ie aux
1724
'7M
998 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
barons, & où siégeaient aussi les commissaires ordinaires, prenant rang à la
suite du commissaire principal. Les députés des villes s'asseyaient dans le
parterre. Si l'assemblée se rangeait autour du bureau, trois fauteuils étaient
réservés au milieu pour l'évêque, le commissaire principal 8c le baron j quand
plusieurs barons faisaient partie de l'assiette, ils avaient chacun leur fauteuil
placés tout d'une suite sur le retour du bureau, du même côté. Quand le
sénéchal assistait en personne à l'assiette, on plaçait un fauteuil pour lui,
après le commissaire principal, sur le retour du bureau, 8c, en son absence,
ce fauteuil était donné au juge-mage. Si le sénéchal 8c le juge-mage sié-
geaient à la fois, le juge-mage n'avait qu'une chaise à dossier, à la suite du
sénéchal. Les maire 8c consuls de la ville principale qui étaient commissaires
ordinaires recevaient également des chaises à dossier, après le juge-mage.
Dans les assiettes où n'entrait qu'un viguier ou simple juge, ces officiers
prenaient place sur des chaises à dossier, au-dessus des maire 8c consuls de
la ville capitale. Dans les assiettes où le juge-mage 8c le viguier entraient
simultanément, comme à celle de Béziers, il y avait fauteuil pour le juge-
mage, chaise à dossier pour le viguier 8c bancs à dossier pour les députés des
villes, aux deux côtés du bureau, après les fauteuils 8c sièges des barons 8c
commissaires ordinaires. En l'absence de l'évêque ou du baron, le vicaire
général ou l'envoyé prenait sa place.
Les maire &c consuls de la ville capitale &c les autres commissaires ordi-
naires avaient voix délibérative, à l'exception de l'officier de justice. L'évêque,
en qualité de président, recueillait les suthages 8c opinait le dernier.
Le procès-verbal de l'assiette était lu en pleine assemblée Se signé, confor-
mément au règlement du i'"' mars 1690, en trois originaux, de même que le
département des impositions, avant la fin de l'assiette, par l'évêque, le com-
missaire principal, le baron 8c les commissaires ordinaires 8c députés, d'après
l'ordre des préséances déterminé.
Le bureau de la capitation pour la confection des rôles 8c celui de la direc-
tion des affaires du diocèse pendant l'année étaient nommés par l'assiette 8c
composés de l'évêque ou de son grand vicaire, d'un des barons des Etats ou
de son envoyé, alternativement dans les Assiettes où entraient plusieurs
barons, de l'officier de justice &c des maire 8c consuls de la ville capitale 8c
des autres députés des villes dont on jugeait la présence nécessaire. Les divers
membres de ces bureaux devaient être avertis par le syndic ou le greffier
diocésain quelques jours avant la tenue des assemblées.
Les procureurs du roi 8c promoteins qui s'étaient introduits abusivement
daiis quelcjucs assiettes en demeuraient exclus, conformément aux arrêts du
conseil du i'^'' février i6o3, du 3 décembre 1604, du 3i mars 1617 8c aux
ordonnances des commissaires du roi du 23 avril 1625.
Le règlement ne s'appliquait pas aux assiettes ou assemblées particulières
d'Etats du Vivarais, du Gévaudan, du Vêlai 8c de l'Albigeois, parce que ces
assemblées étant plus nombreuses 8c autrement composées que celles des
autres diocèses, on ne jugeait pas devoir rien changer à leur régime actuel.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV, 999
Dans l'assemblée du diocèse d'Albi figuraient les députés de plusieurs cha-
pitres, quelques abbés & six barons du pays, avec le baron de Saint-Sulpice.
Cette complication spéciale ne permit pas de suivre les règles établies par le
nouveau règlement pour la généralité des assiettes'.
L'attention de l'assemblée provinciale fut appelée, dans le cours de la même
session, sur la situation forestière du Languedoc. On se plaignait du déboi-
sement, de la destruction générale des futaies 8c des taillis, on prévoyait une
disette prochaine dans la Province 8<. surtout dans le bas pays. Ces sortes
d'affaires ne pouvant être traitées que de concert avec les officiers des eaux Se
forêts, on avait chargé le maître particulier du département de Montpellier,
nommé Teissedre, de dresser un projet. Ce projet ayant été soumis à la com-
mission des Etats, elle en retint & en fit approuver, en séance générale,
quelques articles principaux qui semblaient hors de toute contestation, sauf
à réserver les autres pour un examen plus approfondi.
Les syndics généraux eurent ordre de solliciter un arrêt du conseil, défen-
dant de tenir des chèvres dans la Province, sauf à excepter de cette prohibi-
tion les lieux où ces animaux ne pouvaient causer aucun dommage. Ils
devaient demander aussi qu'après la fin de la campagne, toutes les verreries
situées aux environs des villes fussent transportées à l'Espérou Se dans les
autres montagnes éloignées, où les bois dépérissaient par l'impossibilité du
transport. Enfin on souhaitait qu'il fût interdit aux habitants des communes
usagères d'arracher des arbres ou arbrisseaux, sous quelque prétexte que ce
pût être, à peine d'amende, leur permettant seulement de couper avec la
serpe des arbustes pour leur chauffage, sans employer jamais la pioche ni
autres outils du même genre. On chargea aussi Teissedre de parcourir toutes
les communes du diocèse de Montpellier & d'y reconnaître l'étendue des
terres vaines S<. vagues, garrigues 8<. bois dégradés, dans lesquels on pourrait
faire des plantations ou semer du gland, & des surfaces à mettre en réserve,
sans priver les communes des pâturages nécessaires pour la subsistance de
leurs troupeaux^.
Avant de quitter l'intendance, Bernage crut nécessaire de donner à son
fils un agent plus habile dans la ville de Toulouse que n'était son subdélé-
gué Bousquet. Il le remplaça par Cominihan. Des réclamations adressées au
contrôleur général furent sans doute communiquées à l'intendant, car il
s'expliqua sur ce changement dans une lettre qui indique clairement combien
le représentant du pouvoir central avait une situation délicate dans la capi-
tale de la Province : « J'ai ôté, écrit Bernage, la subdélégation de Toulouse
« au sieur Bousquet, non sans de fortes raisons... » Ce n'était point « pour
« défaut de probité, mais pour son incapacité absolue de remplir une place
« qui est une des plus importantes de cette qualité par les relations & les
« discussions continuelles qu'il est indispensable d'avoir avec le Parlement
' Procès-Terl3,il des États d< Languedoc. Séance " Procès-verbal des États de Languedoc. Séance
du 28 décembre 1724. du 6 février 1725.
1724
172J
17*5
looo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
« Si l'Hôtel de ville, qui demandent un homme joignant beaucoup de pru-
« dence, de douceur Si d'habileté à la fermeté nécessaire pour l'exécution
« des ordres du roi, & qui sache conduire par ces qualités les esprits les plus
« déliés Si les plus difficiles à manier qui soient dans toutes les autres parties
u de cette Province '. »
L'intendant de Languedoc avait amené son fils aux Etats, pour le présen-
ter aux personnages importants de la Province. Il continuait de vivre en
termes très-froids avec l'évêque de Nimes, depuis la fameuse affaire des syn-
diqués. S'étant rendu à Paris dans le courant de l'année, pour ses intérêts
particuliers, il avait accepté avec beaucoup de cordialité l'entremise de l'évêque
de Fréjus, Hercule de Fleury, qui voulait lui ménager un raccommodement,
sans rencontrer auprès de Rousseau de la Parisière des dispositions aussi
bienveillantes. Cependant, aux Etats, l'évêque prévint de politesses le père
8t le fils. Bernage exhorta son successeur à continuer cette bonne intelli-
gence.
L'évêque de Nimes, heureux de n'avoir plus devant lui son ancien antago-
niste, qui, au retour des États, avait définitivement installé Saint-Maurice
dans les fonctions d'intendant, fit, dans les premiers six mois de l'année 1726,
deux voyages à Montpellier Si ne laissa paraître aucune marque de son res-
sentiment. Mais il agissait à la Cour pour peser sur le nouvel administra-
teur} il avait réussi à faire entrer dans ses intérêts le cardinal de Bissy, que
son zèle constitutionnaire mettait en grande faveur.
Au mois de juin, le contrôleur général reçut un petit billet ainsi conçu :
« Le cardinal de Bissy prie instamment M. le contrôleur général de vou-
« loir bien écrire à M. de Saint-Maurice, intendant de Languedoc, d'une
« manière propre à l'engager de bien vivre avec M. l'évêque de Nismes sans
« qu'il puisse croire que M. de Nismes se soit plaint de luy, mais en faisant
« sentir à cet intendant qu'il est de l'intérêt du bien public S<. du service du
« roy que Messieurs les intendans soient en bonne intelligence avec Mes-
<i sieurs les évêques. » Au bas de ces lignes, tracées par la plume correcte Si
symétrique d'un secrétaire, une main plus libre, celle du cardinal, avait
ajouté : « Ce qui a fait jusqu'à présent le principal sujet de la mésintelli-
« gence entre M. de Nismes Si M. de Bernage, c'est le caractère de son
« subdélégué. M. de Nismes ne demande pas à M. de Saint-Maurice ce qui
« seroit peut-être le mieux, mais de les contenir dans les bornes dans les-
« quelles les contenoit M. de Bâville^. »
Le contrôleur général écrivit, en effet, à l'intendant, sur ses rapports avec
l'évêque de Nimes, mais ce ne fut pas dans la forme réservée Si mystérieuse
que souhaitait le prélat. Le ministre exprimait, au contraire, le désir d'être
informé avec détails des difficultés qui pourraient se produire Si autorisait
Saint-Maurice à lui faire, sur ce point, des rapports particuliers.
' Archives nationales. Corrapondancc du contrô- ' Archives natlonnles. Coriapondaiicc du contrà-
Icur général. leur général.
LIV. IV, LA RÉGENCE ET LOUIS XV. looi
1725
Dans sa réponse, l'intendant lui exposa sommairement tout ce qui s'était
passé entre son père & l'évêque, & les symptômes de bonne harmonie qui
s'étaient manifestés soit pendant la tenue des États, soit pendant les deux
voyages de Montpellier. « Si cependant, poursuivait-il, il arrivoit dans la
<i suite que la despoticité avec laquelle M. l'évesque de Nimes veut gou-
« verner cette ville 8t l'obligation où je suis d'y rétablir un peu l'ordre qui
u est renversé depuis longtemps, fît naître quelque occasion de discussions,
(( je ne puis trop vous remercier de la liberté que vous voulez bien m'ac-
« corder de vous rendre un compte particulier. Je ferai tout ce qui dépendra
« de moi pour que vous n'entendiez pas parler de nous'. »
Une tentative d'arrestation opérée dans les eaux du Rhône sur un sujet
languedocien par des sergents pontificaux de l'Etat d'Avignon, donna lieu,
vers la fin de l'année 1725, à une nouvelle affirmation des droits de la France
sur la propriété du fleuve. Voici quelle en tut l'origine.
Le 3 septembre, le patron Hugues, d'Avignon, qui avait obtenu du juge de
la légation un décret de prise de corps contre le patron Datuy, de Villeneuve,
épiait avec trois sergents, blottis derrière une roche, l'occasion de surprendre
son adversaire.
Celui-ci, traversant le Rhône dans son bateau, allait aborder au port
d'Avignon, lorsque les quatres hommes sautèrent auprès de lui & le mena-
cèrent de coups de sabre. Il se jeta dans la rivière, où il eût péri sans l'as-
sistance de trois de ses camarades. Les sergents emportèrent la corde qu'ils
allèrent vendre à Avignon.
Plainte fut portée au juge des ports de Villeneuve. Bernage se hâta d'en
donner avis au ministre : le lit du Rhône appartenant au roi, les sujets
français devaient être à couvert de toute insulte sur cette rivière, & l'on pré-
tendait reconnaître dans ce fait particulier l'ancienne tendance de l'État
Venaissin à commettre des usurpations.
Le contrôleur général, en donnant ses instructions à l'intendant, lui rap-
pela que l'affaire des Angles entre le pape Se le roi étant terminée, la propriété
des îles 8c créments du Rhône ne pouvait faire l'objet de contestations, 8c
qu'il devait se plaindre au vice-légat de l'affaire d'Avignon comme d'une
entreprise sur la souveraineté royale.
Le vice-légat répondit à l'intendant, le 12 février 1726, faisant les plus j~^
expresses réserves sur les droits de son maître. D'après lui, pour considérer
l'incident du 3 septembre comme un attentat sur la juridiction royale, il fallait
supposer que le lit du Rhône appartînt au roi de France privativement au
Saint-Père. « Vous savez. Monsieur, ajoutait-il, que c'est là un point contro-
« versé 8c que cette ville insiste depuis longtemps pour avoir des commissaires
« qui jugent l'ancien procès, pendant depuis plus de deux siècles. Outre la
« disposition du droit commun, que le Saint-Siège a pour lui, il a encore
« des actes bien authentiques &c une possession continuée par le moyen d'une
' Archives nationales. Correspondance du contrôleur général. Lettre du 17 juillet 1725.
~ — I002 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« setilïnelle qui est tous les jours sur le pont, à l'endroit de la chapelle, poui
<c avertir de l'arrivée des bateaux. Quand même la juridiction de Notre Saint-
« Père ne s'étendroit pas sur le Rhône, ce que je n'ai garde de penser, un
« bateau qui est au port seroit censé dans ses terres. Lorsque les officiers de
<i cette ville remettent quelque criminel à ceux de France, la remission se fait
« toujours dans le bateau où se récite l'acte de chargement dressé par les offi-
« ciers de Sa Sainteté. »
Cette lettre fut montrée au roi, & le contrôleur général chargea l'inten-
dant de répondre que Sa Majesté avait été fort surprise de voir le vice-légat
mettre en doute la question de la souveraineté du Rhône décidée si souvent
£<. dans tous les temps & fondée sur des titres si incontestables. II le faisait
informer en outre que lorsque des questions de fait se présenteraient, le roi
voudrait bien nommer des commissaires pour les décider, « mais sans jamais
« laisser mettre en cause une question qui ne doit pas y être'. »
Une déclaration du roi, du 27 septembre 17 28, interprétée par arrêt du
conseil du i«'^ juillet 1725, renouvelant des pratiques devenues traditionnelles,
avait frappé d'une taxe tous les nouveaux nobles faits depuis l'avènement de
Louis XIV jusqu'à sa mort.
Jean Grillau, chargé du recouvrement de ces taxes, fit comprendre dans les
rôles arrêtés au conseil tous les capitouls nommés depuis l'année 1643 jus-
qu'à l'année 17 15, & leur fit demander à chacun, par voie judiciaire, la
somme de deux mille livres, à titre de confirmation. Cette démarche donna
lieu à plusieurs saisies.
Elle fournit aux capitouls l'occasion de reprendre pour leur compte la thèse
chimérique tant de fois défendue par leurs avocats. Ils la résumèrent dans
une requête où l'on vit reparaître, confondus dans un désordre affecté, les
souvenirs les plus incohérents & les plus disparates de l'histoire toulousaine.
Comme leurs prédécesseurs, les rédacteurs de ce factum n'eurent garde
d'éclaircir la question en publiant le titre initial de l'anoblissement capitu-
laire; mais ils parlèrent longuement du temps où leur ville, « capitale d'un
« grand & puissant peuple, faisoit alliance avec le peuple romain, » des
Wisigoths, de l'empereur Honorius, du roi Clovis & de Charlemagne; ils
n'oublièrent pas de répéter ce flagrant mensonge historique, dont tous les
titres de leurs archives démontrent pourtant la fausseté, en vertu duquel les
magistrats municipaux de Toulouse, les anciens seigneurs du chapitre,
empruntaient leur nom au capitole romain.
Ils essayèrent de présenter comme une marque de noblesse le rang
qu'avaient tenu les consuls à la tête des milices urbaines pendant la période
de puissance communale, comme s'il y avait la moindre analogie entre cet
exercice d'un commandement républicain & les grâces toutes monarchiques
de l'anoblissement.
Les fantaisies de quelques historiens complaisants avaient si bien tourné
' Archives nationales, H, 1093. Correspondance du contrôleur général.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. joo3
la tête aux Toulousains en fait de noblesse capitulaire qu'ils en étaient venus
à croire comme vraies les extravagances les plus énormes. « Il me semble,
« écrivait naïvement aux capitouls Pierre de Cheverry, que nous ne devons
« pas être compris dans la taxe, puisque nous ne tenons pas nostre noblesse
(i du roy & qu'elle est avant la monarchie'. »
Ces prétentions exorbitantes turent consacrées une fois de plus, par arrêt
du conseil d'Etat, donné à Versailles le ;5 mars 1727, qui exemptait du droit
de confirmation les capitouls de Toulouse, leurs enfants & descendants nés
& à naître en légitime mariage & les maintenait dans leur noblesse. Le roi
n'avait pas chargé un historien de dresser la minute de l'arrêt, car les théo-
ries les plus étranges Si les erreurs les plus grossières y fourmillent.
On y lit, entre autres choses, que « la noblesse des capitouls n'émane pas
«> de la concession des rois prédécesseurs de Sa Majesté 5 que dès le temps
« que cette ville étoit alliée au peuple romain, elle jouissoit de la noblesse
« qu'elle communiquoit à ses magistrats par l'exercice des charges de capi-
o toul... qu'elle en a joui, pendant qu'elle a été capitale de l'empire des
« Goths, ensuite sous la domination des rois d'Aquitaine 81 de ses comtes. »
L'arrêt fut rendu sur le rapport du contrôleur général Lepelletier, qui
avait des motifs plus sérieux que cet étalage de menteuse érudition pour ne
pas donner suite aux réclamations du traitant^.
Pendant l'année 1727, divers fléaux naturels qui prirent l'importance de
véritables calamités publiques, jetèrent la désolation en Languedoc^.
Le I" juin, éclata sur la Province le plus terrible orage de grêle dont on
eût ouï parler depuis plusieurs siècles. Il s'étendit sur toute la région orien-
tale, comprise entre les Pyrénées, les Corbières, les hautes Cévennes 8c la
montagne Noire. Les diocèses de Mirepoix, Alet, Limoux, Carcassonne,
Narbonne, Béziers, Montpellier, Alais, Lodève, Saint-Pons &t Castres en
furent ravagés. Dans un très-grand nombre de communes, les récoltes furent
' Archives de Toulouse. Lettres missives adressées blnble i celiiy que fait la mer dans sa plus grande
aux capitouls, p. iij. Paris, 24 novembre 1725. agitation j ce bruit dura sans discontinuer jusqu'à
* Requête présentée au Rot par le sindic Je la ce que cette colomne se dissipa en Tair.
viVe de Toulouse, au sujet de la recherche faite Une personne qui s'estoit arrestée à Creisse, pe-
contre la noblesse des Capitouls, à cause du joyeux tit vill.ige au-dessus de Piiisserguier, a dit qu'il
avènement. Imp. ï6 p. in-8°. — Arrêt du conseil avoit aperçu au-dedans de cette nue une figure
d'£t3t du 25 mars 1727 '. presque triangulaire au-dcdans de laquelle il avoit
' Voici une note recueillie dans les papiers du remarqué un tourbillonement effroyable, & que
contrôleur général : tout à coup cette figure s'estoit entr'ouverte &
aroit formé cette espèce de manche dont on a
Observation du météore qui parut le 2 1 août 1727 t- .
'. '^ «» parie cy-dessus.
sur les 5 heures du soir au-dessus de Montady ~, , ■ , , , , ,
- r n '-''' assure depuis que le ineteore avoit arrache
entre Capestang tr ruisserguier. ' ' „ ,, •
un noyer pesant plus de 100 quintaux & lavoit
C'cstoit une colomne qui descendoit d'une nue transporté assez loin, qu'il avoit arraché aussi
jusqu'à terre, une espèce de manche entourée vers plusieurs oliviers & des rangées de souches & qu'il
•on extrémité inférieure d'un tourbillon de fumée avoit tracé en quelques endroits un chemin battu
ju de poussière, & accompagnée d'un bruit sein- où trois carrosses de front auroient pu passer.
Il fut accompagné de pluie & de gresle qui n
' Archives de Toulouse. Noblesse capitulaire ravagé deux ou trois communautés.
1726
1727
1717
IO04 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
emportées, les foins ensablés, les vignes, les oliviers & les arbres à fruits
endommagés pour plusieurs années.
L'évêque de Carcassonne écrivait le 5 de ce mois au contrôleur général,
pour lui signaler le très-grand malheur qui venait d'atteindre son diocèse.
« La grêle, disait-il, a fait un épouvantable dégât dans nos paroisses les plus
H considérables qui supportent la moitié des impositions du diocèse. Nous ne
V savons comment il nous sera possible d'acquitter leurs charges, aussi bien
« que de les faire subsister 8< de les mettre en état de semer leurs terres'. »
Dans le courant de juin, de juillet Se d'août, les mêmes phénomènes se
reproduisirent, au nord des Cévennes, dans une grande zone oblique, déve-
loppée du Rhône à la Garonne, & dévastèrent les diocèses de Viviers, le Puy,
Mende, Albi St Toulouse.
Le 4 juillet, le subdélégué de Vivarais, Dumolard, mandait que la grêle
avait attaqué les deux extrémités du diocèse ; d'une part Félines St quelques
autres communes des environs de Serrières, & de l'autre le pays avoisinant
la Vérune. Un fort brouillard avait aussi brûlé 81 séché les blés & endom-
magé les vignes à Saint-Just. Dans les paroisses des petites montagnes, la
moisson était fort contrariée par les vents St par une fréquente pluie, de deux
en deux jours.
Le directeur des vivres & fourrages annonçait une violente crue de l'Hers,
depuis Baziége jusqu'à Saint-Jory; dans les prairies, tous les foins étaient
sablés.
Le 26 juillet, l'évêque de Lodève, Phelypeaux, réclamait pour son diocèse
les secours du gouvernement. La grêle y était tombée avec tant de rudesse
que, sur cinquante-deux paroisses, on en comptait dix-neuf entièrement
ruinées. « Les pertes de ces malheureux habitants, affirmait le prélat, vont
« à près de cinquante mille écus & leurs tailles à près de quarante mille
« livres. »
Plus de cinq cents communes se trouvèrent atteintes par le fléau, & la
ruine y fut si complète que la plupart des propriétaires se virent hors d'état
d'acheter les grains nécessaires pour les semailles. Le procès-verbal des dom-
mages, dressé par M. de Saint-Maurice, fit obtenir à la Province une réduc-
tion de trois cent mille livres* sur les impositions de l'année.
Ces tempêtes continues produisirent de si grandes perturbations atmos-
phériques dans les bassins du Rhône & de la Garonne que les diocèses même
épargnés par l'orage, perdirent la moitié & jusqu'aux trois quarts de leurs
récoltes, par l'effet des brouillards St de la gelée. Le mal fut assez sérieux
•Archives nationales. Papiers du contrôleur gï- 17000 1. — Saint-Pons, 24000 1. — Lodève,
niraî, 10000 1. — Limon x, 19000 1. — Béziers, 33 000 L
'Arrêt du conseil d'Etat, donné à Fontaine- — Narbonne, 34000 1. — Montpellier, 4000 1. —
bleau le 7 octobre 1727, M. Le Pelletier, rappor- Alais, 9000 1. — Alet, 6000 1. — Castres, 19000 1.
teiir. — Toulouse, 28000 1. — Albi, loooo 1. — Vi-
Voici le détail de la répartition de cette réduc- viers, 18000 1, — Le Puy, 21 000 1. — Mende,
tion ; Carcassonne, 34000 livres. — Mirepoix, 19000 1.
LIV. IV, LA RÉGENCE ET LOUIS XV. ioo5
pour déterminer, grâce aux démarches de la députation en Cour, un nouvel
allégement de deux cent mille livres sur les impositions provinciales de 1728,
dont la répartition fut confiée à l'intendant.
Les plus grands désastres s'accomplirent dans la première quinzaine de
septembre. II tomba une pluie abondante, pendant vingt-quatre heures, le
II & le 12. Cette pluie n'était pourtant pas assez forte pour taire déborder
subitement les rivières; mais, comme elle était accompagnée d'un vent du
midi puissant & chaud, les masses de neige qui couvraient encore la région
supérieure des Pyrénées fondirent en peu d'instants 6c jetèrent dans tous les
cours d'eau, grossis par les orages antérieurs, de tels torrents que l'inondation
devint générale. Ces crues démesurées se produisirent à la fois sur les deux
versants de l'isthme dont Toulouse occupe à peu près le centre. Dans le
bassin de l'Aude, où une dizaine de communes furent ravagées, beaucoup
de personnes se noyèrent, d'autres perdirent tous leurs biens. On ne citait
que moulins emportés 81 maisons abattues.
D'heure en heure, à mesure que les chemins devenaient praticables,
l'évêque 6c le subdélégué de Carcassonne voyaient arriver les députés des
paroisses, qui venaient informer les commissaires diocésains des dégâts causés
par les eaux sur leur territoire. Les ponts de Saint-Hilaire, de Luc, de Ville-
moustaussou, de Conques, avaient été renversés, au grand embarras du
commerce languedocien. Le bourg de La Grasse était à demi détruit par
rOrbieu, qui venait de démolir les maisons 8c de charrier les meubles 8c les
grains; deux importantes manufactures n'offraient plus que des ruines, des
teintureries avaient été emportées, de grandes quantités de laine perdues 8c
des plantations d'oliviers en plein rapport se trouvaient tellement couvertes
de gravier qu'on n'y reconnaissait pas le moindre vestige de culture.
A Toulouse, la Garonne, qui coulait à pleins bords depuis quelques jours,
grossit, le 12 septembre, vers six à sept heures du matin, avec tant de rapi-
dité qu'en deux heures elle couvrit entièrement l'île de TounisSc le faubourg
de Saint-Cyprien. Ce faubourg occupe un fond très-bas, de terrains d'allu-
vions, qui a fait anciennement partie du lit du fleuve 8t autour duquel le
cours moderne des eaux forme un arc de cercle. La Garonne se fraya un
chemin direct, le long des terrasses de l'Ardenne, de façon à suivre la corde
de l'arc, en passant par les fossés des remparts du côté de Guienne. Beaucoup
d'habitations s'étendaient le long des routes du Comminges, de l'Armagnac
8<. de la Lomagne; elles demeurèrent sous l'eau, comme le faubourg tout
entier, pendant l'entière journée du vendredi, sans que l'on pût leur porter
le moindre secours, tous les bateaux 6c radeaux qui étaient sur la rivière
ayant été submergés ou emportés. La mauvaise qualité des matériaux de
construction, bois, torchis, brique crue maçonnée de terre glaise, mirent
un grand nombre des constructions du faubourg hors d'état de supporter
l'épreuve d'une immersion prolongée. Des points élevés de la ville, on en
voyait s'écrouler à tout instant. La crue, qui avait commencé de s'accentuer
dès quatre heures du matin, continua jusques à quatre heures de l'après-
1727
k
•7»7
1006 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
midi, Se ce n'est que le lendemain qu'il fut possible de pénétrer dans le fau-
bourg & d'y contempler le désastre dans toute son horreur.
La maison du Bon-Pasteur, située le long du cours, renfermant soixante-
quatre femmes pénitentes qui s'y étaient volontairement retirées, était du
nombre des bâtiments écroulés. On n'en put sauver que six ou sept per-
sonnes, que l'on arracha du milieu des ruines; toutes les autres furent
retrouvées noyées ou écrasées sous les décombres. Parmi les victimes, on
comptait le père Badou, missionnaire célèbre, qui prêchait une retraite dans
cette maison Si qui s'y était rendu le vendredi matin, malgré la menace
d'inondation. La rapidité de la crue lui coupa la retraite. « Il eut, dit le
« chroniqueur municipal, la fermeté Si la constance, étant sous les ruines,
« d'exhorter à la mort les filles qui étoient pareillement ensevelies. Il conti-
« nua cette œuvre de piété jusqu'à trois heures du matin qu'il expira'. » Ce
religieux appartenait à l'ordre de la Doctrine chrétienne.
Pendant l'inondation, les capitouls s'étaient empressés de faire descendre
la Vierge noire, qui est l'objet d'un culte traditionnel dans leglise de la
Daurade 8c qui fut portée processionnellement, au chant des prêtres, sur les
bords du fleuve.
La chambre des vacations du Parlement se réunit en assemblée extraordi-
naire, le 14 septembre, pour prévenir par ses arrêts l'avidité des pirates, qui
cherchaient à se prévaloir de la calamité publique en détournant à leur profit
le bois, les meubles, les effets, les grains 8<. les autres épaves charriées par le
torrent. Se pour aviser aux contestations de propriété.
Dès les premières alarmes, le premier président Maniban 81 le procureur
général Le Mazuyer s'étaient portés sur tous les points où leur présence
paraissait nécessaire pour assurer la bonne direction des secours. Les deux
grands moulins de Toulouse, celui du Basacle Se celui du Château-Narbon-
nais, subirent de graves dommages; le premier surtout fut à moitié emporté
&i perdit neuf meules sur seize. Les pertes de grains déposés dans ces deux
moulins ruinèrent tous les boulangers de Toulouse 81 firent concevoir des
craintes sérieuses pour l'alimentation de la ville.
L'intendant offrit aux capitouls les farines des magasins des vivres mili-
taires, sur leur reconnaissance Si sous la promesse d'en effectuer le remplace-
ment ou d'en payer la valeur, 81 il se hâta de solliciter du contrôleur général
la suspension de la taxe sur les moulins.
Tous les grands approvisionnements de bois arrivés des Pyrénées par les
radeaux de la Garonne 81 amoncelés sur les berges du port Garaud avaient
disparu.
Quand les capitouls purent visiter les lieux ravagés par l'inondation, ils
furent effrayés de la grandeur du dégât. Les maisons, minées par le pied Si
dont les fondations se délayaient sous l'action de l'humidité, s'écroulaient à
taut instant. Cent quatre-vingt-dix jonchaient déjà la vase de leurs débris;
' Archives de Toulouse. Annales manuscrites, XI, 2o5.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1007
mais un nombre bien plus considérable menaçait de tomber sur les passants.
Il fallut réquisitionner à la hâte tous les maîtres & garçons charpentiers Se
faire étayer ces masures branlantes, pour éviter de nouveaux malheurs. Les
habitants avaient à peine eu le temps de se dérober à la mort par la fuite, en
abandonnant leurs meubles &c leurs effets. L'hôpital de Saint-Joseph de la
Grave, peuplé de pauvres 8<. d'orphelins & contenant des manufactures, avait
beaucoup souffert & menaçait de s'abattre. Dans l'île de Tounis, les teintu-
reries Se les anciennes fabriques de tapisserie St de petites étoffes étaient ou
détruites ou terriblement ébranlées. Au Basacle, les sept meules conservées
avaient eu leurs charpentes mises en pièces 8c gisaient dans les décombres;
il ne restait plus de traces des autres, ni des fortes pièces de bois qui les
soutenaient. Le courant avait creusé un gouffre au-dessous des meules; la
toiture avait disparu, semant des éclats de tuiles dans tous les graviers; l'eau
avait également abattu une partie de la courtine de l'ouvrage à corne qui
couvrait ce flanc des fortifications de Toulouse; l'angle saillant en était ébré-
ché, le terrassement raviné 8c la chapelle du Basacle, avec toutes ses dépen-
dances, ne laissait plus que des vestiges insignifiants. Plusieurs portions des
murailles du faubourg, du quai 8c des parapets du Pont-Neuf avaient été
démolies'; tous les chemins aboutissant aux. quartiers inondés n'offraient
plus que des fondrières impraticables. Se, quand les communications se réta-
blirent, on apprit que les divers lieux échelonnés le long de la Garonne 8c
de l'Ariége n'étaient pas moins maltraités 8c qu'une désolation générale
régnait dans les diocèses de Rieux, de Castres, de Limoux 8c de Carcassonne.
Tout le bois coupé depuis les Pyrénées jusqu'en aval de Toulouse avait été
entraîné.
L'intendant ayant transmis à la Cour plusieurs rapports sur le désastre 8c la
proposition de diverses mesures pour alléger la détresse des inondés, le con-
trôleur général lui écrivit le 7 octobre : » Sur le compte que j'ai rendu au
« roi des lettres que vous avez pris la peine de m'écrire le 16 8c le :i du
« mois passé au sujet de l'inondation arrivée tant à Toulouse qu'à Carcas-
" sonne 8c dans toutes les plaines des environs jusqu'à Limoux, Sa Majesté
« a paru fort peinée des dommages que cet accident a causés 8c surtout de la
» perte des personnes qui y ont péri. Sa Majesté attendra d'être plus parti-
« culièrement informée du détail 6c du montant de ces dommages par les
« procès-verbaux que vous avez chargé vos subdélégués d'en faire 8c dont
' Jean de M.irgastaud, écuyer, architecte de la Suit, d'après le même document, l'évaluation
ville de Toulouse, dressa un devis imprimé des des dégâts :
dommages causé: au Basacle par l'inondation. « \ Saint-Cyprien, |556|3 livres 5 sols; hors
— Dans un Mémoire au Roy, rédigé par les capi- Saint-Cyprien, 46459 livres 1 sols; Tounis, 44 r 1 1
touli, nous trouvons les ravages de la Garonne livres lysolsj Saint-Michel, 16292 livres 10 sols;
ainsi résumés : Dalbade, Daurade, Blanchers & Basacle, 43574 li-
« Il y a 9^9 maisons croulées & emportées & vres. Edifices publics, 25oo5i livres; grains des
J^'i6 autres maisons si fort endommagées qu'il fau- moulins, 77028 livres 5 soit '. 11
dra les rebâtir & 200 petites loges abîmées dont le
loyer rendoit revenu à la ville, u ' Archives nationales. Papiers du contrôleur général.
1727
1727
ioo8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« vous devez m'envoyer le résultat pour prendre une résolution définitive
" sur ce sujet, S<. cependant Elle approuve que vous ayez fait surseoir aux
« poursuites des commis chargés du recouvrement du droit de confirmation
« contre les propriétaires des moulins de la ville de Toulouse qui ont été
« détruits ou tort endommagés par cette inondation. Quant aux farines des
« magasins des vivres que vous avez offertes aux capitouls de Toulouse pour
M les mettre en état de rassurer les habitants de cette ville de la crainte où
« ils étoient d'en manquer, depuis la destruction de leurs moulins. Sa Majesté
« a pareillement approuvé ce que vous avez fait à cet égard, &t je n'aurois
« pas différé de vous le faire savoir, sans que M. Le Blanc s'est chargé de
« vous le mander ' . »
Ce fut seulement deux mois après environ que, tous les renseignements
recueillis par les subdélégués ayant été centralisés à l'intendance, il fut pos-
sible de connaître le chiffre total des pertes, qui s'élevait à près de deux
millions répartis entre neuf diocèses^.
' Archives nationales. Correspondance du contrôleur général,
'Voici la récapitulation générale des dommages causés par les inondations du mois de septembre 1727 :
Estimation Proportion observée Indemnités Accordées
Lieux- des dans la proposition proposées par par arrêt
dommages. des indemnités. M. de Bernage. du conseil.
Ville 8c faubourg de Toulouse. . . 601265' 1/6 delà p:rte looooo' p5 000'
Diocèse de Toulouse 141274 1/8 — 18000 i65oo
— de Carcassonne 19835 i/3 — i5ooo 14000
— d'Albi 507787 i/io — Soooo 48000
— de Rieux 84 55o 1/4 — 8 5oo 8000
— de Limoux 202700 i/3 — 25 000 23 000
— d'yVlet 2^570 1/6 — 5ooo 47oo
— de Lavaur 1 100 1/2 — 55o 5oo
— Bas-Montauban 208780 i/S — î6ooo 24000
— de Mirepoix wu «jj )ni 14300
1846891' 248050' 248000'
Noms des communautés endommagées. Limoi.x. — Pieiisse, Malviès, Saint-Martin,
Toulouse. — Portet & Justaret, Gagnac, Fe- Lauraguel, Pauligne, Puechsalamon , Donazat,
nouillet, Grépiac, Vernet, Pinsaguel, la Croix- Gaja, Loiipia, Montgaillard, Ville-de-Dieu, Mal-
Falgarde, juridiction d'Hauterive, Ondes, Saint- ras, Villelongue, Poumy, Montaud, Peyrefitte,
Jory, Grisolles, la Gardelle, Seyre, La Bartlie. Saint-Just, Bellegarde, Montgradailh, Escuilhens,
CAr.cAssoNNE. — La Grasse, Caunettes, Mas des Laurès, Hounoux, Le Mazel, Fenouilhet, la Cour-
Cours, Villefloure, Ladern, Levig, Verseille, Saint- telle, la Serre, Thounens, Brezilhac, Ferran, Ma-
Hilaire, Cavanac, Pomas, Gardié, Villebazez, Rou- zeroUes, Gramasié, Belvezé, Alaigne, Routier,
lens, Montcla , Couffoulens, Tresbes, Berriac, Brugairolles, Cambicure, Cailhavel, Cailhau, Vil-
Blomac, Puicheric, Marseillette, Bouillonac, Bar- larzel, Cepie, Mayrié, Missegre, Villar de Belle,
baira, Saint-Couat, Douzens, Capendu, Fleure, Greffeil, Clermont, le Villa, Belcastel, Salnt-
Mouze, Montirat, Fontiès de Rive d'Aude, Ville- Polycarpe, la Digue d'amont, Castelreng, la ville
dubert. de Limoux, monastère des religieuses hospitalières.
Albi. — Cahuzac, Donnazac, Florentin, Le Alet. — Marsa, Aunat, Mazuby, Niort, Mu-
Verdier, la Boutarie, Lombers, Monesties, Mont- nés, Gallissargues, Belfort, Joucou, Roudoume, le
mirai, Milhabel, Puicelsy, Souels, Salles, Salliès, moulin de M. Borio de Mazuby, Campagna, Bes-
Vieux, Nouaille, La Grave, Cordes, Réalmont sède.
(moulin au sieur Dauriac). Bas-Montauban. — Castelsarrasy, les Catalens,
Rieux. — Rieux, Montesquieu, Artigat, Gaillac- Saint-Porquier, Montech, Finhan, Montbequin.
Toulza, La Trape. Lavauu. — Flamarens.
LIV, IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. looq
Des bruits s'étant répandus au sujet de l'entretien Si des réparations du
canal de Languedoc, qui pouvaient causer quelques inquiétudes dans le
public Se faire craindre une interruption de la navigation, les propriétaires
de cette importante ligne présentèrent un mémoire au conseil d'État 8c
obtinrent qu'un ingénieur, nommé par le roi, serait chargé de faire une
visite complète du canal, d'en constater l'état Se de relever le détail des répa-
rations nécessaires. Les Etats de la Province Se les héritiers de Riquet étaient
autorisés à se faire représenter à cette visite par des délégués spéciaux dont
les observations devaient être recueillies au procès-verbal. Le roi se réservait ;,
de prendre telle décision qu'il jugerait convenable, d'après le rapport de son
ingénieur'.
En 1728, nouvelles calamités. Au mois de janvier, les pluies désolent le ' jj
diocèse d'Albi; plusieurs cours d'eau débordent, emportent les terres, détrui-
sent des ponts, des moulins, des chaussées, démolissent des maisons, ensa-
blent les prairies. Le subdélégué de Montauban annonce que l'Aveyron
vient d'inonder six. communes de Languedoc. « C'est avec chagrin, dit-il,
« que je me vois obligé de vous rendre si souvent compte des ditfércns
11 malheurs dont cette province a été accablée depuis plus d'un an. »
Le contrôleur général ne cesse pas d'être assailli de demandes de secours.
Madame de R.abaudy, viguière, se plaint que son château des Sept-Deniers,
près Toulouse, a été fort endommagé par l'inondation, que la meilleure
partie des bâtiments est renversée ou est prête à tomber 5 que les murs de
clôture sont écroulés; que la porte du grenier, où se trouvaient de cent qua-
rante à cent soixante sacs de blé, a été entraînée par la Garonne ; que
trente-six arpents de labourages sont gâtés. Cependant les capitouls, par
jalousie de juridiction, ne voudront pas lui rendre justice : ils sont animés
d'une haine héréditaire contre sa famille, à cause de la charge de viguier
Esi'imjtlon Je! pertes Je Ricux G- Comminges, Ingiiié, Gaja, Saint-Estcplie Bcrsia, Orssans, Ri-
toial : 182847. (Envoyée parle sieur Combes, bouisse, Courtaiily, Millas, Cuinies, GIbel, Saint-
subdélégué.) Félix, Labastide Garde ReiioiiX, Tremoulet, Gau-
Noms des communes : Ayguejuntes, Alzend, Ar- diès, Leran, Monlaudié, Marqucin, Cagniac,
figat & Bajou, Bérat, Caslagnac, Cazères, C.isteras, L.igarde Lnuragais, Saint-Michel, Cintegabellc,
Couladère, Fabas, Fousseret, Gabre, Graiens, La- Salles, Peyrefitte, Belesta Lauragais, Saint-Amans,
tour, Massabrac, Montardit, Monteils, Montau- Gourvieille, la Barthe, Belflou, Beauteville, Moni-
det & Mongazin, Montaut, Montagut, Montes- cla, Payra, Mohtauriol, Calmont, le CazaI des
qui eu, Nescus, Palaminy, Pailhès, Rieux, Rimont, Bailles, Fanjaux, La vêla net, Vira, Bruilhe, Benais,
Sainte-Croix, Selx, Saint-Sulpice, Saint-Michel, Ventenac, Lemeruiel, Malleaugnouas, Fougax,
Serizols, Saint-Félix, Tourtouze. Barrineuf, Mallegoude, Regat, Cayra, Camon,
Auribail, Bedeille, Capens, Grazac, Lavelanet, Note Ju contrôleur général. — On ne doit pas
Monjoy, sans estimation & ont dit que leur perte s'attendre qu'à chaque orage qui surviendra dans
a été si considérable qu'on ne sauroit à quoi l'es- un diocèse le Roy puisse lui accorder une dimi-
tiraer. nution qui absorberoit dnns peu le reste des un-
État Jes commune! atteintes au Jiocèse Je Mirepoix, P»»'''""» ^' '••« Province '.
pendant le mo.s de septembre ,727. (Envoyé en ' ^"""^ ^V '^•" ^ "'^" ■>' I'"'8"'''oc. Arrêt
f. ._ a ^" conseil d'Etat, donné à Versailles le o dé^em-
levrier 1720; : ' '
bre 1727. M. Le Pclctier, rapporteur.
' Archives nationales. Papiers du conirâlen
xni. (-4
Villautou, Lafage, Puichéric, Cahusac, le Py,
Plag.ie, Roumengoux, Fonters, Saint-Benoît, Ba- , Archives nationales. Papiers du contrôleur général.
1728
loio ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
qu'elle possède depuis plus de deux siècles. Elle est obligée de faire de
p-randcs dépenses pour soutenir son fils dans cette charge qu'elle a mise sur
sa tôte ; elle a payé une taxe considérable pour le droit de joyeux avène-
ment. Le ministre en écrit à l'intendant; Saint-Maurice promet de surveiller
la répartition, « mais, ajoute-t-il, Madame de Pvabaudy soupçonnera tou-
«< jours qu'on lui a tait tort. »
Un autre jour, M. d'Armissan fait appel aux souvenirs de famille du car-
dinal Fleury, dont les ascendants ont siégé à côté des siens, sur les fleurs de
lis, à Montpellier; il se plaint de la grêle, des inondations, de l'accroisse-
ment des impôts, des révolutions de la propriété foncière '.
Renvoi au ministre, qui s'informe auprès de l'intendant. « M. d'Armissan,
« réplique Saint-Maurice, est un gentilhomme de mérite dont les terres ont
« réellement diminué de valeur depuis quelques années, mais qui n'est pas
« bien au fait du gouvernement des affaires de la Province. Quant à ce
« qu'il expose que les terres nobles sont passées entre les mains des roturiers
« & celles des roturiers entre les mains des nobles, le fait est vrai, mais c'est
(c une révolution ordinaire à laquelle il n'y a point de remède... Si M. d'Ar-
« missan n'avoit pas négligé les réparations de la rivière, il auroit beaucoup
« moins perdu & peut-être rien^. »
Sur la fin du printemps, nouveaux orages; le 20 mai, il tombe une si
grande quantité de grêle dans le haut Vivarais que les blés, qui promettaient
beaucoup, sont presque entièrement coupés dans plusieurs communes, les
vignes 8<. les arbres dépouillés; l'Aude sort de son lit, près de Narbonne, &.
inonde toute la plaine de Coursan; le bataillon du régiment Royal-Artille-
rie, parti de Béziers le 4 juin, est obligé de rétrogader pour laisser écouler
les eaux.
Le g août, sept communes du Vêlai sont cruellement grêlées; plusieurs
torrents débordent, arrachent les arbres; on signale des hommes 6v du bétail
noyé.
Le Noir, juge-mage de Béziers, écrit : « l'état où j'ai vu la campagne
« dans un voyage que je viens de faire m'a touché de compassion; le mal
« est monté à un si haut degré que, quoique les bourgeois soient accablés
« de garnisons, on ne peut parvenir à les faire paver... le soldat, peu accou-
« tumé à la compassion, en a été touché... il y a des communautés entières
« qui n'ensemenceront pas leurs terres cette année. />
Cependant les querelles des évêques & des subdélégués continuent. A Car-
cassonne, il y a guerre ouverte & Saint-Maurice donne au ministère des
détails assez curieux sur cette lutte. Le représentant de l'intendance à Car-
cassonne était un sieur de Murât, ancien juge-mage. L'évêque ayant fait,
en 1726, des démarches un peu vives contre l'établissement du cinquantième,
le subdélégué en avertit son supérieur, qui fit intervenir la Cour. Là-dessus
■ Pièces justificatives, n. DCCCLVII, col. 2141. ' Archives nationnifs. Correspondance du contiô-
leur général. Lettre du 24 septembre 1728.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. loi i
grande animositc. Mais la querelle venait plus encore, d'après Saint-Mau-
rice, u des conseils d'esprits turbulens » qui présentaient à l'évêque « tous
« les appâts d'un gouvernement despotique, en lui inspirant de réunir
« l'autorité temporelle à la spirituelle. Il pense véritablement à cette réu-
« nion... Il a actuellement des émissaires, ses grands vicaires ou autres, qui
« vont dans quelques maisons de la ville où ils attirent sous différens pré-
« textes le plus grand nombre d'habitans qu'ils peuvent, leur présentent un
« mémoire tendant à demander au roi d'établir M. l'évêque chef 8<. président
« du conseil de ville & exigent leurs signatures'. »
Au mois de novembre, le cardinal Fleury reçut une grande lettre signée
seulement : les rentiers de la province de Languedoc, & contenant des accu-
sations très-violentes contre la gestion des Etats. Les auteurs de ce réquisi-
toire annonçaient que, pour la plupart, ils étaient occupés « aux nobles
« fonctions de la magistrature » Se que, possédant toute leur fortune en
rentes, ils avaient été durement atteints dans leurs intérêts par les réductions
successives du revenu. Ils affirmaient hautement que les deniers du Lan-
rruedoc étaient mal administrés.
« Depuis quelque temps, disaient les rentiers, on emploie tous les ans un
(I argent infini en indemnités, gratifications St autres dépenses aussi consi-
i< dérables que peu nécessaires. Il n'y a qu'à demander ou ])roposcr pour être
(' accordé ou écouté... Cependant, pour fournir à tous ces Irais inutiles, on
<i augmente les tailles considérablement, le paysan ne peut plus les payer,
« & devenu fermier de son propre héritage, il se trouve dans la dure néces-
<( site ou de l'abandonner, ou de ne le cultiver que pour le profit du collcc-
I' teur; cependant des remèdes aussi violens que ceux-là pour accroître le
« revenu de la Province ne peuvent pas durer; on a beau accabler le passan
« de soldats Se de garnisons, on ne peut tirer de lui un argent qu'il n'a pas
« 8< que de mauvaises récoltes depuis deux ou trois ans lui ôtent les moyens
e d'avoir. »
Les plaignants déniaient aux membres des Etats la compétence nécessaire
pair remplir leurs délicates fonctions.
«i II faudroit que ce fussent des gens habiles Se entendus dans les affaires
« qui en réglassent les comptes Se qui eussent soin (ju'on en administre les
« finances en bons pères de famille. Messieurs les évêques Se les barons des
« Etats de cette Province, comment sauroient-ils les régler? Les premiers
« ne sont au fait que des atfaires de l'Eglise Se des matières de doctrine; les
« seconds, presque tous employés au service, n'entendent que l'art de faire
« la guerre ou, uniquement occupés pour la plupart à se divertir, ne songent
« qu'à prendre des plaisirs de toute espèce; Se les uns Se les autres ils font si
« mal leurs propres atfaires qu'ils font presque tous banqueroute en mou-
« rant; comment feront-ils donc celles de la Province?
« Les juges naturels des comptes de la Province sont Messieurs de la
' Archives nationales. Corre^pondcncc du contrôleur gcnér:il. Lettre du 26 septembre 1728,
.72S
1728
1729
IOI2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« chambre des comptes de Montpellier... Les États ne veulent point qu'ils
« s'en mêlent; ils sentent bien qu'on ne leur laisseroit pas la liberté de
<i puiser comme ils font dans les coffres de la Province, Se de lui faire payer
u les services particuliers qu'on rend aux membres qui les composent.
<c Oui, Monseigneur, le mal est plus grand qu'on ne pense; on a soin de
« vous le cacher; nos cris ne vont pas jusqu'à vous; cependant, c'est un mal
« qui n'est que trop réel... Le mal empire tous les jours & deviendra incu-
(' rable si on n'y met prompt remède, en ôtant aux évêques & aux barons le
« règlement des comptes, sous le spécieux prétexte qu'un pareil détail est
« au-dessous d'eux... Les auteurs de la lettre souhaiteroient pouvoir y mettre
<( leurs seings chacun en particulier, mais ils craignent avec raison d'irriter
« contre eux les membres des Etats qui sont puissants 8c qui, se trouvant
<c dépositaires de leurs biens, pourroient faire tomber sur eux les effets de
« leur vengeance '. »
Pour comble de disgrâce, l'hiver fut encore très-rude; les gelées tuèrent les
vignobles de Gaillac, qui donnaient lieu à un commerce d'exportation consi-
dérable en Angleterre, en Hollande, en Danemark & dans les autres Etats du
Nord par l'intermédiaire des marchands de Bordeaux.
L'inondation détruisit en partie la grande chaussée que les religieux de
Saint-Tibéry avaient élevée au mois de mai 1698 pour contenir le débor-
demeirt de l'Hérault, & dont la dépense montait à plus de quarante mille
livres.
Cet endiguement avait une importance particulière, parce que la Province
entretenait sur ce point, au prix de six mille livres, un service de barques
pour le passage des troupes. L'abbaye fit réparer ces dommages & en prit
prétexte de solliciter une indemnité des États de lySi, indemnité qu'on lui
refusa, les réparations ayant été faites uniquement pour la défense de ses
terres*.
Les souffrances furent extrêmes dans les montagnes du Gévaudan. Le pays
fut contraint de recourir aux greniers établis par les États. Sur l'ordre de
l'archevêque de Narbonne, le diocèse de Mende envoya un commissionnaire
à Lunel & à Beaucaire, où il reçut, en onze cent treize sacs, deux mille
setiers de blé de Bourgogne ou de mixture. Les Etats décidèrent que le
Gévaudan payerait ces grains au prix qu'en avait donné la Province &. qu'il
achèverait de se libérer ait dernier terme des impositions de lySo. Le prix de
cette fourniture fut arrêté à treize mille quatre cent cinquante-deux livres
sept sous trois deniers, outre les intérêts de cette somme à raison de huit
pour cent 3.
Cette largesse de la Province devint très-onéreuse au Gévaudan par suite
de l'élévation des frais de transport. De Lunel Se Beaucaire jusqu'à Mende Se
aux autres lieux de distribution, la route était longue & difficile, Se l'âpreté
' Archives nationales. Papiers du contrôleur gc- ' Procès-verbal des ICiats. 14 février 1732.
lierai. La lettre des rentiers de la province de ' Procès-verbal des États. Séances du 12 décem-
Languedoc est du 21 novembre 1728. bre 1729 & du i'"'' février 1731.
LIV. IV, LA RÉGENCE ET LOUIS XV. ioi3
des chemins de montagne augmentait sensiblement la dépense. Malgré la
précaution prise par l'intendant de taxer les journées des charrettes & des
mulets employés au transport, Se malgré les plus grands efforts d'économie
dans les divers détails de l'opération, ces frais montèrent à quatre mille cinq
cents livres, sans compter ceux des entrepôts, le loyer des magasins, les
appointements des commissionnaires & les pertes occasionnées au diocèse par
l'insolvabilité de ses débiteurs.
C'est le i5 juin 1729 que furent livrés les blés de la Province; peu de
temps après, les prix baissèrent. Cette considération détermina les Etats, lors
du règlement des comptes, à se relâcher de leurs exigences primitives en
réduisant la somme à dix mille livres & en déchargeant aussi le Gévaudan
du payement des intérêts.
Un nouveau bréviaire ayant été imprimé à Lyon, à l'usage de ce diocèse
& de tous ceux qui se conformaient au rite romain, on y introduisit, en l'hon-
neur du pape Grégoire VII, l'antagoniste acharné des empereurs d'Allemagne,
un office que Clément XI avait approuvé pour les bénédictins d'Italie, & qui
renfermait les propositions les plus catégoriques en faveur des prétentions du
Saint-Siège au gouvernement temporel de la chrétienté. Non content d'exalter
sans réserve tous les actes politiques de ce pontife & de représenter comme
un athlète d'Israël l'homme qui disait : « Malheur à celui qui n'ensanglante
« pas son épée, » le rédacteur de l'office y avait donné place à une légende
hautement significative. On y racontait que, dans sa première enfance, le
jeune Hildebrand, ne sachant pas encore lire, s'était amusé un jour à disposer
dans un ordre mystérieux quelques copeaux tombés sous la main d'un artisan,
& que, par une merveilleuse prescience qui s'ignorait elle-même, il en avait
tracé la prophétie de sa grandeur future en cette parole du Psaume : « Domi-
« nahitur a mari usque ad mare, il dominera de l'une à l'autre mer. » On y
ajoutait que le Saint-Esprit, sous la forme d'une colombe, était descendu du
ciel pendant que Grégoire VII disait la messe, & s'était reposé sur son épaule
en lui ombrageant la tête de ses ailes. Plus loin, on le représentait assiégé
dans Rome par les troupes d'Henri IV, éteignant d'un signe de croix l'in-
cendie qu'avaient allumé les soldats de l'empereur. Les actes les plus excessifs
de son pontificat s'y trouvaient d'ailleurs expressément loués 8c proposés,
pour ainsi dire, à l'admiration des fidèles. Ainsi, l'on y félicitait le pape
« d'avoir excommunié & privé de son royaume l'empereur Henri, qui étoit
« tombé dans un abîme de maux, 8< d'avoir absous les sujets de ce prince du
« serment de fidélité. »
Un exemplaire de cet office ultramontain arriva jusqu'à l'évêché de
Montpellier 8c fut mis sous les yeux de M. de Croissy. L'infatigable prélat,
toujours ardent à la lutte 81 d'ailleurs aigri par le concours trop effectif
que l'autorité temporelle prêtait alors en France aux ressentiments de la
Cour romaine, ne laissa point échapper cette occasion de mettre en lumière
les théories ambitieuses qui s'athnnaicnt, à chaque ligne, dans la légende
de Grégoire VII.
1729
I
i7ip
1014 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Il publia k Montpellier, le 3o juillet 1729, un mandement expressément
dirigé contre le bréviaire de Lyon'.
Il y établissait, dès les premiers mots, les bornes infranchissables qui doi-
vent séparer le sacerdoce & l'empire, £<. dont il retrouvait l'origine dans la
parabole évangélique. Il déclarait que la cité de Dieu n'anéantissait point les
devoirs de l'homme envers l'État, 8t que le pape Grégoire VII avait outrepassé
l'autorité légitime de l'Eglise en disposant des couronnes temporelles 8c en
déliant les sujets du serment de fidélité. Répondant au texte même du bré-
viaire, qui faisait du pape Hildebrand le champion le plus héroïque de la foi
depuis les Apôtres, il réfutait cette comparaison par l'histoire des deux pre-
miers Apôtres eux-mêmes, fondateurs de l'Eglise de Rome, qui avaient tou-
jours prêché la soumission aux puissances temporelles. Il rappelait la doctrine
des quatre articles dressés en 1682 par l'assemblée du clergé de France, dans
un esprit directement contraire à celui de Grégoire VII*.
Le mandement se terminait par une condamnation formelle du nouvel
office, prononcée « après avoir pris l'avis de plusieurs docteurs en théologie
« &. d'autres personnes distinguées par leur savoir & leur piété. » L'évêque
condamnait cette « feuille imprimée sans autorité » comme renfermant « une
« doctrine séditieuse, contraire k la parole de Dieu, tendant au schisme,
« dérogeant à l'autorité souveraine des rois 8c capable d'empêcher la conver-
» sion des princes infidèles Se hérétiques; » il en interdisait l'usage dans son
diocèse, sous les peines canoniques, ordonnait d'en apporter les exemplaires
au secrétariat de l'évêché, & exhortait son clergé k demeurer inviolablement
attaché k la doctrine des quatre articles de 1682.
M. de Croissy ne s'en tint pas Ik. Six mois après son mandement, le
3i décembre 1729, il écrivait au roi une longue lettre, qui est une dénoncia-
tion en forme de la légende de Grégoire VIP,
Depuis le premier cri d'alarme de l'évêque de Montpellier, la légende
ultramontaine avait fait grand bruit dans le monde. Le Parlement de Paris
s'en était ému 8c avait défendu de la recevoir dans l'étendue de son ressort.
Deux autres cours souveraines, celle de Bretagne Se celle de Metz, avaient
suivi l'exemple des magistrats de Paris; mais tous les autres Parlements de
France demeuraient muets, 8c celui de Toulouse, dont l'attention avait dû
' M.Tiidement de Monseigneur l'évesqiie de s.iire pnur la pnix publique, & autant avanla-
Montpelliei-, portant condamnation d'une feuille geuse à l'Église qu'à l'État, doit être tenue comme
imprimée qui contient un prétendu office pour la conforme à l'Écriture sainte, à la tradition des
fétc de Grégoire VII. (Euvrcs de M. Colhert, II, Pères de l'Église, &. aux exemples des saints. »
p. 5o(;. (Le mandement est contresigné Cro^.) ' Lettre de Monseigneur l'évesque de Montpel-
' Lî premier article porte : « Que les rois ne lier au Roy, dans laquelle, à l'occasion de la Lé-
cont soumis à aucune puissance ecclésiastique p;ir gciida de Grégoire VII, il montre combien il est
l'ordre de Dieu dans les choses qui regardent le nécessaire de s'opposer nu progrès de la doctrine
temporel; qu'ils ne peuvent être déposés directe- ultramontaine, & qu'autant que les principes des
ment ni indirectement par l'autorité des chefs do constitutionnaires sont favorables à cette doctrine,
l'Eglise; que leurs sujets ne peuvent être exemiés autant ceux des appcUans y sont contraires".
de la soumission qu'ils Isur doivent, ou dispensés „, ^ ,, ^ ,,
j , _ .j rj'i- ■ , ■ , ' fiioTc; .Yf ,U. Co/f'c'r;, II, p. 5i3. — La lettre est datée
du serment de fidélité; que cette doctrine, néces- de Montpellier.
LIV, IV. LA REGENCE ET LOUIS XV, ioi5
être appelée la première sur les nouveautés doctrinales de l'office lyonnais,
n'avait point approuvé par un arrêt les revendications de l'évêque languedo-
cien. M. de Croissv, effrayé du rapide envahissement des idées romaines,
croit reconnaître dans la nouvelle publication une sorte de manifeste des
prétentions de la papauté. Il la rapproche du décret de condamnation ful-
miné récemment contre l'évêque d'Auxerre 8t des mesures oppressives dont la
minorité des prélats français & tous les pieux ecclésiastiques attachés à leur
doctrine sont en ce moment victimes, S<. il y reconnaît les marques d'une
conspiration tramée par « les plus fins & les plus adroits politiques qui soient
« au monde » pour accroître démesurément l'autorité personnelle du pape,
dans l'ordre spirituel, en le substituant à l'Eglise entière, & dans l'ordre tem-
porel en lui attribuant la libre disposition des couronnes. C'est à la fois
comme évêque & comme Français qu'il recourt au souverain, malgré le peu
d'accès que ses ennemis lui ont laissé auprès du trône Si les préventions qu'on
essaie d'entretenir contre lui. Il signale en termes pressants l'ingratitude de
la Cour de Rome, entreprenant de faire rendre vin culte au premier pape qui
a déposé les empereurs, au moment même où Sa Majesté emploie toute sa
puissance à taire recevoir dans le royaume une bulle dont les conséquences
ont été si pernicieuses à la paix de l'Eglise. Il montre les dangers politiques
créés par la nouvelle doctrine. Ce sont les maximes de la Ligue que l'on tend
à renouveler. « La Ligue a enfanté Jean Châtel & Ravaillacj les opinions
« de Grégoire VII ont enfanté la Ligue. »
Il affirme que, sous Louis XIV, une pareille entreprise n'eût jamais été
hasardée. Les complaisances journalières de la royauté pour le Saint-Siège
8<. le progrès croissant des opinions ultramontaines en France l'ont rendue
possible. Il est temps d'arrêter une politique, qui est tour à tour ouverte ou
dissimulée, mais qui poursuit sa marche sans en dévier jamais. Le cardinal
Bellarmin cite dix-huit papes qui, depuis Grégoire VII, ont entrepris dj
déposer les rois, £< seize ou dix-sept souverains que les papes ont voulu
dépouiller de leurs Etats. Dans le nombre, on compte cinq rois de France'.
La suprématie temporelle du pape est hautement proclamée par les docteuri
qui sont le plus en faveur à la Cour de Rome. Baronius traite d'hérétiques
ceux qui ont rejeté la fameuse bulle de Boniface VIII contre Philippe le Bel.
Bellarmin donne la même qualification à quiconque refuse au pape le pou-
voir divin de déposer les rois. L'excommunication suffit, d'après ces fougueux
avocats du sacré collège, pour mettre une couronne à la merci de la papauté j
6c, pour mériter l'excommunication, un souverain n'a qu'à refuser de faire la
guerre quand le pape l'ordonne Se que le bien spirituel de l'Eglise la demande.
Des symptômes caractéristiques montrent que la Cour romaine n'a rien
relâché de ses prétentions. Dans un bref du 6 avril i665, Alexandre VII a
condamné comme téméraire & scandaleuse la censure que la faculté de théo-
logie de Paris avait infligée à Jacques de Vernant, pour avoir osé dire que
• Philippe I", Philippe le Bel, Louis XII, Henri III & Henri IV.
1729
loi 6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Jésus-Christ a donné à saint Pierre & à ses successeurs la même autorité qui
lui est commune avec le Père Eternel. Alexandre VII a fait plus encore; il a
menacé le roi de perdre en un jour, s'il ne faisait révoquer cette censure, la
gloire qu'il s'était acquise en réprimant l'hérésie de Jansénius.
Le père Jouvenci a écrit dans son histoire l'éloge du père Guignard, qui
prêcha jusqu'à la potence le droit de déposer, de combattre & même de tuer
Henri IV, & ce livre même n'a encouru aucun blâme dans la Ville éternelle,
où l'auteur réside.
M. de Croissy énumère quelques-uns des actes les plus contraires au bien
général de l'Eglise, dont cette exagération de l'autorité pontificale a été
l'unique origine : c'est Paul IV, refusant la réunion de l'Eglise d'Angleterre
que lui offrait Elisabeth, parce que cette reine ne voulut point reconnaître
tenir sa couronne du Saint-Siège 5 c'est Paul V, défendant aux catholiques
anglais de prêter le serment demandé par Jacques I", serment qui est pure-
ment conforme au premier article de 1682, 8t qui avait été approuvé par
soixante docteurs de Sorbonne; c'est Innocent X, interdisant aux mêmes
catholiques de souscrire à une simple déclaration négative au Parlement, dont
lord Fairfax avait fait la seule condition du rétablissement de l'Église catho-
lique en Angleterre; c'est Alexandre VII, traitant d'hydre renaissante l'acte
présenté par le clergé 8<. les catholiques d'Irlande au roi Charles II, dans un
esprit identique à celui du serment de Jacques l".
Remontant aux premiers temps de l'Eglise, l'évêque y cherche vainement
la trace de ces prétentions ambitieuses. Pendant dix siècles, jusqu'au pontificat
de Grégoire VII, pas un docteur n'a enseigné qu'il fût au pouvoir des papes
de déposer les empereurs; &, depuis que cette doctrine a été hasardée, de
combien de troubles n'a-t-elle pas été suivie!
Traitant la question théologique, M. de Croissy cherche à prouver qu'à
l'inverse des protestants les iiltramontains s'égarent comme eux en faussant
l'étendue des promesses faites par le Christ à ses apôtres. Les réformés amoin-
drissent ces promesses outre mesure en croyant l'Église catholique tout entière
capable d'erreur; les partisans de Rome les exagèrent en y voyant le gage
d'une autorité universelle Se en les prenant pour base d'une politique obs-
tinée à constituer le pape en maître absolu de l'Église & en dispensateur des
couronnes.
Outre que l'approbation de la légende de Grégoire VII par la congréga-
tion des rites 81 par le Saint-Siège a coïncidé avec les autres démonstrations
de la cour de Rome en faveur de l'autorité personnelle du pape, particuliè-
rement avec les persécutions dirigées contre les défenseurs de l'ancienne
doctrine de l'Église, de façon à rendre indubitable la tactique uniforme du
sacré collège &. l'unité de plan qui a présidé à ces différents desseins, le
prélat signale dans l'abdication volontaire de la plus grande partie de l'épis-
copat français une chance de réussite pour les vues ambitieuses de la papauté.
Les évoques du royaume, qui, malgré la résistance de quelques-uns de leurs
confrères, ont accepté la bulle Unigenkns, se sont enlevé à eux-mêmes le
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1017
droit de mettre obstacle à de nouveaux empiétements. En acceptant comme
une loi les décisions du pape, fortifiées par l'assentiment d'un grand nombre
d'évêques, mais non de l'autorité d'un concile général, les prélats constitu-
tionnaires ont ouvert la France aux plus dangereuses maximes de la politique
ultramontaine. Il ne dépendra plus d'eux que la papauté ne ramène les
peuples au temps où Grégoire VII demandait que chaque maison en France
payât au moins un denier par an au Saint-Père, à titre d'hommage & d'obéis-
sance.
Pour garantir le royaume de cette subversion de principes dont les choses
spirituelles doivent souffrir autant que les temporelles, puisque l'asservisse-
ment des consciences marche de pair avec l'humiliation des couronnes,
M. de Croissy ramène le roi aux invariables traditions de la monarchie. Il
lui montre Charlemagne faisant poser sur l'autel la couronne que son fils
devait porter, & lui ordonnant de se la mettre lui-même sur la tète, pour
marquer qu'il ne la tenait que de Dieu seul; il lui rappelle les remontrances
des États généraux à Philippe le Bel, requérant le roi de garder « la souvc-
« raine franchise de son royaume, & déclarant que le pape Boniface VIII a
<( commis péché mortel en mandant par lettres bullées qu'il étoit souverain
« du temporel. »
En réponse à l'audacieuse entreprise de la Cour de Rome, l'évêque de
Montpellier sollicite l'intervention directe de la royauté. Que l'héritier de
saint Louis demande au pape la suppression de l'office de Grégoire VII, avec
une déclaration contenant le désaveu formel des doctrines qui y sont ensei-
gnées. Si le pape refuse à la monarchie cette légitime satisfaction, c'est au roi
de France, c'est à tous les princes chrétiens, également intéressés dans la
querelle, à en appeler à l'Eglise universelle convoquée en concile général.
En attendant cette grande manifestation catholique, seule capable de rendre
la paix au monde chrétien, que l'on réunisse une assemblée du clergé de
France où soit solennellement renouvelée la déclaration de 1682. Ce ne sera
pas trop d'une pareille démonstration de l'Église nationale pour résister au
courant ultramontain qui, chaque jour, devient plus puissant &. plus dan-
gereux.
Déjà l'autorité de ces maximes gallicanes, que le chancelier Le Tellier
aurait voulu, dit-on, faire enseigner aux enfants dans la moindre école de
village, est singulièrement amoindrie en France. On n'exécute plus l'édit de
mars 1682, qui prescrivait de faire signer la déclaration du clergé à qui-
conque voulait enseigner la théologie dans les collèges des universités. Le
royaume est inondé d'une multitude infinie de jésuites & de religieux
dévoués aux prétentions ultramontaines. « Je les regarde à cet égard, dit
« M. de Croissy, comme des troupes que le pape met en garnison dans
« toutes nos villes 8c nos campagnes à nos dépens. Ils dirigent la conscience
K de la plus grande partie des membres de l'État... Tous ces religieux font
« du pape une espèce de divinité... N'avoir pas pour ses décisions une
" obéissance aveugle, c'est le seul crime qu'ils jugent digne d'être puni, le
1729
n^<J
1018 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« seul en général pour lequel ils croient devoir refuser l'absolution, » Ils ont
inventé, par la plume de l'ancien évoque d'Apt, un nouveau jargon pour
distinguer deux Églises dans l'Église : l'Église décidante, qui est renfermée
dans la personne du pape, & l'Eglise acceptante dans celle des évêques.
En présence de ces nouveautés, le prélat demande pourquoi le manuscrit
de Bossuet, composé pour la défense de la fameuse déclaration, demeure
inédit dans la bibliothèque du roi. « Seroit-il possible que les presses du
« Louvre eussent servi au père Hardouin pour son édition des Conciles, 81
(( qu'un ouvrage fait pour la défense des libertés de l'Eglise gallicane par le
(I plus savant évêque que nous ayons eu ne pût voir le jour! « En même
temps, l'évêque sollicite la protection du roi en faveur de VHistoire ecclésias-
tique de l'abbé Fleury. Depuis la mort de ce pieux auteur, si justement
respecté de son vivant, la calomnie s'acharne contre son œuvre. Elle a été
l'objet de particulières dénonciations. On l'a accusée d'être « le triomphe du
« tolérantisme, de l'hérésie & du libertinage, » 8c M. Stevart, doyen de la
métropole de Malines, en reprochant au continuateur de l'abbé Fleury
d'avoir « loué à outrance les quatre articles » n'a pas craint d'ajouter que
Louis XIV voulait ensevelir dans un éternel oubli la fameuse déclaration.
« Votre Majesté le voit, continue M. de Croissy. Le complot est formé.
<i On ne veut pas qu'il nous reste un seul livre où vos sujets puissent s'ins-
« truire des droits de la couronne 8<. de l'obéissance inviolable qu'ils doivent
« à leur souverain. »
Ainsi la cause des évêques appelants, derniers adversaires des exagérations
viltramontaines, est en même temps celle de la monarchie, où leurs persécu-
teurs cherchent pourtant à les poser en séditieux Se en rebelles. M. de Croissy,
au nom de tous ceux dont il défend la cause, proteste de son invariable fidé-
lité, &, présentant aux yeux du roi le tableau des souffrances qu'endure la
minorité proscrite, il appelle sur elle la bonté & la justice du souverain. Il
demande que les appelants soient affranchis de ces tribunaux d'exception
qui les condamnent sans les entendre 81 rendus à la juridiction des juges
ordinaires, comme tous les autres sujets du roi.
« De cette multitude de personnes, dit-il, qui sont bannies, exilées,
(( emprisonnées pour le prétendu jansénisme, il n'y en a point qui souffre
(( aucun de ces mauvais traitemens pour avoir succombé devant les tribu-
<c naux ordinaires. » Bien loin de là, quelques-uns ont obtenu des parle-
ments des arrêts de défense pour les mettre à couvert des injustices de ceux
qui les poursuivent, 8t la cour de Paris a même adressé des représentations
récentes à cet égard. Pourquoi cette dérogation aux règles générales de la
justice du royaume. Est-ce défiance des magistrats?
« Toutes les parties de la France, poursuit le prélat, sont pleines de ces
« hommes dont l'état parle pour eux-mêmes... Chassés de leur patrie, privés
« de leurs emplois 8<. de leurs bénéfices, renfermés dans la captivité... ils
« habiteroient au milieu de leur peuple s'ils avoient eu pour juges ceux qui
« le sont des criminels publics. Qu'il est triste à des évêques, à des prêtres,
lyiy
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1019
« a des docteurs, à des religieux d'être obligés d'envier à cet égard l'avantage
« qu'ont au moins les assassins Se les voleurs! »
L'évêque de Montpellier termine sa lettre en exprimant l'espérance que
Sa Majesté ne fermera pas l'oreille aux prières des plus soumis & des plus
dévoués de ses sujets, qui demandent seulement l'accès des tribunaux ordi-
naires, la cessation des voies de fait, des interdictions 8c des évocations, si
fréquemment condamnées par des ordonnances solennelles, en un mot la
liberté 8c les règles. C'est en exauçant des vœux si légitimes que le prince
obtiendra la protection de Celui qui s'appelle le fidèle 6- le véritable, qui
juge £• qui combat avec justice.
Les démonstrations de l'évêque de Montpellier contre la légende de Gré- [7J7
goire VII, 8c surtout sa lettre au roi, obtinrent en France une large 8c rapide
publicité. D'une part, tous ceux qui, dans le royaume, ecclésiastiques 8c
séculiers, étaient sincèrement attachés à la doctrine du prélat, s'empressèrent
de répandre un écrit où ils trouvaient exprimés, dans un langage ferme 8c
vigoureux, leurs sentiments personnels 8c la protestation de leur conscience;
Se d'un autre côté, les hommes qui professaient à l'endroit de l'Eglise offi-
cielle, ou même du catholicisme tout entier, des opinions d'hostilité plus
générale, se firent, comme d'habitude, les auxiliaires complaisants de cette
diffusion, heureux de tourner à leur profit les traits d'amertume 8c les accu-
sations peu déguisées de l'évêque languedocien.
Mais la majorité du corps épiscopal fut surtout en grande émotion. Jus-
qu'à ce moment, les prélats constitutionnaires avaient usé 8c abusé de leur
inHuence prépondérante dans les conseils du roi, à la fois pour accélérer leur
propre avancement 8c pour précipiter la ruine de leurs adversaires. La nou-
velle publication les jetait dans une perplexité étrange, en créant pour eux
1 alternative périlleuse de déplaire au pape ou d'éveiller les susceptibilités de
la couronne. Aussi put-on prévoir que la question inopinément soulevée par
M. de Croissy fournirait matière à de longues 8c difficiles discussions dans
l'assemblée du clergé de France, dont la convocation avait été fixée aux pre-
miers jours du mois de juin.
Avant la réunion, le cardinal Fleury trouva l'occasion de s'expliquer avec
l'archevêque de Paris sur les doctrines ultramontaines en fait de pouvoir
temporel, que l'évêque de Montpellier attribuait aux défenseurs de la bulle
Unigenitus, Se M. de Vintimille lui donna l'assurance que tous ses confrères
désavouaient hautement les principes incriminés. Il fut même question
d'adresser une lettre circulaire à tous les évêques de France, pour leur recom-
mander d'interdire la légende dans leurs diocèses, 8c l'on parla d'engage-
ments formels pris avec M. de Vintimille, à l'effet de supprimer l'office de
Grégoire VII.
Un seul prélat représentait le pays de Languedoc dans l'assemblée géné-
rale du clergé : c'était l'évêque de Nimes, Rousseau de la Parisière, délégué
de la province de Narbonne, voisin 8c antagoniste acharné de M. de Croissy,
les provinces d'Albi 8c de Toulouse ayant député deux évêques de Guienne,
ly'ia
I020 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
M. de la Vove de Tourouvres, évêque de R.odez, & Charles-Guillaume Mau-
peou, évêque de Lombez". L'abbé de Foiitfroide, Cossé-Brissac^, grand vicaire
de Lyon, fut nommé agent général, 8c l'assemblée choisit pour son secrétaire
un prêtre du diocèse de Béziers, l'abbé de Valras, vicaire général de l'arche-
vêque de Cambrai^.
On avait déféré au cardinal Fleury, par voie de postulation, la présidence
honoraire de l'assemblée. Le cardinal-ministre accepta l'hommage & se rendit,
le g juin, au couvent des grands augustins, où il fut solennellement reçu.
Dans la harangue de remerciement qu'il adressa au clergé, il effleura néces-
sairement la grande question des appelants, qui, depuis tant d'années, agitait
l'Église & le royaume, mais ce fut pour prêcher la modération 8c la réserve,
tout en se montrant ouvertement favorable aux opinions de la majorité. Il
recommanda « d'éloigner jusqu'au plus léger prétexte de division, de n'avan-
(i cer comme certain que ce qui étoit incontestablement reçu pour tel, Se de
« ne pas prétendre assujettir les autres à ce qui n'est que simple opinion. »
Il termina par une allusion directe à la lettre de Montpellier 8t prononça,
au sujet des devoirs politiques de l'épiscopat français, quelques phrases qui
étaient une véritable mise en demeure aux membres de l'assemblée d'avoir à
désavouer en termes exprès les sentiments par trop romains que l'on prêtait
au premier ordre ecclésiastique. « Personne n'ignore, dit-il, avec quel artifice
« 8c quelle mauvaise foi les novateurs cherchent à répandre d'injustes soup-
« çons contre le clergé de France » 11 traita les principes ultramontains
d'opinions « aussi injurieuses au pouvoir temporel de nos rois qu'opposées
« aux anciennes maximes que les évêques de France avoient dans tous les
« siècles si constamment défendues, » 8c, en déclarant qu'il ne voyait là
qu'une « indigne accusation sans vraisemblance, » il donna à comprendre
qu'il était de l'honneur du clergé de s'expliquer sur cette calomnie d'une
manière à fermer la bouche aux accusateurs 8c à déconcerter leur malignité.
M. de Vintimille, dans sa réponse, rappela au cardinal leurs entretiens
particuliers, 8c lui donna de nouveau l'assurance que l'assemblée ne se sépa-
rerait point sans donner au roi une explication satisfaisante.
M. de Croissy, qui, grâce à d'activés correspondances, suivait du château
de la Vérune tout ce qui se préparait dans les bureaux du clergé Se dans les
' Procès-verhaux des assemblées du clergé de ' Emmanuel-Henri -Timoléon de Cossé de Bris-
France, VU. — Les députés du second ordre sac, docteur de Sorbonne, aumônier du roi, abbé
étaient : pour la province de Narbonne, Charles de Notre-Dame de Fontfroide & de la Sainte-
de Pérussy, sous-diacre du diocèse d'Avignon, Trinité de Fécamp, prieur de Saint-Rambert en
chanoine d'AIais; — pour la province d'Albi, Forez.
Antoine-Cleriadus de Choiseul-Beaupré, sous-dia- ' Henri-Constance de Lort de Sérignan de
cre du diocèse de Langres, bachelier en théologie Valras, docteur en théologie de la Faculté de
de la Faculté de Paris, chanoine de l'Eglise de Paris, maison & société de Sorbonne, abbé com-
Mende; — pour la province de Toulouse, René inendataire de l'abbaye de Paimpont, pourvu
de Sesmaisons, prêtre, aumônier du roi, abbé de de deux chapelles nommées l'une de Texieres £t
Saint-Clément de Metz, prieur de l'Herm d'Aigas, l'autre de Mauvoyers, desservies en l'église pa-
au diocèse de Toulouse, vicaire-général de l'évéque roissiale du bourg de Coupéchanières, au diocèse
de Poitiers. de Luçon.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. loîi
salons de Madame de Tencin, lieu ordinaire des réunions épîscopales, soup-
çonnait de grandes violences, même des voies de fait projetées, Se s'inquiétait
de voir siéger dans l'assemblée quelques-uns de ses plus déterminés adver-
saires : l'évêque de Nimes d'abord, qu'il regardait comme l'âme de toutes les
hostilités; l'évêque de Marseille, François-Xavier de Belsunce, qui soutenait
en ce moment même contre lui une polémique très-ardente, Si les trois évê-
ques d'Autun, de Glandèves 8c de Grenoble, qui, en prenant part au concile
d'Embrun 8<. à la condamnation de l'évêque de Senez, avaient donné des
preuves de leurs dispositions. Il fondait seulement, sur la bonne volonté de
l'archevêque de Sens, quelques espérances qu'atténuaient journellement les
nouvelles de la santé de ce prélat, de plus en plus compromise'. Faute de
champions sérieux dans l'assemblée, l'évêque de Montpellier songeait déjà à
se mettre en défense. Le 7 août, il écrivit de la Vérune aux avocats du Parle-
ment de Paris, qui s'étaient démontrés en faveur des évêques de Senez &
d'Auxerre, pour leur demander conseil sur la conduite à tenir en vue de pré-
venir toute délibération préjudiciable à sa doctrine, ou de se pourvoir contre
de telles mesures si elles aboutissaient.
Le lendemain même du jour où partait cette lettre, la première attaque se
démasqua. Ce fut l'évêque de Nimes qui la conduisit. M. de la Parisière,
qui, le jour de l'ouverture des séances, avait prêché un sermon dont l'arche-
vêque de Paris loua l'éloquence & la vigueur, fît un rapport sur la demande
de concile métropolitain, dont la province de Narbonne l'avait chargé.
Après quelques considérations générales sur l'utilité de ces assemblées, sur
l'ancienneté de leur tradition dans la- monarchie & les regrets qu'éprouvait le
clergé de France d'avoir vu abandonner, dans le cours du siècle précédent,
la périodicité de ces réunions, l'évêque de Nimes décocha quelques traits
contre le jansénisme, « cette hérésie si constamment foudroyée, cette hérésie
« également artificieuse & indocile, qui, tant de fois renaissante, repliée
« chaque jour en tant de formes, si féconde 8c si inépuisable en subterfuges,
« 8c toujours forcée dans ses retranchemens par autant de victoires complètes
« qu'elle a hasardé d'entreprises, ne subsiste que dans une invincible obsti-
« nation de quelques esprits déterminés à tout tenter. »
11 fit le tableau le plus sombre de l'état des esprits en France, dénonçant
l'indocilité des peuples, autrefois fidèles, le scandale des simples, l'oubli 8c le
mépris de toutes les pratiques de piété, l'anéantissement de toute subordina-
tion, l'esprit d'incrédulité prenant absolument le dessus, 8c il n'hésita point,
selon l'usage, à rejeter sur les « novateurs » la responsabilité de ce grand
désastre. Venant au mandat spécial qu'il avait reçu de sa province, il rappela
que cinq ans auparavant des démarches s'étaient faites dans le même but,
avec l'adhésion 8c l'appui de l'assemblée du clergé. Il n'oublia pas de se pro-
noncer, en passant, sur l'inutilité d'un concile œcuménique, l'état de la foi,
' « J'appris hier, écrivait M. de Croissy à l'évê- lui prolonger les jours encore quelijiie temps. Vous
que d'Auxerre, <]ue M. de Sens ne se porte pas en devinez la raison. »
bien & qu'il ne sauroit aller loin. Je prie Dieu de
1730
i73o
1012 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
très-décîdéc, ne l'exigeant pas 8c défendant même de le réclamer comme néces-
saire; 8<. en exposant les besoins particuliers de la province de Narbonne,
dont les principaux, ceux du moins que l'on avouait, étaient le régime des
protestants & la nécessité d'établir une discipline uniforme pour les baptêmes,
les mariages 8c les sépultures des non-catholiques, il trouva l'art d'attribuer
aux « conjonctures présentes » l'éloignement de plus en plus marqué dont les
nouveaux convertis faisaient preuve à l'égard du catholicisme, 8c de rappeler,
par une incidente expressive, les succès récents qu'avait obtenus dans l'Eglise
l'assemblée célèbre, flétrie par les jansénistes du nom de brigandage d'Em-
brun. Quelques phrases laissaient poindre l'espérance d'un concile national
destiné à « fixer dans tout l'épiscopat l'unité de vigilance Se d'action »
(( La censure de quelques coupables, poursuivait l'évêque, est la sauvegarde
« de l'innocence. » Cette courte déclaration 8c le souvenir du concile d'Em-
brun, qui avait condamné l'évêque de Senez, donnaient le secret des causes
réelles qui avaient inspiré la demande de concile. Ainsi, M. de la Parisièrc,
sans prononcer un mot qui fût directement contraire a ses devoirs personnels
envers son collègue de Languedoc, avait, en réalité, ouvert la campagne, £c
préludé, par une sorte de réquisitoire voilé, à tous les actes d'hostilité qui ne
devaient pas tarder à se produire.
L'assemblée, après une allocution favorable de l'archevêque de Paris,
accorda l'insertion de la demande au cahier de l'année 8c prescrivit qu'il en
serait fait mention, devant le roi, dans le discours de clôture. Alors, M. de
Vintimille, reprenant sa harangue, aborda ouvertement le sujet qui préoccu-
pait tous les esprits, mais non sans l'envelopper encore de précautions ora-
toires : « 11 n'y a, dit-il, aucun de Messeigneurs ni de Messieurs les députés
« qui n'ait entendu parler d'une lettre adressée au roi sous le nom de Moi\-
<( seigneur l'évêque de Montpellier. La considération que j'ai pour ce prélat
« ne me permet pas de croire que celte lettre soit de lui; mais l'aftectation
<( qu'on a eue de la répandre demande qu'on en prenne connoissance. » La
question fut renvoyée aux commissaires de la juridiction.
L'évêque de Nimes faisait partie de la commission juridictionnelle; mais il
s'effaça discrètement 8c refusa de siéger au bureau pour juger son cosuffra-
gant. Ce fut l'archevêque de Bordeaux, François-Honoré de Maniban, qui
lut le rapport. Il dénonça, au nom de ses confrères, « l'esprit de révolte Se de
« schisme, on pourroit même dire d'hérésie, » qui éclatait à chaque ligne dans
la lettre de Montpellier, déclara toute la compagnie atteinte par cette injure,
8c obligée de se défendre à la Cour des soupçons d'infidélité qu'on cherchait
à répandre contre elle. Un projet de lettre au roi fut présenté.
La missive épiscopale, soigneusement élaborée par les théologiens de la
compagnie, fut mise au net Se lue en séance le ii septembre. Il était d'usage
que les lettres écrites en corps par l'assemblée du clergé de France fussent
seulement signées du président Se du secrétaire; mais, à cause de l'importance
du sujet, on résolut de déroger à la tradition, 8c afin de donner, s'il était
possible, un caractère plus authentique Se en même temps plus individuel à
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV.
I023
l^'io
l'exposé des sentiments de l'épiscopat hançais sur une matière aussi intéres-
sante pour la religion que pour le service du roi, tous les assistants signèrent.
Il y avait cinq archevêques, ceux de Paris, de Rouen, de Bourges, d'Aix Se
de Bordeaux, neuf évoques, ceux de Léon, de Marseille, de Rodez, de
Lombez, de Glandève, d'Aire, d'Autun, de Boulogne Se de Grenoble, & dix-
neuf abbés, députés du second ordre'.
Le vieil archevêque de Sens, Bouthilier de Chavigny, avait seul refusé de
s'associer aux démarches de l'épiscopat. Abattu & malade, malgré le haut
rang qu'il occupait dans l'assemblée dont il était un des seconds présidents,
il n'avait pas eu l'énergie de résister au courant & s'était retiré dans son dio-
cèse, chargeant l'abbé de Chamron, député de sa province^, de présenter ses
excuses à la com.pagnie.
Au nombre des signataires, un seul devait causer à M. de Croissy une dou-
loureuse surprise; c'était l'évêque de Rodez, M. de Tourouvres, sur l'amitié
& la constance duquel il croyait pouvoir compter^.
L'archevêque de Bordeaux, les évêques d'Aire, d'Autun & de Boulogne, &(.
les abbés de Montferrand, d'Estoublon , de Néel 8c de Sesrnaisons, furent
chargés de présenter la missive au roi, ce qu'ils firent à Versailles le i3 sep-
tembre, conduits par le cardinal-ministre en personne.
Cette lettre, conçue en termes amers, trahissait une sorte de lassitude en
même temps qu'une animosité profonde contre l'évêque de Montpellier.
Elle rangeait son dernier écrit au nombre des manœuvres que la licence 8c
la mauvaise foi faisaient entreprendre pour renverser le jugement de l'Église;
elle accusait le prélat d'avoir cherché, par sa lettre téméraire 8i séditieuse,
répandue avec affectation dans le public, à décrier auprès du souverain le
premier ordre de l'État. E'.lle lui reprochait d'emprunter aux auteurs protes-
tants les faits Si les termes les plus odieux pour ébranler la foi religieuse des
' Voici les noms des signataires de la lettre au Montferrand, Vaulserrc, Maiigiron, Brissac, Val-
Arclievêques : Paris, Chnrlcs-Gaspnrd-Giiillaiime
de Vintimille; — Rouen, Louis de la Vcrgne de
Tressan; — Hourges, Fiédéric-Hiérôme de Roye de
la Rochefoiitaultj — Âix, Jean-Baptiste-Antoiue
de Brancas; — Bordeaux j François- Honoré de
M a n i ba n .
Evèques : Léon, Jean-Louis de la Bourdonnayej
— Marseille, François-Xavier de Beisunce de Cas-
tclmoron; — Roilc^, Jean-Armand de la Vovc de
Tourouvres; — Loniie^, Charles- Guillaume de
Maupeou; — GlanJève, Dominique-Laurent de
Grillon; — Jire, Gilbert de Montmorin de Saint-
Hérem; — Autun, Antoine-François Blisterstvich
de Moncley; — Boulogne, Jean-Marie Hcniiau;
— Grenoble, Jean de Caulet.
Abbés de Cosnac, Chamron, Néel, Coetloscguet,
Castellanc, Basterot, Marbeuf, Estoublon, Pérussy,
Ghoiseul, Sesmaisons, Hugues, Kerdu, Marnésia,
' Nicolas de Vichy de Chamron, sous-diacre du
diocèse de Paris, bachelier en théologie de la Fa-
culté de Paris, abbé commendataire de l'abbaye
royale de Saint-Calais 8( chanoine de l'église col-
légiale de Brienon-l'Archevéque.
' « Le pauvre M. de Rhodez s'est barbouillé
d'une étrange sorte. Il prétend néanmoins hua
blanc comme la neige. Il dit qu'il n'a signé la
lettre que comme un juge qui, ayant donné sa
voix pour sauver l'innocent, ne laisse pas de
signer avec la pluralité le jugement qui le con-
damne à mort. Vous souvenez-vous. Monseigneur,
d'avoir lu dans l'histoire ecclésiastique un pareil
trait? Celui-ci étoit réservé pour le dix-huitième
siècle ', Il
' Œuvres de M. de Colbert, III, ,1^7. Lettre à M. l'^vCquc
de Scne». 3 novembre 1 730.
—^ — 1024 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
peuples, de chercher à faire naître de vaines terreurs au milieu d'une tran-
quillité profonde en dénonçant des complots qui n'avaient aucune réalité;
elle attribuait ses « vaines déclamations 8c ses imputations calomnieuses « au
désir de faire oublier « ses propres excès » & de couvrir, « à l'ombre d'un zèle
« amer Se déplacé, les erreurs qu'il débite 8c le scandale qu'il donne dans
« l'Église. » La légende de Grégoire VII était d'ailleurs, comme l'attendait la
Cour de Versailles, complètement sacrifiée. L'assemblée déclarait que cette
légende n'avait été adoptée dans le royaume par aucun évêque, 8c que l'usage
n'en serait permis dans aucun diocèse français. Elle protestait de sa soumis-
sion parfaite, en matière temporelle, à l'autorité du roi. Répudiant toute
connexité entre la bulle Unïgenitus 8c les doctrines de la légende, privées du
caractère imposant d'un acte dogmatique adressé à l'Église entière 8c accepté
par le corps épiscopal, les prélats s'attachaient ensuite à faire ressortir l'infime
minorité des appelants, les résistances de « quatre ou cinq évêques réfrac-
« taires, » habiles à enfler leurs listes d'adhésion par des noms de prêtres, de
simples clercs 8c de laïques, ne pouvant être mis en regard du concert presque
unanime de l'épiscopat français. A de violentes invectives contre le jansé-
nisme, cette M secte réduite 8c resserrée dans un coin de la terre, où elle seroit
(( absolument ignorée si elle ne se faisoit connoître par ses clameurs 8c son
« déchaînement contre les puissances les plus respectables, « succédait une
peinture de l'affaiblissement de la foi 8c de la discipline ecclésiastique :
« Nous le disons avec douleur, la subordination s'affoiblit : le simple prêtre
<( se met au rang des premiers pasteurs, — les simples fidèles, les personnes
(( même du sexe osent opposer leurs jugements aux décisions du corps des
(( pasteurs la foi se perd, les hérétiques triomphent, 8c l'incrédulité, plus
« redoutable que l'hérésie, profite de ces divisions. »
Comme remède à ces maux, on renouvelait au roi la demande d'un concile
clans la province de Narbonne, en avouant cette fois que la nécessité d'arrêter
les pernicieux écrits dont l'évêque de Montpellier osait s'avouer l'auteur •était
un motif particulièrement pressant pour désirer une assemblée canonique, 8v
l'on avait soin d'ajouter, pour mieux intéresser le pouvoir royal aux ressenti-
ments de l'épiscopat, cette phrase prophétique :
« Quiconque ne se conduit que par des principes arbitraires, n'est guère
« éloigné de se porter bientôt au mépris de toute autorité 8c à l'amour de
« l'indépendance. »
Les résultats de cette missive ne se firent pas attendre. Deux jours après
qu'elle eut été signée, un commissaire, accompagné du commandant du guet,
d'exempts 8c d'archers, se présenta brusquement au logis de l'abbé Dilhe,
agent de l'évêque de Montpellier à Paris. Les portes furent enfoncées; les
archers, croyant que l'agent se tenait caché dans quelque réduit de sa
maison, déclarèrent qu'ils l'emmèneraient vif ou mort. L'ecclésiastique, trop
instruit par l'expérience de six mois de Bastille qu'il avait subis quatre ans
plus tôt pour des causes analogues, s'était mis en lieu de sûreté. On fit les
perquisitions les plus exactes dans son appartement, dans ses papiers, dans
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. io:5
ses livres; on inventoria les meubles, on posa le scellé, on y établit une gar-
nison. L'abbé Dilhe partageait depuis plusieurs années son logement avec un
prêtre de ses amis, nommé Nivelle. On s'empara de ce personnage, & on le
conduisit à la Bastille. On emprisonna, malgré ses infirmités 8c une santé
des plus délicates, un autre prêtre du diocèse de Montpellier, M. Joubert,
qui se trouvait alors à Paris, & que l'on supposait coupable de rendre quel-
ques services à son évêque. C'était comme un renouvellement des procédés
par où M. de Tencin avait préludé au concile d'Embrun '.
Le jour même où s'exécutaient ces mesures rigoureuses, le roi donnait
audience, dans ses grands appartements de Versailles, aux membres de l'as-
semblée générale du clergé. Le cardinal Fleury les était venu rejoindre dans
la salle des Ambassadeurs, où le comte de Maurepas 8c le marquis de Brézé
les attendaient. Pvangés deux à deux, les prélats en rochet 8c. camail violet,
les abbés en manteau long 8c bonnet carré, salués au passage par la haie des
gardes du roi 8c par l'ouverture des portes à deux battants, les représentants
de l'Église de France arrivèrent devant Louis XV ayant à leur tête l'évêque
de Nimes, leur orateur, entre le cardinal-ministre &c l'archevêque de Paris.
M. de la Parisière, en félicitant le roi de la naissance du duc d'Anjou,
parut d'abord vouloir taire oublier à force de flatteries les soupçons qui sem-
blaient se répandre sur le patriotisme du clergé français. Il exalta comme
une bénédiction de Dieu cette heureuse fécondité qui, en affermissant de
plus en plus la tranquillité de l'Eairope, préparait, dans le sang royal,
d'immortels appuis à la cause de l'Eglise 8c peut-être des souverains à l'uni-
vers. Il adressa à la personne du prince des louanges que l'histoire a peu
confirmées, saluant en Louis XV « un roi chez qui les jeux de l'enfance n'ont
(i jamais fait perdre le sérieux de la royauté, qui n'est ni gouverné par l'iui-
« meur, ni dominé par les passions, 8c dont les innocens 8c nobles amusemens
i< ne ressentent point un esprit occupé d'objets frivoles, ni un cœur amolli
« par la volupté. »
Passant aux questions du jour, l'évêque de Nimes se plaignit de la préven-
tion déclarée qui existait encore contre un jugement de l'Eglise revêtu de
l'autorité royale, 8c qui déterminait trop légèrement les esprits à reprocher
de la précipitation 8c de l'inquiétude aux démarches de l'épiscopat contre les
réfractaires. Il demanda ensuite le rétablissement des conciles provinciaux
dans toutes les églises de France, mais en particulier dans les diocèses de la
province de Narbonne, où les besoins, dit-il, étaient fondés sur plus de
raisons qu'il ne lui était permis d'en exposer à Sa Majesté.
TjC mot de concile lui donna l'occasion d'émettre, en termes presque hau-
taii'.i, une théorie fort décidée sur les droits épiscopaux, afin que tout en
sollicitant l'appui très-effectif de l'autorité temporelle, il ne parût pas faire
au pouvoir roval une concession compromettante.
u Ce sont les évêques, Sire, 8c les évoques seuls qui sont juges de la foi.
■ (Surres Je M. Colhert, II, 566. Lettr" pastorale sur la lettre de l'assemblée du clergé.
Xlir. (55
1730
I73*i,
1016 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
<( C'est à eux qu'il appartient d'en décider les dogmes, de les expliquer, de
« les garantir, d'en établir également la certitude 8c l'œcuménicitè... Vous-
ci même, Sire, vous ne les tenez que de nous; 8c ce n'est qu'après les avoir
» reçus de notre bouche que vous en prenez la défense. »
Suivaient des plaintes amères contre le mouvement de l'opinion, les progrès
de l'esprit d'examen, les écrits séditieux de quelques curés de Paris contre-
disant publiquement le mandement de leur archevêque, l'attitude hostile
d'une partie de la magistrature, huit arrêts de défense rendus en parlement
pour imposer silence à de saints 8c judicieux prélats.
L'évêque de Montpellier ne fut point nommé, ni désigné par des allusions
trop directes. Mais la harangue se termina par une protestation de dévoue-
ment qui était en même temps une attaque :
<( Nous ne vous dirons pas. Sire, que vous ne trouverez qu'en nous seuls
« la vérité, la fidélité, le courage : nous ignorons ces expressions fastueuses
<i qui, par une ambitieuse préférence, dégradent tous vos fidèles 8c chers
K sujets... Dans votre empire, où Votre Majesté est chérie, respectée, 8c, s'il
« nous est permis de nous servir d'un terme consacré par l'usage, adoré de
« ses peuples, nous ne lui connoissons d'autres ennemis que ceux qui nous
« accusent de l'être. »
La terre d'Aps, en Vivarais, qui jouissait, depuis des siècles, d'un siège
aux États particuliers de ce pays 8c du droit d'entrée de douze en douze
ans aux Etats généraux de la Province, fut dépouillée de cette double préro-
gative par lettres patentes du mois d'octobre lySo. Le titulaire de ce fief
représentatif était le vicomte de Beaune, qui en remit la démission entre les
mains du roi.
Le titre de baronnie des Etats fut en môme temps transféré sur les terres
de Saint-Remèze 8t de Charmes, situées aussi en Vivarais 8c dans le même
bailliage.
C'était une ancienne propriété du prince d'Harcourt, qui l'avait vendue,
depuis plusieurs années déjà, à un chevalier non profès de l'ordre de Malte,
Joachim de Faïn de Rochepierre, membre de cette famille de syndics parti-
culiers de Vivarais qui fit un si grand chemin dans l'administration provin-
ciale. Le chevalier, par une donation entre-vifs", abandonna ces domaines à
son frère Placide^, qu'on appelait le comte de Rochepierre 8c qui devint
baron des Etats ^.
La conservation 8c l'accroissement des bois que la culture ou le gaspillao-c
avait encore épargnés en Languedoc ne cessaient point de préoccuper l'admi-
' Acte du 5 octobre lySo, retenu par Chèvre & montant à l'année 1406. Sa mère était une Latier
Caron, notaires au Châtelet de Paris. de Saint-Vincens, d'une famille de Dauphiné.
' Joseph-Placide de Fayn, comte de Rochepierre Lui-même avait été admis dans l'ordre de Malte,
& de Saint-Remèze, seigneur de Saint-Julien, avec deux de ses frères. Il prêta serment aux
Charmes & autres places, était un ancien maistre Etats, entre les mains de l'archevêque de Toulouse,
Je camp de dragons. dans la séance du 19 janvier 1782.
La noblesse de ses ancêtres paternels put être ' Procès-verbal des États, Séances du 9 & du
prouvée jusqu'à la neuvième génération, en re- iS janvier lySj.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1027
nistration provinciale, mais rencontraient de grands obstacles dans les habi-
tudes destructives des populations. Après les mesures prises contre les ravages
des chèvres, il fallut songer à une autre cause de ruine aussi fréquente &
dont les effets n'étaient pas moins désastreux. Sous prétexte d'avoir des her-
bages dans l'automne pour leurs troupeaux, les bergers étaient dans l'usage de
mettre le feu aux chaumes, aux haies Se aux buissons. Se d'incendier même de
vastes plaques de landes ou de bruyères; on voyait parfois la flamme courir
sur des garrigues considérables. Le vent, qui est l'hôte familier du pays,
charriait au loin les étincelles, 8<. le feu se communiquait ainsi aux taillis
de chênes verts ou aux plantations d'oliviers. L'abbaye de Franquevaux, le
chapitre de Saint-Gilles, celui de Nimes Se plusieurs communes du même
diocèse, souftrirent grandement de ces imprudences, sans qu'il fût jamais
possible d'en connaître les coupables. Un usage aussi désastreux ne pouvait
que rendre impuissants les efforts de la Province. La vérification minutieuse
qu'avait opérée M. Teissèdre, lieutenant en la maîtrise des eaux S<. forêts de
Montpellier, pour mettre en réserve, dans le territoire des communes, les
quartiers de garrigues, de landes Se de bruyères qui pouvaient produire du
bois à brûler, Se les défenses réitérées par le conseil d'arracher les jeunes reje-
tons, seraient demeurées sans effet, si les méfaits des incendiaires n'avaient
pu être prévenus. Aussi le syndic de la Province en fit-il l'objet d'une requête
au conseil d'Etat, qui édicta pour la matière une pénalité spéciale.
Toute personne, sans distinction, reconnue coupable d'avoir mis le feu aux
chaumes Se aux terres vagues connues en Languedoc sous le nom de garri-
gues ou devois, était, pour la première fois, atteinte de punition corporelle S<.
de cent livres d'amende, attribuées, par portions égales, au roi, aux hôpitaux
Se au dénonciateur. En cas de récidive, on assimilait le coupable aux incen-
diaires publics, les maîtres demeurant civilement responsables de l'imprudence
de leurs valets. Les consuls étaient autorisés à poursuivre les délinquants aux
frais des communes, sous la surveillance de l'intendant de la Province Se avec
le concours du grand-maître des eaux Se forêts de Languedoc '.
Le conseil d'État, prévoyant les oppositions Se les embarras que ne man-
queraient pas de soulever les prétentions domaniales S< les conflits de juritlic-
tion, eut soin de s'en réserver la connaissance Se de l'interdire à toute autre
cour de justice *.
Mais il a toujours été plus facile d'établir des prohibitions que de les faire
observer. Cinq ans après la décision du conseil d'Etat, le syndic général se
plaignait encore de la fréquence des incendies Se sollicitait une nouvelle
intervention de l'intendance pour assurer l'obéissance des paysans. M. de
Saint-Maurice prescrivit de réimprimer Se de placarder dans toutes les com-
munes l'arrêt de lySo, Se fit stimuler de son mieux par ses subdélégués la
vigilance des consuls 3.
' Anceau de Lavelunet, granJ-niaîtrc des eaux Arrct du conseil d'Etat, donné à Versailles le
& forêts au département de Languedoc. 3i octobre 173o; M. Orry, rapporteur.
' Rccucit dci édits & arrùls de Languedoc. lySj. ' Recueil des idilsS- arrits de Languedoc. x-jZ^i.Oi-
lySo
llil
1228 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le premier volume de VHistoire de Languedoc parut dans le courant de
l'année lySo, avec grand succès. Les députés de la Province le présentèrent
au roi, aux princes du sang, aux ministres, à plusieurs conseillers d'État S<. à
divers personnages de distinction.
Chacun des membres titulaires de l'assemblée des États en reçut un exem-
plaire par les soins de M. de Montferrier, syndic général, qui en fit expédier
également à toutes les villes principales de Languedoc.
Quant à la carte de la Province que les États avaient demandée à la Société
des sciences de Montpellier, il en fut présenté quelques portions par MM. de
Plantade 8c de Clapiès.
M. de Plantade avait levé la carte du diocèse de Narbonne, mise en état
d'être gravée. Celle des diocèses d'Agde Se de Béziers, par M. de Clapiès,
n'était pas encore aussi avancée. Les deux ingénieurs, qui avaient consacré
cinq mois à ce travail, apportèrent en même temps un mémoire donnant le
détail de leurs opérations & des curieuses découvertes qu'ils avaient eu l'occa-
sion de faire.
Les Ltats votèrent dix mille livres pour la continuation de l'histoire & de
la carte. Si firent payer deux raille livres à M. de Plantade, 8c quinze cents
à M. de Clapiès '.
Les frontières de la Province, du côté du Rouergue, n'étaient pas plus
nettement définies que dans la direction de l'Auvergne 8c du pays de Foix.
Le défaut d'une constatation authentique S< légale y produisit les mêmes
inconvénients.
En 1729, les consuls de Perroudil en Rouergue crurent pouvoir com-
prendre dans leur taillable certains fonds de terre dépendant de la commu-
nauté languedocienne de Milhars.
Les propriétaires de ces champs, qui payaient déjà leurs impositions au
Languedoc, s'adressèrent à la cour des aides de Montpellier; c'était donner
naissance à un conflit de juridiction, puisque le ressort de la cour des aides
ne s'étendait pas hors de la province de Languedoc Se que la question de
compétence renfermait la ditficulté tout entière.
Les États, sur la requête du syndic général Favier, se déclarèrent intéressés
dans la querelle, s'agissant d'une délimitation de territoire, 8c sollicitèrent
l'évocation au conseil Si l'instruction de l'affaire par les intendants des deux
généralités, d'après la jurisprudence adoptée en 1704, 1708 8c 1717, lors des
contestations analogues survenues entre la Province 8c celles d'Auvergne, de
Foix 8c de Forez ^.
Le personnel des agents provinciaux s'accrut, en t73i, d'un médecin. Ce
fut l'archevêque de >Jarbonne qui en fit la proposition à l'assemblée. Il rap-
pela que les États avaient, en différentes occasions, pensionné des médecins
ou des chirurgiens pour le secours des peuples; depuis quelques années, les
donnnnce de l'intendant de Languedoc, donnée à ' Piocès-veibal des États. 3o janvier 1731.
Montpellier le 3 septembre lyS.") ' Procès-verbal des États. 8 janvier i73i.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1029
États se trouvaient dans la nécessité de s'assembler en différentes villes, qui
ne présentaient pas toujours les ressources nécessaires. On jugeait donc conve-
nable d'assurer, par des précautions particulières, la conservation de per-
sonnes si importantes pour le bien du pays.
L'archevêque avait son candidat tout prêt pour la nouvelle charge provin-
ciale. C'était un docteur en médecine de la faculté de Montpellier, Gaspard
Pailhoux, « qui, par une connoissance parfaite de son art, jointe à une
« pratique des mieux suivies, s'étoit attiré l'estime des savans 8c la confiance
« des malades. »
Gaspard Pailhoux fut agréé comme médecin des Etats, aux appointements
annuels de deux mille livres. Ses obligations étaient de se trouver à la suite
de l'assemblée en quelque lieu qu'elle fût réunie, pendant toute la durée de
la session, Se d'y donner des soins gratuits aux membres des États qui les
réclameraient. On lui interdisait de s'absenter ou de se donner un substitut,
à moins d'autorisation spéciale'.
Les États reçurent d'un Marseillais, nommé Grâce, un placet relatif à
l'invention d'une machine destinée au creusement des ports. L'inventeur
prétendait décupler par son procédé l'action des forces mécaniques antérieu-
rement usitées.
L'assemblée renvoya l'examen de la machine à la Société des sciences de
Montpellier fit aux ingénieurs du roi qui dirigeaient les travaux du port de
Cette \
Elle accorda, dans la même séance, une gratification de deux cents livres
à un maître constructeur, du nom de Bouvier, qui avait fabriqué un appareil
pour conserver les essieux des roues de pontons employés au port de Cette.
Un industriel français, établi en Suisse depuis quarante-cinq ans, & con-
naissant l'intérêt que les États de Languedoc portaient au développement des
manufactures, soumit à l'évêciue de Béziers la proposition de fonder une
fabrique de fer blanc dans le territoire de la Province. Cet homme était
Rouergat, né à Millau, 8c s'appelait Pierre Alary. Il habitait Rions, auprès
de Genève. Communiquée à tous les personnages importants de l'adminis-
tration provinciale, cette offre fut accueillie avec faveur; elle reçut une
approbation chaleureuse du contrôleur général.
L'archevêque de Narbonne obtint du roi un passeport pour Pierre Alary,
qui fit le voyage de France avec deux de ses fils. On s'attendait à conclure
l'affaire avant la séparation des États-'. Mais, arrivé à Nimes le 25 janvier lySi,
Alary tomba malade le lendemain Si les négociations furent suspendues.
Néanmoins, les États donnèrent à l'archevêque de Narbonne 8c à quatre
commissaires"* le pouvoir de régler toutes les questions d'établissement Se
allouèrent une subvention de dix mille livres"'.
' Procès-verbal des EtafJ. Séance du 26 j.invitr * L'évèqiic de BézierS, le baron de Villeneuve,
iy3i. les consuls de Narbonne & de Béziers.
* Procèi-verbal des États. i5 janvier i-jii. ' Procès-verbal des Etats. Séance du 1"^ février
' Procès-verbal des États. 26 janvier 1731. ryTi.
lyai
771 io3o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les commissaires engagèrent Alary à visiter les forges de la Province, pour
choisir le lieu le plus convenable où poser sa manufacture. On lui donna
un hojnme de confiance qui l'accompagna dans sa tournée; plusieurs essais,
faits en sa présence, donnèrent d'excellents résultats; mais on ne tarda pas à
se convaincre, que, tout calculé, le prix de revient des fers blancs de la
manufacture projetée dépasserait sensiblement celui de l'importation étran-
gère. La commission jugea donc prudent de ne pas aller plus avant & ren-
voya les trois émigrés à Genève aux frais de la Province. On leur paya une
indemnité de voyage 6<. de séjour de 2 710 livres'.
Le 27 juillet i73i, l'archevêque d'Albi, rapporteur de la commission des
manufactures, annonça aux t,tats que la fabrique de toiles façon de Rouen,
établie dans son diocèse sous la direction de Séré, n'avait point réussi.
Comme le traité conclu avec cet industriel expirait cette même année, on ne
jugea pas opportun de le renouveler, Se l'on se contenta de payer les sommes
qui avaient été convenues, à titre d'indemnité. La principale cause de l'échec
de cette entreprise était, paraît-il, la répugnance des habitants à quitter leurs
usages traditionnels. Us n'employaient leurs chanvres qu'à fabriquer des toiles
grossières ou des cordages 5<. ne se prêtaient pas aux innovations. Sur l'avis
du contrôleur général, on essaya de remplacer l'établissement supprimé par
vine manufacture de petites étoffes de laine, vieille industrie locale, qui avait
autrefois donné des bénéfices, mais qui, depuis plusieurs années, se trouvait
en complète décadence.
La déclaration de 1684, concertée par les Etats de Languedoc avec l'inten-
dant d'Aguesseau Se les commissaires de la cour des comptes de Montpellier,
avait, conformément aux plus anciens usages locaux, déclaré roturières les
redevances en grains 8c en argent & cassé les transactions & abonnements
sur le fait des tailles.
Un grand nombre de communes abusèrent de ces dispositions, & avec des
titres informes, entreprirent des procès qui les ruinaient, lors même que le
succès leur en était favorable. Ces procès, gagnés à la cour des aides, en
entraînaient d'autres au Parlement de Toulouse & au conseil d'État. Les
frais des procédures devenaient immenses Se dévoraient les faibles revenus
des communes, qui, très-souvent, s'étaient laissé entraîner à la légère en ces
onéreuses contestations. Tantôt c'étaient des particuliers, qui, pour s'attirer
le bénéfice d'une députation, n'hésitaient pas à précipiter la commune en
ces embarras, tantôt des animosités particulières en étaient la seule cause.
Presque toujours, la faible somme qui revenait aux communes par de nou-
velles cotisations à la taille, ne compensait pas les dettes dont elles avaient
été contraintes de s'obérer pour gagner leur procès.
Dans certains cas, il se produisait une manœuvre très-compliquée. Lorsque
l'intendant refusait la permission de plaider sollicitée par un corps munici-
pal, des groupes d'habitants se formaient, nommaient un syndic 8t s'adres-
' Procès-verbal des Ktnts. Sénilce du |8 février lySi.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV, looi
saient aux gens du roi de la cour des aides. Ceux-ci se déclaraient parties,
accusaient les consuls de prévarication & rendaient le procès inévitable, mal-
gré le sentiment de la majorité.
Ces faits avaient lieu à Narbonne, où la ville était divisée par la constitu-
tion d'un syndicat Se où les conséquences devenaient si graves que le conseil
d'Etat venait de surseoir à l'exécution des arrêts de la cour des aides & de
renvoyer l'atïaire à M. de Bernage'.
Les syndics diocésains de Narbonne, de Béziers St quelques autres présen-
tèrent aux Etats des réclamations analogues, sollicitant l'intervention de la
Province pour défendre les communes contre leurs propres entraînements.
La question fut longuement débattue au sein de la commission
On décida que les syndics généraux prendraient partie dans l'affaire devant
M. de Bernage & y défendraient les intérêts de la ville de Narbonne, & que
l'on demanderait au roi une déclaration qui permît d'éviter les inconvénients
signalés. On recommandait deux mesures principales : obligation pour les
communes de soumettre leurs titres au conseil des avocats de la Province,
avant d'intenter aucun procès de nobilité, 8t défense d'entreprendre aucune
procédure sans le consentement du syndic général j interdiction au procureur
général de la cour des aides de prendre tait 8c cause pour les communes 8c
de se déclarer partie sans réquisition expresse du syndic général , lorsque
l'intendant aurait refusé la permission de plaider^.
L'ancien intendant de Languedoc, Lamoignon de Bâville, étant mort, sa
veuve eut, en lyBo, une contestation avec la Province, dont elle se trouvait
créancière. Propriétaire de rentes provinciales pour un capital de 91 000 livres,
elle se plaignait que le taux en eût été abaissé de cinq à trois pour cent, sans
qu'elle eût consenti à la réduction, 8c réclamait le complément des arrérages
pavés depuis les derniers mois de l'année 1720, soutenant que l'erreur com-
mise à son préjudice à partir de cette époque ne pouvait impliquer de consen-
tement tacite, Se que, d'ailleurs, pour détruire une clause insérée dans un
contrat, il fallait une dérogation expresse 8c des actes réguliers.
M. de Montferrier, syndic général, assigné, au mois de juillet 1780,
devant les commissaires du conseil, répondit que les sommations légales pour
la réduction de l'intérêt avaient été faites à M. de Bâville en 1720, que
l'ancien intendant, créancier de la Province pour un capital de 269400 livres,
avait reçu ses intérêts, sans réclamation, sur le pied de trois pour cent, jus-
qu'en 1724, que sa veuve en avait fait autant depuis cette époque; que,
d'ailleurs, l'un 8c l'autre avaient formellement reconnu la réduction en fai-
sant rehausser la rente de six de leurs contrats, de trois à cinq pour cent,
représentant un capital de 178400 livres. Il ajouta que M. de Bâville ayant
une partie de ses rentes inscrites sous le nom de M. de Beauvezet, trésorier
de France à Montpellier, la réduction avait été notifiée à ce fonctionnaire 8c
expressément acceptée par lui.
' Arrêt du conseil d'État du 2 mai lySo. ' Procès-verbnl des États. 3o janvier 1731.
.73.
~r, io32 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le retour de M. de Montferrier en province ne lui permit pas de pousser
l'affaire plus loin. Elle fut portée aux Etats, où l'archevêque d'Albi, rappor-
teur de la commission , tout en déclarant mal fondée la réclamation de
Madame de Bâville, exprima l'opinion que les services du célèbre intendant,
la considération due à sa veuve Si à M. de Courson demandaient quelques
égards de la part de l'assemblée. On autorisa les députés de la Province à
chercher un moyen d'accommodement, sans abandonner pourtant la question
de droit qui paraissait être incontestable'.
Un arrêt du conseil, donné à Fontainebleau le 7 juillet lySi, autorisa les
grands projets d'embellissement conçus par les États pour la ville de Mont-
pellier^. Le point de départ de ces travaux, qui devaient doter d'une admi-
rable promenade la capitale administrative de la Province, fut l'érection de
la fameuse statue consacrée à Louis XIV, à l'occasion de la révocation de
l'édit de Nantes. Quant le roi eut décidé lui-même que sa figure équestre
serait placée dans la ville de Montpellier, où se tenaient habituellement les
Etats, on choisit la place du Peyrou, à cause de la beauté du site. Les
malheurs de la guerre empêchèrent, pendant plusieurs années, que l'on
donnât aucune suite à cette entreprise. Ce fut seulement en 17 17 que la
statue de bronze fut dressée sur son piédestal de marbre blanc, entouré d'une
balustrade de fer. Comme la vue de la mer, principal agrément de la prome-
nade, était gênée par le couvent de la Merci, les États cherchèrent les moyens
de faire disparaître cet édifice. Dès 1716, ils en avaient poursuivi la démoli-
tion, mais les religieux firent une vigoureuse résistance. Ils se souvinrent
que leur maison avait été fondée par un roi d'Aragon & de Majorque, sei-
gneur de Montpellier, 81 eurent l'art d'intéresser à leur cause la Cour
d'Espagne. Le prince de Cellamare, sous prétexte que son maître, héritier
des rois d'Aragon, devait Conserver leur droit de patronage & de protection
sur le couvent, s'en fit l'avocat auprès de la Cour de France. L'importance
des embellissements projetés rendant de plus en plus nécessaire la suppres-
sion d'un bâtiment qui en dérangeait l'ordonnance, les États revinrent à la
charge en 1726 Se en lySi. Le procureur général de la Merci fit marchera
son aide le marquis de Castellar, nouvel ambassadeur d'Espagne, qui pria le
roi de France d'imposer un silence perpétuel aux États de Languedoc & de
maintenir le couvent dans sa tranquillité séculaire. Mais la Cour de Versailles
ne pouvait guère admettre qu'un souverain étranger s'arrogeât des droits de
protectorat sur les maisons religieuses du royaume. La note du marquis de
Castellar, remise quelques semaines après la publication de l'arrêt du conseil,
ne changea rien aux dispositions de cet acte qui approuvait les devis dressés
par M. de Lablottière, brigadier des ingénieurs du roi, & la translation des
religieux de la Merci dans un autre couvent bâti aux frais des États de Lan-
guedoc.
Les religieux firent paraître à cette occasion, pour la défense de leur cou-
' Procès-verbal des États. 3o janvier lySi. • Pièces justificatives, n. DCCCLXII, col. 2i5r.
LIV. [V. LA REGENCE ET LOUIS XV. io33
vent, un petit mémoire historique", où ils avaient rassemblé tous leurs motifs
d'opposition. Ils racontaient que leur maison était de fondation royale, vieille
d'environ cinq siècles, sous le nom de Sainte-Eulalie, St anciennement dotée
de gros revenus & de beaux privilèges. Le fondateur y avait établi des études
de Droit canon, dont une régence était affectée à l'ordre de la Merci. Pen-
dant les guerres de religion , le monastère avait été livré aux flammes &
démoli par les protestants. Quarante ans après, les religieux, ayant rassemblé
une somme d'argent par la contribution volontaire de toutes les maisons de
leur province, firent rebâtir leur couvent, avec le consentement des habitants
de Montpellier. La première pierre en fut posée en grande cérémonie, tout
le clergé, la noblesse, les officiers du sénéchal y assistant. Cette construction
avait coûté plus de trente mille écus : les bâtiments comprenaient deux vastes
corps de logis, à murs très-épais, voûtés en pierre de taille. Les bons reli-
gieux ne pouvaient comprendre que l'on voulût mettre à bas un édifice aussi
respectable, quand on pouvait, sans l'endommager, créer une place plus
grande que la place Vendôme. Les promeneurs, disaient-ils, n'auront plus
l'occasion d'y entendre la messe Se les offices, 8< de respirer sur '<. une terrasse
« qui a coûté des sommes considérables par son épaisseur, & qui fait le
<( plaisir de tous les honnêtes gens de la ville. » Ils alléguaient que les mem-
bres des États eux-mêmes s'y retiraient souvent pour parler des affaires de la
Province avec plus de tranquillité. « On les avoit souvent entendus dire que
<! rien n'étoit plus agréable & plus commode que cette maison, 8c qu'il fau-
« droit la construire si elle n'existoit pas. » M. de Bâville, appréciant le lieu,
avait fait poser, pour la commodité publique, de grands sièges de pierre au
pied de l'un des corps de logis. On ajoutait que la maison de la Merci était
située dans le meilleur air qu'il y eût en France & dans le plus bel aspect
de l'univers*. Cette considération, que le syndic de la Province était loin de
contredire, faisait paraître d'autant plus indispensable la démolition de l'édi-
fice, où n'habitait qu'un nombre insignifiant de religieux. Aussi, après toutes
les lenteurs qu'entraînaient alors les formes de la procédure, l'assemblée pro-
vinciale finit par l'emporter, en dédommageant, sous la surveillance de l'in-
tendant, les religieux dépossédés.
Les grands orages qui, en 172g, avaient atteint les diocèses de Castres,
d'Albi & de Mende, &c qui, ajoutant leurs ravages à d'autres causes d'appau-
vrissement, condamnaient le Gévaudan à la plus affreuse misère^, se repro-
' De l'imprimerie de la veuve Napen, rue de la du bétail étant si grande qu'il n'y en a presque
Huchette, à l'Ange, 1 73 i . plus dans le pays, mes diocésains sont absolument
' Archives nationales. Papiers du contriUar gé- sans ressource. Vous aimez trop l'Etat poursoufTrir
nêral. que le Gévaudan périsse de misère & de pauvreté. »
' Divers passages de la correspondance du con- M. de Saint-Sauveur, syndic du diocèse, venait
trôleur général témoignent de la profonde misère d'envoyer un mémoire sur la détresse du pays,
qui régnait alors en Gévaudan. M. de Choiseul, Le 5 juin, l'intendant confirme ce témoignage,
évéqiie de Mende, écrivait, le 7 mai 1729 : n Tant n Ce diocèse, écrit-il, souffre depuis plusieurs ,-.n-
que 1* diocèse a pu trouver le moyen de subsister, nées; les accidents du ciel y ont été fréquents &
il n'a point fait entendre ses plaintes; la perte considérables, les récoltes médiocres, le commerce
173.
'^^ io34 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
duisirent pendant l'été de lySi dans le bas Vivaiais, les montagnes de Castres
& de Saint-Pons Si le diocèse de Saint-Papoul.
A Saint-Pons, le chapitre continuait d'être en guerre avec la commune
pour l'éternelle question de la nobilité des terres, L'évêque, prenant parti
pour ses chanoines, sollicita l'intervention du contrôleur général. La lettre
qu'il lui adressa sur cette affaire renferme quelques particularités intéressantes
qui mettent en lumière une fois de plus l'état d'antagonisme perpétuel où
vivaient les diverses corporations.
« Le chapitre de Saint-Pons, écrivait l'évêque, va achever de se ruiner
<( La cour des aides abuse journellement de là déclaration sur les tailles, de
« façon à faire périr dans cette province l'Église 8c la noblesse, sans aucun
« avantage pour les communautés, les faux frais étant presque toujours plus
« considérables que le profit qu'elles en retirent. La descente d'un commis-
ci saire de cette cour vient de coûter quinze mille livres, &. il faut recom-
«1 mencer, parce que les experts ne sont pas d'accord. Il y a douze ans que
<i mon chapitre plaide. » Le prélat soutenait que la cour des aides étant
composée en majeure partie de nouveaux convertis prenait un plaisir parti-
culier à vexer les propriétaires de domaines ecclésiastiques'.
C'est là l'un des traits les plus constants de l'ancienne société; toutes les
délégations de la puissance publique se trouvant aux mains d'oligarchies
privilégiées, rivales St jalouses les unes des autres, chacun de ces corps se
voyait en butte aux suspicions, aux reproches d'empiétements, de partialité,
d'injustice. Quant au conseil d'Etat, c'était l'arsenal universel où se forgeaient
les armes de tous les belligérants. L'essentiel était de se prévenir, de se gagner
de vitesse 8i de surprendre quelque arrêt sur requête, sans assignation des
parties. Les arrêts contradictoires s'amoncelaient, fournissant des éléments
nouveaux à de nouvelles procédures & faisant vivre cette multitude de gens
de loi, qui s'enrichissaient aux dépens des plaideurs 8c qui, à force d'économie
Se de patience, envahissaient peu à peu la propriété foncière 8c finissaient par
se métamorphoser en aristocratie territoriale.
plus dérangé; les habitans de ces montagnes s'en « M. de Saint-Maurice a engagé Tarchevcque de
ressentent plus que les autres... La grande morta- Narbonnc à faire délivrer deux mille setiers de
lité des bestiaux (pendant les années 1726, 1727 blé de la Province au diocèse de Mende, 3 payer
& 1728) provient de ce que l'on ne donne plus à sur le pied à régler par les Etats; il a commandé
ce bétail la même quantité de sel, le sel ayant les voitures nécessaires pour le transport jusqu'à
enchéri le blé manque; on est réduit à la triste Saint-Jean de Gardonenque. «
nécessité d'aller couper les herbes & les racines En i73o, le diocèse fit un emprunt de 28600 li-
qu'on fait cuire à l'eau sans assaisonnement. On vres, pour achat de blé, destiné à la subsistance
meurt de faim dans plusieurs endroits. Il est du pays.
question de nourrir les trois quarts du diocèse C'est en 1731 que les trente-huit communes du
jusqu'au commencement du mois de septembre, diocèse de Mende, briilées pendant la guerre des
parce qu'on ne commencera à couper le blé que camisards durent recommencer de payer leurs im-
vers ce temps-là. » Le 29 juin, nouvelles plaintes positions '.
de l'évêque de Mende : n La misère qui règne en ' Archives nationales. CorresponJance du contro-
Gévaudan n'est pas commune & paroît mériter leur général. Lettre du 12 avril 1731.
une attention particulière. >>
f . - . -i, , «, ' > 1 , ■ / , ' Archives nationales. Correspondance du contrôleur
Le 10 juillet, le contrôleur général lui répond ; général.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. io35
Dans le courant du mois de février lySi, l'archevêque de Narbonne tint
sur les fonts de baptême, au nom de la Province, un petit-fils de M. de Ber-
nage de Saint-Maurice, né à Montpellier peu de jours avant l'ouverture de
la session. L'intendant était venu solliciter cette faveur auprès du prélat, en
disant qu'il regarderait cette complaisance de l'assemblée comme une pré-
cieuse marque de considération 8t d'amitié. M. de Beauvau se fit, au sein
des États, l'interprète de ce désir, & fit valoir auprès de ses collègues l'attache-
ment que M. de Saint-Maurice portait à leurs intérêts Se l'empressement qu'il
avait toujours mis à leur rendre ses bons offices. On renouvela le cérémonial
usité en 1666 pour le baptême d'un fils du marquis de Castries,
L'enfant reçut les noms de François-René-Lan^uedoc, réunissant ainsi le
souvenir de la Province à celui du président des Etats'.
Nos lecteurs connaissent les contestations auxquelles donna lieu l'échange
consenti par le roi de certains domaines avec le duc d'Uzès. Ces débats n'eu-
rent pas seulement pour objet l'entrée des officiers ducaux à l'assemblée d'as-
siette &, par suite, l'ingérence directe du grand seigneur dans les affaires du
diocèse. Il surgit, à l'occasion de cette reconstitution de fief, une infinité
d'autres querelles à cause de toutes les conséquences de détail qui s'en dédui-
saient 8t des problèmes que suscitait à chaque instant ce démembrement irra-
tionnel des attributions nécessaires de la souveraineté.
En cédant au roi la baronnie de Lévy 81 le village de Trappes avec quatre
cents arpents de bois taillis, le duc d'Uzès s'é.tait fait attribuer en toute pro-
priété la portion royale du domaine d'Uzès, comprenant la haute, la moyenne
St la basse justice, les droits de lods Se ventes, même dans le cas d'échange,
tant sur les rotures que sur les fiefs, les cens & rentes; les droits de prélation,
de retrait féodal, d'aubaine, de bâtardise & les autres prérogatives seigneu-
riales, avec la faculté de rentrer en possession des portions démembrées en
remboursant les engagistes. Le roi ne se réservait que la souveraineté, l'hom-
mage Si le ressort, avec la réversion obligatoire à la couronne, si les héritiers
mâles faisaient défaut.
Lors de l'enregistrement du contrat, le Parlement s'était borné à stipuler
que le droit d'aubaine ne pouvait être compris dans la cession & qu'il serait
interdit au cessionnaire de prétendre aucuns autres droits que ceux dont le
roi lui-même avait joui en qualité de seigneur particulier du domaine. Subis-
sant la dangereuse largesse que la royauté venait de faire, on voulait du
moins en limiter les effets & prévenir des tentatives d'usurpation.
L'opposition faite par l'évêque Poncet de la Rivière, disant que cet échange
blessait les intérêts du roi, l'ordre public, les droits du chapitre & du diocèse,
ceux des officiers royaux 8t de plusieurs gentilshommes de la Province, 8c
demandant révocation ou du moins suspension du contrat 8< envoi de com-
missaires enquêteurs, avait été écartée par arrêt du conseil du 26 décem-
bre 1721, qui repoussait également l'offre du syndic diocésain de rembourser
' Procès-Tïrbal des États. Séance du 22 février 1732.
1732
ij3z
io36 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
au duc la valeur des domaines échangés, afin de n'engager le Trésor royal
dans aucune dépense.
En 1722, le procureur général de la chambre des comptes de Montpellier
Voulut contraindre les gentilshommes dont les fiefs relevaient du domaine
d'Uzès à rendre hommage au roi à l'occasion de son avènement à la cou-
fonne. Cette exigence était fondée sur ce que, au temps où le roi se trouvait
seigneur particulier d'Uzès, tous ses feudataires lui devaient l'hommage. Le
conseil d'État déchargea les gentilshommes de l'obligation que l'on cherchait
à leur imposer.
Dans le courant de la même année, le comte du Pv.oure ayant présenté
opposition k l'enregistrement du contrat d'échange, par suite de prétentions
féodales qui lui étaient personnelles, en fut débouté par la chambre des
comptes de Paris.
Les officiers du sénéchal 8c siège présidial de Nimes intervinrent de leur
côté & demandèrent d'être indemnisés par le duc, à cause de la distraction
d'une partie de leur ressort; le conseil d'État rejeta leur requête le 7 mai 1726.
Le 8 mars suivant, le Parlement de Toulouse défendit à tous justiciables,
vassaux Si arrière-vassaux dépendant de l'échange, de porter les appels des
juges ordinaires des lieux compris dans la claverie d'Uzès & pays d'Uzége
ailleurs que devant le sénéchal d'Uzès, avec injonction aux officiers du séné-
chal de Nimes de renvoyer les causes, lorsque le renvoi en serait requis par
le duc d'Uzès ou par les parties, sous peine de nullité du jugement.
Le 20 août 1729, le duc & le nouvel évêque d'Uzès, M. de Saint-Jal,
t)btînrent l'évocation de leur querelle au conseil, avec renvoi devant quatre
conseillers de grand'chambre du Parlement de Toulouse.
En 1731, le duc se trouvait en guerre avec toute la noblesse du pays. Plus
de trente gentilshommes se liguèrent pour porter plainte au conseil du roî
contre les exigences des officiers ducaux qui exerçaient une juridiction supé-
rieure sur leurs fiefs 8c prétendaient les soumettre à divers devoirs féodaux.
A la tête des requérants figurait le comte du Roure, lieutenant général dans
la Province, avec le marquis du Roure, le marquis de Morangiès, le comte
de Chambonas, le comte du Champ, la baronne d'Elze, le baron de Cor-
soules, le marquis de Montclus 8c de Montpezat, le marquis de Vezenobre,
le comte de Ribaute, le baron de Ribaute, le marquis de Rochemaure 8c
de Montjoux, le vicomte de Brezis, le chevalier de Rochepierre, la baronne
de la Gorce, les barons de Rousson, de Cornillon, de Fons-outre-Gardon,
d'Aigaliers, MM. de la Tour de Gouvernet, du Roure d'Elze, de Serres
d'Altier, de Narbonne, de Larques, de Sarrazin, de Lagarde Malbosc, d'En-
tremaux, d'Entragues, de Moreton Chabrillant, de Boileau, de Brun de
Roche, de Bruneau 8c quelques autres. Toute cette noblesse soutenait que
ses fiefs &c justices n'avaient pu être compris dans l'échange, que ses justi-
ciables devaient continuer de ressortir au sénéchal de Nimes 8c par appel au
Parlement de Toulouse, Se que le duc était sans titre pour exiger d'eux
aucun droit féodal. Le syndic du diocèse 8c l'évêque appuyèrent la requête
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. loSy
des gentilshommes St demandèrent à être reçus parties intervenantes, comme
ayant un intérêt direct à la solution de l'affaire.
Le débat fut extrêmement compliqué : il porta sur l'extension réelle du
domaine acquis par Charles VIII de Guillaume de Montfaucon, parce que
cette portion était la seule que le roi de France pût comprendre dans le con-
trat d'échange. Les droits supérieurs, qui avaient anciennement appartenu
aux comtes de Toulouse, étaient passés à la royauté par le traité de Paris &
ne se rattachaient en rien à la part de fief dont Charles VIII s'était rendu
propriétaire, non pas comme roi, mais comme seigneur particulier. Il y avait
donc disproportion considérable entre l'acquisition faite par le duc & ses
exigences. D'après le syndic du diocèse, les droits seigneuriaux qu'il tendait
à s'arroger représentaient plus de dix-sept cent soixante mille livres, & la
baronnie de Lévy avait été évaluée seulement à quatre-vingt dix mille.
Le duc se défendit des empiétements qu'on lui reprochait. On lui cher-
chait, disait-il, une querelle d'autant plus vaine qu'une partie du pays,
située dans les montagnes, était presque sans valeur, 8c que le reste appar-
tenait à l'évêque, au chapitre, à l'ordre de Malte & k d'autres religieux, sur
lesquels il ne pouvait avoir aucun droit de mouvance, 8c sa prérogative sç
bornait à un simple droit de ressort sur quelques petites justices seigneu-
riales.
Le conseil d'État prononça le i8 mars lySi 8i les lettres patentes, en con-
firmation de l'arrêt, furent expédiées le 7 avril suivant.
Le roi donnait acte au duc d'Uzès de sa déclaration présentée sous forme
de requête, le 18 janvier précédent, par où il désavouait toute prétention
à la mouvance des terres titrées ayant rendu hommage au souverain, à causQ
de la couronne de France, de la grosse tour du Louvre ou dans toute autre
forme équivalente, 8c au ressort de justice des terres de cette nature qui
pourraient se trouver comprises dans les domaines échangés. Moyennant ces
réserves, le contrat d'échange 8c toutes les procédures subsidiaires étaient
confirmés; le comte du Roure Se les autres requérants qui possédaient deij
arrière-fiets, des terres non titrées 8c non mouvant immédiatement de la cou-
ronne, devaient faire acte de foi 8c d'hommage au duc 8c lui en rendre les
aveux 8c dénombrements, comme ils en avaient agi, avant l'échange, à l'égard
du roi, pris en qualité de seigneur particulier. Le même arrêt confirma aux
officiers de la justice ducale le droit de recevoir l'appel en premier ressort des
juges seigneuriaux'.
Ce régime judiciaire, véritable anachronisme, en contradiction ouverte
avec les idées du temps 8c la conception moderne des droits de l'État, devait,
au grand mécontentement des justiciables, se perpétuer jusqu'à la Révo-
lution.
La succession de la Pologne ayant rallumé la guerre entre la France, alliée
de l'Espagne, 8c l'Empire allemand, soutenu par la Russie, le gouvernement
■ Archives de la Haiite-Gnronne. Fonds du parlement de Toulouse. Èjits & déclarations, XLV, zS.
(732
1733
7^^^ io38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
fut obligé de recourir à de nouveaux appels de fonds, afin de pourvoir aux
dépenses des armées, sans interrompre le payement des dettes de l'État 8c la
marche des divers services publics. Louis XIV s'était trouvé trop souvent en
pareil embarras pour qu'on eût besoin d'innover; tous les expédients avaient
été tour à tour expérimentés, Se la reprise en fut débattue au conseil royal.
Parmi les divers systèmes proposés, on crut devoir préférer les impôts dont le
recouvrement était le plus certain & le mieux proportionné aux biens des
contribuables, 8c dont la levée, portée directement au trésor, sans traité ni
remise extraordinaire, promettait le moins de déchet. Une déclaration du roi,
donnée à Fontainebleau le 17 novembre lySS, ordonna de lever le dixième
du revenu de tous les biens, cette imposition étant la plus juste, la moins
arbitraire 8c la plus productive. La perception du dixième, prescrite en vue
des charges de la guerre, devait cesser trois mois après la conclusion de la paix.
Le dixième frappait indistinctement les roturiers 8c les nobles, les privilé-
giés 8c les non privilégiés, même les princes pourvus d'apanages 8c les sei-
gneurs engagistes. Il atteignait le produit des propriétés foncières de" toute
nature, le revenu de toutes les charges, emplois ou commissions d'épée, de
robe, de finance ou de cloche; toutes les rentes, à l'exception des rentes per-
pétuelles 8c viagères sur l'Hôtel -de-Ville de Paris 8c sur les tailles, 8c les
bénéfices 8c profits du commerce 8c de l'industrie. Pour établir les rôles de
l'impôt, les propriétaires, officiers, rentiers, commerçants ou autres sujets au
dixième étaient tenus de remettre, dans quinzaine, à dater de la publication,
une déclaration de leurs biens entre les mains des intendants provinciaux.
Faute de déférer à cette exigence, le dixième devait être doublé, 8c porté au
quadruple en cas de fausse déclaration. Les receveurs 8c trésoriers ordinaires
de la Province étaient chargés de recouvrer les fonds 8c de les transmettre au
trésor royal '.
3 La question du dixième fut portée devant les États de Languedoc dans la
séance du i5 janvier 1734. L'archevêque de Narbonne président exposa que,
depuis la déclaration du 17 novembre, les peuples de la Province s'atten-
daient à voir réclamer le consentement de l'assemblée provinciale pour cette
nouvelle imposition, comme pour les dons gratuits. Les commissaires du roi
n'ayant reçu des ministres aucune instruction pour faire cette demande, les
personnes qui tenaient les premières places dans les trois ordres s'étaient réu-
nies chez le président, 8c avaient été dans le sentiment unanime d'envoyer
des mémoires à la Cour pour donner de nouvelles preuves du zèle 8c de la
fidélité des États, 8c faire connaître en même temps combien il importait au
bien du royaume de maintenir la Province dans la possession de libertés Se
de privilèges dont elle n'avait jamais fait usage qu'en vue de la gloire du roi
8c à l'avantage de ses peuples. Au lieu de laisser percevoir directement le
dixième d'après les termes de la déclaration, le système d'un abonnement,
'Recueil des éjlts, JéclarationSj arrêts S- ordonnances de l'année 1734 pour la province de Lan-
guedoc.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. loSç
confonde à celui des autres impôts, semblait préférable & plus conforme aux
habitudes du pays.
L'assemblée n'eut garde de contredire l'opinion exprimée par l'archevêque
au nom des commissaires ses collègues, & approuva la rédaction des deux
mémoires qui turent transcrits par ses ordres dans le registre de ses délibé-
rations.
L,a déclaration du 17 novembre étant devenue publique dans le Languedoc,
les Etats généraux de la Province, assemblés dans la ville de Montpellier,
s'attendaient à recevoir de la part des commissaires de Sa Majesté la demande
de leur concours pour la levée du dixième, coniormément au plus authen-
tique & au plus précieux de leurs privilèges.
Le silence des commissaires du roi & la crainte de voir finir la session sans
avoir pris sur une matière aussi importante les résolutions convenables au
bien du service 8< aux intérêts des peuples, obligeaient les Etats de repré-
senter très-humblement à Sa Majesté que, suivant une des conditions du
traité d'union de la Province à la couronne, aucun subside ne pouvait être
imposé sur le pays sans l'exprès consentement des Etats. Les lettres patentes
de Charles VIII en 1488, de François I" en i523, de tous les rois leurs suc-
cesseurs, S< en dernier lieu celles de Louis XV, du 26 octobre 17 15, confir-
maient ce droit séculaire.
Les délibérations accordant le don gratuit portaient précisément pour con-
dition que nulle imposition Si levée de deniers ne pourraient être faites sur
le général de la Province, sur les villes & communes en particulier, ni sur
les habitants, en vertu d'édits bursaux, déclarations, jussions & autres actes
impératifs contraires aux droits 8t aux libertés de la Province, quand même
ces actes regarderaient l'ensemble du royaume, si le consentement formel des
États, en conséquence de leur ancien privilège, n'avait pas été préalablement
obtenu.
L'acceptation que les commissaires faisaient de cette délibération au nom
du roi était, d'après le sentiment des Etats, une confirmation annuelle du
droit provincial.
Ils rappelaient que le roi Louis XIV ayant établi le dixième par sa décla-
ration du 14 octobre 1710, les commissaires-présidents portèrent cette loi à
l'archevêque de Narbonne pour qu'il sollicitât, au nom du roi, le consente-
ment des États. Le procès-verbal de la séance du 5 novembre 17 10 témoignait
de la réalité de cette démarche. Se l'on devait observer qu'elle s'accomplit en
vertu des ordres contenus dans les instructions royales.
On ne pouvait opposer aux privilèges des Etats Se à ce précédent ce qui se
passa lors de l'établissement du cinquantième, en I7î5, puisque les États ne
se trouvaient point assemblés lorsque cette déclaration parut. Si l'on porta
alors quelque atteinte à leurs libertés en n'attendant pas l'époque de leur
prochaine assemblée, ils ne manquèrent pas de signaler cette infraction aux
règles en chargeant leurs députés en Cour de faire à ce sujet leurs très-
humbles remontrances; Se, s'ils n'agirent pas en cette occasion avec plus de
1734
—; I040 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
1734 ^
vivacité, c'est que l'exemple des autres corps du royaume, pour lesquels ie
contrôleur général ne montra pas plus de ménagements, leur donna lieu de
craindre de n'être pas favorablement écoutés. La justice bien connue du car-
dinal de Fleury Si les efforts que les Etats avaient faits depuis pour le service
du roi leur donnaient lieu d'espérer que Sa Majesté voudrait bien, à l'exemple
des rois ses prédécesseurs, ordonner à ses commissaires de n'innover rien de
contraire aux usages de la Province.
Après avoir établi ces premières propositions, les Etats cherchaient à mettre
en lumière les avantages du système de l'abonnement.
On ne pouvait pas, disaient-ils, révoquer en doute que les fonds de terre
qui faisaient le principal objet du dixième ne fussent extrêmement chargés
en Languedoc. L'attention que le gouvernement avait eue, sur les représenta-
tions des Etats, de procurer les moyens d acquitter une partie des dettes de la
Province en était une preuve sans réplique. Si l'on ajoutait à la levée de
la taille celle du dixième, & qu'elle fût faite par des commis du traitant ou
par des adjudicataires, l'avidité de ces agents les porterait à exiger ce droit
avec une rigueur qui tournerait à la ruine du pays. Dans le temps que le
collecteur agirait pour le payement de la taille, les poursuites pour le payement
du dixième y mettraient obstacle : les frais seraient augmentés par ce concours
& par les contestations qui ne manqueraient pas de s'élever entre les collec-
teurs & les adjudicataires 5 ils retomberaient tous sur les contribuables qui se
trouveraient hors d'état de satisfaire aux uns St aux autres.
S'il arrivait, comme on pouvait le craindre par l'exemple du cinquantième,
que l'exemption de la milice fût accordée aux adjudicataires du dixième, le
désir de jouir de cette exemption donnerait lieu à des offres qui n'auraient
aucune proportion avec le dixième effectif du revenu des biens, & les adjut
dicataires animés par cette perte chercheraient à la diminuer en se livrant
aux exactions les plus rigoureuses & les plus injustes.
Les États faisaient encore observer que la préférence donnée au dixième
sur les autres impositions, même sur la taille, produisait en Languedoc une
injustice bien sensible, en ce que, la taille devenant solidaire dans le cas de
l'abandon des fonds, certains particuliers, grâce aux rigueurs de l'exécution
du dixième, se trouvant hors d'état de payer leurs tailles &, par conséquent,
de cultiver leurs terres, la taille des autres contribuables en devait être aug-
mentée, nouvelle surcharge pour ceux qui payeraient Si le dixième 8t la taille.
L'expérience faite en Languedoc par les Etats avait démontré que, dans le
cas où les besoins de l'Etat contraignaient Sa Majesté à demander à ses peu-
ples de nouveaux secours, ces secours n'étaient jamais plus sûrement Si plus
promptement obtenus que quand l'imposition s'en faisait conjointement avec
les tailles. On ne levait alors sur les peuples que ce qui tournait au profit
du roi ; les frai? de perception demeuraient constants. Si les peuples s'esti-
maient heureux de n'être pas exposés à l'avidité d'un traitant. Au contraire,
quand les recouvrements étaient distincts 61 confiés à différentes personnes, le
payement de la taille, principale imposition, était souvent arrêté par la levée
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1041
du subside extraordinaire, & ce dérangement finissait par être beaucoup plus
préjudiciable au roi que l'augmentation ne lui était utile.
Ces motifs rendaient l'abonnement aussi avantageux à l'Etat qu'à la Pro-
vince, puisque les soulagements procurés aux peuples étaient, à proprement
parler, des réserves que leur sage économie assurait au roi pour l'avenir.
En proposant d'abonner la levée du dixième en Languedoc, les États
exprimaient le vœu de retenir à leur profit le dixième du revenu des biens
nobles & des rentes constituées sur la Province au taux de cinq pour cent,
les autres devant en être exemptes à cause de la réduction qu'elles avaient
déjà souffertes & de l'exception accordée aux rentes de l'Hôtel-de-Ville de
Paris.
Cette réserve, disaient-ils, pleine de justice, n'est pas un grand objet,
puisque, à en juger par l'expérience du passé, les biens ecclésiastiques, qui
font la plus grande partie des biens nobles de la Province, seront exempts
du dixième; & quant aux rentes, toutes celles qui étaient antérieures à
l'année 1720 ayant été réduites à trois ou à deux pour cent par la Province,
par les diocèses ou par les villes, les seuls emprunts postérieurs devaient être
sujets au dixième, de sorte que la plus grande partie de la somme d'abonne-
ment retomberait sur les biens-fonds sujets à la taille. L'assemblée manifes-
tait l'intention de soulager ces biens autant qu'il serait possible, 8c promettait
de ne rien oublier dans les arrangements qu'elle prendrait après la fixation
de l'abonnement pour en diminuer la charge '.
Un courrier fut immédiatement expédié à la Cour, avec les mémoires des
Etats, l'assemblée désirant avoir une réponse du ministère avant de se sépa-
rer. Comme le consentement des trois ordres n'était pas douteux, & qu'on
débattait seulement une question de forme, la décision du conseil fut favo-
raJjie aux vœux exprimés par la Province.
Le courrier rapporta une lettre du contrôleur général Orry à l'archevêque
de Narbonne, datée de Marly le 24 janvier.
« Il n'a pas été possible, écrivait le ministre, de faire mention de cette
c< imposition dans les instructions qui furent adressées à Messieurs les com-
<' missaires du roi quelque temps avant l'assemblée, parce que la déclaration
« portant l'établissement du dixième n'a été envoyée au Parlement de Paris
« S<. à celui de Toulouse que pendant les premiers jours de janvier 8<. par
« conséquent près de trois semaines après l'ouverture de l'assemblée; mais
« Sa Majesté étant toujours disposée à marquer aux États par ses attentions
« les plus favorables la satisfaction qu'Elle a de leur zèle pour son service,
t< vient de donner ses ordres à Messieurs ses commissaires pour faire connoître
<i à l'assemblée dés Etats qu'ayant été obligée de demander à ses sujets le
« dixième du revenu de tous les biens pour soutenir les dépenses extraordi-
« naires de la guerre, Elle est bien persuadée qu'ils se porteront à lui témoi-
« gner sur cela la même affection à son service qu'ils ont fait paroître sur les
" Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du i5 janvier 1734.
XHI. 66
1734
i7-i4
1042 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
<c autres demandes qui leur ont été faites de sa part depuis l'ouverture de
« l'assemblée.
« Quant à l'abonnement du dixième que demandent les Etats, Sa Majesté
« a pareillement envoyé ses ordres à ses commissaires pour écouter les propo-
« sitions que les États feront sur cet abonnement. J'espère, Monsieur, qu'elles
« seront proportionnées à la valeur des biens de la Province, sans quoy il
« ne seroit pas possible que Sa Majesté, quelque désir qu'EUe ait de soulager
« ses sujets de Languedoc, pût se porter à les dispenser de l'exécution pure
« S<. simple de la déclaration du 17 novembre de l'année dernière, dans un
c< temps 8c des conjonctures où le secours qu'Elle en doit tirer est si néccs-
« saire'. »
L'année 1784 est demeurée célèbre dans l'histoire administrative de la
Province par l'établissement d'une commission executive, mi-partie de mem-
bres nommés par le gouvernement & de membres nommés par les États, 8<.
destinée à exercer une sorte de surveillance Se de tutelle sur les communes &.
à contrôler la gestion de leurs biens.
Beaucoup de causes avaient contribué à jeter un grand désordre dans les
affaires des communes. Les petites oligarchies locales chargées de les diriger,
se laissant presque toujours dominer par des vues d'intérêt particulier, sem-
blaient moins avoir pour but de travailler au bien général que d'exploiter
au profit d'elles-mêmes la part d'autorité dont elles se trouvaient investies.
Les sages règlements faits à diverses époques pour assurer l'exacte reddition
des comptes, restreindre les dépenses inutiles, empêcher les gaspillages
d'argent 8c garantir l'amortissement des dettes n'étaient_ point observés; 8c,
comme les charges fiscales imposées par les besoins de l'Etat ne cessaient pas
de s'accroître, la plupart des communes en étaient arrivées à une situation
financière qui ne le cédait en rien à celle du royaume.
Au mois de janvier i733, l'intendant de Languedoc fit présenter à la com-
mission des affaires extraordinaires, par l'entremise du syndic général Mont-
ferrier, un mémoire dont il était l'auteur, contenant un projet de réformation
pour l'administration des communes. Après avoir offert un tableau sommaire
des abus dont tout le monde connaissait l'existence. Se montré la nécessité
d'y porter un prompt remède, M. de Saint-Maurice proposait d'envoyer un
commissaire particulier dans chaque commune pour en étudier la situation à
fond 8c dans le plus grand détail.
Les instructions données à ces commissaires devaient porter sur sept points :
Dresser un état exact des dettes communales, en distinguant celles qui
avaient été vérifiées de celles qui ne l'étaient pas ou dont la vérification
s'instruisait, afin de pourvoir aux moyens d'amortir les dettes vérifiées Se de
décharger les communes des autres;
Examiner les dépenses ordinaires des municipalités, en les conférant avec
les règlements de 1662 Se les ordonnances d'augmentation, après quoi il
' Piocès-vcrbnl des Etnts de Languedoc. Séance du 3o janvier 1734.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1043 "
serait facile de supprimer les dépenses qui paraîtraient inutiles & de dresser
de nouveaux états ;
S'informer en quoi consistaient les biens patrimoniaux de chaque com-
mune Si. les octrois ou subventions qui leur avaient été accordés, prélimi-
naire indispensable pour préparer la réduction des impôts & l'amortissement
des dettes;
Vérifier le nombre & l'étendue des terres incultes 8i des biens abandonnes,
cette statistique de la détresse municipale devant seule permettre d'étudier en
connaissance de cause les moyens d'y porter remède;
Dresser un état des comptes des communes qui n'avaient pas été arrêtés
depuis vingt-neuf ans, afin de pouvoir obliger les comptables retardataires
à fournir des justifications, 8c prendre des mesures pour qu'à l'avenir les
comptes fussent régulièrement arrêtés tous les ans;
S'enquérir des procès dans lesquels les communes pouvaient se trouver
engagées, en connaître l'objet &. savoir devant quels tribunaux les affaires
étaient pendantes;
Enfin s'assurer de la contenance du terroir de chaque commune, connaître
la nature 8c la propriété des biens, la quantité & la qualité des récoltes & des
bestiaux, le nombre des habitants, l'emploi qu'ils faisaient de leurs denrées
&t l'étendue de leur commerce-
Cette vaste enquête municipale était trop importante & trop bien conçue
pour ne pas frapper l'esprit des commissaires provinciaux. Ils déclarèrent
qu'elle prouvait également le zèle de l'administrateur Si. son attention à sou-
lager le pays, & qu'ayant cherché à délivrer la Province Se les diocèses du
poids de leurs dettes par l'établissement d'une loterie d'amortissement, ils
étaient obligés de songer aussi à la délivrance des communes. Ils rappelèrent
que cette préoccupation n'était point nouvelle. En 1662, le roi avait nommé
une commission extraordinaire pour vérifier les dettes des municipalités, leurs
dépenses Se leurs impositions ordinaires. Après un très-long travail, cette
commission était parvenue à dresser un état des dettes de chaque commune,
d'après lequel on avait réglé un délai obligatoire pour les éteindre, soit par
imposition, soit par subvention. Les mêmes commissaires s'étaient aussi occu-
pés de fixer les dépenses ordinaires; Se, pour rendre l'utilité de cette opéra-
tion plus durable, on tenait encore tous les ans, pendant la durée des États,
deux commissions, l'une pour la vérification des impositions, l'autre pour la
vérification des dettes diocésaines 8c municipales.
Les commissaires des Exats avouaient que les malheurs des temps 8c les
besoins du royaume ayant complètement absorbé l'attention de l'assemblée
provinciale, on n'avait pu veiller avec tout le soin nécessaire pour maintenir
un ordre si judicieusement établi. Les consuls 8c administrateurs municipaux,
soit par négligence, soit par des préoccupations d'intérêt personnel, s'étaient
écartés des règles, 8c la confusion avait fini par devenir si générale 8c le chaos
si obscur, que les deux commissions annuelles se réunissaient à peu près pour
la forme 8c ne rendaient plus les services en vue desquels on les avait créées.
1734
^^
I044 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Il fallait donc recommencer de toutes pièces le travail de 1662, entreprise
considérable qui demandait une préparation sérieuse & beaucoup de temps.
En donnant les plus grands éloges au Mémoire de l'intendant 8c en approu-
vant ses vues pour le bien général & l'économie des finances municipales,
les commissaires proposèrent à l'assemblée de désigner un certain nombre
de membres qui, pendant le cours de l'année suivante, seraient chargés de
dresser, de concert avec l'intendant, un projet d'instructions pour les enquê-
teurs particuliers. Si de chercher avec lui tous les autres moyens les plus
convenables pour le bon ordre & le soulagement des communes, avec pouvoir
d'en faire expérience, à leur choix, sur quelques communes du pays.
Ces propositions furent acceptées par les États, qui se réservèrent de statuer
sur les résultats pendant la session suivante, autorisèrent le trésorier de la
bourse à faire les avances nécessaires, sur les ordres de l'archevêque de Nar-
bonne, 8c supplièrent très-humblement Sa Majesté de vouloir bien supporter
la moitié des frais, comme n'étant pas moins intéressée que la Province au
rétablissement du bon ordre'.
Lorsque les Etats se réunirent, sur la fin de l'année lyBS, les commissaires
royaux apportèrent, dans leurs instructions, un article spécial au projet de
réformation. Il fut rendu compte des expériences qui avaient été faites; on
prit connaissance des instructions données au commissaire enquêteur, 8c l'on
donna lecture de plusieurs procès-verbaux dressés par lui. Afin de rendre le
travail plus utile 8c d'abréger le séjour des enquêteurs dans les communes, ce
qui équivalait à une diminution de dépenses, on fut d'avis de réduire les
instructions à une forme plus simple 8c de faire pour les procès-verbaux des
formules imprimées dont il suffirait de remplir les articles laissés en blanc,
système qui rendrait le travail des commissaires uniforme 8c plus facile à
dépouiller. Suivant cette idée, un projet d'instruction fut préparé 8c agréé des
commissaires royaux.
Restait la question de dépense, tant pour les honoraires des enquêteurs
que pour divers frais indispensables. On admit d'abord que ces honoraires
seraient fixés à tant par commune 81 non par journée, 8c, comme on jugeait
difficile d'apprécier le travail plus ou moins considérable exigé par chaque
commune, on s'arrêta au tarif unique de vingt-cinq livres. A ce prix, le mon-
tant de la dépense, en y comprenant les frais de commis, d'impression 8c
autres accessoires, ne devait pas dépasser soixante-dix mille livres, dont le roi
supporterait la moitié.
Afin d'accélérer le travail, on jugea aussi convenable de multiplier les
commissaires particuliers 8c d'en établir un par diocèse.
Quant au corps supérieur chargé de centraliser les renseignements recueillis
par les commissaires enquêteurs 8c de préparer la réformation, on ne crut
pouvoir mieux faire que de revenir au système adopté en 1662, dans des vues
à peu près analogues. La commission mixte créée par Louis XIV, à la tête de
■ Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du 7 janvier 1733.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV.
104D
laquelle était placé le prince de Conti, se composait de quatre membres de
iiominatk)n royale & de quatre membres élus par les Etats, assistés des trois
syndics généraux de la Province. Les règlements en vigueur pour la vérifi-
cation des dettes des communes, pour leurs dépenses ordinaires & pour la
gestion de leurs biens, étaient l'œuvre de cette commission, & l'on n'avait
qu'à reprendre ce grand ouvrage pour corriger les abus que le cours du temps
& les circonstances avaient introduits.
En 1662, l'enquête sur les communes avait été confiée aux syndics géné-
raux, obligés de se transporter dans plusieurs diocèses. La nécessité d'opérer
plus rapidement ne permettait pas de conserver cette disposition. Se l'on y
suppléerait par la nomination des enquêteurs diocésains.
Le roi venait de promettre, par l'article g des instructions données à ses
commissaires, que la moitié des irais de l'enquête serait à la charge du trésor;
8c, comme on avait depuis longtemps reconnu l'urgence de modifier la répar-
tition de la capitation sur les diocèses & les communes par suite des change-
ments survenus depuis le premier établissement, i! tut décide que les procès-
verbaux des commissaires enquêteurs renfermeraient le dénombrement des
feux &. quelques autres observations.
Tous ces points ayant été convenus avec les commissaires royaux, les Etats
purent procéder, le 26 janvier 1734, à l'élection de quatre de leurs membres
pour faire partie de la commission permanente. Ils choisirent M. d'Avejan,
évêque d'Alais; le baron de Calvisson, Lardos, capitoul de Toulouse, &. Jer-
phanion, syndic du diocèse du Puy'.
Quatre jours après, le roi complétait la commission en nommant les mem-
bres de son choix. Il désigna le duc du Maine, à titre honoraire, 8c, en son
absence, le marquis de La Fare, commandant en chef dans la Province; l'in-
tendant de Languedoc &c les sieurs de Lafage 8c Vichet, trésoriers de France
aux bureaux des finances es généralités de Toulouse 8c de Montpellier.
Telle fut la composition de ce comité d'administration municipale, c(ui est
connu sous le nom de Commission de 1734. Les lettres patentes du 3o janvier
rappelaient qu'en 1662 la plus grande partie des communes de Languedoc
étant tombées, par leur mauvaise administration, dans un très-grand désordre,
surchargées d'impositions, hors d'état d'y suffire 8c accablées par le poids de
dettes qui s'augmentaient tous les jours, le roi Louis XIV avait jugé indis-
pensable d'y porter remède; qu'il avait dans ce but, le 10 mars de la même
année, donné commission au prince de Conti, à M. de Bezons, intendant; à
M. de Guillerargues, premier président en la cour des aides de Guienne, 8c
aux trésoriers de France Caulet 8c Boirargues, pour procéder, conjointement
avec les commissaires des Etats, k la vérification des diocèses, villes 8c com-
munes, régler leurs dépenses ordinaires 8c frais municipaux 8c corriger les
abus qui pourraient s'y être introduits par suite de la guerre ou d'autres
causes. Ces commissaires avaient pouvoir de se faire représenter les livres de
' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance du z6 janvier 1734.
1734
~ 1046 ÉTUDES Ï^ISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
collecte de chaque commune, leurs compoix ou cadastres, les registres de leurs
délibérations, les comptes des particuliers qui avaient eu l'administration des
deniers publics 81 généralement tous les actes nécessaires pour reconnaître les
malversations & empêcher la levée d'impôts contraires aux règlements de la
Province. Cette commission remplit exactement son mandat, constata les
dettes de toutes les communes, pourvut au payement des créanciers & fit plu-
sieurs règlements généraux sur l'administration des affaires communales, &
des règlements particuliers pour les dépenses ordinaires. Ce travail étant ter-
miné, le conseil d'État, par arrêt du 17 décembre lôyS, supprima la commis-
sion & prescrivit qu'à l'avenir les commissaires présidents aux Etats de Lan-
guedoc, de concert avec quelques autres personnages expressément nommés,
procéderaient chaque année à la vérification des dettes des communes; le
23 janvier 1678, un autre arrêt décida que cette vérification serait faite uni-
quement par les commissaires du roi & des Etats; mais l'expérience démontrait
l'insuffisance de ce contrôle. Les événements survenus depuis 1662 avaient à
peu près détruit l'heureux effet des règlements; les abus s'étaient multipliés.
Les communes se trouvaient chargées de dettes considérables, tant à l'occa-
sion des secours extraordinaires que la Province avait dû fournir pendant les
grandes guerres de Louis XIV, que des nécessités locales ou des dépenses
causées par la peste. Il fallait donc regagner le terrain perdu.
Pouvoir était donné aux nouveaux commissaires de choisir des personnes
capables, en nombre suffisant, pour se transporter dans toutes les villes &
communes, y faire des vérifications exactes de leur situation actuelle, dresser
des états de leurs octrois, patrimoniaux, subventions Se autres revenus, de
leurs charges 8< dépenses ordinaires ou imprévues, de leurs dettes vérifiées ou
- non vérifiées, des comptables 8c reliquataires, des sommes qui s'imposaient,
& des biens abandonnés ou incultes, avec les moyens de les remettre en
valeur. Pour établir cette statistique, les délégués de la commission devaient
exiger communication de tous les documents utiles. La commission elle-même
était autorisée à faire tous les règlements généraux ou particuliers qui lui
paraîtraient nécessaires; elle avait droit d'obliger les consuls, collecteurs, cla-
vaires 8<. autres administrateurs des deniers publics, à rendre leurs comptes
depuis l'année 1700, d'ordonner le payement du reliquat de tous ces comptes
pour être employés en moins imposé, d'après les règles de la Province, avec
faculté de contraindre à ce payement par les voies régulières, malgré l'appel
qui pourrait être porté devant la cour des comptes de Montpellier.
Maître Touzart, conseiller secrétaire du roi aux Etats, était désigné pour
servir de greffier à la commission, dont les pouvoirs devaient durer jusqu'à
l'entier accomplissement de ses travaux '.
Pour faciliter le service, les lettres patentes autorisaient les commissaires à
vaquer à leurs fonctions, les uns en l'absence des autres, pourvu qu'ils fus-
' Recueil des éi'iti, dècluraùons, arrêts & ordonnances de l'année 1734 pour la province de Lan-
guedoc.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1047 —
^' 17-5-1
sent au moins au nombre de cinq & qu'ils eussent l'assistance de l'un des
syndics généraux de Languedoc.
La commission de 1734, dont on ne peut se dissimuler que l'intendant
était l'âme, exerça une action utile sur l'administration des commîmes. En
établissant des règles minutieuses, en prohibant les dépenses déplacées, en
tenant les comptables sous une surveillance continue, elle assurait au pouvoir
central son rôle le plus élevé & le plus légitime, 8t préparait ces habitudes
de rigueur administrative dont on a quelquefois lieu de blâmer l'exagération,
mais qui, dans tous les cas, doivent paraître un mal salutaire, si l'on veut
bien les comparer aux affreux gaspillages 8c aux détournements de fonds des
anciennes municipalités autonomes. Par l'observation & l'étude critique des
faits, les commissaires de 1734, bien qu'appartenant tout entiers k l'ancien
régime, contribuèrent à dégager les principes d'équité 81 d'exactitude qui sont
devenus la règle des Etats modernes.
Comme corollaire de la nouvelle création, les Etats de Languedoc décidè-
rent, le 5 février 1734, qu'il serait sursis à l'établissement de toutes les sub-
ventions sollicité par diverses villes de la Province. L'assemblée consentait
seulement que les subventions qui étaient déjà expirées ou près de l'être fus-
sent continuées pendant les années 1734, 1735 8c 1736, à condition d'en
employer le produit suivant les arrêts de création, 8c, renouvelant les dispo-
sitions de l'arrêt du 18 août 1661, défendait d'imposer à l'avenir aucun
droit sur les denrées 8c marchandises, ni sur la viande de boucherie, sans
en avoir au préalable obtenu le consentement des Etats 8c la permission de
Sa Majesté.
Un arrêt du conseil, donné à Versailles le 3i juillet 1734, sur le rapport
du contrôleur général, autorisa l'abonnement du dixième par la province de
Languedoc, au prix de treize cent cinquante mille livres par an, pendant
toute la durée de l'iinposition, à compter du 1" janvier 1734. Cette somme
devait être versée au trésor en trois payements égaux, le i5 juin, le i5 sep-
tembre 8c le 3 1 décembre. ly'abonnement remplaçait la levée du dixième de
tous les revenus Se bénéfices, à la réserve des rentes, gages 8c pensions com-
pris dans les États du roi, dont le dixième continuerait d'être retenu à son
profit par les payeurs 8c trésoriers. Le recouvrement de la somme convenue
avec les États était laissé à la direction de la Province. L'assemblée nommait,
de concert avec l'intendant, des commissaires chargés d'opérer la répartition
sur les contribuables, en y comprenant à la fois le prix de l'abonnemeiit 8c
les frais de régie, de recette &c de comptes. Seulement, la taxe ne pouvait
excéder le dixième des revenus. Les particuliers qui se croiraient surchargés
étaient autorisés à se pourvoir par opposition devant l'intendant 8c les com-
missaires, sur présentation de leur quittance, avec appel au conseil d'État.
Le roi subrogeait la province de Languedoc à tous ses droits pour la levée
de l'impôt 8c enjoignait à toutes les compagnies de justice supérieures 8c
subalternes, aux communautés de procureurs, de notaires, d'huissiers, aux
corps de métiers 8c à toutes les autres corporations servant des rentes aux
I7J3
~ 1048 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
particuliers, d'en retenir le dixième 8< d'en remettre le montant au trésorier
des États'.
Cette mesure fut complétée par un autre arrêt du 24 août, qui permit aux
États d'évaluer le dixième des biens nobles &. seigneuriaux à un tiers en sus
du tarif arrêté en 1712, & d'exiger de toutes les compagnies qui payaient
des rentes un tableau exact de leurs créanciers, avec l'indication du capital
8c des intérêts. Le versement du dixième dû par ces compagnies devait être
fait de six en six mois aux mains du trésorier de la bourse de Languedoc.
L'assemblée provinciale avait d'ailleurs la faculté de régler, pendant la ses-
sion suivante, tous les détails de l'opération, d'après les dispositions concer-
tées par les députés avec les ntinistres.
Dans la séance du 8 janvier lySj, le syndic général Joubert rendit compte
des réponses faites par le roi aux requêtes de la députation que les États
envoyaient chaque année à la Cour. Tout en témoignant la satisfaction qu'il
avait des services de la noblesse languedocienne, Louis XV s'était refusé à
retarder pendant deux ans, comme on le lui demandait, la remise des aveux
& dénombrements; cette surséance était, disait- il, sans exemple. Se ne pou-
vait être accordée ni aux vassaux immédiats, ni aux arrière-vassaux qui
auraient le même prétexte de la demander. Quant au délai sollicité pour
l'exécution de la commission du 5 mai lySS, relative au renouvellement du
papier terrier, le ministère se montra plus coulant. Le contrôleur général
répondit de vive voix que les commissaires chargés de ce travail ne le pres-
seraient point, 81 le roi déclara, dans sa réponse au cahier, que les frais
seraient modérés de façon à ménager tous les intérêts.
Les charges municipales avaient été rétablies au mois de novembre 1783
8t toutes les élections consulaires interdites. Comme toujours, le motif allé-
gué pour cette révolution cachait la préoccupation fiscale. « Nous sommes
« informé, disait. le roi, qtie, depuis la suppression desdits offices, la liberté
i< des élections est presque toujours troublée par des intrigues, qui en sont
« comme inséparables, & que les officiers ainsi élus, n'ayant que peu de
« temps à demeurer dans leurs emplois, ne peuvent acquérir une connais-
« sance parfaite des affaires concernant notre service Se celui des villes. »
L'un des résultats du changement était de faire passer la députation du tiers
aux États provinciaux dans les mains des simples acquéreurs d'offices. « Ceux
« qui auront fait leurs soumissions pour acquérir ces offices, portait l'arrêt
« du 29 décembre, auront entrée aux États à l'exclusion des maire Si offi-
« ciers actuellement en place, en justifiant du payement en espèces du tiers
« de la finance, 81 de la commission de chancellerie. » Ce triste trafic n'était
pas de nature à rehausser l'influence des États & redoublait, au commence-
ment de chaque session, les querelles des divers titulaires qui se disputaient
les sièges. L'assemblée recevait invariablement les porteurs des commissions
■ Recueil des éJitSj déclarations, arrêts & ordonnances de Vannée 1734 pour la province de La«-
goedoc.
173Û
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV, 1049 ~
au détriment des députés élus, la préférence devant toujours être donnée aux
acquéreurs, d'après les intentions du roi'.
Le 20 janvier lySô parut une grande déclaration du roi, destinée à ter-
miner les conflits de juridiction qui s'élevaient, depuis plus de quarante
années, entre le Parlement de Toulouse, la cour des comptes, aides & finances
de Montpellier, les bureaux des finances des deux généralités 8c les autres
tribunaux de la Province. Nos lecteurs savent que la cause originelle de ces
débats était l'âge différent de corps judiciaires dont les attributions se tou-
chaient sur bien des points. Chacune des compagnies cherchant à étendre ses
prérogatives. Se la faveur des personnes ayant presque toujours une influence
décisive sur les résolutions du gouvernement, les questions de compétence
devenaient un véritable chaos; on se perdait au milieu de ces autorités juxta-
posées dans la suite des temps, sans idée synthétique. L'édit de novembre i6go,
dont les dispositions étaient favorables k la cour des comptes, avait fait surgir
un nombre prodigieux de contestations, où tous les tribunaux du Languedoc
se trouvaient engagés & où les Etats eux-mêmes avaient cru devoir intervenir.
La multitude des parties, le nombre & l'importance des demandes, la lon-
gueur & la difficulté de l'instruction, menaçaient d'éterniser la querelle si
l'on avait suivi les règles ordinaires de la justice. Aussi en était-on venu,
dans les divers camps, à solliciter un acte de la puissance royale qui réglât la
compétence de tous les juges.
Adoptant la marche qui avait été suivie en 1734 pour terminer les diffi-
cultés pendantes entre le Parlement &. la cour des aides de Bordeaux, le gou-
vernement chargea des commissaires du conseil d'examiner les mémoires 8c
les pièces remises par les parties 8c de fournir un avis motivé sur les points en
litige. Le Parlement de Toulouse 8c la cour de Montpellier envoyèrent des
députés avec mandat de défendre leurs prétentions, Se le syndic général de la
Province apporta ses éclaircissements.
La compagnie de Montpellier réunissait deux attributions distinctes : elle
était à la fois chambre des comptes 6c cour des aides. Comme celte dernière
qualité la mettait en rapport avec tous les habitants de la Province 8c susci-
tait le plus grand nombre des contestations, ce tut à ordonner tous les détails
de ce rôle que s'attacha d'abord le législateur. La déclaration de lySô, qui ne
comprenait pas moins de soixante-douze articles, avait pour objet de faire un
' La fonctions municipales n'étaient plus con- tage, les Ktats qui lui avoient déjà donné des mar-
sidérées que comme un moyen d'acquérir certains ques de leur confiance & qui ne peuvent que re-
avantnges personnels. Nous lisons dans le procès- gretter sa perte, pourroient s'intéresser auprès du
verbal de la séance du 5 février 1735 : roy pour obtenir la noblesse pour le fils unique
« Monseigneur l'archevêque de Toulouse a dit que le sieur Paillioux a laissé, qu'il y a lieu de
que le feu sieur Pailhoux, dont la science & la croire que cette grâce sera accordée aux Etats &
capacité luy avoient justement acquis la confiance que Messieurs les députés à la Cour pourroient
du public & la réputation la plus distinguée, avoit être chargés de la solliciter.
Clé destiné pour remplir une des places de cspi- « Sur quoy l'assemblée a unanimement délibéré
toul de Toulouse, ce qui luy auroit procuré la de charger Messieurs les députés à la Cour de solli-
noblesse qui est la juste récompense du mérite; citer auprès du roi des lettres de noblesse en faveur
que sa mort ayant privé sa famille de cet avan- du fils du sieur Pailhoux. »
1736
io5o ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
partage sî juste dans les matières qui, sous différents rapports, pouvaient
regarder des tribunaux dittérents, que chaque siège particulier & chaque
compagnie se renfermât exactement dans les bornes de son pouvoir, soit en
première instance ou par appel. On se flattait d'atteindre ce résultat, grâce
à l'attention que l'on avait eue de fixer précisément, 8t par des dispositions
expresses, le véritable esprit de toutes les attributions.
Le droit d'ordonner & de permettre la levée d'un impôt quelconque dans
la province de Languedoc était exclusivement réservé au roi, avec défense à
la cour de Montpellier 8c à toute autre compagnie judiciaire de s'y ingérer
sous aucun prétexte, quand même il ne s'agirait que de réparer l'omission
d'une imposition ordonnée ou autorisée dans les règles ordinaires. La cour
des comptes avait la connaissance des faits de perception, sans pouvoir, à
fnoins d'attribution formelle, s'inquiéter des motifs de l'impôt. Les contesta-
tions relatives aux fermes du tabac, du papier 8t parchemin timbré, des pou-
dres & salpêtres, des droits de marque sur l'or, l'argent, l'étain, le fer 8t
l'acier, revenaient en première instance aux maîtres des ports & juges des
traites de Languedoc &, par appel, à la cour de Montpellier. Ces fermiers,
ceux de l'équivalent 8t des étapes pouvaient cependant porter directement
devant cette cour des contestations qui naîtraient entre eux, à raison de leurs
fermes seulement, tous leurs autres procès ou diftérends devant être poursuivis
devant les juges ordinaires &, par appel, suivant l'ordre des juridictions,
arriver au Parlement.
L'enregistrement des lettres de concession, de confirmation ou de continua-
tion des droits d'octroi ou de subvention obtenues par les communes de la
Province était obligatoire à la cour des comptes, juge en appel des contesta-
tions relatives à ces droits qui auraient été portées en première instance devant
les juges ordinaires.
Il en était de même pour les différends occasionnés par la perception des
tailles; mais, quand le même lieu avait un juge royal & d'autres juges, le
premier, seul, devait être compétent en première instance.
La cour des comptes jugeait elle-même, en première instance, des procès &
différends relatifs aux cadastres des communes, au renouvellement des éva-
luations & aux plaintes de surcharge. Les contestations survenues au sujet
d'erreurs commises dans le livre de la taille, par rapport à la proportion de la
cotisation ou aux exemptions prétendues, appartenaient, en première ins-
tance, aux juges ordinaires, & en appel à la cour des comptes, sans interven-
tion du Parlement.
Les procès concernant la noblesse des personnes, à l'occasion de la levée
des tailles ou d'autres impôts, se portaient directement devant la cour des
comptes, à l'exclusion de tous autres juges, en se conformant aux règles éta-
blies par la déclaration du 8 octobre 1729. La cour avait aussi la connaissance
exclusive des contestations concernant la nobilité des fonds, à l'occasion de
la levée des tailles. Quant aux autres affaires, où il s'agissait de la noblesse
des personnes ou de la qualité des terres prétendues nobles ou roturières, elles
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. io5i
continuaient d'être portées devant les juges compétents pour la contestation
principale, &, par appel, devant le Parlement de Toulouse.
t,e Parlement 8v la cour des comptes devaient également enregistrer toutes
les lettres d'anoblissement ou de confirmation de noblesse & de réhabilitation,
comme aussi toutes les chartes de privilèges & affranchissements accordées aux
communes ou aux particuliers, avec pouvoir de statuer sur les oppositions
produites, sauf à la cour incompétente sur le motif de l'opposition, d'en faire
renvoi à la cour compétente.
Les appels d'adjudication des tailles ou de la nomination des collecteurs
forcés 8*. les demandes en validité ou en nullité demeuraient à la cour des
comptes; mais les contestations relatives à l'exécution des baux ou des collectes
forcées suivaient les deux degrés de juridiction.
Les débats concernant la propriété ou la possession des biens patrimoniaux
qui appartenaient aux communes revenaient en première instance aux baillis
8i sénéchaux du ressort, en appel au Parlement; mais les différends relatifs à
la seule perception du revenu de ces biens, sans que le fond du droit fût
contesté, n'allaient en première instance qu'aux juges immédiats des lieux,
8i en appel au présidial du ressort.
Les sénéchaux &. le Parlement jugeaient aussi les demandes en nullité des
baux de fermages, intentées contre les fermiers par les communes; mais les
poursuites intentées contre les fermiers par les collecteurs, se rattachant à la
matière des tailles, étaient réservées en appel k la cour des comptes.
De même pour les contestations concernant la validité des baux de biens
abandonnés, faute de payement de la taille, conformément aux déclarations
du 28 mars 1690, du 27 juin 1702 & du 10 août 1728; celles qui regardaient
les poursuites des collecteurs contre les contribuables pour le recouvrement
des deniers de leur collecte; celles des receveurs diocésains contre les collec-
teurs pour le recouvrement des sommes imposées au profit du roi ou des
diocèses.
L.a cour de Montpellier jugeait seule & directement les poursuites du tré-
sorier des Etats de Languedoc contre les receveurs des tailles.
L'usage du commandement d'arrêt était supprimé, sauf aux tribunaux de
prononcer la contrainte par corps dans les cas où elle devait avoir lieu 8t de
la faire exécuter dans les formes prescrites par les ordonnances.
Les débats sur la clôture des comptes rendus par les collecteurs étaient
renvoyés, en appel, à la cour de Montpellier.
Les officiers des bureaux des finances servant dans les deux généralités de
Languedoc avaient la connaissance des états arrêtés au conseil pour la distri-
bution des finances dans la Province 8c pouvaient seuls décerner des con-
traintes ou ordonnances contre les receveurs ou payeurs chargés du payement
des gages S<, autres parties employées dans ces états; ils connaissaient pareille-
ment des oppositions aux contraintes, quand ces oppositions se trouvaient
fondées sur c|uelque exception tirée de la confection même des états. F,n cas
d'appel de leurs jugements, ils ne pouvaient se pourvoir que devant le roi.
1736
1736
io52 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les contestations survenues à l'occasion des élections & nominations de
consuls passaient en première instance devant les baillis & sénéchaux du
ressort, & en appel au Parlement; mais si les consuls avaient été installés par
les baillis Si sénéchaux, le Parlement devenait juge en première instance.
Le Parlement était aussi juge d'appel, sur sentence des juges locaux de
police, des différends occasionnés par les baux de fourniture de viande aux
communes, par les achats de bestiaux destinés à cette fourniture, 8c par les
entreprises de glacières. Il recevait en appel, suivant l'ordre des juridictions,
les causes concernant la faculté de faire paître les bestiaux dans des pâturages
communs & la fixation du nombre d'animaux qui pouvaient y être envoyés;
mais quand il ne s'agissait que de fixer le nombre des bestiaux, sans que le
droit de dépaissance fût contesté, les appels des sentences rendues par les
juges locaux étaient relevés sans intermédiaire au Parlement. Cette compé-
tence n'embrassait pas les différends concernant la cotisation des bestiaux à
la taille, dans les lieux où elle était pratiquée, différends réservés à la cour
des comptes.
Aucune des deux compagnies n'était autorisée à intervenir dans les affaires
d'emprunts contractés par les communes; ni le Parlement, ni la cour des
comptes, ni les trésoriers de France, ni les autres juges quelconques ne pou-
vaient prendre connaissance de ce qui concernait les causes, la nécessité ou la
validité de ces emprunts.
Les contestations survenues entre des communes Se leurs créanciers, au
sujet de dettes vérifiées d'après les règles de la Province, appartenaient aux
juges locaux &, en appel, au Parlement, suivant l'ordre des juridictions.
Le roi se réservait les débats élevés, à l'occasion de travaux communaux,
entre les communes & les entrepreneurs, au sujet de l'adjudication 8i de la
réception des ouvrages ou sur les défauts qui pourraient s'y rencontrer; il
laissait aux juges ordinaires & au Parlement ceux qui se produisaient à l'occa-
sion des marchés ou contrats entre les fournisseurs, entrepreneurs, ouvriers,
voituriers & autres agents.
La direction £<. l'administration des grands chemins, ponts & chaussées de
Languedoc étaient maintenues intégralement aux États de la Province,
comme par le passé; mais cette assemblée ne pouvait néanmoins, sous pré-
texte de leur direction, connaître des contestations qui naîtraient à l'occasion
des marchés, contrats olx autres actes passés pour l'exécution de ses ouvrages
&i qui devaient suivre l'ordre naturel des juridictions pour arriver au Parle-
ment.
Pour les travaux de fortification, la connaissance des querelles relatives a
l'adjudication & à la réception des ouvrages appartenait exclusivement au
roi; mais les conflits occasionnés par les marchés étaient renvoyés à la cour
des comptes ou au Parlement, suivant que l'acte mentionnait ou ne mention-
nait pas l'imputation du payement sur les fonds attribués aux fortifications.
Il en était de même pour la fourniture des étapes, sauf la juridiction pré-
tendue par la connétablie.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. io53
La cour des comptes & les juges de son ressort connaissaient, tant au civil
qu'au criminel, de tous les troubles, empêchements & opposition faits à la
levée des impôts, à la perception des droits des fermes 8c d'octroi, même avec
attroupement 8c port d'armes; elle jugeait aussi toutes les contraventions 6c
rébellions à l'exécution des sentences rendues par ses officiers.
Le roi lui laissait la juridiction exclusive sur elle-même, en toutes matières
concernant la police 8c la discipline de la compagnie, la correction 8c la puni-
tion de ses officiers auxquels elle pouvait seule instruire 8c faire le procès
extraordinairement, quand il s'agirait de fautes, d'abus ou de malversations
commises en l'exercice de leurs charges; elle connaissait également des injures
8c excès commis contre la personne de ces officiers, au mépris de leurs fonc-
tions.
Dans tous les autres cas, les poursuites extraordinaires qu'ils pourraient
encourir ne devaient être instruites 8c jugées qu'au Parlement de Toulouse,
toute la grand'chambre assemblée. Défense était faite à autres juges quel-
conques d'en prendre connaissance sous peine de nullité. Cependant les baillis
8c sénéchaux du lieu du délit étaient autorisés à informer contre ces officiers
pour crimes commis hors de la ville 6c gardiage de Toulouse, 8c, en cas de
crime capital, à décréter contre eux, à la charge de renvoyer les procédures à
la grand'chambre pour y être instruites 8c jugées. Mais si les officiers des
comptes avaient volontairement procédé devant les baillis ou sénéchaux, ils
ne pouvaient se pourvoir en la grand'chambre que par appel. Ces disposi-
tions étaient empruntées à l'ordonnance de 1670 concernant les officiers de
la chambre des comptes de Paris.
La discipline du personnel judiciaire ressortissant à la cour des aides appar-
tenait à cette compagnie, à l'exclusion de tout autre tribunal, lorsqu'il
s'agissait seulement de méfaits commis par les magistrats ou préposés en
l'exercice de leurs offices comme agents de la cour des aides, ou des injures
faites h leurs personnes dans la même qualité. Mais si les juges étaient pour-
suivis ou plaignants pour délits n'intéressant pas la compétence de la cour, 8c
s'ils avaient des procès civils ou criminels en dehors de l'exercice de leurs
fonctions, ils rentraient dans la juridiction ordinaire, avec appel au Parlement.
La même distinction était observée pour la répression des gardes, commis
ou autres agents ayant serment en justice, employés dans l'administration
des fermes, de l'équivalent, des étapes ou dans la perception des droits royaux
8c des droits d'octroi. Mais la déclaration admettait à leur égard deux degrés
de juridiction, la première instance aux juges ressortissants 8c l'appel à I?
cour.
Le droit d'examiner 8c de recevoir les maîtres des ports de la province de
Languedoc était maintenu au Parlement de Toulouse, devant lequel ces
officiers devaient prêter serment; mais, aussitôt après leur réception, ils
avaient à faire enregistrer leurs provisions en la cour des comptes. Quant h
leurs sentences, l'appel en revenait à cette compagnie dans les matières de
sa compétence spéciale 6c au Parlement dans tous les autres cas.
1736
~ 1004 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
Un article interdisait à la cour des comptes de connaître en première ins-
tance d'aucune affaire non expressément désignée par la déclaration.
La ville de Toulouse ayant, par suite de ses anciennes institutions muni-
cipales &c de la résidence du Parlement, un régime particulier, le gouverne-
ment s'était gardé d'y porter atteinte. Il entendait ne rien innover dans la
juridiction que les capitouls 8v le Parlement exerçaient dans toutes les
matières concernant les tailles, les octrois, les subventions & autres imposi-
tions levées dans la ville ou dans le gardiage. Les contestations qui pour-
raient naître à ce sujet continueraient d'être portées en première instance
devant les juges-capitouls, & par appel au Parlement, sans que, sous ce pré-
texte, les capitouls ou la cour pussent prendre connaissance des procès concer-
nant les fermes ou levées extraordinaires.
Afin de ne point retarder l'application des nouvelles mesures & d'éviter des
atermoiements Si des embarras de procédures, un dernier article portait que
la déclaration serait exécutée en tous ses cbefs, même pour le jugement des
conflits ou règlements de juges formés avant la publication. Le Parlement 8c
la cour des comptes étaient tenus de se renvoyer réciproquement, même sans
en être requis, les affaires qui ne seraient pas de leur compétence, à peine
de nullité'.
On voit que le gouvernement essayait de débrouiller le chaos de préten-
tions rivales 8c d'usurpations mutuelles au milieu desquelles les intérêts des
parties couraient de si grands risques. Le principe général de la déclaration
était de cantonner exactement la cour des aides dans les affaires de finances,
8c le Parlement dans le service judiciaire proprement dit. Mais, bien que
cette tentative marquât un'progrès réel, elle laissait encore subsister maintes
occasions d'enchevêtrement. Les nuances établies entre les diverses natures
d'affaires, pour fixer les compétences, n'étaient pas toujours tellement nettes
8c faciles à discerner que l'esprit de chicane fût impuissant à soulever des
conflits. Aussi, les diverses juridictions, plus ou moins contenues par les règle-
ments partiels, ne devaient pas cesser de se faire la guerre jusqu'au moment
où la Révolution les mit d'accord en les supprimant toutes, ce qui était bien,
en effet, l'unique manière de les pacifier.
Contrairement aux usages, les promesses de suppression du dixième à la
paix, contenues dans la déclaration d'établissement furent tenues avec exacti-
tude. Dès le I" janvier 1787, les négociations qui aboutirent au traité de
Vienne parurent assez avancées pour permettre un allégement qui ne devait
s'accomplir que trois mois après la cessation des hostilités.
Le bas Languedoc fut occupé, pendant la même année, par de graves con-
testations entre le marquis de Grave 8c les habitants du littoral des étangs,
dont l'évêque de Montpellier 8c le syndic du diocèse soutenaient les intérêts.
Le marquis de Grave, en qualité d'héritier du président de Solas, ancienne-
ment subrogé aux droits d'Icher 6c Pastorel, concessionnaires du canal ûu i^cz
Recueil dci éjits, déclarations, arrêts & ordonnances de l'année xj'it^ pour la province de Languedoc.
1737
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. io55
8c de la robine de Lattes, interdisait à ce titre l'usage des petits ports de
Mauguio, de Pérols & de Villeneuve, échelonnés sur le bord de la lagune.
Une ordonnance de l'intendant, du 3i janvier lySy, reconnut au marquis le
droit de port exclusif sur les étangs. A cette occasion, des titres fort anciens
furent produits, entre autres une transaction de janvier 1272, entre le roi de
Majorque, seigneur de Lattes, l'évêque & le prévôt du chapitre de Mague-
lonne, portant que le roi avait seul le droit de port sur l'étang de Mauguio,
Êc des lettres patentes de Charles VII, du 3 octobre 1428, enjoignant au
sénéchal de Beaucaire Seau bailli de Montpellier de faire publier le privilège
exclusif du port de Lattes. Le marquis montrait également un arrêt de la
cour des aides du 16 juillet 1614, rendu entre le fermier de la robine de
Lattes, les consuls de Mer, les consuls de Montpellier, les menuisiers de la
même ville 8c le syndic du diocèse, ordonnant que les bois de construction
ne pourraient être déchargés qu'au port de Lattes 8c y payeraient un droit
déterminé} une ordonnance du maître des ports au département de Mont-
pellier, conçue dans le même esprit j des lettres patentes d'octobre 1666, auto-
risant un traité pour la construction du canal du Lez; un autre arrêt de la
cour des aides, du 6 avril 1674, transférant le bureau de la foraine à l'em-
bouchure du Lez.
En 1675, M. de Solas, ayant fait agrandir son canal pour le rendre plus
aisément navigable, en donnant aux écluses la même capacité qu'avaient celles
du canal des deux mers, le roi lui accorda à titre de récompense ou d'indem-
nité, sous forme d'inféodation, la rectorie de Montpellier, la baronnie de
Lattes, le droit de port, 8c, par d'autres lettres du mois de décembre de la
même année, il unit en un seul corps les baronnies de Solas 8c de Lattes
sous le nom de marquisat de Solas. En 1691, la cour des aides, revenant sur
la question, avait déclaré de nouveau les trois ports « obliques « Se défendus.
Bâville, par plusieurs ordonnances, menaçait de la saisie 8c d'une amende
de cent livres tout patron qui chargerait ou déchargerait aux ports pro-
hibés, 8c permettait à Solas d'établir des gardes à Villeneuve, à Pérols 61 à
Mauguio, avec pouvoir d'y opérer des saisies. Ces rigueurs s'étaient en effet
réalisées dans diverses occasions, 8c Bcrnage confisquait impitoyablement les
bois transportés, les charrettes, les mules, les tonneaux de vins 8c jusqu'aux
embarcations.
L'évêque de Montpellier, à la suite de l'ordonnance rendue par Saint-
Maurice, adressa de vives réclamations au cardinal Fleury.
« L'intérêt du diocèse, écrivait-il, consiste à prévenir la ruine inévitable
« des principales communautés qui le composent, si les habitans de tous ces
» différens lieux sont obligés de faire passer les choses qui leur sont néces-
« saires pour leur subsistance par le canal de M. le marquis de Grave,
« éloigné de plus de deux lieues de leur domicile, 8c d'y faire porter à gros
« frais les denrées 8c surtout le vin qu'ils vendent à l'étranger. Le mien con-
« siste à veiller à la conservation du droit que mes prédécesseurs ont toujours
« eu, par lettres patentes de nos rois, d'avoir des ports ou graux dans l'étendue
'7*7
'7^7
1738
io56 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« des étangs, depuis la motte de Coixiens jusqu'au mont de Cette & de ne
« pas perdre dans Villeneuve Si dans Mauguio les droits seigneuriaux qui
u me sont dus par les emphytéotes & de ne voir pas perdre non plus pour
« toujours les dîmes 8t les fruits des biens appartenant à mon évêché. »
Le svndic de l'église cathédrale Saint-Pierre de Montpellier envoya aussi
un mémoire où il exposait que de temps immémorial on connaissait l'exis-
tence des trois petits ports sur les étangs. Ces ports étaient indispensables
pour la subsistance des habitants & de leurs bestiaux, &c pour l'exportation
de leurs vins que les étrangers venaient y acheter. L'église Saint-Pierre pos-
sédant la seigneurie de Pérols avait un droit sur la sortie des vins & sur l'en-
trée des foins.
L'évêque revint k la charge le 28 septembre lySô. De sa retraite de la
Vérune, il écrivait au cardinal : « Votre amour pour l'Eglise ne permettra
i( pas que les droits de mon évêché périssent. Cette affaire doit décider de la
<i ruine entière de la plus grande partie de ce diocèse qui est sur la côte,
« ruine inévitable si une pareille prétention avait lieu'. »
Mais les recommandations de M. de Croissy n'obtenaient guère de crédit
auprès de la Cour.
Depuis le mémorable appel de 171 7, l'évêque de Montpellier n'avait cessé
d'être l'âme des résistances françaises contre la bulle Unigenîtus &t les doc-
trines ultramontaines. Pendant vingt Se un ans, il était demeuré sur la brèche
sans se laisser décourager par les injustices, les humiliations, les persécutions
de toute nature qui lui avaient été prodiguées. Hostilité de ses confrères de
l'épiscopat qui le traitaient en schismatique & refusaient de communiquer
avec lui dans les cérémonies religieuses, exclusion des Etats de la Province
qui le contraignaient régulièrement, par lettres de cachet, à s'exiler de sa
ville épiscopale tout le temps que les représentants des trois ordres s'y trou-
vaient rassemblés, tracasseries administratives du ministère & de l'intendant,
saisie du temporel de son évêché, menace continuelle d'un prétendu concile
qui semblait lui promettre l'excommunication, aucune rigueur ne fut épar-
gnée à sa constance; aucune amertume ne réussit à l'abattre. Les années qui
passaient sur sa tête sans la courber, ne firent que multiplier les témoignages
de sa fidélité militante à la doctrine de son choix. Mais des inquiétudes aussi
durables, des fatigues aussi répétées avaient épuisé ses forces. Pendant le
carême de 1738, quoique M. de Croissy eût déjà soixante 8c onze ans 8t qu'il
fût sujet à des douleurs d'estomac & d'entrailles extrêmement vives, auxquelles
s'ajoutaient parfois des accès de goutte remontée, il s'obstina, malgré les ins-
tances de son médecin, à observer dans toute leur rigueur les prescriptions
de la discipline ecclésiastique. Il pensait que la dignité épiscopale lui inter-
disait des adoucissements qu'il conseillait lui-mêm.e à des personnes de con-
dition privée, & la dérision dont les usages catholiques étaient l'objet de la
part des populations protestantes, si nombreuses dans le diocèse, semblait lui
' Archives nntionalcs. Papiers du contrôleur général.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. loSy
faire une loi de s'y conformer plus strictement. Mais le corps eut moins de
vigueur que lame. Parvenu au dimanche des Rameaux, le prélat, dont
l'énergie se lassait, eut encore la force de donner la bénédiction dans sa
cathédrale 8c d'assister à la procession en habits pontificaux, la palme à la
main. La nuit suivante, une inflammation d'entrailles se déclara. Le mal ne
cessa de progresser pendant dix jours. Le vendredi saint, l'évêque reçut le
viatique. La cérémonie fut solennelle. M. de Croissy voulut qu'une nom-
breuse assistance reçût le témoignage de son humilité. Sa chambre à coucher
était pleine de monde, & la foule, qui ne pouvait parvenir jusqu'à lui,
encombrait les appartements de l'évêché. Ce fut devant cet auditoire attristé
qu'il fit la confession de ses fautes. Il reconnut qu'il n'avait pas toujours
rempli les devoirs immenses de l'épiscopat; mais quand il aborda la question
de la grande querelle qui avait fait l'unique sollicitude de sa vie, cette âme
guerrière retrouva toute sa vaillance. Il protesta qu'à l'égard du parti qu'il
avait pris dans les affaires de l'Eglise, il n'avait point de reproches à se faire;
qu'il paraîtrait avec une pleine confiance au tribunal de Jésus-Christ, s'il
était également irrépréhensible sur tout le reste; que, bien loin de se
repentir, il était prêt à verser tout son sang pour la cause qu'il soutenait. Il
ajouta qu'il mourait, comme il avait vécu, attaché à l'Eglise catholique, apos-
tolique Si romaine, dont il regardait le chef, avec l'Église qu'il gouverne,
comme le centre de l'unité ecclésiastique. Après cette profession de foi, il se
recommanda aux prières des assistants. Mais les larmes qu'il voyait répandre
autour de lui, sa propre émotion & sa faiblesse lui coupèrent la parole.
Cependant la mort parut s'éloigner; durant deux jours, des espérances furent
permises. Le mardi de Pâques, il ne resta plus d'illusions. Jusqu'au dernier
moment l'évêque conserva sa lucidité, priant pour l'Eglise, pour le peuple Se
pour lui-même. Il ferma les yeux le 8 avril lySS, à une heure après midi,
dans la quarante-deuxième année de son épiscopat.
Le corps du prélat demeura exposé pendant trois jours. On avait dressé
deux autels dans sa chambre où le clergé séculier Se régulier de la ville vint
successivement dire la messe. La chambre des comptes, les trésoriers de
France, le présidial, les administrateurs des hôpitaux, les Dames de la Misé-
ricorde assistèrent aux funérailles. En traversant les principales rues de
Montpellier, le cortège trouva toutes les boutiques fermées Se la foule silen-
cieuse 8c recueillie sur son passage. Après une messe chantée en musique à
la cathédrale, le cercueil fut porté dans l'église de l'hôpital général où l'évêque
avait choisi sa sépulture. D'après sa recommandation expresse, on posa sur sa
poitrine une copie de son appel. « Je le présenterai, avait-il dit, au tribunal
« de Jésus-Christ, Se il servira à modérer la rigueur des jugemens de Dieu
« sur moi. »
Par son testament, M. de Croissy avait institué l'hôpital général de Mont-
pellier son héritier universel. Les administrateurs de cette maison trouvèrent
dans une cassette une somme considérable en argent monnayé. C'était une
réserve que le prélat s'était faite, en vendant une partie de son patrimoine,
XIII. 6-j
1738
1/38
lySp
io38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
afin de n'être à charge à personne, clans le cas où les menaces de déposition
par un concile, si souvent répétées depuis 1728, se seraient un jour réalisées.
Ce furent les administrateurs de l'hôpital qui firent placer au-dessus de la
tombe une dalle de marbre avec une inscription très-simple dont l'évêque
avait lui-même donné le texte.
Les œuvres de M. Colbert de Croissy, réunies en trois volumes, ont été
publiées en 1740, avec une préface étendue, renfermant une analyse de ses
travaux Se un précis des plus notables circonstances de sa vie'.
La bibliothèque importante que l'évêque avait formée fut mise en vente &
achetée par un libraire de Toulouse nommé Caranove. C'est dans cette col-
lection que figurait un manuscrit anonyme contenant l'histoire de la guerre
civile en Languedoc de i56o à iSgo, qui a été utilisé par le chanoine Charles
de Greffeuille 8<. par dom Vaissete & publié intégralement par le marquis
d' Au haïs ^.
CHAPITRE III
Le prince Je Dombcs & Is duc de Richelieu. — Travaux piitllcs. — Affaires de religion. — Jem Le
Nain. — Mémoire de 1 évèque de Saint-Pons. — Suspension des États. — La Justice en %'ivarais
& en Vêlai. — M. de Saint-Priest. — Rétablissement des Etats. — Conférence épiscopale. — Ri-
chelieu à Toulouse. — Le comte d'Eu. — Les maréchaux de Mirepoix & de Thomond. — Malheurs
publics & misère de la Province.
On sait combien le système d'administration qui avait prévalu sous
l^ouis XIV annulait l'influence des gouverneurs de province, & nous avons
vu que, dès le temps de l'intendant d'Aguesseau, l'on se contentait d'accabler
d'honneurs le personnage revêtu de cette haute dignité, sans lui laisser les
moyens d'exercer aucune action effective sur le mouvement des affaires. Tout
se faisait entre le président des Etats, l'intendant £<. le ministre, &, si le gou-
verneur avait quelques occasions d'intervenir, ce n'était guère que dans des
questions de personnes. Les députés de la Province ou des villes 8c les sollici-
teurs de tout ordre l'entouraient pour lui arracher des recommandations
auprès du roi ou des secrétaires d'Etat. Sa maison était le foyer d'une foule
de petites intrigues accessoires; mais comme il ne daignait jamais s'occuper
sérieusement de sa charge, se montrer dans la Province, en étudier les
besoins & se mettre à même d'en défendre les intérêts avec connaissance de
cause, vivant éloigné du pays dans le mystère affecté de la Cour, il demeu-
rait inconnu à l'immense majorité des habitants; &, quand il mourait, si sa
disparition dérangeait quelques combinaisons 8c déconcertait quelques ambi-
tions individuelles, elle ne laissait guère de traces que dans les procès-verbaux
des cérémonies de deuil officiel prescrites par lettres du roi.
■ Les ^.livres de mesure Charles-Joach'im Colhert, lume est un portrait gravé de l'évêque, signé
éyesjue de Montpellier. A Cologne, aux dépens de P. Yver, fecit 1740.
la Compagnie. M DCC XL. En tête du premier vo- ' Pièces fugitives, t. IL
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1039
Le gouvernement de Languedoc, vacant en lySy par la mort du duc du
Maine, était passé, sans autre émotion, à son tils Louis-Auguste de Bourbon,
prince de Dombes, chevalier des ordres du roi, lieutenant général de ses
armées, colonel-général des Suisses Se Grisons.
Nous avons raconté comment le duc du Maine, compromis dans la conspi-
ration de Cellamare, avait été éloigné de la Cour 8c interné dans un château
par ordre du régent. Cette disgrâce finit en 1720, le prince ayant obtenu à
cette époque la permission de quitter sa prison & de venir habiter la maison
de plaisance de Clugny, dans le parc de Versailles, première étape vers une
réintégration totale dans ses dignités. En 1723, cette réparation s'était com-
plétée par quelques autres faveurs. Le jeune roi Louis XV avait rétabli le
duc du Maine 8c le comte de Toulouse dans leurs prérogatives de princes du
sang, à l'exclusion du droit de succession à la couronne, en cas que la maison
de Bourbon vînt à s'éteindre. Outre cette réserve capitale, on avait mis une
distinction d'étiquette entre les princes légitimés Se les princes du sang, en
décidant qu'ils ne siégeraient pas tout à fait sur la même ligne dans les fes-
tins, repas ou cérémonies publiques, 8c qu'au Parlement de Paris les princes
légitimés ne traverseraient point le parquet comme les princes du sang.
Ouand le premier président passait devant eux pour recueillir leurs suffrages,
il devait ôter son bonnet 8c leur dire : « Monsieur le duc du Maine, votre
<( avis? Monsieur le comte de Toulouse, votre avis? » tandis qu'aux princes
du sang royal il disait seulement, sans les nommer : « Monsieur, votre avis? »
Le prince de Dombes, dont le nom fut substitué à celui de son père dans
les commissions des États 8c dans la liste des gratifications annuelles, était
allé, en 17 17, sous le nom de marquis de Trévoux, faire la campagne de
Hongrie contre les Turcs, à côté du prince Eugène.
Le haut personnel du Languedoc subit, l'année suivante, un changement
plus appréciable par la nomination du duc de Richelieu à l'emploi de com-
mandant en chef. Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu 8c de
Fronsac, pair de France, prince de Mortagne, marquis du Pont-Courlay,
comte de Cognac, baron de Barbezieux, de Coza, de Saugeon 6c d'Albret,
chevalier des ordres du roi, premier gentilhomme de sa chambre, ne fut
point en Languedoc, malgré ses habitudes de frivolité, un commandant de
jiarade. On voit, par sa correspondance, qu'il prit une part assez directe aux
affaires; pendant les voyages qu'il faisait dans les diverses villes de son com-
mandement, il avait le soin de se munir d'instructions détaillées, soit de la
Cour, soit de l'intendant, afin d'être en état de soutenir des entretiens per-
sonnels sur les questions les plus importantes 8c de mettre l'autorité de son
nom Se de sa parole au service du gouvernement.
Le 25 février 1709, il fut nommé, à la place du marquis de La Fare, pour
ocv iper, en l'absence du prince de Dombes, c'est-à-dire constamment, le pre-
mier rang dans la commission de 1734. On reconnaît, d'après un grand
nombre d'ordonnances rendues par cette commission sur plusieurs points
d'administration municipale, que le duc de Richelieu y figura très-souvent
1739
1739
io6o ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
en personne & qu'il eut ainsi l'occasion de s'initier aux principales affaires
de la Province. Il tint régulièrement les États de Languedoc, comme premier
commissaire du roi, pendant une longue suite d'années.
Le duc avait des façons autoritaires, &, par sa naissance St ses relations de
Cour, se trouvait enclin à favoriser la noblesse, mais il apportait à l'admi-
nistration provinciale le concours d'un esprit éclairé 8c pénétrant, un fond
de bon sens assez rarement mis en défaut & un sentiment assez large du
progrès matériel. L'intérêt qu'il prit aux travaux publics 8; aux embellisse-
ments des villes en est une marque peu équivoque.
Du reste, pendant cette période, à part les éternelles querelles du jansé-
nisme 8c quelques éclairs de persécution contre les protestants, l'histoire de
la Province se borne à peu près à celle de ses constructions, de ses ponts, de
SCS chemins, de ses promenades, de ses entreprises agricoles ou industrielles,
ï/csprit du temps pénètre de plus en plus dans l'administration, le mot de
h\en public est d'un usage fréquent, les idées de perfectionnements 8c d'em-
ijrunts faits à l'étranger commencent à se répandre, l'intendance ne craint pas
de faire imprimer à la suite du recueil des édits 8c déclarations intéressant la
Province, des mémoires d'agriculture conseillant l'établissement de prairies
artificielles, à l'imitation de l'Angleterre; 8c l'on s'aperçoit qu'un des meilleurs
moyens d'empêcher la famine en temps de disette 8c d'assurer l'écoulement
des produits en temps d'abondance est de faciliter les communications, en
substituant aux sentiers mal tenus, seulement praticables aux bêtes de somme,
des chemins plus larges &c mieux nivelés, propres au charroi en toutes sai-
sons. Ces travaux s'accomplirent d'abord par tronçons, 8c sans vues d'en-
semble, en visant au plus pressé ou en suivant l'impulsion des hauts person-
nages intéressés; puis, par le seul effet de l'étude 8c la puissance du bon
sens, ils arrivèrent à se régulariser, à se coordonner 8c préparèrent l'établisse-
ment de ce remarquable réseau de routes dont la Province eut le droit de se
montrer fière.
Nous ne pouvons suivre dans ses détails cette longue opération qui fut
plus d'une fois entravée, soit par les événements politiques, soit par les
guerres étrangères, mais qui n'en est pas moins le meilleur titre des Etats
au souvenir 8c à la reconnaissance du pays.
Quelque imparfaite qu'elle fût dans son principe 8c dans ses moyens
d'action, l'organisation provinciale, sans être véritablement représentative,
mettait du moins à la disposition du gouvernement des forces locales plus
actives 8c plus intelligentes que les commis des pays d'élection; de là une
supériorité de résultats qui frappait tous les observateurs, 8c ([ui contrastait
avec les récriminations soulevées depuis le dix-septième siècle par le mode
de recrutement de l'assemblée 8c la composition des trois ordres.
Dix-neuf communes du diocèse de Lavaur, situées dans la plaine qui
s'étend à l'ouest 8c au pied de la montagne Noire, portèrent plainte aux
Etats des dommages que leur faisaient éprouver les eaux surabondantes de
la rigole de dérivation alimentant le canal de Languedoc. L'assemblée reçut
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. io6i
les mêmes réclamations de la part de la ville de Saint-Félix, 8c plusieurs lieux
du diocèse de Saint-Papoul laissèrent entendre qu'ils préparaient aussi leurs
mémoires.
M. de Clapiès reçut la mission de vérifier l'état des travaux en présence
des syndics diocésains de Lavaur Si de Toulouse 8<. du sieur Lafeuillade,
représentant les propriétaires du canal. Comme d'ailleurs les syndics géné-
raux, chargés de contraindre l'administration du canal 8t les riverains à
faire, chacun selon ses obligations, les travaux d'entretien nécessaires aux
aqueducs, rigoles 8c contre-canaux, n'avaient pu déterminer avec précision
les droits respectifs, on résolut que M. de Clapiès ferait en même temps la
vérification de tous les ouvrages servant de déversoir aux eaux du canal ou à
celles des rivières 8c ruisseaux dont le cours s'en trouvait interrompu'.
L'année lylJy s'étant terminée sans que le travail s'accomplit, les Etats
revinrent à la charge^. M. de Clapiès effectua l'opération, en présence du
syndic général Joubert, des syndics diocésains 8c du greffier de la Province
Guilleminet, dépêché par ordre de l'archevêque de Narbonne.
Il résulta de cette enquête qu'un très-grand nombre de plaintes étaient
portées par les communes 8c les particuliers, dans toute l'étendue du canal,
d'Agde à Toulouse, sur les infiltrations dont souffraient les terres voisines,
sur les débordements causés dans les grandes inondations par l'exhaussement
du canal, sur la culture des francs-bords 8c sur quelques autres détails.
Afin de porter remède à ces graves inconvénients, une transaction fut
conclue entre les Etats Se les propriétaires du canal, puis entre ceux-ci 6c les
délégués des diocèses de Lavaur Se de Saint-Papoul, 8c confirmée par deux
arrêts du conseil.
Le premier, du 14 avril 1739, se référait à l'entretien des épanchoirs, aque-
ducs, rigoles Se contre-canaux 8c prévoyait tous les cas particuliers qui pou-
vaient se présenter, pour les terres avoisinantes, par l'effet de la détérioration
des ouvrages. Les divers travaux utiles au maintien du canal en bon état
demeuraient à la charge des Riquet, Se les ponts à la charge de la Province,
des diocèses ou des communes, d'après l'importance des chemins dont ils assu-
raient le passage. Des précautions spéciales étaient prescrites pour prévenir
les dégradations : ainsi, défense de faire abreuver les bestiaux dans le canal
ailleurs qu'aux endroits concertés entre l'ingénieur du roi Se le syndic diocé-
sain, Se marqués par une descente pavée ou calada construite 8c entretenue
aux frais des communes; défense de laisser passer les bestiaux ou les voitures
sur les francs-bords, à moins qu'il n'existât pas d'autre chemin pour atteindre
les propriétés riveraines.
Le second arrêt, du ii mai de la même année, concernait les ouvrages
projetés dans le cours des rigoles de la montagne Se de la plaine, pour empê-
cher les débordements. Il ordonnait la construction d'un réservoir à fleur
' Procès-verbal des États. Séance du 3o janvier * Procès-verbal des États. Séance du 2 décembre
1737. 1737.
'7^9
»7i°
'74'
1062 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'eau, à la place de l'épanchoir de Conquet & de deux déversoirs destinés à
rejeter les eaux surabondantes dans les anciens lits des ruisseaux du diocèse
de Carcassonne ou dans le lit du Laudot, à travers la plaine de Revel, &
déterminait diverses précautions à prendre, pendant l'évacuation du bassin
de Saint-Ferréol, afin d'éviter les dégâts précédemment signalés.
Dans la séance du 11 janvier 1740 les Etats approuvèrent la translation de
l'évêché de Carcassonne dans la ville basse & le vote d'un secours de qua-
rante mille livres accordé, le 17 avril 173g, par l'assiette diocésaine à l'évêque
pour l'aider à construire le nouveau palais épiscopal. Cette somme était
payable en six annuités.
Bien que la vie se fût depuis longtemps retirée de la cité de Carcassonne,
abandonnée de plus en plus, au milieu de sa triple enceinte, sur son rocher
brûlé du soleil, l'évêque y avait encore sa résidence, à côté de la cathédrale.
Il fit valoir l'impossibilité où il était d'occuper cette habitation, tombant de
vétusté, 8c l'incommodité que l'éloignement causait à tous les habitants du
diocèse appelés à l'évêché par des affaires de toute nature, Se obtint l'autori-
sation d'édifier un hôtel dans la ville basse. Des lettres patentes du roi lui
permirent de vendre un bois appartenant à la temporalité épiscopale & d'en
employer le prix aux travaux de construction. Indépendamment du produit
de cette vente, le prélat comptait dépenser pour cet ouvrage plus de soixante-
dix mille livres sur ses revenus. Les États jugèrent que le don de quarante
mille livres n'était qu'un léger secours Si une marque de reconnaissance pour
l'attention que donnait l'évêque à tous les intérêts du diocèse; mais comme
le préambule de la délibération prise par l'assiette assimilait la construction
des évêchés k celle des maisons presbytérales qui était obligatoire pour les
communes, 81 que cette formule pouvait créer un précédent fort dangereux,
l'assemblée provinciale, voulant sauvegarder les finances diocésaines, inséra
dans son approbation une réserve tonnelle sur cet article'.
D'abondantes pluies désolèrent le bas Languedoc pendant l'hiver de 1740;
elles durèrent d'une façon continue pendant plus de trois mois 81 interrom-
pirent tous les travaux de la terre. Il y eut particulièrement à Nimes une
grande détresse. La rareté des soies en avait porté le prix à un taux si élevé
ijue la plupart des fabricants furent obligés de restreindre considérablement
leur production, au grand détriment de la population ouvrière. Les direc-
teurs de l'hôpital & l'évêque distribuèrent des secours; mais on craignait
que le manque d'ouvrage ne réduisît beaucoup d'ouvriers en soies à quitter
Nimes Se à porter même leur industrie dans des pays étrangers^.
La guerre, ayant été rallumée dans toute l'Europe par la succession de
l'empereur Charles VI, ne tarda pas à entraîner pour la Province les consé-
quences ordinaires de pareils événements.
L'impôt du dixième, dont on était à peine délivré, fut rétabli par déclara-
' Procès-vertnl des États de Languedoc, Séance ' Archives nationales. Papiers du contrôleur gé-
dii II janvier l'^o- ncral.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. io63
tion royale du 29 août, Si, afin d'éviter les lenteurs de procédure qui s'étaient
produites dans les mêmes circonstances, les commissaires du roi aux Etats
lecurent des instructions spéciales pour faire connaître à l'assemblée les motifs
impérieux qui obligeaient le roi à réclamer ce nouveau sacrifice.
Les États, fidèles à leurs précédents, résolurent d'en user comme ils avaient
fait en 1734 & de régler cette contribution sous la forme d'un abonnement,
afin que les habitants de la Province « fussent à l'abri de la rigueur des trai-
« tans ou des exacteurs étrangers.»
On essaya d'obtenir que l'abonnement du dixième fût maintenu au taxix
de 17^4, mais le gouvernement n'y voulut jamais consentir, sous prétexte
que l'augmentation était générale & devait s'étendre à tout le royaume. Les
États se résignèrent donc à payer quinze cent mille livres par an. Se ordon-
nèrent que les taxes individuelles frappées en 1736 seraient accrues d'un
cinquième.
Ce fut sur ces bases nouvelles qu'une convention se conclut entre les com-
missaires du roi S<. la Province; S<, comme d'habitude, le trésorier de la
bourse de Languedoc eut charge de centraliser les fonds 6<. de la faire passer
au trésor royal '.
La correction administrative, dont les règles se précisaient de plus en plus,
n'était guère favorable aux exemptions 8t aux privilèges; 8c l'esprit d'égalité
devant l'impôt se généralisant de plus en plus, causait de naïfs étonnements
à ceux qui avaient eu longtemps l'avantage de se dérober aux charges fiscales.
On remarquera des traces assez curieuses de ce sentiment dans quelques
passages d'une lettre que le frère François-Joseph, provincial des capucins,
adressait au contrôleur général, le 12 février 1742. Ce religieux se plaignait
de voir les maisons de son ordre tourmentées pour le payement de divers
impôts, tels que l'équivalent, les subventions, les droits d'entrée, malgré les
antiques parchemins octroyés par les rois de France. « Messieurs les fermiers,
« soit royaux, soit municipaux, dit-il, n'ayant aucun égard à une juste dis-
« pense, exigent que nous payions tous ces droits 8<. nous refusent sans pitié. »
Il accusait aussi la sévérité des commissions de contrôle qui n'autorisaient
plus les largesses municipales en faveur des couvents :
« Il est défendu aux communautés d'imposer la moindre somme pour nous
« secourir; &, si M. l'intendant le permet dans des cas pressants. Messieurs
« les commissaires du roy la .rayent aux Etats. Enfin, il semble que tout se
« soulève contre nous Se conspire notre perte. Nous serons obligés de dimi-
« nuer les familles Se d'abandonner certains couvens, comme celui de Gaillac,
« qui ne subsiste que par un vœu de ville de nourrir douze capucins; on l'a
« toujours fort exactement payé depuis cent cinquante ans; aujourd'hui, on
(1 le refuse. 11 y a quelque mystère incompréhensible^. »
' Procis-verbal des Etats de Languedoc. Sé.ince cardinal FIciiry par le P. Diipérier de Larsan,
du 2 décembre 1741. syndic des cordeliers de Toulouse. On en jugera
' En 1732, une requéie du même genre, écrite par le premier paragraphe :
dans le style le plus bizarre, avait été adressée au « Monseigneur, l"on n'ozc approcher du feu
'7-1'
17.12
1742
1064 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Une tempête très-violente se déchaîna le 4 décembre sur tous les étangs
situés entre la montagne de Cette Se le Rhônej elle coula à fond plusieurs
barques chargées de pierres, en emporta d'autres dans les terres & fit échouer
un ponton à l'embouchure du Lez.
Entre autres dégâts, l'ouragan produisit des ravages considérables dans la
chaussée que la Province faisait construire au travers des étangs pour joindre
à Cette le canal de Languedoc; la mer, soulevée en vagues furieuses, s'ouvrit
des passages sur divers points de la plage &. créa des gratis qui interrompi-
rent les communications pendant plusieurs jours. L'ingénieur Pitot dressa
un mémoire de toutes ces dégradations, dont l'ensemble fut évalué à quinze
mille livres; on se hâta d'exécuter les travaux les plus urgents.
La tempête creusa aussi une ouverture dans le bord de la lagune, du côté
de Villeneuve. Mais cette agression de la mer produisit un heureux effet en
donnant l'écoulement à des eaux stagnantes qui causaient l'insalubrité du
pays. Les habitants de Villeneuve, très-heureux de la création de ce débouché,
prirent l'engagement de l'entretenir, & sollicitèrent même le percement des
digues qui protégeaient le canal des étangs'.
La session des Etats de 1742 commença le 20 décembre 8t se termina le
i^'' février. Le duc de Pvichelieu en fit l'ouverture. Il y eut plusieurs vides
aux bancs supérieurs par suite de l'absence des barons qui se trouvaient dans
l'armée de Bohême. De ce nombre étaient le marquis de Castries, le comte
de Mérinville &. le marquis de Brizons, propriétaire de la baronnie tournclle
de Tornac. Les hasards de la guerre ne permirent pas à ces gentilshommes
d'envoyer des procurations pour faire occuper leurs places, 8t ce fut l'arche-
vêque de Narbonne qui dut y pourvoir.
Les États reçurent le nouveau baron de la Gardiolle, qui venait d'acquérir
cette terre au prix de quarante mille livres. C'était Charles de Rochechouard,
comte de Clermont, arrière-petit-fils d'un sénéchal de Toulouse, descendant
d'une des plus illustres familles du royaume & rattaché par ses alliances aux
maisons de Foix-P\.abat St de Barbazan.
La représentation de la ville de Toulouse donna lieu à un singulier épi-
sans crainclre la cendre dont il est le pèie; les ont donné pour toujours & que la coutume de
princes de l'Eglise portent la couleur de ce prince quatre siècles nous confirme, &c. u
des élémens; nous en avons la cendre sur nos ha- Suivant les habitudes administratives, cetie re-
bits comme vous en avez dignement la pourpre. quête fut renvoyée à M. de Bernage qui n'y com-
Changés en cendre, nous n'appréhendons pas d'à- prit rien, & qui écrivit, le 2 mai suivant, au
border Votre Kminence; nous espérons au con- contrôleur général :
traire que le feu de votre vêtement allumera la « Les cordeliers de la ville de Toulouse s'expli-
cendre du nôtre, & fondez sur cette espérance, tous quent si mal dans la lettre qu'ils ont écrite à
les religie\ix du grand couvent de la régulière ob- Monseigneur le cardinal de Fleury, que je suis
servance de Saint-François à Toulouse, se jettent obligé de leur faire demander le sujet de leurs
à vos pieds pour implorer la faveur de votre se- plaintes'. »
cours. Les partisans d'un subside qu'on nomme ' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance
équivalent, nous refusent l'entrée des aumônes que du ^ janvier 1743.
nous recevons journellement du public; ils pré-
tendent nous ôjer ce que les roys de France nous 1 Archives nationales. Papiers dti contrôleur général.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. io65
socle. Le roi avait gratifié de la mairie de Toulouse, par commission, un per-
sonnage du nom de Baillarguet. Quand ce maire se présenta aux Etats pour
y occuper le siège auquel cette charge lui donnait droit, il se trouva que la
ville n'avait point eu connaissance de la commission royale, Se avait, comme
d'habitude, confié ses intérêts à deux députés. Les Etats en éliminèrent un,
celui qui était capitoul en exercice, afin de faire place au maire royal, renou-
velant ce qui s'était pratiqué pendant la mairie de M. d'Aspe, lors de la pre-
mière création des charges municipales.
Outre les trois millions de don gratuit & les seize cent mille livres de capi-
tation qui furent votés sans difficulté à cause des nécessités de la guerre, les
commissaires royaux sollicitèrent le crédit de la Province pour, un emprunt
de trois millions de livres fait au nom de la couronne. Le Languedoc s'était
déjà prêté à des opérations de même nature, en 1672, pour la somme de
un million six cent mille livres, en 1707, pour un million, & en 1714, pour
deux millions quatre cent mille livres, 8< le remboursement du capital, des
intérêts 8c des frais en avait été régulièrement effectué.
Les États accédèrent à la nouvelle demande & chargèrent les trois syndics
généraux, MM. de Montferrier, de Joubert Se de Latage, de prendre la direc-
tion de l'emprunt, dont la souscription fut ouverte à Paris, à Toulouse 6< à
Montpellier. Les intérêts, arrêtés au denier vingt, quittes de la retenue du
dixième, étaient payables, à chaque fin d'année, dans les bureaux du trésorier
de la Province'. L'amortissement de la dette du trésor royal devait être fait
en douze ans, par voie de remise annuelle d'une somme de deux cent cin-
quante mille livres sur les versements de la Province. Le traité fut signé le
3i décembre 1742, au nom du roi, par le duc de Richelieu, l'intendant èi.
les deux trésoriers de France commissaires; ati nom de la Province, par l'ar-
chevêque de Toulouse, les évêques de Béziers Se de Lavaur, les barons de
La Tourrette, de Bram 8<. d'Ambres, les maires de Toulouse, Montpellier,
Carcassonne, Nimes, Narbonne, le Puy, 8c par MM. de Montferrier 8c de
Lafage, syndics généraux^.
Une compagnie s'étant formée pour l'établissement de rizières en Dau-
phiné, dans les parties basses facilement immergées, des travaux considéra-
bles furent exécutés dans le territoire du bourg de Livron, qui est bâti au
débouché de la vallée de la Drôme dans celle du Rhône; les deux murailles
de collines, dernières ramifications des Alpes, qui s'élèvent à droite 8c à
gauche de la rivière dauphinoise, s'abaissent brusquement sur ce point 8c
encadrent, d'une courbe à peine infléchie, des terres depuis longtemps décou-
vertes par les eaux. Il est aisé de reconnaître qu'à une époque reculée, le lit
du Rhône, que la Drôme aborde perpendiculairement, longeait le pied de
ces berges. Comme pour confirmer, par une preuve historique, le témoignage
du sol, une étroite langue de terre de cette rive appartenait à la Province de
■ Les notaires de l'emprunt furent M" Daoust, ' Procès-verbnl des Étals. Séance du ji décem
notaire de la Province à Paris, M" Bellonnet à bre I7<J2.
Montpellitr, 8c M" Fontes à Toulouse.
1741
17.13
1743
io66 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Languedoc tlont le R.hône marquait pourtant la séparation naturelle d'avec
le Dauphiné.
Un vaste canal, pratiqué au travers d'une plaine d'environ cinq lieues de
circonférence, toute semée de domaines & de hameaux, permit d'étendre une
nappe d'eau stagnante sur les nouvelles cultures. Ces marais artificiels ne
tardèrent pas à produire leurs conséquences naturelles; des brouillards, des
exhalaisons malsaines s'en dégagèrent; le bourg de Livron, ceux d'Etoile Se
de Loriol, qui occupent, au nord St au sud, le bord du bassin, furent atteints
de fièvres paludéennes.
Bientôt la mauvaise influence gagna du terrain, 5c le cours même du
Rhône fut impuissant à l'arrêter. Alors le Vivarais s'inquiéta. Les habitants
de la Voulte, du Bouzin & de Beauchastel firent présenter aux Etats, par
l'évêque de Viviers, des réclamations pressantes contre une innovation aussi
pernicieuse. Ils signalaient le dommage causé à leurs possessions de la rive
gauche du Rhône, la perte de leurs récoltes produite par l'humidité excessive
de l'atmosphère St le développement de maladies qui devenaient de jour en
jour plus dangereuses. Le privilège de la compagnie des riz lui détendant
d'installer ses cultures à moins de trois lieues des villes murées, les trois places
de Vivarais demandaient pour elles-mêmes l'application de la loi '.
Les États renvoyèrent le mémoire aux commissaires du roi S<. y consacrè-
rent un article du cahier des doléances.
On put signaler, en 1743, un réveil très-sensible ^de ferveur protestante
en Languedoc. Le culte public, bien que tenu à distance des villes, prit un
caractère qu'on ne lui connaissait pas. Les piemières démonstrations se firent
dans les Cévennes & dans le bassin du Gardon, où le souvenir des persécu-
tions, pieusement conservé par les familles, surexcitait une ardeur mystique.
Au diocèse de Nimes, le mouvement se révéla dès le mois d'avril. Le
dimanche 8 septembre, il y eut dans une grande vallée, entre Calvisson Se
Langlade, une assemblée que les témoignages contemporains prétendent
n'avoir pas compté moins de dix mille personnes. Cette toule couvrait les
pentes d'un amphithéâtre de montagnes. On lut un chapitre du Nouveau Tes-
tament, les articles du Décalogue, on chanta des psaumes & des cantiques; il
y eut prédication, célébration de la cène, d'où les anciens exclurent plusieurs
fidèles de moralité douteuse, baptêmes d'enfants, bénédiction de mariages,
imposition des mains à un nouveau ministre, originaire du Grand-Gallar-
gucs. C'était un long arriéré de cérémonies interdites que l'on accomplissait
en plein jour, sous le ciel, au milieu d'un paysage d'une imposante majesté.
Le dimanche suivant, une assemblée tout aussi nombreuse fut réunie
entre Ners & Boucoiran, où le ministre Paul Rabaut prêcha.
On recommença huit jours après sur les hautes garrigues de Nimes, se
uapprochant peu à peu de la ville. Il était cinq heures du matin quand
furent difts les premières prières, 8<. l'on ne se sépara qu'à midi. La prédica-
' Piocès-verbal des Etats. Séance du 7 janvier 1744.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1067
tion avait été faite par un simple proposant; mais avant la fin de l'office,
Paul arriva, baptisa quelques enfants 8< maria plusieurs couples.
Le tiernier dimanche de septembre, on se réunit au pont Saint-Nicolas;
puis, les deux premiers dimanches d'octobre, tout auprès de Nimes & sur le
vieux chemin d'Uzès. Le ministre Pradel de Vézenobre y officiait. On pria
pour le retour de la paix 8c pour le succès des armes du roi. Ces deux assem-
blées étaient composées en grande partie d'habitants de Nimes. Le refus que
faisaient les prêtres catholiques de marier les protestants grossissait de jour
en jour les attroupements du désert.
Le 20 octobre, deux assemblées eurent lieu simultanément, l'une au Gros
de Langlade, près de Millaud St d'Uchaud, comprenant environ six mille
personnes, la plupart de Nimes, & présidée par Vézenobre qui bénit trois
mariages & administra trois baptêmes; l'autre k la Combe des Morts où
prêcha le nouveau ministre Deffere, sacré le 8 septembre. Les assistants
n'y furent pas moins nombreux; ils s'y étaient rendus sans mystère par les
glands chemins & retournèrent dans leurs maisons à la tombée de la nuit.
Un curé de Nimes, informé de ces pratiques, alla demander au comman-
dant de place un détachement pour tomber sur les huguenots, offrant de se
mettre lui-même à la tête des troupes. Mais l'officier qui, suivant la tradition
de ses camarades, avait peu de zèle pour ces sortes d'expéditions, laissa la
garnison immobile.
Dix mille réformés se trouvèrent le 27 octobre au Gros de Langlade où
Paul prêcha & fit un baptême.
On parlait de scènes analogues du côté d'Alais, 8t des prédications de
Boyer dans les environs de Vauvert.
C'est alors que M. Court, ministre de Lausanne, bravant les menaces ter-
rililcs des ordonnances, pénétra dans le bas Languedoc pour y préparer la
restauration du culte réformé'.
Dans les premiers jours de l'assemblée des Etats, l'archevêque de Narbonnc
apprit par une lettre de M. d'Argenson que le roi désirait faire lever 8t entre-
tenir par la Province, pendant la durée de la guerre, un régiment de dra-
gons analogue à ceux qui avaient été organisés dans d'autres occasions.
1/expression de ce désir était accompagnée de l'invitation d'avoir à se con-
certer avec le duc de Richelieu sur les mesures à prendre pour la prompte
expédition de l'aftaire.
Le prélat répondit en exposant la triste situation du pays, dont la misère
8c les charges semblaient rendre un nouveau sacrifice presque impossible.
Mais les exigences de la Cour furent inflexibles*.
La question portée devant les Etats, ils en confièrent l'étude à la commis-
sion des affaires extraordinaires renforcée de huit nouveaux membres^.
' Manuscrit cité par M. Germain (Histoire de ' Proccs-rerbal de? Etats. i8 janvier 1744.
l Eglise de Nimes, II, 451) comme appartenant ' Les éréques de Saint-Pons & de Castres, les
i l'un de ses anciens élevés, M. Meynard, de barons de Murviel & de Canges, les députés
Nimes. d'Uzès, Albi, Mende & Castres.
1743
'744
'744
io68 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le ministre s'autorisait de l'exemple des régiments fournis par la Province
en 1677 S<. en i683; mais, tandis qu'alors cette levée, qui d'ailleurs dispen-
sait le pays de mettre sur pied ses milices, n'avait guère coûté plus de trois
cent soixante-six mille livres, il paraissait, par les états de détail du maréchal
de Richelieu, que la dépense du nouveau régiment serait plus que doublée.
La cause en était dans la fourniture des chevaux que le ministère imposait à
la Province, à raison de deux cent quatre-vingt-dix livres par tête, & dans
les frais de fourrages & d'ustensiles'.
Un courrier, expédié à Versailles en toute hâte, alla porter à la Cour les
réclamations de la Province^.
On y faisait ressortir combien la situation financière du pays se trouvait
aggravée depuis les anciennes levées de régiments rappelées par le ministre.
L'augmentation du don gratuit, l'établissement de la capitation, du dixième,
de plusieurs abonnements réunis aux fermes, l'entretien des milices, les inté-
rêts de la dette provinciale avaient accru les impositions annuelles de plus
de cinq millions.
Les Etats représentaient en outre quelle influence funeste exerçaient d'aussi
fréquentes levées, tant sur la population que sur la culture des terres & sur
le travail des manufactures. « Les hommes, disaient-ils, sont encore plus pré-
ci cieux aux Etats que les fortunes particulières; » & ils rappelaient combien
cet impôt du sang, le plus onéreux de tous, suivait une progression redou-
table. Après les soldats de milice, dont le nombre s'élevait à cinq mille quatre
cents hommes, on avait vu organiser des compagnies nouvelles de cavalerie,
accroître l'eftectit des troupes régulières, multiplier les appels forcés de mate-
lots.
M. d'Argenson ne répondit pas à ces plaintes, mais il fit connaître que le
roi, satisfait des bonnes dispositions de la Province, consentait à réduire à
deux cents livres le prix de chaque cheval & à prendre le reste à sa charge;
la fourniture des chevaux demeurant confiée aux entrepreneurs ordinaires de
la remonte. Pour subvenir aux frais de recrutement & à l'entretien du corps
pendant la première année, il autorisait un emprunt. Enfin, donnant satis-
faction au vœu que les États avaient exprimé, il annonçait l'intention d'ac-
corder avec une entière préférence les places d'officier aux meilleurs sujets de
la Province, sur une liste de présentation concertée entre le duc de Richelieu
&. l'archevêque de Narbonne''.
Les États consentirent un double emprunt dont la totalité s'élevait à cinq
cent soixante & un mille huit cents livres'*, & demandèrent par acclamation,
sur la proposition du président, que la charge de colonel des dragons de Lan-
guedoc fût accordée au jeune duc de Fronsac, fils du commandant en chef,
ce gentilhomme annonçant déjà les qualités héréditaires de sa maison 81
' Procès-verbal des Etats. 20 janvier 1744. ' Lettre du comte d'Argenson à l'archevêque de
' Mémoire contenant les représentations des Narbonnc. M.nly, ;6 janvier i-^^.
tt;its généraux de la province de Languedoc, con- ■• Procès-verbal des États. Séance du j" février
fermement à leur délibération du 20 janvier 1744. I7')')-
LIV, IV. LA RÉGEKCE ET LOUIS XV. 1069
paraissant le plus cligne de marcher à la tête de la noblesse qui témoignait
beaucoup d'empressement pour les emplois d'officier'.
Le grade de lieutenant-colonel fut donné à M. de Ladevèze, 61 celui de
major à M. de Montels.
Un Arménien, nommé Johannis, oftrit au contrôleur général d'essayer la
culture du coton en Languedoc. Il demandait à faire ses expériences dans
quelques terrains de la banlieue de Castres où le sol lui paraissait être favo-
rable à cette culture, &, proposait d'y semer des graines du Levant 8i d'exé-
cuter tous les travaux à ses trais.
Le ministre le renvoya à M. Le Nain. Dans une conférence avec l'inten-
dant, Johannis renouvela ses offres en désignant les avantages qu'il sollicitait
de la Province. Indépendamment d'un terrain de trois cent soixante-quatre
toises carrées, appartenant à la commune de Castres, & entièrement inculte,
dont on lui fit abandon, les Etats l'autorisèrent à prendre des terres à louage
pour y établir ses plantations 8c lui accordèrent une indemnité équivalente
au montant des tailles que payait le sol consacré à ses cultures, se réservant
de lui faire obtenir un privilège en cas de succès*.
Des contestations étaient pendantes entre les jésuites du collège de Mont-
pellier, les chanoines de l'église cathédrale Saint-Pierre S<. la municipalité de
la même ville au sujet de la prébende préceptoriale. Trois avocats au grand
conseil : Guillet de Blaru, Laverdy 6c Aubry, donnèrent au corps municipal
une consultation d'où il résultait que c'était au précepteur jouissant des
revenus de la prébende à se loger lui-même ainsi que les auxiliaires par lui
employés à l'instruction des enfants de la ville. Le grand conseil rendit sur
cet avis, le 3i janvier 1744, un arrêt portant que la première vacance de
prébende du chapitre Saint-Pierre ne serait point remplie, afin d'en affecter
le revenu à l'entretien d'un précepteur chargé d'instruire gratuitement les
jeunes enfants de la ville.
Le cas se produisit par la mort de l'abbé de Belleval, chanoine 8c prévôt
du chapitre, décédé le i5 avril 1744.
Les consuls de Montpellier sommèrent alors l'évêque 8< les chanoines,
conformément aux ordonnances d'Orléans, de Blois 8c à l'édit de Melun, de
concourir avec eux à la nomination d'un précepteur. On choisit un prêtre
du nom de Poujol, qui dut « vaquer par lui-même ou par personnes qu'il
» s'associeroit, à l'instruction gratuite des enfants abécédaires de la ville &c
« faubourgs. »
La commission de 1734 autorisa la commune à dégrever son budget d'une
somme annuelle de mille quatre cent quatre-vingts livres qui étaient employées
auparavant pour les appointements des précepteurs 8c régents 8c pour le loyer
des maisons d'école^.
Les communes riveraines de l'Hers, accablées depuis plusieurs années par
' Procès-verbal des Etats. 4 février 1744. ' Ordonnance dii 9 mai 1744. Recueil îles éjits.
' Procès-verbal des Etats. Séance du 3i janvier déclarations, arrêts & ordonnances Je 1745, (" i.
1744. Rapport de l'évéqiie d'Alet.
1744
'744
loyo ÉTUDES HIS'l'ORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de fréquentes inondations, obtinrent, le g octobre 1787, un arrêt du conseil
ordonnant la destruction de tous les moulins situés sur cette rivière, ce qui
fut exécuté à la diligence du syndic général de la Province.
Après ces travaux, les inondations devinrent à la fois moins multipliées S<
moins dangereuses dans la majeure partie du cours de la rivière. Seules, les
communes de Baziége, Montesquieu, Saint-Rome, Gardouch & Villefrancbe,
n'en reçurent aucun soulagement, parce que le lit de la rivière, traversant
les forêts de Baziége & de Saint-Rome, s'y trouvait comblé dans toute leur
étendue &C rejetait les eaux dans la plaine. On jugea donc convenable
d'élargir l'Hers dans l'intérieur des forêts £<. de le rectifier sur les points où il
présentait le plus de sinuosités. M. Garipuy, directeur des ouvrages de la
Province dans la sénéchaussée de Toulouse, chargé de la question par les
commissaires du diocèse, dressa un mémoire des travaux les plus importants
qui comprenaient un recreusement de la rivière sur une longueur d'environ
mille cinq cents toises, représentant un déblai de neuf mille cinq cents toises
cubes, & une dépense de trente-huit mille livres, Si divers ouvrages acces-
soires dans les ruisseaux du Marais, du Gardigeol 8<. de la Tliésauque. Les
forêts de Baziége Se de Saint-Rome faisaient partie du domaine de la cou-
ronne.
Anceau de Lavelanet, grand maître des eaux & forêts, fit mesurer les
terrains par l'arpenteur de la maîtrise particulière de Casteinaudary. On
trouva que, pour l'alignement de la Nauze de Montgaillard, dans la forêt de
Saint-Rome, il fallait abattre deux arpents soixante St une perches trois quarts
de bois, quatre-vingt-cinq perches dans la forêt de Baziége, & un arpent seize
perches sur la Thésauque. La valeur de ces coupes fut estimée à trois cent
quinze livres. Un arrêt du conseil d'Etat, donné au camp devant Menin,
le 3o mai 1744, autorisa la vente'.
Dans les premiers jours du mois de juin 1744, le roi Louis XV, campe
devant les remparts de Menin ^, d'où il s'éloigna le 8, après la capitulation
de la place, signa des lettres patentes, enregistrées au Parlement de Toulouse
le 18 du même mois^, portant érection du comté de Faret en faveur du
maréchal-de-camp marquis de Fournès. Ce nouveau fief était assis au cœur
des Cévennes, dans les diocèses de Mende St d'Alais, & dans le ressort de la
sénéchaussée de Nimes.
Pour constituer le fonds honoré de ce titre féodal, on réunit diverses terres
dépendant pour la plupart de l'ancienne baronnie de Moissac, qui relevait
des évêques de Mende en qualité de comtes de Gévaudan. Ces terres s'éten-
daient surtout dans les vallées supérieures du Gardon d'Anduze £< attei-
gnaient même les grands plateaux des hautes Cévennes. Le lieu le plus
important, outre Moissac, qui avait autrefois donné son nom à la baronnie,
était le bourg de Saint-Roman, cheflieu ettectit, où se tenaient quatre foires
' Recueil des cJits S- arrêts Je Languedoc, 1745. ' Archives du Parlement. Ediis €• dccUr.Uions,
* La cnpitulaiion de Menin fut signée le 4 juin. XLVII, 176.
Le toi y eiîira le 7.
LIV. IV, LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 107 1
par an' & un marché tous les mardis, suivant un usage immémorial. Les
lettres patentes énumèrent quatorze lieux comme faisant partie intégrante de
la baronnie de Moissac ; les plus connus sont Notre-Dame de Monlezon, le
Pompidou, le Bousquet de la Barthe & Saint-Martin de Lansuscle^. Diverses
possessions & droits féodaux rattachés au même centre rayonnaient aussi dans
les paroisses de Notre-Dame de Balmes, Saint-André de Lancise, Saint-André
de Valborgne, Saint-Etienne & Sainte-Croix de Valfrancisque, Saumane,
Peyrolles, Saint-Martin de Corconac. Divers arrière-fiefs importants relevaient
de cette baronnie dont le possesseur était haut justicier, ayant ses officiers
personnels : son juge, son viguier & leurs lieutenants, son procureur fiscal
Se son greffier.
La famille de Faret, dont le roi rappelait l'ancienne noblesse 8t les ser-
vices rendus h la monarchie « depuis plus de trois siècles, « avait bravement
figuré sur les champs de bataille les plus lointains des dernières guerres.
L'oncle du nouveau comte, le sieur de Fournès, colonel d'un régiment d'in-
fanterie de son nom, avait suivi le duc de Beaufort dans sa chevaleresque
croisade contre les Turcs 8c avait succombé au siège de Candie. Son père, le
marquis, lieutenant-colonel avec brevet de mestre de camp, commandait le
régiment de Vivan cavalerie; son frère aîné, le chevalier, était mort au ser-
vice premier capitaine au régiment du roi; son second frère, le comte, se
trouvait alors brigadier des armées; son troisième trère, le baron, avait péri
à Prague, dans le régiment dii roi cavalerie où il avait pris la place du che-
valier.
Enfin le nouveau comte, Jean de Faret, marquis de Fournès, parvenu au
plus haut grade que les hasards de la guerre eussent permis à sa famille
d'atteindre, avait fait avec distinction les dernières campagnes.
Le 25 novembre 1744, sur l'invitation du maréchal de Richelieu, les États
assistèrent en corps, dans l'église Notre-Dame des Tables, à la bénédiction
des étendards du régiment de Septimanie. La cérémonie commença par une
messe que dit l'aumônier des Etats, après laquelle les commissaires du roi
vinrent en grand uniforme prendre leur place à la tête des barons.
L'archevêque de Narbonne s'assit à l'entrée du sanctuaire, où avaient été
réunis les cornettes £<. autres officiers présents, 8c leur adressa un discours sur
les devoirs de leur état. Il monta ensuite à l'autel où étaient déposés les éten-
dards 8c les bénit; puis, reprenant sa place au fauteuil, il les remit successi-
vement à chaque cornette en prononçant les paroles consacrées^.
Les États ayant fait représenter au roi, en 1725, que les verreries établies
au voisinage des villes du bas Languedoc faisaient une consommation de buis
assez considérable pour inspirer des craintes sur la destruction prochaine des
cultures forestières'*, sept verreries furent désignées pour cesser leurs travaux
■ Le 10 mai, le 1 juin, le 17 septembre & le Lnrroqne, Larrouqiiele, la Peloiicarié, le Mande-
23 novembre. (Lettres d'érection.) ment du Mas-Bernard, le Canibonet, Endajat.
• Les autres lieux sont : Caulies, la Fourniguié, ' Procès-verbal de» États, ij novembre 1744.
le Boiisqtieirol, le Fort, la Lièvre, la Boissonade, * Séance du 6 février 1725.
'74-J
'7-i5
1743
1072 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
à la fin de la campagne, sans pouvoir les reprendre, à moins d'être transfé-
rées sur les montagnes de l'Aigoal & de l'Espérou '.
L'exécution de cet arrêt souffrit des lenteurs, à cause des difficultés soule-
vées par les propriétaires. Comme la destruction des bois se continuait, le
syndic général de la Province & le commissaire de la marine au département
d'Agde sollicitèrent l'intervention de l'intendant &. du grand maître des eaux
& forêts, qui renouvelèrent les prohibitions de 1700 relatives aux coupes des
bois appartenant aux particuliers, Se enjoignirent à tous les gentilshommes
verriers possesseurs de verreries dans la généralité de Montpellier de repré-
senter leurs titres d'établissement dans quinzaine, sous peine de cesser leur
travail ^.
Les gentilshommes verriers se donnèrent un syndic, nommé Fulcrand de
la Roque, dont l'appel au conseil d'Etat n'eut point de succès 3. Le principe
de déplacement des verreries fut maintenu; mais, pour y procéder avec plus
d'équité, il parut convenable de faire visiter les montagnes de l'Aigoal & de
l'Espérou, précédemment désignées comme lieux de transfert.
MM. Le Nain & Anceau de Lavelanet se concertèrent pour nommer deux
visiteurs chargés de cette vérification'*. Ils choisirent M. Pitot, procureur du
roi près la commission établie pour la réformation des forêts de la maîtrise
particulière de Quilhan, & M. Souche, procureur en la maîtrise de Mont-
pellier. Ces deux agents s'adjoignirent le syndic des gentilshommes verriers
& parcoururent le pays à partir du 20 avril.
Il résulta de leur vérification que les verreries du Patron, de Baume, de
Rouet, de Rïcome 8<. de MonteiLs, ne pouvaient être maintenues plus long-
temps aux lieux où elles étaient; qu'il n'y avait pas d'inconvénient à les
transporter sur les montagnes de l'Espérou & de l'Aigoal, les bois de hêtre y
étant assez garnis pour alimenter leurs fourneaux pendant plus de trente ans
ou même pendant une période illimitée, si l'on prenait le soin d'y couper
les arbres avec méthode. Les difficultés proposées par les maîtres verriers ne
furent point admises. On leur répondit qu'il avait anciennement existé des
verreries sur ces plateaux, dont l'âpreté les épouvantait; que, passé les plus
grands froids, on y pourrait travailler aussi bien qu'ailleurs. Le prix de
transport des verres en serait évidemment augmenté, mais on trouverait une
compensation dans le bon marché des vivres 8c de la main-d'œuvre, dans le
bas prix du bois & dans la plus longue durée des établissements.
Deux verreries, situées sur le causse de Saint-Maurice, près de Coulet,
auraient pu y être conservées, les bois dont elles lisaient se trouvant fort éloi-
gnés des villes &c n'ayant pas d'autres débouchés; mais comme elles ne pou-
vaient manquer de faire tort à celles de la montagne, à cause d'un débit
beaucoup plus facile, on jugea équitable, pour ne point faire de jaloux, de
les comprendre dans une même translation.
■ Arrêt du conseil d'Etat du 7 août 1726. '' Ordonnance de l'infendant & du grand maître
' Ordonnance du 18 juillet 1741. des eaux & forets, du 26 février 1744.
' Arrêt du conseil d'Etat du 1 1 juin 1743.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. loyS
Les commissaires délégués reconnurent cependant qu'un déplacement aussi
prompt S<. aussi général ne s'accomplirait pas sans causer une grande inter-
ruption dans le commerce des liqueurs, esprits 8c vins muscats qui se trans-
portent en bouteilles, le travail des verreries se faisant habituellement pen-
dant l'hiver, époque de l'expédition des liqueurs, tandis que sur les montagnes
de l'Aigoal & de l'Espérou la rigueur du froid & les neiges ne permettraient
pas de chauffer avant le mois d'avril. Comme les maîtres verriers ne fabri-
quaient jamais au delà de la vente annuelle, de peur de diminuer les prix,
ils se trouvaient dépourvus d'approvisionnements.
En outre, les commissaires avaient eu l'occasion de remarquer, dans le
cours de leur vérification, qu'il existait, en plusieurs endroits éloignés des
villes, quelques bois dépourvus de débouchés dont les arbres dépérissaient
sans profit pour personne.
Ces deux considérations inspirèrent la pensée d'y effectuer un tiansport
provisoire des verreries, afin d'y utiliser des ressources sans emploi Se de
ménager la transition, les gentilshommes verriers ayant ainsi plus de temps
pour préparer leur installation définitive sur les montagnes, ix. les commer-
çants pour assurer leurs approvisionnements.
Les conclusions des commissaires turent consacrées par le conseil d'État,
qui prescrivit, en outre, de continuer la visite Se de vérifier les verreries de
la Civadière & de Valbonne, situées dans le diocèse d'Uzès'.
Quant aux cinq verreries mentionnées au procès-verbal, le travail devait y
cesser complètement, sous peine de trois mille livres d'amende 8c de confisca-
tion des matières.
L'année 1745 fut marquée par une recrudescence de rigueurs contre les
protestants, qui, depuis 1748, avaient recommencé de tenir des assemblées
publiques, grâce à la tolérance de fait qu'ils devaient à l'éloignement des
troupes. Les forteresses d'Uzès, d'Alais, de Saint-Hippolyte, de Nimes, de
Montpellier, d'Aigues-mortes, le fort Brescou, le château de Ferrières, regor-
geaient de prisonniers. Les amendes arbitraires se multipliaient dans tous les
centres de population réformée. Nimcs, Uiès, Alais, Ganges, Castres, Puv-
laurens, Revel, Réalmont, étaient en proie à une véritable terreur.
Le 17 mars 1745, une assemblée convoquée dans les environs de Mazamet
fut surprise par une compagnie de dragons du régiment de la reine. Aussitôt
qu'on aperçut la troupe, on envoya une députation à l'officier pour connaître
ses intentions. Il reçut fort mal ces délégués 8c fit charger l'assemblée par ses
dragons, qui emmenèrent neuf prisonniers. Dans le nombre se trouvaient
deux seigneurs de paroisse qui avaient servi dans les armées du roi &c qui
étaient chevaliers de Saint-Louis*. Ces neuf prisonniers furent condamnés
aux galères par l'intendant.
Le 17 août, l'intendant prononça la môme peine contre trois habitants de
' Kccucil Jet cJits & arrêts Je Langaejoe, \-;^i>. ' M. Ciiitard, si«iir ia la Ncn & Doulc, &. lo
Airct du conseil d'Ktat, donne » Versailles, le siciirde Latoiir du ReJondet.
7?i février 174J.
XHI. 68
174»
1743
10/4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
Nimes, Guillaume Issoire, Boissier & Vcrdeilhant, pour avoir vendu quelques
livres protestants.
Le 2 I novembre, près de Saint-Hippolytc des Cévennes, un détachement
fit feu sur une assemblée qui se retirait à son approche & blessa plusieurs
fuvards.
Le 1 3 décembre, un événement terrible eut lieu à Vernoux. Un détache-
ment venait d'y conduire le ministre Desubas, récemment arrêté. I-es paysans
du voisinage s'attroupèrent Se vinrent demander sa liberté; on tira sur eux :
six furent tués, quatre restèrent dans les mains des troupes.
Deux assemblées se tenaient en ce moment sur les plateaux des environs.
Elles accoururent; il y avait beaucoup d'enfants, de vieillards & de femmes.
Près de deux mille personnes encombraient les rues, demandant la déli-
vrance des prisonniers. Plusieurs bourgeois catholiques, de concert avec l'es-
corte, chargèrent leurs fusils, &, des fenêtres de leurs maisons, tirèrent sur
cette multitude. Trente-six protestants restèrent morts sur la place & plus de
quatre cents furent blessés. Il en mourut un grand nombre sur les chemins
ou dans leurs maisons.
Le ministre fut conduit à Montpellier, jugé prévôtalement par l'intendant,
condamné à mort & pendu le même jour sur l'esplanade'. On envoya aux
galères pour la vie Jean Menut, chez qui Desubas avait été capturé, 8<. l'on
démolit sa maison jusqu'aux fondements.
Un médecin de Saint-Ambroix, Antoine Roux, fut expédié aux galères, le
i3 décembre, pour avoir lu la Bible dans une assemblée^.
L'usage s'était répandu, dans les communes de Languedoc, de planter des
croix en grande cérémonie à la suite des prédications faites par les mission-
naires. C'est ce que l'on appelait terminer la mission. Les frais d'érection de
ces croix &(. des solennités qui les accompagnaient causaient parfois d'assez
grosses dépenses que l'on rejetait sur les propriétaires de biens ruraux par
imposition ou par emprunt. La fréquence des requêtes de ce genre, qui pas-
saient sous les yeux de l'intendant ou de la commission administrative, finit
par leur causer quelque alarme. L'influence du clergé, pesant d'ordinaire
sur les décisions des autorités provinciales, en rendait le contrôle à peu près
illusoire'*. Le mal devint si patent que la commission de 1734 se résolut à
prendre un grand parti. Par une ordonnance du 12 juin 1745, elle défendit
aux administrations municipales d'imposer & d'emprunter aucune somme
pour des plantations de croix de mission, comme aussi d'en imputer les frais
sur le fonds des dépenses imprévues ou sur tous autres deniers communaux.
« L'origine de l'usage d'élever ces croix, disaient les commissaires en cxpo-
■ Le r' février 1746. la faveur de tout ce qui a rapport à la religion &
' Archives nationales. H, 1094. Mémoire pré- au culte public n'a pas permis de le faire; & c'est
sente au contrôleur général au nom des proies- précisément ce qui découvre que cette dépense n'est
tants de Languedoc. pas de la nature de celles qui doivent être fr.itcs
' (1 Cette dépense, qui varie suivant les circons- par imposition ou par emprunt. » (Ordonnance
tances, n'a pu être renfermée dans les mêmes du 12 juin 1745.)
bornes que les autres dépenses des communautés :
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 10/5
« sant les réquisitions du syndic général, ne peut être rapportée qu'à la piété
« de ceux qui profitent des missions : ils doivent y contribuer suivant leurs
it facultés &i. leur zèle. On s'écarte de ces considérations en autorisant les
M communes à rejeter ces dépenses sur les seuls possesseurs des biens ruraux;
« il n'est pas juste que la proportion de l'allivrement dans le compoix serve
« de règle pour fournir à cette dépense. Il est bien plus simple Se plus naturel
K d'y pourvoir sur le produit des quêtes ou sur d'autres libéralités volontaires
« que les habitans ont accoutumé de faire lors des missions. » Les communes
turent ainsi dégrevées d'une cliarge nouvelle, 8t les prédicateurs réduits à
planter leurs croix aux frais des personnes qui voulaient bien y contribuer
par des aumônes particulières.
Le commissaire-auditeur des comptes municipaux dans chaque diocèse avait
ordre de rayer toutes les dépenses qui seraient inscrites en contravention de
l'ordonnance '.
Bernage de Saint-Maurice était devenu, en 1748, prévôt des marchands
de la ville de Paris. Il eut pour successeur en Languedoc Jean Le Nain,
baron d'Asfeld, petit-fils d'un historien janséniste d'une grande notoriété.
L'arrivée du nouvel intendant fut accueillie par les appréhensions des pro-
testants. On lui attribuait un caractère dur & hautain, & l'on redoutait qu'il
ne continuât les traditions de Bâville. Dans le clergé catholique, au con-
traire, on faisait entendre les plaintes les plus vives sur le ralentissement de
la persécution.
L'évêque de Saint-Pons, Paul-Alexandre de Guénet, se fit l'interprète de
ce mécontentement dans l'assemblée générale du clergé de France^.
Les entreprises des religionnaires de Languedoc étaient, disait-il, venues à
un tel point qu'elles ne pouvaient plus être dissimulées : on devait en arrêter
le cours, tant qu'on le pouvait encore, si l'on ne voulait pas que la religion
catholique retombât dans l'état où elle se trouvait avant la révocation de
l'édit de Nantes.
Le temps n'était plus où les assemblées ne se tenaient que dans les bois,
dans les lieux déserts & écartés des grands chemins, avec des sentinelles
apostées pour donner l'alarme & où l'on n'y voyait paraître que des gens du
menu peuple, arrivés par différents chemins, pour tromper la surveillance, 5i
se retirant h la taveur de la nuit. Depuis la fin de 1742, ces réunions étaient
devenues de jour en jour plus fréquentes & plus nombreuses; aux gens du
peuple s'y joignaient ceux des classes plus élevées, marchands, procureurs,
notaires, avocats, & jusqu'à quelques gentilshommes : ceux mêmes qui aupa-
ravant ne témoignaient que du mépris pour ces assemblées & les désapprou-
vaient comme contraires aux ordres du roi, ne craignaient plus de s'y mon-
trer 8c changeaient de langage 8*. de conduite. On les tenait en plein jour,
tous les dimanches, sinon plus souvent. On s'y rendait sans mystère, aussi
' Ri'cuciî Jes éJits^ déclarations, arrêts& orjonnan- ' ColU-ction des procès-verèaux des assemblées pc-
ces, 17^"), f 121. L'ordonnance esi signée Le Nain, ncraUs du clergé Je France, VII, p. 102.
Vithcl, Martin, — Saint-Rome, maire d; Mendo.
174a
'743j
1076 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ouvertement que les catholiques à l'église; les parents y conduisaient ou y
portaient leurs enfants. Les assemblées se rapprochaient journellement des
villes, sans éviter celles qui avaient garnison; on ne craignait pas de se
réunir dans des habitations privées; & s'il restait quelques bâtiments ayant
autrefois servi de temples, on aftectait d'y faire les convocations.
Il n'y a pas plus de deux ans, poursuivait l'évêque, les mariages des hugue-
nots se célébraient encore partout à l'église, après les épreuves ordonnées
pour s'assurer de la sincérité de leur conversion. C'est à peine si l'on comptait
une quinzaine de paroisses où, depuis douze ou quinze ans, les protestants
avaient pris l'habitude de se passer du mariage catholique. Mais à dater
de 1743, ces unions, que le prélat flétrit du nom de concubinages, s'étaient
multipliées partout, S<. les réformés ne se mariaient plus guère autrement,
même dans les villes principales & sous les yeux, des évêques. Us se flattaient
que la multitude des coupables produirait l'impunité, & se hâtaient d'en
grossir le nombre 61 de mettre à profit l'espèce de liberté qu'ils croyaient
avoir. Ces noces irrégulières, qui précédemment fuyaient le grand jour,
commençaient à se solenniser, comme si le mariage s'était fait conformément
aux lois du royaume.
M. de Guenet faisait ressortir les conséquences d'une aussi coupable tolé-
rance. Cette multitude de religionnaires mariés par les prédicants, augmen-
tant tous les jours, allait former avec leurs enfants un peuple engagé par
état à persévérer dans l'erreur, sans espoir de conversion. Car à qui d'entre
eux pourrait-on persuader dans la suite une religion qui condamne leurs
mariages & leur naissance ?
Même changement pour le fait des baptêmes : autrefois les religionnaires
portaient sans difficulté leurs enfants à l'église pour y recevoir ce sacrement.
Cet usage, presque général, se perdait partout. Les ministres seuls répan-
daient l'eau sur la tête des nouveau -nés. D'abord, ils s'étaient rendus au
domicile de la mère pour y accomplir en secret la cérémonie devant un petit
nombre d'assistants; mais ensuite, encouragés par l'impunité, ils ne cachaient
plus leur désobéissance aux ordonnances royales. C'est chez eux que l'on
portait publiquement les enfants, ornés de rubans & de fleurs, avec un
brillant cortège; on affectait de passer dans les rues 8< les places les plus fré-
quentées, avec un air de triomphe à l'adresse des catholiques. Plusieurs pro-
testants avaient avoué qu'ils n'osaient point porter leurs enfants à l'église,
craignant le ressentiment des personnes dont ils dépendaient. Dans les
familles mi-parties, le conjoint catholique s'était vu souvent enlever le nou-
veau-né avec violence par des protestants zélés qui couraient au baptême
des prédicants.
Les corps des nouveaux convertis décédés n'étaient pas mieux respectés
par le prosélytisme de la réforme. L'évêque accusait les protestants de dis-
puter aux curés ces tristes dépouilles S<. de transformer les funérailles en
triojnphes de l'hérésie. 11 se plaignait encore que des maîtres d'école de la
religion fussent employés à maintenir les enfants dans l'erreur, malgré tous
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1077
les soins que se donnaient les prélats pour leur assurer la possession de la
vraie foi, & que les livres hétérodoxes, tant de fois saisis 8< brûlés par la
main du bourreau, fussent distribués sans mystère, comme si les lois du
royaume n'existaient plus.
Un fait non moins grave était, d'après lui, la correspondance qui s'éta-
blissait entre les protestants des diverses provinces.
On ne pouvait manquer de juger important pour la religion Se pour
l'Etat, qu'ils vécussent isolés les uns des autres, sans connaître leur nombre,
sans avoir mo\en de s'aider de leurs conseils, sans faire un parti qui eût des
lois & des intérêts particuliers & qui pût agir de concert pour leur cause
commune. Depuis la facilité qu'ils avaient de s'assembler dans ces derniers
temps, ils s'étaient empressés de renouer leur ancien commerce avec leurs
frères, même les plus éloignés. Ils se réunissaient en synodes de différentes
j)rovinces; &. ceux qui naguère ne se connaissaient pas même de nom, fai-
saient désormais un corps dont les parties étaient liées £<. tendaient au même
but, la liberté do conscience.
Le synode national tenu au mois d'août 1744, sur les confins du diocèse
d'Uzès, du côté de Sommières, avait reçu des députés de Poitou, de Dau-
phiné, de Normandie, 8t les actes, copiés à nombreux exemplaires, s'en
répandaient parmi le public. On y prescrivait le catéchisme qui devait être
enseigné sur tous les points de la France, on y réglait différentes questions
de discipline, les circonscriptions territoriales attribuées à chaque ministre;
on y annonçait la convocation régulière de synodes provinciaux. L'article III
déclarait même qu'il serait présenté une requête au roi, au nom de tous les
protestants du royaume, 8t l'article IV, qu'il serait dressé un acte apologé-
tique pour justifier leurs assemblées, leurs mariages 8t leurs baptêmes.
Outre cette direction générale, intéressant le corps entier de la secte, des
consistoires locaux étaient organisés, 8<. des anciens préposés dans les paroisses
pour veiller à la conservation de leur religion. Ils exerçaient une sorte d'in-
quisition sur les protestants qui refusaient d'assister aux assemblées, qui fré-
quentaient l'église, s'y mariaient ou y faisaient baptiser leurs enfants. Ils
imposaient aux uns des pénitences dans les assemblées, 6< prononçaient contre
les autres des excommunications.
« Voilà donc, s'écriait l'évêque, l'exercice de la religion prétendue réformée
« rétabli par le fait 8t devenu public Il ne leur manque plus que des
« temples. Dieu veuille qu'ils n'entreprennent pas d'en bâtir! On a déjà vu
<( en plusieurs endroits des gens travailler à enlever les ruines de leurs anciens
« temples, en nettoyer la place 8<. la mettre en état d'y bâtir. »
M. de Guénet raconte à ce propos que l'année précédente, à un quart de
lieue d'Uzès, hommes 8c femmes s'étaient assemblés en grand nombre pour
un pareil ouvrage. Ils y travaillèrent pendant plusieurs jours avec beaucoup
d'ardeur 8t d'éclat, & comme on leur demandait ce qu'ils voulaient faire, ils
ne cachèrent point leur résolution. Plus récemment, à Bédarieux, les reli-
gionnaires avaient élevé, dans un carré long, propre à contenir mille ou
174J
ij^b
1078 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
douze cents personnes, un mur de pierre sèclie avec des sièges de pierre à
l'entour pour y tenir les assemblées.
Se rappelant toutes les rigueurs dont pareilles entreprises avaient été autre-
fois punies, aux applavidissements du clergé, l'évêque ne pouvait revenir de
sa surprise.
(c Nous perdons, disait-il, en moins de deux ans, les soins Se les peines
« qu'on a pris pendant cinquante ans pour ramener ces pauvres gens; nous
« nous voyons revenus quasi au même temps que nous étions avant la révo-
« cation de l'édit de Nantes. »
Le troupeau même des catholiques courait le risque d'être infecté par ce
dangereux voisinage; beaucoup de convertis qui s'étaient montrés longtemps
fidèles ne résistaient pas à la séduction de leurs amis ou de leurs proches Se
affligeaient l'Eglise du spectacle de leur apostasie.
Donnant carrière à son imagination, l'évêque entrevoyait, au delà des
maux présents, tous ceux que présageait l'avenir. Les progrès des religion-
naires depuis deux ans avitorisaient toutes les inquiétudes. Limités d'abord
aux diocèses du bas Languedoc, ils ne dépassaient pas Montpellier avant les
huit derniers mois; mais, depuis ce temps, ils avaient gagné le haut pays, &c
l'heure approchait où l'on verrait les hérétiques ne mettre plus de bornes à
leurs prétentions & à leur audace.
C'est en vain qu'ils protestaient de leur fidélité, en vain qu'ils déclaraient
l'esprit de leurs assemblées éloigné de la révolte & du soulèvement. L'esprit
d'indépendance 8< l'amour d'une liberté ennemie de toute autorité apparte-
nait en propre à la secte & s'était révélé dans la Province par de grands excès.
Ils ne pouvaient se conduire en sujets loyaux qu'à la condition d'être con-
tenus par la crainte. Leurs espérances se relevaient toutes les fois que les
puissances protestantes étaient en guerre avec la France, Au moindre émis-
saire qui se glisserait dans le pays de la part de ces puissances, au moindre
espoir d'un secours étranger, ils se flatteraient que le temps arrive d'obtenir
la liberté tant désirée Se le rétablissement de leurs temples. Leur crédulité
sur ce point défiait toute expression.
Les prédicants avaient grand soin de les entretenir dans ces idées; ils
osaient même publier que l'heure de la délivrance venait de sonner; & l'un
d'eux, en Dauphiné, avait môme fabriqué un prétendu édit de tolérance
que M. d'.'^rgenson s'était vu contraint de désavouer par sa lettre au premier
président de Grenoble. Au moyen de ces artifices, ils répandaient dans les
provinces la croyance que les assemblées n'étaient point contraires aux inten-
tions du roi, Se cette opinion y accroissait l'affluence. Ces prédicants, dogma-
tisant dans plusieurs diocèses, étaient, pour la plupart, gens sans choix &
sans discipline, manquant même de la mission requise parmi eux pour prê-
cher; plusieurs appartenaient à des nations étrangères, souvent ennemies :
leurs discours tendaient moins d'ordinaire à inspirer aux peuples les vérités
8t la morale chrétienne qu'une haine implacable contre le catholicisme. Que
peuvent devenir des peuples crédules, livrés à cette espèce de docteurs? Ne
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1079
sont-ils pas à la merci des maîtres inconnus? Et si un séditieux, un boutc-
teu, un fanatique s'avise de prêcher dans les assemblées, qui peut répondre
des suites de ses discours?
On ne s'apercevait que trop, d'après l'évêque, des impressions que les prc-
dicants avaient faites dans les esprits, depuis que le pays en était inondé; on
voyait un éloignement marqué des protestants pour les catholiques & une
animosité toujours prête à s'allumer sur la religion. Se qui influait dans le
commerce de la vie le plus indifférent. Si l'on joignait à ces dispositions le
caractère plein de feu des Languedociens, on demeurait persuadé que, quelque
ménagement que l'on eût pour les religionnaires, les contrées où on les lais-
sait se fortifier pourraient être mises en combustion au moment où l'on y
songerait le moins.
Le réquisitoire de M. de Guénet fut confirmé par les déclarations de plu-
sieurs prélats, & l'on décida qu'il serait mis sous les yeux du roi par l'arche-
vêque de Tours, en exprimant l'espérance que Louis XV saurait trouver dans
ses propres lumières & dans la sagesse de ses conseils les voies les plus efficaces
8c les plus convenables pour faire rentrer les religionnaires dans le devoir.
L'archevêque obtint une audience particulière du roi Se lui exposa, avec
beaucoup de vigueur, le triste état de la religion en Languedoc, en Guienne,
en Saintongc, en Dauphiné Se en Poitou, faisant ressortir « les suites affreuses
« que l'on avoit à craindre, si l'on ne s'opposoit fortement aux progrès rapides
« de ses maux. »
Le roi l'écouta obligeamment 8< le chargea d'assurer le clergé de la conti-
nuation de son zèle pour le maintien de la foi, la défense de l'Eglise, l'extir-
pation de l'hérésie. Il connaissait déjà toute l'étendue des maux sur lesquels
portaient les plaintes &c promettait d'y donner remède.
Déjà, du reste, au commencement de l'année, Louis XV avait rendu un
édit renouvelant les pénalités classiques contre les prtdicants coupables d'avoir
tenu des assemblées, ik condamné sommairement aux galères perpétuelles,
sans forme ni figure de procès, tout homme coupable de s'être rendu à leur
convocation.
Les plaintes des évêques se traduisirent, en effet, par un redoublement de
sévérité de la part des agents administratifs &. des commandants militaires;
triste histoire, qu'on ne pourrait rendre complète qu'au prix de redites
sans fin.
Au printemps de l'année 1746, les événements extérieurs, qui n'avaient
pas répondu aux brillantes espérances éveillées par la victoire de Fontenov,
firent prévaloir des idées plus modérées dans les conseils de la Cour. Les
armes françaises n'étaient pas heureuses en Italie; on craignait de voir les
troupes autrichiennes se rapprocher du Var &. pénétrer en Provence. Le
moment n'était pas favorable pour exciter la désaffection des protestants de
Languedoc en cédant avec trop de complaisance aux exhortations passionnées
des évêques. On se rappela qu'à l'époque de la conspiration de Cellamare le
cardinal Albcroni avait dépêché un émissaire dans les Cévennes pour y exciter
17^0
1746
."74^
loSo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
un soulèvement des réformés S< que les intrigues de Scipion Soulan, cliargé
de cette honnête mission, avaient été déjouées par l'adresse du duc d'Orléans,
grâce au concours du ministre français Basnage, retiré à Rotterdam, auteur
d'une Instruction pastorale qui recommandait la concorde 8v la soumission
envers les autorités légitimes.
Cette instruction fut réimprimée par les ordres de Saint-Florentin, avec
une préface appliquée aux circonstances, œuvre, disait-on, d'un pasteur du
désert, & répandue en grand nombre, dans tous les pays protestants, par les
soins de l'intendance.
Quand les Autrichiens eurent passé le Var, les inquiétudes redoublèrent.
Un négociant réformé de Montpellier, nommé Amiel, qui était en rapports
suivis avec Le Nain, chargea un avocat du haut Languedoc & un avocat de
Nimes de parcourir les diverses parties de la Province S<. d'y voir les princi-
paux ministres ou prédicants, afin d'obtenir d'eux des assurances pour le
maintien de la paix. Ces deux envoyés conférèrent avec les pasteurs Rabaut,
Pradel, Redonnel, Viala, Cortciz, Loire, 8c reçurent d'eux les plus formelles
assurances de fidélité.
Le I" novembre, les ministres du bas Languedoc écrivirent à l'intendant
une lettre collective où ils lui affirmaient n'avoir aucune connaissance des
émissaires étrangers que l'on disait envoyés dans le pays pour solliciter les
protestants à la révolte. « Nous avons exhorté & nous nous proposons
« d'exhorter encore, dans toutes les occasions, nos troupeaux à la soumission
i( au souverain & à la patience dans les afflictions 8c. de ne nous écarter
« jamais de la pratique de ce précepte : Craigne-^ Dieu i- honorej le roi. »
En outre, les divers pasteurs adressèrent à l'intendant des communications
particulières, toutes conçues dans le même esprit. Le Nain en fut tellement
frappé qu'il alla jusqu'à former le projet de lever des corps de volontaires
protestants dans le haut Languedoc 8c dans les Cévennes pour les employer
à la défense de la frontière, &c que plusieurs ministres firent une enquête
officieuse dans les diocèses d'Albi, de Castres, de Lavaur 8c de Saint-Pons,
afin de savoir combien d'homm.es il serait possible d'y mettre sur pied. On
agita même, dans un colloque du haut Languedoc, la proposition de fournir
dix ou quinze mille soldats'.
Ces négociations n'eurent pas de résultats, 8c les tentatives de rapproche-
ment qu'elles marquaient entre le gouvernement 8c l'Eglise réformée furent
abandonnées aussitôt que, le danger d'une invasion étrangère s'éloignant, la
raison d'État cessa de faire échec aux exigences des évêques.
Le duc de Richelieu étant retenu loin de la Province par son commande-
ment dans les armées, ce fut l'intendant Le Nain qui, pendant trois années
de suite, à partir de janvier 1746, tint la session des États de Languedoc, en
qualité de premier commissaire du roi.
La Province avait beaucoup souffert, vers la fin de l'année précédente, par
■ Edmond Hugues. Histoire Je U reslauraiion du protatatiiismc en Fr.-.ncc, II, p. 199.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1081
le fait des inondations qui causèrent surtout de grands dégâts dans les dio-
cèses de Béziers, d'Agde, de Saint-Pons, de Castres, de Narbonne, d'AIais,
de Montpellier, d'Uzès & de Mende. Une épizootie qui décima le gros bétail,
porta aussi la désolation dans le Vivarais, le Vêlai & une partie du Gévaudan.
Cette maladie ravageait, depuis trente-quatre ans, diverses contrées de l'Eu-
rope Se avait pénétré en Languedoc par le Dauphiné & le Forez. Elle fut
étudiée avec beaucoup de soin, d'après l'ordre des États de Languedoc, par
M. de Sauvages, médecin de la faculté de Montpellier, dont l'administration
provinciale fit imprimer le mémoire à la suite du Recueil des édits 6* décla-
rations de l'anné.e\ Pour dédommager partiellement le pays de ces pertes, le
conseil d'Etat, par son arrêt du 27 mai 1746, accorda une remise de trois
cent mille livres sur les impositions.
Le cadre de cette bistoire ne nous permet pas d'attarder l'attention de nos
lecteurs sur une foule d'actes royaux concernant des privilèges particuliers ou
des faveurs individuelles, à moins que ces actes ne se rattacbent aux événe-
ments généraux ou ne jettent quelque lumière sur l'esprit du temps ou sur
les dispositions de la Cour. La plupart des privilèges que les villes se fai-
saient confirmer n'avaient guère qu'une valeur bistorique, se fondant sur
des motifs qui n'existaient plus depuis longtemps ou qui, du moins, devaient
avoir perdu toute autorité.
C'est parmi ces anacbronismes traditionnels que l'on peut ranger la confir-
mation accordée aux babitants de la cbâtellenie de Cabardès, comprenant les
lieux de Salsigne, Villanière, Les Illes, Fournes, Limousis St la Rivière, de
l'exemption des tailles, subsides, droits de leude, impôts 8c taxes de toute
nature, conformément aux anciennes lettres patentes des rois de France. Ce
privilège avait eu pour origine l'obligation de faire guet & garde, tant de
nuit que de jour, en temps de paix Se de guerre, dans les trois cbâteaux des
tours de Cabardès, 8t d'entretenir à leurs frais ces vieilles forteresses féodales.
11 y avait fort longtemps que les tours de Cabardès ne pouvaient plus avoir
aucune importance militaire pour la défense du royaume, les gorges étroites
de rOrbiel qu'elles commandent étant fort éloignées de la frontière 8c ne
donnant point passage à une route stratégique inévitable. D'ailleurs, ces for-
tifications, faites pour la guerre des frondes Se des flècbes, n'étaient point en
état de résister à l'artillerie qui les aurait contre-battues de toutes les bauteurs
voisines. Le maintien des exactions fiscales dont elles étaient le prétexte
s'expliquait donc seulement par le respect littéral d'usages locaux dont on ne
prenait pas la peine de recbercher la valeur réelle, pourvu que les prétentions
des requérants tussent appuyées d'une série de titres authentiques*.
' Mémoire sur la malajie des haufs du Vivarais, nant finance. Les lettres patentes de fcTricr i y^O
par M. de Saurages, conseiller, médecin du roi, désignent encore les trois châteaux des tours de
professeur en médecine, membre des Sociétés roya- Cibardès comme « des forteresses importantes sur
les des sciences de Montpellier 8c de Suède. la frontière du royaume'. »
' Une confirmation du privilège avait été obte- , . i.- j i ,, . /- .-,,,, ,
•^ " . ' Archives de \a H.iute-Caronnc. Fonds du Parlement de
nue en lû^S, à l'ayénement de Louis XIV, moyen- Toulouse. ÉMts 4- déclarations, XLVII, iiS.
1746
17-»:
•747
io82 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Nombre de domaines seigneuriaux, formés par l'agrégation de diverses
terres plus ou moins éloignées les unes des autres, s'érigeaient journellement
en fiefs titrés, sans remplir toujours les conditions autrefois exigées pour mar-
quer les rangs de la hiérarchie féodale. Généralement, les familles qui jouis-
saient de la faveur de la Cour faisaient donner leur nom patronymique à ces
territoires artificiellement juxtaposés, de façon à se lier plus étroitement au
sol, dans l'espoir chimérique d'y fonder souche de dynastes 8< de faire oublier
les anciennes appellations locales.
François-Joseph de Portes de Pardailhan, président aux enquêtes du Par-
/ement de Toulouse, obtint par ce procédé, en considération de l'ancienneté
de sa famille, des services de ses ancêtres paternels Se maternels, tant dans les
emplois militaires que dans la magistrature, & en mémoire du premier prési-
dent Bertier de Montrabe, son bisaïeul maternel, la création d'un marquisat
de Portes, dans lequel furent englobées les paroisses ou consulats de Manses,
Teillet, Vais, Saint-Félix, Lapenne, Villanton, Cazarils, Ribouisse, Seigna-
lens, Lignairolles, Corbières & Laurès'.
Félix-François d'Espie, chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment de
Picardie, dangereusement blessé dans les batailles de Parme & de GuastaJIa,
ayant fait valoir l'ancienneté de sa famille, en s'appuyant sur l'histoire de
La Faille & sur le catalogue des gentilshommes de la Province, fut égale-
ment autorisé, par lettres patentes du camp du Hamal, à réunir au comté
d'Espie les biens seigneuriaux qu'il possédait dans les communes de Lasserrc,
Labastide-Caprifeuillet, Lencontrade, Sarrecave 8t Lamasquère, au comté de
Comminges *.
Au mois de mai 1681, le roi Louis XIV avait réuni & érigé en marquisat
de Montégut les seigneuries de Saint-Paul, du Grès, de Bretx &. de Thil,
appartenant au procureur général Le Mazuyer, fils du premier président
Gilles, qui, disaient les lettres patentes, n'avait « jamais abandonné les péni-
« bles fonctions de sa place pendant les guerres civiles de Languedoc, ni
« quitté la ville de Toulouse dans le temps qu'elle étoit affligée de la peste. »
Cette dignité héréditaire n'était transmissible que de mâle en mâle. En 1747,
le titulaire du marquisat de Montégut, Joseph-Marie Le Mazuyer, procureur
général au Parlement de Toulouse, n'ayant qu'une fille, veuve de M. de
Thézan, comte de Poujols, voyant avec douleur que son titre menaçait de
s'éteindre, sollicita la faveur de le faire passer sur la tête de sa fille & de ses
petits-fils. Cette faveur lui fut accordée par lettres patentes données à Fontai-
nebleau dans le mois de novembre 1747.
Le roi déclarait dans cet acte qu'il était toujours disposé à récompenser
dans ses sujets les longs services & les marques d'attachement, de zèle & de
fidélité, 8<. il énumérait ceux des services du procureur général Le Mazuyer
qui lui semblaient le plus méritoires. Le détail n'en manque pas d'intérêt.
'Erection de la terre & seigneurie de Manses ' Lettres patentes du 7 septembre 1747, enre-
«n marquisat de Portes. Vers.iilles, février 17.17. gistrées au Parlement de Toulouse le i5 novembre.
Enregistré au Parlemtnt de Toulcoise le 25 février. Recueil des éHits & déclarations; XLIX, 181.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. io83
Ce magistrat, « depuis plus de soixante années, en suivant les traces du
Il sieur Henry Le Mazu)er son père Se celles de ses ancêtres, exerce assi-
« duement avec autant de distinction que d'intégrité la môme charge de
Il notre procureur général au Parlement de Toulouse, &, par son activité
Il infatigable dans les premiers temps de ses fonctions, n'a pas peu concouru,
« sur la fin du dernier siècle, à apaiser les troubles excités par les gens de la
« religion prétendue réformée, en poursuivant sans relâche, & conformément
Il aux lois de notre royaume, la démolition de leurs temples dans toute la
« Province, prévenant 8c empêchant leurs assemblées qu'il a souvent inter-
K rompues Si dissipées par sa présence, faisant même arrêter 8c punir leurs
« chefs fit ministres". »
Les derniers mois de l'année 1747 furent attristés à Toulouse par une
grande misère. La cherté des grains Se l'exagération des impôts de toute sorte
y causèrent quelques troubles. Déjà, le 27 mars, des scènes tumultueuses s'y
étaient produites. Les hôteliers, les cabaretiers, les taverniers 8c autres ven-
deurs de vin 8c de viande, rassemblés au nombre de plus de quatre cents,
parcoururent les rues en procession Se se rendirent à l'hôtel du premier pré-
sident pour lui dénoncer les exactions d'un fermier des droits patrimoniaux
de la ville, nommé Laporte, que l'on accusait d'exiger, par pure friponnerie,
des taxes exagérées sur toutes les marchandises qui entraient 8c qui sortaient.
La principale cause du mouvement était un nouvel impôt d'une barrique
de vin sur six, récemment établi. Laporte avait fait fermer les cabarets Si
tavernes, marqué les vins qui se trouvaient dans les caves, 8c défendait aux
taverniers d'en faire débit sous peine de confiscation Se d'amende.
Le premier président s'interposa, déclarant qu'on ne devait rien innover,
8c usa de son influence pour arracher à la fureur populaire le malheureux
fermier, qui, peu de jours auparavant, avait failli être lapidé par les femmes
du Port-Garaud *. Les hôteliers Se taverniers ayant résolu de fermer leurs
portes, si l'on maintenait des droits qui devaient épuiser leurs bénéfices, la
foule d'étrangers Se de plaideurs qui affluaient à Toulouse était menacée de
se trouver sans asile. L'intendant de Languedoc, juge compétent de ces con-
testations, se prononça en faveur de la ville Se condamna diverses prétentions
des fermiers 3.
Comme la récolte de l'année avait été fort mauvaise, le premier président
ordonna l'établissement d'un grenier d'abondance, 8e l'on chargea un mar-
chand de Toulouse de faire des achats sous l'inspection de commissaires spé-
ciaux. Treize mille setiers de blé furent ainsi mis en réserve pour les mauvais
jours.
Le 3o novembre, vers sept heures du matin, deux charrettes chargées de
blé destiné à l'approvisionnement de Toulouse, arrivant du Port-Garaud Se se
■ Les terres formant le marquisat de Moniégut ' Bibliothèque de Toulouse. Heures pcrJucs <te
itaicnt comprises dani i« comté de llsle-eu-Jour- Pierre Barthès, I, p. 235.
dain. ^ Archives de Toulous;. Annales manuicr'ttes,
XI, Szi.
'747
•747
io84 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
diiigcant le long de l'esplanade vers Saint-Etienne, furent abordées près
de la porte du Château par un attroupement de femmes, qui repoussèrent
violemment les charretiers 8c s'emparèrent des grains. De là, elles se ren-
dirent au port pour piller également une barque de blé qui venait d'y être
amarrée.
Malgré les mouvements que se donnèrent les capitouls & le transport de
grains qu'ils se hâtèrent de prescrire sur la place du marché, la sédition gros-
sissant, plusieurs magasins particuliers furent enfoncés. La troupe du guet,
conduite par les magistrats municipaux, ne réussit point à réprimer ce désordre
Se se contenta d'amener à l'hôtel de ville quelques négociants que l'on accu-
sait d'accaparer le blé pour affamer la ville, & qui manquèrent d'être mis en
pièces par la toule. On ne parlait de rien moins que d'incendier leurs mai-
sons. De tous côtés, on voyait arriver des gens du peuple, armés de sacs,
venant faire leur provision à bon marché.
Pendant la nuit du i" décembre, d'autres attroupements se portèrent dans
le quartier Saint-Cyprien, où ils enfoncèrent un grenier proche des Feuil-
lants. Tous les grains qui s'y trouvèrent furent dérobes; mais le guet opéra
quelques arrestations.
Au bruit de ces mouvements, le Parlement se réunit, &, sur les réquisi-
tions verbales du procureur général, Pviquet de Bonrepos, ordonna que les
grains achetés pour l'usage de la ville seraient mis dans les greniers marqués
par les capitouls & ne pourraient être transportés qu'aux marchés publics
pour y être débités, défendit de transporter en aucun autre lieu les grains
qui se trouvaient dans la ville, à moins d'une expresse permission du roi;
défendit aux personnes de tout âge, sexe & condition, de s'attrouper pour
arrêter les voitures St enfoncer les magasins, sous peine de la vie; ordonna
aux capitouls de procéder contre ceux qui s'étaient rendus coupables d'actes
de pillage, & de poursuivre également les monopoleurs ou accapareurs de
grains.
Cet arrêt, rendu sur le rapport de M. de Bastard, fut publié à son de
trompe & affiché dans tous les quartiers de la ville. Les capitouls se saisirent
encore de quelques misérables, au nombre desquels étaient le jardinier des
Feuillants & une femme nommée La Tourmente.
Le détail des troubles de Toulouse, sensiblement exagéré, avait été transmis
à la Cour. M. de Ladevèze, qui commandait dans la Province en l'absence
du maréchal de Richelieu, donna l'ordre de faire avancer vers la capitale du
Languedoc le régiment des volontaires gantais, qui fut d'abord placé dans les
villages de Baziége, de Montgiscard & de Castanet; comme les anciens pri-
vilèges de Toulouse ne permettaient pas d'y faire entrer des troupes royales,
il fut dit que les soldats n'en franchiraient les portes que sur l'autorisation
du premier président & pour protéger la translation des prisonniers au palais,
où ils devaient être jugés.
Le 24 décembre, le secrétaire d'État Saint-Florentin écrivit aux capitouls :
» Le roi, Messieurs, désirant assurer le transport des subsistances néces-
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. io85
« saires pour la Provence, a jugé à propos de donner ses ordres pour faire
« entrer le régiment de Bourbonnois dans la ville de Toulouse. Sa Majesté
« en a en même temps donné pour que l'officier & le soldat y observent la
« plus exacte discipline, 8<. que leur séjour n'intervertisse en rien l'ordre
<( public 6c le gouvernement politique & municipal de cette ville. Je connois
« assez votre zèle Se votre capacité pour être persuadé que vous concourrez
« en toute occasion avec M. de Ladevèze ou avec M. Le Brun, qui doivent
« commander ces troupes, à tout ce qui intéressera le service du roi Se la
« tranquillité publique; il est à propos que vous preniez au plus tôt vos
« mesures pour le logement Se l'établissement de ces troupes'. »
Le marécbal de camp Le Brun avait ordre de se rendre en personne à
Toulouse avec les troupes & de se concerter avec le cbef du Parlement.
Le I" janvier, à quatre beures de l'après-midi, les Toulousains virent entrer
par la porte du Cbâteau trois compagnies d'infanterie gantaise, une compa-
gnie de dragons 8c une compagnie de hussards, grand spectacle pour des gens
accoutumés à ne contempler d'autre force armée que la milice du guet. On
logea les fantassins dans le faubourg Saint-Michel, & les hussards dans le
faubourg Saint-Cyprien, par billets, chez les habitants.
Le lendemain, à huit heures du matin, il fut fait un déploiement général
de ces troupes pour escorter au palais deux hommes 8c deux, femmes du Port-
Garaud, que l'on disait être les chefs de la sédition du 3o novembre. Deux
compagnies d'infanterie ouvraient la marche, baïonnette au bout du fusil:
puis venaient les dragons à cheval, tambour battant; la troupe du o-uet,
l'arme sur l'épaule, entourant deux chaises fermées, où l'on transportait les
quatre captifs; derrière, la maréchaussée de Toulouse; les hussards, trom-
pettes sonnant, avec leurs officiers en tête, caracolant, sabre nu, sur des
chevaux magnifiques. La troisième compagnie d'infanterie formait l'arrière-
garde, précédée de ses fifres Se de ses tambours.
Malgré la curiosité qu'inspirait cet appareil guerrier, un contemporain
nous apprend que le sort des ([uatre prévenus « airacboit des larmes des yeux
« de tout le monde. » On les introduisit dans la chambre criminelle, où ils
passèrent deux heures. En attendant, les troupes avaient pris position autour
du Parlement, occupant la place du Salin Se la petite place du Palais, avec
sentinelles 8c vedettes à toutes les avenues, à toutes les portes de l'enclos, au
perron de la cour Se à la porte de la ville. Après l'audience, le cortège se
reforma dans le même ordre Se ramena les accusés dans les prisons de l'hôtel
de ville, sans que rien eiit transpiré sur leur sort.
La procession se renouvela le lendemain pour le compte de quatre autres
prévenus, encore deux hommes Se deux femmes. Les bourgeois remarquèrent
que, dans cette seconde parade, le guet avait pris ses tambours 8c ses fifres 8e
sonnait la marche comme le reste des troupes.
Dans la même journée arrivèrent huit compagnies des milices du Périgord,
' Archives de Toulouse. Second rci^istre des arrêts, p. \^ij.
'747
'7-1 il
~^ 1086 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
bataillon de Bergerac, « gens de fort bonne mine, braves & se comportant
« bien avec tous. « On les logea dans le faubourg Saint-Etienne.
Deux des principaux, accusés, un menuisier & un conducteur de radeaux
du Port-Garaud, furent pendus à l'Esplanade, le 4 janvier, vis-à-vis le balcon
du jardin de la sénécbaussée. Fantassins, dragons, bussards, miliciens, guet,
sénéchaussée, formaient la haie tout autour, face au gibet Se face à la foule.
Quand les deux pendus eurent rendu l'âme, on emporta leurs cadavres pour
les exposer, d'après les termes.de l'arrêt, sur les fourches patibulaires.
Le lendemain, La Tourmente parcourut les rues & les carrefours de Tou-
louse, sous une escorte de miliciens, £< fut publiquement fustigée.
Le maréchal-de-camp Le Brun, craignant quelque mouvement populaire,
par suite de l'émotion qu'avaient produite ces exécutions, exigea que les
troupes fussent établies en force dans l'intérieur de la ville 81 choisit pour les
loger les massives constructions des collèges de Foix, de Périgord, de Saint-
Raimond 8<. de Sainte-Catherine. Les capitouls s'exécutèrent 8c firent fournir
des lits par tous les habitants de Toulouse qui ne se trouvaient pas person-
nellement exemptés du logement des gens de guerre. On mit les dragons Se
l'infanterie gantaise dans le collège Sainte-Catherine, les milices de Bergerac
dans les collèges de Foix & de Périgord, les hussards dans le collège Saint-
Raymond, contigu à l'abbaye de Saint-Sernin.
Ces cavaliers, qui avaient fait, pendant quelques jours, la désolation du
faubourg Saint-Cyprien, commirent encore beaucoup de violences. Sous pré-
texte de faire des recrues, ils enlevèrent un jour, en pleine place Saint-
Sernin, un malheureux paysan qui ne voulait pas être hussard, l'enfermèrent
dans leur caserne, Se, pour le punir de sa résistance, lui brûlèrent avec des
mèches les mains 8i les pieds.
Un violent incendie, qui fut attribué à la négligence outrée des officiers
du régiment de Périgord, faillit détruire le collège de Foix, 8<. ne put être
arrêté qu'à grand'peine. Un officier gantais, se croyant insulté, ramassa quel-
ques dragons èi se mit avec eux à la poursuite des bourgeois; un inconnu,
habillé en paysan, prit la fuite à toutes jambes; on lui tira un coup de fusil
dont il mourut peu de jours après.
Enfin, sur la place même de l'Hôtel-de-VilIe, un sergent gantais, racco-
leur volontaire, ne pouvant décider un promeneur à s'enrôler dans son régi-
ment, l'assomma de coups de canne; le capitaine du guet essaya de rétablir
l'ordre 81 d'arrêter le sergent qui fut enlevé, par ses camarades, des mains de
la troupe municipale. Les capitouls, pour leur imposer, essayèrent de se
montrer sur le seuil de l'hôtel de ville, revêtus de leurs chaperons; mais les
insignes consulaires ne firent point d'impression sur ces soldats indisciplines
qui couchèrent en joue les magistrats municipaux, les forcèrent de s'enfermer
&c menacèrent d'enfoncer les portes. Ce ne fut qu'à grand'peine que M. du
Coudray, major de l'infanterie gantaise, parvint à dissiper la troupe'.
■ Archives acToulnnse. Annules manuscntcs.'X.'i, 531.— Pihcs justifxccitlvcs, n. DCCCLXIX, col. 2i6j.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1087
Cependant la crédulité de la population était mise à une singulière
épreuve. Le froid ayant été extrêmement vif pendant les premiers jours de
janvier, au point de geler la Garonne & de ne laisser qu'un mince courant
sous la grande arche du pont, les corps des suppliciés que le Parlement avait
fait exposer sur les fourches patibulaires de la Salade, à l'extrémité du fau-
bourg des Minimes, échappèrent à la corruption qui détruisait d'ordinaire
CCS tristes dépouilles. Quelques rôdeurs, habitués de ces lieux sinistres, s'aper-
çurent du phénomène & le racontèrent en l'amplifiant. Bientôt l'on répéta
que des cris perçants Se douloureux s'élevaient pendant la nuit du milieu de
l'enceinte, qu'on y voyait courir des flammes, tk que les deux séditieux du
3o novembre avaient encore le sang vermeil, après vingt-deux jours d'expo-
sition, comme s'ils eussent été exécutés de la veille. Des curieux se portèrent
aussitôt en foule au quartier de la Salade, escaladèrent l'enclos. Se, trouvant
les corps saignants Se frais, n'hésitèrent pas à s'écrier que ces malheureux
étaient sans doute des saints, St que Dieu manifestait leur innocence en les
préservant de la pourriture. Alors le peuple se rua sur les cadavres, commença
par leur enlever les misérables haillons dont ils étaient revêtus, les trempa
dans leur sang 8c s'en partagea les lambeaux que l'on promena par la ville
en criant au miracle. Pendant toute la journée, ce fut une procession conti-
nuelle sortant par la porte Arnaud-Bernard pour aller contempler la mer-
veille. Pierre Barthès raconte dans son journal n'avoir jamais vu tant de
monde « le jour du fénétra, ni le jour de Saint-Roch. « Les haillons ne
suffisant plus, on découpa même des morceaux de chair Si il s'en fit un débit
à prix d'argent, comme de reliques précieuses.
L'inhumation secrète des deux cadavres qui eut lieu, par ordre, pendant
la nuit, coupa court à ces déplorables scènes 8c l'imagination méridionale ne
tarda pas d'oublier les condamnés qu'elle transformait en martyrs.
Quand le beau temps fut revenu, le maréchal-de-camp Le Brun donna
aux. dames de Toulouse le spectacle de la petite guerre sur l'Esplanade, devant
le couvent des Carmes déchaussés. Après diverses manœuvres, l'infanterie
gantaise se forma en bataillon carré Se fut chargée sur les quatre flancs par
ks hussards, avec grand feu de pistolets, de mousquetons Se de fusils.
l-e i5 mai, toutes les troupes régulières évacuèrent Toulouse, allant
rejoindre en Provence l'armée du maréchal de Belle-Isie, laissant peu de
regrets Se beaucoup de dettes.
Quelques jours après, le bataillon de Bergerac battit aussi en retraite par
la route de Castres, en fort belle ordonnance. Ces honnêtes miliciens s'étaient,
paraît-il, concilié la sympathie des bourgeois. « C'étoient, raconte Barthès,
« des gens qui ne se sont fait haïr en aucune manière, n'ayant fait insulte
« à personne, se retirant de bonne heure, Se fort soumis aux devoirs de leur
« état', »
11 fyt donné communication aux États, pendant la session de 1748, d'un
' Heures perdue! t^e Pierre Barthès, I, p. 276.
1748
'7-18
'749
io38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
projet de travaux clans le diocèse d'Albi, qui avaient été étudiés par Bourroul,
ingénieur géograplie du roi.
Cet ingénieur se proposait de rendre la Vère navigable 8<. d'établir un
canal latéral au Tarn, entre Saint-Géry 8c Gaillac. Le but principal de l'en-
treprise était de faciliter l'exploitation de la forêt de la Grésigne, dont la
Vère contourne les plateaux avant de se jeter dans l'Aveyron, sous les murs
du château de Bruniquel.
Les États chargèrent l'évêque de Montpellier 5c le syndic général Joubcrt
de consulter les diocèses.
Le prélat se rendit dans la ville d'Albi où fut réunie une assemblée géné-
rale comprenant les commissaires ordinaires du diocèse, les syndics des coivi-
munes, les seigneurs de paroisses & les propriétaires riverains intéressés. 11
s'y trouvait plus de deux cents personnes qui approuvèrent le projet. Les
diocèses de Toulouse, Castres, Lavaur, Rieux, Saint-Pons, Agde 8c Alais,
donnèrent un avis favorable. Mais, vers la fin de l'année, le maire de Gaillac
forma opposition au nom de cette ville &c de celles de Rabastens, Puycelsi,
Cadalen 8c Cahusac. Il soutenait que le projet n'était pas exécutable, &c, qu'à
supposer le contraire, les communes du pays perdraient leur unique ressource,
si elles étaient privées du merrain Se du bois à brûler de la Grésigne, ainsi
que du chanvre à cordages cultivé dans la vallée de la Vère. Il ajoutait que
la forêt de la Grésigne ne produisait pas de bois propre à la construction des
vaisseaux, 8c que la seule utilité du canal serait d'approvisionner la Guienne
au détriment du Languedoc.
L'ingénieur, qui s'était rendu devant la commission, démontra de son côté
que son entreprise devait avoir les plus grands avantages pour le service du
roi Se pour le diocèse d'Albi.
Sur le rapport qui fut présenté aux Etats dans les premiers jours de jan-
vier 1749, par l'évêque de Montpellier, l'assemblée provinciale délibéra una-
nimement de consentira la construction du canal de la Vère 8c à la dérivation
proposée des eaux du Tarn, à condition que les entrepreneurs de ces travaux
ne pourraient exiger par voie directe ou indirecte aucun secours du pays de
Languedoc, du diocèse d'Albi Se des communes riveraines. Elle stipula aufsi
que les propriétaires des moulins Se les particuliers dont on prendrait les
terres pour faire les canaux, seraient dédommagés suivant l'estimation faite à
dire d'experts, Se que l'on prierait Sa Majesté de renvoyer à l'intendant de
Languedoc le jugement de toutes les contestations'.
Le 24 février 1749, à quatre heures de l'après-midi, la capitale de la Pro-
vince fut parcourue par le personnel de l'hôtel de ville : capitouls, assesseurs,
huissiers, juge de police Se suppôts de divers grades, depuis l'ingénieur jus-
qu'aux portiers, tous à cheval, avec le guet en tenue d'ordonnance, les offi-
ciers portant l'esponton*. A chaque place ou carrefour, le cortège faisait halte,
les trompettes, les hautbois 8c bassons jouaient des fanfares, les fusiliers brû-
' Procès ïïrb.il lUs Utnts 3 jmivior 17^9. ' Heures perdues Je Pierre Barthes, I, p. 297,
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1089
laicnt de la poudre, S<. le ciieur juré, de sa voix la plus sonore, lisait la pro-
clamation suivante :
« De par le roi, on fait savoir à tous qu'une bonne, ferme, stable 8c solide
« paix avec une réconciliation entière 8c sincère a été faite 8c accordée entre
« très-haut, très-excellent 8c très-puissant prince Louis, par la grâce de Dieu,
« roi de France Se de Navarre, notre souverain seigneur &c très-haut, très-
» excellent Se très-puissant prince Georges, roi de la Grande-Bretagne, élec-
« teur de Brunswick-Lunebourg, 8c très-haute, très-excellente Se très-puis-
« santé princesse Marie-Thérèse, reine de Hongrie 8c de Bohême, impératrice
« des Romains, 8c leurs vassaux, sujets 8c serviteurs en tous leurs royaumes,
« pays, terres Se seigneuries de leur obéissance, que ladite paix est générale
« entre eux 8c leurs susdits vassaux 8c sujets, Se qu'au moyen d'icelle il leur
« est permis d'aller, venir, retourner Se séjourner en tous les lieux desdits
« royaumes. Etats 8e pays, négocier Se faire commerce de marchandises, entre-
« tenir correspondance £e avoir communication les uns avec les autres, 8e ce
« en toute liberté, franchise Se sûreté, tant par terre que par mer Se sur les
« rivières 8e autres eaux, Se tout ainsi qu'il a été 8c dû être fait en temps de
<< bonne, sincère 8e amiable paix, telle que celle qu'il a plu à la divine bonté
« de donner audit seigneur roi, audit seigneur roi de la Grande-Bretagne,
« électeur de Brunswick-Lunebourg, Se à ladite dame reine de Hongrie Se
« de Bohême, impératrice des Romains, Se à leurs peuples Se sujets; Se, pour
(i les y maintenir, il est expressément défendu à toutes personnes, de quelque
« qualité Se condition qu'elles soient, d'entreprendre, attenter ou innover
« aucune chose au contraire, ni au préjudice d'icelle, sous peine d'être punis
« sévèrement, comme infracteurs de paix Se perturbateurs du repos public'. »
Le lendemain, la paix d'Aix-la-Chapelle fut célébrée dans toutes les villes
épiscopales par le chant du Te Deitm Se par des réjouissances publifjues, avec
salves d'artillerie, illuminations Se feux d'artifice.
La cessation des hostilités, si elle comblait les voeux du pays, en arrêtant
les sacrifices d'hommes Se d'argent dont il se trouvait accablé, ne devait ruèrc
favoriser le développement des institutions provinciales. Elle rendait au minis-
tère la liberté de ses mouvements, l'entière disposition de ses troupes; 8c,
comme les grands corps du pays, compagnies supérieures de justice ou Etats,
donnaient assez fréquemment prise sur eux par leurs préoccupations d'intérêt
personnel, le gouvernement, au lieu de chercher dans une rénovation consti-
tutionnelle le moyen de vaincre légalement ces résistances, ne songeait qu'îx
les briser par la force; erreur funeste qui, en donnant le caractère Se les
formes extérieures du despotisme à des actes d'ailleurs écjuitables Se ration-
nels, compromettait l'autorité du pouvoir royal, blessait l'opinion Se com-
mençait à poser aux yeux des peuples, en champions des libertés publiques,
des privilégiés qui servaient uniquement leur propre cause.
L'édit qui parut à Marly, au mois de mai 1749, était destiné à produire
' Archives de Toulouse. Annales ma:iu:cr'itcs, XI, p. j.(3.
XIII. ^'9
'749
'749
1090 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
en Languedoc des événements irès-extraordinaires dont l'histoire de la Pro-
vince n'avait pas offert d'exemple depuis le temps des guerres civiles.
Dans cet édit, le roi déclarait que, la paix ayant été enfin accordée à ses
vœux, il s'inquiétait d'exprimer à ses peuples la satisfaction que lui avait
inspirée leur zèle. 11 n'avait pas attendu la conclusion du traité, ni la fin des
dépenses de la guerre, pour ordonner la suppression de l'ustensile S; de quel-
ques autres droits regardés comme particulièrement onéreux; il s'était occupé
ensuite de la réforme des troupes, dans la vue de ne rien négliger pour alléger
les charges publiques; mais s'étant fait rendre compte de la situation des
revenus Se des dépenses, il avait reconnu qu'indépendamment de l'obligation
de payer les arrérages des dettes accumulées pendant le règne de Louis XIV,
ces dettes se trouvaient grandement augmentées par suite des deux dernières
guerres soutenues depuis l'année I733; les emprunts avaient paru préfé-
rables aux impôts, mais le service des intérêts exigeait de fortes sommes, 11
était d'ailleurs indispensable de pourvoir au payement des dépenses de guerre
arriérées, de mettre la marine en état de protéger le commerce français, 8<
l'on ne pouvait s'empêcher de conserver un nombre suffisant de troupes pour
assurer la tranquillité des frontières & maintenir la paix. Ces considérations,
poursuivait le roi, n'avaient pas ébranlé sa résolution constante de faire cesser
l'imposition du dixième établie par la déclaration du 29 août 1741; niais,
comme l'état des finances du royaume ne pouvait s'améliorer si la masse des
anciennes dettes ne diminuait pas, le gouvernement avait décidé de créer
une caisse générale des amortissements, distincte S(. séparée du trésor royal &
des autres caisses, 8c consacrée uniquement à payer les dettes de l'Etat. Cette
réserve devait permettre une libération progressive 8c conduire à l'extinction
complète des emprunts. On travaillerait en même temps à si bien régler les
dépenses que les fonds des revenus ordinaires, administrés avec économie,
missent le trésor en situation d'éviter de nouveaux emprunts.
Le l'oi aurait désiré de pouvoir prendre le fonds d'amortissement sur les
revenus ordinaires; mais les nécessités du temps s'y opposaient; 8c, pour com-
mencer une opération si importante au bien du royaume, on était contraint
de recourir, pendant les premières années, à l'imposition du vingtième de
tous les revenus, qui devait être exclusivement consacrée à la libération de
l'État. Plus tard, la diminution des dettes 8c des charges qui absorbaient tous
les revenus annuels procurerait un fonds libre 8c donnerait lieu à la sup-
pression du vingtième.
L'édit insistait sur le caractère d'équité de cet impôt qui, frappant à la fois
tous les sujets, nobles 8c roturiers, privilégiés &c non privilégiés, répartissait
la charge d'une manière plus conforme à la justice.
Le dixième cessait donc d'être exigible à compter du i«' janvier lySo;
mais, à dater de ce jour, il devait être remplacé par l'impôt du vingtième,
levé annuellement sur tous les revenus Se produits des sujets français, sans
aucune exception. Le mode de perception était conforme à celui du dixième,
les rôles dressés en 1741 servant de base, avec obligation pour les contri-
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 109 1
buables qui n'y figuraient pas de fournir, dans quinzaine, la déclaration de
leurs biens.
Par un article formel, les deniers provenant du vingtième devaient être
employés au remboursement des dettes anciennes & nouvelles de l'Etat, £<.
servir à l'extinction des rentes établies sur les aides &c gabelles, sur les tailles,
sur la ferme des postes, les revenus des pays d'Etats St. sur tous les autres
revenus royaux. Le i^"' juillet 1700 était désigné comme le jour d'ouverture
des remboursements'.
L'apparition de cet édit produisit parmi les bauts personnages de la Pro-
vince une violente émotion. Il était difficile de contester l'utilité de l'amor-
tissem.ent; mais on se plaignait que les promesses de suppression du dixième
après la paix ne fussent pas tenues, que l'on transformât en impôt durable
&. régulier une contribution de guerre destirrée à finir avec l'événement qui
la faisait naître; les déclarations de biens exigées de cbaque particulier no
laissaient pas non plus que d'être vexatoires. Mais ce qui blessait principale-
ment les privilégiés, c'était l'égalité de tous les ordres devant l'impôt. On
avait tellement pris l'babitude des exemptions attacbées à certaines cbarges
que le retour au droit commun paraissait le comble de l'injustice. Ainsi,
lorsque la ville de Toulouse, à la suite des agitations de 1748, avait dû rece-
voir des troupes, tout le fardeau des logements militaires était retombé sur
les petites gens qui n'avaient ni un titre ecclésiastique, ni une dignité judi-
ciaire. Cette iniquité flagrante était ce qu'on appelait l'ordre, 8<. aucune com-
pagnie supérieure ne songeait à réclamer; mais lorsque le gouvernement
royal manifestait la volonté de soumettre indifféremment aux cbarges publi-
ques tous ceux que leur fortune désignait pour y participer, l'indignation ne
connaissait plus de bornes.
Il était d'usage que les principales affaires qui devaient être traitées aux
États fussent négociées, avant la session, entre le contrôleur général Si l'ar-
cbevêque de Narbonnc. Les correspondances qu'échangèrent ces deux person-
nages au sujet de l'établissement du vingtième ne laissèrent aucun doute au
gouvernement sur l'accueil qui attendait cette création; mais comme les dis-
positions de la Cour & celles du maréchal de Richelieu inclinaient aux
mesures vigoureuses, il fut décidé de passer outre. Les commissaires du roi
reçurent, dans leurs instructions l'ordre d'exiger l'exécution pure & simple de
l'édit du vingtième, sans tenir compte des oppositions qu'on y pourrait faire.
M. de Crillon, archevêque de Narbonne, qui avait assisté le 29 janvier ij5o
à l'ouverture de la session, mais qui, d'après les propos de ses collègues, pres-
sentait une crise inévitable. St. connaissait d'avance l'inflexible résolution des
commissaires royaux, fit annoncer aux États, le 3i, par la bouche du syndic
général Montferrier que les derniers efforts qu'il avait faits pour remplir sa
place dans l'assemblée avaient surpassé ses forces. Le dérangement de sa santé
ne lui permettait pas de s'occuper d'affaires, & de suivre les mouvements de
' Recueil lies liitt, déclaration!, arri:s f- or.lotitunecs ,1e l'année ly-^r) pour la province de Lniigiiedoc.
/•;9
1700
17^0
1092 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
son zèle Se de son affection pour la Province, sans s'exposer à un plus grand
danger; il était forcé malgré lui d'aller chercher le repos pour prendre avec
tranquillité les remèdes nécessaires. 11 priait l'assemblée de recevoir une excuse
si léo-itime & d'être persuadée ([u'il participerait de cœur à tout ce qui serait
fait, comme s'il y était présent, y donnant d'avance une approbation entière
îk priant l'archevêque de Toulouse de le suppléer.
Ce fut donc ce dernier prélat, Charles-Antoine de La Pv.oche-Aymon, qui
présida l'assemblée £<. porta principalement la parole pendant cette courte
mais orageuse session.
Dans la séance du 5 février, il commença par faire lire la délibération de
l'année précédente, contenant les conditions qui accompagnaient l'octroi du
don gratuit, avec l'acceptation des commissaires du roi, & fit ressortir la con-
tradiction qui existait entre cette reconnaissance officielle des immunités pro-
vinciales 8<. les instructions dont le maréchal de Richelieu était porteur. 11
ajouta qu'il se sentait en proie à une cruelle incertitude, ne pouvant oublier
à la fois ses obligations envers le prince Se le serment qu'il avait prêté de.
défendre les privilèges de la Province, Se promit de se conformer d'ailleurs
exactement à ce que résoudraient ses collègues, avec promesse de prendre
leurs suffrages pour règle unique de sa conduite.
Cela fait, on envoya une députation de huit membres aux commissaires
du roi, qui étaient entrés l'avant-veille, demandant un don gratuit de trois
millions & seize cent mille livres de capitation. Les députés, qui avaient été
choisis par l'archevêque de Toulouse, Si en tête desquels marchaient les évê-
(lues de Mende S< du Puy, s'excusèrent auprès du maréchal de ne point lui
apporter le consentement des Etats. L'assemblée provinciale éprouvait un
désir sincère de donner au roi les sommes qu'il demandait, mais elle se trou-
vait combattue dans sa bonne volonté par l'irrégularité des formes. L'établis-
sement du vingtième détruisait la condition la plus essentielle des transactions
ordinaires. Ils s'adressaient au duc, comme à l'interprète autorisé de la volonté
royale, pour lui demander avec instance de concilier ces contradictions, de
rassurer le pays sur le maintien de ses privilèges, S<. le priaient de leur
déclarer d'une manière précise si ses instructions secrètes lui permettaient de
leur donner à cet égard des garanties. Ils ne repoussaient pas absolument le
vingtième, mais ils souhaitaient qu'il ne se levât ]joint sans le consentement
des États, &. que la confection des rôles, la levée des deniers Sv., en un mot,
toutes les opérations nécessaires fussent conformes aux règles administratives
de la Province.
Le maréchal Se l'intendant répondirent qu'ils n'avaient ni instructions
ni ordres particuliers pour donner des garanties aux Etats, St. ((u'ils auraient
préféré recevoir l'octroi du don gratuit avant d'écouter des remontrances.
Une seconde séance fut tenue le mcjnc jour, à cinc[ heures du soii'; les
Etats y reçurent communication d'un projet de remontrances écrites qui
devaient être présentées au maréchal. C'était un développement historique
très-étendu de la théorie que l'assemblée provinciale s'était faite sur ses pré-
l.IV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 109.3
rogativcs, mentionnant le prétendu traité conclu avec le roi Philippe le Hardi
lors de la réunion du Languedoc à la couronne, £< les diverses confirmations
de privilèges accordées par les rois depuis le quatorzième siècle jusqu'à la
révocation de ledit de Béziers, 8<. aux lettres patentes du 16 octobre 17 i5.
Après avoir longuement déduit leurs titres, les États faisaient l'apologie de
leur administration, en vantaient la simplicité, l'économie 8t la douceur; ils
soutenaient que l'avantage d'établir un régime uniforme dans tout le royaume
ne compensait pas le sacrifice d'usages particuliers, excellents en eux-mêmes
£< appréciés des peuples; que le trésor royal n'y perdait rien, puisque les éco-
nomies faites dans la perception ne diminuaient point les sommes versées, 8c
que, en matière d'impositions, les intérêts de la couronne devaient toujours
se concilier avec ceux des contribuables.
.Aussitôt les remontrances votées, pour atténuer l'effet que cette marque
d'opposition ne pouvait manquer de produire, les Etats se hâtèrent d'accorder
les seize cent mille livres de capitation demandées par les commissaires du
roi. Comme il était d'usage que cette délibération fût distincte de celle du don
gratuit 8c se prît à des conditions dittérentes, l'assemblée se disait heureuse
de montrer, par sa promptitude, les sentiments de respect, de zèle 8c de sou-
mission dont elle était animée. Sa bonne volonté devait paraître d'autant
plus appréciable que le pays de Languedoc se trouvait dans des conjonctures
fâcheuses 8c que la misère générale retardait tous les recouvrements. La séance
fut terminée par réiection des députés chargés d'en faire connaître le résultat
aux commissaires royaux'.
Suivant le vœu formel des Etats, l'archevêque de Toulouse écrivit au roi Se
aux ministres pour expliquer la résistance de la compagnie sur la question
du vingtième 8c prévenir les interprétations désobligeantes. Il protestait, daris
cette correspondance, de la fidélité des trois ordres 8c rappelait toutes les
preuves de soumission que la Province avait données.
Ces arguments demeurèrent sans effet. Le parti était pris à la Cour de
briser la résistance des grandes corporations. Le 16 février, le maréchal 8c
l'intendant notifièrent au président des Etats qu'ils avaient reçu des ordres
précis 8c rigoureux de ne se relâcher en rien de leurs premières exigences.
Le roi, s'étant fait rendre compte des délibérations de la compagnie, cliar-
geait ses commissaires de leur déclarer expressément que son intention était
de les voir voter sur le don gratuit, toute affaire cessante, 8c ensuite sur les
autres points marques dans les instructions. Quand ce devoir essentiel serait
accompli, Sa Majesté se ferait rendre compte des remontrances, 8c propor-
tionnerait ses faveurs à la conduite que l'on aurait tenue pour les mériter.
M. de La Pvoche-Aymon réunit les Etats le lendemain 8c leur communiqua
la mauvaise nouvelle, en accompagnant cet avis de quelques paroles pru-
dentes 8c réservées. Il ne pouvait, dit-il, dissimuler que l'assemblée avait eu
le malheur de déplaire au meilleur Se au plus juste de tous les maîtres, ni
■ Pièces jast'ificatiyes, n. DCCCLXXI, col. 21Û6, & n. DCCCLXXII, col. 2171.
I 700
lyJo
1094 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
laisser perdre de vue la glorieuse possession où était la Province de se distin-
guer i^rr une fitlélité à toute épreuve, 81 le danger qui menacerait peut-être
les peuples si. l'expresse volonté du roi n'obtenait pas satisfaction. Quant à
lui, dans la cruelle perplexité c[ui agitait tous les esprits, il ne craignait pas
de répéter que des suffrages unanimes, dictés par des sentiments aussi nobles
8<. aussi purs que ceux des Etats, feraient la règle de sa façon de penser, Se
qu'il ne saurait, avec des guides aussi sûrs, s'écarter de devoirs communs à tous
les membres de l'assemblée.
Dominique de La Rochefoucauld, archevêque d'Albi, prenant alors la
parole, comme premier opinant, déclara que les ordres du roi lui inspiraient
la plus vive douleur. S'il ne fallait prouver son obéissance que par le sacrifice
entier des biens 6< de la vie de chacun, l'assemblée entière s'y porterait avec
joie; mais on ne pouvait croire qu'un roi aussi juste, un prince aussi reli-
gieux, un monarque aussi jaloux du bonheur de ses sujets, voulût exiger des
Etats une démarche qui les rendrait indignes de son estime & de sa bonté.
Le souverain ne saurait avoir aucune confiance en des personnes capables de
trahir un serinent prêté devant Dieu & ratifié par l'autorité royale. Par ce
serment, les membres des Etats s'obligeaient à transmettre à leurs successeurs,
dans toute sa pureté, le dépôt qu'ils avaient reçu de leurs prédécesseurs j
dépôt inaliénable, qu'on n'abandonnerait pas sans s'attirer les justes repro-
ches du ciel & de la terre.
11 n'était pas possible de croire que l'intention du roi fût de faire violer
par les États les privilèges dont ils étaient dépositaires, privilèges non moins
tuiles au service du roi qu'aux peuples de la Province. L'assemblée ne s'en
était jamais prévalue pour se soustraire aux charges publiques, ayant plutôt
donné l'exemple aux autres provinces. On ne cessait pas d'agir en bons Se
fidèles sujets, parce qu'on ne saurait voir sans indifférence le renversement
de l'administration S<. la Province livrée à des mains étrangères, souvent gui-
dées par de faux principes Si toujours plus attachées à leurs intérêts qu'à-
ceux du roi.
Ces motifs, qui avaient dicté la première délibération des États, existaient
encore; ils étaient même devenus plus torts 8< plus pressants; la contradiction
sienalée entre les instructions des commissaires royaux Se le mode d'établis-
sèment du vingtième s'aggravait par les nouveaux ordres. La gravité des
circonstances ne permettait point aux États de varier sur leur première déter-
mination. L'archevêque proposait donc d'y persister & de le faire déclarer aux
commissaires du roi par une députation spéciale, toiit en leur témoignant la
douleur dont l'assemblée se trouvait saisie par la seule crainte de déplaire
au roi.
La proposition de M. de La Rochefoucauld fut agréée par la compagnie;
mais, avant de nommer les membres des trois ordres qui devaient faire partie
de l'ambassade, on envoya l'un des syndics généraux avertir les commissaires
du roi de la résolution qui venait d'être prise. Le maréchal Si l'intendant
répondirent qu'ils ne pouvaient recevoir aucune députation. A la suite de ce
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1095
refus, les États prièrent M. de La R.oche-Aymon de transmettre lui-même
leur délibération aux représentants de l'autorité royale.
En même temps, pour se justifier auprès de la Cour, ils décidèrent qu'une
députation des trois ordres partirait incessamment pour Paris 8c que l'arche-
vêque de Toulouse serait prié de s'y joindre, avec mission de renouveler leurs
protestations de fidélité 8c leurs remontrances. Les députés que l'on choisit
furent l'évêque de Carcassonne, le marquis de Villeneuve, M. d'Héliot, lieu-
tenant de maire de Toulouse; M. de Massillan, maire de Montpellier, 8<. le
syndic général Montferrier '•
Après le refus de recevoir les déclarations des États signifié par les commis-
saires royaux, l'issue du conflit n'était pas douteuse. Aussi l'assemblée réso-
lut-elle que le trésorier de la bourse ferait l'avance des sommes dues aux
députés Se aux officiers de la Province 8c des autres sommes que l'on avait
coutume de payer, suivant les ordres de l'archevêque-président. Se que les
commissaires nommés pour diriger les travaux publics Ê< pour les autres
affaires continueraient de vaquer à leur charge, comme pendant l'intervalle
des sessions.
Le maréchal de Richelieu, en sa qualité de premier commissaire du roi, fit
savoir à M. de La Roche-Aymon qu'il avait l'ordre exprès de dissoudre l'as-
semblée, que les évêques devaient se retirer dans leurs diocèses, 8c les barons
dans leurs terres, 8c y rester relégués jusqu'à nouvel ordre, sans pouvoir tenir
de réunion ni former de corps politique.
Dix jours après parut k Versailles un arrêt du conseil d'État qui cassait les
deux délibérations du 5 8c du 17 février, comme contraires au respect 8c à la
soumission que les sujets doivent h leur souverain, 8c suspendant purement
8c simplement l'assemblée pour un temps indéfini. Le préambule accusait
les États de Languedoc d'avoir sacrifié à des vues particulières en faisant
dépendre leur consentement au don gratuit du succès de leurs représentations
sur une matière toute différente, 8c d'avoir aggravé leur faute en persistant
dans leur refus, malgré le délai que Sa Majesté leur avait donné pour se
reconnaître.
Défense était faite à toutes les personnes nommées dans les deux délibéra-
tions d'y déférer 8c aux divers officiers ou commissaires des États d'exercer
aucune fonction à peine de désobéissance. Le foi se réservait de donner les
ordres qu'il jugerait convenables pour l'administration de la Province, c'est-
à-dire de la faire administrer directement par l'intendant, qui demeurait
chargé du soin de biffer les procès-verbaux dans les registres des États 8c d'y
surveiller la transcription de l'arrêt.
Ces formalités furent rigoureusement observées*. Le coup de force qui
dispersait les États causa dans la Province une profonde émotion. L'événe-
ment était nouveau, inattendu; il offrait un caractère de violence blessant
pour l'amour-propre du pays, 8c, malgré tous les griefs que l'on avait contre
' Pièces jttstijieativcs, ti. DCCCLXXUÎ, col. il 8C. ' Picces juni/icatives, n. DCCCLXXIV, col. 2191 .
1703
1096 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
l'assemblée provinciale, sa brusque séparation par un maréchal de France
annonçait des formes impérieuses peu rassurantes.
L'émoi du Languedoc pénétra jusque dans l'abbave de Saint-Germain des
Prés, où dom Vaissete poursuivait ses travaux, 8c le bon religieux crut pou-
voir s'autoriser de son titre d'historien pour proposer au contrôleur général
un moyen d'accommodement. Il lui écrivit qu'ayant acquis, pendant près de
c[uarante ans d'études, une connaissance complète des usages de la Province,
il n'hésitait pas à lui soumettre son plan, dont les points principaux étaient
de rassembler les États au mois d'avril suivant, de faire demander séparément
le don gratuit Se le vingtième, de confier la répartition du vingtième à l'in-
tendant & la perception à la Province. La communication du moine impres-
sionna peu le ministère ; on se contenta d'écrire dédaigneusement au crayon
en haut de sa lettre qu'on pouvait lui répondre pour louer seulement son
zèle & ses bonnes intentions.
Cependant, une assez vive effervescence régnait dans le pays. Il était ques-
tion d'intéresser à la disgrâce des Etats les compagnies supérieures, qui pour-
tant ne les aimaient guère, & Le Nain ne se montrait pas indifférent à ces
appréhensions.
Il s'en expliquait le 8 avril dans une lettre confidentielle au contrôleur
général.
« J'ay tout lieu de soupçonner, lui disait-il, qu'il y a des négociations
« secrètesicntre le Parlement de Toulouse Se la chambre des comptes de Mont-
« pellier pour faire au roy des remontrances en faveur des Etats, 8c quoique
« j'aye pris toutes les mesures que j'ay cru convenables pour empêcher cette
« démiarche, je crains qu'elles ne soient sans succès, tant la fermentation est
« grande dans ces deux compagnies.
« Ces remontrances concertées sont moins redoutables par elles-mêmes que
« par les suites Se les conséquences; elles augmenteront l'indisposition du
« peuple contre la nouvelle administration, parce que, voyant les deux pre-
<( mières compagnies de la Province faire l'apologie des Etats 8c en prendre
« en quelque façon la défense, il se persuadera de plus en plus qu'ils n'ont
« eu pour objet que le bien public, 8c il croira de son côté marquer son zèle
« par la lenteur de son obéissance aux ordres qu'il recevra de ma part par
« rapport aux impositions
« Si vous me permettez de dire ce que je pense, il me semble que la réponse
« du roy doit être accompagnée de beaucoup de douceur pour ne point
« allumer davantage des esprits qui, par eux-mêmes, sont prompts à s'en-
« flammer. Cette douceur sera d'autant mieux placée que l'on m'assure que
« les remontrances sont pleines de soumission Se de respect'. »
Bien que les compagnies supérieures de justice, très-divisées entre elles,
comme nous l'avons déjà vu, par une foule de questions de compétence 8c
par des rivalités incessantes, eussent envers les États des sentiments de con-
' Archives nationnies. PjpU-rs Ju contrôleur gi-ncral.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV.
1097
1730
fraternité plus que médiocre, le mouvement que se donnèrent les évêques 8c
les barons réussit à les alarmer sur leur propre sort. Cette dissolution d'une
assemblée régulière faite par un commandant militaire Se par un administra-
teur révocable, non pourvu d'office 8c de lettres patentes enregistrées, pouvait
donner à penser sur les projets ultérieurs de l'autorité royale. Ce fut donc en
prévision des atteintes dont elle avait lieu de se croire menacée que la cour
des comptes, aides 8c finances de Montpellier prit le parti de dresser des
remontrances.
L'affaire ne se fit pas sans difficulté. La cour avait enregistré l'édit du
vingtième, cause de la résistance des Etats 8c de leur séparation, ce qui ne
laissait pas que de rendre sa situation diificile, en donnant à sa conduite une
apparence de contradiction. Mais le premier président Bon avait pris la ques-
tion fort à cœur, 8c comme les gens du roi, saisis par lui de l'arrêt du con-
seil du 17 mars, ne répondaient pas à son zèle, il y suppléa lui-même avec
l'assistance des deux syndics de sa compagnie'. Trente-cinq membres de la
cour furent d'avis de faire des remontrances sur tous les points mis en déli-
bération; trois, de nommer d'abord une commission préparatoire; quatre,
d'écrire une simple lettre d'observation au contrôleur général, 8c un seul de
ne pas intervenir du tout.
Les remontrances, remplissant dix-sept pages de manuscrit 8c signées du
greffier Albisson, partirent immédiatement pour Versailles^.
La cour rappelait qu'elle avait donné des preuves de sa soumission en enre-
gistrant l'édit du vingtième; mais les privilèges de la Province suspendus,
l'assemblée des Etats séparée par l'ordre exprès de Sa Majesté, l'administra-
tion changée, l'édit du mois de mai, l'arrêt du conseil du 17 mars, ne lui
' Le premier arccat général, Duché, se hâta
d'écrire au ministre, le jour même de la délibéra-
tion des remontrances, pour expliquer sa con-
duite. Le premier président lui a dénoncé l'arrêt
du conseil & l'a sommé d'en parler au semestre
convoqué pour le surlendemain. Il «nroie copie
de la déclaration faite par lui ce jour-là, devant
l'assemblée du semestre, déclaration pleine de ré-
serves personnelles.
Le sous-doyen Fnges, âgé de quatre-vingts ans,
.Tvertit de son côté qu'il a été obligé de signer,
quoique n'étant pas de l'avis de la majorité, parce
qu'il est d'usage que le président & le doyen si-
gnent, quand même la délibération a passé contre
leur gré. Il ne voulait pas de remontrances, mais
seulement une lettre qui représentât les raisons de
la cour. « Cette démarche modérée pouvolt, dit-il,
nous être avantageuse & jamais nuisible. »
' Elles sont datées du |3 avril ly.Oo. Voici un
document confidentiel que nous avons trouvé dans
les papiers du contrôleur général, aux archives
nationales. Il donne une idée de la surveillance
très-étroite qu'exerçait l'intendant sur les compa-
gnies judiciaires & de l'activité de sa police :
« Note de MM. qui ont été de l'avis des remon-
trances sur tous les objets du délibéré; présidents :
Bon, Belleval, F.Tges de Saint-Martial, Rozier,
Tremelet, Espic de Liron, Bocaud. — Conseillers:
Deydé de Murviel, Planiade, Grasset, Fargeon,
Ferran, de Saint-Auran (sauf l'ordonnance de
l'intendant sur le vingtième), Bosquat, Deydé
Vignes [ui.), Rosset (iJ.), Vassal, Rolland, Senes
(i.i.), Saize, Cambacérès, Maury, Barthélémy, Vil-
levert, Vezian, Gouan, Saubert, Leguepeys, Hardy,
Pas de Beaulieu, Crassous, Campan, Mengaud,
Journet, Maurin.
« Autre avis à nommer des commissaires avant
de faire des remontrances; présidents : MM. d'Ai-
grefeuille, Joubert. — Conseiller : Lépine.
n Autre avis à écrire une lettre remonstratire à
M. le contrôleur général; président : Claris. —
Conseillers: Pages, sous-doyen, Reclot, Hague-
not.
K Seul avis à ne rien décider & délibérer : de
Ratte, conseiller. M. L.iyrolles, conseiller, s'est
excusé d'opiner à cause de sa surdité'. »
' .Archives nationales, H, 1092.
lyjo
1098 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
permettaient plus de garder le silence. Elle affirmait que les privilèges
méconnus par les commissaires du roi faisaient partie du droit public en
Languedoc, & que nul corps judiciaire n'en pouvait contempler le sacrifice
avec indifférence. Elle revenait sur les dispositions de l'édit du vingtième, y
signalant « des obligations affligeantes & ruineuses pour les contribuables,
« telles que celle de joindre à la déclaration des biens les titres de propriété,
« de mettre au jour des actes de partage, des actes secrets qui assurent la for-
« tune & la tranquillité des familles, de produire le détail exact 8c séparé
« des différentes portions dont chaque terre étoit composée. »
La cour aurait pu, ajoutaient les magistrats, en remplissant le ministère
que Sa Majesté lui a confié dans la province de Languedoc pour l'exécution
des édits & déclarations de 164g 8i de i65g, suspendre toute levée de deniers,
si, par respect & par soumission pour les ordres du roi, elle n'avait pas cru
devoir se borner à présenter d'humbles remontrances.
Elle faisait un tableau animé du trouble & des alarmes qu'avait répandus
dans l'esprit des peuples la séparation prématurée des Etats 81 terminait par
un appel à la bonté du monarque :
« Que la clémence, sire, d'un roy bien-aimé, d'un roy, les délices de ses
« peuples, rende à ces mêmes peuples consternés leurs économes 8c leurs
« pères, 5c pardonne à leurs sages administrateurs, sujets fidèles, toujours
« soumis 8c affectionnés à votre personne sacrée, ce qui auroit pu déplaire
« à Votre Majesté dans une conduite que la religion du serment Se le seul
« amour pour les peuples leur avoit inspirée. »
L'envoi de ce document produisit une vive irritation dans le ministère
comme k l'intendance. La correspondance échangée à cette occasion entre
Montpellier 8c Versailles trahit la vivacité du mécontement qu'excitait la
démarche de la cour. Le Nain écrivait le i5 avril : u Le premier président,
« qui auroit dû calmer les esprits, s'est conduit, au contraire, avec beaucoup
« de vivacité. Il a dénoncé aux gens du roi l'arrêt du conseil 8c a requis leur
« ministère, qu'ils ont refusé} il a dressé lui-même les remontrances, de
« concert avec les deux syndics de sa compagnie, 8c, dans les assemblées tant
« publiques que particulières, il a donné à penser qu'il avoit grandement à
« cœur le succès de cette entreprise 8c qu'il en étoit l'âme Se le chef. »
Deux jours après, muni de nouveaux renseignements, l'intendant revient
h la charge 8c accable encore le premier président. « Suivant le rapport d'un
« grand nombre de ces Messieurs, dont plusieurs sont ses amis, 8c tous entiè-
(( rement dignes de foy, il a osé avancer, pour entraîner les suffrages qu'il
« craignoit avec raison de voir se partager, que M. le maréchal de Richelieu
« 8c moy approuvions la voie des remontrances, qu'il en avoit la preuve dans
u sa poche en une lettre que M. le maréchal luy avoit écrite que les
« ministres n'attendoient que cette démarche pour se déclarer en faveur des
« États. M. le premier président a désavoué tout ce qu'on lui fait direj il
« crie à la calomnie 8c à l'imposture; c'est ce qu'il m'a dit à moy-même en
« employant les serments les plus respectables; c'est ce qu'il a mandé à M. le
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1099
n martclial de Pvichelieu. « Le Nain ajoutait que le maréchal, instruit de ces
rumeurs, en était vivement piqué & paraissait dans le dessein de s'en plaindre
hautement 5<. d'en demander justice.
De son côté, M. d'Aguesseau, dont l'avis avait été réclamé sur la démarche
de la cour, déclarait au contrôleur général que ces remontrances pouvaient
mériter beaucoup de réflexions dans tous les sens.
Le ministre demanda des informations plus détaillées à l'intendant. « Sa
« Majesté, lui disait-il, veut être éclaircie complètement. La façon dont vous
« 8c M. le maréchal de Pvichelieu avez été compromis dans les discours & les
« démarches que l'on attribue à ce magistrat peut vous servir d'un motif bien
« suffisant pour vous porter à exiger ces éclaircissements que vous pouvez
« d'ailleurs compter qui ne seront vus que du roy. «
En même temps, le contrôleur général adressait une lettre des plus sévères
au premier président :
« J'ai rendu compte au rofdes remontrances de la cour... Sa Majesté les a
« trouvées sur tous les points très-déplacées, sans fondement 8c même sans
« objet. )i
Dans un développement qui ne remplit pas moins de onze pages, le con-
trôleur général posait en principe que les privilèges des États de Languedoc
ne regardaient en rien la cour des comptes, aides 8c finances, limitée par
divers actes du pouvoir souverain dans les bornes d'une compétence précise.
11 contestait le trouble occasionné dans la Province par la répression d'une
résistance qui couvrait d'un prétexte de bien public la défense d'immunités
personnelles 8c sacrifiait le bien général à l'esprit de corps,
« Sa Majesté, poursuivait le ministre, vous charge aussi de faire entendre
<i de sa part à votre compagnie qu'elle ait à se renfermer dans les bornes des
Il fonctions qui lui sont confiées, sans s'immiscer dans ce qui peut regarder
« l'administration générale 8c économique de la Province, n'ayant nul pou-
« voir ni autorité pour s'en mêler. »
Le département militaire formé des deux pays de Vivarais 8c de Vêlai, 5c
comprenant toute la région montagneuse qui s'étend des bords du Rhône
jusques aux contre-forts du mont Lozère, était un des commandements de la
Province les plus difficiles 8c les plus laborieux, par suite de la mauvaise
organisation judiciaire du pays, de l'impunité à peu près constante des cou-
pables Se des mœurs violentes 8c brutales des habitants. M. de Châteauneuf,
chargé en 1743 du commandement de cette subdivision, après avoir pendant
sept ans lutté contre les difficultés de ses fonctions, échangé d'inutiles corres-
pondances avec l'intendant 8c le gouverneur, &i fatigué les troupes en pour-
suites infructueuses 8c en contre-marches que l'âpreté du sol 8c le mauvais état
des chemins rendaient plus particulièrement pénibles, prit le parti d'adresser
au ministre placé à la tête des affaires de Languedoc une longue lettre con-
tenant le résumé de ses observations 8c présentant un tableau caractéristique
de la situation du pays.
Il y exposait que se trouvant depuis sept ans honoré du commandement
17a'
17^0
II 00 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
militaire en Vivarais 8c en Vêlai, il avait cherclié à connaître par lui-même
tous les abus qui pouvaient se commettre dans cette partie de la province de
Languedoc, &<. qu'il avait été particulièrement frappé du nombre des crimes
Se de l'impuissance de la justice.
Il Un peuple assez féroce qui babite les montagnes, dit-il, ne connoît que
« le premier mouvement de sa rusticité. » Il explique avec quelle prompti-
tude les sentiments les plus rapides se traduisent en voies de fait, 8t comme
cbez ces gens à résolutions irréfléchies l'action suit toujours de près la pensée.
K Sur la moindre rancune, ils se battent, ils se tuent, sans craindre la puni-
« tion due à leurs violences. » La justice des lieux ne prend qu'une très-
légère connaissance des crimes. Si elle se permet des poursuites 8t que les
circonstances la favorisent au point de la mettre en possession des coupables,
la répression de leurs méfaits n'en est pas mieux assurée. Le pays étant
encore tout féodal, mais d'une féodalité infiniment morcelée Se par là même
impuissante, les prisons juridictionnelles sont établies dans des masures qui
n'offrent aucune garantie sérieuse, 5c d'où les prévenus n'ont aucune peine à
s'échapper. Que si l'on réussit à les garder, il est presque toujours impossible
d'arriver à la preuve de leurs crimes. Les témoins n'osent pas déposer contre
les coupables, sachant bien que si l'accusé sort de prison, ils sont assurés
d'être assassinés ou brûlés dans leur domicile. Les exemples fréquents de ces
sortes de vengeances ont bien établi à cet égard le système de mutisme des
habitants.
M. de Châteauneuf n'hésite pas à rejeter sur la mauvaise organisation
judiciaire de la contrée la responsabilité d'une aussi déplorable situation. Ce
sont les lenteurs de la justice qui en paralysent l'action, en rendent les effets
inutiles 8c enlèvent aux populations toute confiance dans l'efficacité de ses
arrêts. « Dans ce pays-ci, dit-il, la justice ne se conduit pas comme dans le
« reste du royaume. )> 11 renouvelle a cette occasion les demandes qu'il avait
déjà exprimées dans un mémoire adressé au chancelier, tendant à rendre aux
deux bailliages d'Annonay 8c de Villeneuve de Berg leur première juridiction
sans autre appel que celui du Parlement, ou bien, si l'on ne voulait pas
relever ces deux sièges, à en faire établir un à Privas, au centre du Vivarais.
L'important était, d'après lui, de rapprocher le tribunal du théâtre ordinaire
des crimes, 8t de n'être plus contraint à traduire les accusés devant la juridic-
tion de Nimes. L'éloignement de ce tribunal, rendu plus sensible par la dif-
ficulté des chemins, 8c la longueur des formalités qu'il fallait subir donnaient
généralement aux détenus le temps de s'évader de leurs prisons.
Il exprime le regret que le garde-des-sceaux n'ait point jugé à propos
d'avoir égard à ces plaintes. Il voudrait du moins, comme l'a demandé M. Le
Nain, que l'on donnât au prévôt de Vivarais 8c Velai un arrêt d'attribution
pour connaître 8c juger de tous les crimes. C'est le seul moyen d'abréger les
formalités judiciaires, tout en évitant les frais de transport 8c d'escorte.
L'établissement de cette juridiction immédiate 8c incontestée paraissait
d'autant plus nécessaire qu'il s'élevait souvent de très-longues discussions sur
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. iioi
la compétence des diverses justices, le ressort des juridictions seigneuriales
n'étant pas toujours nettement déterminé. Alors commençaient des correspon-
dances qui ne prenaient point de fin. 11 fallait envoyer les pièces au chance-
lier; on les oubliait dans les bureaux, on négligeait de les retourner. De cette
façon, un prisonnier, arrêté immédiatement après son crime Se qui eût mérité
la mort par un seul jugement, demeurait souvent des années entières.
Pendant la durée de son commandement, M. de Châteauneuf avait fait
emprisonner plus de soixante malheureux, coupables de crimes qui partout
ailleurs les auraient fait mourir sur la roue, 8c il n'y en avait pas eu six
de punis, tous les autres étant parvenus à se sauver, soit par évasion, soit
par des moyens que le lieutenant général déclarait lui être parfaitement
inconnus.
Au moment où il adressait au ministre ces pressantes réclamations, il rete-
nait au château de Beauregard une trentaine de prisonniers, dont il pré-
voyait que la plupart échapperait à la justice, à moins que l'on ne se décidât
à donner au prévôt l'attribution de compétence, l'action des juridictions ordi-
naires ou des présidiaux étant complètement illusoire.
« Il est triste pour moi, écrivait en terminant M. de Châteauneuf, qu'après
« m'être donné bien des soins Se souvent bien de la peine pour établir la
« tranquillité dans le pays, 8<. après avoir fatigué les troupes, il ne m'en
« reste que le chagrin de voir l'inutilité de l'un & de l'autre'. »
Là encore s'imposait cette nécessité de réformes profondes & générales que
nous rencontrons partout dans le cours de notre histoire, 8c qui devient plus
impérieuse à mesure que nous avançons vers la fin du siècle. Sans doute, la
nature du pays 8<. le caractère des habitants étaient pour quelque chose dans
le triste état signalé par M. de Châteauneuf. La création de nouveaux res-
sorts judiciaires, permettant une surveillance plus directe Si. une répression
plus prompte, n'était pas non plus indifférente. Mais qui ne voit que la
principale cause du désordre était la persistance du régime féodal Se l'anarchie
impuissante attachée à ce système! Pour rétablir la paix intérieure, la sécu-
rité individuelle {<, la liberté des transactions dans les montagnes du Vivarais,
il ne fallait rien moins que la destruction du morcellement patrimonial des
droits de l'Etat. C'est parce que la justice était attachée à la propriété du sol
&c en partageait les mutations, c'est parce qu'elle se trouvait réduite, de fait,
à la perception de maigres revenus, que les criminels pullulaient 8e sem-
blaient se rire de la loi. Vainement, les petits seigneurs de paroisse étalaient-
ils, en se fondant sur leurs titres héréditaires, leurs droits de juridiction:
vainement énuméraient-ils, dans leurs dénombrements, les prisons à portes
vermoulues qui existaient encore dans leurs châteaux Se les fourches patibu-
laires, marques de dignité supérieure, dont les abords de leurs villages étaient
attristés. Ces vaniteuses prérogatives, pur anachronisme, ne servaient qu'à
■ Cette lettre est datée de Toiirnon, le 2 septembre 17,^0. (Archives natlon.iles. Papiers du contràlenr
général').
1760
17^0
II02 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
multiplier les conflits Si laissaient l'autorité sans force pour la protection de la
paix publique.
Ces réflexions se faisaient dans le pays; exprimées depuis longtemps par
les juristes, elles pénétraient à travers la France & préparaient cet irrésistible
courant d'opinion d'où sont sortis les cahiers de 1789,
Malheureusement, pour opérer ces changements que le bon sens réclamait
& qui se révélaient, sous forme analytique, à tous les dépositaires de la puis-
sance royale, il aurait fallu, dans les conseils du gouvernement, une gravité
St une énergie dont la Cour ne semblait guère capable. L'intelligence ne
manquait pas chez beaucoup d'hommes mêlés aux affaires; mais par quelles
frivolités n'était-elle pas rendue inutile!
Un grave magistrat, membre du Parlement de Toulouse, occupé de solli-
citer pour une compagnie savante qui venait de s'organiser dans la capitale
du Languedoc sous le nom d'Académie des sciences, inscriptions & belles-
lettres, n'écrivait-il pas au secrétaire de cette Société, sans le moindre souci
de l'étrangeté du fait : « Enfin, Monsieur, j'ai parlé à Madame de Pompa-
« dour, & mon second voyage a été plus heureux que !e premier... Elle avoit
« ce matin toute la France à sa toilette'?... » Comment la déconsidération
n'aurait-elle pas frappé une monarchie qui donnait de pareils exemples. Se
quel prestige pouvaient conserver aux yeux des peuples les actes d'un gouver-
nement où l'omnipotence de la favorite était si peu dissimulée?
L'Académie de Toulouse s'était constituée en 1729, sous le titre de Société
des arts Se des sciences, par l'initiative de quelques gens de lettres. Elle obtint
de la Cour l'autorisation de s'assembler, grâce à la protection du cardinal
Fleury ^.
Favorisée par l'assistance du corps capitulaire qui lui accorda quelques
fonds, cette compagnie se constitua sur un plan tout nouveau en 1746 8< fut
confirmée par lettres patentes du roi avec la qualification d'Académie royale
des sciences, inscriptions S<. belles-lettres. Le roi s'en déclara le protecteur.
La même année, la ville fonda un prix annuel de cinq cents livres pour
être distribué, par les soins des académiciens, à des ouvrages de mathémati-
ques, de médecine S<: de littérature.
L'Académie était divisée en plusieurs classes. Elle comprenait d'abord des
membres honoraires, pris parmi les grands personnages de l'État & de la
Province. Le comte de Saint-Florentin, le chancelier Lamoignon, l'arche-
vêque de Toulouse, le premier président, le commandant en chef de la Pro-
vince, l'intendant 8*. le lieutenant général, portaient cette qualité.
Les capitouls étaient associés-nés. On comptait ensuite des associés libres,
parmi lesquels nous trouvons les présidents de Nupces, de Pardailhan, de
Puyvert, le sénéchal, marquis de Puyvert, & des associés libres, divisés en
sept sections, pour la géométrie, pour l'astronomie, pour la mécanique, pour
' Pièces jusùficativcs, n. DCCCLXX, col. 2i65. statuts de la société des arts & des sciences de Tori-
' Piicti junlficativcs, n. DCCCLXX, col. 2144, loiise, tirés des archives de l'académie.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. iio3
l'anatomie, pour la chimie, pour la botanique, pour les inscriptions 8t belles-
lettres. Des membres du Parlement & des professeurs remplissaient la plupart
des places dans ces différentes sections.
Enfin, la compagnie avait des associés étrangers, dont les premiers furent
Clairault, Linnée, l'abbé de Guasco & Louis R.acinej des adjoints Si des cor-
respondants, parmi lesquels figure Titon du Tillet'.
Une fois constituée, l'Académie des sciences, inscriptions Se belles-lettres de
Toulouse chercha un logement convenable pour y abriter ses collections & y
tenir ses séances hebdomadaires. Il ne lui fut pas possible de trouver une
maison à louer dans toute la ville où les conditions nécessaires fussent rem-
plies. Alors plusieurs académiciens se concertèrent Se, par une cotisation spon-
tanée, formèrent un premier tonds de douze mille livres; ils obtinrent une
somme égale du conseil de ville le 17 avril lySo, Si jetèrent les yeux sur
l'ancien hôtel de la sénéchaussée, qui faisait partie du domaine royal Si se
trouvait situé dans la rue du même nom, tout près de l'enceinte de la ville.
M. de Chalvet, sénéchal de Toulouse, qui était membre de l'Académie,
demanda au roi que la possession de cet hôtel fût séparée de sa charge Se
cédée à l'Académie, avec les deux jardins qui en dépendaient. Cette combi-
naison fut consacrée par un arrêt du conseil du i3 octobre 1700. Comme le
sénéchal de Toulouse, son frère Se son père, revêtus avant lui de la même
dignité, avaient fait des dépenses considérables pour l'entretien de l'hôtel 6c
pour certaines constructions accessoires, il fut décidé que l'Académie lui
payerait, à titre de finance, une somme de vingt Se un mille livres. Se que,
pour reconnaître les droits du domaine, elle ferait au trésor une rente
annuelle de dix livres, ne pouvant être dépossédée de son acquisition que
sous condition de remboursement de la finance.
Le contrat fut passé, d'après ces bases, le 26 novembre 17^0, entre les
commissaires du roi chargés de la revente des biens du domaine Se les délé-
gués de l'Académie. Dès lors, l'Académie disposa de vastes locaux, favorables
à ses desseins. Elle put y installer à l'aise sa bibliothèque, ses laboratoires,
ses instruments de mathématiques, y faire ses observations d'astronomie 6c
consacrer les deux jardins à la culture des plantes étrangères Se usuelles. La
collection de marbres 6c d'inscriptions antiques qu'elle rassembla dans ces
jardins peut être considérée comme l'origine du Musée archéologique de Tou-
louse.
A peine en possession de son logis, l'Académie ne tarda pas d'être inquiétée
par le fermier des domaines de la Province, qui prétendit la soumettre au
droit d'amortissement, évalué k plus de quatre mille livres. Il fit saisir les
revenus de la compagnie, ainsi que les sommes qui lui étaient dues, à tiircs
divers, par le trésorier municipal. Cette exigence donna lieu à de longues
contestations 8c fournit aux jurisconsultes de l'Académie l'occasion d'étaler
une exubérante érudition sur la nature des aliénations domaniales Se l'ori-
* Almanaeh historique & chronologique Ae Languectoc, I7:j2, p. ^42.
1700
tl-to
1104 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
gine du droit d'amortissement. Ils étalilirent que cet impôt n'avait jamais
atteint les biens qui dépemlaient directement du domaine royal, Se qui, par
suite du caractère même de l'aliénation, pouvaient toujours être repris à leurs
possesseurs Si réincorporés au patrimoine de la couronne; énumérant d'ailleurs
un grand nombre d'affranchissements accordés par les rois à diverses commu-
nautés ecclésiastiques, telles que la maison de Saint-Cyr, le couvent des
carmes déchaussés du Désert, près Louviers; l'hôpital de la Charité de Selles
en Berry, la congrégation de Carentan, l'abbaye de Marchiennes en Flan-
dres, l'abbaye de Saint-Georges de Rennes, le collège de Navarre, les domi-
nicains de Pamiers, les chanoines de Vannes, la paroisse de Saint-Jean en
Grève, à Paris.
Cette jurisprudence fut adoptée par M. de Saint-Priest, qui, dans une
ordonnance très-longuement motivée, où il visait plus de cent textes d'actes
royaux, d'arrêts de la chambre des comptes & du conseil d'Etat, depuis le
règne de Philippe III jusqu'à celui de Louis XV, écarta définitivement les
prétentions du fermier 8c sauvegarda les immunités de l'Académie".
Le gouvernement avait affecté, dans les actes d'administration auxquels
donnait lieu la suspension des États, de séparer exactement la cause du pays
& celle de l'assemblée provinciale. L'arrêt du conseil du 17 mars, réglant la
manière de lever les impositions en Languedoc, portait en propres termes
que Sa Majesté, connaissant l'affection Se le zèle de ses peuples, voulait bien
ne leur rien imputer des justes sujets de mécontentement que lui avaient
donnés les membres des États dans leur dernière assemblée; mais, comme le
bouleversement général des rouages établis dans la Province aurait tout com-
promis en nécessitant la formation d'un personnel difficile à improviser, il
fut résolu que les trois syndics généraux continueraient leur service sous la
direction de l'intendant. Se qu'au lieu de répondre de leur gestion aux gens
des trois ordres, ils en rendraient compte à cet administrateur.
L'archevêque de Toulouse saisit l'occasion de cette mesure qui pouvait mar-
quer une sorte de concession aux usages, peut-être un point d'arrêt dans la
réforme projetée, pour hasarder quelques démarches auprès du contrôleur
général. 11 écrivit à ce ministre le 21 octobre 1700 :
« Monsieur, quoyque le rétablissement de nos syndics semble présenter de
« luy-mesme un nouveau sujet d'humiliation pour les principaux membres
« des États qui demeurent toujours dans la disgrâce, sans qu'il leur soit
(c permis de se justifier, j'aperçois dans cet événement une sorte d'utilité
« pour la Province. Permettez-moi même de le regarder comme un heureux
« augure pour l'avenir, 8<. il n'en faut pas davantage pour exciter de la recon-
« noissance dans mon cœur, qu'un attachement naturel pour votre personne
« rendra toujours sensible à ce sentiment. Quand voudrez-vous. Monsieur,
« y mettre le comble par le rétablissement entier de l'ordre ordinaire? Je ne
■ Recueil des éJits, Jédarat'ions, arrêts & ordonnances pour In province de Languedoc, 1755. Ordon-
nance de l'inicndiint, du 10 avril ly'j.'i.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. iio5
« crains point de vous dire que l'intérêt du roy, celuy de ses peuples 8c
« l'objet même que vous vous proposez l'exigeroient également.
« Vous m'avez imposé silence sur les affaires de cette infortunée Province;
« ainsi, je me tais, & jusqu'à ce que vous m'ayez rouvert la bouche, je m'en
« tiendrai à profiter de toutes les occasions qui pourront vous renouveler les
« assurances de l'ancien 8c sincère respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,
« Monsieur, votre très-humble Se très-obéissant serviteur'. »
Le ministre ne se laissa point attendrir par ces marques d'humilité. Il y
répondit longuement Se non sans hauteur. Le roi, en se portant à ordonner
que les syndics généraux de la Province continueraient de remplir sous la
direction de l'intendant les mêmes fonctions qu'ils avaient exercées sous
la direction des États, n'avait point pensé que cette mesure fût nécessaire, ni
pour son service, ni pour le bien du Languedoc. Il n'avait eu en vue que
l'intérêt particulier des syndics généraux, acquéreurs Se propriétaires de leurs
charges, qui ne pouvaient en être dépouillés sans dédommagement. La meil-
leure indemnité que l'on pouvait leur donner était de les laisser servir sous
l'intendant comme ils avaient servi sous les Etats 8c d'utiliser en même temps
leur expérience des affaires. D'ailleurs, le roi n'avait qu'à se louer du système
d'administration directe : les impositions se levaient comme d'habitude, le
service ne souffrait dans aucune de ses parties. Si donc Sa Majesté jugeait à
propos d'accorder le rétablissement des anciennes formes, ce ne serait qu'une
pure grâce, qui n'aurait pour principe que la clémence 8c l'oubli du passé. Ce
rétablissement n'était nécessaire ni au roi ni au pays; les peuples n'avaient
rien à perdre au soin plus particulier que Sa Majesté voulait bien prendre de
leurs intérêts*. Le contrôleur général se disait parfaitement touché des com-
pliments de l'archevêque, mais il n'oubliait pas sa rancune. Se il ajoutait :
« J'aurois désiré que la conduite des États eût été telle que j'eusse pu conti-
« nuer de traiter avec vous des affaires de la Province'. »
Le ministre se vantait, du reste, en célébrant l'aisance du nouveau système
administratif. L'homme le mieux placé pour le juger en connaissance de
cause, Le Nain, se montrait beaucoup moins affirmatif.
La suspension des Etats 8c l'attribution à l'intendant des services antérieu-
rement dirigés par le personnel provincial avaient eu pour effet d'accroître
au delà de toute mesure les travaux de l'intendance'*.
Atteint d'une longue 8c cruelle maladie, accablé d'inquiétudes par suite du
mauvais état de ses affaires personnelles. Le Nain se plaignait amèrement au
contrôleur général des labeurs extraordinaires que lui occasionnait la révolu-
tion subite arrivée dans l'administration de la Province. « Vous sentez aisé-
' Archives nationales. Papiers du contrôleur gé~ Nous le publions dans nos Pièces justijicativi s^
néral. n. DCCCLXVI, col. ïiôç.
'On trouvera une expression delà même idée ' Pièces justificatives, n.DCCCVKWii, col 2i()C<.
dans un discours très-bizarre prononcé par le * 'i Mon travail ordinaire est immense, écrivait
procureur du roi, Cortade Beiou , aux élections Le Nain, tant par l'étcmlue de mon départ-'tTient
c.ipitulairei de 1741. Ce discours est l'apologie la que par la variété des .nffii ires, u (Lcmc au toiurC-
plus franche 8t la plus naïve du despotisme. l-cur général).
xrii. ,0
ij-j
IJOO
1106 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« ment, disait-il, combien il est pénible de marcher dans un chemin non
<( frayé 8i parsemé d'épines Je n'avancerois rien que de vraisemblable
Cl quand je dirois que ce travail force a donné lieu à la cruelle maladie que
<i j'esssuie depuis deux mois. Je n'ay pas besoin. Monsieur, de vous en faire
« une peinture touchante pour exciter vos bontés qui m'ont tant de fois pré-
« venu, & je me flatte que vous les ferez éclater encore aujourd'huy en me
<( procurant un secours que ma triste situation & celle de mes affaires parti-
el culières me rendent plus nécessaire que jamais'. >>
Le ministère répondit à cette supplique par tine gratification de six mille
livres, dont l'intendant eut à peine le temps de le remercier, car il mourut
presque subitement un mois après.
Tout le monde le croyait en convalescence; il avait repris son service, ses
audiences, ses conférences quotidiennes avec les secrétaires Se n'inspirait plus
aucune inquiétude. Le 28 décembre, il travailla deux heures de suite dans la
matinée Si signa un assez grand nombre de lettres. Sur les quatre heures de
l'après-midi, il éprouva un brusque malaise 8t s'affaissa. Quand on courut
])our le relever, il n'existait plus. Les secrétaires de l'intendance dépêchèrent
en toute hâte un courrier extraordinaire à Versailles. Le Nain laissait en
Languedoc sa veuve 8c une fille. Madame de Pvosière, qui partirent immé-
diatement pour Paris.
L'intendance de Languedoc était un héritage fort pesant, à cause des diffi-
cultés particulières que suscitait la suspension des Etats & que la maladie du
dernier titulaire avait aggravées. Elle fut donnée, au mois de janvier lySi, à
un maître des requêtes ordinaires de l'hôtel, Jean-Emmanuel de Guignard,
vicomte de Saint-Priest.
Ce magistrat, dont la fortune personnelle était médiocre, témoigna d'assez
vives appréhensions quand on lui proposa l'administration d'une des plus
grandes provinces du royaume. Il prévoyait n'en pouvoir supporter digne-
ment les charges. M. de Machault, contrôleur général, lui donna « sa parole
(I positive » que le roi l'aiderait à soutenir son rang. Sur cette assurance, le
vicomte de Saint-Priest se résigna^.
' Lettre autographe du 4 septembre 1752 (Ar- général de l'intendance, avec pouvoir de signer
chives nationales. Papiers du contrôleur général), en tant que de besoin, fut donnée au subdélégué
La maladie de l'intendant fut assez longue, car de Montpellier, Coulomb, n le sieur Le Nain ne
il écrivait, le 3o mars 1760 : « Le marquis de pouvant, à cause des accidents survenus à ses an-
Puysieulx, m'a donné avis que l'infante d'Espagne ciennes playes occasionnées par la perte de son
doit passer par le Languedoc dans le mois de mai bras droit, vaquer généralement à toutes les affai-
prochain pour se rendre à Turin... il m'est im- res de ladite intendance, ni fournir à toutes les
possible de me rendre sur la frontière, dans l'état signatures, u
de faiblesse où je suis encore; » & le 18 mai : ' Lettre du 20 septembre 1771 au contrôleur
K Madame la duchesse de Savoie, après avoir se- général (Archives nationales). La promesse minis-
journé hier en cette ville (Montpellier), est partie térielle ne fut pas très-régulièrement tenue; car
ce matin pour coucher à Nimcs. J'ay fait ma cour en 1771, après vingt ans d'intendance, Saint-
à cette princesse du mieux qu'il m'a été possible Priest avait fait en Languedoc cent vingt mille
dans la situation où Je suis. » livres de dettes.
Le lû août lySo, une commission de subdéicgùé
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1107
Il arriva à Montpellier le 12 mars & se mit immédiatement à l'œuvre.
On lui avait annoncé qu'il abordait une province extrêmement difficile.
Les missions particulières que le ministère lui confiait ne rendaient pas sa
situation plus aisée. 11 s'agissait de profiter du coup de vigueur sous lequel
avaient ployé les États pour restreindte, dans une certaine mesure, la domi-
nation épiscopale, plus d'une fois dénoncée par les derniers intendants comme
un des principaux obstacles à la bonne administration. Il fallait modérer les
exigences des évoques sur le chapitre des nouveaux convertis, Si, en même
temps, afin de ne point fournir prétexte à des déclamations sur l'abandon de
la foi &c des traditions de Louis XIV, exécuter la déclaration de 1734 8c faire
quelques exemples. Politique ambiguë & faible, qui n'osait pas aborder les
solutions vraies Se qui, en voulant tout concilier, aboutissait à des instruc-
tions contradictoires 8c ne reculait pas devant l'iniquité.
L'intendant consacra les premiers mois de son séjour en Languedoc à s'in-
former de toutes choses, à étudier les gens, à recueillir des observations. Il
ne tarda pas à s'apercevoir, par quelques épisodes, dont plus d'un sanglant,
qu'on ne l'avait point trompé sur la situation particulièrement délicate de la
Province.
La question des protestants ne cessait pas d'être une des grandes difficultés
de l'administration en Languedoc. L'intervention du pouvoir politique dans
les affaires de conscience rencontrait à chaque instant de nouveaux obstacles
Se n'était pas moins découragée par les exigences du clergé que par la résis-
tance des dissidents.
Il fut décidé que des règles de conduite seraient concertées entre le com-
mandant en chef 8c l'intendant. Pour y parvenir, le vicomte de Saint-Priest
dressa un mémoire de quarante pages, où étaient résumées ses observations
Se ses idées particulières '.
L'arrivée de trente bataillons dans la Province 8t la prochaine installation
des troupes dans les quartiers déterminés par le comte de Montcan allaient
permettre d'appliquer un plan suivi dont il importait d'arrêter les points
principaux.
Avant toutes choses, l'intendant supposait obtenues des évêques trois con-
cessions qu'il regardait comme indispensables 8c que l'évêque de Montpellier
avait promis de solliciter :
C'était d'abord de n'exiger des nouveaux convertis demandant la bénédic-
tion nuptiale ni abjuration, ni profession de foi par écrit, mais une simple
déclaration verbale, avec l'assistance aux offices pendant une période à fixer,
Se môme la confession ;
Ensuite de se relâcher considérablement sur le temps des épreuves imposées
aux couples mariés au Désert, parce qu'il n'était pas possible de tenir séparés
pendant des mois entiers des gens de la campagne qui avaient un ménage
■ Mémoire sur la manière de ie conduire relative- H, logî. — Ce mémoire est divisé en quatre cha-
ment au ritahlissement de l'ordre dans les matières pitres : I. Ministres. — II. Assemblées. — III. Ma-
de religion. Ms. 40 p. in-f". Archives nationales, ringes. — IV. Baptêmes.
1701
lyai
1108 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
monté Se dont quelques-uns étaient déjà chargés d'enfants. On savait que
près de trente mariages avaient été faits au Cayla dans l'espace de quinze
jours ou de trois semaines 5
En dernier lieu, de ne pas donner sur les registres de paroisse le nom de
bâtards aux enfants nés de mariages non catholiques, lorsque ces enfants
seraient présentés à l'église pour recevoir le baptême ou le supplément de
cérémonies, & se contenter d'y énoncer simplement qu'ils sont nés de tel &
de telle.
L'intendant émettait, à ce propos, quelques réflexions sur l'analogie du
baptême protestant 8c du baptême catholique, en se fondant sur les descrip-
tions qu'avait faites des baptêmes au Désert l'ancien ministre Molines, récem-
ment converti. « Rien n'est moins équivoque, disait-il, que la validité de ce
« baptême, puisque on met de l'eau dans les mains du ministre qui la répand
« sur la tête de chaque enfant, & que ce n'est point par aspersion, comme on
<( l'a cru, que ce sacrement est conféré. Dès lors tout semble se réduire à
« suppléer les cérémonies de l'Eglise, à quoi les nouveaux convertis se prête-
« ront sans peine, tandis qu'on a éprouvé une résistance & une répugnance
« marquée à faire baptiser les enfants qu'ils assurent l'avoir déjà été. »
Saint-Priest s'en prend aux ministres de tout le mal que lui donnent les
protestants de Languedoc. Il écrit à leur sujet : « Les ministres &c prédicants
« sont des pestes publiques; il faut en prendre autant qu'on pourra S<. en
« faire des exemples qui engagent ceux qui ne seront pas arrêtés à sortir -du
<( royaume Se ôtent aux étrangers de cette qualité le désir d'y rentrer. » 11
ajoute qu'on a le signalement de la plupart d'entre eux & des particuliers qui
les reçoivent dans leurs maisons, 8c il promet de les faire surveiller de plus
près. Mais il se plaint de la mauvaise volonté qu'apportent les troupes dans
cette besogne, par suite, dit-il, du préjugé qu'elles ont de n'être pas faites
pour inquiéter les gens de la religion. Il veut que l'on donne sérieusement
la chasse aux ministres, que des instructions détaillées soient remises aux
chefs de corps chargés de fouiller le pays. Il juge indispensable de faire sentir
aux commandants des régiments St même aux officiers subalternes que cette
opération n'est pas un jeu Se qu'on sévira contre ceux qui ne rempliront pas
leur devoir. Il insiste sur la nécessité de combattre les scrupules d'honneur des
militaires, 8c rappelle que le régiment de La Ferronays a su très-mauvais gré
au chevalier de Ponctval, un de ses capitaines, pour avoir arrêté le ministre
Molines, ainsi qu'il en avait pourtant reçu l'ordre du comte de Montcan.
Il accuse plusieurs officiers d'avoir laissé pénétrer le secret des opérations;
les soldats protestants, d'avoir, par esprit de religion ou d'humanité, donné
des avertissements aux nouveaux convertis. On devrait, d'après lui, faire
remettre au commandant en chef un état par compagnie des officiers Se sol-
dats protestants placés sous ses ordres, afin de les éloigner des quartiers sus-
pects ou de les rendre responsables des indiscrétions qui seraient commises.
Il voudrait enfin qu'on défendît aux nouveaux convertis de s'engager dans
les troupes du roi, en cassant les engagements faits, sans rendre l'argent aux
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1109
officiers, ou bien_ que l'on essayât de transformer ces soldats en espions.
« L'argent que le roi leur feroit donner sur le fonds des amendes seroit,
« dit-il, très-bien employé. »
Saint-Priest passe ensuite au chapitre des assemblées & demande qu'un
ban du roi soit publié le dimanche, dans les campagnes, par les troupes. Il
voudrait qu'on s'attache à ménager des surprises. Si qu'on ne se contente pas,
comme c'était l'usage, d'arrêter des vieillards Se des bonnes femmes sur les
chemins. On peut être assuré que toutes les personnes présentes ont assisté à
l'assemblée. Se l'on doit prendre de préférence les personnes de marque, les
gros bourgeois, les marchands Se notables artisans. C'est moins du nombre
que de la qualité des prisonniers qu'il faut s'occuper; on ne saurait que faire
d'une multitude, qu'il n'est ni humain ni praticable d'envoyer aux galères
ou aux maisons de force. Si les assemblées se multiplient Se que l'usage des
armes soit nécessaire, l'intendant juge le point délicat. 11 propose une répar-
tition graduée des balles. On commencerait par tirer sur le ministre seul.
Tirerait-on ensuite subsidiairement sur les assistants? Saint-Priest pense que
cinq ou six personnes tuées ou blessées feraient plus d'impression que vingt
aux galères; mais il observe prudemment que personne ne peut répondre des
suites. 11 ne serait pas surprenant qu'il y eût quelques curés d'assassinés.
Dans le cas d'assemblées en armes ou de tentatives de résistance, on fait mar-
cher les détachements avec ordre d'ouvrir le feu. On pourrait s'occuper aussi
d'un désarmement général quand la chasse aux ministres serait terminée, en
profitant des bruits de guerre étrangère pour justifier l'augmentation des
troupes dans la Province.
L'affaire des mariages inquiète l'intendant, qui ne dissimule point la gra-
vité d'un problème insoluble. Suivant le style officiel, il appelle concubinage
les unions que l'Eglise catholique n'a pas sanctionnées. Le but à poursuivre
n'est rien moins que de faire cesser une multitude de ces unions irrégulières
Se de rendre légitimes des milliers d'enfants bâtards qui, dans la suite, pour-
raient être tentés de secouer le joug pour se maintenir dans les biens de leurs
pères que les lois civiles leur refusent.
11 est désirable que les choses se passent en douceur; on doit faire connaître-
la volonté du roi, tout en usant d'indulgence; rappeler la déclaration de 1697
qui frappe les contraventions d'amendes pécuniaires, Se celle de 1724 qui
prescrit les galères pour les hommes Se la prison perpétuelle pour les femmes;
réhabiliter pour une fois tous les mariages existants Se sévir rigoureusement
pour les désobéissances ultérieures.
Le plus difficile est de contraindre les gens mariés au Désert depuis certain
temps à recevoir la bénédiction nuptiale. Il faut d'abord les connaître. Les
officiers municipaux des campagnes, à qui devrait revenir le soin de les
dénoncer, sont ineptes ou peureux. Se la crainte d'être brûlés les rend muets.
Quelques-uns même sont protestants, faute d'y avoir trouvé des catholiques.
Saint-Priest propose que les évêques chargent leurs curés de dresser les listes,
avec promesse de ne pas les compromettre; ces listes seraient remises aux offi-
lyai
lyji
Il 10 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ciers de détachements qui conféreraient en secret avec les curés. Mieux, vau-
drait encore envoyer un commissaire intelligent & sûr;- mais la dépense en
sera grosse. On engagerait les conjoints à se séparer temporairement, pour
une période abrégée, par amour pour leur propre tranquillité, de la légitimité
de leurs enfants & par obéissance envers le roi.
L'intendant ne se dissimule pas d'ailleurs les embarras de cette séparation
qui crée bien des hypothèses cruelles. Passe encore pour les filles dont les
parents sont voisins & qui peuvent se retirer chez eux; mais que faire de
celles dont les familles habitent une paroisse éloignée, des femmes ayant
plusieurs petits enfants dont personne ne voudra se charger & que l'humanité
défend de mettre à la rue? Peut-on laisser la jeune mère dans la maison de
son fiancé, en faisant partir celui-ci?
Saint-Priest propose de faire signifier aux ménages protestants l'ordre de se
séparer dans trois jours, à peine de punition exemplaire 8<. de mettre garnison
chez eux, à moins qu'ils ne fassent bénir leur mariage par le curé. « L'ordre,
« dit-il, n'en doit pas contenir davantage, de peur que Messieurs les évêques
« n'imaginent qu'on veut mettre la main à l'encensoir. » Mais comme il con-
naît l'aversion de la plupart des protestants contre leur curé, il demande que
l'on répande dans les communes un avertissement imprimé, « sans en-tête ni
« signature, » conçu à peu près dans ces termes : « Le mariage étant un
c( sacrement, les ministres de la sainte Eglise catholique, apostolique 8c
« romaine, ne peuvent le conférer qu'à ceux qui, après avoir fréquenté
« l'église & assisté exactement au service divin, demanderont la bénédiction
u nuptiale à leur propre curé, répondront convenablement aux interrogations
« verbales qu'il jugera k propos de leur faire & satisferont d'ailleurs à ce qu'il
« leur prescrira. Il ne sera point question d'abjuration verbale ni par écrit. »
En cas de refus, on mettrait un soldat en garnison à raison de douze sous
par jour; on doublerait au bout de huitaine; après quinzaine, on lèverait la
rarnison en arrêtant le fiancé, qui serait enfermé aux prisons des troupes
jusqu'à promesse de soumission. Saint-Priest s'excuse d'arrêter seulement
l'homme, parce qu'il est le maître & parce qu'il est incapable de soigner les
enfants.
Si les ménages séparés n'ont pas d'enfants, on les laissera tranquilles; s'ils
en ont, il faudra les exhorter 8c, en cas de refus, leur déclarer que -le roi
va leur prendre leurs enfants 8c les enfermer dans des hôpitaux; si l'un des
conjoints refuse, on le mettra en prison en obtenant des évêques que l'assis-
tance à la messe en prison tienne lieu d'assistance à la messe de paroisse.
Abréger est le point essentiel.
Quant à ceux qui voudraient s'enfuir, comme au Cayla, on les menacera
de saisir leurs biens.
L'intendant ajoute que divers nouveaux, convertis se sont plaints que leufs
curés les rançonnaient; on doit prier les évêques de parer à cet abus dans
une occasion où il faut rendre tout facile.
Ces mesures seront-elles simultanées ou successives? Les appliquera-t-on
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. n 1 1
seulement après avoir donné la chasse aux ministres 5< fait cesser les assem-
blées? Le roi en décidera.
Pour les baptêmes, une ordonnance de l'intendant accorde trois jours de
délai; on ert laissera passer six ou huit, 8c puis on mettra garnison.
Saint-Priest s'occupe ensuite de l'assistance des enfants aux instructions reli-
gieuses. Une ordonnance de Bernage, du i^"" février 172g, prononçait contre
les parents récalcitrants une amende de dix sols pour enfant 8c par contra-
vention ; la guerre empêcha Le Nain de la faire observer; on y reviendra.
Il propose de laisser au curé la rédaction des extraits mortuaires pour les
non catholiques, sous prétexte qu'il leur en coûtera moins que de les faire
dresser par le juge. Seulement, ils seront obligés de déclarer leur foi au curé,
qui inscrira sur son registre, comme cela se pratique en d'autres provinces,
que tel particulier n'ayant pas rempli ses devoirs catholiques a été enterré
dans son champ.
Le dernier article du mémoire était relatif à la compétence des autorités de
la Province. Quand le maréchal de Richelieu est en Languedoc, il joint aux
attributions ordinaires de commandant en chef celle des matières de religion.
En son absence, l'autorité est partagée entre Montcan 8c l'intendant, l'inten-
dant ayant la juridiction 8c le commandant l'exécution. Saint-Priest deman-
dait que leurs rapports fussent définis.
Le maréchal de Richelieu annota les points principaux de ce mémoire'. Il
admettait comme indispensables les trois conditions préalables indiquées par
l'intendant &c pensait qu'une nouvelle déclaration du roi était opportune
pour bien définir la situation légale des réformés. A son avis, l'impunité dont
ils avaient joui Se la tolérance forcée occasionnée par la guerre les avaient,
pour ainsi dire, séduits 8c portés aux démarches que l'on voulait maintenant
réprimer. Il croyait de l'intérêt du roi de les détromper &i de chercher à les
ramener avant que de les punir.
Il revendiquait absolument pour les commandants militaires des arrondis-
sements toutes les mesures concernant la chasse à donner aux ministres, en
insistant sur les attentions à avoir 8c sur les précautions à prendre pour mener
à bien une besogne aussi délicate.
Il repoussait d'une façon péremptoire l'idée de prohiber les engagements de
protestants dans les troupes. « Cette défense, dit-il, n'est point proposable. »
Le point le plus critique lui paraissait être l'article des mariages, surtout
celui des mariages à réhabiliter, cette réhabilitation ne pouvant manquer de
rencontrer, dans l'exécution, les difficultés les plus graves, 8c il ajoutait ; « Je
« ne vois que la très-grande indulgence des évêques qui puisse aider à aplanir
<i partie des obstacles, qui, sans cela, se multiplieront. » Il encourageait l'idée
de faire faire secrètement les listes par les curés : « Cela flattera les évêques,
« 8c pourra peut-être les rendre moins rigoureux. » Mais il rejetait entière-
' Archive» nationales. H, lopS (?). — Otserva- Richelieu par M. l'intendant, relativement aux
tions sur le mémoire adressé à M. le maréchal da affaires des nouveaux conyertis. Ms, 7 p. in-f°.
lyi)!
ip
I n I ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ment l'envoi de commissaires spéciaux qui seraient « des espèces d'inquisi-
« teurs 11 £< qui eftaroucheraient £<. indisposeraient les intéressés, en outre-
passant leurs pouvoirs.
Le maréchal observait d'ailleurs qu'il n'était pas possible d'adopter une
règle unique & d'arrêter d'avance un plan fixe. Ce qui suffirait dans le plat
pays serait à coup sûr inefficace dans les hautes Cévennes.
Quant à l'instruction religieuse des enfants, aux sépultures, aux apostats,
ce n'était pas le moment d'en parler : « Il seroit dangereux d'avoir tant de
« choses à demander à ces gens-là; nous ne devons pas chercher à multiplier
« les occasions de sévir contre eux. »
Quant à la division d'autorité, voici comment Pvichelieu l'entendait : l'in-
tendant ordonne ce qu'il juge à propos sur les matières de religion, 8<. il se
sert des moyens qu'il a en main; lorsque ces moyens ne suffisent pas, il a
recours au commandant en chef, qui envoie ses ordres. Les officiers ne doi-
vent, dans aucun cas, recevoir les ordres de l'intendant. Le commandant de
la Province, en l'absence du maréchal, n'a rien à prescrire aux nouveaux
convertis sur le chapitre des baptêmes & des mariages.
Le maréchal demandait les plus grands ménagements relativement aux avis
donnés aux officiers par les subdélégués ou autres préposés de l'intendance.
II se défiait de leur zèle ou de leurs inimitiés particulières 8c craignait des
abus d'intervention. Aussi posait-il en principe que les troupes ne devaient
jamais être mises en mouvement à. l'insu du commandant en chef, saut les
cas pressés; mais il n'en reconnaissait pas d'autres que les occasions de sur-
prendre des ministres; &i, à cet égard, il se reportait à l'instruction générale
qu'il avait déjà adressée aux officiers pour y pourvoir.
Il y eut, au mois d'avril lyâi, une petite émeute à Pézénas à l'occasion de
l'élection d'un curé. Les molinistes craignirent qu'on ne choisît un appelant,
8i se donnèrent du mouvement pour l'empêcher. « Il n'est pas hors de vrai-
« semblance, observa Saint-Priest, que ce ne soient les premiers qui aient
« intéressé le peuple & occasionné le scandale. » L'intendant instruisit l'af-
faire, avec le dessein arrêté de punir légèrement & de faire plus de bruit que
de mal ' .
Un accident terrible affligea, le 3i mai lySi, la petite commune de Chas-
puzac, en Vêlai, dans le bassin de la Borne, affluent de la Loire qui mar-
quait la frontière d'Auvergne. Toute la population de cette paroisse s'était
rendue en procession au Puy, à l'occasion du jubilé. Se se trouvait réunie
dans la chapelle de l'hôpital général quand les charpentes vermoulues de
cet édifice s'écroulèrent. Soixante & onze personnes furent écrasées sous les
ruines 8c l'on releva quarante-deux blessés*.
Diverses calamités publiques frappèrent aussi le haut Languedoc, le Gé-
vaudan 8c le Vivarais.
• Archives naiionnUs. Pupltri du contrôleur gé- ' Lettre de l'intendant, du ii juin lyjr.
ncral.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. iii3
Dans le haut Languedoc, les coteaux du Lauragais furent particulière-
ment maltraités. On voit par un placet qu'envoyèrent le 26 août à M. de
Machault, contrôleur général, les curés & consuls d'Aiguesvives, Sainte-
Colombe, Donneville, Baziége, Deyme, Montgiscard, Pompertuzat, Saint-
Léon, Montesquieu, Villefranche, Seyre, Vieillevigne, Gardouch, que les
récoltes étaient à peu près nulles dans cette contrée 81 que l'on n'y avait
même pas de grains pour les semences. « De mémoire d'homme, écrivent les
M suppliants, nous n'avions envisagé une année aussi disetteuse'. »
En Vivarais, il y eut de grandes pluies, des grêles, des inondations qui
emportèrent la terre végétale sur les pentes, dégradèrent les chemins, détrui-
sirent des moulins 8t des ponts, interrompirent la marche des courriers du
haut Languedoc & jetèrent la ruine dans plusieurs communes^.
Le Gévaudan avait souffert deux années successives de stérilité. En 1749 8<
1730, on y recueillit une si faible quantité de grains qu'ils étaient consommés
au mois de mai. Quinze mille quintaux de blé envoyés par l'intendant suffi-
rent à peine à faire vivre le pays. La distance 8c la difficulté des transports
surélevèrent les prix, 8< les comptes d'achat & de frais atteignirent près de
deux cent mille livres. On vendit ces grains avec un cinquième de perte pour
les rendre accessibles au peuple, sans pouvoir le soulager efficacement. Beau-
coup d'habitants furent contraints de vendre leurs bestiaux, de dégrader leurs
bois & d'épuiser leurs ressoinces.
Dans les environs de Langogne, de Châteauneuf 8t de la comté de Peyre,
les seigles manquèrent presque entièrement, comme les châtaignes, principale
nourriture d'une trentaine de paroisses cévenoles. Les Auvergnats limitrophes
qui, chaque année, venaient au mois d'octobre prêter main forte à leurs voi-
sins des Cévennes, n'eurent point d'ouvrage. On ne savait à quel moyen
recourir pour empêcher la disette. Les grains étaient presque aussi chers en
Auvergne qu'en Gévaudan, 8c quant à faire venir des blés de Bourgogne,
l'entreprise était au-dessus des forces du commerce local.
Un mémoire envoyé par l'évêque de Mende au syndic général Joubert
nous apprend que la maladie des bêtes à laine sévissait encore dans le pays
8c que les fabriques d'étoft'es y étaient en détresse.
On ne s'accordait pas sur les causes de l'épizootie : les uns l'attribuaient
aux brouillards de l'année précédente; les autres, au sable que les inonda-
tions avaient jeté dans les prairies; les autres, à la mauvaise qualité du sel
employé en Gévaudan. Depuis que les fermiers généraux avaient obtenu du
conseil la permission de substituer au sel de Peccais celui de Sijean 8c de
Peyriac, les troupeaux dépérissaient de jour en jour. On comptait que le
nombre des bêtes à laine avait diminué presque de moitié.
Quant aux étoffes, les prix en étaient fort ravalés depuis six mois; la con-
sommation était amoindrie. Les marchands qui avaient vendu beaucoup de
' Archives nationales, H, p. 1094. " Correspontîance ie l'intendant. Lettres du i5
& du zo octobre 17Ô1.
j-^^ II 14 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
laines à crédit, au-dessus de leur valeur, même des laines prohibées, telles
que celles de Barbarie, rappelaient avec rigueur des engagements que la
misère empêchait de tenir. La bourse de Montpellier était encombrée de
leurs appointements. On citait certains négociants qui avaient obtenu plus
de trois cents condamnations.
Pour comble de misère, les dépenses occasionnées par les achats de blé
avaient augmenté les impositions de quarante mille livres'.
En temps normal, ces représentations auraient été portées devant l'assem-
blée provinciale; mais l'arrêt de suspension qui pesait encore sur elle ne le
permit pas.
Au moment où commençait d'ordinaire la session, les principaux intéressés
s'inquiétèrent des dispositions du gouvernement, qui demeurait impassible.
L'archevêque de Toulouse écrivit à ce propos au contrôleur général : «Voici
« des jours de grâce & de faveur, Se voici l'approche du temps où s'assem-
« blent ordinairement les États. La joie de cette infortunée Province, qui le
« dispute en vivacité à toute autre, sera-t-elle la seule troublée par la conti-
« nuation du malheur de sa disgrâce, 81 seroit-il possible que dans les cir-
« constances les plus propres à déterminer l'effet de l'espérance dont elle a
« été flattée que cette année mettroit fin à ses maux, elle s'en vît encore
« frustrée? »
Au commencement de l'année lySî, la sénéchaussée de Carcassonne perdit
son directeur des travaux publics, M. de Carney, gendre de M. de Clapiers,
ingénieur de réputation qui avait autrefois centralisé dans ses mains la direc-
tion générale des travaux de la Province. M. de Carney était le fils d'un gen-
tilhomme irlandais, capitaine de cavalerie dès l'âge de seize ans, qui avait
quitté son pays pour suivre le roi Jacques 8c qui servit sous le nom de che-
valier de Carney dans le régiment étranger de Dillon. Il y avait le grade de
lieutenant-colonel, 8c prit part à toutes les campagnes de Louis XIV. Il eut
aussi un commandement dans les Cévennes, où, s'il faut en croire le témoi-
gnage de sa fille, il sut contenir les protestants par sa fermeté 8c se concilier
l'estime générale.
Les directeurs des travaux publics des deux autres sénéchaussées étaient
Pitot à Nimes, 8c Garipuy à Montpellier. La veuve de l'ingénieur Carney,
que la perte de son mari laissait sans ressources, chargée de six enfants, 8c
qui souhaitait la survivance de la direction pour l'un de ses fils, adressa une
longue requête au contrôleur général , où elle rappelait les services rendus
par son père à la Province pendant quarante années avec un désintéressement
Se un zèle reconnus de tout le monde. Elle annonçait que les deux directeurs
consentiraient à faire le service jusqu'à la majorité de son fils.
L'archevêque de Toulouse appuya cette supplique 8c ne négligea pas l'oc-
casion de rappeler au ministre la situation anormale de la Province. Le roi
' Butletîn Je îa société d'agriculture, industrie, p. 4i5. Documents communiqués par M. l'abbs
sciences & arts du département de la Loil-rc, XIII, Bosse, tirés des archives de l'hospice de Mende.
1762
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV.
1110
1752
ne pouvait méconnaître combien il importait à ses intérêts d'y mettre fin.
En partageant l'emploi vacant entre les directeurs des deux sénéchaussées, on
épargnerait au pays de Languedoc une inutile humiliation '. Cette proposi-
tion fut agréée, Si le gouvernement ne nomma point d'ingénieur.
Malgré l'adoucissement notable des mœurs publiques 8c les progrès que
faisaient journellement en France les idées de tolérance religieuse, l'admi-
nistration provinciale ne s'écartait pas en Languedoc des procédés rigoureux
dont M. de Bâville avait, pour ainsi dire, créé la tradition *, Bien que les
Cévennes fussent depuis longtemps pacifiées, la surveillance des protestants
tenait toujours une grande place dans les préoccupations de l'intendance, ik,
comme au temps de Louvois, des troupes de cavaliers battaient encore la
campagne aussitôt qu'une assemblée au Désert était dénoncée. Loin de décou-
rager les tentatives de culte public chez les réformés, cette persécution con-
tinue entretenait, au contraire, une exaltation plus vive. Comme au temps
des camisards, « la colombe fidèle » savait retrouver la fente de ses rochers,
&(. des populations entières allaient écouter au milieu des montagnes la voix
des ministres de l'Evangile.
Le 3o janvier, une assemblée fut teniie dans les environs du Vigan; le
• Piètes justi/icatives, n. DCCCXXVIII, col. 2 1 97.
' Voici quelques extraits du journal manuscrit
de Pierre Barthès, conservé à la bibliothèque de
Toulouse, contenant des particularités intéressan-
tes sur l'état des protestants :
Année i-jiB. — Le 6' janvier lySS mourut en
couches la femme d'un procureur au parlement
nommé Clauzade, à la rue Vêlant; elle estoit hu-
guenotte, & son mari aussy, n'ayant peu être con-
vertie par les soins & les remonstrances de M. le
vicaire de Saint-Etienne, ny par les exhortations
des vicaires généraux : ces Messieurs en ayant
fait leur rapport à Monseigneur l'Archevêque, Sa
Grandeur s'y rendit le soir incognito avec M. le
prcvost & son aumônier. Étant monté à la cham-
bre de la malade, il trouva qu'elle rendoit l'esprit.
L'archevêque ayant pris à part le mary, l'interro-
gea sur la conduite passée de son épouse & luy
promit d'en faire un exemple public en faisant
traîner par la ville le cadavre de sa femme. On
mit dans le moment des gardes à la porte de sa
maison qui y restèrent deux jours. Cependant à
1.1 sollicitation des puissances qui s'intéressèrent
en faveur du mary, il obtint par grâce spéciale
de la faire enterrer avec l'enfant mort dans son
sein, 8c fut transportée sur un chariot au chemin
de Montaudran dans un fossé près la métairie de
M. Glassier, ledit chariot escorté par quatre sol-
dats du guet. {Heures perdues, I, p. 3.)
Année iTJi- Mai. — Le 29, sur le soir, la ma-
r^-haussée amena dans les prisons du sénéchal un
homme, garde au bois de la Grésigne, du côté
d'Albi, qui se méloit des choses sacrées & surtout
d'épouser les huguenots dans une petite paroisse
du lieu de Pechcelsis (Puycelsi) appelée Sainte-
Catherine. Ce garde travesti s'appelle Alexandre
Bounoneit, on luy a confronté plusieurs person-
nes de la R. P. R. qu'il avait conjoint, & on croit
que son affaire est très-mauvaise. (Heures perdues,
I. p. 95.)
Août, — Le 6* de c« mois, la maréchaussée
amena sous une bonne escorte M' Pierre Cazal,
curé de Sainte-Catherine de Mourens au diocèse
d'Alby, dans les prisons du sénéchal de cette ville.
C'est le curé qui, d'intelligence avec le garde-bois
appelé Bounoneit qu'on amena le 29'' du mois de
may dans les mêmes prisons, marioit les hugue-
nots de ce pays là, où ce garde faisoit l'office de
prêtre. (P. 100.)
Ce Bounoneit ayant essayé de s'échapper des
prisons en passant par les lieux d'aisance, avec
deux autres prisonniers, y périt étouffé dans la
nuit du 4 au 5 septembre.
Année 1745. May. — Le 4" de ce mois, entre 3
& 4 heures de l'après-midi, on effigia par la main
du bourreau un homme de cette ville, nommé
Guillaume Delrieu, maître imprimeur; il i été
condamné comme contumax par arrêt du par-
lement aux galèies perpétuelles pour avoir été
convaincu d'avoir imprimé des livres pour les
huguenots, lesquels exemplaires furent brûlés pu-
bliquement dans la cour du palais par l'exécuteur
& ses valets, la maréchaussée y étant; ses biens
ont été confisqués & luy rendu infâme. (I, p. 167.)
1751
iii6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ministre Bénézct y prcclia; la solitude sauvage où l'on avait convoqué la réu-
nion n'était pas tellement reculée que le mystère en pût demeurer impéné-
trable. A la première nouvelle d'une aussi grave infraction aux ordres du roi,
un détachement des dragons de La Ferronays, alors en quartier au Vigan, fut
expédié en toute hâte pour donner la chasse aux fanatiques. Il arriva trop
tard pour les surprendre, mais ne perdit pas tout à fait sa peine, car, sur sa
route, il arrêta le prédicant qui rentrait en ville. Aux premières questions
qui lui furent adressées, Bénézet répondit par l'aveu formel de sa qualité Si
des fonctions qu'il venait de remplir. Le comte de Montcan le fit aussitôt
conduire dans les prisons de la citadelle de Montpellier, Se M. de Saint-Priest
se hâta d'en donner avis au secrétaire d'Etat. Il termina sa lettre par cette
phrase : « Je souhaite. Monseigneur, de pouvoir acquérir des preuves suffi-
« santés contre ce prédicant pour faire un exemple dont nous avons grand
« besoin '. »
Il ne fut point difficile d'avoir ces preuves, l'accusé affirmant lui-même
avec énergie sa profession religieuse. Alors l'intendant recourut au comte de
Saint-Florentin pour obtenir du roi l'autorisation de faire le procès au pri-
sonnier, suivant les usages de la juridiction exceptionnelle qui avait été créée
pour les coupables de cette nature^.
En même temps, il redoublait de vigilance pour assurer une autre capture
qui lui tenait plus à cœur. Le petit pays de la Vannage, fidèle à ses tradi-
tions intimes & jaloux de renouveler le nom de vallée de Chanaan qu'il avait
autrefois porté dans le langage biblique des enfants de Dieu, abritait depuis
longtemps un fameux ministre, nommé Fléchier. Grâce au zèle de ce prédi-
cant 8t à l'autorité qu'il s'était acquise, les assemblées s'y multipliaient sur
sa convocation. Il en était l'orateur &. le pontife; le dévouement des familles
qui lui prêtaient asile le garantit pendant plusieurs années de toute rencontre
funeste. Mais enfin, le i8 mars, les agents royaux furent avertis de sa pré-
sence dans le petit bourg de Marsillargues, entre Lunel Si Vauvert. A deux
heures du matin, on força son domicile & l'on s'empara de sa personne. Il
fut conduit le même jour à la citadelle de Montpellier avec trois de ses core-
ligionnaires, accusés de lui avoir donné retraite.
Cette nouvelle rigueur jeta une profonde consternation parmi les protes-
tants du pays. L'intendant n'oublia pas de signaler à la Cour cette impres-
sion salutaire, tout en paraissant douter qu'elle pût être assez forte pour les
contenir dans leur devoir Si les ramener à l'obéissance^.
Le 27 mars, la procédure de Bénézet se trouva complète. On le condamna
à mort. Il fut exécuté le même jour, sans aucune émotion populaire, & ne se
départit point devant le bourreau de la constance qu'il avait conservée dans
sa prison.
M. de Saint-Priest attachait tant d'importance à cette scène sanglante qu'il
' Lettre An 8 février 1752. Archives nationales. ' Lettre du 9 février lySi.
Laiigviedot. 3 Lettre du 20 mars.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1117
envova dans la journce deux dépêches au ministère, l'une pour notifier le
jugement, l'autre pour annoncer l'exécution. Sa seconde lettre rendait ainsi
témoignage de l'énergie du condamné : « Il est mort en vrai fanatique & avec
« une obstination marquée dans ses erreurs', n
Cependant, le gouvernement songeait à relever les Etats de Languedoc de
leur suspension 8c à leur rendre un rôle actif dans l'administration de la Pro-
vince. Avis en fut donné à Saint-Priest dès le commencement de l'année lySî,
sous forme de communication confidentielle. L'intendant s'en montra ravi.
« J'ai débuté, disait-il, en Languedoc par la plus cruelle de toutes les
« années. » Il s'applaudissait de voir reconstituer un mécanisme qui allégeait
sa charge & qui, placé en mains sûres, ne présentait aucun danger pour
l'autorité royale. Il remercia le ministre de ses informations & l'assura que le
rétablissement de l'assemblée provinciale était fort désiré dans le pays, sur-
tout par l'archevêque de Toulouse; mais il fit ressortir l'utilité de profiter de
l'occasion pour dresser un bon règlement sur les dépenses, les personnages
des hauts bancs se montrant trop disposés à des complaisances réciproques,
véritablement contraires aux règles d'une sage économie.
M. de Grillon, archevêque de Narbonne, étant mort, & la présidence des
États devenue vacante par son décès, l'intendant insista auprès du ministère
sur la nécessité de prendre les plus fortes garanties de son futur successeur.
En effet, l'usage donnait au métropolitain de Narbonne une telle influence
sur l'assemblée Si sur le personnel permanent chargé de tous les travaux,
qu'avec la connivence de ce puissant dignitaire on était maître de la Pro-
vince. Par deux fois, Saint-Priest recommanda au ministère de ne point pré-
cipiter la nomination du nouveau primat. Il était bien différent, pensait-il,
d'avoir à traiter avec un homme qui tient cette place importante ou avec celui
qui l'a seulement en perspective 8c qui en fait l'objet de son ambition. On
éprouverait plus d'une fois, d'une manière avantageuse, les effets de cette
différence. Saint-Priest n'était, d'ailleurs, pas moins persuadé que ses prédé-
cesseurs de l'utilité de limiter les prétentions des prélats; il se plaignait prin-
cipalement de l'évêque de Castres, « l'homme en bonne vérité le plus étrange
« 81 de la plus méchante humeur que je connoisse. »
De son côté, M. de La Roche-Aymon ne cessait d'envoyer à la Cour des
protestations de dévouement 8c de fidélité. « Plus d'une fois, écrivait-il le
« 12 février, j'ai souhaité que, comme chef d'un corps qui, séparé 8c interdit,
« n'ose ni ne peut se faire entendre, il me fût permis d'aller me jeter aux
« pieds de Sa Majesté 8c de lui rendre témoignage de l'état de la Province
i( 8c de ses vraies 8c constantes dispositions. » Cette faveur fut enfin accordée,
8< le 17 mars l'archevêque remerciait le ministre de la permission que le ro;
voulait bien lui accorder d'aller porter à ses pieds les protestations de douleur
de tous les membres des Etats 8c de leurs sentiments invariables pour la per-
sonne, l'autorité Se le service de Sa Majesté.
• Lettre du 27 rnnrî.
1752
'7^
iii8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Quelques mois après, M. de La R.oclie-Aymon était élevé au siège métro-
politain de Narbonne. Le premier résultat de la transaction que le nouveau
primat conclut avec la Cour fut le rétablissement des États de Languedoc
par arrêt du conseil du 28 octobre 1752.
Cet arrêt, rendu sur requête présentée au roi par les députés de la Province,
exposait les marques de consternation que les membres de cette assemblée
avaient données en s'apercevant de leur disgrâce. Ils n'avaient jamais cru ni
voulu s'écarter des devoirs d'une inviolable soumission, 6c, s'ils paraissaient
l'avoir fait, ce n'était que par l'etfet de la crainte de donner atteinte à d'an-
ciens privilèges de la Province, aussi utiles pour le véritable intérêt de Sa
Majesté que pour celui des peuples. Ces privilèges servaient de fondement à
la solidarité qui assurait d'une manière si simple Se si avantageuse le recou-
vrement des impositions Si au crédit qui avait tant de fois procuré les plus
pbondantes ressources. Si, par des circonstances dont on ne pouvait assez
déplorer la fatalité, les États s'étaient peut-être montrés répréhensibles, ils
osaient se flatter que cette mauvaise impression avait été effacée par l'obéis-
sance dont ils venaient de donner des preuves depuis leur suspension. Après
avoir rapporté les termes de la requête, signée par l'évêque de Béziers, le
marquis de Chambonas, les députés du Pont-Saint-Esprit St de Montech, Se
le syndic général Lafage, le roi déclarait qu'en suspendant pour un temps
des pouvoirs exercés sous son autorité, & en faisant administrer les affaires
sous ses ordres directs 6c sans le concours des États, son intention n'avait
jamais été de priver la Province de ses privilèges. Il levait donc la suspension;
mais en rendant aux États la faculté de s'assembler, sur convocation royale,
dans les formes ordinaires, il leur imposait un nouveau règlement qui devait
prévenir le retour des malentendus de lyjo.
Aussitôt après l'ouverture, les commissaires du roi devaient entrer en séance
6c demander verbalement le don gratuit 6c la capitation, dans les termes de
leurs instructions particulières. La délibération sur ce double objet ne pou-
vait être retardée, ni aucune autre affaire traitée par préférence.
Les commissaires avaient le droit d'entrer aux États avec le même cérémo-
nial pour les autres affaires; mais, s'ils le jugeaient convenable, ils étaient
autorisés à remettre au président des États un extrait signé de leurs instruc-
tions relatif aux articles proposés, sans être jamais contraints de remettre les
originaux de ces instructions, ni même des expéditions en forme.
Le roi renouvelait les prescriptions de l'édit de 1659, défendant aux États
de demeurer assemblés plus de quarante jours, à peine de nullité. Cepen-
dant, si l'importance exceptionnelle des affaires les contraignait à souhaiter
une prorogation, ils pouvaient la solliciter des commissaires du roi; mais
cette prorogation ne dépasserait jamais huit jours 6c ne donnerait pas droit
aux jetons.
Les sommes désignées sous le nom de frais des Etats qui, fixées par les
cdits de 1649 6c de lôog à soixante-quinze mille livres, s'étaient progressive-
ment élevées à plus de deux cent soixante mille, restaient arrêtées pour l'avenir
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1119
à deux cent mille, & devaient comprendre les appointements des officiers
permanents de la Province, les « montres « ou indemnités de présence des
membres de l'assemblée, les frais de la députation ordinaire à la Cour, les
pensions ou gratifications accordées par les Etats, les aumônes aux commu-
nautés religieuses ou aux pauvres honteux, & les autres menues récompenses
usitées pendant le cours de la session. Ces divers emplois de fonds ne pou-i
valent être compris sous aucun autre titre.
L'usage des montres ou taxes payées aux députés des villes, bien qu'il ne
fût autorisé par aucun règlement, était maintenu, en les limitant à trois
montres complètes pour toute la durée de la session, & une demi-taxe ou une
taxe entière de grâce laissée à la disposition du président.
La vérification des impôts ordonnés par les assiettes diocésaines devait être
confiée à la commission mixte chargée de contrôler les préambules des rôles
communaux.
Enfin diverses mesures étaient prescrites pour assurer la régularité des opé-
rations financières, établir la responsabilité de chacun & laisser des traces
officielles des moindres actes de gestion. En résumé, les restrictions apportées
à l'initiative des Etats s'inspiraient toutes d'un esprit d'ordre & d'économie'.
Le ministère avait dans la Province quelques correspondants confidentiels
qui lui communiquaient leurs vues de politique intérieure, 8c lui donnaient
des avis sur le mouvement de l'opinion. L'un de ces correspondants, M, Fages,
sous-doyen de la cour des comptes de Montpellier, félicita le contrôleur
général de son nouveau règlement. « La dépense, disait-il, diminuée de
<i vingt-cinq mille écus, paroît peu de chosej mais, depuis vingt ans cela
<i aurait fait deux millions de moins. »
Le sous-doyen loue particulièrement les dispositions relatives aux frais des
États. « La fixation de leur tenue réglée à deux cent mille livres est unç
« bafrière très-avantageuse au peuple. »
Il termine par la promesse de surveiller l'obéissance des États ; « J'useray
(1 de la liberté que vous m'avez donnée, s'ils donnent quelque entorse au
(I bon règlement que vous venez de faire, ce à quoy les évêques ne manque-
(( ront pas de tâcher, ne se contentant pas d'être bien à leur aise par leur
Il état, voulant encore voir le peuple dans l'indigence pour qu'il leur soit
K plus soumis*. »
Les difficultés considérables que créait au gouvernement la situation des
protestants de Languedoc 6c surtout la forme anormale de leur état civil,
résultat de la fiction en vertu de laquelle le royaume était censé ne plus ren-
fermer que d'anciens catholiques ou de nouveaux convertis, tenaient une
grande place dans les préoccupations de la Cour 8c dans les instructions par-
ticulières données au maréchal de Richelieu.
Divers entretiens du gouverneur 8c de l'intendant avec les principaux
' Recaeïl Jes éJ'its, déclarations, arrêts & orjonnan- ' Archives nationales. Papiers Ju contràltur gé-
ces de l'année ii^>z foat \a province de Languedoc. néral. Lettre du 5 novembre lyôi.
175
17^1
II20 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
membres de l'épiscopat languedocien sur cette question délicate & pleine de
périls demeurèrent sans succès, les prélats se montrant inébranlablement atta-
chés à la rigueur des principes dont M. de Montclus s'était fait le défenseur.
On songea donc à tirer parti du mouvement de reconnaissance que le réta-
blissement des États semblait avoir produit au sein des membres de l'assem-
blée pour essayer de nouvelles tentatives, cette fois plus générales 8i plus
déclarées, en vue de préparer une solution aux problèmes inquiétants qui,
depuis déjà tant d'années, blessaient la justice du souverain Si compromettaient
l'existence légale, les droits Si les intérêts d'un si grand nombre de citoyens.
Le maréchal reçut l'ordre de rassembler dans son hôtel, en présence de
l'intendant, tous les évêques de Languedoc que la convocation des États avait
appelés à Montpellier, de leur lire deux lettres, l'une du chancelier, l'autre
de Saint-Florentin, ministre du département, de leur exprimer les désirs du
gouvernement, au sujet de l'uniformité à établir dans la manière de marier
les nouveaux catholiques & de baptiser leurs enfants, & de mettre en lumière
toutes les raisons qui devaient porter l'épiscopat à une sorte d'adoucissement
sur les épreuves à exiger des protestants avant de leur administrer le sacre-
ment de mariage.
Cette conférence fut tenue le 12 novembre.
Tous les évoques parurent offensés des reproches indirects que renfermaient
à leur adresse les deux missives ministérielles en rejetant sur les rigueurs du
clergé la responsabilité des excès auxquels se portaient les nouveaux catho-
liques. Ils nièrent vivement avoir rien ajouté à ce qui était de tradition depuis
la révocation de l'édit de Nantes. En matière de baptêmes, la seule concession
dont ils laissèrent pressentir la possibilité fut d'inscrire purement 8c simple-
ment sur les registres de paroisses les noms des père & mère, sans donner
aux enfants la qualification de bâtards ou de légitimes.
La question des mariages donna lieu aux discussions les plus étendues.
Quelques prélats soutinrent que la difficulté se réduisait h ce dilemne : ceux
qui se présentent pour être mariés sont ou ne sont pas catholiques. S'ils le
sont, ils ne doivent avoir aucune peine à souscrire aux conditions exigées
par l'Église; s'ils ne le sont pas, comme le prouve suffisamment leur refus,
la conscience des évêques ne leur permet pas de conférer le sacrement. Cette
dernière protestation fut reprise par d'autres membres de la conférence qui
déclarèrent n'user pas de procédés particuliers à l'égard des protestants, se
réduisant à ne marier personne, anciens catholiques ou nouveaux convertis,
sans avoir la preuve de la première communion.
Quelques-uns, les plus exaltés dans leur opinion, allèrent jusqu'à dire
que, plus le mal était grand, plus le remède devait l'être, 8c qu'en vue de
faire cesser les malheurs causés par l'hérésie dans diverses parties de la Pro-
vince, bien loin d'adoucir les épreuves, il faudrait au contraire en augmenter
la rigueur.
Tous furent unanimes à déclarer qu'ils pouvaient seuls être juges en la
matière, que la diversité des circonstances ne permettait pas d'établir un
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1121
règlement général, qu'il fallait s'en remettre à leur discernement Se à leur
amour du bien public, & que, d'ailleurs, chaque évêque étant maître dans
son diocèse, on devait respecter leur initiative individuelle & compter sim-
plement sur leur prudence.
M. de Fontanges, évêque de Lavaur, qui fut un des derniers opinants, ne
se montra point des plus modérés. Il alla jusqu'à proposer de confier à l'ar-
chevêque d'Albi & à deux autres prélats la rédaction d'un mémoire au roi
pour prouver qu'on intervertissait les rôles, qu'on accusait l'épiscopat quand
il avait lieu de se plaindre, que la lettre du chancelier était, pour tous les
évêques de Languedoc, une sorte d'outrage dont ils devaient espérer d'obtenir
réparation, que les intentions du ministère paraissaient être de favoriser les
nouveaux convertis dans le temps où il ne faudrait songer qu'à les détruire 8c
à leur faire éprouver les châtiments les plus rigoureux. Il recommanda de
faire au souverain la peinture la plus vive de tous les désordres qui s'accom-
plissaient dans la Province en matière de religion, de lui représenter la har-
diesse des réformés toujours croissante depuis la dernière guerre & favorisée
par l'absence des troupes, le nombre &c la fréquence des assemblées, des
mariages Si des baptêmes au Désert.
Les prélats désiraient que le maréchal leur laissât le texte des deux lettres
ministérielles; mais il s'y refusa, trouvant les esprits trop animés 8c ne vou-
lant pas leur donner matière à une controverse circonstanciée qu'il ne jugeait
pas décent d'engager 8c de soutenir. Il se contenta de leur dire qu'ils com-
prenaient mal la portée de sa démarche, que leur mémoire devait être conçu
d'une toute autre façon 8c que les lettres des deux ministres ne demandaient
pas une réfutation, mais un éclaircissement dans lequel tout le monde devait
chercher à concourir au bien selon ses lumières.
C'était, du reste, un spectacle bizarre 8c qui caractérise nettement la situa-
tion fausse où la confusion des pouvoirs plaçait alors la royauté que de voir
un gouverneur de province, un militaire 8c surtout un homme de la trempe
d'esprit du maréchal de Richelieu, discuter sur des matières de religion avec
des évêques, leur opposer des arguments théologiques, leur soumettre des
distinctions de principe presque subtiles sur le sacrement de mariage comparé
aux autres sacrements, 8c leur citer des pratiques antérieures au concile de
Trente 8c les prescriptions mêmes de ce concile. Aussi les prélats refusaient-ils
de le suivre sur ce terrain, 8c le maréchal n'eut pas de peine à s'apercevoir
que ses diverses raisons, non-seulement n'étaient pas sérieusement discutées,
mais ne semblaient pas avoir chance d'être senties.
M. de Saint-Priest essaya de son coté d'établir, au point de vue purement
administratif, quelques idées générales d'une grande simplicité qui ne furent
pas mieux accueillies. La discussion prit même alors une tournure plus irri-
tante. Comme divers évêques avaient plusieurs fois répété, avec une sorte
d'affectation, que, sans doute, les informations du ministère étaient inexactes,
l'intendant de la Province, qu'atteignait plus personnellement cette accusa-
tion, se récria vivement, 8c le débat devint alors tellement passionne qu'un
i75i
XIII.
7'
iy:iz
I I 22
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des évêques, en reprochant aux agents du roi leur froideur intentionnelle
pour les intérêts de la religion, se laissa aller jusqu'à dire : « Si vos commis
i( du vingtième avoient été aussi maltraités que le sont aujourd'hui les curés,
Il on auroit bien su trouver & prendre les coupables! »
L'archevêque de Narbonne, plus particulièrement dévoué au service du roi
comme président des Etats, opéra une courte diversion en témoignant avec
des termes fort vifs son mécontement à M. de Fontanges, de ce qu'au mépris
des droits du président, il s'était permis de désigner nominalement certains
prélats pour la rédaction du mémoire.
Le maréchal de Richelieu, reconnaissant que tous les pourparlers étaient
inutiles, se hâta de terminer une conférence oti les paroles d'humeur avaient
été déjà trop nombreuses £< où l'aigreur paraissait l'emporter de beaucoup sur
la raison. 11 déclara aux évêques qu'il avait reçu l'ordre exprès de leur lire
les lettres du chancelier & de M. de Saint-Florentin, & qu'ils lui semblaient
si prodigieusement éloignés de tous les principes admis dans ces lettres, Se
par suite de toute espèce de discussion, qu'il s'en tenait à leur marquer sa
douleur d'être en présence d'un mal si grand £<. si reconnu 6<. d'y trouver si
peu de remède; que d'ailleurs il en rendrait compte au roi.
La séance fut ainsi levée sans aucune solution. Seulement l'archevêque de
Narbonne donna sa parole au maréchal qu'il ferait adoucir les expressions du
mémoire autant que cela serait possible.
Le lendemain de cette longue S< stérile controverse, le duc de Richelieu
en écrivit au chancelier un compte-rendu très-détaillé où il ne dissimula rien
de l'impuissance de ses efforts. « Il m'a paru, disait-il, dans tous les prélats
(t de l'assemblée un zèle apostolique très-louable, mais nullement discuté
« ni raisonné. » 11 prémunissait d'ailleurs la bonne foi du ministre contre
les exagérations probables sur la conduite des protestants auxquelles l'irrita-
tion des évêques donnait le droit de s'attendre dans la rédaction de leur
mémoire, assurant que, depuis son arrivée dans la Province, il n'avait point
trouvé d'augmentation dans les désordres des nouveaux catholiques, Si due,
bien au contraire, la iermentation lui paraissait assoupie.
Il n'hésitait point d'ailleurs à déclarer que la fin de non «recevoir des
évêques ne devait pas arrêter indéfiniment la solution d'une des plus urgentes
difficultés de l'Etat, &. il faisait ressortir, avec une extrême lucidité, la con-
tradiction intolérable que produisaient les maximes alors en vigueur.
« On a défendu, disait-il, aux nouveaux convertis de sortir du royaume
« sous peine d'amende, de confiscation de leurs biens 8<. de prison. 11 %• cna
« vingt-quatre qui sont dans les prisons de Nimcs pour avoir vcjuIu s'en
« aller; mais retenir cependant les mêmes gens sans vouloir qu'ils se marient,
« déclarer leurs enfants bâtards & leurs biens Si. le fruit de leur travail exposes
« à la confiscation, paroît une inconséquence qui peut les réduire au déscs-
a poir, St le désespoir, dans des têtes chaudes, animées du fanatisme de !a
« religion, peut 6<. doit nécessairement produire les effets les plus étranges ix
« les plus dangereux. »
LIV, IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. iiiS
L,a clairvoyance Se l'équité naturelle du maréchal, qui lui faisaient recon-
naître & signaler toute la gravité du problème, n'allaient pourtant pas jusqu'à
lui donner les moyens de le résoudre, & il concluait en disant ; « Je me gar-
a derai bien de prononcer. «
Fallait-il laisser sortir les huguenots, dépeupler les manufactures, ruiner
le commerce de la France & achever les mallieurs politiques qui avaient suivi
la révocation de l'édit de Nantes?
Pouvait-on faire agir les évêques contre leur conscience 8c leur imposer,
dans les pratiques du culte, des tolérances qu'ils regardaient comme une pro-
fanation 5c un sacrilège?
« Je prononcerai hardiment, poursuivait le maréchal, qu'il faut trouver
« quelque expédient qui puisse concilier ces deux excès, 8c que si la religion
« exige de la déférence aux sentimens des évêques sur l'administration des
(■ sacremens de baptême 8c de mariage aux nouveaux convertis, l'ordre poli-
» tique, le bien public 6c les liens les plus sacrés de la société exigent néces-
(( sairement une loi certaine, invariable 5c uniforme pour assurer l'état d'un
" aussi grand nombre de sujets du roi répandus dans une portion de son
Il royaume aussi considérable que la province de Languedoc. »
Aussi recommandait-il, avec une insistance éloquente, ce grave sujet aux
méditations du chancelier :
« Vous êtes plus en état qu'un autre. Monsieur, par votre place 8c vos
« lumières, de trouver le remède d'un aussi grand mal 5c de le diriger de
K façon qu'il puisse être utile à la patrie; c'est un des plus grands services
(c qu'on puisse lui rendre, 8c il est digne d'un aussi bon citoyen 8c d'un aussi
« grand magistrat. Personne ne sera plus sensible que moi à vous voir
« recueillir cette gloire'. »
La prédiction courtoise contenue dans ces dernières paroles ne s'accomplit
point. Ce n'est pas au chancelier Lamoignon qu'il était réservé de régler,
d'une façon définitive 8c conforme aux lois de la justice 8c de la raison, la
difficile question de l'état civil des protestants, 8c trente-six ans devaient
s'écouler encore avant que cette cause permanente d'agitation 8c d'inquiétude
fût heureusement écartée.
Les Etats de Languedoc, suspendus depuis l'année 1700, s'étaient réunis h
Montpellier le 26 octobre xj52, le maréchal de Richelieu faisant les fonc-
tions de premier commissaire du roi^. I,e nouvel archevêque de Narbonne y
' Archives nationales, H, lopS. Lettre auto- de Saint-Pons (qu'on dit avoir beaucoup d'eipril
grcphe du maréchal de Richelieu au chancelier, & être prompt à la repartie], voyant une assem-
datée du |3 novembre i-j^ti. blée si illustre & telle qu'on n'en avoit pas veii
' On lit à ce propos, dans les Heures perdues ilc depuis bien longtemps, dit à ce prélat ; « Avouez,
Pierre Barthes, III, p. 27 : « Monsieur l'abbé, qu'on n'a jamais vu les Étais
(< Le jour de l'assemblée des États à Montpel- « si brillants qu'on les voit celte année. Oui,
lier, qui comme j'ay dit en son lieu, ont été réta- u Monseigneur, luy répondit M. de Saint-Pons,
blis par ordre du roy, Messieurs les évêques en- « & ils ne ressemblent pas mai à un cheval bien
trant dans la salle pour prendre leur place, « étrillé, car il n'y a rien de plus luisant 8c de
M. l'archevêque d'Alby, entrant avec M. l'évêque '< plus brillant tout ensemble.» Cette réplique fut
lyaa
1702
II 24 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
occupait le siège présidentiel. Tout se fit avec le cérémonial & clans les termes
usités avant la suspension. Le 28, Richelieu entra dans l'assemblée St annonça
qu'il apportait une preuve éclatante de la bienveillance du souverain, l'arrêt
du 10 octobre rétablissant la Province dans la jouissance de tous ses privi-
lèges. Si le roi avait cru devoir ajouter quelques dispositions qui rappelaient
celles des anciens règlements sollicités par les Etats eux-mêmes &c tendaient à
en assurer l'exécution S< à soulager les peuples, Sa Majesté n'en était pas
moins prête à écouter favorablement les représentations qui pourraient lui
être faites à ce sujet, lorsqu'elles seraient fondées sur des motifs justes & rai-
sonnables. Le maréchal ne doutait pas que les Etats ne reçussent avec respect
Jk reconnaissance le nouveau bienfait du prince. Ils en étaient redevables
aux soins de l'archevêque de Narbonne & des personnes qui avaient travaillé
sous ses yeux à soutenir les véritables intérêts de la Province. Lui-même
n'avait point été étranger à cette importante négociation; il s'était empressé
de l'appuyer avec son dévouement ordinaire.
L'arrêt du 10 octobre fut immédiatement lu par le greffier, puis inséré
dans les registres des Etats. Deux jours après, l'assemblée accorda sans diffi-
culté la capitation 8c le don gratuit, conformément aux demandes des com-
missaires.
L'archevêque de Narbonne exposa ensuite qu'après avoir donné au roi des
preuves de leur zèle & de leur obéissance, £< obtenu de ses commissaires les
assurances les plus favorables au maintien de leurs privilèges, les États ne
pouvaient se dispenser de solliciter le rétablissement des usages pour la levée
du vingtième, prescrite & faite sans leur participation. L'archevêque d'Albi,
l'évêque de Mende, les barons de Lanta & de Mérinvilie, & les députés de
Toulouse, Montpellier, Carcassonne & Nimes, allèrent aussitôt porter aux
commissaires du gouvernement les représentations de l'assemblée. Les condi-
tions du don gratuit, acceptées par les envoyés du roi, contenant en propres
termes qu'il ne serait fait aucune imposition ni levée de deniers sur le
général de la Province, ni sur les villes Se communautés, sans le consente-
ment des Etats, on ne pouvait éviter d'observer que la levée du vingtième
n'avait point été consentie selon les prescriptions des édits de 164g 8c de i65g.
Si donc les commissaires n'avaient rien à dire de satisfaisant de la part de
Sa Majesté sur un sujet aussi intéressant, on les priait de trouver bon qu'une
députation fût envoyée à la Cour pour mettre la question sous les yeux du
roi.
Le maréchal de Richelieu remit aux délégués une réponse écrite. Elle était
ainsi conçue :
« Les termes dans lesquels Sa Majesté s'est expliquée dans l'arrêt de son
« conseil, qui a été lu 8c enregistré dans votre assemblée, 8c l'acte que nous
« venons de signer pour l'acceptation, au nom de Sa Majesté, du don gratuit
trouvée très-ingénieuse, & l'application que cet considère de quelle façon ils ont été traités & la
évoque en fit aux Kinis bien à propos, si l'on Province de même, u
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1125
« clans la forme ordinaire, sont des témoignages assez forts de ses intentions
«1 pour la conservation des privilèges de la Province.
« Des circonstances, que je ne rappelle point, dès que Sa Majesté a eu la
« bonté de les oublier, ne nous avant pas permis d'exécuter dans la dernière
« assemblée les ordres dont elle nous avoit chargé par nos instructions sur
« cette matière, Sa Majesté n'a pu se dispenser d'ordonner de son autorité la
« levée 8c perception dans la province de Languedoc d'une imposition déjà
«i établie dans toutes les provinces du royaume, dont l'objet, si important
« pour l'Etat, ne pouvoit souffrir de retardement, & sur laquelle Sa Majesté
« ne peut douter que les L,tats ne lui eussent donné des preuves du zèle
« qu'ils avoient toujours témoigné pour son service; mais vous pouvez assurer
0 l'assemblée que Sa Majesté s'attend qu'étant à présent bien instruits de ses
<i intentions à cet égard les Etats prendront une délibération qui lui puisse
<i prouver de plus en plus la fidélité, la soumission 5c le zèle dont ils lui
« ont fait donner de si fortes assurances. »
Cette réponse portait la signature des quatre commissaires. Les États se
déclarèrent pleinement satisfaits des termes dans lesquels elle était faite 8c
donnèrent leur consentement rétrospectif à l'exécution de l'édit de mai 1749,
qui s'appliquait déjà dans la Province depuis trois ans; mais, comme d'habi-
tude, ils réclamèrent l'administration de l'impôt 8c chargèrent les mêmes
délégués de transmettre aux commissaires du roi l'expression de ce désir. Ils
rapportèrent une seconde réponse écrite, dans la forme suivante :
« Je me charge volontiers de faire passer au roi votre demande, 8c votre
« conduite lui doit être trop agréable pour que vous n'ayez pas à en attendre
« la réponse la plus favorable, comme je n'en doute pas'. »
Dans le cours de la session, l'assemblée s'occupa de réparer la solution
de continuité produite dans ses travaux par l'arrêt du 28 octobre 1750. Les
syndics généraux eurent ordre de dresser un mémoire contenant les demandes
qui auraient été inscrites dans le cahier de 1702, si les événements n'eussent
pas interrompu l'ordre accoutumé.
Ces demandes concernaient la modération des droits de sortie 8c de fret sur
les vins 8c eaux-de-vie de Languedoc sortant par les ports de Cette, Agde,
Aigues-mortes 8c La Nouvelle, modération qui se renouvelait chaque année
par arrêt du conseil; la remise sur les impositions générales créant des fonds
d'indemnité pour les cas fortuits; les diminutions accordées tous les ans aux
diocèses de Narbonne, Albi 8c Lavaur, à cause de leur fâcheuse situation
financière, 8c aux communes de Capestan, de Candillargues 8c de Sainte-
Colombe; la remise de ving-deux mille livres à diverses communes à cause
du grand nombre de biens abandonnés qu'elles renfermaient, avec substitu-
tion des lieux de Vaux 8c de La Salvetat à celui de Gardouch, précédemment
secouru pour la même année; enfin, un allégement spécial aux communes
de Fabrezan 8c d'Aubenas, en considération des travaux défensifs qu'elles
■ Procès-verbnl des Etnts de Languedoc. Sénncc du 3i octobre lySz.
1702
I-JOI
1 , 26 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
étaient obligées de iaiie pour garantir leur terroir des inondations de l'Orbicu
&. de l'Ardèche'.
Les États se préoccupèrent aussi de connaître par le détail tous les emplois
de fonds qui avaient été faits dans la Province pendant la suspension de l'as-
semblée. Comme le roi s'était réservé de pourvoir à la reddition des comptes
8<. que l'on ignorait ses dispositions, une députation de huit membres fut
envoyée aux commissaires, qui, suivant le nouvel usage, écrivirent leur
réponse ainsi qu'il suit :
« Le roi s'étant réservé de pourvoir directement à toutes les affaires con-
« cernant l'administration de la Province & les impositions £< dépenses des
« années lySo, lySi & de la courante ayant été ordonnées & faites de la
« seule autorité de Sa Majesté, les comptes n'en devroient être arrêtés qu'au
Il conseil; cependant, Sa Majesté, toujours disposée à traiter favorablement
« les États, 8c voulant bien qu'ils puissent avoir une entière connoissance des
a affaires de la Province & être par là en état de reprendre l'administration,
« Elle voudra bien se porter à ordonner que les comptes desdites années
« soient rendus par le sieur Lamouroux devant les commissaires nommés par
« les États, conjointement avec ceux de Sa A-lajesté, à la charge par eux de
M se conformer à ce qui a été ordonné par Sa Majesté sur la recette & la
« dépense^. »
Le 25 novembre parut un arrêt du conseil qui réglait l'intervention des
États dans la levée du vingtième par la création d'une commission mixte,
chargée d'arrêter les rôles de l'impôt St de juger, sauf appel au conseil, toutes
les contestations qui pourraient en résulter. Cette commission devait com-
prendre le maréchal de Richelieu, l'intendant, un évêque, un baron 8c deux
députés des États, au choix de l'assemblée. Les membres de la commission
pouvaient fonctionner sans être plus de trois, mais l'intendant devait tou-
jours en faire partie. Ils étaient autorisés à recevoir les comptes de recette £<
de dépense du vingtième pour les années i75o, lySi & lySi. Les membres
nommés par les États pour la commission du vingtième furent l'évêque de
Montpellier, le marquis de Villeneuve, M. de Saint-Rome, maire de Mende,
8c Baillarguet, maire de Saint-Pons^.
La seconde moitié de l'année ij52 fut affligée par une grande mortalité
dans le haut Languedoc. La capitale de la Province, la ville 8c le diocèse de
Castres, en souffrirent principalement. Barthès raconte, dans ses mémoires
manuscrits, que la seule ville de Toulouse perdit vingt-cinq à trente mille
personnes pendant l'été, évaluation certainement exagérée, mais qui révèle
l'émotion produite par le nombre des décès. Dans les provinces voisines 8c
même à Paris, le bruit courut que la peste régnait à Toulouse. Le docteur
Maynard, de l'Université de Montpellier, écrivit une relation sur cette épi-
démie. Les médecins en attribuaient la cause à l'énorme quantité de neige
' Procès-verbal des Etats. 14 novembre lyyi. ' Recueil des éi'tts, déclarations, arrêts &• orJon-
' Procès-verbal des États, lô novembre 1752. naitccs de lySS pour la province de Languedoc.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV, 1127
qui était tombée pendant l'hiver précédent'. La misère, attreuse durant les
premiers mois, n'avait pas peu contribué à rendre les maladies plus meur-
trières. Ce fut pour en atténuer la rigueur, en procurant de l'ouvrage k des
milliers de bras, que les capitouls de Toulouse entreprirent les grands travaux
de terrassement de l'Esplanade, destinés à transformer en promenade publique
les terrains vagues qui s'étendaient entre la porte Montgaillard &. la porte
Montoulieu*.
Le syndic général Lafage, dans une lettre à Saint-Priest, appréciait ainsi
ces travaux : « La dépense déjà faite pour les déblais monte à trente-six mille
« livres; il doit être acheté quelques maisons que les propriétaires consentent
« de vendre de gré à gré, St sur l'estimation desquelles on est d'accord à six
Cl mille livres. On travaille toujours avec beaucoup de diligence, quoique le
« nombre des ouvriers commence à diminuer à cause des travaux de la cam-
« pagne. Il y auroit de quoi être effrayé, Monseigneur, de l'objet de cette
« dépense, dont la totalité se porte à deux cent dix mille livres, si l'on ne
« considéroit d'autre avantage que celui de procurer une promenade aux
« habitants de Toulouse; mais si l'on fait attention que cet ouvrage fera
Il subsister trois mille pauvres jusqu'au mois de juillet, qui périroient peut-
« être sans ce secours, le ministre se prêtera aux vues charitables de la ville,
« avec d'autant plus de raison que ses revenus patrimoniaux sont augmentés
« de deux cent cinquante-huit mille livres pendant la durée du bail. »
Les projets d'embellissement de Toulouse remontaient à l'année 1748.
M. Garipuy, directeur des travaux de la sénéchaussée, se trouvant à Mont-
pellier, fut prié par l'intendant Le Nain de dresser un plan d'ensemble. L in-
génieur lui soumit vingt-trois projets. Il se proposait d'achever la place de
rHôtel-de-\ille, d'aligner le quartier Saint-Cyprien, d'établir des allées d'or-
meaux depuis la porte Saint-Etienne jusqu'à celle du Château, 8t à la rivière,
de bâtir des quais, de créer un jardin public médicinal entre le couvent des
carmes déchaussés 8c l'oratoire du Crucifix, d'obliger les communautés reli-
gieuses à plaquer de petites maisons avec boutiques le long de leurs enclos,
M pour éviter le désert de ces murailles nues & le danger d'être attaqué sans
« secours. »
La dépense de tous ces travaux devant atteindre plus de deux millions,
l'intendant pensa qu'on alarmerait les ministres, & demanda que l'on s'en
tînt à faire une place, une fontaine St un cours. L'établissement de la nou-
velle promenade entraîna l'acquisition d'un jardin des carmes déchaussés, que
ces religieux louaient à la présidente de Riquet. Pour les indemniser, on leur
abandonna le terrain qui restait en dehors des alignements & qui est devenu,
depuis, le Jardin des Plantes^.
Une très-grande division régnait dans les conseils de ville de Toulouse. Le
parti du Parlement y exerçait une influence considérable; outre le nombre
' \rchivtj nationales. Papiers du contrôUm gé- ' Heures perdues Je Pierre Sirthis, III, p. 24.
néral, ' Archives de la Haute-Caronne, C. 3j6.
1 7.01
1753
~~^^ II 28 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de gens de loi qui dépendaient de la cour Se qui en recevaient l'inspiration,
la compagnie supérieure tenait en ses mains les délibérations par le droit
qu'avait le président de la grand'cliambre de désigner lui-même deux, com-
missaires pour présider à chaque séance, après s'être fait communiquer l'objet
de la convocation. Ce furent les difficultés causées par cette situation qui
déterminèrent l'intendant à faire le voyage de Toulouse.
« Il y a longtemps, écrivait-il au contrôleur général, que je me propose de
<( me rendre à Toulouse, où, au sentiment de M. le maréchal de Richelieu
(( &. des autres personnes qui connoissent l'administration de cette ville, ma
<i présence est indispensable pour y régler un grand nombre d'affaires indé-
« cises ou pour détruire une cabale entièrement opposée aux intérêts de la
«' ville & au bien-du service'. »
L'intendant fut devancé à Toulouse par le marquis de Paulmy d'Argenson,
secrétaire d'État de la guerre, inspecteur général de la cavalerie française. Ce
grand dignitaire, qui se rendait à Baréges, fut accueilli avec les honneurs
accoutumés. Deux capitouls étaient allés l'attendre en carrosse devant le cou-
vent des minimes, & les régiments Royal-Allemand 8c Anjou-Cavalerie lui
servirent d'escorte. 11 descendit à l'hôtel du premier président & demeura
cinq jours à Toulouse. Il y passa les deux régiments en revue dans la prairie
de la Garonne, au bas du quai, où les escadrons se chargèrent, pour la plus
,fr:inde joie du public, avec force détonations de mousqueterie.
La fête de Saint-Yves, que les avocats de Toulouse solennisaient annuelle-
ment avec beaucoup de pompe, fut marquée le 2 juin par un scandale public.
Pendant la messe à grand orchestre, à laquelle assistait la corporation, le
])ère Dezeuzes, professeur de rhétorique au collège des jésuites, monta en
chaire pour prononcer le sermon traditionnel. Ce religieux, imbu de l'esprit
ultramontain le plus pur, s'éleva en termes extrêmement violents contre les
mesures prises en divers temps par la royauté pour empêcher les empiéte-
ments de la Cour de Rome. Il tonna principalement contre les appels comme
d'al)us & se laissa emporter à de véritables invectives.
Cette philippique ayant causé une vive émotion dans l'auditoire, l'affaire
fut portée devant le Parlement. Sous le coup d'une assignation judiciaire, le
jésuite se ravisa Se produisit des requêtes où il reconnaissait l'utilité des appels
comme d'abus pour la pureté de la religion S< le soutien de l'Etat.
La cour, après lui avoir fait subir un interrogatoire, condamna l'orateur
intempérant à recevoir une admonestation dans la chambre du conseil, avec
défense de retomber en pareil cas & de professer dans les classes ou écoles
publiques pendant cinq ans, sous les peines de droit; ordre aux supérieurs
de surveiller l'exécution de l'arrêt, & menace de saisir leur temporel s'ils y
faisaient faute-
Le père Dezeuzes ayant été introduit par les huissiers dans la chambre du
conseil, le premier président Joseph-Gaspard de Maniban lui adressa, en
' Archives nationales. Papiers du contrôleur général.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. il 19
présence de la compagnie, le petit discours suivant : « Vous avez été instruit
« par l'arrêt de la cour combien elle improuve l'abus que vous avez fait de
<( votre ministère pour censurer & pour énerver l'autorité des lois & des
« maximes du royaume, aussi anciennes qu'elles sont nécessaires au main-
ce tien des droits & de l'indépendance légitime de la couronne de nos rois
« contre les entreprises de la puissance ecclésiastique. Les lois ne sont pas
« moins utiles à la discipline de l'Eglise. Vous apprendrez à en connoître le
« mérite & à les respecter. Retirez-vous' ! »
Deux questions importantes furent débattues aux Etats de Languedoc
durant la session qui s'ouvrit le 3i janvier 1754, La première concernait les
communications de la Province avec les pays limitrophes, 8c la seconde le
canal de navigation de Beaucaire à Aigues-mortes.
Le garde des sceaux avait communiqué à l'archevêque de Narbonne, sur la
fin de l'année lySi, au moment du rétablissement des Etats, un mémoire
étendu contenant divers projets pour faciliter les rapports du Languedoc avec
les provinces voisines & principalement avec le Rouergue 6<. l'Auvergne. Peu
de temps après la reprise de ses séances, l'assemblée provinciale autorisa la
commission des travaux publics à réunir tous les éclaircissements nécessaires
pour juger de l'utilité 61 de la possibilité de l'entreprise.
Le mémoire fut communiqué aux diocèses de Montpellier, d'Alais, de
Mende, de Béziers, de Lodève, d'Albi & à tous ceux qui pouvaient se trouver
intéressés dans les nouveaux projets, en temps opportun pour que l'on pût
en conférer pendant la tenue des assiettes. On avait excepté de cette infor-
mation la route d'Alais au Puy & en Auvergne par le Gévaudan, le roi
n'ayant pas encore déterminé la direction de cette ligne.
l/cs diocèses d'Albi &. de Toulouse, intéressés au chemin de Toulouse à
Saint-Flour 8c Clermont, passant par Albi, le pont de Tanus, Rodez 8c Espa-
lion, représentèrent que cette voie venait d'être réparée à neuf jusques à
Gaillac, qu'il serait essentiel de la continuer jusqu'au pont de Tanus sur le
Viaur, à la limite de la Province, en faisant deux ponts sur le Tarn, l'un à
la pointe de Saint-Sulpice, l'autre à Marsac, mais qu'il ne pouvait être pourvu
à cette dépense que sur le produit de la crue du sel, les frais du travail indi-
qués dans le mémoire s'élevant à quatre cent vingt mille livres, sans compter
les ponts; la descente du pont de Tanus, l'un des travaux les plus urgents,
ne pouvait coûter moins de cent trente mille livres.
Le diocèse d'Albi déclara qu'il trouverait un avantage sensible pour la
vente de ses grains dans l'établissement d'une route de Montpellier à Saint-
Flour passant par Lodève 8c la Pezade. Grâce au chemin déjà établi en
Pv,ouergue par Saint-Sernin 8c Saint-Affrique, il aurait ainsi une communi-
cation courte 8c facile avec le bassin de l'Hérault. Les autres diocèses du haut
Languedoc se dirent désintéressés dans l'affaire, par suite de l'éloignement
des chemins projetés.
' Heures perdues Je Pierre Barlhès, III, p. ^S.
1754
"754
iï3o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
Les diocèses de Montpellier, Béziers, Alais 8c Mende, convenaient de l'uti-
lité de la route d'Auvergne passant par Millau & aboutissant à Saint-Flour;
mais le diocèse d'Alais préférait une ligne passant par Ganges, le Vigan &
Sanclières, à la ligne proposée par Lodève, à cause de la diminution de la
dépense & des avantages particuliers que le commerce diocésain pourrait en
tirer, ajoutant toutefois que ces avantages ne seraient proportionnés ni à
la dépense totale, ni même à celle des sections urgentes; l'une & l'autre
étaient, disait-on, tout à fait au-dessus des forces du pays. On se plaignait
également que la largeur proposée de la voie fût exagérée & occasionnât un
entretien ruineux. Le transport des sels par Espalion en Pv,ouergue étant le
véritable motif du projet d'adoucir les rampes d'Olive, d'Alzon 8<. du Cape-
lier, on jugeait équitable d'en prélever la dépense sur le produit de la crue
du sel.
Le diocèse de Montpellier, qui était à portée de profiter des deux variantes
de communication, soit par Lodève, soit par le Vigan, n'exprimait pas de
préférence. Les portions lui appartenant de l'un St l'autre chemin se trou-
vaient d'ailleurs en bon état, sauf aux abords de Gignac.
Le diocèse de Béziers, limitant sa réponse aux deux articles qui le tou-
chaient de plus près, la montée Se la descente du bois de la Taillade à Gignac
8< le chemin de Gignac à l'Hérault, avec pont de trois arches sur cette rivière,
déclarait que le premier pouvait être différé, la communication se faisant
sans peine dans l'état actuel, mais que le second était d'une importance capi-
tale pouf le commerce. Très-souvent les fortes crues de la rivière interrom-
paient les transports, 8c, comme la ligne de Montpellier au Rouergue 8t à
l'Auvergne passant par Gignac servait au transit de toute espèce de marchan-
dises, on ne pouvait souhaiter trop vivement la réalisation du projet.
Le diocèse de Lodève insistait sur la nécessité d'ouvrir la communication
nvec Saint-Flour 8c Clermont en passant par Gignac, Lodève, Soubès Se la
Pezade, frontière de Languedoc & point de jonction avec le grand chemin
du Pvouergue nouvellement construit. Cette ligne était plus courte qu'aucune
autre, sans excepter celle de Montpellier par Alais 8c le Puy ; elle était aussi
jiioins coûteuse, &c en partie exécutée, la section comprise entre Soubès 8c la
Pezade n'ayant pas quatre lieues de longueur. On observait que le transport
(les draps fabriqués à Lodève pour l'habillement des troupes 8c des étoffes
tissées en Gévaudan 8c en.PvOuergue serait singulièrement facilité par la
nouvelle route, 8c que la traite du sel s'y fei"ait désormais par charrettes 8c
non plus à dos de mulet. On ne prévoyait pas d'avantages moins considé-
rables pour l'importation 8c l'exportation des denrées 8c marchandises de
toute nature qui circuleraient ainsi dans l'intérieur du royaume. Tout ce
qui entrait dans la Province ou qui en sortait par les ports de Cette Se d'Agde
8c les denrées ou produits venant de Béziers ou de Narbonne pourraient
emprunter la ligne, grâce au chemin déjà construit de Lodève à Pézénas.
Quant à la dépense, le diocèse marquait sa bonne volonté pour y concourir
suivant ses moyens, mais sollicitait l'assistance des États.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. ii3i
Le Gévaudan taisait remarquer que, parmi les routes proposées, celle de
Montpellier à Saint-Flour par Gignac, Lodève Se Millau, serait d'une grande
utilité pour le diocèse 8c pour l'ensemble de la Province; mais qu'au lieu de
se borner à la conduire par Espalion Se Chaudesaigues, il faudrait encoie
l'ouvrir par Marvéjols 8c Saint-Chély en partant de La Glène 8c aboutissant
à La Garde, pour entrer dans le grand chemin d'Auvergne à trois lieues au
deçà de Saint-Flour. De cette façon, la li2:ne aurait un embranchement au
cœur du Gévaudan, très-avantageux, pour le transport des étoffes 8c la con-
sommation des denrées. L'embranchement serait plus court que la route
d'Espalion Se de Chaudesaigues, 8c les frais de construction peu considé-
rables, s'agissant seulement d'une étendue de dix à onze lieues.
L'administration des Etats ne s'était pas contentée d'interroger les assiettes
diocésaines. Consulté sur la valeur des divers projets, l'inspecteur des manu-
factures, Lemazuyer, approuvait le tracé de la route d'Auvergne par Lodève,
la Pezade 8c Millau, combattait celui d'Espalion 8c Chaudesaigues 8c propo-
sait d'aller à Saint-Flour par Marvéjols 8c Saint-Chély, ce qui revenait au
projet du Gévaudan. L'inspecteur regardait la ligne d'Espalion à Saint-Flour
par Chaudesaigues comme impraticable pendant presque tout l'hiver Se diffi-
cile dans les autres saisons, tandis que celle de Millau à Saint-Flour par
Marvéjols 8c Saint-Chély pourrait être constamment fréquentée. Il énumérait
les avantages de son tracé pour le commerce du Gévaudan, qui se trouverait
au contraire fort compromis par l'exéctition de l'autre ligne, appuyant ses
arguments d'un état détaillé des principales marchandises qui faisaient l'objet
du commerce d'importation Se d'exportation. Se d'un tableau comparatif des
tracés avec la désignation exacte des divers points.
Résumant l'enquête, la commission des Etats reconnut que l'utilité du
fiand chemin de Toulouse à Saint-Flour était déjà préjugée par l'exécution
des travaux entre Toulouse Se Gaillac. On ne pouvait terminer la ligne à
cette petite ville, sans la conduire à l'extrémité de la Province, Se elle serait
même incomplète tant (|ue l'on n'aurait pas construit les deux ponts du Tarn,
surtout celui de Saint-Sulpice. Mais comme la crue de cinq sols par minot
de sel avait été établie à cette occasion Se fournissait un fonds très-suffisant,
les commissaires des États jugeaient indispensable de prélever les sommes
nécessaires sur le produit de cet impôt.
Quant aux communications dti bas Languedoc, qui soulevaient une dis-
cussion plus compliquée, la commission se prononçait en faveur de la ligne
de Lodève, par préférence à celle du Vigan, la première étant plus directe Se
devant favoriser à la fois le commerce provincial 8c la traite du sel. L'utilité
de cette route paraissait assez sensible pour en faire désirer la prompte exé-
cution.
Les premiers travaux indispensables paraissaient être le pont sur l'Hérault,
près de Gignac, évalué à cent vingt-deux mille livres, Se la section de Soubès
à la Pezade, évaluée à cent cinquante-trois mille. Les autres parties de la
route étant déjà fréquentées 8c pouvant suffire à la circulation, l'objet de
1754
'7^-»
Ii32 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
l'entreprise serait atteint dès qu'on aurait amené ces deux ouvrages à leur
perfection.
La ville de Gignac offrait de contribuer à la dépense, en abandonnant le
prix du quart de réserve de ses bois, estimé k quarante mille livres j mais
cette ressource n'étant pas suffisante, 8c l'établissement de la route devant
être avantageux, à la ferme des gabelles, on avait lieu d'espérer que le roi
puiserait aussi dans les fonds de la crue du sel. Ce secours paraissait d'autant
plus indispensable que les diocèses de Montpellier, de Béziers, de Lodève,
8<. même la Province entière ne se trouvaient pas en état de contribuer à la
dcjîense, par suite de toutes les autres charges obligatoires.
Sur l'affaire du Gévaudan, la commission refusa de se prononcer. D'après
les observations produites, Si, sur l'inspection de la carte, elle inclinait pour
la ligne de Marvéjols & Saint-Chély, mais ne se croyait pas suffisamment
informée, l'incertitude où elle demeurait sur cette partie du tracé n'infir-
mant, d'ailleurs, en aucune façon les considérations précédemment exposées
sur les avantages de la grande ligne pour les diocèses de Montpellier, de
Bcziers, d'Agde 8<. d'Albi.
A la suite d'un long rapport de l'évêque de Montpellier, les États résolu-
rent de solliciter auprès de la Cour la continuation du chemin de Gaiilac
jusques au pont de Tanus, la construction des ponts de Saint-Sulpice 8<. de
Marsac, & l'attribution à ces travaux de la crue du sel, établie à l'occasion
de ce chemin & toujours continuée, avec prière d'accorder le même secours
pour la route de Montpellier à Millau, par Lodève Si Soubès.
Avant de prendre une dernière détermination sur la partie du tracé
comprise entre Millau & Saint-Flour, des informations nouvelles seraient
recueillies, ayant pour objet de déterminer avec précision laquelle des deux
lignes était la plus courte, la moins coûteuse, le plus praticable dans toutes
les saisons de l'année & surtout dans l'hiver. Les commissaires des travaux
publics reçurent de l'assemblée des pouvoirs particuliers pour diriger cette
enquête '.
Le projet d'un canal de navigation entre le Rhône au-dessus de Beau-
caire & l'étang de Mauguio faisait l'objet d'un mémoire remis au syndic
général Joubert par le maréchal de Richelieu. L'importance de cette ligne
qui devait relier Aigues-mortes à Nimes fut reconnue par les Etats qui
voyaient dans l'entreprise proposée un complément nécessaire du canal des
Étangs.
Ils donnèrent, le 3o novembre lySî, leur consentement à l'exécution des
ouvrages, avec offre de céder à la compagnie qui s'en chargerait le canal cons-
truit par la Province dans les étangs 8t les portions de marais comprises dans
le tracé. Cette cession impliquait, d'ailleurs, diverses obligations : celle de
terminer 8c d'entretenir l'entier réseau de canalisation formé par la réunion
des deux lignes, celle de n'y pas lever de plus grands droits que sur le canal
' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance du 12 mars 1754.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. ii33
de communication des Mers, & de payer les parties de marais occupées au
prix du rachat fait par la Province.
Toutes les opérations préparées à cette époque tendaient à prendre les eaux
du Rhône aux environs de Comps, vis-à-vis le confluent du Gard, à les con-
duire à Nimes & à descendre ensuite par la vallée du Vistre jusqu'à l'étang
de Mauguio. Un examen plus attentif donna lieu d'observer qu'en adoptant
ce tracé les embarcations venant du canal de Languedoc à destination de
Beaucaire seraient contraintes de franchir un nombre considérable d'écluses,
d'arriver fort en amont de cette ville & d'emprunter ensuite le cours du
Rhône sur une assez longue distance; & les marchandises expédiées de Beau-
caire vers le haut Languedoc auraient à remonter le Rhône pour pénétrer
dans le nouveau canal, ce qui occasionnerait des retards 8< des augmenta-
tions de frais. Ces considérations firent abandonner le premier dessein. On
chercha un autre point du Rhône d'où la dérivation des eaux fût possible
sans donner lieu aux mêmes inconvénients, & l'on finit par s'arrêter à l'idée
d'opérer la coupure à la hauteur de Beaucaire Si de mener de ce point la
ligne à l'étang de Mauguio.
Les divers nivellements effectués montraient que le tracé ainsi conçu réu-
nissait les avantages d'une construction plus facile & d'une communication
plus courte; la ville de Beaucaire étant comme le centre du commerce lan-
guedocien, l'abréviation du parcours & l'abaissement des tarifs qui en résul-
tait, prenaient l'importance d'un intérêt de premier ordre. Restait la satisfac-
tion promise à la ville de Nimes qui s'était flattée de se voir rattacher au
réseau de voies navigables. On se proposait d'y pourvoir en détachant du
canal de Beaucaire, aux environs de la Tour d'Anglas, un embranchement
dirigé sur Nimes & alimenté par les eaux de la Fontaine 8c par quelques
autres sources des environs.
Les anciens projets ayant été ainsi modifiés, Trudaine exprima le désir que
les Etats donnassent leur approbation au changement & qu'ils fissent une
cession particulière du canal des Etangs 8c du canal de Beaucaire, avec enga-
gement d'aliéner au prix du rachat les portions de marais nécessaires à l'éta-
blissement de la ligne.
Afin de mettre en pleine lumière les avantages de la création proposée, les
chambres de commerce de Toulouse 8c de Montpellier furent consultées 8c
donnèrent des avis favorables. On reconnut que la ligne de Beaucaire com-
pléterait heureusement le canal de Riquét, faciliterait les relations commer-
ciales entre Bordeaux 8c Beaucaire, Se n'aurait pas moins d'utilité pour le
transport des munitions de guerre soit en Italie, soit en Espagne.
Il est vrai que la variante adoptée faisait perdre à Nimes le rôle d'entrepôt
qu'on avait cru pouvoir lui promettre, mais le commerce ne s'en plaindrait
pas, puisque le parcours s'en trouvait abrégé 8c la dépense amoindrie, 8c la
création de l'embranchement de la Tour d'Anglas, si elle ne réalisait pas
toutes les espérances des Nimois, leur permettrait du moins de faire parti-
ciper leurs transactions locales aux avantages de l'entreprise.
1704
~^ ii34 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Quant à la cession du droit de construire le canal, elle n'était qu'une
transmission de la faculté donnée aux Etats par l'arrêt du conseil du i" no-
vembre 1746, en vertu d'une substitution de la Province au maréchal de
Noailles, donataire de Sa Majesté.
Voici les conditions proposées par les commissaires des travaux publics pour
l'acte à intervenir pardevant notaire entre la Province & la compagnie, con-
ditions qui reçurent l'approbation des États.
La compagnie se chargeait de continuer Si d'achever à ses frais les travaux
du canal des Etangs, depuis le port de Cette jusqu'à l'embouchure du canal
de la Radelle dans l'étang de Mauguio, & d'entretenir entièrement cette
ligne.
Elle s'obligeait également à faire à ses frais le canal projeté de Beaucaire
à Aigues-mortes & à l'étang de Mauguio 8c l'embranchement de la Tour d'An-
glas à Nimes, sous les clauses faites au maréchal de Noailles par l'arrêt du
conseil du 20 décembre 1701 Se les lettres patentes de janvier 17025 les États
subrogeant la compagnie à eux-mêmes, comme ils l'avaient été au maréchal
de Noailles, sans être pour cela tenus à aucune garantie.
Les droits établis au profit de la compagnie sur le canal des Étangs & sur
celui de Beaucaire ne pouvaient excéder les tarifs du canal des Deux-Mers.
Attendu la nécessité de prendre les plus grandes précautions pour dériver
les eaux du Rhône à Beaucaire, la compagnie devait donner connaissance
aux Etats pendant leur session, & à la commission des travaux publics pen-
dant le reste de l'année, de tous les ouvrages nécessaires, avant que d'en
commencer l'exécution.
A l'égard des portions de marais utiles au nouveau tracé, la compagnie
était subrogée aux Etats partiellement, dans les termes arrêtés par l'arrêt
du 8 novembre 1746, & en se réglant d'après les sommes payées au sieur du
Brocard de Barrillon, cessionnaire du maréchal de Noailles.
Indépendamment de la somme due aux États pour cette subrogation, la
compagnie indemniserait de gré à gré ou sur dire d'experts les particuliers
ou communautés qui justifieraient de la propriété du sol des marais ou même
de la simple possession pendant un laps de temps déterminé.
Aucune assistance pécuniaire ne pouvait être demandée aux États, sous
quelque prétexte que ce iùt,
La compagnie se chargeait de désintéresser à ses frais divers propriétaires
qui réclamaient des indemnités pour le canal des Étangs, tels que les héri-
tiers Montréal, l'évêque de Montpellier St le marquis d'Aubaïs, 8< prenait
le même engagement à l'égard de toutes les réclamations qui pouvaient se
produire, pour l'exécution du nouveau tracé, de la part des diocèses, commu-
nautés laïques ou ecclésiastiques, séculières 8c régulières ou des bénéficiers
8c simples possesseurs, de façon à mettre la Province à l'abri de toute reven-
dication.
Si la compagnie n'obtenait pas, dans le courant de l'année, les lettres
patentes nécessaires pour l'autorisation des travaux, la Province ne ferait à
LIV. IV, LA RÉGENCE ET LOUIS XV. Ii35
l'avenir aucune imposition à raison du canal des Etangs, &, si elle se trou-
vait contrainte d'en lever par la volonté expresse du roi, le montant des
sommes imposées devrait être restitué parles soins de la compagnie.
A défaut d'exécution des travaux dans le délai de huit ans, la cession S< la
subrogation de la compagnie à la Province demeuraient sans effet, malgré
toutes les lettres patentes que les actionnaires auraient pu obtenir'.
Immédiatement après la tenue des Etats, le maréchal de Richelieu se rendit
à Toulouse, où il avait mission de régler un certain nombre d'affaires locales
préparées par l'intendant. Le commandant en chef arriva dans la capitale de
la Province le samedi 23 mars, à trois heures du matin : il fut salué par les
décharges de dix pièces d'artillerie que les capitouls avaient établies sur le
rempart, à la porte du Château, Se descendit à l'archevêché. Le prince
d'Anhalt se trouvait en ce moment à Toulouse & prit part à toutes les fêtes
qui furent données au maréchal, invité tour à tour chez le baron de Lanta,
le marquis d'Ambres, M. de Bonrepos, le premier président, le marquis de
Pins,6<. chez Madame de Rochechouart. Richelieu visita plusieurs fois l'hotel
de ville, assista, le jeudi, à la séance hebdomadaire de l'Académie des sciences,
parcourut les chantiers de l'Esplanade & se fit rendre un compte détaillé des
divers projets de travaux publics^.
Entre autres instructions, le maréchal avait celle de relever le moral des
capitouls que le Parlement ne cessait de tourner en ridicule & de décrier.
Les officiers municipaux de Toulouse prêtaient quelque peu à la raillerie par
l'assurance que leur donnait le chaperon capitulaire; mais messieurs de la
cour dépassaient toutes les bornes, &, comme la pensée de restreindre l'im-
portance des compagnies supérieures de justice ne laissait pas que de hanter
le gouvernement, on s'in(|uiétait de chercher un point d'appui dans la magis-
trature urbaine.
L'intendance avait le désir de faire achever l'hôtel de ville, dont on élevait
alors la façade, sur les plans de l'architecte Cammas & d'y consacrer deux
corps de logis aux appartements du commandant en chef Se de l'intendant
qui ne seraient plus contraints, pendant leur passage à Toulouse, de recevoir
l'hospitalité de l'archevêque ou de quelque grand personnage^. Toute mesure
indiquant la possibilité d'un séjour plus prolongé des agents du pouvoir cen-
tral ne pouvait qu'alarmer l'humeur ombrageuse des parlementaires. Cominc
ceux-ci formaient une forte cabale, Richelieu s'aperçut que la résistance serait
assez vive &, pour en venir à bout, il proposait à Saint-Priest de faire inter-
venir Saint-Florentin. « Nous sommes, dit-il, à deux cents lieues, 8(. les
« lièvres tont trembler les grenouilles. »
Pendant la semaine qu'il passa à Toulouse, le maréchal reçut de la Cour
beaucoup de lettres relatives aux protestants de Languedoc, « des lettres à
'i impatienter, » écrivait-il à l'intendant. Le haut personnel gouvernemental
'Procès-verbal de» Étals. Séance du 12 mars ' Pièces Junificailycs, n.DCCCLXWlï,co\. 2itS.
i7^>4- ' Pièces juitificaùva, n. DCCCLXXX, col. jj> 7.
1704
'7^4
17^3
Il 36 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
était pris d'une ferveur d'orthodoxie tout à fait belliqueuse & ne rêvait que
chasse aux prédicants & dispersion d'assemblées. Richelieu, moins passionné
& connaissant les choses de plus près, redoutait des représailles, des meurtres
de prêtres répondant aux arrestations de ministres, 6t recommandait d'éviter
les esclandres.
On voit par la correspondance de Saint-Priest que la tranquillité régnait
alors dans les Cévennes. On continuait de s'assembler au Désert, mais on
choisissait le moment où les détachements rentraient dans leurs quartiers. La
prudence était à l'ordre du jour parmi les officiers qui mettaient à éviter les
assemblées presque autant de soin que les assemblées à se préserver des
troupes. L'intendant signalait seulement deux faits qui marquaient un cer-
tain retour de confiance chez les protestants. A Uzès, les mariés au Désert
avaient pour la première fois refusé de tirer au sort pour la milice avec les
célibataires, &., dans une commune, le consul protestant s'était aventuré jus-
qu'à ordonner une corvée générale un jour de fête catholique, en menaçant
d'augmenter la capitation aux nouveaux convertis qui refuseraient de s'y
rendre. Saint-Priest donna une semonce au consul, mais il crut devoir
prendre l'avis du ministère sur la question des milices'.
En 1755, le comte d'Eu succéda au prince de Dombes dans le gouverne-
ment de Languedoc, 8c le maréchal de Richelieu, rappelé au service actif,
céda la lieutenance générale de la Province au duc de Mirepoix.
Cette même année, la partie orientale du diocèse de Nimes fut ravagée
par une terrible crue du Rhône. D'après les récits contemporains, de mémoire
d'homme on n'avait vu dans le pays pareille inondation. Le 3o novembre,
le fleuve déchaîné emporta, du côté de Languedoc, les levées de Beaucaire à
Sylveréal, £<. du côté de Provence, celles d'Arles à Tarascon, envahissant
toutes les terres voisines. Une brèche d'environ quatre cents toises ayant été
faite dans les digues du petit Mas d'Argence, le courant s'y précipita 81 roula
des monticules de sable sur l'étendue entière de la plaine. La rupture ayant
eu lieu simultanément aux chaussées supérieures de Fourques & de Beau-
caire, le territoire demeura couvert par les eaux pendant plus d'un mois 81
demi. L'ordre de Malte avait des possessions considérables dans cette contrée,
dépendant du grand prieuré de Saint-Gilles 8c formant les commanderies
d'Argence, Cavalets, Sainte-Anne, Capette, Barbentane. La chaussée d'Ar-
gence appartenait à l'ordre. Le chevalier de Grille, syndic du corps des
grand prieur 8c commandeurs, résidant à Arles, au premier bruit de la crue,
s'était hâté d'envoyer sur les lieux les « bailes terraillons, « avec un nombre
suffisant de paysans pour aviser à la conservation des levées 8t réparer les
dégâts à mesure qu'ils se produiraient. Mais les eaux étaient trop fortes Se
rendirent tous les travaux inutiles. La commanderie d'Argence n'avait pas
de grands revenus; on craignait que les réparations à la charge du titulaire
ne se fissent jamais. L'ordre dépêcha les chevaliers de Grille 8c de Préville à
' Pièces justificatives, n. DCCCLXXXI, col. Ï2i3; n. DCCCLXXXIII, col. 2220.
i-jàj
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. iiS;
M. de Saint-Priest, sur les moyens d'obvier aux difficultés d'exécution, ou
plutôt sur les moyens de faire intervenir le roi dans la dépense. Les com-
mandeurs, se trouvant hors d'état de payer la reconstruction des bâtiments,
de relever les chaussées & d'effectuer, en un mot, les divers ouvrages d'entre-
tien que leur imposait leur titre, prirent le parti d'aller à Malte implorer les
secours du Vénérable Commun Trésor 8<. se procurer leur subsistance. Le
baillv de Froulay, ambassadeur de Malte à la Cour de France, présenta une
note sur les inondations du Rhône. Il soutenait que l'assistance du roi était
d'autant plus nécessaire que le tirage des sels de Peccais contribuait notable-
ment à dégrader les chaussées.
« Ces transports, disait-il, se font parle moyen de plusieurs bateaux plats
Il attachés ensemble, & tirés d'ordinaire par vingt couples de chevaux qui
« passent fréquemment sur l'arête ou le couronnement des chaussées.
<! Dans les temps secs, les chevaux ébranlent & pulvérisent le chemin de sur-
« face qui, emporté parles vents, occasionne un ébranlement considérable.
« Dans les temps pluvieux, les dégradations sont encore pires; la terre
(1 détrempée ne résiste pas; les chevaux, marchant sur deux lignes, font des
« ornières profondes qui, écartant le sol de droite 6t de gauche, occasionnent
« des éboulemens.
« Les traits de chaque couple de chevaux roulant avec violence sur le talus
<i des chaussées détachent les pierres S<. donnent prise à l'eau; enfin il est
« impossible de planter des arbres'. »
Il parut en Gévaudan, vers le commencement de l'année lySô, une bande ^
de contrebandiers, forte de douze hommes, qui ne cessait de circuler à tra-
vers cette région montagneuse de la Province ;i elle ne commettait pas de
violences Se se contentait de vendre furtivement ses marchandises. Le duc de
Mirepoix prescrivit aux chefs de corps de se concerter avec les subdélégués
du commandement 8< de l'intendance, pour veiller à la sûreté publique. On
établit un quartier de cinquante soldats à Mende, qui furent logés dans une
maison privée, à portée des recettes des tailles, du grenier à sel 8c de l'entre-
pôt du tabac. On forma une compagnie de cinquante hommes de garde
bourgeoise, qui pouvait être portée au double en cas de nécessité. Le diocèse
vota une petite gratification à cette troupe, composée d'artisans, afin de la
dédommager des heures de travail qu'elle avait occasion de perdre pour le
service du roi. A la suite de ces précautions, les contrebandiers ne se mon-
trèrent plus; mais, peu de temps après, il s'organisa une autre bande, beau-
coup plus sérieuse, qui marchait dans le même ordre que celle de Mandrin.
Chaque homme était armé d'un fusil à deux coups, d'une bayonnette 8c de
pistolets, & conduisait un cheval chargé de marchandises. L'aspect de cet
équipage jetait l'épouvante dans le canton. Sur les grands chemins, on ne
disait pas que les contrebandiers eussent fait violence à personne; mais ils
usaient de menaces contre ceux qui refusaient de les loger 8i les y contrai-
' Archive; natioritiles. Papiers du contrôleur général,
XIII. 71
1766
II 38 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
gnaient par la force. Ils en agirent ainsi à l'égard d'un meunier du village
de Badaroux, à une lieue de Mende. Il fut impossible de savoir au sûr la
route qu'ils suivirent en quittant ce village, mais on supposa qu'ils s'étaient
jetés dans les montagnes du Vivarais.
Leur apparition fit reprendre l'ancien projet de compagnie bourgeoise qui
avait été abandonné. On s'occupa de l'armement de cette troupe 5 mais on
ne réussit qu'à rassembler une trentaine de fusils de petit calibre chez les
bourgeois. Une autre compagnie avait été créée à Marvéjols. Elle se trouvait
dans les mêmes conditions. On recourut à Saint-Priest, dont l'embarras fut
extrême. On avait de grandes inquiétudes extérieures, Se l'on hésitait à
dégarnir les magasins provinciaux d'armes qui pouvaient devenir indispen-
sables, pour un cas pressant, au moment de l'assemblée & du départ des
milices'.
L'intendant ne se disait pas non plus très-rassuré sur les dispositions des
protestants. Une de ses lettres au ministère témoigne de la préoccupation
que lui causaient les élections municipales, depuis qu'on les avait rétablies
pour les charges municipales invendues. Comme, dans plusieurs communes
de Languedoc, les protestants se trouvaient en majorité, ils ne manquaient
point d'élire des consuls de leur religion. L'intendant s'en alarmait comme
d'un fait contraire aux prescriptions les plus formelles des édits 8t déclara-
tions. Quand la population était entièrement protestante, il fallait bien se
résignera la violation de la loi; mais n'y eût-il que deux ou trois anciens
catholiques, pourvu qu'ils eussent « une certaine intelligence, » ils devaient
être préférés*. Saint-Priest ne s'inquiétait pas de la situation singulière qui
aurait été faite à ces malheureux consuls, isolés, seuls de leur religion, au
milieu d'une commune hostile. Il ne songeait qu'à servir 5c à mériter les
bonnes grâces de la Cour, qu'il sollicitait d'ailleurs avec une infatigable
persistance^.
' Archives nationales. Papiers du contrôleur gé- pour quelqu'un qui a autant de dettes & aussy peu
Itérai. Lettre de Saint-Priest, du 17 mai 1756. de bien de patrimoine; oserai-je espérer en faveur
° Lettre de Saint-Priest, du 4 août 1766. non de mes services, mais seulement de mon zèle
' Le 6 septembre 1762, l'intendant écrivait au & de ma bonne volonté, que le roy me fera la
contrSIeur général : nouvelle grâce des droits que je suis tenu de payer.
<( M. le chancelier a bien voulu proposer au roy Vous pouvez tout, Monseigneur, & jay reçu si
d'accorder à mon fils aîné des dispenses d'âge pour souvent des preuves éclatantes de votre protection,
pouvoir être pourvu d'une charge dans une cour que je dois me borner à vous en demander la con-
supérieure, & S. M. a consenti à me faire cette tinuation & à m'en remettre à ce que vous jugerez
grâce. Je crois ne devoir pas perdre un moment à convenable.
en profiter, & comme il m'a paru vraisemblable
d'avoir mon fils sous mes yeux, je me suis déter- Provisions d'un office de conseiller à la cour
miné, si vous l'approuvez, à luy avoir un office Jcs aides.
de conseiller à In cour des aides de Montpellier ;
mais, Monseigneur, un grand obstacle s'oppcse à ^'°'^ ^^ 5»"i^«"« ^7^o'
l'exécution de ce projet; les droits à payer à Paris 2 so s pour ivre i-5
pour les provision» montent, suivant l'état que je Quittance de commissaire 2' , 2' 8'
joins à la présente, à 6708' i5' 8'l, indépendam- D'spense d'âge 102
ment de 5 172' que coûtent les frais de réception. ^°""' commune ^5' 5»
Ces deux objets réunis sont bien considérables A reporter 4!'74' 17' S"!
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. iiSç
Le commandement du maréchal de Mirepoix en Languedoc ne devait pas
ôtre de longue durée. Le trait le plus saillant, qui le recommande au sou-
venir de l'histoire, est le plan de conduite relativement modéré que ce grand
dignitaire avait adopté à l'égard des protestants. On voit par les instructions
données à son successeur, que le duc de Mirepoix s'était proposé de ramener
les protestants à la soumission par la bonté 8c la confiance. Il ne pouvait
songer à changer la loi, dont les prescriptions pesaient sur lui 8< dont l'inob-
servation aurait soulevé des tempêtes dans le clergé; mais il s'efforça du moins
d'en atténuer les effets S<. de modérer le zèle des subalternes.
L'année lySô débuta cependant par quelques actes de rigueur. Le maré-
chal s'était persuadé, sur l'avis de Saint-Priest, que l'obstination des réformés
aurait été facile à vaincre sans la présence des pasteurs qui réveillaient inces-
samment leur foi, les encourageaient à supporter les persécutions & ne ces-
saient d'entretenir chez eux l'espérance d'un régime de liberté. Il se donna
d'abord beaucoup de mouvement pour faire quitter la Province à Paul Rabaut,
considéré comme l'un des chefs du protestantisme provincial. Ce fut surtout
en vue de saisir ces « hommes dangereux « que, malgré la répugnance des
troupes 8c de la plupart des officiers, des détachements durent encore courir
la campagne.
Le !'='■ janvier, une assemblée fut surprise dans les environs de Nimes, 8<
les soldats emmenèrent deux prisonniers, au nombre desquels se trouvait un
lySâ
Report 4174' 17*8''
Parchemin ;>
Marc d'or. ... 755
,') sols pour livre 189
J^ soIj pour livre i."ii' 4'
16 deniers pour livre H j' S'
Quittance & contrôle ;V 6'
Enregistrement au garde des rôles. i5
Sceau des provisions 1.57
Bourse commune 9J
Total 570!)' iô'8'»
Frais de réception. . . , ôooo'
Et les iiutres frais. ... 171
Total 5 172'
5708I iS'SJ
10888' i5'8'i
Saint-Priest obtint en septembre 1753 une gra-
tification de i5ooo livres sur le trésor. Sa lettre
de remerciement au contrôleur général ne manque
pas d'intérêt :
" Cette nouvelle grSic» m'a d'autant plus flatté,
dii-il, qu'elle m'est une preuve certaine que les
absents n'ont pas tort avec vous. Je l'ay été sur-
tout de l'attention obligeante que vous avtz eue
d'avertir M. Bertin de ne pas faire usage de la
procuration que je lui avois adressée pour l'em-
prunt de dix mille livres dont je suis redevable
aux parties casuelles pour le supplément de finance
de mon office de maître des requêtes. M. le Pelle-
tier de Beaupré m'avoit offert cette somme & c'est
de luy que je viens d'apprendre que M. Bertin
n'avoit pas voulu conclure, attendu la défense
que vout lui en aviez faite.
n Si j'ai le malheur d'avoir des dettes, je n'ay
pas à me reprocher de les avoir contractées par
aucun motif de dissipation ; l'intendance de Lan-
guedoc rend trente-huit mille livres tout compris
sans aucune exception. Cette somme est suffisante
pour quiconque aura vingt ou trente mille livres
de patrimoine; mais elle est très-insuffisante pour
un gueux comme moy qui n'ay rien ou presque
rien, qu'une nombreuse famille. J'iray mon train,
parce qu'avec un protecteur tel que vous je ne ris-
queray jamais rien, & que, d'un autre côté, il
vaudroit mieux renoncer à tout que de ne pas
vivre d'une manière convenable quand on cccuno
certains postes. ji
Lettre du 14 septembre 1753, datée du Camp,
sous Beaucaire '.
■ Archives nationales. Correspondance du contrôleur fi'
néral.
—^ I140 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
vieillard du nom de Fabre; au moment où il allait être conduit à Nimes,
son fils Jean se précipita au devant de l'escorte 81 sollicita la faveur de prendre
la place de son père, faveur qui lui fut accordée. Jean Fabre alla servir sur
les galères du roi jusqu'au moment où l'opinion ayant été profondément
remuée en France, il obtint sa grâce 5c dut à son dévouement filial quelques
années de célébrité. Le maréchal de Mirepoix, supplié de lui rendre la liberté,
V mettait pour condition que Rabaut quitterait le pays'.
Plus tard, les idées du commandant en chef se modifièrent. On attribue à
sa femme, qui était douce St bienfaisante, une influence salutaire sur son
esprit. Il entra en correspondance avec les principaux réformés de Nimes £c
avec les ministres modérés. Il voulait, autant que les mœurs officielles le
permettaient, se désintéresser de la question religieuse 8c n'agir qu'en mili-
taire Se en vrai lieutenant du roi. A ce double titre, il n'avait pas à faire de
théologie, mais à veiller scrupuleusement sur la tranquillité publique & sur
la sûreté de l'Etat. Cette sûreté pouvait être compromise par les rapports des
protestants avec les puissances étrangères ennemies de la France. Aussi le
duc exigeait-il avant tout que l'on n'accueillît point les ministres étrangers,
missionnaires de rébellion plutôt que de foi. Il voulait décider les protestants
de Languedoc à ne plus recevoir ces prédicateurs errants qui, pendant les
luttes extérieures, étaient venus susciter des diversions ou porter des secours
d'argent d'origine suspecte. En même temps, il demandait que les assemblées
fussent moins fréquentes & que les convocations s'en fissent avec moins
d'éclat. Moyennant ces concessions, il laissait entendre que sa vigilance ne
serait point inquisitoriale, & qu'à défaut de l'édit de tolérance espéré depuis
si longtemps, la liberté de conscience existerait à peu près de fait dans les
limites de la Province. Ainsi, les ministres originaires de Languedoc, qui se
contenteraient de faire leurs fonctions sans fracas, ne courraient aucun risque
d'être inquiétés*.
Renonçant à interdire une organisation qui se dérobait aux persécuteurs 8c
que les mesures les plus sévères n'avaient pu détruire, le maréchal de Mire-
poix songeait plutôt à la régulariser pour la rendre inoffensive. Il savait que
la proscription 8c le mystère devaient avoir pour effet naturel de grandir
certains turbulents 8c certains aventuriers, de leur donner du prestige, de les
mettre en possession d'une autorité pleine de péril. « Des particuliers éclairés
« qui ont un état, une fortune à ménager, ne se laisseroient jamais, disait-il,
« préoccuper par des illusions dangereuses, tempéreroient le zèle indiscret
« des imprudens 8c éloigneroient sans cesse les esprits de tout système péril-
« leux. » Aussi le vit-on s'inquiéter de la composition des consistoires, où il
s'attachait à faire entrer les protestants les plus considérables de chaque
canton. L'expérience lui avait appris qu'en relevant le niveau social de ces
' Edmond Hugues, Histoire de la restauration du ' Bulletin de la société pour l'histoire du proies-
protestantisme en France, I, p. 322. — Coquerel, tantisme frant^ais, XVIIÏ, p. ^3o. Instructions au
Journal de Paul Raiaut, II, p. 187. — Les fori;ats maréchal de Thomond.
pour la foi & l'autobiographie de Jean Fabre, p. ipz.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. îi>^i
assemblées dirigeantes, il diminuait les chances de résolutions aventureuses,
de guerre civile 8<. de soulèvement. La fortune personnelle est en général le
lest le plus sûr; la conduite de presque toutes les familles opulentes de la
réforme languedocienne au plus fort de l'insurrection cévenole en était une
preuve peu contestable.
Le maréchal, une fois assuré par ses relations que, sous prétexte de foi,
l'on ne courrait pas le risque de servir les intérêts de l'Angleterre ou de l'Alle-
magne 8t de favoriser les ambitions étrangères, ne refusa pas même l'appui
de son autorité, avec les réserves de forme obligatoires, aux sociétés pacifiques
de religion qui se tiendraient dans les villes, les bourgs 8c les villages,
jusques au nombre de quatre ou cinq cents personnes. Bien plus, il donna
l'assurance que, ni les pasteurs indigènes, ni les anciens ne seraient recher-
chés.
Les épreuves par oii les protestants de Languedoc étaient passés les ren-
daient craintifs; ils voulaient être sûrs que le duc de Mirepoix ne se laissait
point aveugler par la générosité de son caractère, & que ses actes de bien-
vieillance ne seraient pas démentis. Une conférence ayant eu lieu à Nimes,
sur ce sujet délicat, le maréchal déclara aux notables qui en faisaient partie
qu'il était autorisé de Sa Majesté à leur tenir parole & qu'on pouvait en
toute assurance travailler au nouvel établissement'. »
Les correspondances des ministres protestants témoignent de la réalité de
cette accalmie. Le pasteur Peirot écrivait du Vivarais : « Nos troupes ne font
« aucune sortie; il paroît qu'on nous tient ce qu'on nous a promis. » En
effet, les détachements ne donnaient plus la chasse aux assemblées & les
populations saluaient comme une renaissance mystérieuse de leur culte.
Bientôt même la sécurité fut si grande qu'on ne se contenta plus du mystère,
on rêva de rebâtir les temples détruits. Dans les lieux de Saint-Geniès, Som-
mières, Vauvert, Montredon, Montaren, Saint-Ambroix, Blanzac, il y eut
des tentatives de reconstruction. Mais la tolérance, ou du moins l'autorité du
maréchal ne s'étendait pas jusque-là; il fit marcher quelques pelotons qui
dispersèrent les matériaux, & l'on ne parla plus de bâtir.
L'intendance ne cessait point, d'ailleurs, de suivre de près les mouvements
des religionnaires. En même temps que l'on faisait rester les troupes dans
leurs quartiers, on stimulait l'ardeur de la police secrète. Saint-Priest adressa
une circulaire à ses subdélégués, où il leur recommandait de faire surveiller
les assemblées au Désert avec beaucoup de soin, 8*. d'y envoyer des espions
pour connaître exactement ce qui s'y passait. Les subdélégués répondirent
que les espions étaient pleins de bonne volonté, mais qu'ils n'avaient pas été
toujours exactement récompensés de leurs services 8t que des gratifications
payées d'avance ne seraient point inutiles. En transmettant au ministre les
remarques de ses subordonnés, l'intendant ajoutait : « Je pense comme eux,
« £c je crois qu'il conviendroit, dans les circonstances présentes, de répandre
' Archives nationales, TT, 433-434.
17Ô6
t-JJJ
17J7
1141 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« quelques petites sommes avec ménagement & en connoissance de cause,
« pour encourager les espions dont il s'agit. »
Vers la même époque, Saint-Priest adressa au ministère un mémoire fort
intéressant « sur la nécessité de suppléer au défaut du produit des amendes
« prononcées contre les contrevenans aux lois établies au sujet de la religion
« prétendue réformée 81 dont le fonds servoit aux dépenses qu'on est obligé
tt de faire pour cet objet en Languedoc. »
En temps normal, les amendes irappées sur les réformés pour avoir manqué
h l'édit de i685 & à la déclaration de 1724 étaient tellement nombreuses
qu'elles formaient une véritable source de revenus, une caisse distincte sur
laquelle étaient données des assignations spéciales. On puisait dans cette
caisse pour toute espèce d'usages, pour donner des gratifications aux commis
dont la persécution des protestants augmentait les écritures, pour récom-
penser les missionnaires, pour paver le loyer des prisons ou le salaire des
geôliers, pour subvenir aux frais d'éducation des enlants de religionnaires
élevés par ordre dans les couvents'.
Les troupes ne sortant plus 81 ne constatant plus de délits, il n'y avait guère
d'amendes; mais si la source avait tari, ceux qui s'y désaltéraient ne renon-
çaient pas à leurs droits acquise invoquaient les précédents. Grand embarras
pour l'intendance.
Saint-Priest expose que, durant la dernière guerre, la Province étant dénuée
' Nous avons retrouvé, dans les papiers du con-
trôleur général, un état des pensions assignées sur
le fonds des amendes prononcées contre les nou-
veaux convertis de Languedoc. Cet état comprend
les sommes dues au i" janvier 1708 pour les ttois
derniers mois de l'année 1707.
(( A M. de Livry, premier commis du comte de
Saint-Florentin, pension de 1 00a livres par an
— i!)o livres.
n Abbé de Saint-Bonnet, pension de 2160 livres
pour faire élever douze enfants de religionnaires
dans le pensionnat de Montpellier — 540 livres.
n D"'' Teissier, religieuse au couvent de Sainte-
Élisabetli de Villeneuve-lès-Avignon, pension de
5o livres pour partie de sa dot.
« S' Fournier, médecin des prisonniers de la
citadelle de Montpellier, pension de 200 livres.
« D"" de la Tour du Pin Malerargues, au grand
couvent de Nimes, pension de 192 livres.
(I S'' Boussanelle, subdélégué de l'intendance de
Béziers, pension de 400 livres.
<i Pire Servel, jésuite missionnaire, desservant
l'église, du couvent du Verbe-Incarné d'Anduse,
450 livres de pension.
Il Tempié, subdélégué de l'intendance à Nimes,
3oo livres de pension.
« Bureau de l'intendance chargé des affaires de
la religion, i 000 livres.
« Veuve Lefèvre, pension de 200 livres.
« Les filles du sieur de la Grange, religionnaire
de Castres, 3oo livres de pension pour trois.
<( Au propriétaire du château de Beauregard,
loyer de son château pour servir de prison royale
en Vivarais, 3oo livres par an.
« Concierge du château de Beauregard, 200 li-
vres par an,
(( Concierge de la citadelle de Montpellier, gra-
tification annuelle de âo livres.
Pensions dues & supprimées pour l'avenir,
f( Supérieure du couvent d'Anduze pour une
année échue le 17 avril 1706 de la pension de
180 livres à la D"" Descarnaux, détenue par ordre
du roi.
n Au sieur Guibal, pour la pension de 200 li-
vres accordée à deux de ses filles au couvent d'An-
duze.
" A la supérieure du couvent de Sommicres,
144 livres de pension à la d'" Desferre.
(( Au desservant de la paroisse de Saint-Julien
d'Arpaon, 260 livres par an.
<: A la supérieure du couvent du Verbe-Incarné
d'Anduze, pension de 180 livres à la à"" Aldebert,
détenue par ordre du roi.
« A la même, pension de 180 livres à la
d"'' Darvieu, détenue par ordre du roi '. »
' Arcliives nationales, H. loo?-
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1143
de troupes, les protestants ont secoué le joug, & les contraventions s'étant
multipliées, il a fallu se relâcher de la rigueur des lois de peur d'exciter des
révoltes & de compromettre l'autorité. Depuis la paix, la résistance de plu-
sieurs évêques aux tempéraments proposés sur les matières des mariages &
des baptêmes a suspendu longtemps les résolutions qu'il convenait de prendre
afin de remettre les choses en règle; à peine a-t-on commencé d'opérer que
les apparences d'une nouvelle guerre ont relevé l'audace des ministres & des
protestants; ces mêmes apparences ont fait juger qu'il serait dangereux d'user
envers eux d'une sévérité à laquelle on serait obligé de. renoncer si la guerre
recommençait Si qu'on retirât les troupes de la Province. La caisse des
amendes est épuisée; il y a des échéances dues, & même des arrérages. Faut-il
payer, Si de quels fonds doit-on se servir?
Le secrétaire d'Etat Saint-Florentin répondit que le trésor devait payer
« en attendant mieux. » Il espérait que l'on parviendrait à éloigner les
ministres Si à contenir les protestants St que, par suite, les dépenses dimi-
nueraient; le gouvernement autorisait Saint-Priest à faire les dépenses néces-
saires, à condition d'en rapporter tous les six mois un compte en règle.
Quant au fonds sur lequel ces payements devaient s'effectuer, Saint-Flo-
rentin n'en voyait pas d'autre que celui des économats. On en écrivit au
comte du Muy, qui fit observer que le revenu des biens en régie était consacré
à la réparation des châteaux de détention des protestants, au payement des
concierges 81 des espions, à la nourriture des prisonniers, aux frais de pro-
cédure des subdélégués pour constater les assemblées, aux récompenses des
personnes qui avaient fait arrêter des ministres 8t des prédicants. Si aux
gratifications des subdélégués pour surcroît de travail'.
Ce simple détail permet de juger de quelles complications l'État s'était
embarrassé en prêtant le concours de la force publique aux exigences du
clergé Si quelles obligations artificielles il s'était créé pour perpétuer la fiction
invraisemblable d'une abjuration universelle. Comme si le maintien de la
sécurité générale Si la recherche des crimes de droit commun n'était pas une
charge suffisante, il s'évertuait à conserver une criminalité spéciale qui lui
imposait, en personnel Si en matériel, le fardeau d'une organisation com-
plète, qui ne satisfaisait pas l'ardeur des catholiques exaltés Si qui entrete-
nait la haine des protestants.
Uès les premiers mois de l'année 17^6, des négociations s'étaient engagées
entre les commissaires du diocèse de Lavaur Si un fabricant d'Avignon, nommé
Jacques Reboul, au sujet de l'établissement projeté dans la ville de Lavaur
d'une manufacture d'étoffes de soie unies Si façonnées. Des conventions pré-
liminaires furent signées le 26 du mois de février, Si présentées avec un
mémoire à l'assemblée des États de la Province. L'assemblée approuva le
projet dans la séance du 10 décembre lySô, accorda à Jacques Reboul une
gratification de vingt mille livres, une somme de quatre mille livres pour
' Archivei nationales. Papiers du contrôleur général.
1757
«7^7
1144 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
l'entretien d'un teinturier habile qu'il devait faire venir d'Avignon, Se une
somme de huit cents livres à titre d'indemnité de logement, chargeant en
outre le syndic général de solliciter un arrêt du conseil d'État en faveur de
la fondation nouvelle. Cet arrêt fut rendu à Compiègne, en présence du roi,
le 25 juillet lySy, sur le rapport du contrôleur général des finances Peyrenc
de Moras.
Le conseil autorise l'établissement de la manufacture avec privilège valable
pour quinze années, l'imposition répartie en quatre années consécutives,
d'une somme de vingt mille livres destinée au sieur Reboul, à titre de grati-
fication, & détermine, pour la même période de quinze années, à dater du
jour où le fabricant aura justifié avoir soixante métiers battants, la prime de
fabrication qui devra lui être payée par les Etats, prime fixée à quatre sols par
aune de velours 8c damas, Si deux sols par aune des autres espèces d'étoffes
de soie pure 8t non mélangée, comme aussi des brocatelles doubles, façon de
Turin, moires, satinades Si serges destinées pour meubles Si non pour habits;
exempte le fondateur de toute taxe particulière 8i ses enfants du tirage au
sort pour la milice; accorde à la fabrique le titre de Manufacture royale de
Lavaur, avec le droit d'arborer le panonceau fleurdelysé au-dessus de la porte
d'entrée Si d'avoir un portier à la livrée du roi de France; déclare que les
personnes qui voudront s'intéresser dans cet établissement pourront le faire
sans déroger à leur noblesse; permet à l'entrepreneur de faire fabriquer, par
tel nombre d'ouvriers regnicoles ou étrangers que bon lui semblera, toutes
sortes d'étoffes unies Si façonnées, de toutes longueurs Si largeurs, qualités Si
aunages. Si d'y employer des soies crues ou cuites, l'autorisant à imiter
toutes sortes d'étoftes de soie étrangères, à condition d'apposer à chaque pièce
le plomb de la fabrique portant les mots : Manufacture royale d'étojjès de
soye de Lavaur^ Si assure aux pièces d'étoffes dont la provenance sera garantie
par cette marque Si par un certificat des consuls de Lavaur, la libre circula-
tion dans toutes les villes Si provinces du royaume, avec exemption des droits
de douanes.
Cet arrêt, en douze articles, contresigné Phelypeaux, fut accompagné de
lettres patentes du même jour Si rendu exécutoire dans la Province par ordon-
nance de M. de Saint-Priest, donnée à Montpellier le 29 août 1707 '.
Sur la fin d'octobre 1757, le duc de Mirepoix était mort, 81 le roi lui don-
nait pour successeur un Irlandais qui venait de faire quelque bruit dans la
Guienne, en qualité de commandant en chef, par des ordonnances très-rigou-
reuses contre les protestants, par un désarmement général de l'Agenais, 81 par
une surveillance exacte des baptêmes 61 des mariages.
Charles O'Brien, comte de Thomond, vicomte de Clare, pair d'Irlande,
maréchal de France, chevalier des ordres du roi, gouverneur de Neuf-Brisach,
colonel d'un régiment d'infanterie irlandaise, commandant en chef dans la
province de Languedoc 81 sur toutes les côtes do la Méditerranée, reçut, en
' Recustl Jcs éiits, dècUr.it'ioni, arrêts S- ordonnança de l'année lySy pour In province de Lnnguedcc.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1145
partant pour son commandement, des instructions particulières sur la conduite
à tenir à l'égard des rétormés.
Après lui avoir exposé les maximes adoptées par son prédécesseur qui sem-
blaient, disait-on, » pécher du côté de l'indulgence, » on l'avertissait que
son propre système péchait peut-être du côté opposé, au moins à en juger
par deux récentes ordonnances. On croyait donc à propos que le nouveau
commandant ne publiât pas d'actes analogues en Languedoc & y laissât
ignorer ses ordonnances de Guienne. On l'engageait, d'ailleurs, à ne prendre
à l'avenir aucune mesuré générale sur le fait de la religion sans s'être assuré
des intentions du roi, Si même sans avoir donné communication de ses
projets à Sa Majesté.
La conduite qu'il avait à tenir à l'égard des religionnaires paraissait devoir
être tempérée de fermeté St de condescendance. Il fallait « contenir & ne pas
« révolter, user d'autorité sans la compromettre, dissimuler à propos, plutôt
<( menacer que punir, « en un mot, recourir aux moyens employés durant
la dernière guerre Se dont le succès avait justifié la sagesse. On terminait en
exhortant le maréchal à s'aider de la prudence Si de l'expérience de deux
hommes très au courant des affaires de Languedoc, M. de Moncan Si M. de
Saint-Priest '.
Le maréchal de Thomond fit son entrée à Toulouse, le 25 novembre,
venant de Bordeaux. On ne lui offrit pas de réception solennelle. Il voya-
geait en chaise de poste, précédé d'un seul postillon. Les cavaliers de la
maréchaussée allèrent l'attendre en corps, sur le chemin de Montauban,
hors la porte Matabiau. Quand la chaise passa devant l'hôtel de ville, la
compagnie du guet, rangée en haie, lui rendit les honneurs militaires. Le
maréchal, sans autre cérémonie, alla descendre à l'hôtel du premier prési-
dent où il demeura trois jours Si d'où il partit pour les Etats convoqués à
Montpellier^.
Pendant le courant de l'année 1758, le maréchal de Thomond visita toute
la côte de Languedoc depuis l'embouchure du Rhône jusques au cap de Leu-
cate pour aviser aux moyens d'en assurer la défense. Il jugea que les redoutes
Si batteries existantes devaient être renforcées par l'établissement de fossés Si
de retranchements, que le nombre en était insuffisant, Si détermina lui-même
les points où devaient être construits de nouveaux ouvrages en terre Si fas-
cines, des corps de garde, des signaux formés avec de simples pièces de bois.
Il décida aussi de fermer par une chaîne l'entrée du grau d'Agde. M. Maré-
chal, directeur des fortifications, dressa le devis détaillé de ces travaux qui
furent exécutés par les troupes, moyennant un supplément de solde de deux
sous par homme Si par jour. Malgré la réduction du projet primitif au strict
nécessaire, le commandant en chef pria les États de concourir pour une
somme de quarante mille livres à ces mesures de sûreté, ce qui fut accordé
' Bulletin Je lu société de l'histoire du protestait- ' Bibliothèque de Toulouse. Heures perdues de
tisme frarK^ais, XVIII, p. ^Jo. Pierre Barth'es, IV, p. no.
1767
1758
~^ 1146 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sans difficulté, à condition qu'on en prendrait huit mille sur les fonds destinés
aux ouvrages du grau d'Agde, spécialement affectés à la mise en défense de
ce port, & le complément sur ce qui resterait des recettes de l'équivalent après
le payement des intérêts avancés par le trésorier de la bourse. Les commis-
saires ordinaires des travaux publics furent chargés de surveiller la direction
des nouveaux ouvrages de concert avec l'intendant, avec autorisation de con-
clure des marchés pour tout ce qui pourrait être exécuté à forfait, & de faire
payer les travaux à la journée sur le certificat des inspecteurs ordinaires de
La Nouvelle, Agde, Cette & Aigues-mortes, régulièrement visés par les ingé-
nieurs du roi chargés de la direction '.
Il parut, au mois de décembre lySS, une déclaration du roi destinée à régler
les différends des États de Languedoc avec la cour des comptes de Montpel-
lier. Une sorte de fatalité semblait condamner tous ces grands corps oligar-
chiques à guerroyer sans cesse les uns contre les autres, à s'accuser récipro-
quement d'usurpations, à se disputer la compétence. L'acte royal annonçait
qu'un certain nombre des instances portées au conseil entre les Etats & la
cour de Montpellier devaient être regardées comme non avenues. Quant aux
autres sujets de litige, le roi disait avoir la satisfaction, en faisant connaître
sa volonté, d'assurer de plus en plus la tranquillité dans la Province, & de
mettre fin a des divisions d'autant plus fâcheuses qu'elles s'étaient élevées
entre des personnes préposées par leur état pour maintenir l'ordre dans l'ad-
ministration des affaires de la Province.
Le trésorier de la bourse des Etats demeurait en possession du droit de
centraliser en ses mains toutes les recettes du diocèse, &. n'avait à rendre
compte de sa gestion que devant les États, sans que la cour de Montpellier
fût autorisée à s'en mêler d'aucune façon. Elle ne pouvait pas non plus invo-
quer de compétence sur les comptes de la capitation, du dixième 8c des autres
impositions extraordinaires.
Les receveurs généraux des finances de Toulouse & de Montpellier devaient
au contraire rendre compte à la cour des deniers accordés pour l'aide, l'octroi,
la crue 8c le préciput, 8c de toutes les sommes entrées dans leurs caisses pour
les réparations 8c fortifications des places 8c pour les mortes-payes.
Les receveurs des tailles des diocèses n'étaient pas tenus de compter devant
la cour des dépenses ordinaires diocésaines formant le département des frais
d'assiette. Quant aux autres impositions recouvrées par les receveurs diocé-
sains, ils devraient en présenter les comptes à la cour, sans préjudice du
rapport que l'usage leur imposait de faire aux députés des assiettes.
■ Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance d'Agde (800 livres)) le sieur de Marfaing, employé
du i5 février 1759. — Les ingénieurs qui s'occu- aux ouvrages du grau de La Nouvelle (800 livres),
pèrent de ces travaux pendant l'année 1708 fu- Les ouvrages du canal des Etangs ayant été consi-
rent : Maréchal, directeur (gratification des Etats dérablement augmentés pendant l'année, & le
de I 5oo livres); Daste le cadet, employé en chef sieur Darles ayant eu beaucoup de courses à faire
(800 livres); Darles de Chamberlin, employé en sur les divers ateliers, on lui accorda un supplé-
chef aux ouvrages du canal des Etangs & du grau ment de gratification de 400 livres.
LIV, IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1147
Défense était faite à la cour de prendre connaissance des frais de confec-
tion des rôles de ces impositions, des non-valeurs & des excédants.
Les syndics diocésains ne pouvaient recevoir d'autres fonds que ceux expres-
sément désignés par l'arrêt du conseil de 1634 ou par les arrêts postérieurs,
avec obligation de faire approuver la gestion devant l'assemblée des assiettes,
sans intervention de la cour des comptes.
Cette cour gardait son droit de contrôle, par voie d'appel, sur les comptes
des collecteurs, trésoriers, clavaires 8c autres administrateurs des communes,
à raison des sommes imposées pour les dépenses ordinaires, même des em-
prunts Se du produit des biens patrimoniaux, quand ces fonds n'avaient pas
servi à diminuer les impositions.
Pour les octrois 8<. subventions, levés d'autorisation royale, avec le consen-
tement des États, les fermiers en devaient répondre devant la cour de Mont-
pellier, lors même que le produit en aurait servi à diminuer les impôts; mais
la cour ne pouvait prendre connaissance de l'emploi des fonds.
Les comptes du trésorier de la bourse des États, les baux à ferme de l'équi-
valent & du pied-fourché, de l'étape, de la fourniture des voitures pour le
transport des équipages, des troupes, des ouvrages publics, 8c tous les contrats
passés par les États ou leurs députés se déposaient seulement aux archives des
États, ainsi que les cahiers présentés chaque année au roi par leur députa-
tion, avec les réponses faites sur chaque article, les procès-verbaux des séances
8c tous les actes 8c papiers ayant rapport à l'administration de l'assemblée pro-
vinciale. La cour de Montpellier n'était point autorisée à exiger la remise
d'extraits de ces divers documents dans ses archives, mais seulement les
baux d'équivalent Se les articles arrêtés par les États pour la perception de
ce droit.
Le roi maintenait aux États leur ancien droit de contrôler l'administration
des diocèses 8c des communes, avec faculté aux syndics généraux de prendre
fait Se cause au nom des États, pour ces corporations, dans leurs affaires par-
ticulières, d'intervenir dans les instances où elles se trouvaient intéressées, 8c,
en général, de faire toutes les démarches que l'assemblée jugerait convenables
pour l'intérêt commun des habitants de la Province.
Un article spécial interdisait à la cour de Montpellier toute ingérence, par
voie d'appel ou autrement, dans les délibérations des assiettes, les questions
de préséance, de droit d'entrée, de convocation, de nomination ou destitu-
tion d'officiers, renouvelant à cet égard les décisions royales de i65i,de i653
Se de 1667.
Les divisions de communes en plusieurs taillables, sur la requête des habi-
tants, devaient être d'abord soumises à l'assiette diocésaine 8c s'accomplissaient
ensuite, dans les formes reçues, d'autorité de la cour de Montpellier.
La cour gardait la juridiction civile 8c criminelle de l'étape, dans tous les
cas où il y avait procès intenté. Dans tous les autres cas, la compétence des
États demeurait inattaquable.
Les procès civils ou criminels occasionnés par l'équivalent Se les autres
1753
~^ 1148 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
droits sur la viande de boucherie unis à cette ferme, revenaient d'office à
la cour des comptes '.
Cette déclaration, signée à Versailles le 7 décembre, fut enregistrée par la
cour de Montpellier le 9 janvier suivant, sur les réquisitions du procureur
général du roi. On y remarquera, comme dans les actes de même nature
que nous avons déjà rencontrés, l'intention de jeter quelque lumière au
milieu d'une extrême confusion, entreprise difficile 8t qui aurait exigé des
l'emaniements beaucoup plus complets.
l/cs Etats inaugurèrent la nouvelle année par deux baptêmes accomplis en
grande cérémonie, celui d'un fils de l'intendant Se d'une fille du maréchal
de Thomond.
La vicomtesse de Saint-Priest se trouvant enceinte au mois de janvier lySS,
l'assemblée provinciale avait résolu de tenir son enfant sur les fonts baptis-
maux; mais, comme la session finit avant la délivrance, la solennité fut ren-
voyée à l'année suivante.
~l, L'évêque de Castres, beau-frère de Saint-Priest, demanda la faveur de
faire la cérémonie, qui eut lieu le i3 janvier à Notre-Dame des Tables, les
prélats portant l'habit violet, le rochet Se le camail. Les États offrirent à l'in-
tendante un diamant de six mille livres.
Un syndic général & le greffier des Etats, accompagnés des consuls de
Montpellier en robes d'apparat, des escudiers de la ville & de la maréchaussée,
allèrent chercher l'enfant, qui fut apporté en chaise, suivi de la livrée de
l'intendant, avec un cortège de personnes de distinction.
L'évêque dit une messe basse Se donna le baptême, ayant à sa droite l'ar-
chevêque de Narboiine, qui représentait la Province; M. de Montferrier,
doyen des syndics généraux, tenait l'enfant dans ses bras.
Le fils de l'intendant fut appelé Charles-Antoine-Fulcrand-Emmanuel-
Languedoc*.
Le baptême de la fille du maréchal eut lieu le 26 février suivant, dans la
même église.
A cause de la condition éminente du père, ce fut une députation des trois
ordres qui alla chercher l'enfant, précédée des tambours St des hautbois de
la ville, avec vingt-six cavaliers de maréchaussée, leurs officiers en tête. Le
canon de4a citadelle salua le départ du cortège; les troupes de la garnison
formaient la haie depuis l'hôtel du maréchal jusqu'à la porte de l'église, St
étaient rangées en bataille sur la place de l'Hôtel-de-Ville.
Ce fut l'évêque de Montpellier qui dit la messe Si qui baptisa l'enfant,
nommée Charlotte-Antoinette-Marie-Septimanie. L'artillerie fit une seconde
décharge au moment de la cérémonie Se une troisième à la fin. Ensuite,
Messieurs des trois ordres allèrent dîner chez le maréchaP.
Le conseil d'Etat rendit à Versailles, le 20 avril lySg, neuf arrêts autori-
■ Recueil des (Ait!, Acclarations, arrêts & ordon- ' Procès-verbal des États de Languedoc. Séancs
nances de Vannée ly.OS pour la province de Lan- du 6 janvier 1759.
guedoc. ' Procès-verbal des Etats z6 février lySç.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1149
sant des emprunts en faveur des diocèses de Montpellier, le Puy, Carcas-
sonne, Nimes, Toulouse, Mende, Saint-Papoul, Viviers St Béziers'.
La totalité des sommes que les diocèses devaient demander au crédit par
tous ces emprunts partiels s'élevait à deux cent soixante Se un mille six cent
cinq livres. Elles étaient toutes destinées à des travaux de voirie.
Dans le Vêlai, on achevait la route du Puy à Lyon par le Forez, pour
laquelle on avait déjà emprunté en quatre fois cent vingt mille livres^, en
construisant la section d'Issingeaux à Saint-Bonnet-le-Froid, par Montfaucon,
sur les frontières de Vivarais.
En Vivarais, l'emprunt fut consacré à la construction du pont de Gines-
telle sur la rivière de Rigodel, & du chemin de cette paroisse à Mesilhac & à
Vais, ainsi qu'aux réparations du chemin de Joyeuse, près Largentière, au
bord des précipices de Rodes.
En Gévaudan, les travaux portèrent sur les communications du bas Lan-
guedoc avec l'Auvergne, par la reconstruction de trois rampes importantes : la
côte de Palhers, sur la route de Marvéjols à Chanac; la côte de Chaldecoste,
à la sortie de Mende; la côte de Malzieu, allant à la Garde 8c à Saint-Chély.
La seconde de ces rampes était à la fois très-rude & très-longue, malgré le
nombre de tournants qu'elle présentait. Se la troisième, entièrement ravinée
par les pluies, devenait impraticable.
Dans le diocèse de Nimes, on s'occupa du chemin de Beaucaire, ligne d'une
importance capitale pour le commerce, en réparant la section comprise entre
le fossé de dérivation de la terre de Marignan Se la chaussée du pont de Cart.
Au diocèse de Béziers, on poussa les travaux sur le chemin de Pézénas à la
petite montagne de Larzac, limitrophe du diocèse d'Agde, unique débouché
de tout ce massif, qui était devenu entièrement impraticable, à la sortie de la
ville, le long du jardin de la Condamine.
Dans le diocèse de Carcassonne, le chemin de Montréal fut réparé Se l'on
perfectionna les travaux commencés; un premier emprunt de vingt mille
livres' avait permis de rétablir la section de Carcassonne au moulin à vent
de Corneille; on continua jusqu'à Montréal, Se l'on fit aussi les réparations
les plus pressantes au chemin de Carcassonne à Cannes par Villalier Se Vil-
legly, qui servait à l'exploitation des carrières Se où le transport des marbres
du roi se trouvait contrarié par d'importantes dégradations.
I/'emprunt du diocèse de Saint-Papoul fut affecté au rétablissement de
l'ancienne ligne appelée la Lauragaise, qui était d'une grande utilité pour le
commerce intérieur du pays Se que l'on avait commencée en lySy à la faveur
d'un premier emprunt de sept mille livres'*. Les derniers travaux se firent
■ Voici le détail d«s emprunts autorisés : Mont- ' Arrêts du conseil d'Etat du i i novembre lyTi^,
j-elUer, 160724 livres 5 sols 4 deniers. — Le Puy, du 4 février 1755, du 24 avril 1756 & du 10 m.irs
12000 1. — Carcassonne, 10000 1. — Nimes, lySS.
16200 1. — Toulouse, 20000 1. — Mende, ' Arrêt du conseil d'État du 11 janvier 1757.
16853 1. 10 s. — Saint-Papoul, 3oooo 1. — Vi- ^ Arrêts du conseil d'État du 1 1 janvier 1767 &
viers, 4478 1. — Béliers, 1 o')o 1. du 10 mars 1758,
Total : 261 6o5 1. i5 s. 4 d.
1769
i7;>9
ii5o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
sur la section comprise entre le pont du chemin de Saint-Papoul & le com-
munal de Lasbordes.
Enfin, dans le diocèse de Toulouse, l'assemblée de sénéchaussée ayant voté
la reconstruction du pont de la Pviverotte sur la Lèze, communication impor-
tante avec le pays de Foix, qui dut y contribuer pour quatre mille livres, il
fallvit compléter l'œuvre en construisant un nouveau chemin du pont de Pin-
saguel à Auterive.
Un arrêt du conseil d'État, donné à Versailles le 20 avril lySg, autorisa
le diocèse de Montpellier à faire, dans l'espace de quatre années consé-
cutives, au fur & à mesure de l'exécution des travaux, un emprunt de cent
cinquante mille sept cent vingt-quatre livres, destiné, sans aucun divertisse-
ment, à payer des ouvrages de voirie dont les devis avaient été dressés par le
sieur Danizy, inspecteur diocésain des travaux publics.
Ces ouvrages comprenaient un ensemble de réparations 8c d'élargissements
sur le chemin des Cévennes, depuis Saint-Jullien, au delà de Ganges, jusqu'à
Montpellier, y compris la portion limitrophe du diocèse d'Alais; 8<, en outre,
l'achèvement du nouveau chemin d'Aniane, depuis le pont de Saint-Guilhem
jusqu'à la jonction du chemin de Montpellier à Saint-Paul, en passant par
Aniane, Montarnaud 8c Laboissière, & depuis la jonction jusqu'à Mont-
pellier, en passant par Corpoyran, la Mosson Se Celleneuve 8c aboutissant
au Jardin du Roi.
L'adjudication du chemin des Cévennes avait été faite à un maître menui-
sier nommé Jean Estève.
Ce fut M. de Silhouette, contrôleur général, qui fit le rapport au conseil
d'État ■.
Un dixième arrêt, portant la même date que les précédents, autorisa le
diocèse de Narbonne à imposer la somme de deux mille livres, accordée par
l'assemblée d'assiette, le 18 avril lySS, aux pères doctrinaires qui dirigeaient
le collège de la ville, pour faire quelques réparations indispensables à cet
établissement.
Nous avons signalé plus haut les inconvénients graves que produfsait, au
point de vue de la justice criminelle, la persistance de l'organisation féodale
en Vivarais. Le ministère eut à s'occuper, dans le courant de l'été de lySg,
d'une question analogue intéressant le Gévaudan. Tout le territoire de ce
pays est composé de hauts plateaux, entre lesquels la Truyère, le Lot, le
Tarn, le Chassezac, l'Allier, se fraient des routes sinueuses 8c profondes;
beaucoup de gorges 8c de passages difficiles, de grandes forêts, des régions
désolées en tout temps Se couvertes de neiges pendant la plus grande partie
de l'année. Le morcellement naturel de la contrée par les ramifications de
montagnes, le défaut de communication, la pauvreté du terroir qui, n'ayant
' Reci;eil de Langue.ioc, Année 1759. N'oici le 11 i..; terres, 4583 1. 10 s. — Total de l'emprunt :
détail de ces dépenses : Chemin des Cévennes : 100724 1. 5 s. 4 d.'
travaux, 87747 liTes 6 sols; terres, 6261"!. 12 s.
Tj d. — Chemin d'Aniane : travaux, 63 579 1. 2 s, ■ ProcC-s-vcrbiil des litats. Séance du 3 mars 1759.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. Ii5i
ni récoltes abondantes, ni commerce, ni industrie puissante, refusait aux
habitants la fortune, élément essentiel de libération, tovit avait favorisé le
maintien d'un système judiciaire dont les riches & fécondes plaines du Lan-
guedoc s'étaient depuis longtemps débarrassées. Ces mêmes causes naturelles
facilitaient également les coups d'audace, les violences, les brigandages.
En quelques années d'administration, Saint-Priest eut à s'inquiéter sou-
vent des rapports qu'il recevait de ses subdélégués du Gévaudan. 11 en écri-
vait à la Cour Si adressait des mémoires spéciaux au chancelier.
Le Gévaudan, lui disait-il, est habité par des gens d'un caractère dur, qui
sont naturellement disposés à commettre les crimes les plus énormes. La
situation du pa}s leur en donne la facilité, 8< la manière dont la justice y
est administrée leur en assure l'impunité.
Il y a dans cette contrée plus de quatre cents seigneurs particuliers, pro-
priétaires des droits de justice, qui n'ont ni les moyens ni la volonté de
fournir aux frais des procédures criminelles. Les juges royaux eux-mêmes
sont arrêtés par l'impossibilité où ils se trouvent de faire les frais nécessaires
8i par la difficulté de les recouvrer contre les seigneurs engagistes du domaine
de Gévaudan.
Le résultat de ces tristes conditions était l'impunité à peu près générale
des crimes. Parmi ces crimes, on en distinguait de deux sortes : ceux des
brigands proprement dits St ceux des gens de loi. Les premiers portaient la
désolation sur les grands chemins, détroussaient les voyageurs, dérobaient
les marchandises, attaquaient les maisons isolées; les seconds portaient la
ruine dans les familles, abusaient de l'esprit processif des montagnards pour
les engager dans des affaires sans fin dont eux-mêmes retiraient tous les
bénéfices. Il y avait une nuée d'hommes d'affaires, de notaires, de procu-
reurs, de sergents, d'huissiers, qui, chacun dans la mesure de ses forces, tra-
vaillaient à la dilapidation des héritages & fondaient leur bien-être sur la
détresse générale.
Comment porter remède k de si grands maux? On n'en pouvait couper la
racine que par des réformes d'ensemble &, tout d'abord, par l'abolition de
la féodalité, dont l'honneur était réservé k la Révolution française. En lySo,
on y tendait, sans le savoir, puisqu'on dénonçait avec tant de justesse les
funestes conséquences de l'usurpation du droit souverain de justice par des
propriétaires particuliers; mais les esprits n'étaient pas encore mûrs pour
une résolution aussi héroïque. Ce n'est point, d'ailleurs, la Cour frivole de
I,ouis XV qui eût abordé un pareil problème. Tout en se plaignant de l'im-
punité qu'assuraient aux criminels les quatre cents justiciers seigneuriaux du
Gévaudan, on ne pensait donc pas à leur enlever cette prérogative dont ils
avaient l'inutile jouissance, 8c c'est seulement par des expédients de second
ordre que l'on voulait corriger les effets d'une organisation absolument défec-
tueuse.
Le moment n'était point propice pour intéresser le Parlement dans l'affaire.
Le Parlement de Toulouse ne vivait pas alors en bonne intelligence avec le
1769
i7jp
iiSî ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ministère. A l'occasion de l'établissement du second vingtième, il avait publié
des remontrances d'un caractère très-agressif, dont l'intérêt personnel de ses
officiers était le principal mobile, 8t dans lesquelles la modération fiscale de
Charles le Chauve, lors de la guerre maritime contre les Normands, était
exaltée au détriment de Louis XV. On ne fut donc pas d'avis d'inviter le
Parlement à former une de ces commissions extraordinaires qui, en cas ana-
logues, allaient, aux pays de montagne, tenir leurs assises des grands jours.
Comme des actes fréquents de brigandage se commettaient dans les mon-
tagnes d'Aubrac, dans le bassin de la Truyère, entre Saint-Flour Si Saint-
Chély, dans le bassin du Tarn, aux confins de l'Albigeois, & dans les
contreforts des Cévennes, il fut proposé de rendre la surveillance plus effi-
cace au milieu de ces solitudes en augmentant le nombre des officiers 8t des
cavaliers de la maréchaussée.
« Le Gévaudan, écrivait Saint-Priest, a près de soixante-dix lieues de cir-
« conférence, 8c chaque lieue est plus forte du double que les lieues des
« environs de Paris. Il n'y a dans un pays si vaste qu'une seule brigade,
(1 qui est établie à Mende, & qu'un seul lieutenant pour les trois pays du
<c Gévaudan, du Vivarais & du Vêlai. Cet officier, qui réside au Puy, est
(( hors d'état de faire tout le service nécessaire, attendu que les frais qu'il
« fait pour se déplacer sont en pure perte pour lui. »
Anciennement, il y avait en Gévaudan un lieutenant de prévôt & des
cavaliers de maréchaussée; le lieutenant de prévôt fut supprimé en 1720; ses
fonctions furent attribuées à celui du Vivarais & du Vêlai, résidant au Puv
8c l'on réduisit le nombre des cavaliers à neuf.
En lySi, les Etats sollicitèrent l'établissement d'un lieutenant de prévôt
dans le Gévaudan 8c la création de deux nouvelles brigades de maréchaussée.
Le ministère reconnut, après vingt-huit ans d'inertie, l'utilité de cette
mesure pour assurer le bon ordre 8c la tranquillité publique dans un pays
aussi tourmenté, 8v décida d'y fixer deux brigades-, l'une à Marvéjols, l'autre
h Saint-Chély. Sans ce double poste, on ne pouvait couper court aux vio-
lences dont le diocèse avait à souffrir depuis si longtemps.
Le mémoire du chancelier ajoutait : « Une autre considération, plus impor-
« tante encore que les précédentes, est la nécessité de veiller aux mouvements
<i des religionnaires, Se de leur en imposer de manière à prévenir toutes
« assemblées de leur part. Ce qui vient d'arriver en Dauphiné, pays voisin
« du Gévaudan, fait sentir combien la précaution est essentielle, 8c l'on sait
« assez que les protestants sont en très-grand nombre dans le Gévaudan 8c le
« Vêlai ' . »
■ Archives nationales. Papiers Ju eontréleur gé- Une note donne le détail des frais du nouvel
nêral. Mémoire sur la nécessité de créer un office de étnblissement, s'élevant pour l'année à 6 8co livres :
lieutenant de la maréchaussée il Mende & d'établir Un lieutenant à 430 livres de gages io5o de
deux brigades, l'une à Marvéjols & l'autre o Saint- solde z= 1 5oo livres.
Cliély. Un exempt, 5oo.
Ce mémoire est accompagné d'une lettre con- Un brigadier, 600.
forme du maréchal de Belle-hle. Quatre archers dans chaque brigade à raison de
LIV. IV, LA REGENCE ET LOUIS XV. il53
La dépense annuelle de la maréchaussée en Languedoc était alors do cent
mille livres, dont quarante-huit mille à la charge de la Province.
Les Etats de Languedoc maintenaient avec une vigilance jalouse la juri-
diction exclusive qui leur avait été attribuée sur toutes les assemblées diocé-
saines.
Avertis que certaines nouveautés s'étaient introduites dans les assemblées
du diocèse d'Albi, où l'on recevait depuis quelque temps nombre de députés
envoyés par de très-petites communautés, ils dressèrent, le 24 février, un
règlement dont le but était de rétablir l'ancien usage.
Les communes de Gaillac, de Cordes 5t de Rabastens, mécontentes de la
décision des Etats, iormèrent une sorte de cabale & prirent des délibérations
uniformes, en vue d'y taire opposition, dans les séances des 7, 12 Se i3 mai
de la même année. Elles en donnèrent connaissance aux Etats, les avertis-
sant qu'elles projetaient de se pourvoir au conseil.
Le syndic de la Province les y devança, 8t se plaignit amèrement d'une
entreprise contraire au respect que les villes maîtresses devaient k l'assemblée
provinciale £<. à ses décisions, S<. d'autant plus indécente qu'elles avaient
l'honneur d'y envoyer, chacune à son tour, un député; ajoutant que la com-
pétence des États en ces matières, confirmée par les lettres patentes du
i3 mars i653, ne pouvait souffrir aucune exception. Il eut soin de rappeler
qu'un même esprit d'insubordination avait déjà conduit la ville de Cordes à
une démarche analogue, sévèrement réprimée par l'arrêt du 23 août 1662.
Le conseil d'Etat, séant à Versailles, le i3 novembre lyjg, cassa les trois
délibérations de Gaillac, de Cordes Se de Rabastens, & ordonna que les gref-
fiers en apporteraient les registres au syndic du diocèse pour y inscrire à la
marge, en sa présence, la sentence d'annulation '.
Un travail analogue à celui qui avait été sanctionné par l'arrêt du conseil
du 10 octobre 1752, pour mettre le cadre des dépenses ordinaires votées dans
chaque assemblée des Etats provinciaux en harmonie avec les besoins du
temps, en tenant compte des modifications amenées par les circonstances,
s'accomplit, en 17Ô9, pour les assemblées diocésaines de la sénéchaussée île
Carcassonne.
Les dix diocèses qui en faisaient partie suivaient encore les règlements de
1634; mais, depuis cette époque, beaucoup de variations s'étaient produites
dans les détails. Une commission, nommée en lySS, étudia soigneusement
toutes ces transformations, colligea l'ensemble des autorisations royales qui
avaient permis l'addition de nouveaux articles, ainsi que des délibérations
qui en approuvaient d'autres, 8c composa de ces éléments épars, rapproches
du règlement initial, un état des dépenses ordinaires connues sous le nom de
frais d'assiette.
Ces dépenses furent partagées en deux catégories. Les premières, dont le
'.^-5 lirres = 4000 livres. Les charges de lieu te- fiiiuiue fixée à 1 j cco livres par l'édit de innrs 1 y;?.
naiit de in;iré. haussée étaient héréditaires, & leur ' Kecucil Je Languedoc. Année lySp.
XIII. 7-,
17:19
17Û9
II 54 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
montant pouvait être évalué d'avance, parce qu'elles ne souftiaient point de
variations, comprenaient les rétributions des députés aux Etats, fixées suivant
l'usage sur le pied de six livres par jour pour le temps de la durée de l'as-
semblée, déterminée par les arrêts du 10 octobre lySî ik du 3o octobre 1754;
les honoraires du commissaire principal, des officiers de justice, des députés
des villes !k de toutes les personnes à qui le règlement du 3o janvier 1720,
applicable à tous les diocèses, sauf les pays de Vivarais, Gévaudan, Vêlai 8t
Albigeois, permettait l'entrée aux assiettes; les appointements Si frais de
bureau des syndic &C greffiers; les salaires des valets de ville S<. trompettes, 8c
autres menus frais concernant la tenue des assemblées, les sommes accordées
pour l'établissement des collèges & séminaires, ou pour aumônes aux hôpi-
taux, maisons de charité, bouillons des pauvres & aux couvents; enfin, les
crédits extraordinaires & iinprévus, tels que trais de procès, ports de lettres,
envois d'exprès, journées employées au service du diocèse, réparations urgentes
des ponts, des chemins 8c autres ouvrages publics qui étaient en dehors des
baux d'entretien, 8c que des nécessités pressantes ne permettaient point de
solder par emprunt, conformément à l'arrêt du 3o octobre 1754.
La seconde catégorie, formée des dépenses dont le chittre ne pouvait être
fixé d'avance, bien qu'elles fussent ordinaires 8c annuelles, renfermait les
épices de la chambre des comptes 8c des trésoriers de France pour le contrôle
des registres de taille &c la vérification des états, en vertu de traités particu-
liers; les honoraires de l'auditeur des comptes municipaux, arrêtés chaque
année par ordonnance des commissaires royaux 8c provinciaux; le logement
des officiers Se cavaliers de la qraréchaussée 8c le loyer de leurs écuries, réglés
par ordonnance de l'intendant; le montant de l'entretien ordinaire des che-
mins 8c autres ouvrages diocésains, déterminé annuellement aux Etats; les
intérêts ou frais d'amortissement dus aux créanciers Se, enfin, les taxes Se
gratifications accordées aux receveurs des tailles par divers règlements spé-
ciaux.
Le caractère essentiellement variable de cet ordre de dépenses ne permit
pas d'établir de chiffre réglementaire; on se contenta de rappeler les diocèses
à l'exécution des traités, arrêts du conseil, ordonnances des commissaires Se
jugements de vérification applicables aux divers cas.
Quant à la première catégorie, qui se prêtait à une détermination précise,
elle fut fixée pour les dix diocèses de la sénéchaussée de Carcassonne à la
somme totale de soixante-douze mille neuf cent soixante-dix livres, dont le
conseil d'État régla la répartition '.
En même temps, il renouvela toutes les anciennes défenses contre la levée
d'impositions diocésaines non comprises dans l'une ou l'autre des deux caté-
gories, en rajeunissant les pénalités édictées par les règlements provinciaux
' Voici le détail ie cette répartition : 6762 1. — Mirepo'ix, 6439 1. — Lodève, 6816 1.
Narionne, toy65 livres 14 sols il deniers. — 10 s. — Alet, 6781 1. 18 s. — Limoux, 5820 I.
Carcassonne, 8 683 1. — Béliers, 6<)85 1. 10 s. — 17 s. 9 d. — Somme totale pour la sénéchaussée :
Castres, 8 ipS 1. — Saint-Pons, 6 5z\ 1. — -^g^Ci 7^97° '• '° '• ^ ^-
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. ii55
8c particulièrement par ceux du :3 janvier i658 &t du i"^ mars lôog. Les
commissaires principaux des assiettes 5<. l'assemblée des Etats eurent mission
d'assurer & de contrôler l'exécution du nouvel arrêt'.
La municipalité de Toulouse prit, sur la fin de l'année 1759, une mesure
dont les détails méritent de trouver place dans cette histoire, parce qu'ils
révèlent l'atrocité des coutumes judiciaires qui existaient encore dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle 8c qui déshonoraient les abords d'une
capitale de province.
Au nord de Toulouse, dans le terroir de la grande lande, qui, depuis
quelques années, se couvrait d'habitations, il existait, au bord du chemin de
Montauban, un enclos sinistre & fort délabré qui servait de lieu d'exposition
pour les cadavres des suppliciés. On l'appelait, en langage noble, les four-
ches patibulaires 8<, dans la langue du peuple, la salade, illusion brutale à
l'horrible garde- manger où les chiens 8c les oiseaux allaient chercher leur
pâture.
Les corps que l'on exposait dans ce triste lieu n'étaient jamais ensevelis^
on les laissait se détruire d'eux-mêmes, sous le vent Se la pluie, 8c se disperser
sous la dent des animaux. Le Parlement ayant décidé que les exécutions cri-
minelles qui se faisaient autrefois dans les divers lieux du ressort, sur le
théâtre même des crimes, auraient lieu désormais dans la ville de Toulouse,
les expositions de la salade devinrent très-tréquentes. Au mois de mars 17^9,
les propriétaires des maisons Se des biens de campagne qui se multipliaient
dans les environs présentèrent un placet aux capitouls pour se plaindre de
l'état de délabrement des murailles 8c des piliers patibulaires. Une affreuse
infection s'échappait de ce charnier £c viciait l'air de toute la banlieue. Les
voisins demandaient que l'on relevât les anciennes fourches sur la route de
Saint-Agne, afin de partager les cadavres entre ces deux dépôts 8c d'éviter
ainsi les grandes accumulations.
Mais les fourches de Saint-Agne avaient été détruites depuis si longtemps
qu'on ne jugea pas convenable d'en gratifier de nouveau l'avenue du bas
Languedoc, 8c l'on se contenta d'améliorer les dispositions matérielles des
autres gibets. Le conseil de bourgeoisie chargea quatre commissaires d'en
faire la vérification^.
MM. Lavigueric, Désirât, Casseyrol 8c Dézazars, qui, en compagnie de
l'architecte Hardy, pénétrèrent dans l'enclos, eurent sous les yeux un hor-
rible spectacle. Les murs 8c les piliers tombaient en ruines; trente-quatre
cadavres s'y trouvaient empilés, exhalant une odeur pestilentielle. La com-
mission n'eut pas de peine à reconnaître qu'un tel foyer de putréfaction devait
rendre les environs inhabitables. Mais comme la privation de sépulture faisait
partie de la pénalité, on ne s'inquiéta (|ue de changer le mode d'exposition.
Il fut résolu de rétablir les murs, de les exhausser, de bâtir six piliers sup-
' Recueil de LafigueJoc. Année 1760. Arrêt du ' Archives de Toulouse. Livre des Conseils, XLV,
conseil d'Ktnt, donné le 17 décembre I7")5i M. Bcr- 70. Conseil de bo.irgeoisie. Sénncc du 'io in.irs
tin, contrôleur géiicril des finnnces, r.ipporteur ■ '7;>9.
':->9
1709
Il56 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
portant six grosses barres de fer, auxquelles on attacherait vingt-six carcans
destinés à la suspension des cadavres, « afin, dit le procès-verbal, qu'étant
« exposés à l'air £<. aux vents, ils pussent sécher plus tôt & plus facilement,
« Si que, venant à tomber, ils fussent renfermés dans l'enceinte. » On com-
plétait ces précautions sommaires en fermant l'enclos par une porte à forte
serrure.
Quand on voulut faire exécuter ces travaux, on ne trouva pas d'adjudica-
taire; pas un ouvrier ne consentit librement à mettre la main à l'odieuse
jjesogne; la municipalité fut réduite à réquisitionner de force un serrurier,
un maçon, un charpentier, des porteurs de matériaux, & à les faire escorter
par des soldats qui les empêchaient de se sauver. Les gens qui passaient
le long des routes, à portée du chantier maudit, accablaient les travailleurs
d'injures '.
Enfin la réparation se termina, & le premier cadavre que les valets du
bourreau attachèrent au carcan neuf fut celui d'un faux monnayeur de
Sadournin, au diocèse d'Auch, jeune homme d'une trentaine d'années qu'un
jugement souverain de l'hôtel des monnaies avait fait pendre sur la place du
Salin, à côté du portrait d'un de ses complices, condamné par contumace-.
Le chroniqueur Pierre Barthès, c|ui, selon sa coutume, s'étend avec beau-
coup de complaisance sur les récits d'exécutions, termine son journal de 1709
par une note lugubre :
« L'année qui vient de finir, dit-il, triste & misérable à tous égards, sera
i( remarquable pour la souffrance dans tous les états. La guerre continuant
« toujours, le commerce entièrement détruit, l'artisan ne faisant rien & mou-
ci rant de misère par le défaut Jk la cherté des choses les plus nécessaires à la
« vie, attendu la mauvaise récolte des denrées de toute espèce, comme bled,
« vin, millet, fruit, Sec; les subsides croissant toujours St personne ne faisant
« rien pour suffire à tant de misère; tout cela, dis-je, rend cette année cala-
II miteuse^. »
C'était le contre-coup des lamental^les événements qui ruinaient la gran-
deur militaire 8<. maritime de la France, la traduction provinciale des jour-
nées de Rosbach, de Crevelt Se de Minden.
11 ne faut pas accuser le tableau d'exagération; car, deux mois plus tôt,
Saint-Priest écrivait au contrôleur général :
« Je ne dois pas vous laisser ignorer la triste situation où se trouvent réduits
« c[uek[ues diocèses de la Province... Suivant les différens avis que je reçois
« journellement, les peuples sont presque déterminés à abandonner leurs
« demeures pour aller chercher dans d'autres pays du soulagement à la misère
« affreuse qui les accable; Se il est certain qu'ils seront forcés de le faire, si on
<i ne vient promptement à leur secours. Les diocèses d'Uzès £< de Saint-Pons
« sont particulièrement les plus à plaindre; un grand nombre de commu-
' Archives de Toulouse. Livre îles Conseils, XL^', ' Heures perdues de Pierre Barthès, IV, p. \-j-j.
93. Conseil de bourgeoisie. 20 décembre I7âf). — '^Heures perdues de Pierre Barthès, IV, p. 178.
Heures perdues de Pierre Banh'es, IV, p. 172.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1157
(( nautés de ce dernier viennent d'éprouver l'inondation la plus complète, c[ui
<i a emporté généralement toutes les semences, &. on me marque que dans
« l'autre il restera plus de deux cents salmées incultes, faute de grains pour
« les ensemencer & d'argent pour en acheter. Ces deux cents salmées font à
« peu près sept à huit cents arpens... Je ne saurois trop appuyer sur des
« secours prompts 8c puissans pour éviter la ruine entière & peut-être la
<( désertion d'un nombre assez considérable d'habitans de cette Province. Je
« reçois dans ce moment une lettre de mon subdélégué de Limoux, qui
« m'annonce les mêmes malheurs Se les mêmes besoins'. »
CHAPITRE IV
Lutte Au Parlement & des Etnis. — Travaux publics.— Piocès des jésuites. — Affaire Calas.— Roche tte
& les frères Grenier. — Le duc de Fitz-James au Parlement. — Le comte d'Eu. — Réforme com-
munale. — Enquête judiciaire en Vivarais. — Réorganisation de la magistrature par le chancelier
Maupeou. — Rétablissement des offices municipaux. — Paroisses créées dans la banlieue de Tou-
louse. — Mouvement économique, — Mort de Louis XV.
Nous abordons, avec la dernière partie du règne de Louis XV, une période
confuse, marquée par d'humiliantes défaites, par la perte de notre empire
colonial & par l'irrémédiable décadence de la monarchie. Les efforts tentés
par le duc de Choiseul, qui s'inquiéta du progrès économique, favorisa les
travaux publics & le commerce, & prit un soin particulier de perfectionner 8c
d'étendre le réseau des voies de communication, ne réussirent pas à neutra-
liser les conséquences d'une guerre malheureuse ni à suspendre la décompo-
sition de toutes les forces. L'étude de cette époque est ingrate 8c monotone,
non que les luttes y fassent défaut; elles y prennent, au contraire, une
extrême violence; mais les antagonistes sont, en général, peu intéressants,
ceux mêmes qui ont la raison de leur côté emploient, pour la faire triompher,
des moyens tellement arbitraires qu'ils la compromettent, 8c l'esprit éprouve
quelque peine à s'arrêter sur un spectacle aussi peu attrayant.
Il nous serait impossible de suivre dans tous leurs détails les conflits du
Parlement de Toulouse avec le ministère 8c les Etats de la Province, conflits
dont la cause à peu près constante fut la détense de privilèges particuliers, 8c
dont l'histoire n'offre guère qu'un renouvellement de scènes déjà racontées.
Une remarque générale à faire sur les dispositions des grands corps, c'est
qu ils profitaient tous des progrès du sens critique pour juger sainement 8c
sévèrement leurs rivaux 8c pour recommander à leur endroit les réformes les
plus profondes; mais cette clairvoyance disparaissait aussitôt que les préroga-
tives 8c les dispenses personnelles de charges se trouvaient en jeu. Dans ce
cas, l'amour du bien public, les témoignages du bon sens, étaient oubliés;
' Archives nationales. Papiers ilu contrùlcur général.
1739
1760
1760
II 58 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
on ne retrouvait plus que d'opiniâtres défenseurs d'immunités de corporation,
incapables de se soumettre pour leur propre compte à cette loi du temps dont
ils invoquaient les arrêts au préjudice d'autrui.
Comme toujours, ce fut à l'occasion des lourds sacrifices imposés au pays
par les malheurs de la guerre que l'on vit éclater les dissentiments. L'en-
tretien de l'armée & de la marine avait nécessité la création de nouveaux
impôts.
Le Parlement de Toulouse se résigna, non sans peine, à ordonner l'enre-
gistrement des lois de finances émanées directement de l'autorité royale, mais
il accompagna cet acte de soumission de telles réserves qu'elles équivalaient
presque à une résistance formelle.
Cette opposition s'exprima par deux arrêts. Le premier, rendu le 24 mars
1760, s'appliquait à l'édit de février portant établissement d'un troisième
vingtième 81 d'un doublement de la capitation. La cour ne laissa pas échapper
l'occasion d'y déclarer, tout en courbant la tête, qu'aucune nouvelle imposi-
tion ne pourrait être instituée, répartie ni levée en Languedoc & dans le
ressort du Parlement de Toulouse, si la création n'en revêtait la forme d'édit,
de déclaration ou de lettres patentes, & n'avait été d'abord soumise, avant
toute publication, au cérémonial de l'enregistrement.
Le second arrêt, qui portait sur l'édit du mois d'août lySS, appuyé des
lettres de jussion du 20 mars 1760, & sur deux déclarations royales du
27 mars, concernant les dons gratuits extraordinaires imposés aux villes !k
bourgs du ressort, 8t l'abonnement de ce droit en faveur de la province de
Languedoc, exprimait les mêmes réserves, en ajoutant que le traité d'abon-
nement conclu avant la vérification de la cour & l'enregistrement lui-même
seraient sans conséquence pour l'avenir.
Cette double démarche éveilla la susceptibilité des Etats, qui se crurent
atteints dans les prérogatives séculaires de la Province, &. firent porter plainte
au roi, par leurs députés, de l'illégale ingérence du Parlement, dont l'incom-
pétence en matière d'imposition provinciale avait été plusieurs fois établie.
Le conseil d'Etat cassa, le 25 octobre, les deux arrêts de la cour de Toulouse
en ce qu'ils contenaient de contraire aux privilèges & usages de la Province ',
La Province fit signifier cette décision au procureur général de Toulouse
par un huissier de la cour des comptes de Montpellier^.
Le Parlement avait déjà pris l'avance, en confirmant de plus belle, le
17 novembre, ses deux arrêts incriminés, en les complétant par une défense
formelle d'y contrevenir, adressée aux gens des trois ordres des États de Lan-
guedoc. Cette récidive fut aussitôt déférée au conseil d'Etat, qui en fit l'objet
d'un nouvel arrêt de cassation 3.
■ Recueil des édits & arrêts de Languedoc. 1760. & aussi du suisse de Monseigneur le procureur
Arrêt du conseil d'Etat, donné le 25 octobre 176c. général. 9 décembre 1760.
' Recueil des édits &■ arrêts de Languedoc. Année * Recueil des édits & arrêts de Languedoc, Année
1760. Procès-verbal de Jean-Antoine Domergue,... 1760. Arrêt du conseil d'Etat, donné à Versailles
parlant à la personne du sieur Bégué, greffier,... le i3 décembre 1760.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1159
Vers la même époque, on reprit un ancien projet de grande importance
pour le bassin de l'Aude : le dessèchement de l'étang de. Marseillette.
Les eaux de cet étang, situé dans la plaine de Carcassonne 8c alimenté par
les sources des montagnes voisines, couvraient en 1760 plus de six mille
séterées de bonnes terres, propres à toute espèce de culture, 8c entretenaient,
par leurs émanations, des fièvres dangereuses qui désolaient le pays.
Toutes les tentatives antérieures de dessèchement, dont les plus anciennes
connues remontaient au treizième siècle, n'avaient point abouti, les uns
s'étant découragés devant l'énorraité de la dépense, d'autres ayant été en-
través par l'opposition des seigneurs riverains ou empêchés par les événe-
ments publics.
Les entreprises du sieur d'Arcous en i6o5, de Servies en i6i5, de la So-
ciété générale pour le dessèchement de tous les étangs du royaume en 1622,
n'avaient point laissé de trace, la guerre Se la peste étant survenues au moment
oui les associés, sortis vainqueurs d'un très-grand procès, commençaient de
mettre les terres en culture', 8t leurs travaux n'ayant pu résistera de longues
années d'abandon, pendant lesquelles les inondations dégradèrent les digues,
comblèrent les canaux 8c submergèrent les terrains desséchés en 1626. La
plupart des associés, ruinés par cette malheureuse opération, étant insolvables,
tout le fardeau de l'entreprise retomba sur deux frères, Théophile 8c François
Ranchin, 8c sur leur belle-sœur Anne d'Audifret, qui durent, par solidarité,
faire face aux engagements. Etablis à Puycheric pour mieux surveiller les
travaux, ils les avaient menés à bonne fin^, quand les riverains, qui préten-
daient conserver des droits de pacage dans l'intérieur de l'étang, suscitèrent
de nouveaux troubles, dont il fallut encore demander l'apaisement au Parle-
ment de Toulouse^. '
Propriétaires de onze douzièmes des terres desséchées, les associés complétè-
rent alors leurs possessions en achetant à divers particuliers, 8c construisirent
le château de Fonfile, dont ils firent le chef-lieu de leur fief, avec moyenne
8c basse justice. Ce domaine demeura dans la famille Ranchin jusqu'en
l'année 1709,011 l'un de ses membres, Charles-François Ranchin de Mon-
taran, gouverneur de Saint-Hippolyte, vendit le château 8c l'étang de Mar-
seillette au maire perpétuel de Carcassonne, François-Antoine Pvoudil, sieur
de Berriac''.
Le nouvel acquéreur, cherchant à réunir en ses mains toutes les terres qui
avaient fait partie de la concession primitive, traita avec le maréchal 8c la
maréchale de Lautrec, qui reconnurent ses droits dans l'étendue des justices
' Contrat du sieur Darcous, juge de Villeneuve- terres, consenti par les seigneurs de Blomac, de
de-Berg, du ii février i6o5; contrat du sieur Ser- Marseillette & d'Aigiiesvives, le 22 aoîit i63o,
▼ iès, avocat à la cour des aides de Montpellier, du ' Le dessèchement commencé par les Ranchin
27 août i6i5; contrat des associés à l'entreprise datnit du mois d'avril i638.
générale, du 12 décembre 1622 8c 3 avril i(j23; ' Arrêt du Parlement de Toulouse du 3 avril
arrêts du Parlement de Toulouse du 22 février 1647. Arrêt de la chambre de l'éJit du 23 septem-
1628, & de la chambre de l'édit du 11 septembre bre 1648.
d« la même année. Acte du partage & born.rge des ■* Contrat du 4 janvier fj5ç.
1760.
1 760
ii6o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de Marseillette & d'Aiguesvives ', ainsi que l'avait fait précédemment le maré-
chal de Roquelaure^.
A ce moment, il s'était écoulé près de quatre-vingts ans sans que l'on eût
îéparé les anciens travaux. L'eau, retenue par les dépôts amoncelés, avait
insensiblement élevé son niveau Se submergeait les cultures. Pendant l'été,
les poissons périssaient en masse, tombaient en putréfaction & mêlaient leurs
émanations à celles des eaux croupissantes & des herbes gâtées. La popula-
tion des villages avoisinants était décimée par la fièvre, surtout à l'époque de
la récolte. On citait des familles e-ntières que l'épidémie avait emportées. Le
pays offrait l'aspect d'une lande désolée, & se dépeuplait tous les jours.
Les commissaires de la Province allèrent, par l'ordre des Etats, au mois
d'avril 1709, vérifier la situation des lieux. Leur rapport confirma l'exactitude
des tableaux les plus affligeants, Sv l'assemblée reconnut à la fois l'importance
du danger & l'insuffisance des secours accordés par le roi à quelques villages
riverains'.
Le gouverneur, les États, les commissaires du diocèse, encouragèrent alors
M. de Berriac à reprendre l'œuvre de ses prédécesseurs. Il obtint le consente-
ment des propriétaires du canal, après avoir fait constater par M. de Poilly,
ingénieur en chef, que le dessèchement £t les travaux accessoires ne pour-
raient porter aucun dommage à la grande ligne de navigation intérieure"*,
pourvu que l'on ne changeât rien au lit de la rigole de l'Eguille, servant
d'écoulement aux eaux de l'étang sous l'aqueduc du canal ; Si il se pourvut au
coRçeil d'État pour faire sanctionner son entreprise.
L'expérience des difficultés de toute nature, que les contestations de pro-
priété avaient fait naître en diverses occasions, exigeait une grande précision
dans les termes du nouveau contrat. Aussi l'entrepreneur présenta-t-il au
conseil tous les titres qui établissaient la transmission de ses droits depuis les
premiers concessionnaires.
M. de Saint-Priest ayant émis un avis favorable au projet, le conseil d'État,
sur le rapport du contrôleur général, autorisa, le 5 août 1760, les travaux de
dessèchement qui devaient être terminés dans le délai de huit ans, sous peine
de déchéance; prescrivit le bornage des terres fréquemment immergées, les
publications légales pendant trois dimanches consécutifs, de quinzaine en
quinzaine, dans six au moins des églises paroissiiiles voisines de l'étang &
dans les foires 8c marchés, ainsi que l'atfichage aux hôtels de ville de Nar-
bonne Si de Carcassonne, donnant six mois à quiconque pourrait prétendre
quelques droits de propriété ou d'hypothèque, pour les faire valoir & les jus-
tifier par titres. Passé ce terme, les travaux pouvaient commencer.
M. de Berriac était aussi autorisé à prendre les terres appartenant à des
particuliers ou à des communes qui seraient nécessaires à l'entreprise, pour
y faire des chaussées S< des canaux ou y établir des nivellements, à la charge
' Contrat du lô octobre 1709. ■* Acte du 20 juin 1760, retenu pnr M' Lncde-
' Sentence des requètc5 du 22 juin 1713. g"'^e, notaire à Paris.
' Procès-verbal des Etats, ij décembre 1759.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1161
de dédommager les propriétaires de gré à gré ou à dire d'expert, Se de payer
comptant avant que de prendre possession.
Les terres de l'étang & dépendances qui étaient frappées de taille en 1760
y demeuraient soumises; toutes les autres, bien que mises en culture, n'y
devaient pas être cotisées pendant les dix ans qui suivraient le complet des-
sèchement. Pareille exemption s'étendrait, durant le même délai, à toutes les
terres nobles qui pourraient être données à cens ou à rentes foncières. Les
dîmes étaient supprimées, pendant dix ans, pour le périmètre entier du bor-
nage, 8t, après dix ans, réduites au cinquantième. En outre, les gens de
mainmorte ou roturiers qui en feraient première Se directe acquisition au
sieur de Berriac n'auraient à payer aucun droit d'amortissement, de nouveaux
acquêts & de francs-fiefs; & les gentilshommes & privilégiés étaient autorisés
à prendre intérêt dans l'opération sans s'exposer à la dérogeance ' ; en un
mot, rien ne fut négligé pour encourager l'entreprise.
Au mois de septembre 1761, le Parlement de Toulouse commença de don-
ner sa note dans le concert des ressentiments qui se soulevaient contre les
jésuites. Nos lecteurs n'ont pas oublié les différends de cette compagnie
célèbre avec plusieurs évèques de Languedoc, le mépris qu'elle faisait des
autorités diocésaines quand ces autorités lui étaient contraires, ses envahisse-
ments progressifs des maisons d'éducation, & la guerre terrible qu'elle avait
faite aux jansénistes. La réaction contre cette milice, trop longtemps heu-
reuse, se produisit sur la fin du règne de Louis XV, avec un emportement
proportionné à ses victoires. Nous n'avons pas à refaire ici l'histoire générale
de ce grand procès, oii plusieurs griefs légitimes, mais communs, pour la
plupart, à tous les ordres religieux, turent exploités par la passion des jansé-
nistes, par l'esprit critique des philosophes 8c par l'adresse du ministère, qui
voulait distraire le pays des insuccès de la politique française & jeter une
pâture à l'inquiète activité des Parlements. Nous nous contenterons d'exposer
la part que la cour de Toulouse prit à ces grandes manœuvres, sous l'impul-
sion du ministère public.
Le i5 septembre 1761, les chambres assemblées délibérèrent sur la propo-
sition d'un membre du Parlement, qui demandait l'examen « des constitu-
« tions, régime Se institut des prêtres & écoliers se disant de la société de
<( Jésus. » Les gens du roi prirent la parole 8t soutinrent vigoureusement la
proposition; il fut décidé que les « soi-disant jésuites » seraient tenus de
remettre, dans trois jours, au greffe civil de la cour, un exemplaire imprimé
de leurs constitutions, notamment de l'édition faite à Prague en 1767. Le
procureur général eut charge de signifier l'arrêt dès le lendemain au supé-
rieur des quatre maisons de prêtres, 8t d'écoliers de la société établies à Tou-
louse, de prendre connaissance des constitutions £<. d'en rendre compte aux
chambres le 14 novembre suivant. La signification s'accomplit, en effet, le
' Recueil ie; èJ'tts S- arrêts Je Languedoc. Année du 5 août 1760, enregistrées tu Parlement de Toii-
1760. Arrêt du conseil d'État, & lettres patentes loiise le 27 août; M. de Bastiird, rapporteur.
1760
17Û1
jyôi
1162 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
16 septembre, & l'édition de Prague de l'institut des jésuites fut remise au
greffe le 18.
Les magistrats se plongèrent aussitôt dans l'étude des constitutions; mais
un événement tragique, arrivé à Toulouse vingt-quatre jours après, causa
une diversion inattendue & absorba complètement l'opinion publique.
Le i3 octobre 1761, dans une maison de la rue des Filatiers, habitée par
un protestant (le marchand d'indiennes Jean Calas), & reconnaissable encore
aujourd'hui à l'arc en accolade qui en surmonte la porte, un jeune homme
fut trouvé mort. C'était le fils aîné de la famille, Marc-Antoine Calas. Il
avait dîné le même jour avec ses parents & avec Alexandre-Gaubert Lavaysse,
fils d'un avocat célèbre de Toulouse, qui, étant au moment de faire le voyage
de Saint-Domingue, après avoir terminé, à Bordeaux, ses cours de pilotage,
avait voulu dire adieu à son père Si à ses amis. Marc-Antoine Calas, qui
passait pour avoir le caractère bizarre & l'humeur inquiète, 8c qui venait
d'éprouver divers mécomptes dans ses projets d'avenir, quitta l'appartement
où se trouvait sa famille, dès la fin du repas. Ce fut en accompagnant Se en
éclairant dans l'escalier le jeune Lavaysse, qui sortait après avoir paisible-
ment passé la soirée chez les Calas, que le fils cadet, Pierre, parcourant le
long corridor, fut surpris de ne pas voir fermée, comme d'habitude, la porte
intérieure qui donnait accès dans la boutique; ils y pénétrèrent 81 y trou-
vèrent Marc-Antoine pendu, par une corde à nœud coulant, à une forte barre
de bois, posée en travers sur les deux battants de la porte. A cette affreuse
découverte, les jeunes gens donnent l'alarme; Jean Calas accourt, nrend son
fils mort dans ses bras, envoie aussitôt Pierre appeler un chirurgien du voisi-
nage, qui reconnaît que tous les secours sont inutiles & que le corps est ina-
nimé depuis un temps assez long. Madame Calas, Anne-Rose Cabibel, & la
vieille servante catholique de la famille, Jeanne Viguier, descendues auprès
du mort, essayaient vainement de le ranimer en versant dans sa bouche
quelques gouttes d'eau de la reine de Hongrie. La trépidation, les cris
d'alarme, les allées 8<. venues de gens courant chercher du secours mirent
bientôt en éveil tout le quartier. Un homme de loi, Clausade, arrivé des pre-
miers avec d'autres voisins, voyant que le malheur était irréparable, donna
avis à la famille de faire avertir les capitouls pour constater le décès 8c obtenir
le permis d'inhumation. Ce Clausade est probablement le même procureur
protestant dont la femme avait failli être traînée sur la claie, pour n'avoir
pas accepté, à l'article de la mort, les secours d'un prêtre catholique. Les
mœurs du temps n'étaient pas plus clémentes pour les suicidés : on leur
refusait les honneurs de la sépulture, on les promenait par les rues, le visage
contre terre, avant de les jeter à la voirie. La crainte d'une pareille humi-
liation épouvanta les Calas, Se quand le capitoul David de Beaudrigue vint
les interroger, sans se rendre compte de la gravité de leur mensonge, ils lui
déclarèrent que le corps avait été trouvé couché sur le parquet. Écartant
ridée de suicide, il ne restait que l'hypothèse d'un crime, 8c le premier ordre
du capitoul fut de faire arrêter toutes les personnes qui se trouvaient dans la
LIV. IV. LA RÉGENXE ET LOUIS XV. ii63
maison. Le jeune Lavaj-sse, sorti pour rendre divers bons offices à ses mal-
heureux amis, £<. repoussé par les soldats de garde, lorsqu'il voulut rentrer,
ne parvint à se faire recevoir qu'en affirmant qu'il avait soupe chez les Calas,
8v, à partir de ce moment, se trouva associé à leur captivité.
David lit emporter le corps sur un brancard à l'hôtel de ville & y amena
à sa suite, avec l'escorte du guet, tous les membres de la famille Calas, le
jeune Lavaysse Se un fabricant d'étoffes, nommé Cazeing, qui s'était rendu
auprès de ses amis.
Cependant des badauds s'étaient attroupés. Cette foule ignorante 8t bru-
tale, avide d'émotions, portée à l'hyperbole 8c aux inventions romanesques,
dissertait sur l'événement & prétendait en expliquer les causes avec cette sut-
iisance péremptoire qui est particulière aux disputeurs méridionaux. On a
évoqué, à ce propos, les souvenirs de Simon de Montfort, des cathares Se
des albigeois, souvenirs certainement peu familiers aux commères de Tou-
louse. C'est aller bien loin. Il suffisait de quelques niais, comme il y en a
dans toutes les foules, Se d'une masse portée à tout croire, quand il s'agit de
crime, pour assurer dans la multitude le crédit des billevesées qui y furent
répandues. Un malveillant se souvint à propos que les Calas étaient protes-
tants, un autre que le jeune Lavaysse, le doux jeune homme en habit gris,
au joli visage, portait une petite épée au côté, comme toutes les personnes
un peu élevées au-dessus de la classe populaire. Là-dessus, la tourbe s'en-
flamme, elle hurle au protestant, comme on l'a vue, trente ans plus tard,
hurler à l'aristocrate 6c aboyer à l'échafaud. Peut-être quelque misérable
boutiquier, heureux de se débarrasser d'un concurrent, saisit-il l'idée au vol :
une condamnation vaut une faillite. Les affairés, les gens qui veulent paraître
tout savoir s'en mêlèrent aussi. Les livres bibliques, dont les catholiques se
servent, d'ailleurs, comme les protestants, offrent des exemples dangereux. Le
sacrifice d'Abraham, l'immolation d'un fils par son père à la volonté de Dieu,
exalté dans les sermons aussi bien que dans les prêches, la subordination de
toutes les affections humaines au devoir religieux, les emportements d'une
dévotion peu éclairée, se combinèrent dans ces esprits sans culture, & de
cette fermentation naquit une légende qui prit corps, qui s'imposa presque à
toute la ville 8c qui prépara l'une des plus tristes erreurs judiciaires dont
l'histoire ait conservé le souvenir.
Pour comble de malheur, les questions religieuses avaient précédemment
porté la division dans la famille Calas 8c appelé sur elle l'attention de
l'intendance. Un des fils, Louis, s'était fait catholique, 8c avait eu avec son
père, à propos d'une affaire de pension, des querelles d'intérêt dans lesquelles
il avait fait intervenir le vicomte de Saint-Priest 8c M. Amblard, son subdé-
légué '.
11 n'en fallut pas davantage pour faire croire aux imbéciles que Marc-
Antoine avait voulu suivre l'exemple de son frère, 8c que, pour prévenir cette
' Piices justificatives, n. DCCCXC, col. I2!Î4 8i suiv.
I 761
1761
1164 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
nouvelle apostasie, le rigide liuguenot avait prononcé l'arrêt de mort de son
fils aîné. Une fois le premier anneau de la chaîne forgé, les autres s'ajoutè-
rent d'euK-mèmes, S<. bientôt l'on affirma que Marc-Antoine était un néo-
phyte, un martyr, un saint. Avec la guerre de propagande que se faisaient
catholiques & protestants, rien n'était plus commun que ces espèces de rapts
religieux d'enfants à leurs pères, accomplis soit par un ami trop zélé, soit par
une fiancée, soit par une servante; les deux communions n'avaient sur ce
point rien à se reprocher; car, suivant que l'on étudie les témoignages his-
toriques de l'une ou de l'autre, on y retrouve, appuyées de faits, exactemerg:
les mêmes récriminations.
Une autre circonstance funeste fut la rétractation des premières dépositions
des Calas. Quand ils se virent accusés d'avoir eux-mêmes commis le meurtre,
ils abandonnèrent leur thèse invraisemblable 81 racontèrent fidèlement ce
qu'ils avaient vu en pénétrant dans la boutique; mais leur premier mensonge
disposait mal à la confiance. 11 n'est point douteux que si parmi leurs juges
ils avaient rencontré des esprits lucides 8c pénétrants, capables de s'affranchir
de la pression des crédulités populaires, ni les anciens placets de Louis Calas
à l'intendance, ni les contradictions des accusés dans leur interrogatoire,
n'auraient permis d'établir un arrêt de mort sur des présomptions; mais, ni
dans le corps capitulaire, ni dans le Parlement, ces magistrats supérieurs ne
se rencontrèrent.
Les capitouls avaient commencé par faire, suivant l'expression du temps,
« le procès au cadavre, « afin de savoir si Marc-Antoine devait être traité en
suicidé. D'après les usages observés dans la plupart des causes, pour stimuler
les révélations, le procureur du roi Lagane dressa les articles d'un monitoire
destiné à êti-e publié dans toutes les églises.
Cette pièce portait menace d'excommunication contre quiconque ne vien-
drait pas déposer en justice, sachant « que le sieur Marc-Antoine Calas aîné
« avoit renoncé à la religion prétendue réformée, dans laquelle il avoit reçu
« l'éducation; qu'il assistoit aux cérémonies de l'Eglise catholique & romaine;
« qu'il se présentoit au sacrement de pénitence 8<. qvi'il devoit faire abjuration
« publique après le i3 du mois d'octobre ; qu'à cause de ce changement
<( de croyance, le sieur Marc-Antoine Calas étoit menacé, maltraité Se regardé
« de mauvais œil dans sa maison; que la personne qui le menaçoit lui avoit
<i dit que s'il faisoit abjuration publique, il n'auroit d'autre bourreau que
Cl lui qu'une femme, passant pour attachée à l'hérésie, excitoit son mari
<i à de pareilles menaces 8c menaçoit elle-même Marc-Antoine Calas ; que
Il le i3 du mois courant au matin, il se tint une délibération dans une
«I maison de la paroisse de la Daurade, où la mort de Marc-Antoine Calas
« fut résolue ou conseillée, 81 contre ceux qui auroient, le même matin, vu
« entrer ou sortir de ladite maison un certain nombre desdites personnes ;
« Contre ceux qui savoient, par ouï-dire ou autrement, que le inême jour,
c< i3 du mois d'octobre, depuis l'entrée de la nuit jusque vers Jes dix heures,
c( cette exécrable délibération fut exécutée, en faisant mettre Marc-Antoine
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. ii65
« Calas à genoux, qui, par surprise ou par force, fut étranglé ou pcndix avec
(i une corde à deux noeuds coulants ou baguelles, l'un pour étrangler £<
« l'autre pour être arrêté au billot servant à serrer les balles, au moyen dcs-
« quels Marc-Antoine Calas fut étranglé & mis à mort par suspension ou par
« torsion ;
« Contre ceux qui auroient entendu une voix criant à l'assassin. Se de
« suite : « Ah! mon Dieu! que vous ai-je fait? Faites-moi grâce; » la même
« voix étant devenue plaignante Si disant : « Ah ! mon Dievi ! ah 1 mon
« Dieu ! »
<i Contre ceux auxquels Marc-Antoine Calas auroit communiqué les inquiet
« tudes qu'il essuyoit dans sa maison, ce qui le rendoit triste Si mélancolique;
« Contre tous ceux qui surent qu'il arriva de Bordeaux, la veille du i3,
« un jeune homme de cette ville qui, n'ayant pas trouvé des chevaux pour
« aller joindre ses parens qui étoient à leur campagne, ayant été arrêté à
« souper dans une maison, tut présent, consent ou participant à l'action'... »
On voit que ce document, lu dans toutes les chaires, donnait, sous forme
dubitative, une sorte de consécration aux rumeurs sinistres nées du sein de
la foule. Il y eut un assez grand nombre de dépositions, dont la plupart
vagues ou portant sur des points insignifiants, 6c, à coup sûr, quelques faux
témoignages.
Une coïncidence fâcheuse vint ajouter encore à la cruelle situation des
Calas. Au plus fort de l'émotion causée par la publication du monitoire, les
habitants de Toulouse virent entrer en ville une calèche fermée qu'escor-
taient des cavaliers de la maréchaussée déguisés, vêtus avec une extrême
recherche. Cette calèche s'arrêta devant les prisons de la Conciergerie; il en
descendit deux hommes : c'étaient le ministre protestant François Rochettc
Si son secrétaire, qui avaient été arrêtés près de Caussade, dans l'exercice de
leur culte.
Le lendemain, nouveau convoi; cette fois, plusieurs brigades de maré-
chaussée chevauchent sabre en main autour d'un fourgon couvert, où sont
rassemblés sept ou huit protestants, dont trois gentilshommes, prévenus
d'avoir suscité une émeute en Querci pour enlever aux soldats le ministre
arrivé la veille. On devine combien cet appareil menaçant agit sur les têtes
des Toulousains, 6c quel appoint de vraisemblance il donna aux insanités
qui circulaient dans le public sur le sanglant sacrifice de la rue des Filatiers.
Durant toute cette période, on ne pouvait plus rêver que de protestants, de
guerres de religion, de massacres, 6c le souvenir des cruautés commises dans
la guerre des camisards, les citations d'auteurs fanatiques, triées par des
hommes de bonne volonté, achevaient de faire perdre le sens à la foule.
Cependant, un prêtre avait déclaré que le prétendu martyr catholique,
' La plupart de» textes relatifs à l'aff.ùre Cnlas des dépèches du comte de Saint-Florentin, ministre
ont été publiés par M. Athanase Coquerel fils dans secrétaire d'État & d'autres fonctionnaires publics,
son intéressante monographie : Jean Calis & sa fa- &i des lettres de la sœur A.-J. Fraisse, de la Visiia-
mille, étude historique d'après les originaux, suivie tion, à Mademoiselle Anne Calas. Paris, |8 j?.
1 ;'.■ 1
176l
1166 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Marc-Antoine Calas, était lui-même un fanatique de premier ordre, qu'il
n'admettait pas que le salut fût possible en dehors de la communion réformée;
St, de plus, en fouillant les poches de ses vêtements, on n'y avait trouvé ni
livres pieux ni rosaire, mais des chansons obscènes, ce qui est un étrange
bagage pour un néophyte & pour un saint.
On ne s'arrêta point à ces détails. L'amour des spectacles, passion prépon-
dérante chez les Méridionaux, inspira l'idée de faire au iils de Calas de
pompeiises funérailles. Le dimanche, 8 novembre, après vêpres, la paroisse
Saint-Etienne alla chercher le corps à l'hôtel de ville, où il avait été conserve
dans la chaux, & l'emporta à la cathédrale, avec grand concours d'ecclésiasti-
ques & force luminaire, pour l'ensevelir sur un flanc du cloître, dans la petite
église Saint-Jacques. Sous prétexte que le trépassé avait eu l'intention de se
faire recevoir dans la confrérie, les pénitents blancs se donnèrent un rô'e
dans ce cortège, & firent, quelques jours après, célébrer un service funèbre
dans leur chapelle en l'honneur de celui qui aurait pu devenir leur collègue,
comme l'était son frère Louis ',
Ces diverses cérémonies, qui avaient fort intéressé la foule, accrurent l'au-
torité des bruits répandus S<. l'ardeur des préventions contre les accusés.
Le 14 novembre, les chambres du Parlement s'assemblèrent, ainsi qu'il
avait été résolu précédemment, pour entendre le rapport sur l'affaire des
jésuites; mais l'avocat général Lecomte, portant la parole au nom des gens
du roi, déclara que trop peu de temps s'était écoulé depuis la remise des
constitutions au greffe pour permettre de les parcourir en entier. Les magis-
trats instructeurs avaient besoin d'un délai « pour développer cette multipli-
« cité de principes, de maximes 8<. de systèmes, » répandus dans les livres des
jésuites. La cour renvoya le rapport au 24 avril 1762, &t décida de nommer
deux commissaires spéciaux; le président de Senaux désigna MM. de Canta-
lauze 8<. Chalvet de Merville.
A la même époque, on faisait courir en ville les rumeurs les plus inquié-
tantes sur les dispositions des protestants, que l'on accusait de rêver une ten-
tative d'enlèvement de François Pvochette des prisons de la Conciergerie. Des
dispositions militaires furent prises pour mettre l'enclos du palais à l'abri d'un
coup de main. On renforça le poste de la place du Salin, 6<. l'on plaça des
guérites 81 des sentinelles aux diverses portes.
Le 18 novembre, les capitouls prononcèrent leur première sentence. Un
seul membre de leur tribunal, l'assesseur Carbonnel , îapporteur, fut d'avis
de relaxer tous les accusés du crime de parricide, & de faire le procès à la
mémoire de Marc-Antoine Calas comme suicidé. Tous les autres condamnè-
rent les trois Calas à subir la question ordinaire & extraordinaire, tandis que
Lavaysse & la servante y seraient seulement présentés.
Les accusés firent immédiatement appel au Parlement. Lagane les imita
de son côté, se plaignant, lui, d'une sentence trop douce. Se obtint imméJ'i; •
■ P'icccs justifucit'iva, n. DCCCXCI, col. 1244 & suiv.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1167
tement le renvoi. Les condamnés furent transférés dans les prisons de la
Conciergerie; on leur mit les fers aux pieds.
Le 18 février, le Parlement rendit une sentence de mort contre François
Rochette, accusé & convaincu d'avoir exercé les fonctions de ministre, prêché,
baptisé, fait la cène & présidé des assemblées au Désert '.
François Rochette était le troisième ministre supplicié de sa famille, son
père 8c son grand-père ayant, comme il le dit lui-même à ses juges, souffert
la mort pour la cause de Dieu. On n'avait jamais donné au peuple de Tou-
louse le spectacle d'une exécution de ministre; aussi une foule énorme avait-
elle accouru au pied de l'échafaud. Elle se flatta de l'espoir que la scène
serait bientôt renouvelée; car on racontait dans le public que la cour avait
décrété d'arrestation trois pasteurs du haut Languedoc, des hautes Cévennes
Se du comté de Foix, coupables d'avoir signé les lettres pastorales de Rochette.
Ces pasteurs ne se laissèrent pas prendre, St les habitués de la place du Salin
éprouvèrent une déception.
Outre le ministre, le Parlement de Toulouse avait condamné à mort les
trois frères Grenier, gentilshommes verriers des environs du Mas-d'Azil, qui
avaient dirigé la tentative d'enlèvement. Ces trois jeunes gens, dont l'aîné
n'avait pas plus de trente-trois ans, 8c le plus jeune vingt-six, ne devaient
pas, à cause de leur qualité, être attachés à la potence, mais subir la peine
des nobles, la décapitation. On les fit assister, du haut de leur chariot, à la
pendaison de Rochette. Celui-ci portait, devant 8c derrière, un écriteau sur
lequel on avait écrit : Ministre de la religion prétendue réformée, comme
on eût mis, pour un scélérat ordinaire, « voleur » ou « assassin; » il essaya,
avant de mourir, de parler à la foule 8c d'encourager les trois autres con-
damnés qui attendaient, après lui, la fin de leur peine; mais, depuis Bâville,
on ne tolérait pas ces adieux oratoires. Les tambours du régiment de Berry,
rangé sous les armes dans la place, coupèrent la parole au ministre. Se le
bourreau, se jetant sur lui, se hâta de l'étrangler.
On passa ensuite à la décollation des trois gentilshommes. Les curés de
Saint-Sernin , de Saint-Pierre Se de la Dalbade, à qui l'on avait confié la
difficile mission de les convertir, se heurtèrent à une résistance invincible.
Les trois condamnés leur déclarèrent qu'ils voulaient mourir dans la religion
de leurs pères. On commença l'exécution par l'aîné, on termina par le plus
jeune, dans l'espoir que la vue de trois supplices triompherait de sa faiblesse;
têtes 8c cadavres furent ensuite portés aux fourches patibulaires 8c ensevelis
dans l'enceinte, au fond d'une même fosse, avec quelques sacs de chaux. Les
catholiques spectateurs de cette tragique scène ne purent s'empêcher d'admirer
le courage 8c la constance des suppliciés. Avant de descendre du chariot, les
trois frères s'étaient embrassés, se demandant pardon l'un à l'autre 8c s'exhor-
tant à mourir fermes dans leur foi.
Le sénéchal, la maréchaussée, les capitouls avec la troupe du guet, un
' Pièces justificative!, n. DCCCXCII, col. 2249.
1761
i 762
.76.
n68 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
commissaire du Parlement en robe rouge Si le régiment de Berry, avec ses
tambours & ses fifres, assistèrent à la quadruple exécution.
Il n'est pas difficile de comprendre quelle impression de pareilles scènes
produisirent sur la population de Toulouse Se combien les passions religieuses
s'en trouvèrent surexcitées. On se trouvait ramené fort en arrière, au temps
de la plus violente persécution; on en revenait k considérer les protestants
comme des ennemis de l'État; Si la foule, qui confond aisément l'autorité
avec la justice, ne pouvait croire que des gens si rudement traités ne fussent
pas capables de tous les crimes.
L'opinion se répandait, d'ailleurs, dans tout le pays, que la doctrine de
Calvin permettait aux parents de tuer leurs enfants qui changeaient de reli-
gion : autant aurait valu soutenir que l'Evangile autorisait les princes catho-
liques à faire massacrer leurs sujets protestants. Ces rumeurs furent colportées
à l'étranger. L'avocat Sudre, qui défendait les Calas, se vit contraint de solli-
citer une déclaration des pasteurs Si professeurs de l'Eglise Si de l'Académie
de Genève désavouant cette cruelle théorie.
Dans l'acte authentique, signé à Genève le 29 janvier 1762 Si légalisé par
les syndics Si par le baron de Montpeyroux, résident de France, les membres
de la compagnie, interrogés sur la question de savoir si l'immolation d'enfants
par leur père pour cause de changement de religion était un principe admis
dans leur Église ou approuvé par un synode de Genève, témoignaient l'hor-
reur que leur causait une pareille imputation Si leur étonnement de voir des
chrétiens capables de soupçonner chez d'autres chrétiens des sentiments aussi
exécrables.
Ils affirmaient que jamais synode ni assemblée n'avaient approuvé cette
abominable doctrine qu'un père pût ôter la vie à ses enfants pour prévenir
leur changement de religion ou pour les en punir; que même pareille ques-
tion n'avait jamais été agitée, de telles horreurs ne se présumant pas; que ni
Calvin, ni aucun docteur, n'avaient jamais rien enseigné de semblable. Si
que bien loin d'accepter cette maxime dans leur Eglise, ils la détestaient una-
nimement Si l'abhorraient, comme également contraire à la natme, à la reli-
gion chrétienne Si aux principes des Eglises protestantes.
Le pasteur Paul Flabaut essaya aussi de secourir ses malheureux coreli-
gionnaires, en envoyant, des environs de Nimes, un mémoire daté du Désert,
où il s'élevait avec indignation contre la calomnie des Languedociens.
Ce mémoire fut dénoncé par le procureur général Riquet de Bonrepos au
comte de Saint-Florentin Si au Parlement de Toulouse. Le secrétaire d'État
ne se souciait point d'ordonner des poursuites contre Paul Rabaut, dont la
populai'ité était grande Si dont l'intervention avait plusieurs fois rendu
d'éminents services pour le maintien de la paix. Il prit donc l'expédient de
recommander au magistrat de présenter le mémoire du Désert comme un
ouvrage anonyme Si de n'en pas faire connaître l'auteur.
M. de Bonrepos ne se conforma pas à ces instructions dans son réquisitoire
à la cour, du 6 mars 1762. Il y prononçait à diverses reprises le nom de Paul
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV, 1169
Rabaut, lui reprochait de s'intituler ministre du saint Evangile, d'avoir osé
dater son ouvrage du Désert S<. de tendre à généraliser une accusation qui
n'atteignait que quelques particuliers. Il l'accusait d'insulter à la religion en
comparant la conduite des premiers chrétiens à celle des nouveaux prosé-
lytes de la religion prétendue réformée. « Ce que veut, disait-il, cet auteur
« séditieux, en bravant à la fois l'autorité séculière 81 l'autorité ecclésiastique,
« c'est préparer ceux dont il a surpris la confiance par ses déclamations à
« redouter & cependant à mépriser toute autorité. On passe aisément du
« mépris à la révolte, & c'est le point de vue de cette foule de ministres
« obscurs, qui n'attendent leur considération & leur fortune que du trouble
« & du désordre, n
Le procureur général établissait ensuite la fameuse distinction invoquée
par les magistrats catholiques pour justifier leurs mesures de rigueur à l'égard
des réformés. Si François Rochette venait d'être condamné à mort, ce n'était
point « comme mauvais raisonneur, mais comme séditieux & réfractaire aux
« ordres du roi. »
Le 9 mars, après dix longues séances, le Parlement rendit son arrêt contre
Jean Calas, jugé seul, parce qu'on espérait obtenir de lui, au moment de son
exécution, des révélations sur ses prétendus complices.
La sentence de mort avait passé à la majorité de huit voix sur treize, un
seul juge s'étant déclaré pour l'acquittement.
L'arrêt portait que Calas subirait la question ordinaire & extraordinaire
pour tirer de lui l'aveu de son crime, complices St circonstances 5 qu'étant en
chemise, tête 8c pieds nus, il serait conduit dans un chariot des prisons du
palais à la cathédrale, & que là, devant la porte principale, étant à genoux,
tenant en ses mains une torche de cire jaune allumée du poids de deux livres,
l'exécuteur de la haute justice lui ferait faire amende honorable Se demander
pardon à Dieu, au roi 81 à la justice de ses méfaits; l'ayant remonté sur le
chariot, l'exécuteur devait le conduire à la place Saint-Georges, où, sur un
échafaud, il lui romprait 8c briserait bras, jambes, cuisses 8c reins, le porte-
rait sur une roue &c l'y coucherait, le visage tourné vers le ciel, pour y vivre
en peine 8t repentance de ses crimes 8c méfaits, 8c servir d'exemple, 8c donner
de la terreur aux méchants tout autant qu'il plairait à Dieu de lui donner
de vie. L'article secret de la sentence, connu sous le nom de retentum, ajou-
tait qu'après avoir demeuré deux heures sur la roue. Calas serait étranglé.
L'exécution eut lieu le lendemain, 10 mars, à quatre heures de l'après-
midi. Ni dans la chambre de la question, où ses membres subirent le sup-
plice de l'extension 8c où l'on fit couler dans sa bouche, en deux reprises,
le contenu de dix cruchons d'eau, ni au bas de l'échelle de l'échafaud, le
malheureux condamné ne rétracta ses persistantes dénégations. 11 y déclara
tour à tour n'avoir « jamais formé de projets aussi exécrables, » n'avoir « pas
Il de complices, étant innocent, » n'avoir ni lui, ni personne, commis le crime
qu'on lui imputait; son dernier mot fut qu'il mourait innocent. Deux domi-
nicains, les pères Bourges, docteur royal de l'Université, 8c Caldaigues, pro-
XIU. 74
1762
~^^ M 70 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tesseur en théologie, l'exhortèrent vainement à changer de religion. Calas ne
poussa qu'un cri sous le premier des coups de barre qui brisèrent ses os, &
pendant les deux heures qu'il passa vivant sur la roue, il donna des marques
de la plus inébranlable fermeté. Une multitude de spectateurs s'était rendue
des campagnes voisines pour assister à l'horrible scène.
De toutes les tragédies judiciaires qui avaient ensanglanté la place Saint-
Georges, celle-ci devait être la plus retentissante, &, grâce à l'intervention de
Voltaire, passionner l'opinion de l'Europe.
On avait compté sur les aveux de Calas pour condamner ses prétendus
complices. Calas s'étant, jusqu'à la dernière heure, déclaré innocent, toute la
famille fut mise hors de cour, sauf le fils Pierre, contre lequel on prononça
la peine du bannissement perpétuel, & qui se fit catholique.
Ce fut par l'entremise d'un négociant marseillais, Dominique Audibert,
venant de Toulouse & se rendant à Genève, que Voltaire apprit les détails
de l'exécution qui venait de s'accomplir & les puissantes présomptions d'inno-
cence du malheureux condamné. Il s'émut de cette horrible méprise, entre-
prit une enquête minutieuse pour arriver à la connaissance de la vérité, &
une fois convaincu lui-même, se mit en campagne 8t n'eut point de repos
que le nom du supplicié de Toulouse ne fût réhabilité. Les résultats de son
intervention grandirent singulièrement une erreur judiciaire, que l'histoire
aurait oubliée comme bien d'autres, si la grande question de la liberté de
conscience ne s'y était trouvée indirectejnent mêlée. C'est de ce moment que
l'opinion fut saisie de la cause des protestants.
Ce n'est pas comme protestant que le Parlement de Toulouse avait con-
damné Jean Calas, c'est comme parricide; mais on l'avait cru parricide parce
qu'il était protestant &c que la foule nourrissait encore des haines sauvages
contre les réformés. Le fait de Calas n'était pas en lui-même plus intéressant
que celui de milliers de personnes condamnées à la mort ou aux galères,
non pas pour un crime supposé, mais pour avoir prié Dieu d'une façon qui
déplaisait au roi. Malheureusement, ce genre de délit témoignant d'une fer-
veur religieuse que les philosophes regardaient comme une autre forme de
fanatisme ne leur rendait pas ces victimes recommandables. Le cas plus
humain de Calas fit ouvrir les yeux. Se l'on ne saurait douter que le supplice
de cet innocent n'ait mieux servi la cause de la tolérance que tous les autres
épisodes de la persécution contre les religionnaires. Ce fut un de ces événe-
ments décisifs qui s'emparent des esprits 5< qui produisent des coiu'ants irré-
sistibles. C'est, en réalité, la politique orthodoxe de Louis XiV qui a suc-
combé sur l'échafaud de Calas.
Pourtant, l'affaire des jésuites suivait son cours. Le 24 avril, comme les
chambras du Parlement étaient réunies pour entendre les premiers rapports,
une tentative de diversion assez habile fut essayée en leur faveur par le con-
seiller de Bojat fils. Ce magistrat, s'inspirant de la tactique employée contre
la société de Jésus, dénonça la Somme de saint Thomas « comme contenant
« une doctrine perverse 8; des maximes contre la sûreté des rois, » & demanda
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1171
qu'il fût délibéré sur cette dénonciation. Le cas pouvait paraître embarras-
sant; mais, comme l'opinion de la majorité se trouvait arrêtée d'avance S<.
qu'on ne jugeait pas opportun de découvrir chez d'autres écrivains religieux
les maximes subversives attribuées aux seuls jésuites, il fut résolu « n'y avoir
« lieu de délibérer quant à présent sur la proposition, » Se l'on en prononça
le renvoi à l'époque « où l'aftaire des jésuites seroit entièrement consommée. »
Ensuite, le procureur général Riquet de Bonrepos prit la parole, assisté des
avocats généraux Malaret de Fontbauzard Si Cambon, 8c commença un rap-
port très-circonstancié sur l'institut, les constitutions & le régime des jésuites,
qui remplit trois audiences, celle du samedi 24 avril, du vendredi 3o 81 du
mardi 4 mai.
Le 17 mai, la ville de Toulouse célébra avec un grand déploiement de
pompe le centenaire des événements de i56i. Cette commémoration de faits
de guerre civile coïncidait tristement avec l'émotion que venaient de produire
les supplices de François Rochette, des frères Grenier 8<. de Jean Calas. On
en parla beaucoup en France, comme d'un anachronisme périlleux'. Il y
' Voici le préambule de l'ordonnance des cnpi- leur cœur un bienfait si signalé, voulant éterniser
touls, du 2Q avril 1762, prescrivant la célébration leurs hommages, établirent qu'il seroit fait tous
du centenaire de iâ62(voeu séculaire de la déli- les ans, le 17 mai, une procession générale, en
vrance de la ville) : actions de grâces de leur heureuse délivrance; ils
« Sur les réquisitions faites par M. de Pijon, demandèrent encore au Saint-Père une bulle por-
avocat du roy en la ville &. sénéchaussée, qui a tant concession d'un jubilé pour le 12 & 17 may
dit : La ville de Toulouse est célèbre dans toute de chaque année à perpétuité aux églises de Saint-
l'Europe par son zèle pour la foi & par les grands Etienne & de Saint-Sernin, ce qui leur fut
saints dont elle révère les reliques; cette heureuse accordé par le pape Pie IV en 1564. Vo» prédé-
viUc, selon les paroles d'un auteur distingue, cesseurs qui étoient en pl.ice l'année séculaire de
toute catholique, semblable à celle dont le Saint- cet événement, redoublèrent leurs voeux & la ville
Esprit fait la loi, est comme le lys entrç les épi- donna à cette occasion des marques plus particu-
nes; mais si jamais elle a dû faire éclater son zèle lières de son amour pour la religion; comme vous
pour notre sainte religion, ce fut dans le seizième avez le bonheur de vous trouver dans la même
siècle; personne n'ignore que, dans ce temps circonstance, vous devez suivre cet exemple. La
malheureux, les calvinistes .nrraés par l'esprit de gloire de Dieu, l'édification des fidèles & votre
révolte se rendirent maîtres des principales places zèle réclament l'observation de cette pieuse cou-
du royaume, en profitant de la trahison de quel- tume. C'est un tribut extraordinaire qui est dii
ques habitants infectés du venin de leur hérésie. aux faveurs infinies dont la divine Providence
Ils se saisirent, en i562, d'une grande partie de combla cette ville en lui donnant des forces pour
cette ville. Ils étoient sur le point de s'en emparer, repousser les hérétiques. Les mesures que vous
lorsque le Ciel veilla spécialement à sa conserva- avez prises à ce sujet & la bulle que vous venez
tion ; les hérétiques en furent entièrement chassés d'obtenir de Notre-Saint-Père le Pape, sont les
& les supplices rigoureux qu'on fit Subir à la plus garants de vos pieuses intentions pour renouveler
grande partie consommèrent la peine qui étoit ces actions de grâces 8t donner à la fête toute la
due à leur conjuration & à leur perfidie. Cet heu- célébrité possible, & afin de ne rien négliger dans
revix événement qui maintint la religion catlio- l'exécution de votre glorieux dessein, vous avez
lique, qui fit succéder la paix & l'allégresse aux mandé les maîtres des corps de métier qui doivent
horreurs des combats & aux plus vives alarmes, se trouver à la procession pour porter ou accom-
arriva le 17 mai. Jour de gloire &. de triomphe, pagner les pavillons & corps saints, vous leur
où le trésor des grâces célestes fut répandu sur ;:vez assigné le rang & la forme en laquelle ils
cette ville d'une manière toute particulière. Une doivent y assister; inais attendu qu'il ne vous
marque si éclatante de faveur & de protection reste qu'à régler la police extérieure confiée à votre
exigeolt les témoignages de la plus vive recon- sagesse & à votre vigilance, vous les portez à tous
nonsance; nos ]-èros-«'qul portoient au fond de les besoins, & vous nous prévenez ; mettez le
1762
1762
1 172
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
avait un contraste particulièrement curieux entre la célébration de cette fête,
qui rappelait une des plus terribles réactions catholiques du seizième siècle,
Jk la guerre entamée par le Parlement contre la milice catholique par excel-
lence de la même époque. Chanter une victoire obtenue sur les protestants
8<. préparer en même temps l'expulsion des jésuites ne témoignaient pas
d'une logique bien rigoureuse.
La cour avait résolu d'écrire au Parlement de Paris pour lui demander un
exemplaire authentique des assertions soutenues par les soi-disant jésuites,
dont le premier corps judiciaire de France venait d'ordonner l'impression. Le
texte de cette lettre fut lu devant les chambres assemblées. Elle était ainsi
conçue :
« Messieurs, animés du même zèle qui dirige toutes vos démarches dans
« l'importante affaire qui occupe à la fois le Parlement entier, nous avons
« cru devoir vous demander, pour être déposé dans notre greffe, un exem-
« plaire duement collationné des assertions soutenues par les soi-disans
« jésuites, dont l'impression a été ordonnée par votre arrêt du 5 mars dernier.
« Ce recueil, monument mémorable de votre amour pour la personne sacrée
« du roi S<. de votre vigilance pour le maintien des bonnes mœurs, nous est
« d'autant plus nécessaire, qu'indépendamment des extraits d'auteurs qu'il
« seroit difficile de ramasser ici, & que vos commissaires ont vérifiés, il con-
« tient des pièces essentielles que nous ne pouvons tenir que de vous.
citoyen & l'étranger en sûreté, gardez-les des vices
& des dangers de la multitude, prévenez les dis-
sensions de la vanité; la cérémonie demande par
elle-même la propreté & l'ornement : c'est pour-
quoi nous vous requérons d'y pourvoir. Ce vingt-
neuf avril mil sept cent soixante-deux. De Pijon,
avocat du roy.
« Nous Capitouls, ayant égard auxdites réqui-
sitions, convaincus d'ailleurs que le temps de
notre administration ne sauroit être marqué par
un événement plus cher à nos concitoyens & plus
glorieux pour nous, empressés de renouveler^ les
vœux de nos prédécessaurs & de remercier l'Etre
suprême d'une manière particulière, de la faveur
insigne qu'il fit à la ville en la délivrant de
l'Hérésie, nous avons résolu de célébrer l'année
séculaire de cette délivrance avec une solennité
extraordinaire qui, en rappelant le souvenir des
grâces que le Ciel versa sur nos pères, serve s
rallumer la reconnoissance & la piété dans tous
les cœurs. Ainsi nous faisons savoir à toute sorte
de personnes que le 17 du mois de mai prochain
se fera la procession générale & séculaire de la
délivrance de la ville. Afin qu'elle soit plus solen-
nelle, nous avons cru qu'il convenoit que toutes
les reliques qui sont dans l'église de Saint-Sernin
fussent exposées à la vénération publique, & nous
avons ordonné que les pavillons seraient portés
& accompagnés par les bailes & députés de tous
les corps des ans & métiers de cette ville, suivant
le rang, l'ordre & la forme qui sera par nous
réglé dans notre présente ordonnance. Nous exhor-
tons tous les citoyens à se souvenir du bienfait
signalé, dont la mémoire sera célébrée dans ce
grand jour, & à l'exalter en s'animant mutuelle-
ment par l'ardeur d'une dévotion commune. Si
nous faisons tous nos efforts pour relever le
brillant de cette fête, ce n'est point pour exciter
la curiosité, mais pour ranimer la piété & la
reconnoissance. C'est dans cet esprit que noics
avons sollicité auprès de N. S. P. le Pape une
indulgence de huit jours, en forme de jubilé, qui
commencera le 16 mai & finira le 23. C'est aussi
sur ce motif & autres qui émanent d'un esprit
vraiment pénétré que, pour concilier à une action
de grâces si juste & si solennelle toute la décence
& la dignité qui lui conviennent, nous ordonnons
ce qui suit' &c. »
L'ordonnance est signée : Lafle, capltoul, chef
du consistoire; Seguin Duséjour, capitoul; David
DE Beaudp.igue, capitoul; Daignan Dusexdat,
capitoul; De Poyusan, capitoul; GocAZÉ, capi-
toul; CABr.tnE, capitoul.
' Archives de Toulouse. Proclamations, ordonnances
p. 309. Recueil d'ordonnances capitulaires, p. 45.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. iiyS
<( Dans quelle occasion plus intéressante pourrions-nous réclamer le secours
« de l'intime fraternité qui ne cessera jamais de nous unir avec vous pour le
« bien de la religion, le service du roi & l'intérêt de^l'Etat?
« Nous sommes avec une ardeur fidèle Se sincère, Messieurs, vos très-chers
« frères & bons amis, les gens tenans la cour de Parlement à Toulouse »
Le Parlement de Paris se hâta d'expédier les documents qu'on lui deman-
dait. Le procureur général en rendit compte aux chambres le 26 mai, requé-
rant l'envoi des assertions aux évêques du ressort.
Plusieurs audiences furent ensuite occupées par les rapports des commis-
saires, qui cherchèrent à dégager, au moyen de citations étendues, l'esprit
de la compagnie, les thèses de ses docteurs, & à la présenter comme une
sorte de monarchie despotique étrangère insinuée dans toutes les parties du
rovaume.
Le 16 juin, le Parlement condamna plusieurs livres des jésuites à être
lacérés Se brûlés, devant le grand escalier du palais, par la main du bour-
reau, « comme séditieux, destructifs de tous principes de la morale chrétienne,
<i enseignant une doctrine meurtrière Se abominable, non-seulement contre
« la sûreté de la vie des citoyens, mais contre celle des personnes sacrées des
« souverains. » En même temps, pour statuer définitivement sur ce qui pou-
vait résulter de ces livres par l'enseignement constant Se non interrompu de
la doctrine qu'ils renfermaient, Se de l'inutilité des déclarations, désaveux Se
rétractations faites par les jésuites, la cour joignit la délibération à l'appel
comme d'abus interjeté le 5 juin précédent.
Nous passons sur le détail fastidieux des procédures qui précédèrent' l'arrêt.
Le général de l'ordre, intimé, ne donna point signe de vie. Les pères Charron
6e Delmas, l'un provincial, l'autre syndic des jésuites de Toulouse, présentè-
rent une opposition qui fut écartée.
Le procureur général Riquet de Bonrepos réquisitionna vigoureusement
contre les jésuites, comme il avait réquisitionné contre les Calas. Sa plaidoirie
remplit les audiences des 8, 11 Se 17 février 1763. Il exposa que les jésuites
n'étaient pas personnellement en cause, mais qu'il regardait leur institut,
leurs constitutions, comme inconciliables avec les lois de tout Etat policé, avec
les principes de la loi naturelle, avec les libertés Se les maximes de l'Église
de France. Il accusa l'institut Se les constitutions de donner l'être à une
nouvelle monarchie indépendante des souverains nationaux, régie par un
monarque sans territoire, qui envoyait ses sujets partout Se qui tenait ses
droits de la Cour de Rome, Il proposa trois moyens d'abus : la contravention
aux lois de l'Eglise Se de l'État, marquée par le renversement de la hiérarchie,
le mépris de la juridiction ordinaire Se les privilèges exorbitants obtenus des
papes; la contravention à la loi naturelle Se à la loi divine, fondée sur
l'obéissance absolue du jésuite à son général Se sur l'infaillibilité que suppose
cette obéissance; enfin, la contravention aux lois divines 8e humaines, qui
défendent à l'homme né sujet d'un prince de déroger aux volontés de la Pro-
vidence en s'aftranchissant de la soumission obligatoire. « Un jésuite, dit-il,
1762
1763
~^ 1174 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« n'est ni François, ni Espagnol, ni d'aucune autre domination; il n'est plus
« que jésuite, esclave du général, qui détermine à son gré le climat où il
« doit habiter, ce qu'il y doit faire, ce qu'il y doit dire Se ce qu'il y doit
« penser. »
Après avoir présenté diverses observations sur les ouvrages publiés par les
jésuites & sur les théories dangereuses qu'on leur reprochait, M. de Bonrepos
concluait ainsi :
« A l'égard de la doctrine 8c morale de la société, on ne disconvient pas
« qu'il n'appartient qu'aux évêques d'être juges en matière de doctrine & de
« morale; mais quand vine doctrine & une morale ont été condamnées sans
« succès par le clergé en corps 8c par des évêques séparément; quand, au
« mépris de ces condamnations, on voit reproduire les mêmes livres dont a
« été extraite la mauvaise doctrine; qu'on voit qu'elle tend à mettre le trouble
« dans la société civile, à introduire l'irréligion dans l'Etat, à favoriser un
« fanatisme dangereux pour la personne sacrée des souverains, le magistrat
K n'est-il pas autorisé, n'est-il pas même obligé par devoir d'employer la force
« de l'autorité royale pour tarir la source de cette morale corrompue, de cette
« doctrine impie 8c séditieuse?
« Nous l'avons trouvée cette source, 8c nous l'avons fait remarquer dans
« l'institut 8c le régime de la société des jésuites; vous en avez vu les bran-
<( ches dans les livres que vous avez condamnés aux flammes; quels efforts ne
« devez-vous pas faire pour couper les canaux par où cette source infectée
« vient répandre ses eaux contagieuses dans le royaume de France?
« Quelle puissante digue ne devez-vous pas opposer à ce torrent? C'est
« l'intérêt de votre patrie, c'est celui de votre roi, c'est la sûreté de sa per-
« sonne sacrée, qui vous demandent aujoind'hui, en tant qu'il peut dépendre
« de vous, la destruction d'une société soumise à une monarchie étrangère,
(( qui assimile ses avantages personnels à la plus grande gloire de Dieu, avec
f( laquelle elle affecte de se confondre; elle adopte sous ce faux prétexte
«. toutes sortes de moyens pour parvenir à ses fins; elle exige de ses sujets 8c
« même de ses amis le sacrifice des affections les plus naturelles, des intérêts
« les plus précieux; telle est cette monarchie ambitieuse; elle ne souffrit
« jamais de partage ni de neutralité; elle regarde comme ennemis tous ceux
« qui ne sont pas ses sujets ou du moins ses alliés; aussi cruelle, aussi impla-
u cable dans sa haine qu'indulgente 8c politique dans son amitié, sa ven-
« geance n'a point de bornes, ses faveurs sont toujours mesurées suivant son
« intérêt particulier; sa politique 8c ses intrigues fermentent sans cesse dans
« les États où elle peut introduire ses colonies.
« L'Europe entière n'ouvrira-t-elle pas enfin les yeux sur une monarchie
« si dangereuse, créée par l'enthousiasme, élevée par l'ambition, soutenue
K par la politique, accréditée par le fanatisme? Qu'il nous soit permis de
« l'augurer en faveur de toutes les puissances légitimes; la lumière qui
« vient d'éclairer la France pénétrera sans doute dans tout l'univers. C'est
« à des magistrats françois à donner les premiers aux autres nations un
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. iiyT)
'< exemple mémorable de ce qu'on doit à sa patrie, à sa religion &. à son
« roi '. ))
A la suite de la plaidoirie du procureur général, le Parlement rendit son
arrêt le 26 février. Il constatait la non-comparution du général de l'ordre 6<.
la validité du défaut pris contre lui; il déclarait « y avoir abus » dans l'ins-
titut de la société se disant de Jésus, dans les bulles, brefs, lettres apostoli-
ques, constitutions, déclarations, formules de vœux, décrets des généraux &
des congrégations générales, dans les règlements Se privilèges de la société
appelés oracles de vive voix, dans les autres actes de même nature. Se en tout
ce qui constituait l'essence de l'institut. 11 déclarait l'institut, les règles, les
constitutions St le régime des jésuites inadmissibles dans tout État policé
comme attentatoires à toute autorité spirituelle Se temporelle, incompatibles
avec les principes de la subordination des sujets envers leurs souverains, spé-
cialement répugnant aux libertés de l'Eglise gallicane, aux quatre articles de
l'assemblée générale du clergé de France de 1682, contraires aux lois S<
maximes fondamentales du royaume, inconciliables avec le droit public de la
nation & irréformables dans leur essence. Le Parlement déclarait le même
abus dans les vœux 8<. serments publics ou secrets émis par les prêtres, les
écoliers 6c autres membres de la société. Se par toutes personnes connues ou
inconnues, de se soumettre aux règles de la compagnie, 5< dans les agréga-
tions, affiliations par forme de confrérie ou autrement, promesses d'obéissance
au général, sous quelque titre que ce pût être. Il condamnait ces actes comme
illicites Se non valablement émis.
Quant aux lettres patentes Se arrêts concernant les établissements particu-
liers des jésuites dans le ressort, la cour décidait qu'il n'y avait lieu de les
exécuter ultérieurement, cette exécution étant subordonnée aux « conditions
« irritantes « portées dans l'acte de l'assemblée de Poissy Se dans ledit de
rétablissement Se de grâce de i6o3. L'institut ne pouvait être séparé de la
société, comme formant ensemble un tout absolument indivisible. Le Parle-
ment déclarait les soi-disant jésuites inadmissibles, même à titre de société Se
de collège. Se les excluait à perpétuité de toute l'étendue du ressort, irrévoca-
blement Se sans aucun retour, sous quelque prétexte, dénomination ou forme
([ue ce pût être. Il affirmait la volonté de garder Se observer à perpétuité les
dispositions de l'arrêt, en tout ce qui concernait l'exclusion définitive Sv
absolue des jésuites, « comme un monument de sa fidélité à la religion Se au
« roi, » Se comme une maxime inviolable dont il ne pouvait jamais se départir
sans manquer à son serment Se aux devoirs que lui imposaient la sûreté de la
personne sacrée des rois, l'intérêt des bonnes mœurs, celui de l'enseignement
public Se de la discipline de l'Eglise, le maintien du bon ordre Se de la tran-
quillité publique. Le recueil imprimé à Prague en 1737 devait rester au
■ Plaidoyer Je Monsieur le procureur général du des soi-disant Jésuites. A Toulouse, de l'imprime-
roi au parlement de Toulouse, dans les audiences rie de la veuve de M" Bernard Pijon, avocat, seul
des 8, II & 17 février il^'i, sur l'appel comme imprimeur du roi & de la cour, cheï la veuve
d'abus parlai relevé de l'institut & constitution Lecamus. M. DCC. LXIII.
1763
"77^ iiyô ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
greffe civil de la cour, pour y servir de titre & de preuve perpétuelle des vices
de l'institut.
La Cour défendait expressément à toutes personnes de proposer, solliciter
ou demander en aucun temps ni en aucune occasion, le rappel 8t le rétablis-
sement de la société, à peine pour ceux qui auraient fait ces propositions ou
qui y auraient acquiescé, d'être poursuivis, suivant la rigueur des ordon-
nances, comme perturbateurs du repos public, ennemis du roi & de la patrie.
Elle rendait définitives toutes les mesures déjà prescrites contre les jésuites
par ses précédents arrêts, enjoignait à tous les membres de la société de vider
dans quinzaine, à compter du jour de la signification, toutes les maisons,
collèges, séminaires, résidences, missions 8c autres établissements par eux
occupés, sous une dénomination quelconque, & de se retirer en tel endroit
du royaume que bon leur semblerait, autre néanmoins que les collèges Se
séminaires, ou autres maisons destinées à l'éducation de la jeunesse, à moins
qu'ils n'y entrassent à titre d'étudiants ou pour le temps nécessaire à la
réception des ordres. Elle leur enjoignait de vivre dans l'obéissance au roi !k
sous l'autorité des ordinaires, sans pouvoir se réunir en société, sous aucun
prétexte, &<. aux officiers dos lieux d'y veiller Se d'en rendre compte au pro-
cureur général. Défenses formelles étaient faites aux jésuites d'observer à
l'avenir l'institut 8c les constitutions déclarées abusives, de vivre en commun
ou séparément sous cette règle ou sous toute autre que celle des ordres
dûment autorisés Se régulièrement reçus dans le royaume; de porter l'habit
usité dans la société, d'obéir au général, aux supérieurs ou autres préposés,
d'entretenir aucune correspondance avec eux ni avec les membres résidant
en pays étrangers; de faire à l'avenir les vœux de l'institut, de s'y agréger ou
affilier dedans ou dehors le royaume, à peine d'être poursuivis extraordinai-
rement.
Les membres de la société qui auraient atteint l'âge de trente-trois ans
accomplis au jour de l'arrêt, ne pourraient, en aucun cas ni sous aucun pré-
texte, prétendre à aucune succession échue ou à échoir, conformément à la
déclaration du i6 juillet 17 i5, loi de précaution, nécessaire pour assurer le
repos des familles, sans que l'on pût induire de cet acte royal une approba-
tion de la société.
Tous les jésuites qui se trouvaient dans les établissements du ressort lors
de l'arrêt du 5 juin 1762, 8c dans le ressort des autres cours à l'époque fixée
par leurs arrêts, ne pourraient remplir des grades dans les universités, être
admis à aucun bénéfice, soit simple ou à charge d'âmes, à aucune chaire ou
enseignement public, à aucune charge civile 8c municipale, à aucun office
de judicature, ni être chargés d'aucune « desserte » station, prédication,
direction dans les églises, monastères, communautés, hôpitaux, ni être
employés à aucune fonction publique du ministère ecclésiastique sans avoir
fait en personne serment « d'être bons 8c fidèles sujets 8c serviteurs du roi, de
« tenir Se professer les libertés de l'Église gallicane Se les quatre articles du
« clergé de France contenus en la déclaration de 1682; d'observer les canons
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1177
« reçus & les maximes du royaume, de n'entretenir aucune correspondance
« directe ni indirecte, par lettres ou par personnes interposées, ou autrement
« en quelque forme que ce pût être, avec le général, le régime 8c les supé-
« rieurs de la société ou autres personnes par eux préposées, ni avec aucun
« membre de ladite société résidant en pays étranger; de combattre en toute
<i occasion la morale pernicieuse contenue dans les livres proscrits par les
« arrêts de la cour, & notamment en ce qui concerne la sûreté de la personne
« des rois 8c l'indépendance de leur couronne; Se en tout, de se conformer
« aux dispositions du présent arrêt, notamment de ne point vivre désormais,
« à quelque titre Si sous quelque dénomination que ce puisse être, sous
« l'empire desdites constitutions &c institut. »
Ce serment devait être reçu au palais par MM. de Bastard, doyen, Si de
Vie, commissaires de la cour. Si dans les sénéchaussées par le lieutenant
général, 8c déposé aux greffes du Parlement ou des sénéchaussées, avec
défense à tous collateurs, électeurs, nominateurs, marguilliers, fabriciens,
prieurs, chapitres, supérieurs de communautés régulières ou séculières, admi-
nistrateurs d'hôpitaux. Si aux personnes quelconques ayant droit de présen-
tation, d'admettre à aucun otiice des soi-disant jésuites qui n'auraient pas
prêté le serment requis.
La cour défendait également aux sujets du roi de passer dans l'État d'Avi-
gnon pour y prendre l'habit de jésuite. Si à tous les jésuites étrangers d'en-
trer dans le ressort de la cour pour y résider, à peine d'être appréhendés au
corps Si conduits dans les prisons du palais. Elle défendait à tous sujets du
roi de fréquenter hors du royaume, 81 notamment à Avignon Si dans le
comté Venaissin, les maisons Si collèges des jésuites, sous peine d'être
déclarés inhabiles à posséder aucune place dans l'état civil 8c ecclésiastique
du royaume'.
Les commissaires nommés par la cour étaient chargés de pourvoir au ves-
tiaire 8c à l'itinéraire des gens qui sortiraient des maisons de la société,
réservant au procureur général de prendre des conclusions ultérieures pour
régler les pensions des soi-disant jésuites qui auraient passé l'âge de trente-
trois ans, procurer la vente Si l'aliénation de leurs biens, pourvoir au paye-
ment des créanciers, prendre des arrangements définitifs concernant l'ensei-
ment dans les collèges, 8c ordonner, en un mot, toutes les mesures accessoires
pour l'entière exécution de l'arrêt, dont le texte, imprimé, dut être signifié
sans délai aux supérieurs des maisons de la ville. Si dans trois jours aux mai-
sons du ressort. Copie en fut envoyée à toutes les justices royales pour y être
publiées, enregistrées Si affichées.
Dix diocèses turent autorisés par le conseil d'État à faire des emprunts pour
subvenir à leurs travaux de voirie. La somme totale des fonds que la Province
put se procurer par ce moyen s'élevait à deux cent quarante-cinq mille livres'.
■ Arrêts du conseil d'Etat, donnés à Versailles Alais : 3 5oo livres d'une pan, & de l'antre,
It 6 janvier 1763. 29301 livres i5 sols 9 deniers. — U^is ; 3o 000 1.
Voici le détail de la répartition ; — Béliers : 19200 livret. — Castrei . 20000 1. —
17Ù3
1763
iiyS ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Ces ressources furent consacrées :
Dans le diocèse d'Alais, aux réparations d'une partie du chemin d'Alais à
Nimes, que l'entrepreneur avait abandonnées, &t à divers travaux de commu-
nication intérieure préparés par Pomier;
Dans le diocèse d'Uzès, au déplacement de la ligne d'Alais à Nimes, qui
était trop étroite St trop exposée aux débordements du Gardon, passant par la
Calmette, Boucoiran & Ners;
Dans le diocèse de Béziers, k rendre carrossable le chemin de Gignac
jusques k la chaussée de Montagnac, joignant la grande route;
Dans le diocèse de Castres, k la construction de deux chemins, étudiés par
M. Garipuy, l'un de Castres k la Bessonnié, l'autre de Castres k Lautrec & k
Graulhet ' ;
Dans le diocèse de Narbonne, aux réparations du chemin de Saint-Pons,
passant par le bac de Saint-Marcel Ik par Bize, ligne commerciale importante;
Dans le Vêlai, k la construction des chemins du Puy au pont de Salomon,
sur la route de Lyon, & d'Issingeaux k Saint-Bonnet le Froid, sur la route
de Vivarais;
Dans le diocèse de Carcassonne, k la construction d'un chemin de Carcas-
sonne k La Grasse, établissant une communication entre nombre de lieux
importants de la vallée de Daigne, siège d'un commerce considérable;
Dans le diocèse de Rieux, k la continuation de la route déjà ouverte en
Guienne, entre Saint-Girons & Pamiers, ligne nécessaire au passage des
troupes allant de Roussillon 8t du bas Languedoc k Bayonne, & non moins
utile k favoriser le débouché des denrées du Comminges Se du Couserans vers
le comté de Foix & le diocèse de Mirepoix, devis dressé, en lySg, par M. de
Saget^; , . . ,-
Dans le diocèse d'Alet, k la réparation du chemin de l'Etape, entre Estagel
6c Caudiès;
Dans le Vivarais, k onze entreprises secondaires pour mettre en état divers
ponts 8c chemins de communication intérieure.
La maréchal de Thomond avait été emporté, au mois de septembre 1761,
par une maladie de poitrine extrêmement rapide. Le duc de Fitz-James, son
successeur, fils du maréchal de Berwick, ouvrit la session des Etats pendant
deux années consécutives. Il y était premier commissaire, lorsque l'assemblée
provinciale offrit au roi d'armer un vaisseau de ligne de quatre-vingts canons,
qui fut accepté avec reconnaissance & qui reçut le nom de Languedoc. Cet
élan de patriotisme ne fut pas seulement motivé par les événements généraux
qui préoccupaient alors la France. Le commerce languedocien se trouvait
très-directement intéressé au relèvement de la marine française, & compromis
Narhonne : So ooo 1. — Le Puy : î3 478 1. 2 S. 4 d. ' PrOcès-verbal des États. Séance du 4 décembre
— Carcassonne : 1 5 000 1. — Rieux : 34000 1. — 1762. — L'article XII des Instructions aux coni-
Alct : 3o 000 1. — Viviers : 5 o65 1. — Mirepoix, missaires du roi les chargeait de faire connaître à
û 000 1. — Total : 245345 1. 18 s. 1 d. l'assemblée combien il importait que le diocèse
' Procès-verbal des Etats. 19 novembre 1761. ouvrît cette communication.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. I179
par son insuffisance. Dans les derniers jours de septembre 1761, quatre cor-
saires anglais avaient iait apparition à la hauteur d'Aigues-mortcs, où ils
enlevèrent trois barques de pêcheurs. Le comte de Moncan se hâta d'y faire
passer quelques troupes d'intanterie avec vingt-cinq canonniers de la capi-
tainerie garde-côtes de Lune! pour servir la batterie du grau du Roi '.
Toutes les populations du littoral étaient en grand émoi. La ville de
Pézénas décida, par acclamation, d'offrir au roi, pour la marine, une somme
de dix mille livres, à prendre sur le produit de la subvention, &. d'inter-
rompre les travaux d'utilité locale auxquels ces fonds étaient destinés : déco-
ration de l'église paroissiale, réparation des fontaines St des fours, dégagement
des avenues du marché, alignement de la rivière, construction d'un bureau
du poids public.
Un an après la mort du maréchal de Thomond, le haut personnel provin-
cial subit encore une perte considérable : le premier président de Maniban
expira dans la nuit du 3i août au i" septembre. Madame de Livry, sa fille,
lui fit rendre les honneurs funèbres le 4 de ce mois. Les chapitres de Tou-
louse, l'Université, les capitouls 8c la plupart des corporations assistaient à
ces funérailles. Le cercueil, décoré de la robe rouge, du mortier de président,
de l'épée, du chapeau 8c des bottines, était porté par des pénitents blancs,
confrérie à laquelle appartenait le trépassé. M. de Maniban fut enseveli dans
le cimetière du cloitre Saint-Etienne, au pied d'une croix de pierre, & à côté
du premier président de Fieubet, son aïeul maternel.
La première présidence de Toulouse, vacante par sa mort, passa bientôt à
M. de Bastard, maître des requêtes au conseil d'Etat, fils du doyen du Parle-
ment.
Son entrée solennelle à Toulouse eut lieu avec beaucoup de cérémonie.
On racontait dans le public que le nouveau chef de la magistrature avait
épousé à Paris une parente de la marquise de Pompadour. Une foule de
cavaliers Se d'équipages allèrent l'attendre sur la route de Grisolles 81 l'ac-
compagnèrent jusqu'à l'hôtel de Palaminy, où il prit son logement. Les pré-
sents de la ville, composés de cierges de cire blanche ornés de rubans, lui
furent apportés par les capitouls en chaise à porteurs, au bruit des fanfares,
S<. la troupe du guet s'étant formée dans la grande cour de l'hôtel, qui ouvrait
sur la rue des Tourneurs, fit trois décharges de mousqueterie.
Un des premiers actes du nouveau président fut, d'après le témoignage
d'un contemporain, une mesure de reconnaissance à l'égard des jésuites, ses
anciens maîtres. Il augmenta de huit sols la pension viagère de douze sols
par jour qu'un arrêt du Parlement leur avait allouée.
Diverses fêtes furent célébrées à Toulouse en l'honneur de M. de Bastard.
11 y eut feu d'artifice, par les soins des capitouls, sur la place de l'Hôtel-de-
Ville. La pièce principale était une sorte d'édifice aux armes de la famille de
• Lettre du duc de Choiseul au contrôleur général, du 3o septembre 1761. (Archives nationales.
Correspondance du contrôleur général.)
17Û3
1763
n8o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
BastarcI, avec une figure colossale de la Justice. Rivais, peintre de l'hôtel
de ville, avait composé les motifs de la décoration.
Sur la place du Salin, un autre teu d'artifice fut organisé par le corps des
procureurs à la cour. Le premier président y était figuré au-dessus d'un socle
octogone en faux marbre, accompagné des figures de la Religion 8; de la
Justice. La Pv.eligion tenait un livre ouvert, sur lequel le magistrat étendait
la main; la Justice semblait prête à lui confier le glaive traditionnel '.
Les basochiens firent aussi unp brillante cavalcade pour honorer le premier
président. On y voyait paraître le roi de la basoche, monté sur un beau cheval,
la couronne en tête & le sceptre à la main, accompagné des grands officiers
de sa cour : chancelier, maréchaux, conseil de justice; la compagnie du séné-
clial caracolait à la suite, avec une longue file de mulets couverts de tapis &
représentant les équipages du roi. Tambours, fifres, timbales, cors 8< trom-
pettes, remplissaient l'air des plus bruyantes fanfares.
Les premiers mois de la présidence de M. de Bastard furent marqués par
divers arrêts particuliers terminant l'affaire des jésuites. La cour ordonna la
suppression d'un bref du pape Clément XIII favorable aux jésuites de France
8< de quelques pamphlets relatifs à la même compagnie.
Un autre arrêt, rendu sur le rapport du doyen, régla les pensions alimen-
taires, le vestiaire 8t l'itinéraire des jésuites dispersés. Chacun d'entre eux
devait emporter ses effets, la table, les chaises, les livres 8t tout le mobilier
qui se trouvait dans sa chambre. On accordait deux cent cinquante livres
]x)ur le vestiaire Se le voyage à chaque jésuite prêtre, & cent soixante livres
au simple frère. Les pensions variaient de deux cent quarante à six cents
francs, d'après l'âge 8\ la qualité des pensionnaires.
C'est le samedi 26 mars que les maisons des jésuites de Toulouse furent
évacuées. On rendit les clefs de la maison professe sur le soir du même jour,
& l'on ferma l'église. Le lendemain, des affiches placardées sur toutes les
murailles annoncèrent la mise en vente des divers bâtiments appartenant à
la compagnie, collège, noviciat, séminaire 81 biens ruraux.
La paix, cette triste paix qui consommait la ruine coloniale de la France,
mais qui répondait à la fatigue des peuples, épuisés par les malheurs de la
guerre, donna lieu, dans les villes de la Province, aux démonstrations habi-
tuelles. Il y eut même à Toulouse des fêtes fort brillantes, à l'hôtel de Pala-
miny, où résidait le premier président, 8c à l'hôtel de ville.
Mais le Parlement touchait à l'une des plus violentes crises de son histoire.
Le gouvernement s'était décidé à réprimer par la force le refus que faisaient
les grands corps judiciaires d'enregistrer les lois de finances exigeant de nou-
' Barthès nous a conservé, dans ses Heures perdues, V, p. ii5, les inscriptions latines qui avaient
été placées sur les quatre faces de l'édicule :
Au nord : HUNC PROPE RELLIGIO THEMIDI SOCIATA SEDEBIT.
A l'est : PROTEGET INSONTEM QUO PREMET ENSE REUM.
A l'ouest : régis amor, patriae splendor, genitoris imago»
Au sud ; VIVAT UTERQUE TOGAE, VIVAT UTERQUE FORO.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1181
veaux subsides. Le duc de Fitz-James reçut l'ordre de se rendre à Toulouse
pour remplir cette rigoureuse mission. 11 annonça aux capitouls son arrivée
par une lettre concise, où il se promettait « beaucoup de satisfaction de les
« voir » Se les assurait de sa bienveillance.
Le conseil de bourgeoisie se hâta de prendre les dispositions accoutumées
pour recevoir dignement le commandant en chef; formation de compagnies,
délégations, offre du dais'. Mais le Parlement, qui savait pourquoi venait le
duc de Fitz-James, se hâta de couper court à ce zèle, en cassant la délibéra-
tion du conseil Se ordonnant que les gouverneurs, lieutenants généraux &
commandants en chef ne pourraient recevoir les honneurs de la grande entrée
avant d'avoir fait vérifier leurs lettres patentes par la cour^.
Le 4 septembre, on vit arriver le régiment des Vaisseaux, avant-garde du
commandant. Celui-ci entra le 9 à Toulouse. Il mit pied à terre à la porte
de la ville &c se rendit ainsi, entouré de ses gardes, 5c sans autre cortège, à
l'hôtel de l'archevêché où il logea; les premiers jours furent employés en
pourparlers inutiles; &, comme la résistance du Parlement s'annonçait extrê-
mement vive, le duc jugea convenable de quitter l'archevêché, & se retira
d'abord dans le quartier de Saint-Cyprien, où étaient cantonnées les troupes,
puis dans le petit château de Montblanc, à Croix-Daurade, appartenant au
capitoul Nicol.
Le i3 septembre, les troupes se mirent en mouvement 8c, tambour bat-
tant, allèrent occuper les abords du palais. Plusieurs compagnies se rangèrent
en bataille sur la place de la Monnaie, tandis que des grenadiers occupaient
l'enclos Se le perron, la baïonnette au bout du tusil 6c la hache en bandou-
lière. Les gardes du commandant surveillaient l'escalier de la Conciergerie.
Tous les membres du Parlement s'étaient rassemblés dans la grand'chambre.
Le duc s'y présenta vers cinq heures 8c demie. On lui demanda de quel ordre
il venait. — De l'ordre du roi, pour faire enregistrer les édits. La cour fit ses
protestations 8c se retira. Resté seul dans la grand'chambre avec le premier
président, le procureur général, le greffier Se quelques autres subalternes, le
duc fit procéder sous ses yeux à l'enregistrement. Toute la nuit fut employée
en allées 8c venues, les troupes gardant leurs postes. Mais le lendemain, les
murailles se couvrirent d'affiches : c'était un arrêt du Parlement, rendu cham-
bres assemblées, au rapport de M. de Bojat, défendant de lever les imposi-
tions prescrites par l'édit du 24 avril à peine de concussion. Des pelotons de
soldats, dirigés par les dizeniers, se mirent aussitôt à courir les rues pour
arracher les placards qu'ils lacéraient à coups de baïonnettes. Mais le Parle-
ment possédait un si grand nombre d'affidés, que les affiches proscrites repa-
raissaient comme par enchantement.
Par un autre arrêt, le Parlement, dont la session régulière venait d'expirer,
se prorogeait de sa propre autorité, en considération des affaires publiques.
■ ArchiTC» de Toulouse. Livre des Conseils. Séance * Pièces justificatives, n. DCCCCI, col. 1260.
du To aojt 1763.
1763
1763
il82 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le duc de Fitz-James se hâta de courir au palais S< d'y faire biffer sous ses
yeux l'arrêt du i5 septembre. Puis, le i8, à quatre heures du matin, chaque
membre du Parlement reçut la visite d'un officier que le dizenier du quar-
tier conduisait & qui était accompagné d'une petite troupe. Le visiteur
matinal était porteur d'un billet ainsi conçu :
« Je ne puis me dispenser, Monsieur, de vous ordonner de la part du roy
H les arrêts chez vous. Quoique je ne doute pas que vous y obéissiez, il est
« nécessaire que vous en donniez la promesse par écrit à l'officier qui vous
« portera cette lettre. J'ai l'honneur d'être très-parfaitement. Monsieur, votre
« très-humble 8<. très-obéissant serviteur. Le duc de Fitz-James. »
La cour tout entière était aux arrêts. Elle y passa deux mois & demi,
du 10 septembre au 3 décembre. Le 20 septembre, le conseil d'Etat cassa
l'arrêt de prorogation. Le Parlement ne devait pas ignorer que le pouvoir de
retarder les vacances appartenait au roi seul. Toutes les séances tenues sans
la permission expresse de Sa Majesté n'étaient que des assemblées illicites &
prohibées par les lois du royaume. Le souverain jugeait indispensable de
réprimer au plus tôt « une entreprise si peu réfléchie & si répréhensible; »
il annulait l'arrêt du 14 septembre & défendait à la cour d'en prendre de
pareils à l'avenir, S< aux officiers de s'assembler pendant toute la durée des
vacations '.
Un autre acte du conseil d'État cassait le même jour l'arrêt du i5 sep-
tembre, en le qualifiant d'attentat criminel.
Le jour même où le ministère prenait ces énergiques résolutions, plusieurs
escadrons du régiment du roi entraient à Toulouse Se détachaient un piquet
sur la place Royale pour y surveiller les abords de l'hôtel de ville. Les rues
étaient incessamment parcourues par des patrouilles qui avaient ordre d'em-
pêcher les attroupements fk de mener les récalcitrants en prison. Une ordon-
nance du commandant en chef défendit de marcher en ville, après dix heures
sonnées, sans porter une lanterne allumée.
Afin de donner satisfaction aux sentiments religieux des parlementaires
détenus dans leurs maisons, l'archevêque les autorisa à établir chez eux un
oratoire pour y entendre la messe ^.
Les magistrats gardaient encore les arrêts le jour de la Saint-Martin
d'hiver, date célèbre par la rentrée de tous les tribunaux. Le cours de la jus-
tice demeura donc suspendu.
Le duc de Fitz-James écrivit au procureur général qu'il avait reçu du comte
de Saint-Florentin l'autorisation de lever les arrêts des parlementaires qui
prendraient l'engagement de ne rien délibérer à l'avenir contre l'enregistre-
ment &i. l'exécution de l'édit d'avril & de la déclaration du 24; de ne faire ni
arrêt ni arrêté pour soutenir leurs premiers actes; de ne rien délibérer contre
les radiations faites aux registres, ni contre la transcription des arrêts du con-
' P'ù'cci just'ificaùves, n. DCCCXCIll, col. 23")4. ' Pièces justijicaùves, n. DCCCXC\% col. ^r'n,
Z< DCCCXCVI, col. zz'jS.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. ii83
seil, enfin de ne rien mettre en délibération relativement à ce qui s'était
passé pour l'enregistrement.
Le i8 novembre, nouveaux renforts militaires : le régiment de Hainaut
s'établit dans le faubourg Saint-Cyprien.
Mais la Gourde France avait alors double politique, Se lorsque l'on croyait
pouvoir s'attendre à un acte décisif d'autorité, les contradictions les plus inat-
tendues se produisaient. Le 3 décembre, par ordre supérieur, les arrêts des
membres du Parlement furent levés.
Le 9, les chambres s'assemblèrent & annulèrent les radiations' 5 le 17, elles
décrétèrent le duc de Fitz-James de prise de corps, comme criminel de lèse-
majesté, pour avoir fait arrêter à main armée tous les officiers de la courj le
Parlement ordonnait de saisir le commandant en chef partout où il serait
trouvé dans le royaume & de le conduire sous bonne & sûre garde aux pri-
sons de la Conciergerie^.
Trois huissiers se transportèrent le lendemain en chaise roulante au châ-
teau de Montblanc pour y signifier l'arrêt au commandant en chef; mais ses
gardes les ayant menacés de leurs mousquetons, les huissiers déguerpirent 8c
furent réduits à verbaliser sur leur déconvenue.
Le duc de Fitz-James partit de Toulouse le 8 janvier 1764, pour aller tenir
les Etats dont la session avait été retardée à cause des événements. Il y eut, à
l'occasion de son départ, un grand déploiement de forces militaires.
En passant sur la place R.oyale, le duc s'arrêta devant l'hôtel de ville, où il
entra pour remercier les capitouls des marques de respect qu'ils lui avaient
données.
Le conseil d'Etat ne manqua point d'annuler toutes les mesures outra-
geantes prises par la cour de Toulouse contre le commandant en chef; puis
une lettre de cachet ordonna l'envoi d'une députation de deux conseillers de
grand'chambre 8c de deux conseillers des enquêtes, sous la direction du pré-
sident Nrquet, afin de recevoir les ordres du roi.
A la fin de longs pourparlers, parurent les lettres patentes du 25 février 1764,
imposant un silence absolu sur tout ce qui s'était passé ^. Le Parlement de
Toulouse, qui s'était donné de grands mouvements pour intéresser h sa cause
les autres compagnies souveraines du pays 8c qui avait participé à des tenta-
tives générales d'agitation'*, laissa percer encore sa mauvaise humeur dans son
arrêt d'enregistrement'"; 8c les audiences reprirent leur cours accoutumé, à la
joie des plaideurs 8c de l'innombrable population qui vivait de la justice.
Tout se termina par des illuminations.
Comme le premier président de Bastard, au milieu de ces tristes querelles,
n'avait point épousé les colères de la cour, il y suscita contre lui de vifs sen-
timents d'animosité''. Les Parlements de France, avec leur prétention de se
' Plèett justificatives, n. DCCCXCVH, col. 2169. '' Pièces justificatives, n. DCCCCVII, col. 2288.
' Pièces justificatives, n. UCCCXCVIir, col. 22/5 1 . ' Pièces justificatives, n. DCCCXCIX, col. 2203,
' Pièces justificatives, n. DCCCCVI, col. 2286. n. DCCCC, col. 2264, n. DCCCCV, col. 2280'
' Pièces justificatives, n. DCCCCIV, col. 2276. n. DCCCCVIII, col. 229r.
1763
1764
-^^ 1184 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
transformer en corps politiques, & leur acharnement à lutter, non pas, ainsi
qu'ils le disaient, pour les intérêts du peuple, mais pour la défense de leurs
prérogatives Se de leurs exemptions personnelles, commençaient à se compro-
mettre dans les convulsions qui préludèrent à leur ruine; &, quant au gou-
vernement royal, ayant la raison de son côté, en refusant de subir les caprices
de quelques privilégiés, il se donnait les apparences du contraire par la bru-
talité des moyens qu'il employait. Ainsi, de part &. d'autre, on semblait riva-
liser de maladresse pour précipiter la dislocation de l'anci.en régime.
Une déclaration royale du 11 février 1764 concernant les octrois & biens
patrimoniaux des communes fut aussi l'occasion de quelques orages. Le
ministre ne s'était point dissimulé que cet acte devait rencontrer de l'opposi-
tion dans une Province où les formes d'administration autonome étaient par-
ticulièrement chères, 8<. survivaient encore, malgré de fréquents mécomptes,
à l'accroissement continu du pouvoir central. Aussi la communication de la
volonté royale fut-elle accompagnée de certains ménagements, afin d'éviter
une impression trop vive 8c de ne pas intéresser directement les peuples à
l'émotion des grands corps politiques & judiciaires. Avec le texte de la décla-
ration, M. de Saint-Priest reçut l'ordre d'adresser une circulaire à tous ses
subdélégués pour leur faire connaître en substance les dispositions de l'acte
royal sans le faire imprimer ni afficher nulle part. On devait attendre, pour
affronter cette publicité définitive, que les cours eussent rendu leurs arrêts
d'enregistrement.
Le Parlement de Toulouse enregistra la déclaration, en ordonnant aux
officiers municipaux des communes d'avoir à déposer au greffe de la cour une
copie de tous les mémoires & pièces qu'ils voudraient transmettre au ministre
des finances. Mais ce n'est point de ce côté que devaient surgir les difficultés
les plus sérieuses. M. de Saint-Priest ne s'était pas trompé sur le vrai foyer
d'opposition. «Je prévois, écrivait-il le 22 juin, des réclamations de la part
« des États, si vous ne les avez déjà reçues. »
Ces réclamations arrivèrent, en effet, sous la forme d'un mémoire où l'as-
semblée représentative de Languedoc protesta de ses vieux droits provinciaux
dans un langage singulièrement ferme & accentué.
Elle déclarait que le mode d'administration usité dans la Province ne pou-
vait s'accorder avec les innovations du ministère, pas plus avec l'article i 2 de
la déclaration du 21 novembre lyôS, quant au changement de destination
des biens patrimoniaux, des anciens octrois 8c des subventions, qu'avec les
deux premiers articles de la déclaration du 11 février.
Elle dénonçait comme un impôt déguisé la nouvelle mesure financière, 8c
V répondait par un acte d'opposition respectueuse mais formelle en y éta-
blissant, avec plus de netteté peut-être 8c plus d'énergie qu'elle ne l'avait
jamais fait, le grand principe des pays d'Etats. Le style même de cette véri-
table déclaration des droits, qui n'était point neuve dans le fond, mais dont
le courant philosophique semble avoir rajeuni les termes, offre déjà de curieux
symptômes du mouvement qui se préparait dans les esprits. On en jugera
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1185
par cette plirase du méinoire : « Tous les secours ordinaiies S<. extraordinaires
« (jue Sa Majesté croit devoir retirer du Languedoc, ne peuvent, suivant la
« forme la plus ancienne, la plus constante & la plus autorisée, être accordés
« que par les États assemblés, qui, dans cette partie du royaume, sont les
« véritables représentans du peuple. »
Mais en même temps les Etats retrouvaient leurs inquiétudes ombrageuses à
l'égard du Parlement de Toulouse. Ils avouaient n'avoir pu apprendre, sans
en être affectés, les démarclies que la cour avait commencé de faire 5c dont
l'arrêt d'enregistrement révélait suffisamment la portée, cette disposition
trahissant le désir du Parlement de s'immiscer dans l'administration des com-
munes, à laquelle, dit le rédacteur du mémoire, cette compagnie n'a jamais
eu de part. L'avocat de la Province oubliait ou feignait d'oublier l'influence
prescjue exclusive, qu'à certaines époques tourmentées, le Parlement de Tou-
louse s'était acquise dans le régime communal. Il ajoutait, d'ailleurs, que
l'exemple du Parlement de Paris, dont le ressort ne renfermait aucun pays
d'Etats, ne pouvait autoriser une pareille disposition.
Le mémoire se terminait par l'expression d'une volonté de résistance bien
arrêtée :
Il Les Etats vcrroient avec la plus grande peine que leur sensibilité, qui
« ne sauroit être plus juste, devînt le principe d'une nouvelle discussion à
« laquelle ils n'auroicnt pas donné lieu, mais qu'ils se verroient obligés de
« soutenir avec autant de fermeté qu'ils auroient eu de prudence 8t d'atten-
« tion pour la prévenir'. »
Le bannissement des jésuites avait excité dans toute la Province des pas-
sions très-vives. L'agitation des esprits était extrême à Toulouse, où la com-
pagnie, maîtresse de l'éducation depuis le seizième siècle, conservait une
influence considérable dans les lamilles, êc pouvait compter encore sur les
impressions de jeunesse que la génération virile la plus haut placée par la
naissance St par la fortune avait emportées du collège. Aussi les occasions de
protester contre la mesure violente qui avait expulsé les jésuites du royaume
n'v furent point négligées.
Le 12 août 1764, une fête universitaire réunit, après vêpres, dans la grande
église des frères prêcheurs de Toulouse, l'assistance ordinaire de ce genre de
solennités. 11 s'agissait d'une thèse dédiée au Parlement par le père Pierre-
Joseph Dutour, dominicain, professeur royal de théologie, où ce religieux
traitait en cinquante-six articles une question des plus controversées & des
plus orageuses, celle des limites de la puissance ecclésiastique & de la puis-
sance royale. Le titre même de la thèse indiquait les tendances de l'auteur 8c
révélait ses prédilections en faveur de l'indépendance du pouvoir royal*. Cette
thèse fut soutenue en latin par un autre dominicain du couvent de Toulouse,
' Mémoire des Ktats de Languedoc au sujet de ' De Ecclesijsl'tcs Foiestjte Regum ac Principum
la iéclaraiion du ii février i7()4, conceriiani les Imperio nçijuaijuam metucnda, cunctisjue hominibus
octrois & biens patrimoniaux des comniunautts. vçncraneta &• amania,
Mst. Archives nat. Corresp. du contrôleur gjnéral.
XIII. 7'
1764
1764
Il 86 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Benoît Caussanel. Après la soutenance, le père Dufour, afin de rendre plus
accessibles à son auditoire les principes qui venaient d'être exposés, les con-
densa lui-même dans un précis en langue française. Il y exalta outre mesure
les prérogatives de la puissance royale, qu'il représentait comme une émana-
tion directe de la divinité, combattant en termes exprès, à l'aide du texte de
saint Thomas 8c d'autres théologiens de son ordre, la nouvelle doctrine, déjà
très en faveur en ce moment, qui mettait l'origine de la royauté dans une
simple convention, dans un contrat primordial intervenu entre les sujets 81
le souverain, 8c qui faisait du prince, non plus le lieutenant de Dieu, mais
l'agent de ses peuples. « Le roi, disait-il, est dans le royaume ce que l'âme
« est dans le corps. » 11 affirmait que les souverains, 8c surtout les rois de
France, ne devaient point être excommuniés, 8c que, d'ailleurs, s'ils étaient
frappés d'anathème, l'excommunication n'amoindrirait en rien leur puissance
temporelle. Tandis qu'il étayait l'autorité politique sur le droit divin, faisant
ainsi, sous prétexte de libertés gallicanes, la théorie du pouvoir absolu, il
s'efforçait d'amoindrir de toutes façons les prérogatives du Saint-Siège. Il refu-
sait au pape le droit d'annuler les vœux contractés par les religieux en leur
profession; il lui déniait jusqu'à la moindre autorité dans les conciles, où il
réduisait son rôle pontifical à une simple promulgation n'ayant d'autre portée
que celle d'un acte officiel de publicité 8c d'autre but que d'affirmer la régu-
larité des procédures. En bon jacobin, le père Dufour cherchait surtout,
parmi les religieux de son ordre, des autorités favorables à sa doctrine; il
demandait à saint Thomas lui-même les principes de l'Église gallicane, 8c
finissait par évoquer cinquante-deux dominicains comme adversaires déclarés
des opinions ultramontaines, rappelant avec orgueil, d'après les expressions
de M. de Montclar, que l'ordre des jacobins avait toujours montré les sen-
timents d'un cœur français. Il ne dissimula point que les champions du
Saint-Siège s'étaient quelquefois autorisés des œuvres du Docteur angélique
pour soutenir des arguments directement contraires; mais il s'en défendit,
selon l'usage, en accusant la mauvaise foi de ses adversaires 8c décocha en
passant quelques traits contre les jésuites, « ces corrupteurs de toute morale,
<c ces ultramontains si justement proscrits, qui avoient toujours travaillé à
« répandre des ombres 8c du venin sur la doctrine de saint Thomas, pour
« avoir ensuite le prétexte d'en extraire de quoi étayer leurs systèmes ultra-
« montai ns. »
Cette allusion violente, qui, sans les nommer, désignait si clairement les
exilés de la compagnie de Jésus, ne pouvait passer inaperçue dans une ville
où l'ordre détruit avait laissé de si puissantes attaches. Elle attira au domini-
cain une violente réponse anonyme qui fut imprimée, en 1765, sous la forme
de Lettre d'un écolier des Jésuites. Le père Dufour s'y trouvait rudement
traité; on l'y qualifiait de moinillon, d'ambitieux, d'imposteur, d'ennemi du
pape. On lui reprochait d'avoir imité l'âne de la Fable en donnant son coup
de pied au lion agonisant; on l'accusait d'avoir désiré avec ardeur la ruine de
l'institut 8c d'avoir partagé la joie de ses confrères, les jacobins de Toulouse,
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1187
dont quelques-uns, à la première nouvelle des persécutions de la compagnie,
en 1762, avaient chanté & dansé d'allégresse dans le jardin contigu à leur
parloir. On lui faisait remarquer, non sans justesse, combien il avait mal
placé le théâtre de ses manifestations contre les jésuites :
« Quelle ville avez-vous choisie pour donner une pareille scène? Ce
« désordre qui, de nos jours, règne dans Toulouse & qui en fera bientôt une
« nouvelle Babylone, si l'on n'y remédie, ce désordre vous auroît-il inspiré
« l'audace d'avancer en public autant d'impostures?... Apprenez, téméraire
K Jacobin, apprenez que, malgré cette dissolution crapuleuse, malgré cet
n esprit d'idolâtrie charnelle, que nous portent journellement ces essaims de
<i prostituées qui font tant de ravages dans nos murs, malgré tous ces hardis
<i fabricateurs de libelles infâmes, où l'on attaque sans ménagement tout ce
« que notre sainte religion a de plus respectable, de plus sacré; apprenez,
« dis-je, que, malgré ces torrens de corruption 81 d'abomination qui sem-
« blent nous devoir submerger tous, Toulouse nourrit encore dans son sein
(I Se nourrira tant qu'elle existera des âmes pures & vertueuses, des âmes cou-
« rageuses Se catholiques qui se récrieront, qui se révolteront contre tous les
« scandales pareils à ceux que vous venez de nous donner (p. i5i). « On lui
annonçait, d'ailleurs, sans ménagement, que si les jésuites étaient dans l'exil,
restait la foule innombrable des élèves qu'ils avaient formés, 8< que le senti-
ment de reconnaissance envers d'anciens maîtres armerait pour leur défense.
« Nous sommes quelques écoliers, ajoutait-on, qui avons fait une ligue, non-
(c seulement contre vous, mais encore contre tous vos associés... Cette graine
c( d'écoliers pullulera & vous tracassera, vous 8c vos confrères, peut-être plus
« que n'auroient fait les soi-disans eux-mêmes (p. 84). »
Puis on reprenait en détail les arguments du père Dufour, 8c l'on essayait
de lui prouver que les doctrines ultramontaines les plus excessives étaient
contenues dans la Somme de saint Thomas 8<l dans les œuvres théologiques
de la plupart des dominicains, dont la thèse invoquait le témoignage. On y
mettait en lumière, avec une insistance acharnée, certains passages de ces
auteurs, contenant, pour des cas particuliers, la justification du régicide, du
tyrannicide 8c de l'insurrection populaire, 8c le publiciste inconnu ne lais-
sait pas échapper l'occasion d'évoquer plusieurs figures sinistres de la famille
dominicaine : frère Jacques Clément, Edme Bourgoing, son prieur 8c son
complice; les frères Arger, Ridicoux 8c Oudin, exécutés pour tentatives de
réeicide; Timermann, qui donna l'absolution à l'assassin du prince d'Orange,
8c Bernard de Montpulcien. De ces régions historiques 8c dogmatiques, où se
donnait carrière un vif sentiment d'animosité 8c de rancune contre l'ordre
des frères prêcheurs tout entier, l'écrivain descendait parfois jusqu'à des per-
sonnalités grotesques contre ses antagonistes, reprochant au père Dufour sa
bosse naissante 81 les baleines de son corset, 8c à Benoît Caussanel « sa face
« patibulaire 8c son col tors. » Chemin faisant, le jansénisme n'était pas
épargné; « les modernes Pharisiens, les honnêtes Tartufes, » y recevaient à
l'occasion quelques-uns des traits familiers à ce genre de controverse, 8c Pascal
1764
\-j6^
ti88 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
y était appelé « l'Arlequin du jansénisme. » I.a Ga^tte ecclésiastique, fré-
quemment prise à partie, s'y trouvait aussi criblée d'épithètes malsonnantes.
C'était « le menteur hebdomadaire (p. 46)... les papiers du greffier de Béel-
« zébuth (p. 43). » On reprochait au dominicain d'en faire sa lecture habi-
tuelle :
« Vous avez un bureau d'adresse où l'on vous porte la feuille. C'est une de
« vos dévotes sexagénaires qui la reçoit &. la remet ensuite à un de vos frères.
« Je l'ai vu. Je connois la vieille; je puis indiquer son logement, qui n'est
<i pas loin de vos cellules (p. 70). »
Le pamphlet se terminait par une sorte de caricature écrite ou de compo-
sition idéale, par où l'auteur voulait, dit-il, se conformer au goût du temps
pour les estampes 8c répondre à la gravure symbolique dont le père Dufour,
suivant l'usage, avait encadré sa thèse. L'écolier des soi-disant imagine un
édifice carré portant deux figures colossales : l'une est saint Thomas, la plume
à la main, foulant sous ses pieds un groupe de serpents, de crapauds 8c de
jésuites armés de poignards; l'autre est le père Dufour lui-même, un peu
courbé derrière saint Thomas, taisant glisser adroitement son bras par-dessous
celui du Docteur angélique, effaçant la moitié de ce que le saint docteur
écrivait 8c ajoutant au reste ses propres sentences. A chaque face de l'édifice,
les quénelistes admirent un grand tablean. Le premier représente le père
Dufour, à la tète d'une armée innombrable, composée de moines de toute
espèce, confusément mêlés avec des jacobins, presque tous aux places d'hon-
neur. Les enfants perdus, tous jacobins 8c capucins à demi-rasés, commandés
par Caussanel, sont prêts à donner contre cinq ou six misérables jésuites
décrépits, estropiés par le temps Se le travail, à peine visibles dans le loin-
tain de la campagne.
Le deuxième tableau figure l'intérieur d'un antre creusé par l'Athéisme,
l'Irréligion 8c l'Impiété, dans les rochers qui défendent l'entrée des enfers.
La Discorde, le Schisme 8c la Sédition, armés de poignards, paraissent sur le
seuil. Les parois sont garnies de tablettes chargées des œuvres de Quénel,
d'Arnaud, de Pascal, de Baïus, de Luther 8c de Calvin, dont les portraits
décorent la bibliothèque. Au milieu du trône, Lucifer foulant aux pieds bon-
nets carrés, croix, tiares, mitres, bulles, sans oublier le Recueil des conciles 8c
les Actes des Apôtres. A gauche de Lucifer sont l'Imposture 8c l'Artifice; à
droite, la Calomnie 8c la Diffamation, La Bigoterie présente au dieu cornu
des feuilles qu'il noircit 8c que la Révolte distribue à quelques vieux curés Se
chanoines portant l'écharpe de Quénel. Des diablotins ailés vont répandre le
mensonge par tout l'univers. Une grande 8c belle dame. Madame Perrete,
trône aussi dans ce repaire; elle puise de l'or dans une boîte pour payer
l'engagement de quelques jeunes ecclésiastiques, en collet sale 8c soutane
rapiécée, qu'elle prend à la solde de Lucifer.
Dans le troisième cadre, le dominicain Garralon, le poignard à la main,
monté sur un cheval fougueux, caparaçonné jusqu'aux talons 8c tout chamarré
de jactums, de mémoires, de réponses Se de répliques, court, à la tête d'une
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1189
troupe de jacobins déserteurs, assiéger le château du général de l'ordre. Au
sommet de la montagne, dont cette maison occupe la pente, apparaît le châ-
teau Saint-Ange. Le mot liberté se lit sur les drapeaux des assiégeants, que
secoue un vent impétueux « parti des rives de la Tamise. »
Enfin, le quatrième tableau représente le sous-diacre Caussanel brûlant la
bulle Unigenitus au milieu d'un monceau de brefs, d'arrêts & d'in-Jolio des
jésuites.
Le pamphlétaire terminait son édifice idéal par quatre groupes placés aux
quatre angles : Madame de Mondonville écoutant la confession d'une de ses
pensionnaires, — Jansénius catéchisant un jésuite, — une vieille duègne
lisant une feuille intitulée : Mensonges ecclésiastiques, — St enfin le diacre
Paris occupé à lever la cataracte des yeux d'une de ses dévotes. Une chaîne
tde médaillons, courant dans l'ensemble de l'ornementation, devait représenter
les cinquante S<. un docteurs gallicans de la famille dominicaine.
Cette longue pièce de polémique fantaisiste se complétait par un quatrain
à l'adresse du père Dufour' S<. par quelques strophes « aux quénelistes, cyra-
« nistes, jansénistes, pharisiens, athées, déistes, &C.*. »
Telles étaient les formes d'acrimonie à la fois frivole, ironique & brutale,
qu'affectait alors la controverse religieuse, préparant par son irrévérence les
triomphes de l'ennemi commun. Se laissant pressentir, dans ses intempérances
d'idée S<. de style, les allures déjà prochaines du langage révolutionnaire.
La suppression de la compagnie de Jésus ayant mis en question l'exis-
tence du collège de Toulouse dont cette société avait la direction depuis
l'année k")66 (par lettres patentes du 19 décembre), le roi donna, le 17 no-
vembre 1764, à Versailles, des lettres patentes pour assurer la conservation
de cet établissement, sous le titre de Collège Royal, St le maintenir en pos-
session de tous ses biens.
Le patrimoine du collège, successivement augmenté par des donations &
des fondations pieuses, consistait en une pension de douze cents livres
accordée par la ville en 1578, un don annuel de deux cents livres fait par les
capitouls pour achat de livres de prix, une rente annuelle de cent vingt livres
sur l'archevêché; les revenus des deux prébendes préceptoriales du chapitre
de Saint-Etienne St de Saint-Sernin, Se ceux des cinq prieurés de Castelnau
d'Estrétefons, Sainte-Foy de Peyrolières^, Fuyvert"*, Madiran^ 8<. Sainl-
■ <i A vous mon frère. historiques & apologétiques, sur la puissance ec-
clésiastique, que les rois 3c les princes ne doivent
. Tcmc'raire Dufour, quelle fut ton audace? nullement redouter & que tous les hommes doivent
" Tu crus donc de la gloire élever le berceau ■ o i .-
.Sur les maux actuels des disciples d-l^nacc? "■'""" ^ honorer Soutenue, tant bien que
. I).- la Rloirc, insensé, tu creuses le tombeau. . '"i'I. '« n août 1764, par Benoît Caussanel, aussi
dominicain, après vêpres (chantées à la hâte) dans
' Li.ître d'un jeune écolier des soidisans, au rêvé- l'église des FF. prêcheurs de Toulouse. Ad vene-
rend le très- révérend frère Pierre-Joseph Dufour, randas Angelici Doctoris exuvias... M.DCC.LXV,
dominicain, professeur royal de théologie. Au su- 219 p. in-12.
jet de sa thèse, dédiée au Parlement séant à Tou- ' Diocèse de Toulouse,
louse, contenant cinquante-six articles, paragra- ■* Diocèse de Mirepoix.
phc$ ou assenions dogmatiques, métaphysiques, ^ Diocèse de Tarbes.
176.»
1764
Il 90 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
André de Maîrencoules '. Le collège possédait en outre deux maisons, l'une à
la Lande, l'autre appelée Campagne. Le roi en ordonna la vente à la charge
d'en employer le prix en acquisitions de rentes & autres effets autorisés par
l'édit du mois d'août 1749 aux gens de mainmorte.
Quant au droit de patronage ecclésiastique des cures dépendant des
prieurés, le roi le supprimait Si rendait aux évêques diocésains la nomina-
tion des curés.
Le personnel du collège était composé d'un principal, à dix-huit cents
livres d'honoraires, un sous-principal ou préfet, deux professeurs de philo-
sophie, un professeur de mathématiques, un professeur de rhétorique & un
régent de seconde, à douze cents livres, &i enfin quatre régents, à huit cents
livres, pour les classes de quatrième, cinquième &. sixième.
L'enseignement était gratuit.
Outre les honoraires, le personnel enseignant devait loger dans le col-
lège 81 y être nourri aux frais de l'établissement, mangeant en commun à
une table particulière.
La création de nouvelles chaires, en cas d'augmentation de revenus, était
laissée à la discrétion du bureau d'administration, sauf à faire homologuer
ses délibérations par arrêt de la grand'chambre du Parlement de Toulouse,
rendu à la requête du procureur général & sans frais.
Le roi laissait au bureau d'administration le droit d'accorder des pensions
d'émérite aux divers membres du collège, après vingt années de service, jusqu'à
la somme de cinq cents livres, & d'en devancer même le terme en cas d'in-
firiiiité.
Les deux professeurs de philosophie devaient être agrégés à la faculté des
arts, ainsi que ceux de l'Esquile; Si les deux professeurs de la faculté qui
venaient y taire leurs cours devaient dorénavant les faire aux classes de
l'Université, ainsi que cela se pratiquait avant la réunion de ces deux chaires
à la compagnie de Jésus.
L'établissement d'un pensionnat était permis.
« La situation de notre ville de Toulouse, sa grandeur, son ancienneté,
<( l'avantage qu'elle a d'être la capitale du Languedoc, ainsi que le siège d'un
« grand archevêché 6<. du second Parlement de notre royaume, & plus encore
« le goût naturel de ses habitans, Si leur amour pour les lettres 81 les arts,
<< qui l'ont rendue de tout temps le centre des études des provinces mèridio-
« nales de notre royaume, y ont fait établir dès les temps les plus reculés, la
« seconde Université de nos Etats, 81 des écoles célèbres, qui ont été fréquen-
« tées jusqu'à ce jour par le plus grand nombre d'écoliers de toutes les nations.»
Les lettres patentes rappelaient la réunion de plusieurs collèges par Henri II.
Le roi en maintenant cet établissement « qui a paru mériter d'être con-
' serve pour le bien public 61 pour le bien particulier de la ville, crée deux
(c chaires de philosophie distinctes de celles de la faculté. »
' Diocèse d'Alais.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. iigi
« Si les engagements pris par les lettres patentes du 2 février lyôS 81
« 2 avril 1764 ne permettent pas de donner en ce moment toute l'étendue
(i dont il est susceptible, la bonne administration que nous y établirons 8c
t( la protection que nous lui accorderons en toute occasion nous donneront
« la satisfaction de le voir augmenter. »
Le bureau d'administration était composé de l'archevêque président, du
premier président, du procureur général, des deux premiers officiers muni-
cipaux, de deux notables de la ville choisis par le bureau, & du principal
du collège, assemblés deux fois par mois, conformément aux prescriptions
de l'édit du roi, donné à Versailles au mois de février 1763, portant règle-
ment pour les collèges qui ne dépendaient pas des Universités.
Le comte d'Eu, gouverneur de la Province, alla tenir en personne, sur la
fin du mois de novembre, la session des Etats de Languedoc à Montpellier.
L'apparition d'un prince de la maison royale à la tête de cette assemblée était
un fait bien nouveau pour le pays 8<. s'expliquait par la situation particulière
du duc de Fitz-James. Le Languedoc se trouva à la même époque gratifié de
deux intendants, le vicomte de Saint-Priest ayant réussi à se faire adjoindre
en cette qualité son fils Marie-Joseph- Emmanuel de Guignard de Saint-
Priest, maître des requêtes de l'hôtel du roi.
Aucun fait extraordinaire ne marqua du reste cette session. Le comte d'Eu
porta la parole, comme premier commissaire du roi, pour solliciter le don
gratuit Se l'obtint d'une délibération unanime. Le public s'occupa beaucoup
de la magnificence que déploya le prince pendant tout son séjour en Lan-
guedoc & de sa large hospitalité. Sa table était toujours, à diner, de soixante-
dix à quatre-vingts couverts, 8c de cent à cent cinquante à souper. Le soir
même du feu d'artifice offert par la ville, on ne compta pas moins de trois
cent cinquante convives, 8c douze tables très-nombreuses 8c très-bien servies.
Les nouvellistes décrivirent avec admiration l'imposante domesticité employée
dans ces festins. Elle se composait de deux cent trente-deux personnes. Il y
avait, pour la cuisine 8c les entremets, douze chefs, douze aides 8c douze gar-
çons; pour la pâtisserie, quatre chefs, quatre garçons; pour la rôtisserie,
quatre chefs, quatre aides 8c douze garçons j pour l'office, huit chefs, huit-
aides 8c huit garçons; pour le garde-manger, un commis, un resserreur 8c un
garçon; pour la cantine, deux chefs, deux aides 8c deux garçons; pour l'ar-
genterie, deux chefs, trois garçons; pour la panneterie, un chef 8c deux gar-
çons; Se enfin vingt-quatre laveurs, laveuses ou balayeurs.
Les consommations de la petite cour furent considérables. Le Courrier
d' Avignon raconte que l'on mangea six boeufs par semaine, trente-six à qua-
rante veaux, soixante-douze moutons ordinaires, autant de moutons de
Ganges Se plus encore d'agneaux de Tarascon, avec une quantité prodigieuse
de volaille 8c de gibier. La maison du prince comprenait environ quatre cents
personnes : gentilshommes de la chambre, aumônier, gardes du corps, pages,
officiers subalternes 8c gens de livrée.
A la faveur d'une brillante journée d'hiver, le comte d'Eu alla, le 10 dé-
1764
«765
~ 1191 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
cembre, visiter le port de Cette, où il fut salué par l'artillerie du fort Se de
la ville. 11 monta à bord du canot de la Province élégamment décoré, au
milieu des salves d'une vingtaine de vaisseaux marchands de diverses nations
mouillés dans le bassin. Il visita le port dans tous ses détails, contempla
quelques instants le spectacle de la pêche « à la bourdigue, » & reprit le
chemin de Montpellier, après avoir distribué vingt louis de pourboire aux
équipages.
Le 25, jour de Noël, le prince fit offrir le pain bénit dans l'église Notre-
Dame. Toute sa maison y assistait, avec les intendants, les officiers de la
cour des aides & du sénéchal. Si un grand nombre de dames. Les huit
gâteaux firent leur entrée dans l'église, portés sur des brancards par des gens
de livrée qui tenaient des guidons aux armes du prince, Se précédés d'un
détachement d'infanterie, trompettes, tambours Si timbales sonnant. L'aumô-
nier marchait derrière les pains, en rochet blanc, petit manteau Si bonnet
carré, portant un cierge k poignée de velours bleu, dans lequel étaient
incrustés dix louis d'or. ^
A l'occasion du jour de l'an, le comte d'Eu reçut à souper quarante-neuf
dames qui s'assirent seules à table avec Son Altesse Si qui furent servies par
une foule de cavaliers dont plusieurs lieutenants généraux. Le service était
entièrement de vaisselle plate, dont la valeur dépassait, dit-on, six mille
marcs d'argent. Le prince avait fait annoncer son départ pour le lendemain
à huit heures, mais vers trois heures du matin, au sortir de table, il se déroba
discrètement 61 monta en chaise. Les curés de Saint-Pierre, de Notre-Dame,
de Sainte-Anne Si de Saint-Denys firent, en son nom, d'abondantes aumônes
aux pauvres de leurs paroisses; 8t l'on répandit dans la Province que les
réductions accordées sur le brevet militaire, les deux vingtièmes Si le don
gratuit étaient dues à l'initiative du somptueux gouverneur. Les habitants de
Montpellier, qui ne s'étaient jamais vus à pareilles fêtes, se flattèrent de l'es-
poir qu'elles se renouvelleraient cliaque année; mais le comte d'Eu ne revint
pas, 61 ce fut le prince de Beauvau , successeur de Fitz-James, qui tint sa
place.
Deux édits importants, l'un du mois d'août 1764, l'autre du mois de mai
de l'année suivante, inspirés tous deux par l'esprit de justice Si de liberté
qui passait alors accidentellement Si par saccades, des écrits des philosophes
dans la pratique des ministères, étaient venus modifier, dans une direction
sagement libérale, l'administration des communes de France en établissant
les principes destinés à régler la gestion de leurs biens Si en déterminant
les règles d'après lesquelles les habitants du moindre village, concourant à la
nomination de leurs officiers municipaux, devaient participer par eux-mêmes
à l'emploi des revenus Si k la défense des intérêts communs.
Ces mesures équitables dont l'idée génératrice était cet axiome de droit
public, que les intéressés doivent avoir la direction de leurs affaires, pou-
vaient paraître une nouveauté dans une grande partie de la France où des
siècles de féodalité Si de monarchie absolue avaient singulièrement altéré les
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1193
vieilles notions de personnalité communale & paralysé toutes les énergies. Il
n'en était pas de même en Languedoc. Grâce à son ancienne constitution
représentative & à ce qui survivait encore, malgré tant d'usurpations S<. d'en-
treprises, des vieilles libertés municipales, la province de Languedoc était en
avance sur le reste du royaume. Aussi ne fut-elle pas comprise dans les dis-
positions des nouveaux édits; le roi déclarant, pour justiiier cette exception,
que la sage administration établie dans les communes de Languedoc les fai-
sait jouir déjà d'une partie des avantages qu'il avait voulu procurer à tous ses
sujets, 8< se réservant de déterminer plus tard, d'après les avis 8c les informa-
tions des Etats de la Province, les derniers perfectionnements qui devraient
compléter cet heureux ensemble.
Les études se prolongèrent pendant deux ans. Il en résulta que si les com-
munes de Languedoc, en vertu de leurs franchises séculaires, se trouvaient
déjà en possession de la plupart des droits récemment restitués par la monar-
chie aux autres pays de France, ces droits antiques n'avaient pas laissé que
d'y subir de graves atteintes. La cause principale, sinon unique, était dans
les exigences du trésor 81 dans ces mesures fiscales qui, sacrifiant au désir
d'un bénéfice immédiat toutes les forces locales, avaient substitué aux vieilles
formes de l'élection consulaire le système des offices payés à prix d'argent St
introduit dans l'ordre municipal cette vénalité des charges, traditionnelle
dans l'ordre judiciaire, mais partout condamnée par l'opinion malgré la con-
sécration des siècles. Ces charges subsistaient encore dans un grand nombre
de communes de Languedoc où les élections étaient supprimées. La perma-
nence de ces fonctions achetées à beaux deniers comptants Se possédées en
titre par des paniculicrs dans une province que l'on regardait avec raison
comme la terre classique des franchises municipales, faisait un contraste illo-
gique avec le courant de liberté qui modifiait en ce moment le régime de
toutes les communes françaises. Ce fut la matière d'un nouvel cdit en trente-
quatre articles, qui fut signé à Versailles, au mois de mai 1766, enregistré
au Parlement de Toulouse, le ij juin, & à la cour des comptes de Mont-
pellier, le II septembre de la même année'.
Le roi déclarait dans le préambule qu'il avait eu pour but de détruire les
derniers obstacles qui gênaient encore en Languedoc « la liberté ancienne-
i< ment accordée aux citoyens de choisir leurs officiers municipaux » S< aussi
de faire jouir la Province de plusieurs dispositions des édits de 1764 & 1765
qui lui seraient avantageuses 8t qui pourraient aisément se concilier avec
l'ordre traditionnel.
Depuis les derniers mois de l'année 1764, les montagnes du Gévaudan
étaient désolées par les ravages d'animaux carnassiers qui décimaient les trou-
peaux Se qui firent périr vingt-six personnes. L'imagination des habitants,
frappée par la fréquence St la gravité de ces attaques, les attribuait à quelque
bête extraordinaire &t monstrueuse. Les esprits moins exaltés prenaient la
■ Recueil Jei èdils Sr Jéclarations Je la province ie Languedoc.
17O6
~^ II 94 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
bête du Gévaudan pour une hyène, échappée d'une ménagerie, ou même
pour un loup. Le plus vraisemblable, c'est qu'un grand nombre de ces ani-
maux de forte taille fréquentaient alors les hauts plateaux de la Truyère Se
du Lot & les confins du Rouergue & de l'Auvergne, Si que la crédulité popu-
laire rejetait sur un seul animal les méfaits de toute une bande. Quoi qu'il
en soit, la bête du Gévaudan préoccupa bientôt non-seulement le diocèse &f,
la Province, mais la France entière.
Des battues furent organisées dans le pays; plus de cent paroisses de l'Au-
vergne, du Gévaudan & du Rouergue y prirent part; l'évêque de Mende y
envoya de bons tireurs, 6c le syndic diocésain suivit les opérations. Après
avoir désolé les cantons de Langogne Se du Vivarais, la bête semblait avoir
changé de quartier & rôdait dans une trentaine de paroisses du côté de Saint-
Chély. M. Duhamel, capitaine aux volontaires de Clermont, se rendit à
Saint-Chély, par ordre du commandant de la Province, avec un détachement
de cinquante-six dragons. Ils firent jour & nuit des courses continuelles Si
crurent plus d'une fois avoir rencontré la bête, mais sans réussir à l'atteindre.
C'est à peine si, dans une chasse générale du 7 février, où un paysan l'avait
tirée, on put signaler sur la neige quelques gouttes de sang.
On eut alors recours à l'expérience d'un M. Denneval, gentilhomme de
Normandie, renommé pour la chasse du loup. Il arriva avec son fils 8c six
chiens; on lui confia la direction des battues, mais sans grand succès. Lorsque
l'année suivante, au mois de mars, les Etats particuliers de Gévaudan se réu-
nirent à Marvéjols, le syndic leur exposa que depuis son dernier rapport,
vingt-deux personnes avaient encore été égorgées 6c que l'on comptait à peu
près autant de blessés. En Auvergne, des malheurs analogues se produi-
saient.
Le roi fit partir alors pour le Gévaudan M. Antoine, lieutenant de ses
chasses, 8c son porte-arquebuse, qui amena avec lui plusieurs de ses garde-
chasses 6c ceux des princes du sang. Ces veneurs éprouvés reconnurent, par
les traces trouvées auprès des cadavres des victimes, que les auteurs de tout ce
carnage étaient des loups. Un détachement des chiens de la loitveterie du roi
fut employé à de grandes battues qui occasiontièrent la mort de plusieurs
loups. Mais les accidents ne cessaient pas; on signala presque journellement
quelque personne blessée jusqu'au 20 septembre 1765. Ce jour-là, M. An-
toine, chassant dans un bois de l'abbaye des Chazes, en Auvergne, y tua un
gros loup 8c, peu de temps après, une louve 8c ses louveteaux. Alors les
sinistres se ralentirent, £c le porte-arquebuse du roi reprit le chemin de la
Cour avec sa suite. Cependant, au mois de décembre, un jeune homme fut
encore blessé dans la paroisse de Paulhac, Se un autre dévoré en Auvergne.
Informé par l'intendant, le ministre lui envoya un mémoire contenant
différentes méthodes pour la destruction des loups. Ce mémoire fut commu-
niqué par Saint-Priest au syndic diocésain, avec ordre d'en répandre des
exemplaires dans le pays.
Le procédé qui fut considéré comme le plus sûr fut d'empoisonner des
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. ng5
chiens avec de la noix vomique, du verre pilé, de l'oignon de colchique 8c
de 1 éponge frite à la poêle avec de la graisse, de faire ensuite plusieurs
ouvertures dans le corps du chien 8c de les remplir avec ce poison; de fermer
ces ouvertures au moyen de fiente de vache Se d'exposer le chien, ainsi pré-
paré, dans les lieux fréquentés par les loups. Deux enfants ayant été dévorés
au mois de mars 1766, l'un à Montchauvet, près de Servières, l'autre dans la
paroisse de Saint-Privat du Fau, le syndic fit exposer en ces deux endroits
des chiens empoisonnés, 8c, au hout de peu de jours, on découvrit un loup
mort dont l'autopsie révéla l'ingestion du poison.
Des primes considérables avaient été offertes par le roi, par la Province 8c
par le diocèse à celui qui débarrasserait le pays de son fléau. La prime royale
était de six mille livres, celle de la Province de deux mille 8c celle du diocèse
de mille'.
Les procès-verbaux des Etats particuliers de Gévaudan n'indiquent pas que
l'on eût encore ce sujet d'inquiétude l'année suivante^.
Des lettres patentes du 3i août 1766 commirent trois conseillers du Parle-
ment de Toulouse, MM. de Paraza, de Cantalauze Se de Raffin, pour se
transporter dans le Vivarais 8c le Gévaudan, à l'effet de s'enquérir des abus
intéressant la justice criminelle, avec pouvoir d'évoquer Se de juger en der-
nier ressort. Nos lecteurs connaissent déjà l'état d'insécurité où se trouvaient
ces malheureux pays de montagne 81 l'impunité que la persistance du régime
féodal y assurait aux coupables.
L'enquête dura plus de trois mois 6c fournit les renseignements les plus
instructifs sur la situation de la contrée.
Les trois magistrats qui s'étaient fait précéder à Nimes par un greffier, un
secrétaire 8c deux huissiers, 8c qui emmenèrent avec eux maître Facieu de
Fongrave, substitut du procureur général, s'étaient rendus séparément à
Montpellier où ils passèrent ensemble la journée du 26 septembre pour y
recueillir des informations. Le lendemain, ils partirent pour Nimes, 8c le
2 octobre arrivèrent au Pont-Saint-Esprit où le syndic du Vivarais vint les
recevoir.
Le 3 octobre, ils passaient à Bourg-Saint-Andéol 8c y descendaient dans
l'h ucl du baron de Serres, grand bailli honoraire du Vivarais Se comman-
dant en second. Le lendemain, ils s'arrêtaient à l'évêché de Viviers, le 5 à
I,avoûte, chez M. Tardy de Bressy, le 6 k Saint-Péray, chez M. Soubeyran
de Saint-Prix, Se à Tournon, chez Madame de la Chaise, marquise douai-
rière de la Tourette; le 8, on leur fit une grande réception à l'entrée de la
ville d'Annonay; ils en partirent le i3 Se furent contraints par un débor-
dement du Doux de passer le Rhône à Saint-Vallier en Dauphiné, puis
à Tain pour revenir à Tournon où ils demeurèrent jusqu'au 20. Dès le
18 octobre, ils purent envoyer au comte de Saint-Florentin un tableau de la
■ Heures perdues de Pierre Barthés, V, p. i83. ' Documents historiques sur la province Je Gé~
— Pièces justificatives, n. DCCCCXI, col. 2296. vaui/an, par Guitave de Burdin,II, pp. liô&suiv.
1766
lyûô
11,^6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
situation du haut Vivarais. Le 20, ils se remirent en route 8c couchèrent au
Pouzin, clans l'auberge de la Croix Blanche; le 21, ils passèrent au Teil,
& le 22 a Villeneuve-de-Berg où un arc de triomphe avait été élevé en leur
honneur. Ils y habitèrent la maison du lieutenant de prévôt Dulac & y
séjournèrent quatre jours. Le 26, ils entrèrent à Aubenas, où une compagnie
de jeunes gens à pied était allée à leur rencontre, & où le syndic Lachade-
nède leur donna l'hospitalité dans sa maison. Le 3 novembre, ils allèrent à
Joyeuse & y reçurent les civilités des officiers de la légion de Hainaut; le
lendemain, ils entraient a Largentière, au bruit des hautbois, des tambours
Se des clarinettes de la légion, Si logeaient chez Madame de Rochemure. Ils
repassèrent à Aubenas le 6 Se deux jours après se rendirent à Privas. Deux
compagnies de cavalerie Si d'infanterie, les officiers de la légion de Soubise
& nombre de gentilshommes leur souhaitèrent la bienvenue. Le soir, la ville
fut illuminée. Les magistrats y séjournèrent ensemble plus d'un mois, &
adressèrent le 19, au ministre, un tableau du bas Vivarais avec une petite
carte.
L'apparition des commissaires de la cour, qui étaient pour les populations
épouvantées de la fréquence 81 de l'impunité des crimes, une sorte de person-
nification vivante de la justice Si une représentation de l'autorité royale, fut
partout accueillie avec de vives démonstrations de respect 81 de joie. Fidèles à
leur mandat de travailler au soulagement des peuples, les trois conseillers,
avant de passer l'Ardèche, avaient fait connaître au syndic du Vivarais leur
résolution formelle de n'accepter point d'honneurs qui fussent à charge aux
finances du pays. Ils observèrent cette loi tout le long de leur route.
Partout, sur leur passage, on leur fit des réceptions solennelles. La plupart
des villes qu'ils traversaient avaient mis sur pied des compagnies bourgeoises
qui venaient se ranger en haie sur le bord du chemin, se faisaient passer en
revue par les magistrats Se leur servaient d'escorte. Les consuls, vêtus de leurs
robes Si de leurs chaperons, venaient les attendre 8c les accompagnaient
jusqu'à leur chaise. Toutes les cloches étaient en branle; les religieux s'asso-
ciaient aux marques publiques de déférence données par les villes. Le cha-
pitre collégial des barnabites de Saint-Andéol, les chanoines de Viviers, les
capucins de Villeneuve-de-Berg, les professeurs du collège d'Aubenas, les
jacobins, les cordeliers, les oratoriens de Joyeuse, les augustins 81 les récollets
de Largentière, les récollets 8c les frères des écoles de Privas vinrent tour à
tour présenter leurs civilités.
Dans leurs diverses résidences, 8c principalement à Privas, les magistrats
firent comparaître devant eux tout le personnel judiciaire de la contrée 81 y
recueillirent les éléments de la statistique la plus curieuse Si la plus navrante.
Le petit pays de Vivarais comptait quatre marquisats, quatre comtés, deux
vicomtes, dix baronnies 8c près de trois cents seigneuries particulières. Mais
il ne faudrait pas se laisser éblouir par l'éclat de ces titres. La plupart des
justices conservaient encore les officiers prescrits par les ordonnances, juge,
lieutenant de juge, procureur juridictionnel 8c greffier, quelquefois même un
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1107
bailli cl'épée portant manteau Se plumet, un châtelain, un viguier, &. jusqu'à
un juge-mage, comme cela se voyait en la vicomte de Joyeuse; mais le plus
souvent elles n'avaient ni tribunal, ni prisons, ni registres.
Quelques-unes de ces justices étaient si petites & les gradués si rares qu'on
vovait un même personnage remplir les fonctions de juge dans dix. seigneu-
ries différentes. Ainsi, certain maître Cornet se trouvait à la fois juge du
Teil & de Lesplans pour le marquis de Joviac, de Cruas pour l'abbé, de
Lacombe 8t du comté d'Aps pour le comte de Beaune, de Pampelonne 8c de
Miraval pour le sieur de Pampelonne, de Saint-Vincent de Barrés, de Barry
8i de Berzème pour d'autres seigneurs moins qualifiés. Il faut observer que
pas un de ces tribunaux n'avait de salle d'audience ni de greffe & qu'un seul,
celui du comté d'Aps, possédait une prison qui n'était pas sûre. Par contre,
d'autres juges ne l'étaient pas complètement 8c participaient du morcellement
des seigneuries. Dans la juridiction de Miraval, maître Meau ne jugeait que
pour trois quarts.
La division domaniale avait quelquefois amené d'étranges complications.
Le prieur de Saint-Martin de Valamas possédait une maison forte, mais
n'avait que la justice moyenne 8c basse. Par suite d'une transaction avec le
seigneur haut justicier, il était obligé de faire capturer les malfaiteurs, de les
garder, de faire la procédure 8c de conduire les prévenus en un lieu appelé
la Croix de Ricolles pour les livrer au justicier.
.Quelques épisodes suffiront à montrer la condition de ces pauvres juges
seigneuriaux. Le procureur juridictionnel de la baronnie de Gevraud, appar-
tenant au marquis de Vogué, 8c celui de la cour ordinaire de Godolet, dépen-
dant de l'abbaye d'Aiguebelle, adressèrent deux requêtes identiques dans la
forme, déclarant qu'il leur était impossible de poursuivre les affaires crimi-
nelles pendantes dans leur juridiction, à cause, non-seulement des neiges
abondantes qui couvraient les chemins, mais encore du grand nombre de
bandits &c de scélérats qui tenaient le pays. « Tous les officiers du siéo-e,
« disaient-ils, ont refusé de procéder, menacés par ces brigands; il y auroit
« un péril éminent de la vie de s'exposer sans avoir une forte escorte de
* troupes; en un mot tous les officiers du siège aimeroient mieux quitter
«' leurs places que de s'exposer en reprenant les poursuites. »
Le juge-bailli de la baronnie de Boulogne pour le marquis de Maubourg,
en venant comparaître devant les commissaires, leur exposa qu'il s'était fait
escorter par quatre fusiliers pour venir au cliâteau de Privas, sans quoi il
n'aurait hasardé de se rendre aux ordres de la cour, par crainte d'un danger
inévitable.
La seigneurie de Valgorge ne possédait plus de juge du tout : M« Rouchon,
avocat de Largentière, qui occupait ce siège, en avait renvoyé les provisions
depuis trois ans, de peur de risquer sa vie.
Quant aux témoins, il n'en faut pas parler : leur unique préoccupation
était de se dérober à l'interrogatoire. Avec une justice ainsi faite, on devine
à quels emportements s'abandonnait la violence montagnarde. Le procès-
1766
~^^ 1198 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
verbal des commissaires du Parlement offre un effroyable tableau de crimes
contre les personnes, assassinats sous toutes les formes & par toutes les armes
connues, à coups de sabre, à coups de fusil, à coups de bayonnette, à coups
de pistolet, à coups de couteau, à coups de hache, même à coups de sabot &
à coups de pierre, attaques à main armée sur les grands chemins ou dans les
maisons; gens noyés dans les ruisseaux ou étranglés; drames de famille, héri-
tages accélérés par le meurtre, simples rixes dégénérant en luttes sanglantes,
sans compter les vols de troupeaux, les incendies de gerbières, les dégâts
improductifs inspirés par la vengeance.
Telle est l'impuissance répressive que couvraient les noms imposants de
l'évêque de Viviers, de l'archevêque de Vienne, de l'ordre de Malte, du cha-
pitre du Ptiy, des célestins, des minimes de Roussillon, de l'abbé de Mazan,
des bénédictins de la Chaise-Dieu, des chartreux de Bonnefoy, de l'abbé de
Cruas, de l'abbé d'Aiguebelle, de l'abbaye de Chambon, de l'abbesse de la
Ville-Dieu, de l'abbé de Jonquières, du chapitre de Viviers, du commandeur
de Jalès, du prince de Soubise, du duc d'Uzès, du comte de Vogué, du
comte du Bourg, du comte de Brizon, du comte de Tournon, de la duchesse
d'Aiguillon, du marquis de Maubourg, du marquis de Joviac, du comte de la
Tourrette, du marquis d'Aulan, du marquis de Serre, du comte du Roure,
du marquis de Pierre-Bernis, du comte de Mirabel, du comte de Peyre, du
comte d'Antraigues, de la comtesse de Hautefort, de la comtesse de Marsan,
du marquis de Chambonas, du marquis de Villefort, du marquis de la Sau-
mès, du marquis de la Chaise 8<. d'une foule d'autres hauts personnages qui
se partageaient en portions infinitésimales la justice du Vivarais.
Les commissaires du Parlement dressèrent un état minutieux de la situa-
tion de toutes les justices, des tribunaux, des prisons, firent exécuter par
effigie quinze sentences criminelles rendues par les juges locaux, jugèrent
eux-mêmes plusieurs graves affaires Si confièrent le reste aux officiers de la
sénéchaussée de Nimes, M. de Cantalauze tut détaché à Tournon ]X)ur v
juger un assassin 8c inspecter en passant les prisons du château de Beaure-
ga rd .
TZ Paraza 81 Pvaffin partirent pour Montpellier, le 5 janvier 1767, pour v
conférer avec le prince de Beauvau sur les divers objets de leur commission.
Cantalauze rejoignit ses collègues le 1 1 Si arrêta de concert avec eux le pro-
cès-verbal des opérations'.
Les principaux résultats pratiques de l'enquête judiciaire de 1766 furent
condensés au mois d'avril de l'année suivante, dans un édit en vingt Si un
articles portant règlement sur l'administration de la justice dans le Vivarais
Si le Gévaudan. Le roi exposait dans ce document les motifs qui lui avaient
tait désigner des commissaires chargés de visiter les régions montagneuses du
Languedoc troublées depuis longtemps par la fréquence Si l'atrocité des crimes.
Le zèle des commissaires à s'acquitter de leur mandat 81 les opérations qu'ils
' Ce procès-verbal fait actuellement partie des collections manuscrites de In Bibliothèque de Toulouse.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. iiçc,
avaient faites par le travail le plus assidu, permettaient de connaître les causes
8t l'étendue d'un mal si préjudiciable à la tranquillité publique & de prendre
les mesures capables d'en arrêter le cours.
On pensait au conseil du roi qu'un tel désordre ne pouvait être attribué
qu'au défaut d'exécution des précautions sagement établies par plusieurs édits,
déclarations 8c lettres patentes pour l'administration de la justice en ces pays,
à l'insuffisance des prisons royales, à l'état de celles des seigneurs haut justi-
ciers, & surtout à la négligence du personnel judiciaire dans la poursuite du
crime. Le remède vrai eût été, comme nous l'avons indiqué plus haut, le
retour au pouvoir souverain de tous les droits de justice si malheureusement
séparés par l'eftet de l'usurpation féodale; mais cette grande réforme n'était
pas encore mûre & le gouvernement n'avait ni assez de décision, ni assez de
force pour l'accomplir. Les vœux du ministère se bornèrent donc à renouveler
l'exécution des lois trop longtemps suspendues sur les assises des officiers du
présidial de Nimes, dans le Vivarais Se le Gévaudan, à prolonger la durée de
ces assises pendant l'année courante, & à donner pour trois ans, aux magis-
trats qui en faisaient partie, une juridiction exceptionnelle en dernier ressort
des crimes les plus communs dans la contrée; à seconder le zèle de ces juges
ambulatoires en leur rendant la résidence moins à charge, à assurer une jus-
tice plus expéditive, non-seulement en matière criminelle, mais en matière
civile ; à établir aux frais de l'Etat de nouvelles prisons dans les villes de Privas
Si de Montpezat; à donner aux sièges de Villeneuve-de-Berg Si d'Annonay le
pouvoir de juger la compétence du prévôt des maréchaux ou de ses lieute-
nants, 8c à diminuer vine partie des frais extraordinaires des procès criminels
que la situation du pays 8c l'accroissement des crimes rendaient plus onéreux
aux seigneurs haut justiciers. La viguerie de Villeneuve-de-Berg était réunie
au siège royal, avec pouvoir donné à ce siège 8c à celui d'Annonay de juger
en dernier ressort dans certains cas les contestations dont la compétence leur
appartenait 8c la permission accordée aux seigneurs du haut 8c du bas Viva-
rais de faire exercer leurs justices dans les lieux qui semblaient présenter
le plus de garanties jusqu'à l'époque où, conformément aux ordonnances,
ils auraient établi des auditoires 8c des prisons en bon état. Le roi confiait
au Parlement de Toulouse le soin de veiller à l'exécution des règlements
8c de donner aux officiers du ressort l'exemple d'une attention conti-
nuelle, 8c promettait de donner de nouveaux témoignages de sa bien-
veillance 8c de sa protection aux habitants d'une partie aussi importante de
la Province.
Le haut 8c le bas Vivarais demeuraient, ainsi que le Gévaudan, compris
dans le ressort de la sénéchaussée 8c siège présidial de Nimes.
Les dispositions des édits de septembre 1682 8c octobre 1672, de la décla-
ration du 18 novembre 167g, des lettres patentes du 8 mars 1681 devaient
être rigoureusement observées; 8c en conséquence, la sénéchaussée de Nimes
avait ordre d'envoyer tous les ans huit de ses officiers avec le procureur du
roi ou l'un de ses avocats au siège, pour administrer la justice dans le Viva-
1767
1767
i:oo ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
rais, depuis le i*' mal jusqu'au i" août, en la ville de Privas, &, dans le
Gévaudan, depuis le 20 août jusqu'au 20 octobre, en la ville de Marvéjols,
avec faculté au Parlement de changer le lieu des assises, suivant l'exigence
des cas.
Pour l'année 1767, les officiers durent résider en Vivarais du i5 mai au
j" septembre, 8c en Gévaudan, du 20 septembre au ;o octobre, le Parle-
ment pouvant prolonger la session si besoin était. Les magistrats détachés de
la sénéchaussée de Nimes connaissaient de toutes les affaires civiles 8c crimi-
nelles de nature à être portées devant le siège de Nimes, soit en première
instance, soit en appel, soit présidialement.
Pendant trois années, à compter du mois d'avril 1767, ils connaîtraient en
dernier ressort 8c sans appel des assassinats, meurtres, excès commis en guet-
apens 8c avec préméditation sur les grands chemins ou ailleurs, lorsque les
juges ordinaires n'auraient pas informé ou décrété avant eux.
Chaque mois de résidence au tribunal ambulant donnait droit à une gra-
tification de mille livres, payable par le receveur des domaines de Nimes, sur
quittance du greffier.
Les nouvelles prisons royales qui allaient être établies aux frais du trésor
à Privas &c à Montpezat étaient placées sous la surveillance des juges de Ville-
neuve-de-Berg qui devaient y commettra un gradué.
Le roi maintenait aux officiers de Villeneuve &c d'Annonav la juridiction
qui leur avait été attribuée par les lettres patentes du 10 mars i65i 8c du
28 mars 1662.
Réunion perpétuelle était prononcée au domaine du roi de la justice de
l'abbé de Mazan, précédemment exercée en paréage à Villeneuve-de-Berg,
sous le titre de viguerie, pour se confondre désormais avec le siège royal de
la même ville. Pour indemniser les officiers de la viguerie, il leur était fait
don de trois offices vacants du même siège aux parties casuelles. Le viguier
devenait lieutenant civil particulier, le lieutenant conseiller 8c le procureur
avocat, à condition de prêter serment, mais sans nouvelles provisions ni droits
de mutation. On dédommageait le greffier en lui octroyant le siège du greffe,
sauf liquidation. Afin de satisfaire l'abbé de Mazan, privé de l'exercice effectif
de sa justice, le roi lui donnait les offices de lieutenant particulier, d'asses-
seur criminel 8c de conseiller au siège royal vacants aux parties casuelles,
avec pouvoir d'y nommer des sujets capables d'en remplir les fonctions. Ces
offices devaient demeurer à perpétuité à la collation de l'abbé de Mazan,
qui jouirait du prêt, de l'annuel, des droits de mutation 8c des autres profits
éventuels auxquels les offices pourraient donner lieu dans la suite. Les droits
utiles 8c honorifiques appartenant à l'abbé de Mazan dans Villeneuve-de-
Berg, en vertu de l'acte de paréage, lui étaient conservés, mais il cessait d'être
tenu de contribuer aux frais des procédures criminelles, à l'entretien 8c à la
reconstruction des prisons, à la nourriture des enfants exposés 8c aux autres
dépenses de justice, mises entièrement à la charge du domaine.
Le droit de juger les affaires de la compétence du prévôt des maréchaux d^^
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV,
I201
1767
France était conféré aux officiers d'Annonay & de VilIeneuve-de-Berg, con-
formément à la déclaration du 5 février lySi, sans qu'ils pussent en user
pendant que les officiers du présidial de Nimes tiendraient leurs assises.
Les mêmes magistrats devaient juger en dernier ressort, au nombre de cinq
au moins, jusques à concurrence de cinquante livres vme fois payées & de
deux livres de rente, pour les contestations dont la connaissance appartenait
au roi, sans rien changer aux privilèges 8t prérogatives accordés à certains
seigneurs du Vivarais.
Le procureur général avait mandat de tenir la main à l'exécution des ordon-
nances prescrivant qu'il y eût, dans chacune des hautes justices du Vivarais Se
du Gévaudan, un auditoire décent 8c convenable pour l'administration de la
justice, & des prisons saines & sûres. Permission était donnée aux seigneurs
du haut Se bas Vivarais d'emprunter territoire dans les justices les plus voi-
sines de leurs domaines qui avaient déjà une salle d'audience & des prisons
en bon état, sans toutefois pouvoir se passer du consentement du seigneur
territorial ou de ses officiers. Un état détaillé, annexé à l'édit 8<. arrêté au
conseil du roi, le 12 avril, désignait les vingt-neuf justices du Vivarais rem-
plissant les conditions de l'ordonnance, avec l'indication des seigneuries avoisi-
nantes autorisées à user des salies d'audience &c des prisons qui s'y trouvaient'.
* État des justices auxquelles Sa Majesté permet
d'emprunter territoire dans les justices ci-con-
tre :
I. Saint-And^ol. .^ Cuisininc, Gras & Saint-
Vincent, Saint-Etienne de Dions.
I. Saixt-Mabcel, — Bidou.
3. Saint-Reme«e. — Saint-Iust d'Ardèche, Saint-
Jean de Trignan, Saint-Martin Dau.
^. Viviers. — Saint-Thomé, Saint-Montan,
Valvignères, Bourg & Lamas.
5. RociiEMAtRE. — Meysse, Sentres, Le Teil &.
Mêlas, Cruas, Saint-Pierre de Baryon, La Roche,
Saint-Bauzille, Saint-Martin le Supérieur, Mira-
Tal ou Saint-Pierre de la Roche & Pampelonne,
Saint-Martin l'Inférieur, Berzéme, Allier & Mont-
brun.
6. La Voti.TE. — Chomerac, Flaviac, Creissac,
Royas, Rompon, Saint-Julien en Snint-Alban,
Saint- Symphonen , Rochepaule, Beauchastel ,
Pierregourde, Le Pouzin.
7. Saint-Pierreville. — Ajoux, Poiirchercs,
Iss.imoulins, Marcols, Mezillac, Saint-Julien de
Gua, Saint-Sauveur de Montagut, Saint-Genest
la Champ, Saint-Etienne du Serre.
8. Vernoux. — Saint-Julien le Roux, Savinas,
Les Peschiers, Saint-Apollinaire de Rins, Château-
neuf de Vernoux, Saint-Fortunat, Boffre, Crozon,
Gilloc.
9. Chalançon. — Saint-Jean Chambre, Saint-
Jean la Brousse, Les Nonnières, Le Pouz.it, Sunt-
Priest, Mo.è:icns, Cluac, Saint-Maurice, Saini-
Michel de Chabrillanoux , Silhac, Gluiras, Ro-
chemeure.
10. PpivAS. — Coux, Veyras, Alissas, Saiiit-
Priest, Pourcheres, Creysselles, Pranles, Lias,
Saint-Michel de Boulongne, Vesseaux, Saint-An-
déol, Saint-Etienne de Boulongue, Gourdon,
Saint-Vincent de Barrés, Saint-Bauzille en Barris,
Saint -Vincent de Durfort, Saint-Cierges, La
Serre ou Bavas, Bressac 8c Saint-Lager, Fressinji,
Baci.
11. AuDEN'AS. — Saint-Etienne de Fontbellon,
Saint-Didier, Le Crouzet, Vogué, Saint-Germain,
Saint-Maurice Terlin, Lanas, Rochecolombe &
Sauveplantade , Saint-Laurent Lussas & Beissis,
Saint-Privat, Val, Saint- Julien du Serre, Vais,
Balaziic, Chanzon 8c Prades, Saint-Maurice d'Iblc,
Mercuer, Les Combes, Saint-Martin de Maiie;,
AlIIon, Lentillères, Cha^^eaux, Le Mandcmcut
Desplan, Lavilledieu.
12. Vili.enelve-de-Berg. — Saint-Jean Cente-
nier, La Beaume, Mirabel, Montbrun 8c Saint-
Cinest, Saint-Pons, Larochechérie, Chaix, Aps iji
Aubignat, Saint-Andéol de Berdet, Mercoyras,
Le Javelier, Vallon.
ri. La Gorce. — Vallon, Salavas, Saint-Mar-
tin de Vallon, Vagnas, Bessas, La Bastide de Né-
rac, Samzon, Ruons.
1^. A\TRAif;uES. — Airac, Asprcjoc, Juvinas,
La Champ Raphaël, partie de Vais, partie Je
Mezillac, Ginesielle, Craux.
ij. Mo.Mi't^AT. — Saint-Pierre du Colombier,
XIII.
"7^7
i:Ô2 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
A l'égard du Gévaudan , la justice continuerait, jusqu'à nouvel ordre, d'y
Ctre exercée comme par le passe.
Il était prescrit aux juges seigneuriaux du haut & bas Vivarais 8< du
Gévaudan de procéder sans retard à la poursuite des crimes commis dans
l'étendue de leur juridiction, avec injonction très-expresse de continuer sans
délai tous les procès dont l'instruction n'aurait pas été suivie 6<. de conduire
Biirzet, Goiidoolet, Les Saignes, Snln(e-Eiilalie, Saint-Clair, Marcland & Gourdan, Seneaud,
le Gros de Gevraiid, taillable & subsidiaire, Le Bayard, Pestrin, Munas, Vocance, Ville en Vo-
Béage, Usclade, Saint-Aignes en Montagne, Vas- cance, Saint-Julien en Vocance, Vanos en Vocance,
seilles & Issarles, Tucis, Chadenac, Serrecoiir. Monestier en Vocance.
16. Jaujac. — La Souche, Fabras, Prades, Saint- 23. Satii-licu. — Mahun, Verunes, Saint-
Cirgues de Prades, Daillon, Vais, Gros en Mon- Pierre de Machabées, La Louvese, Préaux, Saint-
tagne, Mayras, Niégles. Jeure, Vaudevant, Chanelot.
17. Pr.ADELiES. — Banne, Saint-Paul de Tartns 24. Sai:«t-Agi>(;ve. — La Cour, Monrond, Saint-
subsidiaire ou les Uffernets, Barges, Lafayette, La Jeure d'Andaure, la Bastie d'Audance, la Côte la
Uibeire, Moulines, Laborie, Saint-Clément, Saint- F.ire, Saint-André des Effangeas, Rochepaule,
Ktienne, Mazan, Mezeysas, Vielprat, Arlempde, taillable & subsidiaire. Cottes, Devezet, Saint-
Lesperon, Gouncourou & Montlor, Le Mas de Romain le Désert, Montréal, Fay, les Vastres,
Moras, Mortessaigues hautes & basses, la Chapelle Saint-Clément, La Varenne, Arzat, Pral, Chanie-
Graillouse, La Villate, Villesèche, Belvezer, Saint- loupe. Borée, Contaguet.
Arçons de Barges, les Imberts de Barges, la Cotte. 25. Le Monestier, — Ghanderolles, Mezene.
18. Saixt-Etien.ne de LuGDAitKS. — Bornes , 26. Tocr.NOX. — Mauves, Glun, Plas, Vion,
Saint-Laurens des Bains, Tressol ou le Travers, Lemps, Iserand & Sécheras, Arras & Cheminas,
Saint-Alban en Montagne, Chazeneuve & le Mas, Ghâteauneuf, Saint-Victor, Deyrat, Mantfflin,
Vaudran, les Hubats, le Plan, le Cellier du Luc, Esclassan & Ozon, Ceintres, Étables, Saint-Sil-
la Villatelle, Serres & les Faugerets, la Veyrune, vestre, Saint-Barthélémy le Plein, Ghâteaubouig,
Goncoules, Reglouton. Solignac, Saint-Barthélémy le Pin, le Gredet,
19. Largentiére. — Chassiers, Beaumont 8c Colombier le Vieux, Monteil, Boncieux le Roi,
Chabreilles, Dompnac, Fons & le Mas de Fons, Colombier le Jeune, Arlebosc, Bozat, Saint-Féli-
Brison, Saint-Sernin, Rocles , Sannillac, Saint- cien ou Rochefort, Empuiani, Nozières, Royol,
Melany, Prunet, Montréal, Joannas, Laubaresse Sarras Bevirrand & Foncany, Ardoix.
& Valgorges, Vinezac, Uzer, Taurien, Roche & 27. Le Ciieylar. — Mariac, Acons, Arcens,
Tiebeot, Chazeaux. Saint-Jean Roure, Jonas, Saint-Christol, Saint-
20. Joyeuse. — Rosières, Vernon, la Blachère, Martin deValamas & Amarnes, la Chapelle, Clia-
Saint-André la Champ, taillable & subsidiaire, neac, Chamberlhac, Saint-Julien Boutières, Châ-
Saint-Alban sous Sampzon, Labeaume Sampzon, teauneuf, Saint-Barthélémy le Mol, Saint-Martial,
Groppières, Comps, Saint-Jean de Pourcharesse, Saint-Andéol des Fourchades, Dornas, Sardige,
Mont-Selguot, le petit Paris, le Val d'Aurellc, Arie & la Cheze, Burianne, Talaron, Saint-Michel
Sablieret, Beaulieu ou Bec de Jun, Chaussonaresse, le Rance, Saint- Cierge, Rochebonne.
Saint-Sauveur de Brugières, Saint-Melany, Ribes, 28. L\ Mastre. — Saint-Bazile, Maisonseule,
Saint-André la Champ, Planzolles, le Sanet, Çha- Macheville, Lapra, Desaignes, Retourtour, Mon-
brolières, Vernon, Valoubiéres, Laurac, Assion & teil, Rochebloine.
Gornillon, Paysac, Faugerit, Saint-Génies de Beau- 29. Saint-Pkiiay. — Toulaud, Guillerand ou
son, Malarce, les Salelles, Sainte-Marguerite la Sainte-Eulalie, Soyon, Charmes, Saint-Marcel de
Figere, Thines, Bane, Malbosc, Brahic, Coury. Crussol, Saint-Georges, la Bastie de Crussol,
21. Serrières. — Saint-Saturnin, Limony, Champin, Saint-Didier, Ylaix, Cornas, Saint-
Charnas, Saint-Jacques de Broussen, Félines, Vin- Romain de l'Air.
sieux, Lolraes, Peyrauld, Verlieux. Fait & arrêté par le roi étant en son conseil,
22. Annonay. — Boissieiix, Saint-Martin lès tenu à Versailles le 12 avril 1767,
Annonay, Bonlieu, Davezieux, Savas ou Saint- • n
,,.■"_,'. ' . Louis. — Phelypeaux.
Julien en Goyes, Quintenac, Saint-Alban d'Ay,
Saint-Romain d'Ay, Peaugres, Colombier le Car- Enregistré tant ledit édit que l'état cy-joint en
dinal. Torrent, Andance, Vernox, Saint-Etienne conséquence de l'arrest du 20 mars 1767, au rap-
de ^'alouK, Saint-Cyr, Talencieux, Saint-Desiiat, port de M, de Bastard,
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. tio3
les affaires jusqu'à sentence définitive. Ils devaient aussi veiller à l'observa-
tion des ordonnances sur le port d'armes, les assemblées illicites, la police
des cabarets, 8c sur tout ce qui touchait au maintien de la paix publique.
Comme la multiplication des crimes depuis plusieurs années menaçait de
rendre très-difficile 8c très-lente la liquidation de l'arriéré, 8c qu'il importait
d'obtenir une marche expéditive, le roi, pour venir en aide aux seigneurs,
se contentait d'exiger qu'après la publication 8c l'enregistrement de l'édit, ils
fissent transférer à leurs frais, dans les prisons royales d'Annonay, de Ville-
neuve-de-Berg, de Privas 8c de Montpezai, ou dans celles du Gévaudan, les
prévenus contre lesquels des poursuites auraient été engagées à la requête
des procureurs juridictionnels. Les trais de nourriture, de logement des
accusés, à compter de leur arrivée, &c les frais de transport aux prisons du
Parlement de Toulouse étaient à la charge du domaine sans aucune chance
de réclamation.
Quand le Parlement, prononçant sur l'appel des sentences des premiers
juges, renverrait l'exécution sur le lieu du délit, s'il n'y avait point de partie
civile, le domaine devait faire les frais de nourriture 8c de transport des con-
damnés, depuis les prisons de la cour jusqu'aux prisons royales, 8c les autres
transports seraient à la charge des seigneurs territoriaux.
L'édit prescrivait, du reste, l'observation des ordonnances 8c règlements
concernant l'administration de la justice, la réception des officiers, l'envol des
édits, déclarations 8c lettres patentes, enjoignant aux juges seigneuriaux de
s'y conformer, 8c ordonnant de déposer au greffe le rapport des commissaires
du 19 septembre 1766 pour y être mis à la disposition du procurem- général.
Ces tentatives de réformes sont intéressantes, parce qu'elles marquent un
effort pour introduire des améliorations rationnelles dans un système péchant
par la base 8c condamné à périr. P'n dehors de la solution unique réservée à
la Révolution, il ne restait place que pour ces moyens termes, pour ces essais
de conciliation plus ou moins applicables entre le droit de l'Etat 8c les préro-
gatives des usurpateurs téodaux. Par la seule puissance de la logique, l'esprit
du législateur, qui ne s'attaquait pas au principe, se trouvait conduit à res-
treindre de plus en plus ces privilèges exorbitants qui n'aboutissaient qu'à
l'impuissance, qui étaient une entrave à l'ordre 8c qui paralysaient l'action
publique.
Il existait en Vêlai, sur les confins du Forez, deux abbayes de filles de
l'ordre de Cîteaux, qui, par la succession des temps, avaient vu diminuer à
la fois &c leurs revenus 8c le nombre de leurs religieuses, 8c qui menaçaient
l'une Se l'autre de s'éteindre au milieu de leurs solitudes.
L'abbaye de Clavas, bâtie dans une région extrêmement froide, sur les
liauts plateaux des Routières, au pied du mont Pyfara, dont les contreforts,
enveloppés de neige pendant plusieurs mois d'hiver, envoient à la Loire les
eaux torrentielles de la Dunière, se trouvait éloignée de tout secours, 8c souf-
frait les rigueurs d'un climat impitoyable qui ruinait les bâtiments 8c rendait
les chemins inaccessibles durant une partie de l'année. La petite paroisse de
1767
— 1204 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Riotord, misérable village suspendu aux flancs du vallon, était l'unique res-
source humaine de l'abbaye, que des croupes sauvages Se désolées, couvertes
de bois, séparaient des principaux centres d'habitation. Dans cette triste
retraite, dont la ferveur des siècles de toi avait pu seule faire rechercher les
horreurs, huit religieuses, appartenant pour la plupart à la noblesse du
pays, vivaient sous la direction de leur abbesse, qui était Madame de Mont-
morin'. Comme la maison n'était pas riche & que le monastère, incessam-
ment battu par les orages, se dégradait de jour en jour, elles jetèrent les
veux sur l'abbaye de la Seauve, autre fille de Cîteaux, qui végétait sans
grand éclat, près du bourg de Saint-Didier & de Monistrol, à quelques lieues
de distance, dans une région moins sévère Si moins inabordable, Si elles sol-
licitèrent la faveur de s'y transporter 8i d'associer leurs misères.
L'évêque du Puy, Le Franc de Pompignan, à qui le conseil du roi confia
le soin de l'enquête^, délégua pour y procéder l'abbé de Sarrat, son grand
vicaire-^'.
Le commissaire épiscopal se transporta à Clavas le 7 août 1761, en compa-
gnie du greffier de l'officialité Si de deux experts'*. On reconnut le mauvais
état des bâtiments qui menaçaient d'être bientôt inhabitables, si l'on ne se
hâtait d'y faire des réparations onéreuses, la grande quantité de neige qui
séjournait sur les toitures pendant l'hiver les ayant complètement ruinées.
Les experts, qui évaluaient les travaux à taire à vingt-cinq mille livres,
déclarèrent qu'ils ne pouvaient pas répondre de la solidité de l'église. Mes-
dames d'Espinchal Si de Meneville, munies des pouvoirs de la communauté,
firent valoir l'horrible isolement des lieux 61 l'insuffisance des revenus qui se
portaient à quatre mille cinq cents livres, dont quinze cents livres de charges
annuelles. On fit l'estimation des meubles, des vases, des ornements, des
effets de toute sorte dont la valeur totale dépassait à peine cinq mille cinq
cents livres. Si l'on compulsa minutieusement les archives de l'abbaye,
réduites à trente Si. un titres, pour y chercher quelques lumières siu" l'état
des propriétés. Des trois domaines de Malines, la Grange-Haute Si le Play,
qui appartenaient à la maison, le premier seul était convenablement exploité.
Quelques gens du pays, appelés en témoignage, ne firent pas d'opposition
au déplacement, mais exprimèrent la pensée qu'il serait convenable d'établir
un prêtre à Clavas, afin de ne pas laisser, pendant l'hiver, la population de
ces montagnes dénuée de tout secours spirituel.
Six jours après, l'abbé de Sarrat se rendit à la Seauve. Le monastère était
en émoi. Si les sept religieuses qui le composaient^, y compris la prieure.
Madame de Pierre, formaient deux camps ennemis.
'Marie d'Espinchal, Françoise de Meneville, Mean -Augustin de Frelat de Sarrat, grand
Anne d'Espinchal de Marsiac, Marie-Marguerite vicaire du Puy.
de la Brochette, Françoise Grail, Anne de Solme * Jean Pouchon, maître charpentier, Joseph
du Villar, Marguerite Lafaye, Jeanne de Saint- Rozier, maître maçon.
Romain. ^Mesdames de Pierre-Velron , du Fournel du
^ Arrêt du conseil d'Etat, donné à Marly le Roure, du Four, de Charpin, de Choumouroux,
9 juin 17Û1. de Masjlieux.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. i2o5
La prieure, qui vint recevoir le commissaire à l'entrée, lui répondit fort
nettement qu'elle ne connaissait d'autre volonté que celle de l'abbé de
Citeaux £<. qu'avant d'en être informée, elle n'exprimerait aucune opinion,
refusant avec une obstination invincible de faire sonner l'assemblée capitu-
laire, £<. même de laisser paraître isolément ses religieuses. Le délégué de
l'évêque, ayant demandé à pénétrer dans le monastère pour y vérifier l'étaf
des bâtiments 8<. des archives, s'en vit interdire l'accès.
Une des fenêtres de l'abbaye qui regardait la place du village fut alors
ouverte, & l'on vit s'y pencher quatre religieuses qui sollicitèrent l'enquêteur
de venir écouter leurs dépositions. Comme les voisins s'amassaient S< que la
scène pouvait amener un éclat, la prieure dut accepter l'interrogatoire
général. Deux religieuses déclarèrent s'en tenir à sa réponse. Les quatre
autres, au contraire, descendues de leur fenêtre, se montrèrent disposées à
l'union. Elles voyaient, dans l'augmentation de la communauté, la garantie
d'une régularité plus sérieuse, & dans l'accroissement de revenus, le moyen
d'exécuter des réparations nécessaires. Depuis nombre d'années, la maison de
la Seauve n'ayant plus d'abbesse, il s'y était introduit beaucoup d'abus:
MaJame de Montmorin serait, mieux que personne, en état de les réformer.
Huit habitants de Saint-Didier, qui furent consultés ensuite, applaudirent
à la fusion projetée, les deux maisons étant trop pauvres pour se soutenir
l'une & l'autre, tandis qu'une fois réunies, elles pourraient mieux célébrer
leurs offices & se rendre utiles au pays, en élevant les pauvres demoiselles
des lieux voisins.
La prieure, s'abritant du nom de l'abbé de Cîteaux, demeurait inflexible.
Une année entière s'écoula, 8c il fallut un nouvel arrêt du conseil pour con-
tinuer l'information, avec injonction expresse à l'intendant de la Province
d'intervenir dans la querelle '.
Lors de la nouvelle visite, faite le 6 août 1762, en présence de M. Rachat,
subdélégué de l'intendance, la situation des partis n'était point changée.
Madame de Pierre, grâce à la prépondérance de sa voix de prieure, tenait en
échec ses quatre adversaires. Madame du Pvoure, que le camp opposé mit à
sa tête, donna de nouvelles raisons pour justifier son consentement & fit
observer que la possession des bois de Clavas diminuerait de moitié la dépense
des réparations indispensables aux charpentes séculaires de la Seauve; elle se
plaignit, d'ailleurs, d'avoir été tenue par la prieure 8c par ses deux adhérentes
dans une ignorance complète sur la situation précise du monastère.
Il résulta de l'inventaire du matériel que la valeur totale en était d'environ
huit mille livres. Quant aux revenus annuels, ils s'élevaient à la même
somme, bien que la prieure, déclarant n'avoir en caisse que cinq cents livres,
se prétendît trop pauvre pour préparer un logement aux nouvelles sœurs.
Au mois de novembre suivant, dom Simon Portes, vicaire général de
Cîteaux pour les provinces d'Auvergne Se de Vêlai, attaqua en nullité tous
' Arrêt du conseil d'ttnt, donné le 2p mai 1762.
1767
■ 767
i-jùi
i:o6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les actes du conseil d'État Se de l'évèque, comme contraires aux privilèges de
l'ordre, tandis que le parti de la prieure trouvait dans l'appel comme d'abus
le moyen d'éterniser la procédure.
Cette double résistance fut pourtant vaincue. Dom Simon Portes signa,
devant deux notaires de Paris, un acte solennel de désistement, Se dom
Étienne-Marie de Moyria, procureur général de l'ordre, apporta la soumis-
sion des trois opposantes'.
Après six ans de luttes, l'évèque du Puy rendit enfin le décret d'union,
le 29 mai 1767,
La communauté, fixée dans les bâtiments de la Seauve, prenait le nom
d'abbaye de la Seauve-Clavas ; elle devait acquitter toutes les charges &t
dettes de la maison supprimée, établir, avec pension annuelle de deux cent
cinquante livres, un prêtre ou chapelain à Clavas, chargé de servir les ton-
dations pieuses, de dire la messe le dimanche St les jours de fête, &c de tenir
une école gratuite pour les pauvres enfants de la contrée.
L'évèque diocésain se réservait le choix de ce prêtre qui n'était pas ina-
movible.
Enfin, pour dédommager le lieu de Clavas 8c les autres écarts de la paroisse
de Riotord, il fut imposé aux religieuses une aumône annuelle de deux cents
livres, dont le curé de Riotord devait régler la distribution de concert avec le
chapelain & avec le juge de l'abbaye.
Ces dispositions furent confirmées par lettres patentes du roi, au mois de
septembre 1 767 ^.
Tous les vases &c objets nécessaires au culte furent empruntés à l'ancienne
sacristie de Clavas dont les bâtiments fournirent une salle d'école, tandis
qu'une chapelle neuve, construite aux frais de l'abbaye, remplaça l'église en
ruines.
L'exécution de l'édit de mai 1766, relatif à l'administration des communes
de Languedoc, rencontra, dans la ville de Limoux, des ol«tacles sérieux par
suite de l'état d'antagonisme St de division où se trouvaient les diverses classes
d'habitants. Le choix des sujets propres à remplir les places de conseillers,
l'élection des officiers municipaux, la détermination des éligibles, tous les
actes, en un mot, de la vie publique, fournissaient prétexte à des luttes dont
l'intérêt personnel était le principal mobile.
Pour y remédier, il fut rendu, le 22 mai 1768, un arrêt du conseil d't,tat,
suivi, le 10 juin, de lettres patentes portant règlement pour les élections de
Limoux.
Il y était porté que le premier consul serait choisi à l'avenir alternativement
oarmi les nobles, les avocats ayant exercé leur profession au moins pendant
trois ans, les médecins exerçant la leur £<. les négociants en gros de toute
espèce ou faisant travailler pour leur compte à la fabrication des draps; ces
' Acte de désistement passé par devant M''' Que- ' Archives du parlement de Toulouse, Ejits &
fct StCouturler, notaires à Paris, le 29 janvier 1763. déclarations, LIX, p. 67,
LIV, IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 1207
derniers devaient, en outre, avoir déjà rempli la charge de second consul. On
exigeait également que chacun des éligibles appartenant à ces quatre classes
fût du nombre des plus forts taillables ou comptât au moins cinq ans de
domicile.
Le second consul ne pouvait être pris que parmi les notables bourgeois &
les négociants en gros ou fabricants de draps; quant aux consuls des autres
échelles, on continuerait à les choisir, suivant l'usage, dans les autres classes,
tous taillables ou domiciliés depuis cinq ans.
Le conseil politique était réduit à douze membres, choisis parmi les plus
notables & les plus forts contribuables des diverses classes, avec recommanda-
tion d'y nommer, autant que possible, deux nobles, deux avocats exerçant
leur profession depuis trois ans, ou bien un avocat 8< un médecin en exer-
cice; deux notables bourgeois ou commerçants en gros, marchands de grains
ou autres, ou deux fabricants d'étoffes.
Les mêmes règles s'appliquaient au choix des douze membres supplémen-
taires du conseil renforcé.
Le minimum de l'allivrement en compoix terrier ou cabaliste était scrupu-
leusement déterminé pour les divers éligibles. C'était huit livres pour les
consuls du premier S< second rang 8c pour les six premiers membres du con-
seil, six livres pour les consuls Se conseillers du second rang, quatre livres
pour ceux du troisième.
Les avocats pourvus d'un office de notaire ou de procureur devaient opter
au moins uti an avant l'élection. Faute d'avocats ou de médecins, on laissait
aux électeurs la faculté de les remplacer par des notables bourgeois, des com-
merçants en gros ou des marchands fabricants.
Les élections devaient se faire par scrutin, à la pluralité des suffrages, Il3
consuls en charge ayant leur voix dans toutes les assemblées.
L'arrêt se terminait par la nomination des consuls, des membres des dtux
conseils, du procureur du roi 8c du greffier de l'hôtel de ville', avec charge
d'entrer en fonction à l'époque réglementaire des élections 8c de servir pen-
dant une année pour faire ensuite place h. des magistrats élus.
Une disposition spéciale défendait aux présidents des conseils de renvoyer,
dans aucun cas, les délibérations d'une séance à l'autre, £c de les rompre,
sans une délibération préalable, à la pluralité des suffrages. Enfin, les con-
suls ou conseillers nommés ne pouvaient se démettre que pour des excuses
ou empêchements légitimes, à moins que les conseils ordinaires 8c renforcés
n'eussent accepté volontairement leur démission^.
Parmi les justes sujets de réclamations du clergé inférieur, il n'en était
' Recueil des id'its, déclarations, arrètt & orJoit- Ordiiiiaire : Vasscrof, d'Esterenel, Delmas-Carla,
nanccs pour l'anné» 1770, pour la province de Dustoii, Chainbre, Roumengoiix, Custel, Nougai-
Languedoc. roi, Alcouffe, Roux, Castillon, Aussenac. — Coii-
* Consuls : François Bonnet, nvocnt ; Rouch, seil renforcé : L. de Barri, Captier, Roques
1768
a 1 n v
1769
marchand fabricant) Raymond Guitiard) Antoine Boyer, Astruc, Glottes, Delrieu, Boire, J.-P. Kc-
Alqiiicr. — Procureur : Pierre- Jacques Andrieu, ques, J.-F. Alquicr, Homps, Lagravc.
STOcat. — Greffier : Bouichere cadet. — Conseil
1769
iio8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
pas de plus sérieux que l'exiguité des portions congrues. Fixées, par divers
actes rovaux, à des époques déjà lointaines, les pensions assignées aux curés
& vicaires perpétuels étaient demeurées stationnaires, malgré la révolution
économique, 8<. ne suffisaient plus à l'entretien de ces prêtres ni aux frais du
culte. Les assemblées du clergé de France, en 1760 & en 1765, se firent
l'écho de leurs plaintes, & enfin, au mois de mai 1768, le chancelier Mau-
peou fit signer à Versailles un édit du roi qui avait pour but d'amender une
situation devenue intolérable & souvent dérisoire.
Le roi reconnaissait dans cet acte que les pensions connues sous le nom de
portion congrue, déterminées par ses prédécesseurs, étaient devenues insuffi-
santes par suite du changement survenu dans la valeur des denrées, & il en
fixait le minimum à cinq cents livres pour les curés 8c vicaires perpétuels, & à
deux cents livres pour les simples vicaires, sommes représentant alors la valeur
en argent de vingt-cinq & de dix setiers de blé, mesure de Paris.
Le Parlement de Toulouse opposa quelques difficultés à l'enregistrement
de cet édit, qui, outre le tarif des portions congrues, contenait diverses dis-
positions relatives à la perception des dîmes & aux droits & devoirs des curés
])rimitifs Si des gros décimateurs, & en fit l'objet de remontrances au roi. Le
ministère y répondit par des lettres de jussion en date du 21 mars 1769, & le
Parlement s'exécuta le 3 juin suivant, sur le rapport de M. de Bastard.
L'arrêt d'enregistrement, tout en ordonnant l'exécution de l'édit, mention-
nait encore certaines réserves.
Il exigeait qu'en attendant la publication d'une loi irrévocable, précisant
les obligations des gros décimateurs pour les frais du culte, ces bénéficiers
continueraient de fournir aux mêmes dépenses, dans le cas d'insuffisance des
fabriques, & que la cour en aurait la juridiction comme par le passé; il char-
geait le procureur général de se procurer, dans toutes les paroisses du ressort
desservies par des curés & vicaires perpétuels, les éclaircissements nécessaires.
Dérogeant, sur ce point, à la jurisprudence du Parlement, il ordonnait
que les dîmes novales, c'est-à-dire celles des terres nouvellement défrichées,
dont les curés congruistes ou fruit-prenants se trouveraient en possession au
moment de la publication de l'édit, leur appartiendraient d'une façon irrévo-
cable S< à perpétuité.
L'arrêt ajoutait que les baux à ferme des bénéfices, notamment ceux des
chapitres, des bénéfices consistoriaux & surtout ceux des archevêchés Si des
évêchés, trahissaient un accroissement de valeur depuis l'année 1686, qui
s'élevait au triple. Si que, d'autre part, l'augmentation survenue dans le prix
de tous les objets de consommation rendait insuffisant le tarif arrêté par le
nouvel édit royal Si le mettait en contradiction avec les intentions bienfai-
santes du roi, qui tendaient à rendre meilleur le sort des curés 81 à leur
donner les moyens de remplir leurs fonctions avec décence.
Le Parlement de Toulouse promettait de réitérer en tout temps les remon-
trances, relativement aux sommes fixées par l'édit; Si, contrairement aux dis-
positions de l'article IX, il déclarait que la portion congrue étant assignée
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1109
aux prêtres comme pension alimentaire & pour fournir au nécessaire absolu,
elle ne pouvait & ne devait être soumise à aucun retranchement, & priait le
roi de la reconnaître, dans les formes les plus solennelles, affranchie du
pavement des décimes & exempte de toute charge, conformément à l'esprit de
la déclaration de 1686.
Il demandait, en outre, que les congruistes fussent maintenus en la posses-
sion des biens-fonds & rentes annexés à leurs bénéfices pour acqviitter des
obits & des fondations, à la seule condition de prouver qu'ils continuaient le
service de leurs prédécesseurs immédiats pour l'acquit de ces fondations'.
La chute du ministère Choiseul, l'avènement du chancelier Mavipeou 8\.
de l'abbé Terray eurent pour première conséquence une réaction violente
contre les Parlements que l'ancien ministre passait pour favoriser. On sait à
quelles luttes ardentes donna lieu la fameuse querelle entre le Parlement de
Bretagne & le duc d'Aiguillon.
La cour de Toulouse commença d'entrer en conflit avec le ministère à
l'occasion des règlements des États de Languedoc dont la collection venait
d'être réimprimée. Diverses mesures avaient été prises pour interdire l'accès
des baronnies représentatives k la noblesse de robe & conserver au second
ordre de l'assemblée un caractère aristocratique. Obligation pour les héritiers,
donataires ou acquéreurs de baronnies de faire profession des armes, & de
produire des preuves de noblesse militaire du côté paternel depuis quatre
siècles; obligation pour les envoyés des barons de prouver six générations de
noblesse paternelle ou au moins deux cents ans de noblesse. Les grandes
familles étaient effrayées de l'invasion du tiers état qui pénétrait à toute
l.eure dans leurs rangs par les charges de judicature; elles comprenaient que
la vie politique & l'influence leur échappaient de jour en jour 8c faisaient de
suprêmes efforts pour les retenir.
Le Parlement, blessé dans ses intérêts, dans ses espérances, dans son
orgueil, se hâta d'intervenir, 8c cassa, le 14 juillet 1770, par un long arrêt
motivé, les articles VII 8c VIII du nouveau règlement des États. Il sortait
évidemment de ses attributions, comme il l'avait fait tant de fois en d'autres
époques, 8c s'arrogeait une puissance législative qui ne lui appartenait pas.
Le syndic de Languedoc porta plainte au conseil, invoqua les privilèges de
la Province qui interdisaient au Parlement toute ingérence dans les délibé-
rations des États 8c obtint, le i3 octobre, un arrêt de cassation.
Mais la lutte s'aigrissait de plus en plus entre les Parlements 8c le minis-
tère. Le lit de justice du mois de décembre 1770, destiné à réfréner les empié-
tements des prétendues cours souveraines 8c à les contenir dans leurs fonctions
judiciaires, produisit une violente conflagration.
Il parut un pamphlet, sous forme de lettre aux officiers de justice des pro-
vinces, qui dénonçait l'édit de décembre comme une atteinte aux droits de la
' Recueil des lA'its, JicUrations, arrêts & ordonnances pour rnnnce 1770, pour In province de Lar •
giiedoc.
1769
1770
'7/0
'77'
I2IO ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
nation. » L'esprit de despotisme, y lisait-on, a dicté l'édit : on a voulu se
« débarrasser à toujours des obstacles que les remontrances 8c la résistance
« des ministres S<. des gardiens des lois apportoicnt journellement aux pro-
« jets, aux volontés, aux fantaisies du ministre. 11 était sensible qu'on ne
u pouvoit établir le despotisme sans perdre le Parlement.... »
Pendant deux mois, la cour de Toulouse sollicita vainement la permission
d'envoyer ses députés auprès du roi pour réclamer contre l'édit publié à Ver-
sailles, en lit de justice, le 7 décembre &c contre la dispersion du Parlement
de Paris. Le roi ne répondit pas.
Considérant ce silence comme une preuve du dessein arrêté d'achever
l'œuvre commencée, le Parlement prit le parti d'adresser des remontrances,
qui furent résolues, chambres assemblées, le 6 avril 1771.
Ces remontrances étaient très-longues 8(. très-solennelles.
i( 11 est pour les empires, disaient les magistrats de Toulouse, des époques
« fatales qui décident leurs révolutions; des temps, où ébranlés par de lon-
<( gués 8t violentes secousses, ils ne peuvent plus se soutenir sur leurs anciens
(( fondemens; mais on n*a jamais vu que tranquille au dedans S(. au dehors,
« un gouvernement, dont les ressorts n'ont rien perdu de leur activité,
K( emprunte, en pleine paix, l'appareil de la législation pour prononcer
« l'anéantissement de sa constitution politique. »
Nous ne suivrons pas dans leurs détails ces récriminations où se mêlent le
vrai 8c le faux, la dignité &c l'emphase. Elles avaient pour fondement une
appréciation historique absolument erronée, la prétendue substitution des
Parlements aux anciennes assemblées germaniques des Francs, substitution
imaginaire dont les membres des cours souveraines se contentaient pour v
chercher l'origine d'une autorité législative absolument étrangère à leurs
charges. La vérité était que, depuis la suppression de fait des Etats généraux,
la nation n'avait plus de représentants; les plus beaux aphorismes du monde
ne pouvaient gratifier de ce droit de simples acquéreurs d'offices de judicature
créés &(, vendus par le roi.
I,e Parlement revint à la charge le 4 mai, & prit une délibération conçue
dans les termes les plus violents contre les projets de réforme judiciaire qui
avaient reçu un commencement d'exécution à Paris. Elle y déclara « tenir
<i pour intrus, parjures &c violateurs de leurs sermens, tous magistrats, avo-
« cats ou autres, qui violant tout ensemble, 8c la loi non écrite de l'honneur,
« &c la disposition précise des ordonnances qu'ils avoient juré de garder, n'au-
« roicnt pas craint de s'ingérer, en manière quelconque, dans les fonctions
« de magistrats non légalement destitués, 8c tous ceux qui prêteroient aux
« officiers intrus aide, conseil, assistance ou service quelconque; » annulant
d'avance les actes qui pourraient émaner des nouveaux tribunaux.
La cour décida que cet arrêt serait envoyé aux sénéchaussées du ressort
pour y être enregistré.
Du 23 au 28 mai, ces enregistrements se firent k Carcassonne, au duché
d'Antin, aux sénéchaux de Figeac, de Tarbes, de Nimes, de Cahors, de
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV, 1211
risle-Jouidaiii, de Bézicis, de Castelnaudary, d'Auch, de Pamieis, de Rodez,
de Castres Se de Montpellier.
A Toulouse, les othciers de la sénéchaussée ne s'exécutèrent pas. Dénoncés
par le procureur général Si mandés à la cour, ils subirent, le 29 mai, une
sévère réprimande du premier président £< furent ajournés au vendredi sui-
vant.
Mais le mode de transcription qu'ils adoptèrent St les réserves dont ils
enveloppèrent leur soumission leur attirèrent une seconde mercuriale.
« Le plus grand nombre S<. les principaux des sièges du ressort, leur dit
11 le premier président, ont mieux senti que vous l'honneur que la cour leur
n a fait, en les associant à la garde 8<. au dépôt de l'acte important qui vous
« a été adressé.
« Elle espéroit que l'exemple des autres tribunaux, les sentimens de plu-
M sieurs d'entre vous & le mécontentement public vous ouvriroient les yeux
« sur votre conduite.
« Mais, au lieu des témoignages de zèle Se de repentir que la cour atten-
« doit de votre part, vous ne lui avez rapporté qu'un acte forcé d'obéissance.
« Vous vous séparez de l'esprit qui anime en ce moment la magistrature
« entière.
u Vous mériteriez toute l'animadversion de la cour.
M N'oubliez jamais l'indulgence dont elle use aujourd'hui.
« Vous n'obtiendrez sa protection 8c sa confiance que par un prompt
<i retour aux sentimens qui caractérisent les vrais magistrats.
R Retirez-vous. »
Les foudres de la colère royale, qui, depuis si longtemps, menaçaient le
Parlement de Toulouse, éclatèrent au mois d'août 1771. Un édit, donné à
Compiègne 8t contresigné par le chancelier Maupcou & l'abbé Terray,
détruisit de tond en comble l'organisation de la puissante compagnie 8c opéra
dans le système judiciaire une des plus complètes métamorphoses que l'esprit
des réformateurs eût jamais rêvées.
Cet acte célèbre commençait par quel([ues paroles simples Se vraies :
(1 La distribution gratuite de la justice, la réforme des abus qui se sont
« introduits dans les tribunaux, la diminution de ce nombre excessif d'offices
Il (|ui doivent leur création aux besoins de l'Etat 8c qui sont devenus une
!• surcharge pour nos peuples, sont des bienfaits que toutes les parties de
> notre royaume ont également droit de réclamer, 8c nous nous empressons
(I de les étendre sur notre province de Languedoc, dont le zèle 8c la fidélité
(1 méritent de notre part un juste retour de tendresse 8c d'affection. »
Pas une des assertions contenues dans ce préanibule qui ne fût irrépro-
chable 8c d'une parfaite exactitude. La magistrature n'avait qu'à gagner en
considération 8c en respect à recevoir des émoluments de fonctionnaires
publics, juste rémunération payée par l'Etat d'un travail accompli pour le
bien de la société, au lieu de s'enrichir, par le moyen des épices, aux dépens
lies justiciables. Non-seulement le nombre des offices avait été démesurément
1771
•77'
12 12 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
accru à diverses époques, dans un pur intérêt iîscal, mais des considérations
politiques y avaient aussi contribué; 8<, pour déplacer la majorité dans les
questions d'enregistrement des lois, les cadres s'étaient souvent élargis. Au
lieu d'un corps de juges appliqués à remplir fidèlement leurs fonctions, on
avait fini par constituer une sorte d'oligarchie privilégiée, aussi ardente à
défendre les droits du peuple qu'elle l'était peu à partager ses charges; pros-
ternée devant le despotisme, quand le despotisme servait ses passions & ses
préjugés; intraitable & hautaine, lorsque le despotisme, par accident, deve-
nait un agent de justice & d'égalité.
Si l'on ne veut pas se méprendre 8t s'enthousiasmer à faux sur les belles
déclarations des parlementaires, il ne faut pas oublier leur rôle égoïste &<.
impitoyable en qualité de membres de l'aristocratie territoriale. En devenant
propriétaires fonciers, en échangeant leurs bonnets de légistes contre des
heaumes seigneuriaux, ils avaient à peu près perdu le sentiment de leur
ancien rôle dans l'État; 8c si la haute noblesse excitait encore leur envie par
ses prérogatives &. blessait leur vanité par ses dédains, ils formaient eux-
mêmes une noblesse de second ordre, regardant le reste des humains du haut
de sa grandeur, & toujours habile à se dérober aux charges publiques 6c à
rejeter l'impôt sur les masses. C'est avec une compréhension éclairée des résis-
tances de ce corps à toutes les tentatives de réforme partielle que le ministère
de Louis XV, devançant la Révolution, agissait d'une façon radicale à l'égard
des cours souveraines.
L'édit de Compiègne ne comprenait que trois articles :
« Nous avons éteint Se supprimé, éteignons 8t supprimons tous les offices
(c de premier président, de présidens, de conseillers, de nos procureurs 8<.
« avocats généraux Se de substituts de procureur général de notre Parlement
« de Toulouse.
« Les propriétaires desdits offices seront tenus de remettre, dans le délai de
« deux mois, leurs quittances de finance & autres titres de propriété es mains
<i du contrôleur général de nos finances, pour être procédé, en la forme ordi-
« naire, à la liquidation desdits offices Se pourvu au remboursement d'iceux,
« ainsi qu'il sera par nous ordonné.
u Nous nous réservons de pourvoir à l'administration de la justice de notre
« province de Languedoc, ainsi que nous aviserons bon être. «
En se plaçant au point de vue du gouvernement royal, rien n'était plus
correct 8c plus équitable que ces diverses mesures. La correction n'en pouvait
être contestée, puisque la monarchie absolue plaçait dans la personne du roi,
inspirée d'en-haut, toute spontanéité législative. Si l'on ne reconnaissait pas
au souverain le droit de supprimer des fonctionnaires, que ses prédécesseurs
s'étaient cru le droit de créer, il n'y avait pas une loi du rovaume qui pût
tenir debout. Quant à l'équité, elle n'était pas moins garantie, puisque le
prince, loin de confisquer, comme le répétèrent tant de fois les déclama-
teurs du Parlement, des propriétés individuelles, s'engageait à effectuer le
remboursement des titulaires, c'est-à-dire à faire, en tout point, pour les
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. iii3
offices de la cour ce que la cour elle-même avait tant de fois sollicité pour
d'autres offices.
Les membres du Parlement, enivrés de leur propre majesté, en étaient
arrivés à cet immense orgueil de se considérer comme un élément essentiel de
la monarchie : vis-à-vis des peuples, ils s'imaginaient représenter le pouvoir
souverain dans la plénitude de sa puissance; vis-à-vis du roi, avec une égale
illusion, ils se figuraient représenter le peuple. En droit, ni l'une ni l'autre
de ces deux qualités ne leur appartenait. E'.n achetant des offices à prix
d'argent, ils avaient acquis la licence d'exercer des fonctions déterminées,
mais non pas de participer au pouvoir souverain, & le contrat de finances qui
les faisait magistrats les autorisait encore moins à se poser en représentants de
la nation.
Un second édit, de la même date & accompagné d'un état du lo août,
reconstituait le Parlement de Toulouse d'après de nouveaux principes, plus
conformes à la raison. Au lieu de vendre un brevet de juge comme une charge
d'huissier, le roi déclarait l'intention de donner gratuitement les offices de
judicature « au mérite Se aux talents. » La magistrature allait perdre son carac-
tère domanial pour devenir une compagnie d'hommes de travail Se d'études.
Le nombre des officiers du Parlement de Toulouse était réduit à quarante-
sept, plus cinq officiers du ministère public.
Ce personnel se répartissait entre trois chambres : la grand'chambre, la
tournelle, la chambre des enquêtes. Des honoraires fixes 5c insaisissablei
étaient assurés à tous les magistrats', avec défense de prendre des parties
aucunes rétributions sous le titre d'épices, vacations ou autres dénominations
quelconques.
Un registre de présence était établi pour garantir l'assiduité. Se toute
absence non justifiée par maladie ou empêchement légitime emportait réduc-
tion proportionnelle d'appointements.
L/édit exigeait qu'on ne pût être reçu conseiller avant l'âge de vingt-cinq
ans accompli, ni sans avoir suivi le barreau pendant cinq ans, ou rempli
pendant la même période quelque autre office de judicature.
En cas de vacance d'un office de conseiller, la cour présentait trois sujets
remplissant les conditions requises. Si aucun des trois n'était agréable au
gouvernement, la cour devait faire de nouvelles présentations jusques à pos-
sibilité de choix.
Le roi renvoyait au sénéchal de Toulouse la connaissance de toutes les
■ Les traitements furent ainsi fixés pnr les let- Chacun des avocats généraux. . . 3 ooo livres
très patentes du lo août i 77 1 : Le procureur général 6000 —
Le premier président îo 000 livres Chacun des îubstitnis 000 —
Chacun des présidents 6 o - > —
Chacun des conseillers présidents ^co.) — Outre ces honoraires, le doyen des conseillers
Chacun des conseillers de grand'- ^^'" devait jouir d'une pension de quinze cents
chambre 3 000 — livres, & le plus ancien dci conseillers clercs d'une
Chacun des conseillers des en- pension de mille livres.
quêtes 2000 —
'77'
'77'
I2I4 KTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
causes qui se portaient précédemment aux recjuêtes du palais, sauf l'appel à
la cour; les affaires déjà pendantes étaient, par voie d'évocation, attribuées
au sénéchal.
Trente-sept officiers du Parlement détruit, sondés secrètement par le minis-
tère, avaient consenti à taire partie de la nouvelle cour. Le premier président
de Niquet se trouvait à leur tête. L'édit, pour récompenser « le zèle 8c l 'affec-
« tion au service du roi » dont ils avaient donné des marques, ordonnait à
ces magistrats de reprendre l'exercice de leurs fonctions, sans avoir besoin
d'autre réception, sauf à ceux cjui rempliraient des offices différents de prêter
le serment attaché à leur nouveau titre '.
Le gouvernement compléta l'œuvre par la création du conseil supérieur de
Nimes, qui n'était autre chose qu'un second Parlement mis plus à portée de
la partie orientale du ressort.
« Par nos édits du présent mois d'août, disait le roi, nous avons aboli la
<i vénalité des offices dans notre Parlement de Toulouse, 8< nous y avons
(i établi la distribution gratuite de la justice; mais ces premiers bienfaits ne
(I suffisent pas encore à notre tendresse pour nos peuples; nous voulons
u encore procurer aux parties les plus éloignées des juges qui, placés plus
0 près d'eux, leur rendront une justice également prompte & désintéressée. »
Le conseil supérieur de Nimes devait connaître au souverain Se en dernier
ressort toutes les matières civiles S< criminelles, dans toute l'étendue des jus-
tices Si sénéchaussées formant son arrondissement. Il était composé de vingt-
sept officiers. Par cette création, le ministère avait eu en vue de donner
satisfaction aux besoins révélés par les dernières enquêtes.
On le voit, l'ensemble des réformes opérées par les édits de 1771,8c l'insti-
tution du corps connu dans l'histoire sous le nom de Parlement Maupeou,
marquaient un incontestable progrès dans l'organisation de la justice. Mal-
heureusement, l'autorité morale manquait à ceux qui en eurent l'initiative.
Les noms du chancelier Maupeou, de l'abbé Terray déparaient ces actes, 8c
les motifs accidentels qui poussaient les ministres à la ruine des Parlements,
donnèrent le change à l'opinion 8c lui rendirent odieuse une transformation
qui méritait d'être considérée comme un grand bienfait national. On peut
dire (jue le mauvais renom de la Cour flétrissait ses inspirations les plus
■ A l'édit de Complègne est annexée la pièce ConseiUen-laia : les sieurs de Bastard, — de
suivante : Gauran, — des Innocendt, — de Jossé, — de Car-
État lies officiers (jui doivent composer le Parlement ''O"! — ^^ Miramont, — de Bardy, — de Lassiis,
de Toulouse, conformément a l'article XVIII de — ds Lacaze, — de Blanc, — de Reynal, — de
l'édit du présent mois d'Août, portant création Ciicsac, — de Ferez, — de Lespinasse, — de Mon-
d offices dans ledit Parlement. tégut, — de Baron, — de Carbon fils, — de Firmy,
Premier rnÉgiDENT : le sieur de Niquet. " °'"'''' " ^^ Miégeville, — de Belcastel, — de
Président : les sieurs Rolland, — de Rigaud, — de Lacaze-Montfort, —
ConseiUers-présidcns : les sieurs de Portes, — de ^'^ Bastard fils, — de Juin.
Jîelloc. Avocats généraux : les sieurs de Malbois
Conseillers-clercs : les sieurs l'abbé de Barris, Procureur général : U s'ieut Lcccmte.
l'nbbé de Carrére, l'abbé de Firmy, l'abbé d'Au- Substituts du procureur général : Us iiaim S:t\aic,
frery. Manent.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. im5
heureuses; on se refusait à croire que la vieillesse dégradée de Louis XV fût
capable d'une action utile, 8c l'on se laissait prendre aux sophismes intéressés
des gens qui devaient perdre la monarchie.
Comme les Parlements de Besançon ik de Douai avaient été déjà frappés,
dès la iin du mois d'août, des rumeurs confuses annoncèrent à la cour de
Toulouse le coup suspendu sur sa tête.
Le 3o août, le vicomte de Saint-Priest arriva dans la capitale de la Pro-.
vince vers huit heures du soir. Sa présence augmenta les appréhensions. Le
lendemain, dès six heures S< demie du matin, les chambres se rassemblaient.
On V comptait, dit-on, cent seize magistrats. Il y fut proposé de faire des
protestations contre la suppression dont la cour était menacée. Au premier
tour de bonnet, cinq ou six opinants repoussèrent la proposition, suivant
l'exemple du doyen, M. de Bastard; mais au second tour, dejnandé par accla-.
mation. M, de Bastard se trouva seul de son avis.
On pria les commissaires de monter au bureau de la grand'chambre pour
y rédiger les protestations. Ils en redescendirent au bout de trois quarts
d'heure, apportant un long mémoire dont il fut donné lecture. Quelques
magistrats, que l'on sut plus tard gagnés au nouveau Parlement, se plaigni-
rent de la violence du langage, mais on passa outre.
On arrêta verbalement que copie collationnée des protestations serait remise
par le greffier à chacun des membres de la cour. Se, afin d'accélérer l'opéra-
tion, qu'on les imprimerait sur le champ sous les yeux d'un conseiller de
grand'chambre, avec ordre de faire rompre la planclie. Le Parlement pres-
crivit, en outre, d'envoyer un exemplaire aux Etats de Languedoc.
Au moment du vote sur les protestations, le doyen exprima l'avis, en pous-
sant un éclat de rire, de renvoyer la délibération au samedi suivant.
L'assemblée ne finit qu'à sept heures du soir, aucun des membres présents
n'ayant de doute sur l'issue de l'atfaire. Comme les magistrats sortaient, un
jeune président à mortier de vingt-cinq ans, M. de Sapte, s'approcha c!c
M. de Rojat, octogénaire, sous-doyen du Parlement, 8c lui offrit riiospitalité
de son hôtel 8c de sa maison des champs, le sachant peu accommodé des
biens de la fortune, accablé d'années £c d'infirmités.
Les protestations de la cour ne différaient pas des autres pièces analogues.
] -a compagnie souveraine qui s'était prêtée, en mainte occasion, aux excès de
despotisme le plus effréné, défendait, dans le plus beau langage, la cause de
la liberté 8c les droits de la nation, moins intéressés qu'elle n'affectait de le
croire au maintien d'une organisation judiciaire défectueuse'. Quelques
citations bien choisies mettaient en lumière l'heureuse audace de magistrats
hardis à défendre les lois. Le Parlement déclarait « la propriété ébranlée
» jusque dans ses tondemens, » Il n'avait point éprouvé de semblables
scrupules lorsque le gouvernement se j(mait de la propriété de ses sujets en
violant à l'égard des protestants les droits les plus sacrés, mais il voyait la
' Pièces juiti/itatiidj n. DCCCCXVII, col. 23.-5.
'77'
i:i6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
société en péril parce qu'un roi osait rembourser des acquéreurs d'offices 8<.
chano'er les limites d'un ressort. La cour dénonçait, avec une bonne foi égale,
« l'amour de la patrie érigé en crime d'Etat. » Au milieu de ces sophismes
accumulés, perçait une idée juste, mais dangereuse pour les Parlements de
France.
« La nation, disaietit les magistrats de Toulouse, ne peut être dépouillée
« de la forme du gouvernement qui lui est propre, sans la convocation &. le
« consentement des États généraux. » Triste ressource pour les corps privi-
légiés que l'intervention directe de la nation 1
Mais les parlementaires ne doutaient de rien. Ils se permirent même de
déclarer que les lois 8<. les ordonnances du royaume annulaient d'avance tout
ce qui pourrait être contre eux, « Se qu'en conséquence si la cour de Parle-
« ment, actuellement séante à Toulouse, étoit irrégulièrement supprimée,
« elle seroit toujours la seule &c vraie cour de Parlement, & que, si un nou-
« veau corps étoit substitué à sa place, ses officiers à elle, destitués contre
« droit & raison, contre toute justice & toute règle, seroient toujours les
« seuls 8i vrais officiers du Parlement, »
Le i^' septembre, à trois heures du matin, l'intendant était rejoint à Tou-
louse par le commandant en chef. Gabriel-Marie de Talleyrand Périgord,
comte de Périgord & de Grignols, prince de Chalais, grand d'Espagne de
première classe, chevalier des ordres du roi, maréchal des camps & armées,
gouverneur & lieutenant général de la Picardie &. pays reconquis, venait de
succéder au prince de Beauvau dans le commandement de la Province. 11
apportait des ordres rigoureux.
Dans la soirée, il fit mettre des sentinelles du guet à toutes les portes du
palais, avec défense de laisser entrer ni sortir personne jusqu'au lendemain
matin. De minuit à six heures, les officiers du guet coururent la ville Si
déposèrent chez tous les officiers du Parlement une circulaire ainsi conçue :
ic Monsieur, je vous tais cette lettre pour vous ordonner de vous rendre
(! le 2 du mois de septembre au palais, à huit heures du matin, pour y rece-
II voir mes ordres, vous défendant, sous peine de désobéissance, de prendre
Il aucune délibération, ni de former aucun vœu avant que mes ordres vous
'( soient connus.
M Écrit à Compiègne, le vingt août 1771. Louis. »
A huit heures du matin, le Parlement s'assembla. Le comte de Périgord
& l'intendant avaient déjà pris place au-dessus du doyen. Lorsqu'un magis-
trat entrait dans la salle, les deux commissaires du roi se levaient & saluaient.
L'assemblée une fois formée, ils présentèrent une lettre de créance ordon-
nant qu'on les ferait siéger au-dessus du doyen, à peine de désobéissance, 8c
que foi serait ajoutée à ce qu'ils diraient de la part du roi.
Le premier président de Niquet, nommé déjà chef du Parlement Maupeou,
mais qui n'en avait pas moins signé l'acte du 3i août, déclara alors que le
Parlement avait protesté contre la réforme judiciaire & qu'il renouvelait ses
protestations.
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1:17
Le comte de Périgord répondit que le roi défendait toute protestation 8<.
délibération, Jk qu'il espérait que Messieurs ne le forceraient point à user des
ordres qu'il avait en main.
L'intendant ordonna ensuite au greffier de lire les lettres patentes que le
procureur général lui avait remises. C'étaient les lettres du grand sceau con-
tenant la commission du comte de Périgord, assisté du sieur de Saint-Priest.
Lecture faite, le procureur général dit qu'en conséquence des ordres du roi
il concluait à l'enregistrement.
L'intendant, prenant la parole, ajouta : « Le roi ordonne que sur le repli
« des lettres il soit écrit : Enregistrées de l'exprès commandement du roi,
« apporté à la cour par le comte de Périgord, assisté du sieur de Saint-Priest.
(i Fait en Parlement, chambres assemblées. »
Le comte de Périgord adressa au Parlement une courte harangue, dite à
voix très-basse, où l'on ne distingua que les mots : Imiter mon prédécesseur.
M. de Saint-Priest rappela les qualités d'esprit ik de cœur du prince de
Beauvau, son zèle pour le bien de la Province, son penchant à obliger tous
ses habitants. « Ses bontés pour moi, continua-t-ii, les marques de bienveil-
« lance dont il m'a comblé dans un autre moi-même, me rendent infiniment
« sensible à la perte que fait la province de L-anguedoc; mais je n'en recon-
« nois pas moins que cette perte ne pouvoit être réparée par un meilleur
« choix. » Il fit l'éloge du comte de Périgord, vanta sa haute naissance, ses
qualités, sa famille, l'amitié du dauphin pour lui. Les peuples dont il allait
devenir le plus zélé défenseur & les membres du Parlement le verraient avec
un égal plaisir à la tête de la Province.
Ordre fut alors donné au greffier de lire les lettres du commandant en
chef, lecture suivie d'un arrêt d'enregistrement pur St simple, prononcé par
M. de Saint-Priest dans la même forme que le précédent. L'intendant pour-
suivit dans ces termes :
« Nous avons ordre de ne pas laisser subsister sur vos registres l'arrêté pris
« contre M. le duc d'Aiguillon, pour les motifs contenus en l'arrêt du conseil
« 81 lettres patentes que vous allez entendre. «
On donna lecture des deux textes, cassant l'arrêté du Parlement, ordonnant
qu'il serait rayé £c biffé, St détendant d'apporter aucun obstacle à la jouis-
sance des droits de la pairie par le duc d'Aiguillon.
Toutes ces procédures n'étaient que les préliminaires du grand événement.
Le moment décisif arrivé, l'intendant se leva, 8c prenant une contenance
grave 8t un visage affligé : « Messieurs, dit-il, la lecture qui va être faite de
« l'édit vous instruira des intentions Se des volontés du roi, notre souverain
« seigneur & maître. »
L'édit de Compiègne fut écouté au milieu d'un profond silence; les magis-
trats remarquèrent qu'il contenait les mêmes motifs que l'édit supprimant la
cour de Besançon, mais qu'on y avait ajouté le paragraphe relatif à la fidélité
& aux avantages des habitants de Languedoc.
L'arrêt d'enregistrement prononcé dans les mêmes formes que les autres,
XUI. 77
»77'
1218 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
on ouvrit les portes, conformément à l'usage; mais personne n'entra, & la
publication réglementaire se fit seulement pour la forme en lisant les pre-
miers St les derniers mots : « Louis, par la grâce de Dieu Fait à Com-
« piègne, au mois d'août, 8cc. »
Cela fait, le comte de Périgord dit aux assistants : « Le greffier va vous
(( communiquer les ordres du roi , auxquels je ne doute pas que vous ne
(( vous conformiez avec la fidélité que vous lui devez. »
Le greffier fit une distribution de lettres de cachet qui enjoignaient à
chaque membre du Parlement « de se retirer sur ses terres, de ne point s'as-
sembler, de ne recevoir personne £< d'y rester jusqu'à nouvel ordre. »
Les magistrats reçurent leurs lettres & sortirent, salués par le comte de
Périgord &. par l'intendant qui, dans toute la cérémonie, ne se départirent
pas des formes les plus respectueuses & les plus dignes.
On n'avait point voulu rappeler les souvenirs du duc de Fitz-James S<. il
ne s'était fait aucun déploiement de troupes. Seuls, les exempts de la maré-
chaussée gardaient les portes du palais. Une foule considérable couvrait les
rues & les places avoisinantes. Elle s'ouvrit silencieuse devant les carrosses des
magistrats partant pour les divers lieux d'exil qui leur avaient été assignés'.
'Voici, d'après un manuscrit de la bibliothèque
de Toulouse, l'indication des lieux d'exil assignés
aux membres du Parlement :
PRÉSIDENTS A MORTIER
M. de Puivert, à sa terre de Sainte-Colombe.
M. de Puget, à sa terre de l'Isle-d'Albigeois.
M. de Senaux, à sa terre de Montbrun.
M. de Sauveterre, à sa terre de Drudas.
M. de Niqiiet fils, à sa terre de Luc.
M. de Taleyrand, à sa terre de Taleyrnnd.
M. de Sapte, à sa terre de Puget.
CONSEILLERS DE GRAND'cHAMBRE
ET TOURNELLE
M. de Bojat, sous-doyen, en ville avec la per-
mission de M. le comte de Périgord, à cause de
ses infirmités & de son grand âge, de près de qua-
tre-vingt-quatre ans.
M. Drudas, à Drudas, sa terre.
M. de Reymond, à Peyriac, près d'Aussonne.
M. Devic père, à Clermont.
M. Darbon, à Gragniague.
M. de Lasbordes père, à Cugnaux.
M. de Cantalauzc, à Restes.
M. de Vaïsse, à la Casse.
M. de Laraothe, à Saint-Félix de Caraman.
M. de Pibrac, à Pibrac.
M. de Gilède, à Pressac.
M. de Cassan-Clairac, à Clairac.
M. de Coudougnan, à Noé.
M. de Montgazin, à Saint-Sulpire de Lézat.
M. Durègne, à Launaguet.
M. de Novital, à Novital.
M. de Rafin, à Uzès.
M. l'abbé Dupin, hors la ville & gardiage.
M. Devieux, à Devieux.
PREMIÈRE CHAMBRE DES ENQUÊTES
Prèsiiient : IVl. d'Aiguesvlves, à Aiguesvives,
Conseillers : M. d'Albis fils, à Belvèze.
M. de Segla, au Vernet.
M. de Mourlens, à Saint-Sulpice de la Pointe.
M. de Poulhariès, à la Réole.
M. de Lalo, à Leboulin, près d'Auch.
M. Foulquier, à Grisolles.
M. Bertrandi, à Montesquieu.
M. de Larocan, à l'Isle-Jourdain.
M. d'Assézat, à Caussade.
M. de Maniban, à Roussel, au delà do Bor-
deaux.
M. de Capella, à Castelnaudary.
M. l'abbé de Cambon, à Montesquieu de Vol-
vestre.
M. de Rochefort, à Lézat.
DEUXIÈME DES ENQUÊTES
PrésUent : M. d'Aguln, à Alet.
Conseillers : M. d'Ayssene, à Rodez.
M. Devic fils, à Clermont, avec son pcrc.
M. de Boutaric, à Azas.
M. de Cassand, à Jotte.
M. de Ginestet, à Béziers.
M. de Fajole, à Clairac.
M. de Vailhausy, à Milhau, en Rouerguc.
M. de Gaillard, à Frousins.
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 12 19
Le lendemain, le nouveau Parlement fut rassemblé sous la présidence de
M. Niquet. Les partisans de l'ancienne cour racontèrent qu'un des conseil-
lers, M. Le Normant d'Ayssene, qui n'avait pas reçu de lettre de cachet, mais
un ordre de se rendre au palais, éprouva un si vif saisissement lorsqu'il se
vit entouré des t'aux-trères ralliés au Parlement Maupeou qu'il tomba en
syncope sur les bancs du barreau. On l'emporta dans la chambre dorée où on
lui donna les premiers soins. Lorsqu'il fut revenu à lui, ses anciens collègues
s'empressèrent 8< lui prodiguèrent les plus vives marques d'amitié. « Je veux
« m'en aller, répondit-il obstinément, que voulez-vous de moi? Je veux
« suivre le sort de mes confrères. Pourquoi m'a-t-on tait venir ici? » Le
conseiller Bardy, lui montrant le tableau du crucifix : « Mon cher d'Ayssene,
« dit-il, c'est aux pieds de ce divin maître que j'ai pris la résolution de servir
» dans le nouveau Parlement. » — « Et moi, répliqua l'intraitable parle-
" mentaire, c'est à ces mêmes pieds que j'ai pris une résolution tout opposée.
" Laissez-moi. » Il fallut bien lui permettre de sortir, & deux heures plus
tard il reçut sa lettre de cachet.
La dispersion des Parlements produisit en France une impression déplo-
rable; les procédés arbitraires d'exécution firent oublier les avantages réels de
la réforme que l'insuffisance du personnel devait encore compromettre.
M. éo Lassiis fils, à Mcntréjcnj. M. l'abbé de Palasse, à Cahors.
M. de Fajac, à Fajac. M. de Combcttes, à Gaillac, en Albigeois.
M. de Bardy fils, à Lansegiie.
,.,„,,., REQUETES
M. di Kabaiidy, ?. Jotte.
M. cVAnceaii, à Mauran. Présuicnt : M. d'Olive, à Bnigiilèies.
M. de Miirols, au Mur-de-Barrès, en Rouergiic. Conseillers . M. d'AIbis père, à Belvize.
M. Laroqiie-Molas, hors la ville Si gardingc.
TROISIÈME DES ENQUÊTES j^ j^ ,^^j^l,^^ . I.l3,,.Tourda in.
Pr/siJent! : M. de Caiissade, à Bartecave, rcstj M. de Lasbordcs fils, à Albi.
à Toulouse à cause de ses infirmités, avec permis- M. de Villefranche, à Mouziers.
sion par écrit de M. le comte de Périgord, jusqu'à M. Bonhomme-Dupin, à Saint-Orens.
ce qu'il pût aller en voiture. M. de Belmont, au Mur-de-Barrès.
M. Dubourg père, à Rochemonteix. M. de Tvibonet, à RIbonet.
Conseillers : M. de Rey, k Saint-Céty. M. de Pujol, à Escalquens.
M. de Mengaud, à la Hage. _, , , , , , .
., , .- ■ ,..,■ . n 1 L • Il s est trouve i;n assez grand nombre t'ont Icî
M. de Saint-Fclix, a Pechbonnieu. , , . , • „ . ,
„.,,,,,,„ 1 . T> 1 charges ont tubi la suppression, & qui n ont
M. labbe de Renard, a Rodez. " , ,,. .,, "^"^ ,., , .
„, _, . . c ■ vL manque d être exiles que parce qu ils étaient ab-
M. Donaud, a Saint-Ybars. ^ i i -i
M. de Cazalcs, à Grenade.
M. de Lafont-Rouis, à Rouis. M. de Toulouse, de grand'chambre, qui n'entre
M. Duroc-Maurous, à Maurous. jnmars.
M. d'Escalonne, à Saint-Papoul. M. d'F.scorbiac, M. de Guilicrmln, de la pre-
M. de Soucirac, à Lara. mière.
M. de Papus, à Muret. M. d'Azcmar, M. l'abbî de Rouville, de la
M. de Célirs, à la Salvetat. deuxième.
M. l'abbé de Rey, à MontpoUicr. M. de Josse-Lauvreins, de la troisième.
M. de Paraza, à Paraza. M. des Innocens fils, des requêtes, &. environ
M. Dubourg fils, à Rochemonieix. six ou sept autres charges vacantes '.
M. de Reymond fils, à Peyriac.
-VI j'4;.,,„ i A.,,1, ' Relation de ce qui s'est passi! à Toulouse pour la sup-
M . d Aignan, a Aucn. j r» i _ . j ^ -i • .» » c
o ' pression du Parlement, des 3o, Ji août, i, 2, 3, 4. & 5 fep-
■ 1. de Poucharramet, à Poucharramet. tcmbrc IT-»!.
'77'
>77'
12 20 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Un éclit du roi signé à Fontainebleau au mois de noveml^re 1771 & por-
tant les noms de Maupeou & de l'abbé Terray vint renverser brusquement
l'organisation libérale que les édits d'août 1764 £c mai 1765 avaient intro-
duite dans les communes du royaume 8c rétablir le régime des offices muni-
cipaux.
« Nous avions lieu d'espérer, disait le roi, qu'en rendant aux villes Se
<i aux communautés la liberté de nommer elles-mêmes leurs officiers, les
(I citoyens de tous les ordres se réunissant pour l'avantage commun, ne pro-
ci fiteroient de cette liberté ([ue pour concourir unanimement au bien de
« leur communauté Se dépouilleroient tout autre intérêt dans le choix des
i< sujets chargés d'y veiller. Nous avons néanmoins reconnu depuis, qu'au
(1 lieu des avantages que nous nous étions promis de l'exécution des édits,
<' elle devenoit dans toutes les villes une source d'inimitiés 8t de divisions,
« par le désir que des gens, souvent incapables, avoient de participer à
I' l'administration, St par les cabales &i les brigues qui s'introduisoient dans
<( les élections, 8c qui donnoient souvent lieu à des procès ruineux pour
I' lesdites villes, rctardoient l'expédition de leurs affaires communes £<
« jetoient le trouble &<. la confusion dans leur administration, en sorte que
<■ le bien que nous nous étions proposé d'opérer, devient chaque jour le
« principe d'un mal réel. »
Le gouvernement crojait trouver un remède à ces abus en revenant au
système des offices perpétuels achetés à prix d'argent. II indiquait, comme
principaux avantages de cette institution, si souvent détruite & refaite, l'in-
dépendance personnelle des officiers municipaux, qui ayant acquis leurs
fonctions, avec l'agrément du roi, n'étant point redevables de leurs charges
aux suffrages des particuliers St n'ayant plus rien à appréhender de leurs
successeurs, pourraient faire leur devoir sans passion 8c avec la liberté qui
leur est nécessaire pour conserver l'égalité dans la distribution des charges
publiques; on espérait aussi que les nouveaux officiers trouveraient dans la
durée de leur mandat, aussi longue que leur activité, les moyens d'acquérir
une connaissance plus approfondie des affaires communales Se feraient servir
leur expérience au bien général.
La nouvelle réforme s'appliquait à toutes les villes du royaume sauf Paris
Se Lyon.
Les offices créés étaient ceux de maires, lieutenants de maire, secrétaires,
greffiers, gardes des archives, conseillers, échevins, jurats, consuls, capitouls
Se assesseurs, dont le nombre devait être déterminé par le conseil d'État,
d'après l'importance des communes; plus un conseiller procureur du roi dans
les villes où ces fonctions n'avaient pas été réunies par les procureurs des
juridictions ordinaires, suivant l'édit de juillet 1758, 8c enfin deux conseillers
trésoriers receveurs, mi-triennaux, l'un ancien, l'autre alternatif, chargés des
finances municipales, 8c deux contrôleurs vérificateurs, organisés d'après le
même principe, 8c en revenant aux règles de l'édit de juin 1765.
Lu seule condition imposée aux acquéreurs était l'agrément du roi. L'on
LIV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. I22i
ne leur deinaiiclait ni titres, ni gracies, ni qualités, pourvu qu'ils pussent
payer la charge. Les fonctions d'officier royal qu'ils pouvaient déjà remplir
n'établissaient point d'incompatibilité. Afin de pousser à la vente, les pre-
miers acquéreurs étaient dispensés du droit de marc d'or, 8<. les droits de sceau
&c autres accessoires se réduisaient pour eux au tiers du tarif. C'étaient les
cours de Parlement ou conseils supérieurs qui devaient recevoir le serment
des maires de toutes les villes qui possédaient ces tribunaux ou qui étaient
slése d'archevêché, d'évêché ou de présidial ; pour toutes les autres, le ser-
ment devait être prêté devant le plus prochain juge royal. Pour la première
catégorie, le droit de réception était fixé à soixante livres, & à trente pour la
seconde. Tous les autres officiers prêtaient serment devant les maires. Ceux
qui avaient déjà rempli cette formalité comme officiers de judicature étaient
dispensés de la renouveler. Leurs provisions devaient seulement être enregis-
trées par les cours supérieures.
Dans le cas où les acquéreurs feraient défaut, six mois après la publication
de l'édic, le roi se réservait d'y pourvoir par commission, détendant aux
magistrats en cliarge de continuer leur service, sous peine de trois mille
livres d'amende.
Quant aux prérogatives des nouveaux pourvus, le gouvernement en reve-
nait aux errements de Louis XIV &t remettait en vigueur les édits S(. déclara-
tions de juillet 1690, août i6gi, mai 1702, janvier 1704, décembre 1706,
mars 1709 8t novembre 1783. Il maintenait en leur faveur, tant pour eux
que pour leurs enfants, les anciennes exemptions primitivement attachées à
ces off.ces, celle de logement des gens de guerre, collecte, tutelle, curatelle,
guet & garde, milice, 8c de toutes autres charges de ville Si de police. En
outre, les maires ou lieutenants de maires dont la finance atteindrait dix
mille livres étaient dispensés de la taille personnelle 8c des droits d'octrois
municipaux. Le privilège de l'anoblissement était maintenu dans toutes les
villes qui le possédaient déjà, à la charge d'exercer les fonctions pendant vingt
ans ou de mourir au service.
Les officiers devaient, outre les droits 8c émoluments attachés à leurs fonc-
tions, quand elles étaient électives, recevoir des gages annuels, à prendre par
préférence sur les revenus patrimoniaux 8c octrois des villes, après payement
des arrérages de rentes 8c des autres charges indispensables. Ces gages étaient
proportionnels 8c réglés sur le pied du denier vingt de la finance payée par
l'acquéreur. Le payement en devait être effectué de six mois en six mois,
sur simple quittance, par les receveurs communaux.
La finance des offices de receveurs pouvait être payée moitié en argent,
moitié en quittances ou contrats de liquidation de pareils offices supprimés
par les édits d'août 1764 8c mai 1765. Pour tous les autres membres du corps
municipal, la même faveur était accordée pendant trois mois seulement à
compter de la publication de l'édit.
Par privilège spécial, les acquéreurs étaient autorisés à emprunter les
sommes d'achat en affectant à l'emprunt offices 8c gages.
1771
'77'
1122 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Toute élection municipale était interdite, même clans les villes qui auraient
acquis les offices créés en lySS, sous peine de nullité Se d'amende de trois
cents livres pour les élus qui se permettraient d'entrer en fonctions.
Le roi réservait à son conseil d'Etat le règlement des contestations qui
pourraient s'élever au sujet de la nouvelle réforme, Se enlevait à toute magis-
trature du royaume le droit d'en connaître.
L'édit de novembre fut présenté au Parlement de Toulouse le 22 fé-
vrier 1772. M. de Bastard fit le lapport. La cour ordonna l'enregistrement,
sous quatre conditions : la première que, dans aucun cas, les villes St bourgs
ne pourraient être forcés d'acquérir les nouveaux offices; la seconde, que les
octrois 8c autres impôts ne pouvaient être augmentés, même sur la demande
des communes, sous prétexte d'insuffisance de revenu pour le payement des
gages aux officiers; la troisième, que les dispositions de l'édit seraient sans
vigueur dans les communes où il ne devait pas y avoir de corps municipal
d'après les édits Se déclarations; la quatrième, que la connaissance exclusive
attribuée au conseil d'État serait interprétée dans le sens de la déclaration
du 20 décembre 1733. Enfin la cour suppliait le roi de comprendre la ville
de Toulouse dans la même exception que celles de Paris & de Lyon '.
Au nord de Toulouse, sur la rive droite de la Garonne, s'étend une plaine
basse 81 caillouteuse qui paraît avoir été le fond d'un vaste bassin, 8t qui est
limitée à l'est par le fossé où se traînent les eaux de l'Hers. Pendant des
ciècles, ce territoire uniforme, à ]5eine incliné dans le sens du cours de la
rivière & fréquemment submergé par les inondations, ne fut qu'une sorte de
désert communal que l'on appelait la grande lande & dont la corporation des
bouchers de Toulouse affermait les pacages pour les troupeaux de bœufs S;
de moutons destinés à l'alimentation des habitants. Dans la partie occidentale,
longeant la Garonne, était le pré des Sept-Deniers, où la commune faisait,
au seizième siècle, ses montres militaires. La route de Paris coupait en deux
cette solitude, qu'attristait, aux yeux des voyageurs, la funèbre silhouette des
fourches patibulaires. A'Ialgré ce triste voisinage, que les rigueurs du Parle-
ment de Toulouse rendaient trop effectif, il se forma, par la suite des temps,
sur divers points de la grande lande, des groupes d'habitations assez nom-
breux. La pacification du pays y multiplia les colons, S<. le morcellement de
la propriété, qui a toujours été très-considérable dans le pays toulousain, s'y
manifesta plus qu'en tout autre lieu des environs de la ville. Il en résulta
ui\e sorte de faubourg populeux divisé en deux régions, dont l'une garda le
nom de Lalande, & dont l'autre prit celui de Croix-Daurade, à cause d'une
croix dorée plantée dans le voisinage. Ces deux quartiers, composés de plu-
sieurs hameaux que l'on désignait par l'appellation toute méridionale de
' EJit du roi, donné à Fontainetleau au mois consclUcis, échevins, jurats, consuls, capitouh &
de novembre 1771, portant rétablissement, dans assesseurs. Avec l'arrêt de registre du 22 fivrier
chacune des villes & communautés du royaume où 1772. A Toulouse, de l'imprimerie de M' Î.-A.-
il y a corps municipal, d'offices de conseillers- H.-M.-B. Pijon, avocat, seul imprimeur du roi
maires, lieutenants de maires, secrétaires, greffiers, & de la cour, place royale. Imp. 10 p, in-S"
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV. 1220
masages, étaient séparés par un vieux chemin, conduisant du pont des
Minimes au pont de Launaguet, Se distingué par une croix de Ijois nommée
la Croix del fust. Au spirituel, ce territoire dépendait de rabba}e de Saint-
Sernin, dont les possessions s'étendaient beaucoup au delà de l'Hers. La dis-
tance était grande de l'église abbatiale aux habitations disséminées dans toute
la plaine, 8c l'administration des capitouls entretenait si mal les chemins que
la plupart y étaient impraticables pendant la saison des pluies.
Dès le mois de février 177 i, les délégués du petit peuple de Lalande, gens
des écarts de Ginestous, du pré des Sept-Deniers, de la Vache Si de Caillou-
Gris, se réunirent par-devant maître Entraigues, notaire de Toulouse, 8c
donnèrent leurs pouvoirs à M. de Forest, ancien capitoul, à l'effet d'obtenir
l'érection d'une église paroissiale ou succursale dans leur quartier & « d'ob-
c( vier ainsi aux malheurs journaliers qui survenoient faute de secours spiri--
« tuels. » De leur côté, les habitants des masages qui formaient le quartier
de Croix-Daurade (Terre-Cavade, Clausolles, Monblanc, Peyriole, Laptijade,
Lanusse, Croix-Daurade, Paleficat, les Cocus, Saint-Caprais, Planchon, Lade-
vèze 8c Olivier) prirent une délibération analogue en faveur de M. Rigaud,
avocat au Parlement 8c professeur de droit en l'Université de Toulouse. L'af-
faire portée devant l'archevêciue de Toulouse, M. de la Galaisière, abbé de
Saint-Michel 8c vicaire général, dirigea une double enquête. D'un côté,
treize témoins comparurent Se s'accordèrent à déclarer que le terroir de
Lalande était très-peuplé 8c d'une grande étendue, que les vieillards, les
enfants 8c les femmes enceintes ne pouvaient que tres-ditiicilement se rendre
à leur paroisse pendant l'hiver, tant à cause de l'éloignement que de la diffi-
culté des chemins. Les renseignements recueillis à cette occasion firent con-
naître que le territoire de Lalande comptait alors mille vingt-huit habitants,
dont cinq cent vingt-deux communiants, deux cent six propriétaires ou
(1 bien-tenans » 8c trois cents enfants, 8c que nombre de personnes du
quartier mouraient sans avoir pu recevoir les sacrements. Une absence de
l'abbé de la Galaisière interrompit momentanément la procédure, qui fut
reprise par M. de Vaumalle. Dans la région de Croix-Daurade, l'enquête,
où furent entendus douze témoins, révéla les mêmes nécessités Se constata
l'existence de dix écarts, vingt moulons, deux cent une maisons, cinq cent
soixante-huit communiants, deux cent quarante-six enfants, deux cent
soixante-deux bien-tenants, en tout mille quatre-vingt-six personnes. On
éprouvait quelques difficultés de forme, parce que l'abbé de Saint-Sernin,
M. de FIcurigny, assigné par le vicaire général, n'avait pas donné signe de
vie, ne voulant pas souscrire à un amoindrissement de juridiction spirituelle
pour l'abbaye dont il était commendataire.
Enfin, on sut mettre à profit le passage à Toulouse de M. de Brienne, 8c,
le 3o octobre 1772, l'archevêque signa deux décrets d'érection, par lesquels,
« ayant égard aux demandes Se supplications des habitans 8c bien-tenans de
<i Lalande Se de Croix-Daurade, pour leur avantage spirituel, auquel la
« sollicitude pastorale oblige de pourvoir, en vertu de l'autorité ordinaire, il
1772
177»
i:24 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
« sépare ci démembie à perpétuité de la paroisse de Saint-Sernin les deux
« quartiers, les érige, en titre de bénéfices cures perpétuelles, 8c ordonne la
« construction de deux églises curiales & paroissiales, assorties d'un cimetière
« & de tous les autres effets nécessaires £i convenables : l'une, sous l'invoca-
« tion de sainte Magdeleine, dans le communal de la ville, près du chemin
« de Paris; l'autre, sous l'invocation de saint Caprais, à droite Seau levant
« du chemin d'Albi. »
Le décret assigne pour territoire à la paroisse de Sainte-Madeleine les
u écarts ou masages de Pimpet, du pré de Sept-Deniers, de Ginestous, de la
Il grande & petite Lande, » & généralement tous les terrains situés au delà
du canal royal de Languedoc, k droite de la Garonne & à gauche de l'ancien
chemin du pont des Minimes au pont de Launaguet, où était plantée une
vieille croix vulgairement appelée la Croix del jïist. La paroisse de Saint-
Caprais, dont les principaux quartiers sont Croix-Daurade, Périole, Mont-
blanc & Paleficat, doit embrasser le territoire situé à l'est de ce même chemin
&i s'étendre jusqu'aux limites du capitoulat, étant bornée au midi par le canal
de Languedoc.
Une clause expresse portait que dans cette délimitation ne devait être com-
prise aucune dépendance de l'église de Launaguet, annexe de Saint-Sernin.
L'archevêque prescrivait, en outre, la construction d'une maison presbytérale
& attribuait à chacun des curés une dotation annuelle de cinq cents livres,
payable par qui de droit.
Afin de conserver à l'église de Saint-Sernin une marque durable de supé-
riorité 8i une sorte d'hommage de la part des deux nouvelles cures, le décret
d'érection enjoignait aux bénéficiers de Sainte-Madeleine 8t de Saint-Caprais
de se rendre chaque année processionnellement, avec leurs paroissiens, à
l'église abbatiale, le jour de la fête de saint Sernin, S<. d'y présenter chacun,
à l'offrande, un cierge de cire blanche du poids d'une livre.
Les deux décrets archiépiscopaux furent autorisés par lettres patentes du
roi, données à Versailles au mois de mars 1778.
Une commission, composée de délégués de l'administration municipale &
des habitants du quartier, détermina l'emplacement de l'église. On choisit
une légère éminence, dont le relief s'accuse à peine vers le milieu du grand
communal de Lalande, entre les routes de Paris 8; de Saint-Alban, vis-à-vis
les petits chemins de traverse, qui gagnent, d'un côté, les plantations de
peupliers de la Garonne, &, de l'autre, les berges de l'Hers Si les pentes de
Saint-Jean.
Quant à l'église de Croix-Daurade, on en fixa d'abord l'assiette à une
assez grande distance k l'est du chemin d'Albi, dont on se décida plus tard à
la rapprocher, quand on s'aperçut que le sol en était marécageux 8< malsain,
cjue l'avenue menant à la route deviendrait impraticable en liiver, 8<. que
l'éloignement des habitations exposerait l'église & la cure à des entreprises
de brigandage.
Les frais géuéraux de la construction furent payés par le capitoulat de
LIV. IV. LA REGENCE ET LOUIS XV, iîîS ~
Saint-Seinin, à l'exception des sanctuaires, dont le chapitre abbatial demeura
:hargé en sa qualité de propriétaire des dîmes.
Ce fut l'architecte Hardy, ingénieur 8i directeur des travaux publics de la
ville, qui fut chargé de la double construction. Il éleva deux vaisseaux très-
simples, dont les murailles, bâties, suivant l'usage local, en assises alternées
de cailloux & de briques, furent seulement relevées de quelques saillants en
pierre de Carcassonne, Se donna aux deux édifices un clocher plat, à trois
ouvertures, décoré de deux pyramides, de deux boules & d'une croix de
pierre, & un porche en maçonnerie devant la porte d'entrée, « soit pour
« mettre le peuple à couvert des injures de l'air lorsqu'il arrive avant les
« offices ou qu'il est arrêté par le mauvais temps, soit pour le garantir, dans
Cl l'intérieur de l'église, du vent du couchant 8c de la pluie'. »
Au moment de l'adjudication des travaux de Croix-Daurade, il fut formé
opposition par cinq propriétaires, les plus forts taillables du capitoulat Saint-
Sernin, qu'effrayait leur part de cotisation dans la dépense commune.
C'étaient la baronne de Lanta, les marquis de Castelpers, de Bertier 8<. de
Monségur, Se Madame de Razeingues; ils fondèrent leur opposition sur l'af-
fectation que l'on avait eue de ne les point appeler aux délibérations des
intéressés, sur la précipitation inconsidérée des opérations Se sur le luxe de la
construction des deux édifices, qu'ils regardaient comme surchargés d'orne-
ments inutiles Se coûteux. Ils reprochèrent aussi aux promoteurs de l'œuvre
d'avoir ignoré qu'il existait autrefois à Saint-Caprais une église où le service
divin était fait aux dépens du chapitre Saint-Sernin, Se où le chapitre lui-
même allait officier avec sa musique à certains jours de l'année. Se de ne
s'être pas inquiétés de savoir si les chanoines avaient eu le droit de dépouiller
Se démolir cette ancienne église. Se s'ils ne pourraient être contraints à la
reconstruire à leurs frais. Enfin, ils signalaient dans le devis de l'ingénieur
certaines formules vagues dont l'indécision elhayait leur économie^.
On fit, en effet, des réductions au plan primitit, Se les opposants se désis-
tèrent. Entre autres réductions, on avait supprimé deux grandes chapelles laté-
rales; mais quand le vaisseau fut élevé, l'on s'aperçut c|u'il serait insuffisant
pour la population de la paroisse. Se les chapelles turent rétablies.
La première messe fut dite à Lalande le 25 septembre 1775^. Ce fut seu-
lement le ig octobre de l'année suivante c[ue M. de Catelan, chanoine de
Saint-Sernin, bénit l'église de Croix-Daurade, la veille de la fête populaire
de Saint-Caprais.
Un des traits particuliers du temps dont nous racontons l'histoire, c'est —
' Devis du 16 janvier 1774. Archives de Tou- communal, l'iicquisition du toi coûta 2000 li-
loiise. vres.
' A condiiioii que la dépense n'excéderait pas ' Bibliothèque de Toulouse, Heures perdues Je
17116 livres. Pierre Barthès, VII, p. 83. Le premier curé de
LeJ premières délibérations avaient fixé les frais Lalande se nommait Lamarque; il appartenait à
de construction de chaque église à 26000 livres. une famille de lithotomistes brevetés par l'hôtel
Seulement l'église de Croix-Daurade n'étant pas de ville. Celui de Croix-Daurade, fils d'un maître
édifiée comrr.e celle de Lalande, dans un terrain chirurgien, s'appelait B.iilot.
1772
1773
1773
12 26 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
une sorte d'éveil de l'esprit de critique &<. de création. Les idées foisonnent,
circulent, pénètrent au fond des retraites les plus isolées. Un besoin de per-
fectionner, d'utiliser ce qui existe, de corriger les abus, s'empare de toutes-
les têtes.
L'abbé Terray reçut, au mois de juin lyyS, d'un simple prêtre du Vivarais,
l'abbé Chambon, curé de Beauregard Se de Bersac, un manuscrit intitulé :
Mémoire sur les avantages que le Roy & l'État peuvent tirer de la ville de
Toulouse &- de la Province du Languedoc tant haut que has.
Ce travail mérite quelque attention, comme symptôme du mouvement qui
se faisait dans les esprits. L'abbé, après avoir énuméré les avantages géogra-
phiques de la situation de Toulouse, ajoute : « Le commerce y est énervé Si.
» pour ainsi dire totalement négligé... Les habitans s'accoutument à con-
te sumer leur temps dans le vice &, le dérèglement des moeurs. »
Il cherche les causes de cet abandon. L'une des principales est, d'après
lui, le fameux privilège de l'anoblissement capitulaire. « Les habitans de
« cette ville, infatués de cette noblesse, ne s'adonnent au commerce que
« pour se procurer un bien suffisant pour être capitouls. A peine sont-ils
(I parvenus à se voir riches de cent mille livres, &c souvent de beaucoup
(c moins, qu'ils mettent tout en usage pour se procurer cette qualité 8t trans-
ie mettre cette noblesse à leur postérité qui d'ordinaire devient pauvre; dès
<( qu'un négociant a été capitoul, il regarde le commerce comme une chose
<( qui est beaucoup au-dessous de lui. »
L'abbé se plaint que trop souvent les capitouls, peu occupés du bien public
S< peu propres à exercer la justice en cette qualité, l'administrent très-mal,
négligent de tenir la main à une bonne police, chacun d'eux ne regardant
pour l'ordinaire que son intérêt particulier pendant l'année du capitoulat. Si
ne songeant qu'à tirer de son côté pour se dédommager des trais qu'il a faits
pour parvenir à être capitoul.
Afin de limiter ces inconvénients, le curé de Beauregard proposait diverses
réformes : n'accorder la noblesse qu'après deux ans de capitoulat, ou la sup-
primer complètement, ou bien encore n'admettre que des nobles aux charges
municipales ou des négociants assez riches pour faire le commerce en gros;
établir un lieutenant de police à Toulouse, y fixer un état-major militaire 8<
la résidence du commandant de la Province.
L'abbé raconte ensuite que huit ans plus tôt, les juifs de Bordeaux avaient
fait offrir à la ville de Toulouse, par les sieurs Gradis, R.aphaël & Péchaut
leurs confrères, d'acheter au prix de cinq millions l'île de Tounis pour s'y
retirer, y établir des manufactures de savon Si y faire leur commerce.
« Ces propositions, dit-il, furent rejetées sur le fondement que les juifs
« une fois établis dans cette île pourroient s'y rendre indépendans & mécon-
« noître la juridiction des capitouls. »
Le correspondant de l'abbé Terrav porte ensuite ses vues sur d'autres parties
de la Province : il demande la création d'une voie navigable de Narbonne
au canal royal; d'une autre ligne d'Aigues-mortes à Beaucaire 8i.au canal.
I.,IV. IV. LA RÉGENCE ET LOUIS XV. 12:7
(' Le plan de cet ouvrage a été, dit-il, levé il y a environ dix ans par le sieur
Il iMaréchal, ingénieur en chef de la Province pour Sa Majesté à la sollicita-
II tion d'une compagnie de négocians de la ville de Lyon. »
11 réclame un autre canal de Toulouse à Moissac. Encore un projet aban-
donné ; <i Le plan de ce canal fut levé, tracé, piqueté il y a environ sept à
Il huit ans; il étoit question de l'exécuter Si l'exécution en étoit favorisée par
<i la petite rivière du Tarn qui, avec plusieurs petites rivières, fournissoit un
« volume d'eau assez considérable pour la faire réussir; mais les personnes
« intéressées mirent des obstacles à l'exécution de ce projet, comme à celle
» des précédens. »
M La ville de Moissac qui fait une consommation très-considérable de
« grains pour les farines qu'on y prépare pour envoyer à Bordeaux Si dans
Il les colonies, les recevroit au moyen de ce canal plus abondamment, plus
« commodément 81 à moins de frais. «
Les bois de toute la partie des Pyrénées opposée à celle que l'on exploitait
depuis longtemps 81 qui se trouvait presque épuisée, étaient encore intacts,
d'après le curé de Beauregard, faute de moyens de transport. Il proposait d'y
remédier en canalisant le grand Hers, l'Ariége Si la Garonne supérieure.
I,es provinces de Languedoc Si de Guienne avaient fait, cinq ou six ans
auparavant, préparer un devis de ce projet par quatre experts qui en éva-
luaient la dépense à deux millions quatre cent mille livres.
Le mémoire de l'abbé Chambon était accompagné d'une lettre au roi dont
voici les termes ;
i( Occupé, Sire, du bien de l'État, comme je m'en suis toujours fait un
Cl devoir en qualité de bon 81 fidèle sujet de Votre Majesté, Si des moyens de
I le procurer, j'ai eu occasion d'apprendre dans le long séjour que j'ai fait ici,
II les avantages que Votre Majesté pourroit retirer de la ville de Toulouse Si
11 tle la Province du Languedoc, Si j'ai tait un mémoire des découvertes que
Il j'ai faites à ce sujet.
« Je prends. Sire, la liberté de présenter ce mémoire à Votre Majesté par
Il le seul motif de me rendre utile au bien de l'État. »
Le mémoire de l'abbé Chambon fut renvoyé à M. de Saint-Priest qui en
fit l'objet d'une étude approfondie sur chaque point, louant le zèle de l'au-
teur; mais le trouvant ([uelquefois mal informé. L'intendant reconnaît que
le renouvellement annuel des capitouls est un mauvais système : une seule
année ne suffit pas pour se mettre au courant de l'administration de la
ville... Nombre de projets utiles s'abandonnent, les nouveaux venus voulant
être créateurs ou se laissant conduire par d'autre vues.
On ne peut songer à supprimer la noblesse capitulaire, à cause de son
ancienneté. Lyon en jouit pareillement. « Je ne suis point éloigné de penser,
« poursuit l'intendant, que le capitoulat nuit au commerce, mais je crois
« aussi c|ue le génie de l'habitant ne l'y porte pas. » Pour l'affaire des juifs,
Saint-Priest a cherché à s'assurer s'il avait été fait à la ville quelque proposi-
tion de ce genre. Son subdélégué lui répond qu'on n'en a point parlé, au
177J
— 1228 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
moins depuis qu'il est en place S< que cette prétendue oftVe est dénuée de
^ toute vraisemblance, étant bien persuadé qu'on l'aurait acceptée même à un
prix bien plus bas. « Ceux qui pourroient penser le contraire ne connoissent
<i pas sans doute les habitans des bords de la Garonne. »
Le canal d'Aigues-mortes va se faire; celui de Narbonne est possible &
utile; l'instance est pendante, 8t Saint-Priest s'étonne que les Etats ne la
fassent point décider, surtout après l'empressement témoigné par l'archevêque
de Narbonne pour l'exécution du projet.
Le canal de Moissac n'a ]5as été piqueté; mais on a fait un nivellement
auquel l'ingénieur Garipuy a travaillé, à l'invitation de M. de Caraman,
propriétaire du canal royal, qui assista à l'opération. On se borna à connaître
la pente du terrain, & si l'ouvrage était possible sans qu'il fût question
d'évaluer la dépense. Ce canal devenant nécessaire pour compléter celui des
Deux-Mers, les archevêques de Narbonne 8c de Toulouse, MM. Dillon & de
Brienne ont désiré connaître s'il était praticable & quelle en serait la dépense,
&{. cette année même, le directeur fait lever la carte du terrain.
Le cours du grand Hers a été vérifié par le directeur des travaux publics
de la sénéchaussée, qui a reconnu la facilité de le rendre navigable depuis
son embouchure jusqu'au-dessus de Belpech, sur deux ou trois lieues de
long; mais, dans la partie supérieure, le terrain est si bas & si meuble qu'on
ne pourrait y établir des ouvrages solides qu'avec beaucoup de peine Se de
grandes dépenses, ce qui lui a fait penser qu'on devait se borner à créer un
flottage '.
Ce qui nous paraît intéressant, dans cet échange d'observations, c'est le
symptôme du développement économique dont on peut y reconnaître les
traces au milieu des tâtonnements 8t des contradictions.
Le bruit se répandit en Languedoc, dans les premiers jours du mois de
mai 1774, que le roi Louis XV touchait au terme de sa triste & monotone
existence.
On sut que des prières publiques étaient célébrées dans les églises de
Paris pour la santé du monarque. Toutes les villes de la Province se confor-
mèrent à cet exemple. Les capitouls de Toulouse, fidèles à la tradition locale,
firent un vœu aux reliques de l'abbaye de Saint-Sernin. lis se rendirent en
corps de ville dans la vieille église romane, pour y présenter leur offrande,
le samedi 7 mai, accompagnés du conseil de bourgeoisie. Les châsses des apô-
tres & des martyrs avaient été retirées de leurs caveaux 6< exposées dans le
sanctuaire du chœur, où elles reçurent pendant neuf jours les hommages de
la foule. Chaque matin, deux capitouls s'y transportaient en robe de céré-
monie pour assister à la messe. En même temps, le clergé des paroisses répé-
tait les prières connues sous le nom d'oraison de quarante heures. Ce pieux
exercice fut renouvelé trois fois de suite, à mesure que les nouvelles s'aggra-
vaient; mais le troisième office n'était pas encore terminé lorsque l'on apprit
' Archives lîationales. Papiers Hu contrôleur gcncraL
'774
I.IV. IV. I.A RÉGENCE ET LOUIS XV. 1229
la mort du roi. Elle donna lieu à toutes les démonstrations de deuil officiel
usitées en pareille circonstance.
Le 20 mai, sur les réquisitions de l'avocat général de Malbois & le rapport
de M. de Bastard, doyen, le Parlement de Toulouse rendit deux arrêts inter-
disant les danses, les jeux, les assemblées St toute sorte de divertissements &
d'attroupements, sous peine de cinq cents livres d'amende, jusqu'après les
obsèques de Louis XV.
Le service funèbre ne fut célébré dans la capitale de la Province que le
7 du mois de septembre.
« Nous avions, dirent les capitouls dans leur ordonnance, manifesté les
« vœux de la patrie par les prières publiques que nous fîmes à la Divinité
(( pour la guérison de notre monarque bien-aiméj accablés maintenant de
X la plus vive douleur par la perte que la France vient de faire, nous répan-
» dons des larmes sur le tombeau d'un roi, qui, par sa bonté, son amour pour
« son peuple, la douceur de son gouvernement & par mille vertus royales,
« s'étoit acquis les coeurs de ses sujets"; & nous recourons derechef au pied
•■ des autels avec une nouvelle ferveur pour supplier la Divinité de recevoir
« dans son sein l'âme de ce grand prince, 8<. d'avoir égard aux supplications
i< qu'il lui a faites avant sa mort avec la résignation 81 l'ardeur qui font con-
«1 noître les cœurs vivement touchés de son amour*. »
Les magistrats municipaux rassemblèrent à cette occasion, selon la coutume,
toutes les corporations de métiers, dont ils déterminèrent la place Se l'ordre de
marche dans le cortège; ils n'oublièrent pas non plus, en vertu de leur titre
de gouverneurs de la ville de Toulouse 8<. de chefs des nobles, de convoquer
les vassaux & arrière-vassaux du roi, S< comme cette prétention d'autorité sur
la noblesse ne manquait pas de soulever les plus vives contestations, ils éta-
'Barthès, qui n'écrivait que pour lui, ne se sues pukliques, ces pestes du genre humain... le
montre p.TS moins enihousi;istc que l'orateur du nombre excessif des gueuses & des entretenues...
parquet : le délire universel pour les modes frivoles, des
« Ce grand roy, dit-il, l'amour & les délices, abbés habillés de rouge ou d'autres couleurs bar-
non-seulement de la France, mais de l'Europe en- roques, s.ins collet, un mouchoir au col & en bot-
tière, par toutes les vertus qui caractérisent les tines, que l'on voit aller à l'université pour écou-
grands princes, s'étoit acquis a bon droit le sur- ter un professeur, souvent sans rien écrire, s'en
nom de bien-aimé par sa douceur & ses belles aller le soir à la comédie & courir toute la nuil
qualités. » {Heures perdues. Vil, p. 22.) le guilledou, séduire, s'il se peut, la fille ou la
Quelques pages plus haut, le même chroniqueur servante de leur hôte, les frustrer de leur dépense
fait le tableau le plus noir des mœurs de son siè- & s'esquiver clandestinement à la fin de l'année
cle , dénonçant ce le pyrrhonismc général qui a sans payer personne... une infinité de misérables
séduit tous les cœurs... le libertinage d'esprit... le du tiers & du plus bas état qui ne comptent leur
bannissement de la bonne foi dans les contrats... sortie pour rien si en bamboches & jupes crottées,
les banqueroutes éclatantes... l'infidélité dans les un panier au bras, un mantelet décoloré, la bourse
mariages, nulle règle, nulle pudeur n'y étant ob- très-souvent vuide, elles ne sortent tous les jour»
servée... l'émigration des moines d'un couvent à coiffées à la grecque pour rôder dans tout le mar-
l'autre, ou en se sécularisant ou en cherchant une ché, &c. ' i>
règle plus mitigée... les vivres si chers, les sub- ' Archives de Toulouse. Ofi/onrtartcfj cj^ilu/airc'j.
sides si multipliés, l'argent si raie ou plutôt si Ordonnance du 29 août I774.
serré, la dureté à payer l'artisan si marquée... le
savoir faire & les tours des monopoleurs, ces sang- ' Heures fcrJim de l'içrri Hailhès, VU. p. 10.
'774
'774
i:3o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
lèrent dans le préambule de leur ordonnance toutes les rêveries historiques où
se complaisait le corps capitulaire '.
Dès le 27 mai, à la suite d'un mandement de l'archevêque de Toulouse
Loménie de Brienne, le chapitre de Saint-Etienne avait célébré un service
$olennel dans la cathédrale. Chacune des paroisses en fit autant pendant
toute la semaine, & les plus humbles églises de village durent s'associer aux
marques de douleur publique, en attendant la grande manifestation provin-
ciale des trois ordres pendant !a session des Etats.
■ <i Pendant la domination des comtes, ils for- l'origine du blason, & dans un temps où il
inoient une cour où ils exerçoient la magistrature n'ctoit permis qu'aux nobles d'en porter : on
souveraine de la justice à la tête d'un conseil dont remarque leurs éciissons quarrés & en bannière,
les membres dévoient être nobles, suivant les lois comme ceux des nobles militaires, ornés de par-
du gouvernement féodal : sous les mêmes comtes, titions, de fourrures, d'émaux & d'autres pièces
ils avoient le commandement suprême des armées ; uniquement propres à la noblesse qualifiée : si
& pendant longtemps après la réunion de la comté la gloire, la prospérité & la paix intérieure du
à la couronne, ils étoient à la tête des troupes royaume vous dispensent du service militaire au-
qu'on tiroit de la ville, pour servir dans les ar- dehors, vous avez conservé le droit honorable
mées de l'État, ils commandoient dans ces occa- de commander les nobles pour la défense de la
sions les clievaliers, les bannerets, les écuyers 8c ville, dont le gouvernement & la garde vous sont
toute la noblesse qui aUoit seule à la guerre, les confiés, &c. ' »
roturiers n'y étant pas alors reçus. Jetons encore
un regard sur les armoiries qu'ils prirent, dès ' Rc-juisitioiis de Lagane, procureur du roi en la ville.
^,|,^^^^,|.^^^^.^^.|.^.^^^^.^.|..^.^^^^^.^^^-|(.'^'|r>'^'^'|<'^'|f>-|>'|r'|r'|!'^
LIVRE CINQUIÈME
LOUIS XVI ET LA REVOLUTION
CHAPITRE PREMIER
Avènement de Louis X'.'I. — Kpizootic. — Mesures administratives & militaires. — Rcconsiiiiuion du
Parlement. — Le i;;.iiéLhal de Biron. — Navigation de l.'i Garonne. — Etat major Jei places. — Ré-
formes de Turgot. — Houillères des Cévennes. — Concession Tubeuf, — Le comte de Saint-Haon.
Réorganisation de la municipaliic Je Toulouie. — Kcunion du comté de Caraman à la province de
Languedoc.
L'AVENEMENT de Louis XVI fut accueilli dans la Province avec toute
la faveur 8t l'espérance qu'un roi jeune, honnête, plein de bonne
volonté, pouvait éveiller dans un pays las des humiliations S<. des bas-
sesses du dernier règne.
On répandit rapidement la lettre que le nouveau souverain venait d'écrire
à M. de Maurcpas, Se qui contenait des phrases significatives, faites pour
jiarler au cœur des Français : « J'ay de grands devoirs à rcmplirj je suis roi,
<■ 8< ce nom renferme toutes mes obligations; je n'ai que vingt ans Se je n'ai
<i pas toutes les connoissances qui me sont nécessaires; de plus, je n'ai pu
« voir aucun ministre »
On n'applaudit pas avec moins de confiance au premier discours adressé
par Louis XVI aux membres du conseil d'État, qui annonçait un prince labo-
rieux, animé du désir d'assister régulièrement aux séances, de travailler par
lui-même, d'appeler auprès de lui les personnes qui lui en auraient paru
dignes par leur zèle 5<. par leurs lumières.
Tous les esprits ouverts aux idées de bienfaisance, de justice, d'humanité,
saluaient en T,ouis XVI le roi philanthrope, qui devait traduire en faits de
'774
■774
i:32 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
gouvernement les maximes des philosophes Se des économistes, briser les
anciennes entraves, faire oublier les folies de Versailles 8< mériter le nom de
restaurateur de la liberté française.
Malheureusement, Louis XV laissait à son successeur un triste héritage;
outre les embarras financiers que les prodigalités de plus d'un siècle & les
guerres malheureuses rendaient terribles, il lui léguait un État désorganisé,
lies forces en dissolution & cette redoutable question des Parlements, trop
récemment & trop brutalement tranchée pour être définitive.
Dès le lit de justice du 12 novembre, on put s'apercevoir que les parlemen-
taires menaçaient de reprendre faveur. I,a première cour de France, celle de
Paris, fut rétablie sans nouvelles provisions. Mesure imprudente, qui sem-
blait être la réparation d'un acte de despotisme, mais qui créait un danger de
plus pour la monarchie.
A dater de ce moment, il fut facile de prévoir que l'heureuse réforme judi-
ciaire du chancelier Maupeou serait anéantie, & qu'avec les Parlements res-
suscites, l'esprit de privilège & d'immobilité reprendrait son empire sur les
conseils de la couronne. Le premier Parlement du royaume, la tête de tous
les mouvements qui s'étaient prodviits en France, le foyer où se préparaient
les manœuvres des Parlements provinciaux, étant rétabli, on ne pouvait plus
douter que l'organisation de la magistrature ne reprît partout sa première
forme. C'est, en ettet, ce qui arriva; mais avant que la reconstitution du
Parlement de Toulouse ne mît en liesse tous les membres & les suppôts de
cette puissante compagnie, un fléau redoutable atteignit les intérêts agricoles
de la Province & inaugura douloureusement le nouveau règne.
Il y avait déjà longtemps que le sud-ouest de la France était ravagé par
une épizootie des plus meurtrières, dont la contagion, transportée dans le port
de Bayonne par une cargaison de cuirs venus de Hollande, avait dépeuplé
les étables à bœufs de la Guienne méridionale, du Béarn & de la Gascogne,
lorsqu'on eut la certitude, au mois de novembre 1774, que le fléau, progres-
sant avec une effrayante rapidité, allait atteindre à son tour la province de
Languedoc. Dans les premiers jours du mois, la maladie, confinée d'abord
dans la généralité de Bayonne, envahit brusquement celle d'Auch, où les
bestiaux de cinquante-deux communes furent attaqués'. Bientôt même elle
pénétra dans la haute vallée de la Garonne, & se manifesta dans le territoire
de Martres*, au diocèse de Comminges, menaçant la plaine de Rivière & les
paroisses languedociennes de Cier, Huos, Pointis &(. Valentine, qui furent
attaquées un peu plus tard^.
M. d'Osmond de Medavy, évêque de Comminges, à la première nouvelle
du fléau, se hâta d'envoyer sur les lieux un médecin habile, nommé Dardi-
gnac, pour donner des conseils aux agriculteurs, surveiller la maladie &
' Lettre de l'intendant du Languedoc à M. Ray- saucèle, du |5 novembre 1774. Archives de la
nal, du 10 novembre 1774. Archives de la Haute- Hnuie-Garonne.
Garonne, C. 3 Mémoire historique sur la maladie épi^ootitjue,
' Lettre du marquis de Montferrier à M. de Ee- Archives du diocèse de Toulouse.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. I233
former un recueil d'observations. Ce médecin dressa un procès-verbal détaillé
de tous les cas d'épizootie cju'il eut l'occasion d'étudier, & ce premier mémoire,
remis par l'évêque de Comminges au président des Etats de Languedoc, fut
le point de départ des mesures adoptées par la Province pour combattre le
fléau '.
M. Dillon s'empressa d'en donner communication à la Faculté de méde-
cine de Montpellier, espérant que cette compagnie célèbre pourrait indiquer
un traitement convenal^le. Dès ce moment, l'inquiétude des populations
devint pressante £< la vigilance des pouvoirs publics fut mise en action.
Le mal était identique à celui qui, depuis l'année 1771, avait désolé
diverses parties du ro\aume, & peut-être même à la peste des bêtes à corne
du.Vivarais dont M. de Sauvages étudia les effets en 1746, par commission
de la Faculté de Montpellier. Dès que les animaux étaient frappés, ils trabis-
saient leur souffrance par une sorte d'abattement S<. de langueur générale j
dédaignant la pâture la plus savoureuse, Se n'y toucbant que du bout des
lèvres, ils refusaient de boire 8v cessaient de ruminer. Ils ne paraissaient
d'abord éprouver de sensation douloureuse que sur les côtés de la poitrine, £<.
principalement sur la saillie de l'épine dorsale dont l'irritabilité devenait tel-
lement vive qu'il sutlîsait d'y porter la main pour faire affaisser la bête. Après
ces premiers signes, symptômes infaillibles de l'invasion, la fièvre se décla-
rait, accompagnée de froids & de tremblements. St. accentuée de temps en
temps par des crises plus violentes. Dès ce moment, l'animal portait la tête
basse, s'éloignait lui-même de ses compagnons d'étable, vaguant au basard
sous l'aiguillon d'une inquiétude mortelle; ses yeux enfoncés se voilaient de
larmes ou s'injectaient de sang; ses naseaux, sa bouche se couvraient d'une
mousse blanchâtre exhalant une odeur fétide; la respiration devenait courte,
laborieuse Se sonore; l'animal semblait haleter sous l'action d'un feu inté-
rieur; quelquefois, des cloches venteuses boursoufflaient sa peau en diverses
parties du corps; puis, le travail de la digestion paraissait complètement bou-
leversé, la mâchoire inférieure s'agitait de mouvements convulsifs, 6c les forctr.
vitales s'épuisaient dans une lutte dernière. La mort ne se faisait attendre
que huit ou neuf jours après l'apparition de la fièvre^.
L'expérience avait démontré que la peste bovine, une fois en possession
d'une victime, ne se la laissait plus arracher. Les procédés ordinaires des pra-
ticiens, les préparations empiriques des charlatans, dont les recettes se multi-
pliaient chaque jour, demeuraient également sans résultat; l'approche d'une
seule bête malade suffisait à infecter tout un troupeau, 6< le fléau empruntait
même pour véhicule les espèces qu'il n'atteignait pas, s'attachant aux harnais
des chevaux, aux vêtements des hommes; en certains lieux, il suffit d'un
chien vagabond qui avait rôdé dans une étable infectée pour apporter la con-
tagion dans tout un pays.
' Proeè$-Terbal des Etats. Sénncc du 17 dcccin- à ses subJélégués, dont ils doivent donner copie
lire 1774. ai'X personnes qu'ils seront dans le c.ns d'cin-
* Instruction! de M. l'intendant de Languedoc ployer. Ms. Archives de la Haute-Garonne.
XIII. ,8
'774
'774
1:34 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Averti par M. de la Boulaye, intendant de la généralité d'Auch, des pro-
grès que le mal avait faits dans cette province & de son extension marquée
vers le nord-est, M. de Saint-Priest n'eut pas de peine à comprendre combien
toute la région occidentale de l'intendance de Languedoc était exposée : il
entra en conférence avec les syndics généraux, compulsa les correspondances
de ses prédécesseurs, &(. particulièrement celles de M. Le Nain pendant l'épi-
zootie du Lyonnais en 1744, & publia le 9 novembre une première ordon-
nance en vue d'opposer une barrière naturelle à l'invasion du fléau, & de ne
pas lui laisser traverser, s'il était possible, la Garonne & le Tarn dont le
cours protégeait la majeure partie des quatre diocèses de Languedoc les plus
exposés, ceux de Comminges, de Rieux, de Toulouse & de iMontauban.
A cette fin, M. de Saint-Priest défendait aux patrons Si bateliers des deux
rivières d'embarquer des bestiaux provenant du Béarn ou de la généralité
d'Auch & de les transporter sur la rive languedocienne, sous peine de confis-
cation des barques 8<. du bétail 8c de cinquante livres d'amende; il enjoignait
aux consuls d'effectuer les saisies en cas de contravention 8<. de prohiber le
transport par terre, interdisait aux marchands 8c pourvoyeurs d'introduire des
troupeaux ou des betes isolées venant du pays malade. Se aux bouchers de
vendre des viandes de même origine, frappant vendeur 8c acheteur d'une
amende de cent livres. Quant à ceux qui se trouveraient, au moment de
l'ordonnance, en possession de boeufs achetés en Béarn ou Gascogne, soit
pour le labour, soit pour la boucherie, il leur ordonnait de les isoler immé-
diatement de tout autre bétail jusqu'à la fin de la contagion 8c d'en faire
déclaration aux consuls. Les magistrats municipaux des villes 8c villages
demeuraient chargés de toutes les mesures de surveillance, avec le concours
de la maréchaussée.
L'in suffi sa tice de ces précautions qui supposaient aux consuls des moyens
d'action dont ils étaient généralement dépourvus 6< aux populations rurales
une docilité clairvoyante fort éloignée de leur caractère, fut promptement
démontrée. Trois jours après, nouvelle ordonnance, publiée Se affichée dans
tous les lieux des quatre diocèses. Cette fois, l'intendant reproduit textuelle-
ment les dispositions de l'arrêt du conseil du 3i janvier 1771 : obligation de
déclarer aux officiers municipaux tout cas d'épizootie, sous peine de cent
livres d'amende dont moitié applicable au dénonciateur, isolement des bêtes
malades, établissement d'un signal dans toute métairie atteinte, apposition
de lettres particulières sur chaque bête, au moyen d'un fer chaud, indiquant
l'état de santé, de maladie ou de guérison, interdiction des pâturages com-
muns 8c de la circulation des bestiaux, enfouissement des bêtes mortes à
huit pieds de profondeur, purification des harnais Se des étables. A ces injonc-
tions compliquées, dont M. Bertin avait préparé la formule à Versailles, afin
de combattre, comme il le disait dans son préambule, « la négligence Se la
" mauvaise foi des propriétaires, l'imprudence Se l'avidité des acheteurs, »
M. de Saint-Priest ajoutait (juelques recommandations spéciales. Il annoncjait
que les subdélégués de l'intendance allaient se concerter avec les syndics des
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1235
diocèses Se les consuls pour nommer des préposes chargés de surveiller dans
les campagnes l'exécution des ordonnances, qui, dans les villes, demeurait
commise aux soins des officiers municipaux.
Le danger des chiens errants était l'objet d'une particulière insistance.
L'intendant savait que, dans plusieurs communes de la Gascogne, c'étaient
des chiens qui avaient communiqué le fléau, soit en pénétrant dans les
granges ou écuries infectées, soit en rôdant la nuit Se dévorant les bêtes
mortes. Aussi ordonnait-il expressément de les tenir enfermés, permettant de
tuer impunément tous ceux qui seraient rencontrés courant dans la cam-
pagne. Cette défense était générale pendant la nuit; pendant le jour, les
traditions persistantes du régime féodal contraignaietit l'intendant d'adoucir
sa formule impérativej mais il « prioit & invitoit les gentilshommes, les sci-
« gneurs de terre ou de fief 8<. autres privilégiés qui ont le droit d'avoir des
I' chiens de chasse, de les faire garder avec soin dans leurs châteaux ou mai-
<i sons Se de ne pas permettre qu'on les laisse vaguer. »
Malgré toutes ces instructions, il était facile de pressentir combien on
devait attendre peu de résultats de l'initiative des consuls Si surtout de la
vigilance des campagnards qu'ils seraient Contraints de choisir pour agents;
aussi, comme le mal résistait à tous les remèdes Se poursuivait sa marche, on
dut songer à prendre des mesures militaires pour assurer une surveillance
plus efficace 6c au besoin plus rigoureuse, les hommes façonnés à la disci-
pline S< aiiN. rudes nécessités de la guerre étant seuls capables d'exécuter une
consigne avec la précision 5e la rigueur qu'exigeaient les circonstances.
Dès le i5 novembre, le mar((uis de Montterrier chargeait les syndics de
diocèse de lui transmettre des observations sur les lieux limitrophes de la
Guienne où l'on pourrait loger les troupes destinées à interdire la communi-
cation des bêtes à corne de cette province avec celles de Languedoc. Cette
précaution était particulièrement importante dans les environs de Toulouse,
à cause des routes nombreuses qui faisaient affluer dans la ville les bêtes Se
les gens venant de Gascogne. Il y avait le bac de Grenade, sur la Garonne,
par où se faisait une active circulation entre les deux provinces, les routes
d'Auch, de Lombez, de Rieux, le vallon de la Lèze formant le débouché des
montagnes de Saint-Girons, la route d'Autcrlve ouvrant les avenues du comté
de Foix.
Bientôt le comte de Périgord s'enquit en personne des renseignements
préliminaires, Se se détermina à ordonner un mouvement de troupes sur les
frontières occidentales de la Province, afin de garder tous le9 passages de
Gascogne Se de Qucrci , 6e d'opposer au iltau le seul obstacle dont l'expé-
rience eût prouvé l'utilité, l'interdiction absolue de communications avec le
pavs infecté. Des détachements considérables de cavaliers Se de fantassins
furent dirigés de toutes les garnisons de la Province, même de l'extrémité du
Vivarais Se du Vêlai sur les vallées de la Garonne Se du Tarn dont on avait
résolu de faire une grande ligne défensive. La légion de Lorraine alors en
quartier à Tournon, la légion de Condé au Puy, les cuirassiers du roi à
'774
'774
i;36 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Albi, le régiment de Pvoyal-Navane à Caicassonne, celui de Bourbon infan-
terie à Béziers, formèrent les éléments de cette petite armée d'occupation,
que le comte de Périgord plaça sous les ordres du baron de Cadignan, colonel
commandant de la légion de Lorraine, infanterie & dragons. C'était un offi-
cier de mérite, fort galant homme, d'un esprit aimable Si conciliant, plein
d'activité 8c de zèle, &. qui, tout en prenant très au sérieux la mission ingrate
& fatigante dont on l'avait chargé, se ménagea dans la Province les plus cor-
diales sympathies. Sacrifiant sans trop de peine la vie agréable qu'il pouvait
mener à Paris, il se mit bravement à « postillonner sur les grands chemins', »
visitant tout par lui-même, courant des lignes de la Vère à celles de la
Garonne &. du Gers, étudiant le pays, ordonnant l'emplacement des postes
& conférant journellement avec les autorités locales pour arrêter de son
mieux l'ennemi insaisissable qu'on lui avait donné à combattre. Cette rude
corvée devait durer plus d'un an, au milieu de difficultés souvent imprévues.
La veille du jour où M. de Cadignan arrivait à Toulouse, annoncé par
une dépêche du comte de Périgord, les Etats de la Province prenaient une
délibération expresse pour assurer une gratification de deux sols par jour aux
hommes de toutes les troupes qui seraient employées en Languedoc à former
le cordon sanitaire Se les lignes désinfectantes.
Le lendemain, le Parlement de Toulouse qui n'était pas encore intervenu
sérieusement, rendit un arrêt sur le rapport de M. de Montégut, qui n'était
guère qu'une reproduction incomplète des ordonnances de l'intendant, pres-
crivant les formalités habituelles, visites de maréchaux experts, attestatioiis
de consuls, 8t autres procédures également impuissantes.
Le 24 décembre, ce fut le tour des vicaires généraux de l'archevêque de
Toulouse, administrant le diocèse en l'absence du prélat que les Etats rete-
naient à Montpellier, d'ordonner l'oraison de quarante heures 8c l'exposition
du Saint-Sacrement dans toutes les églises, afin de conjurer un fléau signalé
par les croyances populaires comme une marque visible de la colère de Dieu
Jk un châtiment des pécheurs-.
Presque simultanément, M. de Brienne adressait de Montpellier une
longue lettre à tous les curés de son diocèse ^ : il leur exposait en grands
détails l'histoire des développements du fléau, l'inefficacité des secours de
l'art, la nécessité de tuer les bêtes malades, unique moyen de garantir les
parties saines, rappelant que ce sacrifice nécessaire avait eu un plein succès
en Italie, dans la Flandre autrichienne, oii la châtellenie de Courtray avait
sauvé plus de vingt-six mille têtes de bétail par la perte volontaire d'une cen-
taine; il indiquait sommairement les diverses mesures prises parles Etats, par
le commandant en chef, l'intendant Si le Parlement de Toulouse, Se les
recherches de la Faculté de Montpellier, en vue de conjurer un désastre aussi
' Lettre de M. de Besnucèle au syndic de Rieux, ^ Lettre de l'archevêque de Toulouse aux curés
28 décembre 1774. de son diocèse concernant l'épizootie. Montpel-
■ Heures perdues de Pierre BarthèSj VII, pp. Sp, lier, 25 décembre (774.
40,41.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iidj
funeste à la prospérité de la Province. Il faisait sentir aux ecclésiastiques des
campagnes combien on devait s'attacher à décourager les illusions impru-
. dentés, les espérances de guérisons impossibles qui mettaient le peuple à la
merci des charlatans & des distributeurs de remèdes, l'utilité d'isoler les bêtes
saines, de les tenir renfermées dans des étables propres où l'air fût souvent
renouvelé & purifié par des fumigations, d'éviter les pâtures publiques, les
abreuvoirs communs, toutes les occasions de rassembler les bestiaux.
« J'ai jugé à propos, continuait l'archevêque, d'entrer avec vous dans tous
(1 ces détails ; malheur à celui qui regarderoit comme étranger à notre minis-
« tère un soin quelconque utile aux peuples : eh! qui peut mieux que vous,
» à l'aide de la confiance que vous avez dû inspirer aux habitans de votre
« paroisse, les faire entrer dans les vues sages £<. bienfaisantes du gouverne-
« ment? Qui peut mieux que vous les co.nvaincre qu'une rigueur apparente
>. est un bienfait réel... en excitant leur attention sur tout ce qui peut éloi-
« gner la contagion, en les préservant d'une confiance dangereuse pour des
« remèdes inutiles, en engageant chaque particulier à ne rien négliger de ce
« ([ui est en son pouvoir; vous parviendrez à garantir votre paroisse, ou du
<i moins à diminuer l'effet du mal... C'est là la partie de l'administration qui
Il vous est confiée, celle à laquelle vous donne droit le ministère f[ue nous
« exerçons, puisque, sous tous les rapports d'instructions, d'exhortations £<. de
« conseils, il nous dévoue au salut Se au bonheur des peuples. »
M. de Brienne prescrivait ensuite aux curés de lui adresser des informa-
tions précises sur les moyens d'existence des familles rurales atteintes par le
fléau, déclarant que les indemnités proportionnelles assurées par le gouver-
nement 8c la Province aux propriétaires des bêtes infectées seraient une faible
ressource pour les pauvres, &C se réservant de pourvoir sur sa cassette particu-
lière aux besoins des malheureux. Il s'informait avec une sollicitude parti-
culière de la situation des paroisses du diocèse de Toulouse comprises dans le
territoire de la Guienne, & qui, par suite, ne devaient point participera la
bienfaisance des Etats.
Une dernière recommandation s'appliquait aux matières religieuses. L'ar-
chevêque ordonnait des prières réitérées pour solliciter la miséricorde divine.
« Que peuvent les conseils des hommes, si la main du Très-Haut ne les
(i seconde pas? » Mais il avait soin de prémunir les curés contre le danger
des pratiques superstitieuses; « quelques-uns, dit-il, pour obtenir une béné-
« diction qu'ils ne craignent pas souvent de confondre avec des remèdes,
>< exposeroient par des sorties indiscrètes, ou par la seule réunion, leurs bes-
I tiaux à la contagion...; il faudroit à d'autres des processions 8<. des pèjeri-
'( nages qui, les détournant du soin de leurs ménages & de leurs occupations
<i habituelles, ajouteroient encore à leur misère, S< les exposeroient à rap-
« porter la contagion des lieux qu'ils auroient fréquentés pour s'en garantir. »
C'est à la sagesse des curés que M. de Brienne remettait le soin d'éclairer
la dévotion des peuples, sans lui rien faire perdre de sa ferveur, d'éviter les
superstitions qui contrarient les vrais principes du christianisme, & de ne pas
.'774
"774
1238 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ajouter aux alarmes publiques par l'éclat d'un zèle indiscret. 11 annonçait
que les processions ne seraient permises qu'avec la plus grande réserve, &i se
bornait à prescrire quelques offices particuliers.
La lettre se terminait par la promesse d'un très-prochain voyage à Tou-
louse, où le prélat se proposait d'aller étudier la situation en personne, otïrant
à tous les curés de conférer avec eux sur les secours les plus urgents, 6i même
de se transporter dans leurs paroisses en cas de nécessité.
Cette missive philanthropique fit grand bruit en France Se tut reproduite
par plusieurs journaux'.
Le 29 décembre, un second arrêt enchérit sur les précautions antérieures,
en interdisant les foires & marchés, & en ne permettant de faire de trans-
ports avec des charrettes à bœufs que pour des objets de première nécessité.
Toutes ces prescriptions n'empêchaient point la circulation du bétail. Les
cabaretiers, les hôteliers des villes, séduits par le bas prix des bêtes à corne
auxquelles l'épizootie enlevait toute valeur, ne se faisaient point scrupule de
favoriser les fraudes des marchands & des pourvoyeurs.
A ce moment, quelques parties de la Gascogne étaient encore intactes,
ainsi que la plupart des diocèses de Languedoc, le Querci, le Roucrpue S<.
le comté de Foix^. Mais le mal faisait par intervalles des pointes hardies.
On le signalait à Corbarieu, sur la rive droite du Tarn, en amont de Mon-
tauban, 8< la maréchaussée dénonçait, dans les environs de Grisolles, des
récidives de contraventions fréquentes, commises par les bateliers Sv les mar-
chands de bestiaux ■>.
Quelques communes, par exception, pour éviter les dépenses du logement
des troupes Se les inquiétudes que causait encore aux paysans le voisinage
d'une garnison, offraient de se garder elles-mêmes & d'organiser une soric
de milice bourgeoise pour exécuter les ordonnances; le village de Cornebar-
rieu, sur la lisière de la forêt de Bouconne, établit ainsi trois postes pour
défendre l'abord des terrasses ondulées qui s'inclinent jusqu'au bassin de
Toulouse '^. Cette initiative témoignait d'intentions louables; mais, en géné-
ral, la surveillance était médiocre, & plus médiocre encore le respect des
ordres du roi dont la nécessité môme, trop démontrée par l'expérience, ne
suffisait pas à faire accepter la rigueur.
L'administration des capitouls, fidèle à ses traditions, ne s'était point
départie des lenteurs & de l'inertie qui lui étaient familières. Au 3i décem-
bre, la ville de Toulouse était encore la plus mal gardée de la Province;
toutes les dispositions prises sur la Garonne & le Tarn assuraient des lignes
intactes; l'épizootie n'avait plus qu'un passage pour pénétrer en Languedoc
c'était le pont de Toulouse, où le consistoire n'avait songé à mettre aucun
■ Ga^etti; d'Jgricalturc & .h- Commerce. — Jour- ' Lettre de M. de Besaucèle au comte de Péri-
nal politiijue, lyyS; supplément du i" trimestre, gO'd, 17 décembre 1774.
p. 52. ■* Lettre du sieur Loubaissin, de Cûriieb.irricii j
' Arrêt du Parlement de Toulouse du 26 jan- 26 décembre 1774.
vier 1775.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION, liS»;
poste. Il fallut prier M. de Cadignan dy envoyer la maréchaussée jusqu'à
l'arrivée des troupes'.
Cependant, la Faculté de Montpellier, consultée par l'archevêque de Nar-
bonne sur la nature de la maladie Se sur les moyens de la combattre, s'était
mise à l'oeuvre, en prenant pour base de ses études le recueil d'observations
réuni dans le diocèse de Comminges par le docteur Dardignac. Le 3o dé-
cembre, la docte assemblée publia le résultat de ses travaux en forme d'avis
motivé, signé du chancelier de l'université, du doyen, de quatre professeurs
en médecine, de deux docteurs 8c des médecins de l'Hôtel-Dieu &. de l'Hôpital
militaire^.
Les conclusions de ce mémoire, qui comprenait trois parties, l'une descrip-
tive St anatomique. Si les deux autres consacrées aux procédés de préservation
& de traitement, turent peu encourageantes. Les docteurs en rejetaient la
faute sur les informations qu'ils avaient reçues. Quelque intéressantes que
fussent les observations communiquées par le président des Etats, elles ne
paraissaient pas pouvoir donner des idées précises Si sûres du caractère de la
maladie. Si cette incertitude influait nécessairement sur le choix des remèdes
k essayer.
I^a Faculté avouait donc l'imperfection de ses connaissances sur la nature
du mal Si, en même temps, son impuissance à proposer aucune méthode
certaine, indiquant seulemeiit, à titre d'expérimentation, l'emploi de divers
remèdes usités dans la médecine vétérinaire.
Comme moyen préservatif, elle recommandait surtout des soins assidus
pour entretenir la plus grande propreté dans les étables, précaution difficile
à obtenir des populations méridionales. Elle conseillait de ])arfumer l'inté-
rieur chaque jour, le matin Si le soir, pendant que les bœufs y seraient, avec
des fumigations de baies de genévrier ou de branches de genévrier Si de sapin,
Si, en l'absence des bêtes, avec des fumées de soufre brûlant, les portes Si
fenêtres demeurant ouvertes pendant les intervalles de ces opérations, afin du
renouveler l'air. Les animaux ne devaient point sortir avant que le soleil n'eût
dissipé la rosée Si les brouillards, ni demeurer trop tard dans les champs. JI
fallait éviter avec soin les eaux stagnantes Si impures Si les pâturages que
l'on ne croirait pas complètement salubres, diminuer la ration ordinaire de
pâture Si faire boire souvent. Le renouvellement journalier de la litière, des
frictions partielles, sur la bouche Si les narines, avec un mélange de thériaquc
Si de vinaigre de rue, des frictions générales avec un mélange d'eau Si de
vinaigre, où l'on ferait bouillir du thym, de la lavande Si d'autres plantes
' Lettre de M. de Besaiicèlc nu comte de Péri- imprimeur ordinaire du roi & de nosseigiieiirs de;
gord, 3i décembre 1774. Etats, 177a. Voici les noms des signnt.iircs de l.i
' Comuliatioa Je l'Vniverùlc Je Méjccine Je consultation : Barthez, chancelier ; Lamiire, doyen ;
Montpellier, sur la maladie épiddmique qui règne Vcnel, Le Roi, René, Broussonet, professeurs en
parmi les béles à cornes, & qui menace d'une in- médecine; Fitz-Maurice; Chaptal; Faijon, médc-
vasion prochaine la province de Languedoc. A cin de l'Hôiel-Dieu ; Henry Fouquet, médecin de
Montpellier, de l'imprimerie de Jean Martel aîné, l'hnpital militaire.
'77-1
«774
'77^
I2 40 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
aromatiques; comme alimentation, quelques onces de sel marin, des racines
d'angélique, de gentiane, d'aunée ; des feuilles de rue, d'absinthe, de
tanaisie; même l'infusion de tabac & de poudre à canon dans du vin; le
quinquina, le tan, les écorces de frêne & de saule, étaient signalés dans ce
programme empirique comme pouvant donner de bons résultats. La Faculté
ne dédaignait pas d'indiquer la térébration des cornes comme ayant produit
un heureux ettet.
Quant au traitement des bêtes malades, les docteurs de Montpellier se
bornaient à prescrire les plus violentes opérations chirurgicales ; boutons de
feu distribués par vingt ou par trente le long de l'épine dorsale, plaies artifi-
cielles avivées par des racines d'ellébore noir & des mélanges d'ail, de sel 8t
de vinaigre', sans oublier les saignées, les purgatifs & les autres accessoires
obligés de la médecine.
A défaut d'aveu formel, le rapprochement des remèdes contradictoires, con-
seillés d'ailleurs avec la plus grande réserve par la Faculté, aurait suffi à faire
comprendre combien elle comptait peu sur le succès de ses prescriptions.
Ce fut au commencement de l'année lyyS que l'ensemble des dispositions
militaires confiées au baron de Cadignan, sous la haute direction du comte
de Périgord, se trouva suffisamment arrêté pour donner lieu d'en espérer
quelques résultats.
La vaste étendue des territoires à protéger & l'impossibilité de surveiller
efficacement, sans un déploiement de forces extraordinaire & peu tolérable
pour la Province, la ligne capricieuse 8t flottante des frontières de Languedoc
du côté de Gascogne, contrai.fnirent le commandement à chercher une bar-
rière naturelle dans le cours ue la Garonne. C'était la base d'opérations la
plus solide & la plus facile à défendre, & l'on en revenait ainsi, par la simple
logique des faits, à cette ancienne limite de l'Aquitaine de César, que les
bouleversements du monde féodal avaient déplacée.
Des postes furent donc établis dans tous les villages situés près des bords
de la rivière, afin d'interdire l'accès de la rive droite 5c de faire le vide, sur
la rive gauche, jusqu'à la distance d'une lieue. Dans le voisinage de Tou-
louse, à cause de l'importance exceptionnelle des avenues que l'on avait à
couper, on rejeta des troupes jusque sur les plateaux de Lardenne haute,
barrant les vallons de l'Aussonelle Si les dangereuses prairies du Touch,
8t formant un arc de cercle qui passait par Portet, en face du confluent
de l'Ariége, par Villeneuve-Tolosane, Plaisance, Tournefeuille, Colomiers,
Pibrac, Cornebarrieu, & qui venait finir, en rejoignant la Garonne, sur les
collines abruptes de Bauzelle & de Seilh. Le service de cette ligne était fourni
par des détachements de Royal-Navarre Si de Bourbon.
D'autres corps de garde s'échelonnaient dans le même ordre, depuis Cazères
jusqu'à Saint-Nicolas de la Grave, oîi la jonction de la Garonne & du Tarn
' D'après la consultation, M. Malzac, médecin quatre cents bœufs attaqués d'une maladie épidémi-
dc Castres, avait vu guérir par ce remède plus de que qui avait beaucoup de rapports avec celle-ci.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. "1241
marque les limites de la Province; à partir de ce point, la surveillance était
continuée par les troupes de Guienne, placées sous le commandement du
comte de Fumel ; mais la ligne défensive de L,anguedoc, se repliant à la
pointe, au-dessous des collines de Moissac, adoptait le contour du Tarn, puis
l'étroit ravin du Tescou S<. la vallée de la Vère, atteignant les plateaux supé-
rieurs de l'Albigeois.
Ces dispositions se rattachaient à un plan général ordonné par le roi dans
tout le sud-ouest de la France, afin de confiner la maladie dans le vaste
triangle que forment les Pyrénées, la Garonne 5c l'Océan, & de lui interdire
l'accès du plateau central 8<. du versant méditerranéen. En même temps, le
comte de Mailly, enfermé en Roussillon, purifiait le petit nombre de paroisses
(|ue la contagion avait atteintes dans l'étendue de ce gouvernement; le comte
de Fumel gardait la Saintonge St le Périgord, avec la mission spéciale de
circonscrire l'épidémie sur la rive gauche de la Dordogne, d'y replier ses
postes 8c de nettoyer le plus promptement possible l'Entre-deux-mers, afin de
resserrer le fléau dans le territoire précis qu'on lui abandonnait; 8<.«le comte
d'Amou, avec les garnisons de Bayonne 8c de Saint-Jean de Luz, opérait dans
le pays de Labour'.
Les instructions recommandaient de placer surtout dans ces lignes princi-
pales des troupes de cavalerie, afin de les pouvoir faire courir au besoin après
les conducteurs de bestiaux 8c les marchands de cuirs prohibés, qui, alléchés
par l'appât du gain, entreprenaient fréquemment de forcer la consigne.
Mais on ne s'était pas borné à cette grande stratégie. Afin d'empêcher la
communication dans le territoire même de la Province, 8c de rendre l'assai-
nissement plus facile en morcelant les opérations, des lignes secondaires furent
établies, formant des coupures 8c isolant les divers quartiers.
Ainsi l'on jeta des postes le long des coteaux qui bordent l'Ariége, à Goi-
rans, à Clermont, à Venerque, à Grépiac, à Auterivej
On en plaça d'autres dans la vallée de l'Hers, commandant à la fois le
canal des Deux-mers 8c le grand chemin du bas Languedoc, par Ramonville,
Castanet, Montgiscard, Baziége, Villenouvelle, Gardouch 8c Villefranche;
D'autres encore, au milieu du réseau confus des collines du Lauragais, en
suivant les vallées qui, toutes, vont déboucher dans celles de l'Hers;
Une chaîne de gardes occupait la longue série de plateaux qui sépare le
vallon du Girou du bassin du Tarn, se soudant par la gauche à la petite
garnison de Grisolles, où le chevalier de Valay commandait les cuirassiers du
roi, 8c poursuivant vers le sud-est, par Castelnau, Bouloc, Villariès, Bazus,
Castelmaurou, Paulel Se Verteil.
La saison d'hiver ne permettait aux troupes d'autre service que de faire sen-
tinelle, d'opérer de hcquentes reconnaissances 8c de multiplier les patrouilles
sur la lisière du territoire dont on prétendait défendre ra|)proche au bétail
' Mémoire Instructif sur l'exécution Ju plan adopté Guyenne & dans les provinces circonvoisines.
/>jr le Roi, pour parvenir à détruire entièrement Paris, impr. royale, 177Ô.
la maladie qui s'est répandue sur les bestiaux en
1773
'773
124^ ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
contaminé. Tout le royaume suivait avec anxiété ces opérations, dont l'issue
intéressait, pour tant d'années, l'avenir de l'agriculture française. M. de Mon-
tipnv, dans un mémoire lu à l'Académie des sciences 8c, plus tard, imprimé
par l'ordre du roi, n'hésitait pas à déclarer que la maladie, après avoir pénétré
en divers endroits de la province de Languedoc, malgré le zèle des Etats, la
vigilance du comte de Périgord 8c de l'intendant, n'avait pu y être étoutice
que par des mesures prises avec une activité &c une célérité vraiment admira-
bles. Mais il s'en fallait de beaucoup que le triomphe fût déjà aussi complet
(jue l'on osait alors l'espérer.
Les plus grands obstacles étaient dans les populations elles-mêmes. Déjà,
vers la fin de l'année précédente, un médecin distingué, Vicq d'Azyr, attaché
à la personne du comte d'Artois S<. envoyé en Guienne Si. Gascogne par
l'Académie des sciences, dont il était membre, pour étudier les caractères l'e
l'épidémie & les moyens de la combattre, s'était vainement heurté dans !e
Condomois contre la défiance, l'avarice soupçonneuse, l'entêtement 8c l'irré-
sistible T)piniâtreté des campagnards. Uniquement préoccupés d'incantations
8c de malélices, voués aux superstitions 8c aux pratiques des charlatans, ne
croyant qu'à l'action d'une puissance surnaturelle dont on ne pouvait songer
à détourner la colère, ils se refusaient obstinément à montrer leurs bêtes aux
maréchaux, à isoler les sujets malades d'avec ceux qui ne l'étaient pas, &c,
dans l'espérance d'arracher encore quelque valeur du bétail qui leur échap-
pait, ils inventaient mille subterkiges pour vendre leurs animaux à demi-
morts à des trafiquants mystérieux, qui venaient par les chemins les plus
déserts, malgré soldats 8c maréchaussée, conclure des marchés défendus'.
Une autre cause compromit partiellement le succès du plan dispendieux
qu'avait organisé le conseil du roi. On n'avait pas eu de peine à pressentir
combien la délimitation arbitraire des provinces de Languedoc Se de Guienne,
dans la vallée supérieure de la Garonne, pouvait créer de difficultés particu-
lières aux mouvements de troupes. En plusieurs points, le territoire des deux
provinces, bizarrement découpé par le hasard des événements politiques 8c
]iar la variation des apanages royaux, formait des sortes de péninsules à sail-
lants réciproques, dont le périmètre ne concordait nullement avec les acci-
dents topographiques 8c les grandes barrières naturelles. La nécessité de
trouver promptemcnt une solution pratique à ces inconvénients fit que le
conseil se résolut à laisser indivis les pouvoirs des commandants en chef, sans
les circonscrire aux limites de leurs départements respectifs. Le roi jugeait
nécessaire que chacun suivît les opérations des troupes qu'il aurait commencé
à mettre en mouvement; il voulait les voir pousser chacun devant eux l'en-
nemi commun, en concertant leur marche jusqu'à le resserrer de tous côtés
en se rapprochant. On ne se dissimulait point ce que ces procédés pouvaient
présenter de hardi 8c de peu compatible avec les traditions rigides Se prc-
' Les oljseivations d« Vicq d'Azyr furent publicts à Bordeaux, «n décembre 1774, & à Aticli, cil
janvier 177:».
LIV, V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1240
cïscs tie la discipline militaire; mais on croyait que les circonstances ]-)rcs-
santes obligeaient de s'élever au-dessus des règles ordinaires, la célérité du
service étant le but principal, & l'on faisait appel à la loyale entente des
officiers supérieurs, à qui Sa Majesté ne craignait point d'accorder une telle
marque de confiance.
Cette indécision de pouvoirs & cet enchevêtrement de lignes amena dans
la pratique de graves difficultés. Certains régiments, n'ayant pas d'ordre de
leurs chefs directs, refusèrent d'obéir au commandant d'une province étran-
gère qui, en vertu du même principe de l'urgence du cas, s'était cru autorisé
à leur en donner. Le régiment de la Pveine, venu d'Agen, en usa de la sorte
au poste de Saint-Nicolas de la Grave à l'égard du baron de Cadignan.
Ailleurs, des troupes empruntées turent brusquement reprises ik laissèrent un
vide temporaire dans l'échiquier.
Tous ces accidents paralysèrent le bon vouloir individuel, & bien loin que
l'œuvre d'assainissement pût être effectuée en deux mois, ainsi que l'instruc-
tion royale en exprimait l'espérance, plus d'une année devait s'écouler encore
avant l'entière expulsion du fléau.
Pendant le printemps de l'année 177:"), la marche de la peste bovine en
Languedoc parut d'abord complètement arrêtée. l,a maladie venait de cesser
dans les deux ou trois communes du Bas-Montauban qui avaient été atteintes.
Il semblait donc que l'on eût réussi à maintenir le fléau sur la rive gauche
de la Garonne. .Aussi est-ce principalement contre la Gascogne que le baron
de Cadignan, S<. aussi le comte de Périgord en personne dirigeaient toute
l'activité de leurs efforts. Une fois ses postes permanents solidement établis,
8<. les grandes lignes des rivières protégées contre l'invasion, le colonel de la
légion de Lorraine poussait en avant, droit au foyer du mal, avec une extrême
célérité. Au mois d'avril, les opérations désinfectantes se concentraient surtout
entre la vallée supérieure de la Louge Se les coteaux du Gers. M. de Cadi-
gnan écrivait d'Alan, à la date du 8, qu'il se trouvait excédé de fatigue. Les
courses prolongées, les nuits sans sommeil, l'état d'inquiétude Si d'irritabilité
nerveuse où le jetait le spectacle d'imprudences invincibles 81 de contradic-
tions inattendues le firent tomber inalade d'épuisement; un évanouissement,
qui dura deux heures, lui laissa plusieurs jours de lassitude, puis il courut
rejoindre à Auch le comte de Périgord.
D'ailleurs, les inconvénients du peu de précision que le conseil avait mis
dans les pouvoirs respectifs des commandants se manifestaient chaque jour.
Pour le service de la ligne ambulante qui allait à travers champs, visitant les
métairies, surveillant l'immolation Se l'enfouissement des bêtes malades, ainsi
cjue les autres précautions de salubrité. Si opérant, en un mot, de proche en
proche, la dépopulation générale de bétail prescrite par les ordonnances,
M. de Cadignan avait été autorisé à faire marcher le régiment de Foix, à la
condition expresse de le rendre à la première sommation. Au milieu de
l'action, Se tandis que les divers détachements nettoyaient le pays avec un
ensemble très-laborieusement combiné, le comte de Fumel s'avise de rede-
1773
1244 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
mander brusquement son régiment. Il fallut exécuter un mouvement général
de la droite à la gauche dont les détails durèrent trois jours.
Le 26 avril, le maréchal du Muy, ministre de la guerre depuis l'avéne-
ment de Louis XVI, présenta à la signature du roi six ordonnances qui
opéraient des modifications assez notables dans l'organisation de l'infanterie.
Le but en était de rendre moins sensibles les différences que l'ancienne cons-
titution militaire avait établies entre les divers corps de troupes, Si de sim-
plifier le service en préparant l'uniformité. La première de ces ordonnances
réglait la composition des régiments d'infanterie française dont certains com-
prenaient alors quatre bataillons, d'autres deux & d'autres un seul. Grâce au
nouveau règlement, on ne laissait plus subsister que deux classes de régi-
ments : douze à quatre bataillons, 8t cinquante-six à deux. Pour obtenir ce
nombre, il avait fallu créer sept régiments qui furent formés en dédoublant
d'anciens corps auxquels on emprunta leur second Si troisième bataillon.
Parmi les corps dédoublés se trouvaient malheureusement compris deux régi-
ments employés contre l'épizootie, celui de Touraine d'où l'on tira le régi-
ment de Savoie-Carignan, envoyé à Montpellier, 61 celui d'Aquitaine qui
fournit les fantassins du régiment d'Anjou, envoyé à Lille'. Ce fut un nou-
veau contre-temps pour les opéiations militaires de Guienne Se de Languedoc.
Vainement adressa-t-on au maréchal les plus pressantes instances pour obtenir
que le dédoublement se fît sur les lieux. Le ministre, dont le caractère se
prêtait peu aux concessions S<. qui avait prouvé, en refusant de Louis XV le
département de la guerre, toute la rigidité de ses principes, ne crut pas pou-
voir faire fléchir la discipline, malgré la gravité d'une circonstance exception-
nelle. On lui représenta vainement combien la retraite des troupes serait
]iérilleuse dans un pays où la contagion n'était point éteinte Se d'où les sol-
dats eux-mêmes pouvaient la porter ailleurs. La règle demeura sauve : Aqui-
taine Si Touraine furent rappelés.
Ce brusque départ entraîna les conséquences les plus fâcheuses j ce fut une
trouée par où le fléau ne tarda pas à s'ouvrir une carrière nouvelle. Dans
tous les cantons abandonnés par les troupes, il n'y eut plus de police, plus
de surveillance, ni de précautions. Les foyers à demi-assoupis se ranimèrent,
des paysans malavisés abattirent les mottes de terre qui s'élevaient en mon-
ceau par dessus les fosses. Si les exhalaisons qui s'échappèrent de ces charniers
rendirent inutiles trois nïois de fatigues Si d'efforts. D'ailleurs, les communi-
cations n'étaient plus gardéesj on dispensait les communes de faire monter la
garde^; on amenait le bétail aux foires avec la plus folle imprévoyance.
Un propriétaire de Balma, aux environs de Toulouse, séduit par le bas
prix des bêtes à laine dans les foires de Gascogne, fit acheter à l'Isle-en-Jour-
dain un troupeau de brebis qui provenait d'une métairie infectée de Samatan.
Ces animaux arrivèrent sur les coteaux de l'Hcrs, la laine tout imprégnée de
' Ordonnance clii roi du 26 avril 1771. Versait- ' Procès-verbal de l'assemblée d'assiette du dio-
les, imprimerie royale. Département de la guerre. cèse de Toulouse, 22 mai 1770.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1245
miasmes contagieux qu'ils transmirent à leurs voisins d'étable. Le 12 mai,
les bêtes à corne du domaine furent attaquées, & bientôt le mal envahit toute
la commune de Balma. Pendant les premiers jours, on put se taire illusion
sur l'identité du fléau; les symptômes en affectèrent une physionomie nou-
velle; des personnes expérimentées, qui avaient suivi la marche du mal en
Guienne, s'y laissèrent tromper; mais bientôt le doute ne fut plus possible,
la peste se fit reconnaître à la rapidité de ses progrès, 8c, une fois en posses-
sion des collines de Balma, sur la rive droite de l'Hers, ne tarda pas à jeter
quelques fusées dans tous les vallons parallèles qui découpent si profondé-
ment le relief de ce pays. Presque dans le même temps, un troupeau de mou-
tons, venu de Gascogne 8v. destiné aux boucheries de Languedoc, propageait
l'infection à Sainte-Foi d'Aigrefeuille, dans les prairies de la Saune; le mal
éclatait dans la vallée de la Ceillonne, au Pin, 8<. dans celle du Girou, à
Saint-Marcel. Ainsi c'est par Toulouse que s'était faite la percée, Se, quand
on croyait le fléau rejeté à plus de quinze lieues à gauche de la Garonne, il
atteignait le centre même du diocèse, 81 cela, au moment de la récolte, de !a
coupe des foins, c'est-à-dire en un temps où les travaux d'exploitation ren-
daient les communications plus fréquentes & les malheurs inévitables, 8c où
l'approche des chaleurs promettait une recrudescence à peu près certaine'.
On envoya M. de Longueval en reconnaissance sur Balma, Saint-Marcel
81 Caraman, car déjà tout le diocèse de Toulouse était menacé. Cependant
presque tout ce qui restait de troupes était occupé en Gascogne. Du quartier
général d'Auch, où le désordre était à son comble, le baron de Cadignan
adressait des dépêches désespérées : k tout est perdu, écrivait-il le 7 juin, la
« maladie est à une demi-lieue d'Auch de tous les côtés. « Sans doute la
ligne du Gers n'avait pas encore cédé; mais comme cette rivière est partout
guéable, le danger semblait imminent. Cependant le colonel redoublait de
surveillance; mettait deux fois plus de postes, des patrouilles de nuit, des
bivouacs; montait de son mieux la tête des soldats 8c des cavaliers; mandait
les grenadiers de l'Isle-Jourdain pour prêter main-forte. Malheureusement,
les contre-temps se multipliaient comme à plaisir. M. de Faudoas, qui com-
mandait dans le pays, était colonel du régiment provincial d'Auch; il eut
l'idée d'en faire l'assemblée dans cette ville même. Tous ses hommes, après
l'inutile formalité d'une revue, au milieu du pays infecté, durent s'en re-
tourner chez eux, vêtus de leurs habits de laine, si. facilement impression-
nables à la contagion. Se se disperser dans toute la généralité, jusqu'aux portes
de Toulouse. Le baron de Cadignan donna les ordres les plus sévères pour
que ces uniformes fussent partout purifiés sur le territoire de son commande-
ment. Mais pouvait-on se flatter d'une exacte obéissance?
En même temps, la Chalosse était envahie, le mal renaissait dans le Béarn;
le bas Armagnac ne comptait plus une seule tête de bétail, ce qui n'empê-
chait point M. de Faudoas d'y continuer depuis deux mois un service tic
' Mémoire historii/ue de la maladie épiiootique.
177J
I77J
1246 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
désinfection, désormais complètement superflu, £s. d'aljandonner la Clialosse à
elle-même. Du reste, point d'unité ni de suite dans la marche des troupes de
Guienne, des rassemblements d'hommes inutiles, restant l'arme au pied,
tandis qu'on manquait de bras sur plusieurs points; plus de deux cents fan-
tassins ou cavaliers demeurant à Auch dans l'inaction, les troupes décou-
ragées par une besogne ingrate 8<. souvent repoussante, & frustrées par la
volonté de M. de Fumel de l'indemnité de corps de garde que les États de
la Province avaient assurée aux soldats servant en Languedoc, &t que le
ministre de la guerre autorisait pour les régiments de Guienne. Ces mau-
vaises dispositions se trahissaient par des faits; on ne surveillait plus les
enfouissements; &, en plein été, sous l'ardent soleil des coteaux de Gascogne,
on ne jetait pas même quelques pelletées de terre sur les fosses ou s'entas-
saient à la hâte les cadavres des bêtes abattues.
« Je ne veux accuser personne, écrivait M. de Cadignan, mais dans cette
(I circonstance ce seroit être citoyen que de se faire dénonciateur, n Aussi
rccommandait-il de communiquer ces détails à l'archevêque de Toulouse,
présageant les plus grandes calamités si une main énergique ne rétablissait
le bon ordre.
Quelques jours après il annonçait ; « La maladie est ici partout : dites k
(1 Longueval qu'il ne laisse plus rien entrer par la porte d'Auch 5<. qu'il avtr-
i. tisse les postes de Colomiers S< de Léguevin. »
Pendant le mois de juillet, le massif du Lauragais fut complètement
at'aqué.
Grande fut la panique dans le diocèse quand ces nouvelles y furent con-
nues. La grande ligne de la Garonne percée d'une façon décisive, c'était
picut-être la ruine définitive des espérances qu'on avait jusqu'alors fondées
sur une opération militaire aussi jîénible S<, aussi dispendieuse. Ce dernier
obstacle franchi, on voyait la carrière librement ouverte à la maladie que des
avenues naturelles allaient conduire dans la plaine de Revel, jusqu'au pied
des contre-forts de la montagne Noire. On prédisait avec épouvante l'invasion
des vastes plateaux de cette chaîne, tapissés d'une herbe fine £< nourrie, où
paissaient en liberté tant de troupeaux, véritable pépinière de bêtes de
labour; l'impossibilité d'arrêter le mal une fois qu'il aurait pénétré dans ces
gorges, si invinciblement défendues par l'âpreté du sol Se par la difficulté des
chemins; îl faudrait donc se résigner à lë voir s'y faire un foyer nouveau,
s'y retrancher pour ainsi dire dans Une solitude inaccessible, & de là s'étendre
dans les diocèses dé Castres & de Saint-Pons, dans toutes les plaines de Lan-
guedoc, & pousser jusqu'aux montagnes d'Auvergne, pays de prairies & de
pacages, où l'on comptait cent têtes de bétail pour un seul habitant. Dès ce
moment, tout le plateau central était compromis; l'impossibilité d'empêcher
le5 communications de tant de bêtes errantes, le manque de bras pour enfouir
les cadavres, promettaient le renouvellement des plus désastreuses scènes de
la Gascogne, avec un théâtre plus vaste & plus redoutable encore. Dès ce
moment, le fruit de tant d'efforts, de dépenses St de sacrifices était perdu,
LIV, V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1247
avec l'espoir de préserver le reste du royaume. Contre tous ces dangers, le
petit nombre des troupes, postées à grandes distances sur les principales
lignes du diocèse de Toulouse, n'offrait qu'une garantie tort illusoire; quel-
ques détachements isolés jetés de loin en loin, dans un territoire ou l'épi-
zootie dirigeait sa marche sur un front de quatre lieues d'étendue, ne pou-
vaient être que les témoins impuissants de ses ravages.
Les commissaires de l'assiette, eftrayés de la responsabilité qui pèserait sur
l'administration diocésaine, si l'on n'arrêtait pas à l'origine ce redoutable
débordement, allèrent conférer avec le baron de Cadignan, avec les officiers
8<. préposés placés sous ses ordres, afin d'arrêter de concert les mesures les
plus énergiques. Tous furent d'avis qu'il ne suffisait point d'assommer les
bêtes malades, fut-on même assuré de le faire à l'apparition des premiers
symptômes. L'expérience l'avait démontré : un seul animal frappé mettait en
péril une étable entière. Quelquefois la contagion était lente à se déclarer.
Pendant des jours, des semaines, jusqu'à des mois, le germe fatal demeurait
inerte : la confiance renaissait, trop souvent aussi l'imprudence; 8<, tout d'un
coup, le mal faisait rage, comme animé d'une force nouvelle. L'unique res-
source était donc de recourir au procédé radical que le gouvernement avait
autorisé & subventionné dans une partie des diocèses de Rieux, d'Aucb, de
Lectoure, de Tarbes, dans ceux de Lombez &. de Comminges & dans la por-
tion gasconne du diocèse de Toulouse, pays que ce rigoureux système avait
nettoyé partout où il avait été applic[ué sérieusement : il fallait abattre immé-
diatement 8< sans exception les animaux sains ou malades de tovites les étables
où la contagion s'était déclarée, afin de couper le mal à sa naissance 6<. de
ne laisser au bétail contaminé aucune chance de communiquer avec l'exté-
rieur.
Dans l'assemblée d'assiette du ig juillet, M. de Besaucèle se fit l'avocat de
cette opinion. Il présenta un tableau éloquent des périls qui menaçaient
l'agriculture de la Province, montra l'urgence d'une résolution, déclara, nu
nom de M. de Cadignan, qu'en moins de luiit jours on ne pourrait plus
sauver la plaine de Revel, ni la montagne Noire; que le colonel était prêt à
faire exécuter l'immolation générale qui lui paraissait indispensable; mais
que, cette mesure étant si grave Se devant atteindre tant d'intérêts, ce chef
militaire ne prendrait sur lui de l'effectuer qu'avec la certitude d'un rem-
bourSement intégral S< sans délai de la valeur des bêtes assommées à tous les
propriétaires d'étables atteintes, offrant d'ailleurs, par un exemple rare de
générosité 8<. de zèle, d'en faire l'avance de ses propres deniers, afin d'assurer
le salut du Languedoc.
Sous l'impression de ces funestes images, très-vivement évoquées dans le
rapport du syndic qui déclarait sans ambages qu'on devait s'élever au-dessus
des règles ordinaires de prudence 81 de circonspection &< ne pas mettre en
doute l'assentiment des États, les commissaires de l'assiette décidèrent le même
jour de requérir immédiatement la mise en œuvre des mesures proposées par
le baron de Cadignan, &(. de payer, aux frais du diocèse, les deux tiers du
1775
I77-J
1:48 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
prix des bctcs assommées, le tiers restant ayant été assuré déjà par la délibé-
ration des Etats. On résolut d'accepter, au taux de cinq pour cent par an les
avances de fonds offertes par le receveur de l'assiette, & l'on pria l'abbé de
Colbert d'en avertir au plus tôt les archevêques de Narbonne & de Toulouse
à qui l'on confierait le soin d'employer leur crédit auprès du roi & leurs bons
offices auprès des Etats, afin d'obtenir le remboursement d'une dépense con-
sidérable intéressant au plus haut degré la sécurité de la Province 8t de la
France entière. En recommandant aux propriétaires de ne point hésiter à
faire un sacrifice inévitable au diocèse, au salut du peuple S<. à leurs propres
intérêts, les commissaires de l'assiette annonçaient le payement immédiat de
la valeur totale, 8c une action tellement prompte que les bestiaux abattus
pourraient être renouvelés assez à temps pour ne point laisser souttrir les
cultures de l'année '.
Le baron de Cadignan, qui n'attendait qu'un signal, se mit aussitôt à
l'œuvre; des milices bourgeoises, volontairement formées, prêtèrent main-
forte & suppléèrent à l'insuifisance des troupes, en attendant l'arrivée de ren-
forts, Se l'hécatombe fut commencée. Lorsque les propriétaires du bétail
sacrifié vinrent, suivant les conventions, en recevoir le prix, le subdélégué
de Toulouse, Raynal, fit connaître qu'il avait reçu ordre de l'intendant de
ne point pa) er le tiers des bêtes saines. Cette déclaration jeta l'alarme dans
le public, dont la bonne foi paraissait trompée. On craignit que les résis-
tances, déjà bien vives, n'en fussent encouragées, 8c par une seconde délibé-
ration, prise le 18 août, les commissaires de l'assiette, voulant à tout prix
assurer le succès d'une opération qui leur semblait essentielle, résolurent de
faire encore cette nouvelle avance sur les tonds du diocèse, sauf à redoubler
d'insistance auprès des deux archevêques pour faire ratifier par les Etats une
décision qui était la conséquence inévitable des engagements antérieurs.
Sous l'étreinte du mal qui devenait chaque jour plus pressant, quelques
communes de la région songèrent alors à se protéger elles-mêmes 8c àformcr
autour de leur territoire leur propre cordon sanitaire. Montgiscard, Deymc,
Pompertuzat organisèrent des gardes bourgeoises; Mauremont, Peyrens,
Varennes, Puybusque 8c Montgaillard, adoptèrent en assemblée municipale
un règlement de salubrité 8c constituèrent une pénalité pécuniaire pour châ-
tier les contrevenants.
Le Parlement de Toulouse approuva, le 27 septembre, ces diverses délibé-
rations. Il autorisa les communes à rassembler leurs habitants pour veiller
nuit Se jour sur leurs environs 8c défendre leurs avenues, décida qu'il serait
nommé des commissaires par les seigneurs locaux 8c par les consuls, pour
diriger tous ces mouvements, donna vingt-quatre heures de délai après som-
mation à chaque habitant pour se conformer aux ordres des commissaires,
punissant la première insoumission d'une amende de cent sols, 8c la récidive
de la prise de corps 8c de la prison. En outre, sur les réquisitions de M. de
' Archives de In Ha\ite-Garonnc. C. 838. Diocèse de Toulouse.
LIV. V. LOU!S XVI ET LA REVOLUTION. ï:49
Parazols, procureur général, la Cour voulant faire participer toutes les com-
munes du ressort au bienfait des mesures de prudence déterminées par quel-
ques-unes de celles de Lauragais, fit afficher un certain nombre de recom-
mandations pratiques. Outre les précautions ordinaires de propreté, d'aération,
d'isolement, ellç ordonnait aux campagnards de ne point donner retraite aux
marchands colporteurs, chaudronniers, vagabonds, mendiants, ou autres per-
sonnes de cette espèce, à peine de vingt-cinq livres d'amende, l'expérience
ayant démontré combien était périlleuse la fréquentation de ces gens qui
passaient fréquemment la nuit dans les étables S< qui transportaient le germe
du mal avec eux. Elle défendait en outre aux maîtres-valets de quitter leurs
maîtres ou d'aller se louer en dehors des cordons sanitaires, pendant toute la
durée de la contagion, punissant leurs émigrations illicites d'une amende de
deux cents livres.
Cependant le nombre d'hommes mis à la disposition du baron de Cadi-
gnan était beaucoup trop faible pour suffire aux exigences d'une aussi pénible
besogne. On demandait à grands cris des renforts qui n'arrivaient point. Le
vieux comte de Moncan, paisible en son quartier de Montpellier, taxait les
rapports d'exagération 6t n'envoyait personne. Le 5 août, l'abbé de Colbert
lui écrit une lettre désespérée :
« Les nouvelles que nous venons de recevoir ce matin, lui disait-il, nous
« donnent les plus vives alarmes; nous tremblons pour les bords du Girou,
<i de l'Hers, pour la plaine de Revel, la montagne Noire & le pays de
« Castres Avec deux cents hommes de plus, nous préviendrions ce
« malheur... Mais ces deux cents hommes nous manquent... C'est h vous,
« monsieur le comte, que nous avons recours; le salut de la Province est
« entre vos mains; vous pouvez, sans perdre un instant, nous envoyer deux
«1 cents hommes du régiment de Bourbon qui est à Béziers... j'ose dire qu'il
<i n'y a aucune raison, aucun arrangement qui ne doive céder, quand il
« s'agit de sauver la Province & peut-être le royaume. Au nom de Dieu
Il donc, monsieur le comte, venez à notre secours... Un refus compromettroit
« le salut du peuple, &. si les malheurs que nous craignons arrivoient, vous
«1 en seriez responsable. Voilà ce que le danger présent, voilà ce que l'intérêt
<i du roi, de la Province, du royaume £< de votre propre gloire m'engage à
« vous représenter'. »
M. de Moncan ne se troublait pas; d'ailleurs, à Montpellier, on croyait
tout fini; le marquis de Montferrier, syndic général, qui alla auprès du
commandant joindre ses propres instances à celles de labbé Colbert, n'en
obtint qu'une réponse évasive. M. de Moncan pensait qu'on exagérait un
peu la chose; « il manquoit de troupes, il prendroit les mesures qui lui
« paroîtroient convenables pour le bien du service. » On se désolait de cette
froideur. L'abbé de Colbert conjurait M. de Saint-Pricst de « réchauffer ce
' Copie de la lettre de M. l'abbéde Colbert à M le comte de Moncan, commandant en Languedoc.
Archives de la Haute-Garonne
XIII. 79
1770
1773
ii5o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« vieillard » sur les dangers de la Province, sans trop compter lui-même sur
le zèle de l'intendant, dont il craignait que le diocèse n'eût froissé l'amour-
propre en ne le nommant pas dans sa délibération, ou que Pvaynal n'eût pré-
venu l'esprit par un rapport désobligeant".
Une fois que l'épizootie, défiant les sentinelles militaires, se fut implantée
sur la rive droite cîe la Garonne, elle y eut bientôt fait des progrès rapides.
Trouvant devant elle un pays ouvert, de larges vallées, des prairies souvent
immergées par les grandes crues printanières, & ce tapis de pâturages qui
s'étend depuis l'embouchure de l'Hers jusqu'aux premiers contre-forts de la
montagne Noire, elle ne tarda point à infecter nombre de paroisses, 8c le pays
le plus riche en bestiaux se trouva naturellement le plus maltraité.
Aussi les demandes de secours atHuaient à l'archevêché. Les promesses cha-
ritables que M. de Brienne avait adressées à ses diocésains & que la presse
politique du temps venait de faire connaître à toute l'Europe, durent se tra-
duire en réalités. Si pressants furent même alors les besoins des peuples, qu'il
fallut établir pour ce genre d'assistance la périodicité d'un service régulier.
Une circulaire imprimée, expédiée à tous les curés & vicaires du diocèse, leur
apprit qu'il n'était pas possible de suffire au règlement successif des demandes
journalières, Se leur enjoignit de transmettre, chaque semaine, au palais
archiépiscopal, un état d'ensemble détaillant le total des bêtes saines Si ma-
lades de la paroisse avec la valeur d'estimation, le nombre des bêtes assom-
mées, en distinguant les saines des autres, la distinction des propriétaires, des
métayers Si des maîtres-valets, en indiquant soigneusement la part qui reve-
nait à chacun dans la propriété, Se enfin le degré d'aisance ou de nécessité
de chaque famille 6< la note des particuliers qui avaient essayé des remèdes
préservatifs 8c curatifs.
Les personnes nécessiteuses, comprises dans cet état, étaient pa}ées par
mandat hebdomadaire, pour chaque paroisse, sur le receveur de l'archevêché^.
En présence du fléati toujours menaçant, Se dont les terreurs populaires,
encore si puissantes dans les campagnes, exagéraient encore les résultats, les
rédacteurs d'arrêts du Parlement de Toulouse ne se décourageaient point.
Le 2 septembre, M. de Lamote fit un long rapport à la cour sur l'état de
l'épidémie. Il constata que le mal poursuivait ses ravages dans le ressort du
Parlement, 8c continuait à se communiquer d'un lieu à un autre, « malgré
« la vigilance des militaires en grade supérieur chargés de cette partie dans
« plusieurs provinces, 8c l'exactitude des troupes placées sous leurs ordres; a
il signale le danger que présentaient les marchés, les foires, les dépaissances
communes en facilitant la communication du venin mortel, £c proposa toute
une série d'articles prohibitifs qui turent adoptés par la cour :
Défense aux habitants du pays enfermés dans les cordons sanitaires de
mener leurs bêtes à grosses cornes dans les pacages Se abreuvoirs communs,
■ Lettre de l'abbé de Colbcrt, du 18 août 1775. 'Archives de la Haute-Garonne, C. Avis à Mes-
II accuse le •< cliipoticr Raynal » de faire une sieurs les curés & vicaires du diocèse de Toulouse,
diliîcultc qui ne vient pos de M. de Saint-Priest. A Toulouse, le i''' septembre 1773.
LIV, V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. i25i
chaque tête de bétail devant être retenue dans les limites du terroir de sa
métairie; défense générale de mener les bestiaux dans la grande prairie qui
s'étend sur la rive droite de l'Hers, depuis Montaudran jusqu'à Baziége;
ordre de dénoncer les cas d'épizootie aux consuls, sous peine de vingt-cinq
livres d'amende. Le Parlement renouvelait ensuite diverses injonctions déjà
contenues dans les arrêts du conseil ou les ordonnances de l'intendant. Il
fixait à dix pieds la profondeur obligatoire des enfouissements, punissait
d'une amende de cinquante livres quiconque négligerait de purifier les har-
nais ou les étables, 5<. condamnait aux galères quiconque oserait déterrer les
bêtes mortes Se les écorcher. On interdisait aussi de vendre ou échanger les
bêtes à corne Se à laine hors du territoire surveillé 8c de faire entrer ou sortir
des cuirs non tannés, des peaux non préparées, des laines non lavées. La
défense d'introduire des bœufs dans les foires Si les marchés terminait cette
longue série de prohibitions.
Les tueries ne faisaient d'ailleurs pas plus d'effet que les arrêts du Parle-
ment. Elle servaient même de prétexte à beaucoup d'abus. D'abord il n'était
pas possible d'empêcher les essais de remèdes, comme on l'avait espéré. Ce
n'est jamais à l'apparition du fléau que les propriétaires de bétail en don-
naient avis au préposé. Ils commençaient par épuiser tous les procédés empi-
ri([ues 8c tous les prétendus régimes curatifs que l'on inventait chaque jour,
èi ne se conformaient à l'ordonnance qu'après plus d'une semaine de maladie,
lorsque l'animal avait à peine la force de se laisser traîner sur la fosse où il
allait être abattu. De cette façon, le sacrifice qui aurait dû, pour devenir
efficace 8c arrêter la contagion, être presque aussi foudroyant que le mal lui-
même, n'établissait plus qu'une barrière incertaine, 8c ne prévenait plus l'in-
vasion de nouveaux quartiers. Aussi la dépense augmenta-t-elle avec une
progression redoutable. Au début des opérations, on croyait n'avoir à vider
ainsi que sept ou huit métairies; mais la peste continuant à s'étendre à
mesure que l'on tuait, il arriva qu'en fort peu de temps on eut assommé huit
cents bêtes Se employé plus de cent mille livres. Sur certains domaines, une
seule bête malade en faisait égorger quinze ou seize qui ne l'étaient pas, au
grand préjudice des champs condamnés à demeurer en jachère. L'avidité des
agriculteurs leur suggérait même un genre de fraudes fort imprévu. Jl était
impossible d'obtenir que les experts, toujours prodigues du trésor public, ne
fissent des estimations exagérées. Dès lors on vit des propriétaires introduire
volontairement la contagion dans leurs étables pour s'assurer par là une
indemnité supérieure à la valeur vraie du bétail. Les frais de l'opération
étaient si considérables que le receveur du diocèse, après avoir fait, selon ses
offres, une avance de cent mille livres, n'avait plus un sol dans sa caisse 8c
n'en pouvait plus trouver sur son crédit. II ne restait d'autre ressource que le
fonds des impositions où l'on n'osait guère toucher, 8c qui promettait bien
des lenteurs, la misère publique augmentant les difficultés de la perception.
Au commencement de septembre, les lignes du camp se trouvaient percées
dans toutes les directions; celle du canal par Pt)mpertuzat, Montbrun £c
i77i
'775
1252 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Montgiscard ; celle du front par Sainte-Colombe ScTarabelj celle du Girou
par Verteil, Bonrepos & Gragnague; celle du chemin d'Albi par la Cornau-
dric, Saint-Loup &. Montberon ; des cas venaient même de se déclarer à trois
grandes lieues du cordon, dans six ou sept étables de Saint-]ory, où une paire
de vaches, furtivement amenées de la Cornaudric, avaient introduit la con-
tagion.
L'administration diocésaine fut alors justement épouvantée de l'étendue
croissante du territoire atta{[ué. C'était une circonférence de plus de vingt
lieues, comprenant les riches pacages de l'Hers & du Girou, circonférence
indécise & flottante, dont le tracé ondoyait à chaque nouvelle attaque. On
reconnaissait avec eftroi que pour enclaver exactement tout le pays malade,
il faudrait porter les troupes sur la Garonne, depuis Pinsaguel jusqu'à la
pointe de Moissac, suivre le Tarn Se l'Agout jusqu'à Lavaur, établir un cordon
à travers les terres de Lavaur à Mirepoix, emprunter le cours du grand Hers
de Mirepoix à Cintegabelle, & celui de l'Ariége de Boulbonne à Pinsaguel;
pour protéger la plaine d'Auterive, le Conserans, le pays de Foix, il faudrait
encore continuer les postes de la Garonne jusqu'aux Pyrénées. Un corps
d'armée tout entier eût été à peine suffisant pour un pareil développement
de lignes, & l'on ne pouvait pas compter sur deux régiments complets.
Le 7 septembre, l'abbé Colbert & le comte de Roquelaure prièrent M. de
Cadignan de trouver bon qu'ils suspendissent, à compter du lendemain, les
réquisitions de massacres qu'ils lui adressaient au nom du diocèse, & de
réserver exclusivement ce moyen pour les étables attaquées de contagion qui
se trouveraient sur la ligne de défense ou en dehors de ce périmètre.
On prit donc le parti de rétracter des libéralités d'une généreuse impru-
dence; le 26 septembre, les commissaires de l'assiette révoquèrent absolument
l'ordre d'assommer, l'épizootie franchissant de toutes parts le cordon'.
Au mois d'octobre, les alarmes devinrent extrêmement vives dans la direc-
tion du diocèse de Lavaur que la plus grande vigilance ne permit pas de
garantir entièrement. Le point le plus compromis fut le pont Crouzet, dépen-
dant du territoire de Sorèze, dans la plaine de Pvcvcl, au pied de la mon-
tagne Noire ^. Le fléau s'y déclara le 4 novembre.
On redoubla de précautions & l'on parvint à paralyser le mal; cinq com-
munes seulement y furent atteintes 8c perdirent trente-cinq bêtes.
L'épizootie montrait, d'ailleurs, dans ses développements, les plus étranges
caprices. Ainsi, malgré la proximité de la Gascogne & du Comminges si
sérieusement infectés, c'est seulement à la fin d'octobre que la maladie fit son
■ Une clés circonst.Ttices qui déienninèrent cette diocèse de Toulouse rejeta une mesure dispendieuse
résolution fut In demande formée par M. de Ni- qui ne présentait plus de garantie, le pays de Ca-
colas de faire assommer quatorze bêtes saines dans raman & les diocèses de Lavaur & de S;ant-Pa-
sa métairie de Tarabel, située en dehors de la poiil, n'étant pas disposés à imiter ces munifi-
ligne où la contagion avait pénétré. Le comté de cences'.
Caraman, contigu à la commune de Tarabel, for- ' Rapport de l'évêquc de Nimes aux Etats. Séance
mant alors une enclave de Guienne, & n'étant pas du 4 mars 1776.
soumis au régime de la province de Languedoc, le ■ Arcliivcs du diocC-se de Toulouse. C. P3S.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. J253
apparition dans le diocèse de Rieux.. Elle commença par attaquer la baronnie
de Bérat, dans la vallée du Touch, où elle fit les ]5lus grands ravages S< se
répandit dans huit autres communes sur la rive gauche de la Garonne; puis,
franchissant la rivière, elle se jeta dans le massif de coteaux qui sépare les
deux vallées de la Garonne 8t de la Lèze. Latrape, iMontaut, Saint-Sulpice
de Lézat, en totalité douze communes du diocèse furent alors éprouvées, &
l'on y assomma deux cent quatre-vingt-quinze bêtes.
L'imminence du danger & la crainte de ne pouvoir empêcher des commu-
nications qui trompaient la plus rigoureuse vigilance, déterminèrent le comte
de Périgord à prescrire une reconnaissance dans toute la région de la mon-
tagne Noire qui avoisinait les plaines infectées. 11 attachait avec raison la
plus grande importance à déterminer d'une façon précise l'état du bétail dans
ces gorges reculées & sur ces vastes plateaux où la contagion serait devenue
irrésistible, si elle était parvenue à s'y créer un foyer.
Cette promenade militaire dura six jours, du 9 au 14 novembre. L'oflîcier
qui la dirigeait, 8t le syndic adjoint du diocèse, à qui une connaissance par-
ticulière du pays donnait le rôle de guide bien informé, partirent ensemble
de Revel, £<. allèrent attaquer par le sud-est ces croupes assombries, hérissées
de blocs de roche 81 tapissées de fougères, par où descendent les eaux vives
de la rigole. Ils visitèrent d'abord tout le versant occidental, dont les ramifi-
cations s'étendent entre Revel & Casteinaudary, traversant Dreuille, Vau-
dreuillc, Lapomarède, Labécède, Verdun, puis gagnèrent la crête de la mon-
tagne par les Cammazes, entre les deux lacs artificiels de Saint-Ferréol 8c de
Lampy, suivirent les hautes régions par Sayssac & Arfons, puis, franchissant
la ligne de partage des eaux, tournèrent à gauche en descendant vers Massa-
guel, par une des petites vallées qui se déchargent dans la rivière de Sor 8c
dans l'Agout; contournant alors en sens inverse le versant septentrional de
la montagne, ils en suivirent les contre-forts dans les territoires de Verdalc,
Dourgne 8c Saint-Chameaux, 8c rentrèrent à Revel par Sorèze, Ils avaient
parcouru environ sept lieues sur les deux faces de la chaîne 8c trois lieues
en profondeur. Chemin faisant, ils pénétraient dans toutes les fermes, les
granges, les métairies disséminées à droite Se à gauche, examinaient les ani-
maux hors des étables, recueillaient les déclarations des paysans, ou se fai-
saient éclairer par le rapport des curés 8c des maréchaux de village sur la
situation des hameaux trop éloignés de leur itinéraire.
Il résulta de ces minutieuses perquisitions que nulle part l'épizootie n'avait
pénétré dans la montagne. Comme cette préservation était trop précieuse
pour ne point chercher à la maintenir à tout prix, on dut alors se préoccuper
d'intercepter efficacement toute communication entre ces solitudes encore
intactes 8c les pays par où pouvait venir l'invasion. Ce fut l'objet d'une étude
attentive de la part des explorateurs. Ils démontrèrent l'utilité de rompre tout
commerce entre la montagne 8c la plaine de Revel, par l'établissement d'un
cordon de troupes sur les bords de la rigole du canal, depuis le pont Crouzet
jusqu'à l'épanchoir du Laudot, ou même, si l'on avait assez de soldats, jus-
177a
iTja
j 25. \ ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
qu'à la cale de Saint-Félix; l'oljjet de cette barrière était d'arrôter les char-
rettes venant des pentes du couchant, par Vaudreuille &c Labécède. Il n'y
avait guère de communications à craindre du côté nord, peu de montagnards
de ces cantons fréquentant la plaine de Revel avec du bétail, mais on jugea
utile d'en interdire l'accès même aux hommes.
Des postes militaires se trouvaient échelonnés depuis Revel jusqu'à Puy-
laurens; on proposa, pour mieux couvrir la montagne, de les déplacer 8<
d'établir la nouvelle ligne au-dessous de Puylaurens jusqu'au pont Crouzet,
afin d'éviter tout débouché périlleux par la forêt de l'Aiguille 8t la gorge de
Sorèzc, &. de forcer les éleveurs de la plaine d'aller se pourvoir de bétail dans
le pays castrais 8c les autres cantons préservés, au lieu d'en tirer du Laura-
gais. Cette précaution était d'autant plus judicieuse que dans ce dernier pays,
par suite du mal régnant, les bœufs se vendaient à très-bas prix, 8c que la
Gascogne avait complètement cessé de fournir les vieilles bêtes de labour
connues dans le pays sous le noms de rouards. Quelques atteintes de conta-
gion signalées à Moulzes 8<. à Nogaret n'avaient pas d autre principe que des
arrivages de troupeaux du Lauragais.
La question des subsistances dans la montagne ne fut pas non plus négli-
gée. Outre les récoltes de seigle de l'année, on y gardait encore la majeure
partie de celles de l'année précédente; mais le maïs, qui ne se cultive point
dans la montagne, tenant une grande place dans l'alimentation des paysans,
il était important d'y en favoriser l'importation. C'est ce que l'on fit en lais-
sant libre la route de Castelnaudary par Saint-Papoul, qui était la plus fré-
quentée. On comptait, pour activer le mouvement de ce côté, sur le réta-
blissement des marchés de Saint-Papoul 8c sur un approvisionnement plus
considérable de ceux de Sayssac 8c de Montolieu, alors presque nuls, dont
on irait chercher les éléments entre Castelnaudary 8c Carcassonne.
I>a rigole étant partout guéaijje donnait peu de sûreté; aussi proposait-on,
faute de troupes assez nombreuses pour former la ligne, d'établir des pelo-
tons à l'avenue des principaux chemins, celui de la Pomarède par où l'on
fermerait les abords de Labécède &c Verdun, celui du pont Crouzet qui
arrêterait les arrivages de Durfort, Arfons 8c Sorèze ; celui de Saint-Fer-
réol qui barrerait le passage aux Cammases &c à Sayssac. On ne se dissi-
mulait point, d'ailleurs, combien de difficultés présentait l'établissement des
postes, à cause de la multiplicité des sentiers qui s'entrecroisent &c dont les
pâtres 8c les chasseurs pouvaient seuls débrouiller le réseau confus. Il était
indispensable de se faire éclairer par des guides sûrs pour le placement des
baraques.
L'officier terminait son compte rendu en signalant au comte de Périgord
les troupeaux de bœufs qui traversaient journellement la montagne allant
vers les plaines du bas Languedoc. Ces animaux, destinés aux boucheries de
Narbonne Se de Perpignan, appartenaient à un fournisseur de Dourgne,
nommé Fabre : on ne pouvait croire qu'ils eussent été tous engraissés dans
la plaine de Revel, peut-être venaient-ils de pays suspects. On les recom-
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION, 1:55
mandait donc expressément k la vigilance du commandant en chef, ainsi que
des consuls de Massaguel, Verdale, Douigne, Saint-Chameaux, Soual Se
Soièze, résidence des principaux éleveurs. Dans le territoire de Saint-Cha-
meaux, il avait fallu faire désinfecter un troupeau de cinq cent trente-huit
moutons de provenance douteuse.
Les craintes qu'avaient inspirées quelques accidents pour la conservation
de la plaine de Revel ne s'étant pas réalisées, il devint possible de simplifier
les mesures militaires en faisant replier tous les détachements qui se trou-
vaient éparpillés dans les nombreux villages des hauteurs du bassin St en
formant une ligne de Puylaurens à Saint-Paulet, à travers dix villages qui
s'échelonnent de demi-heure en demi-heure, d'après la courbure de la plaine
8i qui commandent tous les débouchés du Lauragais; mais, afin de prévenir
les périls particuliers qu'avait révélés la reconnaissance, des instructions
précises 8c formelles turent adressées aux divers consulats de la plaine de
Revel; on leur enjoignit de faire connaître à tous les éleveurs, propriétaires
8c trafiquants de bétail dans quels lieux les achats devaient être autorisés jus-
qu'à nouvel ordre. Les marchés du bas Languedoc, du pays de Castres, de
l'Albigeois 8c du Rouergue leur demeuraient ouverts à condition d'éviter
dans leur itinéraire les cantons malsains. Les approvisionnements de bceufs
8c de moutons leur étaient totalement interdits sur la rive gauche de la
Garonne 6c de l'Ariége, 8c dans tout le pays compris entre Toulouse, Castel-
naudary, R.evel, Puylaurens 8c Lavaur, pays que limitaient au nord le Tarn
8c l'Agout, au sud le grand Hers 8c l'Ariége. Tous les conducteurs de bestiaux
devaient être munis de certificats de provenance authentique, indiquant l'ori-
gine, le nombre, le signalement Se la destination de toutes les bêtes dont la
vérification était confiée aux consuls, en présence d'un militaire. Les mêmes
conditions étaient imposées aux troupeaux qui, après s'être engraissés dans la
plaine, seraient diriges sur les boucheries du bas Languedoc; leur itinéraire
se déterminait d'avance, 8c, partout, sur leur passage, les officiers munici-
paux avaient l'ordre de viser leurs passeports, comme aussi de parcourir fré-
quemment les établcs.
Toute caravane sans papiers était immédiatement arrêtée 8c recluse aux
frais du propriétaire.
Les consuls de la montagne Noire, plus intéressés que personne à éviter
les transits suspects, furent aussi minutieusement catéchisés; on leur pres-
crivit de garder leurs passages avec une extrême rigueur; Se enfin, comme
l'on redoutait les foires qui devaient se tenir à Verdale, Soual 8c Revel,
pendant les mois de janvier 8c de février, 8c oii venaient habituellement
affluer les bêtes k laine du Lauragais, du Toulousain 8c même de la Gas-
cogne, une exacte surveillance fut exercée pour prévenir tous les arrivages
dangereux'.
' Archives du diocèse it Toulouse. Rapport à Noire, les 9, 10, 11, ij, i3 & 14 novembre 1775.
monseigneur le comie de Périgord sur une rccon- Ms, — Précautions que doivent prendre les consuls
naissance faite d« son ordre dans la Montagne des communautés de la plaine de Revel eu on fait
177a
1773
1256 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les difficultés considérables qui gênaient l'exécution des ordres donnés par
le roi pour refouler & anéantir l'épizootie ne naissaient pas toutes de l'inin-
tellieence ou de l'avidité des cultivateurs & de la mollesse des officiers muni-
cipaux. La dissémination des troupes sur un territoire étendu, où les liens de
la discipline semblaient relâchés par l'isolement des pelotons, abandonnés à
eux-mêmes sous la conduite d'un bas-officier, & quelquefois d'un simple
soldat, produisit aussi de graves inconvénients'. Plusieurs cavaliers, perpé-
tuant avec trop de fidélité la tradition des mœurs militaires d'un autre âge,
renouvelèrent, quoique sans violence, k l'égard des habitants des campagnes,
les concussions qui avaient tant de fois excité, dans le siècle précédent, les
gémissements des populations rurales. Des actes de maraude furent signalés
dans beaucoup de communes; & la communication des soldats oisifs avec le
personnel des métairies entraîna, pour la moralité & pour la santé des
familles agricoles, certaines conséquences fâcheuses que la Faculté de méde-
cine de Toulouse se donna la mission de réparer.
En vue d'éviter plusieurs abus, de régler avec précision le service des troupes
au campement 8c de faciliter le règlement des contestations qui s'élevaient
chaque jour, le baron de Cadignan publia, le 17 novembre, en forme de
placard, une consigne générale en vingt-quatre articles^.
Il y déterminait en détail les devoirs des commandants de poste de l'in-
térieur, chargés de veiller à la police des pâturages, à l'isolement des bêtes
saines, à la vérification des étables, à l'enfouissement des animaux abattus, &
les obligations particulières des troupes campées en première ligne, dans les
baraques. Il prescrivait aux officiers de visiter fréquemment les postes Se de
punir les bas-officiers & soldats qui entreraient dans les hameaux ou les
métairies sans permission écrite du commandant de l'arrondissement. 11
défendit d'une manière absolue à tous les chefs de poste de prononcer la plus
légère amende pécuniaire pour faits de contravention ou d'en accepter le
montant, réservant aux officiers, en cas de mutinerie, le droit de faire empri-
sonner les coupables, à charge de dresser un procès-verbal en règle qui lui
serait envoyé. Il se réservait expressément la connaissance des griefs que pour-
raient avoir les troupes contre les consuls, promettant d'en demander répara-
tion k rintendantj mais recommandant aux chefs d'user de la plus grande
modération, afin d'adoucir autant que possible la rigueur des précautions
nécessaires, 8c aux soldats, de ne point se permettre d'insultes envers les
paysans^.
des engrais Je hètail pour les houcheries, afin de loiise aux Etats, le 21 décemtre 177(5, avec quel
prévenir <;ue lu maladie épi^ooti^ue ne s'introduise zèle, quelle intelligence, & en même temps quel
parce moyen dans la. plaine de Revel. Ms. désintéressement, M. le baron de Cadignan s'est
' Annales manuscrites de Toulouse, XI, p. ilo. porté partout où le besoin l'appelait & combien
Consigne générale des troupes campées ou can- il a été utile à cette province & aux provinces
tonnées en première S- seconde ligne, en conséquence voisines. »
des ordres de M. le comte de Périgord. Toulouse. Le prélat vante ég.ilément les services rendus
Imprimerie de noble Pijon. 1775. par M. de Scnecey, lieuteiiant-coionel du régi-
' Il Personne n'ignore, dit l'archevêque de Tou- ment de Bourbon.
LIV. Y. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iiSy
Certaines précautions liygiéniques étaient aussi indiquées : défense aux
hommes chargés de la vérification du bétail de pénétrer dans les étables, les
animaux devant être amenés au dehors pour y être passés en revue; obliga-
tion pour tous les soldats ou gens de corvée qui se trouveraient en communi-
cation avec le bétail de porter sur leurs vêtements un sarrau de toile. Une
prescription spéciale avait trait à cette dernière mesure. M. de Cadignan
recommandait qu'on ne laissât point tourner cet ordre en ridicule, & qu'on
ne permît à personne d'en éluder l'exécution en se drapant d'une façon gro-
tesque, ainsi que l'avaient fait certaines gens qui jetaient sur leurs haljits
une chemise, un peignoir, une nappe ou un drap de lit.
De fréquentes patrouilles devaient être dirigées sur les chemins afin de
surveiller le passage des bestiaux, aucun troupeau ne pouvant circuler sans
permission écrite dans l'intérieur du cordon, 8<. d'empêcher d'une manière
absolue l'entrée & la sortie de bêtes à corne ou à laine à travers la ligne du
camp. La nécessité des cultures devait seule faire autoriser la circulation du
bétail dans le territoire d'une commune, sans jamais franchir les limites du
consulat.
M. de Cadignan exigeait enfin d'être informé de la discipline des troupes
par des rapports réguliers.
Si l'on en croyait le chef du consistoire, rédacteur des Annales de Toulouse,
la bonne volonté du commandant n'aurait obtenu qu'un demi-succès. « Que
« peuvent, s'écrie-t-il dans son langage oratoire, les mesures les mieux com-
ci binées, les ordres les plus rigoureux 8<. toute la sagesse & la prudence des
« chefs contre l'esprit d'indiscipline d'une troupe divisée en petits pelotons
Il dans une étendue de pays immense ' ? «
Tandis que l'autorité militaire opposait au mal un redoublement de
vigilance, M. de Saint-Priest, alors à Toulouse, essayait par des mesures
rigoureuses d'agir sur l'esprit des campagnards £<. d'empêcher le retour d'im-
prudences chèrement payées.
Le 26 novembre, par une ordonnance à laquelle on donna la plus grande
publicité, un métayer de Beaufort, près le pont Crouzet, au consulat de
Sorèze, ayant vendu à un garçon boucher de Revei une vache morte qui ne
présentait pourtant aucun caractère d'épizootie, fut condamné à cinq cents
livres d'amende, ainsi que l'acheteur & le cabaretier qui avait accepté la
viande*.
Le conseil du roi ne pouvait se résigner à voir, par la faute de ses agents
ou par celle des peuples, les efforts & les sacrifices d'une année entière
demeurer sans résultat, 8c moins encore à laisser la contagion, après tant de
mesures onéreuses, continuer sûrement sa marche vers les hauteurs du pla-
teau central.
On résolut donc de mettre k profit l'expérience des erreurs commises, & un
■ Annahi manuscrites Je Toulouse, XI, p. iio. Germain Oiiradou, Pierre Batut & Pierre Albert,
' Ordonnance de M. l'intendant, condamnant du 26 novembre 1775. Toulouse. Pilon.
1770
1775
i:58 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
nouveau plan fut arrêté dont on développa les détails dans un long mémoire
publié au mois de novembre'.
Ce mémoire donnait le résumé des informations recueillies par l'ordre du
roi depuis la fin de l'année précédente, constatait le peu de succès des pro-
cédés cura tifs, les remèdes les mieux indiqués Si administrés le plus sagement
n'ayant guéri qu'un très-petit nombre d'animaux. La communication des
bêtes infectées y était signalée comme la cause unique de propagation; c'est
par là que l'épizootie avait progressé, suivant dans sa marche les gorges des
montagnes, les vallées, les pâturages communs Si les grands chemins; quel-
quefois il avait suffi d'une rivière, sans aucun secours étranger, pour arrêter
l'invasion. Se dans les pays les plus maltraitrésj les étables réellement pré-
servées de tout contact suspect n'avaient éprouvé aucune atteinte.
On n'avait donc rien à changer aux principes qui avaient dicté l'arrêt du
conseil du 3o janvier & inspiré les premières instructions adressées aux com-
mandants militaires 6t aux intendants, mais on était obligé de reconnaître
que les mesures prescrites, complètement justifiées par le succès dans les lieux
où elles avaient été rigoureusement appliquées, n'empêchaient point la per-
sistance de la maladie dans certaines régions 8c même l'envahissement de
nouveaux quartiers. On attribuait ce malheur à diverses causes : aux déran-
gements survenus « par des circonstances étrangères » dans la disposition des
troupes; à l'esprit de mollesse des chefs, égarés par un sentiment de commi-
sération 8< d'indulgence mal entendue qui leur faisait tolérer les plus cou-
pables Se les plus dangereuses contraventions; à la confiance aveugle des
propriétaires en l'efficacité d'une multitude de remèdes; Si enfin à l'invin-
cible obstination d'un grand nombre d'agriculteurs qui se refusaient à croire
à la contagion Se n'avaient point voulu séparer les bestiaux sains d'avec les
malades.
Tous ces obstacles, dont il avait été rendu compte en présence du roi,
n'ébranlaient point sa volonté d'anéantir le fléau Si de préserver le reste de
la France. Les expériences tentées par ses ordres pendant les mois de sep-
tembre, octobre Si novembre venaient de révéler certain affaiblissement local
de l'épizootie en divers cantons anciennement attaqués, tandis que, dans ses
dernières conquêtes, la maladie sévissait avec toute la rapidité, toute la
fureur des premières invasions. On en concluait qu'il ne fallait point se
départir de la rigueur des précautions ordonnées pour garantir les pays
encore intacts. Si que, dans le territoire infecté, le trop petit nombre de
troupes Si la difficulté de les faire agir pendant la saison pluvieuse sans les
exposera des fatigues destructives, ne permettant pas d'entreprendre la désin-
fection totale, il convenait de suspendre l'assommement Si les indemnités
dont on avait tant abusé Si même d'essayer l'expérimentation des remèdes,
' Second mémoire instructif sur Vcxécuticn du Fiance. Publié en novembre 1770. A Toulouse, de
plan adopté par le roi, pour parvenir à détruire l'imprimerie de noble J. -A. -H. -M. -B. Pijon,avo-
entièrement In maladie qui s'est répandue sur les cat, capitoul, seul imprimeur du roi. Place Royale,
bestiaux dans les provinces inéridionaUs de la m DCC LXXV.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. ïîSfj
en se réservant, au printemps, de reprendre les manœuvres militaires Si de
poursuivre le refoulement complet de la maladie.
Pour éviter les lenteurs Se le trouble que le concours de plusieurs autorités
sur le même objet pouvait apporter dans un service dont la célérité Se l'en-
tière uniformité de principes & de vues promettaient seules le succès, le roi
confiait exclusivement l'exécution de ses ordres au maréchal duc de Mouchy,
8c au comte de Périgord , en leur conférant la plénitude des pouvoirs de
général d'armée, S< aux intendants des provinces, autorisés à prononcer en
dernier ressort sur tout ce qui concernait l'épizootie.
Les instructions remises à ces agents du pouvoir royal avaient trois objets
distincts : en premier lieu, les précautions à prendre pour empêcher la maladie
de pénétrer dans l'intérieur du royaume; ensuite, les mesures nécessaires pour
garantir les parties demeurées saines entre la Garonne & les Pyrénées; S;
enfin la conduite à tenir, dans l'intérieur du pays infecté, pour y diminuer,
autant qu'il serait possible, les ravages de la contagion.
Pour préserver l'intérieur du royaume, on en revenait à l'idée de prendre
la Garonne pour limite, ce fleuve formant la seule barrière que l'on ])ût
opposer avec quelque certitude aux progrès du fléau. L'intention du roi était
de ne laisser subsister, sur la rive droite de la Garonne, aucune bête attaquée
de l'épizootie, ni même aucune de celles qui auraient cohabité dans une
métairie avec des sujets malades.
La partie considérable du diocèse de Toulouse située à droite de la Garonne
était signalée avec raison, par le rédacteur des instructions royales, comme
offrant le cas le plus difficile : mais il n'hésitait pas à prescrire une mesure
singulièrement radicale, déclarant ne se pouvoir prendre d'autre parti, dans
une circonstance aussi fâcheuse, que de dépeupler absolument de bestiaux
toute la partie infectée du diocèse de Toulouse, soit en les employant aux
salaisons, soit en les consommant dans les boucheries, soit en les faisant
passer sur la rive gauche, au moins à une grande lieue de la rivière, & de
désinfecter les étables avec le plus grand soin, de façon à créer sur la rive
droite un vide nécessaire k la conservation de toute la France'.
La migration du bétail était donc l'opération ca])itale qui devait être
promptement exécutée dans le diocèse de Toulouse. On recommandait aux
intendants de faire rechercher par leurs subdélégués, dans les territoires de
la rive gauche, des propriétaires qui, ayant besoin de bestiaux pour exploiter
leurs terres ou pour consommer leurs fourrages, consentissent à recevoir de gré
à grô les bœufs émigrants, à la charge d'en payer la valeur entière au bout de
quatre mois, terme assez long pour connaître avec certitude l'étal de santé
'• Cette migration de bestiaux avait été déjà exé- possédaient encore sains &. saufs du bout d'urt
cutée dans deux paroisses de l'Agenois. L'inten- an, d'en payer le prix total; les deux tiers de la
dant de Bordeaux fit passer tout le bétail de U «ommc devant revenir alors au propriétaire pri-
rive droit* à la rive gauche, en payant aux pro- mitif, & le reste au roi qui en avait fait l'avance
priéiairei le tiers de la valeur. Les animaux étaient & qui répondait de la valeur entière si les ani-
remis à des particuliers qui s'engageaient, s'ils les maux succombaient.
•77'^
177;
i:6o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
ou de maladie^ si les animaux mouraient, le roi, qui en demeurait garant
vis-à-vis du premier propriétaire, devait lui en solder la valeur totale. On
ne se dissimulait point combien ce moyen présentait de difficultés 8<. quelle
charge il promettait au trésor public, les bêtes les plus saines, transportées
ain"si au cœur des provinces dévastées, étant fort exposées à contracter le
germe pestilentiel. La vente aux enchères daiis les cantons privés de bétail
semblait offrir l'avantage d'une rentrée plus prompte de partie des avances
faites; mais on recommandait surtout, à cause d'une plus grande simplicité
8t d'une pratique plus facile, de dépeupler le pays en tuant indistinctement
tous les bestiaux.
A cet effet, les munitionnaires de la marine reçurent l'ordre d'établir à
Grenade, sur la rive gauche de la Garonne, à trois lieues au-dessous de
Toulouse, un atelier de salaisons dont les produits, transportés sur barques
jusqu'à Bordeaux, devaient être débités dans les ports pour les besoins de la
navigation 8c du commerce. C'est à Grenade qu'on allait amener, pour les
abattre, tous les bœufs du territoire cerné par les troupes. Un atelier spécial,
placé sous la direction des chefs militaires & des préposés les plus vigilants,
était consacré à la désinfection des cuirs par la chaux; un médecin ou vété-
rinaire, attaché à l'abattoir, vérifiait les viscères de chaque bête égorgée pour
autoriser la salaison ou ordonner l'enfouissement. On laissait d'ailleurs aux
entrepreneurs particuliers la faculté d'établir des ateliers analogues, en se
conformant à toutes les obligations qu'imposaient l'hygiène Si la sécurité
publiques.
Le mode à suivre pour la grande migration du bétail était d'ailleurs soi-
gneusement indiqué par les instructions. Tout en recommandant la prompti-
tude comme une condition de succès, on conseillait d'éviter la précipitation.
Il fallait toujours laisser subsister un cordon de troupes sur la lisière du pays
contaminé, commencer l'opération par les endroits les plus éloignés de la
Garonne, 8c purifier les étables à mesure que le bétail en serait sorti, n'avancer
que méthodiquement vers la rivière après avoir évacué une certaine étendue
de pays, en laissant partout derrière soi un vide exact 8i entièrement désin-
fecté, 8c en faisant la migration par troupeaux distincts afin d'éviter l'encom-
brement. La préoccupation essentielle des agents du roi devait être de ne
rien laisser de suspect sur la rive droite de la Garonne à quelque distance que
ce fût, la moindre négligence pouvant compromettre le succès d'une opération
difficile 8c dispendieuse.
La crainte de laisser subsister dans la ville de Toulouse un foyer rendu
plus dangereux par l'affluence journalière des habitants de tout le pays voisin,
fit juger indispensable de ne souffrir aucune bête à corne dans la ville ni
dans le faubourg, de confiner les dépôts de boucherie hors des murs Se de
fixer aussi au dehors deux ou trois places où seraient déchargées les denrées
arrivées par des charrettes attelées de bœufs. Aucune voiture venant de la
rive gauche ne devait, d'ailleurs, franchir la rivière.
Pour augmenter l'efficacité de la barrière que l'on prétendait établir sur le
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1361
cours de la Garonne, le roi prescrivait en outre de dépeupler de bétail tout
une lisière d'une lieue de large, sur la rive gauche, depuis l'embouchure de
la Baïse jusques à Carbonne ou Cazères, 8t plus haut encore, si la maladie
l'exigeait. Il était interdit, jusqu'à nouvel ordre, d'introduire du bétail dans
le pays évacué, où de fréquentes patrouilles maintiendraient le respect des
ordonnances.
L'importante question des besoins de la culture & du commerce n'était
point oubliée. Le roi continuait les gratifications précédemment accordées
aux gens qui faisaient passer des chevaux ou des mulets dans les provinces
dévastées. Les sommes payées aux propriétaires du bétail émigrant devaient
rendre les achats plus faciles; on comptait aussi sur la spéculation de parti-
culiers qui entretiendraient des chevaux de louage mis à la disposition des
agriculteurs peu aisés; & enfin, on aimait à rappeler que, dans quelques
paroisses de Languedoc, plusieurs seigneurs avaient réuni leurs aumônes
pour acheter une certaine quantité de chevaux & de mulets qu'ils prêtaient
alternativement aux pauvres métayers, 8c l'on chargeait les intendants de
signaler aux personnes considérables de chaque paroisse ce mode de charité
vraiment éclairée, en exprimant la confiance que les Etats se préoccuperaient
surtout des moyens d'assurer l'ininterruption des travaux agricoles.
Outre les mesures déjà prescrites pour défendre la ligne de la Garonne, de
nouvelles injonctions durent en rendre la barrière plus efficace. Il fallut
planter à tous les passages des poteaux où les barcjues demeuraient attachées
pendant la nuit par des chaînes fermées à cadenas dont le commandant du
port le plus voisin gardait la clef. La ligne des troupes fut étendue au cours
de la Garonne tout entier, des Pyrénées à la mer, en tenant les postes plus
serrés entre Cazères ou Carbonne & le confluent de la Baïse, en construi-
sant des baraques le long des berges toutes les fois que les villages destinés
au logement des troupes se trouvaient trop éloignés, 8c en y intercalant au
besoin des gardes de paysans. La partie de la rivière comprise entre Castel-
sarrasin 8c l'Océan était confiée au maréchal de Mouchy, chargé de surveiller
surtout l'Agenais; la partie supérieure, au comte de Périgord qui avait pour
mission spéciale de repousser la maladie sur la rive gauche 8c de l'y main-
tenir.
La sauvegarde des pays sains ou désinfectés, qui formaient de grands îlots
dans le territoire abandonné à l'épidémie, fut garantie par l'établissement de
trois cordons de troupes posés l'un, pour protéger les Landes, depuis Eazas
jusqu'à Dax, en s'appuyant sur la Garonne 8c sur l'Adour; le second, pour
couvrir les vallées des Pyrénées, dans le Bigorre 8c les environs; le troisième
de l'embouchure des deux Nestes jusqu'au Gers, pour garder le pays voisin
du Languedoc.
Dans les paroisses limitrophes dti pays infecté, on essayait d'introduire une
police très-exacte en ordonnant que tous les bestiaux fussent marqués 8c qu'on
leur inscrivit sur la corne la première 8c la dernière lettre du nom de la
paroisse. Des états numériques 8c signalétiques permettraient aux agents.
'77^
\1-JJ
iiGz ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
cliargés de la visite journalière des granges 8<. métairies, de s'assurer avec une
certitude rigoureuse des mutations survenues parmi la population des étables.
Quant aux pays infectés, où les opérations actives devaient être sus-
pendues pendant l'hiver, on y tolérait le traitement des animaux malades,
confiant aux intendants le soin de distribuer dans tous les cantons un cer-
tain nombre de médecins ou d'artistes vétérinaires chargés de répéter les
expériences de Vicq d'Azyr & de réunir les éléments d'une statistique de
l'épizootie avec les observations sur le résultat des procédés curatifs. Une
correspondance hebdomadaire des subdélégués à l'intendant & de l'intendant
au ministre éclairait le gouvernement sur la situation.
Afin de conserver les petites paroisses demeurées intactes au milieu d'un
vaste territoire envahi, ne pouvant y établir des cordons de troupes, on pres-
crivait aux communes d'y pourvoir elles-mêmes 8t d'organiser leur propre
garde. C'est par ce moyen seul que certains villages, cernés par la contagion,
avaient réussi à s'en préserver.
Une dernière instruction avait trait à la désinfection des cuirs. Le nombre
considérable d'animaux abattus en conséquence du nouveau système ne per-
mettait plus d'exiger, comme au début du fléau, que les peaux fussent tailla-
dées, mises hors de service Si enfouies avec la bête. Cette mesure, qui
augmentait la perte, n'était point exécutée & donnait lieu à des fraudes plus
dangereuses. On autorisait donc d'écorcher les bœufs & de traiter immédia-
tement les cuirs par la chaux, cette manipulation, essayée par Vicq d'Azyr en
Guienne, Si pratiquée d'ailleurs dans les tanneries du Béarn , suffisant à
écarter tout danger de contagion. Un ensemble de précautions était arrêté
pour éviter cet inconvénient, la désinfection des peaux étant placée sous la
surveillance directe des préposés qu'on y intéressait par l'établissement d'un
droit Si c[ui devaient constater régulièrement le nombre des ])ièces préparées.
Les nouvelles dispositions, dont le roi prescrivait à ses officiers de pour-
suivre l'exécution avec exactitude 8t rigueur, déclarant attendre de la part de
ses peuples la confiance Se la soumission qu'ils devaient à ses bienfaits & à
ses ordres, & surtout le projet de dépopulation générale du bétail, à droite
de la Garonne, causèrent dans le diocèse de Toulouse une violente émotion.
On reprochait à l'auteur du plan d'avoir fait un travail de cabinet sans
connaître le pays qu'il se proposait de dévaster, de ne pas avoir une idée
juste de la quantité considérable de bétail qui existait encore dans le Lau-
ragais Si dans la temporalité de l'archevêque, de condamner un territoire
immense à demeurer en jachère. Si de créer en même temps sur la rive
gauche, en y faisant refluer tous les troupeaux, une agglomération des plus
dangereuses '.
Un des commissaires de la faculté de médecine de. Toulouse se fit d'abord
l'interprète de ces réclamations Si rédigea un mémoire contre le projet d'as-
sommement. M. de Malesherbes, contrôleur général, écrivit le 28 novembre
' Mémoire litstorK^uc de la malciJic épi^ooitijuc. Ms. Arclilvcs du tlicccse de Tniilouse.
LIV. V. LOUIS XYI ET LA REVOLUTION. I263
pour en décourager la publication. Il reconnaissait que l'ouvrage était rempli
de fort bonnes observations qui pourraient être utiles en d'autres temps; mais
il craignait que cette autorité n'augmentât la résistance des peuples contre
des mesures adoptées par le ministère pour la sûreté de tout le royaume, 8c
il priait l'auteur de faire le sacrifice du désir qu'il pouvait avoir de commu-
niquer ses réflexions au public jusqu'à ce que l'on fût rassuré sur les suites
du fléau '.
Cependant le comte de Périgord, muni de ses instructions, était arrivé à
Toulouse. A cause de la misère publique 8< des motifs de dépense dont le
pays était affligé, le commandant en chef dispensa la ville du cérémonial
onéreux que l'on observait en pareille circonstance. 11 entra en ville sans
aucun appareil ik alla loger à l'archevêché. Deux jours après il prit séance
au Parlement, où il se rendit le lundi suivant, à pied, accompagné de toute
la noblesse, les carrosses fermant la marche; il y fit enregistrer ses lettres
patentes, & revint dans le même ordre à l'archevêché; un repas magnifique
V réunit les plus hauts personnages de la contrée. Déjà, par ses ordres, noti-
fication avait été faite à tous les propriétaires de bétail, sans distinction de
personne, d'avoir à faire conduire leurs bœufs à Grenade où ils devaient être
assommés & salés pour le compte de l'Etat. Le bruit courait à Toulouse que
les viandes seraient destinées à l'approvisionnement d'une flotte équipée par
Louis XVI pour aller, de concert avec les forces navales du roi d'Espagne,
tenter une expédition contre les Etats barbaresques^.
Les commissaires du diocèse profitèrent de la présence du comte de Péri-
gord à Toulouse pour réclamer contre le système radical dont l'application
lui était confiée-*.
Ils lui représentèrent la vaste étendue du territoire d'où l'on prétendait
faire refluer tout le bétail en Gascogne, territoire qui, pour atteindre sans
exception dangereuse tous les points où la contagion avait pénétré, devait
être limité par la Garonne, de Pinsaguel à Castelsarrasin, par le Tarn,
l'Agout, la montagne Noire, le grand Hers &i l'Ariége. C'était une surface de
cent quarante-quatre lieues carrées du pays le plus fertile Se le plus riche en
bestiaux de Languedoc. Le dernier recensement des bêtes à corne dans l'en-
ceinte cernée par les troupes venait de donner huit mille têtes; on savait que
six mille avaient péri. En prenant ce nombre pour base d'évaluation approxi-
mative, on pouvait compter sur plus de cent soixante mille animaux à faire
émigrer; car, pour être certain du succès, il faudrait avancer la ligne de
démarcation jusqu'au pied de la montagne Noire & aux environs de Castel-
naudary.
On signalait au commandant les difficultés pratiques d'une telle opération.
' Mémoire Ittf la mortalité Jei iaufs ifui a Jéyasti • Heures perJuet Je Pierre Barthès, VII, 88-no,
une partie du /laut Langueiloc en lyj à, far M. Car- décembre 177J, janvier 177Û.
dcil, lu à r.issemblée publique du 26 avril 1781. ' Mémoire présenté à M. le comte de Périgord
— Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions par MM. les commissaires du diocèse, le 19 dc-
C- BelUt-Lettrci de Toulouse, I, 2, p. 254. ccmbre 1775. Ms. Archive! du diocèse de Toulouse.
177J
1773
1:64 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Pouvait-on compter sur le bon vouloir des }oopulations gasconnes? Avait-on
assuré la subsistance de ces énormes troupeaux pendant le trajet? Espérait-on
faire vivre un bœuf, de Revel à la Save, avec une botte de foin de dix livres?
Si l'on renonçait à la pensée de placer le bétail chez des agriculteurs, & qu'on
prît le parti d'immoler tous les animaux à Grenade, l'embarras n'était pas
moindre. L'atelier de salaison ne devant consommer que cent cinquante bœufs
par jour, il faudrait donc plus de dix-huit mois pour une opération dont la
promptitude seule pourrait assurer le salut du royaume. Que deviendraient,
en attendant, les meilleures terres du diocèse? Les primes offertes par le gou-
vernement n'avaient point amené de chevaux & de mulets dans les marchés
81 les foires du pays; ceux qui y avaient paru s'étaient vendus au double Se
au triple de leur valeur. Les riches seuls pouvaient y prétendre; quant aux
agriculteurs peu aisés, condamnés à n'avoir que de petits mulets ou des ânes,
comment pourraient-ils, avec d'aussi faibles moyens, labourer ces terres argi-
leuses Se compactes, où la charrue exigeait l'énergie des plus forts chevaux?
C'était pousser le paysan à quitter le pays. D'ailleurs les cultures du haut
Languedoc demandaient un travail constant. Pendant l'hiver &(. le printemps,
c'était le maïs 8<. les grains de mars, pendant l'été 8c l'automne, le blé. 11
aurait donc fallu, avant de commencer l'émigration, avoir un contingent de
chevaux &c de mulets; cette ressource n'existait pas.
Les commissaires du diocèse ajoutaient qu'un moyen aussi désastreux
n'était point indispensable pour éteindre le fléau. Des cordons de troupes
suffisamment serrés, le sacrifice immédiat des étables atteintes ou seulement
soupçonnées. Se surtout l'interdiction des remèdes, sanctionnée par des peines
afflictives, afin d'arrêter ce déplorable système de médications que l'on n'avait
pas eu l'autorité d'empêcher, 8< qui seul perpétuait le mal, atteindrait plus
sûrement le succès désiré de la France entière, sans condamner un pays
fertile à la désolation. Se sans exagérer encore les conséquences du fléau en
faisant périr dix fois plus de bêtes que l'épizootie n'en avait emporté.
Bien que l'on accusât les officiers diocésains d'avoir forcé les chiffres dans
leurs calculs, le comte de Périgord se rendit à l'évidence de leurs représen-
tations Si renonça à l'exécution du plan général. Du reste, on commençait
à signaler une diminution sensible dans les ravages de la maladie. Bien
qu'elle ne cessât point de s'étendre, il semblait que la violence en fût lassée.
Au 26 décembre, le diocèse de Toulouse comptait quatre-vingt-quatre
communes attaquées, dont neuf seulement à gauche de la Garonne; c'étaient
quarante-trois de plus qu'aux premiers jours de septembre'.
Tout en se rendant aux raisons de l'administration diocésaine, le comte de
Périgord craignit que les foyers d'infection qui existaient encore en Laura-
gais ne prissent au printemps un développement redoutable, £<., à défaut de
barrière naturelle pour garantir la montagne, il résolut d'en créer une en
faisant le vide sur toute la lisière du camp par la dépopulation d'une surface
' Rapport de l'évéque de Nîmes aux Etats.
LIV. V, LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iîÔj
d'une lieue de large. C'est à ces proportions que se trouva réduit le plan
!.a'ncral ordonné par les instructions.
Une ligne fut tracée de Verfeil à Montgiscard : elle partait du terroir d'En
Ramel, k l'extrémité du consulat de Verfeil sur la route de Lavaur, longeait
les coteaux du Girou par Banières, cou|)ait la vallée par Vendine & le Bourg-
Saint-Bernard, traversait la Ceillonne par Saint-Anatholy, gagnait Caraman,
franchissait les vallons supérieurs de la Saune 8c de la Marcassonne à Cara-
goudes & Labastide-Beauvoir, obliquait vers Sainte-Colombe & Baziége, &
se terminait au canal par Aiguesvives & Montgiscard. Tracée sur la carte
d'un clocher à l'autre, cette ligne ne donnait guère que quatre ou cinq
lieues; mais en réalité elle en avait huit, à cause des contours très-accidentés
& des angles saillants 8c rentrants que formait le territoire des consulats.
C'était donc en réalité huit lieues carrées de pays à dépeupler complètement
de bétail.
L'émigration commença le 3i décembre 1770 &c fut vivement conduite;
des convois de bœufs s'acheminèrent journellement à travers les coteaux du
Lauragais 8c de la temporalité vers les ateliers de Grenade. Quelques-uns,
mais en petit nombre, furent expédiés à Lombez où des agriculteurs consen-
tirent à s'en charger'. On payait aux propriétaires la moitié du prix. A la fin
de janvier, l'opération était terminée.
On s'était proposé de l'exécuter aussi sur les flancs du camp, en suivant
d'un côté la ligne du canal, de l'autre le cours du Girou 8c de créer une
zone de dévastation sur les deux rives de la Garonne, de Cazères à Grenade.
La seconde moitié de ce programme devait seule être partiellement réalisée;
on l'effectua dans quelques communes situées à droite 8c à gauche de la
rivière en aval de Toulouse^; mais les commissaires de l'assiette renouve-
lèrent leurs réclamations, en s'appuvant principalement sur les nécessités de
la culture Se sur l'impossibilité de remplacer efficacement les boeufs de labour,
la paire de mules se vendant alors douze cents livres, tandis que cinq paires
de bœufs ne se payaient que quinze cents, 8c représentaient le double de
terrain labouré. Quant aux primes de l'État, elles n'avaient produit que le
monopole. Pour cent paires de mules ou de chevaux qui eussent "été néces-
saires dans une commune dépeuplée, on en amenait quatre ou cinq que les
plus riches propriétaires se disputaient à prix d'or, ce qui inspirait aux com-
missaires diocésains la pensée de solliciter la mise à la réforme de quinze
cents chevaux dans les régiments de cavalerie pour subvenir aux besoins de
l'agriculture, proposition qui n'eut point de suite^.
L'abbé de Colbert, au nom de l'archevêque de Toulouse, se chargea de
représenter aux Etats l'inutilité d'une opération aussi onéreuse. Les barrières
naturelles, renforcées de troupes, donnaient des garanties suffisantes; d'ail-
leurs l'épizootie, parvenue à sa période décroissante depuis les premiers mois
' Rapport de l'archevêque de Toulouse aux ' Mémoire historii/ue sur la maUAie épi{00tii)ue.
Ktat» de Languedoc. Séance du samedi 21 dcccm- ' Second mcmoirc au comte de Péripord. J.i li-
bre 1776. vier 1776. Mi. Archives du diocèse de Toulouse.
xiir. 80
'77^
1266 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
d'hiver, paraissait s'éteindre à la fois dans le Lauragais Si sur les bords de la
Garonne '.
L'émigration fut alors suspendue. Elle avait eu lieu dans quarante-huit
communes du haut Languedoc, dont trente du diocèse de Toulouse, quatorze
du diocèse de Rieux, & deux de chacun des diocèses de Lavaur & de Mon-
tauban. Ce fut une dépense de trois cent quatre-vingt mille livres pour
l'État \
Les derniers ravages du mal finirent dans le courant du mois de janvier.
Le diocèse de Toulouse, le plus gravement atteint, conserva pourtant dans
l'intérieur des lignes du camp plus de cinq mille six cents bêtes. La conta-
gion n'en avait pas emporté le double^.
Tandis que les faits que nous venons de rapporter absorbaient l'atten-
tion des populations rurales, une nouvelle révolution judiciaire était venue
anéantir l'œuvre du chancelier Maupeou & rendre à la royauté, à l'esprit de
réforme & aux libertés publiques, les ennemis redoutables dont le hardi
novateur les avait un moment débarrassés.
Un des plus grands obstacles contre lesquels Maupeou se heurta dès la
première heure, ce fut la difficulté de trouver un personnel pour remplir les
cadres qu'il avait créés. Outre le peu de confiance St de respect qu'inspirait
la Cour de Louis XV, la puissance de l'oligarchie parlementaire était si
grande que presque personne n'avait pu prendre au sérieux les changements
apportés au mode de recrutement de la magistrature. Tous ceux qui possé-
daient la science des lois dépendaient plus ou moins de l'ancienne cour, à
part un très-petit nombre d'hommes de mérite formés par le barreau; il avait
fallu, pour remplir les sièges du nouveau Parlement, faire des emprunts au
Parlement supprimé; de sorte que la mise en activité du système se trouvait
confiée aux mains de magistrats élevés dans les mêmes préjugés que leurs
confrères, ayant des intérêts identiques & non moins alarmés qu'eux des
conséquences que la transformation politique, une fois commencée, ne pou-
vait manquer de produire.
Aussi le Parlement Maupeou n'avait-il pas tardé à donner au pays un
étrange spectacle. On vit ces présidents & ces conseillers, installés au palais
tandis que leurs confrères étaient exilés dans leurs domaines, réclamer eux-
mêmes contre certains détails de la réorganisation judiciaire à laquelle ils
devaient leurs charges, solliciter la suppression des conseils supérieurs & le
rappel des magistrats disgraciés.
La cour de Toulouse adressa au roi deux mémoires dans ce sens. Elle sem-
blait presque s'excuser d'avoir, « dans des moments de surprise & de conster-
« nation, suivi le penchant naturel qui la portoit à obéir à son maître; » elle
s'annonçait « revenue à elle-même, attendrie sur le sort de ceux de ses mem-
K bres qui avoient eu le malheur de déplaire au roi, alarmée des inconvéniens
' Procès-verbal d'assiette de 1776. ' Rapport de réréque de Nîmes aux Ktnts.
' Mt-moirci Je l'Académie des Sciences de Tou- Séance du 4 mar» 1776.
'.ouse, I, 2, p. 254.
LIV, V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1267
« que ne pouvoit manquer de produire l'établissement d'un conseil supérieur
« dans une partie du Languedoc. »
La diminution du ressort de la cour était dénoncée comme une humiliation
& un châtiment immérité, comme une « dégradation. » Le partage de la Pro-
vince en deux circonscriptions judiciaires séparées devait, disait-on, introduire
une division de vues, d'intérêts, de jurisprudence, dans une Province dont la
prospérité dépendait de la parfaite union de toutes ses parties.
Les raisonneurs parlementaires allaient jusqu'à conclure que l'autorité
royale elle-même était atteinte de cette diminution, comme si les magistrats
de Nimes ne devaient pas rendre la justice au nom du roi, au même titre que
les magistrats de Toulouse. Ils appuyaient leur sophisme sur cette pensée que
le respect du à la justice souveraine lui est rendu en proportion de celui
que l'on rend aux magistrats. Le conseil supérieur de Nimes ne pouvait pré-
tendre au même respect que celui de Toulouse, & le Parlement de Toulouse
perdait une partie de sa considération dans les sénéchaussées du Puy, de
Nimes Se de Montpellier. Les parlementaires toulousains oubliaient que le
même argument aurait pu être employé contre l'établissement de leur propre
cour, créée au quinzième siècle par démembrement du Parlement de Paris,
Ils daignaient reconnaître que le projet de faire administrer sur place la
justice à ses sujets était digne du cœur du meilleur des maîtresj « mais, s'em-
« pressaient-ils d'ajouter, le bien qui résultera de son exécution n'égalera
(< jamais la somme des maux dont elle sera la source. Pendant cinq siècles,
<< les habitans des trois sénéchaussées n'avoient point vu leurs juges souve-
« rains plus près d'eux. Dans ces temps reculés, les voyages étoient dangereux
« Si pénibles. La beauté des chemins, la sûreté des routes, la commodité des
« gîtes les ont rendus faciles. On vient plus aisément aujourd'hui d'Annonay
M à Toulouse qu'on n'alloit autrefois d'Annonay à Nimes. Le chemin est tou-
« jours très-beau de Toulouse au Puy; de Nimes au Puy, il est impraticable
« pendant six mois de l'année. »
Si la création du conseil supérieur ne pouvait être révoquée, les magistrats
suppliaient au moins le chancelier d'employer ses bons offices auprès du roi
pour que les appels comme d'abus, les affaires de religion, les questions
domaniales, les appels de l'amirauté, des eaux 8c forêts 81 de la bourse de
Montpellier, 8< les causes précédemment commises au grand conseil, fussent
attribués par privilège au Parlement de Toulouse.
« Un des plus beaux droits, disaient-ils, des ecclésiastiques & de la noblesse
« consiste en ce qu'ils puissent être jugés en matière criminelle par la grand'-
« chambre 8c la chambre tournelle assemblées. Ils seroient privés de ce pré-
« cieux avantage s'ils étoient jugés par le conseil supérieur. »
Le Parlement se plaignait ensuite de la suppression de la juridiction spé-
ciale connue sous le nom de table de marbre, autrefois réunie aux requêtes
du palais, 8c d'une partie de la chambre souveraine des eaux 8c forêts, com-
posée d'un président, de six conseillers de grand'chambre 8c de trois officiers
des requêtes; il se plaignait de l'assimilation établie par les appointements
177a
1775
1268 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
entre les officiers des enquêtes Se ceux du conseil supérieur; il se plaignait de
l'avantage donné aux conseillers présidents sur les conseillers de grand'cham-
bre. Les places de conseillers présidents étaient d'ordinaire remplies par des
jeunes gens qui ne faisaient point de rapports, qui ne travaillaient pas chez
eux, dont toute la peine consistait à se rendre au palais à heures fixes Si à
opiner les derniers; au contraire, la grand'chambre était composée de vieux
magistrats qui , blanchis sous le harnais, n'arrivaient à leur siège qu'après
vin p-t- trois ou trente ans de service. Se que l'expérience avait formés. « Ce
« sont eux qui sont spécialement chargés de veiller à la chose publique. »
Un des griefs les plus extraordinaires du Parlement contre l'édit, c'est
l'obligation d'assiduité imposée aux magistrats. Voici les raisons singulières
dont la cour appuie ses reproches. La fortune des magistrats est, en général,
médiocre, S<. consiste principalement en biens-fonds. Cette médiocrité Se
cette nature de biens-fonds obligeaient les propriétaires de passer une partie
considérable de l'année à la campagne. Le long séjour qu'ils y faisaient
diminuait leurs dépenses Se augmentait leurs revenus par les soins qu'ils
donnaient à leurs affaires. « Le nouvel édit les assujettit à une assiduité
<c gênante Se dispendieuse. Leurs terres, livrées à des métayers toujours négli-
« gens, perdront bientôt la fertilité que leur communiquent des travaux
« ordonnés par le maître Se exécutés sous ses yeux. »
Dans son second mémoire, le Parlement revenait à la charge contre le
conseil supérieur de Nimes; il ne pouvait lui pardonner ce qu'il appelait
l'égalité injurieuse des traitements S<. l'humiliation de ses propres membres.
Sans doute, la bonté du roi pouvait bien appeler aux honneurs des sujets qui
ne les avaient pas encore mérités; mais sa justice n'avait jamais infligé des
peines à de loyaux serviteurs dignes de récompense. Une partie des officiers
composant le conseil supérieur de Nimes, placés juscju'à ce jour dans un tri-
bunal sujet à l'appel, avaient paru au Parlement « dignes de sa protection S<.
« de son estime. » Les autres lui étaient inconnus, parce qu'ils étaient étran-
gers aux lois dont on les voyait devenir subitement les ministres. Tous ces
nouveaux juges supérieurs croissaient en honneurs Se en biens. Le Parlement
se trouvait, au contraire, atteint d'une double déchéance.
Les gages modiques de ces officiers, ébréchés encore par la capitation, rem-
placent peut-être la diminution des revenus causée par l'éloignement de leurs
terres : que reste-t-il pour les indemniser des frais de séjour prolongé dans
une grande ville? Après avoir énuméré les difficultés Se les peines de la
magistrature, le Parlement ajoutait :
« Les honneurs Si les biens sont les deux grands mobiles des hommes. Le
« clergé offre les uns Se les autres dans vine paisible oisiveté. La profession
« des armes les présente dans l'éloignement à ceux qu'elle appelle aux dan-
« gers. Le marchand poursuit les biens -. le financier en regorge. Seule de
« toutes les professions, la magistrature souveraine du Parlement n'assure à
a ceux qui s'y dévouent que du travail sans récompense Se des pertes sans
c. dédommagement. Si les épices supprimées étaient peu proportionnées au
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 3169
« travail, elles surpassoient de beaucoup les gages qui les remplacent.
« Exemptes de toute retenue, payées exactement & sans retard, elles indem-
« nisoient au moins des pertes. »
Tant que Louis XV occupa le trône, les remontrances du Parlement reçu-
rent mauvais accueil. Les magistrats toulousains ayant même indiscrètement
insisté pour le rappel de leurs confrères, le chancelier Maupeou leur répondit
que les motifs de la réforme n'avaient pas changé & que, tout en rendant
justice aux motifs qui inspiraient leurs démarches, Sa Majesté verrait avec
plaisir cesser des démonstrations dont le renouvellement aurait chance de lui
déplaire'.
Mais aussitôt que Louis XVI fut au pouvoir, le monde parlementaire l'enve-
loppa, le circonvint, exploita fort habilement l'impression lâcheuse qu'avaient
produite en France les tonnes brutales & despotiques employées pour la dis-
persion des magistrats, présenta la reconstitution d'une oligarchie privilégiée
£<. rétrograde comme l'inauguration d'un régime de liberté. Le rétablissement
des anciens Parlements de France fut résolu.
Deux édits parurent à Versailles, au mois de février lyyS, l'un rappelant le
Parlement de Toulouse antérieur à 1771, l'autre supprimant le conseil supé-
rieur de Nimes.
Le préambule de ces deux actes était très-sommaire & ne s'appuyait sur
aucun principe. Quel principe aurait-on pu d'ailleurs invoquer pour justifier
l'annulation d'une réforme judicieuse, conforme à la raison, louée de Turgot,
louée de tous les hommes qui voyaient clair dans la situation du royaume?
Comment expliquer par des motifs valables ce pas en arrière, ce retour aux
charges vénales?
Le roi se contentait de dire qu'il avait formé le projet de rétablir la magis-
trature dans l'état où elle était avant 1771, 8t que, l'ayant exécuté déjà, dans
plusieurs de ses cours, à la satisfaction de ses sujets, il ne pouvait laisser le
Parlement de Toulouse dans sa situation^. I! ajoutait qu'en accordant aux
peuples de Languedoc le retour de ses anciens magistrats, il donnait à cette
Province une preuve éclatante d'aftection S<. récompensait dignement sa fidé-
lité. Le chancelier Maupeou avait employé à peu près la même formule
dans son édit; ainsi la fidélité de la Province, à quatre ans de distance, était
récompensée par deux actes contradictoires.
Le Parlement de 1771 qui savait quelle violence de haine s'était amassée
dans le cœur des anciens parlementaires, malgré toutes ses démarches, ne
perdit pas de temps pour manifester la plus vive joie. Il se félicita de « voir
« rentrer avec gloire dans le sanctuaire de la justice, ces confrères respecta-
(i blés 8c chers, victimes d'une cabale odieuse, » dont il avait tenu la place
pendant quatre années; il décida, sur les réquisitions de l'avocat général de
Malbois, de célébrer ce grand événement par « une fête patriotique », expres-
' Pièces 'ittsùfieaùves, n. DCCCCXIX, col. zSiS. ' Pièces jatt'ifieatives, n. DCCCCXXV, col. îS^C,
n. DCCCCXXVI, col. 235i & »uiv.
177J
'77^
12 70 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
sion nouvelle, symptôme de temps nouveaux, employée à propos d'une résur-
rection d'ancien régime. Cette tête devait être « le signal de l'union, de la
« concorde & du bonheur. »
L'aristocratie parlementaire de Toulouse, appuyée sur l'innombrable per-
sonnel de gens de loi vivant du palais, ne négligea rien pour donner le
plus grand éclat aux réjouissances publiques du 14 septembre.
Quatre jours avant, l'Université fit chanter une messe en musique avec
Te Deum, donna des vacances à ses écoliers, 8t fonda une messe perpétuelle
en mémoire du grand événement. Le 12, plus de cinq cents étudiants, pré-
cédés d'une musique &. escortés d'un détachement des régiments de Conti &
de Bourbon, se rendirent à l'hôtel du président de Puivert, lui adressèrent
une harangue 8c lui offrirent une « couronne civique n, — autre nouveauté
significative, — ornée de festons 8c de guirlandes, avec les devises ; ob cives
SERVATOS. INTEMERAT/E viRTVTi. De là ils se rendirent à l'archevêché où ils
haranguèrent tour à tour M. de Brienne, le comte de Périgord 8c M. de
Saint-Priest, 8c promenèrent ensuite leur lotig cortège à travers toutes les
rues, où chevauchait un brillant escadron de perruquiers, en uniforme bleu,
l'épée au poing, remplissant la ville de fanfares. Le même jour, on distribua
au peuple quinze cents marques de pain 8c six barriques de vin. A trois
heures, des coulevrines placées sur le donjon du palais tirèrent une salve
pour annoncer l'ouverture des fêtes. Dans la soirée, il y eut feu d'artifice
sur la place du Parlement, toute décorée de pilastres, de lauriers 8c de lan-
ternes. La pièce principale représentait un édifice à quatre faces flanqué des
figures colossales de la Justice, de la Force, de la Paix 8c de l'Abondance^.
Chacun des membres de l'ancien Parlement avait reçu, dans la journée,
une lettre de cachet qui lui enjoignait de se rendre au palais le mardi 14 sep-
tembre, à huit heures du matin.
L'annonce de la cérémonie avait attiré à Toulouse, de toutes les cam-
pagnes environnantes, une foule considérable de curieux. Vers huit heures
du matin, on vit le comte de Périgord 8c l'intendant, commissaires du roi
pour le rétablissement de la cour, se diriger en carrosse vers le palais, pré-
cédés de compagnies franches de bourgeois, l'une en uniforme rouge, l'autre
en uniforme bleu, 8c flanqués de cavaliers de la maréchaussée. Les régiments
de Bourbon 8c de Conti formaient la haie le long des rues. En même temps,
les lourds équipages des parlementaires allaient prendre la file devant l'hôtel
de M. de Puivert qui, en l'absence de M. de Niquet, faisait les fonctions de
premier président. Ce long cortège s'ébranla vers huit heures & demie.
' On lisait sur les quatre faces les inscriptions suivantes :
ADVENTVI FRATRVM FELICISSIMO •
PATRIE; PARENTIBVS RKSTITVTIS •
FIRMAT CONCORDIA LEGES •
DEYS NOBIS H/EC MVNERA MITTIT '
< licui-ds perdues de Pierre Barthcs, Vil, p. 4S.
LIV. V, LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1271
La cavalerie du sénéchal de la bazoche, en uniforme vert galonné d'argent,
ouvrait la marche; celle des appointés, en uniforme bleu, venait ensuite,
puis la troupe des suisses, en uniforme rouge & jaune mi-parti, avec tim-
bales & trompettes. Derrière les voitures des magistrats s'avançaient six autres
carrosses portant les vingt-quatre commissaires nommés par la communauté
des procureurs'.
M. de Saint-Priest, avant d'ordonner la lecture de l'édit, prononça un dis-
cours où il célébrait les louanges du jeune roi qui, placé au printemps de
son âge sur le premier trône de l'Europe, ne s'était point laissé éblouir par le
spectacle de sa propre grandeur. Il vanta la modération du prince qui avait
inauguré son règne en faisant l'abandon du droit de joyeux avènement (k
qui voulait combler les désirs de son peuple en rétablissant les premiers tri-
bunaux dans leur entière splendeur.
En représentant avisé du pouvoir central, l'intendant évita les déclamations
à la mode contre la réforme Maupeou. Il se contenta de dire discrètement
que Louis XV avait cru devoir, pour un temps, faire rendre la justice aux
habitants de la Province par une partie seulement des membres de son Par-
lement, tandis que Louis XVI les rassemblait tous & les regardait comme
une même famille, également pénétrée de respect, de fidélité, d'obéissance 8t
d'amour pour son souverain, & seulement divisée d'opinion jusqu'à ce jour
sur la manière d'en taire preuve.
L'orateur officiel exprima l'espérance que ces sentiments de conciliation 8c
d'amitié seraient communs à toute la cour, 81 que le Parlement répondrait à
la confiance du roi en faisant régner la paix 8c la justice dans ses délibé-
rations.
11 rappela, en quelques mots, la commission opposée dont il avait été
chargé, en 177 i, 8c dont l'exécution avait, dit-il, excité toute sa sensibilité
8c se déclara heureux de n'avoir, dans la présente conjoncture, qu'à notifier
des ordres agréables à tous*.
Les édits lus 8c enregistrés, le défilé recommença dans le même ordre; plus
de quarante carrosses accompagnèrent le président de Puivert en son hôtel,
au milieu des acclamations de la foule. A six heures, il y eut un brillant
festin à l'archevêché, puis un feu d'artifice sur la place Saint-Etienne. On
brûla de la poudre pendant toute la soirée. La Grand'Rue, la place Saint-
Georges, celle de la Bourse, celle de Saintes-Carbes eurent leurs petites
réjouissances particulières. La noblesse donna une fête dans la salle du con-
cert, rue des Théatins. La rue avait été décorée, sur toute sa longueur, de
pilastres, de lauriers, de girandoles 8c de lanternes; on distribua du vin au
public, les sauteurs de l'opéra dansèrent sur la corde, 8; l'on entra à la comédie
sans payer.
Les marchands de la bourse s'associèrent à la joie générale en délivrant
• Pièces justificat. n. DCCCCXXVIII, col. 2355. ' Pucrj /us/.^îcar.Vej, n. DCCCCXXIX, col. 2358.
— Heures perdues Je Pierre Barlhès, VII, p. ^k^.
1770
177»
aussi
fonda
1272 VO ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
tous les pou?'^°""'e'-s ^1" gabelles, au nombre de vingt-quatre; ils firent
frapper six'.d'aïf^"^^ médailles commémoratives. Le chapitre Saint-Éticnne
une rente per^R cFfituelle de cent cinquante livres pour doter une jeune fille
pauvre, au choix du->ilèi/?r^m>er président. L'académie des Jeux Floraux offrit
une Thémis d'argent à 1 à viv^^^^"'' ''e la meilleure ode sur le rétablissement du
Parlement; enfin l'ordre des uissavocats décida l'érection d'un obélisque dans la
salle des audiences destiné à peiî^vefpétuer le souvenir de l'événement'.
Les capitouls dirigèrent, le i8,--. s^une grande promenade de tous les corps
de métiers, suivis des négociants, & J.g^ssistèrent à un nouveau Te Deum, en
présence de la cour, dans l'église de la iu-tj^albade. Le 21, ils tirèrent un 'feu
d'artifice sur la place Royale. On avait élev.j^^g au milieu de cette place un
édicule à quatre faces, peint en camayeu, rehausb.,^«_ d'or &. d'azur, & surmonté
d'une figure de Louis XVI, debout, portant le man.;^^eau royal & le sceptre^
Au-dessous des quatre consoles qui soutenaient le pu /f-destal des masciues
bachiques, ceints de pampres & de raisins, versaient contii "puellement du vin
dans de grandes coquilles où la foule allait s'abreuver. Aux ^i ^ ,uatre anp-les d
la place étaient construits des théâtres, occupés par des musiciens' , ^]^^ acteurs
des montreurs de marionnettes &. des danseurs de corde. Il ne fallt • •. ,^^^ _ '
1 -11 . t 1 1' 1 • 1 -r 1 ^^ 1 '^^ ^^"'
de merveilles pour porter a son comble 1 enthousiasme des loulousa. •„„
Quand la fumée des feux d'artifice fut dissipée 8t que les « aua:usi .„„ .
« teurs; les libérateurs de la patrie, les défenseurs des droits de la na ', •
comme on les appelait, reprirent le cours de leurs travaux, on ne tarda .
s'apercevoir de la grande mystification dont le pays était dupe. M. de ^- ■
• Voici l'inscription de l'obélisque du palais ;
LVDOVlCO XVI
ET rELlCI MAGISTRATVV.M
REDITVI
DIE XVI MARTll MDCCI.XXV
CAVSARVM PATRONl
POSVERE
DIES lEI.E
INSTAR IMMORTALITATIS
EST"
' Bartliès nous a conservé les inscriptions pin-
cées sur la frise & sur les quatre faces de l'édicule.
Sur la frise :
LVDOVlCO XVI.
SENATVI lŒSTITVTO.
DESIDERATIS DIV CIVIBVS.
L.E.TlTI.ï rVELIC/E.
La figure de la Religion, assise sur le trône de
France :
FLAMMAXTr.M VICTRIX CAI.ICEM SN'liLIMlVS Ol-FERT
SEl.UGIO, IllNC RADIOS GAI.I.ICVS DRBIS HABET.
La Justice dans son temple orné de fleurs
SOL ORIENS THEMIDEM RECREAT, LIVOR FREMIT,
DIVERSO GENIVS STEMMATA FLORE TEGrr.
?'Rnis
La Bienfaisance, faisant des largesses au peu^,,
du haut d'un trône fleurdelisé :
•■(.
DIVIDIT E SOLIO BON'ITAS SVA MVNERA GENTI ,_
ET LARGO CORNV COPIA PROMIT OPES.
La Prudence, sous la figure de Minerve, armé',,
de l'égide :
IN SPi;CVLO VVI.TVS RADIOS FRVDEKTIA FIGIT,
jAMaVE NOVVS LODOIX SFIRAT IN ORE DE.E.
Le même chroniqueur a pris la peine de retenir
un distique du Père Darcens, cordelier de la
grande observance, contenant un calembour par
à peu près sur le nom du président de Puivert
(prononcé Pivert, à la façon languedocienne) :
Eripuit viridem Lodoix ex arbore Picum
F'itquc Tolosani piiiiccps avis illa scnajns.
' Annuaire (iJminisIrali/ £■ stdtisli^iic du dcparlcmcnt
<tc la Haute-Garonne, pour l'an 1811 (rédige par .M. Dan-
tigny). A Toulouse, clicz J.-M. Douladourc, impriingur-
librairc, rue Saiiit-Ronic.
Ce distique fut récite par les enfants des petites
classes au président, qui s'en montra fort satis-
fait.
"*1
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1273
Piiest, qui, selon toute apparence, n'en cloutait guère, put bientôt se con-
vaincre que les sentiments d'oubli 8c de réconciliation préconisés dans sa
harangue, répondaient peu aux dispositions de l'ancienne cour. Les magis-
trats réintégrés rentraient au palais avec des rancunes profondes dont l'acri-
monie se manifesta par des pamphlets d'une extrême violence. L'oligarchie
parlementaire avait été si près de perdre l'autorité démesurée, illégitime, dont
elle était redevable à la faiblesse du souverain, qu'elle n'apportait que des
idées de vengeance.
L'emportement de ces passions se révèle avec une véritable rage dans un
écrit qui parut à Toulouse, en 1773, faussement daté de Londres, sous ce
titre devançant les grossièretés de la presse révolutionnaire : Réflexions d'un
citoyen sur la protestation du Parlement de Toulouse, du 3i août l'J'Ji^ aux
J. F. du tripot de Toulouse.
Le « citoyen » accablait le président Niquet d'invectives pour avoir apposé
sa signature au bas de l'acte de protestation, se trouvant déjà désigné par le
roi pour occuper la première place dans le Parlement Maupeou; puis il s'en
prenait à tous les membres de l'ancienne cour qui avaient accepté un rôle
dans la réorganisation judiciaire. Il faut voir sur quel ton le fougueux parle-
mentaire traite ces membres « d'une même famille » dont M. de Saint-Priest
louait les services 81 célébrait la réunion : « Vous n'avez obéi, leur dit-il,
« qu'à la bassesse de votre âme: vous n'avez cédé qu'au vil appât des gages
«' qu'on vous offrait, 8<. plusieurs d'entre vous au plaisir de vous venger sur
« leurs confrères de la destruction des jésuites. »
Il les accusait de « lâche abandon, de trahison infâme, « leur reprochait
de s'être placés dans l'humiliante alternative d'être perpétuellement les instru-
ments ou les victimes du despotisme.
Avec quel accent de mépris superbe le champion de la magistrature vénale
ne parle-t-il pas de « cette poignée de gredins affamés dont on avoit com-
<( posé les conseils supérieurs! » 11 dénonçait l'organisation rétablie comme
« une ignominie. » Les mots d'avilissement, d'intrigues, d'infâmes présidents,
de trahison, d'action déshonorante se pressent dans cette philippique, où l'on
déclare que le nom du chancelier Maupeou ne sera jamais prononcé qu'avec
horreur 8c que sa disgrâce était désirée de tous les gens de bien.
<( C'en étoit fait de la monarchie françoise, si tous les parlemens du
(I royaume avoient fourni au chancelier Maupeou les mêmes ressources que
« celui de Toulouse. »
La conclusion était une invitation directe aux magistrats de la cour inter-
médiaire à quitter leurs sièges.
« Vous avez élevé un mur d'airain entre vos confrères 8t vous; vous ne
V pouvez plus servir aux mêmes séances & dans le même temps, sans être
<i exposés à des mortifications journalières. Qu'attendez-vous donc pour vous
n retirer?... Plus de paix, plus d'union à espérer entre des magistrats dont
n la conduite a été si différente... Vos confrères seroient à chaque instant
<( forcés d'instruire le public qu'il ne doit pas les confondre avec vous, &.
177a
"j""^ 1274 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« le public ne manqueioit pas de vous désigner par des qualifications peu
« convenables à la dignité de votre état... Abandonnez de vous-mêmes des
« places que vous pourriez occuper, mais que vous ne sauriez jamais rem-
« plir... Le seul moyen d'expier votre faute, c'est de vous en punir vous-
« mêmes en vous immolant à l'intérêt public. Soyez assez généreux pour
« remercier le ciel de l'beureuse révolution qui sauve votre pays; pour
« souhaiter que votre humiliation effraye les magistrats qui seroient un jour
« tentés de vous imiter, 8c pour féliciter votre compagnie d'avoir porté dans
u son sein quatre-vingts magistrats plus vertueux que vous'. «
Comment ce-- violences de langage se conciliaient-elles avec la fiction du
respect monarchit^ue dont les parlementaires se disaient les plus inébranlables
soutiens? Elles ne ■'e conciliaient pas du tout, mais elles contribuaient à
discréditer de jour eu iour & le personnel & les institutions de l'ancien
régime; elles faisaient brutalement tomber ce voile qu'un politique de la
Fronde déclarait indispensable pour couvrir les rapports des rois Se des
peuples, elles appelaient l'esprit critique sur des choses que l'on ne pouvait
discuter sans les vouloir détruire; en un mot, sous ombre de sauver 8c de
régénérer la monarchie, elles la précipitaient vers sa ruine.
Après la mort du comte d'Eu, le bruit s'était répandu en Languedoc qu'un
prince du sang royal obtiendrait le gouvernement de la Province. On dési-
gnait particulièrement un frère de Louis XVI, le comte de Provence ou le
comte d'Artois^.
Par lettres patentes du 27 juillet 1775, la grande charge vacante fut donnée
au maréchal duc de Biron.
Le nouveau gouverneur était un vieillard de soixante-quatorze ans. Fils
d'un maréchal de France, Louis-Antoine de Gontaut, duc de Biron, pair du
royaume, colonel général des gardes françaises, était né à Paris le 2 fé-
vrier 1701 ^.
Il avait fait ses premières armes comme colonel de Rojal-Roussillon, puis
du régiment du roi, & s'était brillamment conduit, à la tête de ce derniei
corps, dans la bataille de Fontenoy. Le 26 mai 1745, le roi l'avait nommé
colonel des gardes françaises, & le nouveau commandant s'était si sérieuse-
ment appliqué à l'exercice de sa charge qu'il avait réussi à faire d'une troupe
indisciplinée, insolente Se traditionnellement redoutée des bourgeois de Paris
& de Versailles, le régiment le mieux tenu Se le plus régulier de toute l'armée
française. Sa sollicitude pour ce corps d'élite alla plus loin. Il pourvut lui-
même à l'éducation des enfants destinés à y servir & fonda un hôpital parti-
culier pour les malades'*.
' Bibliothèque de Toulouse, 3/i3!5o, inercin de l'honneur de pnrnître à la cour sous ses
* Heures perdues de Pierre Barthès, VII, p. yp. auspices, le prélat n'eut garde d'oublier le grand
^ Mercure de France. Novembre 1788. œuvre de réforme militaire qui était le principal
^Lorsque, le 25 août 1777, l'évêque d'Alais, titre de gloire du nouveau gouverneur. Après avoir
Courtois de Balore, présenta au maréchal les com- rappelé en peu de mots l'éclat de son nom &. de
pliments de la députation de Languedoc & le re- ses services, il le félicita surtout d'avoir joint à U
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iiyS
Le maréchal de Biron, qui passait pour un homme fort pieux, tenait
cependant un train de maison d'une grande magnificence. Son hôtel, situé
dans la rue de Varennes, était le rendez-vous journalier d'une belle & nom-
breuse compagnie, & les étrangers de distinction que le hasard des voyages
amenait à Paris ne négligeaient guère de paraître dans ses salons.
Retenu à Paris par son grand âge 8t par les habitudes élégantes de sa vie,
le nouveau gouverneur ne s'empressa point de faire enregistrer ses provisions
au Parlement de Toulouse. Aussi dut-il obtenir des lettres de surannation
qui lui furent accordées le 28 juin 1777'.
Le maréchal de Biron conserva le gouvernement de la Province pendant
treize ans, tout en résidant à Paris. Il avait auprès de lui, avec le titre de
secrétaire de ses commandements, un commissaire des guerres nommé Daguet,
qui était chargé de la correspondance générale du gouvernement^.
Nous n'abandonnerons pas l'année iJjS sans rappeler quelques tentatives
de l'administration pour améliorer la navigation fluviale dans le haut Lan-
guedoc.
L'état de délabrement & d'abandon où se trouvait le cours de la Garonne
rendait fort incomplète la communication des deux mers que le canal de
Languedoc avait pour but d'établir.
La chambre de commerce de Toulouse présenta un mémoire aux États
pour exposer la situation de la rivière.
Les naufrages y étaient devenus si communs que les négociants réduits à
y faire voiturer leurs "denrées consentaient des baux d'assurance qui leur
revenaient à deux pour cent. La navigation menaçait même de cesser entiè-
rement, puisqu'on ne mesurait pas plus d'un pied d'eau au point de jonction
du canal Se de la Garonne.
On n'avait jamais pourvu d'une manière suivie à l'entretien du lit 8c des
berges. La partie défectueuse comprenait une longueur de plus de trente
lieues entre Toulouse 8c la Réole. Cet espace se trouvant morcelé entre la
généralité d'Auch 8c la Province de Languedoc, 8t les deux pays ayant des
principes d'administration 8c des officiers différents, il en résultait un défaut
d'unité dans les projets 8c dans les ordres, tout à fait contraire au bien public.
Pour la généralité d'Auch, il existait un arrêt du conseil du i3 janvier 1778
portant règlement de la navigation fluviale 8c prescrivant même une imposi-
tion annuelle de dix mille livres pour frais d'entretien, mais cette mesure
demeurait sans exécution, les fonds insuffisants en étaient absorbés par les
frais de bureau 8c de voyage des ingénieurs.
En Languedoc, le roi accordait depuis plusieurs années, sur le fonds des
indemnités, une somme annuelle variant de quinze à cinq mille livres, pour
prouesse guerrière de nos anciens chevaliers ce ' Archives du Parlement de Toulouse. Éjits &
zèle de la discipline militaire qui ne leur était pas déclarations, LXIII, 17:),
encore connue & qui rendait si recommandable la ' Baour. Almanach hiitori^ue de la province Je
« légion brillante » placée sous ses ordres'. Languedoc,
' Archives nationales, H. 74S-114. A/».
1773
"j""^ 1276 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
les réparations des berges du côté de Languedoc afin de neutraliser l'effet
d'ouvrages nuisibles exécutés sur la rive opposée; mais l'emploi s'en faisait sans
aucune suite, 8<. d'après un système contraire aux intérêts de la navigation.
Les propriétaires du canal se plaignaient que, chaque année, la batellerie
se trouvait gênée par le manque d'eau, surtout pendant le mois d'octobre,
aux approches de la foire de Bordeaux. Ils demandèrent l'autorisation de pro-
longer leurs clayonnages au delà de la barre formée par la jonction des eaux.
Ils réclamaient aussi contre les propriétaires du moulin du Basacle qui, en
fermant le canal autrefois pratiqué entre levas deux îles, avaient contribué à
diminuer la quantité d'eau de l'embouchure'.
Le lit de la Garonne, entre Toulouse St la Réole, partie de son cours où
la navigation avait alors le plus de difficultés, est large & plat, avec un fond
de gravier très-épais que la roche perce de loin en loin. Les propriétaires
riverains s'acharnaient à l'envi, depuis des siècles, à élever chacun pour soi
des ouvrages destinés à rejeter les eaux sur la rive opposée. La rivière ayant
encore, dans cette partie de son cours, un caractère torrentiel fort marqué,
chaque grande crue emportait les travaux défensifs de la berge la plus faible,
& changeait la direction des eaux; ces déplacements du courant se reprodui-
saient avec des alternatives désastreuses, aucun point ne pouvant être fortifié
sans amener la ruine des ouvrages construits en face. De tous ces efforts con-
tradictoires pour la protection des rives, tour à tour annulés par les crues, il
n'était resté qu'un nombre infini de piquets plus ou moins saillants, qui
ajoutaient aux difficultés de la navigation; les eaux ne s'étaient d'ailleurs
jamais creusé un nouveau lit sans découviirdes bancs de rochers, transformés
en autant d'écueils. A ces obstacles s'ajoutaient les moulins à nef, placés par
les propriétaires au milieu du courant, de façon à barrer complètement le
passage dans les eaux les plus vives & les plus profondes.
Pour remédier à ces inconvénients, il paraissait chimérique d'entreprendre
l'alignement de la Garonne & de resserrer ses eaux par des ouvrages con-
tinus, sur ce large fond de gravier où elle a coutume de promener ses caprices,
8<. dont la possession était si avidement disputée par les riverains.
A la suite d'un rapport de M. de Lafage, syndic général, qui recommandait
le mémoire de la chambre de commerce à l'attention des États, l'assemblée
diocésaine rédigea un projet en six articles, sur la proposition de l'archevêque
de Toulouse :
1° Elle demandait, vu l'insuffisance du régime en vigueur & celle des
fonds alloués par le roi, que l'entretien de la Garonne, dans le territoire de
Languedoc, fût à la charge de la Province;
2° Qu'un fonds annuel fût fait dorénavant par les États, en commençant
par quinze mille livres pour les ouvrages nécessaires à l'embouchure du canal ;
il 3° Que les commissaires du haut Languedoc en fissent dresser le devis
laussitôt après la fin des Etats ;
' Procès-verbal des États. Séance du i5 décembre 1774.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1^77 '
4° Que le directeur des travaux publics étudiât le cours de la rivière dans
tout le territoire de Languedoc, & sur les deux rives, qu'elles appartinssent
ou non à la Province, avec prière au roi de lever les entraves administratives,
s'il y en avait;
5° Que pour empêcher les riverains de nuire au succès de l'entreprise, on
arrêtât un règlement général de la navigation, contenant à la fois les obliga-
tions réciproques des propriétaires 8; les prescriptions de police qui en garan-
tiraient l'accomplissement;
6° Enfin qu'on priât le roi d'étendre les mêmes précautions au cours infé-
rieur de la Garonne, afin que les eftorts des Etats ne fussent pas rendus
inutiles & la communication des mers interrompue par l'inertie des autres
provinces.
M. Garipuy, directeur des travaux publics, déjà cliargé des travaux du
canal, se vit confier le soin de vérifier l'état des lieux Se de réunir, d'accord
avec les syndics généraux, tous les éléments de l'information'.
Le contrôleur général, avant de statuer, envoya sur les lieux M. de Voglie,
inspecteur général des ponts 8c chaussées, pour faire la visite de la Garonne,
de concert avec M. Garipuy que les Etats avaient chargé de la navigation.
L'inspecteur vint à Toulouse à la fin du mois de septembre 1773, Jk pressé
par d'autres occupations, n'eut que le temps de voir les cartes que M. Garipuy
avait fait lever du cours de la Garonne depuis Toulouse jusqu'à l'embou-
chure du Tarn. Pour ne pas retarder l'entreprise, les deux ingénieurs passè-
rent une convention provisoire, sous le bon plaisir du ministre & des Etats,
en attendant les résolutions qui devaient être prises par suite de la visite
générale.
Cette convention portait qu'il serait levé des cartes de la Garonne pour
toutes les parties de son cours qui en étaient encore dépourvues;
Que les ouvrages à faire, dans le lit du fleuve ou sur ses bords, voulant
être conçus d'ensemble, devaient être dirigés par la même personne, sous la
même autorité Si payés sur une caisse unique;
Qu'en vertu de ce principe, on diviserait le cours de la Garonne au-dessous
de Toulouse en trois départements : de Toulouse au Tarn, — du Tarn à
Port-Sainte-Marie, — de Port-Sainte-Marie à l'Océan, ces trois départements
répondant aux limites du Languedoc & des généralités d'Auch £<. de Bor-
deaux;
Enfin, que l'ordre à établir exigeant du temps, 8c la navigation se trouvant
entravée entre Toulouse 8c le Tarn par quelques passages dangereux, M. Ga-
ripuy ferait exécuter par provision les travaux indispensables, sans préjudice
des résolutions ultérieures.
Une ordonnance du roi, préparée par le comte de Saint-Germain, établit
une répartition plus exacte Se mieux proportionnée dans la distribution ties
gouvernements 8c commandements de place. Le roi avoit, « dit le préambule,
' Procès-verbal des Etats cle Languedoc. Séance du 5 janvier 1775
1770
1776
"[""^ 1:78 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« remarqué, que dans les emplois d'un même ordre, ceux du plus grand
(1 produit ne sont pas toujours les plus importans, ni ceux qui exigent le plus
« de représentation & de dépense de la part des officiers qui en sont pourvus,
« & que plusieurs de ces emplois réunis sur une même tête, étoient devenus
« le partage d'un seul, tandis qu'ils auroient dû être la récompense Se opérer
(i le bien-être de plusieurs. «
Ces diverses charges « étant des grâces militaires qui, en prouvant la con-
« fiarice du prince ajoutent à la fortune èi. augmentent la considération, ces
« grâces dévoient être la récompense des talens, des longs services & des
Il actions distinguées, 81 en les divisant en différentes classes, on établiroit
<( des limites aux prétentions, 8c formeroit des objets d'émulation pour les
« différens grades de l'état militaire. Convaincue, d'ailleurs, que toutes les
« parties de l'administration doivent avoir des règles fixes, Sa Majesté s'est
« déterminée à en prescrire à sa bienfaisance même. »
Le nombre des gouvernements génératix de province demeura fixé à trente-
neuf, dont dix-huit à soixante mille livres 8c vingt 8c un à trente mille livres.
Les premiers ne pouvaient être accordés qu'à des maréchaux de France j
les seconds à des lieutenants généraux.
La Province de Languedoc, étant une des plus grandes du royaume, se
trouva naturellement comprise dans les premiers.
Aux gouvernements généraux furent réunis plusieurs gouvernements par-
ticuliers dont l'inutilité était reconnue.
On n'en laissa subsister que cent quatorze pour toute la France, dont
vingt-cinq de première classe à douze mille livres, vingt-cinq de seconde à
dix mille, 8c soixante-quatre de troisième à huit mille. Ces places ne pou-
vaient être données qu'à des officiers généraux, sauf que celles de troisième
pouvaient être accordées à des officiers ayant obtenu le grade de brigadier
après de longs services.
Pour les lieutenances générales 8c lieutenances du roi dans les provinces,
il fallut avoir le grade de lieutenant général des armées.
Il fut établi invariablement cent soixante-seize de ces charges, trente-cinq
de première classe ayant de six mille à seize mille six cents livres d'appointe-
ments, &c cent quarante 8c une de deuxième, de deux à six mille. Il fallut être
maréchal de camp ou brigadier pour la première classe, lieutenant colonel,
major ou capitaine de grenadiers pour la deuxième.
Pour être major ou aide-major, on dut être au moins capitaine.
La suppression devait être obtenue par extinction des titulaires ou par
démission. Les commissions en survivance étaient respectées, mais le roi
déclarait n'en vouloir plus accorder.
Le même officier ne pourrait plus posséder deux gouvernements ou em-
plois.
Les pensions accordées sur les emplois d'état-major ne devaient plus être
payées par les officiers mais par l'État 8c il n'en serait plus donné.
Pour les gouvernements dont les appointements devaient être augmentés,
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1279
ils ne seraient remplis que quand l'économie résultant de la suppression
des autres fournirait le fonds nécessaire.
Le nombre des gouvernements particuliers de Languedoc fut fixé à huit,
dont un de première classe à Montpellier, quatre de seconde à Aigues-mortes,
Alais, fort Brescou Se Cette; cinq de troisième, à Sommières, Nimes, Pont-
Saint-Esprit, Saint-Hippolyte & Narbonne; enfin il j eut trois simples com-
mandants au fort de Peccais, au château de Saint-André de Villeneuve-lès-
Avignon 8c au château de Ferrières.
Le nombre total des officiers de l'état-major des places en Languedoc fut
de trente-six, y compris le gouverneur général. Les places de Montpellier,
Narbonne 81 Nimes en avaient cinq (gouverneur, lieutenant de roi, major,
aide-major, 8c sous-aide-major). Celles de Pont-Saint-Esprit, Alais 8c Cette
en avaient trois : lieutenant de roi, major 8c aide-major.
Aigues-mortes, Sommières, Saint-Hippolyte 8c le fort Brescou d'Agde
n'avaient chacune qu'un gouverneur 8c un major.
La dépense totale des traitements de l'état-major des places en Languedoc
s'éleva à cent quatre-vingt-neuf mille cent livres.
Les grandes réformes économiques de Turgot, qui font de l'année 1776 une
date mémorable dans l'histoire du développement national, heurtaient d'une
façon trop directe les habitudes invétérées 8c l'amour de domination des corps
officiels de la Province pour n'en être pas accueillies avec une défaveur mar-
quée. En supprimant les maîtrises 8c jurandes, le ministre de Louis XVI
licenciait toute une armée de petites corporations que les municipalités
locales 8c le Parlement de Toulouse s'étaient accoutumés à régenter, à faire
marcher à leur gré, 8c que les personnages influents considéraient comme une
véritable clientèle. La pensée de voir le travail libre, disséminé sur tous les
points du pays. Se les travailleurs de tout ordre noyés dans la masse des habi-
tants, sans pouvoir les saisir, les haranguer, les armer de bannières 8c les
poussera la suite des cortèges dans les occasions solennelles, paraissait odieuse
aux magistrats. 11 avait fallu que le roi tînt un lit de justice pour faire enre-
gistrer l'édit qui affranchissait le travail des entraves 8c des servitudes inven-
tées par les maîtres privilégiés, 8c l'on voit, d'après des témoignages contem-
porains, que la réforme était reçue avec beaucoup de scepticisme.
A Toulouse, il se produisit un cas singulier. A l'occasion de la procession
du 17 mai, laite en mémoire des événements de 1662, les gens de métiers
crurent pouvoir s'autoriser de l'édit de suppression des maîtrises pour refuser
de figurer dans la cérémonie, avec des pavillons 8c des cierges, 8c de porter
les châsses de Saint-Sernin. Mais le Parlement intervint 8c rendit un arrêt,
le i5 mai, enjoignant à tous les bayles des corporations ouvrières de se rendre
à huit heures du matin, le jour de la fête, dans l'église de l'abbaye, pour y
recevoir les cierges fournis aux frais de la ville 8c les reliquaires, 8c de faire
le transport des châsses à travers les rues, selon la louable coutume. La même
obligation leur fut imposée pour la fête de Pentecôte.
Les mémoires du Toulousain Barthès, que nous avons fréquemment cités
1776
'77Û
i28o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
& qui offrent l'avantage de traduire avec fidélité les sentiments des classes
populaires, montrent bien à quel point, dans la capitale du Languedoc, le
peuple était opposé d'instinct à toutes les formes du progrès, à toutes les
innovations dictées par l'expérience S<. par la raison. Il faut lire, par exemple,
ses lamentations sur l'ordonnance de l'archevêque Loménie de Brienne inter-
disant les sépultures dans les églises & dans l'intérieur des villes, & sur
l'édit royal qui généralisa cette prohibition.
L'annaliste prétend que les milliers de morts enterrés dans les églises depuis
des siècles n'avaient jamais causé de mal à personne, quoiqu'on eût vu, dit-il,
« des exhumations de cadavres à moitié pourris. » Il s'émeut de la dépense
que nécessitera l'achat des terrains destinés à servir de cimetières, 8c s'apitoie
sur le nombre de communautés « ruinées par la perte des sépultures » & sur
la consternation des vivants, condamnés à ne pas pouvoir mêler leurs os à
ceux de leurs pères ' .
Cette même année 1776, les Etats prirent vine importante résolution : ils
décidèrent l'impression de leurs procès-verbaux. La proposition en fut faite,
dans la séance du 5 décembre, par l'archevêque de Narbonne, président.
Les États, dit-il, avaient depuis longtemps déterminé que les procès-
verbaux de leurs assemblées seraient transcrits 8< que chaque diocèse de la
Province en recevrait une copie, afin que les administrateurs diocésains y
prenant connaissance de la nature des affaires traitées aux Etats, de leurs
décisions 8<. des règlements qui y étaient délibérés, fussent à portée d'en saisir
l'esprit &. d'en assurer l'exécution.
Ces sages résolutions n'avaient pu produire les avantages que l'assemblée
s'en était promis. Le petit nombre des copies, dont une seule était envoyée
dans chaque diocèse, les difficultés que présentait l'obligation d'en aller
prendre connaissance au seul greffe où cette copie était déposée, &. enfin
l'impossibilité d'obtenir des copies exactes 8<. correctes, contrariaient absolu-
ment la volonté des Etats.
Les députés des diocèses portaient chaque année des plaintes sur ce sujet,
& ces plaintes étaient fondées. Les greffiers de la Province en reconnaissaient
l'exactitude, mais ils représentaient en même temps les obstacles presque
insurmontables qu'ils trouvaient à mieux iaire : l'énormité du volume des
procès-verbaux qui augmentaient chaque année, le défaut de bons copistes
pouvant ou voulant se livrer à ce travail ingrat, l'impossibilité de revoir &
de collationner toutes ces copies sur l'original, surtout dans le court espace de
temps donné pour faire cette opération, toutes les copies, au nombre de près
de quarante, devant être remises, soit au greffe des commissaires du roi, soit
aux syndics généraux, soit dans chaque diocèse, avant la tenue de l'assiette.
Ainsi, l'arrangement ordonné par les Etats, qui parut facile à exécuter dans
son origine, était devenu de plus en plus impraticable.
L'archevêque-président se fondait sur ces raisons pour proposer aux Etats
■ Heure! perdues de Pierre Barih'es, VII, pp. 58 & 109,
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1281
de remédier à des inconvénients reconnus de tous, en assurant aux adminis-
trateurs des diocèses une connaissance prompte 8c exacte des délibérations de
l'assemblée. On était certain d'y parvenir sans peine en déterminant que
les procès-verbaux seraient à l'avenir imprimés à deux cents exemplaires, les
Etats se réservant de désigner, le cas échéant, les délibérations qui, devant
demeurer secrètes, ne seraient pas remises à l'imprimeur.
Ce nombre d'exemplaires ne paraîtrait point trop considérable si l'assem-
blée se portait à décider, comme l'archevêque l'y exhortait, à en faire distri-
buer plus d'un dans chaque diocèse. Outre celui qui devait rester déposé au
greffe, il semblait convenable d'en donner à l'évêque, à chaque baron, au
syndic du diocèse Se au greffe de la ville épiscopale, & de laisser les autres
dans les archives de la Province à la disposition du président.
M. Dillon ajouta que si les Etats approuvaient ce projet, ils pourraient
charger les syndics généraux de traiter avec l'imprimeur de la Province pour
les frais de ce travail. L'entier manuscrit lui serait livré huit jours au plus
tard après la séparation des Etats, avec défense à l'imprimeur d'en distribuer
aucun exemplaire, sous peine de destitution.
L'assemblée déclara qu'elle applaudissait à la sagesse des vues du président,
le remercia de l'attention qu'il voulait bien donner aux moindres détails pour
améliorer l'administration provinciale, 8t résolut qu'à l'avenir, 8t à commencer
par le procès-verbal de la session courante, les délibérations des Etats seraient
imprimées au nombre de deux cents exemplaires pour chaque année, les États
se chargeant de réserver les délibérations secrètes qui ne devraient pas être
imprimées.
Le greffier de tour pour tenir le procès-verbal dut dorénavant, outre l'ori-
ginal toujours fait à la main Si signé par le président, donner une seconde
copie manuscrite, corrigée Se coUationnée, destinée à l'imprimeur. Les Etats
laissèrent aux syndics généraux le soin de traiter avec l'imprimeur ordinaire
de la Province, en stipulant c[u'il serait tenu « d'employer de beau papier Si
« de bons caractères. »
La série des procès-verbaux des Etats, commençant au 28 novembre 1776,
s'est continuée jusqu'à la Révolution. Ces recueils furent imprimés avec soin,
en grand format, avec des dates en tête de chaque page, des indications mar-
ginales facilitant les recherches, une table chronologique des séances £<. des
tables méthodiques indiquant par le menu les travaux des diverses commis^
sions.
On sait qu'une vérification générale du cours de la Garonne, de Toulouse
à Bordeaux, devait être faite en 1776 par M. de Voglie, inspecteur général
des ponts & chaussées, 8<. par les ingénieurs particuliers d'Auch 8c de Bor-
deaux, conjointement avec M. Garipuy. La longue maladie de M. de Voglie,
suivie de sa mort, Se le temps que prit le ministre pour lui désigner un suc-
cesseur, firent différer cette opération.
Le directeur des travaux de la Province visita, pendant l'année 1777, la
partie de la rivière comprise entre Toulouse 8c le confluent du Tarn, 6t y
xm. 81
1776
.■777
~^ 1282 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
construisit divers travaux, consistant surtout en épis ou clayonnages destinés
à réunir toutes les eaux en un seul lit, en fermant les bras déjà formés ou
près de s'puvrir, en resserrant les berges quand elles étaient trop éloignées St
en écartant le courant des roches, où les bateaux risquaient de se briser.
Dans le cours de sa visite, l'ingénieur rencontra une barque chargée des-
cendant la Garonne pour aller à la foire de Bordeaux, qui avait si rudement
heurté contre les rochers de Verdun qu'elle s'entr'ouvrit & se fût perdue sans
un prompt secours.
Ces accidents se produisaient fréquemment^ les moulins flottants attachés
près des bords causaient aussi d'autres dangers; l'état des berges rendait le
halage très-difficile, 81 l'on signalait chaque jour les obstacles qu'opposaient à
"la navigation, tantôt les roches découvertes par les déviations du courant,
tantôt les atterrissements de nouvelle formation, tantôt même les troncs d'ar-
bres que les grandes eaux charriaient au hasard & qui , s'accumulant sur
certains points, y créaient de véritables écueils.
Les États votèrent vingt-cinq mille livres pour les travaux de 1778, Si
redoublèrent d'instances auprès du ministre pour donner suite au projet de
vérification générale'.
Dans les premiers jours de l'année 1777, à la fin des États, les princi-
paux négociants de la ville de Ganges, alarmés de la cherté croissante du
bois de chauffage qui menaçait d'interrompre le travail des filatures, prièrent
M. de Gensanne de chercher dans les environs si le sol ne contenait pas de
houillères, 8c firent appuyer leurs démarches par M. de Joubert. Des son-
dages pratiqués à Souhalou, près de Sumène, à demi-lievie de Ganges, ame-
nèrent la découverte de quelques filons.
Peu de jours après, sur l'invitation de M. de La Chadenède, syndic du
pays de Vivarais & préposé du prince de Soubise, M. de Gensanne alla
présider à l'ouverture d'une nouvelle mine près de la Voulte. Les premiers
travaux accomplis sous sa direction, il alla étudier les montagnes du Mezin,
où il reconnut un gisement houiller près de Saldines, au-dessus de Dornas,
'Voici les points où furent exécutés les travaux Autres dans le terroir de Castelsarrasin (Prades
en 1777, outre les simples réparations : & Bordebasse).
Au-dessous du moulin de Bourassol, rive gau- Les travaux faits de 1776 à 1777 coûtèrent
elle j prolongation d'anciens épis & création d'un 5o 074 livres, sans y comprendre 4600 livres pour
nouveau entre le château & le village de Blagnac, les appointements des inspecteurs. (La Province
traînée pour rejeter les eaux sur la droite; avait pour ces trois années fait un fonds de
Destruction de roches au-dessus de Blagnac, 65 000 livres '.)
dans la nouvelle direction prise par les crues du En 1781 des traînées à plusieurs rangs de pi-
printemps, traînées sur la droite jusqu'aux ra- quets furent faites dans les terroirs de Blagnac,
miers de Fenouillet, pour réunir les eaux dans Fenouillet, Bauzelle, Gagnac & Saint-Jory.
un seul lit & éloigner la navigation des rochers La dépense montait à i3 i3p livres i3 sols 1 1 de-
avancés (Puges & Saint-Jacques); niers, sans y comprendre les travaux faits depuis
Autres traînées dans les terroirs de Gagnac & de le i'^'' novembre pour profiter des basses eaux'.
Saint-Jory pour masquer une gaure de 1800 toises,
appelée le Clot-d'Emburre, appauvrissant le lit . Procùs-verbal des États. Scance du 3o diccmbrc 1777.
principal} " Procès-verbal des États. Siiance du 7 janvier 1782.
LIV. V, LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iiSS
pavs depuis longtemps dépouillé d'arbres & dont les habitants manquaient
totalement de combustible.
Il revint ensuite, par le Gévaudan, aux mines de plomb, cuivre Se argent
de Saint-Sauveur, où il détermina l'emplacement Se traça les fondations de la
fonderie 8<. des autres bâtiments d'exploitation, puis retourna surveiller les
travaux de Souhalou, qui promettaient d'être fructueux.
Dès le mois de juillet 1777, le prix du bois à Ganges avait diminué de
près de moitié; l'abondance Si la qualité du minerai faisaient espérer qu'on en
pourrait faire usage à Montpellier, reliée à Ganges par une très-bonne route.
D'ailleurs, l'heureux effet de la découverte se faisait déjà ressentir dans la
seconde ville de la Province par l'abaissement du prix du charbon de bois, les
marchands, qui ne trouvaient plus le débit de leur bois à Ganges, ayant pris
le parti de le convertir en charbon 6c de le transportera Montpellier.
Après avoir tout réglé à Souhalou, M. de Gensanne tut appelé à Bise par
l'archevêque de Narbonne, afin d'y surveiller l'ouverture de houillères que la
proximité du canal semblait rendre particulièrement précieuses.
L'exploitation mise en train, M. de Gensanne se rendit de nouveau à
Saint-Sauveur, où les fourneaux, lavoirs Se canaux furent promptement cons-
truits. Il y demeura depuis le commencement du mois d'août jusqu'à la fin
de l'année. Se son fils cadet, qui l'y avait suivi, découvrit une mine de cuivre
Se d'argent.
Au mois de janvier 1778, trois galeries étaient en activité.
La première donnant environ cinquante livres de plomb 8e trois onces
d'argent par quintal; la seconde, un peu plus d'argent Se à peu près autant
de plomb. Se la troisième, vingt livres de cuivre Se plus d'un marc Se demi
d'argent. Ces travaux assuraient la subsistance de deux ou trois villages voi-
sins, dont la population avait été souvent privée du nécessaire.
D'importantes contestations appelèrent à la même époque l'attention du
public sur les houillères du diocèse d'Alais.
Un arrêt du conseil du 17 avril 1778 avait accordé à M. Tubeuf la per-
mission exclusive d'exploiter pendant trente ans les mines de charbon de
terre découvertes Se à découvrir dans les environs d'Alais Se de Saint-Ambroix,
ainsi que dans toute l'étendue des terrains situés entre le Saint-Esprit, Lau-
dun, Uzès, Anduze, Villefort, Aubenas 8e Viviers, ayant Barjac au centre.
L'archevêque de Narbonne Se les commissaires du diocèse d'Alais, auxquels
le concessionnaire présenta son privilège, ne lui dissimulèrent pas quelles
réclamations soulèverait un tel monopole dans un pays où l'exploitation des
charbonnages datait de plus de quatre cents ans Se n'avait jamais échappé aux
conditions ordinaires de la propriété.
M. Tubeuf ne fit pas d'abord usage de son titre. Les commissaires du dio-
cèse lui facilitèrent l'acquisition d'un terrain situé au pied de la montagne
de Montaud 8e du Mas-de-Bouat, où il ouvrit une galerie considérable. Se lui
cédèrent gratuitement une partie de chemin abandonné sur la même mon-
tagne, où il se hâta de creuser un puits.
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1284 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'arrêt du conseil demeura près de trois ans sans lettre d'attache de l'in-
tendance; cette formalité, indispensable pour le rendre exécutoire dans la
Province, ne fut remplie qu'en lyyS, & M. Tubeuf se contenta d'utiliser son
titre dans quelques procès particuliers avec ses voisins qui lui demandaient
des réparations de dommages.
Cependant, la partie supérieure de la montagne était exploitée par les
frères Drulhon, charbonniers. M. Tubeuf se plaignit que leurs travaux plon-
geaient dans ses propres galeries, qu'ils étaient hasardeusement dirigés &.
compromettaient l'ensemble des opérations. Sur sa requête, l'intendant con-
damna les frères Drulhon & vingt autres propriétaires ou fermiers des mines
de Montaud à fermer à chaux Se à sable toutes les ouvertures qu'ils avaient
pratiquées dans la montagne.
L'ordonnance fut immédiatement exécutée.
Toute concurrence étant ainsi 'empêchée, le commis de M. Tubeuf tripla
le prix des charbons inférieurs employés par les chaufourniers. Ceux-ci
n'allumèrent plus, la cherté du combustible ne leur permettant pas de livrer
la chaux au prix ordinaire, ce qui jeta l'émoi parmi les maçons d'Alais S<.
détermina une plainte générale des habitants. Les consuls, joints aux pro-
priétaires Si fermiers des mines, sollicitèrent l'intervention des commissaires
diocésains.
Inquiet de cet éclat, M. Tubeuf se hâta de rétablir l'ancien prix de deux
sols par quintal pour les charbons intérieurs, 8t othit, en outre, d'assurer aux
habitants d'Alais une réduction d'un sol sur les charbons destinés à leurs
usages domestiques. Mais comme la transaction du 5 septembre 1634 assurait
aux gens d'Alais le droit de s'approvisionner pour leurs besoins particuliers
dans les mines exploitées par les fermiers du comté d'Alais, à raison de deux
sols six deniers par charge de mulet, la proposition parut insuffisante, 81 l'af-
faire fut portée devant les Etats,
M. de Breteuil, évêque de Montauban, qui en fit le rapport, adoptant les
conclusions du syndic diocésain d'Alais, dénonça la concession de Tubeuf
comme portant atteinte aux privilèges de la Province, où le droit écrit attri-
buait aux propriétaires de la superficie du sol la propriété de toutes les
matières souterraines.
Il rappela que le dixième réservé par les rois sur les substances métalliques
ne s'appliquait pas plus au charbon de terre qu'aux marbres, pierres, marnes
& craies;
Que l'édit de juin 1601 l'en exemptait expressément, & que l'arrêt du
conseil du i3 mai 1698 en permettait la libre exploitation, même sans autori-
sation préalable, & sans tenir compte des privilèges antérieurement accordés;
Que si l'arrêt du 14 janvier 1744 exigeait la permission du contrôleur
général pour l'ouverture des nouvelles mines & la déclaration aux intendants
pour l'exploitation des anciennes, cette mesure n'était qu'une loi de police
pour empêcher le mauvais emploi de biens à la conservation desquels le
public est intéressé, mais n'altérait en rien le droit des propriétaires;
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1285
Que, d'ailleurs, les houillères d'Alais étant exploitées depuis plus de quatre
cents ans, mentionnées par les comtes du pays dans leurs dénombrements au
roi, & par eux inféodées ou accensées en partie à leurs vassaux &. à leurs
emphytéotes, les propriétaires des mines de Montaud, attaqués en ce moment
par M. Tubeuf, avaient été, sur la foi de titres authentiques, maintenus par
un arrêt du conseil du 26 septembre 1724 au droit de les exploiter, contre les
prétentions du fermier comtal.
Il fit ressortir que le monopole privait les propriétaires des mines du pro-
duit de leurs biens 5 que rien n'empêcherait ensuite M. Tubeuf d'étendre son
ambition jusque sur les belles & riches mines du comté d'Alais, de la Forêt
& de la Grand'Combe; qu'il serait alors maître absolu du marché St ne pour-
rait même suffire à l'exploitation.
Quant au reproche d'irrégularité des travaux anciens, on n'en contestait
pas la justesse; mais l'attention des Etats, secondée par l'expérience de M. de
Gensanne, y remédiait chaque jour; & l'on pouvait dire que la prétention de
M. Tubeuf tendait seulement à s'attribuer les fruits de plus de quatre cents
ans de travail, à rendre inutiles les dépenses faites par la Province, à jouir
seul des avantages qu'elle avait voulu procurer à tous, 81 à détruire cette liberté
8<. cette concurrence qui assurent l'abondance & la modicité des prix.
Les propriétaires des mines de la Grand'Combe, MM. Deleuze, de Trouillas
& de Villaret, ayant fait, le 16 octobre 1777, les déclarations prescrites par
l'arrêt de 1744, apprirent deux mois plus tard que leurs exploitations se trou-
vant comprises dans l'étendue de la concession accordée à M. Tubeuf, l'inten-
dant devait les inviter à diriger ailleurs leurs projets, le conseil ne pouvant
autoriser des travaux qui devaient porter préjudice à une entreprise déjà
formée sous son autorité'.
Le marquis de Chambonas, fils de Mademoiselle de Fontanges Si proprié-
taire de la baronnie de Saint-Félix par suite de son mariage avec la prin-
cesse de Ligne, héritière des Ric[uet, ayant laissé à son fils des affaires
embarrassées, comme il arrivait à la plupart des grands seigneurs du temps,
ses terres furent vendues. La baronnie de Saint-Félix de Caraman, qui don-
u^t entrée aux Etats, passa ainsi aux mains du comte de Saint-Haon. Ce
gentilhomme possédait aussi en Veiai une terre domaniale considérable, la
Rodde Saint-Haon, érigée en comté par lettres patentes de l'année 1769. Il
conçut le dessein de faire transférer sur ce fief le droit d'entrée aux États
attaché à la terre de Saint-Félix. Outre la satisfaction d'amour-propre qu'il
recherchait en rehaussant la qualité de son domaine patrimonial, le comte
de Saint-Haon attendait de cette translation un avantage plus important,
celui de partager avec le vicomte de Polignac la représentation de la noblesse
du Vêlai &t de prendre une situation exceptionnelle aux États particuliers
de ce pays.
Les États appelés, selon l'usage, à émettre un avis sur ce désir, reconnu-
' Piocès-verbiil des Etats de Languedoc. Séance du 3 janvier 1778.
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1286 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
rent que la terre de la Rodde Saint-Haon remplissait les conditions régle-
mentaires pour porter le titre de baronnie, mais jugèrent opportun de
consulter le vicomte de Polignac.
Celui-ci, jaloux de la dignité solitaire que sa maison s'était acquise en
Vêlai, combattit énergiquement le projet de translation. Il soutint que,
d'après l'esprit des règlements, il ne devait y avoir qu'un baron dans chaque
diocèse, les dérogations à cette règle tolérées par les États produisant des
abus qu'il était inutile de multiplier. L'introduction de barons nouveaux,
dans les États particuliers lui semblait aussi une cause de jalousies & de con-
tradictions nuisibles au bien public.
De son côté, le comte de Saint-Haon allégua que les translations de baron-
nies étaient un fait de pure administration, nécessitant l'adhésion des Etats,
mais non pas le consentement particulier du baron diocésain, en se fondant
sur ce fait que chaque baron n'était pas le représentant d'un diocèse déter-
miné, mais de toute la noblesse de la Province, leurs fonctions aux Etats
étant communes entre eux. Le règlement fait par les États en 1612 pour
égaliser les suffrages du clergé & de la noblesse en admettant autant de
barons que d'évêques, la création de la baronnie de Tornac en 1694 pour
rétablir la symétrie dérangée par l'érection de l'évêché d'Alais, lui servaient
d'arguments à l'appui. Il ajoutait que les anciens vicomtes de Polignac
n'avaient pas toujours absorbé en leurs mains la représentation de la noblesse
du Vêlai; l'histoire mentionnait au quinzième siècle la présence d'autres
gentilshommes du même pays qui partageaient cet honneur avec les seigneurs
de Polignac, & un vicomte de Polignac, siégeant aux Etats de i5i2, s'y était
donné comme ayant procuration des nobles du pays, circonstance confirmée
dans l'assemblée de i520. Il citait aussi l'exemple du comte d'Alais qui,
malgré sa préséance, n'avait pas mis obstacle à l'érection de la baronnie de
Tornac.
Sans contester le caractère de représentation solidaire 61 universelle attribué
à tous les barons, le vicomte de Polignac répondit que chacun d'entre eux
était cependant plus particulièrement responsable des intérêts de son diocèse.
L'esprit du règlement de 1612 n'était pas seulement d'égaliser les suffrages
des deux ordres, mais de partager la situation des baronnies de façon que
chaque baron pût faire usage de sa connaissance particulière des forces de
son diocèse.
Il défendit surtout sa prérogative d'être seul baron aux États du Vêlai, pré-
rogative qu'il n'avait jamais partagée avec personne Si qui relevait encore sa
qualité. C'est à ce privilège qu'il devait de diriger avec l'évêque & le premier
consul du Puy l'administration particulière du pays, l'offre de partage ou
d'alternative faite par le comte de Saint-Haon, d'après l'exemple du diocèse
d'Alais & de quelques autres, impliquant pour le vicomte de Polignac une
diminution de pouvoir qu'il ne croyait pas avoir méritée.
Quant au fait des procurations données en d'autres temps par les nobles
du Vêlai, le vicomte essayait d'en diminuer la portée en soutenant que ses
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1287
auteurs recevaient seuls la lettre de convocation du roi, 8c il rappelait l'acte
d'association conclu au mois de février 1577 par les trois Etats du Vêlai pour
prouver que le vicomte de Polignac avait toujours été considéré comme le
chef de la noblesse du pays. Il citait enfin la gratification de trois mille
livres qu'il recevait annuellement du roi, non comme premier opinant, mais
comme vicomte.
Les commissaires des Ktats reconnurent que dans les temps reculés, le
nombre des députés de la noblesse n'étant pas déterminé d'une manière fixe,
les nobles du Vêlai étaient dans l'usage de députer aux Etats où siégeait
aussi en son nom particulier le vicomte de Polignac, mais que le règlement
de 1612, observé par l'assemblée, avait maintenu le vicomte dans la posses-
sion où il était depuis près de trois siècles d'entrer seul aux Etats, sans que
le pavs de Vêlai eût jamais réclamé contre cette prétendue dérogation à un
droit public &<. imprescriptible.
Ils constatèrent ensuite que, grâce aux changements effectués en divers
temps, la répartition des baronnies dans la Province présentait la plus grande
irrégularité. Se n'offrait aucune concordance avec les divisions diocésaines,
puisque huit diocèses n'avaient aucune baronnie, dont quatre de toute ancien-
neté : Comminges, bas Montauban, Rieux 8c Saint-Pons, & quatre autres
par translations successives : Lodève, Alet, Lavaur & Carcassonnej tandis
que le seul diocèse de Toulouse comptait trois baronnies, 8c ceux d'Uzès, de
Béziers, de Montpellier, de Castres en avaient deux. Ils reconnaissaient aussi
que les érections de baronnies nouvelles s'étaient faites sans opposition des
barons du même diocèse. Mais ces précédents ne leur paraissaient pas infir-
mer le droit du vicomte de Polignac à défendre la situation particulière que
sa maison avait prise en Vêlai depuis plusieurs siècles, les usages particuliers
de ce pavs étant reconnus par les Etats qui l'avaient excepté, ainsi que le
Vivarais, le Gévaudan 8c l'Albigeois du règlement général sur l'assiette diocé-
saine 8c sur l'administration annuelle.
Le consentement des Etats fut refusé 8c le vicomte de Polignac demeura
seul maître en Vêlai '.
En réalité, l'affaire était moins une question de droit qu'une question
d'influence; car, à dire vrai, le droit strict n'était d'aucun côté. L'usurpation
séculaire commise par les vicomtes de Polignac au détriment des nobles du
Vêlai ressortait du témoignage de l'histoire; mais le comte de Saint-Haon, bien
loin de réclamer le retour à l'antique oligarchie féodale, se bornait à demander
en sa propre faveur une part de l'usurpation qu'il dénonçait. Les États ne se
trouvaient point liés par leurs décisions antérieures, puiscjue les transferts de
baronnies produisant les plus grandes dislocations géographiques avaient tou-
jours rencontré en eux des arbitres complaisants. Tout se réduisait donc au
crédit relatif des deux rivaux. Or la partie n'était pas égale.
En déférant à l'opposition du vicomte de Polignac, les Etais icnvoyaient
■ Procis-verbal des Etats de Languedoc. Séance du 9 décembre 1777.
'777
'777
I28B ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC. -
au comte de Sainl-Haon le soin de présenter, pour asseoir son titre de
baronnie, une terre située, soit dans le diocèse de Toulouse, où était celle
de Saint-Félix, soit dans l'un des huit diocèses de la Province où il ne se
trouvait point de baronnie.
M. de la Rodde n'avait point de biens dans ces contrées, & l'état de sa
fortune ne lui permettait pas d'y acquérir un domaine portant le revenu
réglementaire; aussi fit-il de nouvelles démarches auprès des États pour
obtenir d'acheter un fonds de moindre valeur qui serait censé uni Si incor-
poré au comté de Saint-Haon.
L'objet du règlement étant de lier les barons à l'intérêt général de la
Province par leur intérêt particulier, M. de la Rodde comptait en satisfaire
l'esprit, sinon la lettre, par l'étendue de ses possessions, toutes situées en
Languedoc. Il s'autorisait, d'ailleurs, de la jurisprudence acceptée par les
États en 1771 pour la nouvelle baronnie de Pierre-Bourg. La commission
provinciale déclina cet argument sur ce que l'acquisition du titre de baronnie
faite par le marquis de Bcrnis était antérieure à la rédaction du règlement,
le revenu des terres titrées n'ayant pas été fixé par les anciennes lois des
États.
Le comte de Saint-Haon fut ainsi de nouveau mis en demeure de choisir
les arrangements les plus convenables pour l'acquisition d'un domaine rem-
plissant les conditions exigées, ce qui était une manière d'écarter indéfini-
ment ses prétentions'.
L'intérêt particulier de cet épisode, c'est de montrer comment l'aristocratie
des États devenait exclusive & fermée à mesure que les mœurs abaissaient les
anciennes barrières sociales. 11 semblait que les privilégiés, voyant l'antique
édifice ébranlé de toutes parts Si le flot du tiers état prêt à pénétrer partout,
voulussent tenter un effort de résistance suprême. Il y a, quoi qu'il en soit,
une opposition bien étrange entre le mouvement général des esprits à la
même époque 8c le courant de réaction féodale qui se manifeste, soit dans les
règlements des États, soit dans les ordonnances militaires, soit dans la consti-
tution des municipalités. On eût dit que chacun voulait concourir, en exagé-
rant la tension, à précipiter la crise violente qui devait tout emporter.
, -3 L'esprit de rétorme qui, depuis plusieurs années, s'attaquait tour à tour,
au nom des principes du droit & de la justice, à toutes les formes des pou-
voirs publics, ne ménageait point l'administration municipale de Toulouse.
Les abus qui s'y étaient introduits avaient donné lieu à des réclamations
extrêmement vives, dont le capitoulat tut alarmé & dont il chercha vaine-
ment à détruire l'influence en les faisant condamner par le Parlement.
Malgré les justifications qui furent publiées par l'hôtel de ville, le gouver-
nement s'inquiéta de l'état des faits & se fit adresser des mémoires particu-
liers. Il résulta de cette enquête administrative qu'il restait beaucoup à faire
p'îur améliorer le régime de la commune. La faute en pouvait revenir à
' Procès-verbal des États de Languedoc. Séance du 5 décembre 1778.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1280
tous; à l'autorité centrale, qui avait trop souvent substitué son action directe
& les caprices de son despotisme aux traditions héréditaires sanctionnées par
l'usage, mais surtout à l'abaissement de l'esprit communal & de la moralité
politique dans le corps municipal lui-même, qui justifiait presque, par son
peu de dignité, de désintéressement 8c d'honneur, les trop fréquents coups
d'état du pouvoir royal.
Un arrêt du conseil d'Etat, rendu à Versailles, en présence du roi
. Louis XVI, le 26 juin 1778, sur le rapport de M. Amelot, donna raison
aux censeurs du capitoulat & modifia profondément, pour le bien du service
8c plus encore pour l'avantage de la ville, tout ce qui survivait de l'ancienne
organisation municipale.
Ce nouveau règlement, qui comprenait trente-neuf articles, reconstituait
sous une autre forme le corps capitulaire 8c les divers conseils administratifs.
En résumé, il concentrait tous les pouvoirs municipaux, gérant les inté-
rêts d'une ville de cinquante mille habitants, aux mains de soixante-neuf
personnes, qui formaient le corps électoral nommant les huit capitouls 8c les
membres des divers conseils 8c commissions; de ces soixante-neuf personnes,
cinquante-six étaient elles-mêmes électives, mais ne tenaient leurs mandats
que de leurs pairs 8c gardaient l'autorité pendant deux ans, se renouvelant
annuellement par moitié, afin de maintenir une tradition permanente. Qua-
torze d'entre elles devaient appartenir à la noblesse, quatorze à la classe des
anciens capitouls, 8c vingt-huit étaient prises parmi les citoyens notables.
L'élément non électif comprenait huit magistrats, un représentant de l'Uni-
versité, qui était le recteur, 8c quatre membres du clergé. Sept des magistrats
appartenaient au Parlement : c'étaient le premier président, quatre conseillers
députés par la cour, le procureur général Se l'un des avocats généraux; le
huitième officier de justice était le lieutenant criminel de la sénéchaussée.
Quant au clergé, la représentation en était confiée au vicaire général de l'ar-
chevêque, au vicaire général de l'abbé de Saint-Sernin Se à deux chanoines,
l'un de Saint-Étienne, l'autre du chapitre abbatial.
L'ensemble de ces soixante-neut personnes, source unique des pouvoirs
municipaux, constituait le conseil général, assemblée supérieure, convoquée
dans quelques rares occasions solennelles, soit pour nommer les capitouls, les
divers membres électifs de conseils 8c de commissions, 8c les officiers de l'hôtel
de ville, soit pour recevoir les comptes du trésorier, soit pour entendre, à la
fin de l'année, le compte rendu administratif présenté par le chef du consis-
toire, cet antique testament capitulaire qui avait pris depuis quelque temps,
dans les annales de la ville, la place autrefois réservée aux chroniques de
l'historiographe.
Toutes les affaires de pure administration devaient être faites, conformé-
ment aux règles de la Province, par une assemblée appelée conseil poli-
tique ordinaire, 8c composée de quarante-six membres dont trente-deux
conseillers électifs. Tous taisaient partie du conseil général; l'université Se le
clergé n'y figuraient point, pas plus que le lieutenant criminel; mais la cour
1778
~^ 1290 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
souveraine y demeurait largement représentée, n'y comptant que deux con-
seillers de moins. Le droit de convoquer le conseil politique appartenait aux
capitouls. Les délibérations n'en étaient valables que si vingt-quatre mem-
bres au moins assistaient aux séances; tous les membres présents devaient
signer au procès-verbal.
Le corps municipal était composé de huit capitouls électifs, à la tête des-
quels était placé, avec le titre de chef du consistoire, un ancien capitoul
choisi dans l'ordre des avocats, dont le roi se réservait pour toujours la nomi-
nation. ■
Jusqu'à cette époque, le chef du consistoire avait toujours été l'un des
capitouls. En créant sous ce nom d'ancienne tradition toulousaine une sorte
d'officier royal destiné à présider les séances capitulaires, le gouvernement
lui confiait d'une façon spéciale tous les détails de la police & se réservait
de lui régler, pour cette raison, un traitement pécuniaire.
Deux innovations importantes transformèrent, d'ailleurs, l'essence même
du capitoulat :
La première était l'abandon du vieux système de représentation de la ville
par quartiers distincts, système qui remontait aux origines du consulat, qui
avart été souvent altéré en fait, mais toujours maintenu en droit, & qui pour-
tant, par la succession des siècles & le changement des conditions de la vie
sociale, n'était plus guère qu'une fiction. Ce principe de la représentation
par quartiers avait dominé toute l'organisation municipale de Toulouse. Cha-
cun des capitoulats, des antiques partidas de la commune du moyen âge,
cessa d'être une personne civile, ayant sa vie à elle &. sa délégation particu-
lière, soit parmi les capitouls eux-mêmes, soit dans le conseil des seize, le
conseil de bourgeoisie & le conseil général; & ces personnalités, autrefois
vivantes & rivales, désormais reléguées, avec bien d'autres formes de la société
ancienne, dans les souvenirs de l'histoire, se fondirent sans retour pour cons-
tituer l'unité définitive de la commune. Ce n'est plus que dans la perception
des impôts & dans le nombre même des capitouls, maintenu à huit par une
sorte de respect de l'habitude, sans signification précise, qu'il resta quelque
trace de l'ancien ordre de choses. Ainsi se modifiaient chaque jour, par le
cours irrésistible des années, les formes les plus antiques Se le caractère fon-
damental des mœurs populaires.
La seconde innovation, qui présentait une contradiction assez étrange avec
le courant des idées égalitaires 8c philosophiques alors accueillies en France
avec un entraînement général, fut l'introduction des gentilshommes dans le
capitoulat. Le but de cette réforme était de rappeler les grandes familles
habitant la ville aux devoirs de l'administration communale, dont elles
recueillaient les avantages & dont elles avaient depuis longtemps, par dédain
aristocratique, répudié les charges pour les abandonner aux petites gens qui
ne se faisaient faute de les briguer. A ce point de vue, 8c malgré les dehors
rétrogrades de la nouvelle création, elle pouvait être considérée comme un
progrès social, en ce qu'elle associait aux mêmes travaux les classes de citoyens
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1291
les plus éloignées, revêtant du même uniforme capitulaire des marquis, des
procureurs Se des négociants. Seulement, comme les traditions de hiérarchie
& de privilèges étaient encore tout à fait vivaces, on crut devoir les affirmer
par des distinctions marquées. Si le corps municipal fut divisé en trois classes.
La première était celle des capitouls gentilshommes, qui avaient la préséance
avec le chef du consistoire; la seconde, celle des anciens capitouls; la troi-
sième, celle des notables citoyens, parmi lesquels on comprenait les avocats
ou gradués en droit & en médecine, les procureurs, les notaires, les chirur-
giens, les loyaux négociants immatriculés à la bourse & les bourgeois. La
première 81 la deuxième classe avaient chacune deux capitouls; la troisième
en avait quatre.
Les élections se faisaient par classes, au sein du conseil général, sur la
présentation d'un nombre double de sujets par les capitouls en charge.
La réforme des conditions d'éligibilité détruisait heureusement un des abus
les plus hautement dénoncés de l'ancien capitoulat, cette scandaleuse chasse à
l'anoblissement dont tant de roturiers appartenant à des provinces lointaines
avaient donné le spectacle, véritable opération commerciale qui assurait, au
moyen de quelques sacrifices d'argent & d'une résidence éphémère, quelque-
fois même entièrement éludée, les avantages de la noblesse à des étrangers
possesseurs de terres dans des pays où la nobilité des fonds n'existait pas
comme en Languedoc, & où la qualité seule du propriétaire suffisait à le
dégrever de l'impôt foncier, au détriment de tous les autres contribuables. Il
fallut désormais, pour arriver au capitoulat, être né à Toulouse ou du moins
y avoir un domicile réel 81 effectif depuis dix ans sans interruption; 8c afin
que les membres du corps municipal ne fussent pas, au moment de leur
entrée en charge, trop complètement étrangers aux affaires dont la gestion
leur était confiée, on exigea qu'ils y fussent initiés par une préparation plus
ou moins longue. Pour les gentilshommes 8c les anciens capitouls, dont la
situation personnelle ou les fonctions passées pouvaient être regardées comme
une première garantie, cette préparation fut limitée à deux ans de service
dans le conseil ordinaire pendant les huit années c[ui précéderaient l'élection.
Les citoyens notables formant la troisième classe durent avoir fait partie du
même conseil pendant quatre ans dans l'espace de la même période. Enfin,
on essaya d'amoindrir les fâcheuses conséquences du renouvellement annuel
des magistrats municipaux, mobilité dangereuse pour une bonne adminis-
tration, en portant à deux ans la durée de leur charge 81 en les faisant
renouveler annuellement par moitié, afin de constituer une sorte de chaînon
ininterrompu 6c d'assurer plus d'expérience 8c de continuité à la direction
des affaires communales.
On ne toucha point au principe de l'anoblissement par le capitoulat,
malgré tout ce qui avait été dit de sévère 8c de juste contre un usage intro-
duit par la tolérance plutôt que par la faveur royale, perpétué par les besoins
du trésor 8c la vanité des petits bourgeois, 8c dénoncé depuis bien longtemps
comme une des causes de la médiocrité du commerce 8c de l'industrie à Tou-
1778
"7"^ 1292 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
louse, l'honneur des professions laborieuses en étant compromis, 8; la plupart
des familles, arrivées par le négoce ou le travail à quelque mince pécule,
n'avant d'autre ambition que de répudier leur carrière, de vivre noblement
sans fortune à l'abri des armoiries municipales &c de faire souche de miséra-
bles gentilshommes au lieu de grands commerçants ou d'industriels honorés.
Du moins en réduisant à quatre le nombre de capitouls qui ne posséde-
raient pas la noblesse au moment de leur élection, 5c en faisant durer leurs
services pendant deux ans, on diminua le contingent des nouveaux nobles
que le capitoulat versait par coupes réglées dans la société toulousaine, 81
jusqu'au moment où la Pvévolution vint détruire toutes choses, il ne se créa
plus à Toulouse que deux nobles par an.
C'est ainsi que le passé disparaissait pièce à pièce en attendant la grande
transformation dont le moment approchait.
L'arrêt du 26 juin porta un coup terrible à l'une des plus chères traditions
du capitoulat toulousain, où la bonne chère avait été en si grand honneur,
en supprimant les festins qui se donnaient à la réception de chacun des capi-
touls. On interdit en même temps la distribution d'argent qui se faisait aux
capitouls sous le titre de franc salé.
La somme réglée pour les dépenses imprévues fut réduite à douze mille
livres par an. Toutes les dépenses au-dessus de cent livres durent être votées
par délibération du conseil ordinaire & autorisées par l'intendant de la Pro-
vince, conformément aux règlements généraux de Languedoc.
Pour la préparation des affaires, quatre commissions permanentes furent
instituées ; l'une pour les affaires contentieuses, la seconde pour les affaires
économiques, la troisième pour l'assiette des impositions, la dernière pour
l'audition des comptes du trésorier. Les éléments des trois premières commis-
sions étaient exclusivement empruntés au conseil ordinaire^ dans la qua-
trième, on ajoutait huit membres choisis dans les trois classes d'habitants de
la ville. Le chef du consistoire faisait partie de toutes les commissions.
Le nombre des membres de la commission des affaires contentieuses fut
porté à treize, dont quatre capitouls en exercice. Si quatre anciens capitouls
qui devaient être, autant que possible, avocats ou gradués, assistés de quatre
conseillers électifs choisis moitié parmi les nobles, moitié parmi les notables.
La commission des affaires économiques compreneit même nombre de mem-
bres; mais avec huit conseillers électifs appartenant aux trois classes. E.lle
avait le droit de voter les dépenses inférieures à la somme de cent livres, sauf
à les faire approuver ensuite par le conseil ordinaire.
Dans la commission pour l'assiette des impositions, forte de dix-sept per-
sonnes, les huit capitouls entraient de droit. Il y avait, comme dans la pré-
cédente, huit conseillers électifs; le syndic de la ville & le receveur assistaient
aux séances, mais sans voix délibérative.
Pour l'audition des comptes du trésorier, la commission avait un caractère
tout spécial. Outre la représentation des trois classes d'habitants, prise en
dehors des conseils de la ville, on y voyait paraître deux conseillers de
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. I2g3
grand'chambie du Parlement de Toulouse, le procureur général, un des avo-
cats généraux St le juge-mage. Le syndic de la ville y siégeait mais n'opi-
nait pas.
Tous les conseillers électifs des quatre commissions étaient nommés par le
conseil général, sur la présentation de trois sujets par place faite par le corps
municipal.
11 en était de même des officiers de la ville dont la nouvelle organisation
limitait le nombre à quatre : syndic, trésorier, receveur des impositions Se
greffier. La survivance accordée au fils du syndic Dupuy était révoquée. Le
trésorier devait rendre ses comptes annuels à la commission dans les trois
mois qui suivaient l'installation des nouveaux capitouls; le conseil général
en écoutait le rapport.
Par un dernier article, le roi se réservait de pourvoir à régler le nombre !k
les fonctions des suppôts de l'hôtel de ville sur les mémoires qu'il attendait.
Telle fut la nouvelle & dernière forme que prit l'organisation municipale
de Toulouse, après toutes les péripéties 8c toutes les altérations que le régime
-monarchique Se le système administratif avaient tait subir au vieux consulat.
Les événements généraux du royaume ne devaient laisser à l'acte constitutif
du 26 juin qu'une durée de onze ans.
Afin de faciliter la transition, le roi s'était réservé, pour une fois seulement
& sans conséquence, le droit de nommer à toutes les places électives de la
nouvelle administration. Une ordonnance royale, signée à Versailles le même
jour que l'arrêt, désigna pour chef du consistoire le sieur Brassalières, avocat,
8c pour capitouls les marquis de Bélesta Si de Gavarret, Gouazé, professeur
en droit, Joulia, ancien prieur de la bourse, les avocats Senovert, Gînesty 8c
Monyer Se un négociant nommé Sahuqué. La même ordonnance nommait
les membres du conseil politique, du conseil général 8c des commissions.
Tout ce personnel dut entrer immédiatement en fonctions après l'enregis-
trement de l'arrêt à l'hôtel de ville de Toulouse, prescrit par ordonnance de
l'intendant le 22 juillet 1778. M. de Saint-Priest s'était transporté à Toulouse
pour inaugurer le nouveau régime'.
L'ordonnance du roi du 3i décembre 1776, concernant le corps du génie,
avait donné lieu en Languedoc à quelques difficultés d'application, par suite
de l'usage où était l'administration provinciale de régir indistinctement tous
les travaux publics. Les députés des États Se les syndics généraux présentè-
rent diverses obsei^vations au ministère, Se un règlement particulier, contre-
signé du prince de Montbarrey, parut à Versailles le 22 juillet 1778. Le roi
s'v était proposé de faire cesser les difficultés existantes Se d'en prévenir de
nouvelles, en déterminant, d'une manière invariable, les ouvrages qui, à
raison de leur utilité pour le commerce général 8c particulier de la Province
de Languedoc, devaient être administrés par les Etats, 8c ceux qui, se ratta-
' Arrêt du conseil d'Etat du roi portant règle- M' J. Rayet, imprimeur de monseigneur l'infen-
mtnt pour l'administration municipale de la ville dant, place du Palais. |8 p. in-A".
de Toulouse. — A Toulouse, de l'imprimerie de
'77S.
y^ 1294 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
chant à la fortification, pouvaient intéresser la défense Se la conservation du
pays 8t devaient en conséquence être dirigés & administrés uniquement par
les officiers du corps royal du génie.
Le port de Cette, ses quais, jetées & autres dépendances, les graux d'Agde
& de la Nouvelle, le canal des Étangs, & en général tous les ports 8<. canaux
marchands, demeuraient abandonnés k la gestion des États de la Province,
sans l'intervention du génie, Si suivaient la condition des chemins, chaus-
sées, ponts & autres travaux publics. Mais les ouvrages défensifs, destinés à
protéger ces ports ou ces canaux, étant une partie importante de la fortifica-
tion, échappaient à l'administration des Etats, pour être exclusivement dirigés
par le génie.
Afin d'éviter que dans l'exécution des travaux ordonnes par la Province il
ne fût rien fait de contraire à sa sûreté S< aux intérêts de la défense, toutes
les fois que ces ouvrages avoisineraient la côte à une lieue près, ou les cita-
delles Si places fortes à la distance de cinq cents toises, les projets devaient
en être communiqués par les États au ministre de la guerre, chargé d'en
faire rapport à Sa Majesté, avant de permettre un commencement d'exécution.
Tous les ouvrages pour l'entretien ordinaire 81 les réparations des places,
citadelles, forts ou châteaux, des redoutes, batteries, tours 81 signaux de la
côte, à raison desquels les États faisaient chaque année un fonds en bloc, par
forme d'abonnement, sur la demande des commissaires du roi, étaient confiés
au génie, sans que, sous prétexte des fonds fournis par la Province pour la
dépense annuelle, les États pussent s'immiscer directement ou indirectement
dans l'administration ou dans la régie.
A l'égard de tous les autres ouvrages intéressant la fortification Si la défense
de la Province, extraordinairement ordonnés par le roi, d'après le compte qui
lui aurait été rendu par le ministre de la guerre, les officiers du génie
devaient dresser les devis estimatifs des dépenses auxqixelles ces ouvrages
pourraient donner lieu. Les commissaires du roi aux États avaient ensuite
ordre, par un article spécial de leurs instructions, de faire deinande à l'as-
semblée provinciale, pendant le cours de la session, du montant intégral ou
partiel de la dépense, d'après les exigences des cas.
Lorsque les ouvrages déterminés par les États touchaient aux fortifications
des places, 81 devaient y amener quelques changements, comme il arrivait
par exemple pour la citadelle du Saint-Esprit, à cause d'un projet d'adoucis-
sement de la rampe du Rhône autorisé par le roi, les officiers du génie
étaient seuls chargés des travaux de fortification proprement dits, 81 les pré-
posés des États des autres ouvrages, après en avoir donné communication au
ministre'.
La question de l'amélioration du cours de la Garonne demeurait toujours
pendante.
' Recueil des édits, déclarations, arrêts S- ordon- l'entretien des ouvrages de fortification & oiivra-
iiances pour l'année 1778, i" i'5i. Règlement ar- ges publics dans la province de Languedoc.
Wié par le roi, concernant les constructions &
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1:95
M. Tresaguet remplaça M. de Voglie, mais ne se hâta point de reprendre
l'œuvre interrompue. Deux projets furent arrêtés au ministère pour la démar-
cation des départements de la Garonne. Ces deux projets embrassaient toute
l'étendue de la rivière, de Saint-Béat à Bordeaux; mais ils morcelaient l'un
£c l'autre le département de Languedoc en le terminant à Verdun. MM, de
La Fage & Garipuy, consultés, s'en plaignirent & la commission des travaux
publics du haut Languedoc appuya les réclamations qu'ils adressèrent sur ce
point à M. de Cotte. Le ministre i"épondit que les arrangements proposés
pouvaient subir toutes les modifications convenables qui seraient arrêtées par
l'inspecteur général 8c autorisées par le conseil d'Etat.
M. Tresaguet arriva à Toulouse à la fin du mois de septembre 1778, avec
M. Desfirmins, ingénieur de la généralité d'Auch, Ils étudièrent ensemble,
chez le directeur provincial, les plans de la rivière depuis l'Ariége jusqu'aux
limites inférieures de la généralité d'Auch au-dessous d'Agen, & après avoir
pris une connaissance générale de la situation, ils s'embarquèrent ensemble
à l'embouchure du canal Si descendirent jusqu'à la pointe de Moissac.
Les résultats de cette vérification furent consignés dans un arrêté clor,
le 22 septembre 1778, dont voici les conclusions :
Les ingénieurs considéraient comme indispensable que les deux bords de
la Garonne dépendissent de la même administration.
Pour y parvenir, ils demandaient que la généralité d'Auch eût dans son
ressort la partie supérieure de la Garonne jusqu'à l'Ariége St la partie com-
prise entre le Tarn 8t le Gers, tandis que la Province de Languedoc aurait
l'espace entre l'Ariége 8c le Tarn, 8c la généralité de Bordeaux le reste de la
rivière depuis le Gers jusqu'à l'Océan.
Ils reconnaissaient l'intérêt essentiel qu'avait la Province au bon état de la
rivière, tant pour la conservation du terrain qui est bas &c meuble, de Tou-
louse au Tarn, que pour l'aisance de la navigation, suite nécessaire des tra-
vaux du canal, 8c jugeaient qu'une somme annuelle de soixante mille livres
devait être consacrée à ces ouvrages, tant que le lit n'aurait pas atteint une
profondeur suffisante.
Ils dénonçaient les moulins flottants comme un obstacle souvent dange-
reux à la navigation 8c proposaient de les faire estimer 8c d'en ordonner la
destruction en commençant par les plus nuisibles.
Ils s'élevèrent aussi contre les inconvénients sans nombre qui résultaient
de l'existence des péages. Cet anachronisme féodal suscitait mille embarras.
Il était très-difficile d'obliger les seigneurs péagers à exécuter les travaux
auxquels les obligeait leur privilège 8c tout à fait impossible de faire con-
courir ces ouvrages morcelés à l'ensemble d'un plan général. La suppression
entière des péages paraissait aux ingénieurs le remède le plus logique; mais
en attendant, ils réclamaient au moins que les seigneurs péagers fussent
déchargés des travaux, sauf à verser annuellement une somme équivalente
dans la caisse du receveur des fonds destinés à la Garonne.
Ces conclusions furent agréées des États dans leur séance du 1" décem-
1778
'778
'779
1:96 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
bre 1778. Ils se contentèrent d'observer que le département de la Guienne
étant beaucoup plus étendu que celui du Languedoc, 8c exigeant des ouvrages
plus coûteux, il n'y aurait que justice à proportionner la dépense entre les
deux provinces.
Tout faisait donc espérer une prochaine solution de l'affaire, mais il n'en
fut rien. M. de Cotte consulta de nouveau les intendants riverains, puis
M. Tresaguet. Les États chargèrent leurs députés à la Cour d'insister auprès
du ministre pour avoir communication du projet'.
Les négociations traînèrent plus de deux ans, pendant lesquels l'arche-
vêque de Narbonne & les députés eurent de nombreuses conférences avec les
ministres.
Un édit royal, donné à Marly dans le courant du mois de mai 1779, mit
fin à l'étrange condition administrative du comté de Caraman, en réunissant
définitivement ce territoire à la province de Languedoc 8c en l'incorporant
au diocèse économique de Toulouse. Le préambule de l'édit porte que cette
réforme s'accomplit à la requête des Etats provinciaux 8c d'après le vœu una-
nime du comte de Caraman, des seigneurs, consuls 8c habitants des com-
munes dont le fief était composé, rappelant avec raison que, par sa position
topographique, le comté de Caraman faisait naturellement partie du Lan-
guedoc &c du diocèse de Toulouse. La durée d'une anomalie que rien ne
justifiait plus montre bien la persistance des choses faites 8c la mobilité des
résolutions ministérielles. L'acte même de 1779 présente un historique som-
maire mais complet des diverses phases de la question. Il rappelle qu'au
temps où la Guienne 8c la Gascogne étaient encore possédées par les rois
d'Angleterre, le pays d'Agenais se trouvant exposé aux incursions des armées
anglaises, ne fut pas en état de subvenir par ses propres forces aux frais de la
guerre défensive 8c réclama quelque assistance. On y adjoignit le comté de
Caraman, à seule fin d'augmenter le fonds destiné à la subsistance des troupes.
Mais ensuite,, lorsque le dernier soldat anglais eut évacué le sol de France,
la distraction accidentelle du comté de Caraman se maintint par habitude, 8c
à mesure que l'on créa de nouveaux impôts, les communes de ce pays les
ac(juittèrent avec la Guienne.
En i53i, les États de Languedoc réclamèrent contre une tradition abusive
qui privait la Province d'une partie intégrante de son territoire, 8c le roi
François I'^"' ordonna, par lettres patentes de la même année, que les habi-
tants du comté de Caraman seraient déchargés de leur contribution aux
impositions de Guienne 8c participeraient à celles de Languedoc. Ces lettres
patentes ne furent point exécutées; plus de cent ans après, en 1660, les
États renouvelèrent leurs représentations 8c obtinrent, au mois de septembre,
un nouvel édit confirmant la réunion demandée, sans indiquer les détails
d'application. L'élection de Lomagne, à laquelle le comté de Caraman était
annexé, réclama, fit valoir une prétendue perte pour le trésor, 8c l'édit
' Procès-verbal des Étots de Lnngiicdoc. Séances du 28 décembre 1779, 8 janvier 1781, 7 janvier 1 782.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1:97
d'août i663 détruisit l'édit de septembre. Le comté se trouvait ainsi dépendre
à la fois de deux provinces dont la constitution était très-diftérente. « Le
Il défaut d'ensemble 8c d'harmonie, la contrariété des vues, les retards, les
« obstacles même dans l'exécution des projets arrêtés, notamment en ce qui
« concernoit les routes Se les travaux publics, » étaient signalés à chaque ins-
tant comme la conséquence inévitable d'une administration morcelée. Quant
au vide que l'on avait craint en i663 pour les finances du roi, il était facile
de l'empêcher, sans causer de préjudice à personne, en chargeant le diocèse
de Toulouse de toute la portion d'impôts due par le comté de Caraman à
l'élection de Lomagne, en indemnisant les intéressés. Telle fut la solution
adoptée par l'édit de 1779, qui rétablissait le pays &. comté de Caramau 8t
communautés en dépendant sous l'administration de la province de Lan-
guedoc, pour être régis à tous égards comme les autres pays 8c communautés.
Le roi déchargeait la généralité d'Auch, en taille, capitation ■& vingtièmes,
d'une somme égale au montant total des impositions qu'y supportait précé-
demment le comté, à la charge pour celui-ci de remettre exactement la même
somme à la caisse du receveur du diocèse de Toulouse, de façon que ce dio-
cèse versât à l'avenir, dans le trésor royal, un supplément d'impositions repré-
sentant la somme déduite de la généralité d'Auch. Le diocèse de Toulouse
dut, en outre, pourvoir à toutes les indemnités nécessaires, à régler de concert
par l'intendant de Languedoc 8c l'intendant de la généralité d'Auch.
On rétablissait ainsi partiellement l'unité administrative de la Province j
mais combien d'autres singularités irrationnelles n'aurait-on pu découvrir en
Languedoc Se ailleurs qui réclamaient des réformes analogues! Combien d'au-
tres effets à supprimer, parce que les causes en avaient disparu depuis long-
temps! 11 devait suffire, 8c l'expérience le montra bien, d'une révision attentive
de l'état du pays sous tous les points de vue 8c d'un simple appel au bon sens,
pour conduire, par une pente inévitable, aux généralisations systématiques
de la Révolution. Tout ce qui s'accomplit, en matière de progrès, dans ces
dernières années de l'ancien régime, marque l'éveil Se l'acheminement. L'im-
pulsion est donnée; elle ne s'arrêtera plus.
CHAPITRE II
Progrès de l'esprit de réforme. — Sénéchaussée de Villeneuve-de-Berg. — Troubles en Vivarais. — Com-
mission extraordinaire. — Ballainvilliers. — Assemblée des notables. — Réforme judiciaire. — Le
comte de Périgord à Toulouse. — Résistance du Parlement. — Réunions de la noblesse. — Arrêts
de la cour des comptes à Montpellier contre l'assemblée provinciale, — MouYcment de l'opinion.
Derniers travaux des Etats.
Depuis le ministère de Necker, l'esprit de réforme était plus que jamais à
l'ordre du jour. Il n'y avait guère d'intelligences actives dans le royaume dont
la prédilection ne se portât naturellement. Se comme par un courant irrésis-
tible du siècle, vers les questions politiques, vers l'étude, la discussion Se le
XIII. 8z
'779
[780
'7'
1298 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
perfectionnement des institutions les plus anciennes, 8<. jusqu'alors les plus
respectées de la monarchie. C'est l'époque des plans, des mémoires, des théo-
ries; chacun semble vouloir créer une société de toutes pièces, improviser une
organisation nouvelle, & préparer à sa façon cette république idéale qui a été
le rêve constant des philosophes & des poètes. Le désordre des finances & le
désir de combler les vides inquiétants que les prodigalités de la Cour Se les
malheurs de la France avaient creusés dans le trésor public, étaient d'or-
dinaire le point de départ de ces propositions individuelles, qui, presque
toujours, présentaient d'ailleurs le caractère de générosité, de justice & de
philanthropie commun à la plupart des moralistes du temps.
Des circonstances particulières, dont le détail est demeuré inconnu, avaient
mis le contrôleur général en relations personnelles avec un conseiller au
Parlement de Toulouse, ardent ami des réformes Se fort éloigné de prévoir, k
coup sûr, la tragique destinée que lui réservait, treize ans plus tard, le
triomphe définitif des réformateurs. Ce personnage s'appelait Blanquet de
Rouville, vicomte de Trébons, Il entretenait une correspondance politique
avec le ministre & lui soumettait, sous forme de notes ou de mémoires d'une
extrême concision, toutes les réflexions qu'il croyait utiles au bien public.
Pour remédier au déficit, il proposait diverses combinaisons : établir une
imposition sur les commis administratits de tout ordre, personnel déjà très-
nombreux qui ne contribuait en rien aux charges de l'État; faire retourner
au trésor les sommes considérables, cent quinze mille livres par tirage, que
coûtait l'organisation de la loterie; augmenter l'exportation des vins de Lan-
.o-uedoc, presque sans valeur dans le pays, tandis que la Flandre, l'Ile-de-
France Si la moitié du royaume en étaient privées, la rendre plus active
Si plus facile en modérant les droits d'entrée, en abolissant les péages, en
établissant des canaux. Si par ce moyen, la production étant accrue, tripler
les impôts sur les vignes.
En augmentant les revenus, M. de Rouville songeait aussi à diminuer les
charges. 11 avait conçu pour l'entretien de l'École militaire une combinaison
tout à fait inattendue. Il demandait que, pour faire vivre cette fondation, le
gouvernement prélevât un tiers de toutes les dîmes du royaume. De cette
façon, disait-il, les évêques Si le clergé qui n'ont point d'enfants, demeure-
ront chargés de l'éducation des enfants qui n'ont point de bien. Si les familles
de pauvres gentilshommes pourront donner de bons officiers à l'Etat sans
accroître les dépenses du trésor'.
Mais ces questions générales n'occupaient point seules les méditations du
conseiller. L'organisation des Etats du Languedoc lui semblait surtout défec-
tueuse. Il leur reprochait de coûter fort cher, &, sous prétexte d'établir une
sage économie dans le maniement des deniers publics, d'être en réalité une
charge très-onéreuse pour la Province. Dans la hiérarchie administrative de
Languedoc il signalait nombre d'agents inutiles 61 d'appointements exagérés,
' Archives nationales, H. — Correspondance du contrôleur général. Lettre du 5 janvier 1780.
LIV, V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1299
prétendant que le service des quatre syndics généraux, payés à grands frais,
pourrait être fait sans inconvénient par un seul officier avec moitié moins de
gages. ^
Il n'hésitait pas non plus à sacrifier comme entièrement inutile la charge
de trésorier général de la Province, simple intermédiaire beaucoup trop ma-
gnifiquement rémunéré 8t qui faisait perdre au pays des sommes immenses.
« Je vois à Toulouse, disait-il, que les directeurs du domaine, du tabac Se du
« sel font passer directement leurs fonds à Paris sans l'entremise de personne. »
L'esprit d'économie le conduisait même à reconnaître les vices constitu-
tionnels de l'organisation des Etats, 8c, en présence des abus qui choquaient
tous les observateurs clairvoyants, il allait jusqu'à proposer des mesures radi-
cales. Ainsi, il ne demandait rien moins que la suppression presque totale des
députations de troisième ordre, déclarant les consuls des communes parfaite-
ment inutiles aux opérations de l'assemblée. Ces envoyés n'allaient à Mont-
pellier que pour être de l'avis de leur évêque dont ils ne servaient pas même
à éclairer la religion.
Les envoyés de la noblesse n'étaient pas mieux traités. Que peut connaître,
demandait-il, en fait d'administration provinciale, un gentilhomme pris au
liasard, qui entre aux Etats pour tenir la place d'un titulaire de baronnie?
Sa généalogie est le seul titre qu'il ait à produire.
Peu soucieux d'assurer au pays une représentation plus rationnelle & plus
sincère, & uniquement préoccupé du gaspillage des fonds, il ne voyait à ces
maux d'autre remède que la suppression de tous ces députés parasites, ce qui
lui permettait de reverser au trésor de fort belles bourses de jetons.
Il trouvait aussi très-excessive la somme de trois cent mille livres que l'ar-
chevêque de Narbonne recevait annuellement, en sa qualité de président des
États, sans être tenu d'en rendre aucun compte. Si les revenus du prélat sont
insuffisants, qu'on lui donne quelques abbayes de plus qui ne coûteront rien
à l'État, mais qu'on épargne l'argent du trésor'.
Toutes ces notes allaient s'enfouir 8c se perdre dans les p"apiers du contrô-
leur général; mais elles méritaient d'être signalées, parce qu'elles trahissent
le travail de décomposition qui s'opérait alors dans tout l'édifice politique,
l'esprit de critique 8c d'analyse qui pénétrait toutes les fictions 8c qui mettait
en lumière le néant de ces grandes Se solennelles comédies provinciales dont
la mise en scène avait si longtemps imposé.
Nos lecteurs connaissent toutes les difficultés auxquelles donnait lieu l'ad-
ministration de la justice en Vivarais, les enquêtes qui avaient été faites dans
le pays Se les diverses mesures législatives adoptées à la suite de ces informa-
tions.
Les États particuliers ne cessaient d'adresser à la Cour des réclamations
pressantes pour obtenir la réforme" d'une organisation judiciaire qui ne répon-
' Archives nationales, H. — Correspondance du au Parlement de Toulouse, envoyées à M. Nccker,
contrôleur général. Réflexions sur les Etats par 17 janvier rySo.
le baron de Rouville, conseiller de grand'chambre
1780
178
i3oo ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dait pas aux besoins des peuples. Ils taisaient observer que l'éloignement de
la sénéchaussée de Nimes, où les appels de sentences rendues par les juges du
Vivarais avaient été portés de toute ancienneté, augmentaient considérable-
ment les longueurs Se les frais des procès civils & criminels, & que l'obliga-
tion imposée par l'édit d'avril 1767 aux officiers du siège de Nimes d'envoyer
chaque année des commissaires en Vivarais, dérangeait leur service & ne
remédiait pas complètement aux maux signalés.
Le ministère désirant couper court à des inconvénients qui ne cessaient de
se représenter, prit alors le parti d'installer en Vivarais une sénéchaussée
royale, dont les appels iraient directement au Parlement de Toulouse, saut'
réserve, en faveur des officiers de Nimes, de la connaissance des appels dans
les cas présidiaux. Cette nouvelle sénéchaussée tut établie à Villeneuve-de-
Eerg, par l'édit donné à Versailles au mois de mai 1780.
Le roi supprimait, à compter du i" janvier suivant, l'office de bailli du
Vivarais, les sièges royaux d'Annonay & de Villeneuve-de-Berg 8c tous les
officiers précédemment établis pour l'administration de la justice dans ces
juridictions, sans comprendre dans cette suppression les offices des notaires,
huissiers ou sergents royaux.
Le pays de Vivarais était distrait Se désuni du ressort de la sénéchaussée
de Nimes; & pour assurer aux habitants, une justice plus prompte, le siège
de la nouvelle sénéchaussée royale était fixé dans la ville de Villeneuve-de-
Berg, avec les pouvoirs, prérogatives, autorités & juridictions de toutes les
autres sénéchaussées de Languedoc.
Cette sénéchaussée devait connaître en première instance ou par appel,
de toutes les demandes & contestations civiles £< criminelles dont les otficiers
de la sénéchaussée de Nimes 8c ceux des juridictions royales d'Annonay 8v de
Villeneuve-de-Berg étaient en droit de connaître précédemment.
Le droit de juger la compétence du prévôt des maréchaux de France, dont
jouissaient les deux sièges supprimés, était attribué à la sénéchaussée de
Villeneuve-de-Berg.
Voici la composition de ce tribunal ; un sénéchal d'épée, un juge-mage
lieutenant général civil, un lieutenant criminel, un lieutenant principal
civil 8c criminel, six conseillers, un avocat Se un procureur du roi, un gref-
fier en chef civil 8c criminel des présentations 8c affirmations, douze procu-
reurs, un premier huissier 8c quatre huissiers audienciers. Toutes ces charges
étaient créées en titre d'office vénal.
Le sénéchal d'épée du Vivarais héritait de toutes les prérogatives de l'an-
cien bailli d'épée, Se notamment du droit d'assister, au nom du roi, aux
sessions des Etats particuliers du pays. Quant aux autres offices, ils étaient
assimilés de tout point à ceux des diverses sénéchaussées de Languedoc.
Tjes officiers des juridictions supprimées avaient ordre d'adresser au con-
seil, dans le délai de deux mois, à compter de l'enregistrement de l'édit, leurs
quittances de finances, leurs contrats d'acquisition 8c leurs autres titres de
propriété, afin de procéder sans retard à leur liquidation.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. i3oi
Ceux d'entre eux qui désiraient continuer leurs services dans la nouvelle
sénéchaussée étaient tenus de se pourvoir par-devant le roi, dans le délai de
trois mois, pour obtenir des provisions, en déduisant du prix d'achat le mon-
tant de leur liquidation, & avec la faveur de ne payer aucun nouveau droit
de marc d'or & de sceau, & d'être reçu gratuitement, saut à prêter un ser-
ment nouveau.
Ceux qui ne pourraient trouver place dans la sénéchaussée y seraient
admis viagèrement, jusques aux cas de vacances, avec le titre de conseillers
surnuméraires, 8c conserveraient les gages qui leur étaient attribués en qua-
lité d'officiers des bailliages.
Le titulaire de l'abbaye de Mazan 8c ses successeurs avaient le pouvoir
de nommer à l'un des offices de conseiller, pour tenir lieu du droit qui leur
avait été octroyé par l'édit d'avril 1767.
Le roi ordonnait que l'on dressât immédiatement inventaire des registres,
minutes Se papiers conservés aux greffes des sièges d'Annonay Se de Ville-
neuve-de-Berg, Si que ces deux dépots fussent concentrés à Villeneuve.
Comme la distraction d'une partie du ressort pouvait diminuer la valeur
des offices de la sénéchaussée de Nimes 8c porter atteinte à des intérêts privés,
l'édit prescrivait que, par provision, cette sénéchaussée continuerait de jouir
de l'indemnité de trois mille livres accordée en 1767 Se que, si la nécessité
d'un dédommagement durable était reconnue, ce dédommagement serait mis
à la charge des Etats de Vivarais.
Le Parlement de Toulouse enregistra l'édit de création de la sénéchaussée
de Villeneuve-de-Berg le 3 juin 1780, sur le rapport de M. de Pvaymond-
Lasesquière'.
Le marquis d'Hautpoul-Seyre avait acquis en 1779, ^" comte de Rochc-
chouart, le titre de baronnie des Etats assis sur la terre d'Aureville 8< ses
dépendances, sans les terres qui en étaient décorées. Ce titre étant oisif dans
ses mains, il s'inquiéta de le taire attribuer à l'un de ses propres domaines.
I,es possessions seigneuriales du marquis formaient deux groupes distincts,
l'y il dans le diocèse de Rieux, l'autre dans le diocèse d'Alet.
Dans le diocèse de Rieux, il avait le château de la Terrasse, où il faisait
sa résidence, le Villa Se Moutflourès, terres mouvant en plein fief du roi, avec
toute justice.
Dans le diocèse d'Alet, il avait Saint-Just, Bugarach 8c Sougragne, formant
trois paroisses. Parmi ces terres, les unes lui appartenaient de son chef, les
autres du chef de sa femme.
Si l'on ajoutait quelque importance à la situation géographique de l'assise,
la Terrasse avait l'avantage comme plus rapprochée du diocèse de Toulouse,
où était située la baronnie d'Aureville. Si l'on se préoccupait de la grandeur
des possessions dans une même contrée, la terre de Seyre, dans le diocèse de
Toulouse, donnant au moins dix mille livres de rente, pouvait être prise en
' Recueil des éjits, ctécîaratlonSy arrêts & ùrjoniunccs pour l'année 1781, f" ô.
1780
1781
77;^ i3o2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
considération. La terre de Saint-Just avait le mérite de remplir à la lettre
les conditions du règlement, puisqu'il s'y trouvait trois paroisses, tandis qu'à
la Terrasse on ne comptait qu'un seul clocher.
Le marquis demanda aux Etats de se prononcer, en leur observant qu'il
n'existait pas de baronnie dans le diocèse de Pvieux ni dans celui d'Alet, &.
que diminuer le nombre des baronnies du diocèse de Toulouse, pour en
mettre dans un pays qui n'en avait aucune, était un moyen de se rappro-
cher de l'institution première des baronnies représentatives, &. en promettant
d'acheter à sa femme les terres dont la propriété incommutable était nécessaire
pour satisfaire aux exigences de la loi.
Les États appliquèrent la lettre du règlement 8c choisirent l'assise d'Alet,
à cause des trois clochers '.
Le ministère croyait avoir réglé d'une façon définitive l'organisation judi-
ciaire du Vivarais par l'édit de mai 1780; mais à peine la sénéchaussée de
Villeneuve-de-Berg fut-elle créée que les Etats particuliers du pays élevèrent
de nouvelles réclamations. Ils représentèrent que le haut £< le bas Vivarais se
trouvaient séparés par une chaîne de montagnes escarpées &. par le cours de
l'Érieu; que pour communiquer de l'une à l'autre de ces deux parties il
n'existait qu'une route droite sur le bord du Rhône, & que l'accès de Ville-
neuve-de-Berg serait trop difficile & trop dispendieux pour la plupart des
habitants du haut Vivarais; que la position & la nature des deux régions
séparées par cette barrière naturelle avaient nécessité depuis longtemps, indé-
pendamment des deux bailliages supprimés, l'établissement de deux juges de
l'équivalent, de deux subdélégués de l'intendance, de deux receveurs des
tailles, de deux ingénieurs en chef, de deux commandants; que la session
des Etats particuliers se tenait également dans le haut & le bas Vivarais. Il est
important pour la sûreté publique, ajoutaient-ils, que la justice en matière
criminelle soit rendue avec exactitude & soutenue par une vigilance conti-
nuelle des officiers, cette portion du pays étant située dans des montagnes
abruptes où il est trop facile aux malfaiteurs de se procurer des retraites, afin
d'échapper à la sévérité des lois. Le haut Vivarais offrait même un asile aux
gens des cantons voisins qui voulaient se dérober aux peines méritées par
leurs crimes. Les officiers des deux bailliages & les sujets qui se présentaient
pour la nouvelle sénéchaussée étaient en nombre plus que suffisant pour en
former deux; les auditoires 81 les prisons pouvaient, dans l'un 6t l'autre lieu,
se prêter à la métamorphose. On demandait donc de compléter l'œuvre en
créant une seconde sénéchaussée en Vivarais, afin d'assurer aux deux versants
des montagnes du Coyron les avantages que le gouvernement avait en vue.
le conseil pensa aussi qu'un dépôt public, soit pour les registres des paroisses
& des communautés religieuses, soit pour les insinuations, les hypothèques 8<.
divers autres objets, ne serait pas moins nécessaire dans le haut Vivarais que
des juges à portée d'y suivre promptement une instruction criminelle, surtout
' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Séance du 4 janvier 1781.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. i3o3
quand il s'agirait d'y procéder avec les juges des officialités foraines de l'arche-
vêché de Vienne, établies pour le haut Vivarais dans la ville d'Annonay. Pour
ces raisons, Se en déclarant qu'il importait de maintenir le bon ordre dans
l'une Si l'autre des deux parties du Vivarais, les habitants de chacune d'elles
ayant un droit égal à la bonté & à la protection royale, l'édit de février 1781
réduisit la sénéchaussée de Villeneuve-de-Berg au bas Vivarais & créa, pour
le haut, un nouveau siège dans la ville d'Annonay, en lui appliquant les
dispositions adoptées à l'égard de la sénéchaussée de Villeneuve.
Par un article particulier, le maréchal prince de Soubise & ses successeurs,
en qualité de seigneurs d'Annonay, étaient autorisés à jouir du droit de nomi-
nation à l'un des six offices de conseiller.
Pour éviter les contestations qui auraient pu se produire entre les officiers
de la sénéchaussée royale & ceux du seigneur, le roi maintenait aux juges du
prince de Soubise la connaissance de toutes les causes personnelles, réelles,
possessoires & mixtes, 8c des affaires de police entre les habitants de la ville
&C. du marquisat d'Annonay, entre les nobles 8c les roturiers, 8c celle des procès
criminels poursuivis à la requête des ecclésiastiques pour tous les cas appar-
tenant aux juges bannerets, suivant les ordonnances. Il abandonnait aux
officiers du marquisat d'Annonay les procès civils des ecclésiastiques dont la
connaissance revenait aux juges laïques, même les procès concernant le tem-
porel des bénéfices. Les affaires de dîmes ou d'autres revenus d'église, 81 celles
qui intéressaient les bénéfices de fondation royale pourvus de lettres de garde,
étaient exclues de cette attribution. Les officiers du marquisat devaient aussi
avoir le droit d'apposer les scellés 8c de procéder à l'inventaire des effets laissés
par les ecclésiastiques, les nobles 8c les roturiers, lorsqu'il y avait lieu d'y
procéder d'autorité de justice, à l'exception des effets d'ecclésiastiques possé-
dant des bénéfices de fondation royale, réservés aux juges royaux. Les auto-
risations d'inhumer les protestants auxquels la sépulture ecclésiastique était
refusée devaient également être données, en forme d'ordonnance, par le juge
du marquisat d'Annonay, comme officier de police, sur les conclusions du
procureur juridictionnel. Enfin, le magistrat seigneurial présidait à la récep-
tion des arts &c métiers.
Pour compenser, par une faible infériorité honorifique, les prérogatives
féodales des juges du marquisat, un article portait que, dans les séances 8c
cérémonies publiques, les officiers du seigneur marcheraient à la gauche des
officiers de la sénéchaussée '.
M. Garipuy, directeur des travaux de la Province dans la sénéchaussée 8c
membre de l'Académie des sciences de Toulouse, avait fait construire un
observatoire astronomique au sommet de la maison qu'il possédait près de
l'allée Saint-Michel, 8c avait pris le soin d'y réunir nombre d'instruments
excellents, sortis des meilleurs ateliers de Paris 8c de Londres.
Après la mort de cet ingénieur, ses héritiers mirent la maison en vente.
" Recueil des éJits, déclarations, arrêts & ordonnances pour l'année 1781, f° ^~y.
1781
1782
-^^ i3o4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'Académie des sciences, craignant de voir un nouveau propriétaire donner
une autre destination à l'édifice & disperser une collection d'instruments qui
faisait honneur à la ville, n'ayant pas d'ailleurs de ressources suffisantes pour
se charo-er elle-même de l'acquisition, crut devoir la solliciter de la munifi-
cence des Etats.
Elle leur adressa un long mémoire qui fut analysé en séance par l'arche-
vêque de Toulouse. L'Académie déclarait qu'elle comptait sur la générosité
de l'assemblée pour conserver à la capitale de la Province & aux sciences un
bâtiment précieux & des instruments difficiles à remplacer, dont le posses-
seur eût fait don à ses confrères si la mort ne l'avait surpris.
La compagnie faisait appel à l'empressement des Etats pour tout ce qui
pouvait favoriser les hautes études, lui rappelant les progrès que l'astro-
nomie avait faits à Toulouse depuis près de cinquante ans, la série des
observations recueillies par MM. Garipuy, dont une partie avait déjà paru
dans le premier volume des Mémoires académiques, 8t les Recueils des obser-
vations de M. Darquier, formant sans interruption une suite unique de
vingt-trois années.
L'archevêque proposa aux Etats d'accueillir favorablement cette requête,
en conciliant, par le mode d'acquisition le moins onéreux, les besoins géné-
raux de la Province avec l'intérêt scientifique.
Les commissaires des travaux publics du haut Languedoc reçurent donc le
pouvoir d'acquérir, au nom de la Province, l'observatoire 8i les instruments
de MM. Garipuy, sans aucune réserve ni distraction, au prix de trente-six
mille livres, dont douze mille pour les instruments. Cette somme devait être
convertie en une rente viagère annuelle de trois mille six cents livres, divisée
entre la veuve 8c les deux filles de l'ingénieur, la -première à raison de six
cents livres, & les deux autres à raison de quinze cents livres chacune.
L'acte d'achat porta la mention expresse qu'il n'était déterminé que par le
désir de conserver des matériaux utiles à la science.
Les commissaires étaient autorisés à louer la maison, en se concertant avec
l'Académie des sciences, &. en ayant soin que la location, loin de nuire au
but proposé, pût favoriser les observations astronomiques. La Province enten-
dait que ces travaux y fussent continués sans interruption.
Le prix des loyers revenait à l'Académie, sous la condition de verser chaque
année une somme de six cents livres dans la caisse du trésorier de la bourse,
de payer les impositions royales & locales, les frais de réparations & l'entre-
tien de l'observatoire & des instruments. Après la mort de Madame Garipuy,
l'Académie n'avait plus à faire son versement annuel; mais elle était tenue
d'employer les six cents livres en augmentation d'instruments d'astronomie.
On fit un double inventaire du matériel scientifique, dont une copie resta
aux mains des commissaires provinciaux, & l'autre à l'Académie. Tous les
objets furent marqués aux armes de la Province & mis à la disposition de la
compagnie chargée de continuer les observations sans intermittence 8c d'en-
tretenir le matériel.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i3o5
Le syndic général du département avait charge de visiter annuellement
l'observatoire & de vérifier l'état des instruments. Les commissaires des tra-
vaux publics devaient faire procéder à la même inspection par le directeur
départemental, le rapport de ces diverses vérifications étant destiné à être lu
aux Etats dans la séance qui précédait immédiatement le jour du vote des
gratifications aux corps littéraires'.
Les fonctions de syndic diocésain & de subdélégué du commandement &
de l'intendance en Gévaudan avaiejit été longtemps réunies sur la tête d'un
agent unique, nommé Lafont, qui, grâce à des services rendus au pays,
jouissait de l'estime générale ainsi que d'une faveur marquée auprès de tous
les chefs de l'administration. Formaliste scrupuleux en apparence, la régula-
rité extérieure qu'il avait toujours affectée dans les détails de sa gestion avait
contribué, avec son crédit personnel, à mettre ses actes à l'abri de tout
soupçon. On s'aperçut néanmoins après sa mort qu'un grand nombre d'abus
s'étaient glissés dans l'emploi des finances diocésaines, & que le respect des
formes n'avait que mieux dissimulé l'irrégularité sérieuse des opérations.
L'évêque de Mende, qui avait partagé la confiance universelle inspirée par
le syndic, se crut obligé de dénoncer aux États les infractions importantes
que cet officier avait commises contre les règlements de l'administration des
assiettes. Portées devant l'assemblée provinciale par la bouche de l'archevêque
de Narbonne, ces plaintes donnèrent lieu à la nomination d'une commission
d'enquête, composée de quatre membres, avec la mission spéciale de recueillir
des informations 8i de rechercher exactement les vices de l'administration du
pays de Gévaudan.
L'évêque de Lodève, le baron de Villeneuve & les syndics diocésains de
Narbonne &i d'Albi firent partie de la commission*.
Ils présentèrent un premier rapport, au commencement de l'année sui-
vante, d'où il résulta que beaucoup d'irrégularités s'étaient commises; plu-
sieurs emprunts autorisés par le conseil d'Etat n'avaient pas été entièrement
exécutés, tandis que d'autres se trouvaient dépassés ou faits sans autorisation.
Il parut aussi, par l'étude des documents laissés dans les bureaux du syn-
dicat, 8<. par les déclarations du gendre & du successeur de M. Lafont, qu'on
aurait à blâmer dans cette gestion si longtemps considérée comme irrépro-
chable, des virements de fonds importants, des dépenses ordonnées en dehors
des règles provinciales 8c des emprunts faits sur billets particuliers du syndic.
Cependant la bonne foi de l'agent diocésain ne paraissait pas devoir être
suspectée. Son intelligence, son activité, son désintéressement étaient reconnus
de tout le monde. On n'attribuait qu'à, un zèle immodéré la violation de
l'ordre hiérarchique. Très-ardent à poursuivre les entreprises qui lui parais-
saient utiles, il n'avait cherché à s'affranchir des règles que pour éviter les
lenteurs administratives 8c réaliser plus promptement le bien qu'il avait en
' Procès-verbal des Etati. Séance du 28 décembre * Procès-verbal des Etats. Séance du 5 janvier
178». 1781.
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i3o6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
vue. L'excédant des baux simulés, les emprunts faits par le syndic sur sa
propre signature, avaient servi à ouvrir ou à réparer des communications
importantes, dans un pays de montagnes où la viabilité tient le premier rang
parmi les besoins publics.
Les États jugèrent que l'affaire n'était pas suffisamment instruite, qu'il y
avait une distinction à faire entre les dépenses utiles quoique irrégulières 8t
celles qui avaient pu être à la fois illégales & superflues. Les pouvoirs de la
commission furent prorogés en même temps qu'on l'invitait à se transporter
sur les lieux'.
Les commissaires se rendirent à Mende, au mois de juin 1782, & se livrè-
rent à un examen approfondi de l'administration diocésaine, utilement
secondés par le zèle de M. Sevenne, premier consul, maire de Marvéjols.
Il fut démontré par cette enquête que les irrégularités financières n'étaient
pas seulement imputables au syndic Lafont, mais qu'elles avaient pris depuis
longtemps racine en Gévaudan, devant leur origine à l'inexactitude des
anciens administrateurs, antérieurs même à l'année lySS. Une des princi-
pales fautes de ces agents avait été d'accumuler dans la caisse des receveurs
les excédants du budget diocésain, au lieu de déduire une somme égale des
impositions de l'année suivante, conformément aux règles de la Province.
De cette façon, ils avaient pris la malheureuse habitude des dépenses non
permises, trouvant sous leur main des fonds qui leur en donnaient la faci-
lité. Une fois entraînés sur la pente, l'insuffisance de ces résidus de caisse
les avait condviits à chercher d'autres ressources irrégulières, soit dans des
avances imposées aux receveurs, soit dans des prix simulés pour les ouvrages
permis, soit dans les emprunts personnels aux syndics.
Quant à l'emploi de ces fonds par l'agent incriminé, on reconnut qu'il
avait toujours été utile au pays 8< que la probité de l'officier diocésain n'en
pouvait recevoir aucune atteinte.
On jugea en outre qu'il serait injuste de laisser en souffrance les créan-
ciers de bonne foi qui avaient cru prêter au diocèse tout en ne recevant que
des billets privés du syndic, &. qui n'avaient pas touché d'intérêts depuis plu-
sieurs années, &, malgré le déficit considérable de la caisse syndicale^, il fut
décidé qu'on leur payerait un an d'arrérages.
Mais ces ménagements équitables ne firent point perdre de vue aux com-
missaires la nécessité de maintenir dans le Gévaudan le bon ordre qui venait
d'y être établi 8c d'empêcher le retour de pareils abus. Ils rappelèrent tout
ce que les États avaient fait pour régler les dépenses des assiettes, 8t toutes
les preuves de vigilance qu'ils avaient données aux administrations diocé-
saines, depuis les règlements du 28 janvier i658 & du 1" mars lôSg, auto-
risés par arrêt du conseil du 3 avril de la même année, règlements qui
■ Procès-verbal des Etats, Séance du 3 janvier cette somme on comptait 91 887 livres qui parais-
1782. saient avoir été utilement employées & iSy^p li-
* Le déficit connu de la caisse du syndic Lafont vres i5 sols, consistant en efiiets, encore en caisse',
s'élevait à 165229 livres 19 sols 6 deniers. Sur ■ Procès-verbal des États. Séance du 24 décembre 178a.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSoy
prohibaient expressément les interversions, les excès de dépenses, les imposi-
tions, les emprunts illicites, en un mot, tous les abus dont on se plaignait en
Gévaudan. En complétant par de nouvelles mesures, en 1760, ces précautions
déjà séculaires, les États croyaient avoir tout fait pour garantir la régularité
des administrations diocésaines.
Le cas du syndic Lafont montrait que cette vigilance pouvait être mise en
défaut par un homme habile. En effet, tandis que les états de répartition des
impôts du diocèse, soumis, suivant l'ordre, à la vérification des syndics géné-
raux, étaient tout à fait irréprochables 8c ne trahissaient pas la plus légère
infraction, tous les abus s'étalaient dans les comptes des receveurs, & la com-
paraison de ces documents suffisait à révéler la vérité. Aussi la commission
recommanda-t-elle aux États l'usage de ce moyen de contrôle que l'on avait
jusqu'alors négligé, &. ce fut l'utilité générale que l'on retira de l'enquête du
Gévaudan. On n'oublia pas de dire que l'administration diocésaine, & en
particulier le nouveau syndic Delhermet, avaient mis le plus louable empres-
sement à réformer les mauvaises traditions locales & à suivre les règles de la
Province '.
Quant à la régularisation des dépenses utiles, on jugea qu'il n'appartenait
point aux États de la Province de l'opérer : le pouvoir souverain était seul
compétent pour les valider en considération de l'avantage que le pays en
retirait, 8<. c'est dans ce but que les députés en Cour reçurent l'ordre de sou-
mettre l'affaire au conseil d'État.
Les vicomtes de Polignac, dont le château couronne encore de ses ruines
une sorte de piédestal volcanique au cœur du Vêlai, possédaient de toute
ancienneté les droits de péage des ponts de Brive 8c de Trouillas, situés près
de la ville du Puy, l'un sur la Loire, route de Lyon, l'autre, sur la Borne,
route d'Auvergne. Ces deux péages furent supprimés en i/Sy.
Vingt-cinq ans après, le duc de Polignac en sollicita le rétablissement
auprès du conseil d'État, qui renvoya la préparation de l'arrêt à l'intendant
de Languedoc, le chargeant d'appeler les syndics généraux de la Province.
L'intendant leur communiqua tous les titres de la maison de Polignac.
L'antiquité de la possession féodale y était incontestable; mais la commission
établie pour la vérification de ces droits, ayant assigné le dernier vicomte en
1746, l'en avait fait dépouiller par arrêt du 27 février 1757.
Héritier cessionnaire du vicomte en 1777, le duc de Polignac, son fils,
comme possesseur de tous les biens compris dans les substitutions de sa mai-
son, fondait son opposition sur cette qualité même de substitué.
Les commissaires des États, négligeant cette question juridique, se préoc-
cupèrent seulement des résultats que pouvait avoir le rétablissement demandé
pour l'ensemble de la Province, lis n'hésitèrent pas à déclarer qu'une telle
mesure attaquait directement les intérêts du commerce Se qu'elle tendait à
faire tourner au profit d'un seul 8c au détriment de la chose publique les
' Procèj-verbal des Etats. Séance du 24 décembre 1782.
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~^ i3o8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
dépenses consîdéiables faites par radministration pour le bien commun ; ils
n'eurent pas de peine à prouver que les droits féodaux, ci-devant établis sur
le vieux pont de Brive tombé en ruines, ne pouvaient être assis sans injustice
sur celui qui avait été construit à grands trais des deniers de la Province,
rappelant d'ailleurs, fort judicieusement, que la nature de l'impôt en révélait
l'origine; les péages n'étaient en réalité que le prix du passage que le sei-
gneur avait charge d'entretenir. Les frais d'entretien étant passés au diocèse
ou à la Province, il y aurait eu contradiction manifeste à rétablir la percep-
tion du droit, lorsque le service qui motivait cette perception avait cessé.
On fit ressortir que le pont de Brive, dont l'entretien annuel était payé par
le diocèse, & qui facilitait une communication importante avec le Forez &
Lyon, avait coûté à la Province plus de cent cinquante mille livres. Les États
voyaient avec douleur qu'une dépense considérable, faite pour l'avantage du
commerce, pourrait lui- devenir nuisible 6i contribuer au rétablissement d'un
impôt onéreux.
En communiquant k l'intendant, pour les soumettre au conseil, ces justes
motifs de doléances, les Etats exprimèrent l'espérance que le roi reconnaîtrait
leurs droits sur le pont de Brive, St que les considérations générales du bien
public & de la liberté du commerce feraient également confirmer la suppres-
sion du péage de Trouillas '.
Les Etats approuvèrent, sur la proposition de l'archevêque de Toulouse,
une innovation dans le service des travaux publics. Les rapports faits à l'as-
semblée sur les ouvrages exécutés aux frais de la Province avaient donné lieu
de remarquer combien il était désirable d'établir pendant l'année des relations
plus suivies Si plus fréquentes, tant avec la commission qu'avec les syndics
généraux. La fréquence & la régularité de ces relations étaient le meilleur
moyen d'éviter aux directeurs des actes d'initiative personnelle qui n'obte-
naient pas toujours la ratification des Etats; &, d'autre part, les commissaires
provinciaux Se les syndics, pouvant suivre de plus près le développement des
travaux, seraient mieux à même d'obvier aux difficultés de détail.
On arrêta donc qu'à dater de l'année lySS il serait tenu, autant que pos-
sible tous les deux mois, 8c dans la première semaine de cette période, une
assemblée des commissaires des travaux publics, où les directeurs seraient
tenus de se rendre, sauf dispense personnelle du président. Dans ces confé-
rences, il devait être rendu compte de l'état de tous les travaux entrepris ou
à entreprendre en vertii des délibérations des Etats, chaque directeur ayant
charge de remettre un rapport détaillé sur les opérations accomplies pendant
les mois antérieurs 8c sur celles qui devaient l'être pendant la période suivante.
Ce nouveau mode de réunions ne changeait rien à la convocation des
assemblées extraordinaires, que les commissaires des États demeuraient tou-
jours en droit de réunir 8c où les directeurs devaient assister, comme d'habi-
tude, toutes les fois qu'ils y seraient appelés^.
' Procès-verbal des Etats. 3o décembre 1782. • Procès-verbal des Etats. 28 décembre 1782.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i3oo ~
Il fut introduit une modification dans le traitement du personnel. Jusqu'à
ce jour, les directeurs, inspecteurs généraux des travaux publics, avaient été
payés proportionnellement aux ouvrages dont ils avaient été chargés. On
jugea que l'année entière de ces agents devant être consacrée au service de la
Province, il serait plus simple & plus naturel de leur assigner des appointe-
ments fixes, proportionnés aux talents que supposait leur emploi.
Ces appointements furent déterminés pour chacun des trois directeurs à
trois mille livres par an sur les fonds de la Province, plus trois mille livres
qu'ils avaient déjà de leurs sénéchaussées, & douze cents pour entretenir un
dessinateur & payer leurs ports de lettres.
La mort de MM. Garipuy 8c Saget laissait vacantes deux places de direc-
teurs des travaux dans les sénéchaussées de Toulouse 81 de Carcassonne; on
donna la première à M. Ducros, Se la seconde à M. de Saget, frère de l'ancien
directeur. Ces deux agents avaient été employés depuis longtemps dans les
ouvrages de la Province, & signalés avec honneur dans les rapports de leurs
devanciers'.
Le percement de la route d'Auvergne donna lieu à une modification dans
les circonscriptions territoriales de la Province en ce qui concernait les travaux
publics. Jusqu'à ce moment, les limites des trois directions avaient concordé
avec celles des sénéchaussées. Mais on jugea que les grands projets de viabilité
à l'étude dans le massif montagneux du nord-est de la Province exigeraient les
soins particuliers 8< exclusifs d'un fonctionnaire spécial, 81 il fut décidé, sur
la proposition de l'archevêque de Toulouse, qu'on formerait un quatrième
département en détachant de celui de Nimes les trois pays de Gévaudan, de
Vivarais 8c de Vêlai, dont la situation 8c l'unité topographique se prêtaient
merveilleusement à composer un ensemble à part*.
Outre la route d'Auvergne, on décida que le nouveau directeur emploierait
la première année de son service à préparer les projets des routes qui pour-
raient être établies du Puy à Rodez en passant par Mende, Se de Montpellier
à Saint-Flour en passant par Marvéjols, sans toutefois autoriser les pays de
Vivarais, de Gévaudan 8c de Velai à négliger l'entretien des chemins qui
servaient de communication entre ces divers points.
On chargea du nouveau département M. Offarel, qui avait été déjà employé
en second aux travaux de la route d'Auvergne; on ne lui alloua que trois
mille livres d'appointements, avec douze cents francs pour dessinateur 8c ports
de lettres, à cause de la nouveauté de l'institution 8c de l'étendue relativement
restreinte des entreprises qui s'y trouvaient commencées 3.
Une grande carte routière de la Province, gravée à Paris par Dupaintriel,
fut présentée aux Etats à la fin de l'année 1782. Ils l'approuvèrent 8c invitè-
rent tous les diocèses à faire faire, par les soins de leurs inspecteurs, une
carte calquée sur la carte générale, de la même étendue 8c de la même
' Procèl-TCrbal dej Etats. Séance du i8 décembre ' Procès-rerbal des États. 24 décembre 1782.
1782. ' Procès-verbal des États. 28 dcterabre 1782.
~2, »3io ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
échelle, en observant de n'y comprendre que les lieux les plus importants &
d'adopter des procédés graphiques particuliers pour distinguer les cours d'eau,
les chemins de poste, de sénéchaussée, de diocèse & les projets de nouvelles
voies, afin de corriger les erreurs & de réparer les omissions de la carte de
Dupaintriel.
Dans ces cartes, uniquement destinées à faire connaître les débouchés Si à
faciliter les études des communications nécessaires, en vue de vivifier le p^ys
& d'activer le commerce, on devait supprimer le tracé des montagnes 8(. des
bois, 8t les noms des simples villages, afin d'éviter la confusion.
Voici les signes conventionnels admis pour marquer les diverses classes de
chemins : les routes du roi étaient tracées en bleu; les routes de poste entre-
tenues par les Etats, en noir; les chemins de sénéchaussée, en rouge; les
chemins de diocèse, marqués par deux lignes rouges non remplies; les che-
mins de communes, exécutés à neuf, par une ligne brune; les chemins pro-
jetés, par une couleur jaune. Un trait de carmin devait indiquer les ponts en
désignant le nombre d'arches par de petits crochets.
Le principal objet du travail était d'indiquer aux administrateurs diocé-
sains, dans un tableau d'ensemble, une multitude de communications de
diocèse à diocèse qui leur étaient inconnues, Si d'éviter ainsi des dépenses
inutiles occasionnées souvent par l'ignorance des débouchés les plus voisins.
Ce ne fut qu'au mois d'octobre 1784 que les cartes diocésaines des séné-
chaussées de Toulouse passèrent aux mains de Dupaintriel. Celles de la
sénéchaussée de Beaucaire suivirent de près.
Le Vivarais, pays d'orages, de misère Si de révolte, fut encore troublé, pen-
dant l'hiver de 1783, par un de ces mouvements populaires dont le souvenir
se représente sans cesse dans l'histoire de cette région.
Cette fois, l'agitation se produisit dans la vallée de l'Ardèche Si dans celle
de son principal affluent, ainsi que dans la portion des Cévennes qui appar-
tenait au diocèse d'Uzès. La principale cause en fut, comme d'habitude, la
détresse des populations. Comme en 1670, c'était encore la faim qui poussait
tous ces misérables à ne prendre conseil que de leur désespoir. Les récoltes
avaient été entièrement perdues par suite des ouragans 81 des grêles de l'été.
La pauvreté, toujours si poignante dans ces cantons, s'en était accrue, &(. avec
elle l'irritabilité de ces hommes énergiques, privés à la fois du produit de
leurs champs par l'intempérie des saisons, dépouillés des ressources de leurs
mines par la confirmation d'un privilège exclusif, réduits par l'excès même
de leur misère à se voir refuser les avances de denrées qu'on leur accordait en
temps ordinaire, 8c surtout vexés Si pressurés de mille façons par les officiers
de justice d'ordre inférieur Si par les praticiens de campagne, véritable fléau
de ces tristes solitudes.
Des attroupements d'hommes armés 81 masqués, qui cherchaient à aug-
menter leurs chances d'impunité en dissimulant leurs visages sous un grossier
déguisement, se formèrent dans les montagnes du bas Vivarais Si dans les
gorges du Cèze. Les petites villes de Saint-Ambroix, les Vans, Joyeuse, furent
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LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i3li
le foyer de l'insurrection dont le contre-coup se fit ressentir jusqu'en Gévaudan,
8< réveilla les échos depuis longtemps assoupis des champs de bataille céve-
nols. Des actes de brigandage, des vols, des excès de toute nature furent
commis. C'est au mois de février qu'éclatèrent les premiers troubles. Il fallut
assurer au plus tôt des moyens de répression.
Le lieutenant de prévôt de la maréchaussée de Vivarais, M. Sarralier, qui
donnait incessamment la chasse à tous les mendiants & vagabonds dont le
pays était inondé, 8<. qui en délivrait la campagne en les dirigeant sur le
dépôt de Montpellier, se hâta de se mettre en selle au premier bruit de l'at-
troupement, & à la tête des trois brigades de Montpezat, de Villeneuvc-
de-Berg & d'Aubenas, courut battre les environs de Joyeuse & des Vans. Il
passa plusieurs semaines en expédition, dissipant les rassemblements armés,
employant tour à tour la persuasion Se la menace pour faire rentrer les insurgés
dans leurs familles, & emmenant les plus récalcitrants pour les livrer à la jus-
tice. Il en arrêta vingt-trois qui furent enfermés aux prisons de Villeneuve-
de-Berg.
De son côté, le chevalier de Lavernède, qui habitait le château de Mal-
bosc, s'était mis en course pour arrêter le désordre à son origine, Sx. déployait,
en poursuivant Se dispersant les groupes de masques armés dans les cantons
de Malbosc, Bane, Brahic, les Vans 8c Joyeuse, une activité, un courage &
une énergie qui lui valut, à la date du 26 février, une lettre élogieuse du
comte de Périgord & une constatation officielle de son « zèle patriotique. »
Mais quand les dangers les plus pressants furent écartés, 8c les actes de
violence punis, on dut songer sans délai à faire cesser les causes d'agitation
qui troublaient ces misérables populations de montagne, 8c l'on se préoccupa
d'abord d'organiser des travaux publics 8c d'ouvrir des ateliers de charité, afin
d'assurer des moyens de subsistance immédiats aux malheureux qui man-
quaient de pain.
Ce fut la commission des États de Vivarais qui prit l'initiative de ces
mesures. Elle commença par décider, le 10 mars, d'accélérer l'adjudication
des travaux qui avaient été autorisés aux derniers Etats, obligeant les entre-
preneurs à ouvrir les chantiers dans la huitaine après leur bail 8c à recevoir
tous les ouvriers munis de certificats des curés 8c consuls attestant le manque
de travail dans leurs communautés. Un architecte de Villeneuve-de-Berg,
nommé Auzepy, fut commis extraordinairement pour surveiller ces divers
travaux, que l'on eut soin de répandre dans tout le Vivarais 8c de rapprocher
des montagnes 8c des quartiers les plus souffrants.
Quelques jours après, le ig mars, les commissaires de l'assiette d'Uzès
envoyaient le syndic du diocèse, accompagné du sieur David, inspecteur des
travaux publics, dans les villes de Saint-Ambroix 8c des Vans, afin d'y établir
deux grands ateliers, ouverts à qui se présenterait, l'un sur la route d'Uzès
à Saint-Ambroix, destinée à être entièrement reconstruite, dans la section de
Saint-Ambroix à Moulinet; l'autre sur la route des Vans à Saint-Ambroix, à
Barjac, où la descente des Vans devait être refaite.
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i3i2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les malheureux affamés de tout le pays se jetèrent avec tant d'empresse-
ment sur ces chantiers, qu'on put compter plus de cinq cents travailleurs à
l'atelier des Vans, & plus de sept cents à celui de Saint-Ambroix. Dans ce
dernier lieu, il s'en présenta plus de mille le 27 avril, 8c l'affluence devint si
considérable que l'on se vit contraint de suspendre les travaux, faute d'argent
pour suffire à l'énorme dépense des payements journaliers.
Cependant des démarches avaient été faites pour informer la Cour de tous
ces malheurs. L'archevêque de Narbonne, le commandant 8c l'intendant de
la Province, le marquis de Castries, appuyèrent auprès du conseil les sollici-
tations du diocèse d'Uzès Se des Etats de Vivarais, 8c, dans le courant du mois
d'avril, le roi accorda une somme de cinquante mille livres à partager entre
ces deux pays, afin d'établir des ateliers de charité dans le voisinage des lieux
où s'était formé l'attroupement.
Ces secours permirent d'activer les travaux commencés 8c d'en organiser de
nouveaux. C'est uniquement à la construction des routes que l'on occupait
les travailleurs; tandis que les deux grands chantiers ouverts par le diocèse
d'Uzès étaient en pleine activité, l'administration du Vivarais faisait rétablir
une partie du chemin de Villefort à Alais, dans les communes de Malbosc,
Banne, Brahic 8c Courry, où l'attroupement s'était formé; raffermir 8c réparer
le chemin de Joyeuse à Aubenas, afin d'employer les bras d'une foule de
paysans disséminés dans les hameaux de montagne qui dominent 8c longent
cette route 8c parmi lesquels l'insurrection avait recruté plusieurs soldats; rec-
tifier le passage de Malpas sur le chemin de Ruons à Joyeuse, afin de fournir
du travail aux communes de Ruons, Balazuc, Lahaume-sous-Sampzon 8c à
quelques autres, où des hommes déguisés avaient commis plusieurs vols 8c des
voies de fait. Un dernier atelier de charité fut établi sur la ligne de Joyeuse
à Aubenas.
Dans tous ces chantiers, on ne demandait aux journaliers que les travaux
les plus simples. Les déblais, les remblais, les gravelages, les empierre-
ments, avaient été justement préférés aux ouvrages d'art, d'abord qu'ils
s'accommodaient mieux au nombre 8c à l'inexpérience des ouvriers employés
qui étaient presque tous des travailleurs de terre, 8c aussi parce que le sol
gras 8c fangeux, où certaines routes étaient tracées, se trouvait sillonné de
flaques d'eau 8t d'ornières journellement approfondies par la circulation des
voitures.
Six cent cinquante ouvriers trouvèrent leur subsistance dans ces ateliers de
charité qui demeurèrent ouverts jusqu'au moment où les travaux de la cam-
pagne réclamèrent des bras. Comme il restait encore bien des malheureux
sans travail, que la disette était grande 8c devait nécessairement s'accroître
jusqu'à la récolte, le pays de Vivarais fit alors exécuter un certain nombre de
réparations qui étaient projetées depuis longtemps mais différées par esprit
d'économie. C'est ainsi que furent adoucies les descentes du pont de Rigaud
8c du Malpas sur les routes d'Aubenas à Joyeuse 8c de Joyeuse à Ruons,
tandis que l'on construisait des chaussées de terre 8c de rocaille, occupant bon
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i3i3
nombre de journaliers sur le cliemin d'Uzer à Largentière, & que l'on élar-
gissait un tournant de la montée de Joyeuse.
Les communes les plus pauvres, celles qui avaient naturellement fourni le
contingent le plus nombreux à l'insurrection, Banne, Brahic, Malbosc 8<.
Courry, n'avaient dans leur territoire que des chemins de quatrième ordre,
dont la construction 8< la réparation devaient être faites entièrement à leurs
frais, suivant les règlements de la Province. Abandonnées à elles-mêipes,
elles manquaient de moyens pour subvenir à ces dépenses &c ne purent que
prendre des délibérations pour solliciter l'assistance du roi. Aussi les Etats
leur accordèrent-ils une somme de cinq mille livres, destinée au rétablisse-
ment du pont de Gagnière.
Tous ces travaux, habilement répartis dans les quartiers les plus enclins à
la rébellion, eurent pour résultat d'assurer l'existence d'une foule de pauvres
journaliers réduits à la dernière détresse, S<, par conséquent, de diminuer la
population flottante de mendiants 8c de vagabonds qui se trouvait à la merci
des séditieux. Mais le caractère particulier de certaines violences commises
par les insurgés indiquait suffisammeiu que la misère n'avait pas été le seul
mobile de cette dangereuse émotion, que l'on appela dans le pays la sédition
des Masques armés. De graves accusations couraient les campagnes contre la
conduite déloyale 8i oppressive des gens d'affaires. Pendant la session des
États de Vivarais tenue dans la ville d'Annonay au mois de juin, M. Lemore
de Pignieu, qui présidait la séance en qualité de bailli d'épée, gouverneur
de la ville d'Annonay Sv subrogé du maréchal de Soubise, se fit l'interprète du
vœu public en demandanfque les commissaires du pays fussent chargés de
supplier le garde des sceaux de vouloir bien approfondir la cause d'un événe-
ment si extraordinaire, Se d'y remédier à jamais par les moyens que sa sagesse
lui inspirerait Si, en particulier, par le rétablissement de l'ordre judiciaire.
Cette proposition réunit tous les suffrages, tant on était convaincu de l'utilité
de graves réformes.
Les supplications du pays ne demeurèrent pas infructueuses. Moins d'un
mois après parurent des lettres patentes du roi, datées du 22 juillet, commet-
tant quatre commissaires du Parlement de Toulouse, à la nomination de la
cour, pour se transporter dans les lieux des Cévennes, du Vivarais Se du
Gévaudan, notamment dans ceux de Banne, Saint-Ambroix 8c autres, afin de
s'enquérir de tous les abus relatifs à l'administration de la justice.
Depuis les grandes fêtes célébrées à Toulouse à l'occasion du rappel des
parlementaires, l'uniformité de la vie quotidienne n'avait été interrompue,
dans la capitale de la Province, que par quelques passages princiers. Le
comte de Provence, frère du roi, accompagné du duc de Laval, des marquis
d'Avaray, de Lévis, de Montesquiou 8c de La Châtre, des comtes de Crenay,
de Chabri liant 8c de Modène, traversa le Languedoc de l'-ouest à l'est pen-
dant l'été de 1777', 8c la même année, l'empereur d'Allemagne Joseph If,
' Voici un extrait du Journal polltiijue de Bouillon sur le voyage du comte de Provence en Languedoc :
XIII. 83
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ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
voyageant incognito sous le nom de comte de Falckenstein, fit quelques
stations dans les principales villes de Languedoc', y fut très-intéressé par le
« Paris, le 22 juillet. — Monsieur venant de
Marmande se rendit à Toulouse. Le 20 juin, ce
prince a bien voulu admettre la compagnie royale
des pénitens bleus de cette ville à lui présenter
l'hommage de son profond respect & de sa véné-
ration; M. Monssinat, adjudant au Parleinent,
syndic de cette compagnie, a eu Thonneur de por-
ter la parole, en l'absence de M. le comte de Paulo,
prieur, à la tête d'une députation composée de
trente gentilshommes les plus distingués de la
ville.
n Le 21, Monsieur, accompagné de tous les sei-
gneurs de sa suite, a fait l'honneur à cette compa-
gnie de visiter sa chapelle, belle par elle-même,
& qu'on avoit magnifiquement décorée. Il fut reçu,
la croix levée, & avec vin dais porté par six gen-
tilshommes en habit de pénitent. L'archevêque,
qui avoit précédé le prince de quelques instans, se
trouva à la tête de la compagnie, & d'un clergé
nombreux, lui présenta de l'eau bénite, & dit
l'oraison après le Domine salyum fas regem à grands
chœurs & en symphonie; pendant qu'on l'exécu-
toit. Monsieur demeura à genoux dans le sanc-
tuaire, appuyé sur un prie-Dieu couvert d'un
tapis de velours cramoisi brodé en or, & d'un sac
de pénitent bleu, au-dessus duquel étoit le registre
où le prince reconnoissoit sa signature, & celle
de tous les rois de France ses ayeux. Ce prince a
bien voulu accorder cette marque de distinction à
cette compagnie, qui doit son existence & ses pri-
vilèges à la piété de nos rois, & a le glorieux
avantage de compter tous les princes du sang royal
au nombre de ses bienfaiteurs. Après que le prince
fut sorti de la chapelle, les pénitens bleus délibé-
rèrent de faire célébrer chaque jour une messe, &
lie chanter VExaudiat jusqu'au jour de son retour
K Versailles inclusivement, ce qui s'exécute avec
beaucoup d'édification & attire un concours pro-
digieux.
Il Monsieur, en arrivant à Béziers par le canal,
fut salué à la montagne nommée mal-pas, par une
compagnie de dragons, vêtue de l'uniforme de
son régiment, composée de quatre-vingts jeunes
gens d'élite; aux neuf écluses une autre compa-
gnie de soixante maîtres, vêtue couleur ventre de
biche à revers bleu & galonnée d'argent, se pré-
senta. Les écluses illuminées formoient un coup
d'œil unique.
Il Au moment oii Monsieur sortit de sa barque,
soixante bergers & bergères, vêtus du meilleur
goût, formèrent un ballet champêtre, & précédè-
rent le prince jusqu'à la porte de la ville, où les
officiers municipaux lui présentèrent les clefs &
le haranguèrent.
« Les rues étoient illuminées, tapissées, sablées,
& bordées par le régiment de Vermandois. Le pré-
sidial harangua le prince à l'évêché, où il soupa
& coucha; le lendemain le prince entendit la
messe à la cathédrale, & partit ensuite pour Agde,
précédé & suivi du cortège de la veille.
Il Monsieur ayant pris la route par terre arriva
à Cette, le 27, à six heures & demie du soir. Ce
prince vint descendre devant la maison préparée
pour le recevoir, & dont la façade offroit une très-
belle décoration. Il fut reçu à la porte de cette
maison par l'évêque de Montpellier, le marquis
de Calvisson, baron des Etats, le marquis de
Montferrier, syndic général de la Province, & son
fils, aussi syndic général, reçu en survivance.
Il Après avoir vu du balcon de son appartement
les joutes qu'on avoit préparées sur le canal qui
conduit au port, 8c qui furent exécutées au milieu
de soixante petits bateaux décorés. Monsieur se
rendit à pied au port & au -fort Saint-Louis, ac-
compagné par un peuple immense qui faisoit re-
tentir l'air de ses acclamations & des cris de vive
le Roi, vive Monsieur. Ce prince examina le môle
& le port, vit travailler un ponton que les com-
missaires des Etats avoient fait tenir armé; & à
l'entrée de la nuit, il s'embarqua dans la chaloupe
de la Provirfce, traversa le port, & vogua vers le
canal au milieu de la flotille des jouteurs. Les
deux bords du canal & les maisons situées sur le
canal étoient pour lors illuminés; & Monsieur
étant rentré, on exécuta un feu d'artifice préparé
de l'autre côté, vis-à-vis de la maison qu'occupoit
ce prince, & dont il alluma lui-même le curseur
avec un soufflon que M. de Montferrier, le fils,
eut l'honneur de lui présenter.
Il Ce prince, après le feu, dont il parut satis-
fait, ainsi que de tout ce qu'il avoit vu jusqu'alors,
soupa à une table de quinze couverts. L'évêque de
Montpellier & le marquis de Calvisson, baron des
Etats, furent du nombre des convives. Le marquis
de Montferrier, syndic général, eut l'honneur de
servir le prince, qui partit de Cette le 28, vers
neuf heures du matin, pour se rendre à Montpel-
lier. Il a été escorté à son départ, ainsi qu'ij •
l'avoit été à son arrivée, par une troupe de cava-
lerie, formée des négocians de la ville, & portant '
l'uniforme de ses gardes.
Il A Montpellier le prince alla descendre à l'in-
tendance, où M. de Saint-Priest avoit tout disposé
pour le recevoir : il y dîna, vit la superbe place
du Peyrou, & continua sa route pour Nimes. »
' On lit dans le Journal politique de Bouillon,
du mois de juillet 1777 :
Il M. le comte de Falckenstein, à son passage à
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. ï3i5
développement Se l'activité des travaux publics Se en rapporta des impressions
extrêmement favorables à l'archevêque de Toulouse Brienne, impressions qui,
transmises à la reine Marie -Antoinette par son frère, ne furent pas sans
influence sur les destinées politiques du prélat. Le mystère dont l'empereur
d'Allemagne affectait de s'entourer épargna aux villes les dépenses occasion-
nées d'habitude par les visites de souverains. Quant au comte de Provence,
des instructions formelles du ministère à l'intendant avaient défendu de pré-
parer en son honneur des réjouissances onéreuses, interdiction dictée par de
«âges préoccupations d'économie, mais qui fut interprétée avec amertume,
grâce à l'esprit d'intrigue & de cabale dont Toulouse ne cessait d'être le foyer.
Le plus redoutable centre de résistance était le Parlement. A peine réta-
blie, la cour de Toulouse avait repris ses traditions & ses espérances; elle
s'était mise en guerre, dès 1776, avec le grand conseil du roi, 8t les change-
ments apportés en 1778 à la constitution du capitoulat lui fournirent un
nouveau thème de réclamations. Elle mit cinq ans à le mûrir, non sans
chercher, dans l'intervalle, à jeter le discrédit sur la réforme.
Grâce à la prépondérance qu'il avait prise depuis le seizième siècle, sur la
municipalité toulousaine, le Parlement s'était habitué k exiger du personnel
de l'hôtel de ville des marques de respect exagérées. Tant que le corps capi-
tulaire ne fut composé que de marchands ou de gens de loi acceptant tous
les ennuis de la charge en vue d'obtenir la noblesse héréditaire, on s'était
soumis, sauf quelques accès fortuits d'indiscipline, aux caprices de la magis-
trature; la création des cajjitouls gentilshommes, pris parmi les personnages
les plus qualifiés de la ville, modifia la situation. Le vieil antagonisme entre
les hommes d'épée 5c les hommes de robe se réveilla; & cette classification
d'officiers municipaux que l'on avait regardée comme un moyen de concilier
tous les intérêts & toutes les prétentions, ne fit qu'aigrir la lutte 8c rendre les
divisions plus sensibles.
A la suite d'incidents de formalisme qui avaient blessé sa susceptibilité, le
Parlement ordonna, par son arrêt du g décembre 1783, qu'il ne serait rien
changé ni innové dans la manière d'administrer la justice & d'exercer la
police confiée aux capitouls, « non plus que dans les honneurs dus aux ofh-
« ciers de la cour, » revendiquant pour eux, comme par le passé, le droit de
présider à toutes les assemblées de l'hôtel de ville.
Le lendemain, 10 décembre, le Parlement arrêta des remontrances au ro?
sur la même question 8c y rassembla tous ses griefs contre la révolution muni-
cipale de 1778 8c contre les divers arrêts du conseil qui l'avaient complétée
ou modifiée. Quand le Parlement avait supplié le roi de donner à l'adminis-
tration municipale la sanction de la loi, c'était, disait-il, pour assurer à cette
organisation plus de consistance 8c de stabilité. En cinq ans, on avait vu
Carcassonne, le 3o juin, fut curieux de voir les lient les matières, les opérations & le mécanisme
âraps qu'on y fait pour le Lcvantj le sieur Rocjue des fabriques de cette espèce, & parla de manière
fils, fabricant, s'empressa de satisfaire son désir. à causer une surprise mêlée d'admiration à tour
Ce prince eut n dans tous les détails qui concer- les spectateurs qui étaient gens de l'art. ••
1783
1783
i3i6 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
paraître quatre arrêts du conseil « dont l'inconstance déceloit les vues parti-
« culières qui les avoient dictées. » 11 était temps que des gens sages 8t désin-
téressés rendissent un compte exact de la situation, des usages 8<. des privilèges
de la ville, du génie & des moeurs de ses habitants. La cour attaquait à ce
propos l'intervention du conseil d'Etat : « Le pouvoir exécutif &i le pouvoir
« législatif", bien que confondus dans la main du roi, doivent être exercés
« séparément. Les affaires qui demandent célérité doivent seules être réglées
« au conseil, chargé de pourvoir à ce qui est d'administration, expression
« vague 8c équivoque dont il n'est que trop facile d'abuser. « Les magistrats
toulousains posaient en principe que tout établissement fixe 8\ permanent ne
pouvait être fait que par lettres enregistrées, & ils citaient, à l'appui de leur
opinion, divers articles des ordonnances d'Orléans, de Moulins & de Cré-
mieux & plusieurs autres actes royaux.
Certes, les récriminations de la cour étaient fondées sur la mobilité Se la
contradiction des arrêts du conseil; mais combien la formalité de l'enregistre-
ment parlementaire ne s'était-elle pas montrée insuffisante à doter la France
d'un régime vraiment légal! Ce n'est pas au conseil d'Etat seulement, c'est à
tout le système de l'ancienne monarchie que le Parlement faisait le procès
sans le vouloir, ne s'apercevant pas que jeter les lumières de l'esprit critique
sur un point quelconque de cette vaste fiction, c'était en préparer l'anéantis-
sement.
Beaucoup des observations présentées par les magistrats sur l'organisation
municipale de 1778 avaient, d'ailleurs, un caractère des plus sérieux. Ils blâ-
maient la désignation des professions dont les membres devaient figurer aux
conseils, n'y voyant qu'une complication inutile. « Ce n'est pas comme exer-
M çant telle ou telle profession, c'est comme citoyen que chacun y doit être;
« c'est la valeur individuelle Si l'intérêt de chacun comme propriétaire qui
(c doit y donner place. »
L'ordre des avocats domine à Toulouse : cependant on donne la prépondé-
rance aux négociants » dont la plupart ne sont c[ue des détailleurs. »
Le Parlement s'élevait avec raison contre les prérogatives exagérées assurées
à la noblesse. Il déclarait insoutenable l'article 6 portant ; « Dans les assem-
« blées qui se tiendront pour les affaires municipales ou de police, les capi-
<i touls de la première classe jouiront exclusivement du droit de faire les
« propositions, de recueillir les suffrages 8c de dénoncer les délibérations qui
« seront prises. « Un tel privilège supposait, d'après la cour, chez les capi-
touls de la première classe « des lumières qu'on ne sauroit attendre de l'igno-
« rance des lois Se des formes naturelles à la noblesse, de son inattention Se
« de son mépris pour le gouvernement civil, » appuyant cette appréciation
de quelques passages de V Esprit des Lois. (Liv. II, chap. iv; liv. XXVI,
chap. XXIV.)
La durée du service pendant quatre ans, plus quatre ans au conseil, portée
dans l'article 7, avait été dictée par les gentilshommes. Un service aussi pro-
longé ne pouvait être bon qu'à « occuper ou plutôt amuser les loisirs des
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION, i3i7 ~
« capitouls de la preinicie classe; » les avocats & les négociants accepte-
raient-ils d'abandonner pendant huit ans leur cabinet ou leurs affaires?
Grand sujet de plaintes contre l'article 5, donnant la présidence au pre-
mier capitoul de la première classe, 8c, en son absence, au premier capitoul
de la seconde. C'est une offense aux droits du Parlement, reconnus par l'or-
donnance de Crémieux, par les lettres patentes de Charles IX du 8 février &
du I" août i566. Si les commissaires de la cour ne tenaient pas cette prési-
dence de l'usage, il faudrait la leur donner, puisqu'ils représentent la majesté
royale. Là-dessus, les parlementaires citent divers textes des ordonnances du
Louvre, une phrase de Cliarles Loiseau, « homme de grand sens Se. de science
<i profonde, » parlant, au cinquième livre de son Traité des Offices, des dan-
gers d'un trop grand pouvoir accordé aux officiers des villes, « ce qui tient à
" la démocratie, même à l'anarchie, 8<. certes leur trop grande autorité a été
« plusieurs fois cause des séditions populaires & même des rébellions. » Dans
leur amour pour les témoignages juridiques, ils remontent jusqu'à une loi de
Théodose & d'Honorius, défendant aux curiales de mépriser les ordres des
juges, sous peine de cinq livres d'or Si d'être dépouillés de leur dignité.
Us ne se montrent pas moins blessés de la faveur accordée aux capitouls de
la première classe de choisir seuls leurs successeurs, à l'exclusion de tous les
autres nobles. Le conseil ne pouvait concentrer le capitoulat dans un petit
nombre de familles Se en écarter ceux qui avaient le droit d'y prétendre.
Plusieurs des administrateurs en charge pendant l'année lySS n'avaient
aucune propriété foncière dans le territoire de Toulouse, Se le Parlement
signalait cette circonstance comme un danger de dépenses onéreuses « &
<i indiscrètes. » Un tel système était contraire à l'esprit de la monarchie; on
avait voulu exclure les magistrats des assemblées, écarter peu à peu tous les
citoyens versés dans les lois, « afin que des hommes plus amoureux de la
<i domination que du bien public ne trouvassent plus d'obstacles à leurs des-
« seins ambitieux. » On avait tenté, sous Henri II, d'écarter les gens de robe
des charges municipales, mais cette disposition fut révoquée, pour la ville de
Toulouse, par lettres patentes du 23 juillet 1548.
Le Parlement terminait le long exposé de ses griefs par cette vive apos-
trophe au souverain :
« Ne pas réclamer contre des arrêts du conseil qui changent ainsi des éta-
<c blissemens permanens, c'est précipiter l'état du gouvernement modéré dans
« le despotisme, non pas celui du prince, mais celui des sous-ordres, despo-
« tisme plus dur 8c plus avilissant, qui étoufferoit dans l'âme de vos sujets
« tous sentimens de vertu, de patrie 8< de bien public'. »
En même temps qu'il envoyait ses remontrances au ministère, le Parle-
ment se donnait beaucoup d'agitation pour faire participer la ville entière à
ses démarches, 8c susciter des réclamations particulières de la part des diverses
corporations. Il fit des efforts auprès de l'ordre des avocats pour organiser une
' Ar:hiveJ d« l.i Haute-GarOnne, C. 187.
I-Ji'ô
i3i8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
assemblée. Le subdélégué de l'intendance Ginesty s'était concerté avec le
bâtonnier pour éviter cet éclat; mais la coterie parlementaire, très-torte au
barreau, répliqua aux observations du bâtonnier qu'on se passerait de lui.
L'ordre s'étant réuni, les plus ardents proposèrent l'envoi d'une députation
au Parlement pour le remercier d'avoir rétabli dans ses remontrances l'hon-
neur du barreau & rendu témoignage de la préférence qu'il aurait méritée
par ses lumières. Cette proposition tut écartée, comme ayant une apparence
de faction Si de réunion séditieuse, mais on conclut à expédier des mémoires
aux ministres & particulièrement au garde des sceaux pour lui représenter les
atteintes portées à la place du premier de justice &i le tort fait aux avocats en
n'en désignant qu'un trop petit nombre pour entrer aux conseils.
L'embarras de l'administration était inexprimable. L'intendant écrivait au
baron de Breteuil : « Les droits Si prérogatives dont le Parlement jouit dans
« cette municipalité sont la source des troubles qui ne l'agitent que trop
« souvent » & en même temps il avertissait le ministre que les capitouls en
charge ne voudraient pas s'exposer à une affaire personnelle. De son côté,
M. Gary, premier de justice, faisait part à l'intendant de ses dégoûts & de
son impatience d'être déchargé d'une place que le Parlement avait d'abord
rabaissée, en ne voulant être reçu à l'hôtel de ville que par des capitouls de
la première classe 8c dont il prenait maintenant la défense dans des intérêts
particuliers. Le marquis de Bélesta envoyait au ministère des observations
sur les remontrances.
11 blâmait le Parlement d'avoir attendu cinq ans à réclamer, & d'avoir
reconnu le nouvel état de choses par l'assistance de quatre conseillers; il
écartait le reproche d'incompétence adressé au conseil d'Etat. Toutes les
ordonnances modernes pour les villes & communautés de Languedoc avaient
été faites par le conseil ou le commissaire départi dans la Province. Les
archives de l'hôtel de ville contenaient une quantité innombrable d'arrêts du
conseil réprimant les entreprises du Parlement.
Les administrateurs ne sont que les représentants du corps entier de la
cité; ils doivent être pris partout. Les exclusions incriminées sont des mesures
de prudence, parce que les procureurs envahissaient tout. L'ordre des avo-
cats, que le Parlement a si souvent humilié, renferme à peine vingt sujets
connus par leur talent 8c leur réputation. Le reste n'apporterait à l'hôtel de
ville que son obscurité, son indigence 8c son esprit de litige. Le commerce,
médiocre à Toulouse 8c qui n'y a jamais été bien florissant, a pris, depuis
quelques années, un certain développement. Il y a de bonnes maisons de
banque, de spéculation, des marchands de grains, de laines, de toiles, de dra-
peries, d'huile. La plupart des officiers du Parlement anoblis par le capitoulat
tirent de là leur origine. Le présidence des capitouls de la première classe
n'est qu'un titre d'honneur qui n'exige ni plus de talent ni plus de lumières;
les capitouls gentilshommes ne s'occuperont jamais des choses de justice. Le
marquis traite de chimérique le prétendu danger d'une magistrature pro-
longée pendant quatre ans.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i3io ~'
L'oligarchie dont on parle n'est point à craindre dans un pays civilisé, &.
sous une puissance aussi bien établie que celle du roi de France. Enfin, le
marquis de Bélesta observe avec beaucoup de justesse que la prééminence
traditionnelle du Parlement est absolument déplacée à l'hôtel de ville. Les
membres de la cour n'y peuvent figurer qu'en simples citoyens. « Les officiers
« municipaux sont les véritables officiers du peuple. » Le noble correspon-
dant relève à ce propos les injustes dédains manifestés par la cour à l'égard
de la municipalité.
Peu de temps auparavant, l'intendant signalait au ministère le mépris en
lequel les capitouls gentilshommes tenaient les simples anoblis. « Si l'on
« choisissoit un noble au lieu d'un gentilhomme pour occuper une des places
« de capitouls de la première classe, il est certain & vous pouvez compter
n que le,s gentilshommes ne mettroient plus le pied à l'hôtel de ville; »
Se le subdélégué Ginesty écrivait à son supérieur : « Sans entendre détracter
« contre la haute noblesse, on ne peut pas se dissimuler qu'elle n'est point
« en possession de lumières ni de connoissances bien profondes. Les gen-
« tilshommes de cette ville les ont encore rendues plus rares en convenant
« entre eux de ne présenter jamais les descendants des anciens capitouls.
« L'expérience a cependant appris que ceux-ci étoient capables de plus
u grands secours & de plus grandes ressources. On citera les sieurs de Pu)-
u maurin, de Pijon & Laviguerie qui furent nojTimés par le roi en 1778.
« Que l'on jette les yeux sur la haute noblesse, on n'y trouvera point de
(1 pareils sujets. Peut-on attribuer aux gentilshommes les fonctions de l'an-
« cien chef du consistoire? 11 est notoire qu'ils sont presque embarrassés
(I pour composer une simple lettre. Ils reconnoissent eux-mêmes qu'ils n'en-
« tendent rien à la justice'. »
Il est curieux d'observer au milieu de ces incriminations réciproques le
travail de dissolution de l'ancienne société qui va se précipitant. Pour recon-
naître les défauts des corps privilégiés qui se disputent encore la prééminence
avant d'être emportés dans une commune débâcle, il n'est pas besoin d'autre
témoignage que de celui des corps rivaux. Point de critique plus exacte, plus
impitoyable; & chacun à son tour dégage, à l'appui de sa thèse, les principes
loj^iques de gouvernement, de représentation nationale, de droit municipal,
principe's que l'opinion recueillait, qu'elle mettait à profit & dont elle devait,
quelques années plus tard, tirer les dernières conséquences.
Les plaintes qui ne cessaient d'arriver à la Cour sur l'état du Vivarais &
du Gévaudan, & les mouvements séditieux qui venaient d'agiter le premier
de ces deux pays, appelèrent encore une fois l'attention du gouvernement.
Informations prises, il fut reconnu que l'ancienne organisation féodale de cci
régions montagneuses, modifiée par les transformations du temps, y avait
donné lieu à des abus de nature nouvelle, mais tout aussi lourds que ceux
des époques d'anarchie. Si les grands seigneurs, devenus hommes de Cour, ne
' Archiyes de In Haute-Garonne, C. 287.
1783
iSîO ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
guerroyaient plus entre eux, &i si les querelles de château à château ne trou-
blaient plus la sécurité publique, le caractère patrimonial de la justice faisait
pulluler une multitude de gens de loi sans probité qui exploitaient les popu-
lations &. les réduisaient à la misère.
Le conseil d'Etat résuma dans le préambule de lettres patentes les actes
principaux de malversations. Dans plusieurs cantons des Cévennes, du Viva-
rais & du Gévaudan, un assez grand nombre de praticiens & de gens d'af-
faires exerçaient tout à la fois les fonctions de juges, procureurs juridictionnels,
greffiers, avocats, notaires & postulants, dans ditférents sièges; ils suscitaient
des procès & en prolongeaient la durée par des procédures inutiles & vexa-
toires qui occasionnaient la ruine d'une foule de familles; ils remettaient
leurs exploits tous dressés à des huissiers ou sergents dont la plupart savaient
à peine signer; ils taxaient au bas de ces exploits des droits exorbitayts, dont
ils se réservaient la plus grande partie; ils employaient mille artifices pour
rendre les significations illusoires, bien qu'elles tussent mentionnées sur l'ori-
ginal, de sorte que le débiteur condamné par défaut se trouvait exécuté dans
ses meubles ou dépouillé de son bien sans avoir eu connaissance des procé-
dures exercées contre lui & sans avoir eu les moyens de se défendre; pour
de modiques intérêts, les débiteurs, propriétaires de quelques héritages, se
voyaient exposés à des saisies réelles, dont les frais absorbaient la valeur de
ces biens & dont l'inévitable conclusion était de les faire adjuger à vil prix,
souvent sous des noms empruntés, à celui qui en avait poursuivi le décret;
de cette façon, le débiteur se trouvait dépouillé de la totalité de son bien, &
les créanciers du meilleur gage de leur créance.
« La protection que nous devons à nos sujets & l'intention dans laquelle
« nous sommes de leur rendre exacte justice, faisait dire le conseil au roi,
« exigent de notre zèle paternel que nous prenions les mesures les plus effi-
« caces pour faire cesser des abus aussi dangereux 8< pour en tarir la source,
« en faisant éprouver à ceux qui seront convaincus de s'en être rendus cou-
ci pables la sévérité des lois. »
Le Parlement de Toulouse fut chargé de désigner quatre conseillers com-
missaires, avec mandat de se transporter incontinent & le plus diligemment
qu'il serait possible, accompagnés d'un substitut du procureur général, d'un
notaire, secrétaire ou greffier, &. d'un huissier du palais, dans les lieux des
Cévennes, du Vivarais & du Gévaudan, où leur présence serait nécessaire.
Si notamment dans ceux de Banne 8c Saint-Ambroix, à l'effet de s'enquérir de
tous les abus relatifs à l'administration de la justice. Le roi leur donnait
pouvoir & mandement spécial d'appeler les officiers des juridictions qu'ils
croiraient devoir interroger pour justifier de leur réception aux offices qu'ils
exerçaient & répondre aux plaintes portées contre eux. Les commissaires
étaient également autorisés à se faire représenter les registres des juridic-
tions, les actes des notaires & les procédures des procureurs o;; postulants &
à statuer sommairement & en dernier ressort. Ils pouvaient aussi rendre des
jugements provisoires ou définitifs, lancer des décrets d'arrestation contre les
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 182 1
accusés, les constituer prisonniers clans les maisons de détention les plus voi-
sines pour instruire leur procès sur-le-champ, si c'était possible, ou en ren-
voyer l'instruction au Parlement. Pour prononcer des jugements portant peine
afrtictive, les commissaires devaient s'adjoindre des officiers royaux des bail-
liages ou sénéchaussées, de sorte que le tribunal fût au moins composé de
sept juges. Les cavaliers de la maréchaussée avaient ordre de fournir toutes les
escortes nécessaires. La commission était valable pour six mois, sauf faculté
de prorogation, réservée au conseil '.
Le Parlement nomma les conseillers Rey de Saint-Géry, Dalbis de Bel-
bèze, Cassaignau de Saint-Félix Si. Daguin, auxquels se joignit M. de Salasc,
doyen des substituts du procureur général^.
Les enquêteurs remplirent consciencieusement leur mission, frappèrent un
grand nombre de coupables, s'efforcèrent de détruire l'empire des avocats,
gradués & postulants, des procureurs & autres praticiens dans les juridictions
royales & seigneuriales, de réduire les huissiers qui leur servaient d'instru-
ments, & prirent diverses mesures pour délivrer les justiciables des vexations
qui leur étaient infligées.
Ils crurent devoir ensuite rendre deux ordonnances générales sur les fonc-
tions des procureurs 8t sur celles des juges.
L'ordonnance du 28 janvier 1784, datée d'Alais, débutait par cette phrase
caractéristique empruntée à Pussort : « 11 peut y avoir des procureurs gens
« de bien; mais universellement on peut dire qu'ils sont la cause de tous les
n désordres de la justice. »
Voici le tableau que font les quatre commissaires de la conduite des gens
de loi dans le territoire qu'ils viennent de parcourir : « Susciter des procès,
« les quêter, les mendier, faire les avances des petits déboursés qu'ils occa-
« sionnent pour devenir d'abord les créanciers de leurs clients 8c pour se
« ménager le prétexte odieux de les traduire en justice; multiplier les écri-
« tures £t les libelles dans les procès qui en sont le moins susceptibles; élever
« des incidens ruineux; consentir à des interlocutoires inutiles, toujours dis-
« pendieux. Se dont le préjudice est souvent irréparable; colluder entre eux
<i pour surprendre la religion des juges; provoquer les estimations ou les véri-
<i fications de lieux, pour être experts eux-mêmes, sous le nom de leurs clercs
« ou d'autres prête-noms; solliciter des appointemens sur mise des pièces,
<( pour avoir le prétexte de fournir des inventaires de production, des ins-
u tructions 8< de nouvelles requêtes; exiger de leurs cliens le payement des
« dépens sans en fournir ni rôle ni quittance détaillée, pour dérober aux
« yeux de la justice la connoissance de leurs extorsions; exiger des obliga-
« tions, avec la soumission aux conventions de Nimes, pour le montant de
« ces mêmes dépens; stipuler faussement, dans ces obligations, que le mon-
« tant de ces dépens est pour argent prêté; poursuivre la condamnation dr
' Lettre» patentes du roi données à Versailles, * Arrêt du Parlement de Touloute, chambres as •
le 22 juillet 178'!, contresignées Amelot. (Recueil semblées, du 2 août lySi,
•Us éiiti, déclarations) &c, pour 1783, f" i»i.)
1783
1784
'784
i32 2 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
i( ces obligations en vertu des lettres de clameur de la juridiction des conven-
« tions, pour grossir la dette d'un nouveau rôle; faire des saisies réelles 8c
« tortionnaires ou des saisies de fruits, en vertu de ces lettres de clameur,
« clandestinement dressées par leurs clercs ou autres personnes interposées;
« acheter des actions pour avoir le prétexte de faire d'autres saisies; en feindre
« ou supposer le plus souvent de réelles au nom d'un faux créancier sans
« titre, pour empêcher l'effet des saisies des fruits faites à la requête de créan-
« ciers légitimes; épouvanter ces derniers 8t les forcer à composer avec les
« débiteurs saisis; dérober la connoissance de ces procédures aux débiteurs &.
« aux séquestres par le moyen des procès-verbaux de saisie soujjlés ou non
« signifiés; mettre ainsi sourdement les saisis ou les discutés hors d'état d'en
(c arrêter les frais, 8c les séquestres dans la malheureuse impuissance de rem-
« plir les fonctions de leur charge; poursuivre, néanmoins, ces derniers pour
« rendre compte des fruits qu'ils ont ignoré devoir percevoir; prendre des
« baux judiciaires sous le nom 8c le cautionnement de personnes insolvables;
« percevoir eux-mêmes les fruits des biens saisis, 8c cependant poursuivre
« contre les séquestres la condamnation du prix des mêmes baux judiciaires,
K pour se préparer le moyen de faire autant de saisies qu'il y a de séquestres
« 8c de multiplier ainsi les saisies 8c les frais à l'infini contre les débiteurs Se
« les séquestres; occuper à la fois pour les saisir-faisants 8c les séquestres,
« pour les discutés 8c les baillistes, afin qu'après avoir absorbé en frais de
« justice au delà de la valeur du prix des biens saisis, ils puissent encore faire
<( saisir les biens des créanciers saisir-faisants 8c ceux des séquestres &c des
u baillistes, pour devenir ensuite, sous des noms empruntés, les adjudicataires
« à vil prix de tous les biens saisis, 8c pour donner, à titre de locatairie per-
« pétuelle ou de pension, à tous ces malheureux discutés, les biens dont ils
« les ont dépouillés; imposer sur ces mêmes biens des rentes énormes; abuser
i( sur ce fantôme de propriété qu'ils prêtent à ces victimes de leur cupidité,
« pour s'enrichir de leur travail 8c de leur sueur, presque toujours insufrisans
« pour acquitter les charges réelles de ces biens; faire avec les procureurs des
K sénéchaussées des associations ruineuses pour leurs cliens; relever à leur
« insu, 8c souvent contre leur consentement, des appels des appointemens
« préparatoires ou définitifs, pour grossir Se multiplier les trais, exiger, enfin,
ic de chaque appel le droit illégitime qu'ils appellent de messager ou d'envoi
« des procès.
« Tels sont les échelons par lesquels ces sangsues publiques montent rapi-
^ dément à cette fortune qui avilit une profession honorable, qui humilie
» leurs voisins 8c qui excite la haine 8c la révolte des victimes de leur
« rapacité.
« C'est l'appât de cette odieuse fortune qui a multiplié le nombre prodi-
« gieux 8c incroyable de ces oppresseurs publics qui sont répandus dans les
« villes 8c campagnes desdits pays. »
Les enquêteurs signalent ensuite des exactions toutes particulières qu'ils
ont observées dans leur mission, 8c, entre autres, un genre de volerie inconnu
LIV. V. LOUIS XVI ET LA. RÉVOLUTION. i323
dans toutes les autres parties du ressort & prohibé, dès iSSç, par l'ordonnance
de Villers-Cotterets.
Après avoir pressuré les parties comme procureurs, les mêmes gens de loi
achevaient de les épuiser comme notaires, en les forçant, par leurs intrigues,
d'employer le ministère de deux ou d'un plus grand nombre de leurs con-
frères pour retenir ou expédier les mêmes actes. Les parties se soumettaient à
ces exigences sous l'impression des menaces de nouvelles poursuites ou par la
crainte de rencontrer un officier infidèle.
Afin de remédier à ces abus, la commission rappela les procureurs & notaires
au respect des ordonnances, condamnant à la restitution du quadruple Si à
des poursuites extraordinaires tous les avocats, procureurs & praticiens, cou-
pables d'avoir suscité des procès ou fabriqué des procédures inutiles; à la res-
titution, à l'interdiction, à deux cents livres d'amende, quiconque ne tiendrait
pas un compte exact de recettes 8c ne fournirait pas des quittances détaillées
de frais; à l'interdiction 8<. à deux cents livres d'amende, quiconque ferait
dresser subrepticement des lettres de clameur de la juridiction des conventions
de Nimes. Enfin, des prescriptions analogues atteignaient les innombrables
variantes de fraudes révélées par l'enquête '•
La seconde ordonnance, datée du 29 janvier, visait particulièrement les
juges 8c officiers de justice des juridictions royales Se seigneuriales.
Le portrait de ces magistrats n'est pas plus flatté que celui de leurs auxi-
liaires. « Les différens suppôts de la justice dans ces pays, dit M. de Salasc,
« ne sont pas les seuls qui s'y sont multipliés à l'infini pour la prostituer 8(
« en souiller le temple... la corruption des membres a gangrené les chefs... »
« Les plus vils 8c les plus ignorans praticiens ont osé pénétrer dans le
« sanctuaire de la justice... ils en ont détruit 8c renversé le temple pour la
« rendre obscurément dans leurs maisons ou dans des cabarets : la vénéra-
« tion des peuples pour leurs juges s'est changée en mépris; la crainte 8c la
« terreur ont pris la place du respect, de la confiance 8c de la sécurité : ces
« juges sont devenus l'objet de la haine publique, parce qu'ils ne sont, aux
« yeux de leurs justiciables, que des tyrans avides qui s'engraissent de leurs
« travaux 8c de leur substance. »
Le rapporteur attribue la première cause de cette corruption presque géné-
rale à trois universités étrangères à la Province, mais contiguës au Vivarais 8<
aux Cévennes. Ces Universités vendaient à vil prix les grades à quiconque se
présentait ou envoyait pour les acheter. Il n'y avait presque pas de notaire 8(
de simple praticien qui n'en eût été décoré dans l'une de ces trois universités.
Munis dans trois jours 8c, sans aucun des interstices réglementaires, de ce
titre vénal qui leur tenait lieu d'études, ils rentraient rapidement chez eux
pour se disputer la préférence de leurs seigneurs.
' Ordonnance Je nosseigneurs les conseillers du reurs postulants & des notaires, dans les juris-
Parlement de Toulouse, commissaires députés parle dictions royales & seigneurialci desdits pays, du
roi, dans le Gévaudan, le Vivarais & les Cévennes, 28 janvier 1784.
concernant les devoirs Se les fonctions des procu-
1784
~ i3:4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La plupart devenaient les gens d'affaires des gentilshommes, leurs fermiers
& en même temps levirs juges ou les lieutenants de leurs juges. Ils faisaient
de leur maison un » atelier monstrueux » où se brassaient les opérations les
plus disparates. Ils y tenaient le greffe, les dossiers de leurs clients comme
procureurs, leurs minutes comme notaires, les registres des droits domaniaux
comme contrôleurs, les baux à ferme des droits seigneuriaux dont ils avaient
soin de laisser accumuler les arrérages pour trouver matière à vexation.
La concentration entre leurs mains de tous les rôles judiciaires n'était pour
eux qu'une manière de multiplier les concussions; on les voyait tour à tour,
dans la même affaire, plaignants, défenseurs, juges, greffiers; ils dirigeaient
& altéraient les dépositions; ils faisaient signer les jugements par un pré-
tendu rapporteur qui n'avait pas eu la moindre connaissance du procès Se
par des opinants qui ne le connaissaient pas davantage; ils taxaient les épices
arbitrairement 8c les tournaient à leur profit. Comme contrôleurs, ils se ren-
daient maîtres des actes intéressant les parties adverses & les annulaient par
des retards affectés.
A l'audience, c'est un de leurs clercs qui plaidait, un autre qui remplissait
les fonctions de procureur fiscal, un troisième qui faisait l'office de greffier.
La liquidation des dépens leur donnait lieu à mille extorsions criminelles,
à des inventions de taxes invraisemblables.
Cette basse domesticité des seigneurs régnait despotiquement dans les
juridictions. On voyait ces juges valets choisir les lieux £< les jours pour
tenir les audiences; le tribunal était dans leurs maisons, souvent dans les
cabarets; ils disposaient des procédures, les activant ou les précipitant à leur
gré, désignant les assistants ou les opinants qui leur convenaient, rendant les
sentences comme il leur plaisait & quand il leur plaisait.
Telle est l'infâme comédie judiciaire qui se jouait, il y a moins de cent
ans, dans les montagnes du Languedoc. « De là, s'écrie le rapporteur, tant
« de citoyens vertueux exposés à perdre leur fortune, leur honneur &■ leur
« vie, £<. tant de familles injustement flétries; de là encore la vexation de
« l'innocent, l'impunité des coupables, la corruption des mœurs, l'anéantis-
« sèment de la sûreté publique, la ruine 8t la désolation des peuples. »
Il signale un autre abus non moins nuisible, dans le patrimoine que cer-
tains seigneurs se faisaient du produit des greffes de leurs juridictions,
affermés souvent à des sujets incapables. Ces greffiers, après l'expiration de
leur bail, gardaient entre leurs mains tous les documents qui auraient dû
passer à leurs successeurs; les plus graves intérêts, le repos & la sécurité des
familles demeuraient ainsi privés de garantie.
En attendant « les règlements généraux qui dévoient bientôt émaner du
f< tribunal souverain, » la commission parlementaire édicta une série de prohi-
bitions, sous menace d'amende, d'interdiction ou de poursuite criminelle. Par
malheur, il n'y avait guère d'abus dénoncé qui n'eût été déjà prévu & puni,
soit par les ordonnances royales, soit par les arrêts mêmes du Parlement.
Ce n'était pas la loi qui faisait défaut, mais l'exécution. l,es ordonnances
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. i3:5
de 1667, de 1670, l'édit de 1673, les arrêts de 1684 8c de 1703 sont rappelés
à tout instant dans l'ordonnance du 79 janvier qui dut être, comme la pré-
cédente, affichée dans toutes les juridictions des Cévennes, du Vivarais &<. du
Gévaudan '.
Quand on étudie ce témoignage sanglant rendu sur pièces par les com-
missaires du Parlement de Toulouse contre les abus d'un régime destiné à
périr, un seul point demeure inexplicable, c'est que des observateurs aussi
attentifs 81 aussi rigoureux n'aient pas compris combien leurs règlements
seraient illusoires tant que le principe même de l'anarchie féodale n'aurait
pas été déraciné du sol français : mais les parlementaires étaient aussi pour
la plupart seigneurs féodaux, 8c l'intérêt particulier, à l'heure décisive, les
aveugla sur les maux qu'ils avaient si bien définis.
Le Parlement compléta l'œuvre de ses commissaires en rendant, le 20 mars,
un arrêt de règlement pour l'administration de la justice dans les juridictions
inférieures, tant royales que seigneuriales, M. de Rességuier, avocat général,
rappela, dans ses réquisitions, la réforme salutaire qui venait de délivrer les
habitants du Vivarais 8c du Gévaudan de l'oppression des gens de loi sous
laquelle ils vivaient depuis tant d'années.
Si l'on n'avait pas d'aussi grands abus à combattre 8c des désordres aussi
excessifs à réprimer dans les juridictions inférieures des autres parties du
ressort, il s'en fallait bien pourtant que la justice y fût administrée confor-
mément à l'esprit des ordonnances.
La postulation y était ouverte indistinctement à tous ceux qui voulaient
l'exercer; les précautions marquées par les lois pour s'assurer de leurs moeurs
8c de leur capacité étaient tombées en désuétude, 8c cette dangereuse facilité
avait introduit dans tous les tribunaux, notamment dans les justices seigneu-
riales, une foule innombrable de postulants qui, sous prétexte de défendre
les plaideurs, « semoient de pièges les avenues de la justice 8c en intercep-
« toient le cours. »
Pour mettre un frein à cette rapacité, le Parlement ordonnait que nul ne
pût postuler dans une juridiction bannerette, sans être inscrit au tableau;
8c, pour cette inscription, il exigeait l'agrément du seigneur haut justicier,
l'enquête de bonnes vie 8c mœurs 8c de catholicisme 8c le serment prêté devant
le juge local.
' Orionnanee de nosse'igtteart Us tonseillers du lement de Toulouse, commissaires députés à l'effet
Parlement Je Toulouse, commissaires députés par le de nous transporter dans les pays du Gévaudan,
roi, dans le Gévaudan, le Vivarais & les Cévennes, du Vivarais, & des Cévenes par lettres patente;
concernant les devoirs & les fonctions des juges & du ti juillet 178$, registrées audit Parlement,
autres officiers de justice des jurisdictions royales toutes les chambres assemblées, le 9 août suivant,
& seigneuriales desdits piys, du 29 janvier 1784. choisis & nommés par ledit Parlement, aux ter-
Voici le protocole des deux ordonnances : mes & en exécution desdites lettres patentes.
« Nots, Clément- Jean -Augustin de Rey de « Sur la requête à Nous présentée par de Salnsc.
Saint-Géry, Jean-François-Denis Dalbis de Bel- doyen des substituts du procureur général du roi
beze, Louis-Emmanuel de Cassaignau de Saint- au Parlement, & en la commission députée par S,i
Félix, &. Jern-Joseph Daguin, conseillers au Par- Majesté dans lesdits pays, &c. »
'7«4
1826 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Il défendait d'admettre à la postulation des ouvriers & des artisans, inter-
disait aux postulants de prêter leur nom, autorisait les seigneurs à dresser
chaque année un tableau de postulation en y faisant inscrire le nombre de
sujets nécessaires pour l'administration de la justice dans leurs terres.
Il exigeait encore que, dans les juridictions royales où il n'y avait pas de
procureurs en titre d'office, les postulants obtinssent l'agrément des officiers
du siège Se remplissent les autres formalités prescrites, laissant à ces officiers
la faculté de limiter chaque année le nombre des postulants.
La Cour interdisait aux juges de prononcer des sentences sans être assistés
de deux assesseurs ou opinants & de prendre ces auxiliaires hors du tableau,
8c enjoignait de dresser, dans le délai d'un mois. Se dans toutes les juridic-
tions royales Se seigneuriales, la liste des avocats St gradués immatriculés 8<
celle des procureurs postulants, ces derniers ne pouvant prétendre au droit
de siéger comme assesseurs qu'en cas d'absence ou de légitime empêchement
des gradués'.
Ces diverses prescriptions, comme celles des commissaires, étaient peu pro-
portionnées aux abus qu'elles avaient pour but de détruire; l'agrément des
seigneurs haut justiciers constituait une bien faible garantie par suite de la
transformation survenue dans les moeurs de l'aristocratie française. Les sei-
gneurs vivant pour la plupart à la Cour, à l'armée ou dans les grandes
charges de judicature, n'avaient pas de rapports directs avec le personnel de
leurs terres; St quand on invoquait l'intervention du haut justicier, on obte-
nait celle de son intendant & l'on retombait ainsi dans cette confusion entre
la domesticité & les fonctions judiciaires qui avait produit de si déplorables
effets.
Le Parlement s'évertuait donc inutilement à vivifier un ordre factice, à
introduire la discipline Se les règles dans ce qui était l'arbitraire même;
entreprise avortée d'avance Si uniquement bonne à noter comme une preuve
de plus de la nécessité des réformes fondamentales dont l'heure approchait.
Des plaintes sérieuses avaient été portées devant la commission des manu-
factures des États par le syndic de Carcassonne Se les fabricants de draps de
cette ville S<. de Clermont-Lodève sur la situation critique de cette industrie.
On sollicitait de vives instances auprès du roi pour obtenir la suppression
des entraves qui gênaient ce commerce.
Environ dix mille ballots de draps, c'est-à-dire la fabrication presque
entière d'une année, étaient restés invendus Se encombraient les magasins
des négociants de Marseille 81 des fabricants de Languedoc.
Ces fabricants, ayant leurs fonds engagés dans une aussi énorme quantité
de valeurs, s'étaient trouvés hors d'état d'acheter de nouvelles matières; il
avait fallu suspendre la fabrication, & laisser des milliers d'ouvriers sans
pain & sans ressources, entre la crainte de mourir de faim tk la tentation de
■ Arrêt du 20 mars 1784. Recueil des id'its, déclaration!, arrêts & ordonnances pour Vannée 1784,
{° 109.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSiy
s'expatrier pour aller porter leurs bras & leur industrie clans les nouvelles
fabriques dont on annonçait la création en Espagne.
Les draps de Languedoc, n'ayant d'autre déboucbé que les échelles du
Levant & de Barbarie par le seul port de Marseille, ce commerce était
menacé d'une ruine complète, & la Province à la veille de perdre les béné-
rices d'une fabrication établie à force de dépenses & de sacrifices.
La détresse dans laquelle se trouvaient les Etats du grand-seigneur, par
suite de la guerre contre les Russes ou des calamités locales qui s'y étaient
produites, avait considérablement diminué le débit des draps languedociens,
accumulés d'ailleurs dans tous les pays orientaux par les excédants de fabri-
cation des années précédentes.
On ne voyait qu'un remède à un si grand mal : « la faculté de vendre
« indifféremment, à quiconque se présenteroit pour acheter, les fruits d'une
« industrie dont la liberté seule pouvoir être l'aliment. »
Si Marseille avait réussi à s'approprier, par des prétextes spécieux, l'exporta-
tion exclusive des draps de Languedoc, lorsque son commerce leur offrait un
débouché suffisant, on jugeait inconcevable qu'elle soutînt une telle préten-
tion, lorsqu'elle rejetait elle-même les draps qu'on lui apportait, lorsqu'elle
les gardait dans ses magasins pour le compte des fabricants; lorsqu'elle refusait
à ceux-ci les moindres avances sur d'immenses valeurs qui lui servaient de
nantissement, & qu'enfin ses négociants ne voulaient pas même payer la
voiture des ballots reçus, exposant les fabricants à voir vendre ces marchan-
dises à l'encan public. Si au plus bas prix, sur la poursuite des voituriers.
Il y avait plusieurs années, du reste, que les Etats réclamaient contre cet
étrange système de prohibition, faisant appel aux sentiments d'équité d'un
roi bon & juste qui ne pouvait, disait-on, « souffrir qu'une partie de ses
« sujets fût obligée de sacrifier ses travaux & son industrie à la prospérité
» d'une place de commerce » enrichie partant d'éléments de fortune, surtout
ciuand cette place fermait elle-même son port à un genre de fabrication
qu'elle avait su accaparer. Quand même la ville de Marseille eût été en état
de fournir un débouché aux draps de Languedoc, l'assemblée provinciale
n'en revendiquait pas moins pour les fabricants la faculté de choisir pour
leurs produits la destination qu'ils jugeraient la plus avantageuse.
« Forcer, disait-elle, le fabricant à ne travailler que pour le Levant, c'est
« couper le nerf de son industrie 8c l'empêcher de prendre tout l'accroisse-
<( ment dont elle seroit susceptible. »
Les besoins du Levant étant bornés, les manufacturiers se trouvaient con-
traints d'arrêter la fabrication 8c de priver de subsistance une population de
travailleurs. 11 importait donc au plus haut point d'assurer à l'industrie lan-
guedocienne des débouchés en rapport avec sa faculté de production.
Ces débouchés s'ouvraient naturellement dans les pays chauds où les draps
légers s'accommodaient à la température dominante, 8c l'on comptait qu'ils
pourraient s'utiliser aussi dans les régions froides en s'assortissant avec les
fourrures.
.784
'784
i3:8 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Les États pensaient que, clans ces conditions de liberté, la fabrication lan-
guedocienne occuperait bientôt quatre fois plus d'ouvriers, augmenterait en
proportion les profits des bestiaux & ceux de l'agriculture, 8i arracherait à
la mendicité une foule d'habitants.
« Cet essor, ajoutaient-ils, ne seroit qu'une conséquence régulière du sys-
« tème général de liberté consacré par les nouveaux règlemens; » 8i ils
jugeaient très-affligeant pour le Languedoc que le commerce de ses draps fit
seul exception à ce système.
Le gouvernement avait éprouvé déjà les bons effets de la liberté d'exporta-
tion des draps, puisque cette liberté, accordée en lySS, dans des circonstances
à peu près pareilles, mais moins urgentes, avait suffi, quoique tardive, à
ranimer la fabrication Si à prévenir la dispersion des ouvriers.
On insistait également sur la nécessité de permettre le commerce des draps
directement par le port de Cette, tant pour l'expédition que pour le retour.
Dans tous les cas, on demandait l'autorisation de vendre indifféremment
les draps de Languedoc aux nationaux Se aux étrangers, puisque toutes les
autres marchandises de France qui passaient dans le Levant ou en Barbarie
jouissaient de cette liberté & qu'on ne pouvait qu'à ce prix maintenir la
fabrication Si rendre des moyens d'existence à plusieurs milliers de malheu-
reux'.
Les députés à la Cour avaient été chargés de faire valoir auprès dif ministre
ces instantes recommandations, S<. l'archevêque de Narbonne les appuya de
tout son crédit.
M. de Calonne présenta un rapport sur cette question au conseil d'État :
il y reconnaissait que la vente des draps destinés pour les échelles du Levant
s'étant trouvée, par l'effet des circonstances, fort inférieure à la production
du Languedoc, cette disproportion avait causé un engorgement qui menaçait
d'une interruption générale de travail & d'une émigration d'ouvriers très-
préjudiciable aux manufactures de la Province; qu'il fallait y pourvoir en
assurant de nouveaux débouchés à ce genre de produits, sans compromettre
toutefois une branche de commerce aussi intéressante que la vente des draps
dans le Levant.
Voici, pour concilier ce double but, les dispositions prises par le conseil
ians son arrêt du 24 octobre 1784 :
A compter du jour de la publication, le roi permettait aux négociants Se
fabricants de Languedoc d'expédier les draps de leurs manufactures, même
ceux qui avaient été faits à destination du Levant, par tous les ports du
royaume, autres que ceux de la Méditerranée, pour les Etats du Nord, l'Amé-
rique septentrionale Si les colonies françaises.
Il les autorisait aussi à expédier pour l'Italie Si les autres côtes de la Médi-
terranée, pendant l'espace d'un an, à commencer le !"■ janvier 1785, la
■ Procès -verbal des Etats de Langiicdcc. Séance du 16 décembre 1783. Rapport de l'évêque do
Monta iiban.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. iSig
quantité de mille ballots de draps originairement destinés au commerce du
L.evant.
Ces mille ballots ne devaient être embarqués qu'au port de Cette, &, afin
que l'on n'excédât pas la quantité permise, aucun chargement ne pouvait se
faire sans un permis délivré par l'intendant Si visé par le directeur des fermes
résidant au lieu d'embarquement.
Comme la réglementation minutieuse de l'industrie imposait certaines mar-
ques particulières aux draps fabriqués pour l'exportation du Levant, les draps
destinés aux divers ports méditerranéens, jusqu'à concurrence de mille ballots,
devaient être présentés au bureau d'inspection de Montpellier pour y perdre,
par la main des agents, les signes caractéristiques de la destination primitive
Se recevoir des plombs constatant la visite. Les directeurs des fermes avaient
ordre de ne laisser embarquer aucun ballot dépourvu du plomb officiel.
Chaque ballot de draps expédié pour l'Italie par le port de Cette devait
acquitter un droit de deux pour cent de la valeur, analogue au droit de con-
sulat qui se percevait à Marseille sur les draps expédiés à destination des
échelles du Levant.
L'inobservation des diverses formalités prescrites entraînait la saisie des
marchandises par les commis des fermes, & ensuite la confiscation, avec
amende de trois mille livres, prononcée par l'intendant'.
L'année 1784 fut encore signalée par d'assez graves conflits entre le minis-
tère, la cour des comptes de Montpellier S<. le Parlement de Toulouse. Il
semblait que ces grands corps, dont le terme approchait, eussent à cœur
d'employer les dernières années de leur existence à se combattre Se à s'entre-
détruire.
La querelle avec la cour des comptes eut pour origine la déclaration du roi
du 10 jartvier 1784, portant règlement pour la confection des cadastres en
Languedoc. On avait dénoncé depuis longtemps des irrégularités de procé-
dures qui donnaient lieu à des contestations. Certaines communes recouraient
à l'intendant pour les questions de cadastre, d'autres à la cour de Montpellier,
qui prétendait avoir une compétence exclusive sur ces matières. La déclara-
tion du 10 janvier tendait à délimiter les attributions. Elle ordonnait que
nulle commune de Languedoc ne pourrait faire établir 8c renouveler son
cadastre sans la délibération d'un conseil renforcé, composé des principaux
contribuables. Si sans l'approbation de l'assiette diocésaine. Si l'assiette recon-
naissait la nécessité d'un nouveau cadastre, la commune devait se pourvoir
devant la cour des comptes pour y procéder suivant les formes. La cour de
Montpellier demeurait juge en première instance de tous les différends occa-
sionnés par cette opération, mais la commune ne pouvait faire exécuter le
travail matériel du cadastre, par adjudication ou autrement, sans s'y être fait
autoriser par l'intendant, devant qui devaient être portées les contestations
relatives à ce travail.
' Recueil des édits, déclaration!, arrêts & ordonnances pour l'année 1784, f" 187.
XIII. 84
.784
177^
i33o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Ce fut ce dernier point qui blessa les susceptibilités de la cour. Le gouver-
nement avait voulu séparer nettement les faits judiciaires des faits d'adminis-
tration. Au lieu d'enregistrer simplement la loi, la cour des comptes adressa
des remontrances contre l'attribution adressée à l'intendant, sous prétexte
qu'elle violait des prérogatives traditionnelles. De premières lettres de jussion,
maintenant l'attribution à l'intendant, mais destinées à dissiper les inquié-
tudes de la cour sur des poirits qu'elle paraissait n'avoir pas compris, furent
données le i3 août. La cour prescrivit l'enregistrement, « du très-exprès com-
« mandement du roi, sans approbation de la clause portant attribution de
« juridiction au commissaire départi dans la Province. « Le gouvernement
répondit, le 19 octobre, par de nouvelles lettres de jussion. « Nous vous avons
« déclaré, disait le roi, que vos remontrances ne pouvoient nous porter à rien
« changer à l'attribution du sieur intendant, à vous accorder la compétence
« que vous demandiez pour la procédure de folle-enchère à la suite des adju-
« dications concernant les compoix; en vous manifestant nos intentions d'une
« manière aussi positive, nous devions croire que vous vous y conformeriez. »
Avec le Parlement, la guerre s'alluma au sujet de l'exportation des grains
que le ministère avait momentanément interdite. La cour écrivit au roi pour
solliciter le retrait de la prohibition, &, par provision, rendit un arrêt qui
défendait à toutes personnes, de quelque rang, qualité & condition qu'elles
fussent, de mettre aucun obstacle à la liberté du transport des grains 81 des
farines. Le conseil d'Etat cassa l'arrêt, comme toujours. Le Parlement ne se
tint pas pour battu Si publia des remontrances.
La querelle avec l'intendant s'envenima, en dépit de la modération que
mettait Saint-Priest dans tous ses rapports avec les parlementaires; on exhuma
de vieux griefs; on prétendit que le représentant du ministre avait autrefois
accueilli avec joie les réformes du chancelier Maupeou. Le Parlement avait
eu l'occasion de pressentir, à divers symptômes, la faiblesse du souverain, la
mobilité de ses conseils; il croyait le moment opportun pour reprendre contre
les « commissaires départis » la campagne malheineuse qu'il avait tant de fois
tentée; il s'enivrait de la pensée de reconquérir, sous ombre d'indépendance
Si de vues patriotiques, cette prépondérance illimitée, cette immixtion aux
actes d'administration les plus divers dont il avait abusé aux heures de trou-
bles'.
La fin de la session des Etats de 1784 fut marquée par quelques fondations
utiles. L'assemblée provinciale avait précédemment établi à Montpellier une
chaire de « chimie docimastique » en faveur de Chaptal. Le succès de cet
enseignement inspira la pensée de l'étendre. Le diocèse de Toulouse sollici-
tait pareille création. L'archevêque de Narbonne soutint la requête. Il exposa
que la situation de Toulouse, au point de réunion de plusieurs provinces,
son rang de capitale du Languedoc, la célébrité 81 l'état florissant de ses
■ On trouvera des détails intéressants sur cette dant avec son subdélégué Ginesfy, que nous pu-
querelle & sur l'aigreur du Parlement à l'égard de blions aux Pièces justificatives, n. DCCCCXLV,
Saint-Priest, dans la correspondance de l'inten- col. 2412.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION, i33i
études Se le goût qui y régnait pour les sciences S< pour les arts ne per-
mettaient point de douter que l'institution demandée n'y prospérât.
Il ajouta que les montagnes des diocèses de Saint-Papoul, de Lavaur, de
Rieux, de Mirepoix, de Couserans, de Comminges S< de Pamiers renfer-
maient des mines de toute espèce; que les rivières prenant leur source dans
ces diocèses, la Garonne, le Salât & l'Ariége, charriaient de l'or assez abon-
damment pour faire croire à l'existence de riches veines de ce métal, que ces
montagnes, beaucoup plus à portée de Toulouse que de Montpellier, décri-
vaient autour de cette première ville comme un cercle dont elle était le
centre 8c où venaient aboutir toutes les routes.
On désigna Chaptal pour occuper cette nouvelle chaire, en attendant
qu'il eût formé à Toulouse des sujets capables de le suppléer. Le profes-
seur devait partager son temps entre les deux villes.
L'archevêque de Narbonne fit aussi exprimer par les Etats le vœu d'an-
nexer à l'Académie des arts de Toulouse Si à la Société des arts de Montpellier
une sorte d'école préparatoire pour les jeunes gens qui se destinaient au ser-
vice des ponts 6c chaussées.
Dans cette même session, les États donnèrent la charge d'historiographe
de la Province, vacante par la mort de dom Bourotte, à deux autres reli-
gieux bénédictins, dom Malherbe 8c dom Soulaire, avec une pension annuelle
de six cents livres pour chacun.
Enfin, ils accordèrent une subvention de quinze cents livres à la ville
d'Annonay, afin de s'associer à l'hommage public de reconnaissance qu'elle
avait cru devoir rendre à Montgolfier, en mémoire de la première expérience
aérostatique faite en présence des États particuliers du Vivarais le 4 juin lySS'.
Le célèbre manufacturier avait déjà obtenu du roi, en récompense de cette
découverte, des lettres de noblesse 8c des armoiries qui figuraient un ballon
ailé s'élevant dans le ciel, au-dessus des montagnes 8c des eaux.
Le premier jour du mois d'août 1785 vit partir du port de Brest un autre
Languedocien dont le nom devait demeurer à jamais célèbre dans les fastes
de la marine française. Jean-François Galaup de La Pérouse, gentilhomnte
albigeois qui, pendant la guerre d'Amérique, s'était illustré en ruinant les
■ Voici le passage du procès -verbal des États pièces de bois & de fil de fer; ce globe, après s'être
particuliers du Vivarais relatif à cette expérience : enflé insensiblement, s'est élevé, au grand étonne-
Scance da 5 juin 1783 : « M. le syndic (de La ment des spectateurs, avec une rapidité progres-
Chadenède) a dit que l'assemblée ayant été invitée sivc, jusqu'à la hauteur de cinq cents toises, au-
bier dans l'après-midi, à assister à l'essai de la tant qu'on a pu en juger à l'œil; & après avoir
machine aereostatique, découverte par les frères resté en l'air environ dix minutes, il est descendu
Montgolfier de cette ville, la plupart de ses mcm- lentement sur la terre à la distance de dix-sept
btes se sont rendus sur la place des Cordeliers, oii cents toises du point où il étoit parti; & comme
ils ont aperçu un vaisseau de la capacité d'envi- cette découverte pourroit devenir utile, M. le syn-
ron vingt-huit mille pieds cubes, formant un die a cru devoir proposer à l'assemblée d'insérer
globe de trente-cinq pieds de diamètre, construit dans son procès-verbal le récit de cette expérience
en toile & doublé intérieurement de plusieurs qui ne peut que faire honneur à ceux qui ont
feuilles de papier appliquées les unes sur les au- imaginé la machine aérostatique,
très, fortifiées de quantité de cordes & do quelqv es « Et l'assemblée l'a ainsi délibéré, n
1784
170 J
1785
1786
i332 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
établissements anglais de la baie d'Hudsoh, commençait, avec la Boussole 8c
VAstrolahe, ce voyage autour du monde, dont Louis XVI avait lui-même
étudié le projet 8c qui était destiné à finir tristement sur les récifs des îles
Vanikoro. Pendant trois années, l'Europe reçut avec une curiosité ardente les
nouvelles de ses découvertes dans des régions encore inexplorées; puis sa cor-
respondance cessa brusquement, 8c le mystère se fit sur le sort des deux
navires. Il était réservé à Dumont d'Urville d'en retrouver les vestiges 8c de
les restituer k la France.
Le vicomte de Saint-Priest qui, depuis quelque temps, partageait avec son
fils les travaux de l'intendance de Languedoc, fut atteint, sur la fin de
l'année 178:"), d'une maladie qui l'emporta. Il avait administré la Province
pendant trente-cinq ans, sous des maximes de gouvernement très-diverses, 8c
au milieu de circonstances souvent difficiles. Au moment où il mourut, l'ai-
greur du Parlement de Toulouse contre l'institution même des intendants,
qu'il s'obstinait à désigner sous le nom de commissaires départis, était extrême.
Comme au temps de la Fronde, la cour supérieure de justice entretenait
l'illusion d'exploiter l'agitation générale 8c le mouvement des esprits pour se
débarrasser d'un fonctionnaire qui, représentant le pouvoir ministériel, fai-
sait nécessairement obstacle à de chères 8c anciennes prétentions.
Le vicomte vivait en meilleurs termes avec les Etats de Languedoc. Un an
avant sa mort il obtint que l'assemblée sollicitât du roi le grade de colonel en
second pour le chevalier de Saint-Priest, un de ses fils, qui avait été tenu sur
les fonts baptismaux par l'archevêque de Narbonne au nom des Etats'.
On crut d'abord que l'intendant aurait pour successeur son fils aîné qui
avait acquis déjà, par sa collaboration, une assez grande expérience de l'ad-
ministration provinciale, 8c celui-ci en remplit en effet les fonctions pendant
quelques mois.
Il assista même, avec le comte de Périgord, en qualité de second commis-
■ Procès-verbal des États de Languedoc. Séance ordinaires, ils ne se refuseront pas d'acquitter,
du 14 décembre 1784 : vis-à-vis M. le chevalier de Saint-Priest, celles
« Monseigneur l'archevêque de Narbonne, pré- auxquelles semble les appeler leur qualité de par-
sident, a dit que M. le chevalier de Saint-Priest, rains, & qu'il suffira pour cet objet de solliciter
fils 8c frère de MM. les intendants de cette Pro- l'avancement dont M. le chevalier de Saint-Priest
vince, a toujours apprécié avec sensibilité & re- est susceptible, & qui consiste à demander pour
connoissance le précieux avantage d'avoir été tenu lui le grade de colonel en second,
sur les fonts de baptême par cette auguste asscm- « Que si les États agréent cette proposition, ils
blée- que mondit sieur le chevalier de Saint-Priest honoreront par là un filleul que sa bonne con-
réclame à ce titre la bienveillance & l'interven- duite, ses grâces & son aménité ont toujours cga-
tion des États. lement rendu rccommandable, & ils donneront en
« Qu'il est d'ailleurs dans le cas, par sa nais- même temps à ses respectables parens un juste
sance, par ses services personnels, par ceux de témoignage d'intérêt & de reconnoissance.
toute sa famille, d'obtenir de l'avancement dans « A quoi mondit seigneur le président a ajouté
la carrière des armes à laquelle il s'est consacré, qu'il se fera un plaisir & un devoir de joindre, si
& qu'il mettra un prix infini à ne le devoir qu'à l'assemblée le trouve convenable, ses sollicitations
l'honorable sollicitation de cette assemblée. Que à celles de MM. les députés.
si la nature des liens qui l'unissent aux États ,< Sur quoi les Etats ont approuvé par acclama-
impose des obligations dans les sociétés les plus tion »
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTIOîl. i333
saire tlu roi, à l'ouveituie de la session, le 12 janvier 1786; mais il pria
rassemblée de le dispenser de recevoir la dépuiation ordinaire qu'il regardait
toujours, dit-il, comme infiniment honorable, mais qui lui renouvellerait
trop vivement la perte de son père'.
On apprit bientôt que le nouveau vicomte de Saint-Priest s'était résolu à
quitter la Province de Languedoc. Son intendance fut très-disputée. D'après
les bruits qui coururent dans le personnel administratif, les concurrents
étaient en grand nombre, tous déjà intendants. Le choix du roi s'arrêta sur
Charles-Bernard de Ballainvilliers, baron de Ballainvilliers, seigneur du
comté de Cléry, de Maurepas, Forêt, Amiécourt Si autres lieux, ancien
avocat du roi au Châtelet de Paris, maître des requêtes ordinaires de l'hôtel.
C'était un jeune homme d'environ trente ans, maître des requêtes depuis
sept années, jouissant de quatre-vingt mille livres de rentes 8i marié à Made-
moiselle Daubert, fille du premier président du Parlement de Douai & nièce
de M. de Calonne. Ballainvilliers appartenait à une famille d'administra-
teurs, son père ayant dirigé l'intendance d'Auvergne^. Les compliments de
bienvenue que reçut l'intendant à son arrivée dans la Province furent asso-
ciés à l'expression des regrets très-vifs laissés par ses deux prédécesseurs.
« La nouvelle de votre nomination à l'intendance de cette Province, lui
« écrivirent les capitouls de Toulouse le 25 avril 1786, 8c le bruit des grandes
« qualités qui vous distinguent ont adouci l'amertume des peines que nous
« ont successivement causées la perte de M. de Saint-Priest le père 8\ la
« retraite de Monsieur son fils. Les éminentes vertus de ces deux magistrats,
« les témoignages d'amour, de justice St de bienfaisance qu'ils se plaisoient à
« répandre sur les peuples confiés à leurs soins leur avoient mérité une con-
« fiance sans bornes dont ils s'honoroient & qu'ils regardoient comme la plus
« digne récompense de leurs pénibles travaux^. »
Ballainvilliers commença de parcourir la Province dans les derniers jours
du mois de juin. Il se rendit en poste à ?jéziers 81 s'y embarqua sur le canal
qu'il suivit jusqu'à Toulouse, où il reçut les marques d'honneur accoutumées.
Il avait dispensé la ville des frais d'une députation à Montpellier dont les
membres étaient déjà élus. Pendant son séjonr dans la capitale de la Pro-
vince, la municipalité voulut lui offrir un bal paré; mais il le refusa, en
disant qu'il verrait avec bien plus de plaisir que la somme destinée à cette
fête fût employée à la délivrance de quelques prisonniers. On se conforma à
son désir, 8<. l'on rendit la liberté à six malheureux détenus pour dettes"*.
Après avoir visité le haut Languedoc, l'intendant compléta sa tournée par
un voyage en Vêlai, en Vivarais S<. dans les Cévennes.
■ Procès-verbal des États de Languedoc. Séance nos regrets. » Lettre de M. Lnyrolle, de Mont-
du 14 janvier 1786. pellier, le 9 avril 1786.
' Archives de la Haute-Garonne, G. ,06. Inten- ' Archives de Toulouse. Lettres missives des capi-
Aanee : n On nous fait espérer que tout le monde touh.
sera satisfait du choix & qu'il nous dédommagera '' Archives de Toulouse. Annales manuscrites ,
de la perte de M. de Saint-Priest, qui emporte tous XII, p. 1 j3.
1786
i334 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Des règlements relatifs aux. preuves de noblesse qui étaient exigées des
gentilshommes, soit pour être admis au service militaire, soit pour les présen-
tations à la Cour, soit pour les réceptions aux ordres du roi, imposaient
l'obligation d'exhiber aux généalogistes des titres origi-.;aux5 on n'admettait
pour tels, à l'égard des actes passés devant notaire, que Ifci premières grosses
ou expéditions délivrées sur les minutes par ceux mêmes qui les avaient reçues.
On demandait, en outre, pour chaque degré, outre l'extrait de baptême, de
mariage ou de mort, la production de trois actes civils. Cette réglementation
rigoureuse présentait souvent, dans la pratique, de sérieuses difficultés. Quel-
quefois, les premières expéditions n'avaient pas été retirées ou avaient été
détruites. Les dévastations de dépôts publics & les pillages d'archives, si mul-
tipliés pendant les guerres civiles des derniers siècles, notamment dans les
Cévennes, avaient aussi enlevé à beaucoup de familles de Languedoc les
moyens de justifier de leur filiation. Les députés 8< le syndic général de la
Province en portèrent plainte au roi. Ils lui représentèrent que vainement
les familles intéressées retrouvaient dans des registres épars les actes établis-
sant leur généalogie; les arrêts de règlement du Parlement de Toulouse qui
interdisaient le déplacement des registres dans les divers dépôts ne permet-
taient pas de faire usage de ces preuves, dont les commissaires du roi ne pou-
vaient accepter de copies. Pareilles réclamations avaient été déjà faites par la
noblesse de Provence, qui obtint satisfaction par lettres patentes du i8 octo-
bre 1783.
Un acte analogue fut accordé, le 2 juillet 1786, à la noblesse de Lan-
guedoc. Ces lettres patentes, données à Versailles Se contre-signées par le
baron de Breteuil, autorisèrent, pour les preuves de noblesse, lettres de main-
tenue, confirmation, réhabilitation, lettres de relief ou d'omission de quali-
fication noble, certificats de noblesse pour la Cour, pour les grades d'officier,
les chapitres, les ordres du Saint-Esprit, de Saint-Lazare & de Malte, les
pages, l'Ecole royale militaire & la Maison de Saint-Cyr, en cas d'absence
des premières expéditions d'actes notariés, un moyen particulier d'y suppléer.
Les intéressés devaient présenter aux Etats de Languedoc assemblés une
requête à l'effet d'obtenir la nomination de deux commissaires de l'ordre de
la noblesse, siégeant ou ayant siégé dans les Etats, & n'étant, d'ailleurs, ni
parents ni alliés aux degrés prohibés par les ordonnances, pour procéder Si
assister à la vérification des expéditions anciennes 8c à la délivrance des nou-
velles, soit dans le dépôt des titres de la Province, soit dans les études des
notaires, où ils devaient se transporter en présence du juge royal, après lui
avoir prêté serment. Ces commissaires étaient chargés de collationner les copies
avec le juge 81 le notaire, de les signer, d'y apposer le sceau_^de leurs armes,
81 de les faire légaliser par un officier de la justice royale la plus voisine,
autre toutefois que le juge assistant.
Ces mesures de tolérance ne s'étendaient pas au rapport des arrêts du con-
seil, des jugements de commissaires départis portant maintenue de noblesse,
ainsi que des procès-verbaux de preuves, des lettres patentes 8c de chan-
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i335
cellerie contenant anoblissement, des commissions 8c brevets de charges con-
férant la noblesse transmissible, 8c des autres actes de même nature, dont la
présentation demeurait soumise aux formalités prescrites dans les mémoires
publiés de l'ordre du roi, pour l'admission des officiers des troupes de terre 8c
de mer.
Le nouvel acte royal, sollicité par les États de Languedoc pour améliorer
la « position difficile 8c fâcheuse où se trouvoit la noblesse du pays, » tut
enregistré par le Parlement de Toulouse le 21 mars de l'année suivante, sur
le rapport de M. de Reynal '.
Cependant les événements généraux se précipitaient. Les embarras du
royaume empirant, le ministère se décida, sur la fin du mois de décem-
bre 1786, à convoquer l'assemblée des notables. Le vendredi 2g, à l'issue du
conseil des dépêches, le roi déclara que son intention était de former une
réunion de « personnes de diverses conditions des plus qualifiées de son Etat,
« afin de leur communiquer les vues qu'il se proposoit pour le soulagement
« de son peuple, l'ordre de ses finances 6c la réformation de plusieurs abus. »
La liste des invités comprenait cent quarante-quatre personnes, auxquelles
durent se réunir les quatre secrétaires d'Etat : maréchal de Castries, maréchal
de Ségur, baron de Breteuil 8c comte de Montmorin, ministres de la marine,
de la guerre, de la maison du roi. Se le contrôleur général Calonne.
La composition de l'assemblée lui enlevait tout caractère représentatif. On
y comptait d'abord sept princes du sang, trente-neuf membres de la haute
noblesse, ducs 8c pairs, maréchaux de France, lieutenants généraux^ douze
membres du conseil du roi, onze dignitaires du haut clergé, les présidents 8c
procureurs généraux des Parlements de France Se des conseils souverains,
une députation particulière des Etats de Bourgogne, de Languedoc, de Bre-
tagne 8c d'Artois, 8c enfin les « chefs municipaux « de vingt-quatre villes
principales.
Voici les noms des notables qui appartenaient à la province de Languedoc.
Dans l'ordre de la noblesse, le comte d'Estaing, vice-amiral de France, 8c le
marquis de Mirepoix; dans l'ordre du clergé, Arthur-Richard Dillon, arche-
vêque 8c primat de Narbonne; Etienne-Charles de Loménie de Brienne,
archevêque de Toulouse 8c l'un des quarante de l'Académie française; Marie-
Joseph de Galard de Terraube, évêque du Puy, 8c Louis-François de Baussct,
évêque d'Alais; dans l'ordre parlementaire, Jean-Joseph-Dominique de Senaux,
remplissant les fonctions de premier président, 8c Jean-Louis-Augustin-Emma-
nuei de Cambon, procureur général au Parlement de Toulouse. Les députés
des États de Languedoc étaient le coadjuteur d'Albi, François-Pierre de
Bernis, archevêque de Damas 5 le marquis d'Hautpoul-Seyre, l'un des barons,
8c M. François Chevalier-Dusuc de Saint-Affrique. Deux villes seulement de
la Province étaient représentées : Toulouse, par messire Philippe, marquis
'Lettres patentes du roi, données à Versailles, registre, A Toulouse, de l'imprimerie de noblj
le z (uillet lySrt, portant règlement pour la no- J.-A.-H.-M.-B. Pijon, avocat, seul imprimeur du
blesse de la province de Languedoc, avec l'arrct de roi & de la Province, place Royale.
1786
1786
i336 - ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de Bonfontan, premier capitoul gentilhomme, & IVlontpellier, par noble Ber-
nardin Daniel-Deydé, maire & viguier.
"77^ L'ouverture de l'assemblée avait été fixée au 29 janvier 1787; mais elle n'eut
lieu que le jeudi 22 février, dans une salle du château de Versailles, en pré-
sence du roi, siégeant sous un dais violet parsemé de fleurs de lis.
Louis XVI annonça, par une courte harangue, le but de la réunion : amé-
liorer les revenus de l'État, Si assurer leur libération entière par une réparti-
tion plus égale des impositions; affranchir le commerce des diftérentes entraves
cjui gênaient la circulation, & soulager, autant que les circonstances le per-
mettraient, la partie la plus indigente de la nation.
Après quelques paroles du garde des sceaux, le contrôleur général présenta
un tableau étendu de la situation des finances 81 des premières opérations de
son ministère; il rappela les traités de commerce conclus avec la Hollande,
l'Angleterre 8t la Russie, abolissant « des principes exclusifs aussi contraires
« aux lois sociales qu'à l'intérêt réciproque des nations; » les encouragements
donnés aux manufactures, l'essor des travaux publics, & cita, au nombre des
entreprises d'embellissements transformant les grandes villes, la restauration
des arènes de Nimes, destinée à « faire disparoître des masures malsaines qui
« déshonoroient ces magnifiques restes de la grandeur des Romains. »
Après cet exposé, il fallait en venir à l'aveu du déficit, accru encore par
les dépenses de la guerre d'Amérique, aveu cruel qui ne produisit pas sur
l'assemblée l'effet qu'on avait lieu d'en attendre. Calonne déclara que le far-
deau de l'amortissement pèserait sur le trésor jusques en 1797; qu'on ne
pouvait, durant cette période, recourir à des expédients & à des palliatifs qui,
en retardant la crise, la rendraient plus funeste; qu'emprunter toujours serait
aggraver le mal 5t précipiter la ruine de l'Etat; qu'imposer plus serait acca-
bler les peuples, qu'anticiper, comme on l'avait trop fait jusqu'alors, était
contraire aux simples règles de la prudence 8c qu'enfin l'économie ne suffi-
rait point à combler les vides. Le contrôleur général s'attaquait alors à ce
qu'il appelait un fonds de richesse, aux abus.
« Les abus, dit-il, ont pour défenseurs l'intérêt, le crédit, la fortune 8c
« d'antiques préjugés que le temps semble avoir respectés; mais que peu'
« leur vaine considération contre le bien public 8<. la nécessité de l'État? »
L'expérience devait prouver au ministre que les abus avaient pour déiui-
seurs, 8c pour défenseurs intraitables, les membres mêmes de l'assemblCe
devant laquelle il parlait. En convoquant autour de lui l'élite des grands
dignitaires, de tous ceux qui profitaient le plus d'une organisation défec-
tueuse, en les faisant présider par les princes de son sang, le roi avait, saiib
le vouloir, constitué de ses mains l'armée de la résistance.
La seule énumération sommaire des abus que le contrôleur général se pro-
posait de détruire, avec la certitude d'en voir jaillir, suivant son expression,
« une source féconde qui fertiliserait toutes les parties de la monarchie »
souleva contre ses projets la cabale des personnages titrés £<. dotés compo-
sant la noble assistance.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 133/
Galonné dénonçait, en effet, sans avoir conscience de l'auditoire spécial
assis devant lui, les abus dont l'existence pesait sur la classe productive 8i
laborieuse; les abus des privilèges pécuniaires, les exceptions à la loi com-
mune. Si tant d'exemptions injustes qui ne pouvaient affranchir une partie
des contribuables qu'en aggravant le sort des autres; l'inégalité générale dans
la répartition des subsides & l'énorme disproportion entre les contributions
des différentes provinces &i entre les charges des sujets d'un même souverain;
la rigueur 8<. l'arbitraire de la perception de la taille; la crainte, les gênes 8c
presque le déshonneur imprimé au commerce des premières productions; les
bureaux de traites intérieures, ces barrières rendant les diverses parties du
royaume étrangères les unes aux autres; les droits qui décourageaient l'in-
dustrie, ceux dont le recouvrement exigeait des frais excessifs & des préposés
innombrables; ceux qui semblaient invitera la contrebande & qui tous les
ans faisaient sacrifier des milliers de citoyens; le dépérissement du domaine
de la couronne Si le peu d'utilité qu'en produisaient les faibles restes; la
dégradation des forêts du roi Se leur mauvaise administration; enfin tout ce
([ui affaiblissait les ressources du crédit, tout ce qui rendait les revenus insuf-
fisants 8<. toutes les dépenses superflues qui les absorbaient.
Le contrôleur général ajoutait avec beaucoup de justesse que ces innom-
brables abus, timidement attaqués en détail à différentes époques, ne pou-
vaient être anéantis que par une réformation générale. Se il jetait les bases
de cette réformation; il voulait que, dans toutes les provinces, la répartition
des charges publiques fût confiée aux propriétaires eux-mêmes, par un sys-
tème représentatif à trois échelons, qu'un impôt territorial s'étendît sur tous
les domaines, sans autres distinctions que celles résultant des différentes qua-
lités du sol 8<. de la variété des récoltes; il demandait l'entière liberté du
commerce des grains; l'abolition de la corvée en nature, la suppression des
douanes intérieures Se la mise en valeur des biens de la couronne.
Le ministre termina l'exposé de son plan par ces paroles empreintes d'une
généreuse illusion :
« Que d'autres rappellent cette maxime de notre monarchie. Si veut le
« roi, si veut la loi; la maxime de Sa Majesté est. Si veut le bonheur du
« peuple, si veut le roi. »
Tombé sur une terre moins aride, ce bon grain aurait germé. Mais devant
l'égoïsme d'un public de grands dignitaires, c'était peine perdue. A l'insigni-
fiance des réponses qui furent faites, au nom de l'assemblée, par le premier
président du Parlement de Paris 8c par l'archevêque de Narbonne, il fut facile
de comprendre que le patriotique appel du gouvernement restait sans écho &
que rien n'avait vibré sous ces camails, ces robes 8c ces brillants uniformes.
Le marquis d'Aligre se borna aux flatteries de circonstance à l'adresse du
roi avec une allusion sceptique aux projets du contrôleur général.
Cl Un plan, dit-il, présenté comme capable de contribuer à ces vues de
« bienfaisance, intéresse aussitôt Votre Majesté, toujours portée à ce qu'elle
« croit pouvoir tendre à notre bonheur. »
1787
I
'~ i338 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Quant à l'archevêque de Narbonne, il se préoccupa exclusivement de la
préséance du clergé & de l'aspect majestueux de la réunion, sans dire un
seul mot des espérances du roi :
« Sire, si nous avions pu prévoir que quelqu'un dût élever la voix dans
« cette assemblée pour offrir à Votre Majesté des remerciements & des hoin-
c mages, le premier ordre de votre royaume se serait fait une gloire &t un
« devoir de n'être prévenu par personne. Nous supplions Votre Majesté de
« nous permettre de mettre à ses pieds la première impression que fait naître
« dans nos âmes le spectacle aussi auguste qu'imposant de cette assemblée, 8t
« surtout la vive & respectueuse reconnoissance qu'elle inspire envers le
« souverain qui a bien voulu la convoquer 8c qui daigne la présider. »
Tout était fini d'avance; le reste ne fut que formalités. On avait réparii
l'assemblée entière en sept bureaux, présidés chacun par un prince du sang.
L'archevêque de Narbonne 8c le coadjuteur d'Albi furent inscrits dans le pre-
mier, sous la présidence du comte d'Artois; M. de Cambon, dans le troisième,
sous la présidence du duc d'Orléans; les marquis de Mirepoix, d'HautpouI
8c de Bonfontan, dans le quatrième, sous la présidence du prince de Condc;
l'évêque d'Alais, dans le cinquième, sous la présidence du duc de Bourbon;
M. du Suc de Saint-Affrique dans le sixième, sous la présidence du prince de
Conti ; 8c enfin l'évêque du Puy Se M. de Senaux dans le septième, sous la
présidence du duc de Penthièvre.
A la seconde séance, tenue le 23 février, M. de Calonne lut six mémoires,
sur l'établissement des assemblées provinciales, sur l'imposition territoriale,
sur le remboursement des dettes du clergé, sur la taille, sur le commerce des
grains, sur la corvée.
Dans le système représentatif à trois degrés, comprenant des assemblées
paroissiales 8c municipales, des assemblées de district, 8c des assemblées pro-
vinciales, il était aisé de reconnaître un emprunt à l'organisation du Lan-
guedoc 8c à son triple étage de communautés, d'assiettes diocésaines 8c d'États
généraux; mais tout en s'inspirant de cette tradition, le ministre s'en écartait
heureusement sur deux points fondamentaux. Il déclarait que des assemblées
de personnes choisies par le roi présentaient tous les inconvénients des corps
permanents 8c donnaient lieu de craindre les mêmes entreprises, sans avoir
l'avantage de représenter l'universalité des propriétaires, 8c sans obtenir la
confiance qui leur serait accordée, si leur nomination était l'effet des suf-
frages libres de leurs concitoyens; 8c il signalait comme également contraiie
à l'objet de ces établissements le maintien de la présidence dans les mêmes
mains 8c son attribution exclusive au même état. « L'espérance, disait-il, de
« pouvoir, de quelque condition qu'on soit, parvenir à la première place
i< excite le désir de la mériter; 8c ceux qui ont le plus de titres pour l'obtenir,
ti doivent trouver plus honorable de la tenir d'un choix libre que d'une dis-
« position impérative. »
Ces observations visaient seulement les essais d'assemblées provinciales
tentés récemment dans les provinces qui n'avaient pas d'Etats organisés; mais
I
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSSq ~
il était trop naturel d'appliquer ces critiques aux assemblées d'États, pour que
le coup ne fût pas ressenti par le personnel de ces corps privilégiés.
M. de Calonne s'était adressé à l'archevêque de Toulouse pour dresser la
liste des membres du clergé convoqués à l'assemblée des notables; le prélat
ne lui en sut point gré, prit la tête de toutes les intrigues dirigées contre le
ministre, 8c, avant le terme de la session, finit par obtenir sa disgrâce.
Le contrôleur général disait : « L'impôt territorial a pour premier objet la
(( défense du patrimoine public; il est donc convenable que tous les biens
« fonds le supportent; £<. les biens ecclésiastiques, qui n'éprouvent pas moins
« que les autres les effets constans de la protection souveraine, ne sauroient
« en être affranchis. » Pour libérer le clergé des énormes dettes dont il s'était
grevé à l'occasion des dons gratuits, il proposait le rachat des rentes foncières
dues aux gens de mainmorte sur les biens de campagne & l'aliénation des
justices, de la chasse 8c des droits honorifit[ues. Toutes ces réformes, stricte-
ment indispensables au salut de l'Etat, dépassaient de beaucoup le tempéra-
ment de l'assemblée; elles soulevèrent l'opposition des sept bureaux Se préci-
pitèrent la chute du ministère.
Le dimanche 8 avril, M. de Miroménil, garde des sceaux, donna sa démis-
sion 8c fut remplacé par M. de Lamoignon, président à mortier au Parlement
de Paris. Le lendemain, M. de Calonne se retirait 8c laissait le département
des finances à M. de Fourqueux, conseiller d'État ordinaire. Celui-ci ne
demeura contrôleur général que quelques semaines, 8c donna sa démission
le i" mai.
Ce même jour, M. de Brienne, archevêque de Toulouse, était nommé par
le roi chef de son conseil royal des finances. L'ambitieux prélat occupait
enfin le ministère, objet de ses vœux depuis quinze années. Les services de
l'abbé de Vermont, qu'il avait fait autrefois envoyer à Vienne pour servir
d'instituteur à la jeune archiduchesse Marie-Antoinette, l'amitié de la reine
8c les recommandations de l'empereur Joseph II n'avaient pas été étrangers
à son élévation.
Les plans de Calonne étaient abandonnés; mais le déficit restait. Il fallut
consentir à un impôt territorial, 8c l'on inventa un nouveau droit de timbre.
Dans la séance du 25 mai 1787, qui fut la dernière de l'assemblée des
notables, l'archevêque de Toulouse prononça un long discours. Il félicita ses
collègues de n'avoir été guidés dans leurs délibérations par aucun sentiment,
aucun préjugé personnel. « Vous avez pensé, dit-il, que la nation étoit une,
« 8c que tous les ordres, tous les corps, toutes les associations particulières
o dont elle étoit composée ne pouvoient avoir d'autres intérêts que les siens. >>
Il affirma qu'on avait abjuré toute distinction lorsqu'il s'agirait de contri-
buer aux charges publiques; la liberté civile, étendue à tous les états, n'ad-
mettait plus ces taxes particulières, vestiges malheureux de la servitude dont
elles avaient été la compensation. Le gouvernement, mieux ordonné, rejetait
toutes ces exemptions pécuniaires; 8c il n'était plus permis de penser que
celui qui recueillait moins dût payer davantage.
~ 1340 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
En même temps, l'archevêque rassurait les deux premiers ordres du
rovaume, unis & assimilés par une antique association, sur le maintien de
leurs formes S< de leurs privilèges. Le roi était très-éloigné d'y donner
atteinte, connaissant l'importance des distinctions dans les monarchies. L'éga-
lité absolue ne convenait qu'aux États purement républicains ou purement
despotiques; une égale contribution ne supposait pas la confusion des rangs
8<. des conditions; les formes anciennes étaient la sauvegarde de la constitu-
tion, & leur ombre même devait être ménagée, lorsqu'elles étaient obligées
de céder à l'utilité générale.
M. de Brienne annonçait ensuite que ces principes seraient appliqués dans
l'organisation des nouvelles assemblées provinciales : présidence £<. préséance
aux deux premiers ordres, nombre des députés du tiers égal à celui du clergé
8<. de la noblesse réunis, votes par tête. Il promettait la suppression définitive
de la corvée, la libre exportation des grains, le reculeinent des traites à la
frontière.
Sur la question du déficit, évalué à cent quarante millions, il émettait
des maximes consolantes : « Une grande nation peut éprouver de grandes
« secousses; mais elle ne succombe jamais, & dès que le mal est connu, la
« nécessité du remède en assure l'efficacité. »
Quarante millions d'économies projetées par le roi, les soins de la reine à
rechercher tous les retranchements qui pourraient être faits dans sa maison,
la bonne volonté des princes, disposés à remettre au trésor une partie des
sommes qu'ils en recevaient; la révision des dépenses de la bouche, de la
vénerie, des écuries, des postes, des haras, des dons 8c grâces, de tous les
départements, ménageraient de nouvelles ressources. Enfin la France elle-
même jugerait de sa situation par la publication d'un état exact de la recette
& de la dépense, 81 un conseil de finances, créé par le roi, concerterait toutes
les grandes opérations. C'est par ce conseil 8c par la publicité de ses résultats
que Louis XVI se garantirait des surprises 8c des erreurs.
« Telles sont, dit en terminant l'archevêque, les assurances que vous allez
« reporter à vos concitoyens; si quelques-uns vous demandoient avec inquié-
« tude ce qu'a donc produit cette longue 8c célèbre assemblée, vous leur direz
« avec confiance que la nation y a reçu de son souverain une nouvelle vie 8c
«1 une nouvelle existence dans les assemblées provinciales; que l'égalité de la
<( contribution, la suppression de la corvée en nature, la liberté du commerce
« des grains y ont été établies par le vœu national; que les traites, les
(( gabelles, plusieurs droits onéreux seront détruits ou considérablement
« adoucis; que la dette publique est solidement assurée, que la balance sera
«1 posée entre la recette 8c la dépense; que celle-ci sera incessamment dimi-
« nuée, que l'autre sera proportionnée aux besoins réels; vous leur ajouterez
« qu'il leur en coûtera des sacrifices, mais que ces sacrifices seront ménagés
« avec soin, qu'ils porteront principalement sur les plus aisés; qu'ils ne
« dureront qu'autant que la nécessité d'y avoir recours subsistera; vous leur
« direz enfin que ces espérances vont être données par le roi même 8c ciue
LIV, V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1.341 ~^
« vous en avez pour gage les précautions qu'il a prises & qu'il vous a commu-
« niquées. »
Monsieur, frère du roi, ayant prononcé ensuite, au nom de la noblesse,
une courte harangue, l'archevêque de Narbonne prit la parole, comme le plus
ancien de sacre des évêques convoqués, 8c adressa au roi le discours suivant :
« Sire, le clergé de votre royaume a toujours tenu à honneur Se à gloire
c( d'être un des premiers anneaux de la chaîne nationale.
« Nous disions à Votre Majesté, lors de notre dernière assemblée (81 c'est
H le langage que nous ont transmis les pontifes vénérables qui ont perpétué
Il d'âge en âge la célébrité de l'Eglise gallicane), que la qualité de ministres
« des autels ajoutoit encore aux devoirs que nous impose celle de sujets St de
« citoyens : ces dispositions ne se démentiront jamais, & chacun de nous s'est
« empressé de déclarer, dans cette auguste assemblée, combien nous étions
<■ éloignés de toute prétention qui pût aggraver le fardeau des contributions
Cl publiques. Penser autrement eût été manquer à l'esprit de la religion dont
« nous sommes les ministres. Il n'existera jamais aucune nuance dans l'ordre
<i social sur laquelle la religion ne répande l'impression de sa grandeur, de
« son utilité & de sa bienfaisance.
« Nous avons réclamé la conservation de nos formes : elles tiennent à la
n constitution de la juonarchie; elles reposent, ainsi que toutes les propriétés,
« sous la garde des lois 81 sous la protection spéciale de Votre Majesté.
« Nous respectons, nous chérissons les biens qui nous sont communs avec
« tous les sujets qui vivent sous vos lois; & aux leçons de zèle, de patrio-
« tisme, de dévouement à votre personne sacrée que notre ministère nous
« prescrit de donnera nos concitoyens, nous ajouterons toujours la plus puis-
« santé de toutes, celle de l'exemple.
« Daigne le Dieu qui veille à la conservation de cet empire, écarter les
Il obstacles qui pourroient s'opposer à la prompte exécution des plans d'ordre,'
<i de justice 8<. d'économie que votre sagesse a formés!
« Puisse le concours des forces 8<. des volontés particulières hâter le rap-
<i prochement de l'époque heureuse où le développement 8c l'action de tous
Il les ressorts de cette puissante monarchie doivent lui faire goûter le bon-
11 heur qu'elle a droit de se promettre de la tendre affection d'un roi pour son
Il peuple 8c de l'amour inépuisable d'un peuple pour son roi! »
Un dernier orateur, l'abbé de La Fare, élu général de la province de Bour-
gogne, en qualité de premier député du premier pays d'Etats, parla ensuite
au nom de ses confrères 8c prit acte des promesses du ministre en ce qui tou-
chait les anciennes organisations provinciales. Pleins de confiance dans la
parole sacrée du roi 8c dans celles de ses prédécesseurs, les députés des pays
d'État, dont la plus belle prérogative était de déposer librement leurs tributs
au pied du trône, allaient, disait-il, porter à leurs concitoyens l'assurance
que les privilèges des corps 8c des provinces, ces restes antiques 8c précieux
cies formes 8c de la constitution nationale seraient religieusement conservés
Se maintenus.
1787
l342 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'assemblée se sépara, ayant laissé échapper une occasion unique de sauver
le pouvoir royal 8c persuadée qu'elle venait de rendre les privilèges inviolables
en les déclarant indestructibles.
Le 17 juin suivant, parut la déclaration du roi qui établissait la liberté du
commerce des grains, puis l'édit portant création d'assemblées provinciales,
le 27 la déclaration prescrivant conversion de la corvée en une prestation en
argent; puis, au mois d'août, l'édit supprimant les deux vingtièmes & créant
une subvention territoriale dans tout le royaume.
Le Parlement de Paris refusa d'enregistrer la loi du timbre, nécessita un
lit de justice &c détermina, par la persistance de son opposition, des rigueurs
qui produisirent sur l'opinion l'effet le plus déplorable. Il fut relégué à
Troyes en Champagne par lettres de cachet, ce qui mit toute la magistrature
de France en feu & prépara les grandes agitations de l'année suivante.
Le gouvernement ne cessait pas d'aggraver, par ses tâtonnements 8< ses
contradictions, la situation difficile où se trouvait le pays. Les clameurs sou-
levées dans tous les Parlements de France par la création de la subvention
territoriale duraient encore, qu'un nouvel édit, daté du mois de septembre,
supprima l'édit du mois d'août & remplaça les ressources qu'on en pouvait
attendre par la prorogation du second vingtième pendant les années lyyi
& 1792.
Cette mesure était une sorte de compromis imaginé par l'archevêque de
Toulouse & le garde des sceaux Lamoignon, dans l'espérance chimérique de
ramener à ce prix la bonne volonté des cours souveraines. Le roi expliquait
ce brusque changement de front en disant que l'examen approfondi de l'état
de ses revenus avait démontré la nécessité d'une révolution générale dans
l'organisation financière & que, provisoirement, un secours pressant étant
indispensable, il préférait employer une forme connue d'impôt. Le vingtième
devait être levé, sans exception ni distinction d'aucune sorte, sur toute espèce
de biens, même sur les domaines royaux.
L'édit fut enregistré à Troyes par le Parlement de Paris, le 19 septembre,
& cette cour obtint, en récompense, d'être rappelée de son exil, satisfaction
qui lui fut donnée dès le lendemain. Le Parlement de Toulouse n'imita pas
cette soumission.
Au mois de novembre, un autre édit porte création d'emprunts graduels 8c
successifs pendant cinq années : cent vingt millions pour 1788, quatre-vingt-
dix millions pour 1789, quatre-vingts millions pour 1790, soixante-dix mil-
lions pour 1791, 6; soixante millions pour 1792.
Le roi se rendit en personne au Parlement de Paris, afin d'y faire procéder
en sa présence à l'enregistrement. Dans la courte harangue qu'il prononça,
il fit une réponse indirecte, d'un ton très-ferme, aux remontrances du Parle-
ment de Bordeaux, manifesta l'intention arrêtée d'améliorer la situation des
protestants & condamna avec énergie la tendance des cours judiciaires à sortir
de leurs attributions.
« Je maintiendrai toujours, dit-il, par la protection la plus constante Se
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. l343
« sans partage, la religion sainte dans laquelle Dieu m'a fait le bonheur de
" naître, & je ne permettrois pas qu'elle souffre le plus léger affoiblissement
Il dans mon royaume. Mais je crois qu'elle me commande elle-même de ne
« pas laisser une partie de mes sujets privés de leurs droits naturels & de ce
(I que l'état de société leur permet.
« Vous verrez dans ma réponse au sujet du Parlement de Bordeaux com-
<> bien sa conduite est répréhensible. Mes Parlemens doivent compter sur ma
<i confiance & mon affection; mais ils doivent les mériter, en se renfermant
I' dans les fonctions qui leur ont été confiées par les rois mes prédécesseurs.
Il en ayant attention de ne pas s'en écarter 8c de ne s'y refuser jamais, Si sur-
11 tout en donnant à mes sujets l'exemple de la fidélité 8c de la soumission. »
Le garde des sceaux exprima ensuite, dans un discours étudié, le mécon-
tentement qu'avait inspiré au roi la demande faite par le Parlement de Paris
d'une convocation des États généraux. Le monarque étant chef souverain de
la nation 8c possédant le pouvoir législatif dans sa plénitude, demeurait seul
juge de la nécessité 8c de l'opportunité de rassembler les États; mais, en même
temps, le chancelier annonçait qu'avant l'expiration de la période assignée
pour la régénération des finances, le roi se proposait de communiquer à la
nation assemblée tout ce qu'il aurait fait pour son bonheur 8c les mesures
prises pour le rendre durable.
L'orateur insista sur l'utilité de l'édit qui devait assurer un état civil aux
protestants. Le législateur, en observant les abus à corriger, avait reconnu
qu'il devait nécessairement ou proscrire de ses États la portion nombreuse de
ses sujets qui ne professaient pas la religion catholique, ou lui assurer une
existence légale. Dans une pareille alternative, l'option du roi n'était pas
difficile à prévoir; sa sagesse ne pouvait hésiter que sur le choix des moyens.
Louis XVI ne voulait point d'autre culte public dans son royaume que
celui de la religion catholique, apostolique 8c romaine; mais il prescrivait les
formes légales qui devaient constater la naissance, les mariages 8c la mort de
ses sujets non catholiques; il bornait sa justice à leur égard à ces facultés pri-
mitives, qui sont un droit sacré de la nature plutôt qu'un bienfait arbitraire
de la loi.
Toute la partie éclairée de la nation sollicitait depuis longtemps cette loi,
souscrite par le prince après les plus mûres délibérations.
Aux grands avantages qui devaient en résulter pour la population, pour
l'agriculture, pour le commerce Se pour les arts, se joindrait encore celui de
ne plus voir de contradiction entre les lois Se la nature, entre les lois 8c les
jugements des tribunaux, enfin entre les suppositions des ordonnances Sx.
l'évidence invincible des faits.
« Les sujets non catholiques du roi, poursuivit le garde des sceaux, seront
«1 protégés par des lois qui assureront leur état sans les rendre dangereux; 8c
I' la sage tolérance de leur religion, ainsi restreinte aux droits les plus incon-
« testables de la nature humaine, ne sera point confondue avec une coupable
'■ indifférence pour tous les cultes. »
• 787
â7!i8
i3u ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
I7Ï7 T^
A cet exposé de principes si modérés, les parlementaires répondirent par
des déclamations qui durèrent sept heures, &, pour obtenir l'enregistrement,
le roi fut contraint d'adopter les formes des lits de justice. Le duc d'Orléans,
qui s'était associé à l'opposition, fut exilé le lendemain dans ses terres, ainsi
que quatre conseillers; nouvelle matière à récriminations 8c nouvel aliment à
l'émotion publique.
En recevant vine députation de la cour de Paris pour lui adresser de vifs
reproches, le roi confirma, d'ailleurs, son projet de rassembler les États géné-
raux :
« J'ai dit que je les convoquerois avant 1792, c'est-à-dire, au plus tard, en
« 1791; ma parole est sacrée. »
L'édit du second vingtième n'avait pas été enregistré au Parlement de Tou-
louse. Le comte de Périgord reçut l'ordre de se transporter dans la capitale
de la Province pour y faire accomplir cette formalité sous ses yeux'.
Le commandant en chef arriva à Toulouse le 8 mars, & alla le lendemain
demander à M. de Cambon, nouveau premier président, l'assemblée des cham-
bres pour le lundi suivant, par ordre du roi.
La séance s'ouvrit à dix heures & demie du matin; après la lecture de l'édit
du vingtième, le procureur général, en vertu des ordres royaux qui venaient
de lui être remis par le comte de Périgord, requit l'enregistrement, avec quel-
ques réflexions sur l'état des finances du royaume, sur le déficit, sur l'impos-
sibilité de le combler par des économies. Il exprima les regrets du roi d'être
contraint à exiger ce nouveau sacrifice, & rappela que la rigueur en' serait
adoucie par le terme de sa durée, Se que la prochaine convocation des États
généraux, auxquels appartenait éminemment le droit d'octroyer des subsides,
d'après les principes du droit public de la nation, offrait toute garantie.
La cour demanda à délibérer; le comte de Périgord répondit que le roi ne
voulait pas qu'on délibérât; aussitôt tous les magistrats quittèrent la salle, à
l'exception du premier président & du procureur général retenus par ordre
formel. Le greffier transcrivit l'édit. Quand le commandant en chef se fut
retiré, les membres du Parlement se rassemblèrent de nouveau & rédigèrent
des protestations qui durent être envoyées à toutes les sénéchaussées. Invité à
faire cet envoi, le procureur général s'y refusa, comme empêché par un ordre
du roi, daté du 6 septembre, qui lui défendait toute transmission d'arrêts ou
arrêtés ne concernant pas la justice ordinaire ou l'exécution des volontés du
gouvernement.
Cet ordre ne faisant pas mention des avocats généraux, M. de Catelan,
l'un d'entre eux, fut déclaré libre & mit son nom au bas de l'arrêté que l'on
expédia le 12 mars.
Dix jours après, un officier du régiment de Médoc se présentait chez
M. de Catelan, porteur d'un ordre du roi qui enjoignait de s'emparer de sa
personne Si de le constituer prisonnier au château de Lourdes.
' Pièces justiftcat'ives.n. DCCCCXLVII, col. 2421.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. i345
Le Parlement écrivit au roi contre cet acte de violence, réclamant le rappel
du magistrat qui venait d'être arraché du sein de la cour, « du sein de sa
« patrie, pour être enfermé dans une prison lointaine, au milieu des glaces
« des Pvrénées. »
Peu de jours auparavant, une déclaration royale avait paru, annulant les
restrictions mises par la cour de Toulouse à l'enregistrement de l'édit concer-
nant l'état civil des réformés. Le Parlement s'était permis d'ajouter des clauses
d'exception à la loi pour exclure absolument les protestants de toutes les
charges municipales. Il cassa aussi, sans plus de ménagements, une ordon-
nance de la commission de ij56 portant in-jonction aux propriétaires de
biens 8c droits nobles & roturiers d'en fournir déclaration aux consuls Se con-
seils politiques des communes.
Les États de Languedoc s'étaient en effet prêtés, sous l'impulsion de leur
président, à toutes les mesures qui avaient pour but d'étendre l'assiette du
nouvel impôt, 8c, dans leurs séances du ii 8c du i8 janvier, ils avaient pré-
paré les articles d'une instruction destinée à faciliter les recherches'.
Cette condescendance excitait la colère du Parlement qui ne voulait pas
voir la subvention territoriale renaître sous une autre forme 8c qui, tout en
raisonnant sur le despotisme 8c le déficit, avait grand souci de se dérober aux
charges publiques.
Par son arrêt du 27 mars, il défendit purement Se simplement aux syndics
8c commissaires des diocèses, aux maires, consuls 8c autres administrateurs des
villes, bourgs, villages Se communes, de donner aucune exécution à l'ordon-
nance de la commission de 1756 Se aux délibérations du 11 Se du 18 janvier.
Le conseil d'Etat cassa cet arrêt, le 5 avril, comme contraire aux droits Se
libertés de la Province en matière d'impôts, comme tendant, ainsi que l'affec-
tation avec laquelle l'arrêt avait été envoyé aux bailliages, sénéchaussées Se
autres justices royales du ressort, à détruire la confiance des peuples dans les
délibérations des États, Se h. leur donner lieu de croire que les vérifications
ordonnées seraient faites avec une rigueur également opposée aux intentions
du souverain Se à l'administration paternelle des Etats, Se comme attentatoire
à l'autorité du prince^.
Le même jour, le conseil d'Etat supprimait un imprimé répandu dans la
province de Languedoc sous le titre de Très-humbles 6- très-respectueuses
remontrances de la cour des comptes, aides 6* finances de Montpellier, sur
l'édit du mois d'octobre dernier, portant prorogation du second vingtième.
Par le compte qu'il s'était fait rendre de cet écrit, le roi y avait reconnu les
imputations les plus graves 8c les plus calomnieuses contre le corps des Etats
de la Province Se contre les membres de ce corps, le parti pris d'attaquer les
formes constitutives des États, de détruire la confiance des habitants de la
' Procès-verbaux des Etats de Languedoc. Stances parvenir au nouveau règlement des taxes des ving-
dii II 8c du 18 janvier 1788. — Instruction pour tièmes sur toute nature de biens soumis a cet impôt.
MM. les commissaires des diocèses au sujet des re- " Recueil des édits, déclarations, arrêts & ordon-
clterches à faire dans le cours de cette année pour nances pour l'année 178S.
XlII. o.
1738
178
1346 ÉTUDES FIISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Province dans une assemblée formée de l'élite des citoyens, S< dont toutes les
délibérations, tous les détails d'administration n'avaient d'autre objet que
d'alléger le fardeau des tributs en le partageant Si. le répandant proportion-
nellement sur tous les individus. Le conseil reprochait au même écrit de ren-
fermer les inculpations les plus fausses contre les deux commissions établies
dans la Province, dont l'une, en réformant les abus introduits dans l'admi-
nistration des communes, y avait rétabli l'ordre Se l'économie 8t dont l'autre
maintenait la juste répartition de l'imposition des vingtièmes. Le roi croyait
ciu'il appartenait à sa justice de marquer sa satisfaction aux Etats & aux
membres des deux commissions en réprimant la licence d'un écrit injurieux.
Enfin un troisième arrêt du conseil annulait toutes les procédures com-
mencées par la cour des comptes de Montpellier pour empêcher l'exécution
de l'édit du vingtième.
La guerre entre le gouvernement & les compagnies supérieures en était
arrivée à un tel point de violence qu'elle ne pouvait finir que par un éclat.
Devant cette mauvaise volonté acharnée, qui entravait tout, compromettait
tout, déconsidérait le pouvoir, 8c encourageait l'esprit de révolte dans un
intérêt d'égoïsme, le ministère en revint au projet de réformer l'ordre judi-
ciaire, si malheureusement abandonné lors de l'avènement de Louis XVL
En répondant, le 17 avril, aux remontrances du Parlement de Paris sur la
loi de l'enregistrement £<. la liberté des suffrages, le roi laissa deviner ses
intentions.
Il Si la pluralité de mes cours forçoit ma volonté, la monarchie ne seroit
(i plus qu'une aristocratie de magistrats, aussi contraire aux lois 8< aux inté-
« rets de la nation qu'à ceux de la souveraineté
« Je dois garantir la nation d'un pareil malheur
« De combien de lois utiles, qui sont journellement la règle de vos juge-
ce mens, la France n'est-elle pas redevable à l'autorité de ses rois, qui les
(( ont fait enregistrer, non-seulement sans égard à la pluralité des suffrages,
« mais contre cette pluralité même & malgré la résistance des Parlemens. »
La ligue des compagnies supérieures était organisée. Le jour même où le
Parlement de Paris commentait la réponse du roi dans les remontrances les
plus véhémentes, le 3 mai, les chambres du Parlement de Toulouse se ras-
semblaient extraordinairement &c dressaient un violent réquisitoire au sujet
« des malheurs qui menaçoient la constitution de la monarchie. »
Le Parlement s'irritait de la qualification de cour de justice, employée par
le roi dans sa réponse. Se par le garde des sceaux dans son discours du
19 novembre; il répétait les vieilles faussetés historiques sur le droit primor-
dial & constitutionnel des parlements à vérifier les lois; il soutenait que
« ces corps tutélaires « pouvaient seuls représenter au prince les besoins des
peuples de leur ressort, l'état de leur fortune & leur pouvoir ou leur impuis-
sance de supporter les nouveaux impôts; il prétendait que la délimitation
géographique des ressorts, chose essentiellement mobile £<. changeante, toute
de convenance 8<. d'à-propos, n'était pas moins sacrée, paç moins inviolable
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1847
que les principes mêmes de la justice; que l'intégrité des prérogatives parle-
mentaires, comme l'inamovibilité des magistrats, ne pouvait recevoir d'atteinte
sans compromettre même l'existence de la monarchie.
La cour protestait donc d'avance contre tous édits, déclarations Si lettres
patentes portant suppression du Parlement ou destitution d'aucun de ses mem-
bres, distraction de ressorts, ou érection de conseils supérieurs, privation ou
diminution d'aucune de ses fonctions essentielles, & notamment de l'enre-
gistrement des lois ou impôts, contre toute transcription sur ses registres sans
une délibération libre; contre toute violence Si voie de fait exercée pour pro-^
curer ces transcriptions, & contre la présence forcée d'aucun de ses membres
h ces actes ou dans les tribunaux qui pourraient être formés sur les ruines du
Parlement. Elle déclarait aussi que, dans le cas où ces tribunaux seraient
créés, ses officiers ne cesseraient pas d'être les seuls 8<. vrais officiers du Par-
lement '.
£e même jour, afin de prévenir les défections qui s'étaient produites lors
des réformes du chancelier Maupeou, l'on fit signer à tous les membres du
Parlement de Toulouse une déclaration secrète par où ils s'engageaient, sur
l'honneur, à ne jamais se prêter à aucune opération qui tendrait à dégrader
le Parlement en lui ôtant quelqu'une de ses fonctions essentielles, notam-
ment l'enregistrement des lois du royaume^.
I,e gouvernement voulut imiter, par le concert 8c la rapidité de ses agents,
l'exemple que lui donnaient les compagnies supérieures.
Le 8 mai, tandis qu'à Paris, le roi, tenant son lit de justice, adressait au
Parlement une sévère mercuriale 81 lui faisait exposer par le garde des
sceaux le plan de la nouvelle organisation, le comte de Périgord faisait
transcrire dans les registres du Parlement de Toulouse l'ordonnance du roi
sur l'administration de la justice, qui divisait le ressort de la cour en cintr
grands bailliages ayant pour chefs-lieux les villes de Toulouse, d'Auch, de
Carcassonne, de Nimes 8c de Villefranche de Rouergue^.
Cette mesure hardie brisait l'existence politique des Parleiîients, rendait
leurs usurpations impossibles, 8c rapprochait la juridiction d'appel des justi-
ciables, objet constant des vœux du pays.
Mais la réforme portait un coup trop rude aux vanités 8c aux intérêts de
la puissante compagnie pour ne pas soulever des tempêtes. La séance d'enre-
gistrement où un commissaire spécial du gouvernement, M. de Cypicrre,
porta la parole, dura depuis huit heures du matin jusques à cinq heures du
matin suivant. On enregistra tour à tour l'édit supprimant les tribunaux
d'exception, l'édit créant la cour plénière, l'édit réduisant les offices du Par-
lement, 8c enfin la déclaration du roi qui envoyait la cour en vacances. Le
' Pièces justijîciit, n. DCCCCXLVIII, col. 2J^^6, concernant l'organisation ù,' nouveaux ressorts,
' Pièces juitificat. n. DCCCCXLIX, col. 243r. <jiie nous publions aux Pièces y.'.jri/îcanVei, numé-
' La réforme judici.iire fut, dans le détail, très- ros DCCCCLIV, col. 2447, DCCCCLV, col. 2449,
sérieusement préparée; on en jugera par quelques DCCCCLVIII, col. 2469, DCCCCLIX, col. 2471,
documents de l'enquête faite par M. de Cypicnc, DCCCCLX, toi. 2476, DCCCCLXI, col. 2484.
1788
1788
i34R ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
premier président, le président de Senaux, M. de Rességuier lui-même,
malo-ré ses fonctions de procureur général, s'élevèrent avec force contre la
réforme qu'ils dénoncèrent comme destructive de la constitution de l'Etat;
mais des dispositions militaires avaient été prises, la maréchaussée, la troupe
du o-uet occupaient les portes; le bataillon du régiment de Bresse èi. les dra-
gons de Noailles, commandés par M. de Galiftet, qui avaient servi d'escorte
au comte de Périgord & au conseiller d'État, gardaient les abords du palais.
La cour tout entière dut attendre la fin de la longue cérémonie 8c quand elle
eut quitté le palais, des sentinelles, placées à toutes les issues, ne lui permi-
rent plus d'y remettre le pied.
Devant ces circonstances extraordinaires, le Parlement retrouva son tem-
pérament de la Ligue. Il résolut de s'assembler partout où il trouverait sa
commodité, sa sûreté 8t le secret de ses délibérations, 8c, dans une de ces
réunions, en renouvelant ses protestations contre le fond &c la forme des
actes qui venaient de s'accomplir, il promit de « garder inviolablement le
« dépôt qu'il avoit reçu de la nation, jusqu'au moment où les Etats généraux
« jugeroient à propos de le retirer pour le remettre entre des mains qui
« pourroient lui paroître plus sûres, mais qui ne seroient pas plus fidèles'. »
Après la démonstration du Parlement, les tribunaux subalternes du ressort
rivalisèrent d'empressement à copier la cour souveraine, soit en refusant l'en-
rcc'istrement volontaire des édits, soit en faisant suivre l'enreeistrement forcé
de protestations solennelles qui ne tardèrent pas à être rendues publiques par
l'impression.
Le procureur général n'ayant pas, selon l'usage, écrit aux juridictions
inférieures pour leur notifier de transcrire les actes royaux sur leurs registres,
ce furent MM. Moisset 8c Brunel, procureurs du roi aux grands bailliages de
Toulouse 8c de Nimes qui se chargèrent de cet office, dérogation au forma-
lisme traditionnel, dont tous les rédacteurs de remontrances n'oublièrent pas
de tirer parti.
Du reste, comme on s'attendait à voir les résistances de la cour se repro-
duire dans les tribunaux qui en dépendaient, le ministre avait pris soin
de désigner des commissaires spéciaux avec pouvoirs suffisants pour en
triompher.
Ces commissaires, à l'exception de M. de Cypierre, chargé d'exécuter auprès
de quelques juridictions ce qu'il avait déjà fait au Parlement, ne furent
autres que les intendants des provinces dans le territoire desquelles se trou-
vaient établis les corps judiciaires : M. de Ballainvilliers en Languedoc,
M. de Boucheporn dans la généralité d'Auch, M. de Trimond dans la géné-
ralité de Montauban. Leurs commissions, données au grand sceau, portaient
la date du i'^"' mai, comme l'ordonnance royale. Ils opérèrent simultanément
pendant les mois de juin 8c de juillet; M. de Cypierre à Toulouse, Limo-ax
Se Castres, M. de Ballainvilliers à Bcziers, Annonay 8c Montpellier, M. de
' Piècei jinti/îrntivc!, n. DCCCCLT, col. s^SS,
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1349
Bouchepoin à Auch, Lecloure Si Pamiers, M. de Trimond, à Cahors, Figeac,
Gourdon, Martel, Montauban & Lauzerte.
Pour les tribunaux de moindre importance, les commissaires du roi se
donnèrent eux-mêmes des substituts, charges de faire procéder en leur nom
à l'enregistrement des nouvelles lois.
Ce furent les subdéléguês ordinaires de l'intendance dans leurs départe-
ments respectits.
A Cahors, M. de Baudus, avocat du roi, quatre jours après la séance d'en-
registrement, prononça un long réquisitoire où il racontait sommairement ce
qui s'y était passé, mentionnant la retraite des officiers du siège « peu jaloux,
« dit-il, de participer par une assistance purement passive à un acte afili-
« géant, » & où il contestait à la transcription des lois faites sur les registres
de la sénéchaussée le caractère d'une formalité publique. Il rappelait que les
copies avaient été publiées à huis clos, les portes étant gardées au dedans par
les huissiers, au dehors par des soldats, ajoutant que jamais on n'avait pris
plus de précautions pour rendre un acte secret.
Mais il ne se contenta pas d'insister, comme tous ses collègues, sur la pro-
cédure extra-légale de cet enregistrement dont il ne connaissait pas d'exemple
« dans les fastes des tribunaux; « appréciant les lois elles-mêmes, il en dépei-
gnait les résultats sous les couleurs les plus noires, dans une rhétorique
ampoulée où l'on pressent déjà les hyperboles de l'éloquence révolutionnaire.
D'après M. de Baudus, les ordonnances du 1" mai devaient avoir pour
effet « de fermer le temple de la justice, d'étoutier la voix des organes du
« peuple, de retenir dans les cachots l'innocence confondue avec le crime,
« de livrer la sûreté publique, la fidélité du commerce, l'ordre général aux
« entreprises de la fraude, de l'audace qui n'avoient plus à redouter la justice
Il souveraine des cours. »
L'orateur reprochait aux copies déposées par M. de Trimond d'être impri-
mées sur papier ordinaire, non timbré, & sans collation ni signature, 8t les
assimilait aux exemplaires, dépourvus d'authenticité légale, que vendent les
colporteurs.
11 posait enfin en principe que l'exécution de ces lois serait un parjure, de
la part d'officiers que le souverain, en les nommant, avait » adressés au Par-
« lement pour y recevoir le caractère de magistrats, » £t proclamait « le vice, la
(1 nullité, l'illégalité » de tout ce qui s'était tait « dans la séance du 9 juin'. »
Il n'est pas jusqu'aux officiers des justices seigneuriales qui ne fissent leur
partie dans le concert des protestations parlementaires. Ceux de la séné-
chaussée ducale d'Uzès rédigèrent \\n factum en quatorze articles, où ils
cherchaient à prouver que, d'après l'institution des pairies, ils n'avaient à
reconnaître d'autres réformateurs que les Parlements, & que le privilège des
pairs était commun à tous leurs vassaux & justiciables. Ils faisaient valoir
l'importance de leur ressort, comprenant « environ deux cents villes, niande-
' Recueil de toutes les pièces, &c, Sin^cbausii* de Cahors, pp. 8-17.
1788
I
J788
i35o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« mens, bourgs, villages, paroisses ou hameaux du pays d'Uzège, dénominéT
« dans un jugement de lyBô, » & profitaient de l'occasion pour rappeler les
fréquentes usurpations du siège présidial de Nimes, dont ils se déclaraient
indépendants. Ils exploitaient l'omission qui avait été faite de la sénéchaussée
d'Uzès dans l'organisation du grand bailliage de Nimes, en se fondant sur ce
qu'ils n'avaient jamais ressorti à la sénéchaussée dont ce grand bailliage pre-
nait la place, & s'autorisaient en même temps de leur qualité de tribunal
inférieur pour différer l'enregistrement, sous prétexte que les cas d'application
de la nouvelle loi seraient chez eux extrêmement rares '.
La petite cour comtale de Caraman, composée d'un juge, d'un procureuf
& d'un greffier, déclara aussi n'y avoir lieu de procéder à l'enregistrement,
sur les réquisitions du procureur comtal, rédigées d'ailleurs dans un langage
plus modéré que les autres pièces du même genre. « Ce seroit, dit cet officier,
« renoncer d'une manière peu généreuse aux privilèges précieux de ressortir
« nûment à ce tribunal de la nation Se d'avoir une relation directe avec ses
« magistrats. Si nos vœux pour leur réintégration sont des vœux stériles,
« qu'on ne puisse pas nous reprocher du moins d'avoir choisi le moment de
« l'inaction affligeante à laquelle ils sont réduits pour nous soustraire à leur
« dépendance immédiate, & pour donner un consentement volontaire à des
« lois que nos supérieurs légitimes n'ont pas voulu nous envoyer^. »
L'éloquence des magistrats provinciaux se donna carrière dans la rédaction
des mémoires plus ou moins étendus, par lesquels ils essayèrent de justifier
leur obstination k braver les ordres du roi. Le texte de ces écrits présente peu
de variété. Ce n'est guère qu'une paraphrase en style de procureur des actes
mêmes du Parlement.
Le refus d'enregistrement est fondé stu" la prétendue irrégularité de la
transmission. On rappelle les arrêts de règlement rendus par la cour de Tou-
louse k l'époque du chancelier Maupeou en 1775 & en 1776, par où il
était défendu « aux sénéchaux & sièges présidiaux de faire procéder k la lec-
« ture, publication & enregistrement des ordonnances, édits & déclarations
« qui ne seroient pas adressés par le procureur général aux procureurs du
« roi. » M. Marquié-Cussol, juge-mage de Pamiers, plus érudit, remontait à
l'ordonnance de i36i, bien qu'elle fût antérieure k la création du Parlement
de Toulouse, & M. de Charly, procureur au même siège, citait le mot de
Louis XI au duc de Bourgogne, d'après Commines : « C'est la coutume de
« France de publier tous accords en la cour de Parlement, ou autrement
« ne seroient de nulle valeur. »
Le Parlement tenait une trop grande place dans la société, il avait une
trop grande assiette foncière, des liens trop étroits avec l'aristocratie territo-
riale &t une clientèle trop nombreuse, il faisait vivre trop de gens, pour ne
pas disposer de moyens redoutables de résistance. Aussi, tout en courbant la
'Recueil Je toutes Us pièces, &c. Sénécliaiisste ' Recueil Je toutes les pièces, &C4 luge i'djppenuK
d'Uzès, pp. 3-14. de Caraman, p. i5.
LIV. V. LOUIS XYl ET LA RÉVOLUTION. i3ji
tète sous les procédés ministériels, il ne perdit pas l'espoir S< se hâta d'orga-
niser l'agitation.
Dès le lo mai, la question d'envoyer au roi une supplique pour la réinté-
gration de la cour dans la plénitude de ses fonctions, avait été agitée dans
une des commissions permanentes de l'hôtel de ville; deux jours après, on
décida l'envoi de quatre députés à Paris, 8c l'on chargea trois commissaires,
le marquis de Panât, MM. Mascart Se Lafage, de dresser des doléances.
L'intendant n'autorisa pas la députation. L'affaire traîna jusqu'aux premiers
jours de juillet, où l'on evit connaissance, par le baron de Ballainvilliers,
d'une lettre du comte de Breteuil permettant de faire des doléances sur le
rappel 8i la réintégration du Parlement dans ses droits.
La noblesse parlementaire, qui prenait les intérêts de la cour avec beau-
coup de feu, s'avisa de réclamer alors la convocation d'un conseil général
renforcé, dans lequel elle prétendait entrer tout entière avec voix délibéra-
tive, en y faisant aussi admettre deux membres de tous les corps de la ville.
Ce conseil était convoqué pour le lo; mais la veille, un bas officier du régi-
ment de Bresse apporta une lettre péremptoire du comte de Périgord défen-
dant toute réunion. L'assemblée fut renvoyée sans désignation de jour.
Les espérances que l'on avait fondées sur cette séance étant perdues, on se
hâta d'adopter d'autres voies.
Le 10 juillet, le marquis de Gudanes, doyen de la noblesse de Toulouse,
présenta au comte de Périgord des protestations signées de cent trente-deux
gentilshommes contre l'interdiction du conseil général, prononcée la veille
par le commandant en chef.
La « noblesse de' Toulouse, n assemblée sans mandat & contrairement h
toutes les ordonnances, traitait fort durement les lois de mai. Elle se disait
frappée, comme les autres classes de citoyens, des malheurs qui affligeaient le
royaume & le menaçaient d'une subversion totale; elle avait été d'abord ras-
surée par les vices mêmes de ces lois désastreuses que des porteurs d'ordres
étaient venus faire consigner à main armée dans les registres du Parlement,
èi avait vu le remède dans l'excès du mal.
Elle mettait trop de confiance dans la bonté du roi pour ne pas croire
qu'un ouvrage aussi inconstitutionnel, portant la désolation dans toutes les
provinces, anéantissant les droits de la noblesse, fermant tous les tribunaux
8t livrant tous les ordres de l'État au trouble inséparable d'une cessation
générale de la justice, tomberait nécessairement de son propre poids. Cette
unique espérance l'avait réduite à se taire èi. à concentrer sa douleur.
Mais voyant les maux portés à leur comble, le Parlement dispersé, la ville
enchaînée par des inspirations secrètes, elle ne pouvait garder le silence ni
laisser croire qu'elle adhérait à un système destructif des privilèges de la ville
St de la Province.
Elle établissait ensuite que les Etats généraux n'étant pas assemblés & le
Parlement ayant été dispersé, « afin que le peuple n'eût point de représen-
« tant, » le droit politicjue devait appartenir aux municipalités, composées
1788
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iS:")! ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de la réunion des principaux citoyens; c'est en se fondant sur ce principe
qu'elle avait sollicité la convocation d'un conseil général.
Elle condamnait violemment la conduite du commandant en chef, u Le
« système des ennemis de l'Etat est que la vérité ne parvienne jamais au
« trône, 81 surtout qu'il ne paroisse point de réclamation de la part des villes,
« qui représentent le peuple. » Les gentilshommes toulousains feignaient de
croire que le comte de Périgord avait pris sur lui de contrarier la volonté du
loi, & contremandé de son propre mouvement l'assemblée déjà convoquée,
afin d'ôterà la noblesse les moyens de manifester ses sentiments, 8c au peuple
la consolation que cette démarche pouvait lui donner.
Ils terminaient par une véritable déclaration de guerre au commandant en
chef de la Province :
« Considérant que cette conduite tend à tenir la ville dans un état d'escla-
« vage 8<. d'avilissement qui ne conviendront jamais à des François, 8<. qu'en
« contrariant la volonté connue du roi, M. le comte de Périgord a rompu le
i( lien par lequel la noblesse vouloit bien joindre son vœu à celui de la
« municipalité, elle lui déclare qu'en usant de ses droits elle emploiera tous
« les moyens &i toutes les voies possibles pour faire parvenir au roi la vérité
« qu'on lui cache, 8c qu'elle aura autant de courage pour se mettre au-dessus
li des obstacles cju'on lui oppose, qu'elle en a eu, dans tous les temps, pour
« consacrer sa fortune 8c sa vie à la défense 8c à la gloire de l'État'. »
' Les protestations de la noblesse de Toulouse valier de Chalvet-Rochemonteix. — Duf.is de
portaient les signatures suivantes : Vignaux. — De Méja. — Le chevalier d'Oriet de
Le marquis de Gudanes. — Le baron de Papus. Ribonnet. — Le marquis de Fleiiry. — Fajole,
— Le baron de Marmiesse. — De Benoit. — Le marquis de Pordéac. — Le chevalier Daneeau. —
chevalier de Ferr.ind. — Le comte de Labarthe. — De Cazals. — Le marquis Dupuy-Montesquicu.
Le baron de Comerc. — Le comte de Laroque. — — Le marquis de Gavarret-Rouaix. — Le cheva-
Le baron de Viguerie. — Le vicomte de Ville- lier de Segln. — Le baron Dufaur. — Le cheva-
neuve-Flamarens. — Dolive de Quinquiry. — Le Her de Gérié. — De Cazes la Ribcaute. — Le
comte Dubarry. — Le chevalier de Saint-Félix baron d'Izalguier. — Le chevalier d'Albis. — De
Cassagnau. — De Roche d'Auzielle. — Le mar- Saint-Hilaire. — Le chevalier de Chalvet. — De
quis de Bertier. — Joannis de Gargas. — Le Bourges. — De Mondran. — Doujat. — De Pu-
chevalier de Carquet. — Le baron de Tegra de gneres. — De Saint-Germain, — Le marquis de
Caussade. — Le chevalier de Puyvert. — Le mar- Gav.nrret. — Le comte du Bouzet. — Daneeau. —
quis de Sers. — Le baron du Puget. — Raspide. — De Lngoréc de Saint-Etienne. — De Lagorée. —
Roume de Segreville. — Le marquis du Puget. — Le marquis de Fourquevaux. — Le comte de Bcur-
Le baron de Lacaze-Sarta. — Dupin de Saint- nazel. — Le marquis de Castelpers. — Le cheva-
André. — Le chevalier de Lacarry. — Rolland de lier Daguin. — De Berge. — Le marquis de
Saint-Rome. — Le chevalier d'Aufrery. — Le chc- Monscgur. — Le marquis de Pins-Caucalières. —
valier de Roume. — De Martin-Lacroix. — Le Le marquis de Chalvet-Merville. — De la Cour,
marquis Davessens. — Le marquis de Labarthe. — — Martin-Lacroix. — Le marquis de Polastron
Hippolite d'Aldéguier. — Le marquis du Faget. — La Hillcre. — Le marquis de Berticr-Montrabe.
Le chevalier de Maran. — Le chevalier de Mont- — Le chevalier de Chalvet-Gaujouze. — Le mar-
gasin. — Le baron de Malaret. — Le comte du quis de Montratier. — Le chevalier de Parazols.
Pradel. — De Vaysse. — Le chevalier Daneeau de — Le marquis de Panât. — Le comte de Mont-
Lavélanet. — Cambes Doujat. — Le chevalier de calm. — Le marquis de Luzignan. — Le clieva-
Vaysse. — Le chevalier de Comère. — Le marquis lier de Long. — Le comte deThezan. — Le vitom:e
d'Aldéguier. — Le chevalier de Cazes. — Le che- de Bruniquel. — Le chevalier de Goyrans. — l.c
valier de Cambon. — De Novilal fils. — Le mar- comte de Montlezun-Pnrdiac. — De Suplici. —
quis d'Urre, — Le marquis do Brucys. — Le che- De Malpel-Latour. — De Lherm fils. — Le baron
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i353
Le marquis de Gudanes écrivait en même temps au baron de Breteuil pour
lui transmettre le texte des protestations. Il s'autorisait de sa qualité de doyen
de la noblesse de Toulouse & cherchait à justifier une démarche qui conci-
liait, disait-il, les devoirs des gentilshommes envers la patrie avec le respect
qu'ils ne cessaient d'avoir pour la volonté du roi.
L'administration municipale était dans l'usage de renforcer son conseil
politique d'un plus grand nombre de vocaux, lorsque la gravité des affaires
l'exigeait : on n'en avait jamais traité de plus intéressantes que celles qui
devaient être mises en délibération, avec le consentement même du ministre.
Le marquis se plaignait que des agents, ennemis de la gloire du roi 8c de
la tranquillité de la ville, eussent présenté la démarche de la noblesse au
comte de Périgord sous des couleurs assez défavorables pour lui faire contre-
mander l'assemblée.
Ces ordres, exécutés avec autant d'éclat que d'imprudence, n'avaient heu-
reusement excité aucune fermentation extérieure, & la consternation étouf-
fait tout autre sentiment.
Le doyen de la noblesse se félicitait de terminer sa carrière en donnant,
par la transmission des plaintes de ses pairs, un dernier gage de son dévoue-
ment envers la patrie & envers le roi.
Pour augmenter l'éclat de la manifestation, des supplications en forme de la
noblesse de Toulouse au roi furent dressées le lo juillet. Elles commençaient
par ces mots :
« Sire, toute la France est à vos pieds » Les nouvelles lois judiciaires y
étaient représentées comme des actes portant la désolation dans tous les ordres
de l'État, comme des édîts désastreux jetant l'épouvante dans tous les esprits 8t
glaçant tous les cœurs, comme un fléau qui ne pouvait durer plus longtemps.
Les gentilshommes se faisaient les avocats de la magistrature calomniée 8c
détruite, de ces corps antiques 8<. vénérables, abattus dans l'espoir d'effrayer
les peuples par leur chute. Ils exploitaient les vacances destinées à préparer
l'installation des grands bailliages comme une suspension pure Se simple de
la justice.
« La justice est la première dette des rois, 8t depuis près de trois mois votre
(I royaume, sire, est sans lois Se sans magistrats. Les tribunaux avoués par la
<• nation sont fermés, 8i la nation ne peut pas voir sans douleur ceux que
<i l'opinion publique a déjà marqués de ce sceau redoutable dont les carac-
« tères ne s'effacent jamais. » La majesté de la Justice allait être dégradée en
passant par des organes avilis.
de Mescuer de las Planes. — Le marqviis de Fon- Dnrfort. — Le baron d'Advizard de Nogarède, —
tenilles. — Le marquis de Barbazan. — Le baron Le marquis de Saint-Félix. — Le chevalier de
de Fleyres. — Le marquis de Pompignan. — Le Guibert. — Le comte de Pannetier. — De Taillas-
marquis d'F.spagne. — De Saint-Léonard. — Le son. — De Forest. — Darbou. — De Roquette,
chevalier d'Olive. — De Jammes. — De Serrurier — Le comte de Labage. — Le marquis de Cau-
Dubois. — De Pouzols Saint-Maurice. — De la mels. — Le comte de Corneillan. — Le marquis
Snle-Prézerville. — Lecomtc, marquis de Latresne. de Guibert. — Daran Castillon.
— Le marquis Davessens-Moiical. — Le comte de
1788
j 33 i3o4 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
A un grand rovaume, il fallait de grands tribunaux, fanaux salutaires,
placés de distance en distance, pour jeter une lumière consolante £i protec-
trice.
Si la noblesse versait son sang pour la défense de l'État, les Parlements ne
cessaient pas de combattre pour maintenir la paix dans les familles, éclairer
les rois sur leur trône, protéger les propriétés, consacrer l'empire des lois Se
arrêter les entreprises du despotisme ministériel.
Jje rédacteur citait un passage de Du Haillan, louant « ces illustres person-
« nages, qui servent comme de haches pour retrancher de la volonté des rois
« ce qui est superflu 8c redondant au préjudice du public, » & une harangue
de M. de Seissel, archevêque de Turin, à François I", disant que « la retVé-
(! nation de la puissance absolue des rois étoit à leur grand honneur Se
« profit. » Il accusait Louis XI d'avoir reconnu trop tard, déchiré par ks
remords, les devoirs de la royauté, & rappelait les derniers avis de ce monarque
à Charles VIII ; « Quand les rois ou les princes ne ont regard à la loi, en ce
c( faisant ils font leur peuple serf, St perdent le nom de roi. »
Il prétendait que l'exactitude des Parlements à défendre la loi était la seule
cause de leur disgrâce. « Si l'autorité avoit pu étouffer la voix de la conscience,
M les temples de la Justice ne seroient point dispersés. »
Il critiquait amèrement la création de la cour plénière 8c, non sans justesse,
certaines incohérences de la réforme : « Conserver les justices seigneuriales
(( pour donner aux justiciables le droit de ne pas y être jugés; reconnoître
« les privilèges des villes 8c des provinces pour les en dépouiller... avouer la
« nécessité de l'enregistrement libre pour le transmettre à une cour qu'on
tt place sous la main de l'autorité »
Il affectait, d'ailleurs, de séparer le roi de ses ministres. Les ministres
« insultoient k la raison , n affichaient «un système sans principes, sans
« morale 8c sans politique. » Le roi, dont la tête était au-dessus des orages,
voyait « les efforts de l'intrigue se briser au pied du trône, comme les flots au
« pied d'un rocher immuable, d On invoquait son cœur paternel.
On lui remettait en mémoire la réponse de la reine Elisabeth d'Angleterre
aux députés de la chambre des communes, réclamant contre le monopole du
commerce de l'Inde : « Ne m'imputez pas les fausses mesures où l'on peut
t( m'engager, ni les irrégularités qui peuvent se commettre sous mon nom.
« Vous savez que les ministres des princes sont trop souvent conduits par des
« intérêts particuliers, que la vérité parvient rarement aux rois, 8c qu'obligés,
« dans la foule des affaires qui les accablent, de s'arrêter sur les plus impor-
« tantes, ils ne sauroient tout voir par eux-mêmes. »
La noblesse de Toulouse saluait avec enthousiasme la convocation des États
généraux, réclamée, disait-elle, par un cri général d'amour Se de patriotisme.
« Nous ne nous occuperons pas des formes de la convocation; elles seront
« aisément fixées d'après les droits de tous les ordres qui composent la nation;
« mais la France se pénètre déjà de tous les avantages que cette auguste
« assemblée doit procurer 8c au souverain 8c aux peuples. »
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. l355 "
Atais, en attendant, que deviendrait le pays? La suspension de toute jus-
tice ouvrait la porte au crime 8c livrait la société aux horreurs que l'impunité
entraîne} la misère s'avançait à grands pas pour couvrir toute la face du
royaume; l'interruption des affaires, une récolte insuffisante à la subsistance
même des cultivateurs, les ressources épuisées, des infortunés réduits par la
privation de leur état à mendier des secours que la plus compatissante géné-
rosité ne pourrait pas leur donner; tous ces maux, dont on essayait de retracer
un tableau effrayant, se dissiperaient si le roi, retirant les édits de mai, reri"
dait au Parlement son ressort &. ses prérogatives.
Pour rehausser leur propre démarche, les gentilshommes la comparaient à
l'énergique initiative de la noblesse de Toulouse, qui, pendant la démence
de Charles VI, en dépit d'un ordre royal enjoignant de reconnaître l'usurpa-
teur, avait chassé les routiers du duc de Bourgogne, repoussé les Anglais &
conservé la couronne au roi de France'.
Les gentilshommes languedociens étaient plus près de la vérité qu'ils ne
pensaient, en évoquant ces souvenirs tragiques; seulement, à la différence des
nobles du quinzième siècle, ils travaillaient eux-mêmes à précipiter la ruine
de la monarchie en contrariant les essais de réformes du gouvernement 8c en
se faisant les avocats passionnés d'intérêts de corps.
Tandis que la noblesse faisait cette démonstration, un des cellériers du
chapitre Saint-Étienne annonçait aux chanoines l'interdiction du conseil
général.
Un orateur exposa que le premier corps ecclésiastique de la ville était tenu
de se joindre à tous les ordres de l'État pour détourner les fléaux publics, 8c
qu'on devait suivre l'exemple donné par le clergé de France : « Montrons,
« dit-il, que la religion adopte les sentimens du patriotisme Se resserre les
« noeuds de la société. »
M. de Malaret, prévôt, ayant recueilli les voix, il fut résolu à l'unanimité
d'adresser au "comte de Périgord des réclamations pour le prier de faire cesser
l'obstacle qui s'opposait à l'assemblée du conseil général, d'écrire au baron de
Breteuil une lettre sur les maux causés par la révolution actuelle, avec prière
de soumettre au roi les doléances du chapitre; d'envoyer copie de cette lettre
k M. de Fontanges, nommé archevêque de Toulouse à la place de M. de
Brienne, en lui demandant de partager la sollicitude de son chapitre, de tout
communiquer à l'abbé de Montesquiou, agent général du clergé, Se d'envoyer
' Les Supplications adressées au roi par la no- tonrg. — D'André. — De Qiiinqiiiry. — Le comte
blesse de Toulouse, le lo juillet 1788, outre la Diibarry-Cérès. — De Branqiie. — Le marquis de
plupart des signatures apposées aux protestations, Pins. — D'Advisard de Saubens. — Le baron de
portaient les noms suivants : Brettes-Thiirin. — Le chevalier Dupin. '— Le
Le marquis de Portes, sénéchal de Toulouse. — comte de Caylus. — De Pérès de Saint-Loup. —
Le marquis de Montlcziin-Pardiac. — Le marquis Le vicomte de Polastron-Brax. — Le chevalier de
de Puylaroque. — De Miramont. — Le chevalier Marrast. — Le baron de Lafage-Pailhès. — Le
d* Papus-Bérat. — Lo chevalier d'AIbenas. — Le baron de Taurignan. — Le chevalier du Train,
chevalier Dustou. — Le vicomte de Boisset-Glas- — De Gousse. — De Fossé, — Le chevalier de
sac. — De Faure Montoriol. — Le chevalier Du- Fajac.
1788
I
178
i356 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des députés au premier président, avec mission de lui apporter les vœux de la
compagnie.
MM. d'Aldéguier Se de Barbazan, archidiacres; du Bourg 8c d'Héliot,
chanoines; Roulland Se de Vicques, cellériers, allèrent, au nom du corps,
prier & requérir le commandant en chef de lever l'obstacle qui s'opposait à
la réunion de toutes les classes de citoyens, seul moyen capable d'assurer le
calme.
Dans sa lettre au baron de Breteuil, le chapitre demandait le rappel de
« ces pères du peuple qu'un exil rigoureux tenoit éloignés du sanctuaire de
« la justice. « Il enviait le temps chimérique où la nation, déposantje sceptre
dans l'auguste maison royale, lui confiait seule la puissance & l'autorité,
où le prince n'était qu'un surveillant, que la nation avait mis à sa tête pour
la protéger & la détendre, suivant l'expression de Massillon; le temps où la
volonté du prince était la volonté de tous, & où « le peuple François offroit
« à l'univers le spectacle touchant d'un roi citoyen 8<. d'une nation libre Si
« soumise. »
II transcrivait un long passage de la Politique tirée de l'Ecriture où Bossuct
établit la différence du gouvernement absolu Si du gouvernement arbitraire
Si cette maxime de Fénelon, empruntée à la Direction pour la conscience
d'un roi : « La liberté sans ordre est un libertinage qui attire le despotisme;
« l'ordre sans la liberté est un esclavage qui se perd dans l'anarchie. » 11
concluait à l'urgence d'assembler les Etats généraux'.
Le chapitre de l'église abbatiale de Saint-Sernin s'assembla extraordinaire-
ment le 24 juillet, sous la présidence de M. d'Olive, vicaire général. Un des
cellériers invita la réunion à joindre ses supplications à celles des différents
ordres de l'État. On y résolut d'écrire au baron de Breteuil pour lui retracer,
au nom du chapitre, le tableau des malheurs qui affligeaient la ville de Tou-
louse, où la dégradation Si l'exil du Parlement réduisaient à l'indigence une
partie des habitants Si diminuaient les ressources de presque tovis les autres.
Si pour faire arriver les doléances jusques au roi, d'adresser cette lettre à
l'abbé de Saint-Sernin, en le suppliant de l'autoriser de son nom Si de l'ap-
puyer de sa puissante influence; enfin d'écrire au premier président pour lui
témoigner l'intérêt que prenait la compagnie à la disgrâce du Parlement Si
lui envoyer copie des réclamations adressées au ministre.
La lettre au baron de Breteuil contenait les gémissements ordinaires sur le
« coup terrible qui venoit d'être porté à la constitution de l'État. » Ministres
d'une église qu'ils considéraient comme le berceau du christianisme en
France, les chanoines de Saint-Sernin croyaient devoir s'associer aux démar-
ches de l'assemblée du clergé, en ajoutant à ses motifs des circonstances par-
ticulières 81 locales.
' Les signataires des lettres du chapitre sont : Bourg, Malnfosse, Desinnocens, d'Héliot, de Vic-
Malaret, prévôt; d'Aldéguier, de Barbazan, ques, Saint-Félix, Pons, Carrcre, Betou, DeTer,
Daspe, archidiacres; Delile, grand-chantre; Dèzes, chanoines.
Roullan, Druille Saint-Médard, Boutaric, du
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. iSay
Ils ne voulaient pas discuter les droits respectifs du trône Se des sujets,
chercher des rapports d'identité entre les Parlements Se les assemblées natio-
nales des premiers temps de la monarchie, mettre dans leur jour les dangers
de la nouvelle cour plénière, destinée en apparence à représenter la nation,
mais condamnée, par sa nature, à être l'usurpatrice de l'autorité royale ou
l'instrument de l'autorité arbitraire; ni montrer les inconvénients des inno-
vations précipitées.
Ils se bornaient h. un objet plus restreint mais non moins intéressant, aux
conséquences de la suppression du Parlement sur la prospérité de Toulouse.
« Le génie des Toulousains, disaient-ils, est principalement porté à l'étude
« des lois 8c aux nobles fonctions qui en sont la récompense. » Diminuer
l'objet de leur ambition, c'était les forcer à prendre une existence nouvelle 8<.
les rendre malheureux.
Le personnel judiciaire de tout ordre, depuis les magistrats les plus élevés
jusqu'à la foule des agents subalternes, formait une partie essentielle de la
population. La multiplicité des procès attirait un concours perpétuel d'étran-
gers. Le Parlement était, par lui-même, 8< par ses effets, » le principe nour-
« ricier de cette grande ville. » Déjà les suppôts de la cour commençaient de
sentir l'indigence; la retraite des étrangers causait un dommage considérable.
La plupart des propriétaires, n'ayant pour tout revenu que le produit de leurs
maisons, tombaient dans la gêne. Le commerce, l'industrie se ralentissaient.
<( A chaque pas qu'on fait dans cette malheureuse ville, on voit la conster-
«' nation, la faim Si le désespoir, varier horriblement le spectacle de l'hu-
« ma ni té souffrante. »
Le chapitre suppliait le ministre de placer ce triste tableau sous les yeux
du roi. Louis XVI n'oublierait pas l'importance Se la fidélité de Toulouse, il
lui rendrait son Parlement, sans lequel elle ne serait plus qu'«nne ombre
« d'elle-même, insusceptible d'une régénération effective, incapable de con-
« tribuer à l'harmonie ou au maintien du corps politique. »
La lettre se terminait par l'inévitable allusion aux États généraux : « Qu'il
« se hâte de l'appeler autour de lui cette nation sensible 8<. généreuse! Il
« verra s'il peut se reposer sur elle du soin de fermer les plaies de l'État.
« Il verra ce que peut produire le concours des lumières, de la confiance Se
« de l'amour. »
Les capitouls de Toulouse, après de longues 8< orageuses péripéties, don-
nèrent enfin leur note dans le concert de plaintes qui s'élevaient vers le trône.
Les très-humbles £• très-respectueuses représentations qui parurent en leur
nom contenaient la dissertation ordinaire sur le droit de vérification des
Parlements, avec la confusion que l'on faisait partout entre les anciennes
assemblées de tradition germanique 8c les cours de justice créées par les rois
comme instrument de centralisation. On y retrouvait ensuite l'exposé des
droits particuliers de la Province 8c de la ville de Toulouse à posséder un
Parlement 8c cour souveraine, argument sans application directe, puisque
la réforme judiciaire, loin d'enlever au Languedoc son tribunal d'appel, en
1788
1788
i358 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
établissait un plus grand nombre. Des motifs plus exacts étaient tirés du dom-
mage matériel causé à la capitale de la Province par la division du ressort.
a. Toulouse, disaient les capitouls, n'a jamais été une ville riche; son sol,
B quoique agréable, se refuse aux grandes spéculations du commerce; elle ne
« s'est soutenue, jusqu'ici, que par sa sagesse, le concours des plaideurs &. des
« étudians : son unique ressource est le Parlement, dont l'existence est liée
« avec celle de l'Université — On a déjà ressenti que la révolution dans les
« tribunaux a détruit les études; cette double perte condamne le plus grand
« nombre des Toulousains à une indigence extrême Depuis deux mois, la
(( consternation est universelle.... »
L'assemblée du clergé de France qui avait été extraordinairement réunie,
au mois de juin, dans l'espoir d'obtenir un don gratuit proportionné aux
besoins du trésor, s'était jetée avec beaucoup de passion dans la résistance
aux réformes judiciaires & autres nouveautés redoutables dont elle se voyait
menacée. Elle présenta au roi plusieurs mémoires renfermant une critique
amère de tous les projets en cours d'exécution, se montra intraitable sur le
chapitre des immunités & des privilèges & absolument hostile au dessein de
faire contribuer les biens d'église aux impôts comme les autres propriétés fon-
cières. Elle exprima, d'ailleurs, l'espoir que les États généraux balanceraient
les droits de tous les ordres.
Ce fut l'archevêque de Narbonne qui harangua le roi, au nom des préla-ts
5i des bénéficiers, quand l'assemblée du clergé eut terminé sa session, le
27 juillet 1788.
Il remercia Louis XVI d'avoir manifesté la résolution d'affermir dans ses
États l'unité du culte public 8c de conserver à la foi antique de ses pères, à
cette religion bienfaisante, tenant aux racines de la monarchie française, la
prépondérance de la religion nationale & dominante.
« Elle a, dit-il, des caractères qui ne permettront jamais de la mécon-
« noître; à elle seule appartient le droit de l'enseignement religieux dans le
« royaume; seule elle a des ministres, des temples, des rites & des cérémo-
« nies; elle exerce une juridiction légale; les officiers de Votre Majesté sont
« chargés de veiller à l'exécution de ses jugemens; & c'est à ce titre que le
« prince est appelé l'évêque du dehors. »
Le prélat se montrait, d'ailleurs, satisfait de l'édit royal établissant l'état
civil des non-catholiques. Il déclarait que, si le catholicisme était, en matière
de dogme, la plus intolérante des croyances 81 répugnait à l'indifférence
autant qu'à l'erreur, on ne pouvait adopter, pour ramener les dissidents,
que les voies de paix & de persuasion.
Il rendait grâce au roi d'avoir éloigné des autels la profanation & le par-
jure : « Nous n'envierons jamais à nos frères errans les doux noms de pères
« 8c d'époux; nous verrons avec satisfaction des enfans, nés sans honte, par-
« tager, sous la protection de la loi, l'héritage de ceux qui leur ont donné
« le jour; nous bénirons Votre Majesté d'avoir enfin mis un terme à l'éton-
« nante contradiction qui armoit les lois contre les droits de la nature. »
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSoq
L'archevêque exhortait même le souverain à retrancher des ordonnances
des peines rigoureuses que désavouaient également la raison, la justice 8c
l'humanité. 11 témoignait cependant quelques alarmes occasionnées par plu-
sieurs dispositions de la loi, mais en exprimant l'espoir que ses craintes
seraient dissipées.
L'orage de réclamations qu'avait soulevé la révolution judiciaire dépassait
la force de volonté de Louis XVL Malgré tout l'appareil des lits de justice,
malgré la vigueur déplo)ée d'abord contre les magistrats récalcitrants, le roi
faiblit. Il commença par suspendre, le 8 août, l'établissement de la cour plé-
nière, jusqu'à une époque indéterminée, sous prétexte que cette cour n'aurait
pas d'occupation avant la tenue des Etats généraux, 8c il annonça que son
intention était de réunir les députés de la nation le i" mai 1789'.
C'était déjà une concession considérable. La déclaration du 28 septembre
suivant avança la tenue des Etats généraux au mois de janvier, Se ordonna
que tous les officiers des cours supérieures exerceraient leurs offices comme
par le passé, sans tenir compte des changements intervenus au mois de mai
dans l'ordre des juridictions, imposant un silence absolu au ministère public
sur l'exécution des précédents édits.
Sous cette forme détournée 5c presque timide, Louis XVI annulait donc
pour la seconde fois la réforme de la magistrature, &c, par une politique
d'hésitation 8c de faiblesse, ajoutait à l'arrogance des Parlements qu'il avait
voulu désarmer.
Les cours supérieures accueillirent avec hauteur la faveur royale 8c affectè-
rent d'expliquer, dans leurs arrêts d'enregistrement, qu'elles n'avaient pas
besoin d'être rétablies pour reprendre les fonctions interrompues par la vio-
lence 8c firent d'insultantes réserves sur le droit qu'elles revendiquaient de
prendre connaissance des délits commis contre elles.
On renouvela les démonstrations de joie qui avaient salué au commence-
ment du règne le rappel des parlementaires. Mais le pays ne pensait plus
qu'aux Etats.
Le 5 octobre, le roi convoqua de nouveau les notables qu'il avait réunis
l'année précédente afin de s'aider de leurs conseils pour régler le mode des
élections nationales. Les notables tinrent leur première séance le 6 novembre
Se se divisèrent en six bureaux présidés par le comte de Provence, le comte
d'Artois, le maréchal duc de Broglie, le prince de Condé, le duc de Bourbon
8c le prince de Conti. Chaque bureau eut à donner son avis sur cinquante-
quatre questions qui visaient tous les détails relatifs à la formation des assem-
blées électorales, au nombre des députés, à leurs pouvoirs, à la rédaction des
cahiers dont ils devaient être chargés. Dans la séance du 28 novembre, le
prince de Conti présenta, sous forme de motion personnelle, un véritable
programme de contre-révolution, dont le roi défendit aux notables de s'oc-
cuper 8c qui fut, après la session, développé dans un mémoire signé du
Arrêt du conseil d'Etat du 8 août 1788.
4788
"77^ i36o ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
comte d'Artois, du prince de Condé, des ducs de Bourbon 8c d'Enghien Si. du
prince de Conti. L'assemblée des notables se termina le i; décembre.
L'archevêque de Narbonne porta encore la parole, comme doyen de sacre
des évêques, dans la séance royale. Il annonça que l'on avait surtout cherché
à éloigner les jalousies, les rivalités, les défiances réciproques, toutes les
suggestions de l'intérêt personnel.
« Chacun, dit-il, de ceux que la liberté des suffrages appellera, sortira de
« la classe plus ou moins distinguée que la Providence lui a assignée dans
« l'ordre des citoyens, pour revêtir, en y entrant, le caractère, j'ose presque
« dire sacré, de représentant de la nation. «
Le 29 octobre, le vieux maréchal de Biron, dernier gouverneur de I^an-
guedoc, était mort dans son hôtel de la rue de Varennes, à l'âge de quatre-
vingt-sept ans. Les députés des États, qui se trouvaient à Paris, assistèrent à
ses funérailles dans l'église Saint-Sulpice. Les graves préoccupations du temps
ne permirent pas au ministère de régler cette importante succession; elle était
encore vacante lorsque provinces 8c gotivernements furent supprimés.
A dater de la mort du gouverneur, le comte de Périgord, commandant en
chef, réunit dans ses mains l'ensemble des pouvoirs militaires en Languedoc
8c entretint une correspondance directe avec le ministre.
La certitude de la réunion prochaine des États généraux causait une grande
fermentation dans tout le royaume. En Languedoc, la question se compliqua
d'une difficulté particulière. On avait annoncé que la députation des pays
d'États serait nommée exclusivement par les membres des assemblées provin-
ciales. Cette nouvelle réveilla toutes les aniraosités qui s'étaient produites
en 1649, Se dont nous avons soigneusement recueilli les témoignages. Nos
lecteurs savent que les États de Languedoc n'avaient point un caractère repré-
sentatif, le droit d'y entrer étant attaché à certaines fonctions ou qualités
fixes. Ce vice d'origine rendait l'oligarchie provinciale suspecte, 8c, malgré les
incontestables services qu'elle avait rendus comme auxiliaire local du pouvoir
ministériel, déchaîna contre elle une tempête de récriminations.
Dès le 26 février 1788, dans ses remontrances relatives à l'édit du vingtième,
la cour des comptes, aides 8c finances de Montpellier, avait pris l'initiative
d'une violente agression contre les États. En se plaignant de l'immunité
fiscale accordée aux biens du clergé, dont elle évaluait le revenu territorial
en Languedoc au cinquième du produit, la cour rappelait que le clergé pré-
sidait à la répartition d'impôts qu'il ne subissait pas. Elle accusait avec véhé-
mence les abus de l'administration provinciale, dénonçait la misère dissimulée
sous des dehors séduisants, six mille ouvriers manquant à la fois de travail Se
de pain dans une des villes les plus commerçantes du ressort. Elle condamnait
l'organisation même 8c les formes constitutives des États :
u Corps imparfait, où les représentans des ordres ne les représentent pas,
« oti la faculté trop employée des procurations jette dans les assemblées des
« individus étrangers à l'habitude 8c au courant des affaires, où le droit de
« voter est commun 8c l'obligation de voter ne l'est pas : tous abus d'institu-
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i36i
« tion, préjudiciables à la chose publique, puisqu'il en résulte évidemment
« qu'il n'y a ni harmonie dans la séance, ni égalité de connoissance dans les
« opinions, ni réunion d'intérêts dans les délibérans. »
La cour ne se montrait pas moins sévère pour la question des intérêts pro-
vinciaux, pour le faste indiscret de l'assemblée : des frais d'États élevés suc-
cessivement à deux cent trente mille livres, une multitude d'emplois dont le
salaire passait l'utilité Se dont les gains immodérés rendaient l'utilité onéreuse;
une profusion presque annuelle de grâces, de récompenses pécuniaires, sou-
vent accumulées sur les mêmes têtes; des entreprises de luxe, de décoration,
d'avantage particulier, la confection dispendieuse St peu solide, l'entretien 8c
les réparations fréquentes des constructions Si des chemins, source de richesses
pour une foule d'entrepreneurs; la multiplicité des emprunts, l'accroissement
constant des impôts, qui, en vingt années, s'étaient élevés au-dessus de qua-
torze millions.
La cour des comptes revint à la cliarge le 22 décembre, en s'autorisant du
mouvement général de la Province & du « vœu public prêt à éclater contre
« la forme des Etats. » Renouvelant l'expression des principes exposés dans
son arrêté du 4 novembre, qui réclamait, pour les peuples de Languedoc, une
représentation réelle aux Etats généraux, elle prenait à partie le grand corps
administratif de la Province, avec le dessein de faire tomber les derniers voiles.
Elle affirmait qu'il suffisait d'étudier les sources historiques pour reconnaître
les défauts de l'organisation. La constitution des Etats de la Province, « liée
« à la tyrannie des privilèges, » n'avait « jamais assez conservé, ni même
a bien connu les droits sacrés de l'humanité : un siècle de raison Se de justice
H ne devoit pas laisser subsister plus longtemps l'esprit des siècles de barbarie
« Se de superstition. »
La cour résumait les griefs du pays contre les Etats de Languedoc en huit
chefs principaux :
1° Le manque total de représentation des trois ordres. Le clergé n'est repré-
senté aux Etats que par des évêciues qui y entrent en vertu de leurs dignités;
la noblesse, que par des gentilshommes propriétaires d'un titre de baronnie,
souvent transférée d'une terre sur une autre; le tiers état, par des personnes
ou nobles ou prêtes à le devenir. Se revêtues de charges municipales qui,
pour la plupart, ne sont pas à la nomination des communautés. C'est donc
une association, une assemblée de prélats, de nobles titrés, de consuls des
villes, de syndics de diocèse; mais le clergé, la noblesse, le peuple n'y sont
point; aucun des députés n'est mandataire de son ordre; tous sont également
sans caractère Se sans autorité.
2° La faculté dont jouissent les prétendus députés des deux premiers ordres
de se faire représenter par procureur. Cette faculté jette annuellement dans
l'assemblée des individus ou dénués de lumières Se d'intérêt, ou étrangers au
courant des attaires; elle est prohibée par les édits 8e par une foule d'anciennes
délibérations; elle est ici d'autant plus illicite Se dérisoire que le droit de
représentation, incommunicable en soi, est transmis par des personnes qui
XIII. £6
178S
1788
i362 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
n'ont elles-mêmes ni mandat ni pouvoir, & que le remplacement des barons,
quand ils ont négligé de donner leurs procurations, dépend absolument du
choix du président des Etats.
3° La perpétuité de la présidence fixée sans aucun titre sur l'église prima-
tiale de Narbonne, l'importance des prérogatives attribuées à cette place, d'où
résulte la possibilité dahgereuse de l'empire d'un seul sur l'opinion de tous.
4° Trois syndics généraux qui ne sont point pris dans le corps des Etats,
leur inamovibilité commune aux autres officiers de la Province, leur pou-
voir absolu après la séparation de l'assemblée, faute d'une commission inter-
médiaire & permanente pour autoriser directement leurs démarches & diriger
toutes les affaires.
5° La comptabilité des Etats insolite, mystérieuse, qui ne reconnaît d'autre
tribunal qu'une commission nommée en partie par le président, de sorte que
l'administration juge & arrête elle-même un compte de deniers qui ne lui
appartiennent pas, dont elle a ordonné la perception, dont elle a déterminé
l'emploi.
6° L'inexactitude, l'insuffisance de la contribution des biens nobles à l'impôt
des vingtièmes; le rejet sur les fonds roturiers de toutes les sommes imposées
pour les dépenses publiques.
7° L'énormité de ces dépenses, la passion^ l'accumulation des entreprises
de tout genre, même d'utilité particulière & de décoration pour quelques
villes favorisées; le nombre infini d'entrepreneurs, d'inspecteurs, de commis,
d'employés, de protégés, payés 6<. gratifiés avec excès.
8° Les emprunts multipliés de la Province Se le rejet sur k;s fonds roturiers
des intérêts de ces emprunts; les emprunts pour le compte du roi, qui absor-
bent de jour en jour les ressources de Sa Majesté.
La cour des comptes de Montpellier, simple compagnie de vérification
financière, n'avait certes point qualité pour lancer un pareil manifeste; mais
comme la plupart de ses critiques portaient juste, que toutes les observations
relatives à la constitution des Etals de Languedoc étaient l'évidence même,
la publication de ce réquisitoire produisit, dans toute la Province, l'effet
d'une traînée de poudre. D'une extrémité du territoire à l'autre, on ne vit
plus qu'assemblées particulières, syndicats, réunions de corps, rédigeant des
doléances contre les Etats.
Les principaux négociants de Toulouse, réunis à la Bourse, en assemblée
générale, sous la présidence des consuls, le 3i décembre, prirent une délibé-
ration pour solliciter l'envoi de doléances au roi contre l'administration pro-
vinciale; ils définissaient ainsi, dans leur exposé des motits, les Etats de
Languedoc :
« Les prélats ne contribuent à aucune dépense 8c disposent de tout. Ils
« tiennent aux États le premier rang; ils exercent le pouvoir le plus absolu;
« personne ne les a délégués & ils délèguent : ainsi on les voit conférer des
« pouvoirs qu'ils n'ont pas reçus....
« Egalement étrangers à la plupart des impôts, les barons, acquéreurs à
LIV. V, LOUIS XVI ET LA RÉVOLUT?ION. i363
" prix d'argent d'un simple titre, s'arrogent même par leurs délégués le
(( droit insultant d'exclure perpétuellement toute la noblesse de la Province,
t( quelque respectable que soit sa propriété....
« Un triste 8<. foible assemblage de certains officiers municipaux, déter-
« minés par le titre de la finance ou le privilège de l'office, associés à quel-
« ques syndics des diocèses, créatures de leurs évêqucs Si destituables à leur
« volonté, voilà ce qu'on appelle le tiers état, ou pour mieux dire, le simu-
« lacre muet dévoué au despotisme du premier ordre'.... »
Le i3 janvier 178g, la noblesse du diocèse de Toulouse, sous la présidence
du marquis de Gudanes, protestait contre la prétention des « gens se quali-
« fiant d'États de Languedoc » à nommer la moitié des députés de la Pro-
vince aux États généraux & émettait le vœu de voir former une assemblée
provinciale vraiment représentative Se constitutionnelle^.
Les marquis de Chalvet-Merville Se d'Escouloubre, nommés syndics de la
noblesse des diocèses, communiquèrent à tous les corps ecclésiastiques Se laï-
ques des exemplaires imprimés des délibérations de leur compagnie.
Le chapitre de la métropole de Toulouse se rassembla, le 16 janvier, pour
délibérer sur cette communication & résolut d'unir Sa voix à celle de la
noblesse pour obtenir du prince « une forme d'administration régulière 81
« analogue aux véritables intérêts de la Province. «
Il exposa, dans ses protestations, qu'un de ses droits les mieux établis était
d'avoir séance & voix délibérative aux États de la Province, Se que ce droit lui
était refusé, contre toute justice, par l'effet de l'organisation actuelle des États;
Que, d'après un usage inviolablement observé, toutes les assemblées du
clergé, générales 8c provinciales, étaient composées du premier Se du second
ordre ecclésiastique ne formant qu'un corps, 8c que, dans la constitution pri-
mitive des Etats, les églises cathédrales y étaient appelées Se représentées par
leurs députés; que l'assistance exclusive des évêques, au détriment du second
ordre, dépouillait les chapitres des cathédrales d'un droit justement attaché à
la prééminence de leurs églises;
Que souvent plusieurs évêques se trouvant indisposés ou retenus dans leurs
diocèses se faisaient représenter par des personnes qui, n'ayant aucun intérêt
aux affaires du pays, donnaient facilement leur consentement à des disposi-
tions onéreuses, complaisance que l'on n'obtieadrait pas de députés libre-
ment élus Se intéressés au bien de la Province;
Que les églises cathédrales pouvaient invoquer avec le même avantage que
les autres classes de citoyens l'étendue de leurs possessions, auxquelles elles
devaient toute leur vigilance;
' Les délibérations du commerce de Toulouse aîné; Belmont fils; Léotarc' nîné; Dupuy; Ville;
sont signées : Duffé, premier consul; Debans, Rocaché; Esquirol cadet; Di. 'art; Itey; Abadie,
consul; Damés, Pages aîné, anciens consuls; Cas- Moins; Caze cadet; Ducos aîné; Courtois; Duber-
saing, ancien prieur; Girard, ancien consul; ney ; Mamignard; Lancluc, syndié.
Pierre Roussillou; Dupleix; Sabatier neveu; Fro- * ^'oir aux Pièces justificatiyss, n. DCCCCLXVI,
maigé; Mastonier oncle; Estrade; Mony; Marie col. ' ,yj.
178
.ySy
~ i364 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Qu'enfin il était de la plus grande importance pour tous les ordres d'ob-
tenir aux Etats de la Province l'avantage précieux d'une véritable représen-
tation qu'on eût vainement cherché dans l'administration actuelle; que cette
constitution portait avec elle le germe de tous les abus dont les lumières 8c
la sagesse des administrateurs en exercice pourraient sans doute suspendre le
cours, mais dont le danger subsisterait toujours avec la cause;
Le chapitre, dirigé par ces motifs de devoir & d'intérêt, protestait contre
l'assemblée des Etats de Languedoc, comme étant inconstitutionnelle 8t com-
posée de personnes qui, n'étant point librement élues par les trois ordres du
pays, ne pouvaient être les représentants ni les mandataires. Il se réservait
de prendre tous les moyens légaux pour parvenir à une constitution régulière
Si représentative.
Lorsque l'agitation contre les États se fut propagée & eut passionné, dans
les moindres bourgades, le clergé, la noblesse & la bourgeoisie, depuis les
montagnes du Vivarais & du Vêlai jusqu'à celles du Comminges, le Parlement
de Toulouse, reprenant ses traditions de la Fronde, intervint à son tour avec
ses formes solennelles, Se prêcha la croisade.
L'arrêt qu'il rendit le 21 janvier 1789 ne traitait pas l'assemblée provinciale
avec plus de ménagements que ne l'avait fait la cour des comptes de Mont-
pellier. Le Parlement y déclarait qu'étant témoin des réclamations universelles
de la Province contre la constitution Si l'administration des Etats, instruit des
alarmes causées dans plusieurs diocèses par l'annonce d'une députation de ce
corps aux Etats généraux, il jugeait nécessaire de faire connaître enfin son
opinion Se de mettre ainsi le dernier sceau aux vœux des peuples.
Il rappelait que, suivant la formule employée par le procureur général en
février i65i, les Etats de tanguedoc n'étaient que des dispensateurs écono-
miques de la Province sous la volonté du roi. Cette fiction d'une représenta-
tion illusoire ne pouvait survivre au désaveu formel qui venait d'être mani-
festé par les peuples. Les Etats, incapables de justifier d'aucun pouvoir &
d'aucune délégation à eux donnée par les peuples de la Province, avaient
encore moins le droit de communiquer à d'autres la qualité de délégués S< de
représentants qu'ils n'avaient pas eux-mêmes. Si s'ils envoyaient des députés
à l'Assemblée nationale, celle-ci devrait les repousser, au moment de la vérifi-
cation des pouvoirs, comme gens dépourvus de tout caractère représentatif.
Mais le Parlement ne se bornait pas à réclamer cette exclusion; il sollicitait
aussi la réunion d'une assemblée générale des trois ordres de Languedoc,
pour y procéder, sous l'autorité du roi, comme on l'avait fait en Dauphiné,
à la formation d'Etats constitutionnels.
Des supplications au roi furent rédigées le même jour Se développèrent ces
divers points.
La cour de Toulouse s'y félicitait d'avoir devancé l'opinion en niant le
droit politique des Etats. Son premier cri avait percé dans tous les diocèses,
dans toutes les villes. Se déterminé l'explosion d'un vœu unanime. Suivait la
démonstration accoutumée du vice représentatif des États : vingt-trois prélats
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i365
siégeant, sans mandat spécial du clergé, en vertu des prérogatives attachées à
leurs sièges; vingt-trois barons, acquéreurs à prix d'argent du droit d'entrée;
des consuls élus pour la plupart par leurs seigneurs & jamais par ceux qu'ils
étaient censés représenter. Quelques diocèses avaient déjà émis leur vœu pour
l'organisation de nouveaux États. La cour regardait cette démarche comme
prématurée; mais elle pensait qu'une assemblée patriotique des trois ordres
devait être convoquée pour jeter les bases d'une administration provinciale
réformée '.
Cependant, la question des États de Languedoc n'était pas seule à préoc-
cuper le pays. Un si long temps s'était écoulé depuis que les rois de France
avaient cessé d'appeler auprès d'eux les députés de la nation, & de si grandes
transformations économiques & sociales s'étaient produites depuis la dernière
assemblée, que tout semblait à régler dans la préparation & dans l'ordonnance
de cette imposante cérémonie. Aussi les centres de vie municipale étudiaient-
ils à l'envi les détails de l'opération.
A Toulouse, un conseil général se réunit plusieurs fois à l'hôtel de ville,
avec l'assistance d'un président à mortier, de c[uatre conseillers commissaires
& de deux avocats généraux au Parlement*, des représentants de l'archevêque
& des chapitres de Saint-Étienne &. Saint-Sernin, 8c du recteur de l'Univer-
sité. Après avoir reçu une députation du corps de commerce, il fut décidé que
non-seulement les délégués de ce corps seraient appelés au conseil, mais que
l'on y inviterait aussi des citoyens de tous les ordres, les envoyés des corpora-
tions d'arts.Sc métiers, des laboureurs, cultivateurs Se habitants envoyés quel-
conques de la ville & du gardiage. On fixa à deux le nombre des envoyés de
chaque paroisse champêtre. Quant aux corps de métiers, il fut réglé que ce
nombre varierait d'un à trois, proportionnellement à l'importance des commu-
nautés.
Ce fut donc en présence d'une très-nombreuse- réunion, où toutes les pro-
fessions 8t toutes les conditions sociales avaient leurs représentants, qu'à la
suite d'une courte harangue de maître Dupuy, syndic de la ville, évoquant
le souvenir des Tectosages & des grandes assemblées municipales tenues par
les comtes de Toulouse, Se après un discours du capitoul Duroux, animé des
espérances d'une révolution monarchique, on adopta la rédaction de dix arti-
cles, contenant l'ensemble des réclamations apportées au pied du trône au
nom de la ville de Toulouse.
On demandait que la députation des provinces aux États généraux se fît
conformément aux anciens usages, par bailliages & sénéchaussées, collecti-
vement pour les trois ordres, les baillis & sénéchaux d'épée devant recevoir
les lettres de convocation du roi, réunir & présider les assemblées électorales
dans les chefs-lieux de leurs juridictions; que dans les villes principales, en
possession du droit de députer aux États du royaume, l'élection se fît en
' Pièces fU!tificiit!vfi,n.DCCCCLXVU,to\.i^()i). de Pérès, de Saint-Félix, de Catdan ^ ie La-
' MM. de La Haye, de Montgazin, de Reyn^l, tresne.
1789
i
1789
i366 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
assemblée générale, d'après les règlements locaux, sur lettres de convocation
adressées aux chefs de l'administration municipale; que le nombre total des
députés du tiers état aux Etats généraux fût égal à ceux du clergé & de !a
noblesse réunis; que le nombre des députés de chaque ville, bailliage ou
sénéchaussée, fût réglé proportionnellement, en tenant compte de l'étendue
territoriale, de la population 8c du produit des impôts; que la ville de Tou-
louse, la seconde du royaume 8c la capitale de la Province, fût maintenue
ilans le droit, dont elle avait toujours joui, de députer aux assemblées de la
sénéchaussée 8c aux Etats généraux.
Tous les articles, que l'assemblée adopta sans y rien changer, avaient été
préparés par M. Duroux, avec le concours des trois commissions administra-
tives, pour passer ensuite, suivant l'expression du rapporteur, « au creuset de
« la réflexion la plus profonde 8c de la discussion la plus austère, » Il n'y eut
que trois points qui donnèrent lieu à des divergences.
Le premier était relatif aux qualités qui seraient requises des électeurs 8c
des éligibles. Le projet capitulaire, fidèle aux traditions de l'hôtel de ville,
demandait l'application pure 8c simple des lois municipales, tant pour l'état
6c les qualités personnelles que pour la contribution aux charges foncières.
L'assemblée se montra beaucoup plus large en demandant qu'il suffit, pour
l'électeur comme pour l'éligible, d'être inscrit sur les rôles de la capitation.
C'était réduire le cens électoral aux proportions les plus modestes.
L'article 8, qui traitait des exclusions, comprenait seulement toutes les
personnes aux gages des seigneurs ecclésiastiques ou laïques, tels que gens
d'affaires, juges, procureurs fiscaux ou juridictionnels, intendants, agents de
tout ordre; l'assemblée, plus hardie, y fit ajouter les officiers de finances,
ainsi que tous ceux qui, en qualité de fermiers, régisseurs, directeurs, ins-
pecteurs ou à tout autre titre, travaillaient au recouvrement des revenus
du roi.
Un troisième point, qui avait été rayé du projet par les trois commissions
réunies, s'y trouva textuellement rétabli par le vote général. C'était une pré-
caution de la bourgeoisie contre le danger d'influences personnelles, par où
la sincérité de la représentation pourrait être faussée. Il défendait formelle-
ment au tiers état de choisir ses députés en dehors de son ordre.
La décision royale, qui mettait fin à toutes les incertitudes, en détermi-
nant d'une façon souveraine la convocation de l'assemblée des Etats géné-
raux, parut le 24 janvier, avec un règlement de détail pour les élections. Le
principe adopté par le gouvernement fut de former les collèges électoraux
avec le ressort des bailliages 8c sénéchaussées, en établissant un mode uniforme
pour toute la France.
La province de Languedoc constata donc une première dérogation à sa
division traditionnelle en diocèses qui était la base de ses Etats particuliers.
On ne s'arrêta point, d'ailleurs, aux trois sénéchaussées primitives, Toulouse,
Carcassonne 8c Nimes qui gardaient encore une sorte d'existence légale dans
les questions de travaux publics. Chacune des sénéchaussées plus modernes.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSôy
que l'intérêt des justiciables 8c le besoin de créer des charges avait fait
démembrer des anciennes circonscriptions, devint le siège d'un collège.
Le pays se trouva ainsi partagé en douze collèges d'importance très-inégale,
où durent se concentrer les électeurs des trois ordres, jouissant de celte
qualité en vertu de leurs titres & qualités ou en vertu de mandats électifs
conférés par des assemblées primaires. Le nombre des députés à élire variait
proportionnellement à la population.
La sénéchaussée de Toulouse qui, par respect des formes anciennes, gar-
dait le titre de première sénéchaussée de Languedoc, eut à nommer seize
députés, dont quatre pour le clergé, quatre pour la noblesse Se huit pour le
tiers état. Il en fut de même pour la sénéchaussée de Beaucaire & Nimes.
Les trois sénéchaussées de Carcassonne, de Béziers & de Villeneuve de
Berg avaient chacune huit députés. Si les sept autres sénéchaussées de la Pro-
vince, Annonay, Castelnaudary, Castres, Limoux, Mende, Montpellier, le
Puy en avaient quatre, le nombre des députés du tiers égalant celui des deux
autres ordres réunis.
L'ensemble de la députation provinciale comprenait quatre-vingt-quatre
représentants, dont .vingt Si un appartenaient au clergé, vingt & un à la
noblesse & quarante-deux au tiers état.
Tandis que l'on se préparait de toutes parts à nommer les membres de la
future Assemblée nationale, les Etats de Languedoc s'étaient réunis, suivant
les formes ordinaires, 8t cherchaient à détourner l'orage dont ils se voyaient
menacés.
Déjà, l'année précédente, sous la pression inquiétante de l'opinion, les
États avaient cru devoir nommer une commission extraordinaire avec mandat
spécial « de porter un regard attentif sur tous les objets qui pouvoient tendre
n au soulagement des peuples, soit en perfectionnant les différentes parties
« de l'administration de la Province, soit en retranchant les dépenses qui
« paroîtroient moins nécessaires, soit enfin par la plus équitable répartition
«t des contributions publiques'.
On essaya de reconquérir la considération en supprimant de mauvais
usages, en envoyant un mémoire au roi pour faire abandonner la coutume
depuis longtemps suivie par le gouvernement d'indiquer lui-même aux États
les députés qu'il désirait recevoir de leur part. On imprima une lettre de
M. de Villedeuil, secrétaire d'État, annonçant qu'il ne serait plus adressé de
recommandations de la Cour*.
Le 19 janvier, l'archevêque de Narbonne annonça en assemblée générale
1789
' Proeès-verhal Je VassemUêe de Nosseigneurs des au sieur de Lasserre, syndic du diocèse de Nar-
États généraux Je la province Je Languedoc. Séance bonne, 8c au sieur Farjon, procureur du roi de la
du 18 janyier 1788. — Cette commission fut com- ville de Montpellier, déjà membres de la commis-
posée de l'évêque d'AIais, du baron de Mérinville, sion des travaux publics du bas Languedoc & de
du sieur de Sauvages, premier consul maire d'A- la commission des vingtièmes.
lais 8c du sieur de Camont, député d'AIais, réunis ' Voir aux Pièces justificatives, n, DCCCCLXV,
à révéque de Montpellier, au baron de Villeneuve, col. 2495.
1789
i368 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
que les deux ordres réunis de l'église & de la noblesse avaient bien voulu le
charger d'une honorable commission.
Les prélats & les barons formaient le vœu personnel d'être associés à toutes
les impositions de la Province tant royales que locales. Ils déposaient ce vœu
dans le sein paternel de Sa Majesté St en sollicitaient la réalisation par l'au-
torisation du souverain & par l'agrément des prochains États généraux du
royaume. Tous les membres du tiers état qui possédaient des biens nobles Se
tous les officiers de la Province adhérèrent par acclamation '.
Le lendemain, les membres des deux ordres privilégiés annoncèrent leur
résolution au roi par une lettre revêtue de vingt-huit signatures, offrant
d'effacer toute différence fiscale entre les biens nobles, ecclésiastiques ou laï-
ques 81 les biens ruraux, & de faire sanctionner cette grande réforme par les
chambres du clergé & de la noblesse aux États généraux^.
Le 7 février, les États reçurent communication du rapport de l'évêque
d'Alais, au nom de la commission extraordinaire. « La politique, dit le
« prélat, avoit supposé jusqu'à nos jours que le mystère Se le secret étoient
« le caractère essentiel de toute administration ; & de toutes les parties de
« l'administration, celle des finances qui sans doute a Je plus besoin d'être
« éclairée, étoit restée couverte de nuages....
a Des principes plus raisonnables ont déterminé le gouvernement en 1781
« 5c 1788 à manifester à la nation l'emploi des revenus publics. »
Les États ne pouvaient se croire soustraits à l'obligation que s'imposait le
souverain. En publiant les procès-verbaux de leurs assemblées Se ceux des
assiettes diocésaines, ils avaient voulu faire la lumière sur leur gestion, pen-
sant que, plus elle serait connue, plus elle acquerrait de droits à l'approba-
tion des citoyens bien intentionnés.
Le rapporteur avouait cependant que le système financier de la Province
manquait d'ensemble & de méthode Si n'offrait pas « cet ordre simple Se
« naturel qui satisfait l'imagination des peuples. » On voyait réunis sous les
mêmes titres des objets aussi différents par leur nature que par leur desti-
nation.
Ainsi le chapitre Dettes i- Affaires de la Province, qui semblait devoir être
affecté aux dépenses particulières 8<. locales du Languedoc,, renfermait une
partie des impositions à verser au trésor royal.
Le chapitre Frais d'Etats, qui semblait annoncer uniqiuement les dépenses
annuelles des assemblées, était composé en grande partie de sommes payées à
la décharge du roi, telles que les gratifications accordées aux ministres, aux
commandants, les frais d'intendance & autres objets de la même nature.
On s'était donc inquiété d'établir une classification exacte de toutes les
impositions St de toutes les dépenses de la Province, en les divisant en
deniers royaux Se en deniers provinciaux.
Par deniers royaux, on comprendrait tous les fonds qui se levaient sur la
' P'tbccs }ust\ficat. n. DCCCCLXVIII, col. i5o3. • Piicei justifient, n. DCCCCLXIX, col. t5o5.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i36g
Province pour être versés directement dans les caisses royales, ou pour
acquitter dans la Province même, à la décharge du roi, les diverses dépenses
ordonnées par le gouvernement.
Cette catégorie renfermait à titre de subdivisions les impôts, taille, taiilon,
don gratuit, vingtièmes, droits abonnés, capitation, les frais de gouverne-
ment, intendance, administration civile Se militaire, les intérêts des rentes
pour rachat ou supplément d'impositions. La totalité s'en élevait à douze
millions huit cent quatre-vingt mille livres.
Comme deniers provinciaux, on entendait les frais de l'assemblée des Etats,
de la députation à la Cour, de l'administration pendant l'année, les dépenses
pour l'encouragement des sciences, arts, commerce, mines, haras, manufac-
tures, fabriques & pour les travaux publics entrepris par la Province dans les
trois grandes sénéchaussées; routes, ponts, chaussées, lits des rivières, ports,
graux & canaux, appointements des directeurs & inspecteurs, pensions de
retraite. L'ensemble des deniers provinciaux s'élevait à un million six cent
vingt-quatre mille livres.
En accompagnant cette classification de sommaires historiques destinés à
l'impression, la commission espérait faire de ce tableau une sorte de code où
tous les habitants de Languedoc pourraient s'instruire de la constitution &c
de l'administration de la Province. Ces connaissances conduiraient nécessai-
rement les États à adopter les mesures les plus convenables pour obtenir du
gouvernement la suppression ou la réduction de quelques dépenses aussi
inutiles au roi qu'onéreuses aux peuples.
La commission créait un fonds spécial pour les dépenses imprévues & une
caisse d'amortissement pour l'extinction des dettes de la Province.
Elle rectifiait l'erreur répandue que la plus grande partie des fonds maniés
par les États était consacrée aux actes de leur administration, tandis que le
trésor royal en absorbait en réalité les onze douzièmes.
En somme, les Etats ne dépensaient qu'un million soixante-onze mille
livres pour les travaux de la Province. Pour éviter tout excès dans cette
matière, la commission proposait de n'aborder aucune entreprise nouvelle
avant que l'entière exécution des entreprises anciennes n'eût laissé des fonds
libres.
Elle n'avait point, d'ailleurs, de peine à démontrer que, depuis l'ouverture
des grandes routes Se la construction des canaux Si des ponts, le produit des
terres s'était notablement augmenté.
Après un exposé de principes sur l'égalité des impositions entre les trois
ordres, » tous les membres d'une même famille devant contribuer aux charges
« communes de la famille, » la commission s'excusait de ne point présenter
le programme des réformes dont l'administration paraissait susceptible. Elle
aimait mieux laisser aux membres des Etats le temps d'étudier le compte
rendu pour déterminer, en connaissance de cause, les dépenses qui devaient
être entièrement supprimées Se celles qui étaient susceptibles de modération.
« Telle doit être, dit en concluant le rapporteur, la conduite de toutes les
1789
1789
13/0
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« administrations; elles doivent obéir avec une sage lenteur à l'empire inévi-
« table du temps, au progrès plus ou moins sensible des connoissances; mais
c< la prudence leur défend de' franchir par une marche trop rapide tous les
« intervalles qui doivent séparer les grands changemens; c'est du calme de
« la raison, c'est du cours paisible Si réglé des affaires publiques, c'est de
(( l'examen tranquille & réfléchi des avantages ou des dangers inséparables
« de toutes les révolutions, qu'elles peuvent espérer un résultat certain sur
« ce qu'il est utile de conserver ou de changer : sans doute elles doivent s'en-
« richir de tout ce que l'expérience & la raison leur présentent pour le
« bonheur des peuples; mais elles ont également à se préserver de l'amour
« inconsidéré des innovations 81 d'un attachement superstitieux à des usages
« qui contrarieroient l'intérêt public & les principes de la justice'.
Pendant que les Etats essayaient une justification tardive, leur greffe ne
cessait pas de recevoir des protestations de diocèses, de municipalités, de
corporations diverses contre la constitution & les pouvoirs de l'assemblée pro-
vinciale. Les villes de Toulouse, de Montpellier, de Béziers, de Pézénas, de
Saint-Hippolyte se distinguaient par la vivacité de leurs démarches^. Offi-
' Procès-vertal. Séance du 7 février 1789. — Le
compte rendu annoncé dans le rapport fut en effet
publié pendant l'année 1789, en un volume de
deux cent cinquante-six pages, sous ce titre :
Compte rendu des impositions & des dépenses géné-
rales de la province de Languedoc, d'après les dé~
parlements 6r les états de distribution. Imprimé &
publié par ordre des Etats. A Montpellier, de
l'imprimerie de Jean Martel aîné, imprimeur or-
dinaire du roi & des Etats généraux de la province
de Languedoc. M. DCC. LXXXIX. C'est un ta^
bleau méthodique & complet des finances de la
province & le meilleur guide pour en étudier la
gestion dans le plus grand détail. En voici les
divisions i
Première partie. — Deniers royaux : I. An-
cienne taille, r. Aide; 2. Octroi; 3. Crue; 4. Pré-
ciput de l'équivalent. — II. Taillon, — III. Don
gratuit. — IV. Vingtièmes. — V. Droits abonnés
avec le roi, & dont l'abonnement est versé aux caisses
de la recette générale. — VI. Capitation. — VII. Frais
de gouvernement, d'intendance & d'administration
civile. I. Gouvernement : Gouverneurs, Compa-
gnie des gardes, Secrétaires, Lieutenants générauxj
2. Intendance : Secrétaires, Bureaux; 3. Admi-
nistration civile : Gratifications au secrétaire
d'État du département, au contrôleur général, au
commandant en chef, à l'archevêque de Nar-
bonnc, &c. — VIII. Frais d'administration mili-
taire. I. Commandant; 2. Dépenses pour ISs trou-
pes à payer aux caisses royales; 3. Dépenses pour
les troupes, à payer par la province à la décharge
du roi. — IX. Rentes provenant d'emprunts faits
pour les impositions ou pour le service du roi. i. Au'
tiens emprunts; 2. Emprunts pour rachat ou sup-
plément d'imposition; 3. Emprunt pour rachat
d'offices municipaux; 4, Emprunts pour des dé-
penses relatives aux troupes; 5. Emprunts pour
réduction d'intérêts; 6. Emprunts pour rétablis-
sement & rehaussement d'intérêts; 7. Emprunt
fait par les Etats pour le compte du roi & qui est
maintenant à la charge de la Province.
Seconde partie. — Deniers provixcialx : I. Frais
de l'administration des Etats. I. Frais de l'assem-
blée annuelle des Etats; 2. Frais de la députation
ordinaire à la Cour; 3. Frais d'administration
pendant l'année; 4. Pensions de retraite. —
II. Dépenses pour la perfection & l'encouragement
des sciences, arts, commerce, manufactures, mines,
haras & autres établissements utiles, i. Sciences &
arts; 2. Commerce, manufactures &. fabriques:
manufactures royales de Saptes, Clermont-Lcdève,
Saint-Chinian, Bize, la Trivalle, la Terrasse,
Pennautier, Aubenas, Auterive, Cuxac, Montou-
lieu; 3. Mines de charbon du Vigan & de Ségurj
4. Haras de Lédou, de Berlas, d'Aumontel, de Mi-
rabel; 5. Postes; 6. Hôpitaux. (Bains de Balaruc.)
' Le secrétaire de l'intendance Dupin, dans une
lettre au subdélégué de Toulouse, datée de Mont-
pellier le 29 janvier 1789, caractérisait ainsi cette
agitation :
« Vous n'ignorer pas toutes les protestations qui
se signifient au greffe des États de la part des corps,
communautés, diocèses, &c.; on n'entend parler
que d'assemblées. C'est une véritable épidémie qui
gagne partout. On ne sait presque plus ce que l'on
veut. Nos trois ordres de Montpellier commencent
à se brouiller. Les commissaires ne veulent point
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSyi
ciellement, les États feignaient une noble indifférence, mais de fait ils res-
sentaient l'atteinte, comme ils se trouvaient blessés par le caractère grave
que donnait à l'opposition l'intervention de la cour des comptes Si celle du
Parlement de Toulouse. Ils ne s'étaient pas moins émus de la disposition du
règlement royal qui ne leur permettait pas de nommer en corps une déptita-
tion aux Etats généraux de Versailles. L'archevêque de Narbonne en écrivit
au roi 5c à Necker par un courrier extraordinaire, sollicitant un témoignage
de satisfaction, qui ne lui fut pas refusé.
Le i3 février, le roi Louis XVI lui répondit de sa propre main :
« J'ai toujours été content. Monsieur, de l'administration des Etats de ma
(1 province de Languedoc, &C je connois le zèle constant qu'ils ont montré
i< pour le bien de l'Etat & pour la défense des intérêts qui leur sont confiés.
« C'est uniquement par des motifs de justice & d'administration générale
« que j'ai déterminé dans mon conseil de convoquer aux États généraux mes
« sujets de Languedoc par sénéchaussée. Si je veux que les États continuent
<i de gérer les affaires de ma Province, ainsi qu'ils l'ont fait jusqu'à présent,
(i les assurant de ma protection 8c de ma bienveillance. Vous connoissez,
« Monsieur, mes sentimens pour vous 8c le cas particulier que je fais de vos
» services. »
Une longue dépêche du directeur général des finances accompagnait la
lettre du roi 8c la développait, dans le dessein de consoler la susceptibilité des
Etats.
Necker y expliquait que le roi s'était décidé à convoquer ses sujets de Lan-
guedoc par sénéchaussée, 8c de la môme manière que les autres habitants du
royaume, après une mûre délibération dans son conseil des dépêches. Les
commissaires du conseil, nommés par le roi pour les travaux préparatoires des
États généraux, avaient fait un rapport de tous les faits 8c de tous les motifs
propres à éclairer la décision de Sa Majesté, 8c l'avis du conseil avait été una-
nime. Plusieurs membres des États seraient sans doute nommés aux États
généraux par le choix libre des sénéchaussées; 8c, dans tous les cas, l'intention
du roi était d'appeler auprès de lui une députation des États de Languedoc
pendant la durée des États généraux, afin que, s'il était nécessaire, tous les
services rendus à la Province Se à la France par les États de Languedoc fus-
sent particulièrement connus des représentants de la nation comme ils l'étaient
du gouvernement.
K Je puis vous assurer, poursuivait le ministre, que le roi a examiné la
(' question discutée dans son conseil avec un véritable sentiment d'affection
(1 pour les États de Languedoc; Sa Majesté rend toute la justice que vous
aller à Paris. M. le comte de Ganges s'est retiré. sanglant, dit-on, contre M. de Narfconne, &c.,
M. de Saint-Victor se barbouille. Le clergé aban- dans un discours, sous le nom de M. Gonon-Lou-
donne pour ainsi dire la partie; ils ne savent plus bens, un de vos capitouls. Si j'avois pu me le
où ils en sont tous. C'est peut-être effet de la poli- procurer, je vous l'aurois envoyé. DtpiN '. »
tique de Nosseigneurs ^ui s'assemblent aussi jour- ^
nellement : divide ut règnes. Il paroît un pamphlet ' Archives de la Haute-Garoniic. C. 62.
1789
1739
.37:
ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC,
« pouvez désirer à leur administration, & les ministres du roi ont partagé ses
« sentimens.
(i Nous n'avons pas entendu parler des députés annoncés par les lettres du
« Languedoc; ils n'auront aucune affaire à traiter ici, puisque les lettres
« de convocation seront parties 8<. qu'ils ne seront pas admis à discuter l'ad-
« ministration de la Province. »
Le même courrier apportait au comte de Périgord une lettre de M. de
Villedeuil, avec un arrêt du conseil d'Etat, du i3 février, cassant deux arrêtés
de la cour des comptes de Montpellier.
Cette compagnie, non contente de son vigoureux réquisitoire du 22 décem-
bre, avait renouvelé ses attaques contre les Etats, les définissant un corps sans
réalité, une assemblée sans caractère, une administration sans pouvoirs. Le
conseil d'Etat déclarait avec raison que l'objet de ces arrêtés était totalement
étranger aux fonctions de la cour des comptes, & qu'en qualifiant ainsi une
assemblée légale convoquée par les ordres du roi, non-seulement elle mécon-
naissait les services d'une administration qui, dans tous les temps, avait bien
mérité de la Province & de l'Etat, mais sa démarche inconsidérée avait donné
lieu à des protestations 8c des significations faites aux corps des Etats assem-
blés par des personnes qui prenaient la qualité de syndics de diverses associa-
tions, sans y être autorisées par le roi. Le conseil annulait les deux arrêtés
comme contraires à la justice Se aux convenances, défendait à la cour d'en
prendre de semblables à l'avenir & enjoignait aux Etats de continuer leurs
fonctions, sans égard aux protestations signifiées, en se conformant à leurs
règlements & à leurs usages.
Les États publièrent ces documents dans leur procès-verbal, les considérant
comme un nouveau titre & comme un encouragement à poursuivre leurs tra-
vaux; & quand ils se séparèrent le 21 février', après avoir pourvu, selon la
' Ce jour même, les États acceptèrent la dédicace
de VEstelU, de Florian. Voici le texte de leur déli-
bération, qui n'est pas sans intérêt pour l'histoire
littéraire :
Il Monseigneur l'archevêque de Narbonne a dit
ensuite que M. de Florian, capitaine de dragons,
gentilhomme de S. A. S. Monseigneur le duc de
Penthièrre, de l'Académie françoise & des Acadé-
mies de Madrid, de Florence, de Lyon, de Nismes,
d'Angers, &c., lui a adressé un exemplaire de sa
pastorale intitulée Eitelle, pour le présenter aux
Etats ;
« Que cet hommage d'un auteur célèbre dans la
littérature, l'éloquence & la poésie, seroit sans
doute à ce seul titre agréable à l'assemblée;
Il Mais que M. de Florian avoit encore des
droits plus personnels pour espérer que son ou-
vrage fût reçu arec la flatteuse émotion de la sen-
sibilité {
« Que le lieu de la scène de cette pastorale, peu
éloigné de nous, est ce vallon riant & fertile
qu'arrose le Gardon;
Il Que l'auteur, né dans cette heureuse contrée,
paroît n'avoir eu en vue dans cet ouvrage que
d'exprimer le tendre souvenir des lieux qui l'ont
vu naître, & la douce impression qu'il conserve
des premiers soins qu'on a donné à son enfance;
Il Qu'il y a joint des notes où l'érudition s'est
réunie au sentiment, pour rassembler tous les faits
propres à relever l'honneur & la gloire du Lan-
guedoc;
Il Que l'épître dédicatoire aux États est peut-être
l'éloge le plus intéressant qu'on ait fait de leur
administration ;
Il Que cet ouvrage ne respire d'un bout à l'autre,
sous le voile des mœurs champêtres, qu'amour de
la patrie, que raison embellie de la seule parure
de la nature & de la vertu ;
Il Qu'enfin les grâces du style, la fraîcheur des
images, la pureté des sentimens, la candeur naïve
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSyS
coutume, à la nomination des commissaires pour la tenue des assiettes, ils ne
se doutèrent pas qu'ils accomplissaient le dernier acte de leur existence poli-
tique, 8t qu'à l'époque présumée de leur prochaine convocation il n'y aurait
plus de Province de Languedoc.
CHAPITRE III
Assemblées des sénéchaussées. — Election des députés aux Etats généraux. — Cahiers de doléances des
trois ordres. — Caractère de cette enquête : vœux particuliers. — États généraux. — Assemblés
nationale. — Abolition du régime féodal. — Suppression des Parlements & des intendances.
Division de la Province en départements. — Arrêtés de la chambre des vacations. — Commissariat
provisoire. — Fin de la Province.
Voici comment se formèrent, dans les douze sénéchaussées de la Province
de Languedoc, les assemblées électorales destinées à nommer les députés aux
Etats généraux du royaume 8t à rédiger les cahiers de doléances. Les ordres
de convocation avaient été transmis par le commandant en chef, faisant fonc-
tion de gouverneur, aux douze sénéchaux qui durent présider chacun l'as-
semblée générale des trois ordres de sa circonscription.
Tous les ecclésiastiques possesseurs de bénéfices eurent à comparaître en
personne ou k se faire représenter individuellement par procureurs. Ceux
qui n'étaient pas bénéficiers & qui habitaient les villes durent se réunir en
assemblée préparatoire 8c taire choix d'un électeur par vingt ecclésiastiques
présents. Les chanoines nommèrent un électeur sur dix, & le clergé inférieur
attaché aux chapitres, un sur vingt. Tous les autres corps St communautés
rentes envoyèrent chacun un seul procureur-fondé.
Les membres de la noblesse furent convoqués individuellement, qu'ils fus-
sent ou non propriétaires de fiefs, le roi voulant honorer leur distinction
héréditaire, St appelés à comparaître en personne ou à se faire représenter par
procureurs.
Quant aux membres du tiers état, leur nombre disproportionné avec celui
des deux ordres privilégiés, avait fait adopter un système d'élections graduées.
Dans les villes principales, il y eut d'abord des assemblées de corporations.
Chaque corporation de métiers nomma un délégué sur cent membres pré-
sents, 8c chaque corporation d'arts libéraux deux sur cent. On admit la
même proportion pour les habitants des villes, appartenant au tiers état, qui
ne faisaient partie d'aucune corporation. Les délégués choisis par ces divers
groupes constituèrent l'assemblée du tiers état de la ville qui eut à se réunir
& attachante des interlocuteurs de cette pastorale présenté, & de prier Monseigneur l'archevêque de
portent à ce calme paisible qu'il seroit heureux de Narbonne de témoigner à M. de Florian leur sa-
répandre partout dans les esprits & dans les cœurs; tisfaction & leur sensibilité '. u
M Sur quoi les États ont délibéré d'accepter la , n ■. ,, , . ,j.., j , j £. ,
\ "^ ' Procès-verbal des Etats de Languedoc. Siiance du ai It'-
dedicace de l'ouvrage & 1 exemplaire qui leur est vrier 1789,
1789
■j-^ 1874 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
dans l'édifice municipal, à dresser le cahier des plaintes 8c doléances locales
Se à nommer ses députés électeurs pour l'assemblée générale de sénéchaussée.
Ils s'y rencontrèrent avec les députés des paroisses & communautés de cam-
pagnes, élus dans la proportion de deux députés par deux cents feux & por-
teurs aussi de leurs cahiers particuliers.
Dans chaque assemblée générale de sénéchaussée, le sénéchal président
donna d'abord acte aux membres présents de leur comparution & donna
défaut contre les absents, fit procéder à la vérification des pouvoirs & prêter
serment par chacun des électeurs de participer fidèlement à la rédaction des
cahiers & à l'élection, au scrutin secret, de notables personnages pour repré-
senter, dans la proportion fixée par le roi, les trois ordres de la sénéchaussée
aux États généraux de France.
Tel fut le mécanisme de la grande 8c solennelle enquête d'où devait sortir
le renversement de l'ancien régime. C'était la première fois, depuis bien
longtemps, que des assemblées réellement représentatives allaient porter un
jugement sur la marche des affaires 8c intervenir dans la gestion de leurs
propres intérêts.
Nous ne pouvons suivre dans le détail les opérations de ces assemblées, les
intrigues 8c les antagonismes qui furent en jeu'; nous nous contenterons
d'indiquer une particularité assez remarquable qui signala les réunions pré-
paratoires du tiers état dans la capitale de la Province. Toulouse s'était
d'abord flattée d'envoyer une députation particulière aux Etats généraux en
se fondant sur ce qu'elle était considérée comme diocèse particulier dans l'or-
ganisation du Languedoc. L'article XXIX du règlement royal coupait court
à cette prétention, en décidant que nulle autre ville que celle de Paris n'en-
verrait de députés particuliers, les grandes villes devant en être dédommagées,
soit par le plus grand nombre de députés accordé à leur bailliage ou séné-
chaussée à raison de leur population, soit par l'influence qu'elles devaient
avoir sur le choix de ces députés.
Ce fut précisément contre cette influence que se révoltèrent la plupart des
délégués de la région, 8c l'opposition qui se produisit causa plus d'un orage
dans la vaste nef des Cordeliers, où avait été convoqué le tiers état.
Une réaction violente se manifestait, d'ailleurs, contre les capitales de pro-
vince.
Les cantons situés en dehors de leur sphère d'action directe rejetaient leur
suprématie, se plaignaient d'avoir été sacrifiés pour les embellir à leurs pro-
pres dépens 8c affectaient à leur égard une hostilité déclarée. Par un de ces
contrastes étranges qui ne sont point rares dans l'histoire des peuples, au
moment même où les conceptions les plus larges 8c les plus généreuses pas-
sionnaient les âmes, certain esprit de particularisme étroit 8c de jalousie mes-
quine se réveillait aussi 8c rabaissait par ses chicanes la majesté du fait
■ Voir aux Pièces justificatives les ordonnances n. DCCCCLXXI, col. 25i3, & celle du lieutenant
du sénéchal de Toulouse pour la convocation des général de la sénéchaussée, n. DCCCCLXXII,
États généraux, n. DCCCCLXX, col. i5oj, 8c col. iSiy.
LIV, V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSyj
national. Les querelles de préséance les plus minutieuses tinrent une place
considérable dans ces débats. Les délégués de Toulouse, arrivés à la réunion
tout infatués des traditions 8c des prétentions capitulaires, furent loin de
rencontrer auprès de leurs collègues la déférence 8c la soumission qu'ils se
croyaient en droit d'exiger. On trouva un malin plaisir à les faire figurer
au dernier rang dans l'appel nominal des six diocèses, bien qu'ils eussent
été placés en tête par le sénéchal dans l'assemblée générale 8c que, de leur
cùté, les réunions particulières du clergé 8c de la noblesse eussent maintenu
sa place d'honneur à la députation du diocèse de Toulouse, conformément à
l'usage 8c aux titres de la métropole.
Ceux que l'on appelait à Toulouse les députés étrangers, c'est-à-dire ceux
des cinq diocèses d'Albi, Montauban, Lavaur, Rieux Se Comminges, semblè-
rent prendre à tâche de s'isoler 8c de faire leurs affaires eux-mêmes. Ils tin-
rent des conciliabules séparés, au siège même de la sénéchaussée, chaque
diocèse occupant un bureau distinct que désignait aux arrivants une inscrip-
tion affichée sur la porte, 8c ce fut dans ces réunions exclusives, où l'on
exigeait l'adhésion des électeurs sous la foi du serment, que les choix furent
arrêtés d'avance 6c assurés par des engagements réciproques, de façon à rendre
entièrement illusoire la liberté du vote dans la séance solennelle d'où devait
sortir la liste définitive des élus. On racontait que des manœuvres Se des
actes de corruption s'étaient produits dans ces réunions préparatoires, où l'on
avait vu les officiers du sénéchal 8c divers personnages qui dépendaient de
cette juridiction, venir solliciter ouvertement le vote des électeurs en faveur du
juge-mage, offrant en récompense de leur assurer pour leurs candidats pré-
férés l'appoint de cent vingt-cinq suffrages dont ils croyaient pouvoir disposer.
Le terrain se trouvant ainsi préparé, 8c les opinions gagnées à l'avance,
l'assemblée générale n'était plus qu'une vaine cérémonie, pourtant tumul-
tueuse 8c confuse, où les députés de la ville 8c du diocèse de Toulouse,
affaiblis par la défection de quelques-uns de leurs collègues, rencontraient
une hostilité systématique, s'entendaient huer 8c bafouer quand ils essayaient
de prendre la parole 6c se voyaient réduits à n'être que les témoins impuis-
sants 8c dédaignés d'une manifestation nationale où ils s'étaient flattés de
jouer le principal rôle.
En pays d'avocats 8c de procureurs, le mécontentement ne pouvait manquer
de prendre une forme judiciaire. Le 6 avril, un député de Toulouse, maître
Pescaire, procureur du roi des traites 8c foraines, fit signifier aux capitouls
une requête appuyée d'un certain nombre de signatures où étaient dénoncés
en termes violents les scènes de cabale 8c d'intrigue, les abus d'autorité qui
faussaient la sincérité de l'élection 6c les « horreurs » commises par quel-
ques-uns des représentants de la ville 8c du diocèse qui « jetoient dans l'as-
« semblée le désordre 8c la confusion. »
Le lendemain, un député de la commune d'Aigrefeuille, maître Arbanère,
au nom de plusieurs de ses collègues du diocèse de Toulouse, adhéra, par
acte public, aux conclusions de la requête.
.789
I
~ 1376 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La question fut longuement agitée dans le petit consistoire; on y résuma
l'ensemble des témoignages, &. l'on crut pouvoir reconnaître, dans les dispo-
sitions des cinq diocèses, un parti-pris d'exclure absolument la ville de Tou-
louse de la députation aux Etats généraux.
Des faits analogues avaient été signalés en Guienne, &, sur le rapport des
cabales que l'on soupçonnait pouvoir être faites par les députés du dehors au
préjudice de la ville de Bordeaux, une ordonnance royale avait prescrit que
sur les huit députés attribués au tiers état de la sénéchaussée, il en serait
choisi quatre dans la capitale de la province'.
Fort de ce précédent, le conseil politique députa le marquis de Gramont
auprès du roi, avec mission expresse de lui dénoncer les injustices dont la
ville avait à se plaindre dans les réunions du tiers état, de solliciter en faveur
de Toulouse un règlement analogue à celui qui sauvegardait les droits de
Bordeaux, Si mieux encore de revendiquer le rétablissement du privilège sécu-
laire qu'avait Toulouse d'envoyer ses députés à part aux Etats du royaume.
Cette dernière démarche, pur anachronisme, ne pouvait trouver grâce devant
l'esprit d'uniformité consacré par le règlement. En même temps, il fut porté
plainte au Parlement à raison des tentatives de corruption & de captation de
suffrages^.
Ces démarches tardives n'eurent avicun effet sur la marche des événements.
En écrivant à l'archevêque de Narbonne, pour dissiper les inquiétudes que
lui causait l'agitation générale du pays, Necker avait exprimé l'espérance
que plusieurs membres des Etats de Languedoc seraient députés par les séné-
chaussées aux Etats généraux du royaume.
Cette espérance ne se réalisa que d'une façon assez incomplète.
Le président-né des Etats de Languedoc, qui avait joué un assez grand
rôle dans les deux assemblées des notables, ne fut pas nommé, comme si
l'esprit d'antagonisme qui poursuivait le corps administratif de la Province
avait voulu le frapper da-ns son chef. Sur vingt & un députés de l'Église,
on ne compta que six prélats : M. de Fontanges, archevêque de Toulouse;
M. de Bernis, archevêque de Damas, coadjuteur d'Albi; M. de Royère,
évêque d« Castres; M. de Malide, évêque de Montpellier; M. de Béthisy
de Mézières, évêque d'Uzès; M. Courtois de Balore, évêque de Nimes^. Il y
avait encore un dignitaire de chapitre, l'abbé de Pampelonne, archidiacre
de la cathédrale de Viviers. Tous les autres députés ecclésiastiques étaient
des curés, les uns choisis dans le clergé des villes, à Béziers, à Carcassonne,
au Saint-Esprit, à Toulouse, à Mazamet, à Craponne; les autres, dans les
paroisses rurales, tels que ceux d'Argeliers, de Baziége, de Belvis, de Saint-
Chély, de Villefort, de Saint-Remy, de Rivières en Albigeois 8c de Chômeras.
Ainsi, le clergé inférieur, qu'une loi jalouse excluait des Etats de la Pro-
' Ordonnance du roi du i5 mars 1789. Duroux, Mascart, Carol, Roucoule & Manarit.
' Séance du 7 avril 1789. La rédaction des mé- ' On trouvera aux Pièces just. n. DCCCCLXXIII,
moires dont on chargea le marquis de Gramont col. 2319, la liste complète des députés de la Pro-
fut confiée au chevalier de Cambon & à Meisieurs vincc aux Etats généraux.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1877
vince, arrivait en forte majorité dans l'assemblée de la nation, porté par le
courant des idées nouvelles.
Parmi les députés de la noblesse, les militaires étaient nombreux. On y
voyait au premier rang le marquis de Vaudreuil , lieutenant général des
armées navales & grand-croix de Saint-Louis; trois maréchaux de camp :
les comtes de Montcalm-Gozon, de Toulouse-Lautrec 8c de la Linière; trois
colonels : les marquis de Fournès, de Royal-Champagne cavalerie; de La
Tour-Maubourg, commandant le régiment de Soissonnois, & d'Escouloubre,
commandant le régiment de Marine-Infanterie; un ancien premier lieutenant
de la gendarmerie, le marquis d'Apchier '; un capitaine du génie, le marquis
de Satilieu, &c un ancien officier d'infanterie, le marquis du Pac Badens.
Les autres gentilshommes étaient, pour la sénéchaussée de Toulouse, les
marquis de Panât S<. d'Avessens de Saint-Rome, 8c un président à mortier du
Parlement, M. Desinnocens de Maurens; pour la sénéchaussée de Nimes,
les barons de Marguerittes 8c d'Aigalliers; pour le bas Vivarais, les comtes de
Vogué Se d'Entraigues; pour la sénéchaussée de Montpellier, le marquis de
Saint-Maurice; pour celle de Béziers, le baron de Jessé; pour celle de Limoux,
le baron de Rouvenac.
Quelques-uns de ces gentilshommes, emportés par le mouvement philoso-
phique auquel la haute société semblait céder avec une sorte d'entraînement,
s'étaient déjà signalés, en plus d'une occasion, par la générosité de leurs opi-
nions libérales.
Les marquis d'Escouloubre* 8c de Panât, reçus le même jour à l'Académie
des Jeux-Floraux, le 11 mars 1787, avaient profité de cette solennité acadé-
mique pour accentuer leurs tendances dans leurs discours de remercîment,
1789
■ Jean-Joseph de Châteauneuf-RanJon, marquis
é'Apchier, était baron des Etats de Languedoc,
mais baron peu conraincu. Il écriTait, le |6 fé-
Trier 1789, à son cousin, président de la noblesse
assemblée à Marvéjols : « Je regrette seulement
d'être retenu ici (à Toulouse) pour des affaires
dont TOUS connoissez l'importance, & de perdre
la seule occasion que j'aurai peut-être en ma rie,
de me trourer réuni à un corps qui n'a d'autre
désir que celui de rendre plus heureux tous ses
concitoyens. Animé du même zèle, je l'aurois prié
de recevoir le département que je fais de ma
baronnie aux Etats de Languedoc, que j'avois re-
connus depuis longtemps mal constitués & vicieux
sous tous les rapports. C'est à vous, mon cher
cousin, à faire agréer ce léger sacrifice. Tout le
prix que j'en demande est de voir régner dans les
trois ordres l'union sur tous les objets qu'on aura
à traiter. Nous avons enfin obtenu des Etats géné-
raux, mais à quoi serviroient-ils, si des querelles
particulières d'ordre à ordre alloient employer le
temps qui doit être destiné à rétablir la chose
publique? Je n'entends pas, cependant, mon cher
cousin, qu'il faille accéder à «outej les demandes;
je ne désire pas que M. l'évêque de Mende ne
puisse être présidé par personne; je pense, ,iu
contraire, qu'il doit l'être; qu'il faut s'opposer à
cette prétention ridicule; mais qu'il est tant de
manières de refuser, qu'il faut toujours prendre
celle qui aliène le moins les esjfrits. Le clergé
perd un grand procès; il faut lui passer l'inquié-
tude momentanée que cela peut lui donner, sans
craindre qu'il reprenne jamais le droit d'être seul
administrateur comme il l'étoit ci-devant'. »
' Louis-Gaston-François de Monstron, marquis
d'Escouloubre, né à Toulouse le i3 janvier 1755,
fils d'une sœur du marquis de Montcalra, illustré
par son héroïque & malheureuse campagne au
Canada, servit d'abord au régiment du Roi & fut
tour à tour capitaine dans Royal-Normandie ca-
valerie, & colonel des régiments de Bresse & de
Marine-Infanterie. Il avait épousé, en 1776, une
fille du marquis de Puyiaroque.
■ Documentt historiques sur ta province de Civaudan,
par M. Gustave de BurJiii, 11, p. 1 jlj.
xm.
87
~ 1878 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
.le premier, en félicitant les littérateurs formés par la compagnie d'avoir
« combattu avec succès la fureur des croisades, les horreurs de l'inquisition,
« l'esprit d'intolérance &. les abus que des fanatiques revêtus d'un habit
« respectable faisoient de la piété de nos pères;» le second, en regrettant
le vice de l'éducation donnée à la noblesse française, uniquement partagée
entre les fatigues de la guerre & les frivolités du monde, l'indifférence que
les représentants des hautes familles professaient encore pour l'éloquence, 8<
en reprochant aux gentilshommes cet « étrange préjugé qui leur montroit
Il l'avancement militaire comme l'unique but de leur ambition. » Saluant
en espérance l'aurore d'une monarchie parlementaire, il avait fait voir que
le jour approchait où la chaire & le barreau n'absorberaient plus la puissance
de la parole, 84 où la noblesse, pour qui il rêvait sans doute le rôle politique
de l'aristocratie anglaise, n'abandonnerait plus à la magistrature 8c au clergé
le droit d'élever la voix dans les conseils de la France, u pour le salut de
« l'État 8<. pour le soulagement du peuple'. »
Dans la députation du tiers état, les officiers de justice occupaient une
place considérable.
Il y avait quatre lieutenants généraux de sénéchaussée : celui de Tou-
louse, M. de Lartigue; celui du Puy, M. Bonet de Treyches ; celui de
Mende, M. Rivière, & celui de Béziers, M. Gleises de la Blanque, premier
conseiller de Monsieur; un lieutenant principal , du présidial de Nimes,
M. Ricard; le doyen des conseillers de Villeneuve de Berg, M. Dubois-
Maurin; un avocat du roi au siège présidial de Carcassonne, M. Ramcl-
Nogaret; un procureur du roî au siège présidial de Castelnaudary, M, de
Guilhermy; un seul officier de l'administration provinciale, le syndic du dio-
cèse d'Alet; tm conseiller au sénéchal de Castres; cinq maires de communes :
celui de Nimes, le baron de Marguerittes; celui d'Uzès, Chambon de la
Tour; celui de Gaillac, le docteur Fos de la Borde; celui de Bourg-Saint-
Andéol, Madier de Monjau, & celui du Saint-Esprit, Valérian Duclos.
Les avocats formaient surtout une grande majorité ; on en comptait
quinze. Il y avait encore un licencié es lois, Martin d'Auch; un médecin, le
docteur CcHiipmas, citoyen de Monestier; trois négociants, dont un de Tou-
louse, un de Carcassonne 8c un de Saint-Pons. Un seul député portait le
titre de propriétaire, devenu si commun dans notre société contemporaine :
c'était M. Jac, de la sénéchaussée de Montpellier. Les autres représentants
étaient des bourgeois, sans qualification particulière, habitants de diverses
petites villes. La religion réformée, si longtemps bannie de tout rôle politique
en Languedoc, s'était affirmée avec éclat en envoyant aux États généraux de
France, outre Boissy d'Anglas, le fils d'un des plus éminents pasteurs du
Désert, Rabaut de Saint-Etienne, destiné à prendre un rang distingué parmi
les orateurs de l'Assemblée nationale.
■ Recueil des ouvrages de poésie & d'cloijucncc présentes par l'académie des Jeux floraux. Toulouse.
Desclassaii. MDCCLXXXVUl.
LIV, V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. iSyç
Fn même temps que les bailliages nommaient leurs députes, ils dressaient
aussi leurs doléances.
Bien loin d'avoir été rédigés, comme on l'a souvent écrit fort légèrement,
sous l'inspiration d'un mot d'ordre uniforme & sous l'empire d'une sorte d'en-
traînement irréfléchi, les cahiers des sénéchaussées, par leurs développements
variables, par leur physionomie distinctive, par le grand nombre de points
particuliers qu'ils présentent, révèlent toute l'application de ceux qui les pré-
parèrent & toute la gravité d'une information qu'on avait à cœur de rendre
complète. Non-seulement les vœux diffèrent d'ordre à ordre, comme le vou-
laient souvent des intérêts divergents ou même contraires, mais dans chaque
ordre ils présentent des variantes suivant la nature spéciale de la région d'où
ils émanent. De cette façon, 8c pour tous les points de la Province, les cahiers
de 1789 forment comme une révision théorique du passé. En parcourant
l'ensemble de ces textes que nous avons cru devoir réunir, nos lecteurs y
retrouveront, réduit en formules, le redressement désiré de tous les désordres,
de toutes les confusions, de tous les abus dont le détail a tant de fois sollicité
leur attention dans le cours de cette histoire. Tant il est vrai que le grand
mouvement national de 1789, loin d'être une improvisation aventureuse, un
emportement passager, fut la résultante inévitable de tout l'effort progressiste
qui s'était usé pendant la période antérieure. Nous sortirions des limites de
notre cadre si nous voulions dégager un à un tous les éléments de cette
démonstration. Nous nous contenterons de grouper les principaux dans une
rapide synthèse.
Signalons d'abord les différences profondes qui séparent les divers cahiers
de Languedoc j quelques-uns d'entre eux sont de véritables traités divisés
méthodiquement, distribués avec ordre & creusant l'idée jusque dans ses
moindres détails; d'autres sont presque de simples notes, d'une extrême
concision, désignant plutôt des objets d'étude que traçant un programme
défini.
Le plus étendu des cahiers de Languedoc est celui du clergé de Vêlai". Il
est partagé en quatre parties : religion, état du clergé, constitution 5< admi-
nistration générale du royaume, impositions du Vêlai. Vient *en seconde
ligne le cahier du tiers état de Montpellier*, divisé en treize chapitres : sur
la constitution du royaume, sur la constitution Se administration générale de
la Province, sur les municipalités, police du royaume, domaines de la cou-
ronne, impôts & dettes nationales, administration de la justice, église, agri-
culture, commerce, manufactures, droits seigneuriaux, demandes locales 6c
particulières. La noblesse de Villeneuve de Berg, ou du bas Vivarais, tient
le troisième rang, avec soixante-trois articles, répartis en « pouvoirs » 8c en
« instructions^. >> Le clergé de la même sénéchaussée présente un cahier k
peine moins étendu sous les chefs : libertés, propriétés, administration,
■ Pièces justifie, n. DCCCCLXXVIII, col. îâàû. ' Picres justificatives, n. DCCCCXCVI, col. 2729.
' Pièces justificai. n. DCCCCXCVIIl, col. zyoâ.
1789
1789
[38o
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
impôts, justice, bénéfices 8t biens ecclésiastiques, religion, discipline Se juri-
diction ecclésiastique, études Se collèges'. Le tiers état de Nimes distribue ses
instructions en sept chapitres : de la constitution, des Etats généraux 8c
provinciaux, de l'administration de la justice, de la liberté, de l'agriculture,
des établissements utiles & des réformes*. Le sixième cahier, dans l'ordre
d'importance des développements, est celui de la noblesse de Carcassonne^,
qui n'a pas de divisions. Le clergé de la même sénéchaussée ordonne ses
doléances en cinq titres : de la foi & des moyens de la conserver, de la disci-
pline de l'Église, du choix des ministres & de leur dotation, de la juridiction
de l'Église, de l'administration. La noblesse de Toulouse, la noblesse de Mont-
pellier, le tiers état de Carcassonne, le tiers état de Villeneuve de Berg, le
clergé de Toulouse, le tiers état de Castelnaudary, le tiers état du Puy, le
tiers état de Gévaudan , la noblesse de Béziers, le tiers état de Limoux,
le tiers état de Toulouse viennent ensuite.
On pourrait s'étonner du rang inférieur que la capitale de la Province
tenait dans l'échelle du tiers état, si l'on oubliait que les facilités de l'ano-
blissement capitulaire empêchaient à Toulouse la constitution d'une puis-
sante bourgeoisie & que la coterie parlementaire pesait de tout son poids sur
la contrée. Le cahier du tiers état de la sénéchaussée de Toulouse n'est guère
que la transcription des doléances de la ville, avec suppression d'un petit
nombre d'articles & addition de quelques autres'*. Le reste des chambres
• Pièces jusùficat. n. DCCCCLXXXV, col. 263o.
' Pièces justificatives, n. M, col. 2794.
' Pièces just. n. DCCCCLXXXVIII, col. i66ç.
* Trente six articles du cahier de Toulouse sont
reproduits textuellement dans le cahier définitif,
qui en renferme quarante-six. Les additions faites
par les députés extérieurs de la sénéchaussée por-
tent sur l'article 9, retrait des domaines royaux
engagés depuis un siècle, aliénation des domaines
utiles de la couronne, avec préférence aux censi-
taires, inaliénabilité des justices & des forêts du
roi; — sur l'article 27 : amnistie générale pour
les déserteurs éloignés des troupes par la peine des
coups de plat de sabre; sur l'article 28 ; mesures
en faveur des décimables. Les articles Sj à 44 ap-
partiennent exclusivement aux députés de la sé-
néchaussée.
Voici les passages du cahier de la ville & ban-
lieue supprimés dans la rédaction définitive :
Art. 3o de ramener dans le cloître celle
sainte discipline & cette antique régularité qui,
pendant six cents ans ont édifié la nation; ...aux
religieux mendians, pour les récompenser de leurs
travaux, exciter leur émulation & leur rendre dans
l'opinion publique l'estime & la confiance qu'une
fausse philosophie a voulu leur êter; ...leurs éta-
tablissemens, fondés sur la garantie que l'État a
contractée envers eux en les recevant & cimentée
par les libéralités des fidèles qu'on ne peut dé-
truire ni intervenir sans commettre une espèce de
sacrilège.
Enfin les Etats généraux sont instamment priés
de balancer dans leur sagesse, relativement à l'âge
auquel les vœux doivent être faits, l'autorité du
concile de Trente, la décision des Etats généraux
de Blois, le poids d'une longue suite de siècles &
les remontrances du clergé de 1775, avec le bien
ou le mal qu'ont produit ou peuvent produire
redit provisoire du mois de mars 1768 & les
lettres patentes de 1779 qui en ordonnent l'exé-
cution.
Art. 37. Il a été également arrêté que les députés
aux Etats généraux ne doivent délibérer sur l'im-
pôt qu'après que le roi auroit sanctionné successi-
vement les divers articles qui y auront été arrêtés,
l'assemblée leur défendant expressément de voter
sur aucun des objets qui pourront y être proposés,
qu'après que l'égalité de l'impôt sur toute sorte de
biens & de personnes aura été sanctionnée par le
roi, désavouant d'avance tout ce qu'ils pourroient
faire de contraire à ce mandat.
La ville a aussi délibéré de supplier les Etats
généraux, 1° de la réintégrer dans le droit d'avoir
des députés aux Etats généraux indépendamment
de ceux de la sénéchaussée, droit établi sur des
titres incontestables, sur une possession ancienne
& sur le dernier état des assemblées nationales;
2" d'autoriser les privilèges de la ville, confirmés
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i38i
électorales de Languedoc se succède avec des cahiers de plus en plus réduits,
jusqu'à celui de la noblesse de Gévaudan qui n'a que dix-huit articles, & à
celui du clergé d'Annonay qui n'a guère plus de trente lignes.
Cette simple revue matérielle permet de se faire une idée de l'inégalité
d'application apportée à la tâche par les commissaires rédacteurs. Certains
d'entre eux ont eu pleinement conscience du rôle destiné à la future Assem-
blée nationale 8<. ont voulu participer sérieusement à l'œuvre de réformation;
d'autres, moins préoccupés de progresser que de maintenir, n'ont pas soup-
çonné la gravité des événements qui se préparaient. Tout en faisant la part
nécessairement assez grande de l'action individuelle, on peut aussi distin-
guer dans la forme Si le style des doléances, le tempérament particulier des
diverses régions du Languedoc : l'abondance verbeuse & un peu emphatique
de certains terroirs contraste avec la précision & le labeur opiniâtre d'autres
quartiers où se montre déjà la solidité pratique du Rouergue & de l'Au-
vergne; quant aux pays plats, gras & fertiles, ils se traînent dans une médio-
crité incolore, trahissant aussi peu d'idéal que d'application.
Sur toutes les questions générales, de constitution, de législation, d'ad-
ministration, l'ensemble des témoignages rendus par les sénéchaussées de
Languedoc concorde avec le mouvement de l'opinion publique. Quelques
restrictions particulières, dictées par l'intérêt, n'amoindrissent pas l'autorité
de cette déposition imposante qui allait s'ajouter à celle des autres provinces
pour préparer l'établissement d'un ordre nouveau.
L'horreur du pouvoir absolu, de l'arbitraire ministériel, éclate à chaque
page, sans distinction d'ordre; on veut qu'il soit fait large place à la repré-
sentation du pays, que le vote des impôts lui appartienne Si ne puisse être
suppléé ni par édit, ni par lettres patentes, que les États généraux soient
périodiques 6c tenus en des termes assez rapprochés; que toutes les libertés de
droit naturel soient reconnues; que le fardeau des charges se partage entre
tous ceux qui bénéficient de la protection publique; on veut que les préro-
gatives qui ne sont plus justifiées par des services cessent d'exister; en un
mot que l'accord se rétablisse entre le droit 8c le fait; que les distinctions
vénales ne soient pas confondues avec l'illustration Se n'en puissent tenir lieu.
Tous les vieux griefs dont nous avons si souvent rencontré l'expression, soit
au point de vue de l'organisation judiciaire, soit au point de vue de la cons-
titution de la propriété, se précisent Se s'accusent, avec un détail infini. Les
ordres privilégiés ne sont pas les moins ardents à protester contre les formes
du despotisme, plusieurs cahiers du clergé Se de la noblesse imposent aux
par nos rois, cimentés par le temps & fondés sur onéreux qu'inutile, pour le remplacer par une
des bases inébranlables, & de la maintenir no- autre troupe, telle que la ville jugera à propos de
tamment dans la libre élection de ses officiers la composer, pour la sûreté & l'utilité des liabi-
municipaux & de ses administrateurs,» laquelle tans',
toutes les classes de citoyens seront appelées &
admises; 3° Art. 46; 4° de débarrasser la ville & , , .. . n- , ^ , j , ■ . ,■ j , ■
'. 1 'j r ■ j ' Archives de Toulouse. CrtHio- acs;'/(iiH(cs 6- i/o/MncfS
des pensions que le crédit a lait accorder sans ^j^. la ville A banlieue de Toulouse, dclibOiùcs a l'hôtel de
cause & sans motif légitimes, & d'un guet aussi ville le 17 mars 178g.
1785
1789
i382 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
députés le mandat impératif de ne voter aucune sorte d'impôts avant d'avoir
obtenu satisfaction sur les chefs principaux de leurs doléances.
Le clergé demande aussi à reprendre ses vieilles coutumes représentatives
6c à remplacer ses assemblées financières par la périodicité des conciles St des
synodes. La pluralité des bénéfices, la non-résidence des bénéficiers, la con-
dition misérable des curés à la congrue, manquant de pain, tandis que les
commendataires vivaient en grands seigneurs, excitent des réclamations uni-
verselles.
Il faut suivre, dans tous ses développements, de sénéchaussée en séné-
chaussée, cette minutieuse enquête, voir les mêmes vœux se représenter sous
vingt formes différentes, avec des nuances & des variations infinies, pour
comprendre la portée de ce mémorable événement Si pour se convaincre que
l'immense majorité des électeurs ne cherchaient point de simples palliatifs
pour des difficultés financières accidentelles, mais l'établissement d'une cons-
titution & la refonte complète d'un organisme décrépit, dont les incohérences,
les fictions 8c les impossibilités éclataient à tous les yeux.
Naturellement, la question des États provinciaux n'avait pas été négligée
par les rédacteurs des cahiers. Nous n'avons pas besoin d'indiquer dans quel
esprit elle y était tranchée. Les efforts tentés par certains défenseurs de l'as-
semblée provinciale ne pouvaient prévaloir contre l'entraînement universel,
dont les premiers corps ecclésiastiques & judiciaires du pays avaient eux-
mêmes donné l'exemple. Il n'y a guère qu'une voix, d'une extrémité du
Languedoc à l'autre, pour réclamer la formation d'Etats constitutionnels 8c
représentatifs, avec un nouveau mode de recrutement 8c des places données à
l'élection.
Une autre question, celle des protestants, naguère encore bien périlleuse
en Languedoc, tient quelque place dans les cahiers. Dans certaines séné-
chaussées, le clergé hasarde encore quelques timides réclamations contre l'édit
des non-catholiques 8c semble espérer une politique rétrograde de la part des
États généraux de France; mais, pi-esque partout, l'esprit de tolérance 8c de
liberté s'impose, 8c si l'on n'ose pas encore demander pour les membres des
cuites dissidents une égalité civile absolue, on cherche du moins à restreindre
les clauses d'exclusion 8c à effacer les dernières traces des persécutions de
Louis XIV.
Dans les cahiers du clergé, il est facile de reconnaître, malgré certaines
analogies de cadre, deux courants d'opinion nettement distincts; l'école natio-
nale, animée de sentiments réformateurs 8c cherchant à grandir le rôle moral
de l'Eglise, en s'inspirant de l'exemple de quelques illustres prélats, Se l'école
ultramontaine, mettant au premier rang de ses vœux le rétablissement des
jésuites 8c la destruction des universités. En revanche, des sentiments d'hos-
tilité assez vifs contre le clergé régulier se manifestent dans plusieurs cahiers
de la noblesse 8c du tiers état, dont quelques-uns réclament même l'aliénation
des biens ecclésiastiques.
Le point de vue particulier de cette histoire nous oblige à détacher, enfin.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. i383 '
les demandes locales qui se trouvaient exprimées dans un certain nombre de
caliiers :
Le clergé de la sénéchaussée de Toulouse sollicite l'établissement des frères
des Ecoles chrétiennes dans les principales villes de la sénéchaussée, la réor-
ganisation des anciens collèges de boursiers, de façon à les rendre utiles au
public & à remplir les volontés de leurs fondateurs;
Le clergé de la sénéchaussée de Montpellier, la suppression des églises
collégiales de Saint-Sauveur Si de Sainte-Anne 8c de la chapelle du palais, à
cause de la modicité de leurs revenus; il recommande à la bienveillance du
roi les chanoines du chapitre de la Trinité;
Le clergé du Vêlai demande l'allégement de ses impôts, l'application de la
coutume de Paris à la propriété féodale 8c l'abandon de la jurisprudence du
Parlement de Toulouse sur le jeu de fief, le rétablissement de deux charges
de conseillers-clercs qui existaient anciennement dans le bailliage de la séné-
chaussée du Puy, la réforme entière des impositions du pays, la suppression
de la douane de Valence, l'abolition des circonscriptions connues sous le nom
de mandements, « composition gothique, retraçant tous les vices du systènie
« féodal ; n
Le clergé de la sénéchaussée de Béziers, la liberté de la pêche, 8c notam-
ment de la pêche au bœuf, sur tous les parages de la Méditerranée; l'amélio-
ration du sort des prêtres de l'église de Lodève;
Le clergé de Gévaudan, l'établissement d'un présidial à Mende avec quel-
ques places de conseillers-clercs;
Le clergé de la sénéchaussée de Castres, une amélioration pour les collèges
royaux de Castres 8c d'Aibi 8c une pension pour les anciens professeuis,
l'érection d'un sénéchal dans la ville d'Aibi, la réforme des statuts du cha-
pitre;
Le clergé de la sénéchaussée de Limoux, le maintien du monastère de
Prouille;
Le clergé de Lauragais, la restauration du couvent de filles de Castelnau-
dary 8c la conservation du monastère de Prouille, à charge d'entretenir trente
demoiselles prises indistinctement dans les prdrts de la noblesse 8c du tiers
état, mais la moitié au moins dans le tiers état; le rappel du prévôt de Saint-
Papoul 8c du curé de Saint-Paulet;
La noblesse de la sénéchaussée de Montpellier demande à garder la pre-
mière place dans la municipalité de la ville chef-lieu;
La noblesse de la sénéchaussée de Carcassonne réclame l'établissement de
deux chapitres nobles pour les filles pauvres de la Province, l'érection d'une
sénéchaussée pour le diocèse d'Aibi 8c d'une juridiction consulaire dans la
ville de Narbonne.
La noblesse de la sénéchaussée de Nimes, l'extension aux riverains 8c insu-
laires du Rhône 8c des autres rivières navigables des dispositions déjà ciabiies
en faveur de la Guienne;
La noblesse de la sénéchaussée de Béziers, une troisième députatiun aux .
1789
7"^ i384 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
États généraux, la liberté de la pêche au bœuf, unique ressource d'un grand
nombre de matelots vétérans;
La noblesse du Gévaudan, la destruction des obstacles gênant la naviga-
tion de l'Allier 8c empêchant, le passage du poisson, la recherche de houillères
dans le pays pour obvier à la rareté du bois de chauffage, l'augmentation du
nombre des paroisses, à cause des distances & du climat rigoureux; la resti-
tution au collège de Mende des revenus du prieuré de Monastier, fondé par
les maisons de Canillac & de Peyre;
La noblesse de la sénéchaussée de Limoux, le maintien du monastère royal
de Prouille;
La noblesse de la sénéchaussée de Castelnaudary émet le même vœu en
ajoutant celui d'y créer un pensionnat en forme, où trente à quarante jeunes
filles de la sénéchaussée ou de la Province soient élevées gratuitement de sept
à vingt ans;
La noblesse de la sénéchaussée d'Annonay demande que le comte de Mo-
retton, capitaine des gardes de Monsieur, frappé d'une disgrâce, soit admis à
justifier sa conduite devant un conseil de guerre;
La noblesse de la sénéchaussée de Villeneuve de Berg sollicite la suppres-
sion de tous les bureaux de recette sur les bords du Rhône pour les traites,
la douane de Valence, le denier de Saint-André, les péages du roi, avec la
faculté aux Languedociens de se servir du Rhône en franchise pour le com-
merce intérieur; le jugement de M. de Moretton & de M. du Breuil, capitaine
au régiment d'Orléans, qui l'avaient demandé; la restitution à la sénéchaussée
de quinze communes frontières qui s'en trouvaient distraites;
Le tiers état de la sénéchaussée de Toulouse, l'érection du présidial d'Albi,
l'établissement de tours pour les enfants trouvés, la liberté aux commerçants
languedociens de faire placer leurs vins dans n'importe quel quartier de la
ville de Bordeaux, conformément à l'édit de 1776; le maintien du Parlement
à Toulouse, avec l'intégrité de sa juridiction & de son ressort;
Le tiers état de la sénéchaussée de Montpellier, la multiplication des haras
de bêtes de somme & de bêtes à cornes, la prohibition de la sortie des bêtes à
laine, l'ouverture du port de Cette au commerce du Levant, avec faculté
d'entrepôt; la nomination alternative pour six ans d'un député au conseil de
commerce par les chambres de Toulouse 8c de Montpellier, la libre sortie des
sels de Peccais, la nomination d'experts pour vérifier les futailles 8c les eaux-
de-vie, la suppression du privilège des propriétaires de canaux, des démarches
près les cours de Portugal, d'Espagne &c de Pvussie, pour obtenir une réduc-
tion sur les droits d'entrée des bas de soie de Languedoc. Les cahiers des
diverses communes de cette sénéchaussée contenaient, d'ailleurs, un si grand
nomlye de demandes locales, la plupart contradictoires, que l'assemblée géné-
rale dut renoncer à les juger, 8c se contenta d'en recommander l'étude à ses
députés, en les priant surtout de prendre en considération le dépeuplement
total du rivage des étangs 8c la nécessité de faire tin fonds annuel pour le
dessèchement des marais Se autres ouvrages de salubrité;
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1385
Le tiers état de la sénéchaussée de Carcassonne demande l'établissement
d'une sénéchaussée présidiale dans les villes d'Albi & de Narbonne; il repousse
les réclamations arrêtées k Narbonne par les députés des fabriques de draps de
Languedoc, comme opposées à la liberté des propriétaires, nuisibles à l'intérêt
général 8i onéreuses k l'universalité des contribuables;
Le tiers état de la sénéchaussée de Nimes signale à la bonté du roi la
misère des populations rurales 8c, en particulier, la détresse qui règne dans
les Cévennes, où les impôts levés pour le prince sont peut-être les moins oné-
reux, où le peuple peut à peine se procurer des subsistances, se nourrir de
mauvais pain, se vêtir de haillons 8t où mille vexations lui enlèvent le produit
de ses travaux;
L,e tiers état du Vêlai demande la réunion des paroisses de ce pays qui en
avaient été distraites au profit du Forez, de l'Auvergne St du Gévaudan; la
création d'une nouvelle ligne de poste par Villefort 8c Alais, la réunion des
deux hôpitaux de la ville du Puy, l'établissement d'une brigade de maré-
chaussée au bourg de Fay, pour la sûreté des foires 8c marchés;
Le tiers état du Gévaudan, une députation plus nombreuse, l'encadastre-
ment de la terre épiscopale 8c de toutes les autres terres franches, la destruc-
tion des écluses 8c filets établis dans le lit de l'Allier à Pont-du-Château, en
Auvergne, 8c à Moulins, en Bourbonnais; l'emploi des revenus du prieuré de
Monastier à l'entretien du collège de Mende, l'attribution de secours à la
ville de Saugues, ruinée par un désastre.
Le tiers état de la sénéchaussée de Castres, l'abolition du droit de leude ou
coupe levé dans les marchés du chef-lieu au profit du roi, le remboursement
à la même ville d'une somme de vingt mille livres payée pour l'engagement
des droits de lods, censives Se autres deniers casuels repris par le roi depuis
l'année 1 771, le rétablissement du présidial de Castres créé par Henri II pour
les pays compris entre le Tarn, le Thoré, l'Agout, la chaîne des montagnes
Noires 8t de l'Espinouse; la réunion définitive k la sénéchaussée de Castres
des communes de Graulhet, Busqué, Puibegon, de la vicomte de Lautrec,
d'Ambres, de Gelas, Fiac 8c Terres-Basses, le siège de Carcassonne s'en trou-
vant beaucoup trop éloigné 8c séparé par des chemins impraticables;
Le tiers état de la sénéchaussée de Limoux, le retrait de la déclaration du
5 juillet 1770 8c des autres lois relatives aux défrichements, en ce qui regar-
dait les Corbières, les environs de Quillan, le pays de Sault 8c la haute
frontière longeant le Confient, sauf k en maintenir les dispositions pour le
reste de la sénéchaussée; l'extinction des forges 8c bouches k feu inutiles dans
tout le territoire, particulièrement au voisinage des forêts du roi, afin de pré-
venir le manque de bois, notamment du bois employé k la fabrication des
peignes, industrie qui nourrissait quinze ou vingt mille habitants; ^^.^
Le tiers état du haut Vivarais sollicite les attributions présidiales pour les
sénéchaussées d'Annonay 8c de Villeneuve de Berg, l'établissement d'une
juridiction consulaire dans la ville d'Annonay, la rectification des limites
provinciales sur le territoire des communes contestées;
1789
nh
,386 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Le tiers état du bas Vivarais dénonce l'excès des droits royaux, provinciaux
& seigneuriaux levés dans la contrée; demande l'établissement d'un bureau
de poste aux lettres & d'un messager dans la ville du Chaylard, l'affectation
de bourses au collège de Tournon, en dédommagement des privilèges des
villes franches, s'ils sont supprimés; la suppression des droits grevant le trans-
port du charbon de terre par le Rhône, la présidialilé aux deux sénéchaussées
de Vivarais, l'annexion de la commune de Pradelles, rattachée pour la justice
à la sénéchaussée du Puy.
Parmi toutes ces réclamations, d'importance très-inégale, quelques-unes
étaient fort anciennes & s'étaient déjà renouvelées en plusieurs occasions,
sous des formes dittcrentes. D'autres appartenaient en propre au mouvement
de 1789.
Mais un fait qui domine tout le reste, c'est la volonté arrêtée du pays de
reconstituer la puissance de l'Etat & de faire disparaître les derniers vestiges
du morcellement d'autorité créé par le régime féodal. Ol^îenir que la justice
fût partout rendue au nom du roi, c'est-à-dire au nom de la patrie, détruire
ces temporalités, ces paréages, ces suzerainetés ecclésiastiques ou laïques,
résidu encombrant d'un système social disparu sans retour, tel est le vœu qui
s'affirme, avec une rare énergie, dans toutes les manifestations.
Dans une assemblée des trois ordres qui fut tenue à l'hôtel de ville de Mar-
vejols, sous la présidence du vicomte de Framond, doyen des gentilshommes,
plusieurs voix s'élevèrent contre l'organisation de la justice en Gévaudan.
M. de Châtaigner de Puigrenier, orateur désigné par l'assemblée, attaqua
vigoureusement le pouvoir temporel des évoques, e Messieurs, dit-il, nous
u avons choisi votre ville, nous venons respirer un air libre, & nous occuper
K sans trouble du bien public. » Marvejols, ville royale, semblait en effet un
meilleur théâtre, pour discuter des plans de réforme, que le siège des évêques
&. comtes de Mende. L'orateur rappela que par deux fois les réclamations du
pays avaient fait établir un tribunal de ressort dans la capitale du Gévaudan
81 que par deux fois le crédit des prélats s'était débarrassé de cette autorité
importune.
« Par un abus manifeste, dit-il, contre les droits naturels & principes
(( politiques, le siège épiscopal dispose ici de toute administration civile S<
« judiciaire Si de celle de nos Etats particuliers, par la nomination usurpée
K des consuls, par celle des juges ordinaires & d'appel au préjudice du droit
« royal, par celle des commissaires & syndics du pays, au préjudice des trois
« ordres, & enfin par celle des procureurs, greffiers, huissiers dans les deux
« cours, auxquelles charges & oifices nos évêques nomment arbitrairement
« ou par l'influence de leur pouvoir de président. C'est donc ici, plus que
« «^ans toute la Province, que l'on voit un dernier géant né de l'anarchie
« féodale, épargné par Richelieu en faveur de l'évêque Marcillac, sa créature.
« Sa masse énorme pèse, surcharge, écrase ce misérable pays, que le ministre
« conquérant négligea de retirer des mains des pontifes despotes, & de
« redonner à la monarchie. »
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1887
La même réunion adopta d'enthousiasme un placet au roi, rédigé au nom
des trois ordres par M. de Lescure-Saint-Denis, tendant à la suppression du
paréage épiscopal confirmé par Louis XV en 1720'.
L'auteur, après avoir sommairement indiqué les fléaux naturels, orages,
grêles, inondations, dont le Gévaudan subissait les atteintes périodiques &
ne pouvait jamais être dédommagé d'une manière complète par le secours du
gouvernement, ajoutait qu'au moral le pays était infecté d'autres maux,
« restes barbares de la féodalité » qui n'attendaient que la main du roi pour
être guéris.
« Daignez l'y porter, Sire, & sa constitution vicieuse & languissante se
(c fortifiera sous votre autorité qu'il veut seule reconnoître. Il en existe une
« autre dans ce pays malheureux, qui a la prétention de balancer la vôtre....
« Oui, Sire, elle enchaîne nos voix dans la répartition 8c l'administration de
K nos impositions, en n'y admettant que celles qui lui sont dévouées, & par
« sa présidence inamovible!... Elle nous tient sous sa juridiction. Elle pré-
ci tend avoir le droit (droit de ressort, droit qui ne peut qu'avoir été usurpé
« dans les règnes foibles) de faire rendre à l'alternative avec Votre Majesté la
a justice en son nom; &, sous le titre d'officiers du bailliage royal, épiscopal
« & commun, de connoître des cas royaux, des cas prévotaux, & de remplir à
« cet égard (quoiqu'ils n'ayent aucune attache royale, qu'ils soient à la
« nomination de cette autorité & amovibles à sa volonté) toutes les fonctions
« attribuées uniquement aux officiers de Votre Majesté. Peut-il exister un
« abus plus criant? Non, Sire, & vous ne permettrez pas qu'il subsiste plus
« longtemps; notre seul législateur voudra être notre seul juge. Condamnés
« en votre nom, nous subirons vos jugements, tandis que nos cœurs s'élève-
« ront toujours contre ceux rendus à celui d'un de vos sujets, notre égal par
« ce seul titre. Daignez donc, Sire, ne plus permettre que votre autorité soit
M partagée. Trop heureux de vous avoir pour maître, laisserez-vous à un
» autre le droit de nous juger? Et tandis que toute la France bénira à
« chaque instant votre équité, le Gévaudan, qui mérite par sa position tous
« les moments de votre bienfaisance, sera-t-il réduit à n'en jouir que tous
« les deux ans^? »
Nous pourrions rassembler bien d'autres exemples, 8c il nous faudrait
reproduire le texte môme de la plupart des articles dressés dans les contrées
féodales de la Province, pour montrer avec quelle unanimité l'esprit public
se soulevait contre l'usurpation traditionnelle des droits de l'Etat. Ce n'était
pas un caprice populaire qui menaçait le vieux régime des fiefs, c'était une
véritable tempête, sortie des profondeurs de la société nationale, 8c destinée
à balayer des anachronismes sans prestige, que le bon sens 8c la justice répu-
diaient éralement.
... . . •
Mais le mouvement se précipitait. Nul ne pouvait plus croire que la grande
■ Voir aux Pièces jasùficatlves, n. DCCCXLII, ' Documents historiques sur la province de Gé-
Icol. 2104, la confirmation dii paréage de Gévau- vauJanj par M. Gustcivc de Burdln, II, p. a<ï5.
Idan, donnée à Paris au mois de juin 1720. Le placet portait deux cent douze signatures.
1789
i78p
:3a8 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
enquête des vœux du pays se terminât par quelque insignifiante cérémonie
de cour, comme la monarchie en avait tant vu. On n'attendait pas de l'as-
seml)lée des Etats généraux un expédient ministériel ou des palliatifs acces-
soires, c'est une reconstitution générale que l'on espérait, &, pour employer
l'expression qui revient à chaque instant dans les écrits de l'époque, une
régénération. L'écho des réclamations que les divers bailliages se renvoyaient
semblait en augmenter l'autorité; à force d'être répétés dans toutes les assem-
blées électorales, certains axiomes du droit nouveau prenaient déjà le carac-
tère de faits accomplis, & l'impatience des commettants allait jusqu'à se passer
des formes légales qu'il n'était pas en leur pouvoir de suppléer.
Le gouvernement tenta encore quelques efforts pour enrayer ce mouve-
ment qui perdait parfois toute mesure.
La noblesse des sénéchaussées de Béziers & de Carcassonne, en se réunis-
sant pour rédiger ses cahiers, avait, comme presque tous les autres collèges
de la Province, condamné l'organisation des Etats de Languedoc; mais non
contente d'émettre le vœu ordinaire d'un établissement représentatif, elle
s'était laissée aller à protester contre toute répartition de fonds qui pourrait
être faite par les commissaires des États. La noblesse de Béziers avait même
fait signifier aux évêques, aux barons & au syndic général de la Province un
désaveu formel de leurs pouvoirs 8c de leurs actes. Comme les fonctions régu-
lières des Etats n'avaient encore subi aucune modification. Si que la levée
des impôts, le payement des travaux publics Si les autres dépenses normales se
faisaient en vertu de leur autorité, ces interventions du corps électoral dans
l'administration étaient de nature à créer dans le pays une pénible incertitude.
Le conseil d'Etat condamna par un arrêt formel, le 21 avril 1789, les
démarches des gentilshommes. Le roi voyait avec surprise, suivant les termes
du préambule, que les membres d'un ordre qui s'était toujours distingué par
le dévouement le plus entier au bien de son service, eussent cherché, par un
désaveu illusoire 8c des protestations déjà proscrites', à atténuer la valeur
de délibérations expressément autorisées, 8c sanctionnées depuis suivant les
formes de droit. Il maintenait de plus fort l'exécution des arrêts du i3 février
8c du 10 avril, &c pour ne laisser aucun doute sur la légalité des opérations
délibérées par les derniers États, ni sur celle des assiettes diocésaines char-
gées d'en poursuivre l'application, il prescrivait que les règlements du conseil
du 23 janvier i658 8c du 3o janvier 1725 continueraient d'être exactement
observés jusqu'à nouvel ordre, que les assiettes 8c les bureaux diocésains pro-
céderaient, suivant la coutume, à la levée des impositions votées par les États,
8c confiait au commandant en chef 8c à l'intendant de la Province le soin
d'assurer la marche ordinaire du service.
Lorsque le comte de Périgord 8c le baron de Ballainvilliers signèrent leur
ordonnance pour faire afficher 8c publier l'arrêt du 21 avril dans toutes les
villes, les États généraux du royaume siégeaient déjà depuis deux jours.
' Ariêt du conteil d'État du i3 février 1789.
LIV, V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1889
Au milieu de cette mémorable assemblée, qui devait se trouver en présence
d'un monde mourant 5<. du chaos d'un monde encore à naître, la députation
provinciale se perd. Elle ne renfermait aucun de ces hommes éclatants dont
le nom fit bientôt le tour de l'Europe, & c'est à peine si, de loin en loin, pour
des faits épisodiques, la présence de quelques-uns de ses membres se révèle
aux biographes.
Lors des premières conférences que tinrent les députés des communes pour
obtenir la réunion des trois ordres, on nomma un commissaire par grand
gouvernement, d'après les divisions de 1614. M. Viguier, avocat au Parle-
ment de Toulouse, fut désigné pour le gouvernement de Languedoc'. Le
mandat de ces commissaires était de tenir conférence avec le doyen à l'effet
d'accélérer la formation d'une Assemblée nationale unique.
Dans la fameuse séance du Jeu de Paume, où les membres du tiers état,
exclus de la salle des délibérations, prêtèrent le serment de ne jamais se
séparer de l'Assemblée nationale 81 de se réunir partout où les circonstances
l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume fût établie & affermie
sur des fondements solides, un seul dissident se manifesta. C'était un député
languedocien, Martin d'Auch, licencié es lois, de la sénéchaussée de Castel-
naudary. Il signa opposant. Dénoncé par son collègue Camus 8c salué d'une
clameur d'indignation, il fut invité par Bailly à faire entendre les motifs de
son opposition 8t les expliqua ainsi :
» Je déclare que je ne crois pas pouvoir jurer d'exécuter des délibérations
« qui ne sont pas sanctionnées par le roi. » Le président repartit que l'As-
semblée avait publié ces principes dans ses adresses 8c ses délibérations, 8c que
la nécessité de la sanction du roi pour toutes les résolutions prises sur la
constitution 8c la législation n'était pas contestée; mais l'opposant ayant per-
sisté, l'on arrêta qu'on laisserait sa signature sur le registre pour prouver la
liberté des opinions*.
Le 22 juin, la majorité de l'ordre du clergé s'étant prononcée pour la véri-
fication commune des pouvoirs, l'abbé Gouttes, curé d'Argeliers, député de la
sénéchaussée de Béziers, fut nommé l'un des six commissaires ecclésiastiques
chargés de procéder à cette opération.
Le 25, le marquis de La Tour Maubourg, député du Vêlai, seul gen-
tilhomme de Languedoc, remit ses pouvoirs aux ordres réunis en Assemblée
nationale. Le même jour, Rabaut de Saint-Étienne fait partie de la dépu-
tation des trois ordres envoyée au roi pour lui porter les plaintes de l'Assem-
blée sur ce que le lieu de ses séances était environné de soldats, son entrée
interdite au public, 8c pour lui représenter que la police de la salle où l'As-
semblée se réunissait ne pouvait appartenir qu'à elle-même.
Le 3o juin, au nombre de diverses protestations contre le vote par tête, il
fut donné lecture d'une adresse des gentilshommes de la sénéchaussée de
' Gaittte nationale ou le Moniteur universel, ' Galette nationale, n. lo. Séance du 20 juin
n. 2. Séance du mardi iz mai 1789. i789'
1789
"j"^ 1390 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Limoux. La question avait été prévue par eux dans leur cahier dont le pre-
mier article portait que, « pour conserver aux Etats généraux la seule forme
« constitutionnelle & celle qui favorise le mieux la discussion des affaires, les
« députés ne pourroient jamais voter que par ordre'. »
Ces protestations choquaient trop directement les vues de la majorité pour
avoir chance de succès. Quelques membres de l'Assemblée nationale ayant
réclamé pour leur compte personnel Se s'étant déclarés liés par les mandats
impératifs qu'ils avaient reçus, Rabaut de Saint-Etienne prit la parole !
« Je demande, dit-il, que la lecture de ces actes soit déclarée nulle, parce
« que des députés présumés ne pouvant pas protester, mais seulement exhiber
a leurs pouvoirs, ces actes & ces protestations ne peuvent pas même être lus. »
Ce fut sur la fin de ce mois que l'ordre commença d'être troublé & que
des symptômes d'agitation matérielle S<. de violence parurent dans les popu-
lations.
Le 18 juillet, M. de Malide, évêque de Montpellier, prit part à la discus-
sion sur les moyens de rétablir la tranquillité publique. Tandis que certains
membres demandaient l'emploi des troupes régulières Se que d'autres propo-
saient seulement de faire marcher des brigades de maréchaussée, le prélat,
d'accord avec Buzot 8c Custine, soutint la création de milices patriotiques,
destinées à servir sous la direction des officiers municipaux.
Le 24, au commencement de la séance, on rendit compte à l'assemblée
nationale d'une adresse de la ville de Saint-Pons. Le même jour, l'abbé
Gouttes, curé d'Argeliers, présenta un rapport sur l'élection du caidinal de
Rohan, évêque de Strasbourg, député du bailliage d'Haguenau.
Le lendemain, M. Salomon entretint l'Assemblée d'une seconde députatîon
nommée par la ville de Montpellier. Cette députation fut rejetée; mais ses
membres obtinrent la faveur d'assister aux séances, sans voix délibérative,
dans la tribune des suppléants.
Le 28 juillet, des adresses de Montpellier, du Puy en Vêlai 8< de Nimes,
furent analysées.
Le 29, Rabaut de Saint-Etienne donna lecture de la nouvelle rédaction du
règlement, corrigé S<. rédigé d'après les observations des trente bureaux.
Le 3o, le baron de Marguerittes est nommé membre du comité des rapports.
Le 3 août, Rabaut de Saint-Etienne s'élève vigoureusement contre la motion
de Bouche, qui tendait à n'acCorder que cinq minutes à chaque orateur par-
lant sur le projet de Constitution.
« Comment a-t-on pu vous proposer, s'écria l'orateur languedocien, de ne
« délibérer que pendant cinq minutes sur des lois que tout l'univers approu-
« vera ou blâmera, auxquelles le salut de vingt-cinq millions d'hommes est
« attaché, que peut-être des nations entières attendent pour les prendre pour
« modèles?
« Je ne sais quels termes employer pour caractériser une telle motion j quel
' Pièces justificatives^ n. DCCCCXCIII, col. 2711.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSgi
V est l'orateur qui, sur les objets les plus importans que l'on ne peut même
<i prévoir, peut sur-le-champ présenter ses idées, ses réflexions, ses objections
Il clans un espace de cinq minutes? L'histoire d'aucun peuple ne fournit
« l'exemple d'une pareille sévérité. »
Dans la même séance, le comte d'Entraigues, député de la sénéchaussée du
bas Vivarais, discourut longuement sur la déclaration des droits de l'homme
6i du citoyen que- l'on proposait d'inscrire en tête de la Constitution. 11
affirma l'utilité de cette déclaration, en s'appuyant sur diverses considérations
abstraites, où l'on reconnaît un lecteur de Rousseau.
« L'on craint, dit-il, pour les propriétés; fausse alarme : le peuple veut
« vivre en société, & il ne peut ignorer que si les propriétés ne sont ferme-
« ment consolidées, la société est nulle ou* n'est dans le fait qu'une guerre
« perpétuelle.
« En état de nature, l'homme a droit à tout ce que sa force peut lui procurer.
« En état de société, l'homme n'a de droit qu'à ce qu'il possède.
« Voilà les maximes. Or n'est-il pas intéressant, nécessaire, d'apprendre à
« l'homme ce qu'il doit ou ne doit pas posséder? Ne doit-on pas craindre dans
« tous les sens l'effet de son ignorance ?
« Il est donc indispensable de faire une déclaration des droits pour arrêter
« les ravages du despotisme. Si nos ancêtres nous eussent laissé ce grand
Il ouvrage, nous ne nous occuperions pas de le procurer à nos neveux.
« La déclaration est indispensable, afin que si le ciel, dans sa colère, nous
« punissoit une seconde fois du fléau du despotisme, on pût au moins mon-
« trer au tyran l'injustice de ses prétentions, ses devoirs Si les droits de ses
« peuples. »
Des adresses des villes de Béziers & d'Uzès avaient été communiquées à
l'Assemblée nationale le 3i juillet; quatre jours après, on lui remit celles
d'Annonay, de Narbonne, d'Agde, de Castres, de Castelnaudary. Les milices
patriotiques s'organisaient partout. Le Parlement de Toulouse, voulant encore
faire acte d'autorité, en avait permis la formation par un arrêt spécial.
Dans la mémorable nuit du 4 août, après l'immolation sommaire du svs-
tème féodal, les députations des pays d'Etats vinrent faire tour à tour le sacri-
fice des usages particuliers de leurs provinces.
Le baron de Marguerittes, maire de Nimes & l'un des représentants de la
noblesse de sa sénéchaussée, demanda la parole au nom de la députation de
Languedoc.
« Les représentans de diverses sénéchaussées de Languedoc, dit-il, déclarent
« que l'ordre de leurs commettans leur prescrit, de la manière la plus impé-
« rative, une obligation dont il ne leur est pas possible de s'écarter.
« La province de Languedoc est régie depuis longtemps par une adminis-
<i tration inconstitutionnelle & non représentative. Elle a condamné cette
« administration comme contraire à ses anciens privilèges, dont le plus pré-
ci cieux étoit d'octroyer librement l'impôt 6t de le répartir elle-même; elle
K demande l'établissement de nouveaux Etats en une forme libre, élective &
1789
~ 1392 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« représentative, & des administrations diocésaines & municipales organisées
(( dans la même forme. Tel est le vœu général, telle est la volonté de la Pro-
<( vince de Languedoc; elle a lié l'accord ou la répartition de l'impôt à la
« suppression de l'administration actuelle & à l'établissement de nouveaux
« impôts.
« Et quoique leurs mandats ne les autorisent pas à renoncer aux privilèges
« particuliers de la Province, assurés néanmoins des. vœux de leurs commet-
« tans 8i de la haute estime que leur doit inspirer l'exemple des autres pro-
ie vinces, ils s'empressent de déclarer à l'Assemblée nationale que dans tous
ti les temps leurs commettans s'empresseront de se conformer à ses décrets;
« qu'ils souscriront aux établissements généraux que sa sagesse lui inspirera
« pour l'administration des provinces, 8c qu'ils s'estimeront heureux de se lier
« par de pareils sacrifices à la prospérité générale de l'empire. »
M. de Béthisy de Mézières, évêque d'Uzès, Se l'un des prélats siégeant aux
États de Languedoc, intervint alors pour déclarer qu'il eût souhaité d'être
possesseur d'une terre, afin d'en faire le sacrifice en la remettant entre les
mains de ses habitants. Mais les évêques de Languedoc avaient reçu leurs
titres & leurs droits des mains de la nation qui, seule, pouvait les détruire.
« Nous ne sommes pas, poursuivit-il, représentans du clergé; nous assistons
« aux Etats de la Province à des titres particuliers, 81 nous n'en avons d'au-
« très que celui de dépositaires passagers; nous ferons ce que l'Assemblée
« statuera sur ce point, 8t nous nous livrerons à sa sagesse. »
M. de Balore, évêque de Nimes, Si M. de Malide, évêque de Montpellier,
parlèrent dans le même sens. Le premier fit, en outre, la demande expresse
d'une exemption des impôts Si des autres charges en faveur des artisans &i des
manœuvres qui n'avaient aucune propriété.
Le duc de Castries, qui siégeait à l'Assemblée nationale comme représen-
tant de la vicomte de Paris, mais qui possédait une des places fixes de la
noblesse aux Ktats de la Province, annonça, de son côté, qu'il se réunissait
aux préopinants pour réclamer l'honneur de sacrifier de nouveau aux repré-
sentants de la nation la prérogative de baron, à laquelle ils avaient déjà
renoncé dans les assemblées particulières du Languedoc.
A la fin de la séance, on résuma dans un petit nombre d'articles les points
essentiels de la grande révolution qui venait de s'accomplir, 81 l'on y inscrivit :
Abandon du privilège particulier des provinces 6- des villes.
Certains députés, liés par des mandats impératifs, promirent d'écrire immé-
diatement à leurs commettants pour solliciter leur adhésion.
Le jeudi 6 août, le comité de rédaction ayant repris les articles en détail
pour leur donner une forme définitive, l'article XII fut ainsi conçu :
« Une Constitution nationale 81 la liberté publique étant plus avantageuses
:'< aux provinces que les. privilèges dont quelques-unes jouissoient, 81 dont le
'( sacrifice est nécessaire à l'union intime de toutes les parties de l'empire, il
« est déclaré que tous les privilèges particuliers des provinces, principautés,
« villes, corps 81 communautés, soit pécuniaires, soit de toute autre nature.
LIV. V, LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSgS
« sont abolis sans retour & demeureront confondus dans les droits communs
« à tous les François. »
Voilà comment tut consommée en principe la ruine du système particula-
riste des anciennes organisations provinciales. Le réquisitoire prononcé par le
baron de Marguerittes contre les Etats de Languedoc, bien loin d'être, comme
on l'a prétendu, un acte d'initiative individuelle, ne faisait que traduire
— nos lecteurs ont pu s'en apercevoir — les idées mises en circulation par la
cour des comptes de Montpellier, le Parlement de Toulouse, les divers syn-
dicats 5c le vœu exprimé, non- seulement dans les cahiers du tiers état, mais
dans la majorité de ceux du clergé St de la noblesse. L'administration pro-
vinciale du Languedoc, qui n'était qu'une ombre de représentation, s'était
montrée pourtant supérieure à la gestion directe des intendances; mais, du
moment qu'un régime électif devait être appliqué à l'étendue entière du ter-
ritoire, elle perdait son mérite d'exception & ne laissait plus voir que son
vice de recrutement & son défaut de liberté. Par le seul fait c[u'ils avaient
été en partie dépositaires de la puissance publique, les Etats de Languedoc
s'étaient rencontrés en situation de faire du bien, & ils en avaient faitj mais,
devant une révision générale du régime constitutionnel, les anomalies de
leur composition ne pouvaient trouver grâce.
A la fin de la séance du 6 août, où l'on continua de poursuivre la destruc-
tion en détail des divers droits 8< privilèges féodaux, la discussion s'étant
portée sur la question des colombiers, signalée par un grand nombre de
cahiers comme très-importante pour les intérêts de l'agriculture, Rabaut de
Saint-Etienne donna lecture d'un arrêté conçu dans les termes suivants :
« Le droit exclusif de fuies St de colombiers sera aboli; les pigeons seront
« renfermés aux époques fixées par les communautés 8c, durant ce temps, ils
« seront regardés comme gibier. Tout le monde aura le droit de les tuer. »
Cet arrêté devint la cause indirecte de grands désordres dans les piovinces
& d'une foule d'attentats contre les propriétés.
Le 8 août, le comte d'Entraigues intervint encore dans la discussion relative
au projet d'emprunt de trente millions présenté par Necker. Il combattit celte
mesure avec une extrême véhémence. Avant de recourir à ce funeste expé-
dient, qui dévore les ressources de l'avenir, tous les autres remèdes devaient,
disait-il, avoir ététentés, toutes les économies les plus sévères mises en usage.
Il ajoutait : « Personne n'a plus de confiance que moi dans le comité des
« finances; je lui confierois ma fortune, parce que ma fortune est à moi;
« mais je ne puis lui confier le soin de prononcer sur celle des autres : ils
« m'en ont remis la défense; c'est à moi de remplir ma mission
« Un emprunt nécessite un impôt. En votant un emprunt, c'est établir un
« impôt; c'est ajouter encore à la masse effrayante qui écrase le peuple.
« Qui peut nous assurer (|ue les moyens d'économie sont épuisés? L'opu-
« lence de la Cour, le faste insultant qu'elle affecte, en sont-ce là les garans?
« Est-ce là ce que doit être le cortège d'un prince bienfaisant cjui règne sur
« un peuple de malheureux?
xui. ' ta
1789
~ t394 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« Ce n'est donc pas ici qu'il faut chercher des emprunts; ce sont les éco-
« nomies les plus sévères, les plus grandes; & c'est là ce qui peut sauver
ce l'État. »
Le comte d'Entraigues revint à la charge le lendemain pour faire ahaisser
le taux de l'emprunt au-dessous de cinq pour cent. Il déclara cet intérêt
illégal, usuraire Si contraire à tous les principes. Il ne pouvait croire que des
Français fussent assez avides pour se prévaloir de la détresse générale. On ne
devait pas taire renaître les privilèges pour favoriser les capitalistes; il faudrait
alors imprimer les noms des prêteurs, « afin qu'ils retirassent tout à la fois
u leur or 6i l'exécration publique. »
« L'extrême nécessité, poursuivait l'orateur, le salut de l'État vous ont
u forcés à accorder l'emprunt; n'empêchez pas que l'impôt l'atteigne; sinon
« ce n'est pas à la nation à le garantir, c'est à nous à supporter individuel-
« lement les maux auxquels nous aurions donné gratuitement naissance.
« Éloignons du trésor royal cette foule d'agioteurs qui sucent le sang des
« peuples; sauvons l'État par nos sacrifices, sans ottenser nos principes par
« nos décrets. »
Cependant l'époque était arrivée où le Parlement de Toulouse suspendait
régulièrement ses travaux & nommait pour trois mois la chambre des vaca-
tions destinée à faire le service indispensable. Mais la veille du jour désigné
pour la formation de cette chamiMe, le conseil politique fut rassemblé à
l'hùtel de ville, & la municipalité proposa de solliciter la prorogation du Par-
lement. Une commission avait été chargée d'étudier cette question. Le capi-
toul Duroux qui fit le rapport, en présence du président de La Hage, des
conseillers Saint-Géry, &. Saint-Félix, du procureur général Rességuier Se
de l'avocat général Latresne, exposa que, si la ville de Toulouse échappait,
grâce au caractère doux & pacifique de ses habitants, à la contagion de trou-
bles, d'agitations Se de désordres déchaînés dans les provinces voisines, il
importait de répondre à la bonne volonté publique par un redoublement de
;iurveillance. » L'éclair, dit-il, est moins prompt que les commotions qu'on
« éprouve quelquefois d'une extrémité du royaume à l'autre; les méchants
« toujours en activité n'attendent que le moment favorable pour l'accomplis-
« sèment de leurs mauvais desseins. « La sagesse de l'Assemblée nationale 6c
du souverain avait recommandé aux populations de prendre les armes pour
leur propre sûreté; mais on voyait approcher avec inquiétude le temps où le
Parlement, prenant son repos traditionnel, allait laisser la ville, dépourvue
de ses principaux appuis, exposée à toutes les calamités. I/orateur ne manque
point de rappeler que l'industrie St les ressources du peuple allaient être sus-
-pendues par l'absence des familles dont les dépenses contribuaient le plus
à la prospérité générale & conclut à la nécessité de la-prorogation. Le Parle-
^nent avait pris ce parti dans des circonstances bien moins graves. Il le ferait
sans doute, s'il en était jirié au nom de la patrie. « Il le fera, poursuivit
c le capitoul, si nous le supplions de considérer que c'est dans son autorité
" que réside notre principale confiance; que les magistrats populaires ne
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION, iSgS
« marchent avec sûreté qu'autant qu'ils sont éclairés de son flambeau, 5c que
« c'est du concours S< de la réunion des pouvoirs que résulte la force". »
L'exagération de ce langage ne permettait point de douter que le Parle-
ment n'eût organisé lui-même cette mise en scène & commandé les suppli-
cations.
Les trois commissions réunies s'étant déclarées unanimes, les capitouls
allèrent déposer entre les mains du premier président une copie de la déli-
bération.
Le lendeinain, le président de Sapte rendit compte de la démarche des
capitouls, le premier président s'excusant d'entrer à la cour pour cause de
santé.
Lecture faite du procès verbal de l'hôtel de ville, on arrêta que les motifs
de patriotisme & de surveillance publique, énoncés dans la délibération,
exigeaient les plus grands sacrifices; que celui de l'usage ordinaire des
vacances était le moindre que les magistrats pussent faire à leurs concitoyens,
lorsqu'ils les retenaient en quelque sorte dans leurs fonctions par un cri de
confiance; que dans le nombre immense d'exemples que les registres du Par-
lement fournissaient d'âge en âge &c dans chaque siècle, de prorogations
motivées, il n'en était peut-être pas dont les motifs fussent aussi puissants
par les circonstances générales &c par la nature des sentiments qui l'auraient
provoquée; qu'en conséquence il n'y avait lieu de procéder à la formation de
la chambre des vacations pour l'année 1789, mais d'adhérer au vœu de la
ville touchant la prorogation de séance.
L'arrêt, visant la délibération du 9 septembre & le vœu des trois commis-
sions réunies, « pour prévenir les maux menaçans que, dans les circonstances
« présentes, une appréhension continuelle ne doit cesser d'envisager, » était
conçu dans les termes suivants :
« Considérant que, dans tous les cas, le salut de la chose publique est la
a suprême loi ;
« Que le vœu de la patrie, énoncé dans la susdite délibération, ne peut
« jamais être invoqué en vain;
« Que ce seroit à la fois trahir ce que les magistrats doivent au service du
« roi, à l'amour dp cette même patrie 8< aux sentimcns si chers qui les atta-
I' chent à leurs concito)ens, que de leur refuser leur service à quelque époque
(i qu'il soit réclamé;
« Qu'il ne peut, pour eux, y avoir de repos, tant qu'il reste quelque bien
.' a faire, & lorsque leur assistance est invoquée, ne fût-ce même que dans
(' x\nc fausse alarme;
« A ordonné Se ordonne, sous le bon plaisir du roi, & jusqu'à ce qu'autrc-
<■ ment il ait été statué, que la séance île ladite cour sera & demeurera pro-
" rogée pour aviser, le cas échéant, aux affaires publiques, & pour vaquer
" les différentes chambres aux jugement & expédition des affaires seulement
' Aichives de Toulouse. Livre Jcs Comcils, LU, p. 137,
1789
1789
i3()6 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« qui sont & appartiennent à la juridiction de la chambre des vacations, aux
« termes de la déclaration du roi du mois d'avril 1682, sauf le service de la
« chambre des requêtes 8c du souverain, auquel il n'est rien innové. »
Le procureur général fit afficher ce placard dans toutes les sénéchaussées
du ressort. C'était une manière de mettre l'épouvante à l'ordre du jour, 8c de
protester, par cette nouvelle usurpation politique, contre le dessein arrêté de
l'Assemblée nationale de confiner les corps judiciaires dans les fonctions de la
justice '.
N'oublions pas d'ajouter que le conseil politique dont la délibération fut
acceptée par la cour comme la voix de la patrie se composait de vingt per-
sonnes dont cinq dignitaires du Parlement, trois membres de l'aristocratie
parlementaire &c plusieurs gens de loi ou de barreau placés par état sous sa
dépendance.
Le 26 octobre, Lanjuinais dénonce à l'Assemblée nationale, outre divers
mouvements en Dauphiné 8>i en Bretagne, ime réunion de quatre-vingt-dix
nobles 8c de quatre-vingts parlementaires convoquée à Toulouse le 10 du même
mois. Les membres de cette manifestation engagent, dit-il, les autres ordres
à se rassembler « pour rendre à la religion son utile influence, à la justice sa
« force active, au roi son autorité légitime, osons le dire, sa liberté; 8< pour
« s'opposer à l'abolition des droits 8c franchises de la Province. » La déclara-
tion des gentilshommes languedociens a été imprimée 8c ne tend à rien moins
qu'à compromettre les plus clairs résultats obtenus par les Etals généraux.
Pour répondre à ces tentatives de réaction provinciale, l'Assemblée décrète
que nulle convocation ou assemblée par ordre ne pourra avoir lieu dans le
royaume 8c qu'il doit être sursis k toutes convocations d'états 8c de provinces
jusqu'à ce que l'Assemblée en ait déterminé les formes avec l'assentiment
du roi.
Dans la discussion relative aux biens du clergé, l'abbé Gouttes prit la
parole. Il avoua que les richesses avaient fait beaucoup de mal à la religion
en introduisant dans le corps ecclésiastique des sujets qui n'avaient d'autre
vocation que l'amour d'un bénéfice. « Ce sont elles, dit-il, qui ont mérité à
« l'Église les persécutions qu'elle a éprouvées 8c celles qu'elle éprouve encore;
« ce sont elles enfin qui ont étendu le mépris dû à quelques individus, sur
« tous les pasteurs sans distinction. »
Le député languedocien admettait donc que l'Etat fît de larges emprunts
aux biens d'église, mais il souhaitait que les pasteurs jouissent d'un revenu
en biens-fonds, afin de ne pas s'exposer aux chances que pourrait courir le
culte, s'ils étaient payés par le fisc. En vue de détruire les mauvaises impres-
sions causées dans le peuple par la vie mondaine de certains bénéficiers, il
voulait faire donner l'ordre de quitter Paris sur-le-champ à tous les membres
du clergé qui n'y étaient pas retenus par leur charge^.
' Arcliives de Toulouse. Premier recueil d'imprl- 'Galette nationale, 1789, p. 3oc Séance du
mis, p. 1 ji. '^ 3 octobre.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. iSçy
Le comité de constitution, en étudiant les moyens d'établir le système
repiésentatit sur une base territoriale uniforme Se régulière,, n'avait pu s'em-
pêcher d'être frappé des imperfections & des inégalités choquantes qu'ofhait
la division de la France en bailliages & sénéchaussées. C'est ainsi que l'on
fut amené à chercher de nouvelles circonscriptions. La pensée de partager le
pays en carrés géométriques ayant été écartée comme inconciliable avec les
conditions topographiques 8t les intérêts si compliqués des populations, on
s'arrêta à fractionner les provinces en parties à peu près équivalentes.
L'abbé Gouttes plaida le maintien de l'unité provinciale. Il fit valoir que
le Languedoc avait ses dettes particulières, supportées les unes par le corps
entier, les autres par les trois grandes sénéchaussées, les diocèses 8< les com-
munes, 8c que la division du territoire jetterait le plus grand embarras dans
ces opérations.
De son côté, Rabaut de Saint-Étienne combattit le projet d'organiser
isolément les municipalités qui pourraient, dit-il, se former en autant de
petites républiques.
Le baron de Jessé parla contre les remaniements territoriaux. Il prétendit
que l'application du nouveau système de divisions proposé serait longue &
difficile, & que l'organisation des pouvoirs locaux était plus pressante. 11
croyait malaisé de vaincre le sentiment « qui attachoit l'habitant des pro-
« vinces autant au nom de son sol qu'au sol même. » C'était, disait-on, un
moyen de fondre les esprits. Mais ne valait-il pas mieux différer cette expé-
rience jusqu'au moment où le corps politique aurait assez de santé & de force
pour supporter cette opération? L'orateur concluait k la conservation de la
division par provinces & à l'organisation provisoire des municipalités'.
L'Assemblée nationale arrêta de partager le royaume, tant pour la repré-
sentation que pour l'administration, en quatre-vingt-trois grandes parties qui
porteraient le nom de départements, usité depuis longtemps dans le langage
officiel de la monarchie, 8< qui mesureraient en moyenne trois cent quatre-
vingts lieues carrées chacune, de diviser chaque département en districts &
chaque district en cantons de quatre lieues carrées.
Le marquis de Vaudreuil déclara, le 4 novembre, qu'il était chargé par la
province de Languedoc de demander, pour le cas où elle serait divisée en
plusieurs parties, l'autorisation de réunir ces divisions en une seule assem-
blée, suivant l'ancien régime. Plusieurs cahiers contenaient, en effet, le vœu
formel que l'unité provinciale fût conservée, & si aucune raison valable ne
pouvait faire désirer le maintien de la division intérieure du Languedoc en
diocèses, circonscriptions arbitraires, œuvre du caprice des papes, on espérait
du moins perpétuer le majestueux ensemble d'une province qui valait à elle
seule un petit Etat. Mais cette considération même désignait la Province k b
destruction, l'Assemblée ne voulant pas que le pouvoir national fût jamais
tenu en échec par des pouvoirs particularistes trop solidement établis. D'ail-
' Scartce du 15 octobre 1785.
1789
~ 1898 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
leurs, il faut reconnaître que la province de Languedoc était mal formée.
Le hasard des acquisitions féodales faites par les comtes de Toulouse l'avait
démesurément agrandie dans la vallée du Rhône, tandis (|u'au contraire
les guerres anglaises 8t les apanages royaux lui avaient enlevé, du côté de
l'ouest, certaines dépendances indispensables. L'attribution du Rouergue à la
Guienne coupait le Languedoc en deux, formant un étranglement bizarre
entre les montagnes 8c la mer. A la différence de la Bretagne, de la Nor-
mandie, de l'Auvergne, de l'Alsace qui n'ont pas cessé de former des régions
naturelles & qui survivront à toutes les péripéties administratives, le Lan-
guedoc n'était qu'une résultante artificielle de faits de guerre ou de faveurs
de cour. Ajoutons que l'organisation judiciaire, plus rationnelle, n'en tenait
pas de compte & débordait à l'ouest &. au nord de façon à comprendre toute
la haute Guienne; que la division en provinces ecclésiastiques n'y répondait
pas exactement, que les créateurs des circonscriptions forestières ne s'étaient
nullement considérés comme obligés au respect d'un cadre peu conforme aux
intérêts du service, 8c nous aurons aisément fait justice de toutes les décla-
mations qui ont été répétées sur la prétendue violation des droits historiques
du pays. Les circonscriptions territoriales n'étaient pas plus sacrées en 1789
qu'au treizième, au quatorzième, au quinzième, au dix-septième siècles, à
toutes les époques, en un mot, où des raisons d'utilité plus ou moins générale
avaient fait modifier les conditions antérieures. L'esprit de parti s'empara de
la circonstance avec ses exagérations habituelles; mais l'histoire impartiale
ne saurait adopter un jugement dont les motifs sont erronés.
Le 1 1 novembre, tandis que l'on débattait les détails de l'organisation pro-
jetée, Ramel-Nogaret, député de la sénéchaussée de Carcassonne, proposa de
conserver la division en provinces, dont chacune aurait eu son assemblée
particulière. On aurait divisé les provinces en districts 8c constitué une muni-
cipalité dans chaque ville ou village. Les députés des municipalités pouvaient
former ainsi les assemblées de districts, 8c ceux des districts les assemblées
nationales 8c provinciales. L'orateur pensait concilier par cette combinaison
les avantages du projet du comité 8c ceux du système de Mirabeau, sans en
reproduire les inconvénients.
Il présenta ensuite un tableau détaillé des institutions provinciales de Lan-
guedoc, en exprimant l'espoir que malgré les vices de cette administration, il
serait possible d'y faire d'utiles emprunts.
Alors Rabaut de Saint-Etienne se leva 8c déclara, au nom d'une partie de
Ja députation du Languedoc, Se notamment de la sénéchaussée de Nimes,
dont les membres, suivant le vœu de leur cahier, se regardaient comme
députés de tous les Français, qu'elle consentait Se adhérait d'avance à la
division qui serait adoptée par l'Assemblée.
Des protestations analogues, occasionnées surtout par les démarches hostiles
des parlementaires toulousains, étaient déjà venues à l'Assemblée nationale
de Nimes, de Béziers, de Pézénas, de Narbonne Se de plusieurs autres points
du Languedoc.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1899
Le 12 novembre, Rahaut de Saint-Etienne rendit compte de l'état du tra-
vail fait par le comité pour la division du royaume. Quarante départements
étaient déjà établis : les députés des autres provinces communiquaient chaque
jour leurs observations, & l'on comptait que, dans peu de temps, la distribu-
tion de tous les départements serait achevée.
Le même orateur présenta, le g décembre, un nouveau rapport conte-
nant l'état du travail de répartition géographique. Le comité se trouvait
retardé par l'embarras des rivalités de villes qui se disputaient l'avantage
d'être choisies pour chefs-lieux. Dans un très-grand nombre de municipalités,
il avait été nommé des députations avec mandat de faire valoir leurs titres
auprès de l'Assemblée nationale. Ces rivalités n'étaient point nouvelles. Dans
la seiile province de Languedoc, 81 pour le mince privilège d'envoyer un
consul auK Etats, il ne se passait guère d'année qui ne vît des contestations
de ville à ville. Ces querelles de clocher, qui s'étaient produites à l'occasion
de toutes les créations de sièges judiciaires 8c de tous les remaniements territo-
riaux, se réveillèrent avec une extrême vivacité au moment de la constitution
des départements. Avec des données de statistique précise & une étude com-
plète des conditions topographiques, il était relativement aisé de taire justice
des prétentions déplacées.
Le député de la sénéchaussée de Nimes proposait, pour concilier les intérêts
opposés, d'emprunter aux Etats de Languedoc l'usage des places tournelies Se
de laisser alternativement le rôle de chef-lieu aux diverses villes d'un même
départeinent qui, par leur importance équivalente, pouvaient mériter de l'ob-
tenir. Il indiquait aussi un mode de compensation dans la distinction possible
des chefs-lieux administratifs, ecclésiastiques 6< judiciaires.
Les deux motions de Rabaut furent acceptées par l'Assemblée dans la forme
cuivante :
« Tous les établissemens à faire dans un département ne seront pas néccs-
« sairement dans un même lieu.
« Les administrations de département pourront circuler dans les villes qui
« seront désignées '. »
L'année s'acheva sans que l'opération fut entièrement terminée. Diverses
manifestations contradictoires s'étaient produites dans la Province. Les pro-
testations rédigées par un groupe de nobles 8c de gens d'église de Toulouse,
sous l'inspiration du Parlement, furent désavouées par une réunion de com-
missaires des légions de la garde nationale, rassemblés à l'hôtel de la Bourse
sous la présidence du major-général Douziech. Les compagnies de grenadiers
8< chasseurs de la Daurade 8c de Saint-Nicolas avaient pris l'initiative de
cette démonstration. Il y fut rédigé une réfutation en règle de trois écrits que
l'on avait répandus à Toulouse pour soulever l'opinion, 8c qui étaient inti-
tulés : Déclaration de l'ordre de la noblesse de la sénéchaussée de Toulouse :
déclaration du clergé de la ville; droit des pasteurs sur les dîmes.
' Gaie te nationale, 1789, p. 444.
1789
.78p
1790
1400 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
L'assemblée des gaules urbaines déclara ces actes « contraires aux droit"
« de la nation, attentatoires à l'autorité de l'Assemblée nationale 8c injurieux
CI à la personne du roi. »
Elle condamnait spécialement l'opposition faite à la suppression des privi-
lèges de la Province & à la division nouvelle du royaume, qualifiant cette
opposition d'insurrection anticipée contre un décret qui ne pouvait contrarier
en rien l'intérêt commun, du moment que les privilèges des provinces étaient
abolis.
Des adresses conçues dans le même sens furent envoyées à Nos Seigneurs
de l'Assemblée nationale, au roi 8<. à la commune de Paris'.
En Vivarais, il se fit de grandes fédérations de communes avec celles du
Daupliiné & de la Provence, fêtant la cbute des anciennes barrières. On
compta, dans une de ces réunions, plus de vingt-sept mille hommes en armes,
qui applaudissaient à la suppression des douanes provinciales & à la libre
circulation entre les diverses parties du royaume. Ces miliciens prêtèrent à
à l'envi un serment dont la formule était :
« Nous, François, jurons à Dieu 8<. à la patrie de veiller jusqu'à la mort à
n l'exécution des décrets de l'Assemblée nationale. »
Dans la séance du vendredi 8 janvier 1790, Bureau de Puzy annonça que
le tracé des départements se trouvait à peu près terminé, sauf un petit nombre
de difficultés de détail. Le lendemain, on arrêta que les députés de chaque
département seraient tenus de se procurer deux exemplaires de la topographie
de leur territoire, composée d'après la carte de Cassini, dont l'un resterait aux
archives de l'Assemblée nationale, & l'autre à celles du chef-lieu.
Enfin, le i5 janvier, après avoir écouté les députés des diverses provinces,
& sur le rapport du comité de constitution, l'Assemblée décréta que la France
serait divisée en quatre-vingt-trois départements.
Le Languedoc devait en former sept & le Vêlai un. Quelques portions du
sol de la Province étaient aussi attribuées aux deux départements com])osés
du Pvoussillon, du Couserans, du Nébouzan 8t du pays de Foix.
On passa ensuite à la discussion de chacune des nouvelles circonscriptions.
Le département maritime du bas Languedoc fut voté le 22 janvier St com-
posé du territoire intégral des trois diocèses de Béziers, de Lodève & d'Agde,
de la presque totalité du diocèse de Montpellier 8c du diocèse de Saint-Pons,
d'une pointe des trois diocèses de Narbonne, de Nimes 5c de Castres.
Cette circonscription, bornée à l'ouest par le Vidourle, au nord par la ligne
de partage des eaux entre l'Océan 8c la Méditerranée, enclavait les bassins
du Lez, de l'Hérault &c de l'Orb, Se une faible portion des bassins de l'Aude
8c de l'Agout. Elle fut divisée en quatre districts, ayant pour chefs-lieux
Montpellier, Béziers, Lodève Se Saint-Pons-. Le siège de l'intendance était
chef-lieu du département.
' On en trouvera le texte au Moniteur du 8 dé- Rcstincllcres, Liincl-ln-ViUe, MassilKirgrc<, Ma»-
ccinbre 1789. gtiio, Montpellier, Frontignnn, Cette, Pousran,
' Voici le détail des districts : i. Canges, Claret, Pignan, Saint George d'Orque, les Ma tel les, Saint-
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1401
Le 23 janvier, l'assemblée décréta la formation du département de Tou-
louse, composé de la partie occidentale de la Province. De toutes les circons-
criptions découpées par le nouveau régime dans le territoire de Languedoc,
ce fut celle où l'on s'écarta le plus des tracés anciens 8c où les limites provin-
ciales furent le plus sensiblement dépassées. 11 faut avouer du reste que ces
innovations n'étaient pour la plupart qu'une restitution historique, 8c que
les traditions d'un passé déjà lointain s'accordaient pour les prescrire avec les
inspirations du bon sens.
Depuis le quinzième siècle, par suite des modifications que les événe-
ments politiques avaient amenées dans les divisions du pays, Toulouse se
trouvait dans cette situation singulière de commander à une vaste province,
qui du côté de l'orient s'étendait à plus de soixante lieues, 8c de n'avoir pas
plus de trois lieues de territoire dans sa dépendance administrative du côté
de l'ouest, puisque les pyramides bornales de la Guienne s'élevaient, sur
la route de Muret, en face du village de Roques. Il est vrai de dire que
le ressort judiciaire, moins mobile de son essence 8c mieux défendu par
les privilèges du Parlement, n'avait pas subi les mômes atteintes, 8c s'éten-
dant au loin en pleine Gascogne 8c jusqu'au pied même des Pyrénées, y
avait assuré depuis longtemps le rayonnement de Toulouse 8c noué ces
relations d'habitude qui rattachent des populations de plaideurs au siège
d'une cour supérieure. Mais la Province n'en avait pas moins perdu de vastes
8c fertiles territoires au temps où le roi Louis XI, voulant arrondir un apa-
nage de Guienne, y avait brusquement annexé toute la rive gauche de la
Garonne.
A la première nouvelle des transformations qui se préparaient dans la géo-
graphie administrative de la France, la municipalité de Toulouse s'était
émue.
Cherchant à compenser selon ses moyens Se selon les temps la porte du
titre de capitale qu'annonçaient les dispositions des législateurs, elle rêvait
d'étendre le plus loin possible les limites de son département, englobant dans
ses convoitises l'Albigeois, le Castrais, le Lauragais tout entier, le pays de
Foix, le Comminges, le Nébouzan, l'Armagnac 8c la Lomagne, 8c de nom-
breux émissaires avaient parcouru la contrée, colportant de ville en ville leur
propagande, sollicitant l'adhésion des puissances communales, de Montréjeau
à Montauban, de Castelnaudary à Gimont, 8c allant quêter des suffrages
jusqu'au fond des gorges de Massât.
LiC comité de division n'admit pas ces prétentions dans leur intégrité, mais
ne s'y montra pas entièrement contraire 8c résolut d'accroître dans des pro-
portions notables le territoire occidental de la Province.
Martin de Londres, Castries. — 2. Le Ponjol, Bé- Aspiran, Clermont-LoJève, Octon, LoJève, Soutes,
darieux, Fontes, Montagnac, Mèze, Florensac, Snint-Jean de la Blaqiiière, Montpcyroiix, Saint-
Agde, Béziers, Capestang, CazouIs-lès-Béziers, Mur- André de Sangonis. — 4. Angles, la Salvetat d'An-
viel.Magalas, Roiijan, Pézénas, Servian. — 3. Lu- gles, Olargues, Cessenon , Saint-Chirïian , Cruzi,
na», Il Caylar, Aniane, Gignac, Saint-Pargoire, Olonzac, la Livinière, Saint-Pons.
1750
I790
1402 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La première addition, la plus naturellement indiquée ]iar la topographie
5c par l'histoire, fut la réintégration des deux anciens bailliages de Pvivière
S(. de Verdun qui faisaient partie du comté de Toulouse à la mort du comte
Alphonse & qui avaient été détachés de la Province par Louis XI. Depuis
cette époque, ces deux territoires qui n'avaient pas cessé, au point de vue
féodal 8<. judiciaire, d'appartenir à la sénéchaussée de Toulouse, formaient de
capricieuses saillies de Guienne en Languedoc, dont la pénétration & l'en-
chevêtrement bizarre apportaient seulement d'inutiles obstacles à la rapidité
du service '.
Au nord, on maintint au département, dans toute leur intégrité, les limites
mêmes de la Province du côté de Querci, c'est-à-dire depuis Saint-Gervais
aux confins de l'Albigeois, jusques au confluent du Tarn & de la Garonne
sous Saint-Nicolas de la Grave, une frontière presque entièrement naturelle,
empruntant tour à tour les lignes du Tescounet jusqu'à Bonrepaux, celle
du Tescou jusqu'à Montauban, & enfin la rive gauche du Tarn depuis la
Bastide Saint-Hilaire, en aval de Montauban, jusqu'à la pointe de Tarn 8c
Garonne. Cette frontière présentait à la fois une grande convenance topogra-
phique 8c une fidélité respectueuse aux souvenirs de l'histoire. Dans cette
partie de son cours, 8c surtout depuis qu'il a reçu le contingent des eaux de
l'Aveyron, le Tarn, bordé sur sa rive droite par une longue chaîne de col-
lines aux flancs abruptes, sépare, en effet, deux régions de nature bien dis-
tincte : au midi les ondulations légères 8c les plaines basses du pays toulou-
sain, leurs graviers étalés, leurs oseraies, leurs alignements de peupliers, au
nord les coteaux pierreux 8c tourmentés du Querci, ses pentes semées de
vignes, ses routes en lacet 8c ses bouquets de chênes, derniers vestiges des
austères forêts cadurques. Pendant des siècles aussi cette rivière aux eaux
rouges, creusée comme un fossé de forteresse au pied des escarpements qui
lui imposent les sinuosités de son cours, n'avait pas seulement séparé deux
provinces, mais deux patries; au delà commençait la terre anglaise, 8c com-
bien de combats ignorés 8c de luttes anonymes n'avaient pas ensanglanté cette
barrière, malgré le peu d'incertitude qu'elle semblait emprunter de la nature!
' Voici les noms des députés envoyés par la ma- Casties, Saint-P.iii! & Lavaiir; Lespinasse de Saune
nicipalité de Toulouse dans les villes voisines avec à Castanet, Monigiscard, Eazicgc, \'ilIenouTellc,
mission expresse de les n engager à se réunir au Villefranche de Lauragais, Avignonnet, Labasiide
département toulousain » (délibérations du 29 no* d'Anjou, Castelnaudary, Mirepoix, Saint-Papoul,
vembre & du 1°'' décembre 1789) ; Dombras, Pélis- Saint-Félix de Caraman, Saint-Julia, Sorèze, Puy
sier & Gilabert à Montauban (cinq jours). Vi- laurens, Auriac, Caraman, Lanta (dix jours),
gnolles à Verdun; Marrast à Massât (vingt-six Fabrc, lieutsnant en la maîtrtse des eaux &
jours). forêts à Lombsz, Samatan, l'isle en Dodon j Cas-
M. de Serrurier, procureur du roi en la mai- sning Se Carol dans le pays de Foix (douze jours);
'rise des eaux & forêts, à Montech, Bourret, Saint- Fédas & Caissel à Grenade, Lévignac, l'Isle-Jour-
Nicolas de la Grave, Verdun, le Mas-Grenierj dain, Gimont, Cologne, Mauvezin, Beaumont,
Decamps & Molinier à Albi, Gaillac, Cordes, Solomiac;
risie, Rabastens, Saint-Sulpice de la Pointe, Bu- Pinet & Moulin à Montréjeau, Galan, Bou-
zet & Villemur (neuf jours). logne'.
Pons Dévier, Benaben de Lagasse, feudiste, à ' Arcliivci de Toulouse.
r
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 140?)
Jusqu'en plein dix-huitième siècle, quatre cents ans après l'expulsion défini-
tive des Anglais, il avait encore survécu quelques vestiges des empiétements
à main armée qu'une longue habitude de guerre & des traditions de vio-
lences réciproques avaient pour ainsi dire acclimatés d'un bord à l'autre. Sous
Louis XVI même, Guienne & Languedoc se disputaient encore, non plus
avec la dague & l'épée, mais avec la plume des procureurs & des référendaires
au conseil du roi, quelques parcelles de territoire situées à gauche du Tarn,
dans la juridiction de Casteîsarrasin, entre le ruisseau d'Arone 8c les plateaux
historiqvies de Gandalou, Si comprenant les châteaux de la Valade, de
Labrouc, de Saint-Béarn, 8c le moulin du marquis de Saint-Alvère. La nou-
velle délimitation, en rétablissant nettement la ligne du Tarn, éteignit à
jamais cette querelle héréditaire dont MM. de Bernage, de Saint-Priest 8c de
Ballainvilliers s'étaient vainement transmis par délégation successive l'irréali-
salilc apaisement.
La partie la plus capricieuse des frontières de Languedoc dans la région
occidentale était sans contredit celle qui confinait au pays de Couserans Se
qui, depuis le grand démembrement de l'archevêché de Toulouse, apparte-
nait au diocèse de Rieux. Cette limite, largement indiquée par la nature au
confluent du Salât 8c de la Garonne, au point où s'élève comme une borne
gigantesque le promontoire de roches brûlées que dominent les ruines de
Roquefort, suivait d'abord avec une assez scrupuleuse exactitude, à travers les
hauteurs boisées de Citas, de La Serre, de Mauvezin, la ligne de partage des
eaux entre le bassin du Salât Se celui de l'Arise, puis, arrivée aux confins
du bassin de l'Ariége, elle projetait en saillie une sorte de losange irrégulier,
englobant le consulat de Rimont 8c les terres de l'abbaye de Combelongue,
pour remonter ensuite vers le nord-est, traverser la belle vallée de l'Arise en
amont du Mas-d'Azil, atteindre les sources de la Lèze, 8c suivre à grande
distance par les hauteurs le cours de l'Ariége dont elle allait atteindre le
bord en aval du Vernet de Crieu. Tout au sud, à droite 8c à gauche de la
saillie de Rimont, flottaient, noyées en plein Couserans, deux véritables îles
languedociennes, conséquence inexpliquée d'ancienne organisation féodale,
entièrement détachées du continent de la Province, 8c renfermant, l'une à
l'ouest, les trois consulats de Lara, de Montjoy 8< de Baliar, l'autre à l'est,
ceux de Larbont, de Nescus 8c d'Alzein. Pour aller dans ces deux enclaves,
l'ap-ent languedocien devait forcément passer en Guienne. C'était la contre-
partie du comté de Caraman, îlot aquitain si longtemps conservé au cœur
même du Languedoc.
En présence de pareilles étrangetés que les exigences d'une administration
simple 8c logique ne pouvaient tolérer, le comité de division se trouva plus
libre Se n'hésita point à s'écarter des tracés anciens en ce qu'ils avaient d'in-
commode Se d'irrationnel. Le département de Toulouse fut donc composé
du diocèse métropolitain Se d'une portion des diocèses de Montauban, de
Lomhez, de Ricux Se de Comminges, avec quelques parcelles des diocèses
de Mirepoix, de Saint-Papoul 8c de Lavaur.
1790
1790
1404 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
La forme générale qu'on lui donna était imposée par le cours de la Garonne,
dont il occupait les deux rives, depuis le Pont-du-R.oi, sur la frontière d'Es-
pagne, jusques au confluent du Tarn. Il avait été question d'y annexer aussi
le comté de Foix, dont Toulouse a toujours été le débouché nécessaire; mais
les habitants de ce petit pays, animés d'un esprit local très-intense, parvinrent
à faire maintenir leur isolement.
L'Assemblée nationale divisa le département de Toulouse en huit districts,
ayant pour chefs-lieux Toulouse, Muret, Rieux, Saint-Gaudcns, Villefranche,
Grenade, Revel & Castelsarrasin '.
Création, comme tant d'autres, du pape Jean XXII, le diocèse de Mirepoix
n'était qu'un démembrement de celui de Toulouse, dont il reproduisait les
limites extrêmes du coté de l'est, sur les confins du diocèse de Narbonne. Du
côté de l'occident, où les influences féodales Si l'ambition des comtes de Foix
avaient profondément modifié les traditions antérieures, la ligne de démarca-
tion, quittant l'Ariége en amont de la ferme d'Artenac, une des dépendances
de l'abbaye de Boulbonne dans le triangle riant & fertile que découpe le
confluent du grand Hers, éprouvait des oscillations assez arbitraires à travers
la plaine caillouteuse de Crieu, émettant une saillie sur Villeneuve-du-
Paréage, au sud de la butte de Montaut, Se courait d'une façon fort capri-
cieuse, à travers montagnes S<. vallées, jusqu'au fameux lac de Tabe, & à ces
hauteurs légendaires, célèbres dans les superstitions méridionales, qui com-
mandent les sources du grand Hers. Mais, à partir de la croix divisoire des
trois diocèses (Alet, Pamiers, Mirepoix), elle empruntait, presque sans aucun
écart, des limites naturelles qui n'étaient autres que la ligne de partage des
eaux entre le versant de l'Océan Si celui de la Méditerranée, courant de hau-
teurs en hauteurs & enfermant dans ses contours les bassins du grand Hers,
de la Vixiége Si de l'Hers-Mort. La presque totalité de ce territoire fut attri-
buée au département de Foix, voté le 27 janvier. Si divisé en trois districts :
Saint-Girons, Mirepoix 81 Tarascon.
Deux jours après, l'Assemblée créa les départements de Carcassonne Si du
Vêlai. Le premier fut formé du diocèse de Carcassonne, de la plus grande
partie du diocèse de Narbonne, depuis les bouches de l'Aude jusqu'à l'étang
de Leucatej de la plus grande partie du diocèse d'Alet 81 d'une portion des
diocèses de Saint-Papoul Si de Mirepoix. Il comprit le bassin de l'Aude à
peu près entier 81 une partie du bassin du grand Hers.
' I. Saint-Nicolas de la Grave, Verdiiii-siir-Ca- S. Baziége, Villefranche, Avignonet, Nailloiiv,
ronne, Grenade, Cadours, Beaumont de Lomogne, Montesquieu, Montgiscard, Saint-Lys, Muret,
Lavit. Aiiterive, Cintegabelle, Noé, Rieumes, l'Herm.
2. Castelsarrasin, SaintPorqiiicr, Montech, Vil- 7 Foiisseret, Carbonne, Saint-Sulpice de Lcznt,
lebrumier, GrizoUes. Gnillac, Rieux, Montesquieu de Volvettre, Ca-
3. CasteInau-d'Estrétefons, Villemur, Montas- zères.
fruc, Verfeil, Toulouse, Castanet, Léguevin, Lévi- 8. L'Isle-en-Dodon, Aurignac, Saint-Martory,
gnac, Blagnac, Bruguières. Salies, Aspet, Saint-Beat, Eagnères-de-Luchon,
4. Lanta, Caraman, Saint-Félix de Caraman, Saint-Bertrand de Comminges, Monlréjeau, Bou-
Revel. Itigne, Saint-Gaudens.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1400
l/Assemblée divisa ce département en six districts : Castelnaudary, Car-
cassonne, Marbonne, La Grasse, Limoux & Quillan.
Le département de Vêlai occupa l'Assemblée nationale pendant deux
séances, celle du mardi a6 & du vendredi 29 janvier, à cause des contesta-
tions qui s'étaient élevées, tant pour les limites extérieures de la nouvelle
circonscription que pour sa division en districts & pour l'établissement des
divers chefs-lieux.
Le plan du comité souleva surtout les réclamations du Vêlai. Il y avait au
nord du pays trois paroisses dont la possession était depuis longtemps contestée
par le Forez. M. Riclion, député de Vêlai, parla pour son département. 11
prétendit que la superficie en serait insuffisante si l'on n'y réunissait les lieux
en litige. Il fit voir que les trois paroisses disputées ne se trouvaient qu'à
deux lieues du centre d'un district de Vêlai, & à six ou sept lieues du centre
du département, tandis que le centre du district de Lyonnais le plus voisin
en était éloigné de sept lieues, 8c le chef-lieu du département de quinze. Il
affirma, d'ailleurs, que le vœu des paroisses en litige était favorable au Vêlai.
Un autre député, M. Chasset, essaya de faire ressortir l'importance des
aspirations locales, &c, se fondant sur une raison qui ne pouvait obtenir grande
faveur au moment où l'Assemblée préparait le renversement radical de l'ancien
système judiciaire de la France, il voulut démontrer combien on rencontre-
rait d'inconvénients à contrarier le désir de populations accoutumées à vivre
sous une jurisprudence très-différente de celle du pays qui les réclamait.
L'Assemblée adopta l'avis du comité, en décrétant que la ligne de démarca-
tion entre le département de Vêlai &. celui de Lyon laisserait dans le premier
toutes les paroisses au sud d'une ligne qui embrasse Saint-Pol de Chalençon
8c Saint-Just en Vêlai, en observant que le Vêlai conserverait tout ce qui lui
appartenait précédemment.
Du côté de Vivarais, on donna une extension rationnelle à l'ancien tracé
en attribuant au Vêlai toutes les paroisses situées à l'ouest de Coucouron, la
Vilate &c l'Espérou, ainsi que celles de Chanderolles, Fay-le-Froid 8c les
Vastres, conformément au vœu formel qu'elles avaient exprimé.
Du côté de l'Auvergne, les innovations furent beaucoup plus sensibles.
Cette partie de la frontière languedocienne avait donné lieu à de très-lon-
gues contestations. L'absence de limites naturelles 8c le caractère du pays
creusé en tout sens de vallées profondes 8c de montagnes enchevêtrées, dans
la région qui s'étend du Gévaudan au Forez, entre l'Allier 8c la Loire, sem-
blaient avoir conspiré avec les rivalités locales pour produire 8c pour éterniser
les difficultés. De larges emprunts faits au territoire d'Auvergne permirent
d'étouffer le souvenir de ces querelles 8c de faire disparaître ces disproportions
trop marquées dans l'étendue des circonscriptions administratives, dont l'effa-
cement était particulièrement désiré par les réformateurs du royaume.
Du côté de Gévaudan, où le cours de l'Allier formait une limite naturelle
depuis Saint-Etienne du Vigan jus([u'à Sainte-Marie des Chazes, il ne fut
rien innové.
.' 199
1406 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC 0
Quand il s'agit d'établir la subdivision intérieure, les émulations de clocher
se multiplièrent. Ce n'est pas en vain que le pays s'était façonné pendant des
siècles à voir baronnies £<. consulats envoyer tour à tour, suivant l'évolution
d'une roue traditionnelle, leurs représentants aux États de la Province ou
aux assemblées diocésaines, qui, par un privilège d'exception, commun au
pays de Gévaudan, à l'Albigeois & au Vivarais, portaient le nom d'États par-
ticuliers du pays de Vêlai. Nombre de villes, où l'usage séculaire ramenait à
périodes fixes le siège des' assemblées diocésaines, prèteildirent au rang de
chefs-lieux.
L'assemblée nationale résolut de former seulement trois districts, dont les
chefs-lieux seraient le Puy, maintenu à la tête du département, Brioude S<.
Issingeaux. Toutefois, d'après les termes du décret, la désignation de cette
dernière ville n'était faite qu'à titre provisoire, Monistrol lui disputant la
prééminence.
Tout le pays était, en outre, partagé en trente-deux cantons, dont neuf
pour le district de Brioude, sept pour celui d'Issingeaux, S<. seize pour celui
du Puy'.
Le 3 février, on décréta le département de Nimes, qui fut composé de la
presqtxe totalité des diocèses d'Alais, de Nimes 6c d'Uzès, 5t qui conserva à
l'est l'ancienne hontière de L,angucdoc le long du Rhône, depuis Pont-Saint-
Esprit jusqu'à Aigues-mortes, 8t au nord-ouest une partie de la frontière du
Gévaudan. Le tracé quelque peu bizarre de cette circonscription, du côté de
l'ouest, marque une sorte de fidélité superstitieuse aux traditions de la géo-
graphie diocésaine.
Le département de Nimes, enclavant, outre les bassins du Cèze & des Gar-
dons, affluents du Rhône, celui du Vidourle, ainsi que l'Hérault supérieur,
fut divisé en huit districts : Pont-Saint-Esprit, Beaucaire, Uzès, Nimes, Som-
mières, Saint-Hippolyte, Alais & le Vigan. Le chef-lieu devait alterner entre
les trois villes d'Uzès, d'Alais & de Nimes, & les électeurs départementaux
demeuraient en possession de décider si l'alternance avait lieu d'être établie
entre quelques chefs-lieux de districts^.
' I. Letnpde, Auzon, la Chaise-Dieu, Paulhà- Alais, Vezenobre, Lédignaii, AnduEC, Saint-Jean
guet, Langeac, la Voûte, Saint-Ilpize, Blesie, de Gardonenque, Salles, Alais.
Brioude. 4. Barjac, Cornillon," Pont-Saint-Esprit, B.i-
2. Saint-Pol de Clialençon, Bas-en-Bnsset, Mo- gnols, Roquemaure.
nistrol, Saint-Didier, Montfaucon, Tence, Yssiii- 5. Beaucaire, Villeneuve-lès-Avignon .Araraon,
geaux. Moiitfrin.
3. . Craponne, Roche -en - Relgner, Rozières, 6. Nimes, Marguerittes, Manduel, Saint-Gilles-
Saint-Julien de Chapteuil, Fay-le-Froid , Mo- les-Boucheries, Aigues-mortes, Ayraargues, MilKiu,
nastier, Goudet, Pradelles, Cayres, Saugues, Saint- \'auvert.
Privât, Loude, Alègre, Saint-Paulien, le Puy, 7. Quissac, Saint-Mamet, Calvisson, Aiguesvi-
Polignac. vcs,,Soiniiiières.
' I. Trêves, Valleraugae, Sumène, Saint-Lau- 8. Rivière de Theyrargue, Lussan, Cavillargues,
rent, Alzon, Aulas, le Vigan. Connaux, Remoulins, Blnnzac, Saint-Genics de
2. Saint-André de Valborgne, la Salle, Mono- M.ilgoires, Boucoiran, Saint-Chaptes, Saint-
blet, Sauve, Saint-Hippolyte. Maurice Ae Caze-Vieille, Navacelle, Mpiitaren,
3. Genolhac, Saint-Aiiibroix, Saint-Alban-lcs- Saint-Quentin, Uzès.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1407
L/CS deux départements du Gévaudan & de l'Albigeois furent décrétés dans
la séance du 5 février.
Le Gévaudan formait du côté du nord-ouest la frontière même de la Pro-
vince; mais bien que la politique 8c plusieurs siècles d'existence commune
l'eussent confondu avec les autres diocèses dans la grande unité languedo-
cienne, il affectait de conserver une vie à part dont son isolement naturel 8^
ses conditions topôgraphiques rendaient la conservation plus facile, 8<. qui,
du reste, s'afhrmait surtout par des usages extérieurs, 8c par des formules; les
assemblées diocésaines y prenaient le titre d'Etats de Gévaudan, 8c la tra-
dition féodale s'y était encore assez rigoureusement maintenue, à l'état de
république aristocratique, pour que cbacun des douze barons en qui se per-
sonnifiait la représentation nobiliaire de la contrée, siégeât seulement chaque
douze ans aux Etats de Languedoc, les événements 8c les alliances de famille
n'y ayant pas opéré la même concentration de pouvoirs que dans les pays de
plaines.
Dans une grande partie de son périmètre, le diocèse de Mende avait des
limites naturelles. A l'est, sur les confins du Vivarais 8c du Vêlai, c'était
l'Allier qui depuis le village de la Bastide, à moins de cinq mille toises des
hautes cimes originelles, jusqu'à la Garde, au nord de Saugues, marquait de
son cours encaissé 8c sinueux la frontière de Gévaudan; à l'ouest, la rivière
de Besse, les crêtes sauvages de l'Aubrac 8c du Maillebiau, puis cette grande
courbe de montagnes qui encadrent le bassin du Tarn dont elles viennent
rétrécir la vallée, séparaient le pays de l'Auvergne 8c du Rouergue,
Au midi, le comité de division eut à cœur de réparer diverses distractions
de territoires en rattachant au Gévaudan la partie supérieure du bassin de la
Jonte dont Meyrueis occupe le fond.
Les petits centres locaux étaient si nomI)reux 8c les anciennes villes maî-
tresses, longtemps honorées du retour périodique des Etats de Gévaudan,
mettaient tant d'âpreté à défendre leurs privilèges, que malgré la pauvreté
du sol, la maigreur des cultures 8c le peu d'importance des intérêts engagés,
l'Assemblée nationale ne sut pas se défendre d'une sorte de respect pour
toutes ces grandeurs municipales, 8c divisa le territoire en sept districts entre
lesquels se répartissaient cinquante-deux cantons.
Les districts étaient, à l'ouest de la Margeride, Malzieu, Saint-Chély &c
Marvéjols; à l'est, Langogne; entre la Margeride 8c la Lozère, Mende; Florac
8c Meyrueis dans les contre-forts des Cévennes; Villefort, dans la partie du
bassin de l'Ardèche qui avait été distraite du diocèse d'Uzès'.
' Voici le détail de U première division en dis- 3. Chasserades, Saint-Jean de Chazorne, Villc-
tricls & en cantons. fort, Alticr, Saint-Andéol de Clerguemort, le Col-
1. Blavigiiac, Malzieu, Saint-AIban, Serverette, let-de-Dèzes.
Anmont, Brion, Fournels, Saint-Chély. 4. Hispanhac, Pont-de-Montvert , Cassagnas,
2. Laval, Auroux, Langogne, Luc, Château- Snint-Germain de Calberte, Saint-Étienne de
neuf de Uanlon, Saint-Je.in-la-FouiUouze, Grand- Valfrancesque, le Pompidou, Barre, Vébron, Flo-
rieux. rac.
i7po
i7po
1408 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Quant au chef-lieu du département, l'Assemblée nationale laissa la ques-
tion indécise entre les deux villes dont la rivalité lui parut la plus sérieuse,
Si résolut que l'assemblée du département alternerait entre Mende, la ville
épiscopale, 81 Marvéjols, la ville industrielle, en assurant toutefois la priorité
à Mende. Ce fut aux électeurs à déterminer si le chef-lieu devait être fixé
définitivement dans l'une ou l'autre des deux places.
Le tracé du département de Toulouse marquait déjà les bornes de celui
d'Albigeois du côté de l'ouest; on lui conserva les limites de la Province vers
le Rouergue, c'est-à-dire la ligne de l'Aveyron, & l'on rendit à l'ancien dio-
cèse d'Albi la totalité de son territoire, antérieur à la création de l'évêché de
Castres, en y joignant le diocèse de Lavaur qui n'avait jamais appartenu à
l'Albigeois, n'étant qu'un démembrement moderne du diocèse de Toulouse.
Comme en Gévaudan, deux villes se disputaient surtout la prééminence;
l'une, Albi, faisait valoir ses souvenirs liistoriques, l'autorité du nom qu'elle
avait imposé au pays, son titre archiépiscopal, son imposante cathédrale, une
des merveilles du Midi, 81 les avantages d'une situation centrale qui lui per-
mettrait de rayonner plus facilement jusc[u'aux extrémités du territoire.
C'était la ville de la tradition Si des vieilles mœurs. Castres, au contraire,
cité protestante & laborieuse, ardemment éprise des innovations dont l'As-
semblée nationale espérait rajeunir la France, mettait en regard son activité,
sa population croissante, la prospérité de ses manufactures Se le développe-
ment de sa richesse. C'était la ville de la révolution S< de l'avenir.
Aussi les préférences de l'Assemblée inclinaient pour elle; mais comme les
réformateurs du royaume apportaient beaucoup de discrétion dans la décision
des questions locales, ils se contentèrent de décréter que la première assem-
blée de département se tiendrait à Castres 81 qu'elle prononcerait s'il y avait
lieu d'y établir définitivement le chef-lieu, ou s'il faudrait le faire alterner
dans les trois villes de Castres, de Lavaur S<. d'Albi, en ajant soin d'observer
que, dans le cas d'un chef-lieu unique, les villes déshéritées seraient dédom-
magées en participant aux nouveaux établissements.
En même temps, on divisa le territoire du département en cinq districts qui
furent ceux de Gaillac, Albi, Lacaune, Castres, Lavaur, 8< qui étaient
découpés eux-mêmes en quarante-huit cantons'.
Le 7 février, l'Assemblée termina la division de la Province en votant le
5. Saint-Georges de Lévezac, Saint-Pierre d'Fs- i. Montirat, Pampelonne', Valence en Albi-
tripiers, la Malenc, Saint-Hilaiie de la Piadc, geois, Réalmont, Lombers, >4/4i, Casteinaii de Bon-
Meyrueis. nafovix, Monestiers, Valdériès, Saint-Juéry,
6. Nasbinals, Prinsuéjols, Saint-Léger de Père, 3. Saint-Paul de Massuguiès , Saint-Pierre de
Marvéjols, Chirac, Saint-Germain du Teil, la Ca- Trévizy, la Tribale, Lacaune, Murât, Saint-Ger-
nourgiic, Saint-Martin-la-Capelle. vais, Brassac de Belfourtès.
7. Les Laubiès, Saint-Amans, Mende, Bagncls- 4. Lautrec, la Eessonié, Roquecourbe, Boissezon
les-Bains, Bleymard, Saint-Etienne de Valdonnès, d'Aumontel, Mazamet, Saint-Amand de V'althorct,
Sainte-Énimie, Chanac, Serviére. la Bruguière dit Dulac, Dourgne, Sorèze, Viel-
' I. Puicelsy,MilKars, Cordes, Cahiizac-sur-Vcre, mur. Castres.
la Basiide-Montfort, Cadalen, l'Isle, Rabnstens, 5. Saint-Sulpice de la Pointe, Briatexte, Grau-
Salvaignac, Castelnau de Monimirail, Cailiac. Ihct, Fiac, Puyl.r..teiis, Cuij-Toulza, iavaur.
LIV, V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1409
département de Vivarais. Du côté de l'est, elle lui conserva ses limites natu-
relles, cette belle barrière du Rhône qui, pendant des siècles, avait séparé la
terre française du fief de l'Empire 8<. le Languedoc du Dauphiné. Vers le nord,
du côté de Forez, on ne se montra pas moins fidèle aux frontières historiques,
& le département perpétua scrupuleusement la configuration de la Province.
La discussion du tracé renouvela dans cette direction une ancienne que-
relle dont le conseil du roi 8c les intendants de Languedoc s'étaient longtemps
préoccupés sans lui donner jamais de solution. Il s'agissait du territoire de
Bourg-Argental qui dépendait du Forez Se. avait 'été par suite compris dans
le projet du département de Lyonnais, mais dont le Vivarais,revendiquait la
possession. Bourg-Argental est situé dans la vallée supérieure de la petite
rivière de Deome qui longe Annonay, descendant au Rhône, & dont le
cours presque entier appartient au Vivarais. La question donna lieu à de
longs débats. Le comité de division, impressionné d'abord par les arguments
des députés de Vivarais, inclinait à leur attribuer par provision le pays con-
testé. M. de Saint-Martin qui était venu soutenir à la tribune, dans la séance
du i5 janvier, la prétention de ses collègues, l'appuyait de considérations
sérieuses : il faisait valoir d'abord le peu d'étendue accordée au département
de Vivarais dont la superficie totale n'excéderait pas deux cent quatre-vingts
lieues, tandis que celui de Lyonnais, où le Forez était compris, en comptait
près de quatre cents. 11 indiquait les raisons topographiques par où l'on pou-
vait justifier l'annexion, la direction des eaux de cette vallée sauvage qui, se
recueillant toutes dans le lit torrentueux de la Deome, montraient d'elles-
mêmes le chemin du Vivarais, Si d'autre part la masse imposante du mont
Pila qui s'élevait, comme une muraille infranchissable, entre Bourg-Argental
& Saint-Etienne, la charpente même du monde ayant jeté comme à plaisir
un obstacle inaccessible entre deux cantons que les hommes tentaient vaine-
ment de rapprocher. 11 ajoutait que les relations de commerce, & le vœu
presque unanime des habitants de Bourg-Argental, à l'exception des gens
d'affaires, concordaient pleinement avec les données topographiques. Trois
orateurs vinrent combattre cette doctrine. MM. de Rostaing, Landine &
Richard tentèrent de démontrer que les convenances générales 81 le vœu des
administrés, élément essentiel dans une contestation de cette nature, devaient
maintenir le territoire en litige dans le département de Lyonnais, 8c comme
l'un des trois orateurs, M. Richard, était précisément député de Bourg-
Argental, l'Assemblée crut devoir principalement tenir compte de ses avis 5c
confirmer, à titre provisoire, les résolutions du comité, sauf à laisser aux
habitants du canton la faculté de se réunir au Vivarais lorsqu'ils le jugeraient
à propos'. Celte hypothèse ne devait point se réaliser. On n'oublia point de
' Voici le texte du décret : visoirement au département du Lyonnois, Forez
« L'assemblée nationale décrète, d'après l'avis & Bcaiijolois, sauf la liberté pour les habiians de
du comiii de constitution, que le Bourg-Argental, ce canton de se réunir au Vivarais lorsqu'ils lo
toutes les paroisses & tous les lieux en dépen- jugeront à propos, u — Séance du lundi 25 ]nn-
d.int, faisant partie du Fonz, demeureront pto- viir 1790.
XIII. 8p
1790
179°
1410 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
réintégrer au Vivarais les quatre paroisses de Rochebloine, Colombier le
Jeune, Pailharès & Rozières qui, par une de ces étrangetés dont la géogra-
phie politique offrait tant d'exemples, formaient quatre enclaves du Forez.
La limite occidentale, qui était celle du Vêlai, ne présenta de difficultés
que sur un petit nombre de points. La nature n'y avait guère laissé de
chance aux contestations, au moins dans la région septentrionale, où la ligne
de faîte entre les deux grands bassins de la Loire & du Rhône formait elle-
même la division. C'est seulement au nord du mont Mezcn, dans la vallée
supérieure du Lignon, que la frontière diocésaine ottrait une infraction au
principe général. Les trois paroisses de Chandeyrolles, Fay le Froid 8c les
Vastres, étalées sur les pentes sauvages du Lignon & appartenant tout entières
au versant de la Loire, dépendaient néanmoins du Vivarais qui possédait aussi
une toute petite enclave, appelée la Chabanerie, à quelque distance de la rive
gauche du Lignon. Ces trois paroisses réclamèrent formellement & obtinrent
leur adjonction au Vêlai '.
Dans le bas Vivarais, au midi du mont Mezen, la ligne de partage des
eaux cessait de marquer la division diocésaine, 8< la frontière de Vêlai recu-
lait sensiblement vers l'ouest, abandonnant au Vivarais la vallée supérieure
de la Loire, tandis que le cours de l'Allier, depuis Saint-Clément jusqu'à la
Bastide, traçait la limite du Gévaudan. Dans cette direction, l'Assemblée
jugea convenable, pour mieux équilibrer les deux départements contigus,
d'ébrécher l'angle occidental du territoire de Vivarais, en lui enlevant toutes
les paroisses situées à l'ouest de l'Espéron, la Vilate & Coucouron, dans ce
massif de montagnes désolées qui séparent l'Allier de la Loire.
Du côté du midi, le diocèse de Viviers qui, a fourni presque seul tout le
territoire du département, s'agrandit de quelques emprunts faits au diocèse
d'Uzès & put rejoindre ainsi son ancienne enclave de Banne, F'rahic, Mal-
bosc 8c Coury. A partir des bois de Malbosc, le cours de l'Ardèche continua
de lui servir de bordure.
Quand il s'agit d'établir les divisions intérieures du nouveau Vivarais 8c
la subordination administrative des diverses villes, les prétentions Se les riva-
lités se multiplièrent comme en Vêlai. Comme en Vêlai, comme en Gévaudan,
on était en pays de baronnies tournelles, Se l'esprit de localité ardent 8c jaloux
qui avait soulevé tant de querelles de préséance dans les assemblées d'assiette,
ne semblait pas être près de s'éteindre. D'ailleurs, dans ce territoire divisé, de
communications difficiles, 8c où les rigueurs de la saison compliquent pen-
dant plusieurs mois l'âpreté des lieux 8c augmentent l'isolement, il n'existait
pas de villes dont l'importance justifiât aisément la suprématie. Aussi l'As-
semblée nationale crut-elle devoir user de ménagements 8c multiplier les
petits centres, en même temps qu'elle empruntait aux vieilles traditions repré-
sentatives du pays le principe de l'alternance.
Elle divisa le territoire en sept districts dont les chefs-lieux devaient être
' Sîance du mardi 26 janvier au matin.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION.
1411
1750
Annonay, Tournon, Vernoux, Aubenas, Privas, Villeneuve de Berg & Lar-
genticre, réduisant la vieille cité épiscopale au rang de simple chef-lieu de
canton.
Il fut décidé en outre que la première assemblée départementale se tien-
drait à Privas, pour alterner ensuite entre Annonay, Tournon, Vernoux Sv
Aubenas, & que les villes de Saint-Péray, Saignes, la Voûte, Montpezat Se
Joyeuse jouiraient aussi, mais pour les assemblées de district seulement, du
privilège de l'alternance'. On voit avec quelle timidité scrupuleuse l'Assem-
blée remuait les cendres mal éteintes des anciennes animosités. Elle décréta,
d'ailleurs, que les électeurs du département auraient à délibérer sur la divi-
sion des établissements de ces districts entre les diverses villes désio-nées.
Le 26 février, l'Assemblée résuma toutes ses opérations antérieures en
votant le décret qui fixait la circonscription des quatre-vingt-trois départe-
ments Se en assignant à chacune de ces divisions territoriales son nom défi-
nitif emprunté au fait géographique principal, rivière ou montagne.
C'est ainsi que le département maritime du bas Languedoc devint le
département de l'Hérault; celui de Toulouse, la Haute-Garonne; celui de
Carcassonnc, l'Aude; celui de Nimes, le Gard; celui du Vivarais, l'Ardèche;
celui du Vêlai, la Haute-Loire; celui du Gévaudan, la Lozère; celui de
l'Albigeois, le Tarn.
La Province de Languedoc avait cessé d'exister.
L'archevêque de Narbonne, dernier président des États de Languedoc,
s'était retiré dans sa solitude de Hautefontaine*, d'où il suivait avec tristesse
le grand travail de démolition qui s'accomplissait. Il avait vu s'écrouler tour
à tour toutes les parties de ce vieil édifice d'institutions provinciales, à l'exis-
tence duquel sa carrière politique avait été si longtemps liée. Se il demeurait
spectateur silencieux de l'avènement d'un ordre nouveau.
Pourtant, le 3o mars, il sortit de sa réserve. Par son décret du ;3, l'Assem-
blée nationale avait réglé l'imposition à établir en Languedoc pour l'année
courante. Au moment où ce décret, qui consacrait une dernière atteinte aux
lois du passé. Se qui frappait les États dans leur privilège le plus cher, allait
Être présenté à la sanction du roi, M. Dillon pensa que sa qualité d'ancien
chef de l'administration de Languedoc lui faisait un devoir d'intervenir, par
une tentative suprême, en faveur d'un ensemble d'institutions dont il avait
été le plus haut dignitaire Se le défenseur naturel.
Il adressa donc au contrôleur général une lettre éloquente où il résumait
SCS réclamations. Il observait, en premier lieu, que le nouveau décret sou-
mettait la province de Languedoc à payer des impositions qu'elle n'avait
point consenties, au préjudice de ses droits Se franchises, qu'on ne pouvait,
croyait-il, regarder comme légalement abolis, soit parce que les députés qui
y ont renoncé n'en avaient ni le mandat ni le pouvoir, soit parce que, lors
■ Pour les districts de Tournon, Vernoux, Pri- ' Il y était déjà le 24 août 1789. Lettre à
vas, Aubenas & Largentière. M. Necker.
179°
141 2 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
de leur renonciation, ils y avaient mis la condition formelle de la ratifica-
tion Si du consentement de leurs commettants. « Cette ratification & ce '
u consentement, disait l'archevêque, n'ont point eu lieu, puisque la Province
« n'a point été assemblée &(. qu'on ne sauroit faire valoir à cet égard les
« adhésions partielles Si isolées de quelques municipalités. »
Le prélat s'étendait surtout, avec une vivacité qui doit honorer sa mémoire,
sur l'injustice que lui paraissait renfermer le nouveau décret envers les offi-
ciers & agents de la Province, & principalement à l'égard des anciens servi-
teurs de l'administration qui avaient obtenu des pensions de retraite.
L'Assemblée venait de supprimer, en effet, l'imposition qui seule pouvait
servir à payer les honoraires des officiers 8< agents de la Province pendant
l'année 1789, tandis qu'ils n'avaient point cessé d'être en activité 8t soumis
à toutes les dépenses nécessaires pour le service de l'administration, sans
avoir rien reçu ni pour 17B9 ni pour la portion déjà expirée de l'année 1790.
Le sort des anciens agents de l'administration, pensionnés par elle,
éveillait particulièrement la sollicitude de l'archevêque & révoltait sa justice.
<c Ces pensions, dit-il, sont l'unique ressource de plusieurs de ces utiles
« serviteurs, ainsi que de leurs veuves & de leurs enfans... De malheureux
« inspecteurs, qui ont consumé leur vie à diriger les travaux publics, qui
« ont contracté dans ce service pénible des infirmités, ou qui y ont vieilli,
« se trouvent donc sans ressource 8<. sans pain, forcés de recourir à la charité
« publique. Peut-on être témoin d'une pareille vexation sans éprouver la
« plus vive douleur? »
il ajoutait que toutes ces pensions réunies ne se portaient pourtant en
totalité qu'à la somme de quinze mille sept cents livres, ainsi qu'on pouvait
s'en convaincre par le compte rendu des Etats, 81 laissant échapper les senti-
ments d'amertume que lui inspirait une aussi rigoureuse décision, il termi-
nait par quelques phrases découragées sur la situation générale de la monar-
chie.
« Le roi est bien à plaindre, s'il n'a pas même l'autorité d'empêcher de
« telles injustices 8t s'il est forcé de les sanctionner.
« Je sais que le remède aux maux que je déplore, ainsi qu'à tant d'autres,
« n'est point facile à trouver, & je partage plus fidèlement que qui que ce
« soit la peine que vous devez ressentir d'en être le spectateur, sans pouvoir
« ni les réparer ni les prévenir'. »
L'Assemblée nationale, afin d'amoindrir l'effet des résistances qu'elle
s'attendait à rencontrer de la part des grandes compagnies judiciaires, avait
ordonné que jusqu'à la publication des lois portant réorganisation de la jus-
tice, tous les parlements suspendraient leurs travaux &. feraient seulement
expédier les affaires urgentes par les chambres des vacations.
Le 16 septembre, parurent enfin des lettres patentes données à Saint-
Cloud, qui constituaient le nouvel ordre judiciaire composé de magistrats
' Archives nationales. H. i loo.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1413
électifs Se qui supprimaient tous les offices vénaux de judicature dans les
cours 8t tribunaux du rovaume.
Le secrétaire d'Etat envoya, suivant les formes ordinaires, cet acte de
l'autorité souveraine au procureur général de Toulouse, avec ordre d'en
rec[uérir la transcription sur les registres du Parlement S< l'envoi dans les
sièges inférieurs.
Mais la chambre des vacations, aveuglée sur les forces dont pouvait dispo-
ses encore la coalition des privilégiés, s'était décidée à tenter un coup d'éclat.
Elle avait déjà écrit une longue lettre au roi, où, en s'autorisant des désor-
dres qui s'étaient produits en Querci, en Rouergue & dans quelques autres
parties du ressort, elle gémissait sur sa propre impuissance, occasionnée par
les malheurs publics, & protestait de sa fidélité à la personne du roi.
Le 25 septembre, elle rédigea un long arrêté où elle contestait la légalité
de tous les actes de l'Assemblée nationale, affectant de méconnaître les
grands événements accomplis, annulant de son autorité privée les transfor-
mations acclamées par le pays, déniant aux « députés des bailliages aux Etats
« généraux du royaume » le droit de donner à l'empire français une nou-
velle constitution, & surtout le pouvoir d'anéantir les cours souveraines liées
à la constitution du royaume. Après avoir affirmé son inviolable attache-
ment à la personne sacrée du roi, aux princes de son auguste maison, aux
divers ordres de l'Etat, la cour protestait, pour l'intérêt du « seigneur roi,
« du clergé, de la noblesse & de tous les citoyens, >> contre les atteintes
portées aux droits de la couronne, l'anéantissement des ordres, la suppression
du régime féodal, le démembrement de la Province, la destruction des tem-
poralités ecclésiastiques.
Elle complétait son oeuvre en déclarant non avenus 8c incapables de pro-
duire aucun effet tous les enregistrements de lois qu'elle avait faits depuis
le 16 novembre 1789, à titre provisoire Se à la charge de les renouveler lors
de la rentrée & en ordonnant que son arrêté fût transcrit sur ses registres,
en témoignage de ses principes, comme un monument consacré par la magis-
trature au roi 8c à la nation '.
Deux jours après, M. de Rességuier, procureur général, annonça à la
chambre des vacations l'ordre qu'il avait reçu du secrétaire d'Etat de faire
enregistrer les lettres patentes du 16 septembre 5 mais il ajouta qu'il se consi-
dérait comme lié par l'arrêt de l'avant-veille, que la forme d'enregistrement
provisoire, seule permise à la chambre des vacations, semblerait une dérision
s'appliquant à une loi qui prononçait la dissolution de la cour, qu'imposer à
des magistrats l'obligation de concourir librement à leur suppression était
un fait sans exemple j que pour lui, aux termes des proclamations du roi, il
se trouverait sans qualité pour adresser les lettres patentes aux bailliages 8c
sénéchaussées à l'époque où l'envoi pourrait en être fait, 8c qu'invariable-
ment lié au sort de la cour, à ses principes, à ses sentiments, il croyait
' Piites juitijieatiyes, n. MX, col. 2878.
1790
lypo
• 1414 ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
devoir cesser tout acte de son ministère au moment où l'entrée du sanctuaire
de la justice serait interdite aux magistrats, 8<. s'anéantir avec eux, fidèle k
son serment, à son honneur 8< au roi. Il pria la cour de lui donner acte de
la remise des lettres patentes & d'inscrire sur ses registres la déclaration qu'il
venait de taire & qu'il signa.
La chambre des vacations déclara que, attendu leur objet, les lettres
patentes & proclamation» ne seraient pas transcrites, Se qu'un extrait de la
délibération, en forme d'arrêté, serait envoyé au roi'.
Le Parlement se flattait encore qu'avec la connivence des princes du sang,
de la cour, du haut clergé 8c d'un certain nombre de grands dignitaires ik
d'officiers, il ferait rebrousser chemin à la révolution. Mais, malgré celle
vaine tentative, son existence judiciaire & politique était consommée. Le
décret du 11 septembre prescrivait l'apposition des scellés aux greffes de la
cour. Dix-huit jours après la sanction royale, cette formalité fut accomplie.
Une circulaire laconique, signée de trois officiers municipaux^ 8c datée,
suivant la vieille formule, du consistoire de la maison commune, avait con-
voqué au palais tous les greffiers gardes-sacs du Parlement. Huit de ces offi-
ciers se rendirent à l'appeP. Le 29 septembre, dès onze heures du matin,
ils étaient à leur poste, dans une des salles du rez-de-chaussée qu'on appe-
lait le greffe des expéditions. Bientôt, des gardes nationaux, appartenant
aux diverses légions de la ville, allèrent se ranger en armes à toutes les
portes du Parlement. Vers midi, le cortège municipal pénétra dans la grande
salle du plaidoyer. C'était une troupe confuse 8c désordonnée qui ne rappe-
lait guère, par ses allures, l'antique solennité des entrées parlementaires. Les
officiers de la commune se répandirent pêle-mêle dans l'enceinte du parquet,
plusieurs gardant leurs chapeaux sur la tête, sans nul souci de la majesté du
lieu. Des scribes, des valets de ville, des gardes nationaux en uniforme
s'empressaient autour de la députation. Cependant les greffiers ne parais-
saient pas. On leur dépêcha le secrétaire de l'hôtel de ville, Michel Dleula-
foy, pour les prier de se rendre à la grande salle du plaidoyer. En fidèle
observateur des traditions de la cour, maître Trinquecostes, portant la parole
pour ses collègues, répondit que la place des greffiers était au greffe 8c qu'ils
y attendaient les officiers municipaux. 11 fallut de longs pourparlers 8c une
particulière insistance de l'émissaire communal pour ébranler cette résolu-
tion. Enfin maîtres Trinquecostes 8c Labroue se mirent en marche. Quand
ils entrèrent dans la grande salle, ils rencontrèrent au seuil du parquet, près
de la lanterne de la grand'chambre, maître Bragouze, ancien avocat plaidant
en la cour, devenu officier municipal depuis la nouvelle organisation de la
commune.
« Monsieur, dit-il à Trinquecostes, vous êtes instruit de l'objet qui amène
' Puces just't/lcatives, n. MXI, col. 28S2. Navères, Marie-Jean-Deilys Suau, greffiers gardes-
' Bragouze, Babard, J. Castaing. s ics du greffe civil & leurs collègues maîtres Ver-
' C'étaient maîtres Jean-Pierre Trinquect'ftes , lliac, Gaubert, Bastien & Uùbotia.
Joseph-Antoine Labroue, Pierre-Joseph-Sébasiien
LIV. V. LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION. 1415
« la municipalité au palais 8c des opérations qu'elle doit y faire? » En for-
maliste prudent, le greffier lui répondit qu'il en avait connaissance par le
bruit public, mais que n'ayant pas le texte du décret mentionné en la circu-
laire, décret qui était diversement rédigé dans les bulletins que l'on colpor-
tait en ville, il demandait lecture de l'article concernant les greffiers.
On lui fit passer alors un exemplaire imprimé du décret de l'Assemblée
nationale, que l'un des officiers municipaux, le sieur Rouzet, tenait déployé
Si qu'il expliquait à ses collègues.
« Allons, Monsieur, dit maître Bragouze, indiquez-nous vos greffes. »
Alors Trinquecostes s'ébranla, suivi du maire, des officiers municipaux, des
scribes, de quelques valets de ville Si de quatre gardes nationaux appartenant
aux légions de Saint-Etienne, de Saint-Pierre, de la Daurade 81 du Taur,
portant leur sabre 81 la bayonnette au bout du fusil.
Trinquecostes ouvrit toutes les portes du greffe Si fit pénétrer les délégués
de la commune dans les dernières retraites de cette vaste nécropole, où
s'étaient accumulés depuis plus de trois siècles les actes 81 les procédures du
Parlement. Les magistrats constitutionnels défilèrent curieusement devant
ces longues séries de registres couverts en veau fauve, où, depuis les périodes
orageuses du seizième siècle, tant de passions politiques ont laissé leurs
traces. C'était l'héritage, consacré à l'histoire, d'une grande institution désor-
mais finie. Quelques municipaux, ayant le sieur Bertrand à leur tête, mon-
tèrent jusques aux combles Si mesurèrent de l'œil les amas de sacs à procès,
gisant pêle-mêle dans la poussière, sorte de détritus juridique où sont ense-
velis pour l'éternité tant de conflits d'intérêts 81 de haines particulières. Le
prestige de l'inconnu s'attachait à ces arcanes d'où les règles de la cour
avaient sévèrement écarté tout œil indiscret. Aussi les municipaux multi-
pliaient leurs questions.
Comme on passait devant une cheminée dont le manteau était orné de
sculptures', M. Vignoles, un des officiers de la commune, interpella maître
Trinquecostes :
M Sans doute, Monsieur, lui demanda-t-il , cette cheminée en boiserie
« bien sculptée 81 ce tableau sont un ancien reste des décorations du loge-
« ment des comtes de Toulouse? »
Le garde-sacs répondit modestement que la sculpture sur boîs tendre 61 le
' Jl existe encore dans la chambre des mises en les murailles, où sont appendus les portraits de
accusation delà cour d'appel, un plafond à cais onze prerriers présidents : Minut, Mansencal,
ions de boit sculpté figurant les travaux d'Hercule, Bertrand, Daffis, Dufour, Verdun, Duranti,
& un grand bas-relief aussi de bois, placé au- Clary, Bcriicr, Maniban, Cambon.
dessus de la cheminée, représentant le jugement Le plafond de la grand'chambre a été conserve,
de Salomon, Le roi d'Israël porte perruque & le sauf diverses modifications. Ainsi les K des cais-
collier de son ordre. sons ont été remplacés par des rosaces. C'est dans
La chambre dorée a conservé son plafond à la grand'chambre que se trovive la pyramide élevée
neuf caissons figurant des allégories. Les traverses à Louis XVI par l'ordre des avocats après le réta-
sont décorées de fleurs de lys & d'un arbre arraché blissemcnt du Parlement en 1770,
d'or. Des médaillons à plusieurs figures ornent
1790
I79U
1416 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
genre du tableau étaient d'un goût assez moderne Se bien éloigné de l'époque
des comtes '.
Quand on eut tout visité Se que l'on se fut minutieusement enquis des
issues visibles ou secrètes qui pouvaient exister dans ce labyrinthe, on se
détermina, après avoir fermé toutes les communications intérieures, k n'appo-
ser le scellé qu'aux deux principales portes ouvrant sur l'escalier du greffe.
M. de Rigaud & son secrétaire signèrent le Ne varîetur, qui fut scellé d'un
cachet de cire rouge aux armes de la municipalité.
On répéta la même formalité au bas de l'escalier. Lorsqu'elle fut accom-
plie, maître Bragouze demanda les clefs. Les greffiers lui répondirent que
les règles de la justice ne permettaient pas d'être à la fois dépositaire du
sceau & des clefs d'une serrure scellée. On recourut au décret, 8c comme il
ne prescrivait pas la remise des clefs, elles turent laissées aux mains des
gardes-sacs.
On voulut les faire signer ensuite au procès-verbal que la municipalité
dressa, mais ils s'y refusèrent absolument. Seulement, au sortir du palais,
maître Trinquecostes emmena dans son logis trois de ses collègues £c ils y
rédigèrent ensemble une relation authentique & détaillée de l'acte qui venait
de s'accomplir. Ce fut leur testament de greffiers. Ils signèrent cette pièce
avec toute la régularité des formes juridiques. Sans doute le souvenir des
rigueurs temporaires dont le parlement de Toulouse avait été l'objet encou-
rageait chez eux quelques illusions, 61 ils ne pouvaient se résoudre à croire
la cour souveraine tout à fait morte.
Pourtant, cette fois, la catastrophe était irréparable.
Deux jours après, l'Intendance avait le sort du Parlement.
Ce fut le I" octobre 1790 que prirent fin les fonctions administratives de
M. de Ballainvilliers en Languedoc*.
Ainsi disparaissait, au milieu de la débâcle universelle, cette institution
fameuse dont le Parlement 8< les Etats de la Province avaient si longtemps
contesté l'existence S< si vainement sollicité la révocation. Après moins de
deux siècles de durée, l'intendance de Languedoc, création du despotisme
éclairé & pratique de Richelieu, succombait devant les théories généreuses
mais chimériques de l'Assemblée nationale, qui, par une contradiction
étrange, en poussant à sa dernière limite l'œuvre de concentration incessam-
ment poursuivie par la monarchie, croyait pouvoir supprimer tout intermé-
diaire entre le gouvernement 8c le pays, 8c confier l'administration à des
groupes électifs.
Les derniers mois de l'intendance de Ballainvilliers avaient été attristés
par beaucoup d'épreuves 8c de dégoûts. La décomposition de l'ancien orga-
nisme administratif était complète. L'ignorance des populations, encore bien
■ Maître Trinquîcostes ajoute, non sans malice, aiixquêllss chacun de nous a cherché à répondre
dans son procès-verbal : avec franchise. »
Il Plusieurs autres officiers municipaux atiroient ' Archives nationales. Lettre de M. de Ballain-
fait des questions à peu près de la même sorte, villiers au contrôleur général.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION.
1417
peu préparées à com prendre les nécessités gouvernementales indispensables
à toute société civilisée, favorisait la diffusion de rumeurs absurdes que des
agents malintentionnés répandaient dans les provinces 61 qui arrêtaient la
levée des impôts. On faisait croire aux naïfs que non-seulement les rede-
vances féodales 6t les taxes arbitraires étaient supprimées par l'Assemblée
nationale, mais qu'elle avait détruit toute espèce de contributions'. L'inten-
dant se voyait contraint d2 combattre ces bruits invraisemblables, mais
ardemment acceptés, avec l'aide d'un personnel mécontent, inquiet de son
avenir, hostile d'instinct aux transformations qui menaçaient sa tranquillité.
D'ailleurs, comme l'intendance avait été associée à beaucoup d'actes de des-
potisme, la violente réaction qui s'était produite contre la monarchie absolue
attaquait avec une sorte de prédilection cette institution administrative dont
on espérait pouvoir se passer. Ballainvillicrs souffrait de ce déchaînement
exagéré de rancunes, accumulées au temps de Bâville & de quelques-uns de
ses successeurs, mais à coup sûr injustes pour le présent. Il s'en plaignait
avec amertume au ministère & soupirait après l'heure de la délivrance^.
1790
■ Voici une lettre de l'intendant aux subdélé-
gtiés, relative aux folles rumeurs de suppression
d'impôts qui avaient été répandues en Languedoc :
• A Montpellier, le 1 1 septembre 1 789.
« Le ministre a été informé, Monsieur, que la
levée des impositions ne se fait pas dans plusieurs
cantons du Languedoc par la persuasion qui s'y
est répandue que l'Assemblée nationale devoit
supprimer toutes les contributions. Vous savez
que, par son décret du 17 juin, cette assemblée,
en déclarant toutes les contributions non consen-
ties par la nation illégales & nulles, a ajouté
néanmoins qu'elle consentoit provisoirement pour
la nation que les impôts & contributions conti-
nuent d'être levés de la même manière qu'ils l'ont
été précédemment. Il y a lieu de croire que c'est
dans l'ignorance de ce décret & par les fausses
interprétations qu'on y a données qu'a pu s'accré-
diter l'opinion qu'il n'y auroit plus d'impôts. Il
est donc important de détruire cette erreur qui,
en contrariant les vues mêmes de l'Assemblée na-
tionale, ne pourroit qu'augmenter le désordre des
fin,inces auquel il s'agit de remédier. J'écris en
conséquence des ordres du ministre la lettre ci-
jointe à toutes les municipalités de la Province,
pour les inviter à pourvoir par les moyens les
plus efficaces & les plus prompts au recouvrement
de leur» impositions. Je vous envoie tin nombre
d'exemplaires suffisant pour les adresser à tous les
maires & consuls des villes, bourgs & villages de
votre déparlement. Je vous prie de les faire par-
venir le plus promptement qu'il vous sera possible
81 de concourir de votre côté au succès des vues
du gouvernement & du décret de l'Assemblée na-
tionale. Vous voudrez bien m'accuscr la réception
du paquet. Je suis. Monsieur, votre très-liumble
& très-obéissant serviteur.
« Ball\invili.ieks.
« Je vous prie de prévenir les receveurs des
tailles de me donner avis du succès de cette lettre '. n
' L'intendant écrivait, le 16 décembre 1789, à
M. Acher de Mortonval, premier commis des
finances :
n Si le roi avoit conservé des représentants dans
ses provinces, la conduite de la commune de
Montpellier auroit pu tirer à de grandes consé-
quences, mais actuellement que les intendans
sont supprimés, c'est le ministre que cet objet
seul regarde, & il le terminera de la manière qu'il
jugera la plus convenable. Je ne rendrai point
d'ordonnance relativement aux biens privilégiés;
c'est bien assez d'avaler avec courage le calice jus-
qu'à la lie sans s'exposer au ridicule & sans se
compromettre encore pour terminer ta carrière.
M. Necker m'a prié de rester, j'obéis, pour donner
au roi cette preuve de mon dévouement, c'est le
plus grand sacrifice que j'aye fait de ma vie; non
que je doive craindre le moindre désagrément per-
sonnel dans un pays où je suis aimé & estimé;
mais j'avoue que, depuis longtemps, les qualifica-
tions odieuses distribuées à MM. les intendans
me pèsent excessivement. Je vous prie de vouloir
bien observer au ministre que si le sort des bu-
reaux & des subdélégués n'est pas déterminé d'une
manière positive, il me seroit impossible de con-
tinuer avec la meilleure volonté du monde. »
Les traitements des bureaux & une partie de
ceux de l'intendance étaient payés par la Pro-
vince, les Diocèses, les communes, ou sur le fonds
' Archives de la Haute-Garonne. Intendance, C. 161.
i7po
1418
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Au moment de la constitution des nouvelles municipalités électives, l'inten-
dant fut élu maire de Montpellier, à la majorité de neuf cent vingt-trois
voix sur mille deux cent trente-trois suffrages exprimés. Avant le vote, il
avait consulté le ministère sur la question de savoir si les fonctions d'inten-
dant 8c celles de maire étaient incompatibles. Le ministre se prononça pour
l'incompatibilité, & Ballainvilliers refusa la cbarge que venaient lui offrir
les officiers municipaux. Ce refus était à peine communiqué que l'intendant
reçut du ministère une nouvelle lettre confidentielle l'exhortant à se charger
de la mairie. Mais l'avis arrivait trop tard ; les électeurs avaient déjà fait un
autre choix'. Ce contre-temps accrut encore la fatigue de l'administrateur.
des indemnités; toutes ces ressources finissaient
au 3i décembre 1789.
L'intendant insistait encore, le même jour, dans
une autre lettre, sur ces difficultés matérielles :
n Plusieurs diocèses & villes de la Province re-
fusent de payer les sommes qu'ils imposent pour
le secrétariat de l'intendance qui se portent à
8 100 livres. Ce refus me privera des fonds néces-
saires pour le payement du quartier qui doit
échoir à la fin de ce mois.
(! Si cette difficulté n'est pas aplanie, je ne
puis avec la meilleure volonté continuer le travail
ni faire travailler des malheureux que je ne puis
payer. Je vous prie. Monsieur, d'engager le mi-
nistre à ne plus éluder la question, n
Enfin, le 21 décembre 1789, il revenait à la
charge auprès du premier commis :
« Je vois, Monsieur, que nous sommes mieux
servis que vous, quoique à deux cents lieues de
Paris; je sçavois le décret de l'Assemblée nationale
qui supprime les intendans, avant d'avoir reçu
la lettre de M. le contrôleur général.
« Je demande à M. Necker ma liberté & ma
retraite, car je n'imagine pas que le roi veuille
renvoyer sans récompense celui de tous ses inten-
dans qui a maintenu son autorité intacte jus-
qu'au dernier moment.
(I Lorsque je sollicite ma liberté, j'y suis obligé.
Que voulez-vous que l'on fasse avec des subdélé-
gués injuriés & point payés & avec des commis
qui, n'ayant point de pain, vont en chercher
ailleurs? Au moins assurez-leur jusqu'au dernier
décembre les appointemens qu'ils ont gagnés, &.
si le ministre me retient encore dans cette galère,
qu'il nous paye ou nous ne ferons rien. »
Les traitements des subdélégués étaient fixés
pour Toulouse, Aubenas, le Puy, à i loo livres;
— Bagnols, i 132; — Albi, 1 100; — Mirepoix,
Alet & Linioux, Narbonne, i 000; — Carcassonne,
Mende, Tournon , Montpellier, 900; — Nimes,
Béziers, Alais, 700; — Castres, Lavaur, 600; .—
Uzès, 568; — Rieux & Coraminges, Saint-Pa-
poul, 5oo; — Lodève, Barre, 400; — Montauban,
Saint-Pons, 35o; — Pézénas, 200.
Quant au traitement de l'intendant, il compre-
nait : appointements, 12000 livres; gages du
conseil, i5oo; frais de deux hocquetons, 36oo;
de secrétaire, 1200; gratification de la foire de
Beaucaire, 4000; total 22 3oo livres sur le trésor
royal. — Sur la guerre : garnisons, 1800; appointe-
ments militaires, loooo. — Sur la Province : dé-
penses des Etats, 7000; commission de lyS^, 3ooc;
indemnité, 6000. La foire de Beaucaire coûtait
6000 livres, les Etats, 19000, & les autres charges
s'élevaient à 8000 livres. Restait net, 17000 livres.
' L'intendant écrivait, le 7 février 1790 :
n Puisque les fonctions d'intendant sont in-
compatibles avec celles de maire, mon choix n'est
pas douteux. Je continuerai de servir le roi dans
la place qu'il a bien voulu me donner, tant que
je pourrai lui être agréable. Je vais refuser la
mairie & j'espère que le suffrage du peuple sera
pour moi un nouveau titre aux bontés de S. M. .»
Puis, le 23 février, après la contre-lettre :
it J'ai reconnu au style de votre lettre l'amitié
dont vous m'avez honoré. Je suis au désespoir
qu'elle soit arrivée trop tard. Sur mon refus, l'on
a nommé M. Durand à la place de maire. D'après
votre lettre ministérielle je ne pourois accepter
pour plusieurs raisons : d'abord, ayant été honoré
des bontés & de la confiance du roi dans des
temps heureux, ce n'est pas dans ceux qui sont
devenus plus difficiles qu'il faut abandonner son
service; il auroit fallu pour m'y décider un ordre
positif. Si j'avois renoncé siibltement à l'inten-
dance, tous les subdélégués & les sous-ordres qui
ne restent que par amitié pour moi, eussent aban-
donné le travail, & tout fût tombé dans la confu-
sion. J'ai donc cru devoir sacrifier au bien du
service toutes les jouissances de l'amour-propre &
de l'ambition. J'eusse mené une conduite diffé-
rente si votre lettre me fût parvenue à temps
Il a fallu me décider sur-le-champ, parce que mon
retard eût été une injure pour le peuple, auquel
il a fallu beaucoup d'attachement pour me par-
donner un refus '. »
' Archives nationales, H. ggS.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1419
Sa santé avait été atteinte; mis en danger par une fièvre putride, il sup-
pliait le ministre de lui permettre de changer d'air, 8c, prié par Necker
d'attendre l'organisation des départements 8< des districts, il invoquait la
situation de sa femme, qui se trouvait, disait-il, dans un état affreux Se vou-
lait être ramenée dans le Nord.
Enfin, au mois d'avril 1790, Ballainvilliers obtînt le congé qu'il sollicitait
avec de si vives instances & put s'éloigner de Montpellier, où M. Favier,
premier secrétaire, géra pendant quelque temps les affaires de l'intendance.
A compter du 2 octobre, tous les bureaux furent fermés, à l'exception de
celui du premier secrétaire qui, assisté d'un commis, expédia les dernières
opérations. Deux délégués du commissariat départemental avaient été chargés
de partager entre les nouvelles circonscriptions l'important dépôt administratif
8c historique des archives de l'intendance.
L'irritation fut à son comble au sein de l'Assemblée nationale, quand on
apprit par quelles protestations véhémentes la chambre des vacations du par-
lement de Toulouse avait répondu aux lettres patentes qui réglaient la nou-
velle organisation judiciaire de la France. La notification officielle de cette
audacieuse démarche fut faite aux représentants dans la séance du 5 octobre,
par M. Emmery, qui présidait alors l'Assemblée. Il venait de recevoir, de la
part du garde des sceaux, une note collective, où étaient exposés, en termes
concis 8c sans aucune espèce d'appréciation, les procédés adoptés par les par-
lements de Rouen, Bordeaux, Douai, Nancy, Grenoble 8c Toulouse 8v par
le conseil supérieur de Colmar à l'égard des décrets supprimant toute
l'ancienne hiérarchie judiciaire. Les deux premières cours s'étaient soumises
sans protestation; la troisième avait cessé toutes fonctions; la quatrième avait
transcrit sur ses registres, en déclarant obéir à la force; 8c à Grenoble le
procureur du roi s'était plusieurs fois transporté au palais sans y rencontrer
personne. A l'égard du parlement de Toulouse, M. de Cicé écrivait cette
simple phrase : « La chambre des vacations du parlement de Toulouse a
u pris, le 25 septembre, un arrêté sur lequel le roi a cru devoir se concer-
« ter avec l'Assemblée nationale, avant de prendre aucun parti. » Lecture
faite de ce document, dont copie était jointe à la lettre du garde des sceaux,
Maximilien Robespierre parut à la tribune.
u Cet arrêté, dit-il, n'est qu'un acte de délire, qui ne doit exciter que le
« mépris. L'Assemblée peut déclarer aux divers membres du Parlement de
u Toulouse qu'elle leur permet de continuer à être de mauvais citoyens. Ce
« corps se coalise avec le pouvoir exécutif. » A ces derniers mots, une partie
de l'auditoire donna des signes de mécontentement. « Pourquoi ce ministre,
<( poursuivit le député d'Arras, s'em presse- t-il d'en prévenir l'Assemblée? »
Les murmures augmentèrent, 8c Robespierre quitta la tribune, sans que per-
sonne essayât de soutenir le système d'indifférence dédaigneuse qu'il venait
de conseiller'.
' Moniteur, tyço, n. 180.
1790
I
'79°
14:0 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
Cependant le mécontentement était général. La résistance de la cour fut
taxée de crime de lèse-nation, & dans la séance même où les arrêtés du
iS 8c du 27 septembre venaient d'être dénoncés, on décida que, dans le
délai de huit jours, le comité de constitution présenterait le projet d'organi-
sation de la haute cour nationale, à qui reviendrait la mission de juger de
pareils coupables.
L'acte des parlementaires toulousains avait été renvoyé au comité des rap-
ports, afin que l'Assemblée nationale pût être complètement édifiée sur la
portée de cette manifestation. Ce fut le prince Victor de Broglie, fils du
maréchal de France, & député de l'Alsace, qui, dans la séance du vendredi
8 octobre, porta la parole au nom des commissaires. Ses premiers mots lais-
sèrent entrevoir la rigueur de ses conclusions.
« Jamais, dit-il, les fonctions que vous avez confiées à votre comité des
<( rapports ne lui paraissent plus pénibles que lorsqu'elles lui imposent
« l'obligation de provoquer votre juste sévérité contre les citoyens » Il
exposa que l'intérêt public, la gravité des circonstances, l'achèvement de la
constitution Se le maintien de l'ordre exigeaient une répression énergique.
Il rappela un article formel du décret du 5 novembre 1789, portant que
« les membres de toute cour, même en vacation, tribunal, municipalité 8c
« corps administratifs qui n'auroient pas inscrit sur leurs registres, dans les
« trois jours après la réception, 8c fait publier dans la huitaine les lois faites
« par les représentans de la nation, sanctionnées ou acceptées par le roi,
« seroient poursuivis comme prévaricateurs 8c coupables de forfaiture. » La
solennité même de la contravention commise par les officiers du Parlement,
à la suite d'un réquisitoire motivé du procureur général Se l'envoi de leur
arrêté au roi aggravaient encore la faute. D'ailleurs, il n'était plus possible
d'attribuer leur désobéissance « à l'égarement Se à des regards inquiets jetés
« en arrière sur des prérogatives longtemps usurpées j » les termes de l'arrêté
du 25 septembre inspiraient des réflexions plus sérieuses.
Le prince de Broglie lut alors dans toute son intégrité ce long manifeste,
dont chaque phrase, lentement élaborée par des magistrats qui croyaient être
encore au temps de Fitz-James, trahissait une aspiration vers un passé à
jamais détruit Se condamnait les actes les plus éclatants de la représentation
nationale. A la fin de sa lecture, il ajouta :
« Chef d'œuvre à la fois d'égarement 8c de perfidie, cet arrêté sacrilège est
« au-dessous de toute qualification C'est le tocsin de la rébellion sonné
« par ceux mêmes dont les fonctions augustes 8c bienfaisantes ne devaient
« tendre qu'à la paix Se à la tranquillité. » Il reprocha aux parlementaires
d'attaquer la constitution dans sa base, de contester aux représentants du
peuple les pouvoirs que le peuple leur avait confiés, de réveiller les préten-
tions éteintes des ordres qui n'existaient plus, d'évoquer le fanatisme, d'abu-
ser du nom sacré de la religion, de qualifier d'adhésions partielles le concours
unanime des citoyens, d'obscurcir la gloire du monarque en lui présentant
comme un hommage le vœu coupable du retour de l'ancien ordre de choses.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION.
1421
8c en osant lui proposer de violer lui-même ses serments, & enfin de pousser
le raffinement de la désobéissance jusqu'à retraire, pour ainsi dire, dans le
passé, la soumission à la loi manifestée par des enregistrements antérieurs.
L'orateur termine en déclarant, au nom du comité, que les membres de
la chambre des vacations étant prévenus de forfaiture 8c de rébellion aux
décrets de l'Assemblée nationale, acceptés &c sanctionnés par le roi , leur
liberté serait un scandale pour les citoyens fidèles 8c leur évasion un malheur
public, 8c en proposant, au nom de la patrie en danger, de frapper les
regards du peuple par l'appareil d'un grand exemple.
« Les membres du Parlement de Toulouse ont osé dire que ces arrêtés
« séditieux étoient un monument qu'ils consacroient au roi 8c à la nation.
« Leur audace vous prescrit votre devoir : que la punition sévère de cet
« arrêté soit l'éternel monument de la vindicte publique 81 de la puissance
u des lois ! »
Ce réquisitoire passionné fut, avec le projet de décret dont le prince de
Broglie donna lecture, accueilli par les applaudissements de l'Assemblée, qui
en ordonna l'impression.
Malgré la proposition de l'abbé Maury, tendant à clore immédiatement la
discussion pour éviter de perdre un temps précieux, Alexandre Lameth prit
aussitôt la parole pour appuyer en termes énergiques la proposition du
comité. Il dit que l'on pouvait proposer deux moyens de réprimer l'audace
du Parlement de Toulouse : la vengeance de l'opinion ou celle des lois, le
ridicule ou le châtiment; mais il opta pour ce dernier parti, affirmant que
la sévérité était indispensable, du moment qu'il ne s'agissait plus, comme
dans un incident récent, d'une tentative de résistance isolée aux volontés de
la nation, mais des manœuvres d'une assemblée délibérante, 8c quand cette
assemblée était un parlement, un de ces corps qui, depuis plus de huit
siècles, avaient apporté sans cesse des obstacles au progrès de la liberté en
s'en disant les défenseurs, 8c qui, dans ce moment même, ralliaient encore
les espérances des mécontents.
Cependant la députatiou de Languedoc demeurait muette. Enfin un
envoyé du tiers état de la sénéchaussée de Villeneuve de Berg en Vivarais,
Madier de Monjau, premier consul maire de Bourg-Saint-Andéol, essaya
quelques mots de défense; mais il le fit gauchement 8c ne fut point écouté.
Il voulait « rappeler, disait-il, des principes incontestables. Qu'étoient les
<i parlemens? les dépositaires de l'ancienne constitution. Ils l'avoient reçue
« des mains du roi; ils ont juré de la maintenir; ils ont dû, en la déposant,
<i faire, non comme l'a dit M. le rapporteur, une protestation, mais une
« déclaration. » Cette subtilité, que démentaient d'ailleurs les expressions
mêmes de la chambre des vacations, n'eut aucun succès; elle excita les rires
Se les murmures de l'Assemblée; l'orateur essaya de la justifier par une com-
paraison qui était au moins contradictoire dans les termes 8c une hypothèse
qui devait médiocrement flatter la confiance des députés en la pérennité de
leurs œuvres. « Si une nouvelle législature, dit-il, renversoit ce que vous
1790
1
1790
ï4î2' ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
« avez fait, 5c que les nouveaux iuges protestassent, serait-il juste de les
« renvoyer devant la haute cour nationale? » Bien que l'avocat du Vivarais
déclarât sa comparaison « parfaite, » elle ne fut point goûtée, 8c si quelques
applaudissements se mêlèrent au bruit des rires 8c des murmures qui accueilli-
rent cette péroraison, personne n'entreprit de suppléer le défenseur malhabile.
M. d'Espremènil, qui essaya d'établir que l'acte du parlement de Toulouse
était bien une protestation, ne put obtenir le silence, tant l'Assemblée avait
hâte de frapper les magistrats insoumis. M. Émmery, qui présidait la séance,
avant alors annoncé qu'un membre proposait la question préalable sur le
rapport, Mirabeau fit entendre sa voix de tribun. « Je demande, dit-il, que
« le nom de ce membre soit connu &c inscrit au procès-verbal. « C'était le
système d'intimidation des assemblées révolutionnaires qui s'inaugurait.
L'auteur de la proposition n'osa point affronter l'orage d'impopularité que
Mirabeau venait d'appeler sur sa tête, 8c cette parole isolée ne demeura pas
seulement impuissante, mais anonyme.
Après un court débat, l'Assemblée rendit un décret portant que les mem-
bres de la ci-devant chambre des vacations, signataires des arrêtés de sep-
tembre, 8c le procureur général de la cour seraient traduits par-devant le
tribunal, en voie d'organisation, destiné à juger les crimes de lèse-nation,
pour y être procédé contre eux, sur l'accusation de rébellion 8c de forfaiture,
8c qu'attendu la nature du délit, le roi serait supplié de donner sans délai
des ordres pour s'assurer de la personne des coupables.
Le lendemain, afin de prévenir les imitations que pouvait susciter un
aussi éclatant exemple parmi les corps judiciaires de la France, 8c d'empêcher
toute réunion de magistrats déchus, convoquée sous le prétexte des lois nou-
velles, de hasarder quelque démonstration politique, M. Le Chapelier pro-
posa, au nom du comité de constitution, &c fit adopter un décret qui défen-
dait à toute compagnie d'anciens juges, séparée sans avoir arrêté le tableau
de ses dettes, de se rassembler pour procéder à cette opération 8c qui en
confiait le soin aux seuls greffiers '.
Le jour même où le décret de l'Assemblée nationale avait été rendu contre
la chambre des vacations, il fut présenté à la sanction du roi, qui le ratifia
le 12 octobre. M. de Saint-Priest, secrétaire d'Etat, l'adressa aussitôt à la
municipalité de Toulouse, avec une proclamation royale 8c une lettre de
transmission ainsi conçue :
« Je vous envoie ci-jointe la proclamation du roi sur le décret de l'Assem-
« blée nationale 8c je vous prie de m'en accuser la réception 8c de m'instruire
« des mesures que vous aurez prises pour en assurer l'exécution. i>
Le corps municipal se trouva dans le plus grand embarras; il n'avait pas
de troupes, pas de gardes nationaux armés; il ne put obtenir de dix magis-
trats de la chambre des vacations que l'engagement de ne pas s'éloigner^. Se
'Moniteur, 1790, n. 281. rôle d'honneur, de me représenter sur I« réquisi-
' La déclaration était ainsi conçue : toire de la municipalité, & en conséquence, si je
•t Je soussigné certifie & m'oblige, sur ma pa- m'absente, soit pour aller à ma maison de cam-
LIV, V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 1428
il écrivit à l'Assemblée nationale pour lui faire part de son impuissance 8c
de ses craintes '.
Le prince de Broglie entretint la Chambre de ces incidents, à la séance
du 9 novembre. Il reprocha au ministère d'avoir abandonné à des corps
administratifs une fonction uniquement attribuée au pouvoir exéciitif. 11
prononça un violent réquisitoire contre les membres du cabinet, qvi'il déclara
« suspects au peuple, inhabiles 8c malintentionnés, » &c dénonça la « forme
« dérisoire des lettres de M. Guignard. »
L'Assemblée nationale, après avoir entendu le compte qui lui a été rendu
par son comité des rapports, relativement à la non-exécution du décret du
8 octobre contre les membres de la ci-devant chambre des vacations du parle-
ment de Toulouse, décrète que son président se retirera par devers le roi,
à l'effet d'exposer à Sa Majesté que c'est par la faute de M. Guignard ,
ministre des départements, que le décret du 8 octobre n'a pas été exécuté 8c
pour le supplier de donner incessamment de nouveaux ordres pour l'exécu-
tion prompte 8c littérale de ce décret.
Le prince de Broglie reparut à la tribune le 3o novembre, pour entretenir
une troisième fois l'Assemblée nationale de l'inertie du pouvoir exécutif.
« Par la faute, dit-il, d'un ministère universellement dénoncé par l'opi-
« nion publique, votre décret du 8 octobre est demeuré sans exécution, »
11 rappela l'engagement d'honneur qu'avaient pris les magistrats toulou-
sains, 8c il ajouta :
« Le doute que je fus obligé de témoigner sur la solidité de la chaîne qui
« retenoit seule des magistrats déjà convaincus d'avoir forfait à l'honneur
« par l'infraction de leur serment civique, ce doute que partageoit la majeure
« partie de l'Assemblée, parut à quelques membres un doute élevé contre
« l'honneur même, n
Cependant le ministre a envoyé l'injonction plus précise sans la sanction
du roi^j l'arrestation est ordonnée; le commandant de la garde nationale 8c
p.igne ou ailleiirj, j'en demanderai la permission déclarations de ne pas s'éloigner. Il se fait à Tou-
à la municipaliié, u loiise des envois d'armes qui nous inquiètent. De-
' Voici la lettre de la municipalité à l'Assem- puis huit mois, nous en demandons en vain au
blée nationale, en date du 27 octobre : ministre pour notre garde nationale; il ne nous
H Nous nous trouvons dans la situation la plus a pas même répondu. »
critique, exposés aux efforts des mécontens de ' M. de Saint-Priest écrit, le i i novembre, aux
notre ville, ayant à lutter sans cesse contre leurs officiers municipaux de Toulouse :
intrigues, leur acharnement, nous sommes dans <i Je vous ay déjà fait connoître. Messieurs, par
la plus grande perplexité par le défaut d'instruc- ma lettre du 2 de ce mois, combien celle du 27 oc-
tions. Le ministre s'est contenté de nous envoyer tobre, dans laquelle vous rendiez compte de votre
le décret que vous avez rendu contre les ci-devant conduite relativement à l'exécution du décret du
magistrats du parlement de Toulouse, tandis que 8 octobre confiée à vos soins me paroissoit peu
ce décret portoit expressément que 1-; roi serait satisfaisante. J'espère, d'après la lettre du direc-
supplié de faire donner des ordres pour son exé- toire du département de la Haute-Garonne, en
cution, & d'en déterminer les mesures. N'ayant date du 3o suivant, que vous aurez depuis rempli
point de troupes à notre disposition, nos gardes toutes les dispositions du décret. L'Assemblée na-
nationaux n'étant point armés, nous n'avons pu tionale vient d'en demander itérativement au rot
exiger de la part des ci-devant magistrats que des l'exécution littérale & prompte, & Sa Majesté me
1790
179°
MM
ÉTUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
celui de la maréchaussée sont requis de prêter main-forte; on prend des
mesures pour arrêter & conduire dans la maison commune les dix magistrats
« confiés jusqu'alors à la seule garde de leur honneur. )>
« Mais cette garde corrompue, poursuivit le prince de Broglie, n'avoit pu
K retenir les coupables : ils avoient pris la fuite; ils s'étoient assuré par un
« second crime l'impunité de leur premier forfait. A en juger par une
« adresse trouvée au domicile de l'un d'eux, ils ont choisi l'Espagne pour
« leur refuge. Qu'ils aillent y calomnier cette constitution qui punit les
« parjures, qu'ils tâchent de susciter dans une nation notre alliée des enne-
« mis à la patrie dont ils se sont rendus indignes. Ce n'est plus d'eux, ni
<i de leur fuite, ni de leurs honteux 8c criminels projets que je dois vous
« entretenir. Il me reste à vous présenter quelques détails plus consolants Se
« plus dignes de vous. «
J.e prince raconta alors qu'un des magistrats toulousains, M. Pérès, qui,
seul, avait"^ iX'îfusé de se ranger à l'avis des protestations, était resté à son
domicile & avait" .été transporté dans la maison commune, quoique son état
de maladie 8c son gli-^nd âge le retinssent dans son lit, 8c que M. de Mani-
ban, président de la chàvmbre des vacations, n'avait pas assisté à la fameuse
séance.
L'Assemblée, sur l'avis favorabrl-^ de l'orateur, rendit im décret pour
remettre Pérès en liberté, moyennant^ ^promesse de se représenter à toute
réquisition, fie pour interdire l'arrestation àl° Maniban.
Ni le prince de Broglie ni l'Assemblée nat'.ïonale ne soupçonnaient alors
la sanction tragique 8c terrible que le tribunal rè'volutionnaire devait donner
plus tard à leur jugement contre les magistrats fugiiiifs".
La division des provinces en départements ayant brufsquement interrompu
la marche du système administratif, déplacé la compétence 8c modifié le
rapport des charges territoriales, il était indispensable, à la ^nlace des anciens
pouvoirs dont l'esprit de réforme avait hâte d'effacer la trace*, d'établir, pour
la période de transition, un corps d'administration locale, dei'mier représen-
tant des agglomérations détruites, destiné à faire la première ap plication des
charge de tous l'intimer ia nouveau. Il s'agit
d'une arrestation positive des membres de la ci-
devant chambie des vacations du parlement de
Toulouse, & vous y trouverez sans doute d'autant
moins de difficulté qu'eux-mêmes se sont engagis
à se représenter lorsqu'ils en seroient requis;
d'ailleurs, si vous y prévoyez quelque résistance
& qu'indépendamment de la garde nationale de
votre ville & du département auquel vous auriez
recours au besoin, vous désiriez un secours de
troupes réglées, j'écris à MM. de Montagu &
d'Esparbès, commandant les troupes les plus à
portée, ainsi qu'aux officiers commandant les ré-
giments de Languedoc, Touraine, Royal-Pologne,
Noailles & le Roi dragons de vous en envoyer des
détachemens & même de se transpoirter à Tou-
louse au premier avis du département d'e la Haute-
Garonne que j'en préviens en lui adressant copie
de la présente. Vous savez que c'est à ce corps
administratif que vous devez d'abord avoi r recours
d'après la constitution, & je ne doute pas qu'il ne
vous seconde de son mieux. ■
« Je suis très-parfaitement. Messieurs , votre
très-humble & très-obéissant serviteur,
n GuiGNARD '. il<
' vingt-six membres du parlement de TouJIouse
furent condamnés à mort, le 16 prairial ani II,
par le Tribunal révolutionnaire.
' Archives de Toulouse. Lettres iiiissives adressées -i aux
capitoiils.
I
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION. 14:5
lois nouvelles & à permettre, sous d'autres tormes, la mise en mouvement
du o-ouvernement intérieur.
Tel avait été l'objet de la loi de janvier 1790, constituant les commissariats
provinciaux. Ce groupe d'hommes, empruntés aux divers départements que
chaque province avait formés, reçurent le mandat spécial de faire procéder à
la liquidation des dettes contractées sous l'ancien régime, de fixer la réparti-
tion de ces dettes entre les différentes parties des provinces qui les avaient
contractées, 8c de terminer toutes les affaires pendantes.
Le commissariat de la province de Languedoc fut composé de vingt mem-
bres, deux par départeinent. C'étaient, pour la Haute-Garonne, MM. Adhé-
mar & Mieulet de la Rivière; pour l'Hérault, Cambon &c Reboul ; pour
l'Aude, Fabre Si de la Porte; pour le Gard, Giraudy & Mazers; pour l'Ar-
dèche, Desanglier & Bollioud; pour la Haute-Loire, La Grévol £< La Faye;
pour la Lozère, F.imar Se l'abbé de Juin de Siran ; pour le Tarn, Gorsse S<.
Descolis. Les deux départements de l'Ariége 81 des Pyrénées-Orientales, mal-
gré le peu d'importance du territoire qu'ils avaient emprunté à la Province,
envoyèrent pourtant chacun deux délégués au commissariat, MM. Expert
81 Pauly pour le premier, Soulère 81 Coronat pour le second '.
I,es premiers commissaires se réunirent à Montpellier, le 8 octobre 1790.
L'abbé de Juin de Siran se hâta d'en donner avis au président de l'Assemblée
nationale, à M. de Saint-Priest 8<. aux députés de Languedoc. « Nous voici
« enfin assemblés, leur écrivait-il, pour nous livrer à un travail qui tend à
« faire jouir sans réserve les peuples de l'ancienne province de Languedoc
11 du bienfait signalé d'une entière régénération, n
Le commissariat commença par se modeler sur l'Assemblée nationale; il se
divisa en bureaux dont l'un était chargé de présenter les rapports dans les
réunions générales. Le soin de la correspondance fut confié à M. Cambon,
commissaire de l'Hérault^. On mit sous ses ordres, avec le titre de greffier 8c
■ Archives nationales, H. 995. Procès-verbal des les divers bureaux de MM. les Syndics, beaucoup
opérations du Commissariat de l'ancienne pro- plus que dans mon greffe, les différentes pièces
vince de Languedoc. dont elle pourra avoir besoin. Au surplus, comme
'Quelques extraits de correspondances, recueillis je prévois que mes affaires personnelles & l'état
aux Archives nationales, permettront d'apprécier d'infirmité de mon père & de ma mère pourront
le ton des rapports créés par les nécessités du ser- me retenir encore ici, j'ai donné à mon commis
vice entre les anciens officiers de la Province & les ordres les plus exprès pour répondre aux désirs
les agents de l'ordre nouveau : & aux vues de MM. les Commissaires en tout ce
qui pourra concerner mon greffe. Mais en lui
Lettre de M. Carrière, sécrétai e Jes Etats Je Lan- j„„„,„, „, „,j„. :. „• ; „,, j •. „ ur
' donnant ces ordres, je nai pas du oublier, par
gBfJoc, à M. Camion. ^^^ j^,;^^ j^ ^^^ ^^^p^^^ p^^^^ j^^ ^^j_.^^ ^^_ j^^.^
K Monsieur, j'étois absent de Saint-Quentin, que j'ai juré & promis, à chaque tenue d'États,
lorsque la lettre que vous m'avez fait l'honneur étant en la présence de Dieu & la main levée au
de ra'écrire le 6 de ce mois m'y est parvenue : ciel, de maintenir les libertés, droits & privilèges
c'est ce qui a retardé ma réponse à votre demande du Languedoc, & ne consentir point qu'il y fut
concernant la remise des pièces & instructions porté aucun préjudice. Voilii, Monsieur, la pio-
nécessaires aux opérations de MM. les Commis- fesiion de foi que mon père & moi avons renou-
s^iires des départemens. La Commission trouvera velée depuis que nous appartenons à la Province;
notamment aux archives de la Proyince & dans & cela toutes Us années, & tant qu'il a plu au
1790
1790
1426 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
des appointements de cent cinquante livres par mois, un procureur au bureau
dc". finances de Montpellier, nommé Bouschet.
Un des premiers actes du nouveau pouvoir fut de mettre la main sur les
archives de la Province. Le 18 octobre, à cinq heures du soir, douze com-
missaires, suivis de leur greffier & de quelques commis, se présentèrent au
logis de M. Bonnemain, greffier des Etats, pour recevoir tous ses papiers &
ceux du greffe rayai. C'était une collection considérable, continuée depuis
près de trois cents ans 8c remplissant quatre vastes salles.
Les papiers du greffe du roi, dont la dernière installation remontait à
quarante ans, avaient été soigneusement classés par ordre de matière & de
diocèses. L'officier de la Province, accoutumé au formalisme & à la régula-
rité de l'ancienne administration, ne put voir sans effroi des hommes dont
il savait à peine les noms, mais dont il ignorait surtout les titres & les qua-
lités, ordonner le transport en bloc dans l'hôtel de ville de Montpellier de
tout cet ensemble de documents. Il en fit ses confidences au contrôleur géné-
ral, en lui exprimant le regret que la division des papiers entre les divers
directoires départementaux ne se fît pas dans les salles mêmes du greffe, oti
l'opération eût été plus méthodique 8<. plus facile. Mais la lenteur de ces
procédés ne pouvait satisfaire l'impatience du commissariat, qui fit tout
transporter à la fois, sans s'inquiéter de la confusion & du désordre. On ne
prit pas même le soin de rédiger un procès-verbal authentique pour constater
la livraison des pièces 8<. sauvegarder par un inventaire la responsabilité de
l'agent provincial qu'on dépossédait'.
roi de nous appeler à son service pour remplir nisfrateurs, vous enjoignent de vous rendre snns
aux Etats les devoirs de notre charge & office. Je délai auprès d'eux, pour leur remettre vous-même
dois donc déclarer ici. Monsieur, que je croirois les clefs & papiers de votre greffe. Ils n'entendent
devenir en quelque sorte parjure au serment que point d'être renvoyés à votre commis, & vous
j'ai prêté tant de fois à la face du ciel & de la prient de les dispenser de recourir à des voies
terre, & qui sera toujours sacré pour moi, si la extraordinaires pour vous y contraindre,
conduite respectueuse mais réservée que je me ferai n J'ai l'honneur d'être. Monsieur, avec un res-
toujours un devoir de tenir envers MM. les Com- pectueux attachement,
missaires pouvoit jamais être regardée comme un « L, de Juin, Bollioud, MazeuS, Desangcer,
acquiescement & une adhésion de ma part ;iu Camuo.n, EiMAn, Gorsse, Descolis.
renversement des droits, libertés & privilèges de « A. Bousciiet, secrétaire & greffier '. «
la province de Languedoc, auxquels j'ai promis ' Lettres de M. Bonnemain au contrôleur géné-
& juré solennellement de mourir fidèle. J'ai l'hon- rnl, des 20 & 33 octobre 1793. Archives nationa-
neur d'être. Monsieur, avec un respectueux atta- les. H. 990. — Deux des commissaires, MM. Eol-
chement, votre très-humble & très-obeissant scr- lioud & Pauly firent vendre à la monnaie l'ar-
viteur, Caurière. gentene de la chapelle des Etats, comprenant six
« \ Saint-Quentin par Uzès, le 11 novembre chandeliers d'autel, deux chandeliers d'acolyte,
1790. » une croix avec son pied, un bénitier avec son
Le secrétaire Je la Commission a M. Carrière,
goupillon, deux burettes, deux plateaux, une
clochette, un calice avec sa patène, une aiguière,
n Comme il est assez constant, Monsieur, indé- & la paix. L'ensemble pesait cent quarante marcs
pendamment de l'aveu que vous en faites, que d'argent évalués à 6c)iS livres, qui durent être
vous apparteniez^ à la ci-devant province du Lan- employées i la liquidation des dettes de la Pro-
guedoc, MM. les Commissaires des départemens, vince.
qui en réunissent tous les droits, & qui exercent
éminemment tous les pouvoirs des anciens admi- • Archives nationales, H. ggS.
LIV. V. LOUIS XVI ET LA REVOLUTION.
1417
1790
Les archives de l'intendance, dont M. de Ballainvilliers avait fait classer
8c inventorier, les papiers en 1787, furent également réparties parles soins
des commissaires, entre les directoires départementaux, distribution qui s'ac-
complit sans beaucoup de ménagements 8c qui eut le désavantage de désa-
gréger un ensemble historique, sans grand profit pour l'administration '.
Du reste, les difficultés se multipliaient de jour en jour dans les opérations
du commissariat.
Le nouveau morcellement du territoire créait une foule de questions
purement matérielles 8c d'un faible intérêt pour la régénération des peu-
ples, mais dont la solution, suspendue par des conflits d'intérêts rivaux,
occasionnait de singulières lenteurs. C'est ainsi qu'il s'éleva une contesta-
tion au sujet de l'imposition des droits perçus par le canal des Deux-Mers,
les commissaires de l'Hérault, de l'Aude 8c de la Haute- Garonne voulant
en faire profiter exclusivement les trois départements traversés par cette ligne
de navigation intérieure, tandis que toutes les autres fractions de l'ancien
Languedoc y prétendaient, la Province entière ayant contribué aux dépenses
de création.
Grâce à ces obstacles, un grand nombre d'affaires se trouvèrent en retard,
Certaines administrations départementales se plaignirent du peu d'aciiviic
des commissaires ou cherchèrent à les stimuler avec des termes dont leur
susceptibilité se trouva quelquefois atteinte. Le ralentissement de ces opéra-
tions jetait le trouble dans beaucoup d'existences modestes, dont les services,
rémunérés par la Province, constituaient l'unique ressource. Les professeurs
de mathématiques, d'architecture 8c de dessin attachés à l'école des arts do
Montpellier demeurèrent plus de six mois sans recevoir de traitement.
Les dettes de la Province dont la liquidation était confiée au commissariat
avaient été principalement constituées par des emprunts contractés en vue
d'accélérer l'exécution d'ouvrages publics, dont il était souvent difficile de
' Eiig. Thomas, Inventaire sommaire des archives
départementales de l'Hérault ; notice, p. xvii.
M. de Ballainvilliers écrirait là-dessiis à M. de
Saint-Priest le 12 juillet 1790 ;
« Je dois TOUS observer que je n'ai pas seule-
ment à l'intendance les papiers qui sont dans les
bureaux; ceux-là ne sont rien en comparaison
de ceux que renferment les archives que j'ai fait
mettre depuis peu de temps dans le plus bel ordre
possible, & auxquelles on a travaillé dix-huit
mois sans discontinuer. Après avoir fait de ces
papiers la division prescrite, ce qui va déranger
& rendre inutile un travail précieux. Le renvoi
des papiers qui resteront sera très-considérable. Il
y en aura au moins de vingt-cinq à trente char-
retées. »
Le ministre avait demandé qu'un assez grand
nombre de correspondances secrètes lui fussent
renvoyées. Balainvilliers répond :
« Tl est à craindre que les assemblées de dcpnr-
temens refusent de souscrire à la distinction mar-
quée.... Dans les circonstances présentes, on doit
s'attendre à toute sorte de prétentions. Croyez-vous
que l'ostensibilité de votre lettre fera disparoître
celle-là & déterminera les commissions à l'aban-
donner? C'est ce dont j'oserois douter.
'( Au moins voudra -t-on vérifier les papiers
réservés, & alors que deviendra le secret de la con-
fiance qui sert de base à la division? »
Quant à renvoyer avant , impraticable. <i II ne
faut pas se le dissimuler; dans ce moment, plus
que jamais, les yeux sont ouverts sur tout ce qui
se passe à l'intendance; ils ont d'ailleurs de grands
moyens pour être éclairés. Celui qui entreprendroit
ce renvoi seroit exposé aux désagréinens les plus
fâcheux '. a
' Archives nationales, H. 9<)5.
1790
1428 ETUDES HISTORIQUES SUR LE LANGUEDOC.
répartir équitablement la charge entre les divers départements, plusieurs des
anciens diocèses s'y trouvant intéressés à des titres différents.
C'est par des mesures financières de cette nature que la Province, au
moment de sa suppression, faisait continuer quelques ouvrages importants :
la route d'Auvergne, dans la section du Vivarais; celles du Puy à Pv.odez Se
de Montpellier à Saint-Flour; la route du Rhône; les chemins de Narbonne
en Roussillon, de Saint-Pons à Béziers, de Castelnaudary à Lavaur, de
Toulouse à Castres; l'exhaussement du cours Dillon à Toulouse; les ponts
de Cuxac, de Vias & de Saint-Paulet; le canal des Étangs 8t celui de Beau-
caire à Aigues-mortes.
Les commissaires suspendirent leurs opérations le 3i août 1791, onze
mois après leur première réunion, 8c le nom de Languedoc disparut alors
définitivement de tous les actes officiels.
Ce fut la dernière phase de la destruction des anciennes institutions pro-
vinciales. Il n'en reste plus aujourd'hui d'autres vestiges qu'un certain
nombre de grands travaux publics dont les générations suivantes ont profité,
quelques centaines de volumes poudreux, où les historiens vont chercher
une image incomplète de la vie, &, dans la mémoire du peuple, cette
impression un peu vague, mêlée de respect & de tristesse, qui s'attache au
souvenir des choses déjà lointaines Si des formes disparues.
FIN
(Sid; ±±d.± ^•J.ê::.-^d^Ob':Ksôbû(j€hô[:^ôbùbzibû(^€^Ob<ùb(lD
^ _ — ^
TABLE GENERALE
DES NOMS ET DES MATIÈRES
AAbbates : de Mazan, pp. 473, i3oi.
— de Moissac, p. 3o5.
— de Montolieu, p. 684.
.„.__, , . . . _. , ,-, — de Montserrat, p. 320.
ABADIE, négociant « Toulouse, p. 1 363. ■ m„. . n 1 j. c„„.f,„:j. „ .„.»
° . '^ , . ■— de Notre-Dame de rontiroide, p. 1020.
Abat*(,e des animaux malades de l'épizootie, de Paimpont p. 1020.
pp. 1047, 1248, 1149. _ de Prouille, p. 36i.
ABAUZIT d'Uzès, enlevé tout enfant à $a mère de Saint-Bénigne de Dijon, p. 446.
après la reTOcation de l'édit de Nantes; sa repu- de Saint-Calais, p. 1023.
i.ition de philosophe & de penseur, p. /i').'). — de Saint-Chaffre, p. 119.
AHiîASSIA (d'), avocat de Toulouse, maître es de Saint-Clément, p. 1020.
Jeux-Floraux, p. 661. — de Saint-Denis, p. 393.
AiuiAïES : d'Aiguebelle, p. 1 197, — de Saint-Denis de Rennes, p. 398.
— d'Aniane, pp. 684, 863. — de Saint-Geniès, p. ôi.").
— de Belleperche, p. 684. — de Saint-Georges de Rennes, p. 1 104.
— de Bonnefont, p. 684. — de Saint-Germain des Prés, p. 1096.
— de Bonneval, p. 684, — de Saint-Guillem du Désert, p. 121.
— de Boulbonne, pp. 871, 872, 873, 1404. — de Saint-Hilaire, p 685.
— de Calers, p. 684. — de Saint-Michel, à Toulouse, p. 1 223.
— de Candeil, p. 684. — de Saint-Pierre de Psalmodi, pp. 645, 647.
— de Caunes, p. 93. ^ de Saint-Sernin , pp. 146, 148, 199, 200, 364,
— de Chambon, pp. 488, 1 198. 1 086, 1 227, 1 228.
— de Chancelade, p. .Oi-. — Sainte-Claire, p. 647.
— de Chazes, p. 1 194. — de Sainte-Geneviève, p. 720.
— de Clavas, pp. i2o3, 1204. — de Saint-Thibéry, p. 685.
— de Cluny, p. 393. — de Saint-Vincent de Luc, p. 364.
— de Fontfroide, p. ('184. — de Saint-Volusien, p. 254.
— de Froidmont, p. 720. . — de la Sainte-Trinité de Fécamp, p. io3o,
— de Grandselve, p. 684. — de la Seauve, pp. 1204, i2o5, 1106.
— de La Capelle, p. 684. — de Sorèze, p. 685.
— de La Grasse, p. 684. — de Valmagne, p. 685.
— de Lérins; p. 393. — de Vielmur, p. 68ô.
— de Marchiennes, p. i 104. — de Vignogoul, p. 685.
— du Mas-Grenier, pp. i3, 684. — de Villemagne, p. 685.
i43o
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Abbés de : Aiguebelle, p. i 198; Aiifrcry, p. \i<A;
Barrés, p. 1224; Basterot, p. 1028; Bfauregard,
p. 364; Bellcval, p. 1069; La Bourlie, pp. 855,
887; Brissac, p. 1023; Cambon, p. 1218; Car-
bon, p. 365; Casiellane, p. io23; Chamron,
p. I023; du Chayla, p. 741; Choiseul, p. io23 ;
Ciron, pp. 446, 073, 674, 075, 576; Coetlos-
qiiet, p. 1023; Cosnac, p. io23; Colbert de
Croissy, pp. 1248, 1249, 1202, I265; Cruas,
p. ii98;Dilhe, pp. 1024, 1 02 5;D 11 pin, p. 1218;
Kstoiiblon, p. I023; Flavigny, p. 1223; Firmy,
p. 1214; Giiasco, p. iio3; Hugues, p. io23;
Jonquières, p. 1198; Rerdu, p. io23; La Fare,
p. 1341; La Galaisière, p. 1223; Le Tellier,
p. 445; Lort de Sérignan de Valras, p. io23;
Marbeuf, p. io23; Marnésia, p. io23; Massé-
lian, p. 858; Maugiron, p. io23; Mazan ,
pp. 1198, 1200; Montesquieu, p. i355; Mont-
ferrand, p. i o23 ; Néel, p. io23 ; Palasse, p. 1219;
Pampelonne, p. 1376; Pérussy, p. io23; Pize,
p. 753; Pompone, p. 365; Rey, p. 1219; Saint-
Sernin, p. |356; Sesmaisons, p. io23; Terray,
pp. 1209, 1211, 1226; Vaulserre, p. 10 23 ; Ver-
mont, p. 1339.
AenEviLLE, p. 627.
ABDRAS MOREL. Voir CATINAT.
ABEILLE (Jean), p. 863.
Abjuration du marquis de Malauze, p. 260.
— des protestants en Poitou, dès l'apparition des
troupes, pp. 553, 554.
ABJt'BATiONS de ministres, p. 538.
— en masse, p. 540.
Abolition des privilèges, pp. 1392, 1393.
Abondance verbeuse de certains terroirs de Lan-
guedoc, remarquable dans les cahiers de 1789,
p. i38i.
Abonnement des tailles, p. io3o; en faveur de la
ville de Toulouse, révoqué, p. 878; sollicité de
nouveau par les capitouls; conditions posées
pour l'obtenir, p. 389.
— de la capitation, p. io5.
— des vingtièmes, p. 128.
AKRA DE RACONIS (Charles- François), évêque de
Lavaur, pp. 1 59, 178.
Abpks, hameau en Gévaudan, p. 965.
AiiLS; tentative sérieuse pour les réformer dans la
plus grande & la plus féconde partie du règne
de Louis XIV, signalée dans un discours du
prince de Conti, p. Zç6.
— à détruire, signalés par Calonne comme un
fonds de richesse, p. i336.
— d'autorité, pp. 820, 821.
— dans l'administration des communes, pp. 68,
1042, 1043.
— dans l'administration des Etats de Languedoc
dénoncés par le Parlement, pp. 807, 3o8; signa-
lés par les rentiers de la Province, pp. loii,
loi 2 ; par un sous-doyen de la cour des comptes
de Montpellier, p. 1119.
— de certaines faveurs aux pères de la Merci,
p. 264.
— des lettres de cachet à propos de charges con-
sulaires, p. 359.
— de privilèges par les membres du Parlement
concernant le payement dei laïUes, p. 196.
Abus relatifs à l'administration de la justice dans
les Cévennes, le Vivarais, le Gévaudan, pp. io3,
121, I 195, I 320.
Académie Fbancaisb, pp. 246, 247, i335, 1372.
— de Nimes, p. 656.
— des sciences de Pans, p. 1242.
— de belles-lettres, créée à Toulouse par la réforme
des Jeux-Floraux, p. 658.
— des Jeux-Floraux, pp. 260, 1877; donne une
Thémis d'argent à propos du rappel du Parle-
ment, p. i 272.
— des arts de Toulouse; vœu émis par les Etats
de Languedoc d'y annexer une sorte d'école pré-
paratoire pour le service des ponts & chaussées,
p. i33i .
— des sciences de Toulouse, pp. 85, 87.
• — des sciences, inscriptions 8c belles- lettres de
Toulouse; sa fondation; son organisation;
membres honoraires associés nés, associés libres,
associés étrangers, membres adjoints, correspon-
dants, pp. 200, 1102, M o3 ; difficultés qui l'as-
saillent dès son installation, pp. iio3, 1104,
II 35; demande & obtient l'appui financier de
la Province pour l'achat de l'observatoire & de
ses instruments, pp. i3o4, i3o5.
— d'Angers, p. 1372.
— d'Arles, p. 567.
— de Florence, p. 1372.
■ — de Genève, p. i 168.
— de Lyon, p. 1872.
— de Madrid, p, 1372.
— protestante de Montauban, p. 14.
— de peinture, gravure, &c. dt- Me itpellier; re-
çoit une subvention annuelle des E'ats, p. 26.
— de Nimes, p. i 372 ; son érection blâmée, p. 423 ;
fondée en 1682, p. 586; fait, en i683, une sorte
d'alliance avec celle d'Arles; ses travaux sont
suspendus en |685, la révocation de l'édit de
Nantes ayant dispersé plusieurs académiciens,
p. 567.
— d'équitation, à Carcassonne, p. 26.
— protestante de Puylaurens supprimée, p. 28.
AcADiE, possession française en Amérique cédée à
l'Angleterre, p. 9o3.
Accaparement de grains, pp. 1, 643,
Accor.D doit être rétabli entre le droit & les faits,
p. i38i.
AccocciiEMENT (cours d') à Toulouse, p. I23.
— (Cours gratuit d'), p. 127.
Accusation d'empiétements, de panialité & d'in-
justice entre les divers corps constituant l'an-
cienne société, p. 1034.
ACHARD (Jean), p. 195.
ACHARD, notaire à Nimes, p. 992.
Achat de bestiaux, p. io52.
— de munitions, p. 35o.
— de suffrages, p. 499.
ACHER DE MORTONVAL, commis des finances,
p. 1417.
AcoNS, en Vivarais, p. 1201.
Acquéreurs du domaine, p. 365; subissent les
vexations des traitants, p. 260.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1431
AcQUÉBEPRS d'offices, pp. 1048, 1120, 1221.
Acquisitions de baronnies portent le trouble dans
l'entrée aux Etats, p. 477.
AcQuiTS-A-CAUTio\ exîgés pour les marchandises
allant du Languedoc au port de Cette, p. 727.
Acte de baptême d'un enfant tenu par Molière
sur les fonts baptismaux, à Narbonne, p. 293.
ADHÉMAR, p. 1425.
Adjudicataire de réquivalent, p. 92.
Adjudication des tailles, p. io5i.
Adjudications par décret, p. 69.
— des ouvrages publics payés par la Province,
p. 35.
— d'ouvrages publics des diocèses, p. 114.
Administration civile, p. iSôq.
— des communes, pp. 109, 1 192.
— des grands chemins, ponts & chaussées de Lan-
guedoc, p. 1032.
— de la justice, p. I22j dans les Cévennes, le
Vivarais & le Gévaudan, p. i3i3.
— militaire, p. 1369.
Adocb, rivière, pp. 469, 1261.
— (Vallée de 1'), p. 471.
ADVISARD (d'), p. 349.
ADVISARD DE SAUBENS (d'), p. |355.
ADVISARD DE NOGARÉDE (Baron d'), p. i353.
Affaire Calas, pp. i 162, 1 i63, 1 164, 1 |6.5, 1 166,
I 167, 1 168, i 169, 1 170.
Affaires ecclésiastiques, p. 57 j traitées directe-
ment avec le roi après la mort de Mazarin j
noms des membres du clergé français chargés de
cette mission, p. 401.
— générales de l'État; défense au Parlement d'y
iritervenir, p. 347.
— municipales de : Bédarieiix, p. 304; Lunel,
p. 354; Montpellier, p. 354.
— de religion, p. .^o3.
Affranchissement de tailles vendu, p. 863; les
quittances sont perdues dans le trajet de Pans à
'Toulouse, p. 864.
Affranchissements accordés aux communes & aux
p.iruculiers, p. 1 o5i .
Acde, ville épiscopale, pp. 14, 43, 48, 5i, 54, 60,
61, 69, 78, 88, 99, ii5, 119, i2.'j, 127, 1 .56,
i65, 2i3, 384, 473, 726, 885, 890, 899, 96.5,
lo6i, 1146, 1294, 1391, 1401; construction
d'un pont de bateaux, p. 59; sa population en
1698, d'après Bâville, p. 692; menacée par les
Anglais, p. 882; ne pouvant être défendue, un
de ses consuls fait une convention avec les trou-
pes anglaises qui respectent la ville, pp. 882,
883.
— 'Chapitre d'); ses armoiries, p. 683.
— Députés d'), p. 314.
— Diocèse d'), pp. 56, 85, 95, 99, 106, 107, i 14,
126, 479, 619, 664, 755, 1028, 1081, 1088,
Ii32, 1149, <<too; sa richesse; ses produiis,
p. 699.
— (Évéque d'), pp. 1 16, 3i4, 416, 989, 990.
— (Port d'), pp. I 125, I l3o.
AcEN, pp. 366, 449, 1243, 1295.
Agenais, pp. 1239, 1261, 1296.
Agiotage dans la Province, p. 944.
Agitation à Montpellier à l'occasion de la démo-
lition du temple protestant, p. 525.
— dans les populations, p. 1390.
Agitations locales, pp. 337, 565, 1390.
Agneacx ; ne peuvent être tués en Languedoc,
sauf à Toulouse, p. 78.
Agne, commune, p. 45.
AconneS; ses armoiries, p. 686.
Agout, affluent du Tarn, pp. 260, 261, 456, 469,
470, 472, 622, 729, 868, 1252, 1253, 1255,
1263, |385, 1400; déborde, p. 61.
AGRAIN (Baron d'), premier consul du Puy,
p. 398.
AGRAIN (d'), vicaire général du Puy, p. 459.
AGRET (Pierre d'), sous-doyen du Parlement de
Toulouse, p. i36.
Agriculteurs réfugiés; établissent des jardins po-
tagers & des pépinières en Suisse, p. 565.
AGUESSEAU (Henri d'), pp. 26, 5io, 728, 920,
io3o; maître des requêtes, d'abord intendant de
Limousin, puis de Guienne, succède à Bezons
dans l'intendance de Languedoc; ses parents;
son éducation; ses enfants, pp. 357, 5oo; de
quelle façon il comprend le rôle de l'intendant
de Languedoc; son éloignement pour les sociétés
de plaisir; anecdote sur son épée, p. 5oi ; son
intérieur; ses rapports journaliers; son apprécia-
tion des Languedociens; il refuse les gratifica-
tions que votent pour lui les Etats; est le digne
interprète des pensées de Cclbert; sa compétence
pour l'établissement de manufactures & de di-
verses industries, p. 5o2 ; traite avec soin & zèle
l'iiff.iire du canal de Languedoc, p.5 |3; ses arbi-
trages difficiles & délicats au sujet de ce travail,
p. 514; est un des commissaires pour la récep-
tion du canal de Languedoc, p. 5i5; rend une
ordonnance pour la conservation des grands
chemins, p. 25; accompagne Lonvois dans son
voyage en Languedoc, p. 5i6; met les revenus
de la partie de l'évêché de P.imiers située en
Languedoc entre les mains de l'archevêque de
Toulouse, p. 5i7; sa modération lui attire la
sympathie & le respect des réformés de Lan-
guedoc; inspira peut-être les innovations qui
avaient pour but d'exclure les protestants des
fonctions publiques; sa maxime sur le pouvoir
du prince à ce sujet, p. 519; termes par lesquels
il annonce aux Etats la suppression de la cham-
bre de l'édit de Castelnaudary, p. 520; son opi-
nion sur l'avertissement aux protestants lu par
ordre du roi dans les consistoires; il se rend en
personne dans les consistoires les plus impor-
tants pour y présider la cérémonie, p. 522; dès
les premiers attroupements, il dénonce l'insuf-
fisance de la maréchaussée & demande des trou-
pes, p. 529; son opinion sur l'affaire des ma--
nufactures de soie à Nimes; n'y voit qu'un
antagonisme d'intérêts particuliers; les catho-
liques ne pourront s'établir sur les ruines de
leurs rivaux, p. 53o; pour calmer les craintes
provoquées par les premiers troubles, se trans-
porte au Puy & en Viva rais, sans escorte, avec sa
femme & ses trois fils, p. 53 1; cherche dans son
1432
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
voyage à rétablir la confiance; arrive à Tour-
non; son ambition de pouvoir terminer les
troubles; agit près de la Cour dans le sens de
la modération, p. 532; impuissance de ses
efforts, p. 53.Ï ; lutte contre l'impatience des
chefs militaires; espère toujours arrêter le mou-
vement par les voies de la douceur, p. 534; ^^^
opinion sur les premiers combats en Vjvarais;
son sang-froid durant le combat, p 535;'ordres
qu'il reçoit de Loiivois pour la punition des
protestants insurgés, p. 536; dès la mort de
Colbert, prévoyant les malheurs qu'une politi-
que de compression allait amener, sollicite son
rappel, p. 5^9; prévoit les malheurs qu'amène-
ront les mesures prises contre les protestants;
est rappelé; affliction que cause son départ dans
la Province, p. 5^0; il quitte la Province navré
des mesures militaires qui se préparent; sa fa-
mille quitte a ursi la Province, p. 541 ; ses travaux
durant le cours de son intendance, pp. 541,
642; le futur cliancelier de France sert d'inter-
prète à son père lors de l'arrivée de BàviUe,
p. 541 ; diverses missions accomplies par lui
après avoir quitté le Languedoc, p. 042; date
de sa nomination au conseil d'Etat, p. 55i;
rappelé au conseil d'Etat, p. 28; une de ses
filles est dans l'institut des Filles de l'Enfance,
p. 578; ses craintes pour cet institut au mo-
ment ou il quitte l'intendance, p. 079; sa lettre
à sa fille, apiès l'exil de M""' de Mondonville,
pp. 579, 580; nommé membre du conseil de
commerce, p. 716; sa mort en 1716, p. 542.
AGUESSEAU (Henri-François d'), procureur géné-
ral au Parlement de Paris, pp. 862, 866; chan-
celier de France; résumé de quelques passages
de son mémoire sur l'Eglise de France, pp. 880,
881.
AGUESSEAU (M""' d'), née de Périgny, p. 5o2.
AGUESSEAU (M'" d'), une des filles de l'inten-
dant, fait partie de l'institut des Filles de l'En-
fance, p. 578; sa vie austère & retirée dans la
maison paternelle, p. 53o.
AGUESSEAU (M"'' d'), mariée plus tard au maître
des requêtes Le Guerchois, pp. 58o, 582.
AGUIN fd'), président au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
AIGALIERS (ROSSEL, baron d'), nouveau con-
verti; cherche à pacifier la Province; présenté
à ChamiUart par le duc de Chevreuse; choisi
par le maréchal de Villars pour négocier avec
les insurgés, p. 820; ses projets de négociation
avec les camisards; à son instigation, les pro-
testants de Nîmes demandent à prendre les armes
contre les rebelles, p. 826 ; propose, avec les Cé-
venols qui déposent les armes, de former un
régiment portant le nom du maréchal de Villa rs,
p. 83o; entretient Cavalier dans ses projets de
soumission, p. 836; ses persistantes négociations
amènent les camisards à la soumission, p. 841.
AIGALIERS (Baron d'), p. io36.
AIGALLIEKS (Baron d'j, député aux Etats géné-
raux, pp. 3;, 1377.
AïOLADiNE, hameau dans la vallée du Gardon de
Mialet, p. 790.
AIGLUN (Abbé d'), premier chancelier de l'acadé-
înie de Nîmes, p, 556
AlGOAL. KolV AlGOlAL.
Aighefeuii.i.e, commune, p. 1373.
AIGREFEUILLE (d'), conseiller à la cour des
comptes aides & finances, p. 1097.
Air.UECELLF. (Abbaye d'), p. 1197.
— (Abbé d'), p. 1198.
Atgl'efonde, p. 472.
A1GLES-MOHTES, ville du diocèse de Nimes, pp. 35,
55, 6a, 66, 69, 73, 78, 81, 106, 110, I |3, 116,
117, 127, 362, 383, 437, 460, 590, 645, 647,
649, 691, 709, 747, 788, 902, 944, 95i,_ I 125,
1129, ii32, 1146, 1171, 1226, 1265,' 1279,
1406; les consuls prennent des précautions
contre la peste, p. 430 ; projet de canal, pp. 384,
385, 386; on y est favorable à la création du
canal de Beaucaire, p. 387.
— (Château d'), p. 340.
— (Fort d'), p. 1073.
AiGUESvivES, lieu, pp. 493, 760, 871, 1218, 1406.
— (Consuls d'), p. iii3.
— (Seigneurs d'), p. 1 iSy.
— (Justice d'), p. I 160.
AiGUESVivES, près de la Vannage, p. 759.
AIGUESVIVES (MARTIN d'j , président au Parle-
ment de Toulouse; son exil, p. 1218,
AIGUINES (Chevalier d'); sa défaite, p. 37.
AIGNAN (d'), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
AiGOUAL ou AicoAi., Aygoual ou Aïgoal, pp. 648,
738, 740, 743, 747, 749, 798, 802, 8o5.
— (Gorges de 1'), p. 754.
— (Montagne d'), p. 1072.
AIGUILLON (Duc d'), p. 1217.
AIGUILLON (Duchesse d'), pp. 68, 1 198.
AiLLO.v, en Vivarais, p. 1201.
AiRAc, en Vivarais, p. 1201.
AlIlE, p. 1023.
— (Evéque d'), p. 364.
Aix, pp. 287, 58 1 , 772, 1 023 ; séjour de Louis XIV
dans cette ville, p. 383; la peste y fait quelques
ravages en 1664, p. 43o; l'établissement des
Filles de l'Enfance y est autorisé, p. 578.
— (Archevêché d'), p. 364.
Ajoux, en Vivarais, p. 1201,
Alaigne, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Alai.s, ville de l'ancien diocèse de Nîmes, puis
ville épiscopale, pp. 29, 32, 33, 43, 54, 61, 66,
71, 75, 77, 81, 85, 88, 91, 92, 96, 98, 101,
MO, 117, 177, 287, 425, 480, 481, 482, 483,
487, 601, 65o, 65i, 709, 737, 750, 753, 755,
709, 760, 762, 763, 774, 775, 776, 788, 796,
797, 798, 824, 833, 841, 869, 890, 897, 918,
ç65, 988, 990, 1004, 1.020, 1067, 1073, 1129,
1178, 1279, 1283, 1284, i32i, i322, i335,
|385, 1406, 1418 ; statuts des boulangers & des
droguistes, cassés, p. 65; les protestants abjurent
avant l'arrivée des troupes, p. 555; on y cons-
truit un fort pour la surveillance des Cévenncs,
p. 599; on y crée un évèché, p. 644; fonds de
revenu; négociations délicates avec le Saint-
Sié^e au sujet de cette érection, p. 645; la po-
pulation se compose de dix-huit cents familles
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1433
presque toutes converties (depuis la révocation
de redit de Nantes, p. 646; ordres religieux
existant d.ins cette ville, p. 647; sa population,
p. 692^ établissement d'un séminaire pour faci-
liter le recrutement du clergé, p. 73oj Eâville
y établit son tribunal, p. 746; construction du
palais épiscopal, pp. 58, 985, 986, est sérieu-
sement éprouvée par la peste en 1721, p. 961.
Ai.us (Archiprètré d'}, p. 648.
— ^Chapitre d'), suppression de cinq canonicats,
p. 99J ses armoiries, p. 683.
— Consuls d'), p. 487.
— Comté d'), pp. .SB, 1 15, 116, 799, 863, 1284.
— (Diocèse d'), pp. 42, 56, 88, 94, 96, 98, iro,
102, 106, 107, 112, 114, 126, 619, 702, 75 ,
760, 770, 855, 965, 967, 968, 985, 988, 1081,
1088, 1129, I i3o, ii5o, 1177, 1178, 1190,
1283, 1406; nombre de paroisses, p. 647; sa
division en archiprétrés, p. 648; noms des a r-
chiprétrés & des paroisses, pp. 648, 649; ravagé
par la grêle en 1727, p. ioo3.
— Evèché d'}, p. 1286.
— 'Kvêques d'), pp. 67, 128, 992, i338, 1367.
. — Forts d'), pp. 870, 1073.
— Montagnes d'), p. 788.
— Second consul d'), p. i3.
ALAIS (Comte d'), pp. 6, 287.
Al ir.MES de l'évêque d'Alais au sujet des menées
des protestants, pp. 992, 993.
ALARY, chef des partisans catholiques, p. 797.
ALARY (Pierre), pp. 1029, io3o.
Alav.», province d'Espagne, p. 939.
Aluan, en Albigeois, pp. I25, 3io.
ALBAr ÈDE, p. 209.
Albaréues, moulin sur le Tarn, p. loi.
ALBARET (d'), p. 873.
AI, BEN AS 'à')i sa harangue au maréchal de Villa r$
au nom des protestants de Nîmes, p. 826.
Al.ithNAS, chevalier, p. |355.
Al. liERONI, cardinal, pp. 9o3, 92.';, 1079.
AI.HERT (Pierre), condamné k l'amende pour
cTntravention aux mesures relatives à l'épizoo-
tie, p. 1257.
A'.HP^RTAS, maître des requêtes ordinaires de
l'hôtel, p. 479.
Alfii, ville épiscopale, pp. 32, 47, 69, 72, 79, 84,
85, 99, 121, 124, 3o6, 3i2, 362, 696, 890, 99^,
1004, 1067, Il 19, 1229, 1236, i335, i376,
i383, 1384, |385, 1402, 1418; suppression du
présidial, p. 5; troubles en |658, pp. 6, 7;
troubles causés par le différend entre l'évêque
& les consuls; le Parlement de Toulouse appuie
les consuls, pp. 3o8 , 3o9; acquisition de la
mairie d'Albi par l'archevêque, pp. 638, 639;
union des maladreries & de l'hôpital, p. 33;
date de l'établissement de l'hôpital général,
p. 32; ses armoiries, p. 688; sa population,
d'après RiviUe, p. 692; les jésuites y dirigent
un collège, p. 695; appauvrissement de ce dio-
cèse a la suite de l'épidémie, de la mortalité du
bétail, de l'exagération des charges depuis la
guerre & de l'établissement du canal de Lan-
giiedoc; objets de son commerce, p. 698; sa
c.ithédrale, une des merveilles du Midi, p. 1408.
Atri (Archevêques d'), pp. 3o, 247, 938, 95 1, 963,
984, 990, io3o, io32, 1123, 1124; rapport pf-ur
la réduction des rentes provinciales, p. 945.
— 'Chapitre d'); ses armoiries, p. 683.
— (Coadjuteur d'), p. i33J.
— 'Diocèse d'), pp. 53, 56, 57, 60, 61, 62, 63,
65, 67, 68, 72, 74, 88, 99, 114, I i5, 126,
i5j, 619, 770, 894, 895, 1008, 1088, iii5,
1120, 1129, ii32, ii53, 1375, i4c"8; misère
publique, p. 940; essai fait pour la conjurer en
améliorant la production des toiles, p. 04 i ; dé-
vasté par la grêle en 1727, p. 1004; désolé par
les pluies en 1728, p. loo-;;.
— {Évêque d'), pp. 287, 297, 332; à la Cour,
p. 292.
— (Gruerie d'}, p. 474.
— (Hôpital d'), p. 696.
— (Maladrerie d'), p. 696.
— (Présidial d'j, pp. 3o8, 3 10.
— (Syndic diocésain d'), p. i3o5.
— (Viguier d'), p. 54.
AI-BIÈRE (d'), receveur des deniers d'octroi,
p. 604.
Ai.tiGEOis, pp. 9, 85, 176, 177, 255, 260, 3i6,
471, 723, 957, 998, 1019, 1020, ii52, 1219,
1241, 125"), 1287, 1401, 1402, 1406, 1408; les
receveurs des tailles se concertent avec les com-
mandants militaires pour activer la rentrée de*
impôts, p. 896.
A! BIS père (d'), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
AI.KIS fils (d'), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
ALBIS (Chevalier d'), p. i352.
ALBISSON (d'), auteur des Lois municipales, p. 119.
ALBISSON, greffier de la cour des comptes, aides
& finances de Montpellier, p. 1097.
Ai.riîET, baronnie, p. 1059.
ALBRET (Louise d'), dame d'Estouteville, p. 260.
ALBRUGUIÈRE, p. 59.
AI.COUFFE, de Limoux, p. 1207.
ALDEBERT (D">), p. 1142.
ALDÉGUIER (Marquis d'), p. |352.
ALDÉGUIER (Sieur d'), p. 320.
ALDEGUIER (Raimond d'), seigneur d'Aignes-
vives, chef du consistoire, p. 493.
ALDÉGUIER (d'), conseiller au Parlement de Tou-
louse, mainteneur des Jeux-Floraux, p. 661.
ALDÉGUIER (d'), trésorier général de France,
mainteneur des Jeux-Floraux, p. 661; fait
partie de la commission mixte pour le règle-
ment des affaires des communautés, p. 706.
ALDÉGUIER (Hippolyte d'), p. i352.
ALDEGUIER (d'), archidiacre à Toulouse, p. i356.
ALÈGRE (M. d'), p. 488.
ALÈGRE, p. 1406.
ALENÇON (Duc d'j, pp. i85, 431.
Ai.ET, près Toulouse, p. 1218.
Alet, ville épiscopale, pp. 43, 47, i55, i56, 329,
33o, 432, 864, 890, 982, 989, 1004, 1418;
rivalité de cette ville avec Limoux, p. 406; sa
I opulaiion, p. 692.
1434
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Alet (Chapitre d'), pp. 5 14, 5o5.
— (Diocèse d'), pp. 14, 18, 42, 46, Sy, 66, 98,
114, 126, i56, 160, 240, 209, 400, 619, 894,
1008, 1178, 1287, i3oi, i3o2, 1404; ses pro-
duits naturels & industriels; ses vins blancs,
p. 69Ï; son territoire menacé par les courses
des Catalans, p. 862; reçoit des secours à la
suite des désastres de 1707, p. 871 ; ravagé par
la grêle en 1727, p. ioo3.
— (Doyenné d'), p. 604.
(Évêque d'), pp. 16, 18, 8^5; ses différends
avec la noblesse & le clergé régulier, p. 19.
— (Gentilshommes du diocèse d'), p. 18.
— (Pays d'), p. 985.
ALEXANDRE VI, pape, confirme la nomination
faite par Louis XIV de Pierre de Marca à l'ar-
chevêché de Paris, pp. 402, 403.
ALEXANDRE VII, pape, pp. 41 5, 574, 101 5,
1016.
ALEXANDRE VIII, pape, p. 720.
ALGABvr.s, p. 927.
Alger, pp. 904, 927.
Aliénation des biens ecclésiastiques demandée dans
plusieurs cahiers de la noblesse & du tiers Etat,
p. i382.
— de la chasse, p. iSSg.
— des justices, p. 1389.
Aliénations du domaine sous Louis XIV, pp. 637,
675.
Alignan nu Vent, p. 394.
— (Hôpital d'), p. 6;6.
Alignemlnt des chemins, p. 127.
ALIGRE (Marquis d'), p. i337.
ALIGRE (d'),, conseiller d'État) p. 266; son dis-
cours aux États de 1646, pp. 239, 240.
ALISON (d'), marchand, compromis dans la con-
juration de Nimes, p. 858; trois conspirateurs
sont arrêtés dans sa maison; est arrêté lui-
même, p. 859.
Alissas, en Vivarais, p. 1201.
ALIZON (Jean), conseiller au sénéchal de Nimes,
p. 646.
ALLÈGRE (d'), marchand, compromis dans la
conjuration de Nimes; est arrêté, pp. 858, 85^.
Allemagne, pp. 5i, 159, 210, 484, 239, 5S7, 699,
700, 702, 704, 729, 746.
Allemands, fréquentent la foire de Beaucaire,
p. 7o3.
Allier, en Vivarais, pp. 1201
Allier, rivière, p. 397, 473, 481, 487, 488, 489,
798, 85i, 962, 966, ii5i, i384, 1405, 1407,
1410.
— (Bassin de 1'), p. 481.
— (Vallée de 1'), pp. 470, 481.
Allivrement, pp. 79, 109, ii5.
Alloua, marais, p. i 18.
ALLUZ (Jean), p. 59.
ALLUZ (Antoine), p. Sp.
Almanza (Bataille d'), pp. 768, 842.
ALQUIER (Antoine), consul de Limoux, p. 1207.
ALQUIER (J.-F.), de Limoux, p. 1 207.
Alsace, pp. 66, 842, 1420.
Altefage, forêt, pp. 740, 749, 799.
Alteirach, hameau de Gévaudan, p 965.
ALTIER, p. 1407.
Altkirch, dans la haute Alsace, p. 370.
Alzau, affluent du Sor, p. 460,
ALZAU (d'), baron de Voisins, p. 24.
Alzein, consulat, p. 1403.
Alzend, commune, p. 1009.
Alzon, pp. 966, I i3o, 140^.
Ai.zoNNE (Hôpital d'}, p. 6 5.
ALZONNE (Sieur d'), p. 32y.
Amalécites, p. 857.
AmabnéS, en Vivarais, p. 1202.
AMATI, chanoine, p. 200.
AMAURY, capitaine aux gardes, p. 3^9.
Ambassade du Parlement aux Ktati, j p. 289, 290.
AiMBELOT (Jean d'), syndic de la ville de Tou-
louse, p. 218.
AMBELOT (François d') , chef du consistoire,
p. 633; fait des efforts inutiles pour empêcher
la création de l'office de maire de Toulouse,
p. 65o.
AMBELOT (Jean d'), syndic de Toulouse; sa des-
titution, p. 218; rétabli dans ses fonctions,
pp. 221, 227.
ARABES (d'), capitoul, p. 220.
AMBOISE (François-Jacques d'), comte d'Auhi-
joux. roir d'AUBUOUX.
AMBOISE (d'); les diverses branches de cette mai-
son, p. 362; généalogie, pp. 302, 363.
AMBOISE (Pierre d'), chambellan de Charles ^■II
& de Louis XII, ambassadeur à Rome, p. 352.
AMBOISE D'AUBUOUX (Hugues d'), p. 302.
AMBOISE (Georges d'), cardinal, p. 362.
AMBOISE (Jacques d'), baron d'Aubijoux, mort
en i536 au siège de Marseille, p. 362.
AMBOISE D'AUBIJOUX (Louise d'), p. 363.
AMBOISE D'AUBIJOUX (Elisabeth d'), p. 363.
Ambres, baronnie, pp. 67, io3, 864, i385.
— marquisat, p. 107.
AMBRES (Baron d'), p. 106').
AMBRES (Marquis d"), sénéchal de Lauragais,
lieutenant général en Languedoc, pp. 3, 33,
145, 191, 200, 229, 282, 863, 1 i35.
AMBROISE, duc de Bournonville, gouverneur de
Paris, p. 521.
Ambulances de camisards établies dans des rocher»
& dans des cabanes en planches, p. 823.
Amélioration du cours de la Garonne, pp. 127a,
1276, 1277, 1294, 1295.
AMELOT, secrétaire d'Etat, p. 1289.
AMELOT, nommé membre du conseil de com-
merce, p. 716.
Amendes contre les membres absents des conseils
politiques des communes, p. 58.
prononcées contre les nouveaux conveitis,
p. I 142.
Amérique, p. 590; des protestants du Languedoc
s'y réfugient, p. â'j--
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1435
Américains, fréquentent la foire de Beaucaire,
p. 7o3.
Amiécourt, seigneurie, p. i333.
AMIEL, négociant de Montpellier, p. 1080.
Amnistie de Louis XIV aux frondeurs, p. 341.
— à la suite de troubles à Nimes, p. 38 1.
— aux insurgés de Vivarais, p. 22.
Amortissement, p. i336.
— des dettes indiqué par l'édit de Marly de 1749,
pp. 1089, 1090, 1091.
AMOU (Comte d'), p. 1241.
Amphithéâtre de Nimes. Foir Arènes de Nimes.
Ampouillac, métairie, pp. 871, S72.
A.MSTERDAM; manufactures qui y sont créées par
des réfugiés français après la révocation de
l'édit de Nantes, p. 566.
Asachbomsmes dans les confirmations de privi-
lèges de villes ou de lieux, p. 1081.
Anacostes, étoffe, p. 42.
ANCEAU DE LAVELANET, grand -maître des
eaux 8t forêts au département de Languedoc,
pp. 1027, 1070, 1072.
ANCEAU (d'), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
ANCENIS (Marquis d') , capitaine des gardes,
p. 925.
Anciens catholiqies, p. 38; leurs dispositions
durant la guerre des Cévenncs, p. 788; conver-
tis à la réforme, p. 994.
Anciens chemins; vente de leur sol, p. 70.
Andance, en Vivarais, pp. 602, 1206.
Andorre, vallée, p. 697.
ANDRÉ (d'), protestant, p. 738.
ANDRÉ (d'), p. i35j.
ANDRÉOSSY, ingénieur employé, en 1664,3 la re-
connaissance des lieux & aux premiers travaux
de nivellement du canal de Languedoc, p. 4.')^ ;
a visité plusieurs canaux en Italie, p. 460.
ANDRÉOSSY, général d'artillerie, membre de l'Ins-
titut d'Egypte; revendique dans son Histoire
du canal du Midi, pour l'ingénieur son homo-
nyme, l'idée première du canal de navigation
alimenté par les eaux de la montagne Noire;
son Histoire du canal du Midi, p. 468.
ANDREZEL (d'), intendant de Roussillon, p. 985.
ANDRIEU (Jean), fabricant à Carcassonne, p. 82.
ANDRIEU (Pierre-Jacques), avocat à Limoux,
p. 1207.
A.NOmNOPLE, p. 82.
ANDROL (Jean-Joseph), maire perpétuel d'Anno-
n.iy, p. 639.
A.SOL/.E, ville du diocèse d'Alais, pp. x5, 32, 38,
49, ■>4, 73, 92, 95, 100, 110, 126, 127, 177.
588, 753, 754, 755, 757, 739, 760, 76.5, 788,
796, 827, 834, 835, 918, 967, 968, 1283, 1406;
chute du pont en 1768, p. io5; les catholiques
de cette ville se plaignent que les réformés aient
nommé un protestant commis au bureau de la
messagerie, p. 478; les protestants abjurent
avant l'arrivée des troi;pes, p. 555; ses armoi-
ries, p. 686; animation de ses marchés, p. 702;
quartier général du maréchal de Vil la rs, p. 841.
.Anduze (Montagne d'), p. 425.
— (Pont d"), pp. io5, 1 12, 757.
— (Archiprètré d'), pp. 648, 649.
— (Couvent du Verbe-Incarné à^, p. I 142.
— (Plâtrières d'), p. 986.
— (Synode d'), p. 16.
ANUUZE (Baron d'), p. 264.
ANDUZE (Seigneur d'), p. 988.
Angers, p. 627.
Anglais, débarquent sur les côtes de Languedoc &
s'emparent de Cette, p. 883; promettent des
exemptions d'impôts; menacent plusieurs villa-
ges; ne peuvent forcer le passage de' la Peyrade,
p. 884; sont attaqués par les troupes du duc de
Noailles, p. 885; sont forcés de se rembarquer;
laissent des prisonniers; leurs vaisseaux quittent
les eaux de France, p. 886; limites des pays
occupés par eux sur les frontières de Langue-
doc, p. 1403.
Angles, petite ville du diocèse de Saint-Pons,
dans la région la plus élevée de la montagne
Noire, pp. 60, 102, 472, 473, 1401; a ses fu-
taies entièrement dévastées; la commune est
condamnée à payer six mille livres pour dégâts
commis aux forets du domaine, p. 468.
— (Montignes d'j; les neiges les rendent inacces-
sibles une partie de l'année, p. 473.
Angles (Affaire des), entre le pape & le roi,
p. 1001.
Angleterre, pp. 286, 700, 720, 723, 769, 773,
790, 818, 842, 855, 856, 860,861,903, ioi2,
|336; ses bons offices à l'égard des proscrits
français, p. 564; reçoit les protestants fran-
çais, p. 566; la liberté des cultes publics y est
proscrite, p. 829.
Am;ollême, pp. 624, 627.
Angoiimois, p. 922.
ANHALT (Prince d"), p. 1 |35.
Aniane, pp. 70, 93, loi, ICI, 120, 495, 700,
I i5o, 1401.
— (Abbaye d'), p. 863; ses armoiries, p. 684.
— (Abbé d'), pp. 48, 75, 80.
Ammaix carnassiers désolant les montagnes du
Gévaudan, pp. 1193, 1194, 1195.
Animaux frappés par l'épizootie; leur allure;
symptômes de la maladie, p. |233.
Anjou, p. 704.
— (Régiment d'), p. 1244.
ANJOU (Duc d'), pp. 370, 376, 1025.
ANNAT (Le Père), jésuite, chargé de traiter directe-
ment des affaires ecclésiastiques avec le roi,
p. 401; présente au roi le libelle préparé par
le syndicat de la noblesse du diocèse d'Alet
contre Nicolas Pavillon, p. 414.
ANNE, reine d'Angleterre, p. 878, 884, 887.
ANNE D'AUTRICHE, pp. 1, 3, 4, 14, i5, 1 33,
143, 147, i55, 178, 206, 207, 226, 24c, 742,
244, 246, 256, 259, 266, 401; son peu d'es-
time pour le monde parlementaire, p. 269;
quitte Paris, se retire à Saint-Germain, p. 278;
apprend avec émotion le sermon de Montpel-
lier, p. 286; rentre à Paris, p. 342; accompa-
gne Louis XIV il Toulouse, p. 368; ses exer-
1436
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
cices de piété durant son séjour à Toulouse,
p. 379 j accompagne le roi dans ses dévotions,
p. 388; sa mort; lettres-circulaires demandant
des prières publiques, p. 442; service funèbre
en son honneur dans la cathédrale Saint-
Etienne à Toulouse, p. 443.
ANNE DE NOÉ, abbesse des Salenques, p. 294.
Annonay, ville du haut Vivarais , pp. 109, 122,
194, 639, 989, 1195, '199, 1200, 1201, 1202,
i2o3, 1267, i3oo, i3i3, 1348, i38i, i385;
1891, 1409, 141 1; une sénéchaussée y est créée
en 1781, p. i3o3; établissement d'un écorchoir
public, p. 102.
— (Bailliage d'), p. i 100.
— (Sénéchaussée d'] , créée en 1781, pp. 119,
1367, i385.
Anoblis municipaux, p. 900.
Anoblissement, pp. 867, 93o.
— à prix d'argent des terres de Languedoc, p. i3.
•^ capitulaire à Toulouse; pp. 170, 694, 716,
1291; ses origines fabuleuses, p. 626; véritable
origine de la noblesse capitulaire à Toulouse,
pp. 627, 628, 63o, 63 1; signalé par Bâville
comme une cause de décadence pour la ville de
Toulouse, p. 697.
— de Montgolfier, p. 122.
Antagonisme des gens de robe & de la noblesse
locale, p. 272.
ANTIN (Duc d'), p. 986.
ANTIN (Marquis d'), p. 524.
Antirégaliens, pp. 517, 5i8, 519.
Antibes, p. 965.
ANTOINE, lieutenant des chasses du roi, p. 1194.
Antraigues, en Vivarais, p. 1201.
ANTRAIGUES (Comte d'), p. 1198.
A0 .TÈNE (Bernard), receveur des tailles, con-
d.imné comme concussionnaire, pp. 3.')6, 357.
AOSTÈNE (Pierre), receveur des tailles, condamné
comme concussionnaire, pp, 3.S7, 358.
AOUSTÈNE, juge-mage ri Limoux, p. i3,
Apcher, baronnie, en Gévaudan, pp. 53, 58, 83.
APCHIER (d'), p. 620.
APCHIER (Maison d'), p. 652.
APCHIER (Marquis d'), p. 1377.
APHRODISE, maître de chapelle à Saint-Sernin,
p. 657.
Apocalypse (Paraphrase de 1'), appliquée à la
guerre des Cévenncs, p. 782.
Apothicaires de Montpellier; leurs armoiries,
p. 683.
Appauvrissement de la noblesse féodale, p. 693.
Appel comme d'abus relevé contre l'institut & la
constitution des jésuites, pp. 1 172, 1 173, 1 174,
1 175, I 176, I 177.
Appréciations diverses des événements des Céven-
nes, p. 879,
Aps, baronnie, pp. 21, 23, 32, 55, 65.
Aps (Comté d'), terre en Vivarais, pp. 1026, 1 197,
I ioi ,
Apt (Évêque d'), p. 1018.
Aquitaine de César, p. 1240.
— (Régiment d'), p. 1244.
Aragon, pp. 927, io32.
Aramon, consulat du diocèse d'Uzès, pp. 332, 972,
1406; ses armoiries, p. 687.
Aran, vallée, p. 297; devrait, d'après Bâville,
appartenir à la France, p. 697.
Aranjl'EZ, p. 939.
ARBANÈRE, député de la commune d'Aigrefeuille,
p. 1375.
ARBAUD DE ROUGNAC (d'), consul de Beaucaire,
p. 955.
ARBON (Arnaud d'), ancien capitoul, p. 863.
ARBON (Germain d'), conseiller au Parlement de.
Toulouse, p. 863.
Arbres dépouillés par la grêle, p. loio.
Arcens, en Vivarais, p. 1202.
Archevêché de Paris, donné à Pierre de Marca,
p. 403.
Archevêques d'Aix : p. 364; cardinal Grimaldi,
p. 578; Jean -Baptiste- Antoine de Brancas,
p. 1023.
— d'Albi : pp. 5o, 247, 933, 943, 945, o5i, r63,
984, 990, io3o, io32, 1123, 1124; Hyacinthe
Serroni, premier archevêque, p. 5oq; Charles
Le Goux de la Berchère, pp. 638, 63pj Domi-
nique de La Rochefoucauld, p. 1094; de Bernis,
coadjuteur, p. 1376. Foir EvÈQUES.
— DE Bordeaux ; François-Honoré de Maniban,
pp. 1022, 1023.
— DE Bourges : Frédéric-Hiérôme de Roye de la
Rochefoucault, p. 1023.
— DE Cambrai, pp. 866, 880.
— DE Damas : de Bernis, coadjuteur d'Albi, p. i^-^ô.
— DE Narbonne : pp. 3, 325, 365, 369, 862, 895,
896, 904, 937, 961, 963, 970, 982, 996, 1012,
io35, 1041, 1067, 1071, II22, 1123, 1124,
1129, 1148, i3i2; Claude de Rebé , p. iSJ;
François Fouquet, pp. 369, 370, 43 1 , 5^9;
Pierre Bonzi, p. 509, 5i5, 568, 571, 078, 65o,
65i, 716, 717, 721, 840, 849, 85o; Charles Le
Goux de la Berchère, pp. 46, 840, 85o, 876;
Jean-Louis Balbi de Berton de Grillon, pp. 1091 ,
1092; Charles-Antoine de La Roche-Aymon ,
pp. 1117, 1118; Arthur-Richard Dillon,
pp. 1228, 1233, 1248, i3o5, i3i2, i33o, i33i,
i332, i335, 1337, i338, 1341, 1367, 1371,
1411, 1412.
— DE Paris : pp. 920; François de Harlay-Champ-
vallon, pp. 571, 579, 721; cardinal de Noail'es,
p. 862; Charles-Gaspard-GuiUaume de Vinti-
mille, pp. 1019, 1020, 1022, 1023.
— DE Reims, p. 364.
— DE Rouen : pp. 335, 721, 862; Louis de la
Vergne de Tressan, p. io23.
— DE Sens : p. 1021; Bouthilier de Chavigny,
p. 1023.
— de Toulouse : pp. 3o, 280, 868, 93 1, 938, 974,
982, 1065, 1248, 1265, 1276, i3o9, 1342; Char-
les de Montchal, pp. 154, i58, 199, 281, 287,
3 i5, 3i6, 3i7; Pierre de Marca, p. 369; Charles-
François d'Anglure de Bourlemont, pp. 43o,
455, 459, 461, 474, 477, 479, 490, 494, 5o6;
René-François de Beauveau, pp. 932, 933;
Charles-Antoine de La Roche-Aymon, pp. 1092,
1095, 1104, iio5, 1114; Etienne-Charles de
TABLE GEtJEKALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1437
Loménie de Brienne, pp. 1223, 1228, i23o,
1236, 1237, 1238, i2:jo, i3i5, i335; François
de Fontnnges, pp. i355, 1376.
Abciievèqi ES DE ToLRS ; Victor Boutaillier, p. 1 86.
— DE TcBix : de Seissel, p. |354.
— DE ViE.NNE, p. 1 198.
Abcbiprêtré des Cévennes, p. 736.
Archives, p. 35j transportées à Montpellier,
p. 696.
— de Boissezon, p. 84,
— de Mirepoix, p. 110,
— de Vias, p. 110.
— de la chambre des comptes de Paris; un inven-
taire des archives des trois sénéchaussées de Lan-
guedoc y est déposé, p. 696.
— des corporations d'arts 8t métiers, p. 48.
— communales, p. 110; leur inventaire, p. 128;
règlement pour leur conservation, p. 17; date
de la création d'un office de girde dans chaque
commune, p. 3 1 .
— diocésaines, p. 114.
— de la grande maîtrise des eaux & forêts, con-
servées aujourd'hui au palais de justice de Tou-
louse, pp. 467, 468.
— de l'intendance n'existant pas, d'Aguesseau
conserve les ininutes de sa correspondance ad-
ministrative & de ses mémoires; le tout est dé-
truit par un incendie, à Paris, en 1714, p. 041;
premiers élém.ents réunis, pp. 168, 169; trans-
portées en désordre dans l'hôtel de ville de
Montpellier; inventoriées en 1787, sont dis-
persées en 1790, pp. 1419, 1416, 1427.
— provinciales; leur installation à Montpellier;
création semblable à Toulouse, Carcassonne,
Nimes & Narbonne, p. 7.
— du royaume des Pays-Bas; document commu-
niqué, p. 790.
ARCOUS (d'), j\:ge de VilIeneuve-de-Berg, p. 1 159.
Abdèciie, pp. 473, 482, 489, 6i5, 774, 738, 814,
870, 878, I 196, 1407.
— nom définitif donné au département du Viva-
rais, p. 141 I.
— département, pp. 129, 1425.
— (Montagnes de 1"), p. 470.
— (Vallée de 1'), pp. 602, i3io.
Abdeliers, annexe de paroisse, p. 649.
Abdemne (haute), p. 342.
Abdesne (!'), » Toulouse, p. ioo5.
ARDENNE, curé, maître es Jeux-Floraux, p. 661.
Abdoix, en Vivarais, p. 1201.
Abdcs (Château d'), p. 193.
ABiNEsde Nîmes, pp. 38i, i336; délibération des
États relative à leur conservation, p. 264; pro-
jet de restauration en 1786, p. 124; don du roi
pour leur restauration, p. I2:j.
Arfons, pp. 1253, 1254; ses armoiries, p. 687.
Argeliebs, p. 1376; tes armoiries, p. 686.
Abgence, p. 1 136.
ARGENCOURT (d*), gouverneur de Narbonne,
pp. 3o4, 3o6; empêche le commissaire du Par-
lement de pénétrer dans Narbonne; est con-
damné à mort & exécuté en effigie, p. 3o6.
ARGENSOK (Paulmy d') , secrétaire d'État de la
guerre, pp. 266, 892, 1067, 1068, 1078, 1128.
Argent, p. i283.
ARGER (Les frères), dominicains, p. 1187.
ARGUEIL, conseiller au présidial de Toulouse,
p. 245.
Arolt, commune, p. 680.
ARIBAL (Bernard); offre de construire un canal
& de ne rien demander avant de l'avoir ter-
miné, p. 4:')4.
Arie, en Vivaraif, p. 1202.
Abiége, rivière, pp. 264, 4^4, 469, 470, 697,871,
1007, 1227, 1240, 1241, 1252, 1255, 1265.
1295, i33i, 1403, 1404.
— département, pp. 129, 1425.
Arifat (Seigneurie d'), p. 957.
AiiiSE, rivière, p. 1403.
Ai'.LEBOsc, en Vivarais, p. 1201.
Arlemfde, en Vivarais, p. 1201.
AniENC, p. 491.
Ari.es, pp. 38o, 969, 1136; est atteinte par la
peste en 1721, p. 960.
— (Abbaye d'), p. 399.
Armagnac, pp. 177, 1401.
— (Route de 1'), p. locS.
ARMAGNAC (Comte d'}, pp. 17, 3o, 32.
AiiMfE de Catalogne désorganisée, pp. 296, 297,
1.133.
Arménie, p. 746.
AR.MENTIÈRES (M'"), p. 38o.
Armement de galères pour la défense des cfiies de
Languedoc; déception des Etats quand ils veu-
lent se faire rembourser ces avances, p. 937.
Armes & munitions dont Toulouse était appro-
visionnée en i6J2, p. 335.
— prises par les Cévenols dans les maisons des
catholiques de Sauve, p. 764,
— & munitions envoyées par le ministère afin de
réduire la rébellion des Cévennes par un coup
d'éclat, p. 777.
— tombées dans les mains des camisards, p. 816.
Abmissan, p. 74.
ARMISSAN (d'), p. loio.
Abmoiries du marquis de Rabat, p. 253; de la
branche des Bourbon-Malauze, p. 260.
— diverses, pp. 680 ; de corporations mixtes,
p. 682; de chapitres, pp. 683, 684; d'abbayes,
pp. 684, 685; de couvents, p. 685; de com-
munes, pp. 686, 687; de Toulouse dénaturées
dans l'armoriai, p. 688; formule de quittance
de droit d'enregistrement, p. 681.
— supprimées, p. 129.
Armorial gënékal, créé par l'édit de 1696, p. 677;
toutes les armoiries doivent y être enregistrées
moyennant un tarif particulier, pp. 678, 679;
imperfections de ce recueil dues aux préoccu-
pations purement fiscales qui le firent établir;
armoiries qui y sont inscrites d'office & au ha-
sard par les commis; quelques exemples de ces
faits, pp. 680, 681 .
Abn, rivière, p. 622.
X
L
X
1438
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ARNAL, p. 3ifi.
Ardaud-Bernabd (Maladrerie d'), à Toulouse,
pp. 32, 42 1 , 696.
ARNAUD (Jean), notaire royal au Piiy, p. 486.
ARNAUD, ministre protestant, p. 791.
ARNAUD (Éiienne), pasteur protestant, pendu à
Alais, p. 54.
Aenette, rivière, p. 4Ô7.
Arone, ruisseau, p. 1403.
ARPAJON (Marquis d'), p. 49.
ARPAJON(Duc d'), lieutenant général en Langue-
doc, pp. 12, i3j 191, 229, 25 1, 370; remet les
insignes de l'ordre du Saint-Esprit aux mem-
bres promus en 1662, p. 403.
ARPAJON (Duchesse d'), p. 524.
ARQUES (Baron d'), p. 65.
Arques, baronme, pp. 47, 60, 66,
ARQUIER (d'), lieutenant d'infanterie, p. 887.
Abras, hameau en Gévaudan, p. 965.
Arras, en Vivarais, p. 1202.
Arre; ses armoiries, p. 687.
ARRE, actes de brigandage commis par deux frères
de ce nom, p. 497.
Arreau, p. 697.
— (Gruerie d'), p. 474.
Ai\ih";t delà chambre de l'édit de Castres du 21 Juin
i65i permettant à la noblesse protestante de
prendre part aux assemblées de Toulouse, p. 8 ^
du 17 juin 1664 défendant aux protestants de
chanter des psaumes pendant le passage des pro-
cessions du Saint-Sacrement, p. 19} de part;ige
du 17 avril i655, p. 12.
Arrêt du Conseil d'Etat de i6o5 interprêté par
arrêt du conseil du 7 août 1620 fixant l'épotiue
où les vins de Dauphiné peuvent être introduits
en Vivarais, p. 85 1 ; du 27 mai 1643 portant
défenses à la cour des comptes de Montpellier
de connaître de maniement de deniers faits par
les syndics & députés de diocèses, p. i; cassant
l'arrêt du Parlement du 8 juin 1643 & défen-
dant à la Cour de se mêler des affaires d'impôts,
p. 146) du 3o septembre 1643 sur la levée des
tailles en Languedoc, p. i; condamnant, le i3
décembre 1643, les prétentions du Parlement re-
lativement au franc-salé, p. 175; du 27 avril
1644 défendant à la cour des comptes de Mont-
pellier de connaître de certaines délibérations,
p. 2; du 4 mai 1644 établissant la solidarité
des habiiants de Toulouse en matière de tailles,
p. 2; du 21 juillet 1644 défendant au Parle-
ment de Toulouse de connaître du fait des
tailles, p. 2; du 24 septembre 1Û44 condam-
nant les huissiers du Parlement de Toulouse à
payer les tailles, p. 2; du 8 octobre 1644 or-
donnant l'élargissement de personnes arrêtées
& la restitution de marchandises saisies, p. 3;
du 12 octobre 1644 déchargeant un étapier des
poursuites de la cour des comptes de Montpel-
lier, p. 3; du 6 février 1645 confirmant la no-
mination des capiiouls de Toulouse par lettres
patentes, p. 3j du 23 août 1645 réglant le diffé-
rend du Parlement de Toulouse & des capitouls,
p. 3 ; du i3 décembre 1645 prorogeant les ca-
pitouls de Toulouse, p. 3 ; du 9 février 1646
cassant l'élection des capitouls faite le 28 no-
vembre 1645, pp. 3, 242; du 22 mars 1646
cassant l'arrêt du Parlement de Toulouse, du
3 mars, ajournant un président & l'avocat gé-
néral, suspendant sept conseillers, &c., pp. 3,
4; différents arrêts concernant l'intervention
du Parlement dans cette affaire, p. 2^3; du
10 mai \6^6 supprimant les délibérations du
Parlement de Toulouse au sujet des élections
capitulaires suspendant un président, deux con-
seillers, &c., p. 4; du 14 juillet 1646 déchar-
geant les trésoriers de Languedoc des poursuites
de la chambre des comptes de Montpellier, p. 4;
du 17 novembre 164') confirmant ses précédents
arrêts contre les prétentions de la cour des
comptes de Montpellier, p. 4; du 27 février
1647 ordonnant la saisie de> gages de la cour
des comptes de Montpellier, p. 4; du 21 no-
vembre 1647 cassant les procédures faites par le
sénéchal de Toulouse contre un commis des
tailles, p. 5; du 27 novembre 1647 interdisant
au lieutenant criminel l'entrée aux assemblées
de la ville de Toulouse, p. 5; du 28 novembre
1647 défendant aux trésoriers de France de con-
naître des comptes rendus par les syndics dio-
césains, p. 5; du 22 mai 1648 cassant la d^'li-
bération des Etats de Languedoc portant que les
protestants ne pourraient entrer aux assiettes
des diocèses, p. 5; du 14 octobre 1648 ordon-
nant la remise de 3 ?,ooo livres pour réparations
de ponts & chemins en Languedoc, p. 5; du
23 décembre 1648 au sujet des 40,000 livres le-
vées annuellement en Languedoc pour répara-
tion des ponts & chaussées, p. 5; du 18 janvier
(65:) confirmant en faveur de la ville de Tou-
louse, le privilège d'évocation générale, p. 6;
du 19 août |655 autorisant l'exercice du culte
réformé hors l'enceinte de Saint-Gilles, p. 7;
son arrêt du 18 mars t65i, p. 3io; du 29 avril
i65i cassant les délibérations du chapitre de
Saint-Etienne de Toulouse, p. 8; du 12 juin
i65i interdisant l'assemblée de la noblesse à
Toulouse, p. 8; du 23 juin i65i cassant la no-
mination de commissaires extraordinaires du
Parlement, p. 8; casse les arrêts du Parlement
de Toulouse, p. 32 I ; du 4 septembre i65i défen-
dant au Parlement de Toulouse d'envoyer des
commissaires à l'occasion des élections munici-
pales, p. 8; permettant aux Etats une imposi-
tion annuelle pour réparation de ponts & che-
mins; du même jour défendant au Parlement
de Toulouse, à la cour des comptes de Mont-
pellier, aux trésoriers de France, &c. de con-
naître des assiettes diocésaines, p. 9 ; du 2 jan-
vier 1653 cassant la nomination capitulaire
faite par le Parlement de Toulouse, p. 10; dé-
fendant au Parlement d'intervenir dans les élec-
tions capitulaires si ce n'est sur appel ou en cas
de délit, p. 347 ; du I 8 mai i 634 réglant la con-
dition des protestants de Nimes, p. 11; du 27
mai 1654, interdisant l'exercice du culte ré-
formé à Florensac, p. 11; du 18 août 1654, pro-
rogeant de deux ans l'évacuation des procès des
réformés de Languedoc au Parlement de Gre-
noble, p. Il; du i5 octobre 1654 interdisant la
connaissance des étapes à la cour des comptes
de Montpellier, p. 1 1 j du 10 décembre 1654,
établissant une taxe sur la boucherie pour la re-
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1489
construction d'églises démolies, p. 1 i ; du 27 août
1655 interdisant à la chambre de ledit de Cas-
tres toute connaissance des délibérations prises
per les Etats, p. 12; du 9 juin i655 attribuant
aux consuls de Montpellier des affaires de po-
lice, sauf appel au Parlement, p. 12; du 28a où t
|655, ordonnant que tous les consuls & officiers
politiques de Montpellier seront catholiques,
p. 12; du 11 janvier 1607 rétablissant les ca-
tholiques de Réalmont en possession de l'église
paroissiale, p. i3; du i3 janvier 16/17 cassant
révocation accordée aux protestants de Lan-
guedoc, &c., p. |3; du 17 février 1657 ordon-
donnant renregistrement de la déclaration du
18 juillet i65fj par la chambre de l'édit de
Castres, p. i3 ; du 27 mars i657, interdisant les
conseils mi-partie dans les villes qui ont été
rebelles, p. i3; du 7 décembre 1657 relatif aux
consuls d'AIais, p. i3; de même date, ordon-
nant que la cloche placée dans la tour de ville
du Vigan annoncera les fêtes catholiques, p. 1 3 ;
du 12 septembre i658 chargeant le Parlement
de Toulouse de divers jugements, p. 14; du
3 juillet 1609 défendant au Parlement de Tou-
louse & autres compagnies de la Province de
connaître des délibérations des Etats, p. 14; du
10 septembre 1660 donnant la préséance aux
officiers catholiques du présidial de Nîmes sur
les officiers protestants, p. |5; du lô septembre
1660 cassant les délibérations du synode des
Cévennes, p. |5; du 18 décembre 1660 mainte-
nant à l'évéque de Lavaur le droit d'assister en
personne ou par délégués aux assemblées de la
commune, p. lô; du 17 mars 1661 cassant les
délibérations du colloque d'Uzés, p. lô; du
24 mars 166 1 défendant au seigneur de la Vé-
rune de placer en sa maison aucune marque
d'exercice public du culte réformé; de même date
réglant le nombre des notaires protestants à
Montpellier, p. 1 ") ; de même date, ordonnant la
démolition du temple de Saint-Bausile, p. 16;
du 3o avril 1661 défendant aux protestants de
Castres de faire aucune assemblée pour imposi-
tion de deniers sans la présence du juge royal,
p. 16; du 6 août 1661 cassant une délibération
du synode de Nimes & banissant un ministre,
p. 16; du 9 août 1661 portant que les consuls
de métier de Montpellier seront tous catholi-
ques, p. 16; du 3^ septembre 1661 cassant les
délibérations du synode d'Anduze & bannissant
un ministre protestant, p. 16; du 21 novembre
1661 décidant que les enfants trouvés de Nîmes
ne pourront être reçus à l'hôpital protestant;
du 16 décembre 1661 défendant à la chambre
de redit de Castres d'envoyer une députatron
au roi ; vidant un arrêt de partage de la cham-
bre de l'édit de Castres interdit absolument le
champ de psaumes, p. 16; du 20 décembre 1661
ordonnant que le premier consul catholique
d'Uzés aura seul l'administration de l'hôpital
de Saint-Sauveur, p. 16; du 23 février 1662
interdisant le chant des psaumes dans les rues
8c défendant de rendre des arrêts de partage sur
matière déjà réglée par le roi, p. 17; du 4 mai
1662 renvoyant à la cour des aides de Mont-
pellier les procès concernant le département des
dettes des protestants de Languedoc, p. 17; du
1^ juin 1662 ordonnant prise de corps contre
le fermier du droit de confinnation, p. 17; du
23 août 1662 cassant une délibération de la
commune de Cordes, p. 17; du 1" septembre
1662 assignant les officiers de la chambre de
l'édit de Castres sur la demande de la réunion
de cette cour au Parlement, p. 17; des 7 août
& i3 novembre 1662 portant règlement d'heure
pour les enterrements des protestants à Cler-
mont-Lodève, & étendant à toutes les villes
sans exception ce règlement; du même jour au
sujet de l'exercice du culte réformé à Saint-De-
zery, p. 17; du 11 janvier i663 déchargeant les
catholiques & nouveaux convertis de Sumène 8t
Senilhac des dettes des réformés, p. 1 7; du 1 8 jan-
vier i663 renvoyant le projet de Riquet aux
commissaires du roi aux Etats, p. 17; du 29 jan-
vier |663 condamnant l'auteur du Tomheau de
la messe au banissement & le livre au feu, p. 17;
du 26 février 1 663 condamnant l'auteur & l'im-
primeur de deux discours sur le chant des Psau-
mes ^n bannissement & les livres au feu, p. 1 8 ;
du 19 mars i663 réglant l'heure de l'enterre-
ment des protestants de Castres, p. 1 8 ; du 2 avril
i663 déplaçant cinq ministres de Castres, p. 18;
des i5 juin & 5 octobre i663 ordonnant la fer-
meture & la démolition de plusieurs temples
protestants, pp. 18, 19; du 9 juillet i663 cas-
sant la délibération du synode de Saint-André
de Valborgne, p. 18; du 20 juillet i663 ordon-
nant des poursuites contre un ministre protes-
tant, p. 18; du 5 octobre i663 réglant la com-
position des conseils mi-partie; délendant l'exer-
cice du culte réformé à Saint-Jean de Blaquière,
p. 19; du 23 octobre i663 ordonnant la démo-
lition de temples, p. 19; du 23 novembre 1 663
défendant aux ministres protestants de prêcher à
la campagne, sous des arbres, p. 19; du 15 jan-
vier 1664 défendant au Parlement de Toulouse
de connaître des différends de l'évéque d'Alei
avec la noblesse & le clergé régulier de son dio-
cèse, p. 19; du 22 février 1664 défendant l'exer-
cice de la religion réformée à Privas; interdi-
sant à un ministre de faire le prêche en plusieurs
lieux, p. 19; du 25 février 1664 réglant les
préséances des officiers catholiques sur les pro-
testants à la cour des comptes de Montpellier,
p. 19; du 20 septembre 1664 défendant de saisir
sous aucun prétexte les deniers de l'équivalent
& de toutes les impositions, p. 20; du 17 no-
vembre 1664 établissant les jésuites dans le dio-
cèse de Castres, p. "20; du 28 novembre 1664
remettant les jésuites en possession du collège
royal de Nimes & ordonnant la démolition du
petit temple de cette ville, p. 20; son arrêt sus-
pendant le droit d'évocation aToulouse, pp. 44'',
441; arrêt prescrivant aux capitouls de remettre
les titres relatifs aux péages qu'ils percevaient
sur les bois flottés, p. 441 ; du 16 août 1666 ré-
glant les différends de l'évéque d'Alet avec la
noblesse 8c le clergé régulier de son diocèse,
pp. 21 ; du 16 août 1666 donnant aux nouveaux
convertis trois ans de délai pour payer le capi-
tal de leurs dettes, p. 21; du 24 octobre 1666
ordonnant la vérification des abus dans les uni-
versités de Toulouse & de Montpellier & dans
les collèges qui en dépendent, p. 2 i ; du 18 no-
vembre 1670 ordonnant la démolition de plu-
sieurs temples, p. 22; des 3'» septembre 1664 &
M40
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
19 novembre 1670 ordonnant que les protestants
sortiront de Privas & n'y pourront plus habi-
ter, pp. 2C
2!^; de la même date ordonnant la
démolition de plusieurs temples & maintenant
l'exercice du culte réformé dans deux lieux; de
la même date décidant que le concierge des pri-
sons de Castres sera toujours catholique, p. 20;
du 28 novembre 1670 décidant que les consuls
de Cpurnonterrail devront être tous catholiques,
p. 23; du 7 mars 1671 fixant le ressort de la
grande maîtrise des eaux & forêts de Toulouse,
p. 23; du 3 juin i6-Ji interdisant à la chambre
de redit de Castelnaudary toute connaissance
des élections consulaires de cette ville, p. 23; du
3 mai 1675 réglant la forme des élections con-
sulaires en Languedoc, p. 24; du 25 septembre
1679 cassant les délibérations des Etats de Vi-
varais, p. 25; du 5 octobre 1679 cessant les dé-
libérations de l'assemblée de La V'oulte, p. 25;
du 24 février 1681 ordonnant la démolition
d'un temple, p. 26; d'août 1682 ordonnant la
démolition d'un temple, p. 27; éloignant des
ministres protestants, p. 529; empêchant les
protestants d'obtenir la maîtrise pour les manu-
factures d'étoffes de soie, à Nimes, p. â3o; son
arrêt fixant la levée d'une somme pour la cons-
truction d'une nouvelle cathédrale, à Montau-
ban, p. 572; du 25 juin |685 ordonnant aux
conseillers protestants du Parlement deToulouse
de se dessaisir de leurs charges dans trois mois,
p. 28 ; du 9 septembre 1 685 ordonnant la démo-
lition du temple de Puylaurens & l'emploi des
matériaux à la reconstruction d'une église ca-
tholique, p. 28; du i5 septembre i685 décidant
que les hommages des fieis de dignité de Lan-
guedoc seront reçus par la cour des comptes de
Montpellier, p. 2B; du 7 décembre i685 termi-
nant en faveur du Parlement de Toulouse un
conflit de juridiction avec le Parlement de Gre-
noble, p. 29; du 2 juillet 1686 autorisant la
construction d'un canal de jonction entre la
robine de Narbonne & le canal de Languedoc,
p. 29; interdisant l'enseignement aux Filles de
l'Enfance, p. 578; du 29 septembre 1687 don-
nant la préséance à l'archevêque de Toulouse
sur celui d'Albi dans l'assemblée des États,
p. 3o; du 2 août 1688 portant règlement des
assemblées de l'hôtel de ville de Toulouse, p. 3o ;
du 29 mars 1689 défendant à certains officiers
de connaître du fait des tailles & les contesta-
tions entre les collecteurs 8( les taillables, p 3o ;
du 20 septembre 1690 concernant la perception
des tailles, p. 3o; du 21 juin 1694 portant que
les collecteurs de tailles doivent être préférés k
tous autres créanciers, p. 32; du 20 août 1691
concernant la levée des tailles, p. 3 1 ; du 17 août
1694 portant confirmation du franc-alleu en
Languedoc, p. 32; du 4 octobre 1694 portant
règlement pour la direction de l'hôpital Saint-
Eloi de Montpellier, p. 32; du 3i août 1695
défendant aux agents du comte d'Armagnac de
troubler l'entreprise des litières de Languedoc à
Pans, p. 32; du 22 octobre 1697 maintenant
aux consuls de Montpellier la connaissance des
affaires de police en première instance, p. 33;
du 22 octobre 1697, portant règlement pour la
fabrication des draps du Levant, p. 33; du
25 janvier lôpS & du 10 février 1698 désignant
plusieurs villes du Languedoc pour la tenue de
l'assiette diocésaine, p. 32; des 4 mai 1699 &
10 septembre 1707 assujettissant les nobles
aux imposiiions levées pour les gages des maî-
tres & maîtresses d'école, pour l'armement des
compagnies bourgeoises, les réparations des
portes & murailles, la dépense militaire & les
frais de corps de garde, p. 935; du 1 1 août 1699
concernant la levée des tailles, p. 34,; du 22
mars 1700 ordonnant que la place de premier
consul de Montpellier sera toujours remplie par
un gentilhomme ou un noble faisant profession
des armes, p. 34 ; du 1 o mai 1700 déclarant l'or-
dre du Saint-Esprit de Montpellier purement
régulier & hospitalier, p. 34; du 27 juillet 1700
réglant la fonction des prévôts diocésains & le
commandement des maréchaussées en l'absence
du prévôt général, p. 34; du 2 octobre 1700 cas-
sant un arrêt de la cour des comptes de Mont-
pellier & lui défendant de connaître des ordon-
nances de l'intendant, p. 34 ; du 9 novembre 1 700
déterminant l'application du droit de franc-
fief, p. 34; du 23 novembre 1700 défendant à la
cour des aides de Montpellier de connaître des
indemnités accordées par les Etats à l'occasion
du canal de Languedoc, p. 35; de février 1701
réglant le prix de la poudre & du plomb en
Languedoc, p. 35; du 3i mai 1700 ordonnant
l'élargissement du Girou & de l'Hers, p. 35;
du 16 août 1701 ordonnant par qui seront fai-
tes les adjudications d'ouvrages payés p.rr la
Province; du même jour permettant d'entreposer
les denrées & machandises au port de Cette &
d'y convertir les vins en eaux-de-vie, p. 35; du
20 décembre 1701 réglant la levée des taxes de
la capitation en Languedoc, p. 35; du 17 juillet
1702 concernant le passage des caresses & des
charettes sur le pont Saint-Esprit, p. 36; du
5 septembre 1702 cassant un arrêt de la cour
des aides de Montpellier & lui interdisant foute
connaissance de la capitation, p. 36; du 3 oc-
tobre 1 702 concernant les ports du Languedoc,
pp. 35, 37; du 3 avril 1703 portant règlement
pour les visites des gardes des gabelles & la
pénalité des faux-sauniers, p. 37; du- 3 avril
1703 sur les contrats d'aliénation du domaine
6 des justices royales, interprété le 16 octobre
1704, p. 804; du 19 avril 1704 transformant
l'impôt sur la viande de boucherie en un droit
unique, p. 85o; du 10 juin 1704 défendant
l'importation des vins de diverses localités en
Dauphiné, durant la plus grande partie de
l'année, p. 852; du 24 mai 1704 renvoyant
l'examen des différends entre l'Auvergne & le
Languedoc, au sujet du mandement de S.iint-
Privat, aux intendants des deux provinces,
p. 85 1 ; du 3t juin 1 704 concernant les envoyés
de la noblesse ayant fait des conventions pour
entrer aux Etats, p 853; du 11 octobre 1754
concernant le rachat de l'impôt sur la viande
de boucherie, p. 85o; du 11 octobre 1704 cas-
sant deux arrêts de la cour des aides de Mont-
pellier, au sujet des receveurs & collecteurs de
tailles, pp. 41, 854; du 11 novembre 1704 for-
çant les traitants ou leurs commis de livrer les
quittances de rachat de certains offices, p. 854;
du 21 juillet 1705 décidant que les receveurs &
collecteurs de tailles pourront être contraints
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1441
personnellement pour le payement de la capita-
tion, p. 41 ; du II août i7t5 déchargeant le
diocèse d'Uzès des tailles & de la capitation de
paroisses détruites & dépeuplées des Hautes-
Cévennas, p. 41; du 22 juin 1706 défendant à
la cour des aides de Montpellier de connaître
des contestations qui arrivent sur le fait de
l'entrée aux Etats, p. 43 j du 9 août 1706 déci-
dant que le droit d'entrée aux Etats de la ba-
ronnie de Rieux sera compris dans la vente de
ce domaine, p. 43 j du 5 septembre 1706 pour
la réparation des chaussées des salins de Peccais,
p. 43; du M septembre 1706 défendant à la
cour des aides de connaître des ordonnances
rendues par l'intendant, p. 43; du 7 novembre
1706 au sujet des biens abandonnés en Langue-
doc, p. 43 ; relatif à la nobilité de terres appar-
tenant à l'abbaye de Boulbonne, p. 872; du
2 août I 707 renvoyant à l'intendant la connais-
sance des malversations commises au sujet de la
fourniture de l'étape, p. 44; du 27 septembre
1707 permettant aux seigneurs de Languedoc
de faire procéder à la confection de leurs pa-
piers terriers, après avoir rendu hommage au
roi, p. 40; du 18 octobre 1707 réglant le tiriige
de la soie en Languedoc; ordonnant le rem-
boursement à la Province de dépenses d'étape;
déchargeant les vins & eaux-de-vie de diverses
taxes; cassant la prohibition du vin étranger,
portée par la ville d'Annonay, p. 40; ses six
arrêts portant remise sur la taille & la capita-
tion, p. 871; du 29 novembre 1707 au sujet du
payement de la taille par les possesseurs de biens
qui y sont nouvellement assujettis, pp. 45, 932 ;
du 4 janvier 1708 ordonnant le rétablissement
de l'hospitalité dans la commanderie du Saint-
Esprit de Montpellier, & maintenant à cette
maison la jouissance de certains revenus, p. 4;');
du 22 janvier 1708 autorisant l'acquisition du
château de Ferrières par les Etats, p. 4''> ; du
27 mars 1708 cassant un arrêt de la cour des
aides de Montpellier & défendant les visites
pour recherches de contraventions, p. 46; du
l''r mai 1708 indiquant le lieu où les religieux
de Boulbonne devront payer leurs tailles, p. 46;
du 16 octobre 1708 réglant le remboursement à
la Province de la somme avancée pour les for-
tifications du Pont-Saint-Esprit, &c., pp. 47,
870; du 17 novembre 1708 réglant la manière
de faire payer la taille aux gens de main-forte
& la publication de la levée de la taille, p. 47;
du 23 novembre 1709 concernant la levée des
tailles, p. 48; du 29 juillet 1710 augmentant
les droits d'entrée de Toulouse Se supprimant
plusieurs charges municipales, p. 48; du 16 mai
1713 réglant la répartition des impositions de
la ville de Toulouse, p. 49; des 12 janvier &
8 juin 1715 ordonnant aux emphytéotes du roi
de remettre leurs titres, & enjoignant aux vas-
saux du roi de présenter leurs hommages & dé-
nombrements, p. 5i ; du 4 janvier 1716 cassant
la protestation de la cour des comptes de Mont-
pellier contre la réception des hommages par
M. de Bâville, p. 5i ; du 4 février 1716 défen-
dant à la cour des comptes de Montpellier de
recevoir des soumissions d'adjudication de la
taille passée le i5 avril, p. 52; du 3 octobre
1716 réglant les différends surrenus entre les
marchands & les fabricants de soie de Niraes,
p. 52; du !"■ décembre 1716 décidant par qui
les frais de construction du pont de Cintega-
belle St des réparations au pont de Toulouse
seront supportés, p. 5î ; du 23 janvier 1717
cassant quatre arrêts de la cour des aides de
Montpellier, ausujetdubaildela taille, p. 53;
du 21 août 1717 défendant aux trésoriers de
France de Toulouse d'exiger des consuls de la
généralité le serment de âdélité & la déclara-
tion des biens communaux, p. 53; du 6 avril
1719 confirmant les élections municipales d'An-
duze, d'où les nouveaux convertis étaient ex-
clus, p. 54; du 4 mai 1719 condamnant la ville
de Saint-Esprit à payer le droit d'amortissement
pour les bâtiments des casernes, p. 54 ; du 23 mai
1719 fixant le dédommagement dû par la Pro-
vince aux héritiers de Jacques Brun, pp. 55,
943, 944; du 18 février 1720 déterminant les
qualités de draps dont la fabrication est auto-
risée à Saint-Chinian, p. 55 ; du 23 février i 720
confirmant les élections municipales de Ville-
neuve-lès-Avignon, p. 55; du i""' juillet 1721
maintenant le statu <juo pour l'assistance des
curés aux assemblées des communes, p. 55; du
17 avril 1722 cassant trois arrêts du Parlement
de Toulouse, concernant le procès du pays de
Vivarais avec le comte du Roure, p. 55; du
6 octobre 1722 cassant un arrêt du Parlement
de Toulouse sur les élections consulaires de Ra-
bastens, p. 57; du 26 juin 1724 déclarant que
les îles du Rhône appartiennent à la Province
de Languedoc, p. 58; du 16 octobre 1724 attri-
buant à l'intendant la connaissance des contes-
tations concernant la construction & l'entretien
des grands chemins, p. 58 ; du 21 septembre 17^4
condamnant les remontrances de l'évêque de
Montpellier, & ordonnant la saisie de son
temporel, p. 58; du 4 novembre 1724 portant
un nouveau règlement pour le conseil politique
& les élections consulaires de Rabastens, p. 58;
du 4 décembre 1724 cassant deux arrêts du Par-
lement de Toulouse sur les élections consulaires
de Lauran, p. 59; du 26 décembre 1724 réglant
l'entrée aux assiettes des officiers ducaux 3c
officiers épiscopaux d'Uzès, p. 59; autre du
même jour maintenant le conseil politique de
Rieux à vingt-quatre membres, p. 59; du 3o jan-
vier 17*25 portant un nouveau règlement pour
les assemblées diocésaines, p. 59; du 29 mai
1725 défendant de tenir des chèvres en Langue-
doc & d'arracher des arbres ou arbustes dans les
bois, garrigues & bruyères, p. 60; du 7 août
1755 ordonnant la translatioii de sept verreries
sur les montagnes de l'Espérou & de l'Aigoual,
p. 60; du 10 décembre 1726 cassant les ordon-
nances des trésoriers de France de Toulouse
concernant les chemins, & maintenant aux
Etats de Languedoc la direction de ces ouvrages,
p. di ; du 25 mars 1727 exemptant du droit de
confirmation les capitouls de Toulouse; théories
étranges 8t erreurs grossières qui fourmillent
dans cet arrêt, p. ioo3; du 9 décembre 1727
ordonnant la visite du canal de Languedoc,
p. 62; du 10 février 1728, déboutant les char-
treux de Villeneuve-d'Avignon de leurs préten-
tions sur les atterrissements du Rhône, p. 62;
du 17 mars 1728 déclarant roturiers certains
xm
9'
1442
TABLE GÉNÉRALE DES KOMS ET DES MATIÈRES.
lieux appartenant au chapitre de Saint-Pons de
Thomières, p. 6i; du 20 mars 1728 nommant
cinq arbitres pour juger ies différends de la
marquise de Toiras avec la commune de Veze-
nobres, relativement à la qualité de certaines
terres, p. <')2 ; du 23 mars 1728 relativement à
un différend de la commune de Vacquiers avec
son curé, défendant au Parlement de Toulouse
de casser les ordonnances de l'intendant, p. 62;
du 14 septembre 1728 cassant les statuts des
tonneliers de Cette, & défendant à tous artisans
d'y former des corps de maîtrise, p. 62; du
18 septembre 1728 nommant cinq commissaires
pour juger les différends du comte de Montpey-
roux avec la commune, au sujet de la qualité
de ses biens, p. 62; du 14 décembre 1728 ordon-
nant la nomination d'un inspecteur du pastel
dans les diocèses d'Albi & de Lavaiir, p. 63j du
3i mai 1 729 confirmant la nomination du pre-
mier consul de Saint-Ambroix, faite d'office par
l'intendant, p. 63; du 21 juin 1729 fixant à
six livres dix sols le minot, le tarif spécial du
sel de Peccais pour les habitants du pays de
Sault, p. 63) du 2 mai 1733, maintenant aux
consuls de Montpellier la connaissance des af-
faires de police, même en matière criminelle,
p. 64; du 2 mai 1730 renvoyant devant M. de
Bernage des contestations entre habitants de
Narbonne, p. io3i; du i"'' août 1730 cassant
trois arrêts du Parlement de Toulouse sur les
élections municipales d'Espéraza, & un qua-
trième sur des querelles de préséances, p. 64;
du 22 août 173^ ordonnant la vérification des
comptes communaux du diocèse de Saint-Pons
depuis vingt-cinq ans, p. 64; du 3 i octobre 1 73 d
défendant de mettre le feu aux chaumes, landes,
bruyères, garrigues; du même jour cassant les
élections consulaires d'Auterive; autre du même
jour attribuant à l'intendant la connaissance
des baux de boucheries municipales, p. 65; du
19 décembre i73j défendant de recevoir à Car-
cassonne aucun maître drapier pendant trois
années, p. 65; du 7 juillet lySi approuvant les
plans dressés pour la place du Peyrou & ordon-
nant la démolition du couvent de la Merci,
pp. 65, io32; du 3i août I73i maintenant
l'usage des élections municipales annuelles à
Saint-Esprit, p. 65; du 16 octobre 1731 sur le
transport du minerai de fer de Vicdessos, p. 65j
du 6 janvier 1732 enjoignant aux communes
de Languedoc de représenter leurs titres à la
prohibition des vins étrangers; autre du même
jour relatif à l'entretien des églises, cimetières
& presbytères, p. 66; du |5 janvier 1732 por-
tant règlement sur l'aunage des draps destinés
au Levant, p. 66; du 29 juin 1732 cassant un
arrêt du Parlement de Toulouse sur l'adjudica-
tion de certains biens abandonnés, p. 66; du
14 octobre 1732 confirmant des préséances,
p. 66; du 7 février 1733 renvoyant, par provi-
sion, au sénéchal de Nîmes l'appel des juge-
ments rendus par les officiers des Justices épis-
copales ou capitulaires d'Uzès, & des seigneu-
ries dans la mouvance de l'évéché, p. 67; du 8
février 1733, ordonnant la révision des comptes
du clavaire de Montpellier, p. 67; du i"' mai
1733 supprimant l'instruction pastorale de l'é-
vêque de Montpellier sur les miracles du diacre
Paris, p. 67; du 17 octobre 1:33 cassant un
arrêt de la cour des aides de Montpellier sur la
nomination du conseil politique de Lésignan,
p. 67; du 16 mars 1734 déclarant que le village
de Monteils-Rivals, situé sur la frontière du
Forez, fait partie du Languedoc, p. 68; du
i3 avril 1734 ordonnant que les étoffes fabri-
quées en Languedoc seront mesurées à l'aune de
Paris, p. 68; du 3 1 juillet 1734 réglant l'abon-
nement du dixième à i,35o,ooo livres par an,
p. 68; du 28 août 1734 pour la conservation
des eaux minérale de Saint-Laurent, en Viva-
rais, p. 68; du 21 septembre 1734 nommant
une commission de six membres pour étudier
les contestations des Etats de Languedoc, du
Parlement de Toulouse, de la cour des aides de
Montpellier, des trésoriers de France & des pré-
sidiaux de province, p. 68; du 20 novembre
1734 accordant un an de délai aux seigneurs
riverains du canal pour la remise de leurs ti-
tres, p. 68 ; du 24 mars 1735 permettant de tenir
l'assiette diocésaine de Mirepoix dans l'une des
quatre villes de Mirepoix, Fanjaux, Cintega-
belle & Laroque-d'Olmrs, p. 69; du 2 avril
1735 supprimant un mandement de l'évêque de
Saint-Papoul, p. 69; du i3 mars 1735 réglant
l'exploitation des bois de Valeine, appartenant
à la ville de Montpellier, p. 69; du i3 novem-
bre 173"^ déboutant le chapitre cathédral d'Uzès
de sa demande en exemption des droits de sub-
vention perçus à Uzès, p. 70; du 22 janvier
1737 pour la vérification des dettes des commu-
nes contractées du 1*'' janvier 1721 au i*''' jan-
vier 1736, p. 70; du 2 avril 1737 déclarant
roturiers tous les biens possédés par les béné-
dictins d'Aniane dans le taillable de la com-
mune, p. 70; du 7 mai 1737 défendant d'ache-
ter les laines avant le mois de mai, & de vendre
celles du Carcasses, du Narbonnais & du Biter-
rois autrement qu'en suint, p. 7-; du 9 octobre
1737 ordonnant la démolition des moulins de
l'Hers, depuis le territoire de V'iUefranche,
p. 71; du 6 août fjiS sur le racl:at des censives
fait par la commune de Samt-Hippolyte au
sieur Decroye, p. 72; 28 octobre i73J confir-
mant la transaction de 1773, entre le marquis
de Calvisson & la commune de Massillargues,
pour le défrichement des marais, p. 72; du
i5 novembre 1733 sur la vérification des dettes
des communes, p. 72; de la même date ordon-
nant la démolition des moulins de Saint-Roms
& de Mourville, sur le ruisseau de Marcais-
sonne, p. 72 ; du 2 décembre I73 j autorisant le
marquis de Léran à rétablir ses forges, p. 72;
du 24 mars 1739 maintenant les préséances des
consuls de Saint-Esprit contre les prétentions
des officiers de la justice royale, p. 73; des
24 avril & 1 I mai 1739 concernant le canal de
Languedoc, pp. ic6i, 1062; du i3 mai 1739
pour le remboursement des créanciers de la Pro-
vince, p. 73; du 20 juillet 173; annulant les
statuts des pareurs de Samt-Chinian & cassant
un arrêt du Parlement de Toulouse, p. 73; du
14 août I 73q défendant de faire aucun entrepôt
de laine à Tarascon pendant la foire de Beau-
caire, p. 73; du 17 octobre 173; ordonnant la
vérification des rôles dressés par les collecteurs
des tailles, p. 74; du 12 novembre 1739 pour la
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1443
reddition des comptes des communes de Lan-
guedoc, p. 74; du 16 mars 1743 chargeant le
subdéiégué de l'intendant de procéder à l'adju-
dication des fermages communaux de Toulouse,
p. 74 y du 18 octobre 1740 concernant les Ou-
vriers employés par les fabricants de Carcas-
sonne, p. 73; du 8 novembre 1740 ordonnant
l'élargissement du Girou aux frais des commu-
nes riveraines, p. 75j du 20 décembre 1740 por-
tant règlement pour les assemblées & conseils
politiques des communes, & le mode de convo-
cation des juges, p. 76; du 14 mars 1741 fixant
le droit de subvention levé à Narbonne, p. 75;
du 28 mars 1741 maintenant les préséances des
consuls d'Aniane dans les assemblées de la com-
mune contre les prétentions de l'abbé, p. j5 ;
du 10 mai i~4i réglant la descente des vins Se
eaux-de-vie de Languedoc à Bordeaux, p. yS;
du 6 septembre 1741 pour le payement des arré-
rages de la capiiation dus par la ville de Tou-
louse à la Province depuis 1735, p. 75j du
3i décembre 1741 réglant la levée de la capita-
tion en Languedoc, p. 76; du i*''' octobre 1742
Ordonnant la construction d'une nouvelle église
à Nîmes, p. 77; du 22 janvier 1743 ordonnant
que les habitants des îles du Rhône paieront
leur capitation en Languedoc, p. 77; du 1 1 juil-
let 1743 déboutant les gentilshommes verriers
de la généralité de Montpellier de leur opposi-
tion contre les ordonnances de translation des
verreries, p. 77; du 19 aoiit 1743 ordonnant la
vérification du cours de la Lèze 8c la démolition
du moulin d'Eaunes, p. 77; du i5 octobre 1743
sur les différends entre fabricants & ouvriers en
étoffes de soie de la commune de Nîmes, p. 77;
du 12 février 1744 approuvant les travaux pro-
posés pour l'amélioration du Girou, p. 78; du
9 avril 1744 déboutant le sénéchal de Toulouse
de sa prétention d'entrer à l'assiette diocésaine
en qualité de commissaire ordinaire, p. 78; du
33 mai 1744 ordonnant l'alignement de l'Hers
& de la Thésauque dans les forets de Saint-
Rome & de Baziége, p. 79; de la même date
auiorisant la vente de coupes de bois dans les
forêts de Baziége & de Saint-Rome, p. 1070; du
Il juin 1743 rejetant le pourvoi des gentils-
hommes verriers contre l'arrêt du 7 août 1725
transférant les verreries établies au voisinage
des villes du bas Languedoc sur les montagnes
de l'Aigoual & de l'Espérou, pp. 1072, 1073; du
19 septembre 1744 portant règlement pour les
marchands toiliers, canabassiers & dentelliers
de Nimes, p. 79; du 26 octobre 1744 ordonnant
l'exécution des plans dressés par Maréchal pour
la fontaine de Nîmes, p. 79; du 29 décembre
1744 approuvant la création de la place aux
herbes & de la place de la poissonnerie à Mont-
pellier, p. 79; du 23 février 1646 ordonnant la
translation de plusieurs verreries sur les mon-
tagnes, p. 80 j du 20 juin 1745 réglant les diffé-
rends des maîtres tanneurs & cordonniers de
Montpellier, p. 80; du 7 août 174.5 déboutant
l'évéque de Montpellier de son appel de l'appli-
cation d'une prébende à l'enseignement gratuit,
p. 80; du 2 mars 1746 ordonnant une nouvelle
vérification du lit de la Lèze, p. 81 ; du 22 mars
1746 maintenant les droits appartenant à divers
particuliers sur les actes expédiés dans la maî-
trise du port de Cette, p. 81 ; du îS mai 1746
portant règlement pour le recouvrement des im-
positions de la ville de Toulouse, p. 81 j du
I I juin I 746 maintenant à la ville de Beaucaire
l'exemption des droits d'équivalent pendant la
durée de la foire, p. 8 1 ; du 20 août 1 74Ô por-
tant règlement pour la réédification des maisons
ruinées ou incendiées dans la ville de Toulouse,
p. 81J du 24 septembre 1746 annulant des ar-
ticles du compoix cabaliste de Carcassonne,
p. 81 ; du 7 novembre 1745 acceptant la remise
du don des marais fjite au roi, moyennant in-
demnité, p. 81 ; du 22 novembre 1746 évoquant
l'affaire de la commune de Villeneuve-Tolosann
avec les prêtres de Saint-Lazare, p. 82 j du
27 décembre 1766 autorisant l'acquisition dt
terrains & de maisons à Montpellier, p. 82J du
17 janvier 1747 autorisant la délimitation des
communes de Cette & de Frontignan, p. 82; du
même jour cassant un arrêt du grand conseil,
p. 82; du 21 février 1747 ordonnant la prépa-
ration d'un règlement sur l'exploitation des
bois communaux de la généralité de Montpel-
lier, p. 82; du 12 avril 1747 pour le rembour-
sement par loterie d'un emprunt, p. 82; du 16
octobre 1^47 ordonnant aux religieux de l'ordre
du Saint-Esprit de Montpellier de représenter
leurs titres de fondation, p. 83 ; du 6 février
1748 ordonnant l'exécution des travaux de la
Lèze, p. b3; du II mai 1748 ordonnant le
recreusement de divers canaux, p. 83; du 2,')
juin 1748 ordonnant le recreusement du lit
de la Saune, p. 83; du 3d juillet 1748 cassant
un arrêt de la cour des aides de Montpellier
qui exemptiiit l'évéque & le chapitre de Lodève
du paiement de droits de subvention, p. 83;
du 23 octobre 1748 interdisant le déplacement
des acies déposés aux archives de Boissezon,
p. 84; du II novembre 1748 concernant les
travaux du Girou & le moulin de Masseribaut,
p. 83; du 2 septembre 1749 pour la construction
du chemin de Languedoc en Auvergne, p. 85 j
du i3 novembre 1749 ordonnant de dresser un
plan d'alignement des rues de Montpellier,
p. 85; des 5 & 17 février 1750 cassant les deux
délibérations des Etats de Languedoc prises an
sujet du vingtième, p. 1095; du 28 février 1750
suspendant les Etats de Languedoc, p. 85; du
10 septembre 1750 réglant la fabrication des
cordelats & redins dans divers lieux, p. 85; du
|3 octobre 1753 autorisant la vente de l'ancien
hôtel de la sénéchaussée à l'académie des sciences
de Toulouse, p. 85; du 27 avril I75i ordon-
nant une enquête sur le projet de jonction de
la robine de Narbonne au canal de Languedoc,
p. 8j; du 7 juillet 1751 cassant un bail à loca-
tairie perpétuelle, p. 86; du 11 avril 1752 au-
torisant les travaux de la fontaine du Peyrou,
à Montpellier, p. 86; du 22 août 1752 liquidant
l'indemnité pour un office de juge conservateur
du petit scel supprimé, p. 86; du 28 octobre
1752 rétablissant les Etats de Languedoc,
p. 1118; du 27 novembre 1753 déchargeant
une commune des assignations données contre
elle au sujet de l'adjudication des vacants,
p. 87; du 3o octobre 1754 réformant plusieurs
points de l'arrêt du 10 octobre 1752, j^r le
rétablissement des Etats de Languedoc, p. S'J ;
k
1444
TABLE GÉNÉRALE DES KOMS ET DES MATIÈRES.
du 4 février 1765 autorisant divers emprunts
pour travaux publics, p. 88; du 12 août 1755
ordonnant des réparations au pont de Toulouse
& la construction d'un pont à Cazères, p. 89;
du 21 octobre 1 ySS défendant aux habitants de
Chusclan de proliiber le vin étranger, p. 89;
du 28 octobre 1765 sur la manière dont il doit
être pourvu aux fonctions des offices munici-
paux par les communes qui en ont obtenu la
réunion, p. 89; des 24 avril 1756 & I 1 janvier
1757 autorisant divers emprunts pour travaux
publics, pp. 90, 91; du i5 juin 1756 réglant
les conditions d'éligibilité des prieur & consuls
de la bourse de Toulouse, p. 90; du 29 juin
1756 accordant des encouragements à diverses
manufactures, p. 90; du lo aoilt, 1755 autori-
sant le nouveau règlement des Etats pour les
chemins de Languedoc, p. 90; du 21 décembre
1756 cassant un arrêt du Parlement de Tou-
louse relatif à l'adjudication de bois commmu-
naux, p. 91 ; de la même date modérant les
conditions d'éligibilité des prieur & consuls de
la bourse de Toulouse, p. 91; du 10 mai 1757
exceptant des communes de Languedoc des clau-
ses de redit de 1755, p. 91; de la même date
déterminant les villes de Languedoc qui ont le
privilège d'interdire l'entrée des vins étrangers,
p. 91; du 19 juillet 1757 cassant la concession
faite par la ville de Narbonne au marquis de
Grillon du canal de la robine de Narbonne,
p. 91; du 1" novembre 1767 contrairement à
un arrêt du Parlement de Toulouse, confirmant
une ordonnance de l'intendant relative à une
construction d'église, p. 92; des 10 mars 1767 &
20 avril 1759 autorisant divers emprunts, pp. 92,
93; du 12 juin 1758 concernant la justice de
Saint-Chapte, p. 98; du 10 novembre 1758 cas-
sant un arrêt du Parlement de Toulouse, p. 98;
du 20 avril 1719 autorisant des emprunts dans
neuf diocèses, pp. 94, 1148, 1149, ii5o; du
19 juillet 1759 relatif au bac de ViUeneuve-lès-
Avignon, p. 94; des 9 &. i3 novembre 1759
annulant trois délibérations de villes tendant à
soustraire les assemblées diocésaines de la juri-
diction des Etats, pp. 94, i i53; du 17 décembre
1759 réglant les frais d'assiettes de vingt-quatre
diocèses de Languedoc, p. 94; du 3 janvier 1760
portant réduction sur les trois vingtièmes en
faveur de la Province, p. 94; du 28 février i 760
autorisant l'établissement à Lavaur d'une ma-
nufacture royale, p. 95; de la même date auto-
risant divers emprunts, p, 95; du 21 mars 1760
reconnaissant les privilèges des Etats de Lan-
guedoc en matière d'impositions, p. 95; du
5 août 1760 permettant de dessécher l'étang de
Marseillette, p. 95 ; du 25 octobre 1760 cassant
les arrêts du Parlement de Toulouse des 20 mars
6 7 mai 1758, pp. 95, Il 58; du i3 décembre
1760 cassant l'arrêt du Parlement de Toulouse
du 17 novembre, p. 95; du 3i janvier 1761
maintenant aux matelots classés de Villeneuve-
lès-Avignon le privilège de tenir bateaux sur
les deux bords du Rhône, p. 96; des 27 février
& 6 mars 1761 autorisant divers emprunts pour
travaux publics, p. 96; du 10 mars 1761 por-
tant règlement pour la vente des coupes ordi-
naires de la baronnie de Caravettes, p. 96; du
ioiwai 1761 cassant un arrêt du Parlement du
17 janvier, p. 96; du 9 juin 1761 ordonnant
une enquête pour transférer à la Seauve l'ab-
baye de Clavas, pp. 1204, 1 2o5 ; du 2 octobre
1761 cassant l'arrêt du Parlement de Toulouse
du 21 juin, p. 96; du 8 janvier 1762 autorisant
divers emprunts, p. 96 ; du 11 janvier 1762 au-
torisant l'abonnement des trois vingtièmes,
p. 96; du 16 janvier 1762 autorisant divers
emprunts pour travaux publics, p. 97 ; du
i5 mars 1762 ordonnant le rapport des motifs
des arrêts rendus au Parlement de Toulouse sur
les affaires de Castres & de Béziers, p. 97; de la
même date confirmant deux ordonnances de
l'intendant cassées par le Parlement de Tou-
louse, p. 97; du 4 août 1762 déchargeant la
Province de demander d'indemnité pour des-
truction d'une pêcherie, p. 97; du 6 janvier
1763 autorisant dix diocèses à faire des em-
prunts pour travaux publics, pp, 97, 98, i 177;
du 10 septembre 1763 renouvelant la surséance
de toutes poursuites & jugements accordées aux
membres des Etats de Languedoc pendant la
session, p. 98; du 19 septembre 1763 cassant
un arrêt du Parlement de Toulouse, p. 98; du
20 septembre 1763 cassant l'arrêt de prorogation
pris par le Parlement en 1763, p. 1182; du
10 avril 1764 autorisant plusieurs emprunts,
p. 99; du 16 avril 1764 maintenant les maîtres
tisserands de Carcassonne dans la liberté d'avoir
tel nombre de compagnons qu'ils jugent à pro-
pos, p. 99; du 5 juin 1764 assujettissant les
religieux de Saint-François & de la Merci aux
charges publiques, p. 99; du 6 novembre 1764
comprenant le port de la Nouvelle parmi ceux
•Tui peuvent exporter des grains, p. 100; des
) & 26 février 1765 autorisant plusieurs em-
prunts, p. loo; du 6 mars 1765 cassant un
iugement de la chambre des eaux & forêts de
Toulouse, p, 100; du 29 juin 1765 supprimant
'eux mémoires imprimés à propos d'un procès
'c condamnant l'imprimeur à l'amende, p. 101 ;
ui 16 juillet 1765 attribuant à chaque capitou-
.at de Toulouse séparément les frais de cons-
ruction & réparation des églises de paroisse,
-imetières & maisons presbytérales, p. 101; des
j décembre 1765 & 5 mars 1766 ordonnant le
remboursement des emprunts faits par la Pro-
vince pour le roi ou la réduction au denier vingt-
cinq, p. loi ; du 10 mars 1766 autorisant plu-
sieurs emprunts, pp. 101, 102; du 6 mai 1766
ordonnant le remboursement ou la réduction
au denier vingt-cinq de l'emprunt de 1757,
p. 102; du 23 juin 1766 évoquant toutes les
contestations relatives à la construction de
l'église de la Daurade & aux ouvrages de la
Garonne, à Toulouse, p. 102; du 21 juillet
1766 ordonnant le remboursement ou la réduc-
tion au denier vingt-cinq des rentes de 1759 &
de 1762, p. 102; du 2fi août 1766 cassant trois
arrêts du Parlement de Toulouse relatifs à des
élections consulaires, p. 102; du 27 août 1766
portant règlement pour les travaux publics en
Languedoc, p. 1 o3 ; du 18 octobre 1766 autori-
sant les projets de décoration du Peyrou, p. 1 d3 ;
du 7 novembre 1766 portant règlement pour le»
élections consulaires de Montpellier, p. io3;
du 2 décembre 1766 cassant une ordonnance de
la maîtrise de Villeneuve - de- Berg sur uu.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1445
coupe de btiis & renvoyant raffaire à la com-
mission de I 7 I4, p. I o3 ; du 10 mars 1767 con-
cernant Us travaux du Gardon, dans le diocèse
d'Alais, p. loS; du 18 août 1767 déboutant les
religieux de la Caune & de la Grasse de leir
opposition au dessèchement de l'étang de Mar-
seillette, p. 104; du 6 septembre 1767 défendant
de cultiver les francs bords de l'Hers & d'y faire
paître le bétail, p. 104; du 19 novembre 1767
portant ampliation des pouvoirs à la commis-
sion des marais, p. 104; du 19 avril 1768 ren-
voyant à l'intendant les différends de la com-
mune de Tournefeuille avec les décimateurs,
p. loi; du 22 mai 1768 concernant les élections
municipales à Limoux, p. 1206; du 23 juin
1768 autorisant l'augmentation des droits d'équi-
valent jusqu'au 3i mars 1776, p. 1 o5 ; du
21 septembre 1768 renvoyant à l'intendant les
contestations des limites entre plusieurs com-
munes; de la même date portant évocation des
contestations relatives aux travaux de la Louge,
f. io5; du 22 octobre 1768 autorisant le plan
des alignements & décorations des places de
Montpellier, p. loô; des 24 octobre 1768 Si
& 20 mai 1769 autorisant divers emprunts,
pp. lo5, 106; du 3i décembre 1768 cassant
plusieurs arrêts du Parlement de Toulouse con-
firmant les attributions de l'intendant & de la
commission de 1734, sur la vérification des
ilettes communales, p. io5; du i3 juillet 1769
portant nouvelle attribution & ampliation de
pouvoirs à la commission des marais, p. ic6;
du 12 août 1679 concernant les contestations
intervenues entre la ville de Montpellier &
l'entrepreneur des travaux de la fontaine,
p. 106; du 5 septembre 1769 sur le différend
des payeurs des gages du Parlement avec les
officiers de cette cour, la chambre des comptes
St les trésoriers de France, p. 106; du 3o no-
vembre 1769 pour l'adjudication des octrois &
revenus patrimoniaux de la ville de Toulouse,
p. 106; du 19 février 1770 autorisant plusieurs
emprunts, p. 106; du 9 avril 1770 autorisant
In Province à se charger de la route d'Auvergne;
du même jour permettant le taux du denier
vingt pour les emprunts de diocèses autorisés
le 19 février, p. 106; des 10 juin 1770, i5 &
17 février 1771 autorisant plusieurs emprunts,
pp. 107, io8j du 10 juillet 1770 évoquant le
jirocès des fermiers du domaine avec le duc de
Noailles, relativement aux droits de relief ou
de rachat de seigneuries & terres provenant de
la succession du maréchal de Laiitrec, p. 107;
du II juillet 1770 permettant à Tubeuf d'ex-
ploiter les mines de houille autour de Saint-
Esprit, p. 107; du 4 août 1770 liquidant l'in-
demnité due à la Province pour divers offices
de gouverneurs & lieutenants du roi, p. 107;
du i3 octobre 1770 cassant l'arrêt du Parlement
de Toulouse relatif aux règlements des Étals,
p. 107; du 3i janvier 1771 concernant l'épi-
zootie, p. 1234; du 18 février 1772 ordonnant
la vente des moulins & tours d'une manufacture
de soierie à Lavaur, p. 108; du 16 juin 17^2
concernant le droit de relief & autres droits de
mutation sur les terres nobles, p. 109; du 2 oc-
tobre 1772 autorisant le rachat par la ville de
Toulouse des huit offices de capitotils créés par
redit d'avril 1771, p. 109; du |3 janvier 1773
concernant la navigation de la Garonne dans
le parcours de la généralité d'Auch, p. 127.1;
du 3i janvier 1773 autorisant les modifications
d'allivrement faites dans la ville d'Annonay,
p. 109; du 26 mars 1773 nommant les consuls
& conseillers politiques de Fronilgnan, p. 109;
du 28 mars 1773 cassant deux arrêts du Parle-
ment de Toulouse concernant les archives de
Vias, p. 110; de la même date accordant à
M. Tubeuf le monopole de l'exploitation des
charbons de terre dans les environs d'Alais, &c.,
pp. 110, 1283; du 17 avril 1773 concernant les
archives du diocèse de Mirepoix, p. iio; du
29 avril 1773 autorisant l'acquisition de ter-
rains pour les avenues du Peyrou, p. iio; du
i5 octobre 1773 nommant des consuls & con-
seillers politiques, p. iio; du 29 octobre 1773
approuvant le bornage du canal de Languedoc,
p. 110; du 3 décembre 1773 cassant un arrêt
du Parlement de Toulouse, avec défense de con-
naître des affaires relatives aux assemblées dio-
césaines, p. I 10; du 3o janvier 1774 autorisant
le nouveau droit de vingt sols par muid de vin,
p. iio; du 2 avril 1774 cassant deux arrêts de
la cour des comptes de Montpellier, p. 1 1 1 ; du
27 octobre 1774 fixant le prix du rachat des
charges municipales de 1771 & en réglant les
conditions, p. 1 1 1 ; du 4 février 1775 au sujet
de la place du Peyrou, à Montpellier, p. 112;
du 8 mars 1776 cassant la nomination de trois
régents faite par un viguier pour tenir lieu de
consuls, p. 112; du 16 mars 1775 autorisant
des emprunts, p. 112; du 18 mars 1775 inter-
prétatif sur le rachat des charges municipales,
p. 112; du i5 mai 1770 maintenant les consuls
de Bédarieux dans l'exercice de la police, p. 112;
du 18 mai 1773 réglant la qualité du second
député des villes qui en envoient deux aux
Etats, p. 112; du 3i Juillet 1776 maintenant
la commune de Montesquieu-Volvestre dans le
droit de nommer ses consuls, p. 1 1 .3 ; du 7 août
I 775 ordonnant la destruction de ii-.oulins sur
le Fresquel, p. il 3; du j.i août 1776 suspen-
dant les privilèges de la ville de Bordeaux pour
la vente des vins, p. 1 1 3 ; du 26 août 1 775 cas-
sant les élections municipales de Gignac, p. 1 i 3;
du 29 septembre 177.1 c.issant l'arrêt du Parle-
ment de Toulouse sur les élections consulaires,
p. ii3; du 29 octobre 177.) cassant les élections
municipales de Cette, p. Ii3; du même jour
cassant un arrêt du Parlement de Toulouse en
faveur des officiers du sénéchal de Eéziers,
p. ii3; du 6 janvier 1776 cassant un arrêt du
Parlement de Toulouse concernant les élections
municipales de Gignac, p. ii3; de la même
date cassant les élections municipales de Castres,
p. ii3; du 1" avril 1776 autorisant plusieurs
emprunts, p. 114; du 21 juin 1776 concernant
l'élection consulaire & la nomination du con-
seil politique de Montagnac, p. 114; du 16 août
1776 prescrivant le dépôt, dans les archives
diocésaines, des anciens cadastres & de la copie
des nouveaux, p. 114; du 18 novembre 1776
autorisant les travaux du canal de Narbonne &
du réservoir de Lampy, p. ii5; des 5 février,
|3 mars & 16 avril 1777 autorisant divers em-
prunts, p. 11I; du 14 février 1777 réglant les
'446
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ciroiis à percevoir sur le canal Saint-Pierre, à
Toulouse, p. iiô; du i6 a»ril 1177 autorisant
les diminutions d'allivrement faites dans la
commune de Saint-Esprit, p. ii5j du i3 juin
1777 concernant l'élection consulaire & la for-
mation du conseil politique d'Agde, p. 1 i5; du
i5 luin 1776 concernant l'achat des maisons à
démolir pour la construction du tjuai de Tou-
louse, p. ii5; du |5 août 1 771 cassant des
ordonnances du sénéchal de Carcnssonne, p. Ii5;
du 3o mars 1777 évoquant l'aff.iire des élections
de 1.1 S.iWetat, p. 116; du f> septembre 177-1 en-
joignant aux consuls de Béziers d'appeler aux
assemblées communales les officiers de justice de
l'évéque, p. 1 16; de la même date cassant l'arrêt
du Parlement de Toulouse contre les élections
consulaires de Castres, p. 116 j du g septembre
1777 évoquant l'affaire du comte de Clarac avec
deux communes, p. ii6j du |3 octobre ittt
portant règlement sur la formation du conseil
politique & d'administration de la ville de Ni-
mes, p. 116; du 6 janvier 1778 évoquant les
contestations du chapitre de Saint-Just avec la
ville de Narbonne, p. 116; du 24 avril 1778
fixant les droits respectifs de l'évéque d'Agde &
des consuls de Cette, p. 116; du lô juin 1-78
rejetant un appel d'élections consulaires fait
sans autorisation de l'intendant, p. 116; de la
même date portant règlement pour l'adminis-
tration municipale de Toulouse, pp. ii5, lîSp;
du 8 août 178a annonçant l'ouverture des Etats
généraux, p. i35j; du 29 aoiit |7-8 cassant
deux arrêts du Parlement de Toulouse concer-
nant une élection consulaire, p. i |-; du 29 sep-
temluc 1778 concernant le différend du chapitre
de Saint-Just & des consuls de Narbonne, au
sujet de la nobilité des biens, p. 1 17; du 18 fé-
vrier 17-9 autorisant des emprunts, p. 1 1 7 ; du
26 mars 1779 autorisant l'achat de maisons
pour l'alignement de la nouvelle rue & porte
Saint-Cyprien, à Toulouse, p. 1175 du même
jour cassant un arrêt du Parlement de Toulouse
& confirmant les attributions de la commission
de 1734, p. 1 i"f; du 2 octobre 1 -7o concernant
la nomination d'un procureur du roi à l'hètel
de ville, dans les communes où la justice est
royale, p. iiS; du 3i octobre 1 "70 relatif aux
promenades du Peyrou, à Montpellier, p. 1 iS;
du 14 décembre 1779 sur le différend des char-
treux de Valbonne avec la commune de Saint-
Paulet, concernant la nobihté prétendue de
leurs fonds, p. 118; du 23 janvier 17S3 liqui-
dant les sommes dues par la Province, à raison
de l'annexion du comté de Caraman, p. 118;
du 7 juillet 1780 portant règlement pour l'ad-
ministration municipale de Castelnaudary,
p. 1 18; du 4 août 178; confirmant les droits du
prince de Conti sur les élections consulaires de
Montagnac, p. Ii8; du 26 septembre 1780 cas-
sant un arrêt du Parlement de Toulouse contre
la ville de Rieux, p. 1 18; du 18 novembre 1780
réglant les préséances des officiers de justice de
1 abbé de ViUemagne, p. 119; du ii février
1781 autorisant un emprunt, p. 119; du 19 mai
i'8i cassant deux ordonnances de juge-mage,
p. iig; du 8 juin 1-81 autorisant l'acquisition
par les communes des î^ïi municipales d'Albis-
son, p. 119; du 21 juin i~8i ordonnant la
démolition de plusieurs moulins, p. 119; du
4 août 1781 concernant la nomination des con-
seillers politiques de Montpellier, p. 119; de
la même date déboutant les religieux de la
Merci de leurs prétentions envers la Province,
p. 119; du i3 octobre 1781 cassant deux arrêts
du Parlement de Toulouse, concernant une que-
relle de préséance, p. 119; du 7 février 1782
autorisant un emprunt, p. 121:-; du 25 avril
1782 autorisant la création des chaires de phy-
sique & de minéralogie par la Province, p. 1 2' j
du 16 mai i-'82 ordonnant une vente de bois,
p. i2rj du 5 juillet 1782 cassant un arrêt du
Parlement de Toulouse concernant des préséan-
ces, p. 120; du 2 aotjt 1782 cassant une ordon-
nance du bureau des finances de Montpellier,
concernant les prises d'eau de la robine de Nar-
bonne, p. 127; du 25 janvier I783 cassant un
arrêt du Parlement de Toulouse 8t une sentence
du sénéchal de Bêziers, p. 12c-; du 14 février
1783 séparant la caisse des impositions de celle
des revenus patrimoniaux de la ville de Tou-
louse, p. 12^; des 14 & 22 février autorisant
divers emprunts, p. 120; du 1" mars 1783 cas-
sant un arrêt du Parlement de Toulouse con-
cernant la commune de Sauve, p. 121 ; du
Il mars 1783 interdisant tous travaux qui
pourraient nuire aux bains de Balaruc, p. 121 ;
du 21 mars 1783 portant règlement pour les
élections consulaires d'Albi, p. 121 ; du 8 mat
1-83 annulant les réserves portées par l'arrêt
d'enregistrement de la déclaration du 16 mars
au Parlement de Toulouse, p. 121 ; du 18 juillet
1783 cassant une ordonnance & un arrêt du
Parlement de Toulouse contre la commune de
Fanjaux, p. 121 ; du 22 juillet i-83 réduisant à
vingt-neuf ans un bail à locatairie perpétuelle,
p. 121; du 24 août 1783 interdisant au juge-
mage du Puy de participer à la répartition des
vingtièmes d'industrie, p- 121 ; du 20 septembre
1783 cassant trois arrêts du Parlement de Tou-
louse, p. 121 ; du II octobre 1783 validant des
dépenses irrégulières, mais utiîes, faites en Gé-
vaudan, p. 121 ; du 21 octobre 1783 concernant
l'administration de la ville de Toulouse, p. 1215
du 8 novembre i-83 maintenant les consuls de
Bédarieux au droit exclusif de rendre les ordon-
nances sur l'inhumation des personnes aux-
quelles la sépulture ecclésiastique est refusée,
p. 122; du 1; janvier 1784 ordonnant la reprise
par le trésor royal de la taille des bois de Sére-
nac, p. 122; du 14 février i"84 concernant les
préséances dans la ville de Cahusac, p. 122; du
2 1 février 81 du 19 mai 1-84 autorisant divers
enprunts, p. 122; du 3 avril 1784 réglant les
préséances dans la commune de Lézat, p. 122;
du 25 juin i"84 portant règlement pour l'exer-
cice de la justice à Làngogne, p. 122; du
3i juillet i"'84 cassant deux arrêts du Parle-
ment de Toulouse, p. 122; du 17 sepiertibre 1784
cassant un arrêt du Parlement de Toulouse,
p. 122; de la même date autorisant une con-
vention passée entre les barons de tour St. les
barons annuels, p. 122; du 28 septembre 1784
portant que les pièces des impositions seront
écrites sur papier libre & dispensées de contrôle,
pp. 122, 123; du 24 octobre 1784 concernant
la vente des draps fabriqués en Languedoc, a
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
Ï447
destination dn Levant, J). I23; des 14 février,
10 mars, 6 avril & M mai 1780 autorisant plu-
sieurs emprunts, p. ii3; du 16 aoùi 1783 ré-
glant les lieux d'assemblée de deux communes
unies, p. ij3; du 18 juin 1785 cassant deux
arrêts du Parlement de Toulouse, p. 124; du
4 août 1785 sur le conflit de la chambre des
comptes & du bureau des finances de Montpel-
lier, relativement à la production des dénom-
brements, p. 124; du 9 octobre fSa ordonnant
l'exécution des travaux de redressement de la
Lèze, p. 124; des 22 mars & 5 avril 1-786 auto-
risant divers emprunts, p. 1 24; du 10 juin 1786
cassant un arrêt du Parlement de Toulouse, ré-
tablit l'ancienne forme des élections consulaires
i Montgaillard, p. i25j du iS juin 1786 répar-
tissant sur les quatre provinces formant le res-
sort du Parlement de Toulouse les frais de re-
construction des prisons de la Conciergerie,
p. i2Sj du 2 juillet i-jS'j maintenant, contre
les prétentions d'un sous-ene;agiste du domaine,
les anciennes formes d'élection consulaire de
Villasavary, p. 123; du 5 juillet 1786 concer-
nant les impositions de diverses communes d'Al-
bigeois, p. ii5j du 28 aoiit 1-86 concernant la
restauration des arènes de Nîmes, p. 123; du
5 septembre it8.'^ ordonnant la démolition des
murs d'enceinte de Nîmes, &c., p. 126; du
22 septembre 1786 concernant les élections mu-
nicipales de Beauchastel, p. 126; du 24 octobre
1786 ordonnant que, selon l'ancien usiige, un
des cons.ils de S.iint-Ecdt sera pris du qiiartier
de Languedoc, p. i2i; du 21 octobre 1786 cas-
sant un arrêt du Parlement de Toulouse con-
ccrnint -les picsé^in Ci. r 17*'; ^.1 i^ -^ccerribre
1786 cassant un arrêt du Parlement de Toulouse
6 lui défendant de connaître des élections con-
sulaires en Languedoc autrement que parappel,
p. t?f>; du |3 mirs |7;,7 porrani fgleinent
pour l'adminisiration municipale de Montréal,
p. 12^; des 16 mirs ix 11 jk^n 1787 autori-
sant divers emprunts, p. 126; du 4 mai 1787
cassant un anêt du Parlement de Toulouse
comme contraire au droit public de la Province,
p. 126; du même jour évoquant l'afiâire des
élections de Peyrens, p. I26j du 13 mai 1787
fixant l'emplacement du marché aux bestiaux
de Lavaur, p. 126; de la même date cassant les
élections municipales de Saint-Gervais, p. 126;
des 16 & 19 juin 1787 cassant trois arrêts du
Parlement de Toulouse, p. 126; du 3 novembre
1787 cassant in arrêt du Parlement de Tou-
louse & défendant aux communes de continuer
leurs cons-.ils, p. 12- ; du 3> novembre 1787
affranchissant le commerce des Suifs & cornes
provenant des boucheries de Toulouse, p. 127;
du 21 décembre 1787 ponant règlement pour
l'administration municipale de Montpellier,
p. 127} du 29 décembre 1787 concernant l'ad-
ministration du produit des coupes de bois
communaux, p. 127; du 8 février 1788 défen-
dant aux trésoriers de France de Montpellier
de rendre des ordonnances pour les alignements
des chemins provinciaux ou diocésains, p. 127;
du 5 avril 1788 cassant plusieurs arrêts du Par-
lement de Toulouse & de la cour des comptes
'î Montpellier, au sujet de» vingtièmes, p. 128 ;
= 4 mai 1788 défendant au Parlement <'■.
Toulouse & autres juges en Languedoc de con-
naître de l'inventaire des archives communales,
p. 128; du 3i mai 1788 concernant les abon-
nements des vingtièmes, p. 128; du 6 juin 1788
cassant l'arrêt du Parlement de Toulouse & de
la cour des comptes des 21 & 3d avril, p. 128;
du 7 juin 17S8 cassant un arrêt du Parlement
de Toulouse, p. 128; du 20 juin 1788 suppri-
mant toutes les protestations des cours contre
la réforme judiciaire, p. 128; de la même date
cassant un arrêt du Parlement de Toulouse,
p. 128) du 5 juillet 1788 ordonnant des recher-
ches sur le mode de convocation des Etats géné-
raux, p. 128; du i3 février 1789 cassant les
arrêts de la cour des comptes de Montpellier
contre les Etats de Languedoc, pp. 129, 13725
du i3 février & du 21 avril 1789 condamnant
les démarches de la noblesse des sénéchaussées
de Béziers & de Carcassonne contre les délibé-
rations prises par les Etats de Languedoc,
p. i388.
AsRÊT du conseil privé du 27 mars i65j, portant
que tous les consuls Se conseillers politiques de
Bédarieux devront être catholiques, p. |3; du
l5 septembre i663 interdisant » la chambre de
l'édit de Castres de prendre connaissance de l'.if-
faire de Clarensac, p. 18; du 17 juin \Cf>^
cassant un testament fait en faveur des ancien»
du consistoire protestant de Béziers, p. 19; du
29 juillet 1664 portant que les biens confisqué»
sur les rebelles de Privas serviront à rétablir les
églises démolies dan» les lieux environnants 8c
à payer les dette» de la commune; de la même
date que les biens des communes appirtiendrc'nî
par moitié aux catholiques, p. 19; du 29 juil-
let l'Sôâ contre le ministre de Privas, p. 21.
Aur.Ei du grnnd-conseil du 3i janvier 1744 déci-
dant que la prciuicie prébende vacante du cha-
pitre Saint-Pierre de Montpellier ne sera pa»
remplie; son revenu sera employé pour faire
instruire les enfants abécédaires, p. 78; du 9
janvier 1776 cassant un arrêt du Parlement de
Toulouse relatif à l'enregistrement de» édit»,
p. I i3; ordonnant rarrcstatton de M. de Cha»-
tenet, conseiller au Parl-.ment de Toulouse,
p. 438.
Ar.RÈT de la cour des comptes, aides & finance» de
Montpellier du 17 mars 1 6û3 prononçant trois
condamnations à mort par contumace, p, 18;
du 2 juin 16^4 réglant les droit» à payer pour
la confection du papier terrier, p. 3i ; du 1 5 juin
1708 interdisant les hommages pour les censives
& rentes foncières, s'il n'y a titre ou présomp-
tion de nobiiité, p. 46; du 6 juillet 170a décla-
rant imprescriptibt% l'étendue du taillable des
communes & diocèses, p. 43; du 7 juin 1730
défendant aux officiers de la temporalité de
l'archevêque de Narbonne de connaître du fait
des tailles en première instance, p. 64; du
m jmvier 1733 réglant la compétence de diver»
offic ers de la vigucrie de Narbonne en fait de
tailles, p. 67; du 16 janvier 1733 défendant
d'exiger un droit d'équivalent sur le poisson
aix pertes de Toulousr, p. 67; du 22 janvier
173) déclarant que toutes les communautés ré-
gulières & séculière» de Languedoc sent sou-
: ises au droit d'équivalent, p. 67; du 17 mars
1448
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
17!53 autorisant In perception du droit d'équi-
valent sur le poisson, p. 67; du 18 juin 17.33
déclarant les habitants de Nîmes exempts des
droits de pé.ige contre les prétentions du baron
de Mandusl & de Lamothe, p. 67; du 28 juin
1737 condamnant le maire de Saint-Ambroix,
pour prévarication & malversation, p. 7 1 ; du
6 mars 1733 cassant le nouveau compoix de
Graulhet & prescrivant d'en dresser un autre,
p. 71 j du 16 octobre niy cassant l'allivrement
fait par les consuls de Montlaur du domaine de
Roquenégade, appartenant au marquis de Pins,
p. 74; du 20 septembre 1145 déclarant exL'inp-
ter des droits de leude & de péage, dans le gar-
diage de Toulouse, les marchandises voituiées
par le canal, de Marseille à Bordeaux & de Bor-
deaux à Marseille, p. 80; du 17 mars 1747 con-
damnant le chapitre de Saint-Pons deThomiéres
à payer des arrérages pour des terres roturières,
p. 82; du 23 décembre 1765 déclarant roturier
un domaine appartenant au chapitre de Saiiit-
Nazaire de Eéziers, p. 89; du 8 mai i-j5i) por-
tant règlement pDur tous les comptables de son
ressort, p. 945 portant que les procès de roture
ou de nobilité ne sont pas sujets à péremption,
p. 97; du 10 avril 1664 portant règlement des
droits d'octroi à Montpellier, p. 99; du 21 mars
1766 ordonnant d'établir un écorclioir public à
Annonay, p. 102; du 16 juillet 1767 réglant la
manière de procéder au compoix cabaliste,
p. 104; défendant aux juges de surseoir aux
exécutions faites par les collecteurs contre les
contribuables, p. 104; du 4 mars 1768 portant
rétroactivité de la roture jusqu'à l'introduction
d'instance; mettant à la charge des communes
les frais d'arrêts de roture obtenus par elle,
p. 104; du 16 avril 1768 sur la subvention de
Marseillan, p. 104; du 16 juin 1772 déclarant
roturiers des terres & des domaines, p. 109; du
10 novembre 1772 réglant la forme d'allivre-
ment des rentes foncières portant lods & ventes,
p. 109; du i"*" avril 177.J déclarant roturières
plusieurs possessions d'un chapitre, p. 111; dé-
clarant immunes de tailles les fonds acquis
pour les promenades basses du Peyrou & les ave-
nues, p. m5; déclarant Its bacs de Tournon &
de Serrières libres & ouverts pour le passage du
Rhône, p. 1245 du 3o avril 1788 maintenant
son arrêt du 11 mars, p. 128; des 22 décembre
1788 & 9 janvier 1789 contre les États de Lan-
guedoc, p. 128; sa dernière audience, p. i3o.
Arrêt du parlement de Grenoble du 26 juin i655
déchargeant les habitants de Montpellier de
toute indemnité envers le fermier du droit de
confirmation, p. 12.
— du parlement de Paris du 21 juin 1707 adju-
geant à Samuel Bernard la terre & la baronnie
de Rieux, p. 873.
AmiÊTS du Parlement de Toulouse du 22 février
1628 & du 3 avril 1647 relativement à l'étang
de Marseillette, p. iiSj; du |3 juin 164.)
enregistrant la déclaration de régence d'Anne
d'Autriche, p. 1 ; du 24 juillet tô^i interdisant
l'accaparement & l'exportation des grains, p. f;
du 4 janvier 1644 concernant le cours des mon-
naies, p. 2; interdit les bals de nuit, le 25 jan-
vier 1644, p. 2 ; du 17 février
10^,^ autorisant
la fabrication d'huile de hêtre, p. 2; du 17 mars
1644 défendant aux marchands de bestiaux de
passer à moins de huit lieues de la ville sans
présenter leurs bêtes à deux marchés, p. 2; des
25 & 28 mai 1644 interdisant l'exportation des
grains & ordonnant de vendre le pain par mor-
ceaux, p. 2; du 4 juin 1644 enregistrant les
lettres patentes de nomination de Gaston d'Or-
léans, pp. 188, 189; du 8 novembre i''>44 auto-
risant l'ordonnance de l'archevêque de Toulouse
pour une procession, p. 3; du 3 mars 164(1 in-
terdisant l'entrée de la Cour à un conseiller,
p. 3; du II avril 1646 interdisant aux capi-
touls nommés par le roi l'exercice de leurs char-
ges, p. 4; du 17 août 1646 défendant le port
d'armes à feu & en ordonnant la recherche,
p. 4j du i3 janvier 1647 défendant le port d'ar-
mes 8c ordonnant des patrouilles de nuit, p. 4 ;
du 16 décembre 1647 concernant le domicile
des capitouls de Toulouse, p. 5; du 5 janvier
1648 défendant, sous peine de mort, le port dts
armes à feu par la ville, p. 5; du 1" juillet
1648 concernant les honneurs dus à la Cour,
p. 5j du 18 juillet 1648 défendant aux inten-
dants de procéder à la levée des tailles, p. 5;
des 14 & 29 août 1648 concernant la chaiivbi»
de l'édit de Castres, p. 5j du 9 septembre 164J
contre les propagateurs de fausses nouvelles,
p. 5 ; de septembre 1648 contre les semeurs de
fausses nouvelles, p. 286; du 28 juillet 1649
concernant l'abonnement de la ville de Tou-
louse pour les impôts, p. 6; du 11 août 1649
autorisant la réduction d'un cinquième des im-
positions votées par le conseil de bourgeoisie de
Toulouse, p. 6j du 27 novembre 1649 ordon-
nant information des brigues & malversations
commises en l'élection des capitouls, p. 6 j du
9 mars i65d interdisant le port darmes de
guerre, p. 6; des 5, 7, 16 mai & 21 juin i653
contre les intendants de Guienne, de Languedoc
& de Montauban, p. 6j des 27 mai & 25. juin
i55o contre le duc de Bouillon & le duc d'Eper-
non, p. 7; du ii août i653 interdisant les le-
vées des gens de guerre, p. 7; du 12 septembre
i55:i par lequel il se proroge, p. 7j du 1" dé-
cembre i65:ï permettant de débiter des lettres
de maîtrise d'arts & métiers, p. " ; du 23 décem-
bre i65d contre les intendants de justice, police
& finances, p. 7; du 24 décembre 1(55^ pronon-
çant neuf condamnations à mort au sujet de
troubles d'Albi, p. 7 ; du 6 lévrier i65i ordon-
nant des remontrances au roi au sujet de l'em-
prisonnement des princes, p. 7; du 16 février
i65i cassant trois délibérations des Etats de
languedoc, p. 7; des 20 février & 18 avril l'ji
contre le cardinal de Mazarin, pp. 7, 8, 304,
3-5; du 20 février i65i modifiant le système des
élections consulaires de Roquemaure, p. -j ; du
27 mars i65i contre le gouverneur de Nar-
bonne, p. 8 ; du 4 mai i65i lançant un décret
de prise de corps contre l'archevêque de Nar-
bonne, p. 8; du 22 mai i65i autorisant l'as-
semblée de la noblesse, p. 8 ; du 24 mai i65l
enjoignant aux éveques de Lavaur 8t de Mon-
tauban de résider dans leurs diocèses, p. 8; du
i3 juin i65i nommant des commissaires extraor-
dinaires pour visiter la Province, p. 8; du
?2 luin i(^i5i concernant la marque des cuirs,
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1449
p. 8; du 28 juin i65i ordonnant des remon-
trances au roi, p. 8; du 12 juillet i65i ordon-
nant^que la noblesse de chaque diocèse enverra
aux Etats un député électif, p. 8; du i5 juillet
i65i demandant le retour du prince de Condé
& réloignement de Mazarin, pp. 8, 322 j du
8 août I j5i interdisant l'exportation des blés,
p. 8; du i.î septembre i65i contre les mar-
chands qui exportent des grains, p. 9; du 2 oc-
tobre i65l décrétant de prise de corps Tinten-
dant de Languedoc, p. 9; du 5 octobre liôi
prescrivant des mesures de sûreté à cause de la
défection de Marchin, p. ç; du 12 octobre i65i
envoyant des commissaires dans l'Albigeois, p. 9 j
du 23 novembre i65i ordonnant des remontran-
ces au roi ; du même jour sur les élections con-
sulaires de Béziers, p. 9; du 24 novembre irt.'ji
portant commission à un conseiller pour pro-
céder aux élections consulaires de Béziers, p. 9;
des |5 & 23 décembre i65i 81 17 janvier i5.')2
lançant plusieurs décrets de prise de corps, p. n;
des 29 décembre i65i, 12 janvier, 27 février,
î3 mars 1662 contre le cardinal Mazarin £<
mettant sa tête à prix, pp. 9, 335 ; du 17 février
l652 sur les désordres des gens de guerre, p. oj
du 9 aoiit |652 se prononçant contre le duc
d'Orléans, p. lo; du 9 septembre |6;">2 ratifiant
des conventions de villes avec le prince de Conti
8t le duc d'Harcourt, p. 10; du 23 septembre
i652 donnant commission pour saisir les grains
destinés ii l'exportation, p lo; du 22 octobie
1662 contre les gentilshommes qui lèvent des
gens de guerre, p. 342 j du 24 octobre 1602 ac-
cordant privilège d'hypothèque à Tévêque de
Valence à cause d\in prêt de blé à la ville de
Toulouse, p. 10; du 26 novembre i652 nom-
mant les capitotils de Toulouse, p. io;du5avril
I f)53 interdisant le logement des gens de guerre
sans ordre du roi, des gouverneurs ou des lieu-
tenants généraux, p. 1 ; du 2 1 juin i'53 in-
.terdisant les perquisitions des évêques chez les
bénéficiers maliides, p. 1 -- ; du 28 juillet i653
enregistrant des lettres de grâce, p. 344; du
23 août i653 envoyant des commissaires dans
les Cévennes, p. 10; du 10 septembre i<.')3 au-
torisant l'établissement de droits de subvention
à Toulouse, p. 1 ■: ; du 23 septembre i653 relatif
aux réparations des chemins, p. 10; du 8 no-
vembre 16.53 prononçant plusieurs condamna-
tions à mort pour faits de brigandage armé &
ordonnant de raser un château & une tour,
p. I I; du 18 décembre i653 cassant les économes
d'évéchés nommés par la cour des comptes de
Montpellier, p. il; du 21 janvier \6'n con-
dimnant à mort le vicomte de Léran, p. 1 i; du
14 mars 1654 ordonnant la démolition de tra-
Taux de fortification, p. 11 ; du 3 juillet 16.54
défendant d'acheter des objets mobiliers aux
gens de guerre, p. 1 1 } du 7 novembre 1634 or-
donnant la révision d'un jugement capital,
p. 1 I i du 22 décembre 1664 ordonnant l'émis-
sion de petite monnaie, p. 1 ij du 12 avril \(>^â
ordonnant l'expulsion des réfugiés catalans,
p. 12; du 5 juillet 1655 nommant cinq com-
missaires pour la vérification des cours d'eau,
p. 12; du 14 août i655 enregistrant avec réserve
l'édit portant aliénation du domaine, p. 12; du
i3 juillet i6;)7 interdisant aux maisons reli-
gieuses de donner asile aux criminels & aux
banqueroutiers, p. i3; du 19 septembre |653
autorisant la ville d'Agde à interdire l'entrée du
vin étranger, p. 14; du 25 juin 165^ condam-
nant à mort par contumare un ministre pro-
testant & neuf habitants de Florac, p. 14; du
3 avril |66^ enregistrant les lettres patentes
nommant le prince de Conti gouverneur de la
Province, p. 3o3; du 4 août i6(3o envoyant un
commissaire ii Castres pour informer d'un mi-
nistre protestant, p. i5; du 24 novembre 1660
nommant sept commissaires pour vérifier l'état
des collèges, p. 1 .5 ; du id décembre 1660 annu-
lant les contrats de louage d'offices des conseil-
lers, p. i5; du 3i mars 1661 interdisant l'usur-
pation des titres de noblesse, p. 16; du i'**" juin
1661 prescrivant l'observation de l'usage des
reddes , p. 16; du 14 juillet 1661 interdisant
l'exportation du merrain, p. 16; du 7 janvier
1662 ordonnant la saisie des revenus de l'ar-
chevêché d'Auch, p. 16; du 19 juin 1662 réglant
les étoffes & les parures qui doivent être portées
par les femmes de diverses conditions, p. 17; du
4 décembre 1662 réduisant la dépense des festins
capitula 1res de Toulouse, p. 17; du 3i août )6'i3
au sujet des Filles de l'Enfance, p. 677; du
17 novembre i663 enregistrant les lettres pa-
tentes approuvant la congrégation des Filles de
l'Enfance, p. 677; du i 1 mars 1664 condamnant
les habitants de Gatuzières à faire le charrois de
matériaux pour la construction d'une église 8c
à bâtir la maison presbytérale, p. 19; du 21 jan-
vier i6û5 supprimant la lettre de l'évêque d'Alet,
pp. 20, 411, 412, 413, 417; du 5 février 166 5
ordonnant aux seigneurs justiciers de nommer
seulement des catholiques aux charges de juges
bannercts, p. 20; du 5 mai |665 interdisant
aux religieux les acquisitions d'immeubles dans
les environs de Toulouse, p. 20; du 22 mai 1666
adjugeant aux chartreux de Valbonne un do-
maine saisi, p. 20; du 26 mai 1666 nommant
un galérien bourreau, p. 21; du 6 décembre
1666 pour la réformation des ordres religieux,
p. 21; du 10 octobre 1669 condamnant les pro-
testants de Meyrueis à rebâtir l'église catholique
à leurs frais, p. 22; du 16 juillet prohibant,
dans certains cas, l'entrée du vin étranger à
Saint-Chinian, p. 23; du 28 juin 1673 éten-
dant aux territoires de son ressort compris dans
la province de Guienne la défense de nommer
des juges bannerets non catholiques, p. 24; du
16 avril 1681 condamnant le P. Cerle â avoir
la tête tranchée; l'exécution a lieu en effigie,
p. 5i8; du II décembre 1681 condamnant les
protestants de Caraman à céder leur cimetière,
p. 26; du 12 décembre 1681 condamnant le
consistoire protestant de Montpellier â céder
à l'hôpital toutes les donations ou legs faits en
faveur des pauvres réformés, p. 26; du 29 dé-
cembre 1681 défendant l'exercice du culte ré-
formé dans les temples éloignés de moins de
cent pas des églises, p. 26; des 16 octobre &
16 novembre i63i interdisant le culte protes-
tant i Montpellier 8c ordonnant la démolition
du temple, p. 27; du 9 juillet 1700 défendant
de siffler â l'opéra, p. 34; du 22 novembre I7p3
enregistrant la défense faite aux communes de
plaider sans autorisation, p. 847; du 4 juillet
i45o
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1711 renouvelant les défenses d'exportation du
merrain, p. 55; du 29 juillet 1722 défendant
aux valets & domestiques de quitter leurs tn.iî-
tres avant la fin de l'année, p. 5i j du 12 juin
1724, renouvelant un arrêt de i6or, élève le
nombre des membres du conseil politique de
Rieux, p. 58 j du 25 octobre 1724 cassant une
ordonnance de l'intendant sur les élections con-
sulaires de Lauran, p. 58 ; du 24 mars 1725 dé-
fendant aux habitants du plat pays d'entretenir
des troupeaux de boucs, chèvres & menons,
p. 59i du 27 mars I725 renouvelant les an-
ciennes défenses de laisser paître le bétail en
certains lieux, p. 59; du 14 janvier 1734 enre-
gistrant la déclaration du dixième avec remon-
t,rances au roi, p. 68 ; du 4 septembre I735 con-
damnant au feu VHtsto'ire de la congrégation des
Filles de l'Enfance, p. 69; du 20 juillet 1736 en
faveur des jésuites qui deviennent professeurs
royaux & inamovibles, p. 70; du 27 avril 1739
remettant le comte de Mérinville en possession
de la baronnie de Rieux, sauf remboursement
de l'adjudicataire, p. 73; du 4 janvier 1741
attribuant aux officiers de l'abbé d'Aniane la
préséance sur les consuls, p. 75; du 19 août
1754 déclarant sujets à la taille divers fonds,
p. 87; du 18 mai 1755 défendant aux habitants
du diocèse d'Alais de faire paître leur bétail dans
les châtaigneraies en aucune saison, p. 94; des
5 juin 1762 & 26 février 1763 contre les jé-
suites, p. 1175; du 17 décembre 1763 contre le
duc de Fitz-James, p. 98; du 24 mars 1764 en-
registrant les lettres patentes du 25 février,
p. 99; du 6 juillet 1764 jugeant qu'il n'est pas
dû de lods des sous-inféodations faites à prix
d'argent, p. ico; du 21 juin 1766 défendant la
compascuité générale où il l'avait permise par
son arrêt du 27 mars 1725, p. 102; du 7 juillet
1766 portant règlement pour les administra-
tions commerciales de Limoux, p. 102; du
i'^'' août 1766 déniant aux bénédictins le droit
d'évocation générale, p. 102; du 26 août 1767
confirmant l' m éligibilité des célibataires au con-
sulat de la ville de Carcassonne, p. 104; du
Il septembre 1767 relatif au choix du premier
consul de Carcassonne, p. 104; du i3 août 1763
portant règlement pour les élections munici-
pales de Carcassonne, p. io5; de décembre 1768
portant prorogation du second vingtième jus-
qu'au i" juillet 1772, p. ic5; du 3 juin 1769
enregistrant avec réserves l'édit de mai 1768
portant fixation des portions congrues, p. 106;
de septembre 1769 validant un mariage célébié
au Désert, p. i 06 ; du 14 juillet 1770 annulant
deux articles de la nouvelle collection des règle-
ments des Etats faite en 1768, p. 107; du 4 mai
1771 contre les projets de réforme judiciaire,
p. 1210; du 12 décembre 1771 prescrivant des
mesures contre l'épizootie, p. iii; du i3 sep-
tembre 1773 portant règlement les droits respec-
tifs d'officiers de justice & de consuls, p. 11^;
du 20 mai 1774 interdisant danses, jeux, as-
semblées, &c., après la mort de Louis XV,
p. 1229; du 26 janvier 1775 prenant des me-
sures contre l'épizootie, pp. i238, 1248, 1249;
du 8 mars 1775 ordonnant des réjouissances pu-
bliques, p. 112; du 12 mai 1775 réglant les
droits honorifiques d'un seigneur, p m?; di
29 juillet 1775 portant règlement sur la forme
des élections consulaires, p. 112; du 7 novem-
bre 1776 adjugeant l'élection des consuls de
Montgaillard au sous-engagiste du domaine &
au syndic de Boulbonne, p. i t5; du 29 janvier
1777 cassant les élections consulaires de Castres,
p. 1 15 ; du 25 juin 1779 concernant le glana g?,
p. 117; du 6 septembre 1780 réglant les droits
honorifiques du sous-engagiste de Villasavary,
p. 118; du 20 mars 1784 portant règlement
pour l'administration de la justice dans les ju-
ridictions inférieures, tant royales que seigneu-
riales, p. 122; du II mai 1787 cassant une or-
donnance de l'intendant concernant le premier
consul d'Anduze, p. 126; du 24 juillet 17J7
portant règlement pour les maîtrises des eaux
& forêts du ressort, p. 12"); du 24 septembre
17S7 favorible aux prétentions du seigneur de
Saint-Michel de Vax, p. 127; du 10 mars i7;>vi
d'enregistrement forcé du second vingtième,
p. 127; du i5 février 1788 favorable aux pré-
tentions du marquis de Baschy, p. 127; du
21 avril maintenant son arrêt du 10 mars,
p. 128; du i3 mai 1788 contre la création des
grands bailliages, p. 128; du 21 janvier 17^9
contre l'organisation des Etats de Languedoc,
pp. 129, i3j4; des 25-27 septembre 1790 de la
chambre des vacations contre les actes de l'As-
semblée nationale, p. 1 3o.
ARRIBAT (Guillaume), sieur de Salvaignac,
maire perpétuel de Villefranche de Rouergue,
p. 639,
Autesac, métairie, pp. 871, 872, 1404.
Articat, au diocèse de Rieux, pp. 1008, 1009.
Abticues (Gorges d'), p. 870.
ARTOIS (Comte d'), p. 1242, i333, i359; désigné
comme gouverneur de Languedoc, p. 1274.
Artois, p. 922.
Abtisa.nS; leur nombre dans la Province en 1698,
p. 692.
AnTRON, baronnie, p. 553.
Al'.TS ET MÉTIERS; leur désordre au Puy, pp. 485,
486.
AnvfciOLS lA Bastide, en Gévaudan, p. 965.
Arvernes, p. 481 .
Ar/.at, en Vivarais, p. 1202.
ASFELD (Régiment d'), pp. 553, 554.
Asii.F. donné aux criminels par les maisons reli-
gieuses, p. i3.
Aspires, p. 427.
— (Démolition du temple d'), p. 19.
Aspet, p. 1404; ses armoiries, p. 687.
Asi'iRAN, p. 1401.
Asprejoc, en Vi»arais, p. 1201.
AssAS, terre, p. 28, 53.
— (Pont d'), p. 482.
Assassinats de catholiques, p. 36.
de prêtres dans les Cévennes, p. 73o.
du seigneur de Saint-André de ^'.llborgne,
p. 40.
— commis par les insurgés, p. 753.
— à Mauléon, p 796.
— à Toulouse, en i665, p. 437.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1451
Assassinats à Pont-de-Montvert, p. 740.
— de M"" de Miraman, pp. Sp, 807, 808.
ASSÉZAT (Bertrand d'), conseiller an Parlement
de Toulouse^, mainteneur des Jeux- Flornux,
pp. 199, 243, 661, 947; son exil, p. 1218.
Assemblée du clergé de France, pp. 7, 64; défend
les prélats du Languedoc contre les attaques du
Parlement, p. 3i 1 ; de 1643 & de 1663, p. 867 ;
de 1682, p. 522; de juin 1695, s'occupe de
l'impôt décapitation, p. 073; de 170.'), choix
de la commission pour examiner la bulle f'i-
neam Domin't Sahaoth^ p. 862; n'était en réalité
qu'une chambre de comptes ecclésiastiques,
p. 862; de 1708; ses résultats nég;itifs, p. 866;
chambre de comptes, p. 867; de i73o, p. 1019;
s'occupe de la lettre de l'évêque de Montpellier,
p. 1021; adresse une lettre collective au roi
pour protester contre la lettre de l'évêque de
Montpellier; signataires de cette lettre, p. io23;
sa députation reçue par le roi dans les grands
appartements de Versailles, p. 1026; de 1788,
sa résistance aux réformes judiciaires, p. i35i.
— d'assiette des diocèses, pp. 997, 998.
— de commerce tenue à Toulouse, le 8 janvier
1728, p. 62.
— du désert, pp. 533, 587, 588, 621, 73o; punies,
pp. 968, 974.
— diocésaines de Languedoc, pp. 3i, 4g, 93 ; sont
sous la juridiction exclusive des Etats de Lan-
guedoc; règlements les concernant, pp. iiô3,
I I 54, I i65.
— de diocèses & de sénéchaussées, p. 279.
— de district, p. i338.
— électorales diocésaines, p. 282.
— électorale de la sénéchaussée de Toulouse tenue
injustement à GaïUac, p. 281.
— électorales pour nommer les députés aux Klats
généraux & pour rédiger les cahiers de doléan-
ces; mode de convocation adopté, p. 1373.
— municipales, p. 55.
— de la noblesse à Toulouse, p. 3o7; en i65i,
autorisée par le Parlement, interdite par le con-
seil d'Etat; se réunit le 27 juin, p. 8; pour
protester contre la suspension du Parlement,
pp. i33i, i332, i353, i354, i355.
— des notables de 1786; sa composition lui ôte
tout caractère représentatif; noms des notables
appartenant à la Province, p. |335; de 1787,
fixée au 29 janvier 1787, ouverte le 22 février,
en présence du roi qui prononce une courte
har.ingue; exposé de la situation par le contrô-
leur général; énumération des abus à détruire,
pp. |336, |337; réponses des divers dignitaires,
pp. |337, [338; sa division en sept bureaux;
mémoires présentés par M. de Calonne, p. i338 ;
. ia dernière séance, le 25 mai 1787, pp. i339,
1340, 1341, 1342; convoquée de nouveau, elle
se réunit le 6 novembre; se divise en six bu-
reaux; le prince de Conti y présente un pro-
gramme de contre-révolution, p. i339; se ter-
mine le 12 décembre, p. 1 36o.
— nationale de 1789, pp. 1378, i38i, 1390; dé-
claration des députés du Languedoc, la nuit du
4 août, pp. 1391, 1392; texte de l'article XII
qui abolit tous les privilèges particuliers des
provinces, prim ipautés, &c., pp. 1392, |393;
arrête la formation de quatre-vingt-trois dé-
partements, p. 1397; la division de la France
est arrêtée à quatre-vin'^t - trois départements,
p. 1400; division du Languedoc, pp. 1400,
1401, 1404; le 26 février 179^, vote le décret
fixant la circonscription des quatre-vingt- trois
départements & assignant à chacun son nom
définitif, p. 1411; irritation qui s'y manifeste
contre la chambre des vacations du Parlement
de Toulouse; intervention de Maximilien Ro-
bespierre, p. 1419; le prince de Broglie, au nom
du comité des rapports, prononce des paroles
véhémentes contre les parlementaires, pp. 1420,
1421; Madier de Monjau cherche à atténuer la
conduite des membres de la chambre des vaca-
tions, p. 1421; l'assemblée décrète d'arrestation
les magistrats de Toulouse, pp. 1422, 1423.
Assemblées protestantes, pp. 3i, 588, 612, âi3,
739, 740, 760, Ii34; en 1743, pp. 1066, 1067;
surprise entre Durfort & Saint-Félix, p. 29; te-
nue à Vébron, p. 32; surprise au Creux de Vaie,
àTornac, p. 35; sur la montagne du Bougés,
p. 36; surprise à Peyremale, dans les garrigues
de Vauvert, p. 36 ; surprise à Millerines, p. 48 ;
surprise dans une bergerie, p. 5o; surprise à
Castres & à Saint-Hippolyte , p. 56; surprise
dans une grange, en Vivarais, p. 70; surprise à
Mazamet, p. 80; surprise à Lezan, p. 86; me-
sures militaires contre elles en 1754, p. 87; sur-
prise à la Calmette, p. 87; surprise, p. 89;
surprise aux environs de Fons, p. 90; surprise
dans la Vaun.nge, p. 90; de Chalencon; me-
sures violentes qui y auraient été prises, p. 531;
à Vauvert, p. 735; près de Nîmes, p. 598;
dans la plaine, à une demi-lieue de Nimes,
pp. 733, 747; surprises, p. 747; de cent cin-
quante réformés de Nîmes cernée & brûlée dans
un moulin, p. 795; au Mas-Bonnet, p. 8o5;
surprises en 1720, p. 975; surprise en 1745
dans les environs de Mazamet, p. 1073; sur-
prises en divers lieux & dispersées par les armes,
p. 1074; dénoncées par l'évêque de Saint-Pons,
p. 1075; tenue en 1752 dans les environs du
Vigan, p. im5; surprise en 1756 dans les en-
virons de Nîmes, p. ii39; tolérées, mais sur-
veillées, p. 1141.
— de la province ecclésiastique de Narbonne re-
jette la demande du concile, p. 69.
— de sénéchaussée, p. 282.
— synodales, p. 528.
— illicites, p. 35o.
— des trois ordres tenue au Puy, proteste contre
l'organisation des Etats de Lmguedoc & du
Vêlai, p. 129; k Marvéjols, pp. ii36, 1387.
— paroissiales & municipales, p. i338.
— prohibées, p. 980.
— provinciales, p. i338; mémoire concernant leur
établissement présenté à l'assemblée des nota-
bles, p. 1 333 ; créées paréditdu roi, p. 1342.
AsSESSEins des maires, pp. 35, 635, 636; créés à
Pans & à Lyon, p. 636.
Assiduité imposée aux magistrats; réclamations
contre cette mesure par les membres du Parle-
ment Maupeou, p. 1268.
i45i
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Assir.TTHS diocésaines, pp. 2, 5, 9, 10, 21, 32, 04,
7S, 3o8, 997, 998, i3o5, i3o6; défense pnr le
conseil d'Etat au Parlement de Toulouse & à la
cour des comptes de Montpellier d'en connaître,
p. 9j règlement pour l'entrée des officiers du-
caux & des officiers épiscopaux d'Uzès, p. 09;
nouveaux règlements du conseil d'Etat pour ces
assemblées, p- 09; les commissaires doivent avoir
servi durant toute la tenue des Etats, p. 276;
tentatives faites par le Parlement de Toulouse
pour le règlement de ces assemblées, p, 848;
chargées d'établir, de concert avec l'intendant,
le mode le plus équitable de répartition de
l'impôt de capitation, p. 665; leur règlement
arrêté par les États en 1724, p. 997.
— (Entrée aux), p. 44.
— (Frais d'), pp. 94, 96.
— de Languedoc, p. i3.
— du diocèse d'Alais, p. 985.
— d'Albi, pp. 62, I 10.
' — du diocèse de Castres, p. 87.
— diocésaine de Mirepoix, p. 69.
— diocésaine de Toulouse, p. 6; ses efforts pour
circonscrire l'épizootie, pp, 1247, 1248.
— du Vivarais; les barons refusent l'entrée à
l'évêque, p. 298.
— d'Uzès, p. 987,
AssiON, en 'V'ivarais, p. 1202.
AsTARACj comté, p. 294.
AsTAFFORT (Seigneurie d'), p. 471.
ASTE (d'), capitoul, p. 37O.
ASTIER (Gabriel), prophète dauphinois, p. 612;
s'engage sous un faux nom; est reconnu, jugé
par Bâville, & pendu, p. 616.
ASTORG D'AL'BARÈDE (Jean -Michel d'), anti-
régaliste, relégué à Jargeau, emprisonné au
château de Caen, p. 619.
ASTRUC, de Limoux, p. 1207.
Ateliers de charité, pp. 121, r23, i3ii; subven-
tionnés par le roi, p. i3i2.
Attentat d'Ouveillan, p. 333.
Atterrissements du Rhône, p. 62 j empêchent la
bonne exploitation des marais salants, p. 384.
Attroupement au Pont-de-Montvert, p, 740.
— attaqué sur la montagne des Herbasses, p. 27.
— d'hommes armés & masqués en Vivarais & en
Gévaudan, pp. i3io, i3ii.
Attroupements, p. Sy.
— du désert, p. 1067.
— de protestants, p. 529.
— -^à Toulouse, p. 643.
— en Vêlai, p. i3.
Attroupés des Cévennes, pp. 36, 782.
AUBAÏS (Marquis d'), pp. 799, io58, 1134.
AubAiXj ses armoiries, p. O87.
AuiiAREDE, château, p. 019.
AUBASINE (d'), abbé, p. 188.
AuBENAS, baronnie, p. I23.
— château, p. 22.
— (Manufacture d'); on y teint en rouge ou cra-
moisi, façon d'Andrinople, p. 82.
Ai'BENAs (Sainte-Croix d'), monastère; son ex-
tinction, p. 83.
AuBENAS, ville du Vivarais, pp. 90, i 10, 602, 614,
962, 1125, 1196, 1201, 1283, i3ii, i3i2, 1370,
1411, 1418; les insurgés du Vivarais y sont
jugés prévôialement par M. de Bezons, p. 496;
les jésuites y dirigent un collège, p. 695.
— (collège d'), p. I 196.
AUBIJOUX (François-Jacques d'Amboise, comte d'),
lieutenant général pour le roi en Languecîoc,
maréchal de camp en ses armées & gouverneur
de la ville & citadelle de Montpellier pour le
duc d'Orléans, pp. 5, 8, i35, 180, 186, 2i5,
276, 3i4, 3i5, 328, 329, 33i, 332, 339, 340,
363, 791, 929; sa participation aux intrigues
de Gaston d'Orléans, pp. 188, 189; est premier
commissaire du roi aux Etats de 1648 & de i65 1,
pp. 273, 322; ses antécédents, son entourage,
p. 275; veut arrêter de Marsin, p. 324; sa
mort; ses titres; ses armes, p. 36 1; sa carrière
passée au milieu d'agitations stériles, pp. 362,
263.
AURIJOUX (Amboise d'), généalogie de celte bran-
che de la maison d'Amboise, pp. 362, 363.
AUBIJOUX (Jacques d'), mort à Coutras, p. 302.
AUBIJOUX (Louis d'), p. 362.
AiBijoix, terre en Auvergne, au diocèse de Cler-
mont, pp. 362, 363.
Aubignat, en Vivarais, p. 1201.
AuBORD, lieu, p. 765.
AuBBAc (Montagnes d'), pp. 35o, 701, 1 152, 1407.
AUBRI, abbé, p. 224.
AUBRY, avocat au grand conseil, p. 1069.
AucH, pp. S2, 88, I I I, 372, 390, 474, 1218, 1219,
1235, 1245, 1347, 1349, 1378,
— (Archevêché d'), p. 16.
— (Diocèse d'), p. 1247.
— (Généralité d'), pp. 1234, 1275, 1277, 1295,
1297, 1348.
— (Grand bailliage d'), p. 128.
— (Sénéchal d'), p. 1211,
AuuiNCE, p. 484.
Aude, rivière, pp. 12$, 166, 452, 463, 470, 472,
87c, 871, 893, 1010, 1400, 1404; déborde,
p. 61 ; sa source dans le Capsir, p. .^00.
— (Bassin de 1'), pp. 470, 1 159.
— département, p. 129.
— nom définitif donné au département de C»r-
cassonne, pp. 1411, 1425.
AUUESSANS (M""'), reçoit le duc de Verneuil
dans sa maison à Montpellier, p. 477.
AUUIBERT (Jean), comte de Lussan, gentilhomm»
d'Uzès, pp. 646, 652.
AUUIKERT (Dominique), négociant marseillais,
apprend à Voltaire les premiers détails sur
l'affaire Calas, p. 1170.
AUDIFRET (Anne d'), p. 1159.
AUDONVILLE, capitaine des gardes de Schomberg,
p. i63.
AUFRERY (Abbé d'), conseiller-clerc au Parlement
Miiupeou, p. 1214.
AUFRERY (Chevalier d'), p. i3S2.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1453
AuGSuncEG, p. tfoy.
ACCUSTINS, p. 3 18.
— déchaussés établis à Toulouse, p. î2,
— (Couvent des), à Toulouse, pp. 3 18, 367.
— deCaudiès; leur opposition à Nicolas Pavil-
lon ; administrent les sacrements à certaines
personnes ayant encouru publiquement l'inter-
dit de leur évêque, p. ^15.
— de Paris, p. 178.
AujAC, lieu, p. 776.
Alla (Port d'J; lieu de communication avec l'Ara-
gon, p. 697.
Al'LAN (Marquis d'), p. 1 198.
AuLAS, pp. 83, 416, 1406,
ACMELAS, p. 60.
AtMESSARGLES, démolition de son temple, p. 19.
Almontel, pp. 26, 1370.
AllMONT, p. 1407.
Alnage des draps, p. 66.
AlsE de Paris, doit servir de mesure aux étoffes
fabriquées en Languedoc, p. 68.
AusAT, dans la haute vallée de l'Aude, au diocèse
d'Alet, pp. 870, ioo8.
AuHE (Vallée d'), pp. 207, 474.
Aubeville (Baronnie d'), pp. 84, i3oi.
— (Terre d'), p. i3oi.
AuBiAc (Union de l'hôpital de Bourg-Saint-Ber-
nard à l'hôpital d'), p. 33.
AiiiAC, pp. 863, 1402.
AuRiBAiL, commune, p. 1009.
AcniGNAc, p. 1404.
AiRiLLAC; dévasté par la troupe de Cavalier,
p. 796.
AURIOL (d'), p. 478.
AL'ROUX, p. 1407.
AUSEVILLE (d'), brigadier, p. 885.
AUSSENAC, avocat à Carcassonne, p. 36o.
AL'SSENAC, de Limoux, p. 1207.
Ausso.iEi.Le, rivière, p. 1240.
AnssoNNE, lieu, p. 1218.
At;TERivE, ville maîtresse du diocèse de Toulouse,
pp. 61, 65, 93, 100, loi, 476, ii5o, 1241,
1370, 1404.
— (Plaine d'), p. i252.
AUTERIVE (Abbé d'), chancelier de l'Université,
mainteneur des Jeux-Floraux, p. 661.
AUTERIVE, conseiller au Parlement, p. 249.
AUTERIVE (d'), conseiller au Parlement de Tou-
louse, mainteneur des Jeux-Floraux, p. 661.
AUTERIVE (Sieur d'), juge des Français à Bran-
debourg, p. 564.
AUTEUIL (Vicomte d'), p. 188.
Altelt.s anciens & du moyen âge invoqués en
1661 pour les délimitations des frontières entre
la France & l'Espagne, p. 399.
— de livres protestants bannis, pp. 17, 18.
AtJTOKiTfe du pouvoir royal compromise par les
mesures de rigueur contre les compagnies supé-
rieures de justice, p. 1089.
Autriche, p. 927.
AlTUN, p. 1023.
— (Evèque d'), p. 1021.
Auvergne, province de France, pp. 102, 184, i85,
240, 323, 337, 362, 397, 480, 482, 483, 4S7,
542, 7o3, 704, 85ij 858, 963, 966, 969, 1028,
iii3, 1129, ii3o, ii3i, 1194, i2o5, i38r,
|385, 1405, 1407, 1428 ; les loups y exercent des
ravages contre les personnes & contre les bes-
tiaux, p. 1 194.
— (Chemin d'), p. 84.
— (Montagnes d'), p. 1246.
Auxnr.iiE (Evèque d'), pp. 10 i5, 1021,
AuxiLio.v, pp. 409, 472.
Al'ZEPY, architecte, p. i3ii.
Alzielle, p. 863.
Aizox, p. 1406.
AVARAY (Marquis d'), p. i3i3.
AvÈjAN, baronnie, pp. 66, 74, 106.
Avéjan (Comté d'), p. 67.
AVÉJAN (d'), évêque d'Alais, pp. 986.
AVÉJAN (Baron d'), p. 618.
AVÉJAN (Baron d"), p. 124.
Avéjan, a son église brûlée, p. 77,').
AvÉNES (Pont d'), pp. 39, 482, 833.
Aventuriers, commettent des violences de la haute
vallée de l'Aude à celle de la Garonne, p. 35 1.
AvESvE (Ruisseau d'), p. 834.
AVESSENS (Jean d'), sieur de Tarabel, p. 460.
AVESSENS DE SAINT-ROME (Marquis d'), dé-
puté aux Etats généraux, p. 1377.
Avertissement aux protestants rédigé par l'assem-
blée du clergé de France; lu par ordre du roi
dans tous les consistoires, p. 522.
AvEtx & dénombrements, p. 1048.
AvEYBON, affluent du Tarn, pp. 953, 956, 1088,
1402, 1408; inonde en 1728 six communes du
Languedoc, p. 1009.
— (Navigation de 1'), p. 16.
AvÈZE (Marquisat d'), p. i3.
Avignon, capitale du Comtat, pp. 5o, 60, 382,
852, 969, 972, icoi, 1020, 1143, 1144, 1177,
— (Comtat d'), p. 735, 788.
Avignonet, ville du Lauragais, pp. 53, 59, 74,
452, 1402, 1404.
Avisaux protestants de Castres; saisi par les agents
de l'intendance, p. 768.
— aux protestants de France; résumé de cet écrit,
p. 771.
AVAIRE, p. 721.
Ax, pp.' 472, 697.
AX (d'), p. 414.
AXAT (d'); ses violences contre un ecclésiastique
du diocèse d'Alet; assiège l'évéque, pp. 413, 414.
Axat (Gorges d'), au diocèse d'Alet, p. 870.
AvoÉ, p. 619.
AyGOIIAL. yoir AlGOLAL.
Ayguejuntes, commune, p. 1009.
Aymarcues, pp. 748, 1406.
AvnES, lieu des Cévennes, pp. 747, -jSa.
AYSSÈNE, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. IZ18.
1454
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
AzAS, lieu, p. 1218.
AZÉMAR, ancien syndic du diocèse de Castres,
p. i 26.
AZÉMAR, capitoul, p. 55i.
AZÉMAR, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 1219.
AZILLANET, pp. 45, 33o, 870.
AziLHAN, bourg, p. 264.
AZILLE, p. 36o.
B
BABARD, officier municipal, p. 1414.
Bac d'Allier, sur la Loire, p. 3:!7.
BACHELIER (Nicolas), architecte & sculpteur,
pp. 462, 453.
Baci, en Vivarais, p. 1201.
Badaroux, village, p. 1 i38.
Bade (Paix de), p. poS.
BADEKS, p. 871.
BADOU (P.), missionnaire de la Doctrine chré-
tienne, p,
006.
Bagard, village entre Alais &. Anduze; l'église &
le presbytère ne sont brûlés, p. 753.
BAGES, député, p. 3o8.
Bagnébes de Luchon, pp. 697, 1404.
Bagnols, pp. 88, 92, 96, ICO, i56, 332, 339, 423,
773, 863, 966, 1406, 1418.
Bagnols-les-Bains, p. 1408.
Baie d'Hudson, p. i332.
Baignols, p. 445.
Bail à locatairie perpétuelle fait par un nouveau
converti, p. 86.
— de l'étape, p. 1 10.
de l'équivalent, p. io5.
Baillargues, lieu, p. 32; ses armoiries, p. 686.
— (Maladrerie (de), p. 696.
BAILLARGUET, maire de Toulouse nommé par
le roi, p. io65.
BAILLARGUET, maire de Saint-Pons, p. 1 126.
BAILLE (Pierre), ancien directeur de la manufac-
ture de Clermont-Lodève, reçoit un vaste ter-
rain près d'Amsterdam & le titre de directeur
général des manufactures, p. 566.
BAILOT (Pierre), ancien capitoul, syndic de Tou-
louse, pp. 6o3.
BAILLI DE TARAUT, mis en prison sous pré-
texte d'avoir salé un porc avec du sel défendu,
p. 845.
Bailli de "Vivarais, supprimé, p. 1 18.
BAILLY, médecin de Paris, pp. 962, 964, 968.
BAILLY, maire de Paris, député aux Etats géné-
raux, p. 1389.
Bains de Balaruc, pp. 121, 1370.
Baïse, rivière, p. 1261.
— (Vallée de la), p. 471.
Baissac (le), métairie, pp. 871, 871.
Baix, p. 612.
Bajou, commune, p. 1009.
Balagleb, p. 240.
Balaguié, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Balaruc, village, pp. 121, 884, 885, 1370; ses
armoiries, p. 686.
BALAT, gouverneur du château de Montferran,
p. 309.
Balazlc, en Vivarais, pp. 1201, i3i2.
BALBARIA, ancien capitoul de Toulouse, p. 899;
député de la ville à la Cour de France; donne
des nouvelles de la santé de Louis XIV, p. 907;
annonce sa mort; dét-iils sur cet événement;
Louis XV; le régent, p. 908; détails sur les
intrigues de la Cour, p. 909 ; funérailles de
Louis XIV; détails particuliers, pp. 910, 911,
912.
BALBASES (DE LOS), ambassadeur de la cour de
Miidrid, p. 903.
BALDASSE, p. 744.
Baliar, consulat, p. 1403.
BALLAINVILLIERS (Charles BERNARD de), baron
de Ballainvilliers, seigneur du comté de Clcry,
de Maurepas, Forêt, Amiécourt &c., nomme à
l'intendance de la Province; visite le haut L;in-
guedoc, le Vêlai, le Vivarais & les Cévennes,
pp. i3o, i333, 1348, i35i, i388, i4o3; cesse
ses fonctions le 1 '''^ octobre 1790; épreuves &
dégoûts qu'eut à subir cet administrateur,
pp. 1416, 1417; est nommé maire de Montpel-
lier; sa correspondance à ce sujet, pp. 1418,
1419; avait fait dresser, en 1787, un inventaire
des papiers de l'intendance, p. 1427.
Balma, château appartenant aux archevêques de
Toulouse, situé sur les croupes boisées des co-
teaux de l'Hers, pp. 401, 863, 1244.
— (Bois de), p. 24.
— baronnie, p. 3i8.
BALUZE, secrétaire & confident de Marca, p. i33;
accompagne ce dernier sur les frontières d'Es-
pagne, p. 399; est chargé de porter au roi & au
cardinal le résultat des travaux de délimitation
des frontières; écrit sous la dictée de Marca le
traité en français de l'Infailliiilité du pape,
p. 401; assiste Marca dans ses derniers mo-
ments & reste dépositaire de ses travaux, p. 4o3;
reçoit le dernier soupir de Marca; exécute ses
dernières volontés; écrit son éloge, p. 404.
Bals de nuit interdits, p. 2.
BALSAMO (Joseph); ses lettres de bourgeoisie à
Toulouse, p. 2.
B ALTHAZAR (Jean), sieur de Malherbe, intendant
de Languedoc, pp. i33, 179, 192, 208, 234,
3 10; se réfugie dans la citadelle de Montpellier
pendant l'émeute de 1645, p. 235; excuse la
sédition de Montpellier, les esprits des habi-
tants étant aigris des impositions extraordi-
naires qu'on exigeait d'eux, p. 236; quitte la
Province, p. 25i .
Baltique, p. 56i.
Balzac, p. 247.
BALZAC, de l'Académie française, p. 247.
BALZAC D'ENTRAIGUES (Marie de), p. 296.
Banassac, village en Gévaudan, p. 965.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Bandes a« «rennes ; leur composition, conn-
vence quelles trouvaient dans le pays. p. 75,.
leurs crimes, p. 732. r / . f i-",
— de coureurs de grands chemins qui désolent les
pays de montagnes après la Fronde, p. 349
"~ ^i''j"'j^'"' catholiques autorisés par le maré-
chal de Montrevel, pp. 796, 797.
Banditisme local après la dispersion des bandes
de la Fronde, p. 344.
Baméres, p. 1205.
Bane, en Virarais, pp. ,3,,, 1102.
— (Château), p. 778.
— (Val de), p. 768.
Banne (Bourg de), enVivarais, érigé en ville
p. 10. ° '
BANNE (Jacques de), baron d'Avéjan, officier pro-
testant au service du prince d'Orange, p. 6,8
BANNE DE MONTGRAS (Marquis de), p. ,06
Baptême obligatoire des enfants des réformés par
le cure de la paroisse, sous peine d'amende
p. 539.
Baptêmes au désert, p. 1108.
— des nouveaux convertis, p. 1 120.
Banque Saint-Georges, à Gènes, p. 44.
Banqbeeoutiers (Asile aux), p. i3.
Banquet p. 622.
Barbaira, dans la vallée de l'Aude, au diocèse de
Carcassonne, pp. 871, 1008.
Barbaip.ac (Maladrerie de), p. 695.
BARBAZAN (Maison de), p. ,064
BARBAZAN (de), archidiacre à Toulouse, p ,306
BARBAZAN (Marquis de), p. ,353
BARBENTANE, commandeur de l'ordre de Malte
p. I i3o. '
Barbets, nom donné aux insurgés des Cévennes,
pp. 700, 782. '
Barbezieux, baronnie, p. 1059.
BARBEYRAC, de Bé.i.rs, professe le droi, & l'his-
toire a Groningue avec éclat, p. 56:1.
BARBIER DE LA RIVIÈRE, ^oir RIVIÈRE (de La)
BARBIER (Louis) concessionnaire d'un transport
par eau de Toulouse à Bordeaux, p. 43, ^
liARKIER (Claude), libraire, p. 446
B»nrE,.0NE, pp. 236. 297. 882, 927, désolée par la
peste en i65i, p. 820. "^
Baiicelonnette (Vallée del, p 773
'^ p''"4':"°''' '''"''" 5'"""' '^' Languedoc, ~-
BARUY. conseiller à la cour des comptes, aides & "
finances, p. 1097. "^ _
BARDY (de), nommé conseiller au Parlement ~
Ivlaupeou.p. 1214. ~"
BARDY fils (de) conseiller au Parlement d. Tou- I
louse, son exil, p. ,219. _
Baréoes, pp. 469, ,,28. _
— (Eaux de), p. 5,6. _
Babeicles (Vallée de), p. 474. —
BARILLON, p. 71. —
BARILLON (de), intendant de Picardie, p. 524. Z
1455
Barjac, baronnie, pp. 47, ,04, 332, ,î83, ,3,,,
— lieu, p. 778.
Bahkes, en Vivarais, p. 1202.
BAHNABAGA, tué par le capiiaine Poul, p. 766
BARONIUS, p. 10 ,5. ^ '
KARONNAT (Imbert de), p. ,94
BARONNAT (Joseph de), p. ,94
'M°^io'u?p.~' ^°"^^'"" '" P-"--
BaronnieS; leur nombre en Languedoc, p. 694
— (Création ou transfert de\ pp ,28^. \lfi<
1287, 1288. " ^'^ "■'< '"°^
— de tour, p, 1406.
"lotr" IVr'"'''"' '' l'archevêché de Tou-
Baronnies : d'Albret, p. ,059.
— d'Ambres, pp. 57, io3.
— d'Apcher, pp. 53, 58, 83.
-d'Aps, pp. 21, 23, 32, 55,65.
— a Arques, p, 47.
— d'Artron, p. 553.
— d'Aubenas, p. 123.
— d'Aureville. pp. 84, i3oi.
— d'Avéjan, pp. 66, 74, ,06,618.
— de Balma, p. 3i8.
— de Barjac, pp. 4,, ,04.
— de Barbezieux., p. , o5o.
— de Bélesta, p. 36,.
— de Bérat, p. ,253.
— de Bohardi, p. 553.
— de Boulogne, p. , ,97,
— de Bram, pp. 87, ,0,, 1,8.
— de Briges, p. , ,3.
— de Burzet, p. 744,
— deCalvisson, pp. 32, 8r, 87, ,,0.
— de Castelmaurou, p. 3,8.
— de Castelnau de Bonnefoux, pp. ,3 36,
— de Castelnau d'Estrètefonts, p. 3o '
— de Castries, pp. ,, 81, ,29.
— de Caylus, p. 85.
— de Caudesaigues, p. 260.
— de Couffoulens, pp. 23, 28, 29.
— de Coza, p. 1059.
— d'Elze, p. ,o36.
— de Fabrezan, p. 263.
— de Ferrais, p. ,59.
— de Florac, pp. 3o, 63, ,59.
— de Ganges, pp. 29, 5o, g^.
— de Gevraud, p. 1 ,97.
— de Graulhet, p. 36,.
— de Jaiigeac, pp. 55, 61.
— de La Gardiole, pp. 77, 84,
— de Lanta, pp. 24, ,225.
— de Largentière, pp. 52, 62.
— de La Tourrette, pp. 69, 90.
— de Lattes, p. io55.
— de Lecques, p. 263.
— de Lévis, p. 986.
— de Lévy, pp. ,c,35, 1037.
— de Livinière, p. 169.
— de Lunel, pp. 34, , ,3.
— de Marchastel, p. 744.
de Marguerittes, p. ,28.
de Magalas, p. 263.
de Mercaur, p. 1 13.
1456
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Baiio.vnies : de Mérinville, p. yS.
— de Mirepoix, pp. 44, Sy, 852.
— de Moissac, pp. 1070, 1071.
— de Montberon, p. 744.
— de Montbrun, p. 3i8.
— de Montlor, p. 34.
— de Montégut, p. 5.
— de Montredon, p. 353.
— de Murviel, pp. 5o, 55, 88, 1 18.
— de Peyre, p. 93.
— de Pierre-Bourg, p. 1288.
— de Privas, p. 68.
— de Puymaurin, p. 80.
— de Rieux, pp. 32, 43, 44, 60, 73, 73, iSp,
873.
— de Rouairoux, pp. 26, 71, 85.
— de Rotire, p. 32, 33, 39.
— de Saissac, p. 23.
— de Salas, p. io55.
— de Saint-Félix, pp. 22, 27, 3o, 49, 60, 5i2,
1285.
— de Saint-Remèze, pp. 5o, 65, 66, 92.
— de Saugeon, p. 1059.
— de Sénaret, pp. 21, 25, 29, 76.
— de Servies, p. 23.
— de Thimart, p. 553.
— de Tornac, pp. 32, 44, j5, 1064, 1286.
— de Tournel, pp. 29, 32, 68.
— de Tournon, p. 72.
— de Van de Chavaignes, p. 552.
— de Verfeil, p. 3 18.
— de Villeneuve, pp. 69, 87.
— de Vogué, p. 5o.
— de Voisins, p. 24.
Barons annuels, p. 122.
— de tour, p. 1 22.
des États, déchus de leurs droits représentatifs
après la révolte de Montmorency, réintégrés en
1643, p. 159.
Bai\ons : d'Advizard de Nogarède, p. i353.
— d'Agrain, p. 398.
— d'Aigalliers, pp. 39, 40, 41, 1377.
— d'Alzau, p. 24.
. — d'Ambres, p. i |65.
— d'Anduze, p. 264.
— d'Arqués, p. 65.
— d'Avéjan, p. 124, 618.
— de Ballainvilliers, pp. i3o, i333, 1348, i35i,
i388, 1403, 1416, 1417, 1418, 1419, 1427.
— de Bioule, p. 159.
— de Bram, pp. 990, io65.
— de Breteuil, pp. i3i8, (335. i356.
— de Brettes-Thurin, p. i355.
— deCadignan, pp. I236, 1240, 1243, 1245,
1248, 1249, 1257.
— de Calvisson, pp. 332, 435, 990.
.— de Castelnau, pp. 95, 862.
— de Castelnau d'Éstrètefonts, pp. 287, 896, 990.
— de Castille, pp. 124.
— de Castries, pp. 169, 459.
— de Clermont, p. r 1 .
— de Comère, p. i352.
— de Cornillon, p. 1 o36.
— de Corsoules, p. 1 o36.
^ Dufour, p. i352.
— d'Entraigues, p. 618.
— de Faugières, p. 564.
— de Fleyres, p. i353.
Barons : de Florac, p. 43,0.
— de Ganges, pp. 459, IC67.
— de la Gardiole, pp. 82, 436, 1064.
■ — de Goyrans, p. 389.
— de Gorce, p. io36.
— d'Hautpoul, p. 409.
— d'Izalguier, p. |552.
— de Jessé, pp. 1377, 1393.
— de Lacaze-Sarta, p. i352.
— de La Croix de Castries, p. 159.
— (le Lafage-Pailhés, p. |355.
— de Lamothe, p. 67.
— de Lanta, pp. 25, 58, 365, 366, 431, 459, 524,
I I 24, 1 i35.
— de La Tourette, p. io65.
— de Léran, pp. 342, 35i, 352, 353.
— de Malaret, p. 1 302.
— de Manduel, p. 67.
— de Marguerittes, pp. 1377, 1378, 1391, 1392,
1393.
— de Marmiesse, p. |352.
— de MaureiUan, p. 334.
— de Mérinville, pp. 1124, |353.
— de Meyrargues, p. 807.
— de Mirepoix, p. 57.
— de Monségur, p. 1225.
— de Montmaur, p. 35 1.
— de Montpeyroux, p. 1 168.
— de Murviel, pp. 67, 1067.
— de Nébias, p. 409.
— de Papus, p. i352.
— du Pujet, p. i352.
— de Ribautes, p. 1 o36.
— de Rieiix, pp. i59, 287.
— de Rochepierre, p. 66.
— de Rouairoux, p. 990.
— de la Roquette, p. 863,
— de Rousson, p. io36.
— de Rouville, p. 1298.
— de Rouvenac, p. 1377.
— de Salg.is, pp. 37, 38, 02, 797.
— de Serres, p. i 195.
— de Sorgues, p. 55.
— deTaurignan, p. |355.
— de Tegra de Caussade, p. i352.
— de Viguerie, p. i352.
— de Villeneuve, pp. 93 1, 1029, i3o5, 1367.
Barousse (Vallée de), p. 207.
Barques de poste entre Toulouse & Bordeaux éta-
blies dès 1660, p. i5; tarifs & conditions de
la concession qui n'établit pas un monopole,
p. 45i.
Barraque (la), p. 754.
BARRASSY (de), p. 3 16.
Barre, en Vivarais, lieu, pp. 28, 83, 332, 739,
745, 746, 747, 736, 800, 804, 807, 1437, 1418.
Barre des Cévennes, p. 801 j ses dépendances in-
cendiées, p. 8o5.
BARRES (de), p. 619.
BARRI (de), receveur des tailles au diocèse d'Alet
& de Limoux, p. 864.
BARRI (L. de), de Limoux, p. 1207.
BARRIÈRE, habitant de Carcassonne, p. 36i.
BARILLON (Sieur de), p. 81.
Barrineit, commune du diocèse de Mirepoix,
pp. 871 , 1009.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1457
Barriql'ES, leur forme & leur capacité réglées,
p. 724.
Barry, lieu, p. I 197.
Babtecave, lieu, p. 1219.
BARTHE (Charles), maire perpétuel de Belpech de
Garnagois, p. 63y.
BARTHÉLÉMY (Pascal), de Viviers, p. 489; con-
tribue à la création du collège supérieur de mé-
decine fondé par Frédéric-Guillaume, p. 564.
BARTHÉLÉMY (Guillaume), p. 863.
BARTHÉLÉMY, conseiller à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
BARTHÈS (Pierre), bourgeois de Toulouse; son
récit des événements accomplis à Toulouse en
1748, p. 1087; extraits de son journal conte-
nant des particularités sur l'état des protes-
tants, p. iii5; renseignements fournis par lui
sur la mortalité à Toulouse en 1762, p. 1126;
sur les travaux d'embellissement projetés à Tou-
louse, p. 1127; résumé qu'il donne de la situa-
tion de la fortune publique & privée, p. n 56;
sa description des fêtes données à Toulouse en
l'honneur du premier président de Bastard,
p. 1180; renseignements qu'il fournit sur les
primes offertes pour la destruction des loups en
Gévaudan, p. 1 içS; ses réflexions sur la per-
sonne de Louis XV & sur les maux de son
siècle, pp, 1229, 1236, i263; détails au sujet
des fêtes données à Toulouse à l'occasion du
rétablissement du Parlement, pp. 1270, 1271,
1272 ; ses lamentations au sujet de l'interdiction
des sépultures dans les églises & dans l'intérieur
des villes, p. 1 280.
BARTHEZ, chancelier de l'université de médecine
de Montpellier, p. 1239.
BARUTEL DE LA RIVIÈRE, établit aux envi-
rons de Berne une plantation de miîriers, p. 565.
Bas (Industrie des), importée à Magdebourg par
des réfugiés languedociens, p. 564.
— à deux fils, p. Sj.
— de soie de Languedoc, p. 1384.
— & bonneterie, p. 72,
Bas Armag.vac, pp. 471, 474, 1246.
Bas Langcedoc, pp. 8, 11, 5i, 54, 167, 472, 480,
55o, 738, 918, 1178, 1254, 1255; isolé pour
cause de peste, p. 963.
Bas Mo.itauban (Diocèse de), pp. 62, 97, 122, 991,
1008, 1287, 1243.
Bas Mo.ntauba.v , pays gras; les habitants y sont
dans l'aisance, p. 697.
Bas Poitou, p. 55 1 .
Bas VivABAis, pp. 96, 1377, 1279, i386.
Bas-en-Basset, p. 1406.
BASINS, p. 487.
BASNAGE, ministre protestant retiré à Rotter-
dam, p. I 080.
Basses Cévemnes, p. 753.
BASSET, juge de Revel, p. 719.
Bassln de Saint-Ferréol, p. 1062.
BasSiniers ou quêteurs de l'ordre de la Merci,
p. 264.
BASSOMPIERRE (d«), maréchal, p. 192, 246.
BASTARD (de), doyen du Parlement de Toulouse,
pp. I 161, I 177, 1229.
BASTARD (de), maître des requêtes au conseil
d'Etat, fils du doyen du Parlement, est nommé
premier président du Parlement de Toulouse;
réception qui lui est faite; sa reconnaissance à
l'égard des jésuites, p. 1179; fêtes célébrées à
Toulouse en son honneur, pp. 1179, 1 180; sen-
timents d'animosité contre lui dans le sein du
Parlement, p. 1 i83.
BASTARD (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. 1202; nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 1214.
BASTARD fils (de), nommé conseiller au Parle-
ment Maupeou, p. 1214.
BASTEROT, abbé, p. io23.
BASTIDE DE PAULINAN, p. 424.
EASTIEN, greffier-garde-sac au Parlement de Tou-
louse, p. 1414.
Bastille (la), prison d'Etat, pp. 242, 246, 925,
1025; occupée par les parlementaires après le
départ de la Cour pour Saint-Germain, p. 279.
Bateaux de poste sur la Garonne en 1660, pp. i5,
43 1.
Batellerie dauphinoise, p. 728.
— gênée sur la Garonne par le mauvais entre-
tien de la rivière, p. 1276.
BATIGNE (Paul), de Montpellier, contribue à la
formation d'un collège de médecine par Frédéric
Guillaume, p. 564.
Bâtiments croiseurs armés par la Province, p. 64.
BATZ (de), officier protestant au service du prince
d'Orange, p. 618.
BATUT (Pierre), condamné à l'amende pour con-
travention aux mesures relatives à l'épizootie,
p. 1257.
BAUDAN, ministre protestant, pp. 7, 275, 299.
BAUDAN, trésorier de France, premier consul de
Montpellier, p. 715.
BAUDRY DE PIENCOURT (François-Placide de),
évéque de Mende, p. 744.
BAUDUS, avocat du roi à Cahors, p. 1349.
Baume-des-Fées, grotte aux environs de Nimes,
p. 975.
BAUME DE MONTREVEL. Foir MONTREVEL.
BAUME DE SUZE (Louis-François de la), évéque
de Viviers, p. i58.
Baumes, paroisse incendiée, p. 8o5.
Baumes (Prieur de), p. 742.
BAUMES (François), p. 980.
Baume, pp. i32i, 1410.
Baussel, p. 764.
Bauzelle, pp. 1240, 1282.
Bauzon (Forêt de), p. 488.
Bavas, en Vivarais, p. 1201.
BAVILLE, intendant de Languedoc. Foir LAMOI-
GNON DE BAVILLE.
Baville, marquisat, p. 552.
BAYAR (P.), inquisiteur à Carcassonne, p. 23.
Bayabd, en Vivarais, pp. 487, 1202.
Bayard db la CnouzETTE, p. 868.
xin-
1458
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Bavettes, étoffe fabriquée en Languedoc, pp. 42,
698.
BAYLE (Pierre), abjure d'abord le protestantisme,
retourne ensuite à la religion de sa famille, en-
seigne à Rotterdam; ses lettres véhémentes sur
la persécution des réformés & sur les conver-
sions militaires, pp. 565, 566.
BAYLE, docteur en médecine, mainteneur des
Jeux-Floraux, p. 661.
Bayonne, pp. 83, 88, Spo, 716, 848, 1 178, 124' >
répizooiie y est importée par des cuirs venus de
Hollande, p. iiii.
BAUYN D'ARGEVILLIERS, nommé membre du
conseil de commerce, p. 716.
Bazacle (Moulin du), à Toulouse, p. 1276.
— (Porte du), à Toulouse, p. 326.
Bazas, pp. 368, 1261.
Baziége, pp. 1004, 1070, 1084, 1241, i25i, 1265,
1376, 1402, 1404; union de la maison Saint-
Lazare à l'hôpital, p. 33.
— (Consuls de), p. 1 1 i3.
— (Forêt de), pp. 79, 82, 1070.
BAZIN DE BEZONS. Foir BEZONS.
Bazus, p. I 241 . t-
Béabn, pp. 23, III, 708,970, 1246; désolé par
l'épizootie de 1774, p. |232.
— (Princes de), p. 319.
Beaucaike, pp. 12, 14, 27, 35, 46, 47, 5i, 55, 57,
63, 69, 73, 80, 81, 83, 85, 88, 90, 92, 94, 104,
109, 116, 118, 119, 123, 241, 299, 362, 385,
387, 470, 479, 5i6, 65o, 728, 747, 822, 902,
944, 952, 972, 973, 1012, io55, 1129, ii32,
ii33, ii34, I i36, 1149, 1226, 1406, 1428;
obtient deux remises d'impôt, l'une de 6,000 8c
l'autre de 10,000 livres, p. 56; la Cour y passe
se rendant en Provence, p. 382; ses armoiries,
p. 687; projet de canal, p. 383, 384, 385, 386,
387, 388; les pères de la Doctrine chrétienne y
dirigent un collège, p. 695; Villars y débarqije,
p. 825; réunie de nouveau au domaine du roi,
p. 955; donnée en fief avec son territoire au pe-
tit-fils de Fouquet; réclamation des populations ;
protestationsdes consuls, p. 955; retour de cette
ville au domaine de la couronne, p. 956; alar-
mes causées par la peste de Provence; la foire
n'a pas lieu en 1721, p. 960; procession de la
châsse de sainte Marthe, p. 961; ses consuls
visitent Tarascon après la peste de 1721, p. 969.
— (Chemin de), p. 94.
— (Foire de), p. 700; son importance, p. 7o3;
détails sur cette foire, p. 727; interrompue pour
cause de peste, p. 960.
— (Pont de), p. 93.
— (Port de), pp. 64, 65.
— (Sénéchaussée de), pp. 66y 195, i3io, i366.
— (Terroir de), p. 960.
— (Suppression de la généralité de), p. 4.
Beauciiastel, Heu, pp. 125, 535, 533, 1066, 1201.
BEAUCAYRE (de), p. 619.
BEAUFORT (Marquis de), p. 21.
BEAUFORT (Duc de), pp. 59, 279, 337, 1071.
Beaufokt, métairie près le pont Crouzct, p. 1257.
Beaulias-Dessous, pp. 871, 872.
Beaulias-Dessus, pp. 871, 872.
Beaulieu, en Vivarais, pp. 53, 1202.
BEAUMARCHAIS, p. 676.
Beaumont, en Vivarais, p. 10, 341, 1202, 1402.
BEAUMONT (Louis de), p. 35.
Beaumont-de-Lom*g>e, p. 1404.
BEAUNE (Vicomte de), pp. 21, 23, 55, ioï6.
BEAUNE (Comte de), p. 1 197.
Beaupuy, en Rouais; ses armoiries, p. 688.
Beauregard (Château de), prison royale en Viva-
rais, pp. 741, I 101, I 142, 1226.
BEAUREGARD (Abbé de), agent du clergé à Paris,
pp. 257, 258, 320, 264.
BEAUSSET (Louis-François), évêque d'Alais, doit
faire partie de l'assemblée des notables, pp. i335.
Bealteville, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Beauvais, p. 364.
BEAUVAU (René-François de), archevêque de
Toulouse; son rapport au sujet du mémoire des
gentilshommes, pp. 932, 933; est nommé arche-
vêque de Narbonne; tient sur les fonts de bap-
tême, au nom de la Province, un petit-fils de
M. de Bernage, p. io35.
BEAUVAU (Prince de), commandant en Langue-
doc, pp. 101, 102, io3, 104, io5, 106, 107,
108, 1198; successeur du duc de Fitz-James
comme gouverneur de la Province, p. 1 192.
BEAUVEAU, maître des œuvres royales en Lan-
guedoc; ses propositions pour la construction
d'un canal, p. 454.
BEAUVEZET, trésorier de France à Montpellier,
p. io3 I.
BEAUVILLIERS (Duc de), p. 881.
Beauvoisin, p. 765.
Bec de Jun, en Vivarais, p. 1202.
Bédabieux, pp. 56, 77, 88, 90, 92, 112, 119, 122,
354,, 699, 963, 975, 1077, 1401; intervention
des États pour les catholiques contre les protes-
tants, p. 1 I .
Bedeille, commune, p. 1009.
Bédouez, p. 799.
— (Chapitre collégial de), p. 799.
BEGUE, secrétaire des Jeux-Floraux, p. 662.
BÉGUÉ, greffier, p. Ii58.
BEISSADE, chirurgien de Marvéjols, p. 962.
Beissas, en Vivarais, p. 1201.
BELARBRE (Régiment de), p. 957.
Belcaire, dans le pays de Sault, pp. 356, 639,
870.
Belcastel, au diocèse de Limoux, p. 1008.
BELCASTEL (de), officier protestant au service du
prince d'Orange, p. 618; chargé de lever des
troupes étrangères pour être envoyées au secours
des camisards, p. 818.
BELCASTEL (de), nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 1214.
Bélesta, pp. 96, 97, 99, io2; sa fontaine inter-
mittente, p. 697.
— baronnie, p. 36i.
— (Terres de), p. 363.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1459
V
Bélesta-Laub AGA is, au diocèse de Mirepoix,
p. 1309.
BELESTA (de), pp. 414, 471, 619.
BELESTA (Marquis de), capitoul de Toulouse,
pp. 1293, i3i9,
Belflou, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Bei.fobt, au diocèse d'Alet, p. 1008.
BELhOKT, dans la haute Als.ice, p. SyS.
BELLARMIN, p. roi5.
Beli.egarde; démolition de son temple, p. 10.
Bellegarde, place forte, p. 297, 5i6.
Bellegarde, p. 779; on y est favorable à la créa-
tion du canal de Beaucaire, p. 3o'7.
Bellegarde, au diocèse de Limoux, p. 1008.
BELLEGARDE (de), gentilhomme de Gaston d'Or-
léans, p. 186.
BELLEGUISE, traitant, p. 5 ri.
Belle-Isle-en-Mer, p. o53; échangée contre plu-
sieurs fiefs en Languedoc, p. 9Ô4.
BELLE-ISLE (Comte de), pp. 66, ç58, 959, 986,
991.
BELLE-ISLE 'Comte de), petit-fils de Fouquet,
p. 953; échange de Belle-Iile contre des fiets en
Languedoc, pp. 504, 9.I5, 956; réveil de cou-
tumes féodales, pp. 957, 958, 969, 960.
BELLE-ISLE (Maréchal de), p. 1 iSi.
Belle-Oreille, prétendu nom d'un démon, p. 976.
BELBÉRAUD, p. 63;.
Belleperche, abbaye; ses armoiries, p. 63^.
BELLEVAL, acquéreur de l'office de maire à Mont-
pellier, est remboursé, pp. 714, 715.
BELLEVAL, président à la cour des comptes, aides
& finances de Montpellier, p. 1097.
BEF^LEVAL (Abbé de), chanoine & prévôt du cha-
pitre de Montpellier, p. 1069.
BELLEVILLE(Isabeau de), p. J76.
BELLISSENS (Louis de), major de la ville de Nar-
bonne, pp. 345, 346.
BELLOG (de), conseiller-président au Parlement
Maupeou, p. 1214.
BELLOCQ (Pierre de), p. 127.
BELLONET, notaire à Montpellier, p. ip6,^.
BELLOT (Jean-Jacques de), seigneur de la V'oulte,
p. 863.
BELMONT (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
BELMONT fils, négociant à Toulouse, p. i363.
BELOT, capitoul, p. 948.
Belpech de Garnagois, p. âSp.
BeLPECII, pp. 871, 1223.
BKLSUNCE DE CASTELMORON (François-Xavier
de), évéque de Marseille, pp. ic2i, loii.
Eei.vkze, au diocèse de Limoux, pp. 1008, 1218,
1219.
Belvezer, en Vivarais, p. 1202.
Eelvis, p. 1376.
BENABEN DE LAGASSE, p. 1402.
Bekais, au diocèse d.- Mirepoix, pp. 871, 1009.
Bênëdictiks de l'abb.iye d'Aniane, p. 863.
— de la Daurade, p. 348.
BENEZET, de Vauvert, p. 748.
BENEZET (François), ministre protestant, est ar-
rêté après une assemblée tenue près du Vigan,
conduit à Montpellier, il y est jugé, condamné
& exécuté, pp. 86, 1 I 16.
BENOIT (Bernard), avocat au Parlement, capi-
toul, pp. 243, 244, 243.
BENOIT (de), p. i352.
BENTIVOGLIO, p. 247.
Bkrat, commune, pp. 122, 1009.
— (Baronnie de), p. i253.
BERAUD (Paul), surnommé l'Apôtre-Saint-Paul,
p. 616.
BERCHÈRE (de la), intendant de Montauban,
p. .55 1.
BERCHÈRE (de la), archevêque de Narbonne. Felr
LE GOUX DE LA BERCHÈRE.
BERCHÈRE (de la) maître des requêtes, p. 072.
BÉRENGUIER, avocat, p. 3 16.
Eehexs, bois, p. 474.
Bergerac, p. 1087.
Beroames, fabriquées à Toulouse, p. 697.
BERGERCN, capitoul, p. 418.
KERGtRON (Jacques), maire de Fanjaux, p. 864.
BERGE (de), p. i352.
Bergognom, ravagé par la peste, p. 962.
Berlas, p. 1370.
Berlin, fondée par les réfugiés protestants fran-
çais, pp. 56i, 554.
Eeri.ou, p. 394.
BERMOND DU CAYLAR (Louis de), marquis de
Toiras, seigneur de Saint-Bonnet, p. 363.
BERMOND DU CAYLAR DE THOIRAS DAM-
BOISE (Elisabeth-Marie-Louise-Nicole de), com-
tesse d'Aubijoux, p. 363.
BERMOND (Mathieu), juge banneret, p. 957.
BEP.NAGE (Louis de), chevalier, seigneur de Saint-
Maurice, Vaux, Chaumont & autres lieux,
conseil 1er d'Etat, in tendant de Languedoc, pp. 56,
57, 58, 09, 72, 873, 938, 975, 999, 1111, I 173 ;
conseiller d'Etat, succède à Eâville comme inten-
dant de Languedoc, p. 922; son voyage à Tou-
louse, p. 922; sa lettre aux capitouls de Tou-
louse, a propos du passage de l'ambassadeur de
la Porte, p. 949; règle la solde des compagnies
de gardes-côtes, p. 9Ô0 ; appuie les réclamations
des habitants de Beaucaire, lorsque cette ville
est donnée en fief au comte de Eellc-Isle, p. 955;
interdit, en 1721,1a foire de Beaucaire, pp. 960,
961 ; ses instructions au sujet de la peste, p. 964;
sa lettre au sujet de la misère dans la Province,
p. 966; ses lettres relatives à la peste de 1721,
pp. 966, 967, 968, 969; fait une tournée dans
les Cévennes, p. 968; prescrit des mesures d'en-
semble pour purger le pays des sauterelles,
p. 972; texte de la sentence prévôtale rendue
par lui dans l'affaire des Enfants de Dieu ou
Multipliants, p. 980; rend compte des exécu-
tions au ministre, p. 981; adjoint son fils à
l'intendance de Languedoc, p. 996; continue
de vivre en termes très-froids avec l'évéque de
Nimes; installe son fils après l'avoir présenté
aux Etats, p. 1000; intervient au sujet de la
1460
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
propriété du lit du Rhône, p. 1001 j un de ses
petits-fils est filleul de la Province, p. io35.
BERNAGE DE SAINT-MAURICE (Louis-Basile de),
pp. io3i, iiii, i4o3; quitte l'intendance de
Montauban & se rend près de son père afin de
s'initier aux affaires du LangLiedoc, p. 996; est
présenté par son père aux principaux person-
nages de la Province; sa correspondance avec
le ministre au sujet du différend qui avait di-
visé son père & l'évêque de Nimes, pp. 1000,
1001; obtient une diminution sur les imposi-
tions, pp. 1004, ioo5; transmet à la Cour les
détails de l'inondation de 1717, pp. 1007, 1008;
détails donnés par lui au ministère sur les que-
relles des évêques & des subdélégués, pp. 1010,
ICI I ; continue contre les habitants du littoral
des étangs les errements de Bâville, p. loSS;
devient, en 1743, prévôt des marchands de Paris
& est remplace par Le Nain dans ses fonctions
d'intendant, p. 1075.
BERNAGE (François-René-Languedoc de), filleul
de la Province, p. io35.
BERNARD DE FOIX DE LA VALETTE, duc
d'Épernon. Voir ÉPERNON.
BERNARD DE BALLAINVILLIERS. Voir BAL-
LAINVILLIERS.
BERNARD (Alexandre), syndic de la jeunesse du
diocèse d'Alet, p. 41!?.
BERNARD, ancien sénéchal de Béziers, p. 479.
Bernassonne, affluent du Sor, p. 460.
Berne; des manufactures y sont créées par des
protestants français, p. 565.
Beiînis, village, pp. 36, 767, 768.
BERNIS (François de PIERRE de), archevêque de
Damas, coadjuteur d'AIbi ; doit faire partie, en
1786, de l'assemblée des notables, p. |335; dé-
puté aux Etats généraux, p. 1376.
BERNIS (Comte de), p. 117.
BERNIS (Marquis de), pp. 108, 1288.
BERNIS (Vicomte de), p. 11 1 .
BERNIS (de), p. 118.
Berriac, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
BERRIAC (François-Antoine Roudil de), maire
perpétuel de Carcassonne, p. i 169} continue le
dessèchement de l'étang de Ma rseillette, pp. 1 160,
1161.
Berrias, mandement, p. 863.
Berby, pp. 443, 444.
— (Régiment de), p. 1 167.
Bersac, en Vivarais, p. 1226.
BERTHAULT, graveur, p. 119.
BERTIER (Jean-Louis), évêque de Rleux, pp. 145,
i58, 282,435; ses démêlés avec le marquis de
Rabat, pp. 264, 255, 256, 257, 208, 259, 260;
sa plainte à l'archevêque de Narbonne, p. 255;
reçoit les excuses du marquis de Rabat, p. 265;
son approbation donnée aux Filles de l'Enfance
au moment où elles s'établirent dans son dio-
cèse, p. 577.
BERTIER (Pierre de), coadjuteur de Montnubnn,
évêque d'Utique, pp. 11, 329, 435; noms des
grands personnages dont il a prononcé l'orai-
son funèbre, p. 178.
BERTIER DE MONTRABE, premier président au
Parlement de Toulouse, pp. 8, i35, 142, 143,
247, 363, 418, 1082; son projet de faire trans-
férer à Toulouse la chambre de l'édit de Castres,
p. 283; se rend à l'hôtel de ville au sujet de
la sortie du matériel de guerre, p. 326, 327; sa
mort; ses funérailles; service funèbre célébré en
son honneur par les Ktats; choix de son suc-
cesseur, p. 348; son portrait, p. 1415.
BERTIER DE SAINT-GENIÈS, p. 418.
BERTIER (Philippe de), p. 477, présente au car-
dinal les hommages de la Province, p. 478.
BERTIER (Marquis de), pp. I225, l352.
BERTIER-MONTRABE 'Marquis de), p. i352.
BERTIER, avocat général, mainteneur des Jeux-
Floraux, p. 661.
BERTIN, pp. 1139, 1234; texte de sa quittance à
Jean Daspe pour l'achat de l'office de maire de
Toulouse, p. 641 .
BERTRAND, premier président au Parlement de
Toulouse, p. 1415.
BERTRAND, officier municipal à Toulouse,
p. 1415.
BERTRANDI, conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
Berzème, en Vivarais, pp. 1197, 1201.
BERWICK (Maréchal, duc de) , commandant en
chef dans la Province, pp. 41, 858, 949, 1 1 74 ;
son ordonnance concernant Catlnat, pp. 859,
860; inspecte la côte d'Aigues-raortes, p. 86d;
commande en Dauphiné, p. 879; envoie au
régent la déclaration d'Aranjuez du 27 avril
1719; reçoit des députés des provinces de Bis-
caye &d'Alava, p. 939; refuseau nom du régent
un agrandissement de territoire, p. 940.
Bes, lieu, p. 488.
Bês, logis incendié pour cause de peste, p. 962.
Besancon, p. 98.
BESAUCÈLE (de), pp. I232, 1236, 1247.
Bessas, en Vivarais, p. 1201.
Besse, p. 1407.
BESSE, historien des archevêques de Narbonne,
p. 391.
BESSE, juge de Puylaurens, p. 729.
Bessède, au diocèse d'Alet, p. 1008.
Bességes, p. 747.
BESSET, capitoul de Toulouse, pp. 221, 2ï5, 226,
228.
Besset, coteau, p. 6i5.
Bessières, pp. 108, 116, 639.
— (Hôpital de), pp. 33, 696.
BESSON (Jean), p. 980.
BESSONIÉ, p. 101.
Bestiaux, pp. 36, 698; ne peuvent être saisis,
pp. 76, 90; cause de leur mortalité en Gévau-
dan, p. 1034; dévorés par les loups en Gévau-
dan & en .Auvergne, p. 1 194.
— (Conducteurs de), p. 1241.
Bétail, pp. 64, 698; ne peut être saisi, p. 70; dé-
fense de le saisir renouvelée en 1748, p. 83; ne
peut être saisi en Languedoc, p. 1 i3; de labou-
rage enlevé par les troupes royales, p. 334; ^^"
truit pour cause de peste, p. 962; noyé, p. 1010.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1461
Bête du Gévaudan, pp. 1194, iipS.
Bktes à cornes, pp. 79, 11 i, 1233, 1235, I25i,
1384.
— à laine, pp. 79, 80, i25i, i384; leur diminu-
tion en Gévaudan, p. iii3.
— de somme, p. 1384.
BÉTHISY DE MÉZIÈRES , évêque d'Uzès, député
aux Etats généraux, pp. 1376, 1392.
Bèthune, p. 373.
BÉTHUNE (Henri de), archevêque de Bordeaux;
réception de Pierre de Marca lors de son pas-
sage, p. 431.
BETOU, chanoine, à Toulouse, p. i356.
BEUIL (Chevalier de), p. 188.
BEULAYGUE, de Rochegude, camisard, p. 40.
Beixe, terre, en Poitou, p. 552.
BEYMARD, p. 1408.
Bëzieks, ville épiscopale, pp. 6, ïo, 22, 33, 43,
59, 69, 71, 82, 92, 97, 99, 112, 1 13, I 16, 119,
120, 124, 12S, 129, 147, i56, 304, 307, 332,
36i, 38r, 432, 472, 495, 5i5, 664, 863, 882,
885, 890, 964, 990, 1004, 1010, 1020, io3i,
1 i3':>, 1142, 1149, 1218, 1236, i3i4, i333,
1348, 1370, 1376, 1378, i38o, 1391, r398,
1400, 1401, 1418, 1428; établissement dune
quarantaine, p. 56; le premier consul offre un
magnifique festin à la députation des Etats à
son retour de Toulouse, p. 289; troubles du-
rant la Fronde, pp. 3^2, 3?3; élections consu-
laires de i652 ; peste; ferme ses portes aux trou-
pes royales, p. 334; les Etats y sont ouverts en
1664, p. i3o; chiffre de sa population en 1698,
d'après Bâville, p. 692; les jésuites y dirigent un
collège, p. 695; son hôpital, sa maladrerie,
p. 696; productions agricoles & industries loca-
les, p. 699.
. — (Citadelle de), p. |63.
— (Consistoire protestant de), p. 19.
— (Consuls de), p. 121.
— (Couvent des religieux réformés), p. 16.
— (Diocèse de), pp. 56, 57, 90, 94, 97, 98, 99,
100, 102, 104, io6, 107, 114, 126, 162, 5io,
619,664,755, 1028, 1081, ii32, 1129, 1 i3o,
1149, 1177, 1178, 1287, 1400; ravagé parla
grêle en 1727, p. ioo3.
— 'Evêques de), pp. 65i, 952, çSi, 1029, io65.
— (Sénéchal de), p. 1211.
— ^Sénéchaussée de), pp. 696, 962, i367, 1377,
.383.
BKZONS (Claude Bazin de), visiteur de Catalogne,
puis intendant de Languedoc, pp. 16, 2;^, 21,
126, i32, 357, 365, 3îii, 337, 440, 467, 479,
5i3, 799, 1045; intendant de l'armée de Cata-
logne, p. 297; son discours relatif à l'ordre à
mettre dans les affaires des communes, p. 396;
est nommé un des deux commissaires exécu-
teurs de l'édit de Nantes, p. 424; manière
dont il entend la destruction des temples pro-
testants, p. ,426; sa lettre à Colbert après la
clôture des Etats de 1664, p. 437; partage les
charges de l'intendance avec Charles de Ttibcuf,
p. 447; visite Toulouse par ordre du roi & s'oc-
cupe de la querelle de l'évocation générale,
pp. 449, 450; termine une affaire intéressant
les lépreux, p. 45o; durant les études du canal
de Languedoc, entrevoit la possibilité d'un canal
amenant les marchandises de Lyon jusqu'à Bor-
deaux, par le Rhône, l'étang de Thau, les bas-
sins de l'Hérault & de l'Orb, p. 46 1 ; demande
aux États le don gratuit & fait ressortir l'avan-
tage que retirerait le commerce intérieur de la
création du canal de Languedoc; en rentrant à
la Cour il emporte les plans & les devis du
canal, p. 462; visite la rigole d'essai du canal
en compagnie de Tubeuf, p. 463; est avec son
collègue "Tubeuf commissaire départi pour la
réforme des forêts, p. 466; son discours aux
États sur la justice légale & la justice originelle,
p. 477; juge prévôtalement les insurgés du Vi-
varais, p. 496; ne se trouvant pas toujours
d'accord avec le cardinal de Bonzi, il demande
à rentrer au conseil d'État, p. ôoo; écrit à Ni-
colas Pavillon au sujet de l'affaire de la régale,
p. 504.
Bezoisse, commune, p. 126.
BiDASSOA, p. 372.
BiDOu, en Vivarais, pp. io3, 1201.
Biens abandonnés, pp. 36, 48, ôo, 53, 57, 62, 66,
89, loôi, 1125; règlement pour leur adjudica-
tion, p. 3o; décharge des adjudicataires des arré-
rages de taille, p. 43; des diocèses d'AIbi & de
Narbonne dispensés de taille, p. 62; droits des
maires & des consuls contraires aux droits sei-
gneuriaux, p. 933.
— affranchis frappés par l'impôt du dixième,
p. 888.
— aliénés rachetés, p. 52.
— confisqués aux protestants, p. 19.
— ecclésiastiques, p. i339; leur aliénation de-
mandée, p. 1 382.
— fondés en présomption de nobilité, p. 55.
— fonds, pp. 53, 1339.
— nobles, pp. 68, 931, 932; frappés par l'impôt
du dixième, p. 888.
— nobles ou roturiers, p. 2S.
— patrimoniaux des commîmes, p. 1 184.
— purement séculiers appartenant au clergé, com-
pris dans l'impôt de capitation, p. 674.
— roturiers, pp. 34, 49, ^>^, 57, 70, 93 1 ; soumis
à l'imposition pour construction & réparations
d'églises, p. 3i ; soumis à des impôts désignés,
p. 45; appartenant à Saint-Pons de Thomières,
p. 62; possédés par les bénédictins d'Aniane,
p. 70; frappés par l'impôt du dixième, pp. 888.
— saisis & vendus par les consuls d'AIbi, p. 309.
— sujets à la taille, p. 46.
— communaux de Languedoc, pp. 29, 53, 1 192.
— de la ville de Beaucaire, p. 48.
— des communes appartenant par moitié aux ca-
tholiques, p. 19.
— du clergé, p. 1396; l'immunité fiscale qui leur
est accordée attaquée par la cour des aides de
Montpellier, p. i36o.
— de mainmorte, p. 492.
— des protestants absents du royaume confisqués,
p. 559.
BIGNON, pp. 222, 223.
1462
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
BicoBr.E, pp. 469, 471, 1261.
— (Pays de) , p. 471 •
Bijouterie berlinoise, perfectionnée par des mon-
teurs de pierres fines venus du Languedoc,
p. 564.
BILLARD (Guy); sa lettre détaillant un projet de
soulèvement dans les Cévennes en 1709, p. 878.
BILLARUERIE (de la), lieutenant des gardes du
corps, p. 9ZÔ.
BiM-ETS de banque, pp. 5.Ï, 53, 971; leur cours
(orcé cause de grandes perturbations, p. 944;
leur dépréciation, pp. 940, 946.
Billot (Tour de), pp. 33, 818; incendiée, p. 796.
HILLOT, premier curé de Croix-Daurade, p. 1225.
KIOULE, baron, p. iSj.
BIOULES (Comte de), lieutenant général en Lan-
guedoc, pp. 7, M, i3, 2Q7, 3 32, 325, 328, 346,
367, 370, 33 1; chevalier du Saint-Esprit, p. 405.
BIul'LES (Comtesse de); amendes prononcées con-
tre elle pour cause de ^dévastation de bois &
(orêts, p. 463.
\ BIRON (Louis-Anne de Gontaut, duc de), maré-
I \ chai de France, est nommé gouverneur de Lan-
■; \ , guedoc, le 27 juillet 1775; son œuvre de réforme
' militaire, pp. 112, 1274; léside à Paris; sa
;\ piété; magnificence du train de sa maison; le
secrétaire de ses commandements, p. 1275;
meurt dans son hôtel de la rue de Varennes,
p. i25o.
Biscaye, province d'Espagne, pp. 927, 939.
BiSE; houillères à proximité du canal, p. 1283.
BISSEZ, p. 892.
BISSY (Cardinal de), p. 1000.
BITAUD, conseiller au Parlement, p. 9.
BiTTEr.r.ois, p. 699.
BizE, pp. 98, 100, 1178, 1370.
BL.ANAVES, p. 41.
BLANC (Jean), maître brodeur, p. 199.
BLANC, habitant de Carcassonne, p. 36i.
BLANC (de), nommé conseiller au Parlement Mau-
peou, p. 1214.
Blanchissei'i;S de lin & de chanvre appelés de
Normandie, pp. 941, 942.
BLANUINIÈRES (Pierre), acquéreur de lettres de
maîtrise d'arts & métiers, p. 7.
BLANDINIÈRES, premier capitoul de robe, p. 658.
Blagnac, village, pp. 171, 1282, 1404.
— (Château de), p. 1282.
BLANQUET, médecin, p. 962.
BLANQUEÏ DE ROUVILLE, vicomte de Trébons,
conseiller au Parlement de Toulouse; ses pians
de réformes exposés dans sa correspondance avec
le contrôleur général, pp. 1298, 1299,
Blanzac, lieu, pp. 16, 77, i 141, 1406.
Blavignac, p. 1407.
Blaye, pp. 519, 725.
BLAYNE (Marie), p. 979, 980.
Blé, pp. 105,698, 699, 7o3, 722, iii3; descen-
dant la Garonne, enlevé à Toulouse dans une
émotion populaire, p. 171; noyé dans les Cé-
vennes, p. 790; manque complètement après
l'hiver de 1708-1709, p. 876; sa rhcrté 8t sa
rareté dans les campagnes; la Province en vend
au-dessous du cours; prix payés dans différentes
villes, pp. 898, 899; délivré par la Province en
Gévaudan & au diocèse de Mende, pp. 1012,
io34; lieux où on le cultive en Languedoc,
p. 697.
Blés, pp. 38, 481; affranchis des droits de sortie,
p. 44; coupés par la grêle, p. 1010; séchés &
brûlés par les brouillards, p. 1004; leur expor-
tation est interdite, p. 8; le commerce en est
libre; l'entrée de la Province défendue aux blés
étrangers, p. 35; de Languedoc sortent libre-
ment, p. 38.
— du Levant, p. 48.
Bi.ÈNEAu, où est battu le prince de Condé, p. 337.
Blesle, p. 1406.
BLISTERSTVICH DE MONCLEY (Antoine-Fran-
çois), évèque d'Autun, p. io23.
Blois, pp. i85, 1069.
— (Château de), p. i5; résidence ordinaire de
Gaston d'Orléans, p. i85.
Eloaiac, au diocèse de Carcassonne, pp. 871 , 1008.
— (Seigneurs de), p. 1159.
BLOTTIÈRE (de la), p. 73.
BOCAUD, président à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
BOETON, un des conjurés du complot de Nimes,
p. 858.
Boeufs, p. 1234.
— (Maladie des), p. 80.
— importés en Languedoc, p. 704.
— de la Camargue décimés par l'épizootie, p. 901.
Boffre, en Vivarais, p. 1201.
BoHABDt, baronnie, p. 553.
BoiiiîME (Armée de), p. 1064.
BOILEAU, docteur en Sorbonne, pp. 445, 552.
BOILEAU (de), p. io36.
BOIRARGUES, trésorier de France, p. 1045. .
BOIRE, meinbre du conseil ordinaire de la vlgue-
rie de Llmoux, p. 1207.
Pois. Voir FoKÊis.
Bois, pp. 59, 60, 1006; leur conservation, p. 1026.
— (Vente de), p. 120.
— à brûler, pp. 966, 1384; sa rareté au Puy,
p. 488.
— de construction, p. 488.
— flottés, p. 441 .
— flotté au Puy; divers essais tentés pour en faire
le commerce, p, 489.
— de Campéche, p. 60.
— communaux, pp. 91, io3, 127; règlement pour
l'exploitation de ceux de la généralité de Mont-
pellier, p. 82.
— de Boulogne, p. 911.
BOISEAU, prêtre tué par les camisards, p. 764.
BOISROBERT, de l'Académie française, p. 247.
BoissET, p. 426.
BOISSET, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 352.
BOISSET (François), conseiller au Parlement de
Toulouse, p. 864.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1463
BOISSET-GLASSAC (Vicomte de), p. i355.
BoissEzON, pp. 60, 84, 85; ses armoiries, p. 687.
BOISSEZON (Comte de), p. 92.
BOISSEZON (Vicomte de), p. 622.
BOISSEZON D'AUMONTEL, p. 1408.
BOISSÏER, condamné aux galères pour avoir vendu
des livres protestants, p. 1074.
BoissiÈRES, au sud-est de la Vaunage, p. 823.
BoissiEcx, p. 1202.
EOISSONADE, p. 122.
BOISSONADE, curé, p. 743 j sa mort, 744.
BoisSY, terre, p. 552
BOISSY D'ANGLAS, député aux États généraux,
p. 1378.
BOJAT, sous-doyen du Parlement de Toulouse,
pp. 1181, I2i5; son exil, p. 1218.
BOJAT, fils, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. I 170.
BOLESLAS, p. 828.
BOLLIOUD, p. 1425.
Bologne, p. 614.
BON, premier président au conseil supérieur &
intendant de Roussillon, p. 873.
BON, premier président de la cour des aides &
finances de Montpellier, p. 1097.
BONASSIÉ (Nicolas de), p. 3 16.
BONASSIER, avocat, p. 317.
BoNCiEtx-LE-Roi, en Vivarais, p. I20î.
BONET DE TREYCHES, député aux États géné-
raux, p. I 378.
BONFONTAN (Marquis de), p. i338.
BONHOMME-DUPIN, conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1219,
BoNiAN (Hôpital de), p. 696.
BoNtiEu, en Vivarais, p. 1202.
BONIFACE VIII, p. iDiô.
BONICEL, né à Pont-de-Montvert, p. 977; arrêté
comme multipliant, condamné à mort & exé-
cuté, p. 979.
BONISSEL (Antoine), p. 980.
BONNAC (de), prend le fort de Vénasque, p. 940.
BONNEMAIN (Jacques), trésorier de la ville de
Toulouse, p. 875.
BONNEMAIN, greffier des États de Languedoc,
p. 1426.
BONNET (Moyse) , p. 747; date de son supplice,
p. 36.
BONNET (François), consul de Limoux, p. 1207.
BoNNEFONT, abbaye; ses armoiries, p. 684.
BoN.NEroux, hameau en Gévaudan, p. 965.
Bo.vNEFOT (Chartreux de), p. 1 198.
BoNNEvAL, abbaye, p. 684.
BONNIER, trésorier de la bourse de Languedoc,
pp. 899, 937, 966, 983.
BONNIN DE CHALUCET (Anne-Louise), p. 553.
Bo.vBEPOS, domaine de Riquet dans la temporalité
des archevêques de Toulouse, pp. 454, i252.
BONREPOS (de), p. 11 35.
BoNREPAtX, p. 1402.
BONZI (Famille des), p. 494.
BONZI (Pierre de), abbé d'Aniane,évéque de Béziers,
archevêque de Toulouse, de Narbonne, pp. 24,
25, 5io, 5i5, 554, 645; son online; sa jeunesse,
p. 494; ses missions diplomatiqites; ixigement
sur sa présidence des Etats de l-iiipif Joe. p. 490;
est créé cardinal au titre de Sdint-Oiînphre ; se
rend à Toulouse pour prendre posseiiron de son
siège; visite l'hôtel de ville; ne séjourne que
quelques jours à Toulouse, p. 498; ses efforts
près de Nicolas Pavillon pour le faire reculer
dans la question de la rog.ile, p. 5o4 ; succède à
Fouquet sur le siège de Narbonne, p. 5o9; fait
à^Louvois les honneurs de l'.ibbaye de Va! magne,
p. 5i6; appuie sa demande du vote du don gra-
tuit de considérations religieuses, p. 568; fait
voter cent mille livres pour construction d'égli-
ses ou pour les missions, p. 571 ; ses disposi-
tions favorables aux Filles de l'Enfance, p. 578;
est nommé commissaire par le Saint-Siége pour
l'érection de l'évéché d'Alais, p. 65o; texte de
son ordre d'enquête secrète de la noblesse de
M. de La Fare Tornac, p. 65i; ses dernières
années; causes de ses chagrins & de sa déca-
dence physique, p. 716; son voyage à la Cour;
entrevue avec le roi; exil de M"" de Caiiges;
mariage de son neveu Castries avec une filie du
duc de Vivonne; déception du cardtn<il à la
suite de ce mariage; a des attaques d épilepsie;
sa mémoire se brouille, p. 717; èpo. v.inie de
sa conscience à la suite des reproches faits pour
ses faiblesses; tombe en enfance; en dupensé du
voyage de Rome en 1699; les Kt.iti »• rendent
près de lui pour assister à sa communion en
viatique; l'évêque de Montpellier l'inviie a faire
amende honorable de son passé devant Us trois
ordres; mot de Saint-Simon à propos de l'in-
fluence de Bâville sur ses dernières années,
p. 719; portrait du cardinal; sa grâce, sa bonté,
sa facilité de grand seigneur, p. 720; un service
funèbre est célébré dans la cathédrale de Mont-
pellier par les soins des Étals de Languedoc,
pp. 849, 85..
BONZI (Clément de), évêque de Béziers, p. |58.
Bordeaux, pp. 54, 56, 80, 299, 336, 367, 389,
401, 452, 461, 467, 477, 5oo, 5ii, 624, 627,
700, 704, 716, 724, 788, 848, 963, 970, 1012,
1023, ii33, 1145, 1162, 1218, 1269, 1282,
1295, 1419; suspension de ses privilèges pour la
vente des vins, p. 1 |3; historique de ses contes-
tations avec le Languedoc au sujet du commerce
des vins, p. 723; quantités de vins qui s'y
exportaient au commencement du dix-huitième
siècle, p. 725.
— (Foire de), p. 1276.
— (Généralité de), p. 1277.
BoBDEBASSE, au terroir de Castelsarrasin, p. 1282.
Bordes, village, p. 294.
BORDIEU, ministre protestant à Montpellier,
p. 525.
Borée, en Vivarais, p. 1202.
BOREL (Jean), p. 195.
Ecries, hameau de Gévaudan, p. 965.
BORIO DE MAZUBY, propriétaire de Moulin,
p. 1008.
Borne, rivière, pp. 482, 491, i3o7.
— (Sources de la), p. 488.
1464
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Bornes, en Vivarals, p. 1202.
BORNIER, p. 980.
BORREL, capitoul, p. 658.
BOSC (du), p. 619.
BOSC (André du), de Nimes, fonde à Magdebourg,
avec d'autres proscrits, une manufacture de
draps, de serge de Rouen, d'espagnolettes & de
droguets, p. S64.
BOSC (Antoine & Pierre du), de Nimes, s'établis-
sent à Magdebourg &, avec d'autres protestants
proscrits, y fondent une manufacture, p. 564.
BOSC (Pierre), imprimeur de Toulouse, p. 249.
BOSC (Raimond), libraire toulousain, p. 626.
BOSQUAT, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
BOSQUET (Durand), juge-mage, p. iBz.
BOSQUET (François), intendant de Languedoc,
pp. i32, i;)8, 180, 217, 477; ses travaux litté-
raires; ses débuts dans la vie publique, pp. 1 33 ;
commissaire aux États; son éloge du gouverne-
ment monarchique- & de l'unité religieuse,
p. 161; ses éloges hyperboliques à Gaston d'Or-
léans, pp. 210, 211 ; son procès-verbal à la Cour
au suiet de l'émeute , de Montpellier, p. 236;
rappelé au conseil d'État, p. 25 1 ; écrit l'éloge
de Pierre de Marca, p. 404.
BOSSIDE (X'incent), inquisiteur à Carcassonne,
p. i3.
BOSSUET, pp. 1018, i356.
Bots (Château de), voisin du Rhône, p. 878.
BOUCHAGE (du), maréchal sous Henri III,
p. 694. _ _
BOUCHEPORN (de), intendant de la généralité
d'Auch, pp. 1348, 1349.
BOUCHERAT (Louis), intendant, pp. 10, 3i4,
327, 328; commissaire du roi à Toulouse en
i65i, p. 3i5; commissaire extraordinaire en
Languedoc, p. 357.
BOUCHERAT, chancelier de France, pp. 667, 659.
BotciiERiE, pp. 41, 49, 74. 7^'. 77. 80, 84, 86,
121; droit de deux deniers par livre; rachat de
ce droit, pp. 41 , 42.
(Taxe sur la), p. 1 1 ; établie pour la recons-
truction d'églises démolies, p. II.
Boucheries municipales, p. 65.
— de Toulouse, p. 127.
BOUCOIRAN, pp. 98, 816, 817, 1066, 1178, 1406;
situation de ce village; est occupé par les cami-
sards qui en détruisent les défenses, p. 822.
— (Hôpital de), p. 696.
BoucoNNE (Forêt de), pp. 470, 1238.
Boucs, p. 59.
BOUDET (Pierre), p. 3 16.
BOUDET (Jehan), « maître terralhon, u p. 453.
BOUDET (Estienne), p. 863.
BOUDET, excellent poëte latin, français, gascon,
p. 654.
BOUDON, catholique, propose des conférences pour
convertir les ministres protestants; opinion du
duc de Noailles à ce sujet, p. 527.
BOUDON DE BERNIS, p. 748.
BouDOux, hameau en Gévaudan, p. 966.
Boue dans Toulouse durant la visite de Louis XIV,
p. 369.
BOUEDE, habitant de Béziers, p. 3o3.
BouGf.s, dans les Cévennes, pp. 736, 740, 743, 747,
775, 799. 804.
— (Massif du), p. 8o5.
— (Montagne du), pp. 36, 617, 733; sa descrip-
tion, p. 739.
BOUGES (P.), dominicain, p. 1 169.
BOUICHERE cadet, de Limoux, p. 1207.
BouiLLARGUES; démolition de son temple, p. 19.
BOUILLET, chargé d'un cours gratuit de mathé-
matiques à Béziers, p. 69.
BOUILLON (Duc de), pp. 6, 188, 192, 246, 247;
prend parti contre Mazarin, p. 279.
BOUILLON (Cardinal de), p. 719.
BOUILLON, auteur du Journal politique, pp. 1 3 i 3,
■ 3 14.
BouiLLONAc, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
BouisSE, lieu, p. 347.
BOULABERT (André), p. 118.
BOULBÈNE (de la), p. 619.
BouLBONNE (Abbaye de), pp. 114., 1252, 1404;
son procès au sujet de la nobilité des terres,
pp. 871, 872, 873.
— (Religieux de), p. 46.
BouLBONSE (Rue), à Toulouse, p. 3i8.
BOULET, prêtre, p. 737.
BOULIDOU, chef de camisards, p. 796.
Boui.iDOu (Fontaine du), p. 86.
BOULLAY, juge métropolitain, à Toulouse, p. 3 16.
BouLOC, p. 1241.
— (Hôpital de), pp. 33, 696.
Boulogne, pp. 1402, 1404.
— (Baronnie de), p. 1197.
— (Évêque de), p. I023.
BouLOU (Camp du), p. 884.
BOUNIOL (Pierre), écuyer du duc d'Orléans, pp. 53,
BOUNONEIT, garde au bois de Grésigne, p. Iii5.
Bouquets de fleurs dus par l'archevêque d'Auch au
Parlement de Tcvilouse, p. 16.
BouRBASSOL (Moulin de), p. 1282.
BOURBON (Henri-Jules de), prince de Conti.
Voir CONTI.
BOURBON (Jean de), connétable de France, p. 260.
BOURBON (Henri de), abbé de Saint-Germain des
Prés, p. 404.
BOURBON (Henri de). Voir duc de VERNEUIL.
BOURBON (Duc de), pp. 971, 9S2, i333, i359.
BOURBON (Henri de), marquis deMalauze, pp. 260,
622.
BOURBON (Louis-Armand de), de la branche de
Bourbon-Malauze, prend le titre de général en
chef des protestants de France, p. 855; détails
sur les instructions qu'il envoie pour réveiller
la guerre des Cévennes, pp. 855, 856, 857.
BOURBON (Louis-Auguste de), prince de Dombes,
duc du Maine, fils légitimé de Louis XIV & de
M"" de Montespan. Voir MAINE (Duc du).
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1465
BOURBON (Marie de), duchesse de Montpensier,
première femme de Gaston d'Orléans, mère de
la Grande Mademoiselle, p. i85.
Bourbon (Régiment de), pp. 1249, iijo.
Bourbon-Infanterie (Régiment de), p. ni.
Bourbonnais, pp. 642, i385.'
BOURDALOUE, p. 55i.
BOURDEAUX, surintendant de la maison de Gas-
ton d'Orléans, p. 186.
BoiBDiGUES sur les côtes de Languedoc, p. 42.
BOL'RELLY (Daniel-Raoul), p. 733.
BOURELLY (Jacques), fermier de l'équivalent,
p. 97.
BOURELY (Jacques), pp. 977, 980.
Bourg, en Vivarais, p. 1201.
Bourg-Saint-Andéol, pp. 3, 601 , 863, 961, 1 195,
1378, 1421.
— (Visitation du), p. 83.
Bourg-Argental, p. 1409.
Bourg-Saint-Bernaed, p. 1265.
— (Hôpital de), p. 33.
BOURG (du), chanoine à Toulouse, p. i35â.
BOURG (Comte du), p. 65.
BOURG (Marquis du), p. 47.
BOURG (Marquise du), p. 66.
BOURGADE (de la), p. 3|6.
Bourges, pp. 627, io23.
BOURGES (Joseph), p. 863.
BOURGES (de), p. i352.
Bourgeois; leur nombre dans la Province en 1697,
d'après le mémoire de Bâville, p. 692.
Bourgeoisie protestante des villes; est dépourvue
de tout crédit sur les insurgés des Cévennes,
P- 794-
Bourgidou (Canal du), p. 384.
BouBCocNE, pp. 445, 461, 693, 704, 927, 975.
BOURGOGNE (Duc de), pp. 689, 896, i35oi sa
naissance fêtée dans la Province, p. 523.
BOURGOING (Edme), dominicain, p. 1187.
BOURGUIGNON, marchand, p. 662.
BOURILHON (Antoine), maire perpétuel de Cor-
barieu, p. 639.
BOURLEMONT (Charles - François d'ANGLURE
de), pp. 474, 923; passé de l'évéché de Castres
à celui de Toulouse, en 1662; est appelé à la
présidence des Etats par suite de l'éloigneraent
de Fouquct, p. 43o; visite avec Riquet & l'évéque
de Saint-Papoul le lieu où doit passer le canal;
exhorte Riquet à écrire à Colbert, p. 455; fait
nommer les délégués des Etats qui doivent vé-
rifier le projet du canal, p. 459; fait ressortir
devant les Etats les avantages que trouverait le
commerce dans la création du canal de Langue-
doc, p. 461; préside la session de 1667, p. 477,
fan voter des fonds pour dégager l'embouchure
de l'Hérault, p. 479; visite l'université de Tou-
louse & divers collèges du ressort, p. 492; pu-
blie une nouvelle approbation des statuts des
Filles de l'Enfance, p. 578; sa mort, p. 494.
BOURLETE (Victoire), p. 980.
BOURLIE (Abbé de la), marquis de Guiscard.,
p. 855; sa mort tragique dans les prisons de
Newgate, p. 887.
BOURNAZEL (Comte de), p. i352.
BOUROTTE (Dom), bénédictin historiographe de
la Province; sa mort, p. i33i.
Bourreau assassiné à Toulouse, p. 375.
BouRRET; ses armoiries, p. 687.
BOURRET, habitant de Toulouse, p. 1402.
Bourse de Montpellier, p. 848.
— de Toulouse, pp. 91, 167; date de sa création;
sa juridiction; sa composition, p. 848; élection
des prieur & consuls, p. 90.
BOUSCASON (Louis), parfumeur, p. 199.
BOUSCHET (A.), secrétaire & greffier de la com-
mission de liquidation de la Province, p. 1426.
BOUSOLLES, p. 491.
Bousquet, prieuré, p. 799.
Bousquet de la Barthe, paroisse dévastée, pp. 8o5,
1071.
BOUSQUET, subdélégué à Toulouse; cause de sa
révocation, pp. 999, 1000.
BOUSSAC (Seigneur de\ p. 478.
BOUSSANELLE, subdélégué de l'intendance, à Bé-
ziers, p. 1 142.
BOUSSANQUET (Pierre), p. 36; roué vif à Nimes,
p. 748.
BoussARGUE (Hôpital de), p. 696.
BOUTARIC, chanoine, à Toulouse, p. i356.
BOUTARIC, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
BOUTELLIER, syndic du diocèse de Castres, p. 94.
BOUTHEROUE (Hector de), sieur de Bourgneuf,
perfectionne, de concert avec Riquet, le projet
de canal de Languedoc, p. 459.
BouTiÉRES, région sauvage du haut Vivarais,
pp. 19, 612, 614, 701, 879.
— (Chaîne des), p. 870.
— (Désert des), p. 602.
— (Plateaux des), p. i2o3.
BOUTHILLIER (Victor), archevêque de Tours, pre-
mier aumônier de Gaston d'Orléans, p. 186.
BOUTHILIER DE CHAVIGNY, archevêque de Sens,
p. 1023.
BOUVIER, constructeur, p. 1029.
BOUVILLE (Dragons de), p. 863.
BouvsSET; démolition de son temple, p. 18.
BOUZET (Comte du), p. |352.
60UZ1GUES, village, p. 884.
BouziN, en Vivarais, p. 1066.
BOUZOLS (Marquis de), p. 3ï.
Boy (Château du), p. 961,
BOYER, p. 317.
BOYER (de), avocat au Parlement & député de la
ville de Toulouse, p. 286.
BOYER, syndic général, p. 460.
BOYER (Sieur de), p. 479.
BOYER D'ODARS, syndic général de Languedoc,
pp. 93 1, 943.
1466
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
BOYER DE TAURIAC, gentilhomme du diocèse
de Montauban, p. 957.
BOYER, de Limoux, p. 1207.
BOYNES (de), maître des requêtes, p. 87.
BOYSSET, p. 349.
BozAT, en Vivarais, p. 1202.
Bradant, p. 927-
Bragassargues, prieuré, p. 764.
BRAGOUZE, avocat à Toulouse, officier munici-
pal, pp. 1414, i4'5-
Beahic, en Vivarais, pp. 1202, i3i i, i3i2, i3i3,
1410.
Bram, baronnie, pp. 87, 101, 118.
— (Hôpital de), p. 696.
BRANCAS (Baron de), pp. 990, io65.
RRANCAS (Jean-Baptiste-Antoine de), archevêque
d'Aix, p. 1023.
BI^A^DEI!OgRG, dans la Marche Electorale, p. 769;
des réfugiés français y sont reçus, p. 562; est
enrichi par eux, p. 565.
BRANLAIRE, femme de Montpellier, p. 234.
Bramonas, hameau en Gévaudan, p. 965.
BRAQtEViLLE, près Toulouse, pp. 87, 452, 476.
Bras de fer, nom d'une branche du Rhône, pp. 892,
893.
Brassac, comté, pp. 33, 85, 253, (5i2, 868.
BRASSAC (Hugues), notaire, p. 3i6.
KRASSAC DE BELFOURTÈS, p. 1408.
BRASSALIÈRE, avocat, chef du consistoire, à Tou-
louse, p. 1 293,
BRANQUE (de), p. i355.
Bbéau; ses armoiries, p. 687.
Bbéda, dans la Frise; quelques cultivateurs pau-
vres du Languedoc s'y réfugient, p. 566.
BRÉDA (de), docteur en Sorbonne, p. 445.
Brefs adressés au roi & aux évéques au sujet de
la bulle Vincam Dommi Sahaoth, p. 862.
Brenoux, p. 775.
Bbes, annexe de paroisse, p. 649.
Brescoh, fort, pp. 78, i63, 212, 1073, 1279.
Bressac, en Vivarais, p. 1201.
Bresse (Régiment de), pp. 1348, i35i, 1377.
BRESSIEUX, géomètre, p. 460.
BRESSOLS (de), p. 459.
Bresson, rivière, p. 879.
Brest (Port de), p. i33i.
Brestalou (Pont de), p. .',82.
Bretagne, pp. 704, 723.
— (Régiment de), p. 333.
BP.ETEL (Nicolas), sieur de Grémonville, p. i33.
BRETTES-THURIN (Baron de), p. \'\:t:,.
BRETEUIL, évéque de Montauban ; son rapport
aux États au sujet du monopole de M. Tubeuf,
sur les mines du diocèse d'Alais, pp. 1284,
1285.
BRETEUIL (Le Tonnelier de), intendant de Lan-
guedoc, pp. 6, 231, 273, 293, 298, 3o7, 325î
poursuit les excès commis par les troupes,
p. 252; son discours sur la prétendue abnéga-
•ion du duc d'Orléans, p. 274; siège aux Etats
en qualité de commissaire royal, p. 285; pre-
mier commissaire du roi aux Etats de i65i,
pp. 329, 33o; rappelé à la généralité de Paris,
p. 357.
BRETEUIL (de), secrétaire d'État, pp. i3i8, i335,
i356.
BRETEUIL (Comte de), p. i35l.
Bretx, seigneurie, p. 1082.
Brève, p. 96.
Bréviaire de Lyon ; la légende de Grégoire VII,
pp. ioi3, 1014.
BRÉZÉ (Marquis de), p. io25.
BRÉZIS (Vicomte de), p. io36.
Bbézilhac, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Briatexte, p. 1408.
Brie, p. 467.
BRIENNE (de), archevêque de Toulouse, signe les
décrets d'érection des deux paroisses de La lande
& de Croix-Daurade, pp. I223, 1228. Voir LO-
MÈNIE DE BRIENNE.
BRIENNE (Comtesse de), p. 365.
Bbienon-l' Archevêque, p. io23.
Brigandage dans les montagnes; les voleurs de
grand chemin commencent à pulluler dès les
premières querelles religieuses, p. 529.
Brigandages du régiment du sieur de Vallon au
bas Languedoc, p. 287.
— en Vivarais, p. 538.
— en Vivarais & en Gévaudan, p. i3i 1.
— commis en Gévaudan, p, i i5i.
Brigfs, baronnie en Gévaudan, p. ii3.
Brignemont; ses armoiries, p. 686.
Brignon, paroisse, p. 8i5.
Brioude, pp. 480, 481, 482, 1406.
BRION, pp. 188, 1407.
Brison, en Vivarais, p. 1202.
BRISON (Marquis de), pp. 52, 62, -jS, 1 16.
BrussAC, p. 842.
BRISSAC, abbé, p. io23.
BRISSAC (Comte de), p. 363.
Brisson, p. 601 .
BRISSON (Marquis de), p. 878.
BRISSON (de), p. 620.
Brivat-du-Vent, lieu du Gévaudan, p. 397.
Brives, p. 5o5.
— (Pont de), sur la haute Loire, pp. 488, 489,
i3o7, ï3o8.
BRIZON (Comte de), p. 1 198.
BRIZONS (Marquis de), p. 1064.
BROCARD DE BARILLON (Sieur du), p. I 134.
BROCHETTE (Marguerite-Marie de la), religieuse
de Clavas, p. 1204.
BROGLIE (Victor-Maurice, comte de}, lieutenant
général en Languedoc, pp. 552, 608; va en Vi-
varais, pp. 6i3, 614; cherche à maintenir les
communes du Vivarais dans le devoir, pp. 6i5,
616, 617, 619, 620; son appréciation sur les
premiers mouvements des Cevennes; idées qu'il
se fait de la valeur des milices, p. 732; sa sé-
curité semble ébranlée, p. 73^; dépeint la coir-
position des troupes qu'il coinmande pour ope-
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1467
rer dans les Cévennes; se rend 3 Pont-de-Mont-
vert; de quelle façon il juge les événements,
p. 744; accueille avec une médiocre satisfaction
le comte de Peyre & les troupes levées parce
dernier à la suite des premiers troubles, p. 746 j
prend ses dispositions pour surveiller les Cé-
vennes & rentre à Montpellier, p. 747; son
appréciation sur les causes des premiers troubles
des Cévennes, p. 748; invite les prêtres catho-
liques à reprendre possession de leurs paroisses,
p. 749; apprécie le véritable caractère de la
lutte; difficultés qu'il prévoit pour la dispersion
des bandes, p. 701; fait une nouvelle prome-
nade dans les hautes Cévennes, p. 764; défend
sa conduite contre divers prélats, p. 755; pro-
pose de dépeupler les communes dont la com-
plicité serait prouvée & d'en faire partir les
habitants pour les îles du Nouveau Monde,
p. 756; ordonne, pour vaincre l'incrédulité pu-
blique, de couper la tête de tous les révoltés
tués dans les combats, p. 7â7; son caractère
aigri par l'insuccès des mesures prises pour
réprimer les désordres & par le reproche de
ne pas protéger la sécurité publique; peines
terribles qu'il propose; reconnaissant son im-
puissance à dominer la révolte demande un
maréchal de camp pour êire allégé d'une partie
de sa charge; avis sur son compte envoyés au
ministère, p. 761; punition qu'il inflige à la
commune d'Aiguevives durant son inspection;
ton avis au ministre; conseille des mesures de
rigueur, p. 760; sur de faux avis va faire une
battue à l'opposite du lieu où se trouvaient les
bandes; sa correspondance au sujet du chevalier
d'Aiguines, p. 762; parle dans sa correspon-
dance de la poltronnerie de certains officiers,
p. 763; demande au ministre un autre comman-
dement; ses plaintes; présente la justification
de sa conduite; poursuit les insurgés, p. 765;
attaque une troupe commandée par Ravanel &
est battu, pp. ii, 766; reçoit des renforts, mais
ne peut rejoindre les insurgés, p. 767; différen-
tes manières de préparer les répressions proposées
par lui; son désaccord avec le brigadier Julien;
sa situation de plus en plus compromise; est
accusé de mollesse & d'imprévoyance, p. 774;
est relevé de son commandement, p. 777.
BROGLIE (Duc de), p. iSSj.
BUOGLIE (Prince Victor de), député de l'Alsace,
fait son rapport sur la protestation de la cham-
bre des vacations du Parlement de Toulouse;
déclare les signataires atteints de forfaiture &
de rébellion aux décrets de l'Assemblée natio-
nale, pp. lii, 1420, 1421 ; déclare les membres
du cabinet suspects au peuple & malintention-
nés; monte une troisième fois à la tribune pour
demander l'exécution des mesures de rigueur
votées par l'Assemblée, pp. 1423, 1424.
BROSSE (de la), capitoul, p. 658.
Brosses, seigneurie, p. 107.
BROUE (Pierre de la), évéque de Mirepoix, main-
teneur des Jeux-Floraux, p. 661.
Brodillabds, p. 72; de 1727, p. 1004.
BnotssE, commune, pp. 67, 63.
BROUSSEL, conseiller au Parlement de Paris,
p. 278.
BROUSSON (Claude), avocat près du Parlement de
Toulouse, retiré à Lausanne, est l'instigateur de
la ligue d'Augsboiirg, pp. 34, 617, 787; rejoint
Vivens dans les Cévennes, p. 618; traqué de
village en village, il est arrêté dans le Béarnj
itinéraire dressé par lui pour introduire les ar-
mées étrangères dans les Cévennes, p. 709; son
procès; sa condamnation, p. 710; sa mort; re-
tentissement qu'eut son supplice dans l'Europe
entière, p. 711.
BROUZET, p. 824.
Brouzin, p. 986.
Bni'CH, lieu de Guienne, p. 337.
BRUCHON (Bernard), orfèvre, p. 199.
Brueys, pp. 49, 753, 766, 787, 814, 879, 880.
BRUEYS (P4arquis de), p. |352.
BRUEYS SAINT-CHAPTE (de), p. 992.
Brcgaipolles, au diocèse de Limoux, p. 1008.
BRUGÈRES (Biaise de), baron de Goyrans, capi-
toul, p. 389.
BrLGEROLiES, p. 763.
BRUGIER (Jean), ministre protestant; son ban-
nissement, p. I 8.
Brugiébe (La); démolition de son temple, p. 18.
BRUGUIÈRE (La), p. 85.
Bntr.uiÈRES, lieu, pp. 363, 1219, 1404.
BRUGUIER, frère du ministre de Nimes, p. 621.
Bruilhe, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Br[;illois (Vicomte de), p. 471.
BRUN (Jacques), habitant de Brignolles, entrepre-
neur du canal de Beaucaire à Aigues-mortes,
pp. 2, 55; ses offres d'exécuter un canal de
Beaucaire à Agde; la concession lui est accordée
par lettres patentes, p. 384; avantages faits aux
concessionnaires, p. 385; opposition des Etats;
obstacles qu'il ne peut surmonter, pp. 336, 387;
ses héritiers reçoivent une indemnité de trente
mille livres, p. 944.
BRUN (de), p. io36.
Brl'nales, hameau en Gévaudan, p. 965.
KRL'NEAU (dej, p. io36.
BRl'NEL (Pierre), libraire à Amsterdam, p. 923.
BRUNEL, procureur du roi à Nimes, p. 1348.
BiiiNiQUEL (Château de), p. 1088.
BRUNIQUEL (Vicomte de), p. i352.
Brunswick-Lcnebourg, électoral, p. 1089.
Bris, terre, p. 552.
Brisoib, commune, p. i335.
Bruyéres-le-Chatel, p. 552.
Blen-Retiro, en Espagne, p. 996,
BuGARACH, paroisse, p. i3oi.
Bi'LLE Vineam Domini Sahaoth, pp. 862, 865.
— Unigenitus, pp. 1016, 1024.
— du pape au sujet de l'érection de révéché d'A-
lais, p. 65o.
BULLION (de), surintendant des finances, grand-
maître & surintendant général des mines & mi-
nières, p. 167.
BuRATES, étoffes du Gévaudan, pp. 54, 698.
BURDIN (Gustave de), p. 1387.
1468
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
BUREAU DE PUZY, député à l'Assemblée natio-
nale, p. 1400.
Bup.EAu de yisite de draps, établi à Narbonne,
p. 56; supprimé, p. 57.
Bureaux de recette sur les bords du Rhônej leur
suppression demandée, p. 1384.
BuRiAN.vE, en Virarais, p. 1202.
BUBLATS, p. 22.
BUKNET, p. 887.
BURTA (de), conseiller au Parlement de Toulouse,
maître des Jeux-Floraux, p. 661.
BURTA (M'" de), pp. 583, 584.
BuBZET, baronnie, en Vivarais, pp. 744, 120Ï.
Bcsignaugues; son temple est détruit en i663,
pp. 19, 427.
BUSQUET, bourgeois de Toulouse, p. 225.
BUSSY D'AMBOISE; fin de cette maison, p. 302.
BUSSY-RABUTIN", p. 356; commande les chevau-
légers, p. 202; ses réflexions au sujet du viol
accompli par ses chevau-légers à Nimes, p. 253;
portrait qu'il trace du prince de Conti, p. SçS.
BUTERNE, ancien capitoul, p. 863.
BuzEï, thâtellenie au diocèse de Toulouse, pp. 12,
ic8, 1402; les troupes de passage y font des
ravages, p. 240.
BuziG.\ARGUESj ses armoiries, p. 686.
BUZOT, député à l'Assemblée nationale, p. i3po.
Cabanes, seigneurie, p. 107.
CABANIS (Claude), protestant d'Alais, p. 85.
Cadaudés, pays au diocèse de Carcassonne; con-
firmation de ses privilèges en 1743, p. 80.
CababdèS (Châtellenie de), p. 106; les causes des
privilèges dont jouissent les habitants de cette
châtellenie n'existent plus; anachronismes tra-
ditionnels, p. io8 I.
CABIBEL (Anne- Rose), épouse de Jean Calas,
p. 1 162.
CABIRON (de), gentilhomme nouveau converti,
égorgé par l'ordre d'une prophétesse des Céven-
n«s, p. 795.
CABRALLES, originaire du pays de Foix, p. 621.
CABRIÈRES, capitaine de fusiliers, p. ySo.
Cadalen, p. 1088.
Cadastre, pp; 61, 122; son altération au bénéfice
de quelques particuliers, p. 638; sa confection,
p. 1329.
— fait par les habitants de Cintegabelle, p. 871.
Cadastres anciens & nouveaux déposés dans les
archives diocésaines, p. 114.
— falsifiés, p. 932.
— des communes, p. io5o.
CADAU, traiteur, p. 662.
Caderles, village, p. 733.
Cadets de la Croix, ou Camisards blancs, pp. 8i3 j
rivalisent de barbarie avec les Cévenols; Mont-
revel essaie de les organiser, pp. 814, 8i5, 818;
le maréchal deVillars se plaint amèrement de
leurs excès, p. 833.
Cadets de Louvois, p. 564.
CADIGNA>f (baron de), colonel-commandant la
légion de Lorraine, pp. 1239, 1240, 1243; com-
mande les troupes chargées de garder les fron-
tières des pays infestés par l'épizootie; son ca-
ractère; son arrivée à Toulouse, p. 1236; les
courses prolongées, les nuits sans sommeil, &c.,
le font tomber malade d'épuisement; contrarié-
tés qui lui sont suscitées par le peu de précision
dans les pouvoirs respectifs des divers comman-
dements, pp. 1243, 1244; ses efforts désespérés
pour arrêter l'épizootie; est peu secondé, p. t 245;
continue ses plaintes au sujet de la non-exécii-
tion des mesures prescrites pour arrêter la mala-
die, p. 1246; croit, devant l'invasion croissante
du fléau, devoir conseiller l'immolation géné-
rale des bestiaux, à la condition du rembour-
sement intégral de la valeur des bêtes assom-
mées; offre de faire l'avance, de ses propres
deniers, des sommes nécessaires, p. 1247; com-
mence la mise à mort de tous les bestiaux, sains
ou malades; insuffisance du personnel dont il
dispose, pp. 1248, 1249; publie une consigne
générale des troupes en vingt-quatre articles;
son éloge devant les Etats de Languedoc par
l'archevêque de Toulouse, p. 1256; exige d'être
informé de la discipline des troupes par des
rapports réguliers, p. 1257.
Cadillac, sur la Garonne, p. 367.
Cadis du Gévaudan, des Cévennes, p. 60.
— de Vivarais, p. 5o.
— de Castres, &c., p. 85.
— (Fabrication de), p. 47.
— (Fabriques de), p. 944.
— (Fabriques dans les Cévennes), pp. 701, 702.
CADOINE, gentilhomme nouveau converti, p. 794.
CADOLE (Louis), p. 863.
Cadoules, hameau en Gévaudan, p. 965.
Cadours, p. 1404.
Cagniac, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Cahiers de doléances de 1789; plusieurs des solu-
tions qui ysont sollicitées étaient proposées d.ins
le Mémoire de Bâville dès 1698, p. 7c5; assem-
blée qui devait les rédiger, p. |373; erreur de
ceux qui les croient écrits sous l'inspiration
d'un mot d'ordre; révèlent l'application de ceux
qui les préparent d'ordre à ordre & de région à
région, pp. 1379, i38o, i38i, i382, i383, 1384,
i385, i386, i387, i388.
Cahiers d'instructions & doléances du clergé :
— d'Annonay, p. i38i.
— de Béziers, p. |383.
— de Carcassonne, p. i38o.
— de Castres, p. i383.
— de Gévaudan, p. i383,
— de Lauragais, p. i383.
— de Limoux, p. i383.
— de Montpellier, p. i333.
— de Toulouse, pp. i38o, i333.
— de Velai, p. i 383 ; sa division, p. 1379.
— de V|lleneuve-de-Berg; résumé de son contenu,
p. 1379.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1469
Cahiers de l\ noblesse :
— J'Annonay, p. 1384.
— de Béziers, pp. i38o, i383.
— de Carcassonne, pp. i38o, i383.
— de Casteinaudary, p. 1384.
— de Gévaudan, pp. i38i, 1384.
— de Limoux, p. 1384.
— de Montpellier, pp. i38o, i383.
— de Nimes, p. i383.
— de Toulouse, p. i38o.
— de Villeneuve-de-Berg, pp. 1379, 1384,
Cahiers du tiers état :
— de Carcassonne, pp. i38o, i385.
— de Casteinaudary, p. i38o.
— de Castres, p. i385.
— de Gévaudan, pp. i38o, i385.
— de Limoux, pp. i38o, i385.
— de Montpellier ; sa division, pp. 1379, 1384.
— de Nimesj divisé en sept chapitres, pp. i38o,
i385.
— du Puy, p. i38i.
— de Toulouse, pp. i38o, i384.
— de Velai, p. i385.
— de Villeneuve-de-Berg, p. i38o.
— du haut Vivarais, p. i385.
Cahors, pp. 86, 3iî, 418, izip, 1349.
— (Sénéchal de), p. 1210.
Cahdzac, commune du diocèse de Mirepoix,
pp. 87 I, 1009.
Cahuzac-sl'r-Vère, au diocèse d'Albi, pp. 122,
1088, 1408.
Cailhac, au diocèse de Limoux, p. 1008.
CAILHAU, auteur des troubles à Carcassonne,
p. 36o.
Cailhavel, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Cailla, p. 870.
Caille.ns, p. 870.
Caillou-Gris, lieu près Toulouse, p. 1223.
Caisse d'amortissement, pour éteindre les dettes de
la Province, p. 1369.
— générale des amortissements, créée par l'édit de
Marly de 1749, pp. 1090, 1091.
— de prêt, pour les travaux communaux, p. 128.
CAISSEL, habitant de Toulouse, p. 1402.
Calamités publiques dans le haut Languedoc, le
Gévaudan & le Vivarais, pp. 1 1 12, 1 1 i3.
CALAS (Jean), marchand d'indiennes à Toulouse,
p. 1162; accusé du crime d'assassinat & con-
damné à mort par le Parlement; est exécuté le
lendemain de sa condamnation ; conséquences
de cette exécution j intervention de Voltaire
pour sa réhabilitation, p. 1170.
CAl. AS (Marc-Antoine), p. 96; sa mort tragique,
p. 1162; crédulités populaires à son sujet,
pp. ii63, 1164; ses croyances religieuses d'après
Ih déposition d'un prêtre ; ses funérailles,
p. I 166.
CAl.AS (Pierre), second fils de Jean Calas, p. 1 162.
CALAS (Louis), fils de Jean Calas; était catholique,
p. I i63.
CALAS (Anne), p. ii65.
Caliie, ville du pays de Magdebourg, reçoit des
réfugiés français après la révocation de l'édit de
Nantes, p. 662.
Calf.ebte (Château de), p. 799.
CALDAIGUES (le P.), dominicain, pp. 1 169, 1 170.
Calers, abbaye, p. 873; ses armoiries, p. 684.
CALMELS, notaire à Toulouse, p. 199.
Calmette, près Dions, p. 87.
Calmette (la), pp. 98, 787, 1 178.
— (Pont de la), p. 100.
Calmont, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
CALONNE (de), contrôleur général, p. i333, i335;
son rapport au conseil d'Etat amène l'autorisa-
tion d'exporter les draps, p. i328; son exposé
de la situation du royaume à l'assemblée des
notables de 1787, pp. i33fi, i337; lit six mé-
moires concernant Us réformes; présente des
observations qui amènent sa chute; ses plans
abandonnés, pp. i338, 1339.
CALVET (de), p. 201.
CALVET, trésorier de France, p. 222.
CALVIÈRE (Louis de), abbé de Psalmodi, p. 65o ;
dernier titulaire de la comraende de l'abbaye de
Psalmodi, p. 645.
CALVIÈRE (M""" de), p. 28.
Calvisson, baronnie des États de Languedoc,
pp. 32, 8i, 87, 119, 426, 709, 747, 840, io65,
1406; Cavalier doit y loger avec sa troupe, en
attendant les ordres du roi, p. 837; approvi-
sionnements qui y sont faits pour la nourriture
des Cévenols; les protestants y sont convoqués
sur les masures du temple, p. 838; chants de
psaumes; prières faites par Cavalier, p. 839.
CALVISSON (Baron de), pp. 329, 332, 435, 990.
CALVISSON (Comte de), pp. 32, 37, 42; tient la
session en qualité de premier commissaire royal ;
possesseur de la seigneurie d'Aiguesvives, p. 761.
CALVISSON (Marquis de), lieutenant général en
Languedoc, pp. 22, 34, 69, 72, 81 , 87, 1 69, 277;
fait partie de la commission mixte pour le
règlement des affaires des communautés, p. 706.
CALVISSON (Marquis de), baron des Etats, p. i3i4.
CALVISSON (Marquise de), p. 128.
Calvisson, marquisat, p. 2.
— (Plaine de), p. 823.
Camarès, p. 7'6.
Camargue, île du Rhône, pp. 5o, 473, 828, 901,
949.
CAMBACÉRÈS, maire de Montpellier, p. 112.
CAMBACERÈS, conseiller à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
CAMBES DOUJAT, p. l352.
CAMBIAGO (Jean-Baptiste), p. 44.
Cambicure, au diocèse de Limoux, p. 1008.
CAMBOLAS, conseiller au Parlement, pp. 349,
442.
Cambon; ses armoiries, p. 687.
CAMBON (L'abbé de), conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1218.
CAMBON, avocat général près le Parlement de
Toulouse, p. 1171.
CAMBON (Jean-Louis-Augustin-Emmanuel de),
procureur général au Parlement de Toulouse,
fait partie de l'assemblée des notables de 1786,
pp. i335, i338 ; premierprésidentdu Parlement
de Toulouse en 1788, pp. 1344, 1415.
M70
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
CAMBON (Chevalier de), p. i352.
CAMBON, membre du commissariat de la Province
de Languedoc, p. 1426.
CAMBONET, p. 85.
Cambrai, p. 1020.
— (Archevêque de), pp. 866, 880.
CAMINADE (Abbé de), p. 268.
CAMINADE (Philippe-Gaubert de), président au
parlement de Toulouse, pp. 178, 189, 247, 348,
349. 477-
Camis, nom d'idole du Japon, p. 782.
Camisaie, expression militaire désignant les sur-
prises nocturnes, p. 783.
Camisards, pp. 37, 38, 854, 855; nom donné aux
insurgés des Cévennes; origine du mot; étymo-
logies bizarres, p. 782; leur organisation; de
quelle manière ils s'approvisionnaient & fabri-
quaient leiirs munitions; leurs ambulances,
p. 785; n'occupent jamais un poste fortifié,
p. 786; suivent, en cela, les indications des
chefs militaires des puissances ennemies, p. 787;
des publications répandues en Angleterre & en
Hollande appellent les sympathies de l'Europe
sur leur soulèvement, p. 790; brûlent & dévas-
tent plusieurs villages; sont battus, p. 796;
descendent dans le voisinage de Nimes, p. 8o3 ;
se répandent dans les environs de Lunel, p. 8o5;
leurs méfaits & leurs crimes, pp. 807, 808 ;
font une pointe sur le diocèse de Castres, p. 809 ;
battent les troupes de la marine commandées
par La Jonquière; leur riche butin, p. 816;
sont défaits par Montrevel; leur nombre; leurs
différentes expéditions, pp. 822, 823; battus
par M. de Lalande, p. 824; une de leurs am-
bulances est découverte, p. 825; dirigés sur l'île
Sainte-Marguerite, p. 826; négociations pour
leur soumission, p. 827; projet de les envoyer
aux armées après leur soumission ; commencent
à se soumettre isolément, p. 83o; armistice
conclu, p. 835; sont concentrés à Calvisson,
pour être envoyés à l'étranger; ordres du roi à
ce sujet, p. 838; leurs prières & leurs assem-
blées; leur illusions au sujet du rétablissement
du culte, p. 839; leur défection envers Cava-
lier, quand ils savent qu'ils doivent aller servir
en Portugal; se répandent de nouveau dans le
pays; grâce aux négociations du baron d'Aiga-
îiers, beaucoup se soumettent par petits grou-
pes, pp. 40, 841.
— de Ravanel surpris, p. 40.
— suppliciés à Montpellier & à Nimes; dix-sept
se sauvent de la tour de Constance, p. 41.
— BLANCS. Voir CaDETS DE LA CboiX.
CAMMAS, architecte, p. ii35.
Cammases, village de la montagne Noire, pp. I253,
1254.
Camon, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Campagna, au diocèse d'Alet, p. 1008.
CAMPAN, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
CAMPISTRON aîné, mainteneur des Jeux-Floraux,
p. 66..
CAMPMARTIN, bourgeois de Toulouse, p. 475.
CAMPMAS, docteur-médecin, député aux Etats
généraux, p. i37ë.
CAMPREUON, ministre protestant, p. 26.
Campredon, ville de Catalogne, prise par le duc
de Noaiiles, p. 3o.
CAMPS, ministre protestant à Mazamet, p. 18.
Camp-Domergue, p. 75o.
CAMUS, député aux Etats généraux, p. 1389.
CAMUSAT (Jean), p. i33.
CANADissiERS de Nimes, p. 79.
Canada, pp. 590, 1377.
Canal en Lauragais, demandé par la noblesse en
1614, p. 453.
— de l'Adda, p. 460.
— de Beaucaire à Aigues-mortes, pp. 12, 35, 64,
109, 123, 383, 944, 1129, ii32, ii33, 1134,
1226, 1228, 1428; historique des premiers pro-
jets sous Henri IV, Louis XIII, la Régence,
pp. 384, 385; lettres patentes accordées à Jac-
ques Brun, pp. 385, 386; résistance des États,
pp. 386, 387; nouvelle concession à Marc Pau-
let; le canal reste à l'état de projet jusqu'aux
dernières années du règne de Louis XV, p. 388.
— entre Beaucaire, Aigues-mortes & l'étang de
Pérols, p. 81.
— de Beaucaire à l'étang d'Escamandre, p. 83.
— du Bourgidou, p. 384.
— de la Brenta, p. 460.
— de Briare, p. 459.
— de Cette aux étangs, pp. 36, 67, 72, 93, 96,
126, 1 i32, 1 i33, I 134, I 146, 1294, 1428.
— des Deux-Mers. Voir Canal de Languedoc.
— de Languedoc, pp. 22, 23, 35, 55, 104, iio,
125, 722, 843, 870, 897, 940, 1064, 1 i33, 1134,
1124, 1228, 1241, 1275, 1427; historique des
premiers projets du canal, remontant à Char-
les IX ou François I''', pp. 451, 452; délibéra-
tions des Etats; suite des études sous Henri IV,
p. 453; nouveaux projets au commencement du
dix-septième siècle, en 1618, |633, i65o, p. 454;
projets & différentes lettres de Riquet, pp. 20,
454, 455, 456, 407; renvoi de l'affaire aux
commissaires des États, p. 468; le projet est mal
accueilli par les États de la Province; le tracé
du canal de dérivation est jalonné de Durfort a
Naurouse, p. 459; les avis d'adjudication sont
publiés; son tracé en partant du point où
Riquet plaçait son embouchure, p. 460 ; la pos-
sibilité de son exécution est démontrée par le
creusement de la rigole d'essai; sera complété
par la création du port de Cette, p. 463; la
rigole amène l'eau du Sor à Toulouse & à Car-
cassonne; indifférence des États, p. 463; tout
concours pour sa construction est refusé par les
États, p. 464; l'adjudication des travaux est
donnée à Riquet; le canal est érigé en fief; deux
mille ouvriers travaillent à sa construction, en
janvier 1667; il doit être exécuté en huit années,
pp. 21, 465; inauguration des travaux du ca-
nal; cérémonie à propos de la fondation de
l'écluse de Garonne, pp. 21, 474; règlement
sur les ponts à construire, p. 26; est visité à
sec; essai de navigation, p. 26; droits des sei-
gneurs péagers, p. 28; durant plusieurs années
est l'ouvrage le plus considérable du royaume;
sollicitude de Colbert à son égard; état de l'a-
vancement des travaux, p. 5i3; vérification des
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1471
cr.nvaux; son inauguration; sommes dépensées
3 sa construction par le roi, la Province &
l'entrepreneur, p. 5i5; le premier usage fait
par l'Etat du canal fut le transport du matériel
de guerre qui devait bombarder Gênes, p. 5i6;
visité par ordre du conseil d'Etat, p. 61; sei-
gneurs riverains, p. 68 ; convention pour l'entre-
tien des épanchoirs, aqueducs & rigoles, p. 72;
entretien des divers ouvrages du canal, p. 74;
vérification s'il peut être joint à la robine de
Narbonne, pp. 72, 86; son établissement ruine
le diocèse d'Albi, p. 698; études des réparations
à faire au canal en 1727, p. 1009; réclamations
des riverains, pp. 1060, 1061; expertises faites
par divers personnages; arrêts du conseil con-
cernant cette afîàire, p. io6i.
Canal de Lattes, p. 843.
— du Lez & de la robine de Lattes, p. io55.
— des Losmes, en Provence, p. 07.
— de Lunel, p. 844.
— de Nimes à Aigues-morfes, par le Cayla, p. 127.
— de la Radelle, dans l'étangde Mauguio, p. 1 1 34.
— du Rhône, pp. 26, 892.
— de la Robine, entre la robine de Narbonne &
le canal du Languedoc, pp. 29, 83, 86, 91, 1 15,
699, 843.
— Saint-Pierre, i Toulouse, p. 1 1 5 ; ouverture de
la navigation le 14 avril 1776, p. 1 14.
— du Tessin, p. 460.
— de Toulouse à Moissac projeté, pp. 1227, 1 228.
— de Venise à Padoue, p. 453.
— latéral au Tarn, projeté en 1748, p. 1088.
Canalisation du bas Rhône, p. 1.
Canaries (Iles), p. 927.
Canaux, p. 1369.
— des étangs de Languedoc, p. !>8.
— du Milanais & de la Vénétie; ont donné la
première idée du canal de Languedoc, p. 461.
— proposés, pp. 1226, 1227.
Candeil, abbayej ses armoiries, p. 684.
Candiac, p. 747.
— (Moulin de), p. 748.
— (Château de), p. 765.
Candie (Siège de), p. 1071.
Oandillargues, commune, pp. 74, ii25.
— (Pont de), p. 95.
CAVDILLARGUES (de), lieutenant principal au
siège présidial de Montpellier, p. 2i5.
Canes, montagne, p. 710.
CANES (de), p. 469.
CANILLAC (Marquis de), brigadier d'infanterie,
pp. âo 1 , 80Z.
Canillac (Maison de), p. 1384.
Canoubgob (La), p. 744; ravages qu'y fait la peste,
p. 962.
CANTALAUZE (de), conseiller au parlement de
Toulouse, pp. 119a, 1198; son exil p. 1218.
CANTUER (Emmanuel-Louis de), p. 3i6.
Cap de Cette; projet d'y établir un port, p. 463.
Capelade, hameau en Gévaudan, p. 966.
CAPELItR, p. ii3o.
CAPELLA (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
CAPELLE, consul de Saint-Kaufary, p. ç58.
Cape N DU, au diocèse de Carcassonne, pp. 871, 1008.
— (Hôpital de), p. 695.
Capens, commune, p. icop.
Capestang, commune, pp. 74, 126, ii25, 1401.
Capette, commanderie de l'ordre de Malte, p. 1 i36.
Capitation, pp. 36, 41, 48, 5i, 53, 54, 76, 93,
io5, 755, 871, 971, 1369; son établissement
proposé au roi par les Etats de la Province de
Languedoc pour toute la durée de la guerre;
pensée patriotique qui guidait les Etats dans
cette occasion; dispositions préliminaires prises
dans les assemblées d'assiettes; avantages St hon-
nêteté de cet impôt, pp. 665, 666; est établie
par une déclaration du roi du 18 janvier i6>7.~',
pp. 76, 666; raisons données par Louis XIV
sur la nécessité de cet impôt; la société fran-
çaise, moins le clergé, divisée en vingt-deux
classes; causes de l'omission du clergé dans le
tarif, pp. 667, 668; texte du tarif fixant l'im-
pôt pour les vingt-deux classes en lesquelles
est divisée la société française; hiérarchie spé-
ciale créée par les révolutions de la fortune
dans la classification de la société, pp. 668, 669,
670, 671, 672; le clergé rachète cet impôt par
un don gratuit annuel de quatre millions de
livres, p. 673; son application à Toulouse; in-
justices commises par les commissaires réparti-
teurs de l'impôt, p. 674; lenteurs & difficultés
pour sa perception; indélicatesse & vénalité
d'employés subalternes, p. 676; en sont exemp-
tées les communes brûlées par ordre du roi,
p. 40; sa levée réglée par les Etats, p. 46; ré-
duite en 1738, p. 72; employée jusqu'à 800000
livres, en 1739, au remboursement des créanciers
dj la Province, p. 73; règlement du conseil
d'Etat pour sa levée, p. 76; augmentations ra-
chetées par la Province, p. 83; taxes doubles
abonnées par la Province, p. 95,
— (Décharge de la), pp. 42, 43; en faveur du
diocèse de Nimes, p. i to.
— (Remise sur la), pp. 42, 43, 44, 67; en sep-
tembre 1742, de 60000 livres, p. 77; en 1743,
de 494300 livres; en 1744, p. 80; de 3ooooo li-
vres en faveur de plusieurs diocèses & commu-
nes, p. 88.
— du dixième maintenue, p. 906.
Capitouls de Toulouse, pp. 2, 6, 8, 10, 3i, 53,
164, 242, 3 18, 366, 523, ii35; leur nomination
par le roi ; scènes violentes avec les commissaires
du Parlement; leur élection est cassée, p. 3 ;
arrêt concernant leur domicile, p. 5; nommés
par ordonnance, p. 117; texte de la lettre du
roi & de la régente leur annonçant la mort de
Louis XIII, p. i36; leur salutation au Parle-
ment après leur nomination, p. 137; subissent
la mauvaise humeur du Parlement, p. i39; leur
élection, p. 169; cérémonies de leur installa-
tion, p. 170; sont appuyés par le duc d'Orléans;
leurs démarches à Paris, pp. 222, 223; rétablis
dans leurs charges par arrêt du conseil, p. 226;
leur rôle aux Etats, p. 23 1 ; résistent au Parle-
ment, p. 297; assistent aux obsèques de M. de
Montchal, contre le gré du Parlement, p. 317;
1472
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
lettre qu'ils reçoivent du roi, au sujet de la dé-
fection de Marsin & des menées du prince de
Condé, p. 323 ; reçus en audience par Loviis XIV,
p. 370; lui offrent les présents de la ville; visi-
tent la reine-mère, le duc d'Anjou, M"'' de Mont-
pensier, le duc & la duchesse d'Arpajon, p. Syi j
nommés par le roi durant son séjour à Tou-
louse, p. 375 ; font leur visite au roi, à la reine
& aux princes du sang; se plaignent amèrement
des rigueurs du roi contre la ville de Toulouse,
p. 376; leurs démarches au moment du second
voyage de la Cour, pour obtenir le rétablisse-
ment de l'abonnement des tailles, p. 389; leurs
démêlés avec le Parlement au sujet des droits de
commutation, p. 417; ont le droit de visiter
toutes Us maisons, même celles des officiers du
Parlement, p. 418; s'occupant de négoce ou
étant revenus au palais, se trouvent, à la suite
d'un arrêt du conseil, déchus du titre de no-
blesse acquis par la charge capitulaire, p. 449,
assistent en corps à l'inauguration des travaux
du canal de Languedoc, p. 474; fêtes qu'ils
donnent à Toulouse après la naissance du duc
de Bourgogne; entourent la relique de la Sainte-
Epine à la procession faite à Saiiit-Sernin à
cette occasion, p. 523; donnent un grand dîner
dans la salle de l'hôtel de ville, p. 624; ordre
qu'ils reçoivent de Fontainebleau concernant
les filles de l'Enfance, p. 585; influences faisant
leur élection, p. 593; nommés par le ministère,
pp. 596, 597; leur mauvaise administration
réformée par BàviUe, p. 604; sont empêchés
par l'intendant d'envoyer à tout propos des
députations hors de Toulouse, p. 6o5 ; leur ha-
bileté & leurs mensonges sur l'origine de leur
pouvoir, pour échapper aux taxes personnelles,
p. 625; leur émotion à la suite de la décision
du conseil d'Etat du 14 juillet 1691, pp. 63o,
63 1 ; citations d'un curieux mémoire au sujet de
leur administration, p. 632; sont maintenus
dans la dispense de la taxe d'anoblissement,
après le payement de 25oooo livres des deniers
de la ville, p. 634; abus qu'ils faisaient de leur
privilège d'anoblissement, p. 716; leurs repré-
sentations au sujet de l'éloignement du Parle-
ment, p. 1357.
Capitoulat de Toulouse; sa transformation,
pp. 1289, 1290, 1291, 1292, 1293; remontran-
ces au roi faites par le Parlement au sujet de la
réforme de 1778, pp. i3i5, i3i6, i3i7, i3i8.
— de Saint-Pierre, à Toulouse, p. 378,
. — de Saint-Sernin, à Toulouse, p. 378.
Cap-Nègre, p. 722.
CAP.S1R, pays aux sources de l'Aude, pp. 356, 373,
400, 5i6.
CAPTIER, de Limoux, p. 1207.
Capucins, p. 3 18; leurs réclamations afin d'éviter
de payer certains impôts, pp. 1064.
— missionnaires, p. 741.
— de Castres; concessions en leur faveur signées
par Louis XIV, p. 390.
— de Chalabre, p. 416.
— de la Mission, à Florac, p. 14.
— établis à Limoux, pp. 409, 416.
— de Toulouse, p. 585.
Caractère des habitants de Languedoc, pp. 697,
i38i.
Caragocdcs, pp. 661, 1265.
Caraman, ville du Lauragais, pp. 100, 101, 1240,
1265, i35o, 1402, 1404; ses armoiries, p. 687.
— (Chapitre de Saint-Félix de), p. 1 18.
— (Comté de), pp. 14, 1 5, 18, 12, 26, 118, 120,
5i3, 1252; réuni au Languedoc, p. 117; causes
qui avaient amené l'adjonction de ce comté à la
Guienne, pp. 1296, 1297.
CARAïVIAN (Comte de), p. i35; ses relations avec
le poète Maynard, p. 246.
CARAMAN(de); sa brillante retraite sur Louvain,
p. 41.
CARAMAN (Comte de), lieutenant général en Lan-
guedoc, p. 112.
CARAMAN (de), p. 1228.
CARANOVE, libraire à Toulouse, p. io58.
Cabavettes, baronnie, pp. 96, 100.
CARBON (Abbé de), p. 365.
CARBON (de), p. 435.
CAP.BON (Montpezat de), archevêque de Toulouse.
Voir mÔnTPEZAT DE CARBON.
CARBON (de), nommé conseiller au parlement
Maupeou, p. 1214.
CARBON (de) fils, nommé conseiller au parlement
Maupeou, p. 1214.
Carbonne, ville maîtresse du diocèse de Rieux,
pp. 55, 255, 1261, 1404.
CARBONNEL, assesseur au tribunal des capitouls;
son avis de relaxer tous les accusés de l'affaire
Calas, p. 1 166.
Carcan; y sont mises les personnes trouvées en
possession de sel prohibé, p. 844.
Carcasses, pays, p. 699.
Carcassonne, ville épiscopale, pp. 5, 10, i3, 21,
35, 53, 55, 56, 59, 63, 65, 69, 75, 76, 79, 81,
82, 83, 88, 90, 94, 99, 104, io5, 120, 121,
122, 124, 125, i56, 237, 240, 289, 3i4, 315,
329, 359, 36i, 38o, 389, 399, 432, 452, 459,
469, 472, 476, 498, 639, 696, 871, 890, 990,
1004, loio, io65, 1 124, 1 149, 1 160, 1 178, 1210,
1236, 1254, i347, 1376, 1378, i385, 1404, 1405,
1418; son académie d'équitation, p. 26; date
de l'établissement de l'hôpital général, p. 3o ;
droit sur la viande de boucherie, p. 84; ses
élections municipales sont cassées, p. io5; con-
firmation des privilèges de la cité, p. 117; sup-
pression du couvent de la Merci, p. 119; les
Etats sont tenus dans la ville basse en 1648,
p. 273; agitation à l'occasion du renouvelle-
ment des consuls, p. 337; élections municipales
cassées par le Parlement de Toulouse; le sergent
royal qui a signifié l'arrêt du Parlement est
condamné à mort & pendu; sévices contre la
veuve de ce sergent, p. 338; désordres à propos
de l'impôt du sel, p. iâçi arrêt sévère prononcé
contre la ville par la cour des aides, p. 36o; est
annulé, p. 36 1 ; ses armoiries, p. 687} sa po-
pulation en 1698, d'après Bâville, p. 692; les
jésuites y dirigent un collège, p. 695; l'évêché
qui était encore dans la cité est transféré dans
la ville basse, p. 1062.
— (Abbaye Saint-Hilaike, à), p. 85.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
1473
Carcassonne (Cité de), p. 106.
— (Diocèse de), pp. 5û, 62, 78, 88, pt, 94. 96,
97, 98, 100, 102, 10(5, 107, 126, i56, 209,
497, 5io, 619, 746, 894, 9^3, 1007, 1008,
1061, I 149, I 178, 1287 9 cité par Bâville comme
une démonstration éclatante de la richesse que
l'activité humaine peut donner à un pays peu
fertile, p. 699; reçoit des secours à la suite des
désastres de 1707, p. 871; ravagé par la grêle
en 1727, p. ioo3.
— (Erêque de), pp. 990, 1004.
— (Grand bailliage de), p. 128.
— (Hâpital de Sainte-Croix, à), p. ôpS.
— (Hôtel-Dieu de), p. 695.
— (Plaine de), p. 1 159.
— (Présidial de), p. 12.
— (Séminaire de), p. 85.
— (Sénéchaussée de), pp. 99, 128, 126, 127, 893,
1102, i366, i3('i7, j383, i385; cert.jins do-
maines y sont soumis à la coutume de Paris,
p. 693; unie provisoirement à celle de Toulouse,
p. 129.
CARDAILLAC DE LÉVIS (Louis de), comte de
Bioules, p. 2;)i.
Cabdaillac, grosse cloche, à Toulouse, p. 3i6.
Cardes à laine, p. 62.
Cai'.det, lieu, p. 841 .
Cardeurs de laine de Lodève, p. 81.
CARDONNE (Duchesse de), p. 1S6.
Cafiextax (Congrégation dej, p. 1104.
CARION DE NIZAS (Henri de), p. 863.
CARLAT DE LA QUEILLE (François), chanoine
de Pamiers; est banni à. Jargeau par lettre de
cachet; conduit à Peccaisj il y meurt couvert
d'ulcères, p. 5i 8.
CARLOT (Pierre de), conseiller de la chambre de
ledit de Castres, p. 8.
Carvacx; ses armoiries, p. 687.
CAP.ME (de), subdélégué de l'intendance de Mon-
lauban, p. 872.
Cakmes, p. 3 18.
— de Montréal supprimés, p. 116.
— (Grands), p. 25o.
— déchaussés du Désert, p. i 104.
Carmélites de Toulouse; à défaut d'une somme
promise par Louis XIII pour la construction de
leur couvent, elles reçoivent un don de bois 8c
de sel, p. 379.
Cap.menel, p. 99.
CARNEY(de), ingénieur, pp. 76, 78.
CARNEY, ingénieur, directeur des travaux dans
la sénéchaussée de Carcassonne; sa famille; ses
enfants, p. 1114.
Carol (Vallée de), p. 400.
CAROL, habitant de Toulouse, p. 1402.
Caholine (La); des protestants français s'y réfu-
gient, p. 567.
CARON, notaire, i Paris, p. 1026.
Cabocx (Mont), p. 873.
CARQUET (Antoine), p. 864.
CARQUET (Chevalier de), p. i352.
XIII.
CARRÈRE (de), conseiller-clerc au parlement
Maupeou, p. 1214.
CARRERE, chanoine, à Toulouse, p. |356.
CARRIER, capitaine, p. 235.
CARRIÈRE (Pierre), capitoul, pp. 201, 220, 222.
CARRIÈRE, secrétaire des Etats de Languedoc,
pp. 1425, 1426.
Cart (Pont de), p. 1 149.
Carte de Cassini, p. 1400.
— des Cévennes, dressée à Paris pour faciliter la
destruction des paroisses condamnées, p. Soi.
— du diocèse de Narbonne, p. 1028.
— des diocèses d'Agde & de Béziers, p. 1028.
— du golfe de Lyon, depuis Marseille jusqu'à La
Franqui, p. 896.
— fonds votés par les Etats pour sa préparation,
p. 996.
— routière de la Province, gravée par Dupaintriel,
pp. i3o9, i3io.
Cartes diocésaines des sénéchaussées, dressées par
Ordre des Etats pour corriger 8c compléter la
carte routière de la Province; signes conven-
tionnels admis pour indiquer les diverses cljsses
de chemins, pp. i3o9, i3ici.
— des diocèses de Languedoc, pp. 996, 997.
— géographiques préparées pour la première édi-
tion de V Histoire de Languedoc, p. 997.
— DESSUNS 8t échantillons insérés dans un exem-
plaire manuscrit des Mémoires de Bâville,
p. 690.
Cartovnerie de Gentil, au diocèse d'Uzès, p. 107.
Cartels, p. 102.
Casal (Siège de), p. 194.
CASANOVE (Arnauld de), maître maçon, p. 453.
CASENEUVE (de), p. 626.
Casernes, pp. 64, 56.
— (Construction de), p. 85.
Cassagnas, paroisse 81 diotèse de Mende, pp. 746,
836, 1407; dévasté, p. 806.
Cassagnelle; Ses armoiries, p. 686.
Cassac.nols, marquisat, p. 104.
CASSAIGNAU DE SAINT- FÉLIX (Louis-Emma-
nuel de), conseiller au Parlement de Toulouse,
fait partie de la commission d'enquête de 178'i,
pp. i32i, i325.
Cassargues, paroisse, p. 332; son église est incen-
diée, p. 759.
CASSAING, ancien prieur de la Bourse de Tou-
louse, p. i363.
CASSAND (de); épitaphe en vers composée par lui
pour Riquet & insérée au Mercure de France,
p. 5io.
CASSAND (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
CA5SAN-CLAIRAC (de), conseiller au Parlement
de Toulouse; son exil. p. 1218.
Casses (Couvent des), p. 12.
Casses (Sainte-Claire des), couvent, p. i3.
CASSEYROL, capitoul, p. ii55.
Castacmac, commune, p. 1009.
9^
M74
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Castagnols, lieu des hautes Cévennes, pp. 41, yyS;
dévasté, p. 804.
— (Montagne de), p. 775.
CASTAING, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 242.
CASTAING (J.), officier municipal, p. 1414.
CASTAN, p. io5.
Castanet, village près Toulouse, pp. 1084, 1241,
1402, 1404; union de sa malndrerie & de plu-
sieurs autres hôpitaux à son hôpital, p. 32.
— (Maladrerie de), p. 696.
— (Hôpital de), p. 696.
CASTANET, chef camisard, garde forestier de
l'Aygoual, pp. 87, 749, 784, 797; fait des vivres
pour les insurgés & tue les gens qu'il soupçonne
d'espionnage, p. 754; sa soumission, p. 40; se
rend à Calvisson avec une partie de sa bande,
p. 840; rentré en France, est pris & rompu vif
à Montpellier, p. 41.
CASTANIER, p. 48.
CASTEL (Marie), p. 864.
CASTEL, sous-traitant, p. 207.
CASTEL, conseiller au Parlement, p. 247.
CASTEL (Jean), avocat au Parlement, nommé
chef du consistoire par lettre de cachet, pp. 376,
389.
CASTELBAJAC, décapité pour infraction à l'or-
donnance contre les duels, p. 193.
Castelfbanc, château fort, pp. 1 1, 353.
Casïelginest (Hôpital de), pp. 33, 696.
Casteljaloux, p. 368.
CASTELLANE, abbé, p. io23.
CASTELLAR (Marquis de), ambassadeur d'Espa-
gne, p. I o32.
Castei-Léon, fort de la vallée d'Aran, p. 297.
Castelmaurou, baronnie, pp. 3 18, 1241.
Castelnau, pp. 32, 85, 109, 246, 247, 482, 1241 ;
ses armoiries, p. 686.
— (Château de), p. 40.
— (Pont de), p. 233.
— (Hôpital de), p. 695.
CASTELNAU (Baron de); nom que prit, dans sa
jeunesse, Pierre de Bonzi, pp. 495, 868.
Castelnaudary, ville maîtresse du diocèse de Saint-
Papoul, pp. 23, 62, 107, ii5, 118, 120, 121,
124, i56, 280, 289, 320, 329, 38o, 470, 496,
5i3, 520, 864, 944, 989, 1218, 1253, 1254,
1255, 1263, 1378, i38o, i383, 1391, 1401,
1402, 1405, 1428; on y crée un conseil poli-
tique, p. 48; cérémonie qui y est célébrée à pro-
pos de l'inauguration du canal de Languedoc,
p. 5i5; ses armoiries, p. 687; ses plaines fer-
tiles, p. 698.
— (Collège de), p. 18.
— (Collège des doctrinaires de), p. 1 14.
— (Hôpital de), p. 696.
.— (Sénéchal de), p. 121 1.
— (Sénéchaussée de), pp. 696, 1367, 1384.
Castelnau de Bonafous, baronnie, pp. 23, 39,96,
36 1, 362, 1408.
Castelnau de Brassac (Seigneurie de), commune,
pp. m, 114, 957.
Castelnau d'Estrétefonts, pp. 4, 1404; union de
cinq hôpitaux à son hôpital, p. 33.
— (Baronnie de), p. 3o,
— (Hôpital de), p. 696.
— (Prieuré de), pp. 22, 1 189.
CASTELNAU D'ESTRÈTEFONTS (Baron de),
pp. 287, 896, 990.
Castelnau de Montmirail (Seigneurie de), pp. 957,
1408.
Castelnet, p. 36 1.
CASTELNOUVEL (Potier de), p. 3i6.
CASTELPERS (de), sénéchal de Castres, p. 22.
CASTELPERS (Marquis de), pp. 1225, |352.
Castelrexg, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Castelsarrasin, ville maîtresse du diocèse Bas-
Montauban, pp. 76, 328, 332, 991, 1008, i263,
1282, 1403, 1404; répare ses murailles & se
met en état de défense, p. 327.
Castelviel, pp. 59, 121.
— (Maladrerie de), p. 696.
Casteras, commune, p. 1009,
Castille, p. 927.
CASTILLE (Baron de), p. 124.
CASTILLE (de), surintendant de la maison de
Gaston d'Orléans, domaine & finance, p. 186.
Castillon, pris par le prince de Conti, p. 12.
CASTILLON, concessionnaire de Salins, p. 117,
CASTILLON, de Limoux, p. 1207.
Castillonez (Bois du), p. 474.
Castrais (Pays); ses produits naturels & ses ma-
nufactures, pp. 698, 1401.
Castres, ville épiscopale, pp. 18, 20, 47, 55, 56,
58,05, 73, 79, 82, 85, 88, 97, 99, loo, ii3,
ii5, 116, 120, 123, 124, 127, 177, 299, 3i8,
362, 472, 496, 566, 567, 768, 890, 1004, 1067,
1069, 1073, 1142, 1348, 1376, 1391, 1402,
1408, 1418, 1428; l'évèque ordonne la cons-
truction d'une cathédrale, p. 71 ; création de la
sénéchaussée, p. 86; les consLiIs sont invités à
eiigiiger les protestants à abjurer; ils se sou-
mettent sans difficulté, p. 554; occupée par les
troupes après les conversions en masse, p. 555;
sa population en 1698, d'après Bâville, p. 692;
les jésuites y dirigent un collège, p. 695,
— (Capucins de), p. i5.
— (Collège des jésuites de), p. 87.
— (Evèque de), pp. 63, 297, 3 18, 85o, 868, 946,
1067, I I 17, 11 48, 1408.
— (Sénéchal de), p. 121 1.
— (Sénéchaussée de), pp. 1 367, i383, |385.
— (Comté de), p. 470; certains domaines y sont
soumis à la coutume de Paris, p. 693.
— (Diocèse de), pp. 42, 56, 88, 91, 92, 94, 95,
98, 99, 100, 102, 106, 114, 122, 126, 127,
i56, i65, 260, 619, 664, 769, 770, 894, 1007,
1081, 1088, 1177, 1178, 1246, 1287, 1400;
les camisards font une pointe sans résultats
dans ce diocèse, p. 809; ravagé par la grêle en
1727, p. ioo3.
— (Montagnes de), p. 1034.
— (Pays de), pp. 1249, 1255.
— (Evèchè de), p. 1408.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
1475
Castries, baronnie, pp. r, 8t, 129.
Castbies, commune; ses armoiries, p. 686; com-
prise dans le département du bas Languedoc,
p. 1401.
— fMarquisat de), p. 3.
CASTRIES (Baron de), p. iSp, 314, 469.
CASTRIES (Comte de), pp. 2i3, 216.
CASTRIES (Marquis de), pp. 168, 339, '°35;
promu chevalier du Saint-Esprit, p. 4o5; épouse
une nièce de Bonzi, évéque de Béziers, p. 494;
étouffe l'insurrection du Vivarais, p. 496; fait
l'ouverture des Etats en 1671, p. 23.
CASTRIES (de), fils du précédent & neveu du car-
dinal de Bonzi, épouse M"'' deVivonne; son
mariage est célébré chez M"" de Moniespan,
p. ■?,».
CASTRIES (Marquis de), sert dans l'armée de
Bohême en 1742, p. 1064; entre aux Etats de
Languedoc, en 1746, comme baron de Castries,
p. 81.
CASTRIES (Marquis de}, p. i3 12 ; achète le comté
d'Alats au prince de Conti, p. ii5; prend en
1777 place aux Etats de Languedoc comme comte
d'Alais, p. 116.
CASTRIES (Maréchrl duc de), secrétaire d'État;
fait partie de l'assemblée des notables en 1786,
p. i335; représentant la vicomte de Paris à
l'Assemblée nationale réclame l'honneur de sa-
crifier aux représentants de la nation la préro-
gative de baron des Etats, p. 1392.
CASTRIES (Marquise de); son esprit politique,
p. 5oo.
Catalans révoltés, p. 862.
Catalens, au diocèse Bas-Montauban, p. 1008.
Catalogne, pp. 162, 164, i65, i83, 208, 209,210,
j36, 239, 240, 25i, 262, 176, 3i8, 3ai, 324,
H42, 364, 387, 5l2.
CATEL (de), officiai, p. 3i6.
CATELAN, baron de Gaure, capitoul, p. 243.
CATELAN, capitoul, p. 244.
CATELAN (de),ch»noine de Saint-Sernin, p. i 226.
CATELAN (Chevalier de), mainteneur des Jeux-
Floraux, p. 661.
CATELAN, avocat général au Parlement; est ar-
rêté, p. 127; prisonnier au château de Lourdes,
p. i344; fait partie du conseil général tenu à
l'hôtel de ville de Toulouse en 1789, p. i365.
Catelet, lieu, p. 159.
CATHELAN, capitoul, pp. 3i7, 449.
CATHELAN, conseiller au Parlement deToulouse,
pp. 3o3, 336, 349.
CATHELAN (M"" de), pp. 583, 684.
CATHELAN, épicier à Nimes, p. 992.
Catholiques déchargés des dettes des réformés,
p. 17; peuvent seuls être juges bannerets, p. 20;
croient à la subornation, par les protestants,
des domestiques catholiques, p. 283; prennent
les armes à la suite des premiers attroupements
des protestants, p. 529.
— massacrés dans les environs de Genouillac,
p. 37.
— des Cérennes; sont frappés de terreur, p. 743.
CATINAT, général; ses savantes opérations em-
pêchent la frontière française d'être entamée,
p. 62 I .
CATINAT, sobriquet porté par Abdias Morel, lieu-
tenant de Cavalier, pp. 748, 789, 824, 878;
commande la cavalerie de Cavalier; son entre-
vue avec M. de Lalande, pp. 833, 834; se pro-
nonce contre Cavalier après la soumission de
celui-ci, p. 841; sa soumission, p. 40; rentre
en Languedoc & prend part à la conjuration de
Nimes, p. 858; cent louis d'or sont promis à
qui le livrera, p. 869; essaie de sortir de Nimes
sous un déguisement; est reconnu, arrêté, jugé
& condamné à être brûlé vif; durant sa torture
dénonce divers complices, pp. 41, 860.
CAUCHON DE MAUPAS DU TOUR (Henri), évé-
que du Puy, p. iSp; son sermon devant les
Etats de 1,649, P' 5^5; provoque une protesta-
tion des Etats contre l'interprétation donnée à
son sermon, p. 286.
Caudesaigies, baronnie, p. 260.
CALDits, village du diocèse d'Alet, pp. 98, 409,
415, I 178.
Cal'jac, lien du diocèse de Rieux, p. 873.
CAULET (Jean de), évéque de Grenoble, p. 1023.
CAULET (Etienne-François de), évéque de Pa-
miers, pp. 414, 865; prononce l'oraison funèbre
de Nicolas Pavillon, p. 5o8 ; est en guerre avec
les jésuites, p. 5i7.
CAULET (de), prieur, p. 517.
CAULET, juge-mage, pp. 171, 173, 282; sa lutte
contre le Parlement, pp. 204, 2o5, 106, 207;
est désavoué par le conseil d'État, p. 208.
CAULET (de), président au Parlement de Tou-
louse, pp. 3o5, 349.
CAULET, président à mortier au Parlement de
Toulouse, mainteneur des Jeux-Floraux, p. 661.
CAULET des Augustins, du Parlement de Tou-
louse, p. 349.
CAULET, trésorier de France, p. 1045.
CauliES, dans les Cévennes, p. 1071.
Caijac, lieu du diocèse de Rieux, p. 873.
CAUMELS (de), avocat au Parlement de Toulouse,
capitoul, p. 36-; son opposition à la nomina-
tion de propriétaires de charges royales comme
députés du tiers, p. 282; est chef du consistoire
en i665, p. 438.
CAUMELS (de), vicaire général à Toulouse, p. 348.
CAUMELS (Pierre de), conseiller au Parlement,
pp. 219, 221, 224, 3i7, 326, 329, 349.
CAUMELS (Marquis de), p. !353.
CAUMELZ, archidiacre de Toulouse, conseiller au
Parlement, p. 3 16.
CAUMELZ, capitoul. ^oir CAUMELS, avocat au
Parlement de Toulouse.
CAUMONT (de), frère du premier président Fieu-
bet, pp. 375, 376.
Calnes, pp. 94, 96, 97, 1149.
— (Abbaye de), p. 95.
— (Bois de), à l'est de Bragassargues, p. 764.
— (Montagne de), p. 897.
Calnettes, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
CAUSSADE, pp. I i65, 1218.
1476
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
CAUSSADE (de), président au Parlement de Tou-
louse; dispensé par écrit & provisoirement de
se rendre au lieu de son exil, p. 1219.
CAUSSANEL (Benoît), dominicain, pp. 1 186, 1 187.
CAUSSE, pp. 91, 783.
Caisse & Veyba.v, lieux, p. 394.
Causse du Tarn supérieur, p. 601.
Causse-Méjan, pp. 733, 798.
Cadsse (Plateaux du), p. 962.
CAUSSE (Jacques), p. 863.
CAUSSE (Thomas), p. 863.
Caux, lieu, pp. 394, 864.
Cavaléres (Chemin de), p. 985.
Cavalerie concentrée en Languedoc en 1719,
p. 938.
Cavaiets, commanderie de l'ordre de Malte,
p. I i36.
CAVALIER, géographe, contrôleur des fortifica-
tions en Languedoc, auteur d'une carte de la
Province, p. 460.
CAVALIER, commandant d'un régiment de milice
du diocèse d'Agde, p. 619.
CAVALIER (Jean), chef cévenol, pp. 37, 39, 40, 878 ;
son âge, son enfance, son adolescence, p. 757;
sert dans les boulangSries de Genève & de Lau-
sanne, p. 565) commence de prêcher dans la
plaine du Gardon, p. 753; sa bande naissante se
fait remettre des armes par le prieur de Saint-
Martin de Durfort; bat la plaine du Vistre, brûle
l'église de Caissargues & en tue le curé; son élo-
quence inculte &. passionnée fascine le peuple,
pp. 759, 760; réunit sa troupe au sud de la
paroisse d'Alais; à l'approche des troupes divise
sa troupe en quatre petits corps; met en fuite
les troupes du chevalier d'Aiguines, poursuit les
fuyards près d'Alais; trouve des armes, p. 762;
marche à la tète de sa bande tambour battant;
entre dans la ville de Sauve, pp. 763, 764; vient
à Nîmes sous un déguisement pour y faire pro-
vision de poudre, p. 768; tente un mouvement
sur le Vivarais, briile le château de Labastide
& désole plusieurs villages, p. 777; ne peut
réussir à passer l'Ardèche; combats heureux
d'abord, puis malheureux pour les insurgés,
pp. 778; écarté momentanément par la maladie
du champ de bataille, ne peut prendre part au
combat de Pompignan, p. 789; sa troupe grossit
à la suite des enlèvements faits dans le pays; le
bruit de sa mort est répandu, p. 796; après
l'assassinat de M"" de Miraman fait passer par
les armes trois hommes de sa bande, p. 808;
nombre d'hommes qu'il commande, p. 8i3; se
porte sur le village de Saint-Chapte avec quinze
\ cents hommes; après deux jours de marche prend
position au Devez de Martignarguc, p. 8r5;
bat les troupes de la marine & les met en dé-
route, p.8r6; après ce succès, marche en guerre
enseignes déployées; entre à Boucoiran ; en dé-
truit les défenses & y complète ses approvi-
sionnements; se porte sur Saint-Geniès deMal^
goires; médite des expéditions dans la X'aunage;
cantonne ses troupes à Caveirac, p. 822; après
un combat dans ce village se retire près de Bois-
sières; est cerné'; force le passage; sa troupe
subit de grandes pertes; franchit le Gardon 8s
gagne les bois d'Euzet; dégage son jeune frère
au pont de Rhosny; écrit à son père pour le
rassurer sur son sort; sa troupe fait encore des
pertes sensibles auprès d'Euzet, p. 823; pre-
mières négociations tentées pour le ramener,
p. 827; voit quatre cents hommes de sa troupe
prêts à lui faire défection, p. 83o; marche la
nuit & fait cacher ses troupes durant le jour;
est suivi de près par les troupes royales, p. 83 1;
écrit au maréchal de Villars pour lui offrir sa
soumission; ses conditions, p. 832; envoie un
de ses lieutenants à M. de Lalande; demande
une conférence au pont d'Avesnes, p. 833; es-
corte qu'il amène à la conférence du pont d'A-
vesnes; reçoit de Lalande son jeune frère qui
avait été fait prisonnier par les troupes roya-
les; sa proposition pour la sortie des insurgés
cévenols de France, p. 834; un armistice étant
conclu, sa troupe loge par billets à Vézenobre;
est convié par M. de Lalande & le maréchal de
Villars à une entrevue près de Nimes; de-
mande l'extension des grâces qu'il sollicite aux
bandes de Rolland, p. 835; part de Vézenobre
pour se rendre à Nimes ; apprend à Lezan la
défaite de Courbeville; maintient ses premières
résolutions; reçoit des otages, traite d'égal à
égal avec un maréchal de France; son costume;
son arrivée, p. 836; est fasciné par l'accueil
que lui fait le maréchal de Villars; promet d'al-
ler servir à l'étranger; doit rallier les bandes
errantes à Calvisson, p. 837; entre dans cette
ville & y prend les précautions militaires les
plus minutieuses; prie publiquement pour le
roi, le maréchal & l'intendant, pp. 838, 839;
se rend près de Roland qui le reçoit avec hau-
teur; est mal reçu & abandonné des siens à
son retour à Calvisson; voit sa vie en danger;
demande au maréchal de Villars l'élargissement
de tous les captifs; sa nouvelle entrevue avec le
maréchal, p. 841; reçoit un brevet de colonel
8c la promesse d'une pension ; est envoyé en
Alsace; est autorisé à se rendre à Versailles pour
conférer avec le ministre de la guerre; continue
sa route ; aux environs de Montbéliard, il trahit
sa parole & gagne Lausanne, p. 842; sa défec-
tion aide à remettre en faveur les maximes de
la répression à outrance, p. 869; commande
un régiment qui combat l'armée française à Ai-
ma nza ; parvient au grade d'officier général dans
les troupes d'Angleterre; est gouverneur de Jer-
sey; meurt à Chelsea, près de Londres, p. 842.
Cavanac, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
Caveibac, village à une lieue de Nîmes, au débou-
ché de la Vaunage, pp. 765, 836; occupé par
les Cévenols commandés par Cavalier, pp. 822,
823.
Cavillargles, compris dans le département de
Nîmes, p. 1406.
Cayla (Le); une assemblée protestante y est sur-
prise, p. 5o; affaire de cette commune avec le
marquis de Baschy, pp. 127, 128; des détache-
ments y sont placés en 1702, p. 747; lieu de
naissance de prophètes & de prédicants, p. 748;
occupé par les camisards, p. 807; l'épizootie y
fait des ravages en 1714, p. 902.
— (Marais du), p. io3.
CAYLA, sieur de Saint-Preignan, p. 3o3.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1477
CAYLAR (Jean de", sieur d'Espondeilhan, consul
de Béziers, p. 3o2.
Caylos, baronnie, p. 85.
CAYLUS (Comte de], p. i355.
CAYLUS (Marquis de), reçu aux États en r68o &
en 1737 comme baron de Rouairoux, pp. 26,
7'-
CAYLUS (Marquis de), maréchal de camp, com-
mande la cavalerie qui reprend Cette aux An-
glais, p. 885.
Cayba, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Caybes, lieu du canton du Puy, p. 1406.
CAZAL (Pierre), curé, p. 1 1 i5.
Cazal DE.S Bailes, au diocèse de Mirepoix, p. lootj.
CAZALAS, prieur des jacobins réformés de Mont-
pellier,prononce l'oraison funèbre deLouisXIII,
p. 178.
CAZALÈS (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
Cazalbe.noux, commune du diocèse de Mirepoix,
p. 871.
CAZALS (Jean), docteur en médecine, p. 863.
CAZALS (de), p. i352.
Cazakils, lieu, p. io32.
Ca7, \zii,s, commune du diocèse de Mirepoix, p. 871.
CAZE, négociant à Toulouse, p. i36,3.
Cazenove, p. 60.
Cazkbe.s; son pont doit être reconstruit à la suite
d'inondations, pp. 896, ici j par qui sont sup-
portés les frais de construction, pp. 52, 89 j
souffre encore de l'inondation de 1727, p. 1009;
des corps de garde y sont établis durant l'épi-
zootie de 1775, p. 1240; le bétail doit être en-
levé du pays, pp. 1261, 1266; compris dans
un des districts du département de "Toulouse,
p. 1404.
CAZF.S (Chevalier de), p. i352.
CAZKS DE LA RIBAUTE (de), p. i35l.
Cazillac (Bois de), p- 91.
— (Terre de), p. 962.
CAZOfLS-LES-BÉZIEBS, p. 140I.
— (Hôpital de), p. 696.
Ceillonke, cours d'eau, p. 1265.
Cfivtbes, en Vivarais, p. 1202.
CELÉS (de), conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1219.
Célibataires inéligibles au consulat de drcas-
sonne, p. 104.
CELIO PICCOLOMINI, nonce du pape, p. 401.
CELLAMARE (Prince de), ambassadeur de Phi-
lippe V, pp. 925, 929, io32j sa conspiration,
pp. 1059, 1079.
Cellekeuve, p. ii5o.
Cens d'éligibilité, p. 5i.
Cemîives, p. 72.
Ce.ntenaibe des événements de i5(')2 célébré à Tou-
louse; préambule de l'ordonnance publiée par
les capitouls à ce sujet, pp. 1 171, 1 172.
Cetie, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Ceps, pièces de bois entaillées servant à entraver
par les pieds les prisonniers, p. 739. ^
Cekdagne, pp. 345, 373, 400, 5ii, 521.
— française, p. 5i6.
Céeémonial des audiences de Louis XIV à Tou-
louse, pp. 369, 370.
Cép.émomes religieuses à propos de la peste de 1721,
p. 961.
Cèbet, p. 309.
CERLE (Jean), vicaire général & officiai de Pa-
miers, p. 5i7; son attitude dans l'afTaire de la
résrale le fait condamner à mort & exécuter en
effigie; condamné ensuite aux galères à Mar-
seille; meurt dans sa retraite, p. 5 18.
Cerretani de Strabon, appartiennent-ils tous à
l'Espagne? p. 400.
Cessexon, pp. 33o, 394, 1401.
Cesseras, pp. 40, 870.
Cette, pp. 48, 49, 5o, 52, 53, 55, 56, 60, 61, 62,
64, 66, 69, 73, 93, 1 13, 1 16, 700, 725, 884, 890,
948, 937, 965, io56, 1064, 1146, 1279, i3i4,
1400; liberté aux artisans de s'y établir, p. 24;
transaction avec Frontignan pour les limites
des deux communes, p. 76; délimitation de la
commune, p. 82; un entrepôt dans son port
est déclaré nécessaire par Bâville, p. 704; atta-
quée & pris? par les Anglais, p. 884; attaquée
par les troupes de Noailles, p. 885; reprise sur
les Anglais qui oublient le poste du Môle, p. 886.
— (Port de), pp. 22, 25, 3i, 46, 63, 81,726, 858,
1029, 1125, ii3o, 1294; fermé par une chaîne,
p. 66; sa création, p. 463; sa construction
confiée à Riquet, p. 5i4; visité par le comte
d'Eu, p. I 192; ce port est ouvert à l'entrée des
marchandises d'Angleterre, p. 126; son ouver-
ture au commerce du Levant demandée, p. 1384.
Cévenses, pp. 8, II, 18, 19, 42, 5o, 5i, 54, 60,
64, 65, 74, 121, 122, 134, 148, 167, 176, 177,
192, 349, 397, 423, 481, 482, 483, 484, 487,
497, 528, 544, .557, 584, 59c, 600, 602, 609,
616, 643, 645, 6,;6, 701, 709, 710, 73o, 733,
739. 744. 74'5. 747. •'■'4. 778, 8i3, 814, 818,
819, 880, 882, 883, 88-, 8çc, 918, 944, 977,
981, ioo3, 1066, ii5.**, t3io, i3i3, i32o, i333,
i385, 1407; regarHécs comme le plus ferme bou-
levard du protestantisme en Languedoc, p. 480;
mœurs de leur popul.ition, p. "i.lo; la tournée
du maréchal de Noailles & de Bàville amène
des conversions rapides, p. 555; l'exaltation des
habitants inquiète le duc de Noailles, p. 587;
projet d'expatrier en bloc une partie de leurs
habitants, pp. 588, 589; état de leurs chemins
au moment de la révocation de l'édit de Nantes;
on y construit vingt-cinq chemins; largeur de
ces chemins; leur réseau ; sont exécutés unique-
ment avec les ressources de la Province, p. 601;
commencement de l'insurrection, p. 617; la si-
tuation empire, p. 618; avantages des positions
militaires de ces montagnes exploités en vue
d'une intervention étrangère, p. 790; leur dé-
vastation par les troupes royales, pp. 799, 800,
801 ; V'illars y fait une tournée & assemble les
communes, p. 827; on veut y tenter un soulève-
ment en 1709, p. 3 18 ; sont visitées en 1722 par
de Bernage & le di c de Roquelaure, pp. 967,
968; dévastées par la grêle en 1727, p. 1004.
— (Hautes), p. 759.
1478
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
Cf.vf.\nes méridionales; leurs produciions , leurs
manufactures, p. 702.
— (Forêts des), p. 474.
— (Assemblées dans les), p. 10.
— (Synode des), tenu au Vigan, p. i5.
Cévenols, leur soumission aux ordres du roi pour
échapper à l'occupation militaire, p. 1 Ô5 ; illu-
sions du duc de Noailles à ce sujet, p. '>â ' ;
leur bravoure exaltée par l'auteur anonyme d'un
mémoire publié en Hollande, p. 790; réunis
dans une métairie des environs d'Uzès, p. 887.
Cézas, lieu, p. 764.
Céze, rivière, pp. ySi, 743, 747, 775, 777, 778,
788, 870, 1406.
— (Bassin du), pp. 482, 774; visité par les cami-
sards, p. 807,
— (Bois du), p. 41.
— (Coteaux du), pp. 774, 778.
— (Gorges du), p. i3io.
— (Vallées du), pp. 424, 488, 601, 776.
Chabahler, lieu ravagé par la peste, p. 962.
CiiABANERiE, paroisse, p. 1410.
Chabanis (Pont de), p. 96.
Chabreii.les, en Vivarais, p. 1202..
Chabbiéres, p. 8o5.
CHABRILLANT (Comte de), p. i3i3.
Chabrits, p. 96.
Chabroliêres, en Vivarais, p. 1202.
Chaculier, hameau en Gévaudan, p. 966.
Chadenac, en Vivarais, p. 1202.
CHADENAC (Comte de), p. 44.
Chaire de chimie docimastique fondée à Mont-
pellier & à Toulouse; les deux chaires occupées
par Chaptal, pp. i33o, i33i.
Chaires de l'Université à la nomination du Par-
lement, p. 268.
.— de physique & de minéralogie créées par la
Province, p. 1 20.
— de physique expérimentale & de chimie doci-
mastique créées à Toulouse & à Montpellier,
p. 120.
Chaise-Diec (La), p. 1406.
— (Prieur de La), p. 85i.
CHAISE (Marquis de la), p. 1 198.
Chaises roulantes de Languedoc, p. 64.
Chalabre, lieu, pp. 53, 07, 60, 110, 409, 416,
472, 1207.
CHALAIS (Comte de), pp. 19, 186.
Chaldecoste (Côte de), pp. 94, 1149.
Chalancon, en Vivarais, pp. 27, 44, 106, 534,
538, 733, 879, 1201 ; une des premières assem-
blées des protestants y est tenue, p. 53 1 ; le châ-
teau est occupé par les troupes, p. 535.
CHALON (Marie de), marquise de Malauze, p. 260.
ChalonS (Evéque de), p. 446.
Chalosse (La), envahie par l'épizootie, p. 1246.
CHALUCET-MESSIGNAC (Marquis de), p. 553.
CHALVET, sénéchal de Toulouse, p. iio3.
CHALVET (Chevalier de), p. i3o2.
CHALVET-GAl'JOUZE (Chevalier de), p. i352.
CHALVET- MERVILLE (Marquis de), pp. i352,
i363.
CHALVET-ROCHEMONTEIX (Chevalier de),
p. i352.
CHAMAND (Pierre), p. 84.
CHAMBERLAC (Sieur de), p. 95.
CiiAMEEnLHAc, en Vivarais, p. 1202.
CHAMBERLIN, p. Sj; établit une fabrique de
filelles, p. 33.
CHAMBERT, syndic du diocèse d'Albi, p. Sop.
CHAMBERT (Françoise de), p. 576.
Chambon, lieu, p. 776.
— (Abbaye de), p. 1 198.
CHAMBON (Abbé de), p. 488
CHAMBON (Claude), p. 490.
CHAMBON, curé de Beauregard 8c de Versac; son
mémoire relatif à la situation morale & maté-
rielle de la ville de Toulouse, p. 1226; projet
d'un canal de Toulouse à Moissac, p. 1227.
CHAMBON DE LA TOUR, maire d'Uzès, député
aux Etats généraux, p. 1378.
CHAMBONAS (de), vicaire général de Viviers,
p. 409.
CHAMBONAS (Comte de), pp. 49, 616, 620, io36.
CHAMBONAS (Marquis de), pp. 60, 1118, I198,
1285.
Chambord, château, pp. 28, 188, 55o.
Chamborigaud, dans la vallée du Luecb, p. 776.
— (Montagne de), p. 482.
Chambre de l'édit de Castres, pp. 5, 12, i3, 20,
181, 283, 323, 352; envoie un de ses conseil-
lers pour veiller au maintien de l'ordre dans
les pays protestants, p. 8; projet de sa réunion
au Parlement de Toulouse, pp. 17, 283, 280;
arrêt de partage, p. 299; transférée à Castel-
naudary, p. 496.
— de redit de Castelnaudary supprimée, p. .520;
date de sa suppression, p. 25.
— de l'édit de Grenoble, p. 323.
— de commerce de Montpellier, pp. 39, 384.
— de commerce de Toulouse, pp. Sp, 1384.
— des eaux & forêts de Toulouse, p. 100.
— des comptes, aides & finances de Montpellier,
p. 181; sa juridiction, pp. io5o, io5i, ioSj,
io53, 1054.
— des comptes ecclésiastiques, p. 862.
— des comptes de Navarre, p. 872.
— des vacations du Parlement de Toulouse; ses
protestations contre le nouvel ordre de choses,
p, I4i3; refuse de transcrire les lettres patentes
constituant le nouvel ordre judiciaire, p. 1414;
ses membres sont décrétés d'arrestation, pp. 1422,
1423, 1424.
— dorée au palais de justice, à Toulouse, p. 1415.
Chambres de commerce établies dans différentes
villes ; leur organisation à Toulouse & à Mont-
pellier, pp. 848, 849; durée de leur existence,
p. 849.
— mi-parties; leur suppression, p. 22.
CHAMBRE (de la), p. i33.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1479
CHAMILLARD, ministre, secrétaire d'État au dé-
partement de la guerre & contrôleur général
des finances, pp. 714, 729, 735, 739, 807, 82^,
833, 864; nommé membre du conseil de com-
merce, p. 716; son rapport dans TafTaire du
commerce des vins, p. 7:^4; n'a plus d'illusions
sur l'inutilité des dévastations dans les Céven-
nes, p. 809.
CHAMILLY (de), occupe le Roussillon pour y ré-
tablir les bureaux des gabelles, p. 5i2.
CHAMP (Comte du), p. icS'i.
ClIiMPAGNE, pp. 373, 443, 444, 693, 134Z.
Champ-Domercue, p. 36.
Champin, en Vivarais, p. 1202.
CHAMPLATREUX (de), intendant de l'armée
d'Espagne, p. 253.
Champs de blé dévastés par les sauterelles, p. 972.
CHAMPS (Etienne de), jésuite, recteur du collège
de Clermont, sa correspondance avec le prince
de Conti; son anecdote sur les thomistes,
pp. 428. 429.
CHAMRON (Abbé de), p. io23.
Chanac, pp. 90, 91, I 149, P408.
Chancelade, abbaye, p. 517.
Chanaleilles, p. 397.
Cba.\derolles, paroisse en Vivarais, pp. 120Z,
1405, 1410.
CiiANCELiEK de France; paroles prononcées par lui
dés les premiers temps de la Fronde, p. 270.
CHA^ÈAC, en Vivarais, p. izo2.
Chakelot, en Vivarais, p. 1201.
CHANFORT, chevau-léger, condamné à mort pour
avoir violé une jeune fille à Nîmes, p. 253,
Changes (Rue des), à Toulouse, p. 3 18.
Chanoi.nes de Vannes, p. 1104.
— du chapitre de la Trinité, p. i383.
Chant de Psaumes interdit, pp. 16.
CHANTEAU (de), p. 293.
Chanteloupe, en Vivarais, p. 1102.
CiiANTURL'tiOLS, hameau en Gévaudan, p. 1)65.
Cha.wres, pp. 701, 940, 941, 942.
Chapchiniebs, hameau en Gévaudan, p. 965.
Chapeaux français fabriqués à Berlin par dei ré-
fugiés languedociens, p. 564.
^ fabriqués à Amsterdam par des réfugiés fran-
çais, p. 566.
— (Fabriques de), p. 699.
CHAPELAIN, de l'Académie française, p. 247;
texte d'une curieuse lettre adressée par lui 3.
Lafaille, p. 626.
Chapelle violée & dépouillée par les troiiî^es
royales, p. 334.
Chapelles de différents archevêques; leur évalua-
tion, p. 3i6.
Chapitp.es : d'Agde, p. 683.
— d'Alais, pp. 99, 683.
— d'Albi, p. 683.
— d'Alet, p. 504.
— de Carcassonne; ses armoiries, p. 683.
— de Castres; ses armoiries, p. 683.
— de L^dc«e, pp. I 1.1, 683.
— de Mende, p. 683.
CiiApixr.ES : de Mirepoix, p. 683.
— de Montauban, p. 683.
— de Montréal, p. 684.
— de Niraes, p. O84.
— de Notre-Dame du Puy, p. 684.
— de Rieux, p. 684.
— de Saint-Alain de Lavaur, p. 683.
— de Saint-Etienne de Toulouse, pp. 3o5, 3i6,
3i8, 683, 1272, i363, 1364, i365; sa récla-
mation contre la composition du premier ordre
aux Etats, p. 3o5.
— de Saint-Gilles, p. 684.
— de Saint- Just, pp. i3, 117.
— de Saint-Just 8t Saint-Pasteur de Narbonne,
p. 683.
— de Saint-Papoul, p. 684.
— de Saint-Paul, p. 5o6.
— de Saint-Paul de Narbonne, p. 684.
— de Saint-Pierre de Montpellier, p. 684.
— de Saint-Pons de Thomières, pp. 82, 1 12, 684.
— de Saint-Sernin de Toulouse, pp. 684, 1189,
i365.
— d'Uzès, p. 684.
— de Viviers, p. 684.
— se réunissent à l'annonce de la convocation
des Etats généraux en i65i, p. '^ 'u
CHAPTAL, médecin de l'Hôtel-Dieu de Montpel-
lier, p. 123;; professe la chimie à Montpellier
& à Toulouse, pp. i33o, i33i.
CHARAVEL (Joseph), p. 64.
Charbon de bois, p. i283.
— de terre, pp. 487, i386; son exploitation dans
le diocèse d'Alais date de plus de quatre cents
ans, p. 1283.
CHARBONNEL (Pierre), p. 863.
CHARENCY (de), évèque de Montpellier, p. 72.
Chai;ei\tox (Pont de), p. 283.
Charges croissantes de l'Etat nécessitent une ré-
forme dans l'administration des biens de la
Couronne, p. 466.
— consulaires acquises au moyen de lettres de ca-
chet, p. 359.
— municipales, pp. 63, 112; créées en 1771; ra-
chetées, pp. III, 112; rétablies, p. 981; rachat
de ces charges par la Province, p. 982J rétablies
en novembre 1733, p. 1048.
CHARLARY, ancien capitoul, p. 418.
CHARLARY, capitoul, p. 849.
CHARLEMAGNE, pp. 148, 199, 621, 697, 828,
912, 1002, 1017.
CHARLES I, roi d'Angleterre, pp. 278, 286; se-
cours accordés à sa veuve par les Etats de Lan-
guedoc, p. 12.
CHARLES II, roi d'Angleterre, p. 1016; secourt
les victimes de la persécution en France, p. 566.
CHARLES LE CHAUVE; un de ses diplômes in-
voqué par Marca, p. 400.
CHARLES V, roi c!o France, p. 460, ç56.
CHARLES VI, roi de France, pp. 658, 956, i3.55.
CHARLES VII, roi de France, pp. 198, 627, io55.
CHARLES Vllt, roi de France, pp. 677, 864, 865,
<;56, 989, ic37, loj^, 1354.
CHARLES IX, roi de France, pp. 454, 677, 956,
i3i 7.
1480
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
CHARLES DE LORRAINE, p. l3(j.
CiiABLUS, lieu en Auvergne, p. SSy.
CHARLY, procureur au siège de Pamicrs, p. i35o.
Chabaies, en Vivarais, pp. 79, 535, 1202, 1026.
ChahmoiS, p. 619.
CiiABNAS, en Vivarais, p. 1202.
CHARNAZÉ, p. 188.
Chap.oi.ais (Régiment de), pp. 822, 823.
CHAROLAIS (Comte de), p. 971.
CHARPIN (M"'" de), religieuse de la Seauye,
p. 1204.
CHARRON (le P.), jésuite, p. 1 173.
Chartes de privilèges, p. io5i.
Chartres, pp. i85, 364.
— (Evêque de), pp. 866, 881.
CHARTRES (Duc de), fils du duc d'Orléans,
p. 908.
Chartreux de Toulouse, pp. 5o, 684; cessionnai-
res du jardin des mûriers qui avait été dévasté
par les soldats, p. 38o.
Chartreux (Quai des), à Bordeaux, p. 723.
Cbasal, p. 397.
Cbaspuzac, en Vêlai; la population de cette com-
mune, décimée dans un accident, arrive au Puy,
p. 1112.
CHASSAN (de), nommé député de Toulouse aux
Etats de Languedoc de i65i, p. 327.
Chassât, en Vivarais, p. 870.
CHASSEN aîné, facturier à Nimes, p. 992.
Chassebaues, p. 1407.
Cmasserauds, hameau en Gévaudan, p. 965.
CHASSET, député à l'Assemblée nationale, p. 1405.
Chassezac, rivière, pp. 774, 777, 1 i5o.
— (Vallée du), pp. 482, 488, 601, 776.
Chassieiis, en Vivarais, p. 1202.
CHASTAGNER (Françoise de), p. 159.
CHASTANG, syndic du diocèse de Mende, p. 863.
CHASTELUX, capitaine de galères, p. 292.
CHASTENET, conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. 242.
CHASTENET (de), p. 3o5.
CHASTENET (de), conseiller au Parlement; inci-
dents causés par son arrestation, p. 438.
CHASTILLON (François de), officier de la maison
de Gaston d'Orléans, p. 186.
CHATAIG^'ES, pp. 487, 7o3, IIl3.
— sèches, p. 70 I; noyées dans lesCévennes, p. 790.
Châtaigneraies, p. 94.
Chataioniers; périssent durant l'hiver de 1708,
p. 87.0 ; perdus, p. 896.
CHATAIGNIER DE PUIGRENIER (de), p. 1384.
Châteaux : d'Ardus, p. 193.
— de Balma, p. 778.
— de la Bastille, p. 279.
— de Beaurepard,
pp.
I loi , Il
— de Blagnac, p. 1282.
— de Blois, pp. i5, i85, 878.
— du Boy, p. 962.
~- de Bruniquel, p. 1088.
— de Caen, p. .5 j;.
42.
Châteaux : de Calberte, p. 799.
— de Candiac, p. 765.
— de Castelfranc, pp. 1 1, 353.
— de Castelnau, p. 40.
— de Chambord, pp. 188, 55o.
— de Corcone, p. 339,
— de Cornandon, p. 357.
— de Dijon, p. 925.
— de Durfort, p. 40.
— de Ferrières, pp. 46, 868, 869, 1073, 1279.
— de Fonfile, p. 1 159.
— de Fornex, p. 255.
— de Gourdan, p. 194,
— d'Hautpoul, p. 469.
— de La Baume, p. 744.
— de Labroue, p. 1403.
— de La Cam de Ladevèze, p. 36.
— de Labastide, p. 777.
— de La Case, p. 260.
— de Ladevèze, pp. 743, 747, 836.
— de La Vérune, pp. 1020, 1021.
— de La Voûte de Ventadour, p. 612.
— de Léran, p. 328.
— de Lourdes, pp. 127, 1344.
— de Lunas, p. 162.
— de Malbosc, p. i 3 1 1 .
— de Mandajors, pp. 764, 765.
— de Mas-des-Cours, p. 338.
— du Mazel, p. 757.
— de Montblanc, pp. 1181, 1 i83.
— de Montjussieu, p. 11.
— de Montferrand, p. 309.
— de Nérac, p. 368.
— de Penne, pp. 953, 959, 960.
— de Pézénas, p. 394.
— de Privas, p. 1197.
— de Rochegude, pp. 774, 775.
— de Ryswyck, p. 708.
— de Saint-Amans, p. 622.
— de Saint-André, p. 1279.
— de Saint- Béarn, p. 1403,
— de Saint-Félix, p. 37.
— des Sept-Deniers, p. 1009.
— de Tauriac, pp. 95i, 95j.
— de la Terrasse, pp. 'r3oi, i3o2.
— de Turenne, pp. 246, 247.
— de Verdun, p. i3.
— de Vincennes, p. 426.
Chateaubouro, en Vivarais, p. 1202,
Chateauneuf, pp. 539, iii3.
Chateauneuf de Randon, baronnie, pp. 25, 32.
Chateaunkuf de Vernoux, en Vivarais, p. 1201.
Chateauneuf, en Vivarais, p. 1202,
CHATEAUNEUF, secrétaire d'État, pp. 5o5, 519;
refuse à l'évêque de Montpellier de conserver le
temple protestant de Montpellier pour en fine
une église, p. 526; reçoit du duc de NoailKs
communication de ses appréhensions au sujet
de l'exécution de l'édit de Fontainebleau, p. 56o.
CHATEAUNEUF (Marquis de), pp. 55o, 5^9, J79,
5^2, 71 1 , 718.
CHATEAUNEUF (de), commandant militaire des
deux pays de Vivarais & de Vêlai; résumé de
ses observations & tableau caractéristique de
la situation du pays, pp. 1099, iioo, iioi,
1 102.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1481
CHATEArNECF DE RiXDON, p. 1409.
CHATEAUNEUF-RANDON, marquis d'Apchier,
baron des Etats de Languedoc, député aux Etats
généraux; sa lettre au président de la noblesse
à Marvéjols, p. iSyj.
Château-Trompette, esplanade à Bordeaux,
p. 724.
CHATEL (Jean), pp. 881, loi 5.
Chatellebault, p. i85.
CHATILLON (de), maréchal de camp, pp. 885,
93 1 .
CHAUCHAT (Anne), p. 863.
CiiAUDESAiGCES, en Albigeois, pp. i6 1 , il3i.
CHAUMONT D'AMBOISE; fin de cette maison,
p. 362.
CHAUNES (M'"" de), reléguée à Viviers, pp. 582,
5;6.
Chaussées; réparées, p. 43; détruites, p. 1009.
— du Rhône; réparations, p. 71.
Chaussonaresse, en Vivarais, p. 1202.
CHAUVET, p. 980.
Chaux, en Viyarais, pp. 1201, 1284.
Chavacnac, p. 337.
Chavagne, terre en Poitou, p. 552.
CHAVIGNY (de), p. 187.
ClIAVIGNY, p. 337.
CHAYLA (du), abbé, pp. 36, 733; son inspection
des hautes Cévennes, p. 737; attaqué a Pont-
de-Montvert; fuit l'incendie de la maison qu'il
habite; se réfugie dans un buisson; reçoit cin-
quante-deux blessures, la plupart mortelles,
p. 741; son corps traîné sur le pont du Tarn
est ensuite recueilli dans une maison, p. 741;
mutilations qu'il avait subies; ses funérailles;
son panégyrique; son testament, p. 742.
CHAYLA (Marquis du), pp. 744.
Chaylab (le), pp. 602, 879, i386.
CHAYLUS, tué dans un combat contre Cavalier,
p. 816.
Chazeauz, en Virarais, pp. 1201, 1202.
CiiAZENELVE, en Virarais, p. 1202.
CiuzES, abbaye en Auvergne, p. 1194.
CiuNZON, en Vivarais, p. 1201.
Chefs municipaux de vingt-quatre villes princi-
pales appelés à l'assemblée des notables, p. i^35.
CHEIRON, ministre protestant converti, p. 555.
CiiELSEA, près de Londres, p. 842.
Cheminas, en Vivarais, pp. 870, 1201.
Chemins, pp. 10, 47, 70, 71, 94, 9$, 96, 99, 107,
114, 120, 122, 123, 124, 125, 126, 1060; lutte
des États & des trésoriers de France au sujet de
la direction de ces ouvrages, p. 61; emprunts
faits par différents diocèses pour leur répara-
tion, p. 91; emprunts faits par les diocèses
pour les travaux des chemins, p. 92; emprunts
par les diocèses, pp. 93, 94; emprunts pour leur
construction, p. 106.
— (Entretien de), pp. 5, 10, 78.
— étudiés ou projetés, pp. 1129, ii3o, ii3i,
! •^2.
Chemins impraticables, p. 289.
— ravagés par l'inondation de 1754, p. 88.
— réparés ou entretenus, pp. 5, 10, 70, 78, 88,
97, loi , 102.
— (Travaux de), p. 100.
— réparés par divers diocèses, p. 88.
— de traverse, p. 73; réparés, p. 893.
— provinciaux ou diocésains, p. 127.
— royaux exécutés dans les Cévennes pour faire
passer des troupes & de l'artillerie, p. ô-"- ; leur
étendue & leur tracé; avec quelles ressources ils
sont exécutés, p. 601.
— d'Alais à Nîmes, p. 1 178.
— d'Albi à Toulouse, p. 1252.
— d'Aniane, p. 1 i5o.
— d'Auvergne, p. 85.
— construit aux frais des Etats en 1748, p. 84.
— de Beaucaire, p. 1 149.
— de Carcassonne à Caunes, p. 1 14p.
— de Carcassonne à Castries, p. 1 149.
— de Castres à La Bessonnié, p. 1 178.
— de Carcassonne à La Grasse, p. 1 178.
— de Castelnaudary à Lavaur, p. 1428.
— de Castres à Lautrec & à Graulhet, p. 1 1 78.
— de Cavalères, p. 985.
— des Cévennes, p. 1 i5o; leur état au moment de
la révocation de l'édit de Nantes; nouveaux
chemins créés, p. 601.
— de Coursan devenu impraticable l'hiver à la
suite des crues de l'Aude, p. 166.
de Gignac à la chaussée de Montagnac, p. 1 1 78.
— d'Issingi:aux à Saint-Bonnet-le-Froid, p. 1 178.
— de Joyeuse, p. 1 149.
— de Joyeuse à Aubenas, p. i3i2.
— de Languedoc; règlement des Etats, p. 90.
— de Limoux & Miiepoix ?. Montlouis, p. 25.
— de Montpellier à Saint-Paul, p. i i5o.
— de Montréal, p. 1 149.
— de Narbonne en Roussillon, p. 1428.
— de Nimes à Uzès, p. 8o3.
— de Pézénas k la montagne de Larzac, p. 1 149.
— du Puy au pont de Salomon, p. i 1 78.
— de Rigodel à Mésilhac & à Vais, p. 1 149.
— de Ruons à Joyeuse, p. 1 3 1 2.
— de Saint-Ange, p. 920.
— de Saint-Papoul, p. i i5o.
— de Saint-Pons à Béziers, p. 1428.
— de Saint-Pons à Saint-Chinian, p. 894.
— de Saint-Pons par Saint-Marcel & par Bize,
p. 1178.
— de Soulorgues à Nages, p. 823.
— de Toulouse à Castres, p. 1428.
— de Toulpuse à Moniauban, p. ii55.
— de Toulouse à Saint-Flour & Clermont, p. 1 129.
— d'Uzer à Largentière, p. i3i3.
— de Villefort à Alais, p. i3i2.
— de l'étape entre Estagel & Caudiès, p. 1 178.
— de la forêt de Léran au canal de Languedoc,
1482
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Chemins de montagne en Gévaudan, p. ioi3.
— de la montagne de Cannes au canal Royal,
p. 897.
— (Devis pour la construction de nouveaux),
p. 76.
CHÉRON, officiai, p. 579.
Cherté des vivres à Toulouse, p. 947.
Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Tou-
louse, p. 5zo.
CHEVALIER DE SAULX (François), nommé évêque
d'Alais, p. 645, entre aux Etats en cette qua-
lité, p. 65i .
CHEVALIER, camisard détenu à Montpellier, ré-
vèle la conjuration de Nimes, pp. 858, 869.
CHEVALIER-DUSUC DE SAINT-AFFRIQUE, doit,
en 1786, faire partie de l'assemblée des notables,
p. i335.
Chevau-légebs, p. Î45.
— du maréchal de Schomberg, p. i65.
Chevaux, p. 697; leur prix en 1775, p. 1265.
~- & MULETS, importés en Languedoc pour les
travaux agricoles, p. i 26 i .
CHEVERRY (Pierre de), capitoul. p. ioo3.
CHÈVRE, notaire à Paris, p. 1026.
CnÉVBES, pp. 59, 60, 999.
CHEVREUSE (Duc de), pp. 179, 820.
CHEVREUSE (Duchesse de), p. zçS.
Chevueïse, p. .'552.
CHEVRIER (de), p. 193.
Cheylap.et, montagne, p. 61 5.
CHICOINEAU, médecin de Montpellier, p. 962.
Chiess errants, propagent l'épizootie dans la Gas-
cogne; mesures prises a ce sujet; embarras de
l'intendant causés par les traditions du régime
féodal, p. I23r.
CHIGI, cardinal;' fournit quelques détails sur la
séance du sacré-coUége où avait été examinée la
nomination de Pierre de Marca à l'archevethé
de Paris, p. 403,
Chirac, pp. 116, 744, 1408.
Chirurgiens de Montpellier; .leurs armoiries,
p. 682.
— de Saint-Pons; leurs statuts, p. 22.
CHOISEUL (de), évêque de Comminges, pp. 365,
414, 445.
CHOISEUL (de), évêque de Mende, p. io33.
CHOISEUL, abbé, p. ic23.
CHOISEUL -BEAUPRÉ ( Antoine-Cleriadus de),
sous-diacre du diocèse de Langres, p. 1020.
CHOISEUL (César de), comte du Plessis-Praslin,
maréchal de France, commissaire aux Etats de
1647, p. 261.
CHOISEUL (Gilbert de), p. 33 I.
CHOISEUL (Duc de}; s'inquiète du progrès écono-
mique, favorise les travaux publics & le com-
merce, perfectionne le réseau des voies de com-
munication, p. 1157.
CHOISINET (Marquis de), p. 6i.
CHOISY (de), p. 293.
CHOISY (de), chancelier & garde des sceaux d«
Gaston d'Orléans, pp. 186, 274, 292; envoyé
en Languedoc pour faire des levées de gens de
guerre & amasser de l'argent, p. 339; devient
chancelier du prince de Conti, p. 395.
CHOISY (M""" de), p. 247.
CHOLIER, prévôt des marchands de Lyon, p. 965.
Chomerac, en Vivarais, p. 1201.
Chômeras, p. 1376.
CHOMEL DE SAINT - LAURENS , religionnaire,
P- 974-
CiioMEYRAc, lieu du Vivarais, p. 19.
CHOUMOUROUX (M»"' de}, religieuse de la Seauve,
p. 1204.
CHRISTINE DE SUÈDE, p. 532.
Chi.oniqies carlovingiennes consultées en i6ûi
pour la délimitation des frontières, p. 399.
Chusclan, p. 89.
Ciboires de métal précieux enlevés, p. 278.
CICÉ (de), p. 1419.
CiER, paroisse du diocèse de Comminges, p. 1232.
CiERP, p. 83.
Cimetières, p. 33.
— catholiques usurpés par les protestants, p. 422.
— (Entretien des), p. 66.
Ci.\q-Mars, p. 186, 187, 188, 302.
Cinquantième établi en 1725, p. 1^39.
CiNTEGABELLE, au diocèse de Mirepoix, pp. 14, 4*5,
69, 76, 430, 454, 872, 1009, 1202, 1404; nou-
veau cadastre de cette commune fait en 1717J
son procès avec l'abbaye de Boulbonne, p. 871.
Cintres, en Vivarais, p. 870.
CiOTAT (Port de la), p. 292.
CIPIÈRE (de), p. i3j8.
CIRAN (Magdelaine de), p. 352.
Cire jaune du Levant, préparée en Languedoc,
préférée à la cire de Hollande, p. 700.
CIRON (Abbé de), pp. 14, 3i6, 432; chancelier de
l'université de Toulouse, directeur de conscience
du prince de Conti, p. 446; a servi les pesti-
férés pendant l'épidémie de Toulouse; confident
des projets de M""' de Mondonville; dresse les
constitutions des Filles de l'Enfance; appar-
tient à l'école de Nicolas Pavillon, p. SyS ; quel-
ques extraits des constitutions qu'il a rédigées,
pp. 574, 575, 576.
CIRON, président au Parlement de Toulouse,
pp. 173, 189, 302, 36-; sa harangue à un jeune
conseiller reçu <c par grâce & non par justice, »
p. i5o.
CIRON (M"" de), p. 582.
CIRONIS (de), pp. 190, 201, 202, 218, 221, 222,
224; président aux requêtes du Parlement de
Toulouse, p. 357.
CIRONIS DE BEAUFORT, maître es Jeux-Flo-
raux, p. 661.
CIRONIS, député de Toulouse, p. 198.
CISTERON (M. de), p. 403.
Citadelle de Saint-Esprit, pp. 537, 1294.
Citas, p. 14-3.
CÎteaux (Ordre de), p. i2î3.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1483
Clairac, p. iii8.
CLAIRAULT, nommé associé étranger par l'Aca-
démie des sciences de Toulouse, p. i io3.
CLAPARÈDE (Pierre), de Montpellier, importe la
fabrication des étoffes de laine à Magdebourg,
p. 564.
Clapiers, p. 1 1 14.
CLAPIÈS (de), p. loaS; chargé de vérifier les tra-
vaux du canal de Languedoc, p. io6i,
CLARAC (Comte de), pp. 108, i 16.
Clarac, bois, p. 474.
Clikas, abbaye, p. 104.
Clabexsac, p. 823 ; troubles dans le cimetière
catholique, p. 1 8.
CuRET, p. 1 400.
Claris (Forêt de), p. 1 16.
CLARIS, président à la cour des comptes, aides 8c
finances de Montpellier, p. 1097.
CLARIS, camisard, rentré en Languedoc, prend
part à la conjuration de Nimes, p. 858 j reste
caché dans les Cévennes, p. 878; est poursuivi
par les miquelets, blessé & pris; périt sur la
roue, pp. 886, 887.
CLARIS (Barthélémy), pasteur protestant, s'évade
de la citadelle d'Alnis, p. 65.
CLARY (de), premier président au Parlement de
Toulouse, p. 1415.
CLARY, négociant à Montpellier, p. 849.
Classificatio.v de la société française faite par le
tarif réglant les taxes de la capitation générale;
curieux rapprochements, p. 668.
CLAUDE, ministre protestant, p. 16.
Clausolles, près Toulouse, p. 1223.
CLAUZADE, procureur au Parlement de Toulouse,
p. 1 1 i5; ami de la famille Calas, p. 11 62.
CLAUZADE GARROUSTE, capiioul, p. 653.
CLAUZONNETTES (Marquis de), p. 110.
Clavas (Abbaye de) ; sa situation, p. i2o3; mau-
vais état de ses bâtiments, p. 1204.
Clavas (Bois de), p. i2o5.
CLAVIÈRES (de), p. 620.
CLÉMENCE ISAURE, pp. 653, 661, 662.
CLÉMENT V, pape, p. 479.
CLÉMENT IX, pape, p. 22.
CLÉMENT X, pape, p. 498.
CLEMENT XI, pape; sa bulle contre les camisirds,
p. 38; condamne le mandement de l'cvèque de
Saint-Pons & ses trois lettres à l'archevêque de
Cambrai, p. 880.
CLÉMENT (Le Père), de la Canourgue, mission-
naire à Montpellier, p. 570.
Clergé; est exclu des assemblées des États de Vjva-
rais, p. 9; jugé par le duc de Noailles & l'in-
tendant d'Aguesseau, pp. 527, 528; causes qui
ne le font pas comprendre dans le tarif de ré-
partition de la capitation, pp. 668, 668, 673,
674, 673; ses membres siégeant aux Etats de
Languedoc demandent à être associés à tous les
impôts, p. i368.
— de France; ses assemblées, pp. 7, 64, 3ii, 522,
673, 862, 866, 867, ni9, 1021, 1023, 1 025,
■ 358; rachète l'impôt de la capitation par un
don annuel de quatre millions de livres, p. 673.
Clergé de la Province; son émotion après l'attentat
du marquis de Rabat, p. 255; fes lettres au roi
au sujet de cet attentat; au duc d'Orléans; au
prince de Condé, p. 25'i; aux agents du clergé
de France; aux prélats en cour, p. 257.
— du second ordre; demande à être admis aux
Etats de Languedoc, pp. 7, 3o6.
— inférieur, largement représenté aux Etats gé-
néraux, p. 1376.
CLERMONT-D'AuVErGXE, pp. 362, 48 I, Il 29.
Clermont-Lodéve, pp. 17, 65, 66, 112, i56, 332,
1370, 1401 ; racheté des fours banaux, p. 8^;
la fabrication de certains draps y est interdite,
p. 63; les drapiers peuvent recevoir à la maî-
trise d'autres personnes que les fils des maîtres,
p. 88.
— (Maladrerie de), p. 696.
Clermont, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Clermont, sur l'Ariége; le conseiller Dévie y est
exilé, p. 1218'; un poste y est établi durant
l'épizootie, p. 1241 .
CLERMONT (Baron de), sénéchal & bailli du Vê-
lai, p. 1 1.
CLERMONT (Comte de); ses relations avec le
poète Maynard, p. 246.
CLERMONT (Comte de), frère du marquis de Sais-
sac, p. 23; commande un régiment de milice
bourgeoise, p. 61g.
CLERMONT-TONNERRE (Cardinal de), p. Sic.
CLERVILLE (Chevalier de), pp. 21, 5 14; son de-
vis du canal de Languedoc, p. 45i; directeur
des fortifications, p. 465.
Cléry (Comté de), p. i333.
Clkves (Duché de); des protestants franç.iis s'y
établissent après la révocation de l'édit de Nan-
tes, p. 662.
CLÉVES (François de), duc de Nivernais, p. 552.
CLÈVES (Princesse de), p. 493. •
CLOTAIRE, p. 161.
Clot-d'Emburpe, gaure sur la Garonne, p. 1282.
CLOTTES, de Limoux, p. 1207.
Cloiterie, p. 699.
CLOVIS, p. 1002.
Cluac, en Vivarais, p. 1201.
Clugxy, maison de plaisance dans le parc de Ver-
sailles, p. 1059.
ClunY, abbaye, p. 393.
Coalition contre la France, p. 608.
CODAUTE, orfèvre, p. 662.
Codification des lois relatives aux réformes,
p. 995.
COETLOSQUET, abbé, p. io23.
Cognac, p. 627
— (Comté de), p. 1069.
COHON (Anthyme-Denis), docteur en Sorbonne,
éyêque de Nîmes, pp. i55, i.'>8, 38 1, 479; son
réquisitoire contre les protestants; croit qu'il
serait facile de les faire disparaître de toute
l'étendue du territoire; privilèges demandés
pour les catholiques, pp. 420, 421 ; les hôpitaux
& maladreries doivent être administrés par les
catholiques, p. 422; dénonce des attentats con-
1484
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
tre la vie des prêtres, p. 423; l'hôpital qu'il
avait formé à Nimes est subventionné par les
Etats, p. 479.
COISLIN (Abbé de), aumônier de la maison du roi,
p. 372.
COISLIN (Marquis de), p. 168.
CoixiENS (Motte de), p. io56.
COLBERT (Jean-Baptiste), intendant général, des
affaires de Mazarin, ministre secrétaire d'Etat,
puis surintendant des finances, pp. 17, 364,
439, 440, 7Z0; sa lettre à Mazarin, au sujet
de la demande de fermage de l'abbaye de Mois-
sac, p. 3o5 ; projets qui dénotent ses vastes
desseins, pp. 387, 388; son influence dans les
conseils du roi, p. 427; reçoit jour par jour les
détails de l'opposition qui est faite à l'arche-
vêque de Toulouse durant la session de 1664,
pp. 433, 435; sa demande aux autorités de
Toulouse afin d'obtenir des fonds pour la com-
pagnie des Indes, p. 438; sa correspondance
avec le président Fieubet, au sujet de droits
perçus par les capitouls, p. 441 ; son applica-
tion à améliorer les voies de communication,
p. 4.'>o; attache son nom à l'édit du roi pour la
jonction de l'Océan & de la Méditerranée,
p. 461 ; reçoit une première lettre de Riquet
accompagnée d'un mémoire au sujet du canal
de Languedoc, p. 455; son jugement sur Riquet,
p. 438; encourage le projet de canal; a une
entrevue avec Riquet, à Paris, p. 469; réussit
à développer dans son entourage & dans ses
agents une véritable ferveur de progrès écono-
mique, p. 46 1 ; ses encouragements à Riquet;
il lui assure la protection du roi, p. 465; ses
efforts pour préserver les bois & les forêts des
dévastations commises par les particuliers,
p. 468; ne trouve que confusion dans le ressort
& les attributions des maîtrises des eaux &
forêts, p. 469; l'action fécondante de son admi-
nistration fait renaître Tesjjrit de spéculation ;
projets soumis par des particuliers pour l'ex-
ploitation de bois dans le Vêlai & le rétablis-
sement de chemins; son rapport favorable k ces
projets, pp. 480, 481 ; ses tentatives infructueu-
ses pour la réformation des universités, p. 492;
sa réponse au cardinal de Bonzi après l'incen-
die du faubourg Saint-Michel à Toulouse; son
autre lettre à M. de Bezons, autorisant à distri-
buer vingt mille livres dans le parterre des
Etats, p. 499; nomme d'Aguesseau intendant de
Languedoc, pp. 5oo, 5o2 ; les heureux effets de
ses réformes en Languedoc sont arrêtés par la
déclaration de guerre de l'Espagne, p. 609; se
plaint à Riquet de la mauvaise conduite des
agents de sa ferme, pp. 5i 1, 5i2 ; ses réflexions
au sujet des acquisitions territoriales que fait
Riquet, p. 5r3; son peu d'attachement à la per-
sonne de Riquet ne lui fait pas négliger l'avan-
cement du canal de Languedoc; sécheresse avec
laquelle il parle, dans sa correspondance, de la
mort de Riquet, p. 5i5; essaye, en 1672, de faire
exploiter quelques mines en Languedoc, p. 698 ;
sa mort, p. 539; ses règlements jugés favorable-
ment par Bâville, p. 704.
COLBERT DE CROISSY (Charleà-Joachim), évêque
de Montpellier; sa parenté; ses études; à dix-
sept ans est abbé de Froidmont; au retour d'un
voyage à Rome, est enfermé au château de Mi-
lan, p. 720 ; soutient ses thèses de licence; grand
vicaire de Pontoise, il remplit les devoirs de
l'administration avec exactitude & scrupule;
supplée le chapelain de l'hôpital qui avait suc-
combé dans une épidémie; est nommé agent du
clergé de Rouen; sa fermeté; sa nomination à
l'évèché de Montpellier; commencement de son
administration, p. 721 ; invite le cardinal de
Bonzi à une confession publique, p. 719 ;
Louis XIV empêche qu'il ne fasse partie d'une
commission chargée d'examiner une bulle,
p. 862; condamne dans un mandement la lé-
gende de Grégoire VII; écrit une lettre au roi
sur ce sujet & montre les dangers politiques
créés par la nouvelle doctrine, pp. 1014, 1 o r 5,
1016, 1017, 1018 ; s'inquiète de voir siéger dans
l'assemblée du clergé de France quelques-uns de
ses plus déterminés adversaires, p. 1021; résumé
des actes de son épiscopat, p. 1 o56 ; sa maladie;
ses derniers moments; sa mort; ses obsèques;
est inhumé dans l'église de l'hôpital général de
Montpellier, pp. 71, 1057; son testament ; pré-
cautions prises par lui au cas où les menaces de
déposition se seraient réalisées; ses œuvres; sa
bibliothèque, p. io58.
COLBERT DE VILLACERF (Jean - Baptiste-Mi-
chel), évêque de Montauban, nommé archevêque
de Toulouse, p. 592; a de graves démêlés avec
le chapitre métropolitain, p. 5^i.
COLBERT (Abbé de), pp. 1248, 1249, 1252, 1265,
sa lettre à M. de Moncam, au sujet des progrès
de l'épizootie, p. 1249.
COLBERT DE TERRON, p. 371.
Collation servie aux commissaires du roi dans la
salle du petit consistoire, p. 3i5,
Collectes forcées, p. io5i.
Collecteurs des tailles, pp. 18, 55, 74, 707, 938,
io5i; leurs procédés sauvages, p. 23o; accom-
pagnés des gardes du duc de Verneuil pour faire
payer les gens de main-forte, p. 478.
— emprisonnés, pp. 41, 876,
— forcés, pp. 48, 54.
Collège supérieur de-médecine fondé par Frédéric
Guillaume de Prusse, avec l'aide de proscrits
français, p. 564.
— d'Albi, p. i383.
— de Castres, p. i383.
— des doctrinaires de Narbonne, p. 74.
— de Foix, à Toulouse, p. iSz,
— des Quatre-Nations, p. 655.
— de la Marche, p. 720.
— de Navarre, pp. 406, 1104.
■ — Saint-Bernard, à Toulouse, p. 680.
Collèges; commissaires pour vérifier leur état,
p. i5; réparés dans divers diocèses, p. 104; leur
nombre en Languedoc; d'après Bâville, tous les
petits collèges devraient être supprimés, p. (h^ô.
^ de boursiers; leur réorganisation demandée,
p. i383.
Collet de Dèze (Le), pp. 747, 75c, 775, 776,
796, 800, 1407; est dévasté, p. 806.
COLLETET, de l'Académie française, pp. 247, 248.
Collias (Hôpital de), p. 696.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1485
CoLLiocEE, pp. SyS, 316.
Colloque protestant, à Mazamet, p. 80; à Uzès,
p. i5.
Colloques d'Albigeois & de Rouergue, en 1622,
p. 261 .
— comprenant quatre provinces protestantes en
Languedoc, p. 176.
CoLMAR, p. 1419.
CoLOGNAc, dans les Cévennes, pp. 17, 28.
Cologne; un envoyé de la municipalité de Tou-
louse se rend dans cette ville en 1790, p. 1402.
COLOM LAPOINIARÈDE, seigneur de Saint-Nau-
fary, p. 968.
Colombier le Cardinal, en Vivarais, p. 1202.
Colombier le Jeune, paroisse en Vivarais,
pp. 1202, 1410.
Colombier le Vieux, en Vivarais, p. 1202.
Colombiers libres, p. 1393.
COLOMEZ, capittful, p. 849.
CoLOMiERS près Toulouse, pp. 1240, 1246.
COLOMNA, p. 620.
Colonnes d'Hercule, p. 462.
C0LORGUES; démolition de son temple, p. 19.
Combat dans les prairies d'Alais, p. 37,
— de Brueis, p. 38.
— de Caveirac, pp, 39, 823.
— de Champ-Domergues, p. 36.
— de la Combe-de-Bidoux, p. 38.
— du Devez-de-Martignargues, pp. 3ol,8i5, 816.
•^ de Fau, p. 39.
— de Fontmorte, pp. 36, 39, 836.
— de Fontréal, p. 48.
— de la montagne de Leiris, p. 48.
— du Mas de Seirieres, pp. 37, 787.
— de Nages, p. 39.
— de Pompignan, pp. 32, 788.
— de Puechredon, p. 83 1.
— du pont de Rhosny, p. 823.
— des Roques d'Aubais, p. 39.
— de Saint-Mamet, p. 37.
— de Sérignac, p. 38.
— de Tornac, p. 39,
— de Vagnas, p. 37.
— du Val de Banne, p. 37.
— du bois de Vaquières, p. 3y,
— du pont de Vébron, p. 730.
— de Vergèse, pp. 39, 823.
— du bois d'Yeuset, p. 39.
CoMr.ATS singuliers dans les premiers Jours de la
régence d'Anne d'Autriche, p. 193 ; flétris par le
prince de Conti, p. 396.
Combalioux; ses armoiries, p. 686.
Combe de Bisoux, près d'Anduze, p. 38.
Combe des Morts, p, IC67.
CoMBELONCUE (Abbaye de), p. 1403.
COMBES (L'abbé), ancien vicaire de Quissac,
p. 764.
COMBES, maire de Rieux, p. 984.
COMBES (de), avocat près le conseil du roi, p. 218.
COMBES, avocat de Nimes, p. 992.
COMBES, subdélégué, p. 1009.
COMBES, marchand de grains, p. 899.
COMBETTES (de), conseiller au Parlement do
Toulouse; son exil, p. 1219.
CoMKDiENS à Béziers, à Pézénas, pp. 394, 396.
COMERE, conseiller aux enquêtes au Parlement,
p. 174.
COMÈRE, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 241.
COMÈRE (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse, pp. 35?, 352.
COMÈRE (Baron de), p. i352.
COMÈRE (Chevalier de), p. i352.
CoMiGNE, commune de la vallée de l'Aude, p. 871.
COMINIHAN, capitoul, p. 219.
COMINIHAN, subdélégué à Toulouse, p. 999.
Commandement d'arrêt supprimé, p. io5i.
Commandements de place, p. 1277;
Commanderies de l'ordre de Malte, p. 1 136.
Commerce intérieur; doit être développé pour
l'écoulement des denrées, p. 462.
.— paralysé en Languedoc après la révocation de
redit de Nantes, p. 569 ; les transactions sont
interrompues durant la peste de 1721, p. 963.
— toulousain; ne peut, à cause de sa pauvreté,
aider Colbert par sa souscription à la compa-
gnie des Indes, p. 438.
— des îles françaises d'Amérique, p. Sz.
— du Levant, p. 55.
— des cuirs, à Toulouse, p. 72.
— des grains, pp. 721, 722, 1342; mémoire sur
ce sujet présenté à l'assemblée des notables,
p. i338.
— de toiles peintes interdit sous peine de mort,
p. 56.
— des vins de Languedoc, pp. 722, 723, 724, 725.
Commercy, p. 402.
COMMINES, p. i35o.
Comminges, ancien comté, diocèse de la province
ecclésiastique d'Auch, pp. 76, 111, 35i, 3'j5,
471, 697, 890, 1082, 1178, izSz, 1364, 1401,
1418; sa population, p. 692.
— (Route de), p. ioo5.
— (Diocèse de), pp. 57, 97, 106, 117, 120,898,
1232, 1234, 1239, 1247, 1287, i33i, 1373, 1403.
— (Evêché de), p. 1009.
— (Ville de), pp. 986, 991.
COMMINGES (de), p. 356.
Commissaires départis pour la réforme du régime
forestier, p. 466.
— des domaines en Languedoc, p. 21.
— enquêteurs pour la recherche des usurpateurs
de titres de noblesse, pp. 448, 449.
— exécuteurs de l'édit de Nantes pour le Langue-
doc 8t le pays de Foix, p. 424; leur mission est
considérée comme un présage de persécution,
p. 425.
— envoyés par le Parlement de Toulouse dans six
diocèses du ressort, p. 3oo.
— du Parlement, en 1784, pp. 122, i32i.
— aux prisées & ventes de meubles, pp. 5i, 54.
— & séquestres aux saisies, p. 75.
— des travaux publics dans la Province, p. i3o8.
i486
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
Commissahiat de la province de Languedoc insti-
tué en vertu de la loi de janvier 1790; son man-
dat; ses attributions, sa composition, p. 142S;
prend possession des archives, pp. 1426, 1427;
liquide les affaires de la Province, p. 1427; sa
dernière séance, le 3 1 août 1791, p. 1424; noms
des membres qui la composaient, p. 1425.
Commission du 5 mai lySS relative au renouvelle-
ment du papier terrier, p. 1048.
— de 17.34, pp. 68, 70, 81, 89, 91, 96, 97, 99,
lor, io3, io5, 107, 108, 109, 110, 116, 117,
120, 121, 128, 1069; demande à toutes les com-
munes un état de leurs dettes, p. yS; nomme un
auditeur des comptes communaux dans chaque
diocèse; permet de poursuivre par garnison la
reddition des comptes communaux; annule les
comptes communaux réglés depuis 1705, p. 74;
règle la forme des comptes d'imposition, p. y.'i ;
son règlement d'honoraires des juges royaux &
bannerets, p. 76; est chargée de diverses vérifi-
cations en l'absence des Etats, p. 88 ; sa défense
aux communes de faire certains payements sur
les fonds des écoles, p. 92; son ordonnance du
3 janvier 1569, p. io5; son ordonnance pour la
conservation des archives communales, p. 109;
pour exercer une sorte de tutelle sur les com-
munes & pour contrôler la gestion de leurs
biens, p. 1042; son mandat, pp. 1042, 1048;
son action utile sur l'administration des com-
munes, p. 1047; défend aux administrations
municipales d'imposer ou d'emprunter aucune
somme pour des plantations de croix de mission
ou d'en Imputer les frais sur les deniers com-
munaux, pp. 80, 1074, loyS.
— de 174(5, p. 126.
— de 1756, pp. 106, 1345.
— de 1662, pour régler les dépenses des communes
& réformer les abus, pp. 17, 1044, 1045
— des marais, pp. io3, 104, io5, 106, 110, Ii3,
116, 117, 118.
— du vingtième, pp. 87, 89, io3; nommée en
I 762, p. 1 1 26.
— des manufactures des Etats, p. i326.
— mixte pour le règlement des affaires de com-
munauté, p. 706.
■^ chargée de l'ordonnance des archives, p. 168.
— nommée le 2 août 1783 par le Parlement de
Toulouse pour vérifier de quelle manière la jus-
tice était exercée dans les Cevennes, le \^ivarais,
le Gévaudan, p. i32o; son pouvoir, sa compo-
sition; ses ordonnances sur les fonctions des
procureurs & sur celles des juges; frappe un
grand nombre de coupables, p. 1821; tableau
de la conduite des gens de loi dans les Cevennes,
le Vlvarals, le Gévaudan, pp. i32i, i322, i323,
1824, i325.
•— extraordinaire nommée par les États de Lan-
guedoc pour perfectionner l'administration de
la Province & établir une répartition équitable
des contributions publiques, p. 1867; son rap-
port, pp. i368, 1869, 1370.
Commissions extraordinaires révoquées, p. 270.
Commonitoire, nom donné par quelques contem-
porains à l'avertissement aux protestants, p. 5i2.
Communes, pp. 52, 5.'!, 104, 981, 932; déchargées
de l'augmentation du quart d'octroi, p, 44; ré-
ception des ouvrages qu'elles font faire, p. 91;
règlement pour leur administration, p. 1 02 j
ne peuvent plaider sans autorisation, p. 847;
procès ruineux qu'elles entreprennent, p. io3o.
Communes ravagées par la grêle & l'Inondation,
Foir Grêle, Inondations.
— pillées ou brûlées durant la guerre des caml-
sards, pp. 40, 41 , 42.
— du Lauragais; règlement fait par quelques-unes
d'entre elles pour se préserver de l'épizootie,
p. 1248.
— du diocèse de Mende, brûlées durant la guerre
des camisards, payent leurs impositions en 1 78 1 ,
p. 1084.
^- de France; édits destinés à régler la gestion de
leurs biens, pp. i 192, 1 198.
Compagnie des Indes, pp. 442, 462; fonds votés
pour elle par les capiiouls de Toulouse, pp. 488,
489, 63:>.
— du Cap-Nègre, p. 722.
Compagnies de nouvelle levée dans lesquelles on
incorpore de force les Cévenols, p. 787; jugées
par de Broglie dès les premiers troubles des Ce-
vennes, p. 744.
Compagnons tisseurs, p. 64.
COMPAIN, chanoine, mainteneur des Jeux-Flo-
raux, p, 66 t.
CoMPASCUiTÊ, pp. 100, 102.
Compétence (Règlement de) des divers degrés de
juridiction en Languedoc, p. 69.
"— des juges en Languedoc, p. 1049.
— du prévôt des maréchaux de France, p. i3oo.
COMPIÈGNE, p. 298.
Complot de Cellamare, p. 954.
CoMPOix cabaliste, p. 104.
— de Carcassonne, p. 81.
CoMPS, en Vivarais, pp. ii33, 1202.
Comptes des communes du diocèse de Narbonne
soumis à une révision générale, p. 65.
Comtat Venaissin, pp. 852, 969.
COMTE, prêtre, p. 787.
COMTE (André), p. 980.
COMTE (Antoine), pp. 977, 980; condamné à
mort & exécuté, p. 979.
COMTE (François), p. 980.
COMTE (Louis), p. 980.
COMTE (Philippe), p. 980.
Comtés, leur nombre en Languedoc, p. 694.
Comtés : d'AIals, pp. 33, ii5, ii6, 799, 863.
— d'Aps, p. 1 197.
— de Brassac, p. 33.
— de Caraman, pp. 14, i5, 18, 118, 120, 5i3,
1252, 1296, 1297.
— de Castres, pp. 470, 698.
— de Cléry, p. |833.
— de Cognac, p. 1059.
— de Comminges, pp. 471, io8ï.
— de Gonflent, p. 899.
— de Deymes, p. lot.
— d'Espie, p. 1082.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES. 1487
Comtés : de Faret, pp. 79, 1070. Comtes : de Gontaiit, p. 193.
— de Fezensac, pp. 471, 474. — de Grignan, p. 19.
— de Foix, pp. 294, 471, 472, 704, 871, 872, — de Grizac, p. io.
1178, 1235, l338, 1404. — de H.ibsbiirg, p. 927.
— de Frégeville, p. loi. — d'Harcourt, pp. 4, 194, 261, 324, 336, 337,
— de Gaure, pp. 471, 474. 341, SgS.
— du Grand-Montrevaiix, p. 553. — de Labarthe, p. i352.
— de risle-Jourdain, p. 470. — de La Fare, p. 44.
— de Lauragais, p. 61. — de Lahage, p. |353.
— de Lussan, p. 3. — de La Linière, p. 1377.
— de la Marche, p. 443. — de Laroque, p. i352.
— de Peyre, p. 1 1 i3. — de La Serre, p. 366.
— de Pézénas, p. 83. — de Lautrec, pp. 58, 6g.
— de Toulouse, p, 1402. — de Limours, p. 553.
— de Tournemire, p. loo, — de Lussan, p. 646.
Comtes : d'Ala.s, pp. 65, 287, 487, .284. " j« ^"^;^l"^^' ?' J ">•
' '^'^ /••!/' t — de Maiilebois, pp. 89, 107.
— dAmou, p. 1241. —deMailly, p. ,241.
— d Antra.gues. p. i 198. _ ^^ ^arsin. p. 323.
— d Armagnac, pp. 17, 3o 32. _ j^ Mas-Méjan, p. 488.
-dArtois, pp. ,242, ,338, ,359. -deMérlnviUe, pp.53,73,405,873,874, .064.
— d'Aubijoux, pp. 5, 8, 180, 188, 189, 273, 275, _ ae Mirabel, p. 1 [98.
322, 339, 363, 646, 791, 929. _ j^ [viodène, p. .3,3.
— d'Avejan, p. 67. — j^ Moncan, pp. 1 ,07, 1 ,08, i ,79, ,249.
— de Beaune, p. , 197. _ j^ Montcalm, p. ,352.
— de Belle-Isle, pp. 66, çSS, 964, çSS, 956, 967, _ j^ Montcalm-Gozo.i, p. ,377.
953, 959, 960, 986, 991. _ aj Montcamp, p. 11 16.
— de Bernis, p. , ,7. _ de Montijo, p. 925.
— de Bioules, pp. 7, I I, ,3, 297, 3o2, 325, 328, — de Montlezun-Pardiac, p. i352.
367, 370, 38,, 405. — de Montmorin, p. i335.
— de Boissezon, p. 92. — de Montoyson, p. ,94.
— du Bourg, pp. 65, , ,98. — de Montpeyroux, p. 62.
— de Bournizel, p. ,352. — de Morangiès, p. ,co.
— du Bouzet, p. ,352. — de Moretton, p. ,384.
— de Breteuil, p. i35,. — de Noailles, pp. ,o3, ,27, 191, 885.
— de Broglie, pp. 32, 552, 744, — de Nogaret, p. , ,9.
— de Brissac, p. 363. — de Paulo, p. ,314.
— de Brizon, p. i 198. — de Pannetier, p. |353.
— de Cadignan, pp. i 243, 1 244. — de Périgord, pp. ,08, 109, 1 10, 1 1 1, i ,3, , |5,
— de Calvisson, pp. 32, 37, 42, 329, 761. ,17, 1,8, 1 20, ,22, ,23, ,24, 127, ,28, ,2,8,
— de Gara ma n, pp. 22, 112, 117, i35, ,92,246. ,236, ,243, ,253, 1259, 126,, ,264, ,265,
— de Castries, pp. 2,3, 2,6. 1270, i3ii, ,332, ,344, ,347, ,348, i35i,
— de Caylus, p. i355. i352, ,355, ,36o, ,388.
— de Chabrillant, p. ,3,3. —de Peyre, pp. 3i, 32, 35, 48, 93, 739, 744,
— de Chadenac, p. 44. 754, 801, 1 198.
— de Chalais, p. ,9. — du Plessis-Praslin, p. 3.
— de Chambonas, pp. 49, io36, — de Polignac, p. 435.
— du Champ, p. io36. — de Poujols, p. 1082.
— de Charolais, p. 971. — de Provence, pp. ,,3, ,274, ,3,3, l3,4, ,3i5.
— de Choiseul, p. 25i. ,341, ,359.
— de Clarac, pp. 108, ,16. ' — de Pujol, p. 71.
— de Clermont, pp. 23, 246. — du Pradel, p. ,352.
— de Corneillan, p. ,353. — de Rabat, p. 294.
— de Crenay, p. ,3i3. — de Ribaute, p. io36.
— Dubarry, p. ,352. — de Rochechouard, pp. 77, ,3oi.
— Dubarry-Cérès, p. ,355. — de Rochefort, p. 625.
— de Durfort, p. ,35i. — de Rodde Saint-Haon, p. 1285.
— d'Entraigues, p. |37?, ,393, 1394. — du Roure, pp. 6, 10, 14, 20,21, 24, 25,33,
— d'Estaing, p. ,335. 3">, 56, 104, 287, 19,, 292, 293, 405, 437,
— d'Eu, pp. 89, 100, , 16, , ,36, 1,91, , 192. 49'), 532, ^46, 778, 799, 832, ,o36, 1 198.
— de Falckenstein, p. ,314. — de Roquelaure, pp. 83, ,252.
— de Faudoas, p. 82. — de Saint-Fargeau, p. 92,.
— de Florac, ppC. 39, 778. — de Saint-Florentin, pp. 93, 1 102, 1 168, , 196.
— de Florentin, p. 1 182. — de Saint-Germain, p. 1277.
— de Foix, pp. 872, ,404. — de Saint-Haon, pp. ,285, 1286.
— de Fuensalida, p. 720. — de Sa in t-P ri est, pp. 21.
— de Fumel, pp. 1241, ,243. — de Schomberg, p. 709.
— de Ganges, pp. 309, 329, ,371. — de la Serre, p. ,3.
1488
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Comtes : de Suze, p. 21.
— de Tessé, pp. 534, SSy.
— de Thézan, p. i352.
— de Thomond, p. 1145.
— de Toulouse, pp. 908, 911, gSi, 1079, i365,
1402.
— de Toulouse-Lautrec, p. 1377.
— du Tournel, p. 32.
— de la Tourrette, p. 1 198.
— de Tournon, pp. 292, 835, 1 198.
— de Vabres, p. 614.
— de Villars, p. 790.
— de Vogué, pp. 123, 1 198, 1377.
Comtesses : de Hautefort, p. 11 98.
— de Marsan, p. 1 198.
— de Poitiers, p. 1 14.
— de Rieux, p. 873.
Conciergerie de Toulouse, p. 3o(5.
Concile d'Embrun, pp. 63, 1021, 1022, io25.
— de Trente, p. 320.
— général (Appel au futur), p. 53.
métropolitain demandé par la province de
Narbonne, p. 1021.
Conciles, p. i382.
Concordat de François I, p. 65o.
CoNCOULES, en Vivarais, pp. 776, iioi.
Concours pour la composition des inscriptions
devant décorer le piédestal de la statue équestre
de Louis XIV, p. 904.
Concussions des deux frères Aostène dans le dio-
cèse d'Alet, pp. 357, 358.
CoNDAMiNE (Jardin de la), p. 1149.
Condamnations à mort pour violences contre les
collecteurs des tailles, p. 18.
CoNDÉ (Légion de), p. 1235.
CONDÉ (Prince de), pp. 5, 8, i32, 143, |85, 204,
221, 222, 223, 224, 226, 228, 245, 253, 255,
255, 257, 278, 279, 296, 299, 322, 323, 791,
908; sa lettre aux pénitents bleus après la nais-
sance de Louis XIV, p. 3799 son arrestation,
le 18 janvier i653, p. 2949 sa réponse aux
compliments des capitouls à propos de sa déli-
vrance, p. 3o3 ; étant en Guienne, il obtient
une démonstration en sa faveur de la part du
Parlement de Toulouse, p. 336; nommé généra-
lissime des armées, p. 337; quitte la Guienne,
traverse la vicomte de Turenne & une partie de
l'Auvergne, traverse la Loire, rejoint l'armée
vers Lorris, prend Montargis, est battu à Ble-
neau, pp. 337, 393, 394, 395. 396, 397; refuse
l'amnistie & sert le roi d'Espagne, p. 341;
nommé généralissime des armées du roi d'Es-
pagne, p. 353.
CONDE (Prince de); fait partie des assemblées des
notables qui précèdent la convocation des Etats
généraux, pp. i338, iSSp.
Confection des cadastres en Languedoc, p. 1329.
Conférence entre Cavalier & le marquis de La
Lande, p. 39, 833, 834.
Conférences de Saint-Lazare, p. 406.
•— mi-parties qui devaient se tenir à Nimes aban-
données, p. 528.
Confessions forcées, p. 541.
Confirmation des privilèges des capitouls & habi-
tants de Toulouse, p. 53.
— d'exemption de taxes, p. 61.
— de noblesse taxée à tous les capitouls de Tou-
louse, pp. 899, 900, 901, 902.
Confiscation de l'artillerie municipale de Tou-
louse pour le roi, p. 29.
— de bâtiments français ou étrangers à bord des-
quels seront trouvés des nouveaux convertis,
p. 712.
— des biens des protestants absents, p. 559.
Confiscations faites sur les héréiiques, p. 693.
CONFLANS (de), p. 931.
Gonflent, comté, pp. 108, SyS, 400, 5ii, 5i',
521, i385; s'il faisait partie du Roussillon ou
de la Cerdagne, p. 399.
Co^FLITS de juridiction entre différents officiers
de justice, pp. i5i, i52.
— de juridiction à propos de la mort du trésorier
de la bourse de la Province, p. 892; enire le
Parlement de Toulouse & la cour des comptes
de Montpellier; les bureaux des finances des
deux généralités réglés par la déclaration du
10 janvier 1735, pp. 1049, io5o, io5i, io52,
io53, 1054.
— en 1784, entre le ministre, la cour des comptes
de Montpellier & le Parlement de Toulouse,
p. 1329.
Congés, hameau en Gévaudan, p. 965.
Congrégation du Pain-Bénit, à Toulouse, p. 372.
CoNi, assiégé par les Français, p. 773.
CONILLIÈRE, p. 96.
Conjuration de Nimes, pp. 858, 859, 860.
de Cellamare, p. 920 ; extrait de différentes
pièces fabriquées à cette occasion, pp. 926, 927,
928, 929, 930.
CONNAUX, p. 1406,
CONOSOULS, p. 698.
Conques, p. 55; ses armoiries, p. 687.
CoNQUET (Epanchoir de), p. 1062.
CONQUEYRAC, p. 764.
CONRART, de l'Académie française, p. 247.
Conseil des affaires ecclésiastiques, p. "i?-
— de bourgeoisie Je Toulouse; sa méfiiiuce contre
certains membres de l'entourage de Gaston,
p. 281.
— de commerce créé en 1700, pp. 34, 847; ses
attributions; sa composition; aucune ville de
Languedoc n'y est représentée, p. 716; après
protestation, les Etats désignent un ancien né-
gociant de Nimes qui est remplacé au bout de
neuf mois par le syndic général de la Province,
p. 717.
— de conscience, p. 920.
Conseil d'Etat, pp. i à i3o, 146, 175, 23o, 242,
245, 3io, 321, 322, 347, 386, 427, 440, 441,
468, 491, 529, 53o, 572, 078, 604, 606, 63o,
639, 641, 655, 714, 7i5, 716, 717, 723, 724,
728, 729, 844, 845, 846, 847, 848, 85o, 85i,
852, 853, 854, 855, 865, 869, 870, 871, 873,
877, 935, ioo3, 1027, io3i, io32, 1061, 1062,
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1489
1070, 1072, 1073, 11^4, 1148, ii49> i'5i,
ii53, ij55, ii53, 1161, 1177, 1182, 1204,
i2o5, i2c6, 1234, 1275, 1283, 1293, i35j,
1372, i338; c'est de lui qu'émane toute initiij-
tive, p. 480; renvoie l'affaire des rcgrilistcs
d'AIet & de Pamiers aux archevêques de Tou-
louse & de Narbonne, p 5t7 ; prononce la sai-
sie du temporel de l'évèché de Pamiers, p. 5 17;
évoque la querelle entre l'abbaye de Boulbonne
& les habitants de Cintegabelle, p. 872. Voir
Arrêts.
Conseil de marine, pp. 55, 937,
— politique d'Agde, p. 54.
— politique de Durban, p. 55.
— politique de Lésignan, p. 67.
— politique établi à Montagnac, p. Sç.
— politique de Nimes, p. 992; nommé selon les
anciens usages, p. 73.
— politique de Rabastens, p. 53.
— royal des finances, connaît des ordonnances
de l'intendant en matière d'ouvrages publics,
p. 120.
— supérieur de Colmar, p. 1419.
— supérieur de Nimes créé par l'édit d'août 1771,
p. 1214; motifs de sa création, p. 233; attaqué
dans les mémoires adressés au roi au sujet de la
réforme judiciaire, pp. 1267, 1268; est sup-
primé, p. 1269.
Conseillers maires, pp. 635, 635.
Conseillers au Parlement de Toulouse, p. 2.
Conseils mi-partie; leur composition réglée par
le conseil d'Etat, p. 19.
— politiques, p. 53.
— politiques des communes, p. 75.
— politiques renforcés des villes, p. io3.
— de régence, p. 53.
— de santé formés pour arrêter l'invasion de la
peste, en 1721, p. 960.
— supérieur de Nîmes, supprimé, p. 1 1 1.
Co.NSEr.VATioM des bois, p. ic:26.
— de Lyon, p. 848.
Consigne générale des troupes chargées des cor-
dons sanitaires & des services concernant l'épl-
zootie, p. 1255.
Conspiration de Cellamare, p. 936.
Constance (Tour de), p. 975.
CONSTANTIN, pp. 6ïi, 912.
CoNSTANTINOrLE, pp. 82, 704.
Constitution de la propriété, p. i38i.
— de Clément XI, p. 53.
Construction des chemins, ponts & chaussées,
maintenue aux Etats, p. 6i.
— (Devis pour la) de nouveaux chemins, p. 76.
— d'églises, pp. 670, 571.
Consulat, p. i3.
Consulats de tour, p. 1406.
Consuls, p. i3.
— condamnés par la commission de 1734 pour
détournements, p. 109.
— enlevés & traînés dans les prisons seigneuriales
du château de Penne, p. 963.
Consuls (Serment des), p. 76.
— perpétuels, p. 54.
— de Frontignan; leurs préséances, p. 73.
— de Languedoc, p. 7").
— de Montpellier, connaissent des affaires de po-
lice, p. 64.
Contaguet, en Vivarais, p. 1202.
Contestations entre les Etats, les diocèses, les
communes du Languedoc & leurs créanciers,
p. 58.
— pendantes entre différentes juridictions, p. 87.
— débats, enregistrements, &c... portés devant
diverses juridictions, pp. 1049, i55o, io5l,
io52, io53, 1054.
— dans le bas Languedoc entre M. de Soins, les
habitants du littoral des étangs, l'évéque de
Montpellier & le syndic du diocèse, pp. 1054,
io55, io56.
— entre les jésuites, les chanoines & la munici-
palité de Montpellier, p. IC69.
CONTI (Armand de BOURBON, prince de), pair
de France, comte de Pézénas, baron de La Fère-
en-Tardenois, seigneur de l'Isle-Adam, abbé
de Saint-Denis, de Cluny, de Lérins & de Mo-
lesme, pp. 10, iT, 12, i5, 16, 17, 19, 20, 83, 1 i5,
118, 3i2, 314, 337, 341, 365, 393, 399, 432,
775, 1043; lutte contre Mazarin, p. 279; son
arrestation, p. 294; gouverneur de Damvilliers,
p. 296; traverse la Province, p. 356; se réserve
Tinstruction de l'affaire de corruption imputée à
plusieurs membres des Etats, p. 359; son entrée
solennelle à Toulouse; prend possession de son
gouvernement de Guienne, p. 366; détails sur
son entrée à Toulouse, p. 367; date de sa no-
mination comme gouverneur de Languedoc,
p. 383; reçoit Louis XIV comme gouverneur de
Languedoc, p. 337; ""' portrait par Bussy-Ra-
butin, pp. 3y3, 394; ses domaines, p. 394; son
goût pour le théâtre; sa dévotion; ses relations
avec Nicolas Pavillon, p. 395; son discours
contre les duels dans la session de 1661 ; ses ten-
tatives pour corriger des abus, p. 396; son
voyage en Vêlai, p. 3^7; son jugement dans
l'affiire de Thôpital du Puy, p. 398; est promu
chevalier du Saint-Esprit; son application à
faire observer la déclaration du roi contre les
duels, p. 4o5; s'occupe de théologie; la langue
scholastique lui est familière; est thomiste; sa
correspondance avec le P. de Champs; ses maxi-
mes gallicanes; anecdote sur les molinistes,
pp. 428, 42^; ses dernières années; ses efforts
pour réparer les dommages qu'il avait causés ou
permis durant la Fronde, p. 443; son testa-
ment; ses exécuteurs testamentaires, p. 444;
rend hommage dans son testament à Nicolas
Pavillon ; dernière visite qu'il ret^oit de cet évê-
que, p. 445; sa mort à la Grange des Prés; est
enterré chez les chartreux de \'illeneuve- lès-
Avignon, p. 446; titres de quelques-unes de ses
œuvres, pp. 443, 445, 446; a protégé l'institut
des Filles de l'Enfance, p. 578.
CONTI (Prince de), pp. i338, i359.
CONTI (Princesse de), p. 370.
CONTI (M""' de), p. 911.
CoNTi (Régiment de), p. 1270.
XIII.
94
I
490
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
CoxTRAixTE par corps, p. io5i.
Contraintes ou obdonnAiNCEs contre les receveurs
ou payeurs, p. io5i.
Contraventions en fait de contrôle, p. 44.
Contrebande en Gévaudan, p. iiSy.
Contrebandiers, p. iiSy.
Contrôle des actes de l'hôtel de ville, p. 71.
Contrôleurs des tailles; offices unis à la Province,
P- 46-
Controverse religieuse; sa forme ironique & bru-
tale laisse pressentir, dès 1764, les allures du
langage révolutionnaire, p. 1189.
Convention entre le baron de tour & les barons
annuels, p. 122.
Conversations démoniaques, p. 976.
Conversions militaires, pp. 554, 555, 557.
— en Poitou, p. 539.
Convocation des Etats généraux, dans la ville
d'Orléans, en 1648, pp. 266, 278.
— en 1788, pp. 1344, i354, iSyi, 1372, i373,
1376, 1377.
— de l'assemblée des notablesàVersailles, pp. i335,
i336.
Convoitises excitées par l'anoblissement capitu-
laire à Toulouse, p. 170.
COPONS (Philippe de), conseiller du conseil royal,
p. 320.
COQUEP.EL (Athanase), fils; citation de sa mono-
graphie : Jean Calas &• sa famille, p. i |65.
C0RBARIE0, pp. 639, 957, 959, 1238.
— (Consuls de), p. 958.
CoRBEiL, p. 295.
CoRBiE, lieu, p. iSp.
CoRBiÉRES, pp. 5i, 53, 345, ioo3, 1082.
CoRBiÈRES (les), p. i335.
— (Archiprêtré des), p. 346.
— (Pays des), p. 42.
CoRCONE, château, p. 339.
CoRcONE; ses armoiries, p. 687.
COBDELATS, pp. 52, 698.
— de Mazamet, &c., p. 85.
— de Mazamet, de Dourgne & de Boissezon, p. 60.
CORDELIERS, p. 3|8.
— de Languedoc, p. 1 16.
— de Narbonne, p. 3.
— de Toulouse, p. 585.
— (Église des), à Toulouse, p. 1374.
Cordes, en Albigeois, pp. 17, 94, 3io, 422, 1008,
1 153, 1402, 1408.
CORDES (de), p. 619.
Cordon sanitaire, pp. 56, 57; démolition des bar-
rières & corps de garde, p. 67
— durant l'épizootie de 1775, pp. 1248, i25o.
Cordonniers de Castres; leurs armoiries, p. 680.
— de Montpellier, p. 80.
CORDOUE, p. 927.
Cormes, p. 76.
CoRî'ANDON, château épiscopal du diocèse d'AIet,
p 357.
Cornas, en Vivarais, p. 1202.
Cornaudric, p. 1252.
Cornes (Commerce des), p. 127.
CORNEBARRIEU, pp. 863, 1233, 1 240.
Cor.NEiLHAN (Hôpital de), p. 696.
CORNEILHAN (Comte de), p. i353.
CORNET (M"), juge dans plusieurs seigneuries
différentes, p. 1197.
CoBNinON, en Vivarais, pp. 966, 1202, 1406.
CORNILLON (Baron de), p. io36.
CORNUSSON, sénéchal de Toulouse, pp. 171, 173,
332, 473.
CORONAT, p. 1425.
Corporations religieuses à Toulouse, en i65i,
p. 3i8.
CORPOYRAN, lieu, p. Il5o.
Corps de maîtrise; défendus à Cette, p. '62.
. — de métiers, p. i ) i.
— capitulaire de Toulouse, refuse de se rendre
aux Etats à Carcassonne, p. 3i5.
— judiciaires; régularité que Louis XIV croit
pouvoir y établir, p. 441.
CoRRÉJAc, village; ravages qu'y fait la peste,
p. 962.
CoRRÉJAc, hameau en Gévaudan, p. 965.
Corruptions au sein des Etats de Languedoc; pa-
roles véhémentes de l'évêque de Saint-Pons à ce
sujet, p. 276.
CORSAC (de), p. 620.
Corsaires anglais apparaissent sur les côtes de
Languedoc en 1763, p. I179.
. — d'Alger, p. 462.
— de Tripoli, p. 64.
— de Tunis, p. 462.
CoRSiQUE, p. 927.
CORSOULES (Baron de), p. io3(5.
CORTADE BETOU, procureur du roi; discours
dans lequel il fait une apologie franche &. naïve
du despotisme, p. iic5.
CORTEIZ (Pierre), prédicant rentré en France; ses
antécédents, p. 877.
CORTEIZ, ministre protestant, p. 1080.
Corvée; mémoire sur cette question présenté à
l'assemblée des notables, p. i338.
— convertie en une prestation en argent, p. 1342;
supprimée, p. 1 14.
Corvées fournies par les communes pour démolir
le château de Termes, p. 346.
— (Suppression des), p. 1 14.
COSNAC, abbé, p. io23.
COSSÈ-BRISSAC (de), abbé de Fontfroide, agent
général de l'assemblée du clergé de France de
1733, p. 1020.
COSTA (Jean de); envoyé à Paris pour obtenir la
continuation du droit d'évocation; peu de suc-
cès de ses démarches, pp. 440, 441, 442; est
chargé d'une négociation relative au titre de
noblesse des anciens capitouls, p. 449.
COSTE (de), p. 620.
COSTE, marchand d'Uzès, correspondant des Cé-
venols; sa tête exposée à Uzès, p. 887.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1491
COSTOS (Françoise de), p. 576.
CÔTES (Fortification des), p. 78.
— de Languedoc; des bateaux chargés sont enlevés
par les galères royales, p. 292.
Coton, p. 90.
CoTONiNES de Castres, &c., p. 85.
COTTE (de), pp. 1295, 1296.
COTELLE (Pierre), converti au catholicisme; en-
levé de force dans Tévêché de Nîmes, p. 279.
COTTELIER, conseiller au présidial de Nîmes,
p. 427.
Cottes, en Vivarais, p. 1202.
CocBON, p. 491 .
CotcouBOiN, paroisse, pp. 140.5, 1410.
COUDERC (Salomon); son supplice, pp. 42, 740,
749, 731.
COUDERC, surnommé La Fleur, chef de bandes
dans les Cévennes, p. 759.
Coi'DOGNAN, pp. 747.
COCUOLGNAN, p. 35.
COUDOUGNAN (de), conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1218.
CouDOuLOux (Chemin de), p. 760.
COUDRAY (du), major de l'infanterie gantaise,
p. 1086.
CooFFOULEiNS, baronnie au diocèse de Carcassonne,
pp. 23, 28, 29, 3i5, 459, 1008.
Cofiz», p. 124.
CouLADÈBE, commune, p. (009.
CocLAis (Pont de), p. 96.
Coulet, p. 1072.
COULOM, procureur juridictionnel de VilUmur,
p. 9:
18.
COULOMB, subdélégué de l'intendance de Mont-
pellier, pp. I 106.
CouscotROU, en Vivarais, p. 1202.
CotPÉCHANiÉp.ES, bourg au diocèse de Luçon ,
p. 1020.
COUPETTE (la), conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. 242.
Coi'R coratale de Caraman, p. i35o.
.— plénière; son établissement suspendu, p. 13.59.
— des aides, séparée de la cour des comptes de
Montpellier, doit siéger à Carcassonne, p. 287.
— des aides de Cahors; motifs de sa création,
p. 23.
Coi'R des comptes, aides & finances de Montpel-
lier, pp. I, 2, 18, 3i, 43, 46, 64, 67, 74, 82,
89, 94, 97, 99, 102, 104, 109, III, ii5, 124,
• 128, i3o, 358, 708, 843, 853, 872, 891, 892,
ç.'ij , 1028, io3o, 1371, 1372, i393j conflit
avec le trésorier des Etais, p. 4; création d'of-
fices, p. 3i; son organisation, son ressort, ma-
tières soumises à sa juridiction, pp. 23i,232; est
fr.ippée à la suite des troubles de Montpellier;
transfert de la cour des aides » Carcassonne,
p. 237; prend la défense des Etats contre le
Parlement de Toulouse, p. 3o 1 ; ses épices trop
élevées, p. 8^3; ses arrêts contre le receveur des
tailles, p. 853; ses remontrances au sujet de la
Suspension des Etats de Languedoc, pp. 109-?,
1098, 1099; ses différends avec les Etats réglés
par une déclaration du roi, pp. 1 146, > 147; sa
querelle avec le ministère, pp. 1329, i33o; ses
remontrances sur l'édit portant prorogation du
second vingtième, p. i345; dans ses remon-
trances relatives à l'édit du vingtième, se plaint
de l'immunité fiscale accordée aux biens du
clergé & de l'organisation des États de Langue-
doc, pp. i36o, i36i, i362; sa dernière au-
dience, p. i3o.
CoiR plénière créée, p. 1347.
COUR (de la), p. i352.
COUREEVILLE (de), beau-frère du comte de Tour-
non, tué dans une embuscade tendue par Rol-
land, p. 836.
CotBME (Vallée de la), p. 7(54.
CoURNONTEIiRAIL, pp. 22, 23.
COLERY, pp. l3l2, l3l3.
Cours d'eau, p. 1 2.
— d'eau débordés, p. 1009.
— de la Garonne, pp. 1294, 1295, 1296.
Cours d'accouchement, p. 124.
— gratuits d'accouchements, p. 127.
— gratuit de mathématiques à Béziers, p. !)().
Cours des monnaies, p. 2; réglé par le Parlement,
p. 268.
Cours souveraines; projet de leur suppression,
p. 108.
— souveraines de Bretagne & de Metz, défendent
de recevoir dans leur ressort la légende de Gré-
goire VII, p. 1014.
Cours Dillon, à Toulouse; son exhaussement,
p. 1428.
CouRSAN, pp. 108, 120, 166, 639; le Parlement
tente d'y transférer les justices qui s'exerçaient
à Narbonne, p. 3o6 ; travaux exécutes par cette
commune pour S'e garantir des inondations de
l'Aude, p. ((93.
— [Plaine de), p. 1010.
— (Pont de), p. 29.
COURSON (de), p. io32.
COURSON (de), intendant de Gulenne, un des
quatre fils de l'intendant de Languedoc Lamoi-
gnon de Bâville, prend la place de son père au
conseil d'Etat, p. 921.
COURT (Antoine), apôtre du protestantisme; réu-
nit les prédicants des Cévennes & du bas Lan-
guedoc, p. 5i; sa naissance; son enfance; ses
premières prédications, p. 917; visite le bas
Languedoc, le Dauphiné, &c. ; les galères de
Marseille; réunit le premier synode tenu depuis
la révocation de l'édit de Nantes, p. 918; sa
guerre aux prédicants & aux prétendus inspirés,
pp. 976, 977.
COURT, ministre de Lausanne, p. 1067.
COURT DE GÉBELIN, auteur cité, pp. 75. , 783,
784. 787. 789, 814, 878, 880, 887; anecdote
racontée par cet auteur au sujet de Poul, p. 767.
Courtage (Droit de), p. 76.
CouRTAULY, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Courten ("Régiment de), pp. 858, 859.
Courtiers jaugeurs, p. 58.
— des étoffes de lame & de soie, à Nîmes, p. 63.
— en grains, p. 944.
i
149^
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATI^,RES.
COURTOIS DE BALORE, évêque d'Alais, p. 1274;
éTêque de Nimes, député aux États généraux,
p. 1376; demande que les artisans & manœuvres
soient exempts d'impôts, p. iHçî.
COURTOIS, négociant à Toulouse, p. i363.
CouBTOES, hameau en Gévaudan, p. 966.
Cot'RTRAY (Châtellenie de), p. I236.
Court, en Vivarais, pp. i2o3, 1410.
CODSERANS, pp. 297, 3l8, 319, 320, 1178, 1252,
1400, 1403.
— (Bois de), p. 474.
— (Diocèse de), p. i33r.
— (Evèché de), p. 365.
COUSERANS (Vicomte de), p. 253.
COUSIN, consul de Lavaur, p. 287.
COUSSE (de), p. i355.
COUSTAUSSA (M. de); ses exactions, pp. 411,
414.
COUSTOU (Pierre), p. 114.
CotiSTOUGE, lieu, p. 347.
CouTANCES, pp. 579, 583, 586.
— (Diocèse de), p. 3i5.
Coutume de Paris, p. i383; appliquée aux fiefs
du Languedoc, p. 33; quatre cent trente-quatre
terres ou seigneuries de Languedoc y sont sou-
mises, p. 693; origine de son application en
Languedoc, p. 952.
COUTURIER, notaire à Paris, p. 1206.
Couvent des augustins, à Toulouse, p. 493.'
— des carmes, à Carcassonne, p. 338.
— de la Propagation de la Foi, p. 583.
Couvents; leur nombre en Languedoc en 1698;
leurs revenus, p. 694.
Couvertures, p. 487.
— fabriquées à Montpeljier, p. 67.
Coux, en Vivarais, p. 1201.
CoYRON (Montagnes du), pp. 870, i3o2.
CozA, baronnie, p. 1059.
CRAMOISY (Sébastien), p. i33.
Craponne, ppi i57, 1376, 1406.
CRASSOUS, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
Craux, en Vivarais, p. 1201.
Créanciers de la Province, p. yS.
— des communes, p. 74.
Création du département maritime du bas Lan-
guedoc (Hérault); du département de Toi.loute
(Haute-Garonne); du département de Foix
(Ariége); du département de Carcassonne (Aude);
du département du Vêlai (Haute-Loire); du dé-
partement de l'Albigeois (Tarn); du départe-
ment de Gévaudan (Lozère); du département du
Vivarais (Ardèche), pp. 129, i355, 1400, 1401,
1402, 1403, 1404, 1405, 1406, 1407, 1408, 1409,
1410, 1411.
•-^ de chaires à l'Université de Toulouse, p. 910.
— d'offices, pp. 85o, 981, 982, 983; pour aug-
menter les revenus du Trésor, p. 624.
— & suppressions d'offices aggravant la misé ■
générale, p. 889.
— de l'évèché d'Alais, p. 644.
Création de la noblesse miliinirc, p. 85.
— de sénéchaussées présidiales réclamées, pp. i384,
i335.
CreisSac, en Vivarais, p. 1201.
Crémieux, lieu, Ihe^ Cbémieu, p. i3i6,
CRENAY (Comte de), p. i3i3.
Crêpons, p. 698.
Cbespian, démolition de son temple, p. 19.
Cp.et, en Dauphiné, p. 612.
Creusement des ports, p. 1029.
Creux de Vaie, en Vivarais, p. 35.
Cbevelt, p. I i56.
Cheysselles, en Vivarais, p. 1201.
Crieu, plaine, p. 1404.
Cbieulon, ruisseau des Cévennes, p. 764.
GRILLON (Marquis de), p. 91.
CRILLON (Dominique-Laurent de), évêque de
Glandève, p. t o23.
CRILLON (Jean-Louis BALPI DE BERTON de),
archevêque de Narbonne, prétexte un dérange-
ment de sa santé pour se retirer des Etats en
itSo, p. 1091 ; prie l'archevêque de Toulouse de
le remplacer, p. 1092; sa mort rend vacante la
présidence des États, p. 1 1 17.
CRION (Bernard), p. 273.
Cristal de roche; privilège pour sa fabrication,
p. 18.
— de tartre, p. 700.
Cristaux, p. 62; leur fabrication, p. ï.
Critique faite par le Parlement de Toulouse de la
réforme capitulaire de 1778, pp. i3i5, i3i6,
i3i7, i3i8.
CROISSY (Abbé de). Voir COLBERT (Charles-Joa-
chim).
CROISSY (Marquis de), p. 720.
Croix del Fuit, p. 1223, 1224.
Croix de mission, p. 80; qui doit supporter les
frais de leur plantation, pp. 1074, 1075.
— de pierre élevée en mémoire de l'édit de révo-
cation; quatrain qui court le Languedoc 3 pro-
pos de son dépl.icement, p. 717.
Croiv-Dauraue, faubourg de Toulouse, pp. 1181,
1223, 1224.
Ceoix-Faigarde (la), au diocèse de Toulouse,
p. 1008.
Croix de Ricolles, p. 1197.
CROMWELL, pp. 286, 349; son intervention évite
une répression sanglante à Nimes, p. 382.
Gros, lieu, pp. 28, 764; un temple protestant y
est édifié, p. 423.
Gros de Langlade, p. 1067.
Gros en Montagne, p. 1202.
CROS (Simon de), de Béziers, annaliste du due de
Montmorency, p. 147.
CROS (Pierre), p. 980.
Crouzet (Pont de), dans le territoire de Sorèze,
pp. 1252, 1253, 125^, 1257.
TiiAS, lieu de Vivarais, pp. 612, 614, 1201.
; Abbaye de), p. i 197.
— (Abbé de), p. I 198.
Crue du Rhône, p. i iS'î.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1493
Chue du Sel, p. 1 iSz.
CRUSSOL (Marquis de), p. 96.
CRUSSOL (Jacques de), marquis de Saint-Sulpice,
p. 363.
CRUSSOL (Jean-Charles de), duc d'Uzès, p. 906.
Crkviebs, dépendance de la baronnie de Boucoi-
ran, pillée, p. 810.
CutviERS, commune, p. 817; démolition de son
temple, p. 19.
Crizi, pp. 1401 .
CRUZy-MARCILLAC (Sylvestre de), évéque de
Mende, p. |58.
CL'CSAC (de), nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 1214.
CuG^A^^x, lieu, p. 1218.
Cuirs, pp. 72, 700, 701, 70S.
— (Apprêts des), p. 87.
— venus de Hollande provoquent l'épizootie dans
le sud-ouest de la France, p. i232.
— prohibés, p. 1241.
Cuisine italienne appréciée par le poëte Maynard,
p. 247.
CoisiNHC, en Vivarais, p. 1201.
CuiviiES, pp. 481, 698, P283.
CiLTE c.Ttholique cesse à Nîmes, p. 7; interrompu
dans les Cévennes, p. 765.
— réformé, p. S 19.
— à Saint-Dezery, p. 17.
— autorisé à Portet, p. 2.5; hors l'enceinte de
Saint-Gilles, p. 7.
— son exercice à FJorensac, p. 334.
— plaintes portées aux Etats sur son extension
en Languedoc, p. 7.
demande de l'interdiction de son exercice dans
les lieux qui ne sont pas couverts par la ga-
rantie de ledit de N.inies, p. 424.
son exercice est rendu de plus en plus difficile,
p. 525.
— interdit, pp. 424, 4î5j à Colognac, à Cros,
p. 28 ; à Florensac, p. 1 o ; à La Bastide, p. 27 j
à La Salle, p. 28; à Manoblet, à Mazamet,
p. 28; àMelgueil, p. 22; à Montpellier, pp. 27,
523; à Nîmes, p. 28; à Saint-Amans, p. 27; à
Saint-Jean de la Bliiquicre, p. 19; à Saint-
Roman, p. 28; » Valestalières, p. 28; à Uzès ,
p. 28; dans la ville & le terroir de Privas, p. 19;
à moins de cent pas des églises paroissiales,
p. 2(5.
— généralement interdit, p. 558.
Culture du coton en Languedoc, p. 1069.
CuMiES, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
CuQ TouLZA, pp. 639, 1408.
Cur.ËSi leur assistance aux assemblées municipales,
p. 55.
— de campagne; leur salaire, p. 528.
— à la congrue; leur condition misérable excite
des réclamations universelles, p. i382.
— & vicaires faisant lonction de régents, p. 92.
Ct'STEL, de Limoux, p. 1207.
CUSTINE, député à l'Assemblée nationale, p. 1390.
CUXAC, pp. III, |370.
— (Pont de), p. 142g.
CïGNE (Hôtellerie du), à Montpdlier, p. 234.
CYPIFRRE, commissaire spécial du gouvernement
pour l'organisation des nouveaux ressorts,
p. 1347.
D
DARATIA, greffier, garde-sac au Parlement de
Toulouse, p. 1414.
DADVISARD, avocat général du Parlement de Tou-
louse, enfermé à la Bastille, p. 929.
DAFFIS, premier président au Parlement de Tou-
louse, p. 1410.
DAIGNAN-DUSENDAT, capitoul, p. 1172.
Daillon, en Vivarais, p. 1202.
DAILLON DU LUDE (Gaspard de), archevêque
d'Albi, p. i58, 260; fait 6ter des portes de la
ville les armes du roi; violente querelle pen-
dantqu'il officie; croit sa vie en danger, p. 3o8;
promu chevalier du Saint-Esprit, p. 4o5; son
opposition à M. de Bourlemont; devient l'âme
de la résistance aux Etats de 1664, p. 48 1 ; son
vote motivé au sujet du don gratuit en 1664;
est un des prélats chargé de communiquer la
délibération au comte du Roure, p. 432; ses
invectives contre M. de Bourlemont; leur feinte
réconciliation, p. 433; son opposition au vote
de fonds pour rendre les graux navigables,
p. 435; paroles violentes qu'il échange avec l'ar-
chevêque de Toulouse, p. 436.
DAILLON DE LUDE (Antoinette de), p. i83.
Dagne, p. 33o.
— (Vallée de), p. 1178.
DAGUET, commissaire des guerres, secrétaire des
commandements du duc de Biron, p. 1275.
D^&riN (Hôtel), à Toulouse, p. 948.
DAGl'IN (Jean-Joseph', conseiller au Parlement
de Toulouse, fait jinriie de la commission d'en-
quête de 1783, pp. i32i, i325.
DAGUIN, chevalier, p. ij52.
DAGULV, greffier du bureau des finances, p 5i i.
Dai.gade ^Quartier de la), à Toulouse, pp. 3i8,
368, 438.
— (Eglise de), à Toulouse, p. 405.
DALBIÈRE, trésorier de la ville de Toulouse,
p. 440.
DALBIS DE BELBÈZE (Jean-François-Denis),
conseiller au P.irlcment de Toulouse, fait partie
de la commission d'enquête de 1783, pp. i32i,
i325.
Dalle funéraire de M. de Montchal, au musée d«
Toulouse, p. 319.
DAMAS (Chevalier de), p. 966.
Damas, p. i335.
DAMBES, capitoul, p. 222.
Daupierre, p. 552.
Damvilliebs, place forie, pp. 296, 443, 444.
DANCEAU DE LAVEr.ANET, chevalier, p. i35l.
Danemark, p. 1012; l.i liberté des cultes public»
y est proscrite, p. 829.
1494
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
DANIEL RAOUL, prédicant, p. 35.
DANIEL-DEYDE Bernardin), maire & vlgiiicr de
Montpellier, désigné pour faire partie de l'as-
semblée des notables de 1786, p. i336.
DANIZY, inspecteur diocésain des travaux publics,
p. 1 i5o.
Danses dans le diocèse d'Alet; leur caractère licen-
cieux, p. 414-
DAOUST, notaire de la Province de Languedoc
à Paris, p. io65.
DAOL'STÈNE (Louis-Hyacinthe), p. 864.
DARAN CASTILLON, p. i353.
DARKON, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 1218.
DARBOIJ, p. i353.
DARUIGNAC, médecin, forme un recueil d'obser-
vations sur l'épizootie dans le diocèse de Com-
minges, pp. izSz, i233, ijSp.
DARLES DE CHAMBERLIN, ingénieur, pp. io3,
I 146.
DARNES, ancien consul à la bourse de Toulouse,
p. i363.
DARQUIER DE MAULÉON ;Sylvestre), maire per-
pétuel de Mauvaizin, p. ôSp.
DARVIEU (Di"-), p. r 142.
DASPE (Jean;, membre du Parlement de Toulouse,
p. 658j achète l'office de maire perpétuel de
Toulouse, p. 639; son installation; f<ut déloger
La faille de l'hôtel de ville, p. 6425 ses manières
hautaines indisposent ses anciens confrères du
Parlement; est .iccusé d'avoir trempé dans des
négociations peu délicates; émeute contre lui;
ses plaintes à l'intendant, p. 643; malgré l'op-
position des capitouls, s'assure la possession de
la mairie; ses prérogatives, p. 640, 641; pro-
pose de donner, dans l'hôtel de ville, un local
à la nouvelle Académie, p. 607; mainteiieur des
Jeux-Floraux, p. 661.
DASPE, conseiller aux enquêtes, mjiinteneur des
Jeux-Floraux, p. 661.
DASPE, archidiacre, à Toulouse, p. i356.
UASTE, ingénieur, p. 1146.
DATUY, patron de barque de Villeneuve, p. 1001,
DAUBERT, premier président au Parlement de
Douai, p. I 333.
DAUBERT (M"»), baronne de Ballainvilliers ,
p. i333.
DAUBIAN, maître des Jeux-Floraux, p. 661.
DANCEAU, p. i352.
DANCEAU (Chevalier), p. |352.
Dauphiné, province limitrophe du Languedoc,
pp. 11,60, 79, 195, 349, 034, 542, 609, 663,
773, 814, 85i, 870, 886, 893, 918, 941, 969,
1026, 1065, 1066, 1077, 1079, 1081, il52,
1400, 14C19.
DAURE (Pierre), avocat, pp. 223, 226, 228.
DAURIAC, propriétaire d'un moulin, p. 1008.
DANTY (Antoin.-J, maire perpétuel de Carcas-
sonne, p. 639.
DAUXION (Pierre), p. 3i6.
Das'E-ian, lieu, p. 347.
PAVESSENS, marquis, p. i352.
DAVESSENS-MONCAL (Le marquis), p. i353.
Dauhade, à Toulouse, pp. 200, 348.
Davezielx, en Vivarais, p. 1202.
DAVID, maire d'Albi, p. 868.
DAVID DE KEAUDRIGUE, capitoul, pp. 1 1(52,
I r63, 1 172.
DAVID, nommé conseiller au Parlement Maupeou,
p. 1214.
DAVID, inspecteur des travaux publics de la Pro-
vince, p. i3 I I .
Dax, pp. 390, 1261 .
DEBANS, consul de la Bourse de Toulouse, p. 1 363.
DéiîAijches de la noblesse du diocèse d'Alet flétries
par Nicolas Pavillon, p. 408.
Débitants ou to-ssesseurs de sels prohibés, p. 844.
Déroisement, p. 999.
Débordement de rivières dans le haut Languedoc,
p. 289.
— de l'Aude, p. i25.
— de la Garonne, pp. ioo.5, 1009.
— du Rhône, pp. 42, 89.
— du Sor, p. 36.
DECAMPS, habitant de Toulouse, p. 1402.
Déclaration du clergé de France de 1682, pp. 622,
1017.
Déclaration du roi, du i" décembre 1642, contre
Gaston d'Orléans, p. 184.
— du 23 avril 1643, ordonnant de faire disparaître
les traces de l'ordonnance précédente, p. 184.
— du 8 juillet 1643, portant confirmation de
l'édit de Nantes, p. 1 .
— du 21 mai 1662, portant confirmation de l'édit
de Nantes, p. 1 o.
. — d'octobre i653, en faveur des protestants du
bas Languedoc, Dauphiné, Vivarais & basses
Cévennes, p. 11.
— du 18 juillet I ').'»'), concernant l'observation de
l'édit de Nantes, p. i3.
— du 2 avril 1666, concernant l'évocation des
aCiires des protestants convertis, p. 20.
— du 7 septembre 1666, au sujet du payement des
tailles, p. 2 I.
— du 9 octobre 1^84, réglant les maximes sur
lesquelles les biens de Languedoc doivent être
reconnus nobles ou roturiers, p. 28.
— de 1687 & de i7o3, restreignant pour le com-
munes le droit de plaider, p. 847.
— du 18 janvier 1695, pour l'établissement de la
capitation, p. 666.
— du 12 octobre 1696, prescrivant l'établissement
d'un hôpital général dans toutes les villes &
gros bourgs, p. 695.
— du 3o avril 1697, portant règlement pour le
payement des dettes diocésaines & communales,
p. 33.
— du 23 novembre 1697, portant défense aux
protestants de Languedoc de s'étatlir à Orange,
p. 33 .
— ûu 2 octobre 1702, rendant responsables des
frais de procédure les maires, syndics ou consuls
qui auraient entrepris des procès sans autorisa-
tion, p. 847.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1495
DtCLABATiON du 29 février 1708 au sujet de l'alli-
vrement des biens sujets à la taille & sur la
présomption de nobilité, p. 46.
, du 3o août 1707, permettant aux communes
de Languedoc de se pourvoir par requête civile
contre tous arrêts donnés en matière de nobi-
lité, p. 44.
du î8 février 1708, portant règlement pour la
levée de la capitation en Languedoc, p. 46.
— du 21 janvier 1718, relative aux droits de pré-
lation accordés aux seigneurs pour terrains
abandonnés, p. 934.
— du 1 3 mars 1717, sur l'abonnement du dixième,
p. 53.
■^ du 6 avril 1717, soumettant à l'autorisation
préalable de l'intendant les appels d'élections
consulaires faits au nom des communes, p. 53.
du 27 septembre 1723, frappant d'une taxe les
nouveaux nobles, p. 1002.
du 14 mai 1724, relative aux protestants; par
qui elle avait été préparée; peines appliquées
aux protestants, pp. 995, 996.
du 10 août 1728, portant règlement pour les
biens abandonnés en Languedoc, p. 62.
— du 23 août 1728, réglant la pêche du poisson
d« mer sur les côtes de Languedoc, p. 62.
— du 17 novembre 1731, établissant l'impôt du
dixième sur tous les revenus, p. 65.
— du 6 février 1 732, défendant de saisir les feuilles
de mûrier en Languedoc, p. 66.
— du 16 janvier 1735, réglant les adjudications
oar décret, en Languedoc, p. 69.
— du 20 janvier 1736, réglant la compétence du
Parlement de Toulouse, de la cour des comptes
de Monipellier & des autres tribunaux de Lan-
guedoc, p. 69.
— du 20 janvier 1736, portant règlement pour les
différentes juridictions en Languedoc, pp. 1049,
io5o, io5i, io52, io53, 1054.
— du 29 août 1741, pour la levée du dixième du
.evçnu des biens du royaume, p. 75.
— du 17 octobre 1 741, interprétant celle du 28 fé-
vrier 1708, pour la nobilité & roture des fonds
de terre en Languedoc, p. 76.
~- du 18 mars 1755, concernant les adjudications
des biens abandonnes en Languedoc, p. 89.
— du_7 décembre 1738, servant de règlement entre
les Etats de Languedoc & la chambre des comp-
tes de Montpellier, p. 93.
■ — de décembre 1758, destinée à régler les diffé-
rends des Etats avec la cour des aides de Mont-
pellier, pp. 1 146, 1 147.
— du 10 juillet 1762, interprétative de ledit de
1749 concernant les gens de main-morte, p. 97.
— du 25 mai 1763, autorisant la libre circulation
des grains, p. 98.
— du 10 juillet 1763, portant que le payement de
la taille pendant trente ans rend roturiers les
fjnds nobles du Languedoc, p. 98.
— du 1 I février 1764, concernant les octrois & les
bien» patrimoniaux des communes, p. 1 184.
— du 28 août 17^6, fixant les cas où les conseils
politiques renforcés des villes de Languedoc de-
vront être convoqués, p. io3.
DicLAiîATiON du 5 juillet 1770, concernant le dé-
frichement des terres incultes dans le Languedoc,
p. 107.
— du 5 juillet 1770, relative aux défrichements,
p. i385.
— du 4 août 1770, portant règlement pour le
payement des dettes diocésaines & communales
en Languedoc, p. 107.
— du 10 mars 1772, sur la portion congrue des
curés dans le ressort du Parlement de Toulouse,
p. 109.
— du limai 1772, concernant l'administration
des communes en Languedoc, p. 109.
— du 23 avril 1774, pour le remboursement des
finances d'offices supprimés au Parlement de
Toulouse, p. 111,
— du 10 février 1776, permettant la libre expor-
tation des grains à l'étranger, p. 1 i3.
— du 10 janvier 1784, portant règlement jour la
confection des cadastres, pp. 122, 1329.
— du 17 juin 1787, établissant la liberté du com-
merce des grains, p. 1342.
— du 27 juin 1787, prescrivant conversion de la
corvée en une prestation en argent, p. 1342.
— envoyant le Parlement de Toulouse en vacan-
ces, p. 1347.
Déclamation de cuERnE à l'Angleterre, p. 618.
— à l'Espagne, le 9 janvier 1719, p. 936.
— à la Hollande, p. 607.
Déclabation des droits de l'homme & des ci-
toyens, p. 1391.
Dêchi des doubles tournois de Toulouse, p, i,
DECROYE, p. 72.
Défection (Texte du projet de), soumis au comte
de Marsin par un gouverneur espagnol, p. 295.
Dkiense de laisser paître le bétail en certains
lieux, p. 59.
— de tenir des chèvres en Languedoc & d'arra-
cher arbres ou arbustes, p. 60.
— de mettre le feu aux chaumes, landes, bruyères,
garrigues, p. 65.
— de tuer des agneaux, p. 78.
— de saisir les bestiaux en Languedoc, prorogée,
p. 90.
— de plaider au nom des communes, p. 847.
— des côtes, p. 937.
DEFFOURS (François), maître maçon, p. 863.
DtriciT, p. i336.
— sur les rentrées des impositions_en 1712, p. SpS.
UEFLOTTES (Anne), p. 863.
Déjuiciiement, p. i385.
— des palus rehaussés de l'Aibruguière & Tamer-
let, p. 59.
— des terres incultes, p. 107.
DELEUZE, un des propriétaires des mines de la
Grand'Combe, p. 1280.
DELHERMETS, syndic de Gévaudan, p. i3o7.
Délibérations des Etats de Languedoc, foir Etats
DE Langledoc
DKLICQUE, chirurgien de Paris, p. 966.
DELILE, grand-chantre à Toulouse, p. i356.
1496
Délimitations des frontières de France & d'Espa-
gne; habileté de Mazarin pendant les conlé-
rences de la Bidasson, pp. SyS, 374.
UELISLE, géographe, pp. 996, 997.
Delliî, dans la haute Alsace, p. S75.
DELMAS (Le P.), jésuite, p. 1 lyS.
DELIMAS-CARLA, de Limoiix, p. 1207.
UELON (François), sieur de Terrailhon, maire
perpétuel de Coursan, p. 639.
DELONG, conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 1 3» 243.
DELORT (Françoise), p. 980.
DELORT (Suzanne), p. 980.
Df-i.nYAUTÈ des gens d'affaires en Vi va rais, p. |3|3.
DËLRIEU (Guillaume), imprimeur à Toulouse,
condamné aux galères perpétuelles; est effigie
par la main du bourreau, en 1746, pour avoir
imprimé des livres huguenots, p. 1 1 15.
DELRTEU, de Limoux, p. 1207.
Delta du Rhône, p. 892.
UEMAY, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 3)2.
DE MÉIA, p. i352.
DEMIEZ, maire de Valentine, p. 982.
DEMISSOLS, avocat de Nîmes, p. 992.
Démolition de constructions féodales en Gévaudan
qui ont servi de refuge aux auteurs de brigan-
dages, p. 3.5o.
— de maisons par les collecteurs de tailles, p. 23o.
— de moulins : sur le Fresqiiel, p. 1 19; sur la
Garonne, pp. 1296; sur l'Hers, p. 7 1 ; sur le
Laudot, p. 89; de MourviUes , p. 76; sur le
Sor, p. 7 1 ; de Saijit-Rome, p. 72.
— de temples protestants, pp. 18, 19, 20, 22, 26,
27, 28, 29, 525, 526, 527, 536; ordonnées par
le conseil du roi, pp. 426, '427; six sont dé-
molis en Vivarais, p. 538.
UEMORAT, subdélégué de l'intendance de Lan-
guedoc, p. 872.
Denieb vingt, taux adopté pour les emprunts de
diocèses, pp. ic6, 107.
Denier de Saint-Andi'.é; sa suppression réclamée,
p. 1334.
Demebs PROVINCIAUX; ce qu'on entend sous cette
dénomination, p. 1369.
— ROYAUX; ce qu'on entend sous cette dénomina-
tion, p. i368.
DENNEVAL, gentilhomme de Normandie, p. i 194.
Dénombrements, pp. 23, 5i, 124.
DENOYER, fabricant de faïences, p. 87.
Denrées; se pourrissent & se gâtent faute de
débit, p. 462.
Dentelles du Puy, p. 60.
.^ fabriquées en Vêlai, pp. 44, 944; lieux de
vente, p. 7o3.
Dentelliers de Nimes, p. 79,
Deome, rivière, p. 1409.
DfPARirEMENT de l'Albigeois, p., 1407; districts
dont il est composé, p. 1408.
- de Carcassonne, p. 1404; sa division en dis-
tricts, p. I 405.
TABLE GÉNÉRAI F, PFS NOMS ET DES MATIÈRES.
Département de Foix; sa division en districts,
p. 14:.4.
— du Gévaudan ; sa division en districts; p. 1407,
— du Lyonnais, Forez & Beaujolais, pp. 1405,
1409.
— maritime du Bis-Languedoc voté le 22 janviei
1790; sa composition, p. 1400.
— de Nimes; son tracé, p. 1406.
— de Toulouse, formé de la partie occidentale du
Languedoc, p. 1401; sa composition, p. i4o3;
divisé en huit districts, p. 1404.
— de Vivarais; sa formation terjnine la division
de la Province; ses limites, p. 1409.
Départements créés, en 1790, en Languedoc,
pp. 129, 1400, 140T, 1402, 1404, 1405, 1406,
i-(o7, 1408, 1409, 1410, 1411.
Dépenses extraordinaires mises à la charge de la
Province en 1673, p. 5o.
— qu'occasionna à la Province la peste de 1721,
pp. 57, 970.
— de la Province, payées par les deniers provin-
ciaux, p. i 369.
Dépeuplement du rivage des étangs, p. 1384.
Dépopulation des Cévennes projetée, pp. 588,
589, 5yo, 798.
— de la Province; ses causes, p. 862.
Déportation d'habitants des Cévennes en Amé-
rique, p. 590.
Dépréciation des billets de banque, pp. 945, 946.
Déprédation des agents du domaine sur les biens
de la couronne, p. 466.
Députation, sorte de bénéfice attaché à certaines
charges, p. 280.
— des communes aux Etats, p. 90.
— des Etats au Parlement de Toulouse, p. 287;
est fêtée durant le cours de son voyage; reçoit
des marques de respect des corps constitués dès
son arrivée à Toulouse, & les présents que la
ville offrait aux gouverneurs, p. 288; est reçue
dans la grand'chambre du Parlement; est fêtée
par le corps capitulaire, p. 239.
— du Languedoc aux Etats généraux, réglée par
la décision royale du 24 janvier 1789, pp. i365,
i366.
Députés de Toulouse envoyés aux Etats de Lan-
guedoc, p. 327; prennent place aux Etais,
p. 33i .
— à élire aux États généraux par la Province de
Languedoc; leur nombre réparti par sénéchaus-
sée pour les trois ordres, p. 1367.
— du clergé aux Etats généraux, p. 13^6.
— de la noblesse de Languedoc aux Etats géné-
raux, p. 1377.
— du Tiers-Etat de Languedoc aux Etats géné-
ra ux, pp. 1378, 1379.
Dei;necueillette, p. 347.
UERODON (David), professeur au collège de Nî-
mes, est banni, p. 17.
Débogeance, p. 386.
Desaignes, en Vivarais, p. 1202.
— (Pont de), p. 92.
DESANGLIER, p. 1425.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1497
Désastre du Devez; grandes pertes en officiers &
en soldats, pp. 816, 817.
Désastres atmosphériques en 1707, p. 870.
DESCARNAUX (M'"), p. 1 142.
DESCOLIS, p. 1425.
DESCORBIAC, conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. 959.
DESCORNETS, p. 286.
Description de la Province Je Languedoc, faite pen-
dant l'intendance de d'Aguesseau, pp. 6po, 691.
Désert, au bas Languedoc, p. 98.
Désert; un synode y est tenu en 1744, p. 79; les
assemblées s'y multiplient, p. iSo.
— de France, p. 878.
DESFERRE (D"'), p. 1142.
DESFIRMINS, ingénieur de la généralité d'Auch,
p. 1295.
Désinfection des cuirs durant l'épizooiie de 1774-
177.5, p. 12l'>2.
DESINNOCENS, chanoine, à Toulouse, p. i35â.
DESINNOCENS DE MAURENS, président à mor-
tier au Parlement de Toulouse, député aux
Etats généraux, p. 1377.
Dessins, cartes & échantillons insérés dans un
exemplaire manuscrit du Mémoire de BàviUe,
p. 690.
DÉSIRÂT, capitoul, p. ii55.
DE^MARETS, contrôleur général; sa curieuse
lettre au sujet des privilèges imagin.iires des
capitouls de Toulouse, pp. 900, 901, 902; sa
lettre aux capitouls au sujet du droit sur les
farines, p. çoS.
DES.MARETS, traitant, p. 234.
DES.MONTIERS (C.spard), comte de Mérinville,
brigadier des armées du roi, gouverneur de la
ville & du diocèse de Narbom.e, p. S-r^.
DESNAULT (L'abbi), prêtre d'Alais, p. 6^^,.
Désolatio.x en Languedoc, en 1727, pp. ioo3,
1004, ioo5, 1006, toof.
Désordres des chevau-légers, p. 14.5.
— dans la partie orient.ile de la Province, p. :87.
— à Bézierj, à Narbonne, à Nimes, à Uzès, p. 304.
— dans le synode, à Cahors, p. 3 12.
— causés à Toulouse par la présence des gens de
puerrc qui formaient l'eàcorte du roi, p. .'î -.5.
D(>oncANiSATioN générale, à la suite des dix an-
nées de régence, pp. 343, 344.
Desi-hn, en Vivarais, p. iiji.
DtSPUl'ETS (Bernard), évéque de Suint-P.ipoul,
p. i.")9.
DcssfcnEMENT de marais, pp. 3.5, 71, io.5, 109,
123, 126, 1:8, .S84, 33.5, 38^,, ,384; des mirais
d'Aiguesmortes, p. 437; de l'étang de Marseil-
lette, pp. 106, 1 làp, 1 160, 1161.
Destp.iction d'églises & de matériel du culte ca-
tholique par les bandes d'insurgés desCévennes,
pp. 7J2, 753.
— des futaies & des taillis, p. 999.
— des œufs de sauterelles, p. .57.
— des sauterelles, pp. 9-2, 973.
— des paroisses condamnées, p. 38; limites du ter-
ritoire condamné, p. 798.
Destruction de temples demandée, p. 424.
DESUBAS, ministre protestant, arrêté dans les
Cévennes, conduit à Montpellier & pendu,
pp. 811, 1074.
Détresse dans les Cévennes, p. i385.
— financière; expédients pour la conjurer,
pp. 675, 676.
— générale, p. 23o.
— générale du Narbonnais & du Gévaudan, p, 369.
— publique, p. i63.
Dettes du clergé, p. i339; mémoire sur leur rem-
boursement présenté à l'assemblée des notables,
p. i338.
— vérifiées des communes, pp. ï5, 70, 72, io5,
707, 1062; leur cause, p. 1046.
— diocésaines & communales, pp. 33, 107.
— diocésaines, p. 1043; du diocèse de Narbonne,
p. 90.
— onéreuses aux diverses parties de la Province,
à la suite des guerres civiles du commencement
du dix-septième siècle & de la guerre de Cata-
logne, p. 161.
— municipales, p. 1043.
— de la ville de Toulouse, pp. 355, 417, 6o3j
vérifiées, p. 378.
— des protestants de Languedoc, p. 17.
— de la Province liquidées, p. 1427.
DEUMtER, collecteur des tailles, p. 478.
DEUX-PONTS (Duc de), maréchal général des
grands reitres, p. i83,
Delx-Siciles, p. 92-1.
Deix viNtiTu.MES (Levée des), p. 106.
Dflx vingtièmes & SOL pour livre prorogés, p. 108.
Dévastation des hautes Cévennes par Julien, ma-
réchal de camp, pp. 38, 39; instruction donnée
aux commandants pour procéder à la démolition
& à l'incendie des lieux condamnés; contrastes
de barbarie & d'humanité, p. 800; ne pouvant
démolir les lieux cond.imnés, on les biûle;
durée de ces opérations; noms des lieux détruits,
pp. 804, 8c5, 806.
— d'églises, p. 753.
DEVAUX (Jean-Louis), trésorier à Toulouse, est
arrêté pour irrégularité dans la perception des
tailles, pp. 217, 218.
DEVER, chanoine, ii Toulouse, p. i356.
Devez de Martignargles ; sa situation, p. 8i5.
DEVÈiE (de la), lieutenant général, p. 79.
DnvEZET, en Vivarais, p. 1202.
DEVIC père, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
DEVIC fils, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
Devieux, lieu, p. 1218.
DEVIEUX, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 1218.
Devois ou GARRIGUES; leur incendie puni, p. 1027.
Devois de Mattiunai;' 1 es, p. 39.
Dévotion à saint Roch, à propos de la peste de
1 721 , p. 961 .
DEYDÉ DE MURVIEL, conseiller à la cour des
comptes, aides & finances, p. 1097.
1498
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
DEYDÉ VIGNES, conseiller à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
DEYDIER, fondateur de la manufacture de soie
d'Aubenas, p. 90.
Deyme, p. 1248.
— (Consuls de), p. 1 1 13.
Deymes (Comté de), p. 101.
Deybat, en Vivarais, p. iioi.
Dezes, dans les Cévennes, p. 33i.
DÈZES, chanoine, à Toulouse, p. i!556.
DEZEUZES (Le P.), professeur de rhétorique au
collège des jésuites; est cité au Parlement, à la
suite d'un sermon prononcé par lui le jour de
la fête de saint Yves, p. 1 128.
Dieppe, p. 54.
UIEST, envoyé extraordinaire près des Etats de
Hollande, pp. 56 i , 562.
DIEULAFOY (Michel), secrétaire de l'hôtel de ville
de Toulouse, p. 1414.
Différences dans les idées & dans la rédaction
des cahiers de 1789, p. i38i.
Différends de Tévêque d'Alet avec la noblesse &
Je clergé de son diocèse, pp. 19, 407, 408, 409,
410, 411, 412, 4i3, 414, 415, 416, 417.
— entre le Parlement & la Province, p. 314.
— entre le Parlement de Toulouse, la cour des
comptes de Montpellier, les trésoriers de
France, &c., p. 64.
— entre l'évéque de Castres, les jésuites & le comte
de Bioule, p. 297.
— entre les consuls & l'évéque d'Albi, p. SsS.
Difficultés créées pour la bonne administration
de la justice par les juridictions bannerettes &
les prisons seigneuriales, p. 268.
— du gouvernement de Languedoc énumérées dans
les lettres du nomination dti prince de Conti,
p. 383.
DIGEON, promoteur du diocèse d'Alet, relégué à
Saint-Affrique, p. 5 5.
DIGEON (Joseph), p. 864.
Dignitaires & officiers de l'archevêché de Tou-
louse en 1641 , p. 3i6.
Digues, pp. 95, 96.
Dijon, pp. 98, 323.
— (Château de), p. 925.
DILHE, abbé, agent de l'évéque de Montpellier à
Paris, pp. 1024, 1025.
Diligence de Montpellier à Lyon ; son établisse-
ment, p. 5?.
DILLON (Arthur-Richard), archevêque de Tou-
louse, puis archevêque & primat de Narbonne,
p. 1228; se met en communication avec la Fa-
culté de médecine de Montpellier, à propos oe
l'épizootie de 1774, p. 1233; doit, en 1786,
faire partie de l'assemblée des notables, p. |335;
son discours à la dernière séance de l'assemblée
des notables en 1787, p. 1341 ; retiré à Haute-
fontnine, réclame contre le décret de l'Assemblée
nationale du 23 février 1790, qui réglait l'im-
position pour l'année courante, p. 141 i; ré-
clame en faveur des anciens agents de l'admi-
nistration provinciale & de ses pensionnaires,
p. 1412.
Dit.LON (Régiment étranger de), p. 1 114.
Dîmes usurpées par plusieurs seigneurs du diocèst
d'Alet, pp. 411, 4i3.
Diminution d"allivrement, p. ii5.
Diocèse d'Agde, pp. 56, 85, 95, 99, 106, 107,
114, 126, 479, 619, 664, 699, 755, 1028, 1081,
1088, 1 132, I 149, 1400.
— d'Alais, pp. 42, 56, 88, 94, 96, 98, 100, 102,
106, 107, 112, 114, 126, 619, 647, 648, 649,
702, 754, 769, 770, 855, 965, 967, 968, 985,
988, ioo3, 1081, 1088, 1129, ii3o, ii5o, il 77,
I 178, I 190, 1283, 1406.
— d'Albi, pp. 53, 56, 57, 60, 61, 62, 63, 65, 67,
63, 72, 74, 88, 99, 114, ii5, 126, i56, 619,
770, 894, 895, 941, 1004, 1008, 1009, 1088,
iii5, 1125, ii32, ii53, 1175, 1408.
— d'Alet, pp. 14, 18, 42, 45, 57, 66, 98, 114,
126, (56, i65, 240, 209, 400, 619, 698, 862,
871, 894, ioo3, 1008, 1178, 1287, i3oi, i3o2,
1404.
— d'Alxh, p. 1247.
— Bas-Montauban, pp. 62, 97, 122, 991, 1008,
1287.
— DE Béziebs, pp. 56, 57, 90, 94, 97, 98, Ç9,
100, 102, 104, 106, 107, 114, 126, 162, 5io,
619, 664, 75i, ioo3, 1028, 1081, 1129, ii3o,
ii32, 1149, 1177, 1178, 1287, 1400.
— de Cabcassonne, pp. 56, 62, 78, 88, 91, 94,
96, 97, 98, 100, 102, 106, 107, 126, 1 56, 200,
497, 5io, 619, 699, 746, 871, 894, 943, ioo3,
1007, 1008, 1061, 1149, 1178, 1287.
— DE Castres, pp. 42, 56, 88, 91, 92, 94, 95,
98, 99, 100, 102, 106, 114, 122, 126, 127,
129, i56, i65, 260, 619, 664, 769, 770, 809,
894, ioo3, 1D07, 1081, 1088, 1177, 1178, 1246,
1287, 1400.
— de Comminges, pp. 57, 97, ic6, 117, 120, 8q8,
1232, 1234, 1239, 1247, 1287, i33i, 1375,
■ 403.
— DE CotlSERANS, p. l33l.
— DE COUTANCES, p. 3l5.
— d'Elne, p. 399.
— DE Laval'b, pp. 53, 56, 57, 60, 62, 63, 65, 66,
67, 68, 72, 74, 88, 92, 97, 102, io5, ii3,
114, 126, i56, 478, 619, 729, 769, 770, 895,
1008, 1060, 1088, 1125, I 143, 1252, 1287,
i33i, 1375, 1403, 1408.
— iiE Lectoube, p. 1247.
— DE LiMoux, pp. 14, 62, 66, 107, 1 19, 1 14, I 17,
209, 894, ioo3, 1007, 1008.
DE LODÈVE, pp. 42, 69, 70, 95, IC2, 107, 109,
114, 126, 162, 479, 619, 644, 664, 699, 989,
ioo3, 1129, ii3o, ii32, 1287, 1400.
DE LOMBEZ, pp. 1247, 1403.
-^ DE LuCON, p. 1020.
— DE Mesde, pp. 1 1 , 42, 57, 59, 70, 74, 88, 94,
100, 106, 112, 114, 122, 126, 168, 195, 3oo,
426, 483, 5/1, 620, 644, 664, 768, 770, 855,
863, 968, 988, 1004, 1012, io33, io8i, 1129,
I 1 3o, 1407.
DE MlBEPOIX, pp. 42, 57, 62, 88, 96, 97, 99,
102, I n6, 107, ii5, 12^, 1 56, 209, 55"^, 619,
871, 894, 8(;5, ioo3, 1008, 1178, 1189, i33i,
1403, 1404.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
•499
Diocèse de Moktauban, pp. 76, 77, 102, 106,
107, 114, 126, i55, 619, 898, 957, 1234, 13/5,
1403.
— DE MoNTPELLiEB, pp. 56, 5y , 74, 93, 95, 100,
101, 102, loâ, 107, 114, 126, 127, i56, 3^o,
483, 619, 644, 664, ioo3, 1081, 1129, ii3o,
ii3i, 1149, ii5o, 1287, 1400.
— DE Narbonne, pp. 42, 53, 55, 60, 63, 65, 67,
72, 74, 84, 88, 90, 94, 107, 108, 114, i56,
209, 400, 5 10, 619, 770, 895, 943, ioo3, 1028,
1081, 1125, ii5o, 1178, 1400, 1404.
— DE Nîmes, pp. 11, 42, 55, 57, 90, 91, 92, 94,
96, 100, toi, 106, 107, 114, 126, 128, i56,
168, 195, 3oo, 426, 483, 571, 620, 645, 664,
755, 769, 770, 855, 1066, Il 36, 1149, 1400,
1406.
— DE Pamiers, pp. 5i7, 619, i33i, 1404.
— DU Piv, pp. 42, 57, 92, 100, 114, 117, 126,
3oo, 473, 481, 620, 664, 1004, 1178.
— DE Ri EUX, pp. 24, 42, 57, 62, 88, 97, 114, 126,
i55, 162, 55o, 619, 697, 770, 1007, 1008, 1088,
1178, 1234, 1247, 1253, 1287, i3oi, i3o2,
i33i, 1375, 1403.
— DE Sai.vt-Papoil, pp. 72, 75, 79, 91, 92, 94,
107, 114, 12'), i65, 619, 8f^5, ic3(, io5i,
1149, 1252, i33i, 1403, 1404.
— DE Saist-Pon.s, pp. 42, 88, 97, 102, io5, 106,
114, 123, 126, i5^, 162, 472, 619, 664, 871,
894, 989, ioc3, io3i, 1088, ii5!), 1246, 1287,
1400.
DE TabBES, pp. 519, I 189, 1247.
— DE Toii.oisE, pp. 5"), 57, 62, 88, 93, 100, loi,
io5, 107, 114, 123, 126, i5'j, 619, 1004, ioo5,
1008, 1088, 1129, ii5o, 1189, 1234, 1245,
1247, 1259, 1262, 1264, 1287, 1291, i3oi,
i3c2, i33o, 1375.
— d'Uzés, pp. Il, 41, 42, 47, 5j, 57, 74, 88, 92,
95, 96, 98, 100, loi, 107, 114, 123, 12'),
i5'5, 168, 195, 3oo, 426, 473, 481, 4S3, 571,
620, 644, 648, 664, 701, 7^7, 769, 770, 796,
855, 965, 967, 968, 986, 987, 988, 1077, loSi,
ii56, 1177, 1178, 1287, i3io, i3i2, 1406,
1407, 1410.
— DE Viviers, pp. 1 1, 57, 74, 95, 106, 107, i 14,
116, 126, i55, 168, 195, 3oo, 473, 481, 5o5,
571, 620, 644, 664, 855, 895, 965, 967, 968,
1004, I 178.
DincCSES de Languedoc; inégalité de leur popula-
tion, p. 692.
DioNS, p. 787.
Directeurs dej travaux publics dans la Province,
p. i3oS; leur traitement, p. 13^9.
Directions des gabelles en Languedoc, p. 845.
Discipline des troupes amoindrie par les troubles
de la Fronde, p. 344.
Discours sur le chant des Psaumes^ livre condamné
au feu, p. 18.
Disette, p. 233.
— en Auvergne & en Gévaudan, p. 1 1 i3.
— de blé, pp. 898, 899.
— de bois au Puy & dan» les environs, p. 491.
Dispersion des parlements en 1771, p. 1219.
Dissenheim, dans la haute Alsace, p. 375
Dissolution de l'ancienne société; signes caracté-
ristiques, p. i3 19.
Distinction d'étiquette entre les princes légitimé]
& les princes du sang, p. in5;.
Distinctions honorifiques supprimées, p. 129.
— vénales ne peuvent tenir lieu d'illustration,
p. i33 1.
Distribution d'argent pour faciliter les conver-
sions, p. 549.
Districts formant le département de Carcassonne,
p. 1405.
— dont est formé le département du Gévaudan,
p. 1407.
— composant le département de Toulouse, p. 1404,
— formant le département de Vêlai, p. 1406.
— formant le département du Vivarais, p. 1410.
Diversité de religion, p. 294.
Division du territoire français en départements,
districts, cantons & municipalités, pp. 129,
1399, 1400, 1401, 1402, 1403, 1404, 1405,
140'), 1407, 1408, 1409, 1410, 1411.
— ecclésiastique des provinces protestantes en
Languedoc, pp. 176, 177.
Divisions ecclésiastiques faites dans la Province
par Jean XXII, p. i55.
Dixième de tous les revenus (Impôt sur le), p. 65,
— nouvel impôt créé en octobre 1710, pp. 77,
837, 888, 889, 896.
— abonné, p. 76; abonné par la Province,
pp. 1047, 1048.
— supprimé en 1737, p. io54j rétabli en août
1741, p. 1062; abonnement conclu par la Pro-
vince, p. 10^3; supprimé à compter du 1" jan-
vier 1753, remplacé par l'impôt du vingtième,
p. lOJO.
— sur les substances métalliques, p. 1284.
Doctrinaires, pp. 1, 18.
Doctrine de Saint-Thomas enseignée dans l'Uni-
versité de Toulouse, p. 919.
Documents (Renvoi aux) relatifs à la convoca-
tion des Etats généraux en 1648 insérés aux
pièces justificatives, pp. 279, 280, 282.
DODARS, premier médecin du roi, p. 966.
DOLABELLA, consulté pour la délimitation des
frontières en 1661, p. 399,
DOLBE (Pierre-André), p. 124.
DOUVE DE QUINQUIRY, p. i352.
Domaine aliéné sous Louis XIV, pp. 12, 637, 675.
— royal; son importance en Languedoc cause de
nombreuses vexations par l'application de la
taxe du droit d'acquisition, p. 25o.
DoMAiNFS donnés par saint Louis à titre d'assise,
p. 693.
— ecclésiastiques, p. 1034.
— royaux, soumis à l'impôt du vingtième, p. 1342.
Dommages causés par l'inondation du Sor en 1702,
p. 729; par l'inondation de la Garonne en
1727, pp. ioo5, îoo.^, 1007.
DoMRES (Principauté de), p. 925.
DOMBES (Prince de), p. 49; nommé, à la mort de
son père, gouverneur de Languedoc; a fait cam-
pagne contre les Turcs, p. 1059; est remplacé
comme gouverneur de Languedoc par le comte
d'Eu, p. I i3j.
i5oo
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
DOMBRAS, habitant de Toulouse, p. 1402.
DOMERGUE, fermier général des gabelles, p. 84$.
DOMERGUE (Jean-Antoine), huissier, p. ii58.
DoMESSAROiESj Ses armoiries, p. 687.
Domestiques catholiques au service des réformés,
p. zii,
DosiiMCAiNS; tentent dès le commencement de la
régence'du duc d'Orléans de reprendre leur an-
cienne influence dans l'enseignement universi-
taire, p. 919.
— de Béziers, p. 20.
— de Pamiers, p. 1 104.
DoMPNAC, en Vivarais, p. 1202.
Don de la jouissance du pont de Beaucaire au
comte de Saint-Florentin, p. pS.
DONNADIEU (Jeanne); p. Syô.
DONAUD, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1219.
DoNAZAT, au diocèse de Limoux, p. ioo3.
DONNEVILLE, p. 653.
— (Consuls de), p. 1 1 13.
DONNEVILLE (Garaud de), président au Parle-
ment de Toulouse, pp. 3, 6, i3j, 189, 243, 43J;
publie, en qualité de commissaire général de la
navigation au ressort du Parlement, des règle-
ments généraux pour la liberté de la batellerie
sur les rivières navigables de la contrée, p. 427.
Don gratuit, pp. 53, 70, io5, 124, 85o, 876, 971,
i3'i9; abonnement, p. io5; offert par les Etats
en i''49, p. ,293; orages qu'il soulève durant la
session des Etats de 1 J64, p. 43 1; de deux mil-
lions quatre cent mille livres demandé aux Etats,
p. 462; de seize cent mille livres voté par les
Etats de Languedoc en 1667, p. 477; porté à
deux millions deux cent mille livres en 168"),
p. 558; de trois millions en 1694, p. 664; re-
mise d'un million en 1722 à cause des dépen-
ses du cordon sanitaire, p. 5j; remise de cinq
cent mille livres en 1726, p. 60; en 1737 de
deux cent mille livres aux communes affligées
par la grêle ou la sécheresse, p. 71 ; en 1739 en
faveur de plusieurs diocèses & de divers lieux du
diocèse de Narbonne désolés par l'inondation,
p. 74; en 1741 de cent cinquante mille livres
aux communes pour grêle & inondations, p. yô ;
de cent trente-quatre mille livres en 1742, p. 77;
de la même somme en 1743 & en 1744, pp. 7i>,
80; en 1748, à trois diocèses & à diverses com-
munes pour dépenses extraordinaires, p. S4;
de trois cent mille livres en 1749 à différentes
communes de Languedoc, p. 85, en 1755 de
quatre cent mille livres en faveur de plusieurs
diocèses & communes, p. 89; en 1756 de trois
cent mille livres, p. 90; en 1757 de deux cent
trente-quatre iniUe livres, p. 92; en avril 1759
de soixante-quinze mille livres, p. pS; & en
octobre de la même année de soixante-quinze
mille livres, p. 94; en 1761 de la même somme,
p. 95; en 1764 de deux cent cinquante mille
livres à la Province, p. 98; en 1760 de cent
cinquante mille livres à la Province, p. 95; en
1762 de soixante-cinq mille livres a la Province,
p. 97 ; en I 764 de deux cent cinquante mille à
la Province, p. 100 ; en 1 765 de cinq cent mille
livres au profit de la Province, p. 101 ; en 1766
de trois cent mille livres, p. io3; en 1767 de
quatre cent mille livres à la Province, p. 104;
en 1768, de quatre cent mille livres en faveur de
la Province, p. io5; en 1771 de cent mille livres
en faveur de la Province, p. 108; en 1777 de
quatre cent mille livres à la Province, p. 1 i5;
racheté par les Etats au prix de douze cent
mille livres pendant cinq ans par toutes les
villes & bourgs, p. 99.
Dons gratuits nouveaux; leur abonnement par la
Province, p. 93.
— faits par Louis XIV aux capucins de Castres
en 1660, p. 390.
— gratuits municipaux, p. 110.
DoNNAZAc, au diocèse d'Albi, p. 1008.
DoNZf.RE (lie de), pp. 29, 45.
DoBDOCNE, pp. 469, 723, 1241 ; liberté de la ba-
tellerie sur cette rivière, p. 427.
DORIA (Janetin), p. 236.
DORNAC, p. 620.
DoRNAS, en Vivarais, p. 1202.
DoriNAS, p. I 282.
DORTOMAN, de Nimes, p. 992.
Douai, pp. i333, 1419.
Douane de Lyon, pp. 66, 846, 847.
— de Valence, p. 66^ sa suppression demandée,
pp. i383, 1384.
DoucTOUYRE (Vallées du), p. 871.
DOUILLAC (Guillaume;, de Revel, établit à Berlin
une fabrique de chapeaux français, p. 5j^.
DoujAT, p. 1352.
DouRr.iES, p. 425.
DoURGNE, pp. 60, 85, 1253, 1254, 1255, 1408.
DouRLENS, citadelle, p. 925.
DOUSENS, p. 87 I .
Doux, p. C70.
Doux, rivière, p. 1195.
— (Bassin du), p. 878.
— (Vallée du), p. 602.
DOUX, seigneur d'Ondes ; son abjuration, sa mort,
p. 55 I .
DouzenS, au diocèse de Carcassonne, pp. 871, ico8.
DOUZIECH, major général de la garde nationale,
p. 1399.
Dragons, entrent dans la Province par le Dau-
phiné & passent deux cents hommes au fil de
i'épée, p. 532; parcourent la Province avec le
duc de Noailles pour activer la conversion des
protestants, p. 557; ne suffisent plus i la puni-
tion des révoltés, p. 610; mis en mouvement
dans la Province pour faciliter le recouvrement
de la capitation, p. 6-4.
— (Création & mode de recrutement d'un régi-
ment de), p. 78.
Drapeuie, pp. 125, 701.
Dkapekies (Commerce de), à Toulouse, p. i3i8.
DrapieiîS de Carcassonne, p. 88.
Draps, pp. 5 1 , 71, 72, pj, 1 22, 69?, 699 ; qualités
dont la fabrication est défendue dans diverses
localités, p. ^3; leur fabrication compromise;
dates des règlements qui la régissaient, pp. i-'/6,
167.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i5oi
Draps fabriqués à Aulas, p. 83.
— de Carcassonne, p. 55.
— de Conques, p. 55.
— de Languedoc, p. i385.
— gris-blancs de Lodève, p. 6i.
— fabriqués à Lodève, p. i i3o.
— fabriqués à Magdebourg par des réfugiés Lan-
guedociens, p. 5j4.
— invendus mettent la fabrication dans une si-
tuation critique, pp. 1 320, iSiJ, |328, 1329.
— de Saint-Cbinian, p. 55.
— de Saptes, p. 55.
— fabriqués en Languedoc pour les troupes, p. 82.
— du Levant, pp. 33, .^4, 47, 56, 66, 75, 81, 9445
ordonnance sur leur fabrication, p. 43; mar-
ques & teinture, p. 82; fabriqués à Carcassonne,
p. i3i5.
— fins pour le Levant, p. 67; fabriqués à Mon-
toulieu, p. 65; à Pennautier, p. 62,
— nims destinés au Levant, p. 71.
— fins d'Auterive, p. 61.
Drémil; ses armoiries, p. 687.
Dr.EiiLLE, p. 1253.
Drocceries, p. 9'.5.
— du Nord entrent par le port de Cette, p. 63.
Drociets, p. 699.
— façon d'Angleterre, p. 60.
— & espagnolettes fabriqués à Magdebourg par des
réfugiés Languedociens, p. 5^4.
Dr.oiT écrit, pp. 693, 864.
— d'entrée aux assiettes diocésaines, pp. 987, 988,
989, 990, 991.
— d'entrée aux Etats retiré aux envoyés de la no-
blesse qui ont fait des conventions pour y en-
trer, p. 853.
— d'évocation générale confirmé à la ville deTou-
louse, p. 6.
— d'évocation provisoire, p. ||3; suspendu à
Toulouse, pp. 440,441; le conseil d'Etat excepte
du privilège de ce droit les cas de duel & d'as-
sassinat commis par les bourgeois de Toulouse
ou par leurs enfants, p. 405.
DioiTS féodaux, pp. 294, 934.
— des peuples & du roi; leur accord d'après le
cardinal de Retz, p. 266.
— politiques des Etats de Languedoc niés par le
clergé, la noblesse, le Parlement de Toulouse,
In cour des comptes de Montpellier, &c., &c.,
pp. 1 36o, i36i, i362, i363, 1^164, i36.'>.
— & usage» de la Province doivent être codifiés
par ordre des États, p. 168.
DroiT d'albergue, p. 933.
— d'abonnement exigé par les fermes, blâmé par
Bâville, p. 7o3.
— d'amortissement, pp. 38, 54, 80.
— d'anoblissement par les charges municipales,
révoqué en mars 166-'; rétabli plus tard moyen-
nant finance) p. 627.
— d'armorial exigé du ba» clergé; intervention de
CàviUe, p. 689.
DroiT d'asile, p. 493; prétendu par des membre!
du Parlement de Toulouse, p. 418.
— d'aubaine, pp. 864, 865, io35; aboli pout
vingt ans en Languedoc, p. 43.
— de banvin, p. 38.
— de bâtardise, p. io35.
— sur la boucherie à Lodève, p. 77.
— ce boucherie à Narbonne en faveur de l'hôpi-
tal, p. 74.
— établis sur chaque animal de boucherie, p. 85o.
— sur le canal de Languedoc; le doublement en
est interdit, p. 5i .
— à payer sur le canal de la Robine à Lunel,
pour le se], le vin & les autres marchandises,
p. 843.
— de centième denier, pp. 74, 86.
— du cinquantième abonné par la Province, p. 61;
à lever sur tous les biens nobles ou ruraux,
p. 62.
— de colombiers abolis, p. i393.
— de comm'ittiwus & d'évocation générale, pp. 61,
Il 3.
— de commutation à Toulouse, pp. 418, 433, 604;
confisqué par le Parlement, p. 417; non perçu
à Toulouse sur les matières utiles à la manne,
p. 442.
— de confirmation, pp. 12, 17, 180, 204, 228,
1002, ioo3; sa définition par le conseil d'Etat,
p. 2065 qui doit le payer dans la Province!'
p. 207.
— de confirmation des usages des communes, ac-
quitté en bloc, p. 61.
— de contrôle des procès-verbaux de nominations
lonsulaires, p. 53.
— de cotùmo établi à Cette, p. 56.
— de courtage, à Montpellier, pp. 67, 76, 108.
— sur les denrées & marchandises, p. 16.
— sur les draps destinés au Levant, p. 44.
— de douane, p. 60 ; en Lyonnais, Provente, Dau-
phiné, p. 60.
— de deux nouveaux sols pour livre, p. 108.
— locaux destinés à éteindre les dettes sur les
viandes de boucherie, p. 85o.
— 3 payer à Pans & frais de réception pour un
office de conseiller à la cour des aides, p. t i33.
— dû aux procureurs instrumenteurs pour les
communes, p. 1 07.
— d'enregistrement d'armoiries, p. 679,
— d'entrée des dentelles de ^'eIai, p. 44.
— d'entrée exagérés sur les laines, p. 704.
— d'entrée à Toulouse, p. 48.
— d'équivalent, pp. 102, io5, 106, i 1 o, 119, 126,
Ma; augmenté, p. 64; sur le poisson aux port s
de Toulouse, p. 67; sur le poisson à Montpel-
lier, p. 67; toutes les communautés régulières ik
séculières y sont soumises, p. 67; son augmen-
tation continuée en 1741, p. 76; Beaucaire en
est exemptée durant la foire, p. 8 1 ; appartenant
à 1,1 Province prorogé pour six ans, p. 87; pro-
roge-, pp. 9;'), I I I ; levé sur tous les habitants de
la Province, p. io5.
— d'équivalent (Ferme du droit), p. 54.
i5o2
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Droit d'exportation, p. 726.
— payés à l'exportation des draps, p. iSîç.
— d'exportation ae grains, p. 5i.
— sur les farines établi, p. 5i.
— sur les farines à Toulouse, p. çoS
— féodal, p. io36.
— de foraine, p. 725.
— de franc-fief, pp. 34, 385, 597.
de fret sur les vins & eaux-de-vie réduits, p. 61.
sur les grains, farines & pain au profit des
villes, p. I i5.
— honorifiques, p. iSBp.
— de six deniers pour livre sur les huiles, p. 42.
— sur les huiles abonnés à la Province, p. 55.
— d'impériage, pp. 108, 123.
d'importation sur les huiles étrangères, p. 48.
— de joyeux avènement, p. 204; cause de graves
troubles à Montpellier, pp. 233, 234, 235, 236 j
supprimé, sauf pour les officiers royaux, p. 241.
— de leude, pp. 80, 122, i385.
— sur les liqueurs parfumées fabriquées à Mont-
pellier, fixés par arrêt du conseil d'Etat, p. 846.
— de lods, p. 953
— de lods & vente, p. io35.
— de lods, censives, &c., p. i385.
— de marque sur l'or, l'argent, l'étain, le fer &
l'acier, p. io5o.
— de massicault, p. 70.
— sur les moulins, p. 204.
— de mutation sur les terres nobles, p. 109.
— de nouvel acquêt pour les communes, pp. 38,
62, 385.
d'octroi, pp. 635, io5o; son augmentation ra-
chetée par la Province, p. 48; doublés, p. 889.
— d'octroi sur les grains, farines & légumes, p. 99.
— d'octroi à Montpellier, pp. 99, 108.
— de péage, p. 67.
— de petit blanc, pp. 76, 11 5, izB; sur les sels
doublé, p. 71 ; prorogé sur les sels, p. 81; pro-
rogés, p. 82; le doublement des droits est conti-
nué pour les travaux du Rhône, p. 84; prorogé,
pp. io(>, 109J prorogé pour les travaux du
Rhône & du chemin du Pont-Saint-Esprit,
p. 93.
— de pezade, p. 24-
— de prélation sur les biens abandonnés, pp. 934,
io35.
— de quittance des receveurs & contrôleurs de
tailles, p. 70.
— de réal, pp. 108, i 23.
— de réappréciation, blâmé par Bâville dans son
mémoire, p. 703,
— de régale; évéques qui s'y soumettent &évèque»
qui résistent, p. 5o3.
— de relief sur les terres nobles, p. 109
— de ressort, p. 1037.
— de retrait féodal, p, io35.
— seigneuriaux, pp. 49, 933; payables en huile,
pp. 54, 63 j frappés par l'impôt du dixième,
p. 888.
Droit de seigneurie spirituelle & temporelle cause
de différends entre l'évéque & les consuls d'Albi,
p. 3o8.
— de deux sols par livre sur le sel, p. 41.
— de sortie, p. 7o3.
— de sortie sur les blés, p. 38.
— de sortie sur les couvertures fabriquées à Mont-
pellier, p. 67.
— de sortie sur les draps nhns, p. 71.
— de sortie sur les serges impériales, p. 42.
— de sortie des petites étoffes de laines, p. 52.
— de sortie sur les vins & eaux-de-vie réduits,
p. 61.
— de sortie & de fret sur les vins & eaux-de-vie,
p. II25.
— de souquct levé à Nîmes, p, 6^; prorogé à
Nîmes pour neuf ans, p. 83; prorogé à Nîmes
pour dix ans, p. 91 •
— des agents & des pensionnaires de la Province
défendus par l'arc hevéque de Narbonne dans
une lettre au contrôleur général Necker, pp. 141 i ,
1412.
— de subvention, p. 604; dus par le fermier de
divers dignitaires de l'Eglise, p. 80; doivent
être payés par l'évêque & le chapitre de Lodéve
pour les vins de leurs rentes, p. 83; doivent
être payés par l'hôpital de Carcassonne, p. 85.
— de subvention établis à Toulouse, pp. 10, 376,
377. 4^8, 475.
— levé dans le consulat d'Albi & de Castelviel,
p. 59.
— sur les sucres, p. 83.
— de tiers-sur-taux & de quarantième, p. 53.
— de timbre, p. |339.
— de traite foraine & domaniale, p. 80.
— d'usage dans les bois vérifiés, p. 466.
— sur la viande de boucherie, p. 47.
— de quatre deniers par livre sur la viande de
boucherie, p. 49.
— sur la viande de boucherie à Montpellier,
p. 76.
— sur les vins de Languedoc, pp. 47, 48.
— de vingt sols par muid de vin recueilli en 1774,
p. 110.
— abonnés, p. iBôp.
— rachetés par la Province, p. 58,
DrÔme (Vallée de la), p. io65.
Droude, rivière, pp. 8i5, 816, 817.
DRUBEC, docteur en Sorbonne, p. 445.
Drudas (Terre de), p. 1218.
DRUDAS, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
DRUILLE SAINT-MÉDARD, chanoine à Toulouse,
p. i356.
DRULHET (L'abbé), mainteneur des Jeux-Flo-
raux, p. 661 .
DRULHON, frères, p. 1284.
DUBAC, juge de Baignols, p. 445.
DUBARRY, comte, p. i352.
DUBARRY-CÉRÈS, somte, p. i355.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i5o3
DUBERNEY, négociant à Toulouse, p. i363.
DUBOIS, cardinal, p. 974.
UUBOIS-MAURIN , député aux États généraux,
p. 1378.
DUBORN, avocat de la ville de Toulouse au con-
seil du roi, pp. 197, 200, 201 ; révoqué, pp. 218,
221; rétabli dans ses fonctions, p. 227.
DU BOSC (Catherine), p. 293.
DU BOUCHET (Antoine), coseigneur de Vébron
en i665, p. 799.
DU BOUCHET (Antoine), coseigneur de Vébron
en 1668, p. 799.
DU BOURG (Comte), p. 1198.
DUBOURG, président au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 12 [9.
DUBOURG fils, conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
DUBOURG, chevalier, p. i355.
DU BREUIL, capitaine au régiment d'Orléans,
p. 1384.
DUBUISSON, p. 892.
DUCHAN, négociant à Toulouse, p. i363.
D i c 11 É Mazarin, érigé durant le séjour de
Louis XIV à Toulouse, p. 375.
DUCHE, premier avocat général près la cour des
comptes, aides & finances, p. 1097.
Dl CHÉS-PAi RIES; leur nombre en Languedoc,
p. 693.
DtciiESSES : d'Aiguillon, pp. 68, 1 198.
— d'Arpajon, p. 624.
— de Cardonne, p. 23â.
— de Chevreuse, p. 295.
— d'Halwin, p. i83.
— de Longueville, pp. 296, 444.
DUCLOS, fournisseur de mulets à l'armée de Rous-
siUon, p. 49.
DUCLOS (Vfllérian), maire du Saint-Esprit, dé-
puté aux Etats généraux, p. 1378.
DUCOS, ancien capitoul, comptable de la ville,
p. 172.
DUCOS, négociant à Toulouse, p. i363.
DUCROS, seigneur de Saint-Germain de Calberte,
p. 799.
DUCROS, directeur des travaux de la Province, à
Toulouse, p. 1309.
Ducs : d'Aiguillon, p. 1217.
— d'Alençon, pp. i85, 431.
— d'Anjou, pp. 370, 376, 1025.
— d'Antin,pp. 986, 991, 1210.
— d'Arpajon, pp. 12, |3, 25i, 370, 405.
— de Beaufort, pp. 337, 1071.
— de Beauvilliers, p. 881.
— de Berwick, p. 8j8, 879, 940.
— de Biron, pp. 112, 1 274.
— de Bouillon, pp. 6, 188, i^f>, 247, 279, 971,
982, i333, i3.")f).
- — de Bourgogne, pp. 523, 689, 896, i3ôo.
— de Broglie, pp. 13J9.
— de Candale, p. 356.
— de Chartres, p. 908.
— de Chevreuse, p. 820.
— de Choiseul, p. 1 1 57.
— de Clèves, p. 55?.
Ducs : de Deux-Ponts, p. iS3.
— d'Enghien, pp. 198, 224, 25i, 373.
— d'Epernon, pp. 7, 3^7.
— de Fitz-James, pp. 96, 97, 101, 1178, 1181,
I I 82, I i83, 1191, 1218.
— de Fronsac, p. 1068.
— de Joyeuse, p. 248.
— de La Rochefoucauld, p. 337.
— de Laval, p, i3i3.
— de Lesdiguières, p. i35.
— de Longueville, pp. 279, 294.
— de Luxembourg, p. 940.
— du Maine, pp. 26, 621, 642, 718, '909, 911,
925, 929, 1059.
— de Melun, p. 940.
— de Mercœur, pp. 354, 382.
— de Mirepoix, pp. 89, 90, 1 j36, 1 137.
— de Montmorency, pp. i32, 159, 791.
— de Nemours, p. 337.
— de Noailles, pp. 29, 3o, 3i, 247, 52i, 527,
.").")7, 5,19, 56o, 61 3, 882, 884, 886, 1134.
— d'Olonne, p. 940.
— d'Orléans (Gaston), pp. 8, i35, 160, 233, 273.
— d'Orléans (régent du royaume"), pp. 911, 951 .
— d'Orléans (Philippe\ pp. i338, 1344.
— de Penthièvre, p. i33ii.
— de Polignac, p. i3o7.
— de Richelieu, pp. 74, 76, 76, 77, 78, 79, 84,
88, 1059, 1060, 1064, io65, 1067, 1068, 1080,
1084, io9t, 1119.
— de Rohan, pp. 790, 855, 856.
— de Roquelaure, pp. 43, 45, 47, 49, 5o, 52, 54,
,55, 57, 58, 869, 879, 883, 884, 885, 886, 895,
905, 906, 918, 947, 949, 960.
— de Savoie, pp. 773, 838.
— de Toralta, p. ffi6.
— de Toscane, p. 495.
— d'Uzès, pp. 34, 134, 986, 987, 988, 989, io35,
1198.
— de Valois, p. 299.
— de Vendôme, pp. 47, 814.
— de Ventadour, pp. i35, 476, 951.
— de Verneuil, pp. 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26,
447, 475, 476, 477, 478, 5oi, 5io, 27.
— de Villars-Brancas, p. 6|.
— de Vivonne, p. 718.
— de Wittenberg, p. 110.
Ducs ET PAIRS, p. 930.
Duels, pp. 192, 193, 194; réprouvés par les mœurs
de la Cour, p. 396; le prince de Conti fait exé-
cuter la déclaration du roi, p. 405.
DUFAS DE "VIGNAUX, p. i352.
DUFAUR DE PIBRAC, capitoul, pp. 244, 245.
DUFFÉ, premier consul de la bourse de Toulouse,
p. i363.
DUFOUR, chanoine de Saint-Éiienne, p. 145.
DUFOUR (Le Père), jésuite, p. 430.
DUFOUR (Pierre-Joseph), dominicain; sa thèse
sur la limite de la puissance ecclésiastique & de
la puissance royale, pp. 11 85, 1 c86.
DUFOUR, baron, p. i352.
DUFOUR, premier président au Parlement de
Toulouse, p. 141 5.
DU FOUR (M""-), religieuse de la Seauve, p. 1204.
DUFRESNE (Charles), acteur, p. 293.
i;)04
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
UUGAS DE BONUEU (Jean), p. 193.
DU GAST, capitaine, p. yùS.
DU HAILLAN, p. 1354.
DUHAMEL, capitaine aux volontaires de Cler-
mont, p. 1 194.
DuiLHAC, lieu, p. 347.
DUJARDIN, p. 641.
DuLAC (Marquisat de), p. 91.
DULAC (Louis), seigneur de Gratus & de Feugère,
premier consul du Puy, p. 486.
DULAC, lieutenant du prévôt à Villeneuve-de-
Berg, p. I 196.
UULAUR (François), maire perpétuel de Belbé-
raud, p. 639.
DULAURENS, p. 449.
DULONG, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 352.
DUMAS, avocat au Parlement, capitoul, p. 243.
DUMAS, député d'Albi, p. 3 10.
DUMAS, officiai de l'archevêque de Narbonne,
p. 5o6.
DUMAY, conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 4, 189, 242, 243, 244, 317.
DUMEYNIAL, capitoul, pose la seconde pierre de
récluse de Garonne, p. 474; est nommé major
des compagnies bourgeoises, p. 476.
DUMOLARD, inspecteur des milices, p. 898.
DUMOLARD, subdélégué de Vivarais, p. 1 C04.
DUMONS, capitaine, p. 36o.
DUMONT D'URVILLE, p. i332.
DUMOULIN (Denys), p. 3 18.
DUMOULIN (Pierre), p. 3 18. .
DUNOT (P.)> jésuite, crée les hôpitaux généraux
en Languedoc, p. 696.
DUNOYER (M"""), p. 717} citation d'une de ses
lettres, p. 891.
DuNKEiiQUE, p. 716.
DUPERRIER, capitoul de Toulouse, pp. 317,449.
DUPIN (L'abbé), conseiller au Parlement de Tou-
lousej son exil, p. 1218.
DUPIN DE SAINT-ANDRÉ, p. l352.
DUPIN (Chevalier), p. i355.
DUPIN, secrétaire de l'intendance; une de ses let-
tres sur la situation des Etats de la Province,
p. iSyo.
DUPLAN, juge de Samatan, p. 449.
DUPLEIX, négociant à Toulouse, p. i363.
DU PLESSIS, maréchal, p. 4.
DUPLESSIS GUÉNÉGAUD, secrétaire d'État, p- 379.
DUPONT, maître maçon à Toulouse, p. 199,
DUPONT, secrétaire de Cavalier, p. 878.
DUPUY -MONTESQUIEU, marquis, p. 1 352.
DUPUY, négociant à Toulouse, p. i363.
DUPUY, syndic de la ville de Toulouse, pp. 1293,
i365.
DUPUY (Jean), fermier du droit de confirmation,
p. 17.
DUPUY, traitant, p. 236.
DUPUY, traitant à Montpellier, tire sur la foule
ameutée, p. 234.
DUPUY (Jacques-Hyacinthe), p. 88.
DURAND, ingénieur, p. 73.
DURAND, maire de Montpellier, p. 1419.
DURAND (Pierre), pasteur protestant, exécuté à
Montpellier, p. 66.
DURAND, capitaine de la santé, p. 662.
DURAND (Eustache), inspecteur des milices,
p. 898.
DURAND (Jean), jardinier à Nimes, p. 992.
DURANT (Jacques), p. 41.
Dl'RANTI, premier président au Parlement de
Toulouse, p. 1415.
DuiiBAN, villiige, pp. 56, i56.
DURÈGNE, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
DURENNE (Anne), lépreuse, p. 421.
Dur.FORT, lieu du diocèse d'Alais, pp. 29, 33,425,
459, 460, 710, 764, 870, 1264; ses armoiries,
p. 687.
OtnrnnT, château, p. 40.
DURFOI^T (Seigneur de), p. 478.
DURFORT (Comte de), p. i3.ii.
DuBOC (Marquisat de), p. 90.
DUROC-MAIROUS, conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1219.
DUROUX, capitoul, pp. i365, i366, 1394.
DURTAUD, capitoul, p. 201; chef du consistoire,
pp. 217, 219, 317.
DUSSAULT, envoyé de France auprès du dey
d Alger, p. 95 1 .
DUSTON, de Limoux, p. 1207.
DUSTOU, chevalier, p. i355.
DUVEI^GER, capitoul, pp. 221, 224, 226.
Eau de caneile, p. 700.
Eau de Cette, p. 700; fabriquée à Montpellier,
p. 846.
Eau de la keine de Hongrie, pp. 700, 701 ; fa-
briquée à Montpellier, p. 846.
Eau de thym, fabriquée à Montpellier, p. 846.
Eaunes (Moulin d'), p. 77.
Eaux & forêts, pp. 53, 79, 87, loo, 114, 126;
ressort de la grande maîtrise de Toulouse, p. 23 ;
maîtrise de Saint-Pons transférée à Saint-
Amans, p. 24; la maîtrise de Castres est trans-
férée à Mazamet, p. 27; ordonnance pour
l'éiargissement du Giron, p. 3i.
— (Grand maître des), p. jï.
Eaux distillSes à Montpellier, p. 964.
Eaux minérales de Saint-Laurent, en Vivarais,
p. 68.
Eaux minérales froides d'Yeuset, p. 701.
Eaux-de-vie, pp. 34, 36, 43, 43, 75, I25, 697,
700, 701, 726, 727, 1125, 1384; époque à la-
quelle les marchands de Languedoc peuvent les
faire descendre à Bordeaux, p, 56.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i5o5
Échange entre le roi & le duc d'Uzès, p. 55.
— d'Uzès, pp. 986, 987, 988, io35, io36, loSy.
Echelles de Barbarie, p. iSzy,
— du Levant, pp. 93, iSzy.
Ecclésiastiques; mode de convocation employé
pour l'élection de leurs représentants aux Etats
généraux, p. i373.
— en Vivarais, p. 53i.
— des Cévennes; motifs de la haine des protes-
tants contre eux, p. ySo.
Écluses sur l'Allier, p. i385.
École royale militaire, p. 1334,
Écoles, p. 92.
— catholiques non fréquentées par les enfants des
nouveaux convertis, pp. 993, 994.
— gratuites, pp. izS, 126; à Castelnaudary,
p. 124.
— spéciales aux enfants des réformés, supprimées,
p. 559.
Écoliers de Toulouse, p. 3.
Éco.nomes d'évêchés, p. 11.
ÉcRiTEAux placés sur le cadavre des gens tués par
les camisards, p. 855.
ÉcLS armoriés, p. 677.
Édifices religieux ruinés par les catholiques 8c
par les protestants, au moment du triomphe
de l'un ou l'autre parti, p. 558.
Édit de Béziers ou de i632, pp. 149, i53, i63,
195, 212, 290, 376; ses conséquences sur
délibérations des États, p. 168;
en octobre 1649, p. 6; projet d
P- M-
^ de mai 1643, créant quatre lettres de maîtrises
dans chaque corporation, p. 1.
— de i655, portant aliénation du domaine, en-
registré avec réserves par le Parlement, p. 12.
— de décembre 1657, portant faculté d'anoblir, à
prix d'argent, des terres de Languedoc, p. i3.
— d'octobre 1666, pour la jonction de la Médi-
terranée à l'Océan par la création du canal de
Languedoc, pp. 21, 471.
— de mars 1667, du 7 juin 1671 & de septembre
1692, relatifs aux capitouls deToulouse, pp. 627,
634.
— du 21 janvier 1669, portant suppression des
chambres mi-parties, p. 22.
— de 1673, sur l'application de la justice, p. i325.
— d'avril i683, restreignant le droit des commu-
nes à plaider, p. 847.
— de mars i685, réglant les droits des seigneurs
péagers le long du canal de Languedoc, p, 28.
— de Nantes, pp. i, 18, 177, 479, 496, 537,
791 ; sa confirmation par Anne d'Autriche, le
8 juillet 1643, p. I; confirmé par un édit du
roi, le 21 mai i652, p. 10; déclaration du
roi concernant son observation, p. 12 j per-
sonnes désignées par le roi, pour informer des
contraventions, p. 16; les États de Languedoc
demandent qu'il soit observé, p. 17; mésintelli-
cences au sujet de son interprétation, pp. 178,
349; les États de Languedoc tendent au réta-
blissement de l'unité de foi, &, par leurs sup-
pliques, préparent sa révocation, p. 419; de
les
révocation
le rétablir.
quelle manière il devait être appliqué, selon
l'avis de l'évêque de Nimes, p. 421 ; des temples
sont construits en dehors des lieux autorisés
par l'édit, p. 42$ ; difficultés de son application,
p. 424; appliqué avec partialité, p. 520; violé
par la suppression du culte réformé à Mont-
pellier, p. 5;ô; sa révocation en octobre i685,
p. 29; résultats de sa révocation, pp. 643, 5^4;
imperfections de l'édit au point de vue des déli-
mitations de circonscription d'exercice du culte,
p. 545; résumé des principaux articles de l'acte
de révocation, pp. 558, 559; la révocation pré-
sentée comme un gage de paix, p. 558; n'a pas
produit les résultats que l'on en attendait,
_ p. 992-
Édit de Fontainebleau, p. 56?; portant révocation
de l'édit de Nantes; déception qu'il cause aux
grands fonctionnaires chargés de son applica-
tion; opinion du duc de Noailles, p. 559.
— d'Hamptoncourt en faveur des protestants fran-
çais, p. 566.
— de Postdam, p. 567; opposé par l'électeur de
Brandebourg à l'édit de Fontainebleau; avan-
tages qu'assure cet édit aux réfugiés français,
pp. 55 1 , 562, 553 ; est répandu en Suisse, oii les
premiers réfugiés s'étaient arrêtés, p. 564.
— de décembre 1686 pour l'amortissement des
biens communaux en Languedoc, p. 29.
— de novembre 1690, sur la compétence des juri-
dictions en Languedoc; portant création d'offi-
ces en la couf des comptes de Montpellier;
affaires des domaines & réception des aveux 8c
dénombrements attribués à la cour des comptes
de Montpellier, p. 3i.
— de septembre 1692, concernant la noblesse ca-
pitulaire, p. 634.
— de 1692, créant les maires perpétuels, p. pSS.
— d'août 1693 pour l'affranchissement des tailles
en Languedoc, p. 3i.
— d'avril 1695, réglant la compétence de l'inten-
dant dans les matières d'administration, p. 32.
.— de mars 1696, relativement à l'anoblissement
de cinq cents personnes, p. 676.
— de novembre 1696, portant création d'une maî-
trise souveraine, avec un armoriai général,
p. 677.
— de révocation de |685, renouvelé le II février
1699, p. 711.
— de juin 1717, supprimant les offices de maire,
p. 935.
— de novembre 1718, rétablissant les offices de
maire, p. 935.
— d'août 1722, rétablissant les charges municipa-
les, p. 981.
— du 14 mai 1724, renouvelant toutes les mesures
de rigueur contre les protestants, p. 58.
— de novembre 1731, rétablissant plusieurs offices,
p. 65.
— d'avril 1749, concernant les acquisitions des
gens de main-morte, p. 85.
— des mois d'août 1764 8c de mai 1765, relatifs à
l'administration des communes, pp. 1 192, i 193.
— de 1764, 1765, mai 1766, concernant l'organi-
sation des communes, p. 1 193.
XIII.
9$
i5o6
TABLE. GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Édit de mai 1766, portant règlement pour l'admi-
nistration des communes de Languedoc, pp. 1 02,
I 1 93.
de mai 1766, relatif à l'administration des com-
munes, p. 1206.
d'avril 1767, portant règlement sur l'adminis-
tration de la justice dans le Vivarais & le Gé-
vaudan, pp. io3, i 198, 1 199.
publié à Versailles au lit de justice de décem-
bre 1770, p. 1109.
d'août 1771, portant suppression de tous les
offices du Parlement de Toulouse, p. 108.
de novembre 1771, renversant les édits d'août
1764 & mai 1765, & rétablissant le régime des
offices municipaux perpétuels, pp. 108, 1220.
de février 177.5, rappelant le Parlement de
Toulouse antérieur à 1771, pp. 112, 1269; de
la même date, supprimant le conseil supérieur
de Nimes, p. 1269.
de février 1776, portant suppression des corvées,
p. 114.
— de février 1776, portant suppression des maî-
trises & des jurandes, p. 1 14.
— de mai 1779, portant réunion du comté de Ca-
raman à la Province, p. 117.
— de mai 1780, portant création de la sénéchaus-
sée de Villeneuve-de-Berg & suppression du
bailli de Vivarais, p. 118.
— de mai 1780, réorganisant la justice en Viva-
rais, pp. i3oo, i3oi, l3o2.
— de février 1781, portant création de la séné-
chaussée d'Annonay pour le haut Vivarais,
P- "9-
d'aoiit 1787, supprimant les deux vingtièmes &
créant une subvention territoriale dans tout le
royaume, p. 1342.
— de juin 1787, créant des assemblées provincia-
les, p. 1342.
— de novembre 1787, concernant les non catho-
liques, p. I 27.
— de novembre 1787, portant création d'emprunts
graduels & successifs pendant cinq années,
p. 1342.
— supprimant les tribunaux d'exception, p. 1347,
— créant la cour plénière, p. 1347.
— réduisant les offices du Parlement de Toulouse,
p. 1347.
Édits eubsiux, p. 623.
Education des enfants des protestants, p, 572.
— du peuple par les représentants du pouvoir
central, p. 974.
Effectif des régiments de milice bourgeoise en
Languedoc, en 1690, pp. 619, 620.
Effectifs remplacés par des passe-volants, p. 334.
Egalité de tous les ordres devant l'impôt du
vingtième; violente émotion à ce sujet parmi
les hauts personnages de la Province, p. 1091,
— des trois ordres devant l'impôt, pp. r358, 1369,
1370.
EGINHARD, consulté, en 1661, pour la délimita-
tion des frontières, pp. 399, 400..
Eglise d'Angleterre, p. 1016.
— de Genève, p. 1 168.
Eglise incendiée à Avejan, p, 77.'» j à Caissargues,
p. 7.59; à Genolh.ic, p. 776; à Monoblet,
p. 763;~à Pouls, p. 767; à Saint-Jean de Mar-
véjols, p. 775.
— pillée à Valeraugues, p. 732.
Eglises catholiques démolies durant les troubles;
établissement d'une taxe pour leur reconstruc-
tion, p. i 1 ; reconstruites à l'aide d'un impôt
sur la viande, p. 672; rétablies avec les biens
confisqués des protestants, p. 19; contributions
pour leur construction ou leur réparation, pp. 38,
66; détruites par les protestants; qui doit les
reconstruire? p. 421; à reconstruire en Lan-
guedoc après la révocation de l'édit de Nantes,
p. .555.
— dévastées ou incendiées, pp. 571, 753, 759,
763, 767, 775, 776, 789, 807, 814, 822.
— réformées, pp. 98, 1 i 1 , 114, 1 79.
Egoïsme des privilégiés; réflexions sévères de Ma-
zarin & de Colbert, p. 439.
Eguille (Forêt de 1'), p. 120.
— (Rigole de 1'), p. 1 160.
EIMAR, p. 1425.
Elbe, rivière passant à Magdebourg, assure aux
manufactures un large débouché avec la Hol-
lande, p. 564.
ELKÈNE, chambellan de Gaston d'Orléans, p. 188.
Elections capitulaires ou municipales à Tou-
louse ; leur date fixe; cérémonial observé à cette
occasion, p. 169; leur sincérité; inquiétudes à
leur sujet en 1643, p. 171 ; supprimées à Tou-
louse en 1644, p. 20 1 ; cassées par arrêt du con-
seil, p. 242; suspendues à Toulouse, p. 375;
leur mode, pp. 594, 596; leur date est changée,
p. 640. Voir Arbkts du Conseil d'Etat, AriiêiS
du Parleir.ent, Capitouls, Toulolse.
— consulaires, pp. 9, 23, 24, 35, 53, 76, 80,
102, 112, ii3, ii5, 116, 118, 119, 121, 125,
907; frais d'appel, p. 24; règlement sur leurs
formes, p. 112; leur sincérité, pp. i57,. |58;
supprimées dans certains lieux, p. 1 58 ; inter-
dites, p. 1048; à Auterive, p. 65; à Béziers,
scènes tumultueuses, p. 334; ^ Lauran, pp. 58,
59; à Montpellier, p. 1 o3 ; à Rabastens, pp. 67,
58; de Roquemaure, modifiées, p. 7.
— municipales, pp. 8, 22, 54, 55, 107, n3,
125, 294, Il 38, 1206, 1207; rétablies, p. 53;
suspendues, p. 68; rétablies, p. 7 1 ; interdites,
p. 76; supprimées, p. 180; sous quelles influen-
ces elles étaient faites à Toulouse, p. 197; trou-
bles à Uzès à leur occasion, p. 274; illégalités
dénoncées aux États, p. 478; leur liberté, leur
sincérité, p. 636; dans toutes les communes de
Languedoc, p. IT93; interdites, p. 1222; de
Carcassonne cassées, p. io5; d'Esperaza, p. 64;
de Limoux, pp. 102, 1 o5 ; de Saint-Esprit,
p. 65; de Roquemaure, p. 07.
— & NOMINATIONS de consuls, p. io52.
— projetées pour les États généraux en 1648,
pp. 280, 28 1 .
— des députés pour les États généraux de 1789,
pp. 1373, i374, 1375, 1376, 1377, 1378.
ÉLI.SABETH, reine d'Angleterre, pp. ioi6, |354.
ELISABETH, fille de Marie de Médicis, p. |55.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i5o7
ELISABETH DE BONZI, femme du marquis de
Castries, p. 493.
ELSE (d'), p. 620.
ELZE (Baronne d'), p. io36.
E.MAiL; sa fabrication, p. 2.
Esuix, p. 62.
Embarbas financiers du diocèse d'AIbi, p. 940.
— financiers du diocèse de Narbonne, p. 943.
EiHBBiN, pp. 1021, 1025.
Emeute à Montpellier, pp. 284, 235.
— de revendeuses de porc à Montpellier, p. 64.
— à Nîmes, p. 7.
— à Toulouse, à propos de la cherté des grains,
p. 643.
Emigration, p. 863.
— industrielle du Languedoc, p. 664.
— des ouvriers des fabriques de draps, pp. i327,
■ 328.
— des protestants, pp. 556, 559, 56g; ne peut
être arrêtée par des mesures restrictives, p. 070.
Emigrations causées par l'élévation des impôts,
p. 896; causées par la menace de levées des
troupes, p. 937.
Emigrés languedociens réfugiés dans le Brande-
bourg, en Suisse, pp. 364, 565; vont en Angle-
terre & jusqu'en Amérique, p. 567.
Emissaire de la reine d'Angleterre dans les Cé-
vennes, p. 33.
EMMERY, président de l'Assemblée nationale,
PP- '419. '4^^-
Emotion à Toulouse au sujet de l'enterrement de
plusieurs galériens, p. 6 ; au sujet des monnaies,
pp. I, 2.
Empiiytéotes, p. 5i.
Emprunt de grains pour semailles, p. 65.
— indéfini à 4 1/2 "/„; autre de 1 5, 000, 000 à 5 "/„,
p. 127.
— par la Province contracté à Gènes, p. 44.
— fait par les États pour le compte du roi, p. 5o.
— de 3,000,000 en 1742, par la Province, pour le
compte du roi, p. 77.
— de 5,000,000 par la Province, p. 91.
— par la Province pour le canal des Étangs,
p. 96.
— par la Province pour l'armement du vaisseau le
Languedoc f p. 97.
— de i,5oo,ooo livres par la Province, au profit
du Trésor, p. i i3.
— de i,3i6,oi3 livres par le roi & les États, pour
les dépenses de l'épizootie, p. 1 16.
— de 3,000,000 de livres par les États, p. 1 16.
— de 12,000,000 de livres par le roi & les États,
pp. 116, 117. '
— de 8,000,000 de livres par le roi & les États,
p. 118.
— par la Province pour les travaux d'unç rouie
de poste, p. 120.
— de 9,000,000 de livres pour le roi & la Pro-
vince, p. 120.
— de 1,000,000 par U roi & les États, p. 126.
Emprunt de 3,ooo,ooo_ de livres par les commis-
saires du roi & les Etats, p. 127.
— de 940,000 livres accordé par les États, p. 127.
— par les Etats pour travaux de routes, p. 129.
— par le roi 8c les Etats de 12,000,000 de livres,
p. 129.
— de 200,000 livres pour les travaux du canal
des Étangs, p. 93.
— de 1,200,000 livres à cause des inondations,
p. 109.
— de 3,000,000 de livres pour le canal de Beau-
caire & le dessèchement des marais, p. 109.
— destiné à la réparation des graux, p. 436.
— de 17 14; sa liquidation, p. 67.
— du diocèse d'Alais, p. 95.
— par le diocèse d'AIbi pour les travaux du Tarn,
p. 126.
— du diocèse de Béziers pour les travaux publics,
p. 95.
— du diocèse de Montauban pour les travaux du
Tescou, p. 89.
— du diocèse de Saint-Pons pour réparation de
chemins, pp. io5, loâ.
— du diocèse de Toulouse pour les travaux du
Girou, p. 88.
— par le diocèse d'Uzès, p. 107.
— par la sénéchaussée de Carcassonne pour tra-
vaux de chemins, p. 127.
— par la sénéchaussée de Toulouse pour construc-
tion d'un chemin, p. 120.
— de la ville de Carcassonne pour achat de blé,
p. io5.
— de 5,000 livres par le Vêlai, pour la manufac-
ture de soie fondée au Puy, p. 93.
Emprunts faits" par la Province pour le roi,
pp. loi, 102.
— faits par les États pour travaux de routes &
ponts, pp. 126, 128.
— des diocèses, pp. 11 5, 116.
— par différents diocèses pour réparations ou
constructions de chemins ou de ponts & autres
travaux publics, pp. 88, 89, 91, 92, 93, 94, 95,
96, 97, 98, 99, 100, 101, 106, 107, 114, 120,
124, 1177.
— contractés par divers diocèses pour différents
objets, p. II2J pour construction de forts,
p. 600.
— par des diocèses & des sénéchaussées, pour tra-
vaux de chemins & autres causes, p. 126.
— de diocèses au denier vingt, p. 106.
— pour travaux des rivières, p. 101.
— par la Province & par des sénéchaussées, p. 122.
— autorisés pour des travaux de voirie, p. 1 149.
— pour la destruction des sauterelles, p. 973.
— contractés par les communes, p. io52.
— par des sénéchaussées, pour construction ou
entretien de chemins, p. 124.
iiccablant le clergé, p. 861.
— contractés par les villes en i65i, p. 33o.
— divers, pp. 92, 93, 96, 101, io3, 107, 108, i i5,
119, 123, I o65.
i5o8
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Emprunts remboursables par des tirages de loterie,
pp. 82, io3.
graduels & successifs créés par l'édit de novem-
bre 1787, p. 1.342.
— illicites défendus, p. iSoy.
Émoluments payés aux députés des Etats, p. 89.
Émotion populaire à Lavaur, p. 85.
en Languedoc causée par les folies &' les extra-
iTagances des prétendus inspirés, p. 609.
populaire à Toulouse p. 643.
Empukani, en Vivarais, p. 1202.
Encadastbement de la terre épiscopale réclamée
en Gévaudan, p. i385.
Enchères des fonctions de maire perpétuel, p. ôSy.
Enclos, p. 5ç.
Encouragements aux manufactures, p. i336.
Endajac, dans les Cévennes, p. 1071.
Enfants; leur nombre dans la Province en 1698,
p. 692.
atteints de fanatisme d'après la faculté de mé-
decine de Montpellier, p. 733.
trouvés, p. 1384; de Nimes, p. 16.
— naturels de Louis XIV, p. 909.
Enfants de Dieu, nom que prenaient les insur-
gés cévenols commandés par Lacoste, p. 7ÔC.
nom que se donnaient des fanatiques connus
du peuple sous le nom de multipliants, pp. 977,
978. 979. 985-
ENGHIEN (Duc d'), prince de Condé, pp. 198,
224, 373 ; se reîid à l'armée de Catalogne, p. 25 1.
Enlkvement de familles d'insoumis, p. 40.
— d'habitants par un détachement de troupes,
p. 37.
de trois cents personnes fait dans un seul jour
dans vingt-quatre paroisses, pp. 795, 796.
— des boues à Toulouse, p. 6o5.
de deniers dans la caisse :nunicipale de Tou-
louse, raconté parLafaille, p. 6o5.
Enquête de 1766, relative à la justice criminelle
dans le Vivarais & le Gévaudan, pp. 1195,
1196, 1197, 1198, 1199, 1200, 1201, 1202,
12 3.
— relative aux abus qui s'étaient glissés dans
l'administration du Gévaudan, pp. i3o5, i3o6,
1 307.
En Ramel, terroir sur la route de Lavaur, p. liôS.
Enregistrement forcé de l'édit du second ving-
tième par le Parlement de Toulouse, p. 127.
— parlementaire; son insuffisance à doter la
France d'un régime vraiment légal, p. i3i6.
Enrôlements forcés, p. 5 10.
Ensablement du Rhône, p. 387.
Enseignement gratuit, p. 80.
Enterrement des protestants, p. 18; heures aux-
quelles ils peuvent être faits, réglées par le con-
seil d'Etat, p. .17.
KNTRAGUES (d'), p. io36.
BfNTRAGlJES (Baron d'), officier protestant au
service du prince d'Orange, p. 618.
Entraigues, p. 614.
ENTRAIGUES (d'), p. 339.
ENTRAIGUES (Marquis d'), p. I 10.
ENTRAIGUES (Comte d'), député aux États géné-
raux, p. i377; affirme l'utilité d'inscrire en
tête de la Constitution la déclaration des droits
de l'homme & du citoyen, p. 1391; son discours
à propos d'un emprunt de trente millions de-
mandé par Necker, pp. 1393, 1394.
ENTRAIGUES, notaire a Toulouse, p. 1223.
Entre-delx-mers; efforts faits en 1775 pour em-
pêcher ce pays d'être envahi par l'épizootie,
p. 1241.
Entrée aux États de l'ordre de la noblesse, réglée
à nouveau, pp. 477, 478.
ENTREMAUX (d'), p. io35.
Entreprise de carrosses entre Toulouse & Paris
proposée, p. 281.
Entreprises agricoles ou industrielles, p. lofio.
Entretien des églises, cimetières, prtsbytères,
p. 66.
Entrevue du maréchal de Villars 8t de Cavalier,
p. 40.
ÉPERNON (BERNARD DE FAY DE LA VA-
LETTE, duc d'), gouverneur de Guienne,
^ pp. 7. ^94. ^'>7-
Épiceries, p. 481 .
— de Bordeaux importées en Languedoc, p. 704*
— du Nord entrent par le port de Cette, p. 63.
Épices des comptes d'imposition, p. 93.
— (Tarif des) prélevées par la cour des comptes de
Montpellier, supérieur au tarif réglé par édit
par la cour des comptes de Paris, p. 843.
Épidémie dans le diocèse d'Albi en 1693, p. 698.
— dans le diocèse de Carcassonne, p. 1 160.
— à Rouen en 1694, p. 721.
ÉPINAY (Marquis d'), p. i83.
Èpiscopat; soin pris par Richelieu de ne pas y
élever d'hommes de haute naissance, p. 154.
languedocien; joue un rôle considérable dans
l'assemblée de 1645, p. 253; texte des attaques
violentes portées contre lui par le Parlement de
Toulouse, p. 307.
ÉpiïOOTiE de 1714, pp. 901, 902, 9o3 ; en Camar-
gue, p. 5o; mesures prises pour la combattre,
pp. 902, 903.
— du Lyonnais en 1744, p. 1234; en Provence,
P- 79-
dans le Vivarais, le Velai & une partie du
Gévaudan, p. 108 1.
de 1771 ; arrêt du conseil d'État du 3i janvier
à ce sujet", p. 1234.
le comte de Périgord envoie des troupes pour
garder les passages de Gascogne & de Querci,
p. 1 135.
— pp. III, 1 16 ; envahit une partie du Languedoc
en novembre 1774; mesures prises pour arrêter
les progrès du mal, p. 1232; description de la
maladie, p. I233; ligne défensive pour arrêter
les progrès du mal, pp. 1 235, 1 236, 1 240, 1241;
lettre- de l'archevêque de Toulouse aux curés de
son diocèse, pp. 1236, 1237, 1238; tentatives
pour la circonscrire dans le triangle formé par
les Pyrénées, la Garonne & l'Océan, p. 1241;
causes qui empêchèrent la réussite de moyens
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i5og
préservatif savamment combinés; superstitions
& entêtement des campagnards, pp. 1242, lî^S;
sa marche paraît arrêtée au printemps de 1773,
p. 1243; reprend avec intensité; environs de
Toulouse envahis, pp. 1244, 1245; est à une
demi-lieue d'Auch ; envahit le diocèse de Tou-
louse, la Chalosse; renaît en Béarn & dans le
bas Armagnac, p. 1245; attaque le massif du
Lauragais pendant le mois de juillet 1776; me-
nace la plaine de Revel, les diocèses de Castres,
de Saint-Pons & jusqu'à l'Auvergne, p. 1246;
immolation générale des animaux sains & atta-
qués, p. 1247; ses nouveaux progrès, p. i25o;
les injonctions du Parlement, les tueries des
animaux n'arrêtent pas les progrès du mal,
p. 12.11; étranges caprices de l'épidémie dans ses
développements, p. 1262; nouveau cordon sani-
taire; autres mesures de précaution, pp. 1253,
1264, 1255; causes diverses qui empêchaient les
mesures ordonnées d'arrêter l'épidémie, pp. 1 256,
1257; nouvelles instructions pour combattre la
maladie, pp. i253, 1259; entre dans sa période
décroissante, p. i265; ses derniers ravages ont
lieu en janvier 1776, p. 1265.
Efizootie de morve, à Limoux, p. 86.
Équivalent, pp. 64, 76, 77, 86, 92, 96, 97, io3,
io5, III, ii3, 114, 119, 125, 126, 127, 266,
85o.
— en Languedoc, p. 20.
— (Adjudication de 1'), p. 74.
— (Ferme de I'), pp. 83, 90, io5.
— donné à bail, p. io5.
— les Etats rachètent cet impôt, p. 273.
Érection du marquisat de Lespinasse, p. io5.
ÉniEU, rivière en Vivarais, p. i3o3.
Ermite de Sommières, p. 797.
ESCALIER (d'), capitaine de milice, p. 738.
ESCALONNE, conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
EscAïQUENS, pp. 32, 1219.
EscAMANDRE (Etang d'), p. 83.
EscATALENS; on y cultive le tabac, p. 6yy,
Esclassa;?, en Vivarais, p. 1202.
ESCORBIAC (d'), conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. IZ19.
ESCOUBLEAU DE SOURDIS (Maison d'), p. 5i3.
ESCOULOUBRE fM. d'), occupe des biens de l'É-
glise; admet l'arbitrage de l'évêque d'AIet &
restitue 10,600 livres, pp. 412, 414.
ESCOULOUBRE (Marquis d') , p. |363; reçu à
l'Académie des Jeux-Floraux; député aux Etats
généraux, p. 1377.
EscotSSENS, p. 85; armoiries de cette commune,
p. 686.
EscuiLHENS, au diocèse de Limoux, p. 1008.
EspAG.NE, pp. 56, 704, 729, 842, 1384, 1404; sa
déclaration de guerre, p. 24; refuse la paix,
p. 279; alliée de la France dans la guerre de
succession de la Pologne, p. 1037.
ESPAGNE (Marquis d'), p. |353.
EspACNOLETTES ET DBOGUETS, fabriqués à Magde-
bourg par des réfugiés languedociens, p. 364.
Espagnols se rendant en Guienne, p. 328; fré-
quentent la foire de Beaucaire, p. 703.
ESPAIGNE (Pierre d'), capitoul, chef du consis-
toire à Toulouse, pp. I o, 1 39, 149, 523 ; nommé
député de Toulouse aux Etats de Languedoc en
i65i, p. 327; ancien capitoul, p. 658.
EspALiON, pp. 1129, ii3o, ii3i.
ESPÉRANMEU, conseiller, p. 283.
EspÉRAZA, pp. 37, 63, 64.
ESPÈRONNAT (d'), p. 414.
ESPÉRONNIER, habitant de Coursan, p. 893.
EspÉROu, montagne, p. 482, 485, 488, 599, 616,
648, 740, 798, 8o3, 8o5, 999, 1072, 1405,
14 10.
— (Gorges de 1'), p. 424.
ESPEZEL, p. 870.
ESPIC DE LIRON, président à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
ESPIE (Félix-François), capitaine au tégimeni de
Picardie, p. 1082.
EspiE (Comté d'), p. 1082.
ESPINAY (F), p. 188.
ESPINCHAL DE MARSIAC (Anne d'), religieuse
de Clavas, p. 1204.
ESPINCHAL (Marie), religieuse de Clavas, p. 1204.
EspiNOtSE (Montagnes de 1'), pp. 966, i385.
Espions envoyés dans les assemblées protestantes,
pp. 1441, 1 142.
ESPITALET, p. 90.
ESPREMÉNIL (d'), député à l'Assemblée nationale,
p. 1422.
Esprit d'antagonisme entre catholiques & protes-
tants entretenu par le duc d'Orléans, p. 285.
— d'égalité devant l'impôt généralisé, p. io63.
— municipal; sa dégénérescence, pp. 635, 636,
637.
— public; son développement, p. 689.
— de tolérance presque général dans les cahiers
de 1789, p. |382.
— de violence contre Us protestants dominant à
la Cour, p. 534.
ESQUILLES (d'), président au Parlement, p. 3 19.
ESQUIROL, négociant 3 Toulouse, p. |363.
ESQUIROLIS D'AUDRIC, capitoul, chef du con-
sistoire à Toulovise, pp. 172, 200, 201, 217; sa
lutte contre le Piirlement, p. 197.
Essais de culture du coton en Languedoc, p. 1069.
ESTABLES (d'), p. 620.
ESTAGEL, pp. 98, II78.
ESTAIRES (d'), maréchal de camp, p. 885.
ESTANG (de 1'), conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. 243.
ESTAING (comte d'), doit faire partie de l'assem-
blée des notables de 1786, p. |335.
Estelle, de Florian, présentée aux Etats de Lan-
guedoc par l'archevêque de Narbonne, p. 1372.
ESTÈVE (Jean), maître menuisier, p. ii5o.
ESTEVENEL (d'), de Limoux, p. 1207.
ESTOUBLON (Abbé d'), p. io23.
Estrade, village, p. 482.
lOIO
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ESTRADE, négociant à Toulouse, p. i363.
ESTRÉE (G,ibïielle d'), p. 479.
Etables, en Viv.arais, p. 1202.
Établissement des litières, p. 17.
— d'un cours de théologie à Castelnaiidary, p. 62.
— d'un présidi»! à Mende réclamé, p. i3.^3.
— de tours pour les enfants trouvés, demandé,
p. 13^4.
Établisseme.xts hospitaliers en Languedoc; leur
bonne administration en 1698, p. 6ç5.
Etamines du Gévaudan, p. 64.
Etang de Marseillctte, p. 106; son dessèchement,
p. 104; diverses phases de son dessèchement,
pp. 1 169, I 160, 1 161.
^ de Pérols, p. 73.
— de Thau, p. 7.5.
Etangs ou GpAtx, défenses naturelles des côtes de
Languedoc, p. 691 .
— concédés sur le? bords du canal projeté de
Beaucaire à Agde, p. 385.
— projet de les réunir au port de Cette, p. 463.
Etape; transaction entre la Province & Toulouse,
p, 5 ; tarif arrêté par les Etats, p. 164 ; mal or-
ganisée n'empêclie pas les vexations, pp. 164,
i65; la ville de Toulouse est contrainte à la
payer malgré ses prétendus privilèges, p. 212.
— (Chemins de l'j, p. 1 178.
Etapes, pp. i, 3, 11, i5, 44, 45, 70, 71, 1 10, 240,
354, 663.
— (Bail des), p. 84.
— (Fourniture des), pp. 88, 92.
— (Fraudes commises dans le service des), p. 275.
— (Frais d'), remboursés aux Etats, p. 5i.
Etapiers, p. 209.
Etat-civil des nouveaux convertis, pp. 1120,
1121, Il 22, I I 23.
— des protestants de Languedoc, pp. 1 108, 1 109,
IIIO, Mil, 1119, 1120, 1121, II22, II23,
1343, i356.
Etat-major des places en Languedoc; dépense
totale des traitements en 1776, p. 1279.
Etats généraux de France; idée de leur convoca-
tion en 1648, dès que les parlementaires veulent
gouverner l'Etat, pp. 272, 273; convoqués en
1648, p. 278 ; leur convocation doit être annon-
cée publiquement par lei sénéchaux, p. 279;
difficultés d'exécution dans les préparatifs des
élections des députés, p. 280; de 1648, rôle res-
treint qu'on prévoit pour eux, p. 282; con-
voqués pour le 28 septembre i65i, p. 3o5; leur
convocation à Orléans pour le 16 mars 164^,
p. 6; d'Orléans, p. 3 10; de Tours, pp. Szo,
322; recherches sur le mode de, leur convoca-
tion, ordonnées par le conseil d'Etat le 5 juillet
1788, p. 128; demandés par le parlement de
Paris, p. 1348; promis par le roi pour 1791 au
plus tard, p. 1344; réclamés, pp. 931, i356; ré-
clamés par le clergé de Toulouse, pp. i3;)6, i 357;
devraient être périodiques, p. i38i; annoncés
officiellement pour le r'mai 1789, p. i359; leur
prochaine, réunion cause une certaine fermen-
tation, p. i36o; composition de la députation
de la Province de Languedoc, pp. 1376, 1377,
1378; le pays attend d'eux sa régénération,
p. i338; leur réunion, p. i388; séance du Jeu
de Paume; le seul opposant aux résolutions qui
y sont arrêtées est un député languedocien 5
quelques faits épisodiques sur des députés de la
Province, pp. 1389, 1390; se forment en Assem-
blée nationale, p. 1389.
Etats de la Province; org.misation annuelle de
leur députation à la Cour, p. i34; demandent
la suppression de l'édit de Béziers & des inten-
dants, pp. i52, 1 53 ; émanent du pouvoir royal
& non du pays, p. 164; leur composition ne
permet pas à tous les intérêts d'y être représentés
effectivement, p. i55; lacunes Sans les repré-
sentations du tiers état; nombre de villes & de
communes qui envoyaient des députés, p. |5");
villes jouissant des places fixes; roulem.ent des
places mobiles, p. 1 56 ; défaut de proportion 81
d'harmonie dans le choix des lieux représenta-
tifs, pp. |56, 167; détails sur la séance d'ou-
verture, pp. 159, 160; session de 1643, p. 2 ;
dès l'ouverture de cette session, l'intendant
parle de la paix &. de « l'espérance permise de
ne plus voir qu'une seule & véritable religion, »
p. 161 ; la portion du pouvoir exécutif qui leur
appartient est déléguée à une commission, mais
est exercée en réalité par les syndics généraux,
p. 167; l'édit de Béziers leur ayant enlevé le
droit de voter les impositions, ne peuvent plus
qu'enregistrer les commissions royales; font
dresser un inventaire des archives de la Pro-
vince, p. 168; service funèbre qu'ils font célé-
brer pour Louis XIII, p. 178; se plaignent du
droit de confirmation taxé aux teinturiers &
autres artisans de Montpellier, p. 208; du
17 janvier au 23 mars 1645, p. 3; délibération
contre les donneurs de faux certificats d'étape,
p. 3 ; Schomberg y remplit les fonctions de pre-
mier commissaire du roi, p. 209; votent diffé-
rentes gratifications aux favoris de Gaston;
refusent le quartier d'hiver, l'entretien de diver-
ses garnisons & des secours pour les travaux du
port d'Agde, pp. 212, 2i3; résistent aussi à
Gaston d'Orléans, au sujet d'une prétendue va-
cance d'une charge de syndic g'iéral, p. 214;
accusés par Schomberg d'avoir ca isi les troubles
de Montpellier, p. 238; menaces de représailles}
résultats des campagnes à l'extérieur; justifica-
tion des quartiers d'hiver; réponse de l'arche-
vêque de Narbonne; vigueur de son lang.ige,
p. 239; instance des commissaires pour obtenir
des subsides; refus des Etats prétextant les
charges imposées à la Province par la guerre de
Catalogne, p. 240; de novembre 1645 au 9 mars
1646, p. 3; session du 3 avril 1647, p. 4; font
complimenter le prince de Condé, p. 201; pa-
roles sévères du maréchal du Plessis au sujet de
la résistance faite par les deux dernières assem-
blées, p. 261; discours de M. d'Argenson ; ré-
ponse de M. de Rebé, p. 262; votent trois
millions au lieu de neuf demandés; point de
discipline intérieure réglé, p. 263; leur déli-
bération au sujet des dispenses abusives accor-
dées aux quêteurs de l'ordre de la Merci; arènes
de Nimes; pont du Gard, p. 264; session du
|3 février au 28 mai IÛ48; délibèrent que les
protestants ne pourront entrer aux assemblées
d'assiette, p. 5; affaire de l'équivalent; sommes
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i5ii
payées au roi; sommes données au duc d'Or-
léans, p. 273; la députation à Paris ne peut
obtenir )iistice d'une tentative d'assassinat con-
tre un de ses membres, p. 274; leurs vœux au
sujet de différents désordres; décident de ne plus
obéir aux injonctions des lettres de cachet ob-
tenues pour arriver aux charges consulaires;
leur anathème contre les corruptions qu'on
disait s'être produites dans leur sem, p. 273;
autres dispositions intérieures, p. 276; session
du i<î' juin 1649, p. 6; protestent contre l'in-
terprétation donnée à la Cour du sermon de
l'évéque du Puy, p. 286; reçoivent les plaintes
des archevêques de Narbonne & de Toulouse
contre l'abbé de la Rivière & protestent, p. 287;
leur députation au Parlement de Toulouse,
pp. 288, 289; reçoivent une ambassade du Par-
lement de Toulouse, p. 290; obtiennent la ré-
vocation de l'édit de Béziers; négociations déli-
cates qui la précèdent, pp. 291, 292; leur
émotion à la suite de menaces proférées par un
soldat contre un syndic général, p. 292; session
du 24 octobre i65o, pp. 7; 323; votent une gra-
tification à M. de %'edelly, qui avait parcouru
plusieurs diocèses comme commissaire; défèrent
à l'archevêque de Narbonne une sorte de dic-
tature, p. 3oo; sont vivement attaqués par le
Parlement de 'Toulouse, p. 3cm ; réclamations
du clergé & de la noblesse contre leur organi-
sation , p. 3c5; querelles du Parlement aux
Etats, pp. 3o5 à 3i3; trêve avec le Parlement,
p. 3i4 ; session du 3 1 juillet 16.') 1 au 10 janvier
16.52; protestent, le \" septembre i65i, contre
les actes du Parlement de Toulouse, p. 85
discours de l'archevêque de Narbonne contre le
Parlement de Toulouse, p. 322; reconnaissent
la majorité du roi; sont informés des menées
du prince de Condé, p. 323; impuissants dans
leur lutte contre le Parlement, ils demandent
une trêve; les commissaires-présidents refusent
leur médiaiior», les Etats tentent une démarche
directe vis-à-vis du Parlement, p. 325; leur
réclamation contre les tentatives de restauration
féodale; continuation des pourparlers avec le
Parlement, p. 328; sont prêts à interdire l'im-
position, p. 329; leur paix avec le Parlement,
p. 321; du 17 mars au 2 juin i653, p. 10;
font célébrer un service funèbre pour le premier
président Bertier de Montrabe, p. 348; reçoi-
vent la plainte du syndic Joubert relativement
aux brigandages commis en Gévaudan, p. 35o;
renoncent à bénéficier de l'amende que la Pro-
vince avait à recevoir par suite de la punition des
coupables de Gévaudan, p. 3ji ; du 16 décembre
1653 au 3i mars 16.54, P- ' ' » so"' émus des
actes de corruption reprochés à des membres de
cette assemblée, pp. 358, 359; ^" 7 décembre
|6")4 au 14 mai |655, p. 1 1 ; du 4 novembre
i655 au 22 février i656, p. 36i ; l'envoi de leur
députation au Parlement indispose Mazarin ,
p. 365; du 28 août i656 au 1" juin 1667;
du 8 octobre 1667 au 22 février i658, p. 1 3 ;
du 17 octobre i65i au 23 mars 1659, p. 14; sa
députation au roi, p. 14; du i''' octobre 1659
au 7 décembre, p. 14; se réunissent au réfectoire
des Augusiins, p. 367; sont reçus par Louis XIV
à Toulouse, p. 369; pression qu'ils subissent en
matière fiscale, p. 378; présentent l'octroi au
roi en personne, p. 379; leur opposition à la
construction du canal de Beaucaire; motifs
puérils invoqués pour arrêter l'exécution des
tr.ivaux, pp. 386, 387; interdisent l'entrée de
l'assemblée des trois ordres à quiconque aura
favorisé l'établissement du canal de Beaucaire,
p. 337; éloge de Mazarin par François Fouquet,
archevêque de Narbonne, p. 391 ; du 24 janvier
au 10 avril 1661, p. |5; du 3 janvier 1662 au
3 février, p. 16; du 6 décembre i663 au 6 fé-
vrier 1664, p. 19; du 4 décembre 1664 au
i3 février i665, p. 20; détails sur la session de
1664, présidée par M. de Bourlemont; son an-
tagonisme avec l'évéque d'Albi & l'évéque de
Viviers; affaire du don gratuit, pp. 43o, 43i,
4>2; tumulte de la fin de la séance du 3o dé-
cembre; réconciliation de l'archevêque de Tou-
louse & de l'évéque d'Albi, p. 433; continua-
tion de l'opposition formulée par M. du Lude,
pp. 434, 435; lutte entre les deux évêques,
p. 43'>; clôture hâtive de la session, pp. 436,
437; à propos du projet du canal de Languedoc,
il est rappelé qu'en octobre 1 539 les Etats s'oc-
cupèrent d'un commencement d'enquête pour un
projet de canal entre Toulouse & Narbonne,
p. 453; ont refusé, en 1618, les propositions
d'un entrepreneur qui demandait de faire, à
ses frais, un canal en Lauragais, p. 454; sem-
blent ne voir dans le projet de canal de Lan-
guedoc qu'une entreprise particulière; noms des
délégués nommés pour vérifier le projet, p. 459;
malgré la réussite de la rigole d'essai, ils restent
indifférents à la création du canal, p. 463; re-
fusent de contribuer <( de présent ni à l'avenir »
à la dépense occasionnée par la création du
canal de Languedoc & du port de Cette, p. 464;
du 23 novembre i665 au 27 février 1666, p. 20;
du 29 novembre 1666 au 7 mars 1667, p. 21 j
du 5 décembre 1667 au 24 février 1668, p. 21;
ouverts par le duc de Verneuil; réglementent
l'entrée de la noblesse aux Etats, p. 477; ap-
puient la demande des collecteurs de tailles pour
forcer à payer les gens de main-forte ; on propose
durant cette session d'interdire aux protestants
l'accès de toutes les charges qui touchent aux
deniers du roi, p. 478; leur opposition contre
l'établissement d'un pont de bateaux sur le
Rhône, basée sur un dommage possible au com-
merce de Languedoc & à la foire de Beaucaire;
votes de plusieurs sommes pour services rendus
par des catholiques & différentes gratifications,
p. 479; sont toujours inquiets du maintien de
leurs prérogatives, p. 481; du 11 février 1669
au i3 avril 1670, p. 22; prêtent leur crédit
pour un emprunt de 700000 livres, p. 22; du
6 décembre 1699 au 3o janvier 1670, p. 22; du
27 novembre 1670 au ïo février 1671 5 du
9 décembre 1671 au 1" février 1672, p. 23;
la formule de serment est mise en rapport avec
les maximes de la monarchie, p. 496; habitudes
de négociations mystérieuses introduites, p. 497;
du I 5 novembre 1672 au 22 février 1673, p. 23 ;
grâce à l'intendant d'Aguesseau, ils exercent
une influence salutaire sur le travail & le né-
goce des Languedociens, p. 5o2; du 16 novem-
bre 1673 au 20 janvier 1 '174, p. 24; du |5 no-
vembre 1674 au 16 février 1670, p. 24; font
célébrer un service funèbre pour François Fou-
lai;
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
quel, p. 5o9j du 14 novembre 1675 au 8 février
1676, p. 24; addition au règlement, p. 24; du
23 novembre 1676 au 8 février 1677, p. 26;
votent les fonds pour la création d'un régiment
de dragons, p. Siij du 17 novembre 1677 au
iS janvier 1678, p. 26 j du 17 novembre 1678
au 19 janvier 1679, p. 25; du 27 novembre
1679 au |5 janvier 1680, p. 23; du 7 novembre
1680 au 22 décembre, p. 26; du 20 novembre
1681 au 19 janvier 1682, p. 26; votent, le
12 décembre 1682, soixante mille livres au cha-
pitre des gratifications pour le duc du Maine,
p. 021 ; du 7 octobre au 2.3 novembre i683,
p. 27; l'archevêque de Toulouse félicite le roi
des dernières mesures religieuses prises, p. 539;
du 25 octobre au 10 décembre i635, p. 29;
nouveaux règlements les concernant, p. 29;
trouvent dans l'édit de Fontainebleau la réali-
sation de leurs vœux les plus chers, p. 5^7;
reçoivent une lettre du roi au sujet de l'érec-
tion de sa statue équestre, p. 5')Ç; du 17 octobre
au 2 décembre 1686, p. 29; da 29 octobre au
Il décembre 1687, p. 3o; du 25 octobre au
1 I décembre 1688, p. 3o; se réunissent en 1689,
au moment de la guerre contre la Hollande,
p. 607; du 7 novembre au 17 décembre 1687,
p. 3oj du 25 octobre au 16 décembre 1690;
du 29 octobre au i5 décembre 1691, p. 3 1 ; du
20 novembre 1692 au 16 janvier 1693, p. 3| ;
du 19 novembre 1693 au 22 janvier 1694, p. 3i ;
augmentation d'un membre de l'ordre du clergé
& d'un membre de la noblesse, p. 65 1 j le tiers
état est augmenté d'un siège j réception des trois
nouveaux titulaires, p. 652; cherchent à remé-
dier aux inconvénients occasionnés par les
passages de troupes, p. 663; votent le don gra-
tuit & proposent l'impôt de capitation, p. 664;
votent le payement de l'impôt des armoiries,
p. 680, du 25 novembre 1694 au 19 janvier
1695, p. 32; du 19 octobre 1595 au 24 décem-
bre, p. 32; du i5 novembre 1696 au 22 jan-
vier 1697, p. 33; du 20 novembre 1697 au 27
janvier 169^, p. 33; vice de la représentation
par suite de l'inégalité de la population des
diocèses, p. 692; du 20 novembre 1698 au
10 janvier 1699, p. 34; du 18 novembre 1699
au 23 janvier 1700, p. 34; du 25 novembre
1700 au 10 janvier 1701, p. 35; assistent à la
communion en viatique administrée a u cardinal
de Bonzi, p. 719; du 3r août 1701 au 24 oc-
tobre, pp. 35, 744 ; accordent la levée d'un
régiment de dragons & de trente-trois compa-
gnies de fusiliers, p. 761 ; du 9 novembre 1702
au i5 janvier 1703, tenus à Carcassonne, pp. 37,
734; du 28 novembre 1703 au 8 janvier 1704,
p. 39; célèbrent, le 17 janvier 1704, le service
funèbre du cardinal de Bonzi dans la cathé-
drale de Montpellier, p. 849; rachètent l'impôt
sur la viande de boucherie, p. 85o; demandent
le renouvellement des prohibitions des vins de
Vivarais & l'exiension de ces prohibitions aux
vins du comtat Venaissin & de la principauté
d'Orange, p. 85 1 ; les gratifications qu'ils accor-
dent aux envoyés de la noblesse deviennent une
source d'abus; mesures de repression prises à la
suite d'un éclat qui eut lieu a-propos du titu-
laire mineur de la baronnie de Mirepoix,
pp. 852, 853; du 4 décembre 1704 au 19 février
1705, p. 41 ; du 10 novembre 1705 au 8 février
1706, p. 42; acceptent de payer quatre compa-
gnies levées pour la garde de In frontière, p. 863j
demandent au roi d'abandonner le droit d'au-
baine en faveur de la Province, p. 864; du
25 novembre 1706 au 24 janvier 1707, p. 43;
leur délibération au sujet de l'achat du ch&teau
de Ferrières & des garnisons dans la Province,
p. 868; du 24 novembre 1707 au 24 janvier
1708, p. 45; avancent des fonds pour les forti-
fications du Pont-Saint-Esprit, p. 870; le comte
de MérinvilleSt Samuel Bernard se disputent
l'entrée aux Etats comme barons de Rieux,
pp. 873, 874; adoptent le plan de VHistoire
générale Je Languedoc, p. 875; du 22 novembre
1708 au 5 février 1709, p. 47 ; sollicitent une
remise sur les impositions de 1710 & plusieurs
autres mesures, p. 876; du 21 novembre 1709 au
25 janvier 1710, p. 48 ; du 27 novembre 1710 au
27 janvier 171 i, p. 48; s'occupent du conflit
élevé à l'occasion de la mort du trésorier de la
bourse & de la canalisation d'un bras du Rhône,
pp. 892, 893; du 26 novembre 1711 au 3i jan-
vier 1712, p. 49; honneurs funèbres du dau-
phin, p. 894; font célébrer, à leurs frais, douze
cents messes après la mort du dauphin, p. 895;
du 24 novembre 1712 au 25 janvier I7i3, p. 49;
du 9 novembre 1713 au i 1 janvier 1714, p. 5o;
accordent mille livres de gratification & une
médaille d'or à l'auteur d'une carte du golfe de
Lion, p. 896; leur décision au sujet de la re-
présentation du Vêlai, p 898; du 25 octobre
au 17 décembre 1714, p. 5o; remercient le pré-
sident, le commandant en chef & l'intendant
d'avoir procuré la fin de l'occupation militaire
de la Province; s'occupent de la statue équestre
de Louis XIV, dont l'érection avait été votée
après la révocation de l'édit de Nantes, p. 904;
du 12 décembre 1715 au 12 février 1716, p. 5i ;
deviennent vraiment utiles dès que les inten-
dants en ont fait un organisme intérieur d'ad-
ministration, p. 9i5; examen critique de leurs
travaux, p. 916; du 10 décembre 1716 au r3 fé-
vrier 1717, p. 52; font de telles libéralités pour
le don gratuit que l'intendant sollicite pour
eux quelque diminution, p. 921 ; du 9 décembre
1717 au |5 février 1718, p. Si; du i5 décembre
1718 au 18 février 1719, p. 54; reçoivent du
régent une communication les informant de
l'arrestation du duc du Maine, pp. 924, 025;
continuent leur session après l'arrestation du
duc du Maine, p. 93o; du 14 décembre 1719 au
7 février 1720, p. 55; reçoivent communication
de la déclaration de guerre à l'Espagne; levée
des troupes & des milices, p. 936; leurs récla-
mations au sujet des charges que les armements
imposaient à la Province, pp. 937, 938; con-
cluent un arrangement avec un banquier d'Albi
pour l'établissement d'une manufacture de toiles
s la façon de Rouen, pp. 941, 942, 943; accor-
dent des secours pour acheter des plants d'oli-
viers à distribuer dans le Narbonnais, p. 943;
leurs plaintes au régent à propos du cours
forcé, p. 945; du 3o janvier au i3 mars 1721,
p. 55; règlent les questions de dépense des corps
de garde établis pour préserver la Province de
l'invasion de !a peste, p. 950; accordent une
gratification au personnel occupé à la garde de
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i5i3
la frontière, p. 902; confirment l'exclusion de
tous officiers royaux de leurs assemblées, p. 55;
ont à s'occuper, en 1721, de l'application de la
coutume de Paris à certains fiefs, p. 962; ins-
crivent dans le cahier des réclamations un
article pour que la ville de Beaiicaire reste sous
l'autorité royale, p. 955j préoccupation causée
par la peste de Provence, p. 960; leur interven-
tion au sujet du transport de minerai de fer
par le chemin de Cavalères, p. 980; du 8 jan-
vier 1722 au 19 mars, p. 56; s'occupent dans
cette session du préjudice porté au commerce par
l'établissement des cordons sanitaires & cher-
chent des remèdes pour les animaiiX pestiférés,
p, 9'>3 j réclament contre l'édit de janvier 1722,
établissant un droit sur les soies étrangères &
sur les soies indigènes; font leurs efforts pour
empêcher la création d'une université en Béarn,
p. 970; du 14 janvier au 3 mars 1723, p. 57;
traitent le rachat d'offices municipaux nouvel-
lement créés, pp. 982, 983 ; ont à s'occuper d'un
échange de territoire entre le roi & le duc
d'Uzès, pp. 987, 98J, 989, 990; du 16 décembre
1723 au 21 février 1724, p. 58; s'occupent de
la confection de cartes géographiques, p. 996;
du règlement des assemblées d'assieite, pp. 997,
998; du 16 décembre 1724 au 7 février 1723,
p. 59; du 10 janvier au 2 mars 1726, p. 60; du
16 janvier au 3 mars 1727, p. 61; s'occupent
des réparations à faire au canal de Languedoc,
p. 1009; conservent la direction des travaux
des chemins, ponts & chaussées, p. 61 ; le droit
de committimus & d'évocation générale leur est
maintenu, p. 6 1 ; du 11 décembre 1 727 au 3 fé-
vrier 1728, p. 62; leur gestion attaquée par les
rentiers de la Province, p. 101 r ; du 16 décem-
bre 1728 au 3 février 1729, p. 63; du 20 octobre
1729 au 14 décembre, p. 64; du 14 décembre
1730 au 3 février i73i, p. 65; font délivrer du
blé au Gévaudan, p. 1012; s'occupent de la dé-
limitation des frontières du côté de Rouergue,
p, I 028 ; augmentent d'un médecin les agents de
la Province, pp. 1028, 1029; s'occupent de dif-
férents projets intéressant le public; p. 1029;
du 17 janvier au 3 mars i73î, p. 66 ; les diocèses
d'Alet & de Liinoux y envoient annuellement
un député, p. 65; délèguent l'archevêque de
Narbonne pour tenir sur les fonts de baptême,
au nom de la Province, un petit-fils de M. de
Bernage, intendant de Languedoc, p. io35; du
27 novembre 1732 au 8 janvier 1733, p. 66 j
du 17 décembre 1733 au 6 février 1734, p. 67;
protestent contre la levée du dixième faite sans
leur autorisation & demandent l'abonnement,
pp. 1039, 1040, 1041; vérifient, durant chaque
session, les impositions & les dettes diocésaines
& municipales; mais, par suite d'abus, les com-
missions qui en sont chargées ne fonctionnent
plus, pp. 1043, 1044; font un règlement sur
l'établissement des subventions, p. 68; du 16
décembre 1734 au 7 février 1735, p. 63 ; deman-
dent la noblesse pour le fils du sieur Pailhoux,
p. 1049; du i5 décembre 1735 au 3 février I73^,
p. 69; la députation est déférée aux soumission-
naires d'offices, p. 70; du i3 décembre 1736 au
4 février 1737, p. 70; du 24 octobre au 5 dé-
cembre 1737, p. 71; du 11 décembre 1738 au
3 février 1739, p. 72; travaux utiles qu'ils font
exécuter dans la Province; supériorité des résul-
tats obtenus par les Etats sur ceux des pays d'é-
lection, p. 1060; font étudier les réclamations
des riverains du canal de Languedoc, p. io6ij
accordent quarante mille livres pour le trans-
fert de l'évêché dans la ville basse, à Carcas-
sonne, p. 1062; du 17 décembre 1739 au i'' fé-
vrier 1740, p. 74; du i5 décembre 1740 au
6 février 1741, p. 75; du 14 décembre 1741
au 8 février 1742, p. 76; du 20 décembre
1742 au 1''' février 1743, p. 77; vides sur les
brincs supérieurs, p. 1064; épisode relatif à la
représentation de la ville de Toulouse; don
gratuit, capitation; emprunt consenti par la
Province, p. io65; s'occupent des rizières du
Dauphiné, p. io56; du 3i décembre 1743 au
5 février 1744, p. 78; le roi demande à la
Province l'organisation d'un régiment de dra-
gons; résistance des Etats; insistance & exi-
gences de la Cour, pp. 1067, 1068; envoient
des réclamations à Versailles; signalent les
charges écrasantes qui ruinent les finances;
contractent deux emprunts, pp. 78, 1068 ; dési-
gnent les officiers supérieurs aui doivent com-
mander le régiment de dragons; autorisent l'es-
sai de la culture du coton près de Castres,
p. 1069; du 19 novembre 1744 au 2 janvier
1745, p. 79; du 20 janvier 1746 au 2 mars,
p. 81 ; leur règlement pour l'entretien des che-
mins, p. 81; du 24 novembre 1746 au 2 jan-
vier 1747, p. 82; font étudier les ravages de
l'épizootie par un médecin de la faculté de
Montpellier, p. 1081 ; du 23 novembre 1747 au
i3 janvier 1748, p. 83; du 21 novembre 1748
au 4 janvier 1749, p. 84; reçoivent communi-
cation d'un projet de canalisation de la Vère &
de l'établissement d'un canal latéral au Tarn ;
y acquiescent, p. 1088; votent 5oo,ooo livres
pour la construction du chemin d'Auvergne,
p. 84; du 29 janvier au 17 février 1 75o, p. 85 ;
ne veulent accorder ni le don gratuit ni la ca-
pitation avant de rég'er la question de l'impôt
du vingtième, p. 1072; font des remontrances
6 votent la capitation ; insistance de la Cour,
p. 1093; résistance des Etats, p. 1094; sont
séparés par le duc de Richelieu, le 17 février
1750; suspendus par arrêt du conseil, le 28 fé-
vrier 1750, pp. 85, 1095; projet de leur réta -
blissement communiqué à l'intendant, p. 1117;
arrêt de 1752 sur leur rétablissement, p. iii8j
se réunissent à Montpellier; du 26 octobre 1752
au 4 décembre 1752, pp. 86, ii23; nouveau
règlement arrêté par le roi, pp. 1118, 1119;
s'occupent dans cette session de demandes en
modération de droits, &c., pp. 11 25, 1126; du
3i janvier au |3 mars 1754, p. 87; étudient les
projets propres à faciliter les rapports entre le
Languedoc, le Rouergue, l'Auvergne, p. 1129;
donnent la concession du canal des Étangs,
pp. I |34, I I 35; du 28 novembre 1754 au 7 jan-
vier 1755, p. 88 ; du 22 janvier au 3 mars 1756,
p. 89; du 28 octobre au 11 décembre 1756,
p. 90; du |5 décembre 1757 au 3 février 1758,
p. 92; leur règlement, p. ç3; du 25 janvier
1759 au 5 mars, p. 93; votent dans la session
de 1753 les sommes nécessaires à la défense des
côtes, p. 1145, 1146; leurs différends avec la
cour des aides de Montpellier réglés par une dé-
i5i4
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
claration du roi, pp. 1146, 1147; inaugurent
Tannée 1759 par les baptêmes du fils de l'inten-
dant 8c de la fille du maréchal de Thomond,
p. 11489 leur vigilance à maintenir leur juri-
diction exclusive sur toutes les assemblées dio-
césaines, p. II 53; du 29 novembre 1769 a 11
7 janvier 1760, p. 94; conflits avec le Parle-
ment, pp. I 167, 1 i58; encouragent le desséclie-
ment de l'étang de MarseiUette, p. iiûo; du
27 novembre 1760 au 7 janvier 1761, p. 9.');
du 22 octobre au i*"" décembre 1761, p. 96;
offrent au roi un vaisseau de ligne de quatre-
vingts canons, p. 96; du 28 octobre au 6 dé-
cembre 1762, p. 97; du 26 janvier au 7 mars
1764, p. 98; leur protestation contre la décla-
ration du II février 1764, p. 1184; curieuses
citations du mémoire envoyé à la Cour sur ce
sujet, p. I |85; du 29 novehnbre 1734 au 7 jan-
vier 1735, p. 100; leur délibération pour le
perfectionnement des races de chevaux, mulets,
taureaux & béliers, p. 100; du 19 décembre 1766
au 3o janvier 1766, p. 101 ; leur délibération sur
les ouvrages décoratifs de la place du Peyrou, à
Montpellier, p. ici; du 27 novembre 1766 au
5 janvier 1767, p. io3; leur règlement, p. io5;
du 26 novembre 1767 au 5 janvier 1768, p. 104;
du 24 novembre 1768 au 3 janvier 1769, p. io5j
du 3o novembre 1769 au 8 janvier 1770, p. io5;
leur lutte avec le Parlement au sujet de leur
règlement, p. 1209; deux articles des règlements
de 1768 annulés par le Parlement, p. 107; se
chargent de la direction de la construction de
la route d'Auvergne, p. 106; du 29 novembre
1770 au 7 janvier 1771, p. 107; du 24 octobre
au 2 décembre 1771, p. 108; du 5 novembre au
4 décembre 1772, p. 109; du 4 novembre au
1 3 décembre 1773, p. 1 1 o ; consentent au rachat
des charges municipales de 1771, p. 110; du
1" décembre 1774 au 9 janvier 1773, p. 111;
accordent deux sols par jour aux troupes em-
ployées au cordon sanitaire ou aux lignes dé-
sinfectantes, p. 1235; s'occupent en 1776 des
difficultés qu'éprouvait le commerce pour la na-
vigation sur la Garonne, p. 1276; du 20 jan-
vier au 4 mars 1776, p. 1 i3 ; ordonnent l'im-
pression des procès-verbaux de leurs séances,
pp. 1|5, 1280; du 28 novembre 1776 au 4 jan-
vier 1777, p. Ii5; du 27 novembre 1777 au
.5 janvier 1778, p. 116; s'occupent de l'affaire
des mines du diocèse d'Alais, pp. 1284, 12?5;
s'occupent de la représentation de la noblesse
aux Etats de Languedoc, pp. 1286, 12S7; refu-
sent leur consentement à l'érection de la terre
de la Rodde Saint-Haon en baronnie, p. 1237;
sont chargés de l'entretien de certains travaux,
p. 1294; du [29 octobre au 7 décembre 1778,
p. 117; adoptent le rapport des ingénieurs con-
cernant l'amélioration à apporter à la naviga-
tion de la Garonne, p. 1296; du zS novembre
1779 au 3 janvier 17S0, p. 118; du 3o novem-
bre 1780 au 6 janvier I7iii,p. 119; admettent
la création d'une baronnie représentative au
diocèse d'Alet, p. i3o2; à la demande de l'aca-
démie des scienr«s de Toulouse, ils donnent
l'ordre d'acquérir la maison que la famille Ga-
ripuy avait transiormée en observatoire, p. i3o4 ;
font rechercher les vices de l'administration du
piys de Gévaudan, p. i3o,S; envoient des com-
missaires en Gévaudan qui découvrent l'ancien-
neté des abus signalés, pp. 1 3oi5 , i3o7; du
3i octobre 1781 au 7 janvier 1782, p. 119; dé-
cident la créatiron de chaires de physique & de
chimie à Toulouse & à Montpellier, p. 120; du
21 novembre au 3o décembre 1782, p. 120;
s'opposent au rétablissement du péage de ponts
réclamé par le vicomte de Polignac, pp. iSo-,
i3o3; du 8 novembre au 20 décembre 17S3,
p. 122; émus de la situation de la fabrication
des draps en Languedoc, ils demandent & ob-
tiennent la liberté de leur exportation, pp. |328,
i329; du 2.5 novembre au 3i décembre 1784,
p. 123; la fin de leur session de 1784 est mar-
quée par quelques fondations utiles, pp. i33o,
i33i ; du 12 janvier au 18 février 1786, p. 124;
votent i5o,ooo livres pour la restauration des
arènes de Nîmes, p. 124; doivent envoyer une
députation particulière à l'assemblée des nota-
bles, p. i335; du 6 décembre 1786 au |3 jan-
vier 1787, p. 12.0; du i3 décembre 1787 au
18 janvier 1788, p. 127; préparent une ins-
truction pour parvenir au nouveau règlement
des taxes des vingtièmes, sur toute nature de
biens, p. 1343; accordent un secours extraor-
dinaire de 940,000 livres, p. 127; nomment en
1788 une commission pour étudier les moyens
d'améliorer l'administration, p. 127; animosi-
tés contre eux réveillées à l'approche de la
réunion des Etats généraux; le mode de leur
recrutement fait qu'ils n'ont point un carac-
tère représentatif, p. i3(5o; leur organisation
critiquée par une assemblée des trois ordres
tenue au Puy, p. 128; leur organisation atta-
quée par la cour des comptes de Montpellier,
pp. i36o, i36i; par les négociants réunis à la
Bourse de Toulouse, p. i362; par la noblesse
de Toulouse, p. 1 363 ; par le chapitre de la mé-
tropole de Toulouse, pp. i363, i364; par le
P:irlcment, pp. i3j4, i365; leurs efforts pour
détourner l'orage dont ils sont menacés, p. 1 367;
les membres du clergé & de la noblesse deman-
dent d'être associés à toutes les impositions tant
royales que locales, p. i368; leur système finan-
cier réformé, pp. |3Û8, 1369, i37o; devant
l'opposition du Parlement & de la cour des
comptes, ils sollicitent un témoignage de satis-
faction du roi & du directeur général des finan-
ces; lettre autographe du roi, p. i37i; autre
lettre du directeur général des finances, pp. i37 i,
1372; reçoivent du roi & de Necker des lettres
de satisfaction, p. i37i; acceptent la dédicace
de VEstelle de Florian ; quelques paroles pro-
noncées par l'archevêque de Narbonne à ce su-
jet, p. 1372; du i5 janvier au 21 février 1789,
p. 129; votent un emprunt de 120,00a livres,
p. 129; décident que la carte du canal & de la
robine de Narbonne sera gravée, p. 129; se sé-
parent le 21 février 1789; dernier acte de leur
existence politique, p. |373; quelques mots sur
leur administration, p. iSpS.
Etats d'Artois, p. i335.
— de Béarn, p. 364.
— de Bourgogne, p. i33.3; demandent dans leur
cahier de doléance un meilleur moyen de véri-
fication des titres de noblesse, p. 448.
— de Bretagne, pp. 928, i335.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS FT DES MATIÈRES.
i5i5
État de Comminges, p. 32o.
— de Foix, pp. 264, 5i8.
— particuliers de Gévaudan, pp. 35o, 998, 1194,
1195, 1407; rapports faits à ce corps au sujet
de la peste, p. 962.
— généraux de Hollande ; s'occupent dans leur
délibération des troubles du Languedoc, p. 790,
votent l'envoi d'un corps de trois mille hommes
dans les Cévennes, p. 818; autorisent l'envoi
de 10,000 florins aux camisards, p. 40.
— particuliers de Vêlai, pp. 77, 998, 1406; pro-
testation contre leur organisation, p. 128.
— particuliers deVivarais, pp. i i, 25, 998, 1026,
i3oi, i3ii, i3i2, i3i 3 ; demandent que le Vi-
varais soit divisé en deux sénéchaussées, p. i 3o2 ;
extrait de leur procès-verbal rendant compte de
la première expérience aérostatique de Montgol-
fier, p. i33i .
— de la sénéchaussée de Toulouse, p. 120.
— provinciaux; demandés représentatifs, p. i38l.
Etat Venaissin, p. 1001.
Etay-Saint-Martin, p. 723.
Etoffes débitées dans la rivière de Gènes & recher-
chées des peuples d'Italie, p. 60.
— ET PAnuRES qui doivent être portées par les
femmes, p. 17.
— des Cévennes, p. 74.
— du Gévaudan, p. 964.
— communes, p. 944.
— de laine, p. 48 1.
— de laine (Impressions des) à Montpellier, p. 77.
— de laine fabriquées à Magdebourg par des réfu-
giés languedociens, p. 564.
— de laine (Petites), p. 698.
— moitié laine moitié soie fabriquées à Toulouse,
p. 697.
— de soies, pp. 94, 481, 1143, 1144; différends
entre fabricants & ouvriers, p. 77.
— fabriquées à Nimes, p. 27.
— & toiles peintes de l'Inde, de la Chine & du
Levant; le commerce en est interdit sous peine
de mort, p. 56.
— d'emballage des dentelles du Puy, p. 60.
— des Indes, de la Chine, du Levant, soieries
pures ou mêlées d'or & d'argent; tissus d'écorce
d'.nrbre, de laine, fil ou coton, toiles peintes ou
mousselines se débitant à la foire de Beaucaire,
p. 961.
Etoile (Bourg de 1'), atteint de fièvres paludéen-
nes après ta création des rizières, p. 1066.
EU (Comte d';, gouverneur & lieutenant général
en Languedoc, pp. 89, 100, 116; succède au
prince de Dombes comme gouverneur de Lan-
guedoc, p. Il 36; vient en personne tenir la
session de 1764 à Montpellier; magnificence
déployée par le prince durant son séjour en
Languedoc; festins; composition de sa maison,
p. I 191; sa visite nu port de Cette; offre le pain
bénit à Notre-Dame des Tables, à Montpellier;
dîner donné par lui le 1" janvier 1765 à qua-
rante-neuf dames; son départ de Montpellier;
aumônes distribuées en son nom, p. 1 192.
EuzET (Bois d'), pp. 823, 824.
Ei'ZET (Eaux minérales d'), p. 918.
Evasion du chevalier de Roquelaure, p. 242.
ÉvÊQUES; leur influence, contestée dans certains
lieux, est sans rivale dans les campagnes & dans
les petites villes, p. i58.
— ET ARCHEVÊQUES de Languedoc chargés de régler
les satisfactions dues à l'évêque de Rieux par le
marquis de Rabat, p. 265.
— du dehors, p. i356.
ÉvÉQtES d'Agde : pp. 116, 314, 416, 989, 990;
François Fouquet , p. 1 59 ; Louis Fouquet,
p. 577.
— d'Aire : p. 364; Gilbert de Montmorin de
Samt-Hérem, p. io23.
— d'Alais : pp. 57, 128, 65i, 992, 1286, i338,
1367; François -Chevalier de Saulx, premier
évêque, pp. 65i, 986; Charles de Bannes d'Avé-
jan, p. 986; Pierre-Marie-Madeleine Courtois
de Balore, p. 1274; Louis-François de Beausset,
p. [335.
— d'Albi ; p. 287, 292, 297, 332; Gaspard de
DaiUon du Lude, pp. i58, 260, 3o8, 405, 43 1,
432. Voir Archevêques.
— d'Alet : pp. 16, 18, 19, 20, i55, 895; Nico-
las Pavillon, pp. i55, 159, 240, 340, 357, 4°^»
407, 408, 409, 410, 411, 412, 413, 414, 4i5,
416, 417, 5o3, 504, 5o5, 5o6, 507, 5o8, 609.
— d'Apt, p. io88.
— d'Altl'n : p. 1021 ; Antoine-François Blister-
stvich de Moncley, p. 1023.
— d'Alxerre, pp. ioi5, 1021.
— DE BtziEBS, pp. 65i, 952, 953, 1029, io65.
— DE BoL'LOGNE : Jean-Marie Henriau, p. io23.
— DE Carcassonne : pp. 990, 1004; Vital de Les-
tang, pp. ,i58, 38o; Louis de Nogaret de La
Valette d'Epernon, p. 414.
— UE Castres : pp. 63, 297, 3 18, 85o, 868, 946,
1067, 1117, 1148, 1408; Jean de Fossé, pp. 7,
i53; François de Lastic de Saint-Jal, p. 71;
Jean-Marc de Royère, p. 1376.
— DE Chalons : Félix Vialart, p. 446.
— DE Chartres, pp. 866-, 881.
— !)E CoMMiNOES : pp. 309, 3i4, 320, 329, 3'io,
474, 517, 896, 1099; Hugues de La ba tut, p. 159 ;
Gilbert de Choiseul, pp. 365, 414, 44S.
— DE Cot■SERA^■s : pp. 3 18, 32o, 364, ]365; Pierre
de Marca, pp. 297, 3|8.
— DE Fréjis : Hercule de Fleury, p. 1000.
— DE GlandCve : p. 1021; Dominique-Laurent
de Grillon, p. io23.
— DE Grasse : Godeau, pp. 8, 3 1 1.
— DE Grenoble : p. 1021 ; Jean de Caulet, p. io23.
— DE Lavaur : pp. 12, i5, 416, 924, 929, 974,
1065 ; Jean-Baptiste- Joseph de Fontanges,
pp. 1 121, I 122.
— UE Lectoube, p. 474.
— DE Léon : Jean -Louis de La Bourdonnaye,
p. 1023.
— DE LoDÈVE : pp. 83, 121, 868, 93i, 988, 1004,
i3o5; Jean de Plantavit de la Pause, pp. i55,
i58; Jacques-Antoine Phelipeaux du Verger,
p. 1004.
i5i6
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ÉvÈQUES DE LoMBEz : pp. 3i8, Szo; Charles-
Guillaiime de Maupeou, pp. 1020, lozS.
— DU Mans, p. 247.
— DE Marseille : p. 1021; François-Xavier de
Belsimce, p. 1021.
■^ DE Mende ; pp. 799, 1 1 i3, I 124, 1 194, i3o5,
|377; Silvestre de Crusy de Marcillac, pp. i.")3,
i386; Hyacinthe Serroni, p. 609; Gabriel-Flo-
rent de Choiseul-Beaupié, p. io33.
— DE MiREPOix : pp. 26, 53, 85o, 990; Pierre de
La Broiie, pp. 661, 924.
— DE MoNTAUBAN : pp. II, 63; Anne de Mur-
viel, p. i58; Pierre de Bertier, pp. ri, 435;
Anne-François-Victor Le Tonnelier de Breteuil,
pp. 1284, 1285.
— DE Montpellier : pp. 53, 58, 62, 63, 64, 67,
68, 69, 70, 80, 858, 1088, 1126, 1134, 1148,
i3i4, 1367, 1390; Pierre de Fenoiiillet, p. 364;
Charles- Joachim Colbert de Croissy, pp. 71,
719, 862, 1014, ioi5, 1016, 1017, 1018, 1021,
I o56 , 1057, I o58 ; Georges-Lazare Berger de
Charency, p. 72; Joseph-François de Malide,
pp. 1376, 1390, 1392.
— DE iN'iMEs, pp i3, 18, 69, 264, 299, 556, 649,
658, 1021, 1264; Anthyme- Denis Cohon ,
pp. i58, 38i, 420, 421, 422, 423, 479; Esprit
Fléchier, pp. 38, 610, 768, 772; Jean-César
Rousseau delà Pansière, pp. 991, 1019, 1021,
1022, 1025, Î026; Pierre-Mane-Madeleine
Courtois de Balore, pp. 1376, 1392.
— DE NoYON, p. 719.
— DE Pamiers, pp. 21, 22, i32, 3i8, 5o3 ; Fran-
çois-Etienne de Caulet, p. 414.
— DU PuY : p. |338; Henri Cauchon de Maupas
du Tour, pp. 159, 285, 286; Jean-Georges Le-
franc de Pompignan , p. 12-^4; Marie-Joseph
de Galard de Terraube, p. i335.
— DE RiEux : pp. 4, 5, 145, 245, 282, 3i8, 4i5;
Jean-Louis de Bertier, pp. 145, 205, ^35, 5-7.
— DE Rodez : Hair^ nin de Pé réfixe, p. 40 1 ; Jean-
Arnaud de la Vove de Tourouvres, pp. !c2o,
I023.
— DE Saint-Papoul : pp. 25, 69, 889; Bernard
Despruetz, p. |59; François de Barthélémy de
Grammont, pp. 889, 890.
— DE Saint-Pons : pp. 23, 6ç, 276, 5o8, 85o,
865, 866, 880, 88i, 1067, 1084, 1075, ii23;
Jean-Jacques de Fleyres, p. i58; Pierre-Jean-
François de Percin-Montgaillard, p. 861; Paul-
Alexandre de Guénet, pp. 1075, 1076, 1077,
1078, 1079.
— DE Senez, pp. 1021, 1022.
— d'Utique. Foir Pierre de Bertier, coadjuteur de
Montauban.
— d'Uzf.s : pp. 4, 20, 22, 264, 289, 329, 85o, 087;
Nicolas de Grille, pp. i55, i58, 178, 287, 3ii;
Jacques-Adhémar de Monteil de Grignan, p. 437;
Michel Poncet de In Rivière, p. 646; François
de Lastic de Saint-Jal, p. io36 ; Jules de Béthisy
de Mézières, pp. 1376, 1396,
— DE Vabre, p. 416.
— DE Viviers : pp. 1066, l'igS ; Ratabon, p. 52.
Evocation de la chambre de l'édit de Castres au
parlement de Grenoble des affaires des protes-
tant» convertis, p. 20.
Évocation générale, pp. 12, 225, 227, 228, 807;
des capitouls contre le Parlement, p. 224; ob-
tenue par les capitouls, p. 418; réclamée de
nouveau par les bourgeois de Toulouse, malgré
les protestations du Parlement, p. 449.
— au parlement de Bordeaux de tous les procès
civils & criminels que le personnel de l'hôtel
de ville de Toulouse pouvait avoir devant le
Parlement de Toulouse, p. 197.
— au parlement de Grenoble des procès des réfor-
més de Languedoc, p. 1 1 ; de la cause de l'évéque
d'Alet & de M. du Vivier, p. 41 1.
— par le roi en son conseil des différends de la
noblesse avec l'évèque d'Alet, p. 413.
— au conseil du roi des procédures de la réforma-
tion des forêts, p. 4')8.
Evocations générales dans le resbort de la cour
abrogées, p. 1 2.
EvREDx (Évéché d'), p. 354.
Exactions des trésoriers de France &. des officiers
de sénéchaussée, p. 854.
Examen (T) de la justice des volontés du monar-
que n'est pas permis aux sujets, p. 262.
Excès commis par les chevau-légers de passage à
Nîmes, p. 252.
— des fanatiques protestants blâmés en Suisse,
p. 758.
— des droits royaux, provinciaux & seigneuriaux
levés dans le bas \'ivarais, p. i336.
Excommunications dans le diocèse d'Alet, pp. 410,
41 I.
Exécutions faites par les collecteurs contre les
contribuables, p. 104.
— d'insurgés cévenols, pp. 746, 747
— du moulin des Carmes, à Nimes, p. 796.
— à Nimes, après la découverte de la conjuration
de 1705, p. 85o.
— des baux, p. ic5i.
Exemptions accordées aux consuls de Languedoc,
p. 75.
— d'impôt demandée par l'évèque de Nimes en
faveur des artisans & des manœuvres ne possé-
dant aucune propriété, p. 1392.
Exercice de la religion réformée défendu sous
peine de mort en certains lieux, p. 533.
Exil des ministres non convertis, p. 558.
Exorcismes, p. 976.
Expédition féodale en 1721, p. 957.
Expert délégué au commissariat de Languedoc,
p. 1425.
ExpiLLT, p. 725.
Exploitation des mines entravée, p. i68.
Exportation de bas à deux fils, p. 56.
— des chanvres, p. 487.
— des dentelles du Puy en Espagne, p. 485.
— des draps de Languedoc demandée & autorisée,
p. 1327.
— des figues, p. 487.
— de grains, pp. 1,2; prorogée, p. 52; permise,
pp. 61, 69, 8'; peiiiiise à l'étranger, p. ii3;
interdite, p. t22; libre, p. 722.
— de l'huile, p. 487.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i5i7
Exportation de légumes, p. >^S(7•
— du merrain défendue, p. 55.
— des olives, p. 487.
— des raisins, p. 487.
— du vermillon, p. 487.
— du vert de gris, p. 487.
— des vins par Bordeaux, p. 726.
Exportations du Languedoc appréciées par Bâ-
ville, p. 703.
Extases, p. 976.
EYRAUD (Raymond), marchand au Puy, p. 486.
Eybieu, montagne, p ' i5.
Eyrieu, rivière, pp. fi 12, 879.
— (Bnssin de 1'), p. 814.
— (Vallée de 1»), p. 602.
Fabas, commune, p. 1009.
Fabbas, en Vivarais, p. 1202.
FABRE (Jean), l'honnête criminel, p. 89.
FABRE, consul de Na .bonne, p. 287.
FABRE, marchand, consul d'AIbi, p. 309.
FABRE, médecin de Castelnaudary, p. 32o.
FABRE (Jean), fils d'un protestant surpris dans
une assemblée; sert sur les galères à la place de
son père, p. 1 140.
FABRE, marchand de bestiaux, p. 1254.
FABRE, lieutenant en la maîtrise des eaux & fo-
rets, p. 1402.
FABRE, p. 1425.
Fabrécles, p. 32.
— (Maladrerie de), p. 695.
FABRÈGUE (David de la), maire perpétuel de
Saint-Germain de Calberte & de Saint-André de
Lancize, p. 639.
FABRÈGUE (de), major du régiment de Vexin, tué
dans un combat contre Cavalier, p, 816.
Faiip.esau, p. i56.
— baronnie, p. 203.
— commune, p. 11 26.
Fabricants de draps du Levant, p. 81.
— de Carcassonne interdits pour un an à cause
des défectuosités constatées à Constantinople,
p. 82.
— de Languedoc autorisés à teindre diverses étof-
fes, p. 59.
— de Nimes, pp. 49, 63.
Fabrication des aiguilles, p. 484.
— des bas & bonnetterie autorisée à Lunel, p. 72.
—~ de bas à deux fils autorisée pour l'exportation,
p. 56.
— des bas & bonnets de laine, p. 484,
— des cadis, p. 484.
— de cadis de Vivarais, p. 5o.
— des cardes à laine, p. 62.
— des cordelats & rédins de Mazamet & autres
lieux, p. 85.
Fabp.ication de dentelles de fil & de soie, p. 484.
— des draps; lieux de Languedoc où elle est per-
mise; règlement, pp. 5i, 5.1, 55; compromise
par la guerre de CiMlogne. p. 166.
— des draps du Levant, p. ■'5.
— de droguets façon d'Angleterre, p. 60.
— des épingles, p. 484.
— des étamines ou burats de Gévaudan, p. 54.
— d'étoffes dans les Cévennes, p. 42.
— des étoffes des Cévennes, p. 74.
— des métiers à bas, p. 78.
— des peignes, p. i385.
— des ratines, p. 84.
— des rubans, p. 484.
— de serges impériales, p. 41.
— des taffetas, p. 53o.
— des toiles dans l'Albigeois, p. 85.
— de toiles rousses, crues & grises du diocèse
d'AIbi, p. 57.
.^ de tonneaux réglementée, p. 64.
— du vert de gris, p. 78.
Fabbiqi'es : de cordelats, p. 52.
— de couvertures de laine, p. 48.
— de draps, p. 72.
— de draps d'Aubenas, érigée en manufacture
royale, p. 68.
— de draps d'AuIas, p. 83.
— de draps à Bise, érigée en manufacture royale,
p. 67.
— de draps fins à Pennautier, érigée en manufac-
ture royale, p. 62.
— d'étoffes de soie à Lavaiir, p. 92.
— de filelles d'étoffes appelées Maroc, p. 33.
— de faïence de Montpellier, érigée en_manufac-
ture royale, p. 59.
— de faïence à Toulaud, pp. 87, 88.
— de pastel, p. 64.
— des serges impériales, p. 5o,
— de soierie à Toulouse, érigée en manufactur»
royale, p. 112.
— d'étoffes en détresse dans le diocèse de Mende,
p. I I i3.
FACIEU DE FONGRAVE, substitut du procureur
général, p. 1 196.
Faculté de médeci'ne de Montpellier, p. 1081; sa
consultation sur l'épizootie de 1774, pp. 1239,
I 240.
— de théologie à Montpellier, p. 57.
Faculté d'entrepôt à Cette demandée, p. 1384.
Fadbins de M. de NoaiUes, escortent Louvois dans
le Capsir, p. 517.
Fagel, p. 618.
FAGET (Seigneur de), cousin-gtrmain de Marca,
p. 364.
FAGET (Marquis du), p. i352.
FAGES DE SAINT-MARTIAL, président à la cour
des comptes, aides & finances, p. 1097.
FAGES, sous-doyen de la cour des comptes, aides
81 finances, p. 1097; sa correspondance avec le
ministère, p. 1 1 19.
i5i8
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
PAGES aîné, nncien consul de la bourse de Tou-
louse, p. i3i3.
Faïence, p. 87.
FAILCAILLE (Jeanne), lépreuse, p. 422.
FAÏN (de), syndic de Vivarais, p. ]68.
FAÏN DE ROCHEPIERRE (Joachim de), chevalier
non profès de l'ordre de Malte, p. 1026.
FAIRFAX, lord d'Angleterre, pp. 286» 1016.
Fajac, lieu, p. 1219.
FAJAC (de), conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1219.
FAJAC (Chevalier de), p. i355.
FAJOLE (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
FAJOLE, marquis de Pordéac, p. i352.
FALCKENSTEIN (Comte de), nom sous lequel Jo-
seph II, empereur d'Allemagne, traverse la Pro-
vince, p. i3i4.
FALGUEROLLE (Dame de), p. 236.
FALGUEROLLES (de), lieutenant général en Lan-
guedoc, p. 107.
FALGUIÈRE-BLANCAL (de), p. 476.
Falsifications de vins, p. 723.
Fan, lieu, p. 39; les camisards y livrent un com-
bat, p. 807.
Fanatiques excités par les prophètes, p. 614.
— cévenols, p. 782.
— d'Ecosse, p. 794.
Fanjaux, commune du diocèse de Mirepoix, pp. 26,
69, iro, 121, 329, 33o, 332, 864, 871, 1009;
siège de l'assiette diocésaine, p. 989.
FaFvDEAU des charges à partager entre ceux qui bé-
néficient de la protection publique, p. i38i.
Fabet (Comté de), pp. 79, 1070.
FARET (Jean de), marquis de FOurnès, p. 1071.
FARET (Famille de), p. 1071.
FARGEON, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
Farces, p. 491.
Farines, pp. 65, 99, i 1 1, 1 15, 1006.
— (Droit sur les), p. 5i.
FARJON, médecin de l'Hôtel-Dieu de Montpellier,
p. 1239.
FARJON, procureur du roi à Montpellier, p. 1367.
FARNÈSE (Elisabeth), reine d'Espagne, traverse
le Languedoc; s'arrête à Toulouse, p. poS.
Fau des Armes, lieu, pp. 741, 799.
FAUDOAS (Comte de), p. 82.
FAUDOAS (de), p. 1246.
Faugerit, en Vivarais, p. 1202.
FauCH, p. 125.
Faugières, en Vivarais, p. 870.
FAUGIÈRES (Baron de), devient conseiller d'am-
bassade de Frédéric-Guillaume, p. 564.
FAUR (Guy du), baron de Pibrac, capitoul, p. 243.
FAURE, intendant de justice, p. i3i.
FAURE, p. 172.
FAURE (de), capitoul, p. 190.
FAURE, aventurier jugé par le Parlement de Tou-
louse, p. 397.
FAURE MONTORIOL (de), p. i 355.
FAURIÉ (Jacques), p. 863.
Fausse monnaie d'or répandue dans la Province,
p. 890.
Fausses nouvelles, pp. 5, 286.
Faux avis donnés au sujet des assemblées dans les
Cévennes, p. 762.
— certificats d'étape, p. 3.
— monnayeurs, p. 241.
— nobles, p. 623.
— saunage, p. 845.
— sauniers, pp. 37, 844, 845.
— sel, p. 844.
FAVAREL (Olympe de), p. 18.
Favas, en Albigeois, p. 261.
FAVIER (Jean-Louis), syndic général au départe-
ment de la sénéchaussée de Toulouse, pp. 66,
1028.
FAVIER, premier secrétaire de l'intendance,
p. I4r8.
Fay, en Vivarais, p. 1202.
Fay, bourg, p. r385.
Fay-le-Froid, paroisse, pp. 1405, 1406, 1410,
FEBVRIER (Bertrand), p. 36o.
FÉDAS, habitant de Toulouse, p. 1402.
Fédérations catholiques provoquées par les bri-
gandages des insurgés cévenols, p. 776.
— des communes, p. 1400.
Félines, lieu du Termenois, p. 847.
Félines, commune du Vivarais, pp. 1004, 1202.
Femmes de Montpellier jugées par W' d'Orléans,
p. 38i.
— assistant aux assemblées du Désert; sont fouet-
tées publiquement & marquées de la fleur de lys,
p. 587; sont punies de mort, p. 588.
— leur nombre dans la Province en 1698, p. 692.
Fenasse (la), p. 84.
FÉNELON; précepteur du duc de Bourgogne,
pp. 689, i356.
Fenouillèdes (Pays de), pp. 347, 472.
Fenouilhet, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Fenouillet, p. 1 i5.
Fenouillet, en Razès, p. 864.
Fenouillet, au diocèse de Toulouse, pp. 1008,
1282.
FENOUILLET (Pierre de), évéque de Montpellier,
pp. i58, 178; cité à la barre du Parlement,
, pp. 309, 354.
Féodalité, pp. 342, i235.
— d'argent, p. 714.
— de race, p. 714.
— ressuscitée, pp. 986, 987, 988, 989, 990, 991.
— tentatives de restaurations féodales, p. 986.
— en Gévaudan ; mauvaise organisation de la
justice, pp. ii5i, I i52, ii53.
Fer BLANC; projet de fonder une fabrique de fer
blanc, pp. 1029, io3o.
Fers, pp. 481, 698.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
.19
Fers de Languedoc; droits de sortie, p. 35.
— importés en Languéd(3c, p. 704.
— français; modification des droits d'entrée & des
droits de sortie, pp. 728, 729.
FERMAT (de), p. 349.
FERMAT, pp. 149, 656.
FERMAT, conseiller au Parlement de Toulouse,
raainteneur des Jeux-Floraux, pp. 329, 352,
66 I .
Ferme générale de l'étape, p. 70.
— de l'équivalent, pp. 76, 86, 87, 92, 97, io5,
I |3, 114, I 19, 125, 127,
Fermes, pp. 60, 23o.
— du tabac, p. io5o.
Fermeture provisoire de temples protestants, p. 18.
Fermentation de l'esprit public dès les premiers
temps de la régence; suspension de cet essor; ses
causes, p. 267.
Fermiers des domaines, pp. 6ç, 107.
— d'impôts; leurs fortunes rapides contrastent
avec la détresse générale, p. 23o.
Ferrals, baronnie, p. 159.
Ferran, au diocèse de Limoux, p. 1008.
FERRAN, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
FERRAND, p. 329.
FERRAND (Chevalier de), p. |352.
Ferrette, dans la haute Alsace, p. 375.
FERRIER, ancien capitoul, p. 418.
Ferrikres, p. 394.
FerriéreS; château acquis par les États, p. 46.
Ferriéres; ses armoiries, p. 687.
Ferriéres, lieu des Cévennes, p. 789.
— (Château de), pp 868, 1073, 1279; devient
prison d'Etat, p. 869.
FERRIÉRES, p. 85.
FERRIÉRES (Anne de), capitoul de Toulouse,
pp. 221, 327, 373; sa réclamation aux Etats sur
le nombre des barons, p. 263; député de Tou-
louse aux Etats en 1647, p. 355; sa harangue à
Louis XIV, p. 370; â la reine mère, p. 371;
insiste pour la souscription d'une somme en
faveur de la compignie des Indes, afin d'étendre
le commerce français, p. 439.
FERTÉ I.MBAUT (de la), officier de la maison de
Gaston d'Orléans, p. 186.
Festin donné i Béziers à la députation des Etats
de Languedoc, p. 289.
Festins capitulaires de Toulouse; réduction de
la dépense par le Parlement, p. 17.
Fî".tes célébrées â Toulouse â l'occasion de la nais-
sance du duc de Bourgogne, pp. 523, 524, 525;
après le rappel du Parlement, pp. 1270, 1274.
— célébrées sur divers points de la Province après
la peste de 1721, p. 969.
Feu de joie de Saint-Pierre â Montpellier, p. 233.
Fecdataires royaux, p. 714.
Feucérb, p. 486.
Feuillants (Eglise des}, â Paris, p. 721.
Feuilles de mûrier, p. 66.
Fèves, p. 32.
FEYDEAU (Charles), ecclésiastique, p. 509.
Fezensac (Comté de), pp. 471, 474-
Fezensaguet (Vicomte de), p. 471.
Fiac, lieu, pp. i335, 1408.
FIDÈS, bourgeois de Montpellier, p. 844.
Fief sous-inféodé, p. 952.
Fiefs nobles, p. 32.
— confisqués après la guerre des albigeois, soumis
par Simon de Montfort â la coutume de Pans,
p. 952.
— reconstitués, pp. 952, ic35.
— du Languedoc supprimés depuis des siècles,
offerts au petit-fils de Fouquet en échange de
Eelle-Isle en mer, p. 904.
— donnés en échange de Beaucaire au comte de
Belle-Isle, p. 957.
— titrés, p. 1082.
Fièvres, pp. 384, 385, 386, 387.
FIEUBET (Gaspard de), premier président au Par-
lement de Toulouse, pp, 10, 219, 222, 223,
242, 244, 326, 349, 352, 375, 434, 542, 634,
661; désigne le capitoul de Toulouse qui doit
siéger en 1664 aux Etats, p. 43^; sa correspon-
dance avec Colbert au sujet des péages perçus
par les capitouls sur les bois flottés, p. 441; ses
démarches pour donner une grande solennité à
l'inauguration des travaux du canal de Lan-
guedoc, p. 474; pose la première pierre de
l'écluse de Garonne, p. 474; une de ses filles est
dans l'institut des Filles de l'Enfance, p. 578 ;
son influence sur les élections municipales de
Toulouse; était maître à l'hôtel de ville; sa
mort, p. 593,
FIEUBET (M'" de), pp. 582, 583, 584.
FIGARET (Pierre), p. 980.
FlGEAC, pp. 246, 1349.
— (Sénéchal de), p. 1210.
FIGUIER, p. 317.
Fil de la Bresse employé à Montpellier, p. 700.
Filature des soies, p. 86.
— de coton établie au Puy par Grenus, p. 90.
FiLELLES de Maroc; révocation du privilège, p. 39.
FILÉRE (Pierre); bourgeois du Puy, p. 486.
Filets établis dans le lit de l'Allier, p. i385.
Pileuses de Dauphiné, p. 941.
Filles de l'Enfance; institut fondé en 1661, par
M'"" de Mondonville pour l'instruction des
jeunes filles & le soulagement des pauvres,
p. 573; plan de leurs constitutions dressé par
l'abbé de Ciron, approuvé par l'archevêque de
Toulouse & par Alexandre VII, pp. 5y>_ 5,5 .
ordonnance prohibitive contre l'institut; pre-
mières inquiétudes, p. 576; le Parlement de
Toulouse confirme les règlements; lettres-pa-
tentes du roi approuvant la congrégation; la
maison de Toulouse fonde trois succursales-
hommages rendus i leurs services par l'évêque de
Rieux & par l'évêque d'Agde, p. 577; arrêts du
conseil d'Etat qui les forcent à fermer leurs
classes; sont accusées de jansénisme dans leur
enseignement; prélats qui s'occupent de cette
affaire; une nouvelle approbation est donnée
aux statuts par l'archevêque de Toulouse; pro-
i520 TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
cès-vertal de la visite du cardinal de Bonzi ;
détail^ sur leur vie & sur leurs œuvres; l'arche-
vêque d'Aix les autorise à créer une nouvelle
succursale dans son diocèse; le prince de Conti
& la reine Marie-Thérèse protègent l'institut;
l'intendant d'Aguesseau & le premier président
de Fieubet y tiennent leurs filles; une des
professes quitte l'établissement sous prétexte
de mauvais traitements, p. ûyS; prétendue im-
primerie clandestine de livres jansénistes; les
inimitiés redoublent de vigueur contre l'insti-
tut; les novices & les pensionnaires ne peuvent
plus être reçues; M"" de MondonviUe est exilée
à Coutances, p. Syp; arrêt de suppression de
l'institut; l'archevêque y interdit l'exercice du
culte; un grand vicaire y dit la dernière messe,
p. 58 1; les maisons établies hors de Toulouse
sont ai'ssi supprimées; démarches des Filles pour
continuer d'habiter la maison; leur recours au
pape; la réponse d'Innocent XI, blâmant l'ar-
chevêque de Toulouse, paraît deux ans après;
sont accusées d'ouvrir leur maison aux jan-
sénistes; lettre de M°" de MondonviUe em-
preinte des sentiments de résignation les plus
exaltés; faiblesses de l'archevêque de Toulouse
Montpezat de Carbon, pp. 53 1, 682; scellés
placés dans la maison; le subdélégué Mariotte,
accusé de faiblesse à leur égard, redouble de
sévérité; personnel de la communauté; somme
affectée à son entretien; misère dans l'institut;
condamnation de la chapelle, p. 582; sa démo-
lition; l'autel, le rétable, les lambris sont mis
en pièces; l'archevêque de Toulouse ne voyant
rien qui leur fasse mériter un pareil traitement
s'incline devant les lumières supérieures du roi;
M"'" de MondonviUe, séparée des filles de l'En-
fance qui l'accompagnaient, est tenue prison-
nière; plusieurs d'entre elles sont chassées de
Toulouse; le Parlement députe deux commis-
saires pour réclamer cinq jeunes filles, p. 583;
brutalité des soldats à leur égard, p. 584; excuses
faites par le subdélégué; la dispersion immé-
diate est ordonnée, bien que le délai accordé ne
soit pas expiré; elles sont jetées brutalement
dans la rue; trois d'entre elles, gravement ma-
lades, sont obligées de quitter leur lit & sont
portées dans une chaise, par une pluie battante;
plusieurs vivent d'aumônes, p. 585; les bâti-
ments de la congrégation sont achetés par les
jésuites, qui y établissent un séminaire diocé-
sain, p. 586; leur institut est supprimé le
12 mai i58â, p. 26; l'histoire de cette congré-
gation condamnée au feu, p. 69; tentatives fai-
tes auprès du régent pour relever l'institut,
pp. 923, 924.
Filles Sainte-Mabie, p. 552.
Filles kêgentes, chargées par l'évêque d'Alet de
répandre l'instruction & la piété parmi les
peuples des campagnes; leur règle; leur habi-
tation dans la ville épiscopale; leur mission
dans les campagnes, pp. 407, 408.
FILLOL (Jacques), pilote, dresse une carte du golfe
de Lion, p. 896.
Fils de barons; date d'un règlement les concer-
nant, p. 3o.
FIMARCON, p. 787.
Fimarcon (Régiment de), pp. 801, 822.
FiMARCON (Dragons de), p. 81 5.
FIMARCON, maréchal de camp, p. 885.
Finale, p. 772.
Finances; leur état en I7i5, pp. 906, 907.
— de la Province, p. iSyo.
FiNHAN, au diocèse Bas-Montauban, p. 1008; on
y cultive le tabac, p. 697.
FIRMY (de), nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 1214.
FIRMY (Abbé de), conseiller-clerc au Parlement
Maupeou, p. 1214.
FITZ-JAMES (duc de), commandant en Langue-
doc, pp. 96, 97, 101 , I 178, 1 191 , 1218 ; occupe
militairement le palais du Parlement de Tou-
louse, p. 98; se rend à Toulouse & fait enregis-
trer, à la tête des troupes, les lois de finances,
p. I 181 ; texte du billet qu'il envoie aux mem-
bres du Parlement pour leur ordonner les ar-
rêts, p. 1182; est décrété d'accusation par le
Parlement; part de Toulouse pour aller tenir
la session des Etats, p. 1 i83.
FITZ- MAURICE, médecin de l'Hôtel-Dieu de
Montpellier, p. 1239.
Flamakens, au diocèse de Lavaur, p. 1008.
Flandre autrichienne, p. i236.
Flandres, pp. 5i, 239, 261, 922, 927, 1104.
FLAUGERGUES (Estienne), p. 863.
Flaviac, en Vivarais, p. 1201.
Fléaux naturels qui jetèrent, en 1727, la désola-
tion en Languedoc, pp. ioo3, 1004, ioo5, 1006,
1007.
— en Gévaudan, p. 1887.
FLÉCHIER, évêque de Nimes, pp. 610, 734, 787;
sa lettre sur les désordres des camisards, p. 38;
sa lettre pastorale du 21 juillet 1706, p. 43; ses
lettres au marquis de Châteauneuf sur le peu
de progrès de la prétendue conversion des réfor-
més, pp. 7 1 1 , 7 1 2 ; son espoir de ramener les
nouveaux convertis, p. 73i; extraits de sa cor-
respondance durant la guerre des Cévennes,
pp. 768, 772; passage de sa correspondance sur
les alarmes que causaient les camisards aux
environs de Nimes, p. 8i3; son appréciation
sur la nomination du maréchal de Villars,
p. 825; encourage Villars dans ses résolutions
de terminer pacifiquement la révolte des Céven-
nes, p. 840; sa lettre à Bâville au sujet du pro-
jet de fonder à Nimes une confrérie de péni-
tents, p. 869; se plaint du relâchement des
mœurs; extrait d'une de ses lettres à Le Pelle-
tier, pp. 874, 875.
FLÉCHIER, ministre protestant; son arrestation,
p. I I 16.
FLESSIÈRE, camisard surpris par le prévôt, est
tué en résistant, p. 859.
Fleurance (Gruerie de), p. 474.
FLEURIAU D'ARMENONVILLE, directeur des
finances, pp. 728, 85o, 852.
FLEURIGNY (de), abbé de Saint-Sernin, p. I223.
Fleurs distribuées par l'académie des Jeux Flo-
raux, pp. 655, 660.
Fleury, commune, p. 74.
FLEURY (Hercule de), évêque de Fréjus, p. 1000.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
l52I
FLEURY, cardinal, pp. loio, loii, 1019, 1020,
I025, io55.
FLEURY (L'abbé), auteur de VHistolre ecclésias-
titjue, p. 1018.
FI.EURY (Marquis de), p. |352.
FLEYRES (Jean -Jacques de), évêque de Saint-
Pons, p. i58.
FLEYRES, receveur du diocèse, p. 320.
FLEYRES (Baron de), p. i353.
Flix, en Catalogne, p. 237.
Florac, baronnie en Gévaudan, pp. 14, 3o, 56,
63, 83, 90, 332, 601, 616, 617, 733, 739,
746, 750, 788, 799, 800, 801, 802, 804, 807,
835, 967, 1407; toutes ses dépendances sont
dévastées, p. 8o5.
FLORAC (Baron de), p. 435.
FLORAC (Comte de), pp. 39, 778.
Florensac, pp. M, 354, 1401 ; l'exercice du culte
réformé y est interdit, p. 10.
Florentin, au diocèse d'Albi, p. roo8.
Florentins, nom donné aux camisards blancs,
p. 8r3.
FLORIAN (de), capitaine de dragons, gentilhomme
du duc de Penihièvre, membre de l'Académie
française, &c., dédie Estelle aux Etats de Lan-
guedoc, p. 1372.
FLORIMOND, meunier, puis chef de partisans
catholiques, p. 797.
Flotte des alliés sur les côtes de Languedoc, p. 48.
FLOTTE (de), ami de Maynard, p. 246; publie
les œuvres de ce poëte, p. 248.
Flockb, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
FLOUS (de), chanoine, p. 3 16.
FLOUS (de), vicaire général, p. $17.
FLOUTIER, p. 733.
FOCAUD, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 352.
Foins, pp. 966, io56.
— sablés, p. 1004.
FniRE de Barre, pp. 739, 740.
— de Beaucaire, pp. 35, 73, 80, 81, 85, 479,
5i5, 727, 954; ses privilèges, son importance;
date des lettres patentes de quatorze rois de
France la concernant, p. 956; interdite en 172 1 ,
à cause de la peste, p. 55; par suite de la com-
pétition de plusieurs villes n'est pas tenue,
p. 961 ; rétablie au 22 juillet 1723, p, 57.
— franche, » Toulouse, p. 117.
Foires, p. i385.
— en Languedoc, p. 7o3.
— établies à Saix, p. 64.
— établies à Toulouse, pp. iz5, iz6.
— interdites, p. I238.
— de Bordeaux, pp. 1276, 1282.
Foix (Pays de), pp. 177, 255, 470, 471, 472, 703,
372, 985, 1028, ll5o, 1252, 1400, 1401, 1402;
tourmenté par les sous-traitants, au sujet du
droit de confirmation, p. 208.
— 'Comté de), pp. 294, 471, 472, 704, 872, 1 178,
1235, 1238, 1404; ses frontières du côté du
lianguedoc, pp. 871, 873.
Foix (Comtes de), p. 872, 1404.
— (Marquis de), p. 29.
— (Présidial de), p. 14.
— (Régiment de), p. 1243.
— (Syndic de), p. 872.
FOIX (M. de), p. 81 5.
FOIX (Sieur de), p. 5o4; obtient, par arrêt du
conseil, les revenus du doyenné d'Alet, p. 5o6;
instrumente avec un notaire & un sergent con-
tre le chapitre d'Alet, pp. 5o5, 5o6.
FOIX- RABAT (Maison de), p. 1064.
F0L(3UIER (François), maire perpétuel de Bel-
caire, p. 639.
FOLVILLE, colonel du régiment de Flandres,
p. 6i3; ses opérations en Vivarals, p. 614; ses
tentatives pour éviter l'effusion du sang, p. 61 5.
FONBON, président à la cour des comptes de
Montpellier, p. 892.
Foncamp, en Vivarais, p. 1202.
Fondations utiles faites par les États de Langue-
doc, à la fin de leur session de 1784, pp. i33o,
i33i.
Fonderie & laminerie de cuivre sur le Lez, près
Montpellier, p. 59.
Fonds roturiers, pp. 32, 43, 98.
— nobles, p. 98.
— des missions, p. 546.
Fondrières des routes aux abords de Toulouse,
comblées avec des fagots de sarments, p. 476.
F0NFILE (Château de), p. 1 159.
Fons, p. 90.
FoNS- outre-Gardon, p. io36.
Fons, en Vivarais, p. 1202.
Fontaine de Nimes; approbairon des plans de
Maréchal, p. 79.
— de la place Saint-Etienne, à Toulouse, p. 369.
FoSTAINEP.LEAf, pp. 401, 441, 520, 847.
FONTAINES (Guillaume des), réformateur des eaux
& forêts de Languedoc en 1341, p, 468.
FoNTANEZ (Collines de), pp. 482, 487, 619.
FONTANEZ, gentilhomme allié à la famille de
Ganges, p. 806.
FONTANGES, évêque de Lavaur, puis archevêque
de Toulouse, p. 1121, 1122, i355; député aux
Etats généraux, p. 1376.
FONTANGES (M'" de), p. 1285.
FoNTARABiE, p. 938 ; prise par les Français, p. 938.
— (Conférences de), p. 495.
FoNTARÊCHES, p. 426; démolition de son temple,
p. 18.
FONTCOL'VERTE, p. 824.
FoNTENOT (Victoire de), p. 1079.
— (Bataille de), p. 1274.
FoNTBRS, commune du diocèse de Mirepoix,
pp. 871, 1009.
FONTENILLES (Marquis de), p. i353.
FoNTFROiDE, abbaye; ses armoiries, p. 684.
Fontes, p. 639.
FONTES, notaire, à Toulouse, p. io65, 1401,
FONTEZ(de), p. 619.
XIII.
96
l522
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
FoNTFROiDE; extinction de cette abbaye & union
des biens à l'évêché de Perpignan, p. 99.
Fontiès-de-Rive-d'Aude, au diocèse de Carcas-
sonne, p. iùo8.
FoNTJULiEN, hameau en Gévaudan, p. 960.
FoNTMOBTE, près Florac, p. 36.
FoNTMORTE, plateau dans les Cévennes, pp. Sg,
746, 747 i Rolland y dresse une embuscade con-
tre les troupes royales, p. 836.
Fo.VTRAILLES, pp. i86, i88, 189.
FoNTRÉ*L, près Chalencon, p. 48; lieu où fut
livré le dernier combat aux camisards attrou-
pés, pp. 879, 880.
Foraine de Languedoc, p. 846.
FOREST (de), sieur de Carlincas, conseiller au
Parlement de Toulouse, pp. 3o5, 3o6} est me-
nacé de mort à Béziers, p. 3oï.
FOREST, ancien capitoul, p. iîi3.
FOREST (de), p. |3.53.
Forestière (la), p. 474.
Forêt, seigneurie, p. i333.
Forêt de l'Aiguille, p. 1254.
— de Bélesta, p. 362.
— de Bouconne, pp. 379, 470, 1228, ii38.
— de la Grésigne, p. 107.
— Noire, p. 8 19.
— de Senonches, p. 108.
Forêts; aucune autorité (udiciaire n'a le pouvoir
d'attaquer les agents de la réformation, p. 466;
de nouvelles bornes données aux arrondisse-
ments forestiers corrigent les irrégularités ob-
servées par les commissaires dans les diverses
maîtrises de Languedoc, p. 47c; organisation
de maîtrises nouvelles, réorganisation des an-
ciennes, pp. 47 1 , 472, 473 ; en dehors des maî-
trises, il est créé des résidences d'ofiîcters secon-
daires, p. 474-
— du domaine royal; sont presque ruinées par
suite des désordres intérieurs, p. 466.
— du Languedoc; appauvries & en partie dévas-
tées, p. 466.
— des Pyrénées, visitées par ordre de Louis XIV,
p. 442.
— Maîtrise du comté de Castres; son ressort,
p. 470; sa nouvelle étendue, p. 472.
— Maîtrise de l'Isle-Jourdain ; son étendue,
p. 470; agrandie, p. 471.
— de Lauragais; son étendue, p. 470.
— de Montpellier; son étendue, p. 470; sa nou-
velle circonscription, p. 473.
— de Qulllan, p. 471.
— de Ta rbes, p. 47 1 .
Forez, pp. 68, 177, 473, 704, 1028, 1081, 1149,
t2c3, i3o8, i385, 1405, 1409.
Forges, pp. 72, i385.
— du pays de Foix, p. 986.
— de Languedoc, pp. 108, 986.
— dans le pays de Mirepoix, p. 698.
Formulaire de Clément XI, pp. .17, 58.
— signé par les évéques, p. 20.
Formule de serment prêtée par les membres des
Etats modifiée, p. 496.
FoiNEv, château, p. îf)'); habité par le marquis
de Rabat; description de ce château par Froi-
doii r, p 2 53.
Fort de Brescou, p. 339.
— de Peccais, p. 339.
— de Sommières, p. 339.
— de Saint-André, p. 339.
Fobt-des-Baixs, p. 5i6
FoRTi.'F.VKQtE, prison à Paris, p. 245.
FORTIA (de), intendant d'Auvergne, pp. 485,
488.
Fortifications des côtes de Languedoc, pp. 76, 78.
— & ouvrages publics en Languedoc, p. 117.
Forts construits en Languedoc pour la surveil-
lance des Cévennes; leur situation, p. 599.
FOS DE LA BORDE, maire de Gaillac, député
aux Etats généraux, p. 1378.
FOSSÉ (Jean de), évêque de Castres, pp. 7, |58,
i355.
Fossts, p 73.
FOUCALID, conseiller au Parlement de Toulouse,
P 24''-
FOL'CAUD (Jacques de), maire perpétuel de l'Isle-
d'Albigeois, p. 639.
FoiGAX, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
FouGAY, commune du diocèse de Mirepoix, p. 871 .
Fougères, p. 975.
FOULQUIER, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
FOUQUET DE BELLE-ISLE. Voir BELLE-ISLE.
FOUQUET (François), évéque d'Agée, p. 1 59 ; ar-
chevêque de Toulouse, p. 367; archevêque de
Narbonne; sa harangue à Louis XIV, p. 369; à
la reine mère, p. 370; son éloge de Mazarin
après la paix des Pyrénées, p. 391; son exil à
Alençon; ses attaches dans la Province, p. 43 1 ;
son exil continue, p. 495; meurt en exil, le
19 octobre 1673; service funèbre célébré par les
Etats en son honneur, p. 509.
FOUQUET (Louis), évéque d'Agde; sa déclaration
favorable aux constitutions des Filles de l'En-
fance, p. 577.
FOUQUET, surintendant, pp. 371,953; ses em-
prunts au moment où la Cour quitte Toulouse,
p. 38o.
FOUQUET (Henri), médecin de l'hôpital militaire
de Montpellier, p. 1239.
Foui;S banaux, p. 65.
FOURNEL DU ROURE, religieuse à la Seaure,
p. 1204.
Fournels, p. 1407.
Fournes, lieu, p. 1081.
FOURNÈS, colonel, p. 1071.
FOURNÈS (Marquis de), pp. 79, I070J député
aux Etats généraux, p. 1377.
FOURNIER, médecin, p. 1 142.
FOURNIER, seigneur de Puech-Salomon ; son re-
fus de payer les tailles; poursuites criminelles
exercées contre lui, p. 478.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
iSzS
FOURNIER (Jacques), bourgeois d'Alais, p. 863.
Fournitures aux troupes, p. 87.
— des étapes, p. io5ï.
— de viande aux communes, p. icSz.
FooRQOES, villnge sur le Rhône, pp. 385, 387,
002, il36j des prisonniers cévenols y sont me-
nacés par les catholiques, p. 826.
FOURQUEUX (de), conseiller d'État, p. 1 339.
FouRQL'EVAUx, marquisat, p. 29.
FOURQUEVAUX (Marquis de), p. i352.
Fourrages; leur prix, p. ySS.
FOURU (Jean), conseiller au sénéchal de Limoux,
p. 864.
FoissERET (Le), commune, pp. 84, 1009, 1404.
FRACHOU (Jacques), p. 19.').
Fragment du Saint-Suaire, à Carcassonne, p. 38o.
Frais des Etats de Languedoc limités par le roi,
pp. 1 1 18, 1 1 19.
— de l'assemblée des États, de la députation à la
Cour, de l'administration, p. 1369.
— de gouvernement, p. 1369.
Fraisse, lieu, p. 394.
FRAISSE (A.-J.), sœur de la Visitation, p. ii65.
Fraissinet de Lozf.re, pp. 20, 601 ; dévasté, p. 804.
Fraissinet, pp. 332, -gj.
Fraissinet, lieu du Gévaudan, p. 397.
Fraissinet de Fourques, village catholique sac-
cagé par les camisards, pp. 783, 784.
FRAMOND (Vicomte de), p. i386.
Franc-ali.ed, p. 953; opinion de Eâville sur son
origine en Languedoc, p. 693.
Franc-fief, ne doit pas être payé pour les terres
exemptes de tailles comme stériles, p. 77.
Franc-salé, p. I7r); explication de ce mot; de-
mande de son rétablissement par le Parlement,
p. 174.
FRANC-CONSEIL (Sieur de), seigneur de Saint-
Romain, p. 452.
FRANC-CONSEIL, greffier pour le roi aux États
de Béziers de li't'i'.), p. 4:)3.
Fr*sCAIS attirés par l'électeur de Brandebourg au
moment de la révocation de l'édit de Nantes,
p. 561.
FRANCE (Vice-amiral de), doit faire partie de l'as-
semblée des notables de 1786, p. i335.
Francfort-sur-le-Mein ; les protestants émigrés
de Languedoc y ont leur point de concentra-
tion, p. 562.
Francfort-sur-l'Oder ; causes du développement
du commerce de cette ville , p. 565.
Franchassis, en Vivarais, p. 43.
Franche-Comté, pp. 66, 52 i, 814.
Franchessis, village en Vivarais, pillé & incendia
par ordre du brigadier Julien, p. 814.
Franchises aux foires de Toulouse, p. 126.
— municipales, p. 915.
— provinciales, p. 9i5.
FRANÇOIS I, roi de France, pp. i85, 232, 461,
65o, 71 5, 956, 1039, 1296.
FRANÇOIS II, p. 956.
Francs-allelx roturiers, p. 934.
Francs-fiefs (Chambre des), p. 16.
Fbanql'evalx, abbaye, p. 102-'.
FRANQL'EVILLE (de), avocat au Parlement, capi-
toul, p. 3^9.
FRANQUI (La), p. 896.
FRAUST (Balthasar de), président au Parlement
de Toulouse, pp. |35, 247.
FRAXINE (de), avocat, p. 190.
FRÉDÉGONDE, p. 286.
FRÉDÉRIC- GUILLAUME, margrave de Brande-
bourg, pp. 554, 618; profite de l'émigration
des protestants dans ses Etats pour développer
l'agriculture & le commerce, y créer des manu-
factures, &c., pp. 56i, 552, 553; ses égards
pour les gentilshommes français exilés à cause
de leur religion, p. 563.
Frégerolles (Buisson de), près d'Albi, pp. 470,
474-
FnÉGEViLiE (Comté de), p. 101.
FREGOSO (Alexandre), p. 333.
FREGOSO (César), p. 333.
FREGOSO (Jean-Jacques), p. 333.
Fréjls, p. 1000.
— (Évéque de), p. 1000.
FRÉZALS, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 247.
Fresquel, rivière, pp. 75, 78, 79, ii3, 119, 452,
4'>7-
Presse (le), p. iSg.
Fressinet, en Vivarais, p. 1201.
Fi'.fcBES des Écoles chrétiennes; leur établissement
à Aigues-mortes, p. 106; établis dans le ressort
du Parlement en janvier 1778, p. 116; leurs
écoles gratuites à Castelnaiidary, p. 125; à Car-
cassonne, p. 126; leur établissement dans les
principales villes demandé, p. |383.
FRETTE (de la), gentilhomme de la maison de
Gaston d'Orléans, p. 186.
FRÉZALS (Victor de), prieur de Portelet, p. 258.
FRÉZALS, conseiller au Parlement, pp. 249, 326,
329.
FRÉZALS (Victor de), p. 493.
FRÉZALS, commis pour connaître des difficultés
de l'évêque d'Alet avec un de ses diocésains,
p. 412.
Friedlingen, pp. 819, 821.
Frise, p. 818.
Frise (la), reçoit quelques pauvres émigrés du Lan-
guedoc, p. 556.
Froidmont, abbaye, p. 720.
FROIDOUR (Louis de), seigneur de Serizy, lieu-
tenant général civil & criminel, grand-maître
des eaux & forêts, pp. 23, 27; son origine; ses
aptitudes; a une commission particulière pour
la réformation des forêts, pp. 467, 473; son
voyage datis le V'elai pour l'étude du chemin à
ouvrir d'Alais à Brioude, pp. 480, 481; n'est
pas favorable au rétablissement du chemin de
la Regordane, p. 483; son séjour au Puy; op-
position qu'il rencontre à tous les projets de
réforme ou d'amélioration, pp. 484, 485, 486;
documents relatifs à sa mission en Vêlai dans
1324
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
d
un volume manuscrit de la bibliothèque de Tou-
louse, p. 486; il continue son enquête, pp. 487,
488, 489; étudie les travaux à exécuter pour
améliorer le cours de la Loire, p. 491; sa des-
cription du château de Fornex, p. 253.
FROMATGÉ, négociant à Toulouse, p. i363.
FROMENT, consul & député d'Uzès, p. 287; atta-
qué en plein jour dans Paris par des assassins,
p. 274.
FROMENT (Louis), facturier à Nimes, p. 992.
FROMONT (de), gentilhomme de la maison de
Gaston d'Orléans, pp. 186, 190, 293; un des
secrétaires des commandements de Gaston d'Or-
léans, p. 277; ses lettres au sujet des élections
aux Etats généraux, p. 281.
Fronde, pp. 267, 791, 929, i332.
Fbondeubs amnistiés, p. 341.
FRONSAC (Duc de), fils du commandant en chef
de la Province, p. 1068.
Frontières d'Espagne; leur délimitation par
Marca, pp. 3;9, 400; de quelle façon & après
quelles études elles furent délimitées, pp. 399,
400.
de la Province du côté du Rouergue, p. 1018.
Fkontignan, pp. 24, 65, 67, 73, 700, 725, 726,
884, 1400; transaction avec Cette pour les li-
mites de ces deux communes, p. 76; délimita-
tion de la commune, p. 82; les consuls & con-
seillers politiques nommés par le conseil d'Etat,
p. 109.
— (Maladrerie de), p. 696.
FROULAY (M. de), p. 340.
Feoulay (Régiment de), p. 835.
Frolsins, pp. 342, 1218.
Frigéres, lieu des Cévennes, pp. 3(5, 332, 741;
dévasté, p. 804.
Fruits méridionaux envoyés dans les Cévennes,
p. 487.
FUENSALIDA (Comte de), p. 720.
FULCRAND DE LA ROQUE, syndic des gentils-
hommes verriers, p. 1072.
FUMEL (Comte de), pp. 1241, 1243, 1246.
Funérailles de Charles de Montchal, p. 317.
— de Louis XIV; itinéraire du cortège de Ver-
sailles à Saint-Denis, p. 91 1.
FURSTEMBERG (Cardinal de), p. 721.
Fusils cédés pour l'armée d'Espagne, p. 57.
Futailles, p. 1384.
— fabriquées à Roquemaure, p. 79.
FuTAlNES, p. 487.
— mêlées de fil & de coton fabriquées à Montpel-
lier, p. 700.
Cabales, p. 481.
Gabelles; difficultés pour leur établissement en
Roussillon, p. 5i2.
— de Languedoc, pp. 384, 38?, 844.
— (Agents des), leurs excès & leurs concussions,
p. 844.
Gabian (Hôpital de), p. 696.
Gaijre, commune, p. 1009.
Gabriac, lieu du diocèse d'Alais, pp. 332; brûlé,
p. 806.
GABRIAC (de), commandant d'un régiment de
milice, p. 619.
GABRIAC DE SAINT - MAURICE (Famille de),
p. 799.
GABRIEL BERNARD, notaire, consul du Puy,
p. 398.
Gaffarel (Mas de), métairie, p. 765.
Gagnac, au diocèse de Toulouse, pp. 1008, 1282.
Gagniére (Pont de), p. i3i3.
Gai-savoir; Gaie-science. Koir Jeux-Flobaux.
Gaillac, en Albigeois, pp. 6, 63, 94, 287, 3q6,
332, 873, 1088, 1129, ii3i, ii32, ii53,
1219, 1378, 1402, 1404, 1408; appartenant à
la province ecclésiastique de Bourges, p. 281;
ses vins transportés à Bordeaux, p. 698; ses
vignobles détruits par la gelée, p. 1012.
— (Couvent de capucins, à), p. io63.
— (Maladrerie de), p. 696.
Gaillac-Toulza, au diocèse de Rieux, p. 1008.
GAILLARD (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
GAILLARD (Jacques), p. 84.
Gaja, commune du diocèse de Mirepoix, pp. 871,
1009.
Gaja, au diocèse de Liraoux, p. 1008.
GAJA (de), p. 619.
Gajan ; démolition de son temple, p. 19.
Galan, p. 1402.
GALARD DE TERRAUBE, évéque du Puy, doit
faire partie de l'assemblée des notables, p. i3:>j.
Galargues (Démolition du temple du petit),
p. 19.
Galargues; ses armoiries, p. 686.
Galérien nommé bourreau, p. 21.
Galériens enlevés à Toulouse, p. 6.
GALHARD, de Blagnat, p. 171.
GALIBERT, syndic du diocèse Bas-Montauban,
p. I 22.
GALIBERT, notaire, p. 1 Sp.
GALIBERT (Léon), auteur des Pérégrinations de
Molière dans le Languedoc, p. 293; ses études
sur Molière, p. 395.
Galice, p. 927.
GALIEN (Jean de), rédacteur officiel des Annales
de Toulouse, p. |63.
GALIEN (de), capitoul, p. 371.
GALIFFET (de), commandant des dragons de
Noailles, p. 1348.
Gallargues (Petit), p. 426.
GALLES (Princesse de), p. 52.
Gallinagues, p. 870.
GALLiss\RGnES, au diocèse d'Alet, p. 1008.
Galloway (Régiment anglais de), p. 859.
Gally (les frères), p. 48.
GALTIER, docteur régent en médecine, p. 340.
Gandalou (Plateaux de), p. 1403.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i525
Ganges, pp. 49, 102, 601, 783, 968, 1073, 1 i3o,
ii5o, 1282, 1 400; on y tanne des cuirs, p. 700;
les insurgés s'y ravitaillent ; on y égorge & jette
à la rivière un détachement du régiment de la
marine; Montrevel y établit des dragons & fait
pendre quatre hommes de la ville pris parmi
les insurgés, p. 789; diminution du prix du
bois, par suite de la découverte des mines de
houille, p. 1283.
Ganges, baronnie, pp. 29, 5o, 87.
GANGES (de), p. 314.
GANGES (Baron de), pp. Sop, 329, 469, 1067.
GANGES (Comte de), p. 137t.
GANGES (Marquis de), condamné au bannisse-
ment, p. 21, 5o, 87, 806.
GANGES (M"' de); sa liaison avec le cardinal de
Bonzi, p. 717; est exilée par le roi, p. 718.
Gap, p. 765.
GARAUD DE DONNEVILLE, président au Parle-
ment de Toulouse, p. 290.
GARAUD-DURANTI (Etienne), sieur de Donne-
'ville, pp. 348, 349.
Gabd, pp. 473, 798, 541, 902, 962, 960, I i33.
— (Bassin du), visité par les camisards, p. 807.
— (Plaine du), p. 768.
— (Département du), p. i 29 ; nom définitif donné
au département de Nimes, p. 1411, 1 425.
GARUE (la), p. 97.
GARDE DE CHAMBONAS (de la), évéque de Lo-
dève, p. 6i3; visite les paroisses, p. 6i5.
GARDE-GUÉRIN, pp. 482, 484, 487.
Garde nationale, p. 1399.
Gaudes-côtes, pp. 950, 951.
— françaises réorganisées, p. 1274.
— locales créées par ordre de Eâville durant la
guerre des Cévennes, p. 734.
— de la santé, à Toulouse, p. 3i8.
— urbaines, p. 1400.
Cardes terre en Languedoc, p. 91.
GARDEIL, professeur de la faculié de médecine de
Toulouse; son mémoire contre le projet d'assom-
mement du bétail, pp. 1262, i263.
GARDEZ (Salomon), nouveau converti, p. 753.
Gai-dié, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
Gardiceol (Ruisseau du), p. 1070.
GARDIOLE (Baron de la), pp. 82, 1064.
Gardon, rivière, pp. io3, 1 o5, i2rt, 483, 699,
616, 644, 648, 73 I, 739, 743, 749, 75c, 757,
767, 774, 787, 788, 796, 804, 806, 81.5, 816,
823, 83i, 834, 841, 1 178, 1372; déborde, p. 76;
ion élargissement dans les environs d'AIais,
P- 77-
— d'AIais, pp. 482, 483, 747, 774.
— d*Anduze, pp. 482, 710, 1070.
— de Mialet, pp. 736, 737, 743, 790, 799, 801,
8o5, 806.
— de Saint-Jean, pp. 737, 739, 8o5.
— (Bassin du), p. 1066.
— (Plaine du), pp. 758, 822.
— (Vallons du), p. 424.
Gardon.nelle (Vallon de la), p. 776.
Gardons, p. 1406.
— (Vallée des deux), p. 601.
Gabdouch, pp. 1071, 1125, 1241.
— (Consuls de), p. iii3.
GARENNE, chevau-léger, compromis dans le viol
d'une fille de Nîmes, p. 253.
Garennes non autorisées, p. 466.
GARET, procureur au sénéchal de Toulouse,
p. 2o5.
Gargas (Hôpital de), pp. 33, 696.
GARGAS (Bertrand de), conseiller au Parlement
de Toulouse, pp. 3, 4, 248, 244, 3o5, 3o6, 3o8,
35i, 3.02; sa procédure contre l'évéque d'Albi,
p. 3 10.
GARGAS (Joannis de), p. |352.
Gargas; ses armoiries, p. 688.
GARIBAI, (de), p. 255.
GARIBALD (de), p. 349.
Garidech; ses armoiries, p. 688.
GARIPUY, huissier, p. 309.
GARIPUY, directeur des ouvrages de la Province
dans la sénéchaussée de Toulouse, pp. 78, 108,
1070, 1178, 1295; directeur des travaux à
Montpellier, p. 1114; ses projets d'embellisse-
ment de Toulouse, p. 1 127; fait le nivellement
du canal de Moissac, p. 1228; chargé d'étudier
les travaux à exécuter pour améliorer le cours
de la Garonne, pp. 1277, 1281 ; observatoire
astronomique construit au sommet de sa mai-
son, p. i3o3; sa maison est louée après sa mort
pour la même destination, pp. i3o4, i3o5.
GARIPUY (M""), p. 1304.
Garmsaibes, p. 876.
Garonne, rivière, pp. 24, 6j, 83, 107, ni, 118,
171, 342, 367, 452, 471, 476, 477, 5i3, 5i5,
697, 698, 722, 949, 1004, 1007, 1224, 1227,
1234, 1236, 1240, 1241, 1243, 1252, 1255,
1259, 1260, 1263, 1265, i33i, 1402, 1403,
1404; liberté de la batellerie sur cette rivière,
p. 427; point oii Riquet veut établir l'embou-
chure du canal de Languedoc, p. 460; son in-
suffisance comme voie navigable donne l'idée
d'un projet de canal d'Ondes à Moissac, p. 461;
son cours changé par les inondations, p. 876;
déborde en septembie 1727, p. 61; déborde le
2 août 1750, p. 85; inonde le faubourg Saint-
Cyprien à Toulouse, p. ioo5; état d'abandon
& de dél.fbrement de son cours, p. 1275; me-
sures proposées pour faciliter la navigation,
pp. 1276, 1277; visite générale de son cours,
p. 1281 ; fréquence des accidents; points où des
travaux furent exécutés en 1777 & en 1781,
p. 1282; amélioration de son cours, pp. 1204,
1295, 1296.
— (Navigation de la), p. 16.
— (Règlement pour la navigation de la), p. 110.
— (Travaux de la haute & de la basse), p. 109.
— [Vallée de la), pp. i235, 1253.
Garrigues, bruyères, pp. 60, 999; brûlé»,
p. 1027.
— de Vauvert, p. 747.
Ga BROUILLES, arbrisseaux, p. 79.
GARY, capitoul, premier de justice, p. |3|8.
15:6
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
GASC, fournisseur de fagots pour le chauffage des
places publiques à Toulouse, p. 876.
Gascogne, pp. 260, 342, 471, 5-)o, i235, i238,
1242, 1243, 1246, 1202, 12.54, 1205, 1263, 1296,
1401 ; désolée par l'épizootie de 1774, p. 1232.
Gaspillages dans les administrations municipales,
p. 708.
GASQUE (de), p. 620.
Gassac (Pont de), p. pS.
GASTON DE FOIX, p. 253.
GASTON DU LION, sénéch:il de Toulouse, p. 260.
GASTON-JEAN-BAPTISTE DE FRANCE, duc d'Or-
léans, &c., pp. i3i, i33, 179, 180, iQi, 197,
198, 202, 2i3, 218, 224, 226, 227, 236, 240,
255, 256, 277, 278, 291, 293, 295, 348, 382,
791, 929; gouverneur de Languedoc, p. 2j ses
antécédents devaient lui interdire l'accès du
gouvernement de Languedoc, p. i83) son carac-
tère frivole; diverses déclarations contre lui &
en sa faveur; jugement de Richelieu, p. 184;
est nommé gouverneur & lieutenant général de
la Province, p. |85; ses titres; son âge; ses
mariages; ses enfants; résidant tantôt à Paris,
tantôt à Blois, p. i85; sa cour; gens composant
sa maison; son passé, p. 186; opinion de Ri-
chelieu sur son caractère, p. 187; occupé au
siège de Gravehnes, ne peut prendre en per-
sonne le gouvernement de la Province, p. 189;
ses exigences & ses injonctions cavalières pour
faire payer par la Province des sommes qui ne
lui étaient pas dues, p. 190; intrigues dans le
gouvernement de la Province, p. 208; son éloge
par le maréchal de Schomberg à l'ouverture des
Etats de 1645, p. 209; autre éloge par l'inten-
dant Bosquet, p. 210; son rôle dans la lutte
entre le Parlement & les capitouls, p. 222; son
abnégation, p. 274; s'est retiré à Saint-Ger-
main avec la Cour, p. 279; tente de réconcilier
le Parlement & les Etats, p. 3i5; sa lettre aux
capitouls de Toulouse au moment de la rébellion
du prince de Condé, p. 324; ses instances auprès
de la ville de Toulouse au sujet de la représen-
tation de cette cité aux Etats, p. 326; se déclare
contre Mazarin, p. 335; est nommé par le Par-
lement lieutenant général du royaume, p. 337;
quelques commandants de place se prononcent
pour lui; texte d'un imprimé de l'époque à ce
sujet, p. 339; après la Fronde, se retire d'abord
à Limours, puis à Blois; finit sa carrière poli-
tique; reste gouverneur de Languedoc, p. 343;
écrit à Mazarin en faveur de la Province,
p. 378; sa mort; honneurs qui lui furent ren-
dus dans la Province par ordre du roi, p. 383.
GATIGNES, premier consul d'Uzès, p. i58.
Gatuziéres, lieu, p. 19.
GATTE (Antoine), traitant des nouveaux offices
municipaux, pp. 637, 641.
GAU, marchand de fer à Carcassonne, p. 36i.
GAUBERT, greffier-garde-sac au Parlement de
Toulouse, p. 1414.
Gaddiès, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
GAUJAC (de), pp. 162, 619.
GAULES (Charles), p. 863.
GAURAN (de), nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 1 214.
Galre (Comté de), pp. 471, 4''4.
Gaure de dix-huit cents toises sur la Garonne,
p. 1282.
GAUSSENTE (Anne), p. 980.
GAUTERON, médecin de Montpellier, p. 962.
GAUTIER DE SAINT- RLANCARD , pasteur à
Montpellier, devient prédicateur de la cour à
Berlin, p. 564.
GAUTIER ou GAULTIER (Jacques de), ancien
docteur de l'Université de Montpellier, méde-
cin de l'électeur de Brandebourg, p. 564.
GAUTIER (M'"' de), pp. 084, 585; reçoit l'ordre
de s'enfermer dans un couvent de Mende,
p. 586.
GAUTIER, poëte patois, p. 654.
GAUTIER, ingénieur, p. 873.
GAUZIG^AN, commurfe, p. 817.
GAVARRET (Marquis de), capitoul, pp. 1293,
i352.
GAVARRET-ROUAIX (Marquis de), p. i352.
GAYRARD, capitoul de Toulouse, p. 922.
GAYERÉ, p. 125.
Galette d'Agriculture & Je Commerce , publie la
lettre de l'archevêque de Toulouse relative à l'é-
pizootie, p. 1238.
Ga:;ette ecclésiastique, prise à partie dans un pam-
phlet en faveur des jésuites, p. 1188.
GAZIER (Jacques), p. 379.
GÉDÉON, p. 760.
GEISEN, colonel, p. 884.
Gelas, lieu, p. i385.
Gelées, pp. 42, 1004.
— de 1729, p. 1012.
Gf.NES, pp. 5 1 4, 5 16.
GÉNÉALOGISTES; méfinnces qu'ils excitaient dès le
milieu du dix-septième siècle, p. 478.
Génébac, p. 427.
Générac, près Beaucaire, p. 5i6.
Gé.nérac, lieu au diocèse de NiiViCS, déserté, p. 164.
Gênérac, p. 765.
Généralité d'Orléans, p. 542.
— de Tours, p. 542.
Generville, commune du diocèse de Mirepoix,
p. 871.
Genève, pp. 611, 700, 709, 773, 887, 973, 1039,
io3o; des manufactures y sont créées par des
proscrits français, p. 565.
— ^Lac de); des jardins potagers & des pépinières
sont créés sur ses bords par des émigrés langue-
dociens, p. 565.
Genève française, nom donné à Nimes, p. 975.
GENIBROUZE DE SAINT-AMANS (de), p. 55o.
GENIBROUZE (Jacques de), p. 622.
GENIBROUZE (Sébastien), p. 622.
GENIBROUZE (Bernard de), nouveau converti;
rôle de cette famille dans les guerres de religion
du seizième & du dix-septième siècles, p. 622.
Génie; son organisation dans la Province,
pp. 1293, 1294.
Génies, p. 108.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
i527
Genolhac, pp. 759, 762, 773, 774, 765, 8op,'i4o6j
ses habitants font cause commune avec les In-
surgés, p. 77J; est pillé par les troupes royales;
sa situation ne permet pas d'y entretenir des
troupes, p. 776.
Ge.xouilhac, p. 37.
Genoi'illac, lieu, pp. 28, 487, 601.
— (Montagne de), p. 487.
Génois, p. 700.
Gens d'armes du duc d'Orléans; moyen employé à
leur sujet pour extorquer de l'argent a la Pro-
Tince, p. 275.
— de guerre ne peurent entrer dans les chefs-
lieux de diocèse sans un ordre exprès du roi,
p. 334.
— de lettres, p. 25o.
— de loi, ruinent les parties par la longueur des
procès, p. i6î; leur conduite dans les Cévennes,
le Gévaudan & le \'ivarais appréciée par les
commissaires nommés par le Parlement de Tou-
louse; curieux détails, pp. i32i, i322, i3i3,
§324, i325.
— de main-forte, p. 1 5o ; leurs entreprises, p. 396.
— de mainmorte, pp. 85, 97.
GENSAC (M""" de), p. <)5y.
GENSANNE (de), p. 1285; fait commencer l'ex-
ploitation de diTcrses mines de houille, pp. 1 2S2,
1283, 1285.
GENTIL, p. 106.
Gentilshommes à la tête de bandes d'hommes ar-
més en Gévaudan, p. 35o.
— leur nombre dans la Province en 1698, p. 602.
GENTON (de), p. 21 5.
GEOFFROY (Marie-Luce de), p. 863.
GEORGES IV, roi d'Angleterre, p. 1089.
GERAUD (de), consul de Montpellier, p. 2i5.
GÉRIÉ (Chevalier de), p. |352.
GERIKE, conseiller d'État & président au cercle
de la basse Saxe, p. 5^2.
GERLANDE (Marquis de), pp. 68, 69.
Gefs, rivière, pp. 1261, 1236, 1295.
— (Coteaux du), p. 1243.
— (Hautes vallées du), p. 471.
Cebtp.uïde.vberg (Conférences de), p. 882.
Gévaudan, pp. 6, 47, 5o, 60, 70, 73, 76, 83, 90,
91,92, 93, 96, loo, 102, io3, 104, 121, 122,
'55, 167, 177, 397, 423, 473, 481, 557, 5-1,
399. 644. 738, 744, 746, 754, 790, 804, 8 .7,
94'4» 964. 967, 1112, iii3, 1129, ii3i, ii32,
ii37, 1149, iiSo, ii5i, ii52, ii53, 1195,
1199, 1200, 1201, 1202, i2o3, 1287, i3o;;,
i3ii, i3i3, i3i9, i32o, i3Jo, i33i, i3ii4,
|385, i38û, 1405, 14^6, 1408, 1410; produc-
tions du sol ; ses manufactures, p. 7 ; brigandace
armé, p. 1 1 ; des brigandages se commettent
dans le pays; les coupables sont punis, p. 35o;
adresse des cultivateurs, signalée par Bâville, à
répandre l'eau dans leurs ciiamps, p. 702 ; son
caractère féodal, p. 799; la peste y fait son
apparition en 1720, p. 946; ravagé par la
peste, p. 948 ; la peste y fait de grands ravages
en 1721 & emporte plus de cinquante mille
victimes, p. 961 ; est entouré d'un cordon sani-
taire 81 privé de communication avec les pro-
vinces voisines, p. 962; époque de la cessation
de la peste dans divers lieux de ce pays, p. 965;
reçoit du blé fourni par les Etats, p. 1017;
désolé en partie par l'épizootie, p. 1081; mines
de plomb, cuivre & argent exploitées' en 1777,
p. I2j3;_vices dans son administration dénon-
cés aux Etats de Languedoc, p. i3o5.
Gévaudan (Bailliage de), p. 84.
— (Forets du), p. 474.
— (Montagnes du), p. 966; désolées par les rava-
ges d'animaux carnassiers, pp. 1 193, 1 194, 1 193.
— (Sénéchaussée de), p. i3,
GÉVAUDAN (M'" de). Foir GANGES (M"" de).
GEVAUDAN, maréchal de camp, p. 796.
Gévraud (Baronnie de), p. 1197.
GIARGUES, gentilhomme protestant, p. 28.
Gibet., au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
GIBERTIN, gentilhomme, p. 751.
GlDRALTAR, pp. 9o3, 927.
GiGNAc, pp. 3o, 43, 95, 97, 98, 99, 100, Il3,
i56, 990, ii3o, ii3i, 1178, 1401.
— (Citadelle de), p. 6.
— (Hôpital de), p. 696.
GijouNET, bourg & château, p. 261,
GILABERT, habitant de Toulouse, p. 1402.
GILÈDE (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
GiLHOC, paroisse des Cévennes, pp. 47, 878.
GiLLOC, en Vivarais, p. 1201.
GILLES (Louis), marchand de Nimes, p. 992.
GILLY, p. 53.
GiMOEz (Vicomte de), p. 470.
GiMO.NE (Vallée de la), pp. 341, 470.
GiMONT, pp. 1401, 1402.
GINESTE (Jean de), p. 12.
GINESTE (de), p. 349.
Gi.vESTELLE, en Vivarais, p. 1201.
— (Pont de), pp. 94, 1149.
GINESTET, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
GiNESTOUS, près Toulouse, p. ijiS, 1224.
GiNESTOts, marquisat; date de son érection, p. 106.
GINESTY, avocat, capitoul à Toulouse, p. 1293.
GINESTY, subdélégué de l'intendance, pp. i3i8,
i3i9, i33o,
GIRAUDY, membre du commissariat de Langue-
doc, en 1790, p. 1427.
Gir.ocssENS (Prieuré); son union i Saint-Salri,
p. 121 .
GIRAL, p. 114.
GIRARD VAN OBSTAL, sculpteur, p. 553.
GIRARD, ancien consul de la Bourse de Toulouse,
p. i363.
GiHou, rivière, pp. 3i, 35, 38, 84, 88, 47c, 1252,
1205; élargi aux frais des communes riveraines,
p. 75; son cours amélioré, p. 78.
— (^Coteaux du), p. 1265.
— (Plaine du), p. 124^.
— (Vallée du), pp. Sil, 1241, 1245.
GiBONE, prise par le duc de Noailles, pp. 32, 48,
891, çii.
i528
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
GiROCSSENS, domaine, p. 33.
Glace; son monopole, pp. 14, 25, 70, 1 1 1 , 114;
qui se consommait à la foire de Benucaire,
p. 727 j son commerce est libre durant la foire
de Beaucaire, p. 728.
Glaces de Venise (Fabrication des), p. 3.
Glaciébes du Languedoc, pp. 728, io52.
Glanage, p. 117.
Glanhêves (Évêque de), pp. 1021, io23.
GLASSIER, propriétaire d'une métairie près de
Toulouse, p. I I |5.
GLEISES DE LA BLANQUE, député aux Etats
généraux, p. 1378.
Gléon, marquisat, p. 85.
Gluiras, en Vivarais, p. 1201.
Gi.uYRAS, pp. 612, 614, 6i5, 879; son église brûlée
par les camisards, p. 814.
Glun, en Vivarais, pp. 870, 1202.
GODEAU, évêque de Grasse & de Vence, pp. 8, 3 1 1 ,
3 19.
GODEFROI DE BOUILLON, p. 3 19.
Godolet, p. 1 197.
GoiRANS, p. 1241.
GONON-LOUBENS, capitoul, p. 1371.
GONTAUT (Louis-Antoine), duc de Biron. Voir
BIRON.
GONTAUT (Marquis de), lieutenant général en
Languedoc, p. 92.
GONTAUT (Baron de), p. 193.
GONTIER (Antoine de), maire perpétuel de Saint-
Juéry, p. 639.
GORGE (Baronne de la), p. io3û.
GORSE (de la), p. 620.
GORSSE, membre du commissariat de Languedoc,
en 1790, p. 1425.
GOUAN, conseiller à la cour des comptes, aides &
finances, p. 1097.
GOU.AZE, capitoul, p. 1172; professeur en droit,
p. 1293.
GOUDAL (Jean de), sieur de Graines, p. 333.
GOUDAR (François), p. 82.
GOUDAR, négociant de Montpellier, p. 899.
GOUDAR, inspecteur des manufactures, p. 940.
Goudabgues (Bac de), p. 778.
GOUDELIN (Raimond), chirurgien, père de Pierre
Goudelin, p. 249.
GOUDELIN (Pierre), p. 245; sa vie passée à Tou-
louse; reçoit des capitouls une pension de trois
cents livres; sa mort; appréciation de ses œuvres
&. du caractère de son talent; est enseveli dans
le cloître des carmes, p. 249; ses restes transpor-
tés, en 1808, dans l'église de la Daurade par les
soins de l'académie des Jeux-Floraux, p. 25o;
honoré d'une place dans la galerie des hommes
illustres, p. 634.
GOUDET, p. 1406.
GouDOui.ET, en Vivarais, p. 1202,
GONDRAN, confesseur de Gaston d'Orléans, p. 1 88.
GONDRIN (de); son duel avec le marquis de Ra-
bat, p. 299.
GONDRIN (Henri de), archevêque de Sens, cherche
à apaiser la querelle du marquis de Rabat avec
M. de Bertier, p. 2038.
Gouf.TE.v (Régiment de), p. 882.
GOULAS (de), secrétaire des commandements de
Gaston d'Orléans, pp. 186, 188, 190, 221, 222,
224, 228, 293, 366; devient secrétaire des com-
mandements du prince de Conti, à Paris, p. 5<j5.
Goi iiDAN, château en Vivarais, pp. 194, 620, 1201,
1 202.
Gour.DON, p. 1349.
GOURNAY (Henri de), chambellan de Gaston
d'Orléans, p. 186.
Gourmé (Carrière de pierre de), p. 986.
GouRViEiLLE, au diocèse de Mirepoix, p. 1009,
GOUTTES, curé d'Argeliers, député aux Etats
généraux, pp. 1389, 1390, 1396.
Gouvernement de Languedoc donné à Gaston
d'Orléans, pp. 2, i85; demeure au duc d'Or-
léans après la Fronde, p. 343; donné au prince
de Conti, p. 383.
— provincial; ses attributions; de quelle manière
elles étaient exercées à la mort de Louis XIII,
p. 180.
Gouvernements généraux; leur nombre; émolu-
ments de cette charge, p. 1277.
— particuliers; leur nombre; émoluments atta-
chés à leurs différentes classes, p. 1278; noms
des huit gouvernements qui se trouvaient en
Languedoc, p. 1279.
Gouverneur de la Province; grandeur de ses attri-
butions, malgré l'accroissement de l'autorité
ministérielle & la création des intendances,
pp. 181, 182.
Gouverneurs de places frontières, p. 14.
— en titre d'offices héréditaires, créés & suppri-
més, p. 71 5.
GOUZE, p. 36.
GOYRANS (de), capitoul, p. 389.
GOYRANS (Chevalier de), p. |352.
GRACE, de Marseille, inventeur d'une machine
destinée au creusement des ports, p. 1029.
Grâce- Dieu (Religieuses de la), ordre de Fonte-
vrault; leurs armoiries, p. 685.
GRADIS, juif, p. 1226.
GRAGNAGUE (de), président au Parlement de
Toulouse, p. 4.
Gragniague, pp. 1218, 1262.
GRAIGNAGUE, président au Parlement de Tou-
louse, pp. 173, 189, 216, 244.
GRAIL (Françoise), religieuse de Clavas, p. 1204.
Gn Al NS, pp. 61 , 65, 69, 83, 88, 99, 1 1 1, 1 i3, 1 15,
721, 722, 944, 966, io3o; leur accaparement &
leur exportation, p. 1 ; leur sortie est autorisée,
p. 42; leur exportation affranchie de tout droit,
p. 5i; leur exportation est prorogée, p. 5.' ;
prêtés, p. 52; portés en Vivarais par le Rhône,
p. 71; achat par commissionnaires pour mar-
chands étrangers interdit, p. 84; circulent li-
brement dans la Province, p. 98 ; leur exporta-
tion, p. loo; remboursement des achats faits,
en 1750, pour la subsistance des habitants du
diocèse du Puy, p. 100; pour les semailles sai-
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i5]
sis, p. îîo; manquent en 1709, p. 876; de se-
mailles ne peuvent être achetés parles habitants,
p. 1004; perdus durant l'inondation de 1727,
p. 1006; manquant pour les semences de 1709,
p. ii57; leur commerce à Toulouse, p, i3(8;
leur exportation interdite, p. i33o.
Graissessac, p. 699.
Gramasié, au diocèse de Limoux, p. 1008.
GRAMMONT (François de Barthélémy de), éyêque
de Saint-Papoul; sa lettre au président Riquet
sur la détresse de la Province, pp. 889, 890.
GRAMONT (de), baron de Lanta, pp. 14, 25.
GRAMONT ("Jacques de), p. 58.
GRAMONT (de), président au Parlement de Tou-
louse, pp. 202, 224.
GRAMMONT (Maréchal de), p. 25i.
Gband'Comde (Mines de la), pp. 834, iiSS.
Grand-Gallargces, pp. 701, ic66.
Grand-Hers, pp. 410, 871, 1404.
Grand-Montrevalx, comté, p. 553.
Grand rielx, p. 1407.
Grand chemin du bas Languedoc, p. 1241.
Grand maître des eaux & forets, p. 81.
Grande maîtrise des forêts de Toulouse, pp. 466,
467.
Grands dailliaoes, p. 128.
Grandes pluies de l'hiver 1706-1707, p. 44.
Grands chemins; ordonnance de d'Aguesseau pour
leur conservation, pp. 25, 73.
Grands corps de la Province; leurs dispositions à
profiter des progrès du sens critique pour re-
commander des réformes; leur résistance dès que
leurs prérogatives étaient en jeu, p. 1157.
propriétaires du Languedoc; leur mauvais vou-
loir retarde la construction du canal de Beau-
caire, p. 388.
Grandselve, abbaye; ses armoiries, p. 684.
GRANDVAL (de), commandant à Lunel, p. 822;
surprend les camisards de Cavalier, p. 823.
Gram;e-des-Pbés, riche domaine appartenant au
prince de Conti, p. 444; Henri de Montmorenry
y était né; Molière y séjourne, p. 394; le prince
de Conti y meurt, p. 446.
Granoe-Haute, domaine en ^'elai, p. 1204.
GRANGES (des), p. poS.
Granjon, p. 2 1 4.
GRANIER, chirurgien de Nimes, p. 992.
GRAPPONE, auteur d'un projet de canal en Lan-
guedoc, p. 453.
Gras, en Vivarais, pp. 52, iioi.
Grasse, pp. 3i 1 , 965.
— (Evêque de), p. 8.
GRASSET (Mathieu), concessionnaire d'un pont
de bateaux sur le Rhône, pp. 478, 479.
GRASSET, conseiller à la cour des comptes, aides
8c finances, p. 1 riC)-].
Gratens, commune, p. 1009.
Gratification payée à Gaston d'Orléans par les
Etats; sa cause, p. 273.
Gratificatio.ns extraordinaires allouées aux trois
ordres des Etats, p. 276.
Gratifications accordées aux nouveaux convertis"
p. 547.
— accordées par les Etats aux envoyés de la no-
blesse; scandale à ce propos, pp. 852, 853.
— aux corps littéraires par les Etats de Langue-
doc, p. I 3o5.
Gratoïcii (Le), hameau en Gévaudan, p. 965.
Gratuité des charges municipales disparue,
p. 635.
Grati'S, seigneurie, p. 486.
Grau d'Agde, pp. 5i, 1 145, 1 146, 1294.
— d'Aigues-mortes, p. 60.
— de La Nouvelle, p. 1294.
— de Palavas, p. 384.
Gbaulhet, lieu en Albigeois, pp. 71, 84, 98, 99,
100, 102, 36 1 , i385, 1408.
— baronnie, p. 36 1.
Graus ou Graux créés par l'ouragan du 4 décem-
bre 1742, p. 1064.
— de la Méditerranée; projet pour les rendre na-
vigables; discussion à ce sujet dans la session
des Etats de Languedoc en 1664, p. 435; les
Etats votent, malgré l'opposition de la majorité
des deux premiers ordres, l'emprunt de quarante
mille livres demandé, p. 436.
Grave (Fontaine de la), point de faîte & partage
des eaux entre le versant océanique & le versant
méditerranéen, p. 456.
GRAVE (Marquis de), p. 1054.
GRAVES (Marquise de), propriétaire du canal de
Lattes, p. 843.
Gravelines, pp. 227, 261.
— (Siège de), pp. 189, 190, 210.
GRAVEROL, de Nimes, l'un des fondateurs de
l'académie de celte ville, se réfugie en Angleterre,
pp. 566, 567, 992.
GRAVILLE (de), docteur en Sorbonne, p. 445.
Grazac, commune, p. 1009.
Grecs, fréquentent la foire de Beaucaire, p. 703.
Greffeil, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Greffes du Parlement de Toulouse; sont remis
aux mains des officiers municipaux, pp. 1414,
1415, 1416.
GREFFEUILLE (Charles de), p. io58.
GRÉGOIRE VII, p. 1016; sa légende insérée dans
le bréviaire de Lyon, p. ioi3.
Grêle, pp. 42, 43, 47, 54, 57, 58, 60, 63, 71, 72,
— en Vivarais, p. 44.
— ravage quinze communes du diocèse d'Alet &
plusieurs du diocèse de Mirepoix, p. 44.
— fréquente en Gévaudan, p. 701.
— en 1707, p. 870.
— en 1727; dégâts qu'elle occasionne, pp. ioo3,
1004.
— dans le haut Vivarais, le 20 mai 1728; le
9 août dans le Vêlai, p. 1010.
— en Vivarais, p. i3io;en 1751, p. Iii3.
Grenade, ville sur la Garonne, pp. 10, 265, 341,
927, 1219, 1235, 1402, 1404; on y établit un
atelier de salaison au moment de l'épizootie,
p. 1260; les bestiaux destinés à la salaison y
arrivent dès le 3i décembre 1775, p. 1265.
i53o
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Greniers à sel, pp. izS, lyS.
GRENIER frères, gentilhommes verriers des envi-
rons du Mns-d'Azil, condamnés & exécutés pour
avoir tenté de délivrer le ministre Rochctte,
pp. 97, I 167.
Grenoble, pp. 98, 323, 1023, 1419.
— (Evèque de), p. 1021.
GRENUS, fondateur de manufactures de mousse-
line & de coton au Puy, p. 90.
GiiÉi'iAC, au diocèse de Toulouse, pp. 1008, 1241.
GiuiS, seigneurie, p. 1082.
Gbéses, village en Gévaudan, p. 965.
Gr.ÈsiGNE (Forêt de la), pp. 107, 468, 1088.
GRIGNAN (Comte de), lieutenant général de Lan-
guedoc, pp. 19, 5f 6.
GRIGNAN (Marquis de), lieutenant du roi en la
Province, p. 476.
GRIGNAN (Adhémar de Monteil de), évèque
d'Uzès, p. 437.
GRILHE (Pierre), lépreux, p. 421.
GRIIvLAU (Jean), p. lor^z.
GRILLE (Nicolas de), évéque d'Uzès, pp. 1 5,S, 1 .ï8,
178, 287; sa harangue à la Cour contre le Par-
lement de Toulouse, p. 3ii.
GRILLE, chevalier de Malte, p. 1 1 36.
GRIMALDI, archevêque d'Aix, p. 678.
GRIMOARD, seigneur de Grisac, p. 799.
Gr.iSAC ou Grizac, lieu de naissance du pape Ur-
bain V, pp. 740, 804 j cette communauté est
exempte de toute imposition royale, p. 799.
GmsoLLis ou Gbizollls, au diocèse de Toulouse,
pp. 35, 1008, 1179, 1218, 1233, 1241,
— (Foires de), p. 697.
GRIZAC (Comte de), p. 3o.
GROG (Jean-Jacques), p. 864.
GROLÉE VIRVILLE (Cétar de), f^olr PEYRE
(comte de).
GR.OLL1ER, fabricant de bas, arréié à propos de
la conjuration de Nimes, p. 869.
Gbo.singue, p. 565.
Groppières, en Vivarais, pp. 43, 1202.
Gros décimateurs, p. 121.
Gros millet, p. 121.
Grossièretés de la presse révolutionnaire devan-
cées dans un écrit publié à propos du rétablisse-
ment du Parlement, p. 1273.
GpospiERRE, village dévasté par Cavalier, p. 777.
GI'.OSSOLES (Joseph de), décapité pour infraction
aux ordonnances contre le duel, p. 193.
Cnu/.ON, en Vivarais, p. 1201.
Gbueries, nom des sièges des officiers secondaires
des eaux & forêts, p. 474.
GRUIN, garde du trésor royal, p. 863.
GuA, moulin, p. i3.
GUASCO (Abbé de), nommé associé étranger par
l'académie des sciences de Toulouse, p. 1 io3.
GuASTALLA (Bataille de), p. 1082.
GIJDANES (Marquis de), doyen de la noblesse de
To iiouse, pp. i35i, i352, i363.
GLitNÉGAUD (de), p. 206.
GUENET (Paul- Alexandre de), évèque de Saint-
Ponsj ses plaintes contre les protestants dans
l'assemblée générale du clergé de France, en
1745, pp. 1075, 1076, 1077, 1078, 1079.
GUERIGUET, habitant de Carcassonne, p. 36 1 .
GiERBE allumée par la succession de l'empereur
Charles VI, p. 1062.
— des albigeois, p. 952.
— d'Amérique, pp. |33|, |336.
— des Cévennes; une des causes de son explosion,
p. 421; considérations & jugement sur cène
guerre, pp. 752, 753; développement de l'insur-
rection, pp. -53, 754; mésintelligence des di-
verses autorités, p. 7.55; les Cévenols étaient-ils
de conn ivence avec l'étra ngerî^ a ffi rma tions con-
traires des catholiques & des protestants, p. 758 ;
mesures de riguetir proposées par Broglie, p. "50 ;
les quelques succès obtenus par les Cévenols re-
doublent leur audace, p. 7^3; le froid & la
neige rendent inhabitables les hautes monta-
gnes; détails confus sur les divers engagements;
chaque partie s'attribue des avantages; rappro-
chement du chiffre des pertes d'.iprès certains
auteurs, p. 765 ; différentes versions sur le nom-
bre de combattants dans l'affaire de la ferme de
GafTarel, pp. 766, 767; les troupes employées
pour la répression sont composées de recrues;
au contraire, les bandes insurgées renferment
des hommes très-experts dans l'usage de leurs
armes, p. 767; résumé du mémoire de Bâville
sur ce sujet, p. 769; caractère atroce de cette
guerre; l'affaire de religion devient prétexte à
des actes de pur brigandage, p. 776; fédérations
catholiques jugées par Brueys; les postes établis
dans les villages pour protéger l'exercice du
culte catholique n'ont aucune utilité militaire,
p. 777; une intervention active des puissances
étrangères s'affirme, p. 780; organisation des
camisards, p. 785; étrangers suspects arrêtés,
trouvés munis de monnaies étrangères, p. 787;
influence des chefs militaires des puissances
étrangères sur les insiirgés, p. 787; opinion de
Bâville à ce sujet, p. 786 ; les Etats généraux de
Hollande s'occupent des affaires des Cévennes;
résumé de mémoires répandus en Hollande &
en Angleterre, p. 790; conclusions d'un de ces
mémoires; sorte de manifeste des camisards jus-
tifiant leur prise d'armes, p. 791, 792, 793 j
réciprocité d'excès & de barbarie dans les deux
camps, p. 795; dépopulation & destruction de
trente & une paroisses des hautes Cévennes;
limites du territoire condamné, p. 798; con-
trastes de barbarie & d'humanité dans les ins-
tructions aux commandants chargés de l'incendie
8< de la démolition des lieux condamnés; les
habitants des villages condamnés doivent se re-
tirer à Vébron, à Florac, à Pont-de-Montvert,
à Barre, à Saint-Germain, à Saint-Etienne j
effets produits par ces mesures sur les habitants,
p. 800; division des troupes chargées de la dé-
vastation; recommandations d'agir de la façon
la plus expéditive; sort des habitations appar-
tenant aux anciens catholiques réservé; durée
de la dévastation, p. 801; difficultés que ren-
contrent les miliciens chargés de dévaster le
pays; maladies contractées par les troupes,
pp. 802, 8o3; les insurgés descendent dans la
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i53i
plaine; incendies allumés par eux; peu de sû-
reté dans les communications, p. 8o3; la dévas-
tation étant trop lente par la démolition on
emploie l'incendie, pp. 804, 8o5; vagues ru-
meurs de résistance qui agitent les pe.iples,
p. 806; projets de l'éiranger au sujet de cette
guerre, p. 818; Louvois s'engage dans la voie
de la douceur vis-à-vis des insurgés, p. 821;
projets du maréchal de Villars pour y mettre
fin, pp. 820, 821, 82.5; suites pernicieuses qu'a-
vait eues sur les officiers subalternes la con-
duite de Montrevel, p. 83i; situation des cami-
sards & des troupes royales; battue sans résultat
faite par les troupes, p. SS.'i ; suspension d'ar-
mes entre les camisards & les troupes royales,
p. 83.5; le succès du coup de main des bandes
de Rolland à Fontmorte semble compromettre
un moment les projets de pacification, p. 835;
l'apaisement du pays & l'évacuation des insur-
gés soumis paralysés par le p^rrti catholique,
p. 84c; malgré les méfiances & les résistances
de quelques chefs après la soumission de Cava-
lier, les forces de l'insurrection sont en disso-
lution, pp. 841, 842; après la soumission de
Cavalier, les enlèvements, les supplices, les dé-
molitions à main armée & les incendies ont
raison des dernières résistances; la plupart des
chefs sortent du royaume, p. 842; la cessation
de la guerre cause un vif désappointement aux
puissances coalisées; émissairis envoyés & ar-
gent dépensé pour la ranimer, pp. 854, 855;
nouveau plan ordonné par le marquis de Mire-
mont, p. 855; des manifestes venant de l'étran-
ger font aux protestants d.s Cévennes des pro-
messes d'intervention armée, p. 855; ne pouvait
être autre chose qu'une guerre de religion;
caractère chimérique du nouveau plan de cam-
pagne, p. ^5? ; les étrangers n'y voient qti'un
moyen d'affaiblir la France, p. 853; efforts in-
fructueux faits par l'Angleterre 81 la Hollande
pour raviver l'insurrection, p. 861; nouvelles
tentatives, pp. 877, 8-8, 879, 88o.
GiEBRE d'Espagne, pp. 367, 406; source de désor-
dres, d'abus & de corruptions, p. 278; encou-
rage les protestants à la résistance, pp 733,
734, 832; de 1719; peu de durée de cette guerre,
p. 939; après quelques succès des armes fran-
çaises, la paix est signée, p. 941.
— avec l'Espagne, l'Angleterre, la Hollande; ses
effets désastreux en Languedoc, p. 5i 1.
Gt'EY (du), chambellan de Gaston d'Orléans, p. 1 83.
GUEVDAN (Jean-Baptiste), p. 863.
GUIBAL, p. 1142.
Gl'lBBERT, avocat, p. 658.
GUIBERT (Chevalier de), p. i353.
GUIBERT (Marquis de), p. i353.
GUICHE (Philibert de la), p. i83.
GUiCHE (Anne de la), seconde femme de Schom-
berg, p. |83.
GiiEN.vE, pp. i33, 176, 177, 240, 323, 328, 335,
336, 367, 376, 443, 444, 449, 467, 554, 572,
658, 703, 723, 814, 898, 963, 969, ioo5, 1019,
1079, 1088, 1144, 1145, 1178, 1227, 1242,
1244, 1296, i383, 1398, 1401, i4o3; agitations
insurrectionnelles, p. 297.
— méridionale dépeuplée, p. i232.
GUIGNARD (Jean-Emmanuel de), vicomte de Saint-
Priest. roir de SAINT-PRIEST.
GUIGNARD DE SAINT-PRIEST fils, intendant
adjoint, p. 99.
GUIGNARD, marchand d'Orléans, p. 489; son
essai de faire descendre le bois par la Loire au
Puy, p. 489.
GUIGNARD (Le P.), p. 1016.
GUILHERMY, député aux Etats généraux, p. 1378.
GUILLAUME DE NASSAU, prince d'Orange, p 606.
GUILLAUME D'ORANGE, pp. 607, 6o3.
GUILLEMINET, syndic général, p. 168.
GUILLEMINET (Pierre de), p. 379.
GUILLEMINET (de), p. 619.
GUILLEMINET, capitaine, p. 883.
GUILLEMINET, syndic de la Province, p. 1061.
GUILLERAGUES, secrétaire des commandements
du prince de Conti en Languedoc, p. 390.
GUILLERARGUES (de), premier président en la
cour des aides de Guienne, p. 1045.
GfiLi-ERAND, en Vivarais, p. 1202.
GUILLERMIN, conseiller au Parlement de Tou-
louse, pp. 35o, 352, 1219.
GI'ILLET DE BLARU, avocat au grand-conseil,
p. 1069.
GUIONET (de), conseiller au parlement de Bor-
deaux, p. 9.
GUISCARD (Marquis de). Foir l'abbé de la BOUR-
LIE.
GuiTALEMS, lieu d'Albigeois, pp. 88, 92,
GUITARD, sous-traitant, p. 207.
GUITARD, reçoit cinq livres pour le discours la-
tin fait à l'ouveitiire des Jeux- Floraux, p. 662.
GUITARD, sieur de Lanen & de Doule, chevalier
di; Sain t-Louis. condamne aux galères pour avoir
assisté à une assemblée de protestants , p. 1073,
GUITAUT, p. 337.
GUITTARD (Raymond), consul de Limoux,
p. 1207.
GUIZARD DE SAINT-JEAN DE MOUSSOULENS,
seigneur de La Garde & baron de Bouisse, p. 346.
GUIZARD LA GARDE, p. 346.
GUY (Daniel), p. 83-5.
GUY BILLARD (Daniel), lieutenant de Cavalier,
p. 878.
GUYMERIEfde la), envoyé de Couffoiilens, p. 3i5;
envoyé comme ambassadeur des Etats près du
Parlement de Toulouse, pp. 325.
GUYMERIE (de la), p. 33 1 .
GoZARCCESj ses armoiries, p. 636.
H
Habitants des campagnes brutalisés & dévalisés
par les gens de guerre, p. 334.
— forains des communes, p. 1 o3.-
— des îles du Rhône, payent la capitation fn
Languedoc, p. 77,
i532
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
HABSBURG (Comte de), p. 927.
Hageenau (Bailliage d'), p. iSpo.
HAGUENOT, conseiller à la cour des comptes.
aides & finances, p. 1097.
Hainaut (Régiment de), pp. 774, 776, 776, 778,
801, 804, 823, 859, ii83.
— (Légion de), p. 1196.
Halle, au pays de Magdebourg, reçoit des réfugiés
français après la révocation de l'édii de Nantes,
p. 562; son commerce se développe, p. 565.
Halwin, terre dont Schomberg porte le titre ayant
d'être maréchal, p. |83.
HALWIN (Duchesse d'), p. i83.
Hamal (Camp de), p. 1082.
Hamboobg; les émigrés protestants y sont ac-
cueillis, p. 562.
Harangue contre le Parlement, prononcée au nom
de l'assemblée du clergé par M. de Grille,
évêque d'Uzès, pp. 3i i, 3i2, 3 i3.
Haras de la Province, p. 1370; leur multiplica-
tion demandée, p. 1384.
HARCOURT (Comte d'), commandant des troupes
royales en Guienne, pp. 4, 194, 261, 324, 336,
337, 341, 393.
HARCOURT (Prince d'), p. 34, 1026.
HARCOURT (d'), maréchal de France, p. 446.
HARDOUIN UE PÉRÉFIXE , évéque de Rodez,
chargé de traiter directement des affaires ecclé-
siastiques avec le roi, p. 401.
HARDOUIN (P.), p. 1018.
HARDY, architecte, p. i i55.
HARDY, ingénieur & directeur des travaux pu-
blics de la ville de Toulouse, p. 1225.
HARLAY (Achille de), p. 552.
HARLAY-CHAMPVALLON (François de), arche-
vêque de Paris, p. 571, 679, 673, 721.
HARLAY, premier président au Parlement de Pa-
ris, p. 866.
HARLEY (de), p. 887.
HARO (Louis de), plénipotentiaire espagnol,
p. 296, 373.
HAUTEFORT (Marie de), dame d'atours d'Anne
d'Autriche, seconde femme de Schomberg, p. 277.
HAUTEFORT (comtesse de), p. 1 198.
Haute-Garonne, département, p. 129; nom défi-
nitif donné au département de Toulouse,
pp. 1411, 1425.
Haute-Loire, département, p. 129; nom définitif
donné au département du Vêlai, pp. 1411, 142Ô.
HAUTES-Cf;vENNES, pp. 38, 39, 41, 753.
Hautes-Combes, p. 482.
Hauterive, au diocèse de Toulouse, p. 1008. Foir
Auterive.
HAUTPOUL (Antoine), seigneur de Montferran,
p. 409.
HAUTPOUL (Biaise d'), baron de Rennes, p. 409;
sa lutte contre l'évêque d'Aletj griefs qui lui
sont imputés, pp. 411, 412, 414.
HAUTPOUL (Henri d'), seigneur d'Auxillon,
p. 409.
HAUTPOUL- SEYRE (Marquis d'), acquiert un
titre de baronnie sans les terres, p. i3oi ; en
obtient l'application à ses terres du diocèse
d'Alet, p. i3o2; doit, en 1786, faire partie de
l'assemblée des notables, pp. 1 335, p338.
Hautpoul, lieu de la sénéchaussée de Toulouse,
p. 472.
— (Château d'), p. 469.
Havre (Le), p. 60.
HAYE (de la), gouverneur du fort de Saint-Hip-
polyte, pp. 764, 789.
HELIOT (d'), lieutenant de maire de Toulouse,
p. 1095.
HELIOT, chanoine, à Toulouse, p. |356.
HENRI II, pp. 7i5, 843, 966, i3i7, i385.
HENRI III, pp. 677, 694, 956, ioi5.
HENRI TV, p. 248, 260, 289, 419, 479, 694, 715,
843, 855, 922, 95a, 974, 101 5; ses instruc-
tions au cardinal de Joyeuse, au sujet du projet
de canal, p. 453.
HENRIAU (Jean-Marie), évêque de Boulogne,
p. I023.
HENRI DE BOURBON, marquis de Malauze, vi-
comte de Lavedan, abjure le protestantisme;
ses ancêtresj ses posse.ssions, p. 26^; avait pré-
sidé, en 1622, aux colloques d'Albigeois & de
Rouergue, p. 261 .
HENRI GASTON DE FOIX, comte de Rabat, p. 294.
HENRI DE BOURBON, prince de Condé, p. 393.
Hèiiault, rivière, pp. 102, 125, 461, 648, 788,
798, 883, 884, ii3o, 1400, 1406; dégagement
des bancs de sable & des alluvions de l'embou-
chure de cette rivière, p. 479; déborde en 1729,
p. loi 2.
— (Département de 1'), p. 129; nom définitif
donné au dépjirtement maritime du Bas-Lan-
guedoc, p. 1411, 1425.
— (Bassin de 1'), p. 966, 1 129.
— (Vallées de 1'), p. 601.
— (Vallons de 1'), p. 424.
HefihASSE, montagne en Vivarais, p. 25.
Hëréditë des charges nuisible au bien de l'État,
p. 272.
HKRtPIAN, p. 863.
HÉRICOURT (Julien de), conseiller au présidial
de Soissons, attaché comme procureur du roi
près du commissaire pour la réformation des
forêts, p. 467.
Herm (1'), p. 1404.
Herm d'Aigas, prieuré au diocèse de Toulouse,
p. 1020.
HERMANT, chanoine de Beauvais, p. 720.
HERNOTTON (d'), nommé membre du conseil de
commerce, p. 716.
Hebs, rivière, pp. 4, 35, 38, 71, 79, 82, 461,
463, 1222, 1223, 1224, 1227, I25o, 125l,
1252, 1255, 1263; déborde, p. 61 ; recreusement
de son lit, p. 79; défense d'en cultiver les
francs- bords & d'y faire paître le bétail,
p. 104; sa crue en 1727, p. 1004; à la suite
de fréquentes inondations, destruction des
moulins; son élargissement dans les forêts de
Baziége & de Saim-Rome. p. i"'7" ; possibilité
de le rendre navig^ible jusqu'.i Bcipelch, p. 1228.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i533
Hers (Coteaux Je 1'), pp. 401, 1244, 1243.
— (Plaine de 1'), p. 1249.
— (Vallée de 1'), pp. 3 16, 460, 871 , 1241.
Hers-Mort, p. 1404.
HERVIN (Nicolas), huissier du conseil du roi,
pp. 2o5, 244.
Heure à laquelle peuvent être faits les enterre-
ments de protestants, dans toutes les villes,
p. 17.
Hiérarchie militaire, p. 779.
HILDEBRAND, pape, p. 1014.
HlSPASHAC, p. 1407.
Histoire abrégée de la Province de Languedoc, par
le sieur de Boyer, p. 479.
Histoire de Bretagne^ p. 875.
Histoire générale de la Province de Languedoc;
date de la proposition aux États de la faire
écrire, p. 46; la première proposition de l'exé-
cution de ce travail est faite aux Etats par
M. Le Goux de la Berchère, p. 870; le premier
Tolume paraît en i73o) il est présenté aux
princes du sang, &c., p. 1228,
Historiographe de la Province, p. i33i.
Hiver de 1707, p. 870.
— de 1708, p. 875.
HornSTEDT, pp, 819, 821.
HOCQUARD, inspecteur de la Quarantaine de Bé-
ziers, p. 964.
Hollande, pp. 52 1, .664, 565, 607, 700, 701, 704,
769, 790, 855, 859, 861, 903, 1012, i336; ses
bons offices à l'égard des proscrits français,
p. 564; les Etats généraux de La Hiiye ordon-
nent la levée d'un corps de trois mille hommes
pour être envoyé dans les Cévennes, p. 818; au
moment d'intervenir dans les Cévennes, elle
cherche à transformer la physionomie de la
guerre, pp. 818, 819; la liberté des cultes pu-
blics y est proscrite, p. 829; secours envoyés
de ce pays pour fomenter de nouvelles révoltes
dans les Cévennes & en Vivarais, p. 886.
Hommages, leur réception par M. de Bâville,
p. Si ; la commission donnée à M. de Bàville
pour les recevoir est révoquée, p, 52.
— de fiefs & dignités reçus par la cour des comp-
tes de Montpellier, p. 28.
— pour censives ou rentes foncières, p. 46.
HOMEL (Isaac), pasteur protestant, p. 27, 534;
instigateur du mouvement en Vivarais; son
supplice, p. 538.
HOMPS, de Limoux, p. 1207.
Hongrie, pp. 746, 1039.
HONORE (Le P.), de Cannes, missionnaire à
Montpellier, p. 570.
HONORIUS, p. 1002.
— (Lois d'), p. i3i7.
Hôpital d'Albi, p. 696.
— d'Alignan-du-Vent, p. 696.
— d'Alzonne, p. 695.
— de Bessières, pp. 33, 696.
— de Béziers, p. 696
— de Bonian, p. 696.
— de Boucoiran, p. 696.
HÔPITAL de Bouloc, p. 696.
— de Bourg-Saint-Bernard, p. 33.
— de Boussargue, p. 696,
— de Bram, p. 696.
— de Capendu, p, 695.
— de Carcassonne, p. 695.
— de Castanet, p. 696.
— de Castelginest, p. 696.
— de Castelnau, p. 696.
— de Castelnau-d'Estrètefons, p. 696.
— de Castelnaudary, p. 696.
— de Cazouls-Ies-Eéziers, p. 6q6,
— de Collias, p. 696.
— de Colombiers, p. 696.
— de Corneilhan, p. (><^6,
— d'Escalquens, p. 696.
— de Gabian, p. 696.
— de Gargas, pp. 33, 696.
— de Gignac, p. 696.
— de la Grave, à Toulouse, pp. 4, 379.
— des incurables, à Toulouse, p. 696.
— des orphelins, à Toulouse, pp. 945, 946.
— de Lacalmette, p. 69a.
— de Lattes, p. 69Ô.
— de Lasbordes, p. 696.
— de Lavaur, p. 61.
— du Crès, p. 695.
— de Lescure, p. 696.
— de Magalas, p. 696.
— de Maraussan, p. 696.
— de Montaron, p. 696.
— de Montastruc, p. 696.
— de Montblanc, p. 696.
— de Montpellier, pp. 77, ôjS, loSj.
— de Murviel, p. 696.
— de Narbonne, p. i65.
— de Nizas, p. 696.
— de Penf)autier, p. 695.
— de Pézénas, p. 696.
— de Pibrac, p. 696.
— de Pouzols, p. 6g6.
— de Puissalier, p. 696.
— du Puy, p. i385.
— de Remoulins, p. 696.
— de Roquebrun, p. 696.
— de Roujan, p. 696.
— de Saint-Alban, pp. 33, 696.
— de Saint-Eloi, à Montpellier, p. 78.
— de Saint-Geniès, p. 696.
— de Saint-Hilaire, p. 696.
— de Saint-Joseph de la Grave, à Toulouse, pp. 4,
1007.
— de Saint-Martin de Lalande, p. 696.
— de Saint-Nazaire, p. 696.
— de Saint-Quentin, p. 696.
— de Saint-Sauveur, à Uzès, p. 16.
— de Saint-Sébastien de la Grave pour les pesti-
férés, à Toulouse, p. i6(5.
— de Saint-Simon de Salafons, p. 695.
— de Saint-Sulpice de la Pointe, pp. 33, 696.
— de Sainte-Croix, à Carcassonne, p 6g5.
— de Sainte-Radegonde, à Toulouse, p. 696.
.— . de Thésan, p. 696.
— de Trèbes, p. 695.
— d'Uzès, p. 696.
— de Vacquiers, p. 696.
— de Verfeil, p. 696.
— de Villemagne, p. 696.
i534
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Hôpitaux unis, p. ^li.
— généraux créés après la suppression d*une foule
de petits hospices & de maladreries, p. 69.5.
HORTAL (Etienne), consul de Carcassonne,
pp. 36o, 36i.
Hospice des PP. de l'Oratoire de Frontignan ,
transféré à Montpellier, p. 24.
Hospices supprimés, pp. 696, 696.
HOSPITAL (de 1'), conseillei au présidial de Tou-
louse, p. 245.
HoTEL-DiEu du Puy; ses domaines, p. 397.
HOUBER (Louis), orphelin, p. 379,
Houille, p. i lo.
Houillères, p. 1384.
— du diocèse d'AIaisj contestations à leur sujet,
pp. 1283, 1284, I 285.
HouNOUx, au diocèse de Limoux, p. 1008.
HoLSARDS, nom donné aux insurgés cévenols dans
les premiers temps de l'insurrection, p. 782.
HUC (Jean), d'abord prédicant, puis multipliant,
p. 977; est arrêté, conduit à Montpellier, con-
damné à mort; abjure le protestantisme; détail
des funérailles que lui firent les catholiques,
p. 981.
HUGUES, abbé, p. io23.
HUGUES, patron de barque à Avignon, p. 1001.
Huile, pp. 49, 64, 481, 699.
— de hêtre, p. 2.
— d'olive; sa production absolument nulle après
l'hiver de 1709, p. 943.
— (Commerce de 1'), à Toulouse, p. i3i8.
Huiles; droit sur les huiles étrangères importées
en Languedoc, p. 3o.
— employées dans les manufactures, p. 42.
— étrangères, p. 48.
— du Languedoc, p. 698; les redevances payables
avec cette denrée peuvent être acquittées en ar-
gent; prix de la charge d'huile dans le diocèse
de Narbonne, p. 877.
Huissiers du Parlement de Toulouse; doivent
payer les tailles, p. 2 ; refusent de porter des
contraintes, p. 325.
HUMFROY BRADLEY; ses projets de dessèche-
ment des marais de Languedoc, p. 384.
Huos, paroisse du diocèse de Comminges, pp. 680,
1222.
IBERVn.LE (d'), résident français à Genève, p. 709.
Idiome toulousain employé par Goudelin, p. 249.
ICARD, ministre protestant, condamné ?. mort,
p. 28.
ICHER, concessionnaire d'un canal, p. 1054.
Ile-d'Albi, pp. 167, 639, 1218, 1409.
Ile-Bertrand, p. 55.
Ile-en-Dodon, pp. 1402, 1404.
Ile-db-Fhance, p. 467.
Ile-Jourdain, pp. 368, 1218, 1219.
Ile-e.\ -Jourdain (1'), comté, pp. ii3, 470,474,
I 083, 14D2.
— (Sénéchal de 1'), p. 121 i.
Ile du Bazacle, à Toulouse, p. 460.
— de Cette: déclarée intégralement roturière,
p. 83.
— des Faisans, p. 390.
— de Jersey, p. 842.
— de Ré, p. 519.
— Sainte-Marguerite; on y déporte des camisards,
p. 826.
— de Valabrègue, au confluent du Rhône & du
Gard, p. 841 .
Iles & créments sur fonds encadastrés soumis à la
taille, p. 933.
— françaises d'Amérique, p. 52.
— du Rhône, p. 77; appartiennent au Langue-
doc, p. 58.
Illuminés, prophètes, &c. , pp. 609; jugés par
Fléchier, p. 610; leurs prédictions, p. 611;
physionomie propre de quelques-uns d'entr'eux,
pp. 612, 6i3, 616.
Illusions du clergé catholique & des gens de cour
sur la réalité & la durée des conversions en
masse opérées en if>85, p. 555.
Immolation générale des animaux sains ou atta-
qués par l'épizootie, pp. 1247, 1248.
Immunité fiscale des biens du clergé attaquée,
p. i35o.
Immunités des églises de Languedoc défendues par
Nicolas Pavillon, p. 5o5.
Importations en Languedoc, appréciées par Bâ-
ville, p. 7o3.
— de grains étrangers, redoutée par suite de la
création du canal de Languedoc, p. 461.
— de grains, prohibées, p. 722.
— des vins en Languedoc, p. 852.
Impositions, pp. 33, 48, 56, 64, i23, 195, 706,
707, 1043; leur réduction, p. 49; remises -accor-
dées à la Province à la suite de grêles & de séche-
resses, p. 54.
— (Remise d') à divers diocèses pour grêle, p. 57.
— remises aux communes affligées de la grêle,
p. 60.
— réduites d'un tiers pour deux ans aux com-
munes atteintes de la peste, p. 5?.
— remises aux communes inondées, p. 60,
■^ remises pour cause de mauvaises récoltes, de
grêle & d'inondation, p. 63.
— (Remise d'), p. 64.
— (tlemise d'), à différents diocèses, pp. 65, 68.
— des remises sont faites à plusieurs diocèses,
p. 67.
— remises aux communes & aux diocèses pour
cause de grêle, sécheresse & brouillards, p. 72.
— remises faites à cause des inondations & de
l'épizootie, p. 81.
— remise de 60,000 livres à la Province, p. 81.
— de 134,000 livres pour accident des saisons,
p. 82.
— remises en 1746 par suite d'inondations & d'é-
pizootie, p. 1081.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i535
Impositions, remise de 234,000 livres à la Pro-
vince, p. 83,
— à Carcassonne pour les travaux du canal,
p 125; pour l'école gratuite, p. 126.
— i Montpellier pour l'hôpital Saint-EIoi, p. •j'i.
— à Toulouse, p. 49.
— sur les maisons, p. 122.
— sur les fers de Languedoc, p. i5.
— ne sont plus votées par les Etats, p. 168; levées
dans la Province par ordre du Parlement, p. 3ioj
cessent d'être payées en Languedoc durant la
lutte des Etats & du Parlement, p. 325.
— auxquelles voulait se soustraire la noblesse,
p. 935.
— du dixième sur le revenu de tous les fonds,
p. io38.
— rétablies dans les communes des Cévennes dé-
truites en 1703, p. 65.
— territoriales; mémoire sur cette question pré-
senté à l'assemblée des notables, p. i33S.
— du Velai; leur réforme demandée, p. i383.
Impôt; prime donnée en faveur du payement inté-
gral de l'impôt, p. 33o.
— de capitation, p. 32.
— héraldique; façon dont il est appliqué, pp. 678
à 689.
— proportionnel à la fortune présumée de tous
les Français, établi par Louis XIV, pp. (,6^ à
675.
— territorial, p. iSSg.
— universel ou capitation proposé au roi par les
Etats de Languedoc. Voir Capitation.
— du cinquantième à lever pendant douze ans,
p. 60.
— du dixième; causes de son établissement, p. 887;
doit être appliqué à tous les ordres de la société
française; son payement est traité à forfait par
les Etats de Languedoc; quels biens devront être
frappés; mode de perception, pp. 885, 889.
— du dixième sur tous les revenus, p. 65; réglé
p;)r abonnement, p. 68 ; sa levée, p. 69; sa sup-
pression, p. 70; rétabli, p. 75; abonné pour
i,5do,ooo livres, pp. 76, 77; supprimé, p. 84.
— du vingtième établi pour payer les dettes de
l'Etat, pp. 84, 1090; doit être appliqué sans
tenir compte des oppositions, pp, 1091, 1124.
— du second vingtième, p. 90.
— de deux vingtièmes, abonné par la Province,
pp. 91, 92; sa levée, pp. 91, 93, 99.
— sur le sel, pp. 57, 359.
— sur la viande de boucherie, p. 85o,
— sur la viande de boucherie à Mais, p. 61.
— sur la viande de boucherie ii Montpellier,
p. 61.
— des industries à Toulouse; sa suppression,
p. .H.
Impôts, pp. 24, 3o, 56; sont très-onéreux pour le
p.'iiple; la moindre portion vient à l'Etat,
p. i63j mécontentement à leur sujet, p. 23i;
leur perception, pp. 270, 271 ; les Etats rachè-
tent l'équivalent au moment où Gaston d'Or-
léans voulait t'en emparer, p. 273 ; écrasants à
la suite des dépenses de la guerre; rigueur dans
leur perception, p. 876; conséquences fâcheuses
pour leur payement produites par le cours forcé
des billets de banque, pp. 944, 945.
Impôts nouveaux créés en 1760, p. Ii58; la no-
blesse & le clergé des Etats de Languedoc de-
mandent d'y être associés, pp. |368, 1369, 1370.
— (Remises d'), pp. 56, 67, 60, 271.
— royaux, p. 5o.
— à Toulouse, p. 6; leur perception dans cette
ville est réformée, pp. 6o3, 604.
— indirects à Nîmes, p. 81.
— pour gages de maîtres & maîtresses d'école,
p. 34.
Impunité des criminels dans certaines parties du
ressort du Parlement, p. 268.
Impression des procès-verbaix de leurs séances
ordonnée par les Etats de Languedoc en 1776,
p. 1280; nombre d'exemplaires; étendue de ce
recueil, p. 1281.
Imprimé curieux répandu en Languedoc en i652,
p. 339.
Imprimeur d'un livre protestant, banni, p. 18.
— condamné à l'amende par le conseil d'Etat,
p. 101 .
Incendie du château de Saint-Félix, p. 37,
— du château de Labastide, p. 777.
— du château de Ladevèze, p. 743.
— d'un couvent, p. 776.
— d'un moulin par le maréchal de Montrevel,
p. 795; d'un village par le même, p. 37.
— d'un village catholique, p. 767; d'un village
à la suite du meurtre d'un ancien catholique,
p. 781; d'un village, p. 814; du village de
Fraissinet, p. 784; de Molezon, village catho-
lique, p. 796; du village de Pouls, p. 37.
Incendies, p. 764.
— par les protestants, p. 36.
— allumés par les troupes royales, p. 334.
— d'églises & de presbytères, p. 37.
— d'églises, pp. 39, 741, 753, 763, 775, 776, 784,
789, 807, 814, 822; prohibés à la suite de la
nouvelle tentative d'insurrection des protes-
tants, p. 855.
— fréquents de landes, garrigues & taillis, p. 1027.
— punis, p. 1027.
— des landes & bruyères, p. 1027.
— des lieux des Cévennes condamnés autorisé, la
démolition étant trop longue & trop pénible,
p. 804.
— de maisons de campagne de protestants, p. 777.
— .i Castres, pp. 58, 60; à Montpellier, p. 65; à
Pont-de-Montvert, p. 741 ; i Rennes, p. 94');
à Toulouse, p. 79; dans les bassins supérieurs
de l'Hérault & du Gardon, p. 759; dans U
plaine, allumés par les camisards, p. 8i3.
Inconnus suspects arrêtés dans les Cévennes,
p. 784.
Indemnité aux communes de Languedoc ravagées
par la grêle & l'inondation, p. 53.
— au diocèse de Mende pour les dépenses de l'é-
pidémie, p. 59.
i536
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
LvDES, p. 927.
— orientales, p. 704.
Indigo, p. 12; son importation einpéche la cul-
ture du pastel, p. 697.
Indiscipline des troupes, pp. i65, 365, 555.
— des troupes qui se rendent en Catalogne,
pp. 25l, 252.
— des troupes, signalée par le président des Etats,
pp. 262, 264.
— de la plupart des troupes de la garde du roi,
p. 378.
— des troupes royales, p. 536.
— des troupes employées dans le Languedoc pour
le service de l'épizootie, p. 1256.
Industrie du Puy en décadence, pp. 434, 485.
Inéligibilités au consulat de Montpellier, p. 104.
Infante d'Espagne; son éloge, p. 389; son pas-
sage en Languedoc, p. i 106.
Infanterie française; son organisation nouvelle
en 1775, p. 1244.
Infectés ou pestiférés, p. 340.
Inféodation, p. 952.
Inféodations de Simon de Montfort, p. 693.
Ingénieur condamné à mort pour prévarications
dans la conduite des ouvrages publics, p. io3.
INNOCENDS (Des), nommé conseiller au Parle-
ment Maupeou, p. 1214.
INNOCENS (Sieur des), p. 476.
INNOCENS fils, conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. 1219.
INNOCENT IV, p. 872.
INNOCENT X, pape, p. 1016.
INNOCENT XI, pp. 25, 3o, 591, 592; sa lettre de
reproches à l'archevêque de Toulouse au sujet
de ses procédés à l'égard des religieuses de Sainte-
Claire, pp. 25, 517.
INNOCENT XII, pape, pp. 645, 65o, 65i.
Inondations, pp. 43, 47, 58, 60, 61, 62, 63, 74,
76, 81, S97.
— de 1410, p. 482.
— en 1707, p. 870.
— générale en 1727; ses causes, p. ioo5; récapi-
tulation des dommages, p. 1006.
— en 1728, de la plaine de Coursan & dans le
Vêlai, p. 1010.
— de 1729, détruit la grande chaussée construite
par les religieux de Saint-Thibéry, p. 1012.
— dans plusieurs diocèses en 1745, p. 1081.
— de 1755, p. 1 136.
— en 1759 dans le diocèse de Saint-Pons, p. 1 157.
— du Gardon, en 1768, p. io5.
— de l'Aude, p. 893.
— de la Garonne, p. 896.
— à Toulouse, en septembre 1727, p. 61 ; les 2 &
16 août 1730, p. 85; le 17 septembre 1772,
p. 109.
— du Rhône, pp. tu, 892, 1 136.
— causée par la rivière du Sor, p. 729.
— en Vivarais, en 1707, p. 44; en 1751 , p. 1 1 13.
— dans les diocèses de Viviers, Uzès , Nimes,
Montpellier, Saint-Pons & Narbonne, p. 88.
Inquisiteur delà foi à Carcassonne, p. 23.
Inscriptions antiques de Saint-Lizier mention-
nées dans le mémoire de Bâville, p. 697.
Insensés, pp. i i5, i23.
— entretenus aux frais du diocèse de Mende,
p. 112.
Inspecteurs aux boucheries, pp. 58, 85o.
— aux boissons, p. 58,
— des chemins, p. 1 14.
— des manufactures, p. 76.
— de milices; leurs appointements payés par la
Province, p. 897.
— du pastel, p. 63.
Instruction gratuite, p. 78.
Insurrection de Nimes, d'Uzès, p. 14.
— des croquants de Rouergue & de Querci, p. 191.
— de Montmorency, p. 263.
— . de la Provence, p. 287.
— des Cévennes. Voir Guerre des Cévennes.
Intendants, pp. 229, 23o; leur institution est
attaquée par le Parlement, pp. i39, 140, 141;
leurs ordonnances cassées par le Parlement de
Toulouse, p. 6; le conseil du roi leur ordonne
de continuer leur service, p. 146; font trans-
porter les troupes en Catalogne par bateaux,
p. i65; instructions qu'ils reçoivent de Mazarin
pour la bonne administration des provinces,
pp. 191, 192; causes de l'éloignement des cours
de justice contre leur institution, p. 233; leur
institution faiblement défendue, p. 270; sup-
primés, p. 270; défauts & qualités de cette ins-
titution, pp. 271, 272; continuent leurs fonc-
tions en Guienne & en Languedoc, p. 298; leur
révocation annulée grâce au rétablissement de
l'autorité royale, p. 356; leur rôle laborieux &
difficile pour amener au respect de l'autorité,
p. 396; leurs efforts pour arrêter l'émigration
des protestants, p. 563; rédigent des mémoires
d'ensemble pour l'éducation du duc de Bour-
gogne, p. 689; la surveillance qu'ils e'xercent
sur les municipalités appartenait autrefois aux
sénéchaux, p. 706; grands résultats de leur
institution; de quelle façon on doit envisager
leurs travaux, p. 9i5; faits prouvant les avan-
tages de leur administration, p. 930.
Intendant d'Auch, p. 5oo.
— d'Auvergne, chargé d'étudier les projets d'An-
toine Polge, p. 480.
— de Béarn, p. 55i.
— de Bordeaux, p. 541.
— de Dauphiné, p. 541.
— de Guienne, p. 366.
— de Languedoc, pp. 34, 36, 44; origine & but
de ses fonctions, p. i32; ses inquiétudes au su-
jet de l'attitude du Parlement & des évêques dès
les premiers temps delà régence, p. i33; reçoit
de Mazarin une lettre sur la conduite à tenir
vis-à-vis des protestants, p. 179; continue ses
fonctions; il figure aux Etats en qualité de com-
missaire royal, p. 285; attaqué par le Parle-
ment de Toulouse, p. 304; reçoit les plaintes
des Etats contre les exactions des troupes in-
disciplinées, p. 33o ; accompagne le duc de Ver-
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i537
neuil lors de son voyage à Toulouse, p. 476;
chargé d'étudier les projets d'Antoine Polge,
subdélegue M. de Froidour, p. 480; son au-
torité étendue, bien que hiérarchiquement il
fût l'inférieur du gouverneur, p. aoij itnpose à
la Province toutes les charges relatives à la
construction des forts élevés pour maintenir les
proiestanisj fait exécuter vingt-cinq chemins
royaux dans les Cévennes avec les seules res-
sourcés de la Province, p. 601; sa compétence
en matière d'administration provinciale, réglée
par un édit, p. 32; publie l'édit de Versailles
relativement à la vénalité des charges munici-
pales, p. 635; ramène la régularité dans l'exer-
cice des fonctions municipales à Toulouse; s'at-
tache 3 restreindre les prodigalités municipales
aux fêtes des Jeux-Floraux, p. 655; son ordon-
nance sur la fabrication des draps du Levant,
p. 43; son ordonnance pour l'entretien des
chaussées & des entrepôts de Peccais, p. 47;
règle les dépenses de la ville de Toulouse, p. 47 ;
condamne des commis pour malversations dans
les fournitures de l'étape, p. 49; son ordon-
nance concernant les cadis, p. 5o; prescrit des
précautions contre l'épizootie, p. 5o; nomme
les membres des conseils électifs de Narbonne,
p. 54; nomme Us consuls de Bédarieux, p. 55;
prescrit, en 1 ''zo, des mesures préventives contre
la peste, p. 947; réunit les commissaires du
diocèse de Mende à Florac, pour cause de peste,
p. 55; règle les fournitures dues par les com-
munes aux corps de garde du cordon sanitaire,
p. 57; ne peut se montrer favorable aux résur-
rections féodales, p. 955; casse l'élection con-
sulaire de Chalabre, p. 57; détermine les lieux
où les fabricants de Lodève & ceux de Clermont
peuvent faire travailler, p. 57; connaît des con-
testations concernant la construction & l'en-
tretien des grands chemins, p. 58 ; a le juge-
ment des querelles de préséance entre les officiers
royaux & les consuls des villes, p. 59; son or-
donnance pour faire sortir toutes les chèvres de
la Province, p. 60; son ordonnance sur les
transports militaires, p. 61; ses ordonnances ne
peuvent être cassées par le Parlement, p. 62;
nomme d'office le premier consul de Samt-Am-
broix, p. 63; représentant naturel des droits de
l'Etat, est en butte à l'inimitié des pouvoirs lo-
caux, p. 991; connaît des contestations entre
officiers royaux & municipalités pour assemblées
ou pour juridiction, p. 65; intervient au sujet
des procès de» communes, pp. 53, io33; fait
délivrer du blé au diocèse de Mende, p. 1034;
défend aux juifs de trafiquer & séjourner en Lan-
guedoc, p. 66'^ publie une ordonnance portant
règlement pour l'administration des affaires de
la ville de Montpellier, p. 66; son projet pour
arrêter les abus qui ruinaient les communes est
soumis à la commission de 1734, p. 1042; son
ordonnance pour le pliage des toiles d'Albigeois,
p. 71; connaît des vols de laine faits dans les
fabriques de draps, p. 72; son ordonnance pour
l'entretien du canal des Etangs, p. 72; son or-
donnance pour l'entretien des fossés de grands
chemins & chemins de traverse, p. 73; son or-
donnance- pour la fabrication des étoffes des
Cévennes, p. 74; son ordonnance pour la con-
lervation des bois & la police des verreries,
p. 75; son ordonnance relative à l'étang de
■Thau, p. 75; prescrit des mesures de précaution
contre l'épizootie, p. 79; défend de couper les
garrouilles, p. 79; défend aux bergers de mar-
quer les bêtes à laine avec des matières gluantes,
p. 79; son ordonnance pour le logement & le
casernement des troupes, p. 80; son règlement
pour la foire de Beaucaire, p. 80; son ordon-
nance pour les nouveaux emplacements de ver-
reries, p. 81; crée une commission pour juger
les contestations relatives au don des marais,
p. 82; défend de fumer les vignes, p. 83; son
ordonnance sur le commerce des grains, p. 83;
son ordonnance en 1750 pour la foire de Beau-
caire, p. 85; prescrit des mesures de précaution
contre une épidémie de morve, p. 86; publie un
mémoire-instruction pour l'application de la
roulette à la filature des soies, p. 86; son or-
donnance relative à la construction de l'église
de Puechauriol, p. 92; surveille très-étroitement
les compagnies judiciaires; document à ce sujet
trouvé dans les papiers du contrôleur général,
p. 1097; est chargé de la surveillance des syn-
dics généraux durant la suspension des Etats,
p. 1 104; ses attributions confirmées sur la véri-
fication des dettes communales, p. iro; chargé
de régler des différends entre conimunes, p. io5;
son attribution sur le cours de la Garonne & du
Tarn, p. 107; son ordonnance pour la conserva-
tion des chemins, pp. 1 07, 1 08 ; ses ordonnances
relatives à la destrLiciion d'ouvrages & aux plan-
tations à Cuxac; pour la conservation des digues
de Livron, p. 1 1 1 ; son ordonnance pour la con-
servation des travaux de la plaine de Coursan,
p. 108; ses instructions à propos de l'épizootie
de 1774, pp. III, 1233, 1234; ses fonctions
attaquées encore en 1785 parle Parlement de
Toulouse qui le désigne sous le nom de com-
missaire départi, p. i332; appel de ses ordon-
nances en matière d'ouvrages publics, p. 120;
son ordonnance pour la conservation des che-
mins, p. 125; son ordonnance pour la conser-
vation de plantations faites à Agde, p. 125; son
ordonnance pour l'entretien de canaux, p. 126;
son ordonnance concernant le lestage & le dé-
lestage des navires, p. 125; défend d'enlever des
sables & des graviers sur les berges de l'Hérault,
p. 125; défend de pécher des moules dans le
canaL de Cette, p. 126; cesse ses fonctions, le
2 octobre 179^, à la suite de la suppression des
intendances, pp. i3o, 1416; son traitement en
1790, p. 1418.
Intendant de Montauban, pp. Siy, 541
— de Normandie, p. 583.
— de Provence, p. 541.
— de Roussillon, p. 5i2.
LvTERDiCTiON du chant des psaumes dans les rues,
p. 17.
— de l'exportation des laines, p. 5o.
— de la pêche aux moules près de la jetée du grau
d'Agde, p. 5i .
— de saisir le bétail, p. 70.
— de saisir les feuilles de mûrier, p. 66.
— des sépultures dans les églises & dans l'inté-
rieur des villes, p. 1280,
XIII.
97
[538
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
Interdictions diverses faites aux protestants dvi-
rant les cinq ou six années qui précédèrent la
révocation de l'édit de Nantes, pp. 647, 648,
549.
Intérêts de rentes, p. 1369.
Invasion de sauterelles, p. 972,
Inventaire des archives, p. 168.
— des registres, minutes Si. papiers conservés aux
greffes d'Annonay & de ViUeneuve-de-Berg,
p. i3o I .
— fait en double du matériel scientifique de l'ob-
servatoire astronomique, p. 1304.
Irlande, pp. 773, 1016.
Irlandais, p. 823 ; employés dans la guerre des
Cévennes, p. 822.
Isabeau, bergère de Crest; ses prédications dans le
Dauphiné, p. 612.
ISARN (François d'), seigneur du Vila-Pomène,
p. 409.
Iserand, en Vivarais, pp. 870, 1202.
IsLE. Voir Ile.
ISNEL, p. 77.
IssAMOULiNS, en Vivarais, p. 1201.
Issarles, en Vivarais, pp. 491, 1202.
IssERLETS (Montagne des), p. 879.
ISSINGEAUX, pp. 92, 93, 98, 157, II49, 1178,
1406.
ISSOIRE (Guillaume), de Nîmes, condamné aux
galères en 174.5 pour avoir vendu des livres
protestants, p. 1074.
Isthme pyrénéen; projet d'en opérer le percement
dès les règnes de Charles IX & de François l,
pp. 4,51, 462.
Italie, pp. 239, 484, 699, 700, 702, 882, i236.
Italiens, fréquentent la foire de Beaucaire, p. 7o3.
ITEY, négociant à Toulouse, p. i363.
IZALGUIER (Baron d'), p. i352.
JAC, député aux États généraux, p. 1378.
Jacobins, p. 3 i 8.
— établis à Quillan, p. 409.
JACQUES V", roi d'Angleterre, p. 1016.
JACQUES II, roi d'Angleterre, p. 606; offre aux
proscrits français sa compassion royale, p. 566.
JACQUES CLÉMENT, p. 1187.
JACQUINOT (Etienne), sieiir de Vaurose, directeur
général des gabelles de Provence & Dauphiné,
p. 460.
JAEN, p. 927.
JALÈS (Commandeur de), p. 1198.
JALLAIS, intendant, p. 873.
JAMMES (L'abbé), membre de l'académie des Jeux-
Floraux, p. 25o.
JAMMES (de), p. i353.
Jansénistes, pp. 5o3, 517, 673, 58i.
JANSÉNIUS, p. 861.
JANSON (Cardinal de), évéque & comte de Beau-
vais, pp. 645, 821.
JAQUET (Jean), curé de l'Hôtel-Dieu du Puy,
p. 399.
jAiiDiN d'Aïnaud-Bernard à Toulouse, détruit par
les soldats, p. 378.
Jardin du roi, à Toulon, p. 948.
Jardins potagers créés en Suisse par les émigrés
languedociens, p. 565.
Jargeau, p. 5i8, 519.
JARLAN (Estienne), p. 863.
JASSE, trésorier du prince de Conti, p. 443.
Jaujac ou Jeaojac, en Vivarais, p. 1202.
Jaugeac (Baronnie), p. 55, 61.
Jaugeage des futailles, p. 79.
Jaur, rivière du Minervois, p. 870.
Jaussels, abbaye, p. 95.
JAUSSERAND, prévôt diocésain, p. 839, 980.
Jayet (Mines de), à Léran, p. 698
JEAN XXII, pape, pp. i56, 1404.
JEAN, roi d'Aragon, p. 653.
JEAN, roi de France, p. 799.
JEAN, fils d'Anne, p. 293.
JEAN, dauphin, p. 450.
JEAN DE BERRY, oncle de Charles VI, p. 202.
JEAN-CASIMIR, roi de Pologne, mari de la prin-
cesse de Clèves, p. 496.
JEAN-GERMAIN, prébendier, p. 3 16.
JEAN LA PIERRE ROULANTE, général de l'as-
semblée des fidèles j son manifeste, pp. 771, 772.
JEANNOTE, hôtesse à Saint-Nauphary, p. çSo.
Jkgln, p. 474.
JEHANKOT (Etienne), sieur de Partillac, p. 468.
Jersey (Ile de), p. 842.
Jérusalem, pp. 3 19, 927.
JESSÉ (Baron de), député aux Etats généraux,
pp. 1377, 1393.
Jésuites; plaintes portées contre eux à l'assemblée
du clergé de France, p. 7; sont établis dans le
collège de Castres & rétablis dans celui de Nî-
mes, p. 20; suspendus par l'évéque de Pamiers,
p. 21; sont excommuniés par l'évéque de Pa-
miers; union de plusieurs prieurés à leurs collè-
ges; union de prieurés à leur noviciat, pp. 21,
22; leur influence sur l'archevêque de Toulouse
dans l'affaire des filles de l'Enfance, p. 582;
achètent les bâtiments de cette congrégation
pp. 5S6^ 923; leurs armoiries, p. 685; dirigent
dix collèges en Languedoc, p. 695; réaction qui
se manifeste contre eux à la mort de Louis XIV;
plusieurs d'entre eux attaquent la régence,
p. 919; deviennent professeurs royaux & ina-
movibles, p. 70 ; griefs contre cet ordre exploités
par la passion des jansénistes, par l'esprit criti-
que des philosophes & par l'adresse du ministère,
p. I 161 ; le Parlement examine leurs constitu-
tions, pp. 1161, 1166; le Parlement consacre
trois audiences à entendre le rapport les con-
cernant, pp. 1 170, 1 171 j le Parlement de Tou-
louse condamne plusieurs de leurs livres; oppo-
sition faite par deux d'entre eux, p. 11 73;
plaidoirie faite contre eux par le procureur
TABLE. GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
iSSg
général Riqiiet de Bon repos, pp. 1174, 11 76;
arrêts prononcés contre eux, pp. 1175, 1176;
sont interdits de toute charge ou fonction s'ils
ne prêtent un serment dont le texte est arrêté
par le Parlement, p. 1777; M. de Bastard, pre-
mier président, augmente la pension viagère
qu'un arrêt du Parlement leur avait allouée,
p. 1179; sont dispersés; taux des pensions
qui leur sont attribuées; leurs maisons à Tou-
louse sont évacuées & mises en vente, p. i 180;
passions excitées dans la Province à propos de
leur bannissement, p. 1 i85.
Jésuites du collège de Montpellier, p. 1069.
— à Nimes, p. 3iii.
— de Toulouse, pp. 2 1 .
Jetoss accordés à des membres des États de Lan-
guedoc, p. 1118.
Jeune général dans les Cévennes, ordonné par le
synode, p. i 8.
Jeix Floraux à Toulouse; extraits de comptes
municipaux à partir de |383, prouvant l'iden-
tité des fêtes de la gaie-science & du gai-savoir
& les Jeux Floraux, pp. 6:'>3, 654; fêtes &
banquets donnés à l'occasion des Jeux, p. 653;
leur dégénérescence; vente des places de main-
teneur interdite; noms de quelques poètes qui
ne furent jamais maîtres des Jeux Floraux,
p. 654; questions d'étiquette, conflits de pré-
séance, p. 655; mouvement littéraire que pro-
voque la restauration des Jeux, pp. 656, 65"";
sacrifice du banquet annuel, p. 658; sont ré-
formés & constitués en académie; texte des
lettres patentes à ce sujet, pp. 658, 639; noms
des fleurs distribuées, pp. 655, 659, 660; leur
prix; nombre de mainteneurs, p. 660; noms
des membres de l'académie; genres couronnés,
p. 661 ; Statuts rédigés par La Loubère, p. 662;
les écrivains d'outre-Loire cessent de participer
aux concours; leur transformation jugée par
l'historiographe officiel de l'hôtel de ville,
p. 663.
Jec de fief, p. i383.
lÉZABEL, pp. 285, 286.
JoANN*s, en Vivarais, p. 1202.
JOANY (Nicolas), commande des bandes dans les
Cévennes, pp. 37, 769; se rend avec sa troupe,
p. 41.
JOHANNIS, arménien, veut faire l'essai de la cul-
ture du coton près de Castres, p. 1069.
JOLY DE FLEURIT, avocat général au Parlement
de Paris, p. 881.
JoKAS, en Vivarais, p. 1202.
JoftrTioN de la Méditerranée à l'Océan par un
canal, p. 21. -
JONQUET (Georges), p. 3i6.
lONQUET, avocat, maître es jeux-floraux, p. 661.
JONQUET, camisard, p. 39; rentre en Languedoc
& prend part à la conjuration de Nîmes, p. 858 ;
est arrêté 3 Nimes, p. 859; est roué & jeté
vivant sur le biicher, pp. 41 , 860.
JoNQL'iËiiES; ses armoiries, p. 688.
JONQUIÈRES (Abbé de), p. 1 198.
Jonte, rivière du Gévaudan, p. 1407.
JOSEPH II, empereur d'Allemagne, p. 1339.
JOSSE (de), nommé conseiller au Parlement Mau-
peou, p. 1214.
JOSSE-LAUVREINS (de), conseiller au Parlement
de Toulouse, p. 1219.
JOSSEAUD (de), p. 969.
JoTTE, lieu, pp. 1218, 1219.
JOL'ARRES, p. 424.
JOUBERT (René-Gaspard), syndic général, pp. 66.
i53, 169, i63, 264, 275, 35o, 65i, 890, 893,
903, 952, 1048, 1061, 1065, 1088, iii3, I i32,
1282.
JOUBERT, président à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
JOUBERT, prêtre du diocèse de Montpellier,
p. 1025.
Joucon, au diocèse d'Alet, pp. 870, too8.
JOUGLA DU FRÊNE, p. 6.
JOUGLA (Jean de), chef du consistoire, à Tou-
louse, pp. 314, 3i6, 317.
JOUGLA, p. 326.
JOULIA, ancien prieur de la Bourse, capitoul,
p. 1293.
JOUMART, marchand du Puy, p. 489.
JOURDAN, capitaine de milice, p. 7.^3.
Journal politiijue; publie, en 1776, la lettre de
l'archevêque de Toulouse relative à l'épizootie,
p. 1238.
Journée des barricades, à Paris, p. 278.
JOURNET, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
JOUVEHOJVIME, procureur à Nimes, p. 992.
JOUVENCI (Le P.), p. 1016.
JOVIAC, commandant de quatre compagnies sur
l'Ardèche, p. 778.
JOVIAC (Marquis de), pp. i 197, 1198.
Joyeuse, en Vivarais, pp. 602, 694, 1149, 1196,
1202, i3io, i3ii, |3|2, 1411.
— (Cordeliers de), p. 1196.
— (Jacobins de), p. 1 196.
— (Oratoriens de), p. 1 196.
— (Duché de), pp. 4, 21.
— (Vicomte de), p. i 197.
JOYEUSE (Cardinal de), p. 498; archevêque de
Narbonne; s'occupe du projet de canal entre
Narbonne & Toulouse, p. 453.
JOYEUSE (de), maréchal, p. 694.
JUAN D'AUTRICHE, pp. 341, 344.
Juge de Comininges assassiné, p. 35i.
Juge-mage de la sénéchaussée de Lauragais, ancien
député du tiers aux Etats de 1614; sa jurispru-
dence relativement aux élections aux Etats gé-
néraux, p. 280; son opinion sur la convoca-
tion de 1648, p. 281 .
Juges bannerets, pp. 76, i52, 957; doivent être
catholiques, p. 24.
— des manufactures de Carcassonne, p. 59.
— de paroisse, p. i52.
— royaux, p. 76.
— seigneuriaux; leur triste condition en Viva-
rais & en Gévaudan, p. 1 197.
JUGIE (François de la), p. 169.
I040
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES,
JUGIE (Marguerite de la), comtesse de Rieux,
pp. iSp, 873.
Juifs; ne peuvent séjourner & trafiquer en Lan-
guedoc, p. 66.
JULIARD (Denys de), président aux enquêtes au
Parlement de Toulouse, p. oyS.
JUl.IARD (Gilles de), conseiller au Parlement de
Toulouse, p. 373.
JUl.IARD (Guillaume de), prêtre, docteur en théo-
logie, prévôt de l'église Saint-Etienne, p. 573.
JUUARD (Abbé), p. 58 r .
JULIEN, maréchal de camp, pp. it), 761 ; son ori-
gine, émigré; prend du service à l'étranger;
combat pour le duc de Savoie contre les Fran-
çais qu'il force à lever le siège de Coni ; son
mécontentement; se fait catholique; est nommé
brigadier des armées du roi; ses différents em-
plois avant d'être envoyé dans les Cévennes ;
ses dispositions en arrivant dans la Province,
p. 773; est en désaccord avec le commandant
en chef relativement au plan de campagne;
contrée dans laquelle il opère; il échoue dans
deux entreprises où il espérait surprendre l'en-
nemi, pp. 774, 775; justifie le pillage de Ge-
nolhac fait par ses troupes; ramasse divers pe-
tits postes & se retire sur Alais, p. 776; son
opinion sur la valeur des services que peuvent
rendre les petites garnisons placées dans les
villages, p. 777; vient au secours du comte du
Roure, au bois de Vagnas; bat les insurgés,
p. 778; communique au maréchal de Montrevel
son programme de dépopulation & d'exécutions
sommaires dans les Cévennes, pp. 779, 780 ;
noie les provisions de blé, de châtaignes, & fait
répandre à terre le vin qu'il trouve dans les
habitations, p. 790; ses lettres, p. 795; conti-
nue de circuler dans les hautes Cévennes, p. 796 ;
occupe Pont-de-Montvert, p. 801; est chargé
de raser deux cent six villages ou hameaux;
difficultés rencontrées durant cette exécution,
p. 802; reste seul chargé du commandement
général de l'opération, p. 8o3; distribue de
nouveau ses troupes; son peu de confiance dans
les bons résultats qu'on espérait de la dévasta-
tion ; ne pouvant démolir, il obtient l'autori-
sation d'incendier, p. 804; descend dans la
plaine aider le maréchal de Montrevel à donner
la chasse aux rebelles, puis revient à son poste
pour brûler les lieux condamnés, p. 8o5; les
troupes employées à la dévastation étant exté-
nuées, il est obligé de les renvoyer & de les rem-
placer par des miquelets; est malade lui-même,
p. 806; rend compte au marquis de Chamillart
de l'œuvre accomplie; renouvelle l'expression
de son peu de confiance en la fin des troubles,
p. 807; passe en Vivarais, fait piller & incen-
dier le village de Franchessin, p. 814; attend
Villars à son arrivée à Beaucaire, p. 825; con-
tinue à préconiser les mesures de rigueur, p. 833.
JULLIARD, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 140.
JULLIARD, capitoul, p. 366.
JUIN (de), nommé président au Parlement Mau-
peou, p. 1 21 4.
JUIN DE SIRAN (de), p. 1425.
JuAANDE de Nimes, p. 49.
Jurandes supprimées en 17-6, pp. 114, 1279.
JuBiDiCTiON consulaire réclamée par la ville d'An-
nonay, p. i385; dans la ville de Narbonne ré-
clamée, p. i383.
— des capitouls à Toulouse, p. 1054.
Juridictions supprimées en Vivarais, p. i3oo.
— inférieures, tant royales que seigneuriales, des
Cévennes, de Gévaudan, de \'ivarais, pp. i32i,
i322, i323, 1324, i325; suivant l'exemple des
Parlements, résistent à la réforme judiciaire,
pp. 1348, 1349.
— bannerettes, p. 268.
JumsPEïDENCE recommandée pour les élections
aux Etats généraux convoqués en 1648, p. 280.
JuscLAN; ses vins mentionnés dans le Mémoire de
Bâville, p. 701.
JuSTARET, au diocèse de Toulouse; p. 1008.
JUSTET, lieutenant de Cavalier, p. 878.
Justice; doit être rendue au nom du roi, p. i386.
— (Administration de la) en Vivarais & en Gé-
vaudan, pp. io3, 1099, 1100, iioi, 1102.
— féodale, pp. 1196, 1197.
— criminelle en Vivarais & en Gévaudan,
pp. ii5o, ii5i, ii52, I i53, 1195 à i2o3.
JuviNAS, en Vivarais, p. 1201.
K
KERDU, abbé, p. io23.
Kermès, fabriqué à Montpellier, s'exportant en
Hollande, p. 701.
Kehbin (Camp de), p. 5o5.
KoENiGSBERO, dans la province de Prusse, reçoit
des réfugiés français après la révocation de Tédit
de Nantes; voit son commerce se développer
grâce aux protestants français réfugiés, p. 664.
La Baktiie, au diocèse de Mlrepoix, p. 1009.
La Bartiie, au diocèse de Toulouse, p. 1008.
LA BARTHE, décapité pour infraction aux or-
donnances contre le duel, p. 193.
LABARTHE (Comte de), p. i3.")2.
LABARTHË (Marquis de), p. |352.
Labastide, pp. 96, 99, 102.
Labastide d'Anjou, p. 1402.
Labastide-Beauvoib, p. 1260.
LAiiASTiUE-CAPBU'EUiLLET, commune, p. 1082.
Labasïide-Espabairenque, p. 33o.
Labastide-Gabde-Rexol.x, au diocèse de Mirepoix,
p. 1009.
Labastide, château brûlé par Cavalier, p. 777.
La Bastide, eu Vivarais, p. 27.
La Bastide, pp. 1407, 1410.
La Bastide dAudon, pp. 36i, 36i.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1541
La Bastide de Crlssol, p 733.
La Bastide de Lévis, p. 36i.
La Bastide- Vont ort, p. 1408.
La Bastide de Nébac, en Vivarais, p. 1201.
La Bastide-Saixt-Amaxs, p. 473.
La Bastide-Saint-Hilaibe, p. 1402.
La Bastide de Surlat en Val, lieu, p. 347.
LA BASTIDE (Sieur de), p. 3 10.
La Bastie d'Andance, en Vivarais, p. 1202.
La Bastie de Cbussol, en Vivarais, p. 1202.
LABAT (de), maître es Jeux-Floraux, p. 661.
LABATUT (Hugues de), évêque de Coraminges,
p. iSp.
LABATUT (de), consul de Martres, p. 35i.
La Balme, p. 820.
La Baume, château en Gévaudan, p. 744.
LA BAUME (de), premier directeur de l'académie
de Nimes, p. 566.
LA BAUME, conseiller au présidial de Nimes ; ses
mémoires manuscrits, p. 816; son appréciation
du nombre de nouveaux convertis qui visitèrent
Calvisson durant le séjour qu'y firent les cami-
sards, p. 839.
Labacme-socs-Sampzon, p. i3i2.
LA BAUNE, gentilhomme, p. 949.
La Beaume, en Vivarais, p. 1201.
LMtctDE, pp. ij53, 1264.
La Bessêde, p. 870.
La Besso.mé, pp. 85, 98, 99, 100, 1408.
La BLAcnÉRE, en Vivarais, p. 1202.
LABLOTTIÈRE (de), brigadier des ingénieurs du
roi, p. io32.
Laboissi£re, p. 1 i5o.
La Boissonnade, p. 1071.
LA BORDE, capitaine de grenadiers tué dans un
combat contre Cavalier, p. 816.
Laborde, en Vivarais, p. 1202.
LABORIE, ministre protestant condamné à mort
p. 28.
LABORIE, prêtre, maître es Jeux-Floraux, p. 661.
LA BOUBÉE (Jean), huissier, p. 958.
LABOUCHÈRE, protestant des environs de Tou-
louse, proscrit après la révocation de l'édit de
Nantes, se réfugie en Angleterre; un de ses
descendants a fait partie du ministère anglais
sous la reine Victoria, p. 567.
LA BOULAYE (de), intendant de la généralité
d'Auch, p. I 234.
Laboib (Pays de), p. 1241.
— (Régiment de), p. 835.
LA BOURUONNAYE (Jean-Louis de), évêque de
Léon, p. 1023.
LABOiiBEt'RS; leur nombre dans la Province en
1698, p. 692.
La BotRLiE, p. 861.
L» BouTABiE, au diocèse d'Albi, p. ioc8.
La Brassière, p. 385.
Labboue (Châieau de), p. 1403.
LA KROUF. (Pierre de), évêque de Mirepoix,
p. 924; refuse sa signature à divers mémoires
contre M"" de Mondonville, p. 579.
LA BROUE (Joseph-Antoine), greffier-garde-sac au
Parlement de Toulouse, p. 1414.
La Bp,uGui.iRE, lieu, pp. 53, 85.
LA BRUYÈRE (de), syndic du diocèse d'Alais,
p. 986.
LA BRUGUIÈRE dit OULAC, p. 1408.
LABRY, capitaine, p. 5 17.
LABRY (Pierre), du Vigan , & d'autres proscrits
languedociens apportent à Magdebourg l'indus-
trie des bas, p. 564.
La Cadikre, p. 764; ses armoiries, p. 686,
La Calmette, lieu, p. 782.
— (Hôpital de), p. 696.
La Calsidouse, hameau en Gévaudan, p. 965.
LACAM, pp. 2, 3.
La Cam de Ladevéze, château, p. 36.
La Can de Vextajon, p. 18.
Lacan, lieu des Cévennes, p. 90.
La Canourgle, p. 1408; la peste y cesse le 25 mai
1722, p. 965.
La Capelle, commune, p. i23; une illuminée y
est arrêtée; paysans tués par les c'ragons, p. 6io-
la peste y fait des ravages, p. 962. '
— abbaye; ses armoiries, p. 684.
LA CAPELLE-BIRON (M""), p. 247.
LACARRY (Chevalier de), p. i352.
La Case, château en Albigeois; sa situation,
p. 260; érigée en comté, p. 261.
La Casse, lieu, p. 1218.
La Cadne, lieu au diocèse de Castres, pp. 260,
1408.
La Caune, village, p. 610.
— (Religieux de), p. 104.
— (Seigneurie de), p. 957.
LACAUX (de), ministre protestant, p. 423.
LACAZE (de), nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 1214.
LACAZE-MONTFORT (de), nommé conseiller du
Parlement Maupeou, p. 1214.
LACAZE-SARTA (Baron de), p. 1352.
La Ceillonne (Vallée de), p. 1245.
LACHADENÈDE, syndic d'Auhenas, p. 1196.
LACHADENÊDE, syndic du Vivarais, p. ,282.
LA CHAISE (Le P.), confesseur du roi, pp. 571,
579, 923; transmet au cardinal de Bonzi des
avis sévères, p. 718.
LA CHAISE (M"" de), marquise douairière de la
Tourette, p. 1 195.
La Chaise-Died (Bénédictins de), p. 1198.
La ChapElle-Gbaillouse, en Vivarais, p. 1202.
La Chapelle, en Vivarais, p. 1202.
La Charité, p. 337.
LA CHATRE (Marquis de), p. i3i3.
La Chéze, en Vivarais, p. 1202.
Lacombe, en Vivarais, pp. 836, 870.
Lacombe, lieu, p. 1197
LACOMBE, valet de chambre, p. 338.
LA COMBE, bourgeois de Vézenobre, ouvre les
premières négociations pour la soumission fie
Cavalier, p. 827; ses allées & ses venues conti-
nuent, p. 833.
i:)4-
TABLE GENEKAl.E DES NOMS ET DES MATIÈRES.
LA COSTE, chevalier, p. izS.
LACOSTE, iTidîire chirurgien, p. 340.
LA COSTE MAILLAC, seigneur de Ta uriac, p. pSS.
La Cotte, en Vjvarais, p. 1202.
La Cote la Fare, en Vivarais, p. 1202.
L\ Cour, en Vivarais, p. 1202.
LACOUR (Claude), p. 196.
LACOUR DE LA PIJARPIÈRE ; ses recherches
sur Molière, pp. 394, 39.5.
LA COUR DE BEAUVAL (Charles de), traitant,
p. yiSj préposé à la recherche des usurpateurs
du titre de noblesse; ses démêlés avec les an-
ciens capitouls, p. 715.
La Coubtelle, au diocèse de Limoux, p. 1008.
LA CROISETE, mainteneur des Jeux-Floraux,
p. 106 1.
LA CROIX DE CASTRIES (Baron de), p. iSp.
LACROIX, marchand à Toulouse, p. 476.
LACROIX, hardi chef de partisans, p. 820.
LACROIX (Roch de), p. 863.
Ladern, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
Ladevèze (Château de), pp. 747, 836; incendié,
p. 743.
Ladevèze, près Toulouse, p. i223.
LADEVÈZE (de), p. 968.
LADEVEZE (de); massacré avec les membres de sa
famille, p. 743.
LADEVÈZE (de), commandant en Gévaudan,
p. 964.
LADEVÈZE (de), lieutenant-colonel du régiment
de dragons créé par la Province, p. 1069.
LADEVÈZE, cominandant dans la Province, fait
avancer des troupes vers Toulouse, pp. 1084
.-85.
L* DiGDE d'Amont, communauté au diocèse de
Limoux, p. 1008.
LA DOURVILLE, p. 765; tué au combat de Gaffa-
rel, p. 766.
La Dunière, rivière, p. i2o3.
Lafage, commune du diocèse de Mi repoix, pp. 871 ,
I 09.
LAFAGE, commissaire de l'hôtel de ville de Tou-
louse, p. I 35i.
LAFAGE-PAILHÈS (Baron de), p. i355.
LAFAGE, ministre protestant exécuté à Montpel-
lier, p. 87.
LAFAGE, syndic général, pp. io65, 11 18, 1127,
1 276, 1295.
LAFAILLE (Germain), avocat, chef du consistoire
.1 Toulouse, auteur des Annales de Toulouse,
pp. 22, 376, 449, 6o5, 654, 656, 1082; nommé
capitoul par le roi, p. 375; ses erreurs dans
la publication de l'avant-projet du canal dressé
en 1539, p. 453; expose au conseil de bour-
geoisie le prix qu'attache le roi au succès de
l'entreprise du canal de Languedoc; pose la se-
conde pierre de l'écluse de Garonne, p. 474; est
député du tiers état de la ville de Toulouse aux
Etats de 1667, p. 477; sa relation des réjouis-
sances publiques faites à Toulouse pour la nais-
sance du duc de Bourgogne, p. 525; nommé
«yndic de la ville de Toulouse, p. 698 ; ses con-
férences avec Bâville, p. 6o3; son système pour
établir le droit d'anoblissement attaché aux
charges municipales à Toulouse, p. 627; aveux
contenus dans son Testament syndical au sujet
de l'origine de la noblesse capitulaire; détails
curieux sur l'effet produit par l'anoblissement
capitulaire sur la bourgeoisie de Toulouse, p. 629;
théorie consacrée par un édit, p. 634; doit quit-
ter son logement devant les prétentions du maire
perpétuel, p. 643; nommé mainteneur des Jeux
Floraux, p. 661; est secrétaire perpétuel de la
nouvelle académie, p. 663; son jugement sur le
caractère des Toulousains, p. 674 ; ce qu'étaient,
d'après lui, ceux qui briguaient le capitoulat;
quel était leur but, p. 675.
La Fare, dans la paroisse de Pransle, p. 614.
— (Régiment de), pp. 774, 781.
LA FARE (Comte de), p. 44.
LA FARE (Marquis de), pp. 59, 60, 61, 63, 64,
65, 66, 68, 69, 70, 71; preuves de sa noblesse
constatées pour son entrée aux Etats, p. 65i.
LA FARE (Raymond de), p. 65 1.
LA FARE (Philippe de], chevalier de la Toison-
d'Or, premier commissaire aux Etats de Lan-
guedoc, p. 996.
LA FARE (Abbé de), prend la parole à la dernière
séance de l'assemblée des notables, p. 1341.
LA FAYE (Marguerite), religieuse de Clavas,
p. 1204.
LA FAYE, p. 1425.
Lafayette, en Vivarais, p. 1202.
La Fére, p. 467.
LA PERRIERE, maître des requêtes au conseil
d'Etat, intendant de Montauban, pp. 146, 207.
La Ferronays (Régiment de), pp. 891, iioS.
— (Dragons de), p. 1116.
La Feuille, p. 26.
LA FEUILLE (de), ingénieur chargé d'exercer une
surveillance générale sur les ir.ivaux d"u canal
de Languedoc, p. 514; est un des commissaires
chargés de la réception des travaux du canal de
Languedoc, pp. 26, 5i5.
LA FLEUR. Voir COUDERC.
LAFONT, syndic de Gévaudan, p. 121.
LAFONT (de), chanoine, p. 3i6.
LAFONT (de), grand-vicaire, p. 498.
LAFONT, conseiller au Parlement, pp. 3i7, 320.
LAFONT, vicaire général à Toulouse, p. 348.
LAFONT, agent des gabelles, p. 5 12.
LA FONT (de), commissaire du Parlement de Tou-
louse, p. 583.
LAFONT-ROUIS (de), conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1219.
LAFONT, syndic diocésain & subdélégué de l'in-
tendance en Gévaudan; abus dans son admi-
nistration, p. i3o5, i3o7.
La Forest-Troyas, pp. 328, 33 1.
La Forêt (Mines de), p. 1285.
LA FORÊT, camisard, p. 40.
LAFORGUE (Laurent), verguier de la gaie science,
p. 662.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1543
LA FORTUNE, aventurier jugé par le Parlement
de Toulouse, p. 397.
LA FOS, décapité pour infraction à l'ordonnance
contre le duel, p. 193.
LAFUE, capitoul, p. 1172.
LA GALAISIÈRE (de), abbé de Saint-Michel &
vicaire général à Toulouse, p. I223.
LAtîANE, procureur du roi; son monitoire des-
tiné à être lu dans les églises à propos de l'affaire
Calas, pp. 1164, 1165.
LAGANE, capitoul, p. 1 166.
LiGVRDE, pp. 96, 99, 102, ii3i, 1149, 1407.
LAGARDE-GUÉRIN, p. 968.
Lagarde-Laukagais, au diocèse de Mirepoix,
p. 1009.
LAGARDE-MALBOSC (de), p. io36.
La Gabdelle, au diocèse de Toulouse, p. 1008.
La Gardiole, baronnie, pp. 29, 77, 84.
LA GARDIOLE (B.Tron de), p. 436.
LAGARRIGUE (Antoine de), seigneur de Fran-
(jueville, avocat, capitoul, pp. 199, 389, 323;
sa harangue à Gaston d'Orléans au sujet de la
suppression des élections capitulaires, pp. 202,
îo3.
La GiÉNE, p. I i3i.
LA GORCE (Marquis de)j sa mort, p. 778.
La Gorce, en Vivarais, p. 1201.
LAGORRÉE, clerc tonsuré, régaliste, p. ôo3.
LAGORRÉE (de), p. iSSi.
LAGORRÉE DE SAINT-ÉTIENNE, p. i352.
LA GRANGE, religionnaire à Castres, p. 1142.
La Grasse, abbaye, pp. 95, 97, 98, 99, 100, 102,
33o, 1 178, i4o5j ses armoiries, p. 684.
— 'Religieux de), p. 104.
La Grasse, au diocèse de Carcassonne, p. 1108;
ses armoiries, p. 687; à demi détruite par l'inon-
dation de rOrbieu, p. 1 oo5.
La Grave, au diocèse d'AIbi, p. 1008.
LAGRAVE, de Limoux, p. 1207.
LA GRÉVOL, p. 1425.
LA GUYMERIE (de), pp. 328, 329.
La Hage, lieu, p. 1219.
LA HAGE (Comte de), p. i353.
LA HAGE, président au Parlement, p. 1394.
LA HAYE (de), p. i365.
Laine, p. 700; ne peut être déposée à Tarascon
pendant la foire de Beaucaire, p. 73.
— (Manufacture de) à Amsterdam, p. 566.
— perdue, p. iOo5.
Laines, pp. 699,944, ii5i; l'exportation en est
interdite, p. 5o ; règlement pour le lav.ige,
pp. .5f, 7.') ne peuvent être achetées avant le
mois de mai, p. 70.
— de diverses contrées du Languedoc ne peuvent
être vendues qu'en suint, p. 70.
— indigènes, p. 166.
— d'Alger importées en Languedoc, p. 704,
— d'Aragon, p. 697.
— de Barbarie, p. 1 1 14,
— de Castille, p. 697.
Laines de Constnntinople, p. 700; importées en
Languedoc, p. 704.
— d'Espagne, pp. 83, 166, 697, 700; importées
en Languedoc, p. 707.
— de Navarre, p. 697.
— de Smyrne, pp. 700, 962.
— de Siilé, p. 700; importées en Languedoc,
p. 704.
— de Tunis, p. 700.
— (Commerce des), à Toulouse, p. |3|8,
LAISNÉ (Louis de) DE LA MARGUERTE, sei-
gneur de la Marguerie, intendant de la géné-
ralité de Montauban, pp. 4, 246.
Laigoal, montagne. Voir Aigoual, Aigoal, AvcoAt.
LA JEUNESSE, prédicant, arrêté à propos de la
conjuration de Nimes, p. 859.
LA JONQUIÈRE, p. 822; détaché par le marérh.il
de Montrevel à la poursuite des camlsards,
p. 8i5; tombe dans un piège, est blessé à la
joue; abandonne ses troupes, p. 816; informe
M. de La Lande de sa défaite, p. 817.
La Lande, au nord de Toulouse, pp. 947, 1190;
faubourg près Toulouse , p. 1222, 1223; une
église y est bâtie sous le vocable de sainte Ma-
deleine, p. 1224.
LA LANDE (Marquis de\ pp. 39, 841. 904; in-
flige un échec à Cavalier, p. 824; poursuit les
camisards, p. 83 1 ; commandant à Alais, reçoit
un parlementaire de la part de Cavalier & une
lettre de ce chef, p. 833; remet des otages à Ca-
valier, p. 835.
La Lièvre, lieu des Cévennes, p. 1071.
LA LINIÈRE (Comte de), député aux Etats géné-
raux, p. 1377.
La Liviniëre, p. 1401.
LALLE(de), p. 334.
LALO, conseiller au Parlement de Toulouse; son
exil, p. 1218.
LA LOUBÈRE (Siinc n de), membre de l'Académie
française & de l'Académie des inscriptions, au-
teur d'un traité sur l'origine des Jeux-Floraux
à Toulouse, tente la création de l'Académie des
belles-lettres par la réforme des Jeux-Floraux,
p. 65?; sa connaissance des livres du gai savoir;
il rédige les statuts des Jeux-Floraux & ne fait
aucune allusion à Clémence Isaure, p. 661.
La Lolvére, en Vivarais, p. 1202.
LAMAMYE (de), sieur de 'Villeneuve, capitoul,
puis syndic général, pp. i5i, 102, 201, 202,
214, 218, 220, 221, 222, 228, 277, 282, 287,
329, 33o, 33i, 355, 359j député de Toulouse,
p. 198.
LAMAMYE père, p. 221.
La Marck; des protestants français s'établissent
dans ce pays après la révocation de l'édit de
Nantes & y obtiennent toutes les facilités né-
cessaires à leur installation, p. 362.
LA MARCK (Antoinette de), première femme
d'Anne de Montmorency, p. 394.
La Mahgeride, p. 1407.
LA MARGUERIE, conseiller au Parlement de
Toulouse, pp. 222, 227.
LA MARCOUSSE, tué en duel, pp. 193, 194.
'•■44
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
LAMARQUE, premier curé nommé à Lalande en
I 77^, p. I 220.
Lamasquêre, commune, p. 1082.
LAMETH (Alexandre), p. 1421.
La Mettebie de Badmes, en Gévaudan, p. 965.
Laminebie de cuivre, p. Sp.
LAMOTGNON DE BAVIL1.E (Nicolas de), inten-
dant de justice, police & finances dans la pro-
vince de Languedoc, pp. 3o, 43, 46, 47, 48, 49,
5i, 54, 357, 568, 579, .58i, 5t!2, 614, 616, 63.,
655, 728, 753, 757, 835, 858, 862, 864, 868,
872, 873, 879, 887, 891, 893, 897, 915, 919,
çSS, 1167; succède à d'Aguesseau dans l'inten-
dance de Languedoc, le i3 août i685, pp. 28,
640; sa surdité, p. 541; son âge au moment
de sa nomination; sa famille, p. 55 1 ; titres
qu'il prend dans les actes officiels, p. 552;
son enfance, p. 552; ses succès au barreau de
Paris; est reçu conseiller au Parlement de Paris;
nommé maître des requêtes; son mariage; son
administration en Poitou; mesures rigoureuses
contre les protestants qu'il préconise auprès du
conseil d'Etat, p. 553; ses moyens de conver-
sion, p. 554; dès son entrée dans la Province
il provoque l'abjuration des protestants, pp. 504,
555; ordonne la démolition de la chapelle des
Filles de l'Enfance, p. 583 ; jugement de Saint-
Simon à son égard, p. 586 ; sa lettre à Louvois
au sujet des répressions en Languedoc, p. 588 ;
son action dans les mesures de répression,
pp. 588, 589, 590; son influence dans les élec-
tions municipales de Toulouse, p. 597; sécurité
qu'il croit donner aux Cévennes par l'établisse-
ment du réseau de chemins royaux, pp. 601,
602; se rend à Toulouse pour mettre ordre à vn
grand nombre d'abus; détails sur son séjour &
sur les réformes qu'il apporte à l'administra-
tion de la ville, pp. 6o.3, 604, 6o5, 606; juge
prévôtalement les révoltés du Vivarais, p. 6i5;
son ordonnance autorisant les anciens catho-
liques à s'établir sur des terres incultes, p. 623;
reçoit des capitouls de Toulouse l'offre de deux
cent cinquante mille livres, à condition que la
demande de payement des taxes d'anoblissement
capitulaire serait étoliffée; il refuse d'accorder
ce que demandent les capitouls, mais accepte les
deux cent cinquante mille livres, p. 633; s'oc-
cupe de la réforme des Jeux-Floraux, p. 657;
son zèle dans la levée des mulets ordonnée en
Languedoc, p. 664; prend part à la répartition
de la capitation à 'foulouse, p. 674; dispense
les ecclésiastiques vivant à la portion congrue
du droit d'armorial, p. 689; son mémoire dressé
pour l'éducation du duc de Bourgogne; sa va-
leur; ses divisions, p. 690; études sur les pro-
duits du Languedoc; sur le caractère & les
aptitudes des habitants du haut & du bas Lan-
guedoc, p. 691; détails sur le commerce, les
travaux agricoles dans la Province & la divi-
sion de la population, p. 692; ses études sur
l'usage de la législation romaine en Languedoc;
sur le franc-alleu; sur l'organisation de la pro-
priété, pp. 693, 694; son appréciation sur la
fortune de la noblesse; sur ses habitudes de ré-
sidence; sur les revenus du clergé; sur le nombre
dî couvents; constate la décadence des univer-
sités de Toulouse & de Montpellier, pp. 694;
son opinion sur les petits cnllépes ; loue l'orga-
nisation des établissements hospitaliers, p. 690;
donne le nombre des officiers du Parlement; le
nombre des sénéchaussées; renseignements gé-
néraux sur le commerce de la Province, l'in-
d usine des draps, p. 696; sur les productions
naturelles 8t de l'industrie; sur le caractère
des habitants, pp. 697, 698, 699, 700, 701 ;
blâme Marca de n'avoir pas revendiqué la vallée
d'Araiî pour la France, p. 697; quelques mots
de ses mémoires sur les nouveaux convertis &
leurs aptitudes commerciales, p. 701; son opi-
nion svir les habitants d'Anduze; son étude sur
les foires; sur les exportations & les importa-
tions, p. 7o3; approuve le système de Colbert
relatif aux manufactures; blâme les mesures
fiscales qui peuvent entraver le commerce,
p. 704; solutions rationnelles qu'il propose à
propos des monnaies, de l'unification des poids
& mesures; son projet d'abolition générale des
péages au moyen du rachat, p. 700; fait partie
de la commission mixte pour le règlement des
affaires de communauté, p. 706; son action
contre les protestants, p. 708; ses lettres à Flé-
chier au sujet du ministre Brousson, pp. 710,
71 I; son ordonnance sur les attestations capi-
tula ires, p. 716; ses doléances contre le cardinal
de Bonzi , p. 718; son avis relativement au
commerce des grains en Languedoc, p. 722; son
opinion sur les nouveaux convertis; son espoir
de vaincre leur résistance avec des prêtres zélés
& de bons missionnaires, p. 73 1; demande des
troupes régulières pour vaincre les soulèvements
des Cévennes, p. 734; activité de sa répression
pour arrêter le mouvement cévenol, p. 734; in-
quiétudes manifestées dans sa correspondance
causées par l'importance des mouvements des
Cévennes; cherche à ramasser quelques forces
militaires, pp. 734, 735; son ordonnance contre
les guides & les émigrants; récompenses pro-
mises à ceux qui les livreraient, p. 739; relève
de maladie; établit sa cour à Alais, p. 746; pu-
blie une ordonnance qui rend les communes
responsables de la vie des prêtres, p. 754; ob-
tient la connaissance de tous les crimes relatifs
au soulèvement, p. 761; résumé de son Mé-
moire sur l'état présent des affaires des Cévennes,
pp. 769, 770; demande de bonnes troupes pour
réprimer, durant Ihiver de 1703, l'insurrection
des Cévennes; ses craintes, p. 772; confère avec
le maréchal de Montrevel, p. 779; ses rapports
alarment la Cour, pp. 787, 788; conclut que le
mouvement reçoit sa diiection de l'étranger,
p. 788; demande des troupes pour occuper les
villes protestantes; mesures de précaution qu'il
recommande, p. 788; poursuit inutilement les
camisards, p. 790; son projet de dépopulation
des hautes Cévennes, p. 798; accompagne Mon-
trevel au milieu du pays condamné, p. 801;
justifie près du ministre de la guerre la dévasta-
tion des Cévennes, p. 809; son inémoire secret
sur la conduite du maréchal de Montrevel,
pp. 811, 812; son insistance pour organiser les
Cadets de la Croix, p. 818; appelle l'attention
de Montrevel sur l'attitude de la Hollande &
de l'Angleterre à propos de la guerre des Cé-
vennes, p. 818; dissuade le ministre d'adopter
le nouveau plan d'opérations du maréchal de
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1545
Montrevel ■& en propose un autre, pp. 812,
8i3; sacrifie le maréchal de Montrevel après le
désastre du Devez; renseignements curieux que
donne cet intendant sur la conduite du maré-
chal, p. 8 17; annonce à Montrevel la prochaine
arrivée du nouveau commandant, p. 825; se
rend au devant de Villars à Beaucaire, p. 826;
est dénoncé à la Cour & au maréchal de Villars
par des lettres anonymes; se rend nécessaire &
obtient les bonnes grâces du nouveau comman-
dant; opère une révision des prévenus & relâche
ceux contre lesquels on n'avait aucune espèce
de preuves, p. 826; fait sonder Cavalier sans
compromettre l'intendance; accompagne le ma-
réchal de Villars dans sa première tournée dans
les Cévennes, p. 827; raconte des traits de fer-
meté incroyables de la part des suppliciés,
p. 83o; fait partis de l'expédition des troupes
d'Alais & d'Uzès contre les cam isards, p. 833;
assiste à l'entrevue de Cavalier & du maréchal
de Villars, p. 836; est autorisé par le roi à dé-
penser trois ou quatre mille pistoles à propos
du départ pour l'étranger des camisards soumis,
p. 838; consulté sur les prétentions du fermier
des gabelles au sujet du sel défendu, p. 84,1; fait
réunir à Toulouse & à Montpellier des nota-
bles commerçants au sujet de la création des
chambres de commerce, p. 848; signe le bail de
ferme de l'impôt sur la viande de boucherie,
p. 85o; son avis favorable a l'interdiction de
l'entrée des vins par la frontière orientale du
Languedoc, p. 85i ; sur ses rapports le cons-il '
d'Etat accorde des secours aux pays dévastés,
p. 871; fait exécuter deux protestants pendant
que la flotte anglaise était en vue des côtes de
Languedoc, p. 882; est à Mèze au moment où
les Anglais menacent la ville; stratagème qu'il
emploie pour simuler des forces considérables,
p. 885; procède à l'inventaire des effets du tré-
sorier de la bourse, p. 892; rend une ordon-
nance au sujet de l'épizootie, p. 9o3 ; s'emploie
pour obtenir la fin de l'occupation militaire,
p. 904; sa lettre aux magistrats municipaux
à propos de l'établissement du droit sur les
farines, p. 9o5; aspire à la retraite, p. 920;
sa terre de La Mothe-Champdenier érigée en
marquisat; chargé de revoir la déclaration
préparée contre les protestants, travaille à sa
rédaction définitive, p. 99^; ses ordonnances
concernant les ports de Mauguio, Pérols &
Villeneuve, p. 1 o55 ; après de grandes hési-
tations, Bâville est déch.irgé de l'intendance de
Languedoc, pp. 921, 922; se retire à Paris en
1717 & y meurt en 1724; quelques mots sur son
administration, p. 922; après sa mort sa veuve
a une contestation avec la Province, p. io3i.
LAMOIGNON (Chrétien de), frère de l'intendant
de Languedoc, pp. 55 1, 552.
LAMOIGNO^f (André-Chrétien de), né en 1641,
mort en 1643, p. 552.
LAMOIGNON (André-Chrétien de), né en 1643,
mort en 1644, p. 552.
LAMOIGNON (Guillaume de), premier président
au Parlement de Paris, p. Ô5i.
LAMOIGNON (René de), p. 552.
LAMOIGNON (de), président à mortier au Parle-
ment de Paris, p. 921.
LAMOIGNON (de), premier président; exécuteur
testamentaire du prince de Conti, p. 444.
LAMOIGNON (de), président à mortier au Parle-
ment de Paris, garde des sceaux, pp. 1123, 1 339,
1342; nommé membre honoraire de l'académie
des sciences de Toulouse, p. 1 102.
LAMOIGNON (Anne de), p. 552.
LAMOIGNON (Elisabeth de), p. 552.
LAMOIGNON (Marie de), mariée au comte de Bro-
glie, p. 552.
LAMOIGNON (Magdeleine de), mariée au prési-
dent de Harlay, p. :"i52.
LAMOIGNON DE BAVILLE (Madeleine), épouse
le comte de Saint-Fargeau, p. 921.
LA MOTHE, maréchal, p. 237.
La Mothe-Argencoubt, p. 38 >.
La Motke-Saint-Roman, château, p. 3o6.
La Mothe-Champdemer, marquisat, p. 552; date
de son érection en marquisat, p. 921.
LA MOTHE-HOUDANCOURT (Henri de), évéque
de Rennes; chargé de traiter directement des
affaires ecclésiastiques avec le roi, p. 401.
LA MOTHE HOUUANCOURT, commandant des
troupes royales en Catalogne, pp. i65, 236,
342, 344, 340; ses accusations contre la reine
& Mazarin; information de Pierre de Marca;
révocation, rappel & emprisonnement du ma-
réchal, p. 262.
LAMOTHE (de), syndic général pour la sénéchaus-
sée de Nimes & Beaucaire, p. 167.
LAMOTHE fde), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
LAMOUROUX, p. 1126.
Lampili.on, affluent du Sor, p. ^6o.
Lampoubdan (Frontières du), p. 882.
Lamty, affluent du Sor, pp. 460, i 253.
— (Réservoir de], p. 1 i5.
LAMURE, doyen de la faculté de médecine de
Montpellier, p. 1239.
LAMY (Pascal), maire du Puy, p. 982.
Lanas, en V^ivarais, p, 1201.
Lancefoc (Enclos de), à Toulouse; on y enferme
les pestiférés, p. 340.
Lancize, p. loi .
Lande (Petite), près de Toulouse, p. 1224.
La.\de (Grande^, près de Toulouse, p. 1224.
Landgrave de Hesse; accorde des immunités fisca-
les aux proscrits français, p. 563.
Landes (Les), p. 84.
Landes, p. 1261 .
Landrecies, p. 159.
l.ANELUC, syndic de la Bourse de Toulouse,
p. i363.
LANES (Bernard), capitaine du guet à Toulouse,
pp. 4, 244; condamné à mort & exécuté en
effigie, p. 245.
Langeac, p. 1406.
LANGEOIS, intendant de Montauban; ses ordon-
nances relatives à la navigation du Tarn, p. 428.
LANGERON (M™"' de), p. 925.
1546
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
La.nglade, p. 1066; ses armoiries, p. 687; Cava-
lier y couche en se rendant à Nîmes pour con-
férer avec le maréchal de Villars, p. 836.
— (Moulin de), dans la Vaunage, p. SzS.
LANGLADE (Balthasar de), sieur du Cheylar; ses
vols & ses rapines; est condamné par défaut à
six ans de galères, p. Spy; après les cinq ans
de prescription obtient un arrêt de relaxe,
p. 399.
LANGLADE DU CHAYLA (François), archiprêtre
des Cévennes, inspecteur des missions du Gé-
vaudan; opinions opposées sur son caractère,
p. 736. Foi> CHAYLA (Abbé du).
LANGLADE (Hyacinthe de), p. 744.
LANGLADE (Jean de), sieur de Villaret, p. 398.
LANGLOIS, traitant, p. 5 12.
L\NGON, p. 517.
LANGON, architecte castrais, p. 868.
Langogme, pp. 70, 122, iSj, iii3, 1194, 1407.
— (Pont de), pp. 90, 962.
Langées, p. 1020.
Languedoc, province, pp. 23, .56, 104, 167, 176,
177, i83, 190, 195, 239, 201, 260, 286, 3oo,
3o5, 309, 3ii, 349, 362, 367, 445, 534, 663,
728, 729, 773, 787, 790, 847, 85i, 858, 902,
904, 938, 944, 969, 1019, 1079, 1081, 1088,
iiiz, 1114, iii5, 1227, 1241, 1244, 127.5,
1276, 1277, 1278, 1279, 1295, 1296, i333,
1403, 1406, 1409; appréhensions dans la Pro-
vince après la mort de Louis XIII, p. i3 1; dettes
onéreuses, impôts de consommation, taxes de
douanes multipliées qui accablent la Province à
l'avènement de Louis XIV; nécessité d'y porter
remède; paroles de Schomberg à ce sujet, p. 162;
le duc d'Orléans remplace comme gouverneur
le maréchal de Schomberg, p. i85; les déserteurs
de l'armée de Catalogne infestent le pays; ser-
vice spécial de surveillance pour cet objet,
p. 209; fâcheux état des esprits dans la Pro-
vince en 1645, p. 236; son état malheureux
reconnu par le maréchal du Plessis, p. 261 ; sa
tranquillité relative, p. 299; ravagée par la
peste, p. 340; est dans une position critique à
la fin de la Fronde, p. 342; soufTre toujours de
la guerre de Catalogne, p. 344; menacée d'une
visite armée de Louis XIV, p. 366; ses bois &
ses forêts dévastés 8c appauvris, p. 466; supporte
avec peine les charges de la guerre avec l'Espa-
gne, pp. 509, 5 10, 5i I ; est visitée par Louvois,
pp. 5i6, 017; influence exercée par d'Aguesseau
durant son intendance, p. 041; nombre de pro-
testants dans la Province, p. 55o; est envahie
par les troupes, p. 555; pays agricole & indus-
triel, figure pour un contingent considérable
dans l'émigration, p. 564; son industrie & son
agricultuie importées à l'étranger par les pros-
crits français, p. 566; dépenses occasionnées à
la Province par la construction de forts dans
les diocèses de Montpellier, de Nimes & d'Uzès,
p. 600; est dégarnie de troupes à la suite de la
guerre aux frontières, p. 608; sa population
en 1698, p. 692; nom de ses huit sénéchaussées
démembrées de ses trois sénéchaussées histori-
ques, p. 696; ses importations & ses exporta-
tions, p. 7o3; état approximatif des exporta-
tions, dressé par Bâville, pp. 703, 704; aucune
de ses villes n'est d'abord représentée au con-
seil de commerce; un négociant de Nimes,
puis le syndic général de la Province y sont
admis, p. 716; l'importation des vins est inter-
dite par sa frontière orientale, p. 852; dépopu-
lation de la Province; misère publique, p. 863;
création d'amirautés dans la Province, p. 3 1 ;
ses frontières du comté de Foix, pp. 871, 873;
sa situation en 1720 après la débâcle financière;
& au moment de l'invasion de la peste, p. 946;
ses villes déchargées du droit d'amortissement
pour les bâtiments de casernes, p. 56; atteinte
par l'épizootie en 1774, p. 1232; la délimita-
tion arbitraire de ses frontières cause de graves
embarras pour la surveillance des troupes du-
rant l'épizootie, pp. 1242, 1243; traversée en
I7"7 par le comte de Provence & par Joseph II,
empereur d'Allemagne, pp. i3i3, i3i4; la no-
mination des députés aux Etats généraux réglée
par décision royale, pp. 1 366, i367; configura-
tion territoriale, p. i3-;8; doit former sept dé-
partements, p. 1400; divisée en départements,
pp. 129, 1400 à 1411.
Languedoc (Dragons de), p. 879.
— (Fers de), p. 14.
— (Ports du), p. 996.
— (Régiment de), p. 801.
— (Sénéchaussées de), p. r3oo.
— (Syndic de), p. 872.
Languedoc, vaisseau de ligne de quatre-vingts ca-
nons, donné au roi par la Province, p. 1 i-'c<.
LANJUINAIS, dénonce une réunion de nobles 8t
de parlementaires à Toulouse, p. \^y6.
La Nouvelle, pp. 6ç, 78, 100, izS, 1125, 1146-
Lansirgues, p. 56.
— (Curé de), p. 69.
Lanseglb, lieu, p. 1219.
Lanta, baronnie, pp. 24, 1402, 1404.
LANTA (Baron de), pp. 58, 365, 366, 436, 469,
524, I 124, 1 i35, 1225.
LANTENAS, marchand du Puy, p. 489.
LANTENAS (Gabriel), donne à M. de Froideur
des renseignements sur le flottage des bois par la
Loire, p. 490.
Lanuéjols, hameau en Gévaudan, pp. 420, 960.
Lanlsse, près Toulouse, p. I723.
La Peloucarié, dans les Cévennes, p. 1071.
Lai'Enne, lieu, p. 1082.
LA PEROUSE (Jean-François Galaup de'), origi-
naire de l'Albigeois; son départ de Brest avec la
Boussole & l'Astrolabe^ le i''''août 1 785, pp. |33 1,
i332.
La Peyrolse; ses armoiries, p. 688.
La Pezade, pp. I 129, 1 i3r, 1 i3i.
Lapomaréde, pp. 1253, 1254.
LAPORTE, de Brenoux, p. 37; semble avoir été
le premier chef des révoltés céven; Ls, p. -4. ;
son coup de main heureux contre trois comi pa-
gines du régiment du Mirai; son combat contre
le capitaine Poul, p. 700; est tué, p. -5-.
LAPORTE, fermier a Toulouse, p. io83.
LA PORTE (de;, p. 14:5.'
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i547
Lapba, en Viyarais, j). 1202.
La Pbade, p. 870.
LApnjADE, près Toulouse, p. 1223.
Lara, consulat, pp. 1219, 1403.
Labbont, consulat, p. 1403.
Lardeptne (Plateaux de), près Toulouse, pp. 368,
1240.
Labdige, en Vivarais, p. 1202.
La Règle, pp. 1218, 1276, 1276.
Large place à faire à la représentation du pays,
p. i38i.
Larcentiêre, baronnie en Vivarais, pp. 52, 62,
1149, 1196, 1202, i3i3, 1411.
— (Augustins de), p. 1 196.
— (Récolleis de), p. 1 196.
Largesses faites par les États de Languedoc après
la session de 1649, p. 293.
La Ribeire, en Vivarais, p. 1202.
LA RICARDELLE, lieutenant du gouverneur de
Narbonne, p. 3o6.
La Rivière, lieu dans le Cabardès, pp. 228, 293,
lOJI.
LA RIVIÈRE (Louis BARBIER de), seigneur de
Petit-Bourg, confident du duc d'Orléans, p. 1 87;
son rôle près de Gaston d'Orléans, p. i88j son
hostilité envers l'évéque de Rieux, p. 2.59; cause
de sa nomination au cardinalat; citation d'Au-
bery à son sujet, p. 274; refuse de se réconci-
lier avec l'archevêque de Narbonne, p. 278;
plaintes des archevêques de Narbonne & de
Toulouse à son sujet, pp. 286, 287; reçoit une
gratification des Etats de Languedoc à la suite
du retrait de l'édit de Béziers, p. 293; sa dis-
grâce, pp. 294, 295.
LA RIVIÈRE DE GARDON, général de l'assemblée
des fidèles; son manifeste, pp. 771, 772.
Larnac, p. 91.
Lar.nas, en Vivarais, p. 1201.
LAROCAN, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
L\ Roche, en Vivarais, p. 1201.
La RocHE-siR-VoN, p. i85.
La Roche-Montotso.v, p. 194.
La Rociie-Redosde ou La Roche, village, pp. 397,
398, 399.
Lv Roche, lieu, p. 398.
LA ROCHE-AYMON (Charles- Antoine de), arche-
vêque de Toulouse, préside la session des Etats
de 1760, pp. 1092, 109J; sa lettre au contrô-
leur général demandant le rétablissement des
Etats de Languedoc, pp. 1104, iic5; nouvelle
lettre au contrôleur général en I75i, p. 1114;
renouvelle sa supplique relativement i la situa-
tion anormale de la Province, p. 1 1 i5; est reçu
par le roi, p. f ï 17; nommé archevêque de Nar-
bonne; concourt au rétablissement des Etats de
Languedoc, pp. 1118, 1 124.
Larochecherie, en Vivarais, p. 1201.
LA ROCHEFOUCAULD (Duc de), p. 33?.
LA ROCHEFOUCAULD & DE LA ROCHE GUYON
(Alexandre de), prince de Marsillac, p. i '.).
LA ROCHEFOUCAULD (Dominique de), archevê-
que d'AIbi; son discours aux Etats de 1753,
p. 1094.
La Rochelle, pp. 54, iS5, 627, 716, 848, 970.
Laroqle, commune du diocèse de Mi repoix, p. 871.
Laboqie de Croisillac, p. 863.
Laroqle d'Olmes, p. 69.
LAROQUE (de), p. 55.
LAROQUE, capitoul, p. 171.
LAROQUE (Comte de), p. i352.
LAROQUE -MOLAS, conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1219.
La Roque, en Gévaudan, p. 965.
La Roque de Fa, lieu, p. 347.
La Roquette, p. 108.
LA ROSE, camisard, p. 40,
La Rougiére, lieu, p. 397.
La Rouvière, p. 339; ses armoiries, p. 687.
LA ROUVIÈRE (Le Commandeur de), p. 339.
LARQUES (de), p. io36.
Larroque, p. 1071.
Larroi;quete, dans les Cévennes, p. 1071.
LARTIGUE (de), député aux États généraux,
p. 1378.
Larzac, p. 94,
— (Montagne de), p. i 149.
La Salle, pp. 28, 49, 710, 1406; ses armoiries,
p. 687.
— (Plâtrières de), p. 986.
— (Archiprêtré de), pp. 648, 649.
LA SALLE (de), p. 71.
LA SALLE PRÉSERVILLE (de), p. 1 353.
La Salvetat, pp. 102, 1 i25, 1219.
LA SAUMÈS (Marquis de), p. 1 198.
La Saune (Prairies de), p. 1245.
La Sauve, abbaye, p. 104.
La Seauve-Clavas, abbaye, p. 1236.
La Sauvetat, en Vêlai, p. 482.
Lasbordes, communal, p. ii5d.
— (Hôpital de), p. 696.
LAS BORDES (de), p. 619.
LASBORDES (de) père, conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1218.
LASBORDES (de) fils, conseiller au Parlement à
Toulouse; son exil, p. 1219.
Las Cours, dépendance de la baronnie de Boucoi-
ran, pillée, p. 8i5; démolition de son temple
p. 19.
La Serre, hameau en Gévaudan, p. 965.
La Serre, au diocèse de Limoux, p. 1008.
La Serre ou Bavas, en Vivarais, p. 1201.
LA SERRE, de l'Académie française, p. 247.
LA SERRE, capitaine, p. 324.
LA SERRE (Comte de), lieutenant général; ses
menaces aux Etats, p. i366.
LA SERRE, p. 1403.
LASESQUIÈRE, avocat, p. 658.
Lasfons, hameau en Gévaudan, p. 965.
Lasgraisse (Kglise de), auprès d'AIbi, p. 260.
i548
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Lasgraisses, p. ï6i .
La Souche, en Vivarais, p. 1102.
LAS PLANES (Philippe de NAUTONNIER, sieur
de), ministre protestant, p. 353.
Lasseigne (Moulin de), p. 1 19.
Lasserre, commune, p. 1082.
LASSERRE (de), syndic du diocèse de Narbonne,
p. 1367.
LASSUS (de), nommé conseiller du Parlement
Maupeou, p. 1214.
LASSUS fils (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
LASTRONQUES, gentilhomme de Mazarin, p. 228.
La Terrasse, possède une manufacture royale,
p. 1370.
LATGIÉ, bourgeois de Toulouse, p. 405.
LATIER DE SAINT- VINCENT, p. 1026.
Latocr, commune, p. 1009.
Latour (Érection du comté de), p. 19.
LA TOUR (Sieur de), oncle du chevalier de Ro-
quelaure, p. 247.
LA TOUR (Jean de), p. 646.
LA TOUR DE GOUVERNET (de), gentilhomme
du pays d'Uzès, p. io36.
LATOUR DU REDONDET (de), chevalier de Saint-
Louis, condamné aux galères pour avoir assisté
à une assemblée de protestants, p. 1073.
LA TOUR MAUBOURG (Marquis de), député du
Vêlai aux Etats généraux, p. i377; remet ses
pouvoirs, p. 1389.
LA TOUR DE PIN DE MALERARGUES, reli-
gieuse, p. 1 142.
La Tbape, au diocèse de Rieux, pp. 1008, uôS.
L* TouRRETTE, baronnie en Vivarais, p. 69.
LA TOURETTE (Baron de la), p. io65.
LATRESNE (Marquis de), p. i353.
LATRESNE (de), p. i365.
LATRESNE, avocat général au Parlement de Tou-
louse, p. 1394.
La Trivalle, possède une manufacture royale,
p. 1370.
LA TROUSSE (Marquis de), pp. 690, 398, 617.
La TfiuYÈi\E, rivière, pp. ii5o, iiSz.
— (Plateaux de), p. 1 194.
Lattes (Hôpital de), p. 695.
— (Port de), p. io55.
— (Baronnie de), p. io55.
— (Robine de), p. io55.
LA TOURMENTE, femme de Toulouse, pp. 1084,
1 086.
LA TUDE (Alexandre de), p. 29.
LA TUDE (Jean-Pons de), maire perpétuel de
Fontes, p. 689.
Lauhahesse, en Vivarais, p. 1202.
Lattes, lieu, p. 82.
LAUDINE, député à l'Assemblée nationale, p. 1 409.
Laudot, rivière, pp. 89, 92, 124, 467, 1062.
— (Epanchoir de), p. i2,53.
Laudun, pp. 110, 701, 1283.
LaunAc, p. 193.
Launagiet, près Toulouse, p. 1218 j incendie de
l'église, p. 34.
— (église de), p. 1224.
— (Pont de), p. 1223.
Lau.vay-Colbson, comté, p. 552.
LAUNAY (M'" de), p. 925.
Lalbac-le-Grand, commune du diocèse de Mire-
poix, p. 87 I.
Laurac, en Vivarais, p. 1202.
Lauragais, comté, pp. 61, 177, 255, 460, 469,
470, 1241, 1246, 1204, 1255, 1401; ravagé
par les orages en 1707, p. 870.
— (Sénéchaussée de), p. 873.
— (Coteaux du), p. I 1 |3,
Lalracaise (Chemin de la), pp. 91, 94.
Lauragaise, route tracée aux frais du diocèse de
Saint-Papoul, p. 1149.
Lauragiel, au diocèse de Limoux, p. ico8.
Laura.v, p. 58.
Laurês, au diocèse de Limoux, pp. 1008, 1082.
Lalret; ses armoiries, p. 686.
Lauron (Vallée de), p. 474.
Lausanne, pp. 565, 842, 877, 1067.
LAUTAL (de), lieutenant de la viguerie du Vigan,
p. 425.
Lautrec, vicomte, pp. 22, 98, 99, 100, 102, 107,
125, i385, 1408.
LAUTREC (Comte de), pp. 58, 69.
LAUTREC (Maréchal de), pp. 107, 1 159.
LAUZIÈRES THÉMINES, maréchal sous Henri IV,
p. 694.
LAUZIÈRE, habitant de Montpellier, p. 949.
Lauzerte, p. 1849.
Laizerville; ses armoiries, p. 688.
Lauzon, rivière, p. 78.
— (Chaussée du), p. 5o.
La Vache, près de Toulouse, p. 1223.
LAVAL (de), p. 931.
LAVAL (Duc de), p. i3i3.
Laval, lieu dans les Cévcnnes, p. 1407.
LA VALETTE CORNUSSON, sénéchal de Toulouse,
p. 282.
LAVALETTE (cardinal de), p. 3 16.
LA VALETTE (de), évéque de Carcassonne, p. 414.
La Varenne, en Vivarais, p. 1202.
Lavaub, ville épiscopale, pp. 47, 61, 80, 84, 89,
92, 95, 97, 100, ICI, 104, 108, 143, 287,
332, 362, 890, 1061, 1121, 1252, 1255, 1402,
1408, 1418, 1428; les offices de receveurs &
contrôleurs municipaux rachetés, p. 61 ; émo-
tion populaire, p. 85; sa population en 1698,
d'après Bâville, p. 692; les Pères de la doctrine
chrétienne y dirigent un collège, p. 695; Re-
boul obtient l'autorisation d'y fonder une fa-
brique d'étoffcj de soie, p. 1144; établissement
d'un marché aux bestiaux, p. 126,
^ (Diocèse de), pp. 53, 56, 57, 60, 62, 63, 65,
66, 67, 68, 72, 74, 88, 92, 97, 102, io5, 1 i3,
114, 126, i56, 478, 619, 729, 76-j, 770, 895,
1008, 1060, 1088, 1125, 1143, 1252, 1287,
i33i, 1875, 1403, i4'8.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i549
Lavacr (Évéquesde), pp. 12, lô, 416, 924, 929,
974, io65.
— (Hôpital général à), p. 61.
— (Maladrerie de), p. 696.
LAVAUR (Hilarion), prieur des aiigustins deCau-
diès, p. 41 5 ; son discours contre l'évêque d'Alet ;
se réfugie à Toulouse; en appelle à Rome,
p. 416.
LA VAUX (Jacques de), p. 8.5 1.
LAVAYSSE (Alex.cndre-Gaubert), compromis, à
Toulouse, dans l'affaire Calas, pp. 1 162, 1 i63.
L.4VEDA.V, p. 469.
Lavelanet, commune, pp. 698, 1099.
Lavelanet, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
LAVERDY, avocat au grand conseil, p. 1069.
La Vere 'Rivière), pp. 1236, 1241 ; projet pour
la rendre navigable, p. 1088.
LA VEKGNE (de), lieutenant des galères, capitaine
général des gardes-côtes, p. 883.
LA VERONE DE TRESSAN (Louis de), archevêque
de Rouen, pp. 99.'), io23.
LAVERNÈDE (Chevalier de), p. i3ii.
La Vérine, commune du Vivarais, p. 1004.
La Vèrlxe, château, pp. loïo, 1021.
La Vevbise, en Vivarais, p. 1202.
La Vialette, lieu du Gévaudan, p. 397.
LA.VIGUERIE, capitoul, pp. 11 55, i3i9.
La Vilate, paroisse, pp. 1405, 1410.
La ViLtATE, en Vivarais, p. 1202.
La Villatelle, en Vivarais, p. 1202.
Lavilledieu. en Vivarais, p. 1201.
La Ville-Dieu (Abbesse de), p. i 198.
Lavit, p. 1404.
La Vitarele, hameau en Gévaudan, p. 9<55.
La ^'olL^E, lieu du Vivarais, pp. 20, 71, 602,
664, 1066, 1195, 1201, 1406, 1411; une mine
de houille y est ouverte en 1777, p. 1282.
La Volte-de-Vextadour, château, p. 612.
LA VRILLIÈRE (PHELYPEAUX de), secrétaire
d'État, pp. 207, 221, 222, 223, 228, 255, 299,
323, 367, 368, 369, 370, 440, 442, 840, 937,
946, 955, 968, 974.
LAWi l'application de son système est fatale à la
Province, p. 944.
LAYROLLE, p. |333.
LAYROLLES, conseiller à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
Le Bëage, en Vivarais, p. 1202.
LEBLANC (Gabriel), p. 80.
LE BLANC (Pierre), grand vicaire du Puy, p. 399.
LE BLANC, lubdélégué, pp. 739, 969, 1008.
LE BLANC, secrétaire d'État, p. 937; ministre de
la guerre, p. 938.
Lebol'liv, près d'Aiich, p. 1218.
Le BocsquEirol, dans les Cévennes, p. 1071.
LEBRET, intendant de Provence, p. 893.
LEBRUN, maréchal de camp, pp. io85, ip86,
io'!7.
Le Buisson, hameau en Gévaudan, p. 965.
Li Cambo.vet, p. i"7i.
LECAMUS (Claude-Gilles), imprimeur de la Pro-
vince, p. 33.
LECAMUS (Veuve), à Toulouse, p. 1175.
Le Caylar, p. 14DI.
Le Cellier du Luc, en Vivarais, p. 1202.
Le Ciiambonet, hameau en Gévaudan, p. 965.
Le Champ Raphaël, en Vivarais, p. 1201.
LE CHAPELIER, député à l'Assemblée nationale,
p. 1422.
Le Cheylab, p. 1202.
LECOMTE, procureur général près le Parlement
Maupeou, p. 1214.
LECOMTE, marquis de Latresne, p. i353.
LECOQ, docteur régent en médecine, p. 340.
LE COUDRAY-MONTPENSIER, p. 188.
Lecqkes, baronnie, p. 263.
Lecques, lieu, p. 427.
Le Cbedet, en Vivarais, p. 1202.
Le Crés, p. 32.
— (Hôpital de), p. 695.
Le Cros de Gevraud, en Vivarais, p. 1202.
Le Crouzet, en Vivarais, p. 1201.
Lectoure, ville épiscopale, pp. 368, 1349.
— (Diocèse de), p. 1247.
— (Seigneurie de), p. 471, 474.
— (Évêque de), p. 474.
Lectouyre (Vallées du), p. 871.
Lectures bibliques; leur influence sur l'esprit
des protestants au moment de la révocation de
ledit de Nantes, p. 556.
LEDENON (de), p. 620.
Ledebgue, en Albigeois, p. 261.
LtDiGNAN, dans les Cévennes, pp. 86, 1406; les
officiers de cette garnison donnent une fête à
Cavalier, p. 836.
Lédon, p. 1370.
LE FEBRE (Jean), sieur du Fresnoy, propriétaire
du privilège des glacières de Languedoc, pp. 727,
728.
LEFEBVRE (Germain), p. 195.
LEFEVRE (Antoine), huissier de la chambre,
p. 14.
LEFÈVRE, chef de partisans catholiques, p. 797.
LEFÈVRE (Veuve), p. 1 142.
Le Fort, dans les Cévennes, p. 1071.
Le FouRNiGuiÉ, dans les Cévennes, p. 1079.
LEFRANC DE POMPIGNAN, évêque du Puy,
p. 1204.
LEGANEZ (Marquis de), ministre d'Espagne,
P' '^'"
Légende de Grégoire VII insérée dans le bréviaire
de Lyon, p. ioi3; est condamnée par M. de
Croissy, évêque de Montpellier; le Parlement
de Paris, les cours souveraines de Bretagne &
de Metz défendent de la recevoir dans l'étendue
de leur ressort, p. 1014; lettre de l'évêque de
Montpellier au roi sur ce sujet, pp. ioi5, 1016,
1017, 1018, 1019; est repoussée par l'assemblée
du clergé de France, p. 1024.
LEGENDRE, intendant de la généralité de Mon-
tauban, pp. 872, 873.
[55o
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Légion de Condé, p. izSS.
— de Lorraine, p. 1235.
LE GOUX DE LA BERCHÈRE (Charles), arche-
vêque d'Albi, acquéreur de l'office de maire de
cette ville, pp. 638, 689 ; archevêque de Nar-
bonne, seconde de son mieux le maréchal de
Villars pour faire passer les caraisards de l'autre
côté du Rhône, p. 840; propose aux Etats le
programme de l'Histoire de Languedoc, pp. 46,
875.
LE GRAS (Timoléon), seigneur de Maisonbelle &
de Baspré, p. 63 1 .
LEGUEPEYS, conseiller à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
Légiievin, lieu, pp. 1246, 1404.
LE GUERCHOIS, maître des requêtes, p. 58o.
Légumes, pp. 99, 699.
— secs; exportation permise, p. 52.
Le Havre, pp. 70, 3o3.
Leikis, montagne en Vivarais, p. 48.
Le Javelier, en Vivarais, p. 1201.
Le Languedoc, vaisseau de ligne armé aux frais de
la Province, p. 97.
LE MAIRE (Jean);,un bail lui est passé, en i636,
par le conseil d'État, pour la construction d'un
canal en Languedoc, p. 454.
Le Mandement, en Vivarais, p. 1201.
Le Mas, en Vivarais, p. 1202.
Le Mas André, en Gévaudan, p. 965.
Le Mas de Fons, en Vivarais, p. 1202.
La Mas Montet, hameau en Gévaudan, p. 966.
Le Mas de Moras, en Vivarais, p. 1202.
Le Mas Roncial, hameau en Gévaudan, p. 965.
Le Mas Rouch, hameau en Gévaudan, p, 966.
Le Mazel, hameau en Gévaudan, p. 965.
Le Mazel, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Le Mazet, hameau en Gévaudan, p. 960.
LE MAZUYER, conseiller au Parlement de Tou-
louse, assiste le prince de Conti en Vêlai; ses
différentes fonctions au Parlement, p. 398.
LE MAZUYER, procureur général au Parlement
de Toulouse, pp. 524, 947, 1006.
LE MAZUYER (Henry), procureur général au
Parlement de Toulouse, maire perpétuel de Cuq-
Toulza, pp. 639, 1082.
LE MAZUYER (Joseph-Marie), procureur général
au Parlement de Toulouse, p. 1082; détail de
ses services mentionnés dans les lettres patentes
de novembre 1747, p. io83,
LE MAZUYER, inspecteur des manufactures,
p. I i3i.
Lemerviel, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
LEMOINE, médecin de Paris, pp. 962, 964, 968.
LEMOL, patron des maladreries de Toulouse,
p. 460.
Le MoNESTiER, en Vivarais, p. 1202.
Le Montet ou Mas-Montet, hameau en Gévau-
dan, p. 965.
LE MORE DE PIGNIEU, bailli d'épée du Viva-
rais, p. i3i3.
Lemourier, en Vivarais, p. 870.
Lemps, en Vivarais, p. 1202.
Lempde, p. 1406.
LE NAIN, baron d'Asfeld, intendant de Langue-
doc, pp. 81, 82, 83, 873, 1069, 1072, 1100,
1127; sa nomination accueillie par les ap-
préhensions des protestants &par les espérances
des catholiques, p. 1075; tient, en l'absence
du duc de Richelieu, les sessions des Etats,
p. loHo; ses appréhensions au sujet de remon-
trances préparées par le Parlement de Toulouse
& la cour des comptes de Montpellier, sur la
suspension des Etats de Languedoc; sa lettre
au contrôleur général sur ce sujet, p. 1096; sa
correspondance avec le ministère, au sujet des
remontrances de la cour des comptes de Mont-
pellier, pp. 1098, 1099; fatigue qu'il éprouve
à la suite du bouleversement dans l'administia-
tion de la Province, causé par la suspension
des Etats, pp. 1 io5, 1106; sa mort presque
subite, p. 1 1 06.
Lencontrade, commune, p. 1082,
LENESVILLE, architecte Orléanais, p. 289.
LENET, conseiller d'Etat, p. 295.
LE NOIR (Anne), p. i32.
LE NOIR, juge-mage à Béziers, p. loio.
LE NORMANT D'AYSSENE, conseiller au Parle-
ment de Toulouse, p. 1219.
Lens (Victoire de), p. 278.
— (Bois de), pp. 764, 796, 823.
Lentilléres, en Vivarais, p. 1201.
Lenyts, en Vivarais, p. 870.
Léon (Royaume de), p. 927.
— (Evêque de), p. I023.
LÉOTARD, négociant à Toulouse, p. i363.
LE PELLETIER, contrôleur général, succède à
Colbert, pp. 539, 600, 874; en correspondance
avec l'évêque de Nimes, p. 719.
LE PELLETIER DES FORTS (Michel-Robert),
comte de Saint-Fargeau , conseiller d'Etat &
intendant des finances, p. 921.
LE PELLETIER DE LA HOUSSAYE, contrôleur
général, pp. 961, 997, ioo3, 1004, 1009,
LE PELLETIER DE BEAUPRÉ, p. 11 39.
Le Petit Paris, en Vivarais, p. 1202.
Le Pin, dans la vallée de la Ceillonne, p. 1245.
LÉPINE, conseiller à la cour des comptes, aides &
finances, p. 1097.
Le Plan, en Vivarais, pp. 870, 1202.
Le Play, domaine en Vêlai, p. 1204.
Le Pocjol, p. 1401.
Le Pouzat, en Vivarais, p. 1201.
Le Pol'Zin, en Vivarais, p. 1201.
Léproseries; abus qui s'y étaient introduits; quel-
ques détails sur leur administration, p. 421.
— de Toulouse; querelles au sujet de leur admi-
nistration, p. 460,
Le Puy. Voir Put.
Le Py, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Leques (Démolition du temple de), p. 19.
Léran, au diocèse de Mirepoix, pp. 698, 1009.
— (Château de), p. SiS.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
l55i
LÉRAN (Baron de), pille un village aux portes
de Toulouse, pp. 842, 35i.
LÉRAN (Marquis de), pp. 72, 853.
LERAN (Vicomte de), pp. 10, 11.
Le Regoordel, hameau en Gévaudnn, p. 965.
Lérida, pp. 261, 203, 882.
— (Siège de), pp. 4, 5.
Lérins, abbaye, p. 393.
LE ROI, professeur à la faculté de médecine de
Montpellier, p. 1239.
Le Saignes, en Vivarais, p. 1202.
Le Sanet, en Vivariiis, p. 1202.
LESANGE (de), p. 620.
Lesaltel, commune du diocèse de Mirepoix,
p. 871.
LE SECQ, trésorier de Languedoc, pp. 4, 190.
LE SECQ, trésorier de la bourse des Etats, p. 394.
Les Balmes, p. 332.
Les Bastides, hameau en Gévaudan, p. 963.
Les Boutikbes, p. 918.
Les CAiROtx, hameau en Gévaudan, p. 965.
Lescab, pp. 364, 709.
Les Cocls, dans la banlieue de Toulouse, p. i223.
Les Combes, en Vivarais, p. 1201.
Lesclre (Maladrerie & hôpital de), p. 696.
LESDIGUIÈRES (Duc de), p. i35.
Les Faugebets, en Vivarais, p. 1202.
Les Hubats, en Vivarais, p. 1202.
LtSIGMAN, p. 67.
Les Illes, lieu, p. 1081.
Les Imberts de Barges, en Vivarais, p. 1202.
LÉSINIER ; sous prétexte d'être substiiu* aux
droits du grand aumônier de France, prétend
avoir l'administration des trois léproseries f!e
Toulouse; se désiste de ses prétentions moyen-
nant trois cents livres, p. 450.
Les Laubiès, p. 1408.
LESMERI, fermier du droit d'amortissement à
Montpellier, p. 234.
Les MoMNiÉBES, en Vivarais, p. 1201.
LespaczeS, en Vivarais, p. 870.
Les Pescriers, en Vivarais, p. 1201.
Lesperom, en Vivarais, p. 1202.
Lespinassb, marquisat, p. io.5.
LESPINASSE (Jacques de), avocat au Parlement,
coseigneur de Colomiers, capiioul de Toulouse,
p. 63i.
LESPINASSE (Jean), ancien capitoul porté comme
noble & comme marchand, p. 716.
LESPINASSE (de), nommé conseiller du Parlement
Maupeou, p. 1214.
LESPINASSE DE SAUNE, p. 1402.
Lespinassière, p. lo.ï.
Lesplans, lieu, p. 1197.
Les Pljols, commune du diocèse de Mirepoix,
p. 871.
Les Salelles, en Vivarais, p. 1202.
LESTANG (Vital de),évéquedeCarcassonne,p. |58.
LEîTANG, conseiller au Parlement de Toulouse,
3-,.
LESTANG (de), commissaire du Parlement, p. 326.
LESTANG, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 352.
Lesterras, en Vivarais, p. 870.
Les Vans, pp. 332, 488.
Les Vastbes, paroisse, p. 1405.
Le Teil, en Vivarais, p. 1201.
LE TELLIER (Michel), secrétaire d'État, pp. 237,
320, 322, 343, 364, 366, 373, 378, 400, 5o6,
593.'
LE TELLIER (Le P.), p. 911.
LE TELLIER, chancelier, p. 1017.
LE TELLIER, abbé de Saint-Bénigne de Dijon,
p. 445.
LE THEILHAC, p. 188.
LE TONNELIER (Louis), seigneur de Breteuil,
intendant de justice, police & finances. ^'011
BRETEUIL.
Le Travers, en Vivarais, p. 1202.
Lettre adressée à Montrevel, représentant soir.
des couleurs très-sombres la conduite du clergé,
pp. 820, 821.
— d'un inconnu sur les affaires des Cévennes,
adressée aux Etats généraux de Hollande, p. 790.
— aux rebelles des Cévennes, où se trouvent réu-
nis les principaux arguments des apologistes de
l'édit de i685, p. 828.
— de l'assemblée générale du clergé de 1730 au
roi, pp. 1 023, 1 024.
— de cachet nommant les capitouls de Toulouse,
p. 14; au sujet de l'affaire du marquis de Rabat,
p. 265; adressée aux sénéchaux relativement à
la convocation des Etats généraux, p. 279.
— de Cavalier au maréchal de Villars; son ré-
sumé, pp. 832, 833.
— de l'évêque de Montpellier au pape, au sujet
d'un mnndement apocryphe condamné en cour
de Rome, p. 69.
— pastorale de Fléchier, sur la croix de Saint-
Gervasy; sa date, p. 43,
Lettre d'an 'jeune écolier des sol-dhans, au sujet de
la thèse du P. Dufour; quelques extraits de ce
pamphlet, pp. 1 187, 1 188; caricature écrite qui
termine cette lettre, pp. 1188, 1189; texte du
quatrain à l'adresse du P. Dufour, p. 1189.
Lettres de cachet; tentative des Etats pour résis-
ter à leurs porteurs, p. 276.
— d'anoblissement; leur vénalité, pp. 93o, io5i.
— de change; leur usage obligé, p. 705.
— de confirmation, p. i34; de noblesse, p. io5i.
— de grâce accordées à la suite des troubles de
Nimes, p. 382.
— de réhabilitation, p. ic-5l.
— de surannation accordées au duc de Biron,
p. 1275.
.— de Pierre de Marca à Le Tellier; renseigne-
ments curieux qui y sont contenus sur la ques-
tion de la recherche des bénéfices, p. 364.
Lettres patentes données en mars T644 à Jacques
Brun pour le canal de Beaucajie, p. 384.
— du 6 mai 1644, nommant Schomberg seul lieu-
tenant général en Languedoc, p. 2.
i552
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
MX
Lettres patentes nommant les capitouls de Tou-
louse en 1645, p. 3.
du i3 mars i653, relatives aux assiettes diocé-
saines, p. 10.
de septembre 1660 concernant le comté de Ca-
raman, demeurées sans exécution, p. |5.
iu i5 novembre 1660, confirmant à la ville de
Toulouse le droit d'abonnement, p. 389.
du 25 mal i665, autorisant à faire creuser la
rigole d'essai du canal de Languedoc, p. ïo.
— du 23 août 1666, ordonnant la tenue des grands
jours de Vêlai, p. 21.
du 18 novembre, 1666 sur le bail du canal de
Languedoc avec relief de noblesse, p. 2 1 .
du 20 novembre 1666, ordonnant la tenue des
grands jours de Nimes, p. 21 .
d'octobre i666j réglant la compétence des Etats
de Languedoc en matière de finances diocé-
saines, p. 2 1.
de septembre 1682, confirmant les statuts d'une
communauté de fabricants & ouvriers en étoffes
de soie, p. 17.
de juin 1694, confirmant les bulles d'érection
de l'évêché d'Alais, p. 32.
de septembre 1694, portant le rétablissement
des Jeux Floraux en une académie de belles-
lettres, p. 658.
de novembre 1721 relatives à la foire de Beau-
caire, visant dix-huit autres lettres patentes,
p. 956,
du 14 avril 1768 interprétatives de l'édit de
1766, réglant l'administration des communes,
p. 104.
du 20 août 1771, fixant le traitement des mem-
bres du Parlement de Toulouse réorganisé,
p. I 2 i3.
— de mars 1773, autorisant la création de deux
paroisses près de Toulouse, p. 1224.
— du 22 juillet 1783, commettant quatre com-
missaires du Parlement de Toulouse pour se
transporter en divers lieux & s'enquérir de tous
les abus relatifs à l'administration de la justice,
pp. i3i3, i32o.
— du 18 octobre 1783, concernant les preuves de
noblesse relatives aux habitants de la Provence,
p. 1334.
— du 2 juillet 1786, concernant les preuves de
noblesse relatives aux habitanis de Languedoc,
p. 1334.
— du 16 septembre 1790, constituant le nouvel
ordre judiciaire pp. 1412, 1413.
Leitate, sur la fontière de Roussillon, pp. i83,
209, 212, 261, 277, 341, 345, 346, 374, 376,
388, 399, 691, 942, 949; démolition du châ-
teau & de la forteresse, p. 479.
— (Étang de), p. 1404.
— (Bataille de), p. 276.
Les Uffernets, en Vivarais, p. 1202.
Levée de deniers dans la Province, pp. io38, 1089.
— de gens d'armes, p. 35o.
— de gens de guerre, p. 325 ; interdite par le Par-
lement de Toulouse, p. 342,
.— dci impâti, p. ioâ3.
Levée des impositions interrompue, à cause de la
grande quantité de fausse monnaie d'or répan-
due dans la Province, p. 890.
— des soldais de milice, p. 77.
— des tailles, pp. 1, 270, 853, 854.
— de troupes, p. 162.
— des vingtièmes, p. 104; arrêts du Parlement de
Toulouse & de la cour des comptes de Mont-
pellier, p. 1 28.
Le Verdier, au diocèse d'Albi, p. 1008.
Le Vebnet, au diocèse de Toulouse, p. 1008.
Levic, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
Le ViGAN, pp. 32, 49, 332, 968, ii3o.
— (Seigneurs du), p. 988.
Lévignac, pp. 1402, 1404.
Le 'Veilla, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Le Villa, terre, p. i3'>i.
LtviS, baronnie située près du parc de Versailles,
p. 986.
LEVIS (François de), fils du duc de Ventadour,
est tué devant La Rochelle, p. i55.
LÉVIS DE VENTADOl'R ; Famille de), p. 362.
LÉVIS (Benjamin de), baron de Montmaur,
pp. 35i, 302.
LÉVIS (Marquis de), aide le prince de Condé à
quitter la Guienne, p. 337.
LÉVIS (Marquis de), p. i3i3.
LÉVIS (Henri de), sénéchal de Carcassonne, p. 7.
LÉVIS (Jean-Claude de), baron de Léran ; son
arrestation, p. 35i ; est conduit à Toulouse &
condamné à mort; texte de l'arrêt, p. 352; son
exécution, p. 353.
LÉVIS D'AUDON, capitaine huguenot, p. 362.
LÉVIS U'AUDON (Elisabeth ou Isabelle de),
pp. 36i, 362.
LÉVy (Charles de), chevalier, marquis de Mire-
poix, maréchal de la Foy, p. 853.
Lévy (Baronnie de), pp. io35, 1037.
LÉVY (Paul de), marquis de Léran, p. 853.
Leyris (Montagne de) p. 879.
Lez (Le), rivière, pp. 59, 482, 644, 700, 882,
884, io55, 1064, 1400.
— (Vallée du), p. 601.
Lézan, pp. 86, 836.
— (Pont de), pp. 482, 487.
Lézat, p. 1218.
Lèze, rivière, pp. 77, 81, 83, 108, 124, ii5o,
1403.
— (Vallon de la), pp. 1235. I253.
LHERM (de) fils, p. l352.
Lias, en Vivarais, p. 1201.
Lisertë du commerce dans la Province, p. 7.
— de la batellerie sur les rivières navigables,
p. 427.
— du commerce des grains & farines en 1774,
pp. III, 1342.
— du culte intérieur réclamée par les protestants,
p. 570.
— des cultes publics non reconnue en Europe,
p. 829.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i553
Liberté de la pêche, réclamée, p. i383.
— de la pèche au bœuf, réclamée, p. i384.
— de vendre à qui les demanderait les draps du
Languedoc, sollicitée par les États, p. iSzy.
Libertés de la Province, défendues par les Etats de
Languedoc; de quelle manière & à quel point
de vue, p. 1 53.
^ de droit naturel; doivent être reconnues,
p. i38i.
LiBOUKNE, pp. 377.
Libre sortie des sels de Peccais réclamée, p. 138^.
LIEURAN DE CARRIÈRES, p. 394.
Lieutenants généraux de Languedoc, pp. 228,
229; règlement sur leurs fonctions dans la Pro-
vince, p. 2Ô.
Lieutenants de maires, p. ^^^.
Lieux abandonnés & désertés, p. 164.
— de la Province qui, en i6'>2, protestent de leur
fidélité envers la cause royale, p. 332.
— de Languedoc dont était seigneur engagiste le
prince de Conti, p. 394.
LiGNAIROLLES, p. I082.
Ligne de l'Orb, p. 56.
— de partage des eaux entre l'Océan & la Médi-
terranée, p. 1400.
— de poste de Villefort à Alais, p. i385.
LIGNE (Princesse de), p. 1 285.
Lignon, cours d'eau, p. 1410.
LIGONDÈS, capitaine de grenadiers, p. 816.
Ligue, pp. 288, loiô.
— d'Ausbourg, p. 607; son instigateur, p. 617.
Lille, pp. 716, 848, 1244.
Limoges, p. 5oo.
LiMONY, en Vivarais, p. 1202.
LiMOURS, p. 343.
LIMOURS (Comte de), p. 553.
Limousin, p. 704.
LiMOusis, lieu, p. 1081.
Limoux, pp. 25, 47, 53, 61, 72, 86, io5, 124,
i56, 324, 329, 33o, 346, 357, 409, 416, 5o8,
696, 864, 890, 985, 989, 1004, 1348, i38o,
1405, 1418; son collège, p. i; rivalité de cette
ville avec Alet, p. 406; arrêt du conseil d'État
& lettres-patentes portant règlement pour ses
élections municipales, pp. 1206, 1207.
— (Diocèse de), pp. 14, 62, 66, 107, 117, 119,
124, 209, 894, 1007, ioo8j ravagé par la grêle
en 1727, p. ioo3.
— (Présidial de), p. 347.
— (Sénéchaussée de), pp. 696, 873, |367, 1377,
i333, 1384, i385.
LINET (Roger de), sieur des Noyers, p. 2o3.
LINGENDES, gentilhomme de la maison du duc
d'Orléans, p. 188.
LINt^ÉE, nommé associé étranger par l'académie
des sciences de Toulouse, p. 1 io3.
Lins, pp. 940, 941, 942.
LIONNE, p. 322.
LIOTARD, fondateur d'une fabrique de soies à
Toulouse, p. 112.
Liqueurs aromatiques, p. 7C0.
— fabriquées à Montpellier, pp. 846, 964.
LiRVC; ses armoiries, p. 686.
L'ISLE, p. 1402.
LisLE-JouRDAiN, pp. 5i8, I 244. Voir ISLE.
Lissac, lieu, p. 873.
LISSAC, tué dans un combat contre Cavalier,
p. 816.
LISTENAY (de), p. 93 1.
LlTHUANIE, p. 564.
Litières (Privilège des), accordé au comte d'Ar-
magnac, racheté par les États, p. 3o.
— de Languedoc à Paris, p. 32.
Lits de Justice; paroles d'Omer Talon à leur
sujet, p. 267.
LiviNiÉBE, baronnie, pp. 159, 399.
LlVOURNE, p. 7C0.
Livrées supprimées, p. 129.
Livres colportés de Genève contre le catholicisme,
p. 994.
— condamnés par le Parlement de Toulouse à être
lacérés & brûlés, p. 1 n3.
— protestants brûlés à Beaucaire, p. 69.
— protestants vendus dans la Province, p. 1074.
LiVROx, p. III.
— (Bourg de), p. io65; atteint de fièvres palu-
déennes après la création des rizières, p. 1066.
LIVRY (de), premier commis du comte de Saint-
Florentin, p. I 142.
LIVRY (M'"- de), p. i 179.
Lodéve, ville épiscopale, pp. 46, 61, 76, 77, 81,
82, i55, i56, 332, 863, 890,982, 1004, 1129,
ii3i, Ii32, i333, 1400, 1401, 1418; cons-
truction de l'évéché, p. 70; sa population en
1698, d'après Bâville, p. 692.
— (Chapitre de), p. 1 15; ses armoiries, p. 683.
— (Députés de), p. 314.
— (Diocèse de), p. 42, 69, 95, 102, 107, 109,
114, 126, 162, 479, 619, 644, 989, 1129,
I i3o, 1132,1287, 1400 ; son emprunt pour les
travaux des chemins, p. 70; son sol est aride;
mais il est enrichi par ses manufactures de
drap 8t par ses fabriques de chapeaux, p. 699;
ravagé par la grêle en 1727, p. ioo3.
— (Évêché de), p. 121.
— (Évêque de), pp. 868, 93 1, 988, 1004, i3o5;
doit payer les droits de subvention pour le vin
de ses rentes, p. 83.
— (Fabricants de), p. 57.
— (Maladrerie de), p. 696.
LoDS des sous-inféodations, p. 100.
Loge.ments de dragons multipliés chez les protes-
tants de qualité, p. 570,
— des troupes, p. 87.
— des gens de guerre, pp. 161, 233; les iassiniers
de la Merci en sont dispensés, p. 264; les mem-
bres du corps de ville à Toulouse en sont
exempts, p. 367.
— militaires, pp. 366, 555, 557; appliqués au
traitement de l'hérésie, p. â2o.
xm.
98
i554
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Loire, pp. SSy, 482, 488, 1202, iSoy, 1405, 1410;
projets pour rendre flottable le haut de cette ri-
vière, p. 48'^; projets élaborés à différentes re-
prises pour la rendre flottable, p. 489.
— (Bassin de In), p. 481.
— (Bouches de la), p. 954.
— (Vallées de la), p. 470,
LOIRE, ministre protestant, p. 1080.
Lois municipales, p. 119.
Lois relatives aux réformés; projet de leur codi-
fication, p. 995.
LOISEAU (Charles), auteur du Traité des ojfices,
p. iSiy.
LoLMES, en Vivarais, p. 1202.
LoMAGNE, pp. 18, 120, 1401.
— (Election de), pp. 1296, lipy.
— (Route de la), p. ioo5.
— (Vicomte de), p. 471,
LOMBERS, au diocèse d'Albi, pp. 84, iio, 1008,
1408; emplacement de ses fortifications donné
aux capucins de Castres, p. 390.
— (Fortifications de), p. i5.
LoMBEZ, pp. 3i8, 1028, 1235, 12Û5, 1402.
— (Diocèse de), pp. 1247, 1403.
— (Evêque de), p. 32o.
LOMBRAIL, trésorier de France, p. .'524.
LOMBRAIL DE LA SALVETAT, conseiller au Par-
lement de Toulouse, mauiteneur des Jeux-Flo-
raux, p. 661.
LOMÉNIE DE BRIENNE, archevêque de Toulouse,
fait un mandement ordonnant des services fu-
nèbres pour Louis XV, p. i23t; sa lettre aux
curés du diocèse de Toulouse concernant Tépi-
zootie, pp. 1236, 1287; fait grand bruit en
France & est reproduite par plusieurs journaux,
pp. 1238, 1270, i3ô.5; sa nouvelle circulaire
aux curés & vicaires du diocèse pour la réparti-
tion des secours aux victimes de l'épizootie,
p. 1260; son ordonnance interdisant les sépul-
tures dans les églises & dans l'intérieur des
villes, p. 1280; prodiiit une impression très-
favorable sur Joseph II, empereur d'Allemagne,
p. i3i5; un des quarante de l'Académie fran-
çaise; doit, en 1786, faire partie de l'assemblée
des notables, p. i335; est chargé par Calonne
de dresser la liste des membres du clergé convo-
qués à l'assemblée des notables; prend la tète de
toutes les intrigues dirigées contre le contrôleur
général; est nommé par le roi chef de son con-
seil royal des finances, p. i339; son discours
à la dernière séance de l'assemblée des notables,
pp. 1339, 1340, 1341.
Londres, pp. 667, 700.
LONG (de), père, p. 349.
LONG (Chevalier de), p. i352.
LONGUEVAL (de), pp. 1245, 1246.
LONGUEVILLE (Duc de), prend parti contre
Mazarin, p. 279; son arrestation, p. 294.
LONGUEVILLE (Duchesse de), pp. 296, 4^4.
LOPPES (de), lieutenant criminel, p. 5.
LOPPES (de), juge criminel de la sénéchaussée de
Toulouse, p. 149.
LORDAT (Joseph de), abbé de Montoulieu, p. 70.
LORDAT (Vicomte de), p. 87.
LORDAT (Marquis de), pp. 101,118.
LORET (Jean), orfèvre, p. 199.
LoRiOL (Bourg de), atteint de fièvres paludéennes
après la création des rizières, p. ic(56.
LoiiMONT, p. 725,
LORT DE SÉRIGNAN DE VALRAS (Henri-Cons-
tance de), vicaire général de l'archevêque de
Cambrai, secrétaire de l'assemblée générale du
clergé de France, pp. 1010, 1023.
Lorraine, p. 159.
— (Légion de), p. i235.
LORRAINE (Chevalier de), p. 940.
LoRRis, près de la forêt d'Orléans, p. 337.
LosMES (Les), p. 57.
LOSTALET, maître chirurgien, p. 340.
Lot, rivière, pp. 92, 35o, 798, ii5o.
— (Plateaux du), p. 1194.
— (Vallées du), pp. 470, 962.
Loterie, pp. 82, io3; établie pour éteindre les
dettes de la Province, p. 64; autorisée pour
remboursement d'emprunts, p. 79.
— (Rétablissement de la), p. 1 15.
Louage d'office de conseiller interdit, p. i5.
LOUBAISSIN, habitant de Cornebarrieu, p. i238.
LOUBAISSIN, marchand droguiste à Toulouse,
p. 849.
LOUBARESSE, p. 488.
LoUTiENS, p. 253.
LOUBIÈRE (Suzanne), p. 980.
LOCDE, p. 1406.
Lour.E, rivière, pp. io5, ii3.
— (Vallée supérieure de la), p. 1243,
LOUIS LE DÉBONNAIRE, p. 40c.
LOUIS XI, pp. 864, 865, 956, i35o, i354, 1401,
1 402.
LOUIS XII, pp. 5o5, 956, 101 5.
LOUIS XIII, pp. i3i, 134, i35, 178, 184, 186,
248, 254, 256, 263, 289, 401, 419, 420, 489,
694, 790, 936; date du service funèbre célébré
en son honneur à Toulouse, p. i; service fu-
nèbre à Montpellier, p. 2; allusion à la splen-
deur de ses funérailles, p. 910.
LOUIS XIV, pp. 5, 14, 20, 22, 52, i35, 178, 198,
267, 367, 521, 621, 677, 752, 866, 954, 956,
974, 976, 982, 1002, 1114; sa majorité, p. 8;
son sacre, p. i 1 ; accorde une amnistie générale
aux frondeurs, p. 841; rentre à Paris, p. 342;
son voyage de Bordeaux à Toulouse, pp. 367,
368; son portrait au moment de son entrée à
Toulouse; il jure de conserver les droits, les
exemptions & privilèges de la ville, p. 567;
assiste au TV Deum; reçoit les Etats, p. 869;
jouait beaucoup durant son séjour à Toulouse,
p. 371 ; rencontrant sur sa route deux condam-
nés à mort leur fait grâce; fait donner le pain
bénit à Saint-Etienne, p. 3-2; quitte Toulouse
pour se rendre en Provence; son itinéraire,
pp. 380, 382; visite Nimes, p. i5; rentre dans
le Languedoc, p. 388; son itinéraire de Ville-
neuve-Saint-André à Saint-Jean de Luz, pp. 389,
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
[555
390; nomme Pierre de Marca archevêque de
Paris, p. 402; fêtes de son maringe à Toulouse,
p. 419; ses tentatives pour établir la régularité
dans les corps judiciaires, p. 44 1 ; signe, au mois
d'octobre i66f>, l'acie le plus mémorable qui re-
commande au pays son souvenir, l'édit du canal
de jonction des deux mers, p. 46 1 ; mot qui lui
est prêté par un chroniqueur, p. 493; reçoit
une lettre de Nicolas Pavillon au sujet des droits
de régale; contresigne un arrêt du conseil d'Etat
annulant les ordonnances de l'évêque d'Alet,
p. 5o5 ; sa lettre annonçant aux principaux
officiers de la Province la naissance du duc de
Bourgogne, p. 523; révoque l'édit de Nantes,
pp. 556, 557; remercie du projet d'érection
d'une statue équestre à propos de cette révo-
cation; demande que les fonds de la première
année soient employés à des constructions
d'églises, p. 569; réforme les Jeux-Floraux,
pp. 653, 659; établit l'impôt de capitation ;
résumé du préambule de la déclaration royale,
pp. 666, 667, 668; convertit en faveur du
clergé l'impôt de capitation en un don gra-
tuit de quatre millions de livres, p. 678; sa
lettre à l'archevêque de Narbonne pour le re-
mercier du vote de l'impôt de capitation, p. 665;
soins qu'il apporte a l'éducation des princes de
sa maison, p. 689; sa lettre au maréchal de
ViUars au moment où il est envoyé en Lan-
guedoc, p. 820; donne à ViUars plein pouvoir
pour traiter par la douceur les insurgés avant
d'en venir à des répressions violentes, p. 821;
approuve la conduite du maréchal de Villarsà
propos de la pacification des Cévennes; accorde
ce que demande l'écrit de Cavalier & autorise à
donner des assurances écrites, accorde la grâce
aux prisonniers détenus à l'occasion de la ré-
volte, p. 837; conditions faites à ceux qui quit-
teraient le pays; fixe l'époque du départ de
Cavalier; presse le maréchal d'achever la paci-
fication; nouveaux projets, p. 838; ses paroles
au cardinal de Noailles, au sujet de la nomi-
nation des commisssaires chargés d'examiner la
bulle Vineam Jomini Sahaotk, p. 862; sa lettre
aux principales villes du royaume après la mort
du dauphin & de la dauphine, p. 895; der-
nières années de son règne, p. 9o3j tristesse &
découragement, pp. 906, 907; sa mort, pp. 5i,
908; ses obsèques , pp. 910, 911, 9<2 ; sa statue
équestre, p. 904.
LOUIS XV, pp. 5l, 167, 910, 925, 948, 1104,
ii39; conduit à Marly après la mort de
Louis XIV, reçoit les compliments du clergé &
du Parlement, p. 908 ; son sacre à Reims, p. 97 1 ;
fa lettre aux principales villes de France,
p. 972; sa déclaration du 14 mai 1724 relative
aux protestants, p. 995; reçoit la députation
de l'assemblée du clergé de France, p. 1025;
reçoit l'archevêque de Tours chargé de présen-
ter les doléances des évêques contre les progrès
du protestantisme, p. 1079; prières publiques
ordonnées à ses derniers moments, p. 1228; sa
mort, p. 1229; services funèbres; extraits de
l'ordonnance des capitouls; réflexions de Pierre
Barthès sur la personne du souverain & sur les
mœurs de son siècle, pp. 1229, iï3o.
LOUIS XVI, pp. III, i332, i356, i4o3; bon ac-
cueil fait dans la Province à son avènement;
espérances conçues, pp. i23i; triste héritage
laissé par Louis XV, p. 1232; assiste à l'ouver-
ture de l'assemblée des notables, p. i336; dans
une courte harangue qu'il prononce devant le
Parlement de Pans, répond aux remontrances
du Parlement de Bordeaux & manifeste l'inten-
tion arrêtée d'améliorer la situation des pro-
testants, pp. 1342, i343; affirme son intention
de convoquer les Etats généraux, p. 1344; de-
vant l'hostilité des cours supérieures, il revient
au projet de réformer l'ordre judiciaire; laisse
deviner ses intentions dans une réponse à des
remontrances du Parlement de Paris, p. 1346;
sa lettre autographe à l'archevêque de Narbonne,
p. 1371.
LOUIS, comte de Charny, fils naturel de Gaston
d'Orléans, p. i85.
LOUIS DE FOIX, ingénieur, p. 453.
LOUIS DE HARO, p. 367.
LOUIS DE LORRAINE, p. 4.
LOUIS DE LORRAINE, duc de Joyeuse, pp. 41,
248.
Loupi*, au diocèse de Limoux, p. 1008.
LoLPIAN, p. 85.
LoiPS désolant l'Auvergne & le Gévaudan; après
des chasses & des battues sont détruits par le
poison, pp. I 194, I 195.
LoL'BDES (Château de), pp. 127, 1344.
LocvKZE (La), p. 870.
LOCVAIN, p. 41.
LOUVOIS, secrétaire d'Etat de la guerre, pp. 5io,
534, 557, 587, 593, 609, 752; demande au Lan-
guedoc un régiment de dragons, p. 5ii; à la
suite d'un accident, vient faire une cure en
Languedoc & visite la Province, pp. 5i6, 5i7;
visite avec N'auban les places fortes du Rous-
sillon, p. 5i6; ses ordres au sujet des logements
militaires chez les réformés, p. 5?o; ses instruc-
tions au commandant en chef des troupes en
Languedoc, p. 536 ; son humeur despotique &
son ardeur orthodoxe, p. 539; ses instructions
verbales à Marillac, p. 549; hardiesse de ses
instructions au duc de Noailles, p. 55o; sa
lettre à Bâville au sujet du régiment d'Asfeld,
p. 554; ordonne des mesures sévères de répres-
sion en Languedoc, p. 5y8; sa correspondance,
p. 621.
LotviGNi (Régiment de), p. 863.
Louvre, pp. 365, iSiy.
LOUVRELEUIL, curé de Saint-Germain de Cal-
berte, pp. 738, 739, 751, 766, 814, 828; fait de
pompeuses funérailles à l'abbé du Chayla; pro-
nonce son panégyrique, p. 742; s'enferme dans
la ville d'Alais, p. 743; ses renseignements sur
Pierre Seguier, chef des Cévenols, p. 746; dé-
montre la complicité des habitants avec les ré-
voltés des Cévennes, p. 756; dédie son ouvrage
le Fanatisme renouvelé au brigadier Julien,
p. 773 ; indications qu'il donne sur les travaux
défensifs de divers lieux, p. 784; détail à lui
emprunté sur le meurtre d'un nouveau converti,
p. 795; son récit des derniers moments de Jac-
ques Pontier, p. 797; son récit de l'assassinat
de M""' de Miraman, pp. 807, 808; son récit
de l'exécution des camisards compromis dans la
conjuration de Nimes, p. 860,
[556
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
LOYRON, médecin, p. 966.
LOYS, conseiller à la cour des comptes de Mont-
pellier, p. 892.
LOYS, subdélégué de l'intendance, p. 980.
Lozère, montagne, pp. 601, 788, 740, 741, 744,
745, 747, 774. 775, 776, 798. 9^^. '407. '°99-
— (Gorges de la), p. 424.
— département, pp. 129, 1425.
nom définitif donné au département du Gé-
vaudan, p. 141 1 .
LUBET, chirurgien, pp. 199, 340.
Ldc, village, un des plus anciens lieux du Lan-
guedoc, pp. 482, ioo5, 1409.
Luc (Terre de), p. izi8.
LUCAS (de), p. 449.
LccHON, pp. 83, 940.
LUDE (du), évêque d'Albi. Folr DAILLON DU
LUDE.
LrECH, ruisseau, affluent du Cèze, pp. 747, 775.
— (Vallée du), pp. 760, 776.
LuNAS, château, pp. 162, 1401.
LtiNEL, pp. 10, 1.5, 29, 65, 72, 87, 1 10, 116, I 18,
235, 237, 252, 354, 38 I, 822, 841, 843, 863,
902, 961, 977, 1012, 1116, 1179; établisse-
ment d'une subvention pour divers rachats,
p. 3 p ; offices de maire ancien & de maire alter-
natif réunis par remboursement, p. 61; ses en-
virons visités par les insurgés des Cévennes,
p. 8o5.
— (Casernes de), p. 95.
— baronnie, pp. 34, 1 i3.
(Canal de); prétentions du trésorier de France
à ce sujet, p. 843.
LuNEL-LA-VlLLE, p. 1400.
LuNELViEL; ses armoiries, p. 686.
LUSIGNAN (Marquis de), p. 193.
LnssAN, pp. 601, 807, 1406.
— (Comté de), p. 3.
LUSSAN (de), avocat général, p. 207.
Ldtte du Parlement & du conseil d'Etat, p. 180.
Luxembourg (Palais du), pp. 274, 277.
Luxembourg, p. 343.
LUXEMBOURG (Duc de), p. 940.
LUZIGNAN (Marquis de), p. i352.
Lyon, pp. 14, 5o, 66, 90, 92, 100, 445, 533, 601,
624, 627, 640, 700, 704, 716, 821, 848, 949,
965, 970, 975, 1020, I 149, 1221, 1222, 1227,
i3o8; ses règlements pour obtenir la maîtrise,
p. 53o; n'a pas de maire perpétuel, p. 635.
— (Cardinal de), p. 147.
Lyonnais, pp. 60, 79, 461, 704, 1405.
M
MABILLON (Le P.), p. 720.
MAC-CARTHY (Comte de), p. 114.
MACCHABÉE, p. 760.
MACHAULT (Charles de), intendant de justice,
police & finances, p. |32.
MACHAULT (de), contrôleur général, pp. 1106,
I 1 i3.
MACHAUT (de), pp. 208, 3 10.
Macheville, en Vivarais, p. 1202.
Maçon, p. 842.
Madeleine (Maladrerie de la), p. ôpS.
MADEINIOISELLE (Grande), fille de Gaston d'Or-
léans; ses noms, titres, &c.; dates de sa nais-
sance & de sa mort, p. i85.
MADEMOISELLE DE MONTPENSIER , pp. 369,
370, 376, 388.
MADIER DE MONJAU, premier consul & maire
de Saint-Andéol, député aux Etats généraux,
p. 1378; cherche devant l'Assemblée nationale à
atténuer la conduite des membres de la chambre
des vacations du Parlement de Toulouse, p. 1421.
Madiban, prieuré, p. 1189.
Madragues sur les côtes de Languedoc, p. 42.
Madreyres, en Gévaudan, p. 397.
Madrid, p. 38o.
MADRON, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 352.
MAFFRE (Jean), de Saint-Ambroix, se fixe à
Magdebourg &, avec d'autres protestants pros-
crits, y fonde une manufacture, p. 564.
Magai.as (Hôpital de), p. 696.
Magdedoubg, reçoit des réfugiés français après la
révocation de l'édit de Nantes, p. 562; voit son
commerce se développer, grâce aux protestants
français réfugiés, p. 565.
Magistavols, hameau, p. 746.
Magistrature; changement dans ses mœurs, an-
tagonisme des divers corps, p. i5i ; protestation
du Parlement contre sa nouvelle organisation
en mai 1 788, p. 1 28.
MAGNAN, avocat, maître es Jeux - Floraux,
p. 661.
Magnoac (Vallée de), p. 207.
Magkelonne, p. 8o3.
— (Chapitre dej, p. io55.
— (Ile de), p. 339.
Mahun, en Vivarais, pp. 870, 1202.
MAILLÉ-BRÉZÉ (Urbaine de), p. 553.
Maillebiau, montagne, p. 1407.
MAILLEBOIS (Comte de), lieutenant général en
Languedoc, pp. 49, 89, 107.
Maillorquinas [Las), hôtellerie en Catalogne,
p. 364.
MAILLY (Comte de), p. 1241.
MAINE (Duc du); nommé gouverneur de Langue-
doc à l'âge de douze ans, pp. 26, 52 1, 542, 908,
909, 911, 929; négocie le mariage de M"' de
Vivonne avec M. de Castries, p. 7 1 8 ; son arres-
tation, p. 925; sa mort en 1737, p. 1059.
Mainmorte, p. 97.
Mainteneurs des Jeux-Floraux; leur nombre; ré-
tablissement de leur éligibilité, pp. 654, 660.
MAINTENON (M""' de), p. 840.
Maintien des trois ordres dans l'Etat réclamé
dans l'assemblée des notables de 1787, pp. 1340,
1341 .
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i557
Maibe condamné pour prévarication & malversa-
tions, p. 71 .
— alternatif (Office de}, pp. 88, 89.
— l'office de maire d'Albi cédé 3 l'archevêque,
p. 32.
— perpétuel de Toulouse; ses attributions réglées
par une déclaration du roi, p. 640.
Maires, p. 64.
— perpétuels, p. 93.5; créés moyennant finance,
p. 634; leurs fonctions, leurs privilèges, leurs
immunités, p. 63.5; leur traitement, p. 636;
mise aux enchères de l'office, p. 637.
MAIRE (Claude), p. 733.
MaïS; sa culture en Languedoc, p. 697.
MAISON DE SAINT-CYR, p. i334.
Maison Cabrée de Nîmes, demandée par l'acadé-
mie pour y tenir ses séances; est donnée aux
augustins qui en font une église, p. 667.
Maisons, en Termenois, p. 347.
Maisons abandonnées; leurs propriétaires frappés
d'amendes, p. 557-
— démolies par l'inondation, pp. ioo5, 1006,
1009.
— hospitalières, éprouvées par la dépréciation des
billets de banque, p. 945.
— presbyiérales, p. 421.
Maisonsri LE, en Vivarais, p. 1101.
MAISTRE, orfèvre à Nimes, p. 992.
Ma1ti\es drapiers; aucun ne peut être reçu à Car-
cassonne pendant trois ans, p. 65; ne peuvent
être reçus à Saint-Chinian 8t à Clermont durant
six ans, p. 71.
— 8t MAITRESSES d'école, p. 34; installés au mo-
ment de la révocation de l'édit de Nantes, p. 5.5.5.
Maîtrise des eaux & forêts de Castres transférée à
Mazamet, p. 79.
— de Toulouse; sa nouvelle circonscription en
1671, p. 471 .
Maîtrises créées dans chaque corporation, p. 1.
— des eaux & forêts, pp. lo^, 114, 126; confu-
sion dans leur ressort & dans leurs attribu-
tions; leur étendue, p. 469; disproportions
dans leur étendue, p. 470; nouvelles créées,
p. 471.
— des eaux & forêts de Quillan, p. 87.
Maîtrises, pp. 88, 53o.
— d'arts & métiers supprimées, p. 1 14.
— supprimées en 1776, p. 1279.
Majorque, pp. 927, io32.
Maladies contractées par les troupes chargées de
la dévastation des hautes Cévennes, p. 8o3.
— des bêtes à laine, p. 1 1 1 3.
M^LADRER|E d'Albi, p. 696.
— d'Arnaud-Bernard, à Toulouse, pp. 32, 421,
696.
— de Baillargues, p. 495.
— de Barbeirac, p. 695.
— de Béziers, p. 696.
— de Castanet, p. 696.
— du Château-Narbonnais, i Toulouse, p. 421.
— de Cordes, p. 422.
— de Fabrègues, p 695.
Maladrerie de Frontignan, p. 636.
— de Lavaur, p. 696.
— de Lescure, p. 696.
— de Lodève, p. 696.
— de Loupian, p. 696.
— de Lunel, p. 696.
— de la Madeleine, p. 695.
— de Mauguio, p. 695.
— de Montagnac, p. 696.
— de Montpezat, p. 696.
— de Mèze, p. 696.
— de Narbonne, p. 696.
— de Portet, p. 696.
— de Revel, pp. 42?. 696.
— de Saint-Cyprien , à Toulouse, pp. 32, 421,
696.
— de Saint-Michel, à Toulouse, pp. 32, 696.
— de Saint-Montan, p. 696.
— de Saint-S.iuveur, à Toulouse, p. 421,
— de Saint-Tibéry, p. 696.
— d'Uzès, p. 696.
— de Villefranche-Lauragais, p. 696.
Maladreries supprimées, pp. 696, 696.
— à Toulouse, p. 421; histoire de leur rachat en
|337 par les capitouls, p. 45o.
.^ unies à des hôpitaux, pp. 32, 33, 34.
MALAFOSSE, chanoine à Toulouse, p. i356.
Malarce, en Vivarais, p. 1202.
MALARET DE FONTBAUZARD , avocat général
près le Parlement de Toulouse, p. 1171.
MALARET (Baron de), p. i352.
MALARET (de), prévôt du chapitre Saint-Etienne,
à Toulouse, pp. i355, i356.
Malauze, terre en Guienne; sa situation, p. 260.
MALAUZE (Marquis Louis de), pp. 260, 622 ; ses
campagnes, p. 261 .
MALAUSE (Marquis de). Voir BOURBON-MA-
LAUSE.
MALBOIS (de), nommé avocat général au Parle-
ment Maupeou, pp. 1214, 1229, 1769.
Malbosc, en Vivarais, pp. 1202, |3|2, i3i3,
1410.
— (Bois de), p. 1410.
— (Château de), p. 1 3i 1 .
Malenc (la), p. 1408.
MALENFANT DE PRESS AC, greffier du Parle-
ment de Toulouse, pp. 147, i5o, 170, 336.
MALEPEYRE, conseiller au présidial, mainteneur
des Jeux-Floraux, p. 661.
MALEPRADE, avocat, mainteneur des Jeux-Flo-
raux, p. 661 .
Malesired, hameau en Gévaudan, p. 965.
MALESHERBES (de), contrôleur général, p. 1262.
MALESPINE, trésorier, p. 226.
MALET, docteur en Sorbonne, p. 445.
Mai.evii.le, hameau en Gévaudan, p. 966.
MALEZIEUX, chancelier de la principauté de
Dombes, pp. 925, 929.
MALGARROS, avocat au Parlement, p. 246.
MALHERBE, poète, p. 249.
MALHERBE (Dom), bénédictin, nommé par les
F.tats historiographe de la Province en compa-
gnie de dom Soulaire, p. i33i.
i558
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Malheurs publics en 1702, p. 729.
MALIDE (de), évéque de Montpellier, député aux
Etnts génénuix, p. 1376, soutient à l'Assemblée
nationale la création de milices patriotiques,
pp. iSço, l^^l.
MALI^ES, pp. 864, 927, 1018.
Malines, domaine en Vêlai, p. 1214.
MalleaugnOLAS, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Mallecoude, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Mallevieille; ravages qu'y fait la peste, p. 962.
Malo.ns, lieu, p. 776.
MAt-fAS, p. t3 12.
MALPEL-LATOUR (de), p. i35i.
Malpebtus (Gorges de), p. jUL
Malras, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Malsos, bénéfice du chapitre d'Alais, p. 649.
Malte, p. 702.
— (Ordre de), p. |334.
— (Commandeurs dej, pp. io5.
Malviès, au diocèse de Limoux, p. 1008.
MALZAC, médecin de Castres, p. 1240.
Malzieu, lieu, pp. 744, 1407.
— (Côte de), pp. 94, 1 14g.
MAMIGNARD, négociant, p. i363.
MANCINI (Marie), p. 371.
Mandajors, château au nord-ouest d'Alais; son
ravitaillement par M. de Marcilly, pp. 764,
76.'), 775.
MANDAJORS, maire d'Alais, est admis à siéger
aux Etats de Languedoc; son érudition; lettre
du maréchal de Villars à son sujet, p. 652,
Mandat impératif dans plusieurs cahiers du clergé
& de la noblesse, p. i382.
Mandegouts ; un temple protestant y est édifié,
p. 4.
:3.
Mandement de Siint-Privat, p. 85i.
— du Mas-Bernnrd, p. 1071.
Mandements; demande d'abolition des circon-
scriptions connues sous ce nom, p. i383,
Mandirac, p. 846.
Manduel, p. 1406.
MANDUEL (Baron de), p. 67.
MANENT, substitut du procureur général près le
Parlement Maupeou, p. 1214.
MANIBAN (de), avocat général, pp. 204, 221, 222,
223, 224, 227, 228, 242, 243, 492; son voyage
à Pans; levée de l'interdiction de sa charge,
p. 207; s'emploie pour obtenir la diminution
ries droits de confirmation, p. 208.
MANIBAN, président à mortier au Parlement de
Toulouse, chancelier des Jeux-Floraux, p. 66 1 .
MA"^IBAN, premier président au Parlement de
Toulouse, p. 1 o"6.
MANIBAN (Joseph-Gaspard de), premier président
au Parlement de Toulouse; texte de l'admones-
tation qu'il prononce devant le père Dezeuzes,
pp. 1128, 1129; meurt le 3i août 1763; hon-
neurs funèbres qui lui sont rendus, p. 1179;
son portrait, p. 1415.
MANIBAN (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
MANIBAN (de), président de la chambre des vaca-
tions; n'est pas signataire de la protestation de
la chambre, p. 1424.
MANIBAN (François-Honoré de), archevêque de
Bordeaux; son rapport à l'assemblée du clergé
de 1730 sur la lettre adressée au roi par l'évéque
de Montpellier, pp. 1022, I023.
Maniements de deniers, p. i.
— de deniers publics, p. 706,
Manifestes du Parlement contre les évêques ou
les agents subalternes, p. 3 10.
Manoiilet, lieu, p. 28.
Manoeuvres déloyales employées contre l'arche-
vêque de Toulouse par l'émissaire du duc d'Or-
léans, au sujet de la députation aux Etats gé-
néraux convoqués en 1648, p. 281.
Mans (Évéque du), pp. 247, 364.
MANSE (Antoine de), maire perpétuel de Bessières,
p. 639.
MANSENCAL, premier président au Parlement de
Toulouse, p. 1410.
Manses, lieu, p. I 082.
Manses, seigneurie érigée en marquisat de Portes,
p. 1082.
MANSON, notaire royal, p. 397.
Mantelin, en Vivarais, p. 1202,
Mantoue, p. 903.
Manufacture royale d'Aubenas, p. 68.
— royale de Montoulieu ; son établissement,
p. 68.
— royale établie à Lavaur d'après le système Vau-
canson, p. 95.
— de draps fins d'Auterive érigée en manufacture
royale, p. 61 .
— de draps à Montoulieu, p. 65.
— royale de faïence à Montpellier, p. 59.
— pour l'impression des étoffes de laine à Mont-
pellier, p. 77.
— de soie, p. i 04.
— de soie de Lavaur, pp. 92, 104, io5; vente des
moulins & tours, p. 108.
— royale de Lavaur autorisée par lettres patentes
pour la fabrication des étofTes de soie, p. 1 144.
— d'étoffes de soie à Narbonne, p. 94.
— de mousseline créée au Puy par Grenus, p. 90.
— de soie à Aubenas, p. 90.
— d'étoffes de soie unie & façonnée, pp. 1143,
1144.
— de soie fondée au Puy, pp. 90, 93.
— royale de verres à vitres, &c., établie à Cette,
p. 62.
Manl FACTURES; reçoivent des encouragements en
1756, p. 9P; leur grand nombre dans le Cas-
trais, p. 698; nomination d'une commission
par les Etats de Languedoc pour examiner leur
situation, pp. 76, 925.
— créées à Magdebourg & à Berlin par des réfu-
giés languedociens, p. 564.
^créées à Amsterdam par les émigrés français,
p. 566.
— démolies par l'inondation en 1727, pp. ioc5,
1006.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i5!)9
ManufACTIRES établies dans la Province, p. 5o2.
— de cuirs bouillis, p. 484.
— de draps, pp. 166, 167.
— de draps du Levant, p. 944.
• — de savon réglementées, p. 84.
— de soieries à Lavaur, p. 89.
— de soie à Nimes; les protestants ne peuvent
acquérir la maîtrise; ruine de l'industrie de la
soie, p. Sîo.
— d'étoffes & de chapeaux créées par des proscrits,
en Brandebourg, p. 664.
Marais, pp. 72, io3, ii3, iï6, 1384.
— du bas Languedoc, pp. 71, 78.
— donné au roi moyennant indemnité, p. 81.
— du bas Languedoc; donnés aux Etats entre
Aigues-mortes & l'étang de Pérols, p. 81.
— bornage ordonné par la commission, p. io3.
— salants, p. 384.
— de l'Alloua, p. 118.
— d'Aigues-mortes, p. 110.
— de Lunel, p. 110.
— de Saint-Laurent d'Aigouze, p. 117.
— de Saint-Laurens, p. 128.
— (Dessèchement des), p. z.
— à dessécher dans le bas Languedoc, p. 73.
Mabais (Ruisseau du), p. 1070.
MARAN 'Archidiacre de), p. 3i6.
MARAN 'M'i- de), pp. 533, 584.
MARAN (Chevalier de), p. i352.
Marmssau (Hôpital de), p. 696.
MARBEUF, abbé, p. io23.
Maubre rose employé dans les bâtiments de Ver-
sailles, extrait de la montagne deCaunes, p. 897.
Marukes dans la partie rocheuse du diocèse de
Saint-Pons, p. 698.
— des Pyrénées, p. 896.
MARCA (Pierre de), visiteur général de la Cata-
logne, évéque de Conserans, puis archevêque de
Toulouse & plus tard de Paris, pp. 236, 296, 297,
3 18, 359, 928; est boursier du collège de Foix,
p. i32; ses travaux; sa famille; ses fonctions
avant d'être visiteur général en Catalogne, dif-
ficulté qu'éprouve à Rome son élévation a l'èpi-
scopat, p. 319; est obligé de venir à Narbonne
recevoir la consécration ; son entrée dans Saint-
' Lizier; est considéré comme dévoué à Mazarin ;
ses lettres à Le Tellier au sujet de la tenue des
Etats de Comminges, p. 320; sa lettre de remer-
ciment à Anne d'Autriche après avoir été relevé
du poste de visiteur général, p. 32i ; préside
temporairement les Etats de Languedoc, & di-
minue leur rôle politique; extraits de sa cor-
respondance concernant la recherche des béné-
fices, pp. 3'i3, 364, 365; ses premières haran-
gues aux Etats, p. 365; reçoit Louis XIV à la
porte de l'église Saint- Etienne , p. idç ; est
nommé commissaire pour la délimitation des
frontières, p. 375; son érudition conserve a la
France plusieurs territoires; sa rrialadie à Per-
pignan; travail qu'il accomplit; charge Baluze
du soin de porter au roi & à Mazarin le résul-
tat de sa mission, p. 400; est convalescent à
Toulouse, il travaille à son Marca Hlspanica;
ca uses qui amenèrent le choix de ce titre ; se rend
à Paris; est chargé de traiter directement avec le
roi des affaires ecclésiastiques; confère au nom
du roi avec le nonce du pape; compose en fran-
chi 1 s un tra I té de Vlnfailli hïlitè du pape , p. 40 1 ;
son approbation de l'institut des Filles de l'En-
fance, p. 574; reçoit de Louis XIV le don de
rriichevêthé de Pans; écrit en cour de Rome
pour solliciter la dispense d'expédition de ses
bulles, p. 4f^2; espoir qu'on avait en lui pour
combattre le jansénisme; sa maladie; confirma-
tion de sa nomination par Alexandre VI ; ses
derniers jours; ses dernières dispositions; donne
il Baliize ses notes 8t ses manuscrits avec mission
de publier ceux qui se trouvaient assez avancés,
p. 4o3 ; après la réception des bulles de sa no-
mination, le clergé de Pans ordonne des prières
solennelles; sa mort; ses œuvres; histoire de sa
vie par Baluze; son éloge par Fr. Bosquet; date
exacte de sa mort; son âge, p. 404.
Marca Hispanica; causes qui ont amené Pierre de
Marca à donner ce titre au livre qui devait être
intitulé Catalonia illustrata ; lieu oil il fut
achevé, p. 401.
Marcaissonne, ruisseau, p, 72.
Marcassonne (Vallon de la), p. 1265.
MARCASSUS (Jean), p. 61.
MARCÉ (Pierre), p. 863.
Mabcha.ndisfs destinées à la foire de Beaucaire
transportées sur le canal de Languedoc, p. 5i5.
— destinées à la foire de Beaucaire en 1721 ; leur
assainissement obligatoire, pp. 960, 961.
.^ fabriquées au Puy; ont leur débit en Allema-
gne, en Suisse, en Savoie, p. 484,
— d'Angleterre entrent à Cette, p. 126.
— des Indes orientales importées en Languedoc,
p. 704.
— du Levant paient le droit de cottimo à Cette,
p. 55.
MARCHANDS; leur nombre dans la Province en
1698, p. 692.
— de bas de Beaucaire, p. 5i.
Marchastel, baronnie, p. 744.
MARCHE (la), chevau-léger compromis dans le
viol d'une fille de Nîmes, p. 253.
Mai.che (Comté de la), p. 448.
Marche (La), p. 444,
Marché.s, p. i385; mesures prises par le Parle-
ment pour leur approvisionnement, p. 2.
— du Languedoc étudiés par Bàville dans son
Mémoire, p. jo3,
— interdits, p. I238.
Marchiennes (Abbaye de), p. 1104.
MiRCiiiN. Voir Marsin.
Marcien, p. 62 1 .
MARCILLAC (dej, évêque de Mende, p. |386.
MARCILLY (de), colonel; correspond directement
avec le ministre de la guerre; son scepticisme
sur les exploits du capitaine Poul; son juge-
ment sur les troupes org.Tnisées par la Province,
p. 755; son avis d'org. miser une campagne mé-
thodique, pp. 755, 75), 762, 703; ravitaille le
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
château de Mandajors, pp. 764, 765, 801; rentre
à Nimes pour protéger la plaine, p. 8o3 ; me-
sures barbares proposées par lui; son désaccord
avec le brigadier Julien & avec le maréchal de,
Montrevel, p. 810.
MARCILLY (François-Joseph), fermier de l'équi-
valent, p. io5.
Marcilly (Régiment de), pp. 87, 774, 775.
Maiîcland, en Vivarais, p. 1202.
Mabcols, en Vivarais, p. 1201.
Mardick (Siège de), p. 261 .
Maréciul de Bassompierre, p. 246.
— de Belle-Isle, p. 1 i52.
— de Berwick, pp. 41, 949, 1178.
— de Biron, p. i35o.
— du Bouchage, p. 694.
— de Broglie, pp. 554, 608, 623, 784 à 777.
— de Castries, p. i335.
— de,ChâtiIlon, p. 885.
— d'Étarapes, p. 366.
— de Grammont, p. 25i.
— d'Harcourt, p. 446.
— de Joyeuse, p. 694.
— de La Mothe-Houdancourt, pp. |65, 236, 237.
— de Lautrec, pp. 107, 1 15^.
— de Mirepoix, pp. 1 189, 1 140, 1 141.
— de Montpezat, p. 694.
— de Montrevel , pp. 37, 602, 777, 779, 780,
781.
— de Mouchy, pp. 1259, 1261.
— de Miiy, p. 1244.
— de Noailles, pp. 3 1 , 32, 71, 554.
— du Plessis-Praslin, pp. 237, 232.
— de Richelieu, pp. 1096, 1098, 1099, iiii,
1112, ii2t, 1122, 1125, 1126, ri28, ii35,
j i36.
— de Roquelaure, p. 1 160.
— de Soubise, pp. i3o3, i3r3,
— de Tallard, p. 860.
— de Thomond, pp. 1 148, i 178.
— de Turenne, p. 296.
— de Villars, pp. 820, 821, 857.
— de Villeroi, pp. 366, 909.
MARECHAL, directeur des fortifications, ingé-
nieur en chef de la Province, pp. 1145, 1226;
ses plans pour la fontaine de Nimes, p. 79.
Maréchaussée; date de sa réorganisation géné-
rale, p. 55; ce qu'elle coûtait en 1759, pp. 1 152,
1 153.
Maréchaux de France, p. i3oo.
MARFAING, ingénieur, p. 1 [46.
MARGASTAUD, architecte de la ville de Tou-
louse, p. 1 007.
Margeride (la), montagne en Gévaudan, pp. 397,
70 1 .
MARGON (de), premier consul de Béziers, p. 289.
MARGON (de), brigadier des armées du roi,
p. 883.
MARGONET (Jean), p. 70.
MARGUERITE, de la maison de Lorraine, seconde
femme de Gaston d'Orléans, p. i85.
Marguerittes (B-ironnie de), p. 128.
MARGUERITTES (Baron de), maire de Nimes,
député aux Etats généraux, pp. 1377, 1378,
1393, 1406; prend la parole dans la nuit du
4 août au nom de la représentation du Langue-
doc; son discours, pp. 1391, 1392.
Mariac, en Vivarais, p. 1202.
Mariage célébré au désert validé par le Parlement
de Toulouse, p. 106.
Mariages au désert, p. 1109.
— de nouveaux convertis, p. 1120.
MARIE, négociant à Toulouse, p. i363.
MARIE-ANTOINETTE, reine, pp. i3i5, i339.
MARIE-LOUISE, femme de Philippe V, roi d'Es-
pagne, p. 903.
MARIE-THÉRÈSE, reine de France, charge
M"" de MondonviUe de l'exécution d'un vœu
qu'elle avait fait pour ses enfants, p. 578; ser-
vice funèbre en son honneur célébré à Mont-
pellier, p. 27.
MARIE-THÉRÈSE, reine de Hongrie & de Bohème,
p. 1089.
MARIE DE BONZI, femme du marquis de Caylus,
p. 498.
MARIE, fille naturelle de Gaston d'Orléans,
p. i85.
MARIE, prophétesse, p. 39.
Marigman (Terre de), p. i 149.
Marignan (Victoire de), p. 362.
MARILLAC, intendant de Poitou, pp. 549, 554;
inventeur du logement militaire chez les pro-
testants, p. 520; ses habitudes; son caractère,
p. 539.
Marine; les matières qui lui sont utiles sont
affranchies à Toulouse du droit de commutation,
p. 442.
Marine-Infanterie (Régiment de), p. 1377.
MARION, camisard, p. 40.
MARIOTTE, subdélégué; est chargé de l'affaire
des Filles de l'Enfance, pp. 579, 58o; deux de
ses filles appartiennent à cet institut; étant
accusé de trop de ménagements, il ne néglige
rien pour ne pas s'exposer aux mêmes repro-
ches, pp. 582, 584; nommé trésorier de la ville
de Toulouse, p. 604.
MARIOTTE (M""'), sœur de M"" de Ganges,
p. 717.
Marle, bailliage, p. 467.
MARLIAVE (de), pp. 32, 619; acquéreur de l'of-
fice de maire d'Albi, revend son office à l'arche-
vêque, pp. 638, 639.
Marly, pp. 908, 1041.
Marmande, p. i3 14.
MARMIESSE, avocat général au Parlement de
Toulouse, pp. 172, 173, 189, 2^5, 219, 224,
220, 242, 247, 249, 326, 348, 349.
MARMIESSE, président à mortier au Parlement de
Toulouse, p. 947.
MARMIESSE (Baron de), p. i352.
MARNÉSIA, abbé, p. io23.
Maroc, p 699.
Marquefave,- commune, p. 87.
Marquein, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
MARQUIÉ-CUSSOL, juge-mage de Pamiers,
p. i35o.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Marquis : d'Aldéguler, p. ,352
— d'Aligre, p. iSSy.
-d'Ambr», pp. 3. 33, ,45, zoo, .8z , 863,
— d'Ancenis, p. 925.
— d'Antin, p. 5i^.
— d'Apchier, p. 13-T7.
— d'Arpajon, p. ^p.
— d'Aubaïs, pp. 799, ,o58, ,,34.
— d Aulan, p. 1 198.
— d'Ara r»y, p. ,3,3,
— d'Aréjan, p. n^,
— d'Avessens de Saint-Rome, p. ,3,7,
— de Banne, p. ,-/,, ''
— de Barbazan, p. i353.
— de Baschy, p. 127.
— de Beaufort, p. 21,
— de Bélesta, pp. ,293, ,3,9.
— de Bernis, pp. ,,8, ,jgg
— de Bertier, pp. ,225, i352.
— de Bertier-Montrabe, p. |352.
— de Bonfontan, p. r338.
— du Bourg, p. t^n.
— de B0UZ0I5, p. 32.
— de Brézé, p. 1025.
— deBrison, pp. 52, 62, 75, 1,6, 878.
— de Brizonj, p. 1064.
— de Brueys, p. i352.
— de Canillac, pp. 801, 802
~7t6,':3:r"'''-"''''^^''''''^''^'^-^77-
— de Castelpers, pp. ,2i5, i352.
-deCastnes, pp. 23, 8., ,,5, ,,6, 330, 4.5
4)4. 496, io35, .064, ,3i2. ^ ^ ■
— de Caumels, p. i353.
— de Caylus, pp. 26, 71, 885.
— de la Chaise, p. i 198,
— de Chahicet-Messignac, p. 553
-de Chalvet-Mery.lle, pp. ,3.52," ,363.
— de Chambona5, pp. 6,, ,,,8, ,,98, ,28.5.
— ae Chamillart, p. 807.
— de^Châteauneuf, pp. 55., 569, 579, 582, 7, ,,
— de Chayla, p. 744.
— de Choisinet, p. 61.
— de Clauzonnettes, p. 1 10.
— de Coislin, p. 168.
— de Cornusson, pp. ,7,, ,73^ 33 5^
— de Crillon, p. 91. ^'
— de Croissy, p. 720.
— de Crussol, p. 96.
— Davessens, p. i352, i3">3.
— Dupuy-Moniesquieu, p. ,302.
— d'Entraigues, p. 1 10.
— d'Epinay, p. i83.
— d'EscOuIoubre, pp. ,363, ,377.
— d Espagne, p. ,353.
— de Faget, p. ,352.
— de Faret, p. ,07,.
— de Fleury, p. ,352.
— de Foix, p. 29.
— de Fontenilles, p ,353.
— de Fournis, pp. 7,, ,(,.,,_ ,3^^^
— de Foiircjiieraux, p. ,352.
— deGanges, pp. 2,, ',-, 87, 8o<S.
— deCararret, pp. ,293, i352.
— de GaTarrei-Rouaix, p. ,352.
— de Gerlande, pp. 68, 69.
i56ï
,3j
i3oi,
,98.
i363.
i3o2, ,335.
r377.
i3i3.
Marqcs : de Gontaut, p. 92.
— de Grave, p. ,064.
— de Grignan, p. 476.
— de Gudanes, pp. ,35,^
— de Guibert, p. ,353.
— de Guiscard, p. 887.
— d'Hautpoul, p. ,338.
— d'Hautpojl-Seyre, pp.
— de Joviac, pp. 1,97, ,
— de Labarthe, p. ,352.
— de La Châtre, p. ,3,3.
— de La Fare pp. 59, 60, 6,, 63, 64, 65, 66, 68,
•"/i. 70. 71. 6o,. ^ > . .
— de La Gorce, p. 778.
-de La Lande, pp. 39, 904.
— de l^a Siaumes, p. , 198.
— de La Tour-Mauboiirg, p.
— de Latresne, p. ,353.
— de La Trousse, p. 590, 598, 61
— de Leganez, p. 721.
— de Léran, pp. 72, 853.
— de Lespinasse, p 165.
— de Lévis ou de Lévy, pp. 33,^
— de Lordat, pp. ,0,, , ,g.
— j* f-^^'enan, pp. ,93, ,352.
— de Malauze pp. 5, 245. 260, 622, 760.
— de Mariin-Lacroix, p. ,352.
_deMa„bourg, pp. ,,9,, , »_
— de Maurepas, p. ,o25.
_deMér,ny,lle, pp. 32,60, 91,
— de M.remont, pp. 83o, 855, 857, 858, 878
— de Monségur, p. ,352.
— de Montanégre, p. 23.
— de Montarnal, p. 801.
— de Moiitcalm, p. ,377.
— de Montclus, p. ,o36.
— de Montesquieu, p. i3i3.
— de Montferner, pp. 123^,
— de Montjoux, p. , 36.
— de MontlezunP.irdiar, p.
— deMontpezat, p. io'i6.
— de Montratier, p. ,3.",2.
— de Morangé, p. .487.
— "*' Morang.ès. pp. 68, , o36.
— de Murviel, pp. 28, 29, 5o.
— de Nisas ou N.zas, pp. 67, 88.
— de Noailles, p. 8i5.
— de Nogaret, p. 960.
— des Ouches, p. 7.
— du Pac-Badens, p. ,377.
— du Palais, p. ,9.4.
— de Panât, pp. ,35,, ,3.i2, ,377.
de Pauliny, p. 86.
IM9.
I ''55.
13,4,
— de Péraud.
p. 566.
- de Pierre-Bourg, p. 1,7.
-de Pins, pp. 74, ,,35^ ,35j_ ,355
- de Polastron La HiUère, p. ,352
■dePol.g.iac, pp. 25, 3,,4c5.
• de Pompignan, p. ,353.
• de Pordéac, p. ,352.
■ del Povar, p, 236.
de Portes, pp. 7^3, 799. ,355.
du Puget, p. ,352.
de Puylaroque, pp. ,355, ,377.
de Puysieulx, p. 1106.
de Puyrert, pp. ,,02.
i562 TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Marquis : de Rabat, pp. 4, 5, 240, i53, ^5J^, 255, Marquises : de Mirepoix, p. 242.
258, 269, 260, 264, j65. — ie Pompadour, p. 1 179.
— de Rochemaure ou de Rochemore, pp. 92, io36. — de Toiras, p. 62,
— de Reqiielaure, pp. 53, 58. IMARRAST, conseiller au Parlement de Toulouse,
— de Rouairoux, p. 719. p. 352.
— du Roure, pp. 47. 63, io36. MARRAST (Cheval. er de), p. i355.
_ de R"^'g"y. P- 365. MARRAST, habitant de Toulouse, p. 1402.
I 000
— de Saint-Abre, p. i3.
_ de Saint-Alvère, p. 1403. Marbons, p. 487.
de Saint-Félix, p. i353. M*rsa, au diocèse d'Alet, pp. 870,
— de Saint-Maurice, p. 1377. — (Chapitre de) ; son extinction, p. 106.
_ de Saint-Pierre, pp. 835, 837. Marsac, sur le Tarn, pp. 1 129, i i32.
de Saint-Point, pp. 25, 20, 76. ,iAr.cAxr m ■ j \
, ,, . „, ' rr ' y> / MARSAN (Princesse de), p. 9 1 .
— de Saint-Rhue, p. 534. ) , s a
_ de Saint-Sulpice, pp. 23, Sp, 363. MARSAN (Comtesse de), p. 1 198.
— de Saissac, p. 23. Map.seiu.an, pp. 104, 109, 725, 726, 884.
— de SiTtilieu, p. 1377. Malseiile, pp. 55, 56, 80, 112, 362, 5i8, 590,
— de Seignelay, p. 545. 704, 716, 728, 729, 772, 788, 896, 918, 960,
— de Serre, p. 1198. . 963, 965,970, io23, i326, i327; la peste y
— de Sers, p. i352. éclate, pp. 946, 947.
_ de Sillery, p. 86. — (Évêque de), p. 1021.
— de Sourdis, P- 22. Marseillette, au diocèse de Carcassonne, pp. 104,
— de Toiras, p. 363. , ,^ B,. , o
_deTorcy,pp. 866, 880, 88.. .06, 87 -, .008.
_ de Tornac, p. 32. " (J"«'« '^'^' P" ' '^°-
— de la Tourette, pp. 69, 90, 533. — (Seigneur de), p. 1 iSp.
— de Tourne!, p. 29. — (Etang de), pp. 93, qS.
— de Trévoux, pp. 49, 1059, 1 1 36. MARSILLAC, prend parti contre Mazarin, p. 279.
— de La Trousse, p. 29. ,„r.,, , , „ /n j \ -n
, ,, , -, '^ 3 _ 3 _ MARSILLAC (Prince dej, p. 337.
— de \audreuil, pp. 1377, 1397. ^ ,,
_ de Vérac, p. 553. Marsillargues, p. 332.
de Vézenobre, p. io36. Matsin, p. 325.
— de Villefort, p. 1 198. MARSIN ou MARCHIN (Comte de); a la confiance
— de Villeneuve, pp. 81, 86, 719, 1095, 1126. de Mazarin; commande l'armée de Catalogne;
— de Vogué, pp. 34, 44, 616, 1197. est gouverneur de Bellegarde; projet de défec-
Mabquisats : d'Ambres, p. 107. 'io" qy'Ç" 1"' soumet; son mariage, p. 296;
d'Avèze, p. 10. est arrêté à Barcelone & conduit à Perpignan,
de Bâviile, p. 552. P- 2o5; sa défection, pp. 9, 323; négocie avec
(iç Calvisson, p. 2. les Espagnols; quitte la Catalogne, menace Li-
de Cassagnoù, p. 104. inoux, évite le territoire du Languedoc, se jette
()j Castries, p. 3. dans la Guienne, p. 324; occupe Moissac &
de Dulac, p. 02. menace la frontière de Languedoc, p. 327.
— de Duroc, p. 90. MARTEL (de), pp. 3 16, 1349.
_ de Fourquevaux, p. 29. MARTEL (Jean) aîné, imprimeur, p. 1370.
_ de Ginestous, p_. 106. MARTHE, jeune fille égorgée dans le château de
— de Gleon, p. Sa. , ■ ,•,. „ „ •{
, , . ' r Ladeveze, p. 74J.
— de Lespinasse, p. io5. ., ni-
— de Montferrier, p. 97. Martignargues, p. 8 , 5.
— de Montfrin, p. 1 1. Martigues (Port de), p. 292.
— de Montégut, pp. 26, 1082. Martinique (la), p. 792.
— de Montpezat, p. 20. MARTIN (de), conseiller au présidial de Toulouse,
— de Pont-Courlay, p. 1059. p 2^5.
— de Portalès, p. 102. MARTIN (Jean), maire perpétuel de Villeneuve,
— de Portes, p. 1082. ^ ^3^/
e Puivert, p. 2 . MARTIN DE LAVAL, tué dans un combat contre
C;ivalter, p. 8 i6
— de Roquefeiiil, p. iB.
— de Saint-Geniès, p. q5-
— de Salas, p. ,o55. MARTIN-LACROIX (de), p. i352.
— de Servies, p. 20. MARTIN D'AUCH , député aux Etats généraux,
— de Sumène, p. 96. p- 1378; seul opposant aux résolutions arrêtées
— de VignoUes, p. 11. dans la salle du Jeu de Paume, p. 1389.
— de Villeneuve-la-Crémade, p. 29. MARTINEAU, commis du grenier à sel à Tou-
— leur nombre en Languedoc, p. 694. louse, p. 175.
Marquises : du Bourg, p. 66. MARTINOZ/I (Anne-Marie), nièce du cardinal
— de Calvisson, p. 128. de Mazarin, princesse de Conti, p. 394.
— de Castries, p. 5oo. Martres, au diocèse de Comminges, pp. 35i,
— de Graves, p. 843. 1232.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES,
i563
Marvéjols, pp. 6, 70, 79, 90, 96, 123, 129, i56,
33î, 35o, 744, 746, ii3i, ii32, ii38, 1149,
1162, 1194, 1200, i3o6, i3t9, i377, i386,
1407, 1408; composition du conseil mi-partie,
p. 19; la peste y éclate avec violence en 1721
& y fait dix-huit cents victimes, pp. 961, 962;
la peste y cesse ses ravages le i3 avril 1722,
p. 965.
Marvéjols-lès-Gardon est brûlé, p. Sy.
MASALIEUX Jde), religieuse de la Seauve, p. 1204.
Mas-d'Abgence, p. ii36.
Mas-d'Azil, pp. 162, 1403.
Mas-de-Bo!)AT, p. 1283.
Mas-Bonnet, village, p. 8o5.
Masbolsqlet, hameau en Gévaudan, p. 965.
Mas-Cabardès, p. 53.
Mas-de-Coiteao, p. 48.
MAS-DES-Corns, château, p. 338.
Mas-des-Col'RS, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
Mas-Gremer (Abbaye de), pp. r3, 109, 1402; ses
armoiries, p. 684.
MAS-MEJAN fComte» de), p. 488.
Mas-Mostet; ravages qu'y fait la peste, p. 962.
Mis-de-Seiriébes, près Nimes, pp. 37, 787.
Mas-de-Saint-Paclet, p. 20.
Mas-Saintes-Pleli.es, p. 462.
MASCARANY, intendant de Gaston d'Orléans,
p. 186.
MASCART, p. i3.")i
MASCLARY, trésoiier de France, fait p.nrtie de la
commission mixte pour le règlement des affaires
des communautés, p. 706,
Masel, lieu, p. 799.
MASEROLES (Sieur de), p. 320.
Masmolène, p. 123.
MASNAU, conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 352, 3-8.
Massabrac, commune, p. 1009.
Massac, lieu, p. 347.
Massacre de Vernoux, p. 80.
MASSAGtEL, pp. 85, 1253, 1205.
MASSAN (L'abbé;, sacristain de S.iuve, p. 764.
Massasnes, p. 834.
MASSANT (Louis), fermier général des gabelles,
p. 359.
Massât, pp. 253, 1401.
— (Habitants de); leurs querelles avec le marquis
de Rabat, p. 234.
MASSE, aventurier jugé par le Parlement de Tou-
louse, p. 397.
MASSÉLIAN, abbé, p. 858.
MASSEBIBAtiT, p. 84.
MASSIA, trésorier de Languedoc, p. 4.
MASSIA, chanoine de Narbonne, massacré à
Montpellier, p. 236.
Massillabgues, bourg, pp. 5ç, 72, 902, 1116,
1 400.
MASSILLAN (de), maire de Montpellier, p. 1095.
MASSIF, guide d'émigrés dans les Cévennes,
pp. 738, 753.
MASSIF, avocat de Nimes, p. 992.
MASSOC, avocat, mainteneur des Jeux Floraux,
p. 661.
MASSONIER, négociant à Toulouse, p. i363.
Mastre (La), en Vivarais, p. 1202.
Matelles (Les), p. 1400.
MATHIEU, maire de Nimes, pp. 982, 991.
MAUBOURG (Marquis de), pp. 1197, 1198.
MANCINI (Laure), femme du duc de Mercoeur,
p. 479.
MAUGIRON, abbé, p. I023.
Mauruio, pp. 32, 53, 82, 882, ir56, 1400.
— (Etang de), pp. 97, 1^55, ||32, 1 i33.
— (Maladrerie de), p. 695.
— (Port de), p. io55.
MAULÉON (Marc-Antoine de), baron de Nébias,
p. 409.
Maulevrier, p. 188.
— (Régiment de), p. 863.
MAULNY, premier écuyer de Gaston d'Orléans,
p. 186.
MAUPAS DU TOUR (Henry de\ évêque du Puy,
p. 398.
MAUPEOU (Charles-Guillaume de), évéque de
Lombez, pp. 1020, io23.
MAUFEOU (Chancelier) j ses réformes judiciaires,
pp. i2o8, 1211, 1212, i2i3, 1214, 1266, 1347;
son avènement au ministère, p. 1209; sa ré-
forme compromise dès l'avènement de Louis XVI
par le rétablissement du Parlement de Pans,
p. 1232.
Maurax, lieu, p. 1219.
MAUREILLAN (Baron de), premier consul de Bé-
ziers, p. 334.
Macreile ou Tournesol, p. 701,
Mauremont, p. 1248.
Maurens; ses armoiries, p. 687.
MAURENS (Sieur de), p. 933.
Maubotis, lieu, p. 1219.
MAUREPAS (Marquis de), p, io25.
MAl'REFAS (de), p. I23i.
Mmiiepas, seigneurie, p. i333.
MAUREVILLE (Sieur de), p. 342.
Malriac, en Vêlai, p. 85i.
MAURIAC, conseiller au Parlement de Toulouse,
mainteneur des Jeux Floraux, p. rt^i.
MAURIN, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
MAURY, abbé; forme le noyau des beaux esprits
qui fondèrent, à Toulouse, l'académie des bel-
les-lettres, pp. 655, 656.
MAl'RY (L'abbé), prend la parole à l'Assemblée
nationale à propos de la protestation des mem-
bres de la chambre des vacations, p. 1420.
MAURY, conseiller à la cour des comptes, aides &
finances, p. 1097.
Mauvaises récoltes, p. 940.
Mauvezin, pp. 253, 368, 639, 1402.
Macves, en Vivarais, pp. 870, 1202.
Mauvoyers, chapelle, p. 1020.
i564
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
MagAlas, au district de Saint-Pons, p. 1401.
Magalas, baronnie, p. 203.
Mayence (Electeur de), p. iio.
MAYNARD (François); son origine, son séjour à
Paris; est au nombre des premiers quarante
membres de l'Académie française; ses espérances
déçues, p. 246; ses collections ; sa famille; est
attaché à l'ambassade de France à Rome; appré-
ciation de la cuisine italienne; séjour à Saint-
Céré; à Toulouse; ses collections, p. 247; sa
mort; publication de ses œuvres; son opinion
sur ses œuvres & sur celles de ses contemporains ;
les beaux esprits du temps composent des épi-
taphes en vers en son honneur, p. 248.
MAYNARD LESTANG (Christophe de), conseiller
au Parlement de Toulouse, p. 352.
MAYNARD, docteur de l'université de Montpel-
lier, p. I 127.
Mayras, en Vivarais, p. 1202.
Maybié, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Mazade (Maison de), à Toulouse, p. 366.
Mazamet, pp. 18, 60, 66, 79, 80, 85, 472, 1073,
1376, 1408; construction d'une nouvelle église
paroissiale, p. 76.
Mazan, p. 98.
Mazan, en Vivarais, p. 1202.
Mazan, abbaye, pp. 473, i3oi.
— (Abbé de), pp. 1 198, 1200.
MAZARIN, pp. 8, 14, i5, i3i, 173, 179, 184,
i85, 186, 188, 191, 192, 210, 221, 224, 226,
227, 23o, 23 j, 255, 259, 274, 281, 295, 296,
322, 327, 336, 337, 364, 335, 366, 367, Syr,
378, 389, 400, 401, 439, 495, 540; arrêts con-
tre lui, pp. 7, 8; programme de son ministère
exposé par Schomberg aux Etats de Languedoc;
son éloge, p. 160; sa politique consistant à
employer le Parlement contre les États & les
Etats contre le Parlement, p. 171 ; s'appuie sur
les Etats contre le Parlement, p. 269; sa crainte
de voir dans le Parlement de Paris des Fairfax
& des Cromwell, p. 286; est banni par le Par-
lement de Paris & se retire à Cologne, p. 3o3 ;
est accusé par le Parlement de Toulouse; ses
biens saisis & les revenus de ses bénéfices mis
sous séquestre, p. 3o5 ; sa tête mise à prix par les
Parlements de "Toulouse & de Paris, pp. 9, 335;
se retire à Sedan, p. 342 ; rentre à Paris, p. 343 ;
condamne les unions des compagnies judiciai-
res, p. 366; rejoint, à Toulouse, Louis XIV &
Anne d'Autriche, p. 372; ses efforts au moment
de la paix des Pyrénées, pour obtenir une déli-
mitation de frontières avantageuses à la France,
p. 373; arrive à Nimes, p. 38i ; meurt à Vin-
cennes, p. 391 ; ses dernières instructions à
Louis XIV, p. 392,
MAZAURIGUE (Jeanne), p. 980.
MAZAURIC (Antoine), lieutenant de milice bour-
geoise, p. 784.
MAZEL (Abraham), prophète, pp. 47, 740, 749,
878, 879, 886; est tué d'un coup de fusil; sa
tête est exposée à Vernoux, pp. 48, 887.
Mazel (Château du), p. 767. '
Mazel-Rosade, p. 759.
MAZELET (Firmin), entrepreneur de l'exploita-
tion des mines de Gévaudan, pp. 167, 168.
MAZELET, prédicant, arrêté & condamné à mort
pour exercice public de la religion réformée,
p. 981.
Mazères, pp. 53, 59,
Mazerettes, commune, p. 680.
Mazef.olles, au diocèse de Limoux, p. 1008.
MAZERS, p. 1425.
Mazet, en Gévaudan, p. pôS.
MazciiY, au diocèse d'Alet, p. 1008.
Mazax (Forêt de), p. 120.
MEAU, juge pour trois quarts à Miraval, p. 1 197.
MÉDON (de), p. 654.
MlîDOC (Régiment de), p. 1344.
MÉDICIS (Marie de,, pp. i55, 494.
Méditekbanéf,, pp. I 17, 176, 435, 462, 472, 473,
481, 482, 739, i333.
MÉHÉMET EFFENUI, ambassadeur du sultan,
traverse la Province, s'ariëte à Toiilouse, p. 94? ;
descend la Garonne jusqu'à Bordeaux, p. 949;
passe en Languedoc à son retour, vient de Lyon,
s'arrête à Montpellier & s'embarque à Cette,
p. 949.
Mf'JANE (Carrière de pierre de), p. ç86.
MEJAUL, ministre protestant, p. 425.
MELAIR, architecte de la Piovince, p. 868.
Mêlas, en ^'ivarais, p. 1201.
Melgleil, p. 22.
IMÉLINDRE (Julien), p. 293.
Mellet, p. 97.
Melolze, village, p. 733; son église & son pres-
bytère sont brûlés, p. ySj.
Melun, p. 1069.
MELUN (Duc de), p. 940.
Mémoire dressé durant l'intendance de d'Agues-
seau, p. 691 .
— de Bâville; ses diverses copies manuscrites,
p. 602; son impression; défauts de cette édi-
tion; description d'une copie manuscrite ayant
appartenu à M. de Beauvau, p. 690.
— de Froidour, pp. 486, 487.
— pour le roi Louis XIV, au sujet de l'édit de
Fontainebleau, p. 56o.
— de l'évêque d'Alais contre les protestants de
Languedoc, pp. 992, 993; renvoyé au Parle-
ment de Paris, p. 994.
— sur la manière de se conduire relativement au
rétablissement de l'ordre dans les matières de
religion, par l'intendant de Saint-Priest ; ré-
sumé, pp. I I 07, 1108, 1109, 1 1 I o, 1111, 1112.
— des gentilshommes de Languedoc & réponse de
la commission des Etats, pp. 930, 931, 932,
933, 934, 935, 936.
— (Extraits du) de l'abbé Chambon sur les avan-
tages que le roi & l'Etat peuvent tirer de la
ville de Toulouse & de la Province de Langue-
doc & réponses de l'intendant de la Province,
pp. 1226, 1227, 1228.
— historique sur la maladie épizootique (Citation»
du), pp. 1232, 1262.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i565
Mémoire sur la mortalité des bœufs qui a dévasté
une partie du Languedoc en 1776, p. 1263.
— présenté au comte de Périgord contre le projet
d'assommement & de salaison du bétail dans le
diocèse de Toulouse, pp. 1263, 1264.
— (Second) au comte de Périgord par les commis-
saires du diocèse de Toulouse sur le même sujet,
p. 1265.
Mémoires rédigés par les intendants pour l'édu-
cation du duc de Bourgogne, p. 689.
MÉNAGE, de l'Académie française, p. 247.
Mende, ville épiscopale, pp. 6, i3, 43, 47, 70,
96, 104, 332, 3.ï:>, 5S6, 588, 702, 744, 7S4,
801, 804, 807, 863, 890, 968, 969, 9S8, 990,
1004, 1020, 1067, ii38, 1149, ii52, i3o5,
i3o9, 1378, ij83, i386, 1407, 1408, 1418;
démolition de temples protestants, p. 19; ses
armoiries, p. 688; sa population en 1698,
d'après BâviUe, p. 692; atteinte par la peste,
p. 962; la peste y cesse le 29 mai 1722, p. 96$;
souffrance de ses habitants durant la désinfec-
tion de leur ville, p. 967.
— (Chapitre de); ses armoiries, p. 683.
— (Collège de), pp. 1384, i385.
— (Diocèse de), p. 11, 42, 5j, 5ç), 74, 88, 94,
lOT, 106, 112, 114, 122, 126, 168, 195, 3^o,
426, 483, 571, 620, 644, 768, 770, 855, 863,
968, 988, 1012, io33, 1081, 1129, ii3o, 1407;
son emprunt pour achat de grains & répara-
tion de chemins, p. 70; dévasté par la grêle en
1727, p. 1504.
— (Evoques de), pp. 799, 1 1 13, ii 24, i 194, i3 5,
1377.
— (Faubourg du Croiiset, à), p. <)^>5.
— (Gruerie de), p. 474.
— (Route de) à Nimes, p. 801.
— (Séminaire de), p. 27.
— (Sénéchaussée de), pp. i5, 1367.
Mendiants; leur nombre dans la Province en
1698, p. 692.
— de Toulouse, enfermés à l'hospice de la Grave
par ordre des capitouls, p. 4.
MENEVILLE (Françoise de), religieuse de Clavas,
p. 1204.
MENGAUD, conseillera la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
MENGAUD (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
MENOU, commandant des Irlandais, pp. 823,841;
découvre la bande de Cavalier, p. 83 1.
Menons, p. 59.
Menu d'une collation offerte par la ville de Tou-
louse en 1649, p. 289.
Menin (Camp devant), p. 1070.
MENUT (Jean), envoyé aux galères pour avoir
reçu chez lui un ministre protestant, p. 1074.
MENY, capitaine des gardes du prince de Conti,
p. 359.
Mer (Consuls de), p. io55.
Mercerie d'Allemagne importée en Languedoc,
p. 704.
Merci (Ordre de la); avantages faits aux tassi-
niers, p. 264.
MERCIER père, cordonnier à Nimes, p. 992.
Mercoeur, baronnie, p. i i3.
— (Régiment de), p. 334.
MERCŒTLIR (Duc de), vice-roi de Catalogne;
pp. 364, 382.
MERCŒUR, cardinal de Vendôme, légat de Clé-
ment V, reçoit, à Montpellier, une députatioil
des Etats, p. 479.
Mercuer, en 'Vivarais, p. 1201.
MESCUER DE LAS PLANES (Baron de), p. |353.
Mercoire (Forêt de), p. 962.
Mebcoyras, en Vivarais, p. 1201.
MEREÏ DE L'INCARNATION (M"" de), assistante
au couvent des Ursulines de Nîmes ; sa corres-
pondance, p. 807.
MERIAN, conseiller-président de Brandebourg
p. 562.
Méricl'ES, lieu, p. 481.
MtRiNViLi.E, baronnie, p. 75.
MÉRINVILLE 'Baron de), pp. 1124, 1367.
MÉRINVII.LE (Comte de), pp. 53, 73, 1064.
MÉRINVILLE (Marquis de), pp. 32, 60, 91.
MÉRINVILLE (DESMONTIERS de), p 159.
MÉRINVILLE DE RIEUX (Comte de), promu che-
valier du Saint-Esprit, p. 406.
MÉRINVILLE (Comte de), lieutenant général des
armées du roi, commandant en chef dans la
Province, p. 873.
MÉRINVILLE (Régiment de), p. 264.
Merlac, p. 122.
MERLE (Claude), marchand du Puy, p. 489.
Mehkain (Exportation du), pp. 16, 55.
Mei'.ville; ses armoiries, p. 687.
MERVILLE (de), p. 193.
Mesilrac, pp. 94, II49-
MESME (de), président, p. i33.
Messagers royaux en Languedoc, p. 9.
MESTRE, capitoul, pp. 242, 244.
Mesures législatives prises contre les protestants
avant la révocation de l'édit de Nantes, pp. 543,
544, 545, 546, 547, 548, 549.
— militaires en Languedoc, p. 569.
— de sûreté prises par le comte de Thomond sur
les côtes de Languedoc, p. 1 145.
Métiers à bas, p. 73.
Meurtre de deux curés, p. 86.
Meurtres commis par des troupes indisciplinées,
p. 33d.
— de prêtres par les insurgés cévenols, p. 764.
— dans les bassins supérieurs de l'Hérault & du
Gardon, p. 759.
Meyrac, p. 871 .
MEYRARGUES (Baron de), p. 807.
Meyrueys, p. 968.
Meyrueis, pp. 332, 601, 784, 1407, 1408; ses
armoiries, p. 688.
— (Archiprêtré de), pp. 648, 649.
Meysse, en Vivarais, p. 1201.
i566
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Méze, pp. 82, S5, 90, ojr, 725, 716, 884, S85,
1401 j ses armoiries, p. 686.
— (Etang de), p. 884.
— (Maladrerie de), p. 696.
Mezeybas, en Vivarais, p. 1202,
Mezen (Mont), p. 1410.
Mezene, en Vivarais, p. 1202,
Mézières e.n Brenac, p. i85.
Mézillac, en Vivarais, p. 1201.
Mezin (Montagnes du), p. 1282.
MiALANNES, lieu du Gévaudan, p. 397.
Mialet, paroisse, pp. 790, 796; ses habitants
sont enlevés, p. Sy.
MICHEL WIESNOWIESKI, p. 495.
Miel, p. 481.
MIÉGEVILLE (de), nommé conseiller au Parle-
ment Maupeou, p. 1214.
MIEULET DE LA RIVIÈRE, p. 142.5.
Migration du bétail durant l'épizootie, pp. 1259,
1260, 1263.
Milan, pp. 720, 927.
Milanais, pp. 461, 903.
Miliiabel, au diocèse d'Albi, p. 1008.
MiLHARS, communauté voisine du Rouergue,
pp. 1028, 1408.
MILHET, chirurgien de Carbonne, p. 255.
Milice catholique, p. 616.
— créée dans la Province; son organisation, son
armement, son équipement, sa solde, pp. 608,
60-).
Milites, pp. i, 49, 121, I23, 162, 897, 9S0,
951; concussions & malversations commises à
leur sujet, p. 209; marchent contre les révoltés
du Vivarais, p. 614; composées exclusivement
d'anciens catholiques, p. 618; leur organisa-
tion; les officiers achètent la confirmation de
leurs grades, p. 619; leur insuffisance pour ré-
primer les mouvements des Cévennes, p. 734;
chargées de la dévastation; leur mauvais ét.it
sanitaire, pp. 802, 8o3; leur nullité démon-
trée, p. 890.
du Gévaudan ; nombre de leurs bataillons qui
opéraient dans les Cévennes, p. 801.
— bourgeoises désarmées, p. 877.
— patriotiques, pp. iSpo, 1391.
Millas, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
MiLLAO, en Rouergue, pp. 20, 123, 126, 128,
1029, ii3o, ii3i, ii3i, 1218, 1406.
MiLLAUD, p. 1067.
MiLLEBiNES, dans les Cévennes, p. 48,
Mimente, rivière, pp. 739, 746.
— (Défilé du), p. 8o3.
— (Gorges du), p. 806.
Minerai de fer de Vicdessos, p. 65.
MiNERVOlS, p. 870.
Mines, pp. 22, 768; essais faits par Colberf, en
1672, pour leur exploitation, p. 698.
— de Gévaudan; violences suspendant leur ex-
ploitation, p. 167.
— de charbon dans la Province de Languedoc,
p. 1370.
Mines de houille, dans les environs du pont Saint-
Esprit, p. 107; concédées à Tubeuf, p. 110; à
Soulahou & près de Saldines, p. 1282; à Bise,
p. 1283.
— de plomb, cuivre & argent, en Gévaudan;
leur rendement en 1778, p. I283.
— de la Forêt, p. 1285.
— de la Grand'Combe, p. 1286.
— de Montaud, pp. 1284, 1285.
MINGAUD, curé de Saint-Etienne de Valfrances-
que, pp. 742, 767.
Minimes de Toulouse, p. yS; leur église, p. 366.
Ministre protestant pendu à Montpellier en 1728,
p. 63.
Ministres convertis, pp. 569, 670; avantages qui
leur sont promis, p. 559-
— non convertis exilés; condamnés aux galères
s'ils exercent une fonction religieuse, p. 558.
— protestants; leur position au commencement
de la Régence, p. 180; déplacés, p. 18; prê-
chent sur la persécution; contribuent à ré-
pandre l'exaltation ; leur éloignement aug-
mente l'émotion, p. 529; prêchent la résistance
& annoncent l'amnistie comme un piége, p. 53 (;
arrêt du conseil d'Etat leur défendant de prê-
cher à la campagne, sous des arbres, p. 10;
condamnés à être roués vifs ou pendus, p. 28 ;
décrétés de prise de corps, p. 28; émigrés,
p. 73o; blâment, dans une lettre synodale, la
conduite des insurgés cévenols, p. "94; de Ge-
nève, blâment les incendies & toutes les vio-
lences qui se commettaient dans les Cévennes,
p. 758.
MiNORQLE, p. 903.
MINUT, premier président au Parlement de Tou-
louse, p. 1415.
Miquelets, p. 862; employés dans la guerre des
Cévennes, pp. 804, 806, 821.
— de Roussillon, p. 772.
MIRABEAU, p. 1398; sa motion à l'a-ssemblée
nationale dans l'incident relatif au Parlement
de Toulouse, p. 1422.
MiRABEL, en Vivarais, pp. 221, 1201, iSyo.
MIRABEL (de), p. 614.
MIRABEL (Comte de), p. 1 198.
MIRAL (de), p. 620.
MIRAL, colonel de milice, p. 741.
MiRAL (Régiment du), p. 75o.
MIR.AMAN (M""" de), p. 39; son assassinat par
les camisards, p. 807.
MiRAMONT (Hôpital de), p. 33.
MIRAMONT (de), capitoul de Toulouse, p. 922;
nommé conseiller au Parlement Maupeou,
pp. 1214, i355.
MiiivvAL, en Vivarais, pp. 1 197, 1201 ; ses armoi-
ries, p. 686.
MiREMONT, p. 861 .
MIREMONT (Marquis de), p. 83o, 855, 857, 858,
878. Voir BOURBON (Louis-Armand de).
MIREMONT (Seigneurs de), en Auvergne, p. 260.
MiREPOix, ville épiscopale, p. 25, 47, 61, 69, 77,
90, 99, 107, 110, i56, 504, 517, 890, 985,
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
r567
1004, iï5i, 1402, 1404, 1418; exemption de
taxes, p. 2,
MiREPOix (Baronnie de), pp. 44, 07, 852.
— 'Chapitre de); ses armoiries, p. 683.
— Diocèse de), p. 42, 5-j, 62, 88, 96, 97, 99,
102, id6, 107, ii5, 126, i56, 209, 55o, 619,
894, 895, iod8, 1178, 1189, i33r, 1403, 1404;
reçoit des secours, à la suite des désastres de
1707, p. 871; ravagé par la grêle en 1727,
p. ioo3.
— (Evêque de), pp. 26, 53, 85o, 990.
— (Pays de); ses produits industriels, p. 698.
— (Pont de), pp. 122, 123.
— (Terre de), pp. 25, 469.
— (Terre privilégiée de), p. 472.
MFREPOIX (Baron dej, p. 5j.
MIREPOIX (Duc de), pp. 89, 90; est nommé lieu-
tenant général en Languedoc, p. ii36; prend
des précautions contre les bandes de contreban-
diers de Gévaudan, p. Ii37; son plan de con-
duite relativement modéré à l'égard des protes-
tants, p. I 139; sa tolérance pour les protestants,
pp. 1140, 1141; meurt & est remplacé par le
comte de Thomond, p. 1 144.
— (Marquis de), pp. 26, 44, 37, 5i8, 852, 989,
■ 338 ; doit faire partie de l'assemblée des nota-
bles, p. i335.
MIREPOIX (Marquise de), p. 242.
MIRMAND (Henri de), président à Nimes, devient
conseiller d'ambassade de Frédéric-Guillaume,
p. 564.
MIROMÉNIL (M. de); son discours aux États,
p. 3oo.
MIROMÉNIL (Chevalier de), p. 879.
MIROMÉMIL (de), garde des sceaux, p. liiç.
MIRON (Robert); son procès-verbal sur la condi-
tion déplorable de Toulouse, p. 164.
Misère dans plusieurs diocèses pour des causes
diverses, p. 5(").
— en Languedoc, pp. 664, 863.
— des pays dévastés, soulagée, p. 871.
— générale, à la suite de l'hiver de 1708-1709,
p. 8-6.
— générale dans les premières années du dix-
huitième siècle; ses causes, p. 889.
— publique dans le diocèse d'Albi, p. 940.
— en Gévaudan, pp. io33, 1034.
— à Toulouse en 1747, p. io83 ; en 1775, p. 1 263.
— en Vivarais, p. i3io.
— dans la Province, à la suite de la peste de 172 1,
pp. 965, 966 ; en 1 759, pp. I 1 ,56, 1157.
Mis.NiE, patrie de la famille de Schomberg, p. 182.
Missr.br.E, au diocèse de Limoux, p. 1008.
MissiON.vAiBES envoyés par le roi pour instruire
les nouveaux convertis, p. 555.
Missions, p. 570.
— en Languedoc en i685; leur état, p. 546; leur
peu de succès près des nouveaux convertis,
p. 712.
— dans les Cévenncs, pp. 737, 738.
MoANEiVS, en Vivarais, p. 1201.
MODÈNE (Comte de), p. i3i3.
Moeurs ; relâchement général en Languedoc,
PP; 874, 875.
— féodales, survivant aux mesures prises par Ri-
chelieu , p. 253; leur recrudescence en Langue-
doc, p. 328.
— judiciaires, p. 932.
— de la noblesse du diocèse d'Alet sous l'épisco-
pat de Nicolas Pavillon, pp. 408, 409.
MOINIER, chirurgien de Nimes, p. 992.
MoissAc, pp. 9, 118, 1091
MoissAc, petite paroisse dans la vallée du Gardon
de Saint- Jean, pp. 737, 739, 1070; dévasté,
p. 806.
MoissAC (Baronnie de); quatre foires y étalent
tenues tous les ans & un marché tous Us mardis,
pp. 1070, 1071.
MoisSAC, abbaye; est un bénéfice de Mazarln,
p. 3o5.
— est occupé par Marsln, p. 327; études pour le
canal, pp. 1227, 1295.
— (Collines de), p. 1241.
— (Pointe de), p. 1252.
MOISSET, procureur du roi à Toulouse, p. 1348.
MoLANDiEB, au diocèse de Mirepolx, p. 10C9.
MOLAS, négociant à Toulouse, p. i363.
MOLE (Mathieu), préside le Parlement de Pari»,
p. 341.
MOLESME, p. 393.
Molette, hôtellerie, p. 482.
MoLEZON, paroisse des Cévennes, pp. 281, 743,
756.
MoLEzoN, paroisse dévastée, p. 8o5.
MOLHERAC, consul, p. 756.
MOLIÈRE; a peut-être joué à Montpellier devant
les Etats en 1649, p. 29?; son séjour à La
Grange des Prés en |655; un de ses autographes,
p. 394.
MoLiNES, hameau en Gévaudan, p. 965.
MOLINES, ministre protestant, p. 1108.
MOLINIER (Bertrand), maire perpétuel de Saint-
Papoul, p. 639.
MOLINIER (Guillaume), p. 654.
MOLINIER, habitant de Toulouse, p. 1402.
MoLLETO.vs de Sommières contrefaits dans les Cé-
vennes, p. 62.
Monarchie, au moment de sa grandeur a été par-
faitement unitaire, p. 272.
Monastier, p. 1406.
— (Prieuré de), pp. 1384, i385.
MoNBLANC, près Toulouse, p. 1223.
MONCAN (de), commandant en Languedoc, p. 1 145,
1 179; croit à l'exagération des maux causés par
l'épizootie, p. 1249.
MONDONVILLE (M"' Jeanne de JULIARD de); sa
fondation des Filles de l'Enfance; charge l'abbé
de Clron d'établir les règles du nouvel institut
p. 573; est obligée de fermer ses classes, p. 578;
est chargée par la reine Marie-Thérèse de l'exé-
cution d'un vœu, p. 578; elle est accusée d'im-
primer dei livres jansénistes, p. 579; se rend à
i568
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Paris afin d'obtenir une audience du roi; est
exilée à Coutances, p. 679; estime de d'Agues-
seau pour elle, p. 5io; sa lettre empreinte des
sentiments de résignation les plus exaltés,
p. 58 1; est tenue dans une étroite captivité,
p. 583; elle meurt à Coutances, après quinze
années de détention, pp. 586, 923, 924.
MONDRAN (de), p. i352.
MONESTIER, p. 34.
MONESTIÈS (le), p. 96.
MONESTIÉS, au diocèse d'Albi, p. 1008; sa mairie
est unie à l'archevêque d'AIbi, p. 639.
MoNESTiER, en Vocance, p. 120Z.
MONESTIEB, p. 1378.
MONESTIERS, p. 1408.
MoNESTIÈS ou MoNESTIER, p. 689.
MoNGAziN, commune, p. 1009.
MONGEIX (de), p. 27.
MONGERON (de), conseiller au Parlement de Pa-
. ris, P- 7'-
MONISTROL, pp. 90, 1204, 1406.
MoNiTOiRE publié dans le diocèse d'Alet contre
M. du Vivier de Rasiguière, pp. 409, 410.
MoNJOY, commune, p. 1009,
MONLUC (Maison de), p. 5 12.
MONLUC (Adrien de), comte de Caraman, p. 192.
Monnaie, p. i i.
Monnaies (Cours de), p. 2.
— de billon suédoises; significations données par
l'imagination populaire aux légendes de ces
monnaies, pp. 784, 785.
— d'or & d'argent à faux coin, pp. 890, 891.
Monoblet, dans le massif des basses Cévennes,
p. 49; son église brûlée, pp. 763, 764, 1406.
Monopole de l'exploitation du charbon de terre
accordé à M. Tubeuf, pp. 1283, 1284.
— de la glace accordé, p. 35; suspendu durant la
foire de Beaucaire, p. 35; racheté, pp. m,
i'4. 7^7-
— de la poterie, p. 41.
— du sel, p. 699.
Monredon (Démolition du temple de), p. 19.
MoNROND, en Vivarais, p. 1202.
MONSÉGUR (Baron de), p. I225.
MONSÉGUR (Marquis de), p. |352.
MONSSINAT, adjudant au Parlement, p. i3i4.
MONTAGNAC, pp. 59, 95, 97, 98, 99, lOO, I 14, I 18,
394, 1178, 1401; démolition de son temple,
p. 18.
— (Chaussées de), p. 29.
— (Foires de), pp. 700, yoS.
— (Maladrerie de), p. 696.
MONTAGNAC (Louis de), ancien conseiller au
présidial de Béziers, devient conseiller d'ambas-
sade de Frédéric-Guillaume, p. 564.
Montagne; une des régions du Vivarais, voisine
du Vêlai, p. 701,
Montagnes : d'Alaric, p. 871.
— d'Auvergne, p. 029.
— de l'Espinousse, p. i385.
Montagne Noire, pp. 457, 468, 469, 472, 622,
729, ioo3, 1060, 1246, 1249, i25o, 1252, iî63,
|385; ses sources, ses gorges utilisées par Ri-
quet pour la cré;;tion du canal de Languedoc,
p. 458; visitée par la commission des Etats;
points de la montagne visités, p. 460.
Montagne de Lozère, p. 588.
Montagudes, hameau en Gévaudan, p. 965.
Montagkt, commune, p. 1009.
MONTAGUT, chef du consistoire, pp. 332, 355.
MONTAIGNE (de), p. 980.
Montalet, p. 620.
MONTANÈGRE, lieutenant du roi, p. 29.
MONTANÈGRE, lieutenant général, p. 5l6.
MONTANÈGRE (Marquis de), p. 23.
MoNTARDiT, commune, p. 1009.
Montaren, pp. 1141, 1406.
MONTARGIS, p. 337.
MONTARNAL (Marquis de), neveu du comte de
Peyre, commandant général des milices, p. 801.
MoNTARNAUD, lieu, p. I i5o.
MoNTARON (Hôpital de), p. 696.
MONTASTRUC, pp. 108, 116, 1404.
— (Hôpital de), pp. 39, 696.
MONTAUBAN, pp. 6, 14, 52, 76, 97, 146, I77, I78,
376, 428, 467, 475, 527, 55i, 592, 890, 996,
1009, 1238, lîSi, 1349, 1401, 1402, 1418; éta-
blissement de l'hôpital général, p. 24; cons-
truction de sa nouvelle cathédrale, pp. 28, 572.
— (Cathédrale de), p. 66.
— (Chapitre de), p. 683; ses armoiries, p. 683.
— (Diocèse de), pp. 76, 77, 102, 106, 107, 114,
126, i56, 619, 898, 957, 1234, 1375, 1403.
— (Évêque de), pp. 1 1, 63.
— (Généralité de), pp. 245, 208, 725, 1348.
MONTAUBAN (M"" de), p. 925.
MoNTAUD, au diocèse de Limoux, p. 1008.
— (Mines de), pp. 1284, 1285.
— (Montagne de), p. 1283.
Montaedet, commune, p. 1009.
MoNTACDBAN, près Toulouse, p. iii5, I25i.
MoNTALRiOL, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
MoNTAtiT, commune, pp. 1008, 1253, 1404.
— (Butte de), p. 871.
MONTBARREY (Prince de), p. 1298.
MONTBASIN, p. 619.
MONTBÉLIARD, p. 842.
M0NTEEQUIN, au diocèse du Bas-Montauban,
P-
1008.
MONTBERON, p. 1252.
MoNTBLANC, lieu, pp. 394, 1224.
— (Château de), à Croix-Daurade, pp. 1181, 1 183.
— (Hôpital de), p. 696.
MONTBONNOUX, p. 36.
MONTBONNOUX, chef de camisards, p. 796.
MoNTBRETON, baronnie, p. 744.
MoNTBRUN, baronnie, p. 3i8.
MoNTBRUN, en Vivarais, pp. iioi.
— (Forêt de), p. 254.
— (Terre de), p. 1218.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
iSôg
MONTBRUN, président à mortier au Parlement
de Toulouse, mainteneur des Jeux- Floraux,
p. 65i.
MOST-DE-M*ESAN, p. 390.
MONTCABRIÉ, ancien syndic du diocèse de Tou-
louse, p. I 06.
MONTCALM (Pierre de), conseiller de la chambre
de l'édit, p- 8,
MONTCALM (Comte de), p. i35ï.
MONTCALM (Marquis de), p. iSyy.
MONTCALM -GOZON (Comte de), député aux
Etats généraux, p. i^T;-
MONTCAN (Comte de), pp. 1107, 1108, r i 16.
Mont-Cabmel (Ordre du), à Montpellier, p. 23.
MONTCEAUX, président à la cour des comptes de
Montpellier, p. 892.
MONTCHAL (Charles de), archevêque de Toulouse,
pp. 154, i58, 199, 2,58; favorisé par Mazarin,
combattu par Gaston lors du projet de réunion
des Etats généraux en 1648, p. 281; sa protes-
tation contre l'assemblée électorale tenue à
Gaillac, p. 281 ; rend compte aux Etats de sa
députation à Paris, p. 287; son estime pour
Pierre de Marca, p. 3i8; son origine; ses bé-
néfices ecclésiastiques; sa mort; son épitaphe,
p. 3i5; détails sur ses funérailles, pp. 3i7,
3i8; ses armoiries héréditaires, p. Sip.
MONTCHAL, maître des requêtes, frère de l'arche-
vêque de Toulouse, p. 3i6.
MONTCHAL (Famille de), p. 3i8.
MosTCiiAivET, près de Servières, p. 1196.
MosTCLA, commune du diocèse de Mirepoix,
pp. 871 , 1009.
MosTCLA, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
MONTCUR (Biic de), p. 778.
MONTCLUS (Marquis de), pp. io36, i 120.
MONTECB, au diocèse Bas-Montauban , pp. 76,
991, 1008, 1118, 1402, 1404.
MoTtGiT (Baronnie de), p. 5.
— marquisat, pp. 26, 96, 1082.
MONTÉGUT, conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. 1 236.
MONTÉGUT (de), nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 12 l5.
MONTEIL (Vicomte de), sénéchal d'épée du Viva-
rais, p. 128.
MoNTEiL, en Vivarais, p. 1202.
MoNTEiLS, commune, p. 1009.
MoNTEiis-RivALS, village du Vêlai, p. 68.
MoNTELS, commune, p. 66.
MONTELS (de), major du régiment de dragons
créé par la Province, p. 1069.
MONTESPAN (M"" de), pp. 621, 718, 909.
MoNTKSQUiEO , commune au diocèse de Rieux,
pp. ii3, 581,639, 1008, 1009, 1070, 1218, 1404;
il y est établi une succursale de l'institut des
Filles de l'Enfance, p. 577.
— (Consuls de), p. 1 1 i3.
MONTESQUIOU (Abbé de), agent général du clergé,
p. .355.
MONTESQUIOU (Marquis de), p. i3i3.
XIII.
MoNTEur.s de pierres fines venus du Languedoc à
Berlin, p. 564.
MONTFA, p. 253.
MONTFALCON, pp. pS, Il8.
MONTFAUCON (Seigneur de), p. 989.
MONTFAUCON, notaire à Nimes, pp. 992, 1149,
1 406.
MONTFAUCON (Guillaume de), p. 1037.
MONTFERRAN, lieu, p. 409.
— château, p. 3?9.
MoNTFEKRAND, hameau en Gévaudan, p. 965.
MONTFERRAND fAbbé de), p. io23.
MoNTFERRiER, commune du diocèse de Mirepoix,
p. 871.
MONTFERKIER, lieu, p. 487.
— marquisat, p. 97.
MONTFERRIER (de), pp. 129, 893, 938, 996,
I o3o.
MoNTFEBRiER; ses armoiries, p. 686.
MONTFERRIER syndic général, pp. 985, 996,
1028, io3i, io65, 1092, lopS; doyen des syn-
dics généraux, p. 1148.
MONTFERRIER (Marquis de), pp. 1232, 1249,
i3i4.
MONTFERRIER, fils, p. 1 3 1 4.
Mo.NTFLOUBÉS, terre, p. i3oi.
MOSTFORT, p. 409.
MONTFORT (Simon de), p. 693.
MONFRIN, pp. 332, 1406.
— (Marquisat de), p. 11.
MONTGAILLARD, p. II4, 125, I 248.
(Porte), à Toulouse, p. 326.
MONTGAILLARD, au diocèse de Limoux, p. 1008.
MONTGASIN (Chevalier de), p. |352.
MONTGAZIN, conseiller au Parlement de Tou-
louse ; son exil, p. 1218.
MONTGAZIN (de), p. |365.
MONTGENÉT, maire de Lodève, p. 982.
MONTGISCARD, pp. 452, I084, I 24 I , I248, I25l,
1265, 1402, 1404.
— (Consuls de), p. 1 1 i3.
MONTGOLFIER; sa première expérience aérosta-
tique, p. i33i; son anoblissement, p. 122.
MoNTGRADAiLH, au diocèse de Limoux, p. 1008.
MONTIERS (Jean de), p. i5<).
MONTIERS DE MÉRINVILLE (de), chevalier du
Saint-Esprit, p. 159.
MoNTiGNARGUES (Curé de), p. 822.
MONTlGNIf (de); son mémoire à l'académie des
sciences à propos de l'épizootie, p. 1242.
MONTIJO (Comte de), p. 925.
MoNTiRAT, au diocèse de Carcassonne, pp. 1008,
1408.
MoNTJftziEU, château de Gévaudan, p. 35o.
MONTJOUX (Marquis de), p. io36.
MoNTJOY, consulat, p. 1403.
MosTJtsiEu, château en Gévaudan, p. 11.
MosTLAUR, pp. 73, 686.
MONTLESON, p. 332.
99
l.l-JO
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
MoNTi.EZON, lieu, p. 37.
MONTLEZUN-PARDIAC (Comte de), p. iS^j.
MONTLEZUN-PARDIAC (Marquis de), p. |3.Ï5.
Montlhéi'.y, pp. i35, 552.
MONTLIKERT (de), commandant du poste de
Genoihac, p. 775.
MoNTLOR, baronnie, pp. 84, 1202.
MoNTLOtis, p. 20 ; création nouvelle de Louis XIV,
appelée autrefois leVillar, p. 5 16.
Mo.NTMÈLlAN, p. 824.
MoNTMiRAL, au diocèse d'Albi, p. 1008.
JMONTMORENCY (Duc Henri de), pp. i32, 148,
iSp, 162, 186, 394.
]\IONTMORENCY (Duc Anne de), connétable,
pp. ipr, 3j4, 476, 791; prescrit l'examen des
lieux où on veut faire passer le canal, p. 45;>.
MONTMORENCY (Charlotte - Marguerite de),
p. 393.
MONTMORENCY (Duchesse de), p. 147.
MONTMORIN DE SAINT-HÉREM (Gilbert de),
évêque d'Aire, p. ic23.
MONTMORIN (Comte de), secrétaire d'État,
p. i335.
MONTMORIN (M'""' de), abbe5.se de Clavas,
pp. 1204, l2o5.
MoNTOULiEO, pp. 53, 65, 472, iSyo.
— abbaye; ses armoiries, p. 684.
— (Porte), à Toulouse, p. 320.
MoNTonssiN, p. 84.
MONTOYSON (Comte de), p. 194.
Montpellier, pp. 2, 9, ii, 21, 22, 25, 26, 28,
29, 3o, 32, 33, 35, 37, 41, 43, 43, 46, 47,
48, 5o, 52, 54, 55, 57, 60, 61, 63, 64, 65,
66, 68, 69, 70, 71, 73, 74, 75, 76, 77, 78,
81, 82, 84, 85, 87, 88, 90, 92, 93, 94, 95,
96, 97, 99, 100, 104, io5, 106, 108, 109,
111, ii3, ii5, 117, 122, i2J, 127, 129, 162,
176, 177, 237, 240, 25i, 252, 255, 287, 292,
309, 33i, 354, 353, 364, 365, 38o, 389, 435,
470. 473, 474. 477. 482» 487. 493. 532, 5'i4,
555, 601, 6i3, 643; 696, 701, 7-9, 719, 733,
743. 744. 747. 748, 757. 770. 773, 774. ^5^,
858, 859, 862, 863, 872, 882, 885, 886, 887,
890, 891, 895, 899, 921, 941, 945, 949, 961,
965, 970, 996, 999, looi, 1004, 1014, io55,
io65, 1074, 1106, 1107, I I 16, 1124, 1129,
ii3i, ii32, 1142, 1195, 1219, 1236, 1239,
1244, i3o9, i3ii, i3i4, 1329, i333, iS^S,
1346, 1348, 1370, 1376, 1379, i38o, 139-1,
I4'30, 1418, 1428 ; sédition de |635, p. 7; ses con-
suls doivent être catholiques, p. 12; les consuls
des métiers doivent être catholiques, p. 16; éta-
blissement de l'hôpital général, p. 25; plusieurs
maladreries unies à son hôpital général, p. 32;
connaissance des affaires de police, maintenue
aux consuls en première instance, p. 33;
droits sur les eaux &. liqueurs qui y sont fabri-
quées, p. 33; démolition de la porte de Lattes,
p. 63; bénédiction de drapeaux à Notre-Dame,
p. 79; création de la place aux herbes & de la
poissonnerie, p. 79; université de mérlecine,
p. 80; impôt sur la viande de boucherie, p, 81;
création de trois marchés, p. 8?; imposition en
faveur de l'hôpital Saint-Ëloi, p. 84; aligne-
ment des rues, p. fe5; suppression de la juridic-
tion du petit scel, p. 85; droit sur la viande de
boucherie, p. 86; décoration de la place du
Peyrou & distribution des eaux de la fontaine
S;iint-Clément, p. ici; alignement & décora-
tion de places, p. io5; acquisition de terrains
pour les avenues du Peyrou, p. 110; nomina-
tion du conseil politique, p. 118; établissement
de chaires de physique expérimentale & de chi-
mie docimastique, p. i;o; bureau des finances,
p. 124; Pier re de Fenouillet y prononce l'oraison
funèbre de Louis XIII; les États font célébrer
un service funèbre pour Louis X!II dans l'église
cathédrale, p. 1 78 ; les teinturiers & autres arti-
sans sont injustement atteints par la taxe du
droit de confirmation, p. 208; élections consi.-
laues; de quelle fa^oii elles avaient lieu; celles
du 1"' mars 1645 sont empêchées 8c les consuls
désignes d'office; leur installation est faite à
main armée, pp. 214, 2i5, 216; organisation
& ressort de la cour des comptes, pp. 23i; trou-
ble: causés par la perception du droit de joyeux
avènement, pp. ;33, 234, 235, 236; transfert
de la cour des aides à Carcassonne & du prési-
dial à Lunel, p. 237; on élève des retrancbe-
meiits en dehors de la citadelle, p. 339; '''' <'our
y séjourne du 5 au 8 janvier 1660, p. 38l ; on
y prend des précautions contre la peste de Pio-
vence, p. 43o; le cardinal de ^'endôme y reçoit
une députation des Etats de Languedoc, p. 479;
son syndic donne un avis favorable au rétablis-
sement du chemin de la Rcgordnne, p. 487; la
résidence fixe de l'intendant en fait la capitale
administrative; à la suite de l'abjuration de la
cn/ifession romaine par une catholique, le tem-
ple protestant de cette ville est démoli, p. 025;
divers intendants s'y réunissent pour y prépa-
rer un mémoire d'ensemble sur les questions
d'impôt, p. 541; formule d'abjuration imposi'e
aux protestants, p. 554; entrevue de Eâville,
du cardinal de Bonzi & du duc de Noailles au
sujet des conversions, p. 504; occupée par les
troupes après les conversions en masse, p. 555;
choisie par Louis XIV pour l'érection de la sta-
tue équestre que les Etats ont voté?, p. 569; *^
s'y fait une mission célèbre en i6i>3, p. 570; sa
population en i 598 d'après- Eâvilîe, p. 692; les
jésuites y dirigent un collège, p. Oç:y', les archi-
ves des trois sénéchaussées historiques sont con-
centrées dans le dépôt de la chambre des comptes
de Montpellier, p. 696; état de son commerce
& de son industrie, p. 69^; diverses industries
de ses habitants, p. 700 ; Bâville y fait son pro-
cès au ministre Brousson , p. 79; rembourse
l'office de maire à M. de Belleval; émotion a
piopos des élections consulaires, p. 714; le pre-
mier consul doit être geniilhomme, p. 7i5; a
une direction des gabelles, p. 845; la fabrica-
tion des liqueurs & des parfums y prend, au
ccimiTiCncement du dix-huitième siècle, un grand
développement, p. 8.0; une chainbre particu-
lière de commerce y est établie; possède une
h 11 'Se depuis le seizième siècle, p. 848; un
miçjisin de médicaments y est établi durant la
peste, p. 964; il s'y crée une nouvelle secte sous
le nom de multipliants, pp. 977, 978; ses em-
bellissements; contestations au sujet du couvent
de la Merci, p. i -32 ; le comte d'Eu y déploie
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
iSyi
une grande magnificence durant les sessions des
Etats de 1764, I7.'i5, p. 1191; est un des gou-
vernements particuliers de Languedoc» p. 12"');
les prix des combustibles y diminuent sensible-
ment par suite de l'exploitation de houillères,
p. 1283; une chaire de chimie docimastique y
est établie, p. 1 3!î:).
MiixTPELMER (Armoiries de), p. 688.
— (Bourse de), p. 1 1 14.
— (Cathédrale de), pp. 840, 1069.
— (Chapitre de Saint-Pierre à), pp. 78, 80.
— (Clavaire de), p. 67.
— (Collège de), p. 1069.
— 'Chambre de commerce de), p. 1 i33.
— (Citadelle de), pp. rS.'i, 273, 533, p 142.
— (Collège & maison de Sainte-Anne à), p. 27.
— (Consuls de), p. 12.
^Couvent de la Merci à), p. 65; ses religieux,
pp. 74, IC7; son histoire, pp. io32, io33.
— (Croix de l'Esplanade à), p. 980.
— (Diocèse de 1, pp. 55, 57, 74, 93, 95, 100, .loi,
102, 106, 107, 114, 126, 127, i56, 3oo, 483,
619, 644, 664, 1081, 1129, ii3o, ii3i, 1149,
ii5o, 1287, 1400; ravagé par la grêle en 1727,
p. ioo3.
_ (Évéque de), pp. 53, 53, 62, 63, 64, 67, 68,
6), 70,80, 85 j, 1088, 1126, 1134, 1148, i3i4,
i367, 1390.
— (Fort de), p. 1073.
(Faculté de médecine à), p. 80.
— (Hôtel des monnaies de), p. 890.
— (Hôpital général de;, pp. 'T, 112, 120, 695,
io57.
(Hôpital Saint-Eloi de), pp. 32, 73.
— (Jardin du Roi n), p. 1 i5o.
— (Notaires protestants à), p. i5.
'Notre-Dame du Mont-Carmel à), p. 3i.
(Noire-Dame des Tables à), pp. 27, 98 1 , 1071,
I 14^, I 192.
— fPlace du Peyrou à); délibération pour y con-
duire les eaux, p. 24; sa fontaine, p. 8ù; plans
de cette place approuvés, p. 65; sa décoration,
pp. io3, 112, 114, ii5, 118, i3i4.
— (Sainte-Anne, église collégiale à), pp. 1192,
i3i3.
— (Église collégiale de Saint-Sauveur à), p. i383.
— (Saint-Denys, paroisse, p. 1 192.
— (Ordre du Saint-Esprit à), pp. 3i, 76, 82, 83.
— (Saint-Lazare à), p. 3i.
— (Saint-Pierre, paroisse à), p. 1 192.
— (Sénéchal de), p. 1211.
— (Sénéchaussée de), pp. 696, 1267, i367, 1377,
1378, i3S3, 1384.
MONTPENSIER (M"« de), p. 382.
MnsTPEYr.ots, p. 1401.
MONTPEYROUX (Comte de), p. 62.
MONTPEYROUX (Baron de), résident de France à
Genève, p. 1 1 68.
MONTPEZAT, lieu, pp. 34, 822, 1199, 120-, 1201,
I 2^3, i3i 1 , 141 1 .
— marquisat, p. 20.
— (Mjladrerie dej, p. 696.
MONTPEZAT DE CARBON (Joseph de), évéque dj
Saint^PapoiiI, archevêque de Toulouse, pp. 4.^0,
5o'), 92.i; se prête aux mesures violentes contre
les jansénistes & contre les antirégaliens, p. 5 1 7;
son ordonnance contre ies Filles de l'Enfance;
tente en leur faveur une démarche prés du Père
La Chaise ; sa faiblesse, pp. 58 i , 5 j2 ; son abais-
sement devant les volontés royales, p. 561;
reproches qu'il reçoit du pape au sujet des re-
ligieuses de Sainte-Claire & de l'affaire de la
régale; texte de la lettre du pape, pp. 591,
593 ; sa mort, son épitaphe, p. 592.
MONTPEZAT fde), maréchal en i5j3, p. 694.
MONTPEZAT (dej, p. 923.
MONTPEZAT (Marquis de), p. io36,
MONTPULCIEN (Bernard), p. 1187.
MON'TRABE (de), premier président au Parlement
de Toulouse, pp. 173, 174, 217, 295, 320, 329.
l'oir BERTIER DE IMONTRABE.
MONTRATIER (Marquis de), p. |352.
Montre de cbace; motifs de cette gratification;
son ajournement modifie les votes du tiers Etat
dans la session de 1664, pp 419, 434, 435,
436.
ou JETONS, pp. 1118, I I 19.
— OLi TAXi:s payées aux députés des villes aux
Ktats de Languedoc, p'. 1119.
Montréal, pp. 53, 91, 94, 96, 97, 1 16, 126, 3?9,
33t, 1 148, 1 149, 1202.
— châtellenie, pp. 471, 472.
— 'Chapitre de); ses armoiries, p. 684.
MONTRÉAL (Héritiers), p. 1 134.
MoNTREDON, lieu, pp. 85, 427, 1141.
— baronnie, p. 353.
MoNTRÉJEAU, pp. 1219, 1401, 1402, 1404.
MONTRÉSOR, p. 188.
MONTREVEL (Nicolas-Auguste de la BAUME de),
maréchal de France, pp. 38, 3p, 602, 85>; bat
Cavalier 8< quitte la Province, p. 39; nommé
commandant supérieur en Languedoc, pp, 37,
777 ; fait son entrée à Nîmes le 1 5 février 1 703 ;
espérances des catholiques; divers plans de cam-
pagne lui sont soumis; son caractère; ses dé-
fauts, p. 779; étudie la situation du pays, p. 780;
applique les mesures de rigueur conseillées par
le brigadier Julien, p. 781; ses instructions à
la noblesse des Cévennes, p. 781; bat Ravanel
•à peu de distance de Nimes, p. 787; obtient
un succès sur les insurgés à Pompignan; an-
nonce par erreur au ministre la mort de Rol-
land ; punit la ville de Ganges ; établit un
poste considérable au Vigan, p. 789; poursuit
inutilement les camisards, p. 790; ses pro-
messes à la noblesse nouvelle convertie; son
peu d'énergie; n'a pas de suite dans les idées,
p. 793; rôle qu'il destine à la noblesse pro-
testante dans la pacification des Cévennes,
p. 794; surprend une assemblée tenue dans un
moulin, près de Nimes, place des sentinelles
aux portes & aux fenêtres & fait mettre le feu
au moulin, p. 795; l'aventure de M""" de Soi'S-
telle provoque des murmures contre lui, p. 798 ;
publie une ordonnance annonçant l'intention
de dépeupler & de détruire trente & une pa-
roisse des hautes Cévennes, p. 798; donne trois
1J'J2
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
jours aux habitants des villages condamnés
pour se retirer, p. 799; établit son quartier
général sur un point culminant qui domine
une partie du pays condamné, p. 8oij divise le
pays en trois lots, p. 802; est appelé dans la
plaine par l'évêque de Nîmes pour donner la
chasse aux rebelles qui incendiaient le bas
pays, pp. 8o3, 8o5 j sa_ réponse à un gen-
tilhomme qui voulait faire exempter son château
de la dévastation générale, p. 806; dénoncia-
tions contre lui envoyéesàla Cour, p. 810; mé-
moire adressé à Bâville sur le compte du maré-
chal, pp. 81 I, 812; sur les causes de sa disgrâce,
p. 8i3; lettre apologétique de sa conduite,
p. 814; informé du voisinage des camisards,
détache cinq à six cents hommes de l'élite de la
marine sous le commandement de M. de la
Jonquière, p. 81 5; après le désastre du Devez
fait une battue inutile; est responsable de la
défaite des troupes; est sacrifié par Bâville,
p. 817 ; ne croyait pas que sa dignité de maré-
chal de France lui permît de paraître en per-
sonne sur les champs de bataille des Cévennes,
p. 818; ses derniers ordres dans la Province; est
remplacé par le maréchal deVillars, p. i>\');
blessé de sa disgrâce, use de ses derniers jours de
commandement pour faire donner de faux avis
aux camisards, p. 822; bat Cavalier, pp. Sp, 82 3;
annonce au roi & au ministre sa victoire en
termes laconiques; part de Sommières pour
prendre son commandement de Guienne, p. 824;
avant son départ, fait élargir un certain nombre
de prisonniers, p. 826; jugé sévèrement p.ir le
maréchal de Villars au sujet des massacres de
Nimes, p. 83o.
MoNTHODAT, village en Gévaudan, p. 965.
MoNTRONCoux, bois, p. 261.
MONTROND, p. 445.
MoNTSAuNÈs, pp. 53, 59.
MOiNTSÉGUB, commune du diocèse de Mirepoix,
p. 871.
Mont-Selguet, en Vivarais, p. 1202.
MoNTSEERAT, abbaye, p. 32o.
MONTVALEN, p. 958.
MoNTVALLiER (Pic & étang de), p. 697.
MONY, négociant à Toulouse, p. i363.
MONYER, avocat à Toulouse, capitoul, p. 1293.
MORANT (de), intendant de Guienne, pp. 6, .-■< 8.
MORANT (de), premier président au Parlement <!e
Toulouse, mainteneur des Jeux-Floraux, pp. 29,
661.
MORANGÉ (Marquis de), p. 487.
MORANGIÉS (Comte de), pp. 100, 744.
MORANGIÉS (Marquis de), pp. 68, io36.
MORIiL, grand-vicaire de l'archevêque de Tou-
louse, p. 55 [ .
MOREL (Abdias). Voir CATINAT.
MORET (Claude), p. 36o.
MORETO>f CHABRILLANT (de), p. io36.
MORRETTON (Comte de), p. 1384.
MoRTACNE, p. 1059.
Mortalité de bestiaux en Gévaudan, p. 1034.
— à Toulouse en 1702, p. 1 126.
MoRTESSAIG^ES, en Vivarais, p. 1202.
MossoN (La), lieu, p. ii5o.
MOUCHY (Maréchal duc de), pp. 1239, 1261.
MoLiLLONNE, riviéte, p. 108.
MotLES; la pèche en est interdite, p. :)i.
MotiLEZON, village catholique incendié, -969 -d
MOULIÈRES, caraisard, p. 40.
MoL'LiNAGE des soies, p. 95.
Moulines, en Vivarais, p. 1202.
— (Côte de), p. 92.
MOULINES, chef camisard, p. 37.
Moulinet, lieu du Vivarais, p. i3ii.
Moulin du Bazacle, à Toulouse, pp. 452, 1276.
— de Bourassol, sur la Garonne, p. 1282.
— du Cliâteaù, à Toulouse, p. 452.
— du Purgatoire, dans la Montagne Noire, p. 460.
— à vent de Corneille, p. i 149.
MOULIN, habitant de Toulouse, p. 1402.
^"0UL1NS (les), p. 8f>3.
Moulins, pp. iSiS, i385.
— démolis sur le Sor & le Laudot, p. 89.
— (Droits sur les), p. 204.
— établis sur les rivières navigables; obligation
imposée aux propriétaires
de tenir le chenal
assez large & d'avoir un nombre d'hommes né-
cessaires pour monter & descendre les radeaux,
pp. 427, 428.
— flottants sur la Garonne, p. 1295.
— à nef, placés sur la Garonne, gênent la circu-
lation, p. I 276.
à papier établis en Provence, p. 479.
— emportés par l'inondation, p. ioo5.
— détruits, p. 1009.
MouLZES, p. 1204.
r.'ouRCAYBOL (le), p. 863.
MOURE (Jean-Baptiste), sieur de Lnrouvière,
p. 863.
MOURGUES (Le Père), jésuite, pp. 26, 656; un
des commissaires royaux pour la réception des
travaux de Languedoc, p. 5i5.
MOURGUES, négociant de Nimes, représente le
Languedoc au conseil de commerce, p. 717.
MOURLENS (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
MouBViLLES (Moulin de), p. 72.
MOUSAT, marchand du Puy, p. 489.
Mousquet; portée de cette arme en 1688, p. 599.
MouSSAC, pp. 768, 822, 83ci; un temple protestant
V est édifié, p. 424; pillé par les troupes royales,
p. 8i5.
Mousseline, p. 90.
Moutons, importés en Languedoc, p. 704.
Mouvement national de 1789, p. 1379.
Mouvements locaux provoqués par le Parlement,
p. 3o2.
MdUZE, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
MouziEBS, lieu, p. 1219.
MOYNIER, capitaine dans le régiment Dauphin,
p. 5io.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1573
MOYRIA (Etienne-Marie de), procureur général
r!e Cîteaux, p. 1 206.
MOYSE (Nicolas), prédicant rompu vif, p. ,^3.
MUGIET, p. |33.
MlNDEN, p. I l56.
Miles; leur prix en 1770, p. 1265.
Mulets, p. 703.
— achetés pour Tarmée de Roussillon, p. ^p.
— fournis par les communes de Languedoc à l'ar-
mée d'Italie, p. 68.
— levés dans la Province; sommes payées aux
propriétaires, p. 664.
— levés en Languedoc en 1719, p. 938.
— achetés pour le compte de la Province, p. 938.
— & CHEVitx importés en Languedoc pour les
travaux agricoles, p. 1261.
ML■LTIPLI4^TS, p. 55; leur culte', leurs rites,
PP- 977. 978. 979-
Multiplication de haras demandée, p. 1384.
MUNENS, p. 870.
Munes, au diocèse d'Alet, p. 1008.
Municipalités; de quelle manière & par quelles
influences elles étaient constituées, p. iSi; er-
reur de ceux qui croient que l'intervention du
pouvoir central dans leur économie intérieure
fut une innovation des intendants; règlement
établi par la commission mixte en 1698, p. 706.
MuMTiONS & AKMES distribuées aux villages ca-
tholiques des Cévennes les plus exposés, p. 747.
Mi \STEB, pp. 160, 278.
Ml p,-DE-BARRts, en Rouergue, p. 1219.
Mliut, p. 1408.
MURAT (Bernard), p. 35i.
ML'RAT (Jacques), notaire à Carcassonne, p. 3'i.
Ml'RAT (de), ancien juge-mage, subdélégué a Car-
cassonne, p. 1010. .
MuRciE, p. 927.
M1.11ET, pp. 326, 661, 1219, 1404; union de
deux hôpitaux à son hôpital, p. 33.
— Châtellenies de), p. 471.
— Porte de), p. 326.
— 'Route de), p. 1401.
Mtr.iEiis, p. 702; prime pour leur plantation,
p. c!6; leur culture importée en Suisse par les
léfiigiés languedociens, p. 565; leur culture
dans le diocèse d'Agde, p. 699.
IVH ROLS (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
MuNAS, en Vjvarais, p. 1202.
MuRVIEL, p. 1401 .
— baronnie, pp. 5o, 55, 88, 118.
— (Hôpital de), p. 696.
Ml'RVIEL (Baron de), pp. 67, 1067.
Ml'flVIEL (Anne de), évéque de Montauban,
;>. ,58.
MLiRVIEL (Marquis de), pp. 28, 29, 5o.
Muscat, p. 7c 1 .
MtsÉE de Toulouse, p. 319.
Musq, lieu, p. 3y4.
MUY (Maréchal du^, ministre de la guerre; son
organisation nouvelle de l'inOinterie nuit au
service des troupes employées contre l'épizootie,
p. 1244.
N
Nabassan & Saint-Geiwai?, marquisat, p. i3.
Nages, pp. 39, 426, S23; les camisards y livrent
un combat, p. 807.
Nailloux, p. 1404.
Nantes, p. 627, 716, 848.
Naples, p. 903.
NAPEN (Veuve), imprimeur, p. io33.
Narbgnnais; causes du triste état de ce pays en
1^98, pp. 698, 69J.
Nap.bonnaise, p. 693.
Narbonne, p. 14, 43, 47, 56, 57, 59, 60, 61, 69,
72, 80, 81, 84, 91, 99, n9. Il 3, Il 5, 120,
122, 123, 124, ij6, i65, 176, 287, 288, 304,
3i2, 320, 332, 389, 399, 452, 459, 465, 504,
723, 890, 931, 1004, 1020, 1021, I o3 1 , 1065,
ii3o, 1160, 1226, 1254, 1279, i335, i383,
i385, 1391, 1398, 1405, 1418, 1428; établis-
sement, en 1735, d'un marché le jeudi de cha-
que semaine, p. 68; découverte d'un trésor,
p. 78; ferme ses portes au commissaire du Par-
lement de Toulouse; suite donnée par le Parle-
ment à cette affaire, p. 3o6; les consuls pren-
nent des précautions pour éviter l'invasion de
la peste, p. 43o ; Louvois y passe, p. 5i6; sa
population en 1698, d'après Bâville, p. 692;
les pères de la Doctrine chrétienne y dirigent
un collège, p. 695; à la suite de la création du
canal des Deux-Mers, cette ville devient un
grand entrepôt du commerce des blés, p. 699;
a une direction des gabelles, p, 845; un maga-
sin de médicaments y est établi durant la peste,
p. 964; les Etats y tiennent leur session de
1724, p. 996.
— fArchevêque de), pp. 3, 8, 320, 65o, 861, 85o,
895, 896, 897, 904, 937, 951, 963, 970, 1012,
1067, 1071, 1122, 1129, I 14S, 1228, 1248,
1283, i3o5, i3i2, i33o, i33i, i332, i337,
i338, i367, i368, 1371; négrcie le rachat d'of-
fices municipaux nouvellement créés, p. 982 ;
s'occupe de la confection de la carte de Lan-
guedoc, p. 996.
— Chapitre de Saint-Just, s), pp. |3, 116, 117.
— Consuls de), p, 117.
— Diocèse de), pp. 42, 53, 56, 60, 63, 65, 67,
'.=. 74' 84' 8'*. 9°> 94. '07, 108, 114, i56,
209, 400, 5io, 619, 770, 895, 1028, 1081,
1125, ii5o, 1178, 1400, 1404; la perte de ses
oliviers amène la ruine du pays, p. 943; ravagé
par la grêle en 1727, p. ioo3.
— f'Doctrinaires à), p. 1 i5o.
— Eglise Saint-Paul, à), p. 293.
— (Droit de robinage, à), p. 78.
— (Maison du Refuge, à p. i5.
— (Hôpital de), p. i6j.
— (Maladrerie de), p. 696.
r:)7'4
TAEIE GÉNÉRALE, DES NOMf FT DES MATIÈRES.
NAnlln^^E (Syndic diocésain de), p. i3cô.
— (Maison de:, p. o52.
NARBONNE (de), p. ro35.
NARBONNE (Marguerite de), comtesic de Rieiix,
p. iSp.
NON-CATIIOI.IOI ES, p. T27.
NARBONNE-PELET, p. 554.
Nasbinals, p. 1408.
Naurouse, pp. 457, 439, 460.
— (Bassin de), p. 5r3.
— (Col de), pp. 432, 5i3.
— (Pierres de), pp. 403, 455.
Nanteuil, comté acheté par le premier maréchal
de Schomberg, p. 1 82.
— (Prieuré de); les deux derniers Schomberg y
sont inhumés, p. 277.
Nauze de Montgaillard, ruisseau, p. 1070.
Navacelles, pp. 824, 1406.
— (Carrière de pierres de), p. 986.
Navabre, pp. 23, 319, 496, 872, 927.
— (Collège de), p. 5oo.
NAVÈRES (Pierre- Joseph-Sébastien ), greffier
garde-sac au Parlement de Toulouse, p. 1414.
Nancy, p. 1419.
Navigation du Tarn, de l'Aveyron, p. 16.
— de la Garonne, rendue difficile par le mauvais
entretien du lit de la rivière, p. 1275; moyens
proposés pour y remédier, pp. 1276, 1277.
— de l'Allier, p. 1384.
— (Lib-'rté de) sur la Garonne, la Dordogne, le
Tarn & les autres rivières navigables de la con-
trée, p. 427.
Navires ennemis signalés à deux lieues de Ma-
guelonne, p. 8o3.
Nf.BIAS, pp. I 10, 409.
NÉBIAS (Baron de), p. 409; grossièreté de stm
langage; saturnale organisée p.i r lui à RoLive-
nac, pp. 412, 414.
NÉBouzi.N, pp. 5i 7, 1400, 1401.
NECKER, pp. iSpS, 1411, 1297, 1298; sa lettre
à l'archevêque de Narbonne en 1769, pp. iS/i,
1872.
NÉEL (Abbé de), p. I023.
NEGRIÉ (Marc-Antoine;, p. 864.
NEMOURS (Duc de), p. 337.
Nêrac, p. 368.
— (Château d'Henri IV, à), p. 3 j8.
Ners, pp. 98, 817, 1066, 1178; le curé y est
assassiné, p. 86.
— (Pont de), sur le Gardon, pp. 126, 432, 4^7.
Nerwinde (Bataille de;, p. 768.
Nescus, commune, p. 1009.
Nescus, consulat, p. 1403.
NESMOND, intendant de justice, p. i32.
Neste (Vallée de la), p. 207.
Nestes (Deux), p. 1261.
NESTIER (de), maréchal de camp, p. 297.
Neuf-Bkisach, pp. 40, I 144.
Neufchatel, p. .565.
Newgate, p. 887.
NirE, pp. 40, 838.
N Ic::OL, capitoul, p. i(8i.
NICOLAS (de), p. 1262.
Nir.GLES, p. 1202.
Njmes, pp. Il, i3, I 5, îo. 27, 29, ^r, So, 5?, 57,
(jo, 61, 63, 64, 6.'), 7 >, 81, 88, (jo, 91, v2,
94, 96, 98, 100, 1:2, MO, 116, 124, 127, 154,
i55, 176, 240, 304, 332, 365, 38 1, 426, 470,
481, 487, 5')4, 567, 601, 644, 647, 65 1, 696,
747, 766, 767, 774. 7'^7> 783, 797, 807, 81 3,
81J, 817, 823, 824, 840, 841, 859, 869, 890,
8>;7, 93i, 918, 961, 984, 989, 1001, 1027, 1029,
le il, |o65, 1073, IIOO, 1106, 1127, Il32,
II 33, 1139, 1142, 1149, 1178, 1195, 1200,
1214, 1267, 1279, i3o9, i336, 1347, 1376,
|373, i33o, i3go, 1398, 1406, 1418; confirmation
de ses privilèges, p. 4; émeute contre l'évéque;
le culte catholique y cesse, p. 7; préséance des
officiers catholiques sur les officiers protestants,
p. i5; démolition de temples protestants dans
le diocèse, p. 19; création de l'académie royale,
p. 27; exécutions capitales, p. 38; le conseil
politique & le conseil extraordinaire sont nom-
més par le conseil d'Etat, p. 56; indemnise les
communes dévastées par l'orage, p. 73; vote des
secours aux ouvriers sans travail, p. 74; nou-
velle église construite par ordonnance du con-
seil d'Etat, p. 77; rétablissement d'une foire à
Ni.nes du 8 au 23 février, p. 83; projets d'em-
bellissement dressés par Raimond, p. i25; les
chcvau - légers commettent des excès à Nîmes,
deux d'entre eux sont punis, p. 262; les pro-
testants forcent la porte de l'évèché, p. 209;
visitée par Louis XIV, p. 38 1 ; des prêtres catho-
liques viennent y apostasier & se marier; plain-
tes de l'évéque à Louis XIV sur ce sujet, p- 420;
une classe de théologie protestante y a été créée,
p. 423; on y conçoit des craintes sérieuses pour
la tranquillité, p. 529; l'industrie de la soie
y est ruinée, p. 53-; son temple est démoli;
le travail des manufactures est suspendu,
p. 53 1 ; les réformés de cette ville sont accusés
de fomenter les troubles en Vivarais, p. 533;
en trois jours il s'y fait soixante mille con-
versions, p. 541 ; n'oppose point de résistance;
les chefs de famille font leur soumission &
reçoivent une absolution; deux ministres sont
parmi les nouveaux convertis; est occupée
par les troupes, p. 555; quelques symptômes
ce refroidissement se manifestent parmi les nou-
veaux convertis, p. 556; panique des réformés,
p. 590; construction d'un fort pour la surveil-
lance des Cévennes, p. 599; contient quarante
mille protestants devenus catholiques, p. 646;
sa population en 1698, d'après Bâville, p. 692;
les jésuites y dirigent un collège, p. 6r5; oc-
cupe, d'après Bâville, le premier rang pour le
commerce de la draperie & de la soie, p. 701;
cent cinquante réformés sont brûlés dans un
moulin du faubourg des Carmes par le maré-
chal de Montrevel, p. 790; du haut des maisons
on aperçoit les incendies allumés par les insur-
gés des Cévennes, p. 8'--3; le premier consul re-
çoit le maréchal de Viilars, p. '>25; perquisi-
tions faites dans le quartier Sainie-Eugénie,
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
iSyo
p. 859; exécutions à propos de la conjuraîion
d:; 170.5, p. 86o; des prisonniers protestants
traversent les rues en chantant des psaumes,
p. 973; querelles munirip;iles d.'ins cette ville;
ï'évêtjue de Nîmes & l'iiiTendiini, p. 991; dé-
tresse dans cette ville à l;i saite des longues
pluies de 1740, p. ic6i.
Mimes (Amphithéâtre de), p. i5.
— [Ancien chateiiu de), p. 4.
■ — 'Assemblées politiques de), p. i3.
— (Chapitre de); ses armoiries, p. ^84,
— (Conjuration de), pp. 858, 809.
— (Diocèse de), pp. 11, 42, 55, 57, 90, 91,92,
94, 96, 100, loi, 106, 107, 114, 126, 128, i55,
168, 195, 3oo, 426, 483, 571, 620, 645, '64,
755, 769, 770, 855, 1066, ii36, 1149, 1400,
1406; son étendue, p. 644.
— Dominicains, p. 4.
— (Evêque de), pp. i3, 18, 69, 264, 299, 566, O49,
858, 1021, 1264.
— (Enfants trouvés de), p. 16.
— (Fontaine de), p. 82.
— (Forts de), pp. 870, 1073.
— (Garrigues de), p. 1066.
— (Grand bailliage de), p. 128.
— (Grands jours de), p. 21.
— HApital fondé par Denys Cohon, p. 479.
— Hôpital Saint-Jacques, p. 20.
— (Insurges de), p. i3.
— 'Insurrection de), p. 14.
— (Jardin des Récollets à), p. 83rt.
— (Jésuites de); trois chapellenies sont unies i
leur collège, p. 3o.
— Maladrerie, p. 20.
— 'Massacre du moulin de^, p. 83o.
— (Porte de la Madeleine à), p. S3(5.
— (Présidial de), pp. 17, 23, 1 199, 1 201,
— 'Sénéchal de), pp. 67, 85i, 1210.
— f Sénéchaussée de), pp. 696, 1 J98, 1200, 1267,
i~3oo, i3 6, i367, i377, i383, i385, 1398.
— (Vieux chemin d'Uzès, près de), p. 1067.
Nior.T, au diocèse d'AIet, pp. 554, ^^27, 1008.
NTQt'ET (de), premier président au Parlement de
Toulouse, pp. 107, 12(6, 1273; nommé preiTT-i-
président du Parlement Maupeou, p. 1214; ^^-
sent au moment des fêtes pour le rétablisseï' u
du Parlement, p. 1270.
NlQl ET fils (de), président à mortier an Purle-
mcnt de Toulouse; son exil, pp. 1218.
NIQUET, ingénieur du roi, p. 893.
NISAS (Marquis de), pp. 67, 619.
NIVELLE, prêtre, p. io25.
NIZAS (Marquis de), p. 88.
Nizts (Hôpital de), p. 696.
NOAILLES (Anne-Jules, doc de), maréchal & pair
de France, pp. 26, 29, 3o, 3i , 3?, 48, 71, 55 • ,
567, 553, 587, 609; ambassadeur près en
Saint-Siège, p. 247; est nommé command.nt
en chef en Languedoc; ses services antérieur' ;
Si femme; ses enfants, p. 52 1; reijoit la mis-
•on de démolir le temple de Montpellier;
,lp
iLcurs de précaution prises
exile les ministres; jug-' S'-vèi;;
ecclésiastii
' e sujet, p. 526 ;
cillent le person-
nel ecclésiastique des deux cultes, p. 5.'l7; est
tres-mécontent du clergé local; demande des prê-
tres de Saint-Lazaie, p. 52S j avait piévu les évé-
nements qui allaient s'accomplir, p. 53 1 ; rentre
d'un voyage à la Cour & prend le commande-
ment des troupes, p. 534; tlonne l'ordre d'atta-
que; les insuigés sont en déroute, p. 535; est
poussé aux mesLires violentes par Louvois; son
étonnement de voir l'édit de Nantes invoqué
par les protestants ; demande qu'on respecte les
temples des lieux qui n'ont pas appuyé la ré-
tcllion, p. 53"; quelques extraits de sa corres-
pondance relativement aux catholiques Seaux
protestants, p. 545, 5^6; parcourt le Gévaudan
& les Cévennes; est étonné du nombre de con-
versions qui dépasse le nombre de protestants
d-claré; sa lettre à Louvois à ce sujet, p. 55*';
ne trouve pas l'édit de Fontainebleau assez res-
trictif du culte réformé; alarmes que lui cause
l'article II, p. 559 ; idées que les peuples s'étaient
faites de la volonté de Louis XIV; calculs &
hypothèses du duc; quelques justes observations,
pp. 559, 56o; son ordonnance contre les fugi-
tifs, p. 5')9; est chnrgé du commandement de
l'armée d'Espagne & ne s'occupe plus des affaires
de la Province, p. f;i3; arrive précipiiainmen t
du Boulou à Mèze dès qu'il apprend le déba -
quement des Anglais à Cette, p. 884; agit ''e
toncert avec le duc de Roquelaure pour repren-
dre Cette aux Anglais, p. 836.
NOMLLES (Cardinal de), archevêque de Paris,
rp. 862, 866.
NI AILLES (Comte de), pp. 1 o3 ,
pp.
107, 191,
19J,
uedcc, p. 27.
•;6, 100, f T 1 , 872, 932, 933,
EGAILLES (M^irquis de), p. 885.
M0A1I.LES (Dragons de), p. 1348.
Nor.iLiTÉ, p. 44.
— de biens, p. 117.
— (Procès de) ne sont pas sujets à péremption,
p. 97.
— de fonds, p. 118.
— deb terres en Lan^
— de terres, pp. 5o,
,034.
NuM.ESSE de Langud'oc, pp. 8, ■'2, 77, 635, i335.
— procurations pour l'entrée aux Etats, p. 40.
— des pays de mont;igne; malgré la défense du
roi se réunit par groupes & chevauche en appa-
reil de guerre, p. 254.
— demande à se réunir, à l'annonce de la convo-
cation des Etats généraux en i65i, p. 3o5.
— demande la réformation de la représentation
de cet ordre aux Etats de Languedoc, p. 307.
— -iccordée aux associés pour la construction du
canal de Beaucaire, p. 386.
— capitulaire de Toulouse; la fausseté de ses pré-
tentions démontrée, pp. 627, 628, 629.
— sa situation de fortine en Languedoc; son pt u
d'attachement au mé'ier de la guerre, p. ( ():
— droit de confirmation qui trappe Us capitou!
de Toulouse, p. b<,9.
i.Tyô
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
NoULKSSE; sa requête en vue d'accroître ses pri-
vilèges & de diminuer ses charges pécuniaires,
pp. 93o, 93 1 .
— militaire, créée en novembre lya-^, p. 85.
— protestante du- Languedoc; son attitude après
la révocation de l'édit de Nantes, p. 769; nom-
bre par diocèses des chefs de famille évalué
par Bâville, p. 770; son horreur pour les in-
cendies, les massacres & les atrocités commises
par les bandes insurgées; son impuissance pour
arrêter l'insurrection, p. 794.
— capitulaire de Toulouse, pp. 1002, ioo3, 1226,
I 227.
— des personnes, p. io5o.
— à Toulouse, appréciée par le Parlement de cette
ville, pp. i3i6, i3i7; par le subdélégué Gi-
nesty, p. r3i9; ses démarches en faveur du réta-
blissement du Parlement de Toulouse, p. i35l.
— du diocèse de Toulouse proteste contre les pré-
tentions des Etats de Languedoc, p. i363.
— ses membres siégeant aux Ktats de Languedoc
demandent à être associés à tous les impôts,
p. i3â8.
— mode de convocation employé pour l'élection
de leurs représentants aux Etats généraux,
p. 1373.
— des sénéchaussées de Béziers Se de Carcassonne
proteste contre les répartitions faites par les
commissaires des Etats de la Province, p. i388.
— (Preuves de), p. 12.
— (Usurpation des titres de), p. 16.
NoÉ, pp. 1218, 1404.
NOÉ (Marc de), sieur de Guitaud, maréchal de
camp des armées du roi, p. 460,
Noël (Fêtes de), p. 762.
NOGARET, p. 1254.
NOGARET (Jacques), p. 78.
NOGARET (Comte de), p. 119.
NOGARET (Gaston de), duc de Candale, p. 3,';6.
NOGARET (Louis de), évêque de Mirepoix, p. 1 58.
NOGARET (Marquis de), p. 960.
NocAKO, p. 390.
— (Gruerie de), p. 474.
NOGENT (Chevalier de), p. 5i6.
NOI,ET, trésorier général de France, mainieneur
des Jeux- Floraux, p. 661.
NOLIBÉ (Isaac), p. 41.
Nombre, par diocèse, des protestants en Langue-
doc, p. 55o.
Nominations consulaires, p. 53.
— municipales révoquées, p. 112.
NoN-BÉSiDENCE des bénéficiers signalée comme un
abus, p. i382.
NORDLINGUE, p. 224.
NORIS, commandant d'une flotte anglaise, pp. 882,
886.
Normandie, pp. i33, 679, 704, 723, 1077; répres-
sions violentes dans cette province, p, 241,
— (Régiment de), p. 33o.
NOSTRADAMUS, p. 825.
Notaires, p. 1 22.
Notre-Dame d'Avéze, paroisse, p. 649.
— DE Balmes, paroisse, p. 1071.
DE Bo.MIELR ou DE l'EspÉBOU, p. 649.
— DE Bo.nne- Espérance, chapelle au couvent des
Grands-Carmes à Toulouse, p. 200.
— DE BoBiEU, prieuré, p. ii5.
— DU Camp, prieuré, p. 400.
— DE LA Datrade, à Toulouse, p. 863; fête an-
nuelle des Jeux- Floraux dans cette église,
p. 653.
— DE FoNTFROiDE, abbaye, p. 1020.
— DE Gatuziëbes, paroisse, p. 649.
— DE Gaujac, paroisse, p. 649.
— DE Générargies, paroisse, p. 649.
DE GeNOLILLAC, p. 481.
— DE Laval, prieuré, pp. 102, 1 17, 646.
— DE Londres; ses armoiries, p, 686.
— DE Luc, paroisse, p. 649.
— DE Montlezon, p. 1071.
— DU Mont-Carmel (Ordre de), p. 695.
— DES Tables, à Montpellier, pp. 49, 52, 718; on
y rend avec solennité les honneurs funèbres au
dauphin; détails sur la décoration & sur la
cérémonie, pp. 894, 895.
— DE Paris, p. 402.
— DE Plech DE Cendras, paroisse, p. 648.
— DU Puv (Chapitre de); ses armoiries, p. 684.
DE LA ROUVIÉRE, p. 649.
— DU Sac (Religieuses de), pp. 680, 923.
— DE Salenques, monastère de femmes; contesta-
tions avec ses puissants voisins, p. 294.
— ou Saint-Blaise de Vissec, paroisse, p. 649.
— de Saumane, paroisse, p. 649.
— DE Sauvelade, petite abbaye au diocèse de Les-
car, p. 364.
— DE Soudorgues, p. 649.
— DE SuMf.NE, paroisse, p. 649.
— DE Trêves, paroisse, p. 649.
Nolaille, au diocèse d'Albi, p. 1008.
NOUGAIROL, de Limoux, p. 1207.
NounuEYROL, p. 743.
Nouveaux convertis, pp. 14, 86, 124, 547, 647,
711, 1107; déchargés des dettes des réfoimés,
p. 17; payement du capital de leurs dettes,
p. 21; déchargés des dettes des réformés, p. 17;
exemptions qui leur sont accordées, p. 24; tous
les livres leur appartenant sont recherchés,
p. 29; exclus des élections municipiiles d'An-
duze, p. 04; de qualité; faveurs obtenues pour
eux de la Cour, p. 027; en dix-huu jours dé-
passent de quarante-trois mille le nombre de
protestants trouvé par d'Aguesseau, p. 555; sont
instruits par des missionnaires envoyés par le
roi, p. 555; leur découragement, p. 099; leur
peu d'attachement aux pratiques de l'Eglise ro-
maine; nécessité de bonnes prédications, p. 644;
leur grand noir.bre dans la partie occidentale
du diocèse de Nîmes, p. 646; sont cités par Bâ-
ville comme laborieux, industrieux, p. 701;
leur peu d'attachement à la religion catholique,
pp. 644, 73o, 73 I ; sévérité à leur égard, p. 734;
menaces qui leur sont faites dans le plan de la
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i577
guerre des Céirennes envoyé par le marquis de
Miremont, p. 856; abandonnent les églises,
p. 993.
Nouveaux convertis nobles frappés d'une taxe,
p. 1002.
Nouvel acquêt, p. 62.
— ordre judiciaircj sa composition, pp. 1412,
1413.
NOUVEL (Pierre), p. 747.
NOUVEL; date de son supplice, p. 36.
Nouvelle-Orléans, p. 970.
Nouvelles converties, p. 373.
NoviTAL, lieu, p. 1218.
NOVITAL, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
NOVITAL fils (de), p. |352.
NoVERS, périssent durant rbiverde 1708, p. 875.
— perdus, p. 896.
NOYERS (des), p. 186.
NoYON (Evêque de), p. 719.
NoziËBES, en Vivarais, p. 1202.
Nuc\EZ Cabezcdo, p. 429.
NUISEMENT Cde), maire d'AIet, p. 982.
Nullité des baux de fermage, p. io5i.
Numismatique imaginaire à propos de quelques
pièces de biUon suédoises trouvées sur des in-
connus suspects, pp. 784, 785.
NUPCES (Bertrand de), maire perpétuel de Tersac,
p. 639.
NUPCES, avocat, mainteneur des Jeux-Floraux,
p. V.n.
NUPCES, président au Parlement de Toulouse,
p. 1102.
o
OBRIEN (Charles). Voir THOMOND (Comte de).
Oiisf;' V\TI0NS astronomiques f.ntes à Toulouse du-
liint vingt-trois années, p. i3o4.
Oi.sEi:vATOiBE astronomique établi à Toulouse;
instruments qui y sont réunis, p. i3o3; est
acquis au nom de la Province; p. i3o4; dispo-
sitions prises pour son entretien, pp. i3o4,
1 3o5.
OccipATiOM militaire ruineuse pour la Province,
p. 570; prend fin, pp. 903, 904.
Océan, pp. 462, 482, 739, 1241.
OcTON, p. 1401 .
Octroi de Saint-Esprit continué pour dix ans,
p. 73; pour neuf ans, p. 78.
Octrois, p. i 184.
OFFAREL, directeur des travaux de la Province
en Gévaudan, en Vivarais & en Vêlai, pp. 124,
1 309.
Orrir.E de bailli supprimé en Vivarais, p. 13-0.
— de iuge conservateur du petit scel, supprimé,
p. 86.
Offices créés, p. i63.
.— créés & rachetés, pp. 982, 983.
Offices créés pour la chambre des comptes à Mont-
pellier, p. 237.
— (Indemnité à la Province pour divers) de gou-
verneurs & lieutenants du roi, p. 107.
— (Rachat de huit) de capitouls créés à Toulouse
en 1771 , p. 109.
— héréditaires sont créés par le besoin d'argent,
pp. 634, 635.
— supprimés du Parlement de Toulouse, pp. 1 10,
III, 114.
— d'inspecteurs aux boucheries créés, p. 85o.
— de maire; achetés par les seigneurs peuvent
être exercés par leurs officiers; étaient rachetés
par les communes, p. 638; remboursés, p. 714.
— municipaux, pp. 34, 68, 71, 79, 89, io3, 1 15;
invendus; leur rachat, p. 41 ; leur suppression,
p. 53; de 1722 supprimés & de 1717 rétablis,
p. 58; invendus, p. 87; perpétuels rétablis,
p. 108; remboursés, p. i23, leur accès est ou-
vert à toutes sortes de personnes graduées ou
non graduées, p. 636; rétablis, p. 1220.
— de Toulouse réduits par un édit, p. 1347.
— (Création d'), pp. 36, 47, 48.
— (Rachat d'), pp. 35, 42, 45, 46, 5i, 54, 61,
I 17, 7 i5.
— (Remboursement d'), p. 46.
— (Rétablissement d'), pp. 54, 57, 65.
— (Rétablissement d'j au Parlement de Toulouse,
p. 112.
— (Réunion d'), pp. 33, 49, 5o, 5i, 61, 63, 91,
109.
— Suppression d'), pp. 34, 35, 3;, 38, 40, 41,
4-!, 49, 5o, 5i.
Officialités foraines, p. i3o3.
OiFiciERS des justices seigneuriales protestent
contre la nouvelle organisation judiciaire,
p. 1349.
— des hôtels-de-ville rétablis, p. 65.
— de In Province, p. 129.
— royaux, quittent Toulouse durant la peste,
p. 1341.
— recruteurs, p. 5 10.
— de la table de marbre de Toulouse; leur igno-
rance, p. 470.
Ognon, rivière du Minervois, p. S70.
Olargl'es, pp. 45, 870, 14CI.
OLIVARÈS (Duc de), p. 186.
Olive, lieu, p. i i3o.
OLIVE (Paul), p. 36o.
OLIVE (d'), p. 449.
OLIVE (d'), substitut du procureur général, maître
es Jeux-Floraux, p. 661.
OLIVE SAINT-SAUVEUR (d'), maître es Jeux-
Floraux, p. 661.
OLIVE (d), président au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1219.
OLIVE (Chevalier d'), p. i353.
OLIVE (d'), vicaire général, p. i356.
Olivette, p. 59.
Olivier, près Toulouse, p. I2ï3.
OLIVIER (d';, p. 349.
OLIVIER, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 352.
OLIVIER (d'), capitoul, p. Syr.
OLIVIER (Jacques), fabricant de faïence, p. Sn.
OLIVIER (Anne-Gabrielle d'), veuve de Pierre de
Lévy, p. 853,
Oliviers, pp. 698, 702.
— perdus, pp. 49, 896, ioo5.
— leur récolte perdue, p. /(Si.
— périssent durant l'hiver de 1708, p. 875.
perdus à la suite de gelées dans les diocèses de
Narbonne & de Carcassonne, p. 943.
Ol.MET, p. 863.
OLONNE (Duc d'), p. 940.
Olonzac, pp. 33o, 1401.
Olobon, pp. 364, 708.
OMER TALON, p. 881; proteste contre l'usafje des
lits de justice, p. 267.
Ondes, au diocèse de Toulouse, pp. 461, 55 1 , ko8.
Opéra, p. 34.
OrouL, sur la frontière du Roussillon, p. 212.
OiAOE nocturne des 18-19 juin 1739, dévastant
quatre-vingt-quinze paroisses de Gévaudan ,
p. 73.
Orages en 1728, p. loio.
— en 1731 dans le bas Vivarais & dans le diotèïs
de Saint-Papoul, p. 1034.
— dans les diocèses de Viviers, Uzès , Nîmes,
Montpellier, Saint-Pons & Narbonne, p. 88.
— de grêle de 1727; leur étendue, pp. ioo3, 1004.
Orange, pp. 33, 735.
— (Principauté d'), p. 708, 773, 802.
Oranges d'Espagne, p. 481.
OiusON funèbre de Louis XIII, prononcée prir
révêque d'Uzès, p. 178.
Oj.aisons funèbres : de Louis XIII, du premier
maréchal de Schoniberg, de Richelieu, de Ma-
zarin, d'Anne d'Autriche, du prince de Conti,
par Pierre de Bertier, p. 178.
Oratoire, église à Paris; l'évéque de Lavaur y
prononce l'oraison funèbre de Louis XIII,
p. 178.
— (Religieux de 1'), p. Syo.
— de Saint-Honoré, à Paris, p. 721.
Ord, rivière, pp. 90, 461, 472, 473, 870, 882,
963, 960, 966, 1400.
OiiBiEU, rivière, p. ioo5.
Ordan, p. 474.
Ordonnance de i36i, p. i35o.
— de 1667, p. i325.
— de 1670, p. i325.
— de 1687, concernant les cinq grosses fermes,
p. 845.
— de 1681, concernant la ferme du tabnc, p. 845.
— de 1680, concernant les gabelles, p. 8^5.
— du 19 mai 171 1, concernant la solde des mi-
lices, p, 49.
— de décembre 1776, concernant le corps du gé-
nie, p. rrç^.
TABLE GENERAI F. DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Otidonnante du 29 janvier n3j, visant les juges
& officiers de justice des juridfcti_ons royales &
seigneuriales, pp. i323, i324, |325.
— de M. de Froidour, du 29 mai i683, relative
au sicgc d'une maîtrise d'eaux & forets, p. 27.
— de l'archevêque de Toulouse, du 23 mars 1775,
défendant les sépultures dans les églises, p. 112.
— de révêque de Nîmes, du 11 avril i663, rela-
tive à l'enterrement des protestants, p. 18.
— de la commission de 1734, du 3 janvier 1769,
ponant règlement pour la reddition des comptes
communaux, p. io5.
— de la même commission, du 11 février I7"3,
pour la conservation des archives communales,
p. 109. ^
— de la même commission, des 2''' août 8c j8 no-
vembre i7-'4, concernant l'adminisTiaiion mu-
nicipale d'Aniane, p. 111.
— de la même commission, du 3o décembre I7!'2,
pour l'administration de la commune de Tence,
p. 120.
— de la commission des vingtièmes, du 1 1 février
1767, p. io3.
— de la même commission, du 8 mnrs 1770, p. 106.
— des commissaires du roi, pour la levée du
dixième en Languedoc, p. 77.
— des commissaires du Parlement en Vivarais, du
1' novembre 17615, concernant les condamna-
tions par contumace, p. ic3.
— des mêmes commissaires, du 18 décembre 1766,
pour le même objet, p. io3.
— des commissaires du Parlement, des 28 & 29 jan-
vier 17S3, concernant les devoirs & les lonctions
de plusieurs magistiats dans le Gévaudan, le
Vivarais & les Cévennes, p. 122.
— du 28 janvier 1784, visant les procureurs, ren-
due par les commissaires nommés par le Parle-
ment pour réformer l'application de la justice
dans divers lieux, pp. |32|, |322, i323.
— de l'intendant d'Aguesseau, du 18 jiiillet 1678,
pour la conservation des chemins, p. 26.
— de l'intendant, du 8 juillet i-'c2, réglant la
marche des officiers royaux & des maires dans
les processions, p. 35.
— de l'intendant, du 16 octobre 1727, sur Us
transports militaires, p. 61.
— de l'intendant, du 16 mai 1706, relative à la
fabrication d'étoffes, p. 42.
— de l'intendant, du 18 septembre 1706, pour la
fabrication des draps du Levant, p. 43.
— de l'intendant, du 16 juillet 170S, réglant la
composition du bureau de santé de Cette, p. 46.
— de l'intendant, du 23 juillet 1708, relative à
l'entretien de chaussées, p. 46.
— de l'intendant, du 25 septembre I7r8, ordon-
nant l'emploi de la balance pour le peioge des
irarchandises précieuses, p. 47.
— de l'intendant, du 21 décembre 1708, pour
l'iUtretien de chaussées, p. 47.
— ^e l'intendant, du 3o janvier 1714, sur la fa-
brication des cadis, p. 5o.
— ^le l'intendant, du 29 décembre 1722, pour la
(;:!-'. ication des toiles rousses, crues & grise< .
P 57.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i579
OnnONNANCE de l'intendant, du i'' juillet lySy,
relative au pliage des toiles d'Albigeois, p. 71.
— de l'intendant, du 27 novembre 1738, pour
- l'entretien du canal des Etangs, p. 72.
— de l'intendant, du 28 avril lySp, pour l'entre-
tien de fossés, p. -jS.
— de l'intendant, du 20 août 1740, pour la fabri-
cation des étoffes des Cévennes, p. 74,
— de l'intendant, du 18 juillet 1741, pour la
conservation des bois & la police des verreries,
p. 70.
— de l'intendant, du 19 mai 1745, relative au
logement & au casernement des troupes en Lan-
guedoc, p. 80.
— de l'intendant, du 14 janvier 1747, portant
règlement pour la fabrication des serges poJi-
laires, p. 82.
— de l'intendant, du 8 mars 1747, pour les car-
deurs de laine du diocèse de Lodève, p. 82.
— de l'intendant, du même jour, concernant la
marque des diaps fabriqués pour les troupes du
roi, p. 82.
— de l'intendant, du 18 août i"47, concernant la
teinture & les marques des draps destinés au
I evant, p. 82.
— le l'intendant, du ?i avril 1748, sur le com-
erce des grains, p. 83.
— le l'intendant, du 1"' juillet I7.ï^, pour établir
!-■ bon ordre dans la foire de Beaucaire, p. 85.
— !e l'intendant, du 2 juin 1761, concernant la
rlature des soies, p. 86.
— le l'intendant, du 23 décembre I75|, pour
l'application de la roulette aux filatures de soie,
p. 86.
— de l'intendant, du 12 février 1753, concern.int
i'apprét des cuirs, p. 87.
— de l'intendant, du 28 novembre i-53, concer-
nant le logement des troupes, p. 87.
— ie l'intendant, du 26 octobre 1770, pour la
i onservation des chemins, p. 107.
— de l'intendant, d» 20 juin 1771, pour la con-
servation des travaux de la plaine de Coursan,
p. 108.
— le l'intendant, du 1" avril 1772, pour la con-
:;rvation de chemins, p. ic8.
— le l'intendant, du 8 juillet 1772, pour le même
f bjet, p. 108.
— ic l'intendant, du 17 juillet 1786, concernant
lii conservation des tamaris & des pins mariti-
n-.cs, p. 125.
— de l'intendant, du 25 juillet i"86, pour la
conservation des chemins de la forêt deMazan,
p. 125.
— de l'intendant, du 4 septembre 1786, concer-
nant le lestage & le délestage des bâtiments du
port de la Nouvelle, p. 125.
— de l'intendant, du 3o avril 17S7, pour la con-
servation des canaux de Capestang à Narbonne,
p. 126.
— du maréchal de Montrevel, du 23 février 17 3,
contre les camisards pris les armes à la main,
p. 37.
— du même maréchal, du 24 février 1703, contre
les fanatiques, p. 37.
Ordonnance du même maréchal, du 14 septembre
1703, pour la destruction de paroisses dans les
Cévennes, p. 33.
— du même maréchal, du 20 septembre 171^3, re-
lative aux lieux de retraite pour les anciens
catholiques pen.iant la dévastation, p. 38.
— du maréchal deVillars, du 29 mai 1704, contre
les assemblées, p. 40.
— du même maréchal, du 17 juin 1704, contre les
parents des insoumis, p. 4c.
— du maréchal de Richelieu, contre les assemblées
des protestants, p. 87.
— du prince de Beauvau, du i" juillet 1766,
concernant le droit de port d'armes, p. 102.
— du roi, du i5 septembre i685, prescrivant à
tous les protestants qui étaient venus s'établir
dans Toulouse d'évacuer cette ville dans ie délai
de huit jours, p. 28.
— du roi, du 7 décembre 1686, cassant une déli-
bération de l'hôtel-de-ville de Toulouse, p. 29.
— du roi, du 23 février 1703, contre les attrou-
pements, p. 37.
— du roi, du 1 i septembre 1703, au sujet des pas-
seports, p. 38,
— du roi, du 1" avril 1740, réglant le nombre &
la qualité des voitures à fournir aux troupes de
passage en Languedoc, p. 74.
— du roi, du 4 mars 1744, réglant le tirage au
sort pour remplacer des gardes-côtes, p. 70'.
— du roi, du 3 février 1757, réglant le nombre &
la qualité des voitures à fournir aux troupes de
passage en Languedoc, p. pi.
— du roi, contre les insurgés dts Ccvennesj étude
de ce document, pp. 781, 782, 783.
— de Crémieux, p. i3i6,
— du Louvre, p. i3i7.
— de Moulins, p. i3i6.
— d'Orléans, p. 1316.
— de Villers-Cotterets, p. i323.
Oruhe public est mis en danger par suite d'une
sufjerposition de magistratures mal coordon-
nées, p. i5o.
— de Malte, pp. 1026, 1 198 i334; ses possession!
dans la partie orientale du Languedoc sont
inondées, p. 1 i36.
— du Saint-Esprit, p. i334.
— de Saint-Lazare, p. 1334.
Ordres militaires supprimés, p. 29.
— privilégiés protestent dans les cahiers de 1789
contre les formes du despotisme, pp. i H8 1 , 1 382.
OREILLY, premier consul d'Anduze, p. 127.
Organisation défectueuse des Etats de Languedoc
signalée, pp. 1298, 1299.
— ecclésiastique en Languedoc; nombre de cou-
vents d'hommes, de iîlles; leurs revenus, p. 694.
— féodale; elle fausse l'application de la justice,
pp. i325, i326.
— lïodale en Gévaudan, pp. 1 1 5o, ii5i, 11 52,
I i53.
— féodale en Vivarais, p. ii5o.
— judiciaire, p. 1 33 1 .
— j'idiriaire défectueuse dans le Vêlai & en Viva-
rais, p. I 100.
i58o
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
OkgamsatiON de la justice royale & seigneuriale
dans les Cévennes, le Gévaudan & le Vivarais,
pp. iSzi, i322, i323, i324, i325.
— de la justice en Gévaudan, p. i386.
— municipale de Toulouse modifiée, pp. 1289,
1290, 1291, 1292, 1293.
OiiGANiSME provincial ; ses complications & ses
obscurités, p. 963.
Obgancinage des soies, p. 95.
Or.GE (Bassin de 1'), p. 552.
OniPLES (Sienr d'), maître particulier des eaux &
forêts, accompagne Froidour dans le Velai en
1668, p. 481. _
Orléans, p. i3i6; les Etats généraux y sont con-
voqués en 1648, p. 278.
ORLÉANS (Duc d'). l^olr GASTON D'ORLÉANS.
ORLÉANS (Duc d'), régent du royaume, pp. 91 1,
951, 1069.
ORLEANS (Duc d'), p. i338; exilé pour s'être
associé à l'opposition du Parlement de Paris,
p. 1344.
— (Régiment d'), p. 1384.
ORMESSON (d'), intendant d'Auvergne, p. 85i.
Op.PAiLLEUBS, dans le diocèse d'Alet, p. 698.
ORRY, contrôleur général, p. 1041,
OusEii-LE, p. 59.
Or.sSANS, au diocèse de Mi repoix, p. 1009.
ORTET DE RIBONNET (Chevalier d'), p. |352.
ORTIS (Marie d'), p. 076.
0RVAL(M"'' d'), p. 382. .
OSMOND DE MÉDAVY (d"), évêque de Comrain-
ges, fiiit étudier les cas d'épizootie dans son
diocèse & remet, le 17 décembre 1774, un mé-
moire qui est le point de départ des mesures
prises pour combattre le fléau, pp. 1232, 1233.
OsTALRic, sur la côte de Catalogne, p. 364.
OUAILLY, capitaine des gardes de Gaston d'Or-
léans, p. I 88.
OUCHES (des), gentilhomme de la maison de Gns-
ton d'Orléans, pp. 7, 275, 286, 327, 33 1 } envoyé
en Languedoc par le duc d'Orléans pour prépa-
rer les élections aux Etats généraux; sa proposi-
tion d'une entreprise de carrosses; ses manœu-
vres contre la candidature de l'archevêque de
Toulouse, p. 28 I; assure aux protestants la pro-
tection du duc d'Orléans, p. 283; son témoi-
gnage tenu en suspicion par les catholiques,
p. 284; plaintes contre lui, p. 286; pression
exercée par lui à l'assemblée de GaïUac, p. 287;
prend le titre de marquis dans son voyage à
Toulouse en i65o, p. 298; est capitaine des
gardes suisses du duc d'Orléans, p. iz6.
Ol'DENARDE, p. 882.
OtIDIN, dominicain, p. 1187.
OULEZ, habitant de Castres, p. 868.
OuLiÉBES (Les), en Vivarais, p. 35.
OupiAN, p. 33o.
OURADOU (Germain), condamné pour contraven-
tion aux mesures relatives à l'épizootie, p. 1 257.
Ouragans en Vivarais en 1783, p. i3io.
OuVElLLAN, p. 333.
OuvÉZE, rivière, p. 602.
Ol^VRAGES publics, p. 120.
— publics des diocèses donnés en adjudication,
p. 1 14.
— d'orvillerie en fil d'archal, p. 485.
OtVBiEBS catholiques expulsés des manufactures
protestantes, p. 53o.
— employés par les fabricants de Carcassonne,
p. 75.
■ — en soie ruinés par les mesures prises contre les
protestants de Nîmes, p. 53o.
— des villes quittent la Province par suite de la
misère générale, p, 164.
OVKR-YSSEL, p. 818.
OwK, en Vivarais, p. 1202.
PAC BADENS 'Marquis du), député aux États gé-
néraux, p. I 317.
PAtiricATiON des Cévennes, pp. 834, 835, 836,
837, 838.
PADER, maître es Jeux-Floraux, p. 661.
Padiés, en Albigeois, p. 3io.
PAGES, curé de Muret, maître es Jeux-Floraux,
p. 66 1 .
Pailharés, paroisse, pp. 870, 1410.
PAILHÈS (Louis dej, maire perpétuel de Montes-
quieu, p. 639.
Pailiiks, commune, p. 1009.
— (Col de), p. 985.
PAILHOUX (Gaspard), docteur-médecin de la fa-
culté de Montpellier, médecin des Etats de Lan-
guedoc, p. 1 029.
PAILHOUX fils; les États demandent des lettres de
noblesse en sa faveur, p. 1049.
Paimpont, abbaye, p. 1020.
Pain rénit, offert par Louis XIV & Anne d'Au-
triche dans l'église de Saint-Etienne à Toulouse,
p. 372.
Paire, lieu, p. 488.
Pairs du royaume représentés au sacre de Louis XV,
p. 971.
Paix d'Aix-la-Chapelle; texte de la proclamation
lue à Toulouse, p. ic8q.
— des Pyrénées, pp. 14, 495, 791 ; non exécutée
en matière de tarif, p. 704.
— de Clément IX, p. 861.
— de Clément XI, p. 57.
— de Nimègue, p. 607.
— de Ryswyck, p. 708.
PAJOT, intendant de la généralité de Montau-
ban, p. 996.
Palais-Royal, à Paris, habitation du régent,
p. 908.
PALAIS (Marquis du), p. 194.
Palaminv, commune, p. 10^9.
l'ALANQUET (Jean), p. S64.
PALAPRAT (Jean àe,, chef du consistoire; son
piojet de rajeunir l'institution de la gaie
science, pp. 656, 657.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
[58i
PALAPRAT, avocat, tnainteneiir des Jeux-Flo-
raux, p. 66 1 .
PALASSE (Abbé de^, conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1219.
Pauvas, p. 384.
PALAVICINI, gouverneur de Tarragone, p. 296.
Paleficat, près Toulouse, pp. 1223, 1224.
Pai.rebs (Côte de), p. 1 149.
PA[.Ht.S, avocat au Parlement, capitoul, p. 2.;3.
PALLEVILLE (de), enfermé au fort de Brescou
pour s'être marié au désert, p. 84.
PALLEVILLE (M"" de\ enfermée dans un cou-
vent pour s'être mariée au désert, p. 84.
Palmerolles, p. 806.
PALMEROLLES 'Sieur de\ p. 806.
P\ Ml EUS, pp. 97, ii5, 3i8, 5i8, r)i9, 1178, 1349,
i3'):; une maîtrise des eaux & forêts y est éta-
blie en 167 I, p. 471.
— (Diocèse de), pp. Ô17, 619, 1 33 1 , 1404.
— ;'Evéque de), pp. il, 22; résiste à l'extension
du droit de régale, p. 5o3,
— (Sénéchal de), p. 1211.
Pampelo.nne, lieu, pp. 1197, 1201, 1376, 1408.
PAMPELONNE (Abbé de), archidiacre de la cathé-
drale de Viviers, député aux États généraux,
p. 1376,
PAMPELONNE (Sieur de), p. 1 197.
Pampelc.ne, p. 83.
P.ANAT (Marquis de), député aux Etats généraux,
pp. i35i, i352, i377; reçu en l'académie des
.^cux-Floraux, p. 1377.
PASNETIER (Comte de), p. i3'.3.
Papier terrier; droits à payer pour sa confection,
pp. 3i, 714, 1048.
PspiERS terriers, p. 45.
PvpiER & PARCHEMIN timbré, p. loSo.
PAPL'S (Jean de), p. 199.
PAPUS (de), conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 243, 329, 349, 302.
PAPUS (de), conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1219.
PAPUS (Baron de), p. 1352.
PAPUS-BÉRAT (Chevalier de), p. i3.i5.
PAPUS-LACASSAIGNÈRE, ancien capitoul, p. ô.'iS.
PARAIRE, capitoul, p. (Î58.
P»r.ATTE, p. 761.
PARATTE (de), pp. 789, 818.
Paraza, p. 1219.
PARAZA (de), conseiller au P.nrlement de Tou-
louse, pp. 1193, 1198; son exil, p. 1219.
PARAZOLS (de), procureur du roi près le Parle-
ment de Toulouse, p. 1249,
PARAZOLS (Chevalier de), p. i352.
PARDAILHAV (de), président au Parlement de
Toulouse, p. I I 02.
Pardeillas (Régiment de), p. 33o.
Pardiac, p. 471.
Parèace de Gévaudan entre le roi & l'évéque,
p. 'yj.
ParEaces, p. i386.
Parelrs de Saint-Chinian, p. 73.
PiRILMS fabriqués à Montpellier, p. 846.
Parig.vargues; démolition de son temple, p. 19.
Paris, pp. 2, 60, ii5, 242, 240, 247, 364, 367,
33?, 389, 477, 552, 640, 85o, 910, 945, 984,
IC23, io65, 1221, 1222; le palais du Luxem-
bourg appelé sous la régence palais d'Orléans,
p. i85; un député d'Uzès y est, en 1648, atta-
qué en plein jour par des assassins, p. 274;
émotion dans cette ville à la suite de l'arresta-
tion du conseiller Broussel ; troupes levées par
ordre du Parlement; est bloqué, p. 278; n'a pas
de maire perpétuel, p. 635,
— (Archevêque de), p. 920,
— (Vicomte de), p. 1392.
PARIS, diacre, p. 67.
Parlement d'Aix; demande assistance aux Etats
de Languedoc, p. 287.
— de Besançon, pp. 98, I2i5.
— de Bordeaux, pp. 2, 197, 294, 298, 1419; le
roi répond à ses remontrances en tenant un lit
de justice au Parlement de Paris, pp. 1342,
1343.
— de Dauphiné, p. 376.
— de Dijon, pp. 98, 323.
— de Douai, pp. 121.'), |333, 1419.
— de Grenoble, pp. 11, 20, 23, 98, 405, 412,
418, 1419-
— de Nancy, p. 1419.
— de Navarre, p. 319.
— de Nimes, p. 1 10.
— de Paris, pp. 191, 166, 270, 298, 3oo, 364,
397, 666, 880, 881, 914, 928, 93i, 989, 1041,
1267, 1339; proclamation de la régence d'Anne
d'Autriche, pp. i34, i35; hostile au ministère,
p. 269; ses exigences; lève des troupes, p. 278;
accusations portées contre ses membres par le
parti de la Cour; princes & grands seigneurs
ayant pris parti pour lui, p. 279; sa paix avec
la Cour, p. 283; son attitude après l'arresta-
tion des princes, pp. 293, 296; bannit Ma-
zarin, p. 3o3; met sa tête à prix, p. 335;
transféré à Pontoise, p. 341 ; enregistre l'édit
relativement à la vénalité des offices munici-
paux, p. 636; supprime un bref du pape, mais
l'arrêt n'est pas publié, p. 862; son arrêt adju-
geant à Samuel Bernard la terre de Rieux,
p. 873; supprime, comme pièce apocryphe, le
bref de Clément XI contre l'évêque de Saint-
Pons, p. 881 ; se rend près de Louis XV, à
Marly; casse le testament de Louis XIV, p. 910;
reçoit communication du mémoire de l'évêque
d'Alais contre les protestants, p. 994; défend
de recevoir, dans son ressort, la légende de
Grégoire VII, p. 1014; expédie au Parlement
de Toulouse les pièces demandées pour servir
au procès contre les jésuites, p. i 173; est dis-
persé, p. 1210; rétabli le 12 novembre 1774,
sans nouvelles provisions, p. I232; son refus
d'enregistrer la loi du timbre nécessite un lit
de justice; est exilé à Troyes, où il enregistre
le rétablissement des vingtièmes; est rappelé à
Paris; le roi s'y rend en personne pour faire
enregistrer l'édit des impôts graduels, p. 1342;
affirme son intention d'améliorer le sort des
I.)»2
8:
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
protestants, p. iT^Sj les parlementaires répon-
dent par des déclamations qui durent sept heu-
resj Tenregisirement n'est obtenu que par un
lit de justice, p. i34-;; sa résistance à Louis X^'I,
p. 1346; reçoit une sévère mercuriale du roi &
entend l'exposé du plan de la nouvelle organi-
sation judiciaire, p. 1347.
Parlement de Pau, p. 98.
— de Provence, pp. 6, 084.
— de Rouen, p. 1419-
— de Toulouse, pp. i, 5, 6, 7, 181, 197, 198,
23i, 232, 298, 299, 3i8, 323, 334, 405, 438,
708, 801, 864, 929, io3^, 1041, 1049, 1 o5 1 ,
1070, 1293, i3oo, 1371, i393; enregistre la
déclaration de régence; interdit l'accaparement
& l'exportation des grains; rend une ordon-
nance au sujet du décri des monnaies, p. i ;
tend à reconquérir l'omnipotence dont il avait
joui pendant la Ligue, p. i33; reçoit le texte
de la lettre de Louis XIV & de la régente an-
nonçant la mort de Louis XIII; interdit toute
espèce d'assemblée, p. i35; suspend les audiences
jusqu'après le service funèbre; interdit pendant
quarante jours de deuil les jeux & les spectacles
publics; envoie une députation au roi; sa com-
position, p. i36; ses tendances dès les premiers
jours de la Régence, pp. i37, i38 ; ses attaques
contre l'institution des intendants, pp. iSg,
140; demande la suspension de l'exécution des
édits, p. 142; enregistre sans observations les
lettres patentes du 3i mai 1643, p. 143; reçoit,
les chambres assemblées, l'arrêt du conseil lui
défendant de se mêler d'affaires d'impôts, & or-
donne des remontrances particulières, p. 146;
fait briller par le bourreau un libelle, p. 147;
rend un arrêt au sujet d'une émeute, à laquelle
avaient pris part quelques-uns de ses membres,
pp. 149, 1 5o ; casse l'élection des capitouls,
p. 3; son ingérence dans les élections capitu-
laires de Toulouse, pp. 169, 170; son action
dans les élections capitulaires, p. 172; sa résis-
tance aux ordres de la Cour relativement au
franc-salé, p. 175; sa protestation contre l'ar-
rêt du conseil relativement à ses délibérations
sur le franc-salé, p. 176; enregistre les lettres-
patentes nommant Gaston d'Orléans gouverneur
de Languedoc, pp. 188, 189; sa députation
au nouveau gouverneur, p. 189; emprunt pour
les frais de cette députation, p. 190; juge un
conseiller duelliste du parlement de Grenoble,
p. 193; ses membres refusent le payement des
tailles que doivent les fonds qu'ils possèdent,
p., 196; conflit élevé par lui avec le conseil
d'Etat au sujet de taxes, pp, 204, 2o5, 206,
207, 208 ; accepte, après résistance, les capitouls
imposés, p. 216; condamne les capitouls fugi-
tifs; disposition spéciale inscrite au registre
secret; est humilié d'être traité par le duc
d'Orléans sur le même pied que les capitouls,
p. 222; est trahi par quelqu'un des siens qui
rend compte à Paris des moindres démarches de
la Cour, p. 223; continue sa lutte contre les
capitouls, p. 220; sa lettre à toutes les puissances
contre les capitouls, p. 226; refuse de recevoir
les capitouls, p. 228; ses dispositions hostiles,
p. 229; connaît de nouveau de la poursuite des
rogneurs & faux monnayeurs; son procès au
chevalier de Roquelaure, p. 241 ; intervient dans
les affaires capitulaires contre le conseil d'État,
p. 243; interdit le port d'armes & ordonne des
patrouilles de nuit, p. 4; condamne le marquis
& le comte de Rabat aux g.ileres, p. 264; ses
tendances a la domination, p. 267; son impuis-
sance à réprimer les crimes dans certaines par-
ties du Languedoc, pp. 268, 270; ses remon-
trances, p. 271; son désir d'attirer à Toulouse
la chambre de l'édit de Castres, p. 285 ; fait un
arrêt contre les semeurs de fausses nouvelles,
p. 286; reçoit la députation des Etats venant
réclamer contre les violences militaires, p. 288;
son arrêt telativement à l'entrée à la comédie à
Toulouse, p. 293; met sous la sauvegarde du
roi & du Parlement le couvent des Salenques,
p. 294; son attitude après l'arrestation des
princes, p. 256; sa guerre aux capitouls, p. 297;
hostilité contre les Etats de Languedoc, pp. 3co,
3 :; I ; Ses remontrances au roi au sujet des prin-
ces prisonniers, p. 3oo ; demande l'expulsion
de Mazarin, p. 3oi; ses remontrances au roi;
arrêt contre le cardinal Mazarin, p. 7; ses re-
montrances au roi en i65i, p. 8; riposte à
l'arrêt de la chambre des comptes de Montpel-
lier, qu'il accuse d'exactions; décrète de prise
de corps les commissaires de cette cour; envoie
des commissaires dans la Province, p. 3o2 ; sa
lutte avec les Etats continue, p. 3c3 ; nouvel
arrêt contre la cour des comptes de Montpellier ;
ses remontrances au roi, p. 3^4; ordonne des
poursuites contre Mazarin & la saisie de ses
bénéfices situés dans le ressort, p. 3o5; sa colère
& son impuissance; ordres d'arrestations; con-
damnations à mort; confiscations de biens, &c.,
pp. 3o6, 3o7; arrêt contre les intendants de
justice, police & finances, p. 7; continue sa
lutte contre les Etats; attaque l'épiscopat de
Languedoc, p. 3o7 ; décret de prise de corps
contre l'archevêque de Narbonne, p. 8; ses or-
donnances pouvant provoquer la guérie civile,
p. 3o9; s'attribue le droit de réglementer les
impositions; préambule de son arrêt k ce sujet,
pp. 3 I o, 3 1 1 ; est blâmé par l'assemblée générale
du clergé de sa conduite vis-à-vis des prélats de
Languedoc, p. 3ii; nomme, le i3 juin i65i,
des commissaires pour visiter Hl Province, p. 8;
départ de ces commissaires en i65i, pp. 8, 9;
trêve avec les Etats, p. 3i4; son attitude aux
obsèques de M. de Montchal, p. 3 17; nomme
des commissaires extraordinaires ; est blâmé par
le conseil d'Etat, p. 32i; modifie le mode de
représentation de la noblesse aux Etats, p. 322 ;
ses remontrances pour le retour du prince de
Condé ; contre l'arrêt du conseil du 23 juin,
p. 322; demande le retour du prince de Condé
& l'éloignement de Mazarin, p. 8; sa paix
avec les Etats, p. 33 1 ; met à prix la tête de
Mazarin, pp. 9, 33.'); ses remontrances contre
le retour de Mazarin, p. 9; fait une démons-
tration en faveur du prince de Condé, p. 336;
casse les élections de Carcassonne, p. 338; in-
tervient pour le payement d'une contribution
de guerre au prince de Conti, p. 341; donne un
décret de prise de corps contre des gentilshom-
mes qui lèvent des gens de guerre & ravagent le
pays, p. 342; enregistre les lettres de gtâce de
Saint-Aunez, p. 344; nouvelle ingérence dans
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES,
i583
les élections cajatulaires, p. 347; n'enregistre
qu'après cinq ans l'amnistie accordée aux pro-
testants, qui avjiient pris les armes durant la
Fronde, p. Sfîo; instruit contre les auteurs des
brigandages en Gévaudan, p. 35o; cherche à
arrêter les violences commises dans le pays,
p. 35i) enregistre la nomination du prince de
Conti comme gouverneur de la Province de Lan-
guedoc, p. 383; tente de réprimer les rapines
de Balthasar de Langlade en Gévaudan, p. 397;
envoie un commissaire à Castres, p. iS; annu-
lation de contrats de louage d'offices de con-
seillers, p. i5; ordonne la saisie des revenus
de l'archevêché d'Auch, p. 16; son immixtion
dans les luttes entre l'évéque d'AIet & la no-
blesse de son pays, p. 411; continue à prendre
parti contre l'évêque d'AIet, pp. 412, 4i3;
prend parti pour les capucins contre l'évêqiie
d'AIet, p. 417; son animosité contre les capi-
touls, p. 418; sa jurisprudence concernant la
reconstruction d'églises est attaquée par l'évêque
de Nîmes, p. 421; recouvre son entière juriHic-
tion par la st.spensicn du droit d'évocation,
p. 440; soins qu'il se donne pour le service fu-
nèbre d'Anne d'Autriche, p. 442; favorisait les
usurpations des forets en cassant les procédures
des officiers des eaux & forets, p. 468; tend à
restreindre l'accroissement des biens de main-
morte, & cherche à réprimer l'instinct processif
des couvents, p. 493; condamne, sur la de-
mande de l'archevêque de Toulouse, le père Cerle
à avoir la tête tranchée; l'exécution a lieu en
effigie, p. 5i8; ordonne la démolition du tem-
ple de Montpellier, p. jzâ; veut commencer
contre les réformés de Montauban une procé-
dure analogue % celle employée à Montpellier;
il est arrêté par le ministre, p. 027; confirme
les règlements de l'institut des Filles de l'En-
fance, & enregistre les lettres patentes approu-
vant cette congrégation, p. .")77 ; députe deux
commissaires pour réclamer cinq jeunes filles
appartenant à cet institut, p. 583; ses membres,
à propos de la création de l'armorial, font en-
registrer leurs armes personnelles à côté de celles
de la cour, p. 681; nombre d'officiers qui le
composaient en 1698, p. tç'; enregistre, le
22 novembre 1703, la déclaration défendant aux
communes de plaider sans autorisation, p. 847;
sa jurisprudence relativement au droit d'au-
baine, p. 864; sa juridiction sur le pays de
Foix, p. 872; ses arrêts dans le procès sur la
nobilité des terres entre l'abbaye de Boi.lbonne
& les consuls de Cintega belle, p. 872 ; règle les
diftércnds relatifs aux huiles, p. 877; sa juris-
prudence au sujet du droit de prêlation, p. 934;
prescrit la formation de conseils de santé, voyant
la Province menacée par la peste de Provence,
p. 960; se réunit le 14 septembre 1727, p. 1 006 ;
reste muet sur les revendications de l'évêque de
Nimes à propos de la légende de Grégoire VII,
p. 1014; s'occupe de l'affaire du duc d'Uzès,
p. io36i se réunit à cause de l'émotion pro-
duite à Toulouse par la cherté des grains; me-
sures militaires, pp. 1084, loSj; cite le père
Dezeiizes, jésuite, à propos d'un sermon, lut
défend de professer dans les écoles publiques &
le cr,ndamnc à recevoir une admonestation dans
la chambre du conseil, pp. 1128, 1129; ses re-
montrances au roi, p. 68; décide que les exécu-
lions criminelles auront lieu exclusivement à
Toulouse, p. i.i;15 ; causes de son opposition au
second vingtième, pp. ii5i, i\5i; ses conflits
avec le ministère & avec les Etats de la Pro-
vince, pp. ii57, 1 I 58 ; date de ses arrêts con-
cernant le dessèchement de l'étang de Marseil-
lette , p. I 15; ; prend une part active aux ma-
nœuvres entreprises contre les jésuites, pp. 1 i6i,
1162; examine leur constitution, pp. 1162,
1166; rend sa sentence contre François Ro-
chette & trois gentilshommes, p. 1167; entend,
toutes chambres réunies, le rapport concernant
les jésuites, pp. 1170, 1171; sa lettre au Parle-
ment de Paris concernant les jésuites, pp. 1 172,
II-3; consacre plusieurs audiences à l'affaire
des jésuites; condamne plusieurs livres des jé-
suites à être lacérés 8c brilles, p i 173; plaidoi-
rie du procureur général, pp. 1173, 1174, I175;
rend son arrêt contre les jésuites, pp. 1176,
1177; rend plusieurs arrêts particuliers termi-
nant cette affaire; ordonne la suppression d'un
bref du pape favorable aux jésuites de France;
règle le taux de la pension des jésuites, p. 1 180;
à la suite de son refus d'enregistrer les lois de
finances exigeant de nouveaux subsides, le duc
de Fitz-James, à la tête de la force armée, fait
transcrire les édits; proteste; se proroge de sa
propre autorité, p. 1 1 8 1 ; ses membres sont mis
aux arrêts; le conseil d'Etat casse les délibéra-
tions de la cour, p. 1 182; ses membres sont ar-
rêtés par le duc de Fitz-James, p. 98; les arrêts
sont levés; le Parlement décrète le duc de Fitz-
James de prise de corps ; l'envoi d'une députation
est ordonné par lettre de cachet; silence absolu
imposé par lettres patentes sur tout ce qui s'était
passé; ses efforts pour intéresser à sa cause les
autres compagnies souveraines du pays, p. i 1 83 ;
lettre du roi, p. 99; enregistre sans opposition
la déclaration du 11 février 1764, concernant
les octrois & les biens patrimoniaux des com-
munes, p. I i8.<; est chargé de veiller à l'appli-
cation de règlements concernant l'adminisira-
tion de la justice en 'Vivarais & en Gévaudan,
p. I 199; sa résistance à enregistrer l'édit d'aug-
mentation des portions congrues, p. 1208; son
conflit avec le, ministère Maupeou au sujet du
règlement des Etats de Languedoc, p. 1209; ses
remontrances au sujet de l'édit de décembre
1770 & de la dispersion du Parlement de Paris,
p. 1210; son arrêt du 4 mai 1771 contre les
projets de réforme judiciaire, pp. 1210, 1211;
édit de Compiègne d'août 1771 détruisant son
organisation, pp. 1211, 1212; s'assemble le
3i août 1 77 1 ; fait rédiger des protestations
contre sa suppression; analyse & citations de
ces protestations, pp. I2i5, 1216; s'assemble de
nouveau le 2 septembre sur l'ordre du roi, trans-
mis par l'intendant, p. 1216; physionomie de
cette dernière séance; le comte de Périgoid ,
M. de Saint-Priest, p. 1217; le greffier distri-
bue à tous les membres des ordres d'exil, pp. 1218,
1219.
Parlement Maupeou; nombre de ses membres;
leur traitement ; assiduité obligatoire, p. I2i3;
liste des membres du nouveau Parlement, p. 1214;
réuni pour la première fois le 3 septembre 1771,
p. 1219; enregistre l'édit de novembre 1771 sous
I
i584
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
quatre conditions, p. 1222; les magistrats qui le
composent protestent eux-mêmes contre la nou-
velle organisation judiciaire, p. 1266; considè-
rent comme une dégradation la création du
conseil supérieur de Nîmes; demande une exten-
sion d'attributions; se plaint de la suppression
de la table de marbre, p. 1267; l'obligation
d'assiduité imposée aux magistrats invoquée
comme un grief; les gages modiques qu'ils re-
çoivent ne leur suffisent pas; le clergé, la no-
blesse, la bourgeoisie, la finance malmenés par
ses réclamations, p. 1268; regrets pour la sup-
pression des épices, p. 1269; interdit les danses,
les jeux, les assemblées & toute sorte de diver-
tissements &. d'attroupements jusqu'après les
obsèques de Louis XV, p. 1229; son ordonnance
concernant l'épizootie, p. I236; par arrêt du
26 janvier 1776 il interdit les foires & marchés
& réglemente le déplacement du bétail, p. 1 238 ;
autorise les communes à rassembler leurs habi-
tants pour défendre leurs avenues contre l'en-
vahissement de l'épizootie, p. 1248; autres
précautions indiquées, p. 1249; nouvelles pres-
criptions, pp. i:5o, I25i; le comte de Péngord
y prend séance & y fait enregistrer les lettres
patentes, ordonne d'assommer & de saler le bé-
tail qui avait échappé à l'épizootie, p. iî63.
Paulemest de Toulouse antérieur à 1771 rétabli;
fausse situation des membres du Parlement Mau-
peou ; décident la célébration d'une fête, p. 1 269;
enregistre la nomination du duc de Biron comme
gouverneur de la Province en 1777, p. i2-5;
son intervention à propos de la procession du
17 mai, & de la procession de la Peniecôte,
p. 1279; enregistre l'édit de création de la sé-
néchaussée de Villeneuve-de-Berg, p. i3oi; doit,
d'après des lettres patentes, nommer quatre com-
missaires qui ont à s'enquérir de tous les abus
relatifs à l'administration de la justice, p. i3 i3 ;
sa guerre avec le grand conseil du roi; son op-
position aux réformes apportées à l'exercice du
capitoulat, pp. i3i5, i3i6, i3i7, i3i8; rend,
le 20 mars 1784, un arrêt de règlement pour
l'administration de la justice dans les juridic-
tions inférieures, p. i325j conflits avec le mi-
nistère au sujet de la défense d'exportation des
grains, pp. 1329, i33o; n'enregistre que le
21 mars 1787 les lettres patentes du 2 juillet
1786, p. i335; son opposition à l'enregistre-
ment de l'impôt du second vingtième, p. 1344;
continue à s'opposer à toutes les mesures ayant
pour but d'étendre l'assiette de l'impôt; de-
mande la mise en liberté de M. de Catelan,
p. i345; est obligé d'inscrire dans ses registres
l'ordonnance du roi sur l'administration de la
justice; division du ressort de la Cour en cinq
grands bailliages, pp. i347, 1348; est envoyé
en vacances par une déclaration duroi,p. '347;
ne peut rentrer au palais; prend la résolution
de s'assembler partout où il trouvera sa com-
modité, p. 1348; diverses tentatives faites pour
provoquer son rappel, p. 1 35 1 ; son rappel ré-
clamé par le clergé de Toulouse, p. i356; arrêt
niant les droits politiques aux Etats de Lan-
guedoc, p. i365; demande de son maintien
avec l'intégrité de sa juridiction & de son res-
sort, p. i384; permet par arrêt spécial la for-
mation de milices patriotiques, p. 1391; ne
procède pas à la formation de la chambre de!
vacations de 1789 sur la demande du conseil
politique & des capltouls, p. 1394; texte de son
arrêt à ce sujet, p. |395.
Parlement de Toulouse; ses arrêts. KoiV au mot
A n B ET.
Paiilements; leur rôle dans la transformation de
l'Etat; ils servent le mouvement contre les abus
dont ils ne bénéficient pas; le combattent lors-
que leurs privilèges sont menacés, p. 269; dé-
barrassés des Intendants ont à compter avec la
noblesse & la bourgeoisie, p. 272; leur attitude
à l'avènement de Louis XV, pp. 914, 91^; leurs
présidents & leurs procureurs généraux sont
appelés à l'assemblée des notables de 1786,
p. i335; leur opposition à l'établissement de la
subvention territoriale, p. 1342; leur arrogance
en voyant faiblir le roi, p. i359; ont ordre de
suspendre leurs travaux & de faire expédier les
affaires urgentes par les chambres de vacations,
p. 1412.
PARLIER (François), pp. 92, 110; a le bail de
l'étape, p. 99.
PaIiME, p. 9o3.
— (Bataille de), p. 1082.
Paroisses détruites & dépeuplées, pp. 40, 41.
— des Cévennes écrasées de taxes arbitraires & de
logements, p. 733.
— créées en Gévaudan, p. 1384,
PARTICELLI U'EMERI, contrôleur général,
pp. 168.
PARTICELLI D'EMERY, surintendant des finan-
ces, révoqué, p. 269.
Partisan, nom devenu une Injure dans le langage
populaire, p. 234.
Parlres 8c étoffes qui doivent être portées par
les femmes, p. 1 7.
PAS DE BEAULIEU, conseiller à la cour des
comptes, aides & finances, p. 1097.
Pas de Sbze, p. i83.
PASCAL (Jean), fondateur d'une manufacture de
soie, pp. 94, 95.
Passage de troupes dans la Province, cause de sa-
crifices; expose les populations aux actes de
violence de troupes Indisciplinées, pp. 25i, 252.
Passe-ports, p. 38.
Passe-volants, condamnés à mort par le Parle-
ment, p. 334.
Passion de plaider, un des caractères distlnctlfs de
la vieille société française, p. 847.
Pastel, pp. 63, 64, 698 ; règlement pour sa culture
& son apprêt, p. 34; sa culture abandonnée
par suite de l'importation de l'indigo, p. 697.
PASTOREL, concessionnaire d'un canal, p. 1054.
Pathers (Côte de), p. 94.
Pâturages, p. 999.
— communs, p. io52.
— dévastés par les sauterelles, p. 972.
— (Règlement pour les), p. 59.
Pau, pp. 88, 98.
PAUL III, pape, p. 645.
PAUL IV, pape, p. loiâ.
PAUL V, pape, p. 1016.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
[585
PAULET (Marc), concessionnaire du canal de
Beaucaire en 1660, p. 388.
Pallel» p. 1 241 .
Paulhac, paroisse, p. 1194.
Pallhaguet, p. 1406.
PAULIAC (de), p. 620.
PAUUAN, ministre protestant converti, p. 555.
PAULIN (Vicomte de), p. 118.
Pauligne, au diocèse de Limoux, p. 1008.
PAULMY (Marquis de), p. 86.
PAULO, député de la Province aux États, p. 355.
PAULO (Comte de), prieur des pénitents bleus de
Toulouse, p. i3i4.
Pally, p. 1423.
Pavage à Toulouse; son mauvais état, p. 6o5.
Paveurs & platbiebs de Montpellier; leurs armoi-
ries, p. 683.
Pavie, p. 260.
— (Désastre de), p. 862.
PAVILLON (Nicolas), évêque d'AIet, pp. i 55, 159,
24c, 3Ô7, 865; ses études; désigné pour l'épi-
scopat par saint Vincent de Paul, nommé par
Richelieu à l'évéché d'AIet; organisation de son
diocèse; son dévouement durant les calamités
publiques; ne quitte son diocèse que pour se
rendre aux Etats de la Province
p. 406; sa
charité durant la peste de i652, p. 340; rece-
vait tous les ans le prince de Conti, p. 393; son
influence se fait sentir sur l'esprit du prince,
p. 396; rétablit la discipline dans son diocèse-
institue un séminaire de iîUes régentes, p. 407-
ses tournées épiscopales, p. 408; causes de l'ini-
mitié de la noblesse contre lui; fait publier un
monitoire contre M. de Rasigu 1ères, p. 409- est
assiégé durant une visite qu'il fait à Saînt-
Paul de Fenouillèdes par M. d'Axat, p. 413.
reçoit de la part de Louis XIV communication
du pamphlet dressé contre lui; le réfute; voit
des religieux prendre parti contre lui; interdit
aux augustins de Caudiès de quêter dans son
diocèse, p. 41 5; doit être consulté par les exé-
cuteurs testamentaires du prince de Conti; sa
dernière visite au prince, p. 445; sa lutte' au
sujet du droit de régale, pp. 5o3, 504, 5o5, 5o5 ;
ses derniers jours; écrit au pape & au roi,
p. 5o7; sa mort; témoignages de douleur & de
vénération qui entourent sa dépouille, p. 5o8;
son testament, p. 509.
Payeurs des gages du Parlement, p. loô.
PAYOLS, ministre protestant, p. 538.
Payra, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Pays d'élection, p. 270.
— d'Etat, p. 270.
— désolés par les troupes indisciplinées, p. 33o.
Pays-Bas, p. 903.
Paysac, en Vivarais, p. 1202.
Paysans du Gévaudan, fusillés pour avoir franchi
le cordon sanitaire en temps de peste, p. 962.
— catholiques des Cévennes, attroupés avec l'au-
torisation du maréchal de Montrevel, p. 796.
Péage du Rhône, p. 53.
— au pont de Valentine, supprimé, p. 101.
XIII.
Péages; leur suppression demandée par Bàville,
pp. 705, 706; supprimés, p. 1807.
— sur la Garonne, p. 1295; établis par les capi-
touls, p. 441 .
— du Rhône; demande de leur suppression,
p. 1384.
— - du roi sur le Rhône; leur suppression deman-
dée, p. 1384.
Peaugres, en Vivarais, pp. 194, 1202.
Peccais, pp. 42, 43, 47, 63, 71, 81, 385, 5 18,
845, 1 137, 1384.
— (Fort de), p. 1279.
— (Sel de), p. II i3.
PECH, domestique, p. 3 10.
Pech-David, coteaux près de Toulouse, pp. 452,
454.
Pech-Saint-Pierre; ses armoiries, p. 686.
PECH (Modeste), p. 864.
Péchacdier (Consuls de), p. 933.
PÉCHAUT, juif, p. 1226.
PeCHBOiNNIEU, p. 1215).
Pêche, p. i383.
— au bœuf, pp. i383, 1384.
— aux moules, p. 126.
— du poisson de mer sur les côtes de Languedoc
p. 62. '
Pêcheries, p. io3.
— dans les canaux, p. 36.
— prohibées dans les canaux des étangs, p. 58.
Pecholbsy; ses armoiries, p. 687.
PECQUOT, maître de théologie, p. 646.
PEDRO D'ARAGON (Don), p. i3j.
PEDRO DE LAS VALANCONELAS, gouverneur de
Puycerda, p. 356.
Peignes, p. i385.
— de buis, p. 698.
Peigneurs de lin de Dauphiné, p. 941.
Peinture toulousaine, appréciée par Froidour,
p. 25 5.
Peirac, p. 8 I .
Peike-Rue, lieu, p. 394.
PEIROT, pasteur protestant, p. 1141.
PELAFIQUE, un des experts nommés par la com-
mission d'étude du canal de Languedoc, p. 460.
PiiLEiiiiVS de Saint- Jacques, p. 3 18.
PELISSERY, syndic du diocèse d'Albi ; son arres-
tation; son procès; ses biens saisis & vendus
p. 309.
PÉLISSIER (Antoine de), p. 863.
PÉLISSIER (Simon), archiprêtre d'AIet, p. 509.
PELISSIER, habitant de Toulouse, p. 1402.
PELLETIER(Paul), conseiller au présidial, p. 338.
PELLOT, intendant de Guienne, pp. 449, 5oo •
est nommé commissaire départi pour la réfor-
mation des forêts des généralités de Bordeaux &
de Montauban, p. 467.
PÉMÉJA, capitoul de Toulouse, p. 922.
Pendaison d'un sergent royal à Carcassonne pour
avoir signifié un arrêt du Parlement de Tou-
louse, p. 338.
i586 TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
PtMTENTS blancs, p. 3i3; tentntlve pour l'établis-
sement d'une confrérie à Nîmes; résistance de
Fléchier, p. 869.
— bleus, pp. 3i7, 895.
_ bleus de Toulouse, p. i3i4; vœu fait par Anne
d'Autriche dans leur église, p. ^79; ""= ';<"l-
frérie nomme le prince de Conti pneur, p. iy^)-
^ Q
— noirs de Pézénas, pp. 3 17, 396; leur église,
p. 19.
Penne (Seigneurie de), p. 967.
Penne d'Albigeois; ses armoiries, p. 687.
— (Château de), pp. 958, 960; transformé en pri-
son, p. 959.
Pennautier, lieu, p. 1370.
— (Hôpital de), p. 695.
PENNAUTIER (REICH de), pp. 4'> 62 ; compromis
dans une affaire criminelle; conflits de |uridic-
tion causés par sa succession, pp. 891, 892.
PE^S10NS assignées sur le fonds des amendes pro-
noncées contre les nouveaux convertis, pp. 1 142,
1 143.
PENTHIÈVRE (Duc de), p. i338.
Pépieux, p. 55.
Pépinières créées en Suisse par les émigrés lan-
guedociens, p. 565.
PÉRAUD (Marquis de), maréchal de camp; c'est à
son initiative qu'est due la fondation de l'aca-
démie de Nîmes; en est le premier secrétaire,
p. 566.
Perception des Impôts rendue impossible par suite
de la guerre des Cévennes, p. 788; suspendue
dans diverses communes après la guerre des ca-
misards, p. 855; est difficile, p. 876.
_- des droits de ferme & d'octroi, p. lo53.
Perche, p. 467.
PERCIN, greffier criminel, p. 433.
PERCIN MONTGAILLARD, évéque de Saint-Pons,
pp. 861, 880.
PERDRIX, conseiller à la cour des comptes de
Montpellier, p. 892.
Pébes de la Doctrine chrétienne, dirigent, en
1-593, quatre collèges en Languedoc, p. 695.
_ de l'Oratoire, dirigent le collège de Pézénas,
p. 695.
PÉRÈS DE SAINT-LOUP (de), p. 1 355.
PÉRÈS, membre de la chambre des vacations du
Parlement de Toulouse, p. 1424.
PÉRETTE (Jean), a le bail de l'équivalent, p. 76.
PÉREZ (de), nommé conseiller au Parlement Mau-
peou, p. 1214.
Pébigokd, p. i25i.
PÉFiîGORD (Comte de), pp. 109, 110, m, 11 3,
1^5, 117, 118, 120, 122, 123, 124, 127, 1:8,
1218, 1236, 1243, 125;, 1261, 1270, i3ir,
i33i, i355, i388; commandant en chef en
L^.nguedoc, p. 108; prescrit une reconnaissance
d.-.ni la région de la montagne Noire qui avoi-
sine les plaines infectées par l'épizootie, p. 1253;
se -end aux réclamations des officiers diocésains
& fait le vide sur la lisière du camp par la dé-
population d'une surface d'une lieue de la.ge,
pp. 1264, 1265; fait procéder, par ordre du roi,
à l'enregistrement par le Parlement de Toulouse
de l'édit du second vingtième, p. 1344; fait
transcrire sur les registres du Parlement de Tou-
louse l'ordonnance du roi sur l'administration
de la jusuce, pp. 1347, 1348; empêche une réu-
nion tendant à demander le rappel du Parle-
ment, p. i35i; est traité durement dans une
lettre de la noblesse, p. l352; après la mort du
gouverneur, entretient une correspondance di-
recte avec le ministre, p. i36o.
Périodicité des conciles & des synodes réclamée,
p. i382.
Périole, p. 1224.
PERLES (de), p. 414.
Pébols, pp. 67, 73 ; ses armoiries, p. 686.
— (Étang de), pp. 81, 882.
— (Port de), p. io55.
— (Seigneurie de), p. io56.
Pérosne, p. 627.
Perpignan, pp. i23, i59, i83, 197, 399, 5i6, 521,
1254; visité par Louis XIV, p. 389; Marca y
est pris d'une dangereuse maladie, p. 400.
_ (Arsenal de), p. 788.
PERRIÈRE (la), conseiller au Parlement de Gre-
noble; son procès comme duelliste devant le
Parlement de Toulouse, p. 193.
Perroudil, commune du Rouergue, p. 1028.
Personnes noyées par l'inondation de 1727,
pp. ioo5, 1006.
dévorées par les loups, pp. II93, 1 1 94-
Perturbations apportées dans l'industrie de la
Province par l'application du cours forcé des
papiers de banque, p. 944.
PÉRUCHÈNES, orfèvre français, marié à Barce-
celone, p. 236.
PÉRUSSY (Charles de), sous-diacre du diocèse
d'Avignon, chanoine d'Alais, p. 1020.
PÉRUSSY, abbé, p. 1C23.
PESCAIRE, député de Toulouse à l'assemblée de la
sénéchaussée, p. i375.
Peste, p. 57.
à Barcelone en i65i, p. 320.
— dans le pays, p. 337.
— à Béziers, en i652, p. 334.
— à Marseille, p. 55.
— à Souvières, p. 339.
après avoir ravagé le bas Languedoc, sévit à
Toulouse, p. 340
— à Toulouse, en i653, p. 347.
— de i63i, p. 198.
— de i65i, p. 406.
en Provence; mesures prises en Languedoc
pour s'en préserver, p. 43:;.
de 1720; émoi dans la Province; efforts des
États pour empêcher les progrès de la contagion,
p, 950 ; de Marseille, elle se propage en Gévau-
dan, pp. 55, 946; précautions prises à Tou-
louse, pp. 647, 948; précautions diverses,
pp. 949, 950, 951.
ae Provence, en 1721; précautions prises pour
préserver la Province; le bas Languedoc est à
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i587
peu près préservé; le Gévandan est plus mal-
traité, pp. 960, 961 ; de quelle manière on crut
qu'elle avait été apportée dans certains lieux,
p. 962.
Peste, sévit en 1 720-1 721 dans les bassins supé-
rieurs du Lot &du Tarn, p. 962.
— de 1721 ; gêne causée au commerce par les cor-
dons sanitaires, p. 963; sa décroissance, pp. 964,
963; précautions prises pour éviter une nou-
velle invasion du fléau, p. 968 ; levée des lignes
sanitaires, p. 969.
— bovine, p. 903.
— des bétes à cornes en Vivarais, p. i233.
Pestifébés de Toulouse, p. 340.
Pestein, en Vivarais, p. 1202.
Petit scel à Montpellier, supprimé, p. 85.
PETIT, chevau- léger, compromis dans le viol
d'une jeune fille à Nîmes, pp. 262, 253.
Petit-Boubo, habitation de l'abbé de la Rivière,
près de Corbeil, p. 295.
Petit-Montrevaux, vicomte, p. 553.
Petit-Pabis, p. 488.
Petites étoffes de laine, pp. 54, 67, 701, io3o.
^ étoffes de Nimes, p. 54.
— étoffes, propres à faire des meubles, fabriquées
en Gévaudan, p. 702.
Pf.Tr;lLI.ES, p. 60.
PRYRADE, ancien syndic du diocèse de Commin-
ges, p. 106.
PEVntDE du canal de Bourgidou, p. 384.
— JLevée de la), près de Cette, p. 884.
Peyp.auld, en Vivarais, p. 1202.
PEYRE (Comte de), pp. 3i, 32, 35, 48, 93, loi,
739, 801 j ses noms, titres & qualités, p. 744;
son intervention dans les Cévennes repoussée
par Broglie, p. 745; son mécontentement de la
conduite de Broglie a son égard, p. 745; nccuse
ouvertement Broglie près du ministre de la
guerre, p. 7,04.
Peyee, baronnie en Gévaudan, p. 93.
— Comté de), p. 1 1 i3.
PEYRE (Comte de), p. i 198.
PEYRE (Maison de), p. 1384.
Peyrefitte, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Peyrefitte, au diocèse de Mirepoix, p. IC09.
Peyremale, lieu des Cévennes, pp. 36, 775; sa
situation, p. 747.
PEYREMALE (de), lieutenant particulier au siège
présidial de Nimes, est nommé un des deux
commissaires exécuteurs de l'édit de Nantes,
pp. 16, 424; ses vains efforts pour arrêter ou
atténuer les décisions relativement à la destruc-
tion des temples, p. 426.
PEYRENC DE MORAS , contrôleur général des
finances, p. 1 144.
Peyrexs, lieu, pp. 126, 1248.
Peyriac, pp. 5o, 71, 698, 846.
Peyriac-de-Mer, p. 157.
Peyriac, près d'Aussonne, p. 1218.
Peyriac, lieu, p. 1219.
— 'Sel de), p. 1 1 i3.
Peyi'.i.nade, moulin sur le Fresque], p. ii3.
Peyhiole, près de Toulouse, p. 1223.
PEYROL, ministre protestant condamné à mort
p. 28.
Peybolles, paroisse, pp. 83i, 1071 ; ses armoiries
p. 687.
PEYRONET (Simon), p. 3 16.
Pézénas, pp. 3, 10, 12, i3, 22, 24, 25, 3i, 71,
81, 94, 124, 127, 129, i56, 273, 389, 394, 444,
445, 58 1, 863,
I i3o, 1370, 1398, 1401,
1418; établissement de l'hôpital général, p. 34;
offre dix mille livres au roi pour la marine,
P; 97; l«s Etats y sont réunis en i65i, p. 3oo;
fêtes célébrées à l'occasion de la réception de
plusieurs membres de l'ordre du Saint-Esprit,
p. 405 ; il y est établi une succursale à l'insti-
tut des Filles de l'Enfance, p. 577; petite émeute
en 1751 à l'occasion de l'élection d'un curé,
p. 1 1 12; interrompt les travaux d'utilité locale
pour offrir au roi dix mille livres pour la ma-
rine, p. I 179.
— (Foire de), pp. 700, 703.
— (Hôpital de), p. 696.
— (Pénitents noirs de), p. i5.
— (Comté de), échangé entre le roi & le prince
de Conti, p. 83.
Pezens (Terre de), p. 24.
PHELYPEAUX DU VERGER (Jacques- Antoine) ,
évêque de Lodève, pp. 1004, i 144.
PHILIPPE, marquis de Bonfontan, premier capi-
toul gentilhomme, doit faire partie, en 1786, de
l'assemblée des notables, pp. i335, i336.
PHILIPPE I, roi de France, p. ioi5.
PHILIPPE LE BEL, pp. 272, 469, 504, 5o5, ioi5,
1017.
PHILIPPE m, roi d'Espagne, p. 1104.
PHILIPPE IV, roi d'Espagne, p. 38o.
PHILIPPE V, roi d'Esp.igne, pp. 882, 925, dé-
pouillé de ses possessions en Italie & dans les
Pays-Bas; perd Marie-Louise & épouse Elisa-
beth Farnèse, p. 903; ses lettres, adressées en
France, aux différents ordres de l'Etat; titres
imaginaires pris par lui en tête d'un de ses ma-
nifestes, p. 927.
PHILIPPE D'ORLÉANS, régent du royaume,
pp. 908, 909, 914, 928, 972, 974; reçoit les
protestations des habitants de Beaucaire, p. 964;
donne l'ordre de constituer d'autres fiefs pour
les échanger avec le territoire de Beaucaire,
p. 955.
PHILIPPE DE VALOIS, pp. 964, 956.
PHILIPPE DE VENDOME, p. 622.
Philistins, p. 857.
Piastres, p. 700.
PiBRAC, près de Toulouse, pp. 32, 1218, 1240.
— (Hôpital de), p. 696.
PIKRAC (Sieur de), p. 9.
PIBRAC (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
Picardie, pp. 260, 467, J14, 922.
PICQ (Gabriel), guide d'émigrés cévenols, p. 709.
PICTET, professeur à Genève, p. 977.
i588
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Piémont, pp. 746, 773.
Pierre-Bernis, p. 1198.
PlERBE-BoURG, p. Il 1.
— baronnie, p. 1288.
PIERRE-BOURG (Marquis de), pp. 117, 118.
Pierre (Marché de la), à Toulouse, p. 3i8.
PiERREûOURDE, en Vivarais, pp. 25, 535, 879,
120 I .
PIERRE-VEIRON (M""' de), prieure de la Seauve,
p. 1204.
PIERRELEVÉE (de), commandant de dragons,
p. 885.
PIETRE, conseiller au Châtelet de Paris, procu-
reur général de Gaston d'Orléans, p. 186.
PiEKSSE, au diocèse de Limoux, p. 1008.
PiGNAN, pp. 22, 36, 1400.
PiGNEROL, p. 43 r.
PIJON (H.-M.-B.), avocat, imprimeur du roi, à
Tolilouse, pp. 1175, 1222, 1256, 1257, i258.
PIJON (J.-A. -H.-M.-B.), avocat, capitoul, impri-
meur du roi & de la Province, pp. I258, i335.
PIJON (de), p. i3i9.
Pila, montagne, p. 1409.
Pila-Saint-Géry, p. 482.
Pillage d'église, p. 75o.
de maisons à Montpellier par des femmes
ameutées, p. 234.
de Villeneuve-Tolosane par le baron de Léran,
P- 34^-
PiLLERiES commises par des troupes indisciplinées,
p. 33o.
PILLORE, hôtelier à Toulouse, p. 55 1.
PiMPET, masage près de Toulouse, p. 1224.
Pin (le), pp. 88, 247.
PiNEL, prieuré) son union au séminaire Saint-
Charles à Toulouse, p. i 12.
PINET, habitant de Toulouse, p. 1402.
PINON, intendant de Béarn, p. 709.
PiNQUES, pour le transport de munitions en Rous-
sillon, p. 54.
Pins maritimes plantés à Agde, p. i25.
PINS (Marquis de), pp. 74, ii35, i355.
PINS-CAUCALIÈRES (Marquis de), p. i35ï.
PiNSAGUEL, au diocèse de Toulouse, pp. 10, 93,
100, 1008, 1252, 1263.
— (Pont de), p. I i5o.
— (Port de), sur la Garonne, p. 342.
PIOCH, négociant à Montpellier, p. 849.
PIOMBINO (Princesse de), p. 9o3.
PITOT, ingénieur, pp. 77, 78, 1064; attaché à
la commission de réformation des forêts, p. 1072;
directeur des travaux à Nimes, p. 1114.
PIZE (abbé de la), prieur de Saint-Martin de Bo-
baux, p. 753.
Placet au roi tendant à la suppression du pa-
réage épiscopal de Gévaudan, p. 1387.
Plagne ou Plaigne, commune du diocèse de Mire-
poix, pp. 871, 1009.
Plaisance, près Toulouse, pp. 119, 903, 1240.
Planchon, près de Toulouse, p. 1223.
PLANQUE (de), brigadier des armées du roi,
pp. 38, 796, 885.
PLANTADE, conseiller à la cour des comptes,
aides & finances, pp. 1028, 1097.
Plantations faites sur la plage d'Agde, p. 124.
— de croix de mission, pp. 1074, 1070.
PLANTAVIT DE LA PAUSE (Jean), évéque de
Lodève, pp. i55, i58.
PLANTIER (de), p. 329.
PLANTIN DE VILLEPERDRIX (Marc), p. 863,
Plants d'oliviers achetés à Béziers & à Saint-
Pons pour être distribués aux propriétaires du
Narbonnais, p. 943.
Planzolles, en Vivarais, p. 1202.
Plas, en Vivarais, p. 1202.
Plats, en Vivarais, p. 870.
PLESSIS (Cardinal du), p. 268.
PLESSIS (Louis-François-Armand du), duc de Ri-
chelieu & de Fronsac, pair de France, &c., &c.
f^oir RICHELIEU (Duc de).
PLESSIS (Maréchal du), p. 237.
PLESSIS-PRASLIN (Comte du), p. 3.
PLESSIS-PRASLIN, maréchal, p. 252.
Plomb, pp. 35, 1283.
— (Achat de), p. 788.
Pluies de l'hiver 1706-1707, p. 46; durant l'hiver
de 1707, p. 870; dans la Province, p. 1004;
causent des inondations, p. ioo5; désolent du-
rant trois mois, en 1740, le bas Languedoc,
p. 1062; en Vivarais, en 1751 , p. 1 1 i3.
Pluralité des bénéfices; est un motif de réclama-
tion dans les cahiers de 1789, p. i382.
POCQUELIN (Robert), docteur en Sorbonne, p. 646.
POGET (Eustache), avocat au Parlement, p. 243.
Poids & mesures, p. 705.
POILLY, ingénieur en chef, p. 1160.
POINÏIERj son entreprise pour faire descendre
sur la Loire des bois pour la marine, p. 490.
Pois, p. 52.
Poisson de mer, p. 62.
— salé importé en Languedoc, p. 704.
POITEVIN, membre de l'académie des Jeux-Flo-
raux, p. 25o.
Poitiers, pp. 624, 627, 1020.
POITIERS (Comtesse de), p. 114.
Poitou, pp. 553, 1077, 1079.
Poix; son emploi autorisé pour marquer les bêtes
à laine, p. 80.
POL DE MARTRES (Pierre), capitoul, baron de
Benque & Gelas, pp. 242, 244, 249.
POLASTRON-BRAX (Vicomte de), p. |355.
POLASTRON LA HILLÈRE (Marquis de), p. i3.')2.
POLGE (Antoine), pp. 481, 485; son projet de
rétablir les manufactures du Puy ; de réparer
une ancienne voie de communication entre l'Au-
vergne & le Vêlai ; de rendre la haute Loire
flottable, pp. 480, 489.
POLGE (Claude), sieur d'Alègre, maître d'hôtel du
roi, p. 481.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1589
Police urbaine, p. 79.
PoLiGNAc, pp. 459, 1406.
— (Château de), p. 1307.
POLIGNAC (Comte de), p. 435.
POLIGN^C (Duc de), p. rSoy.
POLIGNAC (Marquis de) pp. 25, 3i ; promu che-
valier du Saint-Esprit, p. 40.5.
POLIGNAC (Vicomte de), pp. 3i, 1 r?, 93i, iiSS,
r288, 1287.
POLLART, inspecteur général des ponts & chaus-
sées, p. 8.5.
Polog.se, pp. 564, 1037.
PoMAS, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
POMIER, p. I 178.
POMIÈS (André), consul de Saint-Nauphary, p. 958.
POMIÈS (Guillaume), consul de Saint-Nauphary,
p. 958.
Pommiers, p. 425.
POMPADOUR (M"" de), pp. i 102, 1 179.
POMPERTUZAT, pp. 863, 1248, I 25 I .
— (Consuls de), p. i i i3.
Pompidou (Le), pp. 28, 616, 747, 756, 788, 800,
1071, 1407; dévasté, p. 8o5.
PoMPiDOUR, p. 91 .
PoMPiG.NAN, pp. 37, 818; les insurgés y sont
battus, p. 788.
POMPIGNAN (Marquis de), p. i353.
POMPONE (Abbé de), p. 365.
POMPONIUS MÊLA, consulté pour la délimita-
tion des frontières en 1661, p. 399.
Poi.NTis, paroisse du diocèse deComminges, p. 1 232.
PON'CET DE LA RIVIÈRE (Michel), évéque dU-
z?s, pp. 646, I o35,
PONCET DE LA RIVIÈRE, neveu & grand vicaire
de révêque d'Uzès, p. 85o.
PONCTVAL (Chevalier de), p. 1 108.
PONS, chanoine, à Toulouse, p. t356.
PONS DÉVIER, habitant de Toulouse, p. 1402.
PONSAN (de), historien de l'académie des Jeux-
Floraux, p. 653.
Po>T de Beaucaire, pp. 47, iii, 119.
— de bateaux de Beaucaire donné aux Etats,
p. 104.
— de Cazères (Réparations au), p. 52.
— du Gard, p. i5; délibération des Etats pour
les études de sa restauration, p. 264J visité par
la cour, p. 38 1 .
— du Pontet, p. 95.
— de Toulouse, pp. 624, 643; est réparé, p. 52.
Pont-du-Chateau, en Auvergne, p. i385.
PoNT-JuvÉNAL, chemin, p. 100.
Pont-de-Larn, pp. 26, 85.
PoM-DE-MoNTVERT, bourg, pp. 36, 40, 83, 736,
7''9' 741. 744. 745, 74'^. 747. 7^-^' 800, 8or,
«04, 806, 807, 878, 967, 977, 1407; origine de
son nom, p. 738.
PoNT-DU-Roi, sur la frontière d'Espagne, p. 1404.
Pont -Saint-Esprit, pp. 36, 81, 82, 93, 106,
541, 601, 614, 732, 772, 777, 961, 1118,
1195, 1279, 1406} travaux de fortification qui
y sont exécuté», pp. 869, 870.
Pont-Salomox, p. 98.
Ponts, pp. 94, 95, 96, 97, 98, 99, loi, 102,
107, 1060, 1369; fonds pour leur réparation,
p. 5j construits avec une partie du prix de
l'équivalent, p. 77; emprunts pour leur cons-
truction, p. 106; tombent en ruines, p. 166;
contingents des diocèses, p. 117; détruits dans
les Cévennes, p. 482; emportés par l'inonda-
tion, p. ioo5; détruits, p. 1009.
— (Reconstruction de), p. 100.
— 81 CHAUSSÉES, pp. 5, 166; quote-part des petites
communes, gros bourgs & villes, p. 108.
— & CHEMINS; leurs réparations, p. 5.
PONTAC, président, intendant de Guienne,
p. 336.
PONTCHARTRAIN, pp. 665, 6ç6i nommé mem-
bre du conseil du commerce, p. 716,
PoNT-CouRLAY, marquisat, p. 1059.
PoNTEiLS, lieu, p. 776.
PONTIC, aventurier jugé par le Parlement de
Toulouse, p. 397.
PONTIER (L'dbbé), protonotaire apostolique,
p. 646.
PONTIER (Jacques), des Rousses, p. 797.
PONTMARTIN (de), ingénieur, p. 73.
PONTOISE, pp. 341, 721.
Population du Languedoc; détails contenus dans
le mémoire de Bàville; sa division par classes;
proportion numérique de ces classes variant de
diocèse à diocèse; chiffres à l'appui, p. 692.
Populations affamées durant l'hiver de 1708,
p. 875.
— des campagnes; n'ont pas de représentants aux
Etats de Languedoc, p. i55.
POQUELIN (Jean-Baptiste), valet de chambre du
roi, p. 293.
PORCELLETS DE MAILLANES (Marquis de),
p. 954.
PORCHER (Marie), p. 1 85.
PORDÉAC (Marquis de), p. i352.
Pokt d'armes, pp. 3, 6, 102, 117; défendu aux
catholiques & aux protestants, p. 536.
— à feu, p. 4; défendu, p. 5,
Port-Mahon, p. 882.
Port-Royal, pp. 407, 552.
Port-Sainte-Mabie, p. 1277.
Port-Vendres, p. 5 16.
PoRTALfcs, marquisat, p. 102.
Porte de l'arsenal municipal de Toulouse} sa
construction, p. 289.
— du Bazacle, à Toulouse, p. 335.
— de la Couronne, à Nimes, p. 38i,
— Montgaillard, à Toulouse, p. 335,
— Montoulieu, à Toulouse, p. 335.
— de Muret, i Toulouse, p. 335.
PORTES (Pierre de), p. 19.
PORTES (de), sénéchal d'épée à Toulouse, p. 120.
Portes d'églises enfoncées, p. 278.
Portes (Montagne de), pp. 482, 487.
Portes (Maison de), p. 652.
Portes, marquisat, p. 1082.
I.TQO
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
PORTES (Marquis de), pp. 7^3, 799.
PORTES DE PARDAILLLAN, président aux en-
quêtes du Pdrleinent de Toulouse, p. lodz.
PORTES (Dom Simon), vicaire général de Cîteaux,
pp. i2o5, 1206.
Portes (de), conseiller-président au parlement
Maupeou, p. 1214.
portes (Marquis de), sénéchal de Toulouse,
p. i355.
PoRTET, au diocèse de Toulouse, pp. 32, lïr, 842,
1008, 1240; l'exercice du culte réformé y est
autorisé, p. 25; exercice du culte autorisé après
la réunion de la chambre de l'édit au Parle-
ment; démolition de son temple, pp. 648, 049;
ses armoiries, p. 683; établissement d'un bac
en 1780, p. 118.
— (Maladrerie de), p. 696.
Portion congrue des curés dans le ressort du Par-
lement, p. 109.
Portions congrues, p. 106; leur exiguité; justes
réclamations du clergé inférieur; leur augmen-
tation, pp. 1207, 1208, 1209.
PORTIBAGUES, p. 71 .
Ports de Languedoc, pp. 36, 37,
PORTOCARRERO (Vincent), prêtre espagn'-l,
p. 925.
Portugal, pp. 841, 1384.
Possessions françaises d'Amérique en partie en-
vahies par l'Angleterre, p. çoS.
Poste aux lettres, p. i386.
Postes militaires, p. 897.
Poterie, p. 41.
POTIER DE LA TERRASSE (Jean), sieur de Cas-
telnouvel, syndic de la ville de Toulouse,
pp. 218, 366.
POTIER (Etienne), sieur de la Terrasse, pp. 348,
."> f9 ; président du Parlement de Toulouse, pré-
sente les hommages de ce corps au prince de
Conti, p. 366.
POTIER (Madeleine), mère de Bâville, intendant
de Languedoc, p. 55 1 .
POUCHARRAMET, lieu, p. I 2 I 9.
POtJCHARRAMET (de), conseiller au Parlement
de Toulouse ; son exil, p. 1219.
POUCHON (Jean), maître charpentier, p. 1204.
POUDEROUS (Biaise), consul de Béziers, p. 3o2.
Poudre, p. 35.
Poudres & salpêtres, p. io5o.
PouGET, commune, p. 126.
POtIGET (P.), supérieur du séminaire de Mont-
pellier, p. 721.
POl'JOL, prêtre, précepteur à Montpellier, p. 1 069.
POUJOLS (Comte de), p. 1082.
POUL, capitaine d'une des compagnies opérant
dans les Cévennes ; son origine; ses services;
capture Pierre Séguier, p. 746; commande les
forces détachées dans les Cévennes, p. 747;
attaque les révoltés sans résultats appréciables,
pp. 75o, 75i ; ses succès mis en doute, p. 755;
attaque la troupe de Laporte & la bat; exécute
Il prescription de Broglie, coupe la tête des
réToltés tués dans le combat, en remplit deux
paniers qu'il présente à Bâville; sa supercherie
à ce sujet, p. 757; accompagne Broglie, p. 765;
est tué; circonstances légendaires qui auraient
entouré sa mort ;" un épisode de sa vie, p. 766;
son corps est apporté à Bernis, p. 768.
POULHARIÈS, conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
Pot'LS, village du bas Languedoc, p. 46; incendié
par les insurgés des Cévennes; nombre des vic-
times & causes de cet événement, p. 767.
PouMY, au diocèse de Limoux, p. 1008.
PouROHÉRES, hameau; une assemblée y est atta-
quée, p. 616.
PouRCHÈRES, en Vivarais, p. iioi.
Pourparlers secrets entre l'Angleterre & la Hol-
lande, au sujet de la guerre des Cévennes,
p. 790.
POURTALÈS (Jacques), du Vigan, fonde à Neuf-
châtel une puissante maison de commerce,
p. 565.
PousSAN, pp. 22, 1400; ses armoiries, p. 687.
PousiN , p. 602; le duc de Noailles demande la
conservation de son temple, p. 537.
Pouvoir exécutif des Etats délégué à une commis-
sion, p. 167.
— absolu, p. 266.
— temporel des évêques attaqué dans une assem-
blée des trois ordres tenue à Maivéjols, p. |386.
PouziN (Auberge de la Croix-BIanche, àj, p. i 196.
PiiuzOLS (Hôpital de), p. 696.
P )UZOLS SAINT-MAURICE (de), p. |353.
POVAR (Marquis del), p. 236.
POYUSAN (de), capitoul, p. 1 172.
Pradassoux, hameau en Gévaudan, p. 965.
Pr.ADEL, lieu, p. 482.
PRADEL DE VÉZF.NORRE, p. 1067.
PRADEL (Comte du), p. l'i'ti.
PR.ADEL, ministre protestant, p. 1080.
Pradelles, en Vivarais, pp. 85, io5, I23, 487,
488, 966, 967, I202, i3j6, 1406.
Prades, pp. 77, 472, 487.
PiiADES, hameau en Gévaudan, p, 965.
PliADES, en Vivarais, pp. 1201, 1202.
Prades, au terroir de Casteharrasin, p. 1282.
PRADIER D'AGRAIN (Amable de), seigneur du
MoUar, vicaire général du Puy, p. 398.
PR.'VDINES (de), père, maître es Jeux-Floraux,
p. 661.
PRADINES (de), fils, maître es Jeux-Floraux,
p. 66(.
Prague, p. 1 175.
PRAiRiESartificielles, p. 1 060 ; ensablées, pp. 1004,
1009.
Pral, en Vivarais, p. 1202.
PRAT (Antoine), p. 863.
Prats-de-Mollo, p. 5i6.
PRAU, capitaine de dragons, p. 614.
PrANLES, en Vivarais, p. 1201.
Pransle, pp. 612, 614.
Préaux, en Vivarais, pp. 870, 1202.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET D'\S MATIÈRES.
iSçi
PkÉCAI'TIONS prises pour arrêter l'envahissement
. de l'épizootie, pp. 1247, 1248, 1249.
— sanitaires à Castres, p. 5.5.
Prêche aux lieux interdits, p. 53 1.
— interdit en plusieurs lieux, p. 19.
— sous les arbres, défendu, p. 19.
Précipices de Rodes, p. 94.
Pbédic.».\ts, p. 587 ; pendus ou roués vifs, pp. 732,
733; réunis, p. 5 1 ; leurs discours, p. 976.
— étrangers répandus en Languedoc, p. 599.
PUÉFOSSE (de), major général envoyé pdr Mon-
irevel à la Cour, p. 824.
PRÉFOSSE, inspecteur des milices, p. 898.
Prélats injuriés, p. 278.
Premunt, lieu. p. 394.
Premier Languedoc, régiment, p. 891.
Pbevtzlac; voit son commerce se développer,
g ace aux réfugiés protestants, p. 565.
PiitncctPATiosS du clergé au sujet de la facilité
c,uont les catholiques d'abandonner leur reli-
gion, pp. 463, 464.
Pi;f:;ooATiVES attachées à la fonction de maire
p3rpétuel de Toulouse, p. 641.
non justifiées par des services, doivent cesser,
p. i33i.
Presbytères, p. 38.
— Entretien des), p. 66.
— incendiés, p. 753.
Préséance, pp. 24, 35, 36, 73, 75, 119, 122, I25,
(43, 317, 655, 948.
— aux processions, p. 36.
— des notaires du Puy sur les procureurs, p. io3.
des officiers catholiques sur les officiers protes-
tants, p. I 9.
tradition féodale; tradition monarchique,
p . !.">!.
Pi *>E!!TS de la ville de Toulouse au gouverneur,
p. i38.
Pr.ÉsiDiAL de Toulouse, p. 366.
PRESSAC, greffier au Parlement, p. 247.
Pressac, p. I 2 I S.
Prêt de grains pour les semences réglementé,
p. 52.
Prétextions rivales des grandes compagnies judi-
ciaires, cause de troubles, p. 365.
Prêtres assassinés dans les Cévennes, p. 730.
de l'église de Lodève; demande d'amélioration
de leur sort, p. I 333.
— de Saint-Lazare demandés pour remédier a l'in-
suffisance du clergé local, p. 528.
Preuves généalogiques de noblesse, pp. 72, 77,
104, 120, 1334.
Préveschéres, p. 962.
PRÉVILLE (de), chevalier de Malte, p. 1 i36.
Prévôt CÉ.NÉBAL de Languedoc, p. 17.
— des maréchaux de France, p. i3oo.
Prévôté; son organisation en 1698, p. 696.
Prévôts diocésains; création de ces offices, p. 33.
— des marchands de Paris & de Lyon gardent
leur caractère électif traditionnel, p. 635.
PRIEUR (Pierre), p. 863.
Prieurés : de Saint-André de Magencoules.p. 1 190.
— de Saint-Bonnet, p. 649.
— de Saint-Denys, p. 22.
— de Sainte-Foi de Peyrolières, pp. 22, 1189.
— de Saint- Gilles, pp. io5, ii36.
— de Saint-Martin de Bobaux, p. 553.
— de Saint-Martin de Durfort, p. 759.
— de Saint-Martin de Valamas, p. 1 197.
— de Saint-Michel, p. 75o.
— de Saint-Paul d'Auterive, p. 1 23.
— de Saint-Pierre de Brige, p. 646.
— de Snint-Pierre de Meyrueis, p. 21.
— de Saint-Priest, p. 27.
— de Saint-Sauveur de Chirac, p. 22.
— de Salinelle, p. 649.
~— de Saucines, p. 649.
— de Valergues, p. 649.
PRIMAUDAYE (de la), p. 237.
Prime de vingt-cinq livres par cent pieds de mû-
riers, p. 86.
Princes ; d'Anhalt, p. ii35.
— de Béarn, p. 319.
— de Beaufort, p. 279.
— de Beauvau, pp. loi, 102, io3, 104, io5, 106,
107, I 08, I 192, I 198,
— de Broglie (Victor de), pp. i3o, 1420, 1421,
1423, 1424.
— de Cellamare, pp. 9ï5, 929, io32.
— de Condé, pp. 5, 8, i32, 143, i85, 204, 221,
222, 223, 224, 226, 228, 245, 253, 255, 278,
279, 294, 296, 299, 3^3, 322, 323, 336, 337,
341, 393, 394, 395, 3;6, 397, 791, 908, i338,
1 359.
— deConti, pp. 10, 11, 12, i5, 16, 17, 19, 20,
83, ii5, 118, 279, 296, 294, 3i2, 314, 337,
341, 359, 365, 366, 367, 379, 383, 398, 399,
405, 428, 429, 432, 443, 445, 4.^6, 578, 775,
1045, i338, 1359.
— de Dombes, pp. 49, loSg, 1 i36.
— d'Harcourt, pp. 34, 1026.
— de Montbarrey, p. I2iy3.
— de Rohan, p. 71 .
— de Sou bise, pp. 91, 100, 108, 122, 1198, 1282.
Princes légitimés; leuis querelles avec le régent,
pp. 908, 909; leur part dans la conjuration de
Cellamare, p. 925.
Princesses : de Clèves, p. 495.
— de Conti, p. 370.
— de Galles, p. 52.
— de Ligne, p. 1285.
— de Marsan, p. 91.
— de Piombino, p. to3.
Pr.iNtiPAUTÉ d'Orange, p. 832 ; un article du traitf
de 1697 y stipule le rétablissement du culte ré-
formé; mais une déclaration royale défend aux
protestants de s'y établir, p. 708.
Prinsuéjols, p. 1408.
PRIOUX (Valentin), greffier de la réformation des
foiéts, p. 467.
iSqi
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
PfusoNS de la Conciergerie, p. izS.
— seigneuriales, p. 268,
Prisonniers de guerre, p. 161.
— espagnols répartis entre plusieurs villes, p. |65.
— de guerre évacués de Catalogne en Languedoc,
p. 236.
— de guerre arrivant d'Espagne; leur situation,
p. 237.
— condamnés, à mort, p. 535; relâchés pour an-
noncer que le roi leur faisait grâce à condition
qu'on déposerait les armes, p. 536.
— camisards relâchés dès l'arrivée du maréchal de
Villars; causes de cette mesure, p. 826.
Privas, pp. 6, 20, 21, 23, 68, 69, 177, i83, 261,
602, 612, 614, 1100, 1196, 1199, 1200, 1201,
I 2o3, 141 1 ; dette de la commune, p. 19.
— (Château de), p. 1 197.
— (Frères des écoles de), p. 1 196.
— (Récollets de), p. i 196.
— (Ville & terroir de), p. 19.
Privilège pour la fabrication du cristal de roche,
p. 18.
Privilèges; recherches faites pour en faire la co-
dification, p. 168.
— de la Province; leur confirmation générale,
p. 5i; défenses par les Etats, p. Soç.
— détruits par Richelieu & revendiqués parles
Etats, p. I 53.
— des capitouls & habitants de Toulouse confir-
més, p. 53: des habitants de Toulouse, du corps
de bourgeoisie de Toulouse; des capitouls,
pp. i38, 139.
— de Nimes confirmés, p. 65.
— des villes; leur valeur, p. 1081.
Privilèges Je la province de Languedoc j registre
donné aux Etats par le syndic de Vivarais,
p. 169.
Pf,oi:édiire contre l'évèque d'Albi par un commis-
saire du Parlement; faits relevés contre l'admi-
nistration de révêque, p. 3 1 o.
PiiocÉDURES féodales en 1721, p. 953.
— onéreuses au sujet de la recherche des usurpa-
teurs de titres de noblesse, p. 448.
Procès d'un conseiller duelliste, p. 180.
— intentés ou soutenus par les communes sans
autorisation, p. 847.
— ruineux faits par, ou au nom des communes,
p. io3o.
— interminables, p. 162.
— de nobilité, p. io3i.
Procès-verbaux descriptifs de l'état des forêts en
|665 & en 1666 forment une grande partie des
archives de la grande-maîtrise, p. 468.
— des séances des Etats de Languedoc, imprimés
depuis 1776 jusqu'à la Révolution, pp. 1280,
1281.
Procession à Toulouse, le 21 juin 1643, p. 146.
— de Saint-Edmond; exaltation de ses reliques à
Toulouse, p. 3.
Processions, p. 36.
Procurations illimitées données par les assemblées
provinciales du clergé, pp. 861, 862.
Procureurs postulants, p. 122.
— du roi de police près des hôtels de ville de
Languedoc, p. 100.
Productions naturelles du Languedoc détaillées
dans le mémoire de Bâville, p. 697.
Produit des terres augmentés depuis l'ouverture
des grandes routes & la construction des canaux
& des ponts, p. 1369.
Professeur de philosophie établi à Limoux, p. 6 1 .
Programme de contre-révolution présenté par le
prince de Conti en 1788 & publié dans un mé-
moire, pp. 1359, i36o.
Progrès politique & administratif accompli à la
fin du règne de Louis XIV, pp. 915, 916, 917.
PROHENQUE, conseiller au Parlement de Tou-
louse, pp. 349, 378.
PROHENQUES (Guillemette de), professe de l'ins-
titut des Filles de l'Enfance; ses plaintes contre
l'institut, pp. 578, 579.
Prohibition du cours des piastres blâmé par Bâ-
ville, p. 7o5.
— de la sortie des bêtes à laine demandée, p. 1384.
Prohibitions commerciales, p. 268.
— relatives à la coupe des bois des particuliers,
p. 1072.
Projet de canal entre Narbonne & Toulouse par
la dérivation des eaux de la Garonne; ses dé-
tails, p. 452.
Projets de canalisation de différentes rivières,
p. 1227.
— de soulèvements de protestants combinés avec
des mouvements d'armées étrangères, p. 621.
Promenades, p. 1060.
Propagande religieuse reprochée aux catholiques
& aux protestants, p. 298.
— protestante dénoncée par l'évèque d'Alais,
p. 993.
Prophètes ou prédicants, p. 087; leur réappari-
tion entre le Gardon & le Ccze, p. 73 i; * Vale-
rargues, p. 732,
Prophétesse pendue, p. 736.
Pi.OPHÉTiES, p. 976.
Propriétaires féodaux créés sous Louis XIV,
p. 637.
— fonciers; leur situation critique, p. 937.
Propriété; son organisation en Languedoc,
p. 693.
— féodale en Languedoc à la fin du dix-septième
siècle, pp. 693, 694.
— foncière ; sentiments de réaction contre son
envahissement par les corporations religieuses,
p. 493.
— foncière en Languedoc; sa division en biens
nobles & en biens roturiers, p. 93 1 ; sa consti-
tution défectueuse, pp. 935, 936.
Prosélytisme religieux, pp. 283, 284.
Protection des sels du pays Narbonnais, p. 846.
Protestantisme, pp. 176, 177, 73 1; sa géographie
en Languedoc, p. 547; sa vitalité dans la Pro-
vince, p. 623 .
Protestants, pp. 5, 54, 192; déclaration du roi
en leur faveur, p. 1 1 ; évocation qui leur était
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
accordée, cassée par le conseil d'Etat, p. i3; leurs
appréhensions dans les premiers jours de la
régence, pp. 176, 177, 1785 divisions des pro-
vinces, colloques, églises en Languedoc, pp. 176,
177; leur conduite pendant la rébellion de Gas-
ton d'Orléans; instructions données à leur sujet
en 1643 au gouverneur de la Province, p. 179;
reçoivent des assurances de protection de la
part de Gaston d'Orléans; une déclaration de
Louis XIV les maintient en la jouissance des
édits concernant la liberté circonscrite de leur
culte, p. 349; après avoir profité durant la
guerre d'une tolérance de fait sont de nouveau
menacés depuis la paix des Pyrénées, pp. 419,
420; ne peuvent être enterrés qu'à la pointe du
jour 3i à l'entrée de la nuit, pp. 17, 18 j ne
peuvent être enterrés dans le cimetière catho-
lique de Nîmes, p. 18 ; ne peuvent chanter leurs
psaumes dans les temples pendant le passage des
processions du Saint-Sacrement, p. 19; on pro-
pose aux Etats de 1667 de leur interdire l'accès
de toutes les charges qui touchent aux deniers
du roi, p. 478; sont exclus du consulat d'An-
duze, p. 26; conduite de d'Aguesseau à leur
égard, p. 619; leur réponse après la lecture de
l'Avertissement rédigé par le clergé de France,
p. ^22; le consistoire de Montpellier doit céder
les donations & legs, p. 26; ceux de Caraman
doivent céder leur cimetière, p. 26; une ordon-
nance défend aux catholiques de les offenser,
p. 527; le manifeste du clergé de France leur
fait pressentir une prochaine tempête, p. 528;
leur supériorité sur les catholiques pour l'in-
dustrie de la soie, p. 53o; mesures d intimida-
tion à leur égard, p. 27; attaqués & décimés par
les dragons, reprennent les armes en Vivarais;
causes qui amenaient les paysans dans les ban-
des, p. 533; protestent à d'Aguesseau de leur
fidélité au roi, p. 533; sont désarmés à Nîmes
sans résistance, p. 538; mesures législatives
prises contre eux durant les cinq ou six années
qui précédèrent la révocation de l'édit de Nanres,
pp. 547, 548, 549; établis à Toulouse doivent
évacuer cette ville dans le délai de huit jours,
p. 28; convertis en Poitou, p. 553 ; abjurations
en masse, p. 554; leur conversion rapide, p. 555 ;
les colloques d'Albigeois, de Lauragais & de
Foix se convertissent, p. 555; émigrés reçoivent
du margrave de Brandebourg, de l'électeur de
Hesse, de la Hollande, de la Suisse & de l'An-
gleterre un ensemble d'avantages & de privilèges
importants, pp. 56 1 , 562, 563, 564, 565, 566,
567; avantages particuliers qui leur sont faits
surtout dans les Etats de Frédéric-Guillaume,
pp. 562, 563; exilés, peuvent s'établir dans la
Hesse, p. 563; ceux qui émigrent sont punis
comme criminels d'Etat, p. 569; moyens em-
ployés pour vaincre l'opiniâtreté de ceux qui
résistent, p. 570; prime promise à qui livrera
des guides ou complices de fugitifs, p. 3o; édit
de 1686 leur enlevant l'éducation de leurs en-
fants, p. 572; effervescence produite parmi eux;
des hallucinés les excitent; terribles châtiments
qui leur sont appliqués, pp. 586, 587, 588,
589, 590, 591 ; proscrits dans les régiments en-
nemis de la France, p. 587; recrudescence de
rigueur contre eux après la paix de Ryswyck,
p. 708; ne peuvent s'établit a Orange, p. 33;
iSçS
sont avertis que le temps était venu de ren-
trer dans le sein de l'Eglise, p. 711; expulsés
de leurs demeures & remplacés par d'anciens
catholiques, p. 8o5; leur désir de voir la fin de
la guerre des Cévennes, pp. 841, 842; leurs
espérances après la mort de Louis XIV, p. 917;
leur supplique au régent, pp. 918, 919; pendus
pour avoir assisté â des assemblées, pp. 35, 36;
suppliciés, p. 36; assemblés près de Nîmes, sont
massacrés, p. 37; tiennent un synode le 2 mars
1717, p. 53; surpris dans diverses assemblées
en 1720, p. 973; leur situation â la majorité de
Louis XV, pp. 992, 993, 994, 995, 996; s'as-
semblent pour le culte public, pp. 1066, 1067;
leur lettre apologétique à M. de la Devèze,
p. 79; se réunissent fréquemment en assemblées
8c assistent au prêche, pp. 1066, 1067; recru-
descence de rigueurs contre eux, pp. 1073, 1074;
plusieurs sont tués ou blessés, p. 1074; tiennent
un synode au désert en 1744, p. 79; tiennent
un colloque à Mazamet; y sont surpris en as-
semblée, p. 80; sont dénoncés par l'évêque de
Saint-Pons dans l'assemblée générale du clergé
de France, pp. 1075, 1076; synode de 1744;
organisation de leurs consistoires, p. 1077; édit
renouvelant les peines portées contre eux,
p. 1079; après les rigueurs exercées contre eux,
en 1745, ils sont appelés à prouver leur fidélité
au moment de l'invasion de la Provence par les
Autrichiens, pp. 1079, 1080; supplice de Desu-
bas, p. 8 1 ; projets de l'intendant Le Nain de
lever des corps de volontaires protestants,
p. 1080; dans les armées, p. 1109; exécution
projetée de la déclaration de 1724; résumé du
mémoire de Saint-Priest sur le rétablissement
de l'ordre dans les matières de religion, pp. i 1 07,
1108, 1109, iiio. Mil, 1112; surveillés en
1751 comme au temps des camisards, p. Iii5;
particularités remarquables sur leur état extrai-
tes des mémoires de Barthès, p. Iii5; préoccu-
pations du gouvernement sur la forme anormale
de l'état civil des protestants, p. 1119; requête
en leur faveur présentée en 1752, p. 86; mau-
vaises dispositions de la Cour à leur ég.i rd ,
pp. ii35, 1 1 56 ; préoccupent l'intendant au
moment des élections municipales, p. 11 38;
conduite modérée du duc de Mirepoix â leur
égard, p. ii39; la tolérance commence à être
réelle pour leurs assemblées, p. 1141; sont l'ob-
jet de mesures de rigueur en Guienne, p. M 44 ;
instructions les concernant adressées au com-
mandant en chef en Languedoc, p. i 145; arrêtés
en Querci pour avoir tenté de délivrer un mi-
nistre, p. I i65i théories erronées répandues sur
leurs croyances, p. 1168; intention arrêtée de
Louis XVI d'améliorer leur situation; leur ét^it
civil reconnu, pp. 1342, i343; timides protes-
tations dans quelques cahiers de 1789 contre
redit des non-catholiques, p. i382.
Pi.OTESTAiVTS du bas Languedoc moins exaltés que
ceux des Cévennes, p. 532.
— â Bédarieux, à Nimes, p. 11.
— de Castres, p. 768.
— du pays castrais, p. 868.
— de Meyrueis bâtissent l'église catholique, p. 22.
— montalbanais; font exécuter des travaux dé-
fensifs, p. 353.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i594
Protestants de Montpellier, sont armés de nou-
veau par le maréchal de Schomberg, p. 233.
— de Nimes, sont désarmés, p. 38; présentent un
placet à Montrevel, p. 39; présentent une re-
quête à Villars, p. 39; offrent de prendre les
armes contre les insurgés des Cévennes; haran-
gue de M. d'Albenas à ce sujet, p. 8ï6.
— de Privas, doivent vider incessamment la ville,
pp. 20, 463,
de Tournon, doivent quitter la ville, p. 23.
— convertis, p. 20.
Protestation de plusieurs municipalités contre la
constitution des Etats, p. 129.
— du Parlement de Toulouse, p. i3o.
PROUGEN, conseiller au Parlement de Toulouse,
P- 947-
Prouille, abbaye, p. 362.
(Monastère de); le maintien en est demandé,
pp. i383, 1384.
Provence, pp. 67, 60, 98, loâ, 289, 32$, 336,
367, 387, 542, 663, 699, 728, 729, 773, 847,
893, 902, 948, 963, 969, I |36; en insurrection
contre son gouverneur, p. 287; la peste y fait
quelques ravages, p. 460; envahie par les Autri-
chiens, p. 1079.
PROVENCE (Comte de), frère du roi, pp. ii3,
i3i5, 1359; désigné comme gouverneur de Lan-
guedoc, p. 1274; son voyage dans la Province,
p. i3i3; itinéraire 3t détail des fêtes, p. i3i4;
prononce un discours à la dernière séance de
l'assemblée des notables, p. 1341.
Province de Languedoc; cesse d'exister le 26 fé-
vrier 1790, p. 144.
Provincia; ses confins étudiés en 1661, p. 399.
Provinces-Unies, p. 818.
Prunes sèches, p. 698.
Prunet-Montvaillant, dévasté, p. 8o5.
Prunet, en Vivarais, p. 1202.
PRUNIET, habitant de Carcassonne, p. 36i.
Prusse, p. 856.
PSALMODI, p. 649.
PSELLOS, précepteur de Michel Ducas, p. |33.
PuECHAURIOL, p. 92.
Puechredon, pp. 823, 83i, 841.
Puech-Salomon, seigneurie du diocèse de Limoux,
pp. 478, 1008.
PuGES (Rochers de), sur la Garonne, p. 1282.
PUGET, président au Parlement, p. 149.
PUGET DE GAU, président au Parlement de Tou-
louse, p. 1 89.
PUGET (de), président à mortier du Parlement de
Toulouse; obstacles qu'il oppose à la liberté de
la navigation du Tarn, p. 428.
Pl'GET DE SAINT-ALBAN, mainteneur des Jeux-
Floraux, p. 661.
Pl'GET (de), chanoine, maître es Jeux-Floraux,
p. 661.
PUGET (de), président à mortier au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1218.
PUGET (Baron du), p. i352.
PUGET (Marquis du), p. i352.
PcGET (Terre de), p. 1218.
PUGNÈRES (de), p. i352.
PuiEEGON, commune, p. i385.
PUIBUSQUE (Seigneur de), p. 478.
PuicHÉBic, au diocèse de Carcassonne, pp. 59,
1008, 1 159.
PuiCHÉRic, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
PuissALiER (Hôpital de), p. 696.
PuiVERT, marquisat, pp. 26, 1 10.
PUIVERT (de), président à mortier au Parlement
de Toulouse; son exil, p. 1218.
PUIVERT, président au Parlement de Toulouse,
p. 1270.
PujOL (Commune du), p. 71.
PUJOL (de), p. 23.
PUJOL (Comte du), p. 7 1 .
PUJOL (Suzanne de), p. 864.
PUJOL (de), conseiller au Parlement de Toulouse:
son exil, p. 1219.
Pu.IOLS, p. 38 I.
PURPAN (de), docteur régent en médecine, p. $40.
PUSSORT ; citation d'une phrase de cet auteur, à
propos des procureurs, p. i32i.
Puv (Le), ville épiscopale, pp. 47, 60, 69, 81,
9.5, 96, 98, io2, 121, 123, 124, 126, 128,
i56, 285, 332, 459, 481, 482, 483, 487, 53i,
85i, 890, 982, 1004, io65, 1129, 1149, I i.')2,
1178, 1235, 1286, i3o7, i3o9, i335, 137^^,
i38o, 1890, 1406, 1418, 1428; des attroupe-
ments s'y forment, p. 1 3 ; date de l'établisse-
ment de rhôpital, p. 32; établissement de trois
chaires de théologie, p. 34; privilège aux habi-
tants de la rue de la S,iunerie, p. 70; projet
du rétablissement de ses manufactures, p. 480;
les consuls du Puy accueillent froidement les
projets d'un chemin reliant leur contrée aux
côtes de la Méditerranée; décadence du com-
merce & de l'indusirie dans cetie ville; ses
causes, pp. 484, 435; les consuls établissent des
taxes sur le bois flotté, p. 489; opinion des
consuls sur la canalisation de la Loire, p. 490 ;
d'Aguesseau s'y rend par le Vivarais, p. 029;
sa population, p. 692; les jésuites y dirigent
un collège, p. 690; chute de la charpente de la
chapelle de l'hôpital général, p. 1 i 12.
— (Chapitre du), p. 1 198.
— (Collège du), p. 119.
— (Députés du), p. 314.
— (Diocèse du), pp. 42, 57, 92, 93, 100, 114,
117, 126, 3oo, 473, 481, 620, 664, 1178; dé-
vasté par la grêle en 1727, p. 1004.
— {Evêque du), p. i388.
— (Hôpitaux du), p. i335.
— (Sénéchaussée du), pp. 696, 1267, 1867, i383,
i386.
PuYCUSQUE, p. I 248.
PuiCELSi, au diocèse d'Albi, pp. 1008, 1088, iii5,
1408; distraction de deux paroisses de ce consu-
lat, p. 61; ses armoiries, p. 687.
Pi YCERUA, p. 356 ; est prise par le prince de Conti ,
p. II.
PUYLAROQUE (de), p. 619.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
PUYLAROQUE (Marquis de), pp. i355, iSj-j.
Pdylaurens, pp. 14, ï8, 63, 75, 120, 122, 124,
409, 729, 1073, 1264, 1255, 1402, 1408; les
matériaux provenant de la démolition du ton-
pie protestant servent à la reconstruction de
l'église catholique, p. 28.
— (Seigneurie de), p. 907.
PcYMAuBiN, baronnie, p. 80.
PUYMAURIN (de), p. 1319.
PUYMISSON (Guillaume de), conseiller au Parle-
ment, pp. 149, 242.
PUYMISSON (Jeanne de), p. 5-;3.
PUYSIEULX (Marquis de), p. 1106.
PiYVERT, au diocèce de Mirepoix, p. 472.
PfYVEHT, prieuré, p. 1189.
PUYVERT (Chevalier de), p. i352.
PUYVERT (Marquis de), p. 1102.
PUYVERT (de), p. 1102.
Pyfara (Mont), p. 1202.
Pyramide élevée à Louis XVI par l'ordre des avo-
cats après le rétablissement du Parlement en
1775, p. 1415.
Pyramides bornales de la Guienne à l'ouest de
Toulouse, p. 140 I.
Pyrénées, pp. 472, ioo3, looS, 1241, 1252, 126;,
1261, 1401 ; séparant la Gaule de l'Espagne,
doivent servir de délimitation aux nouvelles
frontières, p. 874.
— (Vallées des), p. i 2< 1 .
Pyrénées-Oriemtales, p. 1425,
Q
Quarantaine établie à Béziers le 3o décembre 1721,
p. -.-..
— à Marseille, p. 704.
— générale après la peste de 1721, p. 967.
Quartier d'hiver, pp. 24, 366, 5^9; taxe levée
sous le nom de subsistance, p. i63f cause
d'appauvrissement, p. 233 j sa justification d».*-
vant les Etats, p. 239.
Quatrain composé à l'occasion du déplacement
d'une croix, p. 717.
Qi/BKCi, pp. 148, 162, 177, 246, 260, 469, 471,
7^4, 1235, 1238, 1402.
— (Régiment de), p. 879.
— (Sénéchal de), p. 9.
Querelles ecclésiastiques, pp. 861, 862, 865, 866,
867, 83o, 83i,
— de» évéques & des subdélégués, pp. 1010, 1011.
•^ de l'intendant & de l'évcque de Nîmes, pp. 99 1 ,
1000.
— de préséance, p. i375; dès les premiers jours
de la régence du duc d'Orléans, p. 909; à 'Tou-
louse, p. 948) entre les officiers royaux & les
consuls des villes, p. 59.
— parmi les catholiques, entre romains & galli-
cans, p. 861 .
QUERET, notaire, à Pans, p. 1206.
i5g5
QuÉniGUT, lieu, p. 517.
Question religieuse servant de prétexte à l'exten-
sion du brigandage, p. 029.
Questions d'utilité publique étudiées par les re-
présentants du pouvoir central, p. 974.
QUEYRATZ, capltoul, p. 335.
QUEYRATZ, docteur régent en médecine, p. 340.
QUEYRATZ, député de Toulouse aux Etats de
i653, p. 348.
QuiBERON (Pointe de), p. 954.
QuiERS (Cap de), p. 12.
QfiLHAN, p. 1072.
QuiLLAN, pp. 87, 409, 47^, 472, 698, i385, 1405.
— (Curé de), assassiné, p. 86.
QuiNCAiLLEr.iE importée en Languedoc, p. 704.
QUINQUIRY (de), p. i355.
Qui.\TENAC, en Vivarais, p. 1202.
QUIQUERAN DE BEAUJEU, évéque de Castres,
meurt à Arles; les derniers sacrements lui sont
refusés, p. 70.
QuissAc, pp. 482, 487, 764, 81 5, 1406; Froidour
y couche, à l'hôtellerie des T, ois-Rois, p. 481 .
Quittance faite à iean Daspe pour son achat de
l'office de maire de Toulouse, p. 641.
R
RAB AN (Edouard), libraire à Nimes; son bannisse-
ment, p. 18.
Rabastens, pp. 26, 58, 94, 1088, ii53, 1401,
1407.
RABAT (Marquis de), pp. 4, 5, 245, 253, 255,
258, 259, 260, 264; satisfaction accordée à
l'évéque de Rieux, p. 265; ses démêlés avec ses
voisins; armes de sa maison; conserve un ap-
pareil militaire, p. 253; premier baron des
Etats de Foix, chanoine de Saini-Volusien ;
étendue de ses domaines; sa condamnation; at-
tentat contre l'évéque de Rieux, p. 254; passe
dans l'armée du prince de Condé, p. 255; son
oncle, Henri de Gondrin, cherche k étouffer la
querelle, p. 258; son arrestation, p. 299.
RABAUDY, viguier de Toulouse, p. 243.
RABAUDY, conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1219.
RABAUDY (M""- de), p. 243.
RABAUDY (M"» de); a son château ravagé par
l'inondation, pp. 1009, loio.
RABAUT (Paul), ministre protestant, pp. 86, 106,
1066, 1067, 1080, I 1 39 ; envoie un mémoire en
faveur de la famille Calas, p. 1 168.
RABAUT DE SAINT-ÉTIENNE, député aux États
généraux, pp. 129, 1878, 1389, i393; prend
part à la rédaction du règlement de l'Assemblée
nationale, pp. 1890, 1391 ; adhère à la nou-
velle division territoriale, pp. 1398, 1399.
Rabenty (Forêt de), p. 472.
RACAN, de l'Académie française, pp. 247, 249.
Rachat des censives, p. 72.
iSgô
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Rachat de charges municipales, pp. iii, iiz.
— de réquivalent par les Etats, pp. 273, 277.
— de divers offices, pp. 864, 982, 983.
— d'offices par les communes, p. 638.
— à prix d'argent par les communes de Langue-
doc de l'obligation de fournir des hommes de
milice, p. 890.
— des rentes foncières, p. 1339.
RACHAT, subdélégué de l'intendance, p. i2o5.
RACINE (Louis), nommé associé étranger par
l'académie des sciences de Toulouse, p. iio3.
RAFFANEL (Pierre), concessionnaire d'un trans-
port par eau de Toulouse à Bordeaux, p. 451.
RAFFIN (de), conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 1 195, I 1 98.
Raffinebie de sucre à Cette, p. 53; obtient des
privilèges fiscaux, p. 64.
— de sucre à Montpellier, p. 82.
RAFIN (de), conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 1218.
RAFINESQUE (Jean), d'Uzès; se fixe à Magde-
bourg &, avec d'autres protestants proscrits, y
fonde une manufacture, p. 564.
RAGOT, chanoine & archidiacre d'Alet, relégué à
Brives, p. 5o5; est un des exécuteurs testamen-
taires de Nicolas Pavillon, p. 609.
RAr.oTZi, p. 760.
RAIMOND (Jacques), seigneur de Saint-Etienne de
Valfraricesque, p. 799.
Rambouillet, p. 552.
— (Forêt de), p. 553.
RAMEL (Timothée), p. 195.
R.AMEL-NOGARET, député aux États généraux,
pp. 1378, 1398.
Ramieb, forêt, p. 474.
Ramière (la), prieuré, p. 21.
RAMONDY, substitut du procureur général, maître
es Jeux-Floraux, pp. 5 1 1 , 661 .
Ramo.vville, p. 1241.
Rampon (Bois de), p. 617.
— (Massifs de), p. 8o5.
RANCHIN DE MONTREDON, maître es Jeux-
Floraux, pp. 93, 656, 66 I .
Rançon payée aux troupes royales par les capi-
touls pour rentrer en possession de baraque-
ments déjà payés par la ville de Toulouse,
p. 38o.
RANSE (André de), sieur de la Perche, intendant
de justice, police & finances, p. i32.
RAOU (Gabriel), consul de Béziers, p. 3o2.
RAOUL, connétable, p. 450.
RAOUL (Daniel), laboureur de Vagnas, puis pré-
dicant, p. 733.
RAOUSSET, tué dans un combat contre Cavalier,
p. 816.
RAPHAËL, juif, p. 1226.
Râpin, p. 552.
RAPIN (Paul de), seigneur de Thoiras, passe en
Angleterre, p. 566.
Raschas, lieu, pp. 482, 484, 487.
RA.sir.i;iÉRES, p. 409.
RASIMBAULT (Jacques), p. 863.
RASPIDE, gentilhomme, p. i352.
Rassemblement de protestants, p. 75o.
Rastadt (Paix de), p. 903.
RASTELET, camisard; major général de l'armée
insurrectionnelle, p. 789.
RAT, juge, p. 980.
RATABON, évêque de Viviers, p. 52.
Ratines, pp. 84, 698.
— fabriquées dans les Cévennes, p. 702.
RATTE, conseiller à la cour des comptes, aides &
finances de Montpellier, p. 1097.
RANCHIN (François), p. I 169. *
RANCHIN (Théophile), p. 1159.
RANCHIN DE MONTARAN (Charles-François),
gouverneur de Saint-Hippolyte, p. 1 159.
Raubet, p. 764.
Ravaillac, p. ICI 5.
RAVANEL, chef camisard, lieutenant de Cavalier,
pp. 39, 40, 787, 789, 878; bat les troupes com-
mandées par M. de Broglie, p. 766; se prononce
contre Cavalier après la soumission de celui-ci,
p. 841; rentre en Languedoc & prend part à la
conjuration de Nimes, p. 858; est arrêté chez
Allson à Nimes, pp. 41, 859; est condamné a
être brûlé vif; supporte les épreuves de la tor-
ture sans dire un seul mot, pp. 41, 860.
RAYET (J.), imprimeur à Toulouse, p. 1293.
RAYMOND, auteur des projets d'embellissement de
Nîmes, p. 125.
RAYMOND-LASESQUIÈRE (de), p. i3oi.
RAYMOND ROGER, comte de Foix, p. 872.
RAYNAL (Jean), maire perpétuel de l'Isle-d'Albi-
geois, p. 639.
RAYNAL, p. 1232.
RAYNAL, subdélégué de l'intendance à Toulouse,
pp. 1248, I 25o.
RAYNAUD (Guillaume de), sieur de Pesseplane,
p. 863.
RAZEINGUES (M""" de), p. 1225.
RAZEPEL (Jean), exécuteur de la haute justice à
Toulouse, p. 245.
Razès, pp. 472, 864; ravagé par les orages en
1707, p. 870.
Razes, étoffe fabriquée dans le diocèse d'Albi,
p. 698.
Réaction féodale dans les règlements des États,
dans les ordonnances militaires, dans la consti-
tution des municipalités, p. 1288.
— contre les capitales de province, p. 1374.
— provinciale dénoncée à l'Assemblée nationale,
p. 1396.
Réalmont, en Albigeois, pp. i3, 73, 84, 93, i25,
261, 698, ioc8, 1073, 1408.
REALON, marchand de Nimes, p. ^^i.
REJ5É (Claude de), archevêque de Narbonne,
pp. i58, 3i3, 322, 328, 346; sa réponse vigou-
reuse aux discours des commissaires du roi ai.x
Etats de 1645; flétrit les excès dans la percep-
tion des taxes, p. 239; hostilité de !a Cour
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i597
contre lui, p. 208; son irritation contre les
agents du clergé à Paris, p. 269; son rôle dans
l'affaire du rachat de l'équivalent; est accusé &
menacé par l'abbé de La Rivière, p. 277; est
décrété de prise de corps par le Parlement,
p. 3o6; reçoit du roi commission de démolir le
château de Termes, p. 345; abandonne la pré-
sidence des Etats, p. 363.
Rebelles cévenols, p. 782.
REBOUL, négociant à Montpellier, p. 849.
REBOUL (Jean), p. 863.
REBOUL (Jacques), autorisé à créer une manufac-
ture d'étoffes de soie à Lavaur, pp. 89, 96,
I 143, I 144.
REBOUL, membre du commissariat de la Province
de Languedoc, p. 1420.
REBOULET, ministre protestant, p. 19.
Recensement des anoblis susceptibles de taxe,
pp. 63o, 63 1 .
Recevelbs de tailles, pp. 55, 117, 938, io5i.
— & contrSleit.s de tailles, p. 70.
— de tailles & commis de la perception d'Albi
arrêtés; s'évadent, p. 3o6.
Rechekche des usurpateurs des titres de noblesse,
p. 447; les plaintes contre les officiers subalter-
nes qui y sont employés amènent la suppression
des recherches; nouveau mode de recherche,
p. 448; qui était déclaré usurpateur; trouble
dans le monde capitulaire toulousain, p. 449.
RECHiNiàC, hameau en Gévaudan, p. 965.
Réclamations élevées durant la peste contre les
embarras causés par les mesures de précaution,
p. 964.
RECLOT, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
Récoltes perdues en Languedoc, p. 43i.
Reconstitution de fiefs, p. io35.
— de la puissance de l'Etat, p. |386.
Reddes (Usage des), p. 16.
Reddition des comptes des communes, pp. 74,
io5.
Redevances en grains & en argent déclarées rotu-
rières; procès à ce sujet, p. io3o.
Redins de Mazamet, &c., p. 85.
REUONNEL, ministre protestant, p. 1080.
Réduction des rentes provinciales de cinq à trois
pour cent; application de la réduction, p. 945.
— sur les impositions à la suite des perturbations
atmosphériques, pp. 1004, ioo5.
Kéflexions d'un citoyen sur la protestation du Par-
lement de Toulouse du 3i août 1771 aux j. f.
du tripot de Toulouse, titre d'un écrit fausse-
ment daté de Londres, p. 1273.
Réflexions (Extraits des) sur les États par le baron
de Rouville, conseiller de grand'chambre au
Parlement de Toulouse, pp. 1298, 1299.
Réfobmation des Etats, p. 8.
— des ordres religieux, p. 21.
— générale des bois des pays reconquis, par Louis
de Froldour, p. 467.
Rèfobme, règne en souveraine dant les Cérennes,
p. 424.
Réforme capitulaire de 1778, pp. 1 3 i5, i3 16, i3i7.
i3i8; vivement critiquée par le Parlement di
Toulouse, pp. i3i5, i3i6, i3i7, i3i8.
— judiciaire, pp. 128, 1210, 1211, 1212, I2i3,
1214, I2i5; est anéantie dès l'avènement da
Louis WV , p. 1232; causes qui firent échouer
l'œuvre du chancelier Maupeou, pp. 1266,
I 267.
— de l'organisation judiciaireenVivarais.pp, i3oo,
i3o I .
Réformes économiques de Turgot en 1776, p. 1 279.
— du régime forestier, p. 466.
— nécessaires, p, 1297.
— à l'ordre à jour, p. 1298.
Réformés de Sumène & Senilhac, p. 17.
— du bas Languedoc, leur soumission après la
Fronde, p. 349.
— dauphinois, p. 529.
— français fondent la colonie de Berlin, p. 56i.
Réfuciés d'Angleterre, p. 734.
— catalans, p. 12.
— i de Genève, p. 734.
— de Hollande, p. 734.
— français poussant les puissances coalisées à ral-
lumer la guerre des Cévennes, p. 855.
— protestants, envoient des émissaires en Langue-
doc, p. 878.
Refus d'enregistrement par les parlements & les
juridictions inférieures, pp. 1345, 1346, 1347,
■348, 1349, i35o.
Régale; continuation de la querelle, p. 517.
Régalistes, pp. 5o3 à 5o8.
Reoat, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Régence d'Anne d'Autriche, pp. 1, 160, 161 ; en-
registrée par le Parlement de Toulouse; Te
Veum; procession en l'honneur du joyeux avè-
nement, p. 146.
— du duc d'Orléans, pp. 908, 909, 910; sa fin,
p. 971.
Régents, p. 92.
Régime judiciaire auquel est soumis le duché
d'Uzès après l'échange, p. 1037.
— féodal, p. 1235 ; cause de désordre dans l'appli-
cation de la justice en Vivarais & dans le Vêlai,
p. I loi ; assurant l'impunité des crimes en Gé-
vaudan & en Vivarais, p. 1195; unanimité
pour en effacer les derniers vestiges, p. |386.
Régiment de dragons levé aux frais de la Pro-
vince, p. 5i I.
— de Septimanie, p. 79; bénédiction de ses dra-
peaux, p. 107 1 .
Régiments cantonnés en Languedoc pendant l'hi-
ver de i685-i686, p. 570.
Registre secret du Parlement de Toulouse, pp. 222,
Higlement pour les élections municipales de Ro-
quemaure, p. 5?,
— pour la fabrication des draps gris-blancs de
Lodève, p. 61 .
— pour la fabrication des cordes à laine, p. 62.
— fait en 1724 pour les assemblées d'assiettes de
diocèses, rectifiant & complétant celui de i658,
pp. 997, 998.
[598
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Règlement particulier de 1778, concernant le
corps du génie, p. izpS.
Règlements pour l'ordre & la discipline des Etats;
date de leur publication, p. io5.
Reglouton, en Vivarais, p. 1202.
Règnes de Louis XIV & de Louis XV préparés
par l'afTaissement de l'esprit public, p. 267.
Regordane, voie antique menant de Nitnes aux
pays des Cabales & des Arvernes, p. 481 ; son
parcours; son état, pp. 481, 482, 483; Froi-
deur n'est pas favorable à son rétablissement
à cause des grandes difficultés qu'il prévoit,
pp. 483, 484; avait été un chemin de charroi
pour les voitures; mais, lors de la visite faite
par M. de Froidour, servait à peine à des pié-
tons, p. 483.
Regbattiebs, p. 5ii.
REICH, trésorier de la bourse, pp. 325, 332.
REICH (de), p. 349.
RE[CH DE PENNAUTIER (Pierre-Louis), receveur
général du clergé de France & trésorier de la
bourse de la Province. Toir PENNAUTIER.
REIGNAC, conseiller à la cour des aides de Mont-
pellier, p. 36o.
Reims, p. i i.
— (Archevêque de), p. 364.
Reine (Régiment de la), p. 1243.
RfclAUMONT, forêt, p. 474.
Réjouissances publiques à l'occasion du mariage
de Louis XIV & de la conclusion de la paix,
pp. 390, 391.
Ria.APS, p. 559.
Rei.igiel'Ses de Gaillac, p. 3o6.
— de Saint-Joseph, p. 479.
— de Sainte-Claire, à Toulouse, pp. 517, 58i,
Sji, 592; Innocent XI reproche à l'archevêque
de Toulouse sa conduite à leur égard, p. 25.
— de Notre-Dame du Sac, p. 923.
Religieux; acquisition d'immeubles, p. 20.
— de la Merci, p. 75.
— de Saint-Antoine du Salin, p. 3|8,
— de Saint-Roch, p. 3 18.
— des Tiers-Ordres, p. 3 18.
— de la Trinité, p. 3 18.
Religion catholique outragée par le chevalier de
Roquelaure, p. 241.
— réformée représentée dans la députation du
Languedoc aux Etats généraux, p. 1378.
Reliques de saint Jean-Baptiste, à Perpignan,
p. 400.
Remboursement des charges municipales, p. 63.
Remaniements territoriaux nécessités par les im-
perfections & les inégalités de la division de la
France en bailliages & sénéchaussées, p. 1393.
Remèdes achetés au compte de la Province, pour
les pestiférés, p. 963.
— contre la peste demandés à un médecin de Cas-
telnaudary, p. 32o.
Remise d'impositions à suite d'inondations, p. 62.
— de 3oo,ooo livres à la Province sur les imposi-
tions, p. 87; de 200,000 livres, p. 110; de
200,000 livres, p. 117; de 3oo,ooo livres, p. 120.
Remise accordée pour le canal de Beaucaire, p. i23.
— à la Province sur les vingtièmes de l'industrie,
p. 123.
— de 400,000 livres à la Province sur le don gra-
tuit, p. 124.
— à la Province de 25, 000 livres sur l'abonne-
ment des vingtièmes, p. 127.
Remises accordées à diverses communes, p. 59.
— accordées aux diocèses & communes atteintes
par la grêle & l'inondation; à Castres, à cause
de ses deux incendies, p. Sq.
— accordées sur la capitation & le don gratuit,
p. 75.
REMISSE, officier du présidial de Montpellier,
p. 892.
Remontrances au roi au sujet du formulaire,
p. 58.
— au roi & à la régente par le Parlement de Tou-
louse contre la cour des comptes de Montpellier,
p. 304.
— adressées au roi par l'évêque de Nimes, dénon-
çant les protestants & demandant la suppres-
sion de la communion dissidente, pp. 420,
421, 412, 423.
— faites au nom de la cour des aides & finances
de Montpellier contre la suspension des Etats
de Languedoc, pp. 1096, 1097, 1098; corres-
pondance échangée à cette occasion entre Mont-
pellier & Versailles, pp. 1098, 1099.
— de la cour des comptes de Montpellier, relatives
à redit du vingtième, p. i36o.
Remoulins, pp. 88, 1406.
— (Hôpital de), pp. 696.
— (Pont de), p. 77.
Renaissance du romanisme, p. 693.
RENARD (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
RENAl'DOT, abbé, p. 720.
Rencontre de gentilshommes en Vivarais, p. 180.
RENÉ, professeur à la faculté de médecine de
Montpellier, p. 1239.
RENEAU (Pierre), niveleur, p. 453.
Rennes, pp. 409,-946.
Renneville; ses armoiries, p. 688.
Renouveliement du cadastre à Lodève, p. 61.
Rentes diminuées, p. io3i.
— perpétuelles, p. 5o.
— provinciales, p. 58.
— foncières, p. 109; frappées par l'impôt du
dixième, p. 888.
— provinciales réduites, p. 945.
Rentiers de la Province; leurs accusations contre
la gestion des Etats de la Province, pp. 101 1,
1012.
Réorganisation forestière de Languedoc, pp. 369,
470. 47 ■> 472. 473, 474-
— de la justice en Vivarais, p. i3o2, i3o3.
Répartition des sommes versées par les diocèses
pour le rachat par les communes de l'obligation
de fournir des hommes pour la milice, p. 890.
Représentant de droit de chaque ordre aux Etats
généraux, p. 280.
TABLE GÉNÉRALE DES KOMS ET DES MATIÈRES.
i599
REPKtSENTATiox municipale aux États; ce qu'elle
éta;t à l'origine; ce qu'elle devient, p. i Sy.
— du tiers aux Etats généraux, p. 282.
— provinciale; sa transformation après l'organi-
sation des intendances, p. Sây.
Reproches réciproques de subornation faits entre
protestants & catholiques, p. 284.
Réquisitoire de la noblesse du diocèse d'Alet
contre Nicolas Pavillon, p. 414.
RtSEAC remarquable de routes dans la Province,
p. 1060.
Résidence des évêques, p. 8.
RESSÉGLIER (de), conseiller au Parlement, maître
es Jeux-Floraux, p. 661.
UESSÉGUIER (dej, avocat général au Parlement
de Toulouse, p. i325.
RESSÉGUIER (de), procureur général près le Par-
lement de Toulouse, pp. 1348, 1394; chargé de
requérir la transcription des lettres patentes
constituant le nouvel ordre judiciaire, p. I4i3;
déclare cesser tout acte de son ministère & remet
les lettres patentes, p. 1414; est décrété d'accu-
sation, par l'Assemblée nationale, avec les
membres de la chambre des vacations, p. 1422.
Ressort du Parlement de Toulouse, p. iiS.
Restes, lieu, p. 1218.
RESTINCLIÈRES, sénéchal, pp. 23(5, 1400.
Rétablissement des offices municipaux, pp. 1 120,
I 121, i 122.
Retocrtoor, en Vivarais, p. 1202.
Retranchement de gages, p. 26g.
Rétroactivité de la roture, p. 104.
RETZ (Cardinal de), archevêque de Paris, p. 266;
quelques-unes de ses phrases à propos du pouvoir
absolu, pp. 266, 267; exilé depuis les troubles
de la régence, p. 401; est forcé de se démettre
de son archevêché pour se réconcilier avec le
roi, p. 402.
RécniO!» d'offices annulée, p. 1 i3.
— des évêques de Languedoc, au sujet de l'état
civil des nouveaux convertis, pp. Iiio, 1121,
I 122.
Rk.veil féodal dans les premiers mois de la régence
d'Anne d'Autriche, p. 180.
— des mœurs féodales en Languedoc, p. 328.
RtVEiLLELi'.s de ville à Toulouse, p. 3 18.
Revel, pp. 33, 100, 101, 120, 422, 460, .5.Î4,
729, 944, 1062, 1073, 1253, 12.54, 'î-'»-''. '4''4;
tes armoiries, p. 688 ; ses plaines fertiles, p. 698,
— (Maladrerie de), p. 69').
— (Plaine de), pp. 1246, 1262, i253, 1254, i255.
Revendeuses de porc, à Montpellier, p. 64.
Revenus de l'Eglise en Languedoc, d'après Bâville,
p. 694.
REVERSAT, curé, p. 741.
Révocation des édits portant création de messa-
gers royaux en Languedoc, p. g.
— des taxes de joyeux avènement, p. 240.
— de ledit de Béziers; négociations qui l'ont
précédée, p. 290; est définitivement prononcée,
p. 292.
Révocation de l'édit de Nantes en octobre i685,
pp. 29, 497, 792, I 120; préparée par les assem-
blées provinciales, p. 419; ses effets, ses causes,
pp. 643, 544, 545; suscite à la France d'ar-
dents ennemis, p. 606; ses conséquences vis-à-
vis des puissances étrangères, p. 731.
Révolte cévenole; ses premiers éléments, p. 749.
Révoltés cévenols, p. 782.
Révolution française, p. 916.
REY, concessionnaire de salins, p. i 17.
REY (Bonaventure), p. 733.
REY (Abbé de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
REY (de), conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1219.
REY DE SAINT-GÉRY (Clément- Jean- Augustin
de), conseiller au Parlement de Toulouse, fait
partie de la commission d'enquête de 1783,
pp. 1 32 1 , i325.
REYMOND (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1218.
REYMOND (de) fils, conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1219.
REYNAL (de), nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 1214.
REYNAL, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. i335.
REYNAL (de), p. i365.
Reyniès, commune, pp. 967, çSS, pSp.
Rhin, p. 239.
Rhône, pp. 2, 42, 46, 60, 71, 93, 106, ii5, 124,
126, 128, 176, 382, 335, 461, 469, 478, 532,
541, 599, 601, 644, 777, 788, 841, 85i, 852,
878, 879, 882, 892, 949, 952, 960, 969, 9-'2,
1004, 1064, 1099, ii33, 1134, 1195, i3o2,
i383, 1384, i386, 1406, 1409, 1410, 1428;
possédé d'un bord à l'autre par le roi de France,
p. 60; déborde, p. 89; affirmation des droits de
la France sur la propriété de ce fleuve, p. 1001.
— (Bassin du), p. 482.
— (Côte du), p. 7o3.
— (Navigation du), p. 481.
— (Travaux du), p. 84.
— (Vallée du), pp. 773, io65.
Rhosnt (Pont de), p. 823.
Ribalte, dans les Cévennes, p. 427.
RiBAUTE, paroisse i l'est d'Andiize, p. 757.
RIKAUTE (Baron de), p. io36.
RIBAUTE (Comte de), p. io36.
RIBES, député de Toulouse aux Etats, p. 355.
RiBES, en Vivarais, p. 1202.
RIBEYRAN, docteur en Sorbonne, p. 445.
RiBONET, lieu, p. 1219.
RIBONET (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
RiBOtisSE, commune du diocèse de Mirepoix,
pp. 871, 1009.
Rirot'issE, lieu, p. 1082.
RICARD (Antoine), marchand droguiste à Tou-
louse, p. 849.
RICARD (Hilaire), entrepreneur de la fontaine Je
Montpellier, p. 106.
i6oo
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
RICARD, député iiux États géuér.iux, p. iSyS.
RICHARD, conseiller aux enquêtes au Parlement,
p. 174.
RICHARD, député de Bourg-Argental, p. 1409.
RICHER DE BELLEVAL, professeur de méde-
cine, chancelier de l'université, à Montpellier,
p. 2l5.
RICHELIEU, cardinal, pp. i3i, 147, iSz, i53,
169, i83, 186, .87, 188, 246, 253, 267, 270,
288, 348, 393, i386; tenant surtout à l'ordre
& à la bonne administration, choisissait pour
évêques des ecclésiastiques sans nom, mais in-
telligents & laborieux, p. 1 54 ; tente de faire
durer son système politique après sa mort, p. 184;
son œuvre compromise en Languedoc, p. 328;
donne le siège d'Alet à Nicolas Pavillon, p. 406.
RICHELIEU (Duc de), pp. 74, 76, 76, 77, 78,
79, 84, 88.
RICHELIEU (Maréchal de), pp. 86, 87, 791, 867,
915, 1064, 1065, 1067, 1068, 1084, 1091,
1095, 1098, 1099, 1119, 1126, 1128, ii32;
ses annotations au mémoire de Saint-Priest,
relativement aux protestants, pp. 1111, Iii2j
réunit chez lui les éviques de Languedoc pour
régler la question du baptême & du mariage
des nouveaux convertis, p. 1120; résistance des
évèques, pp. Ii2i, 1122; premier commissaire
du roi près des États, à leur rétablissement en
1762, p. 1125; son voyage à Toulouse, p. 87;
prend une part directe aux affaires; fait partie
de la commission de 1734, p. 1009; tient les
États comme premier commissaire du roi durant
une suite d'années; son caractère; intérêt qu'il
prend aux travaux publics, p. 1060; retenu
hors de la Province par son commandement
dans les armées, p. 1080; échoue dans ses pour-
parlers avec les évéques; lettre écrite à ce sujet
au chancelier de France, pp. i 122, 11 23; sa
résistance aux avis venus de la Cour concernant
les protestants, p. i 1 36 ; but de son voyage à
Toulouse en 1764, pp. il35, ii36; est rappelé
au service actif & cède la lieutenance générale
au duc de Mirepoix, p. 11 36.
RICHON, député du Vêlai, p. 1405.
RIDICOUX, dominicain, p. 1187.
RiEUMES, lieu, p. 1404.
RiEosETTE (Abbesse de), p. 22; de la maison de
Lévis, assassinée, p. 497.
RiEDTORT, affluent du Sor, p. 460.
RiEux, pp. 47, 58, 112, 118, 124, i56, 258,
3i8, 471, 5i7, 577, 890, 896, 1008, 1009,
1235, 1404, 1418; réduction de son conseil
politique à vingt-quatre personnes, p. 44; nom-
bre de membres composant son conseil poli-
tique, p. 59; ses armoiries, p. 686; sa popula-
tion, p. 692.
— 'Chapitre de); ses armoiries, p. 684.
— Diocèse de), pp. 24, 42, 57, 62, 88, 97, 114,
26, i56, 162, 619, 770, 1007, 1008, 1088,
1178, 1234, 1247, 1253, 1287, i3oi, i3o2,
i33i, 1375, i4o3; pays pauvre; les habitants
cnt pein? 3 y vivre, p. 697.
— (Éyêché de), est attaqué par le marquis de Ra-
bat, p. 254.
— (Évêqile de), pp. 4, 5, 245, 3i8, 416.
RIEUX (Baron de), pp. 159, 287.
RiEux, bdronnie, pp. 32, 36, 48, 44, 60, 78,
159; change son nom en baronnie de Mérin-
ville, p. 75.
— (Terre & baronnie de), p. 873.
— (Syndic de), p. I236.
RIGAUD fde), nommé conseiller au Parlement
Maupeou, p. 1214.
RIGAUD, avocat au Parlement & professeur de
droit à l'université de Toulouse, p. I223.
RIGAUD (de), p. 1416.
RiGiLD (Pont de), p. i3i2.
RiGNAC, lieu, p. 3o3.
RiGODEL, rivière, p. 1 149.
Rigole d'essai pour le canal de Languedoc, p. 468.
Ri. MO.NT, commune, pp. 1009, 1403.
Riom, pp. 481, 484.
— (Sénéchal de), pp. 397, 398.
Rions, auprès de Genève, p. 1029.
RiOTORD, village, pp. 1204, 1206.
RIQUET (Pierre-Paul), traitant de la ferme des
gabelles de Languedoc, pp. 17, 20, 21 ; date de
sa naissance; ses ouvertures pour le projet du
canal à M. d'Anglure de Bourlemont; texte de
sa première lettre à Colbert, pp. 454, 455; dé-
tails sur la conception & l'exécution du tracé,
pp. 456, 457; l'idée première de l'alimentation
du canal par les eaux de la montagne Noire
appartient-elle à Riquetî" pp. 467, 458; fait
des plans plus complets; est invité à s'entendre
avec les intendants pour un projet d'affiche
d'adjudication; se rend à Paris, est présenté à
Colbert; vient à Toulouse avec la commission
nommée par les États, p. 459; conduit les com-
missaires au point où il voulait établir l'em-
bouchure du canal dans la Garonne & plante
les jalons, p. 460; est adjudicataire des travaux
du canal; il acquiert la seigneurie du canal;
la réhabilitation de noblesse lui est accordée,
pp. 21, 465; éclat qu'il donne aux premiers
travaux; écluse de Garonne, p. 474; le jour de
l'inauguration des travaux du canal de Lan-
guedoc, fait des distributions de vivres & de vin
aux six mille travailleurs qu'il emploie, p. 475;
forcé de dépenser des sommes énormes pour le
canal, il ne recule devant aucun moyen pour
s'assurer des ressources; violences commises par
ses agents; sa lettre à Colbert sur ce sujet,
p. 5ii; est mis au rang des traitants pour-
suivis de la haine populaire, p. 5|2; cherche à
introduire son fils parmi les barons des Etats,
p. 5i3; achète le comté de Caraman & la ba-
ronnie de Saint-Félix, p. 22; est adjudicataire
des travaux du port de Cette, de l'étang de
Thau & des canaux du Rhône, p. 25; appré-
ciation de son oeuvre par Froidour, p. 5i4;
lutte avec énergie contre la malveillance de ses
contemporains, pp. 5i4, 5i5; sa mort, p. 5i5;
date précise de cette mort, p. 25; une notice
lui est consacrée par le Mercure Je France; son
épitaphe en vers, p. 5i6.
RIQUET (Jean-Mathias), baron de Bonrepos, fils
du créateur du canal de Languedoc, p. 5i3.
RIQUET, président, pp. 843, 889.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
i6
01
RIQUET DE BONREPOS, procureur général près
le Parlement de Toulouse, p. 1084; porte la
parole dans l'affaire Calas, pp. 1168, 1169;
prend la parole dans l'instruction contre les
jésuites, p. 1 17 I ; sa plaidoirie contre les jésui-
tes, pp. 1 173, I 174, I 175.
RIQUET (La présidente de), p. 1 127.
RIQUET (Héritiers de), p. 1009.
RIQUETTI, famille de Provence, à laquelle Ri-
quet rattachait son origine, p. 5i3.
RiTLEL d'Alet brûlé par ordre de Clément IX,
p. 22; censuré à Rome, p. 507.
Rivalités de villes se disputant l'avantage d'être
choisies pour chef-lieux de départements,
p. 1399.
RIVALZ fJenn-Pierre), peintre & architecte de la
ville de Toulouse, pp. 38-i, Ô24.
RIVALZ, peintre, décore à Toulouse l'hôtel Da-
guin, p. 948.
Rives (Moulin de), p. 119.
RiVEROTTE (Pont de laj, sur la Lèze, p. 1 i5o.
RIVIÈRE (Louis-Barbier de la), abbé, pp. i8o,
1S6, 221, 224, 227, 393; confident de Gaston
d'Orléans, p. i87j par son influence sur l'esprit
de Gaston, est, durant plusieurs années, le vé-
ritable gouverneur de Languedoc, p. 188; son
ressentiment contre l'archevêque de Narbonne;
ses accusations contre M. de Rebé; envoie des
troupes faire le dégât dans la temporalité de
l'archevêque, p. 277; attache une particulière
importance à exclure de la députation aux Etats
généraux l'archevêque de Toulouse, p. 281 j sa
disgrâce, p. 296.
RIVIÈRE, député aux Etats généraux, p. 1378.
RIVIÈRE DE THEYRARGUE, p. 1406.
Rivière, bailliage, p. 1402.
Riviëre-Basse, p. 471.
Rivière (Plaine de), dans le diocèse de Commin-
ges, p. 1232.
Rivières en Albigeois, p. 1376.
RizE, cours d'eau, pp. 114, 2.'i4, 294.
Rizières établies en Dauphiné, p. io65; exhalai-
sons malsaines causées par ces cultures, p. io65.
RoAN>E, p. 975.
ROBERT, avocat au Parlement, p. 245.
ROBERT (P.), jésuite, p. 924.
ROBERT (Anne), veuve Verchant. Koi'r VER-
CHANT..
ROBESPIERRE (Maximilien) ; considère comme
un acte de délire la résistance de la chambre
des vacations du Parlement de Toulouse, p. 1419.
ROBIN, p. 3o3.
Rosine de Narbonne, pp. 72, 120, i23.
ROCACHÉ, négociant à Toulouse, p. i363.
RocAiROL, en Albigeois, p. 261.
ROCHE (Pierre), entrepreneur des travaux du
port de Beaucaire, p. 63.
ROCHE (de), p. io36.
Roche, en Vivarais, p. 1202.
ROCHE D'AUZIELLE (de), p. |352.
RocLES, en Vivarais, p. 1202.
Roche-e.i-Reic.ner, p. 1406.
RocHEBLOiiXE, en Vivarais, p. 1202.
Rochebloine, paroisse, p. 1410.
R0CHEBONNE, en Vivarais, p. 1202.
RocnEciiÉRiE, en Vivarais, p. "870.
ROCHECHOUARD (Comte de), p. 77.
ROCHECHOUARD (Charles de), comte de Cler-
mont, baron de la Gardiolle, p. 1064.
ROCHECHOUART, lieu, p. 1 i35.
ROCHECHOUART (Comte de), vend un titre de
baronnie aux Etats sans les terres, p. i 3oi .
RocHECOLOMBE, en Vivarais, p. 1201.
RociiEFOHT, en Vivarais, p. 1202.
ROCHEFORT (Comte de), gouverneur de Beau-
caire, p. b'25.
ROCHEFORT (de), conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1218.
RocHEGuoE; démolition de son temple, p. 19.
— (Château de), occupé par les insurgés cévenols,
pp. 774, 775.
ROCHE-JACQUELEIN (La), docteur en Sorbonne,
missionnaire royal en Languedoc, p. 646.
RocHELiDOUx, lieu, p. 159.
Rochelle (La), p. 194.
ROCHEMAIRE, lieu, pp. 6 1 4, 870.
ROCHEMAURE (Marquis de), p. io36.
Rochemacbe, en Vivarais, p. 1201.
RoCHEMONTElX, p. I2I9.
ROCHEMORE (Marquis de), p. 92.
ROCHEMURE (M""' de), p. 1 196.
RocHEMLRE, en Vivarais, p. 1201.
RocHEPAULE, en Vivarais, pp. 1201, 1202.
ROCHEPIERRE (Baron de), p. 66.
ROCHEPIERRE (de), syndic de Vivarais, pp. 168,
169.
ROCHEPIERRE (de), p. 329.
ROCHEPIERRE (Chevalier de), p. io36.
ROCHER (Jacques), traitant du droit sur la
viande de boucherie, p. 85o.
ROCHETTE (François), ministre protestant, ar-
rêté près de Caussade, dans l'exercice du culte;
amené à Toulouse, p. 1 i65; condamné à mort,
est le troisième ministre supplicié de sa famille;
son exécution, p. 1 167.
ROCHETTE, ministre protestant supplicié à Tou-
louse, p. 97.
ROCHEVALIER, médecin, p. 962.
ROCOULES (Jean-Baptiste de), de Béziers, histo-
riographe de la maison de Brandebourg, p. 664.
RoDDE Saint- Haon, terre, pp. 1285, 1286.
— (Comté de), p. 1285.
RODEILLE, chanoine régaliste, p. 504.
Rodes (Précipices de), pp. 94, 1149.
Rodez, pp. 123, 126, 128, 35o, 85i, 1020, io23,
1129, 1218, 1219, i3o9, 1428; une maîtrise
des eaux & forêts y est établie en 1671, p. 471.
— (Sénéchal de), p. 1211,
R0DOME, p. 870.
ROGER RABUTIN, comte de Bussy, p. 363.
ROGER DE LA MARBELIÈRE (Louise), p. i85.
RoONEtiRS & FAUX MONNAYEERS, p. 241.
XIII.
i6o2
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ROHAN (Cardinal Ae), évèque de Strasbourg, dé-
puté du bailliage d'Haguenau, p. 1390.
ROHAN (Prince de), p. 71-
ROHAN (Duc de), pp. 79°. 855, 856.
Roi de la basoche, à Toulouse, p. 1 i3o.
de Fiance, évéque du dehors, p. i356.
de Majorque, seigneur de Lattes, p. io55.
ROLAND, chef camisard, pp. Sy, 763; ses qualités,
p. 749! s'occupe de constituer une forte troupe
de partisans, p. 700; sa troupe fait de grandes
pertes au combat de Pompignan ; passe pour
mort; légende autour de son nom qui obtenait
un grand succès en Angleterre; texte d'une let-
tre de ce chef où il prend le titre de généralis-
sime des protestants de France, p. 789; fait des
prisonniers, p. 794; sa troupe grossit à la suite
des enlèvements faits dans le pays, p. 796; se
montre à la tête de cinq cents hommes dans la
région dévastée, p. 8o5; se porte avec Cavalier
sur le village de Saint-Chaptes, p. 8i5; ses
troupes fuient devant le maréchal de Villnrs,
p. 83i; refuse de déposer les armes, pp. 840,
841; essaie de prolonger la lutte dans les Cé-
vennes; est surpris dans un château oii il était
appelé par une intrigue amoureuse, & tué par
un dragon, p. 842; surpris & tué, p. 40.
ROLAND, neveu de Laporte, chef cévenol, p. 759.
RÔLE des nobles dans l'Etat amoindri, p. çSo.
Rolland, p. 835.
ROLLAND DE SAINT-ROME, p. i352.
ROLLAND, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances de Montpellier, p. 1097.
ROLLAND (de), nommé conseiller du Parlement
Maupeou, p. 1214.
ROLLIN, architecte, p. 986.
Rome, p. 19g.
ROME (Gaspard), valet de chambre du roi, p. 14.
ROMÉO (Joseph), membre du conseil de Catalo-
gne, délégué espagnol pour la délimitation de
la frontière, p. Syg.
ROMILLY (les) DE MONTPELLIER, établis dans
la Grande-Bretagne, p. 567.
Rompon, en Vivarais, p. 1201.
ROMSWINCKEL, commissaire électoral dans la
ville d'Amsterdam, p. 56 1.
RONSARD, p. 249.
Roque (Pont de la), p. 778.
ROQUE, fabricant de draps à Carcassonne, p. 1 3 1 ."),
ROQUE (Gilles-André de la), seigneur de la Lou-
vière, p. 627.
RoQLEBRUN, p. 394.
— (Hôpital de), p. 696.
RoQtlECOURBE, p. 1408.
— (Seigneurie de), p. 957.
ROQUEDUB, p. 425.
ROQUEFEUIL, marquisat, p. "23.
ROQUEFEUIL (Pierre), baron de la Roquette,
p. 863.
ROQUEFEUIL, p. 870.
RoQUEFiXADE, chàtellenie, p. 471.
Roquefort, ruines, p. 1403.
ROQtJErORTOlS, p. 416.
ROQUELAURE (Chevalier de), p. 241; le Parle-
ment le condamne à mort par contumace; est
arrêté à Paris & mis à la Bastille; son évasion,
p. 242.
ROQUELAURE (Comte de), pp. 83, 1232.
ROQUELAURE (Duc de), pp. 43, 46, 47, 48, 49,
5o, 52, 54, 55, 56, 57, 58, 869, 879- 883, 904,
905, 906, 918, 966, 975; commandant en Lan-
guedoc; se rend en Vivarais pour réprimer les
troubles, p. 879; ses dispositions pour arrêter
les Anglais, pp. 884, 885; rentre à Montpel-
lier, p. 886 ; assiste aux honneurs funèbres
rendus au dauphin, p. SgS; donne des instruc-
tions détaillées au sujet de la peste, p. 947; pré-
cautions prises par lui pour éviter l'envahisse-
ment de la Province par la peste, p. 949; se
rend à Beaucaire en 1721 & y interdit la foire
à cause du danger de peste, p. 960; fait une
tournée dans les Cévennes en 1722, pp. 967,
9^8.
ROQUELAURE (Maréchal de), p. 1 160.
ROQUELAURE (Marquis de), p. 58; achète la
baronnie d'Apcher, p. 53.
ROQUEMACRE, pp. 5l, 57, 79, 332, 70 1 , 1406;
élections consulaires, p. 7.
— (Bac de), p. 784.
RoQUENÉCADE, domaine près de Montlaur, p. 74.
Roques, pp. 3 10, 342.
RoQLEs, village, p. 476.
Roques, village près de Toulouse, p. 1401.
Roques d'Aubais, p. 39.
ROQUES (Le P.), jésuite, compose pour les capi-
touls des inscriptions & devises pour les fêtes
célébrées à la naissance du duc de Bourgogne,
pp. 525, 58o.
ROQUES (Antoine), boulanger, p. 662.
ROQUES aîné, de Limoux, p. i2o3.
ROQUES (J. -P.), de Limoux, p. 1207.
ROQUETTE (de), p. 190.
ROQUETTE (Jean de), avocat, seigneur d'Amades,
capitoul, p. 417.
ROQUETTE (Baron de la), p. 863.
ROQUETTE (de), p. i353.
ROSBACH, p. I i56.
ROSEL (de), consul de Montpellier, p. 287.
ROSEL DE BEAUMONT, juge des Français en
Brandebourg, p. 564.
ROSENBACH, élève hébraïsant, p. i32.
Roses, pp. 25 1, 938; prise par le maréchal de
NoaiUes, p. 3i .
— (Reddition de), p. 3.
— (Siège de), p. 240.
ROSIÈRE (M"'" de), fille de l'intendant Le Nain,
p. I 106.
Rosières, en Vivarais, p. 1202.
ROSSEL. Voir AIGALIERS (d').
ROSSEL, ministre protestant, p. 16.
RossET, p. 980.
ROSSET, conseiller à la cour des comptes, aides &
finances, p. 1 097.
ROSSIGNOL (de), p. 619.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i6o3
ROSTAING (de), p. 1409.
ROTHE (de), p. 966.
Rotterdam, pp. 711, 1080.
Roture, p. 104.
— des fonds de terre, p. 76
— (Procès de) ne sont pas sujets à péremption,
p. 97.
RouAiRoux, baronnie, pp. 26, 71; prend le nom
de baronnie de Caylus, p. 85.
ROUAIROUX (Baron de), p. 990.
ROUAIROUX (Marquis de), neveu du cardinal de
Bonzi, p. 719.
RocAix (Place), à Toulouse, p. 3 18.
Rouarjs, vieilles bêtes de labour, p. 125^.
ROUCH, consul de Limoux, p. 1207.
ROUCHON, avocat de Largentière, p. 1197.
ROUDIL, sieur de Berriac (François-Antoine),
maire perpétuel de drcassonne , pp. 98, 95,
106. Fo;> de BERRIAC.
RoL'DOL-ME, au diocèse d'Alet, p. 1008.
Rouen, pp. 54, 60, 70, 716, 995, i023, 1419; épi-
démie de 1694, p. 721.
— (Archevêque de), pp. 721, 862; s'élève contre la
mise à prix de la tête de Mazarin, p. 335.
RofERGiE, pp. 167, 176, 260, 469, 471, 599, 644,
703, 704, 744, 790, 801, 848, 963, 966, 96c,
1028, 1129, ii3o, 1194, 1219, 1238, 1255,
i38i, iSçS, 1407, 1408.
Rocet, p. 60.
Rouge de Brésil, p. 60.
ROUGIERI, marchand de Toulouse, p. 445.
ROUGNAC (ARBAUD de), consul de Beaucaire;
sa correspondance avec le comte de Belle-Isle,
p. 934.
ROUILLÉ DU COUDRAY, directeur des finances,
p. 843.
Rouis, lieu, p. 1219.
RorjA.x, p. 1401 .
— (Hôpital de), p. 696.
ROULLAN, chanoine, à Toulouse, p. i356.
ROULLAND, cellérier du chapitre de Saint-
Etienne, p. i356.
RocLENS, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
ROUME DE SEGREVILLE, p. |352.
ROUME (Chevalier de), p. i352.
RouMEGOix, en Albigeois, p. 261.
RouMENGOux, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
ROUMENGOUX, consul de Limoux, p. 1207.
RocRE, baronnie en Gévaudan, pp. 32, 33, 89
ROURE (Maison du), p. 652.
ROURE (Scipion de GRIMOARD DE BEAUVOIR,
comte du), pp. 5, 6, 10, 14, 20, 21, 24, 25, 33,
35, 56, 104, 285, 287, 291, 292, 293, 328, 339,
746, 778, 799, io36, 1198; siège aux Etats en
1649; promu chevalier du Saint-Esprit, p. 4o5;
principal commissaire aux Etats de 1664; féli-
cite Colbert du zèle que déploie l'archevêque de
Toulouse, p. 43i; sa lettre à Colbert relative-
ment à la clôture de cette session, p. 487; entre
aux Etats durant la séance pour s'interposer
entre trois prélats, p. 437 j étouffe l'insurrection
de Vivarais, p. 496; homme doux & lettré; sa
modération vis-à-vis des protestants, p. 532; ses
tentatives de conciliation officieuse avec les Cé-
venols vues de mauvais œil, p. 832.
ROURE (Marquis du), pp. 47, 63, io36.
ROURE (Jacques), p. 22; chef de l'insurrection
contre les agents des gabelles en Vivarais; est
pris & a les membres rompus, p. 496.
ROURE D'ELZE (du), p. io36.
RousSAN, p. 863.
ROUSSEAU DE LA PARISIÈRE (Jean-,César), évê-
que de Nimes, pp. 991, looo; assiste comme
délégué de la province de Narbonne à l'assem-
blée générale du clergé de France de i73o,
p. 1019; son sermon à l'ouverture des séances
de l'assemblée du clergé de i73o, pp. 1021, 1022 ;
dans son allocution au roi Louis XV, comme
orateur de l'assemblée du clergé de France, se
plaint amèrement du mouvement de l'opinion,
du progrès de l'esprit d'examen, pp. io25, 1026.
ROUSSEL (Alexandre), ministre protestant, p. 63.
Roussel, lieu au delà de Bordeaux, p. 1218.
RoussïS (Mandement des), brillé, p. 8o5.
RoussiLLON, pp. 49, 54, 108, 122, i83, 261, 276,
345, 373, 399, 400, 52 1, 663, 699, 7o3, 728,
729, 796, 873, 882, 937, 938, 985, 1178, 1241,
1400, 1428; menacé par les Espagnols, p. 5io;
ne peut suffire à sa défense, p. 5io; ses places
fortes sont visitées par Louvois & Vauban,
p. 5i6.
— (Minimes de), p. 1 198.
ROUSSILLON (Célestins de), p. 1198.
ROUSSILLOU, négociant à Toulouse, p. i363.
ROUSSON (Baron de), p. io36.
Route d'Alais à Mende passant à Pont-de-Mont-
vert, p. 738.
— d'Alais à Nîmes, p. 834.
— d'Alais au Puy & en Auvergne, par le Gévau-
dan, p. I 129.
— d'Auch à Toulouse, p. |235.
— d'Auteriye, p. 1235.
— d'Auvergne, pp. iSop, 1 428 ; passant par Mil-
lau & aboutissant à Saint-Flour, p. 1 i3o.
— de Lavaur à Toulouse, p. 1265.
— de Lombez à Toulouse, p. i235.
— de Lyon, p. 1 178.
— de Marvéjols, p. 1149.
— de Mende & Marvéjols à Rodez, p. 35o.
— de Montpellier à Saint-Flour, p. 1428; par
Lodève & la Pezade, p. 1129; par Marvéjols,
p. I 309.
— du Puy en Auvergne, p. 1807.
— du Puy à Lyon par le Forez, pp. 1 149, 1307.
— du Puy à Rodez, p. SSi; par Mende, pp. iSop,
1428.
— du Rhône, p. 1428.
— de Rieux à Toulouse, p. 1235.
— entre Sàint-Girons & Pamiers, p. 1178.
— de Toulouse à Albi, p. 1224.
— de Toulouse à Paris, p. 1224.
— d'Uzès à Saint-Ambroix, p. i3ii.
— des Vans à Saint-Ambroix, p. i3ii.
i6o4
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1 129 , i23o , 1 1 3o ,
Routes, p. iSâp.
— étudiées, p. iSog.
— & CHEMINS projetés, pp.
1 1 3i , Il 32.
— stratégiques dans les Cévennes, p. 601.
RocTiEJi, au diocèse de Limoux, p. ico8.
RoBVENAc, lieu, p. 412.
ROUVENAC (Baron de), député aux Etats géné-
raux, p. 1377.
RouviÈRE (la); démolition de son temple, p. 18.
ROUVILLE (Baron de). Foir BLANQUET DE ROU-
VILLE.
ROUVILLE (L'abbé de), conseiller au Parlement
de Toulouse, p. 1219.
ROUX, p. 332.
Roux (François de), p. 333.
ROUX (Pierre), pp. 3o2, 3o3.
ROUX, de Limoux, p. 1207.
ROUX (François de), président & juge-mage au
présidial de Carcassonne, p. 36 1.
ROUX (Marion de), frère du juge-mage de Carcas-
sonne, fait condamner à mort un sergent royal,
p. 337.
ROUX DE MONTBEL, syndic général de Langue-
doc, p. 571.
ROUX, ecclésiastique, blessé mortellement à Pont-
de-Montvert, p. 740.
ROUX (Antoine), médecin de Saint-Ambroix, en-
voyé aux galères pour avoir lu la Bible dans
une assemblée, p. 1074.
ROUZET, officier municipal, p. 1415.
RouziLLES, moulin sur le Fresquel, p. ii3.
Royal-Aktillerie (Régiment de), p. loio.
Royal -Champagne -Cavalerie (Régiment de),
p. 1377.
Royal-Comtois (Régiment de), p. 801.
Royal-Navarre (Régiment de), p. 1236.
Royal- Normandie- Cavalerie (Régiment de),
p. 1377.
RoYAL-RocssiLLON (Régiment de), p. 1274.
RoYAS, en Vivarais, p. 1201.
ROYE DE LA ROCHEFOUCAULT (Frédérlc-Hié-
rôme de), archevêque de Bourges, p. io23.
ROYÈRE (de), évéque de Castres, député aux Etats
généraux, p. 1 376.
RoYOL, en Vivarais, p. 1202.
ROZÉE (François), greffier des commissions extra-
ordinaires, p. 448.
ROZEL (Jacques de), gentilhomme de Nimes,
p. 992.
ROZIER (Jean), maître maçon, p. 1204.
ROZIER, président à la cour des comptes, aides &
finances, p. 1097.
RoziÈRES, paroisse, p. 1410.
ROZIÉRES, p. 1406.
Ruas, p. 8o.î.
RuDELLE, pp. 144, 172.
RUDELLE (Hugues de), p. 23 1 .
RUDELLE, prêtre du diocèse de Toulouse, p. tto6.
RUDELLE (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
RuEiL, p. 283.
RUOLZ (de), conseiller à la cour des monnaies de
Lyon, p. 965.
Ruons, en Vivarais, p. 1201.
Rlons, commune, p. i3i2.
Russie, pp. 664, i336, 1334.
Rustiques, p. 871 .
RuTHENOW, dans la Marche électorale, reçoit des
réfugiés français, p. 562.
RUVIGNY (Marquis de), p. 565.
Ryswick, château, p. 708.
— (Paix de), p. 773.
SABATHIER (Guillaume), p. 83.
Sabatier, château à gauche du Vidourle, en amont
de Quissac, p. 764.
SABATIER (Alexis), p. 46.
SABATIER, notaire à Béziers, pp. 3o2, 3o3.
SABATIER, neveu, négociant à Toulouse, p. i363.
Sablieret, en Vivarais, p. 1202.
Sablons (Plaine de), p. 94.
SABRAN (Chevalier de), p. 816.
SABRAN (Pierre), auditeur en la cour des aides de
Montpellier, p. 863.
Sadournin, lieu du diocèse d'Auch, p. 1 i56.
Safran, p. 698.
Sages-femmes, p. 124.
Saget, p. 108.
SAGËT (de), p. I 178.
SAGET (de), avocat général au Parlement de Tou-
louse, p. 947.
SAGET, directeur des travaux de la Province, à
Carcassonne, p. 1309.
SAHUQUÉ, négociant à Toulouse, capitoul,
p. 1293.
Saignes, p. 1411.
Saisie de bétail interdite, pp. 64, 76, 83, 90; dont
on donne main-levée, p. 236.
du temporel de l'évêque de Montpellier, p. 58.
— de feuilles de mûrier interdite, p. 66.
— de la manufacture de soie de Lavaur, p. 104.
de biens de toute nature par les traitants,
p. 230.
Saison, p. 48 1 .
SAISSAC (Seigneur de), pp. 112, 117.
SAISSAN (de), gentilhomme de Béziers au service
de l'Angleterre, pp. 48, 886; tente un débar-
quement en Languedoc, p. 882; s'empare de
Cette, p. 883; lettre écrite par cet officier à un
ami de Béziers, p. 884; échoue dans ses projets,
p. 886.
SAINT-ABRE (Marquis de), p. i3.
Saint-Affrique, pp. 76, 5o5, 11 29.
Saint-Agrève, pp. 167, 602, 1202.
SAINT-AIGNAN, de la maison de Gaston d'Or-
léans, p. 1 86.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
[6o5
Saint-Aignes en Montagne, p. 1202.
Saint-Alain de Lavaiir (Chapitre de); ses armoi-
ries, p. 683.
Saist-Alban, paroisse, p. 397.
Saint-Albas, pp. 100, 1407.
Saint-Alban en Montagne, p. 1202.
Saint-Alba.n, en Vivarais, p. 1201.
— (Hôpital de), pp. 33, 696.
Sai.nt-Alcan-lés-Alais, p. 1406.
Saint-Alean-socs-Sampzon, en Vivarais, p. 1202.
Saint- Alban-d'Ay, p. 1202.
SA1NT-ALVÈRE (Marquis de), p. 1408.
Saint-Amand db Valthoret, p. 1408.
Saint-Ama.vs, lieu, pp. 24, 27, io5, 472, 1408.
Saist-Amans, montagne; son défrichement or-
donné, p. 3i .
Saint-Amans, petite ville du diocèse de Castres,
p. 622.
Saint-Amans, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
— (Château de), p. 622.
Saint-Amans-V'illemagne, p. 117.
Saint-Amant de Boisse, abbaye au diocèse d'An-
goulême, p. 3 i5.
Saint-A.mbroix, pp. 63, 71, 110, 332, 426, 487,
488, 601 , 774, 807, 814, 962, 966, I 141 , 1283,
i3io, i3ii, i3i2, i32o, 1406.
Saint-Anatholy, p. 1265.
Saint-Andéol de Berdet, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Andèol de Clerguemort, pp. 332, 736;
dévasté, pp. 804, 1201, 1407.
— (Barnabites de), p. 1 196.
Saint-Andéol, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Andéol de Fol'Rchades, en Vivarais, p. 1202.
Saint-André, p. 28.
Saint-André de Cap-Cèze, p. 776.
Saint-André la Champ, en Vivarais, p. 1202.
Saint-André de Conqueirac, paroisse, p. 649.
Saint-André des Effangeas, en Vivarais, p. 1202.
Saint-André de Lancise, pp. 36, 689, 742, 74T,
107 I ; dévasté, p. 804.
Saint-André de Macencoules, paroisse, p. 649.
— prieuré, p. i 190.
Saint-André de Miallet, paroisse, p. 649.
Saint-André de Sangonis, p. 1401.
S\int-André de Sommiéres, p. 649.
Saint-André de Vabre, paroisse, p. 649.
Saint-André de Valborgne, paroisse, pp. 18, 37,
649, 789, 918, 1071, 1406; un synode y est
tenu, p. 425.
— (Château de), p. 748.
Sunt-Andbé de Vézenobre, paroisse, p. 649.
— (Bac dej, p. 778.
— (Fête de), p. 723.
SAINT-ANDRÉ (de); ses querelles, p. 4c5.
Saint-Apollinaire de Rias, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Arcons de Barges, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Auban, p. 744.
SAINT AUGUSTIN; enseignement de sa doctrine,
p. 920.
SAINT-AUNEZ (de), gouverneur de Leucate, pp. 2,
341, 345, 346; reçoit des lettres de grâce,
p. 344; reçoit Louis XIV & Anne d'Autriche à
Leucate, p. 388.
SAINT-AUNEZ (Charles de), fils de Tancien gou-
verneur de Leucate, reçoit quarante mille livres
de la Province, p. 479.
SAINT-AURAN, conseiller à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
Saint-Barthélemy, quartier de Toulouse, p. 299.
Saint-Barthélemy le Pin; son église est brûlée,
p. 814.
Saint-Barthélemy (Mont), p. 871.
Saint-Barthélemy le Mol, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Barthélemy le Plein, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Barthélemy le Pin, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Baudile de Blandas, paroisse, p. 649.
Saint-Baudile de Tornac, paroisse, p. 642.
Saint-Bacsile (Démolition du temple de), p. 16.
Saint-Bausile de Claisan, p. 109.
Saint-Balzille, en Vivarais, p. 1201.
Saint- Bazile, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Bèar, ruisseau, p. 1 18.
Saint-Béarn (Château de), p. 1403.
Saint-Béat, pp. 125, 328, 697, 1296, 1404; car-
rières de marbre, p. 697.
Saint-Bénézet (Bois de), pp. 40, 796.
Saint-BenoÎt, p. 484.
Saint-Benoît, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Saint-Benoit le Fboid, p. 92.
Saint-Bertrand de Comminges, pp. 365, 1404.
Saint-Bénigne de Dijon, abbaye, p. 446.
Saint-Blaise, p. 491.
Saint-Blaise d'Arre, paroisse, p. 649.
Saint-Bonet de Salendrenques, paroisse, p. 649.
Saint-Bonnet le Froid, pp. 93, 98, 1149, 1178.
Saint-Bonnet, prieuré, p. 649.
Saint-Bbesson, p. 425.
Saint-Brez, p. 863.
Saint-Bbis de Saint-Bresson d'Hierles, paroisse,
p. 649.
Saint-Bris de Colognac, paroisse, p. 649.
Saint-Calais, abbaye, p. 1023.
Saint-Caprais, prés de Toulouse, pp. 1223, 1224,
I 225.
Saint-Ceré, en Querci, domaine patrimonial de
Maynard, pp. 246, 247.
Saint-Cériez, p. 38.
Saint-Cézaire, p. 836.
Saint-Cé'zaire de Gauzignan, château, p. 817.
Saint-Chaffre le Monastier, abbaye, p. ii5j sa
suppression, p. 119.
Saint-Chameaux, pp. izSS, i255.
Saint-Chapte, p. 93.
Saint-Chaptes, pp. 817, 1406; sa situation, p. 8i5.
SAINT-CHAPTES (de) PIÉMARCÉ, p. 816.
SAINT-CHATTE (de), p. 767.
Saint-Chély, seigneurie, pp. 5ii, ii3i, ii32,
1149, 1132, 1194, 1376, 1407.
i6o6
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
Saint-Cmiman, pp. 63, 65, 71, yS, 88, ^^o, 894,
iSyo, 1401 ; ses fabriques; produits du sol
nourrissant à peine les habitants, p. 698,
Saint-Christol, en Vivarais, p. 1202.
Saixt-Christopiie de Vermeil, paroisse, p. 648.
Saint-Cierge, pp. 612, 614, 1201, 1202.
Saint-Cirgues de Prades, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Clair (Montagne de), p. 883, 884, 88,î.
Saint-Clair, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Clément, près de Montpellier, p. 24.
— (Fontaine de), p. 86
Saint-Clément de Metz, abbaye, p. 1020.
Saint-Clément, en Vivarais, pp. 1202, 1410.
Saint-Cloud, p. 91 I .
Saint-Côme, pp. 427, 747.
SAINT-COME (de), sieur de Boissières, colonel
d'un régiment de milice, p. 747; quitte Vauvert
en chaise roulante & est tué; détails sur cet
assassinat, p. 748.
Saint-Cosme, pp. 90, 823.
SAINT-COSME (de), p. 620.
Saint-Colat, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
Saint-Cyprien (Faubourg de), à Toulouse, p. 376.
— (M;iladrerie de), à Toulouse, p. 32.
Saint-Cvr (Maison de), p. 1 104.
Saint-Cyr, en N'ivarais, p. 1202.
Saint-Denis, abbaye, p. SpS.
Saint-Denis de Rennes, abbaye, p. 398.
Saint-Denis, pp. 910, 911, 912.
Saint-Denys, prieuré, p. 22.
Saint-Désibat, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Dezery, p. 17.
Saint-Didier en Vêlai; date de l'établissement
d'un hôpital général, p. 3i.
Saint-Didier, en Vivarais, pp. 1201, 1202, 1204,
i2o5, 1406.
Saint-Domingue, p. 1162.
S. EDMOND, roi d'Angleterre; ses reliques à Tou-
louse, p. 198.
Saint-Esprit (Ordre du), à Montpellier, pp. 23,
34.
Saint-Esprit de Montpellier, hospice, p. 45.
Saint-Esprit, ville, pp. 22, 54,73, 85, 1^7, 113,
ii5, i56, 264, 332, 339, 1283, 1376; répara-
tions au pont & aux chaussées, p. 75. f^oir
Pont-Saint-Esprit.
— (Citadelle de), pp. 47, 966.
— (Consuls de), p. 73.
Saint-Esprit (Ordre du), p. i334; réception de
nouveaux chevaliers à Pézénas, en 1662, p. 405.
Saint-Esprit (Rue), à Bordeaux, pp. 722, 724.
725.
Saint-Esteffe, commune du diocèse de Mirepoix,
P- 871.
Saint-Estêphe Bersia, au diocèse de Mirepoix,
p. 1009.
Saint-Etienne de Boulongue, en Vivarais, p. 1 201 .
Saint-Etienne, lieu, p. 28.
Saint-Etienne de Divres, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Etienne d'Anduze, paroisse, p. 649.
Saint-Etienne DE FoNTBELLON,en^'ivarais, p. 1 201 .
Saint-Étienne de Golrgas, p. 863.
Saint-Etienne de Lucdarès, en Vivarais, pp. 48S.
1202.
Saint-Etienne de Montolieu, paroisse, p. 649.
Saint-Etienne du Mont, église de Paris, p. 720.
Saint-Etienne do Serre, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Etienne de Valfrancesque, pp. 41, 46, 742,
756, 7'i7, 794, 799, 800, 1071, 1407; ses écarts
sont détruits, p. 806.
Saint-Etienne, p. 807.
Saint-Etienne de Valdonnés, p. 1408.
Saint-Etienne de Valoux, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Etienne du Vigan, p. 1405.
Saint-Etienne, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Etienne, en Forez, p. 1409.
Saint-Etienne, église cathédrale de Toulouse,
pp. 1 , 200, 404 ; les voûtes du choeur sont re-
construites, p. 289.
SAINT-EXUPÉRY (Françoise de), p. 260.
SAINT-FARGEAU (Comte de), p. 921.
Saint-Félicien, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Félix, lieu, pp. 29, 76, 126, 474, 710, 83 1,
1009.
— (Baronnie de), pp. 22, 27, 3o, 49, 60, 5i2.
— (Château de), p. 37.
Saint-Félix, au diocèse de Mirepoix, p. 1059.
Saint-Félix, ville, pp. 1060, 1082.
Saint-Félix, p. 1 254.
Saint-Félix de Caraman, pp. 1218, 1402, 1404;
il y est établi une succursale à l'institut des
Filles de l'Enfance, p. 577.
— (Baronnie de), p. 1285.
SAINT-FÉLIX DE CASSAGNAU (Chevalier de),
p. i352.
Saint-Félix de Palikres, paroisse, p. 649.
Saint-Félix de Rocles, paroisse, p. 649.
Saint-Félix de Salenques, paroisse, p. 294.
SAINT-FÉLIX (de), conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1219.
SAINT-FÉLIX (Marquis de), p. |353.
SAINT-FÉLIX, procureur général au Parlement,
p. 176.
SAINT-FÉLIX, chanoine à Toulouse, p. i356.
SAINT-FÉLIX, p. i335.
SAINT-FÉLIX, conseiller au Parlement, p. 1374.
Saint-Ferréol, pp. 1062, 1253, 1254.
— (B.issin de), réserve d'eau du canal de Langue-
doc, p. 457.
Saint-Florent, p. 834.
SAINT-FLORENTIN (Comte de), secrétaire d'État,
pp. 93, 974, 1083, I I 16, ii35, 1168, 1196; sa
lettre aux capitouls de Toulouse, pp. 1084,
io85; nommé membre honoraire de l'académie
des sciences de Toulouse, p. 1 102.
Saint-Floijr, pp. 123, 126, 128, 129, 1129, ii3o,
ii3i, ii32, 1162, i3o9, 1428.
Saint-Flour de Pompidou, pp. 332, 799.
Saint-Fargeau, p. i85.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1607
Saint-Forti^at, en Vivarais, pp. 43, 87-, 879,
1201,; son église est brûlée, p. 814.
SAI^T-F^!A^^olS de l* Merci (Religieux de), p. 99.
Saint-Fbézal de Ventalon, pp. 736, 799; son
église & son presbytère sont brûlés, p. 703; rlé-
yasté, p. 804 j ravages qu'y fait la peste, p. 962.
Sai.xt-Fkicholx, p. 871.
Saint-Gaudens, pp. 76, 471, 474, 5i7, 864, 1404.
— Maîtrise des eaux- 8l-forêts, p. 604.
SAINÏ-GENEST (de), p. 620.
Sai,nt-Genest-la-Champ, en Vivarais, p. 1201.
Saint-GemèS; est occupé par Cavalier, p. 39.
— (Abbaye de); ses armoiries, p. 685.
— (Hôpital de), p. 696.
Saint-Geniés u'Ahrigas, paroisse, p. 649.
Saist-Ge.niës de Bealson, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Gemés de Malgoires, pp. 427, 61'), 1406;
situation de ce petit bourg; son église est brû-
lée; ses murailles abattues, p. 822; Cavalier &
le maréchal de Villars s'y rencontrent p. 841.
SAINT-GENIÈS, bourgeois de Toulouse, p. 406.
Saist-Gemés-la-Chas, p. 614.
Saint-Georges de Levezac , p. 1408; la peste y
apparaît, p. 962.
Saint-Georges, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Georges d'Orqle, p. 1400.
Saint-Georges de Rennes, abbaye, p. 1 104.
Saint-Germain, lieu, p. 28.
— (Tour de), p. 1 1 .
Saint-Germain de Calberte, pp. 46, 177, 639,
73i, 738, 739, 742, 743, 744, 746, 784, 799,
800, 807, 918, 1407; les cent onze hameaux
répandus sur son territoire sont détruits, p. 806.
Saint-Germain en Lave, pp. 134, 332, 441, 467,
448; la cour y est réunie, p. 279; Anne d'Au-
triche y meurt le 20 janvier 1666, p. 442.
Saint-Germain des Prés, abbaye, pp. 404, 1096.
Saint-Germain du Teil, vieille construction féo-
dale en Gévaudan, pp. 3.5o, 1408.
Saint-Germain, en Vivarais, p. 1201.
SAINT-GERMAIN (Comte de), pp. 1277, i352.
Saint-Gervais & Nabassan, marquisat, p. i3.
Saint-Gep.vais, pp. 864, 1408.
SAINT-GERVAIS (de), p. 620.
Saint-Gèrï, pp. 1088, 1219.
SAINTGÉRY, conseiller au Parlement, p. 1394.
SAiNT-Gii.i.ts, pp. 7, 747. 74^' ,9°^' 97^. < ^^7 i
on y est favorable à la création du canal de
Beaucaire, p. 387.
— (Bois de), p. 766.
— (Chapitre collégial de); ses armoiries, p. 684.
— (Grand prieuré de), p. 1 i36.
— (Grand-prieur de), p. io5.
— (Prieur de), p. io5.
Saint-Gilles-les-Boucheries, p. 1406.
Saint-Gilles de Ceïrac, paroisse, p. 649.
Saint-Ginest, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Girons, pp. 97, 1178, 1 235, 1404.
— (Gruerie de), p. 474.
Saint-Gbégoibe de Mandagolt, p. 649.
Saint-Guillem du Désert, abbaye unie à l'évé-
ché de Lodève, p. 121.
— (Pont de), p. I 1 DO.
SAINT-HAON (Comte de), pp. 1285, 1286.
Saint-Hilaire, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
— (Pont de), p. 1008.
Saint-Hilaire, abbaye; ses armoiries, p. 685.
— (Hôpital de), p. 696.
Saint-Hilaibe d'Acmessas, paroisse, p. 649.
Saint-Hilaire de Bbethmas, paroisse du diocèse
d'Alais, pp. 648, 834.
Saint-Hilaire de Lavit, p. 799; dévasté, p. 804.
Saint-Hilaibe de la Prade, p. 1408.
SAINT-HILAIRE (de), p. I 352.
Saint-Hippolyte, pp. 27, 32, 37, 38, 46, 49, 56,
64, 72, 86, 96, 129, 533, 601, 709, 733, 755,
757, 709, 760, 763, 764, 774, 788, 789, 818,
827, 841, 859, 869, 966, 1279, 1370, 1406;
rétablissement des foires & marchés supprimés
depuis la guerre des camisards, p. 86; un pre-
mier attroupement des protestarts s'y forme dès
i683, p. 529; six ou sept cents insurgés y dépo-
sent les armes, p. 536; le rétablissement de
l'exercice du culte réformé y est demandé, p. 53-;
attaqué par le comte deTessé, n'est pas défendu,
p. 538; les protestants abjurent avant l'arrivée
des troupes, p. 555; on y construit un fort pour
la surveillance des Cévennes, p. 599.
— (Archiprétré de), pp. 648, 649.
— (Fort de), pp. 764, 870, 1073.
— (Seigneurs de), p. 988.
Saint-Hippolyte des Cévennes, p. 1074.
Saint-Hippolyte de Roqueforcade , paroisse,
p. 649.
Saint-Iel're, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Ieure d'Andaure, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Ilpize, p. 1406.
Saint-Jacques (Rochers de), sur la Garonne,
p. 1282.
Saint-Jacques de Bcoissen, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Jacques de Toiras, paroisse, p. 649.
SAINT-JAL (de), évéque de Castres, p. 71.
SAINT-JAL (de), évéque d'Uzès, p. io36.
Saint-James (Parc de), p. 887.
Saint-Jean, près de Toulouse, p. 1224.
Saint-Jean d'Acre, p. 38o.
Saint-Jean d'Angély, p. 627.
Saint-Jean- Baptiste, église collégiale à Mais,
pp. 646, 648, 649, 65o.
Saint-Jean-Baptiste de Baussels, paroisse, p. 649.
Saint- Jean-Baptiste de Campestre, paroisse,
p. 649.
Saint-Jean-Baptiste de Ferreibes, paroisse, p. 649.
Saint-Jean-Baptiste de Molière, paroisse, p. 649.
Saint-Jean de la Blaquièbe, pp. 19, 1401.
Saint-Jean-la-Brousse, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Jean-Centenier, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Jean de Ceyrabgues, pp. 836, 918.
Saint-Jean-Chambre, en Vivarais, pp. 879, 1201;
son église est brûlée, p. 814.
i6o8
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Saint-Jean de Chazorne, p. 1407-
Saint-Jean de Fos, p. 102.
Saint-Jean-la-Fouillol'Ze, p. 1407.
Saint-Jean du Gard, pp. 788, 807.
Saint-Jean de Gardonenque , paroisse, pp 617,
649, 7f)6, 797, 83 1, 968, 1406; les protestants
abjurent avant l'arrivée des troupes, p. 555.
Saint-Jean en Grève, à Paris, p. 1104.
Saint-Jean de Jébcsalem (Ordre de), p. 114.
Saint-Jean de Luz, pp. 373, 378, 38;, 1241 ; le
mariage de Louis XIV y est célébré, p. 390; le
roi & Mazarin y séjoDrnent durant la délimi-
tation des frontières, p. 400.
— (Conférences de), p. 495.
Saint-Jean de Marvéjols, p. 986; un temple
protestant y est édifié, p. 424; son église est
incendiée, p. 775.
— (Carrière de pierre à), p. 986.
Saint-Jean de Pin, paroisse, p. 648.
Saint-Jean de Pourcharesse, enVivarais, p. 1202.
Saint-Jean de Roques; démolition de son temple,
p. 18.
Saint-Jean-Roure, en Vivarais, p. 12-2.
Saint-Jean de Trignan, en Vivarais, p. 1201.
SAINT-JEAN, secrétaire d'État, pp. 887, 918
Saint-Jory, au diocèse de Toulouse, pp. 193, 3(56,
1004, 1008, 1262, 1282.
SAiNT-JoSEni , domaine appartenant à M""" de
Montespan, p. 718.
Saint-Juéry, pp. 639, 1408.
Saint-Julia, p. 1402.
Saint-Julien, pp. 764, 879, 986, ii5o.
Saint-Julien d'Arpaon, p. 8o3i dévasté, p. 806;
son église & son presbytère sont brûlés, p. 753.
Saint-Julien-Boutiéres, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Julien de Ciiapteuil, p. 1416.
Saint-Julien de la Nef, pp. 425, 649. ; démoli-
tion de son temple, p. 18.
Saint-Julien-i,e-Roux, en Vivarais, p. 120IJ son
église est brûlée, p. 814.
Saint-Julien du Serre, en Vivarais^ p. 1201.
Saint-Julien ou Saint-Alban, en Vivarais, p. 1201 .
Saint-Julien de Gua, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Julien en Vqcance, p. 1202.
Saint-Julien en Goyés, p. 1202.
SAINT-JULIEN (Sieur de), assassiné, p. 855.
SAINT-JULIEN, émissaire des puissances étran-
gères; est pris sur le lac de Genève, conduit à
Montpellier & condamné au dernier supplice,
p. 887.
Saint-Just, lieu, p. 1004.
Saint-Just, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Saint-Just, paroisse, p. i3oi.
Saint-Just, en Vêlai, p. 1405.
Saint-Just d'Ardéche, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Just & Saint-Pasteur de Nariionne (Cha-
pitre de); ses armoiries, p. 683.
Saint-Lager, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Laurens, pp. 128, 614; on y est favorable
à la création du canal de Beaucaire, p. 387.
Saint-Laurens des Bains, enVivarais, p. 1202.
Saint-Laubent, en Vivarais, p. 68.
Saint-Laurent d'Aicouse, pp. 37, 117.
Saint-Laurent, p. 1406.
Saint-Laurent de Marvéjols, paroisse, p. 649.
Saint-Laurent-Lussan, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Laurent-le-Minier, paroisse, p. 649.
Saint-Laurent de Trêves, pp. 754, 799; son
église & son presbytère sont brûlés, p. 753.
— (Marais de), p. io3.
SAINT- LAURENT, conseiller au Parlement de
Toulouse, mainteneur des Jeux-Floraux, p. 661 ■
Saint-Lazare (Ordre de), pp. 695, 1334.
— (Ordre de), a Montpellier, p. 23.
Saint-Léger, p. 702.
Saint-Léger, bourg en Gévaudan, p. 965.
Saint-Léon (Consuls de), p. iii3.
SAINT- LÉONARD (de), p. i352.
Saint-Lieux, domaine, p. 12.
Saint-Lizier, p. 697.
SAINT LOUIS, roi de France, pp. 272, 3ii, 367,
469, 504, 693, 936, 1017.
SAINT-LOUIS (de), p. 414.
Saint-Louis du Puy, p. 48.
Saint-Loup, p. 1252.
Saint-Lys, p. 1404.
Saint-Macaire, ville, p. 723.
Saint-Maixent, pp. 554, 627.
Saint-Malo, p. 716.
Saint-Mamet, pp. 37, 1406.
SAINT-MARC (de), président, cité par Maynard,
p. 246.
Saint-Maroel, pp. 98, 100, 1178
Saint-Marcel, dans la vallée du Girou, p. 1245.
Saint-Marcel, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Marcel de Crussol, enVivarais, p. 1202.
Saint-Marcel de Fontfouillousse , paroisse,
p. 649; ses armoiries, p. 6S7.
Saint-Map.tial, paroisse, p. 649.
Saint-Martial, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Martin, au diocèse de Limoux, p. 1008,
Saint-Martin d'Aguzan, paroisse, p. 649.
Saint-Martin d'Alzon, paroisse, p. 649.
Saint-Martin-lès-Annonay, p. 1202.
Saint-Martin d'Arènes, paroisse, p. 648.
Saint-Martin d'Aulas, paroisse, p. 649.
Saint-Martin de Bez, paroisse, p. 649.
Saint-Martin de Bobaux, prieuré, p. 753.
Saint-Martin de Bobaux, p. 799; paroisse dévas-
tée, p. 806.
Saint-Martin de Cvmpcelade, pp. 332, 426, 799;
démolition de son temple, p. 1 8 ; dévasté, p. 8o5.
Saint-Martin-la-Capelle, p. 1408.
Saint-Martin de Caux, en Vivarais, p. 870.
Saint-Martin de Cesas, paroisse, p. 649.
Saint-Martin de Corconac, paroisse, pp. 649,
107 I .
Saint-Martin Dau, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Martin de Durfort, prieuré, p. 739.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1609
Saint-Martin l'Infébieur, en V'ivarais, p. 1201.
Saint-Martin de la Lande, hôpital, p. 69a.
Saint-Martis de Londres, pp. 853, 1401.
Saint-Martin de Lansuscle, p. 1071; les écarts
de cette commune sont incendiés, p. 806.
Saint-Martin de Maires, en Vivarais, p. 1201.
Saint Martin de Manoblet, paroisse, p. 649.
Saint-Martin de Montdardier, paroisse, p. 649.
Saint-Martin de Rousson , bénéfice du chapitre
d'Alais, p. 649.
Saint-Martin de Soissenac de Vibrac, paroisse,
p. 649.
Saint-Martin le Supérieur, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Martin de Valamas, en Vivarais, p. 1202.
— (Prieuré de), p. 1 197.
Saint-Martin de Vallon, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Martin de Villereglan, p. 864.
Saint-Martin d'Urbains, paroisse érigée en con-
sulat, p. âi .
Saint-Martin de Valleraugue, paroisse, p. 649.
SAINT-MARTIN (de), p. 1409.
SAINT- MARTIN, décapité pour infraction aux
ordonnance» contre le duel, p. 193.
Saint-Martin, p. 723.
Saint-Martoby, pp. 97, 14^4.
Saint-Maurice de Ventalon, pp. 41, 614, 73.9,
741; dévasté, p. 804; son église est brûlée,
p. 814.
Saint-Maurice (Causse de), p. 1072.
Saint-Maurice, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Maurice de Ca/.e-Vieille, p. 140^.
Saint-Maurice d'Ibie, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Maurice Terlin, en Vivarais, p. 1201.
SAINT-MAURICE, fils de Bernage, devient inten-
dant de Languedoc, p. 59.
SAINT-MAURICE (de\ p. 619.
SAINT-MAURICE (Marquis de), député aux Etats
généraux, p. 1377.
Saint-Médard de Fenouillet, prieuré, p. 11 5.
Saint-Melany, en Vivarais, p. 1252.
Saint-Michel, commune, p. 1009.
Saint-Michel, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Saint-Michel i>e Bouloxgne, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Michel de la Cadière, paroisse, p. 649.
Saint-Michel de Chabrillanoux , en Vivarais,
p. I 20 1 .
Saint-Michel de Corbes, paroisse, p. 649.
Saint-Michel de Déze, dévasté, p. 806.
Saint-Michel-Ferrert, p. 462.
Saint-Michel le Range, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Michel de Vax, pp. 126, 128.
Saint-Michel, église, à Toulouse, pp. 3i6, 332.
Saint-Michel, prieuré, p. 760.
Saint-Michel (Maladrerie de), à Toulouse, p. 32.
Saint-Michel, abbaye, a Toulouse, p. I223.
Saint-Montan (Maladrerie de), p. 696.
Saint-Montan, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Naufary, pp. 18, 957, 9.58.
Saint-Nazaire de la Roque, paroisse érigée en
consulat, pp. 61, 394.
— (Hôpital de), p. 696.
Saint-Nicolas de la Grave, pp. 124-, 1243, 1402,
1404.
Saint-Nicolas, paroisse à Toulouse, p. 3i8.
Saint-Nicolas (Pont), p. 1067.
Saint-Orens, p. 532.
Saint-Orens, lieu, p. 1219.
— (Chanoines de); leur suppression, p. 108.
SAINT-PALAIS (de), p. 332.
Saint-Papoul, pp. 23, 69, 459, 498, 578, 639,
692, 890, 931, 989, 1149, 1219, 12,54, 1402,
1418.
— (Chapitre de); ses armoiries, p. 684.
— (Diocèse de), pp. 72, 75, 79, 91, 91, 94, 107,
114, 126, 16.5, 619, 895, 1034, 1061, 11491
1262, i33i, 1403, 1404.
— (Evêque de), pp. 25, 6ç, 889,
— (Prévôt de), p. i383.
Saint-Pargoire, p. 1401.
Saint-Paul, pp. ii5o, 1402.
Saint-Paul, collégiale d'Alet, p. 504.
— (Chapitre de), p. 5o5.
Saint-Paul, seigneurie, p. 744.
Saint-Paul d'Auterive, prieuré, p. i23.
Saint-Paul de la Coste, paroisse, p. 648.
Saint-Paul de Fenouillédes, pp. 412, 413, 504.
Saint-Paul-le- Froid, bénéfice du chapitre d'Alais,
p. 649.
Saint-Paul de Lacoste, pp. 760, 981 ; son église
& son presbytère sont brûlés, p. 753.
Saint-Paul de Massugkiès, p. 1408.
Saint-Paul de Montégut, seigneurie, p. 1082.
Saint-Paul de Narbonne (Chapitre de); ses ar-
moiries, p. 684.
Saint-Paul de Tartas, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Paulet, commune, pp. 118, 620, 1205.
— (Curé de), p. i383.
— (Pont de), p. 1428.
Saint-Paulien, p. 1406.
Saint-Péray, en Vivarais, pp. 1195, 1202, 1411.
Saint-Pierre, commanderie, p, 3o6.
Saint-Pierre d'Aigues-mortes ; de collégiale, de-
vient paroisse, p, 65o.
Saint-Pierre d'Apullo, domaine, p. 89.
Saint-Pierre d'Arlemps, prieuré en Vivarais, sup-
primé, p. 114.
Saint-Pierre de Baryon, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Pierre de Erige, prieuré, p. 646.
Saint-Pierre de Cambon, annexe de paroisse,
p. 649.
Saint-Pierre de Civignac de Tornac, paroisse,
p. 649.
Saint-Pierre du Colombier, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Pierre de la Cour, p. 592.
Saint-Pierre des Cuisines, à Toulouse, p. 3 18.
Saint-Pierre d'Estripibrs, p. 1408.
Saint-Pierre de Macabeuf, en Vivarais, p. 870.
i6io
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Saint-Pierp.e de Machabées, en Vivarais, p. I 202.
Saint-Pierbe de Meyrueis, prieuré, p. 21.
Saint-Pierbe de Montpellier, église, p. 2.
— (Chapitre de); ses armoiries, p. 684.
— (Eglise de), p. io56.
Saint-Pierre de Novilles ou de Roqledlr, pa-
roisse, p. 649.
Saint-Pierre Pescador, p. 356.
Saint-Pierre de Psalmodi, abbaye, p. 647; sup-
pression de son chapitre, p. 643.
Saint- Pierre de Ressen, paroisse, p. 649.
Saint-Pierre de la Roche, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Pierre de Romejan, prieuré au diocèse de
Béziers, p. 258.
Saint-Pierre de Roques, p. 842.
Saint-Pierre de la Salle, paroisse, p. 649.
Saint-Pierre de Sadve, paroisse, p. 649.
Saint-Pierre de Soustelle, paroisse, p. 648.
Saint-Pierre de Tbévizy, p. 1408.
Saint-Pierre du Vigan, paroisse, p. 649.
Saint-Pierre-Ville, en Vivarais, pp. 879, 1201.
SAINT-PIERRE (Marquis de), aide de camp de
Villars, envoyé à la Cour pour rendre compte
de la soumission de Cavalier, pp. 835, 837.
SAINT-POINT (Marquis de), baron de Sénaret,
pp. 25, 29, 76.
SAINT-POL (de), avocat, p. 190.
Saint-Pol de Ciialencon, pp. 1405, 1406.
Saint-Polycarpe, abbaye, réunie au séminaire de
Narbonne, p. 1 10.
Saint-Polycarpe, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Saint-Pons de Thomiébes, pp. 24, 62, 98, 99,
100, 122, 124, 127, i56, 33o, 365, 459, 473,
622, 890, 894, 988, 990, 1004, 1034, 1178,
1378, 1390, 1400, 1401, 1418, 1428; sa popu-
lation, p. 692; ses fabriques; produits du sol
nourrissant à peine les habitants, p. 698.
— (Chapitre de), pp. 82, 112; ses armoiries,
p. 684.
— (Chirurgiens de), p. 22.
— (Diocèse de), pp. 42, 88, 97, 102, io5, 106,
114, 123, 126, i56, 162, 472, 619, 664, 894,
989, 1081, 1088, ir56, 1246, 1287, 1400; re-
çoit des secours à la suite des désastres de 1707,
p. 871; ravagé par la grêle en 1727, p. ioo3.
— ■ (Evêque de), pp. 23, 69, 275, 5o8, 85o, 865,
866, S8o, 881, 1067, 1070, 1123; particulari-
tés intéressantes d'une lettre au sujet d'un pro-
cès entre le chapitre & la commune, p. loS^.
Saint-Pons, en Vivarais, p. 1201.
Saint-PorQuieb, p. 1404; on y cultive le tabac,
p. 697.
Saint-Porquier , au diocèse Bas-Montauban ,
p. 1008.
Saint-Peiest, en Vivarais, p. 1201.
— prieuré, p. 27,
SAINT-PRIEST (Jean-Emmanuel de GUIGNARD,
vicomte de), intendant de Languedoc, pp. 1 104,
1121, 1127, ii35, ii37, 1145, 1148, 1249,
1272, 1403 ; hésite, à cause de la modicité de
sa fortune, à se charger de l'intendance de Lan-
guedoc, p. I 106; instructions qui lui sont don-
nées en arrivant dans la Province, p. 1107;
résumé de son mémoire sur la manière de se
conduire relativement au rétablissement de l'or-
dre dans les matières de religion, pp. 1 107, 1 108,
I I 09, 1110, I 1 1 1 , I 1 I 2 ; ses lettres au sujet de
l'arrestation du ministre Bénazet, de sa con-
damnation & de sa mort, pp. 1116, 1 1 1 7 ; est
favorable au rappel des Etats de Languedoc; ses
préoccupations au sujet de la présidence des
Etats; ses plaintes contre l'évêque de Castres,
p. 1117; assiste aux conférences des évéques
tendant à régulariser les mariages & les baptêmes
des nouveaux catholiques, p. 1120; sa corres-
pondance relative aux protestants, p. ii36; ses
préoccupations au sujet des élections munici-
pales, p. I i33 ; obtient une dispense d'âge pour
que son fils sou pourvu d'une charge dans une
cour supérieure; gratification qui lui est accor-
dée sur le trésor; ses lettres sur ces divers sujets,
pp. I 1 33, Il 39; extrait de son mémoire au mi-
nistre au sujet des protestants, pp. 1 142, i I43;
autorise par ordonnance l'établissement d'une
fabrique de soie à Lavaur, p. 1 144; ses mémoires
relatifs aux violences & aux brigandages com-
mis en Gévaudan, pp. ii5i, ii52, 1 1 53 ; ses
notes au contrôleur général sur la misère dans
la Province en 1759; approuve les projets de
continuation des travaux de dessèchement de
l'étang de Marseillette, p. 1 16?; circulaire à ses
subdélégués au sujet de la déclaration du 1 1 fé-
vrier 1764; se fait adjoindre son fils comme
intendant, p. 1191; son arrivée à Toulouse,
p. I2i5; fait remettre aux membres du Parle-
ment un ordre du roi, p. 1216; assiste à la der-
nière séance du Parlement ; fait l'éloge du comte
de Périgord, p. 1217; fait une étude approfon-
die du mémoire de l'abbé Chambon, pp. 1227,
1228; mesures qu'il a prises pour essayer d'ar-
rêter les progrès de l'épizootie, p. 1234; son
ordonnance condamnant à l'amende des indi-
vidus ayant contrevenu aux instructions con-
cernant l'épizooiie, p. 1257; dans son discours
à l'occasion du rétablissement du Parlement, il
fait l'éloge de Louis XVI; modération de son
langage au sujet des réformes judiciaires, p. I 271 ;
se transporte à Toulouse pour y inaugurer la
réforme municipale de 1778, p. 1293; reçoit
Monsieur, comte de Provence, p. i3i4; extraits
de sa correspondance au sujet des réclamations
du Parlement contre l'organisation capitulaire
de Toulouse, pp. i3i8, i3i9j malgré sa grande
modération vis-a-vis des parlementaires, il est
pris à partie par eux, p. i33o; sa mort; coup
d'oeil sur son administration, p. i332.
SAINT-PRIEST (Marie-Joseph-Emmanuel de Gl'I-
GNARD de), adjoint à son père à l'intendance
de Languedoc, p. 1 191 ; assiste après la mort de
son père à l'ouverture de la session des Etats de
1786 & quitte la Province, p. i333.
SAINT-PRIEST (Charles-Antoine-Fulcrand-Emma-
nuel- Languedoc de), filleul de la Province,
second fils de l'intendant, pp. 1 148, i332.
SAINT-PRIEST, secrétaire d'État; signifie à la
municipalité de Toulouse le décret rendu contre
les membres de la chambre des vacations du
Parlement de Toulouse, p. 1422.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i6i I
SAINT-PRIEST (Vicomtesse de), p. i 148.
SAINT-PRIVAS (Sieur de), p. 264.
Saint-Privas, en ^'ivarais, pp. 1201, 1406; son
église & son presbytère sont brûlés, p. -53.
SiiNT-PRiVAT; contestation au sujet de son terri-
toire; appartient-il au Languedoc où à l'Au-
Tergne? p. 85i .
SiTNT-PBlVAT DU Fau, p. I 1 95.
Saint-Privat de Vallongce, dévasté, p. 804.
Saint-Quentin, fabrique de poterie de terre,
p. 41.
Saivt-Questin, p. 1405.
— (Hôpital de), p. 696.
SAINT-QUENTIN, pp. 188, $78.
Saint-Qcibc, p. 873.
Saint-Rambebt en Forez, prieuré, p. 1020.
Saint-Remèze, baronnie, pp. 5o, 65,66, 92, io3,
1201 .
Saint-Remêze, terre en Vivarais, p. 1026.
Saixt-Remy, p. 1376.
SAINT-RHUE (Marquis de), regardait l'expédition
contre les protestants comme une partie de
chasse devant le délasser des ennuis de la paix,
pp. 534, 535, 536, 537.
SAINT ROCH ; dévotions à ce saint durant la
peste de 1 721 , p. 96 1 .
SiiNT-RoMAiN DE l'Air, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Romain d'Ay, p. 1202.
Saint-Romain de Caudiéres, paroisse, p. 649.
Saint-Romain le Désert, p. 1202.
Saint-Romain de Valfrancis^ue, p. 427.
SAINT-ROMAIN (Jeanne de), religieuse de Clavas,
p. 1204.
Saint-Roman, lieu, pp. 28, 91, 118, 737, 800,
1070.
Saint-Roman de Bossue, p. 332.
Saint-Romans de Codiëres, p. 764.
Saint-Rome, pp. 90, 1070.
— (Forêt de), pp. 79, 82, 1070.
— (Moulin de), p. 72.
SAINT-ROME fde), maire de Mende, p. 1 126.
S*iNT-RuF, au diocèse de Nimes, pp. ici, 116.
Saint-Salvi d'Albi, église collégiale, p. 121.
Saint-Satubnin de Boisset, paroisse, p. 669.
Saint-Saturnin de Bagabs, p. 649.
Sai.vt-Satubnin de Pompignan, paroisse, p. 649.
Saint-Saturnin, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Sauveur, p. 612.
— (Hôpital de)j son administration appartient
au premier consul catholique d'Uzès, p. 16.
Saint-Sauveur de Brugiéres, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Sauveur, en Gévaudan, fonderie établie près
des mines de plomb, cuivre & argent, p. 1283.
Saint-Sauveur de Chirac, prieuré, p. 22.
Saint-Sauveur de Monta igut, en Vivarais, pp. 870,
1201 ; des dragons y sont assommés, p. 612.
Saint-Sauveur des Pourcils, paroisse, pp. 425,
649.
Saint-Sauveur de Ribaute, paroisse, p. 648.
Saint-Sauveur-le-Vicomte, au diocèse de Cou-
tances, p. 3i5.
SAINT-SAUVEUR (de), p. 968.
SAINT-SAUVEUR, syndic du diocèse de Mende,
p. io33.
Saint-Sébastien, tombe aux mains des Français,
p. 939.
Saint-Sébastien d'Aigbefeuille, p. 649.
Saint-Sériés, pp. 41, 42, 44, 46.
Saint-Sebnin, lieu du Rouergue, p. 1129.
Saint-Sernin, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Sernin, abbaye s Toulouse, pp. 3, 146, 148,
170, 198, 199, 200, 3i8, 364, 66 r , 1223; fêtes
célébrées dans cette abbaye pour l'exaltation des
reliques de plusieurs saints, p. 199.
— (Abbé de), pp. 91, i356.
— (Eglise de) à Toulouse; procession faite à pro-
pos de la naissance du duc de Bourgogne,
p. 523.
— (Chapitre de) de Toulouse; ses statuts, p. 33;
ses armoiries, p. 684.
— (Chanoinesses de) de Toulouse, p. 685.
Saint-Sernin (Dragons de), p. 838.
— (Régiment de), pp. 8i5, 822.
Saint-Silvestre, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Siméon de Salafons, p. 32.
— (Hôpital de), p. 695.
Saint-Simon (Taillable de), p. 121.
SAINT-SIMON, pp. 873, 929; juge sévèrement Bâ-
ville à propos de sa conduite vis-à-vis du cardi-
nal de Bonzi, p. 707; portrait qu'il fait du
cardinal, p. 718.
Saint-Sulpice, pp. 102, 1009, 1129, ii3i, i i32.
Saint-Sulpice de Lézat, pp. 162, 1218, i253,
1404.
Saint-Sulpice de la Pointe, pp. 1218, 1402, 1408.
— (Hôpital de), pp. 33, 696.
Saint-Sulpice (Église de), à Paris, p. i36o.
SAINT-SULPICE (Marquis de), p. 363.
Saint-Sy.mpiiorien, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Thidéby, pp. 110, 1012.
— (Abbaye de); ses armoiries, p. 685.
— (Maladrerie de), p. 696.
SAINT THOMAS DE CANTORBÉRY, p. 504.
Saint-Thomas de Dubfobt, p. 649.
Saint-Thomas de Villeneuve, p. 415.
SAINT THOMAS, p. 1186.
SAINT THOMAS D'AQUIN ; l'uniTersité de Tou-
louse n'enstigne pas ses doctrines, p. 919; deux
chaires sont fondées pour combler cette lacune
dans l'enseignement, p. 910.
Saint-Thomé, en Vivarais, p. 1201.
Saint-Vallieb, en Dauphiné, p. 1195.
Saint-Venant, p. 373.
Saint-Véban d'Espabbon, paroisse, p. 649.
Saint-Victob, en Vivarais, p. 1202.
Saint-Victor des Oules, p. 41.
SAINT- VICTOR (de), p. 1371.
Saint-Vincent, p. 90.
Saint-Vincent, en Vivarais, pp. 870, 1201.
[6l:
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Saint-Vincent de Bareès, lieu, pp. 1197, 1201.
Saint-Vincent de Gros, paroisse, p. 649.
Saint-Vincent de Dubfort, p. 1201.
Saint-Vincent du Luc, au diocèse d'Oloron, ab-
baye bénédictine, p. 364.
SAINT VINCENT DE PAUL, désigne Nicolas Pa-
villon pour répiscopat, p. 406.
Saint-Volusien, abbaye, p. 264.
Saint-Ybabs, p. 1219.
Saint-Yves (Fête de), à Toulouse, en lyoS, p. 1 128.
Sainte-Anne de Montpellier (Curé de), p. yS.
Sainte-Anne, commanderie de l'ordre de Malte,
p. I i36.
Sainte-Cathekine de Mourens, p. iii5.
Sainte-Cécile (Cardinal de), p. 319.
Sainte-Chapelle, à Paris, p. 552.
Sainte-Claire, abbaye, à Alais, p. 647.
— (Couvent de), p. 974-
Sainte-Colombe, pp. 74, 472, 698, 1125, 1218,
1252, 1265.
— (Consuls de), p. 1 1 i3.
Sainte-Croix, lieu, p. 36i.
— (Vallon de), p. 757.
Sainte-Croix, commune, p. 1009.
Sainte-Croix de Cadeeles, paroisse, p. 649.
Sainte-Croix d'Ornano, p. 188.
Sainte-Croix de Valfrancesque, pp. 332, 799,
I 071 ; brûlé, p. 806.
— (Couvent de), p. 1 142.
Sainte-Enimie, p. 1408.
Sainte-Eulalie, en Gévaudan, p. 397.
Sainte-Eulalie, en Vivarais, p. 1202.
Sainte-Foi d'Aigrefeuille, p. 1245.
Sainte-Foy de Pétrolières (Prieuré de), pp. 22,
1189.
Sainte-Geneviève, abbaye, p. 720.
Sainte-Gr,\te, couvent, p. 400.
Sainte-Madeleine, paroisse à Lalande, p. 1224.
Sainte-Marguerite d'Ayroles, paroisse, p. 649.
Sainte-Marguerite la Figére, en Vivarais,
p. 1202; ses hiibitants menacent de quitter le
pays, p. 896.
Sainte-Marie des Chazes, p. 1405.
Sainte-Marie D"IssiNGEAux(Religieuses de), p. 685.
Saintes-Mabies; les consuls y prennent des pré-
cautions contre la peste, p. 430.
Sainte Radegonde, hôpital à Toulouse, p. 32.
Sainte-Reine, en Bourgogne, p. 445.
Sainte-Trinité de Fécamp, abbaye, p. 1020.
Sainte-Ursule, couvent à Alais, p. 647.
Saintonge, pp. 143, 444, 1079, 1241.
SAINTOT (de), grand -maître des cérémonies,
pp. 369, 370, 376, 379.
Saix, p. 64.
SAIX (de), fait exercer le culte réformé dans sa
maison, p. 424.
Salage des sardines, p. 49,
Salaison, p. 1263.
Salaisons faites avec les animaux sains abattus
durant l'épizootie, pp. 1269, 1260.
SALAMAN, habitant de Coursan, p. 894.
Salas (Baronnie de), p. io55.
SALASC, substitut du procureur général prés le
Parlement Maupeou, p. 1214; fait partie de la
commission d'enquête de 1783, pp. |32I, |325.
Salât, rivière, pp. i33i, 1403.
Salavas, en Vivarais, pp. 28, 778, 1201.
SALAVERT (Alexandre), procureur en la cour,
capitoul, pp. 4, 243, 244; condamné à mort,
exécuté en effigie, p. 245.
SALBA (Michel), délégué espagnol pour la déli-
mitation de la frontière, p. 399.
Salces, sur la frontière du Roussillon, p. 212.
SaldineS; un gisement houiller y est reconnu,
p. 1282.
Salé, sur la côte du Maroc, pp. 699, 704.
Salenques ; translation de ce monastère à Tou-
louse, p. 25.
— (Abbaye des), supprimée, p. 97.
Saleurs de Cette, p. 5o.
— de Nimes, p. 41-
SALGAS (Baron de), p. 37; son arrestation, sa
condamnation aux galères, pp. 38, 797; sort des
galères, p. 52.
Salicor, plante marine, p. 699.
Saliéges (Massifs de), p. 8o5.
Salies, châtellenie, p. 474.
Salin (Place du), à Toulouse, pp. 3o6, 35o.
Salindres (Carrière de pierre de), p. 986.
— (Pont de), p. 794.
SALINE (de), p. 190.
Salinelle, p. 427.
— (Démolition du temple de), p. 19.
— (Prieuré de), p. 649.
SALINIER, conseiller au Parlement, p. 341.
Salins, destinés à l'exportation, établis entre la
Méditerranée & l'étang de Thau, p. 117.
— de Languedoc, p. 42.
— de Narbonne, p. 845.
— de Peccais, p. 384; submergés, p. 42.
Salle des Roses, à l'archevêché de Toulouse,
p. 317.
Salle (La), p. 1406; dévastée par la troupe de
Cavalier, p. 796.
Salles, commune, p. i25.
Salles, au diocèse d'Albi, p. 1008.
Salles, au diocèse deMirepoix, p. 1009.
Salles, p. 1406.
SALLES, camisard, p. 40.
Salliês, au diocèse d'Albi, p. 1008.
Salomon (Pont dej, p. i 178.
SALOMON, camisard, p. 40.
SALOMON-ISAAC, prédicant, roué vif, p. 733.
SALOMON, chef cévenol, vient à Nimes conférer
avec le maréchal de ViUars & avec l'intendant,
p. 840.
SALOMON, député à l'Assemblée nationale,
p. 1390.
Salses, pp. 261, 373, 399, 5i6, 1404.
Salsigne, lieu, p. 1081.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
i6i3
Salvagnac, pp. 656, 1408.
SALVAN, receveur à Albi, p. 3 10.
Salvetat (la), pp. 102, I 16, 863.
Salvetat d'Angles, p. 1401.
SALVY (Jean-François), p. 120.
SALZE, conseiller à la cour des comptes, aides &
finances, p. 1097.
Samatan, pp. 1244, 140Z.
^ (Châtellenie de), p. 471.
Sampson, en Vivarais, p. 48.
Sampzo.v, village dévasté par Cavalier, p. 777.
SAMUEL; un de ses mots aux Israélites sert de
thème à un sermon de l'évêque du Puy en 1649,
p. 285.
SAMUEL BERNARD, célèbre financier devenu ad-
judicataire de la terre & de la baronnie de
Rieux; ne peut entrer aux Etats, pp. 44, 873,
874.
SAMUELET , pâtre qui aurait tué le capitaine
Poul, p. 766.
Samzox, en Vivarais, p. 1201.
Saxchemarans, château en Querci, p.- 261.
Sanclièbes, p. I i3o,
SANDRICOURT (de), gouverneur de Nimes,
pp. 823, 836.
SANDRICOURT (de), brigadier, p. 885.
Sangiinenc, ruisseau, p. 97.
Sanmllac, en ^'ivarais, p. 1202.
San Pedro de Roda, monastère, p. 399.
SAPORTA, avocat au Parlement de Toulouse, ca-
pitoul, pp. 242, 245.
Saptes, pp. 55, 1370.
SAPTE (de), président à mortier au Parlement de
Toulouse, pp. i2i5, i395j son exil, p. 1218.
Sakdaig.ve, pp. 903, 927.
Sardigny, p. I 88.
Sardines, p. 49.
Sarcles de Castres, &c., p. 85.
SARRALIER, lieutenant de prévôt de la maré-
chaussée de Vivarais, p. |3| 1.
Sarras-Bevirtacd, en Vivarais, p. 1202.
SARRAT (Jean-Augustin de FRELAT de), grand-
vicatre au Puy, p. 1204.
SARRAUTE (de), p. 414.
SARRAZIN (de), p. io36.
Sabremejaxse, en Vivarais, p. 870.
SARRET (Thomas de), sieur de Gaujac, p. 863.
Sarbecave, commune, p. 1082.
Saktiie, p. Û2.
SARTRE (de), p. 334.
Satilieu, en Vivarais, pp. 870, 1202.
SATILIEU (Marquis de), député aux Etats géné-
raux, p. 1377.
Saturargies, lieu, pp. 38, 41, 42, 44, 46.
SAUBERT, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
Saccines, prieuré, p. 649.
Salgeon, baronnie, p. 1059.
SAtCt'ES, pp. 744, 1406, 1407.
Saugues (Ville de), p. i385.
Sault (Pays de), pp. 22, 63, 209, 356, 472, 870,
i385.
Saumane, pp. 710, 796, 1071.
SAUMERY, p. 188.
Saumur, p. 975.
Saune (Vallons de la), p. 1265.
SAURIN, de Nimes, devient en Hollande un pré-
dicateur éminent, p. 565.
SAURIN (les), fixés en Irlande sous Guillaume III,
p. 567.
Saussan; ses armoiries, p. 686.
SAUTEL, bourgeois de Nimes, p. 992.
Sauterelles en Languedoc, pp. 57, 972.
SAUVAGE (François), ministre, p. 14.
Sauvage, métairie noble, p. 397.
SAUVAGES (de), médecin de Montpellier, étudie,
par ordre des Etats, l'épizootie qui désole en
I 746 une partie de la Province, p. 1 08 1 ; envoyé
en 1746 en Vivarais pour étudier les effets de la
peste bovine, pp. 80, i233.
SAUVAGES (de), maire d'AIais, p. 1367.
Sauve, commune, pp. 32, 49, 121, 177, 332, 644,
764, 1406; les protestants abjurent avant l'ar-
rivée des troupes, p. 555; dans le vallon du
Vidourle; coup de main de Cavalier en cette
ville, pp. 763, 764; ses armoiries, p. 687.
— (Seigneurs de), p. 988.
Sauve, rivière; son recreusement, p. 83.
Sauveplantade, en Vivarais, p. 1201.
Sauvetep.re, baronnie, pp. 91, 36i.
— (Terres de), p. 363.
SAUVETERRE, président a mortier au Parlement
de Toulouse; son exil, p. 1218.
Sauzet; démolition de son temple, p. 19.
SAULX (de), évéque d'AIais, p. 986.
Savas, en Vivarais, p. 1202.
Save (Vallée de la), pp. 341, 470.
Saverdun, pp. 76, 873.
Savinas, en Vivarais, p. 1201.
Savon, pp. 84, 481.
— blanc & savon noir; sa fabrication, p. 698.
Savone, p. 514.
Savoie, pp. 484, 765, 903.
SAVOIE (Duc de), pp. 773, 838, 855.
Savoie-CarignAN (Régiment de), p. 1244.
SAVY (Jean), sergent royal, condamné à mort &
pendu à Carcassonne, p. 338.
Sayssac, pp. 1253, 1254.
SCHOMBERG (Henri de), maréchal de France,
gouverneur de Languedoc, pp. 181, i83; son
origine, p. 182.
SCHOMBERG (Charles de), maréchal de France,
gouverneur de Languedoc, pp. 2, 3, 5, i3i,
146, 178, 179, 191, 2i3, 228, 240, 709; après
la mort de Louis XIII, vient en octobre 1643
faire l'ouverture des Etats, p. 169; son discours
d'ouverture à cette session, p. 160; sa famille
une des quatre colonnes de la noblesse de Mis-
nie, p. i83; son enfance; ses services militaires;
ses mariages; son caractère, p. i83; les intri-
.14
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
gués du duc d'Orléans le forcent à se démettre
du gouvernement de la Province, p. 184; sa
modération dans le gouvernement, p. 191; rem-
plit dans la session des Etats de 1646 les fonc-
tions de premier commissaire du roi, p. 209;
ses discours; ses promesses, p. 210; harangue le
peuple de Montpellier & rétablit le calme,
p. 234; est atteint par une pierre; sa mansué-
tude, p. 235; organise une garde; donne des
armes aux protestants qu'on avait désarmés;
expulse les étrangers, p. 235; se rend à Nar-
bonne pour recevoir les prisonniers espagnols,
p. 237; quitte la Province, p. 201; traverse le
Languedoc pour prendre possession de sa dignité
de vice-roi de Catalogne, p. 276; son second
mariage; prise de Tortose; sa mort à Paris; lieu
de sa sépulture, p. 277.
SCHOMBERG (Comte de), commandant en Pié-
mont pour le duc de Savoie, p. 709.
SCHWERIN, ministre de Brandebourg àVersailles,
p. 56i .
SCORBIAC (Françoise), p. 924.
Scythes, p. 267.
Séance du Jeu de Paume, p. 1389.
Seautres, en Vivarais, p. 870.
Seauve (Abbaye de la); projet d'union avec l'ab-
baye de Clavas, pp. 1204, I 2o5.
SE4UX, capitoul, pp. 221, 226, 226, 228.
Sechebas, en Vivarais, pp. 870, 1202.
Sécheresse, pp. 64, 71, 72, 569.
Second vingtième, pp. io5, 127; remise de cent
mille livres à la Province sur cet impôt, p. 99;
consenti par les Etats, p. 119.
Secours aux ouvriers sans travail, p. 74.
Sécurité des chemins, p. 195.
Sedan, p. 342.
SÈDE, capitoul; coût de son chaperon dévoilé
dans un procès devant le Parlement, p. 596.
Sédition Lafaille, à Toulouse, p. 643.
— des masques armés en Vivarais, pp. i3io, i3i 1,
i3i 2, i3i3.
— de 1645, à Montpellier, pp. 7, 262.
— en Vivarais, p. 22.
SÉGALA (Pierre), majorai d'une maladrerie à
Toulouse, p. 421.
SÉGLA (de), conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
SÉGLA, chevalier, p. i352.
Sëgre, rivière, p. 239; direction de ses eaux,
p. 400.
SEGUIN DUSÉJOUR, capitoul, p. 1172.
SÉGUIER, chancelier, p. i33.
SÉGUIER DE LA VERRIÈRE (Jean-Jacques), ivê-
que de Nimes, p. 555; est chef & protecteur de
l'académie de Nimes, p. 566.
SÉGUIER, ingénieur, p. 346.
SÉGUIER (Pierre-Esprit), prophète des Cévennes,
p. 740; son rôle dans le meurtre de l'abbé du
Chayla, p. 741 ; est arrêté à la suite d'un com-
bat; son âge, son origine, sa physionomie; ses
antécédents peu honorables; sa conduite; est
brûlé vif après avoir eu le poing coupé, p. 746 ;
ne consent, au moment de son exécution, qu'à
demander grâce à Dieu, p. 747; date de son
supplice, p. 36.
SÉGUIER, p. 757.
SÉGUR (de), secrétaire d'État, p. i335.
SÉGUR, p. iSyo.
Seigle, pp. 701, 722, 1 1 13.
Seignalens, p. I 082.
SEIGNELAY (Marquis de), p. 540.
Seigneuries particulières reconstituées par le dé-
membrement des fiefs réunis aux possessions de
la Couronne, p. 675.
— reconstituées pour faire un échange avec le
comte de Belle-Isle, p. 957.
— aux terres de Languedoc, soumises à la coutume
de Paris, p. 693.
Seigneurs; leurs droits, pp. 932, 933, 934, 935.
— péagers, p. pSô.
Seilh, p. 1240.
SEISSEL (de), archevêque de Turin, p. 1354.
Seix, commune, pp. 697, 1009.
Sel, pp. 22, 45, 46, 5o, 67, 60, 109, 119, i23,
481, 5ii, 843; défense d'user de certains sels
aux habitants du haut Languedoc, p. 3i; droit
de deux sols pour livre, p. 41; réduction de son
prix dans divers lieux, p. 42 ; son prix, pp. 5o,
5i ; réduction de son prix, p. 53; le prix en
est réduit en faveur des habitants du Gévau-
dan, p. 70.
— (Droit sur le) à Narbonne, p. 78.
— prohibé, pp. 844, S45.
— de Mandirac, p. 846.
— de Narbonne, p. 384.
— de Peccais, pp. 63, 384, 845, 846, 1 i37, i384;
son débit est interdit, p. 28.
— de Peyriac, pp. 384, 698, 846.
— de Sigean, pp. 384, 846.
Sels, p. 71.
— du pays Narbonnais ; leur protection main-
tenue, p. 846.
— (Transport des), p. 1 i3o.
— de verrerie & de salpêtre, p. 844.
Semailles, p. 65.
Semalens; ses armoiries, p. 688.
Séminaire de Caraman à Toulouse, p. $79.
— de filles régentes créé par l'évêque d'Alet,
p. 407.
— Notre-Dame, près de Villefranche de Rouergue,
p. 577.
Sempiternes, étoffe, p. 42.
Senard-Paquieb, p. 77.
Sénaret, baronnie en Gévaudan, pp. 21, 20, 29,
76.
SENAUX, président au Parlement, p. 176.
SENAUX (de), président à mortier au Parlement de
de Toulouse; son exil, p. 1218.
SENAUX (Jean-Joseph-Dominique de), conseiller
au Parlement de Toulouse, doit faire partie de
l'assemblée des notables, p. i335; fait partie du
septième bureau de cette assemblée, p. i338.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i6i5
SENAUX (de), président au Parlement de Tou-
louse, p. iS^S.
Sexeaud, en Vivarais, p. 1202.
SENECEY, lieutenant- colonel du régiment de
Bourbon, p. 1256.
Sénéchal; rôle qui lui semblait destiné aux élec-
tions pour les Etats généraux en 1648, p. 280.
Sénéchas, lieu, p. 776.
Sénéchaussée créée à Annonay en 1781, p. i3o3.
— de Toulouse, pp. 6, 280.
— créée à Villeneuve-de-Berg en 1780, pp. i3oo,
i3oi ; réduite au bas Vivarais, p. i3o3.
— ducale d'Uzès, pp. i3<)9, i35o.
Sénéchaussées de Languedoc; leurs noms; nombre
de députés aux Etats généraux à élire par cha-
cune d'elles, p. 1367; leurs archives, p. (>t)6.
Sénéchaux, p. 280; reçoivent l'ordre de publier
la convocation des Etats généraux, p. 279; dé-
cadence de cette charge, p. 696; leur abaisse-
ment, p. 706.
— royaux; leur action sous saint Louis & sous
Philippe le Bel, p. 272.
SENES, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
Senez (Evécjue de), pp. 1021, 1022.
SENIL (de), visite les forêts des Pyrénées, p. 442.
Senilhac, lieu, p. 17.
Senonches, p. 108.
SENOVERT, avocat, capitoul à Toulouse, p. 1293.
Sens (Archevêque de), pp. 1021, ioi3.
Sentbes, en Vivarais, p. 1201.
Sept-Demebs (Prairie des), près de Toulouse,
pp. 474, 1222, 1223, 1224; on y parque les
pestiférés, p. 340.
— (Château des), p. 1009.
Sépulture ecclésiastique refusée, p. 122.
Sépultures interdites dans les églises par l'arche-
vêque de Toulouse, p. 112.
— interdites dans les églises & dans l'intérieur
des villes, p. 1 280.
SÉRÉ, bourgeois d'Albi; organise une manufac-
ture de toiles à la fnçon de Rouen; ses conven-
tions avec les Etats de Languedoc; résultats de
ses essais, pp. 941, 942, 943; est directeur de
cette manufacture, p. io3o,
Sébênac (Bois de), p. 122.
SERENC, concessionnaire de salins, p. 117.
SeR(;e de Rouen, fabriquée à Magdebourg par des
réfugiés languedociens, p. 564.
Serges, pp. 698, 701.
— fabriquées à Amsterdam par des réfugiés fran-
çais, p. 566.
— impériales, pp. 41, 42, 5o.
— (Fabrication de), p. 47.
Sérignac, lieu, p. 38.
SÉRIGNAN (Sieur de), p. 3o3.
SÉRiG.vAiN, lieu, p. 863.
Serizols, commune, p. 10-9.
Serizy, p. 467.
Serme.nt imposé aux jésuites par le Parlement de
Toulouse, pp. 1176, 1177.
Serment secret prêté par les officiers du Parlement
de Toulouse, p. 1 28.
— de soumission prescrit aux ministres par le
synode, p. 18.
Sermon de l'évêque du Puy aux Etats de 1649,
p. 285; incriminé à la Cour, p. 286.
SERPENT (de la), p. 414.
SERRE (Comte de la), p. i3.
SERRE (P.), copiste d'un exemplaire du mémoire
de Bâvilie, p. 602.
SERRE (du), p. 609.
SERRE (Marquis de), p. 1198.
Sebrecour, en Vivarais, p. 1202.
Serbes, hameau en Gévaudan, p. 965.
SERRES (de), p. 620.
Serres, en Vivarais, p. 1202.
SERRES D'ALTIER (de), p. io36.
SERRES (Baron de), grand-bailli honoraire du
Vivarais, p. 1 195.
Seeeenègre (Forêt de), p. 472.
Serbièees, commune du Vivarais, pp. 124, 194,
1004, 1202.
Servière, pp. I 195, 1408.
SERVIÈRE (de la), ingénieur du roi, p. 897.
SERRONI (Hyacinthe), évêque d'Orange, pp. 375,
477; reçoit Marca à Perpignan, p. 399; est
dévoué à Colbert comme il l'était à Mazarin,
p. 430; son rapport favorable sur une pancarte
contenant l'histoire abrégée du Languedoc,
p. 479.
SERRONI (Hyacinthe), évêque de Mende, pro-
nonce l'oraison funèbre de François Fouquet,
p. 509.
SERRURIER DUBOIS (de), p. i353.
SERRURIER, procureur du roi en la maîtrise des
eaux & forêts, p. 1402.
SERS (Marquis de), p. i352.
SERVAN, fondateur de la manufacture de soie au
Puy, pp. 90, 93.
Servas, p. 863.
Servebette, pp. 744, 1407.
Serveirette, p. 863.
SERVEL, jésuite, p. 1 142.
Servian, pp. 394, 1401.
Service funèbre célébré à Toulouse après la mort
de Louis XIII, p. 143; cérémonial suivi,
pp. 144, 145.
— funèbre en l'honneur du dauphin, p. 49.
— funèbre célébré à Montpellier en l'honneur de
Louis XIV, p. 52.
SERVILLE (de), ministre protestant, pp. 18, 425.
SeRVIEN, p. 322.
Servies, baronnie, p. 23.
SERVIES, avocat à la cour des aides de Montpel-
lier, p. 1 159.
SESMAISONS (René de), aumônier du roi, abbé de
Saint-Clément de Metz, pp. 1020, io23.
Seu d'Urgel, prise par le duc de Noailles, p. 3 1 .
SÈVE (de), pp. 314, 33 1.
SÈVE (de), commissaire du roi à Toulouse en i65i,
p. 3i5
[6i6
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
SÈVE (Alexandre de), sieur de Chantignouville,
commissaire extraordinaire en Languedoc,
pp. 3i5, 357.
SÉVENNE, premier consul, maire de Marvéjols,
p. i3o6.
Séville, p. 927.
SEVIN (de), commissaire du Parlement de Tou-
louse, p. 583; porteur de la procuration de
M. de Pennautierj ses pouvoirs sont continués
après la mort de celui-ci, pp. 892, 893.
SEXTI (Famille de), habitant de Moissac, p. 739.
SbyneS; démolition de son temple, p. 19.
Seyre, au diocèse de Toulouse, p. 1008.
— (Consuls de), p. i i i3.
Seyre, terre, p. i3oi.
Seysac, lieu du Gévaudan, p. 397.
SiAM, p. 657.
SœiLLE (Henri), p. 81.
SlGEAN, pp. 46, 8 I.
SiJAN, p. 846.
SiJEAN (Sel de), p. I I |3.
SiLiiAC, en Vivarais, p. 1201.
SILHOUETTE (de), contrôleur général, p. i 1 5o.
SILLERY (Marquis de), lieutenant général en
Languedoc, p. 86.
SILLY (Françoise-Marguerite de), duchesse de
Retz, mère du cardinal, p. 402.
SIMAUD, fabricant à Carcassonne, p. 82.
SIMON DE MONTFORT, pp. 33, 952.
SIMONNEAU, traitant, p. 63i.
SINSON (Charles), charpentier des bâtiments du
roi, p. 480; sa proposition pour rendre la
Loire flottable, p. 489.
SiRAN, p. 870.
SIRLET (Guillaume), garde de la bibliothèque du
Vatican, p. i33.
SiBOP de grenades, fabriqué à Montpellier, p.' 846.
Situation forestière du Languedoc en 1 725, p. 999.
Société des arts de Montpellier; vœu émis par les
Etats de Languedoc d'y annexer une sorte d'é-
cole préparatoire pour le service des ponts &
chaussées, p. i33 i .
— des sciences & arts de Toulouse. Foir Académie
des sciences, inscriptions & belles-lettres.
— des sciences de Montpellier, pp. 1028, 1029.
— générale pour le dessèchement de tous les étangs
du royaume, p. 1159.
SiECULUS FLACCUS, consulté pour la délimita-
tion des frontières en 1661, p. 399.
Soie, pp. 46, 52, 90, 92, 94, 96, 108, 701.
— fabriquée à Amsterdam, p. 566.
— cette industrie florissante à Nimes est ruinée
par les mesures prises contre les protestants,
p, 53i.
Soies, p. 1062.
— étrangères, p. 970.
— indigènes, p. 970.
Soieries fabriquées dans les États de Frédéric-Guil-
laume par des proscrits français, p. 564,
SoissONNAiS (Régiment de), pp. 801, 817, 1377.
SoiSSONS, p. 467.
SOLAS (Président de), p. 1054.
Soldats de milice levés, p. 77.
— passés par les armes à Toulouse à la suite de
scènes d'indiscipline durant le séjour du roi,
p. 378.
SOLEILHAVOLP (Noël-Étienne), écuyer, capitoul
de Toulouse, p. 63 1 .
Solidarité des habitants de Toulouse en matière
de tailles, p. 2.
SOLIER (Jean), p. 3 16.
SoLiGNAc, en Vivarais, p. 1202.
SOLME DU VILLAR (Anne de), religieuse de Cla-
vas, p. 1204.
SoLOMIAC, p. 1402.
Somme de saint Thomas, dénoncée par un membre
du Parlement de Toulouse comme contenant
une doctrine perverse & des maximes contre la
sûreté des rois, pp. 1170, 1171, 1187.
SoMMiÈRES, pp. 39, 76, 101, i83, 747, 781, 797,
822, 824, 827, 843, 977, 1077, 1141, 1142,
1279, 1406; union d'une maladrerie à son
Hôtel-Dieu, p. 34; les protestants s'y conver-
tissent à la première réquisition, p. 554; '"
armoiries, p. 687; attaquée la nuit par les ca-
misards, p. 807.
— (Pont de), dégradé par l'inondation, p. 88.
SoR, rivière, pp. 36, 89, 92, 124, 407, 463, 1253.
— (Vallon du), p. 460.
SoRBONNE, p. 406; Bertier, évêque coadjuteur de
Montauban, y prononce l'oraison funèbre de
Louis XIII, p. 178.
SoRÉZE, abbaye, pp. 85, 1252, i253, 1254, i255,
1402, 1408; ses armoiries, pp. 685, 687.
SORGUES (Baron de), p. 55.
Sou, petite rivière dans les Corbières, p. 347.
SouABE (Cercle de), p. 1 10.
SouAL, p. 1255.
SouBÉs, lieu, pp. ii3o, ii3i, ii32, 1401.
SOUBISE (Cardinal de), p. 911.
SOUBISE (Maréchal-prince de), p. i3o3.
SOUBISE (Maréchal de), p. i3i3.
SOUBISE (Prince de), pp. 91, 100, 108, 122, 1 198,
1282.
SouBiSE (Légion de), p. 1196.
SouBEiRAS, annexe de paroisse, p. 649.
SOUBEYRAN DE SAINT-PRIX, p. 1195.
SOUBRES, dame du Puy, pp. 490, 491.
SOUCHE, attaché à la commission de réformaiion
des forêts, p. 1072.
SOUCIRAC (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse; son exil, p. 1219.
SouELS, au diocèse d'Albi, p. 1008.
SouGRAGNE, paroisse, p. i3oi.
SouLAHOU, près de Sumène; on y découvre des
filons de houille en 1777, p. 1282.
SOULAIRE (Dom), bénédictin, nommé par Us
États historiographe de la Province en compa-
gnie de dom Malherbe, p. i33i.
SOULAN (Scipion), chargé de soulever les protes-
tants des Cévennes, p. 1080.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1617
SOULAS (de); reçoit chez lui, à Montpellier, le
cardinal de Vendôme, p. 479.
SOLLE, p. 23.
SOULÈRE, p. r425.
SOULERY (de); ses querelles, p. 4o5.
SoilÈVEMENT de Ravanel contre Cavalier, p. 40.
— en V'ivarais, p. 3(); en mai 1709, p. 47.
— dans les montagnes du Vivarais provoqué par
les vexations des traitants & des commissaires
exacteurs; punition des coupables, p. 496.
SocLÈVEMENTS des Cévennes; leurs causes, pp. 73o,
73 1 , 732, 733, 734, 735; assassinats qui précè-
dent le mouvement général; leur cause, p. 748.
— populaires causés par l'arrêt suspensif des édits,
rendu par le Parlement de Toulouse, p. 143.
SOULIER, chapelier de Nimes, p. 992.
S0ULIC.NAC, p. 491.
SOULLIET (Jean), p. 8-.
SoLLORGtES, p. 823.
SoiQL'ET (DrO't de),.p. 65.
SOURDIS (Marquis de), p. 22; vend ses domames
à Riquet, p. 5|3.
SOURNIA (de), p. 414.
SOURNIAC (M. de); ses exactions; s'empare d'un
prieuré, p. 412.
SOURS (Jean-Pierre de , sieur de Mandajors, juge
du comté d'Alais, p. 863.
SoiSTELLE, p. 20; son église & son presbytère sont
brûlés, p. 753.
SOUSTELLE (M"" de), p. 797.
SoLVltRES, p. 339.
SOUTERRÈNE, capitoiil, pp. 242, 245, 449.
SoYO.>, en Vivarais, pp. 27, 878, 1202.
SPONDE (Henri de), évéque de Pamiers, p. i32.
Stasiiope (Régiment de), pp. 882, 885.
Statisthjle de la population protestante; points
de la Province qui contenaient les populations
les plus denses, p. 55o.
— de la population du Languedoc dressée par
Bâville, p. 692.
Statle de la vierge servant de cible à des cavaliers,
p. 264.
— équestre de Louis XIV votée par les Etats en
reconnaissance de la révocation de l'édu de
Nantes, p. 558; à Montpellier, pp. 904, io32.
Statuts du chapitre d'Albi; leur réforme deman-
dée, p. i383.
— des Jeux-Floraux, p. 661 .
— des marchands de bois de Beaucaire confirmés,
p. 5i .
Stenay (Ville & citadelle de), p. 373.
Ste.nuai,, dans la Marche électorale, reçoit des ré-
fugiés français, p. 562.
Stérilité en Gévaudan, p. 1 1 i3.
Stettin, voit son commerce se développer grâce
aux protestants français réfugiés, p. 565.
STEVART, doyen de la métropole de Malines,
p. 1018.
STRABON, consulté en 1661 pour la délimitation
des frontières entre la France & l'Espagne,
p. 399; une interprétation inattendue de ses
œuvres conserve à la France plusieurs territoires,
p. 400.
Strasbourg, p. 1390.
Strozzi, p. 494.
Stuabds, p. 903.
SUAU (Marie-Jean-Denys), greffier-garde-sac au
Parlement de Toulouse, p. 1414.
SuBDÉLÉGEÉS de l'intendance; leur traitement au
moment de la suppression de la Province,
p. 1418.
SUBRA (de), magistrat présidial, p. 255.
Subsistance, autre nom de la taxe du quartier
d'hiver, p. |63.
SLBSlSTA^cE, impôt, p. 271.
Subvention, p. 60.
— territoriale, créée dans tout le royaume, puis
supprimée, p. 1342.
— établie à Agde pour la construction d'un pont
de bateaux, p. 69; prorogée, p. 62.
— nouvelle à Aigues-mortes, p. 72.
— d'Alais continuée pour neuf ans, p. 71 ; pro-
rogée pour neuf ans. p. 81.
— d'Albi, prorogée pour six ans, pp. 72, 79, 85.
— prorogée à Anduze pour neuf ans, p. 73.
— a BéJarrieux pour dix ans, p. 77.
— établie à Beaucaire, p. 63.
— de Béziers, prorogée pour dix ans, p. 63 ; pro-
rogée pour trois ans, p. 68; prorogée, p. 71 ;
continuée pour trois ans, p, 82; prorogée pour
six ans, p. 85.
— établie à Carcassonne, p. 56; prorogée pour
six ans, p. 67; nouvelle, établie à Carcassonne,
pp. 69, 76; continuée & doublée pour six ans,
p. 83.
— à Castres, p. 55 ; établie pour huit ans, pp. 73,
82.
— de Chalabre, prorogée, p. 60.
— de Cette, prorogée pour huit ans, pp. 64, 73,
82.
— établie à Clermont-Lodève, p. 65; prorogée
pour neuf ans, p. 66.
— établie à Frontignan, prorogée à Lunel, p. 65.
— établie à Ganges pour douze ans, p. 73.
— établie à Lavaur, p. 61 ; pour douze ans,
p. 80.
— établie à Limoux pour dix ans, p. 72.
— établie à Lodève, p. 58; pour la conduite des
eaux & le renouvellement du cadastre, p. 61 ;
établie pour six ans, p. 81.
— de- Marseillan, p. 104.
— établie à Mazamet, p. 66; continuée pour six
ans, p. 76; prorogée pour neuf ans, p. 85.
— de Mèze, prorogée pour neuf ans, pp. 82, 90.
— à Mirepoix, pour vingt ans, p. 77.
— de Montpellier, prorogée, p. 60; augmentation
prorogée pour qtatre ans, p. 64; prorogée pour
dix ans, p. 69; nouvelle de Montpellier, pro-
rogée de 1738 à 1745, p. 72; prorogée pour dix
ans, pp. 79, 89.
XIII.
i6i8
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
Subvention de Narboiine, p. 70; prorogée pour
douze ans, p. 65; prorogée pour neuf ans,
p. 77; prorogée p»^ur quatre ans, p. 80; conti-
nuée pour quatre ans, p. 84; continuée, p. 108.
— de Nîmes, prorogée, p. 60; pour neuf ans,
pp. 73, 83; prorogée pour dix ans, p. 91.
— sur la farine à Pézénas, p. 65; nouveaux droits
établis, p. 71 ; prorogée pour neuf ans, p. 8 1 .
— établie à Pont-Saint-Esprit pour douze ans,
p. 85.
— à Pradelles pour neuf ans, p. 85.
— du Puy, prorogée pour neuf ans, p. 69; pro-
rogée à nouveau pour neuf ans, p. 8 1 .
— établie à Puylaurens, p. 63; prorogée pour
dix ans, p. 70.
— établie à Réalmont pour dix ans, p. 73.
— à Revel, prorogée pour douze ans, p- 71.
— établie à Saint-Chinian, p. 65.
— de Saint-Espri t, prorogée pour douze ans,
p. 62.
— établie à Saint-Hippolyte, pour douze ans,
p. 73; prorogée pour douze ans, p. 86.
— établie à Sainte-Colombe, p. 74.
— établie à Sommières & à Pézénas, p. 64.
— à Sommières, p. 76.
— d'Uzés, prorogée pour quinze ans, p. 64; le
chapitre cathédral n'en est pas exempt, p. 70;
prorogée pour quinze ans, pp. 79, 96.
— accordée à Brueys, p. 49.
Subventions, p. 10^7; règlement sur leur établis-
sement, p. 68.
SUC DE SAINT-AFFRIQUE (du% p i338.
Succession de M. de Pennautier, pp. 891, 892.
Sucre, p. 5'!.
Sucres raffinés à Cette, p. 66.
SUDRE, avocat, défenseur des Calas, p. 1 168.
Suéde; la liberté des cultes publics y est proscrite,
p. 829.
Suifs, p. 1 27.
Suisse, pp. 484, 702, 704, 975; ses bons offices
à l'égard des proscrits français, p. 564; retient
un grand nombre d'émigrés languedociens,
p. 565.
Suisses, employés dans la guerre des Cévennes,
p. 823.
— — du régiment de Courten, pp. 47, 879.
SULLY, pp. 384, 922.
SUMÈNE (de), p. i63.
SuMÈNE, près de Ganges, pp. 17, 966, 1282, 14^6.
— (Archiprétré de), pp. 648, 649; ses armoiries,
p. 687.
Suméne, marquisat, p. 96.
SUPERVILLE (de), pasteur de Rotterdam, p. 711.
SUPLICI (de), p. i352.
Supplice de protestants, p. 54.
Supplices en effigie ordonnés par le Parlement de
Toulouse, p. 3o6.
— invraisemblables qu'auraient subis les religion-
naires, d'après un manifeste publié à l'étranger,
pp. 791, 792.
Suppression du dixième sur les biens-fonds,
p. 53, 54.
— du conseil supérieur de Nimes, p. 1 12.
— des corvées, p. 114.
— des cours souveraines, p. \"S.
— de diverses juridictions royales subalternes,
P- 84;
— d'églises collégiales, demandées pour cause d'in-
suffisance de revenu, p. |383.
— des élections municipales, p. 706.
— des jurandes & maîtrises d'à rts-&- métiers en
1776, p. 114.
— des intendants, p. 266.
— de tous les offices du Parlement, p. 108.
— des parlements & des cours de justice, le 7 sep-
tembre 1790, p. 129.
— de péages sur les ponts de Brive, sur la Loire,
& de Touillas, en Auvergne, p. 1337.
— des privilèges des propriétaires des canaux ré-
clamée, p. 1334.
— des titres de noblesse, &c., p. 129.
SuEETÉ publique menacée, à la suite des troubles
de la Fronde, p. 35i .
Surtaxes sur la capitation, pp. 93, i 16.
Surveillance exercée aux frontières pour arrêter
l'émigration des protestants, p. 563.
— des routes en Languedoc; insuffisance du per-
sonnel, p. 696.
Suspension des Etats de Languedoc; effet produit
dans la Province par cette mesure de rigueur,
pp. 1095, 1096; lettre de l'archevêque de Tou-
louse au contrôleur général, demandant leur
rétablissement, p. 1104; réponse du contrôleur
faisant l'éloge du système employé pour le re-
couvrement des impôts; manière différente de
voir de l'intendant & du contrôlevir, p. iio5.
SUZE (Comte de), p. 2 1 .
SUZE (de', évêque de Viviers ; subit l'influence de
M. du Lude durant la session de 1664-, p. 43 1 ;
refuse les fonds pour rendre les graux naviga-
bles, p. 435; est entraîné par M. du Lude au
fauteuil de la présidence; propos échangés à ce
sujet entre M. de Suze & M. de Bourlemont,
pp. 436, 437.
Suzerainetés ecclésiastiques, p. i386.
— laïques, p. |386.
Sylveréal, pp. 46, Il 36.
Syndic général de la Province insulté par un sol-
dat, p. 29 I .
— du chapitre de Béziers, p. 334.
— de Vivarais, charge perpétuelle; devient élec-
tive & annuelle, p. 61.
Syndics diocésains, pp. 5, 1 i3, 1 i5.
— généraux; leurs attributions, leur rôle dans
l'administration de la Province, p. 167.
Synode protestant (Premier), tenu en i56o, p. 790.
— tenu à Montpellier en 1644 ; lettre de Mazarin
à ce sujet, p. 192.
— tenu, au cœur des Cévennes, le 23 mai i663,
pp. 18, 425.
— sa réunion dans les environs de Nimes, p. 5i.
— des protestants de Languedoc en 1717, p. 53.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i6i
Synode protestant du bns Languedoc & des Cé-
vennes, p. 5^.
— provincial des Cévennes, p. 64.
— (Premier) tenu depuis la révocation de ledit
de Nantes, p. 918.
— en 1744. P- T9-,
— provincial des Eglises réformés, p. 95.
— national des églises réformées du l'^'au 10 juin
1763, p. 98.
— des églises réformées du bas Languedoc, p, 114.
Synodes protestants, pp. 177, i382; leur rôle
défini par l'article trente-quatre des particuliers
de redit de Nantes, p. 426; interdisent aux
femmes de prêcher, p. 977.
— des Cévennes & du bas Languedoc, p. 18.
Système judiciaire féodal; n'est plus en harmonie
avec la manière de vivre de la noblesse, p. 268.
T
Tabac; lieux où il se cultive en Languedoc,
p. 697.
— (Ferme du), p. 46.
Tabernacles ouverts par les soldats commandés
par M. de Vallon, p. 278.
Table de la Nativité de Notre-Dame de la Dau-
rade, p. 863,
— de marbre, p. 1267.
Tableau méthodique & complet des finances de la
Province, p. 1370.
Tahetas, p. 53o.
Taulable des communes & des diocèses, p. 43.
Taillade (Bois de la), p. ii3o.
TAILLASSON dej, p. |353.
Taille (Exemptions de), pour stérilité, p. 7-.
— mémoire sur ce sujet présenté à l'assemblée des
notables, p. i338.
— d'industrie à Toulouse, p. 905.
— (Bail de la), p. 53.
— (Exemption de la) attachée i la qualité du sol
en Languedoc, p. 627.
— (Levée de la), p. 47.
— (Réduction de la) à certaines communes, p. .03.
— réduite a Nîmes, p. 81.
— (Remise sur la), p. 44,
— (Soumission d'adjudicataires de la), p. ji.
Tailles, pp. 2, 5, 3o, 3i, 32, 33, 34, 3^, 39, 40,
43, 47, 48, 5o, 55, 64, 70, 74, 87, 94, 98, 180,
227, 271, 290, 293, 698, 699, 853, 854, 871,
892, 932, 1040, 1041, io5o, 1369, personnes
d'autorité refusant de les payer, p. 4; payées
par provision, p. 21; arrérages dus pour la
terre de Rieux, p. 36; en sont exemptées les
communes brûlées par ordre du roi, p. 4?; dues
pour terres roturières a payer par le chapitre
de Saint-Pons de Thomières, p. 82; perçues
avec difficulté par suite du malaise dan« la Pro-
vince, à ta mort de Louis XIII, p. 141; remises
pour cinq ans aux incendiés de Castres, p. 6dj
règlement de compétence de divers officiers du
diocèse de Narbonne, p. 67; vices dans leur
perception; tristes manipulations à leur sujet,
p. 218; les parlementaires de Toulouse refusent
de les payer, pp. 221,392; les arrérages dus
dans la ville de Toulouse réduits du tiers,
p. 440; difficulté d'obtenir leur payement de la
part des gens de main-forte, p. 478; les gens de
main-forte refusent leur payement, p. 496; di-
minutions accordées aux communes inondées
du diocèse de Lavaur, p. 729; leur affranchis-
sement vendu, p. 863.
Tailles abonnées, p. io3o.
— de Languedoc, p. 85 1.
— (Abonnement des) accordé à Toulouse, pp. 298,
327, 439.
— (Affaires de); le Parlement de Toulouse en est
dessaisi, pp. 197, 217.
— (Décharge des), pp, 40, 41, 42, 43.
— (Dégrèvement de), p. 52.
— (Levée des), p. 1 .
— (Payement des), à Toulouse, p. 604.
— (Perception des), p. 18.
— (Recouvrement des), p. 02.
Taillon, pp. 271, iSôp.
Tain, p. 1 193.
Talaron, en Vivarais, p. 12*^2.
Taleirac, annexe de paroisse, p. 649.
TALEYRAND (de), président à mortier au Parle-
ment de Toulouse; son exil, p. 1218.
Talencieux, en Vivarais, p. 1202.
TALLARD (Maréchal de), p. 860.
TALLEMAN, maître des requêtes, p. 246.
Taleyband (Terre de), p. 1218.
TALLEYRAND-Pt:RIGORD (Gabriel- Marie de),
commandant en chef en Languedoc, comte de
Périgord & de Grignols, prince de Chalais, &c.,
arrive à Toulouse, p. 1 2 16 ; assiste à la dernière
séance du Parlement, p. 1217.
Talpayrac, p. 610.
Tamaris plantés à Agde, p. 125.
Tameelet, p. 59.
Tanneries, pp. 484, 4S5.
Tanneurs de Montpellier, p. 80.
Tanus (Pont de), pp. 1 1 29, 1 1 32.
Tapisseries de peu de valeur fabriquées à Tou-
louse, p. 697.
Tababel, métairie, p. 1252.
Tarascon, pp. i5, 27, 73, 93, 479, 961, ii36,
1404; est atteinte par la peste en 1721, p. 960;
les consuls, la noblesse & la principale bour-
geoisie visitent Beaucaire après la peste de 1721 ,
p. 969.
Tarasque (Course de la), à Tarascon, p. 969.
Taraut, p. 845.
Taraux, p. 426; démolition de son temple, p. 18.
Tarées, pp. 471, 474; une maîtrise des eaux &
forêts y est établie en 1671, p. 471.
— (Diocèse de), pp. 019, i 189, 1247.
— (Sénéchùl de), p. 1213.
i6:o
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
TARDY DE BRESSY, p. 1195.
Tabif contenant la distribution des classes & le
règlement des taxes de la capitaiion générale,
pp. 668, 669, 670, 671, 672.
— des sommes à payer pour le droit d'enregistre-
ment des armoiries, p. 679.
Tarifs; leur confusion pour les droits royaux
jugée par Bâville, p. 704.
Tabn, rivière, pp. 107, 111, 126, 467, 470, 616,
648, 738, 739, 748, 798, 953, 9.66, 962, 966,
967, 1088, Ii3i, iiôo, Ii52, 1234, 1240,
1202, 1255, 1263, 1281, 1295, i335, 1402,
14^3, 1404, 1407; déborde, p. 61 ; liberté de la
batellerie sur cette rivière, p. 427; cette liberté
est entravée, p. 428.
— supérieur, p. 424.
— (Bassin du), p. 1241.
— (Gorges du}, pp. 617, 747.
— (Navigation du), p. 16.
— (Vallée du), pp. 962, 1235.
— nom définitif donné au département d'Albi-
geois, pp. 129, 1411, 1425.
Tabnaud (Régiment de), pp. 774, 798.
Tabnon, rivière, pp. 617, 733, 747, 783, 798.
— (Vallée du), pp. 746, 75o, 801, 802, 8o5.
Tareagonaise, p. 399.
Tareagon'E, p. 332.
Tartas, p. 390.
Ta iB (le), à Toulouse, pp. 3 18, 1 241.
TaubiAC; ses armoiries, p. 688.
— (Château de), près de Montvalen, pp. çSS,
959.
TAURIAC (de), p. 959.
TAURIAC. Voir BOYER DE TAURIAC.
Taurien, en Vjvarais, p. 1202.
TAURIGNAN (Baron de), p. i355.
Taix de la rente, diminué, p. io3i.
Takzuc, p. 612.
Tavel, p. 701 .
Tavernes, non loin du point où les rivières d'ALiis
& d'Anduze se réunissent, p. 83 1.
Taxe sur les acquéreurs du domaine royal, p. 25o.
— d'anoblissement des capitouls de Toulouse,
p. 109.
— sur la boucherie, p. 1 1 .
— sur les cabaretiers, p. 5i2.
— sur les capitouls, p. 633.
— de charité à Toulouse, p. 10.
— de confirmation des anoblis municipaux, p. 63c.
— des francs-fiefs, rachetée, p. 664.
— frappant les nouveaux nobles, p. 1002.
— proportionnelle sur les armoiries, pp. 676,
677.
Taxes, pp. 2, 79.
— de la capitation, p. 35.
— d'industrie, p. 24.
— foncières, p. 888.
— décharge des habitants de la terre privilégiée
de Mirepoix, p. 25.
•^ Ja Province ne peut les suppoufr, p. i63.
Taxes, abus dans leur recouvrement par les trai-
tants, p. 204.
— difficultés dans leur perception, p. 23o.
— leur perception cause des troubles, pp. 284 à
23,.
— rachetées, p. 5d,
— de la confirmation de noblesse, p. 53.
— (Décharge de), p 43.
Te Dsum, chanté à l'occasion de la naissance du
duc de Bourgogne, p. 523.
Tectosages, p. i365.
TEGRA DE CAUSSADE (Baron de), p. i352.
Teil, pp. 1 196, I 197.
Teillet, p. 1082.
Teinture des draps, p. 55.
— du coton, du lin 8t du chanvre en rouge ou
cramoisi façon d'Andrinople, p. 82.
— de diverses étoffes, autorisée, p. 59.
Teintureries emportées par l'inondation, p. ioo5.
Teinturiers de Montpellier, p. 233.
Teissas (Prieuré de), p. 22.
TEISSÈDRE, maître particulier des eaux & forets
à Montpellier, p. 999.
TEISSEDRE, lieutenant de la maîtrise des eaux
& forêts de Montpellier, p. 1027.
TEISSIER, de Nîmes, fils d'un receveur général de
Languedoc, traduit en français des mémoires
sur la vie de Frédéric-Guillaume, p. 564.
TEISSIER, le père, ménager à Nimes, p. 992.
TEISSIER (Antoine), habitant de Nimes, p. 992.
TEISSIER, religieuse, p. 1 142.
Témoignages contradictoires de plusieurs auteurs
au sujet des pertes subies tant par les insurgés
que par les troupes royales dans les combats du
10 septembre 1702, p. 751.
Tempête du 4 décembre 1742, p. 1064.
TEMPIÉ, subdélégué de l'intendance à Nimes,
p. I 142.
Temple du Collet de Dèze, conservé pour faire un
hôpital; les insurgés s'y assemblent, p. 75?.
Temples protestants co/istruits ou rétablis, p. 198.
— sont édifiés en dehors des lieux autorisés par
l'édit de Nantes, p. 423.
— dans les Cévennes, p. 424.
— don de l'emplacement de celui de Revel pour
y construire une église, p. 33.
— désaccord entre le commissaire catholique & le
commissaire protestant au sujet de la suppres-
sion de certains d'entre eux, pp. 426, 427.
— démolis, p 520; dans les diocèses de Nimes,
d'Uzès & de Mende, p. 19.
— démolis en plusieurs lieux, p. 19.
— sont tous abattus en i685, p. 555.
— démolis ou fermés, pp. 18, 20, 22, 28, 525,
526, 527, 529, 53 I, 533, 536.
— tentatives de reconstruction faites en 1756 dans
plusieurs lieux, p. 1141.
— (Fermeture provisoire & démolition de), p. 18.
TEMPLIER (Thomas), fermier général des ga-
belles, pp. 844, 845.
Tejjporalité des archevêques de Toulouse, p. 3 16.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
162 I
Temporalités, p. i386.
Temporel de l'évêque de Montpellier saisi, p. 53.
Tence, commune, pp. iio, 1406.
TENCIN CM"" de), p. 1021.
TENCIN (de), p. 1023.
Tentatives infructueuses d'insurrection en Dau-
pliiné & en Vivarais, p. 886.
TERLON fPierrs de), conseiller au Parlement,
p. 149.
TERLON (de), p. 201.
TERLON (Chevalier de), p. 2(^9 j dévoué à Maza-
rin j demande la ferme des revenus de l'abbaye
de Moissac, p. 3o5.
TERLON, conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 3o5, 317, 341; mainteneur des Jeux-Flo-
raux, p. 660.
Terménez, p. 472.
Tep.menois, vigiierie, p. 347.
Termes, p. 347.
— (Consuls de), p. 346.
Termes, château, est remis à l'archevêque de Nar-
bonne pour être démoli; sa situation, p. 346;
mode employé pour sa destruction, p. 346; ses
ruines, p. 347.
TERMES (de), p. 186.
TERRASSE (de la), président au Parlement de
Toulouse, pp. 12, 189, 329.
Terrasse (Château de la), pp. i3oi, i3o2.
TERRAY, abbé, pp. 1209, 121 i, 1226.
Terres abandonnées dans le diocèse d'Albi, p. 698.
— emportées, p. 1009.
— en friche à Portiragues, p. 71.
— incultes, pp. 107, 023; causes de cet état,
p. 937.
— incultes de Brandebourg, défrichées, p. 565
— en friche dans la Province, le faix de l'impôt
étant trop lourd, p. 164.
— franches, p. i385.
— nobles, p. 1 o5o.
— roturières, pp. 82, 109, io5o.
— vaines & vagues, p. 999.
— de la conquête, soumises par Simon de Mont-
fori à la coutume de Pans, p. 932.
Terres-Basses, p. i335.
Terre-Cavade, prèj de Toulouse, p. i223.
Terre-Neuve, possession française en Amérique
cédée à l'Angleterre, p. 9o3.
TERRIEN (Abbé), curé de Montpezat, p. 822.
Territoire français; ses nouvelles divisions,
p. 129.
Tersac, p. 639.
Tescou, rivière, pp. 76, 77, 89, 1241, 1402. •
Tescounet, cours d'eau, p. 1402.
TESSÉ (Comte de), commandant les dragons,
pp. 534, 537, 589.
Testament de Louis XIV, cassé, p. 91 1.
— du prince de Conii, pp. 444, 455.
Têt (la), rivière, p. 472.
TexiRres, chapelle, p. 1020.
Thann, dans la haute Alsace, p. i-ji.
Tharacx, p. 124.
Thau (Étang de), pp. 25, 117, 461, 5i4, 725,
882, 884.
Thémelac, chemin, p. 707.
THÉMINES (Maréchal de), p. 162.
THÉODOSE, p. 621.
— (Lois de), p. i3i7.
Théorie du pouvoir absolu, dès les premiers temps
de la Régence, p. 266.
Thésacque, rivière, pp. 79, 82,
Thésalql'e (Ruisseau de la), p. 1070.
TiiÉzAN (Hôpital de), p. 696.
THÉZAN (de), comte de Poujols, p. 1082.
THÉZAN (Comte de), p. i352.
Thiérache (Régiment de), p. 863.
THIERRY (Denis), libraire, p. 446.
TniL, seigneurie, p. 1082.
Thimart, baronnie, p. 553.
Thines, en Vivarais, p. 1202.
Thinette (Vallon de la), p. 488.
Thoiras, seigneurie, p. 556.
THOIRAS, maréchal sous Louis XIII, p. 694.
THOMAS, ministre protestant d'Uzès ; abjure,
p. 555.
THOMAS (Jean), fermier de l'équivalent, p. 64.
THOMONI) (Comte de) O'BRIEN (Charles), vicomte
de Clare, pair d'Irlande, maréchal de France,
commandant en chef en Languedoc, pp. 92,
93, 94, 95, 1148; ses ordonnances rigoureuses
contre les protestants de Guienne, p. 1144;
instructions qu'il reçoit en prenant le com-
mandement de la Province; passe à Toulouse;
visite la côte de Languedoc; ordonne des tra-
vaux défensifs, p. 1145; sa mort, à la suite
d'une maladie de poitrine, p. 1 178.
THOMOND (Cha rlotte- An toi nette-Marie- Sept ima-
nie de), âlleule de la Province, p. 1 148.
Thoré, rivière, pp. 457, 472, 473, 622, i385.
Thounens, au diocèse de Limoux, p. 1008.
Thuries, p. 474.
TIAULOY, chanoine de Nimes, p. 65o.
TICHOT, ingénieur du roi ; ses propositions pour
la construction d'un canal, p. 454.
Tiers Etat ; de quelle façon il fut représenté à
l'origine; dans la suite, p. i57; ses souffrances
reconnues, p. 162; proteste contre l'exagération
des taxes; ses réclamations durant plusieurs
années, p. 23 i ; progression sensible en sa fa-
veur établie dans le tarif de la capitation géné-
rale, pp. 688 à 672; vices dans l'organisation
de la représentation de cet ordre, p. 984; mode
de convocation adopté pour l'élection de ses
représentants aux États généraux, pp. i373,
■374-
Tiers-ordre de Saint-Dominique, p. 363.
— de Saint-François de Toulouse (Religieuses du);
leurs armoiries, p. 685.
TIFFAUD, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 189.
TiLLADE (la), ruisseau, p. 757.
TILLADET, cousin de Louvois, p. 5 16.
102:
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
TIMERMANN, dominicain, p. 1187.
TiNEL Saint-André, à Toulouse, p. 341,
— Saint-Antoine, à Toulouse, p. 341.
— Sainte-Anne, à Toulouse, p. 341.
— Saint-Barnabe, à Toulouse, p. 341.
— Saint-Barthélémy, à Toulouse, p. 341.
— Sainte-Catherine, à Toulouse, p. 341.
— Saint-Félix, à Toulouse, p. 341.
— Saint-François, à Toulouse, p. 341.
— Saint-Jacques, à Toulouse, p. 341.
— Saint-Laurent, à Toulouse, p. 341.
— Saint-Paul, à Toulouse, p. 341.
— Saint-Philippe, à Toulouse, p. 341.
•^ Saint-Pierre, à Toulouse, p. 341.
— Saint-Simon, à Toulouse, p. 341.
— Sainte-Marie, à Toulouse, p. 341.
TiNELS divers dans lesquels on avait enfermé des
pestiférés à Toulouse, p. 341.
TiKAGE de la soie, pp. 40, pS.
Tirage au sort, p. 78.
TIRBON, capitaine du régiment des Flandres,
p. 612.
Tisserands, p. 99.
Tisseurs qui laissent une pièce de drap inachevée,
p. 64.
TISSIER, député, p. 3o8.
Titre de baronnie aux Etats acquis sans les terres
qui en sont décorées, p. )3oi .
Titres des archives municipales de Toulouse,
p. 3i5.
— de noblesse supprimés, p. 129; leur usurpa-
tion, pp. 447, 448, 449; leur vérification est
un moyen de conversion pour Bâville, p. 534.
TITON DU TILLET, correspondant de l'académie
des sciences de Toulouse, p. i io3.
Toiles à voiles passant par Toulouse, exemptées
du droit de commission, p. 442.
— d'Albigeois, pp. 71, 85.
— importées en Languedoc, p. 704.
— indiennes piquées de coton, prohibées en Lan-
guedoc, p. 700.
— fabriquées en Albigeois, pp. 940, 941-
— à la façon de Rouen, fabriquées dans l'Albi-
geois, p. 941; leur fabrication abandonnée;
causes de cet abandon, p. io3o.
— rousses, crues & grises, p. 37.
— (Commerce de), à Toulouse, p. 1 3 1 8.
Toilette des femmes réglementée par le Parlement
de Toulouse, p. 268.
ToiLiERS de Nimes, p. 79.
Toiras, château, p. 40.
TOIRAS (Marquis de), p. 363.
TOIRAS (Marquise de), p. 62.
Tolède, p. 927.
ToLtBANCE religieuse; n'est mise en pratique ni
par les protestants ni par les catholiques,
pp. 353, 354; ses progrès notables en 1752,
p. III 5.
TOLOSANY, conseiller au Parlement, père du ca-
pitoul, pp. 3, 243.
TOLOSANY, seigneur de la Sesquière, capitoul,
pp. 243, 244.
TOLOSANI (de), p. 349,
Tombeau Je la messe ; l'auteur en est banni & son
livre condamné au feu, p. 17.
Tonneaux à vin & à eau-de-vie, p. 64.
Tonneliers de Cette, p. 62.
— de Montpellier, p. 65.
ToR, ruisseau, p. 873.
TORALTA (Duc de), général espagnol, p. 166.
TORCY (Marquis de), pp. 856, 83o, 83 1.
Tornac (Terre de), érigée en baronnie par
Louis XIV, pp. 32, 65i.
ToBNAc, baronnie, pp. 44, 70, 1 16, 1064, 1286.
Tornac, lieu, pp. 35, 39, 836.
— (Bois de), p. 733.
TORNAC (Marquis de), p. 32.
TORREIL, président aux requêtes au Parlement
.de Toulouse, p. 329.
Torrent, en Vivarais, p. 1202.
ToRToSE; prise de cette ville par Schomberg, p. 5.
Toscane, p. 903.
— (Grand duc de); son mariage avec la fille de
Gaston d'Orléans négocié par Bonzi, p. 495.
Toucn, rivière, p. 1240.
— (Vallée du), p. 1253.
ToLLAtD, en Vivarais, pp. 87, 88, 1202.
Toulon, pp. 728, 772, 951; ses environs sont
envahis par la peste, p. 430.
— (Port de), p. 948.
Toclousain, pp. 957, 1255.
Toulousains; leur caractère jugé par Laf<iille,
p. 674.
Toulouse, pp. 21, 25, 26, 28, 29, 3o, 32, 38, 39,
46, 47, 48, 49, 5o, 5i, 52, 53, 61, 62, 66, 67,
69, 74, 75, 76, 78, 79, 81, 82, 83, 84, 85, 86,
87, 88, 90, 91, 92, 94, 97, 100, 102, 106, 107,
109, 114, ii5, 116, 117, 120, 121, 122, 124,
120, 127, 128, 129, i32, i56, 23i, 247, 258,
287, 3o5, 3o6, 309, 3ii, 3i2, 3i6, 3i9, 32i,
327, 328, 329, 33i, 342, 38o, 400, 445, 409,
465, 470, 476, 55 1, 601, 627, 696, 709, 849,
863, 85o, 863, 864, 889, 890, 931, 944, 945,
970, 984, 990, 999, 1004, 1009, 1019, 102c,
io58, 1061, io65, 1091, Il 24, ii3i. Il 49, 12 40,
1205, 1258, 1267, i3i4, i335, 1347, 1374, 1376,
1378, 1404, 1418, 1419, 1428; décri des doubles
tournois, p. 1; solidarité de ses habitants en
matière de tailles, p. 2; privilèges de ses habi-
tants, pp. i38, 139; pièces d'argent courtes
acceptées selon leur poids, p. 2; (rais d'étapes
dus par la ville, p. 3; ses mendiants, p. 4; un
collecteur des tailles est égorgé, p. 143; le ser-
vice funèbre pour Louis XIII est célébré dans
l'église Saint-Etienne, pp. 144, '45; bruits de
révolte répandus à Paris; procession en l'hon-
neur du joyeux avènement; envoyé du maré-
chal de Schomberg arrivant le jour de la ré-
jouissance, p. 146; condition déplorable de
cette ville, p. 164; émotion causée par l'enlè-
vement de galériens, p. 6 ; le chapitre de Saint-
Etienne demande l'admission du second ordre
du clergé aux Etats de la Province, p. 7 ; on
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
1623
fait des recherches au greffe du Parlement pour
les archives de la Province, p. 168} cérémonial
des élections municipales; leur date fixe, p. 1 69 ;
mécontentement causé par la misère en 1643;
émeute à l'occasion du blé, p. 171 ; vœu de
saint Edmond par les capitouls, p. 180; grande
procession, p. 3; les capitouls offrent le présent
de bienvenue au comte d'Aubijoux, représentant
Gaston d'Orléans, pp. 8, 189; envoie une am-
bassade à Gaston d'Orléans, p. 190; rixes &
scènes tumultueuses au théâtre; arrêté des capi-
touls à ce sujet; logis de l'Ecu où descendaient
les comédiens, p. 193; les capitouls veulent
contraindre les membres du Parlement à payer
les tailles, p. 196; sous quelle influence étaient
faites les élections municipales, p. 197; fêtes
célébrées après la prise de Gravelines & de Phi-
lipsbourg, p. 198; exaltation de reliques de
différents saints qui auraient été apportées de
Rome par Charlemagne, p. 199; détail des tra-
vaux exécutés à Saint-Sernin à l'occasion des
fêtes de 1644, p. 199; fêtes relatives à l'accom-
plissement du vœu des capitouls pendant la
peste de |63|, pp. 198, 199, 200; les élections
capitulaires sont supprimées, p. 201 ; résistance
des capitouls élus, pp. 202, 2o3 ; logis de l'Ecu
dépendant de l'Hôtel-de-ViUe, pp. 8, 2o3 ; les
consuls de la Bourse sont taxés à 4,^00 livres,
p. 204; ses députés ne peuvent entrer aux Etats
qu'après le payement de l'étape, p. 212; capi-
touls imposés, p. 216 ; prison des Hauts-Mu rats,
p. 217; lutte des capitouls contre le Parlement,
pp. 219, 220; démonstrations militaires des
capitouls contre le Parlement & du Parlement
contre les capitouls, p. 220; les capitouls sont
réintégrés, pp. 222, 223; affaire du chevalier de
Roquelaure, p. 24 1 ; l'évêque de Valence prête à
cette ville deux mille setiers de blé, p. 10 ; agita-
tion au sujet des capitouls, p. 244; exécution en
effigie de deux capitouls, p. 246; mort du poète
Maynard, en 1646, p. 240; les capitouls accor-
dent une pension à Pierre Goudelin & payent
l'impression de ses œuvres, p. 249; assemblée de
la sénéchaussée à Gaillac, p. 281; tentatives
d'incendie; commencement de troubles, p. 286;
détails de la réception faite i la députation en-
voyée par les Etats au Parlement, pp. 288, 289;
état du matériel de guerre en i6.5o, p. 297; est
rétablie dans l'abonnement des tailles pour vingt
ans; conditions de ce rétablissement, p. 298;
artillerie prêtée pendant le siège de Bordeaux,
p. 299; les magistrats municipaux prennent
parti contre le Parlement & contre les Etats,
p. 3i 4; vacance du siège épiscopal après la mort
de M. de Montchal, p. 3i6; ses ressources en
armes & en munitions au moment de la révolte
du prince de Condé, p. 326; est mise en état de
défense, p. 33ô; ravagée par la peste; mesures
d'isolement, difficulté d'approvisionnements,
p. 340; les élections capitulaires entravées par
la peste en i653, p. 347; se refuse à payer
l'étape, p. 354; transaction à ce sujet, dettes
contractées par la ville, p. 355; le prince de
Conti y fait son entrée solennelle, p. 366; les
Etats se réunissent en 1659 au réfectoire des
augustins, p. 367; Louis XIV y arrive le 14 oc-
tobre 1659 par la porte de l'Ue-Jourdain, p. 14;
prête lerment de conserver ses droits, exemp-
tions & privilèges; description du cortège,
p. 368; la boue est si épaisse que le roi porte
plainte aux capitouls, p. 369; Louis XIV cé-
lèbre dans cette ville la fête de la Toussaint &
offre le pa'in bénit à Saint-Etienne, p. 372;
description des réjouissances qui eurent heu à
l'occasion du mariage du roi & de la paix,
p. 391; chiffre de sa dette en 1662, p. 417; les
capitouls sont prévenus de l'invasion de la
peste en Provence; les vagabonds sont expulsés;
les habitants doivent se défaire des oies & des
pourceaux; on répare les brèches des murailles;
le remboursement de capitaux aux créanciers
de la ville est suspendu, p. 43^; désordres &
assassinats au commencement de i665; augmen-
tation de la troupe de police; renouvellement
des anciennes ordonnances défendant le port
d'armes, p. 437; arrestations faites à l'auberge
à l'enseigne de !a Ville Je Perpignan, p. 43d ;
l'arrérage des tailles est surtout du par les an-
ciens capitouls & par les membres du Parle-
ment, p. 439; étendue de la maîtrise des eaux
& forêts de cette ville, p. 469; nomination des
capitaines des compagnies bourgeoises à propos
du passage à Toulouse du duc de Verneuil,
pp. 47;"), 476; émotion causée par l'arrestation
de quatre religieux augustins, p. 493; moni-
toire publié dans les églises de Toulouse à pro-
pos' de l'ouverture du couvent des Augustins,
pp. 493, 494; incendie du 18 août 1672 qui
dévore plus de cent maisons du faubourg Saint-
Michel; quatre ou cinq cents familles sont dans
la plus grande détresse, p. 498; Colbert refuse
un secours parce que la ville de Toulouse ne
contribue pas aux grandes dépenses de l'Etat,
p. 499; les commissaires pour la réception du
canal de Languedoc s'y embarquent le |5 mai
i63i, p. 5i5; les fêtes célébrées à l'occasion de
la naissance du duc de Bourgogne y durent trois
jours; leur détail, pp. 523, 524, 525; tour des
chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, p. 524;
seize directeurs protestants s'y seraient réunis
en i683; l'intendant y séjourne deux mois 81
y perd une de ses filles, p. 529; les protestants
doivent quitter la ville durant huit jours,
p. 55o ; épisode à ce sujet, p. 55i; un séminaire
diocésain est établi dans les bâtiments ayant
appartenu à la congrégation des Filles de l'En-
fance, p. 586; établissement de l'Institut des
Filles de l'Enfance; bienfaits de ses fondateurs;
l'institution est accusée de jansénisme; inter-
vention des soldats du guet pour l'évacuation
de l'Institut qui est définitivement supprimé,
pp. 573 à 587; l'archevêque Montpezatde Car-
bon est inhumé dans l'église Saint-Etienne,
p. 592; abaissement des mœurs municipales;
violation de prétendues libertés par le minis-
tère, pp. 593, 594; à la suite de la visite de
l'intendant Bâville, Mariette, son subdélégué,
est nommé trésorier; modifications dans la per-
ception des tailles, p. 604; confusion dans les
finances, p. 6o5; le Parlement réduit la dé-
pense des festins capitulaires, p. 17; réforme
par Bâville d'un grand nombre d'abus tolérés
par l'administration inerte & négligente des
capitouls, pp. 6o3, 604, 6o5, 606; fournit avec
peine un corps de mille hommes pour la mi-
lice; les capitouls y montrent un esprit de par-
1624
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ticularisme local des plus étroits, p. 620; ano-
blissement capitulaire; son origine fabuleuse;
réalité des faits; administration vicieuse de la
ville, dénoncée par un mémoire, pp. 626, 627,
628, 629, 63o, 63 1, 632; vaines teiMatlves faites
pour éviter la nomination d'un maire perpé-
tuel; déclaration du roi réglant les attributions
du maire, pp. 640, 641; une émeute éclate à
propos de sorties secrètes de blé, p. 643 ; réforme
des Jeux-Floraux; création de l'académie des
belles-lettres, pp. 65.0, 667, 658; le dernier
festin des Jeux-Floraux en 1694; détail des
comptes payés pou/ cette fête, p. 662; détails
sur la répartition de la capitation entre les di-
verses classes de citoyens; injustices commises
par les répartiteurs, p. 674; son blason histo-
rique défiguré à plaisir depuis le seizième siècle
par l'esprit laïque de la réforme & par le roma-
nisme chimérique des érudits; vrai blason de
Toulouse; blason fantaisiste consacré par Tar-
morial, p. 688; sa population en 1698, d'après
Bâville, p. 692; les jésuites y dirigent un col-
lège; un autre y est dirigé par les pères de la
Doctrine chrétienne, p. 695, sa belle situation
pour le commerce & les manufactures signalée
par Bâville; le commerce y est a peu près nul;
ses habitants ne peuvent souffrir les étrangers;
les couvents occupent la moitié de la ville; la
cause de l'inertie commerciale tient à Texitcence
du Parlement & à l'anoblissement capitulaire;
étoffes qu'y fabriquent des artisans tourangeaux
établis dans l'île deTounis; est une des villes
les plus grandes du royaume, des moins riches
& des moins peuplées, p. 697; a une direction
des gabelles, p. 845; une chambre particulière
de commerce y est établie, p. 848 ; possède une
bourse depuis le seizième siècle, p. 848; que-
relles de préséance à propos de la mort du
dauphin, p. 896; difficultés pour le payement
de la capitation dans cette ville, p. 896; les
capitouls sont frappés d'une taxe pour confir-
mation de noblesse, pp. 899, 900, 911, 902;
la reine d'Espagne y séjourne quatre jours, en
1714; l'église Saint-Sernin est visitée par elle,
p. 903 ; émeute à propos de l'établissement d'un
droit sur les farines, pp. 905, 906; enseigne-
ment de l'université, p. 919; réception faite à
M. de Bernage; plaintes des capitouls sur la
décadence de cette ville, pp. 922, 923; les offi-
ciers généraux y passent après la campagne de
1719, p. 940; querelles de préséance entre cha-
noines & prébendes, p. 948; précautions prises
pour préserver la ville de la peste, pp. 947.
948; Méhémed-Effendi y arrive par le canal,
cadeaux faits par les capitouls à ce personnage,
p. 949; les capitouls compris d'abord dans l'ap-
plication de la taxe des nouveaux nobles, con-
formément à la déclaration de I723, obtiennent
du conseil d'Etat un arrêté qui les exempte du
droit de confirmation; erreurs historiques à ce
sujet, p. io-;3; inondation de 1727; lieux en-
vahis par les eaux, p. ioo5; dégâts causés à
l'île de Tounis 8t dans le faubourg Saint-Cy-
prien ; dommage aux moulins; pèlerinage des
capitouls à la vierge noire à la Daurade; se-
cours organisés; farines distribuées; nombre
de maisons démolies; autres dégâts, pp. 1006,
1007; fabriques de tapisseries, de petites étoffes
& teintureries à Tounis, p. 1007; chiffre des
dégâts dans les différents quartiers inondés,
p. 1007; nombre de maisons écroulées durant
l'inondation de 1727; dégâts commis au Baza-
cle, aux fortifications, &c., par l'inondation,
p. 10-57; détail des scènes tumultueuses provo-
quées par la cherté des grains & l'exagération
des impôts, p. 1 o83 ; du blé y est mis en réserve,
p. io83; pillage de deux charrettes, d'une bar-
que & de plusieurs magasins particuliers; me-
sures prises par les capitouls & par le Parle-
ment, p. 1084; les troupes royales entrent dans
la ville, p. io85; condamnation & exécution
des coupables, p. 1086; incident des fourches
patibulaires; conduite peu régulière des trou-
pes; elles quittent la ville, p. 1087; de quelle
façon eut lieu la proclamation de la paix d'Aix-
la-Chapelle, p. 1088; l'académie des sciences y
est fondée; prix de cinq cents livres créé par la
ville, p. I 102; grande mortalité de l'été de 1752
causée par la misère, p. 1 126; ateliers de cha-
rité; création de l'Esplanade; embellissements
projetés, p. 1127; division dans les conseils de
la ville nécessitant la venue de l'intendant,
p. 1 1 28 ; projet d'achèvement de l'hôtel de ville,
p. I 127; l'intendant y fait un voyage causé par
les divisions qui régnaient dans le conseil de
ville, p. 1127; incident du sermon du P. De-
zeuzes, p. 1128; le maréchal de Thomond y
passe trois jours, p. 1 1 40 ; ses fourches patibu-
laires au milieu du dix-huitième siècle, pp. 1 1 55,
Il 56; mort tragique de Marc-Antoine Calas,
p. I 1 62 ; émotion à ce sujet, p. 1 i63; monitoire
publié dans les églises ; la famille Calas est
accusée, p. 1164; arrivée du ministre protes-
tant Rochette, p. ii65; exécution de Rochette
& de trois gentilhommes verriers, p. 1167;
surexcitation des passions religieuses, p. 1168;
condamnation & exécution de Calas père,
p. 1169; célébration du centenaire de 1 562 ,
p.p. 1171, I 172; préambule de l'ordonnance des
capitouls à ce sujet, p. 1171; fêtes en l'honneur
du premier président de Bastard, p. 1 1.79; au-
tres fêtes en l'honneur de la paix de 1763,
p. 1 180; réception que les capitouls préparaient
au duc de Fitz-James; opposition du Parlement;
arrivée des troupes; leur cantonnement; le duc
de Fitz-James au Parlement, p. 1181; mesures
de précaution prises contre les parlementaires,
pp. 1181, 1182, illuminations à la reprise des
audiences du Parlement, p. m83; fête univer-
sitaire dans la grande église des frères prêcheurs,
p. I |85; en réponse à la thèse du P. Dufour on
publie la Lettre d^un écolier des JésuiteSj jt. 1186;
analyse de cette pièce, pp. 1187, 1188; le vi-
comte de Saint-Priest, arrivé le 3o août 1771, est
rejoint le i''"' septembre par le commandant en
chef, p. 1216; dissolution du Parlement, pp. 1217,
I 2 I 3 ; paroisses créées dans sa banlieue, pp. 1222,
1223; description de la plaine au nord de Tou-
louse, p. 1222; M. de Brienne, archevêque,
érige deux paroisses nouvelles dans la banlieue,
p. 1223; extraits du mémoire de l'abbé Chara-
bon sur les avantages que le roi & l'Etat peu-
vent tirer de la ville de Toulouse & de la pro-
vince de Languedoc, pp. 1226, 1227; prières
publiques ordonnées à propos de l'épizootie,
p. 1236; prières publiques pour Louis XV,
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
1625
p. 1228; le Parlement défend les danses, les
jeux, &c. jusqu'aux obsèques du roi j service
funèbre célébré le 7 septembre 1774, p. 1229;
instructions relatives aux précautions pourpré-
server cette ville & ses environs de l'épizootie,
p. 1235; inertie des capiiouls au moment de
l'épizootie de 1774, p. r238; le comte de Péri-
gord dispense la ville, à cause de la misère publi-
que, du cérémonial usité à l'arrivée des comman-
dants en chef, p. 1263; réjouissances publiques à
propos du rétciblissement du Parlement, pp. 1 270,
1271, 1272; la chambre de commerce présente
un mémoire aux Etats pour leur exposer l'état
de délabrement & d'abandon où se trouve le
cours de la Garonne; réclamations de la même
chambre au sujet des difficultés de la naviga-
tion sur la Garonne, pp. 1270, 1276, 1277;
refus des gens de métier de figurer aux proces-
sions de SaintSernin ; intervention du Parle-
ment pour contraindre les hayles de s'y rendre,
p. 1279; abus introduits dans l'administration
municipale de Toulouse, pp. 1288, 1289; réfor-
mes dans l'organisation du capitoulat, pp. 1 289,
1290, 1291, 1292, 1293; M. de Saint-Priest est
présent à l'installation du nouveau corps mu-
nicipal, p. 1293; un observatoire astronomique
y est établi par la famille Garipuy, p. i3o4; le
comte de Provence y passe en 1777, p. i3i3;
réclamations du Parlement contre l'organisa-
tion municipale de 17-8, pp. i3i5, i3i6, i3i7,
|3|3; extraits de la correspondance de l'inten-
dant & du ministère à ce sujet, pp. i3i8, i3i9;
sa situation au point de réunion de plusieurs
provinces, la célébrité & l'état florissant de ses
études, le goût qui y règne pour les sciences &
les arts, signalés par l'archevêque de Narbonne,
pp. i33D, i33i; est visitée par le nouvel inten-
dant Ballainvilliers, p. i333; le comte de Péri-
gord s'y rend pour faire enregistrer un édit par
le Parlement, p. 1344; démonstrations & me-
sures contre le Parlement, p. 1348; agitations
fomentées par les parlementaires pour obtenir
la réintégration de la Cour dans la plénitude
de ses fonctions; protestation de la noblesse
contre l'ajournement d'une réunion du conseil
général renforcé, p. i35i; la prospérité de la
ville est atteinte par la suppression du Parle-
ment, p. |35^>; les principaux négociants réu-
nis à la Bourse envoient des doléances au roi
sur l'organisation des Etats de Languedoc,
p. |362; la noblesse proteste contre la préten-
tion des Etats de Languedoc à nommer la moitié
des députés de la Province aux Etats généraux;
le chapitre de la métropole joint ses réclama-
tions à celles de la noblesse, pp. i363, i364;
une assemblée y adopte la rédaction de l'en-
semble des réclamations relatives à la députa-
tion des provinces aux Etats généraux, p. i36j;
causes du rang inférieur que les cahiers du
tiers-état tenaient parmi ceux de la Province,
p. i38o; texte de quelques articles du cahier
des plaintes & doléances de la ville & banlieue,
p. i38i; les capitouls invitent le Parlementa
ne pas nommer de chambre des vacations,
pp. 1394, 139.); réunions de parlementaires,
p. 1396; réunions des commissaires des légions
de la garde nationale, p. 1399; la municipalité
cherche à étendre ses limites territoriales dans
les nouvelles divisions administratives, p. 1401;
la municipalité, chargée de l'arrestation des
membres de la chambre des vacations, se con-
tente d'une déclaration des magistrats promet-
tant de se présenter, p. 1422; correspondance
entre la municipalité & M. de Saint-Priest sur
ce sujet, pp. 1423, '424; exhaussement du
cours Dillon, p. 1428.
TooLotSE (Abbaye de Saint-Sernin, à), p. io36;
prières publiques pour la conservation des jours
de Louis XV, p. 1228.
— (Abbé de Saint-Sernin, à), p. 1289.
— (Archevêché de), pp. 14, 1403.
— (Archevêque de), pp. 111, 280, 479, 868, 93 1 ,
938, 974, io65, 1095, 1248, 1265, 1276, i3o9,
1342; sa temporalité, p. 3i6; son rapport au
sujet du rachat des charges municipales, pp. 982,
q83.
— (Augustins de), p. 14.
— (Barrière de l'Isle-Jourdain, à), p. 363.
— (Bénédictins de la Daurade, à), p. 624.
— (Capitoulat de Saint-Barthélémy, à), p. 243.
— (Capitoulat de Saint-Sernin, i), p. 1226.
— (Capitouls de), p. 14.
— (Chambre de commerce, à), p. 11 33.
— (Chapelle de Sainte-Catherine de Sienne, à),
p.' 363.
— (Chapitre de Saint-Etienne, à), pp. 3i8, 443,
1189, 1272, i3;J5, i355; ses armoiries, p. 633 j
proteste contre l'organisation des Etats de Lan-
guedoc, pp. i363, 1364.
— (Chapitre de Saint-Sernin, à), pp. 1 189, 1225,
i355, i365.
— (Chapitre de); sa composition, p. 3i6.
— (Clocher de la Dalbade, à), p. 624.
— (Cloître Saint-Etienne, à), p. 1179.
— (Collège de l'Hsquile, à), p. 1 190.
— (Collège de Foix, à), p. 1086.
— (Collège de Périgord, à), p. 1086.
— (Collège royal, à); lettres patentes du 17 no-
vembre 1764 pour assurer sa conservation & le
maintenir en possession de tous ses biens,
p. 1 189; son organisation, pp. 1 190, 1191.
— (Collège Saint-Nicolas, à), p. 20.
— (Collège de Saint-Raimond, à), p. 1086.
— (Collège de Sainte-Catherine, à), p. 1086.
— (Comte de), pp. 908, 911, çSi, 1059, 1402.
— (Corporation des bouchers de), p. 1222.
— (Conciergerie du palais, à), p. 241.
— (Couvent des Augustins, à), p. Syç.
— (Couvent des Carmes déchaussés, à), pp. 1087,
I 127.
— (Couvent des Grands-Augustins, à), p. 49^.
— (Diocèse de), pp. 5(5, 57, 62, 88, 93, 100,
101, 106, 107, 114, 123, 126, 156,619, '008,
1088, 1129, ii5o, 1189, 1234, 1247, 1259,
1262, 1287, 1297, i3oi, i3o2, i33o, i375;
dévasté par la grêle en 1727, p. 1004; par
l'inondation la même année, p. ioo5; envahi
par l'épizootie en 1776, p. 1245; réclamations
des commissaires du diocèse contre l'ordre d'a-
battre & de saler tout le bétail, pp. iiôB, 1264.
i6:6
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Toulouse (Dôme des Chartreux, à), p. 624.
— (Église de la Daurade, à), p. 1 106.
— (Eglise Saint-Etienne, à), p. 36o.
— (Esplanade, à), p. 1 127.
— (Embouchure du canal des Deux-Mers, à),
p. 1295.
— (Esplanade Saint-Etienne, à), p. 1084.
— (Faubourg Saint-Cyprien, à), pp. 462, 1084,
io85, I 18^!; en partie détruit par l'inondation
de I 727, p. ioo5.
— (Faubourg Saint-Michel, à), p. looi,
— (Grand bailliage de), p. 128.
— (Grand dôme des Carmes, à), p. 52 1.
— (Grand'riie, à), p. 1271.
— (Hôtel de Caminade, à), p. 477.
— (Hôtel des Monnaies de), p. 895.
— (Hôtel Palarainy, à), p. 1 179.
— (Hôtellerie du Casque, à), p. 286.
— (Hôpital Saint-Joseph de la Grave, à), p. 1007.
— (Hôpital de Sainte-Radegonde), p. 696.
— (Hôpital des pestiférés Saint-Sébastien de la
Grave, à), p. i6rt.
— (Prison des Hauts-Murats, à), p. 5io.
— (Ile de Tounis, à), pp. 1007, 1226; submergée
en 1727; ses manufactures détruites, p. ioo5.
— (Jardin des Plantes, à), p. 1 1 27.
— (La Salade, à), p. 1 155.
— (Logis de l'Écu, à), p. 8.
— (Maison du Bon-Pasteur, à), détruite par
l'inondation de 1727; personnes qui y ont péri,
p. 1006.
— (Maison professe des Jésuites, à), p. r)24.
— (Maladrerie d'Arnaud-Bernard, à), pp. 421,
696.
— (Maladrerie du Château-Narbonnais, à), p. 42 1 .
— (Maladrerie de Saint-Cyprien, à), pp. 421,
— (Maladrerie de Saint-Michel, à), p. 696.
— (Maladrerie de Saint-Sauveur, à), p. 421.
— (Moulin du Bazacle, à), pp. 1006, 1276.
— (Moulin du Château-Narbonnais, à), p. 1006.
— (Oratoire du Crucifix, à), p. i 127.
— (Paroisse de la Dalbade, à), p. 1 167.
— (Paroisse de la Daurade, à), p. 1 164.
— (Paroisse Saint-Pierre, à), p. 1 167.
— (Paroisse Saint-Etienne, à), pp. 1166, 1289.
(Petite église Saint-Jacques, près de Saint-
Etienne, à), p. I 166.
— (Saint-Sernin, paroisse, à), p. i 167.
(Place de la Monnaie, à), p. 1 181 .
(Place des Pénitents-Blancs, à), p. 55i.
— (Place Royale, à), p. 1 i83.
— (Place Saint-Etienne, à), pp. 241, 1271.
— (Place Saint-Georges, pp. 523, 1271.
— (Place Saintes-Scarbes, à), p. 369.
— (Place du Salin, à), pp. 368, ii56, 1166.
(Pont de pierre sur la Garonne, à), p. 368.
— (Pont de), p. 1233.
— (Pont-Neuf, à), pp. 476, 1007.
Toulouse (Pont des Minimes, à), p. i223.
— (Port-Garaud, à), pp. ioc6, io83, io35.
— (Porte Arnaud-Bernard, à), p. 1087.
— (Porte du Château- Narbonnais, à), pp. 389,
I 084, 1 I 27, I I 35.
— (Porte-Montgaillard, à), p. 1 127.
— (Porte de Muret, à), p. 476.
— (Porte Saint-Cyprien, à), p. 368.
— (Porte Saint-Etienne, à), p. 1 1 27.
— (Présidial de), p. 14.
— (Prison de la Conciergerie, à), pp. 1 165, 1 167.
■ — (Quartier du Bazacle, à), p. 1007.
— (Quartier des Blanchers, à), p. 1037.
— (Quartier de la Dalbade, à), p. 1006.
— (Quartier de la Daurade, à), p. 1007.
— (Quartier de la Salade, à), p. 1087.
— (Quartier Saint-Cyprien, à), pp. 1127, 1181.
— (Route de Castres à), p. 1087.
— (Route de Paris à', p. 1224.
— (Route de Saint-Alban à), p. 1224.
— (Rue des Filatiers, à), p. 1 162.
— (Rue Nazareth, à), p. 368. •
— (Rue des Théatins, à), p. 1271.
— (Rue des Tourneurs, à), p. 1 179.
• — (Rue Velane, à), p. 1 1 1 5.
— (Saint-Agne, près de), p. i i55.
— (Séminaire diocésain de), p. 1 i5.
— (Séminaire du faubourg Saint-Michel, à), p. 20.
— (Séminaire Saint-Charles, à), p. 112.
— (Sénéchal de), pp. 960, 1211.
— (Sénéchaussée de), pp. 472, i3io, i366, iSyy,
.383, 1384, 1402.
— (Subvention sur le blé, levée à), p. 48.
— (Tour d'Assézat, à), p. 524.
— (Tours du pont, à), p. 524.
— (Tour de Tourreil, à), p. 624.
— (Université de), pp. 1190, 1289, i365.
— (Vierge noire de l'église de la Daurade, à);
portée processionnellement durant l'inondation
de 1727, p. 1006.
— (Viguerie de), p. 471.
TOULOUSE (de), conseiller au Parlement de Tou-
louse, p. 1219.
TOULOUSE-LAUTREC (Comte de), député aux
États généraux, p. 1377.
TouKAiNE (Régiment de), p. 1244.
Tour d'Anglas, pp. ii33, 1134.
— Carbonnière, p. 90.
— Caudière, à Castres, p. 610.
— de Constance, p. 878.
— Magne, à Nimes, pp. 481, 599.
TOUR GOUVERNET (Isabeau de la), p. 622.
Tours, pp. 253, 624, 627.
— à signaux, p. 697.
Tourbes, p. 394.
TouRNEFEUiLLE, près de Toulouse, p. 1240; cons-
truction d'une nouvelle église paroissiale,
p. io5.
TouRNEL, baronnie en Gévaudan, pp. 29, 32, 68.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
'7
TOURNEL (Marquis de), p. 29.
TOURNEL ,'Comte duj, p. 32.
ÏOLBNESOL ou MaLRELLE, p. 70I.
TOURNIER, secrétaire de M. de Bezons, p. 479.
TOURNIER (L'abbé), conseiller aux enquêtes,
mainteneur des Jeux-Floraux, p. 661.
TOURNIER, conseiller au Parlement de Toulouse,
P- 947-
TouRNON, en ViTarais, pp. 23, 27, 46, 71, 100,
124, 24^, 602, 870, iioi, 1195, 1202, 1235,
1411, 141 8 ; est très-agité au moment de l'arri-
vée de l'intendant; le comte du Roure y arrive,
p. 532; les jésuites y dirigent un collège, p. 695.
— (Collège de), p. |335.
TocRNON, baronnie de tour de Vivarais, p. 72.
TouRXOx (Régiment de), pp. 766, 774, 835.
TOURNON, lieutenant général en Languedoc,
p. 19..
TOURNON (de), p. 229.
TOURNON (Comte de), p. 292.
TOURNON (Comte de), brigadier des armées du
roi, commandant à Florac, p. 835.
TOURNON (Comte de), p. 1 198.
TOURREIL, conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 189, 219, 221, 224.
TOURREIL, de l'Académie française, mainteneur
des Jeux-Floraux, p. 661.
TOURREIL DE GRAMMONT, ecclésiastique, fonde
à Toulouse deux chaires pour l'enseignement
de la doctrine de Saint-Thomas, p. 919.
TouRRETTE, baronnie, p. 90.
TOURRETTE (Marquis de la), baron de Chalen-
con, pp. 69, 90, 533.
TOURRETTE (Marquis de la), p. 616.
TOURRETTE ;Comte de la), p. 1 198.
TocRTOtz», commune, p. 1009.
TOUZART, conseiller secrétaire du roi, p. 1046.
Tradition romaine perdue dans la Narbonnaise
depuis la chute de l'Empire d'Occident, p. 693.
TRAIN (Chevalier du), p. 1355.
Traitants, p. 233; les États réclament contre
leurs vexations, p. 276; leur peu d'exactitude
à régler leurs comptes, p. 804.
— d'impositions, p. 365.
TRAiTt de paix entre la Cour & les parlementaires
conclu à Hueil, p. 283.
— de Bèziers, p. 186.
— avec l'Espagne par la duchesse de Longueville
& Turenne, p. 296.
— de paix avec l'Espagne, p. 367.
— de l'île des Faisans, p. 390.
— de Paris de 1229, p. 955,
— des Pyrénées; critique qu'en fait Biville à pro-
pos de l;i vallée d'Aran, p. 697.
— de Westphalie, signé le 24 octobre 1648, p. 278.
Traités de commerce avec différentes nations,
p, i336,
Tramesaicues, métairie appartenant à l'abbaye de
Boulbonne, pp. 871, 872.
Transactio>s commerciales reprises avec l'Espagne
après l'épidémie de 1721, p. 996.
Transeobdemext de marchandises destinées au
port de Cette, p. 704.
Transformation de la société au dix-septième
siècle, pp. 268, 269.
— des institutions municipales, p. 634.
— des mœurs militaires, p. 916.
Translation de verreries ordonnée, pp. 60, 77.
Transport des biens à l'étranger interdit, p. 559.
— des marbres, p. 1 149.
— des tioupes, p. 83.
Transportations, p. 795.
Transports militaires, p. 84.
Trappes, village, p. io35.
Travail affranchi par la suppression des maîtrises
& des jurandes en 1776, p. 1279.
Travaux de la Louge, p. io5.
— de fortification, p. io52.
— publics, pp. io3, i336; dans la Province,
p. 1060; défense d'en exécuter à Toulouse sans
l'agrément de l'intendant, p. 6o5 ; délaissés dans
la Province par suite de la misère provoquée
par la guerre d'Espagne, p. 166; en Vivarais,
p. i3i I.
— de voirie, p. 1177; exécutés au moyen d'em-
prunts contractés par les diocèses, p. 1 149.
Trebas, p. 125.
Trebeot, en Vivarais, p. 1202.
Trèbes, au diocèse de Carcassonne, p. 33o, 465,
5i3, 614, 871, 1008; ses armoiries, p. 688.
— (Hôpital de), p. 695.
Tréboul, rivière, pp. 75, 79.
TREMELET, président à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
Tremoulet, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
Tremoclis, hameau en Gévaudan, p. 966.
TRENEIS, greffier en chef des présentations au
sénéchal du Puy, p. 486.
TRESAGUET, ingénieur, inspecteur général,
p. 1295, 1296.
Trésor des chartes, p. 35.
Trésor découvert à Narbonne, p. 78.
Trésoriers de France, pp. 5, 53, 61, 127, 270,
366, 842, 844; font enregistrer en corps leurs
armes personnelles, p. 681.
— généraux de France, p. 3 18.
— de la Bourse de Languedoc, p. 6; ne peuvent
assister aux séances des Etats de Languedoc s'ils
n'y sont appelés, p. 2; leur suppression, p. 293.
Trésorier-clavaire de Montpellier, p. 1 16.
Tressol, en Vivarais, p. 1202.
TréVes, p. 1406.
TRÉVOUX (Marquis de). Toi'r Prince de DOMBES.
Tribale (la), p. 1408.
Tribunaux d'exception supprimés, p. 1347.
TRIMOND (de), intendant de la généralité de
Montauban, pp. 1348, i34y.
TRINQUECOSTES, greffier garde-sac au Parlement
de Toulouse, p. 1414; quelques extraits de son
procès-verbal donnant des détails sur la prise
de possession des greffes par les officiers muni-
cipaux, pp. 1415, 1416.
1628
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Trinquère, enclos à Montpellier, p. yS.
TRISTAN, de l'Académie française, p. 247.
TRISTAN L'HERMITE, p. 248.
Trivalle, manufacture, p. 33.
Trivals, hameau en Gévaiidan, p. 965.
TROBAT, donne des mémoires à Mazarin durant
les négociations de la paix des Pyrénées, p. 373.
Trois vingtièmes, p. 120.
— (Réduction sur les), p. 94.
— (Abonnement aux) par la Province, p. 96.
— (Levée des), pp. 94, 95.
Troisième vingtième, p. 96; voté par les Etats
le I i décembre 1769, p. 94.
Troyes, en Champagne, p. 1342.
Trou Je Launes, p. 893.
Troubles électoraux à Lansargues, p. 56.
— religieux, pp. 616, 617, 618, 619, 620, 621.
— suscités chez les réformés, à la suite de la
Fronde, p. 349.
— à Carcassonne, à propos des gabelles, pp. 3â9,
36o, 36 1 .
— à Lédignan, p. 86.
— à Montpellier, causés par la perception du
droit de joyeux avènement, pp. 233, 234, 235,
236.
— à Nimes, p. 38 1.
— dans la Province, p. 307.
— à Toulouse, p. 286.
— à Valerargues, p. 732.
— au Vigan, pp. 29, 587.
— à Villemur, p. 54.
— en Vi va rais, pp. i3io, i3i 1 .
— dans diverses villes, p. 715.
TROUILLAS (de), un des propriétaires des mines
de la Grand'Combe, p. 1285.
Trodillas, p. i3o8.
— (Pont de), p. i3o7.
Troupeaux, p. 59.
Troupes de passage, pp. 81, 91.
— royales de passage dans la Province, p. 329;
voitures à leur fournir, p. 74.
TROUSSE (Marquis de LA), p. 29.
TRUDAINE, p. Il 33.
Truïébe, rivière, pp. 397, 469.
Truyez, lieu, p. 487.
TUBEUF (Michel), p. 477.
TUBEUF, pp. 1284, 1285.
TUBEUF, abbé, pp. 255, 259, 265.
TUBEUF (Charles de), intendant de justice, police
& finances de Languedoc, pp. 20, 107, 1I0,
168, 222, 223, 447; visite la rigole d'essai du
canal en compagnie de Bezons, p. 463; est,
avec son collègue de Bezons, commissaire dé-
parti pour la réforme des forêts, p. 466; a la
permission exclusive d'exploiter, pendant trente
ans, les mines de charbon découvertes ou k
découvrir dans des lieux déterminés; ne fait
pas d'abord usage de son titre, p. 1283.
TccBAN, au bas Languedoc, p. 853.
Tocis, en Vivarais, p. 1202.
TUFFAUD (Arnaud), p. 864.
TuBENNE, château, pp. 246, 247.
— (Vicomte de), p. 337.
TURENNE, p. 296; commande l'escorte qui accom-
pagne Louis XIV & la reine mère à leur rentrée
à Paris, p. 342.
TuBCS; fréquentent la foire de Beaucaire, p. 7o3.
TURGOT, p. 725, 1269; ses réformes économi-
ques, p. I 279.
Turin, pp. î59, 239.
TURLE, conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 241 , 243, 352.
TURLE (Pierre), consul de Carcassonne, pp. jic,
36i.
Tyrol, p. 927.
u
UcHAU, paroisse des Cévennes, pp. 21, 734, 747;
occupée par les camisards, p. 807.
UcHAUD, lieu, p. 1067.
Ugla, p. 892.
Unification des poids & mesures tentée aux Etats
de Languedoc en 1697, p. 705.
Union des abbayes de la Seauve fedeClavas, p. 104.
— des cours supérieures, p. 266.
Unité de foi, p. 5i9; tentatives pour son réta-
blissement dès que la paix extérieure est assu-
rée, p. 419; nouvelles tentatives pour son réta-
blissement; illusions de la Cour & du clergé
catholique, p. 555; les dragons coupent court
aux premières velléités & la rétablissent à Nî-
mes, p. 556.
— provinciale du Languedoc défendue à l'Assem-
blée nationale, p. 1397.
Université de Cahors unie à l'université de Tou-
louse, p. 86.
— de médecine de Montpellier; confirmation de
ses privilèges, pp. i 1, 80.
— de Montpellier; sa décadence signalée par Bà-
ville, p. 694; choix du personnel enseignant
par le roi; ses conséquences, p. 695.
— de Toulouse, pp. 26, 366, 5i8, 1270, i358;
date d'un règlement; p. 3o; décadence où elle
était tombée, p. 492.
— projetée en Béarn, p. 970.
Universités de Toulouse & Montpellier; vérifica-
tion des abus, p. 2 1 .
— étrangères à la Province, contiguës au Vivarais
ou aux Cévennes, vendant à vil prix les grades
à quiconque se présentait ou envoyait pour les
acheter, p. 1 323.
URBAIN V, pape, pp. 736, 740; lieu de sa nais-
sance exempt de toute imposition royale, p. 799
URBAIN VIII, pape, pp. 247, 867.
Urgel (Vallée d), p. i3; revendiquée par Marca
pour la France en 166 P; comprise dans la Septi-
manie d'après un diplôme de Charles le Chauve,
p. 400.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
l62(
URRE (Marquis d'), p. i 352.
Ursilines; leur établissement à Nimes, p. 20.
Usages des communes, p. 62.
— locaux de la Province opposés à la coutume de
Pans, p. ç53.
UscLADE, en Vivarais, p. 1202.
Usi'RPATiON de titre de noblesse, pp. 447, 448,
Usurpations diverses sur le domaine de la cou-
ronne après les guerres civiles, p. 466.
Utbecht, p. 818.
— (Paix d'), p. 903.
UzÉGE, pp. 071, 886; des temples protestants y
sont édifiés contre les prescriptions de Tédit de
Nantes, p. 424.
— (Montagnes de 1'), p. 777.
— (Pays d'), pp. 986, 987.
UzER, p. l3l3.
Uzts, en Vivarais, pp. 16, 27, 43, 79, 88, 90,
MO, 124, 1.55, 176, 287, 299, 304, 3ii, 329,
365, 437, 567, 601, 694, 732, 755, 774, 788,
8'>7, 8i5, 817, 827, 833, 840, 887, 890, 89-,
918, 989, 1067, 1073, ii36, 1202, 1218, 1283,
1376, i3-i8, 1391, 1406, 1418; démolition de
temples protestants, p. 19; règles de nomina-
tion du syndic diocésain, p. 28; officiers du-
caux, p. 59; officiers épiscopaux, p. 59; emploi
des excédants de la capitale du diocèse, p. 63;
sa population en 1698, d'après Bâville, p. 692;
appel des jugements rendus par divers officiers
renvoyés au sénéchal de Nîmes, p. 67; troubles
à l'occasion d'élections municipales, p. 274; le
soir du jour où Bâville & le duc de Noailles y
arrivèrent, le ministre à la tête des principaux
habitants abjurèrent, p. 555; est sérieusement
éprouvée par la peste en 1721.
— (Colloque d'), p. 1 5.
— (Commissaires de l'assiette d'), p. 1 3 1 1 .
— (Chapitre d' ; ses armoiries, p 684.
— (Diocèse d'j, pp. 11, 41, 41, 56, 67, 74, 88,
92, 95, 96, 98, 100, loi, 107, 114, 123, 126,
i56, 168, 195, 3oo, 426, 473, 481, 483, 571,
620, 644, 648, 664, 767, 769, 770, 796, 855,
965, 967, 963, 986, 987, 988, 1077, 1081,
ii56, 1177, 1178, 1287, i3io, i3i2, 14C6,
1407, 1410; remise faite aux incendiés de ce
diocèse, p. 47; sa production en céréales, vins;
ses manufactures; ses eaux minérales, p. 701.
— (Duc d'), pp. 34, 988, 989, io35, 1198; baron
des Etats, p. 134; cède la baronnie de Lévis au
roi en échange de fiefs à Uzès & dans l'Uzège,
p. 986; difficultés à ce sujet, p. 987.
— (Evéque d'), pp. 4, 20, 22, 264, 85o, 987; porte
la parole devant le Parlement de Toulouse &
expose le motif de l'ambasiade envoyée par Us
Etats, p. 289.
— (Fort d'), p. 1073.
— (Hôpital d'), p. 696.
— (Insurrection d'), p. 14.
— (Maladrerie d'), p. 696.
— (Sénéchaussée ducale d'), p. 1349.
— (Ville d'), p. 986.
V
Vabres, pp. 85, 260, 261.
— (Diocèse de), pp. 5o5, 644.
VABRES (Comte de), p 614.
VABRES (François de), p. 3^.
Vabros, lieu, p. 394.
Vaches de la Camargue décimées par l'épizootie,
p. 901.
Vacqciers, commune, p. 62.
— (Bois de), p. 824.
— (Hôpital de), pp. 33, 696.
Vagnas, en Vivarais, pp. 35, 37, 43, 124, 733,
865, 1201.
— (Bois de), p. 778.
— (Pont de), p. 95.
VAILHAUSY (de), conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1218.
VAlSSE (de), conseiller au Parlement de Toulouse;
son exil, p. 1218.
Vaisseau de ligne donné au roi par la Province,
p. y6.
Vaisseaux (Régiment des), p. 1181.
VAISSETE (Dom), p. io58; propose une solution
amiable pour l'affaire des Etats, p. 85; son
plan de rapprochement entre le ministère & les
Etats de Languedoc, p. 1096.
Val, en Vivarais, p. 1201.
Val d'Alt.elle, en Vivarais, p. 1202.
Valabbégues, p. 52; désolé par six débordements
successifs du Rhône, p. 46; nomination de son
conseil politique, p. 49; obtient remise de
douze cents livres sur ses impositions, p. 56.
— (Ile de); un lazaret y est établi en 1721 , p. 9.52.
Valade (Château de la), p. 1403.
VALAY (Chevalier de), commandant les cuirassiers
du roi, p. 1241 .
Valbonne, p. 60.
— 'Chartreux de), pp. 20, 1 18.
Valborgne (Saint-André de), p. 18.
Valderiés, p. 1408.
Valeine ou Valenne (Bois de), au diocèse de
Montpellier, pp. 69, 109.
Valence, en Albigeois, pp. 60, 66, 100, i5-', 194,
474, 824, 927, 1384, 1408.
VALENTIN (André), de Nimes, importe la fabri-
cation des étoffes de laine à Magdebourg, p. Sri^.
Valentine, paroisse du diocèse de Comminges,
p. 1232.
— (Pont de), pp. 99, loi .
Valentine, pp. i56, 332,982.
Valerargues; pillage de son église, p. 732.
Valeraugue, village des Cévennes, p. 616.
Valebgues, prieuré, p. 649.
Valespib, pp. 5i 1, 5i6; excès des regrattiers contre
les populations, p. 5i2.
ValestaliEres, p. 28.
[63o
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
Valets & domestiques ne peuvent quitter leurs
maîtres qu'à la fin de l'année, p. 56.
VALETTE, camisard, p. 40.
VALETTE (de la), général des Vénitiens, p. 246.
VALETTE, conseiller au Parlement de Toulouse,
mâinteneur des Jeux-Floraux, p. 65i.
VALETTE (Jacques de), baron de Fenouillet, chef
du consistoire à Toulouse, pp. 922, 928.
Valettes, hameau en Gévaudan, p. 966.
Vai.fournès, hameau en Gévaudan, p. 965.
Valgorce (Seigneurie de), p. 1 197.
Valgobges, en Vivarais, p. 1202.
Valjausquet; ses armoiries, p. 686.
Vallabrègoes, pp. 40, 107, 332.
Valleraugues, pp. 124, 426, 1406.
VALUN (Antoine), avocat au Parlement, p. 646.
Vallon, en Vivarais, p. 1201.
VALLON, commandant du régiment de Langue-
doc, laisse commettre par ses troupes de grands
excès dans la temporalité de l'archevêque de
Narbonne, p. 278.
VALLON (de), pp. 240, 276, 287.
Valmagne, abbaye, p. 5i6; ses armoiries, p. 685.
VALOIS (Duc de;, p. 299.
Valoubiéres, en Vivarais, p. 1202.
Valras; consuls & conseillers politiques nommés
par le conseil d'Etat, p. 110.
Vals, en Vivarais, pp. 85, 94, 878, 1082, 1149,
1201, 1202; les protestants y prennent les ar-
mes, p. 349
VALTtBOBGUES, hameau en Gévaudan, p. 966.
Valvigniéres, en Vivarais, p. 1201.
VAN DEN BERGH (P.-Th.-C), archiviste général
du royaume des Pays-Bas, à La Hayej sa com-
munication, p. 790.
VANIER (Adrien); fait l'acquisition de la ferme
des droits d'enregistrement d'armoiries, p. 679;
âpreté de ses commis, p. 688.
Vanikoro (Iles de), p. i332.
Vanos, en Vocance, p. 1202.
Vans (les), en Vivarais, pp. 101, 601, 602, 778,
788, i3io, i3 I 1, i3i 2.
Vaquières (Bois de), pp. 37, 40.
VAQUEVILLE (Colonel de), tué dans un combat
contre Cavalier, p. 816.
Var, p. 1079.
VARDES (de), p. 356.
Varennes, pp. 968, 959, 1248.
VASSAL, conseiller à la cour des comptes, aides
& finances, p. 1097.
Vassaux, p. 52.
Vasseilles, en Vivarais, p. 1202.
VASSEROT, de Limoux, p. 1207.
Vastres (les), en Vivarais, pp. 1202, 1410.
Vac de Chavaignes, baronnie, p. 552,
VAUBAN, accompagne Louvois en Languedoc,
p. 5i6.
VAUCELLE (Louis de), chanoine théologal d'Alet,
p. 609.
Vaudevant, en Vivarais, p. 1202.
Vaudois, p. 773; leur exemple invoqué à propos
de la guerre des Cévennes, p. 791.
Vaudran, en Vivarais, p. 1202.
VAUDREUIL (Marquis de), lieutenant général,
député aux Etats généraux, p. 1377.
Vaudreuille, pp. 1253, 1254.
Vaocrigneuse, terre, p. 552.
VAUGUÉIL (Dame de), p. 194.
VAUGUEIL (Louis de), sieur de Gourdan, écuyer,
p. 195.
VAUGUEIL (Pierre), sieur de Cazaux, p. 195.
VAUMALLE (de), p. 1223.
VAULSERRE, abbé, p. io23.
Vaunage (la), pp. 599, 747, 709, 765, 788, 796,
822, 823, 839, 977; surnommée la vallée de
Chanaan par les protestants, p. 1 1 16.
VAUQUELIN (Hercule de), sieur des Yveteaux, in-
tendant de justice, police & finances, p. i32.
Vauvert, pp. 36, 599, 735, 748, 765, 766, 767,
902, 1067, II 16, 1141, 1406; ses armoiries,
p. 688; ses fortifications sont détruites par les
camisards, p. 807.
— (Garrigues de), p. 759.
— (Marais de), p. io3.
VAUVERT (Comte de). Foir LÉVIS (François de).
Vaux-de-Ceenay, p. 552.
Vaux, lieu, p. 1 1 20.
VAYSSE (Chevalier de), p. i352.
Vébron, pp. 37, 738, 784, 799, 8co, 801, 804,
1407; incendié, p. 8o5.
— (Pont de), p. 700.
VEDELLY, capitoul, p. 144.
VEDELLY, conseiller au Parlement de Toulouse,
pp. 140, 241, 242, 291, 3oo, 317, 349, 352.
Vêlai, pp. 5, 44, 68, 77, 88, 90, 96, 98, 177, 3oo,
473, 481, 482, 5;9, 701, 704, 85i, 897, 944,
963, 1162, 1178, i2o3, i2o5, 1235, 1285,
1286, 1287, i3o7, i3o9, 1.333, 1364, 1379,
1407, 1410; le prince de Conti y fait-un voyage,
p. 397; études pour l'établissement de routes
carrossables dans ce pays, p. 480; ses récoltes;
son élevage de bétail; ses fabriques de dentelles;
le pays a été ruiné par la mortalité générale de
1690, p. 7o3; anomalie de sa représentation
aux Etats, p. 898; est désolé par l'épizootie,
p. 1081; tableau de la situation de ce pays,
pp. 1099, iioo, MOI, 1102; doit former un
département, p. 1400; réclamations faites en
son nom à l'Assemblée nationale, p. 1405.
— (Attroupements du), p. i3.
— (Bailliage de), p. 85i.
— (Etats particuliers du), p. 898.
— (Diocèse de), p. 107.
Velours fabriqués dans les Etats de Frédéric-Guil-
laume par des proscrits languedociens, p. 564.
Vénalité des anoblissements, p. S57.
— des charges, nuisible au bien de l'Etat, p. 272.
— des charges, appliquée aux institutions muni-
ci pales, p. 63^.
— des charges municipales, p. 706; condamnée,
p. 1 193.
— des offices, p. i5o.
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIERES.
i63i
Vénasqce, fort sur le versant espagnol des Pyré-
nées, p. 94'^.
— (Port de), p. 189.
— (Prise de), p. 49.
Vence, p. 3i I .
VENDARGUES (de), p. 992.
VENDOME (Cardinal de). Voir MERCŒUR.
VENDOME (Duc de), pp. 47, 814.
Vendôme, p. 1260.
Vendras, p. 807.
VE^DllES, p. 394.
VENEL, professeur à la faculté de médecine de
Montpellier, p. 1 iSg.
VÉ^F.llABLE Commun Tr.Éson de Malte, p. 1 137.
Vésebque, p. I 241 .
VtNÉTlE, p. 4.51 .
Vengeances particulières dans les Cévennes, p. 748.
Venise, p. 187.
VENTADOUR (Duc de), pp. 1 35, 476, 932.
VENTADOUR (Ducs de), p. 191.
VENTADOUR (de), évéque de Mi repoix, p. 414.
Vente de l'affranchisseTnent des tailles, p. 863.
— de cinq cents lettres de noblesse, p. 676.
Ventenac, au diocèse de Mirepoix, pp. 70, 1009.
— (Moulin de), p. 119.
Vé,m:s (Promontoire de), p. 399.
VÉRAC (Marquis de), p. .OSS.
VtBARGiES; ses armoiries, p. 686.
VERCHANT (M'"); sa maison sert de lieu de réu-
nion aux multipliants, p. 977.
VERCHANT (.Marguerite), p. 980.
Verdale, lieu, pp. 12.53, 12.55.
Vebdalle, baronnie, p. 263.
VERDEILHANT, condamné aux galères pour avoir
vendu des livres protestants, p. 1074.
VERDIER-CABASSE, député de Castelsarrasin ,
p. 32"».
Vebdcn, pp. 109, 471, 55 1.
VEBDUN-StR-GABOflNE, pp. I282, 129», I402, 1404.
— (Château de), p. i3.
VERDUN, premier président au Parlement deTou-
louse, p. 1415.
Vep.dln, pp. 1253, 1254.
VERDURON, officier du présidial de Montpellier,
p. 89t.
Vebfeil, baronnie, pp. loo, loi, 3i6, 3i8, 1241,
1252, 1265, 14-4; union de trois hôpitaux à
son hôpital, p. 33 ; ses armoiries, p. 688.
— (Hôpital de), p. 696.
Vermandois (Régiment de), p. i3i4.
Veiîmeil 'Métairie de), p. 796.
VERMONT (Abbé de), instituteur de Marie-Antoi-
nette, p. 1339.
VERNANT (Jacques de), p. ioi5.
VERNÈDE (de la), p. 168.
Vebset, p. 1218.
— (Hôpital du), p. 33.
^'EB.^ET DE Cbieu, lieu, p. 1403.
VERNET (Fulcrand), p. 863.
VERNEUIL (Duc de), fils naturel d'Henri IV,
pp. 2o, 21, 22, 23, 24, 23, 26, 478; est nommé
gouverneur de Languedoc après la mort du
prince de Contt, p. 446; ses habitudes, son ca-
ractère; son rôle effacé dans le gouvernement
de la Province, p. 447; visite la ville de Tou-
louse, pp. 475, 476; après sa visite, rentre à
Paris par Bordeaux; vient à Montpellier en
décembre 1667 pour ouvrir les Etats, p. 477; ne
vient dans la Province que pour la tenue des
Etats; est en excellents termes avec d'Aguesseau,
p. S'r'i; meurt en mai 1682, p. 520 ; service fu-
nèbre en son honneur, p. 27.
Vernecil, résidence du duc de ce nom, p. 020.
Vernoux, enVivarais, pp. 80, 106, 733, 878,
879,887, 1074, 1201, 1202, 1411; son temple
est démoli, p. 536.
VERNY, médecin de Montpellier, p. 962.
Vebbes à vitre, p. 62.
Verbiebs, p. 77.
Verberies, pp. 77, 80, 81, 699, 999..
^ transférées de divers lieux sur les montagnes
de l'Espérou & de Laigoal, p. 60; devant cesser
leurs travaux, pp. 1071, 1072; après une en-
quête sur le dépérissement des forêts, elles sont
transférées sur les montagnes d'Aigoal & de
l'Espérou, pp. 1072, 1073.
Vers à soie, p. 699.
Versailles, pp. 522, 552, 842, 881, 896, 910,
911, 10o3, I 023.
Verseille, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
Vert de gris, pp. 59, 78; de quelle manière il
est fabriqué; quantités exportées, pp. 699, 700.
VERTAMON, conseiller d'État, p. 363.
VERTAMON, maître des requêtes, p. 878.
Vérune (la), pp. 67, 68.
VÉRUNE (Seigneur de la), p. 1.",.
Vérunes, en Vivarais, p. 1202.
Vessealx, en Vivarais, p. 1201.
VESSON (Jean), prédicant, p. 977; condamné à
mort & exécuté, p. 979.
Vestbic, lieu, pp. 20, 46.
Vexations aux taillables par les .igents subalter-
nes de l'exploitation des fermes, p. 23o.
— en Languedoc par la perception de la taxe
d'acquisition du domaine royal, p. 25o.
— des traitants, p. 275.
Vexin (Régiment de), p. 816.
Veyras, en Vivarais, p. 1201.
Veyrines, en Vivarais, p. 870.
VfczENOBRE, commune, pp. 62, 425, 481, 644,
707, 827, 836, 9'i6, 986, 1406; ses armoiries,
p. 687; la troupe de Cavalier y loge par billets;
on se réunit dans le temple pour le culte pu-
blic, p. 835.
VÉZENOBRE (Marquis de), p. io36.
VÉZIAN, conseiller à la cour des comptes, aides &
finances, p. 1C97.
VIALA, délégué de l'intendance, périt ainsi que
son fils & son neveu dans une embuscade,
p. 835.
VIALA, procureur à Nimes, p. 992.
[63:
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES,
VIALA, ministre protestant, p. 1080.
VIALART (Félix), évêque de Châlons, p. 446.
ViALAS, lieu des Cévennes, p. 776; sa situation,
P- 747-
Vialle-Veillette, lieu, p. 863.
Viande de boucherie, p. 61; impôts qui la gre-
vaient; nouvel impôt créé par le ministère &
racheté par les États de Languedoc, p. 85o.
VlANE, pp. 261 , 610.
ViAS, p. r I o.
— (Pont de), p. 1428.
ViAUR, rivière, p. 1129.
VIBRAC (de), un des coseigneurs de Sauve, p. 763.
Vie, commune, pp. 53, 74, 474, 709; démolition
de son temple, p. 19.
Vie (de), capitoul, pp. 220, 222, 228.
Vie (de), membre du Parlement de Toulouse,
P- ' '77-
VicBBAM, commune du diocèse de Mirepoix,
p. 871.
VicDESSOs, dans les Pyrénées, p. 65.
— (Vallée de), p. 985.
Vice-légat d'Avignon, p. 5o.
VicE-ROi de Catalogne, p. 276.
Vic-Fezensac, p. 390.
Vicomte de Villemur, reconstituée, p. 957.
VicoMTÉS; leur nombre en Languedoc, p. 694.
— de Joyeuse, p. 1 197.
— de Lautrec, pp. 107, i385.
— de Lomagne, p. 471.
— de Paris, p. 1392.
de Petit-Montrevaux, p. 553.
— de ViUemur, p. 957.
Vicomtes : d'Auteuil, p. 188.
— d'Auvillars, p. 471.
— de Beaune, pp. 21, 23, .55, 1026.
— de Bernis, p. 1 i 1 .
de Boisset-Glassac, p. i355.
de Boissezon, p. 622.
— de Brezis, p. Io35.
— de Bruillois, p. 471.
— de Bruniquel, p. i352.
— de Couserans, p. 232.
— de Fezensaguet, p. 471.
— de Framond, p. i386.
de Guignard de Saint-Priest, pp. 87, 98, I2i5,
i332.
— de Gimoez, p. 470.
— de Léran, pp. 10, 11.
— de Lordat, p. 87.
— de Monteil, p. i 28.
— de Polastron-Brax, p. i355.
— de Polignac, pp. 3i, 117, 931, 1285, 1287,
1283.
— de Paulin, p. 1 i 3.
— de Villemur, p. 957.
— de ViUeneuve-Flamarens, p. i352.
VICQ D'AZYR, médecin du comte d'Artois; ses
observations au sujet de l'épizootie de 1774,
pp. 1242, 1262.
VICQUES (de), chanoine à Toulouse, p. i356.
VIÇQUES (de), cellérier du chapitre de Saint-
Etienne, p. |356.
VIDAL BERTRAND, consul du Puy, p. 398.
VIDAL (Jeanne), p. 864.
ViDOtKLE, rivière, pp. 3S5, 599, 644, 648, 709,
763, 764, 823, 902, 1400, 1406; déborde, p. 88.
— (Bassin du), p. 796; visité par les camisards,
p. 807.
— (Plaine du), p. 760.
— (Vallon du), pp. 424, 482, 60 1 .
\'iE française se répand dans les solitudes du
Brandebourg après la révocation de l'édit de
Nantes, p. 565.
Vieille-Bbioude, p. 486.
ViEiLLn.s FICTIONS; leur anéantissement, p. 267.
V1EHLEVIGNE (Consuls de), p. 1 1 i3.
VIEL, négociant à Montpellier, p. 848.
ViELMUR, p. 1408.
— abbaye; ses armoiries, p. 685.
ViELPRAT, en Vivarais, p. 1202.
ViELVIC, pp. 487, 776.
Vienne, sur le Rhône, p. 824.
— (Archevêque de), p. 1 198.
ViEULES (Manse de), pp. 3o2, 3o3.
ViEDSSAN, p. 394.
Vieux, au diocèse d'Albi, p. 1008,
VIEUXPONT, p. 188.
ViGAN (le), pp. i3, i5, 18, 29, 425, 554, 588,
599, 601, 788, 789, 966, iii5, iiiâ, 1370,
1406; composition du conseil mi-parti, p. 19;
des troubles y sont réprimés, p. 587.
— (Archiprêtre du), pp. 648, 649.
Vignes, p. 59.
— plantées sur des terres en friche, p. 71.
— défense de les fumer, p. 83.
— arrachées par les collecteurs des tailles, p. 23o.
— leur culture perfectionnée en Suisse par les
réfugiés languedociens, p. 565.
— dévastées par les sauterelles, p. 972.
— endommagées par les brouillards, p. 1604.
— dépouillées par la grêle, p. loio.
VIGNES, conseiller au Parlement, p. 175.
V1GNEVIELLE, p. 347.
Vignobles de Gaillac détruits par la gelée en 1729,
p. 1012.
ViGNOGOtiL, abbaye; ses armoiries, p. 685.
VIGNOLES, officier municipal, p. 1415.
ViGNOLLES (Marquisat de), p. 1 1 .
VIGNOLLES (de), président, p. 283.
VIGNOLLES, habitant de Toulouse, p. 1402.
ViGuiER ; ses attributions; ses disputes avec le
juge-royal, p. i5i .
— d'Alet, maltraité, p. 358.
— de Toulouse; son arrestation, p. 3.
VIGUIER, avocat au Parlement de Toulouse, est
nommé commissaire à l'effet d'accélérer la for-
mation d'une assemblée nationale unique,
p. 1389.
VIGUIER (Jeanne), servante catholique de la fa-
mille Calas, p. 1 162.
VIGUERIE, conseiller au Parlement de Toulouse,
p. 241.
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
i633
VIGUERIE (Baron de , p. i352.
ViGUERiES ; leur nombre en Languedoc en 1698,
p. 696.
Vilaine (Bouches de la), p. (j")^.
VinR (le), p. 799.
VILAS; son supplice, p. 41 ; rentre en Languedoc
& prend part à la conjuration de Nîmes, p. < 53.
VILAS, émigré de Saint-Hippolyte, cornette du
régiment anglais de Galloway, arrêté à Nîmes,
p. 859; est roué vif, p. 860.
V|L«TELLE, p. 427.
VII.LA DE COMMESOURDE (du); ses blasphèmes;
prêtait à usure; ses différends avec le clergé du
diocèse d'Alet; est interdit, pp. 4i3, 414.
Villages de la temporalité de l'archevêque de Nar-
bonne saccagés par ordre de l'abbé de La Ri-
vière, p. 278.
— ou BOURGS épargnés par les ordonnances de
Monirevel, p. «00.
■.^condamnés dans les Cévennes; les habitants
doivent :e retirer dans le délai de trois jours,
p. 799.
— disséminés aux flancs de l'Aigoual & de l'Es-
pérou, p. 8o5.
ViLLÀLIEB, pp. 94, 96, I 149.
ViLLANitRE, lieu, p. io8i.
Villar de Belle, au diocèse de Limoux, p. 1008.
VILLARS (Comte de), p. 790.
VILLARS (Louis-Hector de), maréchal de France,
toinriandant en chef, pp. 39, 40, 41, 8.)7, 860,
877; est appelé au commandement en chef
des troupes royales en Languedoc, p. 819; son
humeur vive & alerte; étudie à Pans, dans les
correspondances de Languedoc, la situation des
Cévennes; penche pour les voies de douceur,
p. 820; son entretien avec Louis XIV dans son
audience de congé ; ses résolutions d'épuiser
toutes les voies de la douceur avant de ruiner
la Province; son appréciation sur la valeur des
insurgés comme hommes de guerre, p. 821 ; tra-
verse l'est de la France au milieu de l'empresse-
ment populaire; reçoit de grands honneurs à
Lyon, p. 821 ; du vice-légat d'Avignon, p. f 22 ;
débarque à Beaucaire; y passe la nuit & se rend
à Nîmes; son allocution au premier consul;
manifeste son ardent désir d'arriver rapidement
à la paix; son arrivée diversement appréciée en
Languedoc; se voit salué par une prophétie de
Nostradamus ; s'efforce de rassurer tout le monde,
p. 82"); est frappé du peu de solidité des esprits;
est assailli de lettres anonymes; règle 1;( condi-
tion d'une foule considérable de prévenus,
p. Hid-, reçoit l'offre spontanée des protestants
de Nimes de prendre les armes contre les re-
belles, p. 826; son accueil obligeant à ces pro-
positions; fait avec Bâville une tournée dans
les Cévennes, assemble les communes; offre l'am-
nistie à ceux qui déposeront les armes, p. 827;
cite les dernières exécutions accomplies contre
les villages qui avaient donné asile aux cami-
sards, 8t menace les peuples insoumis des mêmes
représailles; tient un nouveau langage sur la
question religieuse; la liberté des cultes publics
n'est pas reconnue en Europe; ses promesses
relatives à la liberté du culte intérieur; de
quelle manière ces promesses furent accueillies
par les protestants & par la Cour; était-il sin-
cère dans ses promesses aux insurgés? p. 829;
voyait avec plaisir le plan qui consistait à dé-
barrasser la Province des camisards soumis; juge
sévèrement son prédécesseur; reçoit des soumis-
sions partielles, p. 83o; fait lui-même la guerre
de partisan & commande en personne de laibles
effectifs; heureuse influence de sa conduite sur
les commandants subalternes; démontre à tous
qu'il met son point d'honneur à finir la lutte,
p. 83 1 ; étend les garnisons des petites villes le
long des rivières, fait garder les ponts & les
défilés, surveiller les routes, tieiit les divers
postes en communication; fait fouiller les vil-
lages, les hameaux; reçoit une lettre de Cava-
lier qui offre de se soumettre, p. 832; son avis
au ministre de la guerre; il repousse toujours
les voies rigoureuses, p. 833; transmet au mi-
nistre de la guerre la déclaration par laquelle
Cavalier promet sa soumission & celle de sa
troupe, p. 834; rend compte au roi de l'apaise-
ment de la révolte des Cévennes & demande des
ordres définitifs, p. 83.5; ses projets de pacifica-
tion indisposent contre lui le parti catholique,
p. 83s ; son entrevue avec Cavalier dans le jar-
din des Récollets de Nimes ; sa conduite est
approuvée de Louis XIV, p. 887; est exhorté
p.ir le roi à reprendre le projet de redoutes
dans les Cévennes; doit être chargé d'une nou-
velle mission après l'évacuation du Languedoc
par les troupes de Cavalier & de Roland, p. 833 ;
donne 3 Cavalier, par la permission du roi, un
brevet de colonel; obtient l'autorisation de
quitter la Province à la fin de l'année 1704,
p. 842 ; s'indigne de l'irritation du clergé contre
lui, p. 839; réprime le zèle inopportun de cer-
tains dévots; est secondé dans ses vues par l'ar-
chevêque de Narbonne, Le Goux de la Berchère,
& par Fléchier; est dénoncé à la Cour par les
familiers de M""* de Maintenon; les heureux
effets des négociations paralysés, p. 840; voit
de nouveau Cavalier; cherche à regagner le ter-
rain perdu; fait assembler les insurgés soumis
dans l'île de Valabrègue, p. 841; remplit les
fonctions de connét.ible au sacre de Louis XV,
p. 971.
VILLARS-BRANCAS (Duc de), p. 61.
Villars, lieu. Foir Mont-Louis.
VILLARET (de), un des propriétaires des mines
de la Grand'Combe, p. 128.5.
ViLURiÉS, p. 1241 .
Villarzel, au diocèse de Limoux, pp. 871, 1008.
VILLASAVAR'if, sous-engagiste, pp. 1 18, 122, 126,
33o.
Villatelle (Démolition du temple de), p. 19.
ViLLAUDY (Moulin de), p. 119.
ViLLAUTON, au diocèse de Mirepoix, pp. 1009,
1082.
VILLE, négociant à Toulouse, p. i353.
Ville, en Vocance, p. 1202.
Villebazez, au diocèse de Carcassonne, p. 1008.
ViLLEBRtIMIER, p. I404.
Villedagne (Pont de), p. 77.
VILLEDEUIL (de), secrétaire d'État, pp. i3'j7,
1 370.
XIII.
i634
TABLE GENERALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
ViLLE-DiF.u, au diocèse de Limoiix, pp. 102, 1008.
ViLLEDUBERT, au diocèse de Carcassonne, pp. 746,
loo'i.
ViLLEFALCE (Poilt de;, p. 77.
^'lLLEFLOtJRE, ail diocèse de Carcassonne, p. 1008.
VilXErORT, pp. I 10, 42,5, 482, 487, 601, 962, 968,
i28:î, i3i2, .376, iSS.";, 1407.
— (Logis de l'Écii de France, à), p. 48 1 .
— (Col de), p. 9^9.
VILLEFORT (Marquis de), p. 1 198.
ViLLEFRANCH/;, en Lauragais, pp. ji, 3i6, 332,
38o, 4.52, 493, 1070, 12(1, f4~2, [404.
— (Consuls de), p. 1 i 1 3.
— (Maladrerie de), p. 696; est unie à l'hôpital,
p. .33.
Vll.LEFRANnuE-DE-RouRRGUE, pp. Ô77, 639, ' -^47 î
désordreà à propos de la perception des tailles,
p. 140.
— (Grand bailliage de), p. 128.
ViLLEFUANCiiE, Sur les côtes de la Méditerranée,
p. 838.
VILLEFRANCHE (de), conseiller au Parlement de
Toulouse; son exil, p. 1219.
ViLLEGLY, pp. 94, 96, I 149.
ViLiELO.NOUE, au diocèse de Limoux, pp. 471, 472,
991, 1008.
ViLLEMAGNE, lieu, p. 36, II 7; ses armoiries,
p. 687.
— (Hôpital de), p. 696.
ViLLEMAG.vE, abbaye, p. 68:').
VILLEMAGNE (Abbé de), seigneur de Bédarieux,
p. I 19.
VILLEMARTIN (de), p. 619.
ViLLEMOUSTAUSSOU, p. I oof).
VlLr.EMUR, pp. 34, 76, 474, 9.58, 9.59, 991, 1402,
1404.
— (Vicomte de), p. 9.^7.
— (Consuls de), p. 9.Î7.
VILLEMUR (Vicomte de), p. 957.
Villeneuve, pp. 67, 639, 1064.
ViLLE.\EtvE-LÉs- Avignon , pp. 5."), 88, 94, 9.1,
951, 1142, 1406; prétention des chartreux su r
les atterrissements du Rhône, p. 62; le prince
de Conti est inhumé chez les chartreux de cette
ville, p. 44^.
— (Château de Saint-André, à), p. 1279.
Villeneuve-oe-Berg, pp. i3, 37, io3, 473, 917,
989, 1159, 1196, 1199, 1200, 1201, i2o3,
i3ii, 1378, 13/9, i38o, i385, 1411, 1421.
— (Sénéchaussée de), pp. i5, i3rt7, i384; créée
en I 780, p. I 1 3.
— (Bailliage de), p. i 100.
— (Capucins de), p. 1196.
ViLLENEUVE-LES-CllANOINES, p. 33o.
Villenelve-h-Crémade, baronnie, p. 23.
— (Marquisat de), p. 29.
Vili.eneuve-dl-Paréace, p. 1404.
Villexeuve-Saint-André, pp. 382, 388.
Villeneuve-Tolosane, pp. 82, 121, 124; pillé
par le biiron de Léran, p. 342.
Villeneuve (Baronnie de), pp. 69, 87.
Villeneuve, p. io56.
— (Port de), p. io5ô.
VILLENEUVE (de), syndic général; son rapport
aux Etats contre les porteurs de lettres de ca-
chet, p. 27,5.
VILLENEUVE (Guillaume de), p. 863.
VILLENEUVE (Baron de), pp. 931, 1029, i3o5,
i367.
VILLENEUVE (Marquis de), neveu du cardinal
de Bonzi, p. 719.
VILLENEUVE (Marquis de), pp. 81, 86, 1095,
I 1 26.
VILLENEUVE- FLAMARENS (Vicomte de), p. |3J2.
VlLLENOUVELLE, pp. 4.')2, 1 24 I , 1402.
ViLLEPINTE, pp. 33o, 4;)2.
ViLLRRS-COTTERETS, p. |323.
VILLEROI (.Maréchal de), p. 909.
VlLLEROUGE, pp. |55, 346.
ViLLF.ROcssET, hameau en Gévaudan, p. 966.
VILLEROY (Maréchal de), p. 365.
ViLLESfxiiE, en Vivarais, p. 1202.
VlLLESECQUE, p. 33o.
VILLESPASSANS (de), p. 21 5.
VILLF.VERT, conseiller à la cour des comptes,
aides & finances, p. 1097.
ViLLEVIEILLE, p. 620.
VrMENET, hameau en Gévaudan, p. <)6i>.
Vin, p. 843.
— étranger, p. 2.5; réglementation de son entrée,
p. 23.
— répandu à terre dans les Cévennes, p. 790.
— (Impôt sur le), p. 110.
— muscat de Frontignan, p. 700.
— de Jusclan, p. 701.
— blanc du Languedoc, p. 723.
— de Roquemaure, p. 701.
— de Tavel, p. 701,
ViNCENNES (Château de), pp. 21, 294, 391, 426,
910, 91 I j le devis des travaux du canal de Lan-
guedoc y est signé, p. 466.
VINCENT, curé de Caragoudes, maître es Jeiftc-
Floraux, p. 661 .
ViNEZAc, en Vivarais, p. 1202.
Vingtième; impôt établi sur tous les sujets,
pp. 1090, 1124; dans la nouvelle forme de sa
perception, frappe toute espèce de biens, p. 1342.
Vingtièmes, p. 1369; leur produit sert à éteindre
les emprunts faits pour le Trésor royal, p. 99;
supprimés 8c remplacés par utie subvention ter-
ritoriale, puis rétablis, p. 1342.
Vins, pp. 43, 40, 73, 123, 481, 697, 698, 699,
727, 10.')'), II2.5; interdiction de l'importation,
p. 40; peuvent circuler librement, p. 114; leur
débit arrêté par la guerre,' p. . S 1 1 ; leur entrée en
Languedoc par la frontière orientale réglemen-
tée, pp. 85 1 , 832.
— à vendre à Bordeaux, p. 1364.
— étrangers, pp. 40, 66, 89, 91, 97, 119; leur
entrée, p. 1 4 ; l'entrée en est interdite à GaïUac,
p. 63.
TABLE GKNERALE DES NOMS ET DES MATIERES.
.635
Vins rouges & blancs du diocèse de Montpellier,
p. 700.
— d^Avignon, p. 8.)).
— de Cahors; ne peuvent pénétrer à Bordeaux
que le lendemain de Noël, p. 428.
— de Carcassonne, p. 724. ,
— de Dauphiné, transportés en Vlvarais; à quelles
époques, p. 802.
— deGaillac, p. 724; leur privilège d'entrer à
Bordeaux le lendemain de la Saint-Martin,
p. 428; d'après Bàville, très-recherchés des An-
glais, p. 698.
— de Languedoc, pp. 47, 48; voitures à Bor-
deaux, p. 3.Ï ; diverses décharges en faveur de
ceux qui sont transportés à Paris par le Rhône,
p. 60; transportés k Paris de Cette ou d'Agde
par le Havre ou Rouen, déchargés de divers
droits, p. 60; défiance séculaire du commerce
bordelais à leur égard, p. 723; leur commerce
par Bordeaux, p. 724.
— de Languedoc & de Roussillon, p. 70.
— du bas Languedoc, p. 724.
— blancs de Limoux, p. 698.
— de la principauté d'Orange, p. 8.)i.
— de Rabastens, p. 724. .
— du comtat venaissin, p. 853.
— du Vivarais, p. 701.
Vi.NsiELX, en Vivarais, p. 1202.
VINTIMILLE (Charles-Guillaume-Gaspard de),
archevêque de Pans, pp. 1019, ro2o, 1022,
I 023.
Violences commises par les troupes royales, p. 33i .
— des gens de guerre dans la Province, p. 264.
-^ militaires provoquent l'envoi d'une députation
des Etats au Parlement de Toulouse, p. 288.
Viols commis par des troupes indisciplinées,
p. 33o.
VlOLS-LE-FoBT, p. 863.
Vioj(, en Vivarais, pp. 870, 1202.
Vira, au diocèse de Mirepoix, p. 1009.
ViRAC, en Vivarais, p. 43.
VIRAZEL, apothicaire, p. 172.
VIRAZEL (de), capitoul, p. 2o3.
VinKMESTS de fonds, p. i3o5.
VIRIEU (Aymar de), seigneur de la Frette, p. 193.
VIRIEU, p. 194.
Visioss, p. 976.
VisiTATIONj armoiries de toutes les maisons de cet
ordre, p. 68:).
Visites domiciliaires au sujet du sel défendu,
p. 846.
Vistre, rivière, pp. 385, 747, 765, ii33.
— (Bassin du), p. 482; visité par les camisards,
p. 807.
— (Plaine du), p. 759.
VITAL DE LESTANG, évéque de Carcassonne,
p. 38c..
VITRY (de), maréchal, p. 192.
Vivarais, pp. 5, 8, ii, 19, 22, 23, 27, 39, 42,
45, 47, 5o, .56, 61, 66, 68, 70, 71, 79, 80,
90, 91, 91, 94, 95, 96, 97, 100, 101, io3, 1 14,
118, 121, 122, 123, 124, 126, 128, 148, i55,
162, 177, 180, 192, 194, 240, 261, 3i5, 329,
349, 473, 481, 496, 53 I, 533, 549, 664, 696,
710, tSo, -753, 770, 778, 737, 790, 796, 85i,
870, 880, 883, 886, 890, 897, 917, 963, 969,
1004, loio, 1026, 1034, 1112, ii33, 1141,
1142, 1149, ii5o, ii52„ 1178, 1194, 1195,
1199, 1200, 1201, 1202, 1233, 1235, 1287,
i3o2, i3o3, 1309, i3io, i3ii, 1Î12, i3i3,
i3i9, i32o, i33i, i333, 1364, 1400, 1406,
r407, 1409, 14ÎO, 1428; ses Etats excluent le
clergé de leurs assemblées, p. 9; sa juridiction
criminelle, p. 23; emprunte pour subvention-
ner une fabrique de faïence, p. 88; les premiers
troubles qui précédèrent la guerre des Cévennes
y éclatent, p. 529; la tournée de Bàville & du
maréchal de Noailles amène des conversions
rapides, p. 555; est agité par de prétendus pro-
phètes, des inspirés, p. 609; craintes que sa si-
tuation inspire, p. 6i3; premières opérations
contre les attroupés, p. 614; le calme y est ré-
tabli, p. 616; divisé, pour la production, en
trois zones par Bâville; produits de chacune de
ces zones, p. 701 ; les camisards y pénètrent,
p. 814; reçoit des secours à la suite des désas-
tres de 1707, p. 871; les receveurs des tailles se
concertent avec les commandants militaires pour
activer la rentrée des impôts, p. 896; ses habi-
tants protestent contre l'établissement de rizières
en Dauphiné, p. 1066; désolé par l'épizootie,
p. io8i; tableau de la situation de ce pays,
pp. 1099, iioo, 1101, II02; pluies, grêles,
inondations en 1751, p. iii3; demande de ré-
forme de l'organisation judiciaire, pp. 1299,
1 3 o o .
Vivarais (Bailliage de), p. 17.
— (Failli de), supprimé, p. i3oo.
— (Diocèse de), p. 107.
— (Route forestière de), p. 484.
— (Sénéchal d'épée de), p. i3oo.
— (Sénéchaussée de), p. i3.
— (Bas), p. 602.
VrVENS, chef cévenol, pp. 616, 709, 753; obtient
de passer en Hollande; y est nommé ministre
du saint Evajjgile; rentre en Languedoc; réunit
une troupe armée, p. 617; est rejoint par
Brousson, p. 618.
VIVIEN, inspecteur des travaux publics en Viva-
rais, p. 95.
Vivier (le), seigneurie, p. 744.
VIVIER (Henri du), seigneur de Rasiguières, pp. 16,
414; texte du monitoire publié contre lui par
ordre de l'évèque d'Alet, p. 409; est excommu-
nié; en appelle au Parlement de Toulouse,
pp. 410, 4< I .
VIVIER (Marie-Lucrèce du), p. 409.
Viviers, ville épiscopale, pp. 43, 47, 52, 71, 110,
|56, 409, 463, 586, 989, 1004, 1149, 1195,
1201, 1283, 1376; ses armoiries, p. 688.
— (Chanoines de), p. i 196.
— (Chapitre de), pp. 126, 1198; ses armoiries,
p. 684.
— (Députés de), p. 3 1 4.
— (Diocèse de), pp. 11, 57, 74, 95, i 06, 114, 116,
126, i56, 168, 195, 3oo, 473, 481, 483, 571,
i636
TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
620, 66^, 855, 895, 965, 967, 968, 1178, 1410;
dévasté par la grêle en 1727, p. 1004.
ViviEES (Évêque de), pp. 297, 1066, 1198, 619.
VIVIERS (Georges), consul du Piiy, p. 486.
VIVONNE (Duc de), maréchal de France, p. 718.
VixiÉGE, cours d'ea^i, p. 1404.
— (Vallon de la), p. 871.
VocANCE, en Vivarais, pp. 620, 1202.
VOCANCE (de), voulant réprimer les troubles de
Vais, est tué dans une embuscade, p. 878.
Voeu de saint Edmond par les capitouls de Tou-
louse, p. 180.
VOfiLIE (de), inspecteur général des ponts &
chaussées, pp. 1277, 1295; sa maladie, sa mort,
p. 1281.
VoGut, en Vivarais, p. 1201.
Vogué, baronnie, en Vivarais, p. 5o.
VOGUÉ (Comte de), député aux Etats généraux,
pp. 123, I 198, 1377.
VOGUÉ (Marquis de), pp. 34, 44, 616, I 197.
Voie de communication entre l'Auvergne & le
Vêlai; projet de sa réparation, p. 480.
Voies de communication délabrées, p. 166; leur
amélioration est une des grandes préoccupa-
tions de Colbert; leur malheureux état à la
suite des guerres religieuses 8c civiles du sei-
zième & du dix-septième siècle, p. 450; en 1666
est signé l'édit pour la jonction de l'Océan &
de la Méditerranée, p. 451.
VOISIN, ministre de la guerre, pp. 891, 897.
Voisins, baronnie, p 24.
VOISINS D'AMBRES (Famille de), p. 362.
VOISINS (de), maire de Lavaur, p, 868.
Vols commis à Toulouse en i665, p. 437.
— en Vivarais & en Gévaudan, p. i3i 1.
— & SACRILÈGES commis par les troupes envoyées
par l'abbé de La Rivière pour saccager la tem-
poralité de l'archevêque de Narbonne, p. 278.
VOLTAIRE; son intervention pour la réhabilita-
tion de Jean Calas, p. 1 170.
VoLVESTRE, p. 58.
Vote des impôts, doit appartenir au pays, p. i 38i.
Votes achetés dans « le parterre u des Etats de
Languedoc, p. 276.
VouLTE (la), p. 863.
VOVE DE TOUROUVRES (de la), évêque de Ro-
dez, pp. 1020, I023.
VOYER D'ARGENSON (René de), p. 262.
VRILLIÈRE (de la), p. 264.
w
'WALCKENAER, chargé de lever des troupes étran-
gères pour être envoyées au secours des cami-
sards, p. 818.
Westphalie, p. 278.
Webbe, dans la Marche électorale, reçoit des ré-
fugiés français, p. 562.
White-Hall, p. 278.
WITTENBERG (Duc de), p. 110.
WlSIGOTHS, p. 1002.
X
XYLANDER (Guillaume); version de cet auteur
au sujet des Cerretani de Strabon, p. 400.
Yehzet (Bois d'), p. 39.
— (Eaux minérales d'), p. 701.
Ylaix, en Vivarais, p. 1202.
Ynosses, hameau en Gévaudan, p. 965.
Yssingeaux, p. 90.
ZISKA, p. 760.
Zurich, p. 970; des manufactures y sont créées
par des proscrits français, p. 565.
FIN DE LA TABLE GÉNÉRALE DES NOMS ET DES MATIÈRES.
TOULOUSE, TYPOGRAPHIE PAUL PRIVAT, RUE TRIPIÈRE, p.
0
DC
611
L298V5
1872
t.13
Vie, Claude de
Histoire générale de
Languedoc avec des notes
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